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Revue de presse internationale du 16 novembre 2014

Sunday 16 November 2014 at 02:00

Deux grosses rubriques Démocratie et Géopolitique cette semaine. Merci à tous les contributeurs des deux revues hebdomadaires du blog, d’ailleurs n’hésitez pas à postuler si vous êtes intéressés, on n’est jamais trop nombreux !

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-16-11-2014/


[Translation] Germany’s fast hold on the european continent, by Emmanuel Todd

Sunday 16 November 2014 at 00:01

Here is the translation of the great interview of Emmanuel Todd given to this website…

We thank Anne Marie for the translation, Philippe for the maps and Philippe for the document.

GERMANY’S FAST HOLD ON THE EUROPEAN CONTINENT publié par les-crises

 

Source: http://www.les-crises.fr/translation-germanys-fast-hold-on-the-european-continent-by-emmanuel-todd/


[Bancocratie] Christian Noyer : « La BCE pourrait acheter des emprunts d’Etat si nécessaire »

Saturday 15 November 2014 at 05:00

Incroyable interview du non moins incroyable Noyer, gouverneur de la Banque de France, Grand Maître de la Bancophilie, qui déclare être prêt à faire une chose interdite noir sur blanc dans les traités européens, à commencer par Maastricht. Mais les lois, c’est pour les autres…

Mais bon, positivons, ça va super plaire aux Allemands, et zou, un clou de plus dans le cercueil de l’euro…

Les chefs d’Etat du G20 se réunissent ce week-end à Brisbane dans une conjoncture mondiale des plus moroses, en particulier pour la zone euro. Que peuvent-ils décider pour relancer la croissance ?

Il est vrai que les prévisions de croissance ont été abaissées pour l’ensemble de l’économie mondiale. Deux facteurs sont en cause : une Europe moins dynamique que prévu et le ralentissement des pays émergents qui tient à la restructuration de leur économie. Il existe un large consensus au sein du G20 pour mettre l’accent sur l’amélioration du potentiel de croissance fortement réduit par la grande crise. La croissance mondiale ne peut plus se faire par l’endettement des ménages, des entreprises ou des Etats. Il nous faut un modèle plus sain et plus dynamique. La zone euro en est l’illustration parfaite. Les pays qui ont entrepris des réformes de structure, comme l’Espagne, l’Irlande ou le Portugal, commencent à en toucher les dividendes.

La France fait-elle sa part de travail en matière de réformes ?

L’orientation est bonne, à savoir la réduction du déficit structurel et le soutien à la croissance par les réformes. Mais le rythme est insuffisant. Il y a tant de choses à faire. De nombreuses réformes ayant des effets positifs à très court terme pourraient et devraient être faites : une franche libéralisation du travail le dimanche, la réduction accélérée des réglementations qui freinent la construction de logement, etc. Et à moyen terme, la croissance potentielle de la France pourrait être renforcée significativement grâce à une réforme du marché du travail.

C’est à dire  ?

Revoir les mécanismes d’indexation du SMIC, donner plus de latitude aux partenaires sociaux dérogeant à la durée légale du travail dans l’entreprise, assouplir les règles du licenciement. Un autre grand chantier devrait concerner la refonte des structures administratives, marquées par de nombreux doublons, entre Etat et collectivités, entre administrations et agences. On ne peut pas se contenter de revoir la carte des régions et des départements, il faut viser une réorganisation complète de la sphère publique.

[OB : Je propose de supprimer la Banque de France pour ma part, grosse économie...]

Le plan de 3,6 milliards arrêté in extremis par la France pour éviter un feu rouge de la Commission européenne sur son budget 2015 repose sur des hausses d’impôts, pas sur des économies nouvelles…

Nous devons nous concentrer sur la réduction de la dépense publique et mettre un terme à l’inventivité fiscale. On voit bien que les projets de hausses d’impôts suscitent désormais un rejet prononcé. Il faut donc mener une réflexion en profondeur sur l’ensemble des politiques publiques, en privilégiant la recherche de l’efficacité.

La Commission européenne doit-elle imposer à la France des conditions strictes au report du retour aux 3% ? Certains Etats européens s’émeuvent du fait que la France a déjà obtenu un délai et n’a pas réalisé les réformes attendues…

C’est à la Commission européenne et aux partenaires de la France de répondre à cette question. J’estime en tout cas qu’il n’est pas du tout anormal qu’ils aient leur mot à dire sur la manière dont la France consolide ses finances publiques et sur les réformes qu’elle conduit. Le respect du pacte de stabilité et des engagements pris par les Etats est à la base de la confiance dans la zone euro. C’est un élément essentiel pour ramener la confiance des entreprises et des ménages. Ce sont les Etats, et notamment la France, qui ont souhaité renforcer la surveillance collective des finances publiques et la gouvernance économique européenne. Il est logique que l’on nous demande des comptes aujourd’hui. Et que l’on nous demande d’aller plus loin dans les réformes.

La BCE va-t-elle être obligée de revoir à la baisse ses prévisions de croissance et d’inflation en décembre ?

On peut s’attendre à ce que la BCE aille dans la même direction que les instances internationales comme le FMI en ce qui concerne les prévisions de croissance. Mais cela n’empêche pas que notre scénario soit toujours celui d’un redressement économique. Nos prévisions d’inflation dépendront des derniers développements liés aux prix de l’énergie. Dans l’immédiat, il est vrai que la chute des cours du pétrole pèse sur le niveau de l’inflation, mais à ce stade nous continuons d’anticiper un raffermissement des prix dans les prochains mois, avec une remontée du taux d’inflation au-dessus de 1% courant 2015.

La menace de déflation est écartée selon vous ?

Je ne considère pas que la déflation soit un risque crédible. Le risque est surtout celui d’une inflation trop faible, pendant trop longtemps. C’est la raison qui nous a poussés à prendre une série de mesures.

La pression est très forte pour que la BCE en fasse davantage. Le FMI et l’OCDE ont notamment appelé à des achats massifs de dette publique. Etes-vous d’accord ?

Le FMI et l’OCDE n’ont pas vraiment détaillé les raisons. Or, nous avons déjà pris un certain nombre de mesures qui sont tout à fait adaptées. La BCE a baissé ses taux en territoire négatif, ce que ni la Fed ni la Banque du Japon n’ont fait. Elle a pris des engagements sur le cours futur de sa politique monétaire et a facilité le refinancement bancaire : aujourd’hui, les banques peuvent emprunter à son guichet à 0,15% pour 4 ans, à condition de relancer le crédit. Nous intervenons sur le marché de la dette sécurisée et bientôt sur celui des crédits titrisés, ce qui doit aussi faire baisser le coût du crédit. Ces mesures produisent déjà des résultats : les taux d’intérêt ont décliné sur toutes les maturités et cela a en partie soutenu la hausse des actions et obligations, créant un effet de richesse. En outre, la fragmentation des conditions de financement entre pays de la zone euro a été significativement réduite.

Alors à quelles conditions la BCE pourrait-elle acheter de la dette publique ?

Si nous constations que notre politique actuelle n’a plus d’effet. Je ne verrais aucun problème à ce que la BCE achète d’autres actifs et si nécessaire des emprunts d’Etat si par exemple les taux remontaient dans la zone euro à cause d’un resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis en 2015. Ou si l’économie de la zone subissait un nouveau choc défavorable, différant l’atteinte de notre objectif de prix. La BCE doit être en mesurer de parer à des développements adverses. Il faut cependant veiller à bien calibrer la réaction, à préserver la confiance et à ne pas heurter l’opinion publique, y compris en Allemagne.

Pour la première fois, la BCE a fait référence à l’augmentation de la taille de son bilan dans le communiqué mensuel. Pourtant celui-ci a tendance à diminuer…

Nous pensons que le deuxième grand prêt que nous allons proposer aux banques en décembre aura plus de succès que celui de septembre. Cela viendra gonfler le bilan, de même que les opérations d’achats de titres.

Si cela ne suffisait pas à approcher des 3000 milliards d’euros que la BCE a en tête, quels autres actifs pourraient être ajoutés en priorité?

S’il faut aller plus loin et que les conditions n’exigent pas d’acheter de la dette publique, on peut imaginer d’intervenir sur les obligations d’entreprises. On aurait déjà pu les inclure dans notre programme mais les taux d’emprunt sur ce marché sont en fait déjà très bas. Quant aux dettes bancaires, c’est un peu compliqué d’intervenir sur ce marché au-delà de ce que nous faisons sur les obligations sécurisées en raison des multiples interactions entre l’eurosystème et les banques. Il faudrait mesurer tous les effets induits par ces rachats.

En augmentant le bilan de la BCE, votre objectif est-il d’affaiblir l’euro ?

Certains pensent qu’il y a un lien direct entre la taille du bilan et le taux de change. C’est notamment l’argument des investisseurs qui parient sur le lancement prochain d’un programme d’achat de dette publique et prennent des positions en conséquence sur les marchés pour gagner de l’argent. Il faut être prudent. La transmission vient surtout du fait que les achats d’actifs font pression sur les taux de toute la courbe de maturités, et c’est ce phénomène qui affaiblit la devise. Comme je l’ai dit, dans la zone euro, nous sommes déjà dans cette situation.

La baisse de l’euro que l’on peut déjà constater et qui est en partie liée à la reprise américaine pourrait –t-elle atténuer la pression sur la BCE ?

L’évolution du taux de change contre toute devise, et pas seulement contre le dollar, est l’une des courroies de transmission de notre politique monétaire. C’est certain. La baisse de l’euro est l’un des facteurs qui peut alimenter l’inflation. Mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres.

La taxe sur les transactions financières européenne pourrait finalement se limiter à certains CDS, pour le volet dérivés. Etes-vous satisfait de ce développement ?

Oui, c’est un choix extrêmement raisonnable car les CDS sont le compartiment de dérivés dont l’utilité est la plus faible et qui présente le plus gros risque de déstabilisation des marchés. Les autres dérivés – sur les actions et les taux – ont une véritable utilité économique pour les entreprises et l’épargne.

Il sera question au G20 du renforcement des fonds propres des banques systémiques. Les groupes bancaires français sont quasiment tous dans le viseur. Partagez-vous leurs craintes de ne plus pouvoir financer l’économie?

Les pays du G20 avaient décidé de mettre un terme au risque du « too big to fail » qui a obligé les contribuables de certains pays à mettre la main à la poche durant la crise financière pour sauver de grands établissements bancaires au bord du gouffre. Renforcer les fonds propres de ces acteurs et mettre en place des procédures de résolution ordonnée ne fait donc pas débat. Le sujet du TLAC ou « total loss absorbing capacity » répond à la nécessité pour les grandes banques de disposer d’un coussin supplémentaire de capital et de dettes subordonnées, suffisant pour absorber les pertes liées à leur défaillance éventuelle. Mais le dispositif de résolution européen prévoit déjà un outil similaire connu sous le sigle MREL pour « exigence minimale de fonds propres et passifs exigibles », d’ailleurs très intelligemment étendu à toutes les banques puisqu’en Europe le contribuable a été beaucoup sollicité pour sauver des banques petites ou moyennes. Dans ce contexte il faut que le TLAC soit calibré de façon raisonnable afin que les banques puissent encore avoir les moyens de financer l’économie et qu’elles puissent trouver sur les marchés les volumes d’instruments suffisants pour renforcer leurs fonds propres. D’où l’importance de l’étude d’impact sur les banques qui sera menée l’an prochain pour le calibrage final. Il faut aussi que ce coussin s’articule avec le dispositif européen car il n’est pas question de cumuler purement et simplement les deux mécanismes pour les mêmes banques.

Ce coussin de capital va-t-il coûter plus cher aux banques européennes qui ne disposent pas d’une organisation en holding comme les banques américaines?

Il représente un renchérissement pour tout le système bancaire même s’il est vrai qu’outre-Atlantique, c’est la holding de tête qui va chercher les titres sur les marchés pour le compte de la structure opérationnelle. Dans ce cas, il s’agit d’obligations ordinaires mais qui sont reconnues comme structurellement subordonnées. En revanche en Europe, faute de holding de tête, c’est la structure opérationnelle qui devra aller chercher elle-même des titres subordonnés pour ce coussin. Personne ne sait aujourd’hui si les uns coûteront plus chers que les autres mais les européens suspectent que ce soit le cas à leur détriment. La question se pose donc pour les acteurs européens d’adopter une organisation en holding mais la réponse n’est pas évidente. Plus globalement, je comprends l’inquiétude des banques françaises face à l’accumulation de contraintes domestiques et internationales qui risquent de peser sur leur activité. Elles ne peuvent notamment pas cumuler une contribution surdimensionnée au fonds de résolution unique européen et une taxe systémique, qui plus est désormais non déductibles. Il faut faire des choix et vite sinon tout ceci aura des conséquences sur le coût et l’offre de crédit.

Vous dites que l’agenda de la réglementation bancaire touche à sa fin. Néanmoins, certains, en particulier le FMI, s’inquiètent du formidable développement de la banque parallèle, le « shadow banking ». Partagez-vous ces inquiétudes et que peut faire le G20 ?

Les ministres et les gouverneurs de banque centrale du G20 se sont saisis de la question du shadow banking. C’est un univers qui revêt beaucoup d’aspects et ne peut être traité de manière unique. Le G20 a étudié la question des fonds et sicav monétaires, du marché du « repo » (pension livrée) et de la compensation des produits dérivés traités en gré à gré dont l’opacité a provoqué la chute de la banque Lehman Brothers en 2008. Le sommet de Brisbane devrait consacrer aussi la reconnaissance mutuelle de la réglementation financière entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Les autres pays suivront. Les travaux sont en cours. Nous devons étudier l’univers des gestionnaires d’actifs. Vu la grande concentration du secteur aux mains de quelques firmes, il nous faut appréhender leur caractère systémique ou non. La question vaut aussi d’ailleurs pour les compagnies d’assurances et de réassurances. Ce sera l’un des axes des travaux du Conseil de Stabilité Financière tout au long de l’année prochaine.

Source : Les Echos, 14/11/2014


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Le commentaire de Jean-Michel Naulot :

Après les déclarations de Christian Noyer, jusqu’où peut aller la lecture sélective du Traité européen ?

Dans son interview aux Echos de ce jour, le gouverneur de la Banque de France déclare qu’il ne verrait « aucun problème à ce que la BCE achète d’autres actifs et si nécessaire des emprunts d’Etat si par exemple les taux remontaient dans la zone euro à cause d’un resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis en 2015. Ou si l’économie subissait un nouveau choc défavorable, différant l’atteinte de l’objectif de prix ».

Cette déclaration contraste étrangement avec une précédente déclaration, le 4 juillet dernier, dans laquelle il affirmait à propos d’éventuels achats de dettes souveraines : « Il est vrai que notre cadre institutionnel ne nous permet pas d’avoir un programme tel qu’il puisse être considéré comme un financement direct et massif des Etats ». Christian Noyer précisait d’ailleurs à cette époque qu’il doutait de l’efficacité d’un tel programme puisque l’économie européenne se finance principalement à travers le crédit bancaire et non par les marchés.

La déclaration très réservée du mois de juillet sur les achats de dettes souveraines était parfaitement respectueuse de la lettre et de l’esprit du traité européen. Que dit en effet le Traité de Lisbonne ? L’article 123 déclare que l’ « acquisition directe » par la Banque centrale, c’est-à-dire sur le marché primaire, des instruments de dette auprès des Etats membres est interdite. Cette disposition était déjà une pierre angulaire du traité de Maastricht. Les Etats ne voulaient pas d’une mutualisation des risques puisque derrière la BCE il y a les Etats et leurs contribuables en cas de pertes.

Dans le Traité, seules les opérations dites d’open marketconsistant à acheter des titres sur le marché secondaire sont libres (article 18) sous réserve qu’elles s’inscrivent dans le cadre des missions traditionnelles de la Banque centrale. Et pour être sûr que l’interdiction de financement des Etats par la Banque centrale soit bien respectée, le Conseil européen avait arrêté, le 13 décembre 1993, un règlement qui précisait que « les achats effectués sur le marché secondaire ne doivent pas servir à contourner » l’interdiction des interventions sur le marché primaire. Une disposition qui allait presque de soi car autrement l’interdiction de financement des Etats aurait été virtuelle.

Après les déclarations de Christian Noyer et sous réserve qu’elles soient un jour validées par le Directoire de la BCE, ce qui est loin d’être acquis en raison de l’opposition allemande, certains vont peut-être finir par se poser la question de savoir pourquoi on attache finalement autant d’importance à certaines dispositions du Traité, par exemple au critère des 3% de déficit…, et beaucoup moins à d’autres ! Le critère des 60% de dette publique par rapport au PIB est lui-même quasiment oublié alors qu’il était au départ aussi important que le critère du déficit. Seuls cinq pays sur les dix-huit pays de la zone euro, représentant 4% de la population, le respectent (Finlande, Luxembourg, Slovaquie, Estonie et Lettonie). Jusqu’où ira la lecture sélective du Traité ? Ne serait-ce pas le signe que les textes deviennent tout simplement obsolètes ?

Source: http://www.les-crises.fr/bancocratie-christian-noyer-%e2%80%89la-bce-pourrait-acheter-des-emprunts-detat-si-necessaire%e2%80%89/


[Reprise] Macron critique les entreprises qui augmentent les salaires

Saturday 15 November 2014 at 02:00

Bon, c’est un article du Figaro orienté (du mois dernier), mais c’est intéressant…

Le ministre de l’Économie souhaite plutôt que les entreprises investissent et embauchent, suivant en cela l’exemple allemand.

Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, s’en est vivement pris jeudi à la «préférence» des entreprises françaises pour la hausse des salaires et des dividendes plutôt que pour l’emploi et l’investissement. «Si je compare la France à l’Allemagne en disant “quel a été notre problème?”, c’est une préférence continue pour une augmentation des salaires et des dividendes, là où les Allemands ont une préférence continue pour l’emploi et l’investissement», a-t-il lancé aux 3000 participants du 69e Congrès des experts-comptables organisé à Lyon. «C’est la vérité des chiffres», a-t-il ajouté, citant l’exception des entreprises familiales, particulièrement nombreuses en région lyonnaise, qui «peuvent dans la durée ne pas se servir de dividendes, et ont fait ce choix un peu à l’allemande».

Ces exemples sont encore trop rares aux yeux du ministre. «Beaucoup d’entreprises plus larges ont préféré servir des dividendes à l’investissement. Elles ont préféré, parce que c’est notre forme de consensus social et c’est notre responsabilité là aussi, augmenter les salaires de ceux qui avaient un emploi, largement au-dessus de l’inflation plutôt que d’embaucher», a-t-il constaté.

Pour le ministre de l’Économie, «si nous continuons indéfiniment à défendre ceux qui ont un emploi et ceux qui ont des actions, ça n’est pas comme ça que nous mènerons ce pays plus loin», a-t-il ajouté, sous les applaudissements nourris de son auditoire. Emmanuel Macron a par ailleurs indiqué que des précisions seront apportées «dans les prochaines semaines» sur la réforme des professions réglementées dans le cadre du projet de loi «pour la croissance» lancé par son prédécesseur Arnaud Montebourg, et qui devait redonner 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux Français.

Source : le Figaro, 8/10/2014

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Vous êtes prévenus !

“Je crois qu’Emmanuel Macron a tout à fait le talent pour être présidentiable un jour” a affirmé Jacques Attali :

Alors cadeau : Problème mathématique  pour un énarque :

Alors quand les entreprises de moins de 250 salariés ont 0,3 % de pouvoir d’achat à distribuer à leurs salariés, elles font comment ? Une boite de 50 salariés doit embaucher 0,3 % x 50 salariés = 15 % de salarié ? Donc elles embauchent une jambe gauche ?

Merci M. le ministre !

 

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-macron-critique-les-entreprises-qui-augmentent-les-salaires/


Actu’Ukraine 15/11/2014 (+ manip démontée grâce à vous)

Saturday 15 November 2014 at 01:30

Comme c’est un jour d’élections législatives importantes en Ukraine, actu reprenant pas mal d’informations de ces 10 derniers jours (c’est vraiment en vrac, avec les commentaires des butineurs… Pas le temps de faire mieux, désolé).

Merci aux butineurs et à Natacha et Sylvain pour la synthèse…

P.S. on manque de bras pour participer à la création de cette synthèse… Me contacter si vous pouvez aider un peu…

Police Kiev
Avakov nomme un Azov a la tete de la police de Kiev
le meme homme aux couleurs d’Azov
un peu d’enquete sur le nouveau chef de la police de Kiev, Vadim Troyan :
commandant d’Azov, il faisait parti des patriotes d’Ukraine, avant le conflit, il etait directeur de communications dans une entreprise “Triolan”. http://www.triolan.com/
Cette entreprise semblait etre la facade d’une mafia des patriotes comme le montre cette affaire:
ici une declaration ou on voit que ce cher homme venait offrir les services de protection des patriotes d ukraine
A noter que cette histoire de kiosques a journaux se passe a Kharkiv, ville de Kernes, Avakov et Azov.
Hors justement les kiosques impliquaient tout ce petit monde, comme nous l’explique cet article http://cripo.com.ua/?sect_id=6&aid=95842
Sur la photo, a gauche avec le sumbole nazi sur l epaule, c est le boss de l entreprise Triolan, donc boss de Vadim Troyan.
Armée ukrainienne
Bereza, du bataillon de volontaires Dniepr -1, menace le nouveau pouvoir.
Bereza veut aller en Russie avec des groupes de sabotage.
ECONOMIE UKRAINIENNE
Les usines navales de Nikolaïevsk se mettent à la fabrication des “bourjouïka” (petits poêles individuels, symboles de la guerre civile au tournant des années 1920)
04/11
Conseiller du Président du Conseil de sécurité : l’Ukraine pourrait  gagner le conflit dans le sud est vers 2017-18 en utilisant la “voie  croate”.
Porochenko a annoncé qu’il étudierait mardi avec le Conseil de sécurité  la possibilité de changer la loi sur l’autonomie du Donbass
A cause du conflit dans le Donbass, l’Ukraine a perdu 12 MT de charbon
En raison des sanctions, les agriculteurs danois et leurs banques peuvent faire faillite
L’Allemagne a menacé la Russie de nouvelles sanctions en raison de sa reconnaissance des élections en DNR et LNR.
Le scandale de l’affaire Sikorski a éloigné la Pologne de Kiev et a affaibli Varsovie sur la scène internationale
Sans commentaire : Poro père et Poro fils
Le parlement hongrois a adopté une loi permettant l’accélération de la construction de “South stream”
5/11
Pressions de l’UE et des Etats Unis sur la Hongrie à propos de l’intention de Budapest de construire sa partie de “South Stream”
Orban confirme son intention de construire sa partie de South Stream. Pravo, journal tchèque
Le Président finlandais demande aux dirigeants de l’UE de ne plus faire  pression à propos des relations entre son pays et la Russie
La TV slovaque a reçu une amende de la part du comité de surveillance  pour avoir présenté de façon unilatérale les événements en Crimée du  mois de mars, en reprenant  seulement le point de vue de l’UE et des  Etats Unis
Un article du propriétaire du KP, citoyen britannique d’origine pakistanaise, sur la corruption en Ukr
6/11
Selon les insurgés, l’armée ukr a attaqué un faubourg de Donietsk
Porochenko a l’intention de raviver la phase active de l’ATO afin de se débarrasser des bataillons d’extrême droite
Les bataillons ukr près de Marioupol sont renforcés par des tanks
Pologne
Le MAE polonais fait le parallèle entre les relations entre la Pologne  et l’Ukraine et celles des pays européens avec leurs anciennes colonies.
Georgie
Crise de la coalition gouvernementale
Finlande
Le président finlandais voit venir une nouvelle guerre froide
Alexandre Adler sur la Russie
ou en video:
7/11
ECFR pour un “reboot” de la politique étrangère de l’UE
Monsanto en Ukraine
Kiev prend des mesures en faveur de l’indépendance du Donbass
arrêt du versement des salaires et retraites:
contrôle de passeports à la nouvelle frontière:
La pilote Savtchenko, détenue en Russie, a démissionné des forces armées ukrainiennes en arguant de son élection à la Rada
Le Président de la Douma accuse les Etats Unis de coordonner les  pressions sur la Russie lors d’une rencontre avec l’un des hauts  responables du parti japonais Libéral Démocrate
Le ministre russe des finances : la chute du rouble a un caractère spéculatif
liens Khodorkovski et Carlyle group
Emotions sur le cours du rouble à la bourse aujourd’hui
Déclaration de la Banque centrale russe à propos du cours du rouble
Pourquoi les Etats Unis attaquent VVP personnellement
Porochenko s’est plaint à Merkel que la Russie ne paye pas le transit du gaz
Le PM hongrois Orban se plaint des pressions des Etats-Unis sur son pays à propos des relations énergétiques avec la Russie
La gryvna est à un bas niveau record
Les combats d’aujourd’hui, selon  Kiev
Incursions russes, selon Kiev
Poro avertit Merkel de l’escalade du conflit dans le sud est
Réunion du Kremlin concernant le sud est de l’Ukraine
8/11
Selon les media ukr, Poro essaye de récupérer pour son parti le     poste de Ministre de l’intérieur (Avakov pour le moment)  en donnant     en échange le poste de secrétaire du Conseil de sécurité, pour le     moment inoccupé (depuis le départ de Parubiy en août).
Poro refuse au russe le statut de langue nationale
Négociations Lavrov Kerry
Lavrov dément la présence des troupes russes en Ukr
Les cyberberkut disent qu’ils ont trouvé des preuves des exactions     des troupes de Kiev contre les civils dans le PC de Yarema, le     Procureur général
CNN (dés)informe presque aussi bien que l’AFP…
Deux sites nous rapporte une même vidéo d’un combat, mais nous expliquent deux versions complètement opposées des faits.

Tout d’abord la vidéo : sur celle-ci nous voyons des militaires sur un bâtiment de l’aéroport de Donetsk combattre des véhicules sur la route de ce même aéroport.

Voici la vidéo de Novorossia, la plus complète :

et la même reprise par CNN :

http://www.cnn.com/video/data/2.0/video/world/2014/11/13/tsr-dnt-sciutto-russia-ukraine-fresh-fighting.cnn-ap.html

Nous avons d’un cote Novorossia qui déclare que nous voyons leurs militaires (les “rebelles”) combattre ce tank. Et de l’autre cote, CNN dit le contraire : ce sont des militaires de Kiev qui se défendent contre un tank “rebelle”, suivi d’un enchaînement parfait sur la dernière rumeur d’une invasion russe.

Une rapide analyse de la vidéo va nous permettre de trancher :
Voici une capture faite a 1m30s environ a partir de la vidéo de Novorossia TV. A ce moment, le militaire portant la camera se prend un tir d’obus du tank, nous voyons alors son écusson militaire : 3 couleurs (noir/bleu/rouge) avec un aigle a deux têtes dessus, il s’agit donc bien d’un militaire de Novorossia.
Sur la vidéo de CNN, hélas cet écusson n’est pas visible car ils ont coupé exactement au moment ou la poussière retombe, pas de chance…
De plus, il y a eu des informations sur la situation de l’aéroport de Donestk : Le 12 novembre, Secteur Droit a déclaré s’être retiré de cet aéroport, laissant la défense aux militaires de Kiev. Le fait que des troupes aguerries se retirent d’un champ de bataille peut expliquer une certaine confusion du coté des forces de Kiev.

Le 13 novembre, RIA nous rapporte que, suite a ce départ des forces de Pravy Sektor, les forces de Novorossia ont pu s’emparer de bâtiments stratégiques, contrôlant ainsi la route de l’aéroport.

http://ria.ru/world/20141113/1033086420.html

Ce qui accrédite la vidéo de Novorossia, car elle est accompagnée d’un commentaire expliquant que nous voyons la des forces de Kiev qui sont surprises, car mal informées, par les positions de Novorossia.

Alors est-ce que CNN a été incompétent ou est-ce de la désinformation volontaire ?

Pour finir, le dernier buzz sur le MH17…
Vous l’avez peut-être vu, une photo fait le buzz depuis hier :
(haute résolution en cliquant)
Elle est présentée comme une image d’un avion tirant sur le MH17, qui aurait été prise par un satellite américain et sortie par une fuite. Une télé russe en a parlé hier.
À ce stade, cela reste une rumeur, la source n’étant pas authentifiée.
Je ne diffuse en générale pas les rumeurs et les nombreux montages bidons (de part et d’autre), mais celui est assez interpellant.
La photo de base est de très haute résolution (7406 x 5000)
Cela pourrait être un montage avec la date/heure (qui correspondent bien) et/ou l’avion, mais un passage sur fotoforensik ne montre apparemment pas de retouche évidente sur ces zones (l’outil étant imparfait) :
ITAR TASS a mentionné (prudemment) l’image – ce qui ne garantit en rien la fiabilité, mais ce n’est plus un plus un petit truc sur le web…
Ainsi, ce n’est probablement pas un petit fake bricolé en 1 heure avec photoshop, c’est au moins très professionnel.
Donc j’en parle, mais il faut prendre toutes les pincettes possibles – il est peu probable que cela soit vrai. (donc en diffusez pas partout). Il est cependant intéressant que les pros qui fréquentent ce blog échangent leurs vues en commentaire, pour démonter cette rumeur.
En effet, il a été sorti à la base le 15/10 par un indvidu sur ce forum, avec cette indication : “The image obtained by mail from enthusiasts Russian Wikileaks, the source is not named. The time on the image, Greenwich mean time corresponds to the time indicated in the data of objective control, presented Minoborony RUSSIA. According to the inscription-the international designations of time, the picture would be with the American satellite or intelligence apparatus.”.
Il est assez étrange qu’une telle photo leakée ait mis 1 mois à faire le buzz et n’ait pas été postée ailleurs… Sans même parlé duc oét tiré par les cheveux du satellite qui photographie ça + de la fuite…
La zone de texte sur la carlingue ne semble pas correspondre avec celle du MH-17 (ici juste avant son décollage) :
Cependant, cette photo (d’un autre appareil de la flotte, a priori du même modèle) collerait plus (vu le niveau du montage, ce serait bien le diable de se gourer d’avion…) :
Enfin, j’ai trouvé cette image sur un site ukrainien qui semble démonter la manip, mais c’est à confirmer.
Par ailleurs, il y avait de nombreux nuages ce jour là, le sol n’était pas visible…
De plus, les impacts sur le cockpit montraient plutôt de gros soucis au niveau du coté gauche :
Autre point, le chasseur en question n’est pas un Su-25, seul type d’avion signalé jusque là :
La zone rouge ici :

est zoomée là, et on voit que le nuage semble correspondre au même que sur Google (mais ce n’est pas le cas du reste des nuages) :

En revanche, je ne sais pas de quelle ville il s’agit, si quelqu’un pouvait faire la recherche…
Bref, probablement faux, mais à vous de jouer à la chasse à la manip ce we !  :)
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EDIT : BILAN : MONTAGE BIDON à 99 %, voici un extrait des preuves et infos glanées par vous :
Il s’agit bien de Donetsk, et vue de… Google Earth en fait (voir plus bas)…
et la trajectoire n’est pas bonne :

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The 767-200 has set multiple distance records for twin-engine jetliners, including Halifax, Nova Scotia, to Mauritius (8,727 statute miles or 14,042 km); Grand Rapids, Michican, USA, to the Seychelles (8,893 statute miles or 14,309 km); and Seattle, Washington, USA to Nairobi, Kenya (9,253 statute miles or 14,890 km). Fleetwide, daily utilization is more than 10 hours.

Boeing 767-200
Boeing
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On Friday November 14th, Russian state television ran a story of supposed foreign satellite images showing the last moments of flight MH17, with a fighter jet appearing to fire at the plane. Suspicions arose immediately on Twitter, and inconsistencies were pointed out, quickly leading to the conclusion the image is a crude fabrication.

To start, the image has been posted on a Russian message board on October 15th, claiming to originate from WikiLeaks. This contradicts the origin of these images as being “George Bilt”, whose e-mail dated November 9th was reported as the source of these images.

forum-postOverlaying the image with known data points about the MH17 flight path and debris gives the following results, showing the aircraft in the picture off the reported course.

satellite_overlay01It is clear that the satellite map imagery is created from a composite of different satellite map imagery. Part of imagery is from historical Google Earth imagery, dated 28/08/2012 (co-ords  47°57’12.22″N, 37°50’4.09″E)

B2a4DoICUAAk1bzOther imagery is from Yandex maps

side by side yandaxNext, it was pointed out the jet shown in the picture is definitely not an Su-25 ‘Frogfoot’ ground attack aircraft, as previously claimed by Russian media to have been involved in the downing of MH17. The profile of the aircraft is more reminiscent of fighter jets like the Su-27.

Looking at the plane that is supposedly flight MH17, the appearance of the aircraft does not match the real 9M-MRD: the Malaysian airlines logo is in the wrong place, with the Malaysia Airlines logo beginning above the wing in reference images for MH17, while the satellite map imagery shows the logo beginning just in front of the wing.

It was then suggested that the livery might actually be the standard Boeing livery, which matches quite well.

Finally, the source of the image was found by a simple image search for “боинг вид сверху”, or “boeing top view” in English.

 


Another side-by-side comparison by the Bellingcat team:

boeing777-200_3_There are additional details that can be looked at in the image, like the scale of the aircraft in relation to each other, as well as the their scale compared to the rest of the image. It has additionally been pointed out that planes in the satellite map imagery published in the Russia media appear surprisingly clear, compared to reference imagery looked at by the Bellingcat team.

In conclusion, there are several issues with the image, as pointed out above. Thus, the material reported by 1TV cannot be deemed credible to support the theory that MH17 was shot downed by another aircraft.

 Source
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Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-15-11-2014/


Revue de presse du 15 novembre 2014

Saturday 15 November 2014 at 00:01

Cette semaine entre autre dans la revue, un petit coup d’œil côté syndicats et partis français, la géopolitique avant et après le mur, des lois liberticides opportunément simultanées, les journaux en question et le contournement des USA qui continue. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-15-11-2014/


[Incroyable...] Livraison des Mistral : Moscou lance un ultimatum à Paris

Friday 14 November 2014 at 19:25

Ah, un beau papier de l’ObsAfp encore…

Je rappelle que la Russie, nous a commandé ces bateaux, a payé la moitié des 1,2 Md€ et nous a fourni la poupe du 2e, fabriquée en Russie.

Étonnement, les journaux semblent s’tonner de énervement de la Russie – si on ne peut même plus escroquer et faire chanter un autre pays… C’est amusant cet aveuglement face à l’humiliation…

Mais bon, on paiera (enfin, “c’est l’État qui paye”) alors des sommes folles à la Russie – un peu comme l’écotaxe…

Obs – La France a jusqu’à fin novembre pour livrer un premier navire de guerre Mistral à la Russie si elle ne veut pas s’exposer à de “sérieuses” demandes de compensation, a déclaré vendredi 14 novembre une source russe “haut placée” citée par l’agence Ria Novosti.

“Nous nous préparons à différents scénarios. Nous attendrons jusqu’à la fin du mois [la livraison du 1er Mistral, NDLR], et ensuite nous présenterons nos sérieuses réclamations” financières, a déclaré cette source.

“Monsieur Poutine non seulement veut fixer des ultimatums vis-à-vis de Kiev et de l’Ukraine, mais à la France”, s’est énervé en réaction le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis sur Europe 1.

“Ce n’est pas comme cela que ça marche, Monsieur Poutine, la France est un pays indépendant qui décide ce qu’elle fait de la livraison ou pas des Mistral. Si il y a une avancée démocratique et une paix en Ukraine, on peut voir.”

“La France a pris des engagements”

Au contraire, pour Henri Guaino, député UMP des Yvelines, “la France a pris des engagements, elle a signé des contrats. Il est normal qu’elle livre.”

Si elle ne respecte pas sa parole sur ce marché, que vont en penser tous les autres ? Que vaudra la parole de la France ?”, poursuit le député.

“Soyons clairs : ça ne va pas changer le rapport de force militaire entre l’Ukraine et la Russie. Il s’agit du respect des engagements du respect de la parole donnée. Il est quand même bien normal que celui qui n’est pas livré demande des compensations financières, qui vont coûter très, très cher [...] Ça va surtout coûter très cher en matière de crédibilité de la parole de la France.”

“A la veille du G20, et alors que la Russie demande à juste titre à la France d’honorer ses engagements, j’appelle François Hollande à revenir sur sa position”, s’emporte de son côté Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président de Debout la France. “Cet acte irresponsable décrédibilise fortement notre pays sur la scène mondiale. [...] Cet alignement permanent du gouvernement socialiste sur les positions américaines et allemandes abaisse considérablement la France.”

Et de conclure : “Par ailleurs, ce contrat d’1,2 milliard d’euros est vital pour la France dans ce contexte général de crise économique.”

“Aucune date de livraison”

Les Mistral, des bâtiments de projection et de commandement vendus par la France à la Russie en juin 2011 pour 1,2 milliard d’euros, sont au centre d’un imbroglio diplomatico-militaire depuis la décision du président François Hollande de lier leur livraison au règlement politique de de la crise ukrainienne.

Fin octobre, Moscou avait affirmé avoir été invité à recevoir le 14 novembre le premier de ces navires, le “Vladivostok”. L’annonce avait été immédiatement démentie par le constructeur, le groupe DCNS, et le gouvernement français sur fond de critiques des pays de l’Otan.

Le ministre français de la Défense a affirmé mercredi qu’”aucune date de livraison” d’un navire Mistral à la Russie “ne peut être fixe à ce stade”.

La question épineuse des Mistral devrait sans doute être au programme de la rencontre entre les présidents français François Hollande et russe Vladimir Poutine lors du sommet du G20 de Brisbane samedi et dimanche.

Si elle se décide à livrer ces bâtiments, véritables “couteaux suisses” de la marine en raison de leur polyvalence (ils peuvent emporter 16 hélicoptères, quatre chalands de débarquement, 13 chars, un état-major, 450 fantassins et un hôpital), la France est assurée de semer l’émoi en Pologne et dans les pays Baltes, qui s’estiment en première ligne face à la Russie et redoutent de faire à leur tour les frais de son imprévisibilité.

A l’inverse, une annulation risque de placer la France dans la difficile position du partenaire qui n’honore pas ses contrats. Et une telle décision coûterait chère en pénalités à la France alors que ses finances sont dans le rouge.

Source : L’Obs, 14/11/2014

Un complément de la Tribune du mois de mars :

“Soit vous remplissez vos obligations contractuelles et vous livrez les navires dans les délais prévus, soit vous rendez l’argent et la poupe des navires”, construite en Russie, a réagi mercredi le vice-Premier ministre russe chargé du complexe militaro-industriel, Dmitri Rogozine. La Russie a déjà versé plus de la moitié du montant de 1,2 milliards d’euros prévu pour les deux navires construits en France, selon des médias russes.

Des sources au sein des chantiers navals russes citées jeudi par le quotidien pro-Kremlin Izvestia ont d’ores et déjà affirmé que la Russie construirait elle-même ces navires si nécessaires. “Nous avons reçu (de la partie française) l’essentiel des plans du Mistral”, a affirmé une de ces sources. “Si les Français refusent et d’exécuter le contrat, et de rendre l’argent, alors ils perdent les droits sur ces documents”, a-t-elle affirmé. “Si la marine russe le souhaite encore, nous les construirons nous-mêmes”, a ajouté cette source.

“Il n’y a rien de compliqué dans le Mistral, c’est une barge avec un moteur et un pont pour les hélicoptères et les chars”, a encore déclaré cette source citée par Izvestia. Une autre source au sein des chantiers navals de la Baltique a affirmé que les transferts de technologie escomptés par la Russie étaient de toutes façons dérisoires. “Le Mistral est un navire construit selon des normes civiles, c’est un banal ferry pour le transport d’automobiles”, a déclaré cette source. “Obtenir de nouvelles technologies dans la construction de tels navires pour un pays qui produit des sous-marins nucléaires, ce n’est pas sérieux”, a ajouté cette source.

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Le reste de la presse : ultimatum, pression

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A BFM, ils comprennent mieux le sens du business :) :

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Après ce morceau de bravoure journalistique de la presse française, un billet trouvé sur Internet…

Militarisation : Si la France ne livre pas le porte-hélicoptère Mistral, elle perd 20 milliards d’euros

Par Valentin Vasilescu, 11/11/2014

Le 13 octobre 2014, la Russie a signé un contrat avec la Chine pour des sous-marins de classe Amur. Le contrat pour les systèmes S-400 Triumph et les avions Sukhoi 35 sera signé dès 2015, selon la décision de la France en ce qui concerne les 4 porte-hélicoptères Mistral.

La déclaration du président Barack Obama selon laquelle la Russie est la principale menace pour l’humanité après l’épidémie d’Ebola, accompagnée de sanctions économiques imposées par les États-Unis et ses sbires (UE, Japon et Australie), a été suivie d’un dur avertissement lancé par la porte-parole du département d’Etat américain, Jen Psaki. Le gouvernement français a obtempéré et a relevé de ses fonctions le directeur du programme de Mistral qui avait fait entamer les préparatifs pour la livraison officielle du premier porte-hélicoptère à la Russie, le 14 novembre 2014.

https://temasekthunderbolt.files.wordpress.com/2014/10/img_0046.jpg?w=720

Ces gestes hostiles ont conduit la Russie à prendre des mesures, en donnant les premiers coups indirects. La première urgence pour la Russie est de protéger sa frontière orientale du danger des flottes militaires des États-Unis et ses alliés dans la région : le Japon et la Corée du Sud. Protection assurée par un avant-poste puissant comme la Chine, le plus sûr allié de la Russie. La Chine, qui est devenue la première mondiale, possède les plus grandes réserves de devises étrangères au monde.

Sur le plan pratique, la Russie a signé un contrat avec la Chine pour la construction du sous-marin d’ de 4ème génération de classe Amur (projet 1650) le 13 octobre 2014. La Russie assurera le transfert de technologie pour la construction en Chine d’une série de 25-30 sous-marins extrêmement silencieux de cette classe, ce qui permettra à la marine chinoise de surclasser les groupes navals américains, japonais, et coréen opérant dans la région du Pacifique occidental.

Le sous-marin de classe Amur est équipé d’un système de propulsion indépendant de l’air atmosphérique (AIP), qui lui permet de naviguer sans avoir à remonter à la surface pendant un mois, suffisamment pour traverser d’un bout à l’autre l’océan Pacifique sans être dépisté. Le sous-marin Amur dispose de quatre tubes de lance-torpilles horizontaux de cal 533 mm et 10 VLS (système de lancement vertical) pour les missiles. Les lanceurs verticaux peuvent utiliser simultanément une vaste gamme de missiles de croisière (avec des rayons d’action allant jusqu’à 2 500 km), des missiles antinavires et des missiles AA de longue et moyenne portée.

La seconde urgence est la création des conditions pour briser le bloc monolithique créé autour des États de l’UE par les États-Unis pour imposer des sanctions économiques contre la Russie. Et la situation semble favorable à la Russie, sur le plan de la scène politique, préfigurée par la France, où le spectre du chômage atteindra dans quelques mois des niveaux dont la gravité pourrait paralyser le Président François Hollande.

En décembre 2010, Nicolas Sarkozy rentre d’une visite officielle en Inde avec la plus grande commande de l’histoire de l’aéronautique commerciale, d’une valeur de 15 milliards de dollars, visant à livrer, pendant les 8 années à venir, 180 avions Airbus à la compagnie indienne IndiGo Airlines. Ce contrat s’est exécuté dans une proportion de 30 à 40 % et peut être annulé à tout moment. En 2012, toujours grâce à Sarkozy, le Rafale français de Dassault a été déclaré vainqueur devant son rival européen Eurofighter Typhoon en finale du concours MMRCA-126 de l’armée de l’air Indienne.

La compétition visait à sélectionner des types d’avions multi rôles pour remplacer les MiG-21 Bizon de l’Inde. Une des conditions du contrat initial, d’une valeur de 20-25 milliards d’euros étant que presque 100 des 126 appareils soient assemblés en Inde. Comme la France a établi une période de trois ans à compter de la signature du contrat-cadre jusqu’à la livraison du premier exemplaire au bénéficiaire, selon l’Ambassadeur de Russie à New Delhi, son Excellence Monsieur Alexander Kadakin: « l’Inde a toutes les raisons de ne plus être intéressée par les Rafales, d’ici la fin de 2014. »

La raison en est le contrat de la Russie avec la Chine pour la livraison de 28 systèmes anti-aériens anti-missiles de dernière génération, le S 400 Triumph, et 24 avions de chasse Sukhoi 35 S, approuvée par le Président . Le Contrat doit être signé dans les premiers jours de l’année 2015. Si la France maintient la décision dictée par Washington de ne pas expédier les porte-hélicoptères Mistral déjà payés par la Russie, Poutine sera obligé d’offrir à la Chine des appareils Su-35 S, avec les pièces de rechange et 100 moteurs AL-41F1S à traction vectorielle (les plus puissants moteurs pour les avions multi rôles de génération 4 ++).

La Chine a surpris la planète entière en remplaçant récemment les radars PESA (Passive Electronically Scanned Array) par l’AESA moderne (Active Phased Array Radar) sur tous les cinq avions AWACS, appelé le KJ-2000. L’avion KJ-2000 (l’appareil IL-76 modifié), conçu comme un poste de commandement volant, est devenu plus puissant que le Boeing E-3C Sentry américain (équipé de radars PESA). Chaque KJ-2000 est capable de suivre 300 cibles aériennes ennemies, tout en dirigeant l’interception de chacune de ces cibles par 100 avions de chasse chinois.

Au lieu d’une antenne conique PESA, capable de tourner à 360 degrés pour pouvoir transformer les ondes radar en un faisceau étroit, l’antenne radar AESA est composé de 1 000 à 2 000 modules TR (émetteur-récepteur), qui fonctionnent indépendamment les uns des autres. La modélisation de la forme du faisceau radar et sa projection dans un secteur très étroit et très précisément délimité dans l’espace est réalisé numériquement par un ordinateur, en sélectionnant la puissance du signal émis par chacun des modules TR en quelques millionièmes de seconde. En outre, chaque module TR peut être programmé pour fonctionner soit comme émetteur, soit comme récepteur uniquement, avec des fonctions différentes en même temps.

Le radar AESA 50N6A est dérivé du complexes AA russe Tor-M2E (déjà installé en Biélorussie, c’est la première batterie russe de ce type) et S-350, ce qui signifie qu’il est venu en Chine pour une raison, fondée sur un accord russo-chinois. Mais le radar de 50N6A chinois a un plus grand gabarit que son frère N036 Byelka dont la portée est de 400 kilomètres, à bord des 22 avions Su-35 qui ont rejoint en 2014 la dotation de l’aviation de la . Par conséquent, la Chine, qui a de l’, ne s’arrêtera pas au lot des 24 Su-35 S et a l’intention de commander plus de 100 appareils de ce type.

Ainsi, connaissant la servilité du président François Hollande vis-à-vis de Washington, l’option de la France est claire : pour l’instant les conditions de livraison des premiers navires de guerre Mistral ne sont pas remplies. Rafale, le meilleur avion de chasse français de tous les temps, devient, de manière imméritée, un simple enjeu, un trophée de chasse en conséquences du jeu politique dicté par les américains. Pour bien voir le coup porté à la France par le président Hollande, je vous propose de regarder une vidéo montrant en direct comment le rafale « descend » le meilleur avion américain, le , en manœuvres de combats aériens. Ensuite il « descend » quatre fois d’affilée, des avions Eurofighter Typhoon.

Par effet domino, l’Inde qui est la quatrième économie mondiale et espère étendre le gazoduc russe « power of Siberia » en Inde, a annoncé le 25 octobre qu’elle prévoit des réorientations en ce qui concerne ses contrats et qu’elle allouait un montant de 13 milliards de dollars pour certains nouveaux programmes militaires. L’Inde, qui est le plus gros importateur d’armes russes et qui a jusqu’à présent produit sous licence 200 avions Su-30MKI, se voit obligée de renoncer aux Rafales. L’avion français, équipé de radar PESA, même si c’est mieux que le Su-30MKI, est inférieur au Su-35, qui a également des moteurs de traction vectorielle que Rafale ne possède pas.

La seule conclusion que l’on peut tirer est qu’il semble que l’Inde va commander 126 avions Su-35 S, au lieu de Rafales, tandis que la Russie ne sentira en rien l’absence des Mistral.

Valentin Vasilescu, Mondialsiation.ca

Article original en roumain :

Franța livrează portelicopterele Mistral sau pierde un contract de 20 miliarde de euro

Traduit par Avic,   Photo : © Foto: AP/David Vincent

Source: http://www.les-crises.fr/incroyable-livraison-des-mistral-moscou-lance-un-ultimatum-a-paris/


[Recommandé] Mikhaïl Gorbatchev : “Au lieu de démilitariser, l’Occident a déclaré avoir gagné et a revendiqué la domination mondiale”

Friday 14 November 2014 at 06:30

Un discours très important…

Mikhail Gorbachev, Ancien président de l’Union soviétique, Prix Nobel de la Paix

Discours prononcé à Berlin le 8 novembre 2014, au symposium du Forum de la Nouvelle Politique.

1

J’ai le plaisir d’accueillir tous les participants et de voir parmi eux aussi bien des vétérans de notre forum que de nouveaux visages. J’attends que tous fassent une contribution au dialogue sérieux et constructif qui est si nécessaire aujourd’hui.

Notre conférence se tient simultanément avec la célébrations du 25e anniversaire de la chute du mur qui divisait l’Allemagne et l’Europe. Je voudrais tout d’abord féliciter les Allemands, et nous tous ici, à l’occasion de l’anniversaire de cet événement véritablement historique.

Les changements historiques qui semblent imprévus à leurs contemporains peuvent par la suite apparaître comme inévitables, prédéterminés. Mais souvenons-nous de l’époque où tout cela se déroulait, et combien le processus de changement était tumultueux et urgent. Son issue – l’unification pacifique de l’Allemagne – a été rendue possible uniquement parce qu’elle avait été préparée par de grands changements dans la politique internationale et dans les esprits des peuples.

Ces changements ont été déclenchés par la perestroïka en Union soviétique. Comme nous nous étions engagés sur la voie des réformes, de la glasnost et de la liberté, nous ne pouvions refuser cette même voie aux nations d’Europe centrale et d’Europe de l’Est. Nous avons rejeté la “doctrine Brejnev”, avons reconnu l’indépendance de ces états et leur responsabilité envers leurs propres peuples. C’est ce que j’ai dit à leurs dirigeants lors de notre toute première rencontre à Moscou.

Quand, sous l’influence des changements en Union soviétique, les processus politiques internes sont montés en puissance dans les pays voisins, et que les citoyens de la RDA ont demandé des réformes et, peu après, l’unification, la direction de l’URSS s’est trouvée confrontée à des choix difficiles.

Pas seulement dans notre pays, mais aussi dans de nombreux pays européens, les doutes et les appréhensions montaient devant le processus d’unification. On pouvait comprendre les doutes de Margaret Thatcher, de François Mitterrand et d’autres dirigeants. Après tout, la tragédie de la Seconde Guerre mondiale était encore fraîche dans les mémoires. Il y avait d’autres raisons, aussi, à leur inquiétude.

De plus, le peuple de notre pays, qui avait le plus souffert de l’agression d’Hitler, avait des raisons de s’inquiéter.

Entre-temps, les événements se déroulaient à vitesse croissante, avec la population comme acteur principal – le peuple qui demandait le changement et déclarait son intention de vivre dans un pays uni : “Nous sommes une nation”.

Lors d’une rencontre des dirigeants soviétiques, en janvier 1990, nous avions discuté de l’évolution de la situation, et nous étions parvenus à la conclusion unanime que l’Union soviétique ne devait pas contrecarrer l’unification – mais qu’elle devait se produire d’une façon qui serait dans les meilleurs intérêts de toute l’Europe et de notre pays, autant que dans ceux des Allemands eux-mêmes.

Si nous nous étions détournés d’une évaluation réaliste et responsable, ou avions pris une décision différente, les événements auraient pu prendre un tour très différent, bien plus dramatique. Et l’usage de la force aurait conduit à un bain de sang à grande échelle.

Nous avons suivi la voie qui nécessitait des décisions politiques et une diplomatie active. Afin de répondre aux aspects externes de l’unification allemande, le mécanisme 2+4 a été conçu. La question la plus délicate était celle de l’appartenance d’une Allemagne unifiée à l’OTAN.

J’étais en faveur d’une Allemagne neutre. Le président Bush a objecté : “Pourquoi ? Avez-vous peur des Allemands ? Alors ils doivent être inclus, “ancrés” dans l’OTAN.” Je lui ai répondu : “On dirait que c’est vous qui avez peur d’eux”.

Nous avons discuté des différentes possibilités. Finalement, nous avons conclu que l’Allemagne unifiée déciderait elle-même de la question de son appartenance à l’alliance, mais que dans le processus, les intérêts de la sécurité de l’URSS devraient être pris en compte.

Cela a nécessité des négociations intenses. Finalement, le Traité de Moscou a inclus les conditions suivantes :

C’était des obligations importantes, qui ont été observées tout au long de la période suivante.

Pendant ces années, les Allemands ont prouvé leur engagement en faveur de la paix et de la démocratie, et le gouvernement de l’Allemagne a poursuivi une démarche généralement constructive et responsable dans l’arène internationale.

Je suis convaincu que l’Histoire donnera de bonnes notes aux dirigeants politiques actifs de cette époque.

2

L’unification de l’Allemagne a été une étape majeure dans le processus visant à mettre fin à la Guerre Froide. De nouvelles perspectives se sont ouvertes pour le monde, et en particulier pour l’Europe. La forme d’une nouvelle Europe émergeait de la Charte de Paris signée par les dirigeants de tous les pays européens, ainsi que par les États-Unis et le Canada.

Il semblait que l’Europe pourrait émerger comme un exemple pour les autres, en créant un système solide de sécurité mutuelle et en devenant le leader de la résolution des problèmes d’envergure mondiale.

Cependant, les événements ont pris une tournure différente.

La politique européenne et internationale n’a pas résisté à l’ épreuve du renouvellement, des nouvelles conditions du monde globalisé de l’ère post-Guerre froide.

Il faut admettre que depuis la création de notre forum, à l’aube de ce siècle, nous ne nous sommes jamais rencontrés dans un contexte aussi tendu et instable. Les bains de sang en Europe et au Moyen-Orient, tout comme la menace d’une rupture du dialogue entre les premières puissances, sont des préoccupations majeures. Le monde est au bord d’une nouvelle Guerre froide. Certains disent même qu’elle a déjà commencé.

Et pourtant, alors que la situation est dramatique, nous ne voyons pas le principal organe international – le Conseil de sécurité des Nations Unies – jouer le moindre rôle ou prendre des mesures concrètes. Qu’a-t-il fait pour faire cesser le feu et le massacre des peuples ? Il aurait dû agir avec détermination pour évaluer la situation et développer un programme d’actions communes. Mais cela n’a pas été fait, et cela n’est toujours pas fait. Pourquoi ?

Je qualifierais ce qui s’est produit ces derniers mois d’effondrement de la confiance – la confiance qui a été créée au prix d’un dur labeur et d’efforts mutuels durant le processus d’achèvement de la Guerre froide. La confiance, sans laquelle les relations internationales dans un monde globalisé sont inconcevables.

Pourtant, il serait faux de relier ceci uniquement aux événements récents. Je dois être franc avec vous : la destruction de cette confiance ne date pas d’hier ; elle s’est produite il y a bien longtemps. Les racines de la situation actuelle plongent dans les événements des années 1990.

La fin de la Guerre froide n’était que le tout début du chemin vers une nouvelle Europe et un ordre mondial plus sûr. Mais, au lieu de construire de nouveaux mécanismes et de nouvelles institutions pour une sécurité européenne, et de poursuivre une démilitarisation majeure des politiques européennes - comme le promettait, d’ailleurs, la déclaration de Londres de l’OTAN - l’Occident, et en particulier les États-Unis, a déclaré qu’il avait gagné la Guerre froide. L’euphorie et le triomphalisme sont montés à la tête des dirigeants occidentaux. Profitant de l’affaiblissement de la Russie et de l’absence de contrepoids, ils ont revendiqué le monopole de leur leadership et de leur domination sur le monde, refusant d’entendre les conseils de prudence de nombreuses personnes ici présentes.

Les événements de ces derniers mois sont les conséquences de politiques à court terme, et du désir d’imposer sa volonté et ses faits accomplis tout en ignorant les intérêts de ses partenaires.

Une petite liste suffira : l’expansion de l’OTAN, la Yougoslavie et en particulier le Kosovo, les plans sur le bouclier antimissiles, l’Irak, la Libye, la Syrie.

Pour utiliser une métaphore, une simple cloque s’est transformée en plaie qui suppure et saigne.

Et qui souffre le plus de ce qui se passe ? Je crois que la réponse est plus que claire : c’est l’Europe, notre maison commune.

Au lieu de tenir le flambeau du changement dans un monde globalisé, l’Europe est devenue une arène de rivalités politiques, de compétitions pour des sphères d’influence, et finalement, de conflits militaires. La conséquence inévitable est l’affaiblissement de l’Europe au moment où d’autres centres de pouvoir et d’influence gagnent en puissance. Si cela continue, l’Europe cessera d’avoir une voix qui pèse dans les affaires du monde, et elle deviendra graduellement inadaptée.

Ici, à Berlin, pendant l’anniversaire de la chute du mur, je dois relever que tout cela a aussi eu un effet négatif sur les relations entre la Russie et l’Allemagne. La poursuite de la trajectoire actuelle pourrait endommager nos relations de manière durable, lesquelles ont été jusqu’à présent exemplaires. Souvenons-nous que sans le partenariat russo-germanique, il ne peut pas y avoir de sécurité en Europe.

3

Alors, comment envisageons-nous de sortir de cette situation ?

L’expérience des années 1980 montre que, même dans des situations apparemment désespérées, il doit y avoir une issue. La situation du monde n’était pas moins grave et dangereuse qu’aujourd’hui. Pourtant, nous sommes parvenus à l’inverser – non seulement en normalisant les relations, mais en mettant un terme à la confrontation et à la Guerre froide. Cela peut légitimement être mis au crédit des dirigeants politiques de cette époque-là.

Cela a été accompli en premier lieu par la reprise du dialogue.

Les tendances négatives peuvent et doivent être arrêtées et inversées. La clé en est la volonté politique et la fixation adéquate des priorités.

Aujourd’hui, la priorité principale devrait être la reprise du dialogue, le rétablissement de la capacité à interagir, à s’écouter et à s’entendre les uns et les autres.

Les premiers signes d’une reprise du dialogue ont maintenant émergé. Les premiers résultats, bien que modestes et fragiles, ont été atteints. Je parle des accords de Minsk sur le cessez-le-feu et le désengagement militaire en Ukraine, des accords trilatéraux sur le gaz entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne, et la suspension de l’escalade des sanctions mutuelles.

Dans ce contexte, je vous demande instamment de prendre en considération les récentes remarques de Vladimir Poutine au Forum de Valdaï [NdR : traduit dans ce billet]. Malgré l’âpreté de ses critiques envers l’Ouest et les États-Unis en particulier, j’entends dans son discours un désir de trouver le moyen de faire baisser les tensions, pour finalement fonder une nouvelle base de partenariats.

Nous devons passer – et le plus tôt sera le mieux – des polémiques et des accusations mutuelles à la recherche de points de convergence et à la levée graduelle des sanctions, qui nuisent à chacune des parties. Comme premier pas, les sanctions dites personnelles qui affectent des personnalités politiques et des parlementaires devraient être levées, pour que ces derniers puissent se joindre au processus de recherche de solutions mutuellement acceptables.

L’un des domaines d’action conjointe pourrait être celui de l’aide à apporter à l’Ukraine pour surmonter les conséquences de sa guerre fratricide, et reconstruire les régions touchées.

4

Il ne va pas être facile d’atteindre ces objectifs de court terme. Mais, en même temps, nous avons besoin de poursuivre des efforts vigoureux sur tous les autres points de notre agenda commun.

Je soulignerais deux domaines dans lesquels le dialogue est d’une importance vitale, et dans lesquels il a été fortement mis à mal. Il s’agit d’abord de la coopération visant à répondre aux défis mondiaux, et ensuite de la sécurité pan-européenne.

Les problèmes mondiaux s’aggravent de jour en jour : terrorisme et extrémisme, y compris de nature sectaire, pauvreté et inégalités, environnement, problème des ressources et des vagues de migration, épidémies.

Et si différentes soient-elles, ces questions ont une chose en commun : aucune n’a de solution militaire. Pourtant, les mécanismes politiques pour les résoudre font défaut ou dysfonctionnent, et n’arrivent pas à suivre l’accélération de la dégradation des problèmes.

Les leçons de la crise mondiale en cours devraient nous persuader que nous devons chercher un nouveau modèle durable politique, économique et environnemental. C’est un problème auquel il faut répondre maintenant, sans délai.

Laissez-moi maintenant vous parler de la sécurité européenne. Je pense que nous avons encore une fois la preuve qu’elle doit être pan-européenne. Les tentatives pour résoudre le problème de la sécurité en Europe par l’expansion de l’OTAN ou par une politique de défense de l’UE ne peuvent pas apporter de résultats positifs. De fait, elles sont contre-productives.

Nous devons par conséquent nous remettre au travail et redessiner les plans d’un système de sécurité européenne qui offrirait une protection et des garanties à tous ses participants.

Nous avons besoin d’institutions et de mécanismes qui fonctionneraient dans l’intérêt de tous. Il faut reconnaître que l’OSCE, une organisation qui portait beaucoup d’espoirs, n’a pas été à la hauteur de la tâche.

Cela signifie-t-il qu’elle devrait être démantelée pour édifier en lieu et place quelque chose de nouveau et inédit ? Je ne le pense pas, d’autant plus maintenant que l’OSCE assume un rôle important de contrôle en Ukraine. Mais il s’agit d’une construction, dirais-je, qui nécessite des réparations essentielles et quelques nouvelles adjonctions.

Il y a des années de cela, Hans Dietrich Genscher, Brent Scowcroft et d’autres politiciens ont proposé de créer un Conseil de sécurité ou un Directoire pour l’Europe. Je partageais leur approche. Dans la même veine, Dimitri Medvedev, pendant sa présidence, a proposé une initiative qui appelait à créer un mécanisme de diplomatie préventive en Europe, avec des consultations obligatoires en cas de menace sur la sécurité d’une partie. Si un mécanisme de cette sorte avait été créé, les pires scénarios des événements ukrainiens auraient pu être évités.

Pourquoi ces idées et d’autres “idées européennes” ont-elles été remisées aux archives ? Les dirigeants sont, bien sûr, à blâmer – mais nous aussi, tous autant que nous sommes. Je parle de la classe politique européenne, des institutions de la société civile, et des médias.

Nous devons envisager une initiative non-gouvernementale pour reprendre la construction d’une maison européenne commune. Je suggère que nous réfléchissions à la forme qu’une telle initiative pourrait prendre. J’espère que pendant nos discussions, nous pourrons en évaluer les modalités de réalisation, et faire des propositions spécifiques dans cette perspective.

5

Je ne suis pas pessimiste de nature, et je me suis toujours décrit moi-même comme un optimiste. Mais je dois admettre qu’il est très difficile d’être optimiste dans la situation actuelle. Malgré tout, nous ne devons pas céder à la panique et au désespoir ou nous résigner à l’inertie négative. Cela pourrait nous entraîner dans une spirale sans issue. L’expérience amère des derniers mois doit être convertie en volonté de réengager le dialogue et la coopération.

C’est l’appel que je lance à nos dirigeants et à vous tous. Pensons, proposons et agissons ensemble.

Source : Huffigton Post, le 21/10/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


Une interview de Gorbatchev à la télévision suisse le 9/9/14. Il revient sur les conditions qui ont présidé à l’événement en 1989 et livre des confidences sur les rôles de François Mitterrand et d’Helmut Kohl. Il s’exprime aussi sur l’actualité et le regain de tension entre la Russie et l’Occident du fait de la crise ukrainienne.

Source : RTS


Source: http://www.les-crises.fr/occident-domination-mondiale-gorbatchev/


[Reprise] Pour rendre justice à Gorbatchev et à la vérité historique

Friday 14 November 2014 at 04:44

Je reprends donc ce papier de Philippe Grasset dans DeDefensa le 9 novembre, traduit en partie par alterinfo

Notes sur un quart de siècle kidnappé et retrouvé

La célébration de la “Chute du Mur” bat son plein. • Nous avons choisi notre façon de célébrer. • Nous nous attaquons à un texte qui nous semble exemplaire de l’Histoire réduite à l’histoire et devenue narrative. • Les distorsions de l’historiographie-Système y figurent, indiquées avec élégance et à-propos. • La surprise est que, finalement, par les chemins tortueux de la récriture mémorielle absolument faussaire propre au Système, nous aboutissons tout de même à notre vérité de la situation commune à nous tous. • L’hyper-désordre règne et le Système n’est pas à la fête.

9 novembre 2014 – Il s’agit donc de “commémorer” cet événement du 9 novembre 1989. Nous le faisons avec d’autant plus d’allant que nous avons vécu avec une très grande intensité cette époque, notamment depuis le 9 mars 1985 et l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev, – dans le chef de notre ancêtre dans les arcanes de ce site, Philippe Grasset, alors fermement installé à Bruxelles (voir notamment notre série récente sur les “journalistes Made in CIA”, le 20 octobre 2014, le 22 octobre 2014, etc.).

Nous avons choisi une méthodologie spécifique pour donner à l’événement l’ampleur qui importe, c’est-à-dire en établissant son lien avec notre époque. Plus encore, nous avons choisi de baser cette méthodologie sur un texte qui nous paraît archétypique des distorsions de l’historiographie-Système de la période. Le texte est assez clair, quoique d’une brièveté également élégante, pour qu’on y trouve les principaux éléments faussaires qui permettent d’articuler notre propos, – lequel sera bien entendu critique. Il n’est de meilleure assise pour se faire bien comprendre que de prendre appui sur l’argument de l’adversaire, lorsque cet adversaire possède la puissance dominante (le Système) qu’il entend justifier, légitimer et pérenniser par une réécriture de l’histoire qui conduit à cette position. (Et, sans aucun doute, nous parlons de “réécriture automatique”, presque dans le sens d’“écriture automatique”, c’est-à-dire venue naturellement d’un esprit nullement contraint, presque spontanément et sans direction autoritaire de la raison, tant cet esprit est devenu totalement esprit-Système sous l’empire d’une psychologie corrompue dans ce sens. Donc, le faussaire est involontaire, la narrative règne comme si elle était aussi légitime qu’une famille régnante depuis des siècles, – et quasiment de droit divin.)

Annus Mirabilis: The Road to 1989, and Its Legacy

Le texte, portant ce titre (Annus Mirabilis: The Road to 1989, and Its Legacy), publié par le German Marshall Fund (GMF), par Ivan Vejvoda, vice-président du GMF et qu’on peut caractériser pour son orientation par sa position de Directeur de la Fondation Soros à Belgrade de 1998 à 2002, est publié en Ouverture libre ce 9 novembre 2014.

Nous avons rajouté à ce texte nos interventions habituelles pour marquer les passages qui nous intéressent, par des soulignés en gras de certains mots, groupes de mots, voire paragraphes entiers (c’est rare), comme c’est le cas ici. Nous allons nous attacher à ces passages du texte avec souligné en gras.

1989 et sa dynamique jusqu’à nous

Laissons les deux premiers paragraphes. Ils présentent l’événement d’il y a vingt-cinq ans de la chute du Mur, puis reprennent les événements de désordre, contestations et révoltes qui marquèrent l’histoire tumultueuse de l’Europe de l’Est sous domination soviétique de 1953 (révolte de Berlin-Est deux mois après la mort de Staline, brutalement réprimée et étouffée) jusqu’à la révolte polonaise de Solidarnosc de 1980-1981 qui ne fut jamais complètement réduite jusqu’au processus de 1988-1989 faisant passer par étapes successives la Pologne du statut communiste au statut libéral. Attachons-nous au troisième paragraphe, qui reprend l’action de l’URSS, dans le chef de Gorbatchev à partir de sa désignation comme Premier Secrétaire du PC de l’URSS le 9 mars 1985.

«L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev à la barre de l’Union Soviétique en 1985 a conduit à une modeste ouverture politique (ouverture) et perestroïka (mouvement de réforme). Gorbatchev a appliqué la doctrine “My Way” consistant à laisser les satellites de l’Union Soviétique suivre leur propre chemin, libérés de la main de fer de Moscou sur l’Europe centrale et l’Europe de l’est. Cela a provoqué une série d’ouvertures en cascade — l’effondrement des structures autoritaires, la création  progressive d’institutions politiques démocratiques et la transformation graduelle des économies en économies de marché basées sur le respect du  droit — en Pologne, Hongrie, Allemagne de l’est, Tchécoslovaquisme, Roumanie, Bulgarie et Albanie.»

Il y a deux remarques principales à faire, qui sont historiquement fondamentales pour comprendre non pas seulement le 9 novembre 1989 (chute du Mur) mais le 9 novembre 1989 dans la dynamique qui y conduisit et par rapport à cette dynamique qui le dépassa et conduisit à la situation se développant dans les années 1990, accouchant de domaines fondamentaux de cette époque qui, au moins depuis 9/11, est la nôtre.

La glasnost, ou la modestie gorbatchévienne

Ce membre de phrase, – « une modeste ouverture politique (ouverture) et perestroïka (mouvement de réforme). – est, avec un seul mot, une monstruosité historique dans le sens d’être un faussaire de l’histoire, un faux-monnayeur de la mémoire. Ce mot (“modeste”) suffit effectivement à ce verdict. Il nous paraît tout simplement d’une impudence extraordinaire d’écrire une telle phrase, non pas par rapport à un débat d’idées mais par rapport à une “vérité de situation” que nombre de personnes ont vécu au jour le jour (dont PhG, comme signalé plus haut).

Nous avons déjà signalé l’importance de l’action de Gorbatchev, dans plusieurs articles (voir, par exemple, le texte du 12 mai 2008, qui reprend un article de PhG du début de 1986, à partir d’un témoignage d’une Soviétique, montrant les effets instantanés et colossaux de la glasnost en URSS, dès novembre 1985). Bien plus que la perestroïka, qui vint après et fut d’effets très contradictoire, avec le vice terrible de préparer la mise à l’encan de la Russie par le capitalisme sauvage dans les années 1990, la glasnost fut un événement psycho-politique colossal, une révolution psychologique sans aucun précédent dans l’histoire par sa forme et son efficacité. Cet événement déchaîna aussitôt une libération de l’esprit, et, fondamentalement, en URSS même avant de toucher les satellites de l’Europe de l’Est.

Bien plus encore, les effets de la glasnost affolèrent et paniquèrent l’Occident, les USA, l’Europe, l’OTAN, bien plus que Gorbatchev lui-même et ses conseillers. L’Occident se trouvait devant un effondrement structurel accéléré, non pas du monde communiste dont il ne devinait pas une seconde le destin, mais de tout ce qui structurait et maintenait une certaine stabilité stratégique et politique en Europe, entre les deux blocs. A partir de 1985, les Occidentaux freinèrent constamment la révolution de la glasnost, sans aucun succès, absolument paniqués par l’audace du comportement de Gorbatchev et ses effets. Les mesures unilatérales de désarmement de Gorbatchev (retrait des forces soviétiques de divers pays d’Europe de l’Est) plongeaient les stratèges occidentaux dans l’angoisse et une incompréhension totale (assorties de rumeurs de complots du KGB mettant en scène un effondrement de l’Empire pour mieux piéger l’Occident, – comprenne qui pourra mais cette thèse a encore des adeptes). Le jour même de l’effondrement du Mur fut vécu par la hiérarchie militaire occidentale comme un jour d’alerte maximale pour les forces qu’elle commandait, devant quelque chose de complètement inconnu et d’incompréhensible. Les Occidentaux furent constamment à la remorque de la “modeste” révolution colossale lancée par Gorbatchev et, en septembre 1989, ne voyaient la réunification de l’Allemagne au mieux que pour après 2000. (Sauf la fameuse exception de l’ambassadeur US à Bonn, Vernon Walters, ancien interprète d’Eisenhower et ancien n°2 de la CIA, qui prévoyait justement cette réunification pour les deux ou trois années à venir, – mais personne ne prêta la moindre attention à son évaluation, jugée comme absolument farfelue…)

L’emploi du mot “modeste” dans le texte cité constitue un tribut fameux rendu au succès du Système à imposer sa réécriture absolument invertie de l’histoire récente.

Gorbatchev, le maître du vrai “désordre créateur”

Un deuxième aspect de ce passage est choquant, dans l’enchaînement des deux affirmations soulignés par nous, qui donne une impression absolument fausse du sens et du contenu de l’évolution des événement : «L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev à la barre de l’Union Soviétique en 1985 a conduit à une modeste ouverture politique (ouverture) et perestroïka (mouvement de réforme). Gorbatchev a appliqué la doctrine “My Way” consistant à laisser les satellites de l’Union Soviétique suivre leur propre chemin»

L’impression que laisse ce passage, avec ce qui suit où sont exaltées la grande sagesse des Occidentaux épuisant l’URSS par une nouvelle course aux armements (argument totalement faux) et le combat pour leur libération des peuples d’Europe de l’Est à ce moment précis (faux également, – s’ils se battirent effectivement ce ne fut pas à ce moment), peut être résumée comme ceci : 1) d’abord la “modeste” glasnost de Gorbatchev qui joua un rôle mineur ; 2) ensuite la doctrine dite-My Way de Gorbatchev, dont on comprend à demi-mot ou entre les lignes qu’elle fut imposée par la pression des peuples voulant se libérer ; 3) tout cela menant à la libération de l’Europe de l’Est quasiment couronnée par l’événement de “la Chute du Mur”. La chronologie implicite est évidemment faussaire. Comme on l’a rappelé pour faire une analogie dans le texte du 25 octobre 2014, la “doctrine” dite-My Way, énoncée (au printemps 1990) sur un mode léger et très showbiz par Chevardnadze et non par Gorbatchev, était simplement la prise en compte d’un mouvement irréversible et sans la moindre organisation, qui suivait la chute du Mur, alors qu’on se trouvait déjà dans le processus de réunification de l’Allemagne intégrant de facto l’ex-RDA dans l’OTAN. C’était une doctrine showbiz du désordre et non une doctrine stratégique organisée : «En 1990, le ministre des affaires étrangères de Gorbatchev, Edouard Chevardnadze, avait qualifié le désir manifesté par les satellites est-européens de l’URSS en processus accéléré d’émancipation de sortir du Pacte de Varsovie qui se dissolvait à une très grande vitesse, de “doctrine Sinatra”. Il faisait allusion à la chanson “My Way’, adaptation par Sinatra du “Comme d’habitude” de Claude François, exprimant dans la version US le constat et la volonté de suivre sa propre voie pour faire sa propre vie.»

En d’autres mots, rien jusqu’à la chute du Mur ne fut organisé, et le désordre régnait partout. Le maître de ce désordre était Gorbatchev, qui l’avait déchaîné parce qu’il jugeait, – selon une intuition historique fondamentale, – que c’était la seule manière de briser le carcan formidable de la bureaucratie soviétique. Lui, au moins, avait compris ce que peut être le “désordre créateur”, qui est la seule manière (antiSystème) de s’attaquer à une structure massive du Système. Il faut comprendre ce point fondamental que c’était complètement, absolument, une affaire intérieure à l’URSS et rien d’autre ; le reste, l’Occident, les pays d’Europe de l’Est, dirigeants et populations, suivaient comme ils pouvaient… On devrait se rappeler la réponse fameuse de Gorbatchev aux dirigeants est-allemands affolés à la fin de l’été 1989, lorsque ces sympathiques apparatchiks lui demandaient quoi faire devant le désordre qui menaçait de s’étendre : «Eh bien, laissez-les faire !»

Le Grand Montage-Système autour de 1989

Tous ces points sur le rôle de Gorbatchev, le désordre, l’absence d’organisation, etc., impliquent effectivement le rôle central, fondamental sinon exclusif d’un événement politique intérieur à l’URSS, et venu de Gorbatchev seul (la glasnost et le reste). Cela est complètement contredit par un autre passage du texte cité, qui reprend l’antienne des neocons, des bellicistes et “exceptionnalistes” US, et des partisans de la production d’armements du complexe militaro-industriel : l’effort de réarmement des USA sous Reagan, notamment à partir de 1982-1983 avec la SDI, sont une des causes centrales de l’effondrement de l’URSS, – au contraire de la si modeste glasnost de Gorbatchev. Nous vivons depuis sur cette légende pour justifier le surarmement US et la politique belliciste et interventionniste de déstructuration et de dissolution des USA.

Ce point est mis en évidence par ce passage du texte de Vejvoda, qui fait intervenir l’Occident, comme s’il y avait une stratégie élaborée, comme facteur “significatif” des événements de 1985-1989  : «Aux difficultés de la Guerre Froide, s’est ajoutée, dans les années 1980, une pression politique, économique et militaire des Etats-Unis et des états d’Europe occidentale qui a  contribué de manière significative à la dynamique géopolitique.»

Il n’y a rien de plus faussaire … En fait, les groupes dirigeants les plus avancées de l’URSS savaient depuis la fin des années 1970 qu’ils ne pouvaient plus faire progresser la puissance de ce pays parce que ce processus était bloqué par l’apparition des technologies de l’électronique, de l’informatique et de tous les moyens de diffusion de la communication que cela impliquait. Le problème n’avait rien à voir avec la course aux armements, mais avec la situation politique intérieure de l’URSS qui restreignait toutes les communications dans sa structure policière et bureaucratique ossifiée, et donc interdisait le développement des capacités technologiques désormais inscrite dans la révolution de l’informatique avec son corollaire de la nécessité d’une communication ouverte. Nous citerons deux extraits de deux textes publiés sur ce site, le premier montrant cette réalisation de la nécessité d’une “révolution politique“ en URSS par la plus haute autorité militaire, et son antériorité de facto aux effets supposés des pressions occidentales spécifiques sur l’économie soviétique, notamment par une nouvelle “course aux armements” lancée par l’initiative de la SDI (Strategic Defense Initiative, ou défense anti-missiles stratégiques).

• Le 11 août 2005, un extrait à propos d’un événement de mars 1983 … La “révolution politique” dont le maréchal Ogarkov avance la nécessité, ce sera la glasnost qui, en libérant la parole et les communications, permettra l’introduction massive des technologies de l’informatique et de la communication en URSS. A cette époque, Gorbatchev travaille, avec une équipe d’économistes et de conseillers politiques, sur un programme de réforme politique et économique fondamental de l’URSS. Il agit avec le soutien actif d’Andropov, président du KGB puis Premier Secrétaire du PC de l’URSS de novembre 1982 jusqu’à sa mort début 1984.

«En mars 1983, quelques jours après [le discours (23 mars)] de Ronald Reagan annonçant la SDI (Star War), le maréchal Ogarkov, chef d’état-major de l’Armée Rouge, fait une promenade avec le journaliste américain Leslie Gelb, ancien haut fonctionnaire du département d’État durant la présidence Carter. La scène se passe à Genève, où se poursuivaient, sans grand espoir de réussite alors, les négociations sur la limitation des engins à portée intermédiaire et à capacités nucléaires, — ceux-là que les Américains appelèrent successivement LRTNF, puis TNF (Theater Nuclear Forces) tout court, qui étaient surnommés les euromissiles, — SS-20 du côté soviétique, Pershing II et Glicom (missiles de croisière terrestre) du côté américain. Gelb garda secret le contenu de cet entretien pendant près de 10 ans, avant d’en publier la substance dans un article, dans le New York Times le 20 août 1992, sous le titre “Affaires Etrangères: qui a gagné la Guerre Froide?”. On est frappé par la franchise du maréchal Ogarkov, exposant les difficultés considérables des Soviétiques. Voici un passage de cet article, nous livrant une confidence du Maréchal (nous soulignons en gras le passage qui est essentiel pour notre propos):

«“Nous ne serons pas capables d’égaler les armes étasuniennes en qualité avant une ou deux générations. La puissance militaire moderne est basée sur la technologie, et la technologie est basée sur les ordinateurs… Ici, nous n’avons même pas un ordinateur par bureau au Ministère de la Défense. Et pour des raisons que vous connaissez bien, nous ne pouvons pas laisser les gens avoir librement accès aux ordinateurs dans notre société. Nous ne réussirons jamais à vous rattraper dans le domaine de l’armement, à moins d’une révolution économique. Et la question est : pouvons-nous avoir une révolution économique sans une révolution politique.”»

• Le 7 juin 2004, nous publiions un article de William Blum, sous le titre de Reagan a-t-il été responsable de la chute de l’Union Soviétique?. Blum est un homme sérieux, et non un de ces polémistes de l’Internet que le Système ignore d’un haussement d’épaules … Ancien haut fonctionnaire du département d’État, Blum avait publié trois livres à l’époque : “Les Guerres scélérates”,”L’état voyou” et “Les dissidents du bloc occidental”*. Il écrivait ceci (qui peut être renforcé par des documents rendus publics par la National Security Archives, voir le 30 avril 2010) :

«Bien que le coût de la course aux armement ait indéniablement causé du tort à l’économie et à la société soviétiques plus encore qu’aux Etats-Unis, elle durait depuis plus de 40 ans quand Mikhaïl Gorbatchev est arrivé au pouvoir sans avoir donné le moindre signe d’effondrement. Alexander Yakovlev, un conseiller très proche de Gorbatchev, a répondu, quand on lui a demandé si la hausse des dépenses militaires de l’administration Reagan combinée à sa rhétorique sur “l’Empire du mal” avait forcé l’Union Soviétique à adopter une position plus conciliante : “Cela n’a joué aucun rôle. Absolument aucun. Je vous le dis en toute connaissance de cause. Gorbatchev et moi étions prêts à changer notre politique, que le président étasunien soit Reagan,  Kennedy, ou même quelqu’un d’encore plus libéral. Il était clair pour nous que nos dépenses militaires étaient énormes et que nous devions les réduire.”»

Héroïsme et activisme des années 1985-1989

Il faut ici reprendre le passage complet dont on a cité un extrait ci-dessus, pour confirmer un aspect faussaire déjà signalé, suggéré par le simple enchaînement des affirmations… «Aux difficultés de la Guerre Froide, s’est ajoutée, dans les années 1980, une pression politique, économique et militaire des Etats-Unis et des états d’Europe occidentale qui a  contribué de manière significative à la dynamique géopolitique.» Mais ce qu’il faut retenir de 1989, de l’annus mirabilis, est la résilience et le courage manifestés par les individus et les sociétés dans la lutte pour leur liberté et leurs droits, souvent en milieu très hostile. Leur retour dans une Europe unie, libre et en paix — et leur retour à la démocratie, aux valeurs et à un système politique basé sur le droit – a été globalement un succès indéniable.»

L’impression est donc qu’à la pression occidentale sur l’URSS grâce à la “course aux armements” (faux) s’ajoute celle des peuples de l’Europe l’Est forçant à leur libération par leur résistance héroïque et leur activisme… Ce dernier point est aussi faux que le précédent. Les peuples d’Europe de l’Est soviétisé ont montré sans le moindre doute un héroïsme et un activisme considérables, comme la dissidence soviétique (ou russe) en URSS qu’on n’évoque pas dans ce texte puisque la démonisation de la Russie est la consigne principale et qui fut pourtant au moins aussi considérable en fait d’héroïsme et d’activisme. Mais, à partir de 1985 et de la glasnost, cet héroïsme devint inutile, ainsi que l’activisme, puisque le mouvement formidable lancé par Gorbatchev les dépassait en intensité libératrice… Autant pour le «modest political opening» de Gorbatchev, dans une élégante démarche faussaire de plus.

Le désappointement de Fukuyama

Entre alors en scène le héros-philosophe de la pièce, “penseur postmoderne”, Fukuyama et sa “fin de l’histoire” … Il est mentionné, indirectement, d’une manière désappointée parce que sa consigne n’a finalement pas été suivie. (On observera tout de même que Vejvoda, évoquant tous ces conflits qui démentent que l’histoire est finie, ne s’intéresse guère qu’à la sphère russe, avec une allusion catégorique à la Chine… Pas un mot de la myriade de conflits sanglants, cyniques, déstructurants, etc., déclenchés par les USA, le bloc BAO, le Système, et notamment l’Afghanistan et l’Irak dont l’origine remonte jusqu’à 1979 et à 1991 respectivement). «Toutefois, en dépit des prédictions les plus optimistes, l’histoire a continué. Un quart de siècle plus tard, la géopolitique est toujours au centre des relations internationales. Plusieurs conflits gelés, datant du début des années 1990s dans des endroits comme le Haut-Karabakh, la Transnistrie, l’Abkhazie, et l’Ossétie du sud ne sont toujours pas résolus à ce jour. Et en 1989 aussi, de l’autre côté du globe, une Chine en plein essor a réprimé un mouvement étudiant et populaire démocratique sur la place Tienanmen.»

Pour Fukuyama, on rappellera ce qu’on a écrit récemment (voir le 22 octobre 2014), savoir que sa thèse fut en fait une simple action de constitution de narrative au gré des événements, – quoi qu’il ait pu écrire pompeusement dans ses livres où il tentait d’extraire la doctrine postmoderniste d’événements qu’il n’avait en aucun cas anticipés.

«… Fukuyama n’a pas, à l’origine, voulu parler du monde post-communiste effectivement réalisé. La chronologie en témoigne : il exposa sa thèse pour la première fois en avril 1989, et à ce moment, personne n’envisageait sérieusement une perspective opérationnelle identifiable de la disparition du communisme et de l’URSS, encore moins cela va de soi comme un effondrement, une implosion extrêmement rapide et imminente. La thèse initiale de Fukuyama, qui était une démarche politique active soutenue par le département d’État, avait pour but essentiel sinon exclusif de soutenir le mouvement de globalisation propre au seul “Monde Libre” d’alors (alias-bloc BAO plus tard), qui s’apprêtait à des décisions économiques fondamentales (négociations du GATT, notamment). [...] [...L]a thèse de Fukuyama est devenue opérationnelle pour l’establishment washingtonien après le basculement de 1996, concrétisé par les JO d’Atlanta dont l’importance symbolique et communicationnelle est, pour les USA, absolument considérable, – alors qu’elle est absolument ignorée par l’historiographie officielle. [...]»… L’“histoire” dont la fin était annoncée [par Fukuyama] était l’histoire classique, développée sur plusieurs siècles avec l’Europe comme centre, où les USA avaient tardé à prendre leur place et n’avaient pas la place à laquelle ils pouvaient prétendre. Désormais, en fait de “fin de histoire” qui valait pour cette histoire développée autour de l’Europe, s’installait en réalité une histoire nouvelle, qui plaçait les USA au centre de tout et comme seul centre possible, qui faisait des USA l’histoire elle-même as a whole : “D’où ce point par rapport à la thèse de Fukuyama transformée par l’évolution américaine qu’on a décrite : s’il s’agit de ‘la fin de l’Histoire’, cela est devenu ‘la fin de l’Histoire’ que la civilisation occidentale, centrée sur l’Europe, avait développée. L’Histoire américaniste doit la remplacer, elle l’a d’ores et déjà remplacée.”»

L’hyper-désordre contre le désordre

Et le texte se termine par un paragraphe entièrement souligné de gras par nous, qui enchaîne sur la citation concernant la “fin de l’histoire” qui n’est pas du tout finie, en la confirmant de façon dramatique …

«Aujourd’hui, le monde bipolaire est devenu multipolaire, une configuration qui ne peut pas encore être qualifiée de nouvel ordre à l’image de celui qui a suivi le traité de Westphalie en 1648, le Congrès Vienne en 1815, le traité de Versailles en 1918-19 ou la seconde guerre mondiale. Les signes constatés actuellement, dans de nombreuses sociétés, de désaffection du public envers la politique, d’inégalités croissantes, de retour du nationalisme et des indépendances régionales, ne permettent pas de prévoir l’avenir des gouvernements ni des simples citoyens. La  violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et l’annexion de la Crimée par la  Russie montrent que le monde n’a pas encore retrouvé la stabilité. Le monde continue de ressentir le contrecoup des événements fondateurs de 1989.»

Cette conclusion ne représente, sans conscience de l’être, rien de moins qu’un aveu d’échec complet de la nouvelle ère philosophique de la postmodernité, rayon farces & attrapes qui a occasionné un tsunami d’analyses philosophies extraordinairement complexe, de la “fin de l’histoire” qu’on a vue à divers thèmes variés comme l’Art Contemporain (AC). (Cette étrange école de pensée philosophique prétend annoncer, exposer et justifier les effets attendus des conceptions qu’elle développe alors que ces “effets” ont précédé les conceptions et la pensée elle-même pour s’emboîter parfaitement dans la dynamique déstructurante et dissolvante du Système dont ils sont constitutifs d’une façon très active.) D’une façon concrète, ce paragraphe de conclusion du texte ainsi décortiqué acte l’installation du monde multipolaire, antithèse de l’artefact globalisé que nous propose la postmodernité ; ce “monde multipolaire” n’est en fait rien d’autre que l’installation de l’hyper-désordre que nous décrivons depuis quelques temps. (Pour qu’on ne se trompe pas sur les intentions de l’auteur, l’Ukraine est mentionnée dans cette conclusion selon le catéchisme de rigueur au GMF.)

Pour nous, cette “multipolarité” est mal nommée, et nous lui préférons le concept de “apolarité” ou de “antipolarité” que nous avons développé et tenté d’expliciter dans plusieurs textes (voir le 10 novembre 2013, le 16 novembre 2013  et le 11 janvier 2014). Il s’agit d’un concept de “mise en ordre” de ce qui est une situation générale de désordre qui tend à devenir un concept sous l’expression d’“hyper-désordre” (encore employé le 5 novembre 2014). Il s’agit bien entendu de concept paradoxaux, – nous parlons pour l’“antipolarité” d’une “‘mise en ordre’ du désordre”, – dans la mesure où tous ces concepts sont des réactions de résistance de type antiSystème non organisées ni voulues par les opérateurs-sapiens, à la tentative postmoderniste d’instaurer un ordre globalisant lui-même paradoxal. (Cet “ordre” globalisant est d’abord une systématisation de la déstructuration et de la dissolution de toutes les formes et de tous les principes, – donc, pour nous, une tentative absolue d’instauration de pur désordre dont le but ultime est l’entropisation selon la formule dd&e.)

L’hyper-désordre qui est en train de détruire cette tentative d’“ordre” postmoderne qui est en vérité un pur désordre, est donc paradoxalement une poussée dont le sens antiSystème qu’on pourrait juger effectivement à finalité de “remise en ordre”. Même si les moyens sont totalement anarchiques et d’hyper-désordre, le sens, involontairement ou volontairement antiSystème c’est selon, est bien selon cette orientation de la remise en ordre par le simple fait de la destruction du désordre que sème le Système, dans ce cas au travers de sa philosophie postmoderniste dont la pseudo-essence a été précédée par sa pseudo-existence. Au simulacre d’une fausse philosophie s’est ajoutée l’inversion de son opérationnalisation.

1989 peut encore servir…

Cela nous permet donc de conclure que nous nous retrouvons en complet accord avec la conclusion d’un texte (même si les références opérationnelles comme l’Ukraine sont faussaires) dont tous les éléments de développement sont considérés par nous comme faussaires. Cela permet de mesurer l’avancement considérable du Système de sa dynamique de surpuissance vers la transmutation de cette dynamique en autodestruction. L’année 2014 est, à cet égard, notamment avec la crise ukrainienne et les poussées identitaires et principielle de l’antiSystème en Europe, particulièrement fructueuse.

Il s’agit de l’échec d’établir la postmodernité… Cette philosophie que nous qualifierions dans ses infinies complications inaudibles de “verrou de la modernité”, voudrait, ou plutôt voulait permettre d’établir la modernité sans fin en écartant la contestation de la modernité par la suppressions de ses illusions, de ses “lendemains qui chantent”, et en laissant libre cours au désordre qui n’est comptable d’aucune promesse. Cette école de pensée où le désordre issu de la pensée précède la pensée, – exemple d’école selon la pédagogie moderniste, – constituait un habillage parfait pour le Système, ainsi complètement à l’aise pour prétendre conduire à bien sa Mission-dd&e. C’était 1989 kidnappé au profit d’une envolée définitive vers un “ordre” d’un monde réduit à son entropisation, – soit le désordre jusqu’à l’absolu de sa fixité entropique.

L’on constate donc que cela n’a pas marché, –“pas encore”, disent-ils («une configuration qui ne peut pas  encore être qualifiée de nouvel ordre»), puisque leur métier est de suivre les consignes-Système jusqu’au bout. L’on constate, nous constatons, à la lumière du fait qu’implique la conclusion du texte comme de nos propres observations, que le kidnapping de 1989 n’a pas marché, et que nous nous retrouvons avec 1989 sur les bras, en nous demandant, “Que peut-on en faire ?”. Une suggestion : 1989 pourrait servir à nouveau, cette fois pour faire tomber le Système dans son entièreté, comme le premier 1989 avait servi à parachever la chute de la partie soviétique du Système, – Gorbatchev regnante

(… Lequel Gorbatchev, dessillé par l’affaire ukrainienne après avoir cédé pendant quelques années aux sirènes du libéralisme postmoderne qui lui offrait une interprétation vertueuse-Système de son action, semble de plus en plus et de mieux en mieux comprendre ce qui se passe, et qu’une nouvelle application de sa méthode s’impose sans nul doute … [Voir RT du 8 novembre 2014, sur l’intervention de Gorbatchev à un séminaire de Berlin pour le 25ème anniversaire de la chute du Mur].) [NdR : et en français dans ce billet du blog] Note:
* “Killing Hope: U.S. Military and CIA Interventions Since World War II“, “Rogue State: a guide to the World’s Only Super Power” et “West-Bloc Dissident: a Cold War Political Memoir“.

Source : DeDefensa, 9/11/2014 – et Alterinfo

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-pour-rendre-justice-a-gorbatchev-et-a-la-verite-historique/


[Reprise] Le ton se durcit entre la Hongrie et les États-Unis

Friday 14 November 2014 at 03:45

Article du Monde du 6/11 – voici donc la voix de l’Amérique…

On vous a déjà alerté sur la Hongrie dans ce billet de début octobre

Pour mémoire, la carte de Todd, issue de son interview fleuve pour le blog cet été, où on repère la Hongrie qu’il a classée dans “En évasion”…

Le Monde – Mercredi 5 novembre, la directrice du fisc hongrois, Ildiko Vida, a confirmé, dans un entretien publié par le quotidien progouvernemental Magyar Nemzet, qu’elle était interdite de séjour aux Etats-Unis, comme cinq autres ressortissants hongrois, proches du gouvernement de Viktor Orban, parce qu’ils sont soupçonnés de corruption. Elle a indiqué qu’elle figurait sur la liste noire, avec « d’autres membres » de ses services. Trois des six personnes incriminées seraient par ailleurs des économistes de l’institut Szazadveg (« Fin de siècle »), lié au parti au pouvoir, le Fidesz.

Selon l’ancien directeur de cet institut, Tamas Mellar, leurs pseudo-travaux couvraient des émoluments versés, hors de tout contrôle, aux conseillers de M. Orban. Le scandale est retentissant, d’autant plus que le chargé d’affaires américain André Goodfriend a indiqué que la liste pourrait s’allonger, « pour des motifs autres que la corruption ».

Le Fidesz, ainsi que la principale force d’opposition de gauche, le MSZP, veulent convoquer M. Goodfriend devant la commission parlementaire chargée de la sécurité nationale. Les médias de droite et d’extrême droite se déchaînent contre le diplomate américain. L’influent chef de cabinet du premier ministre, Janos Lazar, a accusé M. Goodfriend de travailler avec l’opposition : « Derrière les dirigeants du MSZP, il y a le chargé d’affaires des Etats-Unis à Budapest », a-t-il affirmé.

Le « lanceur d’alerte » hongrois étrillé

Dans ce climat survolté, le Fidesz a dû dissuader à deux reprises déjà son aile ultra-droite d’organiser une Marche pour la paix à Budapest, afin de dénoncer la politique de Washington.

Pour sa part, Mme Vida se dit abasourdie par ces « attaques malveillantes », à ses yeux « incompréhensibles ». Cette fidèle de Viktor Orban avait déjà piloté les services fiscaux (NAV) de 1998 à 2002, sous le premier gouvernement Fidesz. Mais la réputation du NAV a été sérieusement écornée par les révélations, en novembre 2013, d’un ancien contrôleur des impôts, Andras Horvath.

Las d’écrire en vain à la justice des rapports détaillés sur les malversations dont il était témoin, M. Horvath a fini par dévoiler aux médias un vaste système de fraude sur la TVA. Inventée sous les gouvernements socialistes et libéraux, puis perpétuée sous le règne du Fidesz, cette combine, qui joue sur la différence entre le taux élevé de la TVA en Hongrie (27 %) et celui des pays voisins (autour de 10 % sur les produits alimentaires), priverait les finances publiques de 3 milliards d’euros par an de rentrées fiscales.

Loin d’être félicité pour son sens civique, le « lanceur d’alerte » hongrois, démissionnaire du NAV, s’est vu étriller : plainte en diffamation, perquisition de son domicile et intimidations diverses.

Sa mésaventure a convaincu Washington qu’aucune aide ne viendrait de Budapest dans l’affaire de l’entreprise américaine Bunge, qui produit de l’huile de friture et se plaint que ses concurrents sur le marché hongrois ne paient pas, eux, la TVA – moyennant des pots-de-vin aux fonctionnaires des finances.

L’ombre de Gazprom

C’est un journal proche du Fidesz qui a vendu la mèche, le 21 octobre, en suggérant que la décision américaine visait à détourner l’attention d’une enquête ouverte par l’administration hongroise… contre Bunge. Mais le contre-feu maladroitement allumé par Budapest est vite devenu un incendie incontrôlable.

Le rapprochement de M. Orban avec Vladimir Poutine irrite au plus haut point Washington. Non content d’avoir, en pleine crise ukrainienne, signé un contrat nucléaire avec la Russie, puis mis en doute le bien-fondé des sanctions contre Moscou, le premier ministre hongrois a fait interrompre les livraisons de gaz à l’Ukraine.

Lundi 3 novembre, la Hongrie a franchi un pas de plus : le Parlement hongrois a modifié la loi sur l’énergie, de manière à permettre au groupe russe Gazprom de faire avancer son projet de gazoduc South Stream (vers l’Italie, à travers les Balkans et l’Europe centrale), contre l’avis de la Commission européenne. Washington s’alarme aussi que l’entreprise pétrolière hongroise MOL, dont le chef, Zsolt Hernadi, est un intime de M. Orban, puisse céder à Gazprom les 47,47 % qu’elle détient dans la compagnie croate INA.

Source : Joëlle Stolz (Budapest, envoyée spéciale),Journaliste au Monde, Le Monde, 6/11/14

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-le-ton-se-durcit-entre-la-hongrie-et-les-etats-unis/