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Miscellanées du mercredi (Delamarche, Béchade, Mélenchon)

Wednesday 14 October 2015 at 02:50

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “On aura bientôt 250% de dette aux Etats-Unis” 12/10

Olivier Delamarche VS Marc Riez: Les banques américaines ont-elles raison d’attendre une accélération des marchés chinois ? (1/2) – 12/10

Olivier Delamarche VS Marc Riez: Faut-il privilégier l’investissement sur le marché européen ? (2/2) – 12/10

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “la consommation américaine reste ma principale inquiétude” – 07/10

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): Le rebond du CAC 40 est-il solide ? – 07/10

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): Pourquoi le FMI est-il toujours inquiet pour la croissance mondiale ? – 07/10

III. Jean-Luc Mélenchon

L’interview de Jean-Luc Mélenchon le 6 octobre 2015 (intégrale)

Air France : « On n’a pas été chercher Cahuzac à 6h du matin » – Mélenchon


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-melenchon/


[70e AG ONU] Chine + Japon : “Tous les pays sont égaux, les grands pays, les pays puissants ne devraient pas intimider les pays plus petits et plus faibles”

Wednesday 14 October 2015 at 01:20

Chine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. XI Jinping, Président de la République populaire de la Chine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, chers et chères collègues,

Il  y a 70 ans, les générations précédentes de l’humanité ont lutté de manière héroïque et obtenu la victoire du monde antifasciste à la fin de la guerre et cela a fermé une triste page de l’histoire de l’humanité, cette victoire a été obtenu de haute lutte. Ces générations antérieures ont créé, il y a 70 ans, l’ONU avec une vision d’avenir, l’ONU étant l’organisation internationale la plus représentative et portant les espoirs de l’humanité pour un avenir meilleur. Cela a permis une ère nouvelle de coopération, cela a été une initiative historique jamais entreprise auparavant. Il y a 70 ans,  ces précédentes générations ont fait preuve de sagesse et adopté la Charte des Nations Unies, jetant les fondements de l’ordre international et établissant les principes fondamentaux des relations internationales contemporaines, ce qui fût une réalisation d’un impact considérable.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, le 3 septembre 2015, le peuple chinois, à côté des autres peuples du monde, a célébré le 70ème anniversaire de la victoire du peuple chinois contre l’agression japonaise et aussi la victoire contre le fascisme dans le monde. La Chine, principal terrain d’opération en Orient, a dû faire face à la perte de 35 millions de victimes, un sacrifice dans la lutte contre le militarisme japonais. Cela a permis à la Chine de se sauver elle-même, de sauver son peuple de l’asservissement. La Chine a fortement appuyé la lutte contre les agressions en Europe et dans le Pacifique. Et ainsi, la Chine a apporté des contributions historiques à la victoire du monde antifasciste. L’histoire est un miroir. Ce n’est qu’en tirant les enseignements de l’histoire que le monde pourra éviter de répéter les calamités du passé. Il faut examiner l’histoire avec une forte conscience humaine. Le passé ne peut pas être modifié mais l’avenir peut être façonné, en gardant l’histoire à l’esprit. Il ne s’agit pas de perpétuer la haine, au contraire, il ne faut pas que l’humanité oublie les enseignements tirés du passé. Se souvenir de l’histoire ne signifie pas être obsédé par le passé mais le but est de créer un avenir meilleur et de transmettre le flambeau de la paix d’une génération à l’autre.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, l’ONU a résisté à l’épreuve du temps au cours des sept dernières décennies, des efforts ont été faits par tous les pays pour défendre la paix, édifier des patries et rechercher la coopération. Ayant atteint un nouveau point dans l’histoire, l’ONU doit traiter une question fondamentale « comment mieux promouvoir la paix et le développement dans le monde au 21ème siècle ».  Le monde connait un processus historique d’évolution accélérée. La paix, le développement et le progrès doivent être suffisamment fort pour l’emporter sur la guerre, la pauvreté et le sous-développement. Le mouvement vers un monde multipolaire et l’apparition de nouveaux marchés, de pays nouvellement développés sont devenus une tendance forte de l’histoire. La mondialisation et l’avènement de l’ère de l’information ont favorisés les forces sociales productives qui ont créé des possibilités de développement sans précédent, mais cela a engendré de nouvelles menaces, de nouveaux défis que nous devons relever avec détermination. Comme le dit un dicton chinois, le plus grand idéaliste crée un monde partagé par tous, l’appel au développement, la justice, la démocratie et la liberté sont les points communs de l’humanité et les nobles objectifs de l’ONU. Cependant, ces buts sont loin d’être atteints et nous devons poursuivre nos efforts pour atteindre ces objectifs. Dans le monde contemporain, tous les pays sont interdépendants et ont un avenir commun.  Nous devons renouveler notre engagement en faveur des buts et principes de la charte des Nations Unies et instaurer de nouvelles relations internationales avec une coopération où l’on gagne sur tous les tableaux et aussi créer une communauté pour un avenir partagé par toute l’humanité.

Pour atteindre ce but, nous devons déployer les efforts suivants :

Nous devons mettre en place des partenariats permettant aux pays de traiter les uns avec les autres sur un pied d’égalité. L’égalité souveraine est un principe fondamentale de la charte des Nations Unies, l’avenir des peuples doit être façonné par tous les pays. Tous les pays sont égaux, les grands pays, les pays puissants ne devraient pas intimider les pays plus petits et plus faibles. Le principe de la souveraineté signifie que  non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays sont inviolables et que les affaires intérieures ne doivent pas faire l’objet d’ingérence, mais en plus cela signifie que tous les pays  doivent choisir indépendamment des systèmes sociaux et des voies de développement et ces principes doivent être respectés. Tous les pays essayent de promouvoir le développement socio-économique et d’améliorer les conditions de vie des populations et tous ces efforts doivent être respectés. Nous devrions être attaché au multilatéralisme et rejeter l’unilatéralisme. Nous devrions adopter une nouvelle vision d’avenir pour rechercher des résultats gagnant-gagnant et nous devons rejeter l’état d’esprit ancien qui fait que le vainqueur emporte toute la mise, ou que l’on en peut avoir de bons résultats que si autrui en a de mauvais. Cela doit devenir un moyen important d’exercer la gouvernance internationale contemporaine, on doit régler les différends grâce au dialogue et à la consultation. Nous devrions forger un partenariat mondial et adopter une approche nouvelle pour ce qui est des relations entre états, caractérisé par le dialogue plutôt que par l’affrontement. Il faut recherche des partenariats plutôt que des alliances. Les grands pays devraient appliquer des principes d’absence de conflits, pas d’affrontement, le respect mutuel et la coopération où l’on gagne sur tous les tableaux ; les grands pays devraient traiter les petits pays en tant qu’égaux et devrait adopter une approche positive à l’égard de la justice, en faisant  en sorte qu’on privilégie la justice par rapport aux intérêts particuliers. Nous devrions mettre en place une architecture sécuritaire caractérisée par les contributions collectives, l’équité, la justice et les avantages partagés ;  à l’ère de la mondialisation économique, la sécurité de tous les pays est interdépendante et il y a des impacts sur les uns et les autres. Aucun pays ne peut maintenir la  sécurité  absolue grâce à ses propres efforts uniquement. Aucun pays ne peut garantir la stabilité au dépend de l’instabilité dans d’autres pays. La loi de la jungle fait que les faibles sont à la merci des forts. Ce n’est pas ainsi que les pays doivent exercer leurs relations. Ceux qui utilisent la force s’apercevront qu’ils ne font que se tirer une balle dans le pied. Nous devrions abandonner la mentalité de la guerre froide dans toutes ces manifestations et promouvoir une vision d’avenir nouvelle caractérisé par la coopération et la sécurité durable. Nous devrions privilégier le rôle central de l’ONU et du Conseil de Sécurité pour mettre fin aux conflits et maintenir la paix, ainsi que rechercher des solutions pacifiques aux différents grâce à des accords et prendre aussi des mesures obligatoires pour transformer l’hostilité en amitié. La coopération internationale devrait être promue sur les plans sociaux et économiques, il faut adopter une approche globale pour faire face aux menaces traditionnelles ou non-traditionnelles en matière de sécurité pour empêcher les conflits.

Il faut promouvoir un développement novateur et inclusif dont tout un chacun peut bénéficier. La crise financière de 2008 nous a appris que permettre aux capitaux de rechercher les profits aveuglément ne peut qu’engendrer une crise et la prospérité mondiale ne peut pas se fonder sur un marché qui n’a pas de contraintes morales, car ce sont des fondations branlantes. Le fossé entre les riches et les pauvres n’est pas viable et en plus il est injuste. Il est important pour nous d’utiliser la main invisible mais aussi les mains visibles pour forger des synergies entre les forces du marché et les fonctions de l’état. Le but étant de parvenir à l’efficacité et à l’équité. Le développement n’a des sens que s’il est inclusif et durable ; pour atteindre un développement durable, il faut un esprit d’ouverture, une aide mutuelle et une coopération gagnante-gagnante.

Ah, c’est sûr que le gars, il est à l’évidence obsédé par autre chose qu’Assad…

Dans le monde contemporain, presque  800 millions de personnes continuent de vivre dans la misère. Presque 6 millions d’enfants par année meurent avant d’atteindre l’âge de 5 ans, et 60 millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école. Le sommet des Nations Unies sur le développement durable a adopté le programme à l’horizon 2030, nous devons donc traduire nos engagements en mesures concrètes et travailler ensemble pour que personne ne connaisse le besoin, que tout un chacun ait accès au développement et vive dans la dignité.  Nous devrions augmenter les échanges entre civilisation pour promouvoir l’harmonie, l’inclusion et le respect des différences. Le monde est enrichi par sa diversité culturelle. La diversité permet  d’augmenter les échanges, les échanges favorisent l’intégration et l’intégration rend les progrès possibles. Au cours de leurs interactions,  les civilisations doivent accepter leurs différences, ce n’est que grâce au respect mutuel et la coexistence harmonieuse que le monde pourra maintenir sa diversité et prospérer. Chaque civilisation a une vision d’avenir unique, elle correspond aux contributions de son peuple, aucune civilisation n’est supérieure aux autres. Les civilisations devraient avoir des dialogues et des échanges au lieu de s’exclure ou de se remplacer mutuellement. L’histoire de l’humanité constitue un processus d’échange actif d’interaction et d’intégration entre différentes civilisations. Nous devrions respecter toutes les civilisations, nous devons tous nous traiter en tant qu’égaux, nous devons favoriser le développement créatif des civilisations humaines en s’entraidant les uns les autres.

Nous devrions mettre en place un écosystème qui favorise le développement écologique et la protection de la terre, notre mère à tous. Nous pouvons utiliser la nature et même la transformer mais les êtres humains font partie de la nature et nous devons bien la soigner et la protéger et ne pas considérer que l’être humain est supérieur à celle-ci. Nous devons concilier le développement industriel et la protection de la nature. Nous devons rechercher l’harmonie entre l’humanité et la nature pour parvenir au développement durable de la planète et le développement global de l’homme. Un environnement fort est vital pour l’avenir de l’humanité. Tous les membres de la communauté internationale devraient conjuguer leurs efforts pour avoir un éco-environnement mondial solide et sain ; nous devons respecter la nature, respecter les voies et méthodes environnementales et la protéger. Nous devons privilégier une économie verte à faible impact en carbone par rapport au développement tout azimut. La Chine assumera sa part de responsabilité. La Chine continuera de jouer son rôle dans cette action commune. Nous exhortons les pays développés à assumer leurs responsabilités historiques, à respecter leurs engagements en matière de réduction d’émission et à aider les pays en développement à atténuer les effets du changement climatique et à s’y adapter.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, les 1,3 milliards de chinois s’efforcent de réaliser le rêve chinois de grand renouveau national. Le rêve du peuple chinois est étroitement lié au rêve d’autres peuples du monde. Nous ne pourrons pas réaliser le rêve chinois sans un environnement international pacifique, stable et sans la compréhension et l’appui du reste du monde. La réalisation du rêve chinois apportera d’avantage de possibilité à d’autres pays et contribuera à la paix et le développement dans le monde.

La Chine continuera à participer à la consolidation de la paix dans le monde, nous sommes attachés au développement pacifique, quel que soit l’évolution du paysage international et quel que soit la puissance future de la Chine, celle-ci ne va jamais rechercher l’expansion, la Chine ne va jamais rechercher de sphère d’influence.

La Chine continuera à apporter des contributions au développement mondial, nous continuerons de rechercher le développement commun, une stratégie où l’on gagne sur tous les tableaux grâce à l’ouverture. Nous sommes prêts à mettre en commun nos expériences en matière de développement et faire profiter d’autres pays des possibilités qui apparaissent. Nous aimerions que d’autres pays montent à bord du train rapide de la Chine, un train vers le développement pour que tous les pays atteignent le développement durable.

La Chine continuera de défendre l’ordre international, nous resterons attachés à la voie du développement pacifique grâce à la coopération. La Chine était le premier pays à signer la charte des Nations Unies. Nous continuerons de défendre l’ordre et le système international en se fondant sur les principes figurant dans la chartre des Nations Unies. La Chine continuera d’être solidaire des autres pays en voie de développement. Nous appuyons fermement une plus grande représentation  et plus de voix pour les pays en voie de développement, en particulier les pays africains et cela au sein du système international de gouvernance. Le vote de la Chine à l’ONU appartiendra toujours aux pays en voie de développement. Je saisis cette occasion pour annoncer la décision de la Chine de créer  un fonds pour le développement Chine-ONU de 1 milliard de dollars sur 10 ans pour soutenir les activités de l’ONU en faveur de la paix et du développement. Pour promouvoir la coopération multilatérale et contribuer davantage à la paix et au développement dans le monde, je voudrais également annoncer que la Chine va rejoindre le programme de renforcement des capacités de l’ONU en matière de maintien de la paix, avec notamment des moyens en attente, la Chine a décidé de jouer un rôle de chef de file en mettant en place un corps de police permanent et une force en attente pour le maintien de la paix avec 8000 membres. Je voudrais également annoncer que la Chine fournira au total 100 millions de dollars d’aide militaire à l’Union Africaine dans les 5 prochaines années pour appuyer la mise en place de la force africaine en attente et de la capacité africaine d’intervention immédiate en cas de crise.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, alors que l’ONU commence une nouvelle décennie, unissons-nous encore plus pour forger un nouveau partenariat de coopération où l’on gagne sur tous les tableaux et mettre en place une communauté pour un avenir commun partagé par toute l’humanité. Que la vision de l’avenir d’un monde libéré de la guerre et caractérisé par une paix durable s’enracine, que les aspirations en matière de développement, prospérité, d’équité et de justice s’étendent dans le monde entier.  Je vous remercie toutes et tous.

Amis chinois, l’avenir est à l’évidence à vous – désolé, vous ne pouvez plus compter sur un occident que sombre dans la maniaco-dépression…

Source : ONU, 08/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Japon – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU=

Allocution de S.E. M. Shinzo Abe, Premier Ministre du Japon, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le président, mesdames et messieurs, cette année les Nations Unies célèbrent le 70e anniversaire de sa création.

C’est une assemblée de personnes qui ne perd pas facilement espoir même face à des circonstances désespérées. C’est ainsi que les Nations Unies ont fait face à l’adversité, le virus Ebola se propageait,l’extrémisme était rampant, et aujourd’hui sous nos yeux de nombreux réfugiés cherchent à fuir les horreurs de la guerre. Ensemble nous devons relever les défis qui se présentent. Chaque état membre doit apporter à cette lutte ses propres capacités.

Le Japon a toujours appuyé l’édification des nations, nous avons accumulé une expérience dans la promotion des ressources humaines ,dans l’assistance humanitaire et dans la promotion des droits des femmes. Plus que jamais le Japon souhaite à présent offrir cette expérience,avec générosité. Le Japon renforcera son aide aux réfugiés et aux personnes déplacées internes, en Syrie et en Irak. En chiffres cette assistance s’élève à près de 810 millions de dollars au total , ce qui représente 3 fois le montant versé l’année dernière.

Au Liban nous allons consacrer 2 millions de dollars à de nouvelles mesures d’assistance. Nous insisterons ainsi sur l’élan de collaboration entre les acteurs humanitaires et les acteurs du développement. Nous allons également consacrer près de 2,5 millions de dollars à l’assistance humanitaire dans les pays voisins de l’Union Européenne qui font face à l’accueil de réfugiés , de migrants, tels que la République de Serbie, l’ex République Yougoslave de Macédoine. Ce sont des mesures d’assistance, des mesures d’urgence que le Japon est à même de prendre, mais en même temps notre principe majeur c’est de nous attaquer aux racines du problème, afin d’amener de la stabilité dans la vie quotidienne des Irakiens, il faut un approvisionnement en eau fiable et à cette fin le Japon compte consacrer 750 millions de dollars pour consolider et garantir la paix au Moyen-Orient et en Afrique.

J’aimerais souligner que, au delà des réfugiés il y a un grand nombre de personnes qui ne peuvent même pas fuir et devenir des réfugiés. En reconstruisant des pays dévastés, en les transformant en des lieux où les peuples peuvent à nouveau être heureux, nous pourrons permettre à chaque être humain d’entretenir ses propres capacités à lutter contre la crainte, contre le besoin. C’est fort de cette conviction que le Japon insiste sur l’éducation et la santé ainsi que sur la promotion des femmes, c’est une politique qui a pour objectif de pleinement garantir la sécurité humaine. Je suis très heureux de ces efforts qui donnent une place de valeur à chaque individu , ce sont des efforts qui se sont concrétisés dans les objectifs de développement que la communauté des Nations Unies vient d’adopter.

Ah, c’est sûr que le gars, il est à l’évidence obsédé par autre chose qu’Assad…

Nous souhaitons créer un environnement dans lequel les mères avec des nouveaux nés peuvent espérer un avenir lumineux pour leurs enfants. J’ai trouvé une photographie récemment qui montrait le contenu d’un sac que transportait une femme réfugiée.
Qu’emportent des personnes dans un sac quand elles décident de fuir? Une jeune femme de 20 ans qui a traversé la Méditerranée sur un radeau n’ a emmené que très peu quand elle a quitté un camp de réfugiés Palestiniens au sud de Damas . Il y avait sur cette photographie ce dont elle avait besoin pour sa petite fille de dix ans, des chaussettes, un bonnet, des aliments pour bébé, mais lorsque j’ai regardé la photo, j’ai remarqué qu’il y avait également un carnet. Le carnet emballé dans un plastique pour le protéger de l’humidité, c’était un carnet pour la santé maternelle et infantile que le Japon avait distribué dans les camps de réfugiés en Syrie. Au Japon les femmes qui découvrent qu’elles sont enceintes reçoivent ce carnet. C’est un carnet qui leur permet d’inscrire des informations sur leur santé et sur celle de leurs enfants , c’est un système qui a été mis en place il y a plus de soixante dix ans déjà. Toutes les femmes qui ont inscrit ces informations dans ce carnet sourient en pensant à leurs enfants qui grandissent. Nous avons distribué ces carnets dans les camps de réfugiés en Palestine, en Syrie, en Jordanie en espérant que l’amour d’une mère puisse transformer ces pays qui parfois ne connaissent que peur et désespoir. Certaines femmes continuent à chérir ces carnets qui contiennent leurs souhaits, même en période d’exil.

Monsieur le Président,mesdames et messieurs , l’état de droit, l’égalité devant la loi sont autant de valeurs que le Japon respecte grandement. Pour propager ces principes nous devons également promouvoir la capacité humaine. Je vais vous raconter une anecdote: une jeune femme Japonaise redouble d’efforts alors que le Japon forme le personnel de police qui seront les garants de la loi. Afin de rompre le cycle de la violence et de la crainte il faut un personnel policier fiable , une bonne organisation de la police. Fort de cette conviction nous avons consacré notre énergie à former le personnel de police en Afghanistan et dans d’autres pays. C’est ce que le Japon fait également en R.D.C depuis 2004, l’agence de coopération internationale du Japon, JAICA, a aidé à la formation de policiers jusqu’à aujourd’hui en R.D.C. Aujourd’hui plus de 20 000 policiers ont bénéficié de cette formation , notamment des femmes. Des anciens soldats insurgés également. Le slogan c’est “une force de police proche de la population locale”. Le JAICA est également chargé de la mise en place d’un plan de formation qui donne la priorité aux femmes, en R.D.C. L’une de ces femmes par exemple est considérée comme un “petit géant” aux yeux de ses collègues. Aux côtés de ses homologues masculins, elle est en fait petite mais c’est une géante parce qu’elle ne flanche jamais face aux difficultés, elle s’attaque aux problèmes, elle a ainsi appris le Français. Le personnel de la police nationale la respecte beaucoup. Il y a 2 ans j’avais souligné que le Japon était un contributeur actif à la paix sur la base du principe de coopération internationale, cette femme que je viens de vous présenter fait partie de ces Japonais qui se consacrent à ces priorités.

Je considère les femmes comme capables de déterminer l’avenir du Japon, et pour l’aide extérieure, le Japon met en place des politiques et des mesures qui garantissent la sûreté, la santé et la sérénité des femmes. Tirant profit des différentes occasions qui se présentaient j’ai exhorté la communauté internationale à faire du 21éme siècle une époque dans laquelle les femmes et les droits des femmes seront protégés et je suis heureux d’annoncer que le Japon a décidé d’un plan d’actions sur la participation , la protection des femmes sur la base de la résolution 1325 du conseil de sécurité. Protéger les femmes et les fillettes face à la violence, leur offrir des services sanitaires de base, il s’agit là d’éléments exceptionnellement importants pour le plan d’action Japonais. En outre cette année, pour la 2é année consécutive, nous avons organisé l’assemblée mondiale pour les femmes où des discussions ont été engagées sur l’édification d’une société dans laquelle les femmes peuvent briller.

Les Nations Unies , en fait , c’est un lieu de réunion pour les réalistes optimistes, n’est-ce pas? Cet organe ne détourne pas le regard de la situation actuelle, et c’est ainsi que les Nations Unies ont écrit leurs 70 années d’histoire. Je me dois bien évidemment d’examiner la situation avec réalisme notamment sur la Corée du Nord. Le Japon collaborera avec les pays pertinents pour régler les questions en suspens, notamment les enlèvements, les questions nucléaires et les missiles. Cette année , 70 ans après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, c’est aussi l’année où nous avons marqué notre tristesse. Cependant malheureusement dans certaines zones il semblerait y avoir une augmentation des armes nucléaires en l’absence de toute transparence. Par ailleurs la conférence d’examen des parties au T.N.P cette année n’a pas su donner d’orientations précises pour le désarmement nucléaire et la non prolifération future. Les réductions d’armes nucléaires devraient se poursuivre entre les Etats-Unis et la Russie mais le Japon continuera à le dire avec véhémence , les autres états dotés de l’arme nucléaire doivent également réduire leurs arsenaux. Déterminé à parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires, le Japon a préparé un nouveau projet de résolution pour promouvoir une action unie de la communauté internationale , et j’en suis convaincu, cette résolution recueillera le soutien d’un grand nombre de pays.

Monsieur le Président, mesdames et messieurs , alors que nous félicitions les Nations Unies pour son 70ème anniversaire , un grand élan a été donné à la réforme du conseil de sécurité. Lors de la dernière session de l’assemblée générale des Nations unies, des efforts sérieux ont été consentis par des individus et des pays pour approfondir les discussions sur la réforme du conseil de sécurité. En outre il y a 2 semaines , toute l’assemblée a applaudi pour exprimer son enthousiasme, et fort de cet enthousiasme et de ma conviction quant au rôle que devrait jouer le Japon, je continuerai à oeuvrer à la réalisation de la réforme du conseil de sécurité grâce à votre coopération, monsieur le Président, et à celle des états membres. Le Japon compte devenir membre permanent du conseil de sécurité et nous sommes prêts à apporter une contribution proportionnelle à ce poste.

Le Japon s’ est toujours défendu comme une nation éprise de paix depuis la fin de la seconde guerre mondiale et nous avons obtenu bien des succès pour la paix et la prospérité du monde. Au Timor-Leste, au Cambodge, le Japon n’a pas ménagé ses efforts diplomatiques ,il a envoyé des casques bleus et apporté une assistance sur le long terme. Il y a 3 éléments à prendre en compte pour les missions de maintien de la paix , d’abord la prise de décision , décider ce qu’il y a à faire et où, ensuite les préparatifs nécessaires et le financement, et puis le démarrage des opérations.

Le Japon est prêt à jouer un rôle de passerelle , nous sommes prêts à apporter une contribution positive en assumant nos responsabilités pour chacune de ces étapes. A l’heure actuelle au Soudan du Sud, des membres d’une unité de Génie, des forces d’auto-défense du Japon ne ménagent pas leurs efforts. Au Kenya , en Ouganda ,en Tanzanie , au Rwanda, nous formons des équipes de Génie , des opérations de maintien de la paix ont été interrompues en raison de l’absence de routes et de ponts , il est important de remédier à cette situation. En outre le Japon se félicite du partenariat. Nous l’avons dit , pour lutter contre le désespoir et cultiver le bien-être , il faut à la fois s’assurer des intentions des parties concernées et de la coopération internationale. Pour que les individus s’approprient leur propre futur , nous avons promu cette idée de sécurité humaine, il s’agit là de notre objectif ultime.

Troisièmement le Japon s’est toujours employé à écouter attentivement les voix des parties concernées. Il y a 3 jours j’ai organisé une réunion des dirigeants des pays appartenant aux communautés économiques régionales Africaines pour la 3e année consécutive. Nous avons également mis en place la T.I.C.A.D (conférence internationale de Tokyo sur le développement Africain) qui aura 20 ans déjà , l’année prochaine. Cette conférence prochaine aura lieu en Afrique et je compte écouter toutes les voix de l’Afrique. La nuit dernière j’ai également tenu une réunion avec les dirigeants des îles du Pacique, nous avons discuté de plusieurs points notamment de la journée internationale du Tsunami qui devrait être fixé au 5 novembre.

La première fois que le Japon est devenu membre non-permanent du conseil de sécurité c’était en 1958,deux ans après l’adhésion du Japon aux Nations Unies. Si le Japon est de nouveau élu cet automne ce sera son 11 ème mandat au Conseil de Sécurité. Le Japon est le pays qui s’est le plus souvent soumis à l’examen par les pairs. Les 3 points que j’ai cités plus haut représentent les forces du Japon. Nous avons laissé des empreintes très marquées pour l’avenir.

Le peuple Japonais estime toujours que les deux lettres des Nations Unies brillent encore. Nous brandissons la bannière du contributeur actif à la paix sur la base du principe de la coopération internationale, et nous sommes déterminés à entreprendre la réforme du conseil de sécurité afin de transformer cet organe en un organe approprié au monde contemporain, et ensuite en tant que membre du conseil permanent du conseil de sécurité le Japon assumera ses responsabilités.

Source : ONU, 08/10/2015
transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-chine-japon-tous-les-pays-sont-egaux-les-grands-pays-les-pays-puissants-ne-devraient-pas-intimider-les-pays-plus-petits-et-plus-faibles/


[70e AG ONU] UE + Royaume Uni : “Il y a un mythe selon lequel l’Europe est le seul endroit riche du monde. Ce n’est pas vrai :”

Wednesday 14 October 2015 at 00:01

Donald Tusk, Président du Conseil Européen s’adresse à l’assemblée générale de l’ONU.

Discours de Donald Tusk, Président du Conseil de l’Union Européenne à l’Assemblée Générale des Nations-Unis d’octobre 2015

Le Président de l’Assemblée Générale : C’est pour moi un plaisir insigne que de souhaiter la bienvenue au Président du Conseil de l’Union Européenne, M. Donald Tusk que nous invitons à venir prononcer son allocution devant l’Assemblée Générale ;

Donald Tusk : Monsieur le Président, mes chers collègues délégués, je suis ici pour vous rassurer et vous garantir que l’Europe est toujours engagée, dans ses valeurs et dans ses objectifs, comme par le passé. L’Europe gardera le cap malgré le fait qu’elle est confrontée à des défis uniques. Tant sur son flanc Sud que sur son flanc Est, les dirigeants Européens sont obligés de faire face aux conséquences d’attaques par la force par exemple en Ukraine ou de cas de violations de la Charte des Nations Unies.

Nous sommes confrontés également à la crise des réfugiés avec des attentats terroristes à l’intérieur de l’Europe et de difficultés économiques que connaissent certains de nos états membres

Aussi difficile que soit la situation je ne doute pas que nous serons à la hauteur de la tâche et surtout qu’en même temps nous resterons attachés à la cause qui consiste à faire du Monde un endroit meilleur pour vivre. Tout ceux qui s’engagent dans l’élimination de la pauvreté, dans l’appui aux missions de maintien de la Paix, qui recherchent des solutions à la crise des migrations et à rechercher des solutions aux effets des changements climatiques peuvent compter sur nous toujours. Car, pour l’Europe, l’isolationnisme n’a jamais et ne sera jamais une solution envisageable.

M. le Président nous sommes toujours près à entendre les bons et sages avis de nos amis et même dans le contexte de la crise sans précédent, la crise des réfugiés d’aujourd’hui.

Il y a un mythe selon lequel l’Europe est le seul endroit riche du monde. Ce n’est pas vrai : il y a d’autres endroits comparables au nôtre en terme de richesses.

Mais pour une raison que l’on ne s’explique pas ce n’est pas là que vont les réfugiés, les migrants, parce que la richesse n’est pas le seul élément du choix que font les gens pour l’avenir de leur enfants.

Il y a les valeurs de tolérances, d’ouverture, de respect, de la diversité, de libertés, de droit de l’Homme, des Conventions de Genève qui entrent en compte et qui sont également un aimant qui les attire chez nous. Et nous refusons de changer cela.

Si, en Europe, nous avons des débats très animés sur des quotas de réinstallations c’est parce que cela nous tient à coeur, parce que nous essayons d’être aussi inclusifs et efficaces que possible

Mais les quotas ce n’est qu’une petite partie de ce que fait déjà d’ores et déjà l’Europe pour aider ceux qui fuient les persécutions et les guerres.

Par opposition il y a beaucoup de pays, représentés ici, qui traitent le problème de façon beaucoup plus simple c’est à dire en n’autorisant pas les migrants et les réfugiés à accéder à leurs territoires, tout simplement. C’est la raison pour laquelle je laissais entendre que ceux qui disent que l’Europe est un exemple d’indifférence sont hypocrites. C’est tout le contraire. Si l’on regarde la direction qu’ils prennent : personne n’essaie de fuir l’Europe alors que partout, en Eurasie, en Afrique, il y a des gens qui se déplacent aussi. C’est une crise globale qui exige une solution mondiale. Et avant tout donc il faut la solidarité à l’échelle mondiale.

Tout le monde peut offrir son aide aux réfugiés et ceux qui ne souhaitent pas le faire devraient au minimum ne pas dissimuler leur indifférence en critiquant l’Europe parce qu’elle n’en ferait pas assez.

M. le Président, ce n’est pas une coïncidence si l’Assemblée Générale est consacrée dans son débat de cette année à la situation au Moyen-Orient, plus particulièrement à la situation en Syrie.

Ne nous faisons pas d’illusion : la crise syrienne ne trouvera pas de solutions sans un dénominateur commun d’intérêts entre les différents acteurs régionaux.

Mais le plan de Paix ne doit pas être une simple formule qui permettra de définir une nouvelle répartition entre sphères d’influences.

Ici à l’Organisation des Nations Unies nous devons parler non seulement d’intérêts de puissances régionales mais avant tout de l’intérêt des millions de Syriens notamment, de ceux qui sont déplacés à l’intérieur du pays et des réfugiés.

La lutte contre le terrorisme est très importante, cela ne fait pas de doute dans ce contexte. C’est la raison pour laquelle nous saluons le fait qu’il y a de nouveaux alliés assez inattendus qui nous rejoignent dans cette cause. Mais nous ne pouvons pas oublier que les réfugiés fuient le terrorisme d’Etat dont la Syrie est la preuve dramatique.

L’Europe qui chaque jour assiste à la tragédie de millions de réfugiés syriens doit prôner la stabilisation de la région. La stabilisation est une valeur qui ne peut être contestée. Mais la stabilité ne va pas avec les armes chimiques et les barils explosifs utilisés contre les civils. Ici il y a certains qui ont proposé que BEA fasse partie de la transition Syrienne. Ils sont de plus en plus nombreux mais on ne peut oublier que des millions de personnes ont fui ces méthodes atroces pour essayer d’imposer la stabilité en Syrie

Lors de mes visites dans la région, on m’a dit qu’une victoire d’Assad déclencherait un nouvel exode. La seule intention du plan de Paix pour la Syrie doit être de faire en sorte que le peuple syrien puisse recommencer à trouver une vie normale dans la région. Il n’y a que ce message qui est cohérent avec les valeurs de la communauté internationale, avec celles de l’UE et avec les valeurs qu’a défendues l’Organisation depuis 70 ans.

M. le Président cette année va également être essentielle dans les efforts mondiaux pour lutter contre les conséquence des changements climatiques

Ces dernières semaines, ces derniers jours, nous avons entendu un message d’espoir, nous avons entendu des dirigeants s’engager à lutter contre le réchauffement de la planète.

L’Europe est déterminée à ce que le sommet de Paris soit une percée et un symbole de notre volonté d’agir de façon harmonisée face à ce problème planétaire.

Nous nous sommes engagés à réduire le CO2 de 40 % par rapport à 1990 et, à ce titre, l’Europe reste en tête de ce processus. Mais la lutte contre le réchauffement de la planète ce n’est pas un match de sport. L’impossible ne sera possible que lorsque tout le monde va dans le même sens et au même rythme.

C’est la raison pour laquelle nous vous invitons tous à participer à cet effort commun. Sans un accord mondial les efforts isolés de l’Europe seule ne pourront pas donner de résultats. Ce qui est important pour l’Europe c’est qu’il y ait des effets pratiques ce n’est pas des idées idéologiques.

M. le Président les défis mondiaux doivent être relevés à l’échelle multilatérale sinon on ne les relèvera pas du tout. Nous avons tous un devoir de donner du sens à la Communauté Internationale. Nous sommes confrontés à des urgences multiples.

Que cela nous permette de forger donc une communauté internationale vraiment forte.

Source : ONU 06/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU 

Son Excellence Philip Hammond,

Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

 Monsieur le Président, il y a près de soixante-dix ans, la première réunion de l’Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité se sont tenus à Londres. C’est là que le monde s’est rassemblé pour tourner le dos à la guerre et pour chercher à institutionnaliser les conditions de la paix. C’est grâce à ce processus, après la seconde guerre mondiale, que nos prédécesseurs se sont lancés dans un voyage qui devait les mener vers la paix et la prospérité. Ils ont réussi.

Aujourd’hui 193 membres forment le cœur de l’organisation. C’est une organisation puissante et universelle d’expression de notre volonté collective, celle de trouver des solutions aux défis les plus difficiles. Il s’agit là de la pierre angulaire du système  international fondé sur des règles, l’affirmation des valeurs que nous accordons à la dignité humaine et à l’espoir.

La Grande Bretagne est fière d’avoir joué son rôle dans la naissance de notre  organisation. Nous sommes fiers également, soixante-dix ans plus tard, du rôle actif que nous jouons dans les affaires internationales en tant que seul membre du Conseil de sécurité, seule grande puissance économique qui, à la fois atteint la cible de 2 % en matière de défense, cible de l’OTAN et une cible de 0,7 % du PNB accordé à l’aide publique au développement. Mais, malheureusement aujourd’hui, le quotidien de très nombreuses personnes dans le monde est très éloigné des idéaux de l’organisation, et ce malgré le travail abattu dans le cadre des ONG (? bredouillage) … plus d’un milliard de personnes vivent aujourd’hui avec moins de 2,5 dollars par jour. L’insécurité, l’extrémisme et les conflits au moyen Orient poussent des millions de personnes à abandonner leurs foyers, créant une urgence humanitaire à une échelle sans précédent. De nombreux millions d’autres personnes vivent aujourd’hui sous des régimes qui les oppriment, n’ont pas leur mot à dire dans la gouvernance de leur propre pays. Des régimes qui bafouent leurs droits les plus fondamentaux. Le système international, régi par des règles qui permettent de maintenir la paix est également compromis par des acteurs qui cherchent à saper nos valeurs. Nous sommes également confrontés à des menaces à plus long terme, du changement climatique, de pandémies globales et des menaces qui doivent être confrontées aujourd’hui, si nous ne voulons pas les générations futures soient mises en péril.

Mais c’est en Syrie et en Irak, au berceau de la civilisation humaine, que nos valeurs collectives et notre volonté d’agir sont aujourd’hui menacées, le plus menacées. Il y a le régime d’Assad d’un côté et la brutalité de DAECH ou l’EIL, deux maux qui infligent des souffrances inimaginables au peuple syrien. La crise humanitaire, la vague de réfugiés cherchant refuge dans les pays voisins et en Europe, tout ceci souligne la nécessité de mettre fin au conflit et constitue une épreuve pour notre détermination. J’aimerais ici rendre hommage à la formidable générosité de la Turquie, du Liban et de la Jordanie, qui accueillent aujourd’hui, temporairement, des millions… des milliers de réfugiés, et qui acceptent ce rôle depuis des années. C’est à nous tous qu’il incombe de les aider à porter ce fardeau, cette charge, et à veiller à ce que les appels de fonds lancés pour la Syrie soient pleinement financés. Le Royaume Uni fait la deuxième plus grande contribution qu’est jamais fait un pays à la mission humanitaire dans la région. Il est important pour nous de faire en sorte que ceux qui sont déplacés soient aidés au plus près de leurs foyers, car il y aura un nouveau pays à construire après le régime d’Assad. C ’est un pays qui doit pouvoir compter sur tous les syriens.

Mais une réponse militaire à elle seule ne suffit pas. Nous avons également la responsabilité d’agir pour mettre fin à la guerre civile sanglante qui sévit dans cette région.  Créer un processus politique inclusif en éradiquant l’EIL et en évinçant son idéologie et sa marque de la terre. Le Royaume Uni continuera de faire partie de la coalition  internationale contre l’EIL, nous continuerons de mener des frappes en Irak, plus qu’aucun autre pays hormis les Etats Unis. C’est un combat que nous mènerons en tant que génération contre l’idéologie extrémiste qui constitue le moteur de l’EIL. Mais vaincre l’EIL ne permettra pas de ramener la paix en Syrie. Seul un règlement politique sans exclusive pourra mettre fin aux souffrances endurées aujourd’hui par le peuple syrien. Nous devons redoubler d’efforts pour bâtir un processus politique, grâce aux efforts notamment de l’envoyé spécial Staffan de Mistura. Nous devons juger ceux qui ont commis des crimes.

Et cette mission est un test crucial pour les Nations Unies. Les progrès sont bloqués au conseil de sécurité, cela dure depuis trop longtemps. Toutes les parties doivent aujourd’hui mettre de côté leurs intérêts étroits et coopérer ensemble pour le bien du peuple syrien, réaffirmant ainsi les valeurs fondatrices de notre organisation.

Monsieur le Président, bien que la crise en Syrie soit urgente, nous pouvons également y ajouter la crise au Yémen, en Somalie et en Libye, nous pouvons fermer les yeux sur le risque de menaces futures pour notre sécurité, mais cette action collective ne sera véritablement efficace que si nous analysons ensemble les causes de la pauvreté, de l’injustice et des conflits.

Nous devons reconnaître ensemble que les institutions, lorsqu’elles sont fortes, efficaces et transparentes, lorsque les sociétés sont ouvertes, les économies sont ouvertes, lorsque l’état de droit est respecté, lorsqu’il n’y a pas de corruption ; c’est là que le développement pourra prospérer sur le long terme. Ce sont là des conditions sine qua non, et c’est ainsi que nous atténuerons les facteurs du conflit. Comme le disait David Cameron, ce sont là les facteurs centraux du développement.

Chaque pays doit suivre sa propre voie en quête de prospérité. Mais nous devons ensemble surmonter l’instabilité, la pauvreté et les conflits. C’est pourquoi il est dans l’intérêt de tous de faire en sorte que le développement soit durable sur le long terme.

Les fondements du développement durable, quel qu’il soit, ce sont les fondements qui trouvent leur source dans la sécurité. En tant que membre du Conseil de sécurité, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, nous proclamons que la solidité des institutions est essentielle pour la sécurité, comme le Premier ministre britannique l’a dit hier, le Royaume Uni va reprendre son rôle significatif dans les opérations de maintien de la paix en Afrique notamment. Où nous appuierons les efforts des Nations Unies et de l’Union Africaine en vue de mettre fin à des conflits très déstabilisateurs qui font fuir des gens du Soudan du sud et qui exercent une pression très forte sur la Somalie par exemple.

Mais il faut comprendre aussi autre chose. La sécurité au sein des pays ne peut produire la croissance économique que si elle est accompagnée par une sécurité entre les pays. La stabilité que nous recherchons dans les relations entre les pays est mieux servie dans le cadre des législations, des institutions, des normes, qui constituent le système international fondé sur des règles et mis en place après la deuxième guerre mondiale. La charte des Nations Unies en étant la pièce maîtresse. Au cœur de ce système, il y a le respect de l’intégrité territoriale par les états, le respect de l’indépendance politique des états. Lorsque les états remettent en question ces règles, nous devons réagir rapidement et défendre les victimes, sans ambiguïté aucune. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui nous sommes aux côtés du peuple ukrainien. Les actions illégales, les agressions menées par des états doivent avoir des conséquences. Autrement l’ordre international risque d’être mis en péril. Ici, aux Nations Unies, nous insistons sur le fait que les différences et les différends doivent être réglés dans le cadre du droit international, dans le respect de celui-ci, et non pas en-dehors de ce système.

Et les excuses pour l’Irak 2003, qui a induit le problème syrien, elles sont où ?

Les menaces collectives à notre sécurité se conjuguent à une autre menace, celle du changement climatique, il ne s’agit pas seulement d’une menace qui pèse sur l’environnement, sur la prospérité, c’est une menace qui pèse aussi sur notre sécurité. L’impact de la montée du niveau des mers, de la montée des températures globales sera ressenti par tout un chacun. Mais ce sont les pays plus pauvres qui seront le plus  durement touchés. Ceux justement qui ont le moins de moyens pour s’y adapter. Le Royaume Uni ne va pas se contenter de réduire ses émissions nationales, comme notre Premier ministre l’a annoncé lundi, nous allons également augmenter notre appui aux pays vulnérables, qui atteindra neuf milliards de dollars américains dans les cinq prochaines années. Nous devons travailler ensemble pour qu’un accord fort et ambitieux, efficace, soit conclu à Paris, grâce aux engagements de tous, en vue de réduire les émissions encore plus et en s’engageant ensemble à limiter la hausse des températures à deux degrés.

Monsieur le Président, soixante-dix ans après la première assemblée générale, l’organisation des Nations Unies est aujourd’hui menacée par des risques considérables, mais elle est toujours debout. Au cours de ces soixante-dix dernières années, elle a joué un rôle essentiel face à tous les défis auxquels nous avons été confrontés.

Pour l’avenir, il sera crucial de faire évoluer l’organisation, de la maintenir en vie, de faire en sorte qu’elle demeure pertinente.

L’ONU doit s’efforcer de refléter les changements intervenus dans notre monde. Le Conseil de sécurité doit par conséquent être réformé, il faut adopter un système transparent, également pour la désignation du prochain Secrétaire Général ou de la prochaine Secrétaire Générale. Lui ou elle devra faire en sorte que l’organisation soit plus efficace. Chaque centime reçu de la part des états membres doit être utilisé au mieux. En tant que membre fondateur de l’organisation des Nations Unies, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité également, mon pays va plaider en faveur de ce programme de réformes. Nous continuerons également de promouvoir les idéaux qu’incarne pour nous l’organisation des Nations Unies. Il y a soixante-dix ans, une génération a décidé de façonner le monde pour le faire correspondre à sa vision de la paix, de la sécurité et des valeurs universelles qu’elle avait adoptées. Aujourd’hui nous n’avons toujours pas réalisé ces idéaux, mais nous avons démontré que lorsqu’on travaille ensemble nous pouvons faire des avancées considérables vers ces idéaux. Aujourd’hui nous devons faire la preuve de cette détermination collective, il nous faut reconnaître qu’il ne s’agit pas seulement d’une obligation morale. C’est également dans l’intérêt de chacun d’agir, de réagir face aux crises humanitaires graves auxquelles nous sommes confrontés, et d’extirper les racines profondes de la pauvreté, des conflits et de l’instabilité. Il est dans notre intérêt de maintenir le système régi par des règles. Le monde est aujourd’hui meilleur grâce à la création de l’organisation des Nations Unies par nos prédécesseurs il y a soixante-dix ans.

Si nous insistons sur le respect de nos principes face aux défis, face aux tentations, nous préserverons cet héritage, nous continuerons de jeter les bases d’un avenir meilleur, une époque marquée par l’espoir et la dignité pour tous.

Je vous remercie.

Source : ONU 06/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-ue-royaume-uni/


[70e AG ONU] France : ” un nouveau gouvernement capable d’unir tous ceux qui se sont combattus mais sans le dictateur” + Comores

Tuesday 13 October 2015 at 02:50

Discours de François Hollande devant l’AG ONU

Intervention du Président de la France devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames, Messieurs,

Notre organisation, l’ONU, célèbre son 70e anniversaire. Des progrès immenses ont été accomplis depuis cette création, celle d’une institution chargée de maintenir la paix. Elle y est parvenue dans de nombreuses occasions. Et pourtant, 70 ans après, il y a toujours des drames, des tragédies, des conflits et des guerres. Et le monde doit une fois encore relever des défis considérables. Lesquels aujourd’hui ? Des centaines de milliers – des millions même – de réfugiés qui fuient au Moyen-Orient, en Afrique, dans l’espoir d’une protection ou tout simplement de sauver leur propre vie. Il y a le terrorisme qui frappe les populations civiles et aucun pays n’est à l’abri de ce fléau.

Et puis il y a des conflits qui demeurent sans règlement depuis des années et des années alors même que l’on sait qu’ils sont susceptibles de dégénérer à tout instant – je pense au Proche-Orient. Et puis pendant ce temps-là, il y a des catastrophes, des tsunamis, des tremblements de terre, des îles qui vont bientôt disparaître, des côtes qui sont recouvertes, des glaciers qui fondent ; ce sont les dérèglements climatiques.

Face à ces défis, chacun à son niveau doit prendre ses responsabilités. La France, dans beaucoup de domaines, ne refuse jamais son concours. Mais la France a voulu accueillir la Conférence sur le climat, sans doute parce qu’elle avait conscience qu’un échec terrible s’était produit à Copenhague et qu’il fallait cette fois-ci prendre la bonne décision : une décision qui ne peut être que celle de la communauté internationale dans son ensemble.

Alors nous devrons à Paris, nous poser une seule question : l’humanité – ce que nous sommes – est-elle capable de prendre la décision de préserver la vie sur la planète ? Oui, rien que cette question-là nous place à une hauteur que l’on n’avait jamais pu imaginer dans notre génération. On me dira : « mais, cela peut être plus tard, peut-être à une autre conférence ! » Je vous l’assure ici et je vous l’affirme tout net : si ce n’est pas à Paris, ce sera trop tard pour le monde.

Les choses, depuis plusieurs mois ont bien avancé et des déclarations très fortes ont été émises par les pays qui étaient justement ceux qui étaient les plus responsables du réchauffement climatique – je pense notamment aux deux grands pays émetteurs, les Etats-Unis et la Chine, qui ont pris des engagements qui contribuent à changer la donne. Il y a eu aussi de nombreux appels venant de tous les continents pour insister sur la gravité, sur l’urgence, en donnant des témoignages précis de ce qu’était concrètement, aujourd’hui déjà, le réchauffement climatique.

Il y a aussi des pays qui jusque-là étaient réticents – je pense aux pays en développement – qui se posaient cette question : est-ce vraiment utile de s’imposer ces contraintes alors que les pays les plus développés se sont affranchi de ces règles et de ces obligations ? Aujourd’hui, si l’on me demande un pronostic – et on me le demande souvent – je dis que rien n’est gagné pour l’accord à Paris, mais qu’en même temps, tout reste possible.

Je vois trois conditions qui nous permettront de dire si la Conférence de Paris a été véritablement un succès, digne de nous, digne de ce que vous nous avez confié en nous demandant d’accueillir cette conférence. La première condition, c’est de pouvoir conclure un accord universel, général pour le monde, contraignant et différencié pour que chacun puisse faire sa part et pas davantage. A ce jour, quatre-vingt-dix Etats – la moitié donc de ceux qui siègent aux Nations Unies – ont remis leur contribution nationale, ce qui représente – et c’est déjà considérable – 80% des émissions de gaz à effet de serre. Cela veut dire qu’une moitié du monde n’a pas encore répondu et je vous invite donc à le faire et à le faire vite, pour que nous puissions mesurer déjà ce qu’avec les contributions de chaque Etat, nous pouvons assurer au monde comme limite au réchauffement climatique.

La deuxième condition qui dira notre succès ou notre échec est d’être capables d’inscrire notre résolution, notre action dans la durée. L’accord de Paris ne devra pas être un aboutissement, une conclusion mais au contraire un point de départ, le début d’un processus. Nous pourrons nous en assurer à travers un mécanisme de révision qui sera intégré à l’accord et qui permettra donc d’évaluer régulièrement, de mesurer périodiquement et même de réviser tous les cinq ans nos contributions nationales. C’est ce qui nous permettra d’être sûrs qu’à la fin du siècle, c’est-à-dire bien au-delà de nous, la planète ne se sera pas réchauffée de plus de deux degrés.

La troisième condition qui marquera l’échec ou le succès, c’est que les pays développés auront à porter des engagements financiers. Je le sais bien, déjà à Copenhague, le chiffre avait été annoncé : 100 milliards de dollars pour assurer le financement de la transition énergétique, l’adaptation, le transfert de technologies.Nous devons rassembler 100 milliards en 2020, mais il faut le dire dès aujourd’hui pour que les pays émergents, les pays en développement puissent être sûrs qu’ils pourront être accompagnés, soutenus, aidés, et qu’il pourra y avoir ce saut, ce partage de technologies.

Cent milliards. Aujourd’hui, l’OCDE est chargée de faire une première estimation. Elle sera produite lors de la réunion de Lima – et je remercie le Président du Pérou de poursuivre l’action qu’il avait engagée lors de la COP 20. Oui, l’OCDE fera une première estimation - nous ne sommes pas encore à 100 milliards. Alors il va falloir d’ici Paris, dans deux mois, continuer à mobiliser la Banque mondiale, les grandes banques de développement, les institutions financières, les Etats, les acteurs privés pour que nous puissions être à 100 milliards. Chacun doit montrer l’exemple et la France n’échappe pas à cette règle qui veut que lorsqu’on est le pays hôte, on doit faire mieux que ses invités, ou en tout cas aussi bien. J’annonce ici que nos financements annuels, les financements annuels de la France pour le climat, qui sont de trois milliards d’euros aujourd’hui, dépasseront cinq milliards en 2020. Et l’augmentation de l’aide ne sera pas simplement des prêts, mais aussi des dons parce que c’est par rapport aux dons – c’est-à-dire ce qui est transféré directement, ce qui n’est pas remboursé – que l’on pourra favoriser puissamment l’adaptation des pays en développement aux effets du dérèglement climatique.

Si nous sommes en mesure de répondre à ces trois exigences : un accord universel qui peut être révisé et qui le sera tous les cinq ans et avec des financements qui peuvent être à la hauteur de tout ce que nous avons à couvrir comme nouveaux besoins et à engager comme technologies d’avenir, alors oui, nous pourrons dire à Paris, dans deux mois : nous avons été au rendez-vous. Pas simplement au rendez-vous de l’histoire mais au rendez-vous de l’avenir.

C’est bien que la communauté internationale puisse être capable de se projeter et de dire quel monde elle veut – nous l’avons fait pour les Objectifs du Développement Durable – nous devrons le faire pour le climat.Mais ce que l’on attend des Nations unies, ce n’est pas simplement – et c’est déjà beaucoup – de faire que le monde soit vivable à la fin du siècle, c’est qu’il soit supportable déjà aujourd’hui alors que des conflits et des guerres nous saisissent de tragédies que l’on n’imaginait plus voir, en 1945, quand furent fondés les Nations unies.

Aujourd’hui, c’est la Syrie qui appelle une fois encore notre mobilisation, notre intervention. Beaucoup m’ont précédé à cette tribune pour en parler. Tous considèrent que c’est une tragédie qui frappe la population syrienne. Tous disent qu’il faut trouver une solution. Alors cherchons ensemble cette solution.Mais d’abord mesurons ce qui n’a pas été fait.

Il y a trois ans, j’étais à cette même tribune et je m’adressais à vous. Il y avait déjà 30 000 victimes du drame syrien ; il y en a aujourd’hui 250 000 ; 12.000 enfants sont morts, victimes du régime de Bachar EL-ASSAD car le drame syrien a commencé avec la révolution qui a voulu mettre en cause une dictature, celle de Bachar EL-ASSAD. A ce moment-là, il n’y avait pas de terroristes, il n’y avait pas de groupes fondamentalistes, il y avait une dictature qui massacrait un peuple. Et les réfugiés, ceux dont on parle aujourd’hui, ceux qui sont dans les camps, les déplacés, ils sont huit millions, cette masse de femmes et d’hommes, d’enfants, n’a pas fui simplement une guerre, elle a fui depuis plus de trois ans le régime de Bachar EL-ASSAD et encore aujourd’hui, c’est ce même régime qui déverse des bombes sur des populations civiles innocentes.

Mais ce n’est pas parce qu’il y a un groupe terroriste qui lui-même massacre, tue, viole, détruit y compris des patrimoines essentiels de l’Humanité, qu’il y aurait pour autant une forme de pardon, d’amnistie pour le régime qui a créé cette situation, comme si le fait d’avoir un groupe terroriste qui commet le pire du mal, serait une façon d’avoir une partie du bien. Non. Ils sont tous, ces femmes, ces hommes, ces enfants, victimes de cette tragédie qui est produite par l’alliance du terrorisme et de la dictature. Aucune solution ne pourra être trouvée hors d’un processus politique.

La France du fait de son histoire et également des liens qui l’unissent à cette région du monde entend prendre ses responsabilités. Elle les a prises, encore récemment, y compris par une action armée, une action de force. La France veut travailler avec tous et elle n’écarte aucun pays, les pays voisins qui sont les plus concernés, les pays du Golfe, mais aussi l’Iran, les pays du Conseil de sécurité membres permanents, mais les Européens également. Nous voulons travailler avec tous ceux qui le voudront.

On me parle d’une coalition. Cette large coalition, elle est possible, elle est même souhaitable, elle est nécessaire pour en terminer avec ce qui se passe en Syrie. Mais cette coalition doit avoir une base claire ou alors elle ne verra jamais le jour. Cette base a été donnée à Genève il y a plus de trois ans déjà. Et que disait l’accord de Genève ? Un gouvernement de transition doté de pleins pouvoirs, incluant des membres du gouvernement actuel et de l’opposition, à partir d’un consentement mutuel. Voilà la base ! Utilisons-la, avançons. Par rapport à ce malheur qui frappe, j’en vois qui déploient tous leurs efforts diplomatiques pour incorporer Bachar EL-ASSAD dans ce processus. Mais on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau : ASSAD est à l’origine du problème ; il ne peut pas faire partie de la solution.

Nous devons donc mettre un terme aux souffrances du peuple syrien mais nous devons aussi, au-delà de cette transition politique qui doit être recherchée, de cette large coalition qui doit être formée, de cette condition qui doit être posée – un nouveau gouvernement capable d’unir tous ceux qui se sont combattus mais sans le dictateur – nous devons aussi penser à tous ces réfugiés. Jusqu’à présent, ces réfugiés étaient dans les pays voisins mais là aussi, la communauté internationale fermait les yeux : c’était loin. Aujourd’hui, ces réfugiés qui n’en peuvent plus, commencent une longue marche. Je rappelais hier, devant cette Assemblée, que 80% des réfugiés dans le monde – réfugiés à cause des guerres, à cause des conflits, à cause du climat, à cause de la pauvreté – sont au Sud. C’est le Sud qui assure la solidarité du Sud. Ce sont souvent les plus démunis qui accueillent les plus pauvres. Alors, à un moment, les réfugiés se mettent en marche et on ne les arrête plus.

Mais quel GÉNIE diplomatique ce gars…

Si l’on veut éviter ce que l’on a vu, hélas : des drames, des traversées au risque de la vie des passagers, si l’on veut éviter que des passeurs, des criminels utilisent le désarroi pour enrichir encore les caisses du terrorisme, alors, il nous faut agir.

L’Europe a accueilli des réfugiés venant de Syrie, mais aussi d’Irak, d’Erythrée, du Soudan. C’était son devoir parce que l’Europe s’est fondée autour de valeurs, de principes et le droit d’asile fait partie de ce socle commun qui unit tous les pays européens et qui doit continuer de les unir. Ou alors, ce n’est pas l’Europe telle que nous l’avons voulue.

Mais en même temps que l’Europe doit faire son devoir, le monde doit aider les réfugiés. Qu’avons-nous appris ces derniers jours et ces dernières semaines ? Que le Haut-Commissariat aux Réfugiés n’avait plus les moyens d’assurer, faute de crédits, le soutien et l’aide nécessaires aux populations concernées. Qu’avons-nous appris ? Que le Programme alimentaire mondial n’avait pas les moyens d’assurer, là encore, à tous les réfugiés le niveau de subsistance et d’alimentation indispensable. Qu’avons-nous appris ? Que dans certains pays voisins, les réfugiés ne pouvaient pas travailler.

A partir de là, c’était le cycle tel qu’on pouvait l’imaginer. Si l’on veut inverser, si je puis dire, les flux, si l’on veut retenir les réfugiés au plus près de leur pays d’origine, alors, il nous faut doter davantage le HCR, il nous faut aider les pays voisins : le Liban, la Jordanie, la Turquie, mais aussi en Afrique, aider les pays de transit, aider les pays qui évitent la migration. C’est un grand plan qu’il faut faire à cette occasion, puisque c’est le drame qui nous appelle, pour que nous puissions agir et éviter d’autres drames.

La France fait ce qu’elle peut et doit faire ce qu’elle doit. Par rapport au Programme alimentaire mondial, la France a décidé d’augmenter immédiatement de 100 millions d’euros son appui aux agences des Nations unies dans les pays voisins de la Syrie.

Mesdames et Messieurs, je voulais terminer mon propos pour vous dire que la légitimité d’une organisation comme les Nations unies repose sur la crédibilité. S’il n’y a pas de capacité pour l’ONU de régler des conflits qui durent depuis trop longtemps, s’il n’y a pas de capacité pour l’ONU de régler des drames ou d’apaiser la situation de populations civiles, alors, c’est notre impuissance qui nous condamnera. Ce qui m’amène à penser que si nous voulons que notre Organisation, qui fête donc son 70ème anniversaire, puisse avoir un avenir digne de celui que les fondateurs avaient imaginé, nous n’échapperons pas à une réforme des Nations unies.

La France plaide pour l’élargissement du Conseil de sécurité. La France plaide pour une représentation différente au Conseil de sécurité. La France plaide pour que les continents se retrouvent clairement en responsabilité du monde dans le cadre du Conseil de sécurité. La France veut que les membres permanents du Conseil de sécurité ne puissent plus recourir au droit de veto en cas d’atrocités de masse. Comment admettre que l’ONU, encore aujourd’hui, puisse rester paralysée, lorsque le pire se produit ? Là aussi, montrons l’exemple. Je m’engage ici à ce que la France n’utilise jamais son droit de veto lorsqu’il y a des atrocités de masse.

Le droit de veto, tel qu’il avait été introduit lors de la fondation des Nations unies n’était pas le droit de bloquer. C’était le devoir d’agir. Nous devons agir. Nous pouvons agir. Nous l’avons montré depuis 70 ans. Là, aujourd’hui, nous pouvons agir pour régler les drames d’aujourd’hui et sauver la planète demain. Agissons.

Source : ONU 07/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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N’oublions pas que la France a sa Crimée… (rappel des faits sur Mayotte ici et ici, qui ont entraîné la condamnation de la France par l’ONU à plusieurs reprises)

Comores – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Ikililou Dhoinine, Président des Comores, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

[...] Monsieur le Secrétaire Général,
Dans un monde complètement démuni où chaque nation doit prendre part à la défense de la Sécurité Internationale, comment pouvons-nous, dans un petit pays, comme le mien, participer à ce combat, si en même temps nous devons être sur le front, pour défendre notre dignité bafouée par une puissance, «Membre Permanent du Conseil de Sécurité» de notre Organisation, dont le rôle principal est de veiller au respect des normes de droit international ?
Je dois souligner que l’Union des Comores est le seul pays au monde qui, lors de son accession à l’indépendance, n’a pas eu droit au respect du droit. En effet, contrairement à toutes les anciennes colonies, l’archipel des Comores composé des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore, et qui fut admis à l’ONU comme État indépendant, Sujet de droit international, est amputé d’une partie de son territoire par l’ancienne puissance coloniale, la France, au mépris de toutes les normes et principes qui régissent les relations internationales.
Rappelez-vous, Mesdames et Messieurs, que contre la volonté du Peuple comorien, la France a opposé son veto et continue à exercer son pouvoir sur notre territoire.
Aujourd’hui, face à ce qui se passe en Europe de l’Est, on se demande quel sens donne l’Union Européenne au respect du droit international, en acceptant l’île comorienne de Mayotte comme Région Ultrapériphérique Européenne, au mépris des résolutions pertinentes de l’Union Africaine, de la Ligue des Etats Arabes, de l’Organisation de la Coopération Islamique et du Mouvement des Non-Alignés ?
Mesdames et Messieurs,
Lors de nos précédentes sessions, j’ai informé cette auguste Assemblée, qu’avec le Président François Hollande à Paris, nous avons signé une Déclaration Politique qui nous permet d’espérer qu’au niveau bilatéral nous trouvions une solution qui rende aux Comoriens leur dignité. Malheureusement, à ce jour, la partie française refuse d’admettre à ce que tous les Comoriens, quelle que soit l’île dont ils sont originaires, puissent circuler librement chez eux.
Des familles séparées, des enfants mineurs abandonnés, des déplacements des populations dans des embarcations de fortune, comme ce qui se passe exactement en mer méditerranéenne, font que je vous exhorte, Monsieur le Secrétaire Général, à exiger l’application du droit international comme la France le réclame, à juste titre, et à chaque fois que les normes qui régissent la vie internationale sont transgressées.
Certes le Haut Conseil Paritaire institué entre la France et les Comores a pour objectif principal de faciliter le dialogue bilatéral et recréer cette confiance qui avait disparu entre les deux pays.
Cependant, force est de constater que la mission principale qui lui est assigné, celle de faciliter la circulation des biens et des personnes, n’a toujours pas été accomplie.
Ainsi, en continuant de faire fi du droit international sur la question de l’île comorienne de Mayotte, la France ne permet pas d’enregistrer les avancées escomptées, dans ce dialogue engagé entre les deux parties.
C’est pourquoi, du haut de cette tribune, je lance à nouveau un appel aux autorités françaises pour qu’ensemble nous trouvions les moyens de mettre fin aux drames humains qui endeuillent chaque jour des familles comoriennes.
Je m’adresse aussi à la Communauté des Nations que Vous êtes, pour que vous fassiez appliquer le droit international afin que soit trouvé un règlement définitif à ce différend. [...]
Mesdames et Messieurs,
A l’heure où mon pays s’apprête à amorcer, après quarante ans d’indépendance, la deuxième phase de son histoire, je reste confiant que le prochain Président des Comores pourra dire du haut de cette tribune des pays libres :
« L’Unité et l’intégrité territoriales de mon pays, les Comores, dans ses frontières héritées de la colonisation, sont désormais acquises ! »
Je reste également confiant que mon successeur pourra dire, du haut de cette tribune des pays libres:
«Je remercie l’Organisation des Nations Unies pour avoir agi activement à la réalisation de ses principaux objectifs inscrits dans notre Charte commune».
Je reste enfin confiant qu’un Président Comorien pourra dire à ses compatriotes des quatre îles
«L’heure est venue pour nous tous, de nous atteler ensemble à l’édification de notre pays, libre, ouvert et prospère, confiant en son avenir et en son destin de peuple.»
Source : ONU 07/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-france/


[70e AG ONU] Allemagne : “Les fondements des Nations Unies sont toujours forts mais l’ordre mondial qui s’est construit dessus n’y est plus amarré solidement. “,

Tuesday 13 October 2015 at 01:50

Allocution de S.E. M. Frank-Walter Steinmeier, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, Excellence, Mesdames et Messieurs, mes chers collègues,

Il y a soixante-dix ans, la lumière revenait dans la nuit du XXème Siècle avec la création des Nations Unies, cela a été un moment clef dans le monde. Mais cela ne s’est pas passé dans un paysage où le soleil éblouissant se levait sur de verts pâturages. Cela s’est fait sur les ruines de la deuxième Guerre Mondiale, sur plus de cinquante millions de tombes, alors que l’hiver de la Guerre Froide jetait son souffle glacé. C’est à ce moment-là que les mères et pères des Nations Unies ont forgé les fondations du nouvel ordre. Un ordre qui n’est pas parfait, mais qui a assez souvent protégé d’une récidive, et de retomber dans la vieille barbarie.

Aujourd’hui, soixante-dix ans après, il est clair que nous vivons en période de turbulences. Des millions de personnes sont durement touchées par la guerre et la violence, plus de soixante millions de personnes ont fui leur maison, plus qu’on n’en a jamais connu depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale.

Les fondements des Nations Unies sont toujours forts mais l’ordre mondial qui s’est construit dessus n’y est plus amarré solidement.

L’ancien équilibre du pouvoir est remis en question. De nouveaux acteurs très importants apparaissent sur la scène mondiale, et surtout, ce sont de plus en plus des acteurs non étatiques qui se rendent responsables de la guerre et de la violence ; une guerre et une violence qui ne connaissent aucune règle, pas même les normes minimum qui sont celles du Droit International de la Guerre.

Nous devons de tout urgence créer des contreforts et des piliers de façon à ce que l’ordre qui s’appuie sur les Nations Unies puissent essuyer les tempêtes de notre époque. Quelles formes doivent revêtir ces nouveaux piliers ? A quoi ressemblera l’ordre du monde de demain ? Je ne pense pas qu’il existe une réponse théorique à cette question. La seule réponse est une réponse pratique. Tout comme la charte des Nations Unies a été adoptée pour répondre de façon audacieuse à la guerre et aux souffrances, aujourd’hui, nous devons construire de nouveaux piliers si nous voulons que les états assument leurs responsabilités et, ensemble, recherchent des réponses concrètes aux crises d’aujourd’hui : celles de la pauvreté du sous-développement, des réfugiés de la migration, de la dévastation de la guerre civile en Syrie, et des états faillis sur tout l’arc des crises, l’arc qui va de la Libye à l’Afghanistan, l’extrémisme religieux, le terrorisme et les atrocités commises par ceux qui se sont baptisés « Etat Islamique ».

Toutefois, Mesdames et Messieurs, il existe une différence fondamentale entre maintenant et la situation qui prévalait il y a soixante-dix ans : le monde d’aujourd’hui n’a jamais été aussi interconnecté. Les frontières deviennent floues. A l’ère de la mondialisation, on entend dire ici et là que le monde est un village.

Mes chers collègues, si tel est le cas, alors nous sommes tous voisins, auquel cas je voudrais nous conseiller d’agir comme des bons voisins. Nos horizons sont très différents, nos traditions religieuses, nos valeurs et nos visions du monde sont différentes. Cette diversité, il faut la respecter. Il n’y a aucune vision du monde qui vaut mieux que les autres. Mais je ne connais aucune culture dont les peuples ne sachent pas ce que veut dire être un bon voisin, où les gens n’apprécient pas de vivre en bons voisins. Personne n’investit [autant] d’espoir dans ces relations de bon voisinage à l’heure actuelle que les millions de femmes, d’enfants et d’hommes qui ont fui leur foyer.

Mon pays a assumé ses responsabilités ses derniers mois. Depuis le début de l’année, nous avons accueilli six cent mille réfugiés. Actuellement, il y en a dix mille qui arrivent chaque jour. Ces chiffres montrent bien que même nous, nous ne pouvons pas être tous seuls à la hauteur de la tâche sur le long terme et nous avons besoin d’une solution européenne. Une solution en outre qui exploite la coopération étroite avec nos voisins autour de la Méditerranée, surtout la Turquie. Deuxièmement, les agences d’aides des Nations Unies, le HCR, le programme alimentaire mondial, (inaudible à 5’32), tous aident ceux qui sont dans le besoin, sur place sans intermédiaire, et il est scandaleux que ces organisations soient tellement sous financées qu’elles aient dû réduire leurs rations alimentaires et médicales.

J’ai donc rencontrés les organisations du G7 et les autres partenaires avant-hier et j’ai le plaisir de vous annoncer que ensemble, nous avons réussi à collecter 1,8 milliards de dollars supplémentaires, dont plus de deux cent millions ont été offerts par l’Allemagne aux agences d’aide aux nations Unies. Cela devrait également soulager la charge pour les pays voisins vers lesquels s’acheminent l’écrasante majorité des réfugiés. Je pense plus particulièrement à la Turquie, au Liban et à la Jordanie. Eux aussi ont besoin de notre aide de façon à ce qu’un exode n’en déclenche pas un autre.

Mais les relations de bon voisinage, ce n’est pas juste, Monsieur le Président, l’humanité et la compassion. Cela présuppose que nous nous entendions sur des règles communes, auxquelles nous nous obligeons à obéir. Cela comprend le respect des frontières mutuelles et de la souveraineté des autres. Cette norme fondamentale est toujours violée, même en Europe.

En tant qu’Union Européenne, nous avons condamné à l’unanimité l’annexion de la Crimée par la Russie ainsi que les opérations dans l’est de l’Ukraine. Et nous avons répondu, et pas seulement en condamnant et en isolant, mais en lançant également un processus politique pour atténuer le conflit. L’OSCE a joué un rôle indispensable dès le départ dans ce processus.

Nous souhaitons renforcer l’OSCE en tant qu’institution de la sécurité commune lorsque l’année prochaine, l’Allemagne va en assumer la présidence.

Et Monsieur le Président, cela aussi, cet acte de responsabilité politique active fait partie des relations de bon voisinage. Un quartier dans lequel personne ne regarde au-delà du portail de son jardin ne vaut pas la peine qu’on y vive, ou ce ne sera pas vivable pendant longtemps. Il faut que les gens regardent car il y a beaucoup de conflits qui ne peuvent être résolus que ensemble par la diplomatie multilatérale. Il faut pour cela du temps et de la persévérance, mais cela marche.

L’été dernier, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne ont conclu un accord avec l’Iran. Après plus de dix années de négociation, non seulement nous avons réussi à une situation où l’Iran ne sera jamais dotée d’une bombe atomique, quelque chose que nous pourrons vérifier, mais les négociations ont également amené à la table des négociations notamment la Russie et les Etats-Unis. Ces négociations ont donc fait la preuve que des voisins peuvent ne pas s’aimer, mais peuvent quand même trouver des solutions. Ils doivent le faire sinon, il devient insupportable pour les deux de vivre côte à côte.

Cet accord, donc, a créé un terrain commun sur lequel il sera possible de bâtir la sécurité au Moyen Orient, et cela sera possible si nous continuons d’y œuvrer.

Toutefois, Monsieur le Président, les réalités sont légèrement différentes. En Syrie, le carnage semble ne pas connaître de fin et nous n’y mettrons un terme que si nous agissons ensemble. Nous devons mettre un terme à la brutalité de la dictature d’Assad, on l’a vu avec l’utilisation qu’il a faite des barils explosifs et de la torture. Nous devons casser le contrôle de l’Etat Islamique et nous devons faire taire les armes en Syrie et enfin permettre l’accès humanitaire aux populations qui y vivent.

Mais nous avons également des objectifs communs, celui de préserver l’intégrité territoriale de la Syrie, de ramener des conditions permettant à tous les groupes ethniques et religieux de vivre en paix les uns avec les autres et avec les pays qui sont leurs voisins. Voilà des objectifs dans lesquels croient tous les acteurs, quelles que soient les différences entre les Etats-Unis et la Russie, entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, etc. et autres acteurs de la région.

Nous disposons d’ores et déjà d’une base commune d’actions pour atteindre ces objectifs, ici même, à l’ONU. J’ai nommé la résolution 21-39 du Conseil de Sécurité. Nous devons maintenant l’appliquer ensemble et avec toutes les parties prenantes pour atténuer ce conflit.

J’en appelle aux parties prenantes en Syrie, dans les pays voisins de la Syrie, mais pas seulement. Nous avons des décisions qui ont été prises unilatéralement par la Russie récemment qui a engagé des opérations militaires en Syrie, mais maintenant, nous avons besoin que la Russie prenne des mesures politiques et promeuve une transition en Syrie. Cela contribuerait d’une façon importante de sortir de l’impasse, une impasse qui est meurtrière puisque chaque jour, des gens perdent la vie.

C’est amusant, il y a un génocide au Congo, et tout le monde s’en moque à l’évidence… L’Occident vit désormais au rythme de la Syrie.

Au risque de me répéter, je voudrais souligner que, s’agissant d’une catastrophe humanitaire de l’ampleur de celle de la Syrie, nous sommes tous voisins. C’est ce que nous devons toujours rappeler à nous, et c’est ce qui doit sortir de nos démarches diplomatiques. Il n’y aura pas de solution militaire. Aucune soi-disant vérité éternelle, ou soi-disant intérêts nationaux ne doivent faire obstruction et entrave à l’effort de faire le premier pas pour atténuer le conflit en Syrie.

En ces périodes troublées, mes chers collègues, l’idée de bonnes relations de voisinage dans le monde ne serait qu’un rêve s’il n’y avait pas un toit sous lequel, pendant des décennies, nous avons pratiqué les relations de bon voisinage. Aujourd’hui, nous avons plus besoin que jamais de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons besoin qu’elle soit légitime et réactive. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne fait campagne pour la réforme de l’organisation et du Conseil de Sécurité. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec d’autres à de grands projets mondiaux. Nous avons travaillé aux objectifs du développement durable très ambitieux contenu dans le programme à l’horizon 2030 qui vient d’être adopté et nous avons également travaillé à un objectif encore plus ambitieux, celui de la lutte contre les changements climatiques, que nous espérons bien adopter ensemble à Paris au mois de décembre.

L’ONU est un cadre, un toit qui abrite nos efforts mondiaux, mais il y a bien des niveaux selon lesquels le travail doit se faire. Nous, Allemands, nous pensons que nous devons avancer dans la coopération régionale au sein de l’Union Européenne et de l’OSCE et en coopération avec d’autres organisations régionales, par exemple, la (inaudible 13’20) de l’Union Africaine et d’autres. Deuxièmement, nous souhaitons rétablir et stabiliser les structures de l’Etat sur l’arc des crises qui va de la Libye à l’Afghanistan en passant par l’Irak et troisièmement, et surtout que nous présidons le Conseil des Droits de l’Homme, nous nous faisons les champions des Droits de l’Homme car aucun ordre politique ne peut durer si les droits ne sont pas assurés.

Pour conclure, mes chers collègues, Monsieur le Président, je voudrais revenir à la création des Nations Unies il y a soixante-dix ans. Ce fut un moment magnifique, certes, mais il doit également nous inspirer l’humilité, à moi en tant qu’Allemand, car la charte des Nations Unies, partiellement, était la réaction de l’humanité à la guerre, à l’inhumanité qui était partie de mon pays. Tout au long des sept décennies qui se sont écoulées depuis, fort heureusement l’Allemagne, progressivement, est sortie de cette situation et petit à petit est rentrée dans le cœur des nations, et nous en sommes reconnaissants, nous, Allemands. Mais nous sommes conscients de la responsabilité que cela implique pour nous. Lorsque Willy Brandt en 1969 est devenu chancelier fédéral de l’Allemagne, il a dit : « Nous, Allemands, nous voulons être un peuple de bons voisins ». A cette époque, l’Allemagne était encore divisée, et ces paroles avaient été conçues comme un geste de réconciliation à l’attention de la Pologne, de la France et des autres voisins européens qui avaient tant souffert du fait des Allemands.

Aujourd’hui, Mesdames et Monsieur, lorsqu’une famille syrienne à Berlin me décrit ce qu’elle a vécu, la guerre, l’expulsion, ces paroles de Willy Brandt revêtent une nouvelle signification. Aujourd’hui le monde est plus petit mais les crises ne sont pas moins nombreuses et le moment est venu pour nous de redire encore une fois que nous, Allemands, nous voulons être un peuple de bons voisins pour ceux qui sont proches et lointains.

Je vous remercie.

Source : ONU 07/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-allemagne/


Revue de presse internationale Septembre 2015

Tuesday 13 October 2015 at 00:01

A noter dans cette revue, plusieurs articles en traduction grâce à Hervé. Merci à lui ainsi qu’à Alexis pour cette revue. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-septembre-2015/


[70e AG ONU] SG ONU : “Notre objectif ne doit pas être de garder les gens en vie mais bien de leur donner une vie décente”

Monday 12 October 2015 at 03:29

Nous entamons cette semaine une série sur les discours lors de la 70e Assemblée générale de l’ONU.

Nous avons pensé qu’il serait intéressant de diffuser la vision des chefs d’État des plus grands pays, afin d’avoir une vision du monde non tronquée par le filtre de nos médias.

Afin d’avoir la vision la plus exhaustive possible, nous n’avons pas fait de sélection. Certains discours sont ainsi très éloquents, d’autres parfois un peu creux -ainsi va le monde…

Vous constaterez la nette différence entre les discours des chefs d’État occidentaux (toujours prêt à expliquer comment doit être gouverné tel autre pays) et les autres (qui respectent les souverainetés)…

Nous commençons par le Secrétaire général de l’ONU, qui a ouvert les travaux.

Intervention Ban Ki-moon, ONU, 28 septembre 2015

Nous avons entamé cette 70éme session de l’Assemblée générale par un succès retentissant, l’adoption du programme de développement à l’horizon 2030, y compris 17 objectifs qui vont nous inspirer, les Objectifs du Développement Durable : ODD.
Notre but est clair, notre mission est possible et notre objectif ultime est à notre portée. Il s’agit de mettre fin à la pauvreté extrême d’ici 2030 et d’assurer une vie dans la paix et la dignité pour tous. Ce qui importe à présent, c’est de transformer ces promesses qui existent sur papier en véritable changement sur le terrain.

C’est cela notre devoir et bien plus encore envers les plus vulnérables, les opprimés, les déplacés et tous les laissés pour compte de notre temps. C’est là notre devoir envers un monde dans lequel l’inégalité va croissant, un monde dans lequel la confiance s’érode et le mécontentement envers les autorités se fait sentir de toutes parts. C’est cela notre devoir envers les générations futures, comme le dit la Charte en ces mots mémorables. En cette année, alors que nous célébrons le 70éme anniversaire des Nations Unies, nous devons répondre à cet appel lancé par la Charte. Nous devons entendre les voix de ce qui sont « nous, les peuples ». C’est comme cela que nous pourrons surmonter les réalités sombres de notre présent, c’est comme cela que nous pourrons saisir la chance incroyable que nous offre cette ère.

Les objectifs du millénaire pour le développement Durable ont permis de sortir des centaines de millions de gens de la pauvreté. Nous sommes prêts à poursuivre dans cette voie et à aller plus loin, beaucoup plus loin. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter de nouveaux objectifs mais de se donner un plan dont les objectifs se combinent intimement avec les Droits de l’Homme, l’Etat de droit et l’autonomisation des femmes, éléments essentiels d’un ensemble intégré. Les objectifs mondiaux sont universels. Vous dirigeants du monde vous êtes engagés à aller de l’avant sans faire de laissés pour compte et à aider en priorité ceux qui en ont le plus besoin. La dynamique enclenchée peut nous servir à conclure un accord propice sur le changement climatique en décembre à Paris. On voit poindre des changements considérables visant à réduire les émissions nocives de gaz à effet de serre. J’ai visité de grandes installations solaires, reflet d’un nouvel avenir énergétique. L’action climatique a le vent en poupe. Cela étant, il est clair que les objectifs nationaux présentés par les Etats membres ne suffiront pas. Le choix qui s’offre à nous est le suivant : revoir nos ambitions à la hausse ou, en ce qui concerne le réchauffement climatique, risquer de dépasser le seuil de 8° que les scientifiques nous disent de ne pas franchir. Nous n’atteindrons les objectifs de développement durable qu’en nous organisant mieux. Faisons tomber les murs, soyons critiques, engageons les ministères et les autres institutions à cesser de poursuivre des objectifs contradictoires. Ne restons pas chacun dans notre coin mais unissons nos forces pour un bon usage de l’information dont nous disposons, planifions à long terme et ayons la volonté de faire les choses autrement.

Le financement sera un test décisif. Je me félicite du programme d’action d’Addis Abeba qui a été adopté et de l’engagement renouvelé pris par les pays développés d’investir 0,7% du produit national brut dans l’aide publique au développement. L’aide fonctionne mais trop peu de pays ont atteint cet objectif. Et je voudrais rendre hommage aux pays qui ont atteint cet objectif et exhorter les autres à suivre cet exemple.

Le financement en faveur du climat sera crucial également. J’exhorte les pays développés à atteindre l’objectif convenu de 100 milliards de dollars d’ici 2020, pour faire en sorte que le fonds d’aide pour le climat soit fonctionnel. Le monde continue de dépenser des milliards en dépenses militaires inutiles. Pourquoi est-il plus simple de trouver de l’argent pour détruire les peuples et la planète que pour les protéger ? Les générations futures dépendent de nous, attendent que nous rectifiions nos priorités.

Les souffrances aujourd’hui ont atteint des sommets auxquels on n’avait pas assisté depuis des générations. 100 millions de personnes ont besoin aujourd’hui d’aide humanitaire et au moins 60 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, de fuir leur pays. Les Nations Unies ont lancé un appel pour récolter près de 20 milliards de dollars pour répondre aux besoins cette année, c’est-à-dire six fois plus que les montants d’il y a 10 ans. Les institutions humanitaires onusiennes et nos partenaires travaillent dans des conditions extrêmement difficiles pour atteindre les personnes qui en ont besoin. Les Etats membres ont déjà été généreux mais les demandes croissantes se multiplient plus vite que les annonces de financement. Le sommet humanitaire mondial de 2016 sera un moment clef pour réaffirmer notre solidarité et déterminer comment nous pouvons au mieux bâtir la résilience des communautés et remédier aux situations d’urgence. Le système humanitaire mondial n’est pas défectueux mais il est à court de ressources nous ne recevons pas suffisamment de moyens pour sauver des vies. Nous avons récolté à peu près la moitié de ce dont nous avons besoin pour aider les peuples d’Irak, du Soudan du Sud et du Yémen. Et nous n’avons récolté qu’un tiers de ce dont nous avons besoin pour la Syrie. Notre plan d’action pour l’Ukraine n’est financé qu’à 39% et l’appel lancé pour la Gambie, pays dans lequel un enfant sur quatre souffre de retard de croissance, cet appel n’a reçu aucune réponse.

Des chiffres aussi bas signifient que la souffrance atteint de nouveaux sommets. Les peuples ont besoin d’aide d’urgence mais ce dont ils ont encore plus besoin ce sont de solutions durables.

Ces populations sont contentes d’avoir un abri mais elles méritent à leur tour de rentrer chez elles. Notre objectif ne doit pas être de garder les gens en vie mais bien de leur donner une véritable vie, une vie décente. Le Liban, la Jordanie et la Turquie accueillent avec grande générosité des millions de réfugiés syriens et irakiens. Les pays du monde en développement continuent d’accueillir de grands nombres de réfugiés alors qu’eux-mêmes ont des moyens limités. Les individus se déplacent à une échelle jamais vue auparavant dans les Amériques, le Sahel, dans les mers de Méditerranée. Autant de flux et de mouvements qui suscitent des problèmes complexes et déchaînent les passions.

Certains critères doivent nous guider dans notre réaction face à cette situation: le Droit international, les Droits de l’homme et la compassion tout simplement. Chaque pays doit faire davantage pour endosser ces responsabilités. Je souhaiterais faire l’éloge de ceux en Europe qui ont respecté les valeurs de l’Union et ont accordé asile à ces personnes. Dans le même temps j’exhorte l’Europe à en faire davantage. Après la Seconde Guerre mondiale c’étaient les Européens qui avaient besoin de l’assistance du monde. Après demain, le 30 septembre, j’organiserai une réunion de haut niveau afin de promouvoir une stratégie globale afin de réagir à la crise des réfugiés et des migrants. Nous devons lutter contre les trafiquants et remédier aux pressions auxquelles sont confrontés les pays de destination. Nous devons lutter également contre la discrimination. Au XXI° siècle, il ne s’agit pas de bâtir des barrières ou des murs ; avant tout nous devons nous pencher sur les causes profondes du problème dans les pays d’origine.

Les Syriens fuient leur pays, leur foyer à cause de l’oppression, de l’extrémisme, de la destruction, de la peur. Quatre années de paralysie diplomatique au sein du Conseil de sécurité et en d’autres endroits ont rendu cette crise incontrôlable. La responsabilité de mettre fin à ce conflit incombe au premier chef aux parties syriennes. En effet ce sont elles qui ont réduit leur pays à un tas de ruines mais il ne suffit pas de chercher des solutions à l’intérieur de la Syrie.

En effet cette lutte est également alimentée par les puissances régionales et rivalités régionales. Les armes, l’argent qui affluent dans ce pays ne font qu’alimenter la violence. Mon envoyé spécial fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre un règlement pacifique. Il est à présent temps pour les autres, au premier chef le Conseil de sécurité et les acteurs régionaux clef d’en faire de même. Cinq pays, cinq pays plus particulièrement jouent un rôle clef dans ce règlement : la Fédération de Russie, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie. Mais tant que l’un n’acceptera pas de compromis avec les autres, il sera inutile de s’attendre à quelque changement que ce soit sur le terrain. Or, les Syriens innocents paient le prix du terrorisme et des barils d’explosifs.

Et l’on ne peut permettre l’impunité en cas de crimes horribles notre engagement envers la justice doit nous pousser à renvoyer la situation devant la Cour d’Appel internationale.

Au Yémen, 21 millions de personnes c’est-à-dire 80% de la population a besoin d’aide humanitaire. Or toutes les parties foulent au pied la vie humaine et la plupart des victimes résultent des frappes aériennes. Je demande qu’on mette fin à ces bombardements ; des bombardements qui détruisent également des villes yéménites, les infrastructures et le patrimoine du pays.

En cet instant également les guerres des autres menées par procuration alimentent les combats et j’exhorte donc encore une fois toutes les parties à revenir à la table des négociations pour discuter en toute bonne foi et résoudre cette crise par le dialogue grâce à mon envoyé spécial. Que ce soit clair, il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit.

Nous devons également mettre en garde contre le dérapage dangereux dans le processus de paix au Moyen-orient. Les activités de peuplement se poursuivent, les actes d’incitation et de provocation se multiplient. Il est donc essentiel pour les Israéliens et les Palestiniens de reprendre la communication et il est essentiel pour la communauté internationale de faire pression sur les parties pour les amener à communiquer. Le monde ne peut plus attendre que les dirigeants se décident à choisir la voie de la paix.

Daesh, Boko Haram et al Shabad restent des menaces de grande ampleur surtout pour les femmes et les filles qui sont prises pour cibles systématiquement. Le monde doit unir ses efforts contre la brutalité sans bornes de ces groupes. Nous devons également lutter contre l’exclusion et le désespoir qui apportent de l’eau au moulin des extrémistes. En outre, les Etats ne peuvent jamais violer les droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme. De telles exactions ne font qu’alimenter le cercle vicieux.

Au début de l’année prochaine, je présenterai à l’Assemblée générale un plan d’action global sur la façon dont nous pouvons lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

Je me félicite de l’accord historique atteint entre la République islamique d’Iran et les pays les cinq plus un. Le dialogue et la diplomatie patiente ont porté leurs fruits. J’espère que cet esprit de solidarité entre les membres permanents du Conseil de sécurité pourra se manifester également dans d’autres situations épineuses, telles que le conflit en Syrie, au Yémen ou en Ukraine.

Nous devons bâtir sur les accords récents atteints en Soudan du Sud.

Nous devons parachever les accords en Libye et épargner à ces pays davantage de souffrances.
Le moment est venu d’entamer un dialogue renouvelé afin de également remédier aux tensions sur la péninsule coréenne. J’appelle tous les partis à s’abstenir de toute action qui risquerait d’accroître la méfiance. Je les encourage, à l’inverse, à promouvoir la réconciliation et à œuvrer en faveur de la dénucléarisation de la péninsule. Je suis prêt à appuyer cette coopération intercoréenne et nous devons également accélérer nos travaux en faveur du bien-être de la population de la République populaire de Corée.

Je suis vivement préoccupé par les restrictions croissantes imposées à la liberté des médias et à la société civile à travers le monde. Ce n’est pas un crime lorsque les journalistes, les militants des Droits de l’Homme ou d’autres jouissent de leurs droits de base. Nous devons préserver cette marge de manœuvre pour la société civile et la presse afin qu’ils puissent faire leur travail vital sans crainte de représailles ou d’emprisonnement.

En trop d’endroits on voit une menace poindre, celle de faire un bond en arrière par rapport à la démocratie alors que des dirigeants s’efforcent de rester en poste au-delà de leur limite de mandats. Nous voyons des pétitions, des manifestations organisées par la volonté spontanée du peuple. J’exhorte donc les dirigeants du monde à respecter la limite constitutionnelle de leur mandat.

Prises ensemble, ces crises nous ont fait atteindre les limites des outils légaux dont nous disposons pour la résolution des conflits et des réponses que nous donnons aux crises humanitaires. Un peu plus tôt ce mois-ci, j’ai exposé ma vision pour renforcer les opérations de paix des Nations Unies en m’appuyant sur les recommandations du Groupe indépendant.

Nos opérations de maintien de la paix et missions politiques ont besoin de capacités accrues et d’objectifs politiques clairs. Ce qu’il nous faut, c’est un engagement renouvelé en faveur de la prévention, des partenariats régionaux plus forts et un soutien plus déterminé à la consolidation de la paix.

Il faut aussi mettre en avant le potentiel des femmes dans la promotion de la paix telle que l’envisage la Résolution 1325 du Conseil de sécurité. J’espère que l’Assemblée générale réagira promptement témoignant ainsi de son engagement fort dans ce sens. Les gens aujourd’hui, ainsi que les générations qui leur succèderont ont besoin que nous fassions tout ce qui est en notre possible pour saisir cette occasion et accomplir des progrès « compréhensifs ».

Les Nations Unies ont émergé des débris d’un monde morcelé pour apporter l’espoir, l’espoir que, par notre action collective, nous pourrions éviter une autre catastrophe mondiale.

Au cours de ces 70 dernières années nous avons aidé à libérer des millions de personnes du colonialisme ; nous avons contribué à la lutte réussie contre l’Apartheid. Nous avons également éradiqué des maladies mortelles, défendu les Droits de l’Homme, consolidé les cas de droit. Nous avons fait cela et bien plus, cependant c’est loin d’être suffisant.

Nous traversons une ère de dures épreuves mais également une ère qui nous offre beaucoup de chances à saisir. Nous sommes plus connectés aujourd’hui que jamais auparavant, nous sommes mieux informés que jamais auparavant, nous avons de meilleurs outils que jamais auparavant.

Les recettes d’un changement positif sont connues. Nous avons entre les mains les ingrédients du succès.

Nous continuons également à réformer l’Organisation même si savons que nous devons en faire davantage aussi bien au niveau administratif qu’au niveau politique.

Nous pouvons tirer notre force de l’autonomisation des femmes mais nous devons encore intensifier nos efforts afin d’assurer la parité, assurer une planète 50-50.

Les jeunes du monde m’inspirent. Ils représentent la moitié de la population mondiale et nous devons faire entendre leur voix davantage dans la prise de décision à travers le monde.

Je suis impressionné de la manière dont nous pouvons tous ensemble unir nos efforts pour une cause vitale tel que le programme d’action à l’horizon 2030.

Il y a un an, alors que nous nous rassemblions pour le débat général, la crise d’épidémie Ebola, en Afrique de l’ouest, faisait des victimes au quotidien. Les familles en étaient dévastées, la crainte s’en faisait sentir et les prévisions étaient effrayantes pour les mois à suivre. Aujourd’hui, grâce aux efforts collectifs de toutes les communautés et des gouvernements du monde, les cas d’Ebola ont considérablement diminués. L’épidémie n’est pas terminée, nous devons rester vigilants mais nos efforts fonctionnent et les enseignements que nous devons en tirer présagent un avenir plus sûr pour tous.

Lorsque nous oeuvrons de concert, il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons réaliser.

Il y a trois jours, des jeunes venant de nombreuses nations se sont rassemblés ici sur le balcon de ces salles et ils ont demandé une chose avant tout : du changement, du changement.

Il n’est rien que nous puissions dire aux enfants du monde qui les persuaderait que le monde doit rester tel qu’il est aujourd’hui. Cela signifie que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour combler le fossé entre le monde tel qu’il est aujourd’hui et le monde tel qu’il devrait être demain.

Voilà quelle est la mission des Nations Unies.

Oeuvrons ensemble pour faire de ce monde un monde meilleur pour tous , un monde dans lequel tout un chacun vivra dans la prospérité et la dignité.

Je vous remercie.

Source : ONU 28/09/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-sg-onu/


[70e AG ONU] États-Unis : “Le scepticisme croissant au sujet de l’ordre international se retrouve également dans les démocraties les plus avancées”

Monday 12 October 2015 at 01:20

États-Unis d’Amérique – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Au nom de l’Assemblée générale, j’ai l’honneur de souhaiter la bienvenue à Monsieur Barack Obama, Président des Etats-Unis d’Amérique. Je l’invite à prendre la parole devant l’assemblée.

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames et Messieurs les Représentants,

Mesdames et Messieurs,

Il y a soixante-dix ans depuis la création de l’ONU. Soixante-dix années plus tard, cela vaut la peine de réfléchir à ce que les membres de l’ONU ont aidé à réaliser.

Après les cendres et les décombres de la Seconde Guerre mondiale, ayant vu le pouvoir incroyable de l’ère atomique, les Etats-Unis d’Amérique ont travaillé avec de nombreuses Nations, ici représentées, pour prévenir une troisième guerre mondiale : en forgeant des alliances avec d’anciens adversaires, en appuyant l’apparition régulière de démocraties solides, responsables envers les populations, au lieu de responsables envers une puissance étrangère et en construisant un système international qui s’oppose à ceux qui préfèrent le conflit plutôt que la coopération, un ordre qui reconnaît la dignité et la valeur égale de tous les peuples. Voilà l’œuvre de cette décennie. C’est l’idéal que défend cet organe-ci quand il agit au mieux.

Bien sûr trop souvent, collectivement, nous avons été en-deçà de ces idéaux au cours de ces 70 années de terribles conflits qui ont fait d’innombrables victimes. Mais nous avons continué d’avancer lentement, régulièrement, pour instaurer un système de règles et de normes internationales qui soit meilleur, plus solide, plus cohérent.

C’est cet ordre international qui a permis des avancées sans équivalent dans la liberté et la prospérité humaine. C’est cette entreprise collective qui a permis la coopération diplomatique entre les grandes puissances du monde et cela a renforcé une économie mondiale qui a fait sortir un milliard de personnes de la pauvreté. Ce sont ces principes internationaux qui ont aidé à empêcher que les grands pays imposent leur volonté à des pays plus petits. Cela a permis l’apparition de la démocratie et du développement des libertés individuelles sur tous les continents. Ces progrès sont bien réels ! On peut calculer le nombre de vies sauvées, le nombre d’accords conclus, les maladies vaincues et les personnes nourries.

Et pourtant nous nous réunissons aujourd’hui en sachant que les progrès de l’humanité ne suivent jamais une ligne droite. Notre travail reste inachevé. Des courants dangereux risquent de nous faire retomber dans un monde plus désordonné et plus sombre. Aujourd’hui nous voyons l’effondrement d’Etats fragiles, ce qui suscite des conflits. Et des hommes, des femmes et des enfants innocents doivent traverser des frontières en nombre inouï ! Des réseaux brutaux de terreur ont rempli ce vide. Les technologies qui autonomisent les personnes sont maintenant exploitées par ceux qui répandent de fausses informations ou qui favorisent la radicalisation des jeunes ou les dissensions. Les flux mondiaux de capitaux ont permis la croissance et l’investissement mais ont aussi augmenté les risques de contagion. Cela a affaibli le pouvoir de négociation des travailleurs et cela a accéléré les inégalités.

Comment pouvons-nous réagir face à ces menaces ? Certains affirment que les idéaux consacrés dans la charte des Nations Unies ne sont pas réalisables ou sont dépassés : le patrimoine d’une époque d’après-guerre qui était adapté aux besoins de l’époque. En fait, ces personnes demandent un retour aux règles qui se sont appliquées pendant la plus grande partie de la vie de l’humanité et qui sont antérieures à l’ONU : la conviction que le pouvoir est un jeu à sommes nulles, que c’est le droit du plus fort, que les Etats forts doivent imposer leur volonté aux Etats plus faibles, qu’on peut faire abstraction du droit des personne et qu’à une époque de changement rapide l’ordre doit être imposé par la force. Sur cette base nous voyons de grandes puissances contrevenir au droit international en affirmant leur puissance. Nous voyons une érosion des principes démocratiques, des droits de l’homme qui sont pourtant fondamentaux pour la mission de l’ONU. Les informations sont contrôlées strictement, l’espace de la société civile est restreint et on nous dit que de tels reculs sont nécessaires pour l’emporter sur le désordre, que c’est la seule façon d‘éliminer le terrorisme ou d‘empêcher les ingérences étrangères.

D’après cette logique, on devrait appuyer des tyrans comme Bachar el-Assad qui laissent des barils d’explosifs pour tuer des enfants innocents car l’autre variante est sûrement pire. Le scepticisme croissant au sujet de l’ordre international se retrouve également dans les démocraties les plus avancées. Nous voyons une plus grande polarisation, des impasses plus fréquentes, des mouvements à l’extrême-droite et parfois à l’extrême-gauche qui insistent pour faire cesser le commerce, qui renforcent nos liens avec d’autres nation qui demandent qu’on construise des murs pour empêcher les migrants de traverser les frontières, nous voyons les peurs de gens qui sont exploités, des appels au sectarisme, au tribalisme, au racisme, à l’antisémitisme, des appels en faveur d’un passé glorieux avant que la classe politique n’ait été infectée par ceux qui ont des idées fausses, de la politique du « nous contre eux ».

Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas à l’abri de ces menaces. Alors même que notre économie connait la croissance et que nos militaires sont rentrés d’Irak et d’Afghanistan dans leur grande majorité, nous voyons, au cours de nos débats sur le rôle de l’Amérique dans le monde, nous voyons la notion d’une interprétation de la puissance qui est définie par l’opposition à d’anciens ennemis, les adversaires perçus : une Chine qui connait une montée en puissance, une Russie qui connait une résurgence, un Islam qui est incompatible avec la paix. Nous sommes témoins d’un argument qui est avancé selon lequel le seul pouvoir qui compte pour les Etats-Unis, ce sont des déclarations belliqueuses et la puissance militaire. D’aucuns affirment que la coopération et la diplomatie n’obtiendront pas de résultats.

En tant que président des Etats-Unis d’Amérique, je garde à l’esprit les dangers que nous affrontons, cela fait partie de mon quotidien. Je dirige l’armée la plus puissante que le monde ait jamais connue. Je n’hésiterai jamais à protéger mon pays ou encore nos alliés unilatéralement et par la force lorsque c’est nécessaire mais je m’adresse à vous aujourd’hui en étant convaincu de valeurs fondamentales. Les nations du monde ne peuvent pas en revenir aux manières anciennes des conflits et de la coercition. Nous ne pouvons pas nous tourner vers le passé. Nous vivons dans un monde intégré, un monde dans lequel nous avons tous des enjeux pour le succès des uns et des autres. Nous ne pouvons pas nous opposer à ces forces d’intégration. Aucune nation ici représentée ne peut s’isoler de la menace du terrorisme ou le risque de la contagion financière, les flux des migrants ou les dangers d’une planète qui se réchauffe. Les désordres que nous voyons ne sont pas suscités uniquement par la concurrence entre les nations ni une seule idéologie et si on ne peut pas travailler plus efficacement ensemble nous allons tous pâtir des conséquences.

C’est vrai également pour les Etats-Unis. Quelle que soit la puissance de notre armée, quelle que soit la force de notre économie, nous comprenons que les USA ne peuvent pas résoudre à eux seuls tous les problèmes de la planète. En Irak, les Etats-Unis ont appris un enseignement pénible : même des dizaines de milliers de soldats courageux, des milliards de dollars de notre trésor national, tout cela ne peut pas imposer la stabilité à un pays étranger à moins de travailler avec d’autres nations sous les auspices des normes et principes internationaux, le droit international, ce qui donne de la légitimité à nos efforts. A moins de faire cela, on ne réussira pas et à moins de travailler ensemble pour vaincre les idées qui animent différentes communautés dans un pays comme l’Irak, qui conduisaient un conflit dans un tel pays, tout ordre que peuvent imposer nos militaires ne sera que provisoire. La force à elle seule ne peut pas imposer l’ordre au niveau international. Je suis fermement convaincu que la répression ne peut pas apporter la cohésion sociale dont les nations ont besoin pour réussir.

L’histoire des deux dernières décennies prouvent que dans notre monde d’aujourd’hui les dictatures sont instables. Les hommes forts d’aujourd’hui suscitent les révolutions de demain. On peut jeter en prison les opposants mais on ne peut pas emprisonner les idées. On peut essayer de maîtriser l’accès à l’information mais on ne peut pas transformer un mensonge en vérité. Ce n’est pas un complot d’ONG soutenu par les USA qui expose à la corruption et qui suscite les attentes de populations dans le monde entier, c’est la technologie, les medias sociaux, et le souhait de tous les peuples de faire leur propre choix dans la façon d’être gouverné, un souhait inextinguible dans le monde d’aujourd’hui. La mesure de la force n’est plus définie par la maîtrise du territoire, la prospérité durable ne vient pas seulement de la capacité d’avoir accès et d’extraire des matières premières. La force des nations dépend du succès des populations, les connaissances, l’innovation, l’imagination, la créativité, les possibilités, les chances, les dynamiques et cela dépend de la sécurité personnelle et de la bonne gouvernance.

La répression interne et l’agression étrangère sont des symptômes de l’échec pour ce qui est de jeter ces fondements-là. Les politiques qui consistent à diaboliser autrui, qui tire parti du sectarisme religieux, le tribalisme étroit, cela pourrait parfois ressembler à de la force, de la puissance, provisoirement, mais au fil du temps les faiblesses sont exposées et l’histoire nous apprend que les forces sombres déclenchées par ce type de politique nous rendent tous moins en sécurité. Notre monde a déjà connu une telle situation. On ne gagnerait rien à revenir en arrière, en revanche, je suis convaincu qu’il faut avancer pour rechercher la réalisation de nos idéaux. Il ne faut pas les abandonner en cette époque critique. Nous devons voir se matérialiser le meilleur espoir et non pas nos craintes les plus sombres. L’ONU a été créée car des hommes et des femmes ont eu la vision d’un avenir. Ils savaient que nos nations sont plus sûres lorsqu’on défend les lois et les normes fondamentales et lorsqu’on favorise la coopération par rapport au conflit. Les nations fortes, avant tout, ont la responsabilité de défendre cet ordre international.

Je voudrais vous donner un exemple concret. Après que j’ai pris mes fonctions, j’ai indiqué clairement une des principales réalisations de l’ONU : le régime de non-prolifération nucléaire était menacé par les violations par l’IRAN du TNP, sur cette base le conseil de sécurité a augmenté les sanctions imposées au gouvernement iranien. De nombreuses nations se sont associées à nous pour mettre l’exécution des sanctions. Ensemble, on a indiqué que les lois et les accords ont un sens et nous avons également compris que l’objectif des sanctions n’était pas simplement de châtier l’Iran. Notre objectif était de voir si l’Iran pouvait changer de cap et permettre de vérifier que le programme nucléaire iranien serait pacifique. Pendant deux ans, les Etats-Unis et ses partenaires, y compris la Russie, y compris la Chine ont été solidaires au cours de négociations complexes. Le résultat c’est un accord durable et global qui empêche l’Iran d’obtenir une arme nucléaire tout en permettant à l’Iran d’avoir accès à une énergie nucléaire pacifique et si cet accord est pleinement appliqué, l’interdiction relative aux armes nucléaires sera renforcée, une guerre potentielle est évitée, notre monde est plus sûr. Voilà quelle est la puissance du système international lorsqu’il fonctionne comme il convient.

Cette même fidélité à l’ordre international guide nos réactions face à d’autres défis que nous lance le monde. Prenons l’annexion par la Russie de la Crimée et l’agression russe dans l’est de l’Ukraine. Les Etats-Unis ont peu d’intérêts économiques en Ukraine. Nous savons qu’il y a une histoire complexe et profonde entre la Russie et l’Ukraine mais nous ne pouvons pas rester les bras ballants lorsque la souveraineté et l’intégrité territoriale d’une nation sont violées de façon flagrante.

Orwell es-tu là…

Cela s’est produit en Ukraine, si c’est sans conséquence cela peut se produire pour n’importe quelle nation ici représentée, voilà quelle est la base des sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs partenaires contre la Russie. Ce n’est pas le souhait d’en revenir à la guerre froide. En Russie, les medias contrôlées par l’Etat pourrait décrire ces avancées comme étant des exemples d’une Russie connaissant la résurgence, une vue partagée par plusieurs politiques et commentateurs aux Etats-Unis qui ont toujours été très sceptiques à l’égard de la Russie, et qui maintenant semblent être convaincus qu’une nouvelle guerre froide se profile à l’horizon. Mais examinons les résultats : le peuple ukrainien souhaite s’associer à l’Europe plutôt qu’à la Russie,

Oui, sauf dans l’Est d’où les problèmes hein…

plus que jamais auparavant les sanctions ont conduit à des fuites de capitaux, une économie en récession, la rouble qui a perdu de sa valeur et les migrations de davantage de russes bien éduqués. Imaginez la situation si au contraire la Russie avait participé à une véritable diplomatie et avait travaillé avec l’Ukraine et la communauté internationale pour que les intérêts de tout un chacun soit protégé, ce serait préférable pour l’Ukraine mais aussi pour la Russie et préférable pour le monde entier. C’est pour cela que nous continuons d’insister pour que cette crise soit réglée d’une façon permettant à une Ukraine souveraine et démocratique de maîtriser son territoire et de maitriser son avenir, son destin. Non pas parce que nous souhaitons isoler la Russie, nous ne le souhaitons pas, mais nous souhaitons une Russie solide, qui veut travailler avec nous pour renforcer le système international tout entier.

De même dans les mers de la Chine du sud, les Etats-Unis ne revendiquent pas de territoires dans cette mer. Nous ne présentons pas de revendications, nous ne les traitons pas. Mais comme toute nation ici représentée, nous avons des intérêts pour défendre les principes fondamentaux de la liberté de navigation, la liberté du commerce et pour régler les différends au moyen du droit international et non pas le droit du plus fort donc nous allons défendre ces principes tout en encourageant la Chine et les autres pays qui ont des revendications à régler leurs différends pacifiquement. Je l’affirme en sachant que la diplomatie est difficile. Les résultats sont parfois insatisfaisants. C’est rarement populaire sur le plan politique mais je pense que les dirigeants de grandes nations en particulier ont l’obligation de prendre de tels risques justement parce que nous sommes suffisamment forts pour protéger nos intérêts lorsque la diplomatie échoue. Pour pouvoir avancer dans cette ère nouvelle, nous devons être également suffisamment forts pour reconnaître lorsque l’action menée ne fonctionne pas.

Pendant cinquante ans, les Etats-Unis ont mis en œuvre une politique relative à Cuba qui n’a pas amélioré la vie de la population cubaine. Nous avons modifié cela. Nous continuons d’avoir des divergences avec le gouvernement cubain. Nous continuerons de défendre les droits de l’homme mais nous abordons ces questions au moyen de relations diplomatiques, davantage de commerce, des relations entre les populations. Alors que ces contacts permettent des progrès, je suis convaincu que notre Congrès lèvera à terme l’embargo qui ne devrait plus être en place. Le changement ne se produira pas du jour au lendemain à Cuba, mais je suis convaincu que l’esprit d’ouverture et non pas la coercition appuiera les réformes nécessaires et améliorera la vie de la population cubaine. Elle le mérite. Cuba réussira si ce pays poursuit la coopération avec d’autres nations, j’en suis convaincu. Si les grandes puissances ont intérêt à défendre les normes internationales c’est encore plus vrai pour les autres membres de la Communauté des Nations.

Examinons la situation dans le monde, de Singapour à la Colombie, du Sénégal à d’autres pays. Les nations réussissent lorsqu’elles recherchent une paix inclusive et la prospérité sur le plan national, lorsqu’elles travaillent dans la coopération avec des pays étrangers. Cette voie est maintenant disponible pour un pays comme l’Iran. Actuellement ce pays continue d’utiliser des auxiliaires pour promouvoir ses intérêts. Ces efforts pourraient sembler donner des atouts pour régler les différends avec les pays voisins mais cela alimente des conflits sectaires qui mettent en danger toute la région et cela isole l’Iran des bénéfices et des avantages du commerce et des échanges. Le peuple iranien peut être fier de son histoire et le peuple iranien a un potentiel exceptionnel mais lorsqu’on proclame « Mort à l’Amérique » cela ne crée pas des emplois, cela ne rend pas l’Iran plus sûr.

Non, c’est vrai… Mais peut-être crient-ils cela suite au renversement de Mossadegh par les USA, et leur soutien au régime criminel du Shah…

Si l’Iran choisit une voie différente, ce sera une bonne chose pour la sécurité de la région, une bonne chose pour le peuple iranien, une bonne chose pour le monde entier.

Bien sûr dans le monde nous continuerons de faire face à des nations qui rejettent les enseignements de l’histoire : les endroits où les conflits civils, les différends frontaliers, les guerres sectaires suscitent des enclaves terroristes et des catastrophes humanitaires, où l’ordre s’est complètement effondré. Nous devons agir, mais nous serons plus forts lorsque nous agirons ensemble. Dans le cadre de ces efforts, les Etats-Unis joueront toujours leur rôle, nous le ferons en étant conscients des enseignements du passé, pas seulement les enseignements tirés en Irak mais aussi l’exemple de la Libye où nous nous sommes associés à une coalition internationale avec un mandat onusien pour empêcher un massacre. Alors même qu‘on a aidé le peuple libyen à mettre fin au règne d’un tyran, notre coalition aurait dû en faire plus pour remplir le vide qui avait été créé. Nous sommes gré à l’ONU des efforts déployés pour mettre en place un gouvernement d’unité. Nous apporterons une aide à tout gouvernement libyen légitime qui travaille à rassembler le pays mais nous devons également être conscients du fait qu’on doit travailler plus efficacement à l’avenir en tant que communauté internationale pour renforcer les capacités, notamment pour les Etats en détresse et cela avant leur effondrement.

C’est pour cela qu’on doit se féliciter du fait qu’un peu plus tard, aujourd’hui, les Etats-Unis vont s’associer à plus de cinquante pays pour dégager de nouvelles capacités, des moyens d’infanterie, de renseignement, des hélicoptères, des hôpitaux, et des dizaines de milliers de militaires pour renforcer le maintien de la paix de l’ONU. Ces nouvelles capacités peuvent empêcher des massacres et veiller à ce que les accords de paix soient plus que de simples documents théoriques. Mais nous devons le faire ensemble. Ensemble, nous devons renforcer nos capacités collectives pour instaurer la sécurité là où il n’y a plus d’ordre public et pour soutenir ceux qui recherchent une paix juste et durable. Notre attachement à l’ordre international est mis à l’épreuve en Syrie plus que partout ailleurs. Lorsqu’un dictateur massacre des dizaines de milliers de personnes, ce ne sont pas seulement les affaires intérieures d’un pays, cela cause des souffrances humaines qui nous touchent tous vu leur ampleur. De même lorsqu’un groupe terroriste décapite des captifs, massacre des innocents et réduit des femmes à l’esclavage. Ce n’est pas le problème d’une seule nation pour la sécurité, c’est un affront fait à toute l’humanité. Je l’ai déjà dit et je le répète, on ne peut pas cautionner l’EIIL qui recherche l’apocalypse et les Etats-Unis utilisent leurs militaires dans le cadre d’une vaste coalition pour s’en prendre à l’EIIL. Nous sommes déterminés à veiller à ce qu’il n’y ait jamais de sanctuaires pour les terroristes qui commettent de tels crimes et nous l’avons démontré pendant plus de dix ans de traque d’Al-Qaida. Nous avons démontré que les extrémistes ne l’emporteront pas contre nous.

La puissance militaire est nécessaire mais n’est pas suffisante pour régler la situation en Syrie. La stabilité durable ne peut s’instaurer que lorsque le peuple syrien forgera un accord permettant de vivre dans un pays stable et solidaire. Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec toute nation, y compris la Russie et l’Iran, pour régler le conflit en Syrie. Mais nous devons être conscients qu’après tant d’effusions de sang, tant de massacres, on ne peut pas en revenir au statu quo d’avant le conflit. Souvenons-nous du début du conflit de la guerre, Assad a réagi face à des manifestations pacifiques en augmentant la répression et les meurtres et cela à son tour a créé un environnement permettant le conflit actuel. Assad et ses alliés ne peuvent pas simplement pacifier la grande majorité d’une population qui a été brutalisée par des armes chimiques et par des bombardements sans discernement. Certes le réalisme veut qu’il faille des solutions de compromis pour mettre fin aux combats, pour vaincre l’EIIL et l’éliminer mais il faut également une transition bien gérée en s’écartant d’Assad et en faisant appel à de nouveaux dirigeants, un gouvernement inclusif qui doit mettre fin au chaos pour que le peuple syrien puisse commencer la reconstruction. Nous savon que l’EIIL, qui est apparu après le chaos en Irak et en Syrie, dépend d’une guerre perpétuelle pour survivre mais nous savons également qu’une idéologie empoisonnée permet l’expansion de l’EIIL et une partie de notre travail c’est de travailler pour rejeter un tel extrémisme qui infecte trop de nos jeunes. Une partie de cet effort doit être un rejet constant par les musulmans de ceux qui déforment l’islam pour prêcher l’intolérance, promouvoir la violence et cela doit également permettre aux non-musulmans de rejeter l’ignorance qui met sur un pied d’égalité l’islam et la terreur.

Ce travail prendra du temps. Il n’y a pas de réponse facile en Syrie, pas de réponse simple aux changements qui se produisent dans une grande partie de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Mais tant de famille ont besoin d’aide immédiatement, elles n’ont pas de temps. C’est pour cela que les Etats-Unis augmentent le nombre de réfugiés que nous accueillons dans notre pays, c’est pour cela que nous continuerons d’être le principal bailleur de fonds, en versant de l’aide pour soutenir ces réfugiés. Aujourd’hui nous lançons de nouveaux efforts pour que nos peuples, nos universités, nos ONG puissent apporter une aide également car face à des familles qui souffrent, notre nation d’immigrants se retrouve dans ces personnes qui souffrent. Bien sûr, dans l’ancien temps, le sort des réfugiés, des marginalisés, des personnes sans voix au chapitre étaient à la périphérie des préoccupations du monde, cela n’avait aucune importance. Actuellement, nos préoccupations à l’égard de ces personnes sont animées par la conscience morale mais devraient être animées aussi par un intérêt bien compris. Il faut aider les personnes qui ont été repoussées sur les marges de notre monde, ce n’est pas de la charité c’est une question de sécurité collective et le but de l’ONU ce n’est pas simplement d’éviter les conflits c’est de galvaniser l’action collective qui permet d’améliorer la vie de toutes les populations sur la planète.

Nous avons pris des engagements en faveur des objectifs de développement durable. Cela correspond à cette vérité. Je pense que le capitalisme a créé plus de richesses et de possibilités que n’importe quel autre système dans le monde. Mais à partir des grandes villes et des villages ruraux dans le monde entier, nous savons que la prospérité est hors d’atteinte pour trop de personnes. Comme Sa Sainteté le Pape François nous l’a rappelé, nous sommes plus forts lorsque nous protégeons les plus faibles, lorsqu’on les considère comme étant égaux dans la dignité, égaux à nous, égaux à nos filles à nos fils. Nous pouvons lutter contre les maladies évitables, éliminer le VIH-Sida, éliminer les pandémies qui ne connaissent pas les frontières. Peut-être que cela ne fait pas la une des journaux mais alors qu’on a réussi à juguler l’épidémie d’Ebola, cela montre qu’on peut sauver plus de vies que jamais auparavant, on peut éliminer la pauvreté, la misère, mais il faut un engagement soutenu à l’égard de nos peuples. Pour que les agriculteurs puissent nourrir d’avantage de personnes, pour que les entrepreneurs puissent créer des sociétés sans verser de pots de vin, pour que les jeunes aient les compétences et les capacités pour réussir cette économie fondée sur les connaissances. Nous pouvons promouvoir la croissance grâce à un commerce correspondant à des normes plus élevées, c’est ce que nous faisons avec le partenariat transpacifique, un accord commercial qui représente presque 40% de l’économie mondiale, un accord qui va ouvrir des marchés tout en protégeant les droits de travailleurs, tout en protégeant l’environnement, qui permet au développement de devenir durable. Nous pouvons lutter contre la pollution que nous avons causée nous-mêmes, nous pouvons aider les économies à extirper les gens de la pauvreté sans condamner nos enfants aux ravages d’une planète qui se réchauffe.

Constamment, la même ingéniosité qui a produit l’ère industrielle, l’ère informatique, nous permet d’exploiter le potentiel de l’énergie propre. Aucun pays ne peut échapper aux ravages du changement climatique et le leadership c’est privilégier les générations futures. Les Etats-Unis oeuvreront avec toutes les nations qui ont la volonté de jouer leur rôle pour qu’ensemble, réunis à Paris, on puisse relever ce défi avec détermination. Et enfin notre vision d’avenir pour l’Assemblée Générale, et j’en suis convaincu, l’idée c’est d’avancer plutôt que de reculer et cela nécessite qu’on défende les principes démocratiques permettant aux sociétés de réussir. Je vous présente une prémisse simple : les catastrophes comme ce qu’on voit en Syrie ne se produisent pas dans des pays où il y a des démocraties authentiques et le respect des valeurs universelles que l’ONU est censée défendre.

Je sais que les démocraties peuvent revêtir différentes formes dans différentes régions du monde. L’idée d’un peuple qui se gouverne lui-même dépend de ce que le gouvernement respecte la culture nationale, l’histoire nationale, les expériences nationales, qui sont uniques en leur genre mais certaines vérités universelles sont évidentes : aucune personne ne souhaite être emprisonnée pour exercer une conviction religieuse pacifiquement, aucune femme ne devrait subir des atteintes en toute impunité, une fille ne devrait pas être empêchée d’aller à l’école. La liberté de présenter des demandes pacifiquement à ceux qui exercent le pouvoir, sans crainte de lois arbitraires, ce ne sont pas les idées d’un seul pays ou d’une seule culture ce sont des idées fondamentales pour le progrès de l’humanité. C’est une pierre angulaire de l’Organisation des Nations Unies.

Je me rends compte que dans de nombreuses régions du monde, il y a des vies différentes. On pense qu’un leadership fort ne doit tolérer aucune dissension. Les adversaires des Etats-Unis le disent et certains de nos amis également. Je ne suis pas d’accord. Je pense qu’un gouvernement qui réprime la dissidence pacifique ne montre pas sa force, il montre en fait qu’il a peur, qu’il est faible. L’histoire démontre que les régimes qui craignent leur propre peuple s’effondreront à terme mais les institutions solides, fondées sur le consentement du peuple gouverné, durent beaucoup plus longtemps que la vie d’un simple individu. C’est pour cela que nos dirigeants les plus forts, de Georges Washington jusqu’à Nelson Mandela ont mis l’accent sur l’importance de construire des institutions démocratiques solides plutôt qu’une soif de puissance perpétuelle. Les dirigeants qui modifient les constitutions pour garder le pouvoir ne font que reconnaître qu’ils n’ont pas réussi à construire un pays qui réussisse pour la population car aucun homme ne dure éternellement cela nous indique que le pouvoir on s’y accroche simplement pour le plaisir d’exercer le pouvoir plutôt que pour améliorer la population, alors que les dirigeants sont au service de celle-ci. Je sais que la démocratie est source de frustration. La démocratie aux Etats-Unis est certainement imparfaite, parfois elle est marquée par des dysfonctionnements mais la démocratie, la lutte constante pour étendre les droits à davantage de personnes pour permettre à davantage de personnes de s’exprimer c’est ce qui nous a permis de devenir la nation la plus puissante du monde.

Ce n’est pas simplement une question de principe, ce n’est pas une idée abstraite. La démocratie inclusive rend les pays plus forts. Lorsque les partis d’opposition peuvent accéder au pouvoir pacifiquement grâce aux élections, un pays obtient des idées nouvelles, est inspiré par des idées nouvelles. Lorsque les medias peuvent informer le grand public, la corruption est exposée et peut être éliminée. Lorsque la société civile s’épanouit, les communautés peuvent résoudre les problèmes que les gouvernements ne peuvent pas nécessairement résoudre à eux-seuls. Lorsque les immigrants sont bien accueillis, les pays sont plus productifs, plus dynamiques. Lorsque les filles peuvent être scolarisées, avoir un emploi, saisir les chances en nombre illimité c’est là qu’un pays réalise son plein potentiel.

Je suis convaincu que ce sont les principaux atouts des USA. Toutes les personnes aux Etats-Unis ne sont pas forcément d’accord avec moi, ça fait partie de la démocratie. Je suis convaincu que le fait qu’on peut se déplacer dans les rues de la ville de New-York actuellement en passant devant des temples, des mosquées, des synagogues, des églises, où les gens ont la liberté de culte, le fait que notre nation d’immigrants corresponde à la diversité du monde entier, on trouve des ressortissants de tous les pays dans  la ville de New-York, le fait que dans ce pays tout un chacun peut apporter une contribution, tout le monde peut participer à la vie de la nation quelles que soient les convictions, les apparences, c’est cela qui fait notre force et je pense que ce qui est vrai pour les USA est vrai pour pratiquement toutes les démocraties mûres et ce n’est pas par hasard.

Nous pouvons être fiers de nos nations sans nous définir par nos oppositions à d’autres groupes. Nous pouvons être patriotiques sans diaboliser autrui. On peut chérir nos identités, nos religions, nos origines ethniques, nos traditions, sans critiquer les autres, minimiser leurs contributions. Nos systèmes se fondent sur l’idée que le pouvoir absolu corrompt mais les gens ordinaires sont fondamentalement bons : qui donnent la priorité aux familles, aux amitiés, à la foi religieuse, la dignité du travail acharné et avec de bons systèmes de contrôle en contrepoids, les gouvernements peuvent traduire cette bonté.

Je suis convaincu que c’est l’avenir que nous devons rechercher ensemble. Croire à la dignité de toutes les personnes, être convaincu qu’on peut rapprocher les positions, choisir la coopération plutôt que le conflit, ça ce n’est pas une faiblesse, c’est en fait une grande force. C’est une nécessité concrète dans ce monde interdépendant et nos peuples le comprennent.

Pensez au médecin libérien qui a recherché dans toutes les maisons des victimes de l’Ebola et qui a dit aux familles ce qu’il fallait faire s’il y avait des symptômes de l’Ebola. Pensez au commerçant iranien qui, après l’accord nucléaire, a dit « si Dieu le veut, maintenant on pourra offrir beaucoup plus d’articles à de meilleurs prix ». Pensez aux Américains qui ont emporté le drapeau à La Havanne en 1961 et qui y sont retournés cet été pour hisser de nouveau le drapeau des Etats-Unis à La Havane l’un de ces hommes a dit du peuple cubain : « On peut faire des choses pour eux, ils peuvent faire des choses pour nous, nous les aimons. » Pendant cinquante ans on a méconnu ce fait. Pensez aux familles qui laissent tout ce qu’elles ont connu derrière elles, qui traversent des déserts qui affrontent des eaux tumultueuses pour trouver un abri pour sauver leurs enfants. Un réfugié syrien qui a été accueilli à Hambourg chaleureusement avec un foyer a dit : « nous pensons qu’il y a encore des personnes qui aiment leur prochain ».

Les peuples des Nations Unies ne sont pas aussi différents que d’aucuns le leur disent. On peut susciter la crainte au sein des populations, on peut apprendre aux peuples à détester mais les peuples peuvent également réagir grâce aux espoirs. L’histoire est jonchée des échecs des faux prophètes et des empires qui se sont effondrés, ceux qui pensaient que le droit du plus fort l’emporte toujours et ça continuera d’être toujours le cas vous pouvez compter là-dessus mais nous nous devons de proposer un type de leadership différent, un leadership suffisamment solide pour se rendre compte que les nations ont des intérêts communs. Les peuples partagent une humanité commune, et oui, je l’affirme, il y a certaines idées, certains principes qui sont universels. Ceux qui ont façonné l’ONU il y a soixante ans l’avaient compris. Transférons cette foi en l’avenir car ce n’est qu’ainsi qu’on pourra garantir un avenir meilleur, pour mes enfants et pour vos enfants, je vous remercie beaucoup.

Source : ONU 06/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-etats-unis-le-scepticisme-croissant-au-sujet-de-lordre-international-se-retrouve-egalement-dans-les-democraties-les-plus-avancees/


[70e AG ONU] Russie + Ukraine : « Avez-vous au moins conscience de ce que vous avez fait ?»

Monday 12 October 2015 at 00:02

Discours de Vladimir Poutine lors de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU, le 28 septembre 2015

Vladimir ‪‎Poutine s’est exprimé lundi 28 septembre dans le cadre de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Un discours très commenté dans la presse internationale que Le Courrier de Russie a traduit dans son intégralité afin que chacun puisse se faire sa propre opinion.

 

Vladimir ‪‎Poutine: Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement, Mesdames et Messieurs,

Le 70e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies est l’occasion de réfléchir au passé et de parler de notre avenir commun. En 1945, les pays vainqueurs du nazisme ont uni leurs forces pour poser les fondements solides de l’ordre mondial d’après-guerre. J’aimerais rappeler que les décisions majeures sur les principes de la coopération entre les États, les décisions sur la création de l’ONU, ont été prises dans notre pays, lors de la rencontre entre les dirigeants de la coalition anti-hitlérienne qui s’est tenue à Yalta. Le système de Yalta a été obtenu après de nombreuses épreuves et au prix de dizaines de millions de vies et de deux guerres mondiales qui ont secoué la planète au XXe siècle. Soyons objectifs, ce système a aidé l’Humanité à traverser les événements tumultueux, parfois dramatiques, des 70 dernières années et a préservé le monde de bouleversements à grande échelle. L’Organisation des Nations Unies est une structure sans égale en termes de légitimité, de représentativité et d’universalité. Oui, ces derniers temps, l’ONU fait l’objet de nombreuses critiques. Elle manquerait soi-disant d’efficacité et les décisions les plus importantes reposeraient sur des divergences irréconciliables, principalement entre les membres du Conseil de Sécurité. Toutefois, j’aimerais souligner que les différends ont toujours existé à l’ONU, et ce au cours des ses 70 années d’existence. Et, de tout temps, le droit de veto y a été appliqué : y ont eu recours les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l’Union soviétique et ensuite la Russie. C’est tout à fait naturel pour une organisation aussi hétéroclite et représentative. Les fondateurs de l’ONU ne partaient pas du principe que l’unanimité y régnerait. L’essence de l’organisation réside précisément dans la recherche et l’élaboration de compromis, et sa force – dans la prise en compte d’opinions et de points de vue divers.

Les questions discutées à l’ONU donnent lieu à des accords sous la forme de résolutions ou ne donnent lieu à aucun accord. Comme le disent les diplomates : « elles passent ou elles ne passent pas ». Et toute action entreprise par un État afin de contourner ce principe est illégitime et contraire à la Charte des Nations Unies et au droit international.

Nous savons tous qu’après la fin de la Guerre froide – tout le monde le sait – un centre de domination unique est apparu dans le monde. Ceux qui se trouvaient au sommet de cette pyramide ont cédé à la tentation de croire que s’ils étaient aussi forts et exceptionnels, cela signifiait qu’ils savaient tout mieux que tout le monde. Et, par conséquent, qu’ils n’avaient pas besoin de l’ONU, qui, souvent, au lieu d’approuver automatiquement une décision, de la rendre légitime, ne faisait que leur « mettre des bâtons dans les roues ». Des discussions ont eu lieu sur le fait que l’organisation telle qu’elle avait été créée était devenue obsolète et avait accompli sa mission historique. Il est évident que le monde change et que l’ONU doit s’adapter à cette transformation naturelle. La Russie est prête, sur la base d’un consensus large, à œuvrer au développement futur de l’ONU avec tous ses partenaires, mais nous estimons que les tentatives visant à saper l’autorité et la légitimité de l’ONU sont extrêmement dangereuses. Elles pourraient conduire à l’effondrement de toute l’architecture des relations internationales. Auquel cas ne subsisterait plus aucune règle, si ce n’est la loi du plus fort.

Ce serait un monde dans lequel l’égoïsme primerait sur le travail collectif, un monde dans lequel il y aurait de plus en plus de diktats et de moins en moins d’égalité, de démocratie réelle et de liberté, un monde dans lequel le nombre de protectorats dirigés de l’extérieur se multiplierait au détriment d’États véritablement indépendants. Au fond, qu’est-ce que la souveraineté étatique déjà mentionnée ici par mes collègues ? Il s’agit avant tout pour chaque être humain, pour chaque peuple, pour chaque État, d’être libre, de pouvoir décider librement de son avenir.

Dans le même ordre d’idées, chers collègues, il y a ce qu’on appelle la légitimité des autorités étatiques. Nous ne pouvons pas jouer sur les mots à des fins de manipulation. En droit international et dans les affaires internationales, chaque terme doit être compréhensible, transparent et univoque. Nous sommes tous différents et nous devons le respecter. Personne ne doit s’accommoder d’un modèle de développement unique reconnu une fois pour toutes par certains comme le seul acceptable.

Nous ne devons pas oublier le passé. En ce qui nous concerne par exemple, nous nous souvenons notamment de l’histoire de l’Union soviétique. L’exportation d’expériences sociales, les tentatives visant à provoquer des changements dans l’un ou l’autre pays en partant de ses propres orientations idéologiques, ont souvent eu des répercussions tragiques et ont été synonymes non de progrès, mais de dégradation. Cependant, personne, semble-t-il, n’apprend des erreurs d’autrui, qui ne cessent d’être répétées. Et l’exportation de ce qu’on appelle désormais les révolutions « démocratiques » se poursuit.

Il suffit d’examiner la situation au Proche-Orient et en Afrique du Nord, dont a parlé le précédent intervenant [le roi Abdallah II de Jordanie, ndlr]. Cela fait évidemment longtemps que les problèmes socio-politiques couvaient dans cette région et que les populations aspiraient à des changements. Mais qu’ont-elles obtenu en réalité ? L’intervention extérieure agressive à entraîné, au lieu de réformes, la destruction pure et simple des institutions étatiques et du mode de vie lui-même. En lieu et place du triomphe de la démocratie et du progrès règnent la violence, la misère et les catastrophes sociales, tandis que les droits de l’homme, y compris le droit à la vie, ne sont appliqués nulle part.

J’aimerais demander aux responsables de cette situation :« Avez-vous au moins conscience de ce que vous avez fait ?» Mais je crains que cette question ne reste en suspens, parce que ces gens n’ont pas renoncé à leur politique basée sur une confiance exagérée en soi et la conviction de son exceptionnalité et de son impunité.

Il est déjà manifeste que l’absence de pouvoir constatée dans une série de pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord a conduit à la formation de zones anarchiques, rapidement envahies par des extrémistes et des terroristes. Des dizaines de milliers de combattants se battent déjà sous les drapeaux de l’ainsi nommé « État islamique ». On trouve parmi eux d’anciens soldats irakiens jetés à la rue suite à l’invasion de l’Irak en 2003. Un autre pays fournisseur de recrues est la Libye, dont la structure étatique a été détruite après la violation grave de la résolution n°1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Aujourd’hui, des membres de ce qu’on appelle l’opposition syrienne modérée, soutenue par l’Occident, viennent également grossir les rangs des radicaux.

Une fois armés et formés, ceux-ci passent du côté de l’État islamique. Ce dernier n’a lui-même pas surgi de nulle part : il a également été dans un premier temps choyé en tant qu’instrument de lutte contre des régimes laïques indésirables. Après avoir créé une tête de pont en Syrie et en Irak, l’État islamique poursuit activement son expansion dans d’autres régions et cherche à dominer le monde islamique – mais pas seulement. Il est clair que ses plans ne se limiteront pas à cette région. La situation est on ne peut plus dangereuse.

Dans ce contexte, il est hypocrite et irresponsable de faire de grandes déclarations sur la menace du terrorisme international tout en fermant les yeux sur les flux de financement et de soutien des terroristes, notamment le trafic de drogues, de pétrole et d’armes, ou d’essayer de manipuler des groupes extrémistes, de les utiliser pour atteindre ses propres objectifs politiques dans l’espoir de s’en débarrasser ensuite ou, plus simplement, de les éliminer.

J’aimerais dire à ceux qui agissent et pensent réellement ainsi : « Messieurs, vous avez bien sûr affaire à des individus extrêmement cruels, mais ceux-ci ne sont absolument pas idiots ni primitifs, ils ne sont pas plus bêtes que vous et on ne sait pas encore qui utilise qui. » Les dernières informations sur le transfert d’armes aux terroristes par cette même opposition modérée ne font que le confirmer.

Nous considérons que toute tentative visant à jouer avec les terroristes, et qui plus est à les armer, est non seulement irréfléchie mais également dangereuse. La menace terroriste mondiale pourrait s’en voir extrêmement accrue et peser sur de nouvelles régions de la planète. D’autant plus que des combattants de nombreux pays, y compris européens, sont « rodés » dans les camps de l’État islamique.

Malheureusement, chers collègues, je dois reconnaître que la Russie n’est pas ici une exception. Il est inadmissible que ces coupe-jarrets qui ont déjà senti l’odeur du sang retournent ensuite chez eux et y poursuivent leur sale besogne. Nous ne le voulons pas. Personne ne le veut, n’est-ce pas ? La Russie s’est toujours opposée avec fermeté et constance au terrorisme sous toutes ses formes.

Aujourd’hui, nous apportons une aide militaro-technique à l’Irak, la Syrie et d’autres pays de la région qui luttent contre les groupes terroristes. Nous estimons que refuser de coopérer avec les autorités syriennes, avec l’armée gouvernementale, avec ceux qui affrontent courageusement le terrorisme, est une grave erreur. Il faut enfin reconnaître qu’hormis les troupes gouvernementales du président Bachar el-Assad et les milices kurdes en Syrie, personne ne se bat réellement contre l’État islamique et les autres organisations terroristes. Nous connaissons tous les problèmes de la région, toutes ses contradictions, mais nous devons tout de même nous fonder sur la réalité.

Chers collègues, je ne peux que constater que, ces derniers temps, notre approche honnête et franche est utilisée comme prétexte pour accuser la Russie d’ambitions croissantes. Comme si ceux qui en parlent n’avaient aucune ambition. Mais l’essentiel, chers collègues, ce ne sont pas les ambitions de la Russie, mais le fait que la situation actuelle est devenue intolérable.

En réalité, ce que nous proposons, ce n’est pas de se laisser guider par ses ambitions mais par des valeurs et des intérêts communs sur la base du droit international, de joindre nos efforts pour résoudre les nouveaux problèmes auxquels nous sommes confrontés et de créer une véritable et large coalition antiterroriste internationale. À l’instar de la coalition anti-hitlérienne, celle-ci pourrait unir dans ses rangs les forces les plus diverses, prêtes à combattre de façon radicale ceux qui, comme les nazis, sèment le mal et la haine.

Les principaux membres de cette coalition doivent bien entendu être les pays musulmans. Car non seulement l’État islamique les menace directement mais, par ses crimes sanglants, il profane une des plus grandes religions du monde – l’islam. Les idéologues de ces combattants bafouent l’islam et dénaturent ses véritables valeurs humaines.

J’aimerais m’adresser aux autorités spirituelles musulmanes : votre autorité et vos enseignements sont plus que jamais cruciaux. Il faut mettre à l’abri d’actes inconsidérés ceux que les combattants essayent d’enrôler, et aider ceux qui ont été trompés et qui, pour diverses raisons, se sont retrouvés dans les rangs des terroristes à trouver le chemin vers une vie normale, à déposer les armes et à cesser cette guerre fratricide.

Dans quelques jours, la Russie, en tant que présidente du Conseil de Sécurité, convoquera une réunion ministérielle pour analyser en profondeur la menace qui pèse au Proche-Orient. Nous proposons de discuter en particulier de la possibilité d’adopter une résolution sur la coordination de toutes les forces qui luttent contre l’État islamique et d’autres groupes terroristes. Je le répète, cette coopération doit reposer sur les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Nous comptons sur le fait que la communauté internationale parvienne à élaborer une stratégie globale de stabilisation politique et de rétablissement socio-économique au Proche-Orient. Alors, chers amis, il ne sera plus nécessaire de construire des camps pour les réfugiés. Les personnes contraintes de quitter leur terre natale ont d’abord afflué dans les pays alentour et ensuite en Europe. Ils se comptent par centaines de milliers, voire par millions. Il s’agit au fond d’une nouvelle grande migration amère et d’une dure leçon pour nous tous, y compris pour l’Europe.

J’aimerais souligner que les réfugiés ont évidemment besoin de compassion et de soutien. Cependant, on ne pourra résoudre définitivement ce problème qu’en rétablissant la structure étatique là où elle a été détruite, en renforçant les institutions gouvernementales là où elles existent encore ou sont en train d’être reconstruites, et en fournissant une aide multiforme – militaire, économique et matérielle – aux pays en difficulté et, bien sûr, aux gens qui, malgré toutes les épreuves, ne sont pas partis de chez eux.

Il va sans dire que toute aide aux États souverains ne doit pas être imposée mais proposée, et ce dans le strict respect de la Charte de l’ONU. Tout ce qui est fait et sera fait dans ce domaine conformément aux normes du droit international doit être soutenu par notre organisation, et tout ce qui contreviendra à la Charte devra être rejeté.

Le plus important est, selon moi, de contribuer au rétablissement des structures étatiques en Libye, de soutenir le nouveau gouvernement irakien, et d’apporter une aide multilatérale au gouvernement syrien légitime.

Chers collègues, la mission principale de la communauté internationale, guidée par l’ONU, reste de garantir la paix et la stabilité à l’échelle régionale et globale. Nous estimons qu’il nous faut former un espace de sécurité égale et indivisible, pas uniquement réservé à un cercle d’élus mais pour tout le monde. Oui, c’est un travail complexe, difficile et de longue haleine, mais il n’y a pas d’alternative.

Cependant, la mentalité de « bloc » héritée de la Guerre froide et l’aspiration à conquérir de nouveaux espaces géopolitiques, que partagent certains de nos collègues, continuent malheureusement de prédominer. D’une part, ils poursuivent la politique d’élargissement de l’OTAN. À quoi bon vu que le pacte de Varsovie a cessé d’exister et que l’Union soviétique s’est effondrée ? Toujours est-il que l’OTAN non seulement subsiste mais s’élargit, à l’instar de ses infrastructures militaires.

D’autre part, ils ont placé les pays post-soviétiques devant un choix erroné : l’Ouest ou l’Est ? Tôt ou tard cette logique de confrontation devait conduire à une crise géopolitique grave. C’est ce qui s’est produit en Ukraine, où ils ont utilisé le mécontentement d’une grande partie de la population envers les autorités en place et ont provoqué de l’extérieur une révolution armée, qui s’est transformée en guerre civile.

Nous sommes convaincus que seul le respect complet et scrupuleux des accords de Minsk du 12 février 2015 permettront de mettre un terme à l’effusion de sang et de sortir de l’impasse. On ne garantira pas l’intégrité de l’Ukraine par les menaces et la force des armes. Mais cette intégrité doit être garantie. Il faut réellement tenir compte des intérêts et des droits des populations du Donbass, respecter leur choix, s’entendre avec elles, comme le prévoient les accords de Minsk, sur les éléments clés de la structure politique de l’État. C’est la condition du futur développement de l’Ukraine en tant qu’État civilisé, en tant que maillon essentiel dans la construction d’un espace commun de sécurité et de coopération économique tant en Europe qu’en Eurasie.

Mesdames et messieurs, ce n’est pas un hasard si je vous parle d’espace commun de coopération économique. Encore récemment, il semblait qu’en matière économique, régie par les lois objectives du marché, nous apprendrions à nous passer des lignes de démarcation, que nous suivrions des règles transparentes et fixées ensemble, notamment les principes de l’OMC que sont le libre échange, la liberté d’investissement et la libre concurrence. Toutefois, aujourd’hui, les sanctions unilatérales contournant la Charte de l’ONU sont quasiment devenues la norme. Celles-ci poursuivent non seulement des objectifs politiques mais servent également à éliminer des concurrents sur le marché.

J’aimerais relever un autre symptôme de l’égoïsme économique croissant. Une série de pays ont choisi de former des unions économiques exclusives et fermées. En outre, ces pays négocient en cachette et n’informent ni leurs citoyens, ni leurs cercles d’affaires, ni l’opinion publique, ni le reste du monde, de leurs pourparlers. Les autres États dont les intérêts peuvent être en jeu ne sont eux non plus au courant de rien. Il est probable qu’on souhaite tous nous mettre devant le fait accompli, une fois que les règles du jeu auront été réécrites – de nouveau dans l’intérêt d’un cercle étroit d’élus, et ce sans consulter l’OMC. Avec pour conséquences le déséquilibre total du système commercial et le morcellement de l’espace économique mondial.

Ces problèmes touchent aux intérêts de tous les États et influent sur les perspectives de l’économie mondiale dans son ensemble. C’est pourquoi nous proposons d’en discuter dans le cadre de l’ONU, de l’OMC et du G20. Pour faire contrepoids à la politique d’exclusivité, la Russie propose d’harmoniser les projets économiques régionaux, de favoriser « l’intégration des intégrations », sur la base des principes universels et transparents du commerce international. En qualité d’exemple, je peux vous citer le projet de coopération entre l’Union économique eurasiatique et l’initiative chinoise de créer une Ceinture économique de la route de la Soie. Par ailleurs, nous continuons à fonder de grands espoirs dans l’harmonisation des processus d’intégration dans le cadre de l’Union économique eurasiatique et de l’Union européenne.

Mesdames et messieurs, parmi les défis auxquels est confrontée l’humanité entière, il y a également celui du changement climatique. Nous prêterons une grande attention aux résultats de la conférence des Nations Unies sur le climat, qui se tiendra au mois de décembre à Paris. À l’horizon 2030, la Russie prévoit de limiter ses émissions de gaz à effet de serre à 70-75 % du niveau de 1990.

Néanmoins, je propose d’envisager ce problème de façon plus large. Certes, en instaurant des quotas sur les rejets nocifs et en recourant à d’autres tactiques, nous pourrons peut-être atténuer pour un temps le problème, mais il est évident que ce n’est pas ainsi que nous le réglerons une fois pour toutes. Nous avons besoin d’approches fondamentalement différentes. Nous devons introduire de nouvelles technologies ne nuisant pas à l’environnement mais coexistant harmonieusement avec lui et qui permettront de rétablir l’équilibre biosphère-technosphère perturbé par l’homme. Ce défi est effectivement planétaire mais je suis persuadé que l’Humanité a le potentiel intellectuel nécessaire pour le relever.

Nous devons unir nos efforts, et avant tout ceux des États qui disposent d’une base scientifique puissante et de travaux de recherche en sciences fondamentales. Nous proposons de convoquer sous l’égide de l’ONU un forum spécial où seront examinés en profondeur les problèmes liés à l’épuisement des ressources naturelles, à la destruction de l’habitat et au changement climatique. La Russie est prête à faire partie des pays organisateurs de ce forum.

Mesdames et messieurs, chers collègues, le 10 janvier 1946 a marqué l’ouverture, à Londres, de la première séance de l’Assemblée générale de l’ONU. Dans son discours, le diplomate colombien Zuleta Angel, président de la commission préparatoire de la session, a formulé, à mon sens de façon très complète, les principes sur lesquels doivent se bâtir les actions de l’ONU. Il s’agit de la bonne volonté, du mépris des intrigues et des ruses, et de l’esprit de coopération.

Aujourd’hui, ces mots résonnent en nous tous comme une recommandation. La Russie croit en l’énorme potentiel de l’ONU, qui doit contribuer à empêcher une nouvelle confrontation mondiale pour lui préférer une stratégie de coopération. Aux côtés des autres pays, nous continuerons à œuvrer au renforcement du rôle central de coordination de l’ONU.

Je suis convaincu qu’ensemble nous rendrons le monde stable et sûr et que nous garantirons les conditions propices au développement de tous les États et de tous les peuples.

Je vous remercie de votre attention.

Source : ONU 05/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Petro Porochenko intervient à la 70ème session de l’ONU

Monsieur le Président, mes chers collègues, mesdames et messieurs, au nom de l’Ukraine, je présente mes félicitations sincères à Mr Mogens Lykketoft à l’occasion de son élection à la présidence de la 70e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Je souhaite Mr le Président que vous remportiez tout succès dans votre activité, à cette heure historique, notre avenir dépendra largement des résultats de cette session et de nos décisions collectives. Allons nous choisir de nous engager sur la voie de la paix et de la sécurité et des droits de l’homme ou allons nous plonger dans les perturbations de nouvelles guerres hybrides de chaos et de souffrance ?

Mr le Président, au moment où nous souhaitons l’anniversaire de l’organisation, je suis fier de parler au nom de l’un des membres fondateurs des Nations Unies.

En 1945, mon pays a participé activement à la conférence de San Francisco et a contribué à la création de l’organisation et en a jeté les fondations. Mon pays a beaucoup ajouté à San Francisco pour donner forme à la Charte des Nations Unies et à ce qui en est le cœur, ses buts et principes. Malheureusement, je parle également aujourd’hui au nom d ‘un état membre des Nations Unies qui est victime d’une violation brutale des normes et principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies. Lorsque l’Ukraine a rejoint les Nations Unies comme membre fondateur de l’organisation, elle  prononcé un discours à la conférence de San Francisco dans lequel elle a souligné (je cite) : « L’Ukraine au cours de son histoire a été souvent victime d’invasions sanglantes par des agresseurs qui au long des siècles ont essayé d’annexer sont territoire » (fin de citation). Beaucoup de temps s’est écoulé depuis cet événement historique mais aujourd’hui, je suis obligé de rappeler que mon pays est victime d’une agression extérieure, cette fois ci, l’agresseur c’est la Fédération de Russie, notre voisin, ancien partenaire stratégique, qui s’était engagé juridiquement à respecter, la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance, et l’inviolabilité des frontières de l’Ukraine. Ce pays était le garant de la sécurité de l’Ukraine en vertu du mémorandum de Budapest qui prévoyait des garanties de sécurité à mon pays en échange d’une renonciation volontaire au 3e arsenal nucléaire mondial. De plus, ce pays est un membre permanent du Conseil de Sécurité  des Nations Unies chargé par la Charte des Nations Unies de la paix et de la sécurité internationale. En février 2014, la Russie a mené contre mon pays une agression ouverte, sans qu’il ait eu de provocations auparavant en occupant et annexant la Crimée. Cette violation, patente et brutale du droit international a choqué la communauté mondiale toute entière et je remercie du fond du cœur toute les délégations de la majorité de des états membres de l’organisation qui l’année passée ont appuyé la résolution de l’assemblée générale intitulé « intégrité territoriale de l’Ukraine », une résolution qui condamnait l’annexion illégale de la Crimée par la Russie. Il est regrettable, qu’après ce verdict clair de la communauté internationale, la Russie ne soit pas revenue sur le terrain du droit international. De plus, Moscou s’est lancé dans un nouveau jeu dangereux militaire cette fois ci dans région du Donbass de l’Ukraine. Même si jusqu’à aujourd’hui, la Russie refuse d’admettre officiellement qu’elle a procédé à une invasion militaire directe, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une guerre d’agression contre mon pays, contre l’Ukraine. Pour tromper la communauté mondiale, les dirigeants russes ordonnent à leurs soldats de retirer leurs insignes, d’effacer du matériel militaire les marques d’identification, les soldats sont abandonnés dès qu’ils sont capturés sur le terrain des opérations, et la Russie utilise cyniquement de crématoires mobiles pour éliminer toute trace de ses crimes sur le terrain de l’Ukraine; je souligne que ce n’est une guerre civile ni un conflit interne. Les territoires ukrainiens, de la Crimée et le Donbass, qui ont été occupés par la Russie, représentent à peu près 44000 km2. Des millions d’ukrainiens se sont retrouvés sous l’occupation. L’objectif de cette guerre, est d’obliger le peuple ukrainien à renoncer au choix souverain qu’il avait fait : celui de construire un état européen, libre, démocratique et prospère. Tout cela, sous fond de rhétorique traitre, sur la fraternité des peuples, sur le caractère commun de notre histoire, sur le fait que nos langues sont proches, sur le fait que nous avons un avenir commun par prédestination. En fait, ici, nous avons ici le souhait de revenir à l’époque impérialiste, avec des sphères d’influence, il s’agit dune tentative désespérée de s’affirmer soi même au détriment des autres. Voilà plus de 20 mois que l’agression de la Russie contre mon pays continue par le truchement du financement des terroristes et de mercenaires. La Russie livre de armes et du matériel militaire aux groupes armés illégaux du Donbass. Ces dernières années, nous avons entendu la partie russe faire de déclarations de conciliation notamment demander la création d’une coalition antiterroriste ou des avertissements du danger à flirter avec des terroristes. Quelle belle histoire! Mais elle est bien difficile à croire…

Comment pouvez vous demander la création d’une coalition antiterroriste si vous inspirez le terrorisme devant votre propre porte? Comment pouvez vous parler de paix et de légitimité si votre politique consiste à faire la guerre en installant des gouvernements fantoches ? Comment pouvez vous parler de la liberté des nations si vous punissez votre voisin pour les choix qu’il a fait? Comment pouvez vous exiger que l’on vous respecte tous si vous meme ne respectez personne ?

L’Evangile selon Saint Jean enseigne au commencement était le verbe. Mais quel est le genre d’évangile que vous prêchez au monde si toutes les paroles que vous prononcez sont à double sens. Je reviens à la situation du Donbass. Je suis obligé de dire qu’ici, ce que nous sommes obligés de combattre, ce sont les troupes, régulières, armées jusqu’au dents, de la fédération de Russie. Sur les territoires occupés, les armes lourdes, et des matériels militaires sont concentrées en quantité qui ferait rêver la majorité des états membres des Nations Unies. On y trouve notamment des exemples ultramodernes de matériel militaire produits en Russie et il est difficile de croire ce qu’avance le président russe, qu’il puisse avoir été acheté dans une armurerie ordinaire sauf évidemment s’il s’agit d’un magasin de gros situé en fer avec frais de ports gratuits. Au cours de cette période, plus de 8000 Ukrainiens dont plus de 6000 civils, ont perdu la vie à cause des terroristes appuyés par les russes et des occupants du Donbass. Plus d’un million et demi de résidents du Donbass ont été obligés de fuir leur foyer et sont devenus des personnes déplacées à l’intérieur des frontières, dans d’autres régions plus sures de l’Ukraine. Et je voudrais en cette occasion exprimer ma gratitude à la communauté internationale, pour les efforts considérables qu’elle a consenti pour apporter une assistance bien nécessaire à ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, j’invite l’Organisation des Nations Unies ainsi que les autres acteurs internationaux à continuer d’accorder une attention toute particulière à ce problème très important. Je voudrais attirer votre attention sur le fait que ce n’est pas la première fois que ce membre permanent du conseil de sécurité sape la paix et la sécurité que ce soit sur le plan régional et sur le plan international. Plus de 24 ans se sont écoulés depuis l’adoption de la discutable procédure du transfert du siège du siège permanent du conseil de sécurité qui appartenait auparavant à l’Union Soviétique à la Fédération de Russie. Et ce n’est pas la première guerre hybride lancée par la Russie. En fait pour préserver sa sphère d’influence dans les pays voisins, voila des décennies que la Russie installe autour d’elle une ceinture d’instabilité j’ai nommé le Haut-Karabakh, la Transnistrie, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud, la Crimée et le Donbass. Il s’agit là dans tous les cas de conflits prolongés, appuyés par la Russie ou directement menés par la Russie. Mais le Kremlin va plus loin : aujourd’hui les petits hommes verts russes foulent le sol syrien. Qu’est-ce qui va venir après et qui sera le suivant ? M. le Président, dans tout pays démocratique, si on vous vole vos bien, il y’a un tribunal indépendant qui ramène la justice, qui protège les droits et qui punit l’agresseur. Toutefois, nous devons reconnaitre, qu’au 21e siècle,

Notre organisation ne dispose pas d’un instrument efficace permettant de faire justice à un pays agresseur qui s’est emparé du territoire d’un autre état souverain. Il y’a 70 ans, les auteurs de la Charte des Nations Unies avaient conçu le mécanisme des sanctions du conseil de sécurité comme l’un des outils de retenue qui doit être appliqué dans les cas d’atteinte à la paix ou dans des cas d’actes d’agression. Toutefois, ils n’avaient même pas pu imaginer que cet outil même serait utilisé contre l’état agresseur membre permanent du conseil de sécurité. Depuis le début de l’agression, la Russie a utilisé son véto à 2 reprises, alors que le Conseil de Sécurité des Nations Unies examinait des questions liées à l’Ukraine. La première fois, la Russie a bloqué un projet de résolution condamnant l’imposture du référendum sur l’annexion de la Crimée en 2014. Moi personnellement, en tant que membre du parlement de l’Ukraine à ce moment là, ils ont dit à ce moment là qu’il s’agissait d’un vote sur ce référendum. Il n’y avait pas de députés ! Le parlement de Crimée était entouré par des soldats ! La seconde fois, la Russie a imposé son véto honteux sur le projet de résolution sur la mise en place d’un tribunal international chargé d’enquêter et de faire justice contre tous les responsables de l’accident du vol MH17 de la compagnie Malaisienne.

En imposant ce veto honteux sur ce projet de résolution, la Russie a fat la preuve claire qu’elle défiait le monde entier et qu’elle ne souhaitait établir la vérité et pas seulement la vérité sur les auteurs de cet attentat terroriste et sur les armes utilisées pour abattre l’avion. Ce qui est plus important c’est qu’il s’agit de la vérité sur ceux qui ont organisé ce crime, et à partir du territoire desquels les armes en question avaient été transportées. Je pense qu’ici tout le monde comprend le vrai motif du véto mis par la Russie sur le tribunal sur le vol MH17. De plus la mise en place d’une opération internationale de maintien de la paix qui pourrait stabiliser la situation en Ukraine et arrêter l’effusion de sang a été bloquée car on craint que la Russie utilise son véto. L’abus du droit du véto, son utilisation comme permis de tuer est absolument inacceptable.

La voix collective de notre organisation doit être absolument claire. L’Ukraine est favorable à la limitation progressive du droit de véto avec ultérieurement son annulation. Le droit de véto, le pouvoir d’utiliser son véto ne doit pas devenir un acte de grâce pour ceux qui commettent un crime, et qui peut être utilisé à tout moment, sorti comme ça d’une manche pour éviter une sanction qui serait légitime. Dans ce contexte, je me félicite de l’initiative de mon collègue français le président Hollande appuyé par le président Pena Nieto du Mexique, sur la déclaration politique pour limiter le droit de veto parmi les membres permanents du conseil de sécurité dans le cadre d’atrocités de masse. Il faut accorder une attention d’urgence à la modernisation du Conseil de sécurité, notamment son élargissement et l’amélioration de ses méthodes de travail. La composition du Conseil de Sécurité doit être conforme aux réalités du XXIème siècle en représentant un plus grand nombre d’états d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Il faut que le groupe des pays d’Europe de l’Est reçoive un siège non permanent supplémentaire au sein du Conseil. Dans les vingt ans qui viennent, sa composition doit être multiplié par deux. L’Ukraine considère que l’amélioration de l’architecture du maintien de la paix et du retour à la paix de l’organisation est un élément très important de la réforme de l’ONU et je m’enorgueillis de ce que la réputation internationale de l’Ukraine en tant que contributeur actif et dévoué des opérations du maintien de la paix. Malgré nos défis extérieurs, nous restons un partenaire fiable de l’organisation dans cette cause noble. La contribution de l’Ukraine au maintien de la paix et de la sécurité internationale nous donne des motifs moraux de compter sur la même assistance de la part de l’organisation en une période d’une importance essentielle pour mon pays. Une mission de maintien  de la paix au Donbass placé sous l’égide des Nations Unies pourrait perte un instrument très utile pour la mise en œuvre des accords de Minsk. L’Ukraine est engagée à suivre les accord de Minsk dans la lettre et dans l’esprit et nous exigeons la même approche des autres signataires qui ces derniers temps utilisent la langue du chantage sinon il n’y a pas d’alternative aux sanctions ; de même il n’y a pas d’alternative à une résolution pacifique de la crise. Les membres de l’OFCE doivent avoir un plein accès au territoire occupé. Les forces militaires russes doivent se retirer ainsi que le matériel militaire er les mercenaires doivent se retirer du territoire de l’Ukraine et il est impératif que l’Ukraine reprenne pleinement le contrôle de son territoire et de la frontière avec la Russie. La liberté, la paix le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, c’est tout ce que demande l’Ukraine mais nous n’accepterons pas moins. M. le président malheureusement, ce n’est pas de son plein gré que l’Ukraine est une zone de lutte contre la menace terroriste. Nous condamnons le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Les activités de l’EI, Al Qaeda de Boko Haram et d’AlShabad, et d’autres représentent un défi mondial. La seule façon possible de relever ce défi, c’est de nous engager unis et ensemble dans une lutte sans compromis contre ce fléau. Le terrorisme international s’est montré plus souple, plus agile que la volonté politique des nations et, aujourd’hui, il revêt de nouvelles formes hybrides. Les acteurs étatiques et non étatiques sont liés entre eux. La lutte pour les droits de l’un sont remplacés par une terreur sans nom. Nous sommes convaincus qu’il est absolument urgent d’adopter un instrument international universel pour lutter contre ce crime. C’est la raison pour laquelle l’achèvement du travail préparatoire sur un projet de convention des Nations Unies sur la prévention et la lutte contre le terrorisme doit devenir l’une des principales priorités de cette 70ème session. La cour internationale de Justice ainsi que la cour Pénale Internationale doivent recevoir un rôle particulier dans la lutte contre le terrorisme international. Il est important que ces institutions deviennent universelles pour lutter contre l’impunité de ceux qui violent le droit international, les vrais auteurs des violations et ce qui les appuient : les régimes dont les politiques nationales consistent à produire de la terreur en masse. Et je suis convaincu que l’un des aspects les plus importants de la lutte contre le terrorisme c’est de partager et de respecter la mémoire des victimes. Et dans ce contexte je propose que cette 70ème session d’assemblée générale envisage la proclamation d’une journée internationale de la commémoration des victimes des attentats terroristes.

C’est le sentiment d’humiliation et la violation des droits fondamentaux qui a jeté les ukrainiens dans la rue en 2013 ce qui a marqué le début de la révolution de la dignité. L’Ukraine continue d’en payer un prix élevé pour sa liberté, pour le droit de vivre comme un pays libre, elle paye le prix de vies humaines. Et c’est la raison pour laquelle les intérêts de chaque personne, la protection de tous les droits sont à la base du programme de réforme que nous avons lancé il y’a une an. Pour la première fois en 24 ans l’Ukraine a adopté une stratégie nationale en matière de droits de l’homme. Une stratégie qui tient compte des meilleures pratiques internationales en matières des droits de l’homme notamment le cadre stratégique de l’Union Européenne sur les droits humains et la démocratie. L’agression russe a mis en évidence le problème des droits de l’homme en Crimée et dans certaines régions de Donetsk et de Lougansk. Des organisations en matière de droits de l’homme alertent sur la détérioration dramatique sur la situation des droits de l’homme qui s’appliquent directement sur les ukrainiens et les tatars de Crimée en Crimée occupée. Je parle particulièrement de la pratique utilisée par les autorités d’occupation en Crimée qui consiste à forcer à prendre la nationalité russe, les persécutions systématiques, les arrestations les enlèvements les meurtres des résidents pro ukrainiens dans la péninsule et l’élimination totale des médias indépendants. L’Ukraine réaffirme son attachement sur la déclaration des droits de peuples autochtones. Par tous les moyens juridiques, nous allons continuer de défendre les droits des Tatars de Crimée, peuple autochtone d’Ukraine, et des ukrainiens qui sont victimes des politiques de répression, des autorités d’occupation en Crimée. J’espère que la décision de stratégie de cette question sera prise lors de cette session. Et je me sens également obligé de citer les noms de Nadia Savtchenko, Oleg Sentsov, Alexandr Kolchenko, et d’un grand nombre d’autres ukrainiens prisonniers politiques du Kremlin détenus et condamnés illégalement. Par exemple, Oleg Sentsov, un metteur en scène respecté, a été condamné à 20 ans de prison pour le simple  fait qu’il était qu’un patriote ukrainien et j’incite les Nations Unies et les états membres de l’organisation a lancer une campagne mondiale de pression sur les autorités russes et de leur demander de libérer immédiatement tous les citoyens ukrainiens pris en otage. Nous n’atteindrons notre objectif que si nous agissons à l’échelle mondiale. Et surtout l’Ukraine a besoin de solidarité et d’assistance qui sont des instruments de choix contre l’agression et l’injustice. Je ne doute pas que l’Ukraine gagnera car la vérité est de notre coté, mais nous le ferons beaucoup plus vite si nous ressentons le soutien et la solidarité de toute la communauté internationale.  La guerre hybride menée actuellement par la Russie contre l’Ukraine a montré que la communauté internationale est confrontée à un nouveau défi qui exigera que nous rassemblions nos efforts. La guerre massive d’infirmation et la campagne de propagande, voilà qui représente des formes particulièrement destructives d’agressions non militaires. Nouvelles faussées, mensonges évidents pour justifier l’agression, propagande de l’intolérance et de la violence, voilà des phénomènes du même acabit qui remettent en question les principes de la liberté d’expression et qui intoxiquent les âmes et les esprits humains. C’est la raison pour laquelle la tâche du renforcement du rôle de l’information pour le maintien de la paix et de la sécurité est plus importante que jamais. Et j’invite l’assemblée générale à condamner dans les termes les plus forts ce phénomène honteux et à discuter des moyens d’attaquer le problème.

Monsieur le président, malgré les défis extérieurs auxquels l’Ukraine est confrontée et que j’ai décrit précédemment, l’Ukraine est parfaitement engagée dans la mise en œuvre des objectifs du développement durable. Nous sommes prêts à partager la responsabilité commune qui nous revient de trouver des solutions aux problèmes et aux priorités très importantes des groupes les vulnérables de pays par exemple des petits états insulaires. L’Ukraine est membre du groupe « Amis du Climat » et à ce titre, nous espérons pouvoir trouver un consensus sur un accord universel dans les meilleurs délais sur les changements climatiques. Nous espérons que c’est un résultat que nous obtiendrons en décembre à Paris et nous devons comprendre que le prix à payer serait la sécurité des générations de demain et le développement pérenne de l’humanité. La trajectoire vers l’atteinte des objectifs de développement durable ne s’achèvera pas positivement si l’on ne surmonte pas et ne prévient pas les conséquences technologiques et environnementales. Du fait de l’agression russe, l’Ukraine est confrontée à un autre problème : la protection de l’environnement dans le Donbass. Les terroristes inondent de manière criminelle et irresponsable les mines si bien que l’eau potable, la terre les sols, la flore, la faune sont contaminées. L’atmosphère est polluée à cause des explosions et des bombardements sur des infrastructures industrielles sensibles. En fait, nous pouvons dire qu’il y’a un risque de catastrophe environnementale et je suis convaincu que la question de la protection de l’environnement dans les conditions de conflit doit retenir l’attention toute particulière de l’assemblée générale des Nations Unies sur l’environnement. Et parlant des catastrophes technologiques, je ne peux passer sous silence l’un des accidents les pires que l’on ait connu. L’année prochaine, nous marquerons une date bien triste : le 30ème anniversaire de la tragédie de la centrale nucléaire de Tchernobyl et je voudrais vous demander M. le président de tenir une séance spéciale de l’assemblée générale consacrée au 30ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl en avril 2016.

Lorsque mon pays est devenu membre des Nations Unies dans l’allocution, elle a dit ce qui suit : L’Ukraine, avec sa force humaine très grande et avec ses grandes ressources matérielles aura la capacité d’apporter une contribution importante à la paix et à la sécurité mondiale. Tout comme il y’a 70 ans, je redis l’engagement sans faille de l’Ukraine à entreprendre le maximum d’efforts pour sauver les générations de demain du fléau de la guerre inscrites dans la Charte des Nations Unies. L’atteinte de ce noble objectif sera la pierre angulaire du mandat de l’Ukraine à un siège non permanent du conseil de sécurité si elle est élue sur la période 2016-2017. En cette capacité, l’Ukraine restera un partenaire cohérent, fiable, guidé non pas son propre agenda mais par les intérêts du monde entier et qui suivra résolument l’esprit à la lettre de la Charte. Et je suis fermement convaincu que l’organisation passera avec dignité les épreuves complexes qu’elle connait renforcera son rôle en tant que garant de l’ordre mondial, de la paix et de la prospérité. Que Dieu soit avec nous!  Gloire à l’Ukraine!

Source : ONU 05/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-russie-ukraine-jaimerais-demander-aux-responsables-de-cette-situation-avez-vous-au-moins-conscience-de-ce-que-vous-avez-fait/


Revue de presse du 11/10/2015

Sunday 11 October 2015 at 03:56

Nous cherchons toujours des butineurs pour alimenter ces revues de presse… Nous contacter – on compte sur vous….

Cette semaine dans la série “que vont-ils faire là ?”, nos milliardaires dans les médias et nos politiques chez les francs-maçons, dans la série “que font les banques ?”, elles fraudent, se maquillent et font faillite (sans lien ??), dans la série “Volkswagen, pourquoi ?”, cause et conséquences, dans la série “évasion fiscale”, se sauve qui peut, ou dans la série “où vont les marchés ?”, vers le krach semble-t-il. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-11102015/