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L’arbitrage sur la mer de Chine méridionale, par Ruolin Zheng

Sunday 17 July 2016 at 00:30

Je n’ai aucune idée de quoi penser sur ce sujet, si ce n’est que c’est probablement bien plus compliqué que ce qu’on lira dans Le Monde…

Je me demande si la Chine a compris qu’elle allait être traitée dans 10 ans comme la Russie aujourd’hui…

L’arbitrage sur la mer de Chine méridionale, par Ruolin Zheng

Source : Le Grand Soir, Ruolin Zheng, 06-07-2016

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Ces derniers mois, tous mes amis français me posaient des questions sur la Mer de Chine méridionale, alors que les Philippines viennent d’intenter un procès à la Chine auprès du Tribunal international d’arbitrage de La Haye. Il est à noter que l’affaire sera traitée non pas par la Cour internationale de Justice (CIJ) qui constitue l’organe judiciaire principal de l’ONU, mais par le Tribunal international d’arbitrage qui siège à La Haye et qui ne dépend d’aucune organisation internationale et qui n’est donc pas transparent. Le verdict de ce tribunal sera bientôt rendu public.

Par ailleurs, les multiples apparitions des forces navales américaines dans les eaux de la mer de Chine méridionale donnent lieu de temps à autre à des rencontres impromptues avec la marine chinoise, accroissant considérablement les risques d’incidents. La situation tendue en mer de Chine méridionale aiguise l’appétit des médias du monde entier.

Ce que je regrette profondément, c’est que comme sur bien d’autres questions, la Chine se retrouve sur le banc des accusés. C’est toujours elle qu’on qualifie dans les médias français de « provocatrice » dans la question relative à la mer de Chine méridionale. Lorsqu’ils analysent cette question, les chercheurs français font toujours un choix sélectif : ils prêtent l’oreille aux arguments américains, japonais, philippins et vietnamiens, mais n’écoutent jamais les explications de la partie chinoise, n’en demandent jamais, ne s’y intéressent pas. D’autres fois, ils prennent les faits historiques et l’actualité décrits par la Chine pour des « déformations », qualifient de « sophisme » les explications chinoises, et, lorsque la Chine émet une protestation, ils la rebaptisent « menace. »

En réalité, le fond de la question de la mer de Chine méridionale n’est pas difficile à comprendre. Jusque dans les années 1970, il n’existait aucun conflit concernant les eaux territoriales en mer de Chine méridionale. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon, pays envahisseur vaincu, a restitué à la Chine les territoires et les eaux territoriales qu’il avait illégalement occupés, et la Chine a rendu publiques les lignes discontinues à neuf sections délimitant ses eaux territoriales au sud de la mer de Chine méridionale, affirmant explicitement sa souveraineté sur cette zone de la mer de Chine méridionale. À cette époque, la souveraineté de la Chine sur la mer de Chine méridionale a été largement reconnue sur le plan international et ne faisait pas l’objet de conflits internationaux, ni avec les États-Unis, ni avec les pays limitrophes. Certains des pays qui avancent aujourd’hui des prétentions sur une portion de ces territoires avaient porté sur les cartes géographiques publiées dans ces mêmes pays les lignes discontinues à neuf sections dessinant les limites des eaux territoriales chinoises. Cependant, dans le contexte de la guerre civile qui opposait la partie continentale et Taiwan qui s’est prolongé pendant une longue période, la partie continentale de la Chine s’est trouvée dans l’incapacité d’exercer un contrôle effectif sur certaines îles de cette zone, ce qui a permis à certains pays d’en tirer l’argument de futures revendications territoriales.

En 1968, un organisme dépendant de la Commission économique des Nations unies pour l’Asie et l’Extrême-Orient a annoncé, suite à des prospections, l’existence probable de riches ressources d’hydrocarbures en mer de Chine méridionale. La nouvelle a immédiatement suscité l’intérêt de plusieurs pays asiatiques limitrophes. Ce n’est qu’après l’entrée en vigueur de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) en 1994, convention à laquelle les États-Unis n’adhèrent pas jusqu’à aujourd’hui, que ces pays ont avancé leurs revendications de souveraineté. La partie chinoise a avancé à ce moment-là la proposition selon laquelle « la souveraineté appartient à la Chine, mais les divergences peuvent être laissées de côté pour engager une exploitation commune » des ressources, idée inscrite dans la Déclaration commune publiée à l’issue de la rencontre informelle des chefs d’État Chine-ASEAN de 1997. La Chine est donc parvenue à un accord avec les pays concernés pour une exploitation commune de la mer de Chine méridionale. Un accord qui vide largement de son sens la « question de la mer de Chine méridionale. »
C’est la stratégie de « pivot vers la région Asie-Pacifique » des États-Unis qui a de fait provoqué la crise actuelle.

Les États-Unis s’inquiètent de voir la Chine devenir une nouvelle superpuissance grâce à son industrialisation irrésistible. Bien que la Chine déclare à qui veut l’entendre qu’elle n’a l’intention ni de prétendre à l’hégémonie ni de défier l’ordre international existant, il est peu probable que les États-Unis, soucieux de préserver leur statut de seule hyperpuissance, selon le mot de l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, restent les bras croisés devant l’émergence de la superpuissance chinoise. C’est pourquoi les États-Unis ont officiellement annoncé sous le mandat de Barack Obama, leur stratégie de pivot vers l’Asie-Pacifique.

Dans le même temps, l’importance géostratégique de la mer de Chine méridionale s’accroît continuellement pour les États-Unis. Pour certains stratèges américains, l’importance géostratégique des océans asiatiques doit supplanter au XXIe siècle celle que l’on accordait au XXe siècle au Continent européen. La mer de Chine méridionale occupe justement une position centrale dans les échanges maritimes entre la Chine et le monde extérieur. Prendre le contrôle de la mer de Chine méridionale, c’est prendre la Chine à la gorge. L’un des objectifs stratégiques inavouables des États-Unis est justement de préserver leur maîtrise de la mer, notamment en mer de Chine méridionale.

Puissance maritime, les États-Unis ont une sensibilité politique particulière pour la liberté de navigation, et c’est là un autre facteur explicatif de l’ingérence accrue des États-Unis dans les questions relatives à la mer de Chine méridionale. Les États-Unis s’inquiètent que le contrôle renforcé par la Chine de ses eaux territoriales, notamment en mer de Chine méridionale, affecte non seulement la liberté de navigation des flottes américaines dans cette zone, mais encore qu’il ne donne un « mauvais exemple » qui pourrait influencer, puis limiter la libre circulation des forces navales les plus puissantes du monde. De fait, c’est aussi pour cette raison que les États-Unis ont toujours refusé de signer la CNUDM.

Actuellement, les États-Unis travaillent à renforcer sur tous les plans leur déploiement militaire en Asie, poursuivant un objectif stratégique clair et précis. C’est pourquoi leur stratégie de rééquilibrage vers l’Asie-Pacifique est étroitement liée au soutien très actif qu’ils apportent aux revendications territoriales des pays limitrophes sur la mer de Chine méridionale.

En 2010, la secrétaire d’État américaine Hilary Clinton a critiqué ouvertement à Hanoï la position de la Chine sur la question de la mer de Chine méridionale, ce qui a lancé le débat sur la question. Depuis lors, les conflits sino-américains se multiplient à ce sujet. Les États-Unis ont commencé par envoyer directement des bâtiments de guerre en mer de Chine méridionale pour y exercer leur soi-disant « liberté de navigation » ; ensuite, ils ont apporté un soutien actif aux Philippines dans leur tentative d’imposer un « arbitrage international » à la Chine.

Accuser la Chine de perturber le principe de la liberté de navigation internationale, cela revient à trouver un prétexte pour l’incriminer. La Chine n’a jamais imposé de restrictions à la liberté de navigation, mais n’est-elle pas en droit de poser des questions lorsque les bâtiments de guerre d’un pays étranger arrivent sur son entrée maritime ? Le premier chef d’accusation contre la Chine sur cette question concerne les travaux de remblai et de construction d’îles qu’elle y conduit. Des travaux de remblai et de construction d’îles qui ne sont pas une initiative chinoise, mais bien des Philippines et du Vietnam. Ce dernier a même construit une base de lancement de missiles sur une île artificielle récemment construite. La Chine n’a fait que leur rendre la monnaie de leur pièce, se rendant compte que ses protestations étaient inutiles. Ce qui doit être noté, c’est la vitesse incroyable à laquelle ces travaux chinois ont été menés, prenant de court les autres pays. Il est donc injuste d’accuser la Chine de prendre parti en faveur d’autres pays, cela alors que la Chine a déjà annoncé l’arrêt de ses travaux de construction.

Ceux qui analysent les faits de manière impartiale s’aperçoivent que le processus d’arbitrage sur la question de la mer de Chine méridionale est depuis le début manipulé par les États-Unis. L’acte d’accusation a été rédigé par des Américains, plus de 3 000 documents ont été sélectionnés par des Américains, et le résultat définitif sera bien entendu favorable à la stratégie de rééquilibrage des États-Unis vers l’Asie-Pacifique. Le gouvernement chinois a adopté une position de non-reconnaissance et de non-participation à cet arbitrage parce que le tribunal en question n’a pas de juridiction, ni de neutralité, ni d’impartialité.

Le Tribunal international d’arbitrage prononcera bientôt sa sentence. Dans le cas où le résultat ne serait pas favorable à la Chine, les États-Unis l’interpréteront certainement comme un « arbitrage juridique international » et demanderont ou chercheront à obliger la Chine, par la pression médiatique, à accepter la sentence. Ils menaceront de déclarer que la Chine ne respecte pas le droit international. Certains spécialistes chinois estiment même que, dans le cas où la pression américaine sur la Chine n’aurait pas d’effet dans le domaine diplomatique, la possibilité de sanctions économiques serait brandie par les États-Unis, qui lieraient la position de la Chine sur l’arbitrage à certaines activités économiques sino-américaines, voire s’engageraient sur la voie des sanctions dans une certaine mesure, soutenant autant que possible les Philippines dans leurs machinations à l’encontre de la Chine, peut-être en saisissant par la force des bateaux de pêche chinois. Si l’on se prépare au pire, les États-Unis lanceront probablement des menaces militaires contre la Chine.

Cela me rappelle un autre litige maritime international.
En 2010, le Royaume-Uni a délimité, dans l’archipel des Chagos, dans l’Océan indien, une zone de protection maritime de 1,036 million de km2, suscitant le mécontentement de l’île Maurice. Cette dernière a intenté un procès au Royaume-Uni auprès du Tribunal international d’arbitrage qui a jugé que le Royaume-Uni avait violé la convention sur le droit de la mer. Mais le Royaume-Uni a refusé catégoriquement d’accepter ce verdict et continue, aujourd’hui encore, d’exercer un contrôle sur ces eaux maritimes controversées. La conduite du Royaume-Uni peut-elle servir d’exemple à la Chine ? De fait, jusqu’à quel point un tel verdict peut-il être fiable, étant donné qu’une seule partie concernée était présente, la Chine ayant refusé de reconnaître la compétence de ce tribunal d’arbitrage ? Et de quel droit ce tribunal prétend-il obliger la Chine à accepter son jugement ?
Actuellement, les États-Unis ne cessent d’exhiber leurs forces militaires en mer de Chine méridionale et envoient régulièrement des bâtiments de guerre et des avions militaires exercer leur droit à la « navigation libre ». Ces agissements des États-Unis recueillent bien entendu le soutien de la France et des autres pays occidentaux. La France a récemment envoyé elle aussi des navires militaires en mer de Chine méridionale pour se joindre à cette « navigation libre ». La menace d’employer la force s’affirme chaque jour davantage. La Chine a déclaré de son côté qu’elle ne provoquerait pas de troubles, mais qu’elle ne les craint pas non plus. Cela signifie que la Chine ne cèdera pas d’un pouce sur la défense de sa souveraineté et de son territoire.

Il est à noter que la Chine, qui connaît une émergence rapide, n’a jamais eu pour habitude de résoudre les conflits internationaux par la force. Elle ne prend jamais l’initiative de régler les conflits internationaux par la voie militaire. Jusqu’à présent, la Chine est toujours parvenue à faire entendre la voix de la raison. Elle cherche à obtenir le soutien international, notamment celui des pays en développement, par des moyens diplomatiques. Dans le même temps, elle travaille à exposer ses points de vue et sa position au monde extérieur. Ce sont les « réponses douces » de la Chine. Cette façon de faire montre pleinement que la Chine respecte le droit international et les intérêts des autres pays et qu’elle s’efforce de régler les divergences par voie de consultations et de négociations.
Bien entendu, je crains que la patience dont fait preuve la Chine ne soit interprétée par certains pays comme une faiblesse et la crainte devant les troubles possibles. Ce serait une erreur d’évaluation qui pourrait conduire à la catastrophe… J’espère que cette crainte s’avérera non fondée.

ZHENG RUOLIN
(Ancien correspondant à Paris du quotidien Wen Hui Bao de Shanghai).

Source : Le Grand Soir, Ruolin Zheng, 06-07-2016

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Contentieux en mer de Chine : la Cour d’arbitrage désavoue Pékin

Source : France 24, 12/07/2016

La Cour permanente d’arbitrage (CPA) a rendu sa décision et désavoué Pékin dans un contentieux l’opposant aux Philippines en mer de Chine. La Chine a d’ores et déjà déclaré qu’elle ne reconnaissait pas l’autorité de cette cour.

La Chine n’a pas de “droit historique” sur la majorité des eaux stratégiques de la mer de Chine méridionale, particulièrement sur les îles Spratleys et Paracels, a indiqué mardi 12 juillet la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye. Cette décision est une victoire pour Manille dans le contentieux territorial qui l’oppose à la Chine depuis 2013.

Pékin, qui avait boycotté les audiences à la CPA sur l’affaire, n’a pas attendu pour réagir avec véhémence, rejetant catégoriquement ce jugement “nul et non avenu”.

La Chine considère en effet que la quasi-totalité de cette zone, réputée riche en hydrocarbures, relève de sa souveraineté. Et ce, au grand dam de pays riverains aux prétentions rivales : les Philippines, le Vietnam, la Malaisie et le Brunei.

Pour justifier sa présence dans la zone, Pékin s’appuie sur une délimitation en “neuf pointillés” apparue sur des cartes chinoises datant des années 1940, appelée “ligne des neufs traits”. Dans cette zone, la Chine y a agrandi des îlots ou récifs et a implanté des pistes d’atterrissage, des ports, des phares sur des récifs. La marine a, quant à elle, mené des exercices militaires entre l’archipel des Paracels et l’île chinoise de Hainan (sud de la Chine).

Washington appelle au calme

Les autorités chinoises avaient déjà fait savoir qu’elles ne tiendraient aucun compte d’un verdict n’allant pas dans leur sens. Depuis plusieurs mois, le gouvernement de Xi Jinping martèle que cette cour n’a pas compétence sur cette affaire.

“L’arbitrage est invalide”, titrait ainsi en une, mardi, le China Daily, quotidien officiel. De son côté, l’agence de presse officielle Chine nouvelle publiait des articles intitulés : “L’arbitrage en mer de Chine méridionale viole le droit international, selon un expert chinois”, “La Cour permanente d’arbitrage ne doit pas être utilisée à des fins politiques”, “La mer où les pêcheurs chinois vivent et meurent”.

Du côté de la communauté internationale, le ton s’est durci. Donald Tusk, le président du Conseil européen a exhorté la Chine à respecter le système juridique international. Washington a demandé à toutes les parties de s’abstenir de déclarations ou d’actions provocatrices.

Avec AFP

Source : France 24, 12/07/2016

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Pas (trop) vu dans nos médias : la vision de la Chine

Vous noterez que les médias n’ont en gros repris que le simple fait que “la Chine rejette le verdict”, comme si c’était seulement une mauvaise perdante dans un cas clairement tranché par le droit international, ce que ce qui n’est clairement pas le cas…

Mer de Chine méridionale : la Cour d’arbitrage n’a aucune autorité sur cette affaire (citation)

Publié le 2016-06-21 à 19:39

BEIJING, 21 juin (Xinhua) — Les experts estiment que la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye, aux Pays-Bas, n’a aucune autorité sur les différends entre la Chine et les Philippines en mer de Chine méridionale.

Les Philippines, qui ont fait une demande unilatérale d’arbitrage, ont en faisant cela violé un accord qu’elles avaient signé avec la Chine au milieu des années 1990 pour résoudre leurs différends via la négociation.

Les différends territoriaux sont au-delà des domaines traités par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), et la Chine a exclu en 2006 toute délimitation maritime prononcée par un arbitrage obligatoire, et ce en accord avec l’article 298 de la CNUDM. Ainsi, la Chine a été très claire sur le fait qu’elle n’acceptera pas ni ne s’impliquera dans cette procédure.

Plusieurs experts ont exprimé leurs points de vue, affirmant que le tribunal a abusé de son mandat accordé par la CNUDM en s’impliquant dans une dispute territoriale, les affaires territoriales étant au-delà de la portée de la convention. Voici quelques citations de ces experts :

Chris Whomersley, ancien conseiller juridique adjoint du Bureau britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth

— Les questions de souveraineté territoriale, de statut des caractéristiques et de délimitation maritime sont inextricablement liées. Considérer un seul élément de ces trois est irréel et artificiel, et le pire, c’est que cela risque de produire un résultat faussé.

Peter Li, professeur associé de l’Université de Houston Downtown

— Le tribunal a abusé de son mandat accordé par la CNUDM en s’impliquant dans une dispute territoriale sur laquelle il n’a aucun droit de statuer.

Yasser Gadallah, directeur du Centre de recherche sino-égyptien à l’Université Helwan

— L’arbitrage a besoin du consentement des deux parties concernées qui recourent ensemble à un comité d’arbitrage international dont les décisions sont contraignantes pour les deux parties.

Mahmoud Allam, ancien ambassadeur d’Egypte en Chine

— L’arbitrage est évidemment illégal avec l’absence de la Chine. C’est le bon sens au sein du droit international.

La Chine insiste sur le fait que le tribunal n’a aucune autorité sur cette affaire, qui porte sur la souveraineté territoriale et la délimitation maritime.

L’arbitrage en mer de Chine méridionale ne fera qu’empirer les tensions entre les voisins (COMMENTAIRE)

Publié le 2016-06-30 à 10:24
BEIJING, 29 juin (Xinhua) — L’arbitrage sur la question de la mer de Chine méridionale sollicité par les Philippines ne tient pas debout d’un point de vue juridique et ne mettra pas fin aux litiges dans la région, mais les aggravera au contraire.

Il risque même de compliquer davantage la situation en donnant à certaines parties au litige la fausse impression que semer délibérément le chaos dans la région pourrait leur profiter.

Le tribunal chargé de l’arbitrage par la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye rendra sa décision le 12 juillet. Mais quelle que soit sa décision, la nature fondamentalement illégale de l’arbitrage la rendra nulle.

La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) précise clairement qu’aucun tribunal ne sera compétent pour trancher les disputes territoriales et frontalières.

Le tribunal a déformé la CNUDM en élargissant sa compétence et outrepassé ses pouvoirs pour rendre un jugement sur la souveraineté territoriale.

Bien que le tribunal ait tenté de noyer le poisson en prétendant ne pas tenter de résoudre les litiges sur la souveraineté, mais se contenter de déterminer les caractéristiques géologiques, les revendications des Philippines reviendront au final à déterminer à qui appartiennent ces territoires.

L’arbitrage porte également atteinte au droit de la Chine de refuser tout jugement sur les disputes territoriales et les délimitations frontalières, comme l’autorise la CNUDM.

Par ailleurs, un arbitrage exige le consentement des deux parties concernées. La position de la Chine de non-acceptation et de non-participation à l’arbitrage est non seulement dans son intérêt, mais préserve aussi les droits des autres pays qui se trouvent dans une situation similaire.

Cela protège également l’autorité et l’intégrité de la CNUDM, et c’est pourquoi de plus en plus de pays comprennent et soutiennent la position de la Chine sur la question de la mer de Chine méridionale.

Tout jugement international juste devrait viser à résoudre les disputes et les conflits et à promouvoir le processus de paix et de développement à terme. Il est inimaginable qu’un tribunal sème le chaos et aggrave une crise.

En outre, la CNUDM exclut explicitement toute violation des droits des parties à un conflit à résoudre leurs différends par le dialogue et la négociation.

La Chine et les Philippines, ainsi que les autres membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), ont signé en 2002 la Déclaration sur la conduite des parties (DOC) en mer de Chine méridionale, qui sert de cadre politique pour résoudre la question.

La Chine et d’autres pays concernés de la région ont de toute évidence développé leur propre méthode efficace pour résoudre le problème à travers des consultations.

En saisissant le tribunal d’arbitrage, les Philippines se sont écartées du chemin qui leur aurait permis de mettre un terme à leur litige avec la Chine.

Manille ne voit pas qu’un tel arbitrage ne fera que provoquer des troubles en mer de Chine méridionale qui ne serviront pas les intérêts des parties prenantes.

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Article 298 de la CNUDM

Exceptions facultatives à l’application de la section 2

1. Lorsqu’il signe ou ratifie la Convention ou y adhère, ou à n’importe quel moment par la suite, un Etat peut, sans préjudice des obligations découlant de la section 1, déclarer par écrit qu’il n’accepte pas une ou plusieurs des procédures de règlement des différends prévues à la section 2 en ce qui concerne une ou plusieurs des catégories suivantes de différends :

a) i) les différends concernant l’interprétation ou l’application des articles 15, 74 et 83 relatifs à la délimitation de zones maritimes ou les différends qui portent sur des baies ou titres historiques, pourvu que l’Etat qui a fait la déclaration accepte, lorsqu’un tel différend surgit après l’entrée en vigueur de la Convention et si les parties ne parviennent à aucun accord par voie de négociations dans un délai raisonnable, de le soumettre, à la demande de l’une d’entre elles, à la conciliation selon la procédure prévue à la section 2 de l’annexe V, et étant entendu que ne peut être soumis à cette procédure aucun différend impliquant nécessairement l’examen simultané d’un différend non réglé relatif à la souveraineté ou à d’autres droits sur un territoire continental ou insulaire;

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La Chine et la mer

Source : Le cri du poulpe, 16-06-20216

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La Chine puissance maritime mondiale ?

En décembre 2015, lors du sommet Chine-Afrique de Johannesburg, s’est décidée l’installation, à Djibouti, de la première base navale chinoise à l’étranger. L’intention de Pékin est d’assurer la sécurité de ses lignes d’approvisionnement et sa présence effective sur tous les océans. Surtout l’océan Indien, que la Chine a encerclé de points d’appui appelés « colliers de perles » par les marins.

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La Marine chinoise en chiffres

260 000 soldats

1 Porte-avions, 17 Destroyers, 54 Frégates, 70 Sous-marins, 223 Corvettes, patrouilleurs, 53 Chasseurs de mines, 241 Bâtiments amphibie, 332 avions, 103 Hélicoptères

 

Velléités impérialistes en Mer de Chine Méridionale

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Cette carte présente la fameuse « ligne en neuf traits », qui délimite la zone sous souveraineté chinoise selon Pékin. Elle donne l’impression que l’Empire du Milieu considère la mer de Chine méridionale comme zone maritime intérieure. Très discutables du point de vue de la juridiction internationale, ces fameuses lignes de démarcation demeurent un mystère aux yeux de nombreux observateurs, car, pour justifier leur existence, la Chine en appelle à des sources historiques qu’elle est la seule à connaître.

Les côtes de la mer de Chine méridionale ont été l’objet de conflits millénaires. Désormais, il s’agit de la mer elle-même. Les revendications de la Chine se heurtent à celles des pays riverains : les Philippines, le Vietnam, Brunei, Taïwan, la Malaisie et l’Indonésie. C’est en outre dans cette région que deux grandes puissances, la Chine et les États-Unis, se confrontent directement. Les enjeux du conflit sont extrêmement complexes. Il s’agit de la suprématie de la Chine, ainsi que de ses revendications territoriales dans la région, face aux États-Unis et à ses alliés. Le poisson y représente un autre enjeu, tout comme le pétrole et le gaz. Selon les estimations de l’Institut américain USGS, publiées en 2012, la mer de Chine méridionale renfermerait l’équivalent de 12 milliards de barils de pétrole.

La Mer de Chine Méridionale est ainsi, sans doute, actuellement, le point le plus « chaud » de la planète. L’endroit de la planète où risque le plus d’éclater un conflit mondial. Les incidents entre les Etats-Unis et la Chine dans cette région du monde se multiplient. Le dernier le 7 juin quand un avion de reconnaissance américain a été intercepté « de façon dangereuse » par un appareil chinois au-dessus de la mer de Chine orientale. Pour paraphraser Guy Sorman « qui contrôle les îles Paracels contrôle le monde » car il y transite un tiers du commerce mondial. Pour l’instant, le gendarme c’est la VIIe Flotte américaine, sans elle la mer de Chine serait un champs de bataille. Xi Jinping, le numéro un chinois, souhaite transformer cette mer en « lac chinois » dont sa marine deviendrait le seul gardien. Pour l’instant il applique la méthode du grignotage par les extrémités : la marine chinois s’empare des îlots des Paracels un par un, en étend la surface, y édifie pistes d’atterrissage et bases de missiles.

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En droit de la mer, une terre émergée n’est considérée comme une île qu’à partir du moment où elle est adaptée à la vie humaine, sans approvisionnement extérieur. Cette définition peut faire l’objet d’interprétations diverses. Si la Chine parvenait à transformer les nombreuses petits traits qui émaillent la carte en véritables îles, elle créerait du même coup leurs propres eaux territoriales, leurs zones commerciales exclusives – et étendrait même, sous certaines conditions, son plateau continental. En s’octroyant toutes les ressources qui vont avec. La mer de Chine se ferme au sud. Au nord, Pékin tente de séduire Séoul en lui offrant la réunification des deux Corées en échange de leur neutralisation. Les autres riverains, à l’instigation des Américains, adoptent une stratégie de « containment », un arc de cercle antimissile et un système d’alliances qui va du Japon à l’Inde.

Source : Le cri du poulpe, 16-06-20216

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Source: http://www.les-crises.fr/larbitrage-sur-la-mer-de-chine-meridionale-par-ruolin-zheng/


Le Camion Blanc, par Slobodan Despot

Sunday 17 July 2016 at 00:30

Source : Le Grand Soir, Slobodan Despot, 17-07-2016

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A 3 h 52 du matin, le 15 juillet, le président de la République française publiait via son compte Twitter un message prévisible, mais à tout prendre stupéfiant :

« Nous allons intensifier nos frappes en Syrie et en Irak. Nous continuerons de frapper ceux qui nous menacent. » #Nice (15.07.16 03:52)

Que signifie cette prise de position ?

1) Que l’Elysée, quelques heures à peine après l’attentat, sait déjà tout — ou prétend déjà tout savoir — des mobiles, des soutiens et des réseaux de l’homme qui a commis l’attentat de Nice (identifié comme un Tunisien résidant en France).

2) Que l’Elysée établit un lien direct entre cette tragédie et l’Etat islamique (puisque c’est officiellement l’EI que visent les « frappes » de l’aviation française en Irak et en Syrie).

3) Que l’Elysée pense (ou semble implicitement penser) qu’en « intensifiant les frappes » contre l’EI on pourra remédier au problème des tueries de masses en France, assimilées à du terrorisme islamique lié au courant salafiste.

Ce simple tweet véhicule une telle charge de contradiction, d’ineptie et de scandale qu’on se prend à trembler pour peu qu’on réfléchisse à ses implications.

Mais où est passé Padamalgam ?

Comment peut-on savoir d’emblée qu’un tueur de masse est un agent de l’Etat islamique, alors qu’il n’était même pas fiché « S » par les renseignements et qu’aucun élément connu de sa vie antérieure ne parlait en faveur d’un tel ralliement ?

Où est passée la prudence scrupuleuse que les pouvoirs politiques et médiatiques imposent à leurs opposants et à la population sous le slogan Padamalgam ? Au nom de quoi la Présidence française a-t-elle évacué a priori l’hypothèse du fait divers violent mais apolitique ? Après tout, n’a-t-on pas relevé, dans les premiers commentaires, que Mohammed Laouej Bouhlel était un voyou violent et qu’il avait des problèmes familiaux ? Après une telle prise de position du sommet de l’Etat, quel juge, quel policier, quel profiler oserait affirmer que le geste de Bouhlel n’était pas motivé par le fanatisme islamique ? Et si d’aventure il l’affirmait, comment les médias traiteraient-ils cette voix dissonante ?

Mais soit : admettons que l’Elysée ait raison, que cet homme ait effectivement agi pour le compte de l’Etat islamique. Quel rapport y aurait-il alors entre les frappes contre l’EI au Moyen-Orient et un geste comme le sien ? Les revers subis récemment par l’EI seraient plutôt de nature à favoriser un déplacement de la guerre sur le terrain de l’adversaire, autrement dit sur le territoire des pays qui le combattent.

Auquel cas, pourquoi la France est-elle la principale, pour ne pas dire la seule cible des terroristes de l’EI ? La contribution de la France aux opérations de la coalition occidentale dans la région est symbolique. D’ailleurs, cette coalition a nettement moins endommagé l’EI que l’alliance de l’aviation russe avec l’armée syrienne. Pourquoi l’EI n’a-t-il pas envoyé un camion blanc rouler sur des civils russes ?

En admettant même que la France soit un sérieux adversaire pour l’EI (ce qu’elle n’est évidemment pas), comment pourrait-elle à la fois combattre l’EI sur le terrain et poursuivre une idylle ostentatoire avec les créateurs et les sponsors de cette créature monstrueuse, à savoir les pétromonarchies du Golfe, les néocons américains ? La France n’a-t-elle pas été ces dernières années l’adversaire le plus acharné de Bashar el-Assad, allant jusqu’à souhaiter sa mort, et le protecteur explicite des islamistes (prétendument « modérés ») en Syrie ?

Voici donc réunis en 140 caractères le scandale (via l’amalgame établi dans les premières heures suivant l’attentat entre l’origine arabe du tueur et le terrorisme islamique), la contradiction (entre les gesticulations et la réalité du terrain) et l’ineptie (consistant à penser que des bombardiers envoyés au Moyen-Orient pourraient empêcher les camions blancs d’écraser le public du Quatorze-Juillet à Nice).

Une démence délibérée ?

De fait, Ineptie, Contradiction et Scandale sont les trois muses de toute la politique islamique de la France, que ce soit sur le plan intérieur ou à l’étranger.

A l’étranger, elle participe à des opérations coloniales qui rendent inhabitables des régions entières et transforment des Etats peu démocratiques mais paisibles en chaudrons de la souffrance, de la haine et du fanatisme. Ces ingérences criminelles sont à la fois l’alibi et la cause réelle du flux de réfugiés qui envahit l’Europe.

A l’intérieur, elle interdit tout débat de fond sur la cohabitation entre la population de souche chrétienne-laïque et le modèle de société islamique et protège la prédication d’un islam littéral, régressif et violent soutenu par les intouchables monarchies du Golfe.

Si le terrorisme islamique était vraiment, aux yeux du pouvoir français, l’ennemi prioritaire qu’il fait semblant de combattre, il ferait fermer les mosquées salafistes, enfermerait ou expulserait sans merci les imams prônant la haine, la violence ou des mœurs contraires aux lois françaises. Il l’a promis au lendemain de Charlie et du Bataclan, il n’en a rien fait. Une mesure évidente consisterait aussi à interdire au titre d’incitation au meurtre les ouvrages religieux qui incitent au meurtre. Cela dégarnirait sérieusement certaines bibliothèques de « centres culturels islamiques ». Cela ne suffirait pas à éradiquer le problème, mais ce serait un signe bien plus clair qu’on s’en occupe que l’envoi de bombes abstraites dans les déserts de Mésopotamie. Plus claire encore serait une action diplomatique, voire militaire, contre le « Daech qui a réussi », autrement dit l’Arabie Séoudite. Bref, comme le dit un chef d’Etat très populaire dans le reste du monde, il s’agirait de « traquer les terroristes au fond des chiottes ». Ce n’est peut-être pas une bonne méthode pour éradiquer le phénomène, mais c’est la seule connue à ce jour.

Mais le pouvoir français ne fait rien de tout cela. Il fait tout le contraire. Il laisse champ libre aux fanatiques et combat ceux qui les combattent tant à l’étranger qu’à domicile. Les circonstances des grands attentats terroristes relèvent à chaque fois des si criantes de sécurité ou d’information — qu’on en vient à soupçonner une vile alliance, en France, entre le pouvoir et le chaos.

La fabrique des tueurs

La tuerie de la Promenade des Anglais condense toutes ces aberrations en une scène proprement onirique. Un rêve éveillé — un cauchemar plutôt. La Promenade des Anglais est l’un des hauts lieux de l’Europe civilisée et décadente. Elle était fermée pour accueillir, sous régime d’état d’urgence, la foule des badauds du Quatorze-Juillet. La France sortait d’un mois d’attroupements à haut risque — l’Euro — où il ne s’était absolument rien passé, comme si les terroristes avaient tous été amateurs de football. Et soudain l’on a vu débouler sur ce boulevard inondé de bermudas un camion entièrement blanc — le blanc, couleur de l’Ihrâm, de la sacralisation et de la mort — qui allait tuer au hasard, roulant parfois au pas, comme en slow motion. Sur deux kilomètres, personne n’a pu l’arrêter, aucun des policiers présents (dont un motard héroïque) ne semble avoir eu l’idée de lui tirer dans les pneus. Pas de herse non plus pour protéger efficacement cette zone sensible sous état d’urgence contre les incursions motorisées. Sur deux kilomètres, le camion blanc a roulé dans du beurre. Puis il s’est immobilisé, on ignore encore pourquoi. La cabine fut alors arrosée de balles. C’est là que le terroriste d’un seul soir, tiré du néant tel un agent dormant, le présumé Mohammed Laouej Bouhlel, a trouvé la mort. Comme les frères Kouachi, les tueurs de Charlie Hebdo. Comme Abdelhamid Abaaoud et sa cousine, mitraillés de 5000 cartouches (contre 11 ripostes seulement) dans un appartement de Saint-Denis le 18 novembre 2015. Comme Amedy Coulibaly. Tous ont emporté leurs motifs et leurs carnets d’adresses dans la tombe. La terror-sphère franco-islamique est une sphère du silence.

N’est réelle et incontestable dans cette affaire que la mort. La mort des victimes et celle de leurs bourreaux, et avec elle l’épouvantable souffrance des milliers de survivants. Au-delà de cette réalité qui ne mérite que le recueillement et la compassion, tout est onirique, trouble et déroutant. Et c’est voué à le rester. Les médias de grand chemin y veillent, en commercialisant la souffrance des innocents jusqu’à l’obscénité totale, tout en évitant avec la plus grande pudeur de tourner leur regard du côté où la curiosité professionnelle, le bon sens et le besoin de justice devraient le diriger.

Ce qu’ils ne voient pas — ou qu’ils ne voient que trop bien —, c’est qu’à force de fabriquer des abrutis sans pensée et sans racines, ils fourniront toujours plus d’agents dormants à l’Etat islamique, qui pourra les activer d’un claquement du doigt et qui le fait déjà. Le « recrutement » de Bouhlel ne tient peut-être qu’à la conjonction de ses frustrations conjugales avec le visionnage d’une vidéo de l’EI sur l’emploi des camions comme armes de guerre. Quoi de plus simple que d’enrober une vindicte suicidaire de nobles alibis religieux ? Contre cette démocratisation du fanatisme, ni les « frappes » dans le désert ni l’état d’urgence ne pourront rien.

Slobodan Despot

17 juillet 2016

Source : Le Grand Soir, Slobodan Despot, 17-07-2016

Source: http://www.les-crises.fr/le-camion-blanc-par-slobodan-despot/


Zone euro : un Eurogroupe impassible, par Romaric Godin

Sunday 17 July 2016 at 00:06

Des génies…

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Source : La Tribune, Romaric Godin,  

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne veut que la règle, rien que la règle. (Crédits : © Eric Vidal / Reuters)

Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne veut que la règle, rien que la règle. (Crédits : © Eric Vidal / Reuters)

Les ministres des Finances des 19 pays de la zone euro n’entendent rien changer, Brexit ou pas, à leur politique. Leur vision reste celui du respect le plus strict possible des “règles”.

L’Eurogroupe affirme haut et fort sa volonté de maintenir le statu quo dans la zone euro après le vote britannique sur la sortie de l’Union européenne le 23 juin dernier. A l’issue de la réunion des ministres des finances des 19 pays de l’Union économique et monétaire, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem a été on ne peut plus clair. Le Brexit et ses conséquences « ne changent pas notre engagement à poursuivre le travail pour une politique budgétaire saine et favorable à la croissance (« sound growth-friendly fiscal policy »), les réformes structurelles et la remise en ordre du secteur bancaire. Fondamentalement, notre agenda et notre engagement sur cet agenda est inchangé », a déclaré le ministre néerlandais des Finances.

Frapper l’Espagne et le Portugal

Tout est dans cette déclaration. La seule réponse au Brexit et à la montée du mécontentement vis-à-vis de l’UE ailleurs sera d’approfondir et de poursuivre la politique de la zone euro mise en œuvre depuis 2010 : la réduction des déficits et les réformes structurelles. Et pour ajouter les actes aux paroles, l’Eurogroupe a validé la conclusion de la Commission européenne sur le « manque de mesures efficaces » prises par le Portugal et l’Espagne pour rétablir l’équilibre budgétaire. Une démarche qui a été confirmée par le sommet Ecofin qui regroupe les ministres des Finances des 28 Etats membres, et ouvre la voie au pire à des sanctions, au mieux à de nouvelles mesures d’austérité budgétaire.

Pas de réforme de la zone euro

Cette politique est très clairement inspirée par Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, qui avait rejeté toute volonté d’introduire davantage de solidarité et de souplesse dans la gestion de la zone euro, comme l’avaient proposé les ministres allemand et français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier dans une proposition qui a été rapidement écartée. Le « respect des règles » est la seule boussole de l’Eurogroupe, désormais rejoint sur ce plan par la Commission européenne qui, il est vrai, est sous une pression particulière depuis que Berlin a clairement mis en cause Jean-Claude Juncker, son président. Tout est donc fait à Bruxelles désormais pour prouver à Berlin que la Commission est un outil utile au « respect des règles ». Dans sa contre-proposition de réforme de la zone euro, Wolfgang Schäuble avait proposé de remplacer la Commission par une « instance indépendante » sur le respect des traités.

L’obsession de la règle

Tout a donc été remis en place après la secousse du Brexit. L’austérité budgétaire reste la seule politique économique dont est capable la zone euro au moment où de nouvelles turbulences apparaissent sur les marchés et dans l’économie et où la BCE est plus isolée que jamais pour faire face à ces vents contraires. On est loin de la réflexion japonaise actuelle où le gouvernement de Shinzo Abe est sur le point de concevoir un vrai plan de relance pour prendre le relais d’une politique monétaire qui a montré ses limites. Rien de cela en zone euro où le salut ne viendra que par le « respect des règles », la consolidation budgétaire et les « réformes ». L’Eurogroupe confirme qu’il est le gardien de l’orientation ordolibérale de la zone euro, puisque précisément ce courant de pensée s’appuie sur une vision juridique de l’économie où le marché libre est encadrée par des règles (d’où le terme « ordo- », qui signifie la règle en latin). Le rôle de la puissance publique est alors uniquement de faire respecter ces règles. C’est cette philosophie qui inspire Wolfgang Schäuble et l’Eurogroupe.

Aveuglement sur l’Italie

Cette position a également permis d’écarter toute avancée sur le dossier italien. Là encore, la seule position est celle du respect des règles. Jeroen Dijsselbloem ne voit aucune « crise grave » sur le secteur bancaire italien et Wolfgang Schäuble veut attendre le résultat des tests de résistance (« stress tests ») de cet automne avant de « spéculer ». Dans tous les cas, Jeroen Dijsselbloem entend ne pas sortir des « règles » de la résolution des crises bancaires qui comprend la contribution des créanciers, actionnaires et déposants, avant toute aide publique.

L’aveuglement de l’Eurogroupe est total. Les banques italiennes ont abandonné un tiers de leur valeur depuis le vote du 23 juin. La recapitalisation du secteur devient donc impossible par le marché. Or, elle est nécessaire, compte tenu du montant de 360 milliards d’euros de créances douteuses stockées dans leurs bilans dont 40 milliards au minimum seraient perdues. Sans action rapide, ce montant de créances douteuses irrécupérables risquent de s’alourdir, notamment parce que l’économie italienne reste confrontée à une faible croissance. Le FMI vient, du reste, de réviser à la baisse à « juste en dessous de 1 % » la croissance 2016 contre 1,1 % prévu. En 2017, la croissance sera du même ordre. Dans ce cadre, la récupération des créances, déjà structurellement difficiles en Italie, risque de devenir très délicate. Le temps joue donc contre les banques italiennes et l’Eurogroupe fait pourtant mine de disposer de temps. Quant à l’attente des « stress tests », ce n’est qu’une mesure dilatoire. Ces exercices n’ont jamais permis de réellement mesurer l’Etat des banques européennes. La situation des banques italiennes est connue et devrait faire l’objet d’une action prompte pour contenir la crise.

L’impossible bail-out

Seulement, l’Eurogroupe sait parfaitement qu’une telle action ne passerait que par un renflouement public des banques italiennes. L’Italie se caractérise en effet par une forte détention par les particuliers de la dette bancaire : 33 % de la dette prioritaire (« senior ») et 50 % de la dette subordonnée des banques sont détenues par les ménages. En cas de respect des règles européennes, la saignée pour les ménages italiens sera redoutable et l’impact sur la croissance très sensible. Rome ne saurait tolérer l’application des règles de résolution de l’union bancaire. D’autant qu’en octobre, Le président du conseil italien Matteo Renzi doit faire face à un référendum sur les réformes constitutionnelles où il joue son poste. L’Eurogroupe tente donc de gagner du temps et de reporter à après le référendum l’action sur les banques italiennes afin de pouvoir appliquer les règles. C’est un jeu dangereux qui risque de coûter cher à l’Italie et à l’Europe. Car si Matteo Renzi perd le référendum, l’Eurogroupe devra gérer une crise politique avec une crise bancaire aggravée. L’hôte du Palais Chigi le sait et c’est pourquoi il tente de convaincre ses partenaires de le laisser recapitaliser partiellement ses banques pour sauvegarder les économies de ses concitoyens. Pour l’instant, il se voit opposer un refus et un « rappel aux règles ».

La décision de l’Eurogroupe de ce 11 juillet est donc de mauvais augure. La volonté de résistance affichée notamment par les Français et les Grecs sur la question des déficits portugais et espagnol semblent ne pas avoir pesé lourd. La victoire du Brexit au Royaume-Uni n’aura pas pesé davantage. L’Eurogroupe, intraitable, entend mener sa politique économique, fondée sur les règles existantes et leur respect. Fût-ce au prix d’un déni complet de réalité.

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

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L’Espagne propose de relever l’impôt sur les sociétés pour éviter les sanctions européennes

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/07/2016
Mariano Rajoy n'a pas encore l'appui du parlement, mais il veut relever l'impôt sur les sociétés. (Crédits : REUTERS)

Mariano Rajoy n’a pas encore l’appui du parlement, mais il veut relever l’impôt sur les sociétés. (Crédits : REUTERS)

Madrid espère glaner 6 milliards d’euros et convaincre rapidement la Commission d’abandonner les sanctions. A Lisbonne, on est plus attentiste et on dénonce une décision “politique”.

L’effet de la menace de sanctions sur l’Espagne et le Portugal, confirmé ce mardi 12 juillet par l’Ecofin, la réunion des ministres des Finances des 28 pays de l’UE, ne s’est pas fait attendre. Dans l’après-midi, le gouvernement espagnol – qui est toujours un gouvernement en fonction, sans appui du parlement – a annoncé qu’il augmentera l’impôt sur les sociétés espagnol pour récupérer 6 milliards d’euros et tenter de revenir en 2017 dans les clous des 3 % imposées par le traité de Maastricht.

8,5 milliards d’euros espérés

Selon le ministre des Finances du Royaume, Luis de Guindos, seules les plus grandes entreprises seront concernées, selon un système qui a déjà été appliqué en 2012 au plus fort de la crise espagnole. Le ministre calcule que l’Etat réalisera une économie de 1,5 milliard d’euros sur le service de la dette grâce à la baisse des taux et lèvera un milliard supplémentaire de la lutte contre la fraude fiscale.

En tout, ces 8,5 milliards d’euros devraient permettre à Madrid de rentrer dans les clous et d’apaiser la colère de la Commission. Pour encore plus plaire à cette dernière, Luis de Guindos envisage, selon le quotidien El País, de clôturer dès juillet les comptes des ministères pour empêcher ces derniers d’engager d’ici à la fin de l’année des dépenses exceptionnelles. Normalement, cette clôture intervient en novembre.

Convaincre la Commission

Madrid cherche donc à amener la Commission à proposer une sanction nulle pour l’Espagne compte tenu de sa bonne volonté. Le gouvernement de Mariano Rajoy veut en finir rapidement avec ce risque de sanctions et Luis de Guindos estime que ce serait un « paradoxe de sanctionner le pays qui a fait le plus d’efforts et le plus de croissance ». Mais il en est un autre que Luis de Guindos semble ne pas voir : proposer une ponction de 6 milliards d’euros sur l’économie espagnole pour éviter une sanction qui, au maximum, serait de 3 milliards d’euros si l’on prend en compte le gel de certains fonds européens…

Blocage politique

En attendant, cet épisode, s’il peut complaire à Bruxelles, ne va pas arranger la situation politique de Mariano Rajoy. Ce dernier a clairement gagné les élections du 26 juin dernier, mais ne dispose pas de la majorité nécessaire pour obtenir son élection par le Congrès des députés. Avec 137 députés sur 350, son parti, le Parti populaire (PP), ne dispose ni de la majorité absolue de 176 sièges, ni de la majorité relative nécessaire au second tour. Si, ce mardi 12 juillet, le parti libéral-centriste Ciudadanos (32 sièges) a refusé de participer au gouvernement, il a accepté de s’abstenir pour faciliter la nomination de Mariano Rajoy. Mais c’est encore insuffisant si tous les autres partis se coalisent contre le PP. La clé réside donc dans le comportement du parti socialiste, le PSOE, et de ses 85 députés. Sans leur abstention, Mariano Rajoy ne peut parvenir à son élection, même en cas d’abstention ou de soutien des nationalistes de droite canariens et basques.

Qui pour appliquer les hausses d’impôts ?

Le PSOE a d’ores et déjà rejeté tout soutien direct ou indirect à Mariano Rajoy. Nul doute qu’il hésitera encore davantage à le faire pour imposer de nouvelles hausses des taxes, même ciblées sur les grandes entreprises, qui pourraient affaiblir la croissance et conduire le gouvernement à prendre d’autres mesures sur les dépenses publiques pour éviter la colère bruxelloise. Pour le président du gouvernement, la situation est aussi très délicate, car il doit déjà abandonner ses promesses de baisses de taxes et d’impôts promis durant la campagne. Ceci devrait le faire hésiter à tenter une troisième élection consécutive en cas d’échec à construire une coalition. Une fois un candidat présenté au Congrès, les députés disposent de deux mois pour élire un nouveau président du gouvernement, faute de quoi le parlement est à nouveau dissout. La fermeté bruxelloise complique donc singulièrement l’équation politique espagnole qui n’en avait guère besoin.

Pas de mesures prévues à Lisbonne

Du côté du Portugal, le gouvernement socialiste entend ne prendre aucune mesure supplémentaire sur le budget 2016. Il avait déjà introduit en février, à la demande de Bruxelles, des mesures de baisses de dépenses et de nouvelles taxes. « Il n’y a rien que je puisse faire en 2016 pour changer l’exécution du budget de 2015 », s’est défendu le ministre des Finances portugais Mário Centeno devant ses pairs européens, faisant allusion au fait que les sanctions portent sur l’exécution des budgets 2014 et 2015. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il ajouté, tout en indiquant qu’il « travaillait » cependant à un budget 2017 qui permettrait de respecter les engagements déjà pris dans le programme de stabilité du pays.

Décision « politique »

Le gouvernement portugais va devoir négocier ferme pour obtenir l’accord de ses appuis de gauche radicale au parlement, le Bloc de Gauche, les Verts et le Parti communiste. Le Bloc de Gauche avait demandé un référendum sur le maintien dans la zone euro en cas de sanctions et il n’est pas sûr que les trois partis soient prêts à accepter des « efforts » supplémentaires. Le premier ministre Antonio Costa avait, cependant, en février, réussi à construire un accord avec ses appuis parlementaires à sa gauche, tout en arrachant le feu vert à Bruxelles. Le risque d’une dissolution par le président de la République conservateur pourrait cependant être un facteur important de construction d’un compromis. Mais Mário Centeno ne s’y trompe pas : la procédure lancée par Bruxelles est un défi politique pour le Portugal, aussi a-t-il clairement dénoncé une décision « politique ». Et de dénoncer : « l’Europe ne peut pas prendre des décisions en oubliant les tensions immenses au sein de l’Europe auxquelles on doit apporter une réponse politique ». Lisbonne semble donc sur une autre longueur d’onde que Madrid. Les deux pays disposent de dix jours pour proposer des mesures correctives. La Commission proposera des sanctions ou non d’ici une vingtaine de jours.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/07/2016

Source: http://www.les-crises.fr/zone-euro-un-eurogroupe-impassible-par-romaric-godin/


[11 Septembre] Les 28 pages ont été déclassifiées !

Saturday 16 July 2016 at 03:44

Entraide : qui aurait du temps pour participer à un projet collaboratif de traduction des 28 pages ? Merci de me contacter

Il me faudrait aussi un pro des retouches photos…

Nous avons longuement parlé en avril des 28 pages classifiées du Rapport sur le 11 Septembre de 2002 de la Commission du Renseignement du Congrès, qui pointaient le rôle de l’Arabie Saoudite dans l’aide à certains pirates – voir les vidéos ici et la série totale ici.

La presse américaine avait alors eu la dent très dure contre les Saoudiens :

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Eh bien le gouvernement a déclassifié ce jour (presque totalement) les 28 pages ! 🙂

Le gouvernement a poursuivi sa stratégie depuis 3 mois, à savoir tenter de dé-crédibiliser au maximum les éléments du rapport, généralement en jouant sur les mots.

Le porte-parole de la Maison Blanche (qu’on a vu mentir comme un arracheur de dents sur ce sujet dans nos vidéos) a indiqué :

“This information does not change the assessment of the US government that there’s no evidence that the Saudi government or senior Saudi individuals funded al-Qaida,” said Josh Earnest, the White House press secretary.

Idem pour les deux sénateurs chiens de garde des services de renseignement (qui ont poussé à adopter les lois liberticides récentes) :

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Dans un petit bijou de prose mainstream, The Guardian rapporte :

Later investigations found no evidence that the Saudi government or senior Saudi officials knowingly backed the 19 hijackers, 15 of whom were from Saudi Arabia. […]

Meanwhile Tom Kean and Lee Hamilton, who were chairman and vice-chairman of the 9/11 commission, emphasised that the 28 pages had been written before they started their investigation. “The 9/11 Commission was created, in part, to finish the work the congressional panel had begun,” they said in a joint statement.

The 28 pages from 2002 were “based almost entirely on raw, unvetted material that had come to the FBI”, they added. “That material was then written up in FBI files as possible leads for further investigation. As of June 2003 none of these leads had been checked out. The documents are therefore comparable to preliminary law enforcement notes, which are generally covered by grand jury secrecy rules.”

Kean and Hamilton also noted that last year the 9/11 review commission reviewed the Saudi-related leads in the 28 pages and concluded that, despite the fact that two FBI teams continue to actively investigate the issue, “there was no new evidence against the Saudi government”.

La BBC déminant de même :

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Tout comme Le Monde :
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(Le Monde qui, bien entendu, n’aura pas pris la peine d’insérer les 28 pages – trop d’information tue l’information…)

Pourtant les journaux américains savent lire eux :

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(thwart = contrarier)

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Le Directeur du Renseignement indique pour cette publication :

In that regard, Congress subsequently established the bipartisan 9/11 Commission. The 9/11 Commission built on existing investigations and information, including that of the Joint Inquiry, but had greater access to senior officials and classified information.   Its final report concluded that it “found no evidence that the Saudi government as an institution or senior Saudi officials individually funded [al Qaeda].” Similarly, in 2013, Congress directed the FBI to establish the 9/11 Review Commission to further assess any available evidence; that Review Commission concluded that there was no new evidence that “would change the 9/11 Commission’s findings regarding responsibility for the 9/11 attacks.”

Donc, quand on lit vite la presse, on comprend que, finalement, la gentille Arabie saoudite serait blanche comme neige, quoi…

Mais en étant plus attentif, on comprend bien qu’on joue donc sur les mots “gouvernement saoudien”, et que tout ceci n’exclut nullement des “associations de charité”, la famille du roi, des individus agissant pour leur compte, ou des officiels de rang inférieur…

Car il est quand même amusant de voir la presse nous expliquer qu’il ne faut pas tenir compte du Rapport sur le 11 Septembre de la Commission du Renseignement du Congrès, qui ne sont pas des plaisantins écrivant n’importe quoi, surtout sur un tel sujet. Ce qui n’empêche pas de rester prudent à tous les niveaux…. (Lire ici l’avertissement du site dédié 28 pages)

Alors en attendant, voici donc ENFIN ces 28 pages :

Les 28 pages sur le 11 Septembre, déclassifiées publié par les-crises

Voici des extraits intéressants :

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Encore mieux, payé par l’ambassadeur d’Arabie  :

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Très important :

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Contraire aux intérêts nationaux, heum ???

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Un commentaire en anglais :

The 28 pages of declassified intelligence documents analyzed by the 9/11 Commission and released Friday revealed several interesting tidbits about what FBI and CIA officials uncovered in their investigation of the intelligence failures surrounding the terror attacks. Much of the information involvedSaudi Arabia, its diplomats and its financial support of Islamic groups and causes.

1. California-based Saudis aided two 9/11 hijackers. Omar al-Bayoumi and Osama Bassan gave money and other help to two of the hijackers,Khalid al-Midhar and Nawaf al-Hazmi when they arrived in San Diego in February 2000, FBI officials told the 9/11 commission. “There are indications in the files that his encounter with the hijackers may not have been accidental,” the FBI reported.

2. A Los Angeles-area mosque was a “site of extremist-related activity.” The King Fahad Mosque in Culver City, Calif., received substantial amounts of money from “Saudi Arabia’s Crown Prince Abdulaziz,” FBI documents show. “The mosque is reportedly attended by members of the Saudi Consulate in Los Angeles and is widely recognized for its anti-Western views,” the FBI reported. The FBI identified Shaykh al-Thumairy as one of the imams at the mosque who “may have been in contact” with al-Midhar and al-Hazmi.

3. Ties to the Saudi ambassador.

A telephone number found in the phone book of Abu Zubaydah, a 9/11 plotter captured in Pakistan in March 2002 belonged to a Colorado-based company that managed the “affairs of the Colorado residence of the Saudi Ambassador” Prince Bandar bin-Sultan. according to FBI documents. The longtime Saudi ambassador to the United States, Bandar had especially close ties to the family of PresidentsGeorge H.W. and George W. Bush.

4. Evading U.S. authorities. An unnamed Saudi who was on a State Department watch list slipped into the United States without the notice of the Customs and Immigration and Naturalization services because he traveled here with another Saudi royal, Prince Khalidal-Bandar, the FBI reported. “The FBI only learned of the trip after the fact,” the documents showed.

5. Saudis didn’t cooperate on bin Laden. Saudi officials were uncooperative in U.S. attempts to learn more about Osama bin Laden, CIA documents show. The former chief of the CIA’s anti-bin Laden unit, known as Alec Station, “thought that theU.S. Government’s hope of eventually obtaining Saudi cooperation on this matter was contrary to Saudi national interests,” the documents show.

Pour déminer encore plus ces informations explosives, le Directeur du Renseignement a aussi spontanément déclassifié ce résumé d’un rapport conjoint de 2005 de la CIA et du FBI – sans déclassifier le rapport (petit malin, va…)

On peut dire que c’est une bonne vision des faits après 4 ans d’enquête – et on apprend :

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  1. qu’ il n’y a pas de preuve d’implication du gouvernement saoudien ou de la famille royale, certes…
  2. MAIS qu’il y a des preuves de la participation d’entités officielles saoudiennes et d’ONG saoudiennes, et que le gouvernement saoudien a été infiltré et exploité par des individus associés ou sympathisants d’al-Qaïda !!! 

C’est on ne peut plus clair, et vous jugerez donc le “pas de lien avec des officiels Saoudiens” heum…
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On croit rêver…

Je reprends un extrait de cet article du New York Post d’avril 2016 :

Un enquêteur qui travaillait avec la Joint Terrorism Task Forces de Washington s’est plaint qu’au lieu d’enquêter sur Bandar, le gouvernement américain l’a protégélittéralement. Il dit que le département d’État a assigné un détachement de sécurité pour protéger Bandar pas seulement à l’ambassade, mais aussi à sa résidence à McLean, en Virginie.

La source a ajouté que l’équipe opérationnelle voulait incarcérer un certain nombre d’employés de l’Ambassade, “mais l’ambassade s’est plainte auprès du Procureur” et leurs visas diplomatiques ont été révoqués à titre de compromis.

L’ancien agent du FBI John Guandolo, qui a travaillé sur les affaires liées au 11 Septembre et à al-Qaïda pour le bureau de Washington, affirme que Bandar aurait dû être un suspect clé dans l’enquête sur le 11-Septembre.

L’ambassadeur saoudien a financé deux des pirates de l’air du 11 Septembre via une tierce personne,” a affirmé Guandolo. “Il devrait être traité comme un suspect terroriste, tout comme les autres membres de l’élite saoudienne que le gouvernement américain connaît comme finançant actuellement le djihad mondial.”

Mais Bandar a la haute main sur le FBI.

Après sa rencontre avec le président Bush à la Maison-Blanche le 13 septembre 2001, où les deux vieux amis de famille ont partagé des cigares sur le balcon Truman, le FBI a effacé de la liste des terroristes à surveiller des dizaines d’officiels saoudiens de différentes villes, y compris au moins un membre de la famille d’Oussama ben Laden. Au lieu d’enquêter sur les Saoudiens, les agents du FBI ont servi d’escorte de sécurité pour eux, même si à cette période on savait déjà que 15 des 19 pirates de l’air étaient des citoyens saoudiens.

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« Le 13 septembre 2001, le Prince Bandar est reçu sur le balcon Truman de la Maison-Blanche par George W. Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice – probablement pour aider des Saoudiens à fuir les États-Unis… »

Le FBI a été empêché par la Maison-Blanche d’auditionner les Saoudiens que nous voulions entendre,” dit l’ancien agent du FBI Mark Rossini, qui a participé à l’enquête sur al-Qaïda et les pirates de l’air. La Maison-Blanche “les a tirés d’affaire”.

De plus, Rossini déclare qu’il a été dit au bureau qu’aucune citation à comparaître ne pouvait être utilisée pour produire des preuves liant au 11 Septembre les Saoudiens suspects sur le départ. Le FBI a dès lors gelé les enquêtes locales qui conduisaient aux Saoudiens.

Le FBI s’est bouché les oreilles à chaque fois que nous mentionnions les Saoudiens,” affirmait Roger Kelly, ancien lieutenant de police du comté de Fairfax. “C’était trop politique pour y toucher.”

Kelly, qui a dirigé le Centre de renseignement régional, ajoutait : “Vous pouviez enquêter sur les Saoudiens, mais les Saoudiens étaient ‘hors de portée’.”

Réaction de l’écrivain et enseignant Nassim Nicholas Taleb par exemple :

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“Mon impression en lisant les 28 pages est que si l’info avait été publique, il y aurait eu des appels à envahir la Barbarie Saoudite plutôt que l’Irak…”

Et c’est fascinant de penser en effet que Bush a pu classifier seul ceci pour manipuler tranquillement l’opinion, qui n’aurait pas compris qu’on attaque l’Irak alors que tant de questions restaient en suspens sur l’Arabie… D’où une guerre. d’où Daech, etc.

Réaction enfin du Sénateur Bob Graham, ancien Président de la Commission du Renseignement du Sénat et donc co-rédacteur du rapport, qui s’est battu depuis 13 pour cette publication :

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(cliquez pour agrandir)

Qu’il résume ici :

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“Le 11 Septembre ne serait pas arrivé sans l’aide de Saoudiens…”

ATTENTION : il ne faut pas conclure comme les conspirationnistes que cela veut forcément dire que le Gouvernement d’Arabie Saoudite a tout organisé, voire même avec la complicité du gouvernement américain ! Bien d’autres explications sont possibles, plus probables. Par exemple que certains pirates avaient des liens avec les services de renseignement saoudiens, mais que c’était par exemple en réalité des agents doubles d’al-Qaïda – grand classique de l’espionnage… Et que le gouvernement américains était aux mains de rigolos gravement incompétents…

Mais disons donc pour conclure que tout ceci mérite une vraie enquête publique indépendante…

À suivre…

Source: http://www.les-crises.fr/11-septembre-les-28-pages-ont-ete-declassifiees/


Tentative avortée de coup d’état en Turquie : les islamistes restent au pouvoir (mis à jour)

Friday 15 July 2016 at 23:20

Tentative de coup d’état avortée en Turquie (totalement amateur [mais comment peut-on faire un coup d’état sans s’en prendre au gouvernement ?] et sans base populaire donc…).

Amusant comme les médias, à force de cacher le côté islamiste du pouvoir turc, sont embêtés pour expliquer l’évènement – c’est à peine si on parle des islamistes, pourtant c’est la bonne semaine pour le faire…

Mais tous se félicitent sans distance du retour du “Président démocratiquement élu” – aussi démocratiquement élu que l’ancien président ukrainien, notez… La suite va être intéressante….

Espérons que cela ne sera pas la fin des kémalistes en Turquie, et que le pouvoir des barbus ne se renforcera pas…

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Dernières nouvelles :

Turquie: une tentative de coup d’État en cours

L’armée est déployée à Ankara et Istanbul, une tentative de coup d’état militaire est en cours en Turquie. Le Premier ministre parle d’une “tentative illégale”, les militaires putschistes assurent que les relations diplomatiques seront maintenues. 

Des rumeurs bruissaient sur ceci depuis 4 mois. Je poste par exemple ces articles de l’excellent blog Chronique du Grand jeu.

27/03 : Ciao, Erdogan ?

Il y a deux jours, nous évoquions, à propos du Grand jeu énergétique, la possible mise à l’écart d’Erdogan suite à un coup d’Etat :

Il semble hors de question pour Moscou de renouer avec Erdogan. Si la Turquie est choisie, cela signifie que le sultan a été “écarté” et que la matérialisation du projet se fera au moment d’un “changement de garde” à Ankara. Or, certains bruits commencent à courir selon lesquels un accord pourrait avoir été passé entre les Russes et l’état-major turc pour se débarrasser d’Erdogan. Insistons, ce ne sont pour l’instant que des rumeurs invérifiables, mais si un reporter aussi chevronné que Pepe Escobar évoque cette possibilité, il n’y a peut-être pas de fumée sans feu. Ce qui est sûr, c’est que la politique erratique du sultan commence à exaspérer tout le monde en Turquie, y compris l’establishment politique. Changement de régime à Ankara ? A suivre…

Surprise, nous retrouvons cette idée dans une analyse de l’influent Michael Rubin de l’American Enterprise Institute. Pour mémoire, l’AEI est un important think tank néo-conservateur américain et Rubin évolua dans la sphère de l’administration Bush au début des années 2000 (directeur de département sur le Moyen-Orient au Pentagone sous Rumsfeld). Pas vraiment le genre de personne qui apporterait de l’eau au moulin de Poutine ou d’Assad…

Or, que dit-il ? Ni plus ni moins ce que nous répétons ici depuis plusieurs mois. Que la Turquie s’enfonce dans une situation catastrophique, qu’Erdogan devient incontrôlable (on notera le qualificatif de “sultan fou”) et paranoïaque (il chercherait même à installer des systèmes anti-aériens dans son nouveau palais présidentiel de peur d’un putsch des parachutistes), que la guerre civile avec les Kurdes pourrait conduire à la partition de la Turquie, que la corruption atteint des sommets et que même les amis politiques du sultan ne le comprennent plus. En un mot, pour reprendre Rubin, “sa folie conduit la Turquie au précipice” (!)

L’auteur se penche ensuite sur les conséquences éventuelles d’un coup d’Etat militaire et assure qu’il serait accepté sans trop de difficultés par les alliés occidentaux de la Turquie, la libération des opposants et des journalistes, ainsi que la reprise du dialogue avec les Kurdes, contrebalançant la mauvaise presse d’un putsch. En Turquie même, beaucoup, y compris apparemment ses alliés politiques, seraient également soulagés et n’opposeraient aucune résistance à une prise de pouvoir temporaire par l’armée. Diantre…

Quand on connaît le pouvoir d’influence de ces think tanks sur la politique américaine (les deux entretenant d’ailleurs des liens incestueux), l’on en vient à se demander s’il ne s’agit pas ici d’une sorte de feu vert officieux, un encouragement en sous-main à un coup de force de l’état-major turc contre Erdogan. Or c’est exactement ce que veut Moscou de son côté ! Chose curieuse, l’article n’évoque pas une seule seconde les Russes, alors que c’est en grande partie la rupture entre les deux pays qui a mené le sultan à cette impasse.

A moins que… Stratégiquement parlant, Moscou bénéficierait-il tant que ça d’une chute d’Erdogan et d’une réconciliation avec Ankara ? Pas sûr. Certes, cela permettrait la renaissance du Turk Stream, assurant la mainmise gazière russe sur l’Europe du sud et coupant définitivement l’herbe sous le pied des chimériques projets de gaz caspien et des moins chimériques, quoique complexes, projets iraniens. Mais, d’un autre côté, ce sont les bourdes d’Erdogan qui ont permis à Poutine, en bon judoka qu’il est, d’avancer ses pions : sanctuarisation du ciel syrien et au-delà (S-400), renforcement irréversible des bases russes de Tartous et Hmeimim, attachement des Kurdes syriens “volés” aux Américains…

Une pacification des relations avec la Turquie placerait la Russie quelque peu en porte-à-faux avec ces gains stratégiques majeurs. Et c’est peut-être justement la raison pour laquelle certains, à Washington, commencent à envisager ouvertement un coup d’Etat en Turquie : renverser Erdogan avant que les Russes n’en profitent trop ?

Tout cela est passionnant et mérite d’être suivi avec la plus grande attention…  (Source)

01/04 : Erdogollum dans l’oeil du cyclone

Les fidèles lecteurs de ce blog auront été parmi les premiers informés de ce qui est peut-être en train de se tramer à Ankara. Ce que nous disions il y a cinq jours est en effet suffisamment sérieux pour que l’armée turque émette un inhabituel communiqué, démentant toute velléité de coup d’État contre Erdogan. Prise de position sincère ou tentative d’endormir la méfiance sultanesque ? Il est pour l’instant impossible de le savoir. Mais le fait même que cela soit publiquement évoqué et que l’état-major en vienne à prendre position montre que le sultan se rapproche dangereusement de l’œil du cyclone.

Le hasard faisant bien les choses, il est actuellement en visite à Washington, précisément au moment où le Pentagone ordonne à des centaines de familles de soldats américains présents en Turquie de quitter le pays. Là encore, il est difficile de connaître la raison exacte de cette décision : peur d’un conflit entre Turcs et Russes, crainte que la Turquie ne s’enfonce dans la guerre civile, possibilité que Daech passe massivement la frontière syro-turque après l’offensive du 4+1 ? Tout est possible…

A Washington, le sultan a d’abord été victime d’un camouflet de la part d’Obama qui ne prévoyait pas de le rencontrer, avant de finalement s’entretenir avec lui en marge du sommet sur la sécurité nucléaire. Mais la visite d’Erdogan a sombré dans la confusion, des heurts éclatant entre manifestants et journalistes d’une part, service de sécurité turc d’autre part. Même les médias de l’empire semblent prendre leurs distances avec l’erratique leader de la deuxième puissance militaire de l’OTAN.

Son comportement ne laisse de surprendre : il semble tout faire pour se mettre à dos ses alliés occidentaux de plus en plus distants, les seuls pourtant qui lui restent au terme de sa longue descente aux enfers. Dans la même veine, la convocation de l’ambassadeur allemand après une chanson parodique sur le Grand leader a fait s’esclaffer l’Allemagne toute entière, la grosseBertha Angela ne sachant plus où se mettre…

Le sultan cherche-t-il donc à concurrencer Kim Jong-un pour le titre de paria planétaire ? On dirait bien… (Source)

21/05 : Où l’on reparle d’un coup contre Erdogan

Depuis deux mois, des rumeurs assez insistantes font état d’un possible coup d’Etat des militaires turcs contre le sultan fou qui conduit son pays à l’abîme. Or, un nouvel article d’une revue plutôt sérieuse en remet une couche.

La situation de la Turquie empire chaque jour : si la dette publique reste raisonnable (environ 40% du PIB), la dette privée – longtemps considérée comme une bombe à retardement – explose, le tout dans un contexte d’effondrement des revenus du tourisme et de baisse continue de la monnaie. La croissance, qui était en moyenne de 4,5% ces cinquante dernières années (!) est passée à 3% depuis trois ans, la faute à un environnement politique de plus en plus incertain. Certes, cela reste mieux que l’inénarrable eurozone mais, d’après les économistes, ça risque de plonger assez vite.

Surtout, l’isolement de la Turquie sur la scène internationale devient criant. Le sultan lui-même l’admet à demi-mot : “Si je dois défier le monde entier, je le ferai”. En quelques années, il a réussi l’exploit inouï de se mettre à peu près tout le monde à dos : la Russie, l’Iran, Israël, l’Union Européenne (le chantage au terrorisme risque de laisser des traces indélébiles), et même les Etats-Unis.

Le chemin vers l’autoritarisme emprunté désormais ouvertement par Erdogan n’admettait pas un électron semi-libre comme Davutoglu. Son successeur au poste de Premier ministre est un fidèle suffisamment anonyme pour que son patron l’utilise comme paillasson dans ses rêves sultano-néo-impériaux.

L’armée voit ces affolantes évolutions avec incrédulité. Et l’on ne parle même pas ici des arrestations à la pelle de journalistes, des députés de l’opposition inculpés, de la guerre civile avec le PKK et des plans sultanesques pour envahir le nord de la Syrie. Or, l’armée semble à nouveau danser sur le bon pied. Chose intéressante, le désormais chômeur Davutoglu a rencontré les grands pontes militaires quelques jours après sa démission. louant l’armée turque et l’associant subtilement à la défense de la démocratie dans le pays. Menace voilée à l’égard du sultan ? (Source)

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Source : Le Figaro, 16/07/2016

Turquie : questions sur les auteurs du coup d’État

Alors que la tentative de coup d’État militaire se heurte à la mobilisation des partisans de Recep Tayip Erdogan, l’identité des putschistes demeure floue. Le gouvernement turc a accusé samedi la confrérie Gülen d’être impliquée.

La Turquie renoue avec ses vieux démons. Des militaires se sont emparés de points stratégiques à Istanbul et à Ankara, dans la nuit de vendredi à samedi. Un communiqué a été diffusé au nom de l’armée, annonçant que les militaires dirigent le pays.

En l’absence de leaders visibles, les auteurs du coup d’État sont l’objet de toutes les hypothèses. On est tenté de prime abord d’attribuer le putsch à des militaires partisans restés fidèles à la vision du fondateur de la République turque, Mustapha Kemal.

Historiquement, l’armée turque, dirigée par des officiers nationalistes, liés les uns aux autres par des sociétés parallèles de type maçonnique, veille à la «laïcité» du régime: le contrôle de l’islam par l’État, selon le modèle napoléonien du Concordat. Elle se considère également comme la garante de l’unité du pays.

En mai 1960, les militaires renversent le premier ministre Adnan Menderes, qui mettait en cause leur pouvoir. En 1971, l’armée conduit un bref coup d’État sans effet politique. Mais le 12 septembre 1980, le général Kenan Evren dirige un putsch qui bouleverse la Turquie: soutenue par les Etats-Unis, dans un contexte de guerre froide, l’armée turque s’empare du pouvoir. La répression s’abat sur les opposants. En trois ans, on dénombre 49 pendaisons, 650.000 gardes à vue (souvent accompagnées de torture), 30.000 Turcs exilés, plus d’un 1,5 millions d’habitants fichés par les services secrets.

Selon Bahar Kimyongür, journaliste belge d’origine turque, spécialiste de la Turquie, le souvenir de ce coup d’Etat demeure présent dans les mémoires: «le traumatisme est toujours là, toute la population en a payé le prix. Voilà pourquoi il n’y a pas d’enthousiasme pour cette tentative de putsch, et qu’aucun parti politique ne l’a soutenue, malgré leur opposition à Recep Tayip Erdogan», explique-t-il.

Après le coup d’État de 1980, les généraux contrôlent la vie politique, malgré une démocratisation progressive. Arrivé au pouvoir en 2002, Recep Tayip Erodgan cherche en priorité à réduire les prérogatives de l’armée. Le procès «Ergenekon», entre 2007 et 2009, décapite l’état-major de ses officiers kémalistes les plus fervents, accusés de fomenter un complot.

La tentative de coup d’État pourrait apparaître comme une riposte désespérée de certaines unités kémalistes, pour se venger du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayip Erdogan. «Le nom du groupe putschiste, le Comité Paix dans la Nation, est un clin d’oeil au kémalisme», décrypte Bahar Kimyongür. «C’est la moitié de la devise de Mustapha Kemal, ”Paix dans la nation, paix dans le monde”, qui est devenue celle de la République»

Mais contrairement à 1960 et 1980, l’armée semble divisée, voire même hostile au putsch. «Ils n’ont mis personne en avant. Le chef de l’état-major, le général Hulusi Akar, a été arrêté par les putschistes, sans doute pour avoir refusé de les rejoindre. Les principaux généraux se sont démarqués de la tentative. Cela pourrait ne concerner qu’une minorité de militaires», avance Bahar Kimyongür.

Lire la suite sur : Le Figaro, 16/07/2016

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On a l’impression d’avoir affaire à des desperados

D’après Bahar Kimyongür, opposant et journaliste belgo-turc, certains militaireS pourraient ne pas avoir été mis au courant de leur participation à un putsch. 

Pour Bahar Kimyongur, le coup d’Etat avorté d’une partie de l’armée turque permettra au président Recep Tayyip Erdogan de vivre un véritable triomphe. 

Quelle est votre analyse au lendemain des événements ?
 
Il y a encore pas mal de zones d’ombre mais l’on peut dire que cet épisode fait ressurgir les vieux démons de la Turquie. Les coups d’Etat à répétition comme en 1960, 1971, 1980 et 1997. Cela n’inspire rien de bon quand on souhaite plus de démocratie pour la Turquie. 
 
Qui est derrière cette tentative de coup d’Etat?
 
Il semble s’agir d’une entreprise aventuriste décidée par quelques officiers conjurés. Les acteurs de terrain pourraient ne pas avoir été informés de l’opération dans sa totalité. Certains militaires qui ont été arrêtés pourraient ne pas avoir été mis au courant de leur participation à un putsch. Ils auraient reçu la consigne de bloquer certains axes, ponts et édifices officiels, dans le cadre d’une opération anti-terroriste. Il se peut que certains militaires aient été manipulés et n’étaient pas forcément au courant de cette opération et de ce que tramait une junte complétement coupée de la population.
 
Comment a réagi la population ?
 
Les foules dans la rue se sont mobilisées pour le président Recep Tayyip Erdogan. On constate également que les partis politiques les plus farouchement opposés à Erdogan n’ont pas du tout appuyé le putch. Le CHP ( gauche kémaliste ) et le MHP ( droite ultra-nationaliste ) ont clairement marqué leur distance par rapport à ce coup de force. Je dirai que ce coup d’Etat tombe comme un cheveu dans la soupe. 
 
Pourrait-il s’agir d’un coup d’Etat factice pour permettre au président d’Erdogan d’asseoir davantage ses pouvoirs ?
 
Ce sont ses détracteurs qui le disent. Le mode opératoire avait l’air trop maladroit. On connaît la puissance de l’armée turque et sa puissance de feu. Quand elle veut obtenir quelque chose, elle va jusqu’au bout. Elle va jusqu’à pendre un Premier ministre dans le cas d’Adnan Menderes en 1960 ou de nombreux militants d’extrême-gauche et d’extrême-droite suite au coup d’Etat de 1980. On constate qu’il y a un manque de volonté, comme si cette entreprise était perdue d’avance. On a l’impression d’avoir affaire à des  desperados .
 
Que va-t-il se passer maintenant en Turquie ?
 
Victime aujourd’hui, héros demain. Le président Erdogan va vivre un véritable triomphe. Cette situation a galvanisé ses troupes et a renforcé sa popularité, c’est indéniable. Une partie de l’électorat qui ne le soutenait pas forcément a exprimé de la sympathie envers le président et a considéré que défendre le président c’était défendre la République et la démocratie turque. Par conséquent, on peut s’attendre à un retour encore plus tonitruant d’Erdogan sur la scène politique turque.
Source: L’Echo, 16/07/2016

 

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Source: http://www.les-crises.fr/tentative-de-coup-detat-en-cours-en-turquie/


[Attentat à Nice] Errare humanum est, perseverare diabolicum

Friday 15 July 2016 at 04:59

« Errare humanum est, perseverare diabolicum » / « L’erreur est humaine, l’entêtement [dans son erreur] est diabolique ».

Que dire de plus qu’après nos longs échanges sur ce blog lors du drame de Charlie Hebdo ou du 13 novembre ? Lire ici par exemple.

Hélas, pas grand-chose – inutile de recommencer sur le fond. Mêmes causes, mêmes conséquences.

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Le parcours complet du camion est visible ici.

Pour mémoire, septembre 2014, on bombarde l’État Islamique en Irak :

(tu m’étonnes, mais bon, les “risques” ce n’est pas trop pour lui…)

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Septembre 2015, on bombarde l’État Islamique en Syrie :

Juste avant le 13 novembre :

Alors du coup on déclare officiellement la guerre :

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world trade center 11 septembre

Bon après…

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Alors bien sûr, on a eu en réaction l’inévitable dessin de Plantu :

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et autres dessins convenus :

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ou :

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(oui, au XXIe siècle, un mot d’ordre quand on est attaqué : Prier !)

et les heures de direct sur les chaines d’info qui n’ont rien à dire…

Bon on a aussi des mesures fortes :

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(non, je plaisante…)

Sinon, on a évidemment les classiques réactions à la con :

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Ben oui, comme on est encore attaqué par une énorme armée d’UNE personne, il faut montrer nos muscles, si possible en tuant encore des innocents au passage…

On, rappellera aussi que les musulmans sont de très très loin les premières victimes du terrorisme dit islamique (environ 80 % des victimes – source)…

On peut toujours gloser sur ce sale type (et les chaines info vont le faire ; comme d’habitude, ça va les occuper 3 semaines, et on connaitra tout de lui, de ses arrières-grands parents à sa concierge en passant par sa marque de slip – mais c’est de l’in-for-ma-tion on vous dit ! Bon, c’est sûr qu’une telle pub va encore susciter des vocations chez les tordus, mais bon…), mais tout comme le camion était une arme par définition, ce type en était une aussi. Et donc au lieu d’en faire des caisses sur “l’arme” (=le type), on ferait mieux de s’occuper du commanditaire (les propagateurs du wahhabisme), leurs financiers (en Arabie au Qatar et en Turquie), et leurs soutiens…

Après, il ne faut certes pas être trop simpliste, les causes sont complexes, mais je dis simplement que c’est comme dans une inondation chez vous : c’est bien d’éponger, mais c’est mieux de commencer par fermer le robinet…

Capture d’écran 2016-03-07 à 16.46.55

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On a aussi des réactions plus touchantes :

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Mais c’est sûr que quand on se contente de manifester et de poster sur son mur Facebook des Je suis Charlie, et qu’on ne demande pas des comptes à son gouvernement, il ne faut pas venir se plaindre…

 

Après, on a eu le discours AFFLIGEANT d’Hollande (“la France est affligée” qu’il a dit – tu m’étonnes….) que je viens de voir, on sent un type totalement perdu, qui tient plus du prêtre que du dirigeant, qui n’est tellement pas à sa place, qui ne sait tellement plus quoi faire, recyclant ses déclarations du dernier attentat :

14/07 :

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15/07 : prolongation de l’état d’urgence, vu qu’il a bien marché…

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Amusant, le discours d’Hollande était suivi de celui de Cazeneuve, le type qui a fait un discours après la tuerie de l’équipe de Charlie Hebdo (qu’il était donc chargé de protéger) puis après les attentats visant les Parisiens (qu’il était donc chargé de protéger) – mais bon, on admirera la cohérence logique. Et on sera rassuré sur le fait qu’il ne démissionnera évidemment pas – au moins pour le principe…

Le Pompon, avec Obama qui se sent obligé de réagir :

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Alors les ricains, vos prières, vous pouvez vous les garder, hein…

Je n’oublie pas votre guerre criminelle en Irak en 2003, qui a créé Daech ; je n’oublie pas vos réactions face au discours lucide de la France (on avait un Président à l’époque…) :

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C’est bon, on la sent bien la punition, merci…

Donc :

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…ben non, SURTOUT PAS cher taré des armes, merci…

 

Pas plus tard que ce matin, on avait encore notre Sinistre des Affaires étrangères, qui nous a éblouis :

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On admire :

(au passage, le type qui a déclaré ce jour à propos de son nouveau collègue anglais : “Dans la campagne, il a beaucoup menti aux Britanniques.”” – Ayrault, c’est le chef de la diplomatie française, je rappelle – source)

Au-delà du lapsus, le plus inquiétant est qu’il reste dans la lignée de son illustre prédécesseur :

Alors qu’évidemment, il faut en urgence aider le gouvernement syrien à éradiquer Daech, et les autres islamistes, et après, on sera alors en position de force pour négocier sur les Droits de l’Homme…

Je termine enfin par le Tweet le plus diffusé :

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et là, je vous avoue ma perplexité.

Ils avaient déjà fait ça après le Bataclan, ce qui fait que personne n’a vu l’image crue des victimes (voir @si).

Et autant, je suis tout à fait pour qu’on interdise aux chaines info de parler de terrorisme plus de 2 minutes par heure plus de 3 jours après un attentat, autant je trouve ça grossier.

Primo, de quoi se mêle la police à propos “du respect des victimes” – il me semble justement que sa mission est plutôt d’empêcher qu’il y en ait, des victimes…

Donc la police échoue (enfin, soyons justes, le gouvernement échoue – la police ne pourra pas toujours empêcher un type seul et suicidaire de commettre un acte terroriste et de faire du dégât ; il faut au contraire agir au niveau politique pour qu’il n’ait pas envie de commettre un attentat chez nous. Vous notez que très peu vont se faire sauter en Argentine ou au Japon, bizarre… Mais “La France est forcément visée” a dit Hollande, alors…) puis nous dit, “surtout ne montrez pas les victimes de notre incompétence !” – malin…

Et ça marche, bien sûr :

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Moi je préfèrerais qu’on se batte plutôt pour faire cesser les attentats de manière intelligente, mais bon… #PrayForLesCons

Secundo, je vois mal en quoi on “manque de respect aux victimes” en les voyant, vu qu’elles ne sont pas identifiables, qu’on passe très vite sur elles et bien sûr qu’on ne vise pas à s’en moquer ou à insulter leur mémoire.

Bref, c’est quand même “cachez cette vérité bien dérangeante que je ne saurais voir”.

Et tertio, justement, dans nos sociétés habituées à la violence, quand il n’y a pas d’image, on reste désormais la plupart du temps peu sensible à l’évènement.

Mais bon, après, il ne faut pas tomber dans le voyeurisme, c’est sûr – mais je pense que ça déclenche plutôt de la compassion, et de l’indignation…

D’un autre côté, terroriser est le but de Daech, mais les jours et les jours de matraquage dans les JT sont évidemment plus utiles que les images de l’attentat…

Bref, c’est clairement un vrai débat.

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« Ce qui nous menace, c’est la montée des populismes, mais je ne me laisserai pas intimider par les menaces ! » [François Hollande, 14/07/2016]

folie

Donc à bientôt pour le prochain attentat, donc. (le 11 septembre ?)

EDIT : comme d’habitude, le meilleur du pire :

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P.S. : comme d’habitude, le kamikaze a laissé ses papiers d’identité, car il sait qu’il va mourir et il veut rester un héros et donc que son nom reste célèbre, comptant ensuite sur les médias pour rendre son nom immortel…

Avec des vraies infos AFP, du lourd :

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Bon, sinon :

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J’aime bien l’indignation du bobo de L’Obs (qui s’estime apparemment pas “de droaaaate” va savoir pourquoi) quand l’opposition ne marche plus dans l’arnaque de “l’union nationale” et OSE demander des comptes au gouvernement (conseil aux pilotes de ligne : inventez aussi “l’union nationale” : en cas de crash, interdiction de demander des comptes au pilote pour ne pas faire le jeu des accidents…). Bon, après comme c’est la droite française, c’est dommage que ce soit pour dire des conneries…

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Quel idiot ce NDA quand même – dommage, il dit des trucs bien à l’international. Mais bon venant d’un type à 1 % prêt à prendre Le Pen comme Premier Ministre… D’ailleurs le type n’était pas fiché apparemment :

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George Fenech, président de la commission d’enquête sur le 11 Septembre :

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Bien sûr, emprisonner des centaines de types qui n’ont encore rien fait…

Amusant comme ces types n’apprennent rien de l’histoire. J’imagine qu’il soutiendrait la torture en Algérie pour “sauver des vies”, sans apparemment tenir compte de nombreuses expériences historiques qui ont montré qu’en empêchant (peut-être) un attentat par des lois attentatoires à des principes élémentaires du Droit, on indignait des milliers de personnes, créant des dizaines de nouveaux terroristes et donc d’attentats…

Quand à changer la Constitution à cause de Daech et de sa poignée d’hommes de main, quelle incroyable victoire pour eux !

Enfin :

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Grande-Bretagne qui ne se tient donc pas “aux côtés” de l’Irak, vu le peu de réactions au dernier attentat – ce n’est pas comme si elle avait attaqué l’l’Irak en 2003, hein…

Des actions fortes :

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je propose d’allumer des bougies, non mais !

L’aveu des vaincus :

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En phase avec le mois dernier finalement :

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Mention spéciale :

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Mention spéciale bis :

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Joli en contraste :

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Source: http://www.les-crises.fr/attentat-a-nice-errare-humanum-est-perseverare-diabolicum/


13 secondes sur Bagdad dans son JT: les choix de David Pujadas souvent contestés, par Audrey Kucinskas

Friday 15 July 2016 at 03:20

Là, il va bien se rattraper je pense…

Pour mémoire, pour ceux qui pensent que c’est juste une histoire de distance :

  • Paris Bagdad : 3 860 kilomètres
  • Paris-Orlando : 7 225 kilomètres

#Hypocrisie

Source : L’Express, Audrey Kucinskas,  

Le 4 juillet dans son JT, David Pujadas n’a accordé que 13 secondes aux attentats à Bagdad qui ont fait 213 morts. Ce n’est pas la première fois que le journaliste est critiqué pour sa ligne éditoriale.

La hiérarchisation de l’information en question: le 4 juillet, David Pujadas a ouvert son 20 heures sur la victoire des Bleus contre l’Islande 5 buts à 2.

Le journaliste a ensuite évoqué la privatisation des aéroports de Nice et Lyon, la hausse des offres d’emploi à Cholet, l’université d’été du PS, la présence de Manuel Valls en Corse, les conditions de détention de Salah Abdeslam, le Brexit, les bouchons de Rotterdam, puis le bacen 1968 et pour finir, la production de cuir en Inde.

L’attentat de Bagdad du 3 juillet, qui a fait 213 morts, n’a eu droit qu’à 13 secondes du journaliste. “En bref, encore le deuil à Bagdad, le terrible attentat suicide a fait hier 213 morts, 200 blessés, un deuil national de trois jours est décrété, l’attentat est revendiqué, vous le savez, par le groupe Etat Islamique.”

13 secondes pour Bagdad, 14 minutes pour Orlando

Une courte déclaration qui a attristé de nombreux téléspectateurs.

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Comme le souligne le site puremedias.com, le traitement de cet événement est d’autant plus surprenant que David Pujadas s’était intéressé à l’attentat d’Orlando, le 13 juin, durant plus de 14 minutes.

Sur TF1, alors que l’attentat de Bagdad n’a pas été évoqué le 3 juillet à 13 heures, Anne-Claire Coudray y a consacré 1 minute 44 dans son édition de 20 heures, après avoir passé plus de 20 minutes sur l’Euro 2016.

Quant à Gilles Bouleau, il a consacré 4 minutes à l’événement dans son journal de 20 heures du 4 juillet. Un reportage sur la lutte contre Daech en Syrie, avec l’aviation française a été diffusé.

L’information traitée dans le JT de 13 heures le dimanche

France 2, que L’Express a contactée, ne souhaite pas faire de commentaire, mais rappelle que l’information a été traitée dans le JT de 13 heures du 3 juillet par Laurent Delahousse, ainsi que dans ses journaux de France 3 et dans Télé Matin.

Olivier Siou, rédacteur en chef adjoint à France 2 a lui-même répondu sur Twitter, s’insurgeant que l’on “s’emballe” à propos de cette histoire.

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Le journaliste réaffirme que l’information a bien été traitée en temps voulu.

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Bruno Masure a traité David Pujadas de “crétin”

Les choix éditoriaux de David Pujadas font néanmoins régulièrement débat.

Le 3 juillet 2013, le journaliste ouvre son journal sur l’abdication du roi des Belges Albert II, plutôt que sur la destitution du président égyptien Morsi, par l’état-major de l’armée.

Bruno Masure, lui-même ancien présentateur du JT de France 2 de 1990 à 1997, n’épargne pas Pujadas sur Twitter.

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Au Figaroil s’explique plus longuement: “Ce qui se passe en Égypte est 500 000 fois plus important que ce qui se passe en Belgique. TF1 a évidemment ouvert son journal sur l’Égypte, Gilles Bouleau fait son travail, et France 2 nous a fait un numéro incroyable sur la Belgique, s’insurge le journaliste. C’est strictement n’importe quoi”.

L’interview polémique d’el-Assad

Si David Pujadas est légèrement critiqué pour son boycott du livre de Valérie Trierweiler Merci pour ce moment, il est bien plus lourdement décrié pour son interview du président de la Syrie Bachar el-Assad, en 2015.

François Lamy, ancien ministre délégué à la Ville, juge que cela “n’honore pas le service public.”

“Ce n’est pas le rôle de la télévision française d’interroger un dictateur dont on sait qu’il est responsable du massacre d’une grande partie de sa population civile”, a-t-il déploré le 21 avril sur RFI.

Elisabeth Guigou, ex-ministre de l’Emploi, n’apprécie pas non plus.

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Pujadas répond à la polémique dans L’Obs: “En général, je suis assez sévère avec moi-même. Mais l’entretien avec Bachar el-Assad est peut-être celui dont je suis le plus fier. […] Je lui ai mis sous les yeux les documents qui prouvent qu’il utilise des armes chimiques contre son peuple, a rappelé le journaliste. Ce n’était pas une interview parfaite mais je pense que c’était une bonne interview.”

Plus d’une minute sur le Bangladesh

David Pujadas, et ses 13 secondes sur un attentat ayant provoqué plus de 200 morts, une lourde erreur éditoriale?

Le lendemain, il consacre un peu plus d’une minute aux victimes de l’attentat de Dacca au Bangladesh, survenu le 1er juillet, qui a fait 20 morts.

Du mieux.

Source : L’Express, Audrey Kucinskas,  

Source: http://www.les-crises.fr/13-secondes-sur-bagdad-dans-son-jt-les-choix-de-david-pujadas-souvent-contestes-par-audrey-kucinskas/


Le meilleur du pire de la couverture médiatique du « Brexit », par Julien Salingue

Thursday 14 July 2016 at 01:10

Source : Acrimed, Julien Salingue, 12-07-2016

Le 23 juin 2016, une majorité des électeurs britanniques (51,9% des suffrages exprimés) se prononçait en faveur de la sortie de l’Union européenne. Ce résultat, largement traité dans les grands médias français, a donné lieu à un déferlement de commentaires méprisants, pour ne pas dire injurieux à l’égard des électeurs britanniques, notamment de la part d’éditocrates mécontents du résultat du scrutin.

Quelle que soit l’appréciation que l’on porte sur le « Brexit », ses causes et ses conséquences, ainsi que sur la campagne référendaire, force est en effet de constater qu’une fois de plus [1], les donneurs de leçons eurobéats se sont déchaînés contre une population – ou certains secteurs d’une population – qui a eu l’outrecuidance de « mal voter ».

Nous proposons ici une revue – non exhaustive – du « meilleur du pire » des commentaires sur le Brexit.

Jean Quatremer, évidemment

À tout seigneur tout honneur, c’est avec Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles dont nous avons eu à de multiples reprises l’occasion de saluer les exploits, que nous ouvrirons le bal. Le mercredi 22 juin, veille du référendum, il était l’un des invités de l’émission « Europe Hebdo », sur LCP [2], et nous a offert ses lumineuses lumières. Alors que le scrutin n’a pas encore eu lieu, Jean Quatremer, questionné sur les modalités d’un éventuel Brexit, explique qu’il y aura deux types de négociations : sur la sortie de la Grande-Bretagne, et sur les nouveaux accords qui lieront Grande-Bretagne et Union européenne. La suite est… savoureuse :

Il y a ceux qui veulent, les pays de l’Est, d’Europe de l’Est, les Pays-Bas, qui aimeraient bien mener les deux négociations de front afin de rendre moins douloureuse la sortie britannique. Mais le problème, c’est que si on rend la sortie britannique pas douloureuse, ça va donner des arguments à Marine Le Pen, à l’extrême-droite européenne, et ça risque d’avoir un effet de contagion donc l’idée c’est plutôt de rendre cette sortie la plus brutale et la plus douloureuse possible […]. Pour éviter l’effet de contagion, il faut que le départ soit douloureux. C’est aussi simple que ça.

Des propos qui ont valu à Jean Quatremer d’être cité sur le compte Twitter de LCP :

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En d’autres termes, si les Britanniques votent « leave », il faudra leur en faire payer le prix, et de préférence le prix fort. En cherchant bien, on pourrait imaginer que Jean Quatremer se fait maladroitement, au cours de cette tirade, le porte-parole de la position « dure » sans nécessairement la reprendre à son compte. Mais ce serait mal connaître le journaliste de Libération qui sortira du bois (où il était fort mal caché), après le vote, lors d’une table ronde organisée à Sciences Po Paris [3], au cours de laquelle il joue le « modérateur »… sans aucune modération. Extrait [4] :

Pour la première fois, et je trouve ça fascinant ce qui va se passer, c’est que là, on va mettre en œuvre et on va voir grandeur nature ce qui se passe quand un pays, qui en plus n’est pas totalement intégré à l’Union européenne, quitte l’Union européenne. Et c’est ça qui est intéressant. Et ça panique l’extrême droite, ça panique complètement l’extrême droite, parce qu’ils se disent… ils ont compris que ça va mal se passer. Ce que tu disais tout à l’heure, à propos de Boris Johnson, même de Nigel Farage, qui dit « finalement, il n’y a pas urgence », c’est que les mecs se rendent compte qu’ils se sont fait sauter eux mêmes ! Et là, c’est génial, on ne doit pas être gentils avec les Britanniques ! Quand je dis « il faut être méchant avec les Britanniques », moi je fais partie des gens qui poussent à fond pour que ce soit dur, c’est parce qu’il faut qu’on voie ce que c’est ! Voilà. Moi, ils ont voulu sortir, et on va respecter leur vote, mais jusqu’au bout ! Ils vont le bouffer jusqu’au bout ! Et c’est ça qu’on doit faire.

« Ils vont le bouffer jusqu’au bout ». Une formule qui ne manque pas d’élégance, et qui traduit malheureusement plus que l’état d’esprit du seul Jean Quatremer à l’égard de ces Britanniques qui n’ont rien compris et qui doivent payer.

 

Les Britanniques, ces « crétins »

Dans les heures et les jours qui ont suivi le scrutin, on a ainsi vu se multiplier les reportages et les articles filant la métaphore de la « gueule de bois » :

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Si l’on comprend bien la métaphore, ces Britanniques irresponsables ont donc voté alors qu’ils n’étaient pas en pleine possession de leurs moyens, réalisant, le lendemain du vote, le geste déraisonnable, voire irrationnel qu’ils ont commis la veille. Confirmation dans Sud-Ouest le 26 juin : « Comme au lendemain d’une soirée bien arrosée. On a refait le monde, rêvé d’un avenir radieux. Et puis, au matin, on se réveille sous les coups de boutoir de la gueule de bois du siècle. C’est un peu ce que vit le Royaume-Uni depuis le vote historique de jeudi qui a sanctionné la sortie du pays de l’Union européenne. » Mais ce n’est qu’une image…

À l’appui de cette « thèse », de nombreux articles ont été consacrés à des électeurs britanniques « regrettant déjà leur vote » (pour le Brexit évidemment) :

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Aucune idée, bien évidemment, de la représentativité de ces quelques témoins, dont on reconnaît parfois, au passage, qu’ils ne sont pas nombreux. Ainsi sur le site d’ Europe 1 : « À en croire plusieurs témoignages dans les médias et sur les réseaux sociaux, plusieurs Britanniques regrettent déjà d’avoir voté en faveur d’une sortie de l’Union européenne ». 

« Plusieurs ». Diantre. Mais l’accumulation de titres au sujet de ces électeurs est venue, consciemment ou non, à l’appui de la « thèse » de la « gueule de bois » [5], certains ne se privant pas de généralisations abusives et… méprisantes :

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No comment

 

Le « vieux » Britannique : voilà l’ennemi !

Il serait toutefois malhonnête d’affirmer que l’ensemble des Britanniques ont été désignés à la vindicte eurobéate. Une catégorie a été particulièrement ciblée : les électeurs les plus âgés. Il semble en effet ressortir de diverses enquêtes d’opinion réalisées en Grande-Bretagne que la société britannique serait fracturée entre les « vieux », majoritairement pour le « leave », et les « jeunes », majoritairement pour le « remain ».

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Mais du simple « constat » sociologique, on a rapidement dérapé vers la stigmatisation des électeurs britanniques les plus âgés, jugés coupables de tous les maux et accusés d’égoïsme vis-à-vis des « jeunes ». Avec les fulgurances de certains journalistes et éditocrates, au premier rang desquels l’inévitable Jean-Michel Aphatie :

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Jean Quatremer, s’adressant aux électeurs « anglais et gallois » [6] :

Vous avez pris le risque de diviser pour longtemps votre société entre, d’une part, jeunes, diplômés et urbains, massivement « remain », et, d’autre part, vieux, peu diplômés et ruraux, massivement « leave », une fracture sociale pour longtemps béante.

Mais aussi Hélène Bekmezian, du Monde :

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Qui s’est également fendue d’une plaisanterie au goût… douteux :

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Rendons grâce à ces esprits chagrins : en Suisse aussi, les « vieux » ont été célébrés, comme dans le quotidien Le Temps (26 juin) :

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Au-delà du caractère accusateur du discours, il existe un problème majeur, qui n’a pas semblé inquiéter nos journalistes et éditorialistes : les enquêtes d’opinion sur lesquelles s’appuie cette opposition entre « les jeunes » ayant voté « remain » et « les vieux » ayant voté « leave », indiquent que les plus jeunes se sont en réalité massivement abstenus. Ainsi de ces chiffres diffusés par Sky News, qui précisent le taux de participation par tranche d’âge :

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Soit, si l’on tient compte de l’abstention, les résultats suivants [7] :

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En d’autres termes, s’il est vrai que les plus jeunes ont moins voté pour le Brexit, c’est également, si l’on tient compte de l’abstention, chez les plus jeunes que l’on trouve le moins de votants pour le « remain ». Ces données sont-elles fiables ? Pas nécessairement. Mais dans la mesure où elles reposent sur les mêmes enquêtes d’opinion que celles qui ont servi à développer le discours de la « fracture » générationnelle, on ne peut qu’être (naïvement ?) surpris du fait que les eurobéats aient soigneusement sélectionné les données afin de n’utiliser que celles qui servaient leur discours…

 

Interlude : Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy y est, bien évidemment, allé de sa contribution. Et c’est dans les pages du Monde [8], quotidien dont il est, rappelons-le, membre du Conseil de surveillance, qu’il s’est épanché le 25 juin. Extrait :

Ce « Brexit », c’est la victoire, non du peuple, mais du populisme. Non de la démocratie, mais de la démagogie. C’est la victoire de la droite dure sur la droite modérée, et de la gauche radicale sur la gauche libérale. C’est la victoire, dans les deux camps, de la xénophobie, de la haine longtemps recuite de l’immigré et de l’obsession de l’ennemi intérieur. C’est, dans tout le Royaume-Uni, la revanche de ceux qui n’ont pas supporté de voir les Obama, Hollande et autres Merkel donner leur avis sur ce qu’ils s’apprêtaient à décider.

C’est la victoire, autrement dit, du souverainisme le plus rance et du nationalisme le plus bête. C’est la victoire de l’Angleterre moisie sur l’Angleterre ouverte sur le monde et à l’écoute de son glorieux passé. C’est la défaite de l’autre devant la boursouflure du moi, et du complexe devant la dictature du simple.

BHL ne s’embarrasse pas de nuances, sans doute parce qu’il connaît à merveille la situation politique et sociale britannique, lui qui avait fait preuve d’une lucidité toute philosophique le jour du scrutin :

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Brexit ou pas, BHL reste BHL.

 

L’Union européenne ou le « chaos »

Dans les jours qui ont suivi le scrutin, on a en outre vu se développer dans les médias dominants un discours particulièrement alarmiste, probablement destiné à convaincre les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs que sortir de l’Union européenne signifiait, sinon l’enfer, au moins le « chaos ». Ainsi, à la « une » du Monde (papier) le 28 juin :

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Ou sur le site du quotidien le 1er juillet :

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Notons que le même jour, on trouvait une autre occurrence du mot « chaos » dans les titres des articles du Monde.fr :

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En espérant que, malgré le Brexit, Boko Haram ne se développera pas en Grande-Bretagne…

Le Monde a également joint sa voix au chœur des eurobéats déterminés à rendre les Britanniques responsables de tous les (futurs) maux de l’Europe, entretenant un climat particulièrement anxiogène :

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Et comme le ridicule ne tue pas :

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Et que dire de ce titre du Figaro ?

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Inutile de préciser que l’incident de l’Eurostar n’avait (évidemment) rien à voir avec le Brexit…

 

***


Face à l’irresponsabilité des Britanniques, on a donc pu compter sur la responsabilité et la clairvoyance d’éditocrates et de journalistes qui, signalons-le au passage, n’étaient pourtant pas les derniers à nous « vendre », il y a peu de temps encore, le « modèle britannique ».

Des esprits clairvoyants qui, à en croire Laurent Joffrin, lui aussi dépité du vote des Britanniques, étaient en bonne compagnie :

Pour l’Union européenne, la défaite est cinglante. La Commission, la Banque centrale, les gouvernements, les partis de gouvernement, tout ce que le continent compte d’esprits raisonnables et ouverts ont eu beau multiplier les mises en garde, et parfois les menaces, rien n’y a fait.

Aussi « raisonnables et ouverts » que tous les donneurs de leçons de l’éditocratie ? Probablement.
Julien Salingue (grâce à une observation collective)

Post-Scriptum : Le poids des mots, le choix des photos
Nos remerciements à Slate.fr pour ce titre et cette photo tout en nuances :

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Source : Acrimed, Julien Salingue, 12-07-2016

Source: http://www.les-crises.fr/le-meilleur-du-pire-de-la-couverture-mediatique-du-brexit-par-julien-salingue/


Japon : vers des Abenomics 2.0 ? Par Romaric Godin

Thursday 14 July 2016 at 00:31

Source : La Tribune, Romaric Godin, 11/07/2016

Vers un plan de relance au Japon ? (Crédits : © Yuriko Nakao / Reuters)

Vers un plan de relance au Japon ? (Crédits : © Yuriko Nakao / Reuters)

La victoire aux sénatoriales de Shinzo Abe ouvre la voie à une nouvelle politique alliant un plan de relance à la politique monétaire accommodante. La priorité est désormais donnée à la lutte contre la déflation.

La victoire claire dimanche aux élections sénatoriales japonaise du Parti libéral-démocrate (LDP) du premier ministre Shinzo Abe et de son allié, le Komeito, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle accélération du soutien à l’économie nippone. Toute la journée, sur les marchés, les opérateurs ont parié sur une action concertée de la Banque du Japon (BoJ) et du gouvernement japonais. Il est vrai que l’enjeu est de taille.

Le yen trop fort

La BoJ semble avoir atteint les limites de ses possibilités. Non seulement elle rachète quelques 700 milliards d’euros (80.000 milliards de yens) par an, mais elle est passée cette année aux taux négatifs sur une partie de sa facilité de dépôts. Malgré tout, les effets du Brexit ont ruiné un des principaux objectifs de la banque centrale nipponne : le yen, havre de sécurité pour les investisseurs, a bondi de 110 yens pour un dollar à près de 100 yens pour un dollar. Mais avant même le vote britannique, la tendance du yen était plutôt à l’effritement. Or, sans yen faible, l’économie japonaise souffre non seulement dans sa compétitivité, mais aussi au niveau du taux d’inflation que la monnaie forte maintient à un niveau très bas. Et la BoJ semble désormais impuissante tant qu’elle agira seule.

Vers une relance de 10.000 milliards de yens ?

Dans un tel contexte, le blanc-seing acquis par Shinzo Abe ce dimanche est, pour lui, une invitation à agir. Certes, la campagne a surtout porté sur la question constitutionnelle et sur la question de l’armée japonaise, mais désormais le premier ministre dispose de deux années pour agir avant les élections à la Diète, la chambre basse du parlement, sans nouvelles élections. Renforcé, Shinzo Abe peut être tenté d’agir pour relancer la croissance. L’idée pourrait être de réaliser un vrai plan de relance de 10.000 milliards de yens par an, soit 88 milliards d’euros, ou 2 % du PIB avec un élargissement plus modeste des rachats de la BoJ. Autrement dit, le Japon pourrait tenter ce que la zone euro se refuse à essayer : combiner l’assouplissement quantitatif à la relance budgétaire.

Quelle sera la nature de cette relance ? L’effort pourrait porter sur les infrastructures, en partie pour fournir un relais à l’activité alors que la demande extérieure, notamment en provenance de Chine manque de dynamisme. Mais il s’agira aussi de soutenir la croissance par le soutien à la consommation des ménages. Déjà, la hausse prévue de la TVA a été reportée d’avril 2017 à octobre 2019.

Prioriser la lutte contre la déflation

Beaucoup d’observateurs internationaux, prompts à condamner un peu vite les « Abenomics » se lamentent déjà du refus du premier ministre nippon de réaliser des « réformes structurelles » qui, selon eux, peuvent seules dynamiser la croissance japonaise. Rien n’est moins sûr cependant dans la mesure où plusieurs de ces réformes libérales auraient encore un effet déflationniste. L’idée de Shinzo Abe est donc d’abord de lutter contre la tendance déflationniste qui, non seulement, alourdit le fardeau de la dette pour l’Etat, mais aussi réduit la capacité des salaires à monter malgré l’état de plein-emploi du pays, avant de réaliser ces réformes.

Abandonner l’objectif budgétaire

C’est dans cet esprit de priorisation que Shinzo Abe va également abandonner sa politique budgétaire. En bon libéral-démocrate, le premier ministre avait engagé une politique de restriction budgétaire. Depuis 2013, le déficit primaire était passé de 7,88 % du PIB à 5,44 % du PIB. Un effort qui devait se poursuivre pour atteindre l’équilibre en 2020. Certes, les niveaux de déficits sont importants, mais cette politique est contraire aux objectifs visés : elle est déflationniste et pèse sur les anticipations des acteurs économiques. C’est une des raisons – souvent peu citées – du relatif échec des Abenomics avec le problème de la « dépendance à la déflation » des agents économiques japonais et la dépression de la demande asiatique. Shinzo Abe pourrait donc remettre à plus tard – sans doute sans l’avouer ouvertement – l’objectif d’équilibre pour 2020.

Ce que pourrait alors proposer le gouvernement, c’est de ne plus tirer en sens inverse de la politique monétaire. Tokyo abandonnerait donc temporairement, au nom de la lutte contre la déflation cette politique et se lancerait dans un plan de relance ambitieux par un « deuxième budget supplémentaire » en octobre ou même avant. L’objectif est clair : relever rapidement les anticipations d’inflation en pesant sur le yen, en compensant la baisse de la demande externe, mais aussi en jouant sur des hausses de salaires. Car c’est là le nœud gordien du problème nippon : jamais les marges des entreprises n’ont été aussi élevées, mais la croissance des salaires ne suit pas. Or, sans hausses de salaires, il n’y aura pas de reprise de l’inflation.

Une leçon pour la BCE et la zone euro ?

Une fois l’inflation revenue, la croissance sera normalement plus soutenue et il sera plus aisé pour le Japon de se désendetter. Shinzo Abe devrait donc lancer un « Abenomics deuxième version », où désormais seul comptera la lutte contre la déflation. Pour cela, la BoJ sera toujours mise à contribution, notamment pour « financer » le déficit public et donc cette relance, mais elle ne sera plus seule. A l’heure où la BCE se voit chaque jour confronter à ses propres limites, l’expérience japonaise méritera sans doute qu’on l’observe, même si en zone euro, ce complément budgétaire semble impossible, pour des raisons politiques, à mettre en place. En attendant, sur les marchés, le yen est tombé ce 11 juillet à 102,6 yens pour un dollar.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 11/07/2016

Source: http://www.les-crises.fr/japon-vers-des-abenomics-2-0-par-romaric-godin/


Loi Travail : un mouvement qui n’en finit pas de « s’essouffler », par Olivier Poche

Thursday 14 July 2016 at 00:02

Source : Acrimed,  Olivier Poche, 27-06-2016

Notre Lexique pour temps de grèves et de manifestations en donnait la définition dès 2003 :

« Essoufflement » : Se dit de la mobilisation quand on souhaite qu’elle ressemble à ce que l’on en dit.

Lors de chaque mobilisation sociale d’ampleur en effet, difficile de ne pas entendre ou lire, dans les « grands médias », cette formule, qui, sous la forme d’une interrogation ou, pire, d’un constat, informe moins sur l’évolution du conflit que sur la vision qu’en ont les médias qui le (mal)traitent. Si la mobilisation a le malheur de s’amplifier, on parlera de « contagion » qui « s’étend », de « jeudi noir » et de « galères » tous azimuts. Au moindre reflux apparent, généralement fondé sur les chiffres officiels, souvent mieux adaptés, on annoncera avec soulagement le « début de la fin ».

Le mouvement contre la Loi Travail, qui dure depuis mars dernier, n’a pas dérogé à la règle : ces derniers jours, en particulier, les articles et les reportages se sont ainsi multipliés pour diagnostiquer un « essoufflement » de la mobilisation qui, c’est certain, ne « passera pas l’été ». Mais depuis quand ce diagnostic – qui n’est encore, à l’heure où nous écrivons, qu’un pronostic… – a-t-il été posé ? Nous nous sommes penchés sur la question, en tentant de remonter le fil médiatique de « l’essoufflement » du mouvement. Et le verdict est sans appel : à en croire les médias dominants, le mouvement s’essouffle… depuis le début.

Un mouvement s’essouffle toujours (au moins) deux fois

Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste figaresque égarée sur le service public, l’avait annoncé dès le 23 mai dernier, en réponse à une question de David Pujadas s’inquiétant de savoir si on assistait « à une radicalisation de la CGT » :
– Nathalie Saint-Cricq : « Ah ben clairement David, à une radicalisation tous azimuts et une technique révolutionnaire bien orchestrée ou comment paralyser un pays malgré une base rabougrie et même si le mouvement s’essouffle. »

C’était donc entendu, le mouvement s’essoufflait. Trois semaines plus tard, la journée de manifestation nationale du samedi 14 juin est marquée (notamment) par de colossaux écarts entre syndicats et préfecture de Police dans le décompte des manifestants. On en a compté, sur toute la France, 120000 selon la Préfecture, et 1,3 million selon les syndicats. À Paris, Préfecture et syndicats sont d’accord pour relever des chiffres en hausse, mais qui n’en sont pas moins très éloignés : 75000 selon la Préfecture, 1 million selon les syndicats. À Marseille, 5000 selon la Préfecture, 140000 selon les syndicats. Difficile d’y voir clair… Il est donc logique de faire appel à l’experte maison, accessoirement cheffe du service politique, pour répondre à la question qui préoccupe l’éditocratie française, représentée ce soir-là, comme de coutume, par David Pujadas : 
– David Pujadas : « Alors, va-t-on vers la fin du mouvement ? […] Peut-on parler de démonstration de force ou de chant du cygne pour ce mouvement ? »

La réponse, d’une remarquable impartialité, mérite d’être savourée à petites lampées : 
– Nathalie Saint-Cricq : « Eh bien un peu des deux, David, parce que ça devait être ce soir une sorte d’apothéose, vous savez, le fameux “Ça va être énorme !” de Philippe Martinez, résultat une assez forte mobilisation, mais beaucoup moins que ce qu’annonce la CGT, et peut-être un petit peu plus que ce qu’annonce la police, mais c’est en même temps très clairement le chant du cygne, car ce qui compte, ce qui pèse, c’est-à-dire les grèves, et bien là, ça s’essouffle, le pays n’est pas bloqué, donc cela s’appelle le commencement de la fin. »

Nathalie Saint-Cricq, elle, ne s’essouffle jamais [1]. Mais elle n’est pas la seule. En réalité, la prophétie (que les prophètes espèrent auto-réalisatrice) de l’essoufflement est une constante au sein des médias dominants, comme on s’en convaincra aisément avec ce petit passage en revue – non exhaustif – du « commencement de la fin » qui a commencé en réalité dès le début…

Le commencement de la fin

L’essoufflement du mouvement commence en effet très tôt. Après un mois de mars marqué par des manifestations le 9, le 17, puis une grande manifestation nationale rassemblant entre 400000 et 1,2 million de manifestants le 31, la question se pose dès le 9 avril, sur RFI :

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Au détour d’un article publié le 11 avril, Les Échos se chargent de répondre à la question :

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Verdict confirmé le 28 avril par ICI Radio-Canada. L’éloignement conférant sans doute un surcroît de lucidité, et en tout cas un peu d’avance sur les médias hexagonaux, l’information est désormais en titre :

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En mai, l’essoufflement ne fait plus de doute, et il est régulièrement annoncé. Ainsi, le 5, sur LCI, par Renaud Pila qui vient en plateau défendre son « analyse » :

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Le 17, avec une prudence reconnaissable au point d’interrogation, sur Europe 1…

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… Comme dans La Croix, où l’on pose la question qui s’impose à une sociologue :

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Le 19, sur BFM, l’essoufflement fait l’objet d’un reportage :

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Parenthèse : on ne saurait confondre les médias qui parient sur l’essoufflement et les médias qui font des sondages sur les Français qui parieraient sur l’essoufflement, comme le Huffington Post, le 4 mai :

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Fermons la parenthèse et reprenons : en juin, l’essoufflement ne s’essouffle pas, au contraire. Le 11, c’est le 20h de France 2 qui traite le sujet (entre les deux interventions, donc, de Mme Saint-Cricq annonçant l’essoufflement du mouvement, le 23 mai et le 14 juin). Le lancement pose la question :

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Et le reportage apporte la réponse :

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Le 13 et le 16 juin, ce sont, respectivement, Le Figaro et Le Point qui entrent dans la danse – seule surprise : la date tardive de leur ralliement.

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Partout en France

Selon nos recherches (qui ne peuvent prétendre à l’exhaustivité), c’est donc RFI qui évoque pour la première fois l’essoufflement du mouvement « en France ». Mais les médias locaux l’avaient vu venir avant. L’avantage de la proximité ?

Ainsi, dès le 5 avril – record absolu –, en Auvergne :

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Le 18 avril, en Haute-Garonne :

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Le 29 avril, en Charente :

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Puis, l’essoufflement fait tache d’huile. Le 17 mai, il est signalé à Metz :

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Le 18, à nouveau, en Auvergne :

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Le 19, dans l’Ain :

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Et c’est donc bien légitimement qu’on peut s’étonner de quelques poches de résistance, comme ici, dans le Nord :

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À la SNCF

Dernier exemple de cette façon de (re)couvrir un mouvement social, par nature fragile et incertain, en guettant les moindres signes de faiblesse pour les propulser à la une – contribuant ainsi, au moins symboliquement, à l’affaiblissement qu’on prétend constater : la grève à la SNCF, dont l’essoufflement est signalé dès le 3 juin :

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« Les assemblées générales ont toutes reconduit le mouvement de grève », mais le mouvement ne s’en « essouffle » pas moins. La preuve en image (celle qui illustre l’article) et en légende :

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Il est à nouveau annoncé le 12 juin :

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Le 16 (grâce à « une source interne ») :

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Puis, le 21 :

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En résumé, si l’on en croit les médias dominants, le mouvement contre la Loi Travail n’a eu de cesse, semaine après semaine, de s’essouffler. Souvent réticents à rendre compte de la montée en force d’un mouvement social, ces médias se plaisent en revanche à en chroniquer, éventuellement sous une forme ingénument interrogative, le commencement de la fin, à en guetter les signes d’affaiblissement, au besoin dès le lendemain de son apparition – pour être certains d’avoir eu raison avant tout le monde ? À moins qu’il ne s’agisse, en multipliant les faire-part de décès de la mobilisation, d’instiller le doute chez les personnes mobilisées, de leur suggérer qu’elles sont isolées et qu’il ne sert à rien de s’entêter à continuer ? On ne saurait le croire – bien que le risque d’un effet performatif ne soit pas négligeable…

On ne peut toutefois manquer de relever le paradoxe qui consiste à diagnostiquer l’essoufflement de la mobilisation tout en multipliant les reportages et articles sur les effets de celle-ci, en évoquant la « France bloquée » ou la « galère » des usagers, sans même parler des discours catastrophistes sur les risques qui planeraient sur l’Euro de football, et les appels répétés à mettre un terme à la mobilisation. Mais les grands médias et les grands éditorialistes ne sont pas un paradoxe près.

Nous réserverons pour terminer une mention spéciale au Journal du dimanche qui, plus lucide que tous les autres, annonçait le 12 juin dernier, non pas l’essoufflement, mais la fin du mouvement :

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Tout simplement.
Olivier Poche (avec Julien Salingue – merci également au correspondant vigilant qui nous a signalé la récidive de Nathalie Saint-Cricq)

Source : Acrimed,  Olivier Poche, 27-06-2016

Source: http://www.les-crises.fr/loi-travail-un-mouvement-qui-nen-finit-pas-de-sessouffler-par-olivier-poche/