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[Nationalisme européen] “Même si ça sert à rien, c’est formidable…”, par Nicolas Domenach

Tuesday 18 November 2014 at 06:00

Désolé d’y revenir, mais je confesse une certaine fascination pour le nationalisme presque pur des européistes – les premiers au monde  à défendre une nation qui n’a jamais existé, qui n’existe pas, et n’existera probablement jamais… Et là, on en a un sacré exemple…

Je m’étonne que Zemmour soit rentré dans le piège et ait employé le mot “Europe” à chaque fois, alors qu’il fallait bien faire attention entre les mots “Union européenne” (ou mieux, “organisation néolibérale de Bruxelles”), “Agence spatiale européenne” et “Coopération entre nations européennes”…

P.S. comme pour Hollande, merci de ne pas parler de Rosetta en commentaire, ce n’est pas billet à nature scientifique – le titre est un clin d’oeil montrant que la nationalisme peut faire prononcer les pires bêtises…

Source: http://www.les-crises.fr/meme-si-ca-sert-a-rien-c-est-formidable/


[Normal...] La documentation de l’enquête sur Maïdan a été détruite à 90%

Tuesday 18 November 2014 at 00:30

Comme ça n’intéresse pas les belles âmes “journalistiques”, j’en fais un bref billet…

Rôôôô l’ancien procureur Svoboda a donc tout perdu, c’est ballot… Encore un coup des Russes sûrement !

La documentation de l’enquête sur Maïdan a été détruite à 90%, a déclaré aujourd’hui lors d’un briefing le porte-parole du procureur général Oleg Zalisko, annonce RBK-Ukraine.

”Мы не можем в полном объеме дать оценку действиям должностных лиц в той части потому, что, к сожалению, документация в 90%, которая касалась именно событий на Майдане, уничтожена, и уничтожена сознательно”,- заявил Залиско.

По его словам, этот факт также является предметом уголовного производства.

“Nous ne sommes pas pleinement en mesure d’apprécier les actes des officiers, parce que, malheureusement, 90% de la documentation concernant les événements de Maïdan ont été détruits, et il s’agit d’une destruction volontaire” a déclaré Zalisko.

Selon lui, ce fait fait également l’objet de poursuites pénales.

Source : RBK

Source: http://www.les-crises.fr/documentation-maidan/


Peter Kassig assassiné : Hollande dénonce un “crime contre l’humanité”

Tuesday 18 November 2014 at 00:01

“Le groupe djihadiste de l’Etat islamique (EI) a revendiqué dans une vidéo, dimanche 16 novembre, avoir décapité l’otage américain Peter Kassig, un travailleur humanitaire de 26 ans enlevé en octobre 2013 en Syrie. Cette décapitation a été qualifiée de “crime contre l’humanité” par François Hollande.” [Obs, 16/11/2014]

et même mieux !

MAIS ATTENTION, ne confondez-pas !

Source: http://www.les-crises.fr/peter-kassig-assassine-hollande-denonce-un-crime-contre-lhumanite/


Débat Todd / Gaino sur l’Europe : “L’Europe avance, vers le mal…”

Monday 17 November 2014 at 02:50

Extraits de l’excellentissime débat Emmanuel Todd / Henri Gaino chez Atlantico (version intégrale sur le site), survenu le 10 octobre.

Atlantico : Dans son dernier Livre “Sauvons l’Europe !”, Valéry Giscard D’Estaing déclare “L’Europe, notre Europe, dispose encore de 20 ou 30 ans pour s’unir comme ont su le faire les américains et rééquilibrer de ce fait le jeu des grandes puissances”. Partagez-vous ce constat ? Les raisons qui ont poussé les états européens à s’unir après la seconde guerre mondiales sont-elles encore valables aujourd’hui ?

Emmanuel Todd : Cette idée que l’union fait la force, “les Etats Unis sont gros, la Chine encore plus, l’Inde arrive, tout le monde est gros sauf nous”, c’est le paralogisme fondamental de l’européisme. Cette idée est très puissante, elle semble de bon sens. J’y étais moi-même assez sensible. Puis, je me suis aperçu que la politique de contrôle salarial allemand était dirigée contre ses partenaires et consciente. Si l’Allemagne fait baisser son coût du travail de 20%, cela ne produira aucun effet sur la Chine qui, à l’époque, avait un cout du travail vingt fois moins élevé.

Par contre, vis-à-vis de la France, de l’Italie etc….cela va faire un gros effet.

Même jeu pour la politique de change de Pékin, avec un maintien de la monnaie chinoise au plancher: est-elle vraiment dirigé contre les Etats Unis? Evidemment non. Mais contre les Vietnamiens, les Thaïs, les Indonésiens et autres pays à bas coût du travail. Dans la globalisation, nous voulons toujours voir seulement une compétition entre les pays à haut et bas cout du travail. Mais dans les ajustements des nations à la globalisation, ce que nous observons d’abord, c’est que chacun des acteurs essaye de s’en sortir, non pas en luttant contre les plus lointains, mais contre les plus proches, par la géographie et le niveau de développement.

Dans la globalisation, l’Allemagne ne cherche pas son équilibre par une coopération économique avec ses partenaires mais par leur destruction industrielle. De même, la Chine affronte ses voisins du sud. Les gens vivent avec une idée fausse, inversée de l’Europe: elle n’est plus du tout une zone pour se protéger, pour survivre, c’est au contraire une zone de guerre économique maximale. La baisse du coût du travail, c’est une stratégie anti-voisin: on essaye d’être le dernier à survivre dans un processus d’abaissement des niveaux de vie, d’anéantissement du futur. Dans ce contexte de compétition féroce entre voisins sociaux, économiques, géographiques, les effets économiques des différences de force liées à l’anthropologie et à l’histoire sont maximisées.

La vérité est que pour les plus petits ou les plus faibles, l’enfermement dans l’euro rend toute défense par le change impossible. On assiste à une implacable mécanique de mise en hiérarchie, d’abord économique mais très vite politique. La Grèce est déjà un genre de protectorat interne. Voilà ce qui se passe réellement en Europe. C’est la métamorphose de Kafka, version économico-politique. Hier, nous vivions dans un monde de nations libres et égales, d’esprit français, mais aujourd’hui, nous nous réveillons comme le petit fonctionnaire de Kafka, à l’état de cafard rampant sur un mur. L’Europe est devenue un monstre hiérarchique. 

Henri Guaino : [...] Que les pays d’Europe aient beaucoup d’intérêts à défendre ensemble, cela est vrai. Mais ce que propose Valéry Giscard d’Estaing est d’une autre nature : copier les Etats-Unis d’Amérique, c’est à dire faire de l’Europe une seule Nation. Mais une Nation, c’est bien autre chose qu’une liste d’intérêts communs, même si la liste est longue. Une Nation, cela ne se décrète pas.

Même aux Etats-Unis cela a été un peu compliqué. Il a fallu, quand même, la guerre de sécession et ses 600 000 morts, et les guerres indiennes. Et c’était un pays neuf, un pays de pionniers transformé, non sans une certaine cruauté, presque en page blanche par les nouveaux venus qui voulaient écrire leur propre histoire sur une terre vierge.

L’Europe est un vieux continent avec de vieux pays et une très vieille histoire. Croire que l’on va simplement, parce qu’on le veut, effacer toutes ces singularités, toutes ces histoires qui font l’Europe, est le péché originel d’une construction qui ne veut tenir aucun compte ni de la géographie, ni des héritages. Est-ce que chercher à s’unir sur le plus petit dénominateur commun, tellement petit qu’il ne représente rien, rend plus fort ou plus faible ? Est-ce que priver tous les peuples d’Europe de leur capacité à décider pour eux-mêmes, fait automatiquement une capacité européenne à décider pour tous ? Est-ce que le broyage des peuples dans l’immense machine bureaucratique de Bruxelles a fait naître une volonté commune plus grande que la volonté de chacun ? Est-ce que l’Europe y a gagné en puissance dans le monde et en prospérité ? La réponse est non. L’Europe des politiques communes, de la préférence communautaire, du marché commun avait peut-être un sens : il s’agissait d’accomplir ensemble ce qui pouvait l’être. Mais tout change avec l’acte unique au milieu des années 80, lorsque l’on a décidé de faire de la concurrence l’alpha et l’oméga de toutes les politiques européennes. Pourquoi ce basculement ? On peut l’imputer à l’idéologie libérale qui triomphait à l’époque. Mais, me semble-t-il, la raison était l’élargissement de l’Union et dans le dessein fédéraliste, plus ou moins avoué.

Le fédéralisme pousse à une extension continue du champ des compétences communautaires au mépris du principe de subsidiarité. Résultat, il est de plus en plus difficile, alors que le nombre des Etats membres augmente, de prendre ensemble des décisions sur un nombre de plus en plus important de sujets. C’est cette double dérive de l’élargissement des compétences et des frontières extérieures qui a poussé l’Union à s’en remettre à la commission pour tout régler. Ainsi, à partir du milieu des années 80, on a commencé à mettre l’Europe en pilotage automatique, c’est-à-dire d’une certaine manière à la dépolitiser. Cette entreprise de dépolitisation totale de la société et de l’économie européennes est une entreprise sans précédent dans l’Histoire.

Elle est en contradiction avec tous les principes de la civilisation européenne. Et elle est sans issue : les peuples qui veulent écrire leur propre histoire ne peuvent supporter d’être dépossédés, peu à peu, de leur souveraineté. La politique, c’est la volonté humaine dans l’histoire, opposée, pour le meilleur et pour le pire, à tous les déterminismes. Imagine-t-on le continent qui a inventé le libre arbitre s’unir en se reniant à ce point ?

Imagine-t-on l’Europe qui a inventé ce que nous appelons la politique se construire impunément sur un projet d’effacement de la politique, de la volonté et de la responsabilité politiques, pour remettre tout son destin à des règles automatiques et des autorités indépendantes n’ayant de comptes à rendre à personne ?

Quand je dis l’Europe, il faut s’entendre. Il y a l’Europe de la culture et de la civilisation et l’Europe comme construction institutionnelle. On peut se sentir profondément européen, appartenant à une civilisation européenne et mal à l’aise dans cette union artificielle, fondée non sur des réalités qui s’imposent à nous, mais sur des textes d’inspiration bureaucratique qui prétendent, depuis 30 ans, régenter de plus en plus notre vie quotidienne. La civilisation, la culture, la géographie sont des faits qui s’imposent à nous.

L’Union européenne est une construction que nous ne sommes pas obligés d’accepter telle quelle est, que nous pouvons critiquer et changer si nous estimons qu’elle ne fonctionne pas. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne fonctionne pas et qu’elle nourrit des ressentiments et des crispations auxquels on pensait que l’histoire avait fait un sort définitif. En confondant l’idée d’Europe avec la construction européenne actuelle, on tue le débat, comme on le tue lorsque l’on proclame que c’est l’Union européenne qui a fait la Paix et non l’inverse, car on ne critique pas la Paix.

La construction européenne, c’est le nouveau débat interdit. Vous connaissez la formule : l’Europe où le chaos ! Mais, c’est en faisant l’union de l’Europe de cette façon que l’on va droit au chaos.

Emmanuel Todd : J’en ai vraiment marre de l’Europe. Affirmer une identité européenne devient une obligation de bien-pensance, étouffante, totalitaire. Personnellement, cela ne me gêne pas d’être en Europe, j’ai toujours plaisir à voyager sur ce continent, mais je n’ai aucune identité européenne. Je me définis comme français, ça c’est sûr, et heureux de l’être, éventuellement breton, juif, ayant des liens avec le monde anglo-saxon, mais pour rien au monde européen. J’aime spécialement l’Italie, le Japon, la Hongrie. J’éprouve toujours une immense reconnaissance envers la Russie qui nous a débarrassé de la Wehrmacht. J’en ai assez de l’obligation rhétorique de se dire européen. L’Europe est un désastre, et ça va comme ça. En tant qu’historien de la longue durée, ma révulsion est d’intensité égale: la réalité de la France n’est pas qu’elle est en train de fusionner avec la Finlande, la Tchéquie, l’Espagne, l’Irlande et l’Allemagne, mais que des populations d’origines européenne, africaine, arabe et asiatique sont en train d’y fusionner, notamment en région parisienne, et que face à la grandeur historique de ces retrouvailles planétaires, l’idée européenne est par nature étroite, mesquine même.

Henri Guaino : L’Europe qui a inventé aussi l’universalisme ne doit pas être un enfermement, ou même un renfermement. Mais l’Europe existe dans la pensée, dans les idées, dans la civilisation, dans l’héritage de la chrétienté, et de la Méditerranée : si la philosophie allemande me parle, c’est aussi parce qu’elle est l’héritière de la philosophie grecque. Le constat est quand même que l’homme européen qui porte cet immense héritage de culture, le poids si lourd de tant de souvenirs, la marque d’une spiritualité si profonde, n’a jamais été aussi affaibli dans le monde, aussi fragile, aussi vulnérable que depuis que la construction européenne s’est métamorphosée en processus de dépolitisation, inspiré par une idéologie de la table rase qui se représente l’Europe comme une terre vierge de tout héritage et qui récuse même la géographie, puisque cette Europe n’a plus de limite et semble extensible à l’infini. Cette construction a d’autant plus affaibli l’Europe et les Européens que cette métamorphose s’est produite en même temps que ce changement décisif que l’on appelle la mondialisation qui a ouvert la porte à tous les dumpings et à toutes les concurrences déloyales, remplaçant un monde où chacun se développait en contribuant au développement des autres par un monde où chacun est conduit à se développer au détriment des autres. [...]

Emmanuel Todd : Je trouve que l’on est un peu en retard dans le vocabulaire. On emploie des mots sans se rendre compte qu’ils ont changé de sens. On continue à parler d’Europe, ou de fédéralisme, comme si l’on avait toujours affaire à la même “chose”. Mais ce n’est plus la même Europe. C’est une Europe où les nations sont inégales. Il y a un chef qui est l’Allemagne et ses satellites d’Europe du nord et des pays baltes. On vit dans une Europe ou les Polonais sont à prendre au sérieux alors qu’ils veulent faire la guerre aux Russes.

On met Moscovici sous contrôle letton. Ce n’est plus l’Europe de papa, l’Europe sympa de la politique agricole commune, d’Airbus, d’Ariane et du projet Erasmus. C’est un autre monde, austéritaire, inégal, sado-masochiste, qu’il faut peut-être l’appeler par son nom allemand, Europa.

(Nous dévoilons le titre du livre de Valéry Giscard D’Estaing : EUROPA- Sauvons L’Europe !)

C’est caractéristique, je n’avais pas vu ce titre du livre de Valéry Giscard d’Estaing. Quel talent! Il est vrai que le privilège des vieillards est de ne plus avoir à faire semblant. Un autre exemple de retard conceptuel: lorsque des benêts, pas toujours socialistes, nous disent que, pour résoudre les problèmes économiques, « il faut aller vers plus de fédéralisme », ils ont un train intellectuel de retard. Il y a déjà un centre de décision unique en Europe qui est l’Allemagne. Et l’Allemagne est centralisée, à Berlin, dans son processus décisionnel. Les ministres français vont à Berlin demander des autorisations à leurs superviseurs allemands. Bon, c’est un fédéralisme hiérarchique un peu complexe. On se tord les mains en se lamentant de ce que l’Europe française n’avance plus. Mais une autre Europe avance, ensemble d’Européens inégaux habitant des nations inégales placées sous l’autorité d’une nation hégémonique, l’Allemagne, dont la démocratie particulière continue de fonctionner. Merkel, au contraire de Hollande est populaire et légitime dans son pays. Je l’ai dit dans le journal allemand “Die Zeit”, l’Allemagne est, selon le concept politologique classique, une Herrenvolk Democracy : un peuple dominant y délibère démocratiquement et décide pour les autres. Je crois cependant que cette structure n’est qu’une étape.

Le premier souci des élites dirigeantes allemandes n’est pas le bien-être du peuple. En relisant “Les Etapes de la croissance économique” de Rostow, j’ai redécouvert cette idée que les sociétés qui ont atteint un certain niveau de développement ont le choix entre une politique de bien-être des populations et une recherche de la puissance. L’Allemagne fait une politique de puissance. A Berlin, le bien-être des populations n’est pas prioritaire, y compris celui de la population allemande. [...]

Atlantico – Le projet européen est-il une impossibilité en lui-même ou un échec découlant de cette construction ?

[...]

Emmanuel Todd : On m’accuse toujours d’être germanophobe. Quelle erreur! Je connais mieux l’histoire allemande que la plupart des gens qui peuplent l’Elysée, l’Assemblée et les rédactions en chef des journaux traditionnels. Mon attitude est fondamentalement une acceptation d’historien: j’accepte de voir la spécificité de la puissance allemande, l’évidence d’un rôle particulier de l’Allemagne dans l’histoire. J’accepte de voir que la modernité éducative européenne a commencé avec la réforme protestante, que l’Allemagne était alphabétisée longtemps avant la France et je connais par ailleurs les structures familiales allemandes. J’accepte de façon empirique cette évidence de la capacité de l’Allemagne à dégager une énergie particulière à certains moments. J’accepte de voir que la France a fait ce qu’elle a pu, qu’elle a fait son devoir, au-delà même de ses forces en 14-18. Et j’ai tiré la leçon de la deuxième guerre mondiale: la France ne peut seule contrôler l’Allemagne dans l’espace européen. La France a d’autres qualités; cela n’a aucun sens de justifier pourquoi on préfère être français. L’idée française que l’on peut faire comme l’Allemagne – je n’ai même pas dit aussi bien- est une aberration. La leçon de l’histoire c’est que nous n’en finissons pas d’avoir un problème allemand, c’est une régularité qui dérive de la constitution anthropologique et religieuse de l’Allemagne. Mais il y a d’autres pays comme cela ; si la Suède avait 80 millions d’habitants, je vous garantis qu’on dégusterait une version ultra féministe de la même chose.

Les élites françaises ont un rapport névrotique à l’Allemagne. Elles aimeraient gérer un peuple aussi obéissant et efficace. Mais nous, Français, sommes autre chose, et notamment peu enclins à accepter sans discussion l’autorité. Nos énarques ne peuvent l’admettre. Il est vrai que les énarques de la botte, Inspecteurs des Finances, Auditeurs à la Cour des Comptes ou au Conseil d’Etat ont le plus souvent réussit en fayotant et sont donc très mal armés intellectuellement pour penser la désobéissance. Mais l’Allemagne est l’Allemagne, disciplinée, efficace, obstinée dans la poursuite d’objectifs spécifiques. Nous ne sommes pas à la bonne échelle de puissance pour la contrôler, c’est le boulot des autres: Américains, Anglais, Russes. [...]

Atlantico – Quel sens prend la construction européenne aujourd’hui ?

Henri Guaino : [...] Mais la politique de la démographie allemande ne peut pas être la nôtre. A fortiori celle de tout le continent. Elle conduit dans beaucoup de pays à un rejet de l’Allemagne et de l’Europe.

Emmanuel Todd : Le système européen dysfonctionne, c’est une évidence massive, un nez au milieu d’une figure. La question n’est donc plus de savoir si l’Europe fonctionne, l’Europe est un désastre. Le problème est désormais de pouvoir répondre à la question « Pourquoi ne se passe-t-il rien ? ». Il y certes a un problème de conscience et de responsabilité des élites dirigeantes. Mais dénoncer les élites ne suffit pas. Que se passe-t-il dans le corps électoral ? Il faut quand même admettre qu’il y a encore des élections en France et que le corps électoral n’est pas dans un état d’esprit révolutionnaire. Les gens sont capables de voter non à la constitution de 2005 mais lorsque les manœuvres politiques aboutissent au traité de Lisbonne, il ne se passe rien. Il y a toute une partie de la France qui s’accommode des politiques de l’Allemagne: la France reste riche et elle est de plus en plus vieille. Passive.

Henri Guaino : Cela ne préjuge en rien du caractère révolutionnaire du peuple français. L’histoire nous apprend que les ressentiments, les colères peuvent rester longtemps souterrains jusqu’au jour où, de façon toujours surprenante et inattendue, ils éclatent au grand jour.

Emmanuel Todd : Vous avez raison, mais ce que je dis, en tant que démographe, est que le genre de structure d’âge qu’a actuellement le monde occidental n’a jamais existé dans l’histoire. Compte tenu de la structure politique représentative et de la place des vieux dans le corps électoral on a un peu de mal à imaginer une sortie du blocage actuel dans le cadre de procédures démocratiques. L’âge médian des électeurs doit être proche de 50 ans.

Henri Guaino : Cela ne veut pas dire qu’il ne se passera rien éternellement. Personne, en janvier 1789, ne croyait que la révolution allait tout emporter. Je crois qu’il existe toujours un degré de souffrance à partir duquel tout peut arriver. Et c’est le problème auquel se trouve confrontée l’Europe, une fois de plus, comme elle y a été confrontée dans les années 30. Il y a un moment où à force de faire souffrir les gens, la colère devient irrépressible.

[...] 

 Emmanuel Todd : Ce qui est caractéristique de l’Europe c’est de ne plus être dans la réalité du monde, de plus avoir de vision globale du monde, comme il en existe aux Etats-Unis, en Russie, en Chine ou au Japon. Cela dit,  l’Allemagne  développe  une vision et si elle reste longtemps le centre de l’Europe, alors l’Europe finira par acquérir une vision allemande du monde.

Ce que montre l’Histoire c’est qu’en général les politiques sont en retard sur les crises économiques.  On en arrive en général à une crise politique avant d’avoir résolu la question économique. Et ce que montre l’histoire des crises politiques, c’est que les tempéraments politiques nationaux sont très différents. En vérité, l’entrée en crise maximise la diversité  culturelle et les antagonismes. En 1929, les deux pays les plus avancés dans la crise sont l’Allemagne et les Etats Unis. Pour produire Roosevelt d’un côté et Hitler de l’autre. En France cela donne le Front Populaire. Ce sont des réactions fort diverses. Je sens monter une tension générale s’incarnant  en Europe dans une divergence des comportements politiques. En France, on est pris dans une farandole totalement démente associant une droite classique pulvérisée, un PS qui est devenu un vrai parti de droite, aile gauche comprise,  et un Front National prônant simultanément la solidarité nationale et la division de la nation entre Français anciens et récents. En Allemagne, ils ont comme en Suisse l’union de la gauche et de la droite, effet d’une organisation verticale de la société. Lorsqu’on dit que l’Europe est désormais le continent de “la” démocratie, (après avoir inventé le fascisme, le communisme et le nazisme soit dit en passant), on fait comme s’il n’y avait chez les 27 qu’un seul système politique. C’est faux. D’ailleurs, si les gens de l’UMP ou du PS étaient sérieux dans leur idée de faire comme l’Allemagne, ils gouverneraient ensemble.

La crise approche, la pensée unique évolue. La pensée unique des années 90  (pour moi pensée «zéro »), c’était l’infinie beauté du libre-échange, de l’euro, de la démocratie,  l’amitié entre les peuples, un pacifisme de principe. Sur ce dernier point nous pouvons identifier une mutation récente, effet de l’anxiété d’élites, politiques ou journalistiques impuissantes devant le détraquage du monde. Ce que l’on sent venir,  ici c’est un besoin de boucs-émissaires et une préférence pour la guerre: avec Bachar El-Assad, avec Poutine. La pensée zéro n’est plus pacifiste. L’Europe avance, vers le mal. On dénonce depuis un quart de siècle la xénophobie des couches populaires, mais vraiment, m’acharnant à essayer de comprendre la russophobie des élites, je suis arrivé à la conclusion que la russophobie, c’est tout simplement la xénophobie des élites. 

[...]

Henri Guaino : [...]  La pensée unique ou vide est celle de la bonne conscience. Aujourd’hui, comme dans les années 30, elle ne pense pas la crise de civilisation européenne et mondiale.

L’Europe a tout faux. Elle a tourné le dos à la Russie. Elle a tourné aussi le dos à la méditerranée et elle s’est coupée de sa source culturelle, spirituelle, géographique, avec une terrible désinvolture que nous payons aujourd’hui. Le mépris de beaucoup de nos partenaires du Nord et de l’Est pour l’Europe du Sud s’inscrit dans cette logique suicidaire. [...]

Ne refaisons pas l’histoire. Mais observons où peuvent conduire le pacifisme bêlant, l’opportunisme et le conformisme politiciens qui assurent les carrières, le confort d’une bonne conscience à toute épreuve qui conduit à la perte de tout sens moral, une intelligence uniquement préoccupée par les petits calculs, les petites combinaisons, incapable d’appréhender la nature des crises et la dimension tragique de l’histoire. A vrai dire, Laval représente un type de personnage que l’on rencontre tous les jours. Il a vécu juin 40 comme une opportunité pour revenir au centre du jeu politique. Rien de plus. Les circonstances l’ont entrainé dans l’infamie. [...]

A vrai dire, lorsque la politique ne peut pas s’élever au-dessus du marchandage, des petites combinaisons partisanes, du clientélisme qui sont le lot des régimes d’Assemblée finissants, lorsque le système politique ne génère que des politiques à courtes vues et que surviennent des crises profondes, le désastre est presque toujours assuré.

[...]

Au-delà de ce constat, je me pose une autre question. Dans l’histoire des élites françaises, une partie d’entre elles au moins, a souvent trahi la France pour tirer au mieux son épingle du jeu sans se soucier du destin collectif, alors que, par exemple, les élites anglaises n’ont jamais trahi l’Angleterre…

Les élites européennes ne sont-elles pas en train de trahir l’Europe ? Que dire d’une Europe qui prend le visage de Monsieur Junker, un homme qui, à la tête du gouvernement luxembourgeois, a organisé le pillage fiscal méthodique de tous les autres pays européens ? C’est cela l’élite européenne ? C’est cela son idéal européen ? C’est d’encourager l’évasion fiscale, d’ouvrir l’Europe à tous les vents, de la laisser économiquement désarmée, d’en faire la victime expiatoire de toutes les guerres économiques, de tous les prédateurs, de tous les démagogues. Plus grave encore, le désarmement militaire de l’Europe dans un monde où les tensions, les conflits, les menaces se multiplient. On nous raconte une histoire de Nation européenne. A-t-on jamais vu une Nation qui n’a pas la volonté de se défendre ? L’Europe, si belliciste vis-à-vis de la Russie, de la Syrie, de l’Iran, de l’Etat islamique, des organisations terroristes ne veut pas de défense européenne. Elle ne veut que le parapluie américain. A part la France et l’Angleterre, l’Europe ne s’engage jamais militairement et elle renâcle à payer pour partager le coût des interventions. Etrange Europe pacifiste en diable et tout autant belliciste vis-à-vis de tous ceux qui ne partagent pas sa conception de la Démocratie ou qui pourraient mettre en danger la Paix dans n’importe quelle région du monde, mais Europe incapable de s’armer pour défendre la Paix et pour se défendre elle-même, pour défendre sa tranquillité, sa liberté, sa conception de la civilisation. Cette Europe qui encense la Paix à tout bout de champ, pousse à la guerre par procuration. Emmanuel Todd parlait tout à l’heure de boucs émissaires. L’Europe s’est fait une spécialité, au nom de la bonne conscience européenne, ou de vieilles rancœurs, de désigner des boucs émissaires dont elle demande la tête aux autres, sans accepter de se salir les mains elle-même. C’est moins dangereux et moins coûteux. En apparence et à court terme. Car, à long terme ce genre de renoncement se paye toujours très cher. 

Emmanuel Todd : Il y a partout des fantasmes bellicistes de compensation, de fuite, et une recherche de boucs émissaires. On réactive de vieux et absurdes souvenirs. Mais comme  l’Europe qui est en train de ré-émerger, c’est celle des nations,  et de nations avec des passions  et des mémoires divergentes, nous assistons à la naissance d’un bellicisme européen général qui n’est que la somme de bellicismes nationaux. La Suède russophobe nous révèle qu’en ce début de troisième millénaire elle n’a toujours pas pardonné à la Russie la liquidation de son empire baltique au XVIIIème siècle.

Les Polonais n’en finissent pas de vouloir faire payer leur propre  échec historique aux Russes, capables eux de construire un Etat puissant pendant que la Pologne se dissolvait dans l’anarchie du veto noble universel, le Liberum Veto. Toujours le XVIIIème siècle. Oui, l’Europe avance, vers le passé…

La génération  au pouvoir n’a rien connu d’important ou de tragique. Elle ne connaît ni ne comprend l’histoire. Mais on peut faire l’hypothèse d’une histoire qui redevient dure, dramatique, avec une irruption d’irrationnels nationaux. Vos voyez, je ne parle pas que de l’Allemagne. Il y a l’absurdité polonaise, le bellicisme suédois. Le nouveau mépris des pays du Nord pour ceux du Club Med. Tenez, plus exotique encore, le cas de la Lettonie, aujourd’hui vierge effarouchée par l’ogre russe, donneuse de leçons budgétaires à la France, mais  participante particulièrement enthousiaste au bolchévisme en 1917. Vous vous souvenez ? Le régiment letton de Lénine, la remarquable contribution lettone à la fondation de la police politique bolchévique….

Il faut s’intéresser aux nations parce que l’universalisme bêlant est le fait de gens qui sous estiment les nations, les absolvent souvent mais parfois les diffament. Je suis hors de moi lorsque je vois les critiques sans nuances concernant la Hongrie, ce pays qui a affronté l’armée soviétique en 1956, ce  pays qui a ouvert le rideau de fer en 1989. Ces Hongrois que l’Europe est en train d’attaquer comme anti-libéraux sont le peuple qui amorcé la chute du communisme. L’Européisme n’est plus  qu’un immense révisionnisme: l’Allemagne n’a pas déclenché la guerre de 14, la Hongrie n’a jamais été l’incarnation de la liberté à l’Est.

Atlantico – Comment sort-on de l’impasse actuelle ?

Emmanuel Todd : Tout apparaît impossible aujourd’hui. L’euro ne marchera jamais. Nos politiques n’auront jamais le courage de l’admettre et d’agir pour nous en sortir. Comme l’euro vide le pouvoir exécutif présidentiel de son contenu,  notre vie politique n’est plus désormais qu’une comédie: les politiques veulent atteindre a l’Elysée pour n’y  rien faire.  Ils prétendent devenir président mais n’aspirent au fond qu’au poste de vice chancelier.

L’arrêt de l’histoire étant inconcevable, il s’agit d’identifier la crise susceptible d’enclencher une mécanique de désagrégation politique et économique de la zone euro.

Deux scénarii sont possibles. Le premier est un emballement des problèmes internationaux, militaires et économiques. L’ Union européenne,  voulant continuer de s’étendre, finit par s’écrouler en son coeur. L’affaire ukrainienne pourrait déboucher sur ce genre d’effondrement. Les sanctions économiques anti-russes pourraient achever économiquement le continent de la déflation. L’aventurisme polonais en Ukraine ou à Kaliningrad pourrait contraindre  la France à se désolidariser in extremis d’un soutien allemand à la Pologne. Mais mille catastrophes sont envisageables…Les violences de l’Ukraine pourraient se répandre en Europe centrale.

L’autre possibilité est que nous arrivions tous seuls en France, comme des grands, à une implosion complète  de notre  système politique. Nous avons déjà  l’impression d’être en lévitation. On doit certes désormais envisager une vraie percée du Front National, mais son arrivée au pouvoir me paraît toujours inconcevable.  Ce que l’on peut imaginer est une volatilisation d’’ensemble du système des partis et que quelque chose émerge autour de quelques personnes, dans un contexte de désordre assez accentué.

Henri Guaino : D’accord avec Emmanuel Todd, l’arrêt de l’histoire est inconcevable, mille catastrophes sont possibles dans le contexte actuel et l’effondrement de notre système politique n’est pas à exclure. Je rajouterai que la Démocratie n’est pas indestructible et qu’un trop grand désordre dans l’économie et la société, comme dans les esprits, peut toujours déboucher sur un moment autoritaire. Le piège dans lequel nous nous sommes mis est bien refermé. La question de l’Euro, par exemple, est redoutable. Sortir de ce piège monétaire ne se résume pas à un problème de courage. Quels que soient les défauts de la monnaie unique, préparer à froid la sortie de l’Euro serait prendre le risque de se jeter dans le vide. Personne ne sait ce qui arriverait. On peut faire des hypothèses, mais personne n’en sait rien, personne ne peut dire si les souffrances provoquées par la sortie de la France de l’Euro, au risque d’un cataclysme mondial, ne seraient pas plus grandes que les souffrances provoquées par le maintien de l’Euro. Je ne prendrai donc pas le risque moral de prôner la sortie de l’Euro. Mais l’Euro ne pourra pas continuer d’exister, et l’Europe non plus, si nos partenaires considèrent qu’ils n’ont aucun devoir les uns vis-à-vis des autres. L’Euro est la mesure de la volonté de chacun de poursuivre l’aventure européenne. Si chacun n’y met pas du sien et c’est le plus fort, le plus prospère qui doit y mettre le plus du sien, alors tout explosera. Si le plus fort attend que tous les autres s’ajustent à lui quel qu’en soit le coût, l’Euro ne survivra pas. Disons les choses : si chacun doit faire un pas vers les autres, l’Allemagne doit en faire un plus grand. L’Euro peut être mis au service du développement européen, mais si nous le gérons de façon suicidaire, nous en subirons les conséquences. Pour l’instant, nous sommes plus proches du suicide que du salut.

Emmanuel Todd : Vous partez du principe, qu’au final, l’Allemagne devra être raisonnable. Mais si l’histoire nous apprend une chose, c’est que l’Allemagne n’est que rarement raisonnable.

Henri Guaino : L’espérance est une vertu héroïque. Mais, c’est l’intérêt de l’Allemagne d’être raisonnable.

Emmanuel Todd : Etre raisonnable, pour moi,  c’est me soumettre aux faits observables. Et si l’on a perception empirique de l’histoire, la probabilité que l’Allemagne ne soit pas au final raisonnable est très élevée.

Henri Guaino : Si l’Allemagne est déraisonnable, elle sera celle qui en paiera le prix le plus élevé.

Au-delà du constat que vous dressez, concrètement et politiquement, comment est-il possible d’avancer ?

Henri Guaino : On parle toujours de courage politique mais la grande défaillance aujourd’hui est celle du courage intellectuel. La grande dépression des années 30 qui s’est muée en profonde crise de civilisation a suscité partout dans le monde une grande effervescence intellectuelle qui a donné le New Deal, le nouvel ordre mondial de l’après-guerre, la protection sociale, Keynes, Beveridge, le programme du Conseil National de la Résistance, les 30 Glorieuses… Cette effervescence intellectuelle qui a transformé en profondeur le capitalisme et le droit international n’est pas au rendez-vous des crises actuelles. Je l’ai constaté lors de la crise financière. Du coup, il n’y a pas eu de réforme de la finance à la hauteur des enjeux révélés par les évènements. Depuis, il n’y a eu aucun progrès. On reste à la surface des choses tandis que, souterrainement, les crises avancent. Les politiciens se demandent comment gagner les élections. Ils ne se posent pas la question de savoir comment ils pourront gouverner au lendemain des élections. C’est ce qui frappe le plus et qui me paraît le plus inquiétant pour l’avenir.

Emmanuel Todd : La crise avance désormais plus vite que la politique consciente et organisée.  Je m’abstiendrai donc de toute recommandation concrète. Mais je vous garantis que ça va être intéressant et surprenant.

Lisez ce fantastique débat dans son intégralité chez Atlantico

Source: http://www.les-crises.fr/debat-todd-gaino-sur-leurope-leurope-avance-vers-le-mal/


[Intégrisme religieux] “Poutine est un envoyé de Satan”, par le pape ukrainien…

Monday 17 November 2014 at 00:30

Déclaration du patriarche de Kiev et philarète de toute l’Ukraine russe

Et Caïn dit à Abel son frère : [allons aux champs]. Et quand ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur Abel son frère, et le tua. Et l’Éternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ?
Genèse 4: 8-9

Mes chers frères et sœurs, à tous les gens de bonne volonté !

C’est avec grand regret que je me dois d’annoncer publiquement que, parmi les dirigeants de ce monde, appartenant à l’Église orthodoxe de par le baptême, un nouveau et réel Caïn s’est révélé, non par le nom mais par les actes.

Ces propos révèlent que le gouverneur sus-mentionné, tout comme l’original et fratricide Caïn, est un envoyé de Satan.

Les Saintes Écritures nous enseignent que deux grands péchés, le meurtre et le mensonge, sont très proches l’un de l’autre, car leur inspirateur commun est le diable. Par conséquent, toute personne se laissant aller à ces péchés, d’après le Sauveur, a le diable pour père « vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge » (Jean 8:44). « On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié. » (Luc 12:48). Beaucoup de pouvoir a été confié aux mains du dirigeant susmentionné, mais le monde entier observe comme nous qu’il a tiré son pouvoir, non pas de bonnes actions mais de mauvaises.

C’est sur son ordre que les médias dans son pays, jour et nuit, et dans de nombreuses langues ont répandu des mensonges cyniques sur l’Ukraine, ont suscité la haine contre le peuple ukrainien, et contre notre désir d’être indépendant et de construire notre propre état souverain, ils provoquent des massacres et des meurtres dans le Donbass.

Les mensonges qu’il profère sont éhontés : alors qu’il organise et envoie des assassins mercenaires dans notre pays, il parle de « conflit interne », avec lesquels il prétend n’avoir aucun lien ; alors qu’il envoie ses troupes en Ukraine, il déclare publiquement que ses troupes n’y sont pas présentes. Au moment où en Ukraine, les soldats qui ont péri en défendant la Mère Patrie sont enterrés en héros, les soldats de son pays qui sont morts dans le Donbass, sont enterrés secrètement, eux, sans que les circonstances de leur mort soient connues.

Ce dirigeant ment cyniquement, disant que son pays n’est pas partie prenante dans le conflit en Ukraine bien qu’il ait tout fait pour le fomenter et l’entretenir.

Un grand nombre de victimes sont la conséquence de ses actes. Depuis ces derniers mois, des soldats et des volontaires sont tués tous les jours. Ils protègent l’Ukraine de l’agresseur, qui adore s’appeler lui-même notre frère. Les combats affectent des millions de civils et des dizaines de milliers sont contraints de fuir la guerre, des centaines ont été tués. Les villes et les villages du Donbass sont en ruine.

Moi, le patriarche responsable devant Dieu du peuple orthodoxe ukrainien, je vois tout cela et j’affirme que la responsabilité pour tous ces mensonges incombe à ce dirigeant mentionné ci-dessus. Il est en son pouvoir de faire cesser le sang et la mort, mais par orgueil il continue à faire le mal. Il dit qu’il est le frère du peuple ukrainien, mais en réalité, ce qu’il fait montre qu’il est vraiment devenu le nouveau Caïn, versant le sang de ses frères et trompant le monde entier avec ses mensonges.

Son mensonge en abuse quelques-uns qui pensent qu’en fait ce dirigeant protège les valeurs spirituelles et morales traditionnelles des ravages de la mondialisation. Mais le fruit de ses actes, que les Évangiles nous appellent à juger, nous indique le contraire.

C’est pourquoi, à tous ceux qui sont tentés de croire ces mensonges et spécialement aux orthodoxes d’Ukraine et du monde entier, je veux rappeler les paroles du Sauveur : « Méfiez-vous des faux prophètes qui se présentent à vous comme des loups déguisés en agneaux. C’est à leurs fruits que vous saurez les reconnaître. Les hommes cueillent-ils les raisins d’épines, ou les figues de chardons ? Tout arbre qui est bon porte de bons fruits, tout arbre qui est mauvais porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. Donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Matthieu 7: 15-20).

Des appels à ce dirigeant et ses sbires, lui enjoignant de réfléchir, de cesser de faire le mal et de se repentir, ont déjà été lancés à plusieurs reprises publiquement. Mais il semble rester sourd à ces appels et ne fait que répandre le mal, parce que Satan est entré en lui, comme dans Judas Iscariote.

Toutefois, nous avons foi en la miséricorde de Dieu pour tous les pêcheurs, aussi nous continuons à espérer qu’il se repente et nous relayons vers lui l’appel de millions de personnes : « Stop, arrêtez les mensonges et les meurtres, faites preuve de bon sens !

Par vos actes vous vous séparez vous-même de l’Eglise Orthodoxe et de Dieu, et vous vous condamnez vous-même à une fin ignominieuse et à la damnation éternelle en enfer. Pour tout le sang versé par votre volonté et tout le mal fait sous vos ordres, votre punition sera la même que celle du menteur fratricide Caïn : la malédiction et la damnation éternelle. »

Si vous ne vous repentez pas, les paroles des Saintes Ecritures s’accompliront : « Il aimait la malédiction : qu’elle tombe sur lui ! Il ne se plaisait pas à la bénédiction : qu’elle s’éloigne de lui ! Qu’il revête la malédiction comme son vêtement, qu’elle pénètre en lui comme de l’eau, comme de l’huile dans ses os ! Qu’elle lui serve de vêtement pour se couvrir, de ceinture dont il sera toujours ceint ! Tel est le salaire que je réserve à mes ennemis et à ceux qui parlent méchamment de moi ! », dit l’Éternel. (Psaumes 109: 17-20). Vous pouvez être sauvés de ce châtiment seulement grâce à un repentir sincère confirmé par des actes, et non par des paroles flatteuses à l’attention d’une Église qui dépend de vous, dirigée par le patriarche du pays que vous gouvernez.

Aussi, je demande aux croyants d’Ukraine de prier pour que ce dirigeant soit l’objet d’un jugement juste et d’une digne vengeance de Dieu. Ne soyez pas effrayés par sa puissance – car en comparaison de la puissance de Dieu, elle n’est rien, et bien que son cœur soit devenu cruel, comme le cœur de l’ancien pharaon, la fin de sa force est proche.

Rappelez-vous, mes frères et sœurs, ce que disent les Écritures, et ne laissez pas votre cœur douter que la vérité et la puissance de Dieu triomphent du dernier Caïn et du nouveau pharaon, de l’esclavage duquel le Seigneur fera sortir l’Ukraine. « Pharaon approchait. Les enfants d’Israël levèrent les yeux, et virent que les Égyptiens les poursuivaient. Et les enfants d’Israël furent saisis d’une grande frayeur, ils s’adressaient à l’Éternel et dirent à Moïse : N’y avait-il pas des sépulcres en Égypte, sans qu’il fût besoin de nous mener mourir au désert ? Que nous as-tu fait en nous faisant sortir d’Égypte ? N’est-ce pas là ce que nous te disions en Égypte : Laisse-nous servir les Égyptiens, car nous aimons mieux servir les Égyptiens que de mourir au désert ? Moïse répondit à son peuple : Ne craignez rien, restez tranquilles, et voyez la délivrance que l’Éternel va vous accorder en ce jour : car les Égyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus jamais. L’Éternel combattra pour vous, et vous ne craignez point » (Exode 14, 10-14)

J’en appelle à la grâce de Dieu sur l’Ukraine et notre saint peuple !

Philarète, Patriarche de l’Eglise de Kiev et de toute la Rus’
Le 5 septembre 2014

Source : Patriarche de Kiev, Cerkva, 05/09/2014


L’UKRAINE EST INONDÉE SOUS LE SANG ! Appel du Synode des évêques de l’Eglise grecque-catholique ukrainienne

Nous, évêques de l’Eglise grecque-catholique ukrainienne d’Ukraine et des pays de peuplement ukrainien en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Europe, rassemblés au Saint Synode de Lviv, conscients de la responsabilité que nous a confié notre troupeau, nous élevons notre voix au nom du peuple d’Ukraine et interpelons les peuples du monde : « L’Ukraine est inondée sous le sang ! » Cette paisible nation souveraine a été soumise à une intervention militaire directe d’un pays voisin du nord. Des centaines d’armes lourdes et technologiques, des milliers de mercenaires armés et des soldats de l’armée permanente de Russie traversent les frontières ukrainiennes, semant la mort et la destruction, au mépris des termes du cessez-le-feu et des efforts diplomatiques récents. En même temps, la propagande continue avec un niveau de haine sans précédent et de déformation de l’état réel des choses, qui ne cause pas moins de dommages que les armes de destruction massive.

Le monde entier a été témoin de la manière avec laquelle ces derniers mois l’agresseur a commis des crimes contre l’humanité sur le territoire ukrainien. Le monde entier a été choqué par l’acte criminel qu’a été l’abattage de l’avion malaisien, dans lequel 298 personnes provenant de dix pays différents ont trouvé la mort. Des milliers de personnes, et surtout des femmes et des enfants, ont été tués, et il n’a même pas été possible de les enterrer avec dignité. De nombreux blessés ont dû tout simplement attendre la mort faute d’assistance médicale. Des milliers de gens ont été kidnappés, soumis à la torture et humiliés publiquement au détriment de leur dignité humaine. Des centaines de milliers de réfugiés ont été forcés de fuir leur maison à cause des menaces pesant sur leur vie et du danger de mort. Si ces crimes ne sont pas arrêtés immédiatement, avec l’arrivée du froid hivernal le taux de mortalité va être multiplié par dix. Ceux qui aujourd’hui tuent des gens en Ukraine n’hésiteront pas demain à retourner leurs armes contre quiconque, dans leur propre pays et au-delà de ses frontières, ou à attaquer n’importe quelle nation dans le monde.

Confrontés à de tels crimes gravissimes nous en appelons aux consciences des croyants de toute religion et de toute obédience, nous lançons cet appel à toutes les personnes de bonne volonté, aux chefs d’état et aux membres de la communauté internationale : « arrêtez le massacre en Ukraine ! » Aujourd’hui, le silence ou l’inaction, la réticence à reconnaître la gravité de la situation qui a surgi dans notre pays, poussent non seulement chacun à être un témoin muet ou indifférent, mais le rend aussi complice du péché de meurtre, péché qui crie justice au ciel comme le disent les Écritures : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi » (Genèse 4:10). Comment ne pouvons-nous pas nous rappeler les paroles de Saint Jean-Paul II qui en la lointaine année 1979 dit à proximité du camp d’Auschwitz-Birkenau : « la guerre est causée non seulement par ceux qui l’engagent directement mais aussi par ceux qui ne font pas tout ce qui est en leur pouvoir pour l’éviter. » Nous demandons particulièrement à ceux à qui le Seigneur a donné autorité d’avoir des actions responsables, de prendre les décisions nécessaires au niveau politique pour restaurer la paix et la sécurité en Europe. Et une fois encore nous demandons aux croyants et aux personnes de bonne volonté de prier de toute urgence pour la fin de l’agression et la restauration d’une paix durable et globale en Ukraine.

Convaincus que Dieu est avec nous dans nos souffrances et dans nos peines, qu’Il entendra nos plaintes et nos prières, et avec les efforts coordonnés de la communauté internationale, nous arriverons à arrêter le massacre, à défendre la dignité humaine et à restaurer une paix fertile.
Sa Béatitude Sviatoslav (Chevtchouk)
L’Archevêque majeur de Kiev et de Galicie

Sa grâce Ihor (Vozniak)
Métropolite de Lviv

Son Excellence Volodymyr (Vijtychyn)
Métropolite d’Ivano-Frankivsk

Monseigneur Vasyl (Semeniouk)
Métropolite de Ternopil

Monseigneur Ivan (Martyniak)
Métropolite de Przsemysl et Varsovie

Monseigneur Laurent (Huculak)
Métropolite de Winnipeg

Son Excellence Stephen (Soroka)
Métropolite de Philadelphie

Sa grâce Volodemer (Koubetch)
Métropolite de Curitiba

Son Excellence Borys (Goudziak)
Éparque de l’éparchie de Saint-Volodymyr le Grand à Paris pour les Ukrainiens de rite byzantin

Son Excellence Monsieur Bryan (Bayda)
Éparque de Saskatoon

Son Excellence Monsieur Vasyl (Ivasiouk)
Éparque de Kolomyia et Tchernivtsi

Son Excellence Volodymyr (Jouszczak)
Éparque de Wroclaw et Gdansk

Son Excellence Hlib (Lonchyna)
Éparque de l’éparchie Sainte Famille de Londres

Son Excellence David (Motiuk)
Éparque d’Edmonton

Son Excellence Dmytro (Hryhorak)
Éparque de Buchach

Son Excellence Monsieur Ken (Nowakowski)
Éparque de New Westminster

Son Excellence Monsieur Meron (Mazur)
Éparque de l’ éparchie de l’Immaculée Conception de Prudentopolis

Son Excellence Mykhail (Koltoun)
Éparque de Sokal-Jovkva

Son Excellence Paul (Chomnycky)
Éparque de Stamford

Son Excellence Monsieur Peter (Stasiuk)
Éparque de Melbourne

Son Excellence Richard (Seminack)
Éparque de Chicago

Son Excellence Stephen (Chmilar)
Éparque de Toronto et l’Est du Canada

Son Excellence Monsieur Taras (Senkiv)
Éparque de Stryi

Son Excellence Monsieur Yaroslav (Pryriz)
Éparque de Sambir-Drohobytch

Son Excellence Bohdan (Dzyurakh)
Évêque de Curie de l’Archevêque majeur,
Secrétaire Synode des Évêques de l’EGCU

Son Excellence Petro (Kryk)
Exarque apostolique de l’Allemagne et de la Scandinavie

Son Excellence Monsieur Vasyl (Toutchapets)
Exarque de Kharkiv

Son Excellence Monsieur Josaphat (Hovera)
Exarque de Loutsk

Son Excellence Mykhail (Boubniy)
Exarque Odessa, administrateur de l’Exarchat de Crimée

Son Excellence Stepan (Menok)
Exarque de Donetsk

Son Excellence Monsieur Daniel (Kozlinski)
Administrateur apostolique de la éparchie Protection de la Mère de Dieu en Argentine

Son Excellence Monsieur Ivan (Bura)
Administrateur apostolique de l’éparchie de Parme

Son Excellence Monsieur Dionisio (Lachovicz)
Visiteur apostolique pour les fidèles gréco-catholiques ukrainiens en Italie et en Espagne

Son Excellence Venedykt (Aleksiychuk)
Évêque auxiliaire de l’archéparchie de Lviv

Son Excellence Josyf (Milian)
Évêque auxiliaire de l’archéparchie de Kiev

Son Excellence Eugeniusz (Popowicz)
Évêque auxiliaire de de l’archéparchie de Varsovie et Przsemysl

Son Excellence Bohdan (Manyshyn)
Évêque auxiliaire de l’éparchie de Stryi

Son Excellence Monsieur Josaphat (Mochtchytch)
Évêque auxiliaire de l’archéparchie d’Ivano-Frankivsk

Son Excellence Hryhoriy (Komar)
Évêque auxiliaire de l’éparchie de Sambir et Drohobytch

Son Excellence Basile (Losten)
Evêque émérite

Son Excellence Irynei (Bilyk)
Evêque émérite

Source : UGCC, 10/09/2014

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-le-nouveau-cain/


[Humour] Svp, aidez l’OTAN !

Monday 17 November 2014 at 00:01

No comment – sic e n’est que c’est humoristique… :)

(Le lien de l’image : http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2014/11/satellite-otan.jpg)

P.S. allez si : c’est juste la traduction d’une image en anglais. Oui, en vrai, c’est plus compliqué que ça les satellites, bien entendu (celle de gauche est prise d’un avion, mais sur le site, la photo satellite est quand assez précise), mais c’est vrai que la basse qualité des images diffusées par les Américains est délirante. Le plus drôle est que c’est soit disant pour des souci de confidentialité des capacités, comme si un pays n’avait pas idée de la capacité d’un satellite aujourd’hui… Savoir si un satellite militaire peut lire un smartphone d’en haut, oui c’est secret. Mais voir proprement un char ou un camion, c’est la b-a-ba en 2014, les civils y arrivent… Et puis à l’ère des drones, c’est encore plus comique…

Source: http://www.les-crises.fr/aidez-l-otan/


[Entraide] Pic pétrolier – Surf internet – Métaux – Rédacteurs WordPress

Sunday 16 November 2014 at 07:15

Je vais travailler sur le sujet du pic pétrolier début 2015. Je cherche donc des personnes :

N’hésitez pas à indiquer des sources que vous conseilleriez sur le sujet en commentaire.

En lien, j’aimerais que quelqu’un m’aide (assez rapidement) à chercher et compiler quelques dizaines de pdf dans un dossier, après une recherche sur internet. (1 à 2 heures, très simple…)

D’ailleurs, je travaillerais dans le futur sur le sujet des réserves de métaux / matières premières (cuivre, argent, antimoine…) – si vous êtes un pro du sujet, contactez-moi…

On a aussi besoin d’un volontaire pour aider à coordonner les transduction en anglais (préparation des fichiers, distribution, suivi). Cela ne prends pas beaucoup de temps. Il faut un niveau correct en français, en anglais et un minimum de connaissance en bureautique.

Enfin, nous avons toujours besoin de personnes pour nous aider à reprendre des articles sous WordPress, nous avons vraiment besoin de personnes à l’aise avec WordPress (ou un autre système identique, ou ayant envie d’apprendre, en étant à l’aise en informatique, c’est très simple) ET motivées pour nous aider à assurer un suivi régulier de l’information (en se répartissant le travail, cela sera très léger). C’est vraiment important, car on un clair goulot d’étranglement à ce stade.

Pour les miscellanées, ce serait bien si quelques personnes pouvaient prendre en charge le suivi et la collecte des dessins de presse amusants, français ou anglais

Tout ceci n’est pas censé prendre trop de temps aux volontaires – si vous êtes nombreux… On compte donc sur vous.

Contactez-moi ici

Merci d’avance !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-11-2014/


Anarchy : la propagande pro-euro avec nos impôts !

Sunday 16 November 2014 at 03:00

Encore une initiative de haute volée du service public pour aider au débat citoyen :

Donc “Sortie de l’euro” = Anarchie (P.S. pour le stagiaire, y’a pas d’y en français) = Chaos = 40 € par semaine…

J’avoue ne pas avoir regardé cette fiction participative de France 4, ceci m’a suffi…

P.S. pour les prochaines séries, quelques idées copyleft :

  1. “Cataclysme” : suite à la faillite de BNP Paribas, le monde financier s’écroule. Il vous reste 1 cartouche de clope par mois à échanger
  2. “Apocalypse” : la centrale nucléaire de Nogent explose suite à un attentat terroriste. Les vents d’Est contaminent définitivement Paris, qu’il faut évacuer…
  3. “Éradication” : suite à un embrasement du conflit en Ukraine, un conflit se déchaîne, entraînant une attaque nucléaire. 99 % de l’Humanité est anéantie par le conflit puis l’hiver nucléaire.

(vous pouvez proposer vous aussi en commentaire…)

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Tiens, dans le même ordre d’idées :

Jean-Luc Mélenchon dénonce la «propagande» d’Assassin’s Creed Unity

«Le dénigrement de la grande Révolution est une sale besogne pour instiller davantage de dégoût de soi et de déclinisme aux Français», assure l’ancien candidat à l’élection présidentielle. «Si l’on continue comme ça, il ne restera plus aucune identité commune possible aux Français à part la religion et la couleur de peau».

Jean-Luc Mélenchon et « Assassin’s Creed Unity » : « deux formes différentes de la mémoire » de la Révolution

Source: http://www.les-crises.fr/anarchy-la-propagande-pro-euro-avec-nos-impots/


[Reprises] Odessa : entre le burlesque et l’effroi par Danielle Bleitrach

Sunday 16 November 2014 at 02:40

Quelques billets du blog Histoire et Société de la sociologue Danielle Bleitrach.


Odessa : entre le burlesque et l’effroi

Voiture en flammes dans une rue dévastée.

À Odessa, il va falloir changer les règles du jeu de notre reportage.

Comme nous l’a dit un de nos interlocuteurs : « Ce nest pas le IIIe Riech, il y a beaucoup d’opérette, mais on peut perdre sa santé, son emploi, son appartement et se retrouver en prison ». Au moins pour un temps. Ce qui tempère, toujours selon lui, la férocité de la répression, est que : « premièrement ceux qui sont compétents en la matière, le SBU, sont si vénaux qu’ils agissent pour récolter des rançons. Il est possible de racheter leurs prisonniers, c’est même conçu pour ça. Nous organisons des collectes à cet effet. Quitte à les voir livrer leurs proies odéssites dans les échanges avec les prisonniers faits par la Résistance dans le Donbass. En ce moment, nous espérons deux militants qui doivent nous être remis à Kharkov. Deuxièmement, ceux qui le feraient par conviction, par amour de l’art fasciste, les militants de Pravy sektor, sont encore maladroits et n’ont pas les compétences policières. » Mais avec le temps, tout ça peut encore se durcir et il faut prévoir dès aujourd’hui.

Il y a bien sûr des interactions entre Pravy sektor et la police. Par exemple, quelqu’un est convoqué au SBU pour interrogatoire et là au bout de quelques heures il est relâché faute de preuves, mais à la sortie il est entouré par un groupe d’individus, transporté dans un coin à l’écart, où il est vigoureusement tabassé à coup de battes et on le laisse là en sang à titre d’avertissement.

Le plus douloureux de la situation, toujours selon lui, est que sur les vidéos des événements du 2 mai, ils ont pu établir la liste de ceux qui ont tué, ils les ont donné à la police. Ces gens ont été immédiatement relâchés et ils les croisent dans les rues, il nous parle d’un avocat, des gens qui ont pignon sur rue et ils nous le montrent sur une vidéo en train d’achever un blessé à terre.

Avec le 2 mai, l’incendie de la maison des syndicats, et cette ambiance oppressante, les foules qui défilaient tous les dimanches pour réclamer un référendum sur le fédéralisme et contre le maïdan se sont divisées en quatre parts, toujours selon lui :

  1. Ceux qui se sont enfuis en Crimée ou en Russie pour sauver leur peau, ils étaient trop dans le viseur.
  2. Ceux qui ont rejoint les insurgés du Donbass
  3. Ceux qui sont en prison
  4. Ceux qui se taisent

Notre interlocuteur ajoutera, « il y a ceux qui résistent ici, mais de ceux là je ne dirai rien. Ce dimanche vous verrez une de leur manifesations pour célébrer le souvenir de ce qui s’est passé à la maison des syndicats, il y a juste six mois. Mais ils risquent gros, il y a actuellement des purges dans toute l’administration, dans la presse, dans l’éducation nationale, je vous donnerai la photocopie d’un texte concernant les enseignants. Vous pourrez la publier et la traduire et vous mesurerez le courage de ceux qui s’affichent au grand jour ! »

Voici pour vous expliquer pourquoi désormais notre reportage va changer de ton, nous masquerons les prénoms et les activités de nos interlocuteurs, nous ne dirons pas où nous les avons rencontrés, combien ils étaient et tenterons même d’effacer les caractéristiques qui les rendent reconnaissables. Ce sont des gens formidables et de surcroît en bons Odessites ils conservent un humour ravageur.

Danielle et Marianne


Odessa : les mères de mai

Hier soir, nous avons vécu un moment infiniment douloureux, nous avons rencontré une dizaine de mères de jeunes gens qui ont péri dans les événements du 2 mai. Au-delà de toute politique, je ressentais personnellement avec une terrible intensité leur gouffre intérieur, cette impression lue dans leurs yeux que plus rien n’avait d’importance. Il ne leur restait plus qu’une obsession, leur tenant lieu de raison de vivre: empêcher l’oubli. Dire l’injustice subie et qui se renouvelle chaque jour… Le fascisme insidieux et qui prétend les faire taire.

Avec une infinie pudeur, elles nous tendaient des photos, celles d’ hommes dans la force de l’âge, avec leur famille, en vacances, et même un adolescent. Vous savez cet enfant, ce komsomol que vous avez vu avec son grand drapeau rouge. Il le portait la veille, lors de la manifestation du premier mai 2014. Sa mère, à peine plus âgée que lui, nous a dit en balbutiant la bouche tordue pour retenir les larmes qu’une cellule communiste d’Italie avait pris son nom. On lui disait combien on l’admirait pour avoir élevé un pareil fils et elle avait la moue d’un bébé et l’oeil embué en balbutiant ces mots. Elle nous a tendu une photo avec un poème, il avait un regard d’archange. À côté d’elle, pendant toute la discussion, une autre femme ne cessait de prendre et reprendre les images d’un fils à tous les âges, l’une d’elle était encore dans son cadre et elle les battait comme une cartomancienne sans destin, comme si elle cherchait à comprendre seulement ce qui s’était passé. Et puis elles ont parlé et elles ont dit la réalité du fascisme qui s’est abattu sur Odessa, la peur qui avec la mort de leurs enfants s’est mise à planer sur cette ville, un brouillard épais fait de silence, de mensonges, de regards qui se détournent et qui les isole du reste du monde qui ne veut pas voir ce qui se passe dans ce port réputé pour son humeur joyeuse. Pensez à Marseille sur lequel tomberait un silence apeuré.

Helena, qui parle français et qui l’enseigne, nous a expliqué qu’elles n’étaient pas toutes là : c’est une toute petite partie des mères, des familles… Elles ont voulu dire chacune leur tour qui étaient leurs enfants. Elles insistaient sur leurs diplômes, leur profession, leurs talents, c’étaient des ingénieurs en bâtiment ; un marin, un étudiant… Il fallait que l’on sache ! » Ils ont dit d’eux que c’étaient des voyous, des SDF, ce n’était pas vrai, ils avaient une vie pleine d’avenir. Simplement ils n’avaient pas voulu tolérer le fascisme, l’avaient combattu. Je l’ai supplié de ne pas y aller, il m’a dit, il le faut ! » Ces mères multiplient en vain les interventions pour que la Cour pénale dise et reconnaisse quelles personnes de qualité le pays a perdu.

Celle qui les organisait avait encore son fils en vie mais il était prisonnier pour avoir défendu ceux que l’on battait dans la rue Grecque. Il n’avait pas d’arme, même pas un bâton. Depuis il est en prison, sans le moindre jugement. Il y a ainsi 80 prisonniers retenus depuis ce jour sans avocat, sans jugement. Cela fait partie du no man’s land juridique dans lequel elles se débattent toutes. Il n’y a eu aucune déclaration officielle ni sur le nombre de morts, ni de disparus. 82 ou 92 personnes sont ainsi portées disparues et le chiffre de 217 morts est avancé. L’une des femmes travaille dans les services judiciaires et elle a su que ce jour là, dans ce quartier de la ville, ont été recensés sur les registres officiels 61 décès. « Ils ne le disent pas parce qu’à partir de 50 c’est un génocide et ils ne veulent pas le reconnaître. »

Depuis, tous les 2 de chaque mois, elles commémorent leurs morts, la police et la municipalité tentent de les en empêcher. Le mois dernier, ils ont franchi un nouveau seuil, ils ont traîné certaines d’entre elles et des hommes à la police. Dans la nuit, à quatre heures du matin, ils ont perquisitionné chez elles. Elles avaient déposé des fleurs, des photos, des couronnes envoyées de toutes les villes d’Ukraine, la même nuit Pravy Sektor est venu a tout saccagé et emporté les fleurs, les couronnes, les photos et même une croix. Ils ont tout brûlé. Le lendemain, elles sont revenues et avec elles un grand nombre d’anonymes et il y avait encore plus de fleurs, mais la nuit suivante ils ont recommencé. Les gens ont peur et se taisent. Cette institutrice dans une école rurale nous dit en serrant les dents que dans son village personne n’a osé lui présenter ses condoléances. Elle a une coiffe, une résille noire dont s’échappent des mèches grises, elle a l’âge passé de la retraite, elle continue. Elle proteste à la fois contre l’oubli de son enfant et la manière dont on invente l’histoire, les programmes qui changent les faits.

Le cauchemar est ainsi renouvelé et le deuil est impossible, parce que tout est incompréhensible. Ce soir-là, ce fut l’horreur, souvent apprise sur les chaînes de télé qui commençaient déjà à mentir en inventant que des Russes, des gens venus de Transnistrie avaient attaqué des Odessites. Le cœur battant les jambes ne les portant plus, elles ont couru à la recherche de leur enfant, d’autres de leur mari ou frère, elles se sont jetées devant les assaillants pour sauver ceux qui pouvaient l’être. Helena s’interposait, sauvait des gens sur lesquels ces brutes s’acharnaient ; elle ignorait qu’à quelques mètres d’elle son fils agonisait, quand elle l’a retrouvé il était trop tard.

L’une nous explique comment elle a crié aux pompiers : « Pourquoi vous ne sauvez pas les gens dans cet incendie ». Des silhouettes étaient aux fenêtres et ils redescendaient leurs grandes échelles. « Mais pourquoi ? » a-t-elle hurlé et elle refait le geste de leur réponse, ils ont haussé les épaules pour dire qu’ils n’y pouvaient rien, ils avaient des ordres. Elle est convaincue qu’on aurait pu sauver tout le monde.

Un autre fils qui accompagnait sa mère nous décrit aussi ce qu’il a vu, ces gens enveloppés dans un drapeau ukrainien dansant une infernale sarabande au milieu des corps étendus et criant leur joie, leur ivresse de la mort… À quoi les mères répondent en écho avec l’exemple de cette femme qui sur un plateau de télévision a applaudi à l’annonce de ce tragique autodafé de leurs enfants.

C’était voulu affirment-elles. Une des femmes, blonde, coupe au carré, encore belle sous le masque de souffrance, n’a plus de larmes à verser. Quand je leur demande si je peux publier leur nom, elle m’interpelle au nom de mon pays et de l’Europe qui se tait. « Je n’ai pas peur. Il faut parler : le fascisme c’est une tumeur maligne et si vous ne l’arrêtez pas ici, il reviendra jusqu’à vous comme jadis à Berlin. J’ai été élevée comme quelqu’un de bien, j’ai élevé mon fils de la même manière, avec des principes. Les gens qui sont morts auraient pu être utiles à leur pays. Pourquoi vous taisez-vous ? Pourquoi la France que nous avons libérée, nous les Russes, fait silence sur nous ? Comment vous expliquer par quel enfer nous passons. Pouvez-vous le comprendre ?  » Elle n’a même pas de papiers officiels, elle ne sait toujours pas pourquoi et comment est mort son enfant. Ses blessures n’étaient pas thermiques mais chimiques. Il en est ainsi de toutes ces femmes qui font le siège de la commission d’enquête qui n’agit pas. Les mères et les survivants ont même reçu des lettres, dans lesquelles il était écrit « Vous n’avez pas été tués, nous allons réparer cette erreur ! » Ce sont des bêtes. Le fils de Tamara qui était handicapé, un déficient mental… était au troisième étage quand les assassins l’ont cerné, il était venu à leur rencontre avec pour seule arme une icône, ils l’ont abattu. Ce sont des bêtes féroces à qui l’on croyait pouvoir parler comme à des êtres humains, un innocent…

Et elles poursuivent inlassablement, déroulent le fil de ce qu’elles subissent encore et encore: « Alors imaginez ce que nous avons ressenti quand le président Porochenko se félicite de cette action à Odessa en disant : « Nous voyons le prix payé dans le Donbass pour n’avoir pas arrêté à temps les séparatistes comme nous l’avons fait à Odessa ». Dans son clip de propagande électorale Porochenko à un moment disait : « Nous construisons un état fort ! », et c’était illustré d’une photo de la maison des syndicats en train de brûler !

Le même Porochenko a prétendu que désormais Odessa est une ville bandériste. Ce n’est pas vrai, il ne sait pas ce que les Odessites pensent même s’ils se taisent, s’ils sont figés par la peur, et ils arrivent même parfois à refuser l’ordre fasciste, comme cette pétition par laquelle nous exigions une plaque commémorative là où étaient morts nos enfants, ils sont venus la signer par milliers, silencieusement.

Le gouverneur a dit que cela concernait la ville, le maire a dit qu’ils en parleraient au Conseil, mais ils n’ont toujours pas répondu et quand nous allons faire pression pour que tout ne soit pas enterré nos interlocuteurs détournent les yeux et nous disent « laissez tomber ! » « C’est pour ça que nous avons besoin de vous, pour qu’ils se rendent compte que le monde s’émeut de ce qu’ils ont fait… Ils craignent l’opinion européenne, qu’elle s’aperçoive de qui ils sont réellement. » Elles ont fait un livre avec des poèmes de gens émus, d’inconnus, avec la biographie de ceux qui sont morts, disparus. Elles ont fait une exposition sur ce qui s’est passé à Odessa. Cette exposition a été présentée dans la plupart des grandes villes européennes, les fascistes soutenus par l’ambassade d’Ukraine l’ont perturbée en Espagne et au Portugal, en Pologne, mais en France, elles n’ont trouvé personne pour l’accueillir. Elles ont organisé une conférence de presse, il est venu des journaux, elles attendent encore les articles.

Marianne et moi leur promettons que nous allons faire l’impossible pour que cette exposition de photos passe en France, même si nos moyens sont limités. Marianne a commencé à retraduire les légendes des photos de l’exposition, d’en corriger les quelques fautes. Il y a encore tant de choses à rapporter qui prouvent à quel point l’opération a été planifiée, voulue dans son horreur pour faire taire Odessa. Il faut dire encore comment cela s’accompagne aujourd’hui de la « lustration », une purge. La moitié des mères présentes sont des enseignantes, elles savent que des listes sont prêtes, demain elles seront chassées de leur poste. Les critères sont faciles, il ne faut pas avoir été komsomol ni membre du parti communiste, mais tout le monde a été komsomol et Porochenko aussi, il a même été communiste… mais c’est choisi simplement comme un prétexte. « En première ligne sont les Russes ethniques, pas les russophones, Tous les ukrainiens sont russophones et les plus excités des nationalistes ukrainiens se débrouillent mal en ukrainien. Mais ils sont la proie d’une folie russophobe, il faut chasser les communistes, les Russes… Nous sommes des sous-hommes et il faut en purger l’Ukraine… C’est ça le fascisme ! Nous avons perdu nos enfants, on va nous enlever nos emplois… pour nous forcer à partir… C’est fait à grande échelle et c’est pour ça qu’Odessa a peur. »

Voilà, peut-être que le lecteur de cet article comprendra mieux les résultats des élections à Odessa. L’abstention massive malgré le bourrage des urnes, Odessa a été après le Donbass l’endroit où on a le moins voté… Les votes exprimés se sont dirigés vers les partis d’opposition, le parti des région, les communistes, même si les immenses bulletins jetés dans les urnes transparentes sont visibles. Oui Odessa a donné un coup de pied à Porochenko et à son affirmation que la ville était bandériste et vu ce qui se passe ici, c’est une manière d’exploit.

Danielle et Marianne


Sources : billets du blog Histoire et Société de la sociologue Danielle Bleitrach.

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-odessa-entre-le-burlesque-et-leffroi-par-danielle-bleitrach/


[Reprises] Odessa : obstinée et douloureuse, par Danielle Bleitrach

Sunday 16 November 2014 at 02:30

Quelques billets du blog Histoire et Société de la sociologue Danielle Bleitrach.


Obstinée et douloureuse, mama Odessa célèbre ses morts

Odessa dans le langage local c’est Mama Odessa… La petite mère russe autant que la yiddish mama… Cet après-midi dans cette ville frappée de stupeur doit se tenir le meeting qui célèbre le souvenir des morts assassinés dans la Maison des syndicats… Nous partons Marianne et moi, emmitouflées, sous la protection de notre bon géant Yvan qui nous recommande : « si des gens me provoquent ou veulent m’attaquer, je vous en supplie partez en courant, ne cherchez surtout pas à me défendre… N’ajoutez pas à la situation l’inquiétude que j’aurai pour vous… courez le plus rapidement possible jusqu’à la maison et cachez-vous, ne répondez à personne mais tout se passera bien, ne vous inquiétez pas… »

Au sortir de chez nous, sur le trottoir nous enjambons machinalement une croix gammée nazie, photo prise à la hâte… Mais devant nous marche un jeune homme qui tient dans ses mains trois œillets rouges.

Le soir dans le restaurant de cuisine ashkenaze où nous mangeons de délicieux gefultfish, Yvan nous dira : « Ils sont comme ça, ils arborent des croix gammées, le signe du loup, ils font des heil Hitler, ils frappent les gens et ils disent « Nous des fascistes, pas du tout ! »

Peu à peu en nous rapprochant de Koulikouvo polié, le lieu du rassemblement, la place de la Maison des syndicats sur laquelle a eu lieu le massacre[1]. Nous devons nous réunir, devant la maison des syndicats. La veille nous y avons été avec Marianne il y avait des fleurs et un maillot de marin supplicié avec l’inscription de mama Odessa. Des policiers étaient là, gardaient-ils le reposoir ou étaient-ils chargés d’espionner ceux qui venaient s’y recueillir ?

À Odessa tout est ambigu, on efface les signes de la Russie, de l’Union Soviétique, mais c’est à moitié, comme si ceux qui l’osent n’étaient pas assurés et craignaient la révolte d’Odessa silencieuse trop silencieuse. Ainsi en est-il de ce monument dans un square, qui mène à Koulikouvo polie, au milieu des habitations HLM, les Kroutchéviennes, des petites immeubles à trois étages charmants au milieu de la verdure autour du dit square et de sa statue à un héros de l’Union soviétique. Il est encore là, les dates de ses exploits son nom, mais l’écriteau qui expliquait la geste du héros a été arraché.

Au loin nous voyons l’imposante Maison des syndicats derrière un rideau d’arbres. Yvan s’exclame « ça y est ils recommencent! » La manifestation est autorisée, mais ça fait la troisième fois que les autorités prétendent qu’il y a eu un coup de téléphone prévenant du dépôt d’une bombe. Le lieu est bouclé, ceint d’un grand ruban rouge et blanc et tous les deux mètres un policier municipal flanqué de l’équivalent des CRS locaux cagoulés et avec gilets pare balle.

Pendant ce temps, dans le chemin qui fait le tour du champ de Koulikovo commencent à affluer des promeneurs dont la plupart portent des fleurs. Il y a surtout des femmes…

Certaines d’entre elles commencent à s’énerver devant ce cordon de police: « Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas passer? » , une des mères que nous avons rencontrées il y a peu est littéralement portée par son autre fils et elle leur crie « fascistes ! », une autre leur jette « Puissiez-vous crever ! » Ils ont visiblement ordre de ne pas répondre et se contentent de sourire. Un de nos amis nous dit : « devant la maison des syndicats, pendant l’incendie, ils n’ont pas bougé, ils ont laissé faire, mais il y en a eu quelques uns qui à titre individuel ont secouru les blessés, tenté de les arracher à leurs bourreaux…

Nous sommes Marianne et moi entourées, protégées… Faute de pouvoir se rendre à la maison des syndicats, une première cérémonie religieuse a lieu devant un monument qui fait face aux bâtiments. Un pope assure un service religieux, les fleurs s’accumulent et on nous annonce enfin que l’on peut se rendre devant la maison des syndicats :

La foule crie « Un peuple uni est invincible », une femme s’approche de nous et murmure « Savez-vous de qui provient ce cri, des juifs » Elle a employé le mot péjoratif en russe « jude », le mot allemand au lieu du mot neutre… quand je lui demande des explications, elle jette des regards autour d’elle et elle veut nous entraîner à l’écart pour nous répondre… C’est plutôt bon signe qu’elle craigne de dire en public son antisémitisme… nous refusons de céder à ses sollicitations et elle renonce…

Un seul drapeau est autorisé, celui d’Odessa. Je demande s’il y a des membres du parti communiste d’Ukraine… On me présente aussitôt deux femmes extraordinaires, l’une d’elle est très jeune, ravissante, une métisse africaine avec un chapon melon. L’autre est une petite vieille Véra, un modèle de poche,une minuscule babouchka, un petit fruit racorni et sucré avec des doigts comme des sarments qui ne craignent pas le froid… On ne peut pas ne pas être amoureuse de Véra, elle a les yeux bleus les plus innocents du monde, et le sourire le plus lumineux qui se puisse imaginer. Elle a préparé une soucoupe en cristal qu’elle a empli de bonbons acidulés de toutes les couleurs, elle tend à chacun son offrande. Elle se serre contre nous en apprenant que nous sommes des communistes françaises et nous dit à quel point Simonenko est ressorti fortifié de sa rencontre avec les communistes français. C’est très important que nous soyons là . Je suis obligée de plier les genoux pour être à ses côtés sur la photo.

Mes amies m’expliquent que Véra a été infatigable quand il s’agissait de soulager les blessés et elle est allé les voir, les veiller à l’hôpital, c’étaient de grands brûlés et ils souffraient beaucoup. Véra trottinai de l’un à l’autre, les aidant, leur murmurant de tendres proles maternelles. Elle a près de 90 ans et la jolie métisse communiste qui l’accompagnait la surveille comme une flamme prête à s’éteindre. Nous avons rendez-vous avec elle aujourd’hui pour nous rendre au siège du parti communiste.

Et c’est alors que commence le meeting qui est aussi un spectacle, avec des moments d’une grande beauté et d’une émotion intense…

Quand les participants lâchent des ballons noirs. Ils montent ensemble dans le ciel bleu et peu à peu s’éloignent poussés par le vent en traçant une calligraphie d’oiseaux migrateurs… Même les plus incroyants ne peuvent s’empêcher de songer que ces âmes ont choisi de rester ensemble…

Leurs mères tiennent leur photos sur la poitrine et éclatent en sanglots tandis qu’on lit des poèmes, la foule répète en russe : « Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas ! »

Puis c’est le tour de Marianne, je lui tiens le micro et elle dit les mensonges en occident, le silence complice et combien nous faisons ce que nous pouvons, les réunions dans le Pas de calais, à Lyon, dans la patrie de Jaurès, à Arcachon et la fête de l’Humanité à Paris. Elle termine sur notre reconnaissance à nous Français d’avoir été libérés par les Russes, par les peuples d’Union Soviétique.

Elle est saluée par des cris d’enthousiasme, des merci la France, la France est notre amie ! Puis tout monde reprend en cœur : « le fascisme ne passera pas ! » A la fin du discours, nous sommes gelées et nous devons partir, les gens viennent vers nous. Un vieil homme m’explique tout le mal qu’il faut penser des fascistes, je n’y comprends pas grand chose mais je saisis « Normandie Niemen », et je sais qu’il me propose de combattre à nouveau. Je manifeste mon accord et nous nous donnons une accolade comme si nous avions derrière nous lui l’armée rouge et moi la Résistance française… une femme me dit qu’il faut absolument que nous expliquions aux Français qu’il lui est impossible de vivre avec sa retraite… Si vous saviez comme ils ont besoin de nous…

Une vidéo.

Danielle et Marianne

[1] Le nom de la place célèbre la victoire des Russes sur les hordes mongoles au XIVe siècle. Cette victoire marque la fin de la soumission des terres russes aux hordes mongoles, bien que les invasions de ceux-ci ne cessent définitivement qu’un siècle plus tard. Elle a aussi une grande importance symbolique pour l’unification des terres russes…


Témoignage à visage découvert sur les événements du 2 mai

Nous avons rencontré Alexandre Makarenko à Odessa le 3 novembre, deux rencontres, l’après-midi dans un café, le soir dans un restaurant. Cet homme très grand, élancé, calme et souriant a accepté de témoigner à visage découvert sur les événements du 2 mai tels qu’il les a vécus. Ces événements sont de première importance non seulement à cause de la violence et du massacre, mais parce qu’ils sont le signal déclencheur d’une répression de l’État qui va culminer dans le Donbass. Son témoignage est précieux parce qu’il est celui d’un citoyen engagé dans la vie d’Odessa, mais aussi parce qu’il montre justement le seuil tel qu’il a été franchi inutilement et qui consacre plus ou moins actuellement la fin de l’Ukraine.

Une autre précision essentielle à apporter, parce que les Français qui ont toujours de la difficulté à regarder autrement le monde qu’à travers leurs propres lunettes, confondant sans doute universalisme et colonialisme, sont persuadé que Alexandre Makarenko appartient à un groupe d’autodéfense… Alors quelques précisions, la droujine est une institution prévue par la Constitution et qui se met en marche en situation de crise avec des citoyens respectés de tous et qui se mobilisent pour défendre la ville contre l’étranger ou pour empêcher la guerre civile. Quelque chose entre les bourgeois du Moyen âge faisant leur ronde et les CDR a Cuba. Les droujines ne sont pas une organisation permanente, elles ont été constituées en février après le coup d’État du Maïdan qui a inquiété tout le monde dans l’est et dans le sud par son illégalité, la violence exercée contre des policiers désarmés, le rôle joué par des fascistes ouvertement hostiles aux populations russes et l’illégalité du nouveau gouvernement appuyé par l’étranger. Si dans le même temps sur les champs du Koulikouvo se sont constitués des baraquements antimaïdan, sur le modèle du maïdan, des citoyens de toutes opinions se sont entendus pour empêcher les désordres dans la ville et ceux venus de l’extérieur. On ne comprend rien à ce qui se passe en Ukraine si on ne perçoit pas cette « grande peur » qui a saisi les habitants du sud-est. Nous avions rencontré en Crimée de regroupements de citoyens qui gardaient les statues de Lénine. A Odessa qui revendique toujours plus ou moins un statut de port franc, on a revitalisé les regroupements de prudhommes avec deux droujines la droujine d’Odessa qui correspond à ce que on appelait au Moyen âge le « gros » peuple, les nationalistes, et la droujines populaire ou le petit peuple.

À l’époque Alexandre Makarenko est depuis le mois de février dans la droujine populaire[1]. Il y a deux droujines, la droujine populaire et la droujine d’Odessa, plus nationaliste. Il insiste sur le fait que ces droujines sont tout à fait légales. Ce sont des troupes de citoyens formées en conformité avec la loi. Leur reconnaissance juridique, précise-t-il est fondée sur l’article 27 de la Constitution, loi n° 28-63.3. C’est une loi qui porte sur les activités citoyennes pour la défese de l’ordre et des frontières de l’État. Sur la base de cette loi, à Odessa, les habitants comme lui, faisaient des patrouilles en collaboration avec la police et à l’intérieur de leurs équipes. Dans la journée, Alexandre travaillait et la nuit il faisait des patrouilles. Leur mission était le maintien de l’ordre et le soutien aux organismes d’État.

Ils ont eu ainsi l’occasion de défendre des euromaïdans contre les antimaïdans. En particulier il se souvient d’une journée, le 1O avril. De la même manière, le 2 mai, ils ont défendu les gens contre les nationalistes ukrainiens à la Maison des syndicats.

Les événements qu’il veut d’abord nous décrire se sont passés le 10 avril. A la 11e station de la Grande Fontaine. Il s’agit du nom d’un quartier traversé par une ligne de tramway avec ses stations. Donc quand il sort du travail, il téléphone à son commandant de la droujine populaire. Ce qu’il tient à préciser pour que nous voyions bien le contexte, c’est qu’ils sont en stationnement aux check points avec des gens qui sont pour l’Euromaïdan. Ils travaillent ensemble. Son commandant lui dit d’aller tout de suite au champ de Koulikovo. La foule courait derrière une personne et commençait à le battre. Quand ils sont arrivés, avec les autres membres de la droujines, ils ont sauté hors de la voiture et ont protégé l’homme de leur corps. C’était un activiste de pravy sektor, mais il ne l’a su qu’après, que les gens rassemblés sur koulikovo dans des campements et qui étaient antimaïdan voulaient écharper. Plus tard il a vu sur youtube cette personne qu’il avait sauvée, son pseudonyme est « le sanglier ».

En fait à cette date du 10 avril, ils pouvaient encore discuter entre euromaidan et antimaïdan et ne s’en privaient pas. A Kiev campaient les euromaïdans, à Odessa c’étaient les anti-maIdan, mais il y a eu un parlementaire qui est venu s’expliquer à Koulikouvo. Alexandre était de garde auprès de la tente et il a bien écouté le député expliquant que les gens de l’euromaïdan n’ont aucune part dans le désordre, c’étaient ceux de pravy sektor qui semaient le trouble. Et tous discutaient calmement, affrontaient leurs idées.

Le 2 mai, ils avaient prévu un rassemblement de leur droujine à 15 heures. Il a téléphoné aux membres de son détachement et il leur a confirmé la rencontre pour 15 heures. C’est à ce moment-là qu’ils ont appris les événements qui étaient en train de se dérouler.
En fait on savait qu’il y avait en ville les ultras du club de foot de Kharkov et nous devions patrouiller pour éviter les désordres. Mais c’est seulement quand nous avons été en face d’eux que nous avons compris à qui nous avions affaire.

Il y avait un groupe de la droujine composé de 70 personnes dirigé par Oleg Musyko qui organise des expositions en Europe Occidentale. Son propre groupe, le second, n’était formé que de 20 personnes dirigé par Rostlav Barda. Ce dernier était un ancien de KPU dont il avait été exclu, il ignore pourquoi.

Ils passaient dans la rue Bounine, c’est là qu’ils sont tombés sur des extrémistes de droite. Il a eu le temps de crier « boucliers en avant ! » mais les autres étaient trop nombreux, plus de 150, alors qu’eux n’étaient qu’une vingtaine. Les membres de la droujine qui avaient un bouclier tentaient de protéger les autres des coups qu’ils leur assénaient. Il leur a commandé de s’enfuir tandis que ceux qui avaient des boucliers protégeaient leur retraite. En tant que commandant du détachement, il est parti le dernier. Il avait son sac à dos, à présent posé contre les pieds de la table du café et il nous le désigne en souriant. Il avait aussi un bouclier et un casque. Il a réussi à se protéger avec, c’est ce qui l’a sauvé, mais ils l’ont renversé, son bataillon s’était dispersé dans les rues adjacentes. Ils ont exigé qu’il montre ses papiers. Il avait une carte d’officier dans la poche de sa chemise, il l’a montrée et a pu partir.

Ensuite, il est rentré dans le champ de koulikouvo où les gens affolés construisaient des barricades d’abord sur la chaussée ensuite devant le bâtiment des syndicats. Ils prenaient tout ce qu’ils pouvaient trouver, des tonneaux, des morceaux de fer… C’est alors que les extrémistes environ 2000 personnes venant de la place de Grèce se sont approchés du champ de Koulikouvo. La droujine qui s’était reformée depuis la bagarre de la place de Grèce comprenait à ce moment-là environ une douzaine de membres. Ils ont donné l’ordre d’évacuer la place, les gens paniquaient et ils ont enfoncé les portes de la maison des syndicats. La droujine a réussi à faire partir un certain nombre de gens en les encadrant, donc ils n’étaient plus que 5 pour veiller sur les gens restés sur le champ. Quand la foule des extrémistes a été là, au pied de la maison devant les tentes, l’un d’eux lui a dit : « Sacha qu’est-ce qu’on fait ? » Les gens étaient dans la maison des syndicats, certains aux fenêtres et ils recevaient des jets de pierre et des coktailes Molotov. Il a répondu, « il faut faire descendre les gens ! » Et le petit groupe restant de la droujine a rapproché des fenêtres des échaffaudages qui se trouvaient là et ils ont tenté de sauver une partie de ceux qui commençaient à sauter.

Il faut comprendre qu’ils avaient commencé à se barricader sur le champ et puis devant l’entrée de la maison. Ils ont alors subi l’assaut des 7e, 8e et 9e centuries du Maïdan de Kiev.
Je lui demande comment il savait ce détail ?

Officiellement il s’agissait seulement des supporters du club metallist de Kharkov, mais quand Alexandre a été au premier étage pour faire échapper les gens, il a distinctement entendu un ordre à la 8e centurie de Kiev d’avoir à former les rangs. Ils étaient beaucoup mieux équipés qu’eux. Ils portaient des gilets pare-balle et des casques de l’armée sur lesquels il y avait des bandes bleues et jaunes avec le numéro de la centurie.

Les jet de pierre et de coktail molotov avait pris de l’ampleur, une partie des assaillants est entré dans la maison des syndicats par des issues latérales. Sur la place, il y a eu un incident. Un des ballons de gaz qui servaient aux campeurs de l’antimaïdan pour préparer les repas a pris feu. Tout le monde s’est écarté devant les bouteilles de gaz qui commençaient à brûler.

La chaîne de télé 1+1, celle de Kolomojski a prétendu que les gens s’étaient écartés parce qu’on tirait sur eux de la maison des syndicats. C’est faux, ils se sauvaient de crainte de voir exploser la bouteille de gaz, les tuyaux de plastique étaient déjà en flammes. Les gens qui se trouvaient devant l’entrée se défendaient des cocktails Molotov de l’assaillant et ils se sont repliés.

Mais pendant ce temps les extrémistes ont pris les escaliers de secours en rentrant par deux portes latérales. Ils ont incendié le deuxième étage.

Alexander Makarenko nous explique en griffonnant quelques croquis comment lui qui avait tenté de faire descendre des gens par les échaffaudages s’est alors retrouvé bloqué avec 6 autres personnes dans une salle de conférence. Il y avait un enfant de 12 ans, une femme, un homme âgé. Il avait trouvé un casque de chantier qui lui a sauvé la vie. Il a téléphoné à la police en expliquant qu’il fallait faire sortir les civils bloqués là. Il a barricadé la porte de la salle pour les empêcher de venir les trouver comme ils faisaient ailleurs. Seulement 40 minutes après, la police lui a donné le signal. Il nous indique que ce qui prouve que c’était préparé c’est le fait que les militants d’extrême-droite ont bloqué les camions de pompier en cherchant à s’en emparer.

Comme il ne cesse d’insister sur le fait que jusque là euromaïdan et antimaidan s’entendaient plus ou moins, en fait faisaient des patrouilles en commun et qu’ils avaient tous à cœur d’empêcher les bagarres, il décrit une horde venue de l’extérieur sous couvert d’un match de foot et d’un déplacement de supporters, je lui ai dis que nous avons vu des vidéos avec des habitants d’Odessa, un avocat en particulier en train d’achever à coup de massue des blessés à terre… C’est vrai avoue-t-il il y a une minorité de ces gens là mais ils existent, sans eux les assaillants n’auraient pas pu se diriger avec autant d’aisance dans les rues d’Odessa, aller bloquer les entrées des pompiers, mais la majeure partie de la ville n’en veut pas.

Et c’est là qu’il nous raconte à titre d’exemple comme le mois dernier, à la mi octobre, la municipalité a réuni les représentants des diverses communautés de la ville, lui représentait les Bélarusses. Ils leur ont proposé de faire un clip avec le slogan « Odessa c’est l’Ukraine » et de tous apparaître. Alors en tant que représentant des Belarusses il a refusé, ce cri il l’avait entendu dans la bouche des meurtriers dans le champ de koulikouvo. Le seul clip auquel il pourrait participer serait un clip qui dénoncerait les assassins du 2 mai à cause desquels la ville a perdu son unité, toutes les autres communautés, les Grecs, les Moldaves, les Polonais, les Juifs, etc. l’ont approuvé et ont refusé un tel clip…

Et puis toujours à titre d’exemple, il nous raconte, la suite des événements : comment la police les a amenés vers 3 heures du matin, les premiers soins ont été donnés aux blessés dans les locaux du commissariat alors qu’on commençait à les interroger pour savoir quel avait été leur rôle. L’endroit était sinon confortable à tout le moins il n’y ont pas subi de mauvais traitements par la police locale qui les plaignait. Sa jambe gauche était blessée, deux femmes ont reçu une piqure elles faisaient une crise d’hypertension. Il décrit la situation : ils n’ont pas été brutaux avec nous, ils nous ont isolés des voleurs et des délinquants… Nous étions très nombreux, il n’y avait plus de place dans les cellules. Chaque cellule contient deux personnes, là nous étions 4, mais la police locale ne nous traitait pas comme des criminels. Nous sommes cependant restés là jusqu’au 4 mai. Le 4, les habitants de la ville et du quartier sont venus les réclamer. La foule a réussi à pénétrer. On était alors au deuxième étage du bâtiment, on entendait en bas le policier en chef du lieu crier « Négociations , négociations ! » la foule a fait une haie et a commencé à les faire sortir et ils ont pu s’échapper sans que personne ne les retienne.

Cette description renvoie une fois de plus au fond de sa pensée : Odessa dans sa diversité et l’immense majorité de la population, la quasi-totalité même qu’ils soient pour ou contre le Maïdan a pratiqué là une sorte d’entente et de compromis jusqu’à ce que les fascistes interviennent pour créer l’irréparable et il nous dit « Pour faire opposer les gens, il fallait faire couler le sang »… et ça a été le signal de la répression totale, de la bride laissée aux fascistes, y compris avec l’intervention dans le Donbass.

[1] Le terme droujina (družina) est utilisé dans les sources russes les plus anciennes pour désigner la truste du prince (Xe-XIIe s.), dont les membres constituaient le noyau de l’armée princière à la Cour de Kiev. Progressivement, ces antrustions (družinniki) furent dotés de propriétés foncières et se confondirent avec l’aristocratie terrienne pour constituer la classe des boyards.


Présentation de l’exposition sur le massacre d’Odessa

Voici un texte rédigé pour proposer une exposition de nos amis et camarades d’Odessa. Les premiers à qui cette exposition est proposée sont les Marseillais et en particulier les camarades de la CGT. Nous souhaiterions organiser une tournée de cette exposition du 25 au 31 janvier dans diverses villes de France. Marseille et Vénissieux sont dans l’ordre du possible, pour ces derniers comme il y a le 31 janvier les Rencontres internationales, nous souhaiterions également faire venir le secrétaire général du parti communiste de la Région d’Odessa. Si d’autres villes de France sont disposées à organiser l’accueil aux alentours de ces dates et donc apporter leur contribution aux billets et séjours, faites-vous connaître.

Amicalement

Danielle Bleitrach

PRESENTATION DE L’EXPOSITION SUR LE MASSACRE D’ODESSA

Parmi les événements tragiques de ces derniers mois en Ukraine, la tragédie du 2 mai où des dizaines de personnes ont été brûlées vives dans la Maison des Syndicats à Odessa occupe une place particulière.

L’horreur de ce crime abominable, son caractère prémédité, la collusion entre les bandes fascistes et le pouvoir ne peuvent laisser indifférent.

Nos amis d’Odessa, regroupés dans des organisations antifascistes et des comités de soutien aux mères des victimes ont préparé une exposition qui tourne depuis quelque temps dans plusieurs villes d’Europe. Ils sont prêts également à se déplacer pour organiser des événements en liaison avec cette exposition.

Il y a en tout 57 photos (à imprimer au format A3), avec légendes en français, et 8 textes d’accompagnement, pour aider à comprendre les circonstances et le déroulement des faits.

Il me semble essentiel que la CGT à Marseille et dans les Bouches du Rhône manifeste leur solidarité avec les camarades assassinés dans la maison des syndicats et avec leurs mères. Que l’intiative soit soutenue et que la lumière soit faite sur ce crime abominable. Marseille et Odessa sont jumelées et dans cette ville qui a été fondée par la Russie (Catherine II) mais aussi par des Marseillais, la solidarité d’un autre port et de ses travailleurs serait vécue avec joie. Nous pourrions proposer à Une des personnes de venir présenter l’expostion en lui assurant le prix du voyage et un logement à Marseille. Par ailleurs Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop peuvent aider à la réussite de l’exposition et de la conférence.

Voici le premier des textes, le « préambule » :

Après le coup d’État à Kiev fomenté avec la participation active des organisations ultranationalistes de partisans de Bandera et du « Secteur droit », des mouvements antifascistes sont nés à Odessa, comme dans la plupart des villes du Sud et de l’Est de l’Ukraine.

Les résidents d’Odessa, une ville multinationale, assurant la coexistence paisible des représentants de dizaines de nationalités – Ukrainiens, Russes, Juifs, Grecs et beaucoup d’autres – étaient inquiets de la rhétorique nationaliste des nouvelles autorités.

Comme conséquence, au centre-ville, sur la place « Koulikovo polé», a été organisé un camp pacifique d’antifascistes qui n’adhéraient pas aux autorités de Kiev. Essayant de protéger leur ville natale, ils ont demandé plus d’autonomie pour leur région par le biais d’un référendum sur la future structure fédérale de l’Ukraine.

Le 2 mai un match de football devait avoir lieu entre les équipes « Métalliste » (Kharkov) et « Tchernomorets » (Odessa).

Quelques jours avant les événements tragiques, des prétendus fans de football, des extrémistes et des guerriers du « Secteur droit » venant de différentes régions de l’Ukraine ont commencé à converger vers Odessa.

Bien que le sachant, les autorités locales ont malgré tout autorisé la marche des soi-disant « fans du football » au centre-ville, près du camp antifasciste.

Le laisser-faire des pouvoirs, l’inaction ostentatoire de la police, la bonne coordination des actions des guerriers-néofascistes témoignent que l’opération de nettoyage avait été planifiée et préparée d’avance.

Cet événement tragique qui s’est produit le 2 mai à Odessa, les dizaines des victimes civiles resteront pour toujours sur la conscience du régime criminel à Kiev.


Sources : billets du blog Histoire et Société de la sociologue Danielle Bleitrach.

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-odessa-obstinee-et-douloureuse-par-danielle-bleitrach/