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[BFM] Débat virulent sur l’actualité (Charlie, Économie, …)

Monday 19 January 2015 at 00:01

Je vous propose aujourd’hui le débat assez virulent qui a eu lieu lors de ma participation aux Experts du 13/01/2015.

Les invités étaient Léonidas Kalogeropoulos, président directeur général de Médiation & Arguments, et Jean-Pierre Petit, président de Cahiers Verts de l’économie.

Le débat était cette fois présenté par Stéphane Soumier.

Cela a été – je trouve – un vrai beau moment de débat, à chacun de se faire son opinion dès lors…

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-debat-virulent/


Troubles Charlie Hebdo – la contagion augmente… (+ réaction de Luz [?])

Monday 19 January 2015 at 00:00

Bon, ce sera mon dernier billet sur ça pour la semaine qui vient (trop décevant sur l’Humanité) – on va faire un petit jeûne Charlie Hebdo pour que les esprit se refroidissent. J’ai encore quelques billets intéressants sous le coude, pour plus tard.

Comme on l’a vu vendredi :

ACTION :

Le dessinateur avait Luz dit mardi dernier à propos de ce dessin :Démerdez-vous avec !

RÉACTIONS MISES À JOUR:

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(“WE HATE FRANCE” : Luz, “merci pour ce moment”, et pour notre sécurité…)

“L’ambassade de France à Niamey appelle ses ressortissants à “éviter toute sortie”. L’ambassade de France à Niamey a appelé samedi quelque 2 000 Français présents au Niger à rester chez eux. “Grande prudence à respecter, éviter toute sortie”, a-t-elle écrit sur son site internet. ”

(tiens, si on faisait un sondage auprès de ces compatriotes pour avoir leur vision ?)

Hollande a courageusement réagi hier, avec mesure, pour appaiser :

François Hollande a rappelé samedi aux pays qui ont protesté la veille et qui continuent de manifester contre la caricature de Mahomet en une de Charlie Hebdo que “la France a des principes, des valeurs, et ces valeurs c’est notamment la liberté d’expression.

S’exprimant sur le marché de Tulle où il venait d’arriver, le chef de l’Etat a aussi rappelé que “ces pays, on les a soutenus dans la lutte contre le terrorisme”.

Interrogé sur les drapeaux français brûlés lors de manifestations dans plusieurs pays, en particulier en Afrique, Hollande a répondu: “on n’en a pas terminé avec ces comportements là, et il faudra les punir, parce que quand ils se passent en France c’est intolérable, mais même aussi à l’étranger.” [OB : moi, je ne vois pas pourquoi on va en prison si on brûle un drapeau français en France, mais bon #Libertéd'Expression. Et comme c'est lui qui définit apparemment ce qui est "tolérable" et "intolérable"...]

Ah, non, flute… C’était mieux avant ?

le principe de la liberté d’expression constitue un des fondements de la République. [...] J’appelle donc chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure pour éviter tout ce qui peut blesser les convictions d’autrui. [...] Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d’attiser dangereusement les passions.” [Jacques Chirac, 08/02/2006]

 

Information pas inintéressante – à prendre encore au conditionnel :

Hier soir, Groland sur Canal Plus a diffusé un dessin qualifié d’”exclusif” et “de Luz”, le dessinateur de la couverture (qui n’était pas à Paris le jour du massacre) (sans préciser s’il avait été fait avant ou après vendredi, mais bon, la réaction du monde musulman était bien prévisible – c’est la même qu’en 2006 et 2012) :

L’émission est humoristique à la base, mais certain membres étaient (évidemment…) des proches de membres de Charlie Hebdo.

Le dessin est signé Luz – et autant ils déconnent à Groland, autant je ne les vois pas faire un tel faux et le présenter comme vrai. (J’essaierai de vérifier cependant.)

 

Moi je les aime bien :

Regardez, c’est très intéressant (c’est tout à la fin à 16’40) : le présentateur est fier de lui (“saLuz !”), mais regardez le silence de mort qui règne dans le public, qui pourtant gouaille joyeusement le reste du temps…

Made in Groland – Emission du 16/01

 

#CommonDecency ? (Définition)

Indépendamment de ce dessin, les gens vont peut-être se rendre compte de ce qu’est le néoconservatisme de gauche : un mouvement dont la principale valeur est de vomir toutes les valeurs

(et pourtant, je ne suis pas du style conservateur ou pudibond…)

Hélas, il fut un temps où notre politique visait à nous faire des amis, maintenant il y a une claire volonté de nous faire des ennemis :

Ainsi, il ne restera qu’un bloc USA-Europe-Israël, en déclin, qui finira submergé par les autres – sans même parler des troubles internes induits…

#NotInMyName svp…

Source: http://www.les-crises.fr/troubles-dessinateur-reagit/


Charlie à tout prix ?, par Frédéric Lordon

Sunday 18 January 2015 at 12:10

Texte de Frédéric Lordon du mardi 13 janvier 2015

(vous pouvez remettre la vidéo au début pour avoir toutes les interventions)

Ce texte est tiré d’une intervention à la soirée « La dissidence, pas le silence ! », organisée par le journal Fakir à la Bourse du travail à Paris le 12 janvier 2015.

Lorsque le pouvoir de transfiguration de la mort, ce rituel social qui commande l’éloge des disparus, se joint à la puissance d’une émotion commune à l’échelle de la société tout entière, il est à craindre que ce soit la clarté des idées qui passe un mauvais moment. Il faut sans doute en prendre son parti, car il y a un temps social pour chaque chose, et chaque chose a son heure sociale sous le ciel : un temps pour se recueillir, un temps pour tout dire à nouveau.

Mais qu’on se doive d’abord à la mémoire de ceux qui sont morts n’implique pas, même au plus fort du traumatisme, que toute parole nous soit interdite. Et notamment pour tenter de mettre quelque clarification dans l’inextricable confusion intellectuelle et politique qu’un événement si extrême ne pouvait manquer, en soi, de produire, à plus forte raison sous la direction éclairée de médias qui ne louperont pas une occasion de se refaire la cerise sur le dos de la « liberté d’expression », et de politiques experts en l’art de la récupération.

Disons tout de suite que l’essentiel de cette confusion se sera concentré en une seule phrase, « Je suis Charlie », qui semble avoir tout d’une limpide évidence, quand tant d’implicites à problème s’y trouvent repliés.

« Je suis Charlie ». Que peut bien vouloir dire une phrase pareille, même si elle est en apparence d’une parfaite simplicité ? On appelle métonymie la figure de rhétorique qui consiste à donner une chose pour une autre, avec laquelle elle est dans un certain rapport : l’effet pour la cause, le contenu pour le contenant, ou la partie pour le tout. Dans « Je suis Charlie », le problème du mot « Charlie » vient du fait qu’il renvoie à une multitude de choses différentes, mais liées entre elles sous un rapport de métonymie. Or ces choses différentes appellent de notre part des devoirs différents, là où, précisément, leurs rapports de métonymie tendent à les confondre et à tout plonger dans l’indistinction.

Charlie, ce sont d’abord des personnes humaines, privées – par bonheur, on s’est aperçu rapidement que dire simplement « Charlie » pour les rassembler faisait bon marché de deux policiers, un agent de maintenance, un malheureux visiteur de ce jour là, et puis aussi de cinq autres personnes, dont quatre juives, tuées les deux jours d’après. Sauf à avoir rompu avec toute humanité en soi, on ne pouvait qu’être frappé de stupeur et d’effroi à la nouvelle de ces assassinats.

Mais l’émotion n’a été si considérable que parce qu’il était perceptible à tous que ce qui venait d’être attaqué excédait évidemment les personnes privées. Et voici donc le deuxième sens possible de « Charlie » : Charlie comme métonymie des principes de liberté d’expression, des droits à exprimer sans craindre pour sa sécurité, tels qu’ils sont au cœur de notre forme de vie.

On pouvait donc sans doute se sentir Charlie pour l’hommage aux personnes tuées – à la condition toutefois de se souvenir que, des personnes tuées, il y en a régulièrement, Zied et Bouna il y a quelque temps, Rémi Fraisse il y a peu, et que la compassion publique se distribue parfois d’une manière étrange, je veux dire étrangement inégale.

On pouvait aussi se sentir Charlie au nom de l’idée générale, sinon d’une certaine manière de vivre en société, du moins d’y organiser la parole, c’est-à-dire au nom du désir de ne pas s’en laisser conter par les agressions qui entreprennent de la nier radicalement. Et l’on pouvait trouver qu’une communauté, qui sait retourner ainsi à l’un de ses dénominateurs communs les plus puissants, fait une démonstration de sa vitalité.

Mais les choses deviennent moins simples quand « Charlie » désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand « Charlie », donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal. On peut sans la moindre contradiction avoir été accablé par la tragédie humaine et n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, « Je suis Charlie » était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment.

Je le pouvais d’autant moins que cette formule a aussi fonctionné comme une sommation. Et nous avons en quelques heures basculé dans un régime de commandement inséparablement émotionnel et politique. Dès ses premiers moments, la diffusion comme traînée de poudre du « Je suis Charlie » a fait irrésistiblement penser au « Nous sommes tous américains » du journal Le Monde du 12 septembre 2001. Il n’a pas fallu une demi-journée pour que cette réminiscence se confirme, et c’est Libération qui s’est chargé de faire passer le mot d’ordre à la première personne du pluriel : « Nous sommes tous Charlie » — bienvenue dans le monde de l’unanimité décrétée, et malheur aux réfractaires. Et puis surtout célébrons la liberté de penser sous l’écrasement de tout dissensus, en mélangeant subrepticement l’émotion de la tragédie et l’adhésion politique implicite à une ligne éditoriale. Ceci d’ailleurs au point de faire à la presse anglo-saxonne le procès de se montrer hypocrite et insuffisamment solidaire (obéissante) quand elle refuse de republier les caricatures. Il fallait donc traverser au moins une mer pour avoir quelque chance de retrouver des têtes froides, et entendre cet argument normalement élémentaire que défendre la liberté d’expression n’implique pas d’endosser les expressions de ceux dont on défend la liberté.

Mais cette unanimité sous injonction était surtout bien faite pour que s’y engouffrent toutes sortes de récupérateurs. Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude. A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs. Et combien de la même farine derrière Libé pour faire de la surenchère dans le Charlisme ?

« Si cet homme qui, dit-on, riait de tout revenait en ce siècle, il mourrait de rire assurément », écrit Spinoza dans une de ses lettres. Et c’est vrai qu’il y a de quoi rire longtemps à voir ainsi les organes de la soumission à l’ordre social entonner avec autant de sincérité l’air de l’anticonformisme et de la subversion radicale. Rire longtemps… enfin pas trop quand même, car il faudra bien songer un jour à sortir de cette imposture.

Ce sera sans l’aide du pouvoir politique, qui n’a jamais intérêt au dessillement, et à qui l’union nationale a toujours été la plus fidèle des ressources. Union nationale, et même internationale en l’occurrence, dont une version carabinée nous aura été administrée. Fallait-il qu’elle soit incoercible la pulsion récupératrice de François Hollande de se faire reluire à la tête de Paris « capitale du monde » pour convier, de proche en proche, jusqu’à Orban, Porochenko, et puis Netanyahu, Lieberman, etc. de hautes figures morales, connues pour se partager entre défenseurs de la liberté de la presse et amis du dialogue interconfessionnel [1].

Par bonheur, il s’est déjà trouvé suffisamment de voix pour s’inquiéter des usages, ou plutôt des mésusages, que ce pouvoir ne manquera pas de faire d’une mobilisation de masse qu’il s’empressera de considérer comme un mandat.

Espérons qu’il s’en trouvera également pour recommander à quelques éditorialistes un court séjour en cellule de dégrisement, et pour leur apporter le café salé. Dans la concurrence pour être à la hauteur de l’Histoire, et même – pente aussi fatale que grotesque de l’information en continu – pour être les premiers à « annoncer » l’Histoire, il était logique que tous criassent à l’Histoire et à l’Historique à propos de la manifestation d’hier. S’il est permis d’en rire, on dira que, historique, elle l’a sans doute été sous quelque rapport, au moins pour être la première du genre où le comptage de la police avait une chance d’être supérieur à celui des organisateurs. On ne sache pas cependant qu’il soit resté grand-chose des manifestations monstres de Carpentras et du 1er mai 2002, effusions collectives qui avaient déjà hystérisé le commentariat, mais dont on doit bien reconnaître que la productivité politique aura été rigoureusement nulle.

On aimerait beaucoup qu’il en aille autrement cette fois-ci, mais on ne peut pas s’empêcher de poser en toute généralité la question de savoir s’il n’y a pas un effet de substitution entre le degré de l’unanimité et sa teneur politique possible. Par construction, arasant toute la conflictualité qui est la matière même de la politique, la masse unie est tendanciellement a-politique. Ou alors, c’est que c’est la Révolution – mais il n’est pas certain que nous soyons dans ce cas de figure…

Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué. C’est que le nombre brut n’est pas en soi un indicateur de représentativité : il suffit que soit exceptionnellement élevé le taux de mobilisation d’un certain sous-ensemble de la population pour produire un résultat pareil.

Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.

Il y a une façon aveuglée de s’extasier de l’histoire imaginaire qui est le plus sûr moyen de laisser échapper l’histoire réelle — celle qui s’accomplit hors de toute fantasmagorie, et le plus souvent dans notre dos. Or, l’histoire réelle qui s’annonce a vraiment une sale gueule. Si nous voulons avoir quelque chance de nous la réapproprier, passé le temps du deuil, il faudra songer à sortir de l’hébétude et à refaire de la politique. Mais pour de bon.

Notes

[1] Lire Alain Gresh, « D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour “Charlie Hebdo” », Nouvelles d’Orient, 12 janvier 2015.

Source : La pompe à Phynance sur le

Source: http://www.les-crises.fr/charlie-a-tout-prix-par-frederic-lordon/


France : un principe de liberté d’expression, 400 textes de censure

Sunday 18 January 2015 at 03:30

Reprise d’un article du Point du 13/01/2015

L’avocat Emmanuel Pierrat s’alarme des coups portés en France à la liberté d’expression…, notamment à l’occasion d’indignations collectives. Entretien.


L’avocat Emmanuel Pierrat parle de quelque 400 textes qui, depuis deux siècles, ont limité en France le principe de liberté d’expression. © PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/Francois Destoc

Propos recueillis par MARION COCQUET
Le 11 janvier, la France s’est levée en masse pour défendre les libertés d’opinion, d’expression et de caricature après l’attentat sanglant contre Charlie Hebdo. Le 12, plusieurs personnes comparaissaient devant les tribunaux pour “apologie du terrorisme” après avoir clamé leur soutien aux frères Kouachi et à Amedy Coulibaly. Le même jour, une enquête était ouverte contre le polémiste Dieudonné qui, au soir de la marche républicaine, avait eu le bon goût d’écrire sur sa page Facebook “Je suis Charlie Coulibaly”. Jusqu’où, en France, a-t-on le droit d’aller ? L’avocat Emmanuel Pierrat, spécialiste du droit de la presse, répond au Point.fr.

Le Point.fr : Combien de textes limitent, en France, la liberté d’expression ?

Emmanuel Pierrat : Rappelons, d’abord, que ce principe figure dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui a valeur constitutionnelle. L’article 11 dispose que “la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement”… Mais une restriction est immédiatement apportée à ce principe, après une virgule : “Sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.” Les États-Unis, eux, n’ont jamais ajouté de virgule à leur “freedom of speech” garanti par le premier amendement de la Constitution. Jusqu’au Patriot Act de l’après 11-Septembre, ils réussissaient à maintenir une liberté d’expression quasi absolue, y compris avec des délirants : les porteurs de croix gammées, le Ku Klux Klan, etc. La Convention européenne des droits de l’homme reprend la liberté d’expression, mais y met elle aussi des bémols. En France, je compte, moi, quelque 400 textes qui y ont porté atteinte.

Par exemple ?

Prenez la loi Guigou sur la présomption d’innocence (qui, au passage, est appliquée dans le sens d’une présomption de culpabilité par les journaux : on parle de “tueur présumé”). Elle date de 2000, après qu’un moniteur de ski, accusé d’avoir entraîné ses clients dans une zone d’avalanche, est montré par le JT de 20 heures menottes aux poignets et assommé par les flashs. Tout le monde est choqué par ces images. On vote donc une loi qui interdit de montrer des personnes menottées. Ce qui fait qu’un journaliste qui filme Bertrand Cantat arrêté à Vilnius est obligé de lui “couper” les bras. Ce qui fait aussi que, si vous souhaitez avoir un débat sur l’usage des menottes, si vous voulez même dénoncer cet usage, vous n’avez pas le droit d’illustrer votre propos avec des images de la réalité.

Autre exemple : on n’a pas le droit de faire, en France, la publicité d’un contraceptif féminin. Et ce, en vertu d’une loi votée au sortir de la Première Guerre mondiale, qui a interdit la “propagande anti-nataliste”, sous le prétexte de garantir l’avenir de la nation… Seule la publicité pour le préservatif masculin a été tolérée, lorsque les autorités ont fait le ratio entre le coût du sida et les bénéfices de cette défense obsolète de la natalité… Il ne se passe pas deux ans en France sans qu’un nouveau coup soit porté à la liberté d’expression.

Arrive-t-il que ces lois soient abrogées ?

Jamais, ou presque. Un article de la loi de 1881 sur la liberté de presse interdisait ainsi l’offense aux chefs d’État étrangers : dans cette belle terre d’asile et de liberté d’expression, un homme, journaliste, écrivain, particulier, pouvait ainsi être poursuivi pour avoir critiqué le dictateur de son pays d’origine. Ce texte a été utilisé dans la France de De Gaulle contre les opposants aux dictateurs amis de la France. Après l’affaire des diamants de Bokassa, son usage a diminué, sans qu’il soit pour autant abrogé. On s’en est servi ensuite contre les opposants à Omar Bongo, contre François-Xavier Verschave, auteur d’un livre sur la Françafrique aux éditions des Arènes. Il a fallu l’affaire du “Casse-toi Pov’con” prononcé contre Nicolas Sarkozy pour que ce délit d’”offense” arrive devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et que la France soit condamnée.

Est-elle, dans ce domaine, le plus restrictif des pays européens ?

Oui, et de très loin. Je vais chaque année à la grande foire du livre de Francfort, en Allemagne. Compte tenu des barrières que met la France à la liberté d’expression sur les questions de religion, de race, de sexe, etc., il est absolument certain qu’un livre relu par un avocat français est garanti “vendable” dans 90 % des pays au monde. C’est loin d’être le cas lorsque les clients français achètent des documents étrangers. Jusqu’à il y a quelques années, d’ailleurs, un texte en langue étrangère publié en France devait recevoir avant publication l’accord du ministère de l’Intérieur – en vertu d’un texte voté pour lutter contre les indépendantismes corses, basques, bretons, etc. Là encore, c’est la CEDH qui a conduit à son abrogation.

Qu’en est-il de l’”apologie du terrorisme” ?

En réalité, elle est, elle aussi, interdite depuis la loi de 1881 sur la liberté de presse. Le texte prévoit en effet l’interdiction de l’apologie des crimes et des délits : le meurtre, le viol, le vol, l’abus de confiance, etc. Le terrorisme, que la France de l’époque connaissait déjà, en fait évidemment partie. On y a ajouté depuis par démagogie un texte supplémentaire, et superfétatoire. Quand cela ? En 1986, après une série d’attentats islamistes à Paris, et à l’initiative de Charles Pasqua.

Qu’est-ce que faire l’apologie du terrorisme ? Crier “vive la kalach !” devant des policiers comme l’a fait un jeune d’Orléans condamné à 6 mois de prison ferme ? Dire “Je suis Charlie Coulibaly” comme Dieudonné contre qui une enquête est ouverte ?

Le texte réprime en principe des propos qui incitent à passer à l’acte, à commettre des attentats. Est-ce le cas, dans les exemples que vous me citez ? Aussi moralement condamnables qu’on puisse les juger, je n’en suis pas persuadé. Il faut bien se souvenir que les lois de censure sont des lois d’exception par rapport à un principe, qui reste celui de la liberté d’expression. Dieudonné, qui a affaire depuis longtemps à la justice, sait assez bien jusqu’où il ne peut pas aller. Il n’a pas parlé du “regretté Coulibaly” par exemple : son “Je suis Charlie Coulibaly” risque donc de poser problème à la justice. Je pense d’ailleurs que, s’il l’a retiré de son compte Facebook, c’est moins pour des raisons juridiques que parce qu’il s’est aperçu qu’il était allé trop loin commercialement, qu’il risquait de perdre beaucoup de ses fans.

On voit aujourd’hui prononcées des peines de plusieurs mois de prison ferme pour de tels faits. Cela s’était-il déjà produit ? Ou faut-il imputer ces peines à la loi de novembre 2014 sur le terrorisme ?

Les peines prononcées sont en effet inédites. Mais la loi de 2014 permet d’aller encore plus loin, jusqu’à trois ans de prison ferme. De manière plus générale, l’agitation de ces derniers jours m’inquiète. La France dispose déjà d’un lourd dispositif pour lutter contre le terrorisme. L’avocat que je suis n’est pas hostile par principe à toute censure, le citoyen que je suis non plus, et je ne soutiens en aucun cas les provocations d’un Dieudonné. Mais j’essaie de réfléchir en dépit de ce qui personnellement peut me choquer et de raisonner en termes de philosophie du droit. Le résultat de tous ces textes est un véritable galimatias. Sur le chapitre de la liberté d’expression, on n’a jamais pris la peine de construire un code, qui rassemble et hiérarchise les problèmes. On ne peut que se réjouir de la grande marche du 11 janvier, mais il faut, je crois, se méfier des textes adoptés sous le coup de l’émotion. Prenez encore, à ce sujet, la loi de sécurité publique dite Perben II !

Quelle est-elle ?

Patrick Henry, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1977 pour le meurtre du petit Philippe, est libéré en 2001 après un parcours de réinsertion qui en fait un détenu modèle. À sa sortie de prison, il publie chez Calmann-Lévy un livre, Vous n’aurez pas à le regretter… et, quelques jours plus tard, il est arrêté avec 10 kg de cannabis. L’indignation est générale, on le traite de tous les noms. Et, dans la foulée, on adopte la loi Perben II. Elle s’inspire du droit américain, en la comprenant mal : aux États-Unis, en réaction à la multiplication de mémoires de serial-killers, il a été décidé que ceux-ci ne pourraient pas toucher de droits d’auteur, et que l’argent serait reversé aux associations de familles de victimes. En France, on a transformé cela en l’interdiction, pour toute personne condamnée, de publier un livre. Y compris s’il veut y faire son mea culpa, ou s’il veut clamer son innocence. Ce qui signifie qu’il faudrait interdire le Journal du voleur de Genet et cela, à cause d’une loi écrite et votée trop vite.

Source : Le Point

Source: http://www.les-crises.fr/france-un-principe-de-liberte-dexpression-400-textes-de-censure/


[Festival] Les islamophobes en roue libre…

Saturday 17 January 2015 at 05:00

IMPORTANT (rapport à #LibertedExpressionEnFrance) : Le site Les-crises.fr reproduit ces propos afin d’informer le public du climat délétère qui augmente, mais ne les soutient en rien, et condamne fermement toute islamophobie.

BHL (à tout saigneur tout honneur) somme les musulmans de manifester !

Le 09/01/2015 :

(rien de nouveau, fin septembre 2014, il appelait déjà les musulmans à “manifester massivement contre le Daech”).

Le lendemain, il lance sur BFM TV : “l’indicateur primordial pour la manifestation de demain sera le nombre de musulmans présents, plus que le nombre total.”

Il n’a pas été déçu…

N.B. C’est moi où quand on trouve un prêtre pédophile, il ne demande jamais aux catholiques d’aller manifester pour se désolidariser de ces actes horribles ?

P.S. Dans le dernier GEAB (un peu généralisé, mais intéressant) :

N’oublions pas que la représentation en général est interdite par l’Islam. L’intégration des Musulmans aux sociétés modernes et occidentales de l’image est donc une réalité… même s’ils ont des difficultés à aller jusqu’au bout de la logique et à accepter la représentation la plus interdite, celle du Prophète, une représentation qui choque aussi les Musulmans modérés, c’est un fait. En réalité, demander aux Musulmans d’accepter ces caricatures, ce n’est pas leur faire la demande acceptable pour eux de se « laïciser », mais celle inacceptable de s’« athéiser ». C’est là que le bât blesse, il faut en prendre conscience si on veut trouver une solution à l’impasse dans laquelle nous sommes.

Quand Rioufol fait pleurer Rokhaya Diallo

Le soir de l’attentat, Marc Olivier Fogiel recevait ses invités habituels, Ivan Rioufol, l’éditorialiste du Figaro, Laurence Parisot, l’ancienne patronne du Medef (Mouvement des entreprises de France), Xavier Couture, ancien de TF1, et Rokhaya Diallo, la journaliste et écrivain.

ÉNORME ce Rioufol…

« La gauche appelle aujourd’hui à manifester, a commencé Rioufol, c’est très bien et j’irai aussi manifester. Il faudrait également et urgemment que manifestent aujourd’hui les Français musulmans qui, évidemment, ne se reconnaissent pas dans cet attentat terroriste, sinon on va craindre effectivement les amalgames. »

Laurence Parisot bondit : « Vous laissez entendre qu’ils adhéreraient à cette folie terroriste ? »

— Non, je ne dis pas cela, au contraire. Je les somme aujourd’hui de bien nous faire comprendre qu’ils n’adhèrent pas », se défend Ivan Rioufol.

Rokhaya Diallo s’indigne : « Quand j’entends dire qu’on somme les musulmans de se désolidariser d’un acte qui n’a rien d’humain, oui, effectivement, je me sens visée. J’ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés. »

Réponse de Rokhaya Diallo, qui retient ses larmes : « Non mais, vous pensez vraiment que je suis solidaire ? Est-ce que vous osez me dire, ici, que je suis solidaire ? Vous avez vraiment besoin que je verbalise ? Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n’ai rien à voir avec ça. »

Lettre un peu désagréable à l’intention de mes amis musulmans, par Yann Moix

Chers amis Musulmans,

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. C’est comme cela que l’on doit faire avec les gens qu’on aime. Alors voilà : je ne suis pas d’accord avec ceux d’entre vous qui se lamentent ainsi : « Ca ne va pas être simple, après l’attentat contre Charlie Hebdo, d’être musulman ». Faux : c’est tout le contraire. Cela n’a jamais été aussi simple. Je propose, en effet, que désormais l’on appelle Musulmans ceux d’entre vous qui descendront volontiers avec nous, avec les laïcs, les athées, les catholiques, les protestants, les juifs, manifester dans la rue – pour le maintien de la paix, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité dans les rues de la République. Cela n’a jamais été aussi simple, pour un Musulman français républicain, que de montrer, que de prouver que l’islam n’a rien à faire, n’a rien à voir avec ce fascisme religieux qu’est l’islamisme.

Nous voudrions vous voir, en masse, vous, amis Musulmans français, défiler avec nous, signer avec nous des éditoriaux pour dire que vous n’êtes en rien concernés par les actes ignobles que quelques détraqués se réclamant du même Dieu que vous commettent ; nous voudrions défiler à vos côtés pour clamer que votre religion, fondamentalement, ne permet pas plus les atrocités qu’elle ne les contient. Non pas pour vous obliger à montrer patte blanche, pour vous contraindre à nous donner des gages, mais simplement pour le bienfait que cela peut apporter aux non-Musulmans.

Nous en avons envie, et nous en avons besoin. Notre 11-Septembre à nous s’est joué en deux actes. Acte un : les crimes de Mohammed Merah, où les victimes étaient triées ; acte deux : l’attentat contre Charlie, où les victimes étaient ciblées, nommées. Le terrorisme va, si j’ose dire, jusqu’à choisir à présent des victimes qui sont des non-anonymes, là où autrefois il était aveugle.

Nous voudrions, je voudrais que, pour une fois, on cesse de marcher sur des œufs avec vous, chers amis Musulmans français. On vous épargne trop, je trouve. Je vous le dis franchement. On a trop peur d’être pris (par vous) pour des racistes. Alors on n’ose pas. On s’excuse. Je n’ai pas à vous donner, à mon tour, des gages de non-racisme. Je n’ai pas, moi, en tant que Français républicain, à prendre de gants avec des citoyens français comme les autres, des citoyens comme les autres : les Français de confession musulmane. Je n’ai pas, chers amis Musulmans français, à vous traiter plus mal que les autres. Je n’ai, par conséquent, pas à vous traiter mieux non plus. Alors, amis Musulmans de France, je rêve que vous sortiez de votre mutisme relatif, mais somme toute réel, dans lequel vous êtes généralement blottis aux heures les plus noires du terrorisme salafiste, islamiste. Mieux que personne, amis Musulmans de France, parce que vous connaissez votre religion mieux que quiconque, pouvez nous expliquer pourquoi l’islamisme n’est pas l’islam. Nous voulons vous entendre. Non pas pour entendre vos explications (vous n’êtes pour rien dans cette barbarie), mais pour comprendre la maladie qui gangrène votre croyance. Cette croyance que nul, ici, n’entend remettre en question, en dehors de la Droite extrême. Mais il y a un « mais » : vous n’êtes pas assez présents. Vous n’êtes pas assez pédagogues. Vous n’êtes pas assez conscients de la place que vous tenez au sein de notre pays, pays de la laïcité, c’est-à-dire pays qui sait, qui veut accueillir toutes les formes humaines de la foi. Vous n’êtes pas assez entendus, mais c’est aussi parce que votre voix ne semble pas complètement se faire entendre. J’ai pour vous un profond respect ; vous êtes un apport pour la société française.

Je connais bien votre religion, et je sais, pour l’avoir étudiée de près, pour être allé souvent dans les pays qu’elle irrigue, ce qu’elle comporte de beautés, de subtilités, de profondeur. C’est pourquoi, sans complexe, sans peur, sans scrupules (comme deux amis se disent les choses en face), je vous prends à partie. C’est pourquoi, dans ces quelques lignes emportées, écrites sous l’émotion, je vous malmène – avec autant de véhémence, de violence peut-être, que d’amour. Je ne supporte plus qu’on vous épargne, qu’on vous craigne (ni même qu’on vous conspue, qu’on vous néglige) : mais la vérité est que vous ne faites pas grand-chose pour nous aider à vous aider. Je sais bien ce que mon « vous » a d’absurde ; aucun Musulman ne ressemble à aucun autre. Mais vous comprenez bien ce que je veux dire. Ne jouons pas sur les mots. Aidez-nous, aimez-nous ; nous vous aiderons encore mieux, nous vous aimerons mieux. Merci. Choukran.

Source : Laregledujeu.org

Cet attentat abominable doit nous ouvrir les yeux, par Pascal Bruckner

Par Vincent Tremolet de Villers Publié le 07/01/2015

FIGAROVOX/ENTRETIEN- Pascal Bruckner rend hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Il voit dans ce massacre de sang-froid, une nouvelle étape de la guerre que l’islamisme radical mène contre les démocraties occidentales.
Pascal Bruckner est romancier et essayiste [...]

Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, le journal était sous la menace…
À l’époque, j’avais suivi cette affaire, et de nombreux commentateurs considéraient que Charlie Hebdo était allé trop loin. Je n’aimerais pas être à leur place. J’ai notamment en tête plusieurs débats aux États-Unis ou avec des intellectuels anglo-saxons, durant lesquels on m’assénait cette contre-vérité: Charlie Hebdo ne s’attaque qu’aux musulmans. Or l’esprit critique est le principe même de Charlie. Jésus, Moïse, le Pape, le dalaï-lama ont subi dans ce journal les pires caricatures. Mais aujourd’hui en France, on a le droit de se moquer de Jésus, de Bouddha, de Moïse, mais pas du prophète Mahomet, sinon, on risque d’être assassiné de sang-froid. Face à cet événement, un petit nombre de gens, une fois encore, va résister, mais la grande majorité va céder en expliquant qu’il est plus judicieux de respecter la religion du Prophète. Tout cela se télescope avec la sortie du roman Soumission de Michel Houellebecq. Roman qui décrit une France terrorisée qui, par confort, porte au pouvoir un président musulman.

Les cibles sont des symboles…
Ces gens sont morts parce que le journal dans lequel ils travaillent a été déclaré coupable de «blasphème» par des islamistes. Tout cela, en vérité, a commencé avec la révolution iranienne de l’ayatollah Khomeyni. Derrière la guerre chiite-sunnite, la lutte contre «l’infidèle» a continué. La première victime de cette fatwa a été Salman Rushdie, qui, en 1988, après avoir publié Les Versets sataniques, a été désigné comme personne à abattre. En 2006, des journalistes danois ont subi le même sort. Charlie Hebdo a «chatouillé la fatwa», selon les mots que l’islamologue Olivier Roy avait appliqués au philosophe Robert Redeker, lui aussi menacé de mort en 2006.

On a décapité une partie de notre intelligentsia. Nous sommes en guerre depuis des années, mais nous avons manifesté à l’égard de l’islam radical une complaisance coupable. Il sera très intéressant de voir les lignes de partage dans les jours à venir. Gageons que les collabos de tout poil plaideront pour une limitation de la liberté d’expression

Un journal est-il une cible de guerre?
Attaquer un journal, c’est attaquer la liberté d’expression. Attaquer un journal, c’est dire aux journalistes que toute critique de l’islam peut entraîner une condamnation à mort. C’est répéter que l’islam est un bloc sacré qui ne doit jamais être remis en question. C’est du jamais-vu depuis le XVIIIe siècle. Le chevalier de La Barre avait été supplicié pour «impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables» au terme d’un procès inique, mais c’était il y a deux cent cinquante ans! Aujourd’hui, pour signifier leur refus de céder à la peur, je pense que tous les journaux de France devraient reproduire in extenso l’ensemble des dessins de Charlie Hebdo. Acteurs, metteurs en scène, philosophes peuvent être les prochaines victimes.

Peut-on parler d’acte de guerre?
C’est l’acte d’un commando qui mêle les procédures de liquidation du grand banditisme et celles du terrorisme. Peut-être parlera-t-on de représailles à l’action de la France contre Aqmi? Mais tous ces ennemis sont loin et, ici, l’ennemi reste invisible. Le terrorisme, c’est une métamorphose du statut de l’ennemi.

Désormais, nous savons que le pire est concevable.

Le seul moyen de combattre ce genre de menace est d’étendre le pouvoir de la police. Il faut que le Parlement se réunisse et prenne des décisions très fermes. Toutes les options doivent rester ouvertes. Il n’y a pas eu d’attentats aussi meurtriers depuis l’OAS, et de Gaulle n’a pas hésité en 1961 à utiliser ses barbouzes contre les poseurs de bombes.

Pouvait-on s’y attendre?
À chaque fois qu’un événement annonciateur a eu lieu, on a essayé de le ramener à une cause rassurante. Un Français égorgé en Algérie? Il fallait y voir un résidu de la guerre civile. Des agressions gratuites au cri d’Allah akbar? Il s’agissait de «loups solitaires» ou de déséquilibrés. Aujourd’hui tout cela peut apparaître comme une stratégie de la tension savamment menée. Cette matinée tragique va sans doute devenir l’acte fondateur d’un nouveau terrorisme qui veut faire plier les genoux à l’Europe devant le drapeau vert de l’islam et le drapeau noir du Califat. Tous les Français et particulièrement les journaux peuvent se sentir aujourd’hui sous la menace. C’est l’un des effets pervers du terrorisme: il rend paranoïaque.

La France a-t-elle pris la mesure de cette menace?
Beaucoup ont conclu un peu vite avec François Hollande que «l’islam est soluble dans la démocratie». Certes, le cas de la Tunisie est exemplaire, mais ce pays reste encore une exception. La déclaration de Dalil Boubakeur est remarquable et il faut maintenant espérer que tous les Français de confession musulmane vont se mobiliser contre cette abomination qui se réclame du Coran. Dans le cas inverse, leur silence nourrira, inévitablement, l’amalgame entre islam et fanatisme. Daryush Shayegan, un philosophe iranien, dans Qu’est-ce qu’une révolution religieuse? (Albin Michel, 1991), annonce cette dérive d’un islam qui profite d’un message prophétique pour installer sa terreur. Il montre que nous sommes entrés dans une ère nouvelle où le message de la foi s’est compromis avec l’activisme politique et utilise les méthodes qui furent celles du communisme et du fascisme. Il faut avoir tout ça en tête et ne pas toujours ramener le pathos antiraciste qui n’est plus du tout pertinent dans une situation comme celle d’aujourd’hui. Les auteurs de ces actes sont des islamo-fascistes. Et les victimes de Charlie Hebdo, les premiers résistants de la nouvelle guerre. Ne nous trompons pas d’ennemi. À la radicalisation de l’islam répond la radicalisation de l’aveuglement qui ne veut rien voir, rien savoir, rien entendre. Cette tragédie doit nous ouvrir les yeux.

Source : lefigaro.fr

Source : Le Point, semaine du 7 janvier 2015

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Et cerise sur le gâteux :

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Faut-il alors s’étonner de ceci ?

P.S. pas de commentaire par pitié pour les modérateurs. Mais signalez-moi (via le formulaire de contact) d’autres articles de ce genre svp…

#FoutageDeGueule ?

Source: http://www.les-crises.fr/festival-les-islamophobes-en-roue-libre/


“Nous sommes tous… ” {remplissez le blanc}, par Noam Chomsky

Saturday 17 January 2015 at 03:30

Le monde a réagi avec horreur à l’attaque meurtrière du journal satirique français Charlie Hebdo. Au New York Times, le correspondant de longue date en Europe Steven Erlanger a très clairement décrit la conséquence immédiate, ce que beaucoup appellent le 9/11 français, comme « un jour de sirènes, d’hélicoptères dans le ciel, de bulletins d’information frénétiques ; de cordons de police et de foules inquiètes ; de petits enfants écartés de leurs écoles pour leur sécurité. C’était un jour, comme les deux précédents, de sang et d’horreur dans et autour de Paris ». L’énorme tollé dans le monde entier a été accompagné par une réflexion sur les racines plus profondes de cette atrocité. « Beaucoup y perçoivent un choc de civilisations », titre le New York Times.

La réaction d’horreur et de dégoût du crime est justifiée, comme l’est la recherche de racines plus profondes, à condition que nous gardions fermement quelques principes à l’esprit. La réaction devrait être complètement indépendante de la pensée de ce journal et ce qu’il publie. Les slogans omniprésents et passionnés « Je suis Charlie », et ainsi de suite, ne devraient pas devoir indiquer une quelconque affinité avec le journal, ni même y faire allusion, au moins dans le contexte de défense de la liberté d’expression. Ils devraient plutôt exprimer la défense du droit à une parole libre quoiqu’on pense du contenu, même s’il semble détestable et néfaste.

Les slogans scandés devraient également exprimer la condamnation de la violence et la terreur. Le responsable du parti travailliste d’Israël et candidat principal aux élections prochaines en Israël, Isaac Herzog, a tout à fait raison quand il dit que « Le terrorisme est le terrorisme. Ça ne fait aucun doute. » Il a aussi raison de dire que « Toutes les nations qui cherchent la paix et la liberté s’affrontent à l’énorme défi » du terrorisme meurtrier – en laissant de côté sa prévisible interprétation sélective de la stratégie.

Erlanger décrit de façon très détaillée la scène d’horreur. Il cite un journaliste survivant disant que « tout s’est effondré. Il n’y avait aucune sortie. Il y avait la fumée partout. C’était épouvantable. Les gens criaient. Ça ressemblait à un cauchemar ». Un autre journaliste survivant a rapporté : « une détonation énorme et tout est devenu complètement noir ». Erlanger a déclaré que la scène « était de plus en plus réduite à du verre brisé, des murs écroulés, des poutres tordues, de la peinture brûlée et un anéantissement moral ». On a annoncé la mort d’au moins dix personnes dans l’explosion et vingt personnes disparues, « probablement enterrées sous les décombres ».

Ces citations, comme l’infatigable David Peterson nous le rappelle, ne sont pourtant pas de janvier 2015. En fait ils font partie d’un récit d’Erlanger du 24 avril 1999, qui l’a fait figurer seulement en page 6 du New York Times, car moins importante que l’attaque de Charlie Hebdo. Erlanger faisait un rapport sur « l’attaque par missile du siège social de la télévision d’état serbe » qui « détruisit la Radio Télévision serbe », effectuée par l’Otan (c’est à dire les États-Unis).

Il y avait une justification officielle. “Les responsables de L’Otan et les représentants américains ont défendu l’attaque”, rapporte Erlanger, « comme un effort pour saper le régime du président de la Yougoslavie Slobodan Milosevic ». Le porte-parole du Pentagone Kenneth Bacon a dit lors d’un briefing à Washington que « la télé serbe fait tout autant partie de la machine à tuer de Milosevic que son armée », et est donc un objectif d’attaque légitime.

Les locaux de la télévision serbe bombardés par l’OTAN en 1999

Erlanger rapporte que le gouvernement yougoslave déclara que “La nation entière est avec notre président, Slobodan Milosevic”, en ajoutant que “Savoir comment le gouvernement peut affirmer cela avec une telle précision n’est pas clair.”

Aucun commentaire sardonique n’est de mise quand nous lisons que la France pleure ses morts et que le monde est indigné par cette atrocité. Inutile non plus de mener une enquête sur les racines plus lointaines, ni un questionnement en profondeur sur qui défend la civilisation et qui défend la barbarie.

Isaac Herzog, alors, se trompe quand il dit que « Le terrorisme est le terrorisme. Ça ne fait aucun doute. » Il y a certainement deux sens : le terrorisme n’est pas le terrorisme quand une attaque terroriste beaucoup plus grave est effectuée par ceux qui sont Justes en vertu de leur puissance. De même il n’y a aucun assaut contre la liberté de parole quand les Justes détruisent une chaîne de télévision qui soutient un gouvernement qu’ils attaquent.

De la même manière, nous pouvons aisément comprendre le commentaire dans le New York Times de l’avocat des droits civiques Floyd Abrams, célèbre pour sa vigoureuse défense de la liberté d’expression, que l’attaque de Charlie Hebdo est « l’assaut le plus menaçant sur le journalisme de mémoire d’homme ». Il a donc raison à propos du terme « de mémoire d’homme », qui assigne avec un très grand soin les attaques contre le journalisme et les actes de terreurs à leurs catégories appropriées : les leurs, forcément horribles, et les nôtres, nécessairement vertueux et qui seront donc très naturellement effacées de la mémoire d’homme.

Nous nous rappellerons également que ceci n’est qu’une des nombreuses attaques des Justes contre la liberté d’expression. Pour mentionner un seul exemple, effacé tout naturellement de la « mémoire d’homme », rappelons pour terminer l’attaque de Fallujah par les forces américaines en novembre 2004, l’un des pires crimes commis pendant l’invasion en Irak, et qui a commencé par l’occupation de l’hôpital général de Fallujah. L’occupation militaire d’un hôpital est, bien sûr, un crime de guerre très grave en soi, indépendamment de la manière dont elle a été menée ; elle a été platement rapportée en première page du New York Times, accompagnée d’une photographie de la scène du crime. L’article rapportait que « les malades et les employés de l’hôpital ont été expulsés de leurs chambres par des soldats armés, et qu’on leur a ordonné ensuite de s’asseoir ou de se coucher sur le sol pendant que les soldats liaient leurs mains derrière leur dos ». Le crime était considéré comme un acte de grand mérite, et était ainsi justifié : « L’offensive a aussi ainsi permis de fermer l’hôpital général de Fallujah, d’où émanait un flot continu d’informations à propos de victimes civiles, et qui, constituait donc, aux dires des officiers américains, une arme de propagande pour les insurgés ».

L’occupation militaire de l’hôpital de Falloujah

On ne peut évidemment pas permettre à une telle agence de propagande de cracher ses grossières obscénités.

Noam Chomsky, TeleSur, 10/01/2015. Images : Partage-Le

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/nous-sommes-tous-remplissez-le-blanc-par-noam-chomsky/


Revue de presse du 17/01/2015

Saturday 17 January 2015 at 00:45

La revue de presse avec notamment la suite des 3 “feuilletons” débutés la semaine dernière, Merkel en campagne et un peu de latin. Merci à nos contributeurs. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-17-012015/


[Bien joué ! 06] Claude Guéant : “Il y a des libertés qui peuvent être facilement abandonnées”

Saturday 17 January 2015 at 00:01

Source : FranceTVInfo

Source: http://www.les-crises.fr/bjat6-abandon-libertes-gueant/


[IR-RES-PON-SA-BLES] Couverture Mahomet : Charlie Hebdo continuer a jeter de l’huile sur le feu (édité)

Friday 16 January 2015 at 15:30

Tout d’abord, rappelons la condamnation sans équivoque du massacre barbare, et rendons hommage aux victimes

À aucun moment ce billet ne vise à excuser un acte d’une barbarie inhumaine. Il vise à réfléchir ensemble pour que cela ne recommence pas.

P.S. ayant reçu bcp de mails, j’ai retouché le billet pour axer plus sur la caricature elle-même…

J’ai enquêté sur un point qui agite les réseaux sociaux depuis 4 jours et quelques grands médias, à propos de la Une du dernier Charlie Hebdo, tiré à 3 millions d’exemplaires – soit probablement le plus gros tirage de presse depuis la Libération.

Daniel Schneidermann en parle d’ailleurs ce jour dans une intéressante chronique (pensez à vous abonner ici à Arrêts Sur Images, un des rares espaces de critique des médias sur le web, rapport qualité-prix imbattable ! (Publicité gratuite])

Alors moi, quand Schneidermann (à qui je passe mes amitiés au passage, ainsi qu’à l’équipe) me dit “Regarde attentivement !”, je regarde attentivement – surtout quand le web se pose plein de questions ! Découvrons cette rumeur…  :)

Que voit-on sur la couverture ?

On y voit une caricature (à l’évidence) de Mahomet, de Luz :

On a beaucoup souligné que le fait de représenter de nouveau Mahomet avait été très mal pris dans le monde musulman :

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Et bien sûr, nos médias boboïsants ne suivent pas, ils courent :

Voici d’ailleurs la page d’accueil du site de L’Express :

Bref.

Daniel nous dit donc ce matin :

“Cet objet, qui remet une thune dans le bastringue, c’est un bonhomme avec des yeux qui louchent, sorti de l’imagination et de la douleur de Luz. Personne, sur la couverture, ne nous dit qu’il s’agit de Mahomet”

C’est un argument acceptable, c’est vrai que ce n’est pas marqué (et c’est un argument que j’ai lu pas mal de fois sur le web)… Notez, cela n’était jamais marqué sur les autres non plus…

Après chacun jugera comment cela a été pris y compris dans notre presse – qui ne fait jamais hélas dans la finesse et la mesure…

Qu’a dit la presse ?

Notez, le dessinateur a hélas été clair

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Indices ?

Ce qui m’a interpellé c’est le peu de recul des médias sur cette couverture “historique”.

Même Daniel nous dit : “Cet objet, qui remet une thune dans le bastringue, c’est un bonhomme avec des yeux qui louchent”.

Oui, mais, comme il le souligne très bien dans son billet, il y a une vrai difficulté :

“Au total, un joli foutoir sémiologique, auquel chacun accordera le sens qu’il veut, du plus subtil au plus débile (les médias se faisant une joie, d’ailleurs, de tamtamiser les réactions les plus débiles). On n’a pas fini de rire.”

J’ai bien vu la conclusion ironique, mais, je me permets de repasser au 1er degré : on n’a hélas pas fini de pleurer à mon avis…

Car qu’y a-t-il sur la couverture ? : “Tout est pardonné” + Mahomet.

Une chose me gênait, sans que j’arrive à trouver quoi. C’est fait.

On avait un message de pardon, presque chrétien (sic.) donc extrêmement fort, avec une nouvelle caricature de Mahomet, donc une nouvelle provocation de Charlie Hebdo.

Cependant, si l’intention de provocation était bien dans leur esprit, je la trouvais bien réduite par rapport à ce qu’ils avaient fait par le passé, et donc dans ce dessin, “l’intensité négative” était assez loin finalement de “l’intensité positive” du pardon, après un acte barbare et inhumain.

Il y avait des indices :

Rester dans la droite ligne de la tradition du journal” ? Hmmm…

Démerdez-vous avec” : hmmm, bon, on en avait déjà plusieurs des caricatures, et des bien pires, donc bizarre, non ?

Le GROS indice est dans le Parisien :

“Mais il a fait marrer la rédaction du journal satirique, et c’est pour [l'auteur] l’essentiel.”

Comme ça “il a fait marrer” ?

“Ému”, je comprend. “Plu” ou “Renforcé la conviction”, je comprends. “Donné un clin d’œil”, je comprends.

Mais marrer ?

Je me demande s’il contient des choses assez drôles pour faire marrer la rédaction décimée là-dedans (vous imaginez son état d’esprit en ce moment… Il en faut des caisses d’humour ! [Compassion pour l'équipe à ce stade]) ? :

En fait, le web a une hypothèse- ce n’était pas bien dur en fait…

Le dessous de la couverture selon le web ?

Luz avait déjà fait plusieurs caricatures de Mahomet en 2012, dont on avait beaucoup parlé :

(regardez bien sa tête et son chapeau)

(regardez bien sa tête et son chapeau)

Et voici donc la caricature du numéro de cette semaine :

Vous remarquez que la forme de la tête et du chapeau sont vraiment différents des autres fois.

Retournons-la :

Hmmm ? :

Non toujours pas ? Ok, je vous aide :

C’est en tous cas ce que beaucoup ont vu… (j’ai testé auprès d’amis !)  :)

On peut donc se demander si Luz a dessiné Mahomet en partant de deux “bites” (désolé, je dis “bite, puisqu’on parle de Charlie hebdo) – ça se voit assez bien sur le zoom, regardez :

Ce qu’en a dit le web

Il y a 3 jours, le web a un peu souligné le sujet, par exemple :

L’Internaute : Charlie Hebdo : la tête du prophète en forme de sexe ? Des musulmans indignés

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20 Minutes : «Charlie Hebdo»: Deux pénis se sont-ils glissés dans la nouvelle Une représentant Mahomet?

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RTL : “Charlie Hebdo” : le journal affiche-t-il deux pénis sur sa Une ?

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Le Figaro : Blasphème et sexe en une : l’esprit Charlie Hebdo est toujours là !

“Pour le sémiologue Jean-Didier Urbain, l’esprit Charlie n’est pas mort, bien au contraire. En témoigne, le phallus caché en une. «On connaît depuis longtemps les astuces des caricaturistes et des peintres qui produisent une image dans l’image, cette seconde image ne se lit qu’au prix d’une certaine manœuvre ou manipulation. Par exemple le fait de retourner l’image. Ici ce n’est plus la tête du prophète qui apparaît à l’envers mais un phallus, le turban étant l’équivalent des testicules et le visage allongé du poète devient une verge.» Coïncidence? Maladresse? Il en doute.

«C’est une sorte de pied-de-nez caché, cela peut être involontaire mais ici cela m’étonnerait, c’est tellement l’esprit de Charlie ! Ça fait partie de son message profond: dénoncer des interdits, ce qui a rapport à la sexualité par exemple. Le rôle de Charlie étant un rôle iconoclaste: représenter des choses interdites en plus de casser des images. Montrer qu’une image en cache une autre, faire une critique, une satire…»

La caricature étant déjà provoquante par rapport à certaines représentations religieuses, le lecteur non aguerri n’y a pas cherché pas une seconde lecture. Voilà de quoi l’initier à Charlie!”

“L’Esprit Charlie” : les blagues de potaches qui se terminent (hélas) par 20 morts et des lois sécuritaires ?

On continue donc, forts de cette expérience ?

Pédigrée

Rappel : on parle de Charlie Hebdo !!!

Le problème c’est que le cœur de leur métier de faire des bites !!!! Ils glissent des bites comme d’autres glissent des quenelles !

Après, comment savoir si c’est fait exprès ou non ?

Est-ce comme ceci qu’il faut comprendre le :

À propos des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo (je condamne ces caricatures), rappels :

 

-

Et Luz lui-même :

Ce qu’en dit Luz…

Au vu de la polémique naissante, on a posé la question à Luz il y a 3 jours :

“Comble du blasphème, certains ont vu dans la représentation de Mahomet un double phallus (retournez votre Charlie, voyez le nez et les yeux, le visage et le turban…) Luz dément dans un haussement d’épaules : « Je l’ai toujours dessiné comme ça. En tout cas, s’il a une paire de couilles sur la tête, il est super bien épilé. »”

Source : Libération

On a vu bien mieux comme démenti (non, il ne le dessinait pas exactement comme ça les précédentes fois – et cela voulait il dire qu’il y avait aussi des bites les autres fois ?), mais bon…

Dans la précédente version de ce billet, j’étais plus dur, car j’avais TRES peur qu’il finisse par réponde “oui oui, c’est évidemment fait exprès”, ce qui aurait jeté encore plus d’huile sur le feu. Au mieux c’est un incroyable hasard, doublé du fait que personne à la rédaction n’aurait vu ceci (!) mais au pire, ça restera private joke).

C’est le problème avec les hyper-provocateurs (eux ou Dieudonné) : cela devient très dur de leur accorder le bénéficie du doute en cas de polémique…

Soulagé sur ce point, et ne souhaitant pas nourrir plus avant la polémique, j’ai retouché avec plus de conditionnel mon billet.

À chacun de se faire son opinion, avec toutes ces informations.

J’accuse Charlie Hebdo (à propos de la caricature elle-même)

(cette partie ne concerne plus la double interprétation “bitesque”)

Tout d’abord, je tiens à rappeler que je condamne sans ambiguïté l’attentat (j’ai pleuré comme tout le monde en apprenant l’a mort de Cabu), RIEN ne peut justifier la violence et encore moins la mort.

Je ne suis déjà pas d’accord pour qu’on publie de nouveau une telle caricature de Mahomet (ne soutenant pourtant pas l’idée d’une interdiction par la loi – je sais, le sujet est complexe et discutable).

J’en suis désolé, mais je vous accuse d’être des irresponsables qui jettent de l’huile sur le feu en republiant des caricatures de Mahomet !

Ah, flute, c’est votre slogan :

Je vous accuse de jouer avec la sécurité et la vie de nos citoyens avec inconséquence, de semer la haine dans le monde (avec des “antiracistes” comme vous, les racistes peuvent partir à la pêche à la ligne !!!), de contribuer au chaos :

Un acte de guerre maintenant !!!! Mais je n’ai rien demandé moi !

Le tout avec votre logique : “Démerdez-vous avec !”

Le tout avec votre logique : de faire “marrer la rédaction du journal satirique, et c’est pour [l'auteur] l’essentiel.”

L’essentiel ???

Et pendant ce temps là, chez Al Qaeda

IMPORTANT : Ceci est un pastiche, visant à dénoncer ce qui peut servir à nos ennemis. Ceci n’est pas une apologie du terrorisme. Le terrorisme est évidemment condamnable et inacceptable. (‘tain fait faire gaffe avec ce régime de plus en plus répressif)

Comme des gens veulent nous faire du mal, normalement, ce qu’il faudrait faire, c’est réfléchir à la meilleure réponse à apporter pour DIMINUER les risques que cela recommence. Ce qui signifie en général CHANGER des choses dans nos politiques et comportements, puisqu’ils ont contribué à nous désigner pour cible…

Cela signifie donc “penser comme l’ennemi”, pour avoir une STRATÉGIE ne lui donnant pas de nouvelles cartes dans sa main.

Or, quels cadeaux directs a-t-on fait aux recruteurs d’Al-Qaeda depuis 10 jours ?

Comme ils doivent nous remercier de nos erreurs grossières les barbares là-bas – les recrues vont affluer… Et notre sécurité dans tout ça ?

Sérieusement, cela intéresse-t-il quelqu’un d’empêcher les prochains attentats et le pays de se diviser, ou le but est-il juste de faire une psychothérapie collective après le drame qui nous a frappé sans se soucier des conséquences de la façon dont on la fait ?

J’écris tout ceci car J’AURAIS VOULU aller manifester et participer à un beau moment de communion nationale (que j’aime mieux que le concept “d’union nationale”, qui semble impliquer une absence totale de voix discordante, et donc une atteinte à la liberté d’expression… D’ailleurs quand un gouvernement parle d’union nationale, c’est en général durant des moments de guerre pour mobiliser l’opinion – et c’est donc SURTOUT le moment où il faut examiner et critiquer les paroles et actes dudit gouvernement…).

Mais pour cela, il aurait fallu que cette communion nationale existât.

Et pour cela, il aurait fallu débattre un minimum, faire la part des choses, réfléchir à la cause de la cause du drame, se dire les choses, choisir un beau slogan qui nous aurait rassemblés ( #ContreToutesLesViolences ? #EnMémoireDetoutesLesVictimes ? #ContreLesTerrorismes ? #TousFrançais ? #AimonsNousLesUnsLesAutres ? :) etc.), voire même, même, demander des choses au gouvernement !

Et comme on n’a rien fait de cela, on a choisi le pire slogan – et le plus naturel apparemment, quoique #JeSuisMinute aurait eu un faible succès je pense, si c’est ce journal qui avait été attaqué - (trouvé en 30 minutes par un graphiste (sic.)), qui peine DONC à nous rassembler (et la presse s’en étonne !) et en plus qui jettera encore de l’huile sur le feu et aidera probablement nos ennemis… Quelle formidable occasion gâchée !

J’ai vraiment l’impression qu’il y a là 20 % de la France, boboïsante (ce n’est pas une insulte !), souvent pleine de belles idées, mais qui – comme Hollande se pensant chef du Monde pour un jour, alors qu’il ne l’est ce jour-là que du Monde Occidental (quelqu’un connait-il simplement l’existence des attentats de Bombay en 2008, avec 173 morts ?) – hélas semble se penser être LA FRANCE, et s’étonne brutalement, en se retournant, de voir que la France ne les a pas suivis – ne semblant même pas comprendre pourquoi…

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Une nouveauté sémiologique dans l’Obs : “être Charlie” – je ne savais pas qu’il y en avait une définition…

Et pendant ce temps là, toutes les haines augmentent à proportion des blessures : islamophobie, replis identitaires, craintes de l’autre, sentiment de rejets, etc. Haines terreau de toutes les violences…

Quand le gouvernement va-t-il enfin se désolidariser d’irresponsables – comme d’autres ont su le faire par le passé, soucieux de la cohésion nationale ?

Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d’attiser dangereusement les passions.” [Jacques Chirac, 08/02/2006]

Je reviens sur Daniel, qui écrit toujours dans le même billet de ce jour :

“[...] toute une flopée de hautes autorités musulmanes et talibanes, dans une flopée de pays, n’aiment pas la couverture du dernier Charlie. Y compris, par exemple, mon nouveau copain le roi Abdallah de Jordanie, qui défilait avec moi dimanche dernier, et aujourd’hui juge le comportement de Charlie « condamnable, irresponsable, et inconscient ». Si si, le même. Solidaire le dimanche, il dézingue le jeudi. Eh, Majesté, tu sais pourquoi t’étais là, dimanche ? On te les avait montrés, les dessins des irresponsables ? (Je me permets de te tutoyer, on a arpenté le boulevard Voltaire ensemble).”

Je me permets de faire remarquer que le petit souci – oh, 3 fois rien, mais le cœur de ma réaction – c’est que JUSTEMENT, non, “il ne savait pas pourquoi il était là dimanche”, ou plutôt, vous n’étiez pas là pour la même chose. Et qu’on ne peut s’étonner et reprocher le moindre malentendu, puisqu’il n’y à jamais eu le moindre commencement de début de verbalisation et encore moins de dialogue et de débat.

C’est le problème quand, bouleversés, on agit avec émotion sans réflexion (exemple dans un autre registre : comme quand on court défendre la Belgique envahie et qu’on tombe dans le piège des Allemands qui nous prennent à revers et nous hachent menu en 1940…).

Il était sans doute là pour condamner la violence contre des innocents, vous étiez-là pour soutenir le droit à blesser, chacun y voyant clair en son for intérieur – mais si ça reste à l’intérieur, il ne peut qu’y avoir des malentendus, justement… C’est pour cela qu’on a inventé la parole (et après le cerveau).

Et dimanche, Abdallah n’avait pas encore vu la caricature (voire les tête-de-bites ?), qui fait à mon sens assez peu pour la paix entre les hommes et femmes de bonne volonté… Et depuis, je pense en effet qu’il l’a “regardée attentivement”… ;)

Mais bon, je dis ça, je dis rien…

Bref, pour ma part, j’essaye d’être RES-PON-SA-BLE (oui, je sais, ce n’est pas “modeeeeeerne”) et de débattre. Peut-être que je me trompe dans ce que je dis, mais, au moins, j’essaye…

Et la fraternité bordel ?

Faut il rappeler cela à propos des caricatures de 2012 :

C’est le pire exemple d’extrémistes provoquant des extrémistes.” [Vygaudas Usackas, représentant spécial de l'Union européenne pour l'Afghanistan, JDD, 19/09/2012]

Pourquoi ne pas avoir écouté la voix d’outre-tombe de Wolinski ?

“[Delfeil de Ton, ancien figure de Charlie Hebdo] cite Wolinski, en 2011, après l’attaque : “Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour, la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire”, avait déclaré le dessinateur. Et Delfeil de Ton, s’appuyant sur cette citation, embraye : “Il fallait pas le faire, mais Charb l’a refait”. Un an plus tard, l’hebdomadaire satirique publie un numéro “Charia Hebdo”. Un numéro qui n’a pas faire rire Delfeil de Ton, lequel “était malade” de se dire que Cavanna, qui ne bénéficiait pas de protection policière à la différence de Charb, pouvait être tué. Tout comme Wolinski.” [Arrêts Sur Images, toujours !]

Est-ce vraiment trop demander que de faire preuve d’un minimum d’empathie et de respect envers nos semblables ?

D’essayer – oh comme cela semble difficile à certains – de respecter les demandes raisonnables, afin de ne pas heurter inutilement les convictions ?

Par exemple :

Ce qui ne signifie nullement ne pas se battre pour la laïcité ou les excès dommageables des religions… Mais en dénonçant les actes des hommes, pas ceux de Dieux

Et je comprends mal d’ailleurs cette idée répandue partout de “liberté d’expression pour critiquer les religions”. Évidemment, mais où est la critique de la religion ??? On notera que Zemmour n’a aucun souci ! Il n’y a aucune expression dans ces “caricatures”, juste une volonté puérile de heurter en agitant un tabou, en brisant une chose sacrée pour l’autre. C’est tout un débat – mais au moins posons le clairement…

Car de toute façons, une liberté est toujours limitée – au moins par la liberté de l’autre. Ou s’arrêtent-elles, ou commencent-elles – tout un débat aussi.

Vous sentez-vous heurté par le fait de “brider votre liberté” en baissant le son de votre télévision ou chaine-hifi le soir pour ne pas gêner votre voisin ? Le problème n’est même pas légal : c’est une base du vivre ensemble. Vous savez que si vous ne le respectez pas, il ne vous respectera pas, et que vous entrerez dans une spirale sans fin, finissant par vous rendre la vie impossible…

Je pense vraiment qu’on a une partie de la population qui se pense élite, que je qualifierais de néoconservatrice de droite et/ou de gauche, pétrie d’un amour de la Liberté qui hélas est devenu intégriste – oubliant égalité et fraternité -, voulant une liberté :

Ne peut-on pas simplement condamner toute violence, physique ou morale ?

Ne peut-on pas simplement réfléchir à ses différentes sources (et donc à nos propres responsabilités), et au moyen d’en couper le robinet ?

Ne peut-on pas simplement essayer d’apaiser au lieu de diviser ?

ACTION :

RÉACTIONS :

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Allez en hommage aux dessinateurs inhumés aujourd’hui, et pour ne pas trop être père la morale, un petit dessin en hommage – à la maxime tellement adaptée…

 

Cabu, c’était bien la paix…

Il ne sert à rien d’humilier les gens, ni de déclencher la violence au nom de beaux principes. [...] Observer des tabous, ce n’est pas forcément une régression, ce n’est pas un pas en arrière pour la liberté d’expression : c’est un pas en avant pour l’intelligence.” [Plantu, 10/2006]

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” [Martin Luther-King]

Moi je les aime bien :

P.S. Pour soulager le serveur, les commentaires de ce billet sont ici.

P.P.S. Ce sujet devenant lassant de bêtise, on essaiera de passer à autre chose lundi…

P.P.P.S : si quelqu’un a le dernier numéro du Nouvel Observateur d’il y a 2 jours et un scanner, merci de me contacter

j’avais TRES peur qu’il réponde “oui oui, c’est fait exprès”, ce qui aurait jeté de l’huile sur le feu. Au mieux c’est un incroyable hasard, doublé du fait que personne à la rédaction n’aurait vu ceci (!) mais au pire, ça restera private joke), et ne souhaitant pas nourrir plus avant la polémique, j’ai retouché avec plus de conditionnel mon billet. A chacun de se faire son opinion.

Source: http://www.les-crises.fr/charlie-a-manipule-la-france/


Commentaires du billet “Charlie Hebdo continue à jeter de l’huile sur le feu”

Friday 16 January 2015 at 15:29

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Source: http://www.les-crises.fr/commentaires-j-accuse-ch/