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Revue de presse du 24/08/2015

Monday 24 August 2015 at 00:01

Les banksters, à qui profite la Grèce ? la démocratie ou pas, les sanctions qui lassent leurs responsables… La revue est de retour, bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-24082015/


BRESIL. “Dilma Rousseff ne s’en ira pas”

Sunday 23 August 2015 at 00:16

Tiens, pour changer… Encore un article impartial sur les BRICS, comme on l’a vu dans cette série

La contestation contre la présidente du Brésil ne cesse de grandir, et le mot “destitution” est dans toutes les bouches. Interview.

Source : Sandrine Wastiaux, pour L’Obs, le 16 août 2015.

Le président brésilienne Dilma Rousseff lors de la cérémonie de lancement du Programme d'investissement dans l'énergie au Palais du Planalto à Brasilia, le 11 Août, 2015 EVARISTO SA (AFP)

Le président brésilienne Dilma Rousseff lors de la cérémonie de lancement du Programme d’investissement dans l’énergie au Palais du Planalto à Brasilia, le 11 Août, 2015 EVARISTO SA (AFP)

EN BREF

Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), auteur de “L’éveil d’un continent : Géopolitique de l’Amérique Latine et des Caraïbes” (Armand Colin, 2014), nous explique les raisons de la crise politique au Brésil, et les défis auxquels Dilma Rousseff doit faire face [interview réalisée avant les rassemblements de dimanche, NDLR].

La cote de popularité de Dilma Rousseff est en chute libre. Sept mois après sa réélection, seulement 8% de la population a une opinion favorable envers sa politique, et 66% des Brésiliens interrogés souhaitent qu’une procédure de destitution soit engagée à son encontre. Comment expliquez-vous cette situation ?

- Il faut être prudent, au Brésil plus qu’ailleurs, avec l’industrie de sondage. La vie médiatique est une véritable arène politique. Et la plupart des médias affirment un engagement contre le gouvernement de Dilma Roussef.

Cependant ce sondage traduit quelque chose de réel qui est la crise politique au Brésil. Le vrai problème du gouvernement aujourd’hui est l’héritage de la politique de Lula, ancien Président. Ses deux mandats ont été marqués par des progrès sociaux et démocratique significatifs, 40 millions de brésiliens sont sortis de la pauvreté. Le niveau d’enrichissement social ne cessait de croître.

Alors qu’aujourd’hui cette tendance s’effrite, et les effets de la crise économique sont palpables. Le ralentissement de la croissance chinoise et la baisse du cours des matières premières a eu des conséquences lourdes pour l’économie brésilienne. En effet, elle est largement dépendante de l’exportation de matières premières et la Chine était son premier partenaire.

Le Brésil se trouve dans un cycle de récession : l’inflation gagne des points et grignote le pouvoir d’achat des Brésiliens.

Les contestations ne sont pas seulement populaires, mais aussi politiques. Deux partis ont déjà quitté la coalition de centre gauche de Dilma Rousseff, est-ce une crise interne à sa majorité ou une véritable crise politique ?

- La crise économique est indéniablement l’objet d’une bataille politique. On ne peut pas dissocier la situation politique de la situation économique. Dilma Rousseff mène une politique libérale de rigueur, voire d’austérité. Ces choix lui font des ennemis des deux côtés de l’échiquier politique. Pour la gauche, ces choix sont trop ‘austéritaires’ et pour la droite elle ne va pas assez loin dans la politique de rigueur. Elle est prise entre ses deux oppositions.

Ces contestations font aussi échos aux nombreuses affaires de corruption qui ébranlent le gouvernement et les proches de Dilma Rousseff.

Le vrai problème au Brésil est la dépendance de la vie politique au secteur financier.

En effet, le système politique est majoritairement financé par le secteur privé à hauteur de 80% à 90%. Cette situation gangrène la vie politique.

Le ras-le-bol général des Brésiliens face à la corruption, à la crise économique et politique se fait largement ressentir. Une nouvelle manifestation aura lieu dimanche 16 août pour appeler à la destitution de la présidente. Dilma Rousseff peut-être destituée ?

- Il n’y a pas que des manifestations de contestations. Le 20 août prochain, les mouvements sociaux organisent une journée de soutien à la démocratie et au gouvernement.

Pour ce qui est de la mesure d’impeachment, elle a peu de chance de voir le jour.

Elle demande une majorité qui est très difficile à mobiliser et ne fait pas l’unanimité au sein des partis de droites. De plus, les milieux d’affaires et les milieux financiers sont très peu intéressés par une ‘crise constitutionnelle’. Cela amènerait une situation trop instable de crispation politique. Ce que les milieux d’affaires souhaitent de Dilma Roussef, c’est qu’elle abandonne la dimension ‘gauche’ de sa politique et qu’elle mène une politique en adéquation avec leurs revendications.

Même si elle est contestée, Dilma Rousseff ne s’en ira pas d’elle-même. Ce ne sont que des spéculations, elle a été élue de manière légitime.

Les milieux politiques et financiers bénéficient d’une forte influence, et ont des moyens de pressions sur le gouvernement. Qu’en est-il des mouvements contestataires ? Comment peuvent-ils être entendus et être influents à leur tour ?

- Ils font entendre leur voix lors de journée de mobilisation comme dimanche prochain en occupant la rue. Ils espèrent faire avancer leurs revendications, et créer de nouvelles fractures au sein de partis politique pour affaiblir Dilma Rousseff. Ils réclament une refonte générale de la vie politique et se mobilisent pour repenser profondément le système politique brésilien.

Les mouvements populaires de gauche sont très importants au Brésil, ils ont donc assez d’influence pour faire entendre leur voix. Ils contribuent à la contestation politique dans la mesure où ils critiquent la politique de Madame Rousseff qui ne respecte pas le programme pour lequel elle a été élue.

Ils sont, de plus, très attentif à l’action et la position de l’armée. Avec le coup d’état en 1964 et la restauration démocratique relativement récente, il y a de ça 30 ans, les forces de gauche font attention aux liens qui peuvent exister entre la droite et l’armée.

Il y a une réelle polarisation de la vie politique au Brésil qui s’accroit, pèse sur la vie politique, et sur Dilma Roussef aujourd’hui à la tête du pays.

Quelles sont, alors, les perspectives pour Dilma Roussef ?

- Elle subit de fortes pressions autour d’elle en ce moment. L’objectif des partis de droite est d’obliger Madame Rousseff à mettre en place la politique qu’ils soutiennent, et d’éviter un nouveau mandat de Lula. La popularité de l’ex-président n’a jamais été aussi grande, il y a de forte chance qu’il se représente en 2018. La droite veut empêcher cela.

La question que doit se poser la présidente brésilienne aujourd’hui est : quelle(s) alliance(s) peut-elle faire ?

Il faut analyser la nature de la crise et décider d’une alliance soit plus à gauche soit plus à droite. Elle ne peut pas rester en permanence entre ces deux positions sans prendre réellement parti d’un côté ou de l’autre.

Source: http://www.les-crises.fr/bresil-dilma-rousseff-ne-sen-ira-pas/


Grèce : l’inévitable contribution de BHL à la propagande anti-Tsipras

Sunday 23 August 2015 at 00:01

D’abord l’article de BHL concernant Tsipras, puis l’analyse d’Acrimed…

Tchao Tsipras, par Bernard-Henri Lévy

Vladimir_Putin_and_Alexis_Tsipras_01

Au moment – lundi 29 juin – où j’écris ces lignes, nul ne sait comment tournera la crise grecque. Mais j’ai assez dit, ailleurs, la colère que m’inspire l’Europe sans âme d’aujourd’hui, sans projet digne de ce nom et infidèle à ses valeurs non moins qu’à ses pères et moments fondateurs, j’ai assez dénoncé l’aveuglement, à quelques notables exceptions près (Jacques Delors…), de la plupart des acteurs de l’époque sur les tours de passe-passe permettant, il y a quinze ans, l’entrée précipitée de la Grèce dans la zone euro, pour m’interdire de dire, aussi, les sentiments que m’inspire l’attitude, ces jours-ci, de M. Tsipras. Car que lui demandaient, à la fin des fins, et à ce stade de l’histoire, les représentants de ce que, dans une rhétorique qui n’est pas loin de celle de l’extrême droite grecque, il n’appelle jamais que « les institutions » ?

Un effort fiscal minimal, dans un pays où il serait temps d’entendre que disposer d’une administration solide, capable de lever l’impôt et de le répartir équitablement est, aux termes de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un principe élémentaire sans lequel il n’y a pas de démocratie qui tienne.

Un relèvement à 67 ans, sauf dans les métiers à haute pénibilité, de l’âge moyen de départ à la retraite comme ce sera, à plus ou moins court terme, le cas aux Pays-Bas, au Danemark, en Grande-Bretagne, en Allemagne, autrement dit dans un grand nombre des pays dont on sollicite la solidarité des citoyens (sans même parler des Etats-Unis où il y a, actuellement, débat sur le report de 67 à… 70 ans !).

Une diminution – mais pas immédiate – d’un budget de défense qui n’est peut-être pas absurde compte tenu de la situation géostratégique du pays, mais dont on peut tout de même noter qu’il est, en pourcentage, le plus élevé de l’Union européenne et qu’il place la Grèce de Syriza au 5e rang des importateurs d’armes, juste derrière l’Inde, la Chine, la Corée et le Pakistan.
En échange de quoi M. Tsipras s’était vu offrir une nouvelle tranche d’aide de la part d’un FMI dont il a tendance à oublier qu’avant d’être une pompe à phynances à la manière d’Alfred Jarry et à sa seule disposition, il est un fonds supposé aider, aussi, le Bangladesh, l’Ukraine ou les pays d’Afrique ravagés par la misère, la guerre et l’échange inégal – et, par ailleurs, un allégement-restructuration des aides antérieures à 2011 dont chacun sait qu’elles ne seront, en réalité, pas remboursées.

Peut-être Mme Lagarde, sa bête noire avec Mme Merkel, a-t-elle mal « communiqué ».
Mais tel était l’état réel de la négociation quand il a unilatéralement choisi, ce vendredi 26 juin, de la rompre.

Et c’était, compte tenu du passif et des erreurs du passé, le mieux qui pouvait être offert par un Fonds monétaire international qui avait à décider, au même moment, l’avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d’aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola.

A ce plan, M. Tsipras a choisi de répondre en reprenant, là aussi, la rhétorique de l’extrême droite sur la prétendue « humiliation grecque ».

Au lieu de pointer les vrais responsables de la crise que sont, entre autres, les armateurs offshorisés ou le clergé orthodoxe défiscalisé, il a repris jusqu’à la nausée l’antienne nationale-populiste sur le méchant euro étranglant l’exemplaire démocratie.
Et il a fini, à bout d’arguments, et entre deux visites à Poutine, par concevoir cette idée de référendum qui, compte tenu du contexte, des délais et du soin pris, surtout, à obscurcir les termes de la question, ressemble moins à une juste et saine consultation populaire qu’à un chantage en bonne et due forme à l’adresse de l’Occident.

Dira-t-on que son prédécesseur social-démocrate, Georges Papandréou, n’a pas fait autre chose, au moment de la crise financière, il y a cinq ans ?

Justement non.

Car il s’agissait, pour Papandréou, de voir accepté par ses concitoyens un plan de sauvetage qu’il avait étudié, discuté, validé.

Alors qu’il s’agit, pour Tsipras, de leur faire endosser la coresponsabilité d’un naufrage dont lui, et lui seul, par un mélange d’irresponsabilité, d’esprit de système et, probablement, d’incapacité à trancher, a pris le risque historique.
On sent, derrière l’opération, la lutte de courants minable au sein de Syriza.
On devine, derrière ce coup de poker qu’il a probablement cru habile, le politicien ménageant l’aile radicale de son parti en même temps que son image, son avenir personnel, ses arrières.

Mais est-ce ainsi que l’on gouverne un grand pays ?

Et la Grèce ne mérite-t-elle pas mieux que ce démagogue pyromane s’alliant avec les néonazis d’Aube dorée pour faire avaler au Parlement son projet de plébiscite ?

C’est lui-même, Alexis Tsipras, qui avait rétorqué au président du Conseil européen, Donald Tusk, lui lançant « the game is over » dans les derniers temps de la négociation : « la pauvreté d’un peuple n’est pas un jeu ! »

Eh bien, on a envie de lui retourner le compliment et de lui rappeler qu’elle ne se joue pas non plus, cette pauvreté, au poker ou à la roulette grecque – et qu’on ne mène pas son peuple au précipice pour se sortir de l’impasse où l’on s’est soi-même enfermé.

Source : BHL, pour www.bernard-henri-levy.com, le 2 juillet 2015.

Et maintenant, la critique d’Acrimed, dont BHL dirait qu’ils sont surement nazis eux aussi ;)

Grèce : l’inévitable contribution de BHL à la propagande anti-Tsipras

Source : Martin Coutellier (avec Julien Salingue), pour Acrimed, le 3 juillet 2015.

Dans la tempête actuelle, Bernard-Henri Levy fait preuve d’une constance admirable : autant que sa force d’attraction pour les tartes à la crème, ses méthodes – mensonges, insinuations, insultes – résistent à l’épreuve du temps. À l’évidence, la crise politique actuelle en Grèce, qui excite toute l’éditocratie française [1], nécessitait toute la sagacité du philosophe milliardaire. Dans son « bloc-notes » paru le 30 juin sur le site du Point, son « analyse » subtilement titrée « Tchao Tsipras » ne nous apprend rien sur la situation de la Grèce, mais dit beaucoup de l’état de rage dans lequel cette situation le plonge.

Après avoir expliqué qu’il s’autorise à donner son avis sur l’attitude d’Alexis Tsipras parce qu’il s’est autorisé, « ailleurs », à donner son avis sur tout (« J’ai assez dit, ailleurs, la colère que m’inspire l’Europe sans âme d’aujourd’hui (…), j’ai assez dénoncé l’aveuglement, à quelques notables exceptions près (…), de la plupart des acteurs de l’époque (…) pour m’interdire de dire, aussi, les sentiments que m’inspire l’attitude, ces jours-ci, de M. Tsipras »), BHL entre dans le vif du sujet.

Mensonges

En deux courts paragraphes, BHL prétend résumer le contenu des négociations en cours entre le gouvernement grec et ses « partenaires » : on demanderait à la Grèce « un effort fiscal minimal », un relèvement de la retraite à 67 ans, et une diminution du budget de la défense ; « en échange de quoi M. Tsipras s’était vu offrir une nouvelle tranche d’aide de la part du FMI » [2], prétend l’ancien nouveau philosophe. Peu lui chaut que le FMI en question ait refusé des propositions du gouvernement grec visant à augmenter les rentrées fiscales, comme relaté – entre autres – danscet article du Monde. Peu lui chaut également que « l’offre » du FMI soit conditionnée à d’autres mesures, comme la suppression de retraites complémentaires pour les plus fragiles, et surtout que la question de la dette soit tout à fait centrale dans ces négociations (voir par exemple cet article de La Tribune). Si Bernard-Henri Lévy expose une situation compliquée de façon simpliste, c’est qu’il en ignore volontairement certains aspects cruciaux. Le philosophe à la crème ment donc au moins par omission.

Second mensonge, et pas des moindres, celui selon lequel Alexis Tsipras aurait pris la décision d’avoir recours à un référendum« entre deux visites à Poutine ». Une argutie rhétorique destinée à jeter le soupçon sur le Premier ministre grec, qui agirait donc sur ordre de Moscou. Le problème est que, là encore, BHL raconte n’importe quoi : la dernière visite d’Alexis Tsipras en Russie remonte au 19 juin, soit une semaine avant l’annonce de l’organisation du référendum et il n’y est, depuis, pas retourné. Certes, BHL finira par avoir raison la prochaine fois qu’Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine : la décision d’organiser le référendum aura été prise « entre deux visites à Poutine ». Mais quel rapport entre le référendum et les visites ? Aucun. Mais signalons tout de même à Bernard-Henri Lévy cet autre fait troublant : le vote en première lecture de la Loi Macron (février 2015) a eu lieu « entre deux visites d’Hollande à Poutine » (décembre 2014 et avril 2015). Voilà qui mériterait une enquête de l’inspecteur BHL …

Insinuations… et insultes

De longue date, Bernard-Henri Lévy a trouvé ce qui unit les gens qui ne lui plaisent pas : ils sont tous nazis ! Alexis Tsipras, lui, se contenterait dans un premier temps de « reprendre la rhétorique d’extrême droite », en appelant le FMI, la BCE et les représentants de l’UE « les institutions » et en faisant référence à « l’humiliation grecque ». On ne voit pas bien en quoi cette rhétorique est « d’extrême-droite », mais si BHL le dit… Quant aux raisons qui ont poussé Alexis Tsipras à demander un référendum, BHL « sent » et« devine » qu’elles n’ont « probablement » rien à voir avec l’inflexibilité de la Troïka : « On sent, derrière l’opération, la lutte de courants minable au sein de Syriza. On devine, derrière ce coup de poker qu’il a probablement cru habile, le politicien ménageant l’aile radicale de son parti en même temps que son image, son avenir personnel, ses arrières. » Ménager son image et son avenir personnel, voilà bien le genre de comportement que le modeste et altruiste BHL a toujours refusé.

Au total, selon Bernard-Henri Lévy, ce référendum « ressemble moins à une juste et saine consultation populaire qu’à un chantage en bonne et due forme à l’adresse de l’Occident. » Où cet Occident avec majuscule permet de sous-entendre que le gouvernement d’Alexis Tsipras, en organisant une consultation de tous les Grecs, s’en prend au fond à tous les Français, Allemands, Belges, Américains [3], etc. La Grèce exclue de « l’Occident » ? Étonnant de la part de quelqu’un qui se prétend « philosophe »… Ou alors le gouvernement grec ne fait pas partie de « l’Occident »… parce qu’il n’agit pas en conformité avec les « valeurs occidentales » ? Le référendum concernant la suite des négociations entre la Grèce et ses créanciers serait-il le dernier épisode en date du « choc des civilisations » ?

De l’autre côté de la table des négociations, le FMI devient une association philanthropique sous la plume de BHL : il s’agit « d’un fonds supposé aider, aussi, le Bangladesh, l’Ukraine ou les pays d’Afrique ravagés par la misère, la guerre et l’échange inégal », dont les versements à la Grèce sont à mettre en balance avec« l’avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d’aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola. » Alexis Tsipras allié objectif d’Ebola ? Il fallait oser ! Mais BHL ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

Sans surprise, BHL finit par franchir le pas, et passe des insinuations à l’insulte franche : Tsipras est en réalité un« démagogue pyromane s’alliant avec les néonazis d’Aube Dorée ». Mais de quelle alliance parle-t-on ? Syriza et Aube dorée auraient-ils un programme politique commun ? Évidemment, non. BHL ment et diffame en prenant prétexte du fait que le parti Aube dorée est également favorable à un référendum (et à un vote « non »). Mais s’agit-il pour autant d’une « alliance » ? Dans ce cas, on ne pourra s’empêcher de noter qu’en soutenant l’intervention française au Mali en janvier 2013, BHL s’était « allié » avec le Front national,également partisan de l’intervention. Vous avez dit amalgames ?

Mensonges, insinuations et insultes qui n’empêchent pas BHL d’asséner une grande leçon de morale politique en guise de conclusion : « on ne mène pas son peuple au précipice pour se sortir de l’impasse où l’on s’est soi-même enfermé. » Et nous le reconnaissons sans peine : la leçon serait valable si elle avait le moindre rapport avec la situation actuelle de la Grèce.

***
L’image représentant les tenanciers de nos « grands » médias, éditocrates ubiquitaires et chroniqueurs multicartes, en chiens de garde de l’ordre établi ne s’était pas donnée à voir avec autant d’éclat depuis quelque temps [4]. À lire et entendre BHL et les autres éditorialistes et chroniqueurs aboyant et écumant de rage contre le gouvernement grec sous prétexte que celui-ci a pris la décision de consulter les électeurs qui l’ont placé aux responsabilités, on ne peut que trouver l’analogie frappante de justesse.

Notes

[1] Voir nos articles « Référendum en Grèce : les éditocrates et la démocratie en 140 signes » et « Curée médiatique contre le référendum « irresponsable » d’Alexis Tsipras ».

[2] C’est nous qui soulignons.

[3] Qui oserait prétendre que les États-Unis ne font pas partie de « l’Occident » ?

[4] À n’en pas douter, et comme on peut le vérifier dans de nombreux articles publiés sur notre site (par exemple ici), ils remplissent cette fonction sans discontinuer, mais de façon plus visible dans les moments de tensions où les enjeux sont plus importants.

 

Source: http://www.les-crises.fr/grece-linevitable-contribution-de-bhl-a-la-propagande-anti-tsipras/


Cet homme veut devenir président des Etats-Unis, voter une loi, puis démissionner

Saturday 22 August 2015 at 00:16

Un candidat bien plus intéressant que ceux dont on nous rabat les oreilles :)

Source : L’Obs Publié le 18-08-2015

Lawrence Lessig, juriste de renom, souhaite réformer le système politique américain “corrompu”. Et il a un projet fou pour y arriver.

Le nom de Lawrence Lessig ne dit rien à nombre d’internautes. Pourtant, il pourrait bien bousculer la campagne présidentielle américaine.

C’est à ce professeur de droit de 54 ans que l’on doit les premières analyses législatives d’internet, les premières critiques contre le droit d’auteur et la création des Creative Commons, licence libre de partage d’œuvres. Sorti de nulle part, Lawrence Lessig a annoncé sa volonté de se présenter à l’investiture démocrate, aux côtés de l’ultra-favorite Hillary Clinton, l’outsider Bernie Sanders, Lincoln Chafee, Martin O’Malley et Jim Webb.

La candidature de cet “Elvis du droit du numérique”, selon les termes du magazine “Wired“, est loin d’être conventionnelle. Le programme de Lawrence Lessig se résume à une seule proposition : réformer le système électoral américain, devenu profondément “faussé” par le poids de l’argent. Il se présente ainsi comme un “candidat-référendum” puisqu’il souhaite faire passer une loi, une seule, pour ensuite démissionner et laisser son vice-président diriger le pays pour les quatre années suivantes.

Si le Congrès réalise que l’issue est inéluctable, il pourrait travailler sur ce projet de loi et l’adopter avant même que je ne sois investi. Ensuite, j’aurais juste à passer une heure ou un jour, et je retournerai à Cambridge [où il enseigne à Harvard, NDLR]. Ce serait l’idéal”, explique-t-il à “Forbes”.

Un pari fou, à la hauteur du personnage.

De brillant juriste à icône geek

Le Monde” présente Lawrence Lessig comme une “icône geek”. Et pour cause. Cet Américain blond aux lunettes rondes a d’abord étudié l’économie et le management à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis) avant de se pencher sur la philosophie à Cambridge (Angleterre), pour finalement étudier le droit à Yale (Etats-Unis). Rien que ça.

Il devient alors l’assistant du juge Richard Posner à la Cour d’appel à Chicago, puis celui du juge Antonin Scalia à la Cour suprême. En parallèle, le juriste enseigne le droit à l’université, d’abord de Chicago, puis de Stanford, et finalement d’Harvard.

Le brillant parcours de Lawrence Lessig se complète par sa spécialisation : Internet. C’est en effet l’un des premiers intellectuels à s’emparer du numérique comme sujet d’étude. En 1999, il publie “Code et autres lois du cyberespace”, un livre où il démontre que, à l’inverse de ce que clame la Silicon Valley libertarienne, le code informatique n’est pas neutre. Il en tire ainsi la maxime “le code est la loi”, et commence à poser les questions de vie privée, de liberté d’expression et surtout de propriété intellectuelle.

Lawrence Lessig entame alors toute une campagne pour réformer le principe du copyright (loi régissant le droit d’auteur aux Etats-Unis), qu’il juge obsolète à l’ère numérique où la copie et le partage se multiplient. Il plaide ainsi pour une réforme du droit afin que la loi ne réprime plus les échanges sur internet.

Le juriste crée alors les Creative Commons, ce système permettant de partager une œuvre et de la protéger tout en la libérant du système des droits d’auteur.

Croisade contre la corruption

En 2007, Lawrence Lessig surprend son monde en annonçant que de la lutte contre le copyright, il souhaite passer à la réforme de la vie politique “corrompue”. Pour lui, ce n’est pas la “corruption” au sens traditionnel du terme, mais le fait que les intérêts financiers définissent trop souvent les priorités des législateurs et influencent leurs positions.

“Cette idée a été lancée par Al Gore [ancien vice-président, NDLR]. Lors d’une de ses conférences sur le réchauffement climatique, [il] a parlé de l’incapacité de notre système politique à reconnaître la réalité du changement climatique, observant à juste titre qu’il s’agit d’un problème beaucoup plus important [du] processus politique. Nos gouvernements ne comprennent pas les faits, même basiques, lorsque de puissants intérêts ont un intérêt dans cette incompréhension”, raconte le juriste sur son site.

Lawrence Lessig dit avoir éprouvé cette sensation à de nombreuses reprises, en particulier quand l’industrie du divertissement américaine, Disney en tête, a réussi à faire modifier une loi pour étendre encore plus la durée des droits d’auteur. “Qui se soucie de Mickey Mouse ?”, critique-t-il dans “The Nation” en 2008. “Si l’on n’arrive pas à résoudre le problème du réchauffement de la planète ? Une question aussi fondamentale que celle du réchauffement ? Alors, on est foutus.” Avec son livre “Republic, Lost”, sorti en 2011, Lawrence Lessig achève de formuler sa croisade :

Le système politique américain est truqué. Aucun changement notable n’interviendra avant qu’il ne soit corrigé.”

Au “Boston Globe”, il pointe ainsi qu’au premier trimestre 2011, le Congrès américain a passé plus de temps à travailler sur les “frais de transaction par carte bancaire” que sur tout autre sujet, en dépit de “deux guerres, du chômage, d’un déficit abyssal, des enjeux d’assurance santé et du réchauffement climatique”.

Aucun élu du Congrès ne s’est fait élire en se disant : ‘Je vais m’occuper de tel problème’. La raison est que si vous laissez planer le doute sur votre position sur un dossier, des millions de dollars vont vous tomber dessus”, tranche-t-il.

Le juriste estime que les élus du Congrès passent ainsi “30 à 70% de leur temps à lever de l’argent”.

“Un gouvernement libéré de l’argent”

Lawrence Lessig s’explique encore

La vérité selon laquelle ‘nous sommes tous créés égaux’ est devenue la vérité de George Orwell [auteur de 'La Ferme des animaux', NDLR] : ‘Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.’ L’engagement central d’une démocratie représentative a été perdu.”

A l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2016, cette question de la “corruption” est devenue particulièrement prégnante. Le “New York Times” a rapporté que moins de 400 familles sont derrière près de la moitié de l’argent fourni aux candidats, soit “une concentration de donateurs politiques sans précédent dans l’ère moderne”. Et il s’agirait des plus riches Américains.

“Chacun des principaux candidats pour la présidentielle a accepté cette corruption ; comme si, sans réparer le système, nous pouvions réellement obtenir des législations contre le changement climatique ou limiter la prolifération des armes”, critique Lawrence Lessig. “Comme si, sans changer d’abord le financement des campagnes électorales, nous pouvions réformer Wall Street ou nous attaquer aux compagnies d’assurance.”

Fix the rigged system #Election2016 @lessig #lessig2016https://t.co/X3y2Gy5lFk pic.twitter.com/qgMdlBs1c2

— Jeff McLean (@mclean) 13 Août 2015

Pour lui, il faut absolument passer à un système de financement public des campagnes, en limitant les donations afin que les citoyens puissent y contribuer de manière plus égalitaire. Le 11 août, l’homme aux petites lunettes a annoncé qu’il se présentera à la primaire démocrate en vue de la présidentielle s’il réussit à lever 1 million de dollars d’ici le 7 septembre. Le tout en refusant les donations de lobbies pour limiter le financement aux seuls petits donateurs. En une semaine, il a déjà récolté près de 40% de la somme.

Nous avons besoin d’une campagne qui ne soit pas qu’un affrontement partisan”, assène-t-il. “Nous avons besoin d’une campagne-référendum, un référendum qui exprime clairement le mandat : mettez fin à ces inégalités et à cette corruption ; donnez-nous un gouvernement libéré du pouvoir de l’argent ; donnez-nous un Congrès libre de conduire et de diriger.”

Très peu de chances d’être élu

 

Lawrence Lessig a très peu de chances d’être élu, mais ce n’est pas son objectif réel. Au “Washington Post“, il explique qu’il espère pouvoir participer aux débats entre candidats démocrates, qui débuteront en octobre, afin de faire porter son projet et engranger des soutiens. Pour cela, il devra atteindre au moins 1% des intentions de vote.

Le juriste insiste sur le fait que son programme n’a qu’une seule proposition, ce qui permettrait d’obliger le Congrès à la suivre, plutôt que de dilapider cette idée dans plusieurs propositions. Une fois que le texte censé ”réparer” le système politique adopté, le “candidat-référendum” démissionnerait.

Mon ami Larry Lessig tente quelque chose d’un peu fou, mais de juste assez fou pour remettre l’Amérique sur les rails de la démocratie représentative”, soutient déjà Jimmy Wales, fondateur et directeur de Wikipedia.

Reste que le juriste tient plus à son idée qu’à se présenter. “Il ne fait aucun doute qu’il y a de meilleurs candidats que moi”, glisse-t-il dès sa vidéo de campagne. “Si quelqu’un de plus connu s’engage de manière crédible [sur la même voie], je m’effacerai avec plaisir. C’est une question de principe, pas de personne.” De quoi parachever le côté non conventionnel de cette candidature.

Boris Manenti

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/cet-homme-veut-devenir-president-des-etats-unis-voter-une-loi-puis-demissionner/


Varoufakis révèle le Plan B secret de la Grèce, et fait face à des accusations de trahison

Saturday 22 August 2015 at 00:01

Source : The Telegraph, le 26/07/2015

L’ancien ministre des finances grec Yanis Varoufakis affirme qu’il était autorisé par Alexis Tsipras à réfléchir à un système de paiement parallèle.

Yanis Varoufakis affirme qu’il bénéficiait d’une autorisation pour planifier un système bancaire parallèle Photo: Kostas

Par Ambrose Evans-Pritchard

Une cellule secrète au sein du ministère des finances grec a piraté le système informatique du gouvernement et établi les plans d’un système de paiement parallèle qui pourrait être basculé des euros aux drachmes d’une simple pression sur un bouton.

Les révélations ont provoqué une tempête politique en Grèce et ont confirmé combien le pays était près d’employer des mesures drastiques avant que le premier ministre Alexis Tsipras ne cède aux demandes des puissants créanciers européens, sachant que son propre cabinet ne soutiendrait pas une si dangereuse confrontation.

Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances, a expliqué à un groupe d’investisseurs à Londres qu’une équipe, composée de cinq personnes, sous son contrôle a travaillé pendant des mois à une stratégie alternative, si la Banque Centrale Européenne coupait les fonds d’urgences alloués au système financier grec, ce qui s’est produit après la rupture des négociations et que Syriza fit appel à un référendum.

Les transcriptions ont été divulguées au journal grec Kathimerini. La conversation téléphonique a eu lieu une semaine après qu’il a démissionné de son poste de ministre des finances.

« Le premier ministre, avant que nous gagnions l’élection en janvier, m’avait donné le feu vert pour venir avec un Plan B. J’ai alors réuni une équipe compétente, une petite équipe, car ce projet devait être totalement gardé secret pour des raisons évidentes. »

Yanis Varoufakis (à droite), l’ancien ministre des finances, avec le premier ministre Alexis Tsipras

Monsieur Varoufakis recruta un spécialiste de l’université de Colombia pour aider à gérer la logistique. Placé devant un mur d’obstacles, l’expert pénétra au sien du logiciel informatique de l’administration fiscale – alors sous le contrôle de l’UE-FMI et de la Troïka – afin d’obtenir les comptes de réserve et les numéros de dossiers de chaque contribuable. « Nous décidions de pirater le logiciel informatique de mon propre ministère. »

Ces révélations ont été faites à un groupe de fonds souverains, des fonds de pensions, et des sociétés d’assurance vie, plusieurs en provenance d’Asie, invitées à participer au « Greek day » le 16 juillet par l’Official Monetary and Financial Institutions Forum (OMFIF).

Monsieur Varoufakis a affirmé au Telegraph que les citations étaient exactes mais que certains comptes-rendus dans la presse grecque, laissant à penser qu’il avait projeté un retour à la drachme depuis le début, avait été déformés.

« Le contexte de tout cela est qu’ils veulent me présenter comme un ministre des finances malhonnête, et m’ont accusé de trahison. Tout ceci est une tentative d’annuler les cinq premiers mois de ce gouvernement et de le reléguer aux poubelles de l’Histoire. »

« Cela déforme totalement mon but qui était de disposer d’un système de liquidité parallèle. J’ai toujours été complètement opposé au démantèlement de l’euro parce qu’on ne sait jamais quelles forces obscures cela pourrait libérer en Europe. »

L’objectif du piratage du système informatique était de permettre au ministère des finances d’opérer des transferts numériques en un clic. Les paiements auraient été « des reconnaissances de dettes » basés sur une expérience californienne après la crise de la Banque Lehman.

Un système bancaire parallèle de ce type autoriserait le gouvernement à créer des liquidités en euros et à contourner ce que Syriza a qualifié « d’étranglement financier » perpétré par la BCE.

« C’était très avancé. Très vite, nous aurions pu l’étendre, en utilisant des applications sur smartphones, et cela aurait pu devenir un système parallèle opérationnel. Bien sûr, cela aurait été libellé en euros mais cela aurait pu être converti en une nouvelle drachme au pied levé. »

Monsieur Varoufakis a prétendu que l’utilisation de méthodes clandestines étaient nécessaire depuis que la Troïka avait pris en charge le trésor public au sein du ministère des finances. « C’est comme si le trésor public au Royaume-Uni était contrôlé par Bruxelles. Je suis sûr que lorsque vous entendez ces mots vos cheveux se dressent sur votre tête », relatent les transcriptions.

Monsieur Varoufakis a affirmé qu’une demande d’autorisation aurait alerté la Troïka immédiatement qu’il planifiait une contre-attaque. Il était prêt à activer le mécanisme dès le feu vert du premier ministre, mais il n’est jamais venu.

« j’ai toujours dit à Tsipras que ça ne se ferait pas sans heurts mais que c’est le prix à payer pour la liberté », a-t-il expliqué au Telegraph.

« Mais, le moment venu, il a réalisé que c’était simplement trop difficile. Je ne sais pas quand il a pris cette décision. Je l’ai seulement appris explicitement pendant la nuit du référendum, et c’est pourquoi j’ai remis ma démission. » Monsieur Varoufakis voulait s’emparer de la dynamique de l’écrasante victoire du vote, mais a été mis en minorité.

Il a insisté que son objectif a toujours été d’aller vers une offensive légale et financière dans la zone euro – plaçant les créanciers de la Grèce dans une position où ils agiraient hors du cadre juridique des traités de l’UE s’ils imposaient un Grexit – mais sans jamais suggérer que Syriza avait un mandat pour envisager des étapes plus radicales si tout le reste échouait.

« Je pense que les Grecs nous ont autorisés à poursuivre énergiquement et vigoureusement la négociation au point de dire que si nous n’obtenons par un accord viable, alors nous devrions considérer nous en aller », a-t-il expliqué dans l’enregistrement.

« [Le ministre des finances allemand Wolfgang] Schauble croit que la zone euro n’est pas viable dans l’état actuel. Il pense qu’il doit y avoir des transferts fiscaux et un certain degré d’union politique. Il pense que pour qu’une union politique fonctionne sans être une fédération, sans la légitimité que peut procurer un parlement fédéral proprement élu, que confère un gouvernement exécutif, cette dernière doit être construite d’une manière très disciplinée. »

« Et il m’a dit explicitement que le Grexit allait le munir d’un pouvoir de dissuasion suffisant pour imposer aux Français ce à quoi Paris a jusqu’à présent résisté : un transfert de souveraineté budgétaire de Paris à Bruxelles. »

Monsieur Varoufakis a dit au Telegraph que M. Schauble a décidé que la Grèce devait être expulsée de l’euro, et qu’il prend simplement son mal en patience, sachant que le dernier plan de sauvetage est condamné à échouer.

« Tout le monde sait que le Fonds Monétaire International ne veut pas prendre part au nouveau programme, mais Schauble insiste sur sa participation comme condition préalable à de nouveaux prêts. J’ai une forte suspicion qu’il n’y aura pas d’accord au 20 août. »

Il a affirmé que les autorités de l’UE pourraient devoir puiser davantage dans le fonds de stabilité européen (FDSE) entraînant la Grande-Bretagne plus profondément dans la controverse depuis qu’elle contribue à ce dernier. A la fin de cette année, il sera clair que les rentrées fiscales seront loin des objectifs, et le taux de la dette publique grecque sera proche des 210% du PIB.

« Schauble dira alors qu’il s’agit encore d’un échec. Il nous mène en bateau. Il n’a pas abandonné son projet d’expulser la Grèce de l’euro. »

Source : The Telegraph, le 26/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/varoufakis-revele-le-plan-b-secret-de-la-grece-et-fait-face-a-des-accusations-de-trahison/


[Entraide] Recherches, Rédaction, Synthèses, Parsing Twitter, Wikipédia

Friday 21 August 2015 at 03:42

Bonjour – plusieurs appels à l’entraide aujourd’hui

Recherche pour un important dossier Santé

J’ai bien défriché un dossier que je trouve très important, dans le domaine de la Santé et de la propagande des labos, conflits d’intérêt, etc.

Il faudrait encore creuser, et réaliser une belle synthèse (une petite bombe, je vous promet  :)  )

Mais pour cela, j’ai besoin de personnes douées pour fouiner le web, synthétiser des dossier et rédiger (opérations qui peuvent être distinctes).

Ce serait bien d’être 4 ou 5, avec une personne pour coordonner le dossier.

Je compte beaucoup sur vous…

Recherche Inflation

Je me creuse la tête pour trouver des estimations fiables de la valeur actuelle de 1 000 mark-or de 1920 (sans regarder l’évolution de l’or lui même, trop erratique).

Des personnes intéressées à creuser ça ? Merci !

Sélection d’infos pertinentes

J’ai plein de données éparses avec des liens vers de bons articles, mais je souhaiterais que quelqu’un qui a l’habitude de lire le blog et se sentant assez en phase avec son contenu , m’aide à étudier tout ça et sélectionner les choses à publier…

Parsing Twitter

J’ai besoin d’un programmeur pour réaliser une petite appli que je n’ai pas trouvée sur le web (mais je vous laisser chercher) pour télécharger sous forme de fichier texte l’archive longue des tweets d’un compte (en simulant donc le processus manuel de parcours du fil, tant que c’est possible)… Important, merci…

Wikipédia

Nous avons traduit un bel article de Wikipédia US, il faudrait juste le mettre en forme dans le Wikipédia Français… C’est un plus si vous parler un peu anglais :)

Contact

Contactez-moi ici en indiquant en objet le (ou les) sujet(s) sur lequel vous vous proposez…

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-08-2015/


Carnet de juillet 2015, par Tariq Ali

Friday 21 August 2015 at 00:16

Source : London Review of Books, le 30/07/2015

Dans les premières heures du 16 juillet, le parlement grec a voté massivement le renoncement à sa souveraineté afin de devenir un appendice semi-colonial de l’UE. Une majorité du Comité central de Syriza avait déjà pris position contre la capitulation. Il y avait eu un début de grève générale. Tsipras avait menacé de démissionner si une cinquantaine de ses députés votaient contre lui. Six se sont abstenus et 32 ont voté contre lui, y compris Yanis Varoufakis, qui avait démissionné comme ministre des finances après le référendum, parce que, dit-il, “certains participants à l’Euro-groupe avaient exprimé le désir qu’il soit « absent» des réunions”. Maintenant, le parlement a effectivement déclaré le résultat du référendum nul et non avenu. Dehors, Place Syntagma, des milliers de jeunes militants de Syriza ont manifesté contre leur gouvernement. Ensuite, les anarchistes sont arrivés avec des cocktails Molotov et les policiers anti-émeute ont répondu avec des grenades lacrymogènes. Tout le monde a quitté la place et, vers minuit, le silence était de retour. Il est difficile de ne pas se sentir déprimé par tout cela. La Grèce a été trahie par un gouvernement qui, lorsqu’il a été élu il ya seulement six mois, offrait de l’espoir. Lorsque je suis parti de la place vide, le coup d’état de l’UE m’a ramené à d’autres souvenirs.

Je suis d’abord allé en Grèce à Pâques 1967. L’occasion était une conférence de paix à Athènes pour honorer le député de gauche Grigoris Lambrakis, assassiné par les fascistes à Salonique en 1963, tandis que la police assistait à la scène sans intervenir, fait plus tard immortalisé dans le film Z de Costa-Gavras. Un demi-million de personnes ont assisté à ses funérailles à Athènes. Lors de la conférence, de folles rumeurs ont commencé à se répandre autour de la salle. Sur le podium, un moine bouddhiste du Vietnam ne pouvait pas comprendre pourquoi les gens avaient cessé de l’écouter. Quelqu’un, dont la famille avait des accointances dans l’armée, avait signalé que l’armée grecque, soutenue par Washington, était sur le point de lancer un coup d’état pour éviter des élections qu’ils craignaient de voir remportées par la gauche. Les délégués étrangers ont été invités à quitter sur-le-champ le pays. Je pris un vol de retour pour Londres en début de matinée. L’après-midi même les tanks occupaient les rues. La Grèce est restée sous les colonels les sept années suivantes.

Je suis allé à Athènes ce mois-ci pour la même raison : parler à une conférence, laquelle était ironiquement intitulée « La montée de la démocratie ». En attente d’un ami dans un café à Exarchia, j’ai entendu des gens discuter du moment où le gouvernement tomberait. Tsipras a encore des partisans qui sont convaincus qu’il triomphera lors de la prochaine élection. Je n’en suis pas si sûr. Il a été peu glorieux depuis six mois. Les jeunes gens qui ont voté pour Syriza en grand nombre et qui sont sortis pour faire campagne avec enthousiasme pour le « non » au référendum tentent de saisir ce qui est arrivé. Dans le café bondé, ils débattaient furieusement. Au début du mois, ils fêtaient le « Non ». Ils étaient prêts à faire plus de sacrifices, à risquer la vie hors de la zone euro. Syriza leur a tourné le dos. La date du 12 juillet 2015, lorsque Tsipras a accepté les termes de l’UE, deviendra aussi infâme que le 21 avril 1967. Les tanks ont été remplacés par les banques, comme Varoufakis l’a dit après qu’il ait quitté le poste de ministre des finances.

La Grèce, en fait, a beaucoup de tanks, parce que les industries d’armement, allemandes et françaises, désireuses de se débarrasser du surplus de matériel dans un monde où les guerres sont menées par des bombardiers et des drones, corrompent les politiciens. Au cours de la première décennie de ce siècle la Grèce a été parmi les cinq principaux importateurs d’armes, principalement les entreprises allemandes Ferrostaal, Rheinmetall et Daimler-Benz. En 2009, un an après le crash, la Grèce a dépensé 8 milliards d’euros – 3,5 pour cent du PIB – pour la défense. Le ministre grec de la défense de l’époque, Akis Tsochatzopoulos, qui a accepté des pots de vin énormes de ces sociétés, a été reconnu coupable de corruption par un tribunal grec en 2013. Prison pour les Grecs, petites amendes pour les patrons allemands. Rien de tout cela n’a été mentionné par la presse financière ces dernières semaines. Nécessité de présenter la Grèce comme le seul transgresseur. Pourtant  une preuve concluante a été produite à un tribunal comme quoi le plus grand fraudeur d’impôts du pays est Hochtief, l’entreprise allemande géante de construction, qui gère l’aéroport d’Athènes. Elle n’a pas payé la TVA depuis vingt ans, et doit 500 millions d’euros pour les seuls arriérés de TVA. Elle n’a pas non plus payé les cotisations dues à la sécurité sociale. Les estimations suggèrent que la dette totale de Hochtief pour le Trésor public pourrait dépasser le milliard d’euros.

C’est souvent en temps de crise que les politiciens radicaux découvrent combien ils sont inutiles. Paralysés par la découverte que ceux qu’ils pensaient être leurs amis ne l’étaient pas du tout, ils s’inquiètent de semer leurs électeurs et perdent leur sang-froid. Lorsque leurs ennemis, surpris qu’ils aient concédé plus que la livre de chair exigée, en demandent encore plus, les politiciens piégés se tournent finalement vers leurs partisans, pour découvrir que les gens sont très en avance sur eux : 61 pour cent des Grecs ont voté le rejet de l’offre de sauvetage.

Ce n’est plus un secret ici que Tsipras et le cercle de ses proches attendaient un « Oui » ou un « Non » étriqué. Pris par surprise, ils ont paniqué. Une réunion d’urgence du cabinet les a montrés en pleine retraite. Ils ont refusé de se débarrasser des placements de la BCE en charge de la Banque d’état grecque, et rejeté l’idée de nationaliser les banques. Au lieu de suivre les résultats du référendum, Tsipras a capitulé. Varoufakis a été sacrifié. Les ministres de l’UE le détestaient parce qu’il leur parlait comme un égal, et son ego était un défi pour Schäuble.

Pourquoi Tsipras tint-il un référendum, après tout ? « Il est si difficile et idéologique », se plaignit Angela Merkel à ses conseillers. Si seulement. C’était un risque calculé. Il pensait que le camp du oui gagnerait, prévoyait de démissionner et de laisser l’UE diriger le gouvernement. Les dirigeants de l’UE ont lancé une vive campagne de propagande et de pression sur les banques grecques, afin de restreindre l’accès aux dépôts, avertissant qu’un vote « non » signifiait le Grexit. L’acceptation de Tsipras de la démission de Varoufakis était un signal précocement envoyé à l’UE comme quoi il était sur le point de céder. Euclid Tsakalotos, son successeur aux manières douces, a bénéficié rapidement de l’approbation de Schäuble : c’était quelqu’un avec qui il pouvait faire affaire. Syriza a tout accepté, mais lorsque il a été demandé plus, il a été donné plus. Cela n’a rien à voir avec l’économie, et tout à voir avec la politique. Ils ont crucifié Tsipras, a dit un fonctionnaire de l’UE au FT (Financial Times). La Grèce avait vendu sa souveraineté pour un troisième plan de sauvetage du FMI, et une promesse d’aider à la réduction du fardeau de la dette – Syriza avait commencé à ressembler à un ver remontant du cadavre du Pasok discrédité.

Lui aussi fut autrefois un parti de gauche. En 1981, quand il est arrivé au pouvoir, son leader, Andreas Papandreou, était très populaire, et dans les six premiers mois au pouvoir, il entreprit de réelles réformes – et non les régressions que les néolibéraux appellent aujourd’hui “réformes”. Beaucoup d’étudiants radicalisés par la lutte contre la dictature, ainsi que de nombreux intellectuels marxistes qui avaient contesté l’hégémonie américaine, ont afflué pour le rejoindre. En quelques années, certains des plus connus d’entre eux avaient été intégrés moralement et politiquement dans les nouvelles structures de pouvoir du pays que Papandreou inséra dans l’UE. Les années passant, le Pasok dégénéra. Dans ce siècle, il devint pratiquement impossible de le distinguer de son vieux rival, la Nouvelle Démocratie.

Syriza est l’enfant de la crise actuelle et des mouvements qu’elle engendre. Un instrument politique était nécessaire afin de contester les partis existants, et Syriza était cela. Les objectifs que Tsipras a maintenant abandonnés furent inscrits dans le programme de Thessalonique, republié ci-dessous, programme que le parti a accepté à l’unanimité en septembre de l’année dernière.

Lors de leur premier voyage à Berlin, le 20 février de cette année, M. Schäuble a exposé clairement à Tsipras et Varoufakis que leur programme était incompatible avec l’appartenance à la zone euro. Tsipras a accepté de mettre ce programme de côté, et a offert quelques « concessions » : la troïka – les auditeurs représentant la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne, et le FMI – a été remplacée par une structure censée être plus responsable, dont les bureaucrates ne seraient pas autorisés à entrer dans les ministères grecs. Cela a été revendiqué par Tsipras et Varoufakis comme une victoire. La vérité est tout à l’opposé. Il est maintenant reconnu que Schäuble a offert un Grexit organisé, à l’amiable, et un chèque de 50 milliards d’euros. Cela a été refusé au motif que cela semblait être une capitulation. C’est une logique bizarre. Cela aurait préservé la souveraineté grecque, et si Syriza avait pris en charge le système bancaire grec, une reprise aurait pu être planifiée sur ces bases. L’offre a été répétée plus tard. « Combien voulez-vous pour quitter la zone euro ? » a demandé Schäuble à Varoufakis, juste avant le référendum. Encore une fois, Schäuble a été snobé. Bien sûr, les Allemands ont fait l’offre selon leur propre point de vue, mais un Grexit organisé aurait été beaucoup mieux pour la Grèce que ce qui est arrivé.

Quand le capitalisme est entré en crise en 2008, l’ampleur de la catastrophe fut telle que Joseph Stiglitz était convaincu que c’était la fin du néolibéralisme, que de nouvelles structures économiques seraient nécessaires. Erreur, hélas, sur ces deux points. L’UE a rejeté toute idée de relance, sauf pour les banques, dont l’insouciance, soutenue par les politiciens, avait en premier lieu été responsable de la crise. Les contribuables, en Europe et aux États-Unis, ont donné des milliards aux banques. La dette grecque, par comparaison, était peu de chose. Mais l’UE, ne voulant pas opérer de changement capable d’endommager le processus de financiarisation, avait insisté que c’était la seule manière d’avancer. La Grèce, le maillon faible de la chaîne de l’UE, s’en est allée en premier, suivi par l’Espagne, le Portugal, l’Irlande. L’Italie était au bord. La troïka a dicté les politiques à suivre dans tous ces pays. Les conditions en Grèce ont été horribles : un quart de million de Grecs dut recourir à l’aide humanitaire pour acheter de la nourriture, payer le loyer et l’électricité ; le pourcentage d’enfants vivant dans la pauvreté a bondi de 23 pour cent en 2008 à 40 pour cent en 2014 et, maintenant, est proche de 50 pour cent. En mars 2015 le chômage des jeunes s’élevait à plus de 49 pour cent, 300 000 personnes n’avaient pas accès à l’électricité et l’institut de médecine préventive Prolepsis a constaté que 54 pour cent des Grecs étaient sous-alimentés. Les pensions ont diminué de 27 pour cent entre 2011 et 2014. Syriza soutient que cela constituait une punition collective, et qu’un nouvel « accord », visant à apporter une certaine amélioration des conditions de vie quotidienne, était nécessaire.

L’UE a maintenant réussi à écraser l’alternative politique que Syriza représentait. L’attitude allemande envers la Grèce, bien avant la montée de Syriza, a été façonnée par la découverte qu’Athènes (aidée par Goldman Sachs) avait trafiqué ses livres afin d’entrer dans la zone euro. Ceci est incontestable. Mais cela n’est-il pas dangereux, et erroné, de punir le peuple grec – et continuer à le faire même après qu’il ait rejeté les partis politiques responsables de ces mensonges ? Selon Timothy Geithner, l’ancien secrétaire au Trésor des États-Unis, l’attitude des ministres européens des finances au début de la crise a été : « Nous allons donner une leçon aux Grecs. Ils nous ont menti, ils ont tout aspiré, ils étaient prodigues, ils ont profité de tout ça, et nous allons les écraser. » Geithner dit qu’en réponse il leur a dit, « Vous pouvez mettre votre pied sur le cou de ces gars si c’est ce que vous voulez faire », mais il a insisté pour que les investisseurs ne soient pas punis, ce qui signifiait que les Allemands devaient assumer une grande partie de la dette grecque. Comme les banques françaises et allemandes avaient le plus d’exposition à la dette grecque, leurs gouvernements ont agi pour les protéger. Renflouer les riches est devenu la politique de l’UE. La restructuration de la dette est en cours de discussion, maintenant, avec la fuite du rapport du FMI, mais les Allemands sont en tête de la résistance. « Aucune garantie sans contrôle », la réponse de Mme Merkel en 2012 demeure en vigueur.

La capitulation signifie davantage de souffrances, mais elle a aussi conduit plus largement à des questions sur l’UE, ses structures et ses politiques. Pour les Grecs de pratiquement toutes les sensibilités politiques, l’UE fut considérée comme une famille à laquelle il fallait appartenir. Elle s’est avérée être une famille très dysfonctionnelle. Je ne pensais pas voter au référendum sur l’UE en Grande-Bretagne quand il aura lieu. Maintenant, je le ferai. Je vais voter « non ».

17 Juillet

Le Programme de Thessalonique

Nous exigeons des élections législatives immédiates et un fort mandat de négociation dans le but de :

Rayer la plus grande partie de la valeur nominale de la dette publique de sorte qu’elle devienne supportable, dans le contexte d’une « Conférence européenne de la dette ». Cela s’est produit en Allemagne en 1953. Cela peut aussi advenir pour le Sud de l’Europe et la Grèce.

Inclure une « clause de croissance » pour le remboursement de la part restante, de sorte que cela soit financé par la croissance, et non par le budget.

Inclure une période significative de grâce (« moratoire ») dans le service de la dette afin d’épargner des fonds pour la croissance.

Exclure l’investissement public des restrictions du Pacte de Stabilité et de Croissance.

Un « New Deal européen » de l’investissement public, financé par la Banque européenne d’investissement.

L’assouplissement quantitatif par la Banque centrale européenne des achats directs d’obligations souveraines.

Enfin, nous déclarons, une fois encore, que la question de l’emprunt forcé sur la Banque de Grèce par l’occupation nazie est pour nous ouverte. Nos partenaires le savent. Cela deviendra la position officielle du pays dès nos premiers jours au pouvoir.

Sur la base de ce plan, nous allons nous battre pour une solution socialement viable au problème de la dette de la Grèce, afin que notre pays soit en mesure de rembourser la dette restante dès la création de nouvelles richesses, et non à partir des excédents primaires, ce qui prive la société de tout revenu.

Avec ce plan, nous mènerons avec sécurité le pays à la reprise et à la reconstruction productive par :

L’augmentation immédiate des investissements publics d’au moins 4 milliards d’euros.

L’inversion progressive des injustices du mémorandum.

La restauration progressive des salaires et des pensions, de manière à augmenter la consommation et la demande.

La stimulation des petites et moyennes entreprises, par des incitations à l’emploi, et la subvention de l’énergie pour l’industrie, en échange d’emplois et de clauses environnementales.

L’investissement dans la connaissance, la recherche, les nouvelles technologies, afin que les jeunes scientifiques, qui ont massivement émigré au cours des dernières années, reviennent chez eux.

La rénovation de l’état-providence, la restauration de la primauté du droit, la création d’un état méritocratique.

Nous sommes prêts à négocier et nous travaillons à la construction d’alliances les plus larges possibles en Europe.

Le présent gouvernement de Samaras est de nouveau prêt à accepter les décisions des créanciers. La seule alliance qu’il se soucie de construire est avec le gouvernement allemand.

Ceci est notre différence et cela est, à la fin, le dilemme :

La négociation européenne par un gouvernement Syriza, ou l’acceptation des termes des créanciers de la Grèce par le gouvernement Samaras.

Source : London Review of Books, le 30/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/carnet-de-juillet-2015-par-tariq-ali/


La Russie renforce son arsenal nucléaire avec 40 missiles intercontinentaux

Friday 21 August 2015 at 00:01

C’est à dire que, quand la Russie répond au déploiement d’armes lourdes par les USA à sa frontière, elle abuse sévère quoi…

Par chance, nos dirigeants font tout pour améliorer notre sécurité, comme on le voit…

Vladimir Poutine, le président russe, a prononcé un discours lors d’une foire aux armes, à Kubinka, près de Moscou, le 16 juin 2015.

Vladimir Poutine a annoncé mardi 16 juin que la Russie allait renforcer son arsenal nucléaire avec le déploiement de plus de quarante nouveaux missiles intercontinentaux d’ici à la fin de l’année. Ils devraient être « capables de déjouer les systèmes de défense antimissile les plus sophistiqués », a précisé le président russe à l’occasion du Salon militaire armée 2015. Un déploiement qualifié de « déstabilisant » et « dangereux » par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

« La déclaration de M. Poutine aujourd’hui confirme (…) le comportement de la Russie depuis un moment déjà. Nous avons vu que la Russie investit davantage dans la défense en général, et en particulier dans les capacités nucléaires », a observé M. Stoltenberg, ajoutant :

« Ils s’entraînent plus, ils développent de nouvelles capacités nucléaires et utilisent davantage une rhétorique nucléaire. »

Cette annonce a été faite sur fond d’aggravation des tensions entre la Russie et les Etats-Unis, dont les projets de déploiement d’armes lourdes en Europe dévoilés par le New York Times ont provoqué la colère de Moscou. Le Pentagone prévoit d’entreposer des armes lourdes, notamment des chars de combat, en Europe de l’Est et dans les pays Baltes – Lituanie, Estonie et Lettonie. Ces derniers craignent de devenir la cible de la Russie à l’activité aérienne et navale accrue dans la région.

« Encourager la peur »

« Les Etats-Unis encouragent soigneusement la peur de la Russie chez leurs alliés européens afin de tirer avantage de ce moment difficile et d’étendre davantage leur présence militaire et donc leur influence en Europe », avait dénoncé lundi soir le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. Moscou espère que « le bon sens l’emportera et [que] l’on réussira à empêcher que la situation en Europe ne dégénère en une nouvelle confrontation militaire qui pourrait avoir des conséquences dangereuses », avait souligné le ministère.

Si la proposition du Pentagone est acceptée par l’exécutif américain, les Etats-Unis entreposeront pour la première fois des armes lourdes dans ces pays qui ont adhéré à l’OTAN et qui, avant la chute du mur de Berlin, appartenaient à la sphère d’influence de l’Union soviétique. Washington explique vouloir ainsi rassurer les pays Baltes et d’autres pays d’Europe de l’Est qui sont très inquiets depuis l’annexion de la Crimée et le déclenchement du conflit en Ukraine, où des séparatistes prorusses contestent l’autorité de Kiev. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d’armer les séparatistes et d’avoir déployé des troupes régulières pour les aider ; ce que Moscou dément farouchement. Le conflit a fait plus de 6 400 morts depuis avril 2014.

Source : Le Monde, le 16 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-renforce-son-arsenal-nucleaire-avec-40-missiles-intercontinentaux/


[Recommandé] Eric Toussaint témoigne sur la capitulation du gouvernement Tsipras

Thursday 20 August 2015 at 00:01

Source : CADTM, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde, le 18 août 2015.

SiV-Athens, Flickr/cc

Lors d’une conférence organisée le 13 août 2015 à Lasalle par le Collectif cévenol de solidarité avec le peuple grec, Éric Toussaint (qui a conduit l’audit citoyen de la dette grecque, à la demande du Parlement grec) a présenté son témoignage sur ce qui a amené le gouvernement Tsipras à capituler. 130 personnes étaient présentes.

Nous vous présentons 2 versions de la vidéo, la complète de 1h44 et une version réduite avec les meilleurs moments en 37 minutes.

Voici donc la version intégrale :

Et la vidéo de 37 minutes réalisée par Jean-Claude Carcenac qui reprend des extraits de la conférence :

Dans la foulée de cette conférence, le cinéaste Philippe Menut, auteur de la Tourmente grecque, prépare avec Éric Toussaint une vidéo consacrée à l’explication de la capitulation. La conférence présentée à Lassalle constitue en quelque sorte une préparation de cette nouvelle vidéo.

À noter qu’au cours de cette conférence 800 euros ont été récoltés en soutien au dispensaire de santé d’Hellinikon à Athènes.

Source: http://www.les-crises.fr/recommande-eric-toussaint-temoigne-sur-la-capitulation-du-gouvernement-tsipras/


Tryfon Alexiadis : “Des pays européens tentent d’attirer les armateurs grecs chez eux”

Wednesday 19 August 2015 at 01:45

Source : Pavlos Kanpantais, pour L’Obs, le 11 août 2015.

Pourquoi est-ce tellement difficile en Grèce de collecter l’impôt ? Réponse de Tryfon Alexiadis, ministre en charge du dossier. De notre correspondant à Athènes.

Entretien avec Tryfon Alexiadis, vice-ministre des Finances, en charge de la Fiscalité (ARIS MESSINIS / AFP)

Entretien avec Tryfon Alexiadis, vice-ministre des Finances, en charge de la Fiscalité (ARIS MESSINIS / AFP)

Tryfon Alexiadis est le vice-ministre des Finances en charge de la Fiscalité depuis le 17 juillet et le remaniement du gouvernement d’Alexis Tsipras. Son profil est atypique. Président du Syndicat des agents du fisc pour Athènes et les Cyclades jusqu’à sa nomination, c’est un expert incontestable de la fiscalité grecque qui connait aussi parfaitement le fonctionnement du ministère des Finances pour y avoir travaillé pendant plus de 20 ans. Interview

- Tryfon Alexiadis : Pendant très longtemps en Grèce, il n’y avait aucune volonté politique de faire réellement marcher le système fiscal. Résultat direct, il n’y a jamais eu une vraie planification centrale pour collecter l’impôt. Cela, combiné à la collusion qui a longtemps existé entre les hommes politiques et les fraudeurs, grands ou petits, rendait la situation intenable.

Ce que je dis ici d’ailleurs n’est pas une analyse personnelle. Cela a été maintes fois dénoncé par des hommes politiques de tous bords : pour tout contribuable ayant des contacts politiques, les contrôles étaient très souvent interrompus après l’intervention de ces derniers, qu’ils soient ministres ou députés, du parti au pouvoir mais même, parfois, de l’opposition. La grande nouveauté aujourd’hui, c’est que pour les 5.300 contrôles effectués la semaine passée auprès d’entreprises du secteur touristique, je n’ai reçu aucun coup de fil demandant que j’intervienne pour protéger quelqu’un…

La semaine passée, sur l’île de Rhodes, des contrôleurs fiscaux ont été chassés manu militari par des commerçants et des citoyens. La défiance contre les services du fisc reste donc un problème majeur auquel vous allez être confronté vous aussi…

- Cette manière de fonctionner, c’est le début du fascisme. Le citoyen ne peut pas décider qu’il a le droit d’agresser des fonctionnaires qui font leur travail. Il peut manifester, il peut organiser des actions politiques pour communiquer ces idées et proposer des solutions, mais on ne peut pas aller plus loin. Les “révolutionnaires” de l’ile de Rhodes ne sont pas des combattants héroïques. Ce sont tout simplement des fraudeurs essayant d’échapper à un contrôle fiscal. D’ailleurs, il faut savoir que ce genre de violences envers les contrôleurs a commencé par les boites de nuits et leurs gros bras… Ces pratiques ne sont pas acceptables dans le cadre démocratique.

Rhodes n’est pas un cas isolé. Des actes similaires ont déjà eu lieu il y a quelques années, notamment sur l’ile d’Hydra.

- C’est vrai, et c’était bien évidemment tout aussi condamnable. Mais dans le passé, il y avait le sentiment que les contrôles ne concernaient que ceux qui n’avaient pas les bonnes connections politiques. Nous devons mettre fin à cette idée reçue, car désormais nos contrôles concernent tout le monde. La société grecque va s’en rendre compte très vite. D’ailleurs, ce combat contre la fraude fiscale et la contrebande ne pourra réussir que lorsque nous aurons la société avec nous… Les contrôles visant la contrebande de carburant ont déjà commencé, chose qui n’avait, malheureusement, jamais été faite jusqu’à maintenant ! Fin septembre, vous en verrez les résultats.

Comprenez bien : si le gouvernement d’Alexis Tsipras reste populaire, malgré toutes les difficultés, c’est parce que gens savent que les choses désormais sont très différentes.

Vous semblez très confiant. Mais êtes-vous certain que le gouvernement actuel restera en place assez longtemps pour accomplir ces changements ? L’accord qui va être signé avec les créanciers de la Grèce ne risque-t-il pas d’être fatal au gouvernement actuel et à Syriza ?

- La stabilité gouvernementale est dans les mains du groupe parlementaire de Syriza. Ils peuvent faire chuter le gouvernement à tout moment s’ils le désirent. Mais la majorité de ses députés c’est positionnée en faveur de l’accord que le gouvernement finalise en ce moment même avec les créanciers du pays. Une minorité importante a quant à elle une autre opinion. On verra bien.

Concernant l’accord, nous avons dû choisir entre une faillite violente et un retour forcé à la monnaie nationale. Cependant, au final, vous verrez : il sera bien meilleur que les accords précédents. Ceux qui prédisent que cet accord sera insoutenable et impossible à appliquer pour Syriza se trompent. Ce gouvernement comprend qu’il y a des limites pour la population et la société et il négocie en conséquence.

Au-delà des questions de volonté politique concernant la collecte de l’impôt et de la méfiance des citoyens grecs, le fisc grec est-il confronté à d’autres problèmes majeurs ?

- Nous n’avons pas le personnel nécessaire pour faire correctement notre travail. Selon une étude récente de l’OCDE, nous sommes très loin des moyennes européennes. Concrètement, en France, il y a un agent du fisc pour 550 habitants, en Allemagne un agent pour 725 habitants. Et en Grèce, seulement un agent pour 1.100…

De plus notre équipement informatique est complètement obsolète. La plupart de nos agences ont des ordinateurs datant de 2002 ou de 2003. Pire encore, aucun poste des douanes grecques ne possède une machine de contrôle aux rayons X pour pouvoir scanner et contrôler facilement les camions qui passent. L’Albanie, la Bulgarie, la Roumanie ont tous ce genre de machines à leur disposition. Evidemment, ces problèmes réduisent beaucoup notre efficacité.

Que comptez-vous faire concernant l’imposition de l’Eglise et des armateurs ?

- [sourire] On va demander l’aide de Dieu et appliquer la Constitution. La Constitution du pays prévoit deux choses : que les citoyens grecs doivent tous sans exception contribuer au trésor public et que cela doit se faire selon les possibilités de chacun. Tant l’Eglise que la marine marchande paieront ce qu’ils doivent payer.

Considérez-vous que l’Eglise et les armateurs doivent payer plus ?

- Dans les deux cas, il faut commencer un dialogue pour voir si réellement ils peuvent et doivent payer plus. Concernant l’Eglise en particulier, il faut bien comprendre qu’elle accompli aussi un grand travail social pour lequel elle coopère avec l’Etat. Quel intérêt pour l’Etat de l’imposer tellement qu’elle devra diminuer ses contributions envers les plus démunis ?

En ce qui concerne la marine marchande et donc les armateurs, nous avons déjà rencontré les représentants du secteur. Une discussion sur une hausse de leur imposition est à l’étude. Cependant, comprenez que la marine marchande est l’un des trois secteurs principaux de l’économie grecque, au même titre que le tourisme et la production agricole. Il faut donc faire attention : si une hausse d’impôts nuit réellement à leur compétitivité, non seulement on ne récupérera pas plus d’argent, mais on ne touchera même pas ce que l’état touche actuellement. Leur activité étant de toute façon extraterritoriale, il est très simple pour les armateurs de changer les pavillons de leurs navires et de s’installer dans un autre pays, peut-être même à l’intérieur de l’UE…

Vous considérez donc qu’il existe un problème de compétition intra-européenne concernant la fiscalité ?

- Οui, et tant qu’il y a des pays au sein de l’UE qui essayent d’attirer des entreprises en pratiquant le dumping fiscal, cela sera un problème majeur… Lors de nos récentes rencontres avec les armateurs, ceux-ci nous ont confié qu’ils reçoivent de nombreux coup fils de dignitaires d’autres gouvernements européens qui leur promettent des meilleures conditions s’ils y transfèrent leur siège social… Sans citer les pays concernés, au moment même où l’on nous met la pression pour les taxer plus, ce n’est pas normal.

Source: http://www.les-crises.fr/tryfon-alexiadis-des-pays-europeens-tentent-dattirer-les-armateurs-grecs-chez-eux/