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Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, iTélé)

Wednesday 16 September 2015 at 00:00

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “J. Yellen a péché par excès d’optimisme” – 14/09

Olivier Delamarche VS Frédéric Rollin (1/2): La Fed va-t-elle relever ses taux cette semaine ? – 14/09

Olivier Delamarche VS Frédéric Rollin (2/2): Doit-on accorder une réelle importance au ralentissement chinois ? – 14/09

II. Philippe Béchade

La minute de Béchade : Japon: “un pays qui a 300% de dette ça ne soucie personne”

Sarah Thirion VS Philippe Béchade (1/2): Les marchés financiers rebondissent après la progression des bourses asiatiques – 09/09

Sarah Thirion VS Philippe Béchade (2/2): “Les croissances européenne et américaine sont peu affectées par le ralentissement chinois”

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: “Le gouvernement italien n’a pas les moyens…” – 15/09

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (1/2): Les conditions sont-elles réunies pour un relèvement des taux de la Fed ?- 15/09

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (2/2): Les incertitudes des marchés menacent-elles l’économie européenne ? – 15/09

IV. iTélé

Vous Président: Faut-il livrer les Mistral à la Russie?


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Mais quel est le message ???

Lire une belle analyse ici.

 

 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-jeudi-delamarche-sapir-bechade-itele/


[Démocratie Kaput 2] Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (2006-…)

Tuesday 15 September 2015 at 00:01

Suite du billet sur l’histoire de la mise sous tutelle de l’Europe… de notre dossier Démocratie Kaput :

  1. Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (1992-2005)
  2. Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (2006-…)
  3. Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (Résumé)
  4. Voyez comment l’Europe est sous tutelle
  5. Voyez comment la France est sous administration de Bruxelles
  6. Épilogue

IV. Et la quatrième en 2011 : “et le semestre européen fut”

Au vu du succès fou rencontré, et comme c’était encore un peu mou du genou, a été adoptée la Directive 2011/85 “sur les exigences applicables aux cadres budgétaires des États membres” (merci M. Sarkozy).

(1) Il est nécessaire de tirer parti de l’expérience acquise au cours des dix premières années de l’Union économique et monétaire. Les évolutions récentes de la situation économique ont soumis la conduite de la politique budgétaire dans l’Union à de nouveaux défis et ont mis tout particulièrement en évidence la nécessité de renforcer l’adhésion nationale et de fixer des exigences uniformes pour les règles et procédures formant les cadres budgétaires des États membres.

(16) Étant donné l’efficacité prouvée, dans le renforcement de l’adhésion nationale aux règles budgétaires de l’Union promouvant la discipline budgétaire, des cadres budgétaires des États membres fondés sur des règles, le cadre de surveillance budgétaire renforcée de l’Union devrait avoir pour pierre angulaire de solides règles budgétaires chiffrées spécifiques à chaque pays et cohérentes avec les objectifs budgétaires définis au niveau de l’Union. [...] En outre, l’expérience politique a montré que, pour que des règles budgétaires chiffrées soient efficaces, leur non-respect doit avoir des conséquences, quand bien même il ne s’agirait que d’un coût réputationnel.

(18) Il conviendrait que les États membres évitent de mener des politiques budgétaires procycliques et intensifient leurs efforts d’assainissement budgétaire en période de conjoncture économique favorable. Des règles budgétaires clairement énoncées et chiffrées vont dans le sens de ces objectifs et devraient se refléter dans les lois budgétaires annuelles des États membres.

(19) [...] On ne peut faire l’économie de cadres budgétaires à moyen terme pour garantir la cohérence des cadres budgétaires des États membres avec la législation de l’Union.

(20) Afin d’intégrer la perspective budgétaire pluriannuelle du cadre de surveillance budgétaire de l’Union, la programmation des lois budgétaires annuelles devrait reposer sur une programmation budgétaire pluriannuelle, découlant du cadre budgétaire à moyen terme.

Le règlement 1176/2011 de 2011 “sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques” a donc encore renforcé le contrôle :

LE PARLEMENT EUROPÉEN ET LE CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE, considérant ce qui suit:

(1) La coordination des politiques économiques des États membres au sein de l’Union devrait être développée dans le contexte des grandes orientations des politiques économiques et des lignes directrices pour l’emploi, telles que prévues par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, et devrait impliquer le respect des principes directeurs que sont la stabilité des prix, le maintien de finances publiques et de conditions monétaires saines et soutenables et la stabilité de la balance des paiements.

(2) Il convient de tirer les leçons de l’expérience acquise au cours des dix premières années de fonctionnement de l’Union économique et monétaire notamment pour améliorer la gouvernance économique dans l’Union, qui devrait reposer sur une adhésion nationale plus forte.

(3) L’achèvement et le maintien d’un marché intérieur dynamique devraient être considérés comme des éléments du bon fonctionnement, sans entraves, de l’Union économique et monétaire.

(4) L’amélioration du cadre de gouvernance économique devrait reposer sur plusieurs politiques interdépendantes et cohérentes en faveur d’une croissance et d’emplois durables, notamment une stratégie de l’Union pour la croissance et l’emploi, en mettant en particulier l’accent sur le développement et le renforcement du marché intérieur, la promotion du commerce international et de la compétitivité, un semestre européen pour une coordination renforcée des politiques économiques et budgétaires (ci-après dénommé «semestre européen»), un cadre efficace pour prévenir et corriger les déficits publics excessifs [le pacte de stabilité et de croissance (PSC)], un cadre solide de prévention et de correction des déséquilibres macroéconomiques, des exigences minimales pour les cadres budgétaires nationaux et une réglementation et une surveillance renforcées des marchés financiers, notamment la surveillance macroprudentielle assurée par le Comité européen du risque systémique (CERS). [...]

(7) En particulier, la surveillance des politiques économiques des États membres ne devrait plus se limiter à la surveillance budgétaire, mais devrait inclure un cadre plus détaillé et formel en vue de prévenir les déséquilibres macroéconomiques excessifs et d’aider les États membres affectés à établir des plans de mesures correctives avant que les divergences ne s’ancrent. Cet élargissement du périmètre de la surveillance des politiques économiques devrait aller de pair avec un renforcement de la surveillance budgétaire.

(8) Pour faciliter la correction de ces déséquilibres macroéconomiques excessifs, il est nécessaire de fixer une procédure détaillée dans la législation. [...]

(17) Lors de l’évaluation des déséquilibres macroéconomiques, il devrait être tenu compte de leur gravité et de leurs éventuelles répercussions économiques et financières négatives qui accroissent la vulnérabilité de l’économie de l’Union et constituent une menace pour le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire. Des mesures doivent être prises dans tous les États membres pour remédier aux déséquilibres macroéconomiques et réduire les écarts de compétitivité, en particulier dans la zone euro. [...]

(20) Si des déséquilibres macroéconomiques sont détectés, il convient d’adresser des recommandations à l’État membre concerné, en y associant s’il y a lieu les comités compétents, pour le conseiller sur les mesures appropriées à prendre. La réaction de l’État membre concerné devrait être rapide et utiliser tous les instruments d’action disponibles, sous le contrôle des autorités publiques. [...] La réaction devrait être adaptée à l’environnement et à la situation spécifiques de l’État membre concerné et devrait couvrir les principaux domaines d’action de la politique économique, parmi lesquels les politiques budgétaire et salariale, les marchés de l’emploi, les marchés des produits et des services et la régulation du secteur financier. [...]

(22) Si de graves déséquilibres macroéconomiques sont détectés, notamment des déséquilibres compromettant le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire, une procédure concernant les déséquilibres excessifs devrait être engagée, qui pourrait comprendre la formulation de recommandations à l’État membre, le renforcement des exigences de surveillance et de suivi et, à l’égard des États membres dont la monnaie est l’euro, la possibilité de prendre des mesures d’exécution conformément au règlement (UE) no 1174/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 établissant des mesures d’exécution en vue de remédier aux déséquilibres macroéconomiques excessifs dans la zone euro (5) en cas de manquement persistant à l’obligation de prendre des mesures correctives. [...]

(23) Un État membre soumis à la procédure concernant les déséquilibres excessifs devrait établir un plan de mesures correctives détaillant ses politiques destinées à mettre en œuvre les recommandations du Conseil. Ce plan de mesures correctives devrait comprendre un calendrier de mise en œuvre des mesures envisagées. Il devrait être avalisé au moyen d’une recommandation du Conseil. [...]

Bon, ça, c’était juste les considérants, donc “l’introduction”, la mise en bouche…

Article 2 – Définitions

Aux fins du présent règlement, on entend par:

  1. «déséquilibres»: toute tendance donnant essor à des développements macroéconomiques ayant un effet préjudiciable ou susceptibles d’avoir un effet préjudiciable sur le bon fonctionnement de l’économie d’un État membre, de l’Union économique et monétaire ou de l’Union dans son ensemble;
  2. «déséquilibres excessifs»: des déséquilibres graves, notamment des déséquilibres compromettant, ou susceptibles de compromettre, le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire.

Article 3 – Mécanisme d’alerte

1. Un mécanisme d’alerte est établi afin de faciliter la détection précoce et le suivi des déséquilibres. La Commission élabore un rapport annuel comportant une évaluation économique et financière qualitative fondée sur un tableau de bord comprenant un ensemble d’indicateurs dont les valeurs sont comparées à leurs seuils indicatifs [...]

2. Le rapport annuel de la Commission contient une évaluation économique et financière mettant en perspective les variations des indicateurs, en y adjoignant le cas échéant d’autres indicateurs économiques et financiers pertinents pour analyser l’évolution des déséquilibres. [...]

3. Le rapport annuel désigne les États membres dont la Commission considère qu’ils peuvent être touchés par un déséquilibre ou risquent de l’être. [...]

5. Dans le cadre de la surveillance multilatérale conformément à l’article 121, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, le Conseil examine le rapport annuel de la Commission et procède à une évaluation globale de celui-ci. L’Eurogroupe examine le rapport lorsqu’il concerne des États membres dont la monnaie est l’euro. [...]

Article 5 : [...] la Commission procède à un bilan approfondi pour chaque État membre dont elle considère qu’il peut être touché par un déséquilibre ou risque de l’être.

Article 6 : [...] Si, sur la base du bilan approfondi visé à l’article 5, la Commission considère qu’un État membre est touché par des déséquilibres, elle en informe le Parlement européen, le Conseil et l’Eurogroupe. Le Conseil peut, sur recommandation de la Commission, adresser à l’État membre concerné les recommandations qui s’imposent [...]

Article 8 – Plan de mesures correctives

1. Tout État membre à l’égard duquel une procédure concernant les déséquilibres excessifs a été engagée soumet un plan de mesures correctives au Conseil et à la Commission sur la base de la recommandation du Conseil [...]

2. Le Conseil, sur la base d’un rapport de la Commission, évalue le plan de mesures correctives dans les deux mois qui suivent la présentation dudit plan. S’il est jugé satisfaisant, sur la base d’une recommandation de la Commission, le Conseil avalise le plan de mesures correctives au moyen d’une recommandation qui dresse la liste des actions spécifiques requises, fixe les délais impartis pour les prendre et établit un calendrier de surveillance [...]

3. Si, sur la base d’une recommandation de la Commission, le Conseil juge les mesures ou leur calendrier de mise en œuvre envisagés dans le plan de mesures correctives insuffisants, il adopte une recommandation adressée à l’État membre afin que celui-ci présente, en principe dans un délai de deux mois, un nouveau plan de mesures correctives. [...]

4. Le plan de mesures correctives, le rapport de la Commission et la recommandation du Conseil visés aux paragraphes 2 et 3 sont rendus publics.

A été adopté en même temps le règlement 1175/2011 de 2011 “relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques”, qui est central dans la procédure actuelle :

(3) Le pacte de stabilité et de croissance (PSC) repose sur l’objectif de finances publiques saines en tant que moyen de renforcer les conditions propices à la stabilité des prix et à une croissance forte et durable, favorisée par la stabilité financière, en soutenant ainsi la réalisation des objectifs de l’Union en matière de croissance durable et d’emplois.

(4) Le volet préventif du PSC prévoit que les États membres atteignent l’objectif budgétaire à moyen terme et s’y tiennent, et présentent des programmes de stabilité et de convergence à cet effet. Il bénéficierait de formes de surveillance plus strictes aptes à garantir la cohérence et la conformité des États membres avec le cadre de coordination budgétaire de l’Union.

(7) La présentation et l’évaluation des programmes de stabilité et de convergence devraient avoir lieu avant que ne soient prises les décisions majeures concernant les budgets nationaux pour les années à venir.

(8) L’expérience acquise, et les erreurs commises, au cours de la première décennie de l’Union économique et monétaire, montrent la nécessité d’améliorer la gouvernance économique dans l’Union, qui devrait reposer sur une adhésion nationale plus forte aux règles et aux politiques décidées en commun et sur un cadre plus solide, au niveau de l’Union, de surveillance des politiques économiques nationales.

(9) L’amélioration du cadre de gouvernance économique devrait reposer sur plusieurs politiques interdépendantes et cohérentes en faveur d’une croissance et d’emplois durables, notamment une stratégie de l’Union pour la croissance et l’emploi, en mettant en particulier l’accent sur le développement et le renforcement du marché intérieur, la promotion du commerce international et de la compétitivité, un semestre européen pour une coordination renforcée des politiques économiques et budgétaires (ci-après dénommé «semestre européen»), un cadre efficace pour prévenir et corriger les déficits publics excessifs (le PSC), un cadre solide de prévention et de correction des déséquilibres macroéconomiques, des exigences minimales pour les cadres budgétaires nationaux et une réglementation et une surveillance renforcées des marchés financiers notamment la surveillance macroprudentielle assurée par le Comité européen du risque systémique.

(13) Les programmes de stabilité et de convergence et les programmes de réforme nationaux devraient être préparés de manière cohérente et le calendrier de leurs présentations harmonisé. Ces programmes devraient être présentés au Conseil et à la Commission. Ils devraient être rendus publics.

(14) Le cycle de surveillance et de coordination des politiques du semestre européen commence en début d’année par une évaluation horizontale à l’occasion de laquelle le Conseil européen, s’appuyant sur une analyse de la Commission et du Conseil, identifie les grands défis auxquels sont confrontées l’Union et la zone euro et formule des orientations stratégiques sur les politiques à suivre. [...]. Les États membres devraient tenir compte des orientations horizontales du Conseil européen dans l’élaboration de leurs programmes de stabilité ou de convergence et de leurs programmes de réforme nationaux.

(15) Afin de renforcer l’adhésion nationale au PSC, les cadres budgétaires nationaux devraient être pleinement alignés sur les objectifs de surveillance multilatérale dans l’Union et, en particulier, sur le semestre européen.

(24) Il convient de conférer au Conseil le pouvoir d’adopter des décisions cas par cas faisant état du non-respect des recommandations adoptées par le Conseil sur la base de l’article 121, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne fixant des mesures en termes de politiques, dans le cas où un État membre s’écarte de manière significative de la trajectoire d’ajustement en vue de la réalisation de l’objectif budgétaire à moyen terme.

On continue avec la règlementation (désolé, c’est un peu lourd) :

«SECTION 1 -bis SEMESTRE EUROPÉEN POUR LA COORDINATION DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES

1. Afin d’assurer une coordination plus étroite des politiques économiques et une convergence soutenue des performances économiques des États membres, le Conseil procède à une surveillance multilatérale, partie intégrante du semestre européen pour la coordination des politiques économiques, conformément aux objectifs et exigences du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

2. Le semestre européen comprend :

a) la formulation, et la surveillance de la mise en œuvre, des grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union (ci-après dénommées “grandes orientations des politiques économiques”) conformément à l’article 121, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne;
b) la formulation, et l’examen de la mise en œuvre, des lignes directrices pour l’emploi qui doivent être prises en compte par les États membres conformément à l’article 148, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (ci-après dénommées “lignes directrices pour l’emploi”);
c) la présentation et l’évaluation des programmes de stabilité ou de convergence des États membres en vertu du présent règlement;
d) la présentation et l’évaluation des programmes de réforme nationaux des États membres accompagnant la stratégie de l’Union pour la croissance et l’emploi et élaborés conformément aux orientations et aux lignes directrices énoncées respectivement aux points a) et b) ainsi qu’aux orientations générales émises par la Commission et le Conseil européen à l’intention des États membres au début du cycle annuel de surveillance;
e) la surveillance pour prévenir et corriger les déséquilibres macroéconomiques en vertu du règlement (UE) no 1176/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques (10).

3. Au cours du semestre européen, afin de délivrer en temps utile un avis cohérent sur les politiques macrobudgétaires et macrostructurelles envisagées, le Conseil, après évaluation de ces programmes sur la base des recommandations de la Commission, transmet en principe des orientations aux États membres en faisant pleinement usage des instruments juridiques visés aux articles 121 et 148 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et dans le présent règlement et le règlement (UE) no 1176/2011.

Les États membres tiennent dûment compte des orientations qui leur sont transmises pour l’élaboration de leurs politiques économiques, de l’emploi et budgétaires avant toute prise de décision majeure concernant leurs budgets nationaux pour les années à venir. La Commission suit l’évolution de la situation.

Toute absence de réaction d’un État membre aux orientations reçues peut entraîner:
a) de nouvelles recommandations visant à l’adoption de mesures spécifiques;
b) un avertissement de la Commission au sens de l’article 121, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne;
c) des mesures en vertu du présent règlement [...]

«1.   Chaque État membre participant présente au Conseil et à la Commission les informations nécessaires à l’exercice périodique de la surveillance multilatérale [...] sous la forme d’un programme de stabilité qui fournit une base essentielle à la soutenabilité des finances publiques qui est propice à la stabilité des prix, à une croissance forte, durable et génératrice d’emploi.» [...]

Une attention particulière est accordée aux réformes des retraites consistant à introduire un système à piliers multiples comportant un pilier obligatoire financé par capitalisation. Les États membres qui mettent en œuvre de telles réformes sont autorisés à s’écarter de la trajectoire d’ajustement en vue de la réalisation de leur objectif budgétaire à moyen terme,

On a enfin, pour la zone euro, le règlement 1173/2011 “sur la mise en œuvre efficace de la surveillance budgétaire dans la zone euro” qui permet d’adopter, dans la zone euro, des mesures spécifiques allant au-delà des dispositions applicables à tous les États membres, afin d’assurer le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire.”, et aussi le règlement 1174/2011 “établissant des mesures d’exécution en vue de remédier aux déséquilibres macroéconomiques excessifs dans la zone euro” :

(3) La coordination des politiques économiques des États membres au sein de l’Union devrait être développée dans le contexte des grandes orientations des politiques économiques et des lignes directrices pour l’emploi, telles que prévues par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, et devrait impliquer le respect des principes directeurs que sont la stabilité des prix, le maintien de finances publiques et de conditions monétaires saines et soutenables et la stabilité de la balance des paiements.

(4) L’expérience acquise, et les erreurs commises, au cours de la première décennie de l’Union économique et monétaire montrent la nécessité d’améliorer la gouvernance économique dans l’Union, qui devrait reposer sur une adhésion nationale plus forte aux règles et aux politiques décidées en commun et sur un cadre plus solide, au niveau de l’Union, de surveillance des politiques économiques nationales.

(5) L’achèvement et le maintien d’un marché intérieur dynamique devraient être considérés comme des éléments du bon fonctionnement, sans entraves, de l’Union économique et monétaire.

(6) En particulier, la surveillance des politiques économiques des États membres ne devrait plus se limiter à la surveillance budgétaire, mais devrait inclure un cadre plus détaillé et formel en vue de prévenir les déséquilibres macroéconomiques excessifs et d’aider les États membres affectés à établir des plans de mesures correctives avant que les divergences ne s’ancrent et que les évolutions économiques et financières ne prennent durablement une direction excessivement défavorable. Cet élargissement du périmètre de la surveillance des politiques économiques devrait aller de pair avec un renforcement de la surveillance budgétaire.

(8) Il convient de compléter la procédure de surveillance multilatérale visée à l’article 121, paragraphes 3 et 4, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne par des règles spécifiques visant la détection des déséquilibres macroéconomiques, ainsi que la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques excessifs au sein de l’Union. Il est essentiel que la procédure retenue s’inscrive dans le cycle annuel de la surveillance multilatérale.

(11) Il convient de renforcer le mécanisme d’exécution du règlement (UE) no 1176/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques (6) par la constitution de dépôts portant intérêt en cas de non-respect de la recommandation d’engager des mesures correctives. Ces dépôts devraient être convertis en amende annuelle en cas de persistance du non-respect de la recommandation invitant à corriger les déséquilibres macroéconomiques excessifs dans le cadre de la même procédure concernant les déséquilibres. Ces mesures d’exécution devraient s’appliquer aux États membres dont la monnaie est l’euro.

(12) En cas de non-respect des recommandations du Conseil, le dépôt portant intérêt ou l’amende devraient être imposés jusqu’à ce que le Conseil constate que l’État membre a engagé des mesures correctives pour se conformer à ses recommandations.

(13) De plus, les manquements répétés de l’État membre à l’obligation d’élaborer un plan de mesures correctives pour se conformer à la recommandation du Conseil devraient également faire l’objet d’une amende annuelle de manière générale, jusqu’à ce que le Conseil constate que l’État membre a présenté un plan de mesures correctives suffisant en réponse à sa recommandation.

(14) Pour garantir l’égalité de traitement entre les États membres, le dépôt portant intérêt et l’amende devraient être identiques pour tous les États membres dont la monnaie est l’euro et égaux à 0,1 % du produit intérieur brut (PIB) enregistré l’année précédente par l’État membre concerné.

On a ensuite l’incroyable Article 3 – Sanctions

1. Un dépôt portant intérêt est imposé par décision du Conseil, statuant sur recommandation de la Commission, si le Conseil adopte une décision faisant état du non-respect, [...] par laquelle le Conseil conclut que l’État membre concerné n’a pas pris les mesures correctives recommandées par le Conseil.

2. Une amende annuelle est infligée par décision du Conseil, statuant sur recommandation de la Commission, lorsque :
a) deux recommandations successives du Conseil sont adoptées dans le cadre de la même procédure concernant les déséquilibres [...] et le Conseil estime que l’État membre a présenté un plan de mesures correctives insuffisant; ou
b) deux décisions successives du Conseil sont adoptées dans le cadre de la même procédure concernant les déséquilibres, faisant état du non-respect, [...]. Dans ce cas, l’amende annuelle est infligée en convertissant le dépôt portant intérêt en amende annuelle.

3. Les décisions visées aux paragraphes 1 et 2 sont réputées adoptées par le Conseil, à moins que celui-ci ne décide, statuant à la majorité qualifiée, de rejeter la recommandation dans un délai de dix jours à compter de son adoption par la Commission. Le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, peut décider de modifier la recommandation.

Ce qui signifie que si la Commission propose une amende, elle sera automatiquement due sauf si une majorité qualifiée du Conseil décide du contraire, ce qui est peu probable…

 

Je vous épargne enfin le règlement 1177/2011 “visant à accélérer et à clarifier la mise en œuvre de la procédure concernant les déficits excessifs”…

Vous avez donc une directive et cinq règlements : c’est le fameux “Six pack” (paquet législatif sextuple, voir aussi et ). J’avais déjà entendu ce mot encore très novlangue sans bien en percevoir le fond, “Paquet de surveillance renforcée”, cela aurait été trop transparent…

(Voir l’explication par l’UE elle-même ici et ici, et sur Wikipedia ici)

Et c’est ainsi, comme vous l’aurez compris, qu’on est passé d’une “surveillance” par l’UE des budgets publics à une surveillance des politiques économiques.

V. 2012 : assez de laxisme, voici le TSCG

Le pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), est un mécanisme sur lequel se sont accordés 25 des 28 États membres de l’Union européenne sur la convergence de leur union économique et monétaire, notamment la zone euro. Le texte du traité, signé le 2 mars 2012 par les chefs d’État et de gouvernement, est entré en vigueur le 1er janvier 2013. (Merci M. Sarkollande).

Il comprend deux points principaux.

1/ Une « Règle d’or » budgétaire

L’article 3 du Traité fixe les principales dispositions ayant trait à la discipline budgétaire :

Il enjoint les États à mettre en place un mécanisme de correction automatique en cas d’écart par rapport à l’« objectif à moyen terme » ou à la « trajectoire d’ajustement ».

2/ Une résorption de l’excès de dette publique,  (la part supérieure aux 60 % du PIB) à raison d’un vingtième par an.

En clair, comme la dette publique française est désormais à 100 % du PIB, il faudrait la réduire de l’ordre de 2 points de PIB par an, alors qu’elle augmente actuellement de 3 ou 4 – c’est donc comme si c’était fait…

J’imagine qu’un prochain traité renforcera la lutte contre ce laxisme…

VI. 2013 : bon assez ri, ils en rajoutent deux de plus !!

“Après le Six pack vient le Two pack” [proverbe européen]

La surveillance étant à l’évidence bien trop laxiste, les eurocrates ont inventé la “surveillance renforcée” en 2013, avec deux règlements de plus : le Two Pack (merci M. Hollande)

Voici donc le règlement 473/2013  du 21 mai 2013 ”établissant des dispositions communes pour le suivi et l’évaluation des projets de plans budgétaires et pour la correction des déficits excessifs dans les États membres de la zone euro”  (notez le changement de ton)

(1) En vertu du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, les États membres doivent considérer leurs politiques économiques comme une question d’intérêt général, leurs politiques budgétaires doivent respecter le principe de finances publiques saines et leurs politiques économiques ne doivent pas risquer de compromettre le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire.

(3) Le renforcement du pacte de stabilité et de croissance a amélioré les orientations à l’intention des États membres en ce qui concerne la politique budgétaire prudente et, pour les États membres dont la monnaie est l’euro, a instauré des sanctions renforcées et plus automatiques pour non-respect d’une politique budgétaire prudente, de manière à empêcher les déficits publics excessifs. Ces dispositions ont permis d’instaurer un cadre plus complet.

(4) Afin d’assurer une coordination plus étroite des politiques économiques et une convergence soutenue des performances économiques des États membres, le semestre européen, [...] met en place un cadre pour la coordination des politiques économiques. Le semestre européen comprend la formulation, et la surveillance de la mise en œuvre, des grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union

(5) Afin de permettre à l’Union de sortir plus forte de la crise, tant au niveau interne qu’au niveau international, en améliorant la compétitivité, la productivité, le potentiel de croissance, la cohésion sociale et la convergence économique, le Conseil européen, dans ses conclusions du 17 juin 2010, a adopté une nouvelle stratégie de l’Union pour la croissance et l’emploi, qui contient également des objectifs dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de l’éducation, de l’innovation et de l’environnement.

(6) Afin d’assurer le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire, le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne permet l’adoption, dans la zone euro, de mesures spécifiques allant au-delà des dispositions applicables à tous les États membres pour renforcer la coordination et la surveillance de leur discipline budgétaire.

(9) Un accroissement progressif de la surveillance et de la coordination, tel qu’il est défini par le présent règlement, améliorera encore le semestre européen pour la coordination des politiques économiques, complétera les dispositions existantes du pacte de stabilité et de croissance et renforcera la surveillance des politiques budgétaires et économiques dans les États membres dont la monnaie est l’euro. Une procédure de surveillance progressivement renforcée devrait contribuer à améliorer les résultats budgétaires et économiques, la rigueur macrofinancière et la convergence économique, au profit de tous les États membres dont la monnaie est l’euro. Dans le cadre d’une procédure progressivement renforcée, un suivi plus étroit est une aide particulièrement précieuse pour les États membres faisant l’objet d’une procédure de déficit excessif.

Et voici le règlement 472/2013 du 21 mai 2013 ”relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États membres de la zone euro connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière” (vous noterez l’utilisation permanente du conditionnel à la place de l’impératif…)

(2) Conformément à l’article 9 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, l’Union doit prendre en compte, dans la définition et la mise en œuvre de ses politiques et actions, les exigences liées à la promotion d’un niveau d’emploi élevé, à la garantie d’une protection sociale adéquate, à la lutte contre l’exclusion sociale ainsi qu’à un niveau élevé d’éducation, de formation et de protection de la santé humaine.

(3) Il convient de consacrer dans le droit de l’Union la nécessité d’une cohérence parfaite entre le cadre de surveillance multilatérale de l’Union établi par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et les éventuelles conditions de politique économique dont est assortie l’assistance financière. L’intégration économique et financière de tous les États membres, et en particulier de ceux dont la monnaie est l’euro, nécessite une surveillance renforcée pour éviter que les sérieuses difficultés qu’un État membre connaît ou risque de connaître en ce qui concerne sa stabilité financière ne se propagent au reste de la zone euro et, plus largement, à l’ensemble de l’Union.

(4) L’intensité de la surveillance économique et budgétaire devrait être proportionnée et proportionnelle à la gravité des difficultés financières rencontrées et tenir dûment compte de la nature de l’assistance financière octroyée, qui peut aller d’un simple soutien accordé à titre de précaution, sous réserve de conditions d’éligibilité, à un programme d’ajustement macroéconomique complet assorti de conditions strictes en matière de politique économique. Tout programme d’ajustement macroéconomique devrait prendre en compte le programme national de réforme de l’État membre concerné dans le cadre de la stratégie de l’Union pour la croissance et l’emploi.

(5) Un État membre dont la monnaie est l’euro devrait faire l’objet d’une surveillance renforcée en vertu du présent règlement lorsqu’il connaît ou risque de connaître de sérieuses difficultés financières, en vue de lui assurer un retour rapide à une situation normale et de protéger les autres États membres de la zone euro contre d’éventuelles retombées négatives.

(6) L’État membre qui fait l’objet d’une surveillance renforcée devrait aussi adopter des mesures visant à éliminer les causes ou les causes possibles de ses difficultés. À cette fin, il convient de prendre en considération toutes les recommandations qui lui sont adressées dans le cadre de la procédure de déficit excessif ou de la procédure pour déséquilibre macroéconomique excessif.

(7) Il y a lieu de renforcer de manière significative la surveillance économique et budgétaire des États membres soumis à un programme d’ajustement macroéconomique.

 

Bravo à vous si vous êtes arrivé jusque-là. Cela vous semble très abstrait ? Ça l’est – assurément.

Nous passerons donc dans l’article suivant à un petit résumé puis ensuite aux travaux pratiques, lesquels illustreront très bien la tutelle actuelle…

Source: http://www.les-crises.fr/comment-bruxelles-a-mis-l-europe-sous-tutelle-2/


[Démocratie Kaput 1] Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (1992-2005)

Monday 14 September 2015 at 00:01

J’étais au courant de ce sujet depuis un moment, mais j’ai quand même été effrayé en le creusant véritablement – c’est même fascinant.

Regardez donc à quel point nous avons abdiqué toute liberté sur des sujets fondamentaux, empêchant toute politique alternative (réellement sociale évidemment, mais même réellement libérale ou néolibérale – essayez façon Milton Friedman de faire cesser les politiques délirantes de la BCE pour voir…) au grand n’importe quoi actuel.

Je suis assez étonné de constater à quel point les gens – même les plus engagés – sont ignorants de ce sujet, qui est véritablement, et sans exagération, une mise sous tutelle des pays européens, comme on l’a vu en Grèce cette année.

Enfin, j’ai voulu que ce billet – que je considère comme fondamental – soit très complet, pour servir de référence. Ce n’est pas le billet le plus sexy du blog, mais c’est probablement le plus important… : il montre comment est morte notre souveraineté.

En conclusion, je vous “recommande” (vous comprendrez la plaisanterie après lecture…) donc de largement diffuser ce billet – et de demander des comptes aux rêveurs “d’une autre Europe”…

  1. Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (1992-2005)
  2. Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (2006-…)
  3. Comment Bruxelles a mis l’Europe sous tutelle (Résumé)
  4. Voyez comment l’Europe est sous tutelle
  5. Voyez comment la France est sous administration de Bruxelles
  6. Épilogue

I. Le début de la mise sous tutelle des États

D’où sort ce système antidémocratique ? On verra qu’il s’est construit à l’européenne, par la politique des petits pas…

La base figure dans les articles 120 et 121 du Traité de Fonctionnement de l’UE :

Article 120

Les États membres conduisent leurs politiques économiques en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union, tels que définis à l’article 3 du traité sur l’Union européenne, et dans le contexte des grandes orientations visées à l’article 121, paragraphe 2. Les États membres et l’Union agissent dans le respect du principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, favorisant une allocation efficace des ressources, conformément aux principes fixés à l’article 119.

Vous notez donc que la politique économique du pays n’est évidemment plus autonome, mais doit servir “l’Union” (l’Empire ?) :

Article 121

1. Les États membres considèrent leurs politiques économiques comme une question d’intérêt commun et les coordonnent au sein du Conseil, conformément à l’article 120.

2. Le Conseil, sur recommandation de la Commission, élabore un projet pour les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union et en fait rapport au Conseil européen.

Rappel : “Conseil” ou “Conseil de l”UE” = conseil des ministres concernés ; “Conseil européen” = conseil des chefs d’États et de gouvernement

Le Conseil européen, sur la base du rapport du Conseil, débat d’une conclusion sur les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union.

Sur la base de cette conclusion, le Conseil adopte une recommandation fixant ces grandes orientations. Le Conseil informe le Parlement européen de sa recommandation.

3. Afin d’assurer une coordination plus étroite des politiques économiques et une convergence soutenue des performances économiques des États membres, le Conseil, sur la base de rapports présentés par la Commission, surveille l’évolution économique dans chacun des États membres et dans l’Union, ainsi que la conformité des politiques économiques avec les grandes orientations visées au paragraphe 2, et procède régulièrement à une évaluation d’ensemble.

Pour les besoins de cette surveillance multilatérale, les États membres transmettent à la Commission des informations sur les mesures importantes qu’ils ont prises dans le domaine de leur politique économique et toute autre information qu’ils jugent nécessaire.

4. Lorsqu’il est constaté, dans le cadre de la procédure visée au paragraphe 3, que les politiques économiques d’un État membre ne sont pas conformes aux grandes orientations visées au paragraphe 2 ou qu’elles risquent de compromettre le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire, la Commission peut adresser un avertissement à l’État membre concerné. Le Conseil, sur recommandation de la Commission, peut adresser les recommandations nécessaires à l’État membre concerné. Le Conseil, sur proposition de la Commission, peut décider de rendre publiques ses recommandations.

Dans le cadre du présent paragraphe, le Conseil statue sans tenir compte du vote du membre du Conseil représentant l’État membre concerné.

La majorité qualifiée des autres membres du Conseil se définit conformément à l’article 238, paragraphe 3, point a). [...]

Il est quand même effrayant de lire des choses pareilles…

Si vous pensez que ça sort du traité budgétaire TSCG ou du traité de Lisbonne, perdu… c’est du Maastricht de 1992 (Article 102 A)  (merci M. Mitterrand)

On peut aussi citer l’article 126 (ex 104 de Maastricht) :

Article 126

1. Les États membres évitent les déficits publics excessifs.

2. La Commission surveille l’évolution de la situation budgétaire et du montant de la dette publique dans les États membres en vue de déceler les erreurs manifestes. Elle examine notamment si la discipline budgétaire a été respectée [...]

7. Lorsque le Conseil [...] décide qu’il y a un déficit excessif, il adopte, sans délai injustifié, sur recommandation de la Commission, les recommandations qu’il adresse à l’État membre concerné afin que celui-ci mette un terme à cette situation dans un délai donné. Sous réserve des dispositions du paragraphe 8, ces recommandations ne sont pas rendues publiques.

9. Si un État membre persiste à ne pas donner suite aux recommandations du Conseil, celui-ci peut décider de mettre l’État membre concerné en demeure de prendre, dans un délai déterminé, des mesures visant à la réduction du déficit jugée nécessaire par le Conseil pour remédier à la situation. [...]

10. Les droits de recours prévus aux articles 258 et 259 ne peuvent être exercés dans le cadre des paragraphes 1 à 9 du présent article.

11. Aussi longtemps qu’un État membre ne se conforme pas à une décision prise en vertu du paragraphe 9, le Conseil peut décider d’appliquer ou, le cas échéant, de renforcer une ou plusieurs des mesures suivantes: [...]

- exiger que l’État membre concerné fasse, auprès de l’Union, un dépôt ne portant pas intérêt, d’un montant approprié, jusqu’à ce que, de l’avis du Conseil, le déficit excessif ait été corrigé;

- imposer des amendes d’un montant approprié. [...]

Lorsque le Conseil adopte les mesures visées aux paragraphes 6 à 9, 11 et 12, il statue sans tenir compte du vote du membre du Conseil représentant l’État membre concerné.

Il faut avouer que c’est quand même très surprenant que tant de personnes aient pu appeler a voter OUI à ça en 1992…

Mais vous aurez noté que cela n’a pas entraîné de grands changements à l’époque. C’est vrai – mais c’est parce qu’il a fallu un grand nombre de « petits pas » pour mettre en place cette tutelle…

II. 1997, ils passèrent la deuxième couche

Comme les États se “disciplinaient” peu, la résolution du Conseil Européen relative au Pacte de stabilité et de croissance (aaah, la novlangue…) fut signée à Amsterdam, le 17 juin 1997 (merci M. Jospin) :

LES ÉTATS MEMBRES:

1. s’engagent à respecter l’objectif budgétaire à moyen terme d’une position proche de l’équilibre ou excédentaire, conformément à leurs programmes de stabilité ou de convergence, et à prendre les mesures budgétaires correctrices qu’ils jugent nécessaires pour atteindre les objectifs énoncés dans leurs programmes de stabilité ou de convergence dès qu’ils disposent d’informations indiquant un dérapage sensible, effectif ou prévisible, par rapport à ces objectifs; [...]

3. s’engagent à prendre les mesures budgétaires correctrices qu’ils jugent nécessaires pour atteindre les objectifs de leurs programmes de stabilité ou de convergence lorsqu’ils reçoivent un avertissement sous la forme d’une recommandation adressée par le Conseil conformément à l’article 103 paragraphe 4 du traité;

4. mettront en oeuvre les ajustements budgétaires correcteurs qu’ils jugent nécessaires dans les plus brefs délais lorsqu’ils reçoivent des informations indiquant qu’il existe un risque de déficit excessif;

5. corrigeront les déficits excessifs le plus rapidement possible après leur apparition; [...]

7. s’engagent à ne pas invoquer le bénéfice de l’article 2 paragraphe 3 du règlement du Conseil visant à accélérer et clarifier la mise en oeuvre de la procédure concernant les déficits excessifs, à moins de connaître une grave récession; pour évaluer la gravité de la récession économique, les États membres prendront en principe comme référence une baisse annuelle du PIB réel d’au moins 0,75 %.

En parlant de novlangue, le point 3 vous montre bien au passage le caractère assez peu “facultatif” desdites “recommandations” (les “Richtlinien” avaient laissé un mauvais souvenir…) – “L’Europe la chance” veille :

La procédure concernant les déficits excessifs a ensuite été précisée en 1997 par les règlements 1466/97 et 1467/97 - que je ne développe pas.

III. Puis vint la troisième couche en 2005

Comme ça restait encore beaucoup “mou du genou”, et qu’il fallait renforcer “l’Europe démocratique”, rebelote en 2005 (merci M. Chirac), avec l’adoption par le Conseil d’un rapport intitulé «Améliorer la mise en œuvre du pacte de stabilité et de croissance», qui “met à jour et complète le pacte de stabilité et de croissance, dont il fait désormais partie intégrante” :

“Le Conseil confirme que le Pacte de stabilité et de croissance [...], constitue un élément essentiel du cadre macroéconomique de l’union économique et monétaire. En invitant les États membres à coordonner leurs politiques budgétaires et à éviter des déficits excessifs, il contribue à instaurer la stabilité macroéconomique dans l’UE et joue un rôle clé en vue de garantir un faible taux d’inflation et des taux d’intérêts peu élevés, facteurs essentiels d’une croissance économique durable et de la création d’emplois. [...]

Le Conseil convient que l’amélioration de l’efficacité du soutien et de la pression des pairs fait partie intégrante d’un Pacte de stabilité et de croissance réformé. [...]  Le soutien et la pression des pairs au niveau de la zone euro devraient être assurés dans le cadre de la coordination effectuée par l’Eurogroupe et fondés sur une évaluation horizontale des évolutions budgétaires au niveau national et de leurs conséquences pour l’ensemble de la zone euro. Cette évaluation devrait être effectuée au moins une fois par an, avant l’été. [...]

Le Conseil invite les États membres, lors de l’élaboration de la première actualisation de leur programme de stabilité/convergence après l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement, à faire preuve de continuité pour ce qui est des objectifs budgétaires approuvés par le Conseil sur la base de la précédente actualisation du programme de stabilité/convergence et à fournir – avec une prévision pour l’ensemble de la législature – des informations sur les moyens et les instruments qu’ils entendent utiliser pour atteindre ces objectifs dans le cadre de la description de leur stratégie budgétaire. [...]

Le Conseil souligne que la procédure concernant les déficits excessifs a pour but d’aider les États membres plutôt que de les sanctionner; il s’agit de les inciter à se conformer à la discipline budgétaire par une surveillance accrue, ainsi que par le soutien et la pression des pairs. En outre, dans le cadre de la procédure de déficit excessif, il y a lieu de distinguer clairement les erreurs de stratégie des erreurs liées aux prévisions. Si toutefois un État membre ne se conforme pas aux recommandations qui lui sont adressées dans le cadre de la procédure concernant les déficits excessifs, le Conseil est habilité à appliquer les sanctions prévues. ”

Ce rapport entraîne le renforcement de la procédure concernant les déficits excessifs  D’abord avec le règlement 1056/2005, “visant à accélérer et à clarifier la mise en œuvre de la procédure concernant les déficits excessifs” – un petit bijou dans ses considérants, avec par exemple  :

(1) [...] Le pacte de stabilité et de croissance a fait la preuve de son utilité en servant de point d’ancrage à la discipline budgétaire, contribuant ainsi à un niveau élevé de stabilité macroéconomique, assorti d’un faible taux d’inflation et de taux d’intérêt peu élevés, facteurs essentiels d’une croissance durable et de la création d’emplois.

(3) [...] les États membres, le Conseil et la Commission réaffirment leur volonté de mettre en œuvre le traité et le pacte de stabilité et de croissance de manière effective et rapide, avec le soutien et la pression des pairs, et d’assurer la surveillance économique et budgétaire en coopération étroite et constructive afin de garantir la sécurité et l’efficacité des règles du pacte.

Je vous épargne la suite. On a également un règlement 1055/2005, “relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques” qui met en oeuvre la mise à jour du pacte.

Mais tout ceci était encore très limité, reposant surtout sur la surveillance financière des budgets.

Nous verrons dans le billet suivant que le problème a été réglé en 2011…

Source: http://www.les-crises.fr/comment-bruxelles-a-mis-l-europe-sous-tutelle-1/


“Il est peu probable que Jeremy Corbyn puisse devenir un véritable chef qui rassemble l’électorat” par Denis MacShane

Sunday 13 September 2015 at 23:41

Bon, ben finalement Corbyn a gagné.

Et pas qu’un peu :

(on note que le Labour a 4 fois plus de membres que le PS au passage)

Aux ordres, l’Obs mainstream réagit pour nous “informer” : 1/ il qualifie le type bien entendu “d’extrême gauche” (il faudra qu’ils nous donnent un jour leur définition de la “gauche”)  2/ ils vont interroger un féroce opposant interne, sans un de ses soutiens pour compenser – sans doute par esprit pluraliste. En tous cas, pas la peine d’interroger la droite du coup…

C’est un métier, “journaliste” à ‘l’Obs

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Source : Nouvel Obs,  12/09/2015

Propos recueillis par Sahra Halifa-Legrand
“Avec Jeremy Corbyn, le Labour entre réellement dans l’opposition – Et, bon gré mal gré, le parti va se ranger derrière son nouveau chef d’extrême gauche, estime Denis MacShane, ex-ministre de Tony Blair. Interview.”

Énorme, merci aux commentateurs. Je n’avais pas regardé sa page Wikipédia, mais l’interviewé est non seulement “ex ministre”, mais surtout “ex député” et “ex membre” du parti travailliste, vu qu’il a été condamné à 6 mois de prison ferme (qu’il a effectués) pour fraude comptable en 2013… Mais bon, on ne va pas informer le lecteur…

L’élection de Jeremy Corbyn à la tête du Labour, samedi 12 septembre, marque-t-elle un tournant historique dans l’histoire du parti travailliste ?

- Non, le Labour fait un virage abrupt à gauche comme il l’a toujours fait par le passé quand il se trouvait au début d’une période dans l’opposition. Avant l’ère Tony Blair, deux leaders avaient été élus à la tête du parti sur une plateforme anti-américaine, anti-Europe, anti-guerre et anti-capitaliste : il s’agit de Michael Foot et Neil Kinnock. Jeremy Corbyn se situe dans cette tradition.

Le Labour était déjà en crise : l’arrivée de Corbyn lui donne-t-elle une chance d’en sortir ou annonce-t-elle un désastre encore plus grand ?

- On traversait en effet déjà le désert. Maintenant, ça va peut-être perdurer plus longtemps. Le Labour a perdu l’élection en 2010, mais il n’a pas vraiment compris qu’il était désormais dans l’opposition. Le parti a eu plusieurs problèmes pendant ces cinq dernières années. Il a eu du mal à trouver son identité avec Ed Miliband (le chef du Labour de 2010 à 2015, ndlr) qui, même s’il a essayé de marquer sa différence avec Tony Blair et Gordon Brown, était quand même un des leurs. Et il n’a pas su se positionner face à cette curieuse coalition, entre conservateurs et libéraux-démocrates, qui était au pouvoir. Mais avec quelqu’un comme Jeremy Corbyn, à la gauche de la gauche, qui n’a jamais cessé de s’opposer, on peut dire que le parti entre aujourd’hui réellement dans l’opposition. Il est très difficile cependant de savoir où le Labour sera dans deux ans.

Comment vont réagir les députés du Labour, qui n’ont, dans leur très grande majorité, pas voté pour lui ? Quelles sont les chances de survie de Corbyn à la tête du parti ?

- Il n’y aura pas de putsch. Il n’y aura pas une énorme révolte des députés du parti. Car ils se souviennent douloureusement de la scission du Labour en 1981, quand le parti social-démocrate (SPD) a été fondé. Mais aussi car il n’y a pas d’alternative. Les mécontents vont donc très probablement ronger leur frein discrètement et laisser du temps au temps pour trouver une solution.

Peut-être qu’après avoir gagné de manière si extraordinaire le leadership du Labour, peut-être qu’avec cette énorme responsabilité sur les épaules, en tant que leader du principal parti d’opposition au gouvernement, Corbyn va-t-il chercher à se faire accepter. Ce n’est pas quelqu’un qui cherche à être une personnalité dominante. Peut-être va-t-il changer certaines traditions. Comme laisser à d’autres membres du Labour la parole lors du tête à tête féroce qui a lieu tous les mercredi midi entre le leader de l’opposition et le Premier ministre ? Ou en ne participant pas aux grandes cérémonies avec la reine ? Peut-être va-t-il imposer une manière totalement différente de faire de la politique qui va trouver un écho ? Peut-être Corbyn va-t-il plaire ? J’en doute, mais attendons de voir.

Normalement, c’est dans l’opposition que l’on avance, que l’on gagne des municipalités, des régions. Mais si le Labour se révèle incapable de remporter des élections, je pense qu’alors cela va commencer à sérieusement gronder à l’intérieur du parti et que même les supporteurs de Corbyn vont finir par se poser des questions. Jeremy Corbyn est comme Olivier Besancenot. Il prêche aux fidèles de la gauche de la gauche, mais il est peu probable qu’il puisse devenir un véritable chef qui rassemble l’électorat.

Quels vont être ses principaux défis dans les 5 ans qui viennent ?

- Le principal défi va être le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (qui doit être organisé d’ici 2017, ndlr). Jeremy Corbyn est un eurosceptique mais pas un obsédé de cette question – et surtout pas un souverainiste comme Nigel Farage ou Marine Le Pen. Pour lui, le problème de l’Europe, ce sont surtout les politiques d’austérité, les atteintes aux droits des travailleurs.

Le risque, c’est que la gauche et une partie du Labour puissent être tentées par le populisme anti-européen, comme Laurent Fabius et Arnaud Montebourg l’ont été lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. Mais toutes les forces politiques, sociales, culturelles pourraient aussi se rassembler pour faire campagne contre l’isolement du Royaume-Uni. C’est encore trop loin pour savoir comment ça va tourner. Ce qui est certain, c’est que si nous sortons de l’Union européenne, la politique britannique va plonger dans une crise généralisée. Les Conservateurs sont malins et post-Thatcher. Ils vont tout faire pour garder le pouvoir, y compris des virages au centre, voire à gauche, s’il le faut.

Quel enseignement la social-démocratie européenne peut tirer de cette élection de Corbyn ?

- En Espagne ou en Grèce, Corbyn serait dans Podemos ou Syriza. En France, il serait dans le Front de Gauche. Son élection, c’est encore une preuve du désarroi de la gauche européenne, piégée entre le populisme de gauche tel Syriza, Podemos ou le Front de Gauche, et la nécessité de chercher des voix dans la grande masse des électeurs. La gauche gouvernante en Europe n’est aujourd’hui pas inspirante. Le problème, c’est que ce qui pourrait l’aider – un retour de la croissance et une diminution du chômage en France où il y a un gouvernement social démocrate – ne semble pas près d’arriver…

Denis MacShane, ancien député travailliste et ex-ministre des Affaires européennes de Tony Blair, a publié cette année : “Brexit : How Britain Will Leave Europe” (éd. I. B. Tauris, non traduit).

 

Source: http://www.les-crises.fr/il-est-peu-probable-que-jeremy-corbyn-puisse-devenir-un-veritable-chef-qui-rassemble-lelectorat/


Michel Onfray : « L’Occident attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme »

Sunday 13 September 2015 at 02:25

Pour info, Il y aura une TRÈS importante série Europe à partir de demain…

(Rien à voir, mais je donne un  PC format grande tour (de 2012) sans disque dur, en bon état - Me contacter)

Source : Russia Today France, le 8 septembre 2015.

Michel Onfray

Michel Onfray

L’Europe, la guerre, le terrorisme, la crise migratoire, autant de questions auxquelles le philosophe a accepté de répondre.

Michel Onfray est docteur en philosophie. Il a publié une soixantaine d’ouvrages dont Traité d’athéologie : Physique de la métaphysique, Le Crépuscule d’une idole, Contre-histoire de la philosophie. Ses derniers ouvrages parus : Avant le silence. Haïkus d’une année, Galilée, 2014. Bestiaire nietzschéen. Les Animaux philosophiques, Galilée, 2014. Cosmos, Flammarion, 2015

On ne présente plus Michel Onfray, philosophe que l’on dit iconoclaste, grand pourfendeur devant l’Eternel (ou ce qui lui tient d’éternité) des conformismes et autres tables de lois. Il revient pour RT France sur les sujets qui ont, ces derniers temps, vrillé l’actualité.

RT France : Comment jugez-vous la façon qu’a l’Europe de traiter de cette crise migratoire ? 

Michel Onfray (M.O.) : L’Europe n’existe pas, sauf par sa monnaie unique. On voit bien dans cette affaire combien elle est impuissante, nulle, désarticulée. Elle bricole, ne parle pas d’une seule voix, elle improvise. C’est pitoyable.

RT France : Quand vous dites «BHL fait partie des gens qui ont rendu possible cet enfant mort», que vouliez-vous dire par là ? Qui sont «les  autres gens» ?

M.O. : Que tous ceux qui ont justifié les guerres contre l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Mali et autres pays musulmans sont responsables et coupables. Ils ont légitimé le bombardement de milliers de personnes sur place. Que la communauté musulmane soit en colère contre l’Occident me parait tout à fait légitime. L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant. Quel irakien menaçait la France en 1991 ? Saddam Hussein finançait même la campagne d’un président.

L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant.

RT France : Depuis la publication de la photo du petit enfant, les opinions publiques européennes semblent opérer une volte-face sur cette question, comment l’expliquez-vous ? Qu’est-ce que cela dit de nos opinions publiques ?

M.O. : Les médias ont transformé le peuple qui pensait en populace qui ne pense pas et ne réagit plus qu’à l’émotion, au pathos, à la passion. L’image d’un enfant mort interdit de penser : elle arrache immédiatement la pitié. La pitié empêche de penser. La preuve : ceux qui ont rendu possible cette mort en détruisant les pays bombardés vont répondre en bombardant plus encore.

RT France: Pourquoi cette crise migratoire semble-t-elle être traitée politiquement et médiatiquement «hors-sol», comme si elle n’avait pas de causes géopolitiques précises?

M.O. : Parce que le personnel politique est fait de gens médiocres qui n’ont aucune vision d’avenir pour le pays, aucun sens de l’histoire et qu’il n’écoute plus que les communicants qui leur donnent des recettes pour être élus ou réélus. La question n’est plus : «qu’est-ce qui est bon pour la France ?», mais «qu’est-ce qui va permettre ma réélection ?». La guerre, on le sait, hélas, booste les cotes de ceux qui les déclenchent. La testostérone fait plus en la matière que la matière grise. 

RT France : François Hollande a annoncé des frappes aériennes sur la Syrie que vous avez aussitôt vivement condamnées. Pourquoi ?

M.O : Bombarder des combattants de l’Etat Islamique suppose tuer des victimes civiles innocentes, les uns vivant chez les autres, et que ça n’empêchera pas un islamiste radical vivant en France de passer à l’acte. Au contraire !

RT France : Jacques Sapir a lancé l’idée d’un mouvement rassemblant tous les souverainistes, allant même jusqu’à une alliance avec le FN. Vous avez estimé que «l’idée est bonne (…) de fédérer les souverainistes des deux bords». Pourquoi ?

M.O. : Les souverainistes sont majoritaires dans l’opinion mais inexistants parce que répartis dans des partis très hétérogènes qui comptent pour rien dans la représentation nationale. Mais jamais un électeur de Mélenchon ne soutiendra une thèse de Marine Le Pen et vice versa. Seul un tiers au-dessus des partis pourrait fédérer ces souverainistes de droite et de gauche.

RT France : Cette proposition de Sapir ne traduit-elle pas une recomposition des lignes politiques dont le pivot (ou l’axe) ne serait plus l’économie mais le rapport à l’Europe ? Comment voyez-vous cette recomposition politique du paysage français ?

M.O. : L’idée est juste, mais elle n’aboutira pas. Les souverainistes sont représentés par des politiciens qui n’ont en tête que leur ego, leur trajectoire personnel, leur narcissisme. Aucun ne sera capable de jouer la fédération sous la bannière d’un tiers en s’effaçant. Entre la France et eux, ils ne choisiront pas la France.

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Interview intéressante également, après la moitié :

Source: http://www.les-crises.fr/michel-onfray-loccident-attaque-pretendument-pour-se-proteger-mais-il-cree-le-terrorisme/


Pas de soldats russes en Syrie ? Tout prouve le contraire

Sunday 13 September 2015 at 01:25

Eh oui, un scoop de l’Obs : il y aurait des soldats russes dans une base russe qui a 45 ans…

Apparemment, il y a plein de gens dans le mainstream qui n’ont pas trop envie qu’un aide l’ennemi principal de Daesh – qui je rappelle nous a envoyé un terroriste en janvier (certes, après qu’on lui ait envoyé 5 000 bombes dessus…).

Mais tant qu’on peut haïr la Russie…

Source : Olivier Bories, pour L’Obs, le 9 septembre 2015.

De nombreux indices montrent un engagement de plus en plus concret de Moscou auprès de son allié syrien. Même si la Russie continue pourtant d’affirmer n’envisager aucun engagement au sol.

Le président russe Vladimir Poutine à Vladivostok, le 4 septembre 2015. ALEXEY DRUZHININ / RIA NOVOSTI / AFP

Le président russe Vladimir Poutine à Vladivostok, le 4 septembre 2015. ALEXEY DRUZHININ / RIA NOVOSTI / AFP

La semaine dernière, Vladimir Poutine avait voulu rassurer : une intervention militaire russe en Syrie serait “prématurée”, avait-il assuré en marge d’un sommet économique à Vladivostok. Les raisons de cet émoi : depuis quelques jours, les réseaux sociaux et les médias russophones fourmillent d’informations sur la présence de soldats russes en Syrie.

Des soldats peu discrets

Sur leur page personnelle Vkontakte (un réseau social russe), beaucoup de jeunes soldats russes ne cachent pas leur présence sur le sol syrien. Comme leurs collègues dont il est possible de retrouver la trace en Ukraine, nombre d’entre eux affichent ouvertement leur situation. Pavel N. par exemple, est un membre de la marine russe de Sébastopol. Jusqu’à fin mai, il télécharge des photos le montrant avec ses camarades dans la ville de Crimée.

Mais fin août, une nouvelle photo le montre devant un camion marquée d’un drapeau syrien. Au cas où le drapeau ne suffirait pas, la photo montre également sa géolocalisation : Tartous, sur le littoral syrien.

Autre exemple, Anatoly G., un membre de la 810ème brigade d’infanterie de marine de Sébastopol.

Son profil Vkontakte indiquait directement “parti en Syrie”, avant qu’il ne supprime cette mention.

Des photos d’autres soldats de cette même 810ème brigade peuvent être également trouvées devant des photos d’affiches syriennes représentant Bachar al-Assad et Vladimir Poutine. Plusieurs d’entre elles ont depuis été supprimées des réseaux sociaux, mais sont toujours présentes sur des archives.

Tartous, port russe en Syrie

La présence de ces soldats ne signifie pas pour autant une intervention imminente. Plusieurs de ces photos sont anciennes : elles remontent à juin ou mars 2015, parfois même plus tôt. D’autres photos, présentées comme montrant des soldats russes à Damas ou Homs, ne peuvent pas être authentifiées comme celles de Tartous. La vidéo d’un véhicule de combat russe en Syrie n’est pas d’une plus grande aide : la mauvaise qualité sonore empêche de détecter si des ordres sont effectivement criés en russe. La seule information vérifiable est donc la présence d’un nombre important de soldats dans les environs de Tartous.

En soi, la présence de soldats russes à Tartous n’a rien d’une nouvelle. En 1971, la Syrie, alors dirigée par Hafez al-Assad, cède à l’Union Soviétique des facilités dans le port de Tartous. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une base navale, comme le site est souvent à tort décrit. Les infrastructures sont trop limitées pour être une véritable base militaire, et le port sert principalement au ravitaillement et à la réparation des navires. La faible profondeur du port ne permet pas d’ailleurs de prendre en charge les plus gros navires de la flotte russe.

Après la chute de l’Union soviétique, la Russie conserve ce droit d’utilisation. Si les officiels russes ont fait à plusieurs reprises part de leur volonté de transformer Tartous en une vraie base navale, la révolution syrienne est venue interrompre les volontés de travaux de modernisation. Tartous est donc resté de fait un port avec des usages très limités. C’est pourquoi la présence de soldats russes est significative : leur nombre et la longue durée du séjour des soldats envoyés semblent montrer une nouvelle activité dans ce port, depuis le début de l’année 2015.

De plus en plus de matériel

Or la Russie n’a jamais fait mystère qu’en vertu de contrats signés avec la Syrie des années auparavant, les fournitures en armes et matériel continueraient. Soutien du régime syrien depuis le début de la crise en Syrie, Moscou a toujours respecté cette parole. La présence de nombreux soldats dans un port autrefois peu utilisé semble montrer que les livraisons au régime syrien atteignent aujourd’hui une bien plus grande échelle.

Autre indice, dans le détroit du Bosphore, des observateurs notent la présence accrue de navires de la marine russe, transportant du matériel inconnu. Lundi, c’est le navire de transport “Saratov” qui a été photographié avec à son bord du matériel bâché, ressemblant à des véhicules de transport de troupes. Fin août, c’est le “Nikolaï Filtchenkov” qui avait franchi le détroit en direction de la Syrie, lui aussi chargé de matériel militaire.

Le Saratov le 7 septembre (Alper Boler)

Tensions sur la Syrie

Se déclarant inquiets d’un engagement plus marqué de Moscou en Syrie, les Etats-Unis ont réagi. S’ils ne peuvent pas empêcher les bateaux de naviguer dans les eaux internationales, ils ont fait pression sur la Grèce pour que celle-ci ferme son espace aérien aux avions russes, supposés transporter de l’aide humanitaire vers la Syrie. La Bulgarie a annoncé mardi avoir refusé la traversée de son espace aérien à plusieurs avions russes, expliquant avoir assez d’informations pour juger qu’ils ne transportaient pas de l’aide humanitaire. Les Etats-Unis ont rapporté que trois avions de transport militaire ont atterri en Syrie ces derniers jours.

Ces tensions sur le dossier syrien ont lieu peu de temps avant l’assemblée générale des Nations-Unies, qui doit se tenir à New York du 15 au 22 septembre. Selon la presse russe, Vladimir Poutine devrait présenter à cette occasion un plan pour mettre fin au conflit syrien, notamment grâce à une coalition internationale contre l’Etat islamique. D’ici là, il semble vouloir rééquilibrer les forces en faveur du régime de Bachar al-Assad.

Source: http://www.les-crises.fr/pas-de-soldats-russes-en-syrie-tout-prouve-le-contraire/


Dans les coulisses du show Donald Trump – Roger Stone

Sunday 13 September 2015 at 00:24

Source : Pando, le 11/08/2015

La politique contestataire est une escroquerie

C’est juste après le décollage du vol San Francisco – New York que le visage de Roger Stone apparut sur le dossier du siège 9D, me regardant bien en face.

Mince ! Mon vol Virgin America s’écraserait-il ? La face de Roger Stone servie par satellite est-elle mon châtiment éternel ? Au nom du Christ disparaissez ! Au nom du Christ disparaissez !…

Mais il ne s’agissait que de CNN, une sorte d’enfer plus familier, et beaucoup plus ennuyeux. Pas ce que vous souhaitez voir sur votre écran de télévision, dans la rangée de la sortie de secours, quand vous êtes en train de soigner une gueule de bois à la tequila. Stone accordait un Grand et Exclusif entretien à un resplendissant robot de CNN nommé Poppy Harlow, un cabot de comédie noire qui s’est rendu célèbre pour avoir en cours d’émission pleuré sur les violeurs de Steubenville [viol en bande dans un lycée de la ville de Steubenville, en 2012, NdT] “qui avaient tant d’avenir, comme grandes vedettes du football américain”…

La grande histoire : Trump a chassé Stone de sa campagne, ou Stone en a démissionné, selon la personne que vous voulez croire (si vous croyez l’un ou l’autre des deux, veuillez me contacter – j’ai à vous vendre un très beau bien immobilier tout neuf, sur la Lune).

D’une manière ou d’une autre j’ai manqué la nouvelle précédente, à savoir que Roger Stone – le plus sale magouilleur au service de Richard Nixon, le fasciste admirateur de Roy Cohn [célèbre pour ses enquêtes anticommunistes du temps du maccarthysme, NdT], lobbyiste des pires dictateurs du monde – participait à la campagne de Trump jusqu’à la fin de la semaine dernière. Ou peut-être l’ai-je refoulée, peut-être ne voulais-je pas savoir, un signe montrant exactement jusqu’où je me suis réassimilé à la réconfortante bulle d’amnésie des foules américaines.

Le problème est que je connais un peu trop, du fond des tripes, l’histoire de Roger Stone. J’ai même eu un bref accrochage avec M. Stone au cours de la précédente campagne présidentielle. Il répondait à une analyse fouillée que j’avais écrite à propos de la candidature frauduleuse de Gary Johnson à l’élection présidentielle de 2012 pour le compte du parti libertarien, une escroquerie politique qui avait été gérée par Stone, dont la présence m’avait conduit à creuser plus profond dans la fosse d’aisance de la politique truquée du troisième parti moderne.

Après la publication de mon article dans NSFWCORP [aujourd'hui propriété de Pando], Roger Stone m’envoya par tweet ce compliment, où il me traite de “connard” :

@MarkAmesExiled Merci, merci beaucoup, d’orthographier mon nom correctement, connard.

Maintenant, pour la majorité des gens ordinaires, un homme politique en activité qui traite un journaliste de “connard” est un fait qui paraît assez offensant, et même scandaleux. On considère que c’est une partie de ce qui fait son charme, parmi les journalistes qui tendent à provenir d’une classe dorlotée et qui est la proie facile des charmes d’un voyou brutal de Washington DC dont le masque particulier – appelons-le tel qu’il est, vulgaire, macho – est d’une imprudence rafraîchissante, selon les normes viles et lâches de la plupart des journalistes d’aujourd’hui.

Si vous savez d’où vient Roger Stone, vous comprenez que son “connard” est ce qui pour les gens de son espèce s’approche le plus d’un compliment. Imaginez le personnage du film Repo Man devenu réel, mais sans le côté marrant du bas de la classe moyenne et sans la bande son punk-rock, une version rat d’égout monumentalement vicieuse, affairiste, parti-Républicain/Chambre-de-Commerce, du personnage de Harry Dean Stanton [qui tenait le rôle du Repo Man (agent de saisie) dans le film, NdT], la seule version qui puisse peut-être prospérer dans cette triste et sans héroïsme version de l’Amérique où nous sommes enfoncés.

L’implication de Roger Stone dans la campagne de Trump pour la présidence est aujourd’hui une bonne nouvelle pour tous ceux intéressés par la politique et qui aimeraient un grand nettoyage des inepties de début de saison. Plus vous en savez sur l’histoire de Stone (et de Trump), plus vous avez du mal à faire confiance à ce qui apparaît en surface, et vous avez même encore plus de mal à faire confiance à ce qui apparaît aux marges de cette surface – ces espaces sur la gauche et sur la droite dont on nous dit à chaque saison électorale que c’est là que se trouve la vraie politique – mais qui en fait sont si pourries et si facilement manipulées que vous auriez presque souhaité ne pas le savoir.

Les trois principaux ingrédients que vous devez gardez à l’esprit dans l’histoire Roger Stone-Donald Trump sont les suivants :

Tout d’abord, commençons par une brève histoire des sales tours de Roger Stone – encore que “sales tours” soit un de ces euphémismes qui fassent paraître presque drôle ce que l’expression évoque, plutôt que déprimant et infâme. Stone a fait ses débuts comme étudiant membre des Jeunes Républicains tapant sur les hippies dans les premières années Nixon. Il s’est empressé d’être volontaire pour travailler pour Nixon dans son Comité pour la Réélection du Président (CREEP) [l'acronyme officiel est CRP (Committee to Re-elect the President), mais ici l'auteur le change en CREEP (Committee to RE-Elect the President), parce que creep veut dire "salopard", "sale type", NdT], qui a mis sur pied et financé un certain nombre d’opérations illégales de campagne en 1971-1972 de façon à s’assurer que Nixon gagne les élections de 1972.

Les barbouzes de la politique ressemblent beaucoup aux barbouzes du gouvernement et à leurs copains du monde souterrain – ils se vantent et racontent quantité de salades et certains, comme Stone, en rajoutent dans le bluff pour faire se pâmer les journalistes. Donc il est difficile de savoir exactement de quels sales tours le jeune Roger Stone a été personnellement responsable, mais l’équipe du CREEP de Nixon qui l’avait recruté pour qu’il travaille pour eux a été directement responsable de la destruction de la candidature du sénateur Edward Muskie du Maine, le candidat que l’équipe de Nixon craignait le plus.

La façon dont ils s’y sont pris pour détruire Muskie va nous être utile aujourd’hui, parce que Muskie vient d’un ce ces états hostiles aux Noirs de la Nouvelle-Angleterre et qu’il est vulnérable aux attaques de la gauche focalisée sur les problèmes raciaux, une stratégie dont on va voir plus aujourd’hui.

Un des premiers sales tours pour le compte du CREEP du jeune Roger Stone a été d’envoyer un chèque de campagne de 200 dollars au sénateur républicain libéral (et cofondateur du cabinet d’avocats Wilson Sonsini) Pete McCloskey au nom de la Jeune Alliance Socialiste, puis de transmettre une copie du reçu à l’éditeur du plus grand quotidien du New Hampshire, le Manchester Union-Leader. (Stone était censé rédiger le chèque au nom du Front de Libération Homosexuelle, mais s’était dégonflé face à la perspective de voir son nom associé aux homosexuels radicaux.)

Un autre tour dans lequel lui et son équipe du CREEP ont été impliqués a été d’installer leur propre taupe comme chauffeur personnel de Muskie, laquelle faisait passer toutes sortes de documents confidentiels à l’équipe du CREEP, qui à son tour en faisait fuiter un certain nombre, suscitant la paranoïa dans l’état-major de Muskie.

Le point principal est que Nixon et son équipe voulaient que Muskie soit hors course, les démocrates divisés, et qu’un gauchiste inéligible émerge des ruines des opposants à Nixon. Ce qui est maintenant difficile à avaler est de voir à quel point ils ont été couronnés de succès dans leur manipulation.

C’est Pat Buchanan qui a conçu la stratégie de Nixon en 1972 dans un mémorandum intitulé “Surveillance de Muskie”, donnant pour conseil que les attaques du Grand Vieux Parti [surnom du parti républicain, NdT] “se concentrent sur les problèmes qui divisent les Démocrates, pas sur ceux qui unissent les Républicains”. Buchanan soutenait que :

“Elles doivent exacerber et mettre en valeur ces problèmes sur lesquels les Démocrates sont divisés, forçant Muskie soit à faire le grand écart soit à tomber d’un côté ou de l’autre.”

Dans un autre mémorandum de Buchanan de 1971 on peut lire :

“Garder comme principe politique directeur que notre grand espoir pour 1972 repose sur le maintien ou l’accroissement de la grande faille qui sépare les Démocrates.”

Cette “grande faille qui sépare les Démocrates” fait référence à l’aile populiste d’extrême droite du parti dans le Sud, conduite par George Wallace ; et à l’aile gauche multiraciale du parti, représentée alors par la sénatrice noire Shirley Chisholm et par McGovern, qui s’inquiétait de remporter l’investiture.

Buchanan soutenait qu’avoir Wallace – symbole de la ségrégation venu de l’Alabama [Wallace était gouverneur de l'Alabama, NdT] – dans la course aux primaires de 1972 pour l’extrême droite des Démocrates (mais pas de l’avoir en novembre [c'est-à-dire à l'élection présidentielle, NdT], comme candidat d’un troisième parti, ce qui aurait nui à Nixon) provoquerait une division au sein du parti Démocrate, et ferait fuir les électeurs. Merveille, ils réussirent à convaincre Wallace de participer aux primaires dans un louche quid pro quo, et Wallace était en train de faire un bon boulot en salissant et en divisant les Démocrates, quand un réel Travis Bicker [personnage du film Taxi Driver, NdT] sortit de la foule et lui rompit la moelle épinière d’un coup de pistolet.

Une autre stratégie de Nixon était de financer la candidature d’un Noir de gauche contre les Démocrates et contre Muskie. Grâce à un étonnant et très documenté article sur Roger Stone trouvé sur le site italkyoubored.com, j’ai découvert des passages incroyables qui sont une sorte d’ouverture de la boîte noire de la politique contemporaine, sauf évidemment si vous pensez que Nixon était une exception, et que toutes ces mauvaises gens ont été punies et bannies de notre paisible royaume.

Dans une note du 5 octobre 1971, Pat Buchanan, co-fondateur du magazine the American Conservative et tueur favori de Nixon, la sorte de type que Roger Stone rêvait de devenir (et un jour, de détruire), écrivait :

Le maximum de considération doit être donné aux procédés et aux moyens permettant de promouvoir, d’assister, et de financer une candidature du Quatrième Parti des Démocrates de gauche et/ou des Démocrates noirs… Il n’y a rien qui puisse autant faire progresser les chances de réélection du président… pas un voyage en Chine, pas un taux de chômage de quatre et demi pour cent – qu’une … campagne… réaliste noire… Nous devons continuer à défendre la cause des Noirs au sein du Parti Démocrate.

Coup de chance, Muskie s’est retrouvé harcelé dans sa chambre d’hôtel en Floride, au cours de sa campagne pour les primaires dans cet état, par un piquet de Noirs “en colère” – lesquels étaient secrètement supervisés par la Maison-Blanche de Nixon – demandant rageusement que Muskie accepte de nommer un Afro-Américain candidat à la vice-présidence. [Source : le livre "Nixonland" de Rick Perlstein]. Et au moment même où Pat Buchanan et Nixon prenaient espoir – promettant même de l’argent pour que cet espoir se réalise – la sénatrice démocrate de New York Shirley Chisholm annonçait qu’elle se présentait en candidate indépendante à la présidence, la première femme afro-américaine à avoir jamais fait une pareille chose. Dans les fichiers secrets de la Maison-Blanche de Nixon, la candidature de Chisholm faisait partie de “l’Opération Charbon”, l’une des nombreuses opérations réunies sous la rubrique “Opération Pierre Précieuse” dont le sommet a été la pose de micros au Watergate, le quartier général de campagne du Parti Démocrate.

Il est déprimant de penser que ces révélations proviennent de conférences de la Maison-Blanche telles que celle-ci, enregistrée sur les bandes secrètes de Nixon :

LE 14 SEPTEMBRE 1971 : SONT PRÉSENTS LE PRÉSIDENT, HALDEMAN [CHEF DE CABINET] ET COLSON [CONSEILLER SPÉCIAL À LA MAISON BLANCHE]. DE 12H37MN À 13H32MN, DANS LE BUREAU OVALE

Nixon est toujours enragé contre l’Internal Revenue Service [agence qui s'occupe des revenus du gouvernement, NdT] et ses amis. Colson se joint alors à la conversation, proposant sa contribution particulière aux sales tours de la Maison-Blanche.

COLSON

Bon, Bob Brown a quelques amis qui porteront des pancartes dans les réunions de Muskie, [avec le slogan Carl] Stokes [le maire noir de Cleveland] vice-président. Cela soulève le problème -

HALDEMAN

Je vais bigrement espérer que Watts aille effectivement jusqu’au bout avec son projet de candidature noire à la présidence.

LE PRESIDENT NIXON

Moi aussi

HALDEMAN

En fait, Buchanan a fait une suggestion qui est pleine de bon sens, qui est que – il dit que si l’on est prêt à dépenser 50 millions de dollars dans cette campagne, alors 10 pour cent de cette somme, 5 millions de dollars, devraient être dévolus -

LE PRESIDENT NIXON

Au quatrième parti

HALDEMAN

- au financement d’un Noir -

COLSON

Shirley Chisholm et Julian Bond.

LE PRESIDENT NIXON

Croyez-vous que les Noirs vont voter pour un parti noir ?

HALDEMAN

Certains.

COLSON

Beaucoup d’entre eux spécialement si …

HALDEMAN

Rien que pour montrer que le parti Démocrate n’en a pas… Mais le point sur lequel insiste Pat est qu’il nous faut trouver un candidat viable – seulement s’ils trouvent un candidat viable. S’ils trouvent un Julian Bond -

LE PRESIDENT NIXON

Bon, laissez-moi faire une suggestion. Peut-être – 5 millions de dollars financeraient Eugene McCarthy.

HALDEMAN

Bon, c’est que Howard Stein travaille là-dessus. Il y a un bon article dans US News, ou Newsweek, ou quelque chose. Stein a exposé le plan de McCarthy qui est qu’il ne va pas entrer dans la course aux primaires, mais qu’il va entreprendre l’année prochaine une grande tournée de conférences, et qu’il ira à la convention comme peuple – à la convention démocrate comme candidat du peuple. Si, comme il s’y attend, il est rejeté par la convention, il prendra la voie du quatrième parti. Le problème est qu’il est trop tard pour prendre la voie d’un quatrième parti. Vous avez – il faut du temps pour avoir un quatrième parti qualifié… [Vous vous souvenez de Wallace ? Wallace a fait un superbe travail. C'est pourquoi avec un parti noir vous devez partir (inaudible), de cette façon ils ont les qualités requises pour -]

LE PRESIDENT NIXON

Très bien Bob. Notez tout ceci pour qu’on en discute – pas pour qu’on en discute mais pour qu’on agisse. Ils doivent financer et apporter leur contribution à la fois à McCarthy et à cette histoire de Noir.

COLSON

C’est sacrément une bien -

LE PRESIDENT NIXON

Nous reconnaissons que McCarthy – le Noir ne nous prendra aucune voix. Exactement comme les damnés Démocrates ont apporté leur contribution à [George] Wallace en Alabama. Ils l’ont fait, vous savez. Jésus Christ, ils priaient pour que Wallace gagne cette primaire.

HALDEMAN

Ouais.

COLSON

C’est sacrément une bien meilleure façon d’utiliser l’argent qu’une quantité de choses.

LE PRESIDENT NIXON

Oh, on dépense – gaspille l’argent dans toutes sortes de choses.

HALDEMAN

D’ac. Ce qu’il est en train de dire, vous savez, c’est qu’au lieu de quelques publicités à la télévision -

LE PRESIDENT NIXON

Absolument.

HALDEMAN

- on peut faire ça.

COLSON

Ou des panneaux d’affichage.

HALDEMAN

Parce qu’on aura besoin de publicités télévisées.

[Extraits de "Abus de Pouvoir : les Nouvelles Bandes Magnétiques de Nixon" par Stanley Kutler, chapeau à italkyoubored - M[ark]A[mes]

Avec ces attaques bizarres et la pression montant de tout côté rendant Muskie de plus en plus paranoïaque et énervé, les sales magouilleurs de Nixon ont fini par le détruire dans l’un de ces bizarres petits épisodes insignifiants qui, d’une façon ou d’une autre, se changent en armes, deviennent viraux, et détruisent le candidat. Un membre du CREEP de Nixon, peut-être Roger Stone, a envoyé une lettre bidon au rédacteur en chef du grand journal du New Hampshire à la veille de la cruciale primaire avancée qui avait lieu ici, prétendant qu’elle avait été écrite par un sympathisant de Muskie affirmant, mensongèrement, qu’il avait rencontré Muskie en Floride (où la Maison-Blanche de Nixon payait des Noirs pour faire le piquet devant l’hôtel de Muskie), et demandait à Muskie comment il lui était possible de comprendre les problèmes auxquels font face les Noirs américains, étant donné que son état du Maine avait si peu de représentants des minorités.

La fausse lettre, publiée en première page de l’Union-Leader, affirmait que Muskie avait grossièrement répondu que le Maine avait ses minorités, “pas des Noirs, mais nous avons des Canadiens français” – et, là-dessus, selon la fausse lettre, Muskie aurait éclaté de rire.

Comme Rick Perlstein le dit dans Nixonland, la calomnie a touché Muskie des deux côtés – en mettant les Noirs en pétard, mais aussi la considérable communauté des Canadiens français. Comme Perlstein l’a expliqué, “Muskie les aurait vus [les Canadiens français] comme les nègres de la Nouvelle-Angleterre.”

Peu de temps après, Muskie s’était prétendument effondré devant les caméras – tandis que la neige tombait sur son visage, il s’en était pris à la Maison-Blanche de Nixon, mais certains journalistes des chaînes nationales avaient qualifié par erreur les flocons de neige qui fondaient sur le visage de Muskie de larmes, et avaient qualifié sa colère d’« effondrement ». Muskie était fini. Un peu comme Howard Dean, candidat en tête pour le Vermont en 2004, qui s’est retrouvé grillé par une ou deux de ses tentatives « criardes » de s’attirer des soutiens [allusion à ce qui est connu dans l'histoire des présidentielles américaines comme la gaffe de Dean, où il aurait conclu un discours par un cri "yeah !" sur un drôle de ton, ce qui fait que son discours aurait été ensuite malicieusement appelé le "I have a scream" (scream = cri) discours, pastiche du célèbre "I have a dream", NdT], et par l’accusation d’être anti-Noirs proférée pendant les débats par Al Sharpton.

Comme il est apparu par la suite, Al Sharpton était entré dans la course aux primaires de 2004 comme employé de et aux ordres de Roger Stone, qui dirigeait les attaques de la politique raciale de gauche contre Howard Dean. Et comme le New York Times l’a révélé cette année, c’était Donald Trump qui avait eu le mérite de présenter Al Sharpton – anciennement indicateur pour le FBI – à son vieil ami et lobbyiste, le sale magouilleur du Grand Vieux Parti, Roger Stone.

Mais je prends de l’avance ici. Revenons à Roger Stone, jeune homme dynamique des NixonJugend [Jugend, en allemand dans le texte, souvenir des Hitler-Jugend, "jeunesses hitlériennes", NdT]. Après que Nixon eut été jeté, Stone trouva du travail comme président national des Jeunes Républicains, s’occupant de caisse noire pour Reagan dans la campagne de 1981 contre le président en titre Jimmy Carter. La réussite de cette élection dont Stone s’est montré le plus fier est d’avoir travaillé avec l’homme de main de Joe McCarthy, Roy Cohn, et un gangster du nom de Fat Tony Salemo, pour acheter le plus grand troisième parti de New York, le Parti Libéral, afin qu’il mette sur sa liste le plus populaire des candidats du troisième parti à cette élection, John Anderson. Des décennies plus tard, Stone se souvient toujours avec attendrissement de Roy Cohn :

Il se contrefoutait éperdument de ce que pensait les gens, tant qu’il pouvait exercer le pouvoir. Il jouait des chroniqueurs mondains comme d’un orgue.

Roger Stone voulait avoir le principal candidat du troisième parti au vote de New York. John Anderson était l’un de ces sérieux Républicains centristes de Midwest qui passeraient pour des Démocrates libéraux aujourd’hui. L’opinion reçue du temps était que Anderson tirait ses voix de membres du parti Républicain de Reagan, mais des sondages privés, et l’expérience de Stone à diriger des « pigeons du troisième parti » lui disait ce qu’il en était véritablement : Anderson drainait les voix du parti Démocrate du Président Jimmy Carter.

Le problème de Stone était que John Anderson tardait trop à faire mettre son nom sur les listes pour le vote dans l’état de New York. Donc, travaillant avec Roy Cohn et Fat Tony, le représentant officiel de la campagne de Reagan acheta les chefs du parti libéral pour faire en sorte qu’ils placent le nom d’Anderson sur la liste. Voici comment Stone raconte cette histoire au Weekly Standard :

Stone, qui depuis l’époque des élections dans sa classe au lycée avait toujours été un fervent défenseur du recrutement de candidats-poires pour semer la division dans le soutien à l’autre gars, se souvient d’avoir suggéré à Cohn que s’ils pouvaient trouver un moyen pour que Anderson soit le candidat du Parti Libéral à New York, avec Jimmy Carter donnant le feu vert du Parti Démocrate, Reagan pourrait gagner l’état dans une élection triangulaire. « Roy dit ‘laisse-moi y réfléchir’ » Puis Cohn lui a dit « il te faut aller voir tel avocat – un avocat qui restera anonyme – et voir quel est son chiffre. J’ai dit, “Roy, je ne comprends pas” et Roy a dit “combien il veut, pauvre idiot”. » Stone se montra réticent quand il découvrit que le type voulait 125 000 dollars en espèces pour graisser les pattes, et Cohn voulait savoir où était le problème. Stone lui dit qu’il n’avait pas cette somme, et Cohn lui répondit « ce n’est pas le problème. Comment veut-il les recevoir ? »

Cohn envoya Stone faire une course quelques jours plus tard. « Il y a une mallette, » dit Stone. « Je ne regarde pas dans la mallette… Je ne sais même pas ce qu’il y a dans la mallette… J’emporte la mallette au cabinet de l’avocat. Je la dépose là. Deux jours plus tard, il y a une convention. Les Libéraux décident que John Anderson sera leur candidat à la présidentielle. Il y a maintenant une élection triangulaire dans l’état de New York. Reagan gagne avec 46 pour cent des voix. J’ai payé son cabinet d’avocats. Honoraires légaux. Je ne sais pas comment il s’y est pris pour l’argent, mais quoi qu’il ait fait, le Parti Libéral est arrivé à la bonne conclusion en dehors de considérations de principe.

[Rétrospectivement, Stone] semble se porter assez bien – maintenant qu’il y a des lois sur la prescription. Il cite une des Règles de Stone, au fait, elle est de Malcom X « fondamentalement son frère » : « par tous les moyens nécessaires ». « Reagan a gagné dans l’état de New York, nous avons sauvé le pays » déclare Stone avec une discrétion caractéristique. « [Plus de] Carter aurait été un désastre absolu. »

En d’autres termes, Stone se vante d’acheter la démocratie américaine, en utilisant la pègre et les candidats du troisième parti. C’est drôle, parce que au cours du débat au parti Républicain la semaine dernière, Trump s’est vanté d’acheter la moitié des candidats républicains aussi bien qu’Hillary Clinton et Nancy Pelosi, et d’avoir toutes les entrées qu’il voulait en donnant de l’argent… et il a aussi refusé d’exclure la possibilité de sa candidature comme représentant du troisième parti.

En 1988, Roger Stone était un grand lobbyiste de Washington DC, travaillant pour Black, Manaford & Stone, dont la liste des clients dictateurs comprenait Mobutu du Zaïre, le dictateur déchu Ferdinand Marcos, le dictateur déchu de la Somalie, et le voyou des escadrons de la mort de l’Angola, soutenu par les partisans de l’apartheid, et brûleur de sorcières, Jonas Savimbi. Stone est crédité pour une part dans la création de la plus fameuse des publicités politiques racistes des temps modernes, conçue pour aider à la réélection de George Bush père en 1988 – la publicité mettant en avant Willie Horton [un Noir condamné à la prison à vie pour meurtre, et qui, à l'occasion d'une permission qui lui avait été accordée, avait perpétré une attaque à mains armées et commis un viol, NdT] utilisée pour terrifier les électeurs blancs américains en les conduisant à croire que le président Dudakis allait ouvrir les prisons les fins de semaine, permettant aux criminels sexuels noirs d’en prendre à leur aise dans les banlieues blanches, violant et étranglant les femmes blanches par goût des émotions fortes.

A cette époque, Trump avait déjà commencé à travailler avec Roger Stone. Tous les deux étaient de grands admirateurs de Roy Cohn ; tous les deux se plaisaient à parler en public comme des personnages de la mafia, regardant les gens normalement se pâmer à leur numéro de machos. Mais plus que tout, tous les deux étaient intéressés à se faire du fric avec la montée en flèche des casinos.

Parfois ceci signifiait acheter les faveurs d’hommes politiques pour obtenir l’autorisation d’ouvrir des casinos ; parfois ceci signifiait mener de sales campagnes pour obtenir la fermeture de casinos concurrents. C’est ce qui s’est passé en 2000, quand Trump et Stone ont été condamnés à une amende de 250 000 dollars pour avoir mis sur pied un faux groupe prête-nom de « valeurs familiales » à New York, l’Institut pour la Loi et la Société, afin de piloter une série de publicités racistes contre le projet d’ouverture d’un casino indien dans les Catskills [dans l'état de New York, à 160 kilomètres de la ville, NdT] dont Trump craignait qu’il ne concurrence ses casinos d’Atlantic City.

Donc, Trump et Stone aiguillonnèrent le racisme anti-indien pour protéger les affaires de Trump. La publicité qu’ils diffusèrent montrait la sombre photo d’une seringue hypodermique et des ustensiles de drogué, et le texte mettait en garde :

La tribu Mohawk de St. Regis propose d’ouvrir un casino près du champ de courses de Monticello dans le comté de Sullivan.

Que savez-vous vraiment des indiens Mohawk de St. Regis ?

Sont-ce là les voisins que vous voulez ? Le passif criminel des Indiens mohawks de St. Regis est bien documenté. Ce casino qu’on veut ouvrir à Monticello apportera une augmentation du crime et de la violence au comté de Sullivan.

Cette année là, l’an 2000, a été une année de grande activité pour l’association Donald Trump-Roger Stone.

Stone avait été engagé dans la campagne de George W. Bush pour mener deux importantes magouilles que l’on connaît : le sabotage du recomptage des votes de la Floride, en se servant d’une foule de Cubains « en colère » et de Républicains bon chic bon genre pour vociférer contre un recomptage dans un Miami tenu en laisse et interrompre son cours, ce que Stone – embauché pour ce travail par James Baker – avait réussi.

Comment Roger Stone et Donald Trump ont détruit les rivaux potentiels de George W. Bush en 2000 est moins bien connu. Cette année-là, George W. Bush affrontait deux menaces identifiées, et Roger Stone avait reçu pout tâche de les neutraliser : Pat Buchanan, dont la candidature en 1992 avait presque bloqué le père de Bush dans les primaires, et le Parti de la Réforme de Ross Perot, qui avait drainé suffisamment de voix en 92 et 96 pour assurer les victoires de Clinton.

Donc, dans les temps qui ont précédé l’élection de 2000, Roger Stone a astucieusement persuadé Pat Buchanan de prendre le contrôle du Parti de la Réforme de Perot, puis s’est servi de son ami Donald Trump pour mener une campagne rivale contre Buchanan pour la candidature du Parti de la Réforme – pour finalement abandonner la course et attaquer le Parti de la Réforme de Buchanan comme fosse d’aisance pleine de racistes et d’amoureux de Hitler. Stone avait introduit des taupes comme William Von Raab, secrètement financé par Trump, dans la campagne de Buchanan, selon le journal Village Voice.

L’opération avait fini par détruire l’image de marque du Parti de la Réforme et à l’enterrer pour de bon, le rendant beaucoup trop foireux pour un dépôt de candidature tardif de Ross Perot. Le président du Parti de la Réforme, Pat Choate, avait appelé « l’opération Trump/Stone » une « sale magouille des Républicains » destinée à « dégoûter les gens et les faire fuir du Parti de la Réforme. Ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour semer la pagaille. »

Le fait, cependant, est que ça avait marché : le Parti de la Réforme et Pat Buchanan n’ont causé absolument aucun tort à la candidature de George W. Bush en 2000, à la différence de l’effet produit sur celle de Al Gore par Ralph Nader.

Après avoir neutralisé le Parti de la Réforme et bloqué le recomptage en Floride avec sa foule de location « habillée par Brooks Brothers » [Brook Brothers, célèbre et ancienne maison de mode masculine, NdT], Roger Stone a reçu en récompense du Président Bush la charge des offres d’emploi du Bureau de Affaires Indiennes de l’équipe de transition de Bush-Cheney en 2004. Même là, Trump a fait une fleur à Stone, signant de son nom une fausse lettre écrite par Stone afin de couler la nomination du « mauvais » chef des tribus indiennes, qui n’était pas l’homme de Stone. La fausse lettre signée Trump a assuré la nomination de l’homme de Stone, Neal McCaleb, à la tête du Bureau des Affaires Indiennes. Le chef indien dont la nomination a été anéantie par la lettre du duo Trump-Stone s’est plaint plus tard au Village Voice :

« J’ignore pourquoi Trump a fait ça », déclare Martin, qui n’a jamais parlé à Trump. « Je ne crois pas que lui et moi ayons jamais été dans la même ville en même temps. »

Au début de 2004, quand l’ancien gouverneur du Vermont et le candidat clairement anti-guerre Howard Dean étaient en train d’électriser les Démocrates et les électeurs anti-guerre, posant une menace potentiellement mortelle à la campagne de Bush, Roger Stone finança secrètement et pris dans son équipe Al Sharpton et l’envoya aux primaires du Parti Démocrates pour calomnier Howard Dean faire perdre toute vie à cette campagne. Ça a marché.

Citons encore une fois le grand reportage de Wayne Barrett dans le Village Voice en 2004 :

Pendant que les forces de Bush, telles que le Club pour la Croissance, achetaient des publicités dans l’Iowa attaquant le favori Howard Dean, Sharpton occupait le centre de la scène dans un débat mettant Dean face au problème de l’absence de Noirs dans son cabinet du Vermont. Stone a déclaré au Times qu’il avait « contribué à définir le ton et la direction » des attaques contre Dean, pendant que Charles Halloran, le responsable de la campagne de Sharpton mis en place par Stone, fournissait la documentation. Tandis que d’autres opposants Démocrates s’en prenaient aussi à Dean, aucun ne le faisait sur les avis d’un conseiller qui avait travaillé dans toutes les campagnes du Parti Républicain depuis son implication dans le scandale du Watergate en 1972, et y compris dans toutes les campagnes de la famille Bush.

Le Times citait Trump en 2004 s’attribuant le mérite d’avoir présenté Al Sharpton à Roger Stone. Mais c’est le reportage sans pitié de Barrett sur les « jeunes hommes grimés en Noirs » de Sharpton – les légions de provocateurs raciaux Républicains qui procuraient de l’argent et des ressources à la candidature anti-Howard Dean de Sharpton – qu’il vaudrait la peine de relire aujourd’hui, puisqu’on est déjà en train de voir quelques coups comme l’utilisation de militants noirs du Tea Party pour nous jouer la même vieille carte du racisme et par là saboter et retirer la joie de vivre à un autre candidat populaire du Vermont, Bernie Sanders…

La dernière chose que souhaitent les libéraux et les gauchistes est d’être pris à critiquer un quelconque chef politique noir, même si ce chef est une taupe de droite et un indic du FBI comme Al Sharpton. Comme Barrett le rappelait à ses lecteurs en 2004,

Sharpton et Stone sont, en un sens, fondamentalement frères, personnalités étranges trop vastes pour être limitées par les contraintes qui gouvernent le reste d’entre nous. Stone était l’agent déclaré pour les services de renseignements argentins aux États-Unis, s’arrangeant pour sortir des histoires d’espions ; Sharpton était secrètement un informateur du FBI, mettant sur écoute les meneurs noirs pour le compte des agents fédéraux. Stone passe pour amateur de mode, s’habillant comme un dandy hip-hop ; Sharpton, ayant remisé sa chaîne d’or et sa tenue de jogger, a maintenant l’air d’un banquier convaincant. Stone a participé au Watergate à l’âge de 19 ans ; Sharpton était un jeune prédicateur prodige. Le mentor de Stone des jours de sa jeunesse était Roy Cohn ; celui de Sharpton James Brown. Sharpton est un ministre du culte sans église ; Stone est presque sans racine, ayant quitté la puissante firme de Washington qu’il avait contribuée à créer il y a des années [Black, Manaford & Stone, en 1982, NdT]. Chacun se réinvente tous les jours, si ce n’est toutes les heures, comme si rien de leur passé n’avait d’importance.

Dans leur dernière incarnation, Al Sharpton est un libéral noir et un Démocrate loyaliste de la chaîne de télévision MSNBC ; Stone est un farceur Libertarien combattant la mainmise des deux partis ; et Donald Trump est un populiste de droite secouant le système parce que, quelle surprise, il ne s’en soucie pas et qu’il a aucun besoin de s’en soucier.

C’est une façon très sotte et très naïve de présenter les choses.

Une autre façon serait celle-ci : Donald Trump et Roger Stone ont passé les dernières décennies à arnaquer le public en exploitant les dissensions – politique contestataire, violences contestataires. Jusqu’à présent, il y a eu un but et une logique constante à toutes leurs perverses magouilles « opération Trump/Stone » : faire élire le candidat Républicain traditionnel, et enrichir Trump et Stone.

Croyez-vous vraiment que cette élection ait quoi que ce soit de différent ?

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/dans-les-coulisses-du-show-donald-trump-roger-stone/


Sous couvert de lutter contre ISIS, “l’Occident” se prépare à attaquer ouvertement la Syrie

Saturday 12 September 2015 at 02:22

Source : Le Grand Soir, le 6 septembre 2015.

Mise à jour ci-dessous

La chancelière allemande Angela Merkel a déclenché une avalanche de migrants en annonçant que l’Allemagne était ouverte, et en rompant l’accord de Dublin sur les demandeurs d’asile en Europe. Une campagne médiatique a suivi et des milliers de migrants en provenance de Syrie sont désormais accompagnés à travers l’Europe par des dizaines de journalistes qui rapportent chacun de leurs mouvements aux nouvelles du soir – y compris à l’aide de photos truquées (en allemand). Personne ne demande aux migrants pourquoi ils quittent la Turquie, où la plupart se trouvait tous ces derniers mois ou années, ni qui leur a donné de l’argent.

Je me suis demandé quel pouvait être le but de cette campagne médiatique. Il semble maintenant clair qu’il s’agit de préparer le public européen à une guerre ouverte contre la Syrie, son gouvernement et son peuple.

Les éditeurs du Guardian s’appuient sur la crise migratoire fabriquée de toutes pièces pour dire qu’il faut faire “quelque chose”. Comme ils n’ont pas peur du ridicule, ils commencent par nous rappeler que la fausse campagne pour une “zone d’exclusion aérienne” contre la Libye a provoqué le chaos dans le pays et poussé davantage de réfugiés sur les routes, pour ensuite exiger une campagne similaire en Syrie. Une voix britannique plus sensée nous rappelle que l’ingérence “occidentale” au Moyen-Orient est la cause, pas la solution, des catastrophes actuelles.

Mais la BBC nous apprend que le gouvernement britannique se prépare à la guerre contre la Syrie en dépit d’un vote antérieur du parlement contre une telle décision :

Les ministres vont commencer à étudier une action militaire britannique en Syrie, la semaine prochaine – Downing Street veut passer à la “prochaine étape” contre le soi-disant Etat islamique – selon la BBC.

La France est, bien sûr, à bord :

La crise des réfugiés en Europe, en grande partie causée par le grand nombre de personnes fuyant la guerre civile en Syrie, l’échec de la lutte contre l’État islamique et l’influence croissante de la Russie dans la région, pourraient provoquer un changement de politique, indique Le Monde, en précisant que Hollande a discuté de la question avec les responsables de la Défense, lors d’une réunion, vendredi.

La campagne sera “conduite” par les Etats-Unis et elle ne sera pas contre l’Etat islamique. Les Etats-Unis ont laissé croître l’Etat islamique délibérément et leur campagne de bombardement actuelle de l’EI est pour le moins timide. Ils empêchent également la milice chiite irakienne d’attaquer l’État islamique à Ramadi et Falloujah. L’attaque qu’ils préparent sera une attaque contre le gouvernement syrien et son peuple. l’État islamique et la “crise des réfugiés” ne sont qu’un prétexte commode.

Pour accentuer l’urgence artificielle de bombarder maintenant, maintenant, maintenant, on répand la rumeur que la Russie envoie un grand nombre d’avions de chasse et des troupes en Syrie. On a “rapporté” que de nouveaux avions de combat russes arrivaient en Syrie, même si aucun n’a jamais été vu. Le transport, régulier depuis deux ans, de matériel pour l’armée syrienne par des navires russes est soudain médiatisé. De vieilles photos des médias sociaux de quelques soldats russes en Syrie même fausses sont soudain “découvertes” et présentées comme “preuves” des mauvaises intentions russes. Les Russes nient tout mouvement d’avions de chasse ou de contingents de troupes vers la Syrie.

Les Russes ont aussi eu des entretiens avec diverses personnalités de l’opposition syrienne et avec plusieurs des pays voisins de la Syrie. Poutine a proposé un nouveau plan qui inclurait la Syrie et la Russie dans une campagne contre l’Etat islamique et ainsi saboterait les projets américains de changement de régime :

Le président syrien Bachar al-Assad a accepté d’organiser des élections législatives anticipées et de partager une partie de son pouvoir avec ses adversaires, une concession qui peut faciliter une coalition internationale plus large contre l’Etat islamique, a dit le président russe Vladimir Poutine.

La Russie envisagerait de participer à la coalition et le président russe a déjà discuté de la question avec le président américain Barack Obama, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi, a déclaré Poutine aux journalistes à Vladivostok, vendredi. La Russie voudrait élargir encore la coalition contre l’État islamique en y incluant Assad, mais les États-Unis et l’Europe s’y opposent.

Les États-Unis n’ont pas donné de réponse officielle au plan de Poutine. Il serait bien sûr tout à fait logique que le gouvernement syrien et la Russie soient partie prenante d’une véritable lutte contre l’État islamique. En annonçant publiquement son plan, la Russie montre que le combat contre l’Etat islamique n’est pas une priorité pour les États-Unis qui préfèrent poursuivent leur plan à long terme de détruire la Syrie.

M. Poutine a également démenti les rumeurs de mouvements de troupes :

“Il est trop tôt” pour parler d’action militaire russe en Syrie, même si “nous envisageons diverses options”, a déclaré Poutine. La Russie aide activement le gouvernement Assad en lui fournissant des armes et des formations militaires, a-t-il dit.

Je pense que le fait que Poutine dise “envisager différentes options” est un d’avertissement. Mais je ne pense pas que la Russie s’engage pleinement en Syrie. La Russie craint à juste titre que les Etats-Unis ne l’enferment dans un nouveau “piège Afghan”. Mais la Russie pourrait avoir d’autres moyens de renforcer la défense aérienne de la Syrie ou de saboter les plans d’attaque US. Pour l’heure, semer la peur et le doute sur le projet US est la meilleure façon de procéder.

Mise à jour :

Le département d’État vient de sortir ce communiqué sur l’entretien du Secrétaire Kerry avec le ministre des Affaires étrangères Lavrov :

Le Secrétaire a appelé le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov, ce matin, pour parler de la Syrie et de la préoccupation des États-Unis concernant des rapports suggérant un renforcement militaire russe dans ce pays. Le Secrétaire a dit clairement que si ces rapports étaient exacts, ces actions pourraient aggraver encore le conflit, augmenter le nombre de victimes innocentes, accroître les flux de réfugiés et engendrer une confrontation avec la coalition l’anti-ISIL opérant en Syrie.

Les deux hommes ont convenu que les discussions sur le conflit syrien se poursuivraient à New York plus tard dans le mois.

“Pourraient engendrer une confrontation avec la coalition anti-ISIL opérant en Syrie “. Exactement. Et cela rend certaines personnes à la Maison Blanche et au Pentagone vraiment nerveuses.

Si nerveuses que Kerry voudrait en “discuter” davantage.

“Hey Sergey, tu n’es pas sérieux. Ah, si ? Alors on en reparle ?”

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

Source: http://www.les-crises.fr/sous-couvert-de-lutter-contre-isis-loccident-se-prepare-a-attaquer-ouvertement-la-syrie/


Revue de presse du 12/09/2015

Saturday 12 September 2015 at 00:25

La revue cherche toujours des volontaires… merci à nos contributeurs et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-12092015/


[Entraide] Rédacteur, Cameraman

Friday 11 September 2015 at 09:30

Bonjour – 2 appels à l’entraide aujourd’hui

Rédacteur

J’ai énormément de peine, comme vous le voyez, à trouver du temps pour rédiger tous les articles qui me semblent importants.

J’aimerais bien trouver une ou deux personnes, avec de bonnes capacités de recherche et de rédaction, un bon esprit critique (se retrouvant dans ce que je fais en général), avec un peu de temps et beaucoup de motivation, sur qui je puisse m’appuyer…

Cameraman

J’aimerais réaliser de temps en temps (1 fois par mois ?) des interviews filmées. Si vous êtes donc en région parisienne, et que vous avez du matériel de qualité (surtout pour l’audio), merci de vous faire connaitre…

Contact

Contactez-moi ici en indiquant en objet le sujet sur lequel vous vous proposez…

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-redacteur-cameraman/