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[Vidéo] Syrie : prise de judo de Poutine sur Obama

Saturday 17 October 2015 at 04:01

Un intéressant (et long) débat sur la Syrie :

Intervenants :
* Jacques Cheminade, président de S&P ;
* colonel (c.r.) Alain Corvez, conseiller en stratégie internationale ;
* Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France ;
* Bassam Tahhan, islamologue et géostratège ;
* Christine Bierre, rédactrice-en-chef de Nouvelle Solidarité.

Source: http://www.les-crises.fr/video-syrie-prise-de-judo-de-poutine-sur-obama/


[70e AG ONU] Cuba + Venezuela + Chili : “L’État providence qu’on nous proposait comme le modèle à suivre a même pratiquement disparu dans les pays industriels.”

Saturday 17 October 2015 at 01:36

Cuba – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Raúl Castro Ruz, Président de Cuba, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Mesdames et Messieurs les chefs d’États et de gouvernement, Mesdames et Messieurs les chefs de délégations, M. le Secrétaire des Nations-Unies, M. Le Président.

Voilà 70 ans qu’en tant que membre des Nations-Unies nous avons souscrit à la Charte des Nations-Unies. Au nom des peuples nous nous sommes engagés à préserver les générations futures du fléau de la guerre et à mettre en place une nouvelle modalité de relation dans le cadre d’un ensemble de buts et principes appelés à augurer une époque de paix, de justice et de développement pour toute l’Humanité.

Cependant, depuis lors, les guerres d’agression, les faits d’ingérences dans les affaires intérieures des États, le renversement par la force de gouvernements souverains, les coups d’États “en douceur” comme on les appelle et la colonisation de territoires n’ont pas cessés, ont été perfectionnés avec des recours à des méthodes non classiques et à des nouvelles technologies, sous prétexte de violations des droits de l’homme. La militarisation du cyber-espace et l’emploi secret et illégal des nouvelles technologies de l’informatique et des communications en vu d’agresser d’autres États sont inacceptables, tout comme le sont la dénaturation de la promotion de la protection des droits de l’homme et l’utilisation de ces concepts de manière sélective et discriminatoire en vu de valider et d’imposer des décisions politiques.

Bien que la Charte nous appelle à proclamer notre foi dans les droits de l’Homme, dans la dignité de la personne humaine, le respect des droits de l’Homme reste une utopie pour des millions de personnes. On refuse à l’Humanité le droit de vivre en paix et le droit au développement. C’est dans la pauvreté et les inégalités qu’il faut aller chercher la source des conflits, des conflits causés d’abord par le colonialisme et l’asservissement de populations autochtones. Puis par l’impérialisme et le partage du monde en sphère d’influence.

L’engagement que nous avons pris en 1945 de favoriser le progrès social et d’instaurer de meilleures conditions de vie pour les peuples et de promouvoir leur développement économique et social reste une chimère quand on sait que 795 millions de personnes vivent dans la faim. Que 781 millions d’adultes sont analphabètes et que 17.000 enfants meurent chaque jour de maladies curables tandis que les dépenses militaires à l’échelle internationale se chiffrent chaque année à 1 700 milliards de dollars. Une fraction seulement de cette somme permettrait de régler les problèmes les plus brûlants de l’Humanité. L’État providence qu’on nous proposait comme le modèle à suivre a même pratiquement disparu dans les pays industriels. Les systèmes électoraux et les partis traditionnels, qui dépendent de l’argent et de la publicité, ne cessent de s’éloigner toujours plus des aspirations des peuples concernés.

Les changements climatiques mettent en péril jusqu’à l’espèce humaine. Les États doivent donc assumer des responsabilités communes mais différenciées devant une réalité incontournable. À savoir que tous les pays ne sont pas pareillement responsables, ni ne gaspillent de la même façon les ressources naturelles et humaines dans une surconsommation irrationnelle et insoutenable. Les conséquences des changements climatiques sont particulièrement dévastatrices pour les petits états insulaires en développement. Et imposent des tensions supplémentaires à leurs économies déjà fragiles. Il en est de même en Afrique où la désertification ne cesse de s’étendre inexorablement Nous sommes solidaires de nos frères caribéens qui doivent recevoir un traitement spécial et différencié. Nous appuyons les pays africains envers lesquels nous réclamons un traitement juste, un transfert de technologies et de ressources financières.

M. le Président, la création de la Communauté des États Latinoaméricains et Caribéens, CELAC et notamment l’adoption à son 2e sommet de la Havane en janvier 2014 de la proclamation de l’Amérique latine et des caraïbes comme zone de paix ont montré qu’il est possible en dépit de nos différences de progresser vers l’unité et vers nos objectifs communs dans le respect de la diversité. Dans cette proclamation nous avons réaffirmé notre attachement indéfectible aux principes de la Charte des Nations-Unies et du droit international. Notre engagement à régler de manière pacifique nos différends et notre conviction que le respect total du droit inaliénable de chaque État de choisir son système politique, économique, social et culturel constitue une condition sine qua non de la coexistence pacifique entre les Nations. Nous avons demandé que ces principes servent aussi de base aux relations des autres États avec notre région.

Nous réaffirmons ici notre totale solidarité avec la république bolivarienne du Vénézuéla face aux tentatives de déstabiliser ce pays et d’y miner l’ordre constitutionnel ainsi que d’y détruire l’oeuvre commencé par le Président Hugo Chavez et poursuivie par le Président Madoro en faveur du peuple vénézuélien. Dans le même esprit nous nous solidarisons fermement et de façon inconditionnelle avec la République de l’Équateur, avec sa révolution citoyenne et avec son Président Raphael Correa Delgado qui est devenu la cible du même scénario de déstabilisation déjà écrit contre d’autres états progressistes de la région. Nous nous solidarisons avec les Nations caribéennes qui réclament à juste titre une indemnisation pour les horreurs de l’esclavage et de la traite des nègres. D’autant que la discrimination raciale et la répression visant les communautés d’ascendance africaine s’amplifient dans notre monde.

Nous réaffirmons qu’à nos yeux le peuple portoricain doit être libre et indépendant après plus d’un siècle de domination coloniale.

Nous sommes solidaires de la République Argentine qui réclame en toute légitimité le retour sous sa souveraineté des îles Malouines, Sandwich du Sud et Géorgie du Sud.

Nous réitérons notre appui solidaire à la Présidente Dilma Roussef et au peuple brésilien qui défendent leurs acquis sociaux si importants et la stabilité de leur pays.

Nous rejetons et condamnons de nouveau les visées de l’OTAN qui veut s’étendre jusqu’aux frontières de la Russie tout comme les sanctions unilatérales imposées injustement à cette Nation.

Nous nous félicitons de l’accord conclu avec la République Islamique d’Iran sur le dossier du nucléaire, un accord qui prouve que le dialogue et les négociations sont les seuls instruments efficaces pour régler les différends entre états.

Nous redisons notre confiance envers le peuple syrien que nous croyons capable de régler par lui-même ses différences et nous demandons que cessent les actes d’ingérence extérieure.

Un règlement juste et durable au conflit qui secoue le Moyen-Orient exige cet incontournable que le peuple palestinien puisse exercer vraiment son droit inaliénable à bâtir son propre état dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Nous appuyons énergiquement un tel règlement. Les vagues de réfugiés, images bouleversantes qui déferlent depuis des semaines sur les côtes européennes, sont une conséquence directe de la déstabilisation que l’OTAN a engagée et dont elle continue d’être responsable dans des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. C’est aussi là la conséquence du sous développement et de la pauvreté qui règnent dans certains pays africains. L’UE dit assumer pleinement et sans délais ses responsabilités dans cette crise humanitaire qu’elle a contribué à générer.

M. le Président c’est parce que le peuple cubain a su résister dans l’héroïsme et le sacrifice pendant 56 ans aux États-Unis que les relations diplomatiques ont pu être renouées entre les deux pays. Et les ambassades ont pu être réouvertes dans les capitales respectives. S’enclenche maintenant une évolution longue et complexe vers la normalisation de nos relations, laquelle ne sera réalité que lorsque le blocus économique, commercial et financier imposé à notre pays sera levé, que le territoire occupé illégalement par la base navale des États-Unis dans la baie de Guantanamo nous sera rendue, que les émissions de radio et de télévision ainsi que les programmes de subversion et de déstabilisation auront cessés et que notre peuple aura été indemnisé pour les pertes humaines et économiques qu’il aura enduré. Tant que le blocus durera nous continuerons à présenter aux Nations-Unies le projet intitulé ” Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique “.

Je réitère la gratitude infinie du peuple et du gouvernement cubain aux 188 gouvernements et peuples qui n’ont cessé d’appuyer notre juste demande, ici et dans différentes instances internationales et régionales. Merci pour leur appui indéfectible.

M. le Président, Cuba fête dans un engagement profond le 70 anniversaire des Nations-Unies. Nous reconnaissons que des efforts ont été consentis durant des années bien qu’ils aient été insuffisants pour préserver les générations présentes et futures du fléau de la guerre et pour garantir leur droit au développement durable sans exclusion.

L’ONU doit être préservée de l’unilatéralisme et réformée de fond en comble pour qu’elle devienne démocratique et plus proche des peuples .Comme Fidel Castro Ruz l’a affirmé dans cette même salle voilà 15 ans, Fidel Castro leader historique de la révolution cubaine, je cite :

“N’importe qui peut comprendre que l’objectif fondamental des nations Unies en ce siècle qui commence est de préserver le monde non seulement de la guerre mais aussi du sous développement, de la faim des maladies de la pauvreté et de la destruction des ressources naturelles indispensables à la vie humaine. Et les nations du monde doivent se hâter avant qu’il ne soit trop tard”. Fin de citation.

La Communauté Internationale pourra toujours compter sur la voix sincère de Cuba pour dénoncer l’injustice, les inégalités, le sous développement, la discrimination, les manipulations et pour réclamer l’instauration d’un ordre international plus juste et plus équitable réellement axé sur l’être humain sur sa dignité et sur son bien-être.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Venezuela – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E.M Nicolás Maduro Moros, Président de la République bolivarienne du Venezuela, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les représentants des gouvernements, Mesdames et Messieurs des Nations unies, cette année 2015 est à nouveau le témoin de faits nouveaux qui [sont] l’aboutissement d’une immense bataille menée par nos peuples, et ce, pour mener une vie de dignité, pour ouvrir la voie à une nouvelle ère, à un monde qui respecte l’identité plurielle de nos peuples.

Cette année 2015, nous célébrons au Venezuela les 200 années d’une charte prophétique, d’un document prophétique rédigé par notre libérateur, Simón Bolívar. Cette charte écrite à Kingston, territoire magnifique des Caraïbes, et ce, il y a 200 ans. Justement, au moment où les forces libératrices commençaient à se soulever des profondeurs de l’histoire, et ce, après 300 années de domination coloniale sur nos terres, aujourd’hui les caraïbes, l’Amérique latine.

Ces forces libératrices, avec les grands libérateurs qui se sont soulevés, Simón Bolívar, ont permis de définir la nature de la lutte à mener, définir la route à suivre, et ce, il y a 200 ans, et donc, Simón Bolívar, avec ce document de la Jamaïque, a bien défini les éléments d’une géopolitique américaine, non pas impériale, non pas coloniale, on pourrait dire avec des concepts du 21e siècle. Dans ce document de la Jamaïque, Simón Bolívar a défini une politique anti-impérialiste, anticoloniale et il a énoncé les principes fondateurs d’une thèse géopolitique que nous avons fait nôtre depuis 200 ans. La nécessité d’édifier un équilibre dans l’univers, créer un monde d’équilibre, un monde de justice, un monde de paix. 200 années durant lesquelles nous avons été inspirés par ce document prophétique. Ce document, nous voulons l’amener ici.

Il y a quelques jours, le Pape François, dans cette enceinte commune de l’humanité, a renouvelé le même message, pour une nouvelle géopolitique, un nouveau concept, un nouveau monde, dont l’humanité a besoin, une géopolitique de respect des peuples, de l’identité des modèles qu’ils ont choisi, une politique de coexistence, une politique de paix dans la justice, dans l’égalité, une politique qui rejette toute tentative d’hégémonie, que ce soit par la voie de la menace ou l’utilisation de la force, qui vise à instaurer une hégémonie financière, économique, culturelle, militaire et politique. Vouloir l’imposer à notre monde.

Nous avons célébré ces derniers jours le 70ème anniversaire de l’ONU. 70 années qui ont vu se dérouler un film extrêmement rapide. 70 années de recherches, qu’ait jamais entreprises l’humanité, pour essayer de réguler les relations humaines, d’édifier sur cette planète un monde qui correspond à nos aspirations à tous. Sans exclusion, sans aucune discrimination. 70 années, il faut le dire, où il y a eu quelques victoires pour l’humanité. 70 années de vie des Nations unies, depuis sa naissance en 1945, au moment où la charte des Nations unies a été rédigée. Après la tragédie de la 2nde guerre mondiale, avec cette mémoire encore fraiche dans les esprits de cette terrible guerre qui a détruit la moitié de la planète, qui a vu tomber des innocents par millions, l’humanité s’est alors rassemblée pour rédiger cette charte, et avec cette charte, essayer de donner vie à un rêve. 70 années de vie de la charte des Nations unies qui reste[nt] d’actualité, et qui dit[sent] ceci : «  Nous, les peuples des Nations Unies, décidés à épargner à l’humanité le fléau de la guerre. »

Nous, les peuples des Nations unies, disposés aujourd’hui en 2015 aussi, à sauver l’humanité du fléau de l’inégalité, de la misère, du pillage qui sont véritablement les causes de toutes les guerres que l’humanité a connues. 70 années qui ont vues naitre le monde bipolaire, c’est ainsi qu’on l’appelle, deux blocs qui se sont formés et qui ont marqué la décennie des années 40, 50, la guerre froide, les années 60, les années 70, la guerre froide et ses séquelles dues à un monde bipolaire. On a vu tout cela. Avec l’effondrement du bloc soviétique, on a vu alors le monde unipolaire, un monde que l’on a annoncé comme étant la fin de l’histoire, la fin de l’idéologie, un monde de pensée unique. La décennie des années 90, où on a essayé de nous imposer un seul modèle de pensée, un seul modèle économique, le néolibéralisme.

Et il a semé derrière lui la misère, la privatisation des ressources naturelles, la privatisation des économies, et ce, pour les peuples du sud, avec la montée du chômage, des maladies. Du monde bipolaire de la confrontation, on est passé à un monde unipolaire d’imposition. Et ce 21e siècle a vu une nouvelle montée des forces des peuples, heureusement. La force révolutionnaire qui a soulevé nos peuples, le peuple vénézuélien, la force révolutionnaire constructive des peuples du sud, d’Amérique latine et des caraïbes. En ce 21e siècle, le moment est venu de l’édification d’un monde multi polaire, multi centrique, d’un monde sans hégémonie, d’un monde d’égaux, un monde qui respecte les peuples, un monde qui reconnaît le poids spécifique des nouveaux centres de pouvoirs économiques, politiques, culturels, humains, un monde qui reconnaît les nouveaux régionalismes, qui renforce les différentes régions de la planète, un monde qui puisse consolider une nouvelle voie à suivre, qui mette en œuvre, à la lettre, la charte des Nations unies, à savoir garantir le droit à l’autodétermination, à l’indépendance pour tous les peuples du monde. Voilà les grands thèmes auxquels notre monde est confronté.

Nous avons entendu des débats hier, nous avons vu notre ami du Brésil, nous avons vu le Président des Etats-Unis, Mr Barak Obama, parler, nous avons vu le Président Vladimir Putin, qui est peut-être l’un des plus importants dirigeants du monde, le président chinois, le président Raoul Castro, nous avons vu Eva Morales, Rafael Correa, d’autres encore, nous avons écouté avec attention ces débats, ces discours sur les thèmes d’actualité pour l’Organisation. On a parlé de la guerre et de la paix.

Je crois qu’aujourd’hui personne dans cette salle ne peut dire quoi que ce soit pour défendre des guerres injustes qui ont détruit nos peuples frères d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient. Aujourd’hui, il faut penser au Venezuela comme étant une voie rebelle et révélatrice. Il faut reconnaitre les erreurs tragiques qui ont été commises en envahissant, en bombardant, en amenant la guerre à des peuples frères de la planète. Aujourd’hui, il faudrait reconnaitre que les 4 guerres que le monde a connues durant cette décennie ont fait échouer d’importants systèmes des Nations unies. La guerre d’Afghanistan, il faut se demander à ce propos, poser la question à nos frères d’Afghanistan : est-ce qu’elle a amené la paix, est-ce qu’elle a amené l’équilibre, est-ce qu’elle a donné la vie au peuple d’Afghanistan ou seulement d’autres misères, d’autres souffrances d’autres destructions encore ?

La guerre d’Irak, inspirée par un tissu de mensonges, avec pour unique objectif de conquérir l’Irak, le pétrole de l’Irak, la richesse naturelle de l’Irak, peut-on dire aujourd’hui, 12 ans après, que l’Irak soit un pays plus uni ? L’Irak est un pays qui vit en paix, un pays plus stable ? Il faut le dire, en montant cette guerre en Irak, on a fait échouer, une fois de plus, la politique internationale.

La Libye, après avoir entendu les discours de cette tribune, on a dénoncé les mensonges qui ont amené au bombardement de la Libye et la conquête de la Libye. On a vu ce que cela a donné à ce peuple frère au-delà des divergences politiques. Dans cette situation de Libye, personne ici dans le monde, ne peut dire au nom de la charte des Nations unies, ou au nom de quelque droit quoi que ce soit, on n’a pas le droit de juger ou de préjuger du régime d’un autre pays et vouloir changer le système politique d’un pays ou le système politique du monde. Personne n’est habilité à le faire. Et nous le disons avec douleur, car il faut se poser la question. Regardons la culture arabe, une culture millénaire, regardons le peuple musulman que nous admirons, et nous compatissons aujourd’hui avec ce qu’ils connaissent. Ce qu’il s’est produit en Libye a été un crime, on a détruit un peuple stable, qui était le fondement de la stabilité pour des dizaines de pays d’Afrique du Nord, qui a été le fondateur de l’Union africaine. Et qu’est devenue la Libye aujourd’hui ? Est-ce que c’est un pays plus stable, économiquement, socialement, est-ce que c’est un pays qui vit uni, qui vit en paix ? Et qui va payer pour les crimes commis en Irak, en Afghanistan, en Libye. Qui va le reconnaitre ?

Et la Syrie ? On dirait que c’est un film d’horreur avec cette politique de terreur. La politique de la terreur, la terreur de la guerre. Modestement et en toute humilité, du Venezuela, nous pensons qu’en Syrie le système politique des Nations unies a les moyens d’arrêter une tragédie encore plus terrible, encore plus mortelle, que celle qu’on a vue en Afghanistan. Et ensuite en Irak et en Libye.

L’humanité a encore le temps de créer une coalition de paix, une nouvelle coalition de paix en appuyant la proposition du président Putin de la Fédération de Russie, et, au Conseil de Sécurité, en tant que membre, le Venezuela va présenter une proposition pour travailler à la protection du peuple syrien, à la lutte contre les groupes qui ont financé et incité depuis l’Occident les activités de terreur et de destruction. L’humanité doit être au côté de la Syrie, agir pour la Syrie, pour sauver cette région de la planète. L’Europe, nos frères d’Europe, ne peuvent penser qu’une tragédie humanitaire en Syrie n’aura pas de séquelles sur leurs côtes, sur leurs terres, sur toute la civilisation de l’Europe. La communauté internationale doit réagir face au drame de la Syrie, et c’est notre conviction. Elle doit tenir compte de l’échec tragique de cette guerre de façon au conseil de sécurité aux Nations unies à définir de nouvelles normes qui interdisent l’utilisation de méthodes interventionnistes  pour semer la terreur, amener la terreur détruire et faire mourir des peuples qui sont déclarés, arbitrairement, comme des peuples ennemis, indésirables.

C’est là un grand défi pour la paix. Il y a un consensus général je crois. J’ai entendu des présidents dire que sans paix, il n’y a pas de développement. Nous avons entendu définir la philosophie de la paix, avec d’importants dirigeants du monde, qui l’ont prônée. Seule la paix peut garantir la viabilité de plans à l’horizon 2030, voilà un plan très noble pour faire avancer l’égalité. Seule la paix peut garantir la viabilité du développement des relations internationales sur la planète. C’est là un énorme défi pour notre système des Nations unies.

En Amérique latine, on est en train de définir un nouveau régionalisme, c’est une bonne nouvelle, il faut le dire. Une bonne nouvelle qui vient de notre région d’Amérique latine et des caraïbes. Durant les années qui viennent de s’écouler, l’Amérique latine a retrouvé le chemin de l’indépendance, de l’union, l’union dans la diversité du consensus. Nous pouvons dire aujourd’hui devant les Nations unies, 2015 voit une Amérique latine qui a consolidé sa nouvelle communauté d’Etats. Au sommet historique de La Havane, on a déclaré que l’Amérique latine était une zone de paix, un territoire de paix. Et nous entendons mener notre continent sur cette voie.

Des organismes sous régionaux, comme Petro Caribe, l’Alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique latine, ont vu le jour. Nous avons des organismes sous régionaux très puissants qui ont créé une nouvelle réalité. Nous n’avons qu’un seul conflit armé. Notre [pays] frère de la Colombie, la guerre interne en Colombie qui dure depuis 60 ans. Nous voulons saluer de cette tribune, au nom de la République bolivarienne du Venezuela, la Colombie. Nous voulons la féliciter pour l’initiative prise par le président de ce pays afin de conclure un accord définitif avec la guérilla de la FARC, la guérilla de la Colombie. Le Venezuela fait sienne cette volonté de consolider le chemin de la paix en Colombie.

La Colombie était une belle création de notre libérateur, la Colombie parle d’une seule voix avec l’Amérique latine et nous entendons le 28 octobre annoncer, au nom de notre compagnon Hugo Rodriguez et du président Raoul Castro,  nous entendons lancer un projet pour parler à nouveau du blocus des Etats-Unis d’Amérique contre Cuba. Nous saluons les mesures qui ont été prises cette année en 2015 pour régulariser et normaliser les relations entre le gouvernement du président Barak Obama et le président Raoul Castro, entre le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique et Cuba.

Nous aspirons, et nous l’avons dit aux Etats-Unis, nous aspirons, nous l’avons dit hier,  à des relations entre les gouvernements et tous les autres pays d’Amérique latine, des caraïbes, [qui] portent le sceau du dialogue et du respect, de la reconnaissance de ce que nous sommes. Tourner la page une fois pour toute d’une histoire qu’il ne faut pas reproduire. Une politique de conspiration contre les processus révolutionnaires, d’interventionnisme sans oublier la longue lutte de Cuba, 47 ans de blocus économique et financier. Tout cela doit cesser le plus rapidement possible. Il faut faire cesser ce blocus économique et financier, les persécutions imposées à Cuba de ce fait.

Nous appelons à une chose, à ce que très vite les Etats-Unis d’Amérique comme 192 autres pays, comme l’a fait aussi le président Jimmy Carter, concluent un accord pour rendre à Panama, très vite, son canal et que les Etats-Unis rendent très vite le territoire de Guantanamo à Cuba. C’est une bonne nouvelle que nous avons suivi, elle n’a été possible que grâce à la persévérance, à l’esprit du peuple cubain, fort de son identité, fort de sa fierté nationale, qui a tenu bon toutes ces années. Et cela a été possible grâce au courage du président Barak Obama, il faut le dire, le courage d’assumer une nouvelle politique vis-à-vis de Cuba.

Dans cet esprit, nous faisons nôtre l’appel d’Amérique latine et Caraïbes à l’égard du gouvernement de Londres, du Royaume-Uni, pour que le plus tôt possible le Royaume-Uni prenne la décision de venir à la table de négociations sur le droit international, sur le droit de l’Argentine sur les iles Malvinas, et que, par la voie de la paix et de la diplomatie, on reconnaisse le droit de l’Argentine dans les iles Malvinas et tout le complexe d’iles qui se trouvent dans cette région et qui, historiquement, font partie de l’Argentine. C’est une clameur de la CELAC, de l’Amérique latine, du mouvement des pays non alignés, (c’est une clameur qui vient de XX et de la Chine), une clameur qui vient du monde pour une diplomatie de paix, de dialogue et de communication. Une clameur qu’il faut entendre.

Frères et sœurs du monde, le Venezuela a été confronté à de grands défis tout au long de ces années. De grands défis dans l’édification d’un modèle social, économique, politique éminemment Vénézuélien, inspiré par la doctrine de notre libérateur Simón Bolívar qui a choisi une option dans la bataille qu’il livrait, et qui a été reprise par notre président. Il a choisi l’option humaine, on peut dire dans les termes même du Pape François, une voie humaniste. Le Venezuela a choisi l’option de construire une nouvelle société, la société socialiste. Une révolution socialiste au 21ème siècle, une révolution qui est inspirée de la lutte pour l’indépendance de la Bolivie, du Nicaragua, de l’Equateur et d’autres, qui s’inscrit dans le droit-fil de la révolution cubaine du commandant Fidel Castro, de Raoul Castro et du peuple cubain. Quelles grandes batailles ont livré nos peuples. C’est une source d’inspiration pour nous-mêmes, vis-à-vis de l’extérieur.

Récemment, nous avons été confrontés à de dures intrigues, de dures attaques au début de l’année. On a dû, en public, faire face à des missives menaçantes du président Obama, en mars, qui disait que le Venezuela était une menace grave pour le bien-être du peuple des Etats-Unis. Le Sommet d’Amérique latine au Panama le débat qui a suivi ont permis de rectifier le tir, et de voir où se trouvait la réalité par rapport à la déclaration du président des Etats-Unis. On a reconnu que le Venezuela était un peuple de paix et qu’il n’a jamais été une source de menaces pour le peuple des Etats-Unis. C’est là une initiative très positive, je dois le dire, qu’ont pris les chefs d’Etat. Le décret adopté en mars 2015 doit être abrogé, doit être annulé, car il menace ma patrie, il menace mon pays. Et nous avons mené des discussions avec les Etats-Unis d’Amérique, dans le même esprit que nos frères cubains, dans un esprit de respect mutuel, et nous espérons que très vite on pourra lever l’épée de Damoclès qui menace le peuple du Venezuela à cause de ce décret de masse.

Nous l’avons dit, au plan national et international, le Venezuela, par la voie de la diplomatie de paix, a dû combattre certaines menaces qui cherchaient à introduire des conflits à nos frontières. Respectueusement, devant cette Assemblée générale des Nations unies, je dois dire qu’il y a eu une opération tenace pour créer des conflits à la frontière avec la Colombie et la frontière avec la république du Guyana. Il y a quelques semaines, à Quito, sous l’égide de la CELAC et de UNASUR , nous avons rencontré le président Santos et défini une feuille de route pour en finir avec ces provocations, ces menaces, ces attaques par des militaires, des narcotrafiquants qui sont menés contre le Venezuela. Cette feuille de route sera mise en œuvre, nous attendons beaucoup de la réalisation de cette feuille de route et nous entendons consolider les relations de travail et de communication avec le peuple Colombien à cet effet.

Récemment, avec la République du Guyana, nous avons lancé une série d’initiatives pour travailler dans le cadre régional. Je l’ai dit au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, il a entendu l’appel du Venezuela et il [nous] a convoqués le 27 septembre, le jour de la lune rouge, de la fameuse éclipse. Pendant que la lune rouge sortait, nous nous sommes réunis avec le président du Guyana, et je dois le dire, la diplomatie de paix a permis de canaliser de façon fort réussie, des initiatives historiques, pour des conflits qui remontaient au 19ème siècle. Ainsi, la République bolivarienne du Venezuela a été confrontée à des menaces et des circonstances difficiles, toujours en menant une diplomatie de paix, ce qui nous a permis de mener le dialogue et la communication et de résoudre ces problèmes, ces menaces.

Nous avons eu des élections parlementaires comme le savent nos frères. Quinze années de révolution seront suivies d’une 20ème élection. Et les 19 élections précédentes ont vu la force de la révolution, la force bolivarienne, la force indépendante inspirée par le commandant Chavez à triompher, durant ces 19 élections.

Il va y  avoir des élections parlementaires, tout est préparé, une fois de plus. D’après le président Jimmy Carter, le système électoral vénézuélien est le plus transparent et le plus complet qu’il n’ait jamais vu dans le monde. Il permet que la volonté du peuple s’exprime, et ce sera le cas aux élections de décembre.  Et je demande au monde entier d’être attentif à toute tentative d’enfreindre la volonté politique du Venezuela. Le Venezuela est décidé à poursuivre sa voie de la démocratie, démocratie participative, présente avec une constitution adoptée par notre peuple en 1999, par la voie de la paix. Notre vocation de paix est éminemment démocratique, populaire, pacifique, et nous l’avons démontré cette année. Et nous allons continuer à consolider cette voie, cet espace d’indépendance, cet espace de dignité qu’est la république bolivarienne du Venezuela.

200 ans après cette charte prophétique, nous, au sein des Nations unies, nous voulons ratifier par notre propre voix, par notre propre dignité, l’appel à un nouveau monde, un monde porteur de transformations, un monde qui transforme les Nations unies elles-mêmes, que nous avons créées il y a 70 ans, un monde qui a besoin de nouvelles géopolitiques, de respect, de renforcement du nouveau régionalisme, qui a besoin qu’on mette en avant la vérité et la volonté du peuple. Espérons que dans 15 ans, en 2030, lorsqu’on aura achevé le cycle du programme que nous venons d’adopter pour l’égalité, la lutte contre la pauvreté, nous pourrons aussi célébrer une nouvelle politique de paix et la reconstruction des peuples qui ont été détruits par des guerres impérialistes, injustes. J’espère qu’alors nous pourrons célébrer la nouvelle norme qui aura été bâtie par les Nations unies pour entendre la voix de nos peuples face à ceux qui essayent de la dominer.

Espérons qu’en 2030, nous aurons toujours la capacité de construire et de reconstruire ce monde merveilleux que nous avons mis en place il y a 70 ans, avec notre rêve : la paix, qui est notre rêve à tous. Merci frères et sœurs, que vive la paix. »

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Chili – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

 Allocution de S.E. Mme Michelle Bachelet Jeria, Président du Chili, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chefs d’états et de gouvernements, Mesdames et Messieurs,

Le monde d’aujourd’hui est un monde de défis redoutables. Nous sommes les témoins d’un ensemble de crises internationales graves dans différentes régions du monde qui ont des retombées négatives sur la paix et la sécurité internationale, notamment au Moyen-Orient mais également en Europe et en Afrique. Les civils portent le fardeau le plus lourd dans ces crises et ils fuient désespérés pour avoir la vie sauve et se forger un avenir meilleur.

En tant que Communauté Internationale nous avons l’obligation de réagir avec solidarité pour rétablir la paix et alléger les souffrances des victimes de la guerre et des réfugiés. Nous saluons les efforts réalisés par de nombreux pays pour accueillir les réfugiés mais nous devons en faire davantage. C’est la raison pour laquelle mon gouvernement a décidé d’accueillir des réfugiés de la guerre en Syrie et c’est la raison pour laquelle le Chili va renforcer sa coopération avec l’Afrique, une région à partir de laquelle dès 2016 nous participerons aux opérations de maintien de la paix des Nations-Unies.

Alors que la paix est menacée, notre planète n’a pas non plus réussie à réduire les inégalités, nous ne sommes pas non plus parvenus à un accord pour freiner le réchauffement. C’est la raison pour laquelle au milieu de tant de défis internationaux, cette 70ième Session de L’Assemblée Générale restera dans l’Histoire comme un instant charnière où la communauté internationale est parvenue à un accord sur un programme de développement à l’horizon 2030. Ce programme est synonyme d’espoir, un espoir qui nous lie. On trouve en son cœur la lutte contre les différents visages des inégalités. C’est le défi le plus important que doit relever l’Amérique Latine et le Chili alors que l’on entre dans une nouvelle phase de développement économique et politique. Il s’agit d’un programme ambitieux mais à la hauteur des défis urgents que nous devons relever, à la hauteur des objectifs à long terme d’une cohabitation humaine, juste, créative et pacifique. Il tient compte des engagements que nous devons encore réaliser mais incorpore de nouveaux objectifs et de nouvelles cibles. Ils s’inscrivent de façon multidimensionnelle dans ce concept de développement durable et inclusif. Il s’agit d’un programme synonyme de changement.

Cette vision d’avenir qui est la nôtre nous la vivons avec enthousiasme. L’égalité entre les pays, à l’intérieur des pays, entre les sexes, la croissance, l’industrialisation, une consommation durable pour tous, le respect de l’environnement et tout ce que cela implique, la paix sociale, ne sont là que quelques objectifs contenus dans ce programme. Il s’agit là de la base d’une façon de cohabiter fondée sur des valeurs très profondes. Nous avons une occasion en or pour répondre aux signes de désespoir face à l’avenir et de défiance face aux institutions, signes que nous pouvons percevoir dans nombre de nos sociétés. La responsabilité première en matière de développement durable et d’égalité accrue est la responsabilité de chacun de nos pays et le Chili avec enthousiasme s’engage dans cette tâche. Cependant, c’est aussi une tâche qui nécessite un environnement propice : en effet, une grande partie des cibles sont liées à des dynamiques mondiales. Bon nombre de défis auxquels nous nous trouvons confrontés ne peuvent être relevés de façon isolée.

Promouvoir des sociétés plus inclusives et durables ne sera possible que si nous sommes à même de faire progresser la réalisation de ce programme au niveau national mais aussi mondial. Lorsque le commerce international n’est plus un moteur de croissance, lorsque les flux financiers sont asymétriques, volatiles, lorsqu’il n’y a pas de mécanisme juste et efficace pour garantir le règlement de la dette souveraine, lorsqu’il n’y a pas de flux prévisibles et suffisants d’aides publiques au développement, les pays émergents et a fortiori les pays les plus pauvres du monde se retrouvent confrontés à des obstacles colossaux sur la voie de la réalisation de ce programme. Il faut que les systèmes financiers, monétaires et commerciaux internationaux fonctionnent de façon plus démocratique, de façon plus efficace, plus équitable aussi vis-à-vis des intérêts des pays en développement. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.

Une condition sine qua non pour réaliser cet objectif est de renforcer le cadre des institutions mondiales et de la coopération multilatérale avec une représentation vaste, des mandats clairs et des outils efficaces. Nous devons promouvoir une architecture des institutions multilatérales faisant office de soutien aux politiques nationales proposées dans le programme 2030.

Le Chili a revu à la hausse le rôle qu’il joue dans le système multilatéral. En 2014 et 2015, nous avons été membre non permanent du Conseil de Sécurité. A la lumière de cette expérience, nous voulons réaffirmer notre conviction quant à la nécessité de réformer cet organe pour revoir à la hausse le nombre de membres permanents et limiter l’usage du droit de véto en tout cas lorsque nous sommes en présence de crimes contre l’humanité.

C’est une réforme nécessaire, en phase avec les progrès réalisés par le système multilatéral. Sans doute, cet organe serait le plus important des Nations Unies et lui confèrerait davantage de légitimité. Notre pays est bien conscient de la responsabilité qui est la nôtre à tous : veiller au bon fonctionnement du système international.

Nous devons rester fidèles au droit international, cela comprend le respect le plus scrupuleux des traités, garantie de paix et de stabilité internationale. Pour cela nous devons respecter ce qui a été accordé et ne pas utiliser de façon indue les mécanismes qui ont été conçus pour résoudre pacifiquement les différends qui peuvent exister.

Le Chili est empli d’espoir vis-à-vis de la Cop 21 qui sera bientôt convoquée à Paris. Le Chili est un des pays qui compte une des côtes les plus longues du monde et bientôt nous organiserons dans notre pays, une conférence sur les océans, le but étant de faire en sorte que les pays s’engagent volontairement à réduire la pollution des mers, à contrôler la pêche illégale et veiller à la diversité des ressources marines. Quant à notre contribution nationale, nous nous engageons à réduire d’ici à 2030 nos émissions de CO2 de 30% par rapport à 2007 et nous pourrions même aller jusqu’à 45% si nous pouvons nous appuyer sur la communauté internationale. En outre, nous nous engageons à recouvrer 100 000 hectares de forêt et à reboiser 100 000 hectares supplémentaires.

Le programme 2030 est un horizon partagé par nous tous, maintenant il nous faut agir ; chaque pays sur le plan national mais aussi à travers une forme de coopération mutuelle dans les différents espaces Nord-Sud et Sud-Sud qui existent, en affrontant ensemble les défis mondiaux dans les enceintes multilatérales.

Pour conclure, je tiens à féliciter 2 gouvernements qui ont rétabli entre eux des relations diplomatiques : je pense à Cuba et aux Etats-Unis d’Amérique. C’est un grand pas en avant, un pas en avant historique pour notre région et pour le monde.

Le Chili encourage toujours à utiliser la voie du dialogue, à respecter le droit international. C’est de cette façon que les pays doivent régler leurs différends. Et  nous nous félicitons également des accords qui ont été possibles récemment entre le gouvernement de Colombie et les FARC. C’est une preuve de bonne volonté et lorsqu’il y a bonne volonté on peut parvenir à un bon accord. La Colombie et le peuple colombien peuvent compter sur nous dans ce processus, un processus qui nous l’espérons les emmènera vers une paix durable.

Nous pouvons être fiers de nos réussites communes même si l’avenir peut nous inquiéter. Nous devons rester sur nos gardes mais l’espoir est de mise. Ce sont tous ces sentiments qui doivent nous guider dans notre détermination à édifier un monde meilleur, un monde davantage équilibré, avec davantage d’équilibres entre le développement et la protection de l’environnement, un monde de justice, de cohésion, d’égalité entre les sociétés et entre les peuples.

Merci beaucoup.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-cuba-venezuela-chilli/


[70e AG ONU] Indonésie + Philippines : “Les nations riches qui ne représentent que 20 % à peine de la population mondiale consomment 70 % des ressources mondiales.”

Saturday 17 October 2015 at 00:01

Indonésie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Muhammad Jusuf Kalla, Vice-président de la République d’Indonésie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Madame la Présidente, d’emblée, qu’il me soit permis de vous féliciter au moment où vous assumez la présidence de la 70 ème session de l’assemblée générale des nations unies. C’est un grand honneur pour moi de me trouver à cette tribune et de vous parler de la situation de mon pays au moment où l’organisation fête son 70 ème anniversaire et au moment de considérer la voie vers la sécurité.

Au moment de son 70 ème anniversaire l’O.N.U a atteint un âge mûr, le même âge que la République Indonésienne cette année. En cette occasion je souhaite souligner 3 points. Les réalisations de l’O.N.U au cours des 70 dernières années, la situation présente et la voie à suivre pour l’avenir. Or je voudrais dire que ce 70 ème anniversaire est une bonne occasion de faire le point et de regarder ce qui a été accompli depuis l’adoption de la charte. L’O.N.U a adopté les objectifs de développement durable de l’après 2015 et à cet égard, je souhaite remercier sincèrement le secrétaire général de sa direction constante.

Une autre réussite de l’O.N.U sont les opérations de maintien de la paix qui ont contribué a la paix et la sécurité, en effet les efforts de l’O.N.U de prévention de conflits armés importants ou le fait de les surmonter, cela été particulièrement utile au cours des 70 dernières années. Actuellement 100 000 personnels participent à 16 opérations dans le monde, l’ Indonésie se targue d’être le 11 ème contributeur de policiers et de contingent aux opérations de maintien de la paix en déployant 2700 personnes et mon pays est prêt à contribuer encore davantage à l’avenir. Entre temps la création du conseil des droits de l’homme en 2006 a créé et établi un mécanisme d’examen par les pairs qui reflète les efforts collectifs des états membres visant à renforcer la coopération et le dialogue,la promotion et la protection des droits de l’homme.

Mme la Présidente, malgré ces accomplissements de l’O.N.U nous ne pouvons baisser les bras car il reste encore de nombreux enjeux qui nous attendent. En ce moment, il y a encore de nombreux conflits armés dans le monde, la souffrance du peuple Palestinien se poursuit et la réalisation d’une solution à 2 états continue de nous échapper. Le récent conflit à Gaza a causé plus de 2000 victimes humaines, en déplaçant 5000. Les conflits sectaires y compris l’état islamique continuent de menacer la stabilité politique et ont causé une multitude de crises humanitaires surtout au Moyen-Orient notamment en Syrie, en Libye, au Yémen et ailleurs. Les conflits violents ont déchiré les pays et les nations mais en Syrie l’état islamique détruit ce qui reste d’une grande civilisation qui est notre patrimoine historique. Nous demandons si les Nations Unies ont fait assez face à ces différentes stratégies qui se répètent.

Le racisme, l’extrémisme violent, le terrorisme continuent de nous menacer gravement. L’Indonésie a toujours joué un rôle pour venir à bout de ces menaces en s’attaquant aux causes profondes notamment le dialogue entre les confessions. En ce qui concerne le contre-terrorisme, en renforçant la coopération internationale. L’Indonésie a toujours été un bon exemple pour régler les conflits par la voie du dialogue et les moyens pacifiques. En août de cette année nous marquons le 10ème anniversaire de la signature des accords d’Helsinki sur Aceh qui ont mis fin à 30 ans de conflit armé. Une fois de plus nous rappelons et apprécions les contributions positives de l’Union Européenne et de l’Anase à travers leurs missions de surveillance.

C’est avec préoccupation que nous notons que peu de progrès ont été réalisés par la commission du désarmement. Ce qui nous manque c’est la volonté politique nécessaire pour aboutir au désarmement nucléaire. Le commerce des armes de petit calibre et légères, légales ou autres, demeure une industrie valant des milliards de dollars.

Nous sommes témoins des déplacements humains les plus graves, de conflits sectaires et de crises humanitaires. Au cours des dernières semaines nous avons vu un afflux sans précédent de réfugiés qui fuient la violence en Syrie et plus de 100 000 personnes y ont perdu la vie ou ont recherché un refuge en Europe malgré les dangers et la misère rencontrés ce faisant.

Nous demandons également si les Nations Unies ont une volonté politique suffisante pour s’attaquer à ces questions. Entre temps la disparité économique, la pauvreté les inégalités dans le monde continuent de nous hanter. Chaque jour plus de 800 millions de personnes dans le monde sont gravement mal nourris. Les nations riches qui ne représentent que 20 % à peine de la population mondiale consomment 70 % des ressources mondiales. Dans de nombreuses régions du monde les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes handicapées ,les personnes âgées, celles qui vivent dans les conflits ou dans des situations de crise demeurent marginalisés, ne sont pas touchés par les progrès du développement. 20 ans après la première conférence des parties de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique nous n’avons toujours pas conclu d’accord universel sur le changement climatique. Dans le contexte du commerce , nous n’avons pas encore enregistré de progrès ou de résultats concrets à la suite du programme de développement de Doha pour appuyer un système commercial basé sur des règles et un commerce multilatéral équitable.

Ebola a gravement éprouvé notre système mondial. Il y a de nombreux problèmes, notamment causés par l’intolérance , le chômage des jeunes et l’urbanisation sans maîtrise. Tous ces défis sont relatifs au manque de progrès dans le cadre des réformes de l’O.N.U.
Nous devons ensemble surmonter ces défis et des institutions telles l’Anase peuvent nous aider à cet égard. Nous devons travailler ensemble pour aboutir à la paix et la prospérité pour nos peuples. Nous devons mettre un terme aux conflits et éliminer l’inégalité dans le monde. Nous devons arrêter la propagation du radicalisme et de l’extrémisme violent. D’urgence nous devons aboutir à la réforme de l’O.N.U.

Avec ses 196 membres actuels comparés à 60 en 1957 le système de l’O.N.U doit être toujours plus inclusif et mieux refléter les conditions géopolitiques actuelles dans le monde. En ce qui concerne la Palestine nous devons assurer la naissance d’un état Palestinien souverain et indépendant. Nous devons assurer également la réalisation des EDD en temps opportuns. Nous devons veiller à ce que les stratégies de développement mondial soient adaptées aux conditions et priorités nationales des pays concernés.

Nous espérons que la conférence prochaine sur le changement du climat qui doit se tenir à Paris permettra d’aboutir à un accord que nous attendons de longue date pour que le réchauffement de la planète soit inférieur à 2 degrés. Nous demandons à l’O.N.U de travailler à travers des partenariats avec les mécanismes régionaux pour mieux relever les défis nationaux et régionaux . L’Anase doit être engagée activement dans ce processus et en ce sens nous avons créé le centre Asiatique – Africain en Indonésie pour le suivi du sommet de 2015 entre l’Asie et l’Afrique, en vue de revitaliser le partenariat entre nos 2 continents pour promouvoir la paix et la prospérité. Enfin pour conclure, le monde d’aujourd’hui dépend d’une organisation des Nations Unies qui va créer un ordre mondial , la paix et la prospérité équitable pour garantir la sécurité de la communauté mondiale et pleinement appuyer les principes des droits de l’ homme consignés dans la charte.

A cette fin nous avons besoin de l’appui tous les membres.

Source : ONU 12/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Philippines – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Albert Del Rosario, Ministre des Affaires étrangères de la République des Philippines, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Madame la présidente, au nom du gouvernement des Philippines, j’exprime mes salutations les plus chaleureuses à l’occasion de votre élection à la présidence de la 70è session de l’Assemblé Générale des Nations-Unies.

Je vous assure de l’appui entier des Philippines pour vos responsabilités, pour tracer la voie, pour des Nations-Unies renouvelées, pour se lancer en cette année historique sur un agenda 2030 pour le développement durable, un plan d’action pour les peuples, la planète et la prospérité pour les quinze années à venir.

Je tiens à vous féliciter Madame la présidente d’avoir choisi un thème qui reflète bien les éléments fondamentaux qui ont mené à la création des Nations-Unies, ce thème est également au cœur du contrat social du président Benigno Aquino avec le peuple philippin.

En 1945 lorsque la charte des Nations-Unies a été signée à San Francisco, cinquante et un membres fondateurs, y compris les Philippines, ont envisagé un avenir de paix, de prospérité partagée et une nouvelle ère de collaboration.

Soixante-dix ans plus tard, nous avons créé un endroit de rencontres, une expérience dans la gouvernance mondiale et un endroit de rassemblement où les valeurs universelles de l’égalité, de la tolérance et de la dignité humaine prévalent.

Les Nations-Unies sont devenues un grand forum de Nations garantissant la dignité et la valeur de chaque être humain et s’est transformée en principale plateforme d’occasions à saisir pour lutter contre l’ignorance, la maladie, la pauvreté, l’injustice et l’extrémisme. Avec tous les succès, les défis, les Nations-Unies ont non seulement démontré leur résilience mais ont également affirmé leur pertinence continue contre l’ensemble des problèmes complexes et des menaces régionales apparaissant à la paix et à la sécurité.

Aujourd’hui les Philippines renouvellent leur engagement en faveur des causes de la paix et du développement durable par le biais de domaines clés et de positions nationales allant du changement climatique à l’état de droit, en étant membre de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) et l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), le désarmement, la non-prolifération, les femmes, la paix, la sécurité, l’immigration, le trafic d’êtres humains, le maintien de la paix et la réforme des Nations-Unies.

Il y a deux ans, ici même, les Philippines ont présenté les cinq piliers qui faisaient partie du programme de développement pour 2030 qui sont les suivants :

Au cours du processus de négociation intergouvernemental de l’agenda 2030, ces piliers ont aidé les Philippines à partager ses expériences à la recherche d’une croissance exclusive, des leçons tirées dans la gouvernance, le développement continu et les défis de sécurité que nous connaissons dans la nouvelle économie.

Madame la présidente, l’agenda 2030 pour le développement durable et l’ensemble de l’architecture mondiale de développement doit souligner le renforcement des piliers de la résilience. Les Philippines ne savent que trop l’urgence qu’il y a à édifier une économie résistante au climat, étant des pays connaissant le plus de catastrophes dans le monde, ayant connu il y a près de deux ans les conséquences dévastatrices de Haiyan, la tempête la plus forte qui se soit jamais abattue sur terre dans l’histoire connue.

Compte tenu de ces catastrophes, les Philippines vont continuer de jouer un rôle actif face au changement climatique, la résilience et la réduction des risques de catastrophes et leur gestion.

Les Philippines président actuellement le forum du climat vulnérable (CVF) et vont promouvoir un résultat réel à la COP21 de Paris. La Communauté Internationale doit adopter un accord climatique juridiquement contraignant qui soit universel et équitable, garantissant un avenir avec peu d’utilisation de carbone pour les générations à venir et qui tiennent compte des besoins des états vulnérables et des secteurs, particulièrement les pauvres, les femmes, les migrants et les autochtones.

Sur les réductions des risques de catastrophes et leur gestion, les Philippines seront guidées par le cadre de Sendai pour 2015-2030, qui reconnait que l’état a un rôle fondamental dans cette gestion, que la responsabilité doit être partagée avec le gouvernement local, le secteur privé et d’autres parties prenantes. Nous allons appuyer des initiatives aux Nations-Unies nous permettant de travailler sur les quatre priorités qui sont :

Madame la présidente, les différends maritimes en Mer de Chine du sud, sur ce sujet les Philippines ont toujours fait confiance aux règles de l’institution créée par la communauté internationale pour régler les relations entre les états. Le droit international sert de grand égalisateur entre les états permettant à de petits pays d’être sur un pied d’égalité avec des états plus riches et plus puissants.

Le droit international est celui qui lie la communauté des Nations ensemble, sans cela il n’y aurait pas d’ordre mondial, on aurait l’anarchie.

Voilà pourquoi les Philippines, sous l’administration du président Benigno Aquino III est toujours en faveur de la primauté de l’état de droit.

Avec l’appui croissant de la communauté internationale pour un règlement pacifique des différends dans cette Mer de Chine du sud, y compris par l’arbitrage, les Philippines croient que le résultat final du processus d’arbitrage devrait préparer la voie à un règlement de ces différends maritimes.

Sur notre différend avec la Chine, Chine qui est un partenaire et voisin depuis très longtemps, nous espérons également que nous parviendrons à une décision conforme aux déclarations de Beijing, que des efforts réels seront déployés pour faire tomber les tensions dans cette mer et parvenir à un règlement pacifique des différends.

Madame la présidente, les Philippines sont hôtes de l’APEC 2015 dont le sujet est : « Edifier des économies inclusives, créer un monde meilleur. »

En tant que président de l’APEC, pour la deuxième fois depuis 1996, les Philippines visent à intégrer et à réaliser les priorités suivantes :

L’APEC, en tant que processus et plateforme, continue de contribuer de façon positive à l’environnement économique de la région en faveur de la sûreté juridique pour le commerce et l’investissement. L’APEC vient également s’ajouter aux efforts mondiaux pour relever les défis dans le domaine de la croissance économique soutenue par le biais de la stratégie de l’APEC pour le renforcement de la croissance de qualité, en faveur de la synergie entre le travail réalisé par l’APEC et celui des objectifs du développement durable des Nations-Unies.

Sur l’ANASE, les dix état-membres vont intégrer leur économie d’ici à la fin de l’année en réalisant la vision d’ « Une Communauté de l’ANASE ». Nous avons besoin de faire en sorte que l’ANASE et nos états-membres, les partenariats, le secrétariat, demeurent pleinement engagés dans le système des Nations-Unies.

En fait le partenariat entre l’ANASE et les Nations-Unies est très utile pour la paix et la stabilité régionale, comme nous l’avons réaffirmé lorsque l’ANASE a rencontré Secrétaire Général des Nations-Unies mercredi dernier ici à New-York, nous sommes confiants et comptons sur l’appui continu pour le rôle central dans l’ANASE dans ces piliers.

 

Madame la président, le désarmement et la non-prolifération sont devenus des questions urgentes pour les Philippines compte-tenu du fait que 10% de la population vit et travaille à l’étranger, beaucoup ont des points chauds en Moyen-Orient et en Afrique.

Les Philippines demeurent convaincues qu’il faut totalement et complètement éliminer les armes nucléaires et toutes les armes de destruction massive.

Nous continuons d’exprimer nos préoccupations à propos des conséquences humanitaires des armes nucléaires, nous réitérons l’incitation à la mise en œuvre équilibrée, immédiate du plan d’action en soixante-quatre points du TNP de 2010, présidé par les Philippines, pour la création d’une zone exempte d’armes de destruction massives au Moyen-Orient. Nous nous attendons également à la signature et à la ratification du protocole de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du sud-est (SEANWFZ) par les cinq états, les P-5 states.

Sur les armes classiques, les Philippines vont aider à soutenir la dynamique créée par les progrès du traité sur le commerce des armes, surtout quand c’est utilisé par les acteurs non-étatiques.

Madame la président, les Philippines vont poursuivre sur leur voie de la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité en rappelant à la présentation la contribution important des femmes dans les négociations de paix, le renforcement de la paix, leur rôle pour façonner les descriptifs de la paix.

Nous allons maintenir également des rôles actifs pour demander la mise en œuvre continue de la convention des Nations-Unies pour les femmes (CEDAW), la plateforme de Beijing pour l’action et le développement durable à propos des femmes, notamment les Goal 5.

Pris ensemble, ces instruments sont des mécanismes puissants pour réaliser les engagements nationaux et internationaux, pour faire avancer le rôle des femmes comme catalyseur du développement durable.

 

Madame la présidente, dans les négociations sur l’agenda 2030 pour le développement durable, les Philippines ont souligné et continueront de rappeler les contributions positives des migrants au développement durable des pays d’origine, de transit et de destination.

Nous avons beaucoup apprécié la reconnaissance par les Nations-Unies des Philippines en tant que modèle de la gouvernance de l’immigration grâce à son caractère complet, sous l’angle de déploiement géré, de la composante solide de la protection, de l’engagement de la diaspora et la réintégration.

Les Nations-Unies et les Philippines croient que la gouvernance de l’immigration consiste à donner aux migrants un visage humain. La perspective de base de la gestion de l’immigration des Philippines se concentre sur deux éléments importants :

Les philippines vont également continuer à jouer un rôle actif sur les questions du trafic des êtres humains, soit en tant que coauteur des résolutions reconnaissant la vulnérabilité accrue à l’égard du trafic de femmes et de filles dans les situations de crises humanitaires et d’autres environnements d’urgence. Les Philippines vont travailler avec d’autres gouvernements pour intensifier les efforts pour régler rapidement les cas de trafics d’êtres humains et renforcer les mécanismes contre ces trafics.

Madame la présidente, depuis 1963 les Philippines ont contribué aux contingents des opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, nous nous sommes engagés et nous avons répondu à l’appel des Nations-Unies pour le déploiement de femmes soldats de la paix. Je suis heureux d’annoncer qu’il y a maintenant quinze femmes philippines sur les cent soixante et un soldats de la paix philippins dans la mission de stabilisation des Nations-Unies en Haïti ou MINUSTAH.

Sur la base des recommandations de la politique du conseil des philippines pour les opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, nous continuons de travailler avec le département des ONP dans le déploiement de soldats de la paix philippins à l’appui des recommandations du groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix des Nations-Unies pour améliorer la sureté et la sécurité de nos soldats de la paix.

En cette soixante-dixième session des Nations-Unies, l’argument pour la réforme des Nations-Unies est plus urgent que jamais.

Les Philippines vont continuer d’insister pour des discussions réelles pour améliorer le rôle d’autorité de l’assemblée générale des Nations-Unies et suggérer des propositions pour rationaliser l’ordre du jour de l’assemblée de ces grandes commissions.

Les Philippines vont continuer d’insister pour poursuivre les conversations sur les réformes qui se font trop attendre et qui sont réellement nécessaires du conseil de sécurité pour que le conseil devienne plus démocratique, plus inclusif, plus transparent et plus redevable.

Ces réformes incluent, exhortent le conseil à fournir à l’assemblée générale un nombre de candidats et non un seul, surtout des femmes, à nommer au poste de secrétaire général en tenant compte de la rotation régionale et de l’égalité des sexes.

Avec d’autres pays en développement, les Philippines partagent la position qu’un budget suffisant est important pour que l’organisation puisse s’acquitter des mandats et des missions qui lui sont confiées avec plus d’efficacité et de responsabilité.

Madame la présidente, à la quatrième session de l’assemblé générale des Nations-Unies, le 20 septembre 1949, feux l’ancien homme politique des Philippines, le général Carlos Pena Romulo, qui venait d’être élu président de l’Assemblé Générale, a dit que l’objectif des Nations-Unies défini par la charte était de faire en sorte que les hommes puissent vivre mieux, dans plus de liberté, dans un règne de paix fondé sur la justice et le respect universel du droit.

Aujourd’hui c’est tout aussi valable, aujourd’hui c’est avec honneur que je répète ces engagements des Philippines.

En nous préparant pour les générations à venir, les Philippines vont continuer à accorder la priorité à trois éléments :

L’élimination de la pauvreté, empêcher les conflits et promouvoir l’état de droit.

En réaffirmant notre foi dans la sagesse des fondateurs des Nations-Unies, nous renouvelons notre engagement pour mettre un terme au fléau de la guerre, respecter la justice et les Droits de l’Homme et maintenir la paix et la sécurité internationale.

En recherchant à appliquer l’agenda pour le développement durable 2030, les Nations-Unies continuent à être une plateforme institutionnelle, la base historique et l’édifice moral pour les rêves, idéaux et aspirations collectives de l’Humanité.

Je vous remercie.

Source : ONU 12/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-indonesie-philippines/


Morozov : « Internet est la nouvelle frontière du néolibéralisme »

Friday 16 October 2015 at 03:32

Source : Rue 89, le 4 octobre 2015.

Selon le chercheur et essayiste Evgeny Morozov, la technologie sert le néolibéralisme et la domination des Etats-Unis. « Il faut considérer la Silicon Valley comme un projet politique et l’affronter en tant que tel », dit-il.

Evgeny Morozov s’est imposé en quelques années comme l’un des contempteurs les plus féroces de la Silicon Valley. A travers trois ouvrages – « The Net Delusion » (2011, non traduit en français), « Pour tout résoudre, cliquez ici » (2014, FYP éditions) et « Le Mirage numérique » (qui paraît ces jours-ci aux Prairies ordinaires) –, à travers une multitudes d’articles publiés dans la presse du monde entier et des interventions partout où on l’invite, il se fait le porteur d’une critique radicale envers la technologie en tant qu’elle sert la domination des Etats-Unis.

A 31 ans, originaire de Biélorussie, il apprend toutes les langues, donne l’impression d’avoir tout lu, ne se trouve pas beaucoup d’égal et maîtrise sa communication avec un mélange de charme et de froideur toujours désarmant.

L’écouter est une expérience stimulante car il pense largement et brasse aussi bien des références historiques de la pensée (Marx, Simondon…) que l’actualité la plus récente et la plus locale. On se demande toujours ce qui, dans ses propos, est de l’ordre de la posture, d’un agenda indécelable, ou de la virtuosité d’un esprit qui réfléchit très vite, et « worldwide » (à moins que ce soit tout ça ensemble).

Nous nous sommes retrouvés dans un aérogare de Roissy-Charles-de-Gaulle, il était entre deux avions. Nous avons erré pour trouver une salade niçoise, car il voulait absolument une salade niçoise.

Rue89 : Est-ce qu’on se trompe en ayant l’impression que vous êtes de plus en plus radical dans votre critique de la Silicon Valley ?

Evgeny Morozov : Non. Je suis en effet plus radical qu’au début. Mais parce que j’étais dans une forme de confusion, je doutais de ce qu’il fallait faire et penser. J’ai aujourd’hui dépassé cette confusion en comprenant que la Silicon Valley était au centre de ce qui nous arrive, qu’il fallait comprendre sa logique profonde, mais aussi l’intégrer dans un contexte plus large.

Or, la plupart des critiques ne font pas ce travail. Uber, Apple, Microsoft, Google, sont les conséquences de phénomènes de long terme, ils agissent au cœur de notre culture. Il faut bien comprendre que ces entreprises n’existeraient pas – et leur modèle consistant à valoriser nos données personnelles serait impossible – si toute une série de choses n’avaient pas eu lieu : par exemple, la privatisation des entreprises télécoms ou l’amoncellement de données par d’énormes chaînes de grands magasins.

Cette histoire, il faut la raconter de manière plus politique et plus radicale. Il faut traiter cela comme un ensemble, qui existe dans un certain contexte.

Et ce contexte, c’est, il faut le dire, le néolibéralisme. Internet est la nouvelle frontière du néolibéralisme.

Le travail critique de la Silicon Valley ne suffit pas. Il faut expliquer que le néolibéralisme qu’elle promeut n’est pas désirable. Il faut expliquer que :

Il faut travailler à l’émergence d’une gauche qui se dresse contre ce néolibéralisme qui s’insinue notamment par les technologies.

Le travail que fait Podemos en Espagne est intéressant. Mais voir les plateformes seulement comme un moyen de se passer des anciens médias et de promouvoir un renouvellement démocratique ne suffit pas. Il faut aller plus en profondeur et comprendre comment les technologies agissent sur la politique, et ça, Podemos, comme tous les mouvements de gauche radicale en Europe, ne le fait pas.

Mais vous voyez des endroits où ce travail est fait ?

En Amérique latine, on voit émerger ce type de travail. En Argentine, en Bolivie, en Equateur, on peut en voir des ébauches.

En Equateur par exemple, où la question de la souveraineté est essentielle – notamment parce que l’économie reste très dépendante du dollar américain -,- on l’a vue s’articuler à un mouvement en faveur d’une souveraineté technologique.

Mais on ne voit pas de tels mouvements en Europe. C’est certain.

Evgeny Morozov, le 18 mars 2013

La Silicon Valley va au-delà de tout ce qu’on avait connu auparavant en termes d’impérialisme économique. La Silicon Valley dépasse largement ce qu’on considérait auparavant comme les paragons du néolibéralisme américain – McDonald’s par exemple – car elle affecte tous les secteurs de notre vie.

C’est pourquoi il faut imaginer un projet politique qui rénove en fond notre conception de la politique et de l’économie, un projet qui intègre la question des infrastructures en garantissant leur indépendance par rapport aux Etats-Unis.

Mais si je suis pessimiste quant à l’avenir de l’Europe, c’est moins à cause de son impensée technologique que de l’absence flagrante d’esprit de rébellion qui l’anime aujourd’hui.

Mais est-ce que votre dénonciation tous azimuts de la Silicon Valley ne surestime pas la place de la technologie dans nos vies ? Il y a bien des lieux de nos vies – et ô combien importants – qui ne sont pas ou peu affectés par la technologie…

Je me permets d’être un peu dramatique car je parle de choses fondamentales comme le travail, l’éducation, la santé, la sécurité, les assurances. Dans tous ces secteurs, des changements majeurs sont en train d’avoir lieu et cela va continuer. La nature humaine, ça n’est pas vraiment mon objet, je m’intéresse plus à ses conditions d’existence.

Et puis je suis obligé de constater que la plupart des changements que j’ai pu annoncés il y a quelques années sont en train d’avoir lieu. Donc je ne pense pas surestimer la force de la Silicon Valley.

D’ailleurs, ce ne sont pas les modes de vie que je critique. Ce qui m’intéresse, ce sont les discours de la Silicon Valley, ce sont les buts qu’elle se donne. Peu importe si, au moment où j’en parle, ce sont seulement 2% de la population qui utilisent un service. Il se peut qu’un jour, ce soient 20% de la population qui l’utilisent. Cette possibilité à elle seule justifie d’en faire la critique.

D’accord, mais en vous intéressant à des discours, ne prenez-vous pas le risque de leur donner trop de crédit ? Dans bien des cas, ce ne sont que des discours.

En effet, on peut toujours se dire que tout ça ne marchera pas. Mais ce n’est pas la bonne manière de faire. Car d’autres y croient.

Regardez par exemple ce qui se passe avec ce qu’on appelle les « smart cities ». Quand vous regardez dans le détail ce qui est vendu aux villes, c’est d’une pauvreté confondante. Le problème, c’est que les villes y croient et paient pour ça. Elles croient à cette idée du logiciel qui va faire que tout fonctionne mieux, et plus rationnellement. Donc si la technologie en elle-même ne marche pas vraiment, le discours, lui, fonctionne à plein. Et ce discours porte un agenda propre.

Il est intéressant de regarder ce qui s’est passé avec la reconnaissance faciale. Il y a presque quinze ans, dans la suite du 11 Septembre, les grandes entreprises sont allées vendre aux Etats le discours de la reconnaissance faciale comme solution à tous leurs problèmes de sécurité. Or, à l’époque, la reconnaissance faciale ne marchait absolument pas. Mais avec tout l’argent des contrats, ces entreprises ont investi dans la recherche, et aujourd’hui, la reconnaissance faciale marche. Et c’est un énorme problème. Il faut prendre en compte le caractère autoréalisateur du discours technologique.

Un autocollant « I love Facebook » collé sur un ordinateur Apple au siège de Facebook en Californie, le 8 février 2012

Quelle stratégie adopter ?

Il faut considérer la Silicon Valley comme un projet politique, et l’affronter en tant que tel.

Ça veut donc dire qu’un projet politique concurrent sera forcément un projet technologique aussi ?

Oui, mais il n’existe pas d’alternative à Google qui puisse être fabriquée par Linux. La domination de Google ne provient pas seulement de sa part logicielle, mais aussi d’une infrastructure qui recueille et stocke les données, de capteurs et d’autres machines très matérielles. Une alternative ne peut pas seulement être logicielle, elle doit aussi être hardware.

Donc, à l’exception peut-être de la Chine, aucun Etat ne peut construire cette alternative à Google, ça ne peut être qu’un ensemble de pays.

Mais c’est un défi gigantesque parce qu’il comporte deux aspects :

Car quand on regarde comment fonctionne Uber – sans embaucher, en n’assumant aucune des fonctions de protection minimale du travailleur –, quand on regarde les processus d’individualisation des assurances de santé – où revient à la charge de l’assuré de contrôler ses paramètres de santé –, on s’aperçoit à quel point le marché est seul juge.

L’Etat non seulement l’accepte, mais se contente de réguler. Est complètement oubliée la solidarité, qui est au fondement de la sociale-démocratie. Qui sait encore que dans le prix que nous payons un taxi, une part – minime certes – sert à subventionner le transport des malvoyants ? Vous imaginez imposer ça à Uber….

Il faut lire le livre d’Alain Supiot, « La Gouvernance par les nombres » (Fayard, 2015), il a tout juste : nous sommes passés d’un capitalisme tempéré par un compromis social-démocrate à un capitalisme sans protection. C’est donc qu’on en a bien fini avec la sociale-démocratie.

Ce qui m’intrigue, si l’on suit votre raisonnement, c’est : comment on a accepté cela ?

Mais parce que la gauche en Europe est dévastée ! Il suffit de regarder comment, avec le feuilleton grec de cet été, les gauches européennes en ont appelé à la Commission européenne, qui n’est pas une grande défenseure des solidarités, pour sauver l’Europe.

Aujourd’hui, la gauche a fait sienne la logique de l’innovation et de la compétition, elle ne parle plus de justice ou d’égalité.

La Commission européenne est aujourd’hui – on le voit dans les négociations de l’accord Tafta – l’avocate d’un marché de la donnée libre, c’est incroyable ! Son unique objectif est de promouvoir la croissance économique. Si la vie privée est un obstacle à la croissance, il faut la faire sauter !

D’accord, mais je repose alors ma question : comment on en est venus à accepter cela ?

Certains l’ont fait avec plaisir, d’autres avec angoisse, la plupart avec confusion.

Car certains à gauche – notamment dans la gauche radicale – ont pu croire que la Silicon Valley était une alliée dans le mesure où ils avaient un ennemi commun en la personne des médias de masse. Il est facile de croire dans cette idée fausse que les technologies promues par la Silicon Valley permettront l’émergence d’un autre discours.

On a accepté cela comme on accepte toujours les idées dominantes, parce qu’on est convaincus. Ça vient parfois de très loin. L’Europe occidentale vit encore avec l’idée que les Américains ont été des libérateurs, qu’ils ont ensuite été ceux qui ont empêché le communisme de conquérir l’Europe. L’installation de la domination idéologique américaine – de McDonald’s à la Silicon Valley – s’est faite sur ce terreau.

Il y a beaucoup de confusion dans cette Histoire. Il faut donc théoriser la technologie dans un cadre géopolitique et économique global.

En Europe, on a tendance à faire une critique psychologique, philosophique (comme on peut le voir en France chez des gens comme Simondon ouStiegler). C’est très bien pour comprendre ce qui se passe dans les consciences. Mais il faut monter d’un niveau et regarder ce qui se passe dans les infrastructures, il faut élargir le point de vue.

Il faut oser répondre simplement à la question : Google, c’est bien ou pas ?

Aux Etats-Unis, on a tendance à répondre à la question sur un plan juridique, en imposant des concepts tels que la neutralité du Net. Mais qu’on s’appuie en Europe sur ce concept est encore un signe de la suprématie américaine car, au fond, la neutralité du Net prend racine dans l’idée de Roosevelt d’un Etat qui n’est là que pour réguler le marché d’un point de vue légal.

Il faut aller plus loin et voir comment nous avons succombé à une intériorisation de l’idéologie libérale jusque dans nos infrastructures technologiques.

Et c’est peut-être en Amérique latine, comme je vous le disais tout à l’heure, qu’on trouve la pensée la plus intéressante. Eux sont des marxistes qui n’ont pas lu Simondon. Ils se donnent la liberté de penser des alternatives.

Pour vous, le marxisme reste donc un cadre de pensée opérant aujourd’hui pour agir contre la Silicon Valley ?

En tant qu’il permet de penser les questions liées au travail ou à la valeur, oui. Ces concepts doivent être utilisés. Mais il ne s’agit pas de faire une transposition mécanique. Tout ce qui concerne les données – et qui est essentiel aujourd’hui – n’est évidemment pas dans Marx. Il faut le trouver ailleurs.

Source: http://www.les-crises.fr/morozov-internet-est-la-nouvelle-frontiere-du-neoliberalisme/


[70 AG ONU] Iran + Syrie + Turquie : “Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ?”

Friday 16 October 2015 at 01:54

Iran – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Hassan Rouhani, Président de la République islamique de l’Iran, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Au nom de Dieu le grand, le miséricordieux, loué soit Allah et que la paix et le salut soient sur le prophète Mohamed et ses compagnons.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Je parle ici au nom d’un grand pays qui pleure le décès de milliers de pèlerins musulmans et de centaines de ses propres citoyens. Des personnes âgées, des jeunes, des hommes et des femmes qui s’étaient réunis pour le grand pèlerinage spirituel de La Mecque sont malheureusement tombés victimes de l’incompétence et de la mauvaise gestion de ceux qui ont fait défaut à leur devoir. Certaines personnes disparues ne peuvent être identifiées et il n’a pas été possible de rendre aux familles en deuil la dépouille des personnes décédées, ainsi des milliers d’innocents venus des quatre coins de la planète sont morts ou ont été blessés. C’est là un désastre si grand que l’on ne peut y répondre comme à une catastrophe naturelle ou comme à une question localisée.

La douleur et la détresse infligées à des millions de musulmans sont plus grandes que toute réparation possible sur le plan matériel. L’opinion publique exige que les responsables d’Arabie Saoudite s’acquittent promptement de leurs obligations internationales et accordent immédiatement l’accès consulaire pour l’identification et la restitution des dépouilles. De plus, il faut que les conditions soient mises en place en vue de mener une enquête approfondie et indépendante sur les causes de cette catastrophe et sur les moyens d’empêcher que pareille catastrophe ne se répète à l’avenir.

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs les chefs d’État de gouvernement, Mesdames et Messieurs, Je parle ici au nom d’un pays qui, il y a deux ans, votait encore une fois pour une implication constructive dans les affaires du monde, et je puis vous annoncer fièrement qu’aujourd’hui un nouveau chapitre s’est ouvert dans les relations de l’Iran avec le reste du monde.

Il y a deux ans, le peuple iranien, dans le cadre d’élections libres, m’a confié un mandat, un mandat en faveur de la consolidation de la paix et d’une implication constructive dans les affaires du monde tout en défendant les droits, intérêts et la sécurité nationaux. Cette volonté manifestée par le peuple a pris la forme d’un effort délibéré et diplomatique qui a porté ses fruits avec le Plan d’action global commun conclu entre la République islamique d’Iran et six pays du monde, qui est devenu immédiatement un instrument international ratifié par le Conseil de sécurité des Nations unies. Du point de vue du droit international cet instrument est un précédent fort puisque pour la première fois deux parties, plutôt que de négocier la paix après la guerre, ont choisi de dialoguer et de se comprendre avant que le conflit n’éclate.

À ce stade, il me paraît nécessaire de saluer ici le rôle de tous les négociateurs et des dirigeants et chefs d’État et de gouvernement [États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Allemagne, Chine et République islamique d'Iran]. Nous avons décidé de créer de nouvelles conditions tout en défendant nos principes et nous avons réussi à le faire. Lorsque cela a été nécessaire nous sommes allés de l’avant, et lorsque cela a été nécessaire nous avons montré aussi le courage de la souplesse. Et à chaque instant nous avons fait pleinement usage de la capacité du droit international pour poursuivre ce dialogue constructif. Le point essentiel expliquant le succès du dialogue réside dans le fait que tout acteur du système international qui défend des revendications maximalistes et ne laisse aucun espace à l’autre partie ne peut invoquer la paix, la stabilité, le développement. Comme dans les dossiers commerciaux ou dans l’activité économique, comme aussi dans la politique et l’organisation internationale, le multilatéralisme et les solutions qui permettent à tous de gagner quelque chose à la discussion devraient être la base de cet engagement réciproque.

Monsieur le Président,

L’ONU a été créée pour créer et défendre la paix et la sécurité mondiale après deux guerres mondiales. Malheureusement, il faut bien reconnaître que dans bien des cas, cette institution internationale importante n’a pas su se montrer efficace. Or, cette fois, l’ONU a fait le bon choix. Aujourd’hui nous protestons contre l’adoption de résolutions injustes contre la République islamique d’Iran, néanmoins, et l’imposition de sanctions contre l’Iran et son gouvernement à la suite de malentendus. Nous croyons néanmoins un vieux proverbe iranien qui dit qu’« au plus tôt on met un terme à des mesures pernicieuses, au plus tôt aussi on en engendre les bénéfices. » Et c’est quelque chose que l’on constate aujourd’hui. La résolution 2231 du Conseil de sécurité est, certes, entachée par certaines carences et lacunes, mais elle a été un jalon important pour la levée des sanctions imposées à l’Iran. Nous considérons comme injuste le comportement du Conseil de sécurité adopté par passé, et nous insistons sur le fait que l’Iran, grâce à une fatwa importante de son dirigeant et de sa doctrine en matière de défense, n’a jamais eu l’intention de produire l’arme nucléaire, et que, par conséquent, les résolutions imposant les sanctions à l’Iran étaient injustes et illégales.

Les sanctions décidées par le Conseil de sécurité et les sanctions unilatérales imposées par certains pays se fondaient sur des allégations sans fondement et illusoires, et ont créé des conditions difficiles pour notre population. Mais ces sanctions n’ont, en aucune manière, affecté la politique que nous avons adoptée et défendue pour ce qui est des négociations. Nous avons prouvé à l’occasion de ces négociations que l’Iran n’avait pas d’autre programme que la logique, la raison et l’éthique, et que lorsque cela était nécessaire il savait aussi défendre son droit à la légitime défense contre tout type d’agression.

En fin de compte, les États-Unis d’Amérique ont ainsi été contraints de renoncer à la pression et aux sanctions et ont décidé de s’asseoir à la table des négociations pour discuter avec nous. Nos sept pays et l’Union européenne ont consacré énormément de temps à ces négociations et devraient maintenant ne ménager aucun effort pour protéger l’accord et en assurer la mise en œuvre. Pour nous, le respect par toutes les parties des engagements pris est un facteur fondamental dans le succès de la mise en œuvre du résultat de ces négociations. En parallèle à la mise en œuvre du Plan d’action global commun, nous attendons aussi des états détenteurs de l’arme nucléaire qu’ils prennent les mesures nécessaires pour s’acquitter de leurs propres engagements en matière de désarmement nucléaire plein et entier, sur la base de l’article 6 du Traité de non-prolifération. De plus, nous attendons d’eux qu’ils jouent un rôle positif dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et qu’ils ne permettent pas au régime sioniste de rester le seul obstacle à la réalisation de cette initiative importante.

Monsieur le Président,

L’accord nucléaire qui est une excellente illustration d’une victoire sur la guerre, a permis de dissiper les nuages hostiles, voire le spectre d’une autre guerre, et d’apaiser les tensions au Moyen-Orient. Cet accord doit augurer d’une nouvelle ère et aboutir à des résultats positifs pour ce qui concerne la mise en place de paix durable et de la stabilité dans la région. De notre point de vue, l’accord que nous avons conclu n’est pas un objectif final mais c’est un élément qui peut et devrait annoncer d’autres progrès. Étant donné que cet accord a permis de jeter une base objective et de mettre en place un modèle adéquat, il peut maintenant servir de base aussi pour des changements fondamentaux dans la région.

Notre politique consiste à poursuivre les efforts de paix dans la région, toujours sur la base du principe qui veut que chaque partie sorte gagnante du processus, et d’agir de manière à faire en sorte que tous dans la région tirent partie de ces conditions nouvelles. C’est là une occasion à saisir de façon à pouvoir envisager l’avenir plutôt que de se braquer sur le passé, de façon aussi à refonder nos rapports avec les pays de la région, en particulier avec nos voisins, sur la base du respect mutuel et de nos intérêts communs et collectifs.

Malheureusement, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont devenus aujourd’hui l’une des régions les plus turbulentes. Avec la poursuite et l’intensification de l’État de choses actuel, ces troubles risquent de se propager dans d’autres parties du monde. Dans le monde interconnecté et sans frontière d’aujourd’hui, les pays et les régions ont beaucoup de difficultés à protéger leurs frontières et à empêcher la propagation de l’insécurité et de l’instabilité. La menace la plus grave et la plus importante au monde d’aujourd’hui est de voir des organisations terroristes devenir des états terroristes. Il est déplorable que des insurrections nationales dans la région soient mises à profit par des terroristes et que le destin des nations soit déterminé par les armes et la terreur plutôt que par la voie des urnes.

Nous proposons que la lutte contre le terrorisme soit intégrée à un document international contraignant et qu’aucun pays ne soit autorisé à utiliser le terrorisme aux fins d’intervention dans les affaires d’autres pays. Nous sommes disposés à aider à l’élimination du terrorisme, nous souhaitons ouvrir la voie à la démocratie et garantir que les armes ne dicteront pas la suite des événements dans la région. De même que nous avons aidé à rétablir la démocratie en Irak et en Afghanistan, nous sommes prêts à aider à rétablir la démocratie en Syrie et au Yémen. Nous appuyons la consolidation du pouvoir grâce au vote populaire plutôt que par le recours aux armes, et nous défendons le droit de la majorité tout en souhaitant le respect des droits des minorités.

Aujourd’hui, tout en protégeant son patrimoine historique et culturel, l’Iran se tourne vers l’avenir : non seulement un avenir lointain mais aussi l’avenir proche, lequel peut être marqué par la coopération et la coexistence. Et je dis à tous les pays et à tous les gouvernements que nous n’oublierons pas le passé, mais que nous ne souhaitons pas vivre dans le passé. Nous n’allons pas oublier la guerre et les sanctions mais nous nous tournons plutôt vers la paix et le développement. Dans le cadre du Plan d’action global commun, nous ne cherchions pas seulement un accord sur le dossier nucléaire, nous souhaitions aussi proposer une manière nouvelle et constructive de refonder l’ordre international. Un ordre qui soit fondé sur le respect mutuel, sur la non-ingérence dans le affaires intérieures des autres, ainsi que sur une coopération soutenue et sur la coexistence entre les membres de l’Organisation des Nations unies. Pour édifier un avenir pacifique, nous devons aussi tirer les enseignements d’un passé amer : nous savons que la seule manière de faire perdurer la paix est de garantir le développement. La paix sans le développement, en effet, n’est qu’une pause qui permet au ressentiment et à la suspicion de gonfler. Cependant la paix accompagnée du développement dissipent la colère et le ressentiment, et permettent d’y substituer espoir et respect.

Nous avons dit à maintes reprises que la seule manière d’éradiquer le terrorisme au Moyen-Orient était de viser les causes sociales, économiques et culturelles sous-jacentes qui l’expliquent. Les interactions économiques peuvent aussi amener avec elles une sécurité durable et transformer la région pour en faire un sanctuaire de paix et de développement. À la suite du Plan d’action global commun, l’Iran est maintenant prêt à montrer que la meilleure manière pratique d’assurer la sécurité et la stabilité est de garantir le développement. L’Iran, avec son potentiel économique et culturel est bien placé pour devenir un pôle d’investissement orienté vers les exportations. L’Iran souhaite aussi montrer que nous pouvons tous opter pour une paix durable fondée sur le développement et sur des intérêts communs qui amèneront une sécurité durable plutôt qu’une paix instable marquée par les menaces. Nous souhaitons dialoguer avec nos voisins dans un large éventail de domaines socio-économiques de façon à arriver à une entente politique et voir à renforcer la coopération structurelle en matière de sécurité. Dans le système international d’aujourd’hui, les liens économiques mutuels apparaissent comme étant les principaux facteurs de facilitation de la coopération politique et de réduction des problèmes liés à la sécurité.

Monsieur le Président,

En 2013, à cette même tribune, je lançais un appel à combattre la violence et l’extrémisme. À la suite de quoi, vous, représentants de la communauté internationale avez unanimement approuvé la résolution WAVE. Cette résolution suppose des solutions et l’application des résultats tirés de l’expérience dans le domaine de la diplomatie. Je suis heureux qu’en mobilisant cet appui aujourd’hui pour le Plan d’action global commun, nous pourrons concevoir un plan permettant de régler les problèmes d’un Moyen-Orient fragmenté et pris dans la tenaille de la brutalité et de la sauvagerie.

Pour combattre l’ignorance, la dictature, la pauvreté, la corruption, le terrorisme, la violence et leurs impacts social, politique, culturel, économique et sécuritaire, je voudrais inviter le monde entier, en particulier les pays de ma région, à former un Plan d’action global commun visant à créer un Front uni contre l’extrémisme et la violence. Ce Front devrait :

- créer un mouvement collectif et mondial pour affronter les problèmes régionaux avec sérieux grâce au dialogue ;

- prévenir les massacres d’innocents et le bombardement de civils et empêcher la promotion de la violence ;

- assurer la stabilité en coopération avec les gouvernements centraux en place afin de maintenir la stabilité ;

- et une fois la stabilité établie, renforcer la diplomatie et la gouvernance démocratique de la région du Moyen-Orient.

Mesdames et Messieurs,

L’Irak, la Syrie et le Yémen sont autant d’exemples de crises alimentées par la terreur, l’extrémisme, la violence, les effusions de sang, l’invasion et l’indifférence de la communauté internationale. Nous avons des exemples similaires de déplacements de gens perdant leur foyer ou fuyant les horreurs de la guerre et du bombardement. Ces problèmes ont persisté parce que la communauté internationale n’a pas agi et parce que de nouveaux venus dans la région ou des acteurs trans-régionaux naïfs n’ont pas pris les bonnes mesures. De ce fait, la vague de destruction est allée au-delà du monde arabe et est parvenue aux portes de l’Europe et des États-Unis avec la destruction du patrimoine de la civilisation et d’ouvrages précieux de civilisations anciennes, et plus largement par la mort de l’humanité. Il ne faut pas oublier que les causes des guerres d’aujourd’hui, de la destruction et de la terreur remontent à l’occupation, à l’invasion et aux interventions militaires d’hier. Si les États-Unis n’avaient pas envahi militairement l’Afghanistan et l’Irak, et si les États-Unis n’avaient pas appuyé aveuglément les actions inhumaines du régime sioniste à l’encontre du peuple opprimé de Palestine, les terroristes aujourd’hui n’auraient pas d’alibi justifiant leurs crimes. Monsieur le Président, certains cultivent les semences de la division et de l’extrémisme, il faut y mettre un terme et ces actes doivent être alignés sur la réalité de la région.

Monsieur le Président,

Malgré les nombreux problèmes que notre région connaît aujourd’hui, nous croyons en un avenir meilleur. Nous n’avons pas de doutes quant au fait que nous saurons surmonter les obstacles si nous faisons preuve de sagesse et de prudence ainsi que si nous avons recours à des capacités nouvelles et puissantes et si nous nous fondons sur les racines de notre civilisation et sur notre détermination. Nous avons foi en l’avenir radieux de l’humanité du fait de la révélation divine, un avenir dans lequel les gens vivront dans la paix, la tranquillité, la spiritualité. Nous croyons en la volonté des nations de reprendre le chemin de la bonté et de la pureté. Nous croyons que la victoire ultime sera gagnée par ceux qui feront preuve de piété.

Merci à tous de votre attention.

 
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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République arabe syrienne – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Walid Al-Moualem, Vice-Premier Ministre de la République arabe syrienne, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

Madame la Présidente, je voudrais vous féliciter à l’occasion de votre élection à la présidence de l’Assemblée Générale pour la session en cours, et je vous souhaite toute la réussite possible dans le cadre de vos fonctions. Je voudrais également remercier votre prédécesseur pour son travail à la présidence de la session de l’année dernière.

Mesdames et Messieurs, je vous salue dans ce bâtiment international qui, initialement, avait été créé, avec toutes ses agences, pour garantir la paix et la sécurité dans le monde . Je vous salue alors que je viens d’un pays où la sécurité a été perturbée, un pays qui ne connaît plus la paix, un pays qui vit une guerre féroce depuis plus de quatre ans. Je vous salue d’un pays baptisé dans le sang de sa population qui lutte contre le terrorisme, et qui défend ses compatriotes, en attendant que cette Organisation internationale remplisse ses promesses, et mette en œuvre les Résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme ; des Résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité, aux termes du chapitre sept, et qui sont encore lettre morte.

Ces Résolutions sont uniquement annoncées dans les communiqués de presse, ou dans les déclarations aux médias, alors que, sur le terrain, les pays qui financent, qui soutiennent le terrorisme, alimentent encore l’extrémisme dans les régions. Ces pays continuent d’armer, de former, d’envoyer des terroristes en Syrie, sans se soucier de la mise en œuvre de ces résolutions.

Mesdames et Messieurs, je vous demande, avec le peuple syrien, combien de temps nous allons attendre encore, pendant que les États Membres puissants intimident les autres États Membres qui veulent appliquer le droit international ; et quand va-t-on mettre fin à ces actes criminels contre la population syrienne ? Pourquoi tout ce silence ?

Vous constatez que des pays diffusent des idéologies extrémistes, y compris en Europe. Des cellules dormantes se réveillent ; les attentats, les assassinats frappent de nouveau l’Ouest. Les populations innocentes de vos pays ont commencé à payer le prix du soutien au terrorisme, apporté par certains de vos responsables politiques. Vous savez, mieux que quiconque, que le terrorisme est une idéologie qui ne connaît pas les frontières ; vous savez que, lorsque ce monstre est libéré, il ne se limite pas à certains pays. Le terrorisme de Daech, d’Al-Nosra ou d’autres organisation affiliées à Al Qaïda tuent des innocents, capturent des femmes, lancent des mortiers contre des civils. Ce terrorisme détruit également des civilisations, du patrimoine, y compris un patrimoine mondial qui appartient donc à l’ensemble de l’Humanité, tel que les temples de Baalshamin ou de Bêl, sans parler du meurtre de nos archéologues.

Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ? Pourquoi les soutenez-vous alors que vous savez qu’ils ne produisent que destruction ? Comment des pays développés, qui sont gouvernés par des parlements, sont-ils des alliés de pays qui n’ont pas de parlements, qui ne reconnaissent pas une partie active de la société -les femmes ? Comment vos pays peuvent-ils accepter les idées de Djihad sexuel ? Comment peuvent-ils accepter que l’on coupe des mains, que l’on brûle des personnes, que l’on détruise de manière systématique les monuments historiques ?

Mesdames et Messieurs, la Syrie continuera de lutter contre le terrorisme, dans ses discours et dans les faits, et l’armée syrienne est capable de débarrasser le pays de ces terroristes. Malgré tous les sacrifices, malgré le prix élevé que nous avons déjà payé, et que nous continuons de payer, avec le peuple syrien qui a déjà versé un lourd tribut en vies humaines, en terme de sécurité, et de qualité de vie, nous continuerons de lutter. Le devoir de la communauté internationale est de mettre fin à ce flux de terroristes qui vient en Syrie depuis une centaine de pays – d’après les informations des Nations Unies – afin de mettre sur pied un califat qui, comme vous le savez tous, ne se limitera pas à la Syrie ou à l’Irak. Les chefs de ce califat ont déclaré plusieurs fois que leurs objectifs est d’étendre ce califat de La Mecque au Nord de l’Europe, afin de restaurer la gloire du califat historique – selon leur interprétation. Si vous ne vous opposez pas aux États Membres qui soutiennent le terrorisme, alors la vague de violence qui a déferlé sur la Syrie, l’Irak et la Libye ne s’arrêtera pas.

Monsieur le Président, la Syrie a toujours demandé qu’il y ait un dialogue politique ; notre vision s’est avérée être correcte. La Syrie ne peut pas mettre en œuvre des politiques démocratiques, à savoir des élections, l’adoption d’une nouvelle constitution, alors que le terrorisme frappe des civils innocents dans notre pays. Comment pouvons-nous demander au peuple syrien de se rendre aux urnes, alors que les rues ne sont pas sures ? Ils ne sont même pas en sécurité chez eux, alors même que des missiles ou des tirs de mortier sont lancés contre des groupes terroristes qui sont soutenus par des pays que nous connaissons bien. Néanmoins, nous sommes toujours convaincus qu’un dialogue politique doit s’installer ; nous voulons sauvegarder la souveraineté nationale et l’unité du territoire syrien, nous voulons maintenir les institutions de l’État, nous voulons les développer, améliorer leur fonctionnement, et la seule manière de trouver une solution politique, c’est d’opter pour un dialogue national, géré par la Syrie, sans interférences étrangères. C’est sur cette base que la Syrie a convenu de participer à Genève II, et à Moscou I et II. J’annonce que la Syrie est d’accord pour participer aux quatre comités d’experts proposés par l’envoyé spécial, M. Staffan de Mistura. M. de Mistura a confirmé que le rôle de ces comités était principalement de procéder à un échange d’idées, et d’entamer des consultations préliminaires, afin de préparer Genève III.

Certains ont pensé que l’approbation, par la Syrie, de cette voie politique, quelles que soient sa forme, les initiatives ou les noms qu’on lui donne, était liée à la faiblesse de la population, de l’armée Syrienne sur le terrain. Je voudrais répéter ici que la Syrie est solide, et qu’elle continue à lutter contre le terrorisme, et que l’armée syrienne et le peuple syrien sont unis contre le terrorisme. Que personne ici ne pense qu’après tous ces sacrifices, qu’après toute cette volonté pendant quatre ans, certains pourraient obtenir de manière politique ce qu’ils n’ont pas pu obtenir sur le terrain ; ou qu’ils obtiendront à la table des négociations ce qu’ils ne sont pas parvenus à obtenir sur le terrain. La décision du peuple syrien n’appartient qu’à lui, et personne ne peut lui nier ce droit. Je répète : la décision du peuple syrien appartient au peuple syrien, et personne ne peut priver le peuple syrien de ce droit. L’armée arabe syrienne a étonné le monde, par sa puissance et sa persistance. Monsieur le Président, l’invitation importante de Son Excellence le Président Vladimir Poutine, à mettre sur pieds une coalition internationale régionale pour lutter contre le terrorisme, a bénéficié de l’attention du gouvernement syrien et de ses alliés. Le terrorisme ne peut pas être vaincu uniquement de manière aérienne, et les frappes aériennes sont inutiles à moins qu’elles ne soient faites en coopération avec l’armée syrienne, la seule force en Syrie qui lutte contre le terrorisme. L’annonce de l’entame des frappes aériennes russes en Syrie, à la requête du gouvernement syrien, et en coordination avec le gouvernement, est un exemple de participation efficace aux efforts syriens de lutte contre le terrorisme.

Ce qu’on a appelé « le printemps arabe » n’a été un printemps que pour Israël et ses alliés, connus ou pas. Israël continue d’attaquer la Syrie, alors que le monde regarde Israël qui arme des terroristes, les soigne dans ses hôpitaux, les aide avec ses services d’espionnage. Lorsque ces terroristes sont affaiblis, Israël intervient directement par des frappes aériennes ou des tirs de mortier, tout comme la Turquie d’ailleurs, que ce soit à Alep ou à Idlib. C’est ce que l’Arabie Saoudite et le Qatar font également : ils font tout pour verser du sang syrien ; leur soutien aux terroristes, et à l’escalade des attaques contre des citoyens dans la plupart des régions et des villes en Syrie, ont débouché sur une augmentation des besoins de nos citoyens pour des produits et des services de base. Les sanctions inhumaines imposées par l’Union Européenne et les Etats-Unis ont exacerbé les mauvaises conditions de vie des civils syriens. Simultanément, mon gouvernement coopère avec les Nations Unies et avec ses agences humanitaires dans le cadre de plans de réponse convenus avec le gouvernement syrien, pour répondre aux besoins de base des citoyens, particulièrement des citoyens qui ont été contraints, par des actes terroristes, de fuir leurs foyers. Bon nombre de citoyens ont été contraints de fuir vers des pays voisins ; certains de ces pays les ont accueillis dans des camps pour les former au maniement des armes, ou dans des installations qui ressemblent à des installations de détention ou d’isolement. Je voudrais souligner que l’Etat syrien garantit le retour en toute sécurité et une vie décente pour les citoyens qui souhaitent revenir en Syrie. Simultanément, la Syrie continue de consentir tous les efforts possibles pour livrer l’aide des organisations internationales à l’ensemble des citoyens syriens, sans discrimination, où qu’ils se trouvent.

Monsieur le Président, la République arabe syrienne confirme sa volonté de récupérer pleinement le Golan syrien occupé, tel qu’il était en 1967. Il souligne également de rejet de toutes les actions prises par Israël, la puissance occupante, pour changer ses caractéristiques démographiques, géographiques et naturelles, en violation claire des Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité, en particulier les Résolutions 497 de 1981 et 465 de 1980. La Syrie confirme également que la question palestinienne est essentielle aux yeux du peuple syrien. Nous soutenons les droits légitimes et inaliénables de nos frères palestiniens, particulièrement le droit de retour, le droit à l’autodétermination et le droit à créer un état indépendant, avec pour capitale Jérusalem.

Monsieur le Président, à la fin 2013, la Syrie a accepté une initiative du Président de la Fédération de Russie, Son Excellence Vladimir Poutine, et a rejoint la Convention pour l’interdiction des armes  chimiques ; car nous pensons qu’il est nécessaire de créer au Moyen Orient, une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive. Nous avons prouvé au monde entier notre engagement contre toute utilisation d’armes chimiques ; la Syrie a rempli les obligations découlant de son adhésion à la Convention, et ce malgré la situation difficile que nous connaissions. S’il n’y avait pas eu de coopération de la Syrie avec la mission conjointe de l’ONU et de l’OIAC, il n’aurait pas été possible de mener à bien les tâches de cette mission.

La République arabe syrienne voudrait féliciter la République islamique d’Iran pour sa victoire dans le cadre de l’accord historique qui répond aux aspirations de la population de l’Iran, et qui reconnaît de droit de l’Iran à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ; cela permettra également de lever les sanctions imposées à l’Iran, cela permettra également de lever le gel de ses avoirs ; cela permettra à l’Iran de revenir dans le concert des Nations. Cet accord prouve qu’une approche sérieuse, diligente, est en mesure de surmonter tous les obstacles et permet de trouver des solutions justes pour des problèmes complexes. La Syrie souligne que la création d’une zone sans armes de destruction massive dans le Moyen Orient ne sera pas possible sans la participation d’Israël , la seule puissance nucléaire dans la région. Israël doit rejoindre tous les traités interdisant ces armes, et doit placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique. Nous soulignons simultanément le droit pour tous les pays d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques.

Monsieur le Président, la Syrie souligne que l’imposition de mesures économiques coercitives,  unilatérales et non éthiques par les États-Unis et l’Union Européenne sont en contradiction avec les règles du droit international et les principes du libre-échange. C’est pourquoi nous félicitons Cuba qui est parvenu à un accord avec les États-Unis pour lever le blocus. Nous réitérons notre appel à lever toutes les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, ainsi qu’au Venezuela, à la Biélorussie et à la République populaire démocratique de Corée.

Monsieur le Président, je voudrais dire ici à tous ceux qui prétendent vouloir œuvrer en faveur de la sécurité du peuple syrien, la chose suivante : si vous voulez vaincre le terrorisme, si vous voulez permettre des réformes politiques et économiques, vous devez mettre en œuvre, de manière sincère les Résolutions du Conseil de Sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme. Ce n’est qu’alors qu’on pourra mettre fin à la guerre en Syrie, et que nous pourrons procéder à un dialogue politique. Je vous remercie.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Turquie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Ahmet Davutoğlu, Premier Ministre de la République de Turquie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Mr le président excellence, mesdames et messieurs, je vous salue chaleureusement, et j’espère que la 70ème session de l’assemblée générale sera couronnée de succès. Je souhaiterais féliciter Mr Mogens Lykketoft à l’occasion de son élection de la présidence de l’assemblée et je souhaiterais remercier Mr Sam Kutesa pour les efforts consentis en tant que président de la 69ème assemblée générale.

Mesdames et messieurs il ya 70 ans notre organisation a été créée, pour reprendre les paroles de l’ancien secrétaire général Hammarskjöld,  non pas pour mener l’humanité vers le paradis mais pour la sauver de l’enfer. Lorsque nous regardons en arrière, nous voyons que les nations unies ont été très utiles pour éviter une guerre mondiale supplémentaire mais malheureusement elle n’est pas parvenue à sauver de nombreuses populations des souffrances de l’enfer, dans de nombreuses régions de conflit en Bosnie, au Rwanda, et en Syrie depuis plusieurs années. L’histoire tragique du petit Ilan de 3 ans devrait nous rappeler de ce pourquoi les nations unies ont été crées. C’était au début de ce mois, le corps sans vie du petit Ilan est échoué sur la cote turque alors que son bateau avait coulé dans la mer Egée. Sa famille a tenté d’échapper  aux barils d’explosifs dans une ville en Syrie pour arriver dans un pays d’espoir quelque part en Europe. L’officier de gendarmerie turque qui a trouvé le corps d’Ilan a dit qu’il se sentait plutôt comme le père de cet enfant. Il tenait impuissant cet être cher dans ses bras et en effet Ilan c’est notre enfant, c’est notre enfant à tous c’est celui de l’humanité. Au moment où nous l’avons trouvé échoué sans vie sur la rive, nous étions tous perdus, dans la misère de notre propre conscience mesdames et messieurs en tant qu’être humains, nous ne sommes pas simplement des pages blanches d’un livre d’histoire. Ce sont nos actes qui produisent le meilleur et le pire. C’est une anthologie certes simple mais tout a fait puissante et cela devrait nous permettre de tirer le meilleur de nous mêmes. Nous devons unifier nos efforts sans tarder pour lutter efficacement contre les tragédies complexes auxquelles l’humanité fait face. De son coté, la Turquie a assumé plus que sa part du fardeau : elle a assuré la protection à plus de deux millions de syriens et à 200000 irakiens. De plus la Turquie abrite maintenant le plus grand nombre de refugiés du monde et notre porte reste ouverte et nos cœurs restent ouverts : nous accueillons ceux qui fuient la paix et les persécutions.

Jusqu’à présent nous avons investi pratiquement 8 milliards de dollars. Alors que les contributions internationales se sont limitées à 417 millions de dollars. Au moment où je vous parle, il ya eu 66000 bébés syriens qui sont nés en Turquie il y de nombreuses consultations médicales assurées 9 millions et 280000 opération chirurgicales pour cette population  230000 enfants syriens en âge d’aller à l’école ont reçu une éducation, 460000 seront intégrés dans le système éducatif avant la fin de l’année. Le nombre de migrants illégaux potentiels qui se sont noyés dans la Mer Méditerranée a atteint un chiffre effrayant 6000 entre temps 55000 migrants par mer ont été sauvé par les gardes côtiers turcs et 235000 personnes illégales ont été interceptées par l’agence de maintien et de l’ordre depuis 2011. Le nombre de syriens qui fuient les armes chimiques, les missiles les bombardements & aériens aveugles par le régime Asad, et les attaques terrestres par l’organisation terroriste Daesh dépassent 4 millions, plus de 12 millions sont déplacées, la moitié sont des enfants, ils ont un besoin urgent d’aide. Cette tragédie ne prendra pas fin tant que le peuple de la Syrie n’aura  pas un gouvernement légitime qui vraiment représente sa volonté et jouit de son appui. Entretemps la communauté internationale vas agir avec sévérité pour leur fournir une sécurité chez eux, une zone sure, sans bombardements aériens perpétrés par le régime, sans attaque terrestre menée de Daesh et d’autres organisation terroriste. Toute personne qui cherche une solution à la crise doit penser à la population penser à cette personne qui tue sa propre population avec des armes chimiques et des bombardements aériens. Chaque minute qu’il reste au pouvoir amène la honte sur nous tous. Nous savons tous que la solution diplomatique devrait être basée sur une transition qui nous mènera à un changement politique, la Turquie continuera d’opérer à cette fin.

Mesdames et messieurs, vous n’entendez peut être plus les voix des 300000 personnes qui sont mortes mais la semaine dernière j’ai rencontré des représentants de milliers de personnes qui ont marché jusqu’à Edirne en Turquie sur cette voie vers un pays imaginaire d’espoir en Europe. J’ai promis de faire entendre leurs voix devant la communauté internationale, j’ai rempli ma promesse et pourtant nos responsabilités demeurent. Monsieur le président Mesdames et messieurs, en effet, c’est ce sens des responsabilités qui nous ont poussé à proposer l’inclusion de ce point, sensibilisation à l’échelle mondiale concernant les tragédies des migrants irréguliers en Méditerranée en mettant l’accent  sur les demandeurs d’asile syriens. Et nous avons demandé que ceci soit mis à l’ordre du jour lors de la 70ème session. Notre proposition a été acceptée par l’assemblée générale le 18 septembre. Ceci nous donne la possibilité d’examiner des réponses viables à cette tragédie des migrants grâce à un partenariat entre les pays d’origine, de destination et de transit. C’est une priorité pour toute l’humanité maintenant.

Mesdames et messieurs, le peuple syrien dans nos frontières n’est pas le seul à souffrir : la tragédie palestinienne continue encore et toujours. Dans mon intervention le 29/11/2012 devant cette auguste instance, j’ai lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soit solidaire cote à cote avec les palestiniens dans cette demande qui dure depuis 60 ans, cette demande d’avoir un état indépendant à eux. Aujourd’hui nous allons enfin pouvoir saluer le drapeau palestinien qui battra pleinement devant les nations unies. Ceci représente un pas en avant très important pour permettre aux parties d’être sur un pied d’égalité pour un processus de négociation sain qui mènera à une paix équitable et pérenne.

Mesdames et messieurs, l’état de Palestine sera indépendant aujourd’hui ou demain et Jérusalem Est également sera sa capitale éternelle comme le président Mahmoud Abbas vient de le dire, le drapeau palestinien sera aussi à Jérusalem Est et nous serons là pour célébrer cet évènement. Et tous les musulmans, chrétiens toutes les nations iront là librement sans aucune entrave. La vile d’Al Quds a un sens pour toute l’humanité : c’est une ville sainte pour l’islam, pour le judaïsme et pour le christianisme et doit être traitée comme elle le mérite. L’élargissement des colonisations illégales et les violations qui ciblent les sites sains et notamment Haram al Sharif doivent cesser immédiatement et sans aucune condition si nous voulons parler  véritablement d’un processus de paix. Le caractère sacré de Haram al Sharif doit être respecté et nous rejetons dans les termes les plus forts toute tentative visant à diviser l’espace et en temps Haram al Sharif, c’est une claire violation du droit international.

Vous venez d’entendre  l’intervention du président Abbas, pour nous aussi la Palestine est un tout, indivisible,  et qui comprend Jérusalem Est, la Cisjordanie, et Gaza.

Le droit des palestiniens de vivre ensemble en tant que un seul peuple doit être reconnu. Une partie intégrale de l’état de Palestine devrait être libéré du blocus illégal et inhumain qui l’accable depuis 8 ans. L’engagement de la Turquie visant un appui économique et politique très nécessaire aux palestiniens pour mener une vie digne continuera.

Mesdames et messieurs, le vide actuel créé à nos frontières sud et qui résulte de la crise en Syrie a joué le jeu des terroristes et a également ciblé la Turquie. C’est une menace qui a un potentiel de s’étendre à toute la région et au delà. Le terrorisme ne peut être justifié aucunement, il doit être condamné sans aucune condition. Toute tentative de lier le terrorisme avec une religion quelle qu’elle soit ou avec un groupe ethnique est une erreur très grave. Et cela ne sert qu’à renforcer la menace terroriste. Aujourd’hui comme dans le passé, la Turquie combat le terrorisme de tous genres, notamment Daesh et le PKK. Nos efforts de lutte contre le terrorisme et notre contribution à la coopération internationale à cette fin sont bien connus par nos partenaires. Daesh est un produit du vide créé par la crise en Syrie. Il faut maintenant lutter contre  les conditions qu’ils l’ont créé. Nous n’arriverons pas tant qu’Assad est là avec Daesh. Nous demandons une fois de plus qu’il faut une Syrie sans Daesh et sans Assad. Nous attendons de nos alliés, partenaires et de nos amis à continuer de fournir leur appui, et leur solidarité à la Turquie dans sa lutte contre tout type de terrorisme publiquement et autrement. Les combattants terroristes étrangers sont une source de grande préoccupation. D’après les chiffres des nations unies 25000 combattants terroristes étrangers viennent de 100 pays différents.

Cette menace doit être prise à bras le corps, renforcer la coopération internationale notamment en terme d’échange d’informations est tout à fait essentielle. Mais malheureusement, il reste des lacunes en la matière. De notre côté, nous avons inclus plus de 20000 personnes sur notre liste des persona non grata depuis 2011 et nous avons expulsé plus de 2000 personnes qui revenaient de régions de conflits au delà de nos frontières. Mesdames et messieurs, de la Lybie au Yémen,  en passant par l’Ukraine, la situation sécuritaire mondiale est extrêmement vulnérable du sud au nord et de l’est à l’ouest. Devant tant de vulnérabilité, particulièrement dans notre région, la Turquie prend ses responsabilités, de la meilleure façon qu’elle peut avec ses moyens et ses capacités. La Turquie est devenue un acteur majeur et un partenaire fiable en fournissant 3.5 milliards de dollars en aide publique au développement. Nous voyons un lien très clair entre le développement économique durable et la stabilité mondiale. Une façon d’assurer cet équilibre est d’avoir une croissance économique inclusive, pour que personne ne soit laissé pour compte, notamment les femmes qui sont les plus vulnérables. Aujourd’hui, la moitié de la population du monde vit avec un revenu moins de 2.5 dollars / jour et 20000 enfants meurent chaque jour de la faim et de la pauvreté. La Turquie en tant que présidente du groupe des 20 depuis décembre 2014 a mis en exergue l’importance de la coopération internationale de la coordination et de la solidarité si nous voulons lutter contre les risques mondiaux et les incertitudes. Nous avons considéré le caractère inclusif et la lutte contre les inégalités come une priorité du G20.

Mesdames et messieurs notre génération a été témoin d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacés, le nombre le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale. La grande majorité des crises humanitaire d’aujourd’hui son liés à des conflits, le système humanitaire mondiale ne dispose de presque plus de fonds alors que les personnes touchées n’ont presque plus de temps. La Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés du monde mais elle est également présidente du Forum Mondial sur la migration et le développement et le thème qui reviens c’est : renforcer les partenariats, la mobilité humaine pour le développement durable. Nos principales priorités comprennent notamment le fait de promouvoir des liens positifs entre la migration et le développement. Il est grand temps que nous examinions la question humanitaire de façon transversale en mettant l’accent entre le lien qui existe entre l’aspect humanitaire et le développement c’est pourquoi nous attendons avec intérêt de pouvoir accueillir la première conférence, le premier sommet international humanitaire à Istanbul les 23 et 24 mai 2016. Mesdames et messieurs les divisions culturelles si nous permettons qu’elles prospèrent nous voleront notre avenir,  les conflits actuels dans le monde montrent la propagation de la haine, de la discrimination, de l’extrémisme.

Ces crises ont pour conséquence une ségrégation des peuples qui ont une origine ethnique ou religieuse spécifique ceci empêche la tolérance, la coexistence et l’harmonie entre les civilisations, nous devons éviter l’aliénation, l’exclusion. Nous devons éviter de stigmatiser certaines communautés ou certaines religions si nous voulons abattre les murs qui nous divisent. Nous devons agir de concert contre toutes les formes de racisme, de xénophobie notamment  l’islamophobie sans exception. Et ce n’est qu’ainsi que nous pourrons lutter ensemble contre l’extrémisme, la radicalisation, le terrorisme d’une manière efficace. Nous devons encourager le caractère inclusif, la légitimité démocratique qui doivent respecter la volonté populaire et leur accord. Nous ne pouvons pardonner le fait d’établir une priorité pour la sécurité oppressive contre les libertés universelles auxquels nous avons souscrit collectivement aux nations unies. Nos différences existent mais nos capacités collectives pour surmonter les divisions doivent être renforcées. L’alliance des civilisations qui est un projet qui a été lancé il ya 10 ans par la Turquie et l’Espagne visent à fournir des solutions pérennes à cet égard. Il y a de nombreuses façons de répondre à une peur qui n’est pas fondée à la méfiance et à la haine entre les sociétés et les nations, le conflit en est une mais il y un moyen pacifique de prévenir et de résoudre les conflits c’est la médiation. L’initiative « médiation pour paix » qui a été lancée par la Turquie avec la Finlande aux nations unies il ya 5 ans a provoqué un grand intérêt et a produit des résultats tangibles pour sensibiliser concernant l’importance de la résolution pacifique des conflits.

Mesdames et messieurs nous souhaiterions voir une solution politique à la crise en Ukraine en se basant sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et sur les principes des accords de Minsk. Toute solution à ce conflit doit également garantir les droits et la sécurité des Tatars de Crimée. En terme de paix, de sécurité et de prospérité dans notre région, le Caucase du Sud occupe une place importante, cette région malheureusement continue d’être déstabilisée, d’être affaiblie, par trois conflits majeurs dans la zone au large de l’OFCE et toutes ces crises restent sans solution. Nous sommes résolus à continuer nos efforts pour faciliter une résolution pacifique des ces conflits sur la base du respect pour la souveraineté pour l’intégrité territoriale et pour l’inviolabilité des frontières reconnues internationalement de la république d’Azerbaïdjan, la même chose s’applique à la Géorgie où nous appuyons l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté. Nous nous félicitons des mesures prises récemment visant à normaliser et assurer une paix et une stabilité pérenne dans les Balkans. Nous nous félicitons des progrès réalisés jusqu’à maintenant dans le processus de dialogue entre Belgrade et Pristina. La Turquie fait partie de l’Europe historiquement et culturellement et, en nous basant sur des valeurs universelles partagées nous continuons de travailler pour atteindre notre objectif de devenir un membre de l’Union Européenne. Nous pensons que l’Europe a besoin plus que jamais de la Turquie pour renforcer sa sécurité et sa prospérité. Elargir nos relations avec l’Afrique d’un autre côté est également un pilier essentiel de la politique étrangère multidimensionnelle de la Turquie qui met l’accent sur la diplomatie humanitaire. Nous continuerons de  partager nos connaissances, notre expérience avec nos partenaires africains, nos sœurs nos frères, sur la base du bénéfice mutuel. Et conformément aux solutions africaines aux défis africains. En Asie, la Turquie a fait partie intégrante des efforts internationaux déployés afin d’arriver à une paix durable et à la stabilité en Afghanistan. Nous sommes convaincus que la communauté internationale doit continuer à prêter son concours à l’Afghanistan.

Alors que j’arrive à la fin de mon intervention, je souhaiterais attirer votre attention sur notre engagement sans faille pour une solution juste et globale à Chypre. Ceci doit être basée sur une égalité politique des 2 peuples et sur leur appropriation égale de l’ile. Nous espérons un règlement durable qui sera atteint nous l’espérons bientôt et nous appuyons les efforts constructifs et efficaces consentis par le coté chypriote et turc à cette fin. Mesdames et messieurs alors que notre population mondiale approche les 10 milliards, la communauté internationale est au seuil d’une période critique malgré les grands résultats remarquables atteints, nous avons toujours besoin d’un monde libre, pacifique, stable et prospère et juste. La voie pour la paix, la sécurité et les droits de l’homme sera pavée de bonnes intentions. Mais nos bonnes intentions ne sont probablement pas suffisantes pour relever les redoutables défis qui se présentent à nous. Nous devons opérer un changement de paradigme et il faut que les nations unies puissent rester efficaces pour relever ces défis. Certains de ces défis ont déjà provoqué des tragédies.

Depuis 70 ans, le monde et les nations unies ont changé et ont évolué. Cependant, les changement pour les nations unies sont pas encore généraux pour qu’elles soient prêtes et adaptées à a la réalité. Malgré les mesures prises jusqu’à maintenant pour s’adapter à la réalité d’aujourd’hui, les réformes ne sont pas complètes et resteront incomplètes si nous ne sommes pas en mesure de réformer le conseil de sécurité. Il y a 70 ans, les pères fondateurs de cette organisation ont été chargés de la mission de protéger la dignité, la sécurité et la prospérité de toute l’humanité. Cette tâche aujourd’hui nécessite la capacité de prendre des mesures décisives et robustes contre les atrocités perpétrées par des agresseurs et par les oppresseurs partout. L’incapacité de ce faire mettrait à mal la vie de millions de personnes touchées par la crise actuelle. Cela va également menacer les générations futures en remettant en question la crédibilité la question des nations unies.

La responsabilité d’arriver à un consensus le plus large possible concernant une réforme globale pour faire en sorte que le conseil de sécurité soit plus démocratique, plus représentatif, plus transparent, plus inclusif, plus efficace, et plus responsable, nous incombe à tous. Nous le devons non seulement aux générations futures mais également aux fondateurs visionnaires de notre organisation. Pour ajouter à ce qu’a dit la secrétaire générale des nations unies qui doit sauver l’humanité, c’est que nous devons sauver notre destin partagé.

Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/70-ag-onu-iran-syrie/


[70e AG ONU] Israël + Palestine : “L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple.”

Friday 16 October 2015 at 00:30

Israël – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Benjamin Netanyahu, Premier Ministre de l’État d’Israël, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

« Mesdames et Messieurs,

Je vous salue de la part de Jérusalem, une ville dans laquelle le peuple Juif, ses espoirs, ses prières pour la paix et pour toute l’humanité, ont eu un écho au travers du temps.

Il y à 31 ans, en tant qu’Ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, j’ai pris la parole pour la première fois à cette tribune. Ce jour là, je me suis exprimé contre une résolution, présentée par l’Iran, pour chasser Israël des Nations Unies. A l’époque, et toujours aujourd’hui, l’Organisation a toujours été hostile à Israël, la seule démocratie du Moyen Orient. Aujourd’hui et alors, certains essayaient de nier l’existence du seul Etat Juif au sein du concert des Nations. J’ai terminé ce discours en disant : « Mesdames et Messieurs, laissez votre fanatisme à la porte ! ». Plus de trois décennies après, en tant que Premier Ministre de l’Etat d’Israël, une fois encore’ai le privilège de m’adresser à vous depuis cette tribune. Pour moi, ce privilège a toujours été accompagné d’une responsabilité, à savoir : dire la vérité. Et après avoir entendu pendant trois jours les dirigeants du monde saluer l’accord nucléaire avec l’Iran, je commence mon discours aujourd’hui en disant « Mesdames et Messieurs, laissez votre enthousiasme à la porte ! »

Cet accord ne rend pas la paix plus plausible ; en permettant à l’Iran d’avoir des milliards de dollars de revenus, cela sape la paix. Penchez-vous sur ce que l’Iran a fait au cours des six derniers mois, depuis l’annonce à Lausanne de l’accord-cadre. L’Iran a augmenté ses livraisons d’armes à la Syrie, elle a envoyé des milliers de gardes révolutionnaires en Syrie, l’Iran a envoyé des milliers de combattants chiites pakistanais et afghans en Syrie ; l’Iran défend le régime brutal d’Assad.

L’Iran a également envoyé des tonnes d’armes et de munitions aux rebelles Houthistes du Yémen. Il y à deux jours encore, l’Iran a menacé de renverser la Jordanie. Le Hezbollah, qui travaille pour l’Iran, a fait entrer en contrebande des missiles pour abattre nos avions, couler nos bateaux ; l’Iran fournit au Hezbollah des missiles de précision pour frapper de manière précise n’importe quelle cible en Israël. L’Iran aide la Hamas et le Djihad islamiste à faire entrer des armes à Gaza ; l’Iran a également dit clairement qu’il voudrait défendre deux fronts de la terreur contre Israël, en Cisjordanie et dans le plateau du Golan, où il y a eu des tirs de roquettes récemment, contre le nord d’Israël.

Israël continuera de répondre à toute attaque. Israël continuera d’agir pour prévenir un transfert d’armes stratégiques au Hezbollah, à partir et au travers du territoire Syrien. L’Iran et le Hezbollah sèment la terreur dans les villes du monde. Il y à des cellules, trois cellules de ce type ont été découvertes au Koweit, en Jordanie et à Chypre. Au mois de mai, les forces de sécurité chypriotes ont lancé un raid à Larnaka contre un appartement du Hezbollah, où ils ont trouvé cinq tonnes de nitrate d’ammonium. C’est la même quantité de nitrate d’ammonium qui a été utilisée qui a été utilisée pour faire exploser un bâtiment fédéral à Oklahoma City. Et c’est juste un appartement, dans une ville, dans un pays ! Mais l’Iran crée des milliers de cellules terroristes partout dans le monde.

Mesdames et Messieurs, l’Iran crée ces cellules terroristes dans cet hémisphère également. Je répète : l’Iran a fait tout cela, tout ce que je viens de décrire, au cours des six derniers mois ! Lorsque l’Iran essayait de convaincre le monde de lever les sanctions. Imaginez ce que l’Iran fera après que ces sanctions ont été levées. Une fois que l’Iran sera tout à fait libéré, l’Iran se ruera sur d’avantage de proies. Après l’accord nucléaire, l’Iran a commencé à dépenser des milliards de dollars pour des armes, des satellites,.. Vous pensez que c’est pour la paix ? Vous pensez que des centaines de milliards de dollars en termes de contrats, après la levée des sanctions, vont faire de ce tigre féroce un simple matou ? Eh bien si vous pensez cela, vous devriez peut-être y réfléchir davantage.

En 2013, le Président Rohani a entamé ce qu’on appelle son « offensive de charme », ici aux Nations Unies, et deux ans après, l’Iran exécute davantage de prisonniers politiques, continue l’escalade dans ses agressions régionales et élargit rapidement son réseau de terreur. Les actions parlent plus que les discours, mais dans le cas de l’Iran, apparemment les discours sont aussi importants que les actions. Ecoutez simplement le vice-commandant de la garde révolutionnaire Iranienne, voilà ce qu’il a dit au mois de février, je le cite : « La révolution islamique ne se limite pas aux frontières géographiques ». Il a déclaré que l’Afghanistan, l’Irak, le Liban, la Syrie, la Palestine et le Yémen faisaient partie des pays qui, je cite : « .. étaient conquis par la République Islamique d’Iran. » Fin de citation. Conquis !

Et pour ceux d’entre vous qui pensent que l’accord de Vienne va déboucher sur une modification de la politique de l’Iran, écoutez ce qu’a dit l’Ayatollah Khamenei, Leader Suprême de l’Iran, quelques jours après l’accord de Vienne ; et je le cite : « Notre politique vis-à-vis du gouvernement arrogant des Etats-Unis ne changera pas. Les Etats-Unis continueront d’être l’ennemi de l’Iran ». En donnant davantage d’argent aux Mollah, on va alimenter la répression au sein de l’Iran. Cela va déboucher sur davantage d’agressions à l’extérieur des frontières iraniennes. En tant que chef d’un pays qui se défend chaque jour contre l’augmentation des agressions de l’Iran, je voudrais croire que cet accord va empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire ; mais je ne peux pas y croire, parce que ce n’est pas le cas.

Cet accord impose des limites au programme nucléaire de l’Iran ; à juste titre, parce que la communauté internationale a reconnu que l’Iran était un pays dangereux. Mais voilà quelle est l’astuce dans le cadre de cet accord : si l’Iran ne change pas de comportement, en fait si l’Iran s’avère plus dangereux encore au cours des prochaines années, les limitations les plus importantes seront encore levées automatiquement après dix ans et après quinze ans. Nous aurons donc un régime islamiste terroriste qui aura besoin simplement de quelques semaines pour se doter d’un arsenal d’ogives nucléaires. Cela n’a pas de sens. Si l’Iran veut être traité comme un pays normal, que l’Iran agisse comme un pays normal ! Cet accord va traiter l’Iran comme un pays normal, même s’il s’agit d’une théocratie qui conquiert ses voisins, qui utilise le terrorisme partout dans le monde et qui souhaite la mort d’Israël et la mort de l’Amérique. Est-ce que quelqu’un ici pense vraiment que, envoyer des fonds et des armes vers une telle théocratie va limiter son appétit pour la violence ? Est-ce que vous pensez vraiment que l’Iran, cette théocratie, va changer ses méthodes de travail ?

Voilà une règle que j’ai apprise au cours de ma vie, et je suis sur que c’est également votre cas : lorsque l’on récompense un mauvais comportement, cela ne fait qu’empirer.

Mesdames et Messieurs, j’ai souvent dit que le pire danger auquel notre monde était confronté c’était un islam militant accompagné d’armes nucléaires, et je suis vraiment très inquiet que l’accord nucléaire avec l’Iran va s’avérer être le certificat de mariage de cette terrible union. Je sais qu’il y à des personnes bien intentionnées, et qui pensent sincèrement que cet accord est le meilleur moyen de barrer la voie à un Iran nucléaire. Mais une des leçons les plus importantes, et que l’on retient le moins, de l’histoire, est la suivante : les meilleures intentions n’empêchent pas les pires résultats. La grande majorité des Israéliens pense que cet accord nucléaire avec l’Iran est un très mauvais accord. Et ce qui complique encore davantage les choses, c’est que l’on constate que le monde se félicite de ce mauvais accord ; le monde se précipite pour faire des affaires avec un régime qui, ouvertement, espère nous détruire.

La semaine dernière, le Commandant de l’armée Iranienne a proclamé, je le cite : « Nous allons annihiler Israël, c’est certain. Nous sommes heureux d’être les chefs de file lorsqu’il s’agit d’exécuter les ordres du Leader Suprême, à savoir : détruire Israël. » Fin de citation. Et le Leader Suprême lui-même, quelques jours après l’annonce de l’accord, a publié son dernier livre ; le voilà ; c’est quatre cent pages qui présentent de manière détaillée comment il a l’intention de détruire l’Etat d’Israël. Le mois dernier, Khamenei a, une fois de plus, précisé ses intentions génocidaires, devant un des principaux organes religieux de son pays. Il a parlé d’Israël, le foyer de six millions de juifs, et il a dit, je le cite: « Dans vingt cinq ans, Israël n’existera plus. » Fin de citation. Soixante dix ans après le meurtre de six millions de juifs, les dirigeants de l’Iran promettent de détruire mon pays, promettent d’assassiner ma population ; et la réaction de cet organe, la réaction de presque tous les gouvernements représentés ici, ça a été absolument rien ! Le silence complet ! Un silence assourdissant…

Peut-être pouvez-vous comprendre pourquoi Israël ne s’associe pas à cette liesse. Si l’Iran promettait de détruire votre pays, peut-être que vous seriez moins enthousiastes. Si certains, qui travaillent pour l’Iran, tiraient des centaines de roquettes sur votre pays, vous seriez peut-être moins enthousiastes. Si cet accord débouchait sur une course aux armements dans votre région, vous seriez peut-être plus réticents. Mais ne pensez pas que l’Iran est un danger uniquement pour Israël ; au-delà des agressions de l’Iran au Moyen Orient, l’Iran construit, produit des missiles balistiques intercontinentaux, dont le seul objectif est de transporter des ogives nucléaires. L’Iran dispose déjà de missiles qui peuvent atteindre Israël. Et donc, les missiles intercontinentaux qui sont en cours de production en Iran, ce n’est pas pour nous ! C’est pour vous ! C’est pour viser l’Europe, les Etats-Unis, pour permettre d’obtenir des destructions massives, n’importe quand, n’importe où !

Mesdames et Messieurs, il n’est pas facile de s’opposer à quelque chose qui est salué par les plus grandes puissances du monde. Croyez-moi, ce serait bien plus simple de rester silencieux. Mais au cours de notre histoire, le peuple juif a appris quel était le prix du silence, et en tant que Premier Ministre de l’Etat juif, quelqu’un qui connaît cette histoire, je refuse de rester muet. Permettez-moi de le répéter : le jour où le peuple juif restera passif face à ses ennemis génocidaires, eh bien ces jours appartiennent au passé. Ne pas être passif, cela signifie prendre la parole, dénoncer ces dangers. Nous l’avons fait, nous le faisons et nous le ferons. Cela signifie également nous défendre contre ces dangers ; nous nous sommes défendus, nous nous défendons encore, et nous nous défendrons à l’avenir. Israël ne permettra pas à l’Iran de rejoindre le club des pays dotés de l’arme nucléaire. Je sais que empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires restera la politique officielle de la communauté internationale ; mais personne ne doit douter de la détermination d’Israël de se défendre contre ceux qui souhaitent nous détruire.

Dans chaque génération, il y a eu des personnes qui ont voulu nous détruire. Dans l’antiquité, c’était le cas de Babylone et de Rome ; au Moyen-âge, nous avons été les victimes de l’Inquisition, et dans les temps modernes nous avons été les victimes des pogroms et de l’holocauste. Mais le peuple juif persévère. Aujourd’hui un autre régime promet de détruire Israël. Ce régime ferait bien de réfléchir à la chose suivante : je suis ici aujourd’hui pour représenter Israël, un pays qui a soixante sept ans, mais qui représente un peuple de quatre mille ans. Les empires de Babylone et de Rome ne sont pas représentés au sein du concert des nations, ni le Troisième Reich. Ces empires que l’on pensait invincibles ont disparu depuis bien longtemps, mais Israël vit ! Le peuple d’Israël vit !

La renaissance d’Israël est le témoignage de l’esprit indomptable de mon peuple. Le peuple juif a toujours rêvé de retourner vers sa terre, même pendant les heures les plus sombres de notre histoire, et nous avons connu beaucoup de ces heures sombres, nous n’avons jamais perdu espoir, nous avons toujours voulu reconstruire notre capital Jérusalem ; la création d’Israël a été la concrétisation de ce rêve. Cela nous a permis de vivre en tant que peuple libre, dans notre foyer ancestral, cela nous a permis d’accueillir des juifs des quatre coins du monde, qui sont venus se réfugier contre les persécutions, d’Europe, du Yémen, d’Irak, du Maroc, d’Ethiopie, de l’Union Soviétique et de cent autres pays. Et aujourd’hui, face à la montée de l’antisémitisme, une fois de plus, en Europe et ailleurs, beaucoup de juifs viennent en Israël pour nous rejoindre et façonner l’avenir de notre pays, ensemble.

Voilà mon message aux dirigeants de l’Iran : votre plan, visant à détruire Israël, échouera ! Israël ne permettra à aucune force sur cette planète de menacer son avenir. Et voici mon message à tous les pays représentés ici : quelles que soient les résolutions que vous adoptiez dans ce bâtiment, quelles que soient les résolutions que vous prendrez dans vos capitales, Israël fera tout ce qui sera nécessaire pour se défendre et pour défendre sa population.

Mesdames et Messieurs les délégués, si cet accord avec l’Iran se poursuit, j’espère que vous le mettrez en œuvre, comment dire, avec un peu plus de rigueur que celle utilisée dans le cadre des six résolutions du Conseil de Sécurité qui ont constamment été violées par l’Iran et qui sont maintenant tout simplement ignorées. Assurez-vous que les inspecteurs puissent véritablement faire leur travail, assurez-vous que les sanctions qui doivent être prises immédiatement en cas de problème, le soient. Assurez-vous que toute violation de la part de l’Iran ne soit pas tout simplement balayée sous le tapis persan. Il y à une chose que je puis vous assurer : nous veillerons ! La communauté internationale a maintenant un devoir clair ; tout d’abord, il faudra s’assurer que l’Iran respectera toutes ses obligations nucléaires. Maintenez l’Iran sur des charbons ardents. Deuxièmement, penchez-vous sur les agressions régionales de l’Iran, en commençant par les agressions contre Israël. Troisièmement, utilisez des sanctions et tous les outils qui sont à votre disposition pour « détricoter » le réseau terroriste de l’Iran.

Mesdames et Messieurs, Israël travaille avec nos partenaires pour la paix, pour relever les défis sécuritaires que représentent l’Iran, Daech, et d’autres. Nous travaillons également avec d’autres Etats au Moyen Orient, ainsi qu’avec des pays en Afrique, en Asie et au-delà ; beaucoup de pays dans notre région savent que, tant l’Iran que Daech, sont nos ennemis communs. Et lorsque des ennemis luttent l’un contre l’autre, il ne faut pas en renforcer l’un face à l’autre. Des dangers communs, c’est indubitable, rapprochent Israël et ses partenaires arabes. J’espère que nous serons en mesure de mettre sur pieds des partenariats durables, favorables à la sécurité, à la prospérité et à la paix. Mais en Israël, nous n’oublions jamais une chose : nous n’oublions jamais que le partenaire le plus important d’Israël a toujours été, et sera toujours, les Etats-Unis d’Amérique. L’alliance entre Israël et les Etats-Unis est inébranlable. Le Président Obama et moi avons convenu d’empêcher les terroristes qui travaillent pour l’Iran de s’armer, d’empêcher l’Iran de déstabiliser des pays au Moyen Orient. Israël apprécie beaucoup la volonté du Président Obama de renforcer notre sécurité, d’aider Israël à préserver la qualité de ses forces armées, et de nous aider à relever les défis énormes auxquels nous sommes confrontés. Israël est heureux que ce sentiment soit largement partagé par la population américaine et par les représentants au Congrès, tant par ceux qui défendent l’accord avec l’Iran que par ceux qui s’y opposent.

Le Président Obama et moi avons dit tous les deux que nous avions des divergences, des désaccords concernant l’accord Iranien, mais nous sommes tout-à-fait d’accord sur la nécessité de travailler ensemble afin de garantir notre avenir. Un avenir qui pourrait être radieux ; Israël est tout-à-fait prêt à saisir les promesses du vingt-et-unième siècle ; Israël est un chef de file en matières de sciences, de technologies, en matière d’eau, d’agriculture, de médecine, de biotechnologies, et dans beaucoup d’autres secteurs qui ont été révolutionnés par l’innovation israélienne. Israël est un pays d’innovation. Les Israéliens ont un savoir-faire, il se trouve partout, dans vos smartphones, dans vos ordinateurs, lorsque vous utilisez un GPS, dans vos exploitations agricoles, lorsque vous allez à l’université, en chimie, en économie, chez votre médecin lorsqu’on utilise un médicament contre la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques ; et même dans vos assiettes, lorsque vous mangez par exemple des tomate-cerises… Nous sommes fiers de tout cela en Israël. Nous avons fait d’énormes progrès en très peu de temps. Nous sommes très fiers que notre petit pays apporte des contributions énormes à toute la planète. Mais les rêves de notre peuple, présentés par les prophètes de la Bible, ne seront réalisés que lorsque nous connaîtrons la paix. Les accords de paix avec l’Egypte, et la Jordanie, sont des pierres angulaires de notre stabilité. Israël s’engage à parvenir à la paix avec les Palestiniens également.

Israël connaît le prix de la guerre. Je connais le prix de la guerre. J’ai failli être tué sur le champ de bataille, j’ai perdu beaucoup d’amis ; Yoni, mon frère, est décédé. Ceux qui connaissent le prix de la guerre apprécient mieux quelle pourrait être la bénédiction de la paix pour nous, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Je suis prêt à reprendre immédiatement des négociations directes avec l’Autorité Palestinienne, sans conditions préalables, quelles qu’elles soient. Malheureusement, le Président Abbas a dit hier qu’il n’était pas prêt à faire cela. J’espère qu’il changera d’avis, car je reste engagé en faveur de la vision de deux Etats, deux peuples, avec un Etat Palestinien démilitarisé qui reconnaîtrait l’Etat juif. Le processus de paix a commencé il y à plus de deux décennies, et malgré les mailleurs efforts de six Premiers Ministres Israéliens, Rabin, Peres, Barak, Sharon, Olmert et moi-même, les Palestiniens ont  constamment refusé de mettre fin à ce conflit et d’opter pour une paix durable avec Israël. On a encore entendu ce rejet hier de la bouche du Président Abbas. Comment peut-on faire la paix avec notre partenaire palestinien qui refuse de venir à la table des négociations ? L’Autorité Palestinienne devrait tenir ses engagements, les Palestiniens ne doivent pas s’écarter de la paix. Président Abbas, je sais que ce n’est pas facile, je sais que c’est dur ; mais nous le devons à nos populations, nous devons essayer, encore et encore. Car ensemble, si nous entamons des négociations sur les négociations, si nous nous asseyons et essayons de résoudre ce conflit, si nous nous reconnaissons les uns et les autres, si nous faisons cela je pense que nous serons en mesure de faire des choses remarquables pour nos populations.

Les Nations Unies peuvent œuvrer en faveur de la paix, en soutenant des négociations directes et sans conditions entre les parties. Les Nations Unies n’y parviendront pas en essayant d’imposer des solutions, ou en encourageant les rejets et les refus Palestiniens. Mesdames et Messieurs les Délégués, l’ONU devrait faire une autre chose ; l’ONU devrait enfin se débarrasser de cette tendance à toujours critiquer Israël. Un exemple de cette obsession absurde : pendant quatre années de violences horribles en Syrie, où plus d’un million de personnes ont perdu la vie. C’est plus de dix fois – plus de dix fois – le nombre d’Israéliens et de Palestiniens combinés qui ont perdu la vie au cours d’un siècle de conflits ! Eh bien, malgré cela, l’année dernière, cette assemblée a adopté vingt résolutions contre Israël, et une seule résolution concernant le carnage en Syrie. N’est-ce pas une injustice ? Est-ce que ce n’est pas disproportionné ? Vingt résolutions… Et une seule concernant la Syrie.

Très franchement, cela ne me surprend pas ; pour citer Yogi Berra, un grand joueur de base-ball et un philosophe amateur : « C’est du déjà vu. Toujours et encore». Cela suffit ; trente et un ans après ma première apparition à cette tribune, je vous demande encore quand l’ONU va laisser ce fanatisme anti-israélien à l’extérieur de ce bâtiment. Quand l’ONU va-t-il arrêter de présenter Israël comme une menace pour la paix, pour contribuer à la paix en Israël ? Et la même question devrait être adressée aux dirigeants Palestiniens : Quand commencerez-vous à travailler avec Israël pour faire progresser la paix, la réconciliation ? Et quand arrêterez-vous d’inciter à la violence et à la haine ? Président Abbas, arrêtez de répandre des mensonges concernant les intentions d’Israël concernant le Mont du Temple. Israël est tout-à-fait prêt à conserver le status quo ; ce que vous devriez dénoncer, ce sont les actions des islamistes militants qui font entrer des explosifs dans la mosquée d’Al Aqsa, et qui essaient d’empêcher des juifs de visiter des sites sacrés. Telles sont les véritables menaces.

Mille ans avant la naissance du christianisme, plus de quinze cent ans avant l’apparition de l’islam, le Roi David a créé notre capitale et le Roi Salomon a construit un temple sur ce mont. Mais Israël respectera toujours les lieux sacrés de tous, dans une région qui est frappée par la violence et pas énormément d’intolérance, où des fanatiques islamistes essaient de détruire le patrimoine de civilisations, Israël est un haut lieu de la tolérance ; c’est Israël qui garantit la sécurité de ces Lieux Saints. Car, contrairement aux pouvoirs qui ont géré Israël par le passé, nous respectons les Lieux Saints et la liberté religieuse de tous : juifs, musulmans, chrétiens, de tous ! Et cela, Mesdames et Messieurs, cela ne changera jamais ; parce que Israël sera toujours fidèle à ses valeurs. Ces valeurs sont affichées chaque jour, lorsque le parlement Israélien discute de chaque thématique en toute transparence, lorsque le Président de la Cour Suprême fait son travail, lorsque la communauté chrétienne est florissante en Israël alors qu’elle est décimée dans d’autres pays, lorsque les médecins et les infirmières de l’armée Israélienne soignent des milliers de blessés qui viennent de Syrie, ou lorsqu’il y à des catastrophes naturelles comme en Haïti ou au Népal. Tel est le vrai visage d’Israël. Tels sont les véritables valeurs d’Israël. Au Moyen Orient, ces valeurs sont attaquées, sauvagement par des islamistes militants qui forcent des millions de personnes à fuir.

A quelques kilomètres de Daesh, à quelques kilomètres de l’Iran, Israël est là, courageusement, pour défendre la liberté, le progrès. Israël est au front de cette bataille contre le barbarisme. Et donc, au lieu de continuer cette habitude de critiquer, de manière insensée, Israël, rejoignez Israël qui lutte contre le fanatisme. Rejoignez Israël alors que nous empêchons ce fanatisme d’atteindre vos pays. Mesdames et Messieurs, rejoignez Israël, soyez aux côtés d’Israël, parce qu’Israël ne se défend pas qu’elle-même ; plus que jamais, Israël vous défend.

Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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État de Palestine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Au nom de Dieu, clément et miséricordieux,

Mesdames, Messieurs,

Je suis venu de Palestine me présenter ici devant vous, contraint de tirer la sonnette d’alarme au sujet des graves dangers qu’encourt Jérusalem où des groupes israéliens extrémistes commettent des incursions systématiques et répétées sur la mosquée d’Al Aqsa afin d’imposer une nouvelle réalité et de diviser. Ils permettent ainsi à des extrémistes protégés par les forces d’occupation israéliennes, par des ministres et par des membres de la CNESSET, d’entrer dans la mosquée tout en empêchant les fidèles musulmans d’y entrer également et d’y exercer librement leur droit religieux. Tels sont les desseins du gouvernement israélien, en violation directe du statu quo qui prévalait depuis 1967 et avant. Ce faisant, la puissance occupante commet une grave erreur, étant donné que nous n’allons pas accepter ceci, et le peuple palestinien ne permettra pas la mise en œuvre de ce plan illégal qui exacerbe la sensibilité des Palestiniens et des musulmans de par le monde. J’en appelle au gouvernement israélien avant qu’il ne soit trop tard pour qu’il cesse de recourir à la force brutale pour imposer ses plans visant à compromettre les lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem, et en particulier pour qu’il cesse ses agissements dans la mosquée d’Al Aqsa. En effet, ces agissements feront d’un conflit politique un conflit religieux et créeront une situation explosive à Jérusalem et dans le reste du territoire palestinien occupé.

Excellence, Mesdames et Messieurs, c’est un honneur pour moi que de prendre la parole devant vous aujourd’hui au nom de l’Etat de Palestine, devant cette auguste assemblée dans le cadre de cette session qui marque le 70ème anniversaire de la création des Nations Unies, organisation qui a fait de la promotion et de la protection de la paix, de la sécurité internationale et du respect des droits de l’homme des objectifs primordiaux.

La question de la Palestine a été une des premières questions inscrites à l’ordre du jour des Nations Unies depuis sa création, hélas cette question n’est toujours pas résolue. Alors même que l’Organisation et ses états membres échouent à mettre un terme à l’injustice dont souffre notre peuple, alors même que l’Organisation et ses membres ne parviennent pas à aider notre peuple à exercer son droit à l’autodétermination et à jouir de sa liberté en tant qu’Etat souverain et indépendant.

Excellence, Mesdames et Messieurs, je vous enjoins de vous pencher sur l’histoire de la question de la Palestine et des résolutions pertinentes des Nations Unies pour comprendre une vérité évidente : une injustice historique a été infligée à notre peuple et à notre patrie, un peuple qui vivait de façon pacifique sur ses terres, qui apportait une contribution intellectuelle, culturelle et humanitaire véritable à l’humanité ; ce peuple ne mérite pas d’être privé de ses terres, de mourir dans l’exil, d’être engouffré par les mers ou de passer sa vie à fuir d’un camp de réfugiés à un autre. Hélas, la juste cause de ce peuple reste dans l’impasse après toutes ces années. Notre peuple a placé tous ses espoirs dans les pays membres de cette organisation pour l’aider à retrouver la liberté, l’indépendance et la souveraineté afin que le souhait et le droit d’avoir un Etat comme tous les autres peuples du monde soient une réalité, à la recherche également d’une solution juste pour la question des réfugiés palestiniens conformément à la Résolution 194 de l’Assemblée Générale et à  l’initiative arabe pour la paix.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous demandons l’équité, la justice et la paix. Lorsque la Palestine a été divisée en deux Etats avec la création d’Israël il y a soixante-sept ans, la deuxième partie de la Résolution n’a toujours pas été appliquée. La Palestine, qui est un Etat observateur aux Nations Unies, mérite d’être pleinement reconnue et d’être membre à part entière. Il est déraisonnable et douloureux, à la lumière des énormes sacrifices que nous avons consentis, et compte tenu de toutes ces années d’exil et de souffrance, compte tenu également du fait que nous avons accepté de faire la paix en vertu de la solution des deux Etats, fondée sur le droit international et des résolutions pertinentes des Nation Unies, d’initiatives de paix arabe et de la feuille de route du quatuor, il est déraisonnable et douloureux disais-je, que la question de la Palestine ne soit toujours pas résolue. C’est une injustice.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, la poursuite du statu quo est complètement inacceptable, étant donné que cela revient à accepter la logique de la force brutale infligée par le gouvernement israélien, alors qu’il continue l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem Est notamment, et qu’il poursuit le blocus de la bande de Gaza, accroissant ainsi les souffrances immenses de nos populations et ce, au mépris des Nations Unies et des accords conclus entre les deux parties sous l’égide de la communauté internationale. Nous rappelons ici les propos de feu le Premier Ministre Israélien Itzhak Rabin en 1976, lorsqu’il a déclaré qu’Israël deviendra un état d’apartheid s’il poursuit l’occupation du territoire palestinien. Itzhak Rabin a décrit les colonies de peuplement israéliennes sur les terres palestiniennes en disant qu’il s’agissait d’un cancer. Pourquoi de telles mesures sont-elles prises ? La persistance de ce problème nous amène à nous poser la question suivante : est-ce que les votes des pays démocratiques contre des résolutions portant sur la Palestine et les droits légitimes de notre peuple servent la paix et ceux qui croient à la solution des deux Etats ? Ou bien est-ce que cela ne fait qu’encourager des extrémistes ? Est-ce que cela ne ferait pas qu’encourager la haine et accroitre le racisme en leur faisant croire qu’ils sont au-dessus de la loi à tel point qu’ils peuvent bruler une famille palestinienne dans la ville de Duma en Cisjordanie, tuant un nourrisson ainsi que son père et sa mère ? Il ne reste de cette famille qu’Ahmed, un orphelin âgé de quatre ans, aujourd’hui à l’hôpital entre la vie et la mort, un enfant profondément brulé qui souffre de ses blessures alors que les meurtriers restent en liberté et n’ont pas encore été arrêtés. Où est la justice ? Où est la démocratie ? Où est l’Etat démocratique qui prétend prôner la démocratie et l’Etat de droit ? Ce n’est pas le premier crime de ce type. Auparavant déjà, ils avaient brulé vif et tué un enfant Palestinien, Mohammed Aboukter à Jérusalem, ainsi qu’un enfant Mohammed Abdour à Gaza, et avant eux, des milliers de personnes ont été tuées à Gaza et en Cisjordanie. Nous nous souvenons aussi du massacre de Daeriassim et de tous les autres crimes, crimes restés impunis. Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand Israël sera-t-il au-dessus du droit international et ne sera pas tenu de rendre des comptes ?

L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple. Je ne pourrai pas vous présenter par le menu les nombreuses lois répressives adoptées par les gouvernements israéliens qui se sont succédé, dont notamment une loi officielle donnant l’instruction de  tirer à balles réelles, d’arrêter, de réprimer les manifestants palestiniens qui descendent pacifiquement dans la rue, alors qu’Israël continue à imposer une occupation illégale.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous ne répondons pas à la haine et à la brutalité de l’occupation israélienne en utilisant les mêmes moyens. Au lieu de cela, nous œuvrons pour la  culture de la paix et de la coexistence de nos peuples dans notre région et nous avons à cœur de voir le jour où notre région connaitra la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité. Mais ceci ne sera pas possible si l’occupation se poursuit, si les colonies de peuplement perdurent, ce ne sera pas possible avec le mur, avec ces crimes, ces gens qui sont brulés vifs, avec des meurtres d’enfants, de jeunes, de nourrissons, avec des cultures détruites et brulées, avec des arrestations de personnes sans chef d’inculpation ni procès. Comment un Etat peut-il prétendre être un oasis de démocratie ? Comment peut-il prétendre que ses tribunaux et son appareil de sécurité fonctionnent selon une loi qui accepte l’existence de gangs et d’organisations terroristes qui terrorisent notre peuple et qui s’attaquent à des lieux saints, à nos biens au vu et au su de l’armée et de la police israélienne qui ne les dissuadent pas et ne les punissent pas mais qui, au lieu de cela, leur apporte plutôt une protection.

Monsieur le Président, l’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à cette injustice, de mettre un terme à ces souffrances ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à ce mur d’annexion raciste ? L’heure n’est-elle pas venue de le détruire ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à ces barrières qui sont construites ? De démanteler ces points de contrôle humiliants mis en place par les forces d’occupation israélienne ? L’heure n’est-elle pas venue de faire cesser le blocus imposé à la bande de Gaza pour que notre peuple puisse enfin connaitre la liberté et la dignité sur ses terres ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme aux colonies de peuplement raciste, terroriste et colonial sur nos terres, des mesures qui détruisent la solution des deux Etats. Nous vous posons cette question : l’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à l’occupation la plus longue de l’Histoire qui étouffe nos peuples ? Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nonobstant tous les obstacles imposés par l’occupation, depuis la création de l’Autorité Palestinienne, et à ce jour nous nous sommes attachés sans relâche à édifier et à jeter les fondations de l’Etat, à créer les infrastructures et les institutions nationales souveraines. Nous avons enregistré de véritables progrès sur le terrain comme l’ont affirmé plusieurs organes internationaux, en particulier les Nations Unies, la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International, nous poursuivons nos efforts et notre travail avec le soutien de nos frères et de nos amis afin de renforcer notre Etat. Attachés que nous sommes aux normes internationales, à l’état de droit et à la transparence en tant qu’Etat moderne et démocratique. Dans ce contexte, nous apprécions grandement les efforts déployés par la HLC sous l’égide de la Norvège et nous exhortons les pays donateurs à continuer à apporter une vie meilleure à nos populations et à appuyer les efforts que nous déployons pour mettre en place les institutions de l’Etat. Notre accession au statut de membre d’organisations internationales et notre adhésion à des traités ou des conventions est une mesure qui n’est prise contre personne, il s’agit plutôt de sauvegarder nos droits, de protéger notre peuple, d’harmoniser nos lois et nos règlements, de les rendre conformes aux règles internationales et de renforcer notre statut, notre identité juridique internationale. Est-ce là une erreur ? En ce qui concerne la situation palestinienne à terme, nous sommes déterminés à préserver l’unité de notre terre et de notre peuple, nous n’accepterons pas de solution temporaire ou bien un Etat fragmenté, nous ne le permettrons pas. Nous ne laisserons pas ceux qui souhaitent le faire agir de la sorte, nous essaierons de constituer un gouvernement d’unité nationale qui mette en œuvre le programme de l’Organisation de Libération de la Palestine et nous nous efforcerons d’organiser des élections législatives et présidentielles. Monsieur le Président, la Palestine est un pays de sainteté et de paix, c’est le lieu de naissance du Christ, messager d’amour et de paix qui nous a été envoyé pour notre miséricorde. C’est la Palestine qui recherche la paix et le peuple palestinien veut vivre sur ses terres dans la sécurité, l’harmonie et la stabilité, et des relations de bon voisinage avec tous les peuples et pays  du monde. Témoin la contribution spirituelle, humanitaire et culturelle que nous avons apporté à l’humanité dès le départ.

Récemment, le 17 mai 2015, deux religieuses de Palestine à savoir Alphonsine Gattaz et Mariam Baouardi ont été canonisées par sa Sainteté le pape François au Vatican en présence de dizaines de milliers de fidèles venus du monde entier. A cette occasion, le drapeau de la Palestine a été hissé au Vatican qui a reconnu l’Etat de Palestine comme en témoigne l’accord conclu entre le Saint Siège et l’Etat de Palestine. Nous espérons que ceux qui n’ont pas encore reconnu notre Etat le feront dès que possible. Nous souhaitons que l’Etat indépendant de Palestine  occupe la place qui lui revient dans la communauté des Nations et nous sommes certains que cela  contribuera activement aux progrès humanitaires, économiques et culturels de la civilisation, ce qui aura des effets positifs sur nos peuples, notre région et le monde. C’est depuis la Palestine et avec la Palestine que la paix pourra devenir une réalité. Je le répète, ceux qui recherchent la paix, ceux qui veulent lutter contre le terrorisme devraient d’abord et avant tout régler le problème de la Palestine, c’est là le début de cet effort. Et je saisis cette occasion pour remercier au nom de mon peuple tous ceux qui, le 10 septembre ont voté en faveur de la résolution qui nous a permis de hisser le drapeau de la Palestine au siège des Nations Unies.

Aujourd’hui, nous avons donc le drapeau hissé aux Nations Unies et un jour, que j’espère prochain, ce drapeau sera également hissé à Jérusalem Est, capitale de l’Etat de la Palestine. Je souhaite également rendre hommage aux décisions prises récemment par les parlements européens qui ont sans ambages condamné les activités de peuplement par Israël et qui ont affirmé le droit du peuple Palestinien à la souveraineté, à l’indépendance aux côtés de l’Etat d’Israël que nous reconnaissons alors qu’Israël ne nous reconnait pas et nous saluons les parlements qui ont également établi un comité sur les relations avec la Palestine. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, un certain nombre de pays et parlements européens ont également affirmé la reconnaissance de l’Etat de la Palestine, réitérant ainsi notre droit naturel à l’indépendance. A cet égard, nous adressons nos remerciements au royaume de Suède qui a fait montre de courage et qui a reconnu l’Etat de Palestine.

En effet, quiconque prétend appuyer la solution des deux Etats doit reconnaitre les deux Etats, et non pas simplement un seul Etat. Si vous êtes favorables à la solution des deux Etats, pourquoi n’appuyer qu’un seul Etat ? Aujourd’hui, je lance un appel à tous les pays qui n’ont pas encore reconnu l’Etat de Palestine pour qu’ils reconnaissent l’Etat de Palestine et nous sommes confiants. Nous espérons qu’ils le feront, mus par leur foi en la justice. Depuis cette tribune aux Nations Unies, et en cette période de fête religieuse, je voudrais lancer un appel sincère au peuple d’Israël, un appel en faveur de la paix, une paix fondée sur la justice, la sécurité et la stabilité pour tous. Je lance également un appel au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée Générale afin qu’ils assument leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. J’espère sincèrement que ces organes assumeront leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. Vous n’êtes pas sans savoir qu’Israël a compromis les efforts déployés par le gouvernement du Président Barack Obama ces dernières années, et plus récemment les efforts du secrétaire d’Etat John Kerry qui cherchait à conclure un accord de paix par le biais d’une négociation. Les politiques et pratiques du gouvernement israélien et la position de son premier ministre et des membres de son gouvernement nous amènent à tirer une conclusion sans équivoque, à savoir qu’ils déploient tous les efforts possibles pour réduire à néant la solution des deux Etats, solution que nous cherchons pourtant à mettre en œuvre sur la base des résolutions légitimes sur le plan international. Il n’y a pas d’autre explication. Nous nous félicitons des efforts déployés par les Européens et la communauté internationale, y compris l’initiative française qui demande la constitution d’un groupe d’appui international pour parvenir à la paix. Lors d’un sommet récent, les Etats arabes ont confirmé leur soutien à la résolution du Conseil de Sécurité qui réaffirme les paramètres clés pouvant mener à une solution pacifique conformément à la solution des deux Etats sur la base des frontières d’avant 1967, solution assortie d’un calendrier pour mettre un terme à l’occupation. Etant donné qu’il n’est plus utile de perdre du temps dans des négociations pour le simple plaisir de faire des négociations, soulignons que ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est la mobilisation des efforts internationaux pour qu’il soit mis un terme à l’occupation, conformément aux résolutions qui sont légitimes sur le plan international. D’ici là, je demande aux Nations Unies, et en particulier à son Secrétaire Général et au Président de l’Assemblée Générale, d’assurer la protection internationale du peuple Palestinien conformément au droit international humanitaire. Nous demandons votre protection, nous avons besoin de votre protection, nous avons besoin d’une protection internationale, nous ne pouvons pas rester dans cette situation, nous sommes attaqués de tous côtés, des agressions contre nous viennent de toutes parts, nous n’avons personne pour nous protéger, nous vous en faisons la dmeande, je vous en conjure, s’il vous plait, nous vous en implorons, nous avons besoin d’une protection internationale.

Mesdames, Messieurs, nous avons essayé de faire pression sur Israël pour qu’il mette en œuvre les accords signés et négocie conformément à la solution des deux Etats grâce à des pourparlers directs. C’est ce que nous faisons, nous avons des contacts directs avec le gouvernement israélien, également par le biais des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de l’Union Européenne, des Nations Unies, des membres du quatuor et d’autres parties. Néanmoins, le gouvernement israélien persiste à poursuivre ses efforts pour anéantir la solution des deux Etats et pour ancrer deux régimes sur le terrain : un régime d’apartheid, actuellement imposé sur le territoire de l’Etat de la Palestine à l’encontre du peuple palestinien d’un côté, et un autre régime caractérisé par de vastes privilèges et par la protection des colons israéliens d’un autre côté. Notre territoire occupé est marqué par deux systèmes : un système d’apartheid et un autre système qui accorde de vastes privilèges aux colons israéliens. Est-ce que cela est possible ? Est-ce que cela est acceptable ? Voilà la question que nous posons aux Nations Unies.

L’accord d’Oslo, ses annexes et les accords ultérieurs signés avec Israël stipulaient que ces accords devaient être mis en œuvre dans un délai de cinq ans, c’est-à-dire jusqu’en 1999, et qu’ils devraient se terminer avec la pleine indépendance de l’Etat de Palestine et la fin de l’occupation israélienne. Mais Israël a mis un terme au processus de retrait des zones B et C qui représentent plus de 60% du territoire de la Cisjordanie, y compris Jérusalem Est. Israël a plutôt accru ses activités de colonies de peuplement en tout lieu. Israël a enfreint tous les accords, je le répète, Israël a violé tous les accords dont ceux signés par l’actuel gouvernement israélien actuel. Depuis le discours du président Obama au Caire en 2009, dans lequel le président Obama demandait la cessation des activités de peuplement, quelle a été la réponse israélienne ? Eh bien le gouvernement israélien a accru les activités de peuplement d’au moins 20% en Cisjordanie et à Jérusalem Est, violant ainsi les obligations qu’il avait souscrites, et selon lesquelles Israël ne devait entreprendre aucune action unilatérale illégale qui porterait préjudice à la solution définitive. De surcroit, à maintes reprises, la puissance occupante a empiété sur la zone A qui était censée relever des compétences juridictionnelles de sécurité palestiniennes et où nous avions mis en place les institutions de l’Etat Palestinien. Dans le même temps, Israël refuse de revoir les accords économiques qui influent sur les capacités de l’économie palestinienne à se développer et à devenir indépendante. Israël est déterminé à imposer sa domination sur notre économie, domination qui ressemble à la domination militaire et sécuritaire et qui nie le droit du peuple Palestinien au développement et à l’exploitation de ses ressources naturelles. Ce faisant, Israël a sapé les fondations sur lesquelles reposaient les accords politiques et sécuritaires. Tous ces accords ont également été hypothéqués par les mesures prises par les gouvernements israéliens qui se sont succédé et qui ont réduit à néant la phase de transition qui devait conduire à l’indépendance de notre Etat, et ce, en commettant des violations flagrantes de nos droits, rendant la situation intenable. Par conséquent, dans ce cadre, nous déclarons ici même que, tant qu’Israël refuse de respecter les accords signés avec nous, ce qui fait que notre Autorité n’a pas de véritable pouvoir, et tant qu’Israël refuse de cesser les activités de peuplement, et de libérer le groupe de prisonniers palestiniens conformément à nos accords, Israël ne nous laisse aucune autre possibilité que d’insister sur le fait que nous ne serons plus les seuls à rester attachés à la mise en œuvre de ces accords alors même qu’Israël continue à les enfreindre. Par conséquent, nous déclarons officiellement que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords signés avec Israël, et nous insistons sur le fait qu’Israël doit assumer pleinement toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante, étant donné que le statu quo ne saurait perdurer, et que les décisions du Conseil Central Palestinien de mars dernier sont précises et contraignantes. Israël compromet ces accords et par conséquent, nous ne nous considérons plus liés par eux ; Israël est pleinement responsable de cette situation. Voilà, la décision prise par le gouvernement palestinien et nous annonçons ici cette décision. Notre patience est arrivée à bout et visiblement, Israël n’écoute pas la vérité, et Israël devrait assumer ses responsabilités et ses devoirs en tant que puissance occupante. L’Etat de Palestine, sur la base des frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem Est pour capitale est un Etat sous occupation. Oui, nous sommes un Etat occupé de la même façon que nombre de pays l’ont été durant la deuxième guerre mondiale ! Rappelons que cent trente sept pays, je dis bien cent trente sept pays de par le monde reconnaissent notre Etat, c’est-à-dire quatre fois plus d’Etats que ceux qui ont reconnu Israël lors de sa création, donc je répète : cent trente sept Etats ! Il y a par ailleurs une reconnaissance universelle du droit à l’autodétermination de notre peuple. A cet égard, je voudrais également rappeler la résolution 67 de l’Assemblée Générale en date de 2012 qui a accordé à la Palestine un statut d’Etat observateur et qui a réaffirmé que le Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine constituerait le gouvernement intérimaire de l’Etat de Palestine, ainsi que le Conseil National Palestinien et le parlement palestinien de l’Etat de Palestine.

Je dois le répéter : la situation actuelle n’est pas tenable. Nous devons commencer à mettre en œuvre ces déclarations par des voies juridiques et pacifiques. Soit l’Autorité Nationale Palestinienne sera le vecteur utilisé par le peuple palestinien pour passer de l’occupation à l’indépendance, soit Israël la puissance occupante devra assumer pleinement ses responsabilités. Dans le même temps, et sur la base de notre attachement au principe du droit international, l’Etat de Palestine poursuivra ses efforts pour adhérer aux organisations et aux conventions internationales, je parle là de toutes les organisations internationales.  C’est dans notre droit, nous avons le droit d’adhérer à toutes les organisations internationales, étant donné que ceci nous permet également d’être en harmonie avec notre stature de droit international. Nous agirons en utilisant les voies pacifiques et juridiques, y compris en tant que partie contractante aux conventions de Genève de 1949, et Etat partie au statut de Rome de la Cour Pénale Internationale ; nous sommes effectivement partie à la Cour Pénale Internationale et ceux qui craignent la Cour Internationale, ceux qui craignent les tribunaux internationaux doivent cesser de commettre ces crimes. Nous n’aimons pas aller à la Cour Pénale Internationale, mais l’agression nous force à le faire et nous demanderons le soutien de toutes les organisations internationales, y compris la Cour Pénale.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, je continue toutefois à tendre la main dans l’espoir d’une paix juste qui garantira les droits de mon peuple ainsi que la liberté et la dignité humaine, et je dis à nos voisins, au peuple israélien que la paix est dans notre intérêt, dans votre intérêt, dans l’intérêt des générations futures. Les esprits étriqués sont destructeurs, nous devons nous tourner vers l’autre et j’espère sincèrement que vous prendrez en considération la réalité dangereuse qui règne sur le terrain, que vous tournerez votre regard vers l’avenir, et que vous accepterez pour le peuple palestinien ce que vous acceptez pour vous-mêmes, et c’est alors que vous verrez que la paix est possible. C’est alors que vous pourrez jouir de la sécurité, de la paix et de la stabilité. Ces valeurs sont les aspirations qui sont également celles du peuple palestinien.

Encore une fois, je vous remercie de votre attention.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, que la paix et la bénédiction divine soit avec vous.

Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-israel-palestine/


Syrie : Panique chez les égorgeurs de l’OTAN

Thursday 15 October 2015 at 09:35

Un petit pamphlet pour changer, assez juste au fond…

Source : Stanechy, le 12 octobre 2015.

Pour une poignée de dollars…

Fuyant la Syrie où ils s’étaient incrustés. Chancres, métastases d’un chaos ne cessant de se répandre.

Un des plus beaux pays du monde, aux multiples vestiges historiques. Héritages des civilisations fusionnant le long des siècles et millénaires dans ce creuset de la pensée, de l’art et de la spiritualité.

Des rats abandonnant le naufrage colonial de l’Occident dans la région, tel un navire coulant à grande vitesse… Courant, éperdus de frayeur, de leurs jambes et de leurs Toyota rutilantes, loin de leurs camps, abris bétonnés, salles de torture et postes de tir, de leur encadrement et commandement des “forces spéciales” des pays de l’OTAN.

Sous le pilonnage assourdissant des bombes et missiles, de haute précision, des forces armées russes. Largués, de nuit, par des avions silencieux et invisibles à plus de 5000 mètres d’altitude. Le plus angoissant, ces missiles de croisière supersoniques dont on ne perçoit le bruit du propulseur qu’après son explosion… Trop tard…

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

Mensonge et Barbarie pour Valeurs

Pour ces voyous, cela ne faisait pas partie du contrat initial : on leur avait assuré non seulement l’impunité, mais la protection : pas de bombardement aérien. L’aviation militaire syrienne serait neutralisée par une “zone d’exclusion aérienne”, à l’exemple de la Libye.

Ils y avaient cru : les avions occidentaux se baladent librement dans l’espace aérien de la Syrie pour les ravitailler en armes, en argent, en médicament et autres fournitures. Leurs bombardements ne sont destinés qu’aux positions et infrastructures, civiles ou militaires, du gouvernement légitime du pays.

Dans ces conditions idéales de protection, terroriser et assassiner des gens sans défense, dynamiter, démolir au canon, mitrailler, des immeubles d’habitation, centrales électriques, écoles et universités, ports et aéroports, hôpitaux, ponts et bâtiments administratifs, stations d’épuration d’eau et puits : pas de problème. C’est même une pratique jouissive.

Mais risquer sa peau sous des bombes et missiles, d’une stupéfiante exactitude dans la frappe de leurs cibles, pour une poignée de dollars : rien ne va plus. Le salut, dans ce contexte, est dans la fuite ! D’autant qu’être un mercenaire, ou un tueur patenté, n’est pas défendre une cause nationale ou patriotique, encore moins un idéal de justice ou de liberté.

Plus de cinq mille  de ces rats, en une semaine, se précipitant vers leurs bases de départ limitrophes, en Turquie et en Jordanie. Ou encore vers le sud-Soudan et la Libye ; ceux-là bénéficiant du privilège d’être exfiltrés par avion… Et, ce n’est qu’un commencement…

Tous. Oui : tous. Assassins, trafiquants, voleurs, violeurs et autres psychopathes que l’Occident avait recrutés, résidus de leurs prisons après les avoir “retournés”. Avec pour carotte à leur liberté : un emploi de mercenaire bien payé, facile et sans danger…

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

Ratissant large, les services spéciaux des membres de l’OTAN fébriles de zèle, s’ingéniant à trouver les pires ramassis de voyous, de “culs-de-basse-fosse” comme on disait dans le temps. Non seulement d’Europe centrale ou du sud, de Scandinavie ou du Royaume-Uni, mais encore de tout le bassin méditerranéen, et au-delà ; certains même d’Australie…

Quoi de plus facile, en effet, que de casser un pays en mille morceaux ?…

Avec de confortables primes en dollars convertibles, payées sur les caisses inépuisables duQatar et de l’Arabie Saoudite… Avec, à la clé : liberté, impunité absolue, de tuer, torturer, assouvir toutes les perversions et sadismes que l’homme peut engendrer dans son délire criminel.

Aussi “musulmans” que moi un martien aux pieds palmés. Chargés d’animer cette fiction, mise en scène, sous l’appellation de “Califat“, dont même le premier imbécile venu ne peut croire. Pour les armer, les financer, les entraîner, en toute bonne conscience, les “démocraties occidentales” transitant par des soi-disant “opposants au régime syrien”, eux aussi bardés d’armes jusqu’aux oreilles. Multipliant les milices, aux appellations aussi nombreuses que les châteaux fantoches du bordelais recyclant du vin italien, espagnol, ou roumain…

Chaque groupuscule, avec son chef de guerre, encadré par les “forces spéciales” et “services secrets” de l’OTAN. Les uns par les USA et leurs seconds couteaux des colonies Turque ou Jordanienne ; les autres par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, etc. Chaque “démocratie”, dans la totale désinformation de son opinion publique ou de ses électeurs, gérant sa succursale du crime et du pillage. Schéma analogue, classique et éternel du cynisme colonial, à celui que la Chine, entre autres pays, a enduré pendant un siècle (1840-1940)…

Comment s’y reconnaître parmi ces “combattants terroristes” ?…  Impressionnant de dons divinatoires, nos états-majors et traîneurs de sabre y parviennent au premier coup d’œil sur leurs cartes et photos aériennes. Désignant à nos valeureux aviateurs les cibles à bombarder : les “mauvais terroristes”, afin de préserver les “bons terroristes”, étiquetés “AOG-OGS” - Appellation d’Origine Garantie – Opposants au Gouvernement Syrien.

Colonialisme Radical pour Religion

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

Apporter la démocratie et les droits de l’homme” ?…

Prétexte pour apitoyer les chaumières et “la ménagère de moins de cinquante ans”, pour reprendre l’expression des experts en marketing télévisuel…

Il faudrait être le dernier des abrutis pour y croire une seule seconde…

Alors que l’Occident, politiciens et badernes militaires sans foi ni loi, s’acoquine avec  les régimes les plus abjects de tyrannie et de corruption que sont ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite, tout particulièrement. Unanimement vomis dans tout le monde musulman, pas seulement arabe : jusqu’en Malaisie et en Indonésie… Le film controversé sorti le 16 septembre dernier sur les écrans français, du marocain Nabil Ayouch, Much Loved, en livre une féroce charge…

Alors que l’Occident ferme les yeux depuis des décennies sur les massacres et horreurscommis en Palestine et Gaza. Où l’on tire impunément, aujourd’hui même, à bout portant sur femmes et enfants, dans la spoliation de leur terre, de leur identité et de leur histoire…

Evidemment, pour justifier l’horreur et le chaos créés et entretenus par nos pays occidentaux au Moyen-Orient, la propagande, qui ne connaît aucune restriction budgétaire en ces temps de crise économique, bat son plein. Le “Colonialisme Radical”, Religion de nos oligarques dévots de laïcité, doit impérativement transformer ces pays soumis à nos délires de prédation en annexes de l’Enfer ; aux yeux d’une opinion rendue analphabète par l’industrie de la désinformation et de l’abrutissement public.

Au siècle précédent, Jules Ferry personnifiant le plus pathétique exemple de ce fanatisme dans la Bonne Conscience, les pires massacres et exactions à la source de notre “Empire” étaient légitimés par la nécessité de “civiliser les peuples inférieurs”. Jusqu’à les caricaturer en Cannibales, comme lors de la conquête et de l’annexion de la Kanaky, dénommée Nouvelle-Calédonie. Les autres pays concurrents au nôtre, dans la spoliation coloniale de l’époque, soutenant la même rhétorique et pratiquant les mêmes abjections : Royaume-Uni, Espagne, Portugal, Allemagne, Belgique, Hollande, etc.

Provoquer l’adhésion de l’opinion publique à nos visées coloniales, impose l’entretien permanent d’un violent ressentiment, d’un viscéral écœurement, à l’encontre de populations à soumettre : sus aux cannibales !  Non : avec un argumentaire modernisé dans un nouvel emballage…

Aujourd’hui, à écouter nos propagandistes, ce serait le fanatisme d’une religion qui serait à la source du chaos dans cette région et, selon leur stratégie anxiogène, bientôt dans nos villes et villages… Impliquant de ce fait, et dans l’urgence, l’absolue nécessité d’intervenir militairement.

A les croire, les “djihadistes” se multiplieraient dans nos pays. Le plus frappant, dans ce délire du mensonge et de l’hypocrisie, c’est le “vecteur Sexe” en plein développement. “Très porteur”, prétendent ces spécialistes de la désinformation, dans nos sociétés “pipolisées” qui, dans leurs médias lubriques, n’évoquent obsessionnellement que cela.

L’enlèvement d’adolescents ou le détournement après endoctrinement, surtout des jeunes filles transformées en “esclaves sexuelles”, mais aussi de femmes, les témoignages “bidonnés” abondent : presse, radios, chaînes TV, édition… Les livres sur ce thème, dans les rayonnages des libraires de la grande distribution, s’empilent à longueur de semaines…

Véritables contes de fées ou de sorcières, avec pour héroïnes malheureuses des jeunes filles en fugue, “décervelées” par une horrible religion prêchée par un tout aussi horrible barbu, se retrouvant en Syrie malgré elles et contre la volonté de leurs parents. Tel un pèlerinage diabolique. Avec autant de facilité pour s’y rendre, tranquillement et à peu de frais, que celles qui en mai 68, en plein “Flower Power- Peace and Love“, se retrouvaient à Katmandou ou àAuroville, tout en planant le long des chemins en fumant de l’herbe au son des guitares et cithares…

Affligeant.

Autorisons-nous une piqûre de rappel pour ne pas rester anesthésiés face aux mensonges et fourberies dissimulant les objectifs réels de la politique coloniale, prédatrice, dévastatrice, de nos pays, européens notamment, dans cette région. Qualifiée de “Remodelage du Moyen-Orient”, sous la cravache de notre suzerain les USA.

Opération de “remodelage” couvrant, en fait, tous les pays de confession à majorité ou à fortes communautés musulmanes : de l’Afrique du nord (y compris saharienne : Mali, Niger, etc.) à la Somalie en passant par le Soudan (dont la partition a été une réussite des opérations militaires secrètes et de notre propagande) et l’Ethiopie, jusqu’au Pakistan :

i)  Casser, diviser, démembrer, les pays de cette région en micro-états, pour les reconfigurer sur une base ethnique et religieuse dans le classique « diviser pour régner » afin d’annihiler toute capacité de résistance intellectuelle et spirituelle, sociale et économique, militaire et technologique, en mesure de  s’opposer ou contester les projets coloniaux des pays occidentaux.

ii)  “Apporter la démocratie” :  intervenir militairement pour installer des gouvernements de “collabos”, corrompus et au service exclusif des intérêts prioritaires des oligarchies de l’Occident (industries de l’armement, groupes bancaires et financiers, pétroliers, chimiques, pharmaceutiques, agroalimentaires, etc.).

iii)  Entraver durablement le développement de ces pays en éliminant tous les cadres, dirigeants, enseignants et chercheurs de haut niveau, dirigeants et spécialistes en charge de la gestion des infrastructures : télécommunications, centrales électriques, hôpitaux, etc. Susciter, fomenter, maintenir un climat de conflits interethniques et religieux par tous les moyens pour qu’écoles et universités soient fermées afin d’interdire l’accès à l’éducation et au savoir, déscolarisant ainsi plusieurs générations.

iv)  Piller les ressources énergétiques : pétrole, gaz, uranium (au Mali et au Niger, par exemple). Tout aussi important : contrôler les infrastructures d’acheminement du gaz et  du pétrole : oléoducs, pipelines, voies maritimes de transport.

v)  Piller, ou vandaliser, leur immense patrimoine culturel accumulé au cours des siècles : vestiges archéologiques, œuvres d’art, mosaïques, statuaires, etc. Ce qui n’est pas transportable étant livré à la démolition à l’explosif : monuments, temples, etc. Afghanistan, Irak, et Syrie ont particulièrement été ravagés par cette politique de la terre brûlée. Ce qu’Irina Bokova, Directeur Général de l’UNESCO, qualifie de « Nettoyage Culturel ».

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

La finalité de ces opérations de vandalisme organisé, outre l’enrichissement frauduleux des mafias de trafiquants en cheville avec des “collectionneurs”, est d’éradiquer les racines de toute réminiscence d’une identité nationale, d’une histoire prestigieuse, d’une “estime de soi” propre à tout être humain membre d’une communauté.

Cette déshumanisation systématique permettant aux idéologues du “Colonialisme Radical” d’affirmer, par la suite, que ces terres étaient “vides” de traces de civilisation, incultes sur tous les plans. Comme ils le prétendent, depuis des décennies, pour la Palestine.

vi)  Déverser, de manière invisible ou homéopathique aux yeux des opinions publiques, dans les caisses de nos “Etats Profonds” (Deep States) des milliards de dollars et d’euros, à ne plus savoir qu’en faire, pour démultiplier l’enrichissement personnel, exponentiel et faramineux, de nos oligarques.

C’est Peter Dale Scott, courageux et brillant politologue canadien, diabolisé par l’extrême-droite “OTANesque”, qui a décrit ce système de gouvernement occulte échappant à tout contrôle citoyen, adepte des guerres et du chaos par lequels ses dirigeants s’enrichissent sans fin.

On lui doit ce livre essentiel pour comprendre la situation actuelle sur notre planète :
“L’Etat profond américain : La finance, le pétrole, et la guerre perpétuelle”
(Titre original : The American Deep State: Wall Street, Big Oil, and the Attack on U.S. Democracy)

Le général Eisenhower, président des USA (1953-1961), dans son célèbre discours de fin de mandat du 17 janvier 1961, s’était déjà inquiété de ce complexe “militaro-industriel” constituant progressivement un Etat dans l’Etat. Inquiétante prémonition d’un général et chef d’Etat :
« Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel.

Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera.

Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques.

Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant.

Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. »

Un exemple actuel, tout récent : le Trésor des USA vient de constater que 500 millions de dollars, d’un budget destiné à financer l’entrainement et l’armement d’une milice, avaient tout simplement disparus… A peine une dizaine de combattants ont pu être retrouvés. Le reste, avec armes et bagages s’est volatilisé. Les intermédiaires divers ayant pompé, le long du circuit de financement, l’essentiel. Une enquête est en cours… Les complicités étant innombrables.

vii)  Alimenter, exacerber, l’islamophobie des opinions publiques occidentales, pour incruster un fanatisme analogue à celui des Croisades prétendant “Libérer le Tombeau du Christ” dix siècles auparavant. Les services d’action psychologique de nos Etats organisant, créant, scénarios et rhétoriques, pour mettre en scène les pires actes criminels que la perversité humaine soit capable d’engendrer.

Justifiant ainsi, par ce constant lavage de cerveaux imbibés d’horreurs attribuées à la religion musulmane,  les colossales dévastations, destructions et tueries, extorsions et vols, que nos pays commettent dans cette région depuis la fin de la première guerre mondiale ; suite au partage des dépouilles de l’Empire Ottoman, entre les grandes puissances de l’époque dont la France, par les Traités de Sèvres du 10 août 1920 et de Lausanne du 24 juillet 1923.

A cette propagande s’ajoute, à présent, une intensification de l’hystérie russophobe. Cette couche supplémentaire dans le délire paranoïaque étant la conséquence de l’apparition musclée de l’Ours Russe dans la région, défiant l’hégémonie d’un Empire décadent…

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...


Une plaisanterie qui court en Russie…

Source : Le Grand Soir.info, le 12 octobre 2015.

Un journaliste américain demande au porte-parole du ministère russe de la défense : Comment différenciez-vous, lors des bombardements en Syrie, les terroristes normaux des rebelles modérés ?

« Depuis le début des opérations militaires en Syrie, nous avons pris cela en considération. Contre les terroristes normaux, nous utilisons des bombes normales, et contre les terroristes modérés, nous avons recours seulement à des bombes modérées. Nous nous sommes orientés dans ce sens, autrement dit, dans le sens de la Justice. »

Excusez-moi, mais pouvez-vous me dire en quoi les bombes modérées sont différentes des bombes normales ?

« Nos bombes normales se différencient des bombes modérées, exactement comme les terroristes normaux se différencient des terroristes modérés. Les secondes sont en fait peintes avec d’autres couleurs, aux tons décidément plus doux et plaisants. »

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-panique-chez-les-egorgeurs-de-lotan/


Actu’Ukraine 15/10/2015

Thursday 15 October 2015 at 03:34

ACTU’UKRAINE DU 5 AU 11 OCTOBRE 2015

FOCUS : DEPLACEMENT D’ARMES ET DE PERSONNES

Des armes américaines transitent par la Bulgarie

Vidéo d’un média pro-Maidan.

Fin septembre 2015, Oleksandr Tourtchynov, président par intérim après Maidan et actuellement secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale, est filmé en train d’inspecter une nouvelle livraison de fusils américains Barret M82 et M107. Ces armes n’auraient pas été livrées directement, mais en passant par la société Bulgare Bulcomers, qui les acheminerait en les faisant passer pour des pièces détachées pour automobiles (novinite.com). Une publicité pour ce marchand d’armes de Sofia, ainsi qu’un bon de commande de ce type d’armes, ont été publiés par Lifenews en décembre 2014 (lifenews).

Les déplacés de l’intérieur (IDP)

Cette carte a été réalisée par les Nations Unis le 18 août 2015 (unhcr.org.ua). Elle donne le nombre de 1.438.000 personnes déplacées en Ukraine et de 1.120.800 Ukrainiens exilés (il faut additionner les nombres rouge et orange), dont 911.500 en Russie et 126.400 en Biélorussie. Elle montre que les “déplacés de l’intérieur” se répartissent essentiellement dans les régions russophones. Cela conforte l’hypothèse d’un déplacement qui toucherait principalement les russophones, lesquels iraient trouver refuge chez des cousins habitant ailleurs que dans les zones de combat.


Cette photo est extraite d’un article d’Al Jazeera. Une famille vient d’aller chercher de l’aide auprès d’un centre de distribution de UNHCR, dont le logo est visible sur le sac blanc. Cela se passe en juillet 2015 à Kramatorsk, en zone ukrainienne, tout près de Slaviansk. Il apparaît que le gouvernement post-Maidan n’aide pas assez les déplacés (aljazeera.com).

Les déplacés en Russie

Un camp de réfugiés en Russie dans la région de Rostov
Plus d’un million d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Russie depuis février 2014. La Russie dépense 200 millions de dollars pour les aider (tass.ru). Un site anti-russes fait remarquer que les statistiques concernant les réfugiés en Russie, incluent des personnes arrivées en Crimée et au Donbass (informnapalm.org). Cela n’enlève rien à la tragédie que doit être cet exil forcé pour ces Ukrainiens.

 

Les déplacés en Pologne

Des Ukrainiens essayent de gagner un peu d’argent en proposant de la vodka aux automobilistes

Le président polonais Andrzej Duda a déclaré au journal Bild : “La Pologne, en tant que membre de l’UE, veut montrer sa solidarité. Mais en ce qui concerne les réfugiés, nous avons un problème particulier à cause du conflit en Ukraine.” “D’après les signaux que nous avons, plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens veulent s’enfuir chez nous”. La Pologne, l’année dernière, a reçu 2318 demandes d’asile comparées à 46 en 2013. Elle est émis 830.553 visas de séjour de courte durée contre 720.125 l’année d’avant (bild.de en allemand et euobserver.com en anglais).

 

LUNDI 5 OCTOBRE 2015

Moldavie, suite des manifestations

Les manifestants appellent à la grève générale (point.md) après avoir tenté de prendre d’assaut le parlement dimanche 4 octobre à Chisinau (pravda.com.ua, newsmaker.md).

Un drone abattu à Donetsk

Le toit d’une maison a été endommagé par un drone ukrainien touché par les forces de la DNR (tass.ru). Des drones de toutes les tailles survolent le Donbass en permanence. Même l’OSCE les utilisent pour connaître l’emplacement des armes lourdes.

L’exaspération d’un habitant de Semionovka 

Pancarte : “Messieurs le Président et le Premier ministre d’Ukraine, n’avez-vous pas honte de vos promesses vides à propos de la reconstruction des habitations ?”

A Semionovka, près de Slaviansk, “les habitations ont été éventrées par des obus et les chars d’assaut des rebelles” selon Paris Match, le 11 juillet 2014 (parismatch.com). Un an plus tard, le média ukrainien pro-Kiev “Novosti Donbassa”, émanation de la chaîne Hromadske qui est à 100% pro-Kiev, pro-UE et volontiers propagandiste, publie ces deux photos avec le commentaire : “Il y a déjà plusieurs mois que ce panneau a été accroché. Jusqu’à maintenant, les preuves de la reconstruction sont invisibles. Slaviansk a été libérée il y a un an. Lors de leur visite à Semenovka, les autorités avaient promis que toutes les maisons endommagées seraient reconstruites.” (novosti.dn.ua).

 

MARDI 6 OCTOBRE 2015

L’affaire Moïssichuk, suite

Le député du parti radical, Igor Moïssichuk, retire sa candidature aux élections municipales de Kiev (pravda.com.ua). Il avait été arrêté le 18 septembre à la suite de ces excès, notamment pour intimidation d’une femme médecin-chef. Son appel avait été rejeté malgré le soutien d’Oleh Liashko qui avait insulté les magistrats (pravda.com.ua). Moïssichuk devrait resté emprisonné jusqu’au 20 novembre prochain. Il pourrait néanmoins bénéficier d’une libération anticipée pour des raisons de santé car des médecins ont diagnostiqué chez lui une gastroduodénite et une ostéochondrose.

Finances ukrainiennes

La dette interne de l’Ukraine se monte à ce jour à 70,6 milliards de dollars, annonce le média économique “epravda” (epravda.com.ua).

Les députés de la Rada ont autorisé le gouvernement à utiliser les ressources financières des territoires “occupés” (pravda.com.ua).
Selon ce projet, ces fonds doivent être appliqués à la reconstruction des bâtiments d’utilité sociale et des infrastructures des transports qui ont été endommagés ou détruits au cours de l’OAT, du parc immobilier et des systèmes d’approvisionnement vitaux sur le territoire des oblasts de Donetsk et de Lougansk, mais aussi appliqués au développement socio-économique de ces oblasts. D’après les informations dont dispose le Trésor ukrainien à la date du 1er septembre 2015, les fonds inscrits dans les comptes des territoires “occupés” se montent à presque 2,5 milliards de hryvnas.

Les Ukrainiens vont arrêter de fumer

Le ministre ukrainien de la Politique agraire, Alex Pavlenko, pense que l’Ukraine peut cesser son commerce agricole avec la Russie. Il rappelle que l’Ukraine exporte principalement de la viande, et importe principalement du tabac et des engrais. Pour le tabac, il estime qu’il suffira que les Ukrainiens s’en passent et que ce sera bénéfique pour la santé de la population (rusvesna.su).

La privatisation permet de lutter contre la corruption, selon Porochenko

Lors d’une réunion du Conseil national de la politique anti-corruption, Porochenko a déclaré : “Je suis convaincu que la source de la corruption est dans les entreprises et les sociétés d’État. La privatisation des entreprises publiques (…sauf la défense…) sera un mécanisme anti-corruption efficace” (politnavigator.net).

 

MERCREDI 7 OCTOBRE 2015

Le gouvernement ukrainien s’oppose à l’action russe contre l’Etat Islamique

Porochenko critique l’intervention russe en Syrie parce que cela rapproche le monde d’une troisième guerre mondiale (youtube).

Le premier ministre, Arseni Iatsniouk avait déjà interdit aux avions russes de survoler l’Ukraine pour aller en Syrie (rusvesna.su).

Anton Guerashenko (Геращенко), député et numéro 2 du ministère de l’intérieur, va plus loin en proposant aux internautes de publier les coordonnées des pilotes et des mécaniciens russes sur le site du ministère de l’intérieur, nommé Mirotvorets (“le pacificateur”) : “Je propose à tous ceux qui ont les informations concernant les citoyens russes qui participent à la guerre non déclarée de Russie contre le peuple syrien, de transmettre toutes ces données sur le site “Mirotvorets”, pour cela on va créer une page spéciale “Les crimes de Poutine en Syrie et au Proche Orient”. Ce site créé en décembre 2014 recense environ 32.000 coordonnées d’opposants. Il est fort probable que ce site soit à l’origine de l’assassinat de l’écrivain et historien pacifiste Oles Bouzina. En effet, non seulement il a été tué peu de temps après que son adresse ait été révélée, mais en plus le compte tweeter lié à Mirotvorets avait félicité l’”agent 404″ pour avoir liquidé Bouzina.

La page Facebook de Gerashenko a été interdite d’accès le 7 octobre pendant quelques heures (rusvesna.su). A la réouverture, le message de Gerashenko n’était plus visible (rusvesna.su).

 

JEUDI 8 OCTOBRE 2015

Faillite de la ville de Kiev

A dater du 6 novembre prochain, la ville de Kiev sera en défaut de paiement, selon son conseil municipal (e-news.su).

Grâce présidentielle d’un cambrioleur

Porochenko a gracié le jeune Constantin Khodakovsky (Константин Ходаковский), bien qu’il ait été condamné initialement à 15 ans de prison pour cambriolage. Il s’était plaint de mauvais traitements en prison auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui a demandé à l’Ukraine de lui verser 25.000 euros de dommages. Il avait aussi organisé une collecte d’argent avec sa femme en faveur de l’armée ukrainienne (lb.ua).

 

VENDREDI 9 OCTOBRE 2015

Le budget de l’armée en augmentation pour une guerre longue

Porochenko a déclaré “Je voudrais rappeler : la guerre n’est pas finie et ce sera encore long avant la fin.” “Я хочу всем напомнить: война не окончена и до окончания войны еще долго” (lb.ua) Le budget de l’armée en 2016 sera de 86,9 milliards de hrynias, soit presque deux fois plus qu’en 2015 qui était de 49,7 milliards de hryvnias (lb.ua). Cela fait un budget d’environ 3,5 milliards d’euros avec un taux de change de 24,8 UAH pour 1 EUR le 10 octobre 2015, par rapport à 2,6 milliards d’euros avec un taux de change au 1er janvier 2015 de 19 UAH pour 1 EUR.

 

SAMEDI 10 OCTOBRE 2015

Conférence de presse de Vassili Gritsak, chef du SBU (Служба безпеки України).

197 bases rebelles

Lors d’une conférence de presse, le chef du SBU (service de sécurité), Vassili Gritsak (Грицак) a déclaré : ” Les rebelles se préparent sur 197 bases” “Il y a 58 bases sur le territoire de la République populaire de Donetsk, 53 sur celui de la République populaire de Lougansk, 29 sont situées en Crimée. Une base se situe en Transnistrie et encore une autre en Abkhazie”. Les 55 autres bases sont situées dans l’oblast de Rostov en Russie (pravda.com.ua).

6000 à 9000 militaires russes, dont 56 ont été identifiés

Gritsak a aussi annoncé qu’il se trouve en permanence sur le territoire de l’Ukraine entre 6.000 et 9.000 appelés russes. En outre, environ 50.000 soldats se trouvent en Russie, de l’autre côté de la frontière ukrainienne. Le SBU possède la preuve de la participation de 56 Russes depuis le début du conflit.

Une nouvelle République populaire à Odessa

Gritsak a dévoilé que le SBU disposait d’informations sur des préparatifs de constitution d’une nouvelle “république populaire” dans l’oblast d’Odessa, qui se nommerait “République populaire de Bessarabie”(112.ua). L’assistante d’un député, dont il n’a pas révélé le nom, est en contact avec Moscou pour ce projet (gordonua.com).

Le fils d’un candidat du Bloc Porochenko conduisait une BMW à 15 ans

Procédure pénale pour entrave au travail des forces de l’ordre contre Dmitry Shmanov, candidat du Bloc Porochenko Solidarité pour un poste de conseil municipal à Odessa. Son fils de 15 ans avait emprunté sa BMV et il la conduisait en compagnie de deux autres jeunes. Ils eurent un accident et s’enfuirent mais oublièrent un téléphone portable. Le père et la mère voulurent étouffer l’affaire et récupérer le téléphone mais la police refusa de le leur donner (interfax.com.ua).

Le fils d’une député du Parti radical conduisait une Dodge volée

La police a arrêté Daniel Korchinskiy, le fils, âgé de 25 ans, de la député Oksana Korchinskiy, au volant d’une Dodge noir, faisant partie de la liste des voitures destinées à l’armée qui ont été volées (rusvesna.su). Oksana Korchinskiy est députée du parti Radical d’Oleg Liachko et membre de l’UNA-UNSO. Elle avait présenté le projet de loi 2276a qui restreint l’emploi du mot “Russie” et de ses dérivés, notamment dans le domaine historique, en juillet 2015 (lb.ua). Elle est la femme de Dmitry Korchinskiy qui est le chef d’un mouvement violent appelé “Братства” “fraternité” (lb.ua) et auteur d’un livre intitulé “Война в толпе” “Guerre dans la foule” racontant des bagarres avec la police lors de manifestations (lb.ua).

Arrestation d’opposants

Un étudiant de Sievierodonetsk, à 70 km au nord ouest de Lougansk en zone ukrainienne, qui écrivait sur les réseaux sociaux, a été emprisonné. Deux hommes dans l’oblast de Tcherkassy au centre de l’Ukraine ont aussi été emprisonnés pour avoir écrit sur les réseaux sociaux (interfax.com.ua).

 

Combats près de l’aéroport de Donetsk

Un mort et deux blessés du côté des forces de la DNR et un blessé du côté ukrainien (rusvesna.su et 45enord.ca).

DIMANCHE 11 OCTOBRE 2015

Restructuration de la dette envers la Russie

Depuis le début de la semaine, à Lima, au Pérou, Natalia Yaresko, ministre ukraino-américaine des finances, discute avec son homologue russe au sujet de la dette de 3 milliards de dollars contractée par Ianoukovitch fin 2013 (pravda.com.ua, bloomberg.com). Finalement, la Russie accepte une restructuration selon les mêmes conditions que celles adoptées par les autres créanciers le 27 août 2015 (tass.ru), c’est-à-dire un effacement d’une partie de la dette, un allongement de la dette restante avec une légère augmentation du taux d’intérêt. Les chiffres ne sont pas divulgués.

Corruption aux points de passage

L’ouverture de nouveaux points de passage est une exigence des accords de Minsk. Il y en un nouveau à Novotroitskoe à 40 km au sud-ouest de Donetsk, et à 18 km au nord de Volnovakha, qui permettra de faire passer jusqu’à 7000 personnes par jour. Mais il ne fait que remplacer celui de Bugas. Un autre était prévu à Stanitsa Luganska. Il avait été fermé le 22 mai 2015 et devait rouvrir le 10 octobre. Cependant, le chef ukrainien de la région de Lougansk, Georgii Touka (Тука), a remis à plus tard cette réouverture sous le prétexte d’une possible provocation. Le chef de la LNR, Igor Plotniski a déclaré que la véritable raison est que cela diminuerait la source de revenu pour Kiev. En effet, le pot de vin pour le passage d’une voiture est actuellement de 200 à 800 hryvnias (rusvesna.su). Le 21 septembre 2015, le commandant d’une unité de la 28e brigade mécanisée des Forces armées ukrainiennes, Vladimir Pushkar (Пушкарь), avait été arrêté  sur ordre du procureur général militaire, Anatoli Matios (Матиос), pour avoir perçu illégalement 1,1 million de hryvnas (40.000 euros) en échange de laissez-passer pour des dizaines de véhicules de transport franchissant la ligne de démarcation (112.ua). Deux jours plus tard, le 23 septembre, le tribunal d’Odessa avait relâché Pushkar sous la pression des activistes de la ville (otkat.od.ua).

Obama traite Ianoukovitch de “stooge” de Poutine

Lors d’une longue interview pour la chaine CBS, Obama dit : “When I came in office, Ukraine was governed by a corrupt ruler who was a stooge of Mr Putin”. Le mot “stooge” signifie un faire-valoir au théâtre ou un serviteur, un larbin. Cette citation a été retenue pour la bande annonce (youtube) de cette émission qui est prévue pour ce dimanche. Aussitôt, les médias russes ont repris cette information. Un journaliste de l’agence TASS a demandé son opinion au secrétaire de presse du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a répondu “Appeler une marionnette, l’ancien président qui a été évincé de force dans un coup d’Etat armé, organisé et parrainé de l’extérieur, il ne convient guère” “Называть марионеткой бывшего президента, который был отстранен от власти насильственным образом в результате вооруженного государственного переворота, организованного и спонсированного извне, вряд ли уместно” (tass.ru).

De manière symétrique et aussi excessive, un photo-montage circule parmi les internautes pro-russes :

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-15102015/


[70e AG ONU] Inde + Pakistan + Bangladesh “Comment pouvons-nous avoir en 2015 un Conseil de sécurité qui reflète encore l’architecture géopolitique de 1945 ?”

Thursday 15 October 2015 at 02:50

1,6 milliards de terriens dans ce billet… :)

Allocution de S.E. Mme Excellency Sushma Swaraj, Ministre des relations extérieures de la République de l’Inde, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les chefs d’État et du gouvernement, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et Messieurs,

L’Organisation des Nations unies fête son 70e anniversaire cette année, cette Assemblée générale est donc historique. J’espère que cette année sera également une année historique pour l’ONU en terme de résultats. Je puis en tout cas vous assurer du soutien indéfectible de l’Inde dans le cadre de vos efforts.

Monsieur le Président, il y a 70 ans, l’Organisation des Nations unies a été créée sur la côte ouest de ce pays avec la Charte de San Francisco. L’Inde est un des pays signataires de la Charte même si nous n’étions pas indépendants à l’époque. Nous avons obtenu notre indépendance deux ans après. Lorsque les Nations unies ont été créées, un homme d’aspect assez frêle, armé de la non-violence a écrit le dernier chapitre de notre lutte et il est devenu un symbole pour tous les colonisés, pour tous les opprimés, partout dans le monde. Je suis heureuse que l’ONU a déclaré le jour de la naissance de cet homme extraordinaire, la journée internationale de la non-violence. C’est une coïncidence heureuse que demain, 2 octobre, sera cette journée. Gandhi a dit « la différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait à régler la plupart des problèmes du monde. » Ce message s’inscrit de manière très appropriée au contexte de l’Organisation des Nations unies.

Monsieur le Président, au cours de la vie de tout être humain, le 70e anniversaire est un point de référence, l’occasion de réfléchir à ce qui a été réalisé et peut-être ce qui a été manqué également. De même, pour une institution, la 70e année c’est l’occasion de voir si l’institution a été en mesure d’atteindre l’objectif pour lequel elle a été créée, si elle a atteint les buts mentionnés lors de sa création. Aujourd’hui nous devons tous nous demander si nous avons été en mesure d’atteindre les objectifs pour lesquels l’Organisation des Nations unies a été créée il y a 70 ans.

Lorsque je me pose  cette question je réponds par l’affirmative pour certaines questions et de manière négative pour d’autres. Par exemple, les Nations unies sont parvenues à éviter une Troisième Guerre mondiale, l’Organisation a contribué à la décolonisation, a pu contribuer au démantèlement de l’apartheid, à lutter contre les épidémies mondiales, a réduit le problème de la faim au niveau mondial et a promu la démocratie et les droits de l’homme. Mais lorsque nous nous demandons si nous avons été en mesure de nous opposer à des conflits dans toute une série d’endroits du monde, nous sommes obligés de répondre non. Si nous nous demandons si nous avons trouvé des solutions permanentes à ces conflits, là encore nous répondons par la négative. Si nous nous demandons si nous avons été en mesure de montrer la voie de la paix à un monde qui est enclin à la violence, la réponse encore est non. Les Nations unies semblent alors être une institution inefficace dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale. L’Organisation n’a pas été en mesure de relever les nouveaux défis dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale. Aujourd’hui, le monde connaît la guerre sur trois continents et le Conseil de sécurité n’est pas en mesure ou ne veut pas mettre fin à ce bain de sang. Les solutions traditionnelles ont souvent exacerbé les problèmes. Nous devons nous demander si nous avons la volonté politique pour élaborer d’autres solutions alternatives face à ces conflits, et si nous sommes prêts à poursuivre ces alternatives de manière déterminée.

Aucun objectif n’est plus important que celui des processus de maintien de la paix. Sous le drapeau bleu, des hommes et des femmes travaillent à la prévention du conflit pour protéger des civils et pour étayer des processus de paix. Avec 180 000 soldats de la paix déployés à ce jour, l’Inde a été le plus grand fournisseur de sécurité internationale pour les Nations unies. Aujourd’hui même, environ 8 000 Indiens, policiers, militaires, participent à dix missions souvent dans des environnements très difficiles. L’Inde reste engagée à poursuivre ce soutien en faveur des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Nous sommes même prêt à accentuer nos contributions comme cela a été annoncé par notre Premier ministre lors du Sommet des dirigeants consacré au maintien de la paix. Nos nouvelles contributions couvriront l’ensemble des aspects des missions de maintien de la paix : personnel, soutien logistique et formation. Simultanément, il est nécessaire de garantir que les grands principes du maintien de la paix ne soient pas dilués. Il est regrettable que les pays contributeurs de contingent n’aient rien à dire concernant le mandat des missions qui sont souvent amendées sans qu’ils soient consultés. C’est une violation claire de l’article 44 de la Charte des Nations unies.

Monsieur le Président, nous pensons également que les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas être un substitut à des solutions politiques, et cela a été souligné également par le groupe Horta. Alors que nous célébrons le 70e anniversaire de l’Organisation des Nations unies, je saisis cette occasion pour saluer les 3 300 soldats de la paix, y compris 161 d’Inde, qui ont fait le sacrifice ultime. Nous sommes prêts à contribuer au mémorial des soldats de la paix qui a été approuvé par la 69e Assemblée générale.

Monsieur le Président, la sécurité des soldats de la paix, la sécurité de nos nations et l’avenir de la communauté internationale dépendent maintenant de la manière dont nous allons confronter la menace la plus importante qui s’impose à nous à savoir le terrorisme, une menace avec laquelle l’Inde a vécu pendant plus de 25 ans, une menace qui a frappé de manière tragique cette ville à l’automne 2001. Depuis lors, la prolifération des actes terroristes, la montée des idéologies extrémistes et l’impunité des États qui sponsorisent le terrorisme n’ont pas été contrées de manière efficaces. Le terrorisme international ne peut être vaincu qu’au travers d’une action internationale organisée. Le monde doit démontrer qu’il n’a aucune tolérance face aux terroristes qui tuent et qui mutilent des civils innocents. Nous devons juger et, le cas échéant, extrader ces personnes. Les pays qui fournissent du financement, qui arment, qui entraînent ces terroristes doivent payer le prix face à la communauté internationale.

Tout aussi important : un régime juridique international dans le cadre de la Convention générale sur le terrorisme international. Nous ne pouvons plus attendre. Il y a 19 ans, en 1996, l’Inde a déposé cette proposition aux Nations unies mais nous n’avons pas été en mesure d’adopter cette Convention et nous sommes restés empêtrés dans des problèmes de définitions. Il faut bien comprendre qu’il ne peut pas y avoir de distinction entre un bon et un mauvais terroriste. Le terrorisme ne peut pas non plus être lié à une religion. Un terroriste c’est un terroriste, c’est une personne qui commet des crimes contre l’humanité. Une telle personne ne peut avoir une religion. Dès lors, je vous lance un appel : travaillons tous, ensemble, au cours de ce 70e anniversaire pour adopter la Convention générale.

Monsieur le Président, je saisis également cette occasion pour mentionner les défis auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de nos relations avec le Pakistan. Personne ne peut accepter que le terrorisme soit un outil politique légitime. Le monde a partagé notre effroi lors des attaques terroristes de Mumbai de 2008 au cours desquelles des citoyens de nombreuses nations ont été mutilés en vain. Le fait que l’auteur de ces attaques est libre est un affront à l’ensemble de la communauté internationale. Les garanties qui nous avaient été fournies à cet égard par le passé n’ont pas été honorées. Non seulement cela, mais il y a eu de nouvelles attaques terroristes transfrontalières récemment au cours desquelles deux terroristes, de l’autre côté de la frontière, ont été capturés vivants. Nous savons tous que ces attaques ont pour but de déstabiliser l’Inde et légitimiser l’occupation illégale par le Pakistan de certaines parties de l’État indien de Jammu-et-Cachemire, et légitimiser ses prétentions sur le reste de cet État.

Permettez-moi ici de vous présenter clairement notre position. L’Inde est prête à dialoguer mais les négociations et le terrorisme ne peuvent aller de pair. Hier, le Premier ministre du Pakistan a proposé ce qu’il a appelé une initiative pour la paix en quatre points. Je voudrais y répondre. Nous n’avons pas besoin de quatre points, mais d’un seul : abandonnons le terrorisme et discutons. Cela permettra de résoudre tous les problèmes. Je souhaiterai également dire que c’est précisément ce qui avait été discuté et décidé par les deux Premiers ministres à Ufa au mois de juillet. Organisons des discussions au niveau des conseillers de la sécurité nationale sur l’ensemble des questions liées au terrorisme ainsi qu’une réunion de nos Directeurs généraux des Opérations militaires afin d’aborder la question des problèmes à la frontière. L’Inde est tout à fait prête à aborder l’ensemble des problèmes en souffrance dans le cadre d’un dialogue bilatéral.

Même si nous luttons contre la menace du terrorisme, nous devons reconnaître que les progrès économiques et sociaux restent un objectif essentiel. La satisfaction des besoins humains de base débouche de manière invariable sur des sociétés plus pacifiques comme il ressort clairement des études sur les conflits qui frappent diverses parties du monde. Il y a quelques jours nous avons adopté un nouveau programme de développement avec les objectifs du développement durable. C’est une feuille de route plus holistique que les objectifs du Millénaire pour le développement. Toutefois, la réussite de la mise en œuvre dépendra d’une volonté politique et d’une volonté de partage : partage de technologie mais également de ressources financières, il faudra également améliorer les différents mécanismes de mise en œuvre.

En tant que femme et que membre élue du parlement, je suis convaincue nous pouvons accélérer les changements sociaux en autonomisant les petites filles. La politique de notre gouvernement, « Beti Bachao, Beti Padhao » [Éduquons les filles pour leur donner du pouvoir], vise à éduquer les jeunes filles pour les autonomiser. Notre avenir dépend d’une planète durable, pour nous, pour nos enfants.

Nous allons bientôt nous réunir à Paris et nous devons concrétiser nos ambitions. Nous avons un devoir commun, mais il faut prendre en considération les différentes responsabilités de chacun, des responsabilités différenciées. Si Mahatma Gandhi était parmi nous aujourd’hui, il nous demanderait si nous avons utilisé les ressources de la planète pour satisfaire nos besoins ou pour satisfaire notre avidité. Est-ce que l’adaptation de nos choix de vie permettrait de corriger le tir ? Je pense que pour cette raison l’accord de Paris doit être un accord global et équitable, avec des actions concrètes. Les pays en développement peuvent faire davantage s’ils disposent de finances, de technologie, de davantage de capacités de la part des pays développés. L’Inde a toujours été un partenaire volontaire dans le cadre de ses efforts mondiaux. Nous jouerons notre rôle pour parvenir à un accord équitable, utile et efficace à Paris.

L’attachement de l’Inde pour l’environnement se fonde sur ses traditions : nous avons toujours considéré que la nature était sacrée. La santé de la planète est liée à notre bien-être et c’est cette approche holistique qui nous a poussés à lancer un appel en faveur de la première journée internationale du Yoga. Une journée qui a été organisée avec beaucoup de ferveur dans 192 pays du monde et même dans cette institution. Je remercie la communauté internationale pour son enthousiasme et pour son soutient lors de cette journée. J’espère que la graine qui a été plantée s’épanouira et deviendra un arbre magnifique. Je félicite également les États qui ont réagi rapidement pour lutter contre des épidémies mondiales. En travaillant ensemble nous sommes parvenus à éradiquer la variole et presque la polio. Le VIH, le  SIDA, est évidemment sous contrôle, Ebola a été une crise très importante. C’est un exemple de la manière dont les actions nationales et le soutien international peuvent permettre de résoudre une crise mondiale. Nous sommes fiers que l’Inde a joué son rôle dans le cadre de ces efforts mais nous devons nous inspirer de ces réussites et redoubler d’efforts pour éradiquer d’autres crises sanitaires, qu’il s’agisse de la tuberculose ou du paludisme.

Tout comme pour les urgences sanitaires, les catastrophes naturelles et anthropiques exigent une réponse coordonnée. Récemment, la communauté internationale a été confrontée à la crise des réfugiés due aux situations en Syrie, en Irak et en Libye. Nous avons besoin d’une réaction rapide, qui se fonde sur une volonté politique : nous avons réagi rapidement et de manière holistique, qu’il s’agissait du Népal ou du Yémen. L’Inde est un fournisseur net de sécurité qui vient en aide à ses ressortissants, mais également aux ressortissants d’autres pays. L’Inde va organiser la première Conférence ministérielle asiatique sur la réduction des risques face aux catastrophes naturelles au mois de novembre 2016, sur l’effort cadre de Sendai.

Monsieur le Président, nous avons des traditions démocratiques très importantes et régulièrement il faut apporter des changements. Et depuis l’arrivée du gouvernement du Premier ministre Modi, il y a un an et demi, nous nous sommes engagés au renouvellement afin de permettre à l’Inde de jouer son rôle dans les affaires internationales tout en continuant d’être une économie florissante. Notre slogan est « sabka saath,sabka vikas » : nous mettons l’accent sur le bien-être de toute notre population. Simultanément, nous avons entamé des contacts avec l’ensemble de nos partenaires de la communauté internationale. Nos efforts se concentrent surtout sur notre voisinage immédiat avec des résultats importants. Nous avons renouvelé des liens anciens, nous avons mis sur pied des partenariats économiques modernes, y compris récemment lors d’un sommet avec 14 îles du Pacifique. La politique d’action vers l’est a remplacé la politique de vision de l’est, une politique plus pro-active. Nous restons engagés en faveur du processus de paix au Moyen-orient qui est essentiel pour prévenir tout radicalisation de la région. Nous espérons qu’une solution pour la Palestine sera trouvée. Nous avons également approfondi nos relations avec la majorité des grandes puissances.

L’Afrique est une région avec laquelle nous avons des liens historiques, une solidarité qui est due à notre lutte commune contre le colonialisme et à notre croyance partagée dans une prospérité commune. Plus tard ce mois-ci, nous allons accueillir le troisième Sommet Afrique-Inde. Pour la première fois les dirigeants des 54 pays du continent ont été invités.

En tant qu’État doté de l’arme nucléaire, l’Inde est consciente des responsabilités et est favorable à un désarmement nucléaire non-discriminatoire mondial et vérifiable. Notre engagement en la matière reste inébranlable.En tant que nation, tout comme pour les institutions, il est nécessaire de se renouveler. Et dans un monde qui continue d’être dominé par les nations riches, la notion d’égalité souveraine au sein des Nations unies a permis au monde en développement de remettre en question des normes injustes. Mais cela n’a pas débouché sur des changements fondamentaux.

Si nous voulons préserver le caractère central et légitime de l’Organisation des Nations unies comme garant de la paix mondiale, de la sécurité et du développement, la réforme du Conseil de sécurité est particulièrement urgente, c’est l’urgence du moment. Comment pouvons-nous avoir en 2015 un Conseil de sécurité qui reflète encore l’architecture géopolitique de 1945 ? Comment pouvons-nous avoir un Conseil de sécurité qui n’a toujours pas de membre permanent africain ou issu d’Amérique latine ? Nous devons intégrer davantage les nations en développement dans les processus décisionnels du Conseil de sécurité et nous devons modifier la manière dont le Conseil fonctionne, car il fonctionne de manière non-transparente. Davantage de légitimité et un équilibre accru au sein du Conseil restaurerait sa crédibilité et lui permettrait de relever les défis de notre époque. Nous sommes heureux que sous la présidence de Son Excellence Monsieur Sam Kutesa et sous la présidence de Courtenay Rattray, nous sommes parvenus à ce que nous n’avions pas été capables de faire pendant deux décennies à savoir un texte à négocier et qui a été adopté par l’Assemblée générale au travers de la décision 69/560. Mais cette première étape doit être, en fait, l’entame d’actions plus importantes dans le cadre de cette 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies.

Monsieur le Président, pour une organisation telle que l’Organisation des Nations unies, 70 ans cela a une importance unique. C’est une occasion pour revitaliser l’Organisation, pour la réinventer. Je vous invite tous à réfléchir aux Nations unies comme un arbre, une arbre symbole de la sagesse. C’est un arbre qui n’a pas un seul tronc mais plusieurs, qui poussent vers l’extérieur. Mais chaque tronc est relié aux autres, cet arbre est en relation également avec le ciel et la terre. Il étend ses branches, et à l’ombre d’un arbre c’est toujours un bon endroit pour débattre, discuter.

Un arbre est encore jeune à 70 ans. Nous avons une occasion historique, l’occasion de renouveler cette institution, ou nous pouvons la condamner à dépérir. Nous pouvons facilement nous perdre dans le labyrinthe de notre propre création, mais si nous saisissons cette occasion nous permettrons aux Nations unies d’atteindre son plein potentiel : une Organisation qui réduit les écarts entre ce qu’elle fait et ce qu’elle est capable de faire. Un arbre robuste, canopée d’une humanité pacifique et prospère. J’espère vraiment que les Nations unies grandiront pour devenir cet arbre.

Source : ONU, 09/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Pakistan – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Muhammad Nawaz Sharif, Premier Ministre de la République islamique du Pakistan, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président 

Excellences

Mesdames et Messieurs les Délégués

Mesdames et Messieurs,

Nous félicitons Mr. Mogens Lykketoft pour son élection comme président de la 70ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’agit d’une reconnaissance de votre éminente carrière dans le service public. Nous partageons votre engagement pour l’établissement d’un monde plus juste et plus stable. Nous rendons également hommage à Mr. Sam Kutesa,  pour son excellente direction lors de la 69ème session.

Monsieur le Président, il y a 70 ans,  les Nations Unies ont été créées à partir des  ruines de la  guerre la plus  dévastatrice que le monde ait connue. Son objectif  était de bâtir une  paix universelle et la prospérité sur la base de principes équitables,  la coopération et  de l’action collective. Malgré les contraintes de la guerre froide, l’organisation des  Nations Unies a servi  de lueur d’espoir pour la communauté internationale, l’incarnation de la liberté, un avocat pour les opprimés, un véhicule pour le développement et le progrès. Mais, nous, les peuples des Nations Unies, nous n’avons pas réussi à transformer nos épées en socles de charrues, où à promouvoir la prospérité universelle dans une plus grande liberté. La confrontation est revenue entre les grandes puissances,  à un moment où de nombreuses régions du monde sont marquées par des troubles. Le terrorisme se propage. La pauvreté et les privations n’ont pas encore été éliminées. Les violations graves des droits de l’homme sont généralisées.

Nous assistons à une véritable tragédie  humaine dans  ce flux des réfugiés et des migrants forcés – à une échelle que nous n’avions pas vue depuis plus d’un demi-siècle. Notre existence même est menacée par les dommages terribles causés aux systèmes qui maintiennent la vie sur notre planète. Et pourtant Monsieur le Président, il s’agit également d’un moment privilégié. Aujourd’hui, les processus mondiaux interdépendants nous permettent de disposer des  capacités  financières, scientifiques et organisationnelles pour relever ces différents défis qui sont reliés entre eux,  et qui représentent une menace commune pour tous les Etats membres. Lors du Sommet historique au cours de ce dernier  week-end, nous nous sommes engagés collectivement à réaliser  17 objectifs de développement durable, pour  promouvoir le développement équitable et  inclusif pour tous nos peuples. Les vrais défis restent devant nous – Il s’agit de mobiliser une volonté politique collective et les ressources pour permettre la mise en œuvre complète de ce programme, que nous avons adopté solennellement. Le Pakistan a d’ores et déjà pris des mesures au niveau national, afin de promouvoir ce programme de développement pour l’après-2015. Nous sommes également en train de créer un mécanisme robuste pour la surveillance et la mise en œuvre de ces objectifs et de ces cibles.

Monsieur le Président, plus tard cette année,  à Paris, nous devrons répondre avec une responsabilité commune mais différenciée,  à la menace posée par le changement climatique. Les intérêts partisans ne doivent pas entraver notre engagement collectif ambitieux  afin de stopper et inverser les dommages causés à notre planète.

Monsieur le Président, à l’occasion du  70e anniversaire de l’ONU, nous devrions nous efforcer d’adapter cette  organisation mondiale,  afin qu’elle puisse réagir efficacement aux défis actuels et émergents qui nous concernent  tous. Le Pakistan est en faveur d’une réforme en profondeur  de l’Organisation des Nations Unies, y compris du Conseil de sécurité. Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité qui soit plus démocratique, représentatif, responsable et transparent. Un Conseil qui reflète les intérêts de tous les Etats membres, conformément au principe de l’égalité souveraine. Et non pas un Conseil, qui soit un simple club élargi des puissants et des privilégiés.

Monsieur le Président, le maintien de la paix a été l’une des responsabilités clés des Nations Unies. Le Pakistan est fier de son rôle historique et actuel,  d’important  fournisseur de contingents. Nous considérerons que c’est  notre obligation que de faire respecter la paix et la sécurité internationale.

Monsieur le Président, le Pakistan est l’une des victimes principales du terrorisme. Nous avons perdu des milliers de vies,  y compris des civils et des soldats en raison de la violence terroriste. Le sang qui a coulé- y compris celui de nos enfants innocents – a renforcé notre détermination à éliminer ce fléau de notre société. Nous lutterons contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, indépendamment de leurs auteurs. Notre opération, Zarb-e-Azb, est la plus grande campagne anti-terroriste dans le monde, impliquant  plus de 180.000 membres de nos forces de sécurité. Cette opération a permis de faire des progrès substantiels pour débarrasser notre pays de tous les terroristes, et elle ne s’achèvera que lorsque  notre objectif sera réalisé. Cette opération est complétée par un plan d’action national inclusif. Il englobe des actions policières et sécuritaires, des mesures politiques et  juridiques ainsi qu’ un  ensemble de mesures sociales et économiques visant à lutter contre l’extrémisme violent. La menace mondiale du terrorisme ne peut être vaincue à moins que nous ne prenions en compte ses causes profondes. La pauvreté et l’ignorance sont une partie du problème. Les idéologies extrémistes  doivent être rejetées. Mais nous devons également lutter contre le discours des terroristes,  par le biais d’un règlement juste des différentes situations d’oppression et d’injustice contre les musulmans,  dans diverses parties du monde. Malheureusement, certains s’efforcent  d’utiliser la campagne mondiale contre le terrorisme pour supprimer le droit légitime des peuples occupés à l’auto –détermination.

Monsieur le Président, l’essor et la propagation du terrorisme à travers le Moyen-Orient aujourd’hui,  représentent des défis de sécurité sans précédent. Ravagés par la violence, les conflits ethniques et sectaires, et la montée de Daesh, plusieurs pays de la région sont aujourd’hui le théâtre de conflits et d’instabilité. D’autres sont  aspirés dans ce bourbier. La tragédie de la Palestine s’est intensifiée. La voie acceptée pour la paix entre la  Palestine et Israël – une solution à deux Etats – semble plus éloignée aujourd’hui que jamais auparavant,  en raison de  la position intransigeante de la puissance occupante. Et pourtant, à l’heure où je parle,  le drapeau palestinien est en train d’être hissé à l’extérieur de cette salle. Nous espérons qu’il s’agira d’un premier pas. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt d’accueillir la Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies.

Monsieur le Président, les Musulmans souffrent à travers le monde : les Palestiniens et les Cashmiris sont opprimés par l’occupation étrangère; des minorités sont persécutées; et il y a une discrimination à l’encontre des réfugiés musulmans fuyant la persécution ou la guerre. La communauté internationale doit remédier à ces injustices commises contre le peuple musulman.

Monsieur le Président, nous nous félicitons de l’accord nucléaire global conclu entre l’Iran et les pays du P 5 + 1. (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Ceci montre ce que peut faire un engagement diplomatique et le multilatéralisme. C’est de très bon augure pour la paix et la sécurité de notre région et au-delà.

Monsieur le Président, les relations entre le Pakistan et l’Afghanistan ont enregistrées  une transformation positive grâce à la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale à Kaboul. En réponse à la demande du gouvernement afghan et avec l’appui de la communauté internationale, le Pakistan a fait de grands efforts pour faciliter le processus de réconciliation afghan. Un dialogue a été possible entre le  gouvernement afghan et les talibans, ce qui était sans précédent. Mais il est regrettable que certains incidents aient enlisé le processus. Par la suite, les attaques de militants se sont intensifiées, et nous les condamnons sans équivoque. Le Pakistan persistera dans ses efforts pour aider la reprise du processus de dialogue et pour promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan. Néanmoins, nous ne pourrons le faire que si nous obtenons  la coopération requise de la part du Gouvernement afghan. Les tensions entre l’Afghanistan et le Pakistan ne vont dans l’intérêt de personne. Nous sommes encouragés par le fait que  la communauté internationale, y compris les grandes puissances, souhaitent poursuivre le processus de paix en Afghanistan.

Monsieur le Président, le Pakistan se félicite du rôle actif de la Chine pour la promotion de la paix et de la prospérité en Afghanistan et dans notre région. Nous nous félicitons de la vision de la Chine : «Une ceinture, une route “. Le corridor économique entre la Chine et le Pakistan,  annoncé lors de la visite du président Xi Jinping au Pakistan au début de l’année,  pourrait favoriser l’intégration économique régionale et apporter la prospérité à l’ensemble de la région et à l’extérieur. Il s’agit d’un modèle qui devrait nous inspirer de coopération Sud-Sud, et qui devrait être imité ailleurs. Nous nous félicitons également de l’accent mis par la Russie sur la coopération en Asie. L’Organisation de coopération de Shanghai à laquelle le Pakistan se joindra cette année en tant que membre à part entière, offre de grandes promesses pour la promotion de la connectivité régionale.

Mr. le Président, l’histoire de l’Asie du Sud est une histoire d’occasions manquées. Parmi ses conséquences graves, il y a  la persistance de la pauvreté et des privations dans notre région. Le développement est la première priorité de mon gouvernement et sous-tend ma politique qui est de créer un environnement pacifique. Nos peuples ont besoin de paix pour prospérer. La paix peut être obtenue par le biais du dialogue, mais il faut de l’engagement. En 1997, lorsque le dialogue composite a été lancé avec l’Inde, nos deux pays se sont mis d’accord sur le fait que ce dernier  couvrirait  deux questions principales : le Cachemire, et la paix et la  sécurité, ainsi que six autres questions, y compris le terrorisme. Le caractère urgent  de ces deux questions est encore plus fort aujourd’hui. Les consultations avec les habitants du Cachemire, qui sont une partie intégrante du différend, sont essentielles pour parvenir à une solution pacifique. Depuis 1947, le différent sur le Cachemire n’a toujours pas été résolu. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies n’ont toujours pas été mises en œuvre. Trois générations de Cachemiris n’ont vu que des promesses non tenues et une oppression brutale. Plus de 100,000 sont morts dans leur lutte pour l’autodétermination. Il s’agit de l’échec le plus persistant  des Nations Unies.

Mr le  Président, lorsque j’ai pris mes fonctions de Premier ministre du Pakistan en Juin 2013, pour la troisième fois, l’une de mes premières priorités a été  de normaliser les relations avec l’Inde. J’ai  tendu la main aux  dirigeants indiens pour souligner que notre ennemi commun était la pauvreté et le sous-développement. La coopération et non pas la confrontation, devrait définir notre relation. Et pourtant, aujourd’hui, des violations du cessez-le feu le long de la ligne de démarcation et de la frontière de facto s’intensifient, causant des morts civils, y compris des femmes et des enfants. La sagesse nous dicte que notre voisin immédiat devrait s’abstenir de favoriser  l’instabilité au Pakistan.  Les deux pays devraient aborder et résoudre les causes de tension et prendre toutes les mesures possibles pour éviter toute escalade supplémentaire. C’est la raison pour laquelle j’aimerais saisir cette occasion aujourd’hui,  pour proposer une nouvelle initiative de paix avec l’Inde, en commençant par des mesures qui sont les plus faciles à mettre en œuvre :

Premièrement,  nous proposons que l’Inde et le Pakistan officialisent et respectent l’entente de 2003 pour un cessez-le feu complet,  le long de  la ligne de contrôle au Cachemire. A cet effet, nous demandons un élargissement de l’UNMOGIP (Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies)  en Inde et au Pakistan pour surveiller l’observation  du cessez le feu.

Deuxièmement, nous proposons que le Pakistan et l’Inde réaffirment leur volonté de ne pas recourir à,  ou menacer de recourir à l’usage de la force, quelles que soient  les circonstances. Il s’agit  d’un élément  central de la Charte des Nations Unies.

Troisièmement, des mesures doivent être prises pour démilitariser le Cachemire.

Quatrièmement, il faut que l’on se  mette d’accord sur  un retrait mutuel sans condition du glacier de Siachen, le champ de bataille le plus élevé du monde.

Une réduction  de la perception des menaces grâce à  de tels efforts pour la paix, permettront au Pakistan et à l’Inde de se mettre d’accord sur une série de mesures,  pour faire face au péril que représentent les systèmes d’armement avancés et offensifs.

Le Pakistan ne veut pas et  ne participe pas, à une  course aux armements en Asie du Sud. Néanmoins, nous ne pouvons oublier la dynamique sécuritaire qui évolue et  l’augmentation du nombre d’armes dans la région, ce qui nous oblige à prendre des mesures essentielles pour maintenir notre sécurité. En tant qu’État doté de l’arme nucléaire dûment responsable,  le Pakistan continuera d’appuyer  les objectifs du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. Nous avons maintenu les normes les plus élevées de sécurité nucléaire et nous avons établi un régime efficace pour garantir  la sûreté et la sécurité de nos installations et de nos  stocks nucléaires.L’Asie du Sud a besoin de stabilité stratégique et cela nécessite un dialogue sérieux pour parvenir à  la retenue nucléaire, à un équilibre conventionnel et au règlement  des conflits.

Et finalement Monsieur le Président, nous attendons avec beaucoup d’intérêt de jouer notre rôle pour bâtir  une ère de paix et de prospérité en Asie du Sud. Nous le devons à notre peuple et aux générations futures.

Merci Mr le Président.

Source : ONU, 09/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Bangladesh – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. Mme Sheikh Hasina, Premier Ministre de la République populaire du Bangladesh, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

M. le Président,

Je tiens à exprimer mes félicitations les plus sincères à vous, M. le Président de la 70ième session de l’Assemblée Générale pour votre élection.

Je félicite également Son Excellence M. Sam Kutesa pour l’excellente façon pour laquelle il a dirigé l’Assemblée Générale au cours de l’année écoulée.

M. le Président,

Il s’agit d’une année riche en transformation pour les Nations Unies et pour l’ensemble du monde. Cette année marque le 70ième anniversaire de la création de cet organe mondial, une reconnaissance claire de la part de nos ancêtres que nous partageons un destin commun. C’est ce qui les inspirait à bâtir cette institution. Depuis sa création, les Nations Unies ont fait des progrès remarquables pour ce qui est de la paix, de la sécurité, des droits de l’Homme et le développement. 70 ans plus tard, l’ONU continue à incarner les rêves et les aspirations partagés de toute l’humanité.

Il s’agit d’une année essentielle pour le développement durable. Le sommet du financement du développement à Addis Abeba et le sommet de l’ONU qui vient de s’achever ici à New York ont suscité un nouvel espoir pour les peuples à travers le monde. Avec nos efforts pour parvenir à un accord significatif sur le changement climatique à Paris cette année, nous espérons pouvoir transformer notre avenir en mettant fin à la pauvreté, en limitant le changement climatique et en préservant notre planète.

M. le Président,

Il y a 2 défis mondiaux qui représentent la plus grande menace à la viabilité de la civilisation humaine.

Premièrement : le terrorisme et l’extrémisme violent qui demeurent des entraves graves à la paix et au développement dans le monde monde. Les terroristes n’ont pas de religion, le terrorisme et l’extrémisme violent sont des défis mondiaux. Tous les pays devraient être unis pour lutter contre ces derniers.

Je suis moi-même une victime du terrorisme et de l’extrémisme violent. Mon père, le Père de la Nation Banghabandhu Sheikh Mujibur Rahman, ma mère Begum Fazilatunnesa Mujib, 3 frères et d’autres proches ont été brutalement assassinés le 15 août 1975. Moi-même j’ai été la cible d’au moins 19 attaques terroristes. Mon gouvernement, par conséquent, applique une politique de tolérance zéro à toutes formes de terrorisme, d’extrémisme violent et de radicalisation. Nous œuvrons sans relâche pour lutter contre l’extrémisme et les forces anti-libération qui continuent à être actives, qui continuent à détruire le caractère démocratique, progressif et séculier de notre nation.

Deuxièmement : le changement climatique est également un défi formidable en terme de développement. Nous ne serons pas en mesure de poursuivre nos efforts de développement si le changement climatique n’est pas traité comme il se doit. Le nouveau programme de développement énonce clairement que toutes nos actions peuvent être sous-tendues par notre engagement fort à protéger et préserver notre planète, notre biodiversité et notre climat. Le temps est court pour agir et nous devons réussir à mettre le monde sur la voie d’un avenir plus sûr, plus vert et plus prospère.

M. le Président,

Nous savons également que la coopération régionale est essentielle pour favoriser le développement durable ainsi que pour parvenir à des sociétés pacifiques et stables. Le Bangladesh a joué un rôle de chef de file pour bâtir des processus de coopération régionaux tels que le ASACR (Association sud-asiatique pour la coopération régionale), le BIMSTEC (Initiative du Golfe du Bengale pour une coopération technique et économique multisectorielle), le BCIM-EC (Corridor économique entre le Bangladesh, la Chine, l’Inde et la Birmanie). Nous avons également lancé des initiatives pour développer les infrastructures afin de renforcer le commerce et les contacts entre les personnes entre le Bangladesh, le Bhoutan, l’Inde et le Népal.

Aujourd’hui nous sommes les témoins de migrations et de mobilité humaine sans précédent qui refaçonnent  complètement l’histoire et la géographie. La migration a été reconnue comme étant un élément de développement clé dans le programme de développement à l’horizon 2030. La coopération est essentielle entre nos pays afin que nous puissions réellement profiter du plein potentiel des migrations. Avec cet objectif nous avons décidé de diriger le Forum Mondial sur la Migration et le Développement en 2016.

M. le Président,

Au fil des ans le maintien de la paix et sa consolidation par l’ONU se sont transformés en activités phares de l’ONU. Le Bangladesh est fier d’être associé à ces efforts en tant que fournisseur principal de contingents. Nos casques bleus courageux, jusqu’à présent,  ont laissé leur empreinte sur 54 missions de maintien de la paix dans 40 pays. De plus, nous avons le nombre le plus élevé de femmes policières dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. Notre contribution aux opérations de maintien de la paix a fait de nous un partenaire fiable dans les initiatives de paix de l’ONU.

Les efforts de développement dans un grand nombre de nos pays, au cours des 15 dernières années, ont été largement guidés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les progrès faits grâce aux OMD nous ont inspiré à adopter une série d’objectifs de développement durable encore plus audacieux, plus ambitieux. Etant donnée l’ambition qui est reflétée dans les OMD, nous devons également accroître la mobilisation des ressources qu’elles soient publiques ou privées, nationales ou internationales. Il est essentiel pour les pays développés d’honorer leurs engagements des OMD de 0.7% de leur PNB et de 0.2% pour les PMA (Pays les moins avancés). Nous devons également relever les défis auxquels sont confrontés les pays en développement pour ce qui est d’avoir accès à des technologies respectueuses de l’environnement. Sans transfert de telles technologies et sans renforcement des capacités, je crains qu’un grand nombre d’objectifs et de cibles de développement ne pourront être réalisés.

M. le Président,

Il y a 4 décennies le Père de la Nation, Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman dans son premier discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU a eu comme vision d’établir un ordre mondial bâti sur la coexistence pacifique et la justice sociale et le fait d’être à l’abri de la pauvreté, de la faim, de l’exploitation et de l’agression. Cet appel continue à nous guider dans nos efforts de développement  et dans notre participation dans les affaires mondiales. Nous continuerons à transformer le Bangladesh en une terre où l’état de droit et la justice sociale prévalent par-dessus la pauvreté, l’inégalité, l’impunité et l’exclusion. J’ai présenté une Vision 2021 pour une économie à revenu intermédiaire basée sur les connaissances dans ce que nous appelons un Bangladesh Numérique. Grâce aux progrès constants que nous avons fait jusqu’à présent, je suis confiante que bientôt nous serons en mesure de réaliser le rêve du Père de la Nation, à savoir de bâtir Sonar Bangla, un Bengal de l’âge d’or.

M. le Président,

Le Bangladesh est largement reconnu aujourd’hui comme étant un modèle pour le monde en développement. Nous avons enregistré l’un des taux de réduction de la pauvreté le plus rapide du monde malgré des ressources modestes. Nous avons réduit le taux de pauvreté de 56.7% en 1991 à 22.4% aujourd’hui. Le Bangladesh a déjà atteint ou est sur la voie d’atteindre les OMD 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Au cours de ces 6 dernières années, la croissance de notre PNB moyen a dépassé 6.2% malgré la récession mondiale. De 2005 à 2016, nos revenus grâce aux exportations ont été multipliés par 3 et pendant cette même période nos réserves de devises étrangères ont augmenté de 7.5 fois, elles sont passées de 3.5 milliards de $ à 26 milliards de $ et pendant cette période le Bangladesh est sorti de la catégorie des pays à faible développement humain du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), il est passé dans la catégorie intermédiaire et nous sommes également passé de la catégorie des pays à faible revenu selon la Banque Mondiale à la catégorie intermédiaire.

Nous réalisons qu’investir dans notre capital humain, notamment compte tenu de notre grande population de jeunes, pourra nous donner de nombreux dividendes. C’est pour cette raison que notre gouvernement a mis un accent tout particulier sur l’éducation et la santé pour tous. Nous offrons des aides actuellement à 13.4 millions d’étudiants venant de familles pauvres et une éducation gratuite pour les filles jusqu’au niveau secondaire supérieur pour éviter la déscolarisation. Le premier jour de cette année, nous avons distribué plus de 334 millions de livres scolaires partout dans le pays. Depuis 2010, près de 1.59 milliards de manuels scolaires ont été distribués. C’est peut-être l’effort le plus important dans le monde. Nos populations qui vivent dans les zones rurales reçoivent près de 200 services de 5275 centres numériques. Ils ont accès à des services de santé de la part de plus de 16 500 centres connectés à internet. Nous voyons également des résultats visibles  en ce qui concerne l’autonomisation économique et politique des femmes en promouvant un plus grand accès pour ces dernières aux ressources productives et leur représentation au niveau national et local. De cette façon, nous nous attachons à répondre aux besoins et aux défis des segments vulnérables de notre population. Nous avons joué un rôle de chef de file à l’ONU pour promouvoir les droits et le bien-être des personnes touchées par l’autisme et d’autres maladies liées au neuro développement.

M. le Président,

Comme nous l’avions fait lors de la période des OMD, nous aimerions mener par l’exemple pour la mise en œuvre des ODD (Objectifs de Développement Durable) au Bangladesh. En donnant au cadre des ODD l’importance qui lui est dû, nous préparons actuellement le prochain plan quinquennal 2016-2020. Mon gouvernement est déterminé à faire en sorte que personne ne soit laissé en marge dans notre aspiration à bâtir une société résiliente, pacifique et prospère. Nous croyons que le développement durable ne peut être réalisé en l’absence d’une paix durable et la sécurité. Nous restons engagés comme toujours à respecter la paix et l’état de droit et mettre fin à la culture de l’impunité. Et dans cet esprit, nous recherchons  les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de viols et de génocides commis pendant notre guerre de libération de 1971. Notre gouvernement attache la plus grande importance à la préservation de l’harmonie religieuse et de la tolérance qui a marqué notre tissu social depuis l’antiquité.

Nous avons récemment établi une démarcation des frontières terrestres et maritimes et d’autres questions avec nos voisins, l’Inde et la Birmanie. A minuit, le 31 juillet 2015, nous avons échangé 162 enclaves, ce qui a permis à environ 50 000 résidents apatrides de ces enclaves à obtenir enfin la citoyenneté qui leur était si chère. Ceci a permis de mettre un terme de façon pacifique à la situation humanitaire des résidents de ces enclaves et de cette façon, en agissant conjointement avec l’Inde, nous avons établi un précédent unique pour le reste du monde.

Dans cet esprit, M. le Président j’exhorte le concert des nations à renouveler sa détermination collective pour parvenir à un monde prospère, stable et pacifique, à l’abri de la pauvreté, de l’inégalité, de la violence et de l’extrémisme, du changement climatique et du conflit, de l’oppression et de l’injustice. Faisons preuve de vision, de courage moral et de leadership politique pour donner une vie meilleure et un avenir plus brillant à nos enfants et aux leurs.

Je vous remercie M. le Président.

Que le Bangladesh vive pour toujours.

Vive les Nations Unies.

Source : ONU, 09/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-inde-pakistan-bangladesh-comment-pouvons-nous-avoir-en-2015-un-conseil-de-securite-qui-reflete-encore-larchitecture-geopolitique-de-1945/


[70e AG ONU] Brésil + Argentine + Mexique : “Afin de donner aux Nations Unies le rôle central qui leur revient, il est absolument essentiel de procéder à une réforme en profondeur de cette structure.”

Thursday 15 October 2015 at 00:02

Brésil – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. Mme Dilma Rousseff, Président de la République fédérative du Brésil, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

C’est un privilège que de prendre la parole cette année devant l’assemblée générale, alors que les Nations Unies célèbrent leur 70ème anniversaire. Mes premiers mots, Monsieur le Président, seront des mots visant à vous féliciter pour votre nomination à la présidence de cette assemblée, et je voudrais redire que le Brésil s’efforcera d’appuyer vos efforts afin d’adopter des mesures visant à renforcer les activités de l’organisation en faveur du développement.

Soixante-dix années se sont écoulées depuis la conférence de San Francisco. A cette occasion, la communauté internationale s’était efforcée d’œuvrer en faveur d’un monde basé sur le droit international, un monde fondé sur le règlement pacifique des conflits. Depuis lors, nous avons connu  des progrès, mais nous avons aussi connu des revers. Le processus de décolonisation a évolué de façon remarquable comme nous pouvons le voir de par la composition même de cette assemblée. Depuis, les Nations Unies ont étendu leurs initiatives incluant notamment le programme pour le développement à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable, en d’autres termes pour y inclure des thèmes comme l’environnement, l’élimination de la pauvreté, le développement social et l’accès à des services de qualité. Des thèmes tels que les difficultés de l’urbanisation, les femmes, les enfants et les questions raciales sont devenues une priorité. Cependant, l’organisation n’a pas connu les mêmes succès pour ce qui est de la sécurité collective, thème présent à l’origine de notre organisation qui reste également au cœur de ses priorités.

La prolifération des conflits régionaux au potentiel très destructeur ainsi que la propagation du terrorisme qui tue femmes, enfants, hommes, qui détruit notre patrimoine commun et qui cause le déplacement de millions de gens hors de leur communauté, démontre que les Nations Unies ont à présent un défi de taille à relever. On ne peut rester inactif devant les actes barbares commis par ceux qui s’appellent l’Etat Islamique et autres groupes associés. Dans une grande mesure, cette situation explique la crise des réfugiés à laquelle l’humanité est confrontée à présent. Une grande partie des hommes, des femmes, des enfants qui entament le voyage périlleux par-delà les eaux de la méditerranée et qui arpentent péniblement les routes d’Europe viennent précisément du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Ils viennent de pays dans lesquels les institutions de l’Etat ont été déstabilisées par des actions militaires contraires au droit international ouvrant par là même une brèche à la prolifération du terrorisme. Un sentiment d’indignation profonde a été causé par la photo d’un petit garçon Syrien mort sur les plages de Turquie et par la nouvelle que soixante et onze personnes étaient mortes étouffées dans un camion en Autriche. Cette indignation doit à présent se transformer en acte de solidarité. Dans un monde dans lequel les marchandises, les capitaux, les données et les idées circulent librement, il serait absurde d’empêcher la libre circulation des personnes. Le Brésil est un pays d’accueil, un pays qui au final est formé de réfugiés. Nous avons accueilli des hommes, des femmes du monde entier. Depuis plus d’un siècle nous avons offert notre accueil à des millions de personnes, nous accueillons les réfugiés à bras ouverts, nous sommes une nation multi-ethnique dans laquelle les différences coexistent et nous connaissons l’importance de la différence qui au final nous rend plus diversifiés, plus riches au niveau social et au niveau culturel ainsi qu’au niveau économique.

Monsieur le Président, la toile de fond bien sombre que je viens de décrire implique que nous réfléchissions quant à l’avenir de notre organisation et que nous agissions de façon décisive et rapide. Nous avons besoin d’une organisation des Nations Unies à même de promouvoir la paix internationale durable, une organisation à même de réagir efficacement et rapidement à toutes les situations de crise régionale, et de réagir contre tout acte commis contre l’humanité. On ne peut par exemple plus retarder la création d’un état palestinien qui coexisterait dans la paix et l’harmonie avec Israël. De même, nous ne pouvons plus tolérer les activités d’élargissement de peuplement dans les territoires occupés, cela n’est pas acceptable.

Afin de donner aux Nations Unies le rôle central qui leur revient, il est absolument essentiel de procéder à une réforme en profondeur de cette structure. Le Conseil de Sécurité doit être élargi aussi bien dans la catégorie permanent que non permanent afin d’en faire un Conseil plus représentatif, plus légitime et plus efficace. La majorité des états membres ne souhaitent pas que l’on retarde indéfiniment une décision à ce sujet et nous espérons donc que la session que nous entamons aujourd’hui entrera dans l’Histoire en tant que tournant dans le destin des Nations Unies. Nous espérons que cette session nous donnera des résultats concrets dans le long processus, resté sans résultat jusqu’à présent, de réforme de l’organisation.

Notre région où règnent la démocratie et la paix, se félicite de la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, événement qui met fin à un différend datant de la guerre froide. Nous espérons que ce processus s’achèvera par la levée de l’embargo contre Cuba. Nous nous félicitons également de l’accord obtenu récemment avec l’Iran qui permettra à ce pays de développer une énergie nucléaire à des fins pacifiques et rendra à toute la région l’espoir de la paix. Avec les pays du BRICS nous avons lancé une nouvelle banque du développement qui permettra l’intensification des activités économiques et des investissements, et nous permettra d’atteindre les objectifs de développement durable.

Monsieur le Président, le programme de développement à l’horizon 2030 décrit l’avenir que nous voulons. Les dix-sept objectifs de développement durable réaffirment les principes de base de la conférence RIO + 20, et réaffirment qu’il est possible de connaitre la croissance tout en assurant l’inclusion en préservant et en protégeant. Ces objectifs s’accompagnent d’objectifs universels, insistent sur la nécessité de coopération entre les peuples et nous ouvrent la voie commune pour l’humanité. Il s’agit d’un programme de développement qui nécessite une solidarité mondiale, la détermination de tout un chacun et un engagement à lutter contre le réchauffement climatique, à surmonter la pauvreté extrême tout en créant des opportunités et des chances pour tous. A Paris, en décembre, nous devrons faire en sorte de renforcer la convention pour le climat en s’assurant d’appliquer ces dispositions et de respecter ces principes. Les engagements endossés à Paris devront être ambitieux et devront inclure un appui financier et technologique aux pays en développement et aux petits états insulaires, conformément aux principes de responsabilité commune mais différenciée.

Le Brésil déploie des efforts de taille pour réduire les émissions de gaz à effets de serre sans pour autant porter atteinte à notre développement. Nous continuons  à diversifier les sources renouvelables dans notre bouquet énergétique, l’un des bouquets les plus propres du monde. Nous investissons également dans une agriculture à faible émission de carbone, nous avons réduit la déforestation dans la région de l’Amazonie de 82%, c’est un sentiment d’ambition qui continuera de nous guider dans nos actions. J’ai annoncé hier ici même aux Nations Unies notre contribution prévue déterminée au niveau national. La contribution du Brésil sera de réduire de 43% ses émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030 par rapport à l’année de référence de 2005. Au cours de cette même période, le Brésil a l’intention de mettre fin à la déforestation illégale, de reboiser douze millions d’hectares, de récupérer quinze millions d’hectares de pâturages et d’intégrer cinq millions d’hectares de terres pour les forêts et les cultures. Dans un monde dans lequel la part des énergies renouvelables n’est que de 13% dans le bouquet énergétique total, nous avons l’intention pour notre part d’assurer une proportion de 45% des sources renouvelables dans notre fourniture énergétique, et nous visons d’atteindre 66% d’énergie hydraulique dans la production d’électricité et une part de 23% de sources renouvelables – biomasse, énergie solaire, éoliennes – dans notre production électrique. Il s’agit également d’une augmentation de 10% du taux d’efficacité électrique et une proportion de 16% de carburant éthanol et autres sources énergétiques issues du sucre de canne dans notre bouquet énergétique. Le Brésil sera ainsi en mesure de contribuer aux efforts mondiaux afin de respecter les recommandations du GIEC qui a fixé une limite de deux degrés maximum de réchauffement pour ce siècle. Le Brésil  est l’un des rares pays en développement à s’engager vers des objectifs aussi absolus en termes de réduction des émissions. Notre contribution prévue au niveau national contribuera à préserver l’environnement et réduira les risques liés aux effets négatifs du changement climatique pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Nous mettrons également l’accent sur les droits des travailleurs, les questions liées aux femmes, les populations autochtones, les anciennes populations d’esclaves et les communautés traditionnelles. Nous reconnaissons l’importance de la coopération sud-sud dans les efforts mondiaux pour lutter contre les changements climatiques

Je voudrais insister sur le fait que, depuis 2003, des politiques sociales ainsi que des transferts monétaires assortis de conditions qui ont été mis en place ont permis de sortir de la pauvreté extrême trente-six millions de Brésiliens.

Olivier Berruyer : Nous, on veut bombarder Assad, on ne peut pas tout faire…

L’année dernière, le Brésil a été enlevé de la carte du monde dressée en fonction de la faim, ce qui témoigne de l’efficacité de notre politique « Faim zéro ». Dans cette transition vers une économie à faible émission de carbone, nous pensons qu’il est important d’assurer des conditions de travail dignes, justes et sûres pour les travailleurs. Le développement durable impliquera de promouvoir le travail des uns et la création d’emplois de qualité pour tous. Les efforts visant à éliminer la pauvreté et à promouvoir le développement doivent être des efforts collectifs mondiaux. Dans mon pays, nous savons parfaitement que mettre fin à la pauvreté extrême n’est que le début d’un long voyage.

Monsieur le Président, depuis six ans, nous nous sommes efforcés de contrer l’impact de la crise mondiale qui a touché le monde développé et nous avons essayé d’empêcher que cette crise ne déstabilise notre économie, notre société. Nous avons adopté un ensemble de mesures – diminution des taxes, élargissement du crédit, renforcement des investissements – et nous avons accru également les salaires au cours de cette période. Cependant, pour diverses raisons, budgétaires et autres, ainsi que pour des raisons extérieures, ces efforts ont été entravés, et la relance lente au niveau mondial a également eu un impact sur notre croissance. La dévaluation des devises, les pressions liées à la récession ont mené à une inflation et à une réduction des recettes fiscales menant à une diminution des financements publics. Cependant, étant donné la situation actuelle, nous sommes en train de rééquilibrer notre budget et nous avons décidé de procéder à une réduction des dépenses publiques et de certains investissements. Nous avons également aligné les prix, nous sommes en train d’adopter des mesures de réduction permanente des dépenses, réductions drastiques des dépenses, autant d’initiatives qui visent à réorganiser notre situation budgétaire et diminuer l’inflation afin de conférer une stabilité macro-économique au pays, accroitre la confiance dans notre économie et permettre une reprise de la croissance économique en permettant une redistribution des revenus.

L’économie brésilienne est aujourd’hui plus forte, plus solide, plus résistante qu’il y a quelques années et nous sommes à présent capables de surmonter les écueils et d’avancer dans la voie du développement. Nous sommes à une phase de transition pour passer à un nouveau cycle d’expansion économique plus durable, plus solide, plus profond. Outre ces mesures fiscales et financières, et adaptées à l’exportation, nous avons adopté d’autres mesures, notamment dans les investissements d’infrastructures et d’énergie. Le processus d’inclusion sociale au Brésil n’a pas été interrompu pour autant. Nous espérons que le contrôle de l’inflation et la reprise de la croissance économique et du crédit contribueront par la suite à accroitre la consommation des ménages. Il s’agit d’autant de fondements d’un nouveau développement qui se basera sur une productivité accrue et sur des possibilités d’investissement accrues pour les entreprises menant également à la création d’emplois pour nos citoyens.

Mesdames et Messieurs, au fil des ans, ces diverses réalisations se sont accompagnées d’une conciliation de notre démocratie. Grâce à un système juridique efficace et grâce aux forces de nos institutions démocratiques, le fonctionnement de notre état a été bien surveillé de façon impartiale par le pouvoir judiciaire et toutes les branches et institutions publiques afin de ne pas permettre la corruption et afin de mener les enquêtes et de punir en cas d’inconduite et de crime. La démocratie brésilienne est devenue plus forte lorsque les autorités reconnaissent les limites imposées par la loi. Les Brésiliens veulent un pays dans lequel la loi représente la limite, et nombreux sont ceux qui se sont battus précisément pour cela, lorsque les droits et les lois étaient violés par la dictature militaire. Nous voulons un pays dans lequel les dirigeants se comportent scrupuleusement conformément à leurs obligations sans abus, un pays dans lequel les juges peuvent juger en toute liberté et impartialité sans aucune pression, sans aucune passion politique, sans compromettre la présomption d’innocence de tout citoyen. Nous voulons un pays dans lequel les échanges d’idées ont lieu de façon civilisée et avec respect, nous voulons un pays dans lequel la liberté de la presse est la pierre angulaire de la liberté d’expression, un droit pour tous les Brésiliens. Des sanctions au titre de la loi s’appliqueront à tous ceux qui commettent des actes illégaux en tenant compte de tous les principes de défense et de bonne procédure. Voilà quels sont les fondements de la démocratie, et je voudrais citer un de mes amis, ancien président de l’Uruguay, José Murica : « Cette démocratie n’est pas parfaite parce que nous ne sommes pas parfaits. Cependant, nous devons la défendre afin de l’améliorer et non pas de l’enterrer. »

Je voudrais réaffirmer que le Brésil s’efforcera d’avancer sur cette voie démocratique et n’abandonnera jamais les gains pour lesquels nous nous sommes si chèrement battus.

Mesdames et Messieurs, je voudrais saisir cette occasion pour réitérer que le Brésil est prêt à accueillir des citoyens du monde entier à bras ouverts pour les jeux olympiques et paralympiques qui auront lieu en 2016 à Rio de Janeiro. Nous serons heureux de vous accueillir, ce sera pour nous une chance unique de promouvoir le sport en tant qu’outil de paix, d’inclusion sociale et de tolérance dans notre lutte contre la discrimination ethnique, raciale, ou sexiste. Ce sera également pour nous la possibilité de faire valoir les droits et l’inclusion des personnes handicapées, ce qui est l’une des priorités de mon gouvernement.

En guise de conclusion, je voudrais dire qu’il y a quelques jours, ici même au siège des Nations Unies, la fresque murale « Guerre et Paix » a à nouveau été présentée au public, œuvre de Candido Portinari artiste Brésilien, œuvre qui avait été offerte à l’organisation en 1957. Il s’agit d’une œuvre d’art qui dénonce la violence et la pauvreté et qui exhorte les peuples du monde à faire preuve de tolérance et de compréhension. C’est un symbole qui représente la responsabilité des Nations Unies à promouvoir la paix et à empêcher les conflits armés, à promouvoir la justice sociale et éliminer la faim et la pauvreté. Portinari disait souvent qu’il ne peut y avoir de grande œuvre d’art à laquelle les individus ne puissent s’identifier. Il s’agit d’un message qui reste tout à fait valide dans ses fresques murales. Elles font référence non seulement aux victimes des guerres, mais également aux réfugiés qui risquent leur vie sur des embarcations fragiles. Ils représentent toutes ces personnes anonymes qui se tournent vers les Nations Unies pour en obtenir protection et bien être. Nous espérons que lorsque vous entrerez aux Nations Unies, lorsque vous verrez ces fresques murales, vous pourrez entendre les voix de ces peuples, les voix de ceux que nous représentons et que vous travaillerez dur pour répondre à leurs appels de paix et de progrès.

Après tout, il s’agit là précisément des idéaux qui étaient présents il y a soixante-dix ans lors de la création de l’organisation des Nations Unies qui est l’une des plus grandes réalisations de l’humanité.

Merci Monsieur le Président, merci à tous.

Source : ONU 09/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Argentine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. Mme Cristina Fernández de Kirchner, Président de la République argentine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Merci beaucoup.

Mr le président de l’assemblée générale, mesdames et messieurs les membres de cette assemblée, permettez moi tout d’abord de me féliciter d’un fait qui a été particulièrement pertinent et qui s’est produit il y a quelques jour de cela, ici, pour être exact le 10 septembre de cette année, lorsque l’assemblée à 136 voix pour, a décidé d’approuver les principes fondamentaux pour la restructuration de la dette extérieure des pays. Il s’est agit d’un triomphe très important, de cette façon, de nouveaux principes ont été consacrés et j’ai essayé de n’en oublier aucun. Les principes qui doivent régir le traitement et le règlement des renégociations pour un pays des dettes extérieures. Souveraineté d’un pays à décider de ses politiques macroéconomiques mais également pour décider comment il va restructurer sa dette. La bonne foi, la transparence, l’impartialité, le traitement équitable pour ne pas faire de distinctions entre différents créanciers et que tout soit traité de la même façon, l’immunité souveraine contre des juridictions, la légitimité, la viabilité : l’un des principes peut être les plus important car il s’agit de payer une dette, d’honorer une dette, mais pas en causant la faim et la misère du peuple mais au contraire par le biais d’un processus politique et économique et avec des variables macroéconomiques qui rendent durable la croissance d’une société et finalement peut être que c’est le principe le plus important qui manque aujourd’hui en terme de régulation pour les dettes souveraines. C’est un principe qui doit s’appliquer dans tous les systèmes juridiques internes de presque  tous les pays du monde. Lorsqu’une entreprise fait faillite, lorsqu’ entreprise ne peut pas rembourser sa dette, dans quelques pays que ce soit, y compris ici aux Etats Unis (il existe la faillite de municipalités), comment parvenir au consensus ? Comment parvenir à une majorité qualifiée lorsque 67% des créanciers ici, aux Etats Unis et dans mon pays s’accordent pour établir des délais, des façons de rembourser ces dettes ? Et lorsque ceux ci se transforment en lois deviennent obligatoires pour les autres créanciers ; 67% je le répète.

Ce principe ci dit aussi que lorsque la majorité décide d’une façon de payer, il faut que ce soit accepté par les autres. Et cet accord, ce principe, ces conventions qui ont été approuvées ici, et que nous avons décidé d’envoyer à notre parlement, pour en faire un instrument de l’ordre public qui va régir le système interne de notre pays. Ce dernier a comme origine le défaut qu’a subi l’Argentine en 2000, l’un des plus important de l’histoire. Le monde à ce moment avait une croissance économique bonne et pourtant, l’Argentine a fait faillite en raison d’un endettement qui venait de plusieurs années. Pour être précise, il a commencé en 1978 lorsque l’ordre constitutionnel s’est effondré, lorsqu’il y a eu un coup d‘état et lorsque cette dette a commencé a s’approfondir pendant les années 1990s avec le régime de convertibilité, lorsqu’un peso argentin valait un dollar et le point culminant a été le défaut de la dette de 2001 et également la banqueroute de l’institution. En 1 semaine, il ya eu 5 gouvernements et pourtant l’Argentine a réussi à reconstruire son économie, sa société. Lorsque la politique a repris les commandes de l’économie à partir du 25 mai 2003. Lorsque la politique reprend les commandes de l’économie, et lorsqu‘il a été décidé de convoquer les créanciers pour une première restructuration en 2005 et une autre en 2010 sous ma présidence déjà.

La première a eu lieu pendant la présidence du Dr Nestor Kirchner qui dans cette même assemblée lors de son premier discours a dit que « les morts ne paient pas les dettes ». et qu’il est nécessaire pour les créanciers de comprendre que l’Argentine puisse croître pour qu’elle puisse rembourser. Ce n’était pas une prémonition, il n’a pas vu l’avenir, il a tout simplement appliqué des principes économiques logiques, à savoir qu’il est impossible de rembourser une dette s’il n’y a pas de croissance dans l’économie du pays qui est débiteur. Et c’est à ce moment que l’Argentine a commencé son processus inexorable de désendettement, notamment en 2005 lorsqu’il a été décidé de rembourser la dette complète au FMI qui imposait des politiques macroéconomiques à notre pays. A partir de ce moment là, l’Argentine a commencé à croître et elle s’est ajoutée comme un wagon de plus à la locomotive des pays émergents qui maintenait de la croissance durable de la communauté internationale. N’oublions pas que la croissance la plus importante a été due aux pays émergents avec les géants à leur tête, notamment les géants asiatiques. Moi, lors de ma première intervention en tant que présidente de la république d’Argentine dans ce domaine en septembre 2008, j’ai du voir comment ce train qui faisait avancer le monde grâce à une croissance durable, comment lui ajouter une locomotive supplémentaire, vous connaissez les anciens trains qui ont 2 locomotives, c’est à dire la Chine et d’autres pays qui enregistraient des croissance très importants, en Chine par exemple 14% de croissance du PNB. Et en 2008, ici à Wall Street, il ya eu un krash, qui a déclenché une crise économique que nous sommes encore en train de vivre, mais avec une certaine différence car la crise a commencé ici au cœur des finances mondiales. Il s’agissait de la crise des subprimes et ensuite la bulle a explosé en 2008. En 2009, on a vu un effondrement mondial de l’économie, à l’exception des pays asiatiques mais même en Amérique latine nous avons enregistré une décroissance économique. En 2010, cette crise s’est transférée à l’euro. Il a fallu lancer des plans de sauvetage pour des pays endettés mais  en fait nous savons tous qu’il s’agit s’un euphémisme : ce que nous avons essayé de sauver, c’était les banques. Des milliers de millions de dollars ont été transféré vers les entités bancaires. Et je me souviens encore d’une discussion que nous avons eu à Londres au G20. Nous, nous affirmions qu’il était nécessaire oui de sauver les banques pour ne pas retomber dans la dépression comme dans les années 1930s mais qu’il était indispensable de mettre en place un système de régulation pour que cette marée de ressources qui a été injectées dans les systèmes financiers puissent revenir dans l’économie réelle. Pour entrer dans le circuit de production de biens et services et pour relancer l’économie et la croissance. Rien de ceci ne s’est fait, bien au contraire…

La contrepartie aux plans de sauvetage a été une politique d’ajustement  et cette politique d’ajustement qui a été imposée à la zone euro a provoqué la récession de cette zone. L’augmentation du chômage, la chute de l’emploi vers des niveaux historiques jamais enregistrés : en Italie 25% de chômage, 50% chez les jeunes, en Espagne aussi, plus de 10% de chômage et on a continué comme ça jusqu’à 2014-2015 avec une forte chute de la demande mondiale et à ce moment là comme on a vu que ce train de la crise, cette locomotive de Lehman Brothers qui est tombée en panne, ici à Wall Street, c’est ensuite que cette crise s’est ensuite répandue à l’Europe et vers les économies émergentes alors que c’était nous, qui avions pendant tant d’années, réussi à faire avancer l’économie mondiale, l’Argentine faisait partie de cette économie mondiale et de cette croissance, et cette année, malgré les problèmes, malgré les fonds vautours et leur tyrannie, ils exigent un remboursement de 92% grâce aux restructurations avec la complicité de certains secteurs judiciaires de ce pays et ils ont prétendu que nous paierions un taux de 7%, 20 milliards de dollars, alors que la restructuration pour 92% des créanciers était de 40 milliards. Voyez cette logique capitaliste, cette logique mathématique ! Si nous avions répondu aux demandes de ces véritables vautours, de ces prédateurs, si nous leur avions payé, seulement la moitié de notre dette à 7%, nous nous serions retrouvé dans une situation terrible.

Je suis sûr qu’il existe des juges qui auraient été plus logiques et qui auraient dit « ceci est impossible, il est impossible de rembourser à un taux de 7% la moitié de ce que l’on doit à 92% des créanciers d’autant plus que certains de ces bons du trésors à 7% avaient été achetés alors que l’Argentine était déjà en défaut de paiement. Et donc cette approbation des principes de base pour la restructuration des dettes extérieures du pays, des dettes souveraines, qui a également des antécédents avec de lois anti vautours par exemple dans le royaume de Belgique et tout ceci ne signifie pas une aide à l’Argentine, qui est en train de rembourser 100% de ses dettes à ses créanciers, c’est une aide au reste du monde. C’est une tentative, la première tentative sérieuse d’imposer la raison, une régulation à un secteur, le secteur financier et les produits dérivés, sur la base de transformation de banque commerciale en banque d’investissement n’a connu aucune intervention. C’est pour cette raison que nous disons que ce qui a été approuvé le 10 septembre représente un progrès très important qui de plus, doit être conséquent, parce que le monde, mesdames et messieurs, inutile de vous le dire, n’est pas en bonne forme. On pourrait parler de la crise des réfugiés qui est due encore une fois aux prédateur financiers et les pays qui n’arrivent pas à avoir une économie qui fonctionne, ce qui entraine des flux de migration, de réfugiés, de migrants économiques, les réfugiés de la guerre aussi vers les pays riches.

Mais je parlais également  d’un processus de concentration économique inédit dans le monde. D’après le dernier rapport du FMI, 1% de la population a 50% de la richesse dans le monde, ici même dans ce pays. Ce pays, qui est le théâtre du rêve américain, qui souhaitait promouvoir la classe moyenne américaine ! Ici, 1% a 30% de la richesse ! Pendant combien de temps encore ceci peut-il être possible ? Comment une société peut elle survivre avec autant d’iniquité, avec toutes les conséquences que cela a ? Le président Xi Jinping a organisé une réunion sur l’égalité entre les sexes. Mais comment peut on promouvoir l’égalité entre les sexes si la répartition des ressources est si inéquitable ? De quelle égalité entre les sexes peut on parler si l’on expulse les personnes de son pays parce qu’elles ne peuvent plus y vivre ? Et on refuse également de les accueillir ailleurs. Il s’agit d’une situation dans laquelle nous devons prendre en compte les problématiques, le problème des marchés financiers, la nécessité d’injecter des ressources dans l’économie réelle, pour justement créer des emplois, pour susciter la production qui sont les grands moteurs du bien être de la société.

J’aimerais également me féliciter, et féliciter également les Etats Unis d’Amérique, la république islamique d’Iran, et les autres membres du Conseil de Sécurité (permanents) plus l’Allemagne d’être parvenus à un accord dans le domaine nucléaire qui pourrait réduire les tensions de la situation et qui pourraient nous permettre d’échapper à ces conflits permanents. Nous avions beaucoup d’espoir après ces négociations, nous espérions que cet accord soit conclu en 2010, Gary Seymour est venu en Argentine nous visiter. Il était le conseiller principal de la Maison blanche pour les questions nucléaires. Il est venu en Argentine nous visiter avec une mission, un objectif : que l’Argentine, qui avait fourni en 1999, pendant le premier gouvernement démocratique et sous le contrôle de l’AIEA, avait visité le réacteur de Téhéran, le producteur de matières nucléaires. Et donc Mr Seymour qui était en pleines négociations pour parvenir un accord, et pour essayer d’empêcher la république islamique d’Iran de ne plus enrichir d’uranium ou d’en enrichir moins et pourtant, l’Iran disait à l’époque qu’il voulait enrichir de l’uranium pour sa centrale nucléaire. Et Mr Seymour nous a demandé de fournir du combustible nucléaire pour l’IRAN. A l’époque c’était Mr Almanidejad qui était au pouvoir mais les négociations avaient déjà commencé.

Et donc cette personne est venue nous voir et m’a présenté cette proposition qu’il avait amené avec lui et la Maisons Blanche lui avait dit que cela serait très difficile étant donnée la situation entre la république d’Argentine et la république islamique d’Iran suite à l’attentat terroriste qu’avait subi l’Argentine en 1994. Et le fait qu’un juge avait accusé 5 citoyens iraniens d’avoir commis cet attentat. Et donc il est impossible d’envisager une contribution de l’Argentine à ce processus de négociation qui je le répète avait déjà commencé en 2010. Donc ce conseiller est venu dans mon bureau et je lui ai dit que si cette demande se faisait par écrit et signée, nous, malgré tout, nous étions prêts à collaborer parce que nous pensions qu’il était important de parvenir à cet objectif de la non prolifération nucléaire. Vous savez parfaitement que l’Argentine fait partie d’un groupe de pays très réduit producteurs d’énergie nucléaire. Mais nous sommes également leader dans le domaine de la non prolifération, donc pour nous, la non prolifération nucléaire est également une question d’Etat. Et je l’ai indiqué à mon chancelier et je lui ai demandé de transmettre cela à l’envoyé de la Maison Blanche Mr Seymour. Et je lui avais dit donc, nous serions prêts à fournir ce combustible parce qu’après tout ce combustible appartenait à l’Argentine, et de plus nous avions la technologie nécessaire pour fabriquer ce combustible, nous avions dit : nous sommes prêts à donner ce combustible à condition que la demande soit écrite et signée. Et voilà ce qui s’est fait. C’était la dernière communication que nous avons eu avec Mr Seymour.

Et donc, lorsqu’en 2013, l’Argentine a signé le mémorandum d’accord précisément avec la république islamique d’Iran pour essayer de trouver une solution au problème judiciaires qui paralysait toute la situation (n’oublions pas que les attentats s’étaient produit en 1994 et là je parle de 2013 donc d’autres gouvernements étaient en place, d’autres choses s’étaient produites entre temps) et nous, car nous sommes intimement convaincus qu’il est nécessaire de lutter contre le terrorisme et également en raison de la mémoire et de la justice nous voulions trouver les coupables et les juger, les punir : c’était l’objectif du mémorandum d’accord. Et pourtant, il semble, qu’après la signature de cet accord, on ait libéré des démons,  car au fil du temps, alors que l’accord avait été signé entre les 5+1 et l’Iran, Mr Rohani était en place… Mais on peut maintenant se demander : pourquoi toutes ces critiques, pourquoi n’aurions nous pas pu négocier un simple accord de coopération judiciaire entre l’Argentine et l’Iran car sans cet accord il est impossible d’extrader des citoyens iraniens. Quelles étaient les raisons ? J’ai entendu cela de la bouche d’autres présidents qui ont parlé d’hypocrisie concernant les relations diplomatiques, beaucoup d’hypocrisie… beaucoup de géopolitique mélangé avec d’autre chose, très peu d’intérêts à essayer de respecter la mémoire des victimes de faire justice pour les victimes et leurs familles. Et plus tard, lorsque nous avons envoyé ce traité au Congrès, il a été approuvé, et je souhaite sincèrement au président Obama que le Congrès des Etats Unis approuve également cet accord ou au moins ne place pas d’entrave car cela sera une contribution très importante à la paix dans le monde.

Nous, nous sommes très cohérents : nous ne disons pas ce qui vaut pour nous ne vaut pas pour d’autres. Et nous n’utilisons pas certains éléments, certains instruments qui n’ont pas grand chose à voir, ou des chose qu’on pourrait dire pour essayer de nuire à l’image d’un pays… Et, ce juge, a estimé qu’il était viable, d’entendre les accusés après ces attentats. Mais tout est resté paralysé pendant un certain temps. Aujourd’hui, tout ce que nous pouvons faire, c’est demander de la bonne volonté de la part de la république islamique d’Iran, nous n’avons rien d’autre à faire, nous n’avons pas d’autre instrument. Mais n’oublions pas que d’autres choses se sont produites dans mon pays, la république d’Argentine. Aujourd’hui, il ya également un autre jugement, un jugement pour certains fait qu’on dissimulé le pouvoir judicaire et certains éléments politiques les plus élevés en 1994. Des choses ont été dissimulées, nous avons maintenant lancé des procès ouverts et publics. Et après, le déclassement que j’ai ordonné de certains éléments du secteur du renseignement, en raison de forts soupçons d’entraver les enquêtes, et de s’opposer justement à cet effort de faire jaillir la lumière sur de qui s’était réellement passé, j’ai donc ordonné que certains hauts fonctionnaires renoncent à leurs postes alors que certains d’entre eux étaient en place depuis 1972 : ces personnes avaient traversé toute la dictature et différents gouvernements : aujourd’hui ils se trouvent ici, aux Etats Unis et quelques jours à peine après ce déclassement de ces personnes, le procureur chargé de ce procès est décédé. Et tout ceci constitue davantage que ce que j’avais dit une fois : Moi je pensais qu’il s’agissait d’échiquier plus complexe au niveau international. Plus qu’un jeu d’échecs c’était une toile d’araignées d’intérêts extérieurs à mon pays, une toile d’araignée où seuls qui se sont fait attrapé étaient les plus petits et les plus faibles, alors que les  autres les plus puissants étaient toujours en liberté… Et ce jugement moral, après 14 ans de retard, les enquêtes suite à la mort du procureur, on commence à avoir des données révélatrices de liens avec des services secrets extérieurs qui ont des liens avec ces fonds vautours et même certains membres de la communauté juive de mon pays. Je viens vous dire sans hypocrisie, je viens vous raconter ce qui se passe, ce qui est en train de se passer.

Et il ya quelques jours à peine, nous avons convoqué l’ambassadeur des Etats unis de notre pays pour savoir pourquoi cet ancien membre des services secrets argentins se trouve ici aux Etats Unis alors qu’il était chargé de l’enquête depuis le tout début. A l’époque je n’étais qu’une députée provinciale dans le sud en Patagonie lorsque cette bombe a explosé…

Cette personne était déjà chargée de l’enquête. Maintenant nous menons l’enquête sur les liens avec ce procureur Mr Nyman et avec d’autres personnes également. Notre ambassadrice, aux Etats Unis, à l’époque, sous instruction de la Chancellerie, a présenté des notes au département d’Etat et a eu des entrevues avec le département d’Etats pour savoir pourquoi cette personne se trouve ici aux Etats Unis pratiquement protégée contre qui contre quoi je ne sais pas. Et il y a quelques jour, le procureur chargé de cette enquête a demandé à Interpol de donner un ordre d’arrestation de cette personne et donc, comme nous le faisons depuis 2007, le présent Kirchner puis ensuite  moi même nous demandons chaque année de la collaboration  de la république islamique d’Iran pour faire toute la lumière sur l’attentat mais nous demandons également la collaboration des Etats unis : c’est le procureur de notre pays qui veut savoir où se trouve cette personne. Comme vous voyez, tout est lié, il y a des cas de dissimulation semble t-il. Vous pourriez vous demander pourquoi je passe tant de temps à parler de cette question. En fait ce temps est très court par rapport au temps que certaines organisations payées par les fonds vautours ont consacré pour nuire à notre image, pour faire de la diffamation contre nous. Si nous sommes complices de tout ceci, alors que va faire le président Obama ? Je pense, qu’on ne peut plus continuer avec l’hypocrisie, avec le deux poids deux mesures dans le domaine diplomatique. C’est impossible ! Cela ne peut plus continuer ! On ne peut plus continuer à utiliser des armes, des instruments, des intrigues internationales dignes de John Le Carré mesdames et messieurs. Car vous savez bien que le monde des télécommunications, Internet, monde mondialisé, dont rêvaient tant de personnes, on pensait que cela allait améliorer la vie pour tous, et bien aujourd’hui c’est devenu un instrument de communication très puissant pour tout le monde. C’est à dire que tout se sait immédiatement, on sait exactement ce qu’il se passe quelque part immédiatement. Et c’est pour cette raison, que mon gouvernement, notre gouvernement va continuer inlassablement à faire toute la lumière, rechercher la vérité : nous demandons la collaboration du pays dont des citoyens sont accusés et ce pays également les Etats Unis pour qu’ils contribuent également à faire la lumière sur la question de ces personnes, qui vont devoir venir dans notre pays pour se présenter devant la justice.

Mais face à ce monde de crise économique, j’ai écouté attentivement  certains discours, et à vrai dire, on voit que les choses évoluent à une vitesse ahurissante je me souviens que la dernière réunion du G20, lorsque j’ai participé, (la précédente je n’ai pas pu y participer pour des raisons de santé), la dernière à Saint Petersburg, ceux qui luttaient contre le gouvernement de la Syrie, « les combattants de la Liberté », qui auraient dû être appuyés par l’Occident, aujourd’hui font partie de l’EIL… Et je vous pose une question, des questions sur comment fonctionne ce groupe islamique : Qui le finance ? Lorsqu’on voit ces scènes épouvantables, où des personnes sont décapitées ? Et lorsque l’on voit qu’il ya trois ou quatre caméras en train de les filmer comme un plateau de cinéma. On voit très bien que ce n’est pas quelques chose d’artisanal, come le font souvent les groupes fondamentalistes avec une simple pette caméra. Non pas du tout ! Non c’est vraiment comme au cinéma, On dirait un film de Francis Coppola parfois… Trois, quatre, 5 caméras ! Il serait temps que l’on se pose cette question : qui finance tout ceci ? D’où vient le financement ? Ceci nous aiderait à faire en sorte que le monde puisse trouver la clé pour lutter contre l’un des pires fléaux auquel ait été confrontée l’humanité : dogmatique, religieux ou autre… Et ceux qui concernent leur prochain comme un ennemi, comme un objectif, comme quelqu’un qui doit pétré éliminé.

Je ne souhaite pas vous quitter en ayant parlé que de problèmes économiques, d’attentats terroristes, de complicités internationales. J’aimerais vous quitter également en rendant hommage au continent dont je suis la fille, l’Amérique Latine était il ya quelques heures ici présente, avant moi. Un président, un compagnon, un ami, que j’aime j’admire, le président Raul Castro après 17 ans est revenu ici représenté son président à l’assemblée générale. Et la vérité, pour nous, les membres de l’Amérique latine, membre de la CELAC, du NASUR, qui nous sommes tant battus qui avons eu tant de discussion, qui avons tant fait pour que Cuba puisse redevenir membre des organes multilatéraux, nous considérons que c’est un triomphe de la persévérance de la région et fondamentalement de Cuba. Bien sûr nous saluons également le gouvernement des Etats Unis qui finalement a fait preuve de raison. Nous tenons également à remercier d’autres latino américains qui se sont également trouvé dans cette salle et qu’ont peut pétré plus d’autorité que nous car il sont assis sur le siège de Saint Pierre à Rome. Et qui ont joué un rôle immense pour ce rapprochement entre Cuba et qui est venu ici dire au monde que les finances, le monde financer ne peuvent pas continuer à manipuler la politique et qu’il ya eu un précepte qui est compris par toute les religions : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaites pas que l’on te fasse ». En Amérique Latine, la joie de voir à la Havane, la photo du président de la Colombie, également le représentant des Farks, ce qui a permis enfin de mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de 50 ans ! Un conflit armé. Mais les conflits sociaux et économiques ne peuvent pétré réglés par les armes : on règle ces conflits en parlant et en respectant avec les autres !

Et je me félicite, de faire parte de cette région, l’Amérique latine où nous n’avons pas de conflit religieux ou culturel : nous sommes des fils ou des petit fils d’immigrés et nous avons même des migrations internes : les universités nationales et gratuites reçoivent des étudiants de l’ensemble du continent. Nous ne levons pas le carton rouge à qui que ce soit car nous pensons qu’il est nécessaire de contribuer à un monde plus juste. Et c’est pour cette raison que je dis que l’Amérique latine qui a peut été était par le passé l’emblème de l’inégalité mais qui est maintenant est composé de gouvernements nationaux, démocratiques, populaires que certains appellent populistes, nous faisons tous des efforts dans le domaine de la santé, de l’éducation. Aujourd’hui nous sommes un continent en pleine croissance, qui s’intègre de plus en plus. Et peut être que cette contribution de l’Argentine lorsque nous avons réussi à reconstruire notre pays depuis 2001, aujourd’hui nous allons avoir une croissance de 2.7% de PIB. Mais tout ceci me permet de dire que l’intégration, la croissance la production, le développement, le commerce, tout ceci ne va pas pouvoir être stimulé sans que l’on incorpore les millions de personnes qui n’ont pas de travail, si l’on n’augmente pas les salaires de ces personnes qui sont dans la misère, si on ne respecte pas le droit des enfants, des jeunes…

Donc en résumé, avoir une société plus juste, plus équitable et plus égalitaire.

Merci beaucoup à chacun d’entre vous.

Source : ONU 09/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Mexique – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Enrique Peña Nieto, Président du Mexique, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le président de la 70e session de l’assemblée générale, Mesdames et Messieurs chefs d’États et de gouvernement, Mesdames et Messieurs les délégués, Mesdames et Messieurs.

L’Organisation des Nations Unies a été fondée voilà 70 ans comme une riposte collective face à l’horreur de la guerre. Sept décennies durant, les peuples des Nations unies ont fait preuve de leur détermination à mettre en pratique les idéaux les plus nobles qui soient, la paix et la sécurité internationale, les droits de l’Homme et le progrès social. Les efforts sans relâche fournit par l’ONU en faveur de ces idéaux se trouvent reflétés dans les opérations du maintien de la paix et dans l’action d’agence telle que la FAO, L’UNICEF, l’UNESCO, l’Organisation Mondiale de la Santé,  ou encore le programme des Nations unies pour le développement.

Il faut le dire clair et net, le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans l’Organisation des Nations Unies, symbole de solidarité et d’espoir d’un avenir meilleur.

Depuis 1945, les mexicains sont restés attachés à cette enceinte, le mécanisme multilatéral le plus important qui soit. Nous n’avons cessé de défendre la paix, le désarmement nucléaire et les causes les plus importantes de l’humanité. Par exemple, après la crise des missiles, le Mexique a encouragé l’adoption du traité pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Grâce à cet accord, les pays d’Amérique Latine et des Caraïbes ont créé la première zone exempte d’arme nucléaire dans une région densément peuplée. Les mexicains sont aussi traditionnellement des médiateurs qui s’efforcent de régler les conflits qui secouent notre région, nous ne cessons de promouvoir un règlement pacifique des controverses.

Sur la base de cette histoire en matière de diplomatie, nous nous félicitons des avancées récentes enregistrées dans le processus de paix en Colombie, tout comme le rétablissement récent de relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis.

Dans le cadre d’une nouvelle réalité géopolitique, une fois de plus nous lançons un appel pour que soit mis fin au blocus économique commercial et financier dont souffre Cuba depuis 1962. Pour continuer à contribuer à la paix entre les différentes sociétés du monde, récemment, le Mexique a encouragé à la signature du traité sur le commerce des armes qui aujourd’hui est une réalité. Ce traité constitue la base d’un régime international de contrôle des armes classiques, un instrument permettant de prévenir le trafic illicite de telles armes et de garantir la transparence en matière de commerce légal.

Le Mexique est un pays très attaché à l’État de droit, aux droits humains et à la paix. Nous avons pleinement assumé la responsabilité importante qui est la nôtre, à savoir siéger au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour la période 2014-2016. Aujourd’hui, mon pays fait parti de ceux qui bénéficient d’une législation la plus avancée en matière de droit de l’Homme, et nous œuvrons à garantir le respect de cette législation sur tout le territoire national. Et ce n’est pas tout, nous sommes convaincus et nous l’avons montré dans la pratique que l’expérience et les contributions de la communauté internationale permettent d’enrichir les efforts internes en la matière.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme va bientôt se rendre au Mexique et c’est une nouvelle preuve de notre engagement et de notre volonté à continuer à apporter notre pierre à l’édifice de ce système international. Autre preuve très claire de notre responsabilité sur le plan international, nous avons décidé de participer aux opérations de maintien de la paix. A travers cette décision historique, mon pays a mis au service de l’Organisation des Nations Unies son expérience dans le domaine de l’aide humanitaire.

Ce ne sont là que quelques exemples de la relation très étroite et de la relation positive qui unie le Mexique à l’ONU et ce, depuis 70 ans.

Monsieur le Président, avec les inégalités qui ne font que croître, avec cette crise économique mondiale qui se fait encore sentir, dans un contexte de frustration sociale due à ces différents phénomènes, le monde d’aujourd’hui est menacé par de nouveaux populismes, de nouveaux populismes de gauche comme de droite, aussi dangereux les uns que les autres. Au cours du 20e siècle nous déjà avons vu les conséquences des actes d’individus qui, par manque de compréhension, de responsabilité et de sens éthique, ont choisi de diviser leur population. Les sociétés doivent rester aux aguets face à ceux qui profitent de leurs craintes et de leurs inquiétudes, face à ceux qui sèment la haine et la rancœur avec un seul but à l’esprit, satisfaire leurs ambitions personnelles.

Au cours de cette deuxième décennie du 21e siècle nous ne devons pas répéter les erreurs du passé qui ont provoqué tant de douleurs dans le monde entier. Au contraire, l’heure est venue d’appuyer les principes qui nous définissent en tant que personne, de défendre ces valeurs nobles qui ont été à l’origine de l’Organisation des Nations Unies, la paix ,la solidarité et le respect des droits humains.

Respect pour les migrants, respect pour les femmes, respect pour toutes les races et toutes les religions, respect vis à vis de la diversité et de la pluralité politique mais surtout respect de la dignité humaine. Nos sociétés ne méritent pas moins. Certes le monde d’aujourd’hui est un monde complexe, incertain, rempli de défis mais la division n’est pas la solution. Nous devons comprendre à quel point la confiance est importante, confiance vis à vis de la valeur d’un travail constructif, confiance vis à vis des autres, confiance dans les institutions et surtout nous devons avoir confiance en nous-mêmes et en nos nations.

Pour construire il faut commencer par la base et s’élever petit à petit, pour triompher il faut persévérer. Et l’année 2015, précisément, nous montre que les nations peuvent bel et bien parvenir à des accords extrêmement importants, à des accords novateurs, hardis, en faveur de la population mondiale.

Le programme 2030 pour le développement durable, le programme d’action d’Addis-Abeba, le cadre d’action de Sendai pour la réduction du risque de catastrophes ou encore les préparatifs en amont de la COP21 sur les changements climatiques, voilà autant de décisions historiques promouvant l’adoption d’un nouveau paradigme. Un changement radical dans la réflexion et l’action des nations.

Il convient de se féliciter de l’adoption du programme de développement pour l’horizon 2030 qui a été édifié de façon collective et adopté à l’unanimité sur la base du dialogue entre les propositions des états membres. Le programme d’Addis-Abeba permettra de financer ce développement  durable qui constitue le fondement d’une association mondiale revitalisée comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU lui-même. Pour sa part, le cadre de Sendai établit des directives pour les 15 prochaines années afin que les habitants du monde entier puissent vivre dans des foyers plus sûrs.

La COP21, sur les changements climatiques, est entourée d’attentes importantes, tout le monde espère qu’à Paris nous pourrons nous engager de façon contraignante. Il ne fait aucun doute que les changements climatiques représentent l’un des principaux défis aujourd’hui. Pour régler ce problème tous les pays doivent faire preuve de volonté politique. C’est la raison pour laquelle le 27 mars, le Mexique a été le premier pays en développement à présenter son projet de contribution nationale, et aujourd’hui je lance à nouveau un appel en direction de tous les pays du monde. Nous devons faire preuve de détermination, de vision d’avenir face aux défis des changements climatiques.

Encouragés par les grands accords qui ont été possibles en 2015, nous devons aujourd’hui aller de l’avant et réformer et moderniser le Conseil de sécurité. La conception de ce mécanisme important qui a vu le jour en 1945 est une conception qui est pleine de défauts et de limites, nous le voyons aujourd’hui. Il est inacceptable de penser que l’on puisse utiliser le droit de veto à des fins exclusivement nationales mettant un frein à l’action internationale.

Les membres permanents du Conseil de sécurité ont une responsabilité toute particulière en matière de paix et de sécurité internationale, une responsabilité qu’ils doivent assurer à tout moment, notamment lorsque les valeurs les plus fondamentales sont foulées au pied. Avec cet objectif à l’esprit, nous avons souscrit à l’initiative lancée par la France, pour que soit restreint l’utilisation du droit de veto lorsqu’il s’agit de cas de violation grave du droit international et du droit de l’Homme, par exemple les crimes de guerres, les crimes contre l’humanité ou les crimes de génocides. L’objectif est de veiller à ce que les résolutions votées par l’ONU soient plus efficaces, plus responsables et plus représentatives surtout des idéaux de l’humanité.

A l’heure de la mondialisation, aucun pays n’est étranger à ce qui se passe dans d’autres régions du monde. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à la souffrance de population entière. C’est ainsi, notre présent est caractérisé par les flux migratoires de millions de personnes qui cherchent une vie meilleure. Hélas, par toutes les latitudes, sur tous les continents, les migrants vivent dans la peur, le rejet, la discrimination et les mauvais traitements. Ces conditions s’aggravent parfois lorsqu’en raison de leur ignorance, de leur racisme, de leur mauvaise foi ou pour des raisons d’opportunisme politique uniquement, certains stigmatisent les migrants et leurs enfants et les rendent responsables des difficultés qui sont des difficultés propres des pays d’accueil. Nous ne pouvons pas accepter que cette injustice se poursuive. Nous ne pouvons pas accepter que les démocraties du monde entier tournent le dos au pluralisme et à l’inclusion qui les caractérisent. Face à ce phénomène de discrimination et  d’exclusion nous devons unir nos forces pour créer un mécanisme mondial de protection des droits des migrants, un mécanisme à la hauteur des défis dont nous sommes témoins. Sur la terre entière des millions de migrants ont besoin d’une réponse collective et efficace, une réponse mondiale qui doit venir de l’Organisation des Nations Unies.

Dans le même esprit, face aux résultats médiocres obtenus après plusieurs décennies, l’humanité doit réfléchir une nouvelle fois à la solution à apporter au problème mondial des stupéfiants. Aux yeux du Mexique il est indispensable de lancer une riposte internationale plus efficace, plus juste et plus humaine. L’année prochaine, à l’occasion de la session extraordinaire de l’assemblée générale de l’ONU sur les stupéfiants, la communauté internationale va devoir être à la hauteur de la volonté collective, tourner le dos à l’inertie, mettre sur pied des politiques avec en leur cœur le bien-être et la dignité des personnes.

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, protéger les principes et les idéaux qui ont donné vie à l’Organisation des Nations Unies est notre responsabilité à tous.

Le Mexique souhaite remercier publiquement le secrétaire général de l’ONU, Monsieur Ban Ki-moon, pour le travail qu’il a réalisé à la tête de l’organisation.

Le programme de développement pour l’après 2015 est une preuve éclatante de ce travail.

En 2015, alors que nous célébrons le 70e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, le Mexique se redit attaché de façon inébranlable à cette organisation qui unit toutes les nations du monde dans un effort commun. Nous le faisons, convaincus comme nous le sommes, que le multilatéralisme est la voie idoine nous permettant de régler des problèmes qui touchent le monde entier. Nous le faisons avec la conviction qu’appuyé à l’Organisation des Nations Unies, c’est contribuer à bâtir un avenir meilleur pour toute l’humanité.

Merci beaucoup.

Source : ONU 09/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-bresil-argentine-mexique-afin-de-donner-aux-nations-unies-le-role-central-qui-leur-revient-il-est-absolument-essentiel-de-proceder-a-une-reforme-en-profondeur-de-cette-structure/