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Assad va partir (mais prévoir un délai svp..)

Tuesday 22 March 2016 at 03:33

13 mars 2016 :

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Ah les “modérés”…

Rappels

2011 :

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On notera la franchise “communauté internationale = UE + USA”

2012 :

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2015 :

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On appréciera le démocratique “il est hors de question qu’Assad se présente aux élections” – tu m’étonnes…

Encore un “fanatique” :

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Épilogue à propos du livre de Malbrunot :

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On comprend mieux – quelle importance a la réalité… ?

Source: http://www.les-crises.fr/assad-va-partir-mais-prevoir-un-delai-svp/


Jamal Maarouf : « L’Armée syrienne libre est sous la coupe d’Al-Nosra »

Tuesday 22 March 2016 at 00:07

Source : Le Monde, Benjamin Barthe, 15-03-2016

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Jamal Ma’arouf, ici le 16 juin 2013 dans la province d’Idlib. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Au sein de l’opposition syrienne, le nom de Jamal Maarouf suscite des commentaires diamétralement opposés. Certains sont reconnaissants à cet ex-ouvrier du bâtiment, qui commanda le Front des révolutionnaires syriens (FRS), une brigade rebelle modérée, d’avoir été le principal artisan de « la deuxième révolution syrienne », à savoir l’expulsion des djihadistes de l’Etat islamique (EI) des provinces d’Idlib, de Hama et de la ville d’Alep, en janvier 2014.

D’autres, vouent aux gémonies ce chef de guerre de 41 ans, éphémère favori de l’Arabie saoudite et des Américains, qui a sali l’image de la révolution et contribué à affaiblir son bras militaire, l’Armée syrienne libre (ASL), en se livrant à des exactions dans les régions sous son contrôle. Depuis son exil forcé en Turquie, à l’automne 2014, suite à l’écrasement de ses troupes par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, Jamal Maarouf était resté quasiment silencieux. Le Monde l’a rencontré en janvier dans une banlieue du sud de la Turquie où il réside. 22[…]

N’avez-vous pas vous-même contribué à cette situation ? On vous a accusé de racket, de trafic de pétrole et même d’avoir éliminé certains de vos opposants au sein de la rébellion.

Ces accusations ne reposent sur aucune preuve. Je n’ai pas de compte en banque, même pas d’appartement à moi, ni ici ni en Syrie. C’est le gouvernement turc qui me loge, me nourrit et pourvoit à toutes mes dépenses. Si quelqu’un pense que je suis corrompu, qu’il porte plainte et je répondrai devant un tribunal. Quant aux accusations d’assassinats, formulées par Nosra [les djihadistes s’étaient filmés en train de sortir des cadavres d’un puits, dans le QG de Maarouf, dans la province d’Idlib], c’est un stratagème pour me salir. Ce sont eux qui ont jeté des corps dans le puits. Où sont les parents de ces morts dont on m’accuse ?
Quant aux accusations d’assassinats, formulées par Nosra, c’est un stratagème pour me salir

Avez-vous gardé des contacts avec l’Arabie saoudite et les Etats-Unis qui vous ont armé et financé pendant un temps ?

Le MOM [la cellule de soutien aux rebelles, installée en Turquie, sous l’égide des services secrets américains] a cessé tout soutien le jour où j’ai fui en Turquie. Depuis, je n’ai plus eu de contact avec les Américains et les Saoudiens. A vrai dire, ils m’ont complètement lâché. Ils savaient que j’étais assiégé par Nosra. J’ai appelé le MOM et j’ai demandé des bombardements sur les positions de Nosra, en leur fournissant des coordonnées GPS. Mais ils n’ont pas réagi. Seule la Turquie a facilité ma fuite, en ouvrant la frontière sur mon passage.

Quels types de soutien receviez-vous du MOM ?

Aujourd’hui, l’ASL est sous la coupe de Nosra

Un soutien financier essentiellement. De juillet à octobre 2014, on a reçu chaque mois la somme de 250 000 dollars, à diviser entre 4 500 combattants, soit environ 50 dollars par personne. Le soutien militaire était plus faible. Ils nous fournissaient des balles principalement. On avait déjà des armes, qui provenaient pour l’essentiel des entrepôts du régime, dont nous nous étions emparés. Nous avons reçu une seule cargaison de missiles anti-tanks TOW [livrés par l’Arabie saoudite, avec l’assentiment de la CIA]. Il y en avait dix. L’offensive contre l’EI, en janvier 2014, a été menée sans le moindre soutien international. Pas une seule brigade de l’ASL n’a pu rééditer ce que nous avons fait à cette époque. Car aujourd’hui, l’ASL est sous la coupe de Nosra.

Que voulez-vous dire ?

Les chefs actuels de l’ASL sont obligés de composer avec Nosra, qui prélève une partie de l’aide humanitaire et militaire qui leur est envoyée. Les leaders de Nosra leur laissent les missiles TOW car ils ne sont pas bêtes. Ils savent que s’ils les saisissent, les livraisons cesseront aussitôt. Et ils ont besoin de ces missiles pour détruire les tanks du régime. En gros, Nosra dit à l’ASL où et comment les utiliser. Les principaux chefs de l’ASL, comme Farès Bayoush et Ahmed As-Saoud [le chef de la « divison 13 », dont les bases à Maaret Al-Nouman ont été récemment saisies par Nosra] sont obligés de se faire tout petits. L’ASL est terriblement handicapée, mais c’est toujours mieux que rien.

Suite à lire sur  Le Monde, Benjamin Barthe, 15-03-2016

Source: http://www.les-crises.fr/jamal-maarouf-larmee-syrienne-libre-est-sous-la-coupe-dal-nora/


Elections américaines : les positions des candidats sur 44 questions par Stephane Trano

Monday 21 March 2016 at 03:50

Source : Marianne, Stephane Trano, 14-03-2016

Il est temps de se pencher sur les programmes des candidats à la présidence américaine. A la veille d’un nouveau “Super Tuesday”, voici l’état de leurs propositions

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Crime & Justice Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Maintenir la peine de mort Oui Non Oui Oui Incertain Oui
Le President Obama doit-il choisir le successeur du Juge Scalia? Oui Oui Non Non Non Non
Economie & Taxes Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Réduire la taxation des entreprises pour favoriser l’emploi Incertain Non Oui Oui Oui Incertain
Augmenter le salaire minimum légal Oui Oui Non Incertain Non Non
Augmenter les impôts (niveau fédéral) Oui Oui Non Non Non Incertain
Adopter un impôt unique sur le revenu Non Non Oui Non Non Incertain
La loi Glass-Steagall doit-elle être réinstaurée?* Non Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Faut-il privatiser la sécurité sociale Non Non Oui Oui Non Incertain
Le Traité de Libre Echange Transpacifique (TPP) est-il bon pour l’Amérique? Non Non Incertain Incertain Oui Non
Elections Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
La décision de la Cour Suprême sur Citizens United est-elle bonne pour l’Amérique?* Non Non Oui Incertain Oui Non
Les criminels ayant purgé leur peine doivent-ils être autorisés à voter? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Les électeurs devraient-ils être obligés de présenter une pièce d’identité avec photo pour voter? Non Non Oui Incertain Oui Incertain
Politique étrangère Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
La Chine est-elle une menace militaire ou économique pour l’Amérique? Oui Incertain Oui Incertain Oui Oui
Faut-il maintenant l’embargo sur Cuba? Oui Non Oui Incertain Oui Non
L’Accord sur le nucléaire iranien est-il bon pour l’Amérique? Oui Oui Non Non Non Non
Faut-il un état palestinien indépendant? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Mariage Gay Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
La décision de la Cour Suprême de légaliser le mariage gay était-elle bonne? Oui Oui Non Incertain Non Incertain
La liberté religieuse doit-elle autoriser des individus à refuser un service pour un mariage gay? Non Non Oui Non Oui Incertain
Armes / Second Amendement Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Faut-il de nouvelles lois contre la prolifération des armes chez les particuliers? Oui Oui Non Incertain Non Non
Le gouvernement fédéral doit-il lancer une enquête sur le lien entre violence et port d’arme? Incertain Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Les personnes inscrites sur la liste d’interdiction de vol devraient-elles pouvoir acheter une arme? Non Non Oui Non Oui Non
Santé, Avortement & Fin de Vie Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
L’avortement doit-il être légal? Oui Oui Non Incertain Non Incertain
L’autorisation parentale doit-elle être donnée pour pratiquer un avortement? Non Non Oui Oui Oui Incertain
L’euthanasie ou le suicide assisté doivent ils être légalisés? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Incertain
Tous les Américains doivent-ils bénéficier d’une assurance santé? Oui Oui Incertain Incertain Incertain Oui
Immigration Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Le gouvernement fédéral doit-il être autorisé à effectuer des arrestations massives contre les illégaux? Non Non Oui Incertain Incertain Oui
Tout employeur doit-ils obligatoirement vérifier le statut d’un immigrant? Incertain Incertain Oui Incertain Oui Oui
Les Etats-Unis doivent-ils poursuivre la construction du mur frontalier avec le Mexique? Incertain Non Oui Oui Oui Oui
Les immigrants illégaux doivent-ils être autorisés à devenir citoyens américains? Oui Oui Incertain Oui Oui Non
Les villes sanctuaires doivent-elles continuer à percevoir des aides de l’Etat? Incertain Oui Non Incertain Non Incertain
Les Etats-Unis doivent-ils donner l’asile politique aux réfugiés syriens? Oui Oui Non Non Non Non
Marijuana Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
L’usage de la marijuana à usage thérapeutique doit-il être légalisé? Oui Oui Incertain Incertain Oui Oui
La marijuana à usage récératif doit-elle être légalisée? Incertain Oui Incertain Non Non Incertain
Armée & Lutte antiterroriste Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Les Etats-Unis doivent-ils poursuivre leurs frappes par drônes à l’étranger? Oui Oui Incertain Oui Oui Incertain
Les Etats-Unis doivent-ils envoyer des troupes au sol pour lutter contre DAESH? Oui Non Oui Oui Oui Oui
Les Etats-Unis doivent-ils fermer Gunatanamo? Oui Oui Non Non Non Non
Le buget militaire doit-il être augmenté? Incertain Non Oui Oui Oui Non
La NSA doit-elle continuer de collecter les données issues des téléphones et emails des citoyens américains? Non Non Non Oui Oui Oui
Certaines techniques d’interrogatoire considérées comme de la torture doivent-elles devenir une option légale? Non Non Oui Incertain Incertain Oui
Problèmes raciaux Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
Les Collèges and Universités doivent-ils utiliser la discimination positive pour les admissions? Oui Oui Non Oui Incertain Oui
Le mouvement Black Lives Matter est-il bon pour l’Amérique? Oui Oui Non Incertain Incertain Incertain
Science & Environnement Clinton Sanders Cruz Kasich Rubio Trump
L’activité humaine est-elle responsable du changement climatique? Oui Oui Non Incertain Incertain Non
Les produits contenant des organismes génétiquement modifiés (GMO) devraient-ils tous être labellisés? Oui Oui Non Incertain Non Non
Faut-il autoriser le pipeline Keystone XL Pipeline pour importer le pétrole de sable bitumineux du Canada? Non Non Oui Oui Oui Oui
Etablie en 1933 et abrogée en 1999 par Bill Clinton, la loi Glass Steagal consistait en l’incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d’investissement ; le système fédéral d’assurance des dépôts bancaires; le plafonnement des taux d’intérêt sur les dépôts bancaires
*Citizens United: le 21 janvier 2010, la Cour Suprême a rendu un arrêt au terme duquel la participation des entreprises au financement des campagnes électorales est légal. Elle est suffisamment floue pour autoriser le financement par des entreprises étrangères.

© Stéphane Trano / Marianne – Mars 2016 – Mention Obligatoire 

Super Tuesday – Mardi 15 Mars 2016: Les Enjeux

Nombre de délégués acquis au 14 Mars 2016

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Nombre de délégués à élire

  • Floride:
    • 246 démocrates
    • 99 républicains
  • Illinois: 
    • 182 démocrates
    • 69 républicains
  • Missouri: 
    • 84 démocrates
    • 52 républicains
  • Caroline du Nord:
    • 121 démocrates
    • 72 républicains
  • Iles Mariannes: 
    • 9 républicains
  • Ohio: 
    • 159 démocrates
    • 66 républicains

TOTAL:

Républicains: 367

Démocrates: 792

A NOTER

La journée est particulièrement importante car elle marque l’une des premières fois où le gagnant peut remporter tous les délégués d’un État. Les primaires passées attribuaient les délégués proportionnellement, le candidat ayant le plus de votes obtenant le plus de délégués. Le 15 Mars, le candidat obtenant le plus de votes remporte tous les délégués en Floride, dans le Missouri et dans l’Ohio. 

Source : Marianne, Stephane Trano, 14-03-2016

Source: http://www.les-crises.fr/elections-americaines-les-positions-des-candidats-sur-44-questions-par-stephane-trano/


Ivan Budenchyk, activiste du Maïdan : “C’est vrai, je leur ai tiré derrière la tête”

Monday 21 March 2016 at 01:05

Source : Bird In Flight, le 19/02/2016

2-2

IVAN SIIAK, le 19 février 2016

Le 20 février 2014, le jour où les manifestants se sont fait tirer dessus dans la rue Instytutska, les premières personnes qui sont mortes n’étaient pas des activistes du Maïdan, mais des officiers de police des forces spéciales du Berkout. Ivan Bubenchyk, de Lviv, déclare qu’ils ont été abattus par son fusil. Ivan Siyak l’a rencontré pour écouter son histoire.

Il n’y a pas de date plus importante dans l’histoire moderne de l’Ukraine que le 20 février 2014. Ce jour-là dans les rues de Kiev, 48 activistes du Maïdan et 4 officiers de police se sont fait tuer. Peu de temps après, le président de l’époque, Viktor Ianoukovytch fuit le pays, l’annexion de la Crimée commença, et après cela, la guerre au Donbass. Si nous généralisons, c’est le jour qui prédestina l’Ukraine à perdre 7% de son territoire et plusieurs milliers de vies.

Personne ne pouvait rien savoir de cela au petit matin du 20 février. Après deux jours de combat acharné avec la police, qui donna lieu à la mort de 31 activistes et 8 membres des forces de l’ordre, les manifestants étaient laissés avec beaucoup moins de terrain. La police maintenait des positions au sein même de la place Maïdan. Il n’y avait aucun doute sur le fait que la prochaine attaque mettrait un terme au soulèvement, et qu’alors dans les futurs livres d’école ils appelleraient cela rien de plus que des “révoltes de masse”.

“Ses actions tactiques ciblées ont fait fuir les forces de l’ordre et ont empêché le péril de la Révolution de la Dignité” – le Wikipedia ukrainien est vague à propos du rôle d’Ivan Bubenchyk dans l’histoire. Il donna le premier récit détaillé de ses agissements en ce jour dans le film Captifs de Volodymyr Tykhyy. L’avant-première de ce documentaire s’est déjà déroulée et il sera à l’affiche des cinémas ukrainiens le 25 février. Juste avant l’avant-première, Ivan Siyak rencontra Ivan Bubenchyk à Maïdan pour écouter son récit des événements.

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Ivan Bubenchyk.

Ivan Bubenchyk parle ukrainien, la traduction a été réalisée par Bird In Flight.

Je veux ouvrir une école de pêche pour les enfants. C’est ce que je faisais avant Maïdan. Quand à Lviv les étudiants manifestaient contre Ianoukovytch, je suis venu pour les soutenir. Tout le monde disait que nous devions aller à Kiev, donc j’y suis allé. C’est difficile de se souvenir des dates, mais c’était le premier jour. J’ai été à la Place Maïdan dès le premier jour.

Au début, nous nous tenions près du Monument de l’Indépendance et on gardait les étudiants. Plus tard, des “centaines” se sont formées, et j’ai joint la Neuvième centaine. J’habitais dans la rue Honchara, dans le bâtiment du Mouvement Populaire d’Ukraine (Roukh) (parti politique nationaliste de centre droit, fondé en 1989 comme mouvement politique citoyen – Ed.), et chaque nuit à 23h30 nous venions pour garder le métro sous Maïdan. Nous contrôlions toutes les sorties car les officiers des services spéciaux pouvaient en sortir à tout moment pour tenter un quelconque sabotage ou simplement pour nous disperser.

Je me souviens qu’il y avait des troupes nationales dans la rue Hrushevskoho, ils ne nous laissaient pas remonter [vers le quartier des bâtiments gouvernementaux]. Nous sommes venus avec une lettre qui disait que nous étions citoyens de l’Ukraine et que nous pouvions nous déplacer librement à l’intérieur du territoire de notre pays. Nous avons dit que si nous ne pouvions pas exercer ce droit d’ici au lendemain, nous attaquerions. Et c’est ce qui s’est passé. Le jour suivant il y eut des pierres et des cocktails Molotov.

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Le 20 février les services spéciaux de Ianoukovytch ont tout fait pour éliminer le Maïdan. Ils ont brûlé le bâtiment des Syndicats, qui était très important pour nous. Nous vivions et dormions là, utilisions les toilettes, mangions, et recevions des soins médicaux. Après qu’ils l’eurent fait, le matin suivant Dieu nous donna l’opportunité d’entrer dans le Conservatoire de Musique. Nous avons aidé un enfant Rom à entrer par la fenêtre. Il ouvrit les portes de l’intérieur. Nous pouvions dormir un peu là. Certains dormirent une heure, d’autres une demi-heure – nous ne pouvions pas dormir plus avec tout le bruit terrible qu’ils nous infligeaient. Tout le monde était désespéré sauf moi. J’ai une forte croyance dans le pouvoir et la justice de Dieu.

Dans le Conservatoire de Musique, il y avait des gars avec des fusils de chasse. Ils tiraient à la grenaille sur les forces spéciales qui étaient à environ 70 mètres de nous. Mais je les ai chassés des fenêtres, alors que la police a commencé à nous lancer des cocktails Molotov afin de brûler notre unique refuge. Les tirs de grenaille les irritaient.

A ce moment-là, je priais pour 40 fusils automatiques pour Maïdan. Après quelque temps j’ai réalisé que j’en demandais trop. Alors j’en ai demandé vingt. Le matin du 20 février, ce gars est venu et a apporté une kalachnikov dans un sac de tennis et 75 cartouches. Beaucoup aimeraient entendre que l’on a pris le fusil aux titushkas (mercenaires qui soutenaient les forces de police – Ed.) pendant les affrontements du 18 février. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé.

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1. Batiment des Syndicats. 2. Les barricades telles qu’elles étaient le 20 février. 3. Position de Bubenchyk. 4. Là où les forces de police étaient situées. 5. Là où les activistes se sont fait tirer dessus dans la rue Instytutska.

Je tirais depuis la fenêtre qui donnait sur Maïdan, derrière les colonnes au deuxième étage. Je pouvais voir clairement les officiers de police avec leurs boucliers au Monument de l’Indépendance. Il y en avait à peu près deux cents là-bas derrière les sacs de sable, il n’y avait pas de place pour plus. Des groupes d’assaut avec des fusils à pompe était en train d’avancer de là-bas. Ils tiraient à bout portant sur les barricades, sans aucune honte.

Je visais ceux qui dirigeaient. Je ne pouvais pas les entendre, mais je voyais leurs gestes. La distance était courte, alors pour deux commandants j’avais seulement besoin de deux tirs. J’ai appris à tirer quand j’étais dans l’Armée soviétique. J’ai étudié à leur école du renseignement militaire. Nous étions entraînés pour des opérations en Afghanistan et dans d’autres zones de conflits.

Ils disent que je leur ai tiré derrière la tête, et c’est vrai. Il se trouve qu’ils se tenaient debout en me tournant le dos. Je n’avais pas le temps d’attendre qu’ils se retournent. Après Dieu les a tournés dans ce sens, et c’est de cette manière que cela a été fait.

Il n’y avait pas besoin de tuer les autres, seulement leur tirer dans les jambes. Je suis sorti du conservatoire de musique et j’ai commencé à me déplacer le long des barricades. Alors que je leur tirais dessus, je voulais que la police croie qu’on avait vingt ou quarante fusils. J’ai demandé aux gars de créer des petites brèches dans leurs boucliers pour moi. Cela peut être désagréable à entendre pour certaines personnes… mais ils en pleuraient de joie. Ils savaient qu’on ne pouvait pas tenir sans armes.

La distance était courte, alors pour deux commandants j’avais seulement besoin de deux tirs.

J’ai rejoint le bâtiment des Syndicats et je n’avais plus de cartouches. Cependant, ça avait déjà marché, et la police commençait à courir. Ils ont tout laissé derrière. Ils se grimpaient dessus comme des rats.

Les unités de police ne pouvaient pas toutes échapper aux militants. Les gars ont escaladé les barricades et les ont poursuivis. Ils ont fait des groupes de dix ou vingt prisonniers et les ont conduits derrière Maïdan, à l’Hôtel de Ville de Kiev. En revanche, les plus courageux de nos héros ont continué à poursuivre la police dans la rue Instytutska, et très rapidement la police a reçu l’ordre de tirer sur les militants.

Ce fut un moment difficile, quand j’ai réalisé que je pouvais arrêter la fusillade. Différentes personnes à Maïdan – je ne vous dirais pas qui ils étaient, mais ils avaient du poids – m’ont promis des cartouches. Je les ai crues, j’ai couru d’un endroit à un autre… C’était les minutes les plus difficiles de ma vie, j’étais complètement sans défense. Ils disent qu’il y avait beaucoup d’armes à Maïdan. Ce n’est pas vrai. S’il y en avait beaucoup, personne n’aurait laissé la police tirer sur nos gars. Ihor Serdiuk et Bohdan Vaida, de ma centurie, sont morts dans la rue Instytutska.

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van Bubenchyk.

Je protège ma Patrie et mon peuple. Quand je n’avais plus de cartouches, c’était comme si on avait enlevé son scalpel à un chirurgien. Le patient a besoin d’aide en urgence, mais le chirurgien n’a pas de scalpel… Et la personne meurt pendant que le docteur regarde.

J’ai rencontré des officiers du Berkout qui se battent pour l’Ukraine dans la zone OAT (Zone d’Opération Anti-Terroriste, terme souvent utilisé par le gouvernement et les médias d’Ukraine pour identifier le territoire dans lequel a lieu la guerre du Donbass – Ed.). Mais j’ai essayé de communiquer avec les gens qui sont comme moi, ou mieux que moi. Il y a eu certains désaccords entre nous… S’ils sont en guerre de manière consciente, pas pour le statut d’ancien combattant ou pour l’argent, alors cela pourrait les purifier. Mais je ne souhaite pas communiquer avec eux.

A Maïdan, nous avons fait un pas dans la bonne direction, et reçu une leçon qui nous permettra d’avancer. Néanmoins, mon pays n’est toujours pas un État de droit, et je pense toujours que toutes les polices dans notre pays sont illégales. Donc je ne souhaite pas communiquer avec eux. Veulent-ils s’adresser à moi ? Je pense qu’ils le voudront après l’avant-première du documentaire.

Mes victimes sont des criminels, des ennemis. Je dois parler franchement, pour que les autres gens sachent comment ils doivent s’occuper de leurs ennemis.

Toutes photos par Alexander Chekmenev.

Source : Bird In Flight, le 19/02/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/ivan-budenchyk-activiste-du-maidan-cest-vrai-je-leur-ai-tire-derriere-la-tete/


Le Hezbollah classé “organisation terroriste” : qui veut la peau du Liban ? Par Pierre Haski

Monday 21 March 2016 at 00:01

Source : Le Nouvel Obs, Pierre Haski, 11-03-2016

Des soldats du Hezbollah lors des funérailles de l’un des hauts commandants du groupe, Ali Fayyad, le 2 mars 2016. (Mohammed Zaatari/AP/SIPA)

Des soldats du Hezbollah lors des funérailles de l’un des hauts commandants du groupe, Ali Fayyad, le 2 mars 2016. (Mohammed Zaatari/AP/SIPA)

Le Liban a l’habitude de vivre au-dessus du volcan. Lors de mon dernier voyage à Beyrouth, j’avais été surpris par l’atmosphère festive qui y régnait, alors que le pays semblait progressivement happé par le conflit dans la Syrie voisine. Un ami m’avait expliqué : “C’est justement parce que nous savons que tout peut s’arrêter d’un jour à l’autre que nous faisons la fête…” Philosophie imparable, surtout quand l’ampleur des problèmes vous échappe.

Une nouvelle fois, donc, le Liban risque de devenir le théâtre d’une crise par procuration, alors que le fragile et parfois étrange équilibre confessionnel et politique issu de la guerre civile tient vaille que vaille depuis plus d’un quart de siècle. Le coup est parti de l’Arabie saoudite, qui a choisi le Liban pour viser son grand rival régional, l’Iran, au risque de plonger le pays dans les affres de la division et peut-être de la guerre. Riyad, qui n’a toujours pas digéré l’accord sur le nucléaire ayant permis à Téhéran de retrouver une place centrale dans le jeu moyen-oriental, a lancé une offensive dans le monde arabe pour désigner le Hezbollah, le mouvement politico-militaire chiite libanais lié à l’Iran, comme “organisation terroriste”.

Le Liban a toutefois souhaité rester neutre au nom de son nécessaire équilibre avec un parti représenté au Parlement et littéralement intouchable, provoquant la colère de Riyad. L’Arabie saoudite a annulé le financement de près de 2,3 milliards d’euros d’armes françaises destinées à l’armée libanaise, et déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Liban. Beyrouth redoute l’étape suivante que serait l’expulsion de plusieurs centaines de milliers de Libanais vivant et travaillant dans le Golfe.

La situation délicate de la France

L’Arabie saoudite conteste le poids du Hezbollah dans la vie politique libanaise, qu’elle juge incompatible avec son rôle dans la guerre de Syrie, au côté de l’armée de Bachar al-Assad et de conseillers iraniens. Riyad a pourtant des amis (ou des “clients”) au Liban, comme Saad Hariri, chef de file du Courant du Futur et fils de l’ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri qui avait fait sa fortune en Arabie saoudite. Mais Saad Hariri est engagé dans des tractations pour permettre de désigner – enfin ! – un président, et cela nécessite une entente avec le Hezbollah. Riyad lui a coupé les vivres, fragilisant fortement ses entreprises.

Le roi Salmane peut-il prendre le risque de précipiter le Liban dans la crise, accentuant la déstabilisation d’une région qui n’en a guère besoin (quelque deux millions de réfugiés syriens se trouvent au Liban) ? La haine de l’Iran peut-elle valoir ce prix ? Il ne faut pas sous-estimer la capacité des acteurs régionaux, sur lesquels les “parrains” traditionnels n’ont plus guère de prise, à s’engager dans de telles fuites en avant.

Cette situation met la France dans une position délicate : “protecteur” traditionnel du Liban, elle s’est progressivement alignée sur l’Arabie saoudite ces dernières années. Vendredi 4 mars, en pleine pression de Riyad sur le Liban, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef, était reçu par François Hollande qui lui remettait la Légion d’honneur “pour ses efforts dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme” (oubliant le poids de l’idéologie wahhabite dans la montée de l’islam radical). Mais, surtout, Riyad annonçait que le contrat de 2,3 milliards d’euros avec l’industrie d’armement française serait bien honoré, non plus au profit de Beyrouth mais à celui de l’armée saoudienne… Il serait tragique que le Liban soit passé par pertes et profits.

Pierre Haski

Source : Le Nouvel Obs, Pierre Haski, 11-03-2016

Source: http://www.les-crises.fr/le-hezbollah-classe-organisation-terroriste-qui-veut-la-peau-du-liban-par-pierre-haski/


Derrière Trump se cache bien pire, par Stéphane Trano

Sunday 20 March 2016 at 04:30

Excellent blog sur les élections US que je conseille vivement

Source : Marianne, Stéphane Trano, 09-03-2016

La campagne de Trump montre des signes possibles – mais encore très incertains – d’essoufflement, face aux attaques massives des médias et de l’establishment politique américain. Ted Cruz, le candidat le plus obscurantiste que l’Amérique a connu depuis des décennies, tente de rallier tout ce qu’il y a de plus inquiétant à travers l’Amérique, couteau entre les dents

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Dans un contexte où le lobbying des politico-médiatique n’a jamais été aussi explicite, les deux candidats considérés comme « antisystème », Donald Trump, chez les conservateurs et Bernie Sanders, chez les démocrates, font actuellement l’objet d’une entreprise de déstabilisation de grande ampleur.

Une femme, oui, mais un Juif…

Le Washington Post mène campagne contre Bernie Sanders, dont il désapprouve les attaques contre son adversaire Hillary Clinton, tandis que CNN enfonce le clou en relayant l’activisme Afro-Américain à l’encontre du Sénateur du Vermont. Pour avoir osé prononcer le mot « ghetto » lors du débat organisé à Flint (Michigan), dimanche soir, Sanders s’est attiré les foudres d’une minorité déjà très hostile et acquise à la cause de Clinton, dans un procès en racisme surréaliste. Balayés, le passé très engagé en faveur des droits civiques du sénateur et ses arguments contre la corruption du système électoral américain par les super-donateurs. Apprécié par les plus jeunes, il peut désormais compter sur un barrage organisé des minorités, non pas pour ce qu’il dit mais en réalité, pour ce qu’il est : la question, en effet, n’est pas de savoir si l’Amérique est prête à avoir une femme pour présidente – l’un des thèmes favoris de Clinton – mais plutôt celle que l’on ne pose pas, et pour cause. Cette question est : l’Amérique est-elle prête à avoir un Juif pour président ? Ni les évangéliques, ni les Afro-Américains, ne le souhaitent, et Sanders ne peut rien y faire. Interpellé sur son judaïsme lors du débat démocrate, par la représentante d’une église pour laquelle Hillary Clinton n’a pas caché sa sympathie, Sanders a opposé une réponse sobre, se disant fier d’être juif, dans un silence de plomb, qui en dit long.

ted cruz

Ted Cruz, Sénateur du Texas (Photo: Gage Skidmore)

Torquemada contre “Hitler”

Du côté des républicains, c’est un front uni qui organise la descente progressive de Donald Trump, qui ne devance plus l’ultra-conservateur Ted Cruz que de 80 délégués. Le jeune sénateur de Floride, Marco Rubio, considéré comme le candidat de l’establishment, a été le premier à dégainer contre Trump, rapidement suivi par Ted Cruz. L’hypocrisie des attaques, massives, ne manque pas de piquant. Trump, expliquent-ils, n’est pas un véritable conservateur, a donné de l’argent à des démocrates, et ne pourra jamais l’emporter sur Clinton dans un face à face. L’ancien candidat à la présidence, Mitt Romney, défait face à Obama, a apporté tout son poids à la campagne de dénigrement de Trump, joignant sa voix à ceux qui traite l’hommes d’affaires de « nouvel Hitler » et qui promettent une période noire pour les Etats-Unis s’ils venait à être élu. Ce sont les mêmes, engagés dans un combat qui pourrait se poursuivre lors de la convention nationale républicaine, qui soutiennent Ted Cruz. Le sénateur du Texas, il est vrai, n’a pas le verbe haut et ses outrances sont dans un tout autre registre. Contrairement à Donald Trump qui veut abolir l’Obamacare pour lui substituer un système d’assurance santé universel, Cruz veut en finir avec la tentative ratée d’Obama pour laisser la loi du marché reprendre tous ses droits. Contrairement à Donald Trump qui veut expulser les immigrants illégaux mais leur laisser l’option de revenir en passant par la voie administrative, Cruz considère cela comme une nouvelle amnistie et n’entend pas les laisser revenir. Il souhaite même créer des brigades spéciales pour aller déloger les illégaux partout où ils se trouvent, et favoriser la délation généralisée. Contrairement à Donald Trump qui n’entend pas fermer les centres de planning familial, arguant à juste titre que leur principal défaut, aux yeux des républicains, est de pratiquer l’avortement, ce qui ne constitue que 3 pour cent de leur champ d’activités, Cruz veut saisir la justice américaine, dès son arrivée à la Maison-Blanche, pour engager une guerre impitoyable contre ces centres qu’il perçoit, comme tous les évangéliques, comme des antres du diable. Contrairement à Donald Trump qui ne veut pas se positionner comme un candidat pro-Israélien ou pro-Palestinien, Cruz, de concert avec Rubio, annonce un tournant radical pour appuyer Israël contre les Palestiniens.

Absurdité médiatique

Evidemment, les sorties de Trump sur les Musulmans, ses envolées lyriques contre les délocalisations infligés aux Etats-Unis par les traités commerciaux gigantesques passés avec le reste du monde et la Chine en particulier, ses salves sans aucun tact contre le Mexique ou ses impolitesses à l’encontre de ceux qui le défient, n’en font pas un candidat des plus sympathiques. Mais c’est là que l’hypocrisie joue à plein. Les candidats, de quelque bord qu’ils soient, qui piétinent les électeurs qui se positionnent en faveur d’un Sanders ou d’un Trump, font simplement mine d’ignorer que depuis près de 8 ans, le Congrès américain est l’un des plus inefficaces de l’histoire américaine, et que bon nombre d’Américains ne le supportent plus. Est-ce une situation uniquement attribuable à la féroce opposition des républicains à Barack Obama depuis son arrivée ? Ce serait ignorer, d’une part, que le président a disposé à deux reprises de majorités dans l’une ou l’autre des assemblées – ce qui ne l’a pas poussé à faire passer des législations que l’on attendait de lui – et que, d’autre part, il est entré de plein pieds, dès son arrivée à la Maison-Blanche, dans une défiance frontale vis-à-vis du pouvoir législatif.

Prêts pour le pire

Le paradoxe de la situation présente est que l’obsession médiatique qui vise Donald Trump masque la réalité du candidat le plus probable pour la nomination si celui-ci perd son élan, à savoir Ted Cruz. L’Amérique aura alors pour candidat républicain l’un des plus obscurantistes depuis des décennies, pour lequel la paix sociale est un facteur totalement inexistant. Quant au pauvre Sanders qui n’a aucune chance de survivre au milliard engagé par Clinton dans sa campagne, il aura, au moins, rendu le mot « socialiste » audible pour certains Américains.

Pour le moment, l’objectif numéro de Washington, de ses élites et de bon nombre de médias, est d’abattre Trump, dans un pays où cette étrange coalition fait mine de croire qu’un président ne rencontre aucune opposition face à ses éventuelles dérives, alors que depuis deux mandats, le Congrès bloque l’actuel président. Ce mur sanitaire a des chances sérieuses de fonctionner. Si tel est le cas, la voie sera libre pour la possibilité d’une Amérique moyen-âgeuse.

Source : Marianne, Stéphane Trano, 09-03-2016

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Quand le journalisme prend les lecteurs pour des…

Source : Marianne, Stéphane Trano, 07-03-2016

Un dimanche parmi tant d’autres à New York, et une carte postale pour mes lecteurs de Marianne et d’ailleurs.

NY

La pression normative des écosystèmes médiatiques aboutit à une uniformisation de l’information, sous l’œil légitimement sceptique des lecteurs. Il est permis, et parfois utile, de s’exprimer à la première personne, dans un blog, et ce n’est pas se fourvoyer dans une « mode » que d’y avoir recours, lorsque l’on est un journaliste quelque peu instruit dans son domaine. Ce préambule étant posé, je suis bien désolé qu’un flux continu de lieux communs et de mimétismes corporatistes noie en permanence des analyses plus proches du terrain. Pour ce qui me concerne, résident américain et vivant aux Etats-Unis depuis dix ans, je constate avec effarement la caricature largement répandue de la vie américaine, en général, et de l’actualité politique, en particulier, depuis que j’écris pour Marianne, c’est à dire depuis 2012 où je couvrais déjà une élection présidentielle.

Il n’y a rien à apporter ni à opposer à certaines catégories de lecteurs qui, pour différents motifs, entretiennent une perception émotionnelle et volontairement tronquée des Etats-Unis. Qu’ils considèrent ce pays comme l’épicentre du mal à l’échelle planétaire, qu’ils croient – mêmes lorsqu’ils sont brillants par ailleurs – en toutes sortes de théories conspirationnistes (ou simplement « sionistes », ce qui va souvent de paire) ou qu’ils pataugent dans un marécage fantasmatique, ces lecteurs appauvrissent n’importe quel travail d’auteur ou de chercheur à travers des commentaires qui n’apportent aucune valeur ajoutée ou même, tentent de délégitimer le contenu, son auteur – quand ils ne versent pas tout simplement dans l’insulte ou l’ironie idiote.

C’est tout à l’honneur d’un magazine tel que Marianne d’accueillir sur son site Internet des contributeurs qui n’adhèrent pas forcément aux idées qu’il défend, mais qui apportent un angle de lecture décalé à l’actualité, quand bien même l’éternelle opposition rencontrée auprès des « vrais » journalistes, ceux du « papier », se manifeste systématiquement par un manque de considération pour ce que les blogueurs apportent. Je suis bien reconnaissant à l’égard des équipes de TSFJAZZ et Radio Nova, pour l’intérêt régulier qu’ils portent à ce blog.

Si vous suivez ce que l’on appelle le « mainstream » aux Etats-Unis, c’est à dire l’opinion dominante, forgée et entretenue par les médias de masse mais également des niches très activistes, vous obtenez une vision stupéfiante de l’actuelle élection présidentielle américaine : les républicains sont devenus fous et sont engagés dans une forme de « guerre civile » – c’est le martelage quotidien de type CNN ; Donald Trump est un « nouvel Hitler », disent ses plus farouches opposants, emboîtant le pas aux deux anciens présidents mexicains qui ont, il est vrai, beaucoup d’expérience en matière d’anti-démocratie ; ou bien, Donald Trump est un show man sans grande consistance; Obama reste une figure sacrée qu’il est difficile de contester puisque, après tout, il est Noir, et toute critique prêterait le flanc à des procès en racisme ; l’Amérique d’Obama va très bien, pour preuve, un taux de chômage à 4,9 pour cent, ce qui est une aberration; Hillary Clinton et Bernie Sanders sont nécessairement des gens plus fréquentables que les affreux républicains. La liste peut ainsi se poursuivre à l’infini, et se compléter avec quelques “oublis” ou silences curieux, comme, par exemple, une explication assez vérifiable de la raison pour laquelle le sénateur Sanders peine à recueillir le vote Afro-Américain: il serait bien trop dangereux de souligner les antagonismes sérieux qui opposent une partie de cette communauté, et d’autres, à la communauté juive américaine, et le judaïsme de Sanders ne le rend guère sympathique à celles-ci. Une fois que tout cela est dit ou que certains faits sont passés sous silence – et le phénomène n’est pas prêt de se tarir – que savez vous de plus au sujet du processus en cours aux Etats-Unis ? Après tout, ce sont les mêmes qui alimentent la légende d’un Kennedy prétendument admirable, qui font de Nixon le sommet de l’abjection, qui considèrent Bush (George W.) comme le mal incarné, et qui assurent que l’Obamacare est une formidable avancée sociale.

Il existe une ligne médiane entre la haine antiaméricaine, indispensable à beaucoup pour justifier de leur propre pureté, et l’adoration ridicule pour un pays fort méconnu. Dans l’Amérique de 2016, un candidat ouvertement socialiste prône une révolution sociale, avec le soutien de millions d’électeurs. Un candidat républicain veut abolir l’Obamacare pour lui substituer une véritable assurance santé universelle, ce que celle d’Obama n’est en rien. Un autre candidat veut permettre à des commerçants ou pourvoyeurs de services de refuser leurs prestations à des hommes ou des femmes dont les orientations sexuelles ou les choix de vie ne leur conviennent pas. Un autre veut compléter le mur déjà largement construit à la frontière mexicaine pour endiguer le flux continu d’immigrants illégaux. Et un autre, encore, veut lancer un vaste plan de rénovation des infrastructures dans un pays où deux mille ponts tombent en ruines, où les trains roulent à la même vitesse qu’il y a cinquante ans et où une panne d’électricité peut durer durant des semaines. Bon, ce ne sont là que quelques exemples, parmi des centaines, de ce qui agite le débat public américain. Encore faut-il vivre parmi ces gens-là pour comprendre que, non seulement, ils ressemblent étrangement à des êtres humains, mais aussi, qu’ils sont en fait de vrais êtres humains, avec leurs convictions, leurs contradictions, leurs préoccupations, leurs bons et mauvais côtés.

Ce n’est donc pas dans ces colonnes que l’on se livrera à la surenchère ridicule, ou à la répétition d’informations tout aussi ridicules. Rendez-vous dans les prochains jours pour une reprise du blog Objectif Washington, ce blog que tant adorent détester et que quelques uns aiment aimer.

A New York, Stéphane Trano

Source : Marianne, Stéphane Trano, 07-03-2016

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Lire du coup l’excellent article du jour :

Washington vs. Trump: La démocratie dans le caniveau

Source: http://www.les-crises.fr/derriere-trump-se-cache-bien-pire-par-stephane-trano/


Primaires américaines : la Floride attend Donald Trump de pied ferme

Sunday 20 March 2016 at 02:57

Source : France TV info, 15-03-2016

Dans cet Etat, qui doit voter la nuit prochaine, les propos du candidat républicain ont été très mal perçus par la communauté latino, qui représente 20% des électeurs.

Donald Trump pourrait se prendre les pieds dans le tapis en Floride. L’Etat, qui doit voter dans la nuit de mardi à mercredi, compte une forte communauté de latinos, qui représente 20% des électeurs. Ils ont très mal perçus les propos du candidat à la primaire républicaine. “C’est un raciste, il n’aime pas ceux qui parlent espagnol”, explique un homme à France 2. Les votes vont plus facilement vers le sénateur Marco Rubio, l’enfant du pays.

Des propos chocs

Né de parents cubains, il a fait de la Floride sa terre d’élection. “Trump, il n’est là que pour animer le grand cirque des médias, il n’est pas au niveau d’une présidentielle”, dénonce une partisane de Marco Rubio. Donald Trumps’est notamment fait remarquer après avoir tenu des propos forts sur les Mexicains. Selon lui, tous sont des criminels. Une phrase choc qui pourrait bien lui faire mal, en Floride, pour l’élection.

Source : France TV info, 15-03-2016

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Bref, comme tous les sondages donnaient Trump vainqueur par 20 points d’avance :

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Logiquement, FranceTv nous a pondu cet article.

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Totalement visionnaire quoi…

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Source: http://www.les-crises.fr/primaires-americaines-la-floride-attend-donald-trump-de-pied-ferme/


Michel Raimbaud contre les Etats voyous et les grandes voyoucraties

Sunday 20 March 2016 at 01:01

Le mardi 6 octobre 2015

Michel Rimbaud

Michel Rimbaud

Le point de vue de Michel Raimbaud, un ancien ambassadeur de France s’inscrivant dans la tradition de notre diplomatie gaullienne, nous a paru intéressant à faire connaître dans la situation actuelle.

On le savait déjà, il y a désormais deux camps dans la communauté des nations : celui du droit international œuvrant en faveur d’un nouvel ordre mondial multipolaire en gestation, et celui de l’hypocrisie et de l’arrogance qui cherche à préserver son hégémonie en installant le chaos partout où il rencontre de la résistance.

L’univers arabe et musulman et ses abords d’Afrique, d’Asie ou d’Europe sont le lieu d’une entreprise de destruction et d’asservissement conduite conjointement par l’empire atlantiste sous haute influence israélienne et ses clients islamistes radicaux. La Syrie est devenue le centre de gravité et l’enjeu d’une guerre inédite et perverse, mais aussi, pour ses promoteurs criminels, une cible emblématique.

La « mère de la civilisation », qui combat en première ligne les terroristes sauvages du soi-disant « Etat Islamique » et du front Al Nosra/al Qaida, est donc présentée comme « l’Etat voyou » par excellence par ceux-là mêmes qui financent, arment et soutiennent le gangstérisme sanglant des djihadistes. Dans nos « grandes démocraties », l’inversion des rôles est devenu si naturel que nul ne songe plus à s’en offusquer : c’est la base même du « false flag », omniprésent dans la narrative atlantiste.

L’Assemblée Générale des Nations Unies a consacré la journée du lundi 28 septembre dernier à la Syrie. Les puissants de ce monde ont utilisé cette tribune pour réaffirmer leurs positions sur l’interminable conflit. A la lumière des déclarations, il n’y a pas photo.

Obama dénonce la logique (russe) consistant à soutenir un « tyran » sous prétexte que l’alternative « serait pire ». Le tyran, c’est Bachar Al Assad, qui « massacre des enfants innocents ». Kerry, colombe repentie, précise : « Après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d’avant la guerre ».

Le Nobel de la Paix ne manque pas d’air : s’il a peut-être apaisé les relations avec Cuba et anesthésié jusqu’à sa fin de mandat le dossier nucléaire iranien, s’il a renoncé aux « frappes punitives » en Syrie en raison de ses réticences et/ou devant la détermination de l’adversaire, il a allumé ou entretenu au moins autant de conflits que George Debeliou et il est à la tête d’un Etat responsable de la mort de millions d’enfants et d’adultes, de la destruction d’Etats et de sociétés entières, de dizaines de millions de vies brisées, sans même remonter aux centaines de milliers de victimes d’Hiroshima et Nagasaki.

Heureuse Amérique, bienheureuses « grandes démocraties », toujours sûres de leurs valeurs, plus souvent boursières que morales !

41ljf7j6i-l._sx340_bo1_204_203_200_-7db20Il faut le répéter, il n’appartient pas aux maîtres occidentaux, à Erdogan l’apprenti calife, ou aux potentats pétroliers, de prescrire l’avenir de la Syrie après l’avoir détruite : c’est au peuple syrien et à lui seul d’en décider, sans ingérence étrangère. C’est ce principe de souveraineté que rappelle le Président chinois, Xi Jin Ping, clamant haut et fort que l’ère unipolaire est révolue et que le monde est désormais multipolaire.

Vladimir Poutine se place lui aussi dans le cadre de la légalité internationale et soutient l’Etat syrien et son gouvernement, ainsi que « les forces armées du président Al Assad qui sont les seules à combattre réellement l’Etat Islamique”. Il propose une « large coalition antiterroriste » en Syrie et en Irak, dans laquelle les pays arabes « joueraient un rôle clé » et qui devrait inclure le gouvernement syrien et l’Iran, son allié. Les décisions du Président russe suscitent la colère des Occidentaux, qui ont refusé la résolution déposée au Conseil de Sécurité par le Kremlin. Ils sont agacés par la référence appuyée à un droit international qu’eux-mêmes traitent avec légèreté.

Pour perpétuer leur hégémonie, les dirigeants atlantistes avancent à l’ombre des faux drapeaux de la démocratie, de la justice, de la morale et du droit. Ils diabolisent les pays qui font obstacle à leurs ambitions en les reléguant dans la géhenne des Etats « préoccupants » ayant vocation à être dépecés en entités « démocratiques » à la mode de l’Oncle Sam : en bref, les « Etats voyous ». Ce concept a joué un rôle essentiel dans la stratégie américaine plusieurs décennies durant, et c’est en jouant de cet épouvantail que les Etats-Unis, encourageant leurs alliés à faire de même, ont violé et violent systématiquement le droit international.

Ce droit est fondé sur la Charte des Nations-Unies qui, dans son article 51, attribue au seul Conseil de Sécurité le pouvoir de prendre les mesures adéquates qu’il juge nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité internationales « une fois constatée l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression (…) ».

Mais les néocons de Washington se moquent de la légalité onusienne. Seules comptent « les menaces contre nos intérêts », qui sont le fait des « Etats voyous »et rendent nécessaires « des interventions militaires directes » et « le maintien de forces de projection considérables », particulièrement en direction du Proche-Orient. Pour ces faucons, le fondement du droit n’est pas la Charte de l’ONU, mais la Constitution américaine.

Selon Noam Chomski, « ce mépris de la primauté du droit est profondément enraciné dans la culture et les pratiques américaines ». Infiltrés au sein du « pouvoir profond », les néocons vont répandre chez les alliés occidentaux une idéologie dont le fondement reste simple : même si la guerre froide est terminée, les Etats-Unis conservent la responsabilité de protéger le monde face aux « Etats voyous ». En août 1990, Washington et Londres décrètent que l’Irak en est un, et ce ne sera que l’un des premiers d’une longue liste…

Une étude commandée en 1995 par le Strategic Command pose les « principes de base de la dissuasion dans l’après-guerre froide » : depuis que les Etats-Unis ont « remplacé l’Union soviétique par les Etats dits “voyous” », ils doivent projeter une image « irrationnelle et vindicative d’eux-mêmes », « certains éléments » du gouvernement apparaissant « comme potentiellement fous, impossibles à contrôler ». C’est une reprise de la « théorie du fou » de Nixon qui jugeait souhaitable que l’Amérique soit dirigée par « des cinglés au comportement imprévisible, disposant d’une énorme capacité de destruction, afin de créer ou renforcer les craintes des adversaires ».

Cette prose délirante justifie en quelque sorte la transformation des « grandes démocraties » en « voyoucraties », respectant les trois critères qui, selon l’un des « nouveaux historiens » israéliens, Avraham Shlaim, professeur émérite à Oxford, définissent l’Etat voyou, le « rogue state » des anglo-saxons :

C’est ainsi que Robert McNamara, ex-secrétaire américain à la défense (de 1961 à 1968), estime en juin 2000 (The International Herald Tribune) que les Etats-Unis sont devenus un « Etat voyou ». Noam Chomski fera de même au début des funestes « printemps arabes », constatant que son pays « se place au-dessus du droit international ».

A l’heure où le Grand-Moyen Orient est ravagé par l’extrémisme islamiste, patronné par les Occidentaux et leurs affidés régionaux, le débat sur l’éthique dans les relations internationales est pipé. Le conflit n’est plus entre un monde « libre »et un monde « totalitaire », mais entre les partisans du droit international et du respect mutuel entre nations et ceux qui se comportent en Etats voyous, guidés par la « théorie du fou » et la stratégie du « chaos innovateur ».

Conviction réelle pour les uns, leurre pour les autres, la référence au droit international n’a pas la même valeur pour les deux camps : les prêcheurs de guerre jouent avec l’idée d’un conflit mondial qui assurerait leur triomphe… sauf si l’équilibre militaire des forces rend leur victoire trop incertaine.

La Russie vient donc de bouleverser la donne en proposant sa « grande coalition » et en se lançant dans une lutte globale contre les terroristes, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité et à la demande du gouvernement de Damas, tout en recherchant une solution politique entre Syriens, en application de l’accord de Genève. C’est un pavé dans la mare où depuis un an s’ébat presque seule la coalition US, dont les frappes homéopathiques détruisent la Syrie sans beaucoup nuire aux terroristes de Da’ech. C’est un pas important en direction de la paix, conforme au droit international. Les Européens saisiront-ils la perche ?

On l’a entendu à la tribune onusienne, le représentant du « pays des lumières », François Hollande, est plongé tout entier dans ses menées obscures et nourrit une obsession pathologique qui a nom Bachar, lequel doit être « neutralisé » et exclu de toute transition politique : « On ne peut faire travailler ensemble victimes et bourreau. Assad est à l’origine du problème : il ne peut pas faire partie de la solution ».

Droit dans ses bottes tordues, le grand chef de guerre fait valoir qu’il n’est pas seul sur cette position intenable : « Barack Obama s’y refuse, d’autres dirigeants (on sait lesquels – NDLR) s’y refusent. Les Russes doivent en tirer les conséquences », conclut-il, impérial. Prend-on des gants avec le chef d’un « Etat-voyou » quand on est soi-même aussi populaire ?

Mou face aux problèmes de l’Hexagone, Hollande aura fait preuve d’un activisme forcené face à des affaires qui ne le regardent pas, le conflit de Syrie par exemple, où la France a déjà un bilan accablant : mauvaise évaluation de la solidité de l’État syrien, de la crédibilité de l’opposition offshore, appui inacceptable à la rébellion armée débouchant sur la couverture du terrorisme, obsession de « neutraliser »Bachar Al Assad, volonté manifeste de casser la Syrie rebelle et acharnement dans la destruction de son identité.

Qu’on le veuille ou non, notre pays est partie prenante dans l’entreprise criminelle et prédatrice de ses alliés atlantistes, de ses amis turcs, saoudiens et qataris et des mercenaires qu’ils instrumentalisent. Il est coresponsable du résultat : des millions de réfugiés, déplacés, sinistrés, morts et blessés, des millions de familles dispersées, de vies brisées, le démantèlement du patrimoine, des infrastructures, des entreprises…

Il aura aussi fait preuve d’une approche très floue de la légalité internationale et d’un certain déficit de cartésianisme, les terroristes étant traités en ennemis au Mali et « faisant du bon boulot » en Syrie.

Dans les grands dossiers de ce début de millénaire – la glissade du Moyen-Orient vers le chaos, la déstabilisation de l’ex-glacis soviétique grâce à la sollicitude de l’Occident – la France est affaiblie comme jamais et a perdu sa crédibilité, car elle est en divorce avec les acteurs qui comptent. Son hypocrite diplomatie compassionnelle lui attire le mépris. Les écarts de langage font le reste. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour réclamer le départ de Fabius, condition nécessaire mais non suffisante pour se refaire une virginité.

Fabius et Hollande étant ce qu’ils sont, on peut craindre que la France tarde à coopérer avec la Russie, l’Iran et la Syrie pour rétablir une paix juste et durable, dans le cadre d’un ordre mondial nouveau. Mais notre pays devra bien sortir de la triple impasse dans laquelle il s’est enfermé : l’entêtement à rester internationalement hors-la-loi devra céder la place à une politique plus décente et moins destructrice. En d’autres termes, il s’agira de reprendre son rôle traditionnel de faiseur de paix et non pas de fauteur de guerre.

Les citoyens des « grandes démocraties » finiront-ils par s’inquiéter de la dérive « voyoucratique » de leurs élites dirigeantes qui fait peu à peu de l’Occident arrogant une minorité honnie et haïe par le reste de la planète ? Comme on dit : ça urge.

 

Source: http://www.les-crises.fr/michel-raimbaud-contre-les-etats-voyous-et-les-grandes-voyoucraties/


« Pourquoi j’ai quitté le cabinet El Khomri » par Pierre Jacquemain

Sunday 20 March 2016 at 00:50

Source : L’Humanité, Cyprien Boganda, 29-02-2016

jacquemain

Photo : capture d’écran Dailymotion

Proche conseiller de la ministre du Travail, Pierre Jacquemain a choisi de claquer la porte mi-février, pour marquer son désaccord avec le projet de loi El Khomri. Pour la première fois, ce jeune homme issu de la gauche radicale (il a été collaborateur de Clémentine Autain), raconte les raisons de sa démission.

Quel poste occupiez-vous auprès de la ministre du Travail ?

Pierre Jacquemain : J’étais en charge de sa stratégie publique: je préparais ses discours et ses entretiens avec la presse. J’étais sa « plume », si vous voulez… J’ai été recruté par Myriam El Khomri en mai 2015, à l’époque où elle était secrétaire d’Etat chargée de la politique de la Ville. C’est une militante de gauche que j’ai toujours respectée. Elle a fait un excellent travail en tant que secrétaire d’Etat, elle s’est battue pour obtenir des arbitrages favorables et mener une politique digne de ce nom. C’est pourquoi lorsque, trois mois plus tard, elle m’a proposé de la suivre au ministère du Travail, je n’ai pas hésité. C’est un beau ministère, qui s’est malheureusement détourné de sa mission première : défendre les salariés, dans un contexte économique troublé. Au départ, je pensais que je serai utile.

À quel moment avez vous déchanté ?

Pierre Jacquemain: J’ai peu à peu compris que nous perdions la bataille. En réalité, la politique du ministère du Travail se décide ailleurs, à Matignon. C’est le Premier ministre qui donne le ton. Après le rapport Combrexelle, Myriam El Khomri avait pourtant une grande ambition. Elle a mené une concertation fructueuse avec les partenaires sociaux, qui a débouché sur de réelles avancées. Malheureusement, aucune de ces avancées n’apparait dans le projet de loi final. Le compte personnel d’activité n’est qu’une coquille vide, qui n’est que l’agrégation de droits sociaux déjà acquis. Par ailleurs, à qui veut-on faire croire que la dématérialisation des fiches de paie est une grande avancée sociale ?

Comprenez vous le tollé provoqué à gauche par ce projet de loi ?

Pierre Jacquemain. Oui. Ce projet de loi est une erreur historique. C’est une régression en matière de droits sociaux, dans la mesure où de nombreux acquis des travailleurs pourront être renégociés à l’échelle des entreprises, où le rapport de force est systématiquement défavorable aux salariés. C’est un non sens économique, parce qu’il n’est pas prouvé que cette loi créera de l’emploi. C’est enfin un non sens politique: quand on se dit de gauche, quand on s’estime progressiste, je ne vois pas comment on peut soutenir un tel texte.

Source : L’Humanité, Cyprien Boganda, 29-02-2016

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-jai-quitte-le-cabinet-el-khomri-par-pierre-jacquemain/


Revue de presse internationale du 20/03/2016

Sunday 20 March 2016 at 00:01

Cette semaine petite tricherie sous le thème “Médiathèque” avec un spécial bashing en VF pour être dans les délais de rediffusion vidéo : Trump et Poutine… comme par hasard mais qu’on évitera de mettre dans le même sac. Et pour continuer dans le name dropping, des papiers de Stiglitz et Varoufakis, et comme d’habitude quelques traductions. Bonnes écoute et lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-20032016/