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Un journaliste condamné à 25 ans de prison au Rwanda

Sunday 15 March 2015 at 00:40

Petit article en passant du Monde (qui sera rapidement oublié), montrant bien que nos médias n’ont rien à foutre de ce qui se passe au Rwanda – où pourtant notre implication passée dans sa lourde histoire devrait nous sensibiliser un peu…

Alors pourquoi une propagande continuelle sur la Russie et rien sur le Rwanda où c’est à l’évidence bien pire – on n’aura jamais la réponse…

Le président du Rwanda Paul Kagamé au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 30 janvier 2015.

Le Rwanda se retrouve une fois de plus dans le viseur des organisations de défense des droits de l’Homme. Cette fois, Reporters sans frontières dénonce la condamnation à 25 ans de prison du journaliste rwandais, Cassien Ntamuhanga. Vendredi, 27 février, le tribunal de Kigali l’a reconnu coupable de « formation d’un groupe criminel », « conspiration contre le gouvernement ou le président de la République », « entente en vue de commettre un assassinat » et « complicité de terrorisme ».

Il était jugé aux côtés du célèbre chanteur Kizito Mihigo et de trois autres co-accusés. Kizito Mihigo, qui avait plaidé coupable, a été condamné à une peine de dix ans de prison. L’accusation avait requis la perpétuité contre ces quatre accusés, qui avaient été arrêtés en avril 2014 durant la commémoration des 20 ans du génocide. Reporters sans frontières (RSF) a exprimé son indignation face à « ce verdict sévère et disproportionné ». Et de critiquer « le caractère répressif du régime du président Kagamé et sa volonté grandissante de museler toute voix dissidente à l’approche de la présidentielle de 2017 ». Le Rwanda figure à la 161e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2015 réalisé chaque année par RSF.

Faire table rase de toute opposition

Ancien chef rebelle à la tête du Front patriotique rwandais (FPR), Paul Kagamé est président du Rwanda depuis 2000. Il est soupçonné de vouloir changer la constitution pour briguer un nouveau mandat en 2017. Et de faire table rase de toute opposition y compris de ses anciens alliés, comme les transfuges du FPR partis en exil dont certains ont rejoint le Congrès national rwandais (RNC). Ce parti d’opposition est considéré comme une organisation terroriste par Kigali. Et des anciens proches de Kagamé ralliés au RNC sont traqués et ont été retrouvés morts à l’étranger, comme l’ancien chef des services de renseignement tué en Afrique du Sud en janvier 2014.

Les atteintes à la liberté de la presse au Rwanda sont fréquemment dénoncées par des organisations étrangères. En décembre dernier, le Comité de protection des journalistes (CPJ) publiait un rapport qui pointait une « presse rwandaise régie par la censure aussi bien volontaire que forcée ». Et ce, malgré le vote d’une loi en 2013 renforçant légèrement la protection des journalistes et la mise en place d’une instance d’autorégulation des médias. Toutefois, des lois sévères encadrent tout outrage au chef de l’Etat et plus largement aux autorités.

En octobre 2014, c’est la diffusion de la chaîne britannique BBC qui y a été suspendue. Le parlement rwandais s’était prononcé en faveur de l’interdiction de la BBC qui avait diffusé un documentaire jugé controversé sur le génocide de 1994. Les émissions en kinyarwanda, la langue nationale du Rwanda, diffusées par la BBC avaient alors été suspendues pour une durée indéterminée.

Source : Le Monde, le 3 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/un-journaliste-condamne-a-25-ans-de-prison-au-rwanda/


Revue de presse du 14/03/2015

Saturday 14 March 2015 at 04:30

Cette semaine dans la revue (ici sans accent pour raison technique…), des difficultes en Autriche, la Nouvelle-Zelande nous ecoute (aussi), la France entre petits decomptes locaux et double-jeu europeen, la propagande qui finit par (trop) se voir en Ukraine et le cout des guerres etats-uniennes. Merci a nos contributeurs et bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-14-03-2015/


[Capitalisme fou] Manipulation des changes : BNP Paribas et Société Générale dans la tourmente

Saturday 14 March 2015 at 00:45

Un deuxième volet de l'affaire de manipulation des changes est-il sur le point de s'ouvrir?
Un deuxième volet de l’affaire de manipulation des changes est-il sur le point de s’ouvrir? 

Les banques françaises BNP Paribas et Société Générale ont été assignées par le régulateur financier de New-York pour avoir manipulé les taux de devises, selon l’AFP.

Des banques françaises sont dans le viseur du régulateur des services financiers de New York (DSF), Benjamin Lawsky. Il a adressé une assignation aux banques françaises BNP Paribas et Société Générale qu’il soupçonne d’avoir manipulé les taux de devises, ont indiqué vendredi à l’AFP des sources proches du dossier.

Par ailleurs, une investigation en cours de Benjamin Lawsky contre Barclays dans cette même affaire retarde actuellement un accord de l’établissement britannique avec d’autres régulateurs américains et britannique, selon les mêmes sources ayant requis l’anonymat.

Assignation adressée en décembre

L’assignation adressée, en décembre, à BNP Paribas, Société Générale, Goldman Sachs et Credit Suisse leur demande de fournir des documents liés aux opérations sur les devises, a précisé une des sources, ajoutant que M. Lawsky s’intéresse particulièrement à des “technologies spécifiques” utilisées par ces banques.
Les quatre établissements coopèrent, selon elle. Contactée par l’AFP, SocGen n’a pas réagi dans l’immédiat. Ni les services de Benjamin Lawsky, ni BNP Paribas, ni Credit Suisse n’ont souhaité faire de commentaire.

Les autorités américaines reprochent aux cambistes – des opérateurs de marché spécialistes des devises - de grandes banques d’avoir utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter de façon indue afin d’infléchir les cours des monnaies.

Barclays aussi dans le viseur…

En ce qui concerne Barclays, Ben Lawsky soupçonne la banque d’avoir eu recours à de la manipulation algorithmique, ont indiqué les sources à l’AFP. Le régulateur a ainsi décidé de ne pas s’associer à un accord en négociation entre la banque et le département de la Justice américain, le régulateur américain des marchés dérivés (CFTC) et l’autorité de conduite financière du Royaume-Uni (FCA).

Cette intransigeance du régulateur new-yorkais, qui a le droit d’octroyer ou de révoquer la licence bancaire d’une banque opérant à New York, contrecarre les projets de Barclays qui souhaite conclure un accord global, selon la source.

Benjamin Lawsky est en train de faire examiner les ordinateurs de la plateforme électronique de courtage Barx, propriété de Barclays, selon les sources. Ces “super” ordinateurs sont dotés d’algorithmes capables d’effectuer de façon automatisée des opérations très sophistiquées dans des temps extrêmement courts.

… tout comme Deutsche Bank

Les mêmes soupçons pèsent sur l’allemande Deutsche Bank, dont les ordinateurs de la plateforme d’échanges électronique Autobahn sont également scrutés, selon une des sources.
Barclays s’est toujours refusée à commenter ces informations, tandis que Deutsche Bank a déjà dit à l’AFP qu’elle coopère avec toutes les enquêtes la concernant et prendrait des mesures disciplinaires contre des individus si nécessaire.

Ben Lawsky a installé un surveillant chez Barclays et un autre chez Deutsche Bank pour contrôler leurs opérations de courtage de changes, selon les sources.
En novembre, un premier volet de l’affaire avait été refermé avec l’imposition d’une pénalité de 4,25 milliards de dollars à un groupe de banques actives sur le marché des changes comprenant JPMorgan Chase, Citigroup, Royal Bank of Scotland, UBS et HSBC.

Source : La Tribune, le 28 février 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/capitalisme-fou-manipulation-des-changes-bnp-paribas-et-societe-generale-dans-la-tourmente/


Pour Hillary Clinton non plus, le fric n’a pas d’odeur…

Saturday 14 March 2015 at 00:15

La justice ou l’Histoire diront si la campagne présidentielle de Sarkozy a été sponsorisée par Kadhafi. Pour l’épouse de Bill, les financements étrangers sont déjà officiels…

Bien étrange, l’article du Washington Post du 25 février (« Des gouvernements étrangers ont donné des millions à la fondation pendant que Clinton était aux Affaires Étrangères ») qui pourrait laisser entendre que le célébrissime média de la Cote Est ne soutiendra pas Hillary Clinton à l’élection présidentielle US de 2016.

En cause, la fondation familiale – rebaptisée Fondation Bill, Hillary & Chelsea Clinton lorsque Madame a quitté le Département d’État – et les dizaines de millions de dollars qu’elle a reçu de gouvernements étrangers durant les 4 années pendant lesquelles Hillary Clinton a conduit la politique étrangère US.

Un nouvel éclairage qui conduit à s’interroger, comme le fait le Post, sur son réel degré d’indépendance dans la mise en œuvre de sa politique de l’époque, et sur celle qu’elle pourrait entreprendre comme présidente du pays dans l’avenir.
Consciente des graves conflits d’intérêt auxquels elle s’exposait au cas ou des gouvernements étrangers tenteraient d’obtenir des faveurs du Département d’État en faisant des donations à la Fondation Clinton, l’administration de la fondation a apporté en 2008, une importante modification statutaire relative à son fonctionnement.

Un deal négocié avec l’Administration Obama représentée par Valerie Jarrett qui co-présidait l’équipe de transition du nouveau président-élu : seuls les gouvernements ayant fait des dons à la Fondation préalablement à la nomination d’Hillary comme ministre des affaires étrangères, pourraient continuer à le faire à condition que les dons soient d’un niveau équivalent. Pour les nouveaux donateurs désireux de participer aux œuvres caritatives de la fondation, un accord du Bureau de l’Éthique du State Department était nécessaire.

LA SOUDAINE PASSION DU GOUVERNEMENT ALGÉRIEN

Sauf qu’en 2010, le gouvernement algérien s’est pris de passion pour l’aide apporté par la Fondation Clinton à Haïti à la suite du méga-tremblement de terre, et lui a versé sans même informer son trésorier, une modeste contribution de 500 000 dollars.
Les mauvais esprits pourront toujours se demander pourquoi l’Algérie n’a pas directement versé son obole au gouvernement haïtien… La crainte de possibles détournements de fonds ? Mystère…

Toujours est-il que ce don est intervenu alors que l’Algérie déployait un intense effort de lobbying envers les USA pour tempérer les propos sévères que l’Oncle Sam tenait sur la manière dont Alger gérait la question des droits de l’homme, et plus généralement pour adoucir les relations entre les deux pays.

Selon les dispositions de la loi sur les agents officiels étrangers, ce sont 422 097 dollars que le gouvernement algérien a théoriquement consacré au lobbying envers Washington cette année là et vraisemblablement bien d’avantage en réalité. Un accroissement sensible par rapport à celui observé les années précédentes, ayant conduit les agents d’Alger a rencontré les fonctionnaires du Département d’État à 12 reprises contre à peine une ou deux visites les autres années.

Il est vrai que le rapport de 2010 du State Department sur les droits de l’homme en Algérie avait fait son petit effet : (« ...les principaux problèmes relatifs aux droits de l’homme portent sur les atteintes aux droits de rassemblement, de manifestation et aux droits politiques et syndicaux… »). Pour faire bonne mesure, le rapport évoquait également les cas d’assassinats politiques, la corruption généralisée et l’opacité ambiante. Sans parler de son petit supplément de 2011 sur les atteintes aux droits des femmes au travail.

LE CHOIX D’HILLARY

Manifestement gênée aux entournures, Hillary traite dans ses mémoires de 2014 (« Choix Difficiles ») de l’Algérie dans des termes qui traduisent clairement son embarras : « L’Algérie est un de ces pays compliqués qui obligent les États Unis à arbitrer entre nos intérêts et nos valeurs », précisant au passage que le pays est un allié  des USA dans la lutte contre le terrorisme mais « qu’il fait pâle figure en matière de droits de l’homme et que son économie est relativement fermée... ».

Les journalistes politiques qui ont couvert la visite d’Hillary à Alger fin octobre 2012, avaient semble-t-il fait état de l’attitude « guindée » de la Secrétaire d’État venue rendre visite à un Bouteflika physiquement déjà très affaibli, en vue d’assurer « ...la consolidation du partenariat économique et sécuritaire entre les deux pays ainsi que sur les questions de l’actualité régionale et internationale ». En pratique, tout le monde savait que sa visite avait pour but d’obtenir le soutien de Boutef’ à une possible intervention militaire au Nord-Mali afin de faire la peau aux islamistes d’Aqmi.

Quant au Qatar, s’étant lui aussi montré très généreux envers la Fondation Clinton pendant qu’Hillary dirigeait le Département d’État, il a également lâché 5,3 millions de dollars en lobbying officiel à Washington d’après les comptes très pointus tenus par la Fondation Sunlight. Le but de la bonne parole Qatari était officiellement de s’assurer de la détermination américaine pour mettre un terme à la violence dans la région du Darfour. Indépendamment de sa quête de respectabilité sur le plan sportif, chacun sait que l’Émirat a fait l’objet de sérieuses critiques de la part d’alliés des USA dans la région, notamment pour son soutien du Hamas et d’autres organisations aux pratiques discutables.

On se souvient également des propos un peu vifs du Sénateur Républicain Richard Lugar, membre de la Commission des Affaires Étrangères du Sénat au sujet du mélange des genres à la sauce Clinton : « Une complication singulière qui devra être gérée avec prudence et transparence ; la Fondation Clinton représente une énorme tentation pour toute entité ou tout gouvernement étranger qui pense être en mesure d’obtenir des faveurs grâce à une donation, outre les possibles problèmes de perception des actions entreprises par la Secrétaire d’État envers ses donateurs ou leurs pays... ».

C’est étrangement à la suite des propos de Lugar que la Fondation a décidé de ne plus fournir le montant annuel des donations reçues par la Fondation mais uniquement le montant cumulé des contributions des donateurs.

UN TRÉSOR DE GUERRE DE DEUX MILLIARDS

Mais c’est John Kerry, qui était alors le président de la Commission sénatoriale des Affaires Étrangères et qui succédera à Hillary Clinton aux Affaires Étrangères qui s’était montré le plus sévère : « Si vous voyagez dans certains pays dont vous rencontrez les dirigeants et que, une, deux ou trois semaines plus tard le président de votre fondation s’y rend et sollicite un don et que vos interlocuteurs s’y engagent sans donner plus de précisions, est ce que cela ne ressemble pas bigrement à un conflit d’intérêt ? »

L’Allemagne et les Émirats Arabes Unis ont commencé à alimenter la Fondation Clinton après qu’Hillary a quitté son poste aux Affaires Étrangères. Quant à l’Arabie Saoudite, elle en était déjà à 25 millions de dollar quand Hillary est devenue ministre des Affaires Étrangères et s’est apparemment abstenue de banquer pendant que l’épouse de Bill était aux affaires, pour remettre les bouchées doubles depuis…

Bref, malgré son imposant trésor de guerre -  près de 2 milliards de dollars collectés depuis la création de la fondation par Bill Clinton en 2001 – Hillary n’est pas encore au bout de ses peines pour succéder à Obama en 2016. Sa rencontre secrète avec Elizabeth Warren en décembre 2014 – un meeting qui vient d’être révélée par la presse de Washington – pour sonder les intentions de sa plus dangereuse adversaire potentielle côté Démocrate qui ne dispose pourtant sur le papier d’aucune organisation politique dévouée à sa cause, en est la meilleure illustration…

Source : Woodward Et Newton, pour Bakchich.info, le 1er mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/pour-hillary-clinton-non-plus-le-fric-na-pas-dodeur/


Vol MH17 : L’Australie confirme l’existence d’un accord secret de confidentialité sur les résultats de l’enquête

Saturday 14 March 2015 at 00:10

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« Mettre en place une enquête internationale exhaustive et indépendante » sur le vol MH17 de Malaysia Airlines abattu au-dessus de l’Ukraine : c’était l’exigence exprimée par le Conseil de sécurité de l’ONU à travers sa résolution n° 2166 approuvée le 21 juillet 2014, autrement dit quatre jours après le tragique accident. Mais les faits montrent plutôt que l’enquête a depuis le début été organisée et menée sans donner aucune preuve d’indépendance et de transparence.

La délégation au Bureau de sécurité hollandais (Dutch Safety Board)

Le 23 juillet 2014, l’Ukraine a délégué à la Hollande, et plus précisément au Bureau de sécurité hollandais, la mission de conduire l’enquête sur les causes du désastre, en se basant sur un accord publié entre autres sur un site institutionnel hollandais. Le paragraphe 3 de l’accord prévoit clairement que le but de l’enquête déléguée n’est pas de rechercher les responsabilités ou d’attribuer la faute à untel ou untel, mais uniquement de prévenir d’autres incidents.

Le 9 septembre, le Bureau de sécurité hollandais a publié un rapport préliminaire, lequel, comme l’a montré le site Megachip, vient confirmer les problèmes de transparence de l’enquête (à cause d’une erreur de traduction entre le texte anglais et celui hollandais, et la tentative maladroite d’y remédier).

Le JIT et l’absence de la Malaisie

Lors de la réunion de l’Eurojust(*) le 28 juillet 2014, un groupe international d’enquête sur le désastre du MH-17 a été constitué ; ce JIT (Joint Investigation Team) comprend quatre pays : l’Ukraine, la Hollande, la Belgique et l’Australie. L’exclusion de la Malaisie en a surpris plus d’un. On ne comprend pas bien , en effet, pourquoi la Belgique, avec « seulement » 4 citoyens parmi les victimes) a été préféré à la Malaisie, étant donne la nationalité de la compagnie aérienne (Malaysia Airlines), la destination du vol (Kuala Lumpur) et le nombre de citoyens morts dans l’accident (43 Malaisiens). Suite à la réunion du 4 décembre, l’Eurojust a communiqué sur le fait que la Malaisie allait rejoindre le JIT, omettant de préciser que sa participation ne deviendra effective que lorsque la Malaisie signera un accord spécifique (jusqu’ici toujours pas officialisé), comme l’a révélé de son côté la police malaisienne.

L’accord secret du 8 août

Le 30 août 2014, Giulietto Chiesa et Pino Cabras ont révélé sur Megachip et PandoraTV.it l’existence d’un accord passé le 8 août entre les quatre États composants le JIT (Hollande, Ukraine, Australie et Belgique) ; cet accord prévoit un droit de véto sur la divulgation des informations et des résultats de l’enquête. À la mi-novembre, les autorités hollandaises ont fait jouer [cette clause] des accords secrets et ont repoussé les requêtes demandant la publication des résultats de l’enquête, requêtes présentées par deux parlementaires de la Chambre basse des États généraux de l’AIA (le chrétien-démocrate Pieter Omtzigt et le social libéral Sjoerd Wiemer Sjoerdsma). Le ministère hollandais de la Justice a motivé son refus par l’exigence de préserver la stabilité des relations internationales. Mais par la suite, le gouvernement hollandais a révélé certains détails sur le contenu de l’accord. En fait, le 22 décembre, en réponse aux questions parlementaires n° 2014D47806 signée par Omtzigt et Sjoersma qui demandaient si l’Ukraine disposait ou non d’un droit de véto dans le cadre de l’enquête pénale, le gouvernement, par l’entremise à la fois de son ministre de la Justice et de la Sécurité, du ministre des Affaires étrangères et du ministre de la Défense, a affirmé que les membres du JIT s’étaient engagés réciproquement à s’abstenir de fournir des informations sur l’enquête à l’extérieur du groupe, sauf s’il y a consensus sur le fait que la divulgation de ces informations ne porte pas atteinte à l’enquête elle-même (voir ici).

En pratique, il suffit que l’un des États membres du JIT ne soit pas d’accord pour que l’information ne soit pas rendue publique.

Il est probable que si la Hollande s’est sentie obligée le 22 décembre de reconnaitre cet état de fait – malgré ses réticences initiales -, c’est que quelques jours auparavant, le 26 novembre, le site hollandais RtlNieuws.nl avait publié une importante confirmation provenant des autorités australiennes. Dans une note du 15 octobre 2014, en effet, le gouvernement australien, à travers son Département des Affaires étrangères et du commerce, a affirmé que les quatre États membres du JIT avaient signé un accord de non-divulgation, lequel exige un consensus de toutes les parties avant que ne soient divulguées les informations sur l’enquête. RtlNieuws.nl a demandé au gouvernement hollandais des détails sur cette note du 15 octobre. En réponse, le 26 novembre, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce a confirmé l’authenticité du document et de son contenu, confirmant l’existence de cet accord, qui ne peut cependant être rendu public.

Ce serait donc cela, l’enquête internationale « exhaustive et indépendante » sur le vol MH17 diligentée par l’ONU ?

Et à qui exactement profitent ce droit de véto et cette absence totale de transparence ?

Source : Enrico Santi, pour Megachip, traduit par Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Source: http://www.les-crises.fr/vol-mh17-laustralie-confirme-lexistence-dun-accord-secret-de-confidentialite-sur-les-resultats-de-lenquete/


Analyse des publications sur la Russie dans les médias dans plusieurs pays

Friday 13 March 2015 at 04:40

L’institut russe RISS a réalisé une analyse des publications sur la Russie dans les médias dans plusieurs pays (cliquez pour agrandir) :

Le RISS a créé un “indicateur d’hostilité”, défini comme le rapport des publications négatives sur les publications neutres.

Il est quand même éloquent de constater de telles proportions d’articles négatifs pour un pays où la situation est, certes, loin d’être parfaite, mais où elle est quand me^me bien plus enviable que dans des pays tels que la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, ou l’Afghanistan par exemple…

On constate donc que le Top 10 des nations où les médias sont les plus hostiles sont :

  1. L’Allemagne
  2. Les États-Unis
  3. L’Autriche
  4. La Pologne
  5. La France
  6. Le Royaume-Uni
  7. L’Ukraine
  8. Le Japon
  9. La Lituanie
  10. La République Tchèque (qui a la particularité d’avoir aussi la plus forte proportion d’articles positifs !)

Parmi les nations orientées moins négativement, on notera par exemple la Turquie, la Finlande, le Liban, l’Inde, l’Italie…

Source: http://www.les-crises.fr/analyse-des-publications-sur-la-russie-dans-les-medias-dans-plusieurs-pays/


Le danger d’une affaire MH-17 en sommeil, par Robert Parry

Friday 13 March 2015 at 02:11

Exclusif : l’administration Obama continue de traîner des pieds pour publier les preuves détenues par le renseignement US plus de six mois après la destruction du Vol 17 de Malaysia Airlines, un comportement laissant aux coupables le temps de se disperser, créant ainsi un terreau fertile aux théories du complot, écrit Robert Parry.

Par Robert Parry

Plus de six mois maintenant après la destruction d’un avion de la Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine, le refus de l’administration Obama de rendre publiques les preuves des services de renseignement qu’elle détient concernant les responsables a créé un terreau fertile pour des thèses conspirationnistes, réduisant en même temps les espoirs de trouver les responsables.

Etant donné les capacités de surveillance du gouvernement US – des photographies satellite et aériennes en passant par les interceptions téléphoniques et électroniques aux sources humaines – le renseignement américain a sûrement une bonne idée de ce qui s’est produit le 17 juillet 2014, quand le vol 17 de la Malaysia Airlines s’est écrasé en Ukraine orientale tuant les 298 personnes à bord.


Un Boeing 777 de la Malaysia Airways comme celui qui s’est écrasé en Ukraine orientale le 17 juillet 2014. (Crédit photo : Aero Icarus de Zürich, Suisse)

On m’a informé que ces preuves ont été décrites au président Barack Obama et les conclusions des analystes du renseignement US sur la responsabilité de ce drame lui ont été présentées – il est possible qu’Obama ait partagé certaines de ces conclusions confidentielles avec le premier ministre malaisien Najib Razak lors de leur rencontre le 24 décembre à Hawaï.

Mais, après avoir hâtivement pointé du doigt les rebelles pro-russes, le gouvernement US est resté très silencieux sur le sujet. Selon lui, les rebelles auraient abattu l’avion d’un missile tiré d’une batterie anti-aérienne Bouk, fournie par le gouvernement russe et assez sophistiquée pour abattre un aéronef à 10 000 mètres d’altitude.

Depuis cette cascade précoce d’accusations non vérifiées, seules quelques bribes des conclusions des services de renseignement des États-Unis et de l’OTAN ont atteint le public – et le rapport d’enquête préliminaire hollandais d’octobre dernier sur la cause du crash a indiqué que les gouvernements occidentaux n’ont pas partagé d’information cruciale.

Le rapport préliminaire du bureau d’enquêtes hollandais a répondu à quelques questions, confirmant notamment que le MH-17 aurait été détruit apparemment par “des objets à grande vitesse qui ont pénétré l’appareil depuis l’extérieur”. D’autres questions clés restent en suspens, comme celle du radar militaire russe prétendant avoir détecté un chasseur à réaction ukrainien SU-25 dans les environs, une affirmation que le gouvernement ukrainien a démenti.

Un radar russe aurait détecté la présence d’un chasseur en approche, “gagnant de l’altitude” alors qu’il se trouvait à une distance comprise entre trois et cinq kilomètres de l’avion de transport – comme les russes l’ont déclaré dans une conférence de presse le 21 juillet ; Mais était-ce le cas ? Les autorités de Kiev ont insisté sur le fait qu’elles n’avaient pas d’avion militaire dans les environs à ce moment-là.

Bien qu’attestant que les enquêteurs ont reçu les “données radar de la Fédération de Russie” de contrôle du trafic aérien, le rapport hollandais de 34 pages est resté silencieux sur la question du chasseur. Même mutisme sur la question épineuse de la possession, par le gouvernement US, de données satellites qui révéleraient exactement le lieu et les auteurs du supposé tir de missile sol-air.

L’administration Obama a assuré avoir connaissance des faits mais le gouvernement américain n’a pas dévoilé de photo satellite ou d’autre information de surveillance qui pourraient probablement corroborer les charges. Curieusement, le rapport hollandais précise également que de “l’imagerie satellite prise quelques jours après l’événement” a été ajoutée à l’enquête. Évidemment, les meilleures images permettant d’évaluer la responsabilité seraient des images aériennes prises les jours et les heures avant le crash.

Dès mi-juillet, l’est de l’Ukraine était une priorité pour les services de surveillance américains et un système aussi imposant qu’une batterie de missiles Bouk aurait dû être facilement repéré par les services de reconnaissance aérienne U.S. Les quatre missiles contenus dans la batterie mesurent chacun près de 5 mètres de long et auraient dû être transportés en camion avant d’être mis en position de feu.

La mention dans le rapport hollandais des seules photos postérieures à la destruction de l’avion est également curieuse. En effet, les militaires russes ont publié un certain nombre de photos satellite, prises avant l’attaque, montrant des systèmes de missiles Bouk du gouvernement ukrainien situés au nord de la ville de Donetsk, à l’est de l’Ukraine. On y trouvait notamment deux batteries qui auraient été transférées à 50 kilomètres au sud de Donetsk le 17 juillet, le jour même de l’accident, puis enlevées le 18 juillet.

Les affirmations russes

Le lieutenant général Andreï Kartopolov a invité le gouvernement ukrainien à s’expliquer sur les mouvements de ses systèmes Bouk et sur l’intense activité, juste avant la destruction du 17 juillet, des radars Koupol-M19S18 de Kiev, qui coordonnent les trajectoires des missiles Bouk.

Le gouvernement ukrainien a répliqué par la voix d’Andreï Lysenko, porte-parole du Conseil de Sécurité de l’Ukraine. Celui ci, faisant usage des termes de prédilection de Kiev pour qualifier les rebelles, affirmait qu’il avait « la preuve que le missile ayant frappé l’avion a été lancé par des terroristes, qui ont reçu de la Fédération de Russie des armes et des spécialistes ».

Lysenko a ajouté : « pour rejeter leur responsabilité dans cette tragédie, [les autorités russes] produisent une masse de dessins et de photographies. Nous étudierons toute photo et tout autre plan fournis par la partie russe. » Mais les autorités ukrainiennes ont été incapables de répondre aux preuves russes autrement que par de vagues démentis.

Le 29 juillet, alors que la rhétorique du gouvernement américain et des médias occidentaux contre la Russie allait grandissante, les membres de l’association des Anciens Professionnels du Renseignement pour le Bon Sens ont demandé instamment au président Obama de rendre publiques les preuves tangibles qu’il avait à sa disposition relatives à la destruction de l’avion, y compris les images satellite.

“En tant que professionnels du renseignement nous sommes gênés par l’utilisation d’information incomplète des services de renseignement », ont-ils écrit. « En tant qu’américains, nous espérons que vous trouverez un moyen de publier sans plus tarder les preuves les plus concluantes en votre possession. En accusant la Russie d’être directement ou indirectement responsable, le secrétaire d’état John Kerry a été particulièrement catégorique. Les preuves ne le sont pas autant. Ses déclarations semblent prématurées et porter les marques de la propagande.”

Cependant, le gouvernement Obama n’a rendu publique aucune information en provenance des services de renseignement qui aurait appuyé ses anciennes suppositions. Au début du mois d’août, il m’a été dit que certains analystes du renseignement  avaient commencé à s’écarter du scénario d’origine accusant les rebelles et les russes pour se concentrer plus sur la possibilité que des éléments extrémistes du gouvernement ukrainien soient responsables.

Une source qui a été mise au courant par des analystes du renseignement m’a dit qu’ils n’avaient pu trouver aucun indice que le gouvernement russe aurait donné aux rebelles un système de missiles Bouk. Par conséquent, ces analystes concluaient que les rebelles et la Russie n’étaient probablement pas en faute, et qu’il apparaissait que c’étaient les forces du gouvernement ukrainien qui étaient à blâmer, quoi qu’il se soit agi plutôt d’une unité hors du contrôle direct des hauts responsables ukrainiens.

La source disait explicitement que les preuves du renseignement américain n’impliquaient pas le président ukrainien Petro Porochenko ni le Premier ministre Arsenii Yatseniouk mais suggéraient plutôt un élément extrémiste des forces armées financées par l’un des oligarques ukrainiens. [voir « Flight 17 Shoot-down Scenario Shifts » et « Was Putin Targeted for Mid-air Assassination? » sur Consortiumnews.com]

Mais alors les discussions sur les informations que pouvait avoir le renseignement américain sur la destruction de l’avion se sont essoufflées. Lorsque j’ai récemment recontacté la source qui avait été informée par ces analystes, elle a dit que leurs opinions n’avaient pas changé, sauf qu’ils croyaient [maintenant] que le missile pouvait avoir été moins sophistiqué qu’un Bouk, peut-être un SA-6.

Ce qui était moins clair était de savoir si ces analystes représentaient un consensus dans la communauté du renseignement américain, où s’ils n’exprimaient qu’une des positions dans un débat en cours. La source disait aussi que le président Obama se retenait sur la voie de la publicité des informations du renseignement américain parce qu’il n’avait pas l’impression d’être inattaquable.

Un vide dangereux

Mais ce vide a laissé le débat vulnérable aux allégations de parties intéressées et d’experts autoproclamés, y compris certains qui tirent leurs conclusions des réseaux sociaux et d’internet, ceux que l’on appelle les “enquêteurs sur sources publiques”. Le gouvernement Obama ne s’est pas non plus rétracté en ce qui concerne les anciennes déclarations du secrétaire d’état Kerry mettant en cause les rebelles et la Russie.

A peine quelques jours après l’accident, Kerry s’est rendu dans toutes les émissions du dimanche montrant du doigt la Russie et les rebelles et citant des preuves fournies par le gouvernement ukrainien par le biais des médias sociaux. Dans l’émission “Rencontre avec la presse” de NBC, David Gregory a demandé « Etes-vous essentiellement en train de dire que la Russie a fourni l’arme ? »

Kerry : « Il y a un article aujourd’hui qui le confirme, mais on ne s’est pas encore déterminé au sein de l’administration. Mais c’est assez clair lorsque – il y a une accumulation de présomptions. Je suis un ancien procureur. J’ai rendu des jugements dans des affaires sur des présomptions ; c’est très fort ici. [voir « Kerry’s Latest Reckless Rush to Judgment » sur Consortiumnews.com]

Mais certains analystes offrirent bientôt des estimations contraires. Après que Kerry eut enchaîné les émissions télévisées, le Los Angeles Times a rendu compte d’une réunion d’information du renseignement américain tenue pour plusieurs organes d’information américains. L’article disait : « les agences de renseignement américaines ont été jusqu’à présent incapables de déterminer la nationalité ou l’identité de l’équipe qui a lancé le missile. Les officiels américains ont dit qu’il se pouvait que le SA-11 (un missile anti-aérien Bouk) ait été lancé par un transfuge de l’armée ukrainienne ayant été formé à l’utilisation de systèmes semblables. [voir « The Mystery of a Ukrainian ‘Defector.’ » sur Consortiumnews.com]

En octobre, le Spiegel a rapporté que le service de renseignement allemand, le BND, avait conclu que la Russie n’était pas à l’origine de la batterie de missiles – qu’elle avait été prise dans une base militaire ukrainienne – mais qu’il continuait à rendre les rebelles responsables de son utilisation. Le BND concluait aussi que les photos concernant la tragédie du MH-17 fournies par le gouvernement ukrainien « avaient été trafiquées », selon le Spiegel.

Et le BND contestait l’affirmation du gouvernement russe selon laquelle un chasseur ukrainien aurait été en vol à proximité du MH-17 juste avant qu’il ne s’écrase, déclarait le magazine dans son compte rendu de la séance d’information du BND tenue devant un comité parlementaire le 8 octobre, où avaient été présentées des images satellite et des photographies. Mais aucune des preuves du BND n’ont été rendues publiques, et il m’a été dit par la suite par un responsable européen que les preuves n’étaient pas aussi définitives que la présentation du magazine l’indiquait. [voir « Germans Clear Russia in MH-17 Case » sur Consortiumnews.com]

Donc, il semble qu’il y ait eu des désaccords significatifs dans le cercle des agences de renseignement occidentales sur la question de savoir qui précisément était à blâmer. Mais le refus du gouvernement Obama et de ses alliés de l’OTAN d’étaler leurs preuves sur la table a ouvert la porte aux théories du complot, et a transformé cette tragédie en une affaire dormante, laissant aux coupables – quels qu’ils puissent être – plus de temps pour brouiller leur piste et disparaître.

Source : Consortium News, le 19/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-danger-dune-affaire-mh-17-en-sommeil-par-robert-parry/


Egypte : condamnation à mort de 183 hommes accusés d’avoir tué des policiers

Thursday 12 March 2015 at 05:48

Tiens, nos clients acheteurs d’avions ont un peu tendance à l’assassinant de masse – mais chhuuuuuuuuuuuuuuuuut, ils ne sont pas des opposants à Poutine…

Rappel 08/2013, Le Monde :

Le général de police Amr : ”Nous sommes 90 millions d’Egyptiens et il n’y a que 3 millions de Frères musulmans. Il nous faut six mois pour les liquider ou les emprisonner tous. Ce n’est pas un problème, nous l’avons déjà fait dans les années 1990. [...] Nous sommes le seul pays qui a gagné une guerre contre le terrorisme. Nous savons comment nous y prendre. [...] Il y a 200 000 chambres d’hôtel vides dans le pays [...] Après, les touristes reviendront, les investissements étrangers aussi. Et l’Egypte sera en paix pour les siècles à venir.” [...] “Je voulais dire qu’il faut tuer ou arrêter leurs leaders, 30 hauts responsables et 500 subalternes. Alors les autres retourneront chez eux. De toute façon, ils manifestent aujourd’hui parce qu’ils sont payés.”

Les 14 août 2013, des centaines de militants pro-Morsi ont été tués au Caire. En représailles, 188 personnes d’entre-eux s’étaient attaqué à un commissariat, tuant au moins 13 policiers. Ce qui vaut aujourd’hui à 183 des assaillants d’être condamnés à mort. [OB soit quand même 14 assassins par policier...]

Un tribunal égyptien a confirmé lundi la condamnation à mort de 183 hommes accusés d’avoir tué 13 policiers en août 2013, quelques heures après que les forces de l’ordre eurent tué au Caire plus de 700 manifestants partisans du président islamiste destitué Mohamed Morsi.

Le même tribunal avait condamné à la peine capitale le 2 décembre 2014, en première instance, 188 hommes accusés d’avoir participé à un raid contre un commissariat de police de Kerdassa, dans la banlieue du Caire, le 14 août 2013. Les peines de cinq d’entre eux ont été commuées. Ce procès, comme d’autres procès de masse ayant condamné à mort des centaines de partisans de Mohamed Morsi depuis sa destitution, a été dénoncé par l’ONU et les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.

Les Nations unies ont qualifié ces procès de masse, expédiés parfois en quelques minutes, de «sans précédent dans l’Histoire récente » du monde. Lors de condamnations à la peine capitale, le tribunal doit recueillir l’avis, non contraignant, du grand mufti d’Egypte, avant de confirmer ou infirmer son verdict, ce qu’il a fait lundi. Sur les 188 condamnés initialement, dont 143 seulement sont détenus, deux ont été acquittés, l’un a vu sa peine commuée à dix ans de prison, et le tribunal a abandonné les accusations contre deux autres, décédés.

Les condamnations à mort confirmées lundi peuvent faire l’objet d’un appel.

La confirmation du jugement intervient quelques jours après des attaques meurtrières menées dans le Sinaï par Ansar Beït al-Maqdess, un groupe jihadiste lié à Daech. Ce groupe s’en prend systématiquement au nouveau pouvoir égyptien depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi, assurant frapper les forces armées en représailles à la sanglante répression menée contre les pro-Morsi.

M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, avait été destitué et arrêté le 3 juillet 2013 par l’armée, sur l’ordre de son chef d’alors, le général Abdel Fattah al-Sissi. Policiers et soldats ont, dans les mois qui ont suivi, tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, dont plus de 700 en quelques heures le 14 août 2013, en dispersant deux rassemblements en plein centre du Caire.

Quelques heures plus tard, une foule en colère avait attaqué le commissariat de Kerdassa et tué 13 policiers. M. Sissi a depuis été élu président en mai 2014, après avoir éliminé toute opposition de la scène politique, islamiste puis laïque et libérale. Plus de 15.000 personnes ont été emprisonnées depuis juillet 2013, essentiellement des membres de la confrérie islamiste de M. Morsi, les Frères musulmans.

Source : Le Parisien, le 2 février 2015

Source: http://www.les-crises.fr/egypte-condamnation-a-mort-de-183-hommes-accuses-davoir-tue-des-policiers/


[Venezuela 1/2] Le mainstream n’aime pas Maduro…

Thursday 12 March 2015 at 03:54

Au Venezuela, la stratégie de la tension du président Maduro

Les funérailles de Kluiver Roa, à San Cristobal le 25 février, un jeune homme tué la veille lors d'une manifestation antigouvernementale.
Les funérailles de Kluiver Roa, à San Cristobal le 25 février, un jeune homme tué la veille lors d’une manifestation antigouvernementale.

L’arrestation musclée du maire de Caracas, Antonio Ledezma, le 19 février, est la pointe visible d’une escalade répressive au Venezuela. Il a rejoint dans la sinistre prison militaire de Ramo Verde une autre figure de l’opposition, Leopoldo Lopez, incarcéré depuis un an. Outre les élus déjà emprisonnés, la moitié des maires de l’opposition font l’objet de procès. Après la destitution sommaire de Maria Corina Machado, en mars 2014, d’autres députés sont dans le collimateur du capitaine Diosdado Cabello, président de l’Assemblée nationale. Selon l’organisation non gouvernementale Forum pénal vénézuélien, on enregistre trois détentions d’opposants par jour, en moyenne, depuis le début de l’année.

Depuis la disparition du lieutenant-colonel Hugo Chavez (1999-2013), l’ancien président, le poids des officiers de la réserve ou d’active impliqués dans les putschs chavistes de 1992 n’a cessé d’augmenter dans le gouvernement et dans les entreprises publiques, au détriment des civils, comme Rafael Ramirez, ex-patron de l’industrie pétrolière. Les militaires ne sont plus présents dans les rues uniquement les jours d’élections, mais en permanence. Par exemple, pour éviter les expressions de mécontentement dans les queues devant les supermarchés aux étals dégarnis.

« L’ennemi de l’intérieur »

En janvier, les forces armées ont été autorisées, par décret, à tirer sur des manifestants dans la rue. En 2014, la vague de protestations avait provoqué 43 morts. Le renseignement militaire a été reformé pour en faire un corps de « commissaires politiques » censé veiller sur l’allégeance au chavisme à tous les niveaux, mais aussi une arme contre les opposants civils, selon l’ONG Contrôle citoyen. Le Venezuela a remis en vigueur la vieille « doctrine de sécurité nationale » des dictatures militaires et de la guerre froide, tournée contre « l’ennemi de l’intérieur ».

La crainte d’une explosion sociale tétanise le gouvernement. Ainsi, l’augmentation du prix de l’essence (quasi gratuite), plusieurs fois annoncée, est sans cesse reportée, par peur des réactions. L’immobilisme en matière économique, alors qu’il y a le feu à la maison, contraste avec la fébrilité de la propagande, dénonçant des putschs et des attentats à répétition, comme si elle désignait des boucs émissaires. Pourtant, aucune diversion n’est de nature à distraire les Vénézuéliens de leurs soucis quotidiens : pénuries de denrées de première nécessité et de médicaments, envolée des prix (68,5 % d’inflation), insécurité mortifère.

Transition pacifique

Le raidissement de la machine répressive a une visée préventive, à double détente : contre l’éventuelle contestation de la rue et contre la victoire annoncée de l’opposition aux élections législatives prévues à la fin 2015. Selon l’institut Datanalisis, le plus cité par le gouvernement lui-même, les chavistes sont tombés à 17,3 % des intentions de vote, contre 45,9 % pour les opposants.

Le dirigeant d’Action démocratique (AD) ­ – le parti social-démocrate –, Henry Ramos Allup, a rappelé l’évidence : « Les coups d’Etat sont faits par ceux qui disposent des armes, des balles, des bataillons, c’est-à-dire les forces armées, entièrement contrôlées par l’actuel gouvernement ; nous, les civils, nous ne faisons pas de coups d’Etat. »

« l’Etat de droit n’existe plus au Venezuela depuis un bon bout de temps, car ce gouvernement viole systématiquement la Constitution et la séparation des pouvoirs », a ajouté l’opposant social-démocrate. D’où la légitimité d’envisager une « transition », pour restaurer les institutions et remettre sur les rails une économie ruinée par la gabegie et la corruption.

La possibilité d’une transition se présente justement avec les législatives. Une nouvelle majorité d’opposition devrait composer et négocier avec les autres pouvoirs, étroitement contrôlés par les chavistes. Une telle cohabitation déboucherait sur une présidentielle anticipée en 2016, après une démission du président Nicolas Maduro ou le référendum révocatoire prévu à mi-mandat par la Constitution. Cette transition pacifique présuppose le rétablissement d’un dialogue entre le gouvernement Maduro et les opposants, avec la médiation des diplomaties du Vatican et d’Amérique du Sud. Les pourparlers lancés en avril 2014 n’avaient pas fait long feu faute de résultats.

Un putsch pour en finir ?

Toutefois, la stratégie de la tension permanente choisie par Nicolas Maduro et son âme damnée Diosdado Cabello ne préjuge pas d’une issue optimiste de la crise vénézuélienne. Aux législatives de 2010, l’opposition s’était retrouvée minoritaire à l’Assemblée, malgré un nombre de voix supérieur. Le « pouvoir électoral » (érigé en quatrième pouvoir de la République), entièrement soumis au chavisme, pourrait procéder à un nouveau redécoupage des circonscriptions ou à une modification des règles du jeu. Une suspension du scrutin n’est pas à exclure. Jesus Torrealba, porte-parole de la Table d’unité démocratique (MUD), la coalition électorale de l’opposition, estime que « le secteur le plus irresponsable et criminel du pouvoir mise sur un putsch, pour en finir avec ses adversaires ».

L’attitude des principales chancelleries latino-américaines est un second motif d’inquiétude. « Le silence et l’impuissance des autres Sud-Américains deviennent pathétiques », déplore le Brésilien Alfredo Valladao, professeur à Sciences Po Paris. A croire que les uns et les autres attendent que le Venezuela soit ajouté au nouvel agenda bilatéral des Etats-Unis et de Cuba. Après tout, deux jours avant l’arrestation du maire de Caracas, le président Maduro avait cru bon de se déplacer à La Havane, pour un tête-à-tête avec son principal allié.

Source : Paulo A. Paranagua, pour Le Monde, le 26 février 2015.


Venezuela : A Caracas, l’opposition bâillonnée par Nicolas Maduro

Le président Nicolás Maduro multiplie les tentatives d’intimidation envers ses opposants politiques.

Un opposant politique de plus au président Nicolás Maduro vient d’être incarcéré. Le maire de Caracas, Antonio Ledezma, a été placé en détention provisoire vendredi, au lendemain d’une arrestation musclée dans ses bureaux par plusieurs dizaines d’hommes armés et cagoulés. Vétéran de l’opposition vénézuélienne, l’homme de 59 ans va rejoindre d’autres célèbres ­opposants, comme ­Leopoldo López, derrière les barreaux ­depuis un an et toujours en attente de jugement. “Antonio Ledezma devra répondre de tous les délits commis contre la paix, la sécurité et la Constitution”, a déclaré jeudi soir le président Nicolás Maduro à la télévision. Le ministère public l’accuse d’avoir commis des délits de “conspiration”.

Selon le chef de l’État vénézuélien, la publication le 11 février d’un “plan national pour la transition”, signé entre autres par Ledezma, allait marquer le point de départ d’une tentative de coup d’État organisé depuis les États-Unis. Ce que Washington a démenti. Nicolás Maduro accuse le maire de Caracas d’utiliser son mandat pour provoquer des violences au Venezuela.

Un opposant surnommé “le vampire”

Ce texte présente en fait une série de propositions politiques et économiques, comme la lutte contre l’insécurité, la restitution de la décentralisation, l’amélioration des réseaux de distribution alimentaire ou l’élimination du contrôle des prix. Mais il évoque aussi l’organisation d’élections présidentielles “libres et transparentes”. “Pourquoi organiser un tel scrutin si le président Maduro doit remplir ses fonctions jusqu’en 2019? Sera-t-il arrêté, assassiné ou expulsé du pays?”, demande le journaliste Luigino Bracci. Antonio Ledezma est surnommé “le vampire” par ses détracteurs. Le maire de Caracas est soupçonné d’avoir ordonné aux forces de l’ordre de tirer sur des milliers de Vénézuéliens qui manifestaient contre la vie chère lors du soulèvement populaire du Caracazo de février 1989, entraînant la mort de plusieurs centaines de personnes.

L’arrestation du maire de Caracas a suscité la préoccupation dans plusieurs capitales latino-américaines. Le secrétaire général de l’Organisation des États américains a souligné “la nécessité d’éclaircir les dénonciations sur les tentatives de rupture de l’ordre démocratique”. Une commission de l’Union des nations sud-américaines va, de son côté, tenir une réunion extraordinaire au Venezuela.

Source : Angèle Savino, pour Le Journal du Dimanche, le 22 février 2015


Venezuela : Maduro redoute l’invasion impériale et reprime

Nicolas Maduro annonçant le 19 février 2015 à Caracas l'arrestation de Antonio Ledezma
Nicolas Maduro annonçant le 19 février 2015 à Caracas l’arrestation de Antonio Ledezma

Le maire de Caracas a été arrêté jeudi pour «conspiration».

«Ça y est, la dictature montre son vrai visage», assure avec aplomb une militante venue vendredi apporter son soutien dans la rue à Antonio Ledezma, arrêté la veille par le gouvernement révolutionnaire vénézuélien pour «conspiration». Le président, Nicolás Maduro, accuse le maire de Caracas de vouloir activer un coup d’Etat en prônant le départ immédiat du gouvernement. Les autorités lui reprochent d’avoir signé un texte intitulé «Accord national pour la transition», publié le 11 février, soit un an exactement après le début des troubles qui avaient fait 43 morts. «Il est évident, écrit ce texte, que le régime ne résoudra pas la crise et que le gouvernement de Maduro est déjà entré dans une phase terminale». Ses trois signataires, Antonio Ledezma, l’ex-députée María Corina Machado et le leader de droite Leopoldo López, sont partisans d’une ligne dure visant à «chauffer la rue». Lopez est, d’ailleurs, incarcéré depuis un an, en attente d’un procès pour «incitation à la violence». Les leaders de l’opposition modérée se sont bien gardés, de leur côté, d’apposer leur nom en bas du fameux document.

Quatre militaires de haut rang ont été arrêtés dans les jours qui ont suivi la publication du manifeste, alors qu’ils projetaient, selon le gouvernement, de«bombarder le palais présidentiel». «Ce n’est qu’à travers la justice que nous pourrons faire échouer ces tentatives de coups d’Etat et offrir une paix permanente», a déclaré Nicolás Maduro après l’arrestation de Ledezma, en appelant ses militants à «se préparer à affronter n’importe quel scénario au Venezuela, produit de l’agression impériale contre notre pays.».

Les Etats-Unis, qui réclament depuis quelques mois la libération des «prisonniers politiques» au Venezuela, ont décrété des sanctions contre 53 hauts fonctionnaires de ce pays. Cette «décision unilatérale a depuis été critiquée par presque toutes les institutions latino-américaines, qui dénoncent une «ingérence de Washington au Venezuela.

Antonio Ledezma, déjà mis en cause en novembre dans une autre affaire de soi-disant coup d’Etat mené, cette fois, par des paramilitaires colombiens, est désormais retenu par les services de renseignements. «Le gouvernement ne sait pas comment faire face à la crise, il ne croit qu’en la violence»,estime Jesús Torrealba, le chef de la coalition d’opposition. «Que le gouvernement tombe le masque et déclare l’état d’exception», a surenchéri le président du parti Copei, Roberto Enríquez. Mais la rhétorique de l’opposition, extrêmement divisée, mobilise peu. Quelques dizaines seulement de personnes se sont déplacées vendredi en solidarité avec le maire de Caracas, à peine plus que le nombre de caméras nationales et internationales.

Source : Simon Pellet-Recht, pour Libération, le 20 février 2015.


Venezuela : quand Nicolas Maduro accuse tout le monde d’intentions putchistes et de tentatives d’assassinats


Leopoldo Lopez, Daniel Ceballos, Antonio Ledezma, Maria Corina Machado, Julio Borges

Il a été péniblement élu après le décès d’Hugo Chavez, dont il se revendique l’héritier. Mais loin de l’image de «l’homme providentiel» prônée par son mentor, Nicolas Maduro se débat avec une cote de popularité sinistrée et un pays lessivé économiquement, deux ans après son élection.

L’effondrement économique du Venezuela, qui dispose pourtant des plus grandes réserves pétrolières mondiales, est surement dû, pour partie, au fait que le prix du pétrole a nettement baissé. Mais les détracteurs du président Maduro ne peuvent s’empêcher de dire que c’est organisé, que l’appareil de production du pays a été cassé volontairement. La population n’ayant d’autres choix que de se tourner vers l’Etat. Un Etat, tout puissant et seul apte à la satisfaire.

Le Venezuela ressemble aux pays de l’Est des années 80, où stationner dans les files d’attente était quasiment devenu une profession. Il est désormais formellement interdit (et dangereux) de photographier ou filmer ces files d’attente. L’inflation avoisine les 70% en 2014.

Les pénuries frappent tous les produits de première nécessité. Ainsi, la dernière pénurie en date affecte les préservatifs, ce qui peut faire sourire, mais quand on sait que le Venezuela occupe la troisième place sur le podium sud-américain des taux de contamination par le virus du sida et se trouve très confronté aux grossesses d’adolescentes, le sourire s’efface. «Sans préservatifs, on ne peut rien faire», déplore Jhonatan Rodriguez, directeur général d’une ONG luttant contre le sida, dans Bloomberg Business. D’où ces vingt petits pourcents d’opinions favorables au président dans une population excédée.

Des opposants en ligne de mire

Une situation, qui donne de nombreux arguments à l’opposition vénézuélienne, qu’elle soit modérée ou de droite radicale. Et Maduro, les détracteurs il n’aime pas ça. Leopoldo Lopez, fondateur du parti Voluntad Popular, en a fait l’amère expérience. Mis «provisoirement» en prison, il y croupit depuis un an.

Suite à des manifestations estudiantines ayant très mal tourné (on déplore de 43 morts), Daniel Ceballos, le maire de San Cristobal, la ville où elles se sont déroulées en février et mai 2014, a rejoint derrière les barreaux Leopoldo Lopez un mois plus tard.

Dans les mêmes manifestations de San Cristobal se trouvait aussi Maria Corina Machado. Elle est accusée et inculpée de conspiration en vue d’assassiner le chef de l‘Etat. Elle a beau dénoncer une mascarade visant à la réduire au silence et à détourner l’attention des Vénézuéliens des difficultés économiques, elle n’encourt pas moins de 16 ans de prison selon le parquet. «Il est très difficile d’imaginer que les charges contre Maria Corina Machado pour sa supposée participation à un plan pour assassiner le président ne soient autre chose qu’une mascarade», estime José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques à Human Rights Watch (HRW).

Le maire de Caracas n’y échappe pas

Autre opposant notoire, le maire de la capitale Caracas, Antonio Ledezma. Il s’était déjà battu contre l’accession au pouvoir d’Hugo Chavez et continue contre Nicolas Maduro. Ce dernier n’a donc de cesse que d’en venir à bout et de le faire taire. Dans un premier temps, quand Antonio Ledezma a été élu à tête de la mairie de Caracas, Maduro a créé une nouvelle fonction : «chef du gouvernement de Caracas», parallèle à celle de maire. Le bugdet alloué à la ville s’était alors retrouvé dans les prérogatives de gestion du détenteur de ce nouveau poste. L’édile s’est donc vu à la tête d’une coquille vide, mais surtout dans l’incapacité financière de payer les 15.000 employés municipaux. Nicolas Maduro espérait ainsi monter les gens contre ce sempiternel vainqueur d’élections. Peine perdue, Ledezma a surmonté l’épreuve.

Plus récemment, il vient de publier une lettre qu’il a cosignée avec Leopoldo Lopez (du fond de sa prison) et Maria Corina Machado toujours sous la menace d’une lourde condamnation. Cette lettre ouverte mentionnait la nécessité d’un plan national de transition démocratique à la tête du pays.

Las, Antonio Ledezma a été arrêté le 19 février dans ses bureaux. Deux procureurs lui ont signifié le lendemain qu’il était poursuivi pour «son implication présumée dans des faits complotistes pour organiser et exécuter des actions violentes contre le gouvernement». Le président Maduro est intervenu le soir même à la télévision et a déclaré que M.Ledezma «doit être inculpé par la justice vénézuélienne pour qu’il réponde de tous les délits commis contre la paix dans le pays, la sécurité, la Constitution», se référant à une tentative présumée de coup d’Etat qu’il avait dénoncée le 13 février 2015. Bien que placé en détention provisoire, Antonio Ledezma a décidé de faire appel.

La répression tempère les réactions

Dans ce contexte d’arrestations tous azimuts, les réactions sont plus que mesurées. Néanmoins, Jesus Torrealba, le secrétaire général de la coalition d’opposition La Table de l’unité démocratique (MUD) déclare que «ces derniers jours où l’on parle tant de coups d’Etat, nous assistons à un coup de la part de l’Etat». Quant au leader de l’opposition, Henrique Capriles, deux fois candidat à l’élection présidentielle, il se demande si «Maduro croit qu’en nous mettant tous en prison il va récupérer 50 points de popularité ou gagner les élections ?». Des manifestations de quelques centaines d’étudiants ont lieu, protestant contre les arrestations, les pénuries et demandant plus de libertés.


vidéo AFP mise en ligne le 12 février 2015

Mais la série continue, et cette fois c’est l’élu d’opposition Julio Borges qui est accusé par des députés de la majorité socialiste à l’Assemblée nationale du Venezuela d’avoir pris part à un complot contre le président Nicolas Maduro. «Nous considérons qu’il y a suffisamment d’éléments pour lever l’immunité(parlementaire du député) et que ce monsieur aille occuper une cellule», a déclaré le député du Parti socialiste unifié du Venezuela  (PSUV, majoritaire) Dario Vivas. M.Borges, membre du parti Primero Justicia, comme l’ancien candidat à la présidence Henrique Capriles, a été accusé au début du mois de février par le président de l’Assemblée et numéro deux du pouvoir «chaviste», Diosdado Cabello, d’avoir pris part à un complot présumé contre M.Maduro.

Depuis son élection en 2013, Nicolas Maduro dénonce et «déjoue» une quantité invraisemblable de complots à son encontre, quant il ne s’agit pas de tentatives d’assassinats, avec ou sans la complicité supposée des Etats-Unis. Au point que le 26 février John Kerry a dénoncé «le comportement monstrueux» du régime vénézuélien, la «répression du peuple, les arrestations et les fausses accusations contre nous qui émanent du Venezuela». La multiplication des arrestations depuis un an inquiète au plus haut point aux plans tant national, qu’international et la question du respect de la démocratie commence à devenir cruciale.

Source : Frédérique Harrus, pour Géopolitis (France TV Info), le 27 février 2015.


Venezuela : le roi est nu

D’autocratique le régime de la révolution bolivarienne au Venezuela est en train de sombrer dans la dictature. Le 19 février le gouvernement a fait arrêter le maire de Caracas, Antonio Ledezma. Il a ensuite levé l’immunité parlementaire d’un dirigeant de l’opposition, Julio Borges, pour le chasser de l’Assemblée nationale. Leopoldo Lopez, un autre opposant au régime de Nicolás Maduro qui a succédé en 2013 à Hugo Chávez, est en prison depuis un an. Près de la moitié des maires sont menacés de poursuites en justice avec comme accusation le plus souvent retenue : complot pour renverser le gouvernement avec parfois conspiration avec les Etats-Unis.

« Mais, affirme “The Economist”, c’est le président Maduro qui est en train de faire un coup d’Etat contre les derniers vestiges de la démocratie. » « Un auto-coup d’Etat ». Chávez, qui a dirigé le Venezuela de 1999 jusqu’à sa mort en mars 2013, a toujours été réélu grâce à une politique sociale largement financée par les revenus du pétrole. Ce qui lui a permis aussi d’étouffer peu à peu la vie politique. Aujourd’hui, Maduro n’a ni son charisme ni les recettes nécessaires en raison de l’effondrement des cours du pétrole. Sa cote de popularité est au plus bas. S’il y avait des élections parlementaires libres cette année, l’opposition l’emporterait et pourrait ainsi envisager un référendum en 2016 pour le destituer.

En tout cas, en termes de répression, Nicolás Maduro dépasse son maître Chávez qui avait laissé des rivaux le contester dans des élections plus ou moins libres. « The Economist » estime ainsi que l’opposition a besoin d’être aidée. Pendant trop longtemps l’Amérique latine n’a rien fait pour empêcher que les règles démocratiques ne soient piétinées au Venezuela.

Source : Jacques Hubert-Rodier, pour Les Echos

Source: http://www.les-crises.fr/venezuela-12-le-mainstream-naime-pas-maduro/


[Venezuela 2/2] Les médias alternatifs contredisent le mainstream (comme d’habitude…)

Thursday 12 March 2015 at 02:23

Comme pour le mainstream, les informations ici sont à prendre avec prudence et recul…

Personnellement, n’ayant pas creusé le sujet, je ne commenterai pas. L’intérêt est de souligner l’écart de vision…

Obama rate son coup d’État au Venezuela

Une nouvelle fois, l’administration Obama a tenté de changer par la force un régime politique qui lui résiste. Le 12 février, un avion d’Academi (ex-Blackwater) maquillé en aéronef de l’armée vénézuélienne devait bombarder le palais présidentiel et tuer le président Nicolas Maduro. Les comploteurs avaient prévu de placer au pouvoir l’ex-députée María Corina Machado et de la faire immédiatement acclamer par d’anciens présidents latino-américains.

JPEG - 23.4 koLe président Obama avec son conseiller pour l’Amérique latine, Ricardo Zuñiga, et la conseillère nationale de sécurité, Susan Rice.

Le président Obama avait prévenu. Dans sa nouvelle doctrine de Défense (National Security Strategy), il écrivait : « Nous nous tenons aux côtés des citoyens dont le plein exercice de la démocratie est en danger, tel que les Vénézuéliens ». Or, le Venezuela étant, depuis l’adoption de la constitution de 1999, l’un des États les plus démocratiques au monde, cette phrase laissait présager du pire pour l’empêcher de poursuivre dans sa voie d’indépendance et de redistribution des richesses.

C’était le 6 février 2015. Washington terminait de mettre au point le renversement des institutions démocratiques du Venezuela. Le coup d’État avait été planifié pour le 12 février.

L’« Opération Jéricho » était supervisée par le Conseil national de sécurité (NSC), sous l’autorité de Ricardo Zuñiga. Ce « diplomate » est le petit fils du président homonyme du Parti national du Honduras qui organisa les putschs de 1963 et de 1972 en faveur du général López Arellano. Il dirigea la station de la CIA à La Havane (2009-11) où il recruta des agents et les finança pour former l’opposition à Fidel Castro tout en négociant la reprise des relations diplomatiques avec Cuba (finalement conclue en 2014).

Comme toujours dans ce type d’opération, Washington veille à ne pas paraître impliqué dans les événements qu’il dirige. La CIA agit au travers d’organisations prétendument non-gouvernementales pour organiser les putschistes : la National Endowment for Democracy et ses deux pseudopodes de droite (International Republican Institute) et de gauche (National Democratic Institute), Freddom House, et l’International Center for Non-Profit Law. En outre, les États-Unis sollicitent toujours leurs alliés pour sous-traiter certaines parties du coup, en l’occurrence au moins l’Allemagne (chargée de la protection des ressortissants de l’Otan durant le coup), le Canada (chargé de contrôler l’aéroport international civil de Caracas), Israël (chargé des assassinats de personnalités chavistes) et le Royaume-uni (chargé de la propagande des putschistes). Enfin, ils mobilisent leurs réseaux politiques qui se tiennent prêts à reconnaître les putschistes : à Washington le sénateur Marco Rubio, au Chili l’ancien président Sebastián Piñera, en Colombie les anciens présidents Álvaro Uribe Vélez et Andrés Pastrana, au Mexique les anciens présidents Felipe Calderón et Vicente Fox, en Espagne l’ancien président du gouvernement José María Aznar.

Pour justifier du putsch, la Maison-Blanche avait encouragé de grandes sociétés vénézuéliennes à entreposer plutôt qu’à distribuer des marchandises de première nécessité. L’idée était de provoquer des files d’attente devant des commerces, puis d’infiltrer des agents dans la foule pour provoquer des émeutes. En réalité, s’il y a bien eu des problèmes d’approvisionnement en janvier-février et des queues devant des magasins, jamais les Vénézuéliens n’attaquèrent de commerces.

Pour renforcer son action économique, le président Obama avait signé, le 18 décembre 2014, une loi imposant de nouvelles sanctions contre le Venezuela et plusieurs de ses dirigeants. Officiellement, il s’agissait de sanctionner les personnalités ayant réprimé les protestations estudiantines. En réalité, depuis le début de l’année, Washington payait un salaire —quatre fois supérieur au revenu moyen— à des gangs pour qu’ils attaquent les forces de l’ordre. Les pseudos-étudiants avaient ainsi tué 43 personnes en quelques mois et semaient la terreur dans les rues de la capitale.

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Ancien numéro 2 de l’Isaf en Afghanistan, le général Thomas W. Geary est aujourd’hui chargé du Renseignement au SouthCom.

L’action militaire était supervisée par le général Thomas W. Geary, depuis le SouthCom à Miami, et Rebecca Chavez, depuis le Pentagone, et sous-traitée à l’armée privée Academi (ex-Blackwater) ; une société désormais administrée par l’amiral Bobby R. Inman (ancien patron de la NSA) et John Ashcroft (l’ancien Attorney General de l’administration Bush). Un Super Tucano, immatriculé N314TG, acheté par la firme de Virginie en 2008 pour assassiner Raul Reyes, le n°2 des Farc de Colombie, devait être maquillé en avion de l’armée vénézuélienne. Il devait bombarder le palais présidentiel de Miraflores et d’autres cibles parmi une douzaine pré-déterminée, comprenant le ministère de la Défense, la direction du Renseignement et la chaîne de télévision de l’ALBA, TeleSur. L’avion étant stationné en Colombie, le QG opérationnel de « Jéricho » avait été installé à l’ambassade des États-Unis à Bogota avec la participation de l’ambassadeur Kevin Whitaker et de son adjoint Benjamin Ziff.

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Quelques officiers supérieurs, en active ou à la retraite, avaient enregistré à l’avance un message à la Nation dans lequel ils annonçaient avoir pris le pouvoir afin de rétablir l’ordre. Il était prévu qu’ils souscrivent au plan de transition, publié le 12 février au matin par El Nacional et rédigé par le département d’État US. Un nouveau gouvernement aurait été formé, conduit pas l’ancienne députée María Corina Machado.

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Le coup d’État devait placer au pouvoir María Corina Machado. Le 26 janvier, elle recevait à Caracas ses principaux complices étrangers.

María Corina Machado fut la président de Súmate, l’association qui organisa et perdit le référendum révocatoire contre Hugo Chávez Frias, en 2004, déjà avec l’argent de la National Endowment for Democracy (NED) et les services du publicitaire français Jacques Séguéla. Malgré sa défaite, elle fut reçue avec les honneurs par le président George W. Bush, dans le Bureau ovale, le 31 mai 2005. Élue représentante de l’État de Miranda en 2011, elle était soudain apparue, le 21 mars 2014 comme chef de la délégation du Panama à l’Organisation des États américains (OEA). Elle avait immédiatement été démise de ses fonctions de député pour violation des articles 149 et 191 de la Constitution.

Pour faciliter la coordination du coup, María Corina Machado organisa à Caracas, le 26 janvier, un colloque, « Pouvoir citoyen et Démocratie aujourd’hui », auquel participèrent la plupart des personnalités vénézuéliennes et étrangères impliquées.

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Pas de chance, le Renseignement militaire vénézuélien surveillait des personnalités soupçonnées d’avoir fomenté un précédent complot visant à assassiner le président Maduro. En mai dernier, le procureur de Caracas avait accusé María Corina Machado, le gouverneur Henrique Salas Römer, l’ancien diplomate Diego Arria, l’avocat Gustavo Tarre Birceño, le banquier Eligio Cedeño et l’homme d’affaire Pedro M. Burelli, mais ils récusèrent les e-mails, prétendant qu’ils avaient été falsifiés par le Renseignement militaire. Bien sûr, ils étaient tous de mèche.

En pistant ces conspirateurs, le Renseignement militaire découvrit l’« Opération Jéricho ». Dans la nuit du 11 février, les principaux leaders du complot et un agent du Mossad étaient arrêtés et la sécurité aérienne renforcée. D’autres étaient récupérés le 12. Le 20, des aveux obtenus permirent d’arrêter un complice, le maire de Caracas, Antonio Ledezma.

Le président Nicolas Maduro intervenait immédiatement à la télévision pour dénoncer les conspirateurs (( « Denuncia de Nicolás Maduro sobre nueva intentona golpista en Venezuela », Red Voltaire, 12 de febrero de 2015. )) . Tandis qu’à Washington, la porte-parole du département d’État faisait rire les journalistes qui se souvenaient du coup organisé par Obama au Honduras en 2009 —pour l’Amérique latine—, ou plus récemment de la tentative de coup en Macédoine, en janvier 2015 —pour le reste du monde—, en déclarant : « Ces accusations, comme toutes les précédentes, sont ridicules. C’est une question de politique de longue date, les États-Unis ne soutiennent pas les transitions politiques par des moyens non constitutionnels. Les transitions politiques doivent être démocratiques, constitutionnelles, pacifiques et légales. Nous avons vu à plusieurs reprises que le gouvernement vénézuélien tente de détourner l’attention de ses propres actions en accusant les États-Unis ou d’autres membres de la communauté internationale pour les événements à l’intérieur du Venezuela. Ces efforts reflètent un manque de sérieux de la part du gouvernement du Venezuela pour faire face à la grave situation à laquelle il est confronté. »

Pour les Vénézuéliens, ce coup d’État manqué pose une grave question : comment faire vivre la démocratie, si les principaux leaders de l’opposition se retrouvent en prison pour les crimes qu’ils s’apprêtaient à commettre contre la démocratie ?

Pour ceux qui pensent, à tort, que les États-Unis ont changé, qu’ils ne sont plus une puissance impérialiste et qu’ils défendent désormais la démocratie dans le monde, l’« Opération Jéricho » est un sujet de réflexion inépuisable.

Les États-Unis contre le Venezuela

Source : RV, le 23 février 2015.


Venezuela : démantèlement d’une tentative de coup d’Etat

Le blog de Jean Ortiz. Des jeunes officiers des Forces armées nationales bolivariennes ont permis qu’avorte, en la dénonçant, une tentative de putsch impliquant de hauts gradés de l’aviation militaire, et des civils liés surtout à l’organisation d’extrême droite « Primero justicia ».

Le Venezuela est confronté depuis le coup d’Etat d’avril 2002 à ce que l’on pourrait appeler, pour reprendre la célèbre formule : un « coup d’Etat permanent » ; une « guerre de basse intensité », implacable, menée sous la supervision et la planification nord-américaine, par une opposition haineuse, revancharde, putschiste.

Il s’agit, pour cette coalition qui va de l’ultra-droite aux ex-sociaux-démocrates, de parvenir à battre le chavisme par la conjugaison déstabilisatrice de tous les moyens possibles :

1/ guerre économique

Accaparement et stockage illégal à des fins spéculatives d’aliments, de médicaments, de produits sanitaires… Spéculation tous azimuts, hausse des prix, contrebande. Tout cela afin de fatiguer la population par des pénuries organisées, de provoquer la colère, d’inciter aux pillages.

Un embargo financier international se met également peu à peu en place…

2/ guerre idéologique de tous les instants

Désinformation, mensonges, manipulations, faux sondages, afin de créer un climat défaitiste à l’intérieur et de brouiller l’image internationale du pays, de l’isoler, en créant un effet-repoussoir (les « experts » en intox ont attribué au Venezuela le plus important « risque pays » !! Il faut oser !)

3/ stratégie de la violence

Sabotages, conspirations, infiltrations massives de groupes paramilitaires par la frontière colombienne (ils sont aujourd’hui disséminés partout dans le pays), assassinat de dirigeants chavistes, ingérences des diplomates nord-américains en poste à Caracas, de la CIA, des « fondations » made in USA ou Aznariennes, pour tenter de diviser le chavisme et l’armée. Et, au final, réussir la deuxième phase de l’opération « Salida (« sortie » du président légitime Nicolas Maduro)» par des « guarimbas » sanglantes, un soulèvement cette fois-ci réussi… Les Etats-Unis y « mettent le paquet » et sont décidés à aller jusqu’au bout afin d’abattre cette révolution populaire qui se prononce pour une « voie socialiste » et qui dispose de deux siècles de réserves pétrolières… au service du progrès social.

Le plan putschiste « Jericho », révélé le 12 février 2015, prévoyait notamment le bombardement de centres stratégiques de la capitale par un avion étranger « Tucano », repeint aux couleurs du Venezuela. Le plan impliquait des conspirateurs qui avaient tenté déjà l’opération en mars 2014 ; trois généraux furent arrêtés à l’époque. Les conjurés ont été arrêtés et emprisonnés le 11 et le 12 février . Les officiers impliqués étaient en contact avec l’ambassade nord-américaine qui leur avait octroyé un visa de sortie, au cas où, et une quantité importante de dollars. Le général de brigade de l’aviation, Oswaldo Hernández Sánchez, et le député Julio Borges, du parti « Primero justicia » apparaissent comme les principaux instigateurs, soutenus par un réseau de militaires qui avaient été mis à l’écart, et des civils de l’opposition, dont le maire (Antonio Ledezma) de la capitale métropolitaine. Sont impliqués également le lieutenant Henry Javier Salazar Moncada, le capitaine Héctor José Noguera Figueroa (en fuite), et le lieutenant écarté Peter Alexander Moreno Guevara, ainsi que le lieutenant Ricardo José Antich Zapata.

Le « golpe » devait avoir lieu, précisément ce 12 février, après publication d’un manifeste appelant à la constitution d’un gouvernement provisoire.

Dans les dernières semaines de 2014, le gouvernement nord-américain avait fait adopter une provocatrice loi d’ingérence, dite « loi de sanctions » contre un groupe de dirigeants et d’officiers chavistes, leur refusant entre autres l’obtention d’un visa s’ils souhaitaient se rendre aux Etats-Unis. Il s’agit, pour les instigateurs, les marionnettes et leurs marionnettistes, de saper le moral des Forces armées et de la population, d’attiser la déstabilisation d’un pays cauchemar de l’ordre (le chaos) néolibéral. Avec tous les fers au feu. Au prix du sang.

Rappelons-nous le Chili d’Allende et de Neruda. Ne laissons pas faire !

Source : Jean Ortiz, pour l’Humanité, le 14 février 2015.


Ce que révèle et ce qu’occulte le programme de la droite vénézuélienne en cas de succès d’un coup d’Etat

La droite radicale vénézuélienne, d’inspiration ultralibérale et raciste, continue à préférer la voie violente à la voie électorale. Ici, le triumvirat des multimillonaires Leopoldo Lopez, Maria Corina Machado et Antonio Ledezma, proches de l’ex-président Uribe, soutenus par la droite internationale, la plupart des médias et les Etats-Unis.

Caracas, 21 février 2015. Après seize ans de révolution, l’extrême droite vénézuélienne rêve encore et toujours de répéter le coup d’Etat qui coûta la vie à Salvador Allende et à des milliers de chiliens. Le gouvernement bolivarien a déjoué le 12 février une nouvelle tentative au cours de laquelle des officiers de l’Armée de l’Air allaient bombarder (notamment) le siège de la télévision latino-américaine Telesur, l’Assemblée Nationale et le palais présidentiel. Ces militaires ont été arrêtés ainsi qu’un des organisateurs politiques – qui est aussi un des maires de Caracas : Antonio Ledezma, déjà connu pour ses répressions d’étudiants et de journalistes sous les régimes « démocratiques » d’avant la révolution mais aussi pour son soutien aux militaires d’extrême-droite auteurs du coup d’Etat manqué de 2002 contre Chavez (1). Depuis, Ledezma utilisait son poste de maire pour organiser des violences comme celles de 2014 qui ont causé la mort de 43 citoyens vénézuéliens (ce plan baptisé « La Sortie » visait à créer le chaos social pour renverser le président élu, Nicolas Maduro).

Le 12 février dernier, le coup d’état devait mener à la constitution d’un « gouvernement de transition ». Le document intitulé « Appel aux Vénézuéliens, pour un accord national de transition », devait être diffusé immédiatement par le quotidien El Nacional (propriétaire Miguel Henrique Otero), mais aussi les sites internet d’extrême-droite, Vente Venezuela (coalition d’opposition/MUD), Voluntad Popular (fondée par Leopoldo Lopez Mendoza), d’Antonio Ledezma (maire de Caracas/MUD), Congreso Ciudadano (dirigeante : Maria Corina Machado).

Maria Corina Machado, Antonio Ledezma et Leopoldo Lopez ont apposé leurs signatures au bas de ce manifeste de caractère néolibéral, qui devait servir de base à une supposée transition sans la moindre base constitutionnelle, exactement comme lors du coup d’Etat contre le président Chavez en avril 2002. Nous avons sélectionné les passages-clés de ce texte, afin d’en éclairer -et le cas échéant- en approfondir le sens.

1ère citation : « Préparer et organiser dans la transparence, des élections présidentielles libres ».

Commentaire : Pourquoi des élections présidentielles auraient-elles lieu, sachant que nous avons un président légitime en exercice, dont le mandat légal expire en 2019 ? Quel sera le sort réservé à Nicolas Maduro ? Sera-t-il arrêté, contraint à démissionner ? Sera-t-il dans l’obligation de prendre le chemin de l’exil, sera-t-il assassiné ?

2. « Rétablir dans leur autonomie, les divers organes de la puissance publique, en désigner leurs représentants par des moyens constitutionnels, restaurer le pluralisme politique et la souveraineté nationale de l’Etat vénézuélien ».

Commentaire : en usant de moyens identiques à ceux du 12 avril 2002, lorsque les députés de l’Assemblée Nationale, les juges de la Cour suprême de Justice, le procureur général de la République, le Médiateur (une des instances du Pouvoir Citoyen, en charge de la promotion et de la défense des Droits de l’homme) ont été arbitrairement destitués et remplacés au pied levé ?

3. « Mise en application d’un calendrier destiné à redonner confiance au pays sur le plan économique » ; « Réinsertion du Venezuela au sein des circuits financiers internationaux. Obtenir en retour, le soutien financier nécessaire, visant à surmonter les difficultés rencontrées à court terme ».

Commentaire : retour aux négociations avec le FMI (Fonds monétaire international), la Banque mondiale et d’autres instances internationales qui conditionnent l’obtention de prêts à l’application de politiques néolibérales. Avec leur cortège de privatisations, de licenciements massifs de fonctionnaires, de réduction, voire de suppression des programmes d’aides aux personnes (pensions, etc.). Ceci afin de « garantir » aux secteurs dont il est question, la bonne obtention des aides financières prévues.

4. « Désigner de nouvelles autorités à la tête des instances économiques de l’Etat, sur la base de normes et de critères de compétence et de mérite ».

Commentaire : cette démarche suppose que les contraintes d’ordre technique l’emportent sur la dimension sociale des politiques à mettre en œuvre. C’est le retour programmé de la technocratie.

5. « Parvenir à des accords d’indemnisation pour les dommages résultant des expropriations arbitraires ».

Commentaire : toutes les terres, entreprises et industries ayant fait l’objet d’une mesure d’expropriation, ou ayant été occupées légalement par le gouvernement bolivarien seront restituées à leurs anciens propriétaires. Cela implique la fin des sociétés d’économie mixte (production de biens socialement utiles ?), des communes et entités assimilées.

6. « On procédera à un audit de toutes les entreprises (hors secteur pétrolier), dont l’Etat s’est indûment emparé, signe de la rapacité du régime. Décider des formes de propriété et de gestion qui devront leur être appliquées, pour assurer leur relance productive ».

Commentaire : privatisation des entreprises publiques. Licenciement des travailleurs. Baisse des salaires et élimination systématique des avantages sociaux, pour répondre aux critères d’« efficacité ».

7. « Se débarrasser de la chape de plomb des multiples contrôles, qui étouffe l’économie. Réinstauration des bases juridiques et économiques qui attireront les investissements productifs. Et qui assureront à l’avenir, une croissance stable ».

Commentaire : fin de la réglementation relative aux prix des produits de base ; aux transports publics ; aux cliniques et assimilées. Suppression des mécanismes de contrôle tels que la Loi sur les prix équitables ; du contrôle des changes permettant l’acquisition des produits alimentaires et des médicaments de base, pour être revendus à des prix abordables. La priorité est donnée aux investisseurs, au détriment des intérêts du peuple vénézuélien.

8. « Libération des prisonniers politiques. Le retour immédiat des exilés sera facilité. »

Commentaire : la libération (et leur pardon) accordée aux personnes coupables de graves délits – c’est le cas du banquier Eligio Cedeno, de Leopoldo Lopez, Manuel Rosales, et de nombreux autres – suppose que l’on s’ingère dans les affaires relevant strictement du pouvoir judiciaire. En effet ce n’est pas pour leurs opinions que ces personnes ont été arrêtées mais pour des faits relevant du code pénal : corruption, organisation de violences, par exemple.

7. « Solliciter des autorités judiciaires, l’ouverture de procès visant à réprimer les délits graves commis sous la responsabilité de l’ancien gouvernement. »

Commentaire : A l’heure actuelle, le système judiciaire en place est parfaitement rôdé. Le fait que les fonctionnaires accusés d’excès de pouvoir soient jugés et sanctionnés en administre la preuve. Ainsi lors des violences de 2014 l’usage excessif de la force dans certains cas a aussitôt entraîné l’arrestation des policiers ou gardes nationaux concernés. Ceux qui ont trempé dans les assassinats de Juan Montoya (« Juancho »), de Bassil Da Costa et de Geraldine Moreno, sont en passe d’être jugés. De plus, le gouvernement Bolivarien a récemment obtenu que les fonctionnaires de Pdvsa impliqués dans des affaires de corruption soient mis en détention. Enfin le document dont il est question ici, menace les personnels du gouvernement Bolivarien d’être persécutés, comme ils l’ont été en 2002. (Coup d’Etat contre Hugo Chavez, le président sortant).

8. « Combattre l’insécurité touchant la population, devient une priorité d’Etat. Démantèlement des réseaux criminels qui ont proliféré grâce à la complicité du régime actuel, qui leur a assuré l’impunité. Traiter globalement ces questions sous l’angle de la prévention, des actions policières à mener, des problèmes rencontrés au sein de l’administration judiciaire. L’objectif : mettre un terme à l’impunité, et renforcer l’efficacité du système pénitentiaire ».

Commentaire : suspension des garanties constitutionnelles, et violation des droits humains ? Ratissages des quartiers populaires suivis d’arrestations massives comme c’était le cas sous la IVème République ? Comme par sous les régimes d’avant la révolution, assassinats camouflés des dirigeants politiques sous prétexte de combattre la délinquance ?

9. « Rétablir la capacité opérationnelle du secteur pétrolier, et élévation significative de la production pétrolière »

Commentaire : Cela suppose le non respect des quotas établis par l’OPEP. Le Venezuela se verrait contraint de quitter cette instance. De rompre avec elle. Cela causerait immanquablement une baisse des prix du pétrole similaire à celle que l’on a connu sous l’ère pré-Chavez : 9 $ le baril. Réduction des recettes, ce qui obligera l’Etat à adopter des mesures néolibérales. (Un terme est mis aux investissements sociaux).

10. « Révision des cadres juridiques existants, et des accords en vigueur, qui lui sont néfastes ».

Commentaire : Il sera mis fin aux partenariats liant le pays et les nations qui lui sont associées. Seront notamment visés des organismes tels que : Petrocaribe, UNASUR et CELAC. Les chances de parvenir à l’intégration et à l’union de l’Amérique latine, en seront amenuisées. Les accords assurant la présence de médecins cubains au Venezuela ne seront pas reconduits. Fin également des accords passés avec des pays tels que la Chine et la Russie. Avec toutes les conséquences que cela entraînera sur le plan économique.

11. « Désigner à la tête de Pdvsa, un nouvel organe de direction, dont l’honnêteté et les capacités seront reconnues. Le bon fonctionnement de cette instance sera ainsi garanti, et mis au service du pays ».

Commentaire : retour des coteries du pétrole à la tête de Pdvsa. Avec en perspective, sa privatisation partielle, voire totale.

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« Nous sommes plus de 800″. Parmi les révélations sur le coup d’Etat déjoué le 12 février, on a appris que des militaires comptaient bombarder Telesur, chaîne de télévision publique et latino-américaine basée à Caracas. Journalistes et employés (photo) ont reçu des messages de solidarité des mouvements sociaux de tout le continent

12. « Recouvrer l’exercice effectif de la liberté d’expression. Retour pour le peuple, du droit à l’information sur la gestion de l’Etat ».

Commentaire : les medias d’Etat subordonneront leur nouvelle ligne éditoriale, aux directives imposées par la droite. Le peuple vénézuélien n’aura plus droit au chapitre. Les nouvelles, et la relation des activités liées aux organisations du Pouvoir populaire, aux conseils communaux, et d’une manière générale les opinions favorables au chavisme, sont appelées à disparaître des pages du Correo del Orinoco (Courrier de l’Orénoque), de Ciudad CCS, des radios d’Etat ou des télévisions publiques.

13. « S’assurer de la loyauté des Forces Armées Nationales, et de leur appui à la Constitution. Elles se débarrasseront de toutes formes d’ingérence venant de l’extérieur de leurs rangs, et se préserveront de toute activité politique partisane. »

Commentaire : Pourquoi se réfère-t-on ici, aux Forces Armées Nationales, et non pas aux Forces Armées Nationales bolivariennes ? Pourquoi en a-t-on délibérément soustrait le terme « bolivariennes » ? Qui va juger de la loyauté de la FANB envers la Constitution ? Puisqu’il est précisé que ces dernières devront s’abstenir de toute activité politique partisane, est-il envisagé de retirer le droit de vote aux militaires ?

14. « Amorcer un processus de dépolarisation politique, menant à la réconciliation nationale. »

Commentaire : Quel sens accorder à l’expression « dépolarisation politique » ? Interdira- t-on de se référer au chavisme et à la révolution, au motif que ce genre de discussion porte ombrage à la dépolarisation escomptée, et à la réconciliation nationale ? Imposera-t-on comme par le passé, la censure aux forces de gauche ?

15. « Restaurer à très court terme, un approvisionnement suffisant en matière d’alimentation, mais aussi en ce qui concerne les produits de consommation courante destinés aux foyers. Pallier le problème des pièces détachées, mais aussi des fournitures qui font défaut, et qui nuisent au bon fonctionnement des chaînes de distribution ».

Commentaire : A première vue, cela semble très simple : il suffira de demander aux entreprises concernées, d’abandonner leur pratique de rétention actuelle, et de cesser les actions qui consistent à faire partir frauduleusement vers la Colombie, les marchandises destinées au marché intérieur vénézuélien. Nous ne serions pas surpris si ce genre de rétablissement accompagnait des mesures telles que la libération des prix des principaux produits de consommation courante, et l’annulation de la Loi sur les Prix équitables. Ce qui n’apparaît pas dans le document.

16. Toute référence à Simon Bolivar est supprimée : on parle des « Forces armées Nationales » (en lieu et place de « Forces armées Nationales Bolivariennes ».) On recourt par ailleurs, à « Venezuela », au détriment de « République Bolivarienne du Venezuela ». Or, c’est exactement ce qui est arrivé le 12 avril 2002, lorsque sur les instances de l’éphémère dictateur Pedro Carmona, patron du « MEDEF » vénézuélien, on retira le portrait de Bolivar du Palais présidentiel de Miraflores.

17. Le document fait très peu état des investissements sociaux réalisés, prête bien peu d’attention aux pauvres et aux précaires, y compris les enfants, les adolescents. Pas plus qu’aux personnes âgées, aux handicapé(e)s, et à ceux dont l’état de santé, requiert un traitement particulier. A rebours, les priorités affichées sont clairement définies : « attirer les investissements productifs », « réinsertion du Venezuela au sein des circuits financiers internationaux ». « Redonner confiance au pays ».

Aucune mention n’est faite de l’enseignement public gratuit. Et ce, quels que soient les niveaux existants : primaire, secondaire, universitaire. Aucune garantie n’est donnée aux établissements universitaires publics, créés sous la révolution (Unefa, UBV, Unearte, unités sport-études) quant à leur avenir. Il en est de même en ce qui concerne les universités ayant bénéficié d’importants réaménagements (Simon Bolivar, Romulo Gallegos, etc.).

Pour les pensions versées aux retraités, aux personnes âgées, à celles qui sont atteintes d’un handicap, le flou subsiste. Les projets et Missions sociales tels que les « Madres del Barrio » (« Les Mères des quartiers »), ne sont pas mieux lotis : aucune précision quant au sort qui leur est réservé. Aucune mention relative à la défense du salaire minimum, et à son indexation sur le coût de la vie (inflation). Au Venezuela, à 28 reprises durant ces 15 dernières années, le salaire minimum a été revu à la hausse. Par ailleurs, on ignore ce qu’il adviendra des nombreux acquis obtenus par le monde du travail, notamment à travers la mise en application de la nouvelle Loi du Travail (2). La sécurité de l’emploi n’est pas garantie.

Par conséquent, il semble bien que la reconduction du décret sur la sécurité de l’emploi soit remise en cause. Renouvelé tous les ans par le président Chavez et son successeur Nicolas Maduro, ce décret protège tant les travailleurs des entreprises privées, que publiques. Les employés et les travailleurs du secteur public, voient également la stabilité de leur emploi remise en question.

Un flou artistique enveloppe aussi l’engagement de mener à son terme, la construction de 100 000 logements (Gran Mision Vivienda Venezuela). Ce projet ayant bénéficié d’un fort volontarisme d’Hugo Chavez et de son successeur, le président Nicolas Maduro.

18. A aucun moment dans ce document, il n’est fait mention du Pouvoir Populaire. Les diverses instances de cogestion en activité à ce jour (les Conseils communaux ; Communes, Comités techniques (de l’eau…) ; les Entreprises de Production sociale (EPS), etc.) sont logées à la même enseigne. De fait, toutes ces formes de propriété mixte instaurées par le gouvernement bolivarien sont sur la sellette. On ne sait pas si elles seront maintenues ou non. Le silence est également fait sur l’avenir que l’on réserve au projet Canaima Educativa (Canamaitas), dont la mise en œuvre a permis aux jeunes vénézuéliens, d’accéder à des millions de logiciels (et ordinateurs portables) mis gratuitement à leur disposition.

19. Dans le document en question, nulle part il n’est fait allusion à la défense et à la promotion des droits des femmes, à l’appui dont devraient continuer à bénéficier les mouvements sociaux, les collectifs de paysans, LGBT (mouvement lesbien, gay, bisexuel et transsexuel), les groupes écologistes, les défenseurs de la cause animale. Qu’en sera-t-il du maintien de la souveraineté acquise en matière de technologie, en ce qui concerne les logiciels libres ? Qu’en sera-t-il enfin, de ces innombrables mouvements qui auront fait l’objet d’un soutien de la part de la Révolution bolivarienne ?

20. Enfin, à lire ce document, personne ne sait ce qu’il adviendra des mandats de ceux/celles qui assument à ce jour une charge élective issues de scrutins populaires, qu’ils soient issus de la démocratie directe (assemblées) ou d’élections à bulletins secrets.

Source : Luigino Bracci, oour Aporrea, traduit par Jean-Marc Del Percio, pour Venezuela Infos, le 18 février 2015.


Venezuela : soutien massif au président Nicolas Maduro

Caracas – Le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) s’est joint ce vendredi à la solidarité populaire avec le président Nicolas Maduro, qui, la veille, a dénoncé un plan de coup d’Etat perpétré contre lui.

L’organisation politique, avec le Grand Pôle Patriotique qui regroupe d’autres mouvements sociaux a soutenu la gestion du président et annoncé dans un communiqué que des mesures pour défendre la Révolution Bolivarienne sont en préparation, rapporte PL.

Pour sa part, le Haut Commandement Militaire du Venezuela s’est déclaré loyal au président constitutionnel Nicolas Maduro et à la Révolution Bolivarienne, selon Telesur.

“Les Forces Armées Nationales réaffirment leur soutien et leur loyauté au président Nicolas Maduro et leur engagement dans la construction du socialisme et la volonté du peuple et avec les postulats du Plan de la Patrie dans la construction du socialisme” a déclaré le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez.

“Face à cette situation, les Forces Armées continues à être unies et condamnent tout acte de barbarie, un pays ne se construit pas avec le violence”, a-t-il confirmé.

Il a signalé que les plans violents, dans le cadre de ce qu’on appelle “l’Opération Jericho”, “ont été neutralisés grâce à la loyauté et à l’intégrité des fonctionnaires du pays.”

Padrino Lopez a affirmé que ceux qui sont impliqués dans les plans de coup d’Etat sont un minuscule groupe et ne représentent pas les Forces Armées Nationales Bolivariennes (FANB).

“Nous nous joignons à la ferme condamnation que sentent les Forces Armées pour la conduite d’un minuscule groupe de militaires qui, poussés par les plus mesquines intentions de secteurs apatrides ont souillé le respect et l’image des institutions pour porter atteinte à la démocratie”.

Le gouverneur de l’état vénézuélien d’Aragua, Tareck El Aissami, a aussi manifesté, au nom de ses homologues bolivariens, son soutien à Maduro qui a condamné la conspiration patronnée depuis les Etats-Unis.

El Aissami a affirmé que Maduro n’est pas seul et peut compter sur le soutien des 20 gouverneurs des 20 états représentants de la Révolution Bolivarienne, pour mener à bien le mandat donné la veille par Maduro leur demandant de sortir dans la rue avec le peuple s’il lui arrivait quelque chose.

De la même façon, le président de l’Assemblée Nationale, Diosdado Cabello, a assuré que toute attaque de ce genre, dans laquelle serait impliquée la droite locale, serait une attaque contre le peuple.

Dans son émission de télévision Con el Mazo Dando, avec le maire de Caracas, Jorge Rodríguez, le leader parlementaire a montré des preuves convaincantes du coup d’Etat qui impliquent Washington et des députés de l’opposition comme Julio Borges et Antonio Ledezma.

Solidarité mondiale avec le Venezuela.

Pendant ce temps, l’UNASUR, le Parlatino et plusieurs leaders de la région se sont prononcés en soutien à la démocratie au Venezuela et au président national Nicolas Maduro face à la tentative de coup d’Etat démantelé dans le pays.

Le secrétaire général de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR), Ernesto Samper, a exprimé ce vendredi le soutien de cet organisme au Gouvernement du président vénézuélien.

Sur son compte Twitter, il a écrit que “des possibilités de coup d’Etat militaire au Venezuela révèlent une escalade préoccupante de la violence contre sa démocratie”.

Il a aussi affirmé que “l’UNASUR réaffirme sa volonté de trouver des chemins démocratiques et pacifiques et réitère son soutien Président Nicolas Maduro”.

Pour sa part, le président de Bolivie, Evo Morales, a exprimé ce vendredi sa solidarité avec la Révolution Bolivarienne et avec Nicolas Maduro, après avoir appris la tentative de coup d’Etat dans son pays, coup d’Etat “qui prétend ne pas respecter la démocratie des peuples”.

Depuis le Palais du Gouvernement, Morales a précisé qu’il y a 2 jours, il a eu une conversation téléphonique avec Maduro qui l’a informé sur des “sujets délicats” et des secteurs qui ne respectent pas la démocratie au pays, la volonté de son peuple, avec une tentative de coup d’Etat.

Le président du Parlatino, Angel Rodríguez, a déclaré à Telesur que cette semaine, ils dénonceront devant le Ministère Public vénézuélien le plan de coup d’Etat pour qu’une enquête soit faite sur les dirigeants de l’opposition Julio Borges et Antonio Ledezma.

Rodríguez a dit qu’avec l’ UNASUR, l’OEA et la CELAC uniront leurs efforts pour faire respecter les institutions.

Il a souligné que bien que le plan putschiste ait échoué à cause de l’intervention des autorités vénézuéliennes, on doit faire une enquête dessus et que “si nous le voyons comme une action isolée, cela n’a pas de sens, c’est la situation délicate qui se révèle”.

Une action dirigée depuis les Etats-Unis.

président vénézuélien, Nicolas Maduro, a annoncé jeudi que son gouvernement a démantelé ce qu’il a qualifié “d’attentat putschiste dirigé depuis les Etats-Unis contre la Constitution et le peuple”.

Le chef de l’Etat, qui a appelé les Vénézuéliens a être en alerte et à préserver la paix face à ces menaces, a révélé lors d’une rencontre avec la jeunesse vénézuélienne que la manoeuvre a été démantelée grâce à un officier loyal qui a dénoncé l’orchestration de l’émeute par des militaires traîtres.

Maduro a insisté pour qualifier cette action “d’attentat putschiste parce qu’elle n’a pas amené de coup d’Etat” en utilisant l’aviation militaire.

Il a remercié les militaires de la patrie et les organes de renseignement et de contre-espionnage parce que “grâce à eux, nous avons pu donner une suite et démanteler complètement cette manoeuvre”.

Deux officiers et deux civils enregistraient la vidéo et un officier nous envoyait l’information sur tout cela, a-t-il révélé, selon PL.

Le président a déploré que parmi les conjurés, tous en prison en ce moment, se trouvait un militaire du nom d’Hernandez à qui il avait pardonné pour une tentative similaire l’année dernière à cause de la bienveillance de la Révolution Bolivarienne “qui nous fait souvent agir avec magnanimité parce que nous sommes chavistes”.

Cet individu a reçu l’ordre, l’argent et le plan des opérations d’importants secteurs politiques, c’était un groupe financé depuis Miami qui enregistrerait une vidéo sur un officier emprisonné et le 13 février, un avion Tucano attaquerait le Palais de Miraflores où le Président participait à une réunion.

Selon Maduro, l’ordre aurait été donné quand les conjurés auraient annoncé un programme de gouvernement de transition conçu par eux sous le nom d’”Appel aux Vénézuéliens à un plan d’action pour la transition” et ensuite, se seraient succédées des actions violentes parmi lesquelles des assassinats ce jeudi à Caracas.

Ils prétendaient prendre un endroit où j’ai été élevé dans l’église de San Pedro, très lié à moi, s’enchaîner aux médias, annoncer un show international et ensuite, au milieu de ce scandale, l’attaque aérienne pour chercher ce qu’ils appellent “la crise parfaite”, a-t-il expliqué.

Source : Granma, traduit par Françoise Lopez, pour http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2015/02/venezuela-soutien-massif-au-president-nicolas-maduro.html>Cuba Si France Provence, le 14 février 2015.


Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État

Alors qu’en 1973 il restait des médias occidentaux pour s’émouvoir du coup d’État perpétré au Chili, ceux d’aujourd’hui scandent à l’unisson : “Président du Venezuela, laisse-toi te renverser ! C’est pour ton bien ! Renonce à défendre le choix des électeurs ! Renonce à la loi, à la Constitution. Si tu arrêtes un putschiste, nous dénoncerons la répression au Venezuela !”. Le bulldozer des news, déjà bien rodé pour créer le personnage Chavez, a été réactivé pour fabriquer le tyran Maduro qui agite au loin un poing brutal pour mieux écraser des foules fanatisées alors que la voix feutrée de l’opposition de droite ou du porte-parole de la Maison Blanche, de face, en plan proche, s’étonne de tant de violence.

Même lors du coup d’État manqué contre Chavez en 2002, jamais on n’avait observé une telle intensité dans le bombardement médiatique pour nous faire accepter la nécessité d’une intervention extérieure, ou d’un coup d’État, sans attendre les élections.

C’est sans doute l’erreur historique, et suicidaire, de la gauche européenne : ne pas avoir démocratisé la propriété des médias, avoir laissé le service public mimétiser “l’information” des grands groupes privés (1). Qu’arriverait-il au journaliste d’un grand média qui parlerait des 40.000 conseils communaux et de conseils du pouvoir citoyen qui apportent la matière grise de nombre de décisions gouvernementales au Venezuela ?

Et le Maduro réel ? Celui que n’isolent pas les téléobjectifs de l’AFP et de Reuters ?

Le jeudi 26 février, lors de la création du nouveau Conseil des personnes handicapées et des personnes âgées (2), il a approuvé les crédits pour octroyer 300 mille pensions de plus, ce qui élève les bénéficiaires de ce droit à trois millions de citoyen(ne)s. Il a confirmé l’octroi de 10.000 allocations de santé pour mieux protéger les personnes âgées. Il a félicité les employés de la nouvelle mission sociale “Foyers de la patrie” qui a visité en une fin de semaine 200 communautés populaires, soit 25 mille familles : “Cette méthodologie nous permet d’arriver directement jusqu’aux familles en évitant les mafias des intermédiaires”.

Avant d’entamer à travers le territoire un nouveau cycle de “gouvernement de rue” (3) Maduro a rappelé l’idée centrale de sa politique : malgré la guerre économique (4) et la chute des prix du pétrole, pas d’austérité mais l’approfondissement d’un État social et participatif. “Comme le dit le maire Rodriguez, on nous agresse parce que nous sommes un gouvernement des pauvres. Il n’y a que dans le socialisme que les ressources sont administrées en fonction de celui ou celle qui en a besoin”. Pendant cette assemblée un gros dossier arrive aux mains de Maduro. Anibal, affecté d’une incapacité de l’ouïe, un des porte-paroles du nouveau conseil national, prend la parole en langage de signes : “Nous sommes 120 porte-paroles venus des 24 états du pays, nous avons travaillé ensemble sur ces propositions”. “C’est pour cela que j’ai créé les conseils de gouvernement populaire, pour que le peuple prenne le pouvoir, pour qu’il assume le pouvoir politique, pour qu’il se convertisse en peuple président” lui répond Maduro. (5)

Le samedi 28 février lors d’une mobilisation populaire contre l’ingérence des États-Unis (photo), le président a poursuivi : “The Wall Street Journal a écrit récemment que l’heure est venue de m’appeler tyran, je réponds : je serais un tyran parce que je ne me laisse pas renverser ? Et si je me laisse renverser, je serais un démocrate ? Le peuple devrait permettre que s’installe un « gouvernement de transition », éliminant la Constitution ? Je ne le permettrai pas et s’il le fallait je me battrai dans la rue avec le peuple et nos forces armées. Nous voulons construire la paix, la stabilité la coexistence, la vie en commun. Que ferait le président Obama si un coup d’État était organisé contre son gouvernement ? Celui qui persiste dans ses activités terroristes, putschistes, celui qui agit hors de la Constitution, sera arrêté pour être jugé même si The Wall Street Journal ou le New York Times m’appellent le tyran, ce n‘est pas la tyrannie, non, c’est tout simplement la loi.”

Durant cette marche qui a parcouru les rues de Caracas, Maduro a signé un décret indemnisant 74 familles de victimes du “Caracazo” (6) : en 1989, après deux jours d’émeutes populaires qui suivirent l’application des mesures néo-libérales exigées par le FMI, le président social-démocrate Carlos Andrés Pérez avait suspendu les garanties constitutionnelles et avait envoyé l’armée “rétablir l’ordre”. En 72 heures, 2000 à 3000 personnes furent assassinées. Maduro a rappelé que cette même austérité de choc fait partie du programme que la droite vénézuélienne avait prévu d’appliquer en cas de succès du coup d’État le 12 février 2015 (7). Jusqu’à l’élection de Hugo Chavez, aucun gouvernement n’avait accepté de reconnaître les fosses communes, les disparitions, et les tortures. Les 74 indemnisations décrétées par Maduro s’ajoutent aux 596 accordées à d’autres familles par le gouvernement bolivarien.

Par ailleurs, le président a annoncé quatre mesures en réponse aux sanctions imposées par les États-Unis en violation du Droit international et dénoncées par l’ensemble des pays latino-américains (8), ainsi qu’aux 168 déclarations officielles émises par l’administration Obama contre le gouvernement bolivarien de 2014 à 2015 :

– L’entrée du territoire vénézuélien est interdite aux fonctionnaires étasuniens complices d’actes terroristes, de violations de droits de l’homme, de crimes de guerre. Parmi ceux-ci l’ex-président George W. Bush, l’ex-vice-président Dick Cheney ; l’ex-directeur de la CIA George Tenet, notamment liés au massacre de centaines de milliers d’irakiens sur la base du mensonge des “armes de destruction massive” et à la création de centres de torture – prisons secrètes en Europe, Abu Ghraib, Guantanamo, etc… « Interdit aussi d’accorder des visas aux citoyens américains qui ont violé les droits humains et ont bombardé des populations civiles « . La décision concerne aussi les congressistes d’extrême droite Bob Menendez, Marco Rubio, Ileana Ross-Lehtinen et Mario Diaz-Balart, proches du réseau terroriste du cubain Posada Carriles qui vit actuellement aux USA sous la protection des autorités.

– Adéquation du nombre de fonctionnaires de l’Ambassade des États-Unis à Caracas. Le gouvernement étasunien y maintient plus de 100 employés alors que seulement 17 fonctionnaires vénézuéliens sont autorisés à travailler à l’ambassade vénézuélienne à Washington. La chancelière Delcy Rodriguez a rappelé que cette faculté de demander l’équilibre du nombre échoit à tout gouvernement en vertu de la Convention de Vienne.

– Réciprocité en matière de visas : “Les citoyens vénézuéliens qui voyagent aux États-Unis doivent payer pour obtenir un visa. A présent, pour rétablir l’égalité de traitement, les étasuniens qui nous visitent, devront obtenir un visa et payer ce que paye un Vénézuélien qui voyage aux États-Unis”.

– “Finies, les réunions des fonctionnaires étasuniens pour conspirer sur notre territoire” : Les responsables de l’ambassade étasunienne à Caracas ont été informés que dorénavant « toute réunion réalisée par eux au Venezuela devra être notifiée et approuvée par le gouvernement du Venezuela » , conformément aux articles 41 et 41.2 de la Convention de Vienne. Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé certains étasuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Dans l’État du Táchira nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations”.

En conclusion de son discours, Maduro a réaffirmé son respect pour le peuple étasunien ainsi que pour la communauté afro-américaine, hispanique et caraïbe souvent victimes des violations de droits de l’homme de la part de leur propre gouvernement, rappelant que ces mesures ne sont pas prises contre eux, mais contre l’élite qui persiste à s’ériger en policier mondial et à refuser de respecter le principe de souveraineté.

Source : Thierry Deronne, pour Venezuela Infos, le 1er mars 2015.


« COURRIER INTERNATIONAL », LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE »

Lorsque la Guerre Froide cèdera la place à l’équilibre multipolaire, les historiens souriront en étudiant la propagande médiatique déployée autour de la démocratie participative la plus avancée de l’Amérique Latine. D’un Paulo Paranagua (Le Monde) écrivant que Chavez avait nui à l’unité latino-américaine au moment précis où l’ensemble des gouvernements, organismes multilatéraux et mouvements sociaux du continent saluaient l’œuvre du principal artisan de l’unité2 , à un François-Xavier Freland expliquant pourquoi des millions de vénézuéliens saluaient la dépouille mortelle du « dictateur » Chavez : « oh vous savez il y a beaucoup de curieux »3 . Sans oublier ce Libération de 2006 où Jean-Hébert Armengaud, actuel rédacteur en chef de Courrier International, coupa et remonta un discours du président bolivarien pour prouver qu’il était antisémite4 .

Cette campagne lancée par le « Guysen Israël News » et relayée par la section argentine du Centre Wiesenthal, fut démontée le 11 janvier 2006 par le site ACRIMED qui révéla le trucage5 . Le président de la Confédération des Associations Juives du Venezuela Fred Pressner expliqua que Chavez n’avait rien d’antisémite, critiquant le Centre Wiesenthal pour sa précipitation et son refus de s’informer auprès de la communauté locale : “Vous avez interféré avec notre statut politique, notre sécurité et notre bien-être en tant que communauté. Vous avez agi unilatéralement, sans nous consulter, sur des thèmes que vous ne connaissez pas et ne comprenez pas6 . Tant l’AJCommittee (Global Jewish Advocacy) que le Congrès Juif Américain appuyèrent le point de vue de la communauté juive du Venezuela pour qui les propos du président bolivarien avaient été totalement manipulés. 119-300x2251Ses autorités se réunirent ensuite avec Chavez pour souligner publiquement d’excellentes relations jamais démenties depuis, comme en témoigne la réunion du président Maduro avec les représentants du Congrès Juif Mondialen novembre 2014 (photo) à New York7 .

Jean-Hébert Armengaud a caché ces faits aux lecteurs et a refusé d’admettre sa faute professionnelle. Il est devenu en 2012 rédacteur en chef de Courrier International, un produit du groupe Le Monde qui recycle des articles puisés dans l’apparente diversité qu’assure l’hégémonie des grands groupes médiatiques internationaux…

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En 2007 cet hebdomadaire publie un article intitulé « Poutine et Chavez, de drôles de démocrates ». Quelques jours avant la tenue d’un référendum sur la constitution au Venezuela, Philippe Thureau-Dangin parle de «coups d’Etat en forme de plébiscites » et parie sur une victoire de Chavez pour l’analyser par avance : « on ne fait plus de coups d’Etat baïonnette au canon ; on se contente de les faire avaliser, tout à fait légalement, par des peuples subjugués ». Hélas pour Courrier International Chavez perd le référendum et félicite aussitôt l’opposition !8 .

Le Venezuela bolivarien a organisé un nombre record de scrutins (19 en 15 ans), reconnus comme légitimes et transparents par les observateurs de l’Union Européenne, de l’Organisation des Etats Américains ou de l’Association des Juristes Latino-américains. “Excès de démocratie” pour l’ex-président du Brésil Lula. Meilleur système électoral du monde selon Jimmy Carter qui a observé 98 élections dans le monde9 . En mai 2011 le rapport de la canadienne Fondation pour l’Avancée de la Démocratie (FDA), qui prend régulièrement le pouls des systèmes politiques, place le système électoral du Venezuela à la première place mondiale pour le respect des normes fondamentales de démocratie et d’équité sociale10 . L’ONG chilienne LatinoBarometro (( http://www.latinobarometro.org/lat.jsp )) soutenue entre autres par le BID (Banque Inter-Américaine de Développement), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l’OEA (Organisation des États Américains), l’états-unien Office of Research et les agences de coopération des gouvernements suédois, norvégiens et canadiens, a établi dans son rapport 2013 que le Venezuela bat tous les records de confiance citoyenne dans la démocratie pour toute l’Amérique Latine (87 %) suivi de l’Équateur (62 %) et du Mexique (21 %). Pour Latinobarometro, “le Venezuela est le pays où on observe la plus grande différence entre ce que pensent ses citoyens de leur démocratie et l’image qui circule dans la communauté internationale”.

Le 10 février 2015, dès qu’éclate le scandale de la fraude fiscale organisée par HSBC pour ses clients, Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC »11 , laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer. L’objectif de Sabine Grandadam est transparent : surfer sur le scandale HSBC pour créer l’image d’une révolution corrompue. De fait, grâce à la convergence croissante des médias commerciaux et des médias sociaux, le buzz s’opère :twitterOr, la seule référence à l’Etat sur la liste vénézuélienne de Falciani concerne laBanque du Trésor qui en 2005 avait ouvert trois comptes à HSBC et une quinzaine d’autres dans des banques étrangères. Il ne s’agit ni de comptes individuels, ni de comptes secrets ni d’une fraude avec comptes codés et société-écrans offshore. Les noms qui apparaissent sont ceux des fonctionnaires qui ont effectué les signatures administratives et l’information n’évoque pas d’irrégularités.

Ce ne fut pas la seule fois que l’Etat Vénézuélien déposa une partie de ses fonds dans des banques suisses pour défendre ses intérêts. En février 2008, en pleine bataille légale contre la plus grande compagnie pétrolière états-unienne, ce fut pour protéger une partie de ses revenus pétroliers d’un possible embargo de la part d’Exxon Mobil que le gouvernement bolivarien les transféra dans des banques suisses (en 2014 le tribunal trancha en faveur du Venezuela.) Trois ans plus tard, en 2011, le président Chavez annonça le rapatriement des réserves d’or du pays, qui se montaient à 11 milliards de dollars et se trouvaient dans des banques d’Angleterre, du Canada, de France et des Etats-Unis. Il décida aussi de transférer les fonds des réserves et du Trésor vénézuélien à des pays membres des BRICS comme la Chine, la Russie et le Brésil, face à de possibles « sanctions » de la part des Etats-Unis.

Ces faits ultérieurs éclairent la relation de l’Etat vénézuélien avec la banque privée internationale mais n’ont aucun intérêt pour Sabine Grandadam puisque son objectif est simplement d’associer « révolution bolivarienne » à « corruption ». C’est aussi pourquoi elle reste muette sur les 99% de la liste « Venezuela » de Falciani12 : 178 noms et 115 adresses de clients vénézuéliens possédant des comptes individuels à HSBC. On n’y trouve pas de dirigeants politiques de la révolution, ni le président Maduro ou sa famille, mais pas mal de membres du secteur privé, notamment des médias ou de PDVSA (compagnie pétrolière) avant sa récupération par le gouvernement. C’est plutôt une surprise quand on sait que la vulgate médiatique au Venezuela comme sur le plan international est de dénoncer « la corruption des chavistes ».

Bien sûr, un journaliste doué d’un minimum de conformisme n’a qu’à se baisser pour traduire les titres dont les grands groupes médiatiques usent pour faire campagne contre le socialisme bolivarien. Chacun est libre d’ajouter sa pierre aux milliers d’attaques subies par le Venezuela depuis qu’une démocratie de gauche y restitue les droits sociaux et politiques a une majorité d’exclus, et consciemment ou non, de renforcer l’environnement médiatique nécessaire aux coups d’Etat comme celui que le Venezuela vient de déjouer. Il est libre d’occulter à ses lecteurs l’ingérence états-unienne dénoncée par l’ensemble des gouvernements latino-américains13 , et de se refuser à effectuer le moindre reportage sur seize ans d’avancées sociales. Bref, libre d’ignorer la Charte du « Monde » : « 1/ Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ; (..) 9/ Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste14 . »

Source : Thierry Deronne, pour Venezuela Infos, le 18 février 2015.

  1.  « Notre ami Danilo Anderson assassiné à Caracas », « La CIA derrière l’assassinat de Danilo Anderson ? », par Marcelo Larrea, Réseau Voltaire, 19 novembre et 1er décembre 2004. “FBI and CIA identified as helping Plan Venezuelan Prosecutor’s Murder”, by Alessandro Parma, Voltaire Network, 11 November 2005.
  2. « L’Amérique Latine et les Caraïbes saluent le principal artisan de l’unité continentale » par Maurice Lemoine,https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/12/lamerique-latine-et-les-caraibes-saluent-le-principal-acteur-de-lunite-continentale-par-maurice-lemoine/
  3. Ibidem
  4. http://www.liberation.fr/monde/2006/01/09/le-credo-antisemite-de-hugo-chavez_25785
  5. http://www.acrimed.org/article2241.html
  6. « Venezuela’s Jews Defend Leftist President in Flap Over Remarks« ,http://forward.com/articles/1874/venezuelaes-jews-defend-leftist-president-in-fla/
  7. http://www.rnv.gob.ve/index.php/president-maduro-met-with-world-jewish-congress
  8. Lire l’article de Maxime Vivas : http://www.legrandsoir.info/courrier-international-degaine-plus-vite-que-son-ombre-et-nous-donne-le-ton.html
  9. http://venezuelanalysis.com/print/7272
  10. http://democracychange.com/
  11. http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/10/swissleaks-la-revolution-bolivarienne-confiait-son-argent-a-hsbc
  12. Lisible ici : http://offshoreleaks.icij.org/
  13. Lire « L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC) »,https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/05/lamerique-latine-serre-les-rangs-autour-du-venezuela-les-etats-unis-isoles-avec-declaration-integrale-du-sommet-de-la-celac/
  14. « Charte de déontologie des journalistes du Monde »,http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/11/03/la-charte-d-ethique-et-de-deontologie-du-groupe-le-monde_1434737_3236.html#zWswVzEmDBPYubsI.99

Source: http://www.les-crises.fr/venezuela-22-les-medias-alternatifs-contredisent-le-mainstream-comme-dhabitude/