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[Russophobie] JO 2016 : le vice-consul de Russie a-t-il abattu un homme en plein Rio ?

Thursday 11 August 2016 at 01:00

Un peu de russophobie délirante, c’est tellement drôle…

Avec du beau “journalisme du XXIe siècle”

Source : Le Nouvel Obs, Solène de Parquier, 05-08-2016

85.000 policiers et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques de Rio, 4 août 2016. (Jewel SAMAD / AFP)

85.000 policiers et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques de Rio, 4 août 2016. (Jewel SAMAD / AFP)

La police brésilienne affirme qu’un homme se présentant comme le vice-consul de Russie a tué son assaillant lors d’une agression à Rio. Moscou dément.

C’est décidément une ambiance tendue qui plane sur les Jeux Olympiques de Rio, à quelques heures seulement de la cérémonie d’ouverture. Selon la police brésilienne, le vice-consul de Russie à Rio aurait tué un homme qui a tenté de l’agresser. L’ambassade russe dément et assure que cet homme n’est pas son employé.

Le rapport de la police…

C’est le site du quotidien populaire “Extra” qui a rapporté le premier l’information, confirmée ensuite par la police à l’AFP : “Selon le département des homicides de Rio de Janeiro, le viceconsul de Russie a réagi à une attaque à main armée”. Jeudi 4 août au soir, un homme roule en voiture avec sa famille sur l’avenue des Amériques, dans le quartier de de Barra da Tijuca où se trouvent le parc et le village olympique de Rio. Selon le site “Extra”, il s’agit de Marcus Cezar Feres Braga, un avocat brésilien dont le porte-feuille indique qu’il est vice-consul de Russie.

C’est alors que deux motards tentent d’approcher la BMW que l’homme conduit. L’un d’eux brise une vitre puis braque une arme sur le conducteur pour l’obliger à s’arrêter. Mais ce Brésilien de 60 ans, qui pratique le jiu-jitsu (un sport de combat asiatique), résiste. “Le viceconsul est entré dans une lutte corporelle avec son assaillant, et durant la lutte, l’arme de l’agresseur a effectué plusieurs tirs” dont l’un s’est avéré mortel pour le voleur “qui a succombé à ses blessures”, explique la police de Rio.

L’assaillant qui est mort dans l’agression est originaire de São Paulo mais la police n’a pas encore révélé son identité. Elle enquête sur la localisation du second assaillant. Selon la police, la victime de l’agression se trouvait avec sa femme et sa fille dans la voiture mais aucun d’eux n’a subi de blessures.

Le consul général de Russie à Rio, Vladimir Tokmakov, a cependant nié l’information. Vendredi, un communiqué de l’ambassade à Brasilia affirme “qu’aucun représentant du consulat général de Rio de Janeiro n’a été impliqué dans une tentative d’attaque provoquant la mort du suspect“. L’ambassade ajoute que tous les employés diplomatiques sont des citoyens russes “avec des noms russes” alors que l’homme de 60 ans victime de l’agression est Brésilien.

Quoi qu’il en soit, cette agression, qui a mal tourné pour l’assaillant, assombrit un peu plus le tableau de ces Jeux Olympiques et renvoie au scénario initialement prévu pour la cérémonie d’ouverture. Les organisateurs avaient en effet imaginé une fausse agression du mannequin brésilien Gisele Bündchen par un délinquant, une scène courante à Rio. Face au tollé provoqué, il est probable que ce passage soit retiré de la chorégraphie.

Le Brésil a prévu un dispositif sécuritaire de 85.000 policiers et militaires pour assurer la sécurité des 10.500 athlètes et des 500.000 visiteurs étrangers attendus à Rio pour les JO. Mais cela ne semble pas entièrement suffisant pour faire face à la violence endémique qui touche la capitale.

Solène de Larquier

Source : Le Nouvel ObsSolène de Parquier, 05-08-2016

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Cet article figurait en Une :

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Et a été le plus partagé :

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Avec de beaux commentaires :

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Donc résumons-nous, juste avec l’article :

Donc le gars est à l’évidence un affabulateur / escroc brésilien !!!

Mais ce n’est grave, on peut mettre “consul de Russie” et “meurtrier” dans le même titre, c’est bon !

Le reste de la presse internationale n’a pas été en reste – avec un peu plus de clarté :

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un “diplomate russe” (mais c’est un article sorti avant le démenti)

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“un faux diplomate russe” (sic !!!)

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“un faux diplomate russe” (sic !!!)

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“l’homme a présenté une fausse carte du consulat russe”

Et qui a rédigé ce bijou ?

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OK, on a donc la Une de l’Obs rédigé par une journaliste stagiaire de 2 mois d’ancienneté – tout va bien !

Le tout pour un simple fait divers quotidien sans intérêt au Brésil, entre Brésiliens…

Alors bon, je propose que la presse mainstream n’hésite pas à dire du mal de moi en employant le mot “prétendument vice-consul des États-Unis” – merci d’avance…

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Source: http://www.les-crises.fr/russophobie-jo-2016-le-vice-consul-de-russie-a-t-il-abattu-un-homme-en-plein-rio/


Brexit : shame on you, Boris ! Par Le Monde

Thursday 11 August 2016 at 00:20

Un bien bel édito du Monde, que je garde pour archive sur le Brexit…

Source : Le Monde, 01.07.2016

Boris Johnson, à Londres le 30 juin. TOBY MELVILLE / REUTERS

Boris Johnson, à Londres le 30 juin. TOBY MELVILLE / REUTERS

Editorial du « Monde ». Le 23 juin, une majorité de Britanniques – 52 % – a rendu un verdict clair et net : le Royaume-Uni doit sortir de l’Union européenne(UE). On peut le regretter. On peut penser que la campagne en faveur du Brexit restera comme un sommet dans les annales du mensonge en politique. Mais on ne peut pas en contester le résultat : « out », en bon anglais, ça veut bien dire« dehors ». Pas si simple, pourtant, quand la vie politique nationale est devenue une sorte de comédie à l’italienne, transposition contemporaine du Comme il vous plaira shakespearien et de sa célèbre réplique : « Le monde entier est un théâtre. »

Ces 52 % n’auraient sans doute pas été atteints si la campagne n’avait été animée par un des plus brillants bateleurs de la classe politique, l’ex-maire de Londres Boris Johnson. Député conservateur, esprit vif, familier des affaires européennes, libéral en économie comme en politique, proche socialement de David Cameron, le premier ministre, M. Johnson a été le leader des partisans du Brexit. Il a mené cette campagne de concert avec Michael Gove, ministre de la justice et idéologue du Brexit. Mais « Boris » ne s’attendait sans doute pas à gagner.

Un « brexiter » mou

L’initiative du référendum revient au premier ministre et chef du Parti conservateur (tory), David Cameron. Au lieu de combattre franchement les fantasmes de la fraction europhobe de sa majorité, M. Cameron a cherché à l’apaiser en organisant ce scrutin. Il s’attendait à gagner, lui, sans trop d’efforts. Las, il a mené une mauvaise campagne en faveur du maintien de son pays dans l’UE et il a perdu. Loin d’avoir unifié son parti, il l’a divisé. Il ne voulait pas quitter l’Europe, il y est contraint. Il en a tiré les conséquences : il a démissionné.

En bonne logique démocratique, conformément aux vœux de la majorité du 23 juin, le prochain chef des tories doit appartenir au camp des « brexiters », puisqu’il lui reviendra de mettre en œuvre le choix du peuple britannique. Logiquement, donc, M. Johnson était l’un des favoris, sinon le favori, dans la course à la direction du parti et à Downing Street. Seulement voilà, au pied du mur, jeudi 30 juin, dans un climat de grand tumulte politique et économique, il a calé et retiré sa candidature.

Il a été trahi par son frère en Brexit, M. Gove, qui a décidé de se présenter lui-même et de chiper à l’ex-maire de Londres une partie du soutien politique dont il avait besoin.

M. Gove accuse M. Johnson d’être un « brexiter » mou. Il est vrai que Boris Johnson, dans un tardif accès de franchise, a reconnu, dès le 27 juin, qu’il serait impossible de tenir les promesses de la campagne. Il a semblé disposé à des concessions – notamment sur l’immigration, thème central des « brexiters » – pour que le pays reste dans le marché unique et continue à être étroitement associé à l’UE. Un peu comme s’il avait enfin pris la mesure de l’énormité du Brexit et de ses conséquences.

Ce n’est pas glorieux. M. Johnson a 52 ans, pas 13. Il a joué un rôle éminent dans la percée du Brexit, qui est une affaire des plus sérieuses. Comme le dit le Guardian, « Boris » a semé la pagaille et ne veut pas s’en occuper. Shame on you, Boris ! L’épisode va favoriser la candidature de la ministre de l’intérieur, Theresa May. Eurosceptique mais opposée au Brexit, elle pourrait avoir à le mettre en pratique. On pardonnera aux électeurs si leur confiance dans le système politique ressort affaiblie de ce mélodrame des bords de la Tamise.

Source : Le Monde, 01.07.2016

Source: http://www.les-crises.fr/brexit-shame-on-you-boris-par-le-monde/


[Hallucinant] Hollande donne la légion d’honneur au Financial Times pour sa propagande européiste !

Wednesday 10 August 2016 at 02:20

Le scandale du mois – et même pas vu dans nos médias !

Normal, vu qu’il montre le tabou de la collusion Journalistes / Pouvoir… 🙂

À diffuser largement svp…

P.S. ENTRAIDE : sur cette thématique de la légion d’honneur, j’aimerais trouver quelqu’un ayant un peu de temps et capables de faire quelques recherches simples sur Internet (sur des décorés) pour m’aider – merci de me contacter

I. La légion de déshonneur [l’article du Daily Mail]

Légion de Dés-Honneur : le rédacteur en chef du Financial Times reçoit la plus haute distinction française… pour avoir dénigré la Grande-Bretagne

Par Jack Doyle du Daily Mail

Publié le 8 août 2016

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Le rédacteur en chef du Financial Times est en lice pour obtenir la plus haute distinction française – en reconnaissance de son inlassable couverture pro-UE dans le journal.

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Lionel Barber

Lionel Barber a révélé hier qu’il recevrait la Légion d’Honneur via un tweet montrant une copie de la lettre provenant de l’ambassade de France, lui notifiant la date de sa remise.

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Le tweet, apparemment envoyé à un ami mais posté publiquement par erreur, a été supprimé peu de temps après.

La lettre énonce que le rang de Chevalier est offert à M. Barber, la plus basse des cinq classes que composent la Légion d’Honneur, en reconnaissance de son « rôle positif dans le débat européen. »

La reine devra donner son autorisation à M. Barber pour qu’il puisse recevoir cet honneur accordé par le président socialiste français François Hollande.

La proposition d’honorer M. Barber a été demandée par le ministre français des Affaires Etrangères Jean-Marc Ayrault. Le nom du journaliste aurait été mis en avant par l’ambassadeur français à Londres.

La nuit dernière, des députés britanniques eurosceptiques ont suggéré que cette récompense était accordée en remerciement de la couverture médiatique du Financial Times durant la période précédant le référendum historique de juin ; couverture en faveur d’analyses pessimistes sur l’avenir britannique à partir du moment où une majorité d’électeurs soutenait le Brexit.

Le député conservateur Jacob Rees-Mogg a dit que M. Barber devrait refuser une distinction « promouvant les intérêts d’un gouvernement étranger. »

Il a également mis en évidence le fait que la Reine devrait apprécier la récompense de M. Barber en fonction des lois établies durant le règne de la Reine Elizabeth Ier – laquelle aurait déclaré : « Mes chiens ne devraient pas porter le collier des autres. »

Rees-Mogg rapporta au Mail : « Je serais surpris que la Reine donne son accord pour qu’il l’accepte, et encore moins pour qu’il la porte. »

« Il ne me semble pas que les conditions normales soient remplies pour accepter une distinction d’une puissance étrangère, comme pour un service militaire par exemple. »

« Il semblerait qu’elle soit donnée en faveur d’une aide à une puissance étrangère pour atteindre ses objectifs de politique étrangère. »

Le député conservateur Philip Davies a comparé la situation à celle des distinctions discréditées de David Cameron par les partisans du « Remain ». [Référence à cet article, NdT]

« C’est une bonne chose de voir d’autres pays décerner des distinctions pour avoir perdu un référendum, » a-t-il dit.

 

 

« Si on lui donne la Légion d’Honneur pour avoir perdu le référendum, alors on peut imaginer qu’on l’aurait fait Président si le « Remain » l’avait emporté. »

Le député UKIP Douglas Carswell a accusé M. Barber d’être le fer de lance de la campagne de la « Continuité du Remain » [visant à ce que le Royaume-Uni reste finalement dans l’UE, NdT].

« Quoi que vous pensiez du Financial Times, ils n’ont pas vraiment été objectifs dans leur couverture médiatique. C’est extraordinaire de voir le nombre de commentateurs qui ont non seulement flatté les puissants mais qui ont aussi accepté leur baratin, » dit-il.

« C’est comme si cette récompense pour M. Barber était non seulement due à ses articles très favorables au projet européen peu avant le référendum, mais aussi à son rôle de fer de lance pour la campagne de « Continuité du Remain » par la suite.

« On peut dire que le Financial Times – qui a soutenu la politique des prix et des salaires des années 70, l’entrée de la Grande Bretagne dans le Mécanisme de Taux de Change dans les années 80, puis l’Euro dans les années 90 – a été constamment dans l’erreur. »

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Barber a, semble-t-il, voulu envoyer un message privé à un ami via Twitter.

Dans son tweet, il a ajouté « Bonjour LW, je voulais te faire partager ceci – confidentiellement car ce ne serait pas une bonne publicité pour le Royaume-Uni en ce moment. »

La lettre, visible dans son tweet, semble avoir été écrite par Sylvie Bermann, ambassadrice de France à Londres.

La lettre dit : « Cher Lionel, je suis heureuse de vous informer qu’à la demande du Ministère des Affaires Etrangères et de l’ambassade, le Président français vous nomme au rang de Chevalier de l’Ordre National de La Légion d’Honneur, par décret du 6 Juillet 2016. »

« À travers cette récompense, la France souhaite reconnaître votre remarquable carrière, votre contribution à un journalisme de haute qualité et au rôle positif joué par le Financial Times dans le débat européen. »

« Si vous l’acceptez, j’aurai le plaisir de vous remettre l’insigne de Chevalier au cours d’une cérémonie à la Résidence Française à Londres à la date qui vous conviendra. »

Le Financial Times est vu comme la voix de la City à Londres mais il s’est attiré les foudres pour avoir soutenu la campagne du Remain [Rester dans l’UE, NdT] et, après que le pays a voté le Leave [Sortir de l’UE, NdT], les critiques l’ont accusé de dénigrer l’économie britannique.

Le jour du référendum, le journal a averti que quitter l’Union Européenne aurait des conséquences néfastes « aussi bien pour le Royaume-Uni que pour l’Occident. »

Après le vote du Brexit, le journal a soutenu que la Grande-Bretagne s’était « elle-même mise à l’écart, » « nonchalamment aventurée dans un nouveau monde empli de risques » et qu’elle allait voir « sa place dans le monde amoindrie. »

Le Financial Times a été racheté par la société japonaise Nikkei l’année dernière pour 844 millions de livres.

La vente de la version papier du journal est en baisse de 6% sur un an. Sur les 198 396 exemplaires vendus dans un jour normal du mois de mai, seuls 60 928 sont vendus au Royaume-Uni, selon les derniers chiffres du « Audit Bureau of Circulations ».

Seulement 29 789 exemplaires ont été achetés au tarif plein par des consommateurs britanniques (prix de vente : 2,70£), le reste des ventes provenant d’abonnements (lecteurs et entreprises), ainsi que de ventes en gros, par exemple à des compagnies aériennes et à des hôtels.

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Un arriviste de compétition et expert du name-dropping [Donner des noms de gens connus, NdT]

Un des héros de Lionel Barber est feu Sir David Frost, un intervieweur qui est devenu aussi connu que les sujets qu’il traitait.

Titan du journalisme télévisuel, il était très fier, selon Barber, que son nom apparaisse en premier dans le titre du film basé sur ses interviews de l’ancien président des États-Unis, Frost/Nixon.

Le rédacteur en chef du Financial Times, âgé de 61 ans, se voit peut-être lui aussi comme l’égal des personnalités influentes qui honorent les pages rose saumon du journal.

Il a régalé ses lecteurs l’an dernier en racontant sa rencontre, sous les flashs des photographes, du premier ministre chinois, Li Keqiang, qui l’avait accueilli « comme un vieil ami », dans le palais de l’Assemblée du Peuple à Pékin, une rencontre qui a été diffusée dans un programme « regardé par 135 millions de personnes ». Ce n’est effectivement pas tous les jours qu’un chef d’État a la chance de rencontrer Lionel Barber.

Un tel « frisson d’impatience » avant de rencontrer une « figure historique » était dans l’air quand l’ancien Président de l’Iran, Rafsanjani s’assit avec le haut responsable du Financial Times en 2013.

Lors d’un évènement avec l’ancien entraîneur de Manchester United, Sir Alex Ferguson, Barber – un fan des Spurs – dit aux lecteurs qu’ils étaient liés par leur amour mutuel des plus grands crus et des biographies de présidents américains, « particulièrement l’hommage en 4 tomes de Lyndon Johnson par Robert Caro ».

Inspirant le respect pour son esprit aiguisé plutôt que pour sa grande compassion au quartier général du Financial Times à Southwark Bridge, l’érudit Barber est célèbre pour être toujours parfaitement vêtu. Avec sa silhouette mince, qui fait plus jeune que ses 61 ans, on le voit invariablement dans des costumes sur mesure coûteux et parfaitement taillés.

Un jour, il fit une critique d’une paire de sneakers Globe Trotter à 175£, des chaussures en cuir souple pour l’intérieur ainsi qu’une paire en plastique à porter à l’extérieur, comme des galoches.

« C’est un arriviste de compétition, » déclara une connaissance. « Il a réellement un intellect aiguisé mais il est également très vaniteux. »

Les initiés disent que son souhait d’entretenir ses amis influents l’a amené à faire des erreurs, dont une était d’avoir décerné le prix de la Personnalité de l’année 2009 du Financial Times à Lloyd Blankfein, le directeur général de Goldman Sachs. Cette récompense, venant au moment où la crise financière était à son apogée et quand Goldman Sachs était critiqué pour sa participation à la débâcle, a donné lieu à des critiques accusant le journal de vivre dans un « monde parallèle ».

Barber commença sa carrière au Scotsman en 1978 et joignit le Financial Times en 1986.

Pressenti pour être rédacteur en chef en 2001, il n’obtint pas le poste et passa quatre ans aux États-Unis avant un retour triomphant à Londres.

Barber vit avec sa femme Victoria, une avocate, dans une maison à 1,9 million de livres à Dulwich [ville du Grand Londres, NdT]. Le couple a deux enfants.

Après plus d’une décennie à la tête du Financial Times – maintenant détenu par Nikkei au Japon  – il est l’objectif d’un important buzz de spéculations sur le rôle important qu’il pourrait occuper prochainement.

En accordant un hommage aussi extraordinaire pour le soutien sans limites de son journal à l’UE, ce sont en fait les Français qui se sont distingués…

Source : Daily Mail, le 08/08/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

II. Le Financial Times durant le Brexit

Exemples choisis :

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Une du Financial Times, 24 juin 2016, jour du Brexit

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Une du Financial Times, 27 juin 2016

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Sélection de titres du Financial Times, durant la campagne du Brexit

 

III. Précisions

En fait, la lettre a bien été signée par Sylvie Bermann, notre ambassadrice à Londres, comme on le voit sur une autre lettre de 2015 pour un soldat de la 2e guerre mondiale :

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Paul Salvaire est bien son chef de cabinet :

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IV. La couverture médias

 

L’affaire Lionel Barber est bien présente dans la presse anglaise (voir le Guardian par exemple) dès le 8 aout :

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Mais, si on trouve des articles dans Google Actualités Monde… :

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… on note que le 10 aout à 01h00, AUCUN journal français n’en parle :

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Ce qui est ballot, car cela a même intéressé les journaux polonais

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V. Lettre ouverte à notre ambassadrice à Londres

Du coup, je me suis permis d’écrire à notre Ambassadrice à Londres :

Olivier Berruyer

www.les-crises.fr

Le 9 août 2016

                                                          À Mme L’Ambassadeur

sylvie.bermann@diplomatie.gouv.fr

copie : paul.salvaire@diplomatie.gouv.fr

Votre Très Haute Excellence,

Je viens de lire avec affliction les articles de la presse anglaise consacrés à la supposée remise de la Légion d’honneur à Monsieur Lionel Barber, rédacteur en chef du Financial Times depuis 2005.

Je pense en particulier à l’article du Daily Mail d’hier, sur une double page titrée « La légion de déshonneur » :

http://www.dailymail.co.uk/news/article-3729545/You-know-LOST-FT-editor-Lionel-Barber-tries-secretly-French-gong-anti-Brexit-campaign-reveal-TWITTER.html

https://pbs.twimg.com/media/CpaA5CSWAAAwY7-.jpg

Le journal présente une copie d’une lettre apparemment signée par vous, commençant par « Dear Lionel » et indiquant que cette remise serait « en reconnaissance de sa remarquable carrière, de sa contribution au journalisme de haute-qualité (sic.), et du rôle positif du Financial Times dans le débat européen » :

http://i.dailymail.co.uk/i/pix/2016/08/08/14/3700661A00000578-0-image-a-42_1470662506911.jpg

Je m’étonne donc, en tant que blogueur (700 000 visites / mois), de cette situation consternante, qui nuit, une fois de plus, gravement à l’image de la France.

Les Légions d’honneur attribuées aux étrangers non-résidents n’étant apparemment pas publiées au JO, je souhaiterais donc savoir si la lettre est bien authentique.

En effet, je compte écrire un billet sur ce sujet – le «  journalisme de haute-qualité » français n’ayant toujours pas pris la peine à cette heure d’informer le public.

Je me demandais également si vous pourriez m’indiquer :

Dans l’attente d’une réponse, je vous prie d’agréer, votre Très Haute Excellence, l’assurance de mes salutations distinguées de citoyen-contribuable.

Olivier Berruyer

P.S. Je me permets de rendre publique cette lettre vu l’affront public fait au pays.

VI. Action !

Pour ceux qui le veulent, je vous incite donc à donner respectueusement (vous risquez des poursuites sinon pour rappel) votre opinion :

À vous de jouer !  🙂

Source: http://www.les-crises.fr/hallucinant-hollande-donne-la-legion-dhonneur-au-financial-times-pour-sa-propagande-europeiste/


Pourquoi je ne suis pas altermondialiste. Éloge de l’antimondialisation, par André Bellon

Wednesday 10 August 2016 at 01:43

Source : Le Canard Républicain, André Bellon, 18-01-2011

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« Les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. » Gustave Flaubert

Je ne suis pas alter-mondialiste ; et pourtant, je suis solidaire des centaines de milliers de manifestants qui s’expriment pour un autre monde dans les rues des mégapoles où survit une humanité de plus en plus paupérisée, soumise, méprisée ; je suis un parmi ces centaines de milliers de militants des forums sociaux locaux ou mondiaux comme un parmi ces millions d’hommes qui ont défilé dans les capitales du monde contre la folie guerrière des États-Unis. Ces défilés sont une réponse au discours révérencieux tenu depuis plusieurs décennies par les prêcheurs qui monopolisent l’expression publique, à l’enthousiasme parfois délirant [1] de la classe dirigeante vis-à-vis de la mondialisation. Ils sont une réaction à cet environnement oppressant que nous apportent, depuis des années, les principaux médias ; tournons, par exemple, au hasard, les pages de The Economist, cet hebdomadaire si politiquement correct : « Comment vous adaptez-vous à l’économie globalisée ? » ; « Pendant que beaucoup parlent de l’idée de village planétaire, nous le construisons [2]… ».

Cette unanimité est d’autant plus extraordinaire qu’on sait depuis longtemps que les processus d’uniformisation économique sont aussi générateurs d’inégalités. Privés des instruments de politique économique que sont le déficit budgétaire, voire la monnaie, les pays englobés dans la mondialisation voient l’ajustement se faire par l’inflation ou par le chômage. Dans tous les pays, la mondialisation met à mal les conditions de vie d’une partie d’autant plus importante de la société que le pays est plus pauvre. En atteignant des catégories de plus en plus larges, elle détruit les structures sociales sans les remplacer par une organisation viable de la société.

On ne peut donc que se réjouir de voir nombre de commentateurs ou de responsables politiques sortir, telle la Belle au bois dormant, de leur torpeur iréniste, et soudain forcés de constater que la mondialisation n’est pas heureuse pour tout le monde. Quelle satisfaction de voir le doute enfin s’installer quant aux conséquences humaines et sociales du développement capitaliste sans contraintes, d’avoir enfin le droit de dire que l’expansion commerciale ne s’accompagne pas systématiquement de « mœurs douces », contrairement à ce que ratiocinent les gardiens du « village planétaire », utilisant une pensée de Montesquieu qui leur sert de bréviaire !

L’expansion commerciale avait pourtant toujours eu son revers, depuis la traite des esclaves jusqu’à l’explosion des marchés d’armes ; mais elle a aussi toujours eu ses admirateurs zélés ; ce sont eux qui, dans les dernières décennies, ont occupé le haut du pavé, verrouillé l’expression publique contre toute nuance envers le nouveau dogme. De Raymond Barre à Margaret Thatcher en passant par Jacques Delors et Tony Blair, une seule politique était possible : elle devait passer par la mondialisation et par le développement des échanges commerciaux ; elle devait s’appuyer sur des organes internationaux chargés de vérifier le bon fonctionnement du libre échange, cette nouvelle panacée, de sanctionner les contrevenants, de châtier les hors-la-loi du nouvel ordre. Les peuples assistaient sans pouvoir dire grand-chose à ce raz de marée qui détruisait à la fois les nations et les acquis sociaux au nom du bonheur universel ; de temps en temps même, les puissances mondiales décrétaient, au nom du droit et de la démocratie, des interventions militaires qui rappelaient fâcheusement les canonnières d’antan. Mais, même si le citoyen moyen soupçonnait qu’on lui racontait une fois de plus des histoires afin de justifier juridiquement l’utilisation de la force pour des buts économiques et idéologiques, chacun finissait par s’en accommoder tant il paraissait impossible de faire autrement. La mondialisation était à la fois la nouvelle organisation de la planète et l’expression du génie de l’Occident. La critiquer, c’était attaquer un ordre de paix et de développement en même temps que la civilisation occidentale. Certains, parmi les nouveaux dirigeants du monde, s’octroyaient même le monopole du cœur en s’appropriant le principe de solidarité dont ils définissaient eux-mêmes les règles et les instruments, présentant toute autre option comme un mélange d’archaïsme, d’irresponsabilité, voire de terrorisme.

Ce fut même, dans ce contexte, une satisfaction de voir l’intervention militaire préparée par les États-Unis contre l’Irak à coup de mensonges et dans un déferlement violent de propagande, mobiliser contre elle l’hostilité des foules occidentales en dépit du personnage repoussant de Saddam Hussein alors que, depuis la chute du mur de Berlin, toute intervention américaine était, dans l’ensemble, perçue sous l’étendard de la prospérité et de la démocratie ; il existait donc encore une liberté de pensée, un esprit critique, une capacité à s’opposer dans cette société normalisée !

Cela étant, je ne regarde pas cette évolution sans incertitude ; on a trop souvent, par le passé, sous-estimé l’extraordinaire capacité du capitalisme à récupérer toute contestation, voire à la détourner à son avantage ; et les oppositions au monde que nous vivons sont composites, marquées par des aspects conformistes autant que par des pulsions révolutionnaires, par le prêche moraliste autant que par l’action, par l’attrait du changement autant que par la peur des innovations, par la continuité sociale autant que par le bouleversement de la société, par le goût de l’affrontement autant que par les attitudes non violentes.

Il est bon de rassembler ceux qui aspirent à un autre monde, ceux qui s’opposent aux forces du capitalisme sans contraintes et du libéralisme le plus inégalitaire qui dominent la planète. Critiquer la droite s’impose comme une évidence ; mais à trop rassembler, on s’engage souvent dans l’inappréhendable.

Il faut rappeler l’attitude de la gauche au pouvoir en France dans les années 80-90 pour faire comprendre à quel point la volonté d’être soutenu par le plus grand nombre aboutit soit à des messages fades, soit à de la démagogie plus ou moins hypocrite ; il faut, pour le comprendre, se remémorer la gauche officielle déversant, durant des années, des discours émouvants et lyriques en faveur des opprimés alors qu’elle menait une politique favorable aux intérêts financiers les plus importants. C’est pourquoi on ne peut écouter sans circonspection, dans le débat politique, les offensives menées contre la mondialisation du libéralisme sauvage ou contre les dégâts qu’entraînent les systèmes totalement soumis à la logique financière. Ces critiques ne sont-elles pas souvent, elles aussi, porteuses de la mondialisation ? Ne peuvent-elles pas être souvent, en effet, interprétées comme expliquant que, si la mondialisation libérale n’était pas sauvage ou si la finance était un peu plus encadrée, on pourrait parfaitement s’accommoder de la mondialisation, même libérale ? Le vocabulaire des gauches de pouvoir dans les pays occidentaux reste ambigu, même dans leurs combats ; bien plus, il se veut convenable, cherchant à être acceptable par ceux qu’on appelle pudiquement les modérés : le capitalisme n’y est plus jamais évoqué ; l’internationalisme n’est plus cité qu’en filigrane ; la construction européenne qui s’y est substituée est présentée, par principe, comme un projet de paix et de bonheur dont il suffirait de pallier quelques conséquences néfastes. Mais on ignore dans les faits, tout en s’en plaignant dans les discours, la dégradation de la situation sociale qu’entraîne la restructuration du monde ; on feint d’oublier que l’internationalisme était aussi un combat collectif pour l’amélioration de la situation des exploités. Bref, devant la mondialisation, leur attitude rappelle ceux que stigmatisaient autrefois Bossuet lorsqu’il s’écriait : « Ils feignent de s’affliger des conséquences tout en s’accommodant des causes. »

Bien sûr, la masse de ceux qui militent pour un autre monde rejette ces attitudes politiciennes largement déconsidérées de nos jours ; ils sont essentiellement mus par de nobles motifs : nous voulons un autre monde ; un autre monde est certes possible ; c’est d’ailleurs, aujourd’hui, une nécessité d’autant plus forte que nombre de problèmes sont apparus qui ne peuvent être résolus au niveau d’un État particulier quel qu’il soit ; ainsi en est-il de la pollution, de la prolifération nucléaire, de la maîtrise de nouvelles technologies, de la sécurité…

Cela étant, une évolution sémantique a eu lieu qui n’est pas, tant s’en faut, une question de détail ; elle est, au contraire, lourde de sens : le 21 juillet 2002, le journal Le Monde titrait encore « Un an après, le retour des anti-mondialistes à Gênes » ; puis soudain, dans les éditoriaux, les anti-mondialistes sont devenus alter-mondialistes. Ce changement est passé presque inaperçu ; la transformation de terminologie, adoptée par le plus grand nombre, s’est imposée sans qu’on s’interroge vraiment : pas du tout anodine, en a-t-on mesuré tout le sens et toutes les conséquences ?

Le choix des mots et des concepts est fondamental dans l’histoire humaine. George Orwell l’avait parfaitement compris lorsque, dans sa description du totalitarisme absolu [3], il montrait « comment rendre impossible le crime par la pensée grâce à l’abolition de la référentialité et de l’Histoire (…..), au contrôle de la mémoire, individuelle et collective, à l’imposition d’une langue, la novlangue (…), créant ainsi une véritable dystopie [4] de la communication [5] ».

Ne transigeons donc pas sur les mots. Pour ma part, je me définis comme anti-mondialiste. Cette vérité s’est imposée à moi comme un évidence au sortir d’un parcours personnel long, chaotique, parfois contradictoire ; comme toute une génération, j’ai vécu dans un pays longtemps dominé politiquement par le Parti socialiste de François Mitterrand ; comme beaucoup de citoyens de gauche, j’y suis passé et je dirai, au bout de ce chemin discutable, que c’était vraisemblablement une erreur qu’il fallait commettre. C’est au travers des difficultés et des erreurs qu’on découvre souvent le chemin qu’on doit prendre.

Je suis anti-mondialiste. Non par un goût ou une attirance particulière pour le passé : je sais, en effet, que des forces archaïques, en particulier d’extrême droite, combattent aussi la mondialisation ; je sais que leurs valeurs, en particulier leur vision étriquée et excluante de la nation, sont opposées aux miennes, qu’elles sont profondément réactionnaires. Mais je sais aussi que la mondialisation est déjà un concept dépassé, que les grandes luttes qu’elle a suscitées contre elle ne sont que les prémices de sa remise en cause. Je suis anti-mondialiste parce que je crois que la période qui s’ouvre demande aux hommes de retrouver une identité politique, loin de ces magmas idéologiques sans signification concrète qui leur sont imposés pour mieux pervertir leur pensée ; parce que je crois que la revitalisation de la politique, attribut essentiel de l’homme libre et donc du citoyen, et le retour de l’humanisme passent par le combat contre le concept même de mondialisation.

Bien évidemment, dans le cadre institutionnel du monde qui nous environne, devant les contraintes érigées justement par le système mondialisé, les anti-mondialistes mus par les principes humanistes n’ont pas de représentation politique ; ils en ont d’autant moins que le combat contre la mondialisation se retrouve dans des camps très divers, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, et que, donc, sa lisibilité est rendue très difficile ; doit-on pour autant se positionner, histoire de faire plus respectable, ou, naïvement, dans un souci d’efficacité, dans un autre camp tout aussi ambigu en dépit des apparences ? Les partis officiels, en se contorsionnant un peu et en jouant sur l’ambiguïté de l’« alter », peuvent se dire alter-mondialistes. Dans l’embrouillamini général de l’échiquier politique, il n’y aura aucune efficacité sans clarté totale ; il ne faut pas hésiter à développer des analyses et à proclamer des principes sans se soucier de l’attitude des autres. On ne lève pas les ambiguïtés en en créant d’autres et il n’y a pas d’ambiguïtés plus acceptables que d’autres.

Réaffirmer les valeurs humanistes, c’est refuser de se situer d’entrée de jeu dans les présupposés, dans les contraintes d’une conception mondialiste que cherche à imposer, sous des formes diverses, l’idéologie dominante ; c’est se comporter en homme libre. Ce concept vieillot est pourtant la pierre angulaire de toute contestation idéologique sérieuse. En plagiant Spinoza, on déclare que la liberté est la réalisation de soi, rendue possible par la raison. Elle est une réalité concrète qui s’exprime dans des actions réfléchies. La conduite de l’homme libre est donc tout à fait autonome. L’homme libre est à la fois l’acteur et le modèle de la philosophie humaniste, cette philosophie qui, comme le disait Jean-Paul Sartre, « prend l’homme pour fin et comme valeur supérieure ». Aujourd’hui, alors que l’idée même d’homme libre est redevenue suspecte, vouloir réaffirmer l’humanisme, face à une mondialisation présentée comme fatale au-delà de ses formes diverses, c’est avant tout réaffirmer l’autonomie de l’individu ; or, c’est justement être anti-mondialiste.

Au demeurant, pourquoi l’aspiration à un autre monde devrait-elle se référer à un autre mondialisme ? Il n’y a qu’un mondialisme connu, celui construit par le capitalisme à son niveau actuel de développement. Avant toute quête d’un monde différent, il importe de refuser clairement ce processus, ses présupposés, les forces qui le construisent et le dominent. Car la mondialisation n’est au fond qu’une représentation idéologique du monde dont le seul fondement historique véritable est le rôle et la fonction des intérêts économiques et financiers dominants ; ce n’est que pour légitimer cette construction politique que ses thuriféraires en cherchent la justification dans le développement considérable et universel de la technologie. Or, des bouleversements scientifiques et techniques d’une telle ampleur ont déjà eu lieu dans l’Histoire ; et les constructions politiques que l’humanité a faites en réponse ne furent pas toujours les mêmes. Le monde entier considéré comme le seul espace pertinent pour l’action politique est certainement intéressant pour le capitalisme dans sa phase de délocalisation permanente ou pour certains opérateurs financiers ; l’est-il autant pour le citoyen de base ?

Car il reste que, grâce à cette évolution de la pensée, le monde, dans son intégralité, est perçu comme le seul terrain possible de la transformation sociale ; conclusion d’autant plus perverse que cet espace total, par nature peu maîtrisable, ne se prête pas à l’organisation du combat social et que les capitalistes y ont toujours été gagnants. J’ai souvenir d’une réunion où quelques hommes d’affaires sentimentalement portés à une nostalgie envers la nation française évoquaient ce qu’ils appellent le souverainisme quand soudain l’un d’entre eux s’écria : « Oui, mais il ne faudrait pas que le souverainisme nous ramène le mouvement social ! »

L’idéologie de la mondialisation n’est pas apparue par hasard. Elle est le résultat du combat philosophique qui a été mené avec constance et application contre la pensée dite « moderne », c’est-à-dire contre le rationalisme et les grands philosophes des Lumières, contre une pensée historiquement libératrice. Les attaques des philosophes dits post-modernes ont conduit à critiquer l’humanisme, à rejeter la raison, à donner un sens péjoratif à la notion de nation, au nom des horreurs du 20è siècle, oubliant que c’est la disparition de l’humanisme, le déni de la raison et le dévoiement de la nation dans le nationalisme qui avaient conduit à ces dérives ; elles aboutissent, ces attaques, à dénier à l’homme sa capacité de contestation fondamentale.

Il y a quelque temps, un philosophe avait choisi pour thème de conférence « L’intelligence l’emportera-t-elle sur la bêtise ? » ; il posait, à sa manière, la même interrogation philosophique. Car le pari de l’intelligence, c’est celui de la confiance dans l’humanité ; c’est le droit laissé à chaque homme de faire sa propre analyse ; ce n’est pas parce qu’un individu ne peut expliquer ses refus ou ses aspirations que ses refus ou ses aspirations doivent être condamnés. Face à un système qui tente de tout imposer, de tout réglementer, de tout contrôler, il y a là une véritable gageure. Il n’empêche : vouloir un autre monde, c’est donc d’abord accepter et vouloir l’homme comme un être libre et comme un citoyen.

L’idéologie de la mondialisation libérale cherche, par ailleurs, sa pseudo-légitimation historique dans l’histoire chaotique et les échecs de la gauche depuis un siècle, qu’il s’agisse de la dérive caricaturale du communisme soviétique ou des facilités de son frère ennemi, le « nouveau » socialisme moderne dont l’histoire reste à faire. « Vous voyez bien, disent les thuriféraires du libéralisme, que toute autre voie conduit soit à des impasses, soit à reconnaître le bien-fondé de nos valeurs ».

L’aspiration à un autre monde impose de répondre à ces attaques ; d’abord en regardant d’un œil critique l’histoire de la gauche ; ensuite en travaillant sur la définition des axes de la transformation sociale et des espaces dans lesquels il est possible et efficace d’agir pour ce changement dans un univers que le capitalisme a généré en ce début de 21è siècle.

La question n’est d’ailleurs pas neuve dans l’histoire de la gauche ; sous d’autres formes, il y a plus de cent cinquante ans, dans les tout débuts du mouvement ouvrier, le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels déclarait : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. » Au-delà de toute exégèse, remarquons le lien établi entre la transformation sociale, la prise de pouvoir politique et l’importance accordée à l’existence d’une communauté politique.

Alors que le processus de mondialisation conduit à un espace apolitique, comment poser la question sociale et celle de l’organisation de la société sans remettre en cause la nature même de ce processus ? S’il est juste de dire que le combat pour l’humanité est par nature universel, cela ne donne de force qu’aux principes éthiques sur lesquels doivent se fonder les luttes sociales, mais ne définit pas le caractère, la place, le champ d’action pour un autre monde, ni l’articulation entre les différents niveaux.

On peut certes craindre, à trop clarifier les enjeux, d’être trop minoritaire, trop isolé ; mais il faut craindre surtout, à vouloir trop rassembler, de ne plus ressembler à rien ; comme le dit Alessandro Barrico : « Il y a toujours une portion d’humanité qui n’est pas d’accord, qui se révolte contre l’inertie avec laquelle la majorité adopte les slogans que quelqu’un d’autre leur a inventés ; ce sont les rebelles [6] ».

Sans cultiver le mythe des rebelles, reconnaissons leur utilité dans cette phase de désarroi. Leur faire place n’est pas faire table rase du passé ; ce serait le meilleur cadeau à offrir aux forces qui construisent et dominent aujourd’hui le processus de mondialisation. Le rôle de la rébellion est à la fois plus simple et plus fondamental ; il est de redonner confiance dans le refus. Il est de certifier la liberté de l’homme. Lorsque, dans le roman 1984 d’Orwell, O’Brien torture Winston pour lui faire abjurer cette vérité en soi qui postule que 2 plus 2 font 4, il montre à quel point il s’agit de l’affirmation d’une liberté, d’une question politique. Il laisse entendre qu’il existe un lieu où l’individu peut l’emporter sur le mensonge de l’idéologie officielle [7]. Ce lieu perdurera-t-il ? C’est une question fondamentale, car seule son existence permet à l’individu d’exprimer ses refus.

Le refus est, en effet, un des attributs fondamentaux du citoyen ; il est et reste un des fondements de la démocratie et de la république : en son article 2, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’affirme-t-elle pas que l’un des « droits naturels et imprescriptibles de l’homme est la résistance à l’oppression » ?

La suite est à consulter dans le livre Pourquoi je ne suis pas altermondialiste. Éloge de l’antimondialisation par André Bellon, Éditions Mille et une nuits, 2004.

 

[1Voir Alain Minc, Le Monde, 17 Août 2001 : « La mondialisation heureuse ».

[2The Economist, Novembre 1999.

[3George Orwell, 1984, Gallimard, Folio, 1990.

[4Sorte d’utopie noire où l’objectif de société idéale est pris à contre-pied.

[5Voir Yves Breton, Grandeur et décadence-Le développement dans tous ses états, Éditions L’Interligne, 2002.

[6Alessandro Barrico, Petit livre sur la globalisation et le monde à venir, Albin Michel, 2002.

[7Voir Yves Breton, ib.

Source : Le Canard Républicain, André Bellon, 18-01-2011

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-je-ne-suis-pas-altermondialiste-eloge-de-lantimondialisation-par-andre-bellon/


Miscellanées du Mercredi (ScienceEtonnante)

Wednesday 10 August 2016 at 00:32

1. ScienceEtonnante

Les ondes gravitationnelles — À chaud ! #1























Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

















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Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-scienceetonnante/


UE delenda est, par Jacques Sapir

Tuesday 9 August 2016 at 01:16

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 13-07-2016

Jusqu’où l’Union européenne pourra-t-elle aller trop loin ? Cette question s’impose alors que montent les oppositions populaires, qu’elles s’expriment dans des votes (comme lors de l’élection présidentielle en Autriche) ou dans un référendum (comme en Grande-Bretagne), mais que montent aussi les raison objectives d’être écoeuré par la politique de l’Union (comme avec les « sanctions » prises contre l’Espagne et le Portugal) comme par les comportements de ses dirigeants ou anciens dirigeants. Le cas de José-Manuel Barroso est encore frais dans les mémoires, mais il est loin d’être le seul et il y aurait bien à dire sur le comportement de Jean-Claude Juncker. En quelques semaines, alors que l’UE est prise entre le « BREXIT » et la crise des banques italiennes, on a eu droit au catalogue complet des pathologies européistes.

Mais, cette question s’impose aussi, et peut-être surtout, quand on considère les pratiques collectives qui se tissent autour de l’UE, qu’il s’agisse de l’absence totale de transparence (dans le cas des négociations du TAFTA), de la volonté de faire passer un autre traité (comme le CETA avec le Canada), ou qu’il s’agisse de l’absence évidente de respect de la règle démocratique. Si l’Union européenne est aujourd’hui haï par une large partie des peuples qu’elle est censée unir, cela ne tient ni aux « eurosceptiques », ni a des accidents, mais cela traduit un véritable bilan politique. L’UE n’apporte, depuis plus de 15 ans que malheurs et misères aux peuples qui la composent. Il est significatif, à cet égard, que l’UE soit mise en cause dans de nombreux pays, de la Hongrie au Pays-Bas en passant par la Pologne. Il est aussi significatif qu’en dépit des pressions multiples exercées sur eux, des pays comme la Suisse ou l’Islande aient décidé de renoncer à toute perspective d’adhésion.

Un échec économique

L’Union européenne paye en premier lieu une politique économique entièrement soumise au néo-libéralisme et dont le seul objectif semble bien devoir être la destruction définitive des institutions de l’État social qui s’était mis en place dans les pays d’Europe occidentale à la suite de la deuxième guerre mondiale. Cette politique économique se masque derrière divers fétiches, de la volonté de « sauver la zone Euro », à celle de résoudre la « crise des dettes publiques ». Mais, elle plonge les pays qui s’y soumettent dans une dépression sans retour, une chute de l’investissement dramatique, un démantèlement des services publics au nom de la sacro-sainte « concurrence ».

Ces crises ont de graves conséquences sociales, directes, comme la montée du chômage, et particulièrement celui des jeunes dans les pays d’Europe du Sud, ou indirectes avec la montée des régionalismes. Ces crises à répétition entre les pays, les dresse les uns contre les autres, et menace la coopération européenne. Par dessus tout, l’Euro constitue un danger pour l’état d’esprit européen, tel qu’il s’était développé depuis le traité franco-allemand de 1963 et jusqu’à la chute du mur de Berlin. Ce sombre constat est partagé par de nombreux économistes. Qu’il s’agisse de Lord Mervyn King, l’ancien gouverneur de la Bank of England ou Banque centrale du Royaume-Uni, qui vient de publier un livre[1] où il étrille l’Euro, ou de Joseph Stiglitz qui publie lui aussi un livre entièrement consacré au risque que l’Euro fait peser sur l’Union européenne[2]. Avec le traité sur la coopération et la gouvernance, le TSCG, que François Hollande fit ratifier en septembre 2012, c’est la maîtrise du budget, élément essentiel de notre souveraineté, qui est en passe d’être retiré aux élus de la Nation. Les politiciens organisent ainsi leur propre impuissance pour fuir leurs responsabilités et, quand ils l’ont fait, partent pantoufler à Bruxelles, à l’instar de Pierre Moscovici, en attendant de se faire recruter par une grande banque d’affaires américaine.

Un échec politique

Nous sommes aujourd’hui dans une impasse, et de ce fait nous sommes condamnés à la crise. Ne pouvant plus ajuster la politique monétaire aux besoins de l’économie, le gouvernement découvre qu’il doit se plier à des règles strictes dans le domaine budgétaire et fiscal. Si un pouvoir extérieur fixe désormais la politique monétaire, il faudra à terme que le même pouvoir fixe les règles budgétaires et fiscales. . Si le processus budgétaire échappe au contrôle du gouvernement il en va de même pour le processus fiscal. Or, le fondement de TOUTE démocratie réside dans le fait que la représentation du peuple, le parlement, doit avoir – et lui seul – le dernier mot en matière de budget et d’impôt. L’Euro, alors, détruit lentement les vieilles nations au sein desquelles s’était construite et consolidé la démocratie et menace désormais d’un retour en arrière au monde d’avant 1789.

La question de la compatibilité entre l’Euro et un système démocratique se pose donc. Cette monnaie a imposé à la France de céder sa souveraineté monétaire à une institution non élue, la Banque centrale européenne. Ce processus avait déjà commencé dans la période antérieure (de 1993 à 1999) avec l’établissement d’un statut d’indépendance de la Banque de France. Mais il ne faisait sens qu’en raison de la mise en place à venir de l’Euro. L’indépendance des Banques centrales résultant du processus de sa mise en. Or, ce qu’implique ce premier abandon de souveraineté est encore plus important que cet abandon lui-même. Une fois que vous avez laissé à d’autres le choix de la politique monétaire, vous devez admettre que ces « autres » vont déterminer par leurs actions les règles budgétaires que vous devrez suivre. Mais, cette question de la compatibilité avec le système démocratique, elle est désormais posée par le fonctionnement même de l’Union européenne. Si l’on en veut une preuve, rappelons cette citation de Monsieur Jean-Claude Juncker, le successeur de l’ineffable Barroso à la tête de la commission européenne : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Mais il ne faisait ici qu’imiter le dit Barroso, dont les talents renardiers sont indiscutables[3]. Ce divorce entre élite et peuple trouve une de ses justifications dans le délitement de la souveraineté nationale qui marche de concert avec le délitement de la démocratie. Certes, des élections se tiennent régulièrement en France. Mais, ont-elles encore un pouvoir de changer la politique, voire de changer l’élite dirigeante ? On peut en douter. Ce délitement de la souveraineté nationale s’est mis en place avec le traité de Maastricht. Il s’est amplifié par petit pas. Victor Hugo le disait déjà[4], et comme en son temps on peut écrire que l’on «nous retire petit à petit tout ce que nos quarante ans de révolution nous avaient acquis de droits et de franchises.(…) Le lion n’a pas les mœurs du renard [5]».

Une crise de la démocratie

C’est la cause de la crise de la démocratie que nous subissons. Elle se manifeste d’abord par une abstention importante lors des différents scrutins. Cela se manifeste aussi par un repli vers différentes communautés et la montée du « communautarisme ». Les Français, se sentant désormais de moins en moins citoyens, et ce d’autant plus que l’on a de cesse de galvauder ce mot dans des emplois ridicules qui sont autant de contresens, se replient sur ce qui semble leur offrir une protection : communautés religieuses, communautés d’origines…Ce faisant ils se précipitent en réalité vers la guerre civile. C’est bien là la critique la plus radicale que l’on puisse faire à l’Euro et à l’Union européenne : celle de déchirer de manière décisive le tissu social et de dresser, à terme, les Français les uns contre les autres. Il n’est dans la logique de l’Euro d’autre avenir que celui décrit par Hobbes : la guerre de tous contre tous. Mais, soyons sûrs que cette guerre ne sera pas sans profits pour certains.

L’Euro a entraîné les économies des pays membres de la zone dans une logique de divergence de plus en plus forte. Cette logique a conduit à des plans d’austérité de plus en plus violents, qui exaspèrent les populations et qui dressent celles des pays ayant moins de problèmes contre celles des pays qui en souffrent le plus. Loin d’être un facteur d’unité et de solidarité, l’Euro entraîne le déchaînement des égoïsmes des uns et des autres et la montée des tensions politiques.

La fin de l’UE

Ce qui est donc étonnant n’est pas l’hostilité contre l’Union européenne, mais que cette dernière s’exprime sous des formes aussi policées, comme avec regret. Ce que l’on peut d’ailleurs comprendre. L’idée de la construction européenne, même si elle fut largement utopique, reste une belle idée. Mais, l’Union européenne n’est pas l’Europe. Elle n’est qu’une des formes possibles, et aujourd’hui une forme hideuse, que prend la construction institutionnelle en Europe. Le besoin de coopération entre les nations européennes est évident. Mais il faut convenir aujourd’hui que l’UE est plutôt un obstacle à cette coopération. Le besoin de coopération s’exprime dans une demande politique ; à cela l’UE ne répond que par une anti-politique : le marché unique. Il nous faut aujourd’hui retrouver le sens profond de la construction européenne, et pour cela répondre à cette demande politique par des solutions politiques. Il ne faut pas se voiler la face. L’Euro a contaminé l’Union européenne. Il serait bon que, profitant du choc provoqué par une dissolution de l’Euro (qu’elle soit contrôlée ou non), on puisse remettre à plat un certain nombre de problèmes, et en particulier les règles du « marché unique » ou les procédures de négociation qui sont aujourd’hui en cours autour du « grand marché transatlantique ». Ceci impose qu’un gouvernement qui se fixerait comme objectif de sortir de l’Euro ait aussi des idées précises sur ce que pourrait être la coopération entre pays européens, mais aussi entre les pays européens et le reste du monde.

Cela ne pourra passer que par cette Communauté des Nations Européennes, une communauté qui sera nécessairement ouverte à la Russie, et qui devra remplacer cette Union européenne aujourd’hui agonisante. Pour cela, il faudra écrire un nouveau traité, remplaçant l’ensemble des traités existants et les frappant par là même de caducité. C’est à cette tâche qu’il faut aujourd’hui s’atteler.

[1] King, Mervyn A., The End Of Alchemy: Money, Banking And The Future Of The Global Economy, Londres, Little, Brown, 2016.

[2] Stiglitz Joseph E., The Euro: And its Threat to the Future of Europe, New Yok, Allen Lane, 31 mai 2016.

[3] Barroso J-M., Speech by President Barroso: « Global Europe, from the Atlantic to the Pacific », Speech 14/352, discours prononcé à l’université de Stanford, 1er mai 2014.

[4] Voir sa plaidoirie devant le TRIBUNAL DE COMMERCE, lors du « PROCES DE MONSIEUR VICTOR HUGO CONTRE LE THEÂTRE-FRANCAIS, ET ACTION EN GARANTIE DU THEÂTRE-FRANCAIS CONTRE LE MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS » en 1832.

[5]http://librairie.immateriel.fr/fr/read_book/9782824701387/chap_0035

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 13-07-2016

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Barroso, un scandale révélateur

Source : Russeurope, JacquesSapir, 11-07-2016

Monsieur Barroso s’est fait embaucher par Goldman-Sachs, et cela a fait scandale[1]. Certains ont trouvé étonnant que l’ancien responsable de la Commission européenne aille se vendre à une banque d’affaires américaine[2]. Ce qui peut susciter l’étonnement est plutôt leur étonnement. Car, les relations incestueuses des grands responsables européens avec les grandes banques d’affaires ne datent pas de hier, ni d’avant-hier. De fait, qu’il s’agisse de Mario Monti, ancien responsable de la Commission et ancien Premier-ministre italien, de Mario Draghi, ci-devant Président de la Banque Centrale Européenne, de Lucas Papademos, nombreux sont les dirigeants qui ont été élevés dans l’écurie Goldman Sachs ou qui retournent dans le giron de cette banque. Plutôt que de se scandaliser, avec retard et sans grands effets, il eut mieux fallu empêcher cela, et considérer que – si l’Union européenne doit être indépendante de la finance américaine – un mur d’airain devait être dressé entre ces mondes. Mais peut-être, en vérité, ne l’a-t-on pas voulu. Peut-être bien que l’Union européenne est simplement un instrument de la « haute finance » américaine. D’ailleurs, n’est-ce pas cette même Goldman Sachs qui avait aidé le gouvernement grec à maquiller ses comptes en 2001, et ce au su et au vu de Bruxelles ? Si telle est la vérité, alors il n’y a pas de quoi se scandaliser de l’attitude d’un Barroso aujourd’hui et d’un autre, pourquoi pas Moscovici, demain. L’indignation de certains, comme l’éditorialiste du journal Le Monde[3], est donc mal placée. Il faudrait réfléchir à ce qu’a été depuis 15 ans l’UE pour les peuples européens. Mais que voulez-vous, et pour plagier feu le regretté Jacques Brel, « chez ces gens là, Monsieur, on ne pense pas, on compte.. »[4].

Il est cependant intéressant de lire ce que dit, et ce que pense, Juan-Manuel Barroso. Le discours qu’il prononça au début du printemps 2014 en Californie, à l’université de Stanford[5] est, à cet égard, parfaitement exemplaire de l’imaginaire du personnage, et avec ce dernier de nombreux parmi les dirigeants européens. On a eu tendance à railler son manque (évident) de charisme. C’est oublier que le charisme n’est une qualité indispensable que dans un univers où les décisions sont prises par des dirigeants identifiables et (si possible…) élus. Mais, quand la décision est prise par une bureaucratie anonyme, cette qualité s’avère en réalité un défaut. Barroso est donc très représentatif et en un sens exemplaire de l’idéologie de l’Union européenne. Au-delà, dans ce discours sont exprimées une série de notion d’une importance toute particulière.

L’imaginaire d’un rentier.

La première idée importante, et qui est exprimée sous l’aspect anodin d’une simple constatation, d’une « évidence », est celle d’un monde complètement dominé par les différents marchés. Cette métaphore n’est pas sans intérêt. C’est celle d’un monde sans aspérité, une « terre plate »[6]. On est donc dans un monde uni-dimensionnel qui ne connaît pas de géographie, comme il ne connaît pas d’histoire. C’est en fait l’image même qui est utilisée dans les versions les plus caricaturales de la théorie néoclassique en économie.

La Théorie de l’équilibre général a été constituée par un coup de force théorique de la part de Léon Walras, qui postula que l’on pouvait considérer l’économie comme un ensemble de marchés interdépendants à l’exception de toute autre situation[7]. Par ailleurs, la base même du raisonnement néoclassique repose sur la capacité pour les agents d’attribuer des valeurs monétaires à la totalité de leur environnement. Mais, dans le même temps, la monnaie est considérée comme parfaitement neutre dans l’économie néoclassique et elle est évacuée de la discussion par le biais de la Loi de Walras[8]. Or, un échange monétaire n’est pas assimilable à du troc pour une raison essentielle: l’existence d’une asymétrie d’information entre le producteur-vendeur et l’acheteur. L’évaluation monétaire de la valeur du bien est réputée limiter le problème d’asymétrie[9]. Dans un travail aujourd’hui relativement ancien, mais qui reste sous certains égards inégalé, J.M. Grandmont apporte des arguments qui remettent sérieusement en cause cette perspective[10]. Il montre en particulier que le refus de prendre en compte la possibilité d’états de déséquilibre stable, refus justifié au nom de l’effet de richesse[11], implique soit une forme directe d’état stationnaire soit un ajustement instantané et entièrement prévisible. Ceci conduit à exclure toute situation d’incertitude du domaine de l’économie[12]. Même dans une situation de prix parfaitement flexibles, un équilibre n’est pas obtenu. Il faut cependant ajouter que la position de Grandmont reste fermement situé au sein d’un univers qui serait complètement probabilisable[13].

La neutralité de la monnaie, hypothèse centrale de la TEG, est donc loin d’être cohérente. Elle est de plus incompatible avec le principe de dichotomie (soit les prix relatifs se forment dans le secteur réel et sont insensibles aux variations monétaires) si l’on raisonne avec des effets d’encaisses réelles et sous la Loi de Walras. La neutralité de la monnaie ne résiste pas à l’introduction d’hypothèses même moyennement réalistes quant au comportement des agents. Ce qui pourtant convainquit des économistes à se tourner vers cette approche fut son caractère totalisant. Pour la première fois on disposait d’un système à la fois global et cohérent d’explication de l’économie, où cette dernière n’avait d’autre référence qu’elle-même[14]. Tout ce qui constituait des aspérités du monde réel, l’existence d’organisations, de Nations, de classes sociales, disparaissait. Il ne restait plus que l’économie comme ordre suprême, dans un mécanisme ou elle s’auto-définit elle même. C’est exactement cette vision, il faut bien dire délirante, que reprend Juan-Manuel Barroso. Délirante, certes, mais qui permet de justifier la politique de la BCE et surtout l’ouverture à la dérégulation financière de l’UE. Tiens donc, comme c’est curieux…Car, les apôtres de cette dérégulation financière furent sans conteste les économistes de Goldman Sachs.

La rencontre des contraires

Cette vision, en réalité, c’est la vision du rentier, comme l’avait montré, dès le début du XXème siècle, Nicolas Boukharine[15]. En ce sens, un certain le marxisme, même s’il se présente comme une critique de l’économie politique classique, entretient des liens importants avec la tradition qui émerge au XVIIIème siècle. Et, dans cette tradition, la démarche de Walras occupe une place importante à la fin du XIXe siècle. De fait, un certain marxisme, qui oublie l’histoire, la géographie, et tout ce qui fait la complexité des sociétés humaines, se retrouve de concert avec la pensée de Léon Walras pour défendre une vision mathématique et unidimensionnelle des sociétés. Ce marxisme, aussi réducteur que le sont les pratiques des Jivaros sur les têtes de leurs ennemis, c’est l’idéologie dans laquelle a baigné le jeune Barroso quant il eut des faiblesses pour un mouvement maoïste portugais, le MRPP. Il est donc moins étonnant qu’il pourrait paraître qu’il se soit rallié à cette idéologie, et il faut bien le dire aux gras émolument qu’elle peut engendrer quand on a les bons contacts. Le jeune Barroso défendait la dictature du prolétariat ; celui qui entre à Goldman Sachs après avoir sévi en Europe a abandonné le prolétariat, mais conservé la dictature.

On peut demander quelles sont donc l’économie et la société que nous décrivent les diverses variantes de la Théorie de l’Équilibre Général de Léon Walras. En effet, le « réalisme » n’est pas, on l’a vu, le point fort de cette théorie. Non au sens d’un rapport étroit à la réalité, que l’on n’a pas à attendre d’une théorie, mais à travers la construction de concepts et d’idéaux-types dont il est facile de montrer qu’ils n’entretiennent que des rapports des plus ténus avec le monde réel. Pourtant, ce sont les possibilités de généralisation que cette théorie offre qui ont constitué ses atouts les plus forts. Ils permettent de comprendre comment celle-ci a pu se constituer en “théorie standard” en économie[16]. En un sens, le succès de cette théorie est une victoire de la forme sur le fond. On comprend alors son pouvoir de fascination sur les économistes, pouvoir qui fut renforcé par l’élaboration d’une formulation moderne de son axiomatique par Arrow et Debreu[17]. Pourtant, à travers l’exploration des différentes dimensions de cette théorie, le mécanisme de coordination, le rapport au temps, et les hypothèses sur la nature des flux et des acteurs, se dévoile son incapacité à penser réellement la décentralisation, c’est-à-dire le fait que des actions qui font sens pour la société sont initiées de manières séparées et indépendantes. Il y a ici un paradoxe fondamental de la science économique contemporaine, qu’il est illusoire espérer dépasser à travers une surenchère dans la formalisation mathématique[18].

Ceci renvoie aux legs d’une tradition mécaniste qui a lourdement pesé sur les fondateurs, y compris A. Smith, de l’économie politique moderne, mais dont les aspects néfastes n’ont véritablement éclaté qu’avec la constitution de la TEG en “théorie standard”[19].

La Théorie de l’Equilibre Général émerge comme la position naturelle de la majorité des économistes. Chalmers Johnson, grand spécialiste de l’économie japonaise, a ajouté perfidement que la proportion des économistes américains couronnés par ce prix était corrélative au déclin de l’économie américaine[20]. Sous cette pointe polémique se cache un problème bien réel. La force de la de cette théorie tient tout autant de sa capacité socialement normative liée à sa prégnance dans les institutions académiques qu’à sa capacité à répondre ou à intégrer les critiques qui lui sont faites. Confrontée à de nouveaux débats, dont par exemple celui sur l’organisation, la Théorie de l’Equilibre Général perd progressivement sa cohérence[21]. Ce processus accélère ses tendances latentes à se transformer en un pur discours normatif, au détriment de ses fonctions descriptives, prédictives ou interrogatives. On assiste alors à la constitution de la cette théorie économique en une orthodoxie au sens religieux du terme, avec tous les raidissements idéologiques et politiques que cela implique. Ce glissement du champ de la spéculation scientifique à celui du contrôle idéologique, au sens d’une tentative de normer les représentations de la réalité, est certainement l’indice le plus sur que la Théorie de l’Equilibre Général s’est transformée en une simple idéologie et n’a désormais plus rien de scientifique. Et c’est cela qui intéresse les banques, et Goldman Sachs au premier lieu. Barroso, et ses semblables, apparaissent idéalement placés pour faire entrer de gré ou de force, et plus par la force que par le bon gré, la réalité dans le moule qui convient le mieux aux activités financières.

Une soumission sans faille à la mondialisation.

La mondialisation est alors présentée par Barroso dans son discours de Stanford comme un « contexte » mais non comme un objectif. Mais alors d’où vient ce contexte ? Existerait-il des « forces » surhumaines qui seraient en mesure de façonner le monde ne nous laissant plus à nous, pauvres humains, qu’une simple tache d’adaptation ? Que signifie donc cette « naturalisation » de l’Histoire ?

La mondialisation a été porteuse de bien des passions, souvent contradictoires. Elle a été adulée par les uns, tout comme elle fut, et elle reste, vilipendée par les autres. Elle a eu ses thuriféraires comme ses opposants acharnés. Le monde a connu bien des épisodes de flux et de reflux dans les liens économiques, et financiers. Rien de plus normal que l’on assiste à un certain retour au cadre national. Il est en effet clair que la mondialisation n’est plus « soutenable ». Elle commence à poser des problèmes, qu’ils soient sociaux, écologiques ou mêmes politiques[22], tout à fait dramatiques dans nombre de régions du globe. La mondialisation s’est avérée incapable d’aider les pays en voie de développement[23], en dehors de ceux qui ont maintenu des politiques nationales très développées[24]. Bien loin d’avoir promu l’intérêt général ou l’intérêt des plus pauvres[25], elle a été au contraire un moyen pour « tirer l’échelle » sur laquelle voulait monter les pays en développement[26]. Il n’en reste pas moins que la question de la raison de la mondialisation est posée. Elle a été une puissante arme dans les mains des dominants pour tenter de reprendre tout ce qu’ils avaient concédé des années 1950 aux années 1970. La mondialisation a conduit à de profondes régressions sociales dans les pays développés. De ce point de vue, elle apparaît comme une politique qui « appauvrit les pauvres des pays riches et enrichit les riches des pays pauvres »[27].

Pour atteindre ses buts, il fallait cependant la présenter comme un processus naturel, et il fallait mettre en scène les différentes figures de l’impuissance de l’Etat. Le passage progressif à la mondialisation a ainsi permis de faire passer, dans les principaux pays européens, les mesures destinées à faire baisser, en termes relatifs ou absolus, les salaires et surtout les salaires d’ouvriers. Ceci a été présenté comme le produit d’une évidence, d’une sorte de « loi de la nature ». Il n’y avait pourtant rien de « naturel » à cela. Les transformations du cadre d’insertion international sont bien le produit de politiques, et ces politiques sont en réalité menées par les Etats. Mais, par l’illusion d’une « contrainte extérieure » s’appliquant hors de toute politique, et cela même alors qu’elle en est le produit direct, ce discours a produit un mécanisme progressif d’acceptation des mesures qui étaient ainsi préconisées. On perçoit mieux maintenant ce à quoi tend le discours de personnes comme Barroso. Construisant le mythe d’une mondialisation-contexte, il vise à en faire oublier les objectifs.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à un basculement de paradigme dont on ne sait certes pas encore ni le temps qu’il prendra, ni les formes qu’il adoptera, mais dont chaque jour nous voyons de nouveaux signes. C’est pourtant le moment que choisit Barroso pour s’en faire le chantre. L’Union européenne telle qu’elle existe, a toujours été le fer de lance de cette mondialisation. Ici encore, il faut y voir tant le poids d’une idéologie que celui d’intérêts économiques bien structurés au sein d’une partie de la classe dominante.

L’Union européenne s’est ainsi jetée tête baissée dans un processus d’ouverture au libre-échange généralisé. On connaît le mot de Jacques Delors : « L’Europe protège mais n’impulse pas. ». Il contient en réalité un double mensonge. L’Europe n’a jamais protégé et elle impulse, en réalité, et souvent dans des conditions d’une totale opacité, ce processus de mondialisation. En fait, dès le début des années 1990, l’Europe s’est progressivement transformée en « meilleure élève » de l’ouverture avec des conséquences importantes sur ses salariés. Loin d’être ainsi un contexte, il s’agit bien d’un objectif pour l’UE, et par voie de conséquence pour monsieur Barroso. On peut le constater avec les négociations des traités CETA et TAFTA que l’UE continue de mener dans la plus totale obscurité.

La haine de l’Etat-Nation

Mais Barroso ne se contente pas, dans son discours, de faire l’apologie du monde « tel qu’il est » parce que c’est celui dont il profite. Il profère des menaces, et se risque à des prophéties apocalyptiques dans le cas où l’on remettrait ce monde en cause. En même temps qu’il cherche à effrayer son auditoire, ou son lecteur, Juan-Manuel Barroso présente une alternative, et c’est là que se dévoile le fond de sa pensée. L’Europe, définie comme l’Union Européenne, ce qui n’est ni sans conséquences ni sans soulever un certain nombre de questions, est alors présentée comme étant « ni un super-Etat, ni une organisation internationale ». Elle serait, au contraire, un projet « sui-generis », qui résulterait de la libre volonté des Etats de mettre en commun leur souveraineté afin de résoudre des problèmes communs[28]. Barroso sombre ensuite dans l’autosatisfaction, et décerne à l’UE des louanges dont, à regarder les dernières élections européennes, on peut penser qu’elles ne sont pas partagées. L’Europe « …a été un petit laboratoire de la mondialisation, un incubateur de la coopération internationale et d’une gouvernance à plusieurs niveaux pour plusieurs décennies. Et je suis heureux de dire qu’elle a été une expérimentation très réussie »[29]. Entre un avenir qui se présente comme radieux, et des alternatives lourdes de menaces ; comment ne pas choisir ? Il est dommage que Monsieur Barroso n’ait pas demandé leur avis aux grecs, aux portugais, aux espagnols et aux italiens. De fait, ls britanniques ont donné leurs avis sur cette question, et ce fut très clair ! Il convient alors de défendre à tout prix le modèle d’ouverture extrême qui caractérise l’UE. A cet égard, une autre citation du même discours est très révélatrice : « Mais, mettre en cause notre modèle de régionalisme ouvert reviendrait à mettre en cause l’existence même de l’Union Européenne »[30].

Décryptons le discours. L’Union européenne n’est pas un « super-état », bien entendu. Ce simple concept doit faire frémir d’horreur tout Bruxelles, et jeter les habitants du Berlaymont dans des transes d’effroi. En fait, se situant dans un « entre-deux », Barroso, et avec lui les différents bureaucrates européens, espèrent bien être quitte de l’interrogation en démocratie, désormais récurrente à propos de l’Union européenne. L’UE n’est pas un « super-état » ? Fort bien, on n’a donc pas à faire la démonstration qu’il existe un « peuple européen », ni à mettre ces institutions sous le contrôle d’une souveraineté populaire. Mais l’UE n’est pas, non plus une « organisation internationale ». ce point est important. Si l’on considère que l’UE est bien une organisation internationale, alors le droit de coordination l’emporte sur le droit de subordination. Les décisions ne peuvent être prises qu’à l’unanimité des Etats participants, et le contrôle de la souveraineté populaire se recompose, certes de manière indirecte, mais tout à fait réelle. En affirmant péremptoirement que l’UE est un projet « sui generis », Barroso et ses confrères s’exonèrent de tout contrôle démocratique et enterrent ainsi le principe de souveraineté nationale, mais sans le remplacer par un autre principe. C’est le fait du Prince dans toute sa nudité, certes caché dans une formule dont Jean de La Fontaine[31]apprécierait l’hommage (involontaire) à sa fable de la Chauve Souris et des Deux Belettes : « Je suis Oiseau : voyez mes ailes;
Vive la gent qui fend les airs !…. Je suis Souris : vivent les Rats;
Jupiter confonde les Chats ». De fait, j’avoue que je n’aime pas la version politique de ces petits animaux[32].

Cette volonté farouche de faire disparaître du champ politique le principe de la souveraineté ne peut se justifier que par une volonté de faire disparaître aussi le principe de démocratie.

Voilà donc ce qui se cache derrière Monsieur Barroso, et quelques autres. Une haine farouche, hystérique, de la démocratie parce qu’elle peut remettre en cause, à tout instant, leurs prébendes et leurs privilèges. Après tout, que Barroso et ses amis aillent à Goldman Sachs n’est pas un problème. Ce qui l’est, c’est ce qu’ils ont fait quand ils étaient aux commandes de l’Union européenne. Alors, qu’ils aillent donc à New York ou au Diable de Vauvert ; et qu’ils y restent ! Car, ce qui les attend en Europe, c’est vraisemblablement une pique et leur tête au bout.

 

[1] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/11/31002-20160711ARTFIG00069-barroso-a-goldman-sachs-l-arrogance-de-l-europe-d-en-haut-envers-l-europe-d-en-bas.php

[2] Voir la réaction d’un journal portugais : « Reações: Barroso acusado de “gangsterismo financeiro” », http://expresso.sapo.pt/politica/2016-07-08-Reacoes-Barroso-acusado-de-gangsterismo-financeiro

[3] http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/11/jose-manuel-barroso-l-anti-europeen_4967644_3232.html

[4] https://www.youtube.com/watch?v=JxqNP2O4N1w

[5] Barroso J-M., Speech by President Barroso: « Global Europe, from the Atlantic to the Pacific », Speech 14/352, discours prononcé à l’université de Stanford, 1er mai 2014.

[6] Barroso J-M., op.cit. La citation exacte est : « Some have even called it a flat world – meaning that fluidity has replaced structure, with no state able to dominate or dictate »

[7] L. Walras, Éléménts d’économie politique pure ou théorie de la richesse sociale, Pichon et Durand-Auzias, Paris, 1900.

[8] Voir Walras L., Théorie Mathématique de la Richesse sociale, (1863) Otto Zeller, Osnabrück, 1964. Pour une analyse des implications de la Loi de Walras, J.M. Grandmont, Money and Value , Cambridge University Press et Éditions de la MSH, Londres-Paris, 1983, pp. 10-13.

[9] A.V. Banerjee et E.S. Maskin, « A walrasian theory of money and barter », in Quarterly Journal of Economics , vol. CXI, n°4, 1996, novembre, pp. 955-1005. Voir aussi A. Alchian, « Why Money? », in Journal of Money, Credit and Banking, Vol. IX, n°1, 1977, pp. 133-140.

[10] J.M. Grandmont, Money and Value , Cambridge University Press et Éditions de la MSH, Londres-Paris, 1983.

[11] Sur ce point l’article fondateur est A.C. Pigou, “The Classical Stationary State” in Economic Journal , vol. 53, 1943, pp. 343-351. Une version moderne du raisonnement est présentée dans D. Patinkin, Money, Interests and Prices, Harper & Row, New York, 1965, 2ème édition.

[12] Le défenseur le plus radical de cette position est R. Lucas, “An Equilibrium Model of Business cycle”, in Journal of Political Economy, vol. 83, 1975, pp. 1113-1124.

[13] J.M. Grandmont, “Temporary General Equilibrium Theory”, in Econometrica, vol. 45, 1977, pp. 535-572.

[14] A. Insel, “Une rigueur pour la forme: Pourquoi la théorie néoclassique fascine-t-elle tant les économistes et comment s’en déprendre?”, in Revue Semestrielle du MAUSS, n°3, éditions la Découverte, Paris, 1994, pp. 77-94. voir aussi G. Berthoud, “L’économie: Un ordre généralisé?”, in Revue Semestrielle du MAUSS, n°3, op.cit., pp. 42-58.

[15] Boukharine N., L’économie politique du rentier, édition originale en russe. Traduction française L’économie politique du rentier, critique de l’économie marginaliste, Paris, Études et documentation internationales, 1967.

[16] Favereau O., “Marchés internes, marchés externes”, in Revue Économique, vol. 40, n°2/1989, mars, pp. 273-328.

[17] La présentation canonique étant G. Debreu, Theory of Value: an axiomatic analysis of economic equilibrium, Yale University Press, New Haven, 1959.

[18] Voir M. Morishima, “The Good and Bad Use of Mathematics” in P. Viles & G. Routh, (edits.), Economics in Disarray , Basil Blackwell, Oxford, 1984.

[19] Sur le mécanicisme et le réductionisme en économie voir: N. Georgescu-Roegen, « Mechanistic Dogma in Economics », in Brittish Review of Economic Issues, n°2, 1978, mai, pp.1-10; du même auteur, Analytical economics, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1966. G. Seba, « The Development of the Concept of mechanism and Model in Physical Science and Economic Thought », in American Economic Review – Papers and Proceedings , vol.43, 1953, n°2, mai, pp.259-268. G.L.S. Shackle, Epistemics and Economics : a Critique of Economic Doctrines, Cambridge University Press, Cambridge, 1972.

[20] Johnson C., Japan, Who Governs?, Norton, New York, 1995.

[21] Favereau O., “Marchés internes, marchés externes..” op. cit..

[22] A. Langer, « Horizontal Inequalities and Violent Group Mobilization in Côte d’Ivoire », Oxford Development Studies, vol. 33, n° 1, mars 2005, p. 25-44.

[23] C. Oya, « Agricultural Maladjustment in Africa: What Have We Learned After Two Decades of Liberalisation? », Journal of Contemporary African Studies, vol. 25, n° 2, 2007, p. 275-297.

[24] H.-J. Chang, « The Economic Theory of the Developmental State » in M. Woo-Cumings (dir.), The Developmental State, Ithaca, Cornell University Press, 1999. D. Rodrik, « What Produces Economic Success?  » in R. Ffrench-Davis (dir.), Economic Growth with Equity: Challenges for Latin America, Londres, Palgrave Macmillan, 2007.

[25] T. Mkandawire, « Thinking About Developmental States in Africa », Cambridge Journal of Economics, vol. 25, n° 2, 2001, p. 289-313.

[26] H.-J. Chang, Kicking away the Ladder: Policies and Institutions for Development in Historical Perspective, Londres, Anthem Press, 2002Londres, Anthem Press, 2002.

[27] Sapir J., La démondialisation, Le Seuil, Paris, 2010.

[28] Barroso J-M, « It is neither a superstate nor an international organisation. It is a sui generis project composed of sovereign states who willingly decided to pool their sovereignty in order to address better their common problems »

[29] Idem, « In fact Europe has been a small laboratory of globalisation, an incubator of international cooperation and multi-layered governance for several decades. And I am glad to say that it has been a very successful experiment ».

[30] Idem, « But to put in cause our open regionalism model is to put in cause the very existence of the European Union ».

[31] Et avant lui Esope, mais ceci est une autre histoire….

[32] https://www.youtube.com/watch?v=mMD5CZSE6JA

Source : Russeurope, JacquesSapir, 11-07-2016

Jacques Sapir

Jacques Sapir

Source: http://www.les-crises.fr/ue-delenda-est-par-jacques-sapir/


L’élite européiste a oublié que la démocratie est LA chose à laquelle les Britanniques tiennent le plus, par Charles Moore

Tuesday 9 August 2016 at 00:50

Source : The Telegraph, le 24/06/2016

Ce référendum a été la chose la plus émouvante que j'ai vue en 40 ans de politique | Crédit : Ray Tang/REX/Shutterstock

Ce référendum a été la chose la plus émouvante que j’ai vue en 40 ans de politique | Crédit : Ray Tang/REX/Shutterstock

Un ami d’Oxford a été déconcerté par un dépliant reçu à la dernière minute qui disait : “Ne laissez pas quelqu’un d’autre décider de votre futur : votez Remain (Rester dans l’UE).” Il a suivi la première recommandation, et pas la seconde, puisque cette dernière contredisait totalement la première. Il a voté Leave (Sortir de l’UE).

Si, comme moi, vous vous sentez un peu engourdi ce matin, c’est parce que nous, les Britanniques, avons en fait décidé de choisir notre propre destinée. Nous n’avons pas été autorisés à le faire depuis 1975. C’est à la fois un sentiment un peu effrayant mais merveilleux de constater qu’un peuple peut, grâce à un bulletin de vote, libérer son pays.

Le vote Leave a été choisi jeudi par plus d’électeurs — 17 410 742 —  qui aient jamais voté pour quoi que ce soit dans l’histoire britannique. Comme David Cameron l’a reconnu hier dans son discours de démission, censé et ferme, ce résultat, obtenu avec une très forte participation électorale, est déterminant : notre décision doit donc être traduite dans les faits.

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On a attaqué la campagne Leave parce qu’elle méprisait l’avis des experts. On doit, bien sûr, respecter les experts pour leur compétence. Personne, cependant, n’est un expert quand il s’agit de démocratie. Chacun de nous ne vaut qu’une seule voix. Il a fallu un immense courage à la majorité pour refuser de se laisser intimider par les banquiers et les archevêques, les Premiers ministres et les présidents, les savants et les économistes, la BBC et la CBI, Richard Branson, Peter Mandelson et David Beckham, mais nous n’avons pas, pour autant, agi sur un coup de tête. Nous avons, tout simplement, massivement fait valoir un droit qu’au fil des années nous étions en train de perdre.

L’indépendance démocratique, la démocratie parlementaire, est ce sur quoi la nation britannique est fondée. Comme Boris Johnson l’a dit hier, dans son discours rempli de modération et de générosité, c’est aussi « la chose la plus précieuse » que nous offrons au monde. Elle nous échappait. Maintenant nous en avons repris possession. La campagne pour le vote Leave a commencé et s’est terminée avec le slogan « Reprenez le contrôle ». C’est là la raison de notre choix, ce n’est pas « l’économie versus l’immigration ».

Je peux témoigner qu’il n’est pas facile de faire valoir notre droit contre ceux qui nous gouvernent. Dans la majeure partie de mon travail comme rédacteur en chef et commentateur, je me satisfais habituellement de m’engager dans les discussions du moment, de dire ce qu’on pense devoir être dit et puis de passer à autre chose. Dans le cas de l’Europe, cependant, il y a plus de 30 ans, j’ai décidé — alors même que j’avais voté oui en 1975 quand j’avais 18 ans — que la nécessité d’indépendance démocratique l’emportait sur toutes les autres considérations et que la Grande Bretagne ne pourrait pas être un pays vivant dans l’harmonie ni un pays libre tant que cette indépendance lui était refusée. Depuis lors j’ai fait tout ce à quoi je pouvais penser pour expliquer le pourquoi de cette situation. Je me suis vite rendu compte qu’instinctivement les puissants avaient l’opinion opposée et qu’ils marginalisaient très adroitement toute discussion à ce propos. Un gouvernement parlementaire avait moins d’importance à leurs yeux que « notre siège à la meilleure table ».

« La chose la plus précieuse que ce pays ait donnée au monde est l’idée de démocratie parlementaire. Hier je crois que le peuple britannique s’est prononcé, bien fort, pour la démocratie en Grande Bretagne et dans toute l’Europe. »

Boris Johnson

Si l’on utilisait le terme « souveraineté », on était considéré comme quelqu’un de bizarre. Si l’on aspirait à une carrière en politique, et a fortiori dans la haute fonction publique, on ne tardait pas à comprendre qu’être pour l’UE était un impératif. Le seul dirigeant à avoir sérieusement remis en question cet état de choses, c’est Margaret Thatcher, et regardez la façon dont sa carrière s’est achevée.

Depuis les années 90, l’évidence des événements, comme nos fichus problèmes avec le MCE, (le mécanisme des changes européens), la série de traités qui nous dépouillaient encore un peu plus de nos droits légitimes, et plus récemment la catastrophe permanente de cet euro qui détruit les emplois, a fini par attirer l’attention des citoyens. Cependant, même en face de ces chocs, les dirigeants qui se sont succédé comme John Major, Tony Blair, Gordon Brown et David Cameron n’ont jamais essayé de s’attaquer au problème, mais ils ont bien plutôt évité le sujet. Il a fallu la combinaison de la crise du crédit (qui a mis l’euro en danger) et de celle des migrants pour qu’on regarde la situation en face. Et il a fallu que M. Cameron soit en mauvaise posture dans son propre parti avant la dernière élection pour se trouver forcé de nous accorder ce référendum.

Les anciens premiers ministres britanniques John Major (L) et Tony Blair partagent une plate-forme pour l'événement Remain de la campagne à l'Université d'Ulster à Londonderry, Irlande du Nord | Crédit : Jeff J Mitchell/Reuters

Les anciens premiers ministres britanniques John Major (L) et Tony Blair partagent une plate-forme pour l’événement Remain de la campagne à l’Université d’Ulster à Londonderry, Irlande du Nord | Crédit : Jeff J Mitchell/Reuters

Quand nous avons voté, il est apparu, comme j’avais toujours pensé que ce serait le cas, que si seulement les électeurs pouvaient correctement décider de ce problème, ils comprendraient de quoi il s’agissait vraiment. Si l’on adopte le point de vue des pro-UE, les élites de l’UE ont eu raison de croire qu’on ne devrait jamais consulter le peuple. M. Cameron est donc maintenant le dirigeant à qui elles en veulent le plus puisque c’est à cause de sa capitulation réticente devant la démocratie que tout l’édifice s’effondre.

Ainsi le résultat met en évidence l’énorme fossé qui sépare les puissants du reste du peuple. John Major, Tony Blair, Gordon Brown et Cameron se sont tous considérés comme des champions de la modernité. Et l’emblème de cette modernité, ont-ils cru, c’était l’UE. Maintenant les électeurs ont pris conscience que l’UE rejette la modernité, parce qu’elle prive le peuple de ses droits et confirme le sentiment d’impuissance que nous avons ressenti depuis la crise bancaire. Les dirigeants ont tous l’air, comme l’UE elle-même, très XXème siècle. Imaginez donc la façon dont Cameron aurait dominé la modernisation de la politique britannique s’il avait incité son pays à voter Leave. Au lieu de cela, à part le mariage gay, son héritage va être bien mince.

L’une des images que je garde de cette campagne du référendum est l’étrange spectacle de notre ministre des finances, sur une estrade à Bournemouth, en compagnie d’un manitou américain du grand krach de 2008, Jamie Damon. Tous deux essayaient d’effrayer les employés captifs de la banque pour qu’ils votent Remain. De telles scènes ne vont pas tarder à avoir l’air aussi lointaines et saturées d’une incompréhensible vénération hiérarchique que des vieux films au rythme saccadé sur le couronnement de Delhi Durbar de 1911, mais beaucoup moins romantiques, toutefois.

Il est normal d’être un peu choqué par ce que nous avons fait. Des gens comme M. Osborne, qui sûrement ne peut pas garder son poste beaucoup plus longtemps, ont évoqué des visions si terribles que les marchés naturellement sont nerveux. Tout comme son homme à la banque d’Angleterre, Mark Carney. Où est donc la main ferme sur le gouvernail économique ?

L’appartenance à l’UE, connue auparavant sous le nom de Marché commun, a été aussi l’une des bases de la politique étrangère britannique pendant près de 60 ans, pas seulement depuis l’époque où nous avons effectivement adhéré. Et maintenant quelle politique étrangère allons-nous avoir ?

« La Grande Bretagne est une société ouverte, c’est une société accueillante et nous allons continuer à coopérer avec les pays européens à un niveau international. »

Gisela Stuart

On ne peut pas répondre complètement aujourd’hui à de telles questions, mais au moins nous savons maintenant à partir de quelle base y répondre. Les hommes politiques britanniques ont eu raison, dans l’Europe d’après-guerre, de chercher des relations apaisées et des marchés plus libres. Leur erreur fatale a été de ne pas prêter attention à la construction du Super État en échange des avantages provisoires du commerce et de la diplomatie. Comme ils ne pouvaient pas admettre cette erreur, ils ont eu, avec leur peuple, pendant un demi-siècle, des relations empreintes de mauvaise foi. Hier, Boris, Michael Gove et la courageuse Gisela Stuart ont posé de meilleures fondations — un rôle dans le monde que façonneront nos institutions démocratiques, notre capacité à faire nos propres lois et notre ouverture économique et culturelle au monde.

Dans la nuit de jeudi à vendredi — alors que Downing Street nous avait informés officieusement dans la soirée que le vote Remain l’emportait à 57% —, la façon dont le peuple s’est comporté nous montre à l’évidence combien cette situation est porteuse d’espoir. En effet, quasiment aucun homme politique des deux côtés n’a remis le résultat en question, n’a mis en accusation ses adversaires ni n’a menacé de se rebeller. On parlait surtout de dialoguer avec tous ceux qui se sentaient mis de côté. Grâce à l’instinct culturel profond d’un peuple libre, cette fabuleuse restauration sans précédent a été acceptée sans émeutes, sans police, sans révolution. C’est l’événement le plus important que j’ai vu en presque 40 ans de couverture de la politique britannique, et aussi le plus émouvant.

Source : The Telegraph, le 24/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/lelite-europeiste-a-oublie-que-la-democratie-est-la-chose-a-laquelle-les-britanniques-tiennent-le-plus-par-charles-moore/


Un nouveau traité européen est en préparation, par Jean-Luc Mélenchon

Tuesday 9 August 2016 at 00:21

1Source : Jean-Luc Mélenchon, 12-05-2016

Crédits photo : Leandro Neumann Ciuffo

Crédits photo : Leandro Neumann Ciuffo

Ce soir-là, Pujadas parlait d’Europe. Juste pour m’attribuer « le bonnet d’âne » de celui qui corrige le plus ses votes au Parlement européen… Le Pujadas national n’y connaît rien mais ça ne l’empêche pas de causer. C’est clair que ce ne sont pas ses démentis qui lui permettraient de concourir : Pujadas ne se trompe jamais ! Il n’en reste pas moins que cet homme-là s’intéresse à l’essentiel de ce qui peut détourner l’attention des choses sérieuses. Car pendant qu’il fait le mariole à bon compte, l’histoire de l’Union européenne se prépare à une bifurcation majeure : un nouveau traité européen est en gestation. Ce sera un enjeu majeur de l’élection présidentielle de 2017.

J’en ai déjà parlé sur ce blog et dans ma déclaration pour proposer ma candidature. J’y reviens pour vous mettre en alerte. Je m’étonnerais d’être bien seul à tirer le signal d’alarme sur ce projet si je n’avais connu cette situation une fois déjà. Cela me rappelle étrangement les débuts de la négociation pour le marché unique avec les États-Unis en 2008-2009. Comme j’étais seul à dénoncer ce projet, j’en finissais par me demander si j’avais bien compris. Ce que j’ai compris du coup c’est la façon de faire des auteurs de ce type de projet. D’abord ne rien laisser voir, lancer des ballons d’essai, attendre, jouer à petite touches lentement déposées, jusqu’à ce que la situation paraisse « évidente » et ainsi de suite. Ils peuvent compter sur l’aide bienveillante des médias fatigués d’avance par le sujet européen, qui consacrent leur intérêt pour la vie de l’Europe réelle aux genres de fixettes à deux balles dont ils m’accablent : taux de présence des parlementaires, leurs erreurs de vote et ainsi de suite c’est-à-dire pour tout ce qui n’a pas d’importance. Cela, non par complot mais parce que sinon il faudrait travailler, donner du temps et ainsi de suite, ce qui demanderait donc de l’argent alors que « ca n’intéresse personne ».

Cette méthode ce fut celle pour  TAFTA bien avant que celui-ci devienne un sujet médiatique désormais propice à toutes les manipulations. L’actuel numéro de réticences hypocrites et soudaines de François Hollande ou Nicolas Sarkozy contre ce traité avec les USA ne doit pas faire illusion. Je me permets donc de vous donner la clef d’explication : les deux savent que Merkel joue en ce moment la tension avec les USA et que, en même temps, l’affaire est mal emmanchée côté nord-américain. En effet, ces derniers ne cèderont rien sur l’accès des européens aux marchés publics des divers États qui composent les USA. Mais l’Allemagne veut ce traité. Il favorise en effet  son industrie et en particulier, en ce moment, ses exportations de machines-outils. L’Allemagne l’imposera aux Français, qui se coucheront comme d’habitude, lorsqu’elle aura obtenu les garanties qu’elle demande. Je n’en dis pas plus pour cette fois mais il est désolant de voir qu’un sujet qui agite tant de décideurs ne suscite aucun débat ni intérêt du côté européen et français. Et du côté français encore une fois, aucune vision stratégique, aucun projet à part : les bredouillements habituels sur « l’Europe qui nous protège » et autres refrains ineptes de ce type. Et ce n’est pas Pujadas qui va relever le niveau !

Quoi qu’il en soit, préparez-vous en 2017 à voter aux présidentielles en vous demandant ce que chaque candidat se prépare à faire sur ces sujets. Et vérifiez bien ce qu’ils ont déclaré vouloir faire dans le passé récent et ce qu’ils firent vraiment. Attention aux héros d’opérette qui disent « non » au traité tout en ajoutant un ton plus bas, à la mode hypocrite du refrain des « frondeurs » :  « en l’état ». Voilà pour TAFTA.

Mais les mêmes vont aussi faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas parler du prochain traité européen. Il est pourtant déjà en discussion entre gens importants. Comme les poissons-pilotes de François Hollande lancent des ballons d’essai, mieux vaut se dire que le coup pourrait arriver plus tôt que prévu. Méfiance donc ! Deux grosses pointures de la Hollandie réelle ont pointé le nez : le ministre des Finances Michel Sapin et son collègue de l’Économie, le magnifique, formidable, moderne « Mozart de la finance » et ami de Jeanne d’Arc qu’il « aime beaucoup » aussi, j’ai nommé, mesdames et messieurs, trrrrrrrr (roulement de tambour), Emmanuel Macron.

Lui et Sapin, ces deux finauds, ont récemment évoqué l’idée qu’ils aimeraient « un nouveau traité européen ». Comme si tout d’un coup ces deux-là avaient une vision géopolitique personnelle ! Michel Sapin l’a joué dans son mode sournois habituel. Il a déclaré dans Libération du 30 mars que son homologue allemand « Wolfgang Schäuble, et moi, nous partageons la conviction que l’Union monétaire, qui est une réussite, doit impérativement s’accompagner d’une union économique plus forte. Donc nous devons aller de l’avant. Mais l’un et l’autre, nous faisons le constat, peut-être à regret, que la situation politique dans nos pays respectifs ne permet pas d’envisager dans les mois qui viennent une avancée qui rendrait obligatoire une modification des traités. Nous devons donc aller le plus loin possible dans l’intégration, sans qu’il y ait besoin de changer les traités. Pour autant, je pense que la France et l’Allemagne doivent prendre rapidement une initiative qui trace un horizon au-delà de 2017, et qui ne s’interdit pas à terme une modification des textes européens ». Compris ? Deux semaines plus tard, le 18 avril, à Bruges, c’est Emmanuel Macron qui a entonné le même refrain : « On doit prendre un vrai traité refondateur […] que nous devons préparer dans les 18 mois qui viennent », c’est-à-dire d’ici fin 2017. La presse qui gonfle à l’hélium enrichi cette baudruche s’est pâmée d’admiration sans qu’un seul des plumitifs qui pompent se pose la moindre question. Mais à mon quartier général, la veille politique a noté : alerte !

Macron et Sapin ne sont pas capables d’avoir eu cette idée tout seuls. Leur « proposition » n’est en fait qu’un empaquetage d’un projet déjà dans les cartons des eurocrates. Je l’ai déjà évoqué sur ce blog. Je le prouve. La mise en chantier d’un nouveau traité européen est au programme depuis un rapport rendu en juin 2015 par les « cinq présidents » de l’Union européenne. Oui, les « cinq présidents » ! C’est-à-dire le président du Conseil des chefs d’État Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi et le président de la réunion des ministres des Finances de la zone euro Jeroen Dijsselbloem ! Evidemment, vous chercherez qui d’autre que moi vous en aura parlé alors comme je l’ai fait sur ce blog !

Quand Sapin et Macron font semblant d’avoir une idée qui resterait à approfondir, sachez que les cinq présidents ont déjà commencé à tracer davantage qu’un croquis. Leur but est déclaré sans ambiguïté: « approfondir l’Union économique et monétaire (UEM) à partir du 1er juillet 2015 et la parachever en 2025 au plus tard ». C’est-à-dire achever la construction d’une zone euro où les peuples et les États ne seront plus souverains. Une zone où des décisions peuvent être imposées aux États en matière budgétaire ou de réformes du marché du travail encore plus durement qu’aujourd’hui. Parmi leurs ambitions à court terme, on trouve évidemment le renforcement du « semestre européen ». C’est-à-dire des procédures annuelles de contrôle des budgets et des réformes nationales par la Commission européenne. Les eurocrates veulent que les exigences de la Commission soient appliquées plus férocement encore par les gouvernements.

Ainsi, le rapport des « Cinq présidents » propose que la Commission fournisse un « soutien technique coordonné par le service d’appui à la réforme structurelle de la Commission ». Ce serait l’application du régime de la Troïka à tous les États européens soumis à des « recommandations » qui verraient débarquer les hommes de main de la Commission dans les ministères pour imposer les « réformes structurelles » dont le peuple ne veut pas. Ces eurocrates voudraient aussi créer un « comité budgétaire européen » composés « d’experts » et chargé d’émettre des avis sur les budgets de chaque État en plus de l’avis déjà rendu par la Commission. Alléchant, non ? Sapin et Macron ne sont pas au courant ? Ou bien l’ami de la pucelle qui a bouté les Anglais hors de France ne voit pas d’inconvénient à élargir le champ d’action de l’occupant.

Après 2017, les eurocrates aimeraient pouvoir renforcer de manière drastique ces instruments de verrouillage des peuples, y compris si besoin par un nouveau traité budgétaire. L’habillage ? Ce serait la création d’un « budget et d’un Trésor de la zone euro ». La Commission ou un autre organe verrait ses pouvoirs d’injonctions et de sanctions renforcés voire automatisés. La Banque centrale resterait quant à elle bien évidemment indépendante, c’est-à-dire capable d’étrangler monétairement un État comme elle l’a fait avec la Grèce et Chypre. C’est en fait une mise au pas de toutes les démocraties nationales qui se profilent. Les cinq visent aussi l’instauration d’une représentation unique de la zone euro au sein du FMI au lieu des représentations de chacun des 19 États à court terme, avant d’étendre ce principe à d’autres organisations internationales comme l’organisation mondiale du commerce et ainsi de suite comme on le devine.

« L’approfondissement » de la zone euro serait en réalité une nouveau tour de vis contre la souveraineté populaire. Ce n’est pas un procès d’intention. Tous les libéraux qui dirigent l’Union européenne ont déjà fait savoir qu’ils rêvaient d’une prison des peuples à ciel ouvert. Ainsi Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne a déjà dit que, à ses yeux, « il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens », dans Le Figaro du 29 janvier 2015, quatre jours après la victoire de Syriza en Grèce. Avant lui, Angela Merkel avait plaidé en 2012 pour un « droit d’ingérence » et un « droit de véto » de la Commission européenne sur les budgets nationaux. Après lui, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble s’était permis de dire que « La France serait contente que quelqu’un force le Parlement » à adopter des réformes « mais c’est difficile, c’est la démocratie ».

Ces quelques citations en disent long sur le projet de ces gens. Voilà ce à quoi Macron et Sapin veulent préparer les esprits en faisant mine d’avoir eu une belle idée pour relancer « l’Europe qui nous protège ». On devine qui serait surtout protégé par leurs trouvailles… Surtout quand on sait que le projet comporte aussi par exemple la finalisation de « l’union des marchés de capitaux » ce nœud coulant mortel pour l’indépendance des économies. Encore un coup parti de loin avec un rapport enthousiaste voté récemment par la droite et le PS du Parlement européen. Ils se prononçaient avec enthousiasme notamment pour relancer la « titrisation » des emprunts des entreprises en Europe  pour que les banques et fonds puissent les revendre à la découpe dans des empaquetages différents. C’est pourtant ce modèle qui a créé l’effet boule de neige de la crise des subprimes en 2008.

Donc, 2017 sera l’année charnière de ce projet. La Commission européenne a précisé le calendrier de réalisation de cet objectif. Personne ne devrait l’ignorer. Les débats auraient dû commencer. Une première phase est en cours jusqu’au 30 juin 2016. Elle prévoit le renforcement de l’intégration de la zone euro sans changer les traités. Et après ? 2017 marquera le début de la deuxième phase, avec une modification des traités envisagée et même souhaitée. Dès la mi-2016, un groupe d’experts nommés par la Commission européenne planchera sur un éventuel nouveau traité. Au printemps 2017, la Commission prévoit la publication d’un paquet d’orientations sous la forme d’un Livre Blanc sur l’achèvement de l’Union économique et monétaire. Puis suivra la négociation à proprement parler de ce nouveau traité entre les États, sitôt passée l’élection présidentielle française de 2017. L’idée étant que tout soit bouclé dans le prochain mandat des dirigeants français et allemand qui débutera en 2017.

Si la France est alors dirigée par un personnage du même acabit que l’actuel président de la République ou son prédécesseur, le peuple français sera tenu à l’écart de ces tractations. Comme avec Sarkozy en 2008 sur le Traité de Lisbonne ou avec Hollande en 2012 sur le traité budgétaire, aucun référendum n’est prévu pour solliciter l’accord du peuple français. Aucune de leurs promesses sur le sujet ne sera jamais tenue comme l’ont montré les deux précédentes expériences sur le sujet. Je vous mets aussi en garde contre les numéros d’enfumage à l’occasion de la campagne présidentielle. Souvenez-vous des promesses non-tenues en matière européenne. Souvenez-vous de la promesse envolée de François Hollande à propos de la « renégociation » du traité budgétaire. Souvenez-vous de la promesse envolée de Nicolas Sarkozy d’un « mini-traité » suite au référendum de 2005. Ne vous faîtes pas avoir une nouvelle fois. Pour ma part, je dis les choses clairement. Je n’accepterai pas ce nouveau traité qui étouffe la souveraineté des Français. Je plaide pour que 2017 soit l’occasion de sortir des traités européens. Ma ligne est claire : l’Union européenne, on la change ou on la quitte !

Source : Jean-Luc Mélenchon, 12-05-2016

Source: http://www.les-crises.fr/un-nouveau-traite-europeen-est-en-preparation-par-jean-luc-melenchon/


Emmanuel Todd : “Les socialistes font du fascisme rose”

Monday 8 August 2016 at 03:45

Source : Atlantico, Emmanuel Todd, 01-06-2016

Si je fais la somme de ce que les socialistes ont fait, le bon concept est violent et doux à la fois : il s’agit du fascisme rose

Conflits sociaux violents, CGT, Parti socialiste, droite, Front national, Europe, Emmanuel Todd décrypte le dérèglement politique que traverse la société française.

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Le Bloc MAZ, constitué des classes moyennes, des personnes âgées, très importantes, et des ex- catholiques, donnaient une sorte de base électorale à une forme de conservatisme politique qui permettait à l’oligarchie supérieure, aux 0.1%, de faire ce qu’ils voulaient. Le résultat est une société bloquée, une belle au bois dormant qui laisse pourrir sa jeunesse. Un système social immobile, qui condamne les jeunes et le monde ouvrier à la destruction sociale. Il est donc normal d’assister à la montée d’une certaine violence.

Ce système de domination va jusqu’à bloquer le système culturel, et va jusqu’à la télévision. Je travaille de chez moi, je passe donc mon temps devant toutes sortes de chaînes, Itéle, Bfm, france2 etc…Et en fait, tout cela, qui est contrôlé par le haut, fabrique l’image d’une France qui n’existe pas pour tout le monde. C’est une France irréelle pour beaucoup de gens et en particulier pour les jeunes. L’image produite par ce système télévisuel est déroutante pour les jeunes des classes moyennes inférieures. Tout ce monde de gens joviaux qui se posent des problèmes d’enneigement des stations de sport d’hiver, ou “Un dîner presque parfait”, comme si tout le monde songeait à faire des petites bouffes. C’est un monde un peu crétin, mais qui produit des tas d’images. Et qui est également une source de tensions. […]

Ce qui est spécifique de la France, c’est son état d’immobilité sociale. Lorsque l’on pense que l’on se dirige vers une présidentielle dans laquelle s’affrontent Hollande, Sarkozy, Le Pen, Mélenchon et que le seul réel changement peut provenir du jeune espoir Alain Juppé, cela ferait hurler de rire dans n’importe quel pays du monde. Pourtant, notre pays est plus jeune que les autres, et le taux de fécondité a baissé à peine pendant la crise, ce qui est un vrai un signe de vitalité.

Je regardais BFM dimanche. Je ne fais pas de critique générale de la chaîne, j’aime beaucoup Ruth Elkrief. Je regardais l’interview de Philippe Martinez par Apolline de Malherbe et Edwige Chevrillon. On avait l’impression de voir deux Manuel Valls à l’écran, face à un Martinez dont on se demandait s’il allait perdre son sang-froid. […]

Il s’agit d’un univers de fous où la violence verbale venait de gens qui se pensent être les défenseurs raisonnables d’un système démocratique.

Ils étaient forcés de reconnaître un petit problème au départ ; que le parti socialiste n’avait pas été élu pour casser le code du travail. Mais ce qui est frappant, c’est qu’ils ne voyaient pas l’énormité que cela représente pour la science politique. Parce qu’en fait, nous traversons une rupture systémique. Parmi les instruments du droit constitutionnel, on avait la distinction entre le mandat impératif et le mandat représentatif. Tout le monde est aujourd’hui d’accord sur le fait que seul le mandat représentatif permet un fonctionnement normal des démocraties libérales, avec des citoyens qui votent, qui élisent des représentants qui prennent des décisions librement à l’intérieur des lignes générales préférées par les électeurs.

Or, les intervenants ne semblaient pas se rendre compte que le comportement actuel de François Hollande et du PS suggère l”existence d’un troisième mandat ; le mandat “jemenfoutiste“. Ici, l’élection devient parodique, les électeurs votent, mais il est entendu dans l’esprit du grand parti politique de gauche que ce que dit l’électeur n’a aucune importance, et qu’il a donc le droit de faire exactement le contraire. . […]

Le parti socialiste participe à la dénaturation du suffrage, c’est un problème constitutionnel. […]

Je suis un anti-communiste radical. Donc, si je dis du bien de la CGT, cela ne doit pas être mal compris. C’est la CGT dans sa fonction actuelle de force, nouvelle et inattendue, qui, par effet de vide et de positionnement aléatoire, se trouve défendre la démocratie libérale en France.

Nous devons deux choses à la CGT. D’une, plus personne ne nous parle de l’Islam. C’est le transfert du mot radical de l’islamisme vers le militantisme ouvrier. Tous ceux qui croyaient qu’on pouvait faire n’importe quoi en désignant un bouc émissaire sont tout d’un coup, par volatilité, passés au radicalisme de la lutte des classes. La CGT a fait sortir la France de ce tunnel ethnicisant dans lequel le drame des attentats l’avait mise. […]

Les socialistes ou Pierre Gattaz, c’est pareil. […]

Le même problème de crise de représentation se pose à propos du FN. Parce que les cadres du parti sont des gens d’extrême droite, et on l’a senti au moment de la crise. Ils voulaient de l’ordre. Face à un évènement réel, les cadres du FN sont justes des gens très à droite, et ils se foutent de leurs électeurs ouvriers. Le PS méprise son électorat, mais le FN aussi. Même si Florian Philippot a fait du rétropédalage, il était déjà trop tard. […]

Le PS est probablement plus dangereux pour la liberté d’expression que la droite. Ce n’est pas l’intolérance des gens d’extrême gauche, qui n’en auraient pas les moyens. Les socialistes sont beaucoup plus intolérants, en fait, que les gens de droite. Ce n’est pas un hasard. Si je fais la somme de ce que les socialistes ont fait, en termes de contrôle de la presse, d’inversion des valeurs de la gauche sans tenir compte de leur électorat, le bon concept est un concept violent et doux à la fois ; il s’agit du fascisme rose, le mot rose évoquant la douceur du processus. […]

Il y a quelques mois, nous avions le radicalisme islamique. On le dénonçait et on le combattait. Mais aujourd’hui, selon les socialistes, tout est radicalisé. Tout le monde est en train de prendre conscience du fait que le parti socialiste, pour des raisons mystérieuses, se comporte comme un parti de droite. Mais cela produit une dérive générale de tout le système politique. Cela pose un problème existentiel d’autodéfinition à la droite classique. Tous les candidats de la droite classique font de la surenchère libérale. C’est un effet du glissement à droite du PS. […]

Le PS est un parti d’un genre nouveau, organisé comme l’église catholique ancienne. Avec des électeurs qui votent, des députés qui se foutent de ce que votent les électeurs, où les cadres supérieurs du PS se foutent de savoir ce que pensent les députés, et le Président et ceux qui l’entourent se foutent de ce que pense le reste du PS. […]

L’Union européenne était un projet fou, tous les démographes savent bien que les sociétés ne sont pas en convergence. Il suffit de regarder les indicateurs de fécondité. Et quand il y a convergence, c’est vers le bas, vers une insuffisance, en dehors des îlots que sont la France, l’Angleterre, et la Scandinavie. Là ou les femmes ont le droit de faire des enfants et d’avoir un travail intéressant.

La démographie dit d’abord que les nations européennes existent toujours, et que l’unification par la monnaie ne va pas marcher. Ce n’est même pas la peine d’aller plus loin, c’est pour cela que j’avais prédit l’échec de l’euro.  […]

Interview à lire en entier sur Atlantico, Emmanuel Todd, 01-06-2016

Source: http://www.les-crises.fr/emmanuel-todd-les-socialistes-font-du-fascisme-rose/


[Vidéo] “J’espère que les ‘adultes’ savent ce qu’ils font,” Yanis Varoufakis

Monday 8 August 2016 at 03:15

Source : YouTube, le 26/04/2016

Je pense que la discussion la plus importante que j’ai eue a été avec une personne très haut placée du FMI, son nom ne sera pas mentionné. Plus importante que Poul Thomsen [représentant du FMI au sein de la Troïka en Grèce], vous pouvez imaginer [NdT : donc probablement Christine Lagarde…]. Et nous avons eu une discussion, confidentielle, un tête-à-tête.

Et j’ai entendu les mots suivants : « Yanis, bien entendu que tu as raison, ces réformes que nous essayons de vous imposer ne peuvent fonctionner. »

Et j’ai pensé : « Oh, non ! »

Vous savez, tout au fond de vous-même, et je ne sais pas si c’est pareil pour vous, probablement que non — vous êtes Noam Chomsky, vous ne penseriez pas comme ça. Mais moi, je suis moins expérimenté dans les conflits avec des pouvoirs de ce niveau. Et au fond de moi, si je me psychanalyse, je voulais vraiment croire que les adultes savent ce qu’ils font.

Et que moi, je ne suis qu’un enfant récalcitrant qui donne des coups et qui crie. Mais au fond de moi, je pensais que les adultes — vous savez, ces gens de pouvoir, qui occupent des postes importants au FMI — savaient ce qu’ils faisaient et que mes complaintes et protestations auraient pu ne pas être complètement fondées. Peut-être savent ils des choses que je ne sais pas.

Mais lorsque cette personne se retourne et me dit : « Vous avez raison, cela ne peut pas marcher. Ce que nous essayons d’imposer à votre nation ne peut pas fonctionner. Mais, Yanis, vous devez comprendre que nous nous sommes tant investis politiquement dans ce programme que nous ne pouvons faire marche arrière. Et votre crédibilité dépend de votre propension à l’accepter. »

Source : YouTube, le 26/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Source: http://www.les-crises.fr/jespere-que-les-adultes-savent-ce-quils-font-yanis-varoufakis/