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Couverture médiatique du référendum en Grèce : le meilleur du pire

Thursday 9 July 2015 at 01:17

La couverture médiatique du référendum grec s’est transformée, comme on pouvait s’y attendre, en véritable curée anti-Syriza. Dans la presse écritesur Twitterà la télévision, c’est à un déferlement de mépris, voire de haine, que l’on a assisté, avec une virulence qui rappelle inévitablement les grandes heures du référendum français de 2005. Lors de nos premières observations, nous avons parfois mis de côté quelques épisodes journalistiques particulièrement délicieux, mais qui à eux seuls ne pouvaient donner lieu à un article. Voici donc une compilation de ces grands moments : le meilleur du pire de l’information sur le référendum grec [1].

Boule de cristal

Il y a d’abord eu LE tweet visionnaire, le 27 juin, de ce très grand connaisseur de la Grèce qu’est Jean Quatremer, correspondant deLibération à Bruxelles :

Aucun doute : les « sources » de Jean Quatremer sont fiables.

 

Presque autant que les sources d’Arnaud Leparmentier, du Monde, qui a eu lui aussi des illuminations [2] :


On vous le dit : visionnaires.

Précipitation

À noter également la précipitation qui a conduit le site France TV infos à publier une « fausse » photo de Grecs faisant la queue devant un distributeur de billets :


Des « Grecs » qui étaient en réalité, pour la plupart, des… journalistes étrangers : « La femme photographiée de façon si peu flatteuse n’est autre que… l’envoyée spéciale de Libération en Grèce. Et (…) trois des hommes qui l’entourent (celui en chemise à carreaux et les deux autres en chemise et T-shirt rose-rouge) sont également des journalistes… En réalité, il n’y a donc que trois ou quatre “vrais” Grecs devant ce distributeur ».

Précipitation teintée de mauvaise foi lorsqu’un « sondage » donnant pour la première fois le « oui » vainqueur est relayé, le jeudi 2 juillet, dans nombre de « grands » médias.

Le Figaro :

Le Huffington Post :

Les Échos :

Etc.

Le problème est que l’institut grec GPO, auquel a été attribué ce sondage, a rapidement fait savoir que les résultats diffusés n’étaient pas fiables : « C’est à l’insu de GPO, et sans le concours de l’entreprise, que certains résultats, fragmentaires, concernant les intentions de vote au référendum du 5 juillet, de son département de recherches ont été rendus publics dans les médias ». En d’autres termes : un vrai-faux sondage, dont les « résultats » sont démentis par l’institut qui est censé l’avoir conduit, sans que cela gêne les médias qui le diffusent et le commentent. Sauf erreur de notre part, aucune correction n’a en effet été apportée aux articles consacrés à ce « sondage ».

Expertise

Nous avons également eu droit aux analyses pertinentes de nombre de pertinents analystes, parmi lesquels les inévitables Jacques Attali et Alain Minc.

Ainsi, Jacques Attali, interviewé dimanche 5 juillet sur i>Télé, nous a révélé des informations de « dernière minute » :

Il est vrai qu’avant le référendum, la situation des Grecs était plutôt enviable.

De son côté, Alain Minc, interviewé sur BFMTV le 2 juillet par une Ruth Elkrief étonnamment (?) moins combattive qu’avec Jacques Sapir, nous a offert ses lumières :

Si les Grecs votent non et sortent de l’Euro, et donc inventent une monnaie hyper-dévaluée, l’État grec, enfin ce qui tient lieu d’État parce que c’est déjà un État un peu faiblard, va s’effondrer. Alors on va avoir une espèce de Libye de religion chrétienne orthodoxe, à un endroit qui est un endroit stratégique.

Vous n’avez pas compris ? Nous non plus.

Amalgames

À noter également, les amalgames et les mensonges répétés, notamment dans le registre des « amis imaginaires de Syriza ».

Avec, comme il se doit, l’immense Bernard-Henri Lévy, qui invente une « alliance » entre Syriza et le parti néo-nazi Aube Dorée [3] :

Tandis que Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef et désormais chroniqueuse sur Europe 1, nous informe :

Un amalgame chez Laurence Parisot et chez BHL, dont nous avons déjà plus longuement commenté la « chronique », qui devient un mensonge éhonté chez Dominique Seux, chroniqueur économique sur France Inter qui, le vendredi 3 juillet, explique avec le plus grand sérieux du monde qu’Alexis Tsipras refuse de baisser les dépenses militaires de la Grèce « parce que le ministre de la Défense est un ministre d’Aube Dorée, d’extrême-droite, certains diraient proche d’un parti nazi ».

Quand bien même Dominique Seux a reconnu son erreur (comment aurait-il pu en être autrement ?), l’épisode illustre l’ignorance impudente de ceux qui infligent aux Grecs, à longueur de journée, des leçons de maintien. Signalons ainsi, pour donner une idée du fossé qui sépare Syriza d’Aube Dorée, que lors des élections de janvier dernier, le secrétaire général du parti néo-nazi, Nikolaos Michaloliakos, expliquait que son organisation ne s’allierait « ni avec les serviteurs de l’austérité ni avec les bolcheviks ».

Signalons au passage que l’usage du doux nom de « bolchevik » pour qualifier Syriza n’est pas l’apanage des seuls néo-nazis grecs, puisqu’il a été repris par certains éditorialistes très droitiers comme Stephanos Kassimatis, dans une tribune que Jean Quatremer s’est empressé de diffuser sur Twitter :

Autre ami imaginaire de Syriza, le… Front national. Ainsi, le très subtil Jean-Pierre Elkabbach a réussi à glisser une petite perfidie lors de son interview de Xavier Bertrand, candidat aux élections régionales dans la même circonscription que Marine Le Pen, lors du« Grand rendez-vous » du dimanche 5 juillet :

Partie après vous, Marine le Pen vous devance aujourd’hui de quelques points [dans les sondages], etson score va dépendre aussi de ses amis Syriza de Grèce.

De son côté, le non moins subtil Alain Duhamel, dans une chronique commise dans Libération le 1er juillet, titrée « La voie grecque de Marine Le Pen » (sic), nous a proposé une analyse d’une profondeur abyssale :

Lorsque Aléxis Tsípras avait remporté les élections législatives en janvier, Marine Le Pen avait trompeté sa joie et avait tambouriné son allégresse. (…) Le Front national disposait, enfin, d’un exemple concret de la voie qu’il veut suivre en France. La Grèce allait être la maquette de l’extrême droite française.

Est-il venu à l’esprit d’Alain Duhamel que les programmes de Syriza et du Front national n’ont rien à voir, non seulement sur les questions sociales, les questions d’immigration, les questions de politique étrangère, mais aussi sur la question de l’Europe et de l’euro [4] ? Jean-Pierre Elkabbach croit-il sérieusement que le Front national et Syriza pourraient être des « amis » alors que le parti d’Alexis Tsipras a explicitement condamné les tentatives de récupération de Marine Le Pen [5] ?

Mais qu’importe la vérité ! Les éditorialistes éditorialisent, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

Inclassables

Et enfin, les « inclassables », ces Objets Journalistiques Non Identifiés, qui mêlent morgue, mépris, indécence et esprit de caste, sans que l’on sache si leurs auteurs sont bien conscients de l’énormité de leurs propos.

Ainsi de Léa Salamé qui, le jeudi 2 juillet, a reçu sur France Inter le cinéaste franco-grec Costa-Gavras, l’accueillant avec une question des plus… élégantes :

Bonjour Costa-Gavras. Dites nous ce matin, Alexis Tsipras, il est visionnaire ou il est complètement fou ?

Avant de nous faire part de ses inquiétudes :

La petite musique nationaliste, patriotique, certains diront même populiste, d’Alexis Tsipras, qui dit aux Grecs « on va relever la tête, ça suffit les humiliations… », est-ce que ce n’est pas dangereux aussi ?

Ou comment reconnaître, ouvertement, que l’on considère qu’il est « dangereux » que les peuples « relèvent la tête » et refusent « les humiliations »…

Ainsi également de Jean-Michel Aphatie, qui a multiplié les tweets présentant des « arguments » pour le « oui » au référendum, quitte à tomber… très bas :

Françoise Fressoz, du Monde, nous a quant à elle donné à lire un article qui fera date, ne serait-ce que par son titre :

Et grâce à quelques moments de bravoure journalistique :

Alexis Tsipras n’inspire pas confiance. En moins d’une semaine, le premier ministre grec est devenu l’affreux jojo du cénacle européen, (…) dont la droite européenne veut se débarrasser parce que son comportement est une offense aux principes de la construction européenne.

Le Grec est une grenade dégoupillée au milieu d’une assemblée de notables rompus aux règles de la négociation. Il choque par ses idées subversives et inquiète par son comportement erratique, jouant un jour la rupture, le lendemain la négociation et se servant du peuple grec comme d’une arme, non pour faire valider quelque choix problématique, mais pour se réarmer en vue d’un nouveau bras de fer.

Tsipras mène un combat éminemment politique qui rejoint celui de tous les populistes européens : dynamiter la construction européenne en jouant le peuple contre les « sans-cœur ». Il prend pour cela le risque de couper la Grèce en deux blocs irréductibles par appel au référendum, consultation binaire par excellence. (…)

Le pire pour le premier ministre grec est que chaque jour qui passe vient banaliser le scénario sus-décrit : depuis le défaut de paiement de la Grèce constaté mardi 30 juin, la zone euro résiste, les marchés restent calmes, les Bourses ne dévissent pas. Seul le peuple grec souffre. Bravo Tsipras !

Et bravo à Françoise Fressoz.

Que dire, enfin, de ce tweet publié le jeudi 2 juillet par les compères eurobéats Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer, alors qu’une manifestation de solidarité avec le peuple grec était organisée à Bastille ?

Le mépris de classe en moins de 140 signes.

Notes
[1] Cet article a été rédigé avant l’officialisation de l’écrasante victoire du « non ». Nous ne manquerons pas de revenir, dans les jours qui viennent, sur les réactions outragées des éditocrates eurobéats face à ce résultat.

[2] Notons que le modeste Arnaud Leparmentier a préféré supprimer son tweet visionnaire. Il est donc introuvable aujourd’hui, mais internet a de la mémoire, et Acrimed aussi.

[3] Les internautes facétieux auront remarqué que nous publions le tweet de BHL… retweeté par Arnaud Leparmentier. Le monde est tout petit.

[4] Contrairement à Marine Le Pen, et même si le débat existe au sein de Syriza, Alexis Tsipras ne défend pas la rupture avec l’UE, ni avec la zone euro.

[5] « La montée de SYRIZA et des forces progressistes en Europe est un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente Marine Le Pen, mais aussi un message pour la défense de la démocratie contre ses ennemis. Nos partenaires et nos soutiens français sont divers et ils s’élargissent. Ils sont de gauche, comme l’a prouvé le meeting du 19 janvier [2015] à Paris » (Communiqué publié sur l’Humanité.fr).

Source : Julien Salingue (grâce à une observation collective), pour Acrimed, le 6 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/couverture-mediatique-du-referendum-en-grece-le-meilleur-du-pire/


Actu’Ukraine 09/07/2015

Thursday 9 July 2015 at 00:27

 

 ACTU’UKRAINE DU 29 JUIN AU 5 JUILLET 2015

 

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

 

PREMIER FOCUS DE LA SEMAINE :  L’ULTIMATUM DU 3 JUILLET ET LE SYMBOLE DU 5 JUILLET

• Quelques éléments sur Praviy Sektor. Yarosh, le chef de Secteur Droit, a annoncé qu’il accepte de travailler avec Gritsak qui a été officiellement nommé à la tête du SBU (nagg.in.ua, unian.net). Retour vers le passé : le manifeste video daté du 24 février 2014, donc juste après le coup d’état à Kiev et sous-titré en pas moins de 11 langues (youtube) et une interview de Yarosh datant de mars 2014 (youtube).

Secteur Droit. La Grande Reconquête Ukrainienne (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

Interview: Ukrainian nationalist leader Yarosh rejects Kremlin anti-Semitism accusations  (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

En prime un reportage photo sur les combattantes de Praviy Sektor (sputniknews).

 

 

• Quelques éléments sur Azov.  Azov a publié les identifiants, pour dons, de ses comptes bancaires sur sa page Facebook. Pas de surprise, ce sont des “PrivatBank”, la banque de Kolomoisky. Il est par ailleurs amusant de voir que la JP Morgan s’occupera de faire l’intermédiaire (facebook).

Colonel Cassad publie un article sur la façon dont le chef d’Azov, Andrei Biletsky, considère le gouvernement ukrainien (colonelcassad). C’est très clair, se sont des lâches qui veulent mettre fin à la guerre au Donbass au plus vite, quitte à capituler devant la Russie, ce que Azov refuse et qui motive sans doute les pressions exercées sur le gouvernement par les bataillons ultra-nationalistes.

Le blog “Cercle non conforme” publie, le 28 juin 2015, la traduction française d’une interview de Oleh Odnorojenko, idéologue d’Azov (cerclenonconforme.hautetfort.com). Cela donne des passages du genre :

Sur l’UE : Que signifie intégration européenne ? C’est une chose si cela représente une interaction entre les peuples européens qui adhèrent aux valeurs traditionnelles, l’Europe traditionnelle, comprise comme celle des nations européennes qui partagent des problèmes, des intérêts et à la base, des manières communes de résoudre ces mêmes problèmes.

C’en est une autre, complètement différente, si, par intégration européenne, on entend l’intégration à l’Union Européenne, car celle-ci, est avant tout une négation de l’Europe en tant que telle dans la mesure où nous ne retrouvons pas dans l’UE, les principes de base qui associent la notion d’Europe à celle de la civilisation européenne, propre à l’Europe et à chaque nation européenne… Je dois affirmer que, malgré ce qui a été souligné par les médiats occidentaux, le Maidan n’a pas constitué un projet euro-atlantiste en ce qu’il n’y avait rien pour le situer dans cette perspective ou quelque chose de semblable… Les imperfections de Bruxelles sont visibles à l’œil nu et je pense que ce que nous avons à offrir en tant qu’alternative géopolitique est beaucoup plus prometteur.

Les plans d’avenir d’Azov : Oui, sans aucun doute, lorsque l’on parle des intérêts de l’Ukraine ou  d’un autre pays voisins, nous constatons que l’UE et l’OTAN ont échoué à  s’acquitter de leurs tâches.

Nous voyons qu’ils sont impuissants.  Indéniablement si l’on parle de sécurité régionale, au sujet des menaces  venues de l’Est, qui sont avérées à présent, mais pas seulement elles.  Je pense à celles venues du Sud qui sont souvent oubliées. Si l’on  évoque ce format de sécurité régionale, il est évident que l’Ukraine  devrait devenir l’initiatrice et l’outil visant à la création d’une  alliance des pays de l’axe Baltique-Mer Noire, car c’est une union  géopolitique qui va naturellement de soi. 

Il est également clair  aujourd’hui que l’Etat ukrainien ne fait aucun pas sérieux vers la  réalisation d’un tel projet géopolitique, mais d’un autre côté, nous  voyons que le Belarus, les pays baltes, la Lituanie, la Géorgie ou la  Moldavie, considèrent l’Ukraine comme le leader naturel de cet espace.  Nous pouvons également rappeler que de telles initiatives géopolitiques  avaient été mises en œuvre dans les années 90 avec le bloc GUUAM qui  comprenait la Géorgie, l’Ukraine, l’Ouzbékistan, la Moldavie et  l’Azerbaïdjan. Les élites politiques et « l’establishment » de ces pays  comprennent que cette perspective géopolitique constitue un moyen de  résoudre leurs problèmes nationaux.

Ils voient l’Ukraine comme un  leader naturel et le fait que cette dernière, en raison de l’immaturité  de ses élites politiques, n’ait pas encore suggéré une telle idée et ne  travaille pas à sa concrétisation, constitue selon moi quelque chose de  temporaire. 

Au moins, les volontaires nationalistes ukrainiens qui, à  présent, défendent l’Ukraine les armes à la main, considèrent l’Ukraine  comme un pays avec de vastes perspectives et formeront dans un avenir  proche la base pour une nouvelle élite ukrainienne, comprennent très  bien ces problèmes, soulèvent ces questions et les discutent. Et je  pense que très bientôt, nous passerons des spéculations théoriques à la  réalisation pratique.

En fait, cette dernière est, jusqu’à un certain  point déjà en cours, étant donné qu’au sein des formations de  volontaires, le régiment « Azov » en particulier, des ressortissants de  ces pays servent en tant que combattants ou volontaires affectés à des  tâches diverses, et porteront bien haut, j’en suis convaincu, l’idéal  d’une intégration Baltique-Mer Noire avec l’Ukraine, dans leurs propres  pays.

    

Pour mémoire, une synthèse sur Azov avait été réalisée par le blog “Histoire et Société” en septembre 2014 : “Bataillon Azov : une milice néo-nazie, des  brigades internationales fascistes financées par l’oligarque  israélo-ukrainien I.Kolomoisky “ (histoireetsociete.wordpress.com).

 

 

 

• Le rassemblement du 3 juillet 2015. L’agence de presse officielle de l’Ukraine, UNIAN, présente le rassemblement comme une “manifestation dans le centre de Kiev de représentants de quelques bataillons de volontaires (unian.info, unian.net). En fait, le “quelques” et très relatif parce qu’il s’agit certes de 3 bataillons (Praviy Sektor, Azov et Aydar), mais tout de même de 4000 “représentants” (fortruss, colonelcassad) !

 

Version UNIAN (international)

 

Version UNIAN (national)

 

Version Colonel Cassad

 

3 juillet 2015 : «Марш Святослава» на майдані Незалежності (пряма трансляція)   (la “Marche Sviatoslav” sur la place de l’indépendance (Live) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

L’annonce de cette manifestation et des demandes associées de dénoncer les accords de Minsk et de reprendre les offensives à l’Est date du 21 juin (les-crises.fr).

 

RAPPEL FOCUS DE L’ACTU DU 24 JUIN 2015 (les-crises.fr)

• Praviy Sektor exige de Porochenko qu’il relance la guerre au Donbass. Praviy Sektor exige de Porochenko de mettre fin aux accords de Minsk et de reprendre les opérations militaires dans le Donbass  (http://sputniknews.com/europe/20150621/1023661461.html).  Praviy Sektor a aussi annoncé qu’il organisera une marche dans le  quartier des ministères le 3 juillet, en mémoire du 965ème anniversaire de la victoire du prince de Kiev Sviatoslav sur l’empire Khazar (http://www.vz.ru/news/2015/6/21/751986.print.html).

 

Les références à Sviatoslav et aux Khazars ne sont pas anodines et sont même très lourdes de signification. Sviatoslav est un prince de la Rus de Kiev ayant régné entre 962 et 972. La Rus de Kiev est considérée par les Russes comme le coeur de la Russie médiévale dont Kiev était la capitale et par les Ukrainiens comme l’Ukraine mythique des origines. Rappelons au passage que l’Ukraine en tant que nom et pays n’apparait dans l’histoire qu’après la première guerre mondiale, soit quasi 1000 ans plus tard. Ce différend historique donne lieu à un projet de loi en Ukraine, déposé le 3 juillet 2015, qui vise à interdire l’emploi du mot Russie pour désigner la Russie ! Il porte le nom de “Projet de loi sur  l’interdiction de l’utilisation du nom historique du territoire de  l’Ukraine et de ses mots dérivés comme le nom ou le synonyme de la  Fédération de Russie, l’utilisation de ces noms pour le territoire actuel de la Fédération de Russie ou une partie de celui-ci.” (rusvesna.su, lenta.ru, projet de loi 2276a : rada.gov.ua)…  Pour la petite histoire, ce projet a été proposé par Oksana Kortchinskaya dont le mari, Dmitriy Kortchinskiy, avait proposé le 18 juin d’adopter les “méthodes américaines” de la Seconde Guerre Mondiale pour vaincre à l’Est : bombardement des quartiers résidentiels et camps de concentration pour les habitants de RPD / RPL (les-crises.fr au 19 juin, youtube).

 

 

Bref, revenons à Sviatoslav, dit Sviatoslav le Brave, dit Sviatoslav 1er. Ce prince païen a passé son court règne à guerroyer et à étendre très significativement le territoire de la Rus de Kiev en faisant de la Rus un des plus grands états en Europe. (wikipedia.org).  Il conquiert des territoires jusqu’à la Volga et la Mer Caspienne et une partie des Balkans, détruisant au passage les deux plus puissants états de l’époque dans la région : le Khaganat khazar et le premier Empire bulgare.

 

En rouge le territoire d’origine de la Rus de Kiev, en orange, les conquêtes de Sviatoslav

 

En ce qui concerne les Khazars (à ne pas confondre avec les Khazaks),  il s’agit de tribus guerrières ayant conquis un territoire considérable entre 650 et 850, époque de leur apogée.  (wikipedia). Coincé entre l’empire byzantin chrétien et le califat arabe musulman, ils sont surtout connus pour avoir choisi le judaïsme comme religion d’état en 838, afin de ne pas avoir à prêter allégeance à l’un ou à l’autre.

 

Le Khaganat Khazar

 

En résumé, la manifestation de Praviy Sektor se déroule, de leur point de vue, le jour de la commémoration d’une success story militaire ukrainienne avec notamment la conquête d’une partie de la Russie et une victoire sur un état juif. Difficile de faire plus clair dans les symboles…

 

• Le gouvernement cède devant les ultra-nationalistes. Et de fait, en proie d’autres parts à des manifestations de mécontentement, des révoltes de députés (dnr-news.com, youtube) et une forte instabilité gouvernementale, le gouvernement semble céder à leurs demandes. Les combats autour de l’aéroport de Donetsk s’intensifient (voir plus bas) et surtout les Ukrainiens semblent avoir remporté une victoire symbolique à Shirokino (voir plus bas) avec le retrait unilatéral des troupes de la DNR de cette ville située sur le littoral de la Mer d’Azov. Andreï Biletski, le chef du bataillon Azov a proclamé, le 2 juillet, cette victoire au parlement, l’attribuant aux bataillons de volontaires.

 

De plus, Porochenko appelle le 3 juillet, à demander plus de sanctions contre le Russie si le cessez-le feu venait à être “vraiment” rompu (sputniknews, fortruss). A ce titre, la DNL (République de Lougansk) estime qu’il y a au Donbass 75 000 soldats ukrainiens prépositionnés, plus qu’il n’y en a jamais eu (fortruss) !

 

Tout ceci semble satisfaire les attentes des bataillons de volontaires.

 

• 1er juillet : Les combats autour de l’aéroport de Donetsk gagnent chaque jour en intensité. L’OSCE a constaté 168 explosions le 30 juin, provenant de tirs de tanks ou de mortiers (unian.net, sputniknews).

 

• 2 juillet : Retrait de Shirokino des forces de la DNR. Le mardi 26 juin, les forces de Kiev lancent une forte offensive sur Shirokino. Les troupes de la DNR doivent reculer, mais en affirmant que la frontière tient toujours puisque l’artillerie de la DNR contre attaque (novorossia.today). La situation reste confuse pendant 8 jours, jusqu’au mercredi 1er juillet, quand Denis Pushilin déclare que la DNR se retire d’une manière unilatérale dans le cadre des accords de paix (novorossia.today). Le lendemain, 2 juillet, Andreï Biletski, député de la rada, se félicite de la victoire “Shirokino est ukrainienne !!! Ce n’est pas arrivé parce que quelqu’un aurait signé les accords de Mink-2,3,4, mais parce que depuis le début de l’offensive hivernale d’Azov, l’ennemi a perdu plus de 800 miliciens qui ont été tués, blessés ou capturés, selon des informations issues de communications qui ont été interceptées. Le mérite en revient aux gars de “Azov”, “Donbass”, le 37e bataillon et beaucoup d’autres” (apostrophe.com.ua et quemadoinstitute.wordpress.com). Derrière le terme “beaucoup d’autres” se trouvent des Géorgiens, des Tchétchènes et des Américains.

Le samedi 4 juillet, Colonel Cassad publie l’explication du milicien de la DNR, Alexandre Zhuchkovskiy qui critique le commandant de son régiment (colonelcassad). La ville de Shirokino, au bord de la mer d’Azov, un peu à l’est de Marioupol, est proche d’une hauteur stratégique, qui est conquise le 19 janvier 2015 par la “1ere brigade motorisée de Slaviansk”, dirigée par Semionov, surnommé Le Petit. Peu de temps après, l’ordre est donné de quitter la hauteur par le commandement du 9e régiment dont fait partie la brigade. Le chef Le Petit se replie bien qu’il pense qu’il valait mieux rester. Les Ukrainiens prennent la hauteur et la fortifient. Le 9e régiment demande à Le Petit de reprendre la hauteur. Mais la promesse du soutien de l’artillerie et du renseignement n’est pas tenue. Avec seulement des armes légères, il n’est pas possible de revenir sur cette hauteur. La brigade reste dans Shirokino où elle résiste malgré les bombardements.

Finalement, Le Petit est écarté et est remplacé par l’adjoint du chef du 9e régiment, surnommé “Boxer”. Zhuchkovskiy le soupçonne d’avoir détourné de l’essence et d’avoir commis d’autres infractions. Les désaccords entre la brigade et le régiment ont contribué à la défaite.

Mais un autre élément a sans doute été plus déterminant, qui est le renfort d’Azov par 10 blindés T-64B et par la participation de mercenaires Américains. Ils sont venus à Shirokino avec leur savoir-faire, et surtout avec leurs missiles FGM-148 Javelin. Zhuchkovskiy explique que ces armes sont redoutables car elles sont beaucoup plus silencieuses que les autres (novorossia.today). Il est donc difficile de localiser leur point de départ, et le délai est très court pour se mettre à l’abri quand on les entend arriver. Wikipedia précise que les Javelin ont un autoguidage infrarouge et deux charges explosives qui leur donnent beaucoup d’efficacité. Leur principal défaut est leur coût d’environ 78 000 dollars l’unité (wikipedia).

Après les affirmations du camp ukrainien (“Azov” en particulier), quant aux pertes subies par les rebelles à Shirokino, il semblerait qu’il y ait une part de vérité derrière les rodomontades (le chiffre des pertes, en particulier, serait à vérifier). Les rebelles avaient annoncé le 1er juillet qu’ils avaient l’intention de faire de Shirokino une “zone démilitarisée” (déclaration unilatérale de leur part) et de retirer leurs troupes à 2,5 km de la ligne de front (dan-news.info, pravda.com.ua, colonelcassad, sputniknews). Samedi 4 juillet, l’OSCE a déclaré qu’elle n’avait pas constaté la présence de soldats novorusses dans Shirokino (dan-news.info). Il y a eu des discussions entre les rebelles, Kiev et le Groupe commun de coordination et de surveillance du cessez-le-feu pour organiser des patrouilles communes de surveillance du secteur. Kiev a refusé d’y participer et le Groupe commun estime que ce refus ukrainien constituerait en soi une violation du dit cessez-le-feu (dan-news.info).

 

Les lignes de front à Shirokino après la démilitarisation/abandon du village (colonelcassad)

 

• 5 juillet 2015 : Fête d’un côté, commémoration de l’autre. Cette “victoire” ukrainienne de Shirokino intervient également quelques jours avant la date anniversaire de la seule vraie victoire ukrainienne, celle de la prise de Slavyansk après un mois de siège. Et de fait, le même jour, dimanche 5 juillet 2015, deux manifestations se déroulent presque au même endroit, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu, dans la région de Slaviansk. “En Ukraine il y a deux fêtes.Tous les patriotes célèbrent une fête créée sur mesure par le pouvoir de Kiev, dénommée “Libération de Slaviansk l’ukrainienne”. Les festivités sont accompagnées de tous les symboles jaune-bleu. Toute la ville regorge de drapeaux et de blasons jaune-bleu. De cette manière, le pouvoir ukrainien veut démontrer à ceux qui ne sont pas d’accord avec lui que leur insurrection est écrasée et qu’il leur faut désormais se soumettre au nouveau régime. En même temps que le nouveau pouvoir ukrainien organisait des bals sur les ossements, à Donetsk des habitants ordinaires de la République populaire de Donetsk se sont rendus à un meeting-réquiem organisé  en l’honneur des civils de Slaviansk tués et en mémoire des combattants rebelles tombés dans les combats pour la libération du Donbass. Pendant que dans Slaviansk “l’ukrainienne” des “locaux” d’opérette sortent dans la rue pour soutenir la junte, dans la capitale de la DNR/PD, des gens accablés de chagrin et submergés d’émotion se sont rassemblés autour de la Flamme éternelle  pour déposer des fleurs en l’honneur des habitants ordinaires de Slaviansk, innocents tués, qui n’étaient pas d’accord avec le renversement illégal du gouvernement de février 2014 et ont utilisé leur droit à l’autodéterminati on. Mais on les en a dépossédés. Tout comme on leur a volé la liberté d’expression. Petr Porochenko assure que l’Ukraine est maintenant libre comme elle ne l’a jamais été. Mais c’est un mensonge. Pour être libre, il faut mourir. Pour obtenir ses droits intrinsèques,  il faut verser des torrents de sang. Pour avoir le droit de vivre libre, il faut mourir.” Telles sont les paroles qu’a prononcées Denis Pouchiline, porte-parole politique de la DNR/RPD, au cours de ce meeting-requiem (e-news.su, pravda.com.ua, youtube, colonelcassad).

5 juillet 2015 :  Стоит посмотреть: Митинг-реквием “Не забудем,Не простим: Славянск”  Урофашист не пройдет!  (A voir : Requiem, “Slaves, n’oubliez pas, ne pardonnez pas” l’Ukrofascisme ne passera pas!) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Et pour finir, l’évolution des frontières des républiques novorusses depuis le début de la guerre. Evolution entre le 1er juillet 2014 et le 1er mars 2015  (youtube)

28 avril 2015 : Изменение границ Народных Республик Новороссия   (Evolution des frontières de la république populaire de Novorussie) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

A suivre donc…

 

 

SECOND FOCUS DE LA SEMAINE : LISTE DE SOURCES D’INFORMATION

Bonjour, voici une première version d’une liste de sources d’information sur le sujet de l’Ukraine. Elle n’a pas la prétention d’être exhaustive. Nous en avons même certainement oublié pas mal… Si vous en connaissez d’autres, veuillez, s’il vous plaît, nous les signaler en commentaire de ce billet. Nous mettrons régulièrement cette liste à jour.

Sites de traduction
http://fortruss.blogspot.fr/
http://russia-insider.com/en
 
Médias novorusses
http://dnr-news.com/
International Observatory of Ukrainian Conflict  http://iouco.tumblr.com/
http://www.e-news.su/svodki-opolcheniya/
http://novorossia.vision/fr/ (publie en russe, anglais, français et espagnol)
http://en.voicesevas.ru/
http://novorossia.today/
http://rusvesna.su/news (en russe)
 
Hackers
http://www.cyber-berkut.ru/en/index.php
 
Médias ukrainiens
http://www.kyivpost.com/
http://www.pravda.com.ua/rus/
http://informator.lg.ua/ (propagande anti-russe)
http://glavnoe.ua/news/n232742 (propagande anti-russe)
Lebiy Bereg http://lb.ua/
http://www.unn.com.ua/ru/
http://censor.net.ua/news/all (propagande anti-russe, publie en russe et en anglais)
http://apostrophe.com.ua/news/
http://fakty.ua/
http://www.ukrinform.ua/
http://obkom.net.ua/
http://replyua.net/news/ (fortement anti-russe, propagandiste pro-OTAN)
http://top.novostimira.biz/ (propagande anti-russe, assez bas niveau)
http://www.capital.ua/ (informations générales et économiques en russe)
http://vesti-ukr.com/
 
Médias locaux ukrainiens
Marioupol : http://www.0629.com.ua/
Marioupol : http://ilich.in.ua/
Odessa : http://timer-odessa.net/
Odessa : https://news.pn/ru/ (en russe, pro-Kiev, assez fiable)
Donetsk : http://dan-news.info/
Soumy : http://www.0542.ua/
Kharkov : http://nahnews.org/
 
Blogs ukrainiens
http://peremogi.livejournal.com/
http://materi.com.ua/ (site des mères de soldats ukrainiens : site inaccessible)
 
Blogs occidentaux pro Kiev
http://ukraine2014.canalblog.com/
Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne en France  http://crcuf.fr/
 
blogs pro novorusse
Kazzura
Gaideclin http://gaideclin.blogspot.fr/
https://novorossiyadailysun.wordpress.com/ (en anglais)
Graham Phillips  http://thetruthspeaker.co/
Graham Phillips Tweeter  https://twitter.com/grahamwp_uk
 
Blogs russes
http://colonelcassad.livejournal.com/
http://cassad-eng.livejournal.com/
 
Chroniques 
http://www.brianmefford.net/blog/ (tous les 15 jours environ)
http://ria.ru/analytics/20150630/1105107822.html (analyse hebdomadaire de Ria Novosti, ici celle du 22 au 28 juin 2015)
 
Médias russes
http://www.pravda.ru/
http://www.e-news.su/
http://rusvesna.su/
http://www.ridus.ru/
RBC http://www.rbc.ru/
http://echo.msk.ru/blog/y_kanner/1531432-echo/ (un onglet mène vers des blogs en russe)
Ria Novosti  http://ria.ru/
http://politrussia.com/
Vzgliad http://www.vz.ru/
Regnum http://www.regnum.ru/
Gazeta http://www.gazeta.ru/
 
Médias russes internationaux
http://sputniknews.com/
http://sputnik.md/
http://it.sputniknews.com/
http://pl.sputniknews.com/
http://fr.sputniknews.com/
http://de.sputniknews.com/
http://rt.com/
http://english.pravda.ru/
http://tass.ru/en/world (agence TASS en anglais)
 
Sites officiels ukrainiens
UNIAN Agence de presse officielle (version internationale en anglais) http://www.unian.info/
UNIAN Agence de presse officielle (version locale en ukrainien) http://www.unian.net/
Parlement ukrainien (anglais)  http://rada.gov.ua/en
Parlement ukrainien http://rada.gov.ua/
Liste des lois et projets de loi http://w1.c1.rada.gov.ua/pls/zweb2/webproc2
http://ukraine.usembassy.gov/
http://www.president.gov.ua/ (site du président Porochenko)
http://www.president.gov.ua/en (en anglais)
Tweeter des représentations ukrainiennes https://twitter.com/MFA_Ukraine/lists/ukrainian-missions
 
Sites officiels russes
Présidence de Russie http://en.kremlin.ru/
Ministère des Affaires Etrangères http://www.mid.ru/brp_4.nsf/main_eng
TASS Agence de presse officielle (anglais) http://tass.ru/en
TASS Agence de presse officielle (russe)  http://tass.ru/
Tweeter des ambassades russes https://twitter.com/mfa_russia/lists/russian-representations
 
Sites officiels occidentaux
Parlement Européen http://www.europarl.europa.eu/portal/fr
Présidence du Parlement Européen http://www.europarl.europa.eu/the-president/fr/
Tweeter des représentations françaises https://twitter.com/francediplo/lists/ambassades-et-consulats
tweeter des représentations des USA https://twitter.com/StateDept/lists/us-department-of-state
 
Organisations internationales
OSCE http://www.osce.org/
OSCE : Daily updates from the Special Monitoring Mission to Ukraine http://www.osce.org/ukraine-smm/daily-updates
OSCE : Reports from the Observer Mission at the Russian Checkpoints Gukovo and Donetsk http://www.osce.org/om/122243
 
Channels Youtube
Kazzura https://www.youtube.com/user/wintersodomy
Thalie Thalie https://www.youtube.com/channel/UCV7ERqInGC_t8ndBe5qozqA/videos
Vincent Parlier https://www.youtube.com/channel/UC-R4RhxWho7NYP10QEmxv0g
Hunter News https://www.youtube.com/channel/UCD0BlJqb0FVh9l6EwgigDfA
Stratpol https://www.youtube.com/channel/UCoQa3Zf8ntJ1V-L4d6saVhw
Watchdog Media Institute https://www.youtube.com/channel/UCU7LK-sN-gsmT6Zsh-hmxmQ/videos
South Front https://www.youtube.com/user/crimeanfront
News Front https://www.youtube.com/channel/UCt94dhpYV06IMOTXcGXt3eQ
Vox Populi Evo https://www.youtube.com/user/VoxPopuliEvo
Bataillon Azov https://www.youtube.com/channel/UCewl92lzIMDO8QiAYOQ2d8w
Graham Phillips https://www.youtube.com/channel/UCbwfUqs5Y6_jblWJwMIfRzA
Administration du Président de l’Ukraine https://www.youtube.com/channel/UCncq73xfx9sVA3Ht2uVRrCw
Accidents news (pro-Kiev) https://www.youtube.com/channel/UCozTNWrw41RC5P447d2nuKw/videos
Radio Svoboda Online https://www.youtube.com/channel/UC7qnYpVcuFbURi3E2E6_f6Q
 
Réseaux Sociaux
Truth About Situation in Ukraine (FB)  https://www.facebook.com/TruthfromUkraine
Vox Populi Evo (FB)  https://www.facebook.com/Voxpopulievo
Azov Reconquista (FB) https://www.facebook.com/Azov.Reconquista
Golos Media (VK) http://vk.com/golosmedia
Soutukraine (VK) https://vk.com/soutukraine

 

 

RETOUR SUR LA SEMAINE DERNIÈRE

• La guerre ukrainienne contre les enfants.  L’aide russe (youtube) et les démarches de Donetsk devant les organisations internationales (novorossia.today).

“Texas” et le bataillon “Khan” : aide humanitaire aux enfants de Donetsk   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• La mauvaise qualité du matériel militaire ukrainien. “A shot in the back” (bmpd.livejournal.com via fortruss).

Pour le conseiller militaire de Porochenko, Iouri Birioukov,  l’armée est obligée de récupérer du vieux matériel “en raison des retards dans l’industrie” (vz.ru).

 

 

• La Moldavie et la Transnistrie. En Moldavie, les partis pro UE/US/OTAN ont finalement gagné les élections locales mais avec des soupçons de fraude (nzz.ch). – le maire pro-occidental de Kishiniov, Dorin Kirtoake, surnommé le “Saakashvili moldave” a gagné le deuxième tour des élections municipales dans cette ville. Cependant le parti socialiste de la candidate pro-russe et ancienne Première Ministre Zinaida Gretchanaia affirme qu’il y a eu de nombreuses irrégularités (vz.ru). Le pays est de plus en plus divisé et apparait un concentre d’Ukraine, plus petit, plus explosif, avec toujours autant de drames et d’oligarques (ecfr.eu).

 

Le blocus de la Transnistrie a commencé (sputniknews), l’Ukraine continue d’accumuler des troupes à la frontière et tout est possible, même une guerre classique  (globalresearch.ca, twitter.com) voire nucléaire pour la Pravda (pravda.ru). De façon inattendue, la Roumanie appelle, le 2 juillet,  à la détente dans les relations avec la Russie (vz.ru). Dimanche, dans une dynamique contraire, environ 2000 personnes se réunissent dans la capitale Moldave, Chisinau, pour  demander le rattachement de la Moldavie à la Roumanie (sputniknews).

 

• L’Arménie. Les manifestations et sit-in contre l’augmentation du prix de l’électricité se terminent (sputniknews). Mais apparemment, un nouveau mouvement politique pro-occidental se crée dans la foulée (colonelcassad). A suivre donc…

 

• Intégralité de l’émission  Shuster sur les atrocités du bataillon Tornado (youtube via liveleak.com et fortruss).

Ukraine MPs and officials discuss torture in “Tornado” and terr-battalions [ENG Voiceover] 18+   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Purge dans le système judiciaire ukrainien. La Rada a approuvé la levée d’immunité du Président de la Cour d’appel. Selon VZGliad (reprenant notamment l’analyse de Sharij), il s’agit d’un signal très fort pour soumettre tout le système judiciaire à Porochenko (vz.ru).

 

• Autres Chroniques : Brian Melford.  Ukraine Update 6/29: End of the Euro-Maidan Honeymoon (brianmefford.net).

 

• Autres Chroniques : Ria Novosti.  Украина с 22 по 28 июня: власть группируется перед прыжком (Ukraine du 22 au 28 Juin: le gouvernement se regroupe avant le saut) (ria.ru)

 

• Analyse générale : Monica Kabrowska et Gueorguy Chepelev.  Conférence donnée à l’espace Maymana, 14 juin 2015 (youtube)

 14 juin 2015 : Balkans, Ukraine et Russie, une nouvelle ère ? première partie   (https://www.youtube.com/watch?v=41sT-tdGWOk&feature=share)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

 

LUNDI 29 JUIN 2015

• Scénario catastrophe. Histoire de détendre l’atmosphère, Vox publie une étude sur une possible guerre nucléaire entre les USA et la Russie : “How World War III became possible” (vox.com).

 

• C’est pas nous, c’est lui. Natalia Yaresko, la ministre des finances, affirme que 90% de la dette ukrainienne appartient à Yanoukovitch, sa famille et son entourage (pravda.com.ua). Elle soutient Porochenko qui avait déclaré que la dette de l’Ukraine envers la Russie (3 milliards de dollars) était en réalité “un pot de vin” (взятка) offert à Yanoukovitch (rusvesna.su). Donc, le gouvernement ukrainien n’a pas l’intention de rembourser la Russie. Problème, ces trois milliards n’ont pas été directement prétés par la Russie à l’Ukraine, mais rachetés par la Russie sur le marché de Londres. Ne pas rembourser une telle dette équivaudrait à un défaut de paiement.

 

• Fracture dans la société ukrainienne ? Le Kyiv Post sort un article sur la constatation que le poids de la guerres est “très inégalement partagé en Ukraine” (kyivpost.com).

 

• Nouvel exploit des Cyber Berkuts. ils ont eu accès aux documents du budget des Forces armées ukrainiennes 2015-2018 (rusvesna.su, cyber-berkut.ru “29.06.2015 The budget of Armed forces of Ukraine on 2015 – 2018″). A condition de lire l’ukrainien, tous les détails sont dans ce document PDF (cyber-berkut.ru).

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

• Ce que les Ukrainiens pensent des russes. La question posée est “Dites-moi, s’il vous plaît, ce que vous associez au mot «Russe» ?” Quelques réponses :  “la guerre”, “De belles bonnes personnes intelligentes qui sont tombées dans de mauvaises mains”, “le pays agresseur, qui mène actuellement une politique de conquête et d’annexion, par exemple à propos de la Crimée”, “Des gens endoctrinés”, “Avec eux, il est impossible de parler”, “nous ne les comprenons pas, mais ils ne nous comprennent pas”, “Les Russes est une nation qui, en son temps, il a été formé grâce au prince de Kiev. Comme nous le savons, le fondateur de Moscou – Iouri Dolgorouki et la plupart des villes étaient des principautés de la Rus ‘… Kiev a fondé Moscou”, “la Vodka, le bois, le pétrole, l’ignorance” mais aussi “Je crois que tous les êtres humains frères et sœurs”, “le peuple frère”, “Ils ont la même foi, ils sont les mêmes, ils sont de la même branche, ils sont nos frères”, “Nous voulons  la paix, que tout aille bien. Et je souhaite que, eux aussi, le veuillent”  (youtube).

29 juin 2015 : Что украинцы думают о русских? / What do Ukrainians think about the Russians?   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Article de synthèse sur la Transcarpathie. La Transcarpathie pourrait suivre l’exemple de la Crimée et du Donbass. Cette région très isolée et où fonctionnent toujours les relations claniques appartenait à la Tchécoslovaquie avant la seconde guerre mondiale. L’article aborde la carrière de l’homme fort de la région, Victor Baloga sous Yuchtchenko et Yanoukovitch. Les minorités hongarophones et le jeu de Budapest (vz.ru).

 

 

MARDI 30 JUIN 2015

• Les Russes approuvent le projet de pont entre la Russie et la Crimée, annonce Oukraïnskaïe Pravda (pravda.com.ua, colonelcassad). Le sort de ce projet devrait être scellé dans deux mois, précise RBK (top.rbc.ru).

 

 

• Apologie de Hitler à Kherson. Quelques personnes, rassemblées à Kherson pour célébrer l’anniversaire du 30  juin 1941. il y a 74 ans, à Lvov, l’Organisation  des nationalistes ukrainiens [OUN], sous la direction de Stepan Bandera, a proclamé la formation de l’État ukrainien en s’alliant à Hitler (youtube, vidéo originale : youtube).

Ukraine: Quand à Kherson on évoque Hitler. Le 30/06/2015 [sous-titres fr.] (youtube, vidéo originale : youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Chiffres officiels de l’ONU. En un an de conflit armé, environ 6500 personnes ont été tuées dans l’est de l’Ukraine, 16000 ont été blessées, et 5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire (pravda.com.ua).

 

• L’armée russe va être en mesure de désactiver les satellites ennemis (ridus.ru à 18:47, rt.com).

 

• Pipeline russe vers la Chine. Une cérémonie officielle a eu lieu lors de la première soudure (siberiantimes.com).

 

• Manifestation devant la rada : les déposants. Les manifestants exigent le soutien par les députés du projet de loi  №2045-а, qui garantit les dépôts bancaires des personnes physiques (pravda.com.ua).

 

• Manifestation devant la Rada : les agriculteurs. Plusieurs centaines d’agriculteurs se sont rassemblés devant la rada pour demander la conservation du régime fiscal spécial de recouvrement de la TVA pour les exploitations de la filière de l’élevage.

Ils protestaient également  contre les normes introduites par une loi qui oblige,sous prétexte de “simplification”,  tous les employeurs appartenant au troisième groupe de taxation à stopper l’utilisation des caisses enregistreuses à partir du 1er juillet. Les acteurs du secteur agraire appellent les députés à retirer les projets de loi n° 1718 et 1088 qui, soit suppriment totalement l’obligation d’utiliser les caisses enregistreuses (loi N° 1718), soit accordent aux exploitations un délai de six mois avant l’application de la loi (loi N° 1088) (rusvesna.su).

 

• Et remue-ménage à l’intérieur de la Rada. Le 30 juin, plusieurs dizaines de députés emmenés par le leader du Parti radical, Oleg Liashko, ont bloqué la tribune de la Rada. Ces députés exigeaient que soient examinés immédiatement les projets de loi n° 1088 et 1718 qui ajournent ou même suppriment totalement, pour les employeurs, l’obligation d’utilisation de caisses enregistreuses à partir du 1er juillet. Le porte-parole de la rada suprême, Vladimir Groïsmann a été contraint de quitter d’urgence la salle de l’assemblée et a fait venir dans son cabinet les représentants de la coalition ainsi que Nina Youjaïna, présidente du comité parlementaire chargé des questions fiscales et de la politique douanière, pour y tenir une réunion de crise (rusvesna.su). Les ambitions déçues d’Oleg Liashko (il était candidat à la présidence en même temps que Porochenko et aurait bien aimé devenir premier ministre) y sont peut-être pour quelque chose dans cette action qui a des apparences vertueuses de lutte contre l’économie souterraine.

 

• Discussions diplomatiques bilatérales à haut niveau en marge de la réunion sur le nucléaire iranien à Vienne. Lavrov rencontre ainsi Kerry (mid.ru, sputniknews).

Foreign  Minister Sergey Lavrov answers questions from the media after talks  with US Secretary of State John Kerry, Vienna, June 30, 2015 (mid.ru)

 Question: What was the outcome of the talks with US Secretary of State John Kerry?

Sergey Lavrov: Talks  with US Secretary of State John Kerry were held in line with agreements  between President of Russia Vladimir Putin and US President Barack  Obama, reached during their telephone conversation. The presidents  agreed to focus on the growing terrorist threat in the Middle East and  North Africa, primarily in the context of the Syrian crisis. Mr Kerry  and I were instructed to meet and to discuss in detail the opportunities  available for intensifying and coordinating the actions of regional  countries in view of the increasingly aggressive attacks by the Islamic  State, Jabhat  al-Nusra and other terrorist organisations. Today, acting in the spirit  of principled understandings reached by the two leaders, we exchanged  concrete ideas on how to try to make the situation more manageable at  the current stage and how to consolidate all those who view the Islamic  State as the ultimate evil and who are sincerely interested in  eradicating terrorism in this key region of the world.

Naturally, we briefed our US partners on the results of Syrian Foreign Minister Walid al Muallem’s visit  to Moscow, the results of his talks with President Vladimir Putin in  the Kremlin and my talks with him in Moscow yesterday. Our US colleagues  and we agree that the situation calls for a more proactive approach  that would rely on the consensus of all those who oppose the Islamic  State. We also realise the need for thwarting various time-serving  considerations in every possible way and attempts to use terrorist  groups to achieve momentary, including political, goals directed at  various regimes in the region. This is very important. For obvious  reasons, I can’t go into details, and I will not do this. We have agreed  to continue these consultations and to involve regional countries in  them. I hope that consultations will be held in the foreseeable future,  and we will not delay them for long. We need to organise some  preliminary events for this purpose.

We also discussed several  other issues on the Russian-American and international agenda. Acting in  accordance with the agreement reached during Mr Kerry’s visit to Sochi  on May 12 this year, we decided to continue our contacts on the  Ukrainian crisis on a more practical plane. We also reaffirmed our  intention to use the channel coordinated by the presidents of Russia and  the United States for this purpose. Deputy Foreign Minister Grigory  Karasin and Assistant Secretary of State Victoria Nuland have met twice  and plan to meet again in the next 10 days. We agreed that the Minsk  Agreements will be the main gauge for these consultations, just as for  the Normandy format talks, and that these agreements will be on the  table at the meetings of our representatives. We will look at what has  been done and what has not been done, paragraph by paragraph, and decide  on which side to apply additional pressure. 

We voiced our concerns  related to Kiev’s misinterpretations of the Minsk Agreements, primarily  regarding elections in Donbass, constitutional reform and an amnesty.  Our American partners voiced their intention to press for the strict and  comprehensive implementation of the Package of Measures approved in  Minsk on February 12. We fully share this approach. But the main thing  is to apply it in practice.

We also talked about  strategic stability, the implementation of international treaties,  including the INF Treaty, and relations between our military, including  at the Nuclear Risk Reduction Centres that were created in Russia and  the United States long ago.

Some of the issues we  discussed concerned the humanitarian sphere, the problems connected with  some Russian citizens, including in Guantanamo and several other cases  where Russians were placed under US jurisdiction and we have been denied  due access to them. Mr Kerry promised to look into these bureaucratic  obstacles. I hope we’ll make progress in this sphere.

We also discussed events  that the United States is planning for the near future as part of its  chairmanship of the Arctic Council.

Question:  Regarding the Iran talks, we know that the EU has extended its  sanctions until July 7. Do you know when an agreement could be reached,  at least approximately?

Sergey Lavrov:  I haven’t heard about this EU decision. It is not on the agenda of the  multilateral Iran talks. Iran discussed the lifting of unilateral EU and  US sanctions following an agreement on its nuclear programme separately  with the EU and the US.

Mr Kerry and I discussed  the Iran nuclear talks, which are underway in Vienna, although they did  not feature prominently on our agenda. I would say that the outstanding  issues are not technical but procedural, including those related to the  formalisation of the agreement and its presentation at the UN Security  Council. We have grounds to assume that an agreement is within reach. We  have instructed our deputies responsible for political issues to do  everything in their power to reach an agreement within days.

Question: Can you say that an agreement on a procedure to lift the sanctions and IAEA inspections in Iran has been reached?

Sergey Lavrov:  As I said, the outstanding issues concern primarily the procedures.  They include various mechanisms, including those you mentioned.

Question: Have you agreed with your US partners on the automatic extension of sanctions if Iran violates the future agreement?

Sergey Lavrov: I have just answered this question.

Question:  It was announced today that Russia’s Prosecutor General’s Office has  received a parliamentary inquiry about the legality of the Baltic  countries’ secession from the Soviet Union. The Baltic countries have  described this as a provocation. Will you please comment on this news?  What practical actions can be taken if the prosecutor’s office decides  the secession was illegal?

Sergey Lavrov:  I have not heard about this inquiry. I only know that we have  diplomatic relations and interstate treaties with the Baltic countries.  This is all I can say. I don’t know about any inquiry.

 

• Purge gouvernementale en cours. La valse des ministres commence (fortruss). Le gouvernement a proposé de limoger le ministre de l’écologie, Igor Chevchtchenko (lb.ua). Le groupe parlementaire Bloc Porochenko (BPP) a également émis des doutes sur le travail des ministres de la défense Polorak et de l’intérieur Avakov. Il est notamment demandé comment des dizaines de personnes ayant subi de lourdes condamnations ont été autorisées à entrer dans les bataillons de volontaires du Ministère de l’intérieur. (lb.ua) !

La Rada confirme le limogeage du Ministre de l’écologie Chevtchenko le 2 juillet (unian.net) et le poste aurait été promis à  Liashko (vesti-ukr.com).

Se sentant sans doute menacé également, Yatseniouk estime que son départ dans les conditions actuelles serait une traîtrise vis à vis du pays (vz.ru).

Dans ce cadre, un ancien Ministre des Affaires étrangères ukrainien publie une correspondance compromettante de Yatseniouk avec un sénateur US à propos des “conseils” américains sur la composition du gouvernement ukrainien, notamment en ce qui concerne les lobbys agroalimentaires américains (vz.ru, colonelcassad).

 

 

MERCREDI  1er  juillet 2015

• Rupture des accords gaziers entre l’Ukraine et la Russie. Alors que lundi il restait un peu d’optimisme (romandie), les discussions de mardi n’ont rien donné. L’Ukraine n’est pas d’accord avec le tarif réduit du gaz proposé par la Russie (e-news.su) et formulait des demandes irréalistes de tarif préférentiel au regard de la tension politique entre les deux pays (rt.com via russia-insider). Les accords sont donc rompus (zerohedge, russia-insider). Naftogaz suspend ses achats de gaz à Gazprom qui de son côté refuse à présent de livrer l’Ukraine (112.ua, sputniknews, latribune.fr). La Russie est très claire. Elle arrête de subventionner l’état ukrainien (forbes.com via russia-insider).

Ceci n’affecte pas directement l’alimentation des pays de l’UE car la Russie continue pour l’instant d’acheminer  du gaz à l’UE via l’Ukraine. Cependant, il est fort probable que, comme elle en a l’habitude depuis très longtemps, l’Ukraine va siphonner du gaz destiné à l’Europe pour son usage personnel.  C’est sans doute le sens de la demande sinon l’exigence formulée par Martin Schulz deux jours plus tard que la Russie “revienne immédiatement à la table des négociations pour signer avec l’Ukraine un accord gazier de longue durée” ceci afin que l’Europe ne paye pas pour l’Ukraine (sputniknews).

 

 

Et non contente de s’aliéner sa source de gaz à l’Est, l’Ukraine cherche des embrouilles avec ses tous nouveaux fournisseurs de l’Ouest ! En effet, l’Ukraine se plaint à Bruxelles que la Slovaquie ne va pas assez vite pour dénoncer ses accords avec Gazprom pour lui livrer du gaz. la Slovaquie apprécie “modérément” (sputniknews).

 

• Rétorsions ukrainiennes. L’Ukraine notifie à la Russie qu’elle arrête la fourniture d’électricité à la Crimée à partir du 1er juillet (vzgliad.ru) et de plus suspend l’approvisionnement en médicaments pour les nouveaux nés à la DNR (vzgliad.ru).

 

• Suppression des liens physiques entre l’Ukraine et la Russie : la voie ferrée russe.  Oukraïnskaïa Pravda reprend le 30 juin l’information de la construction d’une voie ferrée russe contournant le territoire ukrainien, une information datant d’avril 2015 (25  04  2015  ridus.ru à 09 h 55, fraza.ua,  pravda.com.ua) : “En Russie, ce sont les militaires qui construisent  de l’infrastructure civile. Cela se passe entre Zhuravka (oblast de Voronezh)  et Millerovo (oblast de Rostov-sur-le-Don). Cette nouvelle a été annoncée le 25 avril par le vice-ministre de la défense de Russie, le général d’armée Dmitri Boulgakov. La section Zhuravka-Millerovo, qui s’étend sur 18 kilomètres, permettra aux trains se dirigeant vers le sud de la Russie de contourner l’Ukraine. La ligne existante longe très précisément la frontière et traverse même un saillant ukrainien. Il est évident qu’avec la situation actuelle, cette liaison ferroviaire importante n’est plus utilisable, d’où la tâche assignée depuis aujourd’hui aux éléments du génie militaire de Russie.”

Cette reprise arrive en même temps que la rupture des accords gaziers entre l’Ukraine et la Russie et la coupure de l’alimentation électrique de la Crimée à partir de l’Ukraine.

 

• Sabotage ukrainien. Le 30 juin à 23 h 00, sur le territoire de la LNR/RPL, une voie ferrée a sauté au moment du passage d’un train. Il s’agit de la ligne Valianovo – Darievka.  La locomotive n’a pas subi de dommages importants, personne n’a été blessé. Mais les liaisons régulières sont perturbées sur une portion de 101 kilomètres (dan-news.info).

 

• Bombardements des faubourgs de Donetsk. En périphérie de Donetsk, le quartier Kouibichev ainsi que le secteur de la mine Oktiabrski ont encoré été la cible de tirs. Heureusement, il n’y a pas eu de victimes. Communication de la mairie de Donetsk (dan-news.info). Des villages au sud de Donetsk ont aussi été bombardés fortruss).

 

• Convois humanitaires russes. On revient un an en arrière : le camp ukrainien se plaint de l’OSCE en affirmant que ses déclarations au sujet de l’examen des convois par les garde-frontières ukrainiens “ne correspondent pas à la réalité” (pravda.com.ua).

 

• L’aviation ukrainienne va-t-elle reprendre du service? Malgré le fait qu’au cours des opérations militaires du printemps et de l’été 2014, les forces armées de Novorussie ont détruit une part conséquente de l’aviation ukrainienne, les données recueillies par les éclaireurs de la DNR/RPD prouvent que Kiev n’a pas renoncé à ses projets d’utilisation de l’aviation dans l’attaque qu’elle prépare sur le Donbass. pour mémoire, un article d’UNIAN daté du 22 août 2014 décomptait 18 appareils abattus (avions et hélicoptères confondus) et presque cent tués depuis le 7 avril 2014, date du début de la soi-disant “opération anti-terroriste” (unian.net). Ces pertes en matériel représentent pas moins de 250 millions de dollars. Manifestement, le haut commandement ukrainien a de nouveau l’intention d’utiliser l’arme aérienne. Depuis juin, l’aviation ukrainienne a repris l’air et les entraînements au combat (segodnya.ua).

 

Un autre ministre qui saute : Kvitashvili, ministre de la santé. Une nouvelle manifestation à Kiev aujourd’hui. Cette fois-ci, c’est le ministre de la santé, Alexandre Kvitashvili, qui était visé. Sur les pancartes des manifestants on lisait “Les corrompus, en cage !” et “Où est la médecine accessible ?” Ils criaient aussi “A bas Kvitashvili !”. Le groupe parlementaire de Porochenko (BPP) a proposé à la coalition de considérer son limogeage (lb.ua, vz.ru). D’ailleurs, Saakashvili l’encourage à partir (vz.ru). Et de fait, Alexandre Kvitashvili, qui fait partie des ministres recrutés à l’étranger, donne sa démission le lendemain. Son départ ne sera pas forcément une grande perte, car dès le mois de décembre 2014, un des principaux médias ukrainiens, YNN, publiait un article critique à son sujet (unn.com.ua). Il lui était reproché d’abord de ne posséder aucun diplôme de médecin, mais également de n’avoir initié absolument aucune réforme quand il était ministre en Géorgie. Cela dit, son départ a certainement d’autres raisons plus obscures car plus politiques. Ceux qui voulaient sa tête risquent d’avoir été mûs par des considérations moins nobles que le souci de la santé de leurs concitoyens. Dans un saubresaut médiatique, le ministère de la santé dément que Kitashvili ait présenté sa démission (unian.net). Pour Vesti, Kitashvili a été limogé car il luttait contre la corruption. Les ministres de la santé et de l’écologie seront remplacés dans un premier temps par leur vice-ministre respectif (vesti-ukr.com). Boris Todurov pourrait à terme le remplacer (ipress.ua, fakty.ua). Quant au ministre de l’environnement, on parle aussi de Vladimir Buchko (podrobnosti.ua) ou de Svetlana Kolomiets (youtube). Pas rancunier ou juste pragmatique, Kvitachvili est prêt à travailler avec la nouvelle équipe du Ministère de la santé (lb.ua).

• Nouvelle loi ukrainienne sur la bière. A partir du 1er juillet, la bière en Ukraine fait partie des boissons alcoolisées (rusvesna.su).

A partir du 1er juillet, appartiendront à la catégorie des alcools :

En outre, seront considérées comme boissons faiblement alcoolisées, vins obtenus à partir de raisin, vermouths et autres boissons fermentées (par exemple cidre, perry), les boissons alcoolisées dont le pourcentage d’alcool dépasse 0,5%  et non 1,2 % comme auparavant.

Cette loi est commentée par un journaliste de Novoe Vremia. Il traite plusieurs sujets, et parle à la première personne. Au sujet de la loi sur la bière, voici son sentiment : “Parmi les conséquences les plus évidentes de l’application de cette loi, il y a la mort rapide des petites brasseries et des problèmes gigantesques pour les moyennes, l’augmentation du volume de la production et les consommations de tord-boyaux pasteurisés bon marché, et aussi de vodka. Des centaines d’entreprises de production et de vente vont fermer, des milliers de gens vont se retrouver sans salaire (ce processus a déjà commencé). Les survivants se “mettront d’accord” avec les organismes de contrôle, nourrissant la corruption. En complète adéquation avec l’anecdote, les gens ne vont pas moins boire, mais ils vont se mettre à moins manger. Seulement, à peine a-t-il commencé à se construire, un secteur entier de petites brasseries, produisant un produit exclusif en petits volumes, va être écrasé par les bottes des moralisateurs et des pseudo-réformateurs – pour la plus grande joie du lobby des eaux. En termes de culture de la boisson, l’Ukraine a quitté le parcours de la Tchéquie et suivi le parcours de la Russie (en même temps que des bières artisanales chères, fabrication de vodka bon marché). C’est une sorte d’absurdité qui confine au sabotage. Pardonnez-moi mon émotion, mais moi, cette nouvelle m’a vraiment choqué.” (nv.ua).

En fait, c’est une loi pour faire semblant de vouloir réformer les mauvaise habitudes des citoyens en matière de boissons, et donc de protéger leur santé. En réalité, c’est pour ramasser plus d’impôts. Quant aux fonctionnaires chargés des contrôles, ils pourront arrondir leur traitement facilement, comme avant…

 

• Des institutions financières internationales non contrôlées par les occidentaux prennent vie. La Chine ratifie la création de la banque de développement des BRICS (rt.com) et lance officiellement sa banque d’investissement asiatique AIIB combattue en vain par les USA (zerohedge).

 

 

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

 

JEUDI 2 JUILLET 2015

• Boulette finlandaise et tentative de Damage Control. Le porte-parole de la Douma Serguey Naryshkin s’est vu refuser son visa pour la Finlande afin de participer au prochain sommet de l’OSCE qui aura lieu à Helsinki. Du coup, c’est toute la délégation russe qui boycotte le sommet. Les officiels Finlandais, président et ministres essayent de calmer le jeu en expliquant qu’ils comprennent le mécontentement de la Russie tout en rappelant que la Finlande était obligée de refuser le visa à cause de ses obligations vis-à-vis de Bruxelles (yle.fi, yle.fi). Peine perdue. Pour Lavrov la Finlande a fait une erreur : “Finland Wrong to Refuse Russian Lawmakers Visas for OSCE Meeting” (sputniknews). Du coup, le sommet de l’OSCE débute sans les russes, mais discutera tout de même des deux résolutions russes (sputniknews).

 

• Tout va bien en Ukraine. Près de la moitié des jeunes Ukrainiens pensent à l’émigration (kyivpost). Ils iront grossir la diaspora ukrainienne, qui est très importante dans le monde. A l’automne 2014, un certain Vatchagaïev en parlait et se désolait (112.ua) : “La diaspora ukrainienne fait preuve d’une inaction criminelle par rapport au conflit du Donbass. “Je ne vois en général en Europe, entre autres en France, aucun véritable travail de la part de la disapora ukrainienne, qui est très grande en France et dans le monde entier. La diaspora ukrainienne, qui serait en mesure de prendre tout cela en main, est absolument inactive à l’heure actuelle. J’estime que c’est un crime, parce qu’en laissant faire tous les centres qui sont actuellement actifs dans le monde entier pour la Fédération de Russie, ils ont perdu cette guerre de l’information” – fait-il remarquer.

Remarque : si la disapora ukrainienne est si importante dans le monde, n’y a-t-il pas une bonne raison à cela? Ceux qui ont quitté définitivement leur pays où tout allait mal ont logiquement le réflexe de dire “Qu’ils se débrouillent tout seuls, au pays.”

On se souvient également de la virulence de la communauté ukrainienne du Canada (vis-à-vis de la pianiste Lisitsa, par exemple, virulence prouvée également par les envois de matériel en Ukraine). Il semblerait que cette virulence se soit fortement émoussée : récemment, le Canada a repoussé l’envoi en Ukraine de ses instructeurs militaires, qui était promis pour la mi-avril : Communication de “Rousskaïa Vesna” (rusvesna.su : “Le Canada continue de soutenir l’Ukraine par des promesses”).

 

• Centrales atomiques ukrainiennes dangereuses. Un groupe de 22 députés du parlement européen a écrit à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ainsi qu’à la Commission européenne pour demander de différer tout  financement des centrales nucléaires ukrainiennes aussi longtemps que l’Ukraine ne fera pas preuve d’une totale transparence sur l’évaluation de l’impact sur le milieu environnant de la poursuite du fonctionnement des blocs de production énergétique sur le long terme (pravda.com.ua, zn.ua). Cette initiative fait suite à une rencontre avec les représentants des ONG CEE Bankwatch, Greenpeace et Nuclear Transparency Watch durant laquelle il a été déclaré : “Continuer à faire fonctionner les réacteurs nucléaires comporte une augmentation des risques d’accidents avec pour conséquences des atteintes concernant l’environnement, les gens vivant en Ukraine et même au-delà des frontières du pays”.

Il convient de se remémorer certains incidents récents, par exemple l’arrêt pour réparations du seul réacteur de la centrale de Kharkov en décembre 2014 (ukrinform.ua) et les incidents de surchauffe survenus le 3 décembre 2014 dans la centrale de Zaporojié à cause du combustible que lui fournit la firme américaine Westinghouse. Ces problèmes ont conduit à une situation extrêmement dangereuse, qui avait été alors évoquée (début décembre 2014) dans les médias ukrainiens (economics.unian.net, fakty.ua).

 

• Publication du document de stratégie militaire américaine 2015. Pas de révolution : un basculement vers le Pacifique et une opposition perpétuelle avec la Russie (sputniknews, le rapport : jcs.mil ou drive.google.com). Pour RT, la stratégie américaine vise avant tout à conserver ses positions dans le monde (rt.com).

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

• Pragmatisme économique et technique. Le coordinateur européen des adresses IP attribue la région de Donetsk à la Fédération de Russie (politrussia.com via fortruss).


• Mistrals, suite et fin ?  La France et la Russie seraient sur le point de parvenir à un accord quant à la somme à payer pour la non-livraison des deux navires, annonce Oukraïnskaïa Pravda aujourd’hui (eurointegration.com.ua) en se référant à RIA (ria.ru). Il s’agit de trouver un moyen terme entre les 800 millions d’euros proposés par la France et les 1100 millions demandé par la Russie. Il y a aussi le tragi comique sujet des morceaux des navires construits en Russie et acheminés en France pour l’assemblage.

 

• D’un autre côté. La France et la Russie viennent de signer un accord concernant la reconnaissance des diplômes de l’enseignement supérieur. Les premières négociations avaient eu lieu à Moscou il y a deux ans. D’autres sont en cours avec la Grande-Bretagne (e-news.su).

 

• La république de Donetsk annonce des élections. Elles se tiendront le 18 octobre 2015 (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr).

 

• Les dessous (de table) de la justice ukrainienne. Un membre du Parquet régional de Kharkov a été pris en flagrant délit de corruption. Il a été surpris recevant en liquide la somme de 100 000 hryvnias de la part d’un individu qui cherchait à échapper à une procédure judiciaire (nahnews.org).

 

• Aide financière de l’UE. L’Ukraine décidera dans la journée à quoi affecter l’aide financière de 15 millions d’euros que lui a versée l’UE (nv.ua).

 

• Encore un ministre sur un siège éjectable ! Ce jeudi s’est développée sur les réseaux sociaux une vive polémique visant le ministre de la culture d’Ukraine Viatsheslav Kirilenko, communique le site “Apostrophe” (apostrophe.com.ua).

Les utilisateurs ont été révoltés par le travail du ministère de la culture d’Ukraine et ont accusé d’incompétence la personne responsable de la gestion de Twitter au ministère. Le scandale a commencé parce que le journaliste ukrainien Alekseï Bondarenko a fait allusion à une personne qui s’occupe du contenu de la page Twitter officielle du ministère de la culture,

 

Austérité pour le peuple. “Il n’y aura ni indexation des retraites, ni des salaires. Le gouvernement est obligé de remplir ses obligations quant à la récupération de la TVA”, tel est le titre d’un article publié par “Apostrophe” (apostrophe.com.ua) . Le gouvernement s’est endetté vis-à-vis du monde des affaires. En juin, le volume budgétaire de la récupération de TVA représentait  5,2 milliards de hryvnias, a annoncé jeudi le service gouvernemental du fisc. C’est exactement la somme que celle qu’a versée le gouvernement  au secteur des affaires cette année. Au premier semestre, les entreprises ont récupéré grosso modo 26,7 milliards de hryvnias, ce qui correspond à 45,9% des prévisions sur 12 mois. Mais la dette envers les entreprises continue à croître. Selon les données fournies par les services fiscaux de l’état, la dette envers le secteur des affaires a augmenté grosso modo jusqu’à 20 milliards de hryvnias. Afin d’éteindre cette partie de sa dette et de ne pas en arriver à en créer une nouvelle, le Conseil des ministres demande aux députés un complément de 12 milliards de hryvnias. Mais dans un cas comme dans l’autre, le risque, c’est qu’en raison de l’opacité du système de recouvrement de la TVA, toutes les entreprises ne reçoivent pas ce qui leur est dû.

 

• Et tentative du parlement de lui venir en aide. Verkhovna Rada a voté la loi concernant la restructuration des obligations créditaires en devises étrangères selon le taux de change au moment de la souscription du crédit. La majorité de ce genre de crédit a été souscrite avant la crise de 2008, quand le taux de change était de 5 UAH/ 1 $. Le crédit en dollars avec le taux annuel  de 10% coûtait 2 fois mois cher par rapport à un crédit classique. Aujourd’hui  (avec tout ce qui se passe en Ukraine) le taux de change est de 21,02 UAH/ 1 $, les consommateurs n’arrivent plus à rembourser, plusieurs manifestations baptisées “Maidan financier” ont eu lieu devant la Rada depuis quelques mois (vesti-ukr.com) Selon les données du ministère des finances, cela concerne 70 000 ukrainiens. La Banque Nationale Ukrainienne a relevé le fait que de telles mesures de rescructuration risquent d’avoir un caractère destructif pour le systeme bancaire ukrainien, les dégâts peuvent atteindre 100 milliards d’UAH (vesti-ukr.com). Pour que cette loi entre en vigeur, ellle doit être signée par le président, mais selon le mémorandum signé avec le FMI, le président s’est engagé à mettre son veto en cas de son adoption par la Rada. En tous cas,le BPP pense que Porochenko mettra son veto à cette loi (unian.ua).

Et Porochenko ne tarde pas à réagir : dans son interview à la chaine “Ukraina” il a critiqué le parlement qui met en péril l’economie ukrainienne et le système financier en traitant les députés de “politiciens populistes qui, pour plaire à une ou l’autre partie du peuple, font des  promesses irréalisables” (unn.com.ua). Mais P. Poroshenko a la mémoire courte : ce sont les mêmes promesses que celles qu’il a faites pendant sa campagne présidentielle, comme nous le rappelle le journaliste ukrainien Anatoliy Sharij (youtube).

Le député Loutsenko a démissionné de la Présidence du groupe BPP car ce groupe a voté en majorité en faveur de la loi sur la restructuration des dettes en devises étrangères (lb.ua).

 

• Explosion à Odessa. Explosion dans un café à Odessa dont les propriétaires soutiennent l’armée ukrainienne (vz.ru). Saakashvili invite les habitants d’Odessa à venir boire un thé dans le café où a eu lieu une explosion (vzgliad.ru).

 

• Projet de loi sur la modification de la Constitution ukrainienne. Porochenko a introduit à la Rada le projet de modification de la Constitution concernant la décentralisation du pays (vzgliad.ru).

 

• Affichage officiel anti-corruption. Porochenko demande à la police de ne plus protéger la collecte illégale de l’ambre (lb.ua). Il demande également que le SBU, la douane et la police mettent fin à la contrebande des forces armées dans la région occidentale de l’Ukraine, mais donc pas au Donbass (unian.net)…

 

• Axe Italie-Russie. Le Premier Ministre italien Matteo Renzi a déclaré que la politique d’opposition à la Russie est “une faute politique et un crime culturel” lors d’une conférence à l’université de Berlin (vz.ru et sputniknews repris par dedefensa.org) : “La Russie doit respecter la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine, mais considérer l’Europe comme un contrepoids à la Russie est une erreur politique et un crime culturel [“un errore politico e un crimine         culturale”]. La Russie est notre plus grand voisin, et elle devrait bien sûr respecter les règles en Ukraine, mais elle doit aussi redevenir notre partenaire naturel dans la lutte contre le terrorisme… Voir dans l’Europe un  contrepoids clé à la Russie signifie ne connaître ni la Russie ni  l’Europe qui ne s’est pas formée en tant qu’union dirigée contre quelqu’un”, a ajouté Matteo Renzi. Selon lui, l’UE ne doit pas se  penser qu’en termes d’avantages économiques. “L’Europe doit avoir une âme”. Pour la petite histoire, Poutine et Berlusconi auraient passé le week end dans l’Altaï (vz.ru).

 

 

VENDREDI 3 JUIN 2015

• Visite du ministre des affaires étrangères du Luxembourg en Russie. Jean Asselborn, le ministre des MAE du Luxembourg, est en Russie (mid.ru, mid.ru). Il s’était rendu en Ukraine quelques jours plus tôt, les 25 et 26 juin 2015 (gouvernement.lu).

 

Comment by the Information and  Press Department on the upcoming visit by Luxembourg Minister of Foreign  and European Affairs Jean Asselborn (mid.ru)

 Jean Asselborn, the Minister of  Foreign and European Affairs of the Grand Duchy of Luxembourg, will come  to Russia for a working visit on July 3 at the invitation of Sergey  Lavrov.

The ministers plan to discuss  Russian-Luxembourg relations, cooperation on urgent current  international issues, as well as a wide range of issues related to  Russia-EU cooperation in the context of Luxembourg’s Presidency of the  Council of the European Union from July 1 to December 31, 2015. They  will highlight Russian-EU relations, which have been affected by the  ongoing Ukrainian crisis.

Luxembourg is one of the  founding nations of the European Union. It will hold the Presidency of  the Council of the European Union for the 12th time since the  establishment of the EU and for the first time since the adoption of the  2009 Lisbon Treaty. Russia hopes that Luxembourg’s presidency will see  the lifting of artificial obstacles to cooperation with Russia and the  resolution of issues of mutual interest that need to be addressed  collectively.

The international issues  the ministers plan to discuss include the situation in Ukraine and in  the Middle East and North Africa, including the fight against the  Islamic State, the Middle East settlement, and the situation in Syria,  Yemen and Libya.

Russian-Luxembourg  multifaceted cooperation has been developing rapidly in the past few  years. Considering the current cooling in Russia’s relations with the  West, we consider it vital to prevent a serious setback in our bilateral  ties with our most important European partners, including Luxembourg.

Unfortunately, the negative  impact of the EU sanctions against Russia, which Luxembourg has  supported, and Russia’s response to Western restrictions have affected  Russia’s trade with the EU and Luxembourg.

From January to April 2015,  Russian-EU trade dropped 37.7 per cent from the same period last year  to $81.5 billion. Exports were estimated at $60 billion, or down 34 per  cent, and imports at $21 billion (down 45.5 per cent).

Russian-Luxembourg trade  decreased 32 per cent in the same period dropping to $47.5 million. It  was noted for a trade deficit, with imports standing at $30.4 million  and exports at $17.1 million. In the first four months of this year,  Russian exports increased by 7.5 times from the past year, while imports  shrank by 50 per cent.

However, even despite the  EU’s counterproductive policy of maintaining sanctions pressure on  Russia, the business communities of Russia and Luxembourg demonstrate an  unflagging interest in expanding cooperation. Economic relations  between Russia and Luxembourg are developing in the steel, glass and  power industries, in space exploration, logistics and finance.

Luxembourg is an important  and potential trade and investment partner of Russia. Despite the  unfavourable market situation, Luxembourg companies have not stopped  developing projects in Russia. On April 8 this year, Accumalux Rus,  which is part of the Luxembourg-based Accumalux Group, opened a plant in  Togliatti to produce plastic component parts for car, truck and bus  batteries. The plant is designed to produce about 2 million battery kits  a year.

Our relations in the  cultural sphere are currently focused on coordinating a new programme of  cooperation in science, education, culture, the media, youth exchange,  sports and tourism in 2015-2018.

 July 2, 2015 

 

 Foreign  Minister Sergey Lavrov’s remarks and answers to media questions at a  joint news conference following talks with Minister of Foreign and  European Affairs of the Grand Duchy of Luxembourg Jean Asselborn,  Moscow, July 3, 2015 (mid.ru)

 Ladies and gentlemen,

We have held useful and constructive talks in keeping with the way our dialogue with Luxembourg has always been.

Luxembourg is our  longtime partner and a major foreign investor in Russia. We noted the  ongoing interest of the business communities of both countries in  deepening our cooperation. We welcome the active work of Luxembourg’s  industry flagships, such as Paul Wurth in metallurgy, and Guardian  Industries, on the Russian market. Recently, Accumalux Russia – a  high-tech joint venture – was created in Togliatti. We agreed that we  will promote and maintain the interests of our respective business  communities in harmonising and implementing new projects.

We enjoy good cooperation in the financial sector.

The contacts between  Luxembourg and Russia’s regions, first and foremost the Moscow and  Kaluga regions, are expanding. We have good contacts in the sphere of  research and education; a cultural exchange programme for the next three  years is in the works and will soon be completed.

To our mutual regret,  the overall relationship between Russia and the European Union and  unilateral sanctions against Russia aren’t helpful for trade and  economic ties. Trade between Russia and Luxembourg in January-April 2015  is down more than 30 percent. Exports from Luxembourg to Russia were  hit hard. We want to stop these negative trends and to restore positive  growth.

We agreed that it’s  important to step up the work of the Joint Commission for Economic  Cooperation between Russia and the Belgium-Luxembourg Economic Union. We  have reached a preliminary agreement to prepare its next 10th session for the first quarter of 2016.

We had an in-depth  discussion of relations between Russia and the European Union, given  that Luxembourg assumed the presidency of the EU Council for the next  six months on July 1. We hope that our colleagues from Luxembourg will  contribute to improving the situation in Europe and overcoming the  decline in the Russia-EU dialogue.

We believe that in the  current situation, it is particularly important to erase the dividing  lines in Europe and strengthen the atmosphere of mutual understanding.  In this regard, we talked about the prospects of harmonising European  and Eurasian integration processes in order to eventually form a common  economic and cultural space from the Atlantic to the Pacific. As you are  aware, the goals of promoting relations between the European Union and  the Eurasian Economic Union were confirmed in the Declaration of the  leaders of Russia, Germany, France and Ukraine, which was signed in  Minsk on February 12, to support the Minsk agreements regarding the  settlement of the Ukraine crisis.

For obvious reasons, we  focused on this crisis. We and our colleagues from Luxembourg agree  that all provisions of the Minsk agreements must be complied with and  that there’s no alternative. We stressed that the most important  component of progress in this area is to establish a direct and mutually  respectful dialogue between Kiev, Donetsk and Lugansk, without which  there can be no sustainable political settlement or resolution of other  problems that need to be resolved in accordance with the package of  measures of February 12.

We had a detailed  exchange of views on what’s happening now in the context of the Ukraine  settlement. The Russian side is deeply concerned about the inability or  unwillingness of the Kiev authorities to fulfil their obligations and  agree procedures for local elections with Donetsk and Lugansk, or invite  representatives of the self-proclaimed republics to draft a new  constitution. 

We are concerned that  the draft constitution, which was prepared without their involvement,  does not include a single provision of the Minsk agreements. It doesn’t  include the task of ensuring permanent special status of these  territories, decentralising powers in accordance with the list that was  produced in full in the Minsk document of February 12.

We expressed, to put it  mildly, our surprise at the position of the European Union, which,  after deciding to extend its unilateral sanctions, said that they may be  revised, if Russia complies with the Minsk agreements. The European  Union hasn’t required Kiev to implement the Minsk agreements, even  though the vast majority of provisions in this document are about  proactive steps to be taken precisely by the Kiev authorities.  Ironically, the more Kiev torpedoes the Minsk agreements (which is what  it is actively doing), the more Russia will be blamed. I think that this  approach is already clear to all. This is an absurd position.

We hope that our  contacts with our European colleagues (Germany and France who are  members of the Normandy format), today’s talks, as well as getting  familiar with the actual political process under the Minsk agreements,  will enable our partners to form a more objective picture and take the  necessary steps to influence the Kiev authorities so that they do not  shirk their responsibilities. 

We believe that an  important role in supporting and promoting the implementation of the  Minsk-2 agreements shall be played by the OSCE’s Special Monitoring  Mission (SMM) in Ukraine. In general, it deserves high praise. I would  like the mission to focus not only on monitoring in the contact zone,  but also other provisions of its mandate, including monitoring human  rights across Ukraine, as well as the areas listed in the SMM mandate.

We have shared  interests with the European Union in countering the terrorist threat.  ISIS is growing dangerously in the Middle East, taking over large  swathes of territory in many countries. All those who understand the  importance of fighting terrorism must unite their efforts. We believe  that this can be used as a basis for more effective political solutions  in Syria, Libya, Yemen, Iraq and the entire region.

We are sympathetic to  EU’s concerns that our colleague outlined today regarding the influx of  illegal migrants from Africa, primarily through Libya, to the EU. We are  aware of the plans being developed in the EU to counter this threat and  to curb this criminal enterprise of transporting illegal migrants. We  presume that the plans being developed in the EU will fully comply with  international law, and will be reviewed by the UN Security Council if  they involve any enforcement actions.

Overall, I’m pleased  with our talks. I always appreciate the candid and open nature of the  dialogue with my colleague and longtime friend. I thank him for today’s  talks.

Question (addressed to Jean Asselborn):   As we were told in the Finnish Foreign Ministry, Helsinki consulted its  EU partners before barring the EU-blacklisted members of the Russian  delegation to the OSCE Parliamentary Assembly from entering Finland. Has  Finland asked the opinion of Luxembourg that holds the Presidency of  the Council of the European Union? Could you please comment on Russia’s  statement that descried this step as a violation of Finland’s  international commitments? 

Sergey Lavrov (speaking after Jean Asselborn): I  am surprised that our Luxembourg colleagues were not asked about this.  We inquired about this and were told that all EU members were asked  about this and only three EU newcomers answered “no”. We believe the EU  has nothing to do with this. Finland invited delegations to the session  of the OSCE Parliamentary Assembly as a member of the OSCE rather than  the EU. So, all other members of the OSCE Parliamentary Assembly  accepted Finland’s invitation to conduct the session in Helsinki.  Therefore, Finland did not fulfil its commitments as a host of an  international event and was simply impolite.

You quoted a statement  of our Foreign Ministry about Finland violating its international  commitments. This is true. But apart from these commitments Finland has  also violated the EU decision that unilaterally imposed sanctions on  some Russian politicians, including MPs. This decision contains a caveat  that sanctions do not apply if these politicians are taking part in  events of international organisations, and visas must be issued. The  OSCE is directly mentioned among the organisations listed as an  exception in this context. Our Finnish colleagues are trying to claim  that the OSCE is mentioned but its Parliamentary Assembly is not. I  think this is ridiculous and even insulting to the OSCE’s parliamentary  body.

Question: It  seems that all decisions made by Ukrainian President Petr Poroshenko,  including the failure to grant a special status to Donbass, are at  variance with the Minsk agreements. It seems that Kiev is simply giving  up on all of these agreements. What do you think about this?

Sergey Lavrov: Today  we have informed our Luxembourg guests in detail about our fact-based  assessment of Kiev’s failure to comply with the Minsk agreements. I’m  referring to the special status of Donbass, the holding of elections by  agreement with Donetsk and Lugansk, the implementation of constitutional  reforms (again by agreement with these self-proclaimed republics), the  lifting of the economic blockade from which ordinary people are  suffering, and the commitment to declare an amnesty for all participants  in the events in Ukraine’s southeast. This is an alarming situation  because it testifies to the trend of the Ukrainian authorities regularly  demonstrating their inability to negotiate, beginning with the coup  d’etat.

 On February 21, 2014  then President Viktor Yanukovych reached an agreement with the  opposition leaders that now represent Ukraine’s government. This  agreement was not just violated – it was torn into pieces on the morning  of the day after its signing, when the coup d’etat was staged. Later on  our Western colleagues, including those who witnessed the conclusion of  this agreement, made a helpless gesture, saying that “the train had  departed” and we should all face the new reality. The minister-level  meeting in Geneva involving Russia, the United States, the EU and  Ukraine took place on April 17, 2014. The participants adopted a  statement demanding the immediate start of a national dialogue with a  view to reforming the constitution with the participation of all  Ukraine’s regions. Nothing happened, and later we were told that the  situation had changed after the presidential and then the parliamentary  elections. We were asked to think of what to do next. The Minsk  agreements were concluded in September 2014. Finally, on February 12 of  this year a package of measures for a settlement in Ukraine was  elaborated on the basis of the Minsk agreements. As distinct from all  other documents, it was endorsed by a UN Security Council resolution.  Please note that de facto it has acquired the power of international  law. 

During the course of  contacts with the partners in the Normandy Four and some of our other  partners that are interested in the status of the settlement in Ukraine,  I get the impression that some of them are tempted to revise the  Minsk-2 agreements. They reason that, well, the Ukrainian authorities  have carried out a kind of a constitutional reform (true, without the  involvement of Donetsk and Lugansk but the reform was still  implemented), and Kiev is ready to fulfil its promise on elections as  well (also without the participation of Donetsk and Lugansk but local  elections were still conducted).

I have warned our  Western colleagues in Europe and US State Secretary John Kerry when we  met that this is unacceptable. The Minsk package cannot be broken apart.  This is what it’s called in English – a “package of measures.” Any  attempts to tear from it one aspect that would suit the Ukrainian  authorities and forget about those elements that balance out the  interests of the sides and ensure the lawful interests of Donetsk and  Lugansk will not be accepted. We are asking our Western colleagues not  to create a situation where they can claim that Minsk-2 has been  exhausted and now the Ukrainian authorities are facing objective  difficulties, so let’s meet again and come up with a Minsk-3 that will  consider new developments because new realities are emerging over time.  We will adamantly insist on fair play rather the usual attitude as  regards the implementation of the February 12 Minsk package of measures  that was approved by a UN Security Council resolution.

Sergey Lavrov (speaking after Jean Asselborn): This  is exactly what I was saying, and this is what my warning was about.  I’m aware that the Ukrainian constitution is being drafted in  cooperation with the Venice Commission. The Venice Commission is not  mentioned in Minsk agreements. What these agreements say instead is that  the constitution must be drafted in coordination with Donetsk and  Lugansk. This corroborates my words and concerns that someone out there  will be tempted to pretend that the Minsk agreements are being  implemented, albeit in a modified form, with the blessing of the Venice  Commission. I reiterate: the key to success in resolving the Ukraine  crisis is direct dialogue between Kiev, Donetsk and Lugansk. That’s not  because we want it to be so, but because this commitment is part of the  UN Security Council resolution. Of course, if, in addition to everything  that needs to be done under Minsk-2, the Venice Commission makes a  contribution, it will be a great accomplishment.

Question: While  in Moscow, Secretary General of the Arab League Nabil el-Arabi said  that the Arab League is forming a joint force from among the majority of  Arab countries to fight the “Islamic State” (ISIS). Was this issue  discussed with Russia, and how does it resonate with President Putin’s  idea of creating a coalition to fight ISIS that would include Syria? Can  constructive Syrian opposition forces participate in the antiterrorist  coalition alongside the Syrian government?

Sergey Lavrov:  The initiative of creating a collective force of the Arab countries has  been discussed for a long time now. This idea was put forward by our  Egyptian colleagues, and it is now being discussed in the Arab League.  If this organisation believes that there are ways to improve the  effectiveness of the joint fight against the terrorist threat, we will  only welcome it. When such entities are created, and if they need any  kind of support from us, especially political, legal, or maybe in the UN  Security Council, we will, of course, provide it to them.

With regard to how this  idea could work with the Russian President’s initiative regarding the  formation of a united front against ISIS and other terrorist groups,  President Putin suggested that all countries in the region should pool  their resources. This applies to Syria as well, both the Syrian army and  the Syrian opposition, including armed opposition forces, which stand  for the preservation of a sovereign, territorially integral and secular  Syria, which is not subject to any manifestations of extremism and  provides equal rights to all ethnic and religious groups. This also  applies to the Syrian Kurds and other countries in the region, such as  Iraq, Iran, Turkey, and Saudi Arabia. Russia is not imposing any  schemes. We just see that the disagreements between a number of states  in the region distract them from their primary task which is fighting  terrorism. These disagreements can wait; they are not a priority,  because the pace at which ISIS is branching out and its influence  spreading demands that we focus on the primary task which is to stop  this terrorist entity in its tracks and prevent it from creating a  “Caliphate,” which is the terrorists’ goal. Therefore, we are open to  discussions and consultations with the countries of the region, and with  other states which may be helpful in fighting terrorism. Of course, we  will primarily rely on the Middle East and North Africa and their choice  of the forms and methods that they believe are most appropriate and  effective.

Question: Does Russia plan to provide assistance to Greece, including financial?

Sergey Lavrov:  Finance Minister Anton Siluanov has already answered this question. I  believe what he said was that we have received no such requests.

 

• Discours du président du Parlement Européen au Parlement Ukrainien. Martin Schulz était à Kiev le jour de la signature de l’Accord de Coopération entre les Parlements Ukrainien et Européen (galerie de photos : president.gov.ua). A cette occasion il a fait une déclaration commune avec Porochenko (president.gov.ua, youtube) et un discours devant la Rada europarl.europa.eu, president.gov.ua). Cela donne des références au Rideau de Fer ou encore à l’Annexion illégale de la Crimée. bref, rien de nouveau.

Pour Gordon, très ultra nationaliste, Schulz a promis de faire “tout ce qui est en son pouvoiré pour accélérer l’introduction du régime sans visas avec l’Ukraine (gordonua.com). Pour Gordon également, “l’Ukraine est une alliée de l’UE dans la réaffirmation des valeurs européennes” (gordonua.com).

 

La profession de foi de Martin Schulz (europarl.europa.eu)

 

Déclaration commune Porochenko Schulz

Спільна заява Президента України та Президента Європейського Парламенту   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video:

 

Address to the Verkhovna Rada  (europarl.europa.eu)

Kyiv – 03-07-2015

 Dear President Poroshenko, 
Dear Prime Minister Yatsenyuk,
Dear Chairman Groysman,
Dear Members of the Verkhovna Rada, 
Ladies and Gentlemen,
It is a great honour and pleasure to be here with you on this special day, 
the day of the signing of the Cooperation Agreement between the European Parliament and the Verkhovna Rada of Ukraine. 
This agreement will bring our two Parliaments, and thus our people, even closer together.
As Europeans, peace and unity on our continent are ideals we all treasure. 
 
Our shared values, democracy and rule of law, individual rights and human dignity, drive the European project.
During the Maidan revolution;
you stood up and demanded free elections,
you went out on the streets to live in a society that is free, democratic and pluralistic,
you  chose the European path by signing and ratifying the Association  Agreement with the European Union. And we have welcomed your European  choice. 
It was a courageous choice.
 
Yet, when I look back at the last year and a half, 
I am appalled by all the suffering endured by the Ukrainian people. 
Never could I have imagined, seventy years after the end of the Second World War, 
25 years after the fall of the Iron Curtain,
that people in Europe would be denied the right to decide on their own destiny; 
that borders in Europe could again be redrawn by force;
that the architecture of peace we had built together after the Cold War could come under attack; 
and that the maxim “might makes right” could again take precedence over the rule of law. 
Yet, it happened.
 
Ladies and gentlemen, 
What happens in Ukraine concerns all Europeans.
We cannot stand by and watch idly while the founding principles of the international community are being violated. 
We have agreed on rules for states to follow when dealing with each other. 
These rules apply to all.
We cannot accept that bigger countries bully smaller ones to get their way,
We cannot accept, that rules of international law apply to some but not all. 
 
Since the beginning of the conflict, and after the unlawful annexation of Crimea, 
the European Union has worked towards a peaceful solution. 
I have myself fully supported the mediation efforts of Chancellor Merkel and President Hollande. 
We have to face the facts: 
there is no military solution to the conflict. 
All sides are well advised to restrain themselves and abstain from warmongering and nationalistic rhetoric. 
History teaches us that too often heated up spirits can easily run out of control. 
 
In the words of Martin Luther King, 
“the old law of an eye for an eye leaves everybody blind”. 
Thus,  all parties and the international community must do everything in their  power to prevent the situation from spiralling completely out of  control. 
There is only one viable solution and that is a political  solution in full respect of Ukraine’s territorial integrity and  sovereignty. 
And a political solution can only be a solution that is found together with Russia. 
 
We have no choice but to keep on negotiating with Russia while making it very clear 
that we will not abandon our principles and that there will be no return to “business as usual” 
as long as the Minsk Agreements are not fully implemented.
Unfortunately, ever since the second Minsk agreements were signed in February, 
we  have seen provocations and daily violations of the ceasefire and the  continuation of violence, shelling and suffering of people. 
Accordingly, on the 22 of June the European Union prolonged its sanctions regime against Russia.
We will keep up the sanctions until the day the letter and the spirit  of the Minsk agreement is fully implemented and other international  commitments are upheld. 
We urge all parties to stick to their word and follow-up on what they have agreed to do: 
uphold the ceasefire; 
withdraw all Russian troops, weapons and Russian-backed illegal armed groups and mercenaries; 
provide full control of the border by the Ukrainian authorities and exchange all prisoners; 
and enable the decentralisation reform and free and fair regional elections under the supervision of the OSCE.
In June the European Parliament condemned again Russia’s aggressive policy, 
including  the information war and the economic pressure exercised against Ukraine  and neighbouring countries. We clearly stated that a re-engagement with  Moscow depends on Russia’s respect of the territorial integrity and  sovereignty of Ukraine, including Crimea. 
This week’s failure of the  trilateral negotiations has resulted in Russia cutting off the gas  supply to Ukraine. We call on Russia to immediately return to the  negotiation table. 
We want to work towards a viable solution, one  that will prevent similar disruptions in the future and ensure security  of gas supply to Europe and Ukraine.
Ladies and gentlemen, 
The suffering of the Ukrainian people is appalling. 
All  across Europe, we can only feel for the plight of the families of the  thousands of victims killed on Maidan square and in Eastern Ukraine, and  of more than a million who have been forced to flee their homes. 
The humanitarian situation in Eastern Ukraine and Crimea is dreadful. 
Human decency demands that humanitarian workers are given access to people in need! 
 
The European Union and its Member States are the biggest donors of humanitarian aid to the conflict areas.
But much more is needed to cope with the scale of this tragedy.
The Ukrainian nation is facing major security, economic and social challenges all at once and on multiple fronts: 
the standard of living is deteriorating for normal Ukrainians; 
the  economy suffered thirty eight consecutive months of industrial decline  and experienced massive inflation and depreciation of the currency. 
Moreover,  the continuing conflict in the East is draining a lot of resource and  energy and is preventing you to fully focus on economic recovery.
And I repeat: 
what happens in Ukraine concerns all Europeans.
This is why throughout this difficult period; we have enhanced our support for your country:
by supporting your reform process; 
by boosting your economy;
by quickly providing the much needed macro-financial assistance.
The  European Parliament encourages you to address in a determined way the  on-going financial crisis and fight for a functioning, rule-based and  socially responsible market economy. 
 
We want you to continue on the ambitious reform path you have embarked on. 
And we will be on your side during this journey. 
In the past we have proved: 
our words are followed by deeds: 
The Commission earmarked thirteen billion Euros to help stabilise Ukraine, 
with the aim of closing the widening social gaps and re-starting the economy.
This support is based on the expectation that Ukraine continues with its reform agenda: 
strengthening the rule of law; 
reforming electoral law; 
engaging in comprehensive constitutional reform; eliminating endemic corruption; 
and guaranteeing human rights and minority rights.
The coalition agreement signed on the 21 of November is the most ambitious reform program ever drafted in the Ukraine. 
I commend you for it. 
As you know, trust and stability will only come as a result of key judicial, constitutional and anti-corruption reforms at home.
 
We already note convincing progress: 
from  comprehensive natural gas market reform – making energy business more  transparent and in line with the EU Third Energy Package to the  establishment of the National Anti-Corruption Bureau, to the fulfilment  of the conditions of the IMF programme. 
Much remains to be done. 
But with your continuous determination and consistent help from the international community, everything is possible.
Dear colleagues, 
I made Kyiv the first destination and the first  official visit in my second mandate as President of the European  Parliament, because I wanted to show our solidarity with the Ukrainian  people. 
After the simultaneous ratification of the Association  Agreement by our two Parliaments on 16 September last year – a first in  the history of our chambers – today’s ceremony is another strong symbol  to the world that we stand united.
Today’s Memorandum of Understanding, 
which Chairman Groysman and I will sign on behalf of our two chambers, 
will provide us with a joint framework for parliamentary support and capacity building. 
I  am joined here today by the Bureau of the EU-Ukraine Parliamentary  Association Committee, which will help oversee and coordinate the  programme. Together we will strengthen the constitutional roles of  law-making, oversight and representation of the Verkhovna Rada.
We will assist you in improving the legislative process in Ukraine, 
by strengthening capacities of your committees and reviewing your internal organisation. 
Our aim is to help you become a strong, effective and independent Parliament, 
a Parliament, capable of pushing through the necessary reforms 
a Parliament capable of building up a new generation political culture. 
 
Already today, the Association agreement with the EU is bearing first fruits. 
I am confident that as of January 2016, 
with the full application of the agreement, 
the association with the EU will open new opportunities and bring real benefits in your daily lives.
Ladies and gentlemen, 
I admire your endurance, your determination  to stay strong, to take your fate into your own hands and to shape a  better future for your country.
 
I appeal to you, 
as the representatives of the Ukrainian people, 
as the democratically elected members of the Verkhovna Rada: 
to live up to your task and use this historic opportunity to the benefit of your people.
The day will come when your ambitious reform agenda will have been accomplished, 
And this will be the day when the hopes and dreams of the Maidan revolution will have become a reality. 
With all my heart I wish the Ukrainian people to succeed.
Thank you very much for your attention.

 

• Petit détour par la bonne vieille propagande étatsunienne. Le site américain “The Daily Beast” publie une “découverte” faite par des drones (thedailybeast.com). L’article transmet des photos prises par la section “reconnaissance aérienne” du bataillon Dnipro-1 qui montrerait une “base russe” en construction en territoire ukrainien sous contrôle de la DNR. Photos de tentes, de chars, de camions. Les “Russes” auraient même matérialisé une route toute neuve avec des bandes lumineuses ! Daliy Beast Company a été fondée en 2013, à point nommé pour couvrir la situation en Ukraine. Prémonition ?

Quant au compte Twitter du bataillon “Dnipro-1″, il est suivi par des hôtes illustres : le sénateur McCain (twitter.com ou encore twitter.com) ou encore  l’ambassadeur US en Ukraine Geoffrey Pyatt.

A noter que l’article de Daily Beast a été écrit par Pierre Vaux, traducteur et journaliste pour le magazine britannique Interpretermag (interpretermag.com) qui s’acquitte d’une “mission” pour le compte du “insitute of modern Russia”: The Interpreter, which was launched in 2013, was made possible by a seed grant from the London-based Herzen Foundation and a grant from the the New York-based Institute of Modern Russia, of which the journal is a special project. The Institute of Modern Russia continues to fund the project.”

The Institute of Modern Russia is a registered 501 (c) (3) non-profit in the United States, dedicated to the advancement of democratic values and institutions in the Russian Federation.”

 

• Encore deux officiers ukrainiens qui passent du côté des rebelles. Le lieutenant-colonel Vitali Balbekov et le major Alexeï  Kobzar, tous deux officiers au sein de la GAI (Inspection automobile gouvernementale, organe qui surveille et sécurise la circulation routière), sont passés du côté des rebelles de la DNR et veulent continuer à servir sous ce nouveau commandement. Originaires tous deux de Donetsk, ils racontent : “Nous nous sommes laissé influencer par nos chefs, qui nous ont conseillé de quitter Donetsk et nous ont promis que ce serait pour deux semaines. On nous a envoyés à Marioupol. Deux semaines, plusieurs mois, un an ont passé. Nous avons compris notre erreur, et nous avons décidé de revenir chez nous, dans la ville où nous sommes nés… Nous sommes revenus ici avec un seul but: continuer à servir nos concitoyens, notre ville”, a déclaré Vitali Balbekov (e-news.su) .

Du côté des autorités de la RPD/DNR, on assure que ces défections dans l’autre camp deviennent non seulement de plus en plus nombreuses, mais aussi continuelles. Dans le camp d’en face, on parle évidemment d”agents poutiniens.

 

• Après l’échec américain, un lancement russe réussi. Une fusée russe partie de Baïkonour (Kazakhstan) a décollé en remplacement de la fusée Falcon de la compagnie privée Space x, qui avait explosé au décollage, détruisant le chargement de ravitaillement de la station orbitale (e-news.su). Cette fusée Falcon de la compagnie Space X avait explosé après trois minutes de vol le 28 juin 2015.  Malgré cet échec, le sénateur McCain avait déclaré le 30 juin que cette catastrophe ne devait pas compromettre le refus américain d’acheter les moteurs russes de fusée RD 180 (http://www.vz.ru/news/2015/6/30/753464.print.html). Les fusées russes ont du bon, elles sont fiables, surtout pour la fusée communément baptisée Soyouz, mais désignée à l’origine “Semiorka” (En revanche, les fusées Proton ont parfois des soucis de fiabilité et le programme Glonass en a fait les frais) (pravda.com.ua, e-news.su).

 

• Nouvel Incendie près de Tchernobyl. Un incendie de forêt sévit dans la zone d’exclusion de Tchernobyl depuis le 30 juin (gordonua.com). Quatre jours de lutte n’ont pas permis d’en venir à bout, avec tout ce que cela comporte de risques de dispersion de poussières radioactives (nahnews.org).

 

• Exemple parfait de logique économique occidentale. Le FMI demande à l’Ukraine de ne plus subventionner ses agriculteurs alors que ceux des Etats Unis et de l’UE reçoivent de fortes subventions (vz.ru).

 

• Réunion du Conseil de Sécurité de la Fédération de Russie. Poutine a tenu une réunion du Conseil de Sécurité dans se version “étendue” (kremlin.ru). Une phrase en particulier est à noter et a retenu l’attention de la presse : “Nous ne pouvons attendre un changement dans les politiques hostiles de certains de nos adversaires géopolitiques dans un futur immédiat”. L’important est que les “partenaires occidentaux” sont devenus des “adversaires géopolitiques” (rt.com et  russia-insider analysé par dedefensa.org)…

 

3 juillet 2015 : Security Council meeting (kremlin.ru)

Vladimir  Putin held an expanded meeting of the Security Council at the Kremlin.  The meeting discussed a range of issues concerning protection  of Russia’s security and national interests in the face of sanctions imposed by a number of countries.

 

President of Russia Vladimir Putin: Good afternoon, colleagues,

Our agenda today includes a range of issues concerning protection of our national interests in the face of the restrictive measures that some countries have imposed on Russia. 

We know the reasons for the pressure being put on Russia. We follow an independent domestic and foreign policy and our sovereignty is not up for sale. This does not go down well in some quarters, but this is inevitable. 

It  is clear today that attempts to split and divide our society, play  on our problems, and seek out our vulnerable spots and weak links have  not produced the results hoped for by those who imposed these restrictive measures on our country and continue to support them. 

Our  people, our key political forces, and our business community understand what is happening and know what to do.  The timely measures we took have stabilised the economic and financial situation  and the labour market and ensured the stable functioning of all  strategically important economic sectors. We continue implementing our most important state  programmes, including in the social sector. 

Furthermore, our companies, Russia’s producers, have proven that they are capable of developing in tough conditions, finding new partners, and entering new markets at home and abroad. This can be seen in the rapid growth of our agriculture sector. 

Colleagues, recent events show that we cannot hope that some of our geopolitical opponents will change their hostile course anytime in the foreseeable future. The EU countries recently extended the sanctions they have imposed on us, and discussions continue in the United States on toughening sanctions against us.

Amidst  all of this, no one is even trying to analyse the reasons for what is  now happening in southeast Ukraine, which was what started all of this fuss in the first place. What I mean here is  that those who are imposing these restrictive measures and so-called  sanctions on Russia are in fact responsible for the events that we are  now witnessing in southeast Ukraine. 

We must respond accordingly to this situation, of course, and take additional systemic measures in all key areas. 

Firstly, we must make a rapid analysis of all the potential challenges and risks we face – political, economic, information risks and others. Based on this analysis, we then need to make adjustments to our National Security Strategy. 

Once  the National Security Strategy is updated, we will also need to update strategic planning documents currently  in force or in the process of drafting. Furthermore, if needed, we will  need to make clarifications to the Foreign Policy Concept and the Foundations  of Russia’s Comprehensive Policy in the CIS Area. 

At the same  time, our strategic course in the foreign policy area remains  unchanged. We are open for equal cooperation and collective work on key  issues on the international agenda. We will continue to build relations  with our partners based on the principles of respect and mutual consideration of each other’s interests, so long as this does not harm  our own sovereignty and national security of course. 

As before, we support active development of economic integration in the CIS area. We support expanding political, business and humanitarian ties with the Shanghai Cooperation Organisation and the BRICS group. 

Economic  security issues are a crucial matter. Our strategic planning documents must define the main threats in each  area in clearer and more detailed fashion. These documents must define  the criteria and set the threshold indicators for the economic situation  at which national security risks would start to emerge. They must also put into concrete  terms the measures and mechanisms that would enable us to reduce our economy’s dependence on negative external factors. 

At the practical level, the Government and the Central Bank must pay particular attention to ensuring the financial system’s stable operation. They must also put in place measures to achieve more balanced budgets and reduce the debt burden on regional budgets. 

Overall, we must ensure very close coordination between everyone taking part in this work. 

We  must develop and present new proposals for the conceptual basis  of strategic planning and forecasting of our country’s sustainable socioeconomic development and for risk management. We need  to analyse the socioeconomic situation in the regions and conduct  on-going monitoring using the regional situation centres. This is especially  important for the border regions. 

As I said, the restrictive measures we will discuss today have created problems for our economy, but they have also opened new opportunities. Above all, our producers have been able to significantly bolster their positions on the domestic market. 

We continue our support for import replacement projects, especially in the agriculture sector, defence sector, engineering, pharmaceuticals, and the chemicals industry. If need be, our companies will receive additional support in these areas. 

But let me draw one very important matter to your attention. The Prosecutor General’s Office, Rospotrebnadzor (national consumer protection service), the Federal Anti-Monopoly Service and other agencies must protect our people and companies from fake and poor quality goods. No matter whether goods are produced in Russia or abroad, they must meet modern requirements and standards and their origin and price setting must be transparent and clear. 

In conclusion, our direct responsibility is to ensure reliable protection of Russia’s security in all areas and preserve our country’s social, political and economic stability. 

Much here will depend on consolidating the efforts of our state institutions and civil society and on concentrating our resources on the priority areas. I am sure that you all understand this well and will do everything possible to resolve the tasks before us effectively. 

 Thank you very much for your attention.

<…>

 

 

SAMEDI 4 JUILLET

• Les méchants Russes ! Le SBU a présenté à Washington un dossier nommant avec précision cinq généraux russes soupçonnés d’être présents en Ukraine et d’aider les rebelles à organiser leurs troupes et leurs opérations (112.ua). Le document en anglais a été publié par l’agence Bloomberg (bloomberg).

Le document de Bloomberg a été repris dans le blog d’un journaliste américain, John Rodgin, qui travaille ou a travaillé dans plusieurs médias connus pour leur “objectivité” par rapport à la Russie : Daily Beast (voir plus haut, dans le sujet “Petit détour dans la bonne vieille propagande étatsunienne“), Newsweek, Foreign Policy magazine, The Washington Post, Congressional Quarterly and Asahi.

Feuilleter le document PDF cité plus haut est édifiant : commentaires lapidaires, aucune référence. Assemblage de photos de matériel russe (comme si tout le matériel employé par les forces de Kiev n’était pas de fabrication russe), réédition des vieilles accusations à propos du MH17, du bus de Volnovokha, etc…) En somme, des “preuves” selon la définition OTAN/US.

 

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

• Yatseniouk à Washington (une fois de plus). Yatseniouk conduira une délégation participant au premier “sommet” nommé “Ukraine-USA” le 13 juillet 2015 (pravda.com.ua, unian.ua).

 

• Article “triomphant” du média ukrainien “Obozrevatiel”, sous le titre “Trois semaines d’enfer, ou comment les militaires ukrainiens ont appris aux rebelles à respecter le cessez-le-feu” (obozrevatel). En fait, on y apprend que les Ukrainiens ont mené la vie dure aux rebelles, en particulier au bataillon “Somali” commandé par Guivi (l’un des deux héros de l’aéroport de Donetsk). Mais en lisant bien l’article, on s’aperçoit que c’est le matériel qui leur a permis ces “exploits”, en particulier les équipements en caméras thermiques et en systèmes de vision nocturne dont dispose la 95ème brigade aéroportée. Mais on y apprend aussi que les incursions de leurs détachements se sont contentées (ils ne le disent pas ainsi, mais c’est écrit entre les lignes) d’approcher de très près les positions des rebelles, qu’il y a eu des fusillades, mais que ça s’est arrêté là. Pas de prise de positions, pas de pertes signalées.

 

• Nouveau service de police “à l’américaine” à Kiev. Samedi 4 juillet, un nouveau service de police uniquement dédié aux patrouilles a prêté serment sur la place Sainte-Sophie. Une police à l’américaine officiellement créée le jour de l’indépendance des USA… Les patrouilles défileront dans les rues de la capitale (lb.ua). La constitution de cette force entre dans le cadre de la “Loi sur la formation d’une police nationale”, adoptée in extremis le 2 juillet par la Rada suprême (lb.ua, slidesharecdn). Il y a encore quelques jours, le 27 juin, Eka Zgouladze, vice ministre de l’Intérieur ukrainien (wikipedia) s’inquiétait que la loi sur la nouvelle police nationale n’était pas encore adoptée par la Rada et que la date symbolique du 4 juillet soit dépassée (gordonua.com). Cette loi s’applique pour l’instant à Kiev et sera étendue à Odessa et Lviv le 20 Août.

 

• “Accueillant comme un Lituanien”. Aujourd’hui, sur une plage lituanienne, une habitante a agressé une femme russophone et son enfant en leur disant qu’il n’y avait pas de place ici pour les Russes  (ridus.ru). La mère ne réagissant pas à la provocation, la femme a violemment frappé l’enfant au visage. Interrogée ensuite sur son acte, elle a déclaré en être fière et a prétendu que le coup était motivé par le fait que l’enfant aurait pris le jouet d’un autre enfant.

On voit un peu partout, sur les cabines de déshabillage ou les conteneurs à ordures, des inscriptions au pochoir : “Mort aux occupants russes.” Les autorités ferment les yeux et ne font rien pour les enlever.

 

 

• Le monde merveilleux (et très restreint) du ministère des affaires étrangères ukrainiens. Le ministère a fait la liste des comptes tweeter des ambassadeurs étrangers. La liste ne contient que 5 noms (-twitter.com-) !

1 Roman Waschuk @WaschukCanUA                              CANADA

2 Simon SmithVerified account @SimonSmithFCO           ROYAUME-UNI

3  Matthew RycroftVerified account @MatthewRycroft1    ROYAUME-UNI ONU

4  Geoffrey PyattVerified account @GeoffPyatt                 USA

5 Henk Swarttouw @henksinki                                          Ambassadeur Hollandais en Finlande

 

 

 

DIMANCHE 5 JUILLET 2015

• Nouveau fait divers dans l’oblast d’Odessa. Le 4 juillet au soir, alors qu’une bagarre se déroulait à Ilitchevsk (oblast d’Odessa), un inconnu a ouvert le feu faisant des blessés dont l’un d’eux est mort à l’hôpital (pravda.com.ua). Des faits analogues s’étaient déjà déroulés le 26 juin à Odessa même (pravda.com.ua). Il y avait également eu un mort, l’un des deux miliciens sur lesquels avait tiré l’homme qu’ils voulaient contrôler.

 

• Enorme ! la Bundeswehr prévoit de faire des manoeuvres militaires en Ukraine. Les soldats allemands seraient intégrés aux exercices militaires Rapid Trident et Sea Breeze sous commandement américain (europeonline-magazine.eu, uatoday.tv, express.de, vz.ru). Rappelons que le 25 Juin, Porochenko a signé une loi “Sur l’ordre de l’admission et les conditions de séjour des forces armées d’autres États sur le territoire de l’Ukraine “ en totale opposition avec les accords de Minsk 2.

 

• Le monde merveilleux de Saakashvili.  Après en avoir viré des douzaines, Saakakchvili a annoncé l’ouverture d’un concours pour le recrutement de 50 fonctionnaires dans la région d’Odessa. Il recherche “des activistes sociétaux et des enthousiastes” (lb.ua). Une “maison de la justice” va être créée à Odessa sur le modèle georgien (lb.ua). Saaksachvili a annoncé que la maison des syndicats à Odessa, le lieu du massacre du 2 mai 2014, allait devenir le siège des forces armées maritimes d’Ukraine (vzgliad.ru). Annonce faite lors de la célébration de la journée des forces armées maritimes à Odessa (unian.net). La Russie apprécie “très” modérément (vz.ru). L’ambassadeur US à Kiev considère qu’Odessa est un “laboratoire en ce qui concerne le soutien américain à de profondes mesures anti-corruption” (vzgliad.ru). L’hebdomadaire Le Point va même plus loin et compare Saakashvili à Elliot Ness (lepoint.fr), ce qui est amusant quand on connait son CV  judiciaire en Géorgie. Et pour le démontrer, Saakachvili annonce sur sa page FB l’arrestation à Odessa de deux officiers de police en flagrant délit pour pots de vin par le nouveau responsable de l’intérieur de la région (gordonua.com).

• Manoeuvres politiques. Le Ministère de la justice ukrainien a refusé d’enregistrer le parti “OuNA-OuNSO” comme parti politique en arguant du fait que l’organisation de ce nom “avait combattu du côté des fascistes en 1942″. Actuellement l’OuNA-OunSO fait partie de Praviy Sektor. Certains analystes estiment que la décision du Ministère de la justice vise à empêcher l’OuNA-OuNSO de quitter Praviy Sektor et d’affaiblir ainsi la position de Yaroch (vz.ru).

 

• Pétition américaine lancée par des Allemands.  Cette pétiton circule aux Etats-Unis, initiée par le Schiller Insitute” (e-news.su, wikipedia). Les initiateurs de la pétition appellent les Etats-Unis à collaborer avec les BRICS.

Petit commentaire d’un internaute en passant : Владимир Гребцов 08:40 06.07.2015 : Призывают волка стать вегетарианцем. (“Ils appellent des loups à devenir végétariens“).

 

• Et pour finir, l’humour involontaire de l’OTAN de la semaine. L’OTAN  veut combattre la propagande russe avec des faits (russia-insider, youtube)… Et l’UE en finançant des ONG pro UE, formant des journalistes et influençant des organes de régulation des médias…

 

25 juin 2015 : EU has plan against Russian propaganda, and NATO to beat it with facts (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-09072015/


[Tic-Tac] Tiens, la dette de la France est au niveau de la dette grecque d’il y a … 8 ans

Wednesday 8 July 2015 at 04:14

Comparaison n’est pas raison, mais bon, des fois oui… Nous verrons.

Ainsi, la dette française est pratiquement ua niveau de la dette grecque d’il y a 8 ans, et la dette italienne a 3 ans d’avance…

La mécanique de défaut a été rapide : une importante crise financiaro-économique en 2008-2009, puis une grosse chute du PIB (-25 %, donc le ratio a augmenté de +33 %)

“Elle est pas chèèèèère ma dette, qui n’en veut ?”

À suivre…

Source: http://www.les-crises.fr/iens-la-dette-de-la-france-est-au-niveau-de-la-dette-grecque-dil-y-a-8-ans/


Point à référendum grec + 2 jours

Wednesday 8 July 2015 at 01:30

Grèce : pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque, par Romaric Godin

Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque. Pourquoi ?

Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque. Pourquoi ?

Malgré le référendum, Alexis Tsipras doit renoncer à parler de la dette ou risquer le Grexit. La chancelière refuse d’ouvrir le dossier, prise dans le piège de ses propres mensonges.

Les réactions allemandes au « non » grec massif lors du référendum du 5 juillet ont des airs de fins de non-recevoir. L’incapacité franco-italienne à représenter un contre-pouvoir effectif à la puissance allemande, le poids de l’opinion outre-Rhin, incarné par la une de la Bild Zeitung de ce mardi 7 juillet (une Angela Merkel coiffée d’un casque à pointe accompagné du titre « nous avons besoin d’une chancelière de fer »), la prédominance de la logique financière (représentée par une réunion de l’Eurogroupeprécédant celle du Conseil) laisse à Alexis Tsipras le choix suivant : ou accepter un accord sans restructuration de la dette, c’est-à-dire trahir son mandat fraîchement renouvelé, ou se préparer au Grexit.

Le nœud de la dette et l’engagement de la chancelière

Car l’essentiel du problème qui déchire la zone euro réside bien dans cette question de la dette. Une question sur laquelle la chancelière allemande refuse d’avancer. Pourquoi ? Parce que c’est le cœur du discours d’Angela Merkel aux Allemands depuis 2010 : l’aide à la Grèce ne coûtera rien aux contribuables allemands. Lors d’une réunion électorale en mars 2010 en Rhénanie du Nord, elle avait proclamé : « pas un euro pour les Grecs ! » Et lorsque, pour « sauver l’euro » en mai, elle avait dû faire passer la pilule d’un prêt à Athènes, elle avait affirmé que ce prêt serait remboursé. Puis que les garanties du FESF (Le Fonds européen de stabilité financière qui a prêté à la Grèce à partir de 2011) ne seraient pas exercées. Et lorsque l’on s’est rendu compte que la situation devenait intenable, le discours sur le « manque de réformes de la Grèce » a pris le relais.

Les « promesses impossibles » d’Angela Merkel

Or, la chancelière a tenu à son peuple des promesses impossibles. Elle a trompé les Allemands en prétendant que les Grecs pourront rembourser leurs dettes. Le niveau d’endettement de la Grèce (177 % du PIB) est intenable, le rythme des remboursements place le pays dans une obligation de dégager des excédents primaires qui asphyxient une économie déjà dévastée. La rationalité, sur cette question n’est pas du côté allemand. Du reste, le refus de discuter de la question de la dette n’est pas argumenté par les créanciers. On se contente de prétendre qu’il n’y a pas d’urgence ou que ce n’est pas le problème. Mais dans ce cas, pourquoi alors refuser d’en parler ? Tout simplement parce que accepter de restructurer une dette détenue par les contribuables de la zone euro mettrait à jour ce mensonge originel des dirigeants européens à ces mêmes contribuables : celui que la cavalerie financière mise en place en 2010 est intenable. La chancelière allemande a fait prendre des risques inconsidérés à ses compatriotes et, aujourd’hui, sa seule ambition n’est que de le dissimuler derrière une diabolisation de la Grèce et un discours moral.

L’erreur des Européens

Cette volonté de se dédouaner de ses propres fautes est renforcé par le fait que la recette appliquée à la Grèce, celle d’une austérité aveugle, n’a fait encore qu’aggraver le problème. Si les deux restructuration de la dette privée, de 2011 et 2012, n’ont pas permis de réduire le taux d’endettement du pays, c’est parce que la troïka a imposé (souvenons-nous que cette troïka envoyait des ordres par mail aux ministres) une politique hautement récessive à la Grèce. Le PIB s’est effondré, le taux d’endettement a mécaniquement gonflé. Et l’on se retrouve dans l’impasse. Une impasse qui, là encore, va coûter cher aux contribuables de la zone euro. Mais comme ni la chancelière, ni ses collègues ne veulent accepter leur responsabilité, ils se cachent derrière une pseudo-mauvaise volonté grecque. Sauf que, là encore, l’argument ne tient pas. La Grèce a réalisé un ajustement budgétaire quasiment unique dans l’histoire, ses « efforts » mesurés par la baisse du PIB ne sont égalés par aucun autre pays, ni l’Irlande, ni l’Espagne, ni la Lettonie. Mais cette médication n’a pas fonctionné parce qu’elle n’était pas adaptée aux structures économiques de la Grèce. Le remède a donc été pire que le mal et a conduit à l’insoutenabilité de la dette.

Angela Merkel en difficulté

Face à une telle situation, Angela Merkel avait la possibilité de se montrer courageuse et d’expliquer ses erreurs aux contribuables allemands. Mais l’opération est bien trop risquée politiquement pour elle. Depuis 2010, la droite de la CDU et la CSU bavaroise, suivis à partir de 2013, les Eurosceptiques d’AfD, ne cessent de la mettre en garde contre les risques liés à cette politique grecque pour les contribuables. Accepter une restructuration de la dette aujourd’hui, ce serait pour la chancelière donner raison à ses adversaires de droite. Dans un contexte où, depuis janvier, la presse allemande, dans la foulée de Wolfgang Schäuble, a chauffé à blanc l’opinion contre les Grecs et où l’affaire des écoutes de la NSA avec la complicité des services secrets allemands a déjà coûté cher  à la chancelière en termes de popularité, cette dernière ne peut reconnaître ses erreurs sans risquer un effondrement politique. Qui laisserait une place libre sur sa droite.

Prise à son propre piège

En réalité, donc, Angela Merkel s’est prise à son propre piège. Non sans ironie, c’est précisément celui que la plupart des médias occidentaux reprochent à Alexis Tsipras : celui des promesses intenables et de la démagogie. Il est piquant de constater que lorsque le premier ministre grec entend défendre les retraites, il est unanimement taxé de démagogie, mais lorsqu’Angela Merkel protège à tout prix les contribuables allemands, elle est qualifiée de « raisonnable. » C’est qu’en réalité, nul en Europe n’a intérêt à voir la chancelière en difficulté politique. Surtout pas la France dont les élites redoutent par-dessus tout une sortie de l’Allemagne de la zone euro. Or, beaucoup craignent que sans le « bouclier » Angela Merkel, la première économie de la zone euro soit tenté de quitter l’UEM. Dès lors, il n’y a pas d’autres solutions que de tenir un discours d’une grande dureté à l’encontre de la Grèce. Quant aux Sociaux-démocrates, ils sont durs avec la Grèce pour cette même raison : aujourd’hui, ils ne peuvent gouverner qu’avec Angela Merkel…

La complicité européenne

Les créanciers européens font un calcul simple : affaiblir Angela Merkel, c’est prendre le risque d’une sortie de l’euro de l’Allemagne. Pour éviter cela, il faut absolument couvrir les mensonges proférés aux électeurs et aux contribuables de la zone euro depuis 2010. Comment ? En accablant la Grèce, en affirmant qu’elle est seule responsable de ses maux, qu’elle est irréformable et que son gouvernement est aux mains d’extrémistes démagogues. Peu importe que le gouvernement grec ait à plusieurs reprises renoncé à de grandes parties de son programme et qu’il ait accepté le 22 juin un plan d’austérité de 8 milliards d’euros. Ce qu’il faut, c’est absolument interdire le discours sur la dette qui pourrait mettre à jour les mensonges décrits ci-devant. Et donc fustige l’irrationalité grecque qui cache l’irrationalité des créanciers. Pour résumer la logique dominante dans la zone euro est la suivante : il vaut mieux que la Grèce sorte de la zone euro plutôt que l’Allemagne. On comprend mieux alors la passivité franco-italienne. Et pourquoi la Commission européenne n’a pas fait, comme le FMI, son mea culpa sur l’austérité.

Le plan en cas de Grexit : une communication bien rodée

C’est la logique du plan présenté ce matin par la Bild Zeitung. Angela Merkel laisserait la Grèce sortir de la zone euro. Athènes procéderait alors logiquement à un défaut unilatéral. On aura donc ce défaut nécessaire, mais l’Allemagne ne l’aura pas voulu, ni provoqué. On poussera des cris d’orfraies pour la forme à Berlin, fustigeant ces « bolchéviques » qui volent les contribuables allemands. Ces derniers pourront alors payer la facture en étant persuadé que la chancelière a défendu jusqu’au bout leurs intérêt et que l’affaire est maintenant réglé par le Grexit. Angela Merkel sera la grande gagnante politique de l’opération. Les Eurosceptiques pourront critiquer les plans de 2010, mais la chancelière aura beau jeu de leur répondre que sans la « gauche radicale » grecque, son plan aurait fonctionné. Fermez le ban.

L’opération de communication est donc parfaite. La diabolisation du gouvernement grec n’a aucune autre fonction que celle de sauver la position d’Angela Merkel. Reste une question : est-ce la fonction du projet européen d’assurer le projet politique d’un dirigeant, fût-elle la plus puissante d’Europe ?

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 7 juillet 2015.

Pourquoi le gouvernement grec est arrivé les mains vides à l’Eurogroupe, par Romaric Godin

Euclide Tsakalotos, ministre grec des Finances

Euclide Tsakalotos, ministre grec des Finances

Le nouveau ministre des Finances grec n’a rien proposé de neuf à l’Eurogroupe de ce mardi dont la réunion a tourné court. Une stratégie qui vise à placer au centre la question de la dette.

Le gouvernement grec tente d’imposer ses propres priorités. Ce mardi 7 juillet, les créanciers avaient une fois de plus fixé leur calendrier en prévoyant un Eurogroupe avant le conseil européen. Autrement dit, la logique financière devait continuer à primer sur la logique politique. L’idée était donc la même qu’au cours des dernières semaines : engluer la Grèce dans des discussions financières techniques qui devront être validées au niveau des chefs d’Etat ensuite. Avec cette méthode, aucun accord satisfaisant pour Athènes n’était possible puisqu’Alexis Tsipras n’entend signer un texte technique qu’après un engagement sur la dette. Or, cet engagement ne peut se prendre qu’au niveau politique. Voilà pourquoi Athènes a annoncé déposer une demande d’aide complète au MES (mécanisme européen de stabilité) demain, incluant sans doute une restructuration de la dette.

Pas de propositions

Le gouvernement grec a donc contourné la difficulté. Le nouveau ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, est arrivé à l’Eurogroupe sans nouvelle proposition concrète, se contentant d’évoquer la proposition présentée le 1er juillet dernier (laquelle, rappelons-le, n’était pas si éloignée de la proposition du 25 juin rejetée par les électeurs grecs). L’Eurogroupe a donc été dans l’incapacité de s’exprimer. Du coup, les chefs d’Etats et de gouvernements ne pourront pas discuter sur des éléments techniques. Et c’est exactement là où Alexis Tsipras voulait en venir : entamer un dialogue au niveau politique, incluant la question de la dette. Le premier ministre grec va ainsi rencontrer Angela Merkel et François Hollande avant le Conseil.

Comment discuter avant de poser la question de la dette ?

Car, en réalité, les discussions techniques sans ce préalable sont absurdes : établir des objectifs d’excédents et des mesures à prendre sans discuter de la dette revient à enterrer la question puisque, précisément, ces objectifs sont basées sur la nécessité de rembourser intégralement la dette. Il faut donc d’abord discuter de ce point crucial, notamment de la question de la dette détenue par la BCE (Banque centrale européenne) qui doit être remboursée en juillet et août de cette année (6,7 milliards d’euros), mais aussi en 2016 (2,3 milliards d’euros) et en 2017 (6,3 milliards d’euros). Athènes propose une reprise de cette dette par le MES, une décision qui relève du niveau politique.

Attentes absurdes des chefs d’Etats et de gouvernements

Evidemment, cette manœuvre peut échouer. Les chefs d’Etat peuvent se montrer irrités et rejeter tout dialogue ce mardi soir. Mais ce comportement semblerait étrange. Comment imaginer qu’un gouvernement qui vient d’être conforté par le « non » massif au référendum arrive sans vouloir parler de la dette et en présentant un plan encore plus strict que le précédent ? Là aussi, une telle attente semble loin de la réalité. Alexis Tsipras va donc, comme il l’a promis dès dimanche soir, mettre la question de la dette sur la table. Il y a fort à parier qu’il ne soit pas entendu. Mais son mandat renouvelé le 5 juillet l’obligeait à agir ainsi.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 7 juillet 2015.

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Hypocrisies européennes

La nouvelle réunion de l’Eurogroupe que s’est tenue aujourd’hui, mardi 7 juillet, a été marquée par un sommet d’hypocrisies publiques. Ces hypocrisies ont marqué la réunion le lundi 6 juillet en fin de journée de Mme Merkel et de François Hollande à l’Elysée. La France et l’Allemagne ont appelé, par la bouche de François Hollande, la Grèce à soumettre une liste de « propositions sérieuses, crédibles, pour que (sa) volonté de rester dans la zone euro puisse se traduire »[1]. La Chancelière allemande a, en ce qui la concerne, dit attendre « maintenant des propositions tout à fait précises du Premier ministre grec »[2]. Mais, une hypocrisie peut en cacher une autre. Les discours des acteurs camouflent – plutôt mal aujourd’hui – le fait que sans une solidarité importante entre les pays membres, une Union monétaire comme l’Euro est condamnée à périr.

L’hypocrisie des demandes de réformes

Il est stupéfiant, et consternant de mauvaise foi, de voir des acteurs aux responsabilités si éminentes que Mme Merkel et François Hollande, continuer à demander des « réformes » à Alexis Tsipras. Ce dernier, dès son élection le 25 janvier dernier, a dit toute la nécessité de mener de profondes réformes en Grèce. De fait son gouvernement, unissant la gauche de Syriza et la droite souverainiste de l’ANEL (les « Grecs Indépendants »), est certainement le gouvernement le mieux placé pour conduire un important programme de réforme et de modernisation en Grèce. Ce gouvernement n’est pas lié par les relations clientélistes, les pratiques de collusion et de corruption qui étaient si développées au point d’en devenir emblématiques que ce soit avec le gouvernement de Papandréou (les « socialistes » du PASOK) ou avec le gouvernement de droite de Samaras (la « Nouvelle Démocratie »). De fait, le gouvernement issu des élections du 25 janvier a proposé un renforcement du système fiscal, transférant une partie de la charge sur les plus riches et supprimant de nombreuses niches et exemptions fiscales, et il a aussi proposé des réformes importantes touchant tous les sujets sensibles, y compris le régime des retraites. Mais Alexis Tsipras a aussi dit que pour que la Grèce puisse continuer à faire ses efforts, efforts qui – rappelons-le – lui ont permis de dégager un solde budgétaire primaire(autrement dit avant remboursement de la dette), soit un excédent budgétaire, elle devait retrouver confiance en son avenir. Cela passe par la croissance. Or, et ceci est attesté de nombreux côtés, que ce soit par des économistes plutôt classés à gauche (comme Krugman[3], Stiglitz[4] ou Piketty) ou par des institutions internationales classées à droite comme le FMI[5], la dette de la Grèce n’est pas supportable. Elle enfonce chaque jour un peu plus le pays dans l’abîme de la dépression. Les réformes que le gouvernement grec est disposé à faire sont liées, et il ne peut en être autrement, à une restructuration profonde de la dette de la Grèce, sans doute sur le modèle de ce qui avait été consenti à l’Allemagne en 1953.

Dès lors, demander des réformes « sérieuses et crédibles » comme l’ont fait et la Chancelière allemande et le Président français n’a aucun sens. Ces propositions ont été faites il y a des semaines. Certaines, en particulier les mesures fiscales frappant les plus riches, ont même été trouvées « excessives » par l’Eurogroupe. En réalité, en refusant de voir le point de blocage réel, la question de la restructuration de la dette de la Grèce, Mme Merkel et M. Hollande adressent une fin de non-recevoir au gouvernement grec. Mais, et c’est là le plus répugnant dans cette crise, une fin de non-recevoir enrobée de paroles doucereuses, dégoulinantes de « bienveillance », de déclarations d’amitié, de proclamation de la volonté de garder la Grèce dans la zone Euro. C’est de l’hypocrisie à l’état pur.

L’hypocrisie de la Banque Centrale Européenne (BCE)

La BCE s’est jointe à ce concours d’hypocrisie et de mauvaise foi. Rappelons ici les faits : elle maintient certes le programme d’aide à la liquidité d’urgence (dit « ELA ») pour les banques grecs MAIS elle en limite le plafond, ce qui organise DE FAIT une pénurie croissante de liquidités en Grèce. Si la BCE s’était tenue à ses règles et à se charte, elle aurait dû suspendre l’ELA dès le samedi 27 juin. Mais, les règles ont été tant et tant tordues depuis 2012, que ce soit à propose de l’OMT (Outright Monetary Transactions) ou des TLTRO, qu’elles n’ont plus grand sens. Ou, plus précisément, on ne les invoque que quand on doit prendre une décision politique un peu gênante. Hypocrisie donc, encore et toujours.

Donc, si la BCE avait suspendu l’ELA le 27 juin, on aurait pu crier à l’ingérence dans un problème politique grec, le référendum. Mais, en maintenant l’ELA tout en en conservant le plafond au niveau fixé le 26 juin, la BCE a contraint les banques grecques à la fermeture et a limité l’accès des Grecs, tant ménages qu’entreprises, à la liquidité. Elle a, de plus, mis des limites strictes au mécanisme automatique de transfert au sein de la zone Euro (ce que l’on appelle le compte Target2). Le résultat a été une ingérence massive dans la vie politique grecque. Cette ingérence n’a pas donné le résultat escompté, et les Grecs ont rejeté le projet d’accord qui leur était soumis par une majorité de 61% de « Non ». Alors, la BCE a décidé le 6 juillet de commencer à appliquer une décote sur les collatéraux à ses prêts que lui ont fournis les banques commerciales grecques. De fait, la BCE est en train d’expulser la Grèce hors de la zone Euro[6]. Ici encore, on va se réfugier derrière les « règles » de la BCE et sa charte. Mais on peut remarquer que l’on n’avait pas eu ses scrupules sur bien d’autres sujets. L’application des règles apparaît comme bien élastique, et soumise – en réalité – au bon vouloir politique d’un organisme qui n’est soumis lui-même à aucun contrôle politique. Nouvelle démonstration de l’immense hypocrisie de M. Draghi et de ses confrères.

Une monnaie unique sans solidarité ?

Mais la situation de la Grèce soulève un autre problème. Peut-on continuer à faire fonctionner la « zone Euro », ou pour l’appeler de son nom l’Union Economique et Monétaire, sans organiser en son sein d’importants flux de transferts ? Quand la Californie se trouva, lors de la crise financière de 2007-2009, en défaut de paiement, elle ne sortit pas de la zone Dollar parce qu’elle bénéficia d’importants flux de transferts en provenance du budget fédéral des Etats-Unis. Or, aujourd’hui, non seulement les flux de transferts sont très limités en Europe (où le budget de l’UE est plafonné à 1,23% du PIB) mais ils se heurtent à l’opposition de plus en plus forte de nombreux pays, et en premier lieu l’Allemagne.

Il ne s’agit pas, ici, de faire un quelconque reproche à ce sujet à l’Allemagne. Etablir un fédéralisme budgétaire au sein de la zone Euro prélèverait de 8% à 12% du PIB de l’Allemagne tous les ans, selon les méthodes de calcul. L’économie allemande n’y résisterait pas. La question n’est donc pas de savoir si l’Allemagne veut une politique de transferts, une fois qu’il est constaté qu’elle ne peut pas en payer le prix. Mais, il faut alors en tirer les conséquences quant à la zone Euro. Et l’on voit bien que la zone Euro ne peut survivre sans un mécanisme assurant des transferts importants en son sein. Cela, les différentes autorités de notre pays comme de nos voisins, le savent pertinemment.

Dès lors, s’obstiner de réunion de l’Eurogroupe en Conseils européens à tenter de faire vivre une zone monétaire sans accepter d’en payer le prix est une folie dangereuse. Prétendre que la stabilité de cette dite zone serait mise en cause par un pays, aujourd’hui la Grèce et qui sait demain, peut être l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, relève à nouveau de la plus immense hypocrisie.

L’enfoncement des gouvernements européens dans une hypocrisie aux formes multiples mais dont le résultat est chaque jour plus évident renvoie aussi fondamentalement à un manque de courage. Manque de courage de Mme Merkel qui n’ose pas dire à son peuple qu’il lui faudra payer pour avoir l’Euro, ou que l’Euro ne sera plus[7]. Manque de courage de François Hollande, qui n’a pas voulu affronter de face Angela Merkel et lui dire que, faute de consentir à l’Union de transferts (et on en comprend parfaitement les raisons) la zone Euro ne pouvait être maintenue. Manque de courage de M Rajoy, qui a longtemps lié le sort de l’Espagne à celui de l’Allemagne et qui n’a pris que tardivement conscience qu’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro le mettrait, lui, désormais en première ligne. Manque de courage de M. Renzi, le fringant Premier ministre italien qui a commis les mêmes fautes que son homologue espagnol alors que la logique et la raison lui commandaient de soutenir la Grèce.

Manque de courage de tous, qui feront sans doute de la Grèce un bouc émissaire, une victime expiatoire, pour une situation qui est de la responsabilité de tous en réalité et pour se refuser à voir la réalité tant qu’il en est encore temps. Et si cela n’est pas une immense et incommensurable hypocrisie, alors les mots n’ont plus de sens.

[1] http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/hollande-et-merkel-affichent-une-position-commune-sur-la-grece-1052927#UpICzy8xld0pGTT3.99

[2] http://www.rfi.fr/europe/20150706-francois-hollande-angela-merkel-affichent-leur-unite-grece/

[3] Krugman P., « Europe’s Many Economic Disasters », New York Times, 3 juillet 2015,http://www.nytimes.com/2015/07/03/opinion/paul-krugman-europes-many-disasters.html

[4] Stiglitz J, « Europe’s attack on Greek democracy », le 29 juin 2015, http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-troika-eurozone-by-joseph-e–stiglitz-2015-06

[5] The Guardian, « IMF says Greece needs extra €60bn in funds and debt relief », 2 juillet 2015, http://www.theguardian.com/business/2015/jul/02/imf-greece-needs-extra-50bn-euros?CMP=share_btn_tw

[6] Sandbu M., « Free Lunch: ECB, enemy of the euro? », Financial Times, 6 juillet 2015,http://www.ft.com/intl/cms/s/3/bbf26c42-23bb-11e5-bd83-71cb60e8f08c.html

[7] Voir Godin R., Grèce : Pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque, La Tribune, 7 juillet 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-angela-merkel-refuse-de-parler-de-la-dette-grecque-490094.html

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 7 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/point-a-referendum-grec-2-jours/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Béchade, Villepin)

Wednesday 8 July 2015 at 00:35

HELP : un pro des vidéos sait-il comment empêcher le démarrage automatique des vidéos BFM insérées svp ? Merci de me contacter

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : Olivier Delamarche : “Non” grec : “Hollande vient prendre ses ordres auprès de madame Merkel”- 06/07

Edition Spéciale Grèce: Quelle sera la meilleure solution après ce “non” ? Olivier Delamarche VS Marc Riez – 06/07

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Marchés financiers : “Du risque, du risque, du risque !” – 01/07

Philippe Bechade VS Philippe de Cholet (1/3): Grexit: “Il va y avoir un tsunami de liquidités dans le pays” – 01/07

Philippe Béchade VS Philippe de Cholet (2/3): Les publications d’entreprise vont-elles relancer les marchés ? – 01/07

Philippe Béchade VS Philippe de Cholet (3/3): Le ralentissement de l’économie chinoise est-il sous contrôle ? – 01/07

III. Villepin

“Nous ne sommes pas de vraies démocraties”, estime Villepin


 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-bechade-villepin/


Grèce : la BCE durcit encore le ton – comme les Allemands !

Tuesday 7 July 2015 at 04:11

Les crétiiiiiiiiiiiiiins…….

Franchement, cela ne m’étonne pas vraiment, mais je pensais qu’il y aurait quand même un peu plus d’intelligence chez nos dirigeants…

Hollande et Merkel tentent de faire front commun

Black and white, clair obscur. Ouverture d’un côté, fermeté de l’autre. Solidarité d’un côté, responsabilité de l’autre. François Hollande et Angela Merkel, qui intervenaient lundi soir depuis l’Élysée, à l’issue d’une réunion de travail dans le bureau du président, ont pris acte du vote grec, qu’ils disent «respecter». Très attendus sur ce point, ils ont indiqué que la «porte des négociations» (Hollande), le «dialogue» (Merkel), restaient «ouverts». Voilà pour l’ouverture. Venait ensuite un volet fermeté. Le président et la chancelière ont mis la pression sur le premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’enjoignant à faire des propositions «sérieuses et crédibles», pour «que cette volonté de rester dans la zone euro puisse se traduire avec un programme» durable, a lancé le chef de l’État. Merkel a été plus loin encore, assurant que, pour l’heure, les «conditions de base» n’étaient «pas remplies» pour parvenir à un accord. [...]

La chancelière a rappelé que l’UE avait déjà fait preuve de beaucoup de «générosité» envers la Grèce. Et qu’il fallait tenir compte aussi des positions des membres de la zone euro, dotés d’une «souveraineté commune». En d’autres termes, si les Grecs se sont exprimés démocratiquement, c’est au tour des membres de la zone euro de dire si, oui ou non, ils souhaitent que la Grèce reste dans leur club. Le couple franco-allemand a insisté enfin sur «l’urgence». Pour la Grèce et pour l’Europe.

La première portait sur le principe même des négociations: doivent-elles, peuvent-elles reprendre? Hollande y est favorable depuis le départ. Mais Berlin se montrait plus fermé. Dans la matinée, un porte-parole de la Chancellerie avait ainsi jugé que «les conditions pour des négociations autour d’un nouveau programme d’aide» n’étaient pas réunies. Avant que le gouvernement grec ne publie, un peu plus tard, un communiqué assurant que Merkel était «d’accord» pour qu’Athènes présente des propositions au sommet de l’UE. La déclaration commune de Hollande et Merkel a levé les doutes. «Petit à petit, l’oiseau fait son nid», se félicite-t-on dans l’entourage du président, où l’on explique que François Hollande a «enclenché une petite mécanique», qui conduit les uns et les autres à se remettre à la table des négociations ; un grand pas en avant, au regard de la tension de la veille. [...]

De fait, le vice-chancelier Sigmar Gabriel a réclamé lundi après-midi à Athènes de nouvelles propositions qui aillent «au-delà des précédentes» et «au-delà de ce à quoi (Tsipras) s’est dit prêt jusque-là». Une condition sine qua non, selon lui, pour un maintien de la Grèce dans la zone euro. Voilà le Grec prévenu.

 Eh oui, Tsipras a gagné, il doit donc enlever son pantalon, c’est logique, hmmm…

Et quelqu’un peut il les prévenir que c’est à EUX de faire des proposition sur le seul vrai problème de la Grèce : baisser le montant de la dette !!!!

BONUS : extrait de la conclusion de l’article du Monde – une pépite, comme souvent :

Contrairement à la plupart des autres pays de la zone euro, dont la France, l’Allemagne – conservateurs et sociaux-démocrates confondus – est désormais convaincue qu’une zone euro sans la Grèce serait plus stable qu’une zone euro dont les principes seraient bafoués par un de ses membres. Dans cette logique, ne pas sauver la Grèce, c’est , d’une certaine façon, sauver l’Europe. De plus, même si Angela Merkel se garde bien de le dire, les retombées négatives devraient être telles pour la population grecque que cela servira sans doute de leçons aux autres pays.

Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) , Le Monde

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Grèce : la BCE durcit encore le ton, par Romaric Godin

La BCE a donc décidé l’offensive. L’institution de Francfort a choisi de répondre au « non » des électeurs grecs dimanche 5 juillet aux propositions des créanciers par la menace. L’accès des banques grecques à l’aide à la liquidité d’urgence (programme ELA) a certes été maintenu à son niveau de mercredi dernier, soit 89 milliards d’euros, mais le Conseil des Gouverneurs a durci le ton. Il a refusé l’augmentation de 3 milliards d’euros demandée par la Banque de Grèce et surtout, dans son communiqué, la BCE indique que « la décote appliquée aux collatéraux a été ajustée. »

Décote plus forte sur les collatéraux

Que signifie cette phrase ? Pour obtenir les crédits de liquidité d’urgence, les banques grecques déposent des titres en garanties. Une décote est appliquée à ces titres en fonction de leur valeur et du risque qu’ils contiennent. Schématiquement, pour obtenir 100 euros de liquidité, une banque devra déposer deux titres d’une valeur de 100 euros si la décote est de 50 % (cet exemple est fictif). Plus la décote est élevée, plus la banque doit donc déposer des titres en garanties. C’est ce qui s’est passé ce lundi 6 juillet au soir. La BCE demande désormais plus de garanties aux banques grecques. Elle rappelle que « la situation financière de la Grèce a un impact sur les banques grecques car elles utilisent beaucoup de collatéraux basées sur l’Etat grec pour avoir accès à la liquidité d’urgence. » Du coup, la BCE a estimé que le « non » réduisait la possibilité d’un accord. Elle a donc revu à la baisse la situation des banques grecques et demandé plus de garanties.

Quel durcissement ?

Quelle est l’ampleur de ce durcissement ? Nul ne le sait, car le niveau des décotes n’a pas été publié. Selon le site « zero hedge », il serait de 45 % sur les titres d’Etat grecs. Le Financial Times, de son côté, estime, sans citer de sources, qu’« on s’attend à ce que les quatre banques grecques disposent d’assez de collatéraux pour pouvoir renouveler leurs prêts. » Si cela est vrai, la BCE montre sa mauvaise humeur, mais la situation sur le terrain reste la même. Les banques grecques vont pouvoir disposer d’un niveau de liquidité suffisant pour agir dans le cadre défini depuis le 29 juin : des banques fermées, un contrôle des capitaux strict, des retraits limités à 60 euros par jour.

Menace

Le durcissement des conditions d’accès à l’ELA serait donc neutre ? Pas tant que cela. En durcissant la décote, le Conseil des Gouverneurs envoie un message à Athènes et aux créanciers. Si un accord n’est pas rapidement trouvé, un nouveau durcissement est possible. Et donc l’épuisement des collatéraux ne saurait tarder. Dans ce cas, la faillite des banques grecques deviendra inévitable, enclenchant un mécanisme très dangereux pouvant aller jusqu’à l’expulsion de fait de la Grèce de la zone euro.

La pression sur Athènes

En réalité, c’est surtout Athènes qui est sous pression. Le gel du plafond de l’ELA le 28 juin a placé le pays dans une situation difficile et l’a mis en marge de la zone euro. Désormais, les relations financières entre la Grèce et le reste de la zone euro sont très réduites, les paiements électroniques vers l’étranger sont impossibles, limitant les importations et empêchant une partie des exportations. Plus cette situation perdure, plus elle est dangereuse pour l’économie hellénique. La décision de ce lundi 6 juillet réduit à néant le désir du premier ministre grec de rouvrir rapidement les banques exprimé par téléphone ce lundi à Mario Draghi. Selon les banquiers grecs, les établissements resteront donc sans doute fermés toute la semaine. La semaine dernière, le cash commençait à manquer en Grèce, la situation ne devrait pas s’améliorer, bien au contraire. Si les collatéraux manquent, il faudra sans doute encore réduire les retraits autorisés aux guichets.

Possibilité d’un futur contrôle du gouvernement grec

Enfin, en durcissant la décote, le Conseil des Gouverneurs de la BCE sous-entend qu’un relèvement du plafond, s’il intervient suite à une promesse d’accord restera nécessairement plus limité qu’auparavant puisqu’il faudra plus de collatéraux pour en profiter. La BCE agit donc d’ores et déjà comme le gardien futur d’un éventuel accord, s’il devait en avoir un. Le « nœud coulant » reste en place, et il ne se desserrera que si la Grèce exécute les réformes promises. Une surveillance sans doute encore plus efficace que celle de l’ancienne troïka, mais dont on peut se demander s’il relève du rôle de la BCE.

Situation paradoxale

On n’est cependant encore loin d’un nouvel accord. L’eurogroupe et le Conseil européen du mardi 7 juillet permettront d’en savoir un peu plus. En attendant, la position de la BCE est assez inconfortable et ambiguë. La BCE ne peut, en théorie, donner des fonds ELA à des banques non solvables. Elle considère donc que les banques grecques restent solvables. Mais plus elle resserre les conditions de l’ELA et plus elle limite leur accès à ce programme, et moins leur solvabilité est garantie. La BCE prend donc le risque de provoquer une faillite qu’elle devra ensuite, selon les traités, prendre comme prétexte pour couper l’ELA. Et donc provoquer l’expulsion de la Grèce de la zone euro…

Numéro d’équilibriste

En réalité, sa position est très politique. Si les banques grecques sont solvables, il faut leur donner les moyens de le rester. Si elles ne le sont pas, il faut couper l’ELA. Mais la BCE ne veut pas être celle qui appuiera sur la gâchette. Elle veut donc éviter de couper l’ELA. Mais elle veut un accord en faisant céder le gouvernement grec, car elle souhaite aussi ménager les créanciers. Elle exerce donc une pression croissante sur Athènes pour que le gouvernement grec signe les conditions des créanciers. Pour cela, elle a placé la Grèce dans une position financière périlleuse qui pourrait lui échapper. Un numéro d’équilibriste dangereux.

Source : Romaric Godin, la Tribune, 6/7/2015

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Cinq faits dérangeants au sujet du Grexit

Tandis que les « sauveurs de l’euro » poursuivent leur bras de fer avec le premier ministre Tsipras, le public perd lentement mais sûrement la vue d’ensemble. C’est pourquoi nous présentons ici cinq points essentiels que l’on doit connaître, mais qui sont la plupart du temps passés sous silence.

1. C’est Merkel qui a orchestré le diktat. Les objectifs centraux concernant le surplus primaire et les réformes ont été formulés à la Chancellerie fédérale sous l’égide de la chancelière Merkel. Il faut le savoir – puisque c’est aussi Merkel qui désormais ne veut plus démordre du FMI – ce FMI qui veut serrer toujours plus la vis. La chancelière est donc de la partie, au premier chef.

2. Schäuble œuvre contre Athènes. Ainsi, lors de l’Euro-groupe de ce lundi, le ministre des finances Schäuble a lancé l’idée d’introduire le contrôle des mouvements de capitaux et d’en finir avec les aides d’urgence de la BCE à la Grèce. De ce fait, il accélère encore la fuite des capitaux, ce qui fait monter la pression sur Athènes. C’était aussi Schäuble qui, au début 2015, faisait courir la rumeur que le Grexit ne constituait pas un problème. Il contrecarre ainsi les efforts de Merkel – et cela depuis des mois.

3. Le capital fuit vers l’Allemagne. En dépit de ce qu’affirment toutes les campagnes du journal Bild, l’Allemagne continue de profiter de la crise. Selon le Monde, la plus grande partie du capital quittant la Grèce cherche un refuge en Allemagne. De plus, le drame grec permet à Schäuble de maîtriser les coûts grâce à la réduction des intérêts servis sur les emprunts d’état.

4. L’aide part en fumée pour couvrir le service de la dette. Si l’on s’en tient au diktat des créanciers, Athènes ne sera aidée d’aucune façon, bien au contraire : en quelques semaines, les crédits de soutien seraient engloutis dans le service de la dette. Alors les 7,2 milliards d’euros seraient fichus – en contrepartie Athènes devrait économiser environ 8 milliards, ce qui exacerberait par là même la récession. C’est insensé !

5. On n’arrivera pas à une conclusion le 30 juin. Certes, cette date marque la fin du programme de soutien en cours. Mais on pourrait le prolonger et faire patienter le FMI qui attend le paiement d’échéances. Le moment de vérité ne surviendra que le 20 juillet lorsque la BCE exigera le remboursement de ses prêts. Si aucune solution n’est trouvée d’ici là, la BCE fermera probablement le robinet des crédits, et ce sera alors la fin.

Source : Lost in EUrope, le 24/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-la-bce-durcit-encore-le-ton/


L’οχι grec, par Jacques Sapir

Tuesday 7 July 2015 at 02:15

OXI ! (Non)

La victoire du « Non » au référendum est un événement historique. Elle fera date. En dépit des pressions nombreuses pour un vote « Oui » tant de la part des médias grecs que de celui des dirigeants de l’Union européenne, en dépit de l’organisation par la BCE des conditions d’une panique bancaire, le peuple grec a fait entendre sa voix. Il a fait entendre sa voix contre les mensonges qui ont été déversés continument sur la situation de la Grèce depuis ces dernières semaines. Nous aurons ici une pensée pour ces éditorialistes qui ont, à dessein, travestis la réalité, et laissés entendre un lien entre Syriza et l’extrême-droite d’Aube Dorée. Ces mensonges ne nous étonnent plus, mais nous ne les oublieront pas. Le peuple a fait entendre sa voix avec une force inaccoutumée, puisque contrairement à ce que laissait penser les sondages réalisés à la sortie des urnes, la victoire du « Non » est obtenue avec un écart important, par près de 60%. Cela renforce bien évidemment le gouvernement d’Alexis Tsipras et devrait faire réfléchir ses interlocuteurs. Nous verrons rapidement ce qu’il en sera. Mais, on doit dire immédiatement que les réactions, que ce soient celles de Martin Schulz au Parlement européen, de Jean-Claude Juncker pour la Commission[1], ou de Sigmar Gabriel, le Ministre de l’économie et l’allié SPD de Mme Merkel en Allemagne[2], ne laissent guère de place à l’optimisme sur ce point.

Cette victoire du « Non » a aussi, et c’est une évidence, une résonnance particulière en France. Elle a lieu quasiment dix ans après une autre victoire du « Non », cette fois dans notre pays (ainsi qu’au Pays-Bas). Il s’agissait alors, en 2005, du projet de Traité Constitutionnel Européen. Ce projet fut rejeté dans notre pays par plus de 54% des suffrages. Ici encore la campagne de presse menée par les partisans du « oui » avait passée toute les mesures, franchie toute les bornes. Les partisans du « non » furent enfouis sous les injures et les menaces[3]. Mais ils tinrent bon. De là date le divorce, sans cesse grandissant, entre les français et la caste médiatique, divorce qui se lit à la fois dans les statistiques déclinantes de la presse « officielle » et dans l’explosion de l’audience des blogs, dont celui-ci.

Le vote avait marqué la nette différence entre ce que pensaient les électeurs des classes populaires et ceux des classes plus aisées[4]. Je l’avais qualifié de « victoire des prolos sur les bobos »[5]. Il semble bien que l’on ait assisté à un phénomène du même ordre en Grèce, puisque si les banlieues huppées d’Athènes ont voté « Oui » à plus de 80%, c’est dans une proportion inverse que le « Non » l’a emporté dans les quartiers populaires. Le vote « non » des grecs est un écho direct à celui des français. Pourtant, après des manœuvres multiples, un texte presque similaire, le « Traité de Lisbonne », fut adopté au « congrès » quelques années après par le biais d’une alliance sans principe entre l’UMP et le PS. De là date certainement la rupture que l’on constate entre les élites politiques et médiatiques et les électeurs. Ce déni de la démocratie, ce vol d’un vote souverain, est une blessure profonde chez de nombreux français. La large victoire du « Non » grec vient réactiver cette blessure et pourrait pousser les électeurs à demander des comptes pour un passé qui décidemment ne passe pas.

Le sens d’un « Non »

A - Avaroufakis

Mais, il faut comprendre le sens profond de ce « Non ». Il s’oppose aux comportements très antidémocratiques des responsables tant de l’Eurogroupe que de la Commission européenne ou du Parlement européen. Il discrédite des personnalités comme Jean-Claude Juncker, ou M. Dijssenbloem, ou encore M. Martin Schulz, le Président du parlement. Il s’oppose surtout à la logique qui avait été mis en œuvre depuis le 27 juin, quand M. Dijssenbloem, Président de l’Eurogroupe, avait décidé d’exclure de fait M. Varoufakis, le Ministre des Finances grec, d’une réunion. Ce geste inouï revenait à exclure la Grèce de la zone Euro. On doit alors remarquer l’étonnante passivité du Ministre Français, M. Michel Sapin. En acceptant de rester dans la salle, il fut connivent de l’abus de pouvoir commis par M. Dijssenbloem. Même si le gouvernement français dit actuellement qu’il veut que la Grèce reste dans la zone Euro, le comportement de l’un de ses membres éminent, qui plus est proche du Président de la République, vient apporter si ce n’est un démenti, du moins fait peser un doute sur la réalité de cet engagement. Le gouvernement grec n’a pas pu ne pas le noter et en prendre acte. De fait, nous avons été exclu d’une bataille où l’Allemagne a, que ce soit directement ou indirectement, largement inspirée les positions européennes.

Le fait que la BCE ait organisé dans la semaine du 28 juin au 5 juillet l’asphyxie financière des banques grecques, provoquant une émotion très compréhensible dans la population, est bien la preuve que les institutions européennes n’entendaient nullement continuer les négociations avec Alexis Tsipras mais cherchaient à obtenir soit son départ volontaire soit son renversement dans une de ces arnaques d’assemblée que rend possible un régime parlementaire comme le régime grec. Le référendum était aussi une tentative pour s’opposer à ces manœuvres. La victoire du « non » garantit que, pour un temps, le gouvernement Tsipras sera à l’abri de ce genre de tentative.

Une reprise des négociations est-elle possible ?

Mais, cela ne signifie nullement que les négociations sur la question de la dette grecque, pourtant nécessaires, pourtant justifiées comme le rappelle un rapport du FMI[6]opportunément publié en dépit des tentatives d’embargo de la part de l’Eurogroupe, pourront reprendre. Tous les économistes qui ont travaillé ce dossier, des personnalités illustres comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz (prix Nobel), des spécialistes internationaux comme James Galbraith ou Thomas Piketty, ont expliqué depuis des semaines que sans une restructuration de la dette accompagnée d’une annulation d’une partie de cette dernière, la Grèce ne pourrait retrouver le chemin de la croissance. Il serait donc logique d’accorder à la Grèce ce qui fut, en 1953, accordé à l’Allemagne. Mais il faut faire vite, sans doute dans les 48h, et il n’est pas dit que les institutions européennes, qui ont tenté d’empêcher la publication du rapport du FMI, le veuillent. La déclaration de Martin Schulz, le Président du Parlement européen, ou celle de Sigmar Gabriel disant que les ponts étaient rompus, ne présage rien de bon.

La décision de Yannis Varoufakis de démissionner de son poste de Ministre des Finances a beaucoup étonné. Il est en effet l’un des grands vainqueurs du référendum. Mais cette décision est assez logique. Son remplacement par Euclid Tsakalotos va plus loin qu’une simple concession tactique accordée aux « créanciers ». C’est ainsi d’ailleurs que Varoufakis présente d’ailleurs sa démission[7]. Mais le nouveau ministre pourrait aussi signifier l’arrivée d’un homme plus résolu à une rupture. Tsakalotos ne cache pas qu’il est devenu un « Eurosceptique ». On ne l’a pas pleinement mesuré à Bruxelles, mais Varoufakis était en réalité passionnément attaché à l’Euro et à l’idée européenne. Ce n’est pas le cas de Tsakalotos. Ceci pourrait avoir des conséquences importantes dans les prochains jours.

Coffre de la Société Générale, par Bendeck, 2008, CC

En effet, si la BCE ne se décide pas très rapidement à augmenter le plafond de l’accord d’urgence sur les liquidités (ELA), la situation deviendra rapidement critique en Grèce et ces négociations perdront tout sens. C’est ce qu’a dit Alexis Tsipras au soir de la victoire du « Non ». Un accord est peut-être possible, si tant est que les deux parties le veuillent. Mais, justement, on est en droit d’avoir un doute, et même plus que cela, sur les intentions des institutions européennes.

Si, donc, la BCE n’augmentait pas le plafond de l’ELA, le gouvernement grec n’aurait plus le choix. Il devrait soit mettre en circulation des « certificats de paiements » qui constitueraient une monnaie parallèle, soit prendre le contrôle de la Banque Centrale par décret (ce que l’on appelle une réquisition) et la forcer à mettre en circulation tant les billets qu’elle conserve en réserve que ceux qui sont conservés dans les banques commerciales sous son autorisation. Si une prise de contrôle de la Banque Centrale serait entièrement justifiée du fait du comportement de la BCE et de l’Eurogroupe qui ont sciemment violé le fond comme la lettre des traités, il est néanmoins probable que ce sera la première solution qui sera choisie. En tous les cas, ce n’était pas la position de Yanis Varoufakis. Nous ne savons pas à l’heure actuelle quelle sera la position de Tsakalotos. Si le gouvernement grec se décide donc à émettre des certificats de paiement, cela conduira rapidement à un système à deux monnaies en Grèce, et d’ici quelques semaines on peut penser que l’une de ces deux monnaies disparaîtra. Nous serions confrontés à la sortie de l’Euro, au « Grexit ». Il convient ici de dire que cette sortie de l’Euro serait totalement et complètement imputable aux institutions européennes.

La sortie de la Grèce de l’Euro est-elle en cours ?

On doit rappeler qu’une sortie de l’Euro ne passe pas nécessairement (et obligatoirement) par une décision nette et tranchée. Ce point a été particulièrement bien mis en lumière par Frances Coppola dans un article publié par le magazine Forbes[8]. Elle peut résulter de la logique des circonstances et des réactions du gouvernement grec face au double jeu tant de l’Eurogroupe que de la BCE qui sont en train de l’étrangler financièrement. Il est, là encore, inouï qu’une Banque Centrale comme la BCE, qui a légalement en charge la stabilité du système bancaire dans les pays de la zone Euro, organise en réalité l’étranglement des banques et leur faillite. C’est un fait inouï, mais ce n’est pas un fait sans précédent[9]. Il nous faut ici remonter dans l’histoire tragique du XXème siècle.

En 1930, en Allemagne, le Président de la Reichbank (la Banque Centrale de l’Allemagne), M. Hjalmar Schacht, avait fait obstacle à un prêt américain au gouvernement de l’Allemagne de Weimar, provoquant une panique bancaire[10]. Cette panique provoqua la chute de la coalition alors au pouvoir, et la démission du Ministre des Finances, le socialiste Rudolph Hilferding. Ayant obtenu ce qu’il désirait, Schacht leva son obstruction. On voit ainsi que l’action antidémocratique d’une Banque Centrale a un précédent, mais un précédent tragique. Avec l’arrivée du chancelier Brüning l’Allemagne fit le choix d’une austérité insensée qui porta quelques années plus tard les Nazis au pouvoir. Ceci établit le pouvoir de la Reichbank comme un pouvoir parallèle à celui du gouvernement. Le terme de “Nebenregierung” ou « gouvernement parallèle » est d’ailleurs passé dans le discours technique et historique en Allemagne.

On est donc en droit de se demander si la sortie de la Grèce de la zone Euro n’a pas commencée depuis maintenant une semaine à l’instigation de la BCE et du poids de l’Allemagne au sein des organismes de la BCE. Mais il est clair, alors, que cette sortie est entièrement du fait de l’Eurogroupe et de la BCE. Il s’agit en réalité d’une expulsion, un acte à la fois scandaleux et illégal, qui légitimerait le recours par les autorités grecques aux mesures les plus radicales.

C’est ici que la France pourrait être un frein. Une réunion entre François Hollande et Angela Merkel est prévue pour la fin de journée du lundi 6 juillet. Mais, disons le tout net, pour que cette réunion arrive à changer la position de l’Allemagne, la France devrait mettre tout son poids dans la balance et menacer elle aussi de quitter la zone Euro si l’Allemagne poursuivait ses actions et sa politique. Gageons que François Hollande n’en fera rien. En dépit des déclarations rassurantes faites par des seconds couteaux, notre Président tient beaucoup trop à ce qu’il imagine être un « couple franco-allemand ». Il n’a probablement pas le courage de tirer les conséquences, toutes les conséquences, du comportement dangereux et scandaleux de l’Allemagne. Ce faisant, et à son corps défendant, il conduira l’Euro à sa perte, ce qui n’est rien, mais sans doute aussi l’Union européenne, ce qui est bien plus.

La grande crainte des prêtres de l’Euro

Disons le, une chose terrorise totalement les responsables européens : que la Grèce fasse la démonstration qu’il y a une vie hors de l’Euro, et que cette vie peut, sous certaines conditions, s’avérer meilleure que celle que l’on a dans l’Euro. Telle est leur grande crainte, tel est ce qui les remplit d’effroi. Car ceci montrerait à tous, aux Portugais, aux Espagnols, aux Italiens et aux Français le chemin à suivre. Ceci dévoilerait tant l’immense fraude qu’a représenté l’Euro, qui ne fut pas un instrument de croissance ni même un instrument de stabilité pour les pays qui l’ont adopté, que la nature tyrannique du pouvoir non élu de l’Eurogroupe et de la BCE.

Il est donc possible, voire probable, que les dirigeants de l’Eurogroupe et de la BCE fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour provoquer le chaos en Grèce. Ils ont d’ores et déjà commencé ce sale boulot depuis la semaine dernière. Il convient donc que le gouvernement grec, tout en cherchant à négocier honnêtement mais fermement, comme il le fit depuis février 2015, se prépare aux mesures qui assureront la stabilité dans le pays et le fonctionnement normal de l’économie et des institutions, fut-il pour cela obligé de prendre des libertés avec la lettre des traités. Peut-être est-ce là le sens du départ de Yannis Varoufakis, qui doit vivre le comportement de l’Allemagne et de l’Eurogroupe comme une tragédie, et son remplacement par Euclid Tsakalotos. Après tout, ce n’est pas la Grèce qui brisa la première les traités, et l’on peut considérer que l’action tant de l’Eurogroupe que de la BCE depuis une semaine ont constitué des actes contraires et en contravention tant avec la fond qu’avec la forme de ces dits traités.

Cette rupture porte en elle la fin de la zone Euro. Quelle que soit la politique décidée par Alexis Tsipras, il est désormais clair que cette fin est l’horizon de la crise actuelle.

Notes

[1] http://europa.eu/rapid/press-release_STATEMENT-15-5310_en.htm

[2] L’Obs, « Grèce, un non qui passe mal en Allemagne », 6 juillet 2015,http://tempsreel.nouvelobs.com/la-crise-grecque/20150706.OBS2132/grece-un-non-qui-passe-mal-en-allemagne.html

[3] On se reportera aux archives du site ACRIMED,http://www.acrimed.org/article1980.html et http://www.acrimed.org/article2014.html ainsi qu’à Lordon F., « La procession des fulminants », texte installé sur le site ACRIMED,http://www.acrimed.org/article2057.htm

[4] B. Brunhes, « La victoire du non relève de la lutte des classes », propos recueillis par François-Xavier Bourmaud, Le Figaro, 2 juin 2005.

[5] Sapir J., La Fin de l’Eurolibéralisme, Paris, Le Seuil, 2006.

[6] The Guardian, « IMF says Greece needs extra €60bn in funds and debt relief », 2 juillet 2015, http://www.theguardian.com/business/2015/jul/02/imf-greece-needs-extra-50bn-euros?CMP=share_btn_tw

[7] http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/06/minister-no-more/

[8] Coppola F., « The Road To Grexit », Forbes, 3 juillet 2015,http://www.forbes.com/sites/francescoppola/2015/07/03/the-road-to-grexit/print/

[9] Je remercie un de mes correspondants, Christoph Stein, qui a porté mon attention sur ce point.

[10] Müller H., Die Zentralbank – eine Nebenregierung Reichsbankpräsident Hjalmar Schacht als Politiker der Weimarer Republik, Westdeutscher Verlag, Opladen, 1973.

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 6 juillet 2015.


L’οχι grec ou le retour du peuple en Europe

οχι: manifestants en faveur du «non» qui l’a emporté à 61% lors du référendum en Grèce, dimanche 5 juillet 2015

Ce dimanche, à l’occasion du référendum en Grèce où les sondages donnaient le «oui» et le «non» au coude-à-coude, les partisans du «non» l’ont emporté à une écrasante majorité (plus de 61%). Pour Alexis Feertchak, cela signe le retour du peuple en Europe.

Alexis Feertchak est fondateur du site internet et de l’application I-philo.

En avril 2012, Georges Moustaki éructait dans le Huffington Post: «J’espère que la Grèce va foutre le bordel. Ma sympathie va à cette attitude de contestation parce que ce n’est pas le peuple qui a créé la crise. Or, on lui fait en porter le poids. Finalement, c’est lui qui a le sens civique le plus développé, pas ceux qui veulent se conformer aux directives bruxelloises. Que le gouvernement grec ouvre grand ses yeux et ses oreilles».

De façon posthume, le pâtre grec, qui s’est éteint l’année suivante, a été écouté: le Premier ministre Alexis Tsipras, dans un geste tout gaullien, a décidé de laisser le dernier mot au peuple et de remettre ainsi son mandat en jeu. Pari gagné largement, malgré les pressions européennes et médiatiques pour empêcher la victoire du «non», mais à quel prix?

Le masque des institutions européennes tombe lourdement

L’ «οχι» grec de ce 5 juillet, lointain écho des «non» français et hollandais de 2005, force aujourd’hui l’Union européenne – et spécialement sa composante qu’est l’Union économique et monétaire de la zone euro – à révéler le rapport politique sous lequel elle entend placer les peuples et les nations d’Europe. Et une fois le masque tombé, le visage de l’Union n’est pas beau à voir. C’est le grand mérite d’Alexis Tsipras et de son ministre Yanis Varoufakis d’avoir forcé l’Eurogroupe - l’embryon de gouvernement de la Zone Euro – à dévoiler son fonctionnement au grand jour, loin des réunions informelles et feutrées auxquelles ce club ministériel était habitué. Cette révélation du vrai visage des institutions européennes est sans conteste l’une des premières leçons à retenir du référendum grec.

Les Grecs, eux, ont consacré le fait que ce sont les peuples qui ont le dernier mot, et non les traités européens, qui valent tant que les peuples leur accordent leur onction.

Le référendum, que le gouvernement Papandréou n’avait pas eu le courage de mener jusqu’à son terme en 2011, rappelle aussi aux zélotes de la Troïka européenne que la souveraineté appartient aux peuples, qu’elle ne saurait devenir «limitée» comme aux temps soviétiques de Léonid Brejnev. A ce titre, il faut bien mesurer que les Grecs ont donné l’estocade à Jean-Claude Juncker, qui avait déclaré sans sourciller qu’ «il ne pouvait y avoir de choix démocratique contre les traités». L’ancien Premier ministre luxembourgeois, aujourd’hui président de la Commission européenne, découvre ce 5 juillet 2015 que certains pays ne sont pas seulement peuplés de banquiers. Les Grecs, eux, ont consacré le fait que ce sont les peuples qui ont le dernier mot, et non les traités européens, qui valent tant que les peuples leur accordent leur onction.

Le 3 août 1968, à Bratislava, lors d’une réunion du Pacte de Varsovie, le premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique introduisait par les mots qui suivent la «doctrine Brejnev» de la souveraineté limitée: «Chaque parti communiste est libre d’appliquer les principes du marxisme-léninisme et du socialisme dans son pays, mais il n’est pas libre de s’écarter de ces principes s’il entend rester un parti communiste. [...] L’affaiblissement d’un maillon quelconque du système socialiste mondial affecte directement tous les pays socialistes, et ils ne sauraient y rester indifférents». Il fallut attendre 1988 pour que Mikhaïl Gorbatchev déclare que «la liberté de choix est un principe universel».

Certes, les chars n’ont pas été envoyés à Athènes pour faire respecter la règle d’or budgétaire comme à Varsovie en 1968. Mais ces quelques lignes de Brejnev, si l’on se place, non à l’échelle du contenu idéologique, mais à celle de la structure de l’organisation décrite, sont du Jean-Claude Juncker dans le texte, lequel pourrait très bien déclarer: «Chaque Etat membre est libre d’appliquer les principes du droit de l’Union européenne dans son pays, mais il n’est pas libre de s’écarter de ces principes s’il entend rester un Etat membre. [...] L’affaiblissement d’un maillon quelconque du système européen affecte directement tous les pays européens, et ils ne sauraient y rester indifférents». On voit bien les dérives possibles d’un tel discours dès lors que les principes européens s’appliquent erga omnes sans que les peuples souverains ne puissent rien y redire.

Par leur vote, les Grecs ont révélé au grand jour l’aberration d’une telle conception de l’Europe, non soluble dans la démocratie et nécessairement autoritaire à l’égard des parties qui la composent, les Etats membres.

Une victoire à la Pyrrhus pour la Grèce ?

D’aucuns considèrent déjà que ce succès du gouvernement d’Alexis Tsipras n’est qu’une victoire à la Pyrrhus pour la Grèce, que, par l’expression de sa colère, elle vient en réalité de s’expulser elle-même de la zone euro et de se tirer une balle dans le pied.

Pourtant, dans la mesure où les traités sont muets sur ce point, personne ne peut en principe forcer la Grèce à quitter la zone euro ; elle seule peut décider souverainement d’une telle sortie. Lors, pourquoi a-t-on répété depuis une semaine que, alors même que le gouvernement et le peuple grecs ne le souhaitaient pas, un vote négatif entraînerait inévitablement un Grexit ?

Il faut bien comprendre qu’il s’agirait d’un Grexit de facto et non de jure - en tout cas tant que la Grèce ne le décidera pas d’elle-même. Comme Jacques Sapir ou d’autres économistes l’ont bienexpliqué, d’une part, en renvoyant illégalement Yanis Varoufakis de l’Eurogroupe, la Grèce a été de fait suspendue de son appartenance à la zone euro. D’autre part, la Banque centrale européenne tient le robinet des liquidités de la zone euro via les prêts ELA qu’elle accorde aux banques: si elle coupe le robinet, ce qu’elle fait déjà en partie, les Grecs n’auront plus de liquidités et n’auront d’autre choix que de créer une nouvelle monnaie, parallèle, pour assurer ses besoins monétaires. C’est par ce dernier élément que la Grèce, si la Banque centrale européenne le voulait, pourrait être entrainée plus ou moins brutalement vers un grexit.

Dans une tribune au magazine Forbes, Frances Coppola a très justement analysé les enjeux politiques d’un tel Grexit: en réalité, dans la mesure où la BCE restreint ses prêts ELA aux banques hellènes, tout se passe comme si la Grèce utilisait aujourd’hui l’euro comme une «monnaie étrangère» et non comme une «monnaie souveraine». Pis, dans la mesure où la souveraineté monétaire appartient exclusivement à la BCE, en réalité l’ensemble des pays membres de la zone euro utilisent ce dernier comme une monnaie étrangère. Ce que la crise grecque ajoute – et qui fait bien penser à un coup d’Etat financier – c’est que la BCE gère aujourd’hui les liquidités d’un pays membre de l’euro, non en fonction des besoins de ce dernier, mais parce qu’elle n’apprécie pas la politique économique dudit pays. C’est probablement la première fois qu’une telle chose se passe aussi ouvertement au sein d’une union monétaire. L’éditorialiste financière précise bien que le Grexit n’est pas «un événement, mais un processus», qu’il est d’ores et déjà engagé et que le référendum ne fait en somme que l’accélérer.

Dès lors, le référendum n’est pas une victoire à la Pyrrhus pour les Grecs: au contraire, là encore, il a la vertu de mettre en lumière les agissements économiquement violents et politiquement douteux de l’union économique et monétaire, la zone euro, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Les Grecs avaient le choix entre souffrir sous tutelle et souffrir librement: le bon sens s’est exprimé. Si les prochaines années seront rudes, elles l’auraient été dans tous les cas.

L’ «οχι» grec, une opportunité pour l’Europe

Le pari d’Alexis Tsipras repose maintenant sur la réaction des institutions européennes et surtout de l’Allemagne face à l’ «οχι» lancé d’Athènes. Vont-ils acter définitivement la poursuite du Grexit, affermir encore la politique de la BCE et expulser manu militari la Grèce hors de l’Europe? Dans cette partie d’échec, le Premier ministre grec peut compter sur le soutien moral du pape François et surtout sur celui de Barack Obama, plus pratique, qui craint légitimement que la Grèce, sortie de l’euro, ne se jette dans les bras des BRICS, en particulier de la Russie et de la Chine.

Jusque-là, en revanche, il n’a pas pu compter sur le soutien du président François Hollande, dont le mutisme, entrecoupé de propos rassurants sitôt contredits par les faits, est pour le moins inquiétant. C’est bien dommage, d’autant que François Hollande, en 2012, en souhaitant renégocier le Pacte budgétaire européen (TSCG) n’était pas dans une logique si éloignée de celle d’Alexis Tsipras, modulo la différence objective de situation économique entre la Grèce et la France. Mais depuis le discours du Bourget, les élans hollandiens ont perdu en intensité.

En un sens, la Grèce, dont la dette publique atteint 170% de son PIB, est un peu à l’avant-garde des pays européens et elle éclaire surtout ce qui pourrait advenir pour eux demain. Quand ces pays, dont la France, seront sous la coupe de la Troïka et de ses méthodes musclées, les gouvernements changeront peut-être d’avis sur ce «populiste» de Tsipras et lui envieront in petto son courage et sa droiture.

Au fond, même le FMI l’avoue à mi-mot aujourd’hui, sans aller jusqu’à «annuler la dette grecque» dans sa totalité comme le prône l’économiste hétérodoxe Steve Keen, il faudra bien a minima la restructurer en profondeur. Mais la chancelière Angela Merkel et son ministre Schaüble mettent leur strict véto à une telle hypothèse. Ils l’ont encore dit derechef après les résultats de la victoire d’ «οχι»: les négociations ont peu de chance de reprendre. C’est pourtant en s’opposant à cette absurde rigueur germanique, condamnée aujourd’hui par les économistes de toutes origines, que la France pourrait jouer un rôle historique en mettant au calendrier du Conseil européen le projet d’une restructuration concertée, non pas seulement de la dette grecque, mais de l’ensemble des dettes souveraines de la zone euro.

Ceci d’autant plus que la perspective d’un Brexit (cette fois-ci la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne) est l’occasion inespérée de soutenir le Premier ministre britannique DavidCameron dans sa volonté de renégocier l’ensemble des traités européens, de les alléger et de réduire enfin le déficit démocratique grandissant d’une Europe qui ne tient plus compte de la souveraineté de ses peuples.

N’est-ce pas finalement la grande vertu du référendum du 5 juillet et de l’ « οχι » grec que de signer en Europe le retour des peuples et des passions démocratiques ?

Bien des commentateurs ont voulu faire de la Grèce une simple affaire de gros sous entre des créanciers spoliés et des paresseux inaptes à rembourser leurs dettes ; combien se sont moqués d’Alexis Tsipras en prédisant qu’il se plierait dès les premiers jours aux injonctions européennes, comme l’avaient fait ses prédécesseurs. Dans De l’esprit des loisMontesquieu écrivait que «les politiques grecs, qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnaissaient d’autre force qui pût le soutenir, que celle de la vertu. Ceux d’aujourd’hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses».

N’est-ce pas finalement la grande vertu du référendum du 5 juillet et de l’ «οχι» grec que de signer en Europe le retour des peuples et des passions démocratiques? A bien y regarder, le «bordel foutu par la Grèce», pour reprendre l’espoir de Georges Moustaki, pourrait être une occasion inespérée pour l’Europe. Malheureusement, si Alexis Tsipras a su mener jusqu’au bout son élan gaullien, il faudrait que la France fût capable d’un geste analogue pour rééquilibrer le couple franco-allemand. L’espoir est ténu.

Source : Alexis Feertchak, pour FigaroVox, le 6 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/l%ce%bf%cf%87%ce%b9-grec-par-jacques-sapir/


[Média] BFM Business, Les Experts – 6 juillet (Edition spéciale Grèce)

Monday 6 July 2015 at 18:05

Aujourd’hui, c’est Stéphane Soumier qui a animé BFM Business.

Avec Jean-Marc Daniel, directeur de la revue Sociétal, et Mathilde Lemoine, Directeur des études économiques HSBC-France.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

Partie 2 :

 

Bonus : un petit rappel historique :

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Source: http://www.les-crises.fr/bfm-06-07-2015/


Les taches aveugles de « l’autre euro possible », par Frédéric Lordon

Monday 6 July 2015 at 00:04

Le texte qui suit est issu de l’intervention, quelque peu augmentée, faite aux Rencontres du « Monde Diplomatique » organisées sur le thème « Europe, des choix existentiels », à l’Ecole normale supérieure les 22 et 23 mai 2015.

Un de ces lieux communs que l’éditorialisme prend pour de la pensée profonde se plaît à répéter que nous vivons une époque de constante accélération et que tout va toujours plus vite… Qu’on se rassure, il reste des domaines où l’on procède encore avec une sage lenteur, par exemple à propos de l’euro quand il s’agit de mettre l’une derrière l’autre deux idées conséquentes.

Une ironie qui n’est sans doute pas inadvertante nous soumet la question de savoir si une autre Europe est possible dix ans après un référendum constitutionnel qui nous promettait déjà à sa manière une autre Europe possible — et dont on mettra difficilement au compte du « non » que la promesse n’en ait pas été tenue, puisque ce texte nous est revenu à l’identique sous la forme du Traité de Lisbonne (à quelques déclarations ronflantes près qui n’engageaient que de l’encre sur du papier). Moyennant quoi, il nous a été permis d’expérimenter en vraie grandeur en quoi consistait cette version-là de « l’autre Europe possible ». Il est vrai que les mêmes annoncent la bonne nouvelle de l’Europe sociale depuis 1992 — où l’on aperçoit tout de même que certaines choses continuent de bien prendre leur temps, et que l’autre Europe possible est une longue patience.

Comme toujours avec les patiences, il y a ceux qui ont les moyens d’attendre et ceux qui ne les ont pas. Bourdieu rappelait combien la skholé, le loisir, la position scolastique, et plus généralement la distance d’avec les nécessités matérielles, donnent en partie leur principe caché à la hauteur de vue, à la pensée globale, qui s’admirent elles-mêmes de se voir si capables d’embrasser l’histoire longue, et de se projeter à cent ans — il est bien certain qu’on peut se payer le luxe de contempler des horizons séculaires quand soi-même on ignore tout de l’idée de fin de mois. Aussi ces esprits bien installés, dégagés de toute urgence matérielle, ont-ils le loisir d’envisager les avenirs les plus lointains et de former en chambre des plans grandioses, solutions de papier coupées de tout, pour qui la durée n’est qu’une abstraction : qu’en chemin des générations soient sacrifiées, voire carrément que des peuples crèvent comme c’est le cas en ce moment, ce sont des considérations minuscules au regard de l’Idée majuscule dont ces esprits se font les desservants — en quelque sorte les œufs nécessairement cassés pour faire l’omelette de l’Histoire.

Les prérequis passionnels de la démocratie formelle

En cette époque qui ne corrige le sur-place intellectuel que par les accélérations imaginaires du gouvernement mondial, ou continental, il aura fallu presque deux décennies pour que certains se rendent compte qu’il y avait un problèmeavec l’euro, et qu’ils commencent à le dire — en gros il a fallu la décapilotade à grand spectacle pour que leurs yeux s’écarquillent et que leurs bouches finissent par s’ouvrir. Les voilà maintenant qui, réécrivant l’histoire, enfin surtout la leur, prétendent avoir dès le début lancé de vigoureux avertissements[1], ou bien proposent un nouveau tour de manège institutionnel, cette fois-ci avec un parlement de l’euro, dernière trouvaille en date destinée à nous rendre la monnaie unique enfin démocratique[2] — se peut-il qu’on nous ait menti et qu’elle ne l’ait pas toujours été ?

Le « manifeste pour une union de l’euro » publié début 2014 à l’initiative, entre autres, de Pierre Rosanvallon[3], offre ainsi un concentré des taches aveugles de l’européisme social-démocrate qui, confondant la substance et les attributs, imagine que planter quelque part un nouveau parlement vaut ipso factoconstitution politique de l’euro. Malheureusement il n’en est rien. Encore faut-il pour s’en apercevoir s’être formé une idée tant soit peu profonde de ce qu’est une communauté politique véritable, dont les institutions formelles ne sont que la superstructure. Le mot ici est à comprendre en un sens non-marxiste, pour souligner que le principe fondamental de la démocratie, tel qu’il est mis en œuvre dans les institutions formelles, à savoir la loi de la majorité, ne se soutient pas de lui-même, mais n’est opératoire que sous des conditions de consistance communautaire préalable, dont il faudrait être fou pour les imaginer réunies dans l’Europe d’aujourd’hui.

Est-ce à dire qu’elles ne pourraient jamais l’être ? Evidemment non. Car ce qu’il faut entendre ici par « consistance communautaire » n’a rien à voir avec d’imaginaires propriétés substantielles des peuples — « la nature ne crée pas de nations » rappelle Spinoza dans le Traité théologico-politique. C’est l’histoire qui les crée. Elle a d’ailleurs suffisamment montré sa capacité à former des peuples de peuples — peu ou prou toutes les nations européennes, qui, ex post, semblent parfaitement unitaires à nos regards habitués, ont procédé de ce schéma de composition de l’hétérogène. Il n’y a aucune raison a priori que l’Europe en soit privée. Mais il n’y en a pas davantage qu’elle en jouissenécessairement. Il y a surtout à se poser la question toute prosaïque, mais comme toujours politiquement décisive : quand ? Dans combien de temps ? C’est-à-dire, en l’occurrence, avec quelles difficultés réelles à surmonter ?

C’est qu’il y a en effet des conditions passionnelles de possibilité de la loi majoritaire. Ces conditions demandent qu’il existe entre les membres de la communauté politique un affect d’appartenance, un affect commun suffisamment puissant pour tenir la minorité à la communauté, c’est-à-dire pour éviter que la fraction mise en minorité n’ait aussitôt l’envie de faire sécession pour aller refonder ailleurs sa propre communauté politique[4].

A certains politologues n’ayant visiblement aucune compréhension du fait politique, il faut donc des épisodes maximaux, c’est-à-dire des cas de séparatisme aigu, comme il a failli s’en produire un en Ecosse — un cas spécialement intéressant d’ailleurs puisqu’il est d’un séparatisme moins « identitaire » que « politique » — pour apercevoir, mais généralement trop tard, tous les prérequis invisibles du fonctionnement ordinaire des institutions démocratiques — et ce qu’il en coûte de les ignorer. Ce prérequis passionnel de l’affect commun d’appartenance, seul à même de rendre viable le dissensus démocratique organisé sous la loi majoritaire, est-il satisfait dans le cas de l’Union européenne ? Non. Chez qui fait-il suprêmement défaut ? La Grèce, vers qui tous les regards accusateurs se tournent systématiquement ? L’Espagne qui, Podemos arriverait-il au pouvoir, connaîtrait le même sort ? Non : l’Allemagne. Est-il possible de parler de l’Allemagne ? Non plus[5]. Toute mise en cause de l’Allemagne est aussitôt accueillie aux glapissements de « germanophobie ». Il faut sans doute avouer qu’on trouve assez souvent le pire en cette matière, et qu’il est bien des discours sur l’Allemagne qui sentent le fusil Lebel et la ligne bleu horizon. Mais enfin la mauvaise monnaie intellectuelle ne devrait pas en principe chasser la bonne, ou au moins ne pas restreindre les droits légitimes de l’analyse – et empêcher que soient posées quelques questions. C’est pourtant le cas, si bien que l’accusation de germanophobie est devenue en Europe, spécialement en France, l’asile de la cécité volontaire.

Loi de la majorité et doctrine monétaire : la complication allemande

Il faudra bien pourtant se demander quel sens tant soit peu exigeant peut prendre « autre » dans « une autre Europe », et puis ce qui en hypothèque principalement la possibilité. C’est ici qu’il faudra en venir à l’Allemagne, non pas qu’elle pose des problèmes différents de (presque) tous les autres pays quand il s’agit de la domination du néolibéralisme, mais parce que, à ce problème général, elle donne une complication pour le coup tout à fait singulière.

Or voici : une autre Europe, c’est une Europe démocratique. Et une Europe démocratique, c’est une Europe décidée à vider le Traité de toute sa troisième partie pour rendre tous les contenus de politique publique à la délibération démocratique ordinaire. C’est-à-dire pour les soumettre de nouveau à la loi majoritaire. Cet impératif démocratique frappe de nullité toute discussion sur « l’autre Europe possible » qui contourne les deux questions suivantes : 1) l’Allemagne accepterait-elle que le statut de la banque centrale, la définition de ses missions, les règles de déficit et de dette, le régime de la circulation des capitaux, redeviennent matière ordinaire à délibération parlementaire ?, et 2) l’Allemagne accepterait-elle d’être mise en minorité sur l’un ou l’autre de ces sujets ? On peut bien d’ailleurs, si l’on veut « dégermaniser » le problème et poser la question à la cantonade : on verra bien qui répond quoi, et qui se qualifie, ou se disqualifie, à l’Europe réellement démocratique, seule configuration admissible de l’« autre Europe possible ». En tout cas, l’incapacité d’apporter des oui catégoriques à ces deux questions ramène tout projet d’« euro démocratique » à l’état d’élucubration spectrale — ou bien de cynique mensonge.

Je crois cependant qu’on se trompe, et même de beaucoup, quand on présente l’Allemagne sous les traits d’une agressive volonté de puissance. L’Allemagne est bien plutôt un hegemon à contrecœur, un dominant qui n’avait pas de projet positif de domination et n’a fini par prendre les commandes que sous le coup d’une angoisse fondamentale — mais qui ne détermine pas moins à la brutalité : l’angoisse de voir altérés des principes monétaires qui lui sont plus chers que tout, puisqu’ils sont devenus le cœur symbolique de la reconstruction nationale allemande après-guerre, parce qu’ils ont acquis par là une portée transpartisane et pour ainsi dire méta-politique, et parce que leur sanctuarisation absolue, par voie constitutionnelle, en l’occurrence par l’inscription dans les traités, a été posée comme la contrepartie sine qua non de la participation allemande à la monnaie unique.

Dans ces conditions, imaginer que l’Allemagne pourrait accepter de remettre aux aléas de la loi majoritaire des principes aussi fondamentaux, d’une valeur symbolique aussi élevée à ses propres yeux, n’est pas une anticipation raisonnable, je veux dire propre à un horizon temporel raisonnable, sans doute plus rapproché que celui des esprits scolastiques qui jonglent communément avec l’Histoire Universelle, et ne regardent pas à la dépense en matière de générations sacrifiées.

Gerxit ?

On pourrait même dire davantage : dans la prolifération des « X-xit », ce mot-valise destiné à désigner les candidats à la sortie plus ou moins brutale de la zone euro voire de l’Union elle-même, où on trouve déjà le Grexit (la Grèce), leBrexit (la Grande-Bretagne) et même l’Iberixit (l’Espagne — on ne sait jamais, si Podemos…), une monumentale tache aveugle empêche de voir le sortant potentiel peut-être le plus sérieux : le Gerxit — l’Allemagne.

Car rêvons un peu, et imaginons pour le plaisir « l’autre euro possible ». Aucune de ses dispositions ne figure plus dans le Traité, toutes ont été rendues au parlement de l’euro. Et voici qu’une majorité se forme pour remettre la BCE sous contrôle politique, pour lui assigner mission de soutenir la croissance et l’emploi, voici que les règles budgétaires automatiques sont supprimées au profit d’une pragmatique conjoncturelle, que la question de l’annulation de certaines dettes est posée, enfin qu’il est envisagé de restreindre les marges de manœuvre des marchés pour neutraliser leurs représailles contre une réorientation progressiste de la politique économique. Qui peut croire que l’Allemagne, sans doute d’autres pays avec elle, mais l’Allemagne au premier chef, accepterait cet « autre euro »-là ? Mise en minorité, c’est elle qui partirait au nom de la sauvegarde de ses principes considérés comme des enjeux vitaux. Et « l’autre euro » se ferait sans elle — s’il y a quelque sens à une monnaie unique européenne sans l’Allemagne…

On opposera sans doute que les élites françaises par exemple — qui ne sont donc pas allemandes… — n’en défendent pas moins, et mordicus, les mêmes principes de politique économique, en fait adéquats aux exigences du capital auquel ces élites ont tout cédé. Et c’est vrai ! Mais la Grèce en février, peut-être l’Espagne cet automne, montrent que le miracle d’une réelle alternance politique ne peut jamais être complètement exclu — et avec lui celui d’un projet de réorienter radicalement la politique économique. Toutes choses égales par ailleurs, ceci ne se produira pas en Allemagne, pour des raisons qui tiennent à l’ancrage symbolique de la doctrine néolibérale (ordolibérale), ailleurs simplement idéologique, donc en principe susceptible d’être politiquement défaite.

Rien de ceci bien sûr ne signifie que, même à propos de la question monétaire, la société allemande ne soit qu’un bloc. Il n’y a jamais, nulle part, à propos de n’importe quelle question, de monolithisme unanimitaire. Des économistes comme Peter Wahl ou Wolfgang Streeck, et d’autres, ou bien les manifestations au pied de la BCE à Francfort, attestent que la société allemande a sa part de dissensus et de contradictions même quand il s’agit de doctrine monétaire. Mais la question est de savoir où se situe son centre de gravité à ce sujet, quelle est sa consistance, et quelles sont les chances, à horizon raisonnable, de le déplacer significativement.

Si donc l’on cherche les raisons de l’impossibilité d’un autre euro, c’est d’abord de ce côté, du côté du point de plus forte résistance, qu’il faut avoir la lucidité de regarder. Et puis aussi du côté de l’expérience grecque, ou plutôt de ce que l’Union européenne sous principes allemands fait subir à la Grèce. Car nous savons maintenant ce que pèse une crise humanitaire en face d’une orthodoxie monétaire : rien.

>Entre le FN et le bloc eurolibéral,,une symbiose fonctionnelle

Tous les secteurs de la gauche qui se sont accrochés si longtemps à la fable « Un autre euro est possible » devraient trouver dans l’expérience grecque matière à quelques méditations, et peut-être à quelques révisions. Car les quatre premiers mois de Syriza ont confirmé les termes d’une rigoureuse alternative telle qu’elle vaut pour tous : plier ou sortir. Entre la complète résipiscence et l’affranchissement radical, il n’y a pas, il n’y aura pas, de tiers terme.

On cherche alors avec peine à expliquer que la gauche (la vraie) demeure ainsi interdite face au verrou qui frappe d’impossibilité radicale toute politique progressiste. Il y va sans doute des fourvoiements d’un internationalisme aussi louable en principe que mal pensé en réalité — mais il faudrait beaucoup de temps pour s’expliquer complètement sur ce point et, pour ce qui me concerne, j’ai déjà eu l’occasion de le faire ailleurs[6].

Il y va surtout, et en fait de plus en plus, d’une déformation monstrueuse du débat politique qui a conduit à faire de la sortie de l’euro le monopole du Front National, et en fait le stigmate même de l’extrême droite. Que le duopole indifférencié des partis de gouvernement, assisté de tout son appareil médiatique, se complaise dans cet argument ignominieux, la chose n’a rien pour surprendre. Elle est même bien faite pour indiquer le véritable rapport qui a fini par s’établir entre le FN et ce qu’on pourrait appeler le massif eurolibéral (dans lequel, on l’a compris, PS et UMP sont deux composantes de mieux en mieux substituables et en fait tendanciellement identiques). Ce rapport est de symbiose fonctionnelle — évidemment déniée par la comédie de l’intransigeance républicaine[7].

Un rapport de symbiose puisque le bloc eurolibéral se sert du FN comme disqualificateur universel, et renvoie systématiquement à l’extrême droite tout programme économique de rupture, quelle qu’en soit la teneur et quel qu’en soit le porteur. Le FN est ainsi devenu fonctionnellement nécessaire au bloc eurolibéral qui, à bout d’argument, ne peut plus se maintenir qu’à l’aide de l’extrême droite, dont il se sert comme un point d’assimilation auquel renvoyer toute critique économique radicale. Et en effet : comment mieux garantir la normalisation du débat qu’en assimilant toute dissidence à cette référence qui la frappe aussitôt d’indignité ?

Symétriquement, le FN prospère sur l’apparence de différence manifeste d’avec le massif eurolibéral, et ne continue de croître que tant qu’il peut revendiquer cette singularité. Mais le peut-il ? La différence manifeste n’est-elle pas que de l’ordre de l’apparence ? Mis à part son racisme congénital, et en fait constitutionnel, qui restera sans doute sa particularité (en tout cas il faut l’espérer…), on prête au FN de devoir ses succès récents à son inflexion économique en direction des classes populaires, et notamment à sa préemption du thème de l’euro. C’est à ce sujet qu’il faudrait y regarder de plus près.

Le FN, le capital et l’euro

En toute rigueur, le débat sur l’euro a sa parfaite légitimité propre, et n’a aucunement à prendre en considération cette préemption, qui n’est en fait qu’une pollution. En réalité il l’a d’autant moins qu’on peut soutenir que, le FN arriverait-il au pouvoir, il ne ferait pas la sortie de l’euro. En voici la raison : du moment où la perspective de l’arrivée du FN au pouvoir prendrait consistance, le grand capital pactiserait avec lui. Il le ferait sans la moindre hésitation car, l’histoire l’a suffisamment montré, le capital ne se connaît aucun ennemi à droite, et aussi loin qu’on aille à droite.

Il y a là, incidemment, de quoi faire ravaler leur dégueulis à tous ces misérables personnages qui n’ont rien eu de plus pressé que de poser un signe égal entre Front National et Front de gauche — et je le dis avec d’autant plus de liberté que je ne suis pas membre du Front de gauche, et que j’ai même de sérieux désaccords avec sa ligne actuelle. Mais enfin il n’est pas besoin d’être extralucide pour imaginer ce que serait l’attitude du capital face à un Front de gauche aux portes du pouvoir : il y a tout lieu de penser en effet qu’il chercherait moins à pactiser qu’il n’entrerait en mode « guerre », et même « guerre à outrance ». Il y a de quoi être atterré, et prendre la mesure du degré de corruption intellectuelle du débat politique contemporain, de devoir rappeler, contre ce mécanisme d’assimilation-disqualification évoqué à l’instant, l’asymétrie élémentaire, en réalité l’antinomie radicale, entre Front National et Front de gauche, que seuls les tauliers de la symbiose fonctionnelle peuvent avoir la bassesse de nier — misérables stratagèmes, qui signalent en réalité les régimes rendus à toute extrémité.

En tout cas le capital pactisera avec le FN. Et voici quels seront les termes de la transaction : le capital apportera ce qu’il sait apporter de mieux : de l’argent — de l’argent pré-électoral, post-électoral, de l’argent. Et puis aussi de l’assistance technique en prêtant ses cadres les mieux disposés. Mais la contrepartie sera que le FN ne touche pas à l’euro. C’est que l’euro dans sa construction d’ensemble est la plus puissante machine à discipliner le salariat que le capitalisme contemporain ait inventée, et cela, en effet, le capital ne permettra pas qu’on y touche.

Nul doute qu’il obtiendra complète satisfaction, et si l’on ajoute à ça que le « modèle économique » du FN consiste en réalité en une sorte de néo-corporatisme reaganisé essentiellement adressé aux patrons de PME, on mesurera l’imbécillité aussi bien intellectuelle que politique, de créditer le FN d’une posture « anti-système », c’est-à-dire de lui accorder sa principale revendication !, lui qui, parti de l’ordre, ne peut être que le parti du système, c’est-à-dire, autant que le bloc d’en-face, le parti du capitalisme, dont il propose simplement d’en revenir à une forme rétrograde — et il se confirme que les promesses de changement social faites par le FN aux classes populaires tourneront à la plus cruelle des désillusions.

Ces raisons-là n’étaient nullement nécessaires, mais elles devraient être en principe suffisantes pour déchirer le voile de stupéfaction qui, sous la forme du FN, a été jeté sur le débat de l’euro. Elle devrait l’être d’autant plus que s’y ajoute le démenti catégorique apporté par l’expérience grecque. Double démenti en vérité : démenti de la fiction d’une transformation de l’intérieur des institutions de l’euro ; démenti surtout de l’assimilation à l’extrême droite de tout projet de s’affranchir de la camisole ordolibérale et de la monnaie unique.

On dira, précisément, que Tsipras se bat pour rester dans l’euro. Mais d’une part, comme on pouvait en fait l’annoncer avant même son arrivée au pouvoir, ce combat est voué à l’échec[8], et n’admet pour seul alternative au renoncement que la sortie de l’euro. Et, d’autre part, Syriza doit compter avec une forte minorité interne, à laquelle s’ajoute une opposition externe de gauche qui, elles, plaident résolument pour la sortie de l’euro. Et que même l’éditorialisme le plus malhonnête aura du mal à faire passer pour des fourriers du nationalisme xénophobe. La vérité, c’est que cette gauche radicale-là, internationaliste — mais d’un internationalisme réel, et non imaginaire —, décidée à ne pas se laisser intimider, est le seul véritable rempart contre l’extrême droite, la vraie, qui reprendrait sa marche en avant du moment où les eurolibéraux reviendraient au pouvoir à Athènes.

Mais on a beau multiplier les arguments, les cas et les expériences, il y a une forme de cécité ou de tétanie politique inexplicables qui laissent en France la gauche interdite, et incapable de conséquence. Les choses ne vont pas si vite qu’on croit, disais-je en introduction. On peut ne pas être par principe un militant de l’accélérationnisme et malgré tout commencer à trouver qu’il serait temps que ça se bouge un peu maintenant.

Notes

[1] Daniel Cohen, « La crise tient fondamentalement aux vices de la construction de la zone euro », L’Express, 5 juin 2013.

[2] Thomas Piketty, « Il faut donner un parlement à l’euro », Le Monde, 20 mai 2014.

[3] « Manifeste pour une union de l’euro », Le Monde, 17 février 2014.

[4] Lire « Un peuple européen est-il possible ? dans Le Monde diplomatique d’avril 2014.

[5] Voir le dossier du Monde diplomatique de mai 2015, « L’Allemagne, puissance sans désir ».

[6] Lire « Leçons de Grèce à l’usage d’un internationalisme imaginaire (et en vue d’un internationalisme réel) », 6 avril 2015. Voir également La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les Liens qui Libèrent, 2014.

[7] Lire Joël Gombin, « Mythologie du front républicainLe Monde diplomatique, mars 2015.

[8] Lire, sur ce blog, « L’alternative de Syriza : passer sous la table ou la renverser », 19 janvier 2015.

Source : Frédéric Lordon, le 1er juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/les-taches-aveugles-de-lautre-euro-possible-par-frederic-lordon/


Grèce : le “non” grec place Angela Merkel au pied du mur

Sunday 5 July 2015 at 20:46

Très belle analyse de indispensable Romaric Godin.

Mais je vais résumer : on entre à partir de ce soir dans la fin du jeu “crétin contre crétin” :

  • le petit crétin Tsipras (démocrate), qui se bat pour que la Grèce ne sorte pas de l’euro. Ceci étant, 5 mois d’expérience de l’europe-lachance-lasolidarité l’ont sans doute en grande partie décrétinisé ;
  • les gros crétins Européistes (anti-démocrates), qui refusent de verser 1 € pour aider la Grèce (je rappelle qu’un prêt n’est pas une “aide” au sens classique du terme. On leur a prêté des sommes folles (pour qu’ils remboursent nos banques en gros), mais à la fin ils doivent tout rendre avec intérêt, de sorte que notre “aide” devra avoir été financièrement nulle)

La balle est désormais dans le camp des gros crétins (et par chance, ils sont 18/27, ce qui simplifie !!!) : soit il cède très très vite, et la Grèce reste dans l’euro (Repose en paix, Grèce, alors), soit ils ne cèdent rien, et Grexit et… on verra… Je ne fais évidemment aucun pronostic sur nos crétins.

J’en parlerai sur BFM Business demain matin à 9h00…

Grèce : le “non” grec place Angela Merkel au pied du mur, par Romaric Godin

En votant “non”, les Grecs ont montré une nouvelle fois leur refus de l’impasse à laquelle a conduit l’austérité. Angela Merkel doit désormais choisir entre la prise en compte de ce vote et l’inflexibilité de son ministre des Finances.

Désormais, le bluff n’est plus possible pour Angela Merkel. Après une semaine de campagne réalisée dans des conditions inimaginables de banques fermées, d’argent rationné, de retraités angoissés et de matraquage médiatique angoissant, les Grecs ont dit une nouvelle fois « non. » On pourra certes relativiser la portée de ce non par le taux d’abstention [note OB : 40 %]. Mais il n’empêche. Dans les conditions décrites ci-dessus, il s’est trouvé plus d’électeurs grecs pour refuser l’ultimatum posé par les créanciers à leur pays que pour l’accepter.

Prêts à prendre le risque du Grexit plutôt que de subir l’austérité stérile

Entre le rejet d’une nouvelle cure d’austérité stérile et le risque du Grexit, les Grecs ont choisi la deuxième solution. Certes, nul en Grèce ne souhaite la sortie de la zone euro, mais le message envoyé ce dimanche 5 juillet à ceux qui, comme Jean-Claude Juncker, Benoît Cœuré ou Jeroen Dijsselbloem, les ont menacés durant une semaine d’une expulsion de l’Union économique et monétaire s’ils votaient « mal », est bien celui-ci : les Grecs sont prêts à prendre ce risque pour ne pas s’engluer à nouveau dans la spirale infernale de l’austérité sans fin.

Le rejet de la logique européenne

Une nouvelle fois donc – la deuxième en moins de six mois -, les créanciers peuvent donc mesurer l’ampleur du rejet des politiques qu’ils ont imposées au pays depuis 2010. Une nouvelle fois, ils peuvent prendre conscience que leur stratégie de la peur ne fonctionne plus en Grèce. Si Angela Merkel a déclaré ce dimanche qu’Alexis Tsipras « lance son pays vers un mur à pleine vitesse », elle doit ce soir reconnaître que, pour la première fois depuis 2010, sa stratégie du pourrissement a échoué. Elle qui déteste trancher se retrouve ce soir face à la nécessité d’un choix. Les autorités grecques sont désormais prêtes à reprendre les négociations : elles n’ont jamais vu le « non » comme un vote de rupture, mais comme un moyen de reprendre la main dans les négociations. Le camp grec est ce soir plus fort de son soutien populaire, mais il tend une main vers les créanciers. Et Angela Merkel doit simplement décider si elle accepte cette main tendue ou si elle la refuse.

Ne rien faire : ouvrir la porte au Grexit

Si elle la refuse, si elle laisse l’affaire, comme elle l’a fait depuis des mois, entre les mains de la BCE et de l’Eurogroupe, donc si elle continue à ne considérer la crise grecque que comme une affaire de technique financière, la Grèce n’aura guère d’autre choix que de sortir de la zone euro. Les banques grecques sont à l’agonie. Les distributeurs sont vides. La BCE doit, lundi 6 juillet, décider de l’accès du système financier grec à la liquidité d’urgence. Si elle n’a aucun signe de la possibilité d’un accord, il est certain qu’au mieux, elle durcira les conditions en abaissant la valeur des collatéraux (garanties) déposés par les banques grecques pour obtenir cette liquidité d’urgence. Alors, le gouvernement grec sera soumis à une économie à l’arrêt complet. Une situation qui peut durer quelques jours peut-être, le temps de rouvrir des négociations et d’envoyer un message à la BCE pour normaliser l’accès à la liquidité. Mais pas plus. Si aucun message d’ouverture ne vient de Berlin, la Grèce devra commencer à émettre une monnaie propre pour permettre le fonctionnement de son économie. La glissade vers le Grexit sera alors inévitable.

Stopper la machine infernale

Angela Merkel peut donc encore décider de stopper la machine infernale. Elle peut accepter le résultat de ce soir et la décision du peuple grec et engager des négociations sur la base de la dernière proposition grecque. Cette dernière, rappelons-le, reprenait l’essentiel du plan du 25 juin rejeté ce soir par les électeurs grecs à quelques exceptions près (maintien du rabais de 30 % de la TVA dans les îles de la mer Egée, suppression plus tardive de la retraite complémentaire pour les plus fragiles, par exemple). Elles sont donc acceptables par les créanciers. Mais Athènes n’acceptait ces sacrifices que dans le cadre d’une restructuration de cette dette insoutenable comme l’a encore reconnu le FMI vendredi 3 juillet. il faudra donc aussi que la chancelière accepte d’en parler.

Les “promesses intenables” d’Angela Merkel

On a beaucoup glosé sur les « promesses intenables » d’Alexis Tsipras. Mais on a oublié une autre promesse intenable : celle d’Angela Merkel faite à ses électeurs de récupérer les sommes versées à partir de 2010 à la Grèce dans le cadre d’une cavalerie financière intenable. La démagogie n’est pas toujours là où on l’attend et Angela Merkel arrive ce soir au bout de ses « promesses intenables. » Elle doit donc accepter de discuter – Athènes ne demande pas davantage – de l’avenir de la dette grecque.

La responsabilité de la chancelière face à l’avenir de l’Europe

C’est donc un choix difficile pour la chancelière. Si elle refuse d’emprunter cette voie, si elle continue de laisser décider la BCE, l’Eurogroupe et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble – qui estime que le Grexit pourrait n’être que « temporaire »  et était sans effet pour l’Europe -, alors elle pourrait devoir aussi en assumer les terribles conséquences. D’abord, pour la Grèce elle-même. Si le Grexit tourne mal, elle devra répondre de l’aggravation d’une situation humanitaire déjà bien dégradée. Ensuite, elle devra savoir qu’elle entrera dans l’Histoire comme celle qui aura défait tout ce que la génération précédente avait construit. L’Union économique et monétaire deviendra un système de taux de change fixe. A tout moment, il sera possible d’en sortir ou de s’en faire expulser. Ce sera une construction dénuée de sens politique. Par ailleurs, pour refuser d’accepter la réalité de l’insoutenabilité de la dette grecque, la chancelière risque de devoir faire face à un défaut unilatéral de la Grèce, et elle et son ministre des Finances devront expliquer aux contribuables allemands que leur rigidité leur a fait perdre des montants bien plus importants que ce qu’ils avaient voulu sauvegarder. Enfin, elle devra assumer les risques qui sont aujourd’hui minimisés peut-être à tort d’un Grexit sur la conjoncture alors qu’un krach boursier se profile en Chine…

Au pied du mur

Ce soir donc, les Grecs placent clairement Angela Merkel face à ses responsabilités. La journée de lundi sera décisive. La chancelière rencontrera François Hollande en soirée. Mais elle devra auparavant faire savoir si elle accepte ou non la réouverture des négociations. Sans son accord, le Bundestag refusera toute discussion. Or, sans feu vert du Bundestag, le MES ne peut pas engager de discussions sur un nouveau programme. La chancelière est donc ce soir au pied du mur.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, 05/07/2015

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Grèce : les options de la BCE, par Romaric Godin

Lundi 6 juillet, la BCE va se réunir pour examiner la demande de relèvement du plafond des liquidités d’urgence de la Grèce. Une réunion cruciale. Revue des options.

Le « non » grec, franc, clair et massif pose désormais un problème d’envergure à la BCE. Lundi 6 juillet, le conseil des gouverneurs de l’institution de Francfort va se réunir pour examiner une nouvelle fois la demande de la Banque de Grèce déposée ce dimanche de relever le plafond de la liquidité d’urgence mis à la disposition des banques helléniques dans le cadre du programme ELA.  Or, de cette décision dépend très concrètement l’avenir de la Grèce dans la zone euro. Quelles sont les options possibles ?

Première option (la plus probable) : ne rien faire

La première option est que la BCE considère qu’il n’y a pas de changement. C’est l’option qui est jugé la plus crédible ce soir. La possibilité d’un accord reste la même qu’avant le « non », les négociations continuent et la BCE tient à en attendre l’issue. Elle maintient donc l’accès à l’ELA à son niveau actuel. Dans ce cas, la situation diffère en réalité peu de celle de l’option précédente, quoique la pression  soit théoriquement moins forte. Mais en réalité, le processus de sortie de la Grèce de la zone euro a déjà commencé avec le gel du niveau de l’ELA la semaine passée. Progressivement, la Grèce se détache de l’euro. Les transactions électroniques sont interrompues et, ce dimanche soir, Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances a annoncé l’émission de titres de créances de l’Etat ayant valeur monétaire (les « IOU »), qui ne sont rien moins qu’une monnaie parallèle. Autrement dit, un gel de l’ELA continue le processus de divorce entre la Grèce et la zone euro.

Deuxième option (possible) : augmenter les décotes sur les collatéraux

Mais le Conseil des Gouverneurs de la BCE peut considérer qu’il reste un espoir d’accord compte tenu de la réunion de l’Eurogroupe et des dirigeants de la zone euro mardi 7 juillet, mais aussi des déclarations d’Alexis Tsipras appelant à des discussions. Comme cet espoir n’est pas certain, cependant, il peut estimer que la valeur des titres déposés par les banques grecques en garantie (collatéraux) pour obtenir les crédits de l’ELA (rappelons que cet argent n’est pas « donné » aux banques) est dégradée puisque le risque de défaut grec est plus élevé. Une grande partie de ces titres sont en effet soit des titres de l’Etat grec, soit des titres garantis par l’Etat grec.

En conséquence, le CG de la BCE rejettera alors la demande de la Banque de Grèce et durcira les conditions pour avoir accès aux liquidités de l’ELA en abaissant la décote appliquée pour le calcul de la valeur des collatéraux. Dans ce cas, la capacité d’emprunt des banques grecques va se réduire. Compte tenu de l’état des banques grecques, cette décision conduirait encore à un durcissement de la situation sur le terrain, sans doute avec de nouvelles restrictions pour les retraits et des relations financières encore plus difficile entre la Grèce et le reste du monde. Dans ce cas, la BCE n’expulse pas la Grèce de la zone euro, mais elle met la pression davantage sur le gouvernement grec et les Européens pour trouver une solution rapidement. Mais elle prendra le risque d’un « Graccident » si le manque de liquidité conduit à une détérioration de la situation intenable.

Troisième option (peu probable) : couper l’ELA

La troisième option de la BCE serait que le Conseil des Gouverneurs considère que ce « non » réduit à néant toute possibilité d’accord. Il suivrait donc l’avis du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel qui considérait dimanche soir « qu’Alexis Tsipras a détruit les derniers espoirs d’entente. » Dans ce cas, le défaut est inévitable et les collatéraux des banques grecques ne valent plus rien. L’ELA ne peut donc plus être poursuivie. Les banques grecques se retrouvent alors immédiatement en état de faillite, incapable de fonctionner. Athènes devra alors réagir vite. Il est possible de renflouer les banques avec les dépôts, mais c’est très douloureux socialement et cela ne règle pas le problème de liquidité des banques. La Grèce devrait sans doute nationaliser les banques, mais là encore, il faudra régler le problème de la liquidité. L’émission d’une nouvelle monnaie deviendrait incontournable. La BCE aura expulsé de facto le pays de la zone euro. C’est une option peu vraisemblable compte tenu des négociations encore en cours. Surtout, couper l’ELA nécessite une majorité des deux tiers au Conseil, ce qui est sans doute difficile à obtenir.

Quatrième option (peu probable) : relever le plafond de l’ELA

La dernière option est celle où le Conseil des Gouverneurs considère que le « non » a renforcé la possibilité d’un accord et donne satisfaction aux demandes de la Banque de Grèce. Dans ce cas, les banques grecques pourraient rouvrir rapidement, mais les restrictions aux guichets pourraient rester en place pour éviter une hémorragie des dépôts. Ce serait le scénario le plus favorable à la Grèce et qui écarterait tout risque de Grexit dans l’immédiat. Mais c’est aussi le moins probable compte tenu des réactions au « non » entendu en Allemagne. La BCE ne peut prendre une telle décision avant les réunions de mardi.

Comment éviter le Grexit ?

On le voit, la possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro reste très élevée. L’option la plus favorable serait celle d’un gel de l’ELA lundi 6 juillet, d’une ébauche d’accord le lendemain et, mercredi, d’un relèvement du plafond de l’ELA par la BCE. Mais le jeu politique européen n’étant pas si simple, la situation peut à tout moment déraper. D’autant, on l’aura compris, que la Grèce glisse progressivement vers la sortie de l’UEM. Surtout, il n’est pas à exclure que les 18 décident de provoquer l’expulsion de la Grèce en ruinant toute possibilité d’accord. Déjà, ce dimanche soir, Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe a jugé « regrettable » le résultat du référendum. Si aucun accord n’est possible, la situation de la BCE deviendra intenable. Elle ne pourra plus guère utiliser l’ELA. Mais elle est tenue – on l’oublie souvent – par les traités à assurer la « stabilité monétaire de la zone euro. » Or, la Grèce est encore dans la zone euro et couper l’ELA pour expulser la Grèce pourrait mettre en cause cette stabilité. La BCE est désormais en première ligne, mais elle est face à une impasse.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 6/7/2015

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P.S. pour information, un “journaliste” chien de garde, c’est ça (ça oeuvre entre autres à l’amitié entre les peuples) :

Sinon, un député en 2015 c’est ça :

(Hmmm, M. Estrosi, c’est donc bien vous qui avez prêté mon argent à la Grèce, c’est ça ? Mais bon, vous avez raison, faites tout péter M. le motodidacte et vos vols à 138 000 €, vous verrez votre vie va changer quand on n’aura plus la dette pour financer les délires…)

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Edit : superbe interview du Figaro :

Référendum grec : «Rien ne sera plus jamais comme avant»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Avant le référendum grec, Coralie Delaume a accordé un long entretien à FigaroVox. Selon elle, quel que soit le résultat du scrutin, ce vote devrait bouleverser en profondeur une Europe en panne de démocratie.


Coralie Delaume est essayiste. Fine connaisseuse du droit communautaire, elle a notamment publié «Europe. Les Etats désunis» (Michalon, 2014). Découvrez ses chroniques sur son blog.


PROPOS RECUEILLIS PAR  ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio


Depuis l’annonce de la tenue d’un référendum en Grèce, la classe politique européenne est en émoi. «Je demande au peuple grec de voter oui, indépendamment de la question qui sera posée» a notamment déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker? Que vous inspire ce type de réaction?

Voilà un homme qui aime vivre dangereusement! Heureusement pour lui, Alexis Tsipras na pas choisi une question de type «la Grèce doit-elle quitter la zone euro?». Dans le même genre, on a également eu quelques belles sorties de Michel Sapin telles que «le vote non n’aura pas les mêmes conséquences que le vote oui», ou encore: «je ne sais pas discuter avec quelqu’un qui dit non».

En fait, on se rend compte que tous ces gens n’ont plus la moindre idée de ce qu’est un référendum et, au delà de ça, de ce qu’est la démocratie. C’est assez inquiétant. Mais à vrai dire, comment s’en étonner? Jean-Claude Juncker avait été celui qui, dès l’arrivée au pouvoir de Syriza en Grèce, avait affirmé: «Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités (…) Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens …»

Pour lui comme pour beaucoup d’autres, une alternance politique n’a pas vocation a entraîner des changements. Les élections nationales servent surtout à occuper les citoyens, à les distraire, elles sont pure comédie. Et d’une certaine façon, Juncker a raison. L’Union européenne a été bâtie de telle sorte que la démocratie en soit bannie. Il suffit de se plonger un peu dans la mécanique, dans le droit de l’Union, dans le fonctionnement de l’euro, pour s’en apercevoir.

Ces réactions révèlent donc un problème de démocratie en Europe?

Bien sûr, et pas qu’un peu! Je voudrais faire valoir trois arguments.

Première chose: comme le dit souvent l’économiste Frédéric Lordon et comme il l’a encore rappelé récemment, de très larges pans de ce que devrait être la «politique économique» ( par définition fluctuante: une politique prend en compte le contexte ) ont été gravés dans le marbre de traités. Or la démocratie, c’est avant tout le débat. Mais de quoi voulez-vous débattre quand tout ce qui devrait relever du conjoncturel et de l’adaptable a été ossifié? On ne peut pas débattre de la politique monétaire: d’abord, elle échappe aux États donc aux représentants des peuples. Ensuite, les contours de cette politique sont prédéterminés dans les statuts de la BCE. Certes, Mario Draghi tend à s’asseoir dessus de plus en plus souvent. Il fait un peu ce qu’il veut quand et comme il le veut. Sauf que…. personne n’a élu Mario Draghi!

On ne peut pas débattre non plus de la politique budgétaire. Elle est prédéterminée par les critères dits de convergence (qui imposent de maintenir de déficit public en deçà de 3%) et, désormais, par les deux paquets de textes hyper contraignants que sont le Six Pack et le Two Pack de même que par le Pacte budgétaire européen (le TSCG).

On ne peut pas débattre, enfin, de la mise en œuvre d’une vraie politique industrielle: l’État stratège a cédé le pas au principe sacro-saint de la «libre concurrence», inscrit en lettre d’or dans les traités. Au bout du compte, que reste-t-il? Dans le domaine de l’économie, rien. Quand on vote aujourd’hui aux élections présidentielles ou législatives, il faut bien en avoir conscience: on vote pour des gens qui n’auront aucune possibilité d’agir sur l’économie de leur pays. Dans ce domaine au moins (la politique économique), l’alternance est d’une innocuité totale.

On ne peut attendre de l’Union européenne qu’elle soit démocratique, car la démocratie par définition, c’est « le pouvoir du peuple ». Or il n’y a pas de peuple européen. Il y a 28 peuples nationaux.

Deuxième chose: depuis les années 1960, il est admis qu’il existe une primauté du droit communautaire sur les droits nationaux. C’est la Cour de justice des communautés européennes (CJCE à l’époque, CJUE aujourd’hui) qui l’a décidé, à l’occasion d’arrêts fondateurs, les arrêts Van Gend en Loos de 1963 et Costa contre ENEL de 1964.

J’insiste: ce sont des arrêts. Ils relèvent de la jurisprudence de la Cour et leurs conclusions n’ont donc jamais été débattues par quelque Parlement que ce soit. Depuis lors, aucun État ne les a contestés. Le fait que le droit supranational, qu’il s’agisse des traités ou du droit dérivé (directives, règlements) s’applique sans discussion à tout les États-membres, est vécu comme une sorte de fatalité. Ainsi, tout nouvel État venant à entrer dans l’Union est tenu de transposer en droit interne des pages et des pages «d’acquis communautaire». Pendant qu’il s’y emploie, son Parlement se transforme ponctuellement en chambre d’enregistrement. Je n’irai évidemment pas jusqu’à dire que toutes nos lois nous sont imposées du dehors: c’est faux. Pour autant, dans un livre dense et passionnant sur l’histoire de l’intégration européenne intitulé Le Passage à l’Europe, le philosophe Luuk Van Middelaar affirmait, au sujet de la Cour de justice de l’Union et de ses célèbres arrêts de 1963-64: «lorsque les États reconnaissent la Cour comme porte-parole de la fondation européenne, ils sont juridiquement domptés». Être dompté: quelle heureuse perspective pour un démocrate!

Et attention: il ne faut pas croire, sous prétexte qu’on n’en parle rarement, que la CJUE n’existe plus ou n’a plus aucune action . Tout récemment, elle a été amenée à statuer sur le programme OMT (Outright monetary transactions), un programme non conventionnel lancé par Mario Draghi en 2012 pour «sauver l’euro». Elle a évidemment considéré que ce programme était bel et bon. C’est remarquable: une institution supranationale non élue, la BCE, met au point un programme qui semble contrevenir à la mission que lui assignent les traités. A la demande de la Bundesbank puis de la Cour constitutionnelle allemande, ce programme est déféré devant une autre institution supranationale non élue, la CJUE, qui l’avalise. La Banque centrale et la Cour de justice dialoguent donc entre elles, se font des politesses, se délivrent l’une à l’autre des certificats de bonne conduite. Quelle chance de réussite peut avoir un véritable gouvernement d’alternance comme celui d’Alexis Tsipras dans un tel environnement?

Troisième et dernière chose: on ne peut attendre de l’Union européenne qu’elle soit démocratique, car la démocratie par définition, c’est «le pouvoir du peuple». Or il n’y a pas de peuple européen. Il y a 28 peuples nationaux. Si l’Europe était un organisme inter-national, ces peuples pourraient coopérer, avoir des relations de bon voisinage et d’amitié. Mais l’Union est une structure supra-nationale, qui exige que chacun de dépouille de large morceaux de souveraineté. On a vu à quoi cela conduit: ce sont désormais 28 légitimités qui s’affrontent, dans le but essentiel de ne pas se laisser dévorer par l’échelon de surplomb, l’échelon communautaire. Dans le cas qui nous occupe, il est assez clair que la Grèce est en train d’affronter l’Allemagne. Le gouvernement grec cessera d’être légitime aux yeux de son peuple dès lors qu’il acceptera de faire ce que son appartenance supranationale exigerait de lui: renoncer à essayer de sortir son pays de l’austérité et exiger un allégement de sa dette. Le gouvernement allemand, pour sa part, cessera également d’être légitime aux yeux de son peuple s’il renonce à faire ce que son appartenance supranationale devrait lui imposer: se montrer solidaire, renoncer à ses créances sur la Grèce et accepter la restructuration de la dette hellène. Dans le premier cas, Tsipras faillirait à sa parole puisqu’il a promis la fin des privations. Dans le second cas, Merkel faillirait à sa parole puisqu’elle a promis de protéger le contribuable allemand.

Nous sommes dans un nœud de contradictions et, comme le dit le juriste Régis de Castelnau, « L’UE n’est pas un organisme démocratique. Elle n’est pas anti-démocratique, elle est a-démocratique »

C’est insoluble. Nous sommes dans un nœud de contradictions et, comme le dit le juriste Régis de Castelnau, «L‘UE n’est pas un organisme démocratique. Elle n’est pas anti-démocratique, elle est a-démocratique» . Elle est devenue le lieu où se percutent violemment les intérêts contradictoires de différents pays. Le premier qui cesse de faire entendre sa voix cesse d’être une démocratie véritable pour devenir une «post-démocratie», sorte d’objet politique un peu flasque au sein duquel les libertés individuelles sont préservées, mais où n’existe plus aucune possibilité de choix collectif. La France est dans ce cas. L’Allemagne est l’une des dernières démocraties d’Europe: elle a pu le rester parce qu’elle est le pays le plus fort, et cela ne s’est fait qu’au détriment des pays voisins. La Grèce, elle, tente de redevenir une démocratie. A cet égard, le référendum décidé par Alexis Tsipras, quel que puisse être son résultat, est un très beau pas en avant.

Dans le journal Le Monde, Nicolas Sarkozy, qui lors de son retour a fait du recours au référendum l’une de ses propositions phares, trouve anormal qu’Alexis Tsipras appelle à voter non. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

Nicolas Sarkozy est l’homme même qui a inventé l’invalidation de la parole du peuple par le Parlement en faisant ratifier par le Congrès, en 2008, un traité (Lisbonne), rejeté par référendum trois ans avant. Que pouvait-on attendre de lui?

En fait, beaucoup de gens se révèlent à l’occasion de cette crise grecque. Ils sont mis à nu. Dans le cas de Sarkozy, on voit bien quel genre de société il appelle de ses vœux. Un chef de parti qui propose, d’une part, de remettre en cause le principe du droit du sol, d’autre part de s’en remettre à l’Allemagne pour tout le reste (ce qu’il a d’ailleurs toujours fait lorsqu’il était Président: il a été un second très obéissant pour Mme Merkel), je ne vois plus trop où le classer politiquement.

Pour en revenir à Tsipras et au fait qu’il appelle à voter «non», j’avoue que je ne comprends pas où est le problème. Syriza est arrivé au pouvoir en janvier avec 36,5% des suffrages seulement. Ils se sont fait élire sur une promesse qui, personnellement (l’euro me semble être une monnaie austéritaire par construction) me paraissait contradictoire: mettre fin à l’austérité d’une part, demeurer dans la monnaie unique d’autre part. Arrivée à un certain point de la négociation, Alexis Tsipras s’est aperçu qu’il ne parvenait pas à tenir sa promesse. Les toutes dernières propositions qu’il a faites la semaine dernière étaient véritablement des propositions austéritaires, et il a dû lui en coûter beaucoup de les formuler. Malgré cet effort substantiel, les créanciers lui ont retourné sa copie biffée de rouge, comme on on le fait avec un petit enfant qui aurait pondu un mauvais devoir. Au comble de l’humiliation, voyant bien qu’il n’avancerait pas davantage, le Premier ministre grec a convoqué un référendum.

La raison en est aisément compréhensible. Elle a été donnée par le ministre Yanis Varoufakis : pour pouvoir poursuivre son combat en position de force, le gouvernement hellène a désormais besoin de 50% des voix +1, c’est à dire de la majorité absolue. Tsipras en appelle au peuple dans l’espoir d’obtenir le surcroît de légitimité nécessaire pour pour pouvoir aller plus loin. Y compris, peut-être, jusqu’à la rupture.

Il est donc plus que logique qu’il milite pour le «non». S’il le «oui» l’emporte, il a toutefois affirmé qu’il le respecterait, mais également qu’il se retirerait, afin de ne pas avoir à endosser une politique contraire à ses idées. Où est le scandale? En France, le général de Gaulle gouvernait comme ça. Cela a-t-il ruiné la France? Je ne crois pas….

Je ne doute pas une seconde que bon nombre de leaders européens adoreraient la solution prônée par Martin Schultz : la mise en place d’un gouvernement de technocrates. Je rappelle pour mémoire que Martin Schultz est social-démocrate, et que dans social-démocrate il y a « social » et « démocrate ».

Beaucoup d’observateurs prédisent le chaos en cas de vote non. Leurs inquiétudes ne sont-elles pas légitimes?

J’ai l’impression que l’impasse serait bien plus totale en cas de vote «oui». Tsipras quitterait ses fonction avec, probablement, l’ensemble de son gouvernement. Il y aurait donc un nouveau scrutin. Or Syriza demeure très populaire dans le pays. Que se passerai-il alors? Les mêmes seraient réélus et on en reviendrait aux mêmes points de blocage. A moins que les Grecs recourent une nouvelle fois au second parti du pays, Nouvelle Démocratie. Mais cette fois, on en reviendrait carrément à la situation d’avant le 25 janvier 2015. Avec le sentiment terrible, pour la population, que rien n’avance et que rien n’est possible.

Je ne doute pas une seconde que bon nombre de leaders européens adoreraient la solution prônée par Martin Schultz: la mise en place d’un «gouvernement de technocrates» . Je rappelle pour mémoire que Martin Schultz est social-démocrate, et que dans social-démocrate il y a «social» et «démocrate». Je rappelle également qu’il préside le Parlement européen, cette institution qu’on nous a vendue comme étant le haut lieu d’une démocratie européenne en devenir, et dont on nous disait que tout deviendrait rose sitôt qu’elle aurait accru ses prérogatives.

Bref, Martin Schultz et quelques autres sont devenus des alliés objectifs de l’Aube Dorée. Je pense d’ailleurs qu’ils le savent, et que ça leur convient. Car si le parti d’extrême-droite arrive un jour au pouvoir à Athènes, ça leur donnera une nouvelle occasion d’injurier les Grecs, de leur intenter un procès en fascisme. Du coup, ils ne prennent même plus la peine de dissimuler leur malveillance.

Si la Grèce fait défaut sur sa dette, les contribuables européens vont payer pour les banques.

Certains grands titres ont parlé de «braqueur de banques» au sujet d’Alexis Tsipras … Au-delà des politiques, en France, la majorité des médias et des éditorialistes font campagne pour le oui. La comparaison avec le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen vous parait-elle justifiée?

Ce qualificatif de «braqueur de banques» ne manque pas de sel quand on sait que la majeure partie de l’aide accordée par la Grèce en 2010 a constitué, en réalité, une recapitalisation déguisée des banques européennes, principalement françaises et allemandes. La Grèce n’a finalement servi que de courroie de transmission pour des sommes énormes qui sont passées des mains d’entités publiques (États membres, FMI, BCE) dans les poches d’entités privées, sans que la population hellène en voie jamais la couleur. Plusieurs économistes qui se sont trouvés au cœur des négociations à l’époque le disent aujourd’hui . En 2010, la Grèce était déjà insolvable. Le défaut était inévitable et il aurait dû intervenir immédiatement. On ne l’a différé que pour laisser le temps à quelques banques très exposées de faire leurs valises. Ces établissements, qui avaient joué avec le feu en prêtant à risque et avaient touché à cette fin des intérêts très importants (le taux d’intérêt n’est rien d’autre que la rémunération du risque), ont empoché des gains et essuyé des pertes mineures. Et on a transféré le risque sur les contribuables européens, auxquels on dit aujourd’hui qu’ils vont payer pour les Grecs. C’est un mensonge. Si la Grèce fait défaut sur sa dette, ils vont payer pour les banques.

Concernant la campagne menée par les éditorialistes français…. certes, elle existe. Mais ça ne me semble même pas être le plus grave. Le plus grave, c’est que toute l’eurocratie milite pour le «oui».

Ça, c’était avant l’annonce du référendum. Cette dernière ayant pris tout le monde de court, les créanciers ont alors changé de braquet. Ils ont entrepris de faire gagner le « oui ».

Plus grave encore: depuis le début, il y a une volonté authentique de déstabilisation du gouvernement Tsipras. Le journal Le Monde s’est même risqué à proposer un scénario du putsch : «Imaginons donc un scénario de crise: 30 juin, constat de défaut de la Grèce: 1er juillet, panique bancaire et instauration d’un contrôle des changes par Tsipras, contraint et forcé ; 2 juillet, mise en minorité du gouvernement Tsipras par les irréductibles de Syriza ; 3 juillet, constitution d’un gouvernement d’union nationale, avec ou sans Tsipras ; 4 juillet, retour des négociateurs à Bruxelles-Canossa. Odieusement antidémocratique? Les Grecs jouent au poker. Pourquoi pas nous?» écrivait carrément Arnaud Leparmentier.

On constate que le scénario a été plutôt bien suivi. Pour commencer, on a d’abord conduit Tsipras à formuler des propositions dont on espérait qu’il serait incapable les faire voter par son aile gauche, ce qu’il fit en milieu de semaine dernière. Il fallait que Syriza se scinde pour pouvoir soit se débarrasser de Tsipras, soit le contraindre à faire alliance avec le parti centriste To Potami, voire avec les conservateurs de l’aile Kamaranlis. Cette stratégie des créanciers, le journaliste britannique Paul Mason l’avait déjà mise à jour dès le mois d’avril .

Ça, c’était avant l’annonce du référendum. Cette dernière ayant pris tout le monde de court, les créanciers ont alors changé de braquet. Ils ont entrepris de faire gagner le «oui». Comment? De très simple manière. Dans un premier temps, l’Eurogroupe a refusé de poursuivre le programme d’aide au delà de sa date originelle de fin, c’est à dire du 30 juin. Dans un second temps, la Banque centrale européenne a décidé de maintenir l’accès des banques grecques à la liquidité d’urgence (ELA), mais sans en augmenter le plafond, alors même que l’annonce du référendum avait conduit à de très importants retraits d’argent liquide tout au long du week-end dernier, et que les banques du pays étaient à sec. La décision de Mario Draghi de ne pas couper brutalement l’ELA a été présentée comme un cadeau fait à la Grèce. Mais de quel cadeau parle-t-on? C’est la mission même d’une banque centrale que de refinancer les banques de second rang et cela, partout dans le monde. Le seul cas où elle doit s’abstenir de le faire, c’est si lesdites banques sont insolvables. Comment sait-on si les banques grecques sont insolvables ou simplement illiquides? Si elles sont insolvables, pourquoi la BCE a-t-elle augmenté le plafond de l’ELA trois fois au cours de la semaine dernière? Si elle sont simplement illiquides, pourquoi ne les refinance-t-on pas sans discuter? La réponse est évidente: pour contraindre le gouvernement grec à décider de la mise en place d’un contrôle des capitaux, mesure dont tout le monde savait qu’elle serait très impopulaire et militerait avec une efficacité redoutable en faveur du «oui»….

Depuis le début, les Bruxellois sont tellement sûrs qu’ils parviendront à se débarrasser du remuant Tsipras, qu’ils ont même entrepris de commencer à former le gouvernement grec de substitution. Dans ce cadre, ils ont reçu celui qu’ils considèrent probablement comme le Premier ministre idéal, le leader du parti To Potami Stavros Théodorakis. Comme le souligne ici la rédactrice en chef d’une revue grecque de philosophie Vicky Skoumbi, cet homme, chef d’un parti qui représente à peine 6% des suffrages en Grèce, a été accueilli en fanfare… le jour même où l’on faisait officiellement savoir à Tsipras que ses toutes dernières propositions étaient rejetées. Le même jour, l’on recevait également la nouvelle patronne du PASOK. Et la veille, on invitait Antonis Samaras.

On n’a donc que ça à faire, à Bruxelles? Organiser des déjeuners avec toute l’opposition grecque alors qu’on est au cœur d’un processus de négociation difficile? Vicky Skoumbi parle de tentative de «coup d’État financier contre Athènes». Très honnêtement, même si ça sonne complotiste aux oreilles de certains, j’ai bien peur qu’elle soit proche de la vérité. En tout état de cause, si le vote «oui» l’emporte dimanche, on saura qu’on ne le doit pas qu’au seul peuple grec….

Mince. J’avais raté ce réjouissant élément d’information. Décidément, aucune injure ne sera épargnée à ce peuple. On nous a dit que les Grecs étaient dispendieux, fainéants, tricheurs. Les voilà antisémites!

Il y a en Grèce, c’est vrai, un parti néonazi: l’Aube dorée. Mais, faut-il le rappeler, il a obtenu à peine plus de 6% aux législatives de janvier. Dans un pays aussi durement touché par la crise, c’est plutôt une contre-performance.

Il a beaucoup été dit, sinon, que Tsipras gouvernait avec un parti d’extrême-droite, les Grecs indépendants. C’est une erreur: les Grecs indépendants ne sont pas des extrémistes. Il s’agit d’une formation de droite ordinaire, issue d’une scission de Nouvelle Démocratie. Leur particularité est qu’ils sont souverainistes, et c’est surtout ça, me semble-t-il, qu’on leur reproche.

Il y a bien eu, en revanche, dans les précédents gouvernements grecs, ceux dirigés par Antonis Samaras, de vrais ministres d’extrême-droite, comme par exemple Adonis Georgiadis ou Makis Voridis , tous deux passés par le LAOS. Au demeurant, les deux étaient déjà membres du gouvernement dirigé par l’ancien banquier central Papadimos en 2011 . Cela a-t-il empêché les associations antiracistes de dormir à l’époque? Je ne me le rappelle pas.

Si le non grec l’emporte, peut-il être ignoré comme le fut le non français?

Non. Cette fois-ci, c’est différent. D’abord parce que le gouvernement grec appelle lui-même à voter non. Ensuite parce que tous les caciques de cette Union européenne se sont dévoilés. Leur aversion pour la démocratie s’est vue comme un nez au milieu de la figure. Là dessus, il ne pourra y avoir de retour en arrière.

D’ailleurs, il n’y aura pas de retour en arrière non plus si le «oui» l’emporte. En réalité, c’est la tenue du référendum elle-même qui représente un tournant. Elle rend caduque l’idée selon laquelle il n’existe aucun choix possible au sein de l’Union européenne. Elle prouve par les faits que, même seul, même sans allié au sein de l’UE, le gouvernement d’un petit pays peut tenir tête. On imagine aisément ce que ça pourrait donner si, demain, le gouvernement d’un grand pays de l’eurozone se mettait à vouloir exercer, lui aussi et pour de vrai, le pouvoir qu’il a reçu des urnes.

Bref, Jean-Claude Junker s’est fourvoyé: les citoyens ont encore le choix. Il y a un choix démocratique possible même dans le cadre des traités européens.

Source : LeFigaro vox, 3/7/2015

Source: http://www.les-crises.fr/grece-le-non-grec-place-angela-merkel-au-pied-du-mur/