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[11/09/2001] Terrorisme, l’arme des puissants, par Noam Chomsky

Friday 11 September 2015 at 01:09

En ce jour anniversaire, ayons donc une pensée pour toutes les victimes qui ont suivi ?

Penser aux 3 000 morts des deux tours, bien entendu, mais penser également et surtout aux centaines de milliers de civils morts en Irak et en Afghanistan. Les États-Unis ont fait pression pour empêcher toute diffusion d’informations sur le nombre de victimes, mais plusieurs études arrivent à des chiffres compris entre 500 000 et 1 000 000 de morts pour le seul Irak (sur 26 M d’habitants…). Imaginez juste une seconde que ce soit l’Iran qui ait ainsi envahi le Mexique, juste pour changer de perspective…

Penser à ce qu’ont pu déclencher une vingtaine d’hommes déterminés à mourir – c’est effrayant…

Penser au Droit, victime collatérale. Qui aurait pensé en janvier 2001 que les États-Unis tortureraient quelques années plus tard, et emprisonneraient sans jugement à Cuba ? Penser à la fragilité de nos démocraties et de nos droits individuels – jusqu’où seraient allés les USA s’il y avait eu une bombe sale qui aurait obligé à évacuer New York pour des siècles ?

Penser aussi aux incroyables mensonges des États-Unis à l’ONU pour mener une guerre d’agression contre l’Irak. Rappelons que ceci constitue un “crime contre la paix“, qui est précisément un des crimes pour lequel ont été condamnés les allemands devant le tribunal de Nuremberg :

“‘ Les Crimes contre la Paix ‘: c’est-à-dire la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre en violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes qui précèdent” [Art 6 du Statut du tribunal militaire international de Nuremberg]

Penser aux causes profondes du 11 septembre, contre lesquelles rien n’a été fait. Rien pour résoudre le problème palestinien, alors qu’il suffirait que les Grands s’entendent pour résoudre ce sujet en quelques semaines…

 

Je vous propose donc un regard décalé, en citant de nouveau Noam Chomsky, en pointe sur ce sujet à l’époque. A vous de réfléchir ensuite :)

11/09/2001 : une première réaction, par Noam Chomsky [le 12/09/2001]

Ces attaques terroristes sont des atrocités majeures. Il est possible qu’elles n’aient pas atteint le niveau de beaucoup d’autres, telles le bombardement par Clinton du Soudan, sans aucun prétexte crédible, détruisant la moitié de son industrie pharmaceutique et tuant une quantité inconnue de personnes (inconnue, puisque les Etats-Unis ont bloqué une enquête de l’ONU, et que personne ne veut la poursuivre). Sans parler d’autres drames bien plus graves qui viennent facilement à l’esprit. Mais aucun doute : ce qui vient de se passer est un crime atroce. Les premières victimes, comme d’habitude, ont été des travailleurs et des travailleuses : portiers, secrétaires, pompiers, etc. Cela annonce sans doute une tempête infernale contre les Palestiniens et autres peuples pauvres et opprimés. Et il en résultera aussi probablement des contrôles de sécurité serrés, avec beaucoup de ramifications envisageables pour saper les libertés publiques y compris au niveau international.

Ces événements révèlent dramatiquement la folie du projet de « défense anti-missile ». Cela était évident depuis le départ, et a été souligné à maintes reprises par les analystes en stratégie : si quiconque veut causer d’immenses dommages aux Etats-Unis, il est hautement improbable qu’il lance une attaque de missiles, garantissant ainsi sa destruction immédiate. Il y a une infinité de moyens plus simples et à peu près impossibles à contrer. Mais les événements de ce jour vont, selon toute probabilité, être exploités pour augmenter la pression en vue de développer ces systèmes et les mettre en place. Le prétexte de « Défense Nationale » est le cache-sexe de plans de militarisation de l’espace, et avec une bonne communication, même les arguments les plus creux auront un certain poids auprès d’un public effrayé.

En bref, ce crime est un cadeau à la droite extrême, ceux qui espèrent préserver leurs possessions par la force. Cela, même en laissant de côté les réactions prévisibles des Etats-Unis, et ce qu’elles déclencheront : possiblement d’autres attaques similaires à celle-ci, ou pires. Les perspectives sont encore plus sinistres aujourd’hui qu’elles semblaient l’être avant ces dernières atrocités.

Comment réagir ? Nous avons le choix. Nous pouvons exprimer notre horreur, elle est justifiée ; nous pouvons chercher à comprendre ce qui a pu engendrer ces crimes, ce qui implique de faire un effort pour se mettre dans la peau de ceux qui l’ont vraisemblablement commis. Si nous faisons ce dernier choix, nous ne pouvons faire mieux, me semble-t-il, que d’écouter les mots de Robert Fisk, dont la connaissance directe et en profondeur des affaires de la région est inégalée après de nombreuses années de remarquables reportages. En décrivant « la terrifiante cruauté d’un peuple écrasé et humilié », il écrit : « Ceci n’est pas la guerre de la démocratie contre la terreur, comme le monde sera prié de le croire ces prochains jours. C’est aussi l’histoire de missiles américains explosant dans des maisons palestiniennes, et d’hélicoptères américains lançant des missiles contre une ambulance libanaise en 1996, et d’obus américains s’écrasant sur un village du nom de Qana, et l’histoire de milices Libanaises payées et habillées par l’allié de l’Amérique (Israël) frappant et violant et assassinant tout sur leur passage dans des camps de réfugiés ». Et beaucoup plus encore. Je le répète, nous avons le choix : nous pouvons essayer de comprendre, ou le refuser et contribuer ainsi à rendre vraisemblable que bien pire nous attend.

© Noam Chomsky, source : www.noam-chomsky.fr

Terrorisme, l’arme des puissants, par Noam Chomsky [le 18/10/2001]

Il nous faut partir de deux postulats. D’abord que les événements du 11 septembre 2001 constituent une atrocité épouvantable, probablement la perte de vies humaines instantanée la plus importante de l’histoire, guerres mises à part. Le second postulat est que notre objectif devrait être de réduire le risque de récidive de tels attentats, que nous en soyons les victimes ou que ce soit quelqu’un d’autre qui les subisse. Si vous n’acceptez pas ces deux points de départ, ce qui va suivre ne vous concerne pas. Si vous les acceptez, bien d’autres questions surgissent.

Commençons par la situation en Afghanistan. Il y aurait en Afghanistan plusieurs millions de personnes menacées de famine. C’était déjà vrai avant les attentats ; elles survivaient grâce à l’aide internationale. Le 16 septembre, les Etats-Unis exigèrent pourtant du Pakistan l’arrêt des convois de camions qui acheminaient de la nourriture et d’autres produits de première nécessité à la population afghane. Cette décision n’a guère provoqué de réaction en Occident. Le retrait de certains personnels humanitaires a rendu l’assistance plus problématique encore. Une semaine après le début des bombardements, les Nations unies estimaient que l’approche de l’hiver rendrait impossibles les acheminements, déjà ramenés à la portion congrue par les raids de l’aviation américaine.

Quand des organisations humanitaires civiles ou religieuses et le rapporteur de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont demandé un arrêt des bombardements, cette information n’a même pas été rapportée par le New York Times ; le Boston Globe y a consacré une ligne, mais dans le corps d’un article traitant d’autre chose, la situation au Cachemire. En octobre dernier, la civilisation occidentale s’était ainsi résignée au risque de voir mourir des centaines de milliers d’Afghans. Au même moment, le chef de ladite civilisation faisait savoir qu’il ne daignerait répondre ni aux propositions afghanes de négociation sur la question de la livraison de M. Oussama Ben Laden ni à l’exigence d’une preuve permettant de fonder une éventuelle décision d’extradition. Seule serait acceptée une capitulation sans condition.

Mais revenons au 11 septembre. Nul crime, rien, ne fut plus meurtrier dans l’histoire – ou alors sur une durée plus longue. Au demeurant, les armes ont, cette fois, visé une cible inhabituelle : les Etats-Unis. L’analogie souvent évoquée avec Pearl Harbor est inappropriée. En 1941, l’armée nippone a bombardé des bases militaires dans deux colonies dont les Etats-Unis s’étaient emparés dans des conditions peu recommandables ; les Japonais ne se sont pas attaqués au territoire américain lui-même.

Depuis près de deux cents ans, nous, Américains, nous avons expulsé ou exterminé des populations indigènes, c’est-à-dire des millions de personnes, conquis la moitié du Mexique, saccagé les régions des Caraïbes et d’Amérique centrale, envahi Haïti et les Philippines – tuant 100 000 Philippins à cette occasion. Puis, après la seconde guerre mondiale, nous avons étendu notre emprise sur le monde de la manière qu’on connaît. Mais, presque toujours, c’était nous qui tuions, et le combat se déroulait en dehors de notre territoire national.

Or on le constate dès qu’on est interrogé, par exemple, sur l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et le terrorisme : les questions des journalistes sont fort différentes selon qu’ils exercent sur une rive ou l’autre de la mer d’Irlande. En général, la planète apparaît sous un autre jour selon qu’on tient depuis longtemps le fouet ou selon qu’on en a subi les coups pendant des siècles. Peut-être est-ce pour cela au fond que le reste du monde, tout en se montrant uniformément horrifié par le sort des victimes du 11 septembre, n’a pas réagi de la même manière que nous aux attentats de New York et de Washington.

Pour comprendre les événements du 11 septembre, il faut distinguer d’une part les exécutants du crime, d’autre part le réservoir de compréhension dont ce crime a bénéficié, y compris chez ceux qui s’y opposaient. Les exécutants ? En supposant qu’il s’agisse du réseau Ben Laden, nul n’en sait davantage sur la genèse de ce groupe fondamentaliste que la CIA et ses associés : ils l’ont encouragé à sa naissance. M. Zbigniew Brzezinski, directeur pour la sécurité nationale de l’administration Carter, s’est félicité du « piège » tendu aux Soviétiques dès 1978 et consistant, au moyen d’attaques des moudjahidins (organisés, armés et entraînés par la CIA) contre le régime de Kaboul, à attirer ces Soviétiques sur le territoire afghan à la fin de l’année suivante (1).

Ce n’est qu’après 1990 et l’installation de bases américaines permanentes en Arabie saoudite, sur une terre sacrée pour l’islam, que ces combattants se sont retournés contre les Etats-Unis.

APPUI À DES RÉGIMES BRUTAUX
Si l’on veut maintenant expliquer le réservoir de sympathie dont disposent les réseaux Ben Laden, y compris au sein des couches dirigeantes des pays du Sud, il faut partir de la colère que provoque le soutien des Etats-Unis à toutes sortes de régimes autoritaires ou dictatoriaux, il faut se souvenir de la politique américaine qui a détruit la société irakienne tout en consolidant le régime de M. Saddam Hussein, il faut ne pas oublier le soutien de Washington à l’occupation israélienne de territoires palestiniens depuis 1967.

Au moment où les éditoriaux du New York Times suggèrent qu’« ils » nous détestent parce que nous défendons le capitalisme, la démocratie, les droits individuels, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le Wall Street Journal, mieux informé, explique après avoir interrogé des banquiers et des cadres supérieurs non occidentaux qu’ils « nous » détestent parce que nous avons entravé la démocratie et le développement économique. Et appuyé des régimes brutaux, voire terroristes.

Dans les cercles dirigeants de l’Occident, la guerre contre le terrorisme a été présentée à l’égal d’une « lutte menée contre un cancer disséminé par des barbares ». Mais ces mots et cette priorité ne datent pas d’aujourd’hui. Il y a vingt ans, le président Ronald Reagan et son secrétaire d’Etat, M. Alexander Haig, les énonçaient déjà. Et, pour mener ce combat contre les adversaires dépravés de la civilisation, le gouvernement américain mit alors en place un réseau terroriste international d’une ampleur sans précédent. Si ce réseau entreprit des atrocités sans nombre d’un bout à l’autre de la planète, il réserva l’essentiel de ses efforts à l’Amérique latine.

Un cas, celui du Nicaragua, n’est pas discutable : il a en effet été tranché par la Cour internationale de justice de La Haye et par les Nations unies. Interrogez-vous pour savoir combien de fois ce précédent indiscutable d’une action terroriste à laquelle un Etat de droit a voulu répondre avec les moyens du droit a été évoqué par les commentateurs dominants. Il s’agissait pourtant d’un précédent encore plus extrême que les attentats du 11 septembre : la guerre de l’administration Reagan contre le Nicaragua provoqua 57 000 victimes, dont 29 000 morts, et la ruine d’un pays, peut-être de manière irréversible.

A l’époque, le Nicaragua avait réagi. Non pas en faisant exploser des bombes à Washington, mais en saisissant la Cour de justice internationale. Elle trancha, le 27 juin 1986, dans le sens des autorités de Managua, condamnant l’« emploi illégal de la force » par les Etats-Unis (qui avaient miné les ports du Nicaragua) et mandant Washington de mettre fin au crime, sans oublier de payer des dommages et intérêts importants. Les Etats-Unis répliquèrent qu’ils ne se plieraient pas au jugement et qu’ils ne reconnaîtraient plus la juridiction de la Cour.

Le Nicaragua demanda alors au Conseil de sécurité des Nations unies l’adoption d’une résolution réclamant que tous les Etats respectent le droit international. Nul n’était cité en particulier, mais chacun avait compris. Les Etats-Unis opposèrent leur veto à cette résolution. A ce jour, ils sont ainsi le seul Etat qui ait été à la fois condamné par la Cour de justice internationale et qui se soit opposé à une résolution réclamant… le respect du droit international. Puis le Nicaragua se tourna vers l’Assemblée générale des Nations unies. La résolution qu’il proposa ne rencontra que trois oppositions : les Etats-Unis, Israël et El Salvador. L’année suivante, le Nicaragua réclama le vote de la même résolution. Cette fois, seul Israël soutint la cause de l’administration Reagan. A ce stade, le Nicaragua ne disposait plus d’aucun moyen de droit. Tous avaient échoué dans un monde régi par la force. Ce précédent ne fait aucun doute. Combien de fois en avons-nous parlé à l’université, dans les journaux ?

Cette histoire révèle plusieurs choses. D’abord, que le terrorisme, cela marche. La violence aussi. Ensuite, qu’on a tort de penser que le terrorisme serait l’instrument des faibles. Comme la plupart des armes meurtrières, le terrorisme est surtout l’arme des puissants. Quand on prétend le contraire, c’est uniquement parce que les puissants contrôlent également les appareils idéologiques et culturels qui permettent que leur terreur passe pour autre chose que de la terreur.

L’un des moyens les plus courants dont ils disposent pour parvenir à un tel résultat est de faire disparaître la mémoire des événements dérangeants ; ainsi plus personne ne s’en souvient. Au demeurant, le pouvoir de la propagande et des doctrines américaines est tel qu’il s’impose y compris à ses victimes. Allez en Argentine et vous devrez rappeler ce que je viens d’évoquer : « Ah, oui, mais nous avions oublié ! »

Le Nicaragua, Haïti et le Guatemala sont les trois pays les plus pauvres d’Amérique latine. Ils comptent aussi au nombre de ceux dans lesquels les Etats-Unis sont intervenus militairement. La coïncidence n’est pas forcément accidentelle. Or tout cela eut lieu dans un climat idéologique marqué par les proclamations enthousiastes des intellectuels occidentaux. Il y a quelques années, l’autocongratulation faisait fureur : fin de l’histoire, nouvel ordre mondial, Etat de droit, ingérence humanitaire, etc. C’était monnaie courante alors même que nous laissions se commettre un chapelet de tueries. Pis, nous y contribuions de façon active. Mais qui en parlait ? L’un des exploits de la civilisation occidentale, c’est peut-être de rendre possible ce genre d’inconséquences dans une société libre. Un Etat totalitaire ne dispose pas de ce don-là.

Qu’est-ce que le terrorisme ? Dans les manuels militaires américains, on définit comme terreur l’utilisation calculée, à des fins politiques ou religieuses, de la violence, de la menace de violence, de l’intimidation, de la coercition ou de la peur. Le problème d’une telle définition, c’est qu’elle recouvre assez exactement ce que les Etats-Unis ont appelé la guerre de basse intensité, en revendiquant ce genre de pratique. D’ailleurs, en décembre 1987, quand l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution contre le terrorisme, un pays s’est abstenu, le Honduras, et deux autres s’y sont opposés, les Etats-Unis et Israël. Pourquoi l’ont-ils fait ? En raison d’un paragraphe de la résolution qui indiquait qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le droit des peuples à lutter contre un régime colonialiste ou contre une occupation militaire.

Or, à l’époque, l’Afrique du Sud était alliée des Etats-Unis. Outre des attaques contre ses voisins (Namibie, Angola, etc.), lesquelles ont provoqué la mort de centaines de milliers de personnes et occasionné des destructions estimées à 60 milliards de dollars, le régime d’apartheid de Pretoria affrontait à l’intérieur une force qualifiée de « terroriste », l’African National Congress (ANC). Quant à Israël, il occupait illégalement certains territoires palestiniens depuis 1967, d’autres au Liban depuis 1978, guerroyant dans le sud de ce pays contre une force qualifiée par lui et par les Etats-Unis de « terroriste », le Hezbollah. Dans les analyses habituelles du terrorisme, ce genre d’information ou de rappel n’est pas courant. Pour que les analyses et les articles de presse soient jugés respectables, il vaut mieux en effet qu’ils se situent du bon côté, c’est-à-dire celui des bras les mieux armés.

Dans les années 1990, c’est en Colombie que les pires atteintes aux droits humains ont été observées. Ce pays a été le principal destinataire de l’aide militaire américaine, à l’exception d’Israël et de l’Egypte, qui constituent des cas à part. Jusqu’en 1999, derrière ces pays, la première place revenait à la Turquie, à qui les Etats-Unis ont livré une quantité croissante d’armes depuis 1984. Pourquoi à partir de cette année-là ? Non pas que ce pays membre de l’OTAN devait faire face à l’Union soviétique, déjà en voie de désintégration à l’époque, mais afin qu’il puisse conduire la guerre terroriste qu’il venait d’entreprendre contre les Kurdes.

En 1997, l’aide militaire américaine à la Turquie a dépassé celle que ce pays avait obtenue pendant la totalité de la période 1950-1983, celle de la guerre froide. Résultats des opérations militaires : 2 à 3 millions de réfugiés, des dizaines de milliers de victimes, 350 villes et villages détruits. A mesure que la répression s’intensifiait, les Etats-Unis continuaient de fournir près de 80 % des armes employées par les militaires turcs, accélérant même le rythme de leurs livraisons. La tendance fut renversée en 1999. La terreur militaire, naturellement qualifiée de « contre-terreur » par les autorités d’Ankara, avait alors atteint ses objectifs. C’est presque toujours le cas quand la terreur est employée par ses principaux utilisateurs, les puissances en place.

Avec la Turquie, les Etats-Unis n’eurent pas affaire à une ingrate. Washington lui avait livré des F-16 pour bombarder sa propre population, Ankara les utilisa en 1999 pour bombarder la Serbie. Puis, quelques jours après le 11 septembre dernier, le premier ministre turc, M. Bülent Ecevit, faisait savoir que son pays participerait avec enthousiasme à la coalition américaine contre le réseau Ben Laden. Il expliqua à cette occasion que la Turquie avait contracté une dette de gratitude à l’égard des Etats-Unis, laquelle remontait à sa propre « guerre antiterroriste » et au soutien inégalé que Washington y avait alors apporté.

RÉDUIRE LE NIVEAU DE TERREUR
Certes, d’autres pays avaient soutenu la guerre d’Ankara contre les Kurdes, mais aucun avec autant de zèle et d’efficacité que les Etats-Unis. Ce soutien bénéficia du silence ou – le mot est peut-être plus juste – de la servilité des classes éduquées américaines. Car elles n’ignoraient pas ce qui se passait. Les Etats-Unis sont un pays libre après tout ; les rapports des organisations humanitaires sur la situation au Kurdistan appartenaient au domaine public. A l’époque, nous avons donc choisi de contribuer aux atrocités.

L’actuelle coalition contre le terrorisme comporte d’autres recrues de choix. Le Christian Science Monitor, sans doute l’un des meilleurs journaux pour ce qui concerne le traitement de l’actualité internationale, a ainsi confié que certains peuples qui n’aimaient guère les Etats-Unis commençaient à les respecter davantage, particulièrement heureux de les voir conduire une guerre contre le terrorisme. Le journaliste, pourtant spécialiste de l’Afrique, citait comme principal exemple de ce retournement le cas de l’Algérie. Il devait donc savoir que l’Algérie conduit une guerre terroriste contre son propre peuple. La Russie, qui mène une guerre terroriste en Tchétchénie, et la Chine, auteur d’atrocités contre ceux qu’elle qualifie de sécessionnistes musulmans, ont également rallié la cause américaine.

Soit, mais que faire dans la situation présente ? Un radical aussi extrémiste que le pape suggère qu’on recherche les coupables du crime du 11 septembre, puis qu’on les juge. Mais les Etats-Unis ne souhaitent pas avoir recours aux formes judiciaires normales, ils préfèrent ne présenter aucune preuve et ils s’opposent à l’existence d’une juridiction internationale. Mieux, quand Haïti réclame l’extradition de M. Emmanuel Constant, jugé responsable de la mort de milliers de personnes après le coup d’Etat qui a renversé le président Jean-Bertrand Aristide, le 30 septembre 1991, et présente des preuves de sa culpabilité, la demande n’a aucun effet à Washington. Elle n’est même pas l’objet d’un débat quelconque.

Lutter contre le terrorisme impose de réduire le niveau de la terreur, pas de l’accroître. Quand l’IRA commet un attentat à Londres, les Britanniques ne détruisent ni Boston, ville dans laquelle l’IRA compte de nombreux soutiens, ni Belfast. Ils cherchent les coupables, puis ils les jugent. Un moyen de réduire le niveau de terreur serait de cesser d’y contribuer soi-même. Puis de réfléchir aux orientations politiques qui ont créé un réservoir de soutien dont ont ensuite profité les commanditaires de l’attentat. Ces dernières semaines, la prise de conscience par l’opinion américaine de toutes sortes de réalités internationales, dont seules les élites soupçonnaient auparavant l’existence, constitue peut-être un pas dans cette direction.

© Noam Chomsky, source : www.noam-chomsky.fr


dessin cartoon 11 septembre 11 09

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Source: http://www.les-crises.fr/errorisme-l-arme-des-puissants/


Grèce : Alexis Tsipras prêt à s’allier avec le Pasok

Friday 11 September 2015 at 00:01

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 4 septembre 2015.

Alexis Tsipras est prêt à une alliance avec le Pasok.

Alexis Tsipras est prêt à une alliance avec le Pasok. (Crédits : YIANNIS KOURTOGLOU)

L’ancien premier ministre a affirmé être prêt à gouverner avec le parti socialiste si celui-ci se débarrasse de ses anciens ministres. Un tournant dans l’histoire de Syriza, effectué sous la pression des sondages.

C’est un tabou important que vient de briser Alexis Tsipras. Jeudi 3 septembre, pour la première fois, Alexis Tsipras a ouvert la possibilité à une alliance avec le Pasok, le parti social-démocrate, alliance qu’il excluait jusqu’ici. L’ancien premier ministre a cependant expliqué dans cette interview diffusée sur la chaîne de télévision Kontra TV qu’une telle alliance ne serait pas inconditionnelle. Pour s’allier avec Syriza, le Pasok devra se débarrasser de ses « poids » a indiqué Alexis Tsipras.

« Poids » qui chargeraient le Pasok

Quels sont ces « poids » ? Principalement l’ancien chef du parti, Evangelos Venizelos, vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères dans le gouvernement d’Antonis Samaras de juin 2012 à janvier 2015. Un autre « poids » cité par Alexis Tsipras est Andreas Loverdos, ancien ministre du travail de George Papandréou et de Lukas Papadimos de 2010 à 2012. En réalité, Alexis Tsipras voudrait s’allier avec un Pasok débarrassé de tous les ministres qui ont appliqué l’austérité réclamée par les créanciers entre 2010 et 2015.

Tournant

Jusqu’à présent, Alexis Tsipras refusait toute alliance avec les « partis de l’establishment », tant ceux qui avaient appliqué l’austérité, le Pasok et le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND), ainsi que le parti centriste To Potami (« la rivière »), poulain de Bruxelles et des oligarques grecs. Mais si son ambition officielle demeure de reconduire l’alliance avec le parti de droite souverainiste des Grecs Indépendants (ANEL), il doit s’adapter à une nouvelle réalité. Les dernières enquêtes d’opinion traduisent en effet un recul net de Syriza et semblent considérer qu’ANEL aura beaucoup de peine à atteindre les 3 % des suffrages exprimés nécessaires pour entrer à la Vouli.

Incarner la stabilité

La situation est donc changée. Si Syriza arrive en tête, même assez largement, il n’aura pas de capacité à former un gouvernement. Sur sa gauche, ni le parti Communiste (KKE), ni les dissidents de Syriza de l’Unité Populaire ne sont des alliés possibles. En revanche, Nouvelle Démocratie peut compter sur une coalition quasi certaine avec le Pasok et To Potami s’il arrive à glaner les 50 sièges sur 300 promis au premier parti du pays. Si la droite arrive en tête, elle a donc plus de chance de former un gouvernement et c’est un argument que le leader de ND, Evangelos Meimarakis, n’a pas hésité ces jours-ci à souligner. La droite dispose donc d’un bonus à la stabilité. Or, dans une Grèce fatiguée par six mois de négociations et cinq ans d’austérité, c’est un argument qui peut peser lourd. Alexis Tsipras doit donc rééquilibrer sa position sur ce point. D’où son ouverture au Pasok qui pourrait être le prélude à un élargissement à To Potami, parti qui, après tout, n’a pas participé non plus à l’austérité des années 2010-2015.

Conditions de pure forme

Car, les conditions posées par Alexis Tsipras sont de pure forme. La future coalition au pouvoir après les élections du 20 septembre sera en charge d’appliquer le troisième mémorandum signé en août dernier par Alexis Tsipras. Vouloir s’allier avec un parti « vierge » de toute austérité passée est donc une simple coquetterie. D’autant qu’Evangelos Venizelos a quitté la tête du Pasok, confiée à Fofi Yennimata, une universitaire de 50 ans. Du reste, C’est aussi considérer que la ligne politique passée du Pasok et son application depuis 2009 n’est que le fruit de certaines personnalités qui ont exercé le pouvoir. Mais Alexis Tsipras oublie que le Pasok est, comme Nouvelle Démocratie, un des piliers d’un système clientéliste qui a conduit la Grèce au bord du gouffre. Sans compter que c’est le Pasok de Konstantinos Simitis, premier ministre de 1996 à 2004, qui a poussé la Grèce à entrer dans la zone euro.

Vers une « pasokisation » de Syriza ?

En réalité, le Pasok n’a guère changé. Il reste un parti « pro-mémorandum » fondé sur une logique de clans. Fofi Yennimata est, d’ailleurs, la fille d’un des fondateurs du parti, Yiorgos Yennimata, cinq fois ministre sous Andreas Papandréou. Avec le Pasok, la volonté réformatrice de Syriza, qui constituait le cœur de son programme de Thessalonique d’août dernier, ne peut qu’être remise à plus tard. Plutôt que de changer réellement le fonctionnement de la société grecque pour la rendre plus égalitaire et plus juste, une telle alliance sera tentée, comme les précédentes, de s’en tenir aux objectifs comptables par le mémorandum et par la troïka. Cette ouverture d’Alexis Tsipras vers le Pasok traduit en réalité l’évolution de Syriza qui, en acceptant les conditions des créanciers, est entré dans le jeu « normal » de la politique grecque. Progressivement, les différences entre Syriza et le Pasok risquent de devenir très réduites. L’ancien parti des Papandréou a, lui aussi, tout en se proclamant de « gauche », appliqué une politique d’austérité dictée par les créanciers. Depuis le début de la campagne, le seul argument de Syriza est celui de défendre un gouvernement « de gauche » en Grèce.

Pari risqué

Ce mouvement d’Alexis Tsipras est donc fort risqué. Pour pouvoir prétendre à la capacité d’assurer la stabilité politique, il met en danger ce qui restait de fort dans le programme de Syriza, autrement dit sa capacité de parti « neuf », capable de rénover le pays et de le réformer réellement. Il prend donc le risque de rajouter de la déception à la déception. Or, l’électorat de Syriza est, selon une enquête de GPO, particulièrement déçu. La moitié seulement des électeurs de Syriza en janvier voteront à nouveau pour ce parti le 20 septembre. C’est le plus faible taux de mobilisation après celui d’ANEL. Il n’est pas certain que le « recentrage » de Syriza et son ouverture vers le Pasok séduisent davantage ces déçus.

Les dangers du transformisme grec

En Italie, il existe un mot pour désigner ce qui se passe en Grèce aujourd’hui : le transformisme. Ce phénomène traduit le recentrage de tous les partis et, une fois le débat électoral factice achevé, la réduction de la politique à la seule lutte pour l’occupation des postes de gouvernement. Ce transformisme a ruiné le parlementarisme italien du début des années 1920 et de l’après-guerre et a provoqué de forts mouvements protestataires. Sous la pression des créanciers, la métamorphose de Syriza est une dernière étape de ce transformisme. Mais la Grèce a besoin de tout sauf de cette évolution qui ne va conduire qu’à renforcer la méfiance envers l’État et à fragiliser la démocratie hellénique. Outre les conséquences économiques du troisième mémorandum qui s’annoncent désastreuses, ses conséquences politiques semblent également devoir être fort négatives.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-alexis-tsipras-pret-a-sallier-avec-le-pasok/


[Enseignement de l'ignorance] Les nouveaux programmes “d’enseignement moral et civique”

Thursday 10 September 2015 at 01:40

Merci à Gaël pour son alerte :)

Nous verrons que “enseignement moral et religieux” serait plus adapté” que “enseignement moral et civique”

Ministère de l’éducation nationale, Bulletin officiel du 25 juin 2015 :

“L’enseignement moral et civique (EMC) a été créé par la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République. Ce nouvel enseignement est mis en œuvre de l’école au lycée à partir de la rentrée 2015.

Il se substitue aux programmes d’éducation civique existants à chacun des niveaux de l’école élémentaire, du collège et du lycée :

Il est mis en place dans les classes terminales des séries technologiques STI2D, STL et STD2A.

L’EMC doit transmettre un socle de valeurs communes : la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect de la personne, l’égalité entre les femmes et les hommes, la tolérance et l’absence de toute forme de discrimination. Il doit développer le sens moral et l’esprit critique et permettre à l’élève d’apprendre à adopter un comportement réfléchi. Il prépare à l’exercice de la citoyenneté et sensibilise à la responsabilité individuelle et collective.

Vous trouverez ici en ligne le manuel des éditions Nathan (mais bon, j’imagine que c’est pareil pour tous les manuels. On peut les contacter ici d’ailleurs).

Quand on s’intéresse à la propagande, ça vaut sacrément le coup d’oeil…

Avant de vous en proposer le best of, une remarque. Je note bien sûr le changement au niveau du fond par rapport à il y a 25 ans (on n’est plus dans le factuel et le neutre), mais je trouve aussi éloquent le changement de forme : on n’a plus un “livre”, un “manuel”, en gros à apprendre ; on a un machin où il n’y a que des espèces d’exercices de pseudo-réflexion, des sortes de jeux, etc. – du coup, l’élève, n’a presque plus rien avec lui quand il rentre à la maison…

Best of donc, de ce qu’est capable de produire notre société pour “développer l’esprit critique” (rions un peu – je me permettrais de rajouter (ironiquement) en commentaire les instructions qui manquent à mon sens, à rajouter pour l’édition 2025) :

Page 24 :

“L’enseignant veillera à développer le jugement critique en parlant de la journée de l’Amour du 11 janvier 2015. Il dénoncera évidemment au commissariat tout élève critiquant la parole du gouvernement, ainsi que les parents ayant éduqué cette graine de terroriste.”

“L’enseignant sanctionnera tout élève demandant pourquoi une publicité pour un groupe de presse privé figure dans un manuel  d’éducation civique.”

“L’enseignant veillera à développer le jugement critique en parlant du 7 janvier. Il dénoncera évidemment au commissariat tout élève choqué, jugeant que l’attentat a plus à voir avec le crétinisme avancé de barbares et le droit d’insulter les convictions des autres, qu’avec la liberté  d’expression, ainsi que les parents ayant éduqué cette graine de terroriste.”

“Programme 2025 : Titre : Face à la menace terroriste toujours croissante, menaçant votre vie au quotidien, est-il bien raisonnable de conserver encore des libertés individuelles, vu que vous n’avez rien à vous reprocher ?”

“L’enseignant insistera sur la caractère totalement archaïque de ces notions, inadaptées au XXIe siècle. Il dénoncera évidemment au commissariat tout élève s’interrogeant sur la responsabilité de notre politique étrangère dans ces attaques, ainsi que les parents ayant éduqué cette graine de terroriste.”"

“L’enseignant veillera à saluer l’action de Big Brother, qui assure désormais la sécurité des citoyens – malgré, hélas, les attentats qui perdurent. Il insistera sur le besoin d’une 47e loi sur le renseignement, prochainement décrétée par Big Brother.”

(WTF : l’esprit critique sur les droits sociaux ????)

“L’enseignant fera acclamer par les élèves, debout devant la photo de Big Brother, la suppression du droit de grève. Les élèves travailleront par petits groupes afin de débattre des raisons d’un délai aussi incroyable avant cette saine suppression.”

“L’enseignant sanctionnera tout élève s’interrogeant sur les propriétaires de nos groupes de presse et l’impact sur les journaux. Il veillera à chanter les louages de notre liberté. Il rappellera que l’oppression, c’est la liberté.”

“L’enseignant sanctionnera tout élève déviationniste, se demandant pourquoi dans le pays de la Liberté éclairée et de la Démocratie, les gens se détournent du vote – et qui demandera comment y remédier. Rappeler l’exemple de Frédéric Martin, fusillé pour non vote pour Big Brother en 2022.

“Chaque équipe devra montrer que les élections en France ont un caractère démocratique.”

Ah flûte, ça y est déjà ça…

“L’enseignent expliquera que l’esprit critique, c’est accepter qu’un journaliste s’exprime sur le journalisme sans contradicteur, dans un manuel scolaire, afin de gagner du temps de débat inutiles. Sanctionner toute évocation du nom de Noam Chomsky ou même de Serge Halimi.”

Non, c’est bien ça, rien à changer…

“L’enseignant, après la prière laïque à nos soldats défendant la justice et les droits de l’Homme dans nos nouvelles colonies, veillera à ce que ne soient pas évoqués le contexte de l’intervention en Haïti de 2004 ni les raisons économiques de celle du Mali en 2015 ou de la Grèce en 2019.”

“L’enseignant veillera à ce que les élèves connaissent la liste des pays où nos soldats ne sont pas encore présents, afin de s’en indigner.”

“L’enseignant affichera le poster de nos nouvelles colonies, leur indépendance ayant montré leur échec total.”

“Enfin, l’enseignant sanctionnera tout élève ayant vu ces interviews de Michel Collon sur le Mali, pour manque total d’esprit critique et de patriotisme : ”

L’ingérence du privé dans l’État, avec l’exemple de la guerre au Mali :

“De même s’il connaît ces 5 principes de la propagande de guerre :

  1. Cacher les intérêts
  2. Cacher l’histoire
  3. Se faire passer pour les défenseurs des victimes
  4. Diaboliser l’adversaire
  5. Monopoliser et empêcher le débat

“Programme conforme aux instructions du Ministre chargé de l’Éducation Nationale, de l’Esprit critique et de la Liberté des Esprits au Politburo de Bruxelles.”

 

« Les hommes naissent ignorants et non stupides. C’est l’éducation qui les rend stupides. » [Bertrand Russell, (1872-1970)]

P.S. Pour mémoire, voici un manuel de morale de 1926…

Leçon de morale (Manuel 1926)

Source: http://www.les-crises.fr/les-nouveaux-programmes-denseignement-morale-et-civique/


[Pravda] “Grèce : un sauvetage en bonne voie”, par Le Monde

Thursday 10 September 2015 at 00:01

Parce que Pravda, c’est un dur métier…  (Merci à Jean-Michel)

Allez, on va le faire en couleurs : Vert : rions un peu ; Jaune : dingue ça ; Rose : Le grand Satan ; Bleu : le français est ton ami

Editorial du « Monde » du 20 aout 2015

Un pas de plus dans la bonne direction a été franchi, mercredi 19 août, avec le vote du Bundestag, approuvant le troisième plan de sauvetage de la Grèce, à l’instar d’autres Parlements nationaux de l’Union européenne. Un obstacle de plus levé, dans le parcours du combattant qu’affronte Athènes dans sa volonté de rester membre de la zone euro, malgré sa catastrophique situation économique.

Si l’on reprend les choses là où elles se trouvaient il y a à peine plus d’un mois, cette évolution est simplement remarquable. Début juillet, il n’était question que de « Grexit » et de scénarios plus sombres les uns que les autres : la Grèce, inexorablement, allait sortir du système euro, une sortie que, généreusement, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, voulait temporaire, mais dont la population grecque pâtirait douloureusement. La zone euro elle-même ne résisterait pas à cette rupture sans précédent, les mouvements anti-européens s’en trouveraient dramatiquement renforcés, le couple franco-allemand n’en finirait pas de se désunir.

L’accord du 13 juillet, obtenu à l’arraché à l’issue d’une longue nuit bruxelloise dans la plus pure tradition des négociations européennes, a inversé cette dynamique suicidaire. Cet accord sur un nouveau plan de sauvetage européen prévoyait une aide de 86 milliards d’euros sur trois ans pour la Grèce, en échange de réformes structurelles et de nouvelles mesures d’austérité. Certaines de ces mesures, comme la hausse de la TVA et la baisse du minimum retraite, qui ne pourra être touché qu’à partir de 67 ans, la libéralisation de certains marchés et la mise sur pied d’un nouveau fonds de privatisation, sont plus draconiennes encore que celles qui avaient été précédemment envisagées.

La machine financière

C’est pourtant ces engagements que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a réussi à faire adopter à ses députés le 13 août. Il faut, là aussi, saluer la constance du jeune chef de Syriza : malgré une fronde croissante au sein de son groupe parlementaire, M. Tsipras a réussi à convaincre et à préserver sa popularité personnelle auprès des électeurs, apparemment reconnaissants du combat acharné qu’il a livré à Bruxelles depuis son élection en janvier.

Tandis qu’à Athènes, Berlin, Paris, La Haye et dans les autres capitales européennes, les dirigeants assuraient le service après-vente politique de l’accord de Bruxelles – dans des conditions parfois difficiles, comme l’a constaté la chancelière Angela Merkel au Bundestag – la machine financière, elle, s’est mise en route. Mercredi 19 août, les ministres des finances de la zone euro ont débloqué une première tranche d’aide de 23 milliards d’euros à la Grèce. Jeudi, Athènes a donc pu rembourser à la Banque centrale européenne les 3,4 milliards d’euros qu’il lui devait.

Bien sûr, la Grèce n’est pas au bout de ses peines, pas plus que l’Union européenne. D’innombrables obstacles peuvent encore faire dérailler le processus, le FMI veut encore régler la question de la restructuration de la dette grecque à laquelle l’Allemagne rechigne, M. Tsipras peut échouer dans l’audacieux plan qu’il caresse de se recomposer une majorité parlementaire plus solide en convoquant des élections anticipées fin septembre. Mais pour l’instant, ce sont les Cassandre de l’Europe qui ont échoué. Le sens de la responsabilité des dirigeants européens a prévalu. A Athènes comme à Bruxelles, on ne peut que s’en féliciter.

Source : Le Monde, 20/08/2015

P.S. si vous avez lu le mot “référendum”, merci de consulter un ophtalmologue ou de ne pas prendre la route…

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A propos de la Pravda n°2, je vous renvoie vers cet hallucinant article de Jean Quatremer.

On sait qu’il se définit lui-même comme un quasi -propagandiste :

« On me demande souvent : “Est-il bien normal qu’on envoie à Bruxelles un journaliste aussi europhile que vous ?” C’est comme si on posait la question : est-il normal que l’on envoie un journaliste pas anti-américain à Washington ? Pourquoi pas aussi demander à ce que l’on envoie un journaliste antisémite à JérusalemC’est du grand n’importe quoi !» [Jean Quatremer, France Culture, 05/2014]

Venant d’un journaliste censé éclairer le public, surtout vis-à-vis d’un électorat progressiste, cela ne peut évidemment que heurter nombre de lecteurs.

Il est régulièrement critiqué et pris à parti, ce qui est normal. Il est parfois lourdement insulté, parfois menacé violemment, ce qui est évidement condamnable.

J’étais très étonné de le voir retweeter certains tweets d’insultes de parfaits anonymes, chouinant de se faire ainsi insulter – ce qui me semblait incroyable de la part d’un des principaux journalistes de Libération, face à des tweets de parfaits crétins lambdas, vu que c’est le principe même de Twitter – oui Jean, il y a plein de crétins sur la Planète…

Mais là, donc son article, il fait carrément une liste de toutes les insultes (pourquoi pas), mais avec les identités Twitter des gens, façon liste de proscription – sachant qu’il sera lu par des dizaines de milliers de personnes, et les autres évidemment par personne… On saluera sa parfaite imitation de Caliméro dans l’article.

Drôle de mentalité…

Source: http://www.les-crises.fr/pravda-grece-un-sauvetage-en-bonne-voie-par-le-monde/


[Info Obs] Le deuxième jackpot de Michel Combes : 100 millions d’€ de cadeau de bienvenue chez Altice ?

Wednesday 9 September 2015 at 18:37

Un sidérant article de l’Obs. Comme indiqué, l’information n’est pas confirmée, et la somme reste assez putative (pouvant doubler ou passer à 0 en fonction de la Bourse, mais il devrait bien s’en sortir, rassurez-vous)

Mais il n’y a pas non plus de fumée sans feu en ce domaine. Même si la somme était 10 fois intérieure, on aurait une belle illustration des dérives actuelles, de ce système qu’on peut commencer à qualifier de néo-féodal…

On se demandait en tous cas pourquoi il avait quitté le navire Alcatel aussi vite, on a la réponse.

Je me demande même s’ils ne travaillent pas en sous-main pour les fabricants de guillotines…

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Par Claude Souia, L’Obs, 9/9/2015

C’est avec un gros chèque de départ qu’il a quitté la direction d’Alcatel-Lucent. Pour rejoindre l’état-major d’Altice, avec un (encore plus) gros cadeau de bienvenue. Elle est pas belle la vie ?

Deux ans de boulot, 10.000 jobs supprimés et…une prime de 13,7 millions d’euros, alors qu’il avait assuré qu’il ne toucherait aucun chèque d’au revoir. Le départ de Michel Combes, ex-PDG d’Alcatel-Lucent, a fait couler plus d’encre que son arrivée dans le groupe Altice de Patrick Drahi au poste de directeur général, “COO” en jargon anglo-saxon.

Pourtant, selon nos informations, son cadeau de bienvenue serait bien plus gros que son chèque de départ. La politique d’Altice est de distribuer des plans importants de “stock-options” à ses dirigeants. Combien exactement ? Le chiffre de 100 millions d’euros circule, mais Altice a refusé de le confirmer à “l’Obs”, en se réfugiant derrière la législation néerlandaise : le groupe est coté à Amsterdam.

“Golden hello”

Un porte-parole a souligné que Michel Combes ne recevrait aucune rémunération pour son nouveau poste de président du conseil d’administration de Numericable-SFR, où il succède à Patrick Drahi. Les stock-options présentent un risque : si le cours de l’action Altice recule dans les années qui viennent, Combes ne recevra rien.

Ce “golden hello” va compliquer un peu plus le lancement de son livre, “Les bons outils font les bonnes politiques”, coécrit avec Robin Rivaton, que Fayard prévoyait de sortir le 12 octobre. Ses “bons” conseils au monde politique vont tomber à plat.

Claude Soula

P.S. donc ce sera plutôt :

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Rappel : (page 11)

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Rappel – pas très vu dans les médias, à propos de la loi macron (ua fait, vous savez qu’elle s’appelle “La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques” – il y a des tarés quand même…) :

Polémique sur la baisse de la fiscalité des actions gratuites

Le projet de loi Macron prévoit de moins taxer l’attribution de ce mode d’actionnariat salarié. Mais certains députés PS dénoncent des effets d’aubaine

C’est une mesure du projet de loi Macron qui n’avait pas fait beaucoup de bruit jusqu’à présent. Peut-être parce que l’article 34, destiné à alléger la fiscalité des actions gratuites, est très technique. Mais la révolte commence à gronder chez certains députés socialistes, qui y voient un risque de cadeau fiscal fait aux cadres dirigeants. Trois d’entre eux (Valérie Rabault, rapporteure générale du Budget ; Karine Berger, en charge des questions économiques au PS ; et Pierre-Alain Muet, député du Rhône) ont ainsi déposé un amendement pour supprimer cet article. Le débat promet d’être houleux à l’Assemblée la semaine prochaine, lors de son passage en séance.

Le gouvernement n’a pourtant jamais fait mystère de ses intentions. Il souhaite stimuler l’actionnariat salarié et en particulier l’attribution d’actions gratuites, jugée «trop faible» (2 000 à 3 500 entreprises y ont recours), en raison d’un régime fiscal devenu défavorable. L’exécutif souhaite ainsi faciliter le développement de start-ups, qui ne peuvent pas toujours proposer des salaires alléchants. Bercy estime que le manque à gagner fiscal de cette mesure sera «au maximum de 200 millions» à terme. Mais la facture devrait être supérieure, puisque ce chiffre n’intègre pas la hausse prévisible des distributions consécutive au vote de la loi.

«On va avoir un effet d’aubaine: une partie de la rémunération des dirigeants des grandes entreprises va basculer vers ce système défiscalisé», dénonce Karine Berger. Et ce, d’autant que l’article supprime l’obligation de respecter un rapport de 1 à 5 entre le nombre minimal et maximal d’actions distribuées lorsque l’attribution porte sur moins de 10% ou 15% du capital social. En 2013, 25 des 40 dirigeants des entreprises du CAC 40 se sont vu attribuer des actions gratuites, pour un montant moyen d’un million d’euros, selon le cabinet Proxinvest.

Plus globalement, la députée PS estime qu’il «n’y a aucune raison pour qu’on baisse la fiscalité des actions gratuites, ce qui devrait bénéficier à ceux qui paient beaucoup d’impôts, alors que cet effort pourrait être consacré aux ménages modestes».

De quoi s’agit-il précisément? Côté salariés, l’acquisition d’actions gratuites ne sera plus taxée selon le barème de l’impôt sur le revenu, mais selon les modalités qui s’appliquent aux plus-values mobilières (actions, obligations…). En clair, le salarié bénéficiera d’un abattement de 50%, s’il les conserve entre deux et huit ans. Et de 65% au-delà. Quant à l’entreprise, son taux de cotisation patronale passera de 30% à 20%, à la date d’acquisition et non plus d’attribution. Ce qui évite une sortie de cash inutile si le salarié s’en va.

Prenons un exemple. Aujourd’hui, une entreprise qui veut consacrer 10.000 euros à la distribution d’actions gratuites paie 2860 euros de cotisations, le salarié recevant 7140 euros d’actions. Sur cette valeur d’acquisition, si son taux marginal d’imposition est de 30%, il paiera au moment de la cession 2143 euros. Si la loi est adoptée, le salarié se verra attribuer 8330 euros d’actions et ne paiera plus que 1250 euros d’impôts, s’il les garde plus de deux ans, au lieu de 2500 euros. Soit une division par deux de sa fiscalité sur les actions gratuites… Si cette mesure de la loi Macron passe, la taxation des plus-values restera en revanche inchangée.

Source : Le Figaro, 8/2/2015

Bien entendu, c’est passé. On a assez critiqué Berger sur la loi bancaire pour saluer son action visant à ce que les hautes rémuénrations (souvent non salariales) ne soient pas imposées que le salaire du salarié moyen…

Pour les intéressés, vous en saurez plus sur les sites de SicavOnline, EFL, FiscalOnline (je cite “Le régime des attributions d’actions gratuites (AGA) va connaître un allègement très significatif de son coût social et fiscal pour les salariés et pour les entreprises qui ont recours à ce mécanisme de fidélisation de leurs meilleurs éléments” ; “Notons également que les bénéficiaires se verront appliquer le régime des plus-values mobilières et ne seront pas imposés comme des salaires sur les gains réalisés.”),

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Rappel :

Salaires PDG patrons rémunération USA

Source: http://www.les-crises.fr/le-deuxieme-jackpot-de-michel-combes/


Le Labour tenté par un virage à gauche

Wednesday 9 September 2015 at 02:00

Source : Pierre Haski, pour L’Obs, le 18 août 2015.

Le positionnement politique de Jeremy Corbyn, candidat à la direction du Parti travailliste britannique, constitue une véritable rupture : renationalisation des chemins de fer, de l’électricité et du gaz, fin de l’austérité…

Jeremy Corbyn est en tête des sondages : il pourrait prendre la succession d'Ed Miliband à la tête du Labour britannique. (BEN STANSALL / AFP)

Jeremy Corbyn est en tête des sondages : il pourrait prendre la succession d’Ed Miliband à la tête du Labour britannique. (BEN STANSALL / AFP)

Au cœur de l’été européen, loin de la Grèce, se prépare un coup politique imprévu qui pourrait modifier le paysage de la gauche européenne. Le Parti travailliste britannique élit son nouveau leader après la démission d’Ed Miliband au lendemain de sa défaite du printemps ; et tout indique qu’il s’apprête à effectuer un sérieux virage à gauche. Après le New Labour de l’époque Tony Blair, les militants semblent nettement préférer le “Old”, qui a pris le visage de Jeremy Corbyn.

Son nom ne vous dira sans doute rien, et il ne parlait guère plus à de nombreux Britanniques il y a encore quelques semaines. Mais cet Anglais de 66 ans à la barbe grise est un parlementaire travailliste assidu depuis trente-deux ans, et il a même accru son score en mai quand son parti subissait une cuisante défaite. Il n’a jamais été ministre, ni même participé au leadership de son parti. Pourtant, sa candidature à la succession d’Ed Miliband a secoué la vie politique du Royaume-Uni, et sa possible victoire aura des conséquences profondes.

Les sondages lui donnent une avance importante sur les trois autres candidats, ses meetings publics font salle comble, et la presse parle désormais de “Corbynmania”. Les militants et sympathisants enregistrés ont commencé à voter le 14 août, et les résultats seront annoncés le 12 septembre. Mais 200.000 personnes supplémentaires se sont inscrites sur les listes de cette primaire “fermée”, s’ajoutant aux 400.000 militants et sympathisants déjà enregistrés, une augmentation considérable attribuée à l’”effet Corbyn”.

Le Labour inéligible ?

Le positionnement politique de Jeremy Corbyn constitue une véritable rupture : renationalisation des chemins de fer, de l’électricité et du gaz, fin de l’austérité, plus d’alignement automatique sur les Etats-Unis, abandon de l’arme nucléaire… Un catalogue qui le place résolument à gauche de tous les leaders travaillistes depuis Michael Foot, il y a trois décennies. Et aux antipodes de Tony Blair, qui a estimé que “ceux qui ont le cœur à voter pour Jeremy Corbyn doivent subir une transplantation du cœur immédiate“…

Le problème de Blair est qu’il est aujourd’hui détesté au sein du parti qu’il a dirigé et mené trois fois à la victoire. La guerre d’Irak et ses coupes dans les budgets sociaux sont passées par là. La candidate “blairiste” au leadership, Liz Kendall, est bonne dernière dans les sondages, avec 12% des intentions de vote.

Mais Blair n’est pas le seul à critiquer la “Corbynmania” : l’establishment de la gauche libérale, unanime, estime qu’avec un programme comme celui de Corbyn le Labour devient “inéligible”, ce qui reste à voir. “The Guardian”, quotidien de la gauche “réaliste”, a pris position dans un éditorial en faveur de Yvette Cooper, une élue de 46 ans avec une expérience dans l’équipe de Gordon Brown et un passé syndical. Cooper dénonce les “fausses promesses” de Corbyn, mais a 26 points de retard sur lui.

La candidate Yvette Cooper est secrétaire d’Etat à l’Intérieur au sein du cabinet fantôme. (Leon Neal / AFP)

Si Corbyn est élu le 12 septembre, l’électrochoc sera d’abord pour les travaillistes, qui pourraient connaître des scissions ; mais aussi dans le reste de la gauche européenne, de plus en plus tiraillée entre les poussées à gauche à la Podemos ou à la Syriza, qui séduisent les électeurs mais n’ont pas encore fait leurs preuves, et les forces de centre gauche, gestionnaires, usées par la crise européenne et à l’identité singulièrement brouillée.

Un virage à gauche là où on ne l’attendait guère, à Londres, aura un impact sur ce débat. On attendait le “Brexit”, mais on aura d’abord le “left turn”.

Source: http://www.les-crises.fr/le-labour-tente-par-un-virage-a-gauche/


Vous allez adorer haïr Jeremy Corbyn, candidat à la direction du Labour

Wednesday 9 September 2015 at 01:43

Source : Denis Souchon, pour Acrimed, le 4 septembre 2015.

Le député travailliste Jeremy Corbyn est, d’après les sondages, largement en tête des intentions de vote pour l’élection au poste de leader du Labour qui a débuté le 14 août et doit se terminer le 10 septembre. Du coup, comme cela s’était déjà produit lors du référendum du 5 juillet 2015 qui a vu le peuple grec refuser le diktat de la troïka, la presse de marché est le relai empressé des dominants pour tenter de discréditer par tous les moyens discursifs celui qu’elle présente comme un dinosaure-gauchiste-barbu-sectaire-et-végétarien.

Dans Deux siècles de rhétorique réactionnaire [1] Albert O. Hirschman attire notre attention« sur certains arguments-types que reprennent invariablement les tenants des (…) mouvements de réaction » [2].

En s’inspirant de cette démarche, et en nous appuyant sur un corpus de 10 articles parus entre le 28 juillet et le 17 août [3], nous avons identifié cinq arguments-types utilisés par les médias pour essayer d’enlever toute crédibilité à la candidature de Jeremy Corbyn.

1/ Jeremy Corbyn fait le jeu des conservateurs car avec lui à sa tête le Labour perdra les législatives de 2020.
On retrouve là la thèse de l’inanité détectée par Hirschman, thèse qui pose que « toute tentative de transformation de l’ordre social est vaine, que quoi qu’on entreprenne ça ne changera rien » [4].

  •  Le Huffington Post : « [Corbyn] sera incapable de mener son parti à la victoire dans cinq ans »
  •  Les Échos : «  ”Un leader de ce type n’a aucune chance de remporter les prochaines élections législatives”, tempère Pauline Schnapper. “Et les conservateurs se frottent les mains, car c’est évidemment dans leur intérêt que Jeremy Corbyn devienne le prochain leader travailliste.” »
  •  Le Monde : « un retour aux stratégies perdantes »
    « La seule conquête de la position de leader (qui serait certes un événement majeur et spectaculaire) ne saurait remettre en cause un quart de siècle de marginalisation des sensibilités socialistes et anti-impérialistes du parti »
  •  Le Point : « Des nombreuses surprises provoquées par l’émergence dans la course au leadership du parti travailliste britannique du candidat le plus à gauche, Jeremy Corbyn, la moindre n’aura pas été d’avoir enthousiasmé la droite britannique. Le dernier sondage, qui donne au député d’Islington (nord de Londres) une large avance sur ses adversaires, réjouit les conservateurs : quoi que fasse Corbyn à la tête du Labour, il leur fera gagner les prochaines élections prévues en 2020 ».
  •  L’Express : « D’autres s’inquiètent de voir la droite encourager Corbyn pour ruiner les chances des travaillistes aux prochaines élections. “Si vous voulez condamner le Labour à des années de traversée du désert, encourage le très conservateur Daily Telegraph, inscrivez-vous sur le site du parti travailliste pour la modique somme de trois livres afin de voter pour le ’camarade Corbyn’”  ».
    « Il serait incapable de faire régner la discipline parmi les frontbenchers (ténors du parti), et pourrait faire revivre aux travaillistes l’ère du dirigeant de l’aile gauche Michael Foot, au début des années 1980. Il avait permis à Margaret Thatcher de remporter un second mandat, en 1983, offert au Labour son plus mauvais score depuis 1945 et assuré la domination des conservateurs jusqu’en 1997 »
  •  Libération : «  ”Les autres candidats sont de second plan, pour être honnête aucun n’est vraiment inspirant”, estime Iain Begg, professeur de sciences politiques à la London School of Economics, tout en soulignant lui aussi que le Labour n’a aucune chance aux législatives de 2020 avec Corbyn à sa tête ».
  •  L’Opinion : « un pseudo-radicalisme, nouvel habit du conservatisme »

2/ La fin du Labour

Il s’agit de la thèse de la mise en péril également mise en évidence par Hirschman.

  •  Le Huffington Post citant une tribune de Tony Blair publié par The Guardian :
    « Tony Blair prédit “l’annihilation” du Labour »
    « … la “tragédie” que constituerait à ses yeux l’élection de Corbyn »
    «  ”Si Jeremy Corbyn l’emporte, cela ne signifiera pas une défaite comme en 1983 ou 2015. Cela entraînera une déroute, peut-être l’annihilation”, menace-t-il. Le parti travailliste, assure-t-il, “est en train de marcher les yeux fermés et les bras ouverts au bord du précipice” ».
    « … le Parti travailliste veut à tout prix éviter une nouvelle déconvenue électorale qui pourrait précipiter sa disparition »
  •  Le Monde : « les manœuvres d’électeurs de droite qui “votent Corbyn” pour tuer le Labour, comme le quotidien conservateur le Daily Telegraph les y encourage »
    « Avec M. Corbyn, “le danger est que le grand parti de gouvernement qu’est le Labour soit réduit à un simple groupe de pression”, estime Tristram Hunt, ministre de l’éducation du cabinet fantôme du Labour »
  •  L’Obs : « Pour Tony Blair, le Labour risque “l’anéantissement” s’il se choisit Jeremy Corbyn comme nouveau dirigeant ».

3/ Corbyn est un homme du passé…
… donc dépassé et sans intérêt, un has been vintage pour archéo-loosers.

  •  Le Huffington Post : « Yvette Cooper a résumé le programme de son adversaire (qui prévoit notamment la nationalisation des chemins de fer, la sortie du nucléaire et une relance de l’économie par l’Etat) à ”de vieilles solutions à de vieux problèmes”. »
  •  Le Monde : « M. Corbyn, 66 ans, député du quartier londonien d’Islington depuis plus de trente ans, considéré comme un dinosaure gauchiste par l’establishment du Labour »
    « … la mode du vintage »
  •  Slate.fr : « Cet étrange remake britannique du “tout sauf Ségolène” de 2006 s’accompagne de réminiscences des années 1980. Pour ses adversaires, Corbyn et ses vieilles recettes(retour de la propriété publique, taxation des plus riches, redistribution plus forte…)… »
  •  Le Point  : « son âge canonique détonne dans ce pays au personnel politique jeune »
    «  ”Corbyn est l’exemple même des radicaux londoniens des années 70 et 80, qui avaient conquis le vieux parti travailliste grâce à une plateforme écologique et de défense des droits de l’homme et à une vision internationaliste”, explique Tony Travers, professeur à la London School of Economics. »
  •  L’Express  : « Aux plus belles heures du blairisme, Jeremy Corbyn passait pour ungauchiste désuet mais guère dangereux. Hostile à la monarchie, défenseur des déshérités, proche du Sinn Fein nord-irlandais, ses idées semblaient vouées à rester aux oubliettes de l’histoire »
  •  Libération cite un professeur de sciences politiques à la London School of Economics : « Il a un discours qui date d’il y a 30 ans »

Dans L’Opinion le toujours jeune Éric Le Boucher nous offre une rétrospective de ses subtiles imprécations :
« La gauche anglaise tentée par le romantisme »
« il est gauche-archéo, Jeremy Corbyn »
« Que la gauche du pays le plus innovateur en matière politique depuis quatre décenniesplonge en arrière dans l’idéologie d’une extrême gauche type année 1970 a de quoi interloquer ».
« vieux modèle cubain qui rend l’âme »

« le socialisme archéo conduit tout simplement à l’inverse de ce qu’il prétend apporter : il débouche sur moins de social parce qu’il casse l’économie et affecte la croissance. [5] le radicalisme n’aboutit pas à plus de social mais à moins ».
« Le gauchisme, “maladie infantile du communisme”, disait Lénine en 1920 ».
« vétéran Corbyn, vieux routier des Communes »
« Les militants de gauche veulent entendre des beaux discours comme ceux d’autrefois »
« les discours archéo continuent de laisser croire qu’il suffit d’arrêter “le libéralisme” et “l’austérité” et de revenir aux Trente Glorieuses. Le radicalisme romantique encourage la fainéantise et réciproquement. »

4/ C’est à cela qu’on reconnaît le gauchiste Corbyn : il est fou, possédé par le diable, il mange les enfants et, en plus, il manque d’objectivité [6].
Frissons et sueurs froides garantis…

  •  Le Huffington Post : « Jeremy Corbyn, le “socialiste” made in UK qui terrorise le Parti travailliste de Tony Blair »
    «  ”Stéréotype du gauchiste nord-londonien”, selon l’hebdomadaire de gauche New Statesman  »
    « une personnalité jugée trop à gauche »
    « ce “socialiste” (un gros mot en Grande-Bretagne) »

    « sa “face cachée” »
  •  Les Échos : « ce barbu à l’air un rien austère »
    « celui qui se déclare fièrement “socialiste” et assure qu’il y a ”beaucoup de choses à apprendre” de Karl Marx ». 
    « a tout d’un épouvantail pour l’establishment britannique »
    « Jeremy Corbyn profite par ailleurs d’un soutien de poids : celui des centrales syndicales Unison et Unite (…) dont l’image est très dégradée dans l’opinion publique ».
  •  Le Monde : « l’un des rares députés à s’affirmer “socialiste” dans un pays où ce mot équivaut à un chiffon rouge  »
    « De Karl Marx, il y a ”beaucoup de choses à apprendre”, a-t-il affirmé, faisant frissonnerl’auditoire de la BBC ».
  •  Le Point : « Jeremy Corbyn, le dynamiteur du Labour »
    « ses convictions ultra »
    « En 1983, en pleine déroute travailliste face à Thatcher, il est élu député d’Islington, unecirconscription “rouge” du centre de Londres ».
    « Ce croisé de l’enseignement public » 

    « ce rebelle dans l’âme »
    « son discours gauchisant » 
    « Sectaire et sûr de son bon droit, le favori à la direction du Labour n’a pas coutume de faire dans la dentelle »
  •  L’Express : « Jeremy Corbyn, le “gauchiste” dont la popularité affole le parti travailliste »
    « D’aucuns, tel le Daily Mail, ont vu dans la progression du candidat de gauche une tentative d’infiltration menée par des taupes d’extrême gauche  » 
    « Jeremy Corbyn a toujours agacé les centristes du Labour par son soutien à toutes les causes “de gauche” »
  •  Libération : « ses idées jugées extrémistes »
    «  ”Stéréotype du gauchiste nord-londonien”, selon l’hebdomadaire de gauche New Statesman »
  •  L’Obs : « cet admirateur de Karl Marx est partisan de nationalisations, d’une hausse des dépenses publiques et d’un alourdissement de la fiscalité sur les entreprises et les plus fortunés »

5/ Corbyn est-il un farfelu végétarien ou un cycliste excentrique ?

Moquer le style (de vie) de Jeremy Corbin est un moyen de jeter la suspicion, par une forme d’effet de contamination, sur ses propositions politiques.

  •  Le Huffington Post : « il est végétarien, ne boit pas d’alcool, cultive son propre jardin et se déplace à vélo. Allergique aux cravates, celui-ci reconnait même avoir divorcé de la deuxième de ses trois épouses parce qu’elle voulait envoyer leurs enfants dans une école privée »
  •  Courrier International : « le Sunday Times, édition dominicale du Times, lui reconnait des qualités d’orateur certaines et ironise : ”Même des hommes plus âgés et parfaitement hétérosexuels, ont l’air amoureux de lui”  »
  •  Le Monde : « Ascétique, végétarien, refusant de boire de l’alcool et de posséder une voiture, il est perçu comme la caricature des intellectuels de gauche du nord de Londres »
    « Dénué de charisme »
  •  Le Point : « Sa personnalité bohème »
    « En dehors de la politique, la seule distraction de ce végétarien pur et dur à l’allure bohème est la confection de confitures. Mais il n’a rien de l’écolo d’Épinal tel qu’on l’imagine généralement ».
  •  L’Express : « Corbyn ne s’était fait remarquer qu’à deux reprises, rappelle le Daily Telegraph  : en 1999, lorsqu’il s’est séparé de son épouse qui avait envoyé leur fils dans le privé contre son voeu, et en 2002 lorsqu’il a revêtu une veste rouge à l’occasion de l’hommage à la défunte reine mère à la chambre des Communes. »
    « ce végétarien qui circule dans Londres en vélo – il n’a pas de voiture – »
  •  Libération : « il est végétarien, ne boit pas d’alcool, cultive son propre jardin et se déplace à vélo. La légende veut qu’il ait divorcé de la deuxième de ses trois épouses car elle voulait envoyer leurs enfants dans une école privée et pas publique ».
  •  L’Opinion : « il roule à vélo, il porte des chemises froissées »

***
Qu’ils s’expriment directement ou qu’ils se réfugient derrière les propos d’ « experts » ou de « spécialistes » soigneusement choisis, les auteurs des articles étudiés ont donc à leur disposition une série d’arguments-types qu’ils peuvent mobiliser (et combiner entre eux ) plus ou moins intensément et durablement selon le rédacteur de l’article (il y a ainsi un gouffre entre les vitupérations d’Eric Le Boucher dans L’Opinion et l’article nettement plus analytique de Fabien Escalona sur Slate.fr [7]), le type de public visé et l’effet recherché.

La candidature de Jeremy Corbyn à la tête du Labour est l’occasion de voir les médias dominants de tous bords prendre très rapidement toutes les armes discursives sauf une : l’heure n’est plus à la promotion de la culture du débat.

Denis Souchon

Post-Scriptum : Corbyn, tueur d’enfants ?
Et que dire de cette une de Libération qui, pas très subtilement, dresse un parallèle entre les « griffes » de Corbyn et celles de Freddy Krueger, personnage de fiction qui attaque (et tue) les enfants dans leurs rêves ?

Nous n’en dirons rien.

Source: http://www.les-crises.fr/vous-allez-adorer-hair-jeremy-corbyn-candidat-a-la-direction-du-labour/


Miscellanées du mercredi (Béchade, Sapir, Villepin)

Wednesday 9 September 2015 at 00:59

I. Philippe Béchade

La minute de Béchade : L’incroyable volatilité du pétrole

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): “On est dans des marchés dont les repères sont en train de voler en éclats” – 02/09

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): Comment se porte l’économie américaine ? – 02/09

II. Jacques Sapir

La minute de Sapir: “L’accueil des migrants va coûter à l’Allemagne”

Les points sur les “i”: Jacques Sapir: Les importations chinoises ont poursuivi leur dégradation en août – 08/09

III. Villepin


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

(ok)

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-09-09-2015/


Fidèle à son infidélité : Hollande nomme le DG de BNP à la Banque de France, chargée de contrôler BNP

Tuesday 8 September 2015 at 21:45

On appréciera l’habituel esprit critique du Monde

Je positive : je connaitrai donc un (bref) moment de joie intense en avril, dans cette triste année 2017…

« La femme de César ne doit pas être soupçonnée »

Source: http://www.les-crises.fr/fidele-a-son-infidelite-hollande-nomme-le-dg-de-bnp-a-la-banque-de-france/


[AFP] “Svoboda, un parti d’extrême-droite rodé aux affrontements”

Tuesday 8 September 2015 at 00:11

Je vous avoue que j’attendais ce moment depuis un an et demi.

Vu la personnalité de Svoboda, j’attendais le moment où nos médias finiraient par cracher la vérité, en reprenant en gros ce que nous disons sur ce blog depuis le début.

Eh bien c’est fait – et de quelle manière avec LCI TF1  ici (qui fait un copier coller d’une dépêche AFP). Bon, il faut encore décrypter, mais c’est un bon début…

Ce qui démontre que nos médias sont capables de dire la vérité – mais uniquement quand elle arrange le gouvernement – bref, c’est Chomsky de base. CQFD

“Dans une société bien huilée, on ne dit pas ce que l’on sait, on dit ce qui est utile au pouvoir”  [Noam Chomsky]

Source : Alexandre Decroix, pour LCI/TF1, le 31 août 2015.

Mis en cause dans les violences de lundi devant le Parlement à Kiev, le parti Svoboda est un mouvement d’extrême droite autrefois connu pour son antisémitisme avant de s’illustrer dans les protestations du Maïdan et les combats contre les séparatistes prorusses.

Parmi les centaines de manifestants réunis devant le Parlement, les membres de Svoboda étaient de loin les plus nombreux. Tous étaient là pour protester contre le projet controversé de révision constitutionnelle visant à octroyer davantage d’autonomie à l’Est rebelle prorusse, une trahison à leur yeux parce que synonyme d’abandon de la souveraineté de Kiev sur une partie des régions orientales industrielles.

Après les affrontements qui ont fait un mort et une centaine de blessés, le ministre de l’Intérieur Arsen Avakov a immédiatement mis en cause Svoboda. Selon lui, l’homme qui a jeté une grenade de combat en direction des forces de l’ordre et des journalistes a ainsi avoué après son arrestation être un militant de ce parti nationaliste et un volontaire du bataillon Sitch, qui participe aux combats contre les rebelles prorusses dans l’Est.

Créé l’an dernier après le début du conflit armé avec les séparatistes, ce bataillon est composé de volontaires de Svoboda. Il a ensuite été intégré aux forces du ministère de l’Intérieur. Oleg Tiagnybok, chef incontesté de Svoboda, diplômé en chirurgie et en droit et qui s’est illustré dans le passé par des propos antisémites, a pour sa part rejeté ces accusations et fustigé une “provocation organisée par le pouvoir”.

Selon des photos diffusées sur les réseaux sociaux, plusieurs manifestants ont toutefois passé à tabac un membre des forces de l’ordre devant M. Tiagnybok, qui a observé la scène sans intervenir. Des journalistes de l’AFP présents sur place n’ont par ailleurs vu aucun protestataire blessé, même si une trentaine d’entre eux ont été interpellés par la police.

Un mouvement clé du Maïdan

Créé en 1991 sous le nom de “Parti social-national”, avant de devenir Svoboda (Liberté en ukrainien et en russe) en 2004, ce parti revendique 20.000 membres et s’est engagé dans la bataille contre les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine ces seize derniers mois. Dix-neuf de ses membres ont été tués dans les combats, selon son site internet officiel.

Le mouvement, bête noire de Moscou qui qualifie ses militants de “fascistes”, avait déjà pris début 2014 une part active dans les protestations pro-européennes du Maïdan, qui avaient débouché sur le renversement du régime prorusse après une sanglante répression.

Bien entendu, on ne parlera pas des enquêtes occidentales (pas françaises, évidemment, pas de danger) montant qu’une partie des morts a été causée par des manipulateurs, et que la “sanglante répression” a aussi fait officiellement 1 130 polciiers blessés, dont 200 par balle dont 17 morts. 

Svoboda y avait perdu 16 de ses militants, nombre record parmi tous les mouvements politiques impliqués dans la contestation. Un des dirigeants du Parti, qui était vice-président du Parlement à l’époque, avait été filmé par des journalistes en train d’aider à porter des brancards sur lesquels étaient allongés des protestataires blessés au plus fort de la tuerie.

Populaire essentiellement dans l’ouest nationaliste, cette formation n’a réussi à entrer au Parlement ukrainien qu’une seule fois en obtenant 10% des voix aux législatives de 2012 quand beaucoup ont vu dans ce parti un moteur de la résistance au régime prorusse. Des députés de Svoboda n’hésitaient pas alors souvent à en venir aux mains avec leurs collègues prorusses dans l’hémicycle même.

À la faveur du Maïdan, des membres de Svoboda ont obtenu divers postes ministériels dans le gouvernement de transition qui a suivi la fuite du président Viktor Ianoukovitch

LOh, pas grand chose, juste le Vice Premier-Ministre, la Défense, l’Éducation, l’Agriculture, la Jeunesse, l’Écologie… Ah donc, on a une belle révolution démocratique qui met donc des ministres d’extrême-droite au gouvernement, d’un parti avec un leader antisémite et anti-Russes, et pas un seul représentant des russophones de l’Est. Merci, je n’avais pas bien entendu en 2014. Bon, il est vrai que ce genre d’attitude peut évidemment avoir des conséquences graves dans certaines région du pays, mais bon…

, puis l’ont progressivement quitté avant et après leur défaite aux élections législatives d’octobre 2014.

Battus quand même par d’autres nationalistes, hein… Mais pour savoir ça, il faudra attendre 2018…

Le parti nationaliste avait également un temps obtenu la direction du Parquet ukrainien, chargé notamment d’enquêter sur les morts survenues pendant la contestation pro-européenne.

Enquête qui a été menée de main de maitre, comme on se rappelle, toutes les pièces ayant disparu…

Malgré une montée de patriotisme en Ukraine depuis la chute du régime prorusse et le déclenchement du conflit avec les séparatistes, Svoboda n’a obtenu que 4,7% aux législatives de 2014 et ne compte actuellement que deux parlementaires élus à titre individuel. Ce parti a cherché à se rendre respectable après des années marquées par de nombreuses déclarations antisémites.

En 2004, le chef de Svoboda avait été exclu d’un groupe parlementaire plus modéré après avoir évoqué dans un discours public la lutte de l’Armée insurrectionnelle d’Ukraine (UPA) “contre les russkofs, les Allemands, les youpins et autres canailles”.

Le passé et le passif de l’UPA pendant la Deuxième Guerre mondiale est une question controversée en Ukraine, les uns la considérant comme un mouvement armé antisoviétique au sens où elle se battait pour l’indépendance de l’Ukraine, les autres leur rétorquant qu’elle a collaboré avec les nazis.

Et aussi qu’elle a un peu massacré 80 000 civils Polonais, mais on c’est un petit “point de détail” de la seconde guerre mondiale, non ? Mais il est vrai que l’humanité des Russes et d’autres sous-hommes est assez controversée en Ukraine…

Svoboda a en outre maintes fois protesté contre l’organisation de gay prides en Ukraine.

On les voit en effet protester ici contre les homosexuels :

Une vieille habitude, comme quand ils furent “réprimés” par la police Ukrainienne (enfin, je crois) :

Et à l’automne 2011, le parti avait organisé un défilé contre l’arrivée massive de juifs hassidiques (ultra-orthodoxes), qui effectuent chaque année en Ukraine un pèlerinage sur la tombe d’un célèbre rabbin.

Son programme prévoit toujours l’interdiction des avortements, sauf pour raison médicale ou grossesse due à un viol, ainsi que la nationalisation des entreprises “stratégiques”.

Il prévoit d’autres trucs pas mal, le mieux étant quand même les armes nucléaires, mais bon…

* * *
Mais comme l’a dit Laurent Fabius le 11 mars :

“Le parti Svoboda est un parti plus à droite que les autres, [mais il n'est pas] d’extrême droite” [Laurent Fabius, 11 mars 2014, France Inter]

Fabius (à droite), face à l’antisémite d’extrême-droite donc (à gauche) :

Source: http://www.les-crises.fr/lci-tf-svoboda-un-parti-dextreme-droite-rode-aux-affrontements/