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[28 pages] 3e vidéo : Les réactions politiques aux révélations de 60 Minutes

Monday 2 May 2016 at 02:37

Suite de notre grande série sur les 28 pages – rappel :

Évidemment, la tempête créée par l’émission 60 Minutes n’allait pas cesser avec l’émission…

Surtout avec le chantage saoudien à 750 milliards

Observez quelques réactions dans cette vidéo, principalement de Bob Graham, leader de ce combat pour la Vérité… Rappelons que c’est l’ancien gouverneur de Floride (l’équivalent du Président de la France dans l’UE donc), puis Sénateur ayant présidé la Commission sénatoriale du Renseignement, et ayant Présidé la Commission d’enquête parlementaire sur le 11 Septembre…

I. La 3e Vidéo

II. Le script de la vidéo

Voici le script de la vidéo

« Bob Graham, 11 avril 2016 » (source : YouTube)

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De 2’30 à 5’22

Bob Graham : « Il a été dit publiquement que ces 28 pages traitent des personnes qui ont financé le 11 Septembre, et pointent du doigt l’Arabie saoudite. »

Journaliste : « Quand vous lisez cette phrase du rapport de la Commission d’enquête sur le 11 Septembre : “Nous n’avons trouvé aucune preuve que le gouvernement saoudien en tant qu’institution, ou de hauts responsables saoudiens aient financé individuellement l’organisation », ne vous dites-vous pas qu’il y a de gros trous, comme des responsables saoudiens moins hauts placés, ou le gouvernement n’agissant pas en tant qu’institution ? »

Bob Graham : « Une autre chose qui rend ceci encore plus confus est que le concept d’immunité souveraine ne concerne pas que le roi, qu’on ne pourrait pas attaquer s’il faisait quelque chose de mal. L’Arabie saoudite l’a aussi utilisé concernant les organisations de charité, les fondations privées, les organisations religieuses, qui ont toutes été mises sous le parapluie de l’immunité souveraine. Ainsi, le fait de savoir où cesse le gouvernement et où commence la société saoudienne est très vaseux. »

Journaliste : « Ceci explique leurs motivations pour essayer d’obscurcir les faits, mais quelles sont les nôtres ? Pourquoi les Etats-Unis ne déclassifient-ils pas ces informations pour nous permettre de connaitre la vérité, que nos alliés étaient en fait derrière ces attaques ? »

Bob Graham : « Megan, c’est pour moi inexplicable. Il y a des raisons qui permettent de comprendre pourquoi sous l’administration Bush, on aurait voulu empêcher la publication, comme le fait qu’on avait besoin de beaucoup de renseignements et d’assistance de la part de l’Arabie saoudite après le 11 Septembre, ou que la famille Bush avait de proches relations avec la maison des Saoud depuis trois générations. Mais pourquoi l’administration Obama a-t-elle continué cette politique alors qu’il y a désormais de nombreuses preuves, et pas seulement ces 28 pages mais aussi d’autres éléments, qui impliquent les Saoudiens dans le 11 Septembre ?

Pour moi, ceci n’est pas seulement irrespectueux envers le peuple américain, qui n’est pas autorisé à disposer de la transparence sur ce qu’a fait son gouvernement en son nom, alors qu’il n’y a aucun risque de sécurité nationale. C’est aussi que j’estime que cela augmente notre vulnérabilité, parce que cela permet aux Saoudiens, qui constatent l’absence de sanctions envers eux, de continuer à financer des activités terroristes, et d’entraîner la prochaine génération de terroristes dans des mosquées et des écoles madrasas qui sont toutes financées par l’Arabie saoudite. »


« Bob Graham, 13 avril 2016 » (source : NewsMax)

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De 0:55 à 1’42

Bob Graham : « En fin de compte, je pense que les Saoudiens, compte tenu de ce qu’ils savent qu’ils ont fait le 11 Septembre, ont interprété le message de l’absence de réaction des États-Unis comme une forme d’impunité : « Nous pouvons faire tout ce que nous voulons, les Américains ne nous sanctionneront jamais ». Cela les a encouragés à continuer de soutenir ces organisations extrémistes : les madrasas, qui enseignent l’intolérance et la haine, les imams et les mosquées, qui prêchent afin d’inciter les adultes à s’engager dans le djihad, et des organisations comme ISIS (Daech) et al-Qaïda.

Journaliste : « [PAS DE RÉACTION AUX PROPOS SUR DAECH !] Une autre raison pour l’intérêt autour de tout ceci est… »

De 2’33 à 2’56

Bob Graham : « Je crois que les Saoudiens ont été au cœur du réseau qui a soutenu les 19 pirates du 11 Septembre. Pour moi, il est hautement impossible de croire que 19 personnes dont la plupart ne parlaient pas anglais, dont la plupart ne s’étaient jamais rendues aux États-Unis avant, aient pu réaliser un complot aussi compliqué sans assistance externe. »

De 3’30 à 4’22

Bob Graham : « Le FBI a réalisé une enquête avec les forces de polices locales sur cette famille (de Sarasota) après le 11 Septembre, et ils ont écrit un rapport. Le FBI a ainsi publiquement déclaré au peuple américain que ce rapport constituait une enquête complète et définitive, qui traitait de tout. Sa conclusion était qu’il n’y avait aucun lien entre cette famille et les pirates de l’air.

Mais tous les éléments qui ont été mis à la disposition des Commissions d’enquête sur le 11 Septembre ont montré qu’aucune de ces trois déclarations n’était vraie. Et pourtant, les preuves de tout ceci se trouvaient dans les documents que le FBI détenait et refusait de rendre publics pour le peuple américain. »


« Le 16 avril, le New York Times publie une révélation fracassante : – les Saoudiens menacent désormais les États-Unis » (source : NY Times)

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« L’Arabie saoudite a indiqué à l’administration Obama et aux membres du Congrès qu’elle vendra des centaines de milliards de dollars d’actifs américains détenus par le royaume si le Congrès adopte un projet de loi qui permettrait au gouvernement saoudien d’être poursuivi devant les tribunaux américains pour tout rôle joué dans les attaques du 11 Septembre 2001. […]

Adel al-Jubeir, le ministre saoudien des Affaires étrangères, a personnellement transmis le message du royaume le mois dernier lors d’un voyage à Washington, en indiquant aux parlementaires que l’Arabie saoudite serait contrainte de vendre jusqu’à 750 milliards de dollars en titres du Trésor et d’autres actifs aux États-Unis avant qu’ils ne soient mis en danger d’être gelés par les tribunaux américains. »


« Le New York Daily News est un des plus importants journaux quotidiens américains, avec un tirage supérieur à 700 000 exemplaires. Le Daily suit généralement une ligne éditoriale modérée. »

Le 17 avril 2016, il réagit à la menace saoudienne avec un titre peu tendre : « ORDURE ROYALE ! »

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« Les familles du 11/09 scandalisées par le chantage à 750 milliards de l’Arabie saoudite »

Pour aller plus loin : Vu des Etats-Unis : Riyad menace de provoquer l’effondrement de l’économie américaine (Courrier International).


« Le même jour sur CNN » (source : CNN)

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De 0’05 à la fin

Journaliste : « Mais jusqu’à la publication de ces pages, et à une transparence totale sur ce qui est arrivé, les paroles ne sont qu’une promesse vide faite aux victimes du 11 Septembre et à leurs familles.

Je suis maintenant rejoint par un acteur clé de cette controverse, Bob Graham, l’ancien gouverneur de Floride ; il a présidé la commission sénatoriale du renseignement, et coprésidé la commission d’enquête parlementaire sur le 11/09. Pourriez-vous réagir à la nouvelle de cette menace saoudienne ? »

Bob Graham : « Michael, je suis furieux, mais pas surpris. Les Saoudiens savent ce qu’ils ont fait le 11 Septembre, et ils savaient que nous savions ce qu’ils avaient fait au moins aux plus hauts niveaux du gouvernement américain. Et ils agissent ainsi parce que nous n’avons eu aucune réaction à leur complicité dans le meurtre de 3 000 Américains. Avec un sentiment d’impunité, leur laissant penser qu’ils pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient sans sanctions. Et maintenant cette impunité s’est étendue à leurs tentatives de lobbying aux plus hauts niveaux de la Maison-Blanche et du Congrès pour empêcher leur passage devant les tribunaux dans le but de savoir s’ils étaient des co-conspirateurs – c’est scandaleux ! »

Journaliste : « Complicité, est un mot terriblement fort dans votre bouche. Mais pourquoi diable l’administration Obama est-elle en train de réaliser un lobbying pour soutenir les Saoudiens dans cette controverse ? »

Bob Graham : « Je ne peux pas répondre à cette question. J’estime qu’elle doit être posée. J’espère que cette révélation, ainsi que celle que nous avons eue plus tôt cette semaine, comme quoi le gouvernement était en train de terminer l’analyse de la possibilité de déclassifier les 28 pages, finira par motiver l’administration à changer de politique, et qu’elle dise que son premier devoir est de protéger les citoyens des États-Unis, et dans ce cas précis, les citoyens qui ont subi les pertes bouleversantes du 11/09, et pour lesquelles ils n’ont reçu aucune justice. »


« Le 11 avril 2016, réaction de Josh Earnest, Porte-parole de la Maison-Blanche » (source : YouTube)

De 46’25 à 46’54

Journaliste : « Est-ce que le Président soutient la publication de ces pages ? »

Josh Earnest : « Je ne sais pas si le Président a lu ces 28 pages. Je peux vous dire que le Président soutient fermement le fait d’être le plus transparent possible, mais il pense aussi que les responsables de la Sécurité nationale ont aussi un important rôle à jouer pour s’assurer que les secrets soient protégés si c’est nécessaire. Je ne sais donc pas si le Président a émis une opinion sur ce cas particulier, mais nous pouvons vérifier ceci.»


« Le 12 avril 2016… » (source : YouTube)

De 27’04 à 27’11

Journaliste : « À quel point le Président s’intéresse-t-il à la déclassification de ces 28 pages du rapport conjoint sur le 11 Septembre ? »

De 28’09 à 28’12

Josh Earnest : « Je ne peux pas vous dire si le Président a ou n’a pas lu ces 28 pages… »

De 28’30 à 28’53

Journaliste : « Vous avez dit que vous ne pouviez pas me dire s’il les avait lues. Lui a-t-on demandé ? Lui avez-vous demandé en personne ? Y a-t-il jeté un coup d’oeil ? Cela fait la Une actuellement… Il est pourtant inlassablement curieux. J’imagine qu’il y a accès, donc il les a probablement vues, non ? »

Josh Earnest : « Je… – Je ne sais pas s’il l’a fait ou non…

Vous n’avez pas eu l’occasion de lui demander ?

Je ne lui ai rien demandé à propos de ceci. »

Journaliste : « J’apprécierais si vous aviez l’occasion, j’aimerais vraiment savoir… »

Josh Earnest : « J’ai une longue liste de questions pour lui aujourd’hui… (Rires) »


« Le 14 avril 2016… » (source : YouTube)

De 45’16 à 45’40

Journaliste : « Sur votre liste, vous aviez les 28 pages du rapport sur le 11 Septembre – vous avez dit dans les deux derniers jours que vous n’aviez jamais demandé au Président s’il avait lu ou demandé à lire ces pages. Vous êtes-vous depuis lors renseigné sur ceci ? »

Josh Earnest : « Je n’en ai pas parlé avec lui. »

Journaliste : « Allez-vous le faire, ou y a-t-il des raisons pour que vous ne le fassiez pas ? »

Josh Earnest : « Je vais voir si je peux obtenir plus d’informations là-dessus. Cela n’a simplement pas fait partie des choses dont j’ai parlé avec lui. »


« Le 18 avril 2016… » (source : YouTube)

De 20’25 à 20’40

Journaliste : « Reparlons des 28 pages du rapport sur le 11 Septembre. Vous avez dit la semaine passée que vous vous renseigneriez afin de savoir si le Président avait lu ces pages. Je me demande si vous avez pu obtenir une réponse, et s’il soutient la publication de ces pages ? »

Josh Earnest : « Je ne sais pas s’il a lu ces pages ou non. »

De 21’10 à 23’30

Journaliste : « Quelle est votre réponse aux familles du 11 Septembre qui estiment que, en s’opposant au projet de loi Schumer-Cornyn [pour poursuivre des États terroristes], l’administration se range aux côtés de l’Arabie saoudite et non pas des victimes ? »

Josh Earnest : « Eh bien, nos préoccupations au sujet de cette loi ne sont pas liées à son impact sur notre relation avec un pays en particulier. En fait, notre préoccupation concerne un principe important du droit international. La notion d’immunité souveraine est en jeu et ceci fait partie des choses qui ont des conséquences plus importantes pour les États-Unis que pour tout autre pays.

La préoccupation que nous avons est simplement ceci : cela pourrait soumettre les États-Unis et nos contribuables et les membres de nos services et nos diplomates à des risques importants si d’autres pays devaient adopter une loi similaire. Permettez-moi de vous donner un exemple. De toute évidence, les États-Unis sont impliqués chaque jour dans une grande variété d’opérations de secours humanitaires dans plusieurs pays à travers le monde.

Si certaines personnes étaient mécontentes de la façon dont les opérations de secours humanitaires ont été menées, vous pouvez imaginer que quelqu’un dans un pays lointain pourrait déposer une plainte contre les États-Unis pour nos opérations de secours humanitaires.

Cela, encore une fois, pourrait mettre les États-Unis et nos contribuables en risque. Cela pourrait aussi mettre en risque les membres individuels des services américains qui sont aussi souvent impliqués dans ces opérations humanitaires à risque. Voilà pourquoi ce principe de l’immunité souveraine est d’une importance cruciale. Il permet aux pays de résoudre leurs différends par la voie diplomatique et non par les tribunaux dans un ou l’autre pays.

Nous continuons à croire que les préoccupations que nous avons avec l’Arabie saoudite peuvent être traitées par la voie diplomatique. Bien sûr, ils sont un important partenaire de lutte contre le terrorisme aux États-Unis.

Il y a plusieurs domaines dans lesquels nous travaillons en étroite collaboration – d’essayer de résoudre la situation en Syrie jusqu’à affaiblir et finalement détruire Daech, de la lutte contre al-Qaïda au Yémen à la lutte contre les actions malveillantes de l’Iran dans la région. Ce sont tous les domaines où les États-Unis et l’Arabie saoudite travaillent efficacement ensemble d’une manière qui fait avancer nos intérêts communs. »

Petit aparté : « Opérations humanitaires américaines “à risque” ? »

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Vietnam : Petite fille brulée au napalm

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Bombe en Afghanistan

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Hôpital de Kunduz, Afghanistan

Images de torture en Irak

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De 28’41 à 30’06

Josh Earnest : « Et depuis le 11 Septembre, nous avons vu une sincère préoccupation de la part des Saoudiens à lutter contre ceux qui cherchent à propager des idéologies extrémistes. Nous reconnaissons, et désormais, les Saoudiens le reconnaissent aussi, à quel point elles sont dangereuses. Et les États-Unis et l’Arabie saoudite travaillent maintenant ensemble pour contrer ceux qui cherchent à faire progresser ces idéologies. Et nous le faisons d’une manière qui démontre la capacité de nos deux nations à coopérer, en particulier sur les questions qui sont importantes pour la sécurité nationale des citoyens de nos deux pays. »

Journaliste : « Les Saoudiens ont menacé de vendre des centaines de milliards d’actifs américains si la loi était adoptée. Est-ce que le Président va répondre à ceci ? »

Josh Earnest : « Je ne sais pas si que cette question va venir dans leurs réunions, en partie parce que je suis convaincu que les Saoudiens reconnaissent, tout autant que nous le faisons, notre intérêt commun à préserver la stabilité du système financier international. »

Journaliste : « Mais l’administration – je veux dire, quelle est la réponse à cette menace ? »

Josh Earnest : « Eh bien, encore une fois, je me sens confiant en vous disant que les Saoudiens reconnaissent l’intérêt commun que les États-Unis et l’Arabie saoudite ont à protéger la stabilité du système financier international. »

Journaliste : « L’administration ne prend pas en compte cette menace ? »

Josh Earnest : « Je pense que j’ai été assez clair en répondant à votre question. »

De 27’22 à 27’47

Journaliste : « Je souhaiterais revenir à l’Arabie saoudite. Est-ce que le Président posera son veto à la loi permettant aux proches des victimes du 11 Septembre qui poursuivraient le gouvernement saoudien ou d’autres entités étrangères qui seraient directement impliquées dans les attaques du 11 Septembre ? »

Josh Earnest : « Eh bien, Suzanne, étant donné la longue liste des préoccupations que j’ai exprimées à propos du recul de ce principe fondamental du droit international, il est difficile d’imaginer un scénario dans lequel le Président signerait le projet de loi tel qu’il est actuellement rédigé. »

Sources officielles : Maison Blanche, 11/04, Maison Blanche, 12/04, Maison Blanche, 14/04, Maison Blanche, 18/04.


« Le 18 avril 2016, Obama réagit à la polémique sur les 28 pages » (source : CBS News)

De 01’40 à 3’40

Journaliste : « Venons-en à un sujet qui est actuellement dans les nouvelles, les 28 pages du rapport sur le 11 Septembre. Les avez-vous lues ? »

Barack Obama : « Vous savez, j’ai une idée de ce qu’il y a dedans. Mais la déclassification est un processus que nous menons en général avec la communauté du renseignement et Jim Clapper, notre Directeur du renseignement national, est en train de s’en occuper pour s’assurer qu’un élément publié ne va pas compromettre un important intérêt de sécurité nationale des États-Unis.

Il y a des tonnes d’informations qui apparaissent constamment. Certaines d’entre elles sont brutes et non vérifiées. Certains d’entre elles sont… »

Journaliste : « Et certaines peuvent être dans les 28 pages…. »

Barack Obama : « Et une partie d’elles peuvent être dans les 28 pages. Je n’en sais rien. Mais le point est qu’il est important qu’il y ait un processus ordonné où nous évaluons cela, parce que ce qui peut finir par arriver est que vous déversiez sur le public tout un tas de choses dont personne ne sait à quel point elles sont crédibles, si elles ont été vérifiées ou non, et que cela finisse par créer des problèmes. »

Journaliste : « Mais le souci, c’est que cela dure depuis longtemps ! »

Barack Obama : « Eh oui. »

Journaliste : « Depuis très longtemps ! »

Barack Obama : « Ce que je reconnais, et nous espérons que ce processus va désormais aboutir assez rapidement. »

Journaliste : « Et que pensez-vous de ce projet de loi au Congrès qui va permettre aux familles de poursuivre le gouvernement saoudien [pour terrorisme] et d’autres gouvernements dans d’autres circonstances ? »

Barack Obama : « Exactement. J’y suis opposé à cause de cette deuxième partie de votre phrase, et que ce n’est pas seulement une question bilatérale États-Unis – Arabie saoudite. Cela concerne la façon générale dont les États-Unis gèrent leurs interactions avec d’autres pays. Si nous accordons la possibilité que les particuliers et les États-Unis puissent commencer à systématiquement poursuivre d’autres gouvernements, nous ouvrons alors la voie à ce que les États-Unis puissent être continuellement poursuivis par des particuliers dans d’autres pays. »


Le meilleur pour la fin :

« Après les attentats de janvier 2015, le sénateur Bob Graham avait souhaité prévenir les Français dans le Figaro, le 2 février 2015 » (source : Le Figaro)

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Bob Graham : « Ce rapport montre la participation directe du gouvernement saoudien dans le financement du 11 Septembre. Nous savons au moins que plusieurs des 19 kamikazes ont reçu le soutien financier de plusieurs entités saoudiennes, y compris du gouvernement. Le fait de savoir si les autres ont été soutenus aussi par l’Arabie saoudite n’est pas clair, car cette information a été cachée au peuple américain. On nous dit que cela ne peut être fait pour des raisons de sécurité nationale, mais c’est exactement le contraire.

Publier est important précisément pour notre sécurité nationale. Les Saoudiens savent ce qu’ils ont fait, ils savent que nous savons. La vraie question est la manière dont ils interprètent notre réponse. Pour moi, nous avons montré que quoi qu’ils fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir al-Qaida, puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’État islamique.

C’est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d’extrémisme qui a frappé Paris. »

« Georges W. Bush annonce la fin des opérations spéciales en Irak » (source : YouTube)

De 11’45 à 12’48

Georges W. Bush : « La libération de l’Irak est une avancée cruciale dans la campagne contre le terrorisme. Nous avons supprimé un allié d’al-Qaïda et coupé une source de financement du terrorisme. Et une chose est certaine : aucun réseau terroriste n’obtiendra d’armes de destruction massive du régime irakien, parce que le régime a disparu. »

De 13’37 à 14’58

Georges W. Bush : « Notre guerre contre le terrorisme se poursuit selon les principes que j’ai clairement énoncés à tous. Toute personne impliquée dans la perpétration ou la planification d’attaques terroristes contre le peuple américain devient un ennemi de ce pays et une cible de la justice américaine. Toute personne, organisation ou gouvernement qui soutient, protège ou abrite des terroristes est complice de l’assassinat d’innocents et tout aussi coupables des crimes terroristes. Tout régime criminel qui a des liens avec des groupes terroristes et cherche ou possède des armes de destruction massive est un grave danger pour le monde civilisé et aura affaire à nous. »


« Georges W. Bush : Mission accomplished » (source : YouTube)

De 0’36 à 0’39


« John Guandolo, ancien agent du FBI ayant travaillé sur le 11-Septembre et sur des dossiers liés à al-Qaïda »

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« L’ambassadeur saoudien Bandar finança deux des pirates de l’air du 11 Septembre à travers un tiers. Il devrait être traité comme un suspect terroriste, tout comme le devraient être d’autres membres de l’élite saoudienne, dont le gouvernement américain sait qu’ils financent actuellement le jihad mondial. »


« Le 13 septembre 2001, le Prince Bandar est reçu sur le balcon Truman de la Maison-Blanche par George W. Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice – probablement pour aider des Saoudiens à fuir les États-Unis… »

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« Farenheit 911 » (source : Vimeo)

De 20’05 à 20’38
De 21’05 à 21’29
De 22’53 à 23’00


« Le danger, ce n’est pas ce qu’on ignore, c’est ce que l’on tient pour certain et qui ne l’est pas. » [Mark Twain]

« Tout chef sera un détestable tyran si on le laisse faire. » [Émile-Auguste Chartier dit Alain].

« On avait parfaitement compris, longtemps avant George Orwell, qu’il fallait réprimer la mémoire. Et pas seulement la mémoire, mais aussi la conscience de ce qui se passe sous nos yeux, car, si la population comprend ce qu’on est en train de faire en son nom, il est probable qu’elle ne le permettra pas. C’est la raison principale de la propagande. » [Noam Chomsky]

Source: http://www.les-crises.fr/3e-video-les-reactions-aux-revelations-de-60-minutes/


[À tous les naïfs du vote blanc] Karine Daniel, une star est née ! (ou pas, car avec 7 % des citoyens…)

Monday 2 May 2016 at 00:01

J’ai écrit ce billet en réaction aux débats du week-end sur le blog sur Nuit Debout, dont une partie a tourné autour du vote blanc, façon : “Quand les résultats crouleront sous la montagne de votes blancs, nos élus devront bien ouvrir un débat sur la démocratie et leur légitimité

Je ne partage pas du tout cette vision.

Analysons ainsi l’élection législative partielle de la 3e circonscription de Loire-Atlantique, de la semaine dernière.

Ayrault ayant été nommé ministre, et son suppléant étant décédé, il y a eu une législative partielle.

Le PS a investi une économiste locale, militante depuis 15 ans, Karine Daniel, qui a été élue.

I. Les résultats

Facile, ils sont sur le site du ministère de l’intérieur :

On a besoin de l’Insee pour avoir le nombre d’habitants majeurs (pour calculer le nombre de non-inscrits) :

Soit 93 931 adultes de plus de 18 ans.

Et on obtient donc ça :

Ou, plus visuellement :

On a donc eu une candidate PS élue par 12 % des habitants, dont seulement 7 % avaient voté pour elle au 1er tour.

Ca calme…

II. Le rendu des médias

Voici le rendu des médias (qui ont à peu près tous souligné la très faible participation, mais rarement en titre ou en début d’article…)

Seule FranceTvInfo l’a fait en sous-titre (grisé…) :

III. Conclusion

Si bien sûr, rien n’est caché, on voit que l’indignation médiatique est quasi nulle, personne ne remettant en question la légitimité de l’élue.

Donc imaginer que ça changerait “naturellement” avec une abstention qui continuerait à croitre me parait être très très naïf (pour être poli et sympa).

On en a d’ailleurs un excellent exemple avec l’abstention aux Européennes 2014 dans les pays de l’Est :

De 70 à 87 % d’abstention !

Quelqu’un remet-il en question la légitimité de ces eurodéputés ?

CQFD. !

P.S. ATTENTION : je n’ai d’ailleurs jamais dit qu’il fallait aller voter, hein !!!! :)

Vous faites bien comme vous voulez, de toutes façon ça ne sert à rien vu qu’on n’est pas en Démocratie (“le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple”) mais en Ploutocratie libérale dans un système de type Monarchie élective.

Car je rappelle que le contraire de la Démocratie n’a jamais été la Dictature, mais c’est… la Non-Démocratie. La Dictature en est une forme, mais le système non-démocratique libéral que nous connaissons en est une autre, bien plus agréable au demeurant.

En tous cas, il semble clair, à mon sens, qu’on ne peut pas se targuer du nom de “Démocratie” si on n’a pas, à tout le moins :

D’ailleurs, ce n’est pas moi qui le dit, hein…

« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi : donc ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. Toute influence, tout pouvoir, leur appartiennent sur la personne de leurs mandataires ; mais c’est tout. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. […] Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » (Discours du 7 septembre 1789, intitulé précisément : « Dire de l’abbé Sieyes, sur la question du veto royal : à la séance du 7 septembre 1789 » Lire ici pages 15, 19…)

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IV. Bonus : l’hypocrisie des médias

J’ai fait d’une pierre deux coups avec ce billet.

En fait, je me suis concentré sur le sujet “Démocratie”, mais je ne vous ai pas montré les photos des articles des médias sur ce sujet, ce qui m’a interpellé à la longue :

À ce stade, je me suis dit : “Mais pourquoi ils ne montrent jamais Karine Daniel ?”

Puis : “Peut-être car Jean-Marc Ayrault est plus vendeur médiatiquement en terme d’image” ?

Puis “Oulà, Olivier, il faut que tu te reposes un peu ce mois-ci, ce n’est pas normal d’avoir de telles pensées !”

Alors, j’ai continué :

Là, à ce stade, je me suis dit “Mais ils vont bientôt nous mettre en photo les poubelles des isoloirs, afin de ne pas nous montrer Karine Daniel ou quoi ?”

L’Obs l’a finalement fait :

Hmmm, “mais pourquoi mettre la photo super retouchée figurant sur les tracts de Karine Daniel, avec son nom imprimé, ce n’est pas commun !”

Le Parisien est le seul à avoir mis une photo “naturelle” :

Une petite recherche m’a rapidement donné les photos de la “vraie” Karine Daniel :

Je me demande ainsi, en passant, si, des fois, certains médias ne seraient pas un peu hypocrites…

À son arrivée à l’Assemblée, on a eu confirmation qu’elle n’a guère changé :

Je précise bien que mon propos est seulement de dénoncer le traitement des médias avec les, hmmm, disons “femmes ne correspondants pas aux canons du moment” – qui aboutissent à forger des stéréotypes foutant des milliers de gamines en l’air tous les ans à cause de fausses représentations mentales…

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Je trouve donc très bien qu’en l’espèce le PS n’ait pas joué sur ce registre, et l’ait désignée au mérite…

Enfin, je dis “mérite” – on parle quand même d’une “économiste” qui a pu écrire ça sur son site de campagne :

“La reprise est incontestable”, hmmm oui.

La relève est assurée au PS…

V. Le mot de la fin

“Ce soir, la candidate socialiste Karine Daniel a remporté l’élection législative partielle de la troisième circonscription de Loire-Atlantique, succédant ainsi à Jean-Marc Ayrault.

Le Parti socialiste adresse ses vives félicitations à Karine Daniel qui a su, dans un contexte difficile, rassembler le peuple de gauche et écologiste autour de sa candidature. Dans cette élection, la gauche retrouve son résultat des élections régionales.

La victoire de cette jeune candidate socialiste vient rappeler que les sondages nationaux et les spéculations médiatiques ne font pas les résultats des élections. Les électeurs de cette circonscription ont, ce soir, réaffirmé leur attachement aux valeurs de fraternité, de solidarité et de progrès social défendues par la gauche.” [Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste]

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P.S. Demande d’entraide qui n’a rien à voir : qui aurait du temps cette semaine pour transcrire par écrit une interview en mp3 ? C’est assez urgent. Me contacter, merci.

Source: http://www.les-crises.fr/a-tous-les-naifs-du-vote-blanc-karine-daniel-une-star-est-nee-ou-pas-car-avec-7-des-citoyens/


[Vidéo] Les temps modernes, par Frédéric Lordon

Sunday 1 May 2016 at 00:39

Les temps modernes (1/2)

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 07-04-2016

Première partie de l’entretien réalisé pour Nada-info.fr avec Gilles Balbastre, le 17 mars 2016, à propos de la loi El Khomri, du travail et du salariat.

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 07-04-2016

 

Les temps modernes (2/2)

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 17-04-2016

Deuxième partie de l’entretien réalisé pour Nada-info.fr avec Gilles Balbastre, le 17 mars 2016, à propos de la loi El Khomri, du travail et du salariat.

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 17-04-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/video-les-temps-modernes-par-frederic-lordon/


Naevius Sutorius Macro

Sunday 1 May 2016 at 00:01

En ce premier mai, un hommage indirect bien mérité via un peu d’Histoire…  :)

Source : La toge et le glaive, 27-07-2012

Vendredi 27 juillet 2012

Macron.

Il ne vous aura pas échappé que mes sujets de prédilection dans l’Histoire romaine concernent la période des Julio-Claudiens, et plus particulièrement le règne de Tibère : ce n’est pas pour rien que c’est par sa biographie que j’ai inauguré ce blog. Je compte bien m’attaquer prochainement à la République, aux Rois, au Bas-Empire, etc… Mais, pour aujourd’hui, j’ai eu envie de rédiger une courte notice biographique sur Macron, le préfet du prétoire de Caligula, celui-là même qui aurait assassiné mon cher Tibère. Et je me sens suffisamment en forme pour maintenir à son égard une neutralité toute professionnelle, et réussir à achever ce billet sans écrire une seule fois les mots “raclure” et “salaud”. (Ah, zut : c’est perdu…)

L'empereur Tibère, mon chouchou... (Musée du Louvre)

L’empereur Tibère, mon chouchou… (Musée du Louvre)

Je parle d’une courte notice biographique, parce qu’on ne sait finalement pas grand chose de Macron. De son nom Latin Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, il serait né aux alentours de 21 av. J.-C., à Alba Fucens, une ville romaine située au pied du Monte Velino. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des inscriptions attestant qu’avant de devenir préfet du prétoire, Macron avait officié en tant que préfet des vigiles (équivalents des pompiers). On peut donc en déduire qu’il était vraisemblablement d’origine modeste, mais on n’en sait pas davantage…

Alba Fucens : vue des ruines romaines et du château.

Alba Fucens : vue des ruines romaines et du château.

Il apparaît dans les écrits à l’occasion de son intervention devant le Sénat, en 31, lorsque l’Empereur Tibère l’emploie pour se débarrasser de son préfet du prétoire, le redoutable Séjan. Celui-ci, exerçant une forte influence sur Tibère, avait profité de sa réclusion volontaire à Capri pour devenir le vrai maître de Rome et, éliminant un à un tous les éventuels successeurs, nourrissait l’ambition de monter sur le trône. Or, Tibère avait enfin ouvert les yeux sur la vrai nature de son protégé, et il avait percé à jour le double jeu de Séjan. C’est dans circonstances qu’apparaît Macron, en qui Tibère voit l’un des rares hommes de confiance qu’il lui reste : il le charge de lire devant le Sénat une lettre, dans laquelle il s’en prend violemment à Séjan, provoquant sa disgrâce et ordonnant son arrestation. Pendant tout ce temps, Macron est à la manœuvre : ayant écarté les gardes prétoriens, c’est lui qui dirige les cohortes des vigiles qui procèdent à l’arrestation, puis à l’exécution du scélérat. De même, il ordonne l’épuration qui suit, faisant assassiner toute la famille de Séjan, plusieurs sénateurs et des chevaliers proches du condamné. Nommé par Tibère, il prend la place laissée vacante, et devient à son tour préfet du prétoire.

Tibère vieillissant, Macron se rapproche du dernier petit-fils adoptif vivant de l’Empereur, le futur Caligula. Suétone, Dion Cassius et Tacite rapportent notamment qu’il aurait poussé sa propre femme, Ennia Nevia, dans le lit du jeune homme : il faut dire que celui-ci lui avait promis de l’épouser, s’il devenait un jour Empereur. Le mari, bafoué mais complaisant, avait donc tout à y gagner… Tibère, pas dupe, avait d’ailleurs bien perçu le manège de Macron puisqu’il lui lança : “Tu as raison d’abandonner le soleil couchant pour t’empresser au soleil levant.” (Dion Cassius, Histoire Romaine, LVIII – 28.) Sa méfiance était plus que fondée, comme nous allons le voir…

En mars 37, Tibère est victime d’un malaise, dans sa villa du Cap Misène. Tout le monde le croit mort, et Caligula se fait acclamer Empereur par la garde. Un peu trop précipitamment puisque Tibère reprend conscience, et qu’il n’en finit pas de mourir… C’est la débandade : Macron imagine déjà la réaction du vieil homme, si jamais il en réchappait, et sa colère envers Caligula et ses partisans, devant la rapidité avec laquelle ils l’ont enterré ! Selon Tacite, Macron aurait alors donné l’ordre que Tibère soit étouffé sous des linges – mais les historiens modernes contestent cette version, et accréditent plutôt la thèse d’une mort naturelle.

“Le dix-septième jour avant les calendes d’Avril, sa respiration s’arrêta et on crut qu’il avait accompli sa destinée mortelle ; et déjà, dans un grand concert de félicitations, Caligula sortait pour prendre possession de l’Empire, quand soudain on annonce que Tibère recouvre la parole et la vue et demande qu’on lui apporte de la nourriture pour réparer sa défaillance. C’est la consternation générale : on se disperse à la hâte, chacun prend un air d’affliction ou d’ignorance ; Caius (Caligula), muet et figé, tombait de la plus haute espérance et attendait les dernières rigueurs. Macron, sans se troubler, donne l’ordre d’étouffer le vieillard, sous un amas de couvertures et de quitter les lieux. Telle fut la fin de Tibère, dans la soixante-dix-huitième année de son âge.” (Tacite, Annales, VI, 50)

Suétone, toujours aussi modéré, incriminait quant à lui Caligula en personne, qui aurait joyeusement étouffé son grand-père avec un oreiller. Mais on connaît la partialité de cet auteur…

La Mort de Tibère. (Tableau de Jean-Pierre Laurens.)

La Mort de Tibère. (Tableau de Jean-Pierre Laurens.)

Une fois Tibère définitivement refroidi, restait encore à ouvrir son testament : ce fut Macron qui se chargea de lire le document devant le Sénat. Le vieux Tibère avait institué comme héritiers à parts égales Caligula et Tiberius Gemellus, son petit-fils par le sang (fils de Drusus II). Mais le premier se débarrassa rapidement du deuxième, accusé de complot et exécuté en 37.

Pièce de monnaie à l'effigie de Caligula et Gemellus.

Pièce de monnaie à l’effigie de Caligula et Gemellus.

Jusqu’ici, Macron avait servi les intérêts de Caligula, même dans les moments difficiles. Il était donc confiant, persuadé que son protégé lui serait reconnaissant du soutien qu’il lui avait apporté, et escomptant sans doute une promotion rapide pour les services qu’il lui avait rendus. C’était mal connaître Caligula. Les historiographes anciens sont unanimes pour mettre la disgrâce de Macron sur le compte de l’ingratitude de l’Empereur. Philon assure qu’il ne supportait pas les remontrances que le préfet lui adressait en permanence, tant sur sa conduite que sur son gouvernement.

Lorsque Caligula le voyait venir, il disait à ceux qui l’entouraient : “Pas de sourire, faisons la tête ! Voilà le sermonneur, la franchise personnifiée, celui qui se mêle d’être le pédagogue d’un adulte et d’un empereur, tout juste maintenant que le temps en a écarté et congédié ceux qu’il avait depuis sa première jeunesse.” (Philon, Contre Flaccus, 15)

Il est possible que Caligula ait été exaspéré par les réprimandes de Macron. Mais en réalité, la raison de sa disgrâce me paraît bien plus prosaïque… Il semblerait que Macron, plutôt traditionaliste, ait montré une certaine désapprobation vis-à-vis du virage monarchique à l’Orientale amorcé par Caligula, qui s’éloignait en cela des règnes d’Auguste et de Tibère. Caligula craignait-il que Macron, qui avait contribué à le porter sur le trône, soit suffisamment puissant pour tenter de le renverser ? Le “cas Séjan“, malgré son dénouement, avait montré l’importance prise par le préfet du prétoire, et Caligula ne pouvait pas risquer que son allié se retourne contre lui… L’attitude d’Ennia Naevia, toujours amante de Caligula et, si l’on en croit les auteurs antiques, aussi avide de pouvoir que son mari, n’arrangeait pas les choses. Petit à petit, l’Empereur prit ses distances, attaquant même publiquement Macron. Jusqu’au moment où il décida de se défaire du couple terrible, décidément trop encombrant.

Caligula. (Photo Flickr Indy-catholic.)

Caligula. (Photo Flickr Indy-catholic.)

Source : La toge et le glaive, 27-07-2012

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Source: http://www.les-crises.fr/naevius-sutorius-macro/


Revue de presse du 30/04/2016

Saturday 30 April 2016 at 01:39

Avec notamment cette semaine un spécial nucléaire en France sous le thème “Vue d’ailleurs”, et dans la rubrique Réflexion les interviews d’Emmanuel Todd et Olivier Berruyer..! Merci à nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-30042016/


Nuit debout, convergences, horizontalité, par Frédéric Lordon

Saturday 30 April 2016 at 00:55

Petit point sur les débats en cours…

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 25-04-2016

Entretien avec Xavi Espinet, pour le journal barcelonais El Critic, réalisé le 16 avril, publié le 23 avril.

par Frédéric Lordon, 25 avril 2016

Avec les migrants sous le métro La Chapelle à Paris Felipe Vincenot / Mouvement de libération graphique et artistique #NuitDebout

Avec les migrants sous le métro La Chapelle à Paris
Felipe Vincenot / Mouvement de libération graphique et artistique #NuitDebout

D’après-vous, qu’est-ce qui a bien pu décider le gouvernement à proposer un tel projet de réforme, et de quoi la loi El Khomri serait-elle le symbole ?

Il n’y a aucune autre explication que l’aveuglement idéologique le plus absolu. Ce gouvernement dit de gauche fait en réalité, et dans tous les domaines, la politique la plus à droite qu’aucun autre gouvernement sous la Ve République. Quand on considère les choses avec un peu de recul, il y a là un réel événement politique à l’échelle historique du régime. Les conséquences ne vont pas tarder à s’en manifester — au plus tard lors des élections de 2017 — et elles seront de très grande ampleur. Nous sommes en train d’assister à la liquidation historique de la social-démocratie française — ce qui en réalité est un soulagement. Mais il aura fallu qu’elle aille plus à droite que n’importe quel autre gouvernement pour que celle liquidation soit acquise. Bref, c’est le fanatisme néolibéral du Parti socialiste qui aura conduit ce gouvernement à proposer cette loi que même un gouvernement Sarkozy n’aurait pas osé présenter. C’est dire l’état de décomposition intellectuelle et de perdition idéologique dans lequel se trouve ce parti qui n’a plus avec la gauche que des rapports d’inertie nominale. Mais en plus de l’enfermement idéologique, il faut avoir complètement perdu contact avec l’état réel de la société, et tout ignorer de la souffrance et de la précarité générales où se trouve pris le travail salarié, pour avoir l’idée folle de les approfondir encore.

Après la défaite des mobilisations contre la réforme sarkozyste des retraites, la rue gronde enfin à nouveau. Quels rapports devrait entretenir, selon vous, Nuit debout avec la mobilisation syndicale contre la réforme du droit du travail ?

Des rapports bien plus étroits que ceux qui existent actuellement. Il n’y aura pas de transformation politique d’ampleur sans un mouvement populaire de masse. Or un tel mouvement prend nécessairement, pour partie, la forme de la grève générale. Et il n’y a pas de grève générale sans le concours des organisations de salariés. C’est aussi simple que ça. Mais même sans aucune certitude (c’est une litote) quant au déclenchement effectif de la grève générale — et quoiqu’il nous faille faire tout ce que nous pouvons pour en relever la probabilité —, il est d’une importance stratégique d’opérer la jonction entre différentes fractions de la gauche que d’invisibles barrières sociologiques tiennent ordinairement séparées, et notamment la gauche militante des centre-villes et celle des classes ouvrières syndiquées. En dépit de tous les obstacles, il existe une base objective à cette convergence : la condition salariale. Le rapprochement est d’autant plus facilité que le néolibéralisme maltraite désormais aveuglément et uniformément, y compris donc sa propre base sociale a priori, à savoir les étudiants, futurs cadres du capitalisme, mais condamnés par lui à la précarité et à des formes de plus en plus dégradées de l’insertion dans le monde du travail — et ceci alors même que ces étudiants nourrissaient des ambitions en rapport avec leurs trajectoires scolaires… et découvrent qu’elles seront amèrement déçues. Il y a là tous les ingrédients pour des retrouvailles entre classes sociales que leur hétérogénéité tenait éloignées l’une de l’autre. Mais je ne peux pas terminer cette réponse sans mentionner l’existence d’une commission « grève générale » à la Nuit debout, à qui l’on doit les premières actions très concrètes, et notamment le fait d’avoir organisé une délégation d’étudiants à la gare Saint-Lazare pour aller à la rencontre des cheminots mardi 12 avril. Ces actions sont absolument exemplaires, et c’est en les multipliant que nous serons à la hauteur de notre propre mot d’ordre de convergence des luttes.

Beaucoup voient en Nuit debout un phénomène générationnel. Pourquoi cette jeunesse, qu’on prétendait par ailleurs dépolitisée, déploie son être politique en dehors des canaux institutionnels ?

Pour ma part je suis assez réticent à l’idée d’enfermer Nuit debout dans la catégorie de « phénomène générationnel ». Assez souvent, le recodage « générationnel » d’un phénomène social est le propre du commentaire médiatique — et, reconnaissons les choses avec lucidité, l’une des raisons pour lesquelles l’accueil médiatique de la Nuit debout n’a pas été jusqu’ici trop mauvais, les journalistes répondant, la plupart du temps sans s’en apercevoir, à des rapports d’affinité sociologiques — qui sont totalement absents lorsqu’il s’agit de mouvements syndicaux classiques : et, de manière tout aussi inconsciente, les médias s’abandonnent alors à un racisme social ouvert. En tout cas le point important est celui-ci : le recodage générationnel risque toujours de fonctionner comme un opérateur de dépolitisation ; c’est juste une « histoire de jeunes », donc une histoire sans importance qui passera dès qu’ils seront devenus vieux — le plus vite possible, espère-t-on, et entre temps on est prêt à faire preuve de mansuétude pourvu que ça n’aille pas trop loin. Voilà typiquement où mène l’analyse « générationnelle »… Ceci étant dit, j’observe, même si c’est depuis mon point de vue qui est partiel comme tous les points de vue, une effervescence intellectuelle et politique inédite de la jeunesse étudiante et même — c’est un fait extrêmement marquant — lycéenne. Je reçois de plus en plus de contacts, de sollicitations, de messages de lycéens, et des messages qui témoignent, je peux vous le dire, d’une conscience politique critique déjà très affûtée. C’est un phénomène tout à fait nouveau. Les gouvernements qui seront aux affaires dans dix, quinze ans, ont du souci à se faire : quelques sérieux problèmes les attendent, qui sont en train de mûrir dès à présent.

Lors de votre allocution du 31 mars, vous en appeliez au « désir politique qui pose et qui affirme ». En pleine crise de l’Etat-nation et du politique, qui serait le sujet de ce désir et de quels « objets politiques » pourrait-il/devrait-il se saisir ? Et que répondriez-vous à tous ceux qui qualifient cette « affirmation », renouvelée tous les soirs place de la République, de purement « volontariste » ?

Le sujet de ce désir est insaisissable ex ante. Le « nous » se construit dans le processus même de ses réalisations. « Convergence des luttes » est une sténographie qui dit son désir d’être le plus large possible — et si l’on veut en nommer plus explicitement les composantes : la jeunesse urbaine précarisée, les classes ouvrières syndiquées (et en réalité plus largement le monde du travail), les quartiers abandonnés des banlieues. Quant à ses objets, il les élira lui-même. Il est certain en tout cas que ce mouvement ne doit pas s’abandonner au ravissement intransitif de soi, et que si son énergie ne se convertit pas en désirs déterminés — en objectifs politiques explicites —, il restera improductif. Conserver ce sens de l’objet suppose d’en rappeler en permanence la nécessité dans les débats pour lutter contre l’éparpillement. Pour ma part, je pense à quelque chose comme un mouvement « télescopique », j’entends par là qui se donnerait une gradation d’objectifs, allant du (proche) retrait de la loi El Khomri à la (lointaine) écriture de la constitution d’une république sociale, en passant par toute une série d’idées « intermédiaires » à imposer dans le débat politique, à l’image par exemple de l’imposition faite aux banques de se désengager de toutes les activités spéculatives, mais on pourrait mentionner bien d’autres choses de ce registre. Y a-t-il dans tout ça un « volontarisme de l’affirmation » ? Mais quelle politique ne procède pas ainsi ? Même si évidemment elle ne peut pas s’en contenter, l’intervention politique joue essentiellement du performatif. Dire « il y a » est un moyen de contribuer à faire exister la chose dont on dit qu’elle existe avant qu’elle existe vraiment. Et c’est vrai : c’est un type d’intervention qui a tout du pari ! Pour autant, même si le pari est perdu, il sème quelque chose qui fera son chemin : une idée, le sens d’un problème, une exigence, etc.

Sieyès, lors de la Révolution française, énonçait le principe de la démocratie représentative : la volonté populaire ne peut s’exprimer que par les représentants du peuple. De par sa configuration même, Nuit debout remet en question ce principe et la démocratie représentative y est durement critiquée à chaque AG. Quels nouveaux modes de décision/légitimation/création politiques vous semblent laisser entrevoir Nuit debout ?

Ce que je vais dire a sans doute tout pour prendre à rebrousse-poil les inclinations spontanées de la Nuit debout mais tant pis. Je pense qu’à l’échelle macroscopique il n’y a pas de politique sans une forme ou une autre d’institutionnalisation, et même de représentation. Au demeurant l’AG de la Nuit debout n’est même pas conforme au modèle d’horizontalité pure qu’elle revendique d’accomplir. Par exemple, il n’y a pas d’AG sans règles — règle du tour de parole, règle du temps de parole, respect de la personne modératrice, règles gestuelles de manifestation des opinions, etc. — et ces règles ont par définition un caractère institutionnel et verticalisé puisqu’elles s’imposent à tous, qu’elles font autorité, que tous les reconnaissent — conceptuellement, la verticalité c’est cela. Nous avons donc d’emblée affaire, et dès cette échelle, à de l’institutionnel-verticalisé, ce qui prouve bien l’inanité d’un mot d’ordre maximaliste d’horizontalité pure, en fait intenable. La vraie question n’est pas dans d’absurdes antinomies « institutions vs. pas d’institution » ou « horizontal vs. vertical » mais dans la manière dont nous agençons nos institutions et dont nous parvenons à contenir la verticalité que nécessairement nous produisons du simple fait de nous organiser a minima collectivement. Quoiqu’elle se verticalise de son propre mouvement, la Nuit debout peut cependant se maintenir fermement dans une configuration aussi proche que possible de ses idéaux d’horizontalité et de démocratie directe. Mais elle ne le peut sans doute qu’en raison de sa taille et de l’échelle réduite à laquelle elle opère. Il faut donc tenir ensemble deux idées qui en réalité n’ont rien de contradictoire : d’une part la configuration institutionnelle d’une collectivité à l’échelle macroscopique, disons nationale, ne saurait être le simple décalque du modèle expérimenté à l’échelle de la place de la République ; mais inversement la Nuit debout illustre en elle-même des principes génériques qui doivent guider l’élaboration d’une configuration institutionnelle globale : subsidiarité maximale, c’est-à-dire la plus grande délégation d’autonomie possible aux niveaux locaux, méfiance à l’égard du potentiel de capture que représente toute institutionnalisation, contrôle serré des représentants et des porte-parole — contrôle qui signifie révocabilité permanente (quoique réglée) —, organisation de l’écoute constante des niveaux d’organisation inférieurs par les niveaux supérieurs, en particulier pour ne pas laisser aux niveaux supérieurs le monopole de l’initiative qui transformerait les niveaux inférieurs en simples chambres d’approbation : les idées doivent circuler dans les deux sens, et les niveaux supérieurs continuer de s’inspirer des niveaux inférieurs.

Savoir étendre Nuit debout aux classes populaires des banlieues vous semble être une condition nécessaire à son succès et a sa légitimité. Et quid des classes populaires de la « France périphérique », passablement lepenisées ? Comment s’adresser aux uns sans susciter la réprobation des autres ? Et, faute de trouver un langage commun, y aurait-il le danger d’une sorte de réaction populaire pro statu quo « gaulliste » comme en 68 ?

C’est une question tellement décisive qu’elle en est presque douloureuse… Quand on voit déjà les difficultés à simplement faire agir de concert des fractions politisées mais sociologiquement hétérogènes comme les classes ouvrières syndiquées et les milieux du militantisme urbain, on mesure plus lucidement les barrières à franchir pour nouer le contact avec d’une part les populations des quartiers, et d’autre part celles de ce que vous appelez la « France périphérique » — je n’ai même pas besoin d’insister sur tout ce qui d’ailleurs oppose ces deux populations… Il ne faut pas se raconter des histoires : un surgissement événementiel comme la Nuit debout n’a en lui-même aucun pouvoir de retravailler aussi profondément le terreau social pour y produire une modification massive comme la délepénisation. Ce sont là des affaires de militantisme local, opiniâtre, le plus souvent invisible, qui part à la reconquête des gens un par un ou presque. Ce à quoi peut toutefois contribuer un mouvement comme la Nuit debout, c’est de remettre en place dans le paysage politique d’ensemble une vraie proposition de gauche qui, si elle fait son chemin, pourra à terme apparaître comme une alternative envisageable par tous ceux pour qui le FN est devenu la seule figure de l’alternative. Inutile de le dire, c’est là une œuvre de longue haleine…

 Nuit debout sonnerait le glas du réductionnisme revendicatif des luttes et dépasserait les ambitions de la mobilisation syndicale contre la loi El Khomri. Vous déclarez le décès de l’actuel ordre politique français et appelez de vos vœux une république sociale. Le roi est enfin nu ? Nuit debout, Assemblée constituante ? Et quelles dispositions adopter au sein du mouvement pour qu’il puisse effectivement en devenir une ? 

La formule « nous ne revendiquons rien » demande à être adéquatement comprise — je me suis rendu compte post festum qu’elle avait créé toute une série de malentendus notamment du côté syndical où elle semblait attaquer de front la grammaire même de l’action qui est fondamentalement revendicative. Il est tout à fait évident qu’il ne s’agit nullement de déclarer caduques les luttes revendicatives là où elles ont lieu — ce serait dénué de pertinence et même passablement bouffon. Mais il s’agit d’attirer l’attention sur le fait que les revendications, par construction, viennent s’exprimer dans un cadre qui lui-même demeure inquestionné… et ceci alors même que ce cadre dessine les conditions de possibilité (ou d’impossibilité) de certaines revendication. Le succès d’une revendication de hausse du Smic, par exemple, devient hautement improbable si l’on oublie de mettre en question aussitôt les structures de la mondialisation néolibérale — le pouvoir actionnarial, le libre-échange sans frein, les délocalisations — qui opposent objectivement toutes sortes de contraintes à l’augmentation salariale. Demander « un autre partage des richesses » est vain si on ne s’intéresse pas aux structures qui déterminent le partage des richesses. Le célèbre TINA (There Is No Alternative) demeurera vrai tant qu’on n’aura pas déplacé notre attention sur l’ensemble des structures néolibérales qui le rendent vrai ! Et hors duquel il cesse instantanément d’être vrai. Pour remplacer TINA par TIAA (There Is An Alternative !) il faut en recréer les conditions de possibilité structurelles — c’est-à-dire refaire le cadre. Refaire le cadre c’est autre chose que revendiquer. C’est entamer un processus hautement politique de reconstruction institutionnelle, au sens large du mot « institutions ».

Ce processus prend une portée plus grande encore quand il s’élève à un niveau constituant, pour le coup le méta-cadre. On voit bien qu’il n’y a personne auprès de qui apporter la « revendication » d’une Constituante ! C’est le peuple lui-même qui se saisit de ce désir, qui l’affirme et qui le pose. Maintenant il faut préciser le statut d’un appel à une Constituante qui relève de deux interprétations différentes. La première a à voir, une fois de plus, avec le registre performatif de l’intervention politique. En appeler à une Constituante est une manière de poser des problèmes, deux en particulier :

 nous estimons que le système institutionnel actuel, celui de la Ve République, est à bout de souffle, qu’aucune transformation significative du cadre ne peut s’y produire, et qu’il doit être entièrement refait, pour le redémocratiser, et pour rendre à nouveau possibles des différences politiques significatives — car en définitive c’est cela la démocratie : la possibilité toujours ouverte de faire autrement ;

 une Constituante s’impose également non comme un jeu juridique formel hors-sol mais comme le moyen de donner la plus haute forme juridique aux principes fondamentaux d’un modèle de société : de même que les constitutions successives des républiques françaises, par-là bien toutes les mêmes !, avaient pour finalité réelle de sanctuariser le droit de propriété qui donne sa base au capitalisme, il apparaît que le projet d’en finir avec l’empire du capital sur la société ne peut que passer par une destitution du droit de propriété et une institution de la propriété d’usage (quand je parle ici de propriété, il n’est évidemment question que des moyens de production et pas des possessions personnelles). Seul un texte de la portée juridique ultime que revêt la constitution peut opérer ce changement à proprement parler révolutionnaire.

Et voilà, du coup, la deuxième lecture de l’appel à une Constituante, une lecture historique et stratégique : il faut bien voir en effet tout ce qui nous éloigne en réalité d’un processus constituant, à plus forte raison qui déboucherait sur une république sociale telle que je la pense, à savoir débarrassée du droit de propriété (au sens que j’ai indiqué à l’instant) ! Dans cette deuxième lecture, positive, la Constituante est la consécration d’un processus révolutionnaire à venir, qui en est en réalité la condition de possibilité. Mais alors pourquoi se projeter ainsi dans un horizon quasi-irréel ? Parce que c’est une manière de mettre des problèmes à l’agenda du débat public. C’est une manière de poser fermement dans l’espace public qu’il y a un problème avec les institutions de la dépossession, et qu’il y a un problème avec l’empire du capital sur la société — comme la loi El Khomri a la vertu de nous le faire voir plus clairement que jamais. C’est sans doute une longue marche qui nous sépare de la solution à ces deux problèmes. Raison de plus pour nous mettre en route tout de suite !

[Question inévitable de journal ibérique] Les élections 2017 approchent. Outre le fait que le paysage politique à gauche du PS ne semble pas se prêter à la création d’un nouveau parti, vous affirmez qu’envisager un Podemos à la française serait se méprendre. Pourquoi ?

La Constituante est aussi une réponse à cette question. Je crois qu’il nous faut sortir de ce que j’appellerai l’antinomie Occupy Wall Street (OWS) / 15M-Podemos. D’un côté OWS, mouvement qui a malheureusement fait la démonstration de son improductivité politique directe (ceci dit sans méconnaître tous les effets de Occupy qui ont cheminé souterrainement, et à qui l’on doit sans doute, par exemple, la possibilité aujourd’hui d’un Bernie Sanders). De l’autre 15M qui n’est devenu productif qu’en se prolongeant sous la forme de Podemos… c’est-à-dire sous une forme qui en trahissait radicalement l’esprit des origines : un parti classique, avec un leader classique, classiquement obsédé par la compétition électorale, et décidé à en jouer le jeu le plus classiquement du monde : dans les institutions telles qu’elles sont et sans afficher la moindre velléité de les transformer. L’appel à une Constituante est une manière de sortir de cette contradiction de l’improductivité ou du retour à l’écurie électorale. Il faut que le mouvement produise « quelque chose » mais ce « quelque chose » ne peut pas être rendu au fonctionnement des institutions en place. Conclusion : le « quelque chose » peut consister précisément en la transformation des institutions.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 25-04-2016

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L’inquiétant projet de Nuit debout

Source : Challenges, Bruno Roger-Petit, 25-04-2016

Contrairement à ce que ses organisateurs tentent de faire croire, le mouvement Nuit debout dispose d’un vrai projet politique, dévoilé la semaine passée par l’économiste souverainiste Frédéric Lordon. Qui se comporte en maître-à-penser.

L'économiste Frédéric Lordon, tel un

L’économiste Frédéric Lordon, tel un “guide” de Nuit Debout intervenait longuement à la Bourse du Travail le 20 avril. DR/Capture d’écran

Avec l’économiste Frédéric Lordon, Nuit debout a renouvelé le genre ancien du culte de la personnalité. On n’avait pas vu cela depuis les années Mao et révolution culturelle. La dernière apparition du maitre à penser du mouvement en atteste. Nous sommes mercredi soir, à la Bourse du travail, et pour la troisième fois le guide Lordon apparait à ses disciples. Signe qu’il n’est pas un Nuit debout comme les autres, il exige de disposer d’une chaise afin de pouvoir livrer sa parole aux fidèles assemblés à la Bourse du travail. Les disciples s’empressent d’obéir. Vite une chaise pour Lordon ! La règle commune, on parle debout à Nuit debout, souffre d’une exception pour l’universitaire charismatique. Privilège assumé d’autorité : “Je suis le représentant du courant l’université assise”. Comme il se doit la scène est mise en ligne …par la Télé de gauche Paris.

A Nuit debout, tout le monde est à égalité mais Lordon est plus égal que les autres. En chaise à défaut d’être en chaire.

Sont rassemblés là, face au guide, les têtes pensantes de Nuit debout, les éléments les plus actifs et militants, les permanents de la place de la République. C’est une minute de vérité. Il faut voir et revoir cette intervention de 11 minutes, parce qu’elle livre la vérité sur Nuit debout. Qui le pense. Qui l’organise. Qui le manipule.

Et Lordon de dénoncer la secte malfaisante, celle de la “chefferie éditocratique”

Dans un premier temps, Lordon désigne l’ennemi. Les médias et la presse. Non pas les “journalistes de terrains, jeunes et précarisés” qui se reconnaissent en Nuit debout (pas fou Lordon) mais “la chefferie éditocratique” qui “confisque la parole autorisée”. Lordon met ses troupes en garde. La “chefferie éditocratique” veut pousser Nuit debout à débattre dans un cadre démocratique, afin d’imposer encore et encore “le citoyennisme intransitif, qui débat pour débattre, mais ne tranche rien, ne clive rien, et est conçu pour que rien n’en sorte”. Lordon tranche, il faut refuser cette démocratie “All inclusive”.

A Nuit debout, on ne débat pas, on combat. Pour Lordon, le débat démocratique, c’est l’impasse qu’entendent imposer “la secte malfaisante, la secte de l’oligarchie néolibérale intégrée”, celle des “médias organiques de l’ordre social”.

Et Lordon de justifier l’intimidation physique infligée à Alain Finkielkraut, l’ennemi suprême : “Nous voilà sommés d’être inclusifs, violence du capital et violence identitaire raciste, violence dont Finkielkraut est peut-être le propagateur le plus notoire”. Et de réitérer le refus de la confrontation avec l’ennemi désigné : “Ces médias nous demandent d’accueillir Finkielkraut et bien non ! Pas d’animation citoyenne all inclusive comme le voudraient Laurent Joffrin et Najat Vallaud Belkacem !” Et de conclure avec des mots lourds de sens : “nous ne sommes pas ici pour être amis avec tout le monde, et nous n’apportons pas la paix, nous n’avons aucun projet d’unanimité démocratique”.

Convenons que Lordon est cohérent. Et transparent. Le voici qui précise ensuite comment Nuit debout doit désormais mener le combat, hors du champ démocratique.

D’abord en dépassant le cadre revendicatif traditionnel des luttes sociales, qui n’est pas révolutionnaire : “Revendiquer est une nécessité, parfois même vitale”, mais de portée limitée, “ceci n’aura pas de sens tant que nous ne mettrons pas en question les structures du néolibéralisme”. En vérité, Lordon veut casser le cadre dans lequel évolue les rapports de forces entre partenaires sociaux : “S’il n’y a plus d’alternative dans le cadre, il y a toujours possibilité de refaire le cadre. C’est de la politique, pas du revendicatif. On chasse les gardiens du cadre”.

Une fois le but assigné, Lordon passe à la méthode, celle “des grains de sable” : “Il faut mettre des grains de sable partout” lance-t-il, illustrant cette stratégie à l’aide d’exemples concrets : “C’est débouler dans une réunion d’Anne Hidalgo, c’est débouler dans la conférence d’une association d’étudiants à l’ESCP qui invite Florian Philippot”. Et de scander : “C’est faire dérailler le cours normal des choses, les harceler, leur ôter toute tranquillité !”

Et Lordon de compléter le cours de méthode : grâce à la stratégie des “grains de sable”, s’opérera “la jonction”,  soit la coagulation du “militantisme de centre-ville, des classes ouvrières et de la jeunesse ségrégée des quartiers”, et “cette force sera irrésistible”. Constituée, elle se lancera à l’assaut du “cadre à refaire”, notamment “les traités assassins, les traités européens et le TAFTA”. Lordon fait dans le prophétique, qui ne cache pas à ses ouailles que “La nuit debout, la grève générale, la république sociale, c’est loin”.

Et voilà.

Nuit debout a bien une feuille de route, tracée par un chef

Mercredi dernier, le rideau Nuit debout s’est déchiré. En réalité, l’évènement initié par François Ruffin et ses camarades dispose d’un cerveau qui montre le chemin, établit la feuille de route et fournit le prêt-à-penser des objectifs et de la méthode.

Nuit debout est bel et bien pensé, monté et organisé par des professionnels de la politique. Révisons notre Lénine. Là où il y a organisation, il y a direction. Là où il y a direction, il y a guide. Et ce guide, c’est Frédéric Lordon, dont les interventions savamment mises en scène le hissent au-dessus du bruit médiatique. A Nuit debout, tout le monde parle, mais on entend que Lordon. Rassurons Emmanuel Todd, qui s’inquiétait de l’avenir du mouvement “Pas de révolution sans organisation”, l’organisation de Nuit debout, pour qui veut bien la voir, est bien là. Présente. Active. Et menaçante.

Relisons bien Lordon, et méditons. Le sous-texte de son intervention, applaudie à tout rompre, est empreint de sentiments qui ont peu à voir avec la gauche de Jaurès ou Blum. Refus du débat démocratique organisé. Haine de l’Europe du libre-échange. Promotion du populisme souverainiste. Négation de la liberté de la presse. Rejet de l’autre à raison de sa différence de pensée. Appel à des perturbations de réunions publiques…  Est-ce vraiment un programme politique destiné à libérer les opprimés ? A apaiser le pays ? A libérer les consciences ? Osons la question : s’il se trouve des esprits pour passer à l’acte selon les préceptes de Lordon, quelle sera l’étendue des dégâts à constater ?

Le Nuit debout de Lordon est bien loin de la vision idyllique que certains politologues tentent d’imposer, à l’image de Gaël Brustier déclarant (sans rire) au Figaro : “Il y a plutôt une forme de joie de vivre Place de la République… qui tranche justement avec la hantise du déclin commune à nos sociétés”. Cet éclairage fait honneur à la politologie contemporaine. Ainsi, quand Lordon déclare : “Nous n’apportons pas la paix” et “nous n’avons aucun projet d’unanimité démocratique”, il est le Charles Trenet de Nuit debout chantant “Y a de la joie”. C’est tellement évident. Nuit debout, c’est fun. La politologie est (aussi) devenue un sport de combat.

Source : Challenges, Bruno Roger-Petit, 25-04-2016

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Lordon debout dans la nuit…

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 26-04-2016

 La question de l’avenir du mouvement « Nuit Debout » se pose avec acuité. Nul n’en conteste l’importance, même si les différences que l’on peut trouver entre ce qui se passe à Paris et dans les villes de province est une évidence. Le mouvement parisien a donné de lui une image sectaire et semble vouloir retomber dans les errements de la « démocratie d’AG » post-68. Mais, juger ce mouvement à la seule aune de son apparence parisienne serait une profonde erreur. L’émergence de réunions se tenant sous la bannière de « Nuit Debout » dans des dizaines et des dizaines de villes de province, dont certaines ne sont nullement des centres universitaires, est une réalité tout aussi, et en un sens même plus importante, que les péripéties de la place de la République.

Fréderic Lordon vient de publier le texte d’une interview qu’il a donné à un journal espagnol[1]. Cette analyse est intéressante mais elle est aussi révélatrice des illusions de ce mouvement dont certaines sont reprises par Lordon. Il est par ailleurs férocement attaqué. On le sait, une presse aux ordres, car le magazine Challenges[2] est une succursale du Nouvel Obs’, lui-même succursale du P « S », lui attribue un rôle qu’il n’a pas[3]. Les délires complotistes de Bruno Roger-Petit seraient plutôt à porter au crédit de Lordon, et il peut considérer le fait d’être devenu la cible des sentines du vice et de la mauvaise littérature comme un honneur. Mais le dire ne signifie pas qu’il n’ait aucun rôle. D’où l’importance de son avis.

Lordon et l’extension sociale du mouvement

Quand il dit, répondant à la question sur l’extension de ce mouvement aux classes populaires et défavorisées : « C’est une question tellement décisive qu’elle en est presque douloureuse… Quand on voit déjà les difficultés à simplement faire agir de concert des fractions politisées mais sociologiquement hétérogènes comme les classes ouvrières syndiquées et les milieux du militantisme urbain, on mesure plus lucidement les barrières à franchir pour nouer le contact avec d’une part les populations des quartiers, et d’autre part celles de ce que vous appelez la « France périphérique » — je n’ai même pas besoin d’insister sur tout ce qui d’ailleurs oppose ces deux populations… », il traduit une évidence, mais il fait aussi un aveu. L’évidence, c’est le manque de liens concrets entre une partie du mouvement « Nuit Debout » et ces classes populaires et défavorisées[4]. C’est en particulier le cas à Paris, mais aussi dans les grandes villes, comme Marseille ou Lyon. Les difficultés rencontrées par le mouvement « Nuit Debout » marseillais quand il a tenté de « faire la jonction » avec les quartiers nord de la ville sont emblématiques de ces difficultés. La situation est un peu différente dans les villes moyennes où s’est développé le mouvement, et c’est d’ailleurs l’un de ses principaux intérêts.

Mais, Lordon montre aussi, dans cette même interview, qu’il n’a que peu idée du ressenti de ces classes sociales que ce soit celle de la « France périphérique »[5], ou que ce soit celle qui sont aujourd’hui en proie à l’insécurité culturelle[6]. S’il en avait la moindre idée il ne dirait pas les consternantes banalités qu’il aligne dans les lignes qui suivent. Ces classes demandent des réponses de fond, des réponses politiques. Et il ne faut pas s’étonner qu’elles se tournent vers le Front National si personne ne peut ou ne veut les donner.

La question de la grève générale

L’une des questions qui est donc posée dans ce texte est celle de la grève générale. Je l’ai moi aussi abordée dans un commentaire sur « Nuit Debout »[7]. Il écrit : « Il n’y aura pas de transformation politique d’ampleur sans un mouvement populaire de masse. Or un tel mouvement prend nécessairement, pour partie, la forme de la grève générale. Et il n’y a pas de grève générale sans le concours des organisations de salariés. C’est aussi simple que ça ». C’est entièrement vrai, sauf qu’il ne produit pas ce que l’on attend alors, c’est à dire une analyse politique de l’état de ces organisations syndicales, et il reste alors dans l’une des postures qu’il affectionne : l’imprécation. Non que cette posture soit inutile. Il m’arrive d’ailleurs de l’adopter. Encore faut-il qu’elle ne devienne systématique. Donc, poser la question de la grève générale n’a de sens que si on peut fournir au moins des éléments de réponse. Et, ces éléments exigent que l’on fasse de la politique, c’est à dire que l’on accepte, voir que l’on recherche le débat politique.

Or, c’est tout le contraire que fait Frédéric Lordon. Je sais qu’il peut y avoir un plaisir morbide à regarder un désastre en disant « je l’avais bien prévu » et en ajoutant « ah, si l’on m’avait écouté ». Mais cela, c’est de l’onanisme politique. Il faut donc, au risque de se tromper, et nul d’entre nous n’est omniscient, proposer des formules politiques qui soient susceptibles de nous conduire vers là où nous voulons aller.

La question qui est donc posée est celle des formes organisées qui pourraient permettre de faire pression sur les centrales syndicales, qui associeraient le cas échéant des militants syndicaux de ces dites centrales, et qui se nourriraient d’objectifs intermédiaires. J’ai fait des propositions en ce sens et n’y reviens pas[8].

La question de l’organisation

Ce qui conduit, bien naturellement, à la question de l’organisation du mouvement. Il fut un temps, dans les mois qui suivirent mai 1968, où l’on pouvait lancer le mot d’ordre « aux armes, à l’organisation ». Car, et c’est indubitable, l’organisation EST une arme. Mais, la mode est au discours sur la transversalité du mouvement. Fort bien ; encore faudrait-il tirer le bilan de ces mobilisations plus ou moins spontanée, lancée depuis les « réseaux sociaux », que ce soit celles du « printemps arabe » (et on pense à l’Egypte) ou que ce soit celles d’Ukraine. La très faible organisation, justement cette « transversalité » dont certains aiment bien se rincer la bouche, a aboutit à des mobilisations facilement récupérables. L’instrumentalisation y fut quasiment immédiate. Non que la « verticalité » soit le parangon de toutes les vertus, soit la réponse à toutes les situations. Mais, ce discours sur la « transversalité » ne peut être tenu que sur la base d’un bilan critique des mobilisations précédentes et de leur devenir.

Ceci soulève un autre problème. Si la « verticalité » totale d’une forme d’organisation est à proscrire, le degré de transversalité, ou pour user d’un autre mot d’auto-organisation spontanée, d’une mobilisation est directement proportionnel à l’homogénéité des représentations des personnes que l’on veut mobiliser. Lordon le reconnaît implicitement : « Au demeurant l’AG de la Nuit debout n’est même pas conforme au modèle d’horizontalité pure qu’elle revendique d’accomplir. Par exemple, il n’y a pas d’AG sans règles — règle du tour de parole, règle du temps de parole, respect de la personne modératrice, règles gestuelles de manifestation des opinions, etc. — et ces règles ont par définition un caractère institutionnel et verticalisé puisqu’elles s’imposent à tous, qu’elles font autorité, que tous les reconnaissent — conceptuellement, la verticalité c’est cela. Nous avons donc d’emblée affaire, et dès cette échelle, à de l’institutionnel-verticalisé, ce qui prouve bien l’inanité d’un mot d’ordre maximaliste d’horizontalité pure, en fait intenable »[9].

Mais il n’en tire pas toutes les conséquences. Il faut soit construire les institutions assurant une forte homogénéisation des représentations, soit trouver des mots d’ordre simples, unificateurs, qui assurent pour un temps une forme d’homogénéisation des représentations. Ce dont il est question, c’est un mot d’ordre général comme « la paix, le pain, la terre »[10]. Le discours sur l’écriture d’une nouvelle Constitution ou sur la création d’une alternative globale et cohérente n’est pas adapté à cela (même s’il contient des éléments qui sont « justes »). Ce mot d’ordre doit aussi permettre à la mobilisation de dépasser son objectif immédiat, et lui permettre de se projeter dans un futur, certes relativement proche, mais au-delà de la « Loi El Khomri ». Il peut concerner les élections présidentielles à venir, ou associer la question de la souveraineté et la question sociale.

Fondamentalement, un mouvement comme « Nuit Debout » est politique, et il exige que l’on fasse de la politique. Mais faire de la politique veut dire aussi quitter la posture où l’on prétend se garder les mains blanches. Cette posture, elle est celle du dirigeant politique qui se réfugie derrière les règles et les normes pour ne pas assumer les responsabilités de sa politique[11], comme elle peut être celle de l’intellectuel qui reste dans un discours volontairement complexe, qui se refuse à affronter les problèmes politiques d’alliance et de dynamique politique. Si Fréderic Lordon veut jouer un rôle dans ce mouvement, il est urgent qu’il assume ses responsabilités. Ou alors, il disparaîtra.

 

[1] http://blog.mondediplo.net/2016-04-25-Nuit-Debout-convergences-horizontalite

[2] http://www.challenges.fr/politique/20160425.CHA8346/quand-frederic-lordon-devoile-l-inquietant-projet-de-nuit-debout.html

[3] Ajoutons qu’il faut aussi attaqué par l’Opinion, cette gazette des maisons de retraites pour Juppéistes au bord de la crise de nerfs et de la maladie d’Alzheimer : http://www.lopinion.fr/edition/economie/nuit-debout-frederic-lordon-penseur-a-dormir-debout-100934

[4] Ce que j’écris dans ma note « Nuits debout », postée le 12 avril 2016, sur RussEuropehttps://russeurope.hypotheses.org/4857

[5] Guilluy C., La France périphérique. Comment on sacrifie les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014.

[6] Bouvet L., L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français, Paris, Fayard, 2015.

[7] https://russeurope.hypotheses.org/4857 , op.cit..

[8] Idem.

[9] http://blog.mondediplo.net/2016-04-25-Nuit-Debout-convergences-horizontalite

[10] Mot d’ordre sur lequel les bolchéviques vont construire leur succès au printemps et à l’été 1917….

[11] Bellamy R., « Dirty Hands and Clean Gloves: Liberal Ideals and Real Politics », European Journal of Political Thought, Vol. 9, No. 4, pp. 412–430, 2010

Source: http://www.les-crises.fr/nuit-debout-convergences-horizontalite-par-frederic-lordon/


Emmanuel Todd : « Nuit debout contre le grand vide »

Saturday 30 April 2016 at 00:28

Source : Fakir, François Ruffin, 20/04/2016

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Entretien avec Emmanuel Todd sur le mouvement Nuit Debout

Fakir : C’est un petit truc, Nuit debout…

Emmanuel Todd : Il ne faut pas dire ça. D’abord, c’est peut-être une petite chose mais au milieu de rien. Et ça, le fait que les médias s’intéressent à cette petite chose, c’est aussi un signe du grand vide. Les journalistes, qui certes appartiennent à des grands groupes, liés à l’argent, qui certes ne remettront jamais en cause ni l’euro ni l’Europe ni le libre-échange, mais qui sont des gens diplômés, pas toujours bêtes, ils sentent ce grand vide. Ils savent qu’ils donnent la parole à des hommes politiques méprisables, inexistants, tellement creux. Eh bien, ce qui se dit, ce qui se passe place de la République, et sur les places de province, parce qu’il faut regarder l’ouest de la France, Rennes, Nantes, Toulouse, la jeunesse des villes universitaires, ce qui se dit sur ces places, pour aussi farfelus que ce soit, ça vaut toujours mieux que ce grand vide. Et il ne s’agit pas seulement de remplir des pages, de vendre du papier…

Fakir : Ça remplit l’âme ? C’est l’indice d’une crise métaphysique ?

E.T. : Presque ! Et puis, pour aussi petit que ce soit, c’est peut-être un signe avant-coureur. Regardez Occupy Wall Street. Quelques mois après, je regardais les sondages qui paraissaient aux Etats-Unis, les jeunes devenaient favorables à l’Etat, à du protectionnisme. Et aujourd’hui, certes Bernie Sanders a perdu contre Hillary Clinton, mais il s’est revendiqué du « socialisme » aux Etats-Unis, et ses thèmes font maintenant partie de la campagne.

« Il y a là une ouverture pour se débarrasser du parti socialiste ! »

Fakir : Donc ça pourrait mener à un basculement ?

E.T. : C’est sans doute une étape dans la maturation des esprits. Déjà, si ça pouvait conduire à un engagement simple, chez les jeunes : « Plus jamais nous ne voterons PS ! » Je me porte beaucoup mieux, c’est une libération spirituelle, depuis que j’ai fait ce serment pour moi-même. Je rêverais de la mise à mort du PS. C’est peut-être ce que va nous apporter Hollande, il y a là une ouverture pour se débarrasser du parti socialiste. Et il existe désormais un boulevard à gauche.

Fakir : Mais ce sont des bobos qui se réunissent ?

E.T. : C’est facile de dire ça. Les jeunes diplômés du supérieur, c’est désormais 40 % d’une tranche d’âge. Ce n’est plus une minorité privilégiée, c’est la masse. Il y a donc un énorme potentiel d’extension du bobo. Et surtout, il faut comprendre, faire comprendre, que les stages à répétition, les boulots pourris dans les bureaux, les sous-paies pour des surqualifications, c’est la même chose que la fermeture des usines, que la succession d’intérim pour les jeunes de milieu populaires. La baisse du niveau de vie, c’est pour toute une génération.

« Un territoire libéré, à la fois des vieux et des banques, ça ne me déplait pas ! »

Fakir : Donc la réunion des deux jeunesses est en vue ?

E.T. : Avec un marxisme simpliste, on dirait que oui, ça doit bien se passer, les intérêts objectifs sont les mêmes. Mais le système scolaire, notamment, opère une stratification, il sépare tellement les destins, trie, évalue, que la jonction ne va pas de soi. Et on voit que la jeunesse populaire se tourne massivement vers le Front national…

Fakir : A cause, donc, d’habitudes culturelles différentes ? La techno contre Manu Chao ?

E.T. : Je ne sais pas ça, moi. Il ne vous aura pas échappé que je ne suis pas jeune !
C’est d’ailleurs une chose très positive : voilà quelque chose qui appartient aux jeunes. Enfin ! La société française est sous la coupe des vieux et des banques. Non seulement pour les richesses, mais pour le pouvoir surtout : le suffrage universel devient un mode d’oppression des jeunes par les vieux, qui décident d’un avenir qu’ils n’auront pas à habiter. Je milite pour la mise à mort de ma génération. Donc, l’idée d’un territoire libéré, à la fois des vieux et des banques, ça ne me déplait pas. C’est pour cette raison que l’éviction de Finkielkraut m’est apparu comme une bonne nouvelle. Jusqu’ici, je trouvais les jeunes trop gentils, au vu de la domination qu’ils subissaient.

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Fakir : Mais dans ce mouvement, il y a comme un refus de l’organisation…

E.T. : C’est le drame de cette jeunesse : c’est nous, en pire. Les soixante-huitards ont découvert les joies de l’individualisme, mais ils avaient derrière eux, dans leur famille, une solide formation dans des collectifs : le Parti communiste, l’Eglise, les syndicats. Là, ces générations sont nées individualistes, ce sont des soixante-huitards au carré, quasiment ontologiques. Il n’y a même pas le souvenir de ces collectifs forts. Et la volonté de ne pas s’organiser est presque élevée au rang de religion.
Mais c’est terrible parce que s’ils savaient, s’ils savaient à quel point les mecs en face d’eux, les patrons, l’Etat, le Parti socialiste, les banques sont organisés. Ce sont des machines. Et moi qui suis plutôt modéré, keynésien, pour un capitalisme apprivoisé, je me souviens de la leçon de Lénine : « Pas de révolution sans organisation » !

Source : Fakir, François Ruffin, 20/04/2016

P.S. Les commentaires critiques qui porteront sur autre chose que les propos de l’article seront supprimés – c’est pénible à la longue…

Source: http://www.les-crises.fr/emmanuel-todd-nuit-debout-contre-le-grand-vide/


Comment les États-Unis ont couvert le rôle des Saoudiens dans le 11 Septembre, par Paul Sperry

Friday 29 April 2016 at 01:25

Le New York Post est un des plus anciens (ou, selon les critères, le plus ancien) journaux américains, encore publié de nos jours. Il a été créé en 1801. Sa ligne éditoriale est conservatrice. Il tire à près de 700 000 exemplaires

Ca chauffe bien une opinion publique…

Source : Paul Sperry, New York Post, le 17/04/2016

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Dans son rapport sur les “28 pages”, toujours censurées, impliquant le gouvernement saoudien dans le 11-Septembre, “60 Minutes”, le week-end dernier, a dit que le rôle des Saoudiens dans les attaques a été sous-évalué pour protéger la délicate alliance de l’Amérique avec le royaume riche en pétrole.

C’est vraiment un euphémisme.

En réalité, l’implication du royaume a été délibérément dissimulée aux plus hauts niveaux de notre gouvernement. Et cette dissimulation va bien au-delà d’enfermer les 28 pages du rapport saoudien dans une chambre forte du sous-sol du Capitole américain. Les enquêtes ont été étouffées. Les complices ont été laissés tranquilles.

Les agents responsables de l’enquête que j’ai interviewés à la Joint Terrorism Task Forces [l’unité de lutte contre le terrorisme du FBI, NdT] à Washington et à San Diego, la base avancée de certains pirates de l’air saoudiens, mais aussi les détectives du Département de police du comté de Fairfax (Virginie) qui ont enquêté sur plusieurs pistes concernant le 11 Septembre, disent que pratiquement toutes les routes mènent à l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington, et au consulat saoudien à Los Angeles.

Et pourtant, encore et toujours, il leur a été demandé de ne pas remonter ces pistes. L’excuse en général était “l’immunité diplomatique”.

Ces sources disent que les pages manquantes du rapport d’enquête du Congrès sur le 11 Septembre – qui comprennent le chapitre entier concernant “le soutien étranger aux pirates de l’air du 11-Septembre” – détaille “les preuves incontestables” réunies par la CIA et le FBI de l’assistance des Saoudiens pour au moins deux des pirates de l’air saoudiens qui étaient installés à San Diego.

Certaines informations ont fuité des documents, y compris une frénésie d’appels téléphoniques avant le 11 Septembre entre un des soutiens saoudiens des pirates de l’air à San Diego et l’ambassade d’Arabie saoudite, et le transfert ensuite de quelque 130 000 dollars d’un compte du prince Bandar, ambassadeur saoudien, à un autre soutien saoudien des pirates de l’air à San Diego.

Prince Bandar Photo: Reuters

Prince Bandar

Un enquêteur qui travaillait avec la Joint Terrorism Task Forces de Washington s’est plaint qu’au lieu d’enquêter sur Bandar, le gouvernement américain l’a protégé – littéralement. Il dit que le département d’État a assigné un détachement de sécurité pour protéger Bandar pas seulement à l’ambassade, mais aussi à sa résidence à McLean, en Virginie.

La source a ajouté que l’équipe opérationnelle voulait incarcérer un certain nombre d’employés de l’Ambassade, “mais l’ambassade s’est plainte auprès du Procureur” et leurs visas diplomatiques ont été révoqués à titre de compromis.

L’ancien agent du FBI John Guandolo, qui a travaillé sur les affaires liées au 11 Septembre et à al-Qaïda pour le bureau de Washington, affirme que Bandar aurait dû être un suspect clé dans l’enquête sur le 11-Septembre.

L’ambassadeur saoudien a financé deux des pirates de l’air du 11 Septembre via une tierce personne,” a affirmé Guandolo. “Il devrait être traité comme un suspect terroriste, tout comme les autres membres de l’élite saoudienne que le gouvernement américain connaît comme finançant actuellement le djihad mondial.”

Mais Bandar a la haute main sur le FBI.

Après sa rencontre avec le président Bush à la Maison-Blanche le 13 septembre 2001, où les deux vieux amis de famille ont partagé des cigares sur le balcon Truman, le FBI a effacé de la liste des terroristes à surveiller des dizaines d’officiels saoudiens de différentes villes, y compris au moins un membre de la famille d’Oussama ben Laden. Au lieu d’enquêter sur les Saoudiens, les agents du FBI ont servi d’escorte de sécurité pour eux, même si à cette période on savait déjà que 15 des 19 pirates de l’air étaient des citoyens saoudiens.

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« Le 13 septembre 2001, le Prince Bandar est reçu sur le balcon Truman de la Maison-Blanche par George W. Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice – probablement pour aider des Saoudiens à fuir les États-Unis… »

Le FBI a été empêché par la Maison-Blanche d’auditionner les Saoudiens que nous voulions entendre,” dit l’ancien agent du FBI Mark Rossini, qui a participé à l’enquête sur al-Qaïda et les pirates de l’air. La Maison-Blanche “les a tirés d’affaire”.

De plus, Rossini déclare qu’il a été dit au bureau qu’aucune citation à comparaître ne pouvait être utilisée pour produire des preuves liant au 11 Septembre les Saoudiens suspects sur le départ. Le FBI a dès lors gelé les enquêtes locales qui conduisaient aux Saoudiens.

Le FBI s’est bouché les oreilles à chaque fois que nous mentionnions les Saoudiens,” affirmait Roger Kelly, ancien lieutenant de police du comté de Fairfax. “C’était trop politique pour y toucher.”

Kelly, qui a dirigé le Centre de renseignement régional, ajoutait : “Vous pouviez enquêter sur les Saoudiens, mais les Saoudiens étaient ‘hors de portée’.”

Photo: AP

Photo: AP

Même Anwar al-Awlaki, le conseiller spirituel des pirates de l’air, nous a échappé. En 2002, le religieux financé par les Saoudiens, détenu à l’aéroport JFK pour fraude au passeport, a seulement été remis à la garde d’un “représentant de l’Arabie saoudite.”

Il a fallu attendre 2011 pour qu’Awlaki soit amené devant la justice – en raison d’une attaque de drone de la CIA.

Étrangement, “le rapport de la commission sur le 11 Septembre”, qui a suivi l’enquête du Congrès, ne cite jamais l’arrestation et la remise en liberté d’Awlaki, et ne mentionne Bandar qu’en passant, son nom enterré dans les notes en bas de page.

Deux avocats de la commission qui enquêtaient sur le réseau de soutien saoudien des pirates de l’air se sont plaints que leur supérieur, le directeur opérationnel Philip Zelikow, les a empêchés d’émettre des citations à comparaître et de mener des auditions des suspects saoudiens.

John Lehman, membre de la commission sur le 11 Septembre, s’est intéressé aux liens entre les pirates de l’air et Bandar, sa femme et le bureau des affaires islamiques de l’ambassade. Mais à chaque fois qu’il a essayé d’obtenir des informations sur ce point, il a reçu une fin de non-recevoir de la Maison-Blanche.

Ils refusaient de déclassifier quoi que ce soit en rapport avec l’Arabie saoudite,” selon Lehman cité dans le livre “The Commission”.

Les États-Unis ont-ils sabordé l’enquête sur le soutien étranger au 11 Septembre pour protéger Bandar et les autres membres de l’élite saoudienne ?

Les choses qui auraient dû être faites à l’époque ne l’ont pas été,” affirmait Walter Jones, élu républicain de Caroline du Nord, qui a déposé un projet de loi demandant au président Obama de déclassifier les 28 pages. “J’essaie de vous donner une réponse sans être trop explicite.”

Un réformateur saoudien avec une connaissance directe de l’implication de l’ambassade est plus coopératif.

Nous avons fait un allié d’un régime qui a aidé à financer les attaques,” affirmait Ali al-Ahmed de l’Institut pour les affaires du Golfe basé à Washington. “Je veux dire, soyons réalistes.”

Source : New York Post, le 17/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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En bonus, lettre de bin Sultan au président de la Commission d’enquête sur le 11 Septembre…

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Source: http://www.les-crises.fr/comment-les-etats-unis-ont-couvert-le-role-des-saoudiens-dans-le-11-septembre-par-paul-sperry/


[2003] La Maison-Blanche a approuvé le départ de Saoudiens après le 11 Septembre, par Eric Lichtblau

Friday 29 April 2016 at 01:12

[2003] La Maison-Blanche a approuvé le départ de Saoudiens après le 11 Septembre

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Source : The New York Times, le 04/09/2003

Par ERIC LICHTBLAU – Publié le 4 septembre 2003

WASHINGTON, le 3 septembre – Des représentants de haut rang de la Maison-Blanche ont personnellement approuvé, dans les jours qui ont suivi les attaques du 11 septembre 2001, l’évacuation des États-Unis de dizaines de saoudiens influents, y compris des parents d’Oussama ben Laden, alors que la plupart des avions étaient cloués au sol, affirme aujourd’hui un ancien conseiller de la Maison-Blanche.

Le conseiller, Richard Clarke, qui a dirigé l’équipe de crise de la Maison-Blanche après les attaques, mais a depuis quitté l’administration Bush, dit qu’il a donné son accord au plan d’exception parce que le FBI lui a assuré que les Saoudiens sur le départ n’étaient pas liés au terrorisme. La Maison-Blanche craignait que les Saoudiens puissent subir des “représailles” pour les pirates de l’air s’ils restaient aux États-Unis, affirmait M. Clarke.

Le fait que des parents de M. ben Laden et d’autres saoudiens aient été précipitamment exfiltrés du pays est devenu public peu de temps après les attaques du 11 Septembre. Mais les questions sur les conditions du départ ont traîné, et les déclarations de M. Clarke apportent les premiers éclairages sur l’implication de la Maison-Blanche dans le plan et sur la signature personnelle de représentants de haut rang de l’administration.

M. Clarke a en premier parlé du plan dans un article de Vanity Fair sorti jeudi, et il a développé ses commentaires aujourd’hui dans une interview et un témoignage devant le Congrès. La Maison-Blanche a affirmé aujourd’hui qu’elle n’avait aucun commentaire à faire sur les déclarations de M. Clarke.

La publication est survenue seulement quelques semaines après la partie classifiée du rapport du Congrès sur les attaques du 11 Septembre suggérant que l’Arabie saoudite avait des liens financiers avec les pirates de l’air, et les commentaires de M. Clarke vont certainement alimenter les accusations selon lesquelles les États-Unis ont ménagé les Saoudiens pour des raisons diplomatiques.

OB : Notez que ça fait 13 ans que ça se trouve dans LE journal mainstream mondial…

« Comment se fait-il que nous disposions de tant d’informations, mais que nous sachions si peu de choses ? » [Noam Chomsky]

Le sénateur Charles E. Schumer, démocrate de New York, a profité des commentaires de M. Clarke pour demander à la Maison-Blanche de mener une enquête sur le départ prématuré d’environ 140 saoudiens des États-Unis dans les jours qui ont suivi les attaques.

M. Schumer affirmait dans une interview qu’il suspectait que certains des saoudiens autorisés à partir, en particulier deux parents d’Oussama ben Laden qui selon lui avaient des connexions avec des groupes terroristes, auraient pu faire la lumière sur les évènements du 11 Septembre.

“C’est juste un autre exemple de notre pays dorlotant les Saoudiens et leur donnant des privilèges que les autres n’obtiendraient jamais,” affirmait M. Schumer. “C’est presque comme si nous ne voulions pas savoir quels liens existaient.”

Les officiels saoudiens n’ont pu être joints pour faire des commentaires aujourd’hui, mais dans le passé ils ont nié les accusations les liant aux 19 pirates de l’air, dont 15 étaient originaires d’Arabie saoudite.

Tout en refusant de discuter des détails de l’affaire, des fonctionnaires du FBI. ont déclaré que dans les jours juste après le 11 Septembre, les agents du bureau ont interrogé les parents adultes de M. ben Laden, membres d’une des familles les plus riches d’Arabie saoudite, avant que la Maison Blanche ne les évacue du pays. M. ben Laden serait séparé de sa famille et beaucoup de ses proches ont renié sa campagne contre les États-Unis.

“Nous avons fait tout ce qui avait besoin d’être fait,” affirmait John Iannarelli, porte-parole du bureau. “Il n’y a rien qui indique que l’un d’eux ait une quelconque information qui pourrait nous aider, et aucun égard n’a été accordé qui ne l’aurait été à n’importe qui.”

Mais l’enquête de Vanity Fair cite Dale Watson, l’ancien directeur du contre-terrorisme au FBI, disant que les saoudiens évacués “n’ont pas fait l’objet d’auditions ou d’interrogatoires sérieuses.”

M. Watson n’a pu être contacté aujourd’hui pour un commentaire.

L’article dépeint une évacuation élaborée mais précipitée conduite une semaine après les détournements, durant laquelle des avions privés sont allés chercher les Saoudiens dans dix villes différentes. Selon l’article, certains responsables du bureau et de l’aviation ont affirmé qu’ils étaient contrariés par l’opération parce que le gouvernement n’a pas levé les restrictions de vol pour le grand public, mais qu’ils n’avaient pas le pouvoir d’arrêter l’évacuation.

M. Clarke, qui a quitté la Maison-Blanche en février, a affirmé dans une interview qu’il avait été guidé par l’inquiétude que les Saoudiens “ne soient la cible de représailles” de la part d’Américains après les détournements d’avion.

M. Clarke a affirmé qu’il avait dit au bureau de retenir toute personne contre laquelle ils auraient des soupçons, et le FBI a dit n’avoir retenu personne.

M. Schumer a affirmé douter du sérieux de l’examen rapide effectué par le bureau, et dans une lettre à la Maison-Blanche aujourd’hui il affirme que les Saoudiens semblent avoir bénéficié d’un “laissez-passer” malgré leurs éventuelles connaissances au sujet des attaques.

Source : The New York Times, le 04/09/2003

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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[2004] La Grande Évasion

Source : The New York Times, le 01/06/2004

Les Américains qui pensent que la Commission sur le 11 Septembre va répondre à toutes les questions cruciales sur les attaques terroristes vont probablement être douloureusement déçus – surtout s’ils s’intéressent à l’évacuation secrète de Saoudiens par avions, qui a commencé juste après le 11 septembre.

Nous savions que 15 des 19 pirates de l’air étaient des Saoudiens. Nous savions qu’Oussama ben Laden, un Saoudien, était derrière le 11 Septembre. Pourtant nous n’avons pas mené d’enquête de police sur le départ des Saoudiens, dont une vingtaine étaient membres de la famille de Ben Laden – ce qui n’en fait pas des complices des attaques.

Malheureusement, nous ne pourrons cependant sans doute jamais connaitre l’histoire réelle. La commission d’enquête a déjà conclu qu’il n’y a « aucune preuve crédible que des vols spécialement affrétés pour des ressortissants saoudiens soient partis des États-Unis avant la réouverture d’espace aérien national ». Mais ce qui importe, c’est qu’il y avait encore quelques restrictions de l’espace aérien américain lorsque les vols saoudiens ont commencé.

De plus, une nouvelle preuve montre que l’évacuation a impliqué plus que le départ de 142 Saoudiens sur les six vols affrétés sur lesquels enquête la commission. Selon des documents nouvellement divulgués, 160 Saoudiens ont quitté les États-Unis sur 55 vols immédiatement après le 11 Septembre – ce qui fait un total d’environ 300 personnes parties avec l’apparente approbation de l’administration de Bush, beaucoup plus que ce qui a été signalé auparavant. Les documents ont été publiés par le ministère de la Sécurité intérieure en réponse à une demande dans le cadre de la Loi sur l’accès à l’information déposée par Judicial Watch, un observatoire conservateur indépendant, à Washington.

La grande majorité des vols nouvellement révélés était des vols de commerciaux de compagnies aériennes, pas des vols spécialement affrétés, et n’ont souvent transporté que deux ou trois passagers saoudiens. Ils venaient de plus de vingt villes, dont Chicago, Dallas, Denver, Detroit et Houston. Un vol d’une compagnie aérienne saoudienne a quitté l’aéroport Kennedy le 13 septembre avec 46 Saoudiens. Le jour suivant, un autre vol d’une compagnie saoudienne est parti avec 13 Saoudiens.

L’observatoire a signalé qu’il reste encore à trouver une preuve quelconque que le F.B.I. ait contrôlé l’affichage des départs de vols par rapport à sa liste de surveillance de terroristes. Selon ce groupe d’observation, les départs supplémentaires de Saoudiens suscitent des interrogations supplémentaires. Richard Clarke, l’ancien patron du contre-terrorisme, a déclaré récemment au journal The Hill qu’il a pris l’entière responsabilité d’approuver quelques vols. Mais nous ne savons pas si d’autres représentants de l’administration de Bush ont pris part à la décision.

Les passagers devraient avoir été interrogés sur leurs liens avec Oussama ben Laden, quels qu’ils soient, ou son financement. Nous savons depuis longtemps qu’une certaine faction de l’élite saoudienne a aidé à faire passer de l’argent aux terroristes islamistes – au moins involontairement. Le prince Ahmed bin Salman, qui a été accusé d’être un intermédiaire entre al-Qaïda et la famille royale des Saud, est monté à bord un des avions d’évacuation dans le Kentucky. A-t-il été interrogé par le F.B.I. avant son départ ?

Si la commission ose aborder ces questions, elle sera sans aucun doute accusée de politiser une des enquêtes de sécurité nationale les plus importantes de l’histoire américaine – du moins pendant une année d’élection.

Mais si elle ne le fait pas, elle risque bien pire – la trahison des milliers de gens qui ont perdu leurs vies ce jour-là, sans parler de millions d’autres qui veulent la vérité.

Source : The New York Times, le 01/06/2004

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Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, Palme d’Or à Cannes 2004

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En plus des 142 Soudiens évacués dans 6 vols affretés pour cela, 160 autres ont fui dans 55 vols entre le 11 et le 15 septembre, d’après les documents obtenus par Judicial Watch.

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Source: http://www.les-crises.fr/2003-la-maison-blanche-a-approuve-le-depart-de-saoudiens-apres-le-11-septembre-par-eric-lichtblau/


Laissez-moi poser une question à l’Amérique, par Donald J. Trump

Friday 29 April 2016 at 00:01

Source : The Wall Street Journal, le 14/04/2016

Qu’a fait le “système” pour vous et votre famille ? Pas étonnant que les électeurs veuillent un changement.

PHOTO: GETTY IMAGES/BLEND IMAGES

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Par DONALD J. TRUMP

14 avril 2016

Le samedi 9 avril, au Colorado avait lieu une élection sans électeur. Les représentants ont été désignés pour la candidature à la présidence, et pourtant les gens du Colorado n’ont pas eu l’occasion de voter pour dire quel candidat ils préféraient.

Un vote prévu a été annulé. Et un million de républicains du Colorado ont été mis à l’écart.

Ces jours derniers, quelque chose de bien trop prévisible s’est produit : les politiciens ont furieusement défendu le système. “C’est le règlement,” nous a-t-on dit encore et encore. Si le “règlement” peut être utilisé pour empêcher les habitants du Colorado de voter pour obtenir de meilleurs accords commerciaux, ou des frontières renforcées, ou mettre fin à l’achat de votes du Congrès par des intérêts privés – et bien, c’est le système et nous devons faire avec.

Laissez-moi poser une question à l’Amérique : Qu’a fait le “système” pour vous et votre famille ?

Pour ma part, cela ne m’intéresse pas de défendre un système qui depuis des décennies a servi les intérêts des partis politiques au détriment du peuple. Les membres du club – les consultants, les instituts de sondages, les politiciens, les experts et les intérêts privés – se sont enrichis et sont devenus plus puissants, tandis que les Américains se sont appauvris et ont été écartés.

Personne n’a fait pression pour annuler le vote du Colorado. Des politiciens à l’intérieur du système ont décidé de l’annuler. Et c’était une mauvaise décision.

Des chefs responsables devraient être choqués par l’idée que des membres de partis puissent tout simplement annuler des élections en Amérique, s’ils n’aiment pas ce que les électeurs pourraient voter.

Le seul remède à des décennies de régime désastreux aux mains d’une élite est une volonté populaire bouillonnante. A chaque échéance concernant ce pays, le peuple s’est révélé avoir raison et les élites dirigeantes tort. Les élites ont tort sur les taxes, sur la taille du gouvernement, sur le commerce, sur l’immigration et sur la politique extérieure.

Pourquoi ferions-nous confiance à des gens qui n’ont pris que de mauvaises décisions pour substituer leur volonté à celle de l’Amérique dans cette élection présidentielle ?

Ici, je me distingue du sénateur Ted Cruz.

M. Cruz a parcouru le pays en fêtant sa victoire sans électeur au Colorado. Pour un homme qui se proclame en guerre contre “l’establishment” (on ne le devinerait pas d’après la liste de ses donateurs et soutiens), on pourrait penser qu’il exigerait un vote des habitants du Colorado. Au lieu de ça, M. Cruz se réjouit de leur privation du droit de vote.

Ainsi, M. Cruz fanfaronne joyeusement chaque fois qu’un cadre du parti spolie des électeurs dans un district du congrès en nommant des délégués qui voteront l’exact opposé de la volonté des habitants de ce même district.

C’est parce que M. Cruz n’a pas de légitimité pour être démocratiquement élu. Il aurait été mathématiquement éliminé par les électeurs.

Pendant que je m’autofinance, M. Cruz récolte des millions de la part d’intérêts privés. Et malgré cet avantage financier, M. Cruz n’a remporté que trois primaires en dehors de son État et est à la traîne de deux millions de votes – un écart qui ne peut que se creuser. M. Cruz perd à chaque fois que les gens sont appelés aux urnes. La privation de vote n’est pas un des outils de la stratégie Cruz – c’est la stratégie Cruz.

La grande ironie de cette campagne est que le “Washington cartel” que M. Cruz critique est le même groupe sur lequel il compte pour sa stratégie de privation de vote.

Ma stratégie de campagne est de gagner grâce aux électeurs. Celle de Ted Cruz est de gagner malgré eux.

Ce à quoi nous assistons actuellement n’est pas un usage correct de la loi mais un abus flagrant de cette même loi. Les représentants sont censés suivre la volonté des électeurs, mais le système est miné par des membres du parti qui utilisent les représentants comme “agents doubles” pour rejeter la volonté des électeurs.

Le peuple américain ne peut pas avoir foi en ce système. Il doit être réformé.

De la même manière que j’ai dit que je réformerai nos politiques injustes de commerce, d’immigration et économique qui nuisent aux Américains, je compte bien travailler en partenariat avec le chef du Comité national républicain et les plus hautes instances du GOP [Grand Old Party, acronyme du Parti républicain américain, NdT] pour réformer notre système de vote. Ensemble nous restaurerons la confiance – et le droit de suffrage – du peuple américain.

Il ne doit y avoir aucun doute sur le fait que ce sont les électeurs et non les donateurs qui choisissent les candidats.

Comment en sommes-nous arrivés à un point où les politiciens défendent un système truqué de sélection de représentants avec plus de ferveur qu’ils n’en ont mis pour protéger nos frontières ?

Peut-être est-ce parce que les politiciens se soucient plus de la sécurité de leur réseau que de celle du pays.

Ma campagne se battra, bien sûr, pour chaque délégué. Nous travaillerons au sein du système existant tout en se battant pour le réformer à l’avenir. Mais nous le ferons de la bonne façon. Ma campagne recherchera le maximum de transparence, une représentation maximale et une participation maximale des électeurs.

Nous livrerons une campagne qui devra renforcer les électeurs, pas les marginaliser.

Inspirons-nous des patriotes du Colorado qui se sont unis pour protester. Faisons du Colorado un symbole de ralliement de tous les oubliés dont les appels se sont heurtés depuis des décennies aux oreilles sourdes et aux yeux fermés de nos dirigeants à Washington.

Les politiciens de carrière se sont fait leur place depuis longtemps. Faisons en sorte qu’on se rappelle 2016 comme l’année où le peuple américain s’est fait la sienne.

M. Trump est un candidat républicain à l’élection présidentielle.

Source : The Wall Street Journal, le 14/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/laissez-moi-poser-une-question-a-lamerique-par-donald-j-trump/