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Actu’Ukraine 14/11/2014

Friday 14 November 2014 at 01:59

Comme c’est un jour d’élections législatives importantes en Ukraine, actu reprenant pas mal d’informations de ces 10 derniers jours (c’est vraiment en vrac, avec les commentaires des butineurs… Pas le temps de faire mieux, désolé).

Merci aux butineurs et à Natacha et Sylvain pour la synthèse…

P.S. on manque de bras pour participer à la création de cette synthèse… Me contacter si vous pouvez aider un peu…

LE DONBASS, LA ZONE ATO ET LE CESSEZ-LE-FEU
Crimes de guerre
L’ONG Human Right Watch a publié un raport sur l’utilisation de bombes à fragmentations dans le conflit ukrainien en incriminant à la fois les troupes de Kiev et les insurgés.
Kiev est également accusé par les insurgés et certains médias russes d’utiliser des bombes incendiaires.
Le cessez-le-feu
Il est resté lettre morte notamment à Donetsk où des combats font rage tous les jours notamment pour le contrôle de l’aéroport. Des blessés et des victimes sont à déplorer quasiment quotidiennement. Et il y a aussi des miraculés comme cette jeune fille…
Dans la région de Lougansk, les combats continuent aussi dans le centre et le sud.
QUAND LA RELIGION S’EN MÊLE
rappel , le poids des eglises orthodoxes en Ukraine avec Arjakovski
Dimension religieuse du conflit ukrainien
Interview du Patriarche Russe Hilarion
Un pretre de l’eglise de Kiev demande a ce que les orthodoxes de l’eglise orthodoxe officielle soit privés de poste
LE GAZ
Le milliardaire Soros se démène pour que l’UE finance l’Ukraine dans « son combat » contre la Russie.
L’Allemagne propose elle de fournir un prêt à l’Ukraine pour payer sa dette gazière, mais il y a des réserves de certains pays.
Russia and Ukraine signed a deal on natural gas supplies for the     winter Oct. 30, Ukraine’s Minister of Energy said.
Accord sur le gaz UE Ukr Russie (pour l’hiver seulement)
MISTRAL
Un article intéressant sur les mécanismes en cas d’arbitrage
Pour les Américains c’est simple les Français ont les moyens
Foreign ¨Policy: comment sauver la France
La Russie va poursuivre la France en justice pour les Mistral
Les Russes invités par le numéro 2 de DCNS mais non invités par le président et son Sapin…
l’IFRI parle du Mistral en RUSSE (pour ne pas etre compris ???)
Ifri Paris-Bruxelles ?@IFRI_
LE MH17
Délégation russe à l’ONU : l’enquête sur le Boeing de la MA s’est interrompue
LES RELATIONS UKRAINE-POLOGNE
Les relations ukraino-polonaises commencent à se tendre notamment à cause de la volonté du gouvernement actuel de l’Ukraine de vouloir faire de l’UPA et OUN  des héros nationaux alors que ces dernières ont massacré lors de la Seconde guerre mondiale des milliers de Polonais. Le président ukrainien, Piotr Poroshenko a même évoque de faire du 14 octobre le Jour des Défenseurs de la Patrie.
MEDIAS FRANCAIS
Lorraine Millot,actuellement correspondante a Washington : on avait deja souligne que Jacques Sapir a fait les frais de la demoiselle
9 articles en une soiree, la chasse aux “pro russe” est ouverte et tout le monde en prend pour son grade :
on retrouve un mail de cette chere journaliste dans un wikileak ou elle ecrit juste au VP de la stratfor pour le remercier…
wikileak qu elle va d’ailleurs regulierement attaquer dans ses articles…
RUSSIE
PISM, institut polonais des affaires internationales:
la dispute entre l’ouest et la Russie est  peut être beaucoup plus profonde qu’on croit:
One of the main conclusions of the report is that mutual mistrust itself is not a product of misunderstanding of the motives guiding the other side, but rather it reflects some fundamental differences  in values and interests.
Defense : La Russie montre sa force aussi à l’Est
The Russian army has concluded its biggest exercises this year, “East  2014,” in the Eastern Military District. The manoeuvres are designed to  test the readiness of the armed forces and civilian administration for  action during potential conflict with China or Japan, which are  perceived by Russia as major potential threats in the eastern strategic  direction.
La Russie se rapproche de plus en plus de l’OTAN
32.000 habitants de Sébastopol sont sans téléphone ni internet après que Vega, une compagnie d’Akhmetov, ait refusé de passer au numéro de code russe
SANCTIONS CONTRE LA RUSSIE
L’Union européenne maintient ses sanctions contre la #Russie -     rts.ch – info – monde http://www.rts.ch/info/monde/6258934-l-union-europeenne-maintient-ses-sanctions-contre-la-russie.html
EU droht mit Verschärfung der Sanktionen bei Anerkennung der Wahl in     Ostukraine – Zeitung
Die #Russische Wirtschaft leidet unter den Sanktionen und ist     veraltet. Investitionen fehlen.
Embargo Russe oblige les polonais a         acheter leur bouffe en chine
#Russia embargo on food from #EU increases prices & dependence     on #China, @PISM_Poland http://www.pism.pl/files/?id_plik=18527 …     @edwardlucas @DamonMacWilson
Article de la FAZ repris dans les journaux russes, notamment Vzgliad
L’ex-chancelier Helmut Kohl critique la politique d’isolement de la Russie
(résumé en russe)
ELECTIONS EN DNR ET LNR
Elections dans le Donbass: Bruxelles prêt à durcir les sanctions contre Moscou
UN condemn rebels’ plans to hold #elections in eastern     #Ukraine. Read .@tanais_ua on #UkraineElections
Nouvelle étape du conflit Russie Occident après les élections du dimanche 2 novembre
- The Associated Press: Separatist rebels hold elections in Ukraine’s east, despite condemnation from international community: http://apne.ws/13rjeVd
- Mediapart: Dans le Donbass, en Ukraine, des élections fantômes http://dlvr.it/7NhWS9
- Heinz Koch : NATO Secretary General statement on planned “elections” in Eastern Ukraine http://fb.me/6PPlXFSWw
- Geoffrey Pyatt: Ukraine must take place in accordance with Minsk Protocol say France & Germany http://bit.ly/1xIuLIA
- RIA Novosti: Heavy artillery heard in East Ukraine’s Donetsk as city is getting ready for elections http://bit.ly/10HcPEz
-  Max Seddon: My latest from the Donetsk People’s Republic, which now has  its own bank, supreme court, police — and more elections
Zakharchenko donné vainqueur à Donietsk, exit poll
Les observateurs étrangers pour les élections de ce dimanche en DNR et LNR (membres du FN, du Parti de Berlusconi, du PC grec etc)
LNR
Etonnante interview de Moskal, le peu  ragoûtant gouverneur de la région de Lougansk, nommé en septembre par  Kiev, où l’on apprend, entre autre, que près de 80 à 95 % des habitants  de cette région sont pro-russes (Mais Kiev n’y croit pas).
Traduction d’un petit extrait concernant la situation économique dans la région:
Combien reste-t-il d’entreprises en fonctionnement sur le territoire de la région de Lougansk contrôlé par les autorités ukrainiennes ?
- Avouons-le franchement, l’Ukraine avait déjà perdu les entreprises clés de la région avant les évènements. Aujourd’hui, les quatre principales entreprises structurantes ne lui appartiennent pas.
L’usine métallurgique et la cokerie d’Altchevsk appartiennent à la banque VTB. Les deux sont arrêtées. Même si Altchevsk est une ville pluri-industrielle, il n’y a pas d’autre travail là-bas.
La raffinerie de Lissitchansk appartient à Rosneft, elle est arrêtée, elle aussi. Ceux à qui le pétrole appartient l’ont pompé et remplacé par de l’eau. Si la tuyauterie gèle, l’usine se transformera en un tas de ferraille. L’usine arrêtée; c’est la mort pour la ville.
L’usine Azote de Severodonetsk aurait dû être mise en service en octobre;  mais il y a eu des jeux politiques et le gouvernement a décidé que la pétrochimie n’avait pas besoin de produire de gaz. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui Severodonetsk collecte de 6 000 à 10 000 grivnas d’impôts. Selon vous, est-ce qu’une ville peut subsister avec cet argent? Elle est tout bonnement condamnée à la misère.
- Que voyez-vous comme solution? Que fait-il faire pour améliorer la situation?
- Ce qu’il faut faire? Donnez-moi un mandat pour négocier, je trouverai une langue commune avec les propriétaires; donnez-moi aussi la garantie que les ultra-patriotes n’arriveront pas demain et ne diront pas que j’ai vendu quelque chose aux russes.
Je dois assurer des emplois aux gens. Le budget est constitué à 80% des recettes provenant de l’impôt sur le revenu des gens qui travaillent. Si personne ne travaille, il n’y a pas de rentrées. Aujoud’hui Severodonetsk est sur la paille, il n’y a même pas de quoi payer les agents de nettoyage pour qu’ils balayent les rues.
UKRAINE UN EXEMPLE D’ANTI FASCISME
si si
Finlandisation Ukraine
Finlande

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-14-11-2014/


[Nationalisme européiste] Hollande : “A ceux qui se demandent à quoi sert l’Europe, Rosetta a donné la réponse”

Thursday 13 November 2014 at 19:12

(Source)

Ah, le nationalisme européiste, c’est toujours fascinant….

2 remarques :

1/ Rosetta montre en effet l’intérêt d’une coopération européenne. mais en quoi diable montre-t-elle l’intérêt :

2/ a contrario, il a peut être raison. A quoi sert l’Europe ? A envoyer une sonde à des milliards de km où elle foirera son atterrissage.

Et à rien d’autre….

Donc en échange de nos libertés démocratiques, de nos emplois, de notre couverture sociale, on vous offre ça (profitez-en bien !) :

EDIT : on arrête le délire en commentaire, ce n’est évidemment pas un billet sur l’intérêt de la recherche spatiale (qui me passionne pour l’anecdote)…

Source: http://www.les-crises.fr/europe-rosetta/


[Recommandé] Emmanuel Todd au Club de la Presse : “On est passé en régime oligarchique”

Thursday 13 November 2014 at 11:27

I. Emmanuel Todd – au Club de la Presse d’Europe 1

10/11/2014 :

II. Emmanuel Todd – Jean louis Bourlanges

7/11/2014

Hollande sur TF1 : a-t-il convaincu ?


Hollande sur TF1 : a-t-il convaincu ? par franceinter

Quel bilan pour François Hollande à mi-mandat ?


Quel bilan pour François Hollande à mi-mandat ? par franceinter

Source: http://www.les-crises.fr/todd-actualite/


[Orwellisme] Officiel US : L’armée russe se trouve maintenant “aux portes de l’OTAN” !

Thursday 13 November 2014 at 03:01

Excellente vidéo du 17/10 !

Un certain John Kirby, un “amiral arrière” représente l’armée pour répondre à la presse à la place de la lumineuse Jen Psaki.

Le reporter d’Associated Press Matt Lee (un des derniers vrais journalistes) l’interroge sur la dernière déclaration farfelue en date du secrétaire US à la guerre Chuck Hagel comme quoi l’armée russe se trouverait maintenant “aux portes de l’OTAN” !

——-

* Traduction littérale, ce type s’exprime vraiment comme ça envers un journaliste: “we’ve been saying that throughout the last 15 years man”

(Cliquez sur le 2e symbole en bas à droite pour avoir les sous-titres en français)

La narrative-Système, c’est bien plus qu’Orwell, par Philippe Grasset

18 octobre 2014 – Jeudi après-midi (vendredi matin en Europe), le département d’État présentait un briefing conjoint de la porte-parole Jennifer Psaki (département d’État) et du porte-parole John Kirby, contre-amiral (département de la défense). Ce joint meeting semble être une première historique pour ces puissantes institutions jalouses de leurs prérogatives de communication, comme l’a signalé Psaki, et un “signe des temps”, selon la sollicitation d’un interrupteur-commentateur. (A notre sens : un signe d’un temps d’une extrême militarisation de la diplomatie US, jusqu’à réduire cette diplomatie au seul fait militaire enrobé de communication pompeuse et déclamatoire, alors que les activités militaires deviennent à la fois productrices d’un hyper-désordre et souvent diplomatiquement incontrôlables.) On peut lire une transcription de cette réunion sur le site officiel du département d’État, ce 16 octobre 2014, et voir le passage expliquant cette décision, sur C-Span le 16 octobre 2014. Rapide explication de Psaki :

Ms. Psaki: «Yes. Before – and some of you have asked why we’re doing this jointly today, so I thought I would touch on that first. We actually had a conversation about doing a joint briefing…»

Question: «Sign of the times.»

Ms. Psaki: «It’s a sign of the times, Said. Thank you. We had a conversation about doing a joint briefing a couple of months ago. We work together on so many issues, whether it’s ISIL or Ebola, through the interagency, but we also work very closely together, and there was a great deal of overlap, so we also actually thought it would be pretty useful to you guys, and if it’s helpful and if you treat him well, maybe he’ll come back. We’ll see.»

Russia Today a pris l’habitude de suivre avec attention les pérégrinations des porte-paroles les plus importants de Washington, surtout ceux (celles) du département d’État. Il a signalé ce joint briefing, le présentant comme archétypique de la pensée caractéristique de l’administration Obama, des bureaucraties qui la servent (ou la manipulent, ou la contraignent c’est selon), – donc comme archétypique selon notre point de vue de la pensée-Système. Le texte de RT est du17 octobre 2014. La présentation conjointe avait sans aucun doute comme cause principale le discours du 15 octobre 2014 du secrétaire à la défense Hagel déjà dénoncé par le porte-parole de Poutine (voir notre texte du 17 octobre 2014, intertitre «Hagel et la sagesse de l’OTAN») et très fortement condamné par le ministre de la défense russe Shoigu (voir RT, le 17 octobre 2014).

Shoigu dénonce les propos de Hagel annonçant, en fonction de la situation sur la frontière ukrainienne, que l’US Army doit planifier un possible affrontement avec l’armée russe parce qu’une “Russie révisionniste” déploie ses forces “à la porte de l’OTAN” («…must deal with a revisionist Russia – with its modern and capable army – on NATO’s doorstep»). Shoigu a exprimé sa surprise d’une telle annonce, venant d’un Hagel unanimement présenté comme modéré et mesuré : «I know US Defense Secretary Chuck Hagel personally. That is why his speech at the US Army annual meeting in which he called Russia the main enemy surprised all of us, to put it mildly…» Cette affaire a été l’un des morceaux de choix, – non, le morceau de choix de la joint session Kirby-Psaki et bien sûr sans nul doute la cause fondamentale cette joint session. La réaction du porte-parole de Poutine, les déclarations de Shoigu après le discours de Hagel ont constitué un sévère incident diplomatique et une forte montée de la tension entièrement occasionnée par ce même discours de Hagel.

Nous pensons que nous tenons ici une exceptionnelle démonstration de la transformation des esprits et des jugements sous l’action des psychologies complètement infectées par les narrative en cours, elles-mêmes renforcées par ces mêmes psychologies, dans les directions-Système du bloc BAO. Pour cette raison, nous citons intégralement le passage de la joint session qui constitue la cause de cette initiative et où est débattu ce sujet du discours de Hagel et des réactions. Il s’agit du contre-amiral Kirby face aux questions de l’empêcheur de tourner en rond au rythme des narrative des porte-parole du département d’État, Matt Lee de Associated Press. Toutes les questions et interventions non identifiées de ce passage sont de lui.

Cette transcription de ce très long échange permet d’être témoin de la bataille des psychologies, – celle de la vérité de la situation (Matt Lee) et celle de la narrative (Kirby), – et d’en décortiquer tous les aspects grâce à l’intensité du dialogue. Matt Lee a l’habileté et la fermeté de caractère de prendre comme référence principale, en y revenant constamment, le fait de l’expansion vers l’Est de l’OTAN jusqu’aux frontières russes. Cet acte fondamental et totalement illégal dans son esprit de l’expansion de l’OTAN se fit contre la fameuse et solennelle promesse du secrétaire d’État James Baker parlant explicitement au nom des USA, faite à Gorbatchev en 1991, que l’acceptation par l’URSS de l’intégration de l’ex-Allemagne de l’Est dans l’OTAN à cause de la réunification allemande serait absolument équilibrée par l’engagement solennel des USA que l’OTAN ne s’étendrait pas d’“un seul mètre” (“of one feet”) à l’Est, vers la Russie, de cette nouvelle configuration.

La séquence se termine par une piteuse retraite des deux porte-parole, Psaki intervenant pour interrompre le dialogue par un sophisme ultime. (“D’autres pays que l’Ukraine se sentent menacés par la Russie”, – implicitement, des pays de l’OTAN comme la Pologne et les pays baltes, — alors que cette référence à d’“autres pays de l’OTAN” est la preuve finale et indiscutable que l’Ouest, – le bloc BAO, – a trahi l’engagements fondamental de 1991 qui prétendait établir la sécurité de l’Europe à la seule frontière de l’Allemagne réunifiée ; et cela est dit alors que, durant tout le dialogue, Kirby a constamment transmuté le terme “OTAN” vers le terme “sécurité”, – point fondamental pour nous.) Après ce sophisme ultime de Psaki, on passe d’autorité à un autre sujet (l’Inde).

Voici donc la transcription intégrale. C’est long, mais, nous le pensons, instructif à lire dans les détails dialectiques du dialogue, pour bien mesurer l’affrontement (courtois certes, mais tendu) et l’incommunicabilité de deux modes de pensées qui ont des références renvoyant à deux univers différents dont l’un (celui de la narrative-Système) esthermétiquement clos. Matt Lee, ce n’est pas la première fois, a l’honneur souvent inconfortable d’être le représentant, conscient ou non qu’importe, des vérités de situation au cœur de l’univers des narrative-Système du bloc BAO que constituent ces réunions de presse ; il a aussi l’alacrité et l’entêtement, sans crainte de la parole officielle, que conservent quelques très rares journalistes américanistes de la presse-Système, du temps où ils pouvaient prétendre être américains plutôt qu’américanistes par la façon dont ils mettaient en cause cette même parole officielle.

(Dans cette transcription, nous avons souligné de gras une affirmation de Kirby donnant l’idée qui soutient essentiellement notre commentaire.)

Question: «Can I ask you what he meant by calling it “revisionist Russia”?»

Kirby: «“Revisionist Russia”?»

Question: «Yeah. What does that mean?»

Kirby: «Well – the Secretary?»

Question: «Yeah, Secretary Hagel.»

Kirby: «I think what he’s referring to there is that there appears to be in their intentions and their motives a calling back to the glory days of the Soviet Union.»

Question: «All right. He also used the phrase “its army,” meaning Russia’s army, “on NATO’s doorstep.” Why is that? Is it not logical to look at this and say the reason that the Russian army is on NATO – the Russian army is at NATO’s doorstep is because NATO has expanded rather than the Russians expanding? That in other words, NATO has moved closer to Russia rather than Russia moving closer to NATO? Is that not an accurate way to look at this?»

Kirby: «I think that’s the way President Putin probably looks at it. It’s certainly not the way that we look at it.»

Question: «But you don’t think that NATO has expanded eastward toward Russia?»

Kirby: «NATO has expanded…»

Question: «Okay.»

Kirby: «… and the expansion has been a good thing for…»

Question: «So the reason that the Russian army is at NATO’s doorstep is not the fault of the Russian – or not the – it’s not the Russian army that’s done it. It’s – NATO has moved closer to – moved east.»

Kirby: «I’m pretty sure it wasn’t NATO who was ordering upwards of 15 battalion tactical groups to within 10 kilometers of the border with Ukraine, and I’m pretty sure it wasn’t NATO who put little green men inside Ukraine to destabilize eastern cities.»

Question: «Okay. Well, I’m pretty sure that Ukraine is not a member of NATO, so unless that’s changed…»

Kirby: «It’s not changed…»

Question: «Okay. So…»

Kirby: «…but I’m pretty sure the movement by Russia is Russia’s decision.»

Question: «Has NATO – if NATO has moved east, the reason that the Russian army is closer or on NATO’s doorstep is because NATO moved, not because…»

Kirby: «NATO is not an anti-Russia alliance. NATO is a security alliance.»

Question: «For 50 years, it was an anti-Soviet alliance. So do you not understand that…»

Kirby: «Where’s the Soviet Union now?»

Question: «So – well, do you not understand how, or can you not even see how the Russians would perceive it as a threat, and the fact that it keeps getting closer to their border while their troops – I mean, the places where their troops are – you say their troops are, and they may have been in Ukraine and Georgia – are not NATO members?»

Kirby: «I don’t have – I’m not going to pretend to know what goes in President Putin’s mind or Russian military commanders.»

Question: «Okay.»

Kirby: «I mean, I barely got a history degree at the University of South Florida.»

Question: «All right.» (Laughter.)

Kirby: «What I can tell you is that NATO is a defensive alliance. It remains a defensive alliance.»

Question: «Fair enough, but it has moved east, correct? I mean, that’s just a fact.»

Kirby: «It has expanded, absolutely.»

Question: «Right, exactly, and so the reason…»

Kirby: «But there’s no reason for anybody to think the expansion is a hostile or threatening move, and we’ve been saying that throughout the last 15 years, Matt.»

Question: «But no – this is like getting – you’re moving closer to Russia, yet you’re blaming the Russians for being close to NATO.»

Kirby: «No, no, no, no.»

Question: «That’s exactly what Hagel said.»

Kirby: «What we’re blaming the Russians for are violating the territorial integrity of Ukraine…»

Question: «Of Ukraine…»

Kirby: «… and destabilizing the security situation inside Europe.»

Question: «Okay, which is not a NATO member – which is not a NATO member.»

Kirby: «I cede to you on that point.»

Psaki: «Other countries feel threatened…»

Le sophisme de l’OTAN

Nous laissons de côté dans notre commentaire toutes les contre-vérités, les affirmations factuelles grotesques, etc., pour nous en tenir à la centralité du débat : l’OTAN transportée aux frontières de la Russie, contre la promesse fondamentale de 1991, et accusant, par la parole de Hagel, la Russie de la menacer sur sa frontière. (Nous laissons même de côté le débat sur “l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN”, qui peut être effectivement contrebattu par l’argument sophistique que d’autres pays de l’OTAN ceux-là, sont au contact de la Russie et “se sentent menacés” également, comme l’Ukraine, parce que cet argument juste est en fait sophistique en utilisant la logique sophistique fondamentale qu’on va détailler. Seul ce sophisme-là nous intéresse parce que fondamental et absolu, et factuellement impossible à réfuter.)

Il y a un mouvement de la pensée certes orwellien, mais qui est beaucoup plus sophistiqué que un “la paix c’est la guerre”, un “le mensonge c’est la vérité”, etc. Matt Lee dit : le fait fondamental, qui règle toute la polémique, c’est que l’OTAN s’est étendue jusqu’à la frontière russe, violant l’engagement solennel de Baker et des USA, et cette expansion pouvant donc, sinon devant être justement appréciée par la Russie comme un acte offensif, sinon agressif et menaçant dans certaines circonstances. Le contre-amiral Kirby dit : ce n’est pas l’OTAN qui s’est étendue à l’Est, c’est la sécurité, introduisant ainsi une variante du sophisme fameux en trois propositions : “L’OTAN s’étend vers l’Est jusqu’à la Russie. L’OTAN c’est la sécurité. Donc la sécurité s’étend vers l’Est jusqu’à la Russie.”

Ce sophisme, qui dépasse largement la technique décrite par Orwell, est fondamental dans la pensée-narrative. Il suppose une transmutation radicale des références de la pensée et du jugement, qui deviennent ainsi pensée-Système et jugement-Système. Certes, l’affirmation “Mais l’OTAN c’est la sécurité” peut être aisément mise en question, mais c’est déjà une seconde polémique qui suppose un autre sujet, une autre interprétation historique, une autre sorte d’arguments, et ce second débat nécessaire contribue à déplacer pensée et jugement dans un flou qui éloigne de l’affirmation fondamentale (“l’OTAN s’étend à l’Est”) et conduit à d’autres débats secondaires de ce débat déjà secondaire, qui vont encore accentuer cet éloignement. Un esprit faible à cause d’une psychologie contrainte par le Système accepte très vite la conclusion sophiste extrêmement confortable et vertueuse de “La sécurité s’étend à l’Est” et s’y fixe complètement, parce qu’elle rencontre le confort fabriqué et la vertu faussaire des références auxquelles il est contraint et que nourrit sa psychologie. On comprend alors que la crise ukrainienne, dans ce contexte référentiel, devient pour ces directions-Système du bloc BAO une aberration si elle n’est pas interprétée comme une pression agressive d’une Russie agressive (“une Russie révisionniste”) ; par conséquent, cela nécessite absolument le développement de la narrative que le bloc BAO présente à propos de l’Ukraine.

Ce qu’il faut admettre, c’est que, ces dernières années, ces références qui impliquent l’absorption des “sophismes sophistiqués” étouffant la simplicité et l’évidence de la formule orwellienne contre laquelle un esprit moyennement critique peut s’élever avec succès, ont perverti à très grande vitesse toutes les psychologies particulièrement faibles des directions-Système renouvelées. Elles ont infecté complètement leurs esprits particulièrement incultes, cloisonnés, réduits à des spécialisations réductrices et des observations conformistes, et soumis par conséquent pour les choses essentielles à la seule communication-Système qui supprime le passé pour s’en tenir au “grand Now” (voir le 29 janvier 2014). Nous nous trouvons alors devant une situation intellectuelle non pas de duplicité et de tromperie du côté du bloc BAO, mais d’une réelle bonne foi, d’une sincérité du jugement mises au service de références impératives complètement faussaires et faussaires de cette façon sophistiquée, non-orwellienne ou “sur-orwellienne”, qui noie la possibilité que de si faibles esprits deviennent esprits critiques. De là, leur facilité qui devient absolument compréhensible d’accepter, sinon d’aider à élaborer les narrative, et leur rejet furieux et indigné des affirmations russes et de ceux qui les partagent.

(Cela n’empêche pas certains de ces esprits absolument contaminés d’avoir parfois des instants de doute, – et même de plus en plus souvent ces derniers temps devant l’accumulation effectivement catastrophique des catastrophes qu’engendrent leurs actions, et dont les échos finissent parfois par les toucher. Ces esprits sont également fragiles et vulnérables, à cause de ces doutes et des catastrophes qui les entourent, et aussi bien à cause de leurs psychologies affaiblies qui ont fait en sorte qu’ils sont devenus ce qu’ils sont. Ainsi, notre conviction est que leur attitude de plus en plus furieuse, de plus en plus impérative pour affirmer la narrative générale n’est en rien un reflet de leur force, mais un signal indirect de leur désespoir secret, – la peur et l’angoisse cachées mais puissantes de leur déroute intellectuelle si leurs doutes s’avéraient fondés. [De ce point de vue, leur schéma psychologique et intellectuel renvoie potentiellement à l’équation surpuissance-autodestruction...] La mécanique de subversion et d’inversion sophistiquée, malgré toute sa formidable surpuissance, n’est pas absolument parfaite devant la diversité de l’esprit et n’empêche pas d’autres influences, contraires et structurantes, de facto antiSystème, de s’exercer par intuition de l’évidence ; cette mécanique peine de plus en plus, malgré [ou à cause de... ?] sa surpuissance à maintenir hermétique son emprise totalitaire sur les psychologies qu’elle infecte et les esprits qu’elle subvertit. C’est un élément de notre appréciation que la surpuissance du Système engendre l’autodestruction, et que la crise générale est aussi “crise d’effondrement du Système” [voir plus loin].)

Naturellement, nous ne pensons pas une seconde, au nom de l’évidence des processus, de l’observation de la complexité extrême de ces processus, de la rapidité avec laquelle ces processus se développent et ne laissent aucun répit aux psychologies et aux esprits ciblés, au nom du bon sens lui-même enfin, que cette gigantesque opération de transmutation de la perception ait été l’œuvre d’une manœuvre humaine ou de quelque “complot” que ce soit. Seule une formidable et puissante influence extrahumaine a pu réussir à imposer une telle évolution.

Bien entendu, le Système est désigné comme le diabolus ex machina de la chose, et alors se pose plus que jamais la question fondamentale de savoir ce qu’est le Système précisément… (…Et nous avons souvent avancé notre réponse en forme d’hypothèse que nous cessons de renforcer, d’une force extrahumaine relevant du domaine de la métaphysique de l’Histoire, ou métahistoire et utilisant le Système issue d’elle-même pour l’opérationnaliser). C’est donc, selon cette analyse, le Système, opérationnalisant cette force extrahumaine, qui détermine la crise générale que nous connaissons ; et nous l’espérons et l’affirmons, crise fondamentale qui est en fait la crise d’effondrement du Système… En effet, une telle rupture avec la vérité du monde, systématiquement et exponentiellement amplifiée par la rapidité et la vigueur des crises qui ne cessent de s’enchaîner et de se déchaîner, est absolument génératrice d’erreurs impossibles à rectifier, de décisions catastrophiques considérées comme vertueuses et devant être appliquées jusqu’au bout, d’actes à finalité d’autodestruction appréciées comme justes et devant par conséquent être poussés à leur terme final… Et, pendant ce temps, les psychologies subverties, dont on a vu la fragilité et la vulnérabilité, sont de plus en plus confrontées à la pression déstructurante (dans le bon sens) pour elles-mêmes du terrible doute.

Source : DeDefensa

Source: http://www.les-crises.fr/armee-russe-se-trouve-maintenant-aux-portes-de-l-otan/


Miscellanées du jeudi (Delamarche, Sapir, Béchade, CSOJ, De Villiers)

Thursday 13 November 2014 at 01:09

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Écosse / Catalogne; “pas l’envie de payer pour les autres” – 10/11

Olivier Delamarche: Croissance européenne: “On est en récession, on en est jamais sorti vraiment” – 10/11

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: Dividendes des entreprises: “tout n’est que mensonge” – 12/11

Bilan Hebdo: Philippe Béchade et Jean-Louis Cussac – 07/11

Philippe Béchade VS Arnaud de Langautier (1/2): Comment analyser la croissance économique américaine ? – 12/11

Philippe Béchade VS Arnaud de Langautier (2/2): La BCE a-t-elle les bons outils pour soutenir l’économie européenne ? – 12/11

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: Pétrole russe: l’option chinoise pourrait nuire à l’Europe – 11/11

IV. CSOJ

CSOJ 31/10/2014 : Mathieu Burnel : “L’insurrection est arrivée”

V. De Villiers

Bourdin Direct: Philippe de Villiers – 12/11


 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi, ou les sites Soyons sérieux et Urtikan.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-13-11-201/


[Entraide] Rédaction de billets – Rédacteurs WordPress – Organisation – Modération – Dessins de Presse – Relectures

Wednesday 12 November 2014 at 06:00

Si nous avons toujours besoin de personnes pour nous aider à reprendre des articles sous WordPress, nous avons vraiment besoin de personnes à l’aise avec WordPress (ou un autre système identique, ou ayant envie d’apprendre, en étant à l’aise en informatique, c’est très simple) ET motivées pour nous aider à assurer un suivi régulier de l’information (en se répartissant le travail, cela sera très léger).

Par ailleurs, on a aussi besoin de volontaires pour capables de rédiger des billets en synthétisant des informations de différentes sources – par exemple avec une formation de type journaliste ou approchant, ou simplement le gout de la recherche et de la diffusion avec sérieux de connaissances.

C’est vraiment important, car on un clair goulot d’étranglement à ce stade.

 

Plus généralement, si des personnes sont partantes pour s’occuper d’organisation / suivi du travail de divers volontaires, ce serait précieux aussi.

Il nous faudrait aussi plus de modérateurs pour que cela prenne peu de temps aux volontaires.

Pour les miscellanées, ce serait bien si quelques personnes pouvaient prendre en charge le suivi et la collecte des dessins de presse amusants (il y a pire comme activité…. :) )

Enfin, il serait utile de disposer de volontaire pouvant relire et détecter les coquilles et fautes d’orthographe le matin dans les billets.

Tout ceci n’est pas censé prendre trop de temps aux volontaires – si vous êtes nombreux… On compte donc sur vous.

Contactez-moi ici

Merci d’avance !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-10-2014/


[Reprise] Les nouvelles routes de la soie et l’alternative d’un siècle eurasien, par Pepe Escobar

Wednesday 12 November 2014 at 04:00

Pepe Escobar le 5 octobre 2014.

Pendant la deuxième guerre d’Irak (2003-2011), je m’imaginais que les dirigeants chinois allaient se rassembler chaque semaine dans les rues de la Cité Interdite, chantant et dansant pour célébrer la stupidité américaine. Année après année, alors que les États-Unis auraient pu s’opposer à la montée en puissance de la Chine, comme ses leaders en ressentaient depuis longtemps l’urgence, ils ont été complètement détournés de cet objectif par leur désastreuse invasion et occupation de l’Iraq. Avec cette campagne où l’on rejoue les bombardements en Irak et maintenant en Syrie, ces 1 600 militaires toujours plus prêts à intervenir sur le terrain, et ces rumeurs de plus encore à venir, je ne peux m’empêcher de penser qu’avec la troisième guerre d’Irak (2014-date inconnue), prévue pour durer des années, [les dirigeants chinois] se réjouissent une fois encore. Car malgré tous les discours tenus par l’administration Obama ces dernières années sur le “pivotement” militaire vers l’Asie, il est hors de doute que sa dernière campagne moyen-orientale en date va entraver son plan d’”endiguement” du Pacifique.

Pendant ce temps, en Chine aussi l’humeur a clairement changé. Comme Orville Schell l’a écrit récemment, après une visite controversée à Pékin de Jimmy Carter, 90 ans, le président qui, il y a plus de 30 ans, a parrainé un rapprochement américain total avec la nouvelle version capitaliste de la Chine communiste :

“En bref, ce qu’on avait coutume d’appeler “l’Occident” se trouve maintenant confronté à une situation de plus en plus inextricable dans laquelle l’équilibre des pouvoirs est en train de changer, un fait que peu ont encore vraiment voulu admettre, et moins encore intégrer à de nouvelles manières d’approcher la Chine. Nous restons nostalgiques de ces jours révolus où les dirigeants chinois suivaient encore l’injonction de Dèng [Xiǎopíng] à son peuple de “cacher ses capacités et attendre son heure” (tāoguāngyǎnghuì). Ce qu’il voulait dire en utilisant ce “dicton” (chéngyǔ) n’était pas que la Chine devrait se restreindre éternellement mais que le moment de manifester son ambition mondiale n’était pas encore venu. Mais maintenant qu’elle est plus forte, ses dirigeants semblent croire que leur temps est finalement venu et ils ne sont même plus disposés à avancer la rassurante notion d’”émergence pacifique” (hépíng juéqǐ).”

Pour le moment, bien sûr, les Chinois ont leurs propres problèmes internes, allant d’une probable bulle économique à un mouvement séparatiste islamiste dans l’arrière-pays de la province du Xīnjiāng et au dernier mouvement Occupy qui agite la plateforme financière moderniste qu’est Hong Kong. Néanmoins, allez à Pékin et le monde a l’air différent. Pepe Escobar, le promeneur errant de TomDispatch sur le continent eurasien, qu’il a surnommé le Pipelineistan, l’a justement fait. Il a aussi visité d’autres sites le long de la future “nouvelle route de la Soie”, que la Chine veut établir jusqu’à l’Europe occidentale. Il offre du monde eurasien une vision différente de celle que montrent les reportages dans ce pays. Si vous voulez comprendre la planète sur laquelle il se pourrait qu’on vive dans un avenir proche, il est très important de la prendre en compte. Tom


Chine et Russie peuvent-elles éjecter Washington hors d’Eurasie ?

L’avenir d’une alliance Pékin-Moscou-Berlin
Par Pepe Escobar

Un spectre hante le “Nouveau siècle américain” au vieillissement précoce : la possibilité d’une future relation stratégique et d’une alliance commerciale Pékin-Moscou-Berlin. Appelons-la le PMB.

Ses chances de réalisation font l’objet de discussions sérieuses au plus haut niveau à Pékin et Moscou, et est observé avec intérêt à Berlin, New Delhi et Téhéran. Mais ne l’évoquez pas à l’intérieur du périphérique de Washington ou au quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Là-bas, la vedette du moment, aujourd’hui comme demain, est le nouvel Oussama Ben Laden : le Calife Ibrahim, alias Abou Bakr al-Baghdadi, l’insaisissable prophète décapiteur auto-proclamé d’un nouveau mini-État et d’un mouvement qui a fourni une profusion d’acronymes – EIIS/EIIL/EI – aux hystériques de Washington et d’ailleurs.

Washington peut bien sortir autant qu’il voudra de nouvelles versions de sa Guerre Mondiale contre le Terrorisme, c’est sans importance, et les plaques tectoniques de la géopolitique eurasienne continuent de bouger, et elles ne vont pas s’arrêter juste parce que les élites américaines refusent d’accepter que leur historiquement bref “moment unipolaire” est sur le déclin. Pour eux, la fin de l’ère de “domination totale” ["full spectrum dominance"], comme le Pentagone aime l’appeler, est inconcevable. Après tout, la nécessité pour cette nation indispensable de contrôler tout espace – militaire, économique, culturel, cyber et autre – n’est pas loin d’être une doctrine religieuse. Les missionnaires de l’exceptionnalisme ne font pas dans l’égalité. Au mieux, ils font des “coalitions de volontaires” comme celle où l’on a entassé “plus de 40 pays” regroupés pour se battre contre l’EI/EIL/EIIL et qui ou bien applaudissent (ou complotent) depuis la touche ou bien envoient un ou deux avions du mauvais type vers l’Irak ou la Syrie.
L’OTAN qui, contrairement à certains de ses membres, ne veut pas se battre officiellement au Jihadistan, reste un appareil contrôlé de haut en bas par Washington. Elle ne s’est jamais vraiment donnée la peine d’inclure l’Union européenne (UE) ou d’envisager de permettre à la Russie de se “sentir” européenne. Quant au calife, il n’est qu’une diversion sans importance. Un cynique post-moderne pourrait même soutenir qu’il était un émissaire envoyé sur le terrain de jeu mondial par la Chine et la Russie pour distraire l’hyperpuissance de la planète.

Diviser pour Isoler
Alors comment la domination totale s’exerce-t-elle lorsque deux vraies puissances rivales, la Russie et la Chine, commencent à faire sentir leur présence ? L’approche de Washington pour chacune d’elles – en Ukraine et dans les eaux asiatiques – pourrait être conçue comme “diviser pour isoler”.

Afin de maintenir l’océan Pacifique dans un état classique de « lac américain », l’administration Obama a “pivoté”, se retournant vers l’Asie depuis quelques années maintenant. Cela a impliqué des mouvements militaires plutôt modestes, mais de très immodestes tentatives de faire se dresser le nationalisme chinois contre sa variété japonaise, tout en renforçant les alliances et les relations à travers l’Asie du Sud-Est, avec un intérêt particulier pour les conflits liés aux ressources énergétiques en mer de Chine. Dans le même temps, elle a agi pour assurer la conclusion du futur accord commercial de partenariat transpacifique [NdT : TPP = Trans-Pacific Partnership, pendant américano-asiatique au TTIP américano-européen].

Aux frontières occidentales de la Russie, l’administration Obama a alimenté les braises du changement de régime à Kiev jusqu’à un embrasement (les pom-pom girls locales, Pologne et nations baltes, maniant le soufflet), et à ce qui a clairement paru, aux yeux de Vladimir Poutine et des dirigeants russes, être une menace vitale pour Moscou. Contrairement aux États-Unis, dont la sphère d’influence (et les bases militaires) sont mondiales, la Russie n’a pas été en mesure de conserver une influence significative sur les “les pays étrangers voisins” [NdT : "near abroad" "près à l'étranger", formule anglaise qui cherche à traduire le russe diplomatique ближнее зарубежье, i.e. les nouvelles républiques indépendantes, et maintenant "à l'étranger", issues de la dissolution de l'Union Soviétique], étranger qui, s’agissant de Kiev, n’est pas “à l’étranger” du tout, pour la majorité des Russes.

Pour Moscou, c’était comme si Washington et ses alliés de l’OTAN avaient un intérêt toujours plus prononcé à imposer un nouveau rideau de fer sur leur pays allant de la mer Baltique à la Mer Noire, l’Ukraine étant simplement le fer de lance. Du point de vue PMB [Pékin-Moscou-Berlin], voyez-le comme une tentative d’isoler la Russie et d’imposer une nouvelle barrière à ses relations avec l’Allemagne. Le but ultime serait de diviser l’Eurasie, empêchant de futures avancées vers une intégration des échanges et du commerce par un processus qui ne serait pas contrôlé par Washington.

Du point de vue de Pékin, la crise ukrainienne était l’exemple type de Washington franchissant toutes les lignes rouges imaginables en vue de harceler et d’isoler la Russie. Pour les dirigeants chinois, cette crise ressemblait à une tentative concertée de déstabiliser la région dans un sens favorable aux intérêts américains, soutenue par toute la palette des élites de Washington depuis les néoconservateurs et “libéraux” de la guerre froide jusqu’aux interventionnistes humanitaires du modèle de Susan Rice et Samantha Power. Bien sûr, si vous avez suivi la crise ukrainienne depuis Washington, cette perspective vous semble aussi étrangère que celle d’un martien. Mais le monde apparaît différent vu depuis le cœur de l’Eurasie de ce qu’il semble depuis Washington – en particulier depuis une Chine émergente avec son “rêve chinois” (Zhōngguó mèng) flambant neuf. [NdT : voir discours de Xi Jinping sur le « rêve chinois » http://english.boaoforum.org/mtzxxwzxen/7379.jhtml]

Tel qu’énoncé par le Président Xi Jinping, ce rêve inclurait un futur réseau de nouvelles routes de la soie organisées par la Chine, créant l’équivalent d’un Trans-Asie Express [NdT : projet jamais entièrement abouti (?) d'une ligne de chemin de fer qui aurait dû relier la Turquie à la Chine en passant par l'Iran, l'Inde, etc...] pour le commerce eurasien. De sorte que si Pékin, par exemple, ressentait la pression de Washington et Tokyo sur le front naval, une partie de sa réponse serait une avance basée sur les échanges, sur deux fronts, au travers de la masse continentale eurasiatique, d’un côté via la Sibérie et de l’autre par les pays en “stan” d’Asie centrale.

En ce sens, bien que vous ne le sachiez pas si vous suivez uniquement les médias américains ou les “débats” à Washington, nous entrons potentiellement dans un nouveau monde. Autrefois, il n’y a pas si longtemps, les dirigeants de Pékin caressaient l’idée de réécrire le jeu géopolitico-économique côte à côte avec les États-Unis, tandis que le Moscou de Poutine faisait allusion à la possibilité de rejoindre un jour l’OTAN. Plus maintenant. Aujourd’hui, la portion de l’Occident qui intéresse ces deux pays est une éventuelle future Allemagne qui ne soit plus dominée par la puissance américaine et les desiderata de Washington.

Moscou a été, en fait, engagé dans pas moins d’un demi-siècle de dialogue stratégique avec Berlin, ce qui a compris une coopération industrielle et une interdépendance énergétique croissante. Ceci a été remarqué dans de nombreux secteurs de l’hémisphère Sud et l’Allemagne commence à être considérée comme « le sixième BRICS » (après le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud).

Au milieu de crises mondiales allant de la Syrie à l’Ukraine, les intérêts géostratégiques de Berlin semblent diverger lentement de ceux de Washington. Les industriels allemands, en particulier, semblent désireux de rechercher des accords commerciaux illimités avec la Russie et la Chine. Ceux-ci pourraient mettre leur pays sur la voie d’une puissance mondiale non-limitée par les frontières de l’UE et, à long terme, signaler la fin de l’ère dans laquelle l’Allemagne, bien que traitée poliment, était fondamentalement un satellite américain.
Ce sera un chemin long et venteux. Le Bundestag, le parlement allemand, est toujours en pleine addiction à un agenda atlantiste fort et à une sujétion préventive à Washington. Il y a encore des dizaines de milliers de soldats américains sur le sol allemand. Pourtant, pour la première fois, la chancelière allemande Angela Merkel a hésité lorsqu’il s’est agi d’imposer des sanctions toujours plus lourdes à la Russie en réponse à la situation en Ukraine, car pas moins de 300 000 emplois allemands dépendent des relations avec ce pays. Les dirigeants industriels et l’institution financière ont déjà tiré la sonnette d’alarme, craignant que de telles sanctions ne soient totalement contre-productives.

Le banquet chinois de la Route de la soie

Le nouveau jeu géopolitique de la Chine en Eurasie a peu de parallèles dans l’histoire moderne. L’époque où “le petit timonier” Deng Xiaoping insistait pour que le pays “fasse profil bas” sur la scène internationale est révolue depuis longtemps. Il y a bien sûr des désaccords et des stratégies qui s’opposent quand il s’agit de gérer les points chauds du pays : Taïwan, Hong Kong, le Tibet, le Xinjiang, la mer de Chine, les concurrents que sont l’Inde et le Japon, et les alliés problématiques comme la Corée du Nord et le Pakistan. Et l’agitation populaire dans certaines “périphéries” dominées par Pékin augmente à un niveau proche de l’embrasement.

La priorité numéro un du pays demeure la politique intérieure et se concentre sur la réalisation des réformes économiques du président Xi, tout en augmentant la transparence et en luttant contre la corruption au sein du Parti Communiste au pouvoir. Une deuxième question plus secondaire consiste à savoir comment se prémunir progressivement contre les plans du “pivot” du Pentagone dans la région – via le renforcement de la marine de haute mer, des sous-marins nucléaires, et d’une aviation militaire techniquement avancée – sans s’affirmer au point de faire paniquer le monde officiel de Washington à l’esprit imprégné de “menace chinoise”.

Pendant ce temps, la flotte américaine conservant le contrôle des routes maritimes mondiales pour ce qui est de l’avenir prévisible, la planification chinoise des nouvelles routes de la soie à travers l’Eurasie avance à grands pas. Le résultat final devrait constituer un triomphe d’infrastructure intégrée – routes, trains à grande vitesse, oléoducs, ports – qui relierait de toutes les façons imaginables la Chine à l’Europe occidentale et à la mer Méditerranée – cette vieille Mare Nostrum de l’Empire romain.

Comme un voyage de Marco Polo à l’envers remixé à l’ère de Google, un axe-clé de cette route de la soie partira de l’ancienne capitale impériale Xi’an à Urumqi, dans la province du Xinjiang, puis traversera l’Asie centrale, l’Iran, l’Irak, l’Anatolie turque pour finir à Venise. Un autre axe sera une route de la soie maritime partant de la province du Fujian, traversant le détroit de Malacca, l’océan Indien, Nairobi au Kenya pour rejoindre la Méditerranée par le canal de Suez. Ensemble, ils constituent ce que Pékin appelle la Ceinture Economique de la Route de la Soie.

La stratégie chinoise est de créer un réseau d’interconnexions entre pas moins de cinq régions clés : la Russie (le pont clé entre l’Asie et l’Europe), les “stans” d’Asie centrale, l’Asie du Sud-Ouest (avec des rôles majeurs pour l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’Arabie Saoudite et la Turquie), le Caucase et l’Europe de l’Est (y compris la Biélorussie, la Moldavie et, en fonction de sa stabilité, l’Ukraine). Et n’oubliez pas l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, qui pourraient être vus comme une route de la soie améliorée.

La route de la soie améliorée impliquerait de connecter le couloir économique Bengladesh-Chine-Inde-Birmanie au couloir économique Chine-Pakistan, et pourrait offrir à Pékin un accès privilégié à l’océan Indien. Encore une fois, un ensemble complet de moyens – routes, train à grande vitesse, oléoducs et réseaux de fibre optique – relierait la région à la Chine.

Juste avant sa visite récente à New Delhi, Xi lui-même a évoqué la connexion indo-chinoise, dans un éditorial publié dans The Hindu avec une jolie métaphore. « La combinaison de “l’usine du monde” avec les “services administratifs du monde” va créer la base de production la plus compétitive et le marché de consommateurs le plus attractif », a-t-il écrit.

Le nœud central du plan chinois pour l’avenir eurasiatique est Urumqi, capitale de la province du Xinjiang et site de la plus grande exposition commerciale d’Asie centrale, la foire Chine-Eurasie. Depuis 2000, l’une des priorités principales de Pékin a été d’urbaniser cette province largement désertique mais riche en pétrole, et de l’industrialiser à tout prix. Et le prix en est, d’après Pékin, la fondamentale sinisation de la région – avec comme corollaire la suppression de toute possibilité de dissidence de l’ethnie ouïghoure. Le général Li Yazhou de l’Armée populaire de libération a décrit l’Asie centrale comme « la part de gâteau au goût le plus subtil accordée par le ciel à la Chine moderne ».

L’essentiel de la conception chinoise d’une nouvelle Eurasie liée à Pékin par tous les modes de transport et de communication a été détaillée de manière saisissante dans « La marche vers l’Ouest : le rééquilibrage de la géostratégie chinoise », un essai majeur de 2012 publié par le chercheur Wang Jisi du Centre d’études internationales et stratégiques de l’université de Pékin. En réponse à ce futur ensemble de connections eurasiatiques, le mieux que l’administration Obama ait trouvé est une variante d’endiguement par mer de l’océan Indien à la mer de Chine du Sud, tout en aiguisant les conflits avec la Chine et en l’encerclant d’alliances stratégiques allant du Japon à l’Inde. (L’OTAN, bien sûr, est chargé de cantonner la Russie en Europe de l’Est.)

Rideau de fer contre routes de la soie

L’« accord gazier du siècle » de 400 milliards de dollars signé par Poutine et le président chinois en mai dernier a posé les fondations du gazoduc “Énergie de Sibérie” ["Power of Siberia"], déjà en cours de construction à Yakutsk. Il fera couler une manne de gaz naturel russe sur le marché chinois. Clairement, cela ne représente que le début d’une alliance stratégique turbocompressée entre les deux pays, fondée sur l’énergie. En attendant, les hommes d’affaires et les industriels allemands ont noté une autre nouveauté : si le marché final des produits fabriqués en Chine et distribués via la route de la soie est bien l’Europe, l’inverse est aussi vrai. Dans l’un des avenirs possibles du commerce, la Chine est destinée à devenir le partenaire commercial principal de l’Allemagne en 2018, dépassant à la fois les États-Unis et la France.

L’un des obstacles potentiels à de telles évolutions, bienvenu pour Washington, est la Guerre Froide 2.0, qui est déjà en train de diviser non pas l’OTAN mais l’UE. Dans l’UE actuelle, le camp anti-russe comprend la Grande-Bretagne, la Suède, la Pologne, la Roumanie et les nations baltes. L’Italie et la Hongrie, au contraire, peuvent être considérées comme appartenant au camp pro-russe, tandis qu’une Allemagne encore imprévisible est celle qui déterminera si le futur sera un nouveau rideau de fer ou si le mot d’ordre sera “Cap à l’Est”. Pour cela, l’Ukraine reste la clé. Si elle parvient à être finlandisée (avec une autonomie conséquente pour ses régions), comme l’a proposé Moscou – une suggestion que Washington considère comme anathème – la voie du “Cap à l’Est” restera ouverte. Sinon, le PMB à venir sera un projet bien plus hasardeux.

Il faudrait remarquer qu’une autre vision d’un avenir économique eurasiatique se profile également à l’horizon. Washington tente d’imposer un Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (TTIP) [anciennement connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique ou TAFTA] à l’Europe et un semblable Partenariat Trans-Pacifique (TPP) à l’Asie. Tous deux favorisent les multinationales américaines et leur but est visiblement d’entraver l’ascension des économies des BRICS et la montée d’autres marchés émergents, tout en renforçant l’hégémonie économique américaine sur le monde.

Deux faits éclatants, dont Moscou a soigneusement pris note, Pékin, et Berlin, laissent voir la géopolitique pure et dure qui se cache derrière ces deux pactes “commerciaux”. Le TPP exclut la Chine et le TTIP exclut la Russie. Ils représentent, en somme, le nerf principal à peine déguisé d’une future guerre commerciale/monétaire. Lors de mes voyages récents, des producteurs agricoles influents en Espagne, en Italie et en France m’ont répété que le TTIP n’est qu’une version économique de l’OTAN, cette alliance militaire que le Chinois Xi Jinping appelle – prenant peut-être ses désirs pour des réalités – “une structure obsolète”.
Le TTIP rencontre une résistance significative dans beaucoup de nations européennes (en particulier parmi les pays du Club Med du sud de l’Europe), tout comme le TPP parmi les nations asiatiques (en particulier le Japon et la Malaisie). C’est ce qui donne aux Chinois et aux Russes un espoir pour leur nouvelle route de la soie et pour un nouveau mode de commerce à travers le cœur du continent eurasiatique porté par une union eurasiatique soutenue par la Russie. Les personnalités des affaires et de l’industrie allemandes, pour lesquelles les relations avec la Russie demeurent essentielles, restent très attentives à tout cela.

Après tout, Berlin n’a pas manifesté une bien grande préoccupation à l’égard du reste de l’UE touché par la crise (trois récessions en cinq ans). Via une troïka honnie – Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International et Commission Européenne – Berlin est, de fait, déjà à la direction de l’Europe, prospérant et regardant vers l’Est pour obtenir davantage.

Il y a trois mois, la chancelière allemande Angela Merkel a visité Pékin. Très peu relatée dans la presse, une percée politique s’est produite sur un projet potentiellement révolutionnaire : une ligne continue de train à grande vitesse entre Pékin et Berlin. Lorsqu’elle sera achevée, elle constituera un aimant en termes de transport et de commerce pour des dizaines de nations le long de son parcours de l’Asie à l’Europe. Traversant Moscou, elle pourrait devenir l’intégrateur final de la route de la soie en Europe, et peut-être le pire cauchemar de Washington.

“Perdre” la Russie

Dans une flambée médiatique, le dernier sommet de l’OTAN au Pays de Galles a accouché d’une modeste “force de réaction rapide” qui serait désormais déployée dans toute situation similaire à l’Ukraine. En attendant, l’Organisation de Coopération de Shanghai (SCO), un alter ego asiatique possible de l’OTAN, s’est réunie à Douchambé, au Tadjikistan. À Washington et en Europe occidentale, pratiquement personne ne l’a remarqué. Ils auraient dû. Là-bas, la Chine, la Russie et quatre “stans” d’Asie centrale se sont mis d’accord pour accepter une impressionnante vague de nouveaux membres : l’Inde, le Pakistan et l’Iran. Cela pourrait avoir de très vastes conséquences. Après tout, l’Inde du Premier ministre Narendra Modi est sur le point d’élaborer sa propre version de la Route de la soie, en vogue aujourd’hui. Derrière cela se profile la possibilité d’un rapprochement économique “chindien” ["Chindia"], qui pourrait bouleverser la carte géopolitique eurasiatique. Au même moment, les liens se tissent avec l’Iran pour l’insérer dans cette toile “chindienne”.

Ainsi, le SCO est en train de devenir, lentement mais sûrement, l’une des plus importantes organisations internationales d’Asie. Il est déjà évident qu’un de ses objectifs clés à long terme sera de cesser d’utiliser le dollar américain pour les échanges commerciaux, tout en proposant l’utilisation du pétroyuan et du pétrorouble pour le commerce de l’énergie. Les États-Unis, bien entendu, ne seront jamais les bienvenus dans cette organisation.

Tout cela n’est cependant pas pour tout de suite. Aujourd’hui, le Kremlin continue d’envoyer des signaux disant qu’il veut une nouvelle fois reprendre les discussions avec Washington, tandis que Pékin n’a jamais voulu les interrompre. Pourtant l’administration Obama reste focalisée sur sa version complètement myope d’un jeu à somme nulle, en comptant sur sa puissance militaire et technologique pour maintenir son avantage en Eurasie. Cependant, Pékin a accès aux marchés et à des tas de liquidités, tandis que Moscou a des ressources énergétiques à profusion. La coopération triangulaire entre Washington, Pékin et Moscou serait indubitablement, comme le dirait les Chinois, un jeu gagnant-gagnant-gagnant, mais ce n’est pas la peine de retenir votre souffle.

Au lieu de cette solution, attendez-vous à ce que la Chine et la Russie approfondissent leur partenariat stratégique, tout en attirant d’autres puissances régionales eurasiatiques dans leur sillage. Pékin a misé tous ses jetons sur le fait que la confrontation entre États-Unis/OTAN et Russie au sujet de l’Ukraine conduira Vladimir Poutine à se tourner vers l’Est. Au même moment, Moscou évalue avec précaution ce qu’implique la réorientation en cours vers une telle puissance économique. Un jour peut-être, il sera possible que des voix du bon sens à Washington s’élèvent pour demander comment les États-Unis ont pu “perdre” la Russie face à la Chine.

Entre-temps, pensez à la Chine comme à un pôle d’attraction pour un nouvel ordre mondial dans un siècle eurasien à venir. Le même processus d’intégration auquel la Russie fait face, par exemple, semble se poser de plus en plus à l’Inde et à d’autres nations eurasiatiques, et peut-être tôt ou tard aussi à une Allemagne neutre. A la fin de la partie, les États-Unis pourraient se retrouver progressivement éjectés de l’Eurasie, l’axe PMB émergeant comme une nouvelle donne. Dépêchez-vous de miser. Les jeux seront faits d’ici 2025.

Pepe Escobar est le correspondant itinérant d’Asia Times Hongkong, un analyste pour RT [Russia Today] et un invité régulier de TomDispatch. Son dernier livre, “L’Empire du chaos”, sera publié en novembre par Nimble Books. Suivez-le sur Facebook.
Copyright 2014 Pepe Escobar

Source : TomDispatch, le 05/10/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/les-nouvelles-routes-de-la-soie-et-lalternative-dun-siecle-eurasien/


[Info Obs] “Poutine drague la Première dame chinoise. La censure pète les plombs”

Wednesday 12 November 2014 at 02:30

Du très très lourd sur le Nouvel Obs… Y’a pas que la censure chinoise qui “pète les plombs” (sic.)…

Félicitations à P.L., le scribouillard de service (pour une fois, l’AFP n’a pas rédigé), pour le fond, et la forme…

On en reparlera bientôt, mais un “journaliste” qui écrit ça doit avoir un blâme, et au bout de 3 blâmes, il doit perdre le droit de s’appeler “journaliste” et d’informer le public – il pourra faire des photocopies, être blogueur, éditorialiste s’il le souhaite, mais pas journaliste.

En matière de diplomatie, il existe une règle tacite et simple : on ne flirte pas la femme d’un président.

En matière de journalisme, il existe une règle tacite et simple : il vaut mieux avoir son bac pour écrire dans un grand journal…

Mais, comme l’a repéré le très sérieux “Foreign Policy”, Vladimir Poutine, président russe et célibataire depuis peu, semble avoir oublié cette règle d’or.

Les dirigeants de l’Asie-Pacifique sont réunis depuis lundi à Pékin, hôte du sommet annuel du forum de coopération de l’Asie-Pacifique (Apec), qui marque la montée en puissance de la Chine, sur fond de relations tendues entre Barack Obama et Vladimir Poutine mais aussi entre Pékin et Tokyo.

“Oh mon dieu, il fait froid ici, nan ?”

Maître de cérémonie, le président chinois Xi Jinping inaugure là sa plus importante manifestation internationale depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans. Forcément, sa femme était présente pour l’accompagner.

Lors d’une soirée de l’APEC organisée lundi au Centre national de natation de Pékin, le stade aquatique resplendissant construit pour les Jeux olympiques de 2008, Vladimir Poutine était assis à côté de la Première dame chinoise Peng Liyuan, elle-même assise à côté de son mari, Xi Jinping. Un arrangement de table que doit regretter amèrement le président chinois.

“Foreign Policy” décrit la scène :

Pendant que Xi Jinping était distrait en parlant au président américain Barack Obama, qui était assis à sa droite. Le tueur de tigres de Russie [Vladimir Poutine], le président cavalier joue son va-tout. Après un bref échange [entre le président russe et la Première dame chinoise] - vous pouvez presque imaginer Peng Liyuan faire dans le cliché, du genre ‘oh mon dieu, il fait froid ici, nan ?’ – Vladimir Poutine se lève brusquement, saisit son manteau beige avec ses deux mains, et le pose d’une manière chevaleresque autour des épaules de la première dame chinoise. Elle sourit avec grâce, le remercie, et s’assoit – uniquement pour donner instants plus tard subrepticement le manteau à un préposé.

Les images du Poutine-Peng Coastgate

La censure chinoise et l’effet Streisand

La télévision d’Etat chinois, CCTV, capte de suite le moment. La présentatrice remarque d’emblée  le geste chevaleresque de Vladimir Poutine en disant :

Poutine vient juste de placer son manteau autour du corps de Peng Liyuan.”

Les grands médias chinois, y compris les géants du web Sina et Phoenix, publient rapidement la vidéo. Celle-ci commence à circuler sur les réseaux sociaux chinois.

Et c’est à ce moment que la censure chinoise entre de plain-pied dans l’histoire. En quelques heures, la vidéo est retirée des sites d’informations chinois et bloquée sur les médias sociaux.

L’effet est garanti. La censure du geste de Vladimir Poutine (et de la vidéo) donne une nouvelle ampleur à l’histoire.

Comme l’explique Slate : “Cette histoire de tabloïd aurait pu mourir avant de naître, jusqu’au moment où les censeurs chinois, craignant on ne sait pas exactement quoi, aient tué toute chance que cela se produise.”

Et l’affaire devint le Poutine-Peng Coatgate. C’est ce qu’on appelle l’effet Streisand : la volonté d’empêcher la divulgation d’informations que l’on aimerait garder cachées déclenche le résultat inverse. Bingo.

P.L.

Source : Nouvel Obs, 11/11/2014

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Comme on les a insultés dans le commentaire, ils ont un peu retouché le billet (sous mes yeux d’ailleurs), et enlevé le mot drague :

Aie, le scribouillard, non, on ne “gale pas quelqu’un”, ça y’en n’a pas français (donc 1 heure plus tard :)

Ah merci.

Euh, on ne “flirte pas quelqu’un non plus, essaye encore une fois…”

Le stagiaire d’Europe 1 avait fait presque aussi pire :

Les autres médias n’ont pas saisi la bonne occasion de dénigrement journalistique de la Russie…

À suivre – pour le pire et le pire, bien entendu !

 

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-drague-la-premiere-dame-chinoise/


[U4-7] EuroMaïdan : Les alertes

Wednesday 12 November 2014 at 01:10

Suite du billet précédent sur l’’Ukraine
Index de la série 

4.7 Les alertes

Les alertes quant à la nature complexe du mouvement EuroMaïdan et à la présence de milices nationalistes n’ont pas manqué – dans le silence assourdissant de la presse mainstream – fabuleux exemple de ce que Noam Chomsky a brillamment démonté dons son ouvrage de référence La fabrication du consentement. 

« La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature. » [Noam Chomsky, Media Control, 1997] 

 

“Source : acrimed.org 

Ainsi, le 13 janvier, Oleksandr Feldman, président du Comité juif ukrainien et membre du parlement ukrainien, a publié un article intitulé « La triste progression du mouvement de protestation ukrainien, de la démocratie et de l’État de droit vers l’ultra-nationalisme et l’anti-sémitisme ». L’article raconte la prise en main des manifestations de Kiev par les néo-fascistes, et appelle les dirigeants de l’opposition Yatseniouk et Klitschko à dénoncer « la dérive néo-fasciste au cours des dernières semaines et à rompre leur alliance avec Svoboda ». “Source : huffingtonpost.com

Le 15 janvier, le Jerusalem Post rapporte qu’un étudiant d’une école juive a été poignardé le 17 janvier, une semaine après qu’un homme de confession juive, Hillel Wertheimer, a été battu à Kiev. L’article cite l’appel de la communauté juive à renforcer sa sécurité, ainsi que le Congrès juif mondial, pour qui le rudoiement de Wertheimer « fait partie ’’d’une tendance croissante dans le pays à l’incitation antisémite et aux activités extrémistes’’ favorisée en partie par la popularité croissante du parti ultra-nationaliste Svoboda, que l’organisation juive a qualifié de groupe néo-nazi ». “Source : jpost.com

Le 20 janvier, l’ambassade israélienne en Ukraine a publié un communiqué, rapporté par l’agence Interfax Ukraine, exprimant ses profondes inquiétudes à propos des attaques à l’encontre de membres de la communauté juive de Kiev. “Source : en.interfax.com.ua

Le 21 janvier, un article de The Nation, intitulé « le nationalisme ukrainien au centre de l’Euromaïdan », documente le rôle sans cesse croissant de Svoboda, qu’il identifie comme un parti situé « très à droite » (far-right) et « extrêmement nationaliste », sans toutefois insister sur son caractère néo-nazi. “Source : thenation.com

22 janvier : Nicolai Petro, écrivant sur le site du National Interest, défend les nouvelles lois restreignant les manifestations comme étant absolument nécessaires, étant donné la nature nihiliste et violente de l’opposition, qui bat régulièrement des députés et autres personnes. “Source : nationalinterest.org

23 janvier : Libération et Daniel Schneidermann dans Rue89 reconnaissent eux aussi que l’extrême-droite s’incruste dans les manifestations. “Source : liberation.fr”  “Source : rue89.nouvelobs.com

Le 25 janvier 2014, Natalia Vitrenko, économiste ukrainienne, députée et fondatrice du Parti socialiste progressiste, et 28 élus et responsables d’associations ukrainiens, ont adressé un appel au secrétaire général de l’ONU, aux dirigeants de l’UE et des États-Unis. Les signataires dénoncent dans cet émouvant appel l’ingérence étrangère et le danger de coup d’État :

« Puisque les médias internationaux colportent des informations déformées sur l’Ukraine, émanant d’hommes politiques et de responsables de l’Union européenne et des Etats-Unis, et que ces informations sont utilisées ensuite pour soutenir cette opération de guérilla illégale, nous sommes obligés de lancer l’appel suivant :

1/ Le prétexte pour organiser les manifestations de « l’Euromaïdan » à Kiev a été le refus du gouvernement et du Président ukrainien de signer un accord d’association avec l’UE. Nous attirons votre attention sur ce document, en défense duquel l’opposition parlementaire a appelé le peuple à manifester sur la place de l’Indépendance (Maïdan) de Kiev. Le cœur de cet accord implique la perte totale de la souveraineté ukrainienne au profit d’agences supranationales (le Conseil d’association et le Comité sur le commerce) intronisées au-dessus de la Constitution et des lois du pays en tant qu’autorités décisionnelles.

Il a été démontré de façon incontestable que ce document va à l’encontre de la Déclaration sur la souveraineté nationale de l’Ukraine, de la Constitution et des décisions de la Cour constitutionnelle, ainsi que de la volonté du peuple exprimée lors des référendums des 17 mars et 1er décembre 1991.

La mise en œuvre de l’Accord d’association avec l’UE aurait conduit indiscutablement à la destruction de l’économie du pays, de son industrie, de son agriculture, de ses services et de son secteur scientifique. Signer cet accord aurait signifié la fin de la propriété de l’Etat, en concurrence avec les oligarques occidentaux. L’Accord d’association avec l’UE aurait éliminé la souveraineté de l’Etat ukrainien. […]

2/ Nous estimons nécessaire d’attirer votre attention sur la nature des forces politiques qui ont organisé l’Euromaïdan et se livrent aujourd’hui à des combats à travers le territoire ukrainien. Ces terroristes lancent non seulement des attaques sanglantes contre les représentants de l’ordre public, mais ils s’emparent de bâtiments officiels, mettent à sac et brûlent les bureaux des partis auxquels ils s’opposent et font régner la loi du plus fort contre les citoyens d’Ukraine. Ceci met en danger leur vie et leur sécurité, ainsi que leur dignité et l’inviolabilité de leurs biens. Vous devriez comprendre qu’en soutenant cette guérilla en Ukraine, en octroyant à leurs auteurs le statut d’« activistes d’Euromaïdan » participant à des actions prétendument pacifistes, vous protégez et encouragez directement des mouvements néo-nazis et néo-fascistes. Aucun de ces opposants (Yatsenyuk, Klitschko et Tyahnybok) ne cache qu’il se situe dans la continuité de l’idéologie et des pratiques de l’OUN-UPA.

Tous leurs discours au Maïdan sont ponctués de « Gloire à l’Ukraine – à la gloire des héros ! » Ce salut nazi, adopté par les nationalistes ukrainiens en avril 1941 (lors de la deuxième assemblée de l’OUN), n’était qu’une copie de slogans similaires du parti nazi d’Hitler. « Gloire à l’Ukraine – Mort aux ennemis », « Ukraine par-dessus tout », « L’Ukraine aux Ukrainiens », « Poignardons les moscovites et pendons les communistes ! », en sont d’autres entendus au Maïdan. […] Le groupuscule paramilitaire « Praviy Sektor » (Secteur droit) qui coordonne les guérillas, exhibe dans toutes ses actions le drapeau rouge et noir, autre symbole de l’idéologie « de la race et du sol », devenue dans les années 1930 une sorte de doctrine national-socialiste utilisée par les hitlériens pour justifier leur régime après leur accès au pouvoir en 1933.

Le caractère néo-nazi de l’Euromaïdan se trouve confirmé par l’utilisation constante des portraits de Bandera (1909-1959) et Choukhevitch – deux bourreaux sanguinaires de notre peuple – agents de l’Abwehr (le renseignement militaire de l’Allemagne nazie). Le 14 janvier, par provocation, un portrait de Bandera a été accroché sur l’hôtel de ville de Kiev occupé par les manifestants. Suite au scandale provoqué, le portrait fut rentré à l’intérieur du bâtiment. Autre action diabolique, les participants du Maïdan ont organisé une marche dans le centre de Kiev le 1er janvier, jour de l’anniversaire de Bandera.

Ainsi, ce n’est pas seulement le Maïdan de Kiev, mais également ceux qui émergent dans diverses régions de l’Ukraine, qui sont massivement infectés par l’idéologie nazie et recourent aux pratiques de leurs prédécesseurs en menant des actions contre la force publique et contre des civils (notamment leurs adversaires politiques). Soit Washington et Bruxelles ont choisi d’ignorer le caractère nazi de l’Euromaïdan, soit ils préfèrent fermer les yeux et étouffer la vérité sur l’idéologie fasciste de l’opposition parlementaire et de l’Euromaïdan en Ukraine. On est donc en droit de s’interroger : “L’ONU, l’UE et les Etats-Unis ont-ils cessé de reconnaître la charte et le verdict du tribunal international de Nuremberg sur les crimes de guerre pour lesquels les hitlériens et leurs sbires furent jugés et condamnés ? Les droits de l’homme n’ont-ils plus aucune valeur pour les pays de l’UE et la communauté mondiale ? La dévotion des nationalistes ukrainiens pour Hitler et le massacre de civils sont-ils maintenant considérés comme une forme de démocratie ?”

3/ Les droits des citoyens ukrainiens qui condamnent les néo-nazis, épousent une idéologie différente, défendent la souveraineté de l’Ukraine et rejettent catégoriquement le traité d’association avec l’UE, considérant que l’intégration de l’Ukraine dans l’Union douanière peut offrir une sortie de crise, sont piétinés ! Pourtant, des sondages crédibles indiquent que plus de la moitié de la population est favorable à une association entre l’Ukraine et la Russie et que 97 % rejettent le nazisme. L’UE et l’ONU pensent-elles que les droits de dizaines de millions de ces Ukrainiens n’ont pas à être défendus ? L’UE et l’ONU considèrent-elle comme un modèle de démocratie le fait que les soi-disant forces d’autodéfense d’Euromaïdan, de façon anticonstitutionnelle et en violation totale des normes du droit international, kidnappent des citoyens, les fouillent, les interrogent, les torturent ?

Nous, en tant que responsables de partis politiques et de la société civile, exprimons notre vive préoccupation face au constat que certains politiciens et responsables de l’ONU, de l’UE et des Etats-Unis ont une vision déformée de ces événements organisés en vue d’un coup d’Etat en Ukraine, et ne prennent aucune mesure efficace pour l’empêcher. »

“Source : derechos.org 

Exagération ? 

 

Le siège du Parti Communiste d’Ukraine a été mis à sac : 

 

Le 8 décembre, la statue de Lénine à Kiev a été détruite par les manifestants (dont des prêtres…), et remplacée quelques jours par… des toilettes… Selon un sondage, cette destruction a été condamnée par 69 % des habitants de Kiev, seuls 15 % l’approuvant… 

 

Le 27 janvier 2014, le sociologue italien Pino Arlacchi, député européen de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (Parti Démocrate) et ancien directeur de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ODCCP), a déclaré dans un entretien à Radio 24 en Italie que les manifestations en Ukraine étaient contrôlées par des nazis. Il a appelé l’UE à cesser toute ingérence dans les affaires internes du pays. Interrogé s’il pensait que l’Europe soutenait de manière appropriée les protestataires qui « demandent l’Europe » en Ukraine, Arlacchi a répondu :

« Il ne semble pas du tout qu’ils soient en train de demander l’”Europe”. La rue est aux mains des extrémistes pro-nazis et des nationalistes de Svoboda, qui ne se soucient guère, je le crois, de l’Europe. »

Alors que son hôte insistait sur le fait qu’”une partie de l’opposition est pro-Europe”, Arlacchi a répondu :

« Être “en faveur de l’UE” doit aussi signifier qu’ils doivent favoriser les méthodes et valeurs en usage dans l’UE. Descendre dans la rue avec des armes, tirer des coups de feu et détruire les immeubles publics, et ensuite demander que le gouvernement fasse ce qu’ils disent, ne me semble pas à moi comme étant très européen.

Je ne soutiens pas le gouvernement ukrainien, mais je ne tombe pas non plus dans le piège de penser qu’une rue violente a le droit de renverser un gouvernement élu démocratiquement – les élections ont été régulières, nous les avons surveillées. Je ne me reconnais pas dans une meute qui exige qu’on change les règles du jeu démocratique par la force. Ils peuvent demander de nouvelles élections, ils peuvent demander la démission du gouvernement, ils peuvent tout demander ce qui est légitime, mais ils doivent également le faire avec des méthodes qui sont cohérentes avec les règles de la démocratie. 

Je pense que nous devrions essayer d’interférer beaucoup moins dans les affaires internes des autres pays. Cette intervention européenne en Ukraine a été un désastre, car elle a divisé le pays. Il y a toute une partie anti-russe du pays contre l’autre moitié, qui est pro-russe, sans idée claire sauf une poursuite de la Guerre froide. J’ai insisté, et je continue à le faire, avec mes autres collègues, sur l’idée que diviser un pays de cette manière n’est pas cohérent avec le message européen, n’est pas dans l’intérêt de l’Europe, et que nous devrions développer une autre politique à l’égard de l’Est, fondée sur le dialogue et l’inclusion avec la Russie, plutôt que de se comporter comme si nous étions au pire moment de la Guerre froide.  “Source : pinoarlacchi.it

Rappelons au passage que Victor Ianoukovytch était donné largement en tête dans les sondages pour la prochaine présidentielle, avec 25 % des voix au premier tour (ce qui ferait rêver François Hollande en 2017)…

 

Le 28 janvier 2014, sous le titre : « Des nervis d’extrême-droite détournent l’insurrection pour la liberté en Ukraine », Time Magazine fait un gros plan sur le groupuscule Spilna Sprava (« Cause commune », dont les initiales en ukrainien sont « SS »), au centre des insurrections. 

“Source : world.time.com 

 

Le 29 janvier 2014, Alexander Rahr, expert allemand renommé de la Russie, lance un avertissement contre le danger de guerre nucléaire avec le pays dirigé par Poutine, dans une analyse sur la situation ukrainienne publiée dans le mensuel allemand Cicero. 

« Aujourd’hui, les manifestations de masse contre le gouvernement ukrainien sont largement nourries par des demandes sociales, mais une étincelle suffit pour déclencher un conflit ressemblant à une guerre civile entre la partie occidentale, pro-européenne, et la partie orientale, pro-russe, du deuxième plus grand pays d’Europe. […]

Mais contrairement à la guerre civile yougoslave, l’intervention d’une force de maintien de la paix de l’OTAN n’est pas envisageable. Le risque de confrontation militaire avec la puissance nucléaire qu’est la Russie est trop grand. L’Occident ne peut éviter de chercher une solution dans le cas de l’Ukraine avec, plutôt que contre la Russie. […]

Si une force nationaliste radicale devait usurper le pouvoir à Kiev, la Russie se verrait obligée de reconnaître l’indépendance de la Crimée, comme elle l’a fait dans le cas de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud auparavant. […]

L’arsenal des options dont dispose l’Europe est limité : les Européens n’ont tout simplement pas le muscle financier pour suppléer aux énormes prêts consentis par la Russie à l’Ukraine. Par conséquent, la seule alternative est la coopération entre l’Europe et la Russie en Ukraine. La modernisation des gazoducs et le développement de projets conjoints dans le secteur de l’aérospatial devraient faire partie des priorités. » 

 Le même jour, Seumas Milne précise à son tour dans un article du Guardian britannique titré « En Ukraine, les fascistes, les oligarques et l’élargissement occidental sont au cœur de la crise », avec en sous-titre : « L’histoire qu’on nous raconte sur les manifestations paralysant Kiev n’a qu’un lointain rapport avec la réalité. » : 

« Vous n’auriez jamais pu apprendre par la grande presse que des nationalistes d’extrême-droite et des fascistes sont au cœur des protestations et des attaques contre les bâtiments officiels. Un des trois principaux partis d’opposition menant la campagne est le parti antisémite de la droite dure, Svoboda, dont le dirigeant Oleh Tyahnybok affirme que l’Ukraine est contrôlée par une “mafia judéo-moscovite”. Svoboda, actuellement au pouvoir dans la ville de Lviv, a dirigé au début du mois une marche aux flambeaux de 15 000 personnes à la mémoire du dirigeant fasciste ukrainien Stepan Bandera, dont les troupes ont combattu avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et ont participé au massacre des juifs. »

“Source : theguardian.com 

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Le même jour encore, le magazine britannique Counterpunch a publié un article signé d’Eric Draitser et intitulé : « L’Ukraine et la renaissance du fascisme ». Il indique d’emblée que : 

« La violence dans les rues d’Ukraine est bien plus qu’une expression de colère populaire contre un gouvernement. C’est plutôt le dernier exemple de la montée d’une des formes les plus insidieuses de fascisme que l’Europe ait connues depuis la chute du Troisième Reich. Dans sa tentative de décrocher l’Ukraine de la sphère d’influence russe, l’alliance UE – Etats-Unis – OTAN s’est alliée (et ce n’est pas la première fois) avec des fascistes. » 

“Source : counterpunch.org
“Source : michelcollon.info 

 

Le 7 février, le journal canadien Globe & Mail publiait un article intitulé « Un mouvement de l’ultra-droite devient le fer de lance des manifestations ukrainiennes » (titre adouci par la suite, mais il reste dans l’adresse internet du billet). Son auteur Doug Sanders écrit que « les manifestants des groupes les plus nombreux et les plus agressifs, qui refusent en général de parler aux journalistes, sont des membres de Pravy Sektor, un regroupement de bandes fascistes, nationalistes, de hooligans du football et d’extrémistes de droite, certaines avec des précédents nazis ».

Sanders ajoute : Pravy Sektor est en fait « l’ossature de ces manifestations », pour ce qui concerne la « construction et l’entretien des barricades autour des squares, une grande partie de la construction des camps, la surveillance, et les batailles rangées et parfois mortelles avec la police. […] Dans quelques villes plus petites, les manifestations locales et l’occupation des bâtiments administratifs semblent avoir été entièrement l’œuvre de Pravy Sektor. » Sanders précise que Pravy Sektor n’est pas une organisation isolée de la tendance majoritaire dans les manifestations, contrairement à ce que l’on pourrait croire, mais en fait intégralement partie : « En dépit de leur histoire d’intolérance extrême, Pravy Sektor a gagné l’admiration d’un nombre étonnamment élevé d’organisations reconnues. » Il cite ensuite Volodymyr Fesenko, dirigeant du Centre d’études politiques de Kiev disant : « Les gens les soutiennent [Pravy Sektor] car ils les voient comme l’armée de l’opposition. »  “Source : theglobeandmail.com 

Le même jour, le Guardian de Londres publie jour un article de Volodymyr Ishchenko, qui rapporte : 

« Les médias occidentaux célébraient naïvement les “valeurs européennes” du mouvement, malgré le fait que le parti Svoboda, xénophobe, homophobe et nationaliste avait été, avec des groupes encore plus extrémistes (tel que Pravy Sekto), impliqué dans l’Euromaïdan depuis presque le début. Ils criaient des slogans d’extrême-droite, combattant la police, dirigeant l’occupation des bâtiments administratifs, et démantelant les monuments. Et pourtant ni les incidents de torture, de lynchage et d’humiliation en public de soi-disant voleurs dans les camps des manifestants, ni le passage à tabac de sans-abris ou de gens en état d’ébriété autour des camps n’ont été rapportés dans les médias internationaux. »

“Source : theguardian.com 

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Le même jour, Jean Géronimo, un des meilleurs experts de l’économie et de la géostratégie russes, publie dans le quotidien l’Humanité : « L’Ukraine : un enjeu géostratégique, au cœur de la guerre tiède » : 

« En se rendant à Kiev pour soutenir les opposants y compris d’extrême droite au régime ukrainien, Catherine Ashton assume un acte hostile à la Russie, qui avait demandé à l’UE de ne pas intervenir. Ce soutien des puissances occidentales à la troublante « révolution » ukrainienne vise-t-il à faire entrer ce pays dans le giron de l’UE et de l’OTAN, et aussi à empêcher le retour de la Russie comme grande puissance en cherchant son affaiblissement régional ?

À travers le soutien occidental à une troublante « révolution » ukrainienne et sa volonté d’ingérence, c’est l’idée d’empêcher le retour de la Russie comme grande puissance, via son affaiblissement régional, qui revient sur le devant de la scène. […]

Dans ce contexte, tout rapprochement de l’Ukraine avec l’UE (via l’accord d’association) peut être considéré comme l’étape préalable et « naturelle » à sa future intégration à l’OTAN, comme cela a été confirmé par Washington – véritable gifle et provocation stratégique à l’égard de la Russie. Sur un plan structurel, ces deux objectifs restent des priorités implicites de la nouvelle diplomatie américaine, verrouillée par l’administration Obama. Or, tendanciellement, la puissance russe est désireuse de sanctuariser son étranger proche, contre les velléités expansives occidentales. Dans cette optique, l’OTAN reste, pour elle, un levier offensif et injustifié de la vieille lutte contre le communisme. Incroyable acharnement. […]

Aujourd’hui, l’Europe brille par son absence en Afrique et au Moyen-Orient, mais par contre, n’hésite pas à s’ingérer dans les affaires politiques intérieures de la souveraine Ukraine, en place de Kiev, par l’intermédiaire de Catherine Ashton, soutenue par son mentor américain, John Kerry. On croit rêver… […]

Désormais, comme le souligne fort justement J.M. Chauvier, on assiste à une dérive extrémiste de nature néo-nazie de manifestations surfant sur un nationalisme anti-russe et échappant, de plus en plus, au contrôle des leaders de l’opposition pourtant aiguillés par l’Occident. Là est sans doute la plus grave erreur et le plus grand danger pour une Europe maladroite, dont la politique inconsciente contribue à réveiller les « vieux démons » dans l’espace post-soviétique, notamment dans les pays baltes et l’Ukraine. Or cette information est totalement occultée par la pensée unique, allégrement relayée par nos médias. […]

De manière explicite, cet accord [de libre échange Ukraine/UE] vise à imposer l’idéologie néolibérale du « libre-marché », à partir d’une dérégulation économique et financière exprimant une vision anti-étatique désastreuse et, sur le moyen terme, considérablement appauvrissante pour la société ukrainienne – avec le risque de fabriquer une « nouvelle Grèce». Le « peuple » qui manifeste ne le sait, sans doute, pas. […]

Face à cette instrumentalisation politique, la Russie ne pouvait rester sans réactions. D’autant plus que l’intégration de l’Ukraine à l’espace économique européen (objectif déclaré de l’UE) transformera ce pays en plateforme de réexportation des produits occidentaux – via les firmes multinationales – vers la Russie, dont l’économie serait ainsi attaquée et déstabilisée. Très vite, V. Poutine a su trouver une réponse adéquate, correspondant aux intérêts économiques de l’Ukraine mais respectant les intérêts politiques de la Russie, encline à protéger sa zone d’influence contre les convoitises de plus en plus pressantes de l’UE. Moscou ne l’a jamais caché et montre même une certaine transparence dans ce domaine, contrairement au jeu obscur de l’Europe, guidée par la « main » de Washington et navigant dans les eaux troubles de « sa » prude démocratie – imposée au monde globalisé, comme une vérité suprême. Curieux messianisme. »   “Source : humanite.fr

Le 10 février 2014, le site de Bloomberg mettait à sa Une la photo de terroristes portant un masque noir, sur le Maïdan de Kiev, avec pour titre : « Les radicaux ukrainiens poussent à la violence alors que le zèle des nationalistes s’accroît. » Les journalistes Daryna Krasnoloutska et Volodymyr Verbyany y concentrent leur attention sur Pravy Sektor, le décrivant « comme un regroupement d’organisations nationalistes dont l’idéologie est fondée sur Stepan Bandera, qui avait combattu l’administration soviétique dans les années trente, quelque fois aux côtés de l’Allemagne nazie ». L’article conclut que ce sont ces groupuscules violents qui dominent la rue et cite le chef de Pravy Sektor, Dmytro Yarosh : « Nous sommes contre l’effusion de sang mais nous reconnaissons qu’il est impossible de parler aux autorités criminelles sans avoir recours à la force. » 

“Source : bloomberg.com
 

Dans un entretien également publié le 10 février sur km.ru, le général russe Leonid Ivashov, ancien chef du bureau des Affaires étrangères du ministère russe de la Défense et actuellement président de l’Académie des études géopolitiques, lance une mise en garde claire et précise les conséquences dramatiques pouvant découler de la crise ukrainienne : 

« Il semble qu’ils [des responsables clé au sein de l’Union européenne ainsi que le secrétaire d’Etat américain John Kerry] se soient consacrés à l’étude de la doctrine du Dr Goebbels, et continuent à le faire. […] Ils présentent tout dans un sens contraire à la réalité. C’est là une des formules que la propagande nazie avait employée avec le plus de succès : […] Ils accusent d’agression, le parti qui cherche à se défendre. Ce que nous voyons en Ukraine et en Syrie est un projet occidental, une guerre d’un genre nouveau : dans les deux cas nous voyons une approche clairement anti-russe, et il est bien connu que les guerres commencent avec des opérations de guerre psychologique et de manipulation de l’information. […]

Je présume que le ministère des Affaires étrangères comprend que nous sommes en guerre, et que les guerres ont leurs lois. […] Après la guerre de l’information, ils préparent [une opération] terrestre et navale en Ukraine. Kerry et Obama encouragent à Kiev ce qu’ils répriment durement dans leur pays. Les dirigeants européens combattent les manifestations non autorisées avec des tuyaux d’arrosage et jettent les manifestants en prison, tandis que dans le cas ukrainien ils font exactement l’inverse et, en plus de cela, ils menacent la Russie. En toute logique, cela fait partie de la guerre de l’information. […]

Le scénario pourrait se dérouler comme suit : conduire l’Ukraine au bord de la rupture, blâmer Ianoukovytch et la Russie pour tout cela, pour ensuite pouvoir dire que l’OTAN ne peut pas en rester là, à ne rien faire, et se doit par conséquent d’envoyer ses troupes pour rétablir l’ordre. Un gouvernement de transition serait ensuite formé, comme en Irak et au Kosovo, et l’OTAN prendrait le contrôle des choses. L’Histoire nous a montré des situations similaires. » 

Le 12 février, un mémorandum intitulé « Sauver l’Ukraine », rédigé par des experts du Club Izborsk, est paru dans l’hebdomadaire russe Zavtra. Il dénonce comme une menace aux intérêts stratégiques russes, le « coup d’État fasciste rampant » qui a lieu contre l’Ukraine. Le Club Izborsk est un très influent groupe d’intellectuels russes influents promu par le président Vladimir Poutine. 

« Sauver l’Ukraine », qui accuse les États-Unis et l’Union européenne d’être à l’origine de la tentative de changement de régime en cours en Ukraine, somme les États-Unis de participer à des consultations de crise, sous l’égide du Mémorandum de Budapest de 1994 sur la souveraineté ukrainienne. Ce mémorandum de 1994, garantissant la souveraineté nationale de l’Ukraine, avait été signé par les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Ukraine et la Russie. Si l’Ukraine ou la Grande Bretagne venaient à refuser une telle conférence, alors la diplomatie russo-américaine devrait entreprendre des négociations de toute urgence, en s’appuyant sur le précédent de la crise des missiles de 1962.

Le mémorandum « Sauver l’Ukraine » rapporte que la situation du pays « approche rapidement de la limite au-delà de laquelle l’Ukraine pourrait devenir fasciste ». L’Ukraine, un État non-aligné, neutre et non nucléaire, deviendrait ainsi un « point chaud » en Europe et dans le monde, « une zone d’instabilité et de chaos aux frontières de la Russie ».

La déstabilisation en cours en Ukraine est en train de créer « les conditions de la prise de pouvoir par une coalition de forces politiques qui ne représente pas les intérêts de la majorité du peuple ukrainien ». Selon ce mémorandum, le groupe américain en charge de l’opération « Ukraine » est composé d’intellectuels et de diplomates de haut niveau. Washington «s’inquiète que Moscou, dont les réserves en capital sympathie au sein de la population ukrainienne sont énormes, puisse soudainement se réveiller, devenir plus actif et saborder le projet presque finalisé d’établir un gouvernement totalement anti-russe en Ukraine, allant même jusqu’à largement recourir aux héritiers fascistes du collaborateur nazi Stepan Bandera».

Le rapport énumère les scénarios possibles d’un changement de régime en Ukraine : expulsion abrupte de Ianoukovitch, ou lancement d’un processus de « gouvernement de coalition » qui aboutirait en définitive à son éjection du pouvoir. Un nouveau dirigeant, peut-être même Ioulia Timochenko, libérée de prison, pourrait alors « prendre la direction de l’Ukraine, au sein de la plate-forme radicale nationaliste d’Oleg Tiagnybok et d’autres groupes fascistes d’extrême droite. Une telle tournure idéologique des événements […] pourrait aboutir à la formation d’un Etat anti-russe aux frontières de la Fédération de Russie et perturber toute tentative d’intégration dans l’ancienne région soviétique ».

Dans leur conclusion, les auteurs déclarent : « Nous considérons la situation qui émerge en Ukraine comme catastrophique pour le futur de la Russie et de tout l’espace post-soviétique.» Ils terminent : « Seul ce type d’initiative par l’État Russe et d’autres forces saines dans la communauté russe ou internationale, avec les organismes exécutifs de nos deux pays, peut stabiliser la situation économique et sociale en Ukraine et empêcher une catastrophe politique et sociale dans ce pays. »   “Source : globalresearch.ca 

 

Le 17 février, Vladimir Bidievka, député communiste de Donestk, déclare à propos des milices : « Il y a une minimisation du phénomène que l’on qualifie de nationaliste alors qu’il s’agit de mouvement néofasciste et nazi, principalement lié au parti Svoboda. Son chef, Oleg Tiagnibog, joue sur les courants xénophobes, antisémites et russophobes fortement implantés en Galicie où il n’est pas rare d’assister à des grandes célébrations à la mémoire du collaborationnisme nazi et de la Waffen SS ». 

Le 18 février, Natalia Vitrenko, présidente du Parti progressiste socialiste d’Ukraine déclara de nouveau : 

« C’est seulement lorsque la communauté mondiale aura reconnu la nature néo-nazie du putsch que la violence en Ukraine pourra être arrêtée […]

La responsabilité pour la violence, le sang, les morts et les blessés, et la guerre civile en Ukraine, n’incombe pas seulement aux organisateurs de l’Euromaïdan, aux guérilleros et aux terroristes, mais également aux dirigeants de l’Union européenne et des Etats-Unis qui ont, dans leur myopie politique, confondu un putsch nazi avec une révolte populaire pacifique en défense des valeurs européennes.

En tant que dirigeante d’un parti d’opposition de gauche en Ukraine, j’appelle la communauté mondiale à regarder ce qui est au cœur de nos problèmes en Ukraine. Il s’agit d’un putsch néo-nazi, visant à établir une dictature nazie. Le droit international et les valeurs européennes, la défense des droits humains en Ukraine (et dans le monde), ainsi que les principes démocratiques, obligent toutes les nations du monde et toutes les forces progressistes à s’unifier dans le but de bannir les partis et mouvements néo-nazis en Ukraine. Sinon il sera impossible de stabiliser la situation et d’obtenir des changements démocratiques. » 

4.8 L’aveuglement occidental

Ainsi, toutes les alertes de bon sens auront été vaines, face à une propagande inouïe, et un aveuglement suicidaire…

Vu la masse, il est impossible de tout reprendre dans le cadre ce document. Citons néanmoins quelques réactions éloquentes.

Le 1er février 2014, dans son discours d’ouverture à la Conférence de Munich sur la sécurité, le président du Conseil de l’Union européenne (UE), Herman Van Rompuy, après avoir exprimé tout son soutien et sa sympathie pour les « manifestants » ukrainiens, a souligné que : 

« Certaines personnes pensent que les Européens sont naïfs ; que nous préférons la carotte au bâton. Maintenant, je ne dis pas que parfois, nous ne pouvons pas jouer des poings plus fortement.

Je sais que l’UE est souvent vue comme une sorte de Florence Nightingale – après tout, nous sommes le plus grand donateur pour le développement et l’aide humanitaire. Mais nous n’envoyons pas que des infirmiers et des nutritionnistes, nous envoyons aussi des juges et des policiers, des soldats et des Marines.

Nous préférons clairement les solutions diplomatiques, mais nos pays sont prêts à utiliser la force militaire si nécessaire. »  “Source : consilium.europa.eu

Le 2 février 2014, le Secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a souhaité que la Russie mette fin à « sa rhétorique belliqueuse », qui entravait les chances d’une coopération plus étroite entre l’Alliance et son ennemi de la Guerre froide. « Nous devons nous garder de nous menacer l’un l’autre. » Rappelons que la Russie s’est depuis longtemps plainte à propos des plans de défense antimissiles de l’OTAN qu’elle considère comme une menace à ses propres missiles. Rasmussen a ainsi tancé la Russie pour avoir décrit les plans du système de défense de l’OTAN comme un système « offensif », alors que l’OTAN affirme que sa conception est défensive.

Le 3 février 2014, un éditorial du Financial Times du 3 février intitulé « L’Ukraine se trouve face à un moment de vérité », commence par dire que la crise en Ukraine est « entrée maintenant dans une phase décisive ». Il soutient que « Ianoukovytch représente aujourd’hui une force dépassée » et, afin de parer à un éventuel durcissement des réponses de son gouvernement, « Washington et Bruxelles doivent dresser une liste de restrictions de voyager et de sanctions financières qui seraient imposées aux dirigeants du pays s’ils venaient à faire preuve d’une telle brutalité. Deuxièmement, l’Occident doit être immédiatement prêt à fournir une aide financière à l’Ukraine si un nouveau gouvernement arrivait au pouvoir et cherchait à renouer des liens avec l’UE », pour ensuite ajouter que le FMI «devrait être prêt à injecter plusieurs milliards de dollars dans l’économie Ukrainienne afin de stabiliser instantanément la situation financière du pays ». Il termine avec cette phrase coup de poing : « Si les Ukrainiens font tomber l’homme de Kiev, les Russes pourraient se demander pourquoi ils ne devraient pas faire de même avec l’homme du Kremlin. »  “Source : ft.com

 Le 10 février, le Conseil de l’Union européenne a fermé les yeux sur la présence des néonazis, et a publié un communiqué à la langue de bois déplorant en termes plus que vagues « la situation en ce qui concerne les droits de l’homme, les cas de personnes disparues, la torture et l’intimidation, et déplore la mort et les blessures encourues de tous les côtés ». Le Conseil affirme par ailleurs qu’il se «tient prêt à répondre rapidement à toute détérioration sur le terrain ».   “Source : consilium.europa.eu 

« Qui donc veut la guerre ? (…) On commence à se demander tout bas, si à force de se menacer pour se faire peur, les gouvernements ne seront pas entraînés dans des conflits qu’ils ne veulent pas. On se demande s’il n’y a pas un peu partout, des minorités résolues à tout et qui parviendront à précipiter dans la guerre une Europe incertaine, sans lumière et sans volonté. Que signifient, en France, ces articles des journaux officieux par lesquels on tente de préparer l’opinion à l’accepter ? » [Jean Jaurès, "Une guerre insensée", La Dépêche de Toulouse, 15 novembre 1912]

Source: http://www.les-crises.fr/u4-7-euromaidan-les-alertes/


Les fascistes, les vrais ennemis du peuple, ce sont les ultra-privilégiés, les 1 %, par Etienne Chouard

Tuesday 11 November 2014 at 05:30

Tiens, une vidéo 100 % non conformiste de Chouard (un grand humaniste et Républicain)

Introduction :

Moscovici : Jacques Sapir est d’extrême droite (car pour la sortie de l’euro)

Fabius : Svoboda n’est pas d’extrême droite :

La vidéo : Etienne Chouard :

Épilogue :

Henri Guillemin – D’Adolphe Thiers à Adolf Hitler, les bouchers des rentiers :

La guerre de 14 puis le fascisme pour stopper le socialisme : 1900 (Novecento) film de Bernardo Bertolucci avec Depardieu et De Niro :

Source: http://www.les-crises.fr/etienne-chouard-sur-l-extreme-droite/