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[Reprise] Les sanctions d’Obama contre la Russie sont vouées à l’échec, par M.K. Bhadrakumar

Saturday 2 August 2014 at 05:16

Un très intéressant regard indien traduit par Jean-François Goulon sur son blog

Par M.K. Bhadrakumar. Article paru dans Indian Punchline le 30 juillet 2014: Why Obama’s Russia sanctions are doomed

Une nouvelle Guerre Froide était bien la dernière chose qu’Obama avait encore à l’esprit lorsque la nuit tombait sur le campus universitaire de l’université Lynn, en Floride, le 22 octobre 2012. C’était la nuit des longs couteaux, celle du fameux débat de politique étrangère de la campagne présidentielle, durant lequel Obama a vertement mouché son opposant républicain, Mitt Romney, en ridiculisant son assertion selon laquelle la Russie constituait la plus grande menace géopolitique pour les Etats-Unis au 21ème siècle.

Voici comment Obama administra sa fameuse rebuffade à Romney : « Monsieur le gouverneur, je suis content que vous reconnaissiez qu’al-Qaïda est une menace, car lorsque que l’on vous demandait, il y a quelques mois, quelle était la plus grande menace pour les Etats-Unis, vous avez répondu la Russie – et non pas al-Qaïda – vous avez dit la Russie. Et les années 1980 n’appellent pas au retour de leur politique étrangère parce que, savez-vous, la Guerre Froide est terminée depuis plus de 20 ans. Mais, Monsieur le gouverneur, lorsqu’il s’agit de politique étrangère, vous semblez vouloir importer la politique étrangère des années 1980 ».

Tout au long de sa campagne de réélection, Obama a mis en avant la « réinitialisation » des relations entre les Etats-Unis et la Russie comme la réalisation de politique étrangère la plus brillante de son premier mandat dans le Bureau Ovale. Il a fièrement vanté l’accord START sur le désarmement avec la Russie, l’aide précieuse de la Russie dans la création du réseau de voies de transit, connu sous le nom de Northern Distribution Network (réseau de distribution septentrional), et dans d’autres domaines en relation avec la guerre en Afghanistan, ainsi que la limitation des ventes militaires à l’Iran et sa bonne volonté pour collaborer sur les sanctions américaines contre l’Iran, etc., comme des gains substantiels de sa politique étrangère.

On ne sait pas quand exactement Obama a changé d’avis et décidé de devenir un partisan de Romney. Obama attribue entièrement sa métamorphose aux développements en Ukraine, c’est-à-dire une affaire vieille de quatre mois à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie. Mais dans cette courte période, Obama est passé d’un extrême à l’autre, comme en témoignent ses remarques sur les dernières sanctions, prises mardi dernier contre la Russie. Il prend un malin plaisir d’avoir « fait revenir en arrière des décennies de véritable progrès » en Russie et d’avoir « rendu une faible économie russe encore plus faible ».

Obama exulte que « les projections de la croissance économique russe se rapprochent de zéro ». Cela trahit une rancœur et un esprit mesquin qui souille l’image des USA dans la communauté internationale. Ne vous y trompez pas, il y a tout un monde au-delà de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest, et celui-ci voit la volte-face caractéristique d’Obama avec incrédulité et un sentiment d’exaspération !

Cette volumineuse partie de la communauté internationale, la majorité silencieuse, aimerait bien savoir plusieurs choses sur Obama. Pour commencer, comment peut-il s’arroger la prérogative d’interpréter la loi internationale de la façon qui lui convient sur tout sujet donné ? Comment explique-t-il l’agression des USA contre l’Irak et la Libye qui a eu pour conséquence la destruction de ces pays – ou son ingérence manifeste en Syrie ? Qui est réellement responsable d’avoir déclenché le chaos en Ukraine à la fin de l’année dernière ?

Hélas, Obama ne réalise pas qu’il se la joue perso et qu’il sape la crédibilité de la politique américaine, et que cela a un étrange effet.

Prenez, par exemple, la rhétorique séduisante du Secrétaire d’Etat John Kerry, lundi dernier, espérant donner le ton juste à sa visite imminente à Delhi deux jours plus tard. Mais en Inde, celle-ci est tombée dans l’oreille d’un sourd.

En fait, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Delhi s’est fait fort, mercredi, de confirmer que le ministre indien espère surtout parler à John Kerry des révélations sidérantes d’Edward Snowden concernant les activités d’espionnage de la NSA en Inde. Il a déclaré, « Vous êtes également conscient qu’il y a une inquiétude considérable en Inde à propos des autorisations données par les agences américaines quant au viol de la vie privée des particuliers, des personnes morales et du gouvernement de l’Inde. Donc, il y a de toute évidence une inquiétude considérable, et ces questions devraient être à l’ordre du jour sans que je n’entre plus dans les détails. »

Les journaux indiens ont généralement décrit la mission de Kerry comme un instinct philistin crasse – destinée à vendre plus d’armes à l’Inde et à voir comment lever les obstacles à l’exportation de réacteurs nucléaires américains sur le marché indien. On a fait ressembler Kerry à un représentant moite dans une pièce d’Arthur Miller. Pourquoi de telles choses se produisent-elles ? L’Inde est un pays qui est tombé éperdument amoureux du prédécesseur d’Obama, George W. Bush. Mais, d’une façon ou d’une autre, il s’est formé dans la conscience indienne l’impression désormais difficile à effacer qu’Obama est un cynique et un opportuniste égocentrique qui est singulièrement dépourvu de toute conviction profonde, et qu’il est par conséquent très susceptible aux volte-face.

C’est là où les dernières tournures de sa politique vis-à-vis de la Russie nuiront aux intérêts des Etats-Unis. Inutile de dire que l’Inde ne se mêlera pour rien au monde de la stratégie de rééquilibrage vers l’Asie des USA.

Obama ne comprend pas que le monde n’est pas intéressé à isoler la Russie ou à démolir l’économie russe à un moment où l’économie mondiale a un besoin pressant de centres de croissance, en particulier à l’extérieur du monde occidental.

Donc, si l’Europe veut seulement le gaz russe et bannir le pétrole russe, c’est parfait pour les économies à croissance rapide comme l’Inde et la Chine ou le Vietnam. Si l’Europe ne veut plus acheter d’armes russes, pas de problèmes pour l’Inde, l’Irak, l’Egypte, le Venezuela, le Brésil, etc., qui ont toujours des accords d’armement avec la Russie. Il est tout à fait certain que les BRICS et l’Organisation de la Coopération de Shanghai [1] ne vont pas disparaître.

Ce qu’Obama néglige est le fait que les instruments de la Guerre Froide sont périmés et ont perdu leur utilité. C’est de la pure arrogance de sa part que de croire qu’il serait un Joueur de Flûte magique et que le reste du monde le suit tout simplement. Pourquoi le monde devrait-il se joindre à la guerre que mènent les USA pour sauver le statut immaculé du dollar américain afin de préserver l’hégémonie mondiale des Etats-Unis – en dépit du fait que ce pays connaît un inexorable déclin ?

La banque des BRICS, qui est destinée à rivaliser avec la Banque Mondiale et le FMI – signifiant « la fin de la domination occidentale sur l’ordre financier et économique mondial », pour citer un expert stratégique indien de premier plan qui est à la tête de Comité consultatif à la sécurité nationale – est déjà un fait immuable de la vie. L’Inde, le Brésil et la Chine ne vont pas s’effrayer des restrictions occidentales imposées aux banques russes.

Traduction: JFG-Questions Critiques
______

Note du traducteur:

[1] Nombre de pseudo géopolitologues et autres « experts » français ne semblent pas connaître l’OCS, l’Organisation de la Coopération de Shanghai, ou du moins en mesurer l’importance. Celle-ci, créée en juin 2001, à l’initiative de la Russie et de la Chine, se veut une sorte de pendant de l’OTAN en Asie Centrale. Elle regroupe la Russie, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan. L’Iran, l’Afghanistan, l’Inde, le Pakistan et la Mongolie y ont le statut d’observateurs. La Biélorussie, la Turquie et le Sri Lanka sont des partenaires privilégiés du dialogue.

Source: http://www.les-crises.fr/les-sanctions-d-obama-contre-la-russie-sont-vouees-a-l-echec/


[Reprise] Les BRICS ont lancé leur banque de développement

Saturday 2 August 2014 at 00:52

Comme un climat change en 15 jours… La sanction est vite arrivée…

Cette fois, ça y est. Réunis pour leur sixième sommet annuel à Fortaleza, au Brésil, les cinq grands pays émergents, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (les « BRICS »), ont signé, mardi 15 juillet, un accord actant la création d’une banque de développement et d’une réserve de change commune. « C’est une contribution importante pour la reconfiguration de la gouvernance économique mondiale », s’est félicitée la présidente brésilienne, Dilma Rousseff.

« Ces pays cherchent à créer un système alternatif aux institutions dominées par les nations occidentales, Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale », confirme Yves Zlotowski, économiste en chef de Coface.

La banque de développement, qui sera basée à Shanghaï, aura pour objectif de financer de grands projets d’infrastructures dans les pays concernés et, à terme, dans d’autres émergents. Sa capitalisation de départ sera de 50 milliards de dollars, apportés par les cinq participants. À terme, sa force de frappe pourra atteindre les 100 milliards de dollars.

Surtout, elle n’assortira pas ses prêts de conditionnalités contraignantes. « En cela, elle différerait du FMI, qui exige des réformes structurelles et une ingérence politique intolérable en échange de son aide », a expliqué Anton Silouanov, le ministre des finances russe. Une option qui pourrait séduire nombre de pays émergents qui, comme l’Argentine, estiment que les conditionnalités du FMI ont causé de sérieux dommages à leurs économies.

Se protéger en cas de nouvelle tempête

Les BRICS ont également signé un « accord-cadre » instaurant une réserve de change commune. Doté de 100 milliards de dollars, dont 41 milliards versés par la Chine, 18 milliards par l’Inde, le Brésil et la Russie, et 5 milliards par l’Afrique du Sud, ce fonds pourrait être opérationnel dès 2015.

Objectif : permettre à ses membres de se protéger en cas de nouvelle tempête sur leurs devises, comme celle déclenchée mi-2013 après l’annonce du changement de cap de la politique monétaire américaine. Les BRICS avaient alors dû affronter de violentes sorties de capitaux. « Ce fonds est un outil très puissant pour prévenir de nouvelles difficultés économiques », a salué le président russe, Vladimir Poutine. Son homologue chinois, Xi Jinping, a quant à lui évoqué une « association solide », réaffirmant la nécessité « d’augmenter la représentativité et la voix des pays en développement ».

Certains experts doutent néanmoins que 100 milliards de dollars suffisent à contrer de telles attaques. « L’efficacité du fonds serait préventive et symbolique : c’est déjà beaucoup », juge M. Zlotowski.

La création de ces deux institutions, destinées à faire contrepoids aux organisations de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale), est un objectif de longue date des BRICS. Non seulement ces derniers s’estiment sous-représentés au sein de ces instances, notamment au regard du poids qu’ils ont pris dans l’économie mondiale, mais en plus, la réforme du FMI, censée leur donner plus de poids, est bloquée au Congrès américain depuis des mois.

Manque de ciment

Déjà évoqué en mars 2013 au sommet de Durban, en Afrique du Sud, le lancement du fonds de réserve et de la banque des BRICS achoppait jusqu’ici sur plusieurs différends entre les membres, à propos du financement et de la structure de direction. Ils sont désormais résolus.

L’objectif sera-t-il pour autant atteint ? Les économistes balancent entre optimisme et prudence. « Pour le juger, il faudra d’abord que ces deux institutions passent l’épreuve des faits », commente Jean-Pierre Lehmann, spécialiste de politique économique internationale à l’IMD, l’école de commerce de Lausanne.

Les inconnues sont nombreuses. Les pays aidés accepteront-ils de se mettre sous la tutelle officieuse de la Chine, qui sera le principal contributeur financier ? Comment se situera la banque de développement des BRICS face aux institutions similaires, notamment la nouvelle banque asiatique d’investissements en infrastructures que Pékin lance en parallèle ? La cohésion entre les pays membres sera-t-elle suffisante pour mener ces projets à bien ? « J’en doute : tous poursuivent des objectifs politiques et économiques très différents », assène M. Lehmann. Avant d’ajouter, non sans ironie : « Entre les BRICS, il a toujours manqué le ciment. »

La politique invitée du sommet de fortaleza

L’activisme de la Russie en la matière relève en effet pour beaucoup de la réaction politique aux sanctions infligées par les puissances occidentales après l’annexion de la Crimée. « Pour elle, la banque de développement et le fonds doivent être des outils de lutte contre la domination du dollar, quand le Brésil ou l’Inde y voient l’opportunité de développer les infrastructures dont ils ont cruellement besoin », commente ainsi Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.

La politique s’est d’ailleurs invitée au sommet de Fortaleza. Dans la déclaration finale, les pays émergents ont exprimé leur « profonde préoccupation » à propos de la crise ukrainienne, et ont lancé un appel pour un « dialogue mutuel » et la « désescalade du conflit ». Selon Mme Rousseff, ils ont aussi déploré le « manque de progrès concrets » au Moyen-Orient.

Après Fortaleza, les dirigeants des BRICS se sont rendus mercredi 15 juillet à Brasilia, la capitale du Brésil, pour des rencontres avec des chefs d’état sud-américains. Elles seront suivies jeudi d’un sommet entre la Chine et l’Amérique latine, signe de l’intérêt de Pékin, qui a consacré à cette région près de 20 % de ses investissements l’an dernier.


Source : Le Monde

Les présidents russe, indien, brésilien, chinois et sud-africain au sommet des BRICS le 15 juillet (AFP/NELSON ALMEIDA).

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-les-brics-ont-lance-leur-banque-de-developpement-2/


Revue de presse du 02/08/2014

Saturday 2 August 2014 at 00:01

Des thèmes France, Libertés/Espionnage (dont une interview de Snowden) et Vue d’ailleurs (Gaza) bien fournis, une bonne nouvelle d’Allemagne (?!), mais aussi diverses histoires d’argent et de médias… Merci à nos généreux contributeurs en articles.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-02-082014/


Le Ministère de la Défense russe fournit de nouveaux éléments d’analyse sur le MH-17

Friday 1 August 2014 at 19:11

Traduction du communiqué du jour du Ministère de la Défense de Russie.

Il apporte des éléments d’information et de réflexion, sans privilégier de scénario.

A prendre – bien entendu – avec prudence.

Le Ministère de la Défense russe fournit de nouveaux éléments d’analyse des circonstances du crash de “Boeing-777″ de la Malaysia Airlines (vol MH-17) sur le territoire ukrainien.

Les autorités ukrainiennes persistent dans la réalisation de la phase active de leur soi-disant “opération antiterroriste” dans le Donbass. Le contingent des forces de l’armée ukrainienne et de la Garde Nationale dans la région continue à se renforcer et à s’équiper d’armes lourdes et du matériel de guerre.

Ces efforts militaires du gouvernement de Kiev ont eu pour conséquence le crash dans le Sud-est ukrainien du “Boeing-777″ malaisien. Utilisant cette tragédie qui a couté la vie à un grand nombre de personnes, Kiev n’a pas voulu attendre les résultats d’une enquête objective et a immédiatement désigné ses opposants comme étant les coupables.

En même temps les représentants officiels de Kiev ne montrent aucun désir de contribuer à l’analyse objective de tous les éléments qui étaient à l’origine de la mort des gens. Leurs arguments se réduisent à la publication de bandes son préfabriquées qui n’ont rien à voir avec l’expertise technique de tous les détails et éléments de survol du territoire de l’Ukraine par le MH17.

Le 18 juillet 2014, le représentant de Ministère de la Défense russe a formulé dans son interview “10 questions” aux dirigeants de l’Ukraine qui pourraient, à notre avis, contribuer à vision objective de ce qui s’est passé dans le ciel ukrainien.

Celles qui ont le plus d’intérêt concernent l’activité de l’Armée de l’air ukrainienne dans la zone du couloir aérien international, ainsi que l’action de sa DCA le jour du crash. Les services compétents ukrainiens laissent toujours ces questions sans réponses.

Le 21 juillet 2014, les représentants de l’État-major général de l’Armée de l’air russe ont rendu public des informations en sa possession. Ont été notamment transmises à l’examen des experts les photos satellites de la zone du crash ainsi que les données du contrôle de l’espace aérien. Certaines autres questions ont également été formulées, mais une fois de plus, les autorités de Kiev ont préféré ignorer cette démarche qui vise pourtant à une analyse objective de toutes les circonstances du crash.

Les représentants des États-Unis qui avaient auparavant – et à plusieurs reprises – déclaré être en possession de preuves convaincantes d’implication dans cette tragédie des milices populaires de l’Est ukrainien, ont fait marche arrière le 23 juillet, annonçant qu’il n’y avait pas d’éléments factuels à l’appui de leurs déclarations antérieures.

Quant aux experts du Ministère de la défense russe, ils ont poursuivi l’analyse d’informations objectives sur les circonstances du crash.

Il en ressort que dans les 10 premiers jours de juillet 2014, des unités supplémentaires de l’armée ukrainienne, équipées de missiles sol-air “BOUK-M1″, ont été transférées dans la région, prétendument pour “renforcer sa DCA en cas d’éventuelles frappes de l’aviation russe”.

Ces systèmes ont été affectés aux unités stationnaires de DCA déployées dans les villes d’Avdeevka (région de Donetsk) et d’Izum (région de Kharkov). Les images satellites qui démontrent justement l’emplacement des moyens de la DCA de l’Ukraine dans la zone du conflit ont été présentées le 21 juillet 2014 lors du briefing du Chef de Direction générale opérationnelle de l’État-major – général-lieutenant A.Kartopolov et restent accessibles sur le site-internet du Ministère de la Défense.

Certains de ces armements ont été transmis à l’armée après leur remise en état par l’usine de la ville Khmelnitski. C’est la première fois que l’entretien des missiles a été effectué en dehors du contrôle de l’entreprise-fabricant russe. Selon certaines informations, la partie ukrainienne aurait utilisé des pièces et des éléments non-certifiés, ce qui aurait pu affecter les caractéristiques techniques du matériel.

Une batterie antiaérienne “BOUK-M1″ détachée a été déployée en dehors des positions stationnaires existantes (non loin du village de Zarostchinskoïe, à8 kmau sud de la ville shakhtersk). La surveillance satellite a enregistré les déplacements de ce groupe de DCA sur le territoire contrôlé par les troupes gouvernementales, dans le secteur où s’est écrasé plus tard le “Boeing-777″.

Les servants des batteries ont été composés de réservistes, et il semble que leurs entrainements à l’interaction au combat, ainsi que le réglage des systèmes en situation réelle, prévus par les règles d’exploitation de ce type de matériel, n’aient pas eu lieu, faute de terrains d’exercice de DCA en Ukraine et à cause de la confrontation militaire intense dans la région.

Les milices d’auto-défense des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ne disposent pas quant à elles de missiles “BOUK-M1″. Le Procureur Général d’Ukraine Vitaliy Yarema a annoncé d’ailleurs le 17 juillet 2014 que les milices ne se sont jamais emparées de moyens de DCA de longue portée. 

Avec le renforcement de la composante terrestre des forces de DCA ukrainiennes, les avions d’appui au feu de son Armée de l’Air ont été équipés de missiles “air-air” R-60 (portée12 km, autoguidage infrarouge).

Le “Boeing-777″ de Malaysia Airlines suivait le couloir aérien international autorisé. En dépit des exigences élémentaires de sécurité, les autorités ukrainiennes n’ont pas voulu fermer l’espace aérien au-dessus de Donbass, c’est-à-dire dans la zone de confrontation militaire.

Le vol du “Boeing-777″ était suivi par le contrôleur du service ukrainien du contrôle aérien de Dniepropetrovsk. Les moyens russes du contrôle de l’espace aérien ont enregistré que le vol MH17 a dévié vers le Nord, s’éloignant de 14 kilomètres du couloir autorisé, tout en restant à l’altitude minimale autorisée dans cette zone (10 100 m). L’équipage ne pouvait entreprendre cette manœuvre que suite à l’ordre direct du Service du Contrôle Aérien ukrainien. Il n’y a aucune information qui pourrait expliquer une telle décision de ce service.

Selon les mêmes données du contrôle de l’espace aérien, tout au long de la journée du 17 juillet on a constaté dans la zone du couloir emprunté par vol MH17 une forte activité de l’aviation militaire de l’Ukraine. Les vols étaient effectués à de hautes altitudes pour probablement minimiser le risque de frappes par les moyens de la DCA. La partie ukrainienne refuse de fournir les informations sur les vols d’avions militaires dans ce secteur, ces représentants officiels démentant même le fait de leur présence, ce qui contredit les données du contrôle de l’espace aérien.

Les complexes “BOUK-M1″ sont capables d’atteindre leurs cibles jusqu’à35 kmde distance et à22 kmd’altitude. Mais un avion de ligne civil constitue pour sa part une “cible facile”. Sa vitesse est permanente, il n’effectue pas de manœuvres d’esquive. Son niveau d’altitude (autour de10 000 m) est optimal pour les missiles de ce type. Ses grandes dimensions permettent la détection et le suivi radar à des distances maximales.

La composition d’un complexe de DCA opérationnel inclut, en règle générale, au minimum 4 unités : la station radar de détection-guidage, l’unité de commandement, l’unité de tir des missiles et celle de chargement. Le tir est impossible sans guidage-radar du missile. Selon les règles existantes, la formation des équipes de telles batteries prend 6 mois pour les opérateurs simples et jusqu’à 3 ans pour leurs commandants.

L’analyse d’informations sur le déploiement des “BOUK-M1″ ukrainiens et des stations radar affectées permet d’affirmer avec une forte probabilité que le “Boeing-777″ malaisien a traversé les zones d’interception éventuelles de toutes les batteries DCA déployées par l’Ukraine dans cette région (notamment à Avdeevka, Izum et Zarostchinskoïe).

Plusieurs avions de ligne civils ont ainsi traversé le 17 juillet 2014 la zone contrôlée par les moyens de DCA ukrainiens, dont chacun pouvait être utilisé par leurs opérateurs des “BOUK-M1″ aux fins d’entrainement et du réglage du matériel en situation réelle.

Les équipages d’avions de ligne ne disposent pas de systèmes permettant de détecter leur suivi par des moyens anti-aériens. L’intensité des échanges radio entre les stations-radar “Coupole”, affectées aux batteries “BOUK-M1″ et enregistrés le jour de la catastrophe dans cette région, confirme le fait d’entrainements au combat des forces de DCA ukrainiennes ce jour-là.

L’avion militaire ukrainien Su-25 qui manœuvrait et se trouvait dans la zone d’activité des moyens DCA au même moment que le vol MH17 pouvait lui aussi être utilisé au mêmes fins d’entrainement des servants et du réglage du matériel. En règle générale, ce genre d’exercices se passe en régime passif, c’est-à-dire que le guidage et le tir des missiles se font sous forme de simulation par ordinateur. Pourtant, le peloton du système a, à tout moment, la possibilité de passer du régime “entrainement” au régime “combat réel”. Le manque d’expérience et la faible qualification de l’équipage a pu provoquer cette inversion entre le mode “simulation” et le mode “combat”, et le tir non-autorisé. Dans ce cas, la probabilité d’interception d’un avion civil de ligne était quasiment de 100 %.

Une première analyse des photos de certains fragments du fuselage du “Boeing-777″ (sa partie arrière) met en évidence la présence des trous d’impact qui pourraient être dus aux shrapnels issus de l’explosion d’un missile “BOUK-M1″. Cependant, il est très peu probable qu’un tel impact ait pu être à l’origine de la désagrégation de l’appareil en vol.

Les trous d’impact plus grands, qui pourraient justement causer la destruction et la chute de l’avion sont visibles sur la partie avant du fuselage, dans la zone du cockpit. Ce genre de dégâts peut résulter de l’utilisation d’armes embarquées de Su-25 – missiles “air-air” R-60 ou canons de bord.

Les déclarations américaines sur les informations satellites qui confirment le tir d’un missile “sol-air” depuis la zone contrôlée par les forces rebelles ne correspondent pas aux moyens spatiaux de contrôle dont les États-Unis disposent.

Le satellite américain expérimental STSS qui survolait le secteur au moment du crash est destiné à détecter les tirs de missiles à temps de vol actif prolongé (missiles balistiques de court, moyen et longue portée). Il ne pouvait en aucun cas détecter le tir d’un missile “sol-air” dont la phase active ne dépasse pas 20 secondes et qui reste dans l’atmosphère.

Les satellites de cette classe ne sont pas destinés à la prise d’images et les autres moyens de contrôle spatial ne permettent pas d’établir le point du tir.

Les représentants des États-Unis qui commentent la situation autour du crash du “Boeing-777″ malaisien refusent de fournir des photos satellites qui pourraient contribuer à l’avancement de l’enquête. Mais ces informations ne peuvent pas être fournies à cause des capacités techniques limitées du groupement spatial américain.

Ainsi, les déclarations de la partie ukrainienne sur la prétendue “piste russe” dans la tragédie du “Boeing-777″ sont dénuées de tout fondement.

Source : Ministère de la Défense de Russie

Annexe : Les 10 questions de l’armée russe :

Le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov a formulé dix questions “simples” auxquelles Moscou attend des réponses de la part de Kiev et sur lesquelles les médias occidentaux gardent le silence :
  1. Immédiatement après la tragédie, les autorités ukrainiennes en ont tout naturellement attribué la responsabilité aux forces d’autodéfense [des fédéralistes]. Sur quoi fondent-elles ces accusations ?
  2. Kiev peut-il fournir tous les détails sur l’utilisation des lanceurs de missiles Bouk [un système de défense antiaérienne composé de missiles sol-air couplés avec un module complexe de radar permettant de suivre plusieurs cibles aériennes en même temps] dans la zone des hostilités ? Et – ce qui est essentiel – pourquoi a-t-il déployé ces systèmes [de défense antiaérienne] alors que les insurgés n’ont pas d’avions ?
  3. Pourquoi les autorités ukrainiennes ne font rien pour mettre en place une commission internationale ?
  4. Les forces armées ukrainiennes accepteraient-elles que des enquêteurs internationaux dressent un inventaire de leurs missiles air-air et sol-air, y compris de ceux qui ont été utilisées ?
  5. La commission internationale aura-t-elle accès aux données sur les mouvements des avions de guerre ukrainiens correspondant au jour de la tragédie ?
  6. Pourquoi les contrôleurs aériens ukrainiens ont-ils autorisé l’avion à s’écarter de la route utilisée normalement vers le nord et à s’approcher de la dénommée « zone de l’opération antiterroriste » ?
  7. Pourquoi l’espace aérien sur la zone de guerre n’avait-il pas été fermé aux vols civils alors que cette zone n’était même pas entièrement couverte par les radars des systèmes de navigation ?
  8. Que peut dire officiellement Kiev sur les commentaires postés sur les réseaux sociaux par un contrôleur aérien espagnol travaillant en Ukraine sur la présence de 2 avions militaires ukrainiens qui auraient volé aux côtés du Boeing 777 sur le territoire de l’Ukraine ?
  9. Pourquoi le Service de sécurité d’Ukraine [SBU] a-t-il commencé à travailler sur les enregistrements des communications entre les contrôleurs aériens ukrainiens et l’équipage du Boeing ainsi que sur les systèmes de stockage de données des radars ukrainiens sans attendre la participation d’enquêteurs internationaux ?
  10. Quelles leçons l’Ukraine a-t-elle tirées de l’incident similaire survenu en 2001, lorsqu’un avion russe [de ligne] Tu-154 s’était écrasé en mer Noire ? À l’époque, les autorités ukrainiennes avaient nié toute implication des forces armées ukrainiennes jusqu’au moment où une évidence irréfutable avait démontré officiellement la responsabilité de Kiev.

Source: http://www.les-crises.fr/le-ministere-de-la-defense-russe-fournit-de-nouveaux-elements-danalyse-sur-le-mh-17/


2 poids, 2 mesures

Friday 1 August 2014 at 05:02

Sans commentaire…

P.S. : autre version

1983, les Soviétiques abattent un avion coréen : Le Président Reagan :

Dans une allocution télévisée retransmise le 5 septembre 1983 depuis le bureau ovale, le président des États-Unis Ronald Reagan a condamné l’attaque, la qualifiant de « massacre des Korean Air Lines », de « crime contre l’humanité [qui] ne doit jamais être oublié » et d’« acte de barbarie… [d'une] brutalité inhumaine ». Ou encore « l’URSS ne doit pas seulement des comptes à la Corée du Sud et aux États-Unis, elle en doit à l’Humanité tout entière ». Le jour suivant, l’Union soviétique admit avoir abattu le vol KAL 007, affirmant que les pilotes ne savaient pas qu’il s’agissait d’un avion civil lorsqu’il viola l’espace aérien soviétique. La presse américaine se fit l’écho d’appels à la guerre contre l’URSS. (Source)

1988, les Américains abattent un avion iranien : Le Président Reagan :

“C’est un accident compréhensible” (“understandable accident” Source )

P. P.S. Bonus pour les anglophones (il m’avait échappé que le commandant américain qui a descendu l’Airbus Iranien avait été décoré ensuite…

Source: http://www.les-crises.fr/2-poids-2-mesures/


Il faut sanctionner la Russie !, par Neil Clark

Friday 1 August 2014 at 02:10

Israël bombarde une école de l’ONU à Gaza tuant 15 personnes. C’est la sixième fois qu’une école de l’ONU est frappée. « Des enfants, des femmes et des hommes ont été tués ou blessés pendant qu’ils dormaient dans un lieu où ils auraient du être en sécurité. Ce n’était pas le cas. C’est inacceptable », a déclaré Pierre Krahenbuhl, Commissaire Général de l’UNRWA (L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient). Mais surtout(au total), environ 1 400 personnes ont été tuées dans Gaza par les forces israéliennes avec des missiles et du matériel militaire fournis par les États-Unis. À la suite de la dernière attaque contre l’école des Nations Unies, l’annonce a été faite que les Etats Unis enverront d’avantage de munitions à Israël. Conclusion : « Il faut sanctionner la Russie ! »

Plus de 1 000 personnes ont été tuées dans l’Est de l’Ukraine, et près de 3 500 ont été blessées depuis la brutale offensive militaire commencée en Avril par le gouvernement ukrainien et soutenue par les Etats-Unis. Près de 100 000 personnes ont été déplacées de force. Dimanche, au moins 13 civils ont été tués par un bombardement ukrainien, dont une petite fille âgée d’un an, tuée devant ses parents.
Qu’est ce que nous entendons ? « Il faut sanctionner la Russie ! »

Les États-Unis et l’Union Européenne ont approuvé le coup d’État contre un président et un gouvernement élus démocratiquement en Ukraine, à un an des élections suivantes, créant la crise actuelle dans le pays. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Les ultra-nationalistes ont incendié La Maison des Syndicats à Odessa, tuant environ 40 personnes. Ceux qui tentaient de s’échapper ont été matraqués à coups de battes de baseball.
« Il faut sanctionner la Russie ! »

Après le coup d’état anticonstitutionnel à Kiev, amenant au pouvoir des ultra-nationalistes d’extrême droite anti-Russie, le peuple de Crimée a choisi, lors d’un référendum pacifique et démocratique, de rejoindre la Russie. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Un avion civil s’écrase en Ukraine — le second avion de la compagnie Malaysia Airlines à s´abîmer dans des circonstances mystérieuses en quelques mois. Nous ignorons encore qui en fut responsable, voire le sort qui fut réservé au premier avion de Malaysia Airlines. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Quatre enfants palestiniens jouent au football sur une plage de Gaza. Ils sont assassinés sous le feu israélien. « Il s’agit d’un crime lâche », dit le porte-parole du ministre de la santé de Gaza. La Russie était l’un des 29 pays ayant voté pour que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU enquête sur ces potentiels crimes de guerre. Les pays de l’Union Européenne se sont abstenus, les Etats-Unis ont voté contre. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Depuis 2008, on estime que les frappes de drones américains sont responsables de la mort de plus de 2.400 personnes. Le Bureau for Investigative Journalism (organisation non gouvernementale britannique consacrée à la production d’articles d’investigation) affirme qu’au Pakistan seul, les frappes de drones ont tué entre 416 et 957 civils sur la période 2004-2014. Entre 168 et 202 enfants auraient été tués au Pakistan par les drones américains. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Les États-Unis se lancent dans une guerre illégale en Irak durant laquelle plus d’un million de personnes sont mortes. La justification de cette attaque était que l’Irak possédait des armes de destruction massive, qui n’ont en fait jamais existé. Une grande partie de l’Irak est désormais dirigée par l’EIIL (État Islamique en Irak et au Levant). La Russie s’était fortement opposée à la guerre en Irak. « Il faut sanctionner la Russie ! »

La Libye : comme l’Irak, un pays détruit par une intervention militaire occidentale à laquelle la Russie n’a pas participé. À cause de l’agression occidentale, ce pays qui avait le niveau de vie le plus élevé d’ Afrique est maintenant un état en faillite. « Il faut sanctionner la Russie ! »

L‘Arabie Saoudite, alliée des États-Unis, est l’un des quelques pays dans le monde où l’homosexualité est illégale et où les personnes gays peuvent être exécutés. La Russie ne possède pas ce genre de lois, mais elle n’est pas un de ses alliés. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Les pays occidentaux soutiennent financièrement des rebelles pour qu’ils renversent par la force le gouvernement syrien, augmentant leur contribution à chaque fois que le conflit semble sur le point de se terminer. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Le 15 juillet, il a été annoncé que les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) créaient une banque de développement disposant de 100 milliards de dollars et un panier de devises d’une valeur de plus de 100 milliards de dollars. « Le grand lancement de la banque des BRICS a été vu comme une première étape pour casser l’omniprésence du dollar dans les échanges internationaux étant donné qu’il est soutenu par le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale (BM), deux institutions établies aux Etats-Unis et dans lesquelles les BRICS n’ont que peu d’influence » selon RT. « La banque des BRICS sera l’une des plus grandes institutions financières multilatérales de développement dans le monde » a annoncé le président Poutine.

Les élites occidentales savent que la Russie renaissante freine leur ambition d’atteindre une hégémonie totale sur le monde, et que les BRICS et leur Nouvelle Banque de Développement constituent une menace pour leur puissance économique. La Russie « se met en travers de leur chemin » dans d’autres domaines également. Les néo-conservateurs et la fausse gauche occidentale pro-israélienne souhaitaient la guerre contre la Syrie l’été dernier pour renverser son gouvernement et briser l’alliance entre la Syrie, le Hezbollah et l’Iran – un objectif stratégique à long terme d’Israël. La Russie, ainsi que l’opinion publique des pays occidentaux, ont contribué à empêcher cette guerre et à la grande frustration du Groupe de pression pour la Guerre Permanente, le gouvernement syrien est toujours au pouvoir. En un mot, la Russie doit être affaiblie, et rapidement. « Il faut sanctionner la Russie ! »

Neil Clark est journaliste, écrivain et animateur. Son blog ,déjà récompensé, se trouve à l’adresse www.neilclark66.blogspot.com . Vous pouvez le suivre sur Twitter (Source)

Traduction collective pour www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/il-faut-sanctionner-la-russie/


[Invité] Crises cubaine et ukrainienne, de 1962 à 2014, par Vincent Touze

Friday 1 August 2014 at 00:57

J’accueille avec plaisir ce billet invité de Touze, docteur en sciences politiues, un des spécialistes français de la Crise de Cuba en 1962, auteur de Missiles et Décisions, Castro, Kennedy et Khrouchtchev et la crise de Cuba d’octobre 1962, Ed. André Versaille, 2012.

En octobre 1962, les USA mettaient brutalement le monde au bord d’une Troisième guerre mondiale nucléaire. La raison ? L’URSS avait osé les défier dans « leur » arrière-cour, dans leur ancien protectorat de Cuba, en positionnant des missiles « dans une région bien connue pour ses liens particuliers et historiques avec les États-Unis »  selon les mots de John Kennedy quand il lança son ultimatum. La presse américaine de l’époque abondait dans ce sens, à grands renforts de rappels patriotiques de la fameuse doctrine de Monroe, « l’Amérique aux Américains » – ou plutôt, comme chacun sait, aux États-Unis. Kennedy ne pensait nullement que l’URSS avait installé les missiles pour prendre l’initiative de lancer une attaque contre l’Amérique à partir de Cuba, ni son secrétaire à la Défense, même si de très nombreux citoyens américains le crurent sincèrement dans l’émotion du moment.

Bien sûr, il y avait un autre enjeu clé dans cette crise, qui était celui de la guerre froide. Mais ce n’est pas celui qui nous intéresse d’abord ici. Dans les jugements d’alors et d’aujourd’hui, on s’accorde à reconnaître la légitimité de l’action américaine. En s’aventurant ainsi dans la zone d’influence toute proche des États-Unis, l’URSS de Khrouchtchev avait commis un acte déraisonnable et parfois qualifié de presque fou. Pourtant, la légalité et la légitimité de l’accord de défense entre Cuba et l’URSS étaient avérées : Cuba était bien menacée et les états ont le droit de contracter souverainement pour leur défense et l’action américaine qui le leur déniait, armée d’un blocus maritime dans les eaux internationales et d’une mise en alerte des forces nucléaires américaines, littéralement le doigt sur la gâchette, était un acte de guerre dramatique. Malgré la solidarité naturelle de l’époque envers l’allié américain, son comportement suscita initialement des interrogations en Europe. Raymond Aron écrivait dans une réaction assez perplexe dans le Figaro que la justification qu’en donnait Kennedy était « la justification qui a été traditionnellement celle des grandes puissances : l’installation d’une base militaire offensive à portée des côtes américaines est une provocation de nature à modifier le rapport des forces » (1). Le Monde se distinguait par un éditorial peu favorable, au point qu’un responsable de la CIA demanda à rencontrer le chef de son service politique étrangère (2). 

Aujourd’hui même, ce qui se joue en Ukraine n’est pas sans parfois évoquer l’affaire des crises cubaines de 1961-1962, à rôles inversés. À la différence près que les liens historiques entre la Russie et l’Ukraine sont autrement plus anciens et étroits que ceux des États-Unis et de l’île de Cuba, l’assimilation n’est en réalité ici pas possible. Quelles que soient les interprétations qu’en donnent les acteurs politiques du moment, petits Russes et Grands-Russes ont une longue histoire commune, qui renvoie à des dimensions culturelles et émotionnelles profondes. De même, l’importance de l’Ukraine pour la Russie n’a rien à voir avec celle de Cuba pour les États-Unis. C’était même le principal membre de la Communauté des États Indépendants en dehors de la Russie jusqu’à l’annexion de la Crimée. Une situation bien différente de Cuba, pourtant toujours astreinte aujourd’hui à des mesures de blocus économique sévères au motif d’une « spoliation » prétendue des intérêts économiques américains lors de leur nationalisation par le pouvoir castriste en 1960. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce qui est considéré comme « acceptable » de la part des États-Unis l’est totalement refusé pour la Russie – et on ne parle même pas ici du cas particulier de la Crimée, où c’est plutôt l’exemple du Texas qu’il faudrait appeler.

Éternel « naïf » qui ne verrait jamais rien venir, le président américain actuel aurait été pris par surprise, cette fois par « Poutine » et se contenterait de réagir à un irrédentisme russe agressif, et trop mollement au goût de certains. Les jugements qu’on nous propose dans des médias bien moins riches et balancés qu’en 1962 – malheureuse constatation – ressemblent parfois à de la communication de guerre, rappelant davantage le contexte de 1914 que celui de 1962. Avec les bons démocrates pacifiques d’un côté, les corrompus violents de l’autre, et puis l’évocation obsédante d’Hitler et de Munich, grand classique de propagande, de l’intervention de 1956 à la guerre d’Irak en passant par la guerre d’Algérie, ce dernier argument étant toutefois assez franchement obscène quand on pense au rôle principal que la Russie assuma face aux Nazis. Cet argument labile et tarte à la crème de « Munich » fut utilisé en 1962 par un général extrémiste du Pentagone, pour plaider une attaque immédiate de Cuba auprès de Kennedy, lequel eut l’intelligence de n’y porter aucune attention. Les jugements les plus excessifs sont portés sur la Russie d’aujourd’hui, ses institutions et ses mœurs et son président est devenu une véritable tête de Turc médiatique, à l’égal d’un Saddam Hussein. On va jusqu’à prêter à la Russie un nouvel impérialisme culturel dont on peine pourtant à trouver la moindre expression… En 1962, alors que le communisme soviétique semblait une menace dynamique bien réelle, on ne trouvait pas dans nos médias une telle diabolisation de Khrouchtchev et, au contraire, la truculence et la bonhomie apparente du leader soviétique généraient une sympathie, même aux USA lors de son voyage en 1959. Et on ne trouvait nulle part d’expression d’anti-slavisme au sens d’anti-russisme, comme on est obligé de le constater avec étonnement et malaise aujourd’hui.

Mais, et on fait le raccord avec notre propos de départ sur la guerre froide d’abord mis en suspens, ce n’est pas de morale, de bien et de mal, d’Occident éclairé et d’Est barbare dont il est question. La politique internationale est affaire de puissance et d’intérêts – certes, aussi d’amitié, mais que l’on sache entre la France et la Russie, un de nos principaux alliés des deux guerres mondiales, il n’y a justement que de l’amitié. Il y avait des raisons évidentes de politique globale à l’action de Kennedy en 1962 et à l’appui sans faille que le Général de Gaulle lui apporta sur le moment. Et pour ces raisons, même si les opinions européennes réagirent parfois avec quelque réticence au début, elles manifestèrent leur fort soutien aux États-Unis. Alors, voyons les choses en face : ce n’est vraiment pas la première fois que l’ennemi de la Russie utilise le nationalisme ukrainien pour l’affaiblir. C’est même un vieux « truc », que l’Allemagne a utilisé lors des deux guerres mondiales. Cela fait longtemps que, dans l’Europe de l’après guerre froide, les États-Unis et leur establishment identifient la Russie comme l’adversaire à affaiblir et isoler et mènent des politiques actives en ce sens. Tout simplement parce que la puissance qui domine l’Europe a toujours cherché à affaiblir la Russie, qu’elle soit anglaise, française ou allemande. Ce n’est pas de l’Ukraine qu’il s’agit ici, mais de l’Europe, tout comme en 1962, Khrouchtchev voyait Cuba comme un avant-poste vers l’Amérique Latine. L’Ukraine est déjà en proie au morcellement, au déchirement hideux du frère contre le frère, alors le « soutien à l’Ukraine » à bon dos. Chaque semaine nous rapporte son lot d’informations désolantes venant de ce pays. L’intérêt de l’Ukraine commandait à l’évidence une toute autre politique, comme celle de proposer à temps une forme de « neutralisation » de l’Ukraine dans ses frontières, comme le suggérait il y a encore quelques mois Hubert Védrine. Le général Pierre Gallois disait en 2001 que « les États-Unis ne tiennent pas du tout à ce que l’Europe continentale se fasse avec la Russie » et en concluait que « tous les efforts sont faits pour maintenir la division » et pour « maintenir la Russie en état de faiblesse permanente » (3).

Ces lignes n’ont guère pris de ride. Les États-Unis ont depuis des années investi dans les jeux politiques en Ukraine. Ce qui se passe n’est vraisemblablement pas une péripétie, mais une forme d’aboutissement. Tout le monde peut voir, à moins d’être aveugle, le soutien actif que « Occident » a donné à la contestation violente du pouvoir de l’ancien président Ianoukovytch, pourtant régulièrement élu et dont le mandat arrivait à échéance en 2015. Et, bien entendu, la tournure prise depuis par les évènements n’est pas vraiment une surprise pour Washington. Dans les officines du pouvoir américain, il y a évidemment des équipes très compétentes sur la Russie et l’Ukraine, au travail depuis longtemps, et qui savent parfaitement le potentiel hautement explosif de cette région – qui vaut bien celui de missiles à Cuba. Et c’est la raison même de leur activité et de leur investissement en Ukraine.

De son côté, même en mettant les choses au pire, la Russie n’a bien évidemment pas voulu une telle situation catastrophique pour elle. Comme l’a très bien dit un grand observateur, engagé mais toujours pénétrant, Henry Kissinger, le pouvoir russe n’a pas investi des milliards et toute une communication à destination du monde pour les jeux Olympiques de Sotchi, pour se retrouver quelques jours plus tard à annexer la Crimée dans de telles conditions (4). En effet, et c’est nous qui ajoutons, la Russie l’a fait sous les opprobres de la communauté internationale et en quelque sorte en « prenant ses pertes », comme si elle considérait l’Ukraine définitivement « perdue ». On peut certes bien comprendre l’émotion en Russie, l’humiliation ressentie suite aux évènements imprévus à Kiev et le désir du Kremlin de rechercher une forme de compensation immédiate. Mais, justement, cette reconnaissance est refusée à la Russie.

Les Américains sont passés maîtres dans l’art de « toréer » leurs adversaires, de leur agiter des leurres sous le nez, de les provoquer àla faute. Etles États-Unis, tout comme leur nouveau protégé de Kiev, ne se sont pas privés pas de mesures et déclarations les plus volontairement offensantes. De ce point de vue, la Russie est partie tête baissée dans l’affaire, ne sachant pas anticiper et sous-estimant manifestement la vision de son adversaire. Pire, elle paraît jouer directement le jeu de celui-ci dans sa charge instinctive pour défendre les russophones, en semblant se détourner non seulement de l’Ukraine, mais de sa propre vocation européenne, en retournant à des chimères soviétiques ou des rêves d’Union eurasienne. Le beau résultat de l’immense gâchis de « Maïdan », ce sont les relations intereuropéennes gravement compromises avecla Russie. Desfaits accomplis durables et dangereux sont peut-être en train de se jouer en ce moment même.

Maintenant, la vraie question à se poser est : quels sont nos intérêts, quels sont les intérêts de l’Europe ? On peut franchement douter que ce soit de contribuer à attiser les rancœurs dans l’ex Bloc de l’Est, de rouvrir une nouvelle guerre froide en plein cœur de notre continent et de perdre tous les avantages de l’effondrement de l’URSS, ou de nous couper de la Russie post-soviétique et de la laisser morfondre dans son marc en multipliant les provocations, ou encore de diluer encore plus l’Union Européenne dans l’OTAN et dans une zone de libre échange avec les États-Unis. On serait là dans l’inverse exact de ce que voulaient les pères de l’Europe, de de Gaulle et Adenauer et encore tout récemment de Mitterrand et Kohl. L’absence d’un vrai débat politique vivant sur ces sujets, ou plutôt ce qui peut être interprété comme son abdication dans notre pays – car en Allemagne par exemple ce n’est pas le cas – paraît préoccupant.

Il ne faudrait pas que tout un discours français dirigé contre la Russie cache maladroitement une rationalisation de notre faiblesse.

Vincent Touze

Auteur de Missiles et Décisions, Castro, Kennedy et Khrouchtchev et la crise de Cuba d’octobre 1962, Ed. André Versaille, 2012

(1) Dans le Figaro du 24 octobre 1962

(2) Il s’agissait du grand journaliste André Fontaine

(3) Dans Le consentement fatal. L’Europe face aux États-Unis, Pierre-Marie Gallois,
Ed. Textuel, 2001

(4) http://globalpublicsquare.blogs.cnn.com/2014/05/10/kissinger-putin-likely-didnt-plan-to-bring-ukraine-situation-to-a-head/  

Source: http://www.les-crises.fr/crises-cubaine-et-ukrainienne-de-1962-a-2014/


Édito (orgasmique) du Monde : “Grâce à Poutine, l’Europe se fâche… et existe”

Thursday 31 July 2014 at 21:32

Grâce à ce nouvel édito made in OTAN du Monde, on sait enfin à quoi sert l’UE : déclencher des guerres !

Edito, LE MONDE | 31.07.2014 à 12h23

Vladimir Poutine a réalisé une performance peu commune : le président russe a poussé l’Europe à prendre une décision forte en politique étrangère. Il est ainsi à l’origine d’une sorte de première dans l’histoire de l’Union européenne (UE). Il a fait bouger Bruxelles, laissant entrevoir la possibilité qu’a l’UE d’être, si elle le veut, un acteur sur la scène internationale.
L’occasion, c’est l’Ukraine. L’Europe s’est efforcée ces derniers mois d’obtenir du Kremlin qu’il cesse d’entretenir la guerre dans ce pays. En vain. Elle a jugé qu’il était temps de passer à des sanctions économiques crédibles. Elle les a votées mardi 29 juillet.

Celles-ci sont sans précédent par leur vigueur. L’UE ferme ses marchés financiers à la Russie – la mesure vise les entreprises et banques d’Etat russes, très grosses consommatrices de prêts bancaires européens. L’UE interdit de nouvelles ventes d’armes et matériels militaires à Moscou – les « anciennes », et notamment la livraison d’un navire français de type Mistral, échappent à cet embargo. Enfin, l’Union limite considérablement les exportations de technologies de pointe dans les domaines de l’exploitation pétrolière et gazière.

LE MÉPRIS DE POUTINE

Longtemps, il n’y a pas eu de majorité au sein des Vingt-Huit pour prendre contre la Russie des mesures aussi sévères. Celle-ci est un partenaire commercial important pour l’Allemagne et l’Italie ; par oligarques interposés, elle est source de gros revenus pour la City de Londres ; elle est aussi, depuis Nicolas Sarkozy, un client pour les chantiers navals militaires français ; enfin, elle approvisionne en gaz une bonne partie de l’Europe de l’Est.

Et longtemps, Vladimir Poutine, qui cache mal son mépris pour ces Européens « décadents », a cru les Vingt-Huit incapables de devenir des acteurs sérieux dans la crise ukrainienne. Contre les Etats-Unis, il a joué, habilement, avec les divisions européennes, s’emparant impunément d’une partie de l’Ukraine, la Crimée.

Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui a bien pu unir les Vingt-Huit dans un geste de colère à l’encontre du Kremlin ? Réponse : Vladimir Poutine. Il n’y a encore qu’un faisceau d’indices pointant en direction des séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine. Mais la mort de 298 personnes dans le drame du vol MH 17 de la Malaysia Airlines – vraisemblablement détruit par un missile – a été l’occasion d’une prise de conscience. C’est bien M. Poutine qui entretient la guerre dans l’est de l’Ukraine. C’est la Russie qui alimente les séparatistes en armes lourdes – et qui n’a pas fait un geste pour favoriser une enquête indépendante sur le terrain du crash.

Tout change si le Kremlin impose aux séparatistes de désarmer et de négocier. Mais M. Poutine peut-il changer, lui ? L’Europe doit garder la porte ouverte à la négociation, sur l’Ukraine et sur une normalisation de ses relations avec la Russie. Mais sans se faire trop d’illusions.

Source : Le Monde

Source: http://www.les-crises.fr/edito-orgasmique-du-monde-grace-a-poutine-leurope-se-fache-et-existe/


Retraités du renseignement US : Obama doit exposer ses preuves sur l’Ukraine !

Thursday 31 July 2014 at 19:00

Traduction rapide mais imparfaite, mea culpa. Vous pouvez m’en proposer une version améliorée sous Word :)

Obama doit exposer ses preuves sur l’Ukraine - 29 juillet 2014

L’attaque du vol 17 de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine ayant transformé une guerre civile en une confrontation entre les USA et la Russie, des vétérans des renseignements US pressent le président Obama de publier les preuves qu’il détient sur cette tragédie, et ainsi de faire taire les rumeurs.

MEMORANDUM POUR : Le Président
DE: Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS – Les vétérans du renseignement pour un comportement sensé)
SUBJECT: renseignements sur l’attaque de l’avion malaisien

Note de synthèse :

Les tensions entre les USA et la Russie prennent un tour incertain dans l’affaire de l’Ukraine, et nous sommes loin d’être sûrs que vos conseillers mesurent pleinement le danger d’escalade. Le New York Times et autres medias traitent des sujets controversés comme des faits avérés, sur la base d’indications trouvées dans des sources gouvernementales.
Douze jours après l’attaque du vol 17 de la Malaysian Airlines, votre administration n’a toujours pas publié de rapport des renseignements proposant une liste exhaustive des preuves des responsabilités des uns et des autres – ne parlons même pas d’étayer les affirmations répétées selon lesquelles l’avion aurait été abattu par les séparatistes ukrainiens qui ont utilisé un missile fourni par les russes.
Votre gouvernement n’a pas fourni la moindre image satellite montrant que les séparatistes disposeraient d’un tel armement, en plus de l’absence d’autre preuve. La crédibilité de Washington, et la vôtre, ne cesseront de se dégrader si vous refusez, ou êtes incapables, de présenter plus de preuves tangibles appuyant les affirmations du gouvernement.
Dans la suite, nous abordons cela avec la perspective d’anciens professionnels du renseignement cumulant 260 ans d’expérience dans divers secteurs du métier :
Nous, soussignés anciens officiers du renseignement, voulons vous faire part de notre préoccupation concernant les preuves dont on allègue, jusqu’ici, qu’elles accusent la Russie de la destruction du vol 17 de la Malaysian Airlines. Nous sommes retraités du gouvernement et aucun de nous n’est payé par CNN, Fox News ou autre media. Notre objectif, avec ce texte, est de fournir une perspective nouvelle et différente.
En tant qu’anciens analystes du renseignement habitués à attendre, sauf en situations d’urgence, des informations concluantes avant de se précipiter pour émettre un jugement, nous estimons que les accusations contre la Russie doivent être ancrées avec de solides et beaucoup plus convaincantes preuves. Et ce, d’autant plus dans des situations explosives comme la destruction d’un avion de ligne. Nous sommes également troublés par l’amateurisme avec lequel des preuves confuses et fragiles ont été avancées, certaines sur les « media sociaux ».
E
n tant que professionnels du renseignement, nous sommes embarrassés par l’utilisation non professionnelle de renseignements partiaux. En tant qu’américains, nous espérons que vous publierez sans délai supplémentaire des preuves plus convaincantes, si vous en avez. En accusant la Russie d’être directement ou indirectement responsable, le secrétaire d’État John Kerry a été particulièrement catégorique. Les preuves le sont beaucoup moins. Ses affirmations semblent prématurées et ressemblent à une tentative de manipulation de l’opinion publique.

Noircir la Russie

Nous voyons une étrange ressemblance avec un précédent exercice de la diplomatie publique américaine à partir duquel des leçons de grande valeur peuvent être tirées par ceux qui sont plus intéressés par la vérité que par l’exploitation de tragiques accidents à des fins propagandistes. Nous faisons référence au comportement de l’administration Reagan immédiatement après que le vol 007 de la Korean Airlines ait été abattu au-dessus de la Sibérie le 30 août 1983. Ci-dessous, nous brossons à grands traits le résumé de cette tragique affaire puisque nous soupçonnons que vous n’avez pas été mis au courant de façon convenable. Vous reconnaîtrez des parallèles évidents.
L’avantage pour nous d’avoir longuement occupés des postes d’officiers du renseignement est que nous avons le souvenir de ce à quoi nous avons assisté sans distorsion des événements : nous oublions rarement les événements majeurs dans lesquels nous avons joué un rôle d’analyste ou quoi que ce soit d’autre. Pour dire cela autrement, nous savons presque tous où nous étions exactement quand un chasseur soviétique a abattu le vol 007 de la Korean Airlines au dessus de la Sibérie le 30 août 1983, plus de trente années plus tard.
À ce moment-là, nous étions des officiers du renseignement en service actif. Vous aviez 21 ans, et la plupart des gens qui vous entourent aujourd’hui étaient encore plus jeunes.
Ainsi, il semble possible que vous appreniez, pour la première fois, comment cette affaire du KAL007 s’est déroulée. Cela vous rendrait plus conscient des sérieuses implications sur les relations des
États-Unis et de la Russie, de la façon dont l’affaire de l’interception du vol 17 se déroule. Il vous apparaîtra tout le mérite qu’il y a à empêcher que nos liens avec la Russie ne tombent dans un état de décrépitude totale. De notre point de vue, le danger stratégique éclipse tout autre considération.
Quelques heures après le crash tragique du 30 août 1983, l’administration Reagan a utilisé sa machine à propagande bien huilée pour tordre les renseignements alors disponibles, dans le sens d’une responsabilité des soviétiques quant à la mort des 269 passagers du KAL007. L’avion de ligne a été abattu après s’être écarté de sa route de plusieurs centaines de kilomètres et avoir pénétré dans l’espace aérien russe, juste au-dessus des installations militaires sensibles du Kamchatka et de l’île de Sakhalin. Le pilote soviétique a essayé de signifier au vol long-courrier qu’il devait atterir mais les pilotes du KAL n’ont pas répondu aux avertissements répétés. Au milieu de toute cette confusion sur l’identité de l’avion (un avion-espion Américain était dans les parages quelques heures plus tôt), le contrôle au sol soviétique a ordonné au pilote de faire feu.
Les soviétiques avaient déjà réalisé leur terrible erreur. Les services de renseignements américains savaient aussi déjà, sur la base de données sensibles interceptées, que cette tragédie était le résultat d’une bourde et non pas d’un acte de meurtre délibéré, tout comme le 3 juillet 1988 où le USS Vincennes a abattu un avion civil iranien au dessus du Golf Persique, tuant 290 personnes, un acte que le président Donald Reagan a qualifé avec dédain d’accident compréhensible.
Afin de noircir encore plus le tableau contre Moscou pour avoir abattu l’avion de ligne KAL, l’administration Reagan a supprimé des preuves à décharge issues d’interceptions électroniques américaines. La ritournelle de Washington devint alors : « Moscou a volontairement abattu un avion de ligne civil ». Newsweek en avait fait sa une avec le titre « Meurtre dans le ciel ». Apparemment, tout cela n’a pas beaucoup changé, la couverture du Time de cette semaine annonçait « La Guerre froide II » et « Le jeu dangereux de Poutine ». La couverture de Simon Shuster, « En Russie, crime sans sanction » mériterait un A+ dans le cours de William Randolph Heart « Yellow Journalism 101. »)
Lorque le KAL007 a été descendu, Alvin A. Snyder, directeur de la division télévision et film de l’Agence des informations des États-Unis a été enrôlé dans dans un travail concerté « d’amasser le plus grand nombre d’injures possible sur l’Union soviétique », comme Snyder l’écrit dans son livre Guerriers de la désinformation.
Lui et ses collègues on également gagné un A+ pour avoir orienté de la sorte les grands médias. Par exemple, Ted Koppel de ABC a noté avec une fierté patriotique « cela a été une de ces occasions où il y a très peu de différence entre la cuisine répandue par les organes de propagande du gouvernement américain et ce que diffusent les réseaux commerciaux ».

Truquer le Renseignement pour justifier la Politique

« L’impression que nous voulions transmettre, c’est que l’Union soviétique avait froidement effectué un acte barbare », écrit Snyder, ajoutant que l’administration Reagan est allée jusqu’à présenter un compte rendu falsifié des interceptions au Conseil de sécurité des nations unies le 6 septembre 1983.
C’est seulement une dizaine d’années plus tard, quand Snyder a vu les transcriptions complètes, y compris les parties que l’administration Reagan avait cachées, qu’il a pleinement réalisé combien les éléments centraux de la présentation des États-Unis étaient faux.
Les interceptions ont montré que le pilote de chasse soviétique croyait qu’il poursuivait un avion espion américain et qu’il avait du mal à identifier l’avion dans l’obscurité. Suivant les instructions du commandement au sol, le pilote avait fait le tour de l’avion KAL et avait balancé ses ailes pour donner l’ordre à l’appareil d’atterrir. Le pilote a également dit avoir tiré des coups de semonce. Cette information « n’est pas sur la bande que nous avons reçue », a écrit Snyder.
Il est devenu très clair pour Snyder qu’en salissant les soviétiques, l’administration Reagan avait présenté de fausses accusations à l’Organisation des Nations Unies, de même qu’à la population des États-Unis et du monde entier. Dans son livre, Snyder a reconnu son rôle dans le mensonge, mais en a tiré une conclusion cynique. Il écrit: « La morale de l’histoire est que tous les gouvernements, y compris le nôtre, mentent quand ça correspond à leurs fins. La clé est de mentir le premier ».
Les tentatives tortueuses de votre administration et des sténographes dans les médias à blâmer la Russie pour l’attentat du vol 17, jointes au passé peu enviable de John Kerry en matière de crédibilité, nous conduisent malgré nous à la conclusion que le syndrome que Snyder décrit peut également être à l’œuvre dans votre propre administration ; les nouvelles mœurs, « placer votre propre mensonge en premier » ont remplacé les anciennes, « vous connaîtrez la vérité ». Au minimum, nous croyons que le Secrétaire Kerry montre une hâte inconvenante dans sa détermination à être le premier sur la grille de départ.

Les deux parties ne peuvent dire la vérité

Nous avons toujours été fiers de ne pas tirer à l’aveuglette, mais plutôt de travailler à l’analyse du renseignement basée sur des preuves. La preuve qui a été apportée jusqu’à présent ne résiste pas à un examen attentif ; elle ne permet pas en l’état de juger quel camp est en train de mentir à propos du tir sur le vol 17. Notre expérience professionnelle toute entière tend à nous faire suspecter les russes, presque instinctivement. Notre expérience plus récente, en particulier l’observation du secrétaire d’État Kerry à présenter, de façon peu judicieuse, faux rapport après faux rapport, comme des preuves, nous amène à reconsidérer nos prédispositions initiales.
Il semble que chaque fois que Kerry cite une preuve pouvant soit-disant être vérifiée,  comme les tracts antisémites falsifiés et distribués dans l’est ukrainien ou bien les hypothétiques forces spéciales russes qui se seraient glissées en Ukraine, les preuves font « pschitt » comme le dirait Kerry dans un contexte différent. Et encore, ces fausses affirmations passent pour de petites bourdes comparées aux plus grosses tromperies comme la déclaration faite par Kerry le 30 août 2013, répétant pas moins de trente fois que nous savions que le gouvernement de Bachar al Assad était responable de l’incident chimique près de Damas neuf jours auparavant.
Le 3 septembre 2013, à la suite de votre décision d’annuler l’attaque sur la Syrie dans l’attente d’une autorisation du Congrès, Kerry était encore en train de pousser à l’agression lors d’une audition devant une commission du Sénat sur les Affaires étrangères extraordinairement compatissante. Le jour suivant, Kerry dressait une critique personnelle du président Poutine plus qu’insolite, en déclarant : « Il ment, et il le sait. C’est triste ».
Tout aussi sérieux, pendant la première semaine de septembre 2013, alors que vous ajoutiez la touche finale avec le président Vladimir Poutine à propos de l’accord selon lequel les armes chimiques syriennes seraient détruites, John Kerry fit une déclaration qui nous laisse perplexes aujourd’hui encore. Le 9 septembre 2013, il se trouvait à Londres pour promouvoir encore une fois des frappes sur la Syrie pour avoir franchi la ligne rouge que vous aviez fixée contre l’utilisation par la Syrie d’armes chimiques.
Lors d’une conférence de presse officielle, Kerry a sèchement rejeté la possibilité que Bachar al Assad puisse un jour abandonner son arsenal chimique en déclarant « il n’est pas près de le faire; il n’y a pas de solution ». À peine quelques heures plus tard, Russes et Syriens annoncaient l’accord de la Syrie à faire exactement ce que Kerry avait exclu comme étant impossible. Vous l’avez renvoyé à Genève signer l’accord qui fut officiellement conclu le 14 septembre 2013.
À propos du fait que le vol de la Malaysia Arlines a été abattu le 17 juillet 2014, nous pensons que Kerry a typiquement été trop vite dans son jugement, et que son manque incroyable de crédibilité cause un énorme désavantage dans nos manoeuvres diplomatiques et de propagande vis à vis de la Russie. Nous suggérons que vous appeliez à une trêve de cette offensive diplomatique mal ficelée. Si toutefois vous décidiez de poursuivre dans cette voie, nous vous suggérerions d’essayer de trouver un homme (ou une femme) d’État à la réputation moins ternie.

Deux choix possibles

Si les renseignements dont on dispose, sur la façon dont l’avion a été abattu, sont aussi peu fiables qu’il n’y paraissent à la vue des informations divulguées, nous recommandons fortement que vous décommandiez la guerre de propagande et attendiez les conclusions de ceux qui sont chargés de l’enquête sur ce crash. Toutefois, si votre administration dispose de preuves plus concrètes, plus tangibles, nous suggérons fortement que vous autorisiez leur diffusion, quand bien même cela impliquerait des risques pour nos « sources et méthodes » de renseignements. Trop souvent cette considération  [NdT : la protection des moyens de renseignements] est utilisée pour empêcher l’information de tomber dans le domaine public auquel elle appartient, dans le cas présent.
Il y a eu des moments cruciaux par le passé où des présidents ont reconnu le besoin de ne pas insister sur le secret afin de montrer ce que certains appellent « un respect décent pour les opinions du genre humain » ou même pour justifier des actions militaires.
Comme Milton Bearden, ancien haut responsable de la CIA l’a indiqué, il y a des occasions où la protection des sources et des méthodes cause plus de dégâts à la sécurité nationale des États-Unis que leurs révélations. Par exemple, Bearder a noté que Ronald Reagan avait exposé une source importante du renseignement en montrant à un monde sceptique la raison de l’attaque américaine contre la Lybie, en représailles de l’attentat contre La Belle Disco dans Berlin-ouest le 5 avril 1986. Cette attaque à la bombe a tué deux militaires américains et une femme turque et a blessé plus de 200 personnes parmi lesquelles 79 militaires américains.
Des messages interceptés entre Tripoli et des agents en Europe ont clairement montré que la Lybie était derrière cette attaque. En voici un extrait : « À une heure et demie du matin, un des actes a été perpétré avec succès sans laisser aucune trace ».
Dix jours après l’attentat,les États-Unis lançaient leurs représailles, plus de soixante chasseurs de l’Air Force frappaient la capitale lybienne Tripoli et la ville de Benghazi. Cette opération a été largement comprise comme une tentative d’assassinat contre le colonel Muhammar Kadhafi, qui a survécu, mais sa fille adoptive agée de quinze mois a péri dans les bombardements ainsi qu’au moins quinze autres civils.
Il y a 30 ans, l’assassinat d’enfants générait plus de honte. Comme le sentiment d’ horreur augmentait dans le monde à la suite des bombardements américains, l’administration Reagan rendit public le message intercepté et décodé, envoyé par le Bureau populaire libyen à Berlin-est reconnaissant le « succès » de l’attaque contre la discothèque, et ajoutant la fanfaronnade ironique et inappropriée « sans laisser de traces ».
L’administration Reagan prit la décision de révéler une source de renseignement hautement sensible, sa capacité à intercepter et déchiffrer les communications libyennes. Mais une fois que le reste du monde prit en compte cette preuve, la protestation internationale se calma et la plupart des gens considérèrent comme justifiées les représailles contre Tripoli.

Si vous aviez les renseignements…

Si les États-Unis avaient des preuves plus convaincantes que ce qui a pour l’instant été allégué concernant la responsabilité du crash du vol MH17, nous croyons que le mieux serait de trouver un moyen de rendre ces renseignements publics, même au risque de compromettre les « sources et méthodes ». De plus, nous vous suggérons d’attirer l’attention de vos subordonnés sur le fait de ne pas rabaisser la crédibilité des États-Unis en publiant des informations capitales via des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook.
La réputation du messager est également capitale pour la crédibilité dans ce domaine de la « diplomatie publique ». Il doit ainsi vous sembler clair que, de notre point de vue, le Secrétaire Kerry représente plus un frein qu’un atout à cet égard. De la même façon, au sujet du Directeur du Renseignement national James Clapper, sa déclaration sous serment du 12 mars 2013 devant le Congrès, qu’il admit plus tard être « à l’évidence erronée », concernant la collecte d’informations de la NSA, devraient le disqualifier. Clapper devrait être maintenu très loin de l’affaire du vol MH17.

Si vous avez de vraies informations, il serait nécessaire d’effectuer une étude inter-agences des renseignements (du genre de celles utilisées par le passé pour mettre à jour les renseignements). Nous avons entendu indirectement, par d’anciens collègues, que ce que le Secrétaire Kerry est en train de colporter ne cadre pas vraiment avec le vrai renseignement. Il en était ainsi en août dernier quand Kerry a créé une entité unique appelée « Évaluation du gouvernement (pas du Renseignement) » accusant, sans preuve vérifiable, Bachar al Assad de l’attaque chimique près de Damas, parce que les analystes du renseignement honnêtes refusaient alors d’aller jusque là et ils ont eu du flair.

Nous pensons que vous avez besoin de chercher des analystes en renseignements honnêtes et de les écouter. Alors vous serez persuadé de prendre des mesures pour résorber le risque que les relations avec la Russie ne s’intensifient d’une “Deuxième Guerre Froide” à une confrontation armée. En toute franchise, nous voyons peu de raisons de croire que le Secrétaire Kerry et vos autres conseillers ne mesurent l’ampleur du danger. Dans le Mémorandum le plus récent (le 4 mai) que nous vous ayons adressé, M. le Président, nous vous avertissions que si les États-Unis souhaitaient “mettre fin à une guerre civile sanglante entre l’Est et l’Ouest de l’Ukraine et prévenir une intervention militaire Russe en Ukraine de l’Est, vous devriez être capable de le faire avant que les violences ne deviennent complètement hors de contrôle. Le 17 juillet, vous vous êtes joints aux principaux dirigeants d’Allemagne, de France et de Russie pour appeler à un cessez-le-feu. La plupart des observateurs bien informés pensent que vous avez en votre pouvoir la capacité de le faire accepter par les dirigeants Ukrainiens. Plus l’offensive de Kiev contre les séparatistes dans l’est Ukrainien dure, plus de telles positions Américaines apparaissent comme hypocrites.

Nous réitérons notre recommandation du 4 mai que vous extirpiez les causes profondes de ce conflit en désavouant publiquement toute volonté d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN et qu’il soit clair que vous êtes prêt à rencontrer personnellement le président Russe Poutine sans délai pour discuter des voies de sortie de la crise et pour reconnaître la légitimité de chacun des protagonistes. La proposition d’un Sommet rapide a eu un écho extraordinaire dans la presse Russe contrôlée et indépendante. Elle n’en pas eu autant dans le presse “Mainstream” américaine. Nous ne vous avons pas non plus entendu vous exprimer à ce propos.

Dans l’attente d’une réponse de votre part,
Préparé par le VIPS (Veteran Intelligence Professionals for Sanity) Steering Group.
William Binney, ancien Directeur Technique en analyses militaires et géopolitiques, NSA; co-fondateur du SIGINT Automation Research Center.
Larry Johnson, CIA et Département d’Etat.
Edward Loomis, Cryptologue en sciences informatiques à la NSA.
David MacMichael, Conseil National du Renseignement.
Ray McGovern, ancien officier d’infanterie et de renseignements dans l’US Army et analyste à la CIA.
Elizabeth Murray, adjointe à l’officier national du renseignement pour le Moyen-Orient.
Coleen Rowley, Division Counsel et agent spécial du FBI.
Peter Van Buren, Département d’Etat Américain, ancien Service Officer.
Ann Wright, collaboratrice à l’US Army, officier du service des affaires étrangères.

Source : ConsortiumNews, traduction collective pour www.les-crises.fr

NB. « Veteran Intelligence Professionals for Sanity » est un groupe d’anciens fonctionnaires des services secrets américains, dont la CIA, les bureaux des services secrets du secrétariat d’Etat (INR) et des services secrets de l’armée (DIA). En janvier 2003, ils ont formé une organisation nationale pour lutter contre l’utilisation trompeuse d’informations des services secrets, sur laquelle l’invasion anglo-américaine de l’Irak fut fondée. Avant l’attaque de l’Irak en 2003, ce groupe publia une lettre, dans laquelle il expliquait que les analystes des services de renseignement n’avaient jamais été entendus par les hommes politiques. En août 2010, il rédigea un mémorandum à l’attention de la Maison blanche, dans lequel il mettait en garde contre une attaque israélienne imminente de l’Iran.

Source: http://www.les-crises.fr/retraites-du-renseignement-us-obama-doit-exposer-ses-preuves-sur-lukraine/


["Valeurs européennes"] Quand la droite européenne reçoit Andrei Parubiy, cofondateur du parti national social d’Ukraine…

Thursday 31 July 2014 at 16:01

Nous avons déjà longuement parlé d’Andrei Parubyi (comme ici) : il a cofondé le Parti National Social d’Ukraine, devenu Svoboda, animant par la suite sa milice paramilitaire  - les Patriotes d’Ukraine :

Lviv Andriy Parubiy (né en 1971)

Manifestation SNPU

L’emblème du SNPU était la WolfsAngel (ou « Rune du Loup »), symbole classique chez les néo-nazis.

L’emblème du SNPU était la WolfsAngel (ou « Rune du Loup »), symbole classique chez les néo-nazis.

Je rappelle au passage que l’autre cofondateur du parti, Oleg Tyahnybok, dirige toujours Svoboda. Le 3 juillet 2008, il appelle à une “purge” : “Les youpins, les sales moscovites et leurs sbires ont pris le pouvoir, et sans une dure et impitoyable purge, nous ne pourrons rien faire à ce sujet“. (Source)

Il a reçu du coup de jolies décorations, comme ici en mai 2010, où il a été  décoré de la Croix d’Or des vétérans de la Division SS Galicie (Source) :

Le Centre Simon Wiesenthal l’a d’ailleurs inclus en 2012 dans son Top Ten des antisémites (avec les frères égyptiens, les mollahs iraniens, etc.) – à propos de ses déclarations visant à “purger l’Ukraine de 400 000 Juifs et autres minorités” :

En 2012, Yaakov Bleich, le Grand Rabbin de l’Ukraine, a déclaré: « Svoboda est une énigme à bien des égards, c’est un parti nationaliste avec des éléments antisémites en lui. » Vyacheslav A. Likhachev, expert pour le Congrès Juif Eurasiatique, a déclaré que « ce parti a un noyau très antisémite au cœur de son idéologie », que « ses leaders sont connus pour tenir des discours ouvertement racistes et antisémites » et qu’il conduit à « la légitimation symbolique de néo-nazis et de l’idéologie antisémite aux yeux de la société. »  Enfin Shimon Samuels, le Directeur des relations internationales du Centre Simon Wiesenthal a indiqué que « Svoboda est composé des mêmes éléments que les auxiliaires ukrainiens des Nazis qui ont commis des massacres de masse de Juifs, de Russes et de Polonais. »

“Source : JERUSALEM POST

En janvier 2013, Tzipi Livni, l’ancienne vice-Premier ministre d’Israël a déclaré :

« Ceux qui essaient de donner une légitimité sont aussi coupables que le Parti Svoboda. C’est encore plus triste lorsque cela vient de politiciens principalement connus pour leur modération et la compréhension du contexte international de tels sujets. La position de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Arseniy Iatseniouk, [Ndt : nouveau Premier Ministre] et c’est un euphémisme, laisse perplexe. […] Je pense qu’un phénomène comme le Parti social nationaliste totalitaire Svoboda ne doit pas être négligé et laissé sans réponse de la communauté internationale. Vous noterez que même les partis les plus radicaux en Europe ont refusé de coopérer avec Tiahnybok. Même le parti français d’extrême-droite de Marine Le Pen. Même le parti hongrois Yobik. Dans le monde d’aujourd’hui, il y a des règles de bienséance, des normes de la mémoire historique. Tiahnybok et son parti ont violé ces règles et ces normes. […] Je préconise de prendre toutes les mesures possibles pour supprimer les partis néo-nazis et leurs activités. »

“Source : UKRINFORM

En mai 2013, le Congrès Juif Mondial a appelé à l’interdiction du « parti néo-nazi Svoboda ».

“Source : UKRINFORM

Il est également explicite dans son rapport sur Svoboda :

 

 Andrii Parubii, alors l'un des leaders du SNPU

Il a d’ailleurs rencontré en 1999 un de ses “héros”, Jean-Marie Le Pen (et Samuel Maréchal, son gendre)…

… qui lui a fait une gentille dédicace à lui et à ses patriotes ukrainiens :

Parubiy était derrière la “révolution” de 2004, puis derrière Maidan..

on appréciera la mouise dans laquelle ce fou est en train de nous mettre…

 

Désormais membre du parti Patrie (presque aussi bien que Svoboda, comme on l’a vu ici), il a été nommé des février Secrétaire Général du Conseil de Sécurité et de Défense de l’Ukraine, chapeautant les forces de défense – et confirmé par Porochenko…

Parubiy a tranquillement été reçu à l’OTAN le 19 mai 2014 (ce qui ne peut que plaire aux Russes)

Eh bien le 22 juillet, il a  été reçu en grande pompe par le groupe PPE (droite) au Parlement Européen (au nom des valeurs communes européennes j’imagine…) :

(Source) De gauche à droite :

  • Andrej Plenković, députe européen, Union Démocratique de Croatie, président désigné de la délégation du parlement européen pour les relations avec l’Ukraine
  • Cristian Preda, députe européen, Parti démocrate-libéral de Roumanie, Coordinateur de la commission des affaires étrangères du parlement européen
  • Sandra Kalniete, Unité de Lettonie, ex-ministre des affaires étrangères de Lettonie, députe européen, Vice-présidente responsable de la Politique européenne de voisinage pour l’EPP
  • Andrei Parubiy, Secrétaire du Conseil National de Défense et de Sécurité d’Ukraine
  • Manfred Weber, membre du CSU, députe européen, président du Groupe du PPE au parlement européen (depuis juillet)
  • Elmar Brok, membre du CDU, députe européen, président de la commission des affaires étrangères du parlement européen, président de l’Union des fédéralistes européens
  • Joseph Daul, UMP, ex-députe européen, ex-président du groupe du PPE
  • Jacek Saryusz-Wolski, députe européen, Plate-forme civique de Pologne, diplomate polonais, ancien vice-président du PPE, président de la délégation pour les relations avec l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, vice-président responsable des affaires étrangères pour le PPE

Belle alliance Allemagne+Pologne+Croatie+Roumanie+Lettonie avec l’Ukraine, qui rappelle de sacrés souvenirs (surtout aux Russes)…

N.B. Le Facebook du Français Joseph Daul est ici, quand au PPE vous avez ici son Facebook, son Twitter et le mail de la responsable communication : marion.jeanne@europarl.europa.eu.

Pensez à les contacter, un mail, ça fait toujours plaisir :)

Source: http://www.les-crises.fr/valeurs-europeennes-quand-la-droite-europeenne-recoit-andrei-parubiy-cofondateur-du-parti-national-social-dukraine/