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Actu’Ukraine par Nicolas, 6 septembre

Saturday 6 September 2014 at 05:00

Avant de passer à la situation militaire, une information dans la catégorie “C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non”:

Le premier ministre de Kiev Iatseniouk a annnoncéle lancement du projet “Mur” : la construction d’un mur métallique tout le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie. Difficile d’exprimer en quelques lignes à quel point c’est n’importe quoi, mais résumons:

Bref, c’est grotesque.

Mais le symbole de “c’est nous qui construisons le mur de Berlin maintenant” est éloquent…

Dernière minute. Les détails de ce “mur” ont été publiés. Il y a une version sans fossé pour les régions où la situation est plus simple, et la version ci-dessous, avec un fossé de 3 mètres de profondeur. La frontière pourrait être fermée sur 500 km (dont les régions de Lougansk et Kharkov) dès aujourd’hui. Encore une bonne nouvelles pour les citoyens russes d’origine ukrainienne, et inversement, ainsi que pour tous les habitants des zones frontalières.

 

Dans la même catégorie (“C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non”), signalons sans commentaire la formation d’un bataillon d’enfants de 2 à 10 ans en Prikarpatie : “Jeunes Bandéristes”.

Bref bref, passons à la situation militaire (et humanitaire), front par front, en nous appuyant comme d’habitude sur la carte de kot-ivanov

Lougansk

Comme la carte le montre partiellement, la deuxième offensive a déjà commencé. En effet la Novorossie avance désormais vers le nord de Lougansk. Le 3 septembre, 29 blindés de Kiev auraient été détruits à Bakhmoutovka (~45 km au nord de Lougansk, point 7 de la carte) par l’artillerie de RPL, et d’autre part comme je le signalait le 3 septembre, le village de Starobelsk (à 90 km au nord de Lougansk) a été pris dès le 1er septembre, d’après un témoin sur place, qui précise que les habitants, dans l’ensemble, sont calmes et continuent une vie normale. Pendant la seule journée du 3 septembre, 14 villages ont pris ou repris par l’armée de la RPL. Les troupes de Kiev occupent encore des positions dans la banlieue nord de Lougansk, mais reculent : la petite ville de Metallist (banlieue proche de Lougansk) est déjà aux mains de la RPL, et doit maintenant avancer vers Schastié (point 6 de la carte, à 20 km du centre-ville de Lougansk) où l’artillerie de RPL a déjà détruit 2 blindés de transport et un entrepôt de carburant. La situation humanitaire reste très difficile à Lougansk (eau / gaz / électricité) mais la prise (le 4 septembre) de la colline de Vergounka, depuis laquelle Kiev bombardait Lougansk depuis des mois pourrait améliorer la situation. Cette prise a permis à l’armée de RPL de récupérer des armes, des munitions et même plusieurs blindés.

Le bataillon Aïdar menace de détruire la centrale électrique de Schastié s’ils sont contraints au retrait, ce qui aurait d’énormes conséquences humanitaires et économiques. Cette information est passée à la télé ukrainienne Hromadskoe, qui s’est déjà illustré en diffusant un appel au génocide des habitants du Donbass.

Debaltsevo

Cette ville de RPD, à la limite de la RPL est aux mains de Kiev depuis fin juillet, et a une importance stratégique en raison de sa situation de carrefour des routes européennes E40 (Calais… Kharkov-Lougansk-Volgograd…Kazkhstan) et E50 (Brest…Dnipopetrovsk-Donetsk-Rostov…Daghestan) et de nœud ferroviaire (notez la densité ferroviaire du Donbass nettement supérieure à celle de l’Ukraine, ce qui traduit la différence de densité du tissu industriel et minier). La Novorossie a besoin de Debaltsevo pour fonctionner normalement militairement mais aussi économiquement. Les Novorusses tentent depuis le 24 août de reprendre cette ville, et des combats ont été signalés ces derniers jours. La ville n’est pas complètement encerclée, et les troupes de Kiev peuvent donc recevoir des renforts par le nord, mais les convois sont attaqués par les saboteurs novorusses. Le 4 septembre, les médias de Kiev ont annoncé que le 11ème bataillon y est encerclé par les troupes novorusses. Le même jour, le bataillon Kiev-2 et le 25ème bataillon ont quitté la ville. Le 5, les troupes de RPD ont commencé le “nettoyage” de la ville.

Donetsk

L’aéroport de Donetsk est toujours encerclé et est le théâtre de combats. Sa prise a été annoncée un peu trop tôt le 3 septembre, il n’était qu’entièrement encerclé (et même doublement encerclé). Une première tentative de prendre cet aéroport s’était soldé au tout début de la guerre par le premier échec cuisant de la rébellion qui y avait perdu environ 40 hommes. Il semble que le commandant responsable de cet échec est en réalité fidèle à Kiev et a volontairement mené les rebelles au carnage. Par la suite, les propos de ce même commandant (qui évidemment ne fait plus partie de la rébellion) ont permis aux médias occidentaux d’affirmer qu’un commandant rebelles avait abattu le MH17. C’est tellement simple de manipuler l’opinion, parfois.

En ville, les bombardements ont été intensifs hier (le premier témoin dit “…c’est pour ça que je pars pour la rébellion” – regarder après 2:00, on comprends sans comprendre les paroles) et dans la nuit, avec un tir nourri d’artillerie BM-27 “Ouragan”. Une partie des bombardements aveugles semblent réalisée par les troupes assiégées dans l’aéroport. Un lance missile “Totchka-U” a été détruit. Les saboteurs de Kiev continuent leurs actions en ville, et la RPD continue de les pourchasser et d’en arrêter. L’approvisionnement en eau pourra être rétabli aujourd’hui après des réparations.

Il reste plusieurs  chaudrons / poches (autant apprendre le mot russe “kotyol“, après tout en France on connaît bien glasnost, perestroïka, izba et douma… kotyol est donc une poche, en jargon militaire, mais aussi une marmite – dans tous les cas, celui qui est dedans est cuit) près de Donetsk, qui continuent de mobiliser de nombreuses troupes novorusses, ce qui les empêchent de progresser plus au sud. Notamment, le contrôle de la route Donetsk-Marioupol reste disputé autour de Volnovakha. Kiev fournit des efforts relativement important pour rester dans cette ville et couper ainsi la principale ligne d’approvisionnement des troupes novorusse (la N-20 Slavyansk-Donetsk-Marioupol). Les saboteurs s’efforcent d’anéantir les convois de renforts (un blindé de transport et 2 camions de munitions détruits cette nuit). La RPD a progressé, en libérant notamment Elenovka, au sud de Donetsk.

Marioupol et le sud de la RPD

Les troupes novorusses gagnent du terrain et ont notamment pris Telmanovo, un gros village à 10 km de la frontière russe. Comme indiqué plus haut, le contrôle de la route Donetsk-Marioupol reste disputé, mais il semble que le 5, les rebelles contrôlent l’ensemble de la route N-20, y compris Volnovakha (ce n’est pas encore confirmé). Le 4 septembre, les novorusses sont arrivés en banlieue est de Marioupol. Un premier combat a d’abord eu lieu avec un petit groupe de 4 blindés novorusses venus en éclaireurs. Le fait que ces éclaireurs n’aient pas conquis Marioupol a permis aux médias de Kiev d’affirmer que leur “armée” avait repoussé et endommagé (voire détruit) une colonne de blindés novorusses. Le soir venu l’attaque est arrivée, au nord-est de la ville. Un commandant du bataillon “Azov” se plaint de ne pas avoir reçu le soutien promis en artillerie (incompétence ou manque de moyen ?) et affirme que toutes ses “misérables” armes lourdes ont été anéanties. Clairement les moyens militaires de Kiev à Marioupol sont insuffisants pour faire face à la progression novorusse. Des combats pendant la matinée ont permis aux troupes novorusses d’avancer, face à un ennemi affaibli (plus que 60 hommes dans le bataillon Azov, sans armes lourdes). Les Novorusses affirment être déjà entrées dans la partie est de Marioupol, et précisent disposer de 5000 hommes pour cette opération prioritaire, soit au moins le double de Kiev. Les Novorusses ont perdu environ 15 hommes et de tanks, contre 30 hommes et plusieurs blindés pour Kiev, et parlent (avant le cessez-le-feu annoncé depuis) de la campagne pour Zaporojié et Dnipropetrovsk, dans le cadre de la réalisation de la Grande Novorossie.

Les troupes novorusses ont également avancé par l’ouest, où elles auraient encerclé le village de Mangouch.

En ville, le recrutement forcé pour creuser les tranchées et défendre la ville s’accélère. Une manifestation contre “l’agression russe” a rassemblé… plusieurs centaines de personnes, selon l’AFP. Dans une ville de 500000 habitants, ça donne une indication de ce que pense la population. Selon des témoins, des snipers prennent placent, et les forces de Kiev auraient miné les environs de la ville.

Situation générale

En ce qui concerne la vie quotidienne des habitants de Novorossie, elle reste très difficile dans les villes du front, en raison des fréquentes coupures d’eau, de gaz et d’électricité, mais aussi des bombardements. Cependant la vie a déjà repris son cours normal dans les villes qui se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres des combats., comme Chakhtyorsk qui avait été au cœur de violents combats il y a quelques semaines : Des habitants commencent à y revenir, et l’usine de pain a repris son travail. Les autres infrastructures de la ville sont en cours de réparation.

À Donetsk, qui reste la cible de bombardements, les transports en commun fonctionnent, et une station de filtrage de l’eau est en cours de réparation selon 112.ua. Lire les médias ukrainiens, c’est comme lire l’Immonde, l’Aberration, L’Iliade ou l’Odyssée. On sait bien que les événements relatés relèvent de la mythologie (grecque ou otanienne), que Zeus n’a pas participé à la guerre de Troie, ou qu’Hollande ne représente pas la France, mais entre les lignes on trouve souvent des infos intéressantes.

La situation militaire continue d’évoluer favorablement pour la Novorossie, qui gagne une douzaine de villages chaque jours, et continue de faire environ 200 prisonniers par jour en moyenne (96 près de Svetloe -RPD- le 3 septembre par exemple). Cependant le rythme de la progression est limité par ses manques d’effectifs et de moyens lourds, dont une grande partie reste consacrée à l’encerclement de nombreux bataillons de Kiev. Ainsi, la résistance de soldats de Kiev, assiégés, affamés et sans espoirs de quelconques victoires, ralentit les progrès novorusses. Le manque d’effectif novorusse devrait rapidement être compensé par le flux massif de volontaires. L’état-major novorusse a affirmé hier l’envoi aujourd’hui de 1500 recrues nouvellement formée vers le front. Des recrues jeunes et ayant suivi une formation assez courte, mais très motivées et encadrées par des officiers ayant fait leur preuve, ce qui est bien plus que ce que l’on peut dire des soldats du camp d’en face, recrutés de force, souvent mal nourris et menées par des officiers faisant régulièrement preuve de leur incompétence, alcoolisme, lâcheté et désorganisation, régulièrement dénoncés par leur troupe.. Il y a peu d’information sur la durée de la formation des volontaires, mais on peut estimer que de 5000 à 10000 volontaires se sont inscrits en août, ce qui permettrait d’avoir prochainement l’effectif dont la Novorossie a besoin.
Du côté de Kiev, la morgue de Zaporojié reçoit chaque jour des cadavres de soldats. On parle de 50 cadavres par jour pour cette seule morgue. Au moins une vidéo (choquante, disponible sur le site de Liveleak) en témoigne. Toujours en dans la région de Zaporojié, les civils sont mis à contribution pour creuser des tranchées.

Dans l’ensemble, l’issue ne fait donc aucun doute, sauf apport militaire massif venant de l’étranger. Les armes lourdes soviétiques déjà fournies par certains pays de l’ancien bloc soviétique sont loin de pouvoir compenser l’absence de formation, de motivation et de discipline de “l’armée ukrainienne”.

Escalade Otanienne et aide des pays russophobes…

Au niveau international, la situation est assez étrange. Le 3 septembre, Porochenko et Poutine ont discuté de la situation, le Kremlin a diplomatiquement  constaté une certaine convergence de point de vue concernant la résolution du conflit. Les médias ont alors affirmé que les deux chefs d’État avaient conclus un cessez-le-feu. Peu importe que ni l’un ni l’autre ne contrôle les armées qui se font face (Poutine n’est pas président de Novorossie, et Porochenko ne contrôle pas les bataillons de volontaires), les journalistes ne s’embarrassent pas de ce genre de détails. Nous avons maintenant l’annonce bidon d’un cessez-le-feu, pour aujourd’hui à 15 heures, qui ne sera pas respecté. Pour ce qui est de la réalité, les États-Unis préparent l’escalade du conflit. Le 2 septembre un avion de transport militaire américain s’est posé à Kiev, avec à son bord Carl Levin, chef de la commission des armées du sénat américain. Il n’est probablement pas venu les mains vides. Peu après ont été annoncés des exercices de l’OTAN près de Lvov, du 13 au 26 septembre. L’objectif est donc clairement l’escalade du conflit et l’anéantissement de la rebellion novorusse.

Les pays russophobes continuent d’apporter une aide matérielle à l’armée de Kiev. Les Allemands fournissent des gilets pare-balles, d’autres pays (dont la Croatie) apportent des hélicoptères, etc. Il n’y a aucune intention de cesser les hostilités. Les États-Unis veulent le contrôle des ressources énergétiques du Donbass, la Novorossie veut l’indépendance, et Marioupol.

… contre le plan de paix de Poutine…

Comme on le sait bien, la Russie est un pays extrêmement agressif. Elle a repoussé une invasion polonaise en 1612, elle a résisté à l’invasion napoléonienne de 1812, elle a résisté à l’invasion allemande de 1941, et elle s’acharne à placer son territoire tout près des bases militaires américaines. Pour satisfaire les dirigeants américains, il suffirait pourtant qu’elle cesse d’exister. Prouvant une fois de plus l’agressivité de la Russie, Poutine a proposé un plan de paix en 7 points qui permettrait de mettre un terme au bain de sang.

1-Arrêt des opérations offensives des forces armées rebelles
2-Retrait des forces ukrainienne à une distance excluant la possibilité de bombarder les villes avec l’artillerie
3-Contrôle international du cessez-le-feu
4-Exclusion de l’utilisation de l’aviation contre les civils de la zone du conflit
5-Échange sans condition des prisonniers : tous contre tous
6-Ouverture d’un couloir humanitaire pour les réfugiés et les convois humanitaires
7-Réparation des infrastructures civiles endommagées.

Goubaryov a immédiatement rétorqué qu’il était d’accord avec le plan de paix de Poutine… à l’exception du premier point

Il demande un référendum dans chaque région de “l’ex-Ukraine” pour que chaque région puisse décider de rester ukrainienne, devenir indépendante ou rejoindre la Novorossie (l’autodétermination des peuple, pas vraiment la tasse de thé de l’OTAN). Il termine en affirmant que les rebelles se battent pour la Novorossie, de Lougansk à Odessa.

On voit donc qu’entre la surenchère otanienne qui veut plus s’impliquer dans le conflit et la Novorossie qui gagne du terrain et veut au minimum minimorum l’ensemble du Donbass, le cessez-le-feu est aussi illusoire que les précédents. Si les combats baissent d’intensité cela permettra aux Ukrainiens de réorganiser leurs forces, mais le répit sera probablement de courte durée.

 

Mise à jour “cessez-le-feu” : Dans les 2 heures suivant le cessez-le-feu, Kiev continuait de bombarder Makeevka, Gorlovka, Yasinovka… Cette trêve est aussi factice que la précédente.

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-6-septembre/


[Reprise] Afghanistan : Amnesty dénonce les crimes des Américains

Saturday 6 September 2014 at 03:30

Vous n’en avez pas trop entendu parler dans nos médias ? C’est normal…

Selon l’ONG, les soldats américains auraient tués des milliers de civils. Sans être poursuivis et sans accorder de compensations aux familles.

Les forces américaines ont tué des milliers de civils afghans sans être poursuivies ni avoir donné des compensations à leurs familles, dénonce lundi 11 août Amnesty international dans un rapport cinglant, à quelques mois du départ de l’Otan du pays.

L’organisation de défense des droits de l’Homme dit y avoir rassemblé des preuves « de l’échec profond du système de justice américain » qui « cimente une culture de l’impunité » pour ses troupes qui ont tué des civils en Afghanistan, où elles sont déployées depuis la chute du régime des talibans à la fin 2001.

Le président afghan Hamid Karzaï a souvent dénoncé les victimes civiles des bombardements de la force de l’Otan (Isaf), à majorité américaine. Cette dernière répond invariablement qu’elle prend ces accusations au sérieux et enquête sur chacune.

Plusieurs milliers de civils ont ainsi péri depuis 2001, note Amnesty à partir de plusieurs sources, dont les rapports de l’ONU. L’organisation souligne toutefois, comme l’ONU, que « la vaste majorité » des victimes civiles du conflit afghan sont victimes des groupes armés locaux, rebelles talibans et autres.

« Laissés dans l’ignorance »

Pour ce rapport, Amnesty dit avoir interrogé 125 Afghans détenteurs d’informations de première main sur 16 bombardements qui ont fait des victimes civiles, et rassemblé des informations sur une centaine d’autres depuis 2007.

« Après chaque événement où des civils ont été tués par des forces américaines » et où il y a « des preuves crédibles » en ce sens, les Américains devraient « s’assurer que les suspects sont poursuivis en justice », souligne Amnesty dans de rapport intitulé Laissés dans l’ignorance (Left in the dark).

Le rapport donne notamment en exemple un bombardement américain de 2012 qui a selon lui visé des femmes qui ramassaient du bois dans la province de Laghman (est), tuant sept femmes et filles et blessant sept autres.

Il cite Ghulam Noor, un habitant qui a perdu dans cette attaque sa fille de 16 ans, Bibi Halimi, et a amené les dépouilles des victimes au siège de l’administration locale après que l’Isaf eut affirmé n’y avoir tué que des combattants rebelles.

« Nous devions leur montrer que c’étaient des femmes qui avaient été tuées », a-t-il déclaré à Amnesty, en ajoutant, amer : « Je n’ai aucun pouvoir pour demander aux forces étrangères pourquoi elles ont fait cela. Je ne peux pas les poursuivre en justice. »

« La principale pomme de discorde »

Selon Amnesty, les villageois ont porté plainte auprès du gouverneur local, mais l’affaire n’a aucun aucune suite car les forces étrangères en Afghanistan ne peuvent être poursuivies par la justice locale.

Ces cinq dernières années, Amnesty ne dénombre que six affaires où des soldats américains ont été traduits en justice pour avoir tué des civils afghans, dont la plus grave, celle du sergent américain Robert Bales, condamné à la prison à vie pour en avoir tué 16 en 2012.

Le président Karzaï, sur le départ, a salué ce rapport.

« Je suis très heureux que vous vous soyez concentrés sur ce qui constitue la principale pomme de discorde entre l’Afghanistan et les États-unis », a-t-il déclaré dimanche aux représentants d’Amnesty, invités au palais présidentiel, ajoutant : « Ensemble, nous pouvons y mettre fin. »

Interrogée par l’AFP, l’Isaf a renvoyé sur le gouvernement américain, qui n’était pas immédiatement joignable.

Près de 45.000 soldats étrangers, dont 30.000 Américains, sont actuellement déployés en Afghanistan, après un pic de 150.000 en 2012, pour soutenir Kaboul face à la rébellion menée par les talibans.

Les États-Unis ne prévoient de laisser dans le pays que 10 000 hommes, si un accord en ce sens est signé avec le gouvernement afghan, après le retrait du reste de l’Isaf prévu à la fin de cette année.


Source : Le Nouvel Observateur, 11/08/2014

Des soldats américains et un policier afghan, le 3 juin 2014, à proximité de Kandahar. Photo d'illustration. (AFP PHOTO/Brendan SMIALOWSKI)

Source: http://www.les-crises.fr/afghanistan-amnesty-americains/


Revue de presse du 06/09/2014

Saturday 6 September 2014 at 02:06

Notamment cette semaine, une série sur le financement des banques par les Etats, tandis que Espirito Santo coûte cher à certaines, puis la suite et fin de la série d’articles sur la Banque Mondiale dont les 3 précédents figurent dans la revue du 16 août, en attendant la semaine prochaine une série sur le dollar. Pendant ce temps, l’Allemagne (où tout ne va pas si bien) et Israël cadenassent, la Chine (s’)ouvre l’Amérique Centrale, alors qu’en France il faut mieux être de la famille plutôt que forte tête et dans la politique que dans le lait. Bonne lecture.

P.S. Nous avons besoin de volontaires pour participer aux revues de presse, chargés de suivre certains sites. Vous pouvez nous contacter ici (en précisant si vous préférez des sites en français ou en anglais). Merci d’avance.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-06-09-2014/


La montée en puissance du système allemand suggère que les États-Unis et l’Allemagne vont au conflit, par Emmanuel Todd (5)

Friday 5 September 2014 at 00:01

Suite et fin de l’interview d’Emmanuel Todd…

L’intégration de la population ukrainienne par le système allemand représenterait un saut qualitatif dans ce déséquilibre dynamique.

Pourtant, c’est une population nombreuse, mais pauvre et qui produit peu…

Oui, mais annexer des pauvres géographiquement contigus et politiquement contrôlables, dans un monde mondialisé, assoiffé de main-d’œuvre à bas prix, cela peut être un avantage. Notre monde est désormais post-démocratique et inégalitaire ; il recèle donc des virtualités d’expansion dans des zones à très bas taux de salaire.

Et l’avantage de l’Ukraine pour le nouvel empire allemand, c’est justement qu’elle n’existe pas. Elle est double, voire triple. C’est un système en désintégration. En réalité, l’Ukraine n’a jamais existé en tant qu’entité nationale fonctionnant correctement. C’est un faux État, qui est en faillite. La preuve fondamentale de l’incapacité étatique ukrainienne, et cela n’a pas été souligné, c’est le rôle qu’ont joué les leaders des Ukrainiens de l’Ouest, à la périphérie. On s’en indigne parfois et on compte le nombre de leurs députés, de leurs ministres, mais les Ukrainiens de l’Ouest, dans leur ensemble, ne représentent que peu de chose. Ainsi, ce qui frappe, c’est l’inaction des Ukrainiens centraux, c’est-à-dire de ceux qui parlent ukrainien, qui n’aiment pas tellement les Russes, qui sont, à l’origine, de religion orthodoxe mais qui ne sont pas tentés par l’extrême droite. La montée en puissance de l’Ouest de l’Ukraine montre à quel point l’Ukraine centrale, majoritaire, est atomisée et incapable de s’organiser, pré-étatique.

L’affrontement qui se déroule entre l’extrême droite ukrainienne et les pro-russes d’Ukraine orientale met en évidence l’inexistence historique du pays. Les Ukrainiens occidentaux veulent adhérer à l’Europe. C’est complètement normal pour eux : pourquoi des mouvements d’extrême droite qui ont une tradition de collaboration avec l’Allemagne nazie refuseraient-ils d’adhérer à une Europe sous contrôle allemand ?

Cela dit, ce gain ukrainien exceptionnel n’est pas encore réalisé par l’Allemagne. La partie, ou plutôt la guerre, ne fait que commencer.

Pour les Ukrainiens centraux, je pense que la question n’est pas réglée. Le système va continuer à se désintégrer : le PIB va se contracter, la situation va s’aggraver, et je pense que c’est la vraie raison pour laquelle les Russes sont si prudents, veulent si peu faire la guerre et, contrairement à ce que l’on dit, ne veulent pas annexer des bouts de l’Ukraine. La Russie n’a pas peur des sanctions occidentales. Mais elle ne veut pas être haïe en Ukraine centrale. L’Ukraine est méfiante vis-à-vis de la Russie dans sa masse centrale au stade actuel, mais on doit reconnaître aux Russes une grande capacité historique à jouer avec l’espace et le temps. Après deux ans de traitement par l’Europe allemande, que penseront les gens de Kiev ? Peut-être voudront-ils retourner vers Moscou. Un système qui se désintègre n’adhère pas, il continue de se désintégrer.

Revenons à la puissance globale du système américain, qui est si loin de l’Ukraine, et donc très peu capable de bénéficier de son intégration-désintégration par le « système occidental ».

Le système américain, selon Zbigniew Brzezinski, c’est le contrôle par les États-Unis des deux grandes nations industrielles de l’Eurasie, c’est-à-dire le Japon et l’Allemagne. Mais cela fonctionne à condition d’être dans l’hypothèse où l’Amérique est elle-même nettement supérieure en termes de poids industriel.

Dès 1928, la production industrielle américaine représentait 45 % du total du produit industriel mondial. Après la guerre, en 1945, l’Amérique représentait toujours 45 %. L’Amérique est tombée à 17,5 % : le système Brzezinski de contrôle de l’Eurasie ne peut tenir au vu des chiffres actuels. Ainsi que je l’avais noté dans Après l’empire, ses échanges économiques avec l’Ukraine sont insignifiants. En Europe orientale, l’OTAN sécurise de fait un espace allemand. Il faudrait actualiser, pour l’usage de Washington, la vieille expression « Faire la guerre pour le roi de Prusse ».

Dans ce contexte, quel avenir peut-il y avoir pour les relations germano-américaines ?

Si vous vivez dans le monde enchanté de l’idéologie actuellement dominante, celui du journal Le Monde, de François Hollande, qui est aussi celui des anti-impérialistes naïfs, le bloc occidental, union de l’Amérique et de l’Europe, le Japon restant sous tutelle, doit et peut contenir la Russie. Si on fait l’hypothèse d’une bonne entente stratégique et d’une forte collaboration, l’Ouest pourrait vaincre l’économie russe. Peut-être… Mais il y a aussi la Chine, l’Inde, le Brésil, le monde est vaste…

Mais si on passe dans le monde du réalisme stratégique, qui voit la réalité des rapports de force sans référence aux valeurs, réelles ou mythiques, on constate qu’il existe aujourd’hui deux grands mondes industriels développés, l’Amérique d’une part et ce nouvel empire allemand d’autre part. La Russie est une question secondaire. On doit donc envisager tout autre chose dans les vingt ans qui viennent que le conflit Est-Ouest : la montée en puissance du système allemand suggère que les États-Unis et l’Allemagne vont au conflit. C’est une logique intrinsèque fondée sur des rapports de force et de domination. Il est à mon sens irréaliste d’imaginer une entente pacifique dans le futur.

A ce stade, cependant, nous pouvons réintroduire la notion de valeur. Mais justement pour souligner que, pour un anthropologue, réaliste à sa manière, ou pour un historien de la longue durée, les États-Unis et l’Allemagne n’ont pas les mêmes valeurs. Confrontée au stress économique de la grande dépression, l’Amérique, pays de démocratie libérale, a produit Roosevelt, alors que l’Allemagne, pays de culture autoritaire et inégalitaire, a produit Hitler.

La croyance des Américains en l’égalité est certes une croyance très relative. Les États-Unis sont le pays leader dans la montée des inégalités économiques – sans même parler de la ségrégation envers les Noirs, problème qui est loin d’être réglé comme en témoignent les émeutes de Ferguson. Mais c’est aussi, au stade actuel, un pays leader dans sa tentative de fabriquer un monde unifié, avec des populations d’origines très diverses. En ce sens, l’élection d’Obama reste fortement symbolique, malgré la fatigue évidente du président durant son second mandat.

Si l’on considère seulement le corps de citoyens de l’Allemagne, on peut dire que la montée des inégalités économiques y reste raisonnable, très inférieure à ce que l’on observe dans le monde anglo-américain. Mais, si l’on observe le système allemand dans sa globalité européenne, en intégrant les bas salaires de l’Europe de l’Est et la compression des salaires du Sud, on peut identifier un système de domination inégalitaire beaucoup plus fort en gestation. L’égalité qui reste ne concerne que le corps des citoyens dominants, allemands.

Je vais reprendre à ce stade ce concept de science politique de l’anthropologue belge Pierre van den Berghe : la Herrenvolk democracy, c’est-à-dire la Démocratie du peuple des seigneurs. Ne sautez pas au plafond ! Ces mots ne vont pas faire s’effondrer la Terre – je me suis récemment exprimé dans les mêmes termes dans une interview au journal allemand Die Zeit.

Au départ, Pierre van den Berghe appliquait ce concept de démocratie ethnique à l’Afrique du Sud de l’apartheid, où il existait un corps de citoyens égaux, qui fonctionnait parfaitement bien selon les règles libérales et démocratiques, mais dont la liberté et la démocratie ne tiennent que parce qu’il y a des dominés. De même pour l’Amérique à l’époque de la ségrégation : l’égalité interne du groupe blanc était assurée par la domination sur les Indiens, les Noirs… De même, on pourrait catégoriser Israël comme Herrenvolk democracy. Ce qui existe de cohésion et de liberté dans la démocratie israélienne est assuré par l’existence d’une masse ennemie d’Arabes.

Si je devais décrire l’Europe actuelle, si je devais commenter au niveau politique la carte économique, je dirais que l’Europe, ou l’Empire allemand, commence à prendre la forme générale d’une Herrenvolk democracy avec, en son cœur, une démocratie allemande réservée à ce peuple dominant et, autour, toute une hiérarchie de populations plus ou moins dominées, dont les votes n’ont plus aucune importance. On comprend mieux, pourquoi, dans ce modèle, quand on élit un président en France, il ne se passe rien. Parce qu’il n’a plus de pouvoir ; notamment sur le système monétaire.

On se retrouve donc avec une démocratie dans laquelle la liberté de la presse, d’opinion, et autres, sont parfaitement respectées ; où il n’y a aucun problème mais où, fondamentalement, la stabilité du système repose sur la solidarité subconsciente à l’intérieur du groupe des dominants. Dans l’Europe qui se dessine, on pourrait voir les Allemands comme les Blancs dans l’Amérique de la ségrégation.

Aujourd’hui, l’inégalité politique est évidemment plus forte dans le système allemand que dans le système américain. Les Grecs et les autres ne peuvent voter pour les élections au Bundestag, alors que les Noirs et les Latinos américains le peuvent pour les élections à la présidence et au Congrès américain. Le Parlement européen est bidon, le Congrès non.

Après un tel réquisitoire, pensez-vous que nous devrions être plus vigilants envers l’Allemagne ?

C’est vrai que je suis pessimiste. La probabilité que l’Allemagne tourne bien baisse chaque jour. Elle est déjà très faible. La culture autoritaire allemande génère une instabilité psychique systémique des dirigeants quand ils sont en situation de domination – ce qui n’était plus arrivé depuis la guerre. Leur fréquente incapacité historique – dans une situation de domination – à imaginer un futur paisible et raisonnable pour tous réémerge ainsi aujourd’hui sous forme de manie exportatrice. Et puis s’ajoute désormais pour ces dirigeants une interaction avec l’absurdité polonaise et avec la violence ukrainienne. Tristement, le destin de l’Allemagne n’est pas pour moi un complet inconnu.

Comment les Allemands vont-ils mal tourner ? L’âge médian ou l’absence d’appareil militaire peut donner un coup de frein au processus, mais on constate chaque semaine une radicalisation de la posture allemande. Mépris des Anglais, des Américains, visite sans pudeur de Merkel à Kiev. Le rapport aux Français, dont la servitude volontaire est essentielle pour le contrôle de l’Europe, va être révélateur.

Mais déjà nous savons. Avec l’affaire des ventes de Mistral à la Russie : les dirigeants allemands demandent désormais aux Français de liquider ce qu’il leur reste d’industrie militaire. La culture allemande est inégalitaire : elle rend difficile l’acceptation d’un monde d’égaux. Lorsqu’ils se sentent les plus forts, les Allemands vivent très mal le refus d’obéissance des plus faibles, refus perçu comme non naturel, déraisonnable.

En France, ce serait plutôt le contraire. La désobéissance est une valeur positive. On vit avec, c’est une partie du charme français parce qu’il existe aussi en France un mystérieux potentiel d’ordre et d’efficacité.

Le rapport de l’Amérique à la discipline et à l’inégalité est complexe d’une autre manière et mériterait des pages d’analyse. Soyons brefs, sautons au constat : le rapport discipliné inférieur-supérieur de type allemand aura du mal à passer. La culture anglo-saxonne n’est pas égalitaire mais elle est vraiment libérale. Égaux, inégaux, c’est selon. La différence raisonnable faite dans les familles entre les frères conduit à la notion de différence raisonnable entre les individus, entre les peuples. C’est d’ailleurs la raison du succès du modèle américain : la culture anglo-américaine peut gérer raisonnablement les différences internationales.

Au final, force est de constater que les deux blocs – américain et allemand – sont antagonistes par nature. Ils combinent tous les éléments générateurs de conflits : rupture d’équilibre économique brut, différence de valeurs. Plus vite la Russie sera hors du jeu, brisée ou marginalisée, plus vite ces différences s’exprimeront.

Pour moi, la vraie question historique actuelle, et que personne ne pose, est la suivante : les Américains vont-ils accepter de voir cette nouvelle réalité d’une Allemagne qui les menace, et si oui quand ?

Quand vous prophétisez un conflit entre la nation américaine et le nouvel empire allemand, vous êtes sûr de vous ?

Évidemment non. J’élargis le champ de la prospective. Je décris un futur possible parmi d’autres futurs possibles. Un autre serait une solidification du groupe Russie-Chine-Inde en un bloc continental s’opposant au bloc occidental euro-américain. Mais ce bloc eurasiatique ne pourrait fonctionner qu’avec l’addition du Japon, seul capable de le mettre au niveau technologique occidental. Mais que va faire le Japon ? Pour le moment, il est plus loyal envers les États-Unis que l’Allemagne. Mais il pourrait se lasser des vieux conflits occidentaux. Le choc actuel paralyse son rapprochement avec la Russie, complètement logique pour lui du point de vue énergétique et militaire, élément important du nouveau cours politique imprimé par le Premier ministre japonais Abe. C’est un autre risque pour les États-Unis, dérivant du nouveau cours agressif allemand.

Plusieurs futurs sont ainsi possibles mais pas une infinité ; 4 ou 5 peut-être…

Je me suis remis à lire de la science-fiction pour me décrasser le cerveau et m’ouvrir l’esprit. Je recommande vivement un exercice du même type aux gens qui nous dirigent, qui, sans savoir où ils vont, marchent d’un pas décidé.

Interview réalisée pour le site www.les-crises.fr, librement reproductible dans un cadre non commercial (comme le reste des articles du site, cf. Licence Creative Commons).

Source: http://www.les-crises.fr/todd-5-la-montee-en-puissance-du-systeme-allemand-suggere-que-les-etats-unis-et-l-allemagne-vont-au-conflit/


[Reprise] Démission de Thévenoud : On ne tiendra pas jusqu’en 2017 comme ça ! par Authueil

Thursday 4 September 2014 at 23:31

Reprise d’un papier de Rue89, je n’ai pas l’estomac de rédiger un truc moi-même…

MAKING OF
Blogueur, ancien attaché parlementaire, Autheuil est un observateur avisé de la scène politique. Son cri du coeur, ce jeudi soir sur son blog, après la démission de l’éphémère Secrétaire d’Etat au commerce extérieur qui ne payait pas ses impôts, résume un sentiment de stupéfaction et d’écoeurement bien partagé… P.H.

Ce soir, je suis un peu désespéré. Après neuf jours au gouvernement, Thomas Thévenoud, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Français de l’étranger vient d’être contraint de démissionner. Celui qui a été membre de la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac avait tout simplement oublié, pendant plusieurs années, de déclarer ses impôts, et donc au passage, de les payer.

Ce monsieur est vice-président du Conseil général de Saône-et-Loire depuis 2008 et député depuis 2012. Son épouse est la chef de cabinet du président du Sénat. Ce sont donc des gens à priori intelligents et au courant des procédures.

Thomas Thévenoud m’est toujours apparu comme une personne sympathique et sensée. Certes carriériste, mais comme les autres. Comment justifier l’absence, pendant plusieurs années, de déclarations fiscales ? Je reste sans voix.

Mais, en plus, se faire avoir pour ça un an après l’affaire Cahuzac, je ne sais plus quoi dire. Soit c’est de la négligence, et ça relève du pathologique tellement c’est de l’inconscience, voire du suicide politique. Soit c’est parfaitement conscient, et là, c’est gravissime…


Thomas Thevenoud en 2012 (Chamussy/Sipa)

Une deuxième affaire Cahuzac ?

Les dégâts pour le PS, et la classe politique dans son ensemble risquent d’être absolument dramatiques. C’est peut-être une deuxième affaire Cahuzac, qui peut provoquer un effet de souffle. Je vois mal, après les lois de 2013, ce que l’on va pouvoir proposer comme « réforme expiatoire » pour calmer la colère, légitime, des électeurs. Est-ce qu’une nouvelle loi, d’ailleurs, aurait un quelconque effet ? J’en doute…

Cette affaire tombe le même jour que la sortie du livre de Valérie Trierweiler, une bombe lancée par une femme éconduite, en quête de vengeance. De cela, il ne peut rien sortir de bon pour le débat public, sinon faire chuter encore plus bas un François Hollande qui est tombé à 13% de bonnes opinions, dans le dernier sondage.

On est le 4 septembre, la rentrée « sociale et politique » n’a même pas encore eu lieu. On serait dans un pays moins démocratique, ça sentirait le putsch, tant le président en place est affaibli.

La question se pose de plus en plus de la capacité de François Hollande à résister à la moindre contestation sociale. Un peu comme en grand vieillard, déjà bien affaibli par l’âge, qui attrape la grippe. Il est à la merci du moindre rhume…

On ne tiendra pas jusqu’en 2017 comme ça !

Source : Rue89

P.S. Un commentaire sur le blog d’Authueil : “Hollande sera à 3% avant le déficit public.”  :)

Source: http://www.les-crises.fr/authueil/


[Reprise] Mario Draghi en conflit ouvert avec Angela Merkel, par Romaric Godin

Thursday 4 September 2014 at 23:03

Un très bon article du grand journaliste Romaric Godin, sur La Tribune

Du grand n’importe quoi à la BCE, encore…

 Si Mario Draghi a été assez dur avec la France et l’Italie dans ses propos, ses actes sont des provocations contre l’Allemagne. Pour la forcer à agir sur la demande européenne.

Ce jeudi, Mario Draghi est clairement entré en guerre contre les gouvernements de la zone euro. « La politique monétaire ne peut pas seule faire remonter l’inflation », a-t-il admis. Un aveu d’impuissance qui renvoie clairement les gouvernements à leurs responsabilités. Derrière les mesures annonces, le lancement d’un vaste rachat de dette privée et le nouvel abaissement des taux à 0,05 %, il y a un défi lancé aux dirigeants européens.

Des mots contre la France et l’Italie

A tous ? Officiellement oui. Mario Draghi a été assez explicite envers la nécessité de réformes en France et en Italie. « Certes, il y a un coût à faire des réformes, mais l’absence de croissance n’est-elle pas un coût ? », a-t-il ainsi demandé. Les partisans de ces réformes en feront sans doute leurs gorges chaudes. Mais il faut être clair : ce ne sont là que des mots. En réalité, la BCE n’exerce aucune pression concrète sur la France et l’Italie. Pour exercer une pression, il faudrait remonter les taux pour étrangler le financement de ces pays et les contraindre à se réformer. Or, la BCE va dans le sens inverse. Le taux français réel à 2 ans est passé en territoire négatif après le discours de l’Italien. La BCE n’a pas intérêt à ce que la France et l’Italie entre de plain-pied dans une politique déflationniste.

Provocation contre Berlin

Le vrai défi, la vraie guerre, oppose en fait Mario Draghi au gouvernement fédéral allemand. En abaissant les taux et en lançant un vaste programme de rachat d’actifs quatre jours après le succès du parti eurosceptique AfD, qui critique la politique d’argent facile de la BCE, aux élections régionales de Saxe, Mario Draghi met Angela Merkel et les conservateurs allemands dans un embarras certain. Dès l’annonce connue, économistes et banquiers ont poussé des cris d’orfraies. Dans la pensée libérale allemande, celle qu’incarne désormais AfD, la BCE prend le risque de faire revenir l’inflation et mutualise l’argent allemand pour relancer l’économie des pays qui ne réforment pas. C’est du pain béni pour les eurosceptiques qui vont pouvoir faire campagne en Thuringe et au Brandebourg, où vont bientôt se dérouler les élections régionales.

La BCE a clairement fait dans la provocation face à l’Allemagne. Mario Draghi est passé outre l’opposition de la Bundesbank, au moment même où le changement de mode de vote au sein de la BCE est très critiqué outre-Rhin parce que, précisément, elle ôte une fois sur quatre le droit de vote à la Bundesbank. Il a nié les plaintes des banques allemandes et des épargnants allemands en abaissant les taux. Il a annoncé un rachat de titres immobiliers, alors même que la Buba et beaucoup d’économistes craignent une bulle en Allemagne. Tout semblait être fait pour indigner Berlin.

Utiliser tous les leviers

Mario Draghi l’a dit clairement à Jackson Hole, il l’a redit ce jeudi : il faut utiliser tous les leviers pour relancer la machine économique européenne. Or, cette machine est bloquée par l’absence de demande et de perspectives de demande. Les politiques d’austérité rendent les investissements très risqués, car les entrepreneurs savent que les débouchés vont rester durablement faibles. Il faut donc utiliser les leviers disponibles. Donc utiliser la politique budgétaire, soit en abaissant les impôts, soit en réalisant des projets d’investissement public. L’Allemagne, à l’équilibre sur le plan budgétaire, peut le faire. Mais elle ne le veut pas car le ministre des Finances Wolfgang Schäuble et son entourage font de la réduction de la dette une priorité absolue. Mario Draghi a décidé cet été de les pousser dans leurs derniers retranchements. C’est ce qu’il a fait ce jeudi.

La menace du QE

Désormais, l’Italien dispose d’une menace concrète contre Berlin : le lancement d’un assouplissement quantitatif qui inclurait le rachat de dette publique. Autrement dit, la BCE mutualiserait de facto, sans l’accord de Berlin, les risques budgétaires. Ce serait clairement une provocation à l’opinion et au gouvernement allemand. Un tel QE mettrait Angela Merkel dans une situation très délicate. Soutenir la BCE reviendrait à abandonner son credo adopté en 2012 qui vise à ne plus faire payer les Allemands. Elle serait alors une cible aisée pour la droite de la CDU, les Libéraux et AfD. Mais entrer en conflit avec la BCE signifierait affaiblir l’existence même de l’euro, ce qui serait un reniement de sa politique.

La lutte est donc désormais ouverte. Pour faire simple, Mario Draghi tente de sauver l’Europe de l’inflexibilité allemande. Certes, il ne soutient pas clairement les prétentions de Matteo Renzi et François Hollande, mais dans les faits, il est clair qu’il tente lui aussi de faire céder Berlin.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 4/9/2014

Source: http://www.les-crises.fr/mario-draghi-en-conflit-ouvert-avec-angela-merkel/


Le déséquilibre industriel en faveur de l’Union européenne par rapport aux États-Unis est spectaculaire, par Emmanuel Todd (4)

Thursday 4 September 2014 at 02:10

Suite de l’interview d’Emmanuel Todd…

Les graphiques suivants nous permettent de comparer les puissances relatives de la nation américaine et de ce nouvel empire allemand :

Le graphique le plus intéressant à mon sens est celui qui représente les populations actives industrielles. Le déséquilibre industriel en faveur de l’Union européenne par rapport aux États-Unis est spectaculaire. Le fait qu’en Europe il y ait des secteurs industriels encore sous-développés n’est pas négatif, au contraire : dans le domaine industriel en Europe, il existe des capacités d’expansion dans des zones à bas salaires. C’est sans doute ce déséquilibre-là qui permettrait la mise à mort du système industriel américain par l’Allemagne. Au stade actuel, c’est l’Allemagne qui veut le plus le traité transatlantique.

On constate bien le décrochage européen par rapport à l’Allemagne au niveau du PIB réel :

Et en relatif par rapport à l’Allemagne :

On voit aussi sur ces graphiques la hiérarchisation implacable de l’Europe autour de l’épicentre allemand à partir de 2005 : le décrochement des pays européens par rapport à l’Allemagne, y compris pour les grands pays, comme la France ou le Royaume-Uni.

On peut voir sur toutes ces courbes la rapidité d’une évolution qui ne fait que commencer. Peut-être qu’une partie du peuple allemand souffre de ses petits salaires, mais, globalement, le PIB par habitant finit toujours par décrocher en faveur de l’Allemagne. On se dirige vers un système où les Allemands seront bénéficiaires de l’écrasement des systèmes industriels du reste du continent.

On note également que, par rapport à ce continent sous contrôle allemand, les États-Unis seuls ne sont pas au niveau en termes de population. […] [À suivre ici]

Interview réalisée pour le site www.les-crises.fr, librement reproductible dans un cadre non commercial (comme le reste des articles du site, cf. Licence Creative Commons).

Source: http://www.les-crises.fr/todd-4-le-desequilibre-industriel-en-faveur-de-lunion-europeenne-par-rapport-aux-etats-unis-est-spectaculaire/


Actu’Ukraine, 3 septembre, par Nicolas

Thursday 4 September 2014 at 00:15

Nicolas est citoyen franco-américain, a vécu au Japon, en Allemagne et en Russie, et est actuellement traducteur et consultant export en Italie (Cf. www.foreignoutlook.com pour le contacter)

Je lui ai proposé de développer ses commentaires dans des billets réguliers

Commençons par des nouvelles du front, en prenant comme référence la dernière carte de kot ivanov

Lougansk

“A l’heure de la mise sous presse, il s’avère que l’information concernant la prise de l’éaéroport de Donetsk était anticipée. L’aéroport est cependant totalement encerclé, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors, et même “doublement encerclé ” dit le ministre de la défense de la RPD Vladimir Kononov, qui considère dans cette vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=i8s7BLMuOy8) que la seule chance des troupes assiégée de survivre est la reddition. Ils n’ont pour l’instant pas l’occasion de se rendre selon ses propos. La même vidéo montre l’aéroport de Donetsk, qui était encore récemment un aéroport très moderne (peut-être le plus moderne du pays, reconstruit en 2012) vu d’un petit drone.

Les troupes novorusses font des progrès au nord de Lougansk, avec la prise d’un village situé à 90 km au nord (Starobelsk, combats confirmés par témoin sur place), ce qui n’est pas encore indiqué sur la carte de kot-ivanov.

Il reste 2 poches / chaudrons sur le territoire de la RPL.

Debaltsevo

Cette ville à l’est de Gorlovka reste au mains de Kiev, malgré des efforts menés depuis le 24 août pour la reprendre. Depuis quelquess jours les troupes novorusses y font là aussi des progrès qui pourrait permettre de prendre la ville dans moins d’une semaine.

Donetsk

L’aéroport de la ville n’est toujours pas aux mains de la RPD (République Populaire de Donetsk), avec quelques centaines de soldats qui y sont toujours retranchés (beaucoup de mercenaires étrangers, disent certaines sources), mais quelques progrès ont été réalisés, et deux petits groupes de soldats de Kiev se sont rendus. Il est probable que la RPD contrôlera l’aéroport dans quelques jours. En effet le contrôle de l’aéroport étaient important pour Kiev dans le cadre d’une prise de la ville, qui n’est plus d’actualité. Les troupes actuellement dans l’aéroport seront donc probablement envoyées vers le sud pour défendre Marioupol.

Les combats se poursuivent au sud de Donetsk, à l’avantage là encore de la RPD. Pour la première fois depuis longtemps, Donetsk n’a subit aucun bombardement pendant 2 jours consécutifs, mais ce calme n’a pas duré puisque la ville a de nouveau été subi les attaques de pièces d’artillerie « Ouragan » (BM-27) dans la nuit du 2 au 3, et continue de subir les attaques des saboteurs de Kiev. D’autres villages et bourgs des environs continuent également de subir attaques de saboteurs et bombardements par mortiers, notamment 7 morts et 2 blessés parmi la population d’Enakievo. Il resterait 1500 « soldats » de Kiev dans la banlieue sud de Donetsk (Elenovka, 25 km du centre-ville).

CNN a parlé du désastre humanitaire à Donetsk , en montrant des habitants qui accusent Porochenko du désastre.

Marioupol

Marioupol est l’objectif stratégique prioritaire. Les troupes novorusses font des progrès dans la partie sud de la RPD, et Marioupol est désormais entièrement encerclée, y compris par la mer où les Novorusses ont réussi à attaquer 2 bateaux des Gardes-Côtes. Ils ne rencontrent quasiment aucune opposition sur le terrain conquis depuis le lancement de l’offensive (à l’exception notable de la ville de Volnovakha, à mi-chemin entre Marioupol et Donetsk, dont la prise a été affirmée puis démentie), mais leurs progrès sont freinés par le manque d’effectifs, d’où le besoin d’en terminer avec les poches / chaudrons plus au nord, dont l’encerclement mobilise de nombreux moyens. La route Donetsk-Marioupol serait actuellement entièrement sous le contrôle de la RPD, jusqu’à la banlieue nord de Marioupol. Les troupes qui encerclent Marioupol par l’ouest doivent renforcer leurs positions et se préparer à l’arrivée de 2 ou 3 divisions blindées ennemies. Les progrès se font très progressivement, en prenant des villages très peu ou pas défendus.
Il a été annoncé que Marioupol ne serait pas prise par un grand assaut, et c’est effectivement indispensable pour conserver la population de son côté (qui d’après Colonel Cassad soutient à 60% la Novorossie malgré un lavage de cerveaux médiatiques très intensif). Des groupes de saboteurs sont donc à l’œuvre pour affaiblir les troupes retranchées et les contraindre à la reddition sans avoir à utiliser l’artillerie sur des zones urbaines.

D’après les communications radios interceptées, les troupes de Kiev sont paniquées et démoralisées. Elles sont également insuffisamment équipées en blindés, au point de devoir bricoler des blindages très approximatifs sur des camions, en les transformant en « cercueil roulant » selon l’expression des rebelles.

Situation générale

Colonel Cassad estime les forces Novorusses entre 29000 et 33000 (je disais 30000 il y a quelques jours, avec un flot de plusieurs centaines de volontaires par jour depuis le début de l’offensive), et les forces de Kiev autour de 40000, essentiellement des soldats très mal formés et peu motivés.

En ce qui concerne le matériel, côté Kiev les pertes matérielles dépassent très largement leur capacité de remplacement : on approche les 30 blindés perdus chaque jour en moyenne (seulement 12 hier dont 2 tanks capturés, mais les totaux quotidiens inférieurs à 20 blindés sont devenu une exception), pour un total dépassant les 1000 voire 1300 blindés perdus, soit probablement plus de la moitié de tous blindés disponibles au début de la guerre. L’état major novorusse avance 700 blindés détruits pour le mois d’août. Les quantités de blindés vendus par les pays russophobes sont mal connus mais certainement inférieures à 10 par jours (58 tanks de Hongrie notamment), la production probablement de l’ordre de 1 ou 2 par jour, et les réparations se passent catastrophiquement mal, le matériel ayant passé 23 ans à rouiller sans aucun entretien, avec en plus des vols de pièces (que l’intention soit le sabotage ou le complèment de revenus).

Côté Novorossie, la reddition des troupes de Kiev prises dans les poches ont fournis d’énormes quantités de matériels, notamment bien plus de 100 blindés  (il y a eu au moins de jours de redditions massives qui ont apporté environ 50 blindés chacun) et des dizaines de pièces d’artillerie lourde, et le passage à l’offensive a très largement augmenté le flot de volontaires qui était jusqu’à 700 par jour au début de l’offensive selon Pavel Goubaryov.

Il aura donc suffi de 2 mois pour que Kiev perde un avantage colossale qu’avait une armée de 20 000 à 40 000 hommes disposant d’environ 2 000 blindés sur une bande de quelques centaines d’hommes déterminés mais sans aucune armes lourdes, à l’exception de 2 tanks de la seconde guerre mondiale qui servaient jusqu’alors de monuments.

De nombreuses interviews de soldats de Kiev montrent des hommes perdus, qui ne savent pas pour quoi ils se battent, qu’on a amené à l’armée par la ruse, par la menace de prison, et qui réalisent qu’ils ne sont pas des libérateurs mais des agresseurs. Voir aussi cette vidéo d’artilleurs de Kiev à qui l’on a montré les résultats de leurs bombardements. Leurs officiers leur mentait sur les cibles.

L’apparent retournement de situation des 10 derniers jours fait dire à beaucoup, malgré les propos très clairs des observateurs de l’OSCE (pas des russophiles) qui observent la frontière russo-ukrainienne sans rien voir, que la Russie est entrée en Ukraine.

Pourtant il suffit de regarder 2 cartes pour comprendre qu’il n’y a pas eu un retournement de situation, mais la suite logique des événements précédents.

carte des combats selon le SNBO et selon la Novorossie, fin août
La première carte montre la situation fin août telle que présentée par le SNBO (la filiale ukrainienne de la CIA) montrant Lougansk totalement assiégée, Donetsk coupée de Lougansk  et de la Russie, et plus aucun espoir pour les rebelles. La deuxième carte montre la situation présentée à la même époque par les rebelles : une grande partie des régions de Donetsk et Lougansk aux mains des rebelles, et de nombreuses troupes ukrainiennes enfermées dans des poches (aussi appelées chaudrons puisque c’est le même mot en russe). Il s’est avéré que la première carte ne représentait pas du tout la réalité, et que les troupes qui avaient profondément pénétré en territoire rebelles s’étaient pour l’essentiel irrémédiablement prises à un piège tendu par les stratèges de la Novorossie. Igor « Strelkov » (Guirkine de son vrai nom, mais il signe « Strelkov » les documents officiels) en tête. Ce n’est pas la propagande russe qui l’affirme, mais un commandant du bataillon « Azov », dans cette vidéo traduite par Vincent Parlier qui traduit de nombreuses vidéos en français sur le sujet.  Ce commandant constate l’incompétence absolue des officiers supérieurs de Kiev.

Le célèbre rebelles “Abkhaze” (probablement ressortissant d’Abkhazie dont il a le drapeau cousu sur le torse) signalait dans cette courte interview tournée dès le début août que les troupes de Kiev auxquelles il faisait face à Chakhtyorsk, selon les communications radios interceptées,  arrivait à bout de force. L’évolution qui nous a semblé brutale à travers les verres déformants des médias n’a donc pas été une surprise pour les rebelles qui étaient sur place.

L’autre leçon du retournement apparent de situation est que les troupes novorusses sont remarquablement coordonnées (on l’a encore vu plus récemment avec les assaut simultanés sur les aéroports de Donetsk et Lougansk) alors qu’il n’y a aucune coordination entre les différentes divisions de Kiev, en particulier entre l’armée régulière et les bataillons de volontaires. Il est improbable qu’envoyer les étudiants ukrainiens au front permette de repousser une armée novorusse déterminée, de mieux en mieux équipée (grâce à Kiev) et bien organisée.

Négociations et mécontentement

Le gouvernement de Kiev, guidé par l’hubris américain, est incapable de négocier et mènera probablement à l’échec des négociations de cette semaine. Cependant le moment où le gouvernement de Kiev sera véritablement contraint de négocier approche. Dans cette perspective, il est important d’avancer autant que possible militairement afin d’être dans la meilleure position possible pour négocier. D’une part, la prise de Marioupol semble indispensable car Marioupol est économiquement indispensable au Donbass. D’autre part, entrer dans la région de Zaporojié apporterait un atout dans ces négociation pour exiger un retrait de tous le nord du Donbass, qui reste aux mains de Kiev. Les responsables politiques des Républiques Populaires affirment vouloir libérer l’ensemble de leur territoire (correspondant aux région de Donetsk et Lougansk) avant le Nouvel An, et l’objectif semble parfaitement réaliste. Le vice-premier-ministre de la RPD, Andreï Pourguine a en revanche affirmé n’avoir aucune intention de prendre Kiev.

Le mécontentement dans la population ne faiblit pas, on note une manifestation de mères de soldats, soutenue par Svoboda et Secteur Droit devant le parlement de Kiev (la “Rada”). Les supporters d’Euromaïdan ont apporté une guillotine devant le parlement pour symbolyser leur volonté (“Volonté” est le nom du parti en question) de nettoyer la politique ukrainienne. Si les mouvements d’extrême-droite s’y mettent, pas sûr que les troupes novorusses aient besoin de prendre Kiev pour que ce gouvernement tombe bientôt. L’effondrement économique et social, les coupures de chauffage et d’eau chaudes ne vont pas aider à améliorer leur popularité, et pas sûr que les livraisons de charbon australien et néo-zélandais soit la meilleure solution pour l’approvisionnement énergétique ukrainien.

Conférence Russie- Novorossie- Ukraine

Le 29 août derniers’est tenue à Yalta (en Crimée – il existe un village Yalta près de Marioupol) sur le thème Russie-Novorossie-Ukraine

Une vidéo de cette conférence montre notamment le célèbre commandant “Mozgovoï”, de la RPL, demander à tous ceux qui souhaite jouer un rôle politique en Novorossie à prouver par leur valeur militaire qu’ils sont dignes d’occuper une fonction de député, maire ou autre.

Une journaliste du journal espagnol El País a soulevé la question de la présence de citoyens russes se battant au côté des rebelles, et y voyant une implication directe du gouvernement russe. Mozgovoï a invité la journaliste à venir constater sur place, par elle-même (de fait les journalistes sur places ne voient pas cette “invasion” tant décriée) et ce fut l’occasion de rappeler que lors de la guerre civile espagnole, les volontaires venaient de France, Etats-Unis, Russie, Allemagne, Hongrie etc. Or Staline n’a forcé ni Malraux ni Hemingway à aller soutenir ce combat pour la liberté et contre Franco.

Le conseiller de Poutine Sergueï Glazyov était également présent et a notamment parlé de l’illégitimité des oligarques au pouvoir à Kiev, de leurs violations des droits de l’homme.

Le journaliste Maksim Chevtchenko a souligné que l’objectif du “fascisme de Kiev” était de diviser pour les générations à venir par la haine mutuelle la population de l’Ukraine entre russes ethniques et ukrainiens ethniques (ce qui permettrait de réaliser enfin le rêve de Bismarck…)

Les étrangers dans les rangs de Kiev

On parle beaucoup des étrangers dans les rangs de la Novorossie. De fait personne n’a jamais caché qu’il y a environ 10% de citoyens russes dans l’armée de Novorossie, ainsi que de nombreux Serbes, mais aussi des Polonais, des Français, des Italiens, des Espagnols etc. De l’autre côté, on constate également la présence de citoyens de divers pays. Un soldat du bataillon Azov parle de la présence de Français, Suédois, Géorgiens… dans les rangs du bataillon Azov, mais qui semblaient là comme des participants à un loisir extrême…

Un volontaire du bataillon “Donbass” américain d’origine ukrainien est allé en Ukraine par convictions, pour aller “tuer ces terroristes qui ont envahi l’Ukraine”, Franko (mort récemment) parle dans cette vidéo de ses convictions. Ce qui est intéressant, c’est qu’il dit que les volontaires sont surtout excédé par la corruption généralisée, et portés par un esprit de révolutionnaire. Le fait de soutenir des milliardaire ne leur semble pas contradictoire avec cet esprit révolutionnaire. Il constate lui aussi la totale incompétence des officiers supérieurs de Kiev, l’absence de stratégie, et l’absence d’ingénieurs du génie. Il finit son interview en indiquant que l’élite politique doit être détruite.

Chronique de la haine ordinaire

2 septembre : Discours d’O Tyagnibok à la Rada

“le parlement doit voter pour préserver la vie de tous les Ukrainiens” (sauf de l’Est sans doute)

Avec une pépite : “Moscou a fait la guerre à l’Ukraine durant des siècles : les rois, Staline, Brejnev, Eltsine ou la Russie de Poutine ont toujours voulu la guerre avec l’Ukraine et l’on considérée comme une source de matières premières et d’esclaves, de serfs”

Il a juste oublié que Staline était Géorgien, Brejnev Ukrainien – comme la plupart des dirigeants et hauts fonctionnaires de l’URSS. Quant à Eltsine qui voulait la guerre à l’Ukraine… no comment.
Comme la télévision ukrainienne a méchamment retiré toute trace de Svoboda sur ses vidéos et ses photos, une photo montrant des drapeaux, lors de la manifestation devant laRada…
Une petite campagne made by Svoboda, genre faite la guerre pas l’amour (la guerre et non des fleurs)

Dernière minute : Porochenko et Poutine se sont parlé et ont échangé leur point de vue sur le conflit. Leur opinion sur les moyens de résoudre le conflit convergent en grande partie, indique la présidence russe. dans les médias, ça s’est transformé en un accord de cessez le feu entre l’Ukraine et la Russie…

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-03-09/


Le Président Hollande [2012-2014]

Thursday 4 September 2014 at 00:07

Désolé, je n’ai pas le temps de partager quelques réflexions sur l’humanité de notre Président et de son ancienne favorite (qui n’était donc pas dérangée par nombre de propos hallucinants tant qu’elle avait la faveur du Prince), je dois aller me brosser les gencives avant d’aller me coucher…

J’aurai quand même une pensée pour Jean Jaurès, RIP.

Source: http://www.les-crises.fr/le-president-hollande-2012-2014/


“Guerre contre l’Europe” : Appel au boycott de Libération

Wednesday 3 September 2014 at 18:35

Je peux comprendre des avis différents sur la Russie, je peux – avec un gros effort – comprendre la mauvaise foi, la soumission aux intérêts américains ou allemands, la bêtise crasse (“la fabrique du crétin” a forcément des conséquences à long terme), même l’édito délirant de lundi, MAIS il y a des sujets qui sont totalement inacceptables, comme celui-ci :

Un (encore non prouvé mais passons) soutien de la Russie à des citoyens russophones frontaliers bombardés par leur armée – après environ 3 000 morts civils – peut être discuté, mais on ne peut pas titrer qu’on NOUS a déclaré la guerre !

Et encore moins 100 ans après 1914.

L’excitation des haines et des passions peut avoir des conséquences gravissimes, empêcher de trouver des solutions pacifiques, voire même déclencher des conflits.

Un journal n’a pas le droit de délirer sur ces sujets. C’est aux diplomates de gérer ceci, pas à des journalistes inconscients.

En conséquence, je vous propose donc de diffuser cet appel au boycott de Libération, seule façon de faire pression sur eux.

Je rappelle que ce canard boiteux au bord du dépôt de bilan ne survit que grâce à d’énormes subventions publiques (près de 10 millions d’euros par an, + de nombreuses aides indirectes) et de l’argent de quelques millionnaires.

En bon soldat du néolibéralisme à la mode Valls, il me semble important de mettre en application envers ce journal les pratiques de “destruction créatrice” de Schumpeter…

Allez, encore un petit effort :

P.S. Il va de soi que le Monde doit également être soumis au même traitement…

Source: http://www.les-crises.fr/guerre-contre-l-europe-appel-a-un-boycott-de-liberation/