les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Journalisme hypocrite, par Robert Parry

Wednesday 31 August 2016 at 00:30

Un magnifique texte…

Source : Le Grand Soir, Robert Parry, 17-08-2016

arton30764-632f3

Au cours des dernières décennies, les grands médias des États-Unis ont trahi le peuple américain d’une manière historique en diffusant de fausses informations ou des narratives trompeuses sur pratiquement tous les sujets internationaux importants, et continuent à ce jour à mener le pays dans des conflits destructeurs et inutiles.

Pour moi, un tournant majeur fut lorsque les principaux organes d’information ont refusé se pencher sur les tenants et aboutissants du scandale Iran-Contra, y compris sur ses origines dans les contacts illicites entre les Républicains et les Iraniens au cours de la campagne de 1980 et la collaboration de l’administration Reagan avec des trafiquants de drogue pour soutenir la guerre des Contras au Nicaragua. (Au lieu de cela, les grands médias ont dénigré les reportages sur ces véritables scandales.)

Si ces histoires peu recommandables avaient été pleinement expliquées au peuple américain, leur opinion sur Ronald Reagan et George H.W. Bush serait beaucoup moins favorable et la montée des sous-fifres néocons de Reagan aurait pu être stoppée. Au contraire, les néo-conservateurs ont consolidé leur domination sur la politique étrangère officielle de Washington et le fils inepte de Bush fut autorisé à s’emparer de la Maison Blanche en 2001.

Ensuite, on aurait pu penser que l’invasion désastreuse de l’Irak en 2003 – justifiée par une cohorte de mensonges – aurait finalement condamné les néocons, mais, à l’époque ils avaient déjà profondément pénétré les médias nationaux et les grands groupes de réflexion, et leur influence s’étendait au-delà du Parti républicain jusque dans les profondeurs du Parti démocratique.

Ainsi, malgré la catastrophe en Irak, presque rien n’a changé. Les néo-conservateurs et leurs copains les interventionnistes libéraux ont continué à fabriquer des récits qui ont conduit les Etats-Unis dans un bourbier après l’autre, à la recherche de plus en plus de « changements de régime » tout en écartant les recommandations pour une résolution pacifique des crises internationales.

Dissonance cognitive

Dans le cadre de ce phénomène, il existe une profonde dissonance cognitive tandis que les logiques évoluent en fonction des nécessités tactiques des néocons. D’un cas à l’autre, il n’y a aucune cohérence logique ou morale, et les principales agences de presse suivent, se refusant encore et toujours d’exposer ces hypocrisies flagrantes.

Le gouvernement des États-Unis défend un monde « fondé sur des règles » lorsque cela sert ses intérêts mais viole allégrement le droit international lorsqu’il a décidé qu’une « guerre humanitaire » l’emportait sur la souveraineté nationale et la Charte des Nations Unies. Ce dernier est particulièrement facile après qu’un dirigeant étranger a été diabolisé dans la presse, mais la souveraineté devient inviolable dans d’autres circonstances, lorsque les régimes criminels sont amis de Washington.

L’administration de George W. Bush et les médias traditionnels justifièrent en partie l’invasion de l’Irak en accusant Saddam Hussein de violations des droits de l’homme. L’illégalité évidente de l’invasion fut ignorée ou rejetée comme de simples chicaneries de la part des « apologistes de Saddam ». De même, l’administration Obama et les médias ont justifié l’invasion de la Libye en 2011 sous l’accusation mensongère que Mouammar Kadhafi s’apprêtait à massacrer des civils (il avait dit qu’il s’en prenait aux terroristes islamiques).

Mais les mêmes médias regardent ailleurs ou trouvent des excuses lorsque le massacre de civils est l’oeuvre d’« alliés », comme Israël contre les Palestiniens ou l’Arabie saoudite contre les Yéménites. Ensuite, le gouvernement des Etats-Unis se précipite pour livrer encore plus d’armes pour que les bombardements puissent se poursuivre.

La vision du terrorisme est sélective aussi. Israël, l’Arabie Saoudite et d’autres « alliés » américains dans le Golfe Persique ont aidé et encouragé des groupes terroristes, y compris le front al-Nosra d’Al-Qaïda, dans une guerre contre le gouvernement en grande partie laïque de la Syrie. Ce soutien à la subversion violente a suivi la diabolisation du président syrien Bachar al-Assad par les médias.

Ainsi, en essayant d’éviter un autre bourbier à l’irakienne, le président Obama fait face à de vives critiques à Washington dominée par les néocons parce qu’il n’en fait pas assez pour imposer un « changement de régime » en Syrie, bien qu’il ait effectivement autorisé la livraison d’armes sophistiquées US à la soi-disant opposition « modérée » , qui opère souvent sous la structure de commandement d’al-Nosra.

En d’autres termes, il est acceptable d’intervenir ouvertement et clandestinement lorsque c’est Washington qui le décide, indépendamment du droit international et même si cela implique une complicité avec les terroristes. Mais le refrain change lorsque la balle est dans l’autre camp.

Dans le cas de l’Ukraine, toute aide russe aux rebelles russes ethniques sous l’agression d’une armée ukrainienne qui comprend des bataillons néo-nazis, tels que la brigade Azov, est inadmissible. Le droit international et une structure « fondée sur des règles » doivent être défendus en punissant la Russie.

Les médias ont encore trahi leurs lecteurs avec une couverture unilatérale du coup datage de 2014 qui a renversé le président élu Viktor Ianoukovitch, qui avait subi lui aussi une campagne de diabolisation de la part des fonctionnaires américains et de la presse grand public. Ainsi, les principaux organes de presse ont applaudi le coup d’Etat et ne voyaient rien de mal lorsque le nouveau régime soutenu par les Etats-Unis a annoncé une ’Opération de lutte contre le terrorisme’ – contre les Ukrainiens ethniques russes qui avaient voté pour Ianoukovitch et qui considéraient le régime putschiste comme illégitime.

Dans les médias occidentaux, le régime putschiste ’tout de blanc vêtu’ à Kiev ne pouvait pas faire de mal, même lorsque ses troupes d’assaut néo-nazis ont brûlé des dizaines de Russes ethniques vivants à Odessa et furent le fer de lance de « l’Opération de lutte contre le terrorisme » à l’est. Tout était de la faute de la Russie, même s’il n’y avait aucune preuve que le président Vladimir Poutine avait joué un rôle dans la déstabilisation de l’Ukraine.

En fait, toutes les preuves indiquent que c’était bien le gouvernement des États-Unis qui cherchait un « changement de régime ». Par exemple, le secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes, Mme Victoria Nuland, lors d’une conversation téléphonique interceptée, fut surprise en train de conspirer avec l’ambassadeur US Geoffrey Pyatt au sujet de qui devait prendre le pouvoir – « C’est Yats » a-t-elle dit à propos d’Arseniy Iatseniouk – et de discuter sur comment « faire aboutir » le projet. Le coup d’Etat se déroula quelques semaines plus tard, et Iatseniouk émergea comme le nouveau premier ministre.

L’exceptionnalisme des États-Unis

Les médias des États-Unis agissent comme si le gouvernement US avait un droit incontestable à intervenir dans les affaires intérieures des pays partout dans le monde – que ce soit par la subversion ou l’invasion militaire – mais les mêmes médias s’indignent si quelqu’un ose résister aux édits de Washington ou tente d’imiter les Etats-Unis.

Donc, en ce qui concerne l’Ukraine, alors que la Russie voisine est intervenue pour empêcher les massacres dans l’est et laisser le peuple de Crimée voter un référendum sur la sécession, le gouvernement américain et les médias ont accusé Poutine d’avoir violé le droit international. Les frontières nationales, même dans le contexte d’un violent coup d’état réalisé en partie par des néo-nazis, devaient être respecté, a pieusement annoncé Washington. Même les 96 % des électeurs de Crimée qui votèrent pour rejoindre la Russie furent ignorés en vertu du principe de la souveraineté des Etats.

En d’autres termes, si Poutine protège ces Russes ethniques de la répression violente par les ultra-nationalistes ukrainiens, il est coupable d ’ « agression » et son pays doit être puni par des sanctions sévères. Les néocons américains ont aussitôt commencé à rêver de déstabiliser la Russie et de réussir un autre « changement de régime » à Moscou.

Pendant ce temps, le régime ukrainien soutenu par les EtatsUnis a poursuivi son « Opération de lutte contre le terrorisme », en utilisant des armes lourdes contre les dissidents ukrainiens de l’est dans un conflit qui a coûté quelque 10.000 vies, dont de nombreux civils. Le conflit ukrainien est l’une des pires saignées en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, mais les néocons et leurs copains libéraux-faucons appellent à armer l’armée ukrainienne de sorte qu’elle puisse – une bonne fois pour toutes – écraser la résistance.

Au début de la crise, Nicholas D. Kristof, éditorialiste du New York Times, qui s’était construite une image d’humanitaire bienveillant, voulait livrer plus d’armes au régime de Kiev et aux Ukrainiens de l’est (dont les membres de la famille de son père), de sorte qu’ils puissent tuer leurs voisins ethniques russes – ou « aller à la chasse à l’ours », comme l’a dit Kristof. En appelant les Russes des ’ours’, Kristof assimilait leur massacre à l’abattage d’animaux.

Pourtant, dans une récente chronique, Kristof prend une position très différente en ce qui concerne la Syrie, qu’il veut voir envahir par l’armée US et pour y créer de soi-disant « zones de sécurité » et « zones d’exclusion aérienne » pour empêcher l’armée et les forces aériennes syriennes d’attaquer les positions rebelles.

La souveraineté signifie une chose en Ukraine, même après un coup d’Etat qui a renversé le président élu. Là-bas, les frontières nationales doivent être respectées (du moins après l’installation d’un régime pro-U.S.) et le régime a tous les droits de tuer des dissidents pour faire valoir son autorité. Après tout, ce n’est qu’une partie de chasse.

Mais la souveraineté signifie autre chose en Syrie, où le gouvernement des Etats-Unis est appelé à intervenir en faveur d’une des parties dans une guerre civile brutale pour empêcher que le gouvernement ne reprenne le contrôle du pays ou pour éviter un règlement négocié du conflit. En Syrie, le « changement de régime » l’emporte sur tout.

Outrage sélectif

Dans son article, Kristof a noté d’autres conflits où les États-Unis sont censés faire plus, en qualifiant la non-invasion de la Syrie de « tâche sur notre conscience à tous, similaire… aux yeux détournés de la Bosnie et du Rwanda dans les années 1990, du Darfour, dans les années 2000 ».

Notez encore l’indignation sélective de Kristof. Il n’appelle pas à une invasion américaine d’Israël / Palestine pour protéger les Palestiniens des opérations de « ratonnade » périodiques d’Israël. Il ne suggère pas non plus de bombarder les aérodromes saoudiens pour empêcher le bombardement continu du royaume des Yéménites. Et il ne proteste pas contre le massacre en Irak instiguée par les Etats-Unis, où des centaines de milliers de personnes ont péri, et il ne mentionne pas la guerre apparemment sans fin des Etats-Unis en Afghanistan.

Comme beaucoup d’autres experts traditionnels, Kristof adapte son humanitarisme à la cause de la domination mondiale des Etats-Unis. Après tout, combien de temps pensez-vous que Kristof garderait son poste de chroniqueur bien payé s’il plaidait pour une « zone d’exclusion aérienne » en Israël ou pour une intervention militaire contre l’Arabie Saoudite ?

Autrement dit, combien de courage professionnel faut-il avoir pour rejoindre la meute contre les « ennemis » des Etats-Unis une fois qu’ils ont été diabolisés ? Ce fut pourtant bien une telle « pensée grégaire » qui ouvrit la voie à l’invasion américaine de l’Irak pour renverser Saddam Hussein, une décision adoptée par les « faucons libéraux » aussi bien que les néo-conservateurs et qui marqua le début d’une souffrance massive à travers le Moyen-Orient et maintenant l’Europe. Selon certaines estimations, les morts irakiens s’élèvent à plus d’un million.

Donc, il faut se rappeler comment The New Yorker, The New York Times et d’autres soi-disant publications « progressistes » ont sauté sur le train en marche pour la guerre en Irak de George W. Bush. Ils sont devenus ce que l’ancien patron de Kristof, Bill Keller, a surnommé « le club des regarde-maman-je-suis-un-faucon » (Keller, soi-dit en passant, a été nommé rédacteur en chef lorsque les mensonges sur les armes de destruction massive en Irak furent démasqués. Comme beaucoup de ses collègues faucons, il n’ont au aucun compte à rendre pour leur crédulité ou carriérisme.)

Kristof n’a pas rejoint le club à ce moment-là, mais a signé plus tard, exhortant une campagne de bombardements massif en Syrie après que l’administration Obama ait fait des déclarations maintenant largement discréditées accusant le gouvernement de Bachar al-Assad d’avoir lancé une attaque au gaz sarin dans les environs de Damas, le 21 août 2013.

Nous savons maintenant que le président Obama n’a pas mis en oeuvre les plans de bombardement en partie parce que les analystes du renseignement US avaient dit qu’ils doutaient de la culpabilité d’Assad. Les preuves semblent désormais indiquer une provocation par les rebelles proches d’Al-Qaïda pour attirer les Etats-Unis dans une intervention à leurs côtés, mais le courant dominant des médias US persiste à dire qu’Obama n’a pas réussi à imposer sa « ligne rouge » contre Assad et l’utilisation d’armes chimiques, comme s’il s’agissait d’un « fait établi ».

Bien que la campagne de bombardement approuvé par Kristof en 2013 aurait pu jouer en faveur d’Al-Qaïda (ou de l’Etat islamique) et donc déclencher une tragédie encore pire pour le peuple syrien, le chroniqueur persiste à préconiser une invasion US de la Syrie, bien enveloppée dans un joli langage « humanitaire ». Mais il devrait être clair que les termes à consonance agréable comme « zones de sécurité » ne sont que des euphémismes pour « changement de régime », comme nous l’avons vu en Libye en 2011.

Oublier la réalité

Les médias « oublient » souvent qu’Obama a autorisé la formation et l’armement des soi-disant rebelles syriens « modérés » dont beaucoup se sont placés sous le commandement militaire du Front al-Nosra d’Al-Qaïda avec des armes américaines sophistiquées, telles que des missiles antichars TOW, qu’on retrouve dans les arsenaux d’al-Nosra et ses alliés djihadistes.

En d’autres termes, au-delà de l’indignation sélective sur la morale et le droit international, nous assistons à un journaliste sélectif. En effet, à travers toute la profession, on constate un abandon presque complet de l’objectivité en matière de reportages sur la politique étrangère des Etats-Unis. Même les publications libérales et de gauche s’en prennent maintenant à ceux qui ne rejoignent pas la dernière version de club des « « regarde-maman-je-suis-un-faucon ».

Tandis que de la politique étrangère dominée par le néo-conservatisme continue à pousser le monde vers toujours plus de catastrophes, nous voici désormais avec des plans de déstabilisation de la Russie qui possède l’arme nucléaire (hum… comment cela pourrait-il tourner mal ?), Les médias refusent de donner au peuple les informations objectives nécessaires pour freiner ces excès.

Pratiquement rien n’a été appris de la guerre catastrophique en Irak lorsque le gouvernement des Etats-Unis a rejeté les négociations et les inspections (ainsi que toute appréciation de la réalité complexe sur le terrain) pour adopter une posture de dur-à-cuire. À quelques exceptions près, les médias ont tout simplement suivi.

Aujourd’hui, la posture pro-guerre est profondément répandue au sein du Parti démocrate et même parmi certains gauchistes bellicistes qui se joignent à la fête pour insulter les quelques dissidents anti-guerre avec des méthodes McCarthyistes en accusant quiconque qui conteste la « pensée grégaire » sur la Syrie ou la Russie d’être un « apologiste d’Assad » ou un « larbin de Poutine ».

À la Convention nationale démocratique, certains des délégués de Hillary Clinton ont même scandé « USA, USA » pour étouffer les cris des délégués de Bernie Sanders qui criaient « assez de guerres ». D’une façon plus large, le médias dominants ont principalement ignoré ou réduit au silence tous ceux qui dévient de la sagesse conventionnelle dominée par le néo-conservatisme.

Robert Parry

Traduction « j’ai souvent retiré l’adjectif « américain » parlant des médias parce que c’est bien pareil chez nous, non ? » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

Source : Le Grand Soir, Robert Parry, 17-08-2016

Source: http://www.les-crises.fr/journalisme-hypocrite-par-robert-parry/


Miscellanées du Mercredi (Delamarche, Sapir, ScienceEtonnante, DataGueule)

Wednesday 31 August 2016 at 00:01

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche: “Tout le monde fait semblant de croire que la situation s’améliore” – 29/08

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): Qu’est-ce qui anime les mouvements des marchés en cette rentrée ? – 29/08

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Après le Brexit, les risques d’une catastrophe économique en Europe sont-ils écartés ? – 29/08

II. Jacques Sapir

La minute de Sapir: TAFTA : “La Commission Européenne aurait dû se taire” – 30/08

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (1/2): Quels éléments pourraient soutenir la croissance en zone euro ? – 30/08

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (2/2): Une éventuelle élection de Donald Trump pèserait-elle sur la croissance mondiale ? – 30/08

III. ScienceEtonnante

Vache folle & Prions — Science étonnante #26

IV. DataGueule

TAFTA ta gueule à la récré #DATAGUEULE 14


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

31

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-scienceetonnante-datagueule/


RIP Emmanuel Macron (2014-2016)

Tuesday 30 August 2016 at 23:55

  1. Inconnu il y a 2 ans
  2. Jamais élu
  3. “Présidentiable”…

Cela dénote un système mourant…

macron-depart

Source: http://www.les-crises.fr/rip-emmanuel-macron-2014-2016/


[Soutien] DiaCrisis – Appel aux dons 3e trimestre

Monday 29 August 2016 at 01:30

Vous êtes de nombreux membres à soutenir le blog et l’association depuis plusieurs mois, ce qui nous a beaucoup aidé… Je vous en remercie vivement.

Je rappelle aux nouveaux lecteurs que ce blog fonctionne à l’aide de dons des membres de DiaCrisis servant à compenser les coûts – il est sans but lucratif, et fonctionne avec 100 % de bénévoles.

Les finances

Vos dons ont été généreux en 2015. Cela nous a permis de changer de matériel informatique, de prendre un serveur de bien meilleure qualité, et, surtout, d’investir fortement dans la constitution d’une bibliothèque, avec beaucoup d’ouvrages qui nous permettront de réaliser de futures études.

J’espère que le blog continue à répondre à vos attentes, et que vous aurez envie de continuer à nous soutenir.

Je lance donc ce jour un appel à votre générosité pour le financement 2016 de l’association, avec un objectif restant de 6 000 € d’ici le 30/09/2016. Je rappelle que nous réalisons les appels à terme échu pour veiller à ce que les dons soient bien en phase avec les dépenses réelles (nous ne cherchons évidemment pas à réaliser des bénéfices).

La dépense principale de 2016 sera le financement de stagiaires, qui ont travaillé particulièrement dans le cadre de leurs études à la rédaction de synthèses consacrées à la propagande de guerre et aux faits historiques méconnus. Ils ont aussi travaillé à faire en sorte que les graphiques économiques reviennent cet automne

 

Je vous rappelle aussi que vos dons sont déductibles à 66 % de vos impôts (si vous êtes imposables). Ainsi, un don de 20 € ne vous coûtera au final que moins de 7 € et un de 100 € seulement 34 €

Les entreprises peuvent également réaliser un don déductible dans les mêmes conditions, au titre du mécénat.

 

Vous pouvez donner très simplement et de manière sécurisée avec une carte bleue : c’est ici (pas besoin d’avoir un compte Paypal, une Carte Bleue suffit pour réaliser le don). C’est le moyen le plus simple, en particulier pour moi… (NB : ne revenez pas en arrière durant le don, cela risque de bloquer la procédure pour 24 heures par sécurité).

Si vraiment vous n’avez pas confiance, vous pouvez également donner par virement bancaire (ou par chèque). Contactez-moi pour avoir le RIB de l’association – mais préférez vraiment la carte bancaire si possible svp. Sauf pour des dons supérieurs à 200 €, où il vaut mieux me contacter pour avoir le RIB, cela économisera des frais bancaires…

Dans tous les cas, n’hésitez pas, même pour de petits montants, vu votre nombre, cela aidera beaucoup… 🙂

Les projets

Les projets que nous souhaitons mener en 2016 sont les suivants :

Merci encore pour votre fidélité et votre soutien !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/bilan-financier-diacrisis/


[Bonne nouvelle] Les négociations sur le TIPP ont de facto échoué, estime Sigmar Gabriel

Sunday 28 August 2016 at 21:23

Et une bonne nouvelle, une… (mais restons vigilants….)

Source : La Tribune Dépêches, le 28 août 2016

ttip

BERLIN (Reuters) – Les négociations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne en vue de parvenir à un accord de libre échange ont “de facto” échoué, a déclaré dimanche le vice-chancelier et ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, à la ZDF.

“Les négociations avec les USA ont de facto échoué parce que nous, les Européens, nous ne voulions pas nous soumettre aux exigences américaines”, explique le chef de file du Parti social-démocrate allemand dans un extrait d’une interview accordée à la chaîne de télévision publique.

“Les choses ne progressent pas sur ce front”, ajoute-t-il.

Les négociations sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP, ou Tafta) ont débuté voici trois ans mais les deux parties n’ont pas été en mesure de surmonter leurs divergences. La victoire du Brexit au référendum du 23 juin sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE est un autre coup d’arrêt aux négociations.

Barack Obama, qui se heurte aussi à des oppositions aux Etats-Unis, comme la Commission européenne disent vouloir conclure un accord avant la fin du second et dernier mandat du président américain, en janvier prochain.

Source: http://www.les-crises.fr/bonne-nouvelle-les-negociations-sur-le-tipp-ont-de-facto-echoue-estime-sigmar-gabriel/


L’Union européenne a toujours été un projet de la CIA, comme les pro-Brexit le découvrent Ambrose Evans-Pritchard

Sunday 28 August 2016 at 02:00

Un exemple de ce qui se lit dans un grand media anglais de droite…

Source : The Telegraph, le 27/04/2016 Ambrose Evans-Pritchard

Le 27 avril 2016

Le fondateur de l'UE, Jean Monnet, était les yeux et les oreilles de Roosevelt en Europe. Certains affirment qu'il était un agent américain

Le fondateur de l’UE, Jean Monnet, était les yeux et les oreilles de Roosevelt en Europe. Certains affirment qu’il était un agent américain

Les pro-Brexit auraient dû être préparés pour l’intervention fracassante des États-Unis. L’Union européenne a toujours été un projet américain.

C’est Washington qui a conduit l’intégration européenne à la fin des années 1940 et elle l’a financée secrètement sous les administrations des présidents Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson et Nixon.

Le président américain Barack Obama a mis en garde la Grande-Bretagne de rester dans l'UE | CREDIT: AFP/GETTY

Le président américain Barack Obama a mis en garde la Grande-Bretagne de rester dans l’UE | CREDIT: AFP/GETTY

Tout en étant parfois irrités, les États-Unis se sont depuis appuyés sur l’Union européenne comme point d’ancrage de leurs intérêts régionaux, en même temps que sur l’OTAN

Cela n’a jamais été une stratégie de diviser pour régner.

Le camp eurosceptique a été étrangement aveugle à cela, supposant en quelque sorte que ces forces puissantes de l’autre côté de l’Atlantique encouragent la sécession de la Grande-Bretagne et les acclameront comme des libérateurs.

Le mouvement anti-Bruxelles en France, que l’on retrouve dans une moindre mesure en Italie et en Allemagne, et parmi la gauche des pays nordiques, travaille à partir du postulat opposé : l’UE est essentiellement un instrument du pouvoir anglo-saxon et du « capitalisme sauvage ». […]

Qu’on le veuille ou non, c’est au moins stratégiquement cohérent.

La Déclaration Schuman qui a donné le ton de la réconciliation franco-allemande, et qui devait mener par étapes à la Communauté Européenne, a été concoctée par le Secrétaire d’État américain Dean Acheson à un meeting à Foggy Bottom. « Tout a commencé à Washington, » a déclaré le chef de cabinet de Robert Schuman.

C’est l’administration du président Truman qui a fait pression sur les Français afin d’atteindre un modus vivendi avec l’Allemagne durant les premières années de l’après-guerre, en menaçant même de couper l’aide du Plan Marshall au cours d’un meeting furieux en compagnie de politiciens récalcitrants français qui ont résisté en septembre 1950.

Les tanks soviétiques envahissent Prague

Les tanks soviétiques envahissent Prague

La raison de Truman était évidente : on a mis un terme au consensus de Yalta avec l’Union soviétique. Il voulait un front uni afin de dissuader le Kremlin d’un agrandissement plus important après que Staline ait englouti la Tchécoslovaquie par Staline, et il le voulait encore plus ardemment après que la Corée du Nord communiste ait franchi le 38ème parallèle et envahi le sud.

Pour les eurosceptiques britanniques, Jean Monnet apparaît largement dans le panthéon fédéraliste en étant l’éminence grise de l’infamie supranationale. Peu nombreux sont les individus qui savent qu’il a passé la plupart de sa vie aux États-Unis et qu’il a servi comme étant les yeux et les oreilles de Franklin Roosevelt en temps de guerre.

Le Général de Gaulle pensait qu’il était un agent américain, ce qu’il était d’ailleurs d’une certaine façon. La biographie d’Eric Roussel sur Monnet révèle la manière dont il a travaillé main dans la main avec les administrations successives.

Le Général Charles de Gaulle a toujours été profondément méfiant envers les motivations américaines | CREDIT: ALAMY

Le Général Charles de Gaulle a toujours été profondément méfiant envers les motivations américaines | CREDIT: ALAMY

Il est étrange que cette étude magistrale de 1 000 pages n’ait jamais été traduite en anglais puisque c’est le meilleur travail jamais écrit à propos des origines de l’UE.

Peu de personnes non plus sont conscientes des documents déclassifiés provenant des archives du Département d’État montrant que les renseignements américains ont financé secrètement le mouvement européen depuis des décennies, et ont travaillé en coulisses de manière agressive afin de pousser la Grande-Bretagne dans le projet.

Comme ce journal qui a tout d’abord fait état d’un mémorandum daté du 26 juillet 1950, lorsque le trésor est devenu disponible, sur la révélation d’une campagne de promotion d’un parlement européen à part entière. Il est signé par le Général William J. Donovan, le chef du Bureau des Services Stratégiques des États-Unis (OSS) en temps de guerre mais aussi le précurseur de la CIA.

La façade clé de la CIA était le Comité Américain pour une Europe Unie, présidé par Donovan. Un autre document met en évidence que ce comité a fourni 53,5% des fonds à destination des mouvements européens en 1958. La direction incluait Walter Bedell Smith et Allen Dulles, les chefs de la CIA des années cinquante, puis une caste d’ex-officiers de l’OSS qui ont intégré ou démissionné de la CIA.

Bill Donovan, chef légendaire de l'OSS créé pendant la guerre, fut plus tard en charge d'orchestrer le projet de l'UE

Bill Donovan, chef légendaire de l’OSS créé pendant la guerre, fut plus tard en charge d’orchestrer le projet de l’UE

Les documents montrent que la CIA traitait certains des « pères fondateurs » comme des employés, puis les a activement empêchés de trouver des financements alternatifs qui auraient cassé la dépendance envers Washington.

Il n’y a rien de particulièrement vicieux à ce propos. Les États-Unis ont agi astucieusement dans le contexte de la Guerre Froide. La reconstruction politique de l’Europe était un succès fou.

Bien sûr, il y a eu de terribles erreurs de jugement au cours du processus. Un mémorandum datant du 11 juin 1965 donne l’ordre au vice-président de la Communauté Européenne de poursuivre furtivement l’union monétaire, supprimant le débat jusqu’à ce que « l’adoption de telles propositions devienne quasiment nécessaire. » Cela s’était avéré trop subtil, comme nous pouvons le voir aujourd’hui à partir du piège de la dette et de la déflation, puis du chômage de masse qui sévit à travers l’Europe du Sud.

Dans un sens, ces documents sont de l’histoire ancienne. Ce qu’ils montrent, c’est que « l’État profond » américain était trempé jusqu’au cou. Nous pouvons débattre pour savoir si Boris Johnson a franchi la ligne la semaine dernière en dénichant l’histoire en partie kenyane du président Barack Obama, mais l’erreur fatale était de supposer que la menace commerciale de M. Obama était liée aux supplices de son grand-père endurés dans un camp de prisonniers Mau Mau. C’était de la politique étrangère américaine tout-à-fait ordinaire.

En effet, on peut comprendre que M. Obama éprouverait de la rancœur après la divulgation récente des abus de la répression des Mau Mau. Celle-ci était une rupture honteuse de la discipline policière et coloniale, au grand dégoût des anciens combattants qui ont servi dans d’autres parties de l’Afrique. Cependant, le message de son livre extraordinaire « Les Rêves de mon Père » est qu’il s’évertue à s’élever au-dessus des rancunes historiques.

Les partisans du Brexit se réconfortent du fait que le candidat à l’investiture républicaine Ted Cruz veut une Grande-Bretagne post-Brexit afin de prendre « la première place de la file en vue d’un accord de libre-échange, » mais il dit cela simplement par calcul politique. M. Cruz se pliera aux impératifs washingtoniens – quels qu’ils soient à ce moment-là – s’il se retrouve un jour à la Maison-Blanche.

Le grand-père du président Obama était un prisonnier pendant la répression de la révolte des Mau Mau au Kenya, un épisode honteux de l'histoire coloniale britannique

Le grand-père du président Obama était un prisonnier pendant la répression de la révolte des Mau Mau au Kenya, un épisode honteux de l’histoire coloniale britannique

Il est vrai que l’Amérique avait changé d’avis sur l’UE une fois que les idéologues fanatiques ont gagné de l’ascendance à la fin des années 1980, en relançant cette union comme une superpuissance rivale avec des ambitions de défier et de surpasser les États-Unis.

John Kornblum, le chef du Département d’État des Affaires Européennes au cours des années 1990, déclare que c’était un cauchemar pour essayer de négocier avec Bruxelles. « J’ai fini par être totalement frustré. Dans les domaines militaires, sécuritaires et défensifs, l’UE est totalement dysfonctionnelle. »

Pour M. Kornblum, l’UE « a quitté psychologiquement l’OTAN » lorsqu’elle a essayé de créer sa propre structure de commande militaire, et elle l’a fait avec sa posture et son incompétence habituelle. Il souligne que « la Grande-Bretagne et l’Occident seraient en meilleur état si la Grande-Bretagne n’était pas dans l’UE. »

Cela est intéressant mais c’est un point de vue minoritaire au sein des cercles politiques américains. La frustration est passée dès que la Pologne et la première vague des pays de l’Est de l’Europe a rejoint l’UE en 2004, entraînant dans son sillage une troupe de gouvernements atlantistes.

Nous savons que l’UE et l’Amérique vivent une histoire d’amour difficile puisqu’un officiel américain de haut-rang a été pris, il y a deux ans, au cours d’une interception téléphonique rejetant Bruxelles pendant la crise ukrainienne avec ces mots lapidaires : « Merde à l’UE ».

Cependant, la vision omniprésente montre que l’ordre libéral occidental est sous une triple menace. L’UE doit être soutenue, tout comme la Grande-Bretagne et la France soutenaient judicieusement un Empire Ottoman chancelant au XIXème siècle puisque sa chute lente a directement conduit à la Première Guerre Mondiale.

Les menaces combinées d’aujourd’hui proviennent de la terreur djihadiste et d’une bande d’États faillis à travers le Maghreb et le Levant, d’un régime paria hautement militarisé à Moscou qui sera à court d’argent mais qui a une fenêtre d’opportunité avant que l’Europe ne réarme, et d’une crise extrêmement dangereuse dans la Mer de Chine Méridionale qui va en s’accroissant à mesure que Pékin teste la structure de l’alliance américaine.

Les dangers provenant de la Russie et de la Chine sont bien entendus interconnectés. Certains pessimistes soutiennent qu’il est probable que Vladimir Poutine tire profit d’une grave conflagration sur le bord du Pacifique afin de tenter sa chance en Europe. Dans les yeux de Washington, d’Ottawa, de Canberra, et de toutes ces capitales mondiales qui voient largement la Pax Americana comme un plus, ce n’est pas le moment pour la Grande-Bretagne de lancer un bâton de dynamite à l’intérieur de l’édifice bancal européen.

L’horrible vérité pour le camp du « Leave » est que l’establishment du monde occidental voit le Brexit comme du vandalisme stratégique. Que cela soit juste ou non, les pro-Brexit doivent répondre à ce reproche. Peu de personnalité politique tel que Lord Owen comprennent l’étendue du problème. La plupart semblait l’ignorer avec insouciance jusqu’à ce que M. Obama arrive à l’improviste.

De mon point de vue, le camp du Brexit devrait disposer de plans afin d’accroître de moitié la défense britannique à 3% du PIB, en promettant de propulser la Grande-Bretagne au sommet du pouvoir militaire non disputé de l’Europe. Ils devraient viser à rapprocher ce pays de la France dans une alliance de sécurité encore plus intime. Ce genre de mouvements permettrait au moins de contrarier l’un des plus gros canons du “Projet Fear”.

Les partisans du Brexit devraient se défaire de certaines idées quant aux conséquences de la sortie de l’UE par la Grande-Bretagne. Il n’y aura ni renoncement à ses responsabilités de grande puissance, ni retrait de la Convention Européenne des droits de l’Homme (de source britannique, la magna carta de la liberté), ni dénonciation des accords de la COP21 sur le climat, ni autres atermoiements.

Il serait excessif d’attendre un plan cohérent d’une coalition disparate, formée par la force des évènements. La plupart d’entre nous éprouve de la sympathie pour le camp du Brexit et souhaite rétablir un gouvernement souverain échappant à l’autorité usurpée par la cour Européenne de justice. Nous devons maintenant comprendre la manière dont les pro-Brexit entendent mener la sortie en limitant les dégâts collatéraux et dans l’honneur de ce pays.

Il est possible d’affronter l’UE, tout comme il est possible d’affronter les USA. Par contre, affronter la totalité des sociétés démocratiques simultanément, c’est tenter le sort.

Source : The Telegraph, le 27/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/lunion-europeenne-a-toujours-ete-un-projet-de-la-cia-comme-les-pro-brexit-le-decouvrent-ambrose-evans-pritchard/


Nous devons comprendre le pouvoir des entreprises pour pouvoir le combattre, par Chris Hedges

Sunday 28 August 2016 at 01:30

Source : Truthdig, le 12/06/2016

La candidate démocrate à la présidence, Hillary Clinton, sur un écran en train de s'adresser à ses partisans, au moment où les journalistes bouclent leurs articles après une conférence du candidat probable du parti Républicain, Donald Trump, le 7 juin. (Mary Altaffer / AP)

27 La candidate démocrate à la présidence, Hillary Clinton, sur un écran en train de s’adresser à ses partisans, au moment où les journalistes bouclent leurs articles après une conférence du candidat probable du parti Républicain, Donald Trump, le 7 juin. (Mary Altaffer / AP)

Durant l’hiver 1941, un fossoyeur juif de Chelmno, dans la province occidentale de la Pologne, arriva à Varsovie et chercha à rencontrer à tout prix les dirigeants juifs.

Il leur a dit que les nazis raflaient les juifs, y compris les vieux, les femmes et les enfants et qu’ils les forçaient à entrer dans ce qui avait l’air d’être des bus scellés. Les tuyaux d’échappement des bus étaient redirigés vers l’intérieur des cabines. Les occupants étaient tués par le monoxyde de carbone. Il a aidé à creuser, avec d’autres, des fosses communes pour y enterrer des milliers de corps avant de réussir à s’échapper.

Sur le chemin de Varsovie, il alla de village en village, avertissant en catastrophe les juifs. De nombreux juifs, dans les villages et à Varsovie, écoutèrent son horrible témoignage sans y prêter attention.

Quelques personnes, cependant, parmi lesquelles Zivia Lubetkin qui, deux ans plus tard, allait contribuer au soulèvement de 500 combattants armés dans le ghetto de Varsovie, ont immédiatement compris les véritables intentions de l’État nazi.

« Je ne sais pas comment nous avons intuitivement partagé cette même horrible conviction : l’annihilation totale des communautés juives dans l’Europe occupée est imminente, » écrit-elle dans ses mémoires «In the Days of Destruction and Revolt ».

Elle-même et une poignée de jeunes militants se mirent à préparer une révolte. À partir de ce moment, ils vécurent dans un monde parallèle.

« Nous marchions dans les rues bondées du ghetto de Varsovie, avec des centaines de milliers de gens qui se poussaient et se dépêchaient, effrayés, hostiles et tendus, qui vivaient dans l’illusion de se battre pour leur vie, leur maigre subsistance, mais, en réalité, si on fermait les yeux, on voyait qu’ils étaient déjà tous morts … »

L’establishment des dirigeants juifs avertirent les résistants qu’ils devaient abandonner la lutte et agir selon les paramètres établis par les occupants nazis. Quand les dirigeants juifs furent informés des projets de rébellion des militants, écrit-elle, ils « pâlirent, saisis de peur ou de colère devant notre audace. Ils étaient furieux. Ils nous reprochaient notre irresponsabilité, qui allait semer dans la population les germes du désespoir et de la confusion, pour notre impertinence à oser songer à la résistance armée.

Le plus grand problème que le mouvement clandestin ait eu à affronter, écrit-elle, était « les faux espoirs, les grandes illusions ». La tâche primordiale du mouvement était de détruire ces illusions. Il fallait qu’on connaisse la vérité pour que le mouvement de résistance puisse s’étendre.

Les buts de l’État-entreprise sont, vu l’effondrement imminent de l’écosystème, aussi mortels, peut-être même plus, que les actes génocidaires accomplis par les nazis et l’Union soviétique de Staline.

La portée et l’efficacité de la propagande des sociétés rend minuscule l’immense effort entrepris en ce domaine par Hitler et Staline. On nous trompe de façon ingénieuse et efficace et à plusieurs niveaux. Les informations sont de la propagande d’État. L’attention du peuple est détournée par les divertissements, plus ou moins sophistiqués, qui, tous, ignorent la réalité et font semblant de croire que la fiction de la liberté et du progrès est réelle.

L’instruction n’est que de l’endoctrinement. Les ersatz d’intellectuels, y compris les technocrates et les spécialistes, qui obéissent à la doctrine de l’État néolibéral et impérial, utilisent leurs références universitaires et leur érudition pour tromper le public.

Les promesses de l’État-entreprise et de ses dirigeants politiques — nous vous rendrons vos emplois, nous protégerons votre vie privée et vos libertés civiques, nous rebâtirons l’infrastructure de la nation, nous préserverons l’environnement, nous vous empêcherons d’être exploités par les banques et les sociétés prédatrices, nous vous ferons vivre en sécurité, nous nous occuperons de l’avenir de vos enfants — sont l’inverse de la réalité.

La perte du respect de la vie privée, la surveillance constante des citoyens, l’emploi de la police militarisée qui se conduit, sans discernement, avec une violence qui peut être fatale — ce qui est une réalité quotidienne dans les communautés à la marge — et l’aspiration permanente à faire plonger pas moins des deux tiers du pays dans la pauvreté afin d’enrichir une minuscule élite du monde des affaires, sans compter la psychose engendrée par la guerre permanente, voici les signes avant-coureurs d’une dystopie qui sera aussi horrible que les systèmes totalitaires qui ont envoyé des dizaines de millions d’hommes à leur mort pendant le nazisme et le communisme.

L’État-entreprise n’a pas plus la volonté de réformer ou de prendre en considération les besoins et les droits des citoyens qu’on n’avait la volonté, dans la Pologne occupée par les nazis, de prendre en considération les besoins et les droits des juifs. Cependant, jusqu’au dernier moment, on cachera cette réalité sous la vacuité rhétorique de la démocratie et de la réforme. Les régimes répressifs instituent peu à peu des formes de contrôle de plus en plus dures tout en niant leurs intentions. Lorsqu’un peuple captif se rend compte de ce qui se passe, il est déjà trop tard.

C’est en utilisant des ruses sophistiquées, de belles histoires que les nazis empêchaient de se rebeller les juifs et leurs compagnons d’infortune jusqu’à ce qu’ils atteignent les portes des chambres à gaz, habituellement ornées d’une immense étoile de David. On disait à ceux qui partaient pour les camps de la mort qu’ils allaient travailler. On avait fait ressembler les rampes de débarquement de Treblinka à une station de chemin de fer avec de faux horaires de train sur les murs, une fausse horloge et un guichet. Des musiciens du camp jouaient. Les gens âgés et les infirmes étaient conduits depuis les wagons à bestiaux jusqu’à un bâtiment appelé infirmerie qui portait le symbole de la Croix Rouge, avant de recevoir une balle dans la nuque. On donnait aux hommes, aux femmes et aux enfants, qui allaient mourir dans les chambres à gaz, moins d’une heure plus tard, des tickets pour leurs vêtements et leurs possessions de valeur.

« Les Allemands étaient on ne peut plus courtois quand ils conduisaient leurs victimes à l’abattoir, » notait amèrement Zivia Lubetkin.

Les juifs dans les ghettos, qui attendaient d’être déportés dans les camps de la mort, se divisaient en deux groupes, ceux qui travaillaient pour les nazis et avaient donc certains privilèges et ceux qui ne le faisaient pas, cette division provoquant des confrontations jusqu’aux déportations finales. Et il y avait des juifs qui collaboraient avec les assassins dans le vain espoir d’être épargnés. Ils étaient organisés en Conseils juifs ou Judenrat, et avaient créé des unités de police juive, avec ceux que Zivia Lubetkin appelle « leurs copains, les spectateurs et les profiteurs, ainsi que les trafiquants de marché noir. »

Dans les camps de la mort, des juifs, pour rester en vie un peu plus longtemps, travaillaient dans les crématoires et les commandos spéciaux. Il se trouve toujours, parmi les opprimés, des gens prêts à vendre leur voisin pour quelques miettes de pain en plus. Quand il n’a plus d’espoir, il ne reste souvent à choisir qu’entre la collaboration et la mort.

Nos maîtres du monde des affaires savent ce qui va se passer. Ils savent qu’au moment où l’écosystème va s’effondrer, où les démantèlements financiers vont créer des déconfitures financières mondiales, où les ressources naturelles vont être inutilisables ou épuisées, le désespoir va faire place à la panique et à la rage.

Ils savent que les villes côtières vont être englouties par la hausse du niveau de la mer, que les rendements des cultures vont chuter, que l’augmentation des températures va rendre inhabitables de grandes parties du globe, que les océans vont être des zones mortes, que le désespoir va conduire des centaines de millions de réfugiés à s’enfuir de chez eux, et que les formes complexes de gouvernement et d’organisation vont voler en éclats.

Ils savent que la légitimité du pouvoir du monde des affaires et du néolibéralisme, qui est une idéologie aussi puissante et utopiste que le fascisme ou le communisme, va s’effondrer. Ils ont pour but de nous garder dupés et démobilisés aussi longtemps que possible.

L’État-entreprise, qui commande un système que Sheldon Wolin a appelé « totalitarisme inversé » investit des sommes considérables, 5 milliards de dollars dans cette seule élection présidentielle, par exemple, pour s’assurer que nous ne voyions pas ses intentions ni la terrible situation dans laquelle nous allons finir par nous trouver.

Ces systèmes de propagande jouent sur nos émotions et nos désirs. Ils nous font confondre les idées qu’ils nous servent avec le savoir. Ils nous font nous identifier avec la personnalité préfabriquée d’un candidat à une charge politique. Des millions ont pleuré à la mort de Joseph Staline, et il y avait parmi eux des gens qui avaient été emprisonnés dans ses goulags. Si puissant est le désir de croire à la nature paternelle d’un pouvoir despotique.

L’édifice se fissure. La défiance envers le néolibéralisme a été la force motrice derrière les rébellions dans les partis républicain et démocrate. Donald Trump et Hillary Clinton, bien sûr, ne feront rien pour arrêter les attaques des entreprises. Il n’y aura pas de réforme. Les systèmes totalitaires ne sont pas rationnels. On se contentera de réprimer plus fortement et de rendre l’endoctrinement et la propagande de plus en plus envahissants. On fera taire les dissidents, maintenant marginalisés.

Il est maintenant temps de quitter l’establishment, en clair il faut commencer à organiser des groupes, y compris des partis politiques, indépendants des machines politiques liées aux milieux d’affaires, qui contrôlent les Républicains et les Démocrates.

Il faut nous lancer dans des actes de désobéissance civile permanente, il faut provoquer des perturbations.

Notre résistance doit être non violente. Les juifs du ghetto de Varsovie, condamnés à une mort imminente et aliénés de la population polonaise très antisémite, n’avaient aucun espoir d’en appeler à l’État nazi ou à la plupart des Polonais.

Cependant nous, nous avons encore le choix. Beaucoup qui travaillent dans les structures de la classe dominante comprennent la corruption et la malhonnêteté du pouvoir lié aux sociétés. Nous devons faire appel à leur conscience. Nous devons diffuser la vérité.

Il nous reste peu de temps. Le changement climatique, même si nous arrêtons toutes les émissions de carbone aujourd’hui, provoquera, dans une grande partie de la planète, hausse des températures, ravages, instabilité et effondrement des systèmes.

Espérons que nous ne devrons jamais faire le choix sinistre que la plupart des combattants du ghetto ont fait, le choix de notre mort. Si nous ne réussissons pas à agir, cependant, ce choix définira un jour notre avenir, comme il a défini le leur.

Source : Truthdig, le 12/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/nous-devons-comprendre-le-pouvoir-des-entreprises-pour-pouvoir-le-combattre-par-chris-edges/


Arguments fallacieux en faveur d’une escalade en Syrie, par Jonathan Marshall

Sunday 28 August 2016 at 01:00

Source : Consortiumnews.com, le 23/06/2016

Le 23 juin 2016

Exclusif : Les guerriers de salon de Washington battent le tambour pour que s’intensifie l’intervention militaire en Syrie, mais, selon un nouveau rapport, il y a peu de raisons de croire que cela serve à grand-chose.

Par Jonathan Marshall

51 fonctionnaires du département d’État ont récemment manifesté leur désaccord et appelé à l’intensification de l’intervention militaire en Syrie, mais ce n’est là qu’une des dizaines de demandes similaires faites par des néoconservateurs ou des libéraux angoissés. Ils accusent, en effet, le président Obama d’avoir moralement échoué puisqu’il n’a pas imposé militairement la paix en Syrie.

Quasiment au même moment où ce désaccord était rendu public, le belliciste Center for New American Security a fait ces mêmes recommandations sous l’égide de Michele Flournoy, probable ministre de la Défense de Hillary Clinton. Dans son rapport, il demande qu’on « arme et entraîne » davantage les rebelles anti-gouvernementaux, qu’on procède à des « frappes limitées » contre le régime d’Assad, et qu’on élimine les « limitations artificielles de personnel » pour les missions militaires dans le pays.

Un orchestre russe donne un concert dans l'ancien théâtre de Palmyre le 5 mai 2016, après que les troupes syriennes, soutenues par l'aviation russe, ont repris l'antique cité à l'État islamique. (Image : retransmission en direct de l'évènement par RT)

Un orchestre russe donne un concert dans l’ancien théâtre de Palmyre le 5 mai 2016, après que les troupes syriennes, soutenues par l’aviation russe, ont repris l’antique cité à l’État islamique. (Image : retransmission en direct de l’évènement par RT)

Des critiques avertissent certes que de telles initiatives politiques mises en œuvre sans l’aval des Nations Unies violeraient le droit international et feraient courir le risque d’une dangereuse confrontation avec la Russie. Cependant, il y a quelque chose de plus grave encore dans cette avalanche de rapports, de discours et d’articles qui demandent une intensification « limitée » et « judicieuse » de l’intervention militaire : jamais, en effet, ils ne font valoir, arguments à l’appui, que ces interventions auraient le succès escompté.

C’est une forme de pensée magique qu’on voit à l’œuvre dans ces revendications. Les chantres de l’intervention s’acharnent à prendre leurs désirs pour la réalité, persuadés que si la plus grande superpuissance du monde veut quelque chose assez fort, elle sera capable de l’avoir. Toutefois, nos désastreuses expériences en Irak et en Libye, sans oublier le Vietnam, auraient dû faire bien comprendre à tout être doué de raison ceci : l’Amérique est tout simplement dépourvue de la capacité de trouver sur place les partenaires qui conviennent, de leur donner les moyens d’agir et d’imposer alors le dénouement politique de son action.

Notre expérience en Syrie même aurait dû clarifier la situation. Le président Obama a ordonné au Pentagone de dépenser 500 millions de dollars pour « entraîner et équiper » les « modérés » opposés au régime. Le programme a permis de former 54 recrues, qui, pour la plupart, ont été vite kidnappées par al-Nosra, groupe affilié à l’al-Qaïda locale, peut-être à l’instigation de la Turquie. De la même façon, al-Nosra s’est invariablement emparée des armes américaines destinées aux rebelles « modérés ».

Un rapport contradictoire

Ne me croyez pas sur parole cependant ! Lisez donc le nouveau rapport spectaculairement contradictoire de la Century Foundation intitulé « Les arguments en faveur d’une intensification de l’intervention des États-Unis en Syrie ». En dépit de ses recommandations conventionnelles, l’auteur Thanassis Cambanis offre toutes les raisons de douter de l’amélioration que pourrait apporter l’intensification de l’intervention.

Comme Cambanis l’avoue, l’administration Obama a « financé, formé et armé des groupes de l’opposition » depuis plusieurs années maintenant. Et il reconnaît que « la plupart des membres de l’opposition armée n’a survécu que grâce à l’intervention étrangère, excepté cependant les éléments les plus terrifiants comme l’EI et al-Nosra. »

Le journaliste James Foley peu avant son exécution par un agent de l'EI, connu sous le nom de Jihadi John.

Le journaliste James Foley peu avant son exécution par un agent de l’EI, connu sous le nom de Jihadi John.

Malheureusement, ajoute-t-il, les alliés préférés de Washington ne sont pas « en contact avec les groupes les plus importants qui se battent et offrent des services dans les zones contrôlées par les rebelles. »

Certains groupes kurdes, auxquels la Turquie s’oppose âprement, ont accompli des exploits sur le champ de bataille. Cependant, la force locale préférée des Américains, l’Armée syrienne libre, est un regroupement disparate de milices « citoyennes », de mafieux locaux, de bandes de gangsters et de forces semi-professionnelles dont les promesses ne se sont « jamais concrétisées, » écrit Cambanis. « Les brigades de l’Armée syrienne libre sont aussi cruellement divisées aujourd’hui qu’elles l’étaient en 2011-2012 et peut-être même plus. Les États-Unis n’ont pas réussi à amadouer même les plus minuscules des brigades pour les persuader d’accepter un commandement conjoint. »

Pire encore : « Beaucoup de membres de l’Armée syrienne libre se sont laissés corrompre, se sont montrés brutaux, ont torturé ou commis d’autres crimes, » écrit Cambanis.

Les modérés, semble-t-il, ne font pas de bons combattants. En revanche, selon Cambanis, nos alliés comme l’Arabie saoudite et la Turquie ont financé « d’autres forces combattantes islamistes, y compris l’Armée de l’Islam aux alentours de Damas et Ahrar al-Sham, un groupe avec des pedigrees à la fois djihadiste et nationaliste, qui est la force rebelle militante la plus puissante du nord de la Syrie, en dehors du Front al-Nosra et de l’EI. Il y a peu de groupes qu’on puisse qualifier de “modérés” ; les seuls acteurs unitaires dont on perçoit les chaînes de commandement sont les groupes extrémistes islamistes-djihadistes comme l’EI, al-Nosra et Ahrar al-Sham. »

La domination islamiste

En fait, les islamistes dominent tellement, reconnaît Cambanis, que « dans la plus grande partie du nord de la Syrie tenu par les rebelles, les groupes de l’Armée syrienne libre n’existent la plupart du temps que grâce au bon vouloir de Ahrar ou de al-Nosra, et dans certains endroits, ils sont menacés d’annihilation par l’EI. »

Le président Obama, le secrétaire d'État John Kerry, d'autres chefs d'État et des délégations observent une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Paris le 30 novembre 2015. (Official White House Photo by Pete Souza)

Le président Obama, le secrétaire d’État John Kerry, d’autres chefs d’État et des délégations observent une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Paris le 30 novembre 2015. (Official White House Photo by Pete Souza)

Bilan : « Il n’y a pas de faction importante, “modérée”, nationaliste ou laïque qui pourrait conduire à une offensive militaire, encore moins représenter l’opposition lors de négociations. N’importe quelle intervention anti Assad profitera, à court terme, aux factions les plus puissantes, les extrémistes et les djihadistes, » avoue-t-il.

Le partisan type d’une intensification de l’intervention militaire américaine se soucie aussi peu des réalités du régime que de celles de l’opposition. Contrairement à eux, Cambanis concède qu’Assad ne dirige pas son pays uniquement par la terreur.

Le gouvernement d’Assad « possède d’importantes réserves de légitimité, » écrit Cambanis. « Il a su garder l’adhésion de millions de Sunnites, comme celui de milliers de Kurdes. »

« Si l’on en croit certains, il y en a beaucoup plus, peut-être des millions, qui n’aiment pas la manière dont Assad dirige la Syrie, mais préfèrent sa dictature laïque et pluraliste à l’alternative que, selon eux, offre la rébellion : violence, anarchie, ou théocratie sunnite… L’alternative, à leur avis, est le genre de sectarisme incontrôlé dont ils ont entendu parler dans les zones contrôlées par l’État islamique, Nosra, Ahrar…  et même les groupes estampillés Armée syrienne libre, soi-disant modérés. »

Voici donc la situation : des millions de Syriens soutiennent Assad, ou le préfèrent à défaut d’une meilleure alternative. Ses adversaires armés sont principalement des islamistes radicaux, ne variant que dans leur désir de faire des compromis tactiques. Tous les efforts américains précédents pour rassembler une force efficace de « modérés » ont complètement échoué.

Alors, comment les interventionnistes peuvent-ils penser que renforcer une stratégie qui a échoué produira un résultat différent et meilleur ? À la lumière de ces échecs, comment osent-ils invoquer le sens moral ? Qu’est-ce qui leur donne le droit d’être pris au sérieux comme experts en politique étrangère ? Il est temps d’appeler la plupart de ces guerriers de salon ce qu’ils sont : des imposteurs.

Source : Consortiumnews.com, le 23/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/arguments-fallacieux-en-faveur-dune-escalade-en-syrie-par-jonathan-marshall/


L’élite de connivence avec Tony Blair veut arracher le Labour à la classe ouvrière, par Nafeez Ahmed

Sunday 28 August 2016 at 00:30

Source : The Canary, le 27/06/2016

Le 27 juin 2016

Nafeez Ahmed

3182415312_2dbce3baa5_b-770x470

Le dernier coup monté contre Jeremy Corbyn au sein du Parti travailliste a été mené par un réseau élitiste blairiste qui a toujours vu sa soudaine ascension à la direction du parti comme une menace à leur contrôle déclinant sur celui-ci.

Une enquête de The Canary révèle que les organisateurs de la campagne font partie de la “vieille garde” pro-Blair.

Lors de la période précédant les élections de la direction du Labour en septembre 2015, ils ont essayé de remodeler le parti selon une vision pro-guerre, pro-entreprises liée à l’aile néoconservatrice du parti démocrate américain.

Mais la victoire de Jeremy Corbyn a fait capoter totalement leurs plans.

Les 15 secrétaires d’État et 9 ministres qui ont démissionné du cabinet d’opposition de Corbyn sont tous affiliés, ou impliqués, dans la “Fabian Society” – le think-tank affilié au Labour.

La Fabian Society fut une des principales forces dans l’établissement des bases intellectuelles du nouveau Labour sous la direction du Premier ministre Blair et est restée très proche des soutiens de Blair au sein du parti. Ce fut également la principale force à tenter d’imposer à nouveau une vision blairiste avant la victoire surprise de Corbyn à la direction.

Conor McGinn et Hilary Benn

Selon la correspondante Sophy Ridge de Sky News, l’avalanche de démissions au sein du cabinet de Corbyn a été largement “orchestrée” par un homme : Conor McGinn, député travailliste pour St Helens North.

Elle affirmait :

Il appelle les membres et ministres du cabinet, organise le calendrier et coordonne les démissions pour essayer de créer l’impact maximal. C’est important car il est l’un des chefs de la majorité de Jeremy Corbyn – dont la tâche est d’assurer la discipline au sein du parti.

McGinn, toutefois, appartient à un réseau plus large de politiciens blairistes qui se sont opposés à la direction du parti par Corbyn dès le début. Il a été lié à la Fabian Society en tant que dirigeant durant ses fonctions dans le but d’essayer de “refondre” le parti selon un agenda blairiste pro-guerre et pro-entreprises.

En mai, McGinn a dit sur PoliticsHome.com que le gouvernement de Blair fut “le gouvernement ayant apporté le plus de transformations dans l’histoire britannique de ces 100 dernières années,” et se décrivait lui-même comme un pro-interventionniste.

McGinn a formellement rejoint la campagne pluripartite pro-Union européenne, Britain Stronger In Europe (La Grande-Bretagne plus forte en Europe), en tant que “chef de file politique”, aux côtés de Hilary Benn.

Au cours du weekend, Jeremy Corbyn a congédié Benn de son poste de secrétaire des affaires étrangères. Dimanche, The Observer rapportait que Benn avait contacté ses camarades députés durant le weekend pour discuter de la perspective d’une stratégie anti-Corbyn.

La confirmation de Sky News que ce processus avait été coordonné par un des chefs de la majorité de Corbyn, Conor McGinn, suggère que McGinn et Benn ont travaillé ensemble pour orchestrer les soudaines démissions.

McGinn n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires.

Le coup de grâce de la brigade de Blair

La campagne ratée de Britain Stronger In Europe a été menée par le directeur exécutif Will Straw, le fils de Jack Straw, qui a servi en tant que secrétaire de l’intérieur et secrétaire des affaires étrangères sous le précédent premier ministre, Tony Blair.

Lundi, Straw, via Britain Stronger in Europe, a appelé Jeremy Corbyn à démissionner.

Le groupe de campagne #Remain de Will Straw avait été largement financé par le milliardaire et donateur de longue date du Parti travailliste, Lord Sainsbury, ami proche de Tony Blair.

Straw fait partie d’un réseau de fidèles blairistes essayant de “remodeler” le Parti travailliste – un projet démoli par la victoire écrasante de Jeremy Corbyn aux élections pour la direction du parti en septembre 2015.

Bien que Straw fils ait, en public, pris ses distances vis-à-vis du soutien de son père à la guerre en Irak de 2003, il est, dit-on, un défenseur de la guerre en privé. Le dirigeant actuel du Parti travailliste, Corbyn, a dit en mai qu’il tiendrait sa promesse de demander l’ouverture d’une enquête pour crime de guerre à l’encontre de Blair.

Depuis 2009, des registres découverts par l’auteur de ces lignes lors d’une précédente enquête montrent que Will Straw a été un directeur de la société Left Foot Forward Ltd., qui possède et publie le blog politique soi-disant “indépendant” et “non-aligné” du même nom. Le co-directeur de la société est Marcus Alexander Roberts, un ancien directeur sur le terrain de la campagne du prédécesseur de Corbyn, Ed Miliband.

Comme l’a montré l’enquête, sous l’ancienne direction éditoriale de James Bloodworth, le soi-disant “blog de gauche N°1” en Grande-Bretagne s’était presque donné pour mission de faire la satire de la direction de Corbyn à chaque opportunité, abandonnant toute mesure.

La biographie de Straw sur le site de Left Foot Forward ne mentionne pas son rôle dans le conseil d’administration de la société.

Le co-directeur de Straw chez Left Foot Forward Ltd., Marcus Roberts, est en même temps directeur de Zentrum Consulting Ltd., qui se décrit elle-même dans le “conseil politique”. Roberts a précédemment passé du temps aux États-Unis sur les campagnes présidentielles d’Al Gore, John Kerry et Barack Obama.

Roberts est par la suite devenu chef de la campagne victorieuse de Sadiq Khan pour le poste de maire.

Toutefois, et justement durant le contrat du Parti travailliste avec Zentrum, de 2011 à 2015, Marcus Roberts était également secrétaire général adjoint de la Fabian Society, où il a mené la politique de recherche sur comment reconstituer le Labour – incluant le travail de son ami et co-directeur Will Straw.

Durant cette période, de 2012 à 2013, Conor McGinn – qui aurait orchestré les démissions du cabinet travailliste – était un collègue de Roberts, comme vice-président de Young Fabians, une filiale de Fabian Society.

Zentrum : une tentative blairiste de détourner le Labour

En 2011, le Parti travailliste avait aussi engagé le groupe de conseil de Marcus Roberts, Zentrum, pour mener la campagne de “refonte du Labour” à la demande de Lord Peter Hain, autre ministre de cabinet sous Blair.

En effet, la Fabian Society avait alors été détournée en une opération de “refonte” blairiste du Labour sous la direction de Roberts.

Selon Dan Hodges, citant “des responsables du parti”, Zentrum a été “utilisé dans les faits pour contourner le parti.”

“Quelqu’un refond le Labour,” concluait Hodges. “Mais qui ?”

A travers Zentrum Consultancy Ltd., le réseau blairiste de plus en plus impopulaire au sein du parti a tenté de maintenir son influence, plutôt que de s’engager pleinement pour le parti lui-même.

A cette époque, la société Zentrum de Marcus Roberts était co-dirigée par Franck Spring, un conseiller de campagne basé aux États-Unis. Spring est un partenaire politique au sein du “Truman National Security Project”, un think-tank constitué de conseillers politiques pro-Parti démocrate. En 2006, le Los Angeles Times décrivait le Projet Truman comme un mouvement “d’éphémères néoconservateurs de gauche” :

“Cette nouvelle moisson de faucons libéraux appelle au développement de la guerre anti-terroriste, augmentant l’armée et promouvant la démocratie autour du globe. Ils veulent, en substance, revenir aux croyances qui sont à l’origine de la place importante qu’occupent les néoconservateurs, croyances qui motivaient les libéraux à l’ancienne de la guerre froide tel que le sénateur démocrate Henry ‘Scoop’ Jackson.”

L’élection de Jérémy Corbyn comme leader du Labour a, selon toutes évidences, mis des bâtons dans les roues à tout l’effort blairiste de “refonte du Labour” selon le modèle pro-guerre et pro-entreprises des faucons néoconservateurs du parti démocrate.

En réponses aux demandes via twitter de clarification sur le point de savoir s’il avait connaissance du rôle de son ancien collègue au sein de la Fabian Society, Conor McGinn, dans la tentative de putsch au sein du Labour, Marcus Roberts a décliné la question mais a répondu :

“Vous demanderez aux députés ce qu’ils font. Moi : j’ai voté Liz l’année dernière ! :)”

Roberts a admis qu’il avait précédemment voté pour la fervente blairiste Liz Kendall, qui était parmi ceux qui risquaient une défaite écrasante contre Corbyn lors de la campagne pour la direction.

Steve Topple et Elizabeth Mizon ont contribué aux recherches pour cet article.

Source : The Canary, le 27/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/lelite-de-connivence-avec-tony-blair-veut-arracher-le-labour-a-la-classe-ouvriere-par-nafeez-ahmed/


France : le maintien de l’interdiction du burkini menace les droits des femmes, par Amnesty International

Sunday 28 August 2016 at 00:01

Un sain rappel de quelques libertés fondamentales…

Source : Amnesty International, 25/08/2016

burqini

Le maintien de l’interdiction du burkini risque de donner le feu vert pour des violences contre les femmes et les filles. 

Le fait de ne pas annuler l’interdiction du burkini représenterait une occasion manquée de mettre un terme aux atteintes aux libertés d’expression et de religion des femmes et à leur droit de ne pas subir une discrimination alors que la plus haute juridiction administrative en France examine une requête contre cette interdiction.

Cette requête examinée le 25 août offre à la justice française l’occasion d’annuler une interdiction discriminatoire qui se fonde sur, et qui nourrit, des préjugés et l’intolérance.

Les autorités françaises doivent cesser de prétexter que ces mesures sont destinées à protéger les droits de femmes. En réalité, ce type de mesures discriminatoires et invasives restreint les choix des femmes, viole leurs droits et conduit à des violences.

DES ARGUMENTS BASÉS SUR DES STÉRÉOTYPES

Ces dernières semaines, en France, plusieurs maires ont pris des arrêtés réglementant le port des tenues de bain. Certains de ces décrets se réfèrent à des préoccupations manifestement spécieuses relatives à la sécurité, à l’hygiène et à l’ordre public pour justifier de telles mesures, et d’autres sont même censés avoir été pris pour protéger les droits des femmes. Or, les arguments avancés pour justifier leur adoption sont tous basés sur des stéréotypes négatifs attachés à une minorité déjà stigmatisée.

Ces interdictions ne contribuent en rien à renforcer la sécurité publique, mais font beaucoup pour favoriser une humiliation publique. Elles sont non seulement en soi discriminatoires mais, comme nous l’avons vu, leur application entraîne aussi des violences et un traitement dégradant pour les femmes et les filles musulmanes.

Si les autorités françaises étaient réellement déterminées à protéger la liberté d’expression et les droits des femmes, ces interdictions abusives seraient immédiatement et inconditionnellement suspendues. 

L’image illustrant cet article est sous licence creative common

Source : Amnesty International, 25/08/2016

=====================================

Affaire du “burkini” : le Conseil d’État défend les libertés fondamentales

Source : LDH Toulon, 26-08-2016

Communiqué de la section LDH de Toulon

La sage décision du Conseil d’État pourrait faire jurisprudence

Saisi par la LDH puis, par le CCIF [1], le Conseil d’État a pris la sage décision de suspendre l’arrêté municipal de la commune de Villeneuve-Loubet (Alpes-maritimes), interdisant la tenue vestimentaire dite « burkini » en rappelant que : « Si le maire est chargé par les dispositions citées au point 4 du maintien de l’ordre dans la commune, il doit concilier l’accomplissement de sa mission avec le respect des libertés garanties par les lois. Il en résulte que les mesures de police que le maire d’une commune du littoral édicte en vue de réglementer l’accès à la plage et la pratique de la baignade doivent être adaptées, nécessaires et proportionnées au regard des seules nécessités de l’ordre public (…) Il n’appartient pas au maire de se fonder sur d’autres considérations (…) [2] »

A l’instar de Maître SPINOSI, avocat de la LDH, souhaitons que cette décision fasse jurisprudence et que les maires concernés lèvent d’eux-mêmes des arrêtés qui portent une atteinte disproportionnée aux libertés fondamentales.

 

Communiqué LDH

Paris, le 26 août 2016

Un coup d’arrêt utile mais qui ne résout rien

La décision du Conseil d’Etat vient, heureusement, de donner un coup d’arrêt à la volonté de certains responsables politiques, de droite, d’extrême droite et de gauche, de porter atteinte à la liberté de conscience, aux libertés individuelles et de faire de la laïcité un instrument d’exclusion.

Mais cette décision ne résout rien. Des élus municipaux ont pu s’en prendre à des femmes en raison de leur pratique religieuse, on a trouvé des juges pour les approuver et du Premier ministre au Front national en passant par Nicolas Sarkozy tous sont d’accord pour faire, par idéologie et appétit de pouvoir, de nos concitoyens musulmans des Français pas comme les autres.

Outre le ridicule d’un débat qui a fait de la France la risée du monde, ce qui est en jeu ici, c’est la division de la nation selon l’origine et la religion des hommes et des femmes qui vivent en France.

Nous récusons cette vision de la France et nous appelons les femmes et les hommes de ce pays à la rejeter. La LDH appelle tous les maires qui ont cru devoir prendre cette mesure à la rapporter sans délai.

communiqué LDH

Paris, le 12 août 2016

LE MAIRE DE CANNES INTERDIT LA BAIGNADE ET BAIGNE DANS LA HAINE RELIGIEUSE

Le maire de Cannes vient d’interdire l’accès aux plages de cette commune et la baignade aux personnes qui n’auraient pas une « tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime »… Le maire précise sa pensée en indiquant que le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes est également interdit.

Bien entendu, ce que le maire de Cannes veut interdire c’est le port de vêtements de bains intégraux, portés par des femmes de confession musulmane.

Détournant la laïcité de sa vocation, le maire de Cannes organise la discrimination contre des femmes qui ne commettent aucun délit, si ce n’est aux yeux du maire, d’avoir une certaine pratique de leur religion.

S’appuyant sur l’état d’urgence et faisant explicitement référence aux deux derniers attentats, le maire de Cannes pratique ainsi un amalgame périlleux pour la paix sociale.

Et il est désolant de constater que le préfet n’a engagé aucun recours contre cette délibération, engageant ainsi la responsabilité du gouvernement.

La LDH a décidé de saisir la juridiction administrative d’une procédure en suspension de cet arrêté et de saisir le procureur de la République d’une plainte pénale contre le maire.

Paris, le 12 août 2016

Notes

[1] CCIF ; Association de défense des droits de l’homme Collectif contre l’islamophobie en France.

[2] La décision est accessible dans son intégralité sur le site du Conseil d’État.

Source : LDH Toulon, 26-08-2016

Source: http://www.les-crises.fr/france-le-maintien-de-linterdiction-du-burkini-menace-les-droits-des-femmes-par-amnesty-international/