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Ukraine : plusieurs anciens ministres européens appellent à exercer une pleine retenue militaire et politique

Friday 22 August 2014 at 03:52

Gestion de la crise en Europe dans le contexte des événements en Ukraine - Jeudi 31 juillet 2014

La Mission de Coopération dans la Grande Europe (Task Force on Cooperation in Greater Europe) estime que la crise actuelle fait peser un risque sur la sécurité européenne et met face à face des adversaires dotés de l’arme nucléaire dans une région hautement instable. Dans sa deuxième prise de position sur la Gestion de la crise en Europe dans le contexte des événements en Ukraine, la Mission appelle les deux parties à :

La Mission appelle également les deux parties à :

Parmis les signataires de l’article :
  • Malcolm Rifkind (ancien Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères et à la Défense du Royaume Uni)
  • Des Browne (ancien Secrétaire d’Etat à la Défense du Royaume Uni)
  • Vyacheslav Troubnikov (ancien Directeur des services Russes)
  • Igor Ivanov (ancien Ministre Russe des Affaires Etrangères)
  • Adam Daniel Rotfeld (ancien Ministre Polonais des Affaires Etrangères)
  • Paul Quiles (ancien Ministre Français de la Défense)
  • Herve Morin (ancien Ministre Français de la Défense)
  • Anatoly Adamichine (ancien ministre Russe délégué aux Affaires Etrangères et Ambassadeur au Royaume Uni)
  • Özdem Sanberk (ancien sous-secrétaire d’Etat Turc aux Affaires Etrangères)
  • Volker Ruhe (ancien ministre Allemand de la Défense)
  • Alexei Gromyko (Directeur de l’Institut de l’Europe de l’Académie des Sciences Russe)
  • Tarja Cronberg (ancienne députée Finnoise en ancienne Directrice de l’Institut de Recherche sur la Paix de Copenhague)
Dans sa première prise de position publiée en janvier 2014, le groupe de travail a affirmé que, si les Européens ne jetaient pas les bases d’un nouveau grand projet de coopération européen, les divisions entre l’UE et la Russie pourraient générer une nouvelle période de confrontations en Europe.
L’exposé est disponible ici.
Le groupe de travail est soutenu par les recherches indépendantes d’un consortium de think-tanks : le European Leadership Network (ELN) à Londres ; le  Russian International Affairs Council (RIAC) à Moscou ; le  Polish Institute of International Affairs (PISM) à Varsovie et le International Strategic Research Organisation (USAK) à Ankara. Vous trouverez plus d’informations sur le site du groupe de travail.
L’exposé complet, toutes signatures incluses, est dorénavant disponible au téléchargement en anglais, russe, polonais, turc et allemand ci-dessous. La traduction en français sera rapidement disponible.
Source 
Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr 
Le document complet :

Gestion de crise en Europe dans le contexte des événements en Ukraine publié par les-crises

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-plusieurs-anciens-ministres-europeens-appellent-a-exercer-une-pleine-retenue-militaire-et-politique/


[Reprise] Paris Match Ukraine : Révélations sur la tuerie de Krasnoarmeïsk

Friday 22 August 2014 at 01:27

Des éléments du groupe ultra-nationaliste ukrainien Pravy Sektor ont participé à une opération commando contre le référendum du Donbass, tuant deux civils désarmés dans la bourgade de Krasnoarmeïsk dimanche, selon une enquête de Paris Match.

La rumeur circulait dans les rangs séparatistes depuis plusieurs semaines : il y aurait, parmi les forces loyales au gouvernement de Kiev, des radicaux de Pravy Sektor (ou «Secteur Droit»), cherchant à tout prix à créer des incidents sanglants dans les régions pro-Russes de l’est ukrainien. Quoique minuscule politiquement, Pravy Sektor a joué un rôle relativement significatif lors des combats de rue qui menèrent à la chute de l’ex-président Viktor Ianoukovitch en février pendant la Révolution de la Place Maïdan. Cette coalition de groupuscules d’extrême droite, rassemblés sous l’étendard rouge-noir, est décrite comme «fasciste» par les habitants des zones pro-Russes de l’est, qui l’accusent constamment de fomenter des troubles. Elément important de la guerre de désinformation que se joue en Ukraine, cette accusation a été reprise en boucle par les médias russes proches du Kremlin. Mais toujours sans preuve, au point d’en paraître parfois presque ridicule et d’être tournée en dérision sur le web

La rumeur est pourtant vraie, selon des images irréfutables prises par des photographes de Paris Match. Ces clichés montrent en effet Andreï Denisenko, l’un des chefs de Pravy Sektor, parmi le mystérieux groupe de miliciens en armes qui a saccagé le bureau de vote dans la ville de Krasnoarmeïsk pendant le référendum de dimanche, à une soixantaine de kilomètres de Donetsk, la «capitale» séparatiste. Quittant les lieux au bout de plusieurs heures, les miliciens ont blessé à bout portant un homme et tué deux autres résidents, tous désarmés.

Retour sur l’événement :

Le groupe d’une quinzaine de miliciens est arrivé à Krasnoarmeïsk vers 14h30 dimanche dernier, chassant de la mairie tous les organisateurs du référendum sécessionniste qui s’y tenait.

Le groupe s’est ensuite enfermé durant plusieurs heures dans la mairie de cette petite ville industrielle, perdue sur la plaine du Donbass, tout près de la frontière entre la région de Donetsk et celle, loyale à Kiev, de Dniepropetrovsk. «Ils sont arrivés en affirmant qu’ils étaient de la Garde Nationale, mais on savait que c’était faux» affirme Vitalik Naïdiomov, un des témoins de la scène. «On a tous reconnu qu’ils arrivaient dans des camionnettes de la PrivatBank». Cette banque, dont les locaux ont été saccagés un peu partout dans l’est du pays, appartient à l’oligarque Igor Kolomoisky, un des principaux soutiens de l’actuel gouvernement de Kiev. Kolomoisky est justement le gouverneur de la région voisine de Dniepropetrovsk. On l’accuse d’avoir créé ces dernières semaines une nouvelle milice pro-Kiev : le «Bataillon du Dniepr». Plusieurs témoins de la tuerie affirment en outre, mais sans apporter de preuve formelle, avoir reconnu certains de ses hommes parmi les miliciens débarqués dimanche à Krasnoarmeïsk. Kolomoisky n’a pour l’instant fait aucun commentaire sur l’incident. Le gouvernement, pour sa part, a publié un communiqué pour déclarer l’opération illégale et nier catégoriquement que la Garde Nationale ou toute autre force régulière y ait pris part. Les autorités transitoires ont en outre indiqué qu’elles ouvraient une enquête criminelle pour meurtre.

Une mystérieuse milice :

Si rien ne permet pour l’heure d’établir la structure de commandement du mystérieux groupe de miliciens, Paris Match a pu constater qu’il comptait bien une des figures de proues de Pravy Sektor dans ses rangs. Andreï Denisenko, chef de Pravy Sektor pour la région de Dniepropetrovsk et directeur adjoint du parti, apparaît sur les images d’un photographe de Match, debout à la tribune lors d’un rassemblement de Pravy Sektor à Kiev en Mars pour annoncer sa participation à l’élection présentielle.

Il apparaît aussi sur Internet lors d’une conférence de presse annonçant la formation de son groupe. Enfin, il apparaît surtout le 11 Mai sur le parvis de la mairie Krasnoarmeïsk.

Homme barbu

Les images de Paris Match le montrent en train de tirer en l’air avec sa Kalachnikov, juste au dessus des têtes des résidents furieux qui commencent à vouloir encercler les miliciens. Plusieurs témoins ont par ailleurs affirmé, sans pour autant apporter de preuve, que l’homme barbu visible sur la gauche de la même image serait l’un des chefs du «Bataillon du Dniepr» (Photo ci-contre).

Plusieurs témoins assurent avoir entendu certains des miliciens parler avec un fort accent de l’ouest ukrainien. Ils ont aussi remarqué plusieurs hommes venus du Caucase, possiblement des mercenaires Tchéchènes. D’autres, ne parlant jamais, sembleraient étrangers à la région. Le photographe de guerre Jérôme Sessini a passé près d’une heure à côtoyer ces miliciens avant qu’ils n’ouvrent le feu.

Hommes Masqués

«Ce n’est pas une certitude, mais à leur attitude générale et à leurs gestes très précis, j’ai eu la nette impression – disons à 95% – qu’il y avait des mercenaires américains ou formés par les Américains parmi eux» explique Sessini, qui a côtoyé pendant plusieurs années les hommes des sociétés de sécurité privée américaines lors de ses reportages en Irak et en Afghanistan.

Plusieurs de ces hommes étaient masqués, ou drapés dans des keffiehs (Photo ci-contre), ce qui rend difficile de pointer qui parmi eux a tiré les coups mortels.

Des civils sous le choc :

C’est vers 17 heures que la petite foule, chassée de la mairie par la milice, a voulu les dégager du lieu à mains nues. Une vidéo, confiée à Paris Match par un habitant, montre comment le ton est progressivement monté jusqu’à ce que les miliciens reculent sous la pression de la foule.

L’un des meneurs est Rouslan Sergueïvitch Pilipenko. Ce solide gaillard de 32 ans travaille dans une des mines proches de Krasnoarmeïsk.

Ukraine 4

Rouslan, la cheville déchiquetée par une balle de Kalachnikov. © DR/PARIS MATCH

On voit sur les images qu’il est furieux. Un des miliciens finit par le repousser à coups de crosses, mais Rouslan continue d’avancer, un canon pressé contre son ventre. Puis le milicien tire, Rouslan s’affaisse, la cheville déchiquetée par une balle de Kalachnikov à bout portant (Photo ci-dessus). La foule se presse pour l’aider, sans se rendre compte du drame qui vient de se jouer.

 

Ukraine Vadim

Vadim Khoudich, plombier, 38 ans, gît mort sur l’herbe. © DR/PARIS MATCH

En effet, quelques mètres en arrière, Vadim Khoudich vient de s’effondrer, projeté en arrière par une balle qui l’a frappée en pleine face. «Il n’était pas armé, ne faisait rien, et n’était même pas menaçant», explique son ami et voisin Vitalik Naïdiomov. Il nous montre la vidéo, où l’on voit clairement un des tireurs masqué, debout dans l’embrasure d’une fenêtre du premier étage. «Le médecin légiste nous a dit qu’il avait tiré directement pour tuer».

Ukraine 5

Youri Nikolenko, 48 ans, au centre, en tee-shirt bleu, jette une pierre au moment où les miliciens se replient dans leurs camionnettes. © DR/PARIS MATCH

 

Devant la mairie, on peut en effet voir le trou laissé dans le goudron par le tir fichant. Vadim est mort sur le coup, d’une seule balle dans le menton, qui lui a sectionné la moelle épinière en ressortant. Les autres habitants l’ont porté sur l’herbe, impuissants, tandis que les miliciens remontaient dans leurs camionnettes pour s’enfuir. De rage, Youri Nikolenko, 48 ans, leur a jeté une pierre (Photo ci-dessus). Ils ont riposté avec leurs balles, le blessant mortellement à l’épaule.

Ukraine !

Touché à l’épaule par une balle, Youri Nikolenko s’effondre, au pieds du cadavre de Vadim Khoudich. © DR/PARIS MATCH

On le voit qui s’effondre, presque aux pieds de Vadim. Le plombier de 38 ans laisse une fille de 14 ans, Valeria, et une autre de deux ans et demi, Vlada. «Il m’a prévenu par téléphone qu’il y avait du grabuge à la Mairie et m’a dit de ne pas venir voter», nous explique sa femme Natacha, effondrée tandis que les voisins défilent dans son misérable petit appartement HLM pour rendre hommage à sa dépouille. «Juste après, il était mort», poursuit Natacha, une frêle petite brune à la voix tremblante, qui cache ses larmes derrière de grosses lunettes noires. «Certains cherchent à comprendre ce qui s’est passé. Mais moi, il ne me reste que la douleur, poursuit-elle. Vous pouvez le comprendre, ça?». Natacha ôte un instant ses lunettes pour planter son regard noir dans le notre. «Non, ça vous ne pouvez pas le comprendre.» Elle reprend son souffle. «Ni vous ni personne…»

 

Source : http://www.parismatch.com/Actu/International/Ukraine-Revelations-sur-la-tuerie-de-Kransnoarmeisk-564090

Source: http://www.les-crises.fr/revelations-sur-la-tuerie-de-krasnoarmeisk/


[Invité] L’opinion publique est dominée par un égrégore, par Pascal Roussel

Thursday 21 August 2014 at 03:21

C’est avec plaisir que je vous propose ce billet de Pascal Roussel, un des invités vétérans de ce blog…

Pascal Roussel est chef d’unité au sein du département des risques financiers au sein d’une grande banque située au Luxembourg
Plus d’infos sur lui et le livre qu’il a publié sur son blog www.pascalroussel.net

August Landmesser (1910-1944 ; wikipedia en fr, et ici en anglais), travailleur à l’arsenal Blohm & Voss de Hambourg, refusant d’effectuer le Salut nazi lors de l’inauguration navale d’un vaisseau d’entraînement, le Horst Wessel, le 13 juin 1936

Même si certains obéissent probablement à un agenda caché ou que d’autres n’osent pas se démarquer, il est stupéfiant de voir que des journalistes ou des politiciens a priori intelligents, équilibrés, cultivés et sincères s’enferment dans une grille de lecture unique! Et de là, on peut difficilement blâmer la vaste majorité de la population de se retrouver avec les mêmes œillères que les faiseurs d’opinion.

On peut se demander si, en Europe et aux États-Unis, le monde politique et les grands médias qui couvrent les questions financières ou géopolitiques ne sont pas collectivement sous l’influence malfaisante d’un égrégore (“concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome”) ? La position atlantiste poussant alors les autres pays à se radicaliser.

Or l’Histoire a montré qu’une opinion publique dominée par un même esprit de groupe peut rapidement se retrouver confrontée à une guerre qu’elle n’a pas souhaitée.

L’État américain est de facto dirigé par la CIA et par des lobbies dont le plus puissant est le complexe militaro-industriel qui représente énormément d’emplois et pèse lourd dans l’économie américaine (1). Même si la stratégie pour y arriver est floue, il demeure que la volonté américaine est d’établir un monde unipolaire, répondant prioritairement aux intérêts propres d’une seule super-puissance, les États-Unis. Cette volonté, pourtant ancienne, apparait de plus en plus choquante alors que la politique américaine visible est de plus en plus éloignée des valeurs démocratiques et de liberté que la nation américaine a longtemps incarnée. De nombreux dirigeants ou faiseur d’opinions européens dont le statut et les revenus dépendent plus ou moins de leur allégeance à l’Etat américain ont de plus en plus de mal à présenter l’Amérique comme une super-puissance soucieuse d’œuvrer au bien commun dans le monde.  Pour combien de temps encore, les États-Unis conserveront leur pouvoir attractif sur de nombreux jeunes ?

En ligne avec la philosophie « ce qui est bon pour l’Amérique doit forcément être bon pour le reste du monde », en 1997, le très influent Zbigniew Brzezinski (ancien conseiller national à la sécurité des États-Unis) recommandait de ne pas laisser l’Ukraine sous l’influence de la Russie. Selon ce politologue, sans l’Ukraine la Russie ne pourrait jamais diriger un empire eurasien et par là inquiéter la suprématie mondiale des États-Unis (2). De là découle, les centaines de millions de dollars versés directement ou indirectement par les États-Unis pour soutenir en Ukraine, des ultra-nationalistes (dont des néo-fascistes),  attiser une haine radicale contre la Russie et pousser l’actuel président ukrainien à mener une guerre à l’encontre d’une partie de sa population. Inutile d’approfondir dans ce billet les étapes du conflit ukrainien, ces faits étant largement exposés en détail sur l’excellent blog d’Olivier Berruyer (3)

Bien entendu Poutine n’est pas un Saint, mais ceux qui tentent d’avoir une vision plus objective, qui veulent faire preuve d’empathie pour les camps opposés, qui souhaitent des débats contradictoires afin de comprendre les différents points de vue sont marginalisés. Le cas de l’avion MH17 abattu au-dessus de la zone de guerre en Ukraine (et quels que soient les coupables, j’espère qu’il s’agit uniquement d’une tragique erreur) est significatif : très rapidement et sans la moindre preuve, les médias et responsables politiques atlantistes ont désigné la Russie comme co-responsable. Les versions alternatives (4) pourtant dignes d’intérêt sont ignorées et même si elles devaient se révéler vraies un jour, on peut craindre que les grands médias n’en fassent jamais écho. L’égrégore est si puissant que rien ne semble pouvoir arrêter l’escalade, il a désigné la Russie comme l’ennemi à abattre et il veut l’accélération du désordre mondial.

Et pourtant de nombreuses personnalités crédibles tirent vainement la sonnette d’alarme (5), mais rien n’y fait.

L’extrême fragilité du monde financier

Ce qui rend l’égrégore encore plus dangereux, c’est qu’il se développe alors que le système financier mondial n’a jamais été aussi fragile. Les risques de ruptures sont très réels même si les banques centrales et les autorités publiques se veulent rassurantes.

Jaime Caruana, le General Manager de la BIS (la banque centrale des banques centrales située à Bâle) craint un « Lehman » dû à la flambée de la dette dans le monde entier et déclare que les investisseurs ignorent la perspective de taux d’intérêt plus élevés dans leur quête aux rendements. (6)

Maximilian Zimmerer le Chief Investment Officer d’Allianz (le plus gros assureur en Europe) déclare quant à lui que « rien n’est résolu et tout le monde le sait ». (7)

On pourrait multiplier les mises en garde officielles de ce genre, car loin de l’illusion des performances boursières (8), il suffit de gratter un peu sous la surface pour comprendre ce qui inquiète ces hautes personnalités du monde financier. Citons de manière non exhaustive et dans le désordre :

Que faire ?

Devant ce catalogue des horreurs (41), il me semble évident que nous avons tout à perdre à laisser l’égrégore grandir jusqu’à nous mener à une confrontation armée avec la Russie. Il est clair que toutes les techniques modernes de manipulation de l’opinion (stratégie du choc, social learning, fabrication du consentement, tittytainment, mind control, virtualisme, reality-building, management négatif, etc.) sont pleinement à l’œuvre pour nourrir cet égrégore et nous mener progressivement vers le chaos (42).  Pour autant je ne prône pas une révolution violente, mais plutôt la nécessité de s’informer, de ne pas céder à la facilité du conformisme et de ne pas avoir peur de prendre position.

Mon but n’est pas de faire peur, ni de déprimer les lecteurs, mais de les prévenir. Pour ma part je suis convaincu que de nombreuses bonnes opportunités surviendront une fois que le système sera remis à plat.

Les opinions exprimées dans ce billet sont PERSONNELLES et ne représentent pas forcément les opinions de mon employeur. Les sources utilisées sont souvent anglophones, car l’anglais est la langue de la finance mondiale.

Pascal Roussel le 8 août 2014

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Sources

1) En 2013, le budget de Défense américain (USD 640 milliards) était équivalent à celui combiné de la Chine, la Russie, l’Arabie Saoudite, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud (énumérés par ordre croissant). Lire l’article sur Wikipedia ENG FR

« Qui tient qui à Washington ? Question inutile, question dépassée… »  Defensa.org

2) La véritable raison pour laquelle les États-Unis se préoccupent tant de l’Ukraine tout en se foutant éperdument des Ukrainiens par le Général (2S) et dirigeant d’entreprise, Jean-Bernard Pinatel FR

3) http://www.les-crises.fr/category/crise-politique/

4) Flight 17 Shoot-Down Scenario Shifts by Robert Parry ENG FR

Evidence Is Now Conclusive: Two Ukrainian Government Fighter-Jets Shot Down Malaysian Airlines MH17 by Eric Zuesse

5) Citons quelques professeurs, journalistes, diplomates et experts financier : Stephen F. Cohen et John Mearsheimer, Robert Parry, Simon Jenkins,Chris Martenson, Pierre Maillart, V.Fédorovski, Neil Clark, M.K. Bhadrakumar, Nouriel Roubini, Kyle Bass, Hugo Salinas Price, Charles Nenner, James Dines, Jim Rogers, David Stockman, Marc Faber, Jim Rickards, Paul Craig Roberts, Martin Armstrong, Larry Edelson, Gerald Celente, etc. (liste non exhaustive). Lire par exemple Top Financial Experts Say World War 3 Is Coming … Unless We Stop It ou Obama Should Release Ukraine Evidence ou The US Needs to Stop Meddling in Russia-Ukraine Politics

6) http://www.telegraph.co.uk/finance/markets/10965052/Bank-for-International-Settlements-fears-fresh-Lehman-crisis-from-worldwide-debt-surge.html

7) http://www.zerohedge.com/news/2014-07-11/ceo-europes-largest-insurer-pops-utopia-bubble-nothing-solved-and-everybody-knows-it

8) La bourse du Zimbabwe a progressé de 12000% de mars 2006 à mars 2007 alors que le pays était frappé à l’époque d’une inflation de 1700% soit 7 fois moins importante que la croissance boursière. Tout cela pour dire que des performances boursières s’expliquent parfois bien plus par de la création monétaire que par une « reprise économique » …

9) Debt: Eight Reasons This Time is Different ENG

10) Près de 71.000 milliards de dollars ont été brassés par le ” shadow banking ” en 2012. La finance de l’ombre, représente des intermédiaires de crédit impliquant des entités et des activités en dehors du système bancaire régulier ( par ex. les entités qui font de l’intermédiation ou la distribution de crédit, mais n’acceptent pas de dépôts et ne sont pas régulées comme des banques, les fonds (capital-investissement, des fonds spéculatifs, des fonds d’investissements et autres fonds monétaire), les assureurs qui fournissent des garanties de crédits et enfin, les véhicules d’investissement ou de financement spécifiques. http://www.financialstabilityboard.org/publications/r_131114.pdf

11) Another Wall Street Inside Job?: Stock Buybacks Carried Out in Dark Pools ou  Here Is The Mystery, And Completely Indiscriminate, Buyer Of Stocks In The First Quarter

12) Strategist Warns SKEW “Is Flashing A Big Warning Signal For Stocks”

13) Walmart Misses Across The Board, Guides Lower: Blames It On Weather, Obamacare And Taxes ou When Americans Can’t Even Afford To Buy McDonalds Dollar Meals For 9 Months In A Row

14) 7 In 10 Americans Believe The Crisis Is Not Over Or Worst Is Yet To Come: 52% Can’t Afford Their Homes

15) Caterpillar Retail Sales Plunge By 13%, Most Since February 2010; Decline For 17 Consecutive Months ou Caterpillar Asia Sales Crater By 30% – Company Reports Weakest Stretch Of Global Demand Since Lehman Collapse

16) Why Student Loans Are Crushing The Housing Recovery In 1 Chart

17) Homebuilder Confidence Plunges To 12-Month Lows ou Average Cost of New Home is 6 Times Median Income (Historically 3); Sales of Priciest 1% of Homes Soar (Bottom 99% Down) ou “The Market’s Not There” – One World Trade Center Lowers Asking Rents By 10% ou Deja Vu All Over Again: Fannie, Freddie Would Need Another $190 Billion Bailout When Things Go South

18) “All Is Not Well In The Housing Market” As All Cash Buyers Double In Past Year, Hit Record High ou Housing Starts, Permits Smash Expectations On Surge In Rental Construction

19) US is Bankrupt: $89.5 Trillion in US Liabilities vs. $82 Trillion in Household Net Worth & The Gap is Growing

20) 20 Signs The Terrible Drought In The Western US Is Starting To Become Catastrophic

21) A three-year lending boom to car buyers with spotty credit that helped push auto sales to a six-year high is starting to show signs of overheating.

22) Is The Fed Trying To Create A “Bond Run” Panic? Yes… In Its Own Words

23) En 2008 la taille du secteur bancaire Chinois était d’environ 10 000 milliards de USD, début 2014 il était d’environ 25 000 milliards de USD. Cette augmentation de 15000 milliards, en quelques années représente la totalité du secteur bancaire américain qui s’est construit en un siècle ! Lire également  No Money Down Mortgages Another Sign of Gigantic Credit Bubble in China, la Chine va lancer son propre quantitative easing ou comment l’Asie croule sous les dettes  ou les sociétés chinoises émettent plus d’obligations que les américaines ou les mauvais payeurs sont de plus en plus nombreux

23a) http://www.zerohedge.com/news/2014-06-17/londons-whopping-187-home-price-surge-means-uks-housing-bubble-slams-chinas

24) Voir par exemple la réplique de Manhattan complètement vide, le plus grand centre commercial au monde vide, les innombrables villes fantômes, les déclarations alarmantes de gros promoteurs chinoiscombien de fois encore l’Etat volera-t-il au secours de gros promoteurs? Goldman & Sachs est pessimiste sur l’immobilier chinois, même la banque centrale chinoise admet qu’il y a un problème, 52 millions de logements vides !, permis de bâtir en chute,

25) pour voir comment plusieurs prêteurs différents s’imaginent avoir sécurisés leur prêt avec un stock de matière première (métaux, coton métaux précieux, etc.) alors que sans le savoir ils ont tous reçu le même stock en gage et pour voir que c’est une pratique courante lire ici et ici et ici  et ici et ici et ici et ici et ici et ici

26) Pour se remémorer l’historiques des tensions en mai dernier entre la Chine et le Vietnam lire ici et ici et ici et ici et ici et ici et ici

28) 11 Disturbing Charts About The Chinese Economy

29) Voir par exemple comment les exportations sont artificiellement gonflées

30) Coming Major Slowdown in Germany – How to Play It

31) Italy Moves Into Recession & the End of Democracy

32) Former Bundesbank Vice-President Recommends Gold, Says Current Economic System is “Pure Fiction”

33) http://www.les-crises.fr/sauvetage-de-banco-espirito-santo-quelques-enseignements-pour-la-zone-euro-par-jean-michel-naulot/

34) http://www.ecb.europa.eu/ssm/assessment/html/index.en.html

35) http://www.eurocrisismonitor.com/

36) http://www.zerohedge.com/news/2014-08-04/argentina-default-minor-real-problem-much-worse

37) On lit souvent l’argumentaire trompeur qui voudrait que des contrats de matières premières de plus en souvent facturés dans d’autres devises que le dollar soient un signe de la fin du dollar. Or il n’y a là rien de nouveau, ce n’est pas parce que les cours des matières premières sont communément affichés en dollar que le paiement s’est toujours fait en dollar. Si nécessaire, les devises peuvent être échangées entre elles. On pourrait demain décider d’afficher les cours des matières premières en franc Suisse (par exemple) et cela ne changerait rien. Les signes réels de la perte d’influence du dollar sont plutôt la mise en chantier la nouvelle banque de développement des BRICS ou le rôle grandissant du yuan sur les marchés internationaux (lire ceci et ceci et ceci et ceci). Notons que la Chine devra choisir entre l’arrimage (mou) actuel au USD ou un régime de change flottant si elle veut que sa devise soit utilisée librement dans le monde. Et ce choix ne sera pas sans conséquence sur ses entreprises.

38) L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété une «urgence de santé publique de portée mondiale». http://www.bbc.com/news/health-28673380

39) Sous l’effet de la spéculation et de la sécheresse sur la côte Est des EU et au Brésil lire ceci ou ceci ou ceci

40) http://www.bloomberg.com/quote/BDIY:IND

41) Pour ce qui est des bonnes nouvelles je renvoie les lecteurs aux grands media financiers traditionnels qui sont toujours les premiers à voir des signes de reprises

42) « Gouverner par le chaos », de M.Milo aux Editions Max Milo

Source: http://www.les-crises.fr/invite-lopinion-publique-est-dominee-par-un-egregore-par-pascal-roussel/


Washington menace le monde, par Paul Craig Roberts

Thursday 21 August 2014 at 02:25

Un billet de Paul Craig Roberts… Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général… Sans adhérer à tout, elle permet à chacun d’aiguiser son esprit critique…

Washington menace le monde

Source : Paul Craig Roberts, www.paulcraigroberts.org, le 8 août 2014.

Les imprudentes et irresponsables interventions politiques et militaires de Washington en Irak, Libye et Syrie ont eu pour conséquence d’ouvrir la boîte de Pandore. Les différents groupes religieux qui vivaient en paix sous le règne de Saddam Hussein, Kadhafi, et Assad se massacrent les uns les autres, et un nouveau groupe, l’EIIL, est en train de créer un nouvel Etat à partir de morceaux de l’Irak et de la Syrie.

La tourmente introduite au Moyen-Orient par les régimes Bush et Obama a fait des millions de morts ou et personnes déplacées, sans parler des morts à venir. Au moment où j’écris ces lignes, 40 000 Irakiens sont bloqués au sommet d’une montagne, sans eau, attendant la mort aux mains de l’EIIL, née de l’ingérence américaine.

La réalité du Moyen-Orient est en contradiction totale avec la mise en scène de l’atterrissage de George W. Bush le 1er mai 2003 sur le porte-avions américain Abraham Lincoln, où il avait déclaré « Mission accomplie ». La mission accomplie par Washington a consisté a dévaster le Moyen-Orient et les vies de millions de personnes, et à détruire au passage la réputation de l’Amérique. Grâce au régime néoconservateur démoniaque de Bush, l’Amérique d’aujourd’hui est considérée par le reste du monde comme la plus grande menace à la paix mondiale.

L’attaque du régime Clinton contre la Serbie avait établi le schéma. Bush l’a poussé plus loin avec l’ ouverte aggression de Washington contre l’Afghanistan, drapée par Washington dans une phraséologie orwellienne : « Opération Liberté Durable ». [”Operation Enduring Freedom”].

Washington a apporté la ruine, pas la liberté, à l’Afghanistan. Après 13 ans passés à faire exploser le pays, Washington se retire à présent, la « superpuissance » ayant été défaite par quelques milliers de Talibans légérement armés. Et elle laisse derrière elle un champ de ruines pour lequel Washington n’assumera aucune responsabilité.

Une autre source des troubles sans fin au Moyen-Orient est Israël, qui fait main basse sur la Palestine avec la bénédiction de Washington. En plein milieu de la dernière attaque d’Israël sur les civils de Gaza, le Congrès américain a passé des résolutions en soutien des crimes de guerre d’Israël et voté des centaines de millions de dollars pour payer les munitions d’Israël. Ici, ce que nous voyons, c’est la Grande Amérique Morale soutenant à 100 % des crimes de guerre avérés contre des gens pratiquement sans défense.

Quand Israël assassine des femmes et des enfants, Washington appelle cela « le droit d’Israël à défendre son propre pays » – un pays qu’Israël a volé aux Palestiniens – mais quand les Palestiniens usent de représailles, Washington appelle cela du « terrorisme ». En soutenant Israël, déclaré Etat terroriste par les quelques gouvernements moraux qui existent encore, et accusé de crimes de guerre par le Secrétaire Général des Nations Unies, Washington est en violation de ses propres lois contre le soutien envers des Etats terroristes.

Bien sûr, Washington lui-même est l’Etat terroriste numéro un. Par conséquent, il est illégal selon la loi américaine que Washington se soutienne lui-même. Toutefois, Washington refuse qu’aucune loi, nationale ou internationale, vienne limiter ses actions. Washington est « exceptionnel, indispensable ». Personne d’autre ne compte. Aucune loi, aucune constitution, et aucune considération humaine n’ont d’autorité pour réfréner la volonté de Washington. Dans ses prétentions, Washington surpasse le Troisième Reich.

Aussi terrifiante que soit l’audace de Washington envers le Moyen-Orient, son audace envers la Russie est encore plus grande. Washington a convaincu la Russie, un pays doté de l’arme atomique, que Washington est en train de préparer une première frappe nucléaire.

En réponse, la Russie renforce ses forces nucléaires et teste les réactions de la défense aérienne américaine. http://freebeacon.com/national-security/russian-strategic-bombers-conduct-more-than-16-incursions-of-u-s-air-defense-zones/

Il est difficile d’imaginer un acte plus irresponsable que celui de convaincre la Russie que Washington projette d’attaquer la Russie avec une première frappe préventive. L’un des conseillers de Poutine a expliqué aux médias russes les intentions de Washington de frapper les premiers, et l’un des membres de la Douma russe a fait une présentation documentée sur les intentions de Washington de frapper en premier. http://financearmageddon.blogspot.fr/2014/07/official-warning-u-s-to-hit-russia-with.html En rassemblant les preuves, j’ai pointé du doigt dans mes colonnes qu’il est impossible pour la Russie d’éviter cette conclusion.

La Chine est consciente de faire face à la même menace venue de Washington. http://yalejournal.org/2013/06/12/who-authorized-preparations-for-war-with-china

La réponse de la Chine aux plans de guerre de Washington a été de démontrer comment ses forces nucléaires seraient utilisées pour détruire les Etats-Unis, en réponse à une attaque de Washington sur la Chine.

La Chine a rendu cela public, espérant créer une opposition parmi les Américains aux plans de guerre de Washington contre elle. http://www.dailymail.co.uk/news/article-2484334/China-boasts-new-submarine-fleet-capable-launching-nuclear-warheads-cities-United-States.html

Comme la Russie, la Chine est un pays en pleine ascension qui n’a pas besoin de guerre pour réussir.

Le seul pays au monde qui a besoin d’une guerre est Washington, et c’est parce que son objectif est celui des néoconservateurs : exercer l’ hégémonie sur le monde. Avant les régimes de Bush et Obama, tous les présidents des Etats-Unis faisaient de gros efforts pour ne pas paraître agiter la menace nucléaire. La doctrine de guerre américaine prenait grand soin de limiter l’usage de ces armes à des représailles en cas d’attaque nucléaire sur son sol. La raison d’être d’une force nucléaire est de se protéger de l’usage de telles armes. Le régime irresponsable de George W. Bush a fait évoluer l’arme nucléaire vers un usage en frappe préventive, détruisant ainsi la restriction imposée sur l’usage des armes nucléaires.

La toute première ambition de l’administration Reagan était de mettre fin à la guerre froide, et, de la sorte, à la menace d’une guerre nucléaire. Le régime de George W. Bush et la diabolisation de la Russie par le régime d’Obama ont mis fin à ce réel succès du président Reagan et rendu une guerre nucléaire probable.

Quand le régime incompétent d’Obama a décidé de renverser le gouvernement démocratiquement élu d’Ukraine et d’installer un gouvernement de pantins choisis par Washington, le département d’Etat d’Obama, mené par des idéologues néoconservateurs, a oublié que les régions de l’Est et du Sud de l’Ukraine sont d’anciennes provinces russes rattachées à la République socialiste soviétique d’Ukraine par des dirigeants du parti communiste, quand l’Ukraine et la Russie faisaient partie du même pays – l’Union soviétique. Quand les larbins russophobes installés à Kiev par Washington ont démontré en paroles et en actions leur hostilité à la population russe d’Ukraine, les anciennes provinces russes ont demandé leur retour à la mère Russie. Ce n’est ni une suprise, ni quelque chose qu’on puisse reprocher à la Russie.

La Crimée a réussi à réintégrer la Russie, à laquelle elle appartenait depuis les années 1700, mais Poutine, dans l’espoir de désamorcer la guerre de propagande montée contre lui par Washington, n’a pas écouté les suppliques des autres anciennes provinces russes. En conséquence, les larbins de Washington à Kiev ont estimé avoir les mains libres pour attaquer les provinces protestataires, et ont suivi la même politique que les Israéliens en attaquant les populations civiles, les résidences civiles et les infrastuctures civiles. Les médias occidentaux « presstitués » ont délibérément ignoré les faits et accusé la Russie d’envahir et d’annexer des parties de l’Ukraine. Ce mensonge est comparable à ceux du Secrétaire d’état Colin Powell à l’ONU au sujet des armes de destruction massives en Irak, sous l’égide du régime criminel de Bush, mensonges pour lesquels Colin Powell a présenté ultérieurement des excuses, en vain puisque l’Irak avait été détruite par ses mensonges.

Quand l’avion de la Malaysian Airlines a été détruit, la Russie a été accusée avant même que les circonstances ne soient connues. Les médias britanniques, en particulier, ont été les premiers à porter des accusations dès l’instant où l’on a appris que l’avion était abattu. Sur la BBC, j’ai entendu des déformations grossières de la réalité, ainsi que des mensonges flagrants sur l’American National Public Radio. Seule la propagande du Daily Mail a été pire. L’ensemble des « nouvelles » sur ce sujet a toutes les apparences d’une orchestration antérieure à l’évènement, ce qui, bien sûr, suggère l’implication de Washington.

Les morts de l’avion de ligne sont devenus très importants pour la machine de propagande de Washington. Les 290 victimes sont un grand malheur, mais ne représentent qu’une petite fraction de tous les morts que dans le même temps Israël infligeait aux Palestiniens sans déclencher une quelconque protestation de la part des gouvernements occidentaux, par opposition aux protestations des peuples occidentaux dans les rues, protestations qui ont été commodément étouffées pour Israël par les forces de l’ordre occidentales.

Washington a utilisé la destruction en vol de l’avion de ligne, dont il est probablement responsable, comme excuse pour une nouvelle série de sanctions, en faisant pression sur ses marionnettes européennes pour qu’elles se joignent aux sanctions et y ajoutent les leurs, ce que les marionettes européennes de Washington ont fait.

Washington s’appuie sur des accusations et des insinuations et refuse de fournir les preuves des photos satellite, parce que ces photos n’accréditent pas ses mensonges . Les faits ne sauraient interférer avec la diabolisation de la Russie par Washington, pas plus qu’ils n’ont interféré avec sa diabolisation de l’Irak, de la Lybie, de la Syrie et de l’Iran.

Vingt-deux sénateurs américains imprudents et irresponsables ont déposé une résolution de loi pour « la prévention de l’agression Russe en 2014 » (Sénat US loi 2277), parrainée par le sénateur Bob Corker, qui représente parfaitement, par son ignorance et sa stupidité, la majorité des Américains ou la majorité des électeurs de l’Etat du Tennessee. Cette résolution est un acte législatif inepte visant à déclencher une guerre dont le plus probable est qu’elle ne laisserait aucun survivant. Apparemment, ces idiots d’Américains sont capables d’élir au pouvoir n’importe quel imbécile.

La certitude que la Russie est responsable du crash de la Malaysian Airlines est devenue une réalité dans les capitales occidentales, malgré l’absence du moindre petit bout de preuve à l’appui de cette affirmation. En outre, même si l’accusation était fondée, un avion vaut-il une guerre mondiale ?

La Commission de défense britannique a conclu que le Royaume-Uni, bien que ruiné et militairement impuissant, doit « se concentrer sur la défense de l’Europe contre la Russie » Les tambours des dépenses militaires, voire les tambours de guerre, sont en train de sonner et tout l’Occident s’y est mis. La Grande-Bretagne, militairement impuissante, va défendre l’Europe contre une attaque inexistante, bien qu’annoncée urbi et orbi, de l’ours Russe.

Les dignitaires militaires des Etats-Unis et de l’OTAN, ainsi que le chef du Pentagone mettent en garde contre la menace russe en s’appuyant sur de prétendues mais imaginaires concentrations de troupes russes à la frontière ukrainienne.

Selon le ministère de la Propagande occidental, si la Russie protège les populations russes en Ukraine contre une attaque militaire de Washington menée par le gouvernement fantoche de Kiev, c’est une preuve que le voyou, c’est la Russie.

La campagne de propagande de Washington a réussi à transformer la Russie en menace. Les sondages montrent que 69% des américains considèrent la Russie comme une menace, et que la confiance des Russes dans les dirigeants américains a disparu.

Les Russes et leur gouvernement observent la même diabolisation de leur pays et de leur président que celle de l’Irak et Saddam Hussein, de la Lybie et Kadhafi, de l’Afghanistan et des Talibans, juste avant les assauts militaires sur ces pays par l’Occident. Pour un Russe, la meilleure conclusion à en tirer est que Washington veut une guerre contre la Russie.

A mon avis, l’irresponsabilité et l’imprudence du régime Obama n’a pas de précédent. Jamais auparavant le gouvernement des Etats Unis, ou de n’importe quelle autre puissance nucléaire, n’avait fait autant d’efforts pour convaincre une autre puissance nucléaire qu’elle se préparait à l’attaquer. Il est difficile de concevoir un acte qui mette encore plus en danger la vie sur Terre. En effet, l’imbécile de la Maison Blanche a fait coup double, convainquant et la Russie et la Chine que Washington préparait une attaque préventive sur les deux.

Les Républicains veulent faire un procès ou démettre Obama à propos de problèmes sans conséquences, comme l’Obamacare. Pourquoi les Républicains ne mettent-ils pas Obama en accusation devant le Congrès à propos d’un problème infiniment plus grave comme celui de soumettre le monde à un risque d’apocalypse nucléaire ?

La réponse est que les Républicains sont aussi délirants que les Démocrates. Leurs dirigeants, comme John Mc Cain et Lindsay Graham, sont déterminés à ce que nous nous « dressions contre les Russes ». Partout où le regard se porte dans le paysage politique américain, nous voyons des fous, des psychopathes et des sociopathes qui ne devraient pas détenir de mandat.

Washington a abandonné la diplomatie depuis longtemps. Washington s’appuie sur la force et l’intimidation. Le gouvernement des Etats-Unis est totalement dépourvu de jugement. C’est la raison pour laquelle les sondages montrent que le reste de la planète considère le gouvernement américain comme la plus grande menace pour la paix mondiale. Aujourd’hui (8 août 2014) le Handelsblatt, le Wall Street Journal allemand, a écrit dans son éditorial signé par le rédacteur en chef:

« La tendance américaine à passer de l’escalade verbale à l’escalade militaire – par l’isolement, la diabolisation et l’attaque des ennemis – n’a pas prouvé son efficacité. La dernière grande action militaire victorieuse menée par les Etats-Unis a été celle du débarquement de Normandie [en 1944]. Toutes les autres – Corée, Vietnam, Iraq et Afghanistan – ont été des échecs flagrants. Déplacer des unités de l’Otan vers la fontière polonaise avec la Russie et envisager d’armer l’Ukraine, c’est encore compter sur des moyens militaires en lieu et place de diplomatie.»

Les Etats marionnettes de Washington – toute l’Europe, le Japon, le Canada et l’Australie – autorisent la menace sans équivalent de Washington sur le monde en soutenant son projet hégémonique sur la planète.

Nous célébrons le 100ème anniversaire de la 1ère Guerre Mondiale. Et les folies qui ont causé cette guerre se répètent. La Première Guerre Mondiale a détruit l’Occident civilisé, et c’était le travail d’une poignée d’intrigants. Les conséquences en ont été Lénine, l’Union Soviétique, Hitler, l’émergence de l’impérialisme américain, la Corée, le Vietnam, les interventions militaires qui ont crée l’EIIL, et qui ont maintenant ressuscité le conflit entre Washington et la Russie, auquel le Président Reagan et Mikhail Gorbatchev avaient mis fin.

Comme l’a fait remarquer Stephen Starr sur mon site, l’emploi de seulement 10% des armes nucléaires des arsenaux américains et russes suffit à anéantir la vie sur terre.

Chers lecteurs, posez-vous la question, quand est-ce que Washington vous a raconté autre chose que des mensonges ? Les mensonges de Washington ont causé des millions de victimes. Voulez-vous être l’une d’entre elles?

Croyez-vous que les mensonges et la propagande de Washington à propos de l’avion de ligne Malaisien et de l’Ukraine vaillent la peine de risquer la vie sur Terre ? Qui est assez naïf pour ne pas réaliser que les mensonges de Washington sur l’Ukraine sont semblables à ceux à propos des armes de destruction massive de Sadam Hussein, des armes nucléaires iraniennes et de l’utilisation par Assad d’armes chimiques ?

Pensez-vous que l’influence néoconservatrice qui prévaut à Washington, quel que soit le parti politique en place, est trop dangereuse pour être tolérée ?

Paul Craig Roberts, traduction collective par les lecteurs du site www.les-crises.fr 


Poutine réalisera-t-il que la Russie a les cartes en mains ?

Source : Paul Craig Roberts, www.paulcraigroberts.org, le 6 août 2014.

De plus en plus de preuves, au sujet desquelles je compte écrire abondamment, s’accumulent, montrant que l’Europe a consenti au chemin tracé par Washington vers la guerre contre la Russie, une guerre qui sera sans doute la dernière pour l’Humanité. Par sa réaction discrète et rassurante face à l’agression de Washington, qui donne ainsi à l’Ouest le signal erroné que la Russie est faible et apeurée, le gouvernement russe encourage Washington dans sa course à la guerre.

Il apparaît que la plus grande faiblesse des russes, c’est que le capitalisme a élevé suffisamment de Russes à un niveau de vie confortable pour qu’ils redoutent la guerre que Washington leur apporte, et qu’ils veuillent l’éviter pour continuer à vivre comme les décadents de l’Europe de l’Ouest.

La même chose arriva aux jadis féroces Vandales dans le Nord de l’Afrique au 6e siècle quand les Vandales furent exterminés par une petite unité de l’Empire Romain de l’Est. Les Vandales avaient perdu la valeur qui leur avait donné un riche morceau de l’Empire Romain.

La Russie doit sauver le monde de la guerre, mais pour empêcher cette guerre, la Russie doit montrer clairement son coût aux Européens.

Face aux sanctions économiques, actions essentiellement illégales et belliqueuses, appliquées à divers individus et entreprises de Russie par Washington et sa marionnette l’Union européenne, ainsi que par la Suisse, un pays qui a appris à redouter Washington plus que Moscou, le Président russe Poutine a demandé au gouvernement russe de trouver des contremesures à mettre en œuvre en réponse aux sanctions gratuites imposées à la Russie.

Mais, d’après Poutine, la Russie doit faire preuve de retenue : « Nous devons évidemment agir avec précaution afin de soutenir les producteurs nationaux, mais sans affecter négativement les consommateurs. »

En d’autres termes, Poutine veut imposer des sanctions qui n’en sont pas vraiment, tout en semblant rendre la monnaie de la pièce.

Ce qui est incroyable dans la manière dont la Russie se trouve sur la défensive au sujet des sanctions est que c’est la Russie, et non Washington ou l’impuissante Union européenne, qui a toutes les cartes en main. Poutine peut faire s’effondrer les économies européennes et plonger toute l’Europe dans un chaos politique et économique simplement en coupant l’approvisionnement en énergie.

Poutine n’aurait pas à couper la fourniture d’énergie bien longtemps avant que l’Europe dise au revoir à Washington et trouve un arrangement avec la Russie. Plus Poutine attend et plus l’Europe a de temps pour se préparer contre la meilleure arme que les russes puissent utiliser pour résoudre pacifiquement le conflit que Washington a orchestré.

Les agressions de Washington contre la Russie ne prendront fin que si Poutine réalise que c’est lui, et non Washington, qui détient les cartes, et les joue.

Le monde en a assez de Washington, de ses mensonges à répétition, ses guerres permanentes et sa brutalité. Poutine ferait bien de méditer quelques heures en compagnie de Belisarius, le grand général de Justinien le Grand.

« Quand je traite avec mes ennemis », a dit Belisarius, « j’ai pour habitude de donner des conseils plutôt que d’en recevoir, mais je tiens dans une main une ruine inéluctable et dans l’autre la paix et la liberté. »

C’est précisément dans cette position que Vladimir Poutine est vis-à-vis de l’Europe. Dans une main il tient la ruine de l’Europe, et dans l’autre, la paix et la liberté dans les relations entre la Russie et l’Europe.

Il doit en appeler aux abrutis qui « dirigent » l’Europe et le leur dire.

Si Poutine ne met pas le holà et fait prendre conscience à l’Europe quels sont les enjeux, Washington aura réussi dans sa volonté de conduire le monde à la guerre, et les Américains, pour « exceptionnels et indispensables » qu’ils soient, mourront avec les autres.

Paul Craig Roberts, traduction collective par les lecteurs du site www.les-crises.fr 


Washington a placé le monde sur le chemin de la guerre

Le monde a-t-il des envies suicidaires ?

Source : Paul Craig Roberts, www.paulcraigroberts.org, le 14 août 2014.

Les tambours de guerre résonnent à Washington, dans les capitales européennes et dans les médias occidentaux « presstitués ». L’un des gros titres de l’Asia Times est « L’Otan est prêt à tout pour la guerre. » http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/CEN-01-080814.html  Cette fois la cible est la Russie, une puissance nucléaire majeure.

Au-delà de la Russie, de l’Europe, et des USA, les conséquences mortelles d’une telle guerre s’étendraient au monde entier. L’usage de mensonges fait par l’Occident met en danger la vie sur Terre et révèle que l’Occident est à la fois imprudent et irresponsable. Pour le moment, peu de voix se sont élevées contre cette imprudence et cette irresponsabilité.

Ron Unz porte à notre attention la voix importante d’un journaliste néerlandais distingué, Karel Van Wolferen. Wolferen http://www.unz.com/article/the-ukraine-corrupted-journalism-and-the-atlanticist-faith/  et Unz lui-même http://www.unz.com/runz/american-pravda-who-shot-down-flight-mh17-in-ukraine/  sont d’importants contrepoids à ce qu’Unz considère, correctement à mon avis, comme « la corruption complète et le manque de fiabilité des médias mainstream américains. »

L’article de Wolferen est long mais très important. Les lecteurs y trouveront des analyses proches de la mienne. Wolferen montre comment l’hégémonie de Washington a enfermé l’Europe dans une idéologie atlantiste qui interdit aux Européens toute pensée ou politique étrangère indépendante, réduits qu’ils sont à l’état de vassaux. Wolferen conclut que tandis que Washington mène l’Europe à la guerre, « les Européens ne parviennent pas à se convaincre du dysfonctionnement et de la totale irresponsabilité de l’Etat américain ».

Sans contrôle interne de l’irresponsabilité de Washington par les alliés, les médias et les sénateurs américains, le seul frein à son bellicisme est la diplomatie russe, chinoise, indienne et sud-américaine. Si cette diplomatie échoue, le drame de Fukushima, aussi grave soit-il, ne sera plus qu’une goutte d’eau dans l’océan. http://www.globalresearch.ca/weve-opened-the-gates-of-hell-fukushima-spews-radiation-world-wide/5395912

Le massacre de civils dans les anciens territoires russes entre les frontières est et sud de l’actuelle Ukraine par Washington, ses larbins de Kiev et ses vassaux européens est non seulement largement ignoré par les médias occidentaux, mais il est aussi nié, ou imputé à la Russie.

Les crimes perpétrés par les Etats-Unis, et imputés à la Russie, ont provoqué une grande colère au sein du peuple russe. Une telle colère est dangereuse car elle pourrait obliger Poutine, qui continue à préférer la non-confrontation http://rt.com/news/180268-putin-russia-mobilize-confrontation/ , à abandonner la diplomatie pour la violence.

Egor Prosvirnine, le rédacteur en chef d’un site d’information russe, nous montre l’étendue de la colère en Russie causée par le dangereux mélange de promesses non tenues par Washington et de propagande belliciste sournoise contre la Russie avec la complicité du gouvernement allemand. http://sputnikipogrom.com/europe/germany/18213/russian-appeal/

Prosvirnine exprime une ardente colère : « Les Allemands ont échoué à l’examen. Le Mal est revenu en Europe, et vous n’essayez même pas de lui résister, vous vous prosternez immédiatement à ses pieds comme des esclaves. » Pour les Russes, toute l’Europe est esclave du mal qui vient de Washington.

Pourquoi Merkel a-t-elle permis à Washington de pousser l’Allemagne au conflit avec la Russie, déclenchant une énorme colère des Russes envers l’Allemagne ? Comment expliquer l’échec total de Merkel en tant que dirigeante ?

Les gouvernements Clinton, Bush et Obama ont mené le monde sur le sentier de la guerre finale. Comment se fait-il que leur malfaisance ne soit toujours pas reconnue ?

Les Etats les plus meurtriers sont les États-Unis et Israël. En tolérant leurs massacres sans fin et leurs mensonges sans fin, le monde prépare sa propre disparition.

Le seul espoir pour la vie et la vérité est que le monde s’unisse contre ces deux gouvernements criminels, les isole diplomatiquement et économiquement, et rende impossible à leurs représentants officiels de voyager à l’étranger sans être arrêtés et jugés. Pourquoi le monde a-t-il besoin des Etats-Unis et d’Israël ? A moins que le monde n’ait un désir de mort, le monde n’a besoin ni des Etats-Unis ni d’Israël [pour vivre].

Paul Craig Roberts, traduction collective par les lecteurs du site www.les-crises.fr 

Source: http://www.les-crises.fr/washington-menace-le-monde/


[Transcription exclusive] Frédéric Lordon sur France Culture

Wednesday 20 August 2014 at 02:45

Vu les commentaires élogieux, je vous propose aujourd’hui la transcription de l’interview de Frédéric Lordon par Laure Adler sur France Culture le 26/11/2013. À écouter ici

Merci à Philippe qui l’a réalisée pour nous !

Laure Adler : Fréderic Lordon, vous êtes économiste, auteur de très nombreux livres malgré votre jeune âge. Il y a eu la politique du capital, Et la vertu sauvera le monde, L’intérêt souverain, La crise de trop, Capitalisme désir et servitude, D’un retournement l’autre, qui a donné lieu à une pièce de théâtre, et puis le dernier livre paru s’appelle la société des affects pour un structuralisme des passions mais vous n’êtes pas un économiste comme un autre, vous êtes un économiste philosophe ou un philosophe économiste. D’abord quand est venu le désir de faire se rejoindre la philosophie et l’économie.

Frédéric Lordon : Je vais vous dire, je ne sais plus ce que je suis. Economiste devenu philosophe, philosophe anciennement économiste, c’est compliqué ces histoires d’identité disciplinaires.

LA : Mais au départ c’était des études de philo ?

FL : Non au départ c’était vraiment des études d’économie, je suis un économiste presque bien né, j’ai fait une thèse dans les règles de l’art, farcie de mathématiques ce qui est très bien vu dans la profession.

LA : Mais pourquoi vous êtes devenu un économiste ?

 FL : C’est une drôle de trajectoire : j’ai suivi le cursus honorum à la française : grande école d’ingénieur, formation au business, c’était au milieu des années 80 et j’avais fort l’intention de devenir un winner et de gagner plein d’argent. Rien que de vous le dire ça me semble lunaire. Et puis il y a eu une bifurcation qui s’est produite dans mon existence et j’ai lâché tout ça parce que ça me semblait un peu vain, et qu’il m’a semblé plus intéressant de prendre la voie des livres, d’abord ce que j’ai lu plus tard ceux que j’ai commencé à écrire. Ça m’a pris du temps. Et l’économie : parce que je pense que j’étais désireux de prendre un point de vu critique sur le monde social et que la société présente étant notoirement dominée par les logiques économiques, il  me semblait que c’était par là qu’il fallait l’attraper. Que c’est l’économie qui donne, la clef non pas de tous les phénomènes sociaux mais en fin qui trace leur cadre d’ensemble, qui a un pouvoir de détermination écrasant. Donc si on veut comprendre quelque chose au monde contemporain et pouvoir lui adresser un critique efficace, ça c’est une autre affaire l’efficacité de la critique mais enfin, une critique pertinente, il me semblait que l’analyse économique était le meilleur point de vue.

Alors il y a plein de manières de faire de l’analyse économique, ce que j’ai découvert assez rapidement en entrant dans ce champ : il y a des théories orthodoxes, il y a des théories hétérodoxes. La science économique est en fait beaucoup plus bigarrée qu’on ne croit. Et moi tout de suite j’ai voulu prendre le point de vue hétérodoxe pour deux raisons, d’abord parce que c’était celui qui était le porteur d’une position critique et d’autre part, d’un point de vue intellectuel, parce que la posture hétérodoxe en économie est immédiatement pluridisciplinaire. Je ne voulais pas être un économiste pur jus de toute manière.

LA : Vous ne vouliez pas servir le capital !

FL : On peut dire ça comme ça. Je ne voulais pas tenir le discours de l’ordre dominant. Le courant théorique dans lequel  j’ai fait lames armes intellectuelles m’a proposé ça immédiatement : il s’agit de la théorie de la régulation — on pourra revenir là-dessus parce que c’est une appellation qui prête à toute sorte de contresens. Quand on dit la régulation, actuellement on entend : réguler la finance, réguler le capitalisme. Ça n’est pas du tout ça, c’est beaucoup plus profond comme concept mais peu importe. La théorie de la régulation, qui avait été fondée par des gens comme robert Boyer ou Michel Aglietta dans le milieu des années 70, s’inscrivait d’emblée dans un dialogue permanent avec les autres sciences sociales : la sociologie, la science politique, l’histoire, l’anthropologie etc… et c’est ça qui m’avait semblé immédiatement très attrayant du point de vue intellectuel.

LA : Et la philosophie ?

FL : La philosophie ça vient plus tard ! Ah il faut du temps pour ça.

LA : Et la révélation de Spinoza ?

FL : Vous savez, c’est comme toujours, c’est des mélanges de hasard et de nécessité. Spinoza il y avait eu une lecture incidente, tout à fait fortuite et puis c’est resté au frais pendant 10 ans. Je ne m’y étais pas intéressé d’avantage. Et il se trouve qu’à la fin des années 90, Je m’intéresse à une histoire bien peu faite pour solliciter la philosophie puisqu’il s’agissait d’un sordide combat de chiffonnier au sein du capitalisme français qui avait opposé trois très grandes banques dont vous vous souvenez peut-être, c’était la société générale, la BNP et PARIBAS qui se battaient à coup d’opa de contre OPA, c’était vraiment haut en couleur, y’avait de la chique et du mollard, ç’a été un épisode marquant du capitalisme français.

Je me suis donc lancé dans une monographie approfondie de cet épisode parce qu’il me semblait concentrer à peu près toutes les caractéristiques essentielles du capitalisme actionnarial qui était, là, en train d’entrer en plein régime. Cherchant quelles étaient les forces motrices qui étaient à l’œuvre, c’est-à-dire qu’est ce qui menait ces patrons et derrière eux toute leur entreprise à s’agresser ainsi avec une violence symbolique vraiment très spectaculaire. Il m’est apparu que ça n’était pas tant comme sont porté à le dire les économistes professionnels ou même certains sociologues, par exemple d’obédience wébérienne, que ça n’était pas tant la maximisation du profit non pas qu’elle ne soit pas à l’œuvre dans  le capitalisme, il faudrait être idiot pour soutenir une thèse pareille, mais elle ne règne pas exclusivement. D’autres forces encore emportent tous ces individus et toutes ces institutions, et la particulièrement elles étaient données spectaculairement à voir. Il s’agit de forces qui ont partie liée avec l’extension de l’empire, la résistance dans l’écrasement, le maintien dans la souveraineté, le maintien dans l’existence donc la persévérance.

Là ça m’a fait penser à cette lecture ancienne, le conatus, l’effort pour persévérer dans l’être. Donc tout ça avait trait à des logiques fondamentalement de puissance : la maximisation du profit est une forme particulière d’actualisation de la puissance économique mais il y en a d’autres. Alors la logique de la puissance ça appelle des concepts particuliers. Ca appelle des concepts que la philosophie a beaucoup travaillé. On pense à Nietzsche évidemment. Mais moi c’est cette idée de persévérance dans l’être qui m’avait marqué et qui avait laissé une trace. Alors je suis revenu à Spinoza ou plutôt j’y suis revenu pour de bon. J’ai commencé à le lire un peu sérieusement et ça a donné un livre : La politique du capital, qui était mon premier essai de spinozisme en économie politique, c’était terriblement rustique mais ça fonctionnait pas si mal.

LA : Comment peut-on expliquer que la pensée de Spinoza puisse irriguer le champ de l’économie, de quelle manière. Ça  n’est pas simplement sa philosophie, c’est la possibilité d’éclairer de l’intérieur de l’être des comportements individuels et collectifs. Comment c’est passé cette collision à l’intérieur de votre propre parcours intellectuel et comment avez-vous relié les deux champs disciplinaires ?

FL : Il y a cette bifurcation provoquée par cette étude des cas sur le conflit des banques : c’est le point de départ. A ce moment-là, je plonge tête première dans la philosophie de Spinoza. Ça n’est pas très facile mais j’étais disposé à la rencontrer : c’est ça la part de nécessité, tout dans ma trajectoire antérieure m’y avait préparé parce que la théorie de la régulation dont je vous avais parlé est d’emblée un point de vue structuraliste en science sociale. C’est-à-dire anti subjectiviste, qui met l’accent sur toutes les forces sociales qui dépassent les individus, qui rompt avec cette idée de l’individu entièrement maître de lui-même, maître de ses actes, qui insiste sur la détermination par les structures, par les institutions, c’est-à-dire par l’extérieur, par des forces sociales extérieures bien plus puissantes que les individus. Et ça c’est quelque chose qui est au cœur de la philosophie de Spinoza puisqu’il rompt avec la théorie du sujet telle qu’elle avait été proposée par Descartes par exemple. La théorie de la régulation elle, s’était élaborée au début des années 70 en proximité avec les travaux d’Althusser. Althusser était un grand lecteur de Spinoza. Il y avait donc tout un réseau de connexions souterraines, qui était déjà là, tout préparé et qui m’inclinait à cette rencontre. A partir du moment où je suis entré dans cette philosophie, qui certes n’est pas très facile à lire, tout immédiatement m’a parlé. C’est-à-dire que j’y ai trouvé tous les moyens conceptuels, de résoudre un certain nombre de problèmes théoriques qui étaient au cœur de ceux que se posaient la théorie de la régulation qui n’ont pas seulement à voir avec ces sordides histoires de banque mais qui pose plus généralement la question des institutions, de la déterminations des comportements individuels par les institutions, de la jeunesse des institutions, de leur crises, de leur reconstructions etc. etc.

Dans la philosophie de Spinoza notamment dans sa philosophie politique, j’ai trouvé plein de choses qui répondent à toutes ces questions. A partir de ce moment-là, j’ai dévalé le toboggan.

LA : Et comment le spinozisme peut-il éclairer la crise du capitalisme que nous sommes en train de vivre. Et est-ce que sa pensée s’applique plus particulièrement à cette crise que nous vivons

FL : Je conçois fort bien que le rapprochement d’un philosophe du 17e siècle et la crise du capitalisme du 21e siècle est de prime abord quelque chose de tout à fait incongru. En vérité comme vous le savez bien, on reconnait les grandes œuvres à leur persistance dans les temps, plus exactement à leur intemporalité. On pourrait remonter chercher des concepts chez des philosophes encore bien antérieurs à Spinoza et qui nous seraient utiles pour comprendre la vie des hommes en société toute contemporaine qu’elle soit.

LA : Dans le dernier livre que vous sortez qui s’appelle la société des affects, pour un structuralisme des passions, vous avez des chapitres où vous évoquez la figure tutélaire de Spinoza mais pour pouvoir, en tant que Spinoziste, analyser le champ de l’économie. Ca n’est pas temps l’interaction entre la pensée de Spinoza et l’économie que la pensée d’un spinoziste sur l’économie telle qu’elle existe aujourd’hui.

FL :  Il y a une chose que je voudrais dire avant tout pour dénouer tout malentendu qui pourrait se former à ce propos : il ne s’agit pas de tomber dans une espèce de talmudisme de l’œuvre de Spinoza. L’œuvre de Spinoza nous fournit des concepts extraordinairement puissants pour penser toutes les époques en vérité et les formes institutionnelles de toutes les époques. Mais en même temps ça n’est pas dans l’œuvre de Spinoza qu’on trouvera toute armée et prête à l’emploi une théorie du capitalisme et de ses crises et notamment de a crise présente. Tout réemploi de la philosophie  de Spinoza en sciences sociales est d’abord un travail de réélaboration de ses concepts pour pouvoir les mettre en circulation dans le plan analytique propre aux sciences sociales, qui n’est pas exactement le même que celui de la philosophie. C’est un travail, je serais presque tenté de dire, d’entremetteur, Il s’agit d’organiser des rencontres entre Spinoza et de penseurs contemporains du monde social. Donc Spinoza ne fait pas tout, c’est l’hybridation de Spinoza et d’autres pensées qui nous aide et qui nous fournit des résultats intéressants. Evidemment on n’hybride pas la pensée de Spinoza avec n’importe qui ni avec n’importe quoi pour des raisons élémentaires de contrainte de compatibilité théorique. Moi ce qui m’apparut être les bonnes hybridations furent celles qui rassemblaient la pensée de Spinoza et Durkheim, celle de Bourdieu ou celle de Marx. Nous voilà dans l’axe de la pensée du capitalisme. Marx qui était un grand lecteur de la pensée de Spinoza, tiens comment ça se fait et comme ça tombe bien n’est-ce pas ?

Ce que Spinoza met à notre disposition pour penser le capitalisme et en général ses crises, c’est une théorie des désirs et des passions aussi bien individuelles que collectives et de la cristallisation des désirs et de ces affects dans les formes institutionnelles qui sont toujours temporaires, qui sont toujours périssable : la crise est en permanence à l’horizon de toute forme institutionnelle. Ça c’est une grande idée de la théorie de la régulation au départ et c’est une grande idée de la philosophie de Spinoza, une grande idée de son traité de philosophie politique. Alors oui, si on a des instruments intellectuels robustes pour penser la genèse des institutions et leurs décomposition, leur crises, qui est toujours un risque situé à leur horizon, peut-être qu’on est pas mal armé pour dire quelque chose sur les crises du capitalisme qui sont des crises institutionnelles très généralement parlant.

LA : Nous allons écouter la voix de Pierre Bourdieu, il va parler de la violence symbolique à partir des textes de Hume, c’est un entretien avec Roger Chartier du 12 mai 1997, une archive des lundis de l’histoire.

 Nous sommes tellement habitués à l’idée que les dominants dominent que nous sommes amenés à évacuer la question du rapport du few, des quelques un, oligoi, le petit nombre, et le grand nombre, enfin comment se fait-il que le many se soumette au few de manière si simple finalement, qu’il y ait si peu de subversion. Alors cette question très paradoxale conduit à poser la question de l’obéissance. Hume fait une réponse très pascalienne, celle de l’opinion que Pascal appellerait l’imagination, mais l’imagination prise en un sens très fort, pas du tout l’imaginaire qu’on met à toute les sauces aujourd’hui. L’imagination c’est la représentation que l’on a du monde social lorsqu’on est socialisé, lorsqu’on est dressé en quelques sortes, à accepter le monde social tel qu’il est par la fréquentation longue, continue du monde. Si nous sommes si soumis finalement, si nous nous arrêtons au feu rouge, toutes ces choses étonnantes, les sociologues et les anthropologues ne s’étonnent pas assez. Les anthropologues parfois, parce qu’ils sont faces à des en sociaux si contraire à ceux auxquels ils sont habitués, ils sont presque obligés de s’étonner mais nous presque par définition étant comme des poissons dans l’eau dans l’ordre social, nous ne voyons pas ce que ça a d’extraordinaire que tant de gens agisse de façon si raisonnable alors qu’il y a la possibilité de tant de folie. Je prends les exemples les plus grossiers, les feux rouges, les sens interdit, etc. mais à tout instant le monde social est en péril. Or cet ordre périlleux et incertain comme la roulette, en réalité ça roule ça marche, en gros il y a tellement peu de catastrophes et pourquoi, alors c’est parce que, encore une fois cette grande loi pessimiste, parce que les agents sociaux sont « affrontés ». C’est une idée du philosophe Perth et qui va jusqu’à dire que si nous sommes bon en physique, c’est que nous sommes soumis depuis des millénaires aux lois du monde physique et que nous avons incorporés dans nos cerveaux les structures du monde mais je ne suis pas sûr que Perth aie raison après tout, j’ai envie de lui donner raison, mais ce qui est sûr que c’est vrai pour le monde social, nous sommes immergés dès l’origine dans des ordres sociaux : la famille, l’école… et à travers tous ces ordres nous sommes comme le dit Thomas Bernhardt dans ce magnifique texte des maîtres anciennes, nous avons le cerveau étatisé, nous sommes ajustés.

LA : Nous sommes ajustés, nous sommes dans un état de servitude volontaire et vous, Fréderic Lordon, vous revendiquez l’héritage de Pierre Bourdieu à l’intérieur de votre champ disciplinaire

FL : Ah oui, hautement, c’est une magnifique archive. La question qui est posée par Pierre Bourdieu qui est la question même de l’ordre social, c’est : « pourquoi les gens se comportent-ils comme ils se comportent. »

LA : C’est une question que vous posez tout le temps dans vos ouvrages. Ce ne sont pas seulement les masses qui vous intéressent mais c’est le ressort des individus face au réel.

FL : Tout à fait. Peut-être ce pour quoi la théorie de Spinoza nous arme le mieux, c’est pour une théorie de l’action. C’était d’ailleurs la visée de Pierre Bourdieu, toute sa sociologie avait en particulier le caractère d’être une théorie de l’action et de répondre à cette fameuse question : pourquoi les gens se comportent-ils comme ils se comportent ?  La réponse de Spinoza, qu’à mon avis Pierre Bourdieu pourrait tout à fait endosser, d’ailleurs il l’a endossée d’une certaine manière. La réponse de Spinoza c’était que, ça va vous sembler une tautologie pas très profonde alors qu’elle l’est en fait. Les hommes se comportent comment ils se comportent parce qu’ils ont déterminé à se comporter ainsi. Déjà il y a quelque chose de moins superficiel qu’il n’y paraît puisque la vue que nous avons spontanément de nous-même et qui est en quelque sorte toute infuse de cartésianisme tient que nous nous comportons ainsi que parce que nous avons décidé de nous comporter ainsi. Et que c’est l’effet d’un choix souverain.

Pas du tout nous  dit Spinoza : Il y a un Scolie fulgurant de la proposition 35 de la partie 2 qui dit la chose suivante : les hommes se trompent quand ils se croient libre opinion qui consiste en cela seuls qu’ils sont conscients de leurs actes et ignorant des causes qui les déterminent. Donc nous sommes en permanence sous le coup de détermination et pour une large part sous une détermination par des choses extérieures. Alors quelles sont les choses extérieures qui nous déterminent ? C’est ça toute la question. Par ce que, vous voyez bien en même temps, que nous soyons déterminés, n’implique pas par soi que nous fassions les mêmes choses, or comme le rappelle Pierre Bourdieu, en très grande majorité nous nous arrêtons au feu rouge, nous payons nos impôts, nous nous levons pour aller au travail matin etc., etc… Donc nos comportements sont remarquablement homogénéisés, tout divers et singuliers que nous nous croyons et si ils sont ainsi homogénéisés, c’est parce que des dispositifs de détermination de nos comportements sont éminemment collectifs et c’est cela que très généralement parlant on pourrait appeler des institutions. Des normes si vous voulez. Qu’est-ce que c’est que les institutions ou les normes sociales, celles qui nous font nous arrêter aux feux rouges par exemple?  Eh bien ce sont des dispositifs affectant, car voilà la grande idée de Spinoza : être déterminé à agir d’une certaine manière, c’est avoir été affecté par des causes extérieures et par suite avoir été déterminé à faire quelque chose de particulier.

Donc nous sommes soumis en permanence par des choses extérieures, alors des petites choses : je suis affecté par une tablette de chocolat qui me  passe sous les yeux et je suis induit à désirer en manger, bon ça ce n’est pas très important mais je rencontre aussi des affects qui ont une portée macro sociale, je rencontre les institutions, je rencontre l’état. Rencontrer l’état au travers du policier, de l’inspecteur des impôts, du guichet de telle administration, c’est une expérience tout à fait concrète et qui m’affecte tout à fait concrètement et qui me détermine à désirer me comporter de telle ou telle manière, m’arrêter au feu rouge, sortir mes papiers devant le flic.. Donc ces normes sociales sont au principe d’un concept qui est assez important chez Spinoza et que Bourdieu avait repris pour son propre compte qui est le concept d’obsequium. L’obséquium, c’est le concept du comportement ajusté, ajusté à l’ordre du réquisit institutionnel. Et donc tout ça se passe par voie des affects, par l’intermédiaire des affects. Et au voisinage des affects il y a toutes les idées produites par l’imagination et qui solidifie cet ordre affectant des institutions, comme Bourdieu le rappelait, cette fois-ci en faisant référence à Hume et Pascal, mais, chez Spinoza, l’imaginaire est d’une très très grande importance également.

LA : Nous allons écouter à nouveau Pierre Bourdieu, il va nous parler de son fameux concept d’habitus, un entretien avec Roger Chartier toujours en Janvier 88.

 Pour la notion d’habitus telle qu’on la trouve chez Aristote ou chez Saint Thomas ou au-delà chez des gens aussi différents que Husserl ou Mauss ou Durkheim lui-même, cette notion dit toujours quelque chose d’important. Elle dit finalement que les sujets sociaux ne sont pas des mentes momentane, des esprits instantanés mais, autrement dit, pour comprendre ce que quelqu’un va faire, il ne suffit pas de connaître le stimulus, il y a au niveau central, quelque chose qui se passe et un système de disposition. Alors ces dispositions ce sont des choses qui existent à l’état virtuel et qui vont se manifester en relation avec une situation. C’est un débat extrêmement compliqué mais la notion d’habitus a plusieurs vertus, elle importante pour rappeler que les sujets ou plutôt les agents ont une histoire, sont le produit d’une histoire individuelle, d’une éducation associée à un milieu et qu’ils sont le produit d’une histoire collective et qu’en particulier, les catégories de pensée, les catégories de l’entendement, les schèmes de perception, les systèmes de valeur etc. sont le produit de l’incorporation de structures sociales.

LA : Alors nous sommes régis par les institutions, nous sommes régis par les structures sociales quel est notre degré de liberté et comment essayer de l’assumer ?23’54

FL : Je crois que l’enseignement majeur d’une relecture de Spinoza c’est que la liberté n’est pas la bonne manière de poser la question. En effet, nous sommes systématiquement renvoyés à l’antinomie de la soumission ou de la liberté. Et ce n’est pas comme ça que ça se passe. Spinoza maintient que tous nos comportements sont déterminés et si on fait une lecture superficielle de cette proposition, on lui trouve forcément un caractère désespérant. Si nous sommes déterminés nous pouvons être déterminés qu’à subir les déterminations de l’ordre social et la soumission est notre fatalité indépassable. Il n’en est rien. La simple preuve en est donnée par le fait que Spinoza est un penseur de la sédition, c’est-à-dire un penseur de la déstabilisation des ordres institutionnels et politiques, un penseur de leurs crises. Et lorsqu’un ordre institutionnel est déstabilisé, lorsqu’un ordre social tremble sur ses bases, c’est-à-dire pour le dire dans des termes spinozistes, lorsque la multitude se met en mouvement pour adopter des comportements qui ne sont plus ceux de l’obséquium, elle n’en est pas moins toujours déterminée par ses affects collectifs, par ses affects communs. Donc échapper à l’ordre social n’est pas échapper à l’ordre général de la détermination, c’est simplement être déterminé à faire autre chose et ça n’est pas du tout la même chose : on a souvent reproché, non sans raison, au structuralisme d’être incapable de penser l’histoire, l’histoire dans sa dimension disruptive, dans sa dimension évènementielle. Un évènement a lieu, c’est la révolution, etc. Le structuralisme disait on est incapable de penser de la chose, c’est à demi vrai seulement Je veux dire : il y a, et ce le sens de tout mon travail, il y a une manière de penser le structuralisme qui le rend dynamique précisément par le jeu interne des affects et des désirs individuels et collectifs et par les réorientations de ces forces affectives et désirantes qui sont toujours susceptibles de survenir.

LA : Et qui sont toujours collectives

FL : Qui sont toujours collectives parce qu’en aucun cas un individu pourrait faire tomber à lui seul un ordre social, il ne faut pas se tromper à propos des illusions sur les grands hommes. SI les grands hommes sont grands, c’est parce qu’ils occupent à un endroit dans la structure sociale où sont concentrées d’immenses ressources collectives et que dans cette structure sociale, il est possible de faire jouer ces ressources dans un sens ou dans un autre. C’est ça qui fait la grandeur du grand homme et pas autre chose. Mais dans tous les cas, ça n’est jamais que parce que les individus sont collectivement déterminés à faire autre chose qu’ils ne faisaient pas auparavant que la crise peut se produire, la révolution survenir, alors parfois sans crier gare comme on l’a vu lors des printemps arabes par exemple. Il faut se sortir de cette antinomie de la soumission et de la liberté. Nous ne sommes pas plus libres ou nous ne sommes pas moins déterminés quand nous faisons la révolution que quand nous nous arrêtons au feu rouge, nous sommes déterminés à faire autre chose, c’est ça toute la différence.

LA : Quel est l’élan pour faire autre chose ?

FL : Alors ça c’est la grande question et il n’y a pas de réponse générale à ça. Là il n’y a que des cas : comment se produit une conjonction d’affects collectifs suffisamment puissant pour déterminer un mouvement de désir suffisamment lui aussi, c’est-à-dire des mises en mouvement de corps, de corps nombreux qui vont faire ces choses inhabituelles et secouer l’ordre social, éventuellement le renverser ? A chaque fois on ne sait pas ce qui se passe. L’ordre social en place a fini, dans le temps long, par se rendre odieux, et il y a nous dit Spinoza quelque part, il y a un point d’insupportable. Spinoza parle de l’indignation, un peu avant Stéphane Hessel, un petit peu plus profondément aussi puisque dans l’éthique, l’indignation c’est l’affect triste qui nait du spectacle du mal fait à autrui et dans le traité politique, l’indignation c’est l’affect qui serait lié à un énoncé comme : ça n’est plus possible, là ça n’est plus tolérable. Donc tous les individus ont quelque part leur point d’intolérable, nul ne sait où il se trouve a priori et on peut en dire autant des masses.

 

 

LA : Il faut que cet intolérable soit contagieux.

FL : Absolument, ça c’est la clef du changement social Il faut que cet intolérable soit contagieux pour déterminer un mouvement de corps suffisamment puissant, c’est-à-dire suffisamment nombreux pour qu’il se passe quelque chose. Alors toute la question est celle de la contagion et du passage coordonné d’individus nombreux de leur point d’intolérable. Où sont ces points d’intolérable on ne peut pas le dire. Regardez le cours pris par les sociétés actuelles depuis cinq ans à l’épreuve de cette crise absolument extraordinaire, qui violente les corps sociaux d’une manière qu’on n’avait pas vu depuis des décennies et pourtant l’ordre social néolibéral est toujours là et bien en place.

LA : Est de plus en plus en place peut être.

FL : C’est ça le grand paradoxe de l’époque. C’est que non seulement cette crise qui est appelée à faire date à l’échelle de l’histoire du capitalisme, parce que d’une magnitude sans précédent depuis celle des années trente, donc ceci entrera dans les livres d’histoire, il faut en être persuadé.

LA : Vous la rapprochez de celle de 29 alors ?

FL : Ah oui ça indiscutablement, elle en a les caractères quantitatifs et qualitatifs qui porte à ce rapprochement. Il ne s’agit pas de dire que ce sont évènements absolument identiques, mais dans l’ordre des intensités, là les deux évènements doivent être rapprochés l’un de l’autre. Souvenez-vous que le taux de chômage en Espagne et en Grèce est de 25% soit l’équivalent de ce qu’ils étaient  aux USA  et en Allemagne  en 1932.

LA : Aux états unis, il n’y a pas beaucoup de chômage en ce moment.

FL : C’est parce que l’économie américaine ne répond pas à la même configuration institutionnelle que celle qui était la sienne dans les années 30, que aux USA (pas du tout en Europe) il y a eu un petit peu d’apprentissage et que la réponse économique n’est pas la même qu’à l’époque. Plein de choses ont varié mais le paradoxe et il vaut pour le cas européen, c’est que non seulement cette crise d’une magnitude exceptionnelle n’a pas conduit à envoyer aux poubelles de l’histoire la doctrine qui a présidé à l’établissement du monde néolibéral, mais comme vous le signaliez, cette doctrine est en voie d’approfondissement accéléré donnant en quelque sorte raison à la théorie de la stratégie du choc de Naomi Klein. C’est pendant la crise que, loin d’être disqualifié, le libéralisme trouve une opportunité de se renforcer, c’est tout à fait étonnant et donc on manifeste en Grèce, on manifeste en Espagne, on manifeste en Italie, un peu en France etc. mais il ne se passe rien de significatif, on reste dans un jeu de manifestation du dissentiment, très codifié, très neutralisé, il faut bien le dire.

LA : Mais ça, ça ne vous satisfait pas, on voit bien à travers votre dernier livre, Frédéric Lordon, que vous êtes un homme qui vous insurgez contre ce néolibéralisme, contre l’ascension irrésistible des grandes banques, contre l’immatérialité des échanges économiques qui devient de plus en plus préoccupante,

FL : AH oui mais ça n’est pas nouveau, c’est même ce qui a déterminé mon engagement dans la trajectoire de chercheur en science sociale, le point de vue critique était là dès le début.

LA : Vous avez même préconisé la fin de la Bourse, la mort de la Bourse.

FL : Oui, oui en effet, je soutien la thèse

LA : Ah vous la soutenez toujours ?

FL : Ah mais plus que jamais. Je soutiens la thèse qu’une économie sans Bourse fonctionnerait mieux qu’une économie avec, alors vous voyez, je prends le risque de vous dire ça sachant qu’on n’a pas le temps de développer l’argumentaire.

LA : Si, si, on va le prendre.

FL : Mais c’est compliqué, il aurait presque fallu une émission entière pour cela et c’est un risque parce que lâcher tout à trac une proposition de cette nature est bien fait pour vous disqualifier et vous faire passer pour l’hurluberlu gauchiste de service.

LA : Un collaborateur du monde diplomatique n’est pas forcément un homme très engagé à droite

FL : Oui, en général, c’est plutôt la corrélation qu’on observe. Mais ça a tout du lyrisme romantique pour adolescent qui ne tardera pas à être dégrisé sitôt passé le cap de ses trente ans. Il faut se souvenir que nous avons vécu pendant quarante ans entre 1945 et 1985 dans une économie où, la présence des marchés financiers, la présence de la Bourse en particulier, par quoi j’entends stricto sensu le marché particulier des actions, était incroyablement réduite, les marchés financiers étaient cloisonnés de partout la circulation des capitaux entravée, le contrôle des changes effectifs, la Bourse elle-même était un marché croupion, les actionnaires eux-mêmes n’avaient pas voix au chapitre et dans cette configuration-là, la croissance était de 5% l’an et il y avait le plein emploi. Donc même vu de loin et sommairement là aussi il y a une corrélation qui devrait frapper les esprits.

Mais il faudrait développer l’analyse pour montrer que la Bourse, je dirais même la surrection du pouvoir actionnarial, a été un fléau économique du point de vue même des entreprises. J’irais même jusqu’à soutenir qu’on pourrait enrôler un bonne partie du capital industriel dans cette croisade contre la Bourse, ça serait le paradoxe. Ça serait une alliance objective comme dirait Lénine et transitoire par le fait, puisque moi, ce que je m’efforce de penser également ça n’est pas seulement la fermeture de la Bourse ou la sortie des politiques d’austérité, ou une autre construction monétaire européenne ou un retour aux monnaies nationales ou …

LA : Un retour à une monnaie nationale, ça c’est une idée de Marine Le Pen et du front national depuis des décennies ?

FL : Non, justement. Pas depuis des décennies et c’est justement contre ce genre de récupération que j’essaie de lutter pied à pied car le front national avec à sa tête Marine Le Pen est devenu d’une habileté stratégique redoutable, et est entrain de capter quasiment tous les thèmes de gauche tant et si bien que la gauche critique, tétanisée à l’idée du stigmate extrême-droitier du front national, abandonne les uns après les autres, tous les thèmes que pourtant elle devrait avoir vocation à défendre.

LA : On ne va pas revenir à une monnaie nationale et à une fermeture des frontières quand même !

FL : C’est précisément l’amalgame contre lequel il faut résister !

LA : Vous n’êtes pas européen ?

FL : D’abord que veut dire « être européen ?

LA : Ça veut dire vivre dans cet espace économique et hélas pas assez intellectuel et culturel et diplomatique et militaire !

FL : Pour le coup vous avez raison. Vous voyez, vous avez dit vous-même qu’il y avait plein de manière d’être européen. Alors si être européen veut dire vivre dans le cadre du traité de Lisbonne, c’est-à-dire dans le cadre de la libre circulation des capitaux dans le cadre de libres échanges, dans les cadre de la banque centrale indépendante et des politiques d’austérité qui sont déterminées par le jeu mécanique des traités. SI ça c’est être européen, je n’ai aucun mal à dire que je ne le suis pas. En revanche évidemment, grâce au ciel, il y a plein d’autres manières d’être européen. On peut être européen du point de vue des échanges culturels, du point de vue de la circulation des savants, du pont de vue de la circulation des artistes, du point de vue du développement des traductions, du point de vue des histoires croisées de nos différents pays, du point de vue de la circulation des touristes…

LA : Mais revenir à une théorie non européenne, à une monnaie nationale sans échanges avec les autres pays voisins, comment  faites-vous ?

FL : Mais c’est absurde cet amalgame ! Avant 2002 nous avions des monnaies nationales, avez-vous vu que nous n’avions pas d’échange avec les autres pays ?

LA : On ne va pas retourner en arrières ?

FL : Ecoutez, si demain le néolibéralisme franchit un cran supplémentaire et supprime la sécurité sociale et que je vous dis : il faut reconstruire la sécurité sociale. Est-ce que vous me direz : « on ne va pas revenir en arrière ». C’est passéiste ! Donc le retour en arrière et le progrès sont des notions à manier avec un peu de circonspection. Je reproche à l’Europe de martyriser les peuples comme le peuple grec, comme le peuple espagnol, comme le peuple portugais, et je dis que ça ne peut plus durer. Alors après je dis également qu’on pourrait envisager de changer l’Europe, de faire un autre euro, un euro qui serait social et progressiste à la place de l’euro austéritaire présent. Mais j’ajoute aussitôt, cette transformation-là, d’un euro à un autre est un rêve de singe. Là aussi, il faudrait que je prenne le temps de développer tout ça. Vous voyez, de bifurcation en bifurcation, on a quitté Spinoza on est passé à « on ferme la bourse » et nous voilà à discuter des monnaies nationales et de la monnaie commune.

LA : On va revenir à Spinoza peut-être ?

FL : Non, non je voudrais terminer ce que j’ai à dire sur le sujet. Je pense que la disqualification du retour aux monnaies nationales procède d’un réflexe de pensée qui n’est pas analysé. En vérité, rien n’oblige à penser que retourner aux monnaies nationales consisterait comme hélas une caricature fréquente le soutient, consisterait à s’enfermer derrière de hauts murs et comme en général les images à ce sujet ne sont guère subtiles, elles ajoutent des détails à base de forteresse, miradors barbelés, etc. En ayant oublié, alors que ça ne date pas de si longtemps, que, j’y reviens pas sur un mode passéiste mais sur un mode logicien, vous allez voir. Dans les années 45-75, nous avions une configuration des économies nationales et internationales qui avaient tout, lues depuis notre point de vue actuel, pour être l’enfer sur terre : Protectionnisme, non liberté de circulation des mouvements de capitaux, contrôle des changes, nombreuses entreprises nationalisées, etc.  Etc. Et dans ce monde-là – l’enfer sur terre selon le point de vue de Pascal Lamy – dans ce monde-là, je le rappelle encore une fois : croissance à 5%, plein emploi, mais surtout, extrême droite inexistante dans tous les pays européens, pas de tensions entre les pays européens, Je vous signale que l’Europe comme prospectus en faveur de l’amitié entre les peuples est en train d’en prendre un sacré coup. Angela Merkel est représentée en officier nazi dans les cortèges de protestataires grecs, les allemands représentent sur la couverture d’un de leurs magazines les plus lus une vénus de Milo en train de faire un doigt d’honneur, appellent les grecs à vendre les Cyclades et le Parthénon, Je trouve que la paix entre les peuples n’a pas fait de très grands progrès ces temps-ci.

LA : Mais que proposez-vous Frédéric Lordon ? Ce n’est pas Spinoza qui va nous aider !

FL : Ah non là on a quitté Spinoza depuis belle lurette ! Là j’ai repris ma casquette d’économiste. Moi je pense que pour tout un tas de raisons que j’ai développés dans un certain nombre de textes et puis aussi dans un livre qui paraîtra d’ici quelques mois. La transformation de l’Europe est impossible pour un certain nombre de raisons très, très profondes, c’est-à-dire : passer d’une Europe Libérale et austéritaire présente à un Europe qui serait sociale et progressiste sans transition. C’est pourquoi je pense que le retour aux monnaies nationales surgira du seul fait qu’émergera un projet de transformation de l’euro. Et pour une raison très simple, c’est que l’euro actuel est un euro qui a été conçu pour donner toute satisfaction aux marchés financiers. Je pourrais vous reprendre le détail des règles économiques et vous apporter l’agencement institutionnel de l’euro, un par un, et qui vous convaincrait du bien-fondé de cette proposition. Par conséquent tout projet de transformation significative de l’euro ne pourrait avoir pour sens précisément que de soustraire la monnaie européenne à l’empire de la finance et des capitaux. Ce que voyant, la finance et les marchés de capitaux déchaînerait immédiatement un vague de spéculation d’où résulterait l’éclatement de la zone euro et le retour forcé aux monnaies nationales. Je dis que ce retour aux monnaies nationales n’est pas, normativement parlant, une catastrophe, qui nous permettrait de recouvrer de très nombreux degrés de liberté économique mais aussi politique.

LA : Le retour à la souveraineté nationale.

FL : Oui, parfaitement, le retour à la souveraineté nationale car je ne vois pas comment on peut contester l’idée, plus exactement, le retour à la souveraineté populaire. Car je ne vois pas comment on peut contester l’idée de souveraineté populaire d’un point de vue de gauche. Et ça n’est pas parce que le front national ou les mouvements de droite à la droite de l’UMP ont essayé de capter et réussi semble-t-il à capter ce thème qu’il faut se laisser faire pour autant. Car de dépossession en dépossession, nous finirons à poil. Qu’est-ce que c’est que la souveraineté populaire ? La souveraineté populaire, c’est la capacité d’une communauté politique à décider de son propre destin. C’est une idée qui nous a été léguée par les lumières, qui nous a été laissée par la révolution française et je refuse le stigmate du front national et qu’on nous vole cette idée. La souveraineté populaire d’ailleurs, c’est un petit peu plus que la souveraineté nationale et cela serait ça la différence qu’il faudrait marquer entre les deux. Et de même pour l’idée de nation.

Si j’avais su que nous allions parler de ce thème, je serais venu avec quelques munitions en particulier avec une définition de la nationalité qui avait été donné dans l’article 4 de la constitution de 1793, la constitution de Robespierre.

Article 4.

  • Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ;
  • Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année – Y vit de son travail – Ou acquiert une propriété – Ou épouse une Française – Ou adopte un enfant – Ou nourrit un vieillard ;
  • Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité

- Est admis à l’exercice des Droits de citoyen français. [Source

C’est une définition de la citoyenneté et c’est une définition qui est absolument admirable. Car la nation si elle est une communauté finie car la souveraineté populaire ne peut s’exercer que QUE dans le territoire d’un périmètre fini, n’en déplaise au cosmopolitisme, car on n’a pas vu encore l’ombre d’une communauté politique mondiale ceci n’existe qu’en phantasme. Donc si la nation, lieu d’exercice de la souveraineté populaire est une communauté finie, elle n’est pas pour autant une communauté close et rien n’interdit que des étrangers ne prennent la nationalité française définie comme citoyenneté, en particulier tous les travailleurs qui sont actuellement clandestins, qui payent leurs impôts, leurs cotisations sociales. Ces gens-là ont droit à la nationalité française précisément parce qu’ils s’acquittent de leur devoir de citoyen, le plus fondamental peut-être, qui est le devoir au consentement fiscal, là où des Bernard Arnault, des Jérôme Cahuzac, des Depardieu, es Johnny se baladent dans le monde comme dans un self-service à passeport pour faire de l’optimisation fiscale. Et donc voilà ma redéfinition de la nation française, et celle-là ne va pas plaire au front national : Bernard Arnault, pas français, Johnny, pas français, Cahuzac pas français. Mais tous les travailleurs clandestins qui aspirent, eux, à payer des impôts sont français de plein droit.

LA : Mais il faudrait que vous fassiez de la politique Frédéric Lordon !

FL : Ah non, ça je n’en ai aucune intention ! Donc je me contente de faire ce que je sais faire dans le petit segment de la division du travail qui est le mien, et je me trouve très bien comme ça.

LA : Eh bien merci et vive Spinoza !

FL : Que nous avons laissé en cour de route mais ça n’était pas désagréable non plus.

LA : Merci Frédéric Lordon.

Transcription : Philippe pour www.les-crises.fr 

N.B. vous pouvez la reprendre en intégralité sur votre site, indiquez simplement la source, merci :)

Source: http://www.les-crises.fr/lordon-sur-france-culture/


[Reprise] Le conflit ukrainien – propagande et réalité, par Klaus Hornung

Wednesday 20 August 2014 at 01:57

Le conflit ukrainien – propagande et réalité

La chancelière maîtrise parfaitement la propagande par les médias. Au début ce fut l’«absence d’alternative» pour l’euro et son sauvetage. Maintenant elle reproche au président Poutine et aux Russes le retour à la «vieille façon de penser» du communisme soviétique, sa tendance à vouloir des «sphères d’influence», ce qui avait été abandonné il y a 25 ans, c’est-à-dire à la fin de la guerre froide, remplacé alors par un respect réciproque des intérêts et une coopération internationale, menée particulièrement par l’UE et les Etats-Unis. Depuis le début du conflit ukrainien, l’hiver dernier, cette façon de présenter la réalité est devenue une véritable rengaine de la propagande occidentale qui à tout prix veut rendre la Russie responsable de ce conflit et de son renforcement. Il est donc nécessaire de revoir les faits.

En 1991, l’Ukraine était devenue, après l’effondrement de l’Union soviétique, un pays indépendant. Mais elle était restée un Etat politiquement fragile. Leurs dirigeants venaient, pour l’essentiel, de la nomenclature soviétique. Toutefois ces gouvernements oligarchiques se tournaient déjà vers l’Ouest. En 1992, l’Ukraine adhéra au FMI, en 2004 à l’OMC. Les frontières furent ouvertes aux capitaux étrangers. Le résultat en fut la fermeture entre 1991 et 2013 de la moitié des entreprises, le reste étant accaparé par les multinationales étrangères et les oligarques. Pendant cette période le produit brut intérieur fondit à 70% de celui de 1991, la production d’acier à 43%, la population, du fait d’une énorme émigration, passa de 52 à 38 millions d’habitants.

Le pays, ainsi affaibli, tomba sous les intérêts occidentaux, américains et européens, le tout préparé et financé par des fondations politiques et par certains médias tels que Radio Liberty, Voice of America, la BBC et la Deutsche Welle. En 2004 eut lieu la «révolution orange» menée par une large frange de la population. Julia Timochenko devint leur idole, et la tête dirigeante du gouvernement, alors qu’elle faisait elle-même partie de l’oligarchie. Sa rivalité constante avec le futur président Viktor Iouchtchenko aboutit en 2009 à de nouvelles élections et au retour de la vieille garde oligarchique au pouvoir. Le président Viktor Ianoukovitch continua de négocier pour associer l’Ukraine à l’UE. En été 2013, le contrat était prêt, mais subitement le président refusa de le signer et empêcha ainsi sa mise en vigueur. Il semble bien que le président Poutine se soit mêlé de l’affaire en offrant une aide financière alléchante pour la livraison de gaz et de pétrole. Le résultat fut qu’en souvenir de la révolte de 2004, une nouvelle résistance contre le régime oligarchique et la tutelle de Moscou éclata, surtout en Ukraine occidentale et centrale, se transformant au cours de l’hiver 2013/14 en révolte populaire, causant de nombreux morts.

Le 21 février 2014, les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et de la Pologne se rendirent à Kiev pour tenter une médiation dans ce conflit qui prenait de l’ampleur. En fait, on mit en route un accord prévoyant la remise en activité de la Constitution de 2004, de nouvelles élections et la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Les signatures des trois ministres des Affaires étrangères, du président Ianoukovitch, d’un représentant du président Poutine, ainsi que de représentants du mouvement du Maïdan devait offrir une solution raisonnable. Toutefois les trois ministres des Affaires étrangères retournèrent brusquement chez eux dans la nuit même, créant un vide que des forces radicales du Maïdan surent exploiter immédiatement pour s’imposer par la force, provoquant dans la nuit même la fuite du président Ianoukovitch. A Kiev fut installé un gouvernement et un président provisoires, ce qui rendit caduques les mesures prises par les ministres européens. Toutefois, on réussit peu après à obtenir l’accord de la majorité du Parlement ukrainien en faveur de cette transition, du fait notamment qu’une partie du groupe parlementaire en soutien du président Ianoukovitch s’était rallié au nouveau gouvernement.

Le gouvernement de Moscou a pu facilement dénoncer les événements de Kiev comme un coup d’Etat de «nationalistes, néonazis et antisémites» ukrainiens et les condamner. A partir de là, on se mit à préparer l’annexion de la presqu’île de Crimée à la Fédération de Russie, le tout tant en Crimée même qu’à Moscou. Une grande majorité de la population de Crimée se prononça le 16 mars pour cette annexion. Le 18 mars déjà, le président Poutine déclara dans un discours au Kremlin la disposition du gouvernement russe de répondre favorablement à la demande de la population de pouvoir intégrer la Fédération de Russie. Poutine put justifier cette annexion tant du fait du coup d’Etat des forces radicales à Kiev qu’en se référant à l’histoire allant du baptême de Wladimir le Saint, le fondateur de la Rus mille ans plus tôt à Cherson jusqu’à l’annexion de cette presqu’île en 1783 par la tsarine Catherine la Grande. Poutine rappela encore que la presqu’île avait été défendue héroïquement entre 1853 et 1856 contre les Anglais et les Français de même que contre les envahisseurs allemands entre 1942 et 1944. Le 18 mars, le président justifia cette annexion contre les accusations occidentales, comme quoi la Russie aurait eu recours à une annexion en violation du droit international, en se référant à la Charte des Nations Unies qui ne considérait pas cette annexion comme une violation du droit international tout comme elle ne s’était pas opposée à la scission du Kosovo de la Serbie en 1999. Dans ce contexte, Poutine ne put s’empêcher de rappeler le bombardement de Belgrade par l’OTAN en 1999 de même que les interventions armées en Irak et en Libye sans autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui furent donc parfaitement illégales par rapport au droit international. Finalement, il répéta l’accusation russe que les USA et l’OTAN ne respectaient pas leur promesse des années 90 de ne pas étendre les frontières de leur alliance vers l’Est, de même que la mise en place d’un système de défense anti-missiles en Pologne et en Tchéquie sans aucune considération pour la Russie.

Il est intéressant de remarquer que le 14 mars 2014, soit un jour avant le discours de Poutine, le professeur américain John Mearsheimer, professeur de politique internationale à l’Université de Chicago, avait exprimé dans le «New York Times» son opposition au chœur de protestation de la politique et des médias «occidentaux» accusant la Russie d’être à l’origine du conflit ukrainien. Ce professeur américain voit plutôt les racines du conflit dans la volonté des Etats-Unis, depuis les années 90, de retirer l’Ukraine pas à pas de l’influence russe. Il rappela que déjà en 2008, on évoquait ouvertement au sein de l’OTAN l’annexion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’alliance occidentale. Depuis l’automne 2013, le président Obama et l’ambassadeur américain à Kiev avaient soutenu le mouvement de révolte dans la capitale, et que de ce fait l’annexion de la Crimée ne pouvait être une surprise. Ce professeur adressa donc comme conseil à la politique américaine de respecter à l’avenir les intérêts russes en Ukraine et de reconnaître que ce pays est un tampon entre l’Est et l’Ouest. Mearsheimer fut aussi le premier en «Occident» à rappeler que les Etats-Unis auront bientôt besoin de la Russie quand il s’agira de négocier à propos de la Syrie et de l’Iran, de même que du retrait de l’Afghanistan, mais finalement aussi en regard de la Chine qui s’annonce comme un rival important à l’avenir.

Afin de comprendre le nouveau conflit est-ouest, il faut se reporter au développement historique et aux relations depuis l’effondrement de l’Union soviétique il y a 25 ans. La première décennie après 1991 se déroula sous les efforts du président Eltsine pour provoquer un choc en menant le pays à coups redoublés vers une économie de marché comme en Occident. Cette expérience ne pouvait qu’être un échec, cela sous l’influence des oligarques qui s’étaient approprié par des méthodes criminelles les biens du pays, mais placèrent les rendements de ces biens mal acquis dans les banques étrangères au lieu de réinvestir dans le pays, ce qui empêcha de moderniser l’économie du pays provoquant l’appauvrissement d’une grande partie de la population. Le résultat en fut non seulement la nécessité pour la Russie d’emprunter largement en Occident, mais aussi qu’en 1998 le pays fut déclaré en banqueroute.

Ces années Eltsine sont restées gravées dans la mémoire de la population comme l’«époque du désordre», avec un gouvernement faible dépendant de l’Occident et de ses nombreux «conseillers». Ce fut une ère de faiblesse, utilisée par l’Ouest, notamment par les Etats-Unis, à ses fins propres.

Il faut tenter de comprendre le phénomène Poutine à partir de là, lui qui prit le relais de Eltsine en mars 2000, bien décidé à mettre un terme à cette «époque du désordre», à domestiquer les oligarques, à panser la plaie de la guerre en Tchétchénie, ce qui lui valut un fort soutien de la population. Malgré sa déception à l’égard de l’Ouest, il maintint la politique de bonne entente et de coopération avec l’Union européenne et les Etats-Unis. L’aboutissement de cette politique fut la conclusion de l’accord START devant favoriser la réduction des deux arsenaux d’armes nucléaires. («Strategie Arms Reduction Talks»), signé solennellement en mai 2002 à Moscou par les présidents Bush jun. et Poutine. D’autres étapes de la coopération est-ouest suivirent, comme la mise en place d’un conseil OTAN–Russie permettant des échanges de vue sur des questions stratégiques communes et finalement l’accès de la Russie dans le groupe des Etats du G-8, permettant un fort développement des échanges commerciaux.

Mais cette lune de miel entre l’Est et l’Ouest, comprenant l’entente entre les Etats-Unis et la Russie ne dura pas et subit un vent froid, voire glacé. C’est précisément là que l’Occident mit le doigt, marquant un intérêt véritable pour notamment l’Ukraine en utilisant les méthodes musclées occidentales pour prendre de l’influence. Lors de son discours à la Conférence sur la sécurité de Munich en février 2007, Poutine dut mettre en garde l’Occident du fait de ses nouvelles méthodes d’immixtion politique dans les nouvelles relations de la Russie avec ses voisins. La Russie avait déjà eu affaire à la «révolution orange». Lorsque les ambitions occidentales s’étendirent sur la Géorgie, la Russie mit un halte-là défendant ses intérêts en intervenant militairement en 2008 pendant cinq jours contre la Géorgie séparant ainsi la province d’Ossétie du Sud et la mettant sous la protection de la Russie.

Lorsque Madame Merkel parle de la résurgence de l’«ancienne façon de penser» en «zones d’influence» de la part de Moscou dans le conflit ukrainien, elle ignore la réalité, ne tenant aucun compte de la volonté de l’Occident d’étendre constamment ses zones d’influence vers l’Est. Le tout sous le prétexte de droits de l’homme et de liberté alors qu’il s’agit d’une longue marche de l’Occident contre laquelle la Russie avait longtemps marqué beaucoup de patience pour finalement tirer une ligne rouge quant à ses propres intérêts.
Une solution de la crise ukrainienne ne sera possible que dans la mesure où les deux parties, la Russie et l’Occident, seront prêtes à insérer le tout dans un espace global stratégique, c’est-à-dire de reconnaître qu’il faut d’abord régler le très sérieux conflit concernant la Syrie, qui dure depuis trois ans, mais aussi celui avec l’Iran. Autrement dit: la solution du conflit ukrainien est une condition préalable pour être en mesure de régler le conflit central, qui ne peut trouver de solution qu’avec l’aide de la Russie, comme le souligne le professeur Mearsheimer. Cela était déjà apparu lors de la question des armes chimiques syriennes, l’année précédente, dont la solution ne fut possible que grâce à la participation de la Russie.

Dans le conflit ukrainien, on ne pourra également trouver une solution que dans un compromis entre l’Est et l’Ouest, dont le point central doit être la reconnaissance de l’association de l’Ukraine avec l’UE par la Russie et, par ailleurs, l’acceptation par l’Occident de l’annexion de la Crimée par la Russie. Toutefois, ce compromis exclut fermement une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Il s’agit donc pour les deux parties d’accepter les faits accomplis qui se sont déroulés pendant les mois du conflit. Ce compromis, inéluctable et souhaitable, devra être complété par une Constitution réglant les questions fédéralistes qui prendront en compte les intérêts de l’Ukraine orientale de même que de la Russie. Ce compromis est la condition même, d’un point de vue de stratégie globale, pour la reprise d’une coopération entre l’Occident et la Russie. A ce propos, on ferait bien de tenir compte de la thèse de Kishore Mahbubani, diplomate intelligent et scientifique de Singapour, qu’il est bon de ne pas perdre de vue la Chine dans les relations avec la Russie. Dans cette perspective de stratégie globale la résistance commune à l’offensive islamique jouera son rôle. Il s’agit d’une convergence des intérêts stratégiques du «monde situé entre San Francisco et Vladivostok». Dans cette perspective, le conflit ukrainien ne jouera qu’un rôle secondaire.

(Traduction Horizons et débats)

Pour rappel, deux extraits du livre de Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde :

Elargissement de l’OTAN et de l’UE en faveur de la politique mondiale des Etats-Unis
«A court terme, il y va de l’intérêt des Etats-Unis de consolider et de préserver le pluralisme géopolitique qui prévaut sur la carte d’Eurasie. Par le biais de manœuvres politiques et de manipulations, on pourra ainsi prévenir l’émergence d’une coalition hostile qui pourrait chercher à contester la suprématie des Etats-Unis, ce qui n’empêcherait toutefois pas un Etat donné d’imaginer de le faire lui-même. (p. 253s.)

[…] L’élargissement de l’Europe et de l’OTAN serviront les objectifs aussi bien à court terme qu’à plus long terme de la politique américaine. Une Europe plus vaste permettrait d’accroître la portée de l’influence américaine – et, avec l’admission de nouveaux membres venus d’Europe centrale, multiplierait le nombre d’Etats pro-américains au sein des conseils européens – sans pour autant créer simultanément une Europe assez intégrée politiquement pour pouvoir concurrencer les Etats-Unis dans les régions importantes pour eux, comme le Moyen-Orient. Il est également essentiel pour l’assimilation progressive de la Russie dans un système de coopération mondiale que l’Europe soit bien définie sur le plan politique.» (p. 255)

Source : Klaus Hornung, Horizons et débats

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-le-conflit-ukrainien-propagande-et-realite/


Les flics se déchaînent, par Paul Craig Roberts

Tuesday 19 August 2014 at 05:00

Un billet de Paul Craig Roberts… Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général…

Par ailleurs, on apprend ici que :

Les agents de police, gardiens de sécurité ou milices autoproclamées  de vigilance ont entraîné au moins 313 exécutions extrajudiciaires  d’Afro-Américains   en 2012, selon  une étude récente . Cela signifie qu’une personne noire a été tué par un agent de sécurité toutes les 28 heures. Le rapport note qu’il est possible que le nombre réel pourrait être beaucoup plus élevé.

L’édifiante étude est ici :

EDIT : un autre assassinat le 17 juillet à New York, sur un noir, Eric Garner, 43 ans – étouffé en hurlant qu’il ne pouvait plus respirer…  Son tort? Alors qu’il sortait dîner avec son ami Ramsey Orta, ce père de six enfants a séparé une bagarre dans la rue. Quand les policiers sont arrivés sur place, ils ont voulu l’arrêter pour vente illégale de cigarettes. Garner, asthmatique et qui n’était pas armé, s’est disputé avec les agents en leur demandant de le laisser tranquille.

 

Paul Craig Roberts, 15 août 2014

(autre angle :

Voir une galerie de photos sur Fergusson ici)

Mise à jour: J’ai reçu quatre ou cinq courriels de lecteurs qui se plaignent que la personne sur la photo ci-dessus, qui est une photo prise à partir de comptes rendus des médias, n’est pas la personne qui les flics ont assassiné à Ferguson.

En quoi est-ce important ? La photo montre trois flics surdimensionnés pointant des armes militaires à bout portant sur un adolescent noir levant ses mains. Un seul de ces flics non armé aurait pu le maitriser. La photo montre que les policiers sont formés à l’utilisation d’une force excessive.

Les courriels que j’ai reçus démontrent l’incapacité de nombreux Américains pour faire face à la fois émotionnellement et rationnellement à la réalité.  Ils essaient de se cacher de la réalité en prétendant que la taille de Ferguson menaçait la police, qui a eu raison de lui dessus. Se cacher la réalité est le refuge des Américains qui ne pensent pas. La plupart des “personnes exceptionnelles” peuvent être trouvées là s’y cachant.

L’aile droite “la loi et l’ordre” des conservateurs républicains qui défendent les assassinats par la police croient profondément qu’ils sont  menacés non pas par le gouvernements fédéral  détruisant leurs protections constitutionnelles, mais par des ”minorités” à la peau foncée  Ils croient, contrairement aux pères fondateurs de l’Amérique , que le gouvernement et ses forces de police sont ce qui les protége.

Cette croyance condamne les Américains.

 

Ferguson, Missouri, est une petite ville à forte majorité noire, dont le gouvernement et la police sont blancs. La police municipale de Ferguson a assassiné un jeune noir de 18 ans, qui avait les mains au-dessus de sa tête. Si vous jetez un oeil à la photo des trois brutes pointant des fusils militaires à bout portant vers lui ayant les mains en l’air, alors qu’il est évident qu’un seul de ces voyous surdimensionnés aurait suffi à retenir sans arme le gamin, vous pouvez comprendre comment la force policière excessive entraine des exactions et des meurtres de citoyens.

Il n’y a aucund oute que la communauté noire de Ferguson regarde la mort de Michael Brown comme un assassinat. Mais faut-il être couvert par le gouvernement blanc et les force blanches de police si les manifestations sont limitées à la petite population de la ville noire de Ferguson? Ainsi que le suggère cet article, il y a une bonne raison de craindre une dissimulation à Ferguson : http://rt.com/usa/180680-ferguson-henry-davis-blood/

Il y a un autre aspect stupéfiant dans ce meurtre. A Ferguson, des manifestants non armés font face à une petite force de police municipale qui est aussi bien ou mieux armée que les troupes de combat des Etats-Unis sur les champs de bataille des pays envahis par Washington. S’il y a des problèmes à Ferguson, c’est juste parce que les flics ont tué de sang-froid un enfant sans raison ni justification, et que la communauté noire pense que le gouvernement blanc donnera un laissez-passer au meurtrier blanc. Le procureur général noir à temps partiel, Eric Holder, n’a pas envoyé la police fédérale enquêter.

Il n’y a pas qu’à Ferguson que des flics voyous assassinent des gens, et ils ne tuent pas que des Noirs. Les Blancs y ont droit aussi. Il y a un grand nombre de meurtres commis par la police dans “la maison de la liberté et de la démocratie”. Pendant la guerre en Irak, la police américaine a assassiné plus de civils américains innocents que les Etats-Unis n’ont perdu de soldats à la guerre !

La police américaine assassine tant de civils que cela prendrait plusieurs volumes épais pour enregistrer ses atrocités. Celles mentionnées dans cet article font simplement partie de celles qui ont été signalées récemment.

L’Atlanta-Journal Constitution rapporte qu’une femme blanche de 37 ans ayant eu une réaction à des médicaments prescrits a essayé d’appeler le 911 pour obtenir de l’aide, mais à la place, c’est une brute de la police qui a tiré sur elle, la tuant contre le mur de sa chambre à coucher. La police a inventé une histoire : la femme en détresse médicale aurait menacé le voyou de la police avec une arme. http://www.ajc.com/news/news/woman-killed-by-henry-police-called-good-neighbor/ngngK/

Le journal rapporte que le mari de la femme a également appelé le 911, mais omet de signaler que le mari a dit qu’il retournait chez lui, ne voulait qu’un traitement médical et demandait de ne pas envoyer la police. Mais les brutes ne pouvaient pas manquer l’occasion de tuer un autre civil américain innocent.

Les victimes de la police n’ont aucun droit, et dans la grande majorité des cas, les familles des victimes assassinées par la police non plus. L’indemnisation des familles des victimes assassinées par la police est aussi rare que la responsabilité des policiers meurtriers. En Amérique, posséder un insigne de police vous donne le droit de tuer.

Au cours de la dernière décennie, peut-être plus, le gouvernement fédéral a systématiquement militarisé les forces de police locales et de l’État dans les 50 États. Les policiers ont été formés par des formateurs contractuels fédéraux à considérer le public américain comme l’ennemi. Les policiers sont formés à ne pas prendre le risque de rencontrer des membres de la population sur une base de confiance, mais à considérer le public comme armé et déterminé à tuer la police.

J’ai observé à un certain nombre d’occasions des policiers entièrement équipés militairement s’entraînant par file de trente à tirer avec des chargeurs de grande capacité sur la même cible. Comme la plupart des petites villes en Amérique, Doraville en Georgie, 8 500 habitants, dispose d’une équipe de SWAT [Special Weapons Attack Tactics : unité spécialisée capable de mener des opérations à haut risque avec un armement et des tactiques adaptées] avec les armes de l’armée américaine. http://www.washingtonpost.com/news/the-watch/wp/2014/08/13/tiny-georgia-police-department-posts-terrifying-swat-video/

Le Congrès devrait tenir des audiences pour déterminer quel budget fédéral a été utilisé pour former les polices d’État et locales à tuer des Américains. Depuis 13 ans l’Amérique est en guerre contre les musulmans considérés comme une menace pour notre sécurité, ce qui a entraîné de grosses dépenses; et pourtant la police américaine a tué plus d’Américains que nous en avons perdu dans la guerre en Irak.

Il nous faut savoirr qui a formé notre police à nous assassiner, et nous devons tenir pour responsables deux types de criminels : ceux responsables de la “formation” et ceux qui, au gouvernement, l’ont financée.

L’erreur la plus fatale que n’importe quel Américain peut commettre est d’appeler la police.

Le Journal des tendances de Gerald Celente m’autorise à republier ma contribution au numéro d’été :

Les violences policières contre le public montent en flèche.

Dans les années 1960, il y a eu un effort à New York pour établir une commission civile d’évaluation de la police. Les plaintes ayant pour objet la violence policière et le harcèlement de New Yorkais noirs avaient augmenté au point que la réalité du problème était évidente. Le maire de New York John Lindsay était souple, mais il y a eu une levée de boucliers de la part des conservateurs guidés par William F. Buckley et la police. Les médias conservateurs ont appelé la commission d’examen de la police “la propriété des cœurs sensibles et des anti-flics.” Les discours alarmistes étaient utilisés pour rallier les électeurs blancs, à qui l’on disait que la commission d’évaluation allait dorloter les criminels, démoraliser la police et amener à une recrudescence du crime.

Le maire Lindsay a établi une commission d’évaluation par décret mais l’opposition grandissante a forcé les partisans de la commission à la soumettre à un vote. La peur avait fait son travail et la commission d’évaluation a été abolie par un vote de 63% contre et 36 % pour. Et nous étions à New York, ville “progressiste”…

Nouvelle tactique : Tuez le chien

Un des trucs favoris de la police consiste à tuer les animaux de compagnie de la famille. Quand les Middleton, propriétaires d’un ranch dans le comté de Rains au Texas, ont appelé le département du sheriff pour signaler le cambriolage de leur maison et le vol d’armes à feu, la première chose que l’adjoint a faite lorqu’il est arrivé a été de tirer dans la tête de Candy, le berger australien de 3 ans et 18 kg des Middleton. Dans le comté de Prince George (Maryland), au cours d’une descente anti-drogue qui n’avait rien donné, des flics ont fait irruption dans la maison du maire et ont assassiné ses deux labradors noirs inoffensifs tout en menaçant le maire et sa belle-mère avec leur arme.

Un autre jeu favori de la police est d’humilier la victime en état d’arrestation, en particulier les femmes, en les faisant mettre entièrement nues. Les violences envers les femmes sont devenues monnaie courante. Dans un cas récent, à New Albany dans l’Indiana, une jeune femme blanche de 31 ans, mère de quatre enfants, fut arrêtée pour incivilité et rebellion après une altercation avec son ex-mari. Dans le jargon de la police, incivilité et rebellion signifient que la jeune femme avait protesté contre son arrestation arbitraire et avait élevé la voix. Comme la plupart des Américains n’ont aucune idée de ce qu’est la police, ils sont choqués et incrédules lorsqu’ils en font l’expérience lors d’une confrontation. Jusqu’à leur première confrontation, ils sont de fervents partisans de la police. Incapable de croire à ce qui lui arivait, elle fut entièrement déshabillée par deux hommes et deux femmes policiers, exhibée nue dans toute la prison devant les autres policiers puis jetée nue dans une cellule. Elle devint hystérique suite à ce traitement. Savourant la détresse de leur victime, les flics l’ont aspergé de gaz au poivre. Le shérif de comté déclara qu’il ne pensait pas que les réglements ou les procédures de la prison aient été transgressés. En d’autres mots, le shérif admit que maltraitance, humiliation et usage excessif de la force sont choses courantes.

http://www.infowars.com/cops-strip-parade-pepper-spray-woman-and-lock-her-in-cell-for-7-hours/ Aussi : http://www.policestateusa.com/2014/tabitha-gentry/

Tout en écrivant, j’ai cherché sur Google « vidéos de brutalités policière aux États-Unis » et 7 660 000 résultats sont sortis en 0,31 seconde. Il y a plus de cas de violence policière gratuite, presque toujours envers des innocents, que ce qu’une personne peut absorber dans toute une vie. Les instances de police frappent des personnes âgés infirmes, usent du taser contre des handicapés en fauteuil roulant , matraquent, tasent et aspergent de bombe au poivre des enfants, des jeunes femmes et des mères portant des bébés dans leurs bras. L’autre jour, la police a tué un gamin de 13 ans qui marchait dans la rue sans faire de mal à personne avec un jouet en forme de carabine. Sauf que les brutes de flics ont considéré que ce gamin de 13 ans représentait un danger. Les brutes de flics n’ont simplement pas pu laisser passer l’opportunité de goûter au plaisir de tuer quelqu’un.

Nous observons la même chose dans la vidéo diffusée par Bradley Manning sur l’armée des États-Unis d’un hélicoptère de combat américain assassinant des journalistes et des citoyens marchant paisiblement dans la rue puis assassinant un père avec deux bébés qui s’était arrêté pour porter secours aux blessés. Les meutriers n’ont pas été inquiétés mais Bradley Manning fut emprisonné pour les avoir dénoncés. Nous en sommes au stade où la police se rend coupable de tentative de meurtre sur des adolescents en train de s’embrasser dans une voiture en stationnement. http://www.lewrockwell.com/2014/06/no_author/cop-shoots-teenage-couple/

Nous sommes devenus une société tueuse, et le gouvernement des États-Unis est le 1er tueur au monde.

Qui est le véritable danger ?

Les cas de violence policière gratuite envers le public sont si nombreux qu’il est impossible d’en faire le rapport. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de les classer par catégories. La conclusion, c’est que la police est pour le public, un danger bien plus grand que ne le sont les criminels. En outre, la police n’a pas de comptes à rendre. Elle peut commettre des meurtres en toute impunité, mais si jamais, par accident ou par réflexe, il vous arrivait ne serait-ce que de toucher un des leurs, si vous survivez au passage à tabac, ce sera direction prison pour vous. Cecily McMillan sur laquelle j’ai écrit récemment, était une manifestante du mouvement Occupy. Un flic avait empoigné ses seins par derrière. Par réflexe, en se retournant, son coude s’était levé et avait heurté le flic. Un jury lâche ou corrompu, encouragé par un juge et un procureur véreux, l’a récemment déclarée coupable d’agression sur agent et elle a été condamnée à une peine de prison. Le flic qui l’avait agressée sexuellement et arrêtée à tort, n’a été aucunement inquiété.

Les procureurs s’intéressent aux condamnations, pas à la justice. Les procureurs condamnent couramment des innocents sur la base de fausses accusations portées par la police et les juges se rendent souvent complices de fausses condamnations. Un procureur honnête n’aurait pas intenté une action à l’encontre de Cecily McMillan. Son procès fut un procès politique et sa condamnation était arrêtée d’avance. Le but était d’envoyer le message que malgré les droits que vous donne la Constitution, vous n’avez pas le droit de remettre en cause l’Establishment. Le juge s’assura de sa condamnation en alléguant qu’aucune preuve de blessure sur sa poitrine ne pouvait être montrée pour sa défense et que les jurés n’avaient pas à être informés du dossier de l’agent ayant procédé à l’arrestation qui révélait l’usage excessif de la force et de mauvais traitements envers les citoyens. Le jury fut réticent à défendre les intérêts d’une personne innocente. Au lieu de servir la justice, le jury servit les intérêts corrompus de l’état policier. Voir http://www.opednews.com/articles/The-Betrayal-of-Cecily-McM-by-Marc-Ash-Cecily-Mcmillan_Jury_Justice_Political-140603-414.html et http://www.paulcraigroberts.org/2014/05/21/justice-dead-amerika/

Quoi que la police fasse, elle en subit rarement les conséquences. De ce fait, elle s’est enhardie et elle est devenue plus violente. Toute rencontre avec la police américaine est dangereuse.

La “guerre au terrorisme” a supprimé tout ce qui pouvait encore limiter les pouvoirs de la police. Le gouvernement fédéral a militarisé l’état et la police locale et l’ a équipée comme si c’était une force militaire. Les policiers sont entrainés pour traiter les gens comme potentiellement dangereux et ne prendre aucun risque avec leur vie lorsqu’ils sont confrontés à des citoyens. On leur apprend que poser poliment des questions pour évaluer une situation comporte un danger et qu’ils devraient éviter tout risque pour eux-même en dominant la situation par la force comme le ferait une unité d’infanterie devant un ennemi.

J’ai été le témoin d’exercices d’entrainement dans lesquels 30 officiers de police alignés vident des chargeurs de grande capacité sur la même cible. On parle d’environ 450 tirs en quelques secondes sur une cible de la taille d’une tête. C’est ce type d’entrainement qui a conduit 23 flics a déverser 377 balles sur deux hommes à Miami, l’un d’entre eux n’ayant fait l’objet d’absolument aucune accusation.

Armés pour la bataille quotidienne

Les équipes du SWAT sont devenues omniprésentes et elles sont armées de tanks, de MRAP (véhicule à roues résistant aux mines et aux embuscades) et de véhicules blindés BearCat (poids lourd de contre-attaque à réponse armée conçus pour la ballistique). Ces véhicules militaires sont utilisés de façon routinière, et l’équipe du SWAT qui met en pièce votre porte a remplacé le policier qui sonnait pour vous présenter une convocation. http://rt.com/usa/164816-american-police-militarization-war/

Il fut un temps, où rejoindre les forces de police comportait un faible risque. Un officier pouvait, et ça arrivait occasionnellement, mourir en exerçant son devoir. Aujourd’hui aucun risque n’est acceptable pour la police. Pour cette raison, tous les risques sont déplacés sur la population chaque fois qu’elle rencontre la police, par erreur ou pas. Par conséquent, la police tue beaucoup plus de gens innocents que les criminels ne tuent de policiers. La police est devenue comme Wall Street et le gouvernement fédéral. La police ne sert aucun intérêt général.

Dans les années 40 et 50, quand j’étais jeune, nous avions compris que les forces de police attiraient les petits tyrans à cause du pouvoir de l’insigne. Mais à la différence d’aujourd’hui la police n’avait pas carte blanche. Dans les années 40 et 50, les Américains n’étaient pas réduits à l’impuissance ou à l’état de moutons auquel ils sont de nos jours.

Les journaux étaient encore indépendants et servaient de frein au pouvoir de la police. Les Noirs ne bénéficiaient pas toujours de cette protection, mais dans les grandes villes du Sud, comme Atlanta, où Ralph McGill fut rédacteur en chef et éditeur du Atlanta Constitution, les Noirs aussi avaient droit à la protection de la presse. Je me souviens des premières marches pour les droits civils à Atlanta. Il n’y avait pas de police ni de chiens lancés sur les manifestants. Je le sais parce que j’y étais.

Des brutes, il y en avait bien sûr, mais il n’y avait pas pas cette hostilité envers le public qui est ancrée dans la formation policière actuelle. Revendiquer ses droits constitutionnels lors d’une confrontation avec la police, c’est de nos jours le meilleur moyen de rendre fou de rage une brute dont l’autorité se voit remise en question. Le résultat probable, c’est un passage à tabac et une arrestation. La soumission est le meilleur moyen de survivre à une confrontation policière. Quand bien même vous seriez un chirurgien du cerveau ou un ancien haut fonctionnaire, et que le policier aurait tout juste un niveau d’études secondaires. Mais si vous voulez vous en sortir sans dommage corporel et sans inculpations dans votre casier, il faudra vous comporter comme un paysan face à un baron, un comte ou un duc des siècles passés. C’est l’Amérique d’aujourd’hui.

Agissez autrement et il se pourrait bien que vous y laissiez votre peau.

Donc,les commissions d’examen de la police sont-elles la réponse ? Apparemment non. En 1993, après que le maire de New York Lindsay ait échoué à imposer un peu responsabilité à la police, le maire David Dinkins instaura la très largement impuissante Commission d’examen des plaintes civiles [Civilian Complaint Review Board]. La police manifesta son opposition et fut encouragée par Rudy Giuliani qui, lorsqu’il devint maire, lui donna carte blanche. Les New-yorkais blancs applaudirent Guliani. Enfin, ils étaient de nouveau en sécurité – tant qu’ils n’avaient pas de problème avec la police ou que l’équipe du SWAT [équivalent du GIGN] ne se présentait pas à la mauvaise adresse, un évènement bien plus probable que de voir un criminel frapper à la porte.

Bon nombre de villes ont aujourd’hui des commissions d’examen. Certaines détiennent du pouvoir. La plupart n’en ont pas. Même celles qui ont du pouvoir sont devenues réticentes à les utiliser. Quand le terrorisme représente une menace si grande que le pays est maintenu pendant des années en alerte orange, un cran en-dessous de l’alerte rouge, seul un communiste libéralo-rosâtre pro-terroriste pourrait vouloir restreindre les pouvoirs de la police.

Tant que les États-Unis demeureront entre les mains des pouvoirs établis les commissions d’examen de la police resteront sans effet. Wikipedia rapporte qu’en 2006, il y a huit ans, la commission d’examen des plaintes civiles de New York à reçu 7699 plaintes dont environ 6% aboutirent en « plainte fondée. » En d’autres termes, 94% des cas n’aboutirent nulle part.
La police a été lâchée sur nous par des conservateurs très « loi et ordre » et sous prétexte de « guerre contre le terrorisme ». La police nous fait bien plus de mal que ne le font les criminels et les terroristes. Il reste à voir si les Américains survivront à leur police.

Pendant ce temps, les moutons [Ndt : sheeple = mot valise : sheep + people ] continueront de payer les salaires de ceux qui constituent leur plus grande menace.

Mise à jour : ce reportage de RT montrant le caractère corrompu de la police américaine : http://rt.com/usa/180680-ferguson-henry-davis-blood/

Source : PCR, traduit collectivement par les lecteurs du site www.les-crises.fr 

Lire aussi sur DeDefensa : Manufacture des crises : cette fois à Ferguson, Missouri

P.S. : petit exemple de la qualité des dessinateurs de presse américains, présents dans la plupart des grands journaux…

(Un autre victime à Fergusson : la vérité. (victime de la police de la foule ou des médias ?)

Source: http://www.les-crises.fr/les-flics-se-dechainent/


[Reprise] Invasion-éclair de l’Ukraine ? Aller-retour à reculons et destruction-éclair ?, par Philippe Grasset

Tuesday 19 August 2014 at 01:04

Le nombre de conneries qui me passent sous les yeux est vraiment trop important pour que je les recense tous.

Celle-ci était vraiment pas mal – MEUH OUI les Russie va envahir l’Ukraine avec 20 chars, miraculeusement vaporisés sans laisser de trace par l’armée de Choco Ier, que même dans Games of Thrones, ils sont moins efficaces… -, alors je reprends l’article de Philippe Grasset sur DeDefensa

Avouons-le, assez penauds : il nous est impossible de confirmer ce qui a peut-être eu lieu effectivement, c’est-à-dire sans aucun doute ; on parle de l’invasion russe de l’Ukraine par la Russie, immédiatement réduite en cendres blindées par l’exceptionnelle artillerie de la très-vigilante armée ukrainienne. C’est-à-dire, soyons précis, l’invasion de l’Ukraine par 23 véhicules blindés russes, et puis non, peut-être un peu plus de 50 véhicules blindés russes, qui ont été vus comme je vous vois par les regards acerbes des journalistes du Guardian et du Telegraph, près de la frontière, et peut-être même une chenille en Ukraine et l’autre en Russie, et dans l’intention manifeste de franchir la frontière pour l’invasion de l’Ukraine, innocente et accablée par son voisin russe.

On ne les a pas retrouvés jusqu’ici en tant que tels, les envahisseurs blindés et les blindés envahisseurs, ce qui en fait l’invasion la plus élégante possible par sa discrétion. (Sans doute pourrait-on nous parler des “petits chars verts” comme on nous a parlé des “petits hommes verts” pour l’“invasion de la Crimée”, faite par l’intérieur qui plus est.)… Mais aussi, soyons précis, on ne les a pas retrouvés, ces envahisseurs, parce que le roi du chocolat, – alias président of the république ukrainienne, sorte de 51ème État de l’Union ou de 29ème État de l’UE c’est selon, – annonce que toute l’invasion, ou peut-être bien une bonne grosse partie d’entre elle, a été victorieusement et catégoriquement détruite par l’artillerie de l’armée ukrainienne qui accumule les succès. Voilà, succinctement résumé, l’épisode qui a sans aucun doute eu lieu puisque personne ne l’a vu réellement en train d’avoir eu lieu, puisque détruit avant d’avoir réellement eu lieu… Tout cela, en attendant mieux, ou pire, ou plus compliqué, ou démenti avec démenti confirmé ou bien c’est l’inverse, – on verra, hein…

• Tout cela a commencé par deux articles du Guardian (le ) et du Telegraph (le 15 août 2014). Prenons par exemple le début du compte-rendu du Telegraph… (Précisons que Le Monde, notre “journal de références”, a repris la chose sans crier gare et le doigt sur la couture du pantalon, en bon petit soldat méritant du bloc BAO, sans l’ombre d’un conditionnel, le 15 août 2014 : «Des blindés russes sont entrés sur le territoire ukrainien».)

«The Guardian saw a column of 23 armoured personnel carriers, supported by fuel trucks and other logistics vehicles with official Russian military plates, travelling towards the border near the Russian town of Donetsk – about 200km away from Donetsk, Ukraine. After pausing by the side of the road until nightfall, the convoy crossed into Ukrainian territory, using a rough dirt track and clearly crossing through a gap in a barbed wire fence that demarcates the border. Armed men were visible in the gloom by the border fence as the column moved into Ukraine. Kiev has lost control of its side of the border in this area.

»The trucks are unlikely to represent a full-scale official Russian invasion, and it was unclear how far they planned to travel inside Ukrainian territory and how long they would stay. But it was incontrovertible evidence of what Ukraine has long claimed – that Russian troops are active inside its borders.

»It was also ironic given the attention to the huge convoy of humanitarian aid that moved slowly southwards on the M4 highway on Thursday. As the convoy moved closer to the stretch of border controlled by pro-Russian rebels it was hard to escape the feeling that Moscow’s aid convoy had the potential to turn into a slow-motion disaster, perhaps even prompting a moment that could push Ukraine and Russia out of the messy conflict fought by proxies into full-blown, open engagement.»

• Douze heures plus tard, dans des textes qui présentent la même structure, la même confusion et le même empilement de diverses informations-supputations, les deux journaux londoniens ont réagi dans le même sens mais, disons, selon une nuance de la gamme de reportage vécu caractérisée par la prudence plus que la par la précision. Plus encore, il est hautement fait référence à la source extrêmement digne de foi, la confirmation sur le site du roi du chocolat, également président ukrainien, Porochenko, expliquant que l’invasion a bien eu lieu, – la preuve, puisqu’elle a été détruite sinon pulvérisée, – en partie dans tous les cas, mais on pourrait presque imaginer “complètement”, – si bien, possiblement, qu’on n’en retrouvera guère de traces absolument probantes. Il s’agit de comprendre ces informations avec l’imagination aidant. (Le Guardian du 16 août 2014, le Telegraphdu 16 août 2014.) Un échantillon du Guardian, où le ton est beaucoup plus prudent (ce sont les autres qui le disent, c’est-à-dire ceux à qui l’on a lancé la patate chaude…) :

«Ukraine claims it has destroyed Russian military vehicles in the country’s east, a day after a column was spotted moving across the border. Ukraine’s president, Petro Poroshenko, told David Cameron by phone that his country’s armed forces had destroyed part of an armed convoy that the Guardian saw moving through a gap in a border fence on Thursday night.

»There was no immediate proof, and it was impossible to establish if the Ukrainians had targeted the same convoy seen by the Guardian. The Russians categorically denied that any of their troops were even in Ukraine. But the claim marks a new escalation in the six-month confrontation over Ukraine and if verified would amount to the first confirmed military engagement between the two adversaries since the crisis began in the spring. “The president informed [Cameronwthat the information was trustworthy because the majority of those machines [Russian military vehicleshad been eliminated by the Ukrainian artillery at night,” a statement from Poroshenko’s office read.»

• La réaction la plus habile somme toute, – et une fois n’est pas coutume, – a été celle du secrétaire général de l’OTAN, le sémillant Rasmussen, du type confirmation de l’invasion simplement parce que cela confirme tout ce que nous avons dit depuis des semaines sans la moindre confirmation. C’est une nouvelle façon de raisonner : la supputation assurée d’aujourd’hui (traduction de “nous avons vu”) confirme les diverses supputations d’hier, ou bien sont-ce les diverses supputations d’hier qui confirment la supputation d’aujourd’hui, ce qui fait qu’il n’est pas question de “supputations” mais certes de faits si tangibles qu’il n’est pas nécessaires de les confirmer ni même d’en montrer la réalité… («Nato said it had observed the Russian incursion. “What we have seen last night is the continuation of what we have seen for some time,” said the Nato secretary general, Anders Fogh Rasmussen.»)

• Au milieu de cette chaînes des confirmations confirmées parce que l’autre a confirmé, tandis que l’autre confirme puisque l’autre a confirmé et ainsi de suite, la seule, vraie et même colossale fausse note est venue de Washington. Surprise, surprise : même si la partie américaniste confirme que les Russes sont des vilains et qu’ils ont sans aucun doute l’intention d’agresser l’Ukraine et de provoquer une guerre peut-être mondiale, voilà qu’elle confesse qu’elle ne peut confirmer que l’invasion, celle du jour, a bien eu lieu. (Mais peut-être cela viendra-t-il ? Dans tous les cas, il y a du monde en vacances, à Washington.) Par exemple, Novosti publie ceci, le16 août 2014 :

«Washington cannot confirm Kiev’s claims that a Russian military column crossed into Ukraine, US National Security Council (NSC) spokesperson Caitlin Hayden said in a statement Saturday. “We are working to gather more information regarding reports that Ukraine’s security forces disabled vehicles in a Russian military convoy inside Ukraine. We are not currently in a position to confirm these reports,” she said in a statement.

»However, Hayden added that the United States believed Russia to be providing the independence supporters with weapons and hardware and that Moscow could help de-escalate the situation by “stopping its supply of weapons, support and cash to separatists.”»

• Ici, on pourrait reprendre toute l’affaire en reprenant le compte-rendu qu’en fait ZeroHedge.com le 15 août 2014 au soir (aux USA). L’extrait est assez long mais permet d’avoir une bonne idée de la séquence, dans sa confusion grotesque, son absence de coordination, ses réactions compulsives (de la part du bloc BAO étendu à l’Ukraine tout cela). Y sont rapportées également les réactions des Russes, soit dans le chef du FBS, soit dans celui du ministère des affaires étrangères, etc., pour démentir toute idée d’invasion, voire des réactions de certains observateurs de l’ONU qui n’ont rien vu de ce qu’il est de bon ton de voir. Mais il y a eu certes des mouvements de véhicules blindés de la part des garde-frontières russes (en territoire russe) pour renforcer divers postes-frontières face aux bombardements sporadiques des Ukrainiens en Russie … Autour de cela s’agite l’affaire du convoi humanitaire russe destiné au Donbass dont on ne sait où il est précisément sinon qu’il n’a sans doute pas franchi la frontière, tout cela avec diverses tractations, démentis, suspicion, accusations, bonnes intentions, etc. Voici donc le compte-rendu de ZeroHedge.com terminé par une hypothèse sympathique, – une centaine de véhicules blindés ukrainiens détruits dans la journée, en partie par les anti-Kiev qui se battent bien contrairement à l’annonce imminente, depuis plus d’une semaine, de la chute de Donetsk, – en partie par des tirs fratricides ukrainiens qui auraient pris leurs propres blindés pour l’invasion russe…

«While today’s trading session was marked by news which at first blush correlated with what may be the 2014 equivalent of the Archduke Ferdinand shooting, in retrospect the newsflow made painfully little sense. Let’s recap: Yesterday afternoon, two UK reporters working for the Guardian and Telegraph, supposedly located by the border in east Ukraine, reported that they were “eyewitnesses” as a convoy of military trucks crossed the Russian border into the breakaway Donetsk republic, aka Ukraine. While there have been photos of the military trucks that have accompanied the Russian humantiarian convoy on Russian territory, there has so far been no proof, aside from said eyewitness reports, confirming Russian military vehicles entered or were in Ukraine.

»This morning Ukraine military’s spokesman, Andriy Lysenko, shocked the world when newswires reported that Ukraine forces had attacked an armed convoy from Russia, and “destroyed” a part of it. This was subsequently reiterated by the president of Ukraine himself who said that “the given information was trustworthy and confirmed because the majority of that machines had been eliminated by the Ukrainian artillery at night” [...]

»Shortly thereafter, Russia responded when the Russian defense ministry said that there was no Russian military column that crossed into Eastern Ukraine, and that the above reports are based on “some fantasies.” This is where the breakdown of logic occurs, because for Russia to make such a formal statement it clearly implies that Russia believes there is no evidence of destruction of a Russian convoy in Ukraine territory, something which obviously would exist if indeed as Ukraine’s president had claimed, the “majority of the machines had been eliminated.”

»If true, it also implies that either Ukraine had fabricated the entire story, and certainly the part about the destruction of the convoy and by extension that Russians had ever entered into East Ukraine. Furthermore, that would also suggest that the reports of the British reporters were also a fabrication. Unless, of course, there is evidence, in which case the credibility of the both the Guardian and Telegraph reporters can be preserved, Ukraine can not be accused of fabricating a story to suit what some may say its own warmongering ambitions, and the onus is on Russia to explain why it lied about there being no invasion.

»More to the point, the onus is on Ukraine to present some evidence, in fact any evidence, of a destroyed Russian military convoy instead of merely building upon a story conceived by the two UK media outlets, because if Ukraine indeed has no evidence, then its story falls apart and what’s worse, the credibility and reputation of its government, of NATO and certainly of the UK press would be in tatters. So what other possibility is there? Well, one that is all too unpalatable for Ukraine, namely that in its excitement to blow something up, it may have well destroyed some of its own military vehicles. A possible lead to such a turn of events comes from this Interfax report citing the leadership of the breakaway Donetsk People’s Republic. “A lot of Ukrainian armored vehicles were destroyed today, 7 at one place, 12 at another. And the same all over the DPR territory. A total of about 100 of them,” [ DPR First Deputy Prime Minister Andrei Purgin told Interfax on Friday evening.]. The implication is clear: while 100 or so Ukraine armored vehicles may or may not have been destroyed, one wonders if indeed the Ukraine army was responsible in “aiding” the separatists with what would appear to be a friendly-fire incident?»

Certes, pour une fois nous avons sacrifié à l’actualité immédiate. Notre intention n’est certainement pas de trancher, ni de clore le débat par une affirmation, de désigner ici le coupable, là le menteur, là l’inconscient, là le benêt, là le spectateur étonné, ni même de conclure qu’il y a eu ou qu’il n’y a pas eu “invasion” nocturne et mal intentionnée, – et cela même si nous n’en pensons sans doute pas moins.. Non, notre intention est plutôt de constater l’évidence de l’extraordinaire désordre qui fait de cette affaire ukrainienne un objet considérablement original dans le concert bruyant et encombré de déclarations péremptoires de cette partie agitée des relations internationales. On aurait l’impression d’une sorte de “souk géopolitique” interprété par une cacophonie de la communication dont on vous assure qu’il s’agit d’une symphonie de type postmoderne, c’est-à-dire invertie et avec les partitions mises à l’envers.

Il va de soi que l’on serait bien entendu tenté de tenir compte de l’expérience déjà riche accumulée dans cette crise. L’on a à l’esprit ses péripéties passées et déjà nombreuses, où la partie BAO/Ukraine a mené la danse avec une telle énergie et une telle indifférence pour les diverses “vérités de situation” qu’il nous paraît logique de penser qu’elle a bien du mal à s’y retrouver dans les divers comptes-rendus et feuilles de route de ses diversesnarrative à l’œuvre dans cette affaire, et dont les feuillets ont tendance à s’intervertir. Les Russes, eux, semblent suivre, l’œil toujours rond d’étonnement devant cette agitation, démentant imperturbablement ce qu’ils nomment une “fantaisie” dans le sens hollywoodien qui caractérise une catégorie de film («Russia’s government denied its forces had crossed into Ukraine, calling the Ukrainian report “some kind of fantasy”»). Ils sont tantôt inquiets, tantôt agacés, tantôt goguenards. Sans doute accumulent-ils de l’expérience pour d’éventuelles opérations à venir, au point qu’on pourrait croire qu’ils pourraient lancer une invasion de l’Ukraine sans que personne ne s’en aperçoive vraiment, – et certains de proclamer que la chose est déjà en train d’être faite, sinon déjà faite, etc.

Ainsi le contraste est-il saisissant, à la lumière d’un tel incident richement documenté par tant d’appréciations de communication, entre le désordre surréaliste, les affirmations allant dans tous les sens, l’absence complète de références sérieuses, bref le caractère presque d’une farce improvisée d’une part, et d’autre part les réels événements tragiques qui se déroulent vraiment (les batailles dans le Donbass, avec la situation humanitaire désastreuse), et la gravité de l’enjeu général de la crise. Ce contraste est certainement un des caractères les plus frappants d’une situation qui donne un aspect absolument inédit aux événements de la crise.

… Et ainsi la tension monte-t-elle, et ainsi les acteurs du bloc BAO peuvent-ils proclamer que tout va de plus en plus mal («There was no immediate proof, and it was impossible to establish if the Ukrainians… [...] But the claim marks a new escalation in the six-month confrontation over Ukraine… [...] A White House spokesman said last night: “The escalation in Russian activity designed to destabilise Ukraine in recent weeks is extremely dangerous and provocative.”») … Mais tout cela, certes, sans que l’on sache exactement si cette montée de la tension a un véritable effet, si véritablement elle joue un rôle dans la crise, et sans que l’on sache où commence cette crise et où elle s’arrêtera. Attendons par conséquent les événements, – dont cet épisode n’est évidemment, pour l’instant, qu’une caricature ; eux seuls savent tenir compte de la dérisoire hystérie humaine et la mettre à la place qui convient ; eux seuls ont véritablement leur mot à dire.

 Source : DeDefensa
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Source: http://www.les-crises.fr/invasion-eclair-de-l-ukraine-aller-retour-a-reculons-et-destruction-eclair/


La Deuxième Guerre froide, par William Blum

Monday 18 August 2014 at 01:40

Très beau texte du 11/08/2014 de William Blum (né en 1933 – 81 ans), qui est un écrivain et journaliste américain critique de la politique étrangère des États-Unis.

Pendant la Première Guerre froide, nous, la gauche radicale américaine, nous étions mis en situation de devoir défendre l’Union soviétique, parce que le gouvernement américain se servait de ce pays contre nous. Aujourd’hui, il nous faut parfois défendre la Russie, car c’est peut-être le dernier et meilleur espoir d’arrêter l’EDM (L’Empire qui dévora le monde). Oui, pendant la Première Guerre froide nous en savions suffisamment sur Staline, les simulacres de procès et les goulags. Mais nous en savions tout autant sur la politique étrangère des États-Unis.

Courrier électronique envoyé au Washington Post, le 23 juillet, 2014 à propos de la destruction du vol 17 de Malaysia Airlines :

Monsieur le Rédacteur,

Votre éditorial du 22 juillet titrait : « La barbarie de la Russie. L’Occident a besoin d’une stratégie pour contenir le dernier-né des Etats voyous dans le monde ».

Que voilà un langage fort. Agressif, même. Pas l’ombre d’une preuve concrète pour étayer l’article. Le lendemain, voici ce qu’écrivait l’ AP (Associated Press) :

“De hauts fonctionnaires du renseignement américain ont déclaré mardi que la Russie était responsable d’avoir « créé les conditions » qui ont conduit à la destruction du vol 17 de Malaysia Airlines, mais n’ont présenté aucune preuve de l’implication directe du gouvernement russe… Les États-Unis n’avaient aucune preuve directe que le missile utilisé pour abattre l’avion de ligne provenait de Russie.”

Ces phrases n’e figuraient pas dans l’article du Post. Vous vous comportez comme un journal voyou.

-William Blum

Inutile de vous indiquer si le journal a ou non publié ma lettre… Je lis ce journal depuis 25 ans – une période de six ans pendant la guerre du Vietnam (1964-1970) et au cours des 19 années passées (1995-2014) – et en général, je passe trois heures par jour à le décortiquer. Ce que je peux vous dire, c’est qu’en matière de politique étrangère des États-Unis, ce journal est aujourd’hui pire que tout ce que j’ai connu au cours de ces 25 années. Au point où, à titre d’exemple, je me méfie du moindre mot publié dans le Post au sujet de l’Ukraine. Même chose avec le Département d’État, qui lance accusation sur accusation au sujet d’actions militaires russes en Ukraine orientale, sans présenter la moindre image satellite, élément visuel ou document; ou alors il s’agit d’ éléments non concluants issus de sources inconnues ou repiquées d’un « média social » ; le plus souvent, ils s’en tiennent à des accusations gratuites. (1) Auraient-ils quelque chose à cacher ?

Les porte-parole des relations publiques du Département d’État qui font ces présentations font preuve de bien peu de considération ou de respect pour les journalistes qui posent des questions difficiles. Ce qui me rappelle l’époque de la guerre du Vietnam et Arthur Sylvester, secrétaire adjoint à la Défense pour les relations publiques, principal responsable de « l’apport, du contrôle et de la gestion des informations sur la guerre du Vietnam ». Un jour, en juillet 1965, Sylvester a dit à des journalistes américains qu’ils avaient le devoir patriotique de diffuser uniquement des informations favorables aux États-Unis. Lorsqu’un des journalistes s’est exclamé : « Allons, Arthur, vous ne vous attendez pas à ce que la presse américaine soit la courroie de transmission du gouvernement », Sylvester a répondu : « C’est exactement ce que j’attends ». Il ajouta : « Écoutez, si vous pensez qu’un fonctionnaire américain va vous dire la vérité, alors vous êtes stupide. Vous entendez ? Stupide. » (2)

Aujourd’hui, une telle franchise serait une bouffée d’air frais, eu égard au double langage pénible d’un porte-parole du Département d’État.

En ce qui me concerne, la bouffée d’air frais de ces dernières années est venue de la chaîne de télévision RT (anciennement Russia Today). Tous les jours, de nombreux progressistes du monde entier (dont moi-même de temps en temps) sont interrogés et de leurs bouches sortent des analyses et des faits qu’on entend rarement sur CNN, NBC, ABC, CBS, NPR, PBS, Fox News, BBC, etc. Les propos de ces progressistes sur RT sont en général qualifiés par les médias traditionnels de « propagande russe », alors qu’après avoir subi la propagande américaine pendant toute ma vie, moi, je ne peux que penser : « Oui, bien sûr. Que peuvent-ils dire d’autre ? ».

Quant à la Russie qui serait responsable d’avoir « créé les conditions » qui ont mené à la destruction du vol MA 17, comment oublier que l’enchaînement actuel des événements en Ukraine a été déclenché en février, lorsqu’un coup d’État soutenu par les États-Unis a renversé le gouvernement démocratiquement élu pour le remplacer par un autre plus enclin à obéir aux diktats de l’intégrisme de marché de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International et l’Union européenne ? Sans ce coup d’État, il n’y aurait jamais eu de rébellion à l’Est ni de zone de guerre dangereuse à survoler.

Le nouveau régime présente une autre caractéristique charmante : nombre de néonazis déclarés occupent des postes à tous les échelons, des faits suffisamment embarrassants pour que le gouvernement américain et les grands médias en fassent un non-événement. Le sénateur américain John McCain a rencontré le chef du parti néonazi Svoboda, Oleh Tyahnybok et s’est même fait photographier avec lui (photos facilement trouvables sur Internet). L’Ukraine — dont les liens avec le nazisme remontent à la Seconde Guerre mondiale, quand ses fascistes locaux ont soutenu Allemagne et combattu l’Union soviétique — est en passe de devenir la toute nouvelle pierre à l’édifice d’encerclement militaire de la Russie par les États-Unis et l’Otan; elle fournira peut-être l’emplacement d’une nouvelle base de missiles pointés vers Moscou.

Il est tout-à-fait possible que des rebelles pro-russes se soient trompés sur le vol MA 17, qu’ils l’aient pris pour un appareil des forces armées d’Ukraine et qu’ils l’aient abattu. Mais une série de questions étayées par des données radar, des images satellite et d’autres informations techniques, et posées par la Russie au secrétaire général de l’Assemblée générale des Nations Unies, suggère d’autres pistes.

Il y a aussi ces spéculations intrigantes, liées à la première question posée par les Russes ci-dessus. Selon une analyse publiée par un pilote retraité de la Lufthansa, le vol MA 17 ressemblait, par ses couleurs, à l’avion du président Poutine, lequel se trouvait au même moment « près » du vol 17. Dans les milieux de l’aviation, « près » peut signifier entre 200 et 300 km. (4) La véritable cible était-elle l’avion de Poutine ?

Il y a également d’autres interrogations sérieuses et plausibles quant à la version officielle qui accuse la Russie, les milices anti-Kiev ou les deux. Est-ce que le vol MA 17 va alimenter la prochaine théorie du complot sans fin, à l’instar de l’assassinat de Kennedy, du vol PanAm 103 et du 11 septembre 2001 ? Est-ce que le missile antiaérien russe rejoindra les armes de destruction massive irakiennes et les armes chimiques syriennes ? Restez à l’écoute.

Est-ce qu’ils ficheront un jour la paix à Cuba ? La réponse est non.

La dernière révélation d’un complot visant à renverser le gouvernement cubain… Oh, pardon, je voulais dire la dernière révélation d’un complot visant à apporter la démocratie à Cuba…

Nos chers amis de l’Agence pour le développement international (USAID), ayant si bien réussi avec leur sous-traitant clandestin Alan Gross [citoyen américain arrêté à Cuba – NdT], qui purge sa cinquième année de détention sur l’île… et avec leur projet de « Twitter cubain », connu sous le nom de ZunZuneo, mis à jour en 2012, qui visait à accroître le flux d’informations entre les Cubains soi-disant assoiffés d’infos, et qui a attiré nombre d’abonnés ignorants de l’origine du service, le gouvernement des États-Unis… et à présent, la dernière révélation, un projet qui a envoyé une douzaine de jeunes Vénézuéliens, Costa-Ricains et Péruviens à Cuba dans le but de fomenter une révolte; les jeunes travaillaient dans la clandestinité, utilisant des programmes sociaux et de santé comme couverture, ou se faisant passer pour des touristes, faisaient le tour de l’île pour une mission d’« identification d’acteurs potentiels d’un changement social » à convertir en militants politiques. Incroyable, n’est-ce pas ? Comment croire à une telle naïveté ? Était-ils convaincus que l’exceptionnalisme américain ferait des miracles ? S’imaginent-ils que les Cubains sont des enfants qui attendent un adulte pour leur expliquer quoi penser et comment se comporter ?

L’USAID a signé un de ces derniers contrats quelques jours seulement après l’arrestation de Gross, ce qui donne une idée du peu de cas qu’ils font de la sécurité de leurs employés et agents. Dans le cadre de la préparation de ces personnes, voici comment l’USAID les mettait en garde: « Bien que rien ne soit totalement certain, soyez assurés que les autorités [cubaines] n’essaieront pas de s’attaquer à vous physiquement. Elle essaieront seulement de vous faire peur. Rappelez-vous que le gouvernement cubain préfère éviter les reportages négatifs à l’étranger, et qu’un étranger tabassé n’est pas bon pour leur image. » (5)

Quelle ironie ! Le gouvernement américain ne peut pas en dire autant de la majorité de ses alliés, qui recourent souvent à la violence physique. En fait, une telle déclaration ne peut même pas s’appliquer aux forces de police américaine. Mais c’est Cuba, qui ne tabasse pas et ne torture pas ses détenus, qui est l’ennemi et qui doit être réformé et puni sans pitié… 55 ans que ça dure. Et ce n’est pas fini.

Les Etats-unis et la torture

Deux choses que les gouvernements tendent à dissimuler ou sur lesquels ils mentent sont les assassinats et la torture, lesquels sont largement considérés comme excessivement immoraux et illégaux, et même barbares. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont tenté d’assassiner plus de 50 dirigeants étrangers et ont répandu la torture à travers le monde ; non seulement la torture appliquée directement par des Américains sur des étrangers, mais aussi la fourniture de matériel de torture, de manuels de torture, de listes de personnes à torturer et de conseils et encouragements personnels par des instructeurs américains, en particulier en Amérique latine.

C’est donc un peu à l’honneur du président Obama d’avoir déclaré, lors de sa conférence de presse du mois d’août, « Nous avons fait beaucoup de choses justes, mais nous avons torturé quelques types. Nous avons fait des choses qui sont contraires à nos valeurs. »

Et il a effectivement employé le mot « torture » à ce moment-là, pas « interrogatoires poussés », qui a été l’euphémisme préféré de la dernière décennie, même si deux minutes plus tard, le président a utilisé « techniques d’interrogatoire extraordinaires. » Et « torturé quelques types » me fait tiquer. Il est clair que ce sujet met l’homme mal à l’aise.

Mais tout ceci est secondaire. Ce qui compte bien plus, c’est que, depuis plusieurs années, les partisans de M. Obama lui attribuent l’abolition de la torture. Or iIs n’en ont tout simplement pas le droit.

Peu de temps après la première investiture d’Obama, lui et Leon Panetta, le nouveau directeur de la CIA, ont explicitement déclaré que les « détentions secrètes » ne cesseraient pas. Comme l’a rapporté le Los Angeles Times à l’époque : « Conformément aux instructions récemment transmises par Obama, la CIA est toujours en droit de procéder à ce qu’on appelle des détentions secrètes, des enlèvements et transferts secrets de prisonniers vers des pays qui coopèrent avec les États-Unis. » (6)

La traduction de « coopérer » est « torturer ». La remise d’un prisonnier équivaut à l’externalisation de la torture. C’est l’unique raison pour laquelle des prisonniers ont été envoyés en Lituanie, en Pologne, en Roumanie, en Égypte, en Jordanie, au Kenya, en Somalie, au Kosovo, ou sur l’île de Diego Garcia dans l’océan Indien, pour ne nommer que quelques-uns des centres de torture connus et fréquentés par les États-Unis. Il est fort possible que le Kosovo et Diego Garcia – qui tous deux hébergent de très grandes et très secrètes bases militaires américaines — voire d’autres lieux, soient des sites où l’on pratique la torture. Même chose pour la base de Guantanamo à Cuba.

En outre, l’arrêté exécutif dont il est question, le numéro 13491, émis le 22 janvier 2009, « garantissant la légalité des interrogatoires », présente une lacune majeure. Il affirme à plusieurs reprises que le traitement humain, qui inclut l’absence de la torture, est applicable uniquement aux prisonniers détenus dans le cadre d’un « conflit armé ». Ainsi, la torture en dehors d’un « conflit armé » n’est pas explicitement interdite. Qu’en est-il alors de la torture dans le cadre du « contre-terrorisme » ?

Le décret intimait à la CIA d’utiliser uniquement les méthodes d’interrogatoire décrites dans un manuel révisé de l’Armée. Cependant, en se basant sur ce manuel comme guide pour le traitement et l’interrogatoire des prisonniers, sont toujours autorisés l’isolement, la privation sensorielle, la surcharge sensorielle, la privation de sommeil, l’induction de la peur et du désespoir, les médicaments psychotropes, la manipulation de l’environnement tels que la température et le bruit, et les positions pénibles.

À la suite de la comparution de Panetta devant une commission du Sénat, le New York Times a écrit qu’il « n’a pas exclu la possibilité que l’agence pouvait demander l’autorisation d’employer des méthodes plus agressives que celles autorisées par le président Obama en vertu des nouvelles règles d’interrogatoire”… M. Panetta a également déclaré que l’agence maintiendra la pratique de l’administration Bush de ‘“détentions secrètes” — l’enlèvement dans la rue de suspects de terrorisme et leur envoi vers un pays tiers. Mais il a dit que l’agence refuse de livrer un suspect à un pays connu pour pratiquer la torture ou d’autres actions “qui enfreignent nos valeurs humaines” ». (7)

La dernière phrase est bien sûr d’une absurdité infantile. Les pays choisis pour envoyer ces prisonniers l’ont été précisément parce qu’ils étaient prêts et disposés à les torturer.

Aucun fonctionnaire dans les administrations Bush et Obama n’a été puni de quelque façon que ce soit pour acte de torture ou autres crimes de guerre en Irak, en Afghanistan ou d’autres pays contre qui des guerres illégales ont été menées. Et, pourrait-on ajouter, aucun banquier voyou américain n’a été puni pour son rôle essentiel dans la torture financière mondiale infligée à nous tous depuis 2008. Quelle merveilleuse terre de pardon que l’Amérique. Sauf dans les cas de Julian Assange, Edward Snowden, et Chelsea Manning.

Au cours des derniers jours de Bush à la Maison-Blanche, Michael Ratner, professeur à la Columbia Law School et ancien président du Centre pour les droits constitutionnels, a souligné :

La seule façon d’empêcher que cela se reproduise est de sanctionner les responsables du programme de torture. Je ne vois pas comment nous pourrions retrouver notre stature morale, si nous permettons que les complices des programmes de torture tirent tout simplement leur révérence et ne soient pas tenus pour responsables. (8)

Je voudrais à ce stade rappeler une fois de plus à mes chers lecteurs les mots de la « Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », qui a été rédigée par les Nations Unies en 1984, entrée en vigueur en 1987, et ratifiée par les États-Unis en 1994. L’article 2, alinéa 2 de la Convention stipule : « aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, que ce soit un état de guerre ou une menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture ».

Un langage si merveilleusement clair et sans équivoque, fondé sur des principes, pour établir une norme unique pour un monde dans lequel il est de plus en plus difficile de se sentir fier de l’Humanité.

La Convention contre la Torture a été et demeure la loi suprême du pays. Elle est la pierre angulaire du droit international et un principe égal à l’interdiction de l’esclavage et du génocide.

« M. Snowden ne sera pas torturé. La torture est illégale aux États-Unis » — le ministre de la Justice des États-Unis, Eric Holder, le 26 juillet, 2013

John Brennan, nommé à la direction de la CIA par le président Obama en janvier 2013, a défendu la « détention secrète » comme un « outil absolument indispensable » et déclaré que grâce à la torture, des informations ont été obtenues qui ont permis de « sauver des vies ». (9)

Obama avait proposé Brennan à la direction de la CIA en 2008, mais devant la levée de boucliers des associations de droits de l’homme, Brennan avait retiré sa candidature. Barack Obama n’en a évidemment tiré aucune leçon et l’a nommé de nouveau en 2013.

Pendant la Première Guerre froide, selon un un thème courant de la rhétorique, les Soviétiques torturaient les gens et les emprisonnaient sans motif, leur arrachaient de faux aveux, et faisaient subir l’inommable aux détenus impuissants face au poids cruel de l’État communiste. Comme tout autre mal, la torture permettait de distinguer les méchants (les cocos) des gentils (le peuple américain et son gouvernement). Aussi imparfait que fut le système américain (c’est que l’on nous enseignait), il respectait des normes civilisées que l’ennemi, lui, rejetait.

Le droit de faire quelque chose ne rend pas cette chose juste pour autant

Depuis quelques mois, la ville de Détroit coupe l’eau aux habitants qui n’ont pas payé leurs factures d’eau. Cette action, qui touche plus de 40 % des clients de la Compagnie des eaux de Détroit, inflige de sérieux désagréments et des risques sanitaires à toute une frange de la population de la ville, estimée à deux ou trois cent mille habitants. Bien sûr, des manifestations ont eu lieu. Leur premier mot d’ordre : « L’eau est un droit humain ! »

Qui peut contester ce droit ? Eh bien, les néoconservateurs et autres zélateurs du système capitaliste qui soutiennent que pour profiter d’un produit ou d’un service, vous devez payer. Quoi de plus simple ? Vous êtes un socialiste ou quoi !

Pour ceux d’entre vous qui ont du mal à croire qu’une ville US puisse se montrer aussi insensible, permettez-moi de vous remettre ceci en mémoire.

Le 14 décembre 1981, une résolution proposée à l’Assemblée générale des Nations Unies déclarait que « l’éducation, le travail, la santé, une nourriture appropriée, le développement national font partie des droits humains ». Vous noterez la « nourriture appropriée »… La résolution fut approuvée par 135 pays contre 1. Seuls les États-Unis ont voté contre.

Un an plus tard, le 18 décembre 1982, une résolution identique a été proposée à l’Assemblée générale. Elle a été approuvée par un vote de 131 contre 1. Les États-Unis ont été les seuls à voter contre.

L’année suivante, le 16 décembre 1983, la résolution a été présentée de nouveau, une pratique courante aux Nations Unies. Cette fois, elle fut approuvée par un vote de 132 contre 1. Inutile de vous dire qui a voté contre.

Ces votes se sont déroulés sous l’administration Reagan.

Sous l’administration Clinton, en 1996, un Sommet mondial sur l’alimentation parrainé par l’ONU affirma le « droit d’accès de chacun à une nourriture saine et nourrissante ». Les États-Unis ont contesté ce droit, en insistant sur le fait qu’ils ne reconnaissaient pas de « droit à l’alimentation ». A la place, Washington a proposé le libre-échange comme remède à la pauvreté et à la faim, et a déclaré craindre que la reconnaissance d’un « droit à l’alimentation » n’offre des bases légales à des pays pauvres cherchant à obtenir des aides et des accords économiques favorables. (10)

La situation ne s’est évidemment pas améliorée sous l’administration de George W. Bush. En 2002, à Rome, lors d’un autre Sommet mondial sur l’alimentation parrainé par l’ONU,les dirigeants du monde entier ont de nouveau approuvé la déclaration selon laquelle tout le monde avait droit à une alimentation « saine et nourrissante ». Les États-Unis se sont à nouveau opposés à la clause, craignant encore une fois qu’elle ne les expose à des réclamations légales de pays en voie de développement frappés par la famine. (11)

J’attends une résolution de l’ONU affirmant le droit à l’oxygène…

William Blum

Source : williamblum.org – Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Notes

  1. Voir de nombreux exemple sur RT.com, comme “Jen Psaki’s most embarrassing fails, most entertaining grillings”, ou recherchez simplement dans le site “Ukraine Jen Psaki”
  2. Congressional Record (House of Representatives), 12 may 12 1966, pp. 9977-78, reprise d’un article de Morley Safer de CBS News
  3. “Lettre datée du 22 juillet 2014 du représentant permanent de la Russie à l’ONU adressée au secrétaire général”, publiée par l’ONU le 24 juillet, document No. A/68/954-S/2014/524
  4. “Pre-WWIII German Pilot Shocker, MH17 ‘Not Hit By Missile’”, Before It’s News, 31 juillet 2014
  5. Associated Press, 4 aout 2014
  6. Los Angeles Times, 1er février 2009
  7. New York Times, 6 février 2009
  8. Associated Press, 17 novembre 2008
  9. Associated Press, 26 novembre 2008
  10. Washington Post, 18 novembre 1996
  11. Reuters news agency, 10 juin 2002

Source: http://www.les-crises.fr/la-deuxieme-guerre-froide-par-william-blum/


[Vidéo] Décryptage de l’intervention des USA en Irak, par Bassam Tahhan

Sunday 17 August 2014 at 03:37

Une interview de Bassam Tahhan du 12/08/2014

Alors que les États-Unis ont lancé leurs premières interventions aériennes en Irak, nous revenons avec Bassam Tahhan, islamologue et professeur de géopolitique, sur les motivations profondes des américains à intervenir militairement dans cette région.

Les récents évènements en Irak ont beaucoup ému la politique et les médias occidentaux, notamment depuis que Mossoul est tombé entre les mains de l’État Islamique – EI – (anciennement État Islamique d’Irak et du Levant -EIIL -), à commencer par la fuite des chrétiens d’Irak, puis par la menace qui pèse sur les Yézîdîs irakiens. Tout semble indiquer que l’occident va défendre les minorités religieuses, menacées depuis l’annonce du nouveau calife.

Les premières déclarations américaines annonçant une probable intervention militaire en Irak sont concomitantes à l’avancé de l’État Islamique vers le Kurdistan irakien. Cette région de l’Irak, devenue de facto autonome à la suite de la chute de Bagdad en 2003, offrant aux plus grands groupes pétroliers occidentaux, l’occasion de signer des contrats avec cette région pour une durée d’au moins 25 ans. Et ce, malgré le refus de Bagdad, alors impuissant à s’y opposer.

Bassam Tahhan s’intéressera par la suite, à la relation triangulaire complexe entre le Kurdistan irakien, les pays du Moyen-Orient (Turquie, Irak, Syrie, Iran, Arabie Saoudite, etc.) et les pays occidentaux, et notamment les États-Unis, afin de dégager la stratégie géopolitique et les motivations profondes de l’intervention américaine.

 

Source: http://www.les-crises.fr/video-decryptage-de-lintervention-des-usa-en-irak-par-bassam-tahhan/