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[Reprise] Les banquiers, tricheurs par culture

Sunday 14 December 2014 at 03:00

Les banquiers n’inspirent pas confiance, c’est là un euphémisme. Chaque nouvelle enquête le rappelle : aucun secteur professionnel ne suscite autant de rejet dans l’opinion, « si ce n’est les hommes politiques, les criminels emprisonnés… et les vendeurs de voitures », précise Michel Maréchal, professeur d’économie expérimentale à l’université de Zurich. Le chercheur ne va rien arranger à l’affaire. Avec son collègue de Zurich, Ernst Fehr, et Alain Cohn, de l’université de Chicago, il publie dans la revue scientifique Nature, jeudi 20 novembre, un article qui met en évidence la « culture de la triche » en vigueur dans le secteur bancaire.

Les trois chercheurs s’intéressent depuis des années aux identités professionnelles et à la façon dont celles-ci peuvent contribuer à construire des comportements plus ou moins éthiques. « Les récents scandales financiers, du dossier Kerviel à l’affaire du Libor, et la conviction des experts que les normes en vigueur dans le monde de la banque pouvaient expliquer ces dérives nous ont convaincus de la nécessité d’élaborer un protocole », explique M. Maréchal. Un dispositif assis sur le plus célèbre et le plus simple des jeux de hasard : pile ou face.

Une grande banque internationale a mis à la disposition des universitaires 128 de ses employés, issus de tous les secteurs – banque privée, gestion du risque, traders, ressources humaines – et de tous les niveaux. A une condition : conserver l’anonymat (la suite lui donnera raison). La cohorte, en moyenne onze ans et demi d’expérience dans le secteur, a été scindée en deux. A tous a été posée une série de questions portant sur leur bien-être, suivie de sept questions distinctes. Le premier groupe s’est vu interroger sur son identité professionnelle (dans quelle banque travaillez-vous ? quelle est votre fonction ?…) ; le second, sur d’autres sujets (quel est votre loisir favori ? combien d’heures regardez-vous la télévision chaque jour ?…).

A pile ou face

Les affaires sérieuses ont ensuite commencé. Les cobayes ont été invités à lancer dix fois une pièce et à noter le résultat. Ennuyeux et banal ? Pas tant que ça, car le jeu était intéressé : chaque lancer retombant côté « face » rapportait 20 dollars ; « pile », au contraire, ne rapportait rien.

Tricher ? La tentation était grande. Les joueurs n’étaient pas observés. Un résultat hors de la norme pouvait aisément être attribué au facteur chance. Un, peut-être deux, mais pas dix ou vingt… Que pensez-vous qu’il advint ? L’échantillon de contrôle rapporta un taux de 51,6 % de lancer « gagnant », « ce qui n’est pas significativement différent de 50 % », indiquent les chercheurs. Qui concluent que les banquiers ne sont pas malhonnêtes par nature.

En revanche, dans l’échantillon placé dans des conditions professionnelles, la pièce tomba du bon côté dans 58,2 % des cas. Ce qui n’a plus rien de normal. En considérant que personne ne triche contre son intérêt, le calcul de probabilité estime à 26 % le taux de tricheurs dans le groupe étudié.

Le même exercice a été reproduit avec des employés d’autres secteurs. Aucune différence statistique n’a été observée entre les joueurs placés en situation professionnelle et le groupe de contrôle. Et avec des étudiants : même résultat. En revanche, un autre groupe de 80 employés du secteur bancaire venus d’autres établissements se sont avérés très… chanceux. Ce n’est donc pas la banque d’origine mais bien le conditionnement professionnel qu’il faut incriminer. « Les normes et règles informelles en vigueur dans le monde de la banque privilégient les valeurs matérielles et poussent à une attitude malhonnête », concluent les chercheurs.

Marie-Claire Villeval, professeur d’économie (CNRS, université de Lyon), invite à poursuivre les recherches en se focalisant sur la « prise de risques » et à reproduire une telle étude avec des hommes politiques confrontés à de possibles gains électoraux. « Il n’y a aucune raison de penser que seul le secteur financier soit concerné », juge-t-elle.

Les chercheurs suisses insistent, eux, sur la nécessité de « modifier la culture professionnelle des banquiers ». Mettre en place un « serment », à l’image de celui d’Hippocrate prononcé par les médecins ; écarter les bonus qui favorisent un comportement en conflit avec l’intérêt du client ou de la société ; introduire des primes qui récompensent une attitude « citoyenne ». Le rêve appartient-il à la culture professionnelle du chercheur ?

Nathaniel Herzberg – Journaliste au Monde

Source : Le Monde Economie

Source: http://www.les-crises.fr/les-banquiers-tricheurs-par-culture/


Revue de presse internationale du 14/12/2014

Sunday 14 December 2014 at 01:40

La revue de presse internationale avec cette semaine plusieurs articles pour lesquels le lien renvoi directement sur une traduction. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-14-12-2014/


[Reprise] “Nous n’avons plus de politique étrangère indépendante ; ceux qui commandent sont les États-Unis et Israël”, par Roland Dumas

Saturday 13 December 2014 at 05:00

C’est évident, mais heureusement qu’il y a les vieux pour dire un peu la vérité…

L’ancien ministre de François Mitterrand et ex-président du Conseil constitutionnel livre à Sihem Souid sa vision de la France. Entretien.

Sihem Souid : Que pensez-vous de la politique étrangère menée par François Hollande depuis son élection ?

Roland Dumas : Le général de Gaulle tenait à ce que la France soit indépendante. Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing (VGE) et Mitterrand ont été dans cette ligne de conduite qui donnait satisfaction à tout le monde, dire oui avec des réserves mais ne pas entrer dans le commandement intégré de l’Otan. Avec Chirac, des discussions ont eu lieu pour une réintégration, mais les contreparties qu’il voulait n’ont pas été acceptées (le commandement de la zone sud – la Méditerranée). Sarkozy a annoncé que la France réintégrait le commandement intégré de l’Otan. Avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir, la politique étrangère a entériné ce changement de cap avec peu de débats internes et pas de débat public en réintégrant définitivement le commandement intégré de l’Otan, et cela, sans vraie contrepartie. En réalité, aujourd’hui, ceux qui commandent sont les États-Unis et Israël. Aujourd’hui, nous sommes dans une alliance où la France n’a plus rien à dire. Nous n’avons plus de politique étrangère indépendante.

Quel œil portez-vous sur le travail mené par Laurent Fabius au Quai d’Orsay ?

Il a été mon Premier ministre, donc je ne peux pas en dire du mal (sourires). Vous connaissez le proverbe anglais “right or wrong, my country is my country”. Il a été un très bon Premier ministre, mais il est un moins bon ministre des Affaires étrangères car il ne pousse pas les idées que je viens de vous exposer qui sont les idées traditionnelles de la France. La France a perdu son indépendance en matière de politique étrangère !

Croyez-vous en l’avenir du Parti socialiste ?

Je suis très frappé de voir avec quelle dextérité les partis de droite changent de label, contrairement au Parti socialiste qui n’a changé qu’une seule fois d’étiquette (SFIO). Il est le seul à incarner le socialisme et c’est une grande idée, ce n’est pas quelque chose que l’on change en lisant Marie Claire. C’est une philosophie politique. Le Parti socialiste a deux tendances et elles subsisteront. Une tendance conservatrice et une tendance progressiste. Manuel Valls représente tout ce qu’il y a de plus conservateur dans le Parti socialiste. Manuel Valls est un bon gestionnaire, mais ce n’est pas ma tasse de thé. François Hollande comme Manuel Valls représentent la tendance droitière. Je n’oublie pas qu’il y a 20 ans François Hollande était le précurseur de la droite du Parti socialiste. Il appelait ça l’intercourant. C’est la droite du Parti socialiste qui gouverne et qui trouve son aise et ses habitudes dans son alliance avec l’Amérique.

Selon vous, François Mitterrand a été le président de la République le plus à gauche ?

Le plus à gauche de tous les hommes politiques qui ont gouverné est le général de Gaulle. Sur le plan de la politique étrangère, il a créé avec la Russie l’escadrille de chasse Normandie-Niemen, il fallait du culot tout de même de sa part ! C’est quand même lui qui a fait la paix pour la guerre d’Algérie. On peut raconter ce que l’on veut, mais à l’époque, c’est lui qui a fait la paix et les socialistes qui ont fait la guerre. Il y a des moments où je me sens mal à l’aise !

Nous sommes à la mi-mandat de François Hollande. Quelle différence voyez-vous entre les deux premières années de François Mitterrand et celles de François Hollande ?

Elle est très grande ! François Mitterrand avait créé l’Union de la gauche, c’est moi-même qui avais négocié avec le Parti communiste. Le Front de gauche est un adversaire du gouvernement. Hollande ne sait pas rassembler les gauches et je considère qu’il a du courage, mais pour une mauvaise politique.

Que feriez-vous aujourd’hui si vous étiez encore ministre des Affaires étrangères ?

Je serais déjà toujours resté fidèle à la pensée socialiste. J’aurais rétabli une vraie politique française avec la Russie ! La France doit rétablir une relation privilégiée avec la Russie. Nous traitons mal les Russes, contrairement à ce qui peut se dire dans le monde ! Nous ne tenons compte d’aucun des engagements qui ont été pris, notamment avec Gorbatchev concernant la conférence de Moscou. L’alliance outre-Atlantique n’a pas tenu ses engagements envers Moscou. Je suis contre l’injustice même en politique internationale.

Pensez-vous que la montée des extrêmes est plutôt due à une crise du politique ou de la démocratie ?

Les hommes politiques ont moins d’influence que l’on croit sur la politique, mais ils incarnent à un moment une situation. Le Front national surfe sur la crise économique concernant la politique intérieure et surfe sur la politique étrangère en prenant le relais du nationalisme.

Pourquoi faut-il reconnaître l’État palestinien ? Selon vous, la reconnaissance de l’État palestinien est-elle suffisante pour relancer un processus de paix ayant des chances d’aboutir ?

C’est une question qui n’est pas neuve. La question se pose déjà depuis la fin de la guerre. Ce qui me navre, c’est qu’elle se pose avec répétition et un peu de naïveté, car tous les jours on entend dire où en est le processus de paix, mais tout le monde sait que le processus de paix est mort. Il ne faut pas demander des nouvelles d’un mort, mais ça amuse la communauté internationale. En réalité, les protagonistes de ce conflit ne souhaitent pas la paix, ils veulent le processus de paix, ce qui est différent. La reconnaissance de l’État palestinien n’est pas négligeable, mais tout cela finira dans le ridicule. La France vient de se prononcer avec courage sur cette question, mais un courage qui tape dans un édredon de plumes. Les jeux sont faits de telle façon que ça ne bouge pas, on voit bien que, dès qu’il y a une décision de prise qui condamne Israël, il y a le veto américain ou un autre veto. Les grandes puissances ne veulent pas que ça avance. Aujourd’hui, la Russie est quand même un peu affaiblie et n’a pas le pouvoir qu’elle pouvait avoir autrefois pour peser dans le conflit israélo-palestinien. On se dirige vers une situation qui n’est pas très originale.

Sihem Souid -  chargée de mission au ministère de la Justice.

Source : Le Point

 

Source: http://www.les-crises.fr/nous-n-avons-plus-de-politique-etrangere-independante-ceux-qui-commandent-sont-les-etats-unis-et-israel-par-roland-dumas/


[Reprises] GEAB N°88 et N°89 : Crise systémique globale 2015

Saturday 13 December 2014 at 02:00

Je partage avec vous aujourd’hui l’introduction du « GlobalEurope Anticipation Bulletin », qui est pour moi de loin une des meilleures sources d’information sur la Crise…

GEAB N°89 – Crise systémique globale 2015 : le monde passe à l’est

- Communiqué public GEAB N°88 (15 octobre 2014) -

Deux faits majeurs ressortent de l’actualité des quatre dernières semaines. D’un côté, la Chine devient la première puissance économique mondiale, passant officiellement devant les États-Unis, avec un poids économique officiel (chiffres du FMI) de 17,61 billions de dollars (versus 17,4 pour les États-Unis). Si les médias mainstream n’ont pas accordé le moindre haussement de sourcil à cette information, notre équipe, en revanche, estime qu’il s’agit là d’un événement historique: les États-Unis ne sont plus la première puissance économique mondiale et, forcément, ça change tout ! (1)

C'est officiel : la Chine devient la première économie mondiale devant les USA.

PIB de la Chine (bleu) et des États-Unis (rouge) en parité de pouvoir d’achat (PPP), en milliards de dollars, 2002-2019. Source : Financial Times

D’autant plus que, parallèlement au franchissement de ce seuil, les États-Unis, après avoir tenté d’impressionner la planète par un militarisme débordant à l’occasion de la crise ukrainienne, révèlent une faiblesse stratégique majeure dans leur « gestion » de la crise irakienne. La politique du muscle, qui semblait obliger le monde à rester sous tutelle américaine pour un temps encore indéfini, tourne court.

Ces deux indicateurs permettent de voir se dessiner un point de bascule majeur dans le déroulement de la crise systémique globale : le passage d’un monde américain à un monde chinois…

Europe, Russie – Mise en place d’un plan Marshall « à la chinoise »

Cette évidente émergence de l’acteur chinois a été précipitée par la crise ukrainienne. Alors que la Chine avait intérêt à maturer son émergence à l’abri des radars, alors que les Russes tenaient à distance une Chine inévitablement invasive, alors que les Européens auraient dû également préserver les conditions d’une émergence en douceur de ce méga-acteur, la crise ukrainienne a accéléré la mutation et fait perdre en partie la main aux acteurs.

Nous avons déjà fait remarquer que la crise ukrainienne et la politique de sanctions ont poussé les Russes à accepter de signer à un tarif moins intéressant que ce qu’ils espéraient le fameux accord gazier russo-chinois. L’Ukraine a fait perdre la main aux Russes dans leur négociation avec la Chine de cet accord.

Ces jours-ci, le premier ministre chinois est en visite officielle en Europe et en Russie (2). Il a les bras chargés de contrats, de projets d’investissements et de perspectives de business (3), un véritable plan Marshall de reconstruction des économies européennes et russes partiellement détruites par la guerre ukrainienne (4)… Un plan irrésistible, bien sûr. Mais les conditions sont-elles désormais réunies pour que nous soyons vraiment attentifs à préserver notre indépendance vis-à-vis de cette nouvelle puissance ? Rappelons-nous que le plan Marshall a contribué à enchaîner l’Europe de l’après-guerre aux États-Unis.

La City de Londres a déjà été sauvée de la faillite par la Chine qui en a fait la première place financière « hors-sol » à pouvoir émettre des obligations en yuan (5). De ce fait, l’Angleterre devient un fervent promoteur de l’adjonction du yuan aux DTS du FMI. La BCE elle-même commence à envisager d’ajouter du yuan à ses réserves internationales (6). Et l’Europe se retrouve à jouer le rôle qui lui incombe de facilitateur de transition systémique entre un monde d’avant et un monde d’après la crise. Mais pour le jouer à ses conditions, il aurait été préférable d’être mu par une vision (7) plutôt que par l’appât du gain, voire un réflexe de survie.

Tout cet activisme entre l’Europe, la Russie et la Chine va culminer ces jours-ci avec la tenue du sommet de l’ASEM à Milan, les 16 et 17 octobre. Cet événement a toutes les chances de rester dans les livres d’histoire, en ce qu’il va arrimer l’Europe et l’Asie et fournir la plateforme de résolution de la crise de l’euro, de la crise ukrainienne, de la crise euro-russe, de la crise systémique globale… permettant ainsi la transition au monde d’après la crise. Il aurait été plus « multipolarisant » que l’acte fondateur du monde d’après soit scellé en un sommet Euro-BRICS (8); mais il y a urgence et, après tout, trois des cinq BRICS seront présents (Russie, Inde et Chine)… Et surtout, le sommet ASEM a pour caractéristiques communes avec l’idée d’un sommet Euro-BRICS d’être représentatif des nouvelles réalités globales (poids économique, commercial, démographique) et de ne pas compter les États-Unis, désormais et jusqu’à nouvel ordre ombre portée sur toute tentative d’adaptation du système mondial aux nouvelles réalités.

Le succès de cette rencontre va rendre évident à tous le contraste entre les perspectives offertes par l’alliance avec les États-Unis (où il est surtout question de guerre) et celles offertes par un rapprochement stratégique avec l’Asie (où il est surtout question de redressement économique) (9). Notre équipe anticipe que les espoirs portés par ce sommet auront notamment pour effet de sonner le glas du traité transatlantique, le déjà si controversé TTIP (10).

Nos lecteurs savent que notre équipe ne craint pas l’irrésistible montée en puissance de la Chine. Mais on ne fait pas d’anticipation sans mettre en perspective des hypothèses d’avenir composées de changements de régimes, de dérives propres aux positions de toute-puissance, de durcissements conjoncturels… Alors, face à l’arrivée d’un nouveau patron sur la scène internationale, l’Europe (et tout le monde) doit être capable à la fois d’accueillir positivement la nouvelle réalité et de veiller à repenser les conditions de la préservation de son indépendance.

En la matière, notre équipe se permet une autre pointe d’optimisme. Les premières générations d’étudiants formés à l’Europe (grâce au programme Erasmus et aux dynamiques trans-européennes en matière d’enseignement supérieur) ont 45-50 ans, l’âge où l’on commence à compter, que ce soit sur les circuits politiques ou économiques. Leur capacité à s’intégrer dans un monde multipolaire est infiniment supérieure à celle des élites issues des générations antérieures formées nationalement ou aux États-Unis, ne parlant dans le meilleur des cas qu’anglais. Grâce à Erasmus, l’Europe a tous les atouts en main pour compter à l’échelle globale malgré sa petite taille relative : multilinguisme, multiculturalisme naturel facilitant l’ouverture au monde et la compréhension de la complexité, etc.

En conclusion, l’émergence du monde multipolaire reprend son cours suivant les anticipations de LEAP… Il aura seulement été plus douloureux et sera juste un peu plus chinois que ce qu’une transition organisée aurait permis.

Notes

(1) Moins fracassant, mais tout aussi emblématique d’un changement de paradigme, la Chine annonce qu’elle adopte un nouveau mode de calcul du PIB, intégrant d’autres paramètres que la seule croissance. Une décision dont la pertinence objective et la base d’application (Chine) risque de reléguer l’ancien PIB au rang des outils de la préhistoire économique. Le brouillard statistique va tendre à retomber et le paysage n’aura vraiment plus rien à voir! Source : Europe Solidaire, 09/10/2014.

(2) Sources : China Daily, 08/10/2014.

(3) Sources : Business Insider, 14/10/2014 ; China Daily, 09/10/2014.

(4) La crise euro-russe et la politique de sanctions mutuelles sont bien évidemment les principales causes du considérable ralentissement économique du continent ces derniers mois. Cette réalité, qui ne fait l’objet d’aucun commentaire dans la presse, a pourtant récemment été mise en évidence par les chiffres catastrophiques de l’économie allemande… depuis comme par hasard six mois. Sources : The Telegraph, 06/10/2014 ; International Business Times, 09/10/2014.

(5) Source : Wall Street Journal, 09/10/2014.

(6) Source : Malay Mail, 11/10/2014.

(7) En promouvant activement l’émergence d’un monde multipolaire grâce à un rapprochement Euro-BRICS tel que préconisé depuis 2009 par Franck Biancheri et LEAP.

(8) Tel ce pour quoi nous militons depuis 2009. Voir projet Euro-BRICS de LEAP.

(9) Le GlobalEuromètre en témoigne depuis quelques mois : beaucoup de personnes en Europe sont conscientes du fait que les dynamiques d’avenir se situent davantage du côté des BRICS que de celui des États-Unis.

(10) TTIP dont nous avons toujours anticipé qu’il ne verrait pas le jour, en tout cas pas autrement que sous une forme totalement édulcorée (pour ne pas faire perdre la face à Bruxelles et Washington), mais que le basculement idéologique « occidentaliste » de ces derniers mois, en déconnectant l’Europe de la réalité et en annihilant sa capacité de réaction naturelle aux événements, a réellement fait courir le risque d’une signature forcée.


GEAB N°89 – Crise systémique globale 2015 : les dynamiques d’avenir éloignent l’Europe des logiques de guerre du camp occidental

- Communiqué public GEAB N°89 (15 novembre 2014) -

Depuis 2006, le GEAB analyse l’évolution et anticipe les étapes à venir de ce que nos équipes appellent depuis le début une « crise systémique globale ». Le fait que nous soyons bien en « crise » depuis 2008 ne fait plus doute pour personne. Que cette « crise » soit « globale » est également communément admis. Mais le monde a-t-il bien pris la mesure de la dimension « systémique » de cette crise ?

La partie visible de ce changement de système sur lequel tout le monde s’accorde désormais, c’est l’apparition de nouveaux très gros acteurs internationaux remettant en question l’ordre mondial instauré par les États-Unis lors de l’effondrement du bloc soviétique.

C’est ainsi que dans le GEAB, nous parlons depuis longtemps de cette tendance lourde de multipolarisation du monde imposant de réformer les instances internationales existantes ou/et, en cas d’échec sur ce point, d’inventer une nouvelle gouvernance mondiale (un processus d’invention dans lequel nous estimons que l’Europe avait un rôle historique à jouer compte tenu de son expérience unique d’intégration d’entités étatiques de tailles et de natures différentes).

Mais il est une autre tendance lourde dont chacun admettra le caractère profondément restructurant, c’est l’internet qui, au-delà de sa contribution à la facilitation des échanges commerciaux et à la globalisation des économies, connecte de facto en un corps social organique la totalité de l’humanité grâce à un « système » en réseau profondément différent des systèmes pyramidaux hérités du XIXe siècle qui fondent pourtant officiellement toujours nos « systèmes » socio-politico-institutionnels nationaux, inter-nationaux et supra-nationaux (1).

Ces deux grandes tendances combinées aident à se faire une idée de ce à quoi ressemblera le monde de demain : un corps social global en réseau largement auto-organisé et dont il reste à inventer le modèle institutionnello-politique de gouvernance. On devine à cet énoncé de la problématique à laquelle le monde est confronté que ce modèle consistera en petites structures plates de coordination politique (2) intégrées aux réseaux humains relevant de leur compétence administrative (3).

Mais avant que ce système ne soit officialisé, toute la difficulté consiste à intégrer à ces dynamiques d’avenir l’ancien système pyramidal… ou à s’en débarrasser. Notre équipe estime que c’est à ce combat que le monde assiste actuellement : logiques d’empire vs combinaison d’entités politiques indépendantes entre elles, démocratie représentative vs participation citoyenne directe organisée, pyramides vs réseaux, colonisation militarisée vs commerce globalisé et régulé, systèmes nationaux vs systèmes post-nationaux, pétrole contre énergies renouvelables, économie lourde vs économie numérique, banques vs flux financiers, emploi vs activité professionnelle en ligne, institutions ONU vs club BRICS, etc.

Les acteurs du monde d’avant, en raison surtout d’une totale incompréhension des ressorts caractéristiques de la société de demain, ont actuellement recours à tous les outils classiques de la domination (finance, armée, religion ou idéologie) pour bloquer l’évolution « naturelle » du monde. Ce combat est voué à l’échec, c’est une certitude, mais selon la vitesse à laquelle ces acteurs se fondront au nouveau mode d’organisation, les dégâts infligés à l’humanité peuvent être considérables.

C’est dans ce paysage de transformation systémique du monde que notre équipe a souhaité planter son habituelle analyse de l’actualité récente : influence de la Chine et des BRICS sur l’actualité économique et géopolitique, fin de l’enlisement euro-russe au milieu de l’arsenal ukrainien, crise cardiaque des États-nations en Europe, espoir de résurrection par le niveau européen.

La globalisation à la chinoise reprend son cours

Le mois dernier nous analysions que le monde devenait chinois. Ce mois-ci un certain nombre d’événements internationaux nous montrent ce que ce fait change en matière de gouvernance mondiale :

Tout cela en un mois seulement ! Le monde semble redémarrer, emmené par les dynamiques des émergents. Il est multipolaire, pacifique, ouvert, et l’Occident y a toute sa place aussi.

Notes

(1) On constate dans cette terminologie que l’État-nation constitue toujours l’ultime point de repère institutionnello-politique.

(2) dont la légitimité démocratique reste à inventer

(3) En guise d’exemple, le secrétariat de coordination des politiques de la Communauté des Européens (CE) pourrait consister en une petite entité décentralisée (composée d’une poignée d’individus, qui n’ont même pas besoin d’être réunis en un lieu commun) travaillant en réseau à coordonner la mise en œuvre des actions décidées dans le cadre d’un système légitime de prise de décision (notre but ici est de montrer à quel point le système de 2030 sera différent de l’actuel, pas de donner une image de ce qu’il sera exactement).

(4) Source : EUObserver, 12/11/2014

(5) Cet article de The Economist qui va tout à fait dans notre sens, vaut la peine d’être lu.

(6) Scellant l’interventionnisme américain (notamment) en la matière. Source : Reuters, 13/11/2014

(7) Source : China Post, 09/11/2014

(8) Source : Deccan Chronicle, 14/11/2014

(9) Le numéro de septembre du GEAB en particulier a fourni une analyse détaillée de l’importance qu’il y a à intégrer l’Iran à la stratégie de paix au Moyen-Orient.


Abonnement : pour ceux qui en ont les moyens, en particulier en entreprise, je ne peux que vous recommander l’abonnement à cette excellente revue de prospective sur la Crise, qui avait annoncé dès 2006 la crise actuelle.

Je rappelle que LEAP ne reçoit aucune subvention ni publique, ni privée, ni européenne, ni nationale et que ses ressources proviennent uniquement des abonnements au GEAB.

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-geab-n88-et-n89/


Revue de presse du 13/12/2014

Saturday 13 December 2014 at 00:01

La revue de la presse francophone. Merci à tous nos contributeurs. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-13-12-2014/


Crise de l’euro : regarder les réalités en face, par Jean-Michel Naulot

Friday 12 December 2014 at 04:12

Par Jean-Michel Naulot, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, auteur de « Crise financière – Pourquoi les gouvernements ne font rien », Le Seuil, 2013 [1]

« La difficulté n’est pas tant de comprendre les idées nouvelles. Elle est d’échapper aux idées anciennes » Keynes (1936)

La position des dirigeants européens qui consiste à dire qu’il n’y a qu’une seule politique possible, qu’il faut à tout prix sauver l’euro, qu’il n’y a pas de place pour un débat sur la monnaie unique, devient de moins en moins acceptable. Il faut arrêter de faire de l’euro une religion, un sanctuaire dont on n’aurait pas le droit d’approcher. La monnaie unique est un système monétaire comme un autre. On doit pouvoir en discuter comme de n’importe quel problème économique.

La situation actuelle rappelle étrangement les années trente. Après la crise de 1929, tous les pays occidentaux avaient tenté de restaurer le système monétaire de l’étalon-or alors que les déséquilibres provoqués par la crise financière étaient considérables. Mais les politiques d’austérité se révélèrent insupportables et les Etats-Unis, avec une dévaluation spectaculaire de 41 % décidée par Roosevelt en 1933, donnèrent l’exemple pour sortir d’un engrenage qui devenait mortifère. Quelques pays d’Europe décidèrent cependant de rester dans l’ancien système. C’est ce que l’on a appelé le bloc-or. Très vite, devant les ravages provoqués par les politiques déflationnistes, les pays européens quittèrent à leur tour le bloc-or. La France fut le dernier pays à le quitter. Léon Blum, qui avait juré de ne jamais casser le lien entre le franc et l’or pendant la campagne électorale du printemps 1936, décida courageusement de dévaluer le franc trois mois après avoir été désigné président du conseil, en septembre 1936. Dans les mois qui suivirent cette dévaluation la situation de l’économie française connut une embellie.

Le bloc-or est un exemple d’aveuglement, d’entêtement des élites. Ce n’est pas être populiste de le dire. Les exemples d’aveuglement des élites sont nombreux dans l’Histoire, dans le domaine économique comme dans le domaine militaire. Au cours des années 1970-1990, les élites anglo‑saxonnes crurent par exemple que la déréglementation de la finance permettrait de doper la croissance… Le résultat de cet aveuglement fut cataclysmique.

Face à la crise de l’euro, il faut se garder d’avoir des idées toutes faites, des préjugés. Il faut regarder les réalités en face. Il faut analyser les dysfonctionnements de la monnaie unique sous l’angle économique et social, ne pas trop mêler la politique à cette analyse. Naturellement, il faut ensuite tirer des conclusions politiques de l’analyse économique. Mais ne pas inverser l’ordre des choses. Pour le moment, les dirigeants européens font d’abord de la politique lorsqu’ils parlent de l’euro. En affirmant que l’euro, c’est l’Europe, ils biaisent leur analyse économique. C’est absurde. Les erreurs d’analyse coûtent très cher, entraînent des souffrances immenses pour nos concitoyens. Il faut analyser les dysfonctionnements de l’euro de manière froide, sous un angle strictement économique et social.

Les dysfonctionnements génétiques de l’euro

Le dysfonctionnement majeur de l’euro, celui qui résume tous les autres, c’est naturellement le fait d’avoir instauré la monnaie unique avant même d’avoir tenté de faire converger les politiques économiques et sociales et d’avoir fait reposer le fonctionnement de la monnaie unique sur les seuls critères de convergence budgétaires et monétaires. Toutes les difficultés que nous rencontrons aujourd’hui étaient prévisibles.

Dès les années quatre-vingt-dix, deux indices de ces difficultés futures pouvaient être relevés. L’élargissement considérable des marges de fluctuation du système monétaire européen en 1993, de +/- 2,25 % à +/- 15 %, c’est-à-dire en fait à 30 %, était un très mauvais présage. Tous les pays d’Europe du sud profitèrent de cette opportunité pour dévaluer. La Grèce dévaluera jusqu’en 1998, jusqu’à la veille de son entrée dans l’euro. A l’inverse, la France maintiendra coûte que coûte sa parité à l’égard du deutschemark. C’est ce que l’on appelé la politique du franc fort. Il en est résulté une très forte hausse des taux d’intérêt, jusqu’à 8-9 % en 1993, puis 15 %, et par conséquent une croissance très ralentie. Celle-ci fut de 1 % en moyenne de 1990 à 1996. Lorsque la croissance disparaît, la gestion des finances publiques devient très compliquée. De 1990 à 1996, la dette publique a progressé de 35 % du PIB à 58 %, non pas parce que les Français ont dilapidé les fonds publics mais parce qu’il est impossible de rétablir les équilibres financiers sans croissance. Une leçon pour aujourd’hui.

Depuis 1999, au cours des quinze années d’existence de la monnaie unique, les dysfonctionnements de l’euro ont été de trois ordres. D’abord, l’impossibilité de conduire une politique monétaire reposant sur un taux d’intérêt unique pour des pays qui connaissent des évolutions structurelles et conjoncturelles divergentes. L’Espagne en est une très bonne illustration. Pendant les années 2000, l’Espagne a connu un taux d’inflation supérieur à ceux de ses partenaires, entre 3 et 4 %. Il aurait fallu que la BCE décide de taux d’intérêt plus élevés mais cela était impossible car dans le même temps l’Allemagne devait financer sa réunification. Il en est résulté un endettement massif dans le secteur privé espagnol. D’où la bulle immobilière et le désastre qui a suivi. Aujourd’hui même, l’Allemagne souhaiterait que les taux de la BCE soient relevés pour éviter une bulle immobilière mais les taux d’inflation proches de zéro des pays d’Europe du sud, voire négatifs, empêchent de procéder à un relèvement.

Deuxième dysfonctionnement, les parités fixes. Il faut d’abord rappeler une chose. Au cours de la période qui va de la Seconde guerre mondiale aux années quatre-vingt-dix, la France a connu une dévaluation de sa monnaie de 10 à 15 % tous les dix ans, même 28 % dans les années quatre-vingt. On imagine l’ampleur du choc que peut représenter le passage brutal à une parité fixe, en principe immuable ! Il n’est pas acquis qu’un pays puisse surmonter un tel choc dans la conduite de sa politique économique. Par ailleurs, la théorie économique avait très bien décrit un phénomène qui se produit lorsque l’on adopte une monnaie unique. On assiste à une accélération des avantages compétitifs puisqu’il n’y a plus la crainte d’une modification des parités monétaires. C’est ce que l’on appelle la polarisation. L’effet est immédiat sur la balance commerciale. A peu près équilibrées dans les années 2000, les balances commerciales allemande et française ont évolué de manière totalement inversée : 200 milliards d’euros d’excédent de la balance allemande en 2013, 60 milliards d’euros de déficit de la balance française.

Mais une réflexion plus générale peut être avancée. Le monde contemporain n’est plus celui d’il y a vingt ans. Partout dans le monde, les parités s’ajustent à chaque instant. On peut le regretter, un ordre monétaire international serait nettement préférable, mais c’est le monde d’aujourd’hui. La zone euro est la seule région du monde où les parités soient encore fixes. En 1997‑1998, une des dernières régions du monde où subsistait un système de parités fixes, le Sud-Est asiatique, a volé en éclats. La zone euro constitue aujourd’hui une sorte d’anomalie, avec la zone CFA qui lui est liée. Pas étonnant que la monnaie unique soit ressentie comme un corset qui fait souffrir tous les Etats qui l’ont adoptée.

Enfin, toujours à propos des inconvénients d’une fixité des parités, on peut observer l’histoire économique des grands pays industrialisés depuis la Seconde guerre mondiale. Tous les pays, sans exception, qui ont connu une crise économique, ont appliqué trois types de mesures : des mesures de rigueur, des réformes de structure et une dévaluation. On nous cite souvent les exemples de la Suède, de la Finlande, du Canada qui ont connu une grave crise de dette publique au début des années quatre‑vingt-dix et qui ont eu le courage de faire des réformes de structure, mais on oublie de rappeler que ces pays ont tous accompagné ces réformes d’une dévaluation, entre 23 % et 40 %. L’honnêteté intellectuelle devrait interdire à des experts qui connaissent parfaitement l’histoire économique de pratiquer à ce point le mensonge par omission. Dans la période toute récente, certains analystes s’interrogent parfois sur le redressement de l’Islande après une crise d’une extrême gravité alors que la Grèce connaît toujours une situation très difficile après six ans de récession. La réponse est simple : l’Islande a dévalué de 50 %, la Grèce n’a pas pu dévaluer.

Le troisième dysfonctionnement de l’euro tient naturellement à sa surévaluation. Celle-ci s’explique par le fait que la monnaie unique a été conçue sur des critères inspirés par l’Allemagne, les critères de stabilité monétaire. Ces critères conduisent à des excédents courants considérables. L’euro a succédé au deutschemark, pas à dix-huit monnaies. Depuis sa création, l’euro n’a connu une parité correcte, compétitive, qu’un peu plus de deux ans sur une quinzaine d’années. Il en est résulté une désindustrialisation continue de l’Europe du sud et de la France. Les chiffres très inquiétants cités par le rapport Gallois à l’automne 2012 sont déjà dépassés. Et, à moyen terme, la surévaluation de la monnaie signifie un risque de déflation. C’est le danger qui menace actuellement les pays de la zone euro. Même le Président de la BCE reconnaît être attentif à cette situation.

Une gestion calamiteuse de la crise

Lorsque la crise de l’euro a éclaté, au printemps 2010, il y a eu un tel déni que la monnaie unique puisse traverser une crise existentielle de la part de ceux qui l’avaient portée sur les fonts baptismaux, que l’on a décrété immédiatement qu’il s’agissait d’une crise de la dette publique. Une erreur de diagnostic manifeste puisqu’il s’agissait partout, sauf en Grèce, d’une crise de la dette privée. Aujourd’hui même, la dette publique est de 92 % en zone euro alors qu’elle atteint 128 % aux Etats‑Unis et non pas 108 % comme on le dit généralement. Pour faire des comparaisons homogènes, il faut en effet ajouter à la dette fédérale américaine la dette des collectivités locales et des Etats. La dette japonaise est de 250 %. Naturellement, la dette de la zone euro est trop importante. Les dépenses publiques doivent être maîtrisées sur le long terme. Mais la zone euro n’a aucune raison d’être montrée du doigt comme on le fait depuis quatre ans. A l’erreur de diagnostic a très logiquement correspondu une erreur de thérapie. Pour lutter contre les déficits publics, on a décidé d’une politique de rigueur puis d’austérité. Elle n’a pas été limitée aux pays en difficulté mais généralisée à toute la zone euro. C’est la politique que nous connaissons désormais en France.

Cette politique a un coût économique et social qui se retrouve dans la croissance anémiée et le chômage de masse, notamment pour les jeunes. Une situation politiquement explosive. Mais ce dont on parle moins, c’est de son coût financier. Les pouvoirs publics sont d’une extrême discrétion à ce sujet. Depuis le printemps 2010, les plans de sauvetage mis en place au profit de la Grèce représentent 25 fois les plans mis en place en 2000-2002 pour aider l’Argentine, un pays qui traversait pourtant une crise d’une extrême gravité puisque le risque était considéré comme systémique. Et avec quel résultat ! La Grèce a une dette qui atteint actuellement 177 % du PIB et un chômage des jeunes qui dépasse 60 %. En ce qui concerne la France, le coût des plans de sauvetage s’est traduit par un décaissement de 85 milliards d’euros, près d’une fois et demi le montant annuel de l’impôt sur le revenu. Encore cette dette n’est-elle pas comptabilisée dans la dette publique officielle. Transparence…

La manière même dont la crise a été gérée met en évidence un grave problème de gouvernance. L’absence de transparence des gouvernements dans la gestion de la crise est manifeste mais une critique beaucoup plus grave peut être avancée : le pouvoir politique ruse avec les citoyens, ne les associe en aucune manière aux décisions les plus importantes, aux modifications des traités réalisées presque en catimini. Quant à la BCE, elle s’est arrogé des pouvoirs considérables vis-à-vis des Etats. Elle se retrouve face aux Etats et non aux côtés des Etats comme c’est généralement le cas pour une banque centrale. Le fonctionnement de la Troïka en est une bonne illustration puisque la BCE négocie directement les réformes structurelles imposées aux Etats en difficulté ; elle rappelle à l’ordre ceux qui pourraient l’être. L’OMT (Outright Monetary Transactions), le rachat illimité de titres dans le marché, n’est envisagé par la BCE que sous la condition expresse de l’adoption de réformes structurelles par les Etats. Imagine-t-on la banque centrale américaine mettre des conditions à la mise en place de sa politique monétaire non conventionnelle (quantitative easing) ? Le gouvernement américain admet l’indépendance de la banque centrale mais il ne la conçoit que comme fonctionnant dans les deux sens.

Peut-on encore sauver l’euro ?

On nous dit : il faut continuer la même politique, nous n’avons pas le choix, quelques ajustements notamment dans le domaine social permettront d’améliorer la situation. Une orientation plus progressiste du Parlement européen pourrait y aider. Ce discours assez confortable pour ceux qui le tiennent devient insupportable pour ceux qui le subissent. Il arrivera un moment où le courage sera de dire non.

L’euro n’est pas une ardoise magique où l’on pourrait effacer tous les deux ou trois ans les erreurs commises, repartir avec de bonnes résolutions et faire à nouveau le point un peu plus tard. Toutes ces erreurs se traduisent par des souffrances sociales et des tensions politiques.

Pour sauver la monnaie unique, certains nous proposent un grand saut fédéral. Cette solution qui ressemble à une fuite en avant comporterait des risques immenses dans une Europe où les peuples rejettent de plus en plus le fédéralisme. La monnaie unique était déjà un pari plein de risques. Cette fois, le pari serait fou. Si les choses se passent mal, on imagine devant quelle situation dramatique se retrouverait la zone euro ! Le fédéralisme risquerait de conduire à un rejet brutal de l’Europe, deviendrait une source de conflits. Rien, en toute hypothèse, ne pourrait se faire dans ce domaine sans l’accord des citoyens.

D’autres experts, et quelquefois les mêmes, imaginent des eurobonds, un élargissement des pouvoirs de la BCE, etc. Ces techniques de financement seraient en réalité des expédients, peut-être de nature à calmer les marchés, mais en aucun cas des remèdes sur le fond. Et il ne faut pas être naïf : le taux moyen des eurobonds serait à mi-chemin entre les taux allemands et les taux italiens et espagnols.

Un remède aux difficultés actuelles pourrait naturellement être trouvé avec la mise en place d’une solidarité financière, bien au delà des plans de sauvetage. C’est ce que l’on appelle l’union de transferts, une politique de transferts financiers massifs de l’Europe du nord vers l’Europe du sud, équivalente à celle qui existe entre l’Etat de New York et la Californie. Normalement, cette politique devrait être en place depuis longtemps car elle était indissociable de la création d’une monnaie unique. Malheureusement, ce n’est pas du tout le cas. Les chances de la voir se concrétiser sont infimes quand on constate que le budget européen des six prochaines années a été réduit de 3 % en 2013. L’Union bancaire elle-même n’a prévu qu’une solidarité financière très limitée alors qu’il s’agissait officiellement de couper le lien entre les banques et les Etats. Enfin, les négociations de ces dernières années dans le domaine de la régulation financière ont montré que les Etats donnent toujours la priorité à leurs intérêts nationaux, même lorsqu’il y a un risque global, un risque systémique. On est très loin d’une gouvernance européenne, d’une vraie solidarité européenne. Le signataire de ce texte en a eu pendant plusieurs années la démonstration quotidienne.

La vraie solution pourrait résider dans une meilleure convergence des politiques économiques et sociales. Réaliser une meilleure convergence de ces politiques, cela consiste à donner des signes tangibles d’une volonté de vivre ensemble. Le plus urgent serait de coordonner les politiques économiques. Les pays qui connaissent des équilibres budgétaires, des excédents de balances courantes, devraient mettre en place une politique de relance au nom de la solidarité européenne et de l’efficacité économique. Sans une relance significative de l’économie allemande, la France n’a aucune chance de rétablir ses équilibres. La convergence, c’est aussi le rapprochement des politiques énergétiques, des politiques environnementales. Les politiques énergétiques française et allemande sont pour le moment diamétralement opposées. Le marché européen des droits de carbone est un vrai fiasco. Seule une taxe carbone européenne aurait été efficace. Dans le domaine fiscal, aucune harmonisation n’a été amorcée. Comment faire vivre un marché unique, une monnaie unique, avec des paradis fiscaux en plein cœur de la zone euro ? La convergence, c’est aussi le rapprochement des modèles sociaux français et allemand. Le modèle allemand est libéral et décentralisé. Le modèle français repose sur un socle très large, inspiré des valeurs de solidarité de la Libération, un modèle égalitaire et jacobin. L’Allemagne a pratiqué avec une très grande continuité une politique très libérale depuis la Seconde guerre mondiale. D’Erhard à Schmidt, à Kohl, à Schröder et à Angela Merkel, c’est toujours la même politique qui est appliquée. Les Allemands n’envisagent pas de quitter l’ordo‑libéralisme. Or, rapprocher des modèles aussi différents ne peut consister en un alignement du modèle français sur le modèle libéral allemand. Il faut que chacun fasse un bout du chemin. Enfin, les modèles économiques eux-mêmes sont très différents. Le modèle allemand donne la priorité au commerce extérieur. Le modèle français donne la priorité au pouvoir d’achat des classes moyennes et à la consommation. La part des exportations représente 51 % du PIB en Allemagne, 27 % du PIB en France.

Le système qui serait inacceptable, c’est un système permanent de dévaluations internes. A défaut de réaliser la convergence, des ajustements par la baisse des coûts salariaux seraient en permanence nécessaires pour corriger les écarts de compétitivité. On peut corriger 2 ou 3 % d’écart de compétitivité à titre exceptionnel entre la France et l’Allemagne avec le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), pas 15 ou 20 %. Si le sauvetage de l’euro devait passer par une dévaluation interne institutionnalisée, par des coups de rabot permanents dans les coûts salariaux et les avantages sociaux, la route deviendrait absolument sinistre. Ce système marquerait le retour aux années trente. Les risques politiques seraient immenses.

Que faire ? Accepter de débattre de toutes les hypothèses, sans exclusive

L’euro est à la croisée des chemins. Un débat doit s’engager dans toute la zone euro pour savoir comment on réoriente l’Europe, comment on essaye de la réconcilier avec les citoyens. Tous les pays doivent se faire entendre. Le discours officiel n’est pas réservé à la Commission, à la BCE et à l’Allemagne. La relation franco-allemande doit notamment être beaucoup mieux équilibrée. De temps en temps, il faut savoir taper du poing sur la table. Si le Général de Gaulle n’avait pas pratiqué la politique de la chaise vide en juin 1965, pendant près d’un an, les agriculteurs français ne bénéficieraient pas aujourd’hui de la politique agricole commune.

Pour se faire entendre, la France a des atouts. Elle doit arrêter de faire des complexes. Comment ne pas rappeler d’abord que la France contribue, avec le Royaume Uni, de manière substantielle à la sécurité de l’Europe. Elle consacre aux dépenses militaires un montant par habitant deux fois supérieur à celui de l’Allemagne. Elle peut être fière de cette contribution au moment où il apparaît que les conflits potentiels n’ont pas disparu du continent européen. La France a une démographie forte. Si les tendances actuelles se poursuivent, la population française aura rattrapé la population allemande d’ici une trentaine d’années. Les ménages français ont une épargne record au sein de la zone euro. Le taux de dette des ménages français est un des plus faibles. Ce sont des éléments de bonne santé économique. Celle-ci ne se mesure pas simplement avec le relevé des ratios de dette publique.

Mais pour se faire entendre la France doit faire des réformes de structures, de vraies réformes, pas de nouveaux prélèvements sur les revenus. Sinon, elle sera inaudible. Son objectif en Europe doit être d’obtenir une relance de la croissance de la part de l’Allemagne. Si cela n’est pas possible, dans un délai rapproché, il faudra avoir le courage de prendre des décisions politiques beaucoup plus fortes, de réformer les traités. Il faudra assouplir le système monétaire actuel, lui donner de la flexibilité. C’est ce que l’on appelle la monnaie commune.

Par rapport au système actuel, le changement majeur serait le retour à des monnaies nationales avec un ajustement des parités à intervalles réguliers en fonction des écarts de compétitivité, par exemple tous les ans ou tous les deux ans. Ce sont les gouvernements de la zone euro qui décideraient d’un commun accord de la politique de change. Il y aurait un élément de continuité avec la situation actuelle puisque ce sont les gouvernements qui sont aujourd’hui en charge de la politique de change de l’euro avec l’article 219 du traité de Lisbonne, en concertation avec la Commission et la BCE, un article qui n’a malheureusement jamais été appliqué. Autre élément de continuité, l’euro serait conservé pour les transactions externes à la zone euro, transactions commerciales et financières.

Si ce système, qui avait été imaginé autrefois par des dirigeants politiques comme Edouard Balladur et John Major, ne pouvait être instauré en raison d’une insuffisante volonté politique des gouvernements de la zone euro, il serait possible d’envisager un changement plus important, sans drame, la fin concertée de l’euro. La fin de l’euro ne serait pas le chaos. La dette publique française est en effet entièrement libellée en euros, pas en dollars ou en yens. Son montant serait par conséquent inchangé pour les emprunteurs au premier rang desquels l’Etat français, contrairement à ce que l’on dit parfois. Mais, naturellement il faudrait que cette période soit soigneusement préparée, avec autant d’attention que celle que l’on a mise pour créer la monnaie unique. Les banques notamment devraient gérer leurs risques en anticipant toutes les hypothèses. Si l’euro avait implosé en mai 2010, la crise aurait été véritablement systémique puisque les banques considéraient à cette époque qu’une créance sur la Grèce ou sur l’Italie, c’était comme une créance sur l’Allemagne. Aujourd’hui, elles gèrent beaucoup plus attentivement leurs risques, à l’image de ce que font les grandes entreprises industrielles. Certains économistes et dirigeants critiquent l’actuelle fragmentation des marchés, la renationalisation de la dette souveraine, mais cette renationalisation s’impose au nom de la prudence dans la gestion des risques. Piloter le passage d’un système de monnaie unique à un système de parités flexibles reviendrait en définitive à aligner le système monétaire de la zone euro sur le système international.

La seule question que devraient se poser les dirigeants européens, c’est de savoir si la zone euro est bien une zone économique optimale. C’est en principe pour cela qu’ils ont décidé de faire l’euro… A cette question économique, ils doivent apporter une réponse économique. Autrement, nous risquons d’entrer dans un monde absurde. Nous y sommes peut-être déjà. Ce monde pourrait ressembler à celui des Shadoks. On dirait : « il faut pomper, il faut pomper ! Même si cela ne marche pas ! Au moins, on a le sentiment que l’Europe existe ! ». L’Europe mérite tout de même mieux que cela !

Regardons les réalités en face, acceptons de débattre de toutes les hypothèses, sans préjugé politique. L’engagement européen ne se mesure pas à l’aune d’un système monétaire qui n’est qu’un moment dans la vie des peuples. Le monde de 2014 n’est plus celui des pères fondateurs de l’euro. Et prenons garde à ce fossé qui ne cesse de se creuser entre les dirigeants et les citoyens. En d’autres termes, au nom de l’Europe n’affaiblissons pas le projet européen et notre démocratie.

[1] Voir la note de lecture par Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica

Source : Fondation Res Publica

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“La monnaie unique est déjà morte. Vive la monnaie commune !” 

Entretien de Dominique Garabiol, membre du Conseil scientifique de la fondation Res Publica et professeur associé à Paris 8, à Marianne, le 22 août 2014. Propos recueillis par Emmanuel Lévy.Marianne : La nouvelle migration de travailleurs depuis les pays du Sud de la zone euro vers ceux du Nord et, en particulier, l’Allemagne, n’est-il pas le signe de la pleine réussite de la monnaie unique, au sens de l’émergence d’un ensemble homogène, comme le prévoit la théorie économique ?

Dominique Garabiol : C’est vrai, l’unification des marchés du travail en serait une des manifestations, et depuis le début les promoteurs de l’euro la guette. Mais ils se tromperaient en l’identifiant au mouvement actuel. Et il ne serait pas banal de se réjouir du malheur de cet exode lié au chômage de masse, car ce flux migratoire est d’abord le fruit de la destruction d’activités économiques, comme en Espagne.

Il faudrait en tout cas être aveugle pour ne pas voir que l’euro, ainsi que l’histoire économique nous l’enseigne, a renforcé la spécialisation régionale. Comme l’Italie du Nord a vampirisé l’industrie du Mezzogiorno, la mise en place d’une monnaie unique a conduit en Europe au renforcement du pôle industriel dominant, l’Allemagne, et à la marginalisation des centres industriels secondaires, France, Italie, Espagne… Selon Eurostat, en 2001, le niveau de vie (emplois, salaires, etc.) était à parité entre l’Allemagne, la France et l’Italie par exemple. Aujourd’hui, il est plus faible de 20 % pour l’Italien, de 13 % pour le Français.

Une telle catastrophe n’a été rendue possible qu’avec l’échec de l’Europe politique, inscrite elle-même dans les statuts de la Banque centrale. Car au lieu de faire converger les économies différentes qui composent la zone euro (cela aurait dû passer par une politique différenciée selon les pays et des actions volontaristes de répartition des activités), on a au contraire fait converger les politiques économiques. Et accentuer du même coup les déséquilibres.

Airbus nous en donne un exemple caricatural. Si on avait voulu faire converger les structures industrielles en Europe, on aurait placé sa nouvelle chaîne de production, non pas à Hambourg, mais à Valladolid ou à Salonique.

Vous semblez dénoncer davantage la politique économique que la monnaie unique ?
Ils sont indissociablement liés, mais il est vrai que c’est davantage la conception simpliste de la politique monétaire et du taux de change unique, que l’euro lui-même qui est en cause. Cette politique est responsable au premier chef des divergences productives qui conditionnent tout le reste au sein de la zone euro et de la situation critique de déséquilibre en faveur de l’Allemagne que nous vivons. Dans ces conditions, on peut faire comme avec le traité de Versailles et se répéter en boucle que l’Allemagne paiera, comme la région parisienne a payé pour la Creuse lors de la lente construction de la France. Mais c’est doublement chimérique. Non seulement les rares solidarités existantes entre la Grèce et l’Allemagne ne sont pas à la dimension des besoins, mais cela condamne l’Allemagne à payer ad vitam æternam, car les déséquilibres ne peuvent aller qu’en s’accentuant.

Tant qu’on focalise les débats sur la solidarité financière entre pays, on ne fait qu’accompagner la désagrégation de la zone euro, et au-delà de l’Europe. Car cela équivaut à dire : l’euro vivra tant que l’Allemagne paiera, alors qu’il n’y a aucune raison que l’Allemagne gagnante jusqu’à présent accepte de perdre systématiquement les parties suivantes.

Donc, selon vous l’euro est déjà mort ?
Oui, au moins dans la forme actuelle. S’il n’a pas explosé, c’est que la Banque centrale le soutient à bout de bras. Sans la BCE tout éclate. C’est le signe de la perte de crédibilité de l’euro. Mario Draghi a dit que la BCE ferait tout pour sauver l’euro. Selon un des scénarios possibles : une crise survient, la BCE rachète massivement les dettes des Etats qui font défaut et se retrouve, elle-même, au bord de la faillite au point qu’il y a urgence à la recapitaliser. Or, rares seront les Etats, eux-mêmes en détresse financière, qui pourront suivre. Et l’euro mourrait avec la BCE.

Quelles sont vos solutions ?
Historiquement, le choix de la monnaie unique est un choix politique. Un choix utopique même : dans l’impensé des dirigeants Français, l’euro est conçu comme une ligne Maginot pour contenir la puissance allemande. Et pas plus qu’elle, l’euro n’a tenu ses promesses.

Des alternatives ont été étudiées. Dès les années 1970, certains économistes européens, des libéraux notamment, ont pensé un système de monnaie commune. Elle a été reprise par les Anglais et quelques responsables politiques français de droite et de gauche lors des débats conduisant à la création de l’euro. En gros, il s’agit de partir de la double nature de l’union monétaire. Du point de vue de l’extérieur, c’est une zone homogène, pour laquelle une monnaie est adaptée. Mais, comme je l’ai dit précédemment, à l’échelle interne, l’hétérogénéité domine et, pire, elle s’est accentuée avec la monnaie unique.

Aujourd’hui, privées de l’instrument monétaire, le seul moyen dont les économies disposent pour s’ajuster les unes aux autres, passe par une modification des prix des facteurs de productions. Et notamment des salaires. Si la Grèce avait pu dévaluer son « euro drachme », elle aurait pu empêcher le chômage d’exploser autant et les salaires de se réduire de plus de 25 %. Idem pour le capital en France. Depuis l’arrivée de l’euro, la valeur du Cac 40, reflétant celle des 40 plus grandes entreprises tricolores, s’est dégradé de 55 % par rapport au Dax, son homologue allemand. Cinquante-cinq pourcents, c’est bien davantage que ce qu’entrainerait une dévaluation considérée comme mortelle !

Pratiquement, comment une monnaie commune fonctionne-t-elle ?
Nous avons deux périodes encore récentes qui permettent de comprendre comment fonctionnerait une monnaie commune. La première se situe entre 1999 et 2002. La zone euro bascule alors vers la monnaie unique qui n’est qu’une monnaie bancaire. Les autres agents de la zone continuent d’utiliser leur monnaie nationale, dont les parités sont fixées et qui deviennent des subdivisions de l’euro. L’autre période est celle du SME, le Système monétaire européen. L’ancêtre de l’euro, l’écu, joue alors bien le rôle de référence pour les monnaies de la zone qui peuvent s’ajuster, mais selon un corridor d’évolution trop étroit de 5%, ce qui a entrainé sa défaillance…

L’euro, comme monnaie commune, conserverait ses attributs pour le commerce international et les marchés financiers, alors que les monnaies nationales resteraient des subdivisions réservées aux échanges intérieurs comme en 1999-2002. Mais à la différence avec cette période, les parités des subdivisions nationales seraient ajustables en fonction des déséquilibres constatés, notamment en termes de balance extérieure et de taux de chômage, dans le cadre d’un SME protégé par l’euro de la spéculation internationale et doté d’un corridor plus large que le précédent. Le statut international de l’euro serait sauvegardé et la flexibilité monétaire permettant la cohésion de la zone serait retrouvée.

Il est aussi possible d’avoir une lecture moins simpliste des traités et de considérer que les objectifs assignés à la BCE, l’inflation mais aussi secondairement, l’équilibre de la balance extérieure, la stabilité des conditions monétaires et, en dernier ressort, le plein emploi, s’appliquent non à la moyenne de la zone — ce qui est la source de tous les problèmes —, mais à chaque pays selon un corps de règles uniques. L’utilisation d’instruments monétaires connus mais aujourd’hui délaissés, comme les réserves obligatoires et les montants compensatoires monétaires appliqués par pays, donnerait les moyens d’adapter les taux d’intérêts et les taux de change au niveau de compétitivité de chacun.

Vous êtes optimiste ?
Pas dans l’immédiat. Pourtant les exemples réussis de split, d’éclatement monétaire contrôlé, ne manque pas, notamment récemment en Europe de l’Est : l’URSS, la Tchécoslovaquie ou même la Yougoslavie où l’on s’est battu pour tout sauf pour la monnaie. Bien sûr il y aura des coûts. Mais ils sont déjà là à travers la multiplication des dévaluations internes. Soit on les paye lors d’une sortie de l’euro, idéalement selon un modèle de monnaie commune. Mais, on repart sur de bonnes bases de croissance. Soit il faut réduire encore les salaires et prestations sociales de 20 % en Grèce comme en Espagne et amorcer d’ici peu le même mouvement en Italie et en France. On a vu ce que cela a donné : la récession comme seul horizon, d’autant plus que la dette, elle, ne subit pas cette dévaluation interne.

Mais malheureusement la mise en place d’une solution de raison, comme la monnaie commune ne peut survenir qu’à l’occasion d’une nouvelle crise financière aigüe de l’euro au cours de laquelle les responsables politiques seront à nouveau confrontés au risque d’éclatement de la zone. Je m’interroge par exemple sur l’incompréhension de la contrainte qu’impose l’euro que font mine d‘ignorer jusque dans les rangs de la majorité ceux qui se désignent comme les « frondeurs ». Ils partent du principe que l’euro, c’est bien, mais pas la politique économique de François Hollande. Mais le plan de 50 milliards d’euros, c’est du petit bois au regard de ce à quoi nous contraint l’euro !

Source : Marianne

Source: http://www.les-crises.fr/crise-de-leuro-regarder-les-realites-en-face/


[BIG LOL] “Tout le monde pensait que la croissance allait reprendre. Tout le monde s’est trompé”, assume Sapin

Friday 12 December 2014 at 02:29

Le cynisme de ces gens là est sans fin… Le pire, c’est qu’ils se croient bons…

Michel Sapin, le 2/11/2014 :

Tout le monde de droite ou de gauche pensait que cette croissance reprendrait en Europe et en France à partir de mi-2013 et 2014. De ce point de vue, on peut dire que tout le monde s’est trompé.” [Michel Sapin, 2/11/2014]

Tout le monde ??? Non, certains tentent de résister à la bêtise…

Monsieur le ministre, il faut lire Dennis Meadows, scientifique du club de Rome :

(Lire ici)

(Lire ici)

Mais bon, lisez simplement ce billet de 2013 que je ressors - il vous aidera bien je pense…

Vous y verrez ceci par exemple, qui est une belle aide pour les prévisions de croissance…

Source: http://www.les-crises.fr/big-lol-tout-le-monde-pensait-que-la-croissance-allait-reprendre-tout-le-monde-sest-trompe-assume-sapin/


La « Destinée manifeste » et l’exceptionnalisme américain [4/4] : Florilège de discours de dirigeants américains (2012-2014)

Friday 12 December 2014 at 00:01

Suite du billet : Florilège de discours de dirigeants américains (2008-2012)

Le second mandat de Barack Obama

Barack Obama, 44e président des États-Unis : 2009 à nos jours
Discours d’inauguration, 21 janvier 2013

“Chaque fois que nous nous réunissons pour la prise de fonction d’un président, nous sommes les témoins de la force éternelle de notre Constitution. Nous réalisons la promesse de notre démocratie. Nous nous souvenons que ce qui lie ensemble cette Nation n’est pas la couleur de notre peau ou les piliers de notre foi, ou les origines de nos noms. Ce qui nous rend exceptionnels – ce qui fait de nous des Américains – c’est notre allégeance à une idée articulée dans une déclaration faite il y a plus de deux cents ans : nous tenons ces vérités comme évidentes et sans conteste, que tous les hommes ont été créés égaux ; que leur Créateur leur a accordé certains droits inaliénables ; que parmi ceux-ci se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Aujourd’hui, nous poursuivons un voyage éternel pour relier le sens de ces paroles avec les réalités de notre époque. Car si l’Histoire nous dit que ces vérités sont évidentes et sans conteste, elles ne se sont jamais accomplies d’elles-mêmes ; car si la liberté est un don de Dieu, elle doit être assurée par son peuple ici sur la Terre. [...] Les possibilités de l’Amérique sont sans limite, car nous détenons toutes les qualités que requiert ce monde sans frontières : jeunesse et conduite, diversité et ouverture, une capacité infinie à prendre des risques et un don pour la réinvention.

Mes compatriotes américains, nous sommes faits pour cet instant, et nous le saisirons – pour autant que nous le saisissions ensemble. [...] Nous, le peuple, croyons toujours que nos obligations en tant qu’Américains ne concernent pas seulement nous-mêmes mais également la postérité. [...] Nous soutiendrons la démocratie de l’Asie à l’Afrique, des Amériques au Moyen-Orient, parce que nos intérêts et notre conscience nous forcent à agir au nom de ceux qui aspirent à la liberté. Et nous devons être une source d’espoir pour les pauvres, les malades, les exclus, les victimes de discriminations – non seulement par simple charité, mais parce que la paix en nos temps requiert l’avancée constante de ces principes décrits par notre crédo commun : tolérance et chance, dignité humaine et justice. [...] Soumettons-nous, chacun d’entre nous, dans le devoir solennel et la joie immense, à ce qui est notre droit de naissance éternel. Dans un effort commun et un but commun, avec passion et dévouement, répondons à l’appel de l’Histoire et portons dans cet avenir incertain cette précieuse lumière de la liberté.

Barack Obama, Discours à la Nation sur la situation en Syrie, 10 septembre 2013

“Mes compatriotes américains, depuis presque sept décennies, les États-Unis ont été l’ancre de la sécurité mondiale. Cela nous a demandé bien plus que de forger de simples accords internationaux. Cela nous a demandé de les faire appliquer. Le fardeau du commandement est souvent lourd, mais le monde est meilleur parce que nous les avons portés. [...] Franklin Roosevelt a dit un jour, “Notre détermination nationale à rester loin des guerres et des embrouilles étrangères ne peut pas nous empêcher de nous sentir profondément inquiets lorsque les idéaux et les principes que nous avons chéris sont attaqués.” Nos idéaux et nos principes, tout comme notre sécurité nationale, sont en jeu en Syrie, tout comme l’est notre prééminence dans un monde où nous cherchons à nous assurer que les pires armes ne seront jamais utilisées. L’Amérique n’est pas le gendarme du monde. Des choses terribles se produisent partout sur le globe, et redresser tous les torts serait au-delà de nos moyens. Mais si, avec un effort et un risque modérés, nous pouvons stopper le gazage d’enfants – et par la même occasion, assurer une plus grande sécurité à nos enfants à long terme – je crois que nous devrions agir. C’est ce qui fait que l’Amérique est différente. C’est ce qui fait que nous sommes exceptionnels. Avec humilité, mais résolution, ne perdons jamais de vue cette vérité essentielle.

Réponse de Vladimir Poutine dans le New York Times – 12 septembre 2013 (traduction legrandsoir.info)

“Ma relation professionnelle et personnelle avec le président Obama est marquée par une confiance croissante. J’apprécie cela. J’ai étudié attentivement son discours à la nation de mardi dernier. Et je serais plutôt en désaccord avec un exemple qu’il a pris à propos de l’exceptionnalisme américain, en déclarant que la politique des États-Unis est “ce qui rend l’Amérique différente. C’est ce qui nous rend exceptionnels.” Il est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se considérer comme exceptionnels, quelle que soit la motivation. Il y a de grands pays et de petits pays, des riches et des pauvres, ceux qui ont de longues traditions démocratiques et ceux qui cherchent encore leur voie vers la démocratie. Leurs politiques diffèrent aussi. Nous sommes tous différents, mais quand nous demandons la bénédiction du Seigneur, nous ne devons pas oublier que Dieu nous a créés égaux.”

Barack Obama, Discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, 24 septembre 2013

“Eh bien, je crois qu’un tel désengagement serait une erreur. Je crois que l’Amérique doit rester engagée pour notre propre sécurité. Mais je crois aussi que le monde est meilleur grâce à cet engagement. Certains pourraient ne pas être d’accord, mais je crois que l’Amérique est exceptionnelle, en partie parce que nous avons montré notre volonté, à travers le sacrifice du sang et de nos trésors, de nous lever non seulement pour nos propres intérêts égoïstes, mais dans l’intérêt de tous. Je dois cependant être honnête. Nous sommes bien plus susceptibles d’investir notre énergie pour des pays qui veulent travailler avec nous, qui investissent dans leur propre peuple plutôt que dans un petit nombre de corrompus [...] Parce que, de l’Europe à l’Asie, de l’Afrique aux Amériques, les nations qui ont persévéré sur le chemin de la démocratie en sont sorties plus prospères, plus pacifiques, et plus investies dans la défense de notre sécurité commune et de notre humanité commune. Et je crois que la même chose sera vraie pour le monde arabe.”

Barack Obama, Discours sur la Loi sur la poursuite des appropriations de 2014, le 17 octobre 2013

“L’Amérique est la pierre fondatrice de l’économie mondiale pour une bonne raison. Nous sommes la nation indispensable, que le reste du monde considère comme la zone la plus sûre et la plus fiable pour investir, ce qui a facilité les choses pour les générations d’Américains qui souhaitaient investir dans leur propre avenir. Nous assumons cette responsabilité depuis plus de deux siècles, grâce au dynamisme de notre économie et de nos entrepreneurs, à la productivité de nos travailleurs, mais aussi parce que nous tenons notre parole et que nous faisons face à nos obligations. Voilà ce que signifient la foi totale et le crédit : Vous pouvez compter sur nous.”

Barack Obama, Discours au quartier-général de DreamWorks Animation SKG, à Glendale, Californie, 16 novemebre 2013

Et croyez-le ou pas, les loisirs font partie de la diplomatie américaine. Cela fait partie de ce qui nous rend exceptionnels, de ce qui fait de nous une puissance mondiale. Vous pouvez aller n’importe où sur la planète et vous trouverez un gamin portant un T-shirt de “Madagascar”. Vous pouvez dire “Que la Force soit avec toi” et ils sauront de quoi vous parlez. Des centaines de millions de personnes ne mettront peut-être jamais les pieds aux États-Unis, mais grâce à vous, ils ont vécu un peu de ce qui rend notre pays spécial. Ils ont appris quelque chose de nos valeurs. Nous avons modelé une culture mondiale à travers vous. Et les histoires que nous racontons transmettent des valeurs et des idéaux sur la tolérance et la diversité ; et dans notre ADN nous avons la créativité et la capacité à surmonter les épreuves. Et en conséquence de ce que vous avez réalisé, vous avez contribué à modeler la culture mondiale dans un sens qui a rendu le monde meilleur.”

John Kerry, Secrétaire d’État, Washington DC
Discours lors de la Conférence du Conseil Atlantique “Vers une Europe Complète et Libre”

“Cela fait 15 ans, 10 ans et 5 ans que l’OTAN a accueilli des nouveaux partenaires dans l’ère de l’après-guerre froide. Et en même temps que nous nous sommes étendus en tant qu’organisation, que l’OTAN s’est étendu en tant qu’organisation, je crois qu’on peut facilement dire que nous avons également étendu la démocratie, la prospérité et la stabilité en Europe, que nous avons ouvert de nouvelles opportunités afin d’être en mesure de faire avancer la sécurité plus loin encore, et que nous avons stimulé la croissance économique autour du globe. [...]

De plus, à travers toute son histoire, je crois sans aucun doute, que l’OTAN a fait plus pour promouvoir la sécurité, la prospérité, et la liberté qu’aucune autre alliance dans l’Histoire de l’humanité.

[...] Nous sommes ensemble, Europe et États-Unis, deux des plus grands marchés du monde. Et de fait, nous pouvons sérieusement renforcer nos liens économiques, accélérer la croissance et la création d’emplois, et servir de tampon à tous les impacts négatifs des mesures que nous devons prendre, si nous avançons rapidement sur les deux rives de l’Atlantique pour finaliser le Partenariat Atlantique sur le Commerce et l’Investissement. Cet accord modifiera bien plus notre manière de faire des affaires et nos considérations stratégiques, que n’importe quel rapprochement économique, exception faite de l’indépendance énergétique.

Alors mes amis, j’achèverai simplement en disant à vous tous que cet instant – sans chercher aucunement la solennité parce que cet instant est suffisamment sérieux comme ça et n’en a pas besoin – cet instant est plus grand que nous-mêmes. De fait, c’est tout notre modèle de leadership mondial qui est en jeu. Et si nous nous serrons les coudes, si nous tirons notre force des leçons du passé et si refusons d’abandonner, alors je suis certain que l’OTAN, la plus puissante alliance de la planète, pourra faire face aux défis, pourra saisir à son avantage les opportunités que lui présentent les crises, et que nous pourrons avancer vers une Europe en paix, libre et forte.

C’est notre objectif, et nous avons hâte de travailler avec nos collègues ministres de chacun de ces pays pour atteindre ce but. Merci de m’accueillir parmi vous.”

Barack Obama, Discours d’accueil à l’Académie militaire des États-Unis de West Point, New York, le 2 mai 2014

“Voyez-vous, l’influence américaine est toujours plus forte lorsque nous donnons l’exemple. Nous ne pouvons nous exempter des règles qui s’appliquent au reste du monde. Nous ne pouvons pas appeler les autres à s’engager face au réchauffement climatique si une grande partie de nos dirigeants politiques nie qu’il a lieu. Nous ne pouvons pas essayer de résoudre les problèmes au Sud de la mer de Chine, alors que nous avons négligé la ratification de la Convention sur le Droit de la Mer par le Sénat, malgré le fait que nos meilleurs chefs militaires aient déclaré que ce traité soit une avancée pour notre sécurité nationale. Ce n’est pas du leadership, c’est une retraite. Ce n’est pas de la force, c’est de la faiblesse. Cela serait complètement étranger à des dirigeants tels que Roosevelt et Truman, Eisenhower et Kennedy. Je crois avec chaque fibre de mon être en l’exceptionnalisme américain. Mais ce qui nous rend exceptionnel n’est pas notre capacité à mépriser les normes internationales et le droit, c’est notre volonté de les affirmer au travers de nos actions. Et c’est pourquoi je continuerai à essayer de fermer Guantanamo, parce que les valeurs américaines et les traditions juridiques ne permettent pas la détention sans fin de personnes hors de nos frontières.

C’est pourquoi nous mettons en place de nouvelles restrictions sur la manière dont l’Amérique recueille et utilise les informations, parce que nous aurons de moins en moins de partenaires et serons de moins en moins efficaces si l’impression que nous menons une surveillance de masse se diffuse. L’Amérique ne fait pas que soutenir la stabilité et l’absence de conflit à tout prix. Nous soutenons une paix plus durable, qui peut seulement découler d’une démocratisation des opportunités et des libertés. Ce qui m’amène à ce quatrième et dernier élément du leadership américain : notre volonté d’agir au nom de la dignité humaine. Le soutien de l’Amérique pour la démocratie et les droits de l’Homme vont au-delà de l’idéalisme ; c’est une question de sécurité nationale. Les démocraties sont nos plus proches amis et sont bien moins susceptibles de partir en guerre. Les économies fondées sur le marché libre et ouvert ont de meilleures performances et deviennent des marchés pour nos marchandises. Le respect des droits de l’Homme est un antidote à l’instabilité et aux douleurs qui alimentent la violence et la terreur.”

Barack Obama, Discours lors d’un comité de collecte de fonds pour la campagne sénatoriale démocrate à Tisbury, Massachusetts, 11 août 2014

“Je veux souligner, néanmoins, à un moment où les médias semblent remplis de nouvelles d’Ukraine, de Gaza et d’Ebola et tout ce que vous voudrez, qu’à chaque fois, les gens cherchent en permanence à savoir comment l’Amérique peut aider à résoudre ces problèmes. Et il y a une raison à cela. Parce qu’en dépit des plaintes et des interprétations, et du sentiment anti-américain que vous entendez parfois à la télévision dans le monde, lorsqu’il y a un vrai problème, ils reconnaissent tous que nous sommes la seule nation indispensable. Ils reconnaissent tous que notre leadership est absolument crucial. Et cela est vrai tant pour les défis que pour les opportunités. [...] Voici ce en quoi je crois : de la même façon que lorsque nous sommes sortis avec résolution et pugnacité de la crise économique dans laquelle nous étions il y a cinq ans, je n’ai aucun doute quant à notre capacité à conduire le monde, unis en tant que pays, à travers les moments mouvementés que nous traversons dans les relations internationales. Mais tout cela requiert du sérieux à Washington.”

Barack Obama, Discours lors de la Convention nationale de la Légion américaine à Charlotte, Caroline du Nord, 26 août 2014

“Et comme nous sommes plus forts chez nous, les États-Unis sont en meilleure position encore pour conduire le XXIe siècle qu’aucune autre nation sur la Terre. Ils ne nous arrivent pas à la cheville. Nous avons la plus grande puissance militaire de l’Histoire. On est largement devant. De l’Europe à l’Asie, nos alliances sont sans rivales. Notre économie est la plus dynamique. Nous avons les meilleurs travailleurs. Nous avons les meilleurs hommes d’affaires. Nous avons les meilleures universités et les meilleurs scientifiques. Avec notre révolution énergétique nationale, y compris plus d’énergie renouvelable, nous sommes plus indépendants énergétiquement. Nos technologies relient le monde. Nos libertés et nos opportunités attirent les immigrants qui “sont avides de pouvoir respirer librement”. A travers le globe, nos idéaux fondateurs inspirent les opprimés qui recherchent leur propre liberté. Voilà qui nous sommes.

C’est ce qu’est l’Amérique. Et de plus, personne d’autre ne peut faire ce que nous faisons. Aucune autre nation ne fait plus que nous pour soutenir la sécurité et la prospérité dont le monde dépend. En temps de crise, aucune autre nation ne peut rallier de si grandes coalitions pour se dresser en défense du droit international et de la paix. En temps de désastres, aucune autre nation n’a la capacité d’aider autant et si vite. Aucune nation ne fait autant pour aider les citoyens à revendiquer leurs droits et à construire leurs démocraties. Aucune nation ne fait autant pour aider les gens dans les coins les plus reculés de la Terre à échapper à la pauvreté, à la faim, à la maladie, et à retrouver leur dignité. Même les pays qui nous critiquent, quand les jeux sont faits et qu’ils ont besoin d’aide, savent toujours qui appeler. C’est nous qu’ils appellent. C’est ça le leadership américain. C’est pour cela que les États-Unis sont et resteront la seule nation indispensable du monde.

Barack Obama, Discours au Forum DNC sur le leadership des femmes, 19 septembre 2014

“Nous avons vu que malgré tous les défis que nous avons affrontés chez nous, l’Amérique reste la seule nation indispensable au monde. Lorsque le monde est menacé, quand le monde a besoin d’aide, le monde nous cherche – cherche l’Amérique. Même les personnes qui nous calomnient nous cherchent. L’Amérique conduit l’effort pour rallier le monde contre l’agression russe. L’Amérique mène le combat pour endiguer et lutter contre l’épidémie d’Ebola en Afrique. L’Amérique mène la coalition qui va amputer et in fine détruire le groupe terroriste appelé EIIS. En tant qu’Américains, nous acceptons ces responsabilités ; nous ne reculons pas devant elles. [...] L’Amérique est mieux placée aujourd’hui que jamais pour saisir l’avenir. Nous sommes mieux placés qu’aucune autre nation sur Terre pour aider à modeler un monde meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants.

To be continued..

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Sources :

http://www.washingtonpost.com/blogs/post-politics/wp/2013/09/12/putin-america-is-not-exceptional/

http://blog.foreignpolicy.com/posts/2013/09/24/obama_fires_back_at_putin_i_believe_america_is_exceptional

Source: http://www.les-crises.fr/destinee-manifeste-exceptionnalisme-americain-44-florilege-2012-2014/


La puissance des lobbies contre l’intérêt public, par Lawrence Davidson

Thursday 11 December 2014 at 00:30

27 octobre 2014

Certains lobbies américains sont d’une puissance telle que les politiciens américains rampent peureusement à leurs pieds, sachant que s’ils s’élèvent pour défendre un intérêt national plus général leur carrière sera menacée, un fait plus particulièrement notable quand il s’agit d’Israël ou des armes à feu, comme l’explique Lawrence Davidson.

Par Lawrence Davidson

Le problème des groupes d’intérêt, ou lobbies, était l’un des principaux sujets d’inquiétude des Pères Fondateurs des États-Unis. A leur époque, ces groupes de pression étaient appelés factions.

James Madison, considéré comme l’architecte de la Constitution Américaine, a consacré à ce problème un numéro entier (le dixième) du Federalist Paper en 1787. Il y définissait une faction comme « un certain nombre de citoyens, qu’ils soient majoritaires ou minoritaires [...] mus par quelque intérêt… commun, opposé… à l’ensemble des intérêts de la communauté », et pensait que dans le contexte du républicanisme libéral, il était impossible de les éliminer.


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Le Secrétaire d’état John Kerry s’exprime à la conférence de l’AIPAC (Comité américain pour les Affaires publiques israéliennes) le 3 mars 2014.

Madison pensait néanmoins qu’on pouvait les contrôler. Dans ce but, il tenta de créer des corps représentatifs comportant de très nombreux délégués et une grande variété d’intérêts dans l’espoir qu’ils se contrebalanceraient les uns les autres.

Lorsque George Washington prononça son célèbre Discours d’Adieu en 1796, lui aussi constata le problème. Washington mit en garde contre l’existence d’« alliances et associations » qui tentent de « diriger, contrôler, contrecarrer et intimider les délibérations et les actions normales des autorités constituées », et ainsi de substituer leurs propres désirs à « la volonté de la nation confiée à ses représentants».

Comme le souci persistant de Washington l’impliquait, l’approche de James Madison pour contrôler les intérêts particuliers des factions ne s’est jamais révélée adéquate.

Lobbification

Aujourd’hui, le problème est toujours là, et il est pire que jamais. C’est pourquoi, en avril 2011, j’ai inventé le terme de « lobbification » pour décrire le processus corrupteur qui soumet les politiciens à la volonté d’intérêts privés, c’est-à-dire à la volonté des lobbies. Ce par quoi ce processus est rendu possible est, évidemment, l’argent, habituellement sous la forme de contributions aux campagnes des politiciens.

Si le politicien défie le lobby faisant l’offre (un événement rare mais pas inouï), ces intérêts privés reporteront leur soutien sur l’adversaire électoral du politicien rétif. Le résultat est que beaucoup de politiciens agissent en parfaite conformité avec les demandes de nombreux et puissants intérêts privés.

James Madison croyait que le processus corrupteur était la conséquence de la nature humaine – l’intérêt personnel en action. Peut-être en est-il ainsi, mais les résultats n’en sont pas moins débilitants. La lobbification a créé des réactions qui sont si pavloviennes qu’aujourd’hui, les politiciens qui sont dans cet état d’esprit ne peuvent plus différencier les intérêts particuliers de ces puissantes factions auxquelles ils sont redevables, des intérêts réels nationaux ou locaux de leur pays ou de leur communauté.

Deux exemples

Voici deux exemples récents de la puissance de la lobbification. Le 18 juillet, en réponse aux pressions du lobby sioniste, le sénat américain a voté unanimement le soutien à l’attaque en cours d’Israël sur la bande de Gaza. Ceci étant le fait d’un Congrès connu pour son incapacité à s’accorder sur à peu près n’importe quelle législation importante pour son propre pays !

Les sénateurs ont voté leur soutien, bien que l’offensive israélienne ait été de même nature que les attaques allemandes sur Londres durant le Blitz, et la destruction par les alliés de la ville allemande de Dresde vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Autrement dit, les Israéliens étaient engagés dans une opération à grande échelle ciblant des populations civiles. C’est un crime de guerre qui ne peut être présenté comme un acte d’autodéfense. Pourtant, le sénat américain, comme un seul homme, a publiquement soutenu ce comportement criminel.

Il faut noter ici qu’il y avait de sérieuses divergences d’opinion sur le comportement israélien parmi la population américaine – c’est à dire, celle qui compose le Sénat. Mais les sénateurs semblaient immunisés aux débats populaires et ont réagi comme s’ils représentaient le lobby sioniste, et pas le peuple américain.

Sur le plan intérieur, une loi significative, nationale ou locale, réglementant les armes à feu s’avère politiquement impossible à cause de l’influence de la National Rifle Association (NRA). Cela en dépit de la prolifération des morts et blessures en lien avec les armes à feu, dans nos maisons, dans nos rues, et dans nos écoles.

Les arguments des partisans de la NRA insinuent habituellement que la réglementation des armes à feu sonnerait le glas de la chasse, du tir sportif, des collectionneurs d’armes, et même de la capacité d’agir en légitime défense. Cependant, une réglementation rationnelle et raisonnable des armes n’est pas la même chose qu’une prohibition, et se conduire comme s’il n’y avait pas de différence est, à mon avis, un point de vue paranoïaque.

Ensuite, il y a l’argument du Deuxième Amendement, qui permet à beaucoup de partisans de la NRA de fantasmer et de croire qu’ils sont enrôlés dans une « milice bien réglementée » sans laquelle les États-Unis ne pourraient pas rester une société libre. Libre de quoi ? D’une potentielle autorité de l’état avec sa police et ses branches militaires immensément mieux armées ? C’est juste naïf. Si le gouvernement veut agir de façon dictatoriale, les membres armés de la NRA ne seront pas capables de l’arrêter.

En vérité, un contrôle rationnel des armes à feu ne menace pas notre liberté. Cela nous rendrait plus libres en augmentant notre sécurité contre la peste de la violence armée que le lobby de la NRA oblige actuellement beaucoup de nos politiciens à ignorer ou à nier.

Il est important de noter que la direction de la National Rifle Association échoue souvent à représenter fidèlement ses propres membres, et encore moins le grand public. Un sondage Pew de 2013 a trouvé que 74% des membres de la NRA ont soutenu la vérification pour tout le monde des antécédents pour la vente d’armes à feu aux particuliers (comme l’ont fait 94% de la population américaine en général). Néanmoins, sous la pression de la NRA, le sénat a voté contre cette exigence la même année.

Comme avec le lobby sioniste, et comme avec les préoccupations du public sur sa politique étrangère particulariste, beaucoup de sénateurs sont insensibles au débat populaire sur les contrôles des armes à feu, et répondent comme s’ils représentaient le lobby de la NRA et non le peuple américain.

Besoin de réglementation

Madison avait raison sur un point : la réglementation de la capacité des factions/intérêts privés/lobbies à influencer les politiciens et les politiques est une absolue nécessité. Cependant, nous nous heurtons là à un dilemme inextricable. Ce projet de loi de réglementation et d’autres efforts en rapport comme la réforme du financement des campagnes doivent provenir des ces mêmes politiciens qui sont financièrement liés aux intérêts privés.

A l’instar des grands drogués, ces hommes politiques semblent incapables de se désintoxiquer.

S’il y a une façon de sortir de ce dilemme, elle doit venir du grand public. Le mécontentement de longue date envers les politiciens, spécialement au niveau national, doit être canalisé en une campagne populaire pour libérer les législateurs et les décideurs politiques de l’influence de ces intérêts privés.

Envisagez-le comme un effort pour se débarrasser d’un obstacle historique à une bonne façon de gouverner. Si cela n’advient pas, les politiques étrangères qui ont fait naître tant d’hostilité antiaméricaine à travers le monde, et la politique intérieure qui a permis le meurtre aveugle de tant de citoyens innocents, continueront et en fait empireront.

Lawrence Davidson est professeur d’histoire à la West Chester University de Pennsylvanie. Il est l’auteur de Foreign Policy Inc.: Privatizing America’s National Interest; America’s Palestine: Popular and Official Perceptions from Balfour to Israeli Statehood; and Islamic Fundamentalism.

Source : Consortium News, le 27/10/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-puissance-des-lobbies-contre-linteret-public-par-lawrence-davidson/


La « Destinée manifeste » et l’exceptionnalisme américain [3/4] : Florilège de discours de dirigeants américains (2008-2012)

Thursday 11 December 2014 at 00:01

Suite du billet : Florilège de discours de dirigeants américains (1973-2008)

Le premier mandat de Barack Obama

Rudy Giuliani, candidat républicain à l’élection présidentielle de 2008
Allocution à la Société fédéraliste à Washington, DC, 16 novembre 2007

“Il y a des gens qui aujourd’hui, je crois, doutent que l’Amérique ait une mission particulière, voire d’inspiration divine, à l’échelle mondiale. Je ne comprends pas comment on peut observer l’histoire et ne pas voir la sagesse et la réalité de ce fait. La majorité des pays sur terre ont leur propre ethnie, leur propre religion, des caractéristiques communes qui unissent le peuple avant même qu’il soit une nation. L’Amérique est très, très différente. Nous ne sommes pas d’une seule appartenance ethnique, nous sommes toutes les ethnies. Nous ne sommes pas d’une seule race, nous sommes toutes les races. Nous ne sommes pas une seule religion. Notre société s’est établie de sorte que nous ne soyons pas une seule religion. Donc nous sommes aussi différents dans nos origines, qu’à peu près n’importe quel autre pays sur terre. [...] Nous sommes juste très, très chanceux et nous ne le reconnaissons pas, je ne pense pas que nous faisons honneur à notre histoire et à notre devoir. C’est cette nation qui a pris toutes ces idées qui se sont développées depuis très longtemps, issues de l’Ancien Testament, de la philosophie grecque, du Droit romain et des Lumières.

C’étaient vraiment des idées jusqu’à ce qu’elles aient été réellement mises en pratique et personne ne savait vraiment si ces idées mises en pratique marcheraient et l’Amérique l’a fait. Et l’Amérique a établi ce gouvernement démocratique constitutionnel sous la forme d’une République et cette nation a vu dès le début, que la tyrannie et l’oppression étaient illégitimes et qu’il fallait y faire face. C’est cette nation qui a sauvé le monde des deux grandes tyrannies du XXe siècle, le nazisme et le communisme. C’est ce pays qui est en passe de sauver une civilisation du terrorisme islamique. Les États-Unis d’Amérique ont été et continueront d’être une lueur d’espoir pour le monde. […] Cette génération d’Américains est aussi forte que les précédentes générations, parce que nous venons d’eux et que nous leur devons, à eux comme à nous-mêmes, de nous assurer que ce principe de démocratie et de liberté est respecté, préservé et étendu partout dans le monde.”

Barack Obama, 44e président des États-Unis
Conférence de presse du président à Strasbourg, 4 avril 2009

- Question : [...] puis-je vous demander si vous souscrivez, ainsi que beaucoup de vos prédécesseurs l’ont fait, à l’école de l’exceptionnalisme américain qui voit l’Amérique comme spécialement qualifiée pour diriger le monde, ou avez-vous une philosophie légèrement différente ? Auquel cas, pourriez-vous entrer dans les détails à ce sujet ?


- Barack Obama : Je crois à l’exceptionnalisme américain, comme je soupçonne les Britanniques de croire en l’exceptionnalisme britannique et les Grecs en l’exceptionnalisme grec. Je suis extrêmement fier de mon pays et de son rôle et son histoire dans le monde. Si vous songez à cet endroit où a lieu ce sommet et ce qu’il signifie, je ne pense pas que l’Amérique devrait être embarrassée de voir les preuves des sacrifices de nos troupes, la quantité immense de ressources qui furent engagées en Europe après la guerre, et notre leadership dans la construction d’une alliance qui a finalement mené à l’unification de l’Europe. Nous devrions être fiers de tout cela.

Et si vous pensez à notre situation actuelle, les États-Unis demeurent la plus grande économie du monde. Nous avons des capacités militaires inégalées. Et je pense que nous avons un système de valeurs qui est sanctuarisé dans notre Constitution, dans notre code législatif, dans nos pratiques démocratiques, et dans notre foi en la liberté d’expression et en l’égalité qui, quoique imparfaites, sont exceptionnelles.

Dès lors, le fait que je sois très fier de mon pays et que je pense que nous avons beaucoup à offrir au monde ne diminue en rien mon intérêt à reconnaître la valeur et les merveilleuses qualités des autres pays, ou à reconnaître que nous n’aurons pas toujours raison, ou que d’autres gens puissent avoir de bonnes idées, ou qu’afin que nous puissions travailler collectivement, toutes les parties se doivent de faire des compromis, nous y compris.

Barack Obama, Discours à l’Académie militaire des États-Unis de West Point, New York, 22 mai 2010

“Aujourd’hui, même si nous combattons dans les guerres qui sont en face de nous, nous devons aussi voir l’horizon au-delà de ces guerres, car contrairement à un terroriste dont le but n’est que de détruire, notre avenir sera défini par ce que nous bâtissons. Nous devons voir cet horizon, et pour y parvenir nous devons poursuivre une stratégie de renouveau national et de leadership global. Nous devons construire les sources de la force américaine, influencer et modeler un monde qui sera plus pacifique et plus prospère.

Barack Obama, Discours devant les chambres du Parlement de Londres, Angleterre, 25 mai 2011

“Et pourtant, alors que ce changement rapide a eu lieu, il est devenu à la mode, dans certains quartiers, de remettre en question le fait de savoir si l’émergence de ces nations s’accompagnera du déclin de l’influence américaine et européenne sur le monde. Peut-être, dit-on, que ces nations représentent l’avenir, et que le temps de notre domination est passé.

Cet argument est faux. Le temps de notre domination, c’est maintenant. Ce sont les États-Unis et le Royaume-Uni et nos alliés démocratiques qui ont modelé un monde dans lequel de nouvelles nations peuvent émerger et les individus s’épanouir. Et même si plus de nations endossent les responsabilités d’un leadership mondial, notre alliance reste indispensable pour atteindre notre objectif d’un siècle plus pacifique, plus prospère et plus juste.

Au moment où les menaces et les défis exigent des nations qu’elle travaillent de concert les unes avec les autres, nous restons le plus grand des catalyseurs de l’action mondiale. Dans une ère définie par le flux rapide du commerce et de l’information, c’est notre tradition de libre échange, notre ouverture, renforcées par notre implication à offrir la sécurité de base à nos citoyens, qui offre la meilleure chance d’avoir une prospérité à la fois forte et partagée. Tandis qu’on refuse encore à des millions de personnes les droits humains de base en raison de qui ils sont, ou de ce qu’ils croient, ou du type de gouvernement auquel ils sont soumis, nous sommes les nations les plus volontaires pour nous lever au nom de la défense des valeurs de tolérance et d’autodétermination qui conduisent à la paix et à la dignité.”

Barack Obama, Déclarations lors d’une collecte de fonds pour la Victoire d’Obama à San Francisco, Californie, le 16 février 2012

“Les peuples admettent que nous restons la seule nation indispensable, non pas seulement parce que nous sommes grands et puissants, mais aussi parce que nous avons cette idée qu’il y a certains principes universels, droits universels et normes internationales, qui doivent être respectés et que nous sommes peut-être la seule superpuissance dans l’histoire à chercher non seulement son propre intérêt personnel, mais aussi ce qui est bon pour reste du monde. Et cela fait partie de notre pouvoir.”

Barack Obama, Discours d’introduction à l’école de l’armée de l’air des États-Unis de Colorado Springs, Colorado, 23 mai 2012

“Avec toutes les tragédies que nous avons su surmonté, on peut penser que les gens puisse comprendre cette évidence : ne jamais parier contre les États-Unis d’Amérique. Et l’une des raisons à cela est que les États-Unis ont été, et seront toujours, la seule nation indispensable dans les affaires du monde. C’est un des nombreux exemples qui montrent pourquoi l’Amérique est exceptionnelle. C’est pourquoi je suis fermement convaincu que si nous accédons à ce moment de l’Histoire, si nous faisons face à nos responsabilités, alors – tout comme l’a été le XXe siècle - le XXIe sera un autre Grand Siècle Américain. C’est l’avenir que je vois. C’est l’avenir que vous pouvez construire.

Je vois un siècle américain parce que nous avons la force de traverser cette période économique difficile. Nous allons remettre l’Amérique au travail en investissant dans les domaines où nous restons compétitifs – l’éducation et les industries de pointe, la science et l’innovation. Nous rembourserons nos crédits, réformerons notre code fiscal et continuerons à réduire notre dépendance vis-à-vis du pétrole étranger. Nous devons bâtir notre nation ici, chez nous. Et je sais que nous le pouvons, parce que nous sommes toujours l’économie la plus grande, la plus dynamique et la plus innovante du monde. Et quels que soient les défis auxquels nous ferons face, nous n’échangerons notre place avec aucune autre nation de la Terre.

Je vois un siècle américain parce vous appartenez à la meilleure et à la plus compétente armée que le monde ait jamais connue. Aucune autre nation ne vous arrive à la cheville. Oui, alors que les guerres d’aujourd’hui prennent fin, notre armée – et notre aviation – va se réduire. Mais en tant que Commandant en chef, je ne laisserai pas les erreurs passées se reproduire. Nous faisons encore face à de très sérieuses menaces. Comme nous l’avons vu ces dernières semaines, avec Al-Qaida au Yémen, il y a encore des terroristes qui cherchent à tuer nos ressortissants. Donc nous avons besoin que vous soyez prêts à répondre à toutes sortes de menaces. Des menaces conventionnelles aux menaces non-conventionnelles, des nations cherchant à obtenir des armes de destruction massives jusqu’aux cellules terroristes planifiant leur prochain attentat, du danger de la vieille piraterie aux nouvelles attaques cybernétiques – nous devons être vigilants. Et ainsi guidés par notre stratégie militaire, nous conserverons une armée – et une aviation – rapide, flexible et polyvalente. Nous maintiendrons notre supériorité militaire dans tous les domaines – aérien, terrestre, marin, spatial et cybernétique. Et nous garderons foi en nos soldats et en nos corps d’armées. [...]

Et pour terminer, je vois un siècle américain en raison du caractère de notre pays – l’esprit qui nous a toujours rendus exceptionnels. Cette idée simple mais révolutionnaire – présente depuis notre fondation et qui n’a jamais quitté nos cœurs – qu’il est en notre pouvoir de construire un monde nouveau et de faire de l’avenir ce que nous voulons qu’il soit. C’est cette foi fondamentale – cet optimisme américain – qui dit qu’aucun défi n’est trop grand, qu’aucune mission n’est trop ardue. C’est l’esprit qui guide votre classe : “Aucune hésitation, aucun échec”. C’est l’essence de l’Amérique, et il n’y a rien de comparable ailleurs dans le monde.

C’est ce qui inspire les opprimés de chaque coin du monde qui réclament les mêmes libertés pour eux-mêmes. C’est ce qui a inspiré des générations abordant nos rivages, nous renouvelant de leur énergie et de leurs espoirs. Et cela inclut un cadet parmi vous, un cadet qui célèbre sa promotion aujourd’hui, qui a grandi au Venezuela, a pris un aller-simple pour l’Amérique, et est aujourd’hui sur le point de réaliser son rêve de devenir un pilote de l’aviation des États-Unis : Edward Camacho. Edward a déclaré ce que nous savons tous être vrais : “Je suis convaincu que l’Amérique est la terre de toutes les opportunités.”

Vous avez raison, Edward. C’est ce que nous sommes. C’est l’Amérique que nous aimons. Toujours jeune, toujours tournée vers l’avant, vers cette lumière d’une nouvelle aube à l’horizon. Et, cadets, en vous regardant dans les yeux – quand vous rejoindrez la Longue Ligne Bleue – je sais que vous nous porterez encore plus loin, encore plus haut. Et grâce à votre fier dévouement, je suis absolument certain que les États-Unis d’Amérique passeront les épreuves de notre époque. Nous resterons la terre de toutes les opportunités. Et nous resterons forts, la plus grande force pour la liberté et pour la dignité humaine que le monde ait jamais connu.

Que Dieu vous bénisse. Que Dieu bénisse la classe de 2012. Et que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique.”

Barack Obama, Discours à la Convention nationale des Vétérans des guerres extérieures à Reno, Nevada, 23 juillet 2012

“Parce que vous avez protégé l’Amérique, nous allons transmettre à la prochaine génération notre pays plus fort, plus sûr, et plus respecté dans le monde. Alors si quiconque essaie de vous dire que notre grandeur est passée, que l’Amérique est en déclin, vous lui répondez : exactement comme le XXe siècle, le XXIe siècle sera un autre grand siècle américain. Parce que nous sommes les Américains, bénis d’avoir la plus grande forme de gouvernement jamais conçue par l’homme, une démocratie vouée à la liberté et au service des idéaux qui éclairent toujours le monde. Nous ne demanderons jamais pardon pour notre style de vie ; nous ne renoncerons jamais à le défendre.

Nous sommes une nation qui a libéré des hommes par millions et qui a transformé ses adversaires en alliés. C’est nous, les Américains, qui avons défendu la paix et riposté à l’agression. C’est nous, les Américains, qui avons embrassé nos responsabilités mondiales et notre leadership mondial. Les Etats-Unis ont été et resteront, la seule nation indispensable dans les affaires du monde.

Et vous, vous êtes les soldats, les marins, les aviateurs, les forces spéciales et les gardes-côtes qui ont fait que nous sommes restés forts. Nous honorerons votre héritage. Et nous veillerons à ce que l’armée que vous avez servie et l’Amérique que nous aimons demeure la force la plus grande pour la liberté que le monde ait jamais connue.

The Washington Post : “Exceptionnalisme américain : une vieille idée et une nouvelle bataille politique”, 29 novembre 2010

“Cette réorientation qui s’écarte de la célébration de l’exceptionnalisme américain est erronée et vouée à l’échec”, écrit l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney dans son livre de lancement de campagne : “Pas d’excuses : en faveur de la Grandeur de l’Amérique”.

Lundi, le représentant Mike Pence (Républicain – indépendant), qui est également considéré comme un possible candidat à la Maison Blanche, doit faire un discours au Club économique de Détroit : “Restaurer l’exceptionnalisme américain : une vision pour la croissance économique et la prospérité”.

Pour l’ancien gouverneur de l’Alaska Sarah Palin, le concept est un thème récurrent de ses discours, ses publications Facebook, ses tweets et ses apparitions sur la chaîne Fox News. Son nouveau livre, “l’Amérique par cœur”, a un chapitre intitulé “L’exceptionnelle Amérique“.

Newt Gingrich, l’ancien président de la Chambre, relève dans ses discours que les vues d’Obama sur le sujet sont “franchement alarmantes”.

Lors d’une interview au mois d’août pour Politico, l’ancien gouverneur de l’Arkansas Mike Huckabee est allé jusqu’à déclarer à propos de Barack Obama : “Sa vision du monde est radicalement différente de celle qu’ont eue jusqu’à présent tous les présidents, républicains ou démocrates” [...] Nier l’exceptionnalisme américain revient, en substance, à renier le cœur et l’âme de cette nation.

Et la semaine dernière, Rick Santorum, ancien sénateur de Pennsylvanie, a dit à un groupe d’étudiants du “College Republicans at American University” : “Ne soyez pas dupes de ce mensonge. L’Amérique est exceptionnelle, et les Américains sont inquiets qu’un groupe de gens à Washington n’y croient plus”.

[...] C’est également ancré dans la croyance religieuse. Un récent sondage de l’Institut de Recherche sur la Religion et de l’Institut Brookings montre que 58 % des Américains approuvent l’affirmation : “Dieu a donné à l’Amérique un rôle particulier dans l’histoire de l’humanité”.

Rick Perry, candidat à la présidence 2012
Remarques annonçant la candidature à la présidentielle à Charleston, Caroline du Sud, 13 août 2011

“Pour paraphraser Abraham Lincoln et Ronald Reagan, j’ai réalisé que les États-Unis d’Amérique sont vraiment le dernier grand espoir de l’humanité. J’ai vu des systèmes de gouvernement qui élevaient des dirigeants au détriment du peuple. Les systèmes socialistes se drapaient dans de bonnes intentions mais ne prodiguaient que misère et stagnation. Puis j’ai appris que tout le monde ne considérait pas la vie avec autant de valeur que les Américains, et que tout le monde n’avait pas la même conception que les états-Unis, des droits qu’un Dieu d’amour distribue à chaque être humain. Voyez-vous, en tant qu’Américains nous ne sommes pas définis par notre classe, et jamais on ne nous assignera notre place. Ce qui fait que notre nation est exceptionnelle, c’est que chacun, quelle que soit son origine, peut monter jusqu’aux plus hauts sommets.

Mitt Romney, candidat Républicain à l’élection présidentielle de 2012
Remarques sur la politique étrangère des États-Unis, Charleston, Caroline du Sud, 7 octobre 2011

“Mais je suis ici aujourd’hui pour vous dire que je suis guidé par une conviction et une passion inébranlables : Ce siècle doit être un siècle américain. Lors d’un siècle américain, l’Amérique a l’économie la plus forte et l’armée la plus puissante du monde. Lors d’un siècle américain, l’Amérique dirige le monde libre et le monde libre dirige le monde entier. Dieu n’a pas créé ce pays pour être une nation de suiveurs. L’Amérique n’est pas destinée à être une puissance planétaire parmi d’autres, d’égal à égal. L’Amérique doit diriger le monde, ou quelqu’un d’autre le fera. Sans le leadership américain, sans la direction déterminée et la résolution américaines, le monde devient un lieu bien plus dangereux, et la liberté et la prospérité seraient parmi les premières victimes. Soyons bien clairs. En tant que président des États-Unis, je me dévouerai à un siècle américain. Et jamais au grand jamais je ne demanderai pardon au nom de l’Amérique.

Certains pourraient demander, “Pourquoi l’Amérique ?” Pourquoi l’Amérique devrait-elle être différente des autres pays autour du globe ?” Je crois que nous sommes un pays exceptionnel avec un destin et un rôle uniques au monde. [...] Nous sommes exceptionnels parce que nous sommes une nation fondée sur une idée rare qui naquit lors de la Révolution américaine, proposée par nos plus grands hommes d’État, dans nos documents fondateurs. Nous sommes un peuple qui a rejeté le joug de la tyrannie et a établi un gouvernement, selon les mots d’Abraham Lincoln, “du peuple, par le peuple, et pour le peuple.” Nous sommes un peuple qui, selon les termes de notre déclaration d’Indépendance, tient certaines vérités pour évidentes par elles-mêmes : à savoir que tous les hommes reçoivent de leur Créateur certains droits inaliénables. Nous croyons en l’universalité de ces droits inaliénables qui nous amènent à notre rôle exceptionnel sur la scène du monde, celui d’un grand champion de la dignité humaine et de la liberté.”

Jon Huntsman, candidat à la Présidentielle 2012
Discours à l’université Sud du New Hampshire, à Manchester, 10 octobre 2011

“Je crois que les États-Unis ont l’opportunité d’une génération, celle de redéfinir leur place dans le monde, et reprendre le sceptre du leadership mondial. L’approche de mon administration des affaires étrangères sera guidée par ce qui définit l’exceptionnalisme américain, et ce sont nos valeurs : la liberté, la démocratie, les droits de l’Homme, le libre marché. Les valeurs de l’Amérique, Mesdames et Messieurs, sont le plus grand cadeau de l’Amérique à l’humanité. Avec ces nations qui partagent nos valeurs, et que nous appelons amies et alliées, nous rétablirons la confiance et renforcerons nos liens, à la fois économiques et militaires. Aux nations qui continuent à s’opposer à la marche invincible de la liberté humaine, politique et économique, nous leur ferons voir clairement qu’elles sont du mauvais côté de l’Histoire, en nous assurant que la lumière de l’Amérique brille de manière éclatante à chaque coin du globe, tel un phare d’espoir et d’inspiration.

Convention nationale démocrate 2012, “Faire avancer l’Amérique”

“Le président Obama et le parti Démocrate savent qu’il n’y a aucune responsabilité plus grande que la protection des Américains. Nous comprenons aussi le rôle indispensable que les États-Unis doivent continuer à jouer dans la promotion de la paix internationale et de la prospérité. Et grâce aux étapes que nous avons franchies, les États-Unis sont en tête encore une fois et l’Amérique est plus en sécurité, plus forte et plus sûre qu’il y a quatre ans.”

Barack Obama, Discours devant une session commune du Congrès sur l’état de l’Union, le 24 janvier 2012

“Quelqu’un qui vous dit autre chose, qui vous dit que l’Amérique est en déclin ou que notre influence est en perte de vitesse, ne sait pas de quoi il parle. Ce n’est pas le message que nous transmettent les leaders du monde entier qui sont impatients de travailler avec nous. Ce n’est pas ainsi que les gens le ressentent de Tokyo à Berlin, de Cape Town à Rio, où les avis concernant l’Amérique sont plus favorables qu’ils ne l’ont été depuis des années. Oui, le monde change. Non, nous ne pouvons pas contrôler chaque événement. Mais l’Amérique reste la nation indispensable dans les affaires mondiales et tant que je serai Président, je poursuivrai dans cette voie.”

ABC News : Obama repousse Romney sur “l’exception américaine”, 2 avril 2012

“Notre président a une conception de l’exceptionnalisme américain, qui est totalement différente de la nôtre,” a déclaré Romney samedi. “Et je pense que, ces trois ou quatre dernières années, des gens dans le monde entier ont commencé à remettre cela en question. Ce mardi, nous avons l’occasion – vous avez l’occasion – de voter et de franchir la prochaine étape dans la réhabilitation de la nature exceptionnelle du peuple américain.”

Barack Obama, Conférence de presse du président avec le président mexicain Calderon et le Premier ministre canadien Harper, 2 avril 2012

- Question : Et ensuite une question pour le président Calderon et le premier ministre Harper : Pendant le week-end, le gouverneur Mitt Romney a dit que les États-Unis avaient eu l’habitude de promouvoir la libre entreprise dans le monde entier et il a dit, “Notre président a une conception de l’exceptionnalisme américain, qui est totalement différente de la nôtre, et je pense que, ces trois ou quatre dernières années, des gens dans le monde entier ont commencé à remettre cela en question.” Donc ma question à vous deux est : est-ce que vous pensez que l’influence américaine a diminué ces trois ou quatre dernières années ? Et monsieur le président Obama, si vous souhaitez également répondre.

- Barack Obama : Et bien, sur la seconde partie de votre question, c’est encore la saison des primaires au parti républicain. Il vont désigner celui qui va être leur candidat. Ça ne compte pas que le premier discours que j’ai prononcé sur la scène nationale, lors de la convention démocrate, ait porté entièrement sur l’exceptionnalisme américain et que toute ma carrière ait été une preuve de cette défense de l’exceptionnalisme américain. Mais je ne vais pas m’occuper de ces personnes pour l’instant, parce qu’ils en sont encore à essayer d’obtenir leur nomination. »

Barack Obama, Discours lors d’un meeting de campagne à Glen Allen, en Virginie, le 14 juillet 2012

“Et à travers ces voyages que j’ai effectué lors de ma première campagne, je suis souvenu de cette idée fondamentale qui est centrale pour ce pays, ce qui nous rend exceptionnels, ce qui nous rend supérieurs. Ce n’est pas le nombre de nos gratte-ciels ; ce n’est pas la puissance de notre armée. Ce qui nous rend spéciaux, c’est cette idée que dans ce pays, si tu acceptes de travailler dur, si tu acceptes de prendre ta vie en main, alors tu peux réussir si tu essaies. Peu importe d’où tu viens, peu importe ton apparence, peu importe ton nom de famille, peu importe la modestie de tes débuts. Tu peux y arriver dans ce pays si tu travailles dur. Parce que l’Amérique n’a jamais été un pays de Cocagne. Nous sommes une nation de travailleurs d’entrepreneurs, de rêveurs et de preneurs de risques. Nous travaillons pour obtenir nos résultats. Et tout ce que nous demandons en tant qu’Américains, c’est que notre labeur soit récompensé. Tout ce que nous demandons, c’est que notre responsabilité soit récompensée pour que, si nous y mettons assez d’efforts, nous puissions trouver un travail pour payer les factures, nous puissions nous offrir une maison bien à nous, nous ne soyons pas sur la paille lorsque nous sommes malades, et pour qu’on se prenne des vacances en famille de temps en temps, rien d’extravagant.”

Plateforme du parti républicain en 2012, le 27 août 2012

“Nous sommes le parti de la paix issue de la force. Professant l’exceptionnalisme américain – la conviction que notre pays détient une place et un rôle unique dans l’histoire de l’humanité – nous sommes fiers de nous associer à ces Américains de tous les horizons politiques, qui, il y a plus de trois décennies, dans un monde aussi dangereux que celui d’aujourd’hui, se sont unis pour faire avancer la cause de la liberté. En rejetant la folie d’une politique étrangère d’amateurs et en défiant l’avancée marxiste mondiale, ils ont annoncé leur stratégie avec le slogan indémodable que nous répétons aujourd’hui : la paix issue de la force – une paix solide fondée sur la liberté et la volonté de la défendre, et sur les valeurs démocratiques américaines et la volonté de les défendre. Alors que le XX siècle a été indéniablement un siècle américain – avec un leadership puissant, l’adhésion aux principes de liberté et de démocratie que nos Pères fondateurs ont scellés dans la Déclaration d’Indépendance et dans la Constitution de notre nation, et dans une confiance perpétuelle dans la Divine Providencele XXI siècle sera lui aussi un siècle de grandeur américaine.

Les adversaires d’aujourd’hui sont différents, tout comme le sont leurs armes et leur idéologie, mais cela revient au même : l’unité des Américains, par-delà les partis, en hommage à ceux qui ont défendu notre pays et pourchassé ses attaquants jusqu’au bout du monde, et monté une garde vigilante aujourd’hui dans nos villes, sur nos côtes et dans les pays étrangers. Nous assurons à nos soldats l’autorité et les ressources dont ils ont besoin pour protéger la nation et pour défendre la liberté de l’Amérique. Poursuivre notre vigilance, en particulier sur les voyages et le commerce, est nécessaire pour empêcher le bioterrorisme et le cyberterrorisme, et tous les autres actes de guerre asymétriques et non-traditionnels, et pour s’assurer que l’horreur du 11 septembre 2001 ne se répètera jamais sur notre sol.”

À suivre dans le billet suivant : Florilège de discours de dirigeants américains (2012-2014)

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Sources :

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/11/28/AR2010112804139.html?sid=ST2010112901818

http://blog.foreignpolicy.com/posts/2012/09/04/democratic_platform_swaps_american_exceptionalism_for_indispensable_nation

http://blog.foreignpolicy.com/posts/2012/08/27/american_exceptionalism_and_other_key_lines_in_the_gop_platform?wp_login_redirect=0

Source: http://www.les-crises.fr/destinee-manifeste-exceptionnalisme-americain-34-florilege-2008-2012/