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[Barbarie] La Russie a abattu le traîneau du père Noël près du pôle Nord !

Sunday 28 December 2014 at 05:00

La Russie a abattu le traîneau du père Noël dans l’espace international de l’océan Arctique.

Selon les premiers communiqués, le traîneau terminait sa tournée mondiale de Noël lorsqu’il a été frappé par un missile sol-air tiré depuis l’île russe de Novaya Zemlya – à quelques centaines de kilomètres du pôle Nord. Le père Noël et presque tous ses rennes ont été tués sur le coup.

Un pêcheur norvégien a rapidement localisé la zone d’impact dans les eaux glaciales de l’océan Arctique. Sur les images des débris, diffusées sur CNN et d’autres chaînes internationales, on peut apercevoir, pêle-mêle, branches brisées, ours en peluche et autres cadeaux encore emballés éparpillés sur l’océan.

Bien que la Russie ait nié officiellement toute implication dans cet incident, les agences de renseignement américaines affirment détenir la preuve que le missile a bien été tiré depuis une installation militaire russe située sur l’île. Plusieurs hommes politiques ultra-nationalistes se sont réjouis de cette destruction, visant une personnalité occidentale

Selon Alexi Onnatopp, le leader du parti d’extrême-droite Ours doré, “le père Noël est un des symboles de la décadence occidentale et de la société de consommation. “Qui que puisse être la personne qui a tué ce gros bonhomme corrompu, elle est à considérer comme patriote et héros. ”

Les évènements d’aujourd’hui comportent des similitudes frappantes avec l’affaire du vol MH 17, abattu cet été par les rebelles pro-russes dans l’est de l’Ukraine à l’aide du même type de missile sol-air. Les 285 passagers ainsi que les 15 membres d’équipage trouvèrent la mort à bord de ce vol qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, un des rennes a survécu à l’explosion d’aujourd’hui et est actuellement soigné dans un hôpital de Norvège. Les autorités n’ont pas encore révélé son identité mais des sources proches de l’enquête indiquent qu’il s’agit de Rudolph, le renne excentrique au museau rouge, immortalisé dans la chanson éponyme de 1939 : “Rudolph, The Red-Snouted Reindeer”.

“Nous avons pu le secourir en premier grâce à son nez rouge qui se détachait nettement sur les vagues de l’océan. Les autres n’ont pu être sauvés assez rapidement”, nous rapporte Lars Sommerheilm, amiral de la Marine Royale Norvégienne.

Dans un discours prononcé depuis le bureau ovale, le président Obama a promis une réponse à la hauteur de la tragédie. Celle-ci pourrait comporter un durcissement des sanctions face à une économie russe déjà exsangue.

“Aujourd’hui, la Russie est allée trop loin”, a-t-il déclaré aux journalistes présents, “Vladimir Poutine a brisé les rêves et les espoirs de tous les enfants du monde. Il devra répondre de ses actes devant un tribunal.”

Les funérailles de M. Noël auront lieu le 31 décembre au pôle Nord. Le président Obama, le premier ministre britannique David Cameron, le président français François Hollande et d’autres représentants de la communauté internationale ont déjà prévu de s’y rendre.

Source : DailyCurrant.com, 24/12/2014, traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-abat-le-traineau-du-pere-noel-pres-du-pole-nord/


[Journalisme ?] Cette semaine en images…

Sunday 28 December 2014 at 02:38

Ah, les méchants coréens…

C’est clair :

Attaque Caroline !

Euh, bon…

On le sait désormais : déclaration américaine = mensonge 2 fois sur 3, mais pas grave…

Et en plus…

(mais est-ce bien le rôle d’un studio de faire un film de propagande débile sur un État étranger ? Pourquoi pas un vrai documentaire alors ?)

(P.S. : on en a déjà parlé, mais je rappelle que si Sony a de smillions à jeter en l’air pour faire une bouse, le petit fils de Pagnol cherche 150 000 € pour restaurer la trilogie marseillaise – sponsoring de grande entreprise bienvenue, si vous connaissez un directeur de la com’ d’une très grosse boite, faites suivre… :) )

L’essentiel est préservé :

Et une vrai question pour les libertés et les Droits humains (à l’infarctus) :

Bon, ça, on va passer trèèèèèèès vite dessus :

Ah, bon, ben, si c’est “inefficace”, les principales leçons ont bien été tirées alors…

Source: http://www.les-crises.fr/journalisme-cette-semaine-en-images-12-2014/


Le cadeau de Noël de Manuel Valls aux internautes : la surveillance

Sunday 28 December 2014 at 01:30

Excellent papier de Guerric Poncet dans Le Point

Le 24 décembre, Matignon a publié un décret sur une mesure très contestée permettant aux agents de l’État de surveiller le Net français. Habile.

C’est un cadeau de Noël dont les internautes et les opérateurs français se seraient bien passés. Le gouvernement a publié mercredi 24 décembre, à la faveur des fêtes de Noël, le décret d’application du très contesté article 20 de la loi de programmation militaire (LPM). Ce texte prévoit un accès très vaste des services de l’État aux télécommunications (téléphone, SMS, Internet, etc.) des Français, et à toutes les informations qui transitent par les réseaux nationaux.

La mesure de surveillance, pudiquement nommée “accès administratif aux données de connexion”, avait été votée fin 2013 et entrera en vigueur le 1er janvier 2015. Dénichées par notre excellent confrère Next INpact, qui évoque “un décret qui sent le sapin”, ce sont les modalités de sa mise en oeuvre, tout aussi importantes, qui ont été dévoilées pour Noël.

Comme dans de nombreuses démocraties, le spectre terroriste permet au gouvernement de faire passer des mesures très floues et de tirer pleinement parti des systèmes d’information de plus en plus performants afin de surveiller la population.

Qui chapeaute le système ?

Le décret du 24 décembre présente “le groupement interministériel de contrôle [...], un service du Premier ministre chargé des interceptions de sécurité et de l’accès administratif aux données de connexion”. Ce groupement est chargé de centraliser les demandes des agents et de les transmettre aux opérateurs concernés, en les épurant de toute information sensible.

En effet, si les services de l’État doivent justifier leurs requêtes auprès du Premier ministre (qui nomme une “personnalité qualifiée”), il est hors de question de transmettre ces explications aux opérateurs. Les fournisseurs d’accès ne sauront même pas de quel service ou ministère émane une demande, ni à quelle date elle a été formulée.

Quelles données sont concernées ?

Sans surprise, le décret se réfère à l’article 20 de la LPM, sans vraiment le préciser. Peuvent donc être interceptés les “informations ou documents traités ou conservés par les réseaux ou services de communications électroniques, y compris les données techniques relatives à l’identification des numéros d’abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, au recensement de l’ensemble des numéros d’abonnement ou de connexion d’une personne désignée, à la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu’aux communications d’un abonné portant sur la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date des communications”.

On notera l’utilisation de la formule “y compris”, qui n’est aucunement exhaustive : difficile de faire plus vaste.

Un contrôle démocratique insignifiant

Face aux critiques sur l’intrusion dans la vie privée, le gouvernement invoque la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), un organe très joli sur le papier mais qui n’a jusqu’à présent pas été doté d’un réel pouvoir. Cette commission “dispose d’un accès permanent aux traitements automatisés”, et “l’autorité ayant approuvé une demande de recueil d’informations ou de documents fournit à la commission tous les éclaircissements que celle-ci sollicite”, promet le décret, plein de bons sentiments.

Néanmoins, la CNCIS n’a toujours pas le pouvoir de sanction et ne peut même pas alerter la justice en cas de manquement sur un dossier couvert par le secret de la défense nationale. Habile…

Par ailleurs, le gouvernement se protège en supprimant ses archives en un temps record. Si l’on peut saluer la suppression des informations et des fichiers recueillis au bout de trois ans, on ne peut être que surpris par le fait que les registres mentionnant qui a autorisé telle ou telle surveillance soient eux aussi “automatiquement effacés” après trois ans. Le seul contrôle démocratique possible lorsqu’on jongle avec le secret défense, celui qui s’effectue a posteriori, est donc rendu impossible, pour la CNCIS comme pour la justice.

À quel prix ?

“Les coûts supportés par les opérateurs pour la transmission des informations ou des documents font l’objet d’un remboursement par l’État”, précise le décret. Pas un mot sur la grille tarifaire qui sera appliquée, car ils seront définis par les ministères concernés.

Qui peut demander les informations ?

Trois ministères sont habilités à émettre des demandes. Le décret détaille le nombre impressionnant de services pour lesquels les vannes du Web français sont ouvertes :

- Au ministère de l’Intérieur : la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la Direction générale de la police nationale (unité de coordination de la lutte antiterroriste, Direction centrale de la police judiciaire, Direction centrale de la sécurité publique, Direction centrale de la police aux frontières), la Direction générale de la gendarmerie nationale (sous-direction de la police judiciaire ; sous-direction de l’anticipation opérationnelle ; service technique de recherches judiciaires et de documentation ; sections de recherches), la préfecture de police (Direction du renseignement ; direction régionale de la police judiciaire ; service transversal d’agglomération des événements ; cellule de suivi du plan de lutte contre les bandes ; sûreté régionale des transports ; sûretés territoriales).

- Au ministère de la Défense : la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, la Direction du renseignement militaire.

- Au ministère des Finances et des Comptes publics : la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, le service de traitement du renseignement et d’action contre les circuits financiers clandestins.

Dans tous ces services, seuls les agents et officiers “dûment habilités” par leur directeur pourront réclamer des informations, assure le décret.

Des perspectives inquiétantes

La loi de programmation militaire a mis en place un outil de surveillance de la population française qui aurait fait pâlir d’envie les pires dictateurs de l’histoire. Si nous sommes très loin d’un régime totalitaire en France, il n’est pas exclu que des leaders extrémistes disent demain merci au gouvernement Valls pour leur avoir fourni un tel outil clé en main.

Source : Guerric Poncet, 26/12/2014, LePoint.fr

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En plus, voici un rappel de la loi, rédigé fin 2013

Comment va s’organiser la surveillance d’Internet en France

Grâce à l’article 8 du projet de loi de programmation militaire, les services de renseignement du ministère de la Défense et ceux du ministère du Budget pourront déjà accéder à de nombreux fichiers administratifs (immatriculation, carte nationale d’identité, passeports, etc.). Il suffira que soient en jeu des « atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation ». « Une expression consacrée en plusieurs endroits du texte, mais qui reste trop floue à mon sens » regrettera Lionel Tardy, vainement.

Des fichiers, des fichiers, des fichiers

Il reviendra à un décret en Conseil d’État de déterminer tous les services spécialisés de renseignement qui pourront ainsi piocher dans cette masse d’information alimentée par traitements automatisés. Ces atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation serviront également de justification d’un traitement automatisé des informations recueillies à l’occasion de déplacements internationaux en provenance ou à destination d’États n’appartenant pas à l’Union européenne : cartes de débarquement et d’embarquement des passagers, etc. (article 9 et surtout l’article 10).

Sur ces dispositions, le député Lionel Tardy marquera là encore son étonnement (les échanges retranscrits). « Fait assez rare, voire inédit dans cette enceinte, l’article 10 anticipe la transposition d’une directive. D’habitude, c’est sur le tard, voire hors délai ! Il s’agit d’expérimenter un fichier automatisé des passagers aériens. Le mieux étant souvent l’ennemi du bien, il faut savoir que la directive PNR, « Passenger name record » (en question, ici, NDLR), n’est pas vraiment en phase de transposition : elle a été rejetée par la commission des libertés civiles du Parlement européen. Je sais que la connexion entre députés européens et cadres nationaux du PS n’est pas toujours bonne, mais je précise qu’en l’occurrence, le rejet a été soutenu par les socialistes et les écologistes européens ! » Ses remarques resteront sans effet.

L’article 12 assure quant à lui l’extension de la consultation des fichiers de police judiciaire aux services de renseignement. Sur cette disposition, le député de Haute-Savoie tentera vendredi à tout le moins de mettre la CNIL dans la boucle du décret d’application. Mais la rapporteure du texte, tout comme le gouvernement, s’y sont opposés : « Ce fichier d’antécédents dont l’accès est ouvert aux services de renseignement, résumera Patrica Adam, rapporteure du texte, a été créé par la loi du 14 mars 2011 dite LOPPSI 1. Le traitement de ces données est opéré sous contrôle du procureur de la République territorialement compétent et un magistrat est spécialement chargé de suivre la mise en œuvre du fichier au ministère de la Justice. Je pense que les garanties actuelles sont largement suffisantes et que l’avis de la CNIL sur ce projet de décret d’application est superfétatoire. » Un avis suivi par Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense. Circulez !

Mais c’est surtout l’article 13 qui suscite le plus d’interrogation. Le texte autorise les interceptions de correspondances émises par la voie des communications électroniques. Sans intervention préalable du juge.

L’article 13, ou la surveillance d’internet autorisée par la loi

Comme déjà exposé, le projet de loi apporte des modifications profondes au régime du recueil des données de connexion dans l’optique de la lutte contre le terrorisme. Ce régime dit des réquisitions administratives avait été installé par une loi antiterroriste du 23 janvier 2006. Il ne devait durer qu’un temps, mais au fil des lois sécuritaires, il a été prorogé et prorogé et prorogé.

Aujourd’hui, les données que peuvent réclamer la police et la gendarmerie visent non les contenus des messages, mais « les données techniques relatives à l’identification des numéros d’abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, au recensement de l’ensemble des numéros d’abonnement ou de connexion d’une personne désignée, aux données relatives à la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu’aux données techniques relatives aux communications d’un abonné portant sur la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date de la communication » (article L.34-1-1 du Code des postes et des télécommunications)

Le faible encadrement de ces demandes administratives avait été dénoncé très tôt par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) selon laquelle « ces mesures dérogent évidemment aux principes fondamentaux de protection des libertés (…)une fois encore, au développement des pouvoirs de police administrative dans la mise en place de ce système de surveillance d’une activité privée des citoyens dans des lieux d’expression publics que sont les cybercafés, le tout au détriment des prérogatives auparavant laissées à la seule autorité judiciaire gardienne des libertés. C’est d’abord cette dérive qui est inquiétante. »

Au Sénat, à l’initiative du sénateur Jean Pierre Sueur, la loi de programmation militaire a été l’occasion d’un grand ménage : le provisoire a été gommé pour graver dans le marbre ce dispositif tout en unifiant le recueil prévu par la loi du 10 juillet 1991 (interceptions de sécurité, et donc le contenu des messages) et celui orchestré par la fameuse loi exceptionnelle de 2006 .

Une mesure applaudie par Manuel Valls, mais regrettée par la CNIL qui n’a pas été consultée et condamnée par l’Association des acteurs du web 2.0 : « le Projet de Loi de programmation militaire propose d’aligner le régime d’exception d’accès aux données sur celui des interceptions de communications électroniques. Or, les garanties offertes ne sont que partiellement transposées, voire inopérantes, dans certains cas. » Et pour cause, le texte permettra à de nombreuses administrations d’aspirer quantité de données détenues par les FAI et les hébergeurs, le tout en temps réel et sur simple « sollicitation du réseau. »

Quand pourra-t-on justifier ce recueil dans les mains des FAI et des hébergeurs ?

Avant d’ouvrir ces vannes, pas d’intervention préalable du juge. Les autorités auront simplement à justifier d’une recherche de renseignement touchant à « la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupements dissous ». En clair, le robinet pourra s’ouvrir dès que l’un de ces motifs sera secoué devant lui.

Qu’est-ce qui pourra être butiné ?

Les agents pourront directement aspirer ces flux et ces stocks chez les FAI et des hébergeurs. Le texte est généreux puisqu’il leur apporte sur un plateau les « informations », mais aussi les « documents traités ou conservés. »

On le voit rapidement, les termes « d’informations » et de « documents » sont extrêmement vastes. Le projet de loi n’est pas bavard. Il nous dit que cela concernera notamment :

Mais cette liste inscrite dans le projet de loi n’est pas exhaustive et du coup, rien n’est dit sur l’expression « documents ». Lionel Tardy, un des rares à avoir tenté d’amender ce texte avec sa collègue Laure de la Raudière, a justement craint que ce terme « risque de l’étendre à d’autres éléments que ceux qui sont cités, et cela m’inquiète. »

L’Asic, association des acteurs du web communautaire, est sur la même longueur d’onde (pdf d’une note sur ce projet) : « contrairement au régime actuel, le texte étend très largement les modalités d’accès puisque cet accès concerne non seulement les données techniques (auparavant seules accessibles sur ce régime de l’accès) à toute “information ou document” conservés par les hébergeurs (…) Ce mécanisme revient à offrir aux autorités, sans aucun contrôle préalable, un accès à tout document et/ou contenu stocké par un hébergeur sur ces serveurs »

La présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées, Patricia Adam, repoussera l’amendement du député de Haute-Savoie, au motif d’un souci de cohérence avec d’autres dispositions. « S’agissant du recueil de données auprès des opérateurs, les termes utilisés dans le code de la sécurité intérieure et celui des postes et des communications électroniques sont bien « informations et documents », tel que précisé dans cet article. Il n’est pas question d’en utiliser d’autres, qui risqueraient de rendre la loi moins lisible et plus difficilement applicable ».

Le Code de la sécurité intérieur, lorsqu’il aborde la question précise des interceptions (sur les contenus), prévoit en effet déjà que les tribunaux et le premier ministre, notamment, peuvent recueillir, auprès des intermédiaires, « les informations ou documents qui leur sont nécessaires, chacun en ce qui le concerne, pour la réalisation et l’exploitation des interceptions autorisées par la loi ». (Article L244-2). Mais ainsi, en voulant rendre la loi « plus » lisible et « plus » facilement applicable, les députés – avec l’appui du gouvernement socialiste – ont préféré étendre ce pouvoir d’aspiration sans intervention du juge ni de contrôle préalable à l’ensemble de ces pièces, comme on va le voir.

Que se passe-t-il si les administrations aspirent trop ?

L’actuel régime des interceptions prévoit des garanties sur cette question. L’article L.242-5 du code de la sécurité intérieure indique en effet que « dans les correspondances interceptées, seuls les renseignements en relation avec l’un des objectifs énumérés à l’article L. 241-2 peuvent faire l’objet d’une transcription. Cette transcription est effectuée par les personnels habilités ».

Là, il n’y a pas de mesures concrètes pour garantir la purge de ce qui n’est pas utile : en pratique, une lecture un peu paranoïaque peut faire craindre que tout soit demandé dès lors qu’un des motifs de déclenchement sera vérifié au départ (recherche de renseignement touchant à la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées, etc.). Voilà pourquoi l’ASIC considère que « la garantie d’une mesure proportionnée n’est pas ici reprise. Les autorités pourront obtenir l’ensemble des informations en lien ou non avec la finalité recherchée ».

Notons autre chose : les parlementaires n’ont pas repris un autre verrou toujours placé dans le monde des interceptions dites de sécurité. Là, quand les autorités tombent sur un délit ou un crime, ils doivent alerter le procureur de la République (article 40 du Code de procédure pénale, cité par l’article L.242-8 du Code de la sécurité intérieure. Les autres informations recueillies). Les autres données doivent être effacées si elles ne correspondent pas au motif de déclenchement. Dans le projet de loi de programmation, rien n’a été prévu à cet effet, ce qui laisse entrouverte la porte à d’autres utilisations. Quel verrou par exemple contre une transmission des informations et des documents à d’autres administrations ?

Qui pourra accéder à cette masse de données détenues par les FAI et les hébergeurs ?

En première ligne, il s’agira des agents individuellement habilités de l’Intérieur, de des services relevant des ministres chargés de la sécurité intérieure, de la défense, de l’économie et du budget. Bref, toute une ribambelle d’administrations aux intérêts multiples.

Lionel Tardy avait là encore tenté de limiter la casse, cette fois sur le nombre de ministères concernés. « On comprend que les recueils de données puissent être demandés par les ministres de l’Intérieur et de la Défense. En revanche, faire apparaître celui de l’économie et des finances nous fait sortir du cadre de cette loi et mentionner le ministre délégué au budget, vous le reconnaîtrez, est beaucoup plus suspect. Nous traitons de sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme : que vient faire ici l’économie ? Sans doute va-t-on me répondre qu’il s’agit de Tracfin. Or, Tracfin traite du blanchiment d’argent et si j’en crois ses propres chiffres, les affaires de terrorisme ne représentent que 1 % de ses dossiers. Il y a sans doute d’autres moyens que de donner ce pouvoir important aux ministres de Bercy. ».

Là encore, sans succès. Patricia Adam, rapporteure, lui rétorquera que « la communauté du renseignement, monsieur Tardy, n’est pas uniquement composée des services qui dépendent du ministère de l’intérieur et de celui de la défense ». Bref, dégagez, il n’y a rien à redire : l’enjeu est d’offrir un bel éventail de droits de communication testostéroné à cette « communauté du renseignement ». Son amendement sera donc repoussé, avec l’appui du gouvernement et le silence poli des autres groupes politiques, dont les Verts ou l’UMP.

Comment seront encadrés ces recueils ?

Ces indiscrétions se feront sur demandes initiales des administrations concernées et seront soumises à la décision d’une personnalité qualifiée placée auprès du Premier ministre. Cette personne établira un rapport d’activité annuel qu’elle adressera à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS). Le recueil des « informations » et des « documents » pourra alors se faire sur « sur sollicitation du réseau », et donc à tous le moins à la demande.

Sur sollicitation du réseau ?

Cette notion fait là encore tiquer Tardy, seul poil à gratter présent vendredi, quelque peu désemparé par la pauvreté des débats sur ce terme. Il a ainsi voulu gommer ce passage jugé trop floue. « Soit [cette notion de sollicitation du réseau] va à l’encontre de l’objectif parce qu’elle est trop large et sujette à interprétation, soit elle est tellement floue qu’elle donne carte blanche à une interconnexion sans filet, ce qui serait intrusif. Dans les deux cas, ce n’est pas satisfaisant. J’aimerais savoir ce que recouvre cette notion. À mon sens, il faut que les opérateurs puissent intervenir, être consultés entre guillemets…Si c’est cela, autant le préciser, car, en l’état, ce n’est pas clair du tout ».

Le député, et donc les citoyens n’auront aucune réponse puisque les débats ont été d’un vide sidéral. Son amendement sera sèchement « repoussé par la commission et le Gouvernement », sous le silence poli des autres groupes, là encore.Ou du Conseil national du numérique qui n’a jamais ouvert sa bouche sur ce texte.

Fait notable, les FAI et hébergeurs auront l’obligation de transmettre toute cette masse d’information « en temps réel », ce qui accentue d’autant plus les capacités des autorités administratives sur les données et documents détenus par les opérateurs et hébergeurs, et spécialement la géolocalisation des équipements.

Ce « temps réel » croisé avec « la sollicitation du réseau » s’entrechoquent avec les dernières révélations d’Edward Snowden. Selon les documents cités dans l’édition du 30 novembre du Monde, la DGSE a noué des relations étroites avec la NSA dès 2005, relations où s’est établie «une franche discussion entre la direction des relations extérieures de la NSA et la direction technique de la DGSE ». Elle a porté « sur les besoins en information et sur l’idée de créer un modèle de référence en termes de partenariat. »

Le partenariat en question s’est même resserré entre la DGSE, la NSA et les autres pays anglo-saxons dès la fin 2011 avec l’adoption d’un protocole d’échange de données massif, écrivent encore nos confrères. Et pour cause : « la France bénéficie d’une position stratégique en matière de transport de données électroniques par les câbles sous-marins. Ce flux d’informations étranger-France, cette «matière première» comme la qualifie la NSA dans une note révélée par M. Snowden, fait l’objet d’une large interception par la DGSE ». Le Monde rappelle aussi les révélations du quotidien néerlandais NRC Handelsblad expliquant que la NSA a placé des points d’interception à Marseille, là où arrivent et partent six câbles sous-marins. On ne sait cependant « s’il s’agit d’un point d’accès «clandestin» ou du fruit d’une coopération avec les services français » temporisent nos confrères.

Et pour la procédure ?

La procédure en amont de cette sollicitation des réseaux en temps réel prend le soin tout particulier, nous l’avons dit, d’éviter tout contrôle a priori. L’autorisation de recueil de ces informations ou documents sera en effet accordée, sur demande écrite et motivée des ministres, par le Premier ministre pour une durée maximale de trente jours. Tardy avait bien tenté de raboter ce délai mais Patricia Adam lui a encore demandé d’aller voir ailleurs : « dix jours ne seraient pas suffisants pour permettre aux services d’effectuer correctement leur travail de surveillance et d’analyse ». Il y a cependant une subtilité passée sous silence puisque cette autorisation peut être renouvelée, dans les mêmes conditions de forme et de durée. Or, la loi ne prévoit aucune limitation permettant du coup des renouvellements successifs sur des périodes très longues !

Comment sont contrôlées ces données ?

Chaque autorisation sera communiquée dans les quarante-huit heures au président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité. Celui-ci pourra recommander d’y mettre fin s’il doute de la légalité de ces mesures. Tardy, encore et toujours, avait regretté ces modalités d’intervention de la CNCIS, et pour cause : son avis n’intervient qu’a posteriori. « Elle doit être saisie dans les quarante-huit heures et se réunir dans les sept jours. Son avis peut donc intervenir jusqu’à neuf jours après l’autorisation effective. Autrement dit, s’il y a manquement ou erreur, c’est déjà trop tard » constate le député qui a tenté de réduire le délai de sept à trois jours. Mais, sans surprise, son amendement sera « repoussé par la commission et le Gouvernement » sans davantage d’explication ou de soutien chez les autres députés, tous plongés dans un silence radieux.

Que se passe-t-il en cas de manquement ?

Fait notable, la CNCIS, une autorité administrative indépendante, disposera en outre d’un accès permanent au dispositif de recueil des informations ou des documents, histoire d’y mettre son nez. En cas de manquement, elle pourra adresser une autre recommandation au Premier ministre qui fera connaître à la commission, dans un délai de quinze jours, les mesures prises. Trop long là encore, répond Tardy : « le délai de quinze jours me paraît trop long pour revenir sur une erreur, c’est-à-dire sur une intrusion dans la vie privée, une atteinte aux libertés qui n’avait pas lieu d’être ». Il voulait ramener ce délai à 7 jours. Mais son amendement a, comme les autres, été rejeté.

L’Asic a également soulevé ce problème consécutif à tout contrôle tardif : « avoir une recommandation négative postérieurement à la captation des données est totalement inopérante au regard de l’objet même de la mesure. Les données auront déjà été collectées par les autorités (par exemple, récupération de toutes les données stockées dans le cloud) ».

Les FAI et hébergeurs seront-ils remboursés ?

Dans ce dispositif, les FAI et hébergeurs seront remboursés des éventuels « surcoûts identifiables et spécifiques ». Un décret devrait préciser les modalités de ce remboursement puisque selon la jurisprudence du Conseil constitutionnel, il n’est possible de faire peser sans contrepartie de telles obligations à des acteurs privés qui ne sont pas des auxiliaires de justice à titre gratuit.

Problème, la loi ne prévoit pas de délai pour la publication de ce décret. Lionel Tardy a voulu en imposer un en ayant l’exemple d’Hadopi en tête, où on attend, depuis 2009, pareil décret. « Dans mes souvenirs, la dernière fois que j’ai vu une disposition visant à indemniser les fournisseurs d’accès Internet de leurs obligations techniques à l’égard d’une autorité publique, c’était dans la loi HADOPI. En effet, un décret similaire à l’article L. 34-1 du code des postes et communications électroniques est censé prévoir les modalités de compensation des surcoûts identifiables et spécifiques des prestations assurées par les opérateurs pour les besoins de la recherche, de la constatation et de la poursuite des infractions pénales, ou d’un manquement à l’obligation (de sécurisation) ». Peine perdue.

Ces opérations seront-elles dévoilées au public ?

Non. Dans une dernière tentative parlementaire, Tardy voulait qu’au moins un rapport publie les différentes statistiques autour de l’usage de ces nouveaux droits de communications surmusclés. « Je n’ai pas l’habitude de demander des rapports, mais ici il me paraît essentiel que nous puissions avoir des retours chiffrés pour évaluer la portée du dispositif et le nombre de fois où il a été mis en œuvre. Dans un souci de transparence, ce rapport contiendrait des statistiques sur chacune des étapes : rien sur le contenu bien sûr, mais uniquement des chiffres, pour voir si réellement la procédure s’applique ou si les erreurs sont nombreuses. »

Patricia Adam repoussera avec l’aide du gouvernement encore cette demande. « La CNCIS publie régulièrement un rapport d’activité qui est très complet. On peut penser qu’à l’avenir, il permettra d’avoir des éléments statistiques sur cette nouvelle procédure ». Avec ce superbe « on peut penser », les députés acceptent de n’avoir aucune visibilité, aucune certitude, tout juste un espoir sur cette publication qu’ils n’ont voulu ordonner dans leur œuvre législative,  censée garantir les droits et libertés des citoyens.

Source : NextImpact, 12/2013

Source: http://www.les-crises.fr/le-cadeau-de-noel-de-manuel-valls-aux-internautes-la-surveillance/


[Ca se passe comme ça sur la Planète] Bangladesh, survivre dans le chaos

Sunday 28 December 2014 at 00:52

Je suis tombé hier sur cet incroyable reportage sur la vie au Bangladesh (mention spéciale aux, hmmm, orpailleurs ?), et il m’a semblé important de le partager avec vous…

Chaque année, au Bangladesh, a lieu le plus grand pèlerinage musulman du monde après celui de La Mecque, la Bishwa Ijtema, qui dure trois jours. Pour l’événement, des millions de fidèles affluent de tout le pays et de l’étranger. Bus, bateaux et trains sont pris d’assaut. Les voyageurs sont partout et certains prennent des risques inconsidérés : entassés sur les toits, accrochés aux fenêtres et aux essieux… Une foule quasi ingérable dans un pays aux infrastructures obsolètes.

Source: http://www.les-crises.fr/ca-se-passe-comme-ca-bangladesh/


[Reprise] Déclaration des descendants de l’émigration blanche à l’heure de la tragédie Ukrainienne

Saturday 27 December 2014 at 02:03

Encore un document pas inintéressant pas vu dans nos médias… C’est une déclarations des descendants d’émigrés anti-communistes des années 1920 – en rapport avec l’image Poutine = Russie = URSS = Communistes = Staline

Solidaires de la Russie à l’heure de la tragédie Ukrainienne

Depuis bientôt un an, les événements d’Ukraine interpellent chacun de nous, descendants de l’émigration blanche, d’autant plus que nos origines nous donnent accès à une information diversifiée, contrairement à la majorité des gens qui nous entourent.  La connaissance d’un passé proche, celui de la Russie d’avant 1917, nous donne la possibilité, et le devoir, de dénoncer les falsifications historiques patentes qui ont conduit au drame actuel en Ukraine.

Devant l’aggravation des tensions, dans le Donbass comme dans les relations internationales, une conclusion s’impose : l’hostilité agressive déployée aujourd’hui contre la Russie n’a rien de rationnel. La politique du « deux poids, deux mesures » a dépassé toutes les bornes. La Russie est accusée de tous les crimes, sans preuve, coupable a priori, tandis que d’autres pays bénéficient d’une indulgence particulièrement révoltante, au regard des droits de l’homme notamment.

Nous ne renonçons en rien à la défense des valeurs transmises par nos familles contraintes à l’exil après la révolution de 1917, ni à la dénonciation des crimes des bolcheviks et de leurs successeurs, ni à la promotion de la vérité historique sur ces années terribles. Mais ce n’est pas une raison pour admettre les calomnies qui se déversent, jour après jour, sur la Russie actuelle, ses dirigeants et son président, sanctionnés et vilipendés contre tout bon sens. Ce processus extravagant – autodestructeur pour les pays européens  – donne des arguments sérieux à tous ceux qui y voient une volonté occidentale de contrecarrer le développement de la Russie, bien plus que de résoudre la crise ukrainienne. Attaquer systématiquement tout ce qui touche à la notion de « monde russe » est  particulièrement ridicule : il s’agit d’une réalité historique, géographique, linguistique, culturelle et spirituelle, d’une haute civilisation qui a beaucoup donné au monde et dont nous sommes fiers.

Nous ne pouvons pas non plus tolérer le honteux silence officiel et médiatique des pays européens sur les terribles bombardements de populations et d’infrastructures civiles effectués par l’armée ukrainienne dans le Donbass, soutenue par des milices arborant une symbolique nazie. Ce silence, pour les autorités de Kiev, équivaut à un véritable permis d’exterminer. Depuis des mois, des enfants et des vieillards meurent ou sont gravement blessés, des prisonniers sont torturés. Voilà maintenant que le gouvernement de Kiev a décrété un blocus intégral (gaz, électricité, trains, administrations et hôpitaux, retraites, salaires, médicaments…) pour mieux anéantir une région dont il proclame pourtant qu’elle fait partie intégrante de son territoire. Et comment ne pas dénoncer les violences commises par les partisans de Kiev contre l’Eglise orthodoxe russe en Ukraine – des prêtres menacés, contraints à la fuite ou même tués, une cinquantaine d’églises bombardées (vingt entièrement détruites), des fidèles persécutés.  Où sont les valeurs européennes dans tout cela ?

Malgré leur rejet total de l’Union soviétique, nos parents et grands-parents ont été bouleversés par les souffrances du peuple russe lors de la Deuxième guerre mondiale. A notre tour, nous refusons l’indifférence et le silence  –  devant l’extermination programmée des populations du Donbass, la russophobie délirante, l’hypocrisie de procédés totalement contraires aux intérêts d’une Europe qui nous est chère. Nous voulons espérer que les pays qui ont accueilli nos familles retrouveront bientôt la voie de la raison et de l’objectivité.

Paris, le 26 novembre 2014
Dimitri et Tamara SCHAKHOVSKOY

La déclaration  « Solidaires de la Russie » a été rédigée par Dimitri et Tamara Schakhovskoy, avec la participation du groupe de réflexion Russky Most*. Depuis le 26 novembre 2014,  cette initiative a reçu l’approbation de plus d’une centaine de descendants représentatifs de l’émigration blanche, appartenant à ses différentes associations, dans des pays et des continents différents.  Quelques autres personnes – ayant ou non un lien particulier avec la Russie – ont souhaité, elles aussi, manifester leur soutien. La liste des signataires s’allonge chaque jour et reste ouverte sur solidairesdelarussie@gmail.com.

* Russky Most a été créé en février 2011 par un groupe de descendants de l’émigration blanche, désireux d’approfondir les réflexions nées de leur participation à la « croisière-pèlerinage de Bizerte à Sébastopol ». Organisé en juillet 2010 par plusieurs associations russes (Fonds André le Premier appelé, Fondation pour la Gloire nationale russe, Le Monde Russe, etc), ce voyage commémorait l’Exode de Crimée de l’Armée Wrangel en 1920 et a été l’occasion de débats aussi vifs que riches d’enseignements. On en trouvera quelques échos sur le site www.russkymost.net.

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 LISTE DES SIGNATAIRES:

LL.AA.SS. le Prince et la Princesse Georges Yourievsky (Seengen, Suisse)
Vera Albertini (Sainte-Geneviève-des Bois, France)
Olga Andreoli, née Troubnikoff (Meudon, France)
Arkady Arianoff (Bruxelles, Belgique)
Michel Avierino (Neuilly-sur-Seine, France)
Vladimir et Yolande Bariatinsky (Schiltigheim, France)
Marie-France Beglan (Walton-on-Thames, Grande-Bretagne)
Alexis et Claude Beresnikoff (Roman, France)
Nicolas et Ghislaine Bieliavsky (Roly, Belgique)
Alexandre  Bobrikoff (Asnières-sur-Seine, France)
Nicolas  Bobrinsky (Darmstadt, Allemagne)
Alexandre Boldireff (Gallardon, France)
Irène de Boreicha (Lausanne, Suisse)
Véra Boutleroff (Paris, France)
Sophie Brun de Saint-Hippolyte (Asnières-sur-Seine, France)
Roger Carmigniano (Paris, France)
Pierre Cheremetieff (Paris, France)
Tatiana Chirikova (Saint-Maurice, Suisse)
Philippe Crévieaux (Rixensart,Belgique)
Constantin Davidoff (Paris, France)
Dimitri Dourdine Mak (Bruxelles, Belgique)
Alexander Drutskoy Sokolinsky (Bruxelles, Belgique)
André Feodoroff (Fontenay-aux-Roses, France)
Tatiana Feodoroff (Chatenay-Malabry, France)
Pierre de Fermor (Nice, France)
Julia Filatova (Saintes, Belgique)
Xenia Finnsson (Versailles, France)
Vera Finnsson (Paris, France)
Nestor et Marie Genko, née Starosselsky (Le Pecq, France)
Vladimir Givoloup (Ault, France)
Nadine Goloubinoff (Versailles, France)
Gérard Gorokhoff (Paris, France)
Jean Goutchkoff (Genève, Suisse)
Michel Grabar (Paris, France)
Nicolas Grekoff (Paris, France)
Alexis Grigorieff ( Paris, France)
Marie de Haut de Sigy, née de Saint-Hippolyte (Issy-les-Moulineaux, France)
Anne Henderson-Stewart, née de Pahlen (Londres, Grande-Bretagne)
André Henderson-Stewart (Londres, Grande-Bretagne)
Nicolas Ignatiew (La Rochelle, France)
Marie Ivanov, née Tatistcheff (Paris, France)
Tatiana Kameneff (Vélizy-Villacoublay, France)
Serge Kapnist (Paris, France)
Véronique Kapnist, née Lycett (Vélizy, France)
Hélène Knupffer, née Yaguello (Londres, Grande-Bretagne
Rostislav Kolla-Moussine Pouchkine (Vélizy-Villacoublay, France)
Alexandre et Janine Koltchak (Paris, France)
Ivan Kourdukoff (Nice, France)
Vladimir Kozyreff (Chaumont-Gistoux, Belgique)
Yvan Kriloff (Bruxelles, Belgique)
Oleg Lavroff (Chatenay-Malabry, France)
Jean Lazareff (Paris, France)
Anne Louis-Kisselevsky (Rueil-Malmaison, France)
Serge Loutchaninoff (Texas, Etats-Unis d’Amérique)
Georges Marschalk (Paris, France)
Georges et Nadia  Matcheret, née Wolkonsky (Paris, France)
André Matzneff (Courbevoie, France)
Alexandre et Anne Miller de la Cerda, née Tolstoï (Biarritz, France)
Anna Miloradovitch (Montréal, Canada)
Marie Mourait, née Troubnikoff (Paris, France)
Constantin et Suzanne Mourousy (Paris, France)
Xenia Muratova (Paris, France)
Peter Naryshkine (Capetown, Afrique du sud)
Tatiana Oussof (Paris, France)
Serge de Pahlen (Allaman, Suisse)
Irina Pahlen (Wezembeek Oppen, Belgique)
Serge Pascault (Paris, France)
Galina Perchitchev (Sceaux, France)
Efim Pernikoff (Mareil-Marly, France)
Rostislav et Xenia Pervychine, née Machtalere (Meudon, France)
Alexandre V. et Hélène V. Plotto (Fontenay-sous-Bois, France)
Dmitri Possylkine (Saintes, Belgique)
Alexandre et Marie-Madeleine Pouchkine, née Dournovo (Bruxelles, Belgique)
Marina Poulet, née Pervychine (Chaville, France)
Johanna Pridun (Paris, France)
Stéphane Pridun (Paris, France)
René-Marie et Marianne Rampelberg, née Parfenoff (Paris, France)
Séraphin et Hélène Rehbinder, née Pochitaloff (Mies, Suisse)
Serge et Hélène Rehbinder (Antony, France)
Daria Reine, née Rozova (Paris, France)
Alexandra de Rennenkampf, née Nefedoff (Meudon, France)
Nathalie von Rosenschild (Yerres, France)
Elisabeth Roussel, née Stephanovitch (Paris, France)
Alexis et Nathalie Rutschkowsky, née Babkoff (Paris, France)
Paul Safiannikoff (Bruxelles, Belgique)
Pierre de Saint-Hippolyte (Paris, France)
Dimitri et Tamara Schakhovskoy, née Thorgevsky (Paris, France)
Irène Schidlovsky, née Golovine (Bougival, France)
Marina Schidlovsky (Meudon, France)
André Schorochoff (Bruxelles, Belgique)
Catherine Soulatzky (Boulogne-Billancourt, France)
André Stenbock Fermor (Paris, France)
Xenia Stenbock Fermor (Albenga, Italie)
Antoine Succar (Sacharoff) (Paris, France)
Jean et Denise Swetchine (Châtenay-Malabry, France)
Alexandre Terentiev (Marly-le-Roi, France)
Colette Tolstoï (Paris, France)
Dimitri Tolstoï (Paris, France)
Marina Tolstoy (Bruxelles, Belgique)
Tatiana Toungouzova (Paris, France)
Dr Sergey Trotzky (Salzburg, Autriche)
Catherine von Tsurikoff, née Ignatieff (Bad Homburg, Allemagne)
Michel Vinogradoff (Bourg-en-Bresse, France)
Olga Wienand, née Rosine (Esher, Grande-Bretagne)
Michel et Chantal Worontzoff Weliaminoff (Concarneau, France)
Nicolas Yanoff (Boulogne-Billancourt, France)

Source: http://www.les-crises.fr/declaration-des-descendants-de-lemigration-blanche-a-lheure-de-la-tragedie-ukrainienne/


Revue de presse du 27/12/2014

Saturday 27 December 2014 at 00:08

Dernière revue de presse de l’année, il n’y aura pas de revue internationale demain.

Merci aux courageux contributeurs de Noël !

Merci aussi à tous ceux qui y ont participé tout au long de l’année, et notamment à ceux qui sont restés assidus, puisque nous bouclons avec cette édition quasiment un année entière de revues presse. Votre travail de bénédictin permet de grandement enrichir la communauté – j’ai régulièrement d’excellents retours de lecteurs.

Bonne lecture – et bonne fin d’année !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-27-12-2014-2/


[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Friday 26 December 2014 at 01:38

Suite de l’article sur le parallélisme Scientifiques / Médias / Population.

Je vous recommande aujourd’hui un livre exceptionnel, et je pèse mes mots : Les marchands de doute, aux éditions Le Pommier.

C’est vraiment un des livres les plus épatants que j’ai lus depuis plusieurs années.

Le pitch

 Ce livre décrit dans une formidable enquête journalistique comment on a façonné l’opinion publique en lui instillant du doute sur des sujets où il n’y en avait plus, pour retarder l’adoption de mesures.

Ce livre traite analyse ainsi dans le détail les stratégies dilatoires mises en oeuvre dans le cas du tabac, les pluies acides, le tabagisme passif et, cerise sur le gâteau, le réchauffement climatique, dont le président Lyndon Johnson disait en 1965 que :

“Notre génération a modifié la composition de l’atmosphère à l’échelle globale en [...] augmentant régulièrement la quantité de gaz carbonique résultant de combustibles fossiles.” [Président Lyndon Johnson, message spécial au congrès en 1965]

Mais :

“Le problème avec les Américains, c’est qu’ils ne lisent jamais le compte rendu de la réunion précédente.” [Adlaï Stevenson]

En fait, outre les aspects mercantiles évidents, le raisonnement de certains “experts” est toujours le même : s’il y a un problème collectif réel et grave, il va falloir agir. Donc, il va falloir des lois. Donc plus d’État. Donc moins de liberté individuelle. Donc on va tous mourir égorgés par les communistes. Accepter ceci, c’est “accepter la réalité de l’échec du marché. C’est reconnaître les limites du capitalisme de marché”. “Mais comme le remarqua avec sagesse le philosophe Isaiah Berlin, la liberté pour les loups signifie la mort des agneaux”.

Car le plus formidable dans ce livre, c’est qu’on découvre non seulement que la plupart des “scientifiques” qui soutiennent l’innocuité des choses ne sont en rien des spécialistes du sujet, mais que, pire que tout, on retrouve les mêmes qui niaient les méfaits du tabac 30 ans plus tard nier le réchauffement climatique ! La plupart étant aussi pour les raisons évoquées de féroces néoconservateurs puissamment anticommunistes dans les années 1950 et 1960.

L’argument central

Je résume l’argument fondamental, qu’il faut bien comprendre, en extrayant une citation de la conclusion :

Les protagonistes de notre histoire firent du doute une marchandise parce qu’ils comprirent [...] que le doute fonctionne. Et il fonctionne parce que nous avons une vision erronée de la science. Nous pensons que la science produit des certitudes. Par conséquent, si la certitude fait défaut, nous pensons que la science fait défaut ou n’est pas achevée. [...] Mais l’histoire nous montre que la science ne produit pas de certitudes. Elle ne fournit pas de preuves. Elle ne fournit qu’un consensus d’experts, fondé sur l’examen minutieux des faits et de leur organisation.

Écouter les “deux versions” sur un problème a du sens lorsqu’il s’agit de débats politiques au sein d’un système biparti. Mais lorsqu’une question scientifique est débattue, il peut y avoir trois, quatre, une douzaine d’hypothèses en compétition qui font l’objet de recherches. [...] La recherche produit des preuves qui peuvent finir par régler la question posée. (…] Les “deux versions” disparaissent alors pour ne laisser qu’une connaissance scientifique acceptée. Il peut rester des questions non résolues [...] mais en ce qui concerne la question réglée, il n’y a plus que le consensus de l’opinion des experts. C’est cela, la connaissance scientifique. [...]

Depuis 1660, la science s’est développée de façon plus qu’exponentielle, mais l’idée fondatrice est demeurée la même : les idées scientifiques doivent s’appuyer sur des faits, et être soumises à acceptation ou rejet. [...] Quel que soit l’ensemble des faits, à la fois l’idée et ce qui la soutient doivent être évalués par un jury composé de pairs de la discipline. Tant qu’une opinion n’est pas passée à travers ce filtre – le jugement par les pairs -, ce n’est pas plus qu’une opinion. Seules sont considérées comme des savoirs les idées qui sont acceptées par le collège des experts. [...] Inversement, si l’opinion est rejetée, le scientifique honnête est supposé accepter ce jugement, et se tourner vers d’autres problèmes. En science, on n’est pas censé s’accrocher jusqu’à épuisement des opposants. [...]

Le journalisme moderne ignore cette réalité. Nous croyons que si quelqu’un n’est pas d’accord, ce désaccord mérite considération, que c’est la règle du jeu. Nous ne comprenons pas que, dans de nombreux cas, cette personne a déjà reçu la considération qu’elle méritait dans les cadres institutionnels de la science. [Lorsque les scientifiques négativistes] exprimèrent leurs opinions auprès du grand public, ils s’écartaient des protocoles institutionnels qui, pendant 400 ans, avaient garanti la véracité des énoncés scientifiques.

Nombre des points de vue de nos contradicteurs avaient déjà été discutés dans les cercles scientifiques et n’avaient pas franchi le test de l’évaluation par les pairs. Ces points de vue ne pouvaient par conséquent être considérés comme scientifiques, et nos protagonistes auraient dû aller travailler sur d’autres questions. En un sens, il furent de mauvais perdants. Les arbitres avaient rendu leur verdict, mais nos contradicteurs refusèrent de s’y plier. [...] Normalement, les scientifiques confrontent leurs résultats dans les lieux consacrés au travail scientifique – universités, laboratoires, agences gouvernementales, conférences et ateliers. Ils ne lancent pas de pétitions, en particulier pas de pétitions publiques, dont les signataires peuvent ne rien comprendre au sujet en question. [...]

De plus, dans la plupart des cas, ils n’avaient même pas soumis leurs idées à l’évaluation des pairs. [...]

Nous devons faire confiance aux experts scientifiques sur des sujets de science, parce qu’il n’y a pas d’autre alternative crédible. Et comme les scientifiques n’ont (dans la plupart des cas) cas de patente, nous devons faire attention à ce qu’ils sont vraiment – en nous informant que ce qu’ils ont fait, leurs recherches passées et présentes, les lieux où ils soumettent leurs résultats pour évaluation et les sources de financement qu’ils reçoivent. [...]

Prendre des décisions rationnelles, c’est agir à partir des informations dont nous disposons, même si nous devons accepter qu’elles soient sans doute imparfaites et que nos décisions devront peut-être être revues et révisées à la lumière d’une information nouvelle. Car, même si la science ne délivra pas de certitude, elle a tout de même un passé d’une remarquable robustesse. [...]

Au début des années 1960, un des épidémiologiques les plus connus au monde, Robert Browing, qui, au début, ne croyait pas que fumer pouvait être mortel, fini par admettre que la masse des faits suggérait que c’était bien le cas. En réponse à ceux qui en doutaient encore et qui réclamaient encore plus de données, il écrivit : “Tout travail scientifique est incomplet – qu’il s’agisse de travail expérimental ou d’observation. Tout travail scientifique est susceptible d’être contredit ou modifié par l’avancement des connaissances. Ceci ne doit pas pour autant nous inciter à ignorer ce que nous savons déjà, et à remettre à plus tard une action à laquelle nos connaissances nous incitent à un moment donné. Qui sait si le monde ne va pas finir cette nuit ? Certes, mais sur la base de ce que nous savons, la plupart d’entre nous se prépareront à se rendre au travail à 8h30 demain.” [...]

Une confiance aveugle occasionnera autant de problèmes qu’une défiance totale. Mais sans une certaine confiance en nos experts patentés – les hommes et les femmes qui ont dédié leur vie à décortiquer des questions difficiles sur le monde naturel dans lequel nous vivons -, nous sommes paralysés, ne sachant plus si nous devons nous préparer pour aller au travail le lendemain matin. [...]

S.J. Green, directeur de recherche pour le British American Tobacco, qui reconnaissait finalement que son industrie s’était mal comportée, non seulement moralement, mais aussi intellectuellement, déclara : “L’exigence d’une preuve scientifique est toujours la bonne formule pour l’inaction et la temporisation, et c’est d’habitude la première réaction du coupable. Le fondement adéquat d’une prise de décision, bien sûr, c’est tout simplement ce qui parait raisonnable dans les circonstances du moment.”

La métaphore du procès

Les auteurs emploient également la métaphore très éclairante du procès. Par exemple, le débat autour du réchauffement climatique est comme un procès pour meurtre où vous seriez juré.

Vous n’avez pas assisté au meurtre de visu, mais il va vous falloir juger. Par hypothèse, il va vous falloir faire confiance, analyser les preuves, écouter les experts et, enfin, décider. Peut-être un expert contredira les 49 autres unanimes. Peut-être l’avocat de la défense expliquera-t-il que l’arme du crime a été placée chez lui par les policiers ou le prévenu évoquera-t-il un homme en noir qui l’aura obligé à tuer sa femme, ou que son ADN a été volontairement placé sur les lieux par le vrai coupable. L’avocat de la défense demandera en permanence de nouvelles “preuves définitives”, pour acquérir la “certitude”. Mais c’est impossible, par nature.

Ainsi, vous n’aurez aucune certitude. Mais vous condamnerez si vous estimez que vous doute sont en dessous d’un niveau raisonnable.

Sur le réchauffement climatique, la communauté des experts ne doute plus. Quelques pourcents continuent le combat, mais ils sont trop peu nombreux pour que le grand public ou les médias doivent les prendre en considération – qu’ils continuent à essayer de convaincre leurs pairs dans les cénacles clos de la science, et cessent de paralyser l’action – sans quoi, on acquittera 100 % des prévenus faute de certitude absolue.

Donner de l’audience à ces idées (qui DOIVENT être exposées, rappelons-le, mais pas dans le grand public, il y a des lieux pour cela), au nom de “démocratie”, “débat”, “équilibre”, “liberté de pensée”, c’est en fait prendre parti contre la science, et contribuer à semer le doute, pour récolter l’inaction. Et sur de nombreux sujets, l’inaction est criminelle – comme cela le serait d’offrir le 20 heures au professeur XXX, payé par les cigarettiers, qui expliquerait qu’il pense que le tabac ne donne pas le cancer, ou qu’on attrape pas le SIDA par le sexe… Ce serait irresponsable.

Plus largement, et face au très large consensus scientifique, on peut dès lors se demander “mais que faut-il de plus à ceux qui doutent pour que nous agissions” ? 100 % des scientifiques d’accord ? Cela n’arrivera jamais – entre les incompétents, les super égos, ceux qui ont l’esprit de contradiction et, surtout  ceux achetés par les industriels .. 100 ans d’observation de plus ? Oui, c’est sûr que cela serait mieux, mais il sera probablement bien trop tard… Bref, tout est bon pour ne rien faire face aux problèmes…

Bonus exclusif

Si le sujet vous intéresse, j’ai obtenu l’accord de l’éditeur (que je remercie – et achetez ce livre si ce sujet vous plait !) pour reproduire l’introduction du livre, que vous pouvez télécharger ici.

Les marchands de doute

Source: http://www.les-crises.fr/les-marchands-de-doute/


[Propagande] Réchauffement humain du climat : scientifiques, médias et population

Friday 26 December 2014 at 00:02

Je vous propose aujourd’hui une petite synthèse éloquente sur le réchauffement climatique.

Ce que pensent les scientifiques

Des études intéressantes ont été réalisées sur la vision du réchauffement climatique d’origine humaine par les climatologues spécialisés :

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010, dont le compte rendu est disponible plus bas.

Ce que rapportent les médias

Maxwell Boykoff a beaucoup travaillé sur la diffusion par les médias des études sur le réchauffement climatique, en particulier aux États-Unis et en Angleterre.

Ses conclusions sont sans appel :

Il a réalisé plusieurs études très intéressantes, sur lesquelles je vous renvoie en cas de besoin.

Ce que pense la population

Un sondage anglais de 2010 a été particulièrement éloquent :

Annexe : Une étude affirme qu’il existe un consensus sur le réchauffement climatique

Article du New-York Times relatant les travaux de Anderegg 2010 décrits précédemment, traduit pour ce blog par Valérie Courteau.

De nombreux débats sur le réchauffement climatique semblent se résumer à un recours à des experts, en citant, de part et d’autre, un célèbre scientifique ou un groupe d’entre eux, pour étayer un argument particulier. L’argument invoqué est souvent: «Mon expert est meilleur que le vôtre!”

Dans ce contexte, certains analystes tentent depuis plusieurs années de trouver un moyen pour que les chercheurs sur le climat puissent trouver un terrain d’entente, en tant que groupe, sur les questions centrales dans le débat sur le réchauffement planétaire : La Terre se réchauffe-t-elle, et si oui, les êtres humains en sont-ils en grande partie responsables?

Il existe désormais un nouveau point de vue sur ces études. William RL Anderegg, un candidat au doctorat à l’Université de Stanford et ses collègues co-auteurs, ont établi une base de données de 1 372 chercheurs sur le climat. Ils ont ensuite mis l’accent sur les scientifiques qui ont publié au moins 20 articles sur le climat, afin de se concentrer sur les personnes les plus actives dans ce domaine. Ce qui a produit une liste de 908 chercheurs dont les travaux ont été soumis à un examen minutieux.

Les auteurs ont ensuite classé ces chercheurs en deux catégories : convaincus ou non par les preuves indiquant que le changement climatique serait d’origine humaine, qu’ils aient signé des déclarations publiques entérinant ou dissidentes de celles des Nations Unies, ces dernières s’alarmant de cet état de fait. Ensuite, les auteurs ont analysé la fréquence à laquelle chaque scientifique avait été publié dans la littérature scientifique traitant du climat, ainsi que la fréquence à laquelle chacun d’eux avait été cité dans d’autres documents. (Il s’agit d’une mesure standard de la crédibilité et de l’influence d’un scientifique.)

Les résultats sont assez concluants. Cette nouvelle étude souscrit à l’idée que la grande majorité des scientifiques, spécialistes mondiaux du climat, et actifs, acceptent l’évidence du réchauffement climatique ainsi que le cas où les activités humaines sont la cause principale de celui-ci.

Par exemple, sur les 50 meilleurs chercheurs sur le climat identifiés par l’étude (selon le classement du nombre d’articles qu’ils avaient publiés), il n’y a que 2 pour cent de climato-sceptiques. Parmi les 200 meilleurs chercheurs, seuls 2,5 pour cent le sont. Ceci est cohérent avec les travaux passés, y compris les sondages, ce qui suggère que 97 à 98 pour cent des climatologues acceptent l’évidence d’un changement climatique d’origine humaine.

L’étude démontre que la plupart des scientifiques qui ont été publiquement identifiés comme étant climato-sceptiques ne sont pas actifs dans le domaine de l’édition. Et cette poignée de scientifiques tend à avoir un bilan mince, avec environ moitié moins d’articles publiés que les scientifiques qui acceptent le point de vue traditionnel. Les sceptiques sont aussi moins influents, à en juger par la fréquence à laquelle leurs articles scientifiques sont cités dans le travail des autres climatologues.

«Nous montrons que l’expertise et l’influence, (deux éléments essentiels pour la crédibilité de tout expert), des climatologues convaincus « du changement climatique d’origine humaine » éclipsent largement celle des sceptiques et des anticonformistes», écrivent M. Anderegg et les autres auteurs dans leur étude.

Les climato-sceptiques trouveront très probablement à redire de cette recherche, comme ils l’ont déjà fait par le passé. Précisons que les directeurs de thèse de M. Anderegg sont Christopher Field et Stephen H. Schneider, deux des plus ardents défenseurs de la conception dominante du changement climatique, le Dr Schneider étant un des co-auteurs de la nouvelle étude.

Les climato-sceptiques se plaignent depuis longtemps du fait que la science du réchauffement planétaire est une chambre d’échos dans laquelle, selon eux, il est difficile de se faire publier, si l’on n’accepte pas l’idée reçue selon laquelle les êtres humains sont la cause du réchauffement de la planète. Ils prétendent que c’est un raisonnement circulaire pour obtenir un large consensus scientifique sur la base de leurs publications existantes. Les chercheurs traditionnels rejettent cette accusation, affirmant que les sceptiques du réchauffement climatique ne sont pas publiés pour la simple raison que leurs travaux ne sont pas suffisamment probants.

Dans cette bataille de longue date sur la crédibilité scientifique et la façon de la mesurer, l’étude d’Anderegg analyse une base de données particulièrement importante de chercheurs sur le climat, et va donc plus loin que tous les travaux précédents dans la fixation de chiffres précis pour la discussion.

Source: http://www.les-crises.fr/climat-scientifiques-media-pop/


[Recommandé] Souverainisme versus suprémacisme, par Philippe Grasset

Wednesday 24 December 2014 at 01:01

Excellent article de Philippe Grasset, de DeDefensa

8 décembre 2014 – D’abord, pour nous rafraîchir la mémoire, il y a ce texte d’un juif sioniste, Israélien d’origine ukrainienne dont l’essentiel de sa famille fut massacré pendant la guerre, qui a voulu aller voir sur place, en Ukraine, ce qu’il en était de ce fameux “nazisme ukrainien” sur lequel le bloc BAO (Bloc Américano Occidental), avec un ensemble touchant (“ils parlent en bloc”, dit Lavrov), professe un silence quasi-religieux. Arcady Molev, lui aussi, jugeait les dénonciations russes pour le moins exagérées, et plus certainement comme de la propagande pure et simple. Molev n’aime pas Poutine, il dénonce le régime actuel en Russie, comme le montrent des articles qu’il a publiés. Il a voyagé en Ukraine, du 26 au 29 septembre. Dans son compte-rendu que reprend Russia Insider le 6 décembre 2014, Molev nous rapporte l’épisode de sa visite à Lviv, la grande ville de l’Ukraine occidentale. Il raconte ce qu’il y vit, un immense mémorial à la gloire de Stepan Bandera et de son groupe paramilitaire UPA, des inscriptions sur les murs, des librairies qui mettent en évidence la littérature ultranationaliste et bandériste, avec Mein Kampf bien en évidence, etc… D’où sa conclusion :

«As an Israeli, I have a question to my government, to the Jerusalem Museum, to the Wiesenthal’s Center. You who chase the Nazi criminals all over the world… how can you miss the Lviv Nazi Renaissance? Why do I pay taxes? Don’t you know who Bandera and UPA are? Why didn’t you scream about it all over the world, why didn’t you require the boycott of Ukraine?

»In the year 2000, you recalled our Austrian ambassador, only because some neo Nazi came to power in one region and said that under Hitler it was easier to get a job than under current government. He didn’t erect a 20 meter sculpture to Herring. Didn’t call SS people heroes… And yet, we forced this governor to quit politics. Why are we so blind toward the events in Ukraine? Let me say something heretical here. Maybe for the members of Israeli Establishment, for all these Holocaust officials – all this Holocaust business is just that – profitable business… Maybe the Ukrainian Banderites are good partners, they want to join EU and NATO, they are against Russia. To fight with them means to fight with America. And that’s why their fascism has to be ignored? If that’s the case, I hate you.

»I am convinced that morality should be above politics. No political dividends justify the pact with the Devil. I love my land, my people, my Israel. And this week, when I am in Jerusalem, I will go to Yad Vashem and present them with Mein Kampf and the pictures and the souvenirs from Lviv. And I’ll ask them why are they silent. I have to do it for my people…»

On ne débattra pas ici du contenu de cet article, de la visite de Lviv, des sentiments de Molev, des débats historiques sur Bandera et l’UPA, etc. Ce n’est pas notre propos, puisque notre propos est essentiellement à ce point de signaler cette évidence de la réalité de ce qu’on peut désigner comme le “nazisme ukrainien” face au silence, ou au mieux (ou au pire), à la dénégation des élites-Système et de la presse-Système devant ce qui est un fait avéré. On connaît notre propre sentiment (voir par exemple le 3 octobre 2014 et le 24 novembre2014) devant cette situation qui sacrifie le principal fondement symbolique de la “métaphysique-simulacre” de ce même bloc BAO au soutien à l’Ukraine-Kiev. Il nous paraît intéressant de chercher plus avant pour tenter de trouver une explication plus satisfaisante que le seul argument de l’opportunité politique ; ce thème de l’opportunité politique nous paraît en effet insuffisante, devant le poids et la puissance de ce qui est ainsi sacrifié, et le risque quasiment métaphysique, justement, qui accompagne l’acte.

Pour nourrir ce dossier, nous pouvons nous reporter à une émission de Russia Today qui analysait l’événement du “fameux” vote de l’Assemblée des Nations-Unies sur une résolution condamnant la glorification du nazisme (Canada, Ukraine et USA ayant voté contre, 55 pays s’étant abstenus dont les 27 de l’Europe de l’UE, – voir à nouveau le 24 novembre 2014), – événement symbolique significatif sur lequel, également, les élites-Système et la presse-Système ont opposé leur arme principale, – le silence. Le 26 novembre 2014 était diffusée une émission du programme CrossTalks de RT consacré à cette question du nazisme ukrainien (sous le titre «Whitewashing Fascism»). L’émission de Peter Lavelle est la plus populaire du programme de RT. Elle présente nombre de commentateurs et d’auteurs en général antiSystème mais d’une notoriété affirmée, et les thèmes qui y sont abordés sont le plus souvent d’ordre général et concernant les relations internationales dans un sens large mais, bien sûr, tout aussi largement antiSystème. La question du “nazisme ukrainien” pouvait, de ce point de vue, sortir de la seule catégorie des événements en cours ; d’un autre côté, son traitement était indirectement mais puissamment justifié par le vote de l’Assemblée Générale l’ONU.

On voit, par ces différents points de vue, l’ambiguïté extrême de cette question du “nazisme ukrainien”, où la force du symbole et la bataille de la communication jouent un rôle considérable. Plus encore, il y a cette dimension déjà rappelée de la “métaphysique-simulacre” du Système qui est en jeu (encore notre texte F&C du 3 octobre 2014). Ce caractère très spécifique du sujet choisi rendait encore plus inhabituelle et intéressante l’émission de Peter Lavelle, qui avait comme interlocuteur Dimitri Babich à Moscou, Nebojsa Malic à Washington et Alexander Mercouris à Londres.

Nous notons certains aspects des interventions des trois invités à partir des remarques introductives de Lavelle avouant son incompréhension devant les prises de position officiellement actées à l’ONU sur une question aussi symboliquement délicate, pour une résolution où pas une fois le nom de l’Ukraine n’est mentionné pour en rester à des recommandations d’ordre général sur une approche complètement symbolique du sujet. D’autre part, Lavelle confirma l’absence presque complète du contenu de la presse-Système de cette résolution et des différents votes, sur un sujet où cette même presse-Système est en général d’une sensibilité d’écorché vif puisqu’il s’agit du domaine du nazisme.

• C’est Mercouris qui fit le constat, avec preuve par le “nazisme ukrainien”, qu’aujourd’hui l’antirussisme passait toute autre obligation et faisait pardonner ou, plus facilement, ignorer tout de ce qui aurait été considéré en d’autres cas comme des prise de position et des situations inacceptables. Cette remarque est assez juste et elle nous paraît faire le constat d’une situation assez nouvelle. L’antirussisme n’était pas, il y a dix ans, six ans ni même deux ans, une référence de rejet de cette sorte ; il est devenu à cet égard, dans le code de conduite générale du bloc BAO, la référence absolue de rejet. (… Alors qu’on devrait considérer, selon la “métaphysique-simulacre” mentionnée plus haut, que le nazisme tenait symboliquement et d’une façon inexpugnable cette place.)

• Babich a fait remarquer que nazisme et antinazisme dépendaient de perceptions différentes selon qu’on les considérât de l’Ouest (Europe occidentale, partie intégrante du bloc BAO) ou de l’Est (Europe de l’Est anciennement communiste, Russie). Ainsi, les collaborateurs du nazisme à l’Ouest, pendant la guerre, tinrent une position de principe et d’intérêt à l’intérieur de leurs pays, sans s’impliquer directement dans les aventures nazies (sauf le cas spécifique des unités nationales type LVF en France et divisions SS non-allemandes). Par contre, les collaborateurs du nazisme à l’Est, d’ailleurs parfois pour des raisons de circonstance à considérer (leur opposition au communisme), tinrent très souvent un rôle opérationnel actif, allant jusqu’à des circonstances où ils devancèrent les nazis dans des opérations d’extermination.

• De même y a-t-il une perception différente du nazisme entre Ouest et Est. A l’Ouest, le nazisme est identifié dans son aspect destructeur et maléfique quasi-exclusivement dans le chef de son antisémite. Pour la perception à l’Est, il n’est pas seulement antisémite, il est suprémaciste en affirmant une supériorité raciale et l’infériorité de toutes les autres races, ce suprémacisme englobant alors l’antisémitisme. Cela explique que le Russe, considéré comme un “sous-homme” par les Nazis, se juge aussi menacé par le nazisme que le juif.

Ce dernier point nous arrête parce qu’il est essentiel … Pour nous, le suprémacisme est une attitude à la fois idéologique sinon caricaturalement métaphysique, une attitude intellectuelle impliquant dans le même ordre d’idée une conception du monde, avec un apport psychologique à mesure sans aucun doute, une conception éventuellement raciale mais pas seulement puisque pouvant être également économique et culturelle, avec la politique qui s’ensuit marquée par des excès proprement extraordinaires dans le chef de la logique de l’anéantissement des autres. On voit bien que, dans ce rangement, le racisme n’occupe nullement une place centrale, ni un statut absolu. Notre appréciation a toujours été que le racisme est une situation indirecte, dépendant d’autres facteurs (économiques, politiques, psychologiques), au contrairedu suprémacisme qui est effectivement une conception qui affirme absolument et au-dessus de tout une supériorité donnée. Le racisme est un concept relatif, changeant, amendable, souvent déterminé selon des facteurs extérieurs à lui ; le suprémacisme est un concept absolu, qui ne souffre ni dérogation, ni intrusion quelconque d’une donnée extérieure. Le premier peut conduire à des incidents ou à des crises graves, le second conduit à une logique de l’anéantissement ou, pour employer nos références, à une logique de la déstructuration, de le dissolution jusqu’à l’entropisation (processus dd&e).

Nous avons beaucoup parlé de cette différenciation qui nous semble absolument primordiale. Le suprémacisme anglo-saxon, ou américaniste (qui porte également, dans ce cas, le nom pompeux et plein d’arrogance satisfaite d’“exceptionnalisme”) est, aujourd’hui, ce qui nous occupe le plus dans ce domaine. On sait que nous marions ce suprémacisme avec le système du technologisme, dont le complexe militaro-industriel (US) est l’une des formes les plus puissantes et les mieux organisées, et dont les rapports avec le nazisme sont connus et largement documentés (voir, par exemple, le 26 janvier 2003 et le 19 août 2010).

Nous avons déjà largement exploré ce domaine qui nous paraît essentiel, du suprémacisme de notre contre-civilisation née du “déchaînement de la Matière”. Il est absolument dans la logique de cette hypothèse métahistorique qui est la référence fondamentale de tout notre travail, et il nous paraît que les divers classements idéologiques courants (“fascisme”, “nazisme”, “racisme”, “libéralisme”, etc.), même s’ils renvoient à des épisodes historiques réels ou à des tendances historiques effectives, brouillent aujourd’hui complètement la vérité métahistorique que le suprémacisme, par contre, exprime absolument. Ils sont d’ailleurs maintenus et toujours employés, ces classements, nous en sommes convaincus, pour effectivement brouiller cette vérité métahistorique, et le produit en général de ce que nous nommons la raison-subvertie.

Différents textes ont déjà abordé cette question du suprémacisme du bloc BAO dans le contexte de la crise ukrainienne, notamment le 26 février 2014 et le 28 juin 2014. Ci-dessous, nous donnons deux extraits d’autres textes également consacrés à cette question du suprémacisme considéré de façon plus large et plus haute, avec notamment référence à Arnold Toynbee, de façon à bien fixer, en les rappelant, la notion de suprémacisme, parfois appelé lorsque le speechwriterde Obama-Sain met des gants beurre frais, “exceptionnalisme”…

• Premier extrait, du texte du 15 octobre 2013, avec une approche générale… «La notion de “racisme anglo-saxon” avancée par Toynbee doit être appréciée avec une extrême attention. Pour nous, les Anglo-Saxons ne sont pas racistes, ils sont suprémacistes, le suprémacisme n’étant pas une catégorie du racisme, mais un caractère en soi… Pour nous, le racisme se définit par rapport aux autres, de diverses façons, dans un univers relatif et circonstanciel ; le suprémacisme se définit par rapport à soi, et à soi seul à l’exclusion du reste, comme un caractère identitaire dans un univers absolu. (Le racisme ne conduit pas nécessairement à l’oppression et il peut changer, évoluer, éventuellement disparaître ; le suprémacisme ne peut évoluer par définition et conduit nécessairement à l’oppression.) L’anglosaxonisme, ou panaméricanisme, est suprémaciste, comme le fut le pangermanisme et son rejeton catastrophique que fut le nazisme. (Le même avertissement que dans le point précédent peut être repris pour ce point : “Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système… Il n’y a pas de condamnation plus forte du racisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre le suprémacisme occidental, ou ‘anglosaxonisation’/américanisation”.)»

• Second extrait, d’un texte du 4 juin 2014, où la notion de suprémacisme est reprise pour une nouvelle exploration, cette fois par rapport aux usual suspects, principalement l’UE ayant emprunté la même voie que les USA, qui porte aussi et là encore le nom pompeux d’exceptionnalisme… «Ainsi parlons-nous d’exceptionnalisme, et encore plus de suprémacisme, en observant que l’UE, et donc les pays européens, ont endossé cette dialectique prédatrice caractérisant aujourd’hui l’Occident dans son entier, sous l’habit du bloc BAO en mode de surpuissance-autodestruction. On pourrait dire que le suprémacisme est au racisme, dans l’échelle des délits éventuels, ce que l’assassinat prémédité systématique est à un homicide involontaire accidentel, pour ce qui est de l’intensité et de l’orientation de la psychologie gouvernant l’attitude qui en résulte. L’exceptionnalisme-suprémacisme a complètement envahi l’UE, à visage découvert, véritablement comme une doctrine active de fonctionnement, dans tous les cas depuis le coup de force de novembre 2013 (négociations avec l’Ukraine). Ce qui était sur le moment le simple résultat d’une mécanique bureaucratique est devenue une sorte de doctrine activiste, fondée sur l’affirmation d’une sorte de supériorité morale, psychologique et technologique comme un équivalent postmoderniste à la supériorité raciale et ethnique des suprémacismes des XIXème-XXème siècles. Il s’agit du plus récent avatar de l’extension du concept d’“occidentalisation” (que nous nommons plutôt “anglosaxonisation”) identifié par le philosophe de l’histoire et historien des civilisations Arnold Toynbee après 1945, qui s’est très fortement sophistiqué au niveau de la de la communication et de la perception que ceux qui l’éprouvent en ont, jusqu’à changer de nature pour devenir l’actuel et postmoderne exceptionnalisme-suprémacisme…»

Le souverainisme, arme ultime de la résistance

Ces deux dernières années, culminant avec l’Ukraine, s’est développée la thèse d’une “collusion tactique” entre le libéralisme et le fascisme/nazisme dans des occurrences telles que les “révolutions de couleur”, et bien entendu l’Ukraine qui représente une “révolution de couleur” transformée en un processus violent de prise de pouvoir par la coercition, éclairant d’autant plus l’illégalité du processus, par son viol du principe de la souveraineté. (Il serait temps que les excellences qui prétendent nous gouverner comprennent que la souveraineté, qui est un principe qui n’a aucune nécessité géographique, n’a aucun rapport obligé avec l’intangibilité des frontières, comme le montre l’action magistrale de Talleyrand au Congrès de Vienne en 1814-1815. Cette idée serait utile pour l’argumentation du bloc BAO contre la Russie, où tout cela est mélangé dans un désordre qui en dit long sur la fermeté des esprits servis par une psychologie à la faiblesse extraordinaire.) Dans ce cas évoqué de la “collusion tactique” dite également “orange-brune” pour mettre la touche de romantisme de la “révolution orange” d’Ukraine, soi-disant libérale, en 2004, la partie extrémiste (fascisme/nazisme) était considérée comme une sorte de “masse de manœuvre” faite d’“idiots utiles”, au service du libéralisme prédateur et gourmand de regime change.

Nous n’appréhendons nullement la situation en ces termes, beaucoup trop idéologisés pour notre compte, et donc comptable d’innombrables déformations d’interprétation et de conception, au gré des propres engagements idéologiques de ceux qui en jugent. Nous nous référons plutôt, on l’a compris, à l’hypothèse du suprémacisme, qui est par sa nature même déstructurant et dissolvant des “autres“, jusqu’à l’entropisation que constituerait leur anéantissement, parce que ces “autres” sont nécessairement condamnés par la logique poussée à son extrême du concept même de suprématie. Dans ce cas, nous voyons bien que la mouvement du bloc BAO, essentiellement opérationnalisé par les USA, retrouve une ancienne connivence avec le nazisme déjà visible dans le cas du CMI des USA durant la période des années 1940, qui répond par ailleurs à notre thèse sur le “déchaînement de a Matière ” et l’“idéal de puissance” où le mouvement pangermaniste conduisit de la deuxième moitié du XIXème siècle jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale la dynamique avant de le céder au panaméricanisme qui est une version modernisée (ou postmodernisée, comme on dit “postsynchronisée”) de l’anglosaxonisme, de même substance même si le second (le panaméricanisme) liquida le premier (le pangermanisme) comme un grand groupe du corporate power liquide un concurrent pour le monopole du même marché… Nous restons entre suprémacistes, qui se retrouvent en Ukraine un gros demi-siècle plus tard, avec le même but : la bataille contre les “sous-hommes”, comme dit l’idéologie, et plus spécifiquement pour le cas la bataille pour l’élimination du “sous-homme” russe, le fameux Untermensch des nazis. (Seule diffère la méthode, l’extrême violence pour les nazis, la violence indirecte mais non moins extrême sur le terme pour les soi-disant “libéraux” avec des résultats qui ne le cèdent pas à la première formule, sinon la surpassent… Encore que, en Ukraine, on pourrait croire, à voir la façon dont fut menée la campagne contre la Novorussia, que tout le monde admet pour l’occasion, ou finit par reconnaître la vertu expéditive de la méthode nazie, – car le temps presse.)

Qui plus est, pour nous cette hypothèse suprémaciste, cette thèse même, va au cœur des choses. Elle est non seulement utilitariste et opérationnelle, elle est également et décisivement conceptuelle et substantielle. Dans sa version pseudo-libérale, elle proclame l’anéantissement, en commençant par la déstructuration et la dissolution (la dérégulation, en langage de la globalisation), non comme un moyen, comme un outil, mais bien comme un but en soi. Le suprémacisme est de ce point de vue, et comme nous l’identifions, intrinsèquement pervers et maléfique, sinon satanique si l’on veut un qualificatif plus imagé. Bien entendu, il ne concerne pas une seule catégorie, une seule “race”, etc., – il concerne une conception même du monde, où l’Occident (le bloc BAO) s’est engagé sous l’impulsion terrible du Système, d’une façon ou d’une autre, avec entrain ou sous la contrainte. Dans ce cas, notre intuition centrale du “déchaînement de la Matière” est une sauvegarde de nous-mêmes, en retrouvant notre conception qui évite la culpabilité suprême puisque dans ce cas lesapiens succombe simplement par faiblesse de la psychologie à la proximité du Mal…

Mais surtout, pour ce propos, l’intérêt de cette hypothèse est également, – et fondamentalement, – de conduire à l’identification de l’adversaire, du seul adversaire possible de cette dynamique suprémaciste. Une seule force peut opposer une résistance décidée et acharnée, sinon décisive, parce qu’elle retourne (“faire aïkido”) naturellement, puisque constituée par leur contraire, les armes du processus “dd&e” contre la dynamique suprémaciste, – dito le Système. Au niveau politique comme au niveau métahistorique, il ne s’agit de rien moins que le souverainisme, qu’on retrouve aussi bien chez un de Gaulle que chez un Poutine, qui est fondamentalement structurant et complètement principiel si on le considère d’un point de vue métahistorique. Sur le souverainisme, qui renvoie aussi bien à la souveraineté pour son contenu qu’à la légitimité pour sa forme même, nous ne pouvons que réitérer ce que nous écrivions le 4 juin 2013 à propos d’un commentaires des époux Leverett sur l’Iran, – où l’on voit que les concepts embrassent, explicitent et mettent à nu toutes les crises en cours selon les mêmes références : l’équation “suprémacisme versus souverainisme” a pour elle l’avantage de l’universalité, par conséquent l’effet infiniment vertueux de dissiper tous les faux-semblants, faux-nez, etc., qui servent bien sûr de couverture aux suprémacistes mais aussi à nombre de leurs adversaires qui aimeraient protéger leur propre idéologie en réduisant le concept de suprémacisme au “racisme” qui satisfait tout le monde en procurant une belle unanimité de dénonciation . (On ajoutera une ironie que certains sont invités à gouter : selon ce rangement, le souverainisme est la seule tendance conceptuelle forte qui soit, par sa nature évidente et son opérationnalité inévitable, absolument antiraciste.)… Le texte cité avait évidemment comme titre «Considérations sur la souveraineté».

«En vérité, l’exposition que font les Leverett des cas iranien et israélo-américaniste n’a pas besoin de “narrative”. La chose parle d’elle-même, là aussi, et elle est intéressante parce qu’elle n’est pas connue, parce que, justement, les Iraniens n’ont pas de “narrative”. Ils présentent naturellement, selon des comportements et des réflexes qui renvoient à des antécédents historiques fondamentaux, une politique extérieure principielle, donc respectueuse du principe de la souveraineté selon, par exemple, la définition qu’en faisait Talleyrand (voir le 16 août 2007, sur la légitimité qui induit la souveraineté, définie par Talleyrand) : principe qu’on veut respecter pour soi-même, et qu’on respecte nécessairement chez les autres pour ne pas le détruire ; il s’ensuit nécessairement une politique d’équilibre entre les nations et les forces qu’elles représentent. (C’était évidemment le cas de l’axe fondamental du gaullisme : affirmer le principe de souveraineté [d’indépendance] pour soi, donc l’affirmer et le respecter également pour les autres pour ne pas le vider de sa substance.) L’appréciation des Leverett, et de cette politique principielle, a la vertu selon nous, particulièrement dans le cas de l’Iran, de pulvériser toutes les “narrative” (c’est le cas d’employer le mot) sur l’influence irrationnelle et maléfique de la religion, qui est le principal moteur de l’appréciation à connotation sans aucun doute suprémaciste que font les pays du bloc BAO de l’Iran et de nombre de pays musulmans. (Suprémacisme plutôt que racisme, et suprémacisme bien pire que racisme puisque racisme impliquant nécessairement la notion prioritaire de la supériorité à finalité prédatrice qui entre dans la logique oppressive de l’“idéal de puissance”.) Dans d’autres cas qui voient ce jugement suprémaciste, comme pour la Russie et la Chine par exemple, le facteur “religion” est remplacé par le facteur “idéologie”, – mais la démarche suprémaciste demeure bien entendu, puisqu’elle est la maladie même du Système lui-même. (Nous disons bien “Système” et n’employons sur ce point l’expression “bloc BAO” que parce que les exceptions et les singularités historiques ont disparu, étouffées par le Système. Du temps de la France gaulliste, la politique gaullienne était un modèle pour tous les pays du tiers-monde, non-occidentaux, etc., par son refus de l’hégémonie, notamment occidentaliste et américaniste. Alors, il n’y avait pas de bloc BAO. Depuis, la France a comme l’on sait intégré le bloc BAO qui s’est formé dans les conditions qu’on connaît, mais l’essence historique, sinon métahistorique, qui a produit le gaullisme, qui se manifeste régulièrement [Talleyrand], demeure en latence.)»

Il est évident qu’une telle définition désigne le souverainisme comme ennemi principal et même seul véritable ennemi du suprémacisme, – exactement comme la structure principielle est la seule réelle opposition au processus “dd&e” du Système. Et, par conséquent, que fait Kiev sinon attaquer le souverainisme lorsqu’il attaque la Novorussia où une population entend être souveraine sur le sol qui est sien, au nom de ses spécificités mises en cause par le nouveau pouvoir ? Que fait le bloc BAO en mettant la Russie dans la position où elle la met, sinon attaquer le souverainisme de Poutine, sous sa forme d’affirmation nationale, culturelle et spirituelle ? Le simulacre de la morale et le mensonge comme moyen de proclamer la vérité nous confirment sans aucun doute que nous nous trouvons devant des adversaires des principes et du souverainisme, parce que leur bassesse d’esprit, leur faiblesse psychologique, l’inversion de leur raison en sont de très solides garants. La qualité des sapiens ne trompe pas, dans de tels cas.

Entre “libéraux” du bloc BAO et “nazis d’Ukraine”, il n’y a donc pas d’“alliance contre-nature”, d’“entente tactique”, d’“idiots utiles” de l’un par rapport à l’autre ou de l’autre par rapport à l’un, mais bien rencontre et retrouvailles, convergence de conceptions, d’ambitions et d’objectifs opérationnels (l’anéantissement, dans tous les sens du terme, jusqu’au plus terrible qui soit, que ce soit anéantissement par les camps ou anéantissement par entropisation des structures). On retrouve tout cela intégré logiquement dans les concepts du “déchaînement de la Matière”. La pureté de cet agglomérat renvoie à une égale pureté, mais dans un rapport d’inversion évidemment, du discours souverainiste, le seul possible pour tenir l’esprit et la psychologie face au suprémacisme. Nous dirions même qu’il s’agit d’un cas patent d’hygiène mentale : si vous n’appuyez pas votre pensée sur la structure du principe qu’implique le souverainisme, votre pensée s’étiolera à un moment ou l’autre sous la poussée déstructurante/dissolvante du suprémacisme … Avant l’anéantissement physique, le suprémacisme postule l’anéantissement spirituel et psychologique du Untermensch. Dans ce cas, on ne peut hésiter une seconde pour la riposte…

Source : dedefensa.org

Source: http://www.les-crises.fr/souverainisme-versus-supremacisme-par-dedefensa-org/


Miscellanées du mercredi (Sapir, Béchade)

Wednesday 24 December 2014 at 00:03

I. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Krach à Dubaï, les stratèges sont hilares -17/12

Philippe Béchade VS Stanislas de Bailliencourt (1/2): Baisse du CAC 40: Cette nouvelle chute des marchés s’apparente-t-elle à un mini krach ? – 17/12

Philippe Béchade VS Stanislas de Bailliencourt (2/2): Les crises des marchés vont-elles pousser la BCE à réagir ? – 17/12

II. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: L’alliance russo-saoudienne va faire chuter le pétrole à 50$ ? 16/12

La minute de Jacques Sapir : Nouveau président ou non, la Grèce n’ira pas mieux ! – 23/12

Jacques Sapir: Grèce: Pourquoi l’éventuelle arrivée de Syriza au pouvoir est-elle une menace pour l’Europe et la zone euro ? – 23/12


 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-23-12-2014/