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[Propagande] Autopsie du corps d’un député anti-Poutine

Thursday 18 December 2014 at 02:58

Sans commentaire – une information qu’il était urgent de communiquer au public français…

Un tribunal allemand a ordonné une autopsie du corps du député conservateur Andreas Schockenhoff, l’un des élus du Bundestag les plus critiques envers la politique du Kremlin, décédé subitement samedi à l’âge de 57 ans, a-t-on appris aujourd’hui auprès du parquet.

Nous ne connaissons pas les causes du décès“, a déclaré à Reuters Karl-Josef Diehl, du parquet de Ravensburg. “Afin de les établir clairement et de balayer les doutes et les spéculations, notamment liés aux anciennes fonctions du défunt en tant que coordinateur de la politique du gouvernement envers laRussie, une autopsie a été réclamée et obtenue par le tribunal.” Cette autopsie est censée être pratiquée aujourd’hui et ses résultats seront annoncés demain.

Selon la presse allemande, il s’agit d’une “mort naturelle”. En 2011, après un accident de voiture, le député avait reconnu souffrir d’un problème d’alcool et avait suivi une cure de désintoxication.

Andreas Schockenhoff a été le coordinateur de la politique allemande envers la Russie de 2006 jusqu’au début de cette année. Il y a deux ans, il avait suscité la colère de Moscou après la publication d’un rapport parlementaire très critique envers la politique de Vladimir Poutine.

Le mois dernier, dans un entretien à la radio Deutschlandfunk, il avait plaidé pour de nouvelles pressions sur la Russie qu’il accusait de mener une “guerre hybride” contre l’Ukraine et l’Occident.

Source : Lefigaro.fr avec Reuters

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Finalement… (bien entendu,  le Figaro n’a pas jugé utile de reprendre la dépêche…)

Rien de suspect dans la mort du député allemand Schockenhoff

Reuters le 17/12/2014 à 13:20

BERLIN, 17 décembre (Reuters) – L’autopsie du député conservateur allemand Andreas Schockenhoff, un critique virulent de la politique de Vladimir Poutine décédé subitement samedi à l’âge de 57 ans, n’a rien révélé de suspect, a annoncé mercredi le parquet de Ravensburg.

Selon les examens effectués, Schockenhoff a été victime d’une crise cardiaque ou d’un coup de chaud excessif après s’être endormi au sauna. “Rien ne laisse supposer un acte de violence ou l’intervention de qui que ce soit”, a déclaré le procureur Karl-Josef Diehl, se fondant sur les résultats préliminaires de l’autopsie. Le rapport toxicologique sera disponible dans quelques jours. Un tribunal allemand avait ordonné une autopsie “afin d’établir clairement les causes du décès et de balayer les doutes et les spéculations, notamment liés aux anciennes fonctions du défunt en tant que coordinateur de la politique du gouvernement envers la Russie”.

En 2011, après un accident de voiture, Andreas Schockenhoff avait reconnu souffrir d’un problème d’alcool et avait suivi une cure de désintoxication. Le député de la CDU a été le coordinateur de la politique allemande envers la Russie de 2006 jusqu’au début de cette année. Il y a deux ans, il avait suscité la colère de Moscou après la publication d’un rapport parlementaire très critique envers la politique de Vladimir Poutine. Le mois dernier, dans un entretien à la radio Deutschlandfunk, il avait plaidé pour de nouvelles pressions sur la Russie qu’il accusait de mener une “guerre hybride” contre l’Ukraine et l’Occident.

(Erik Kirschbaum, Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)

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Si le titre du Figaro était déjà pas mal, celui du Telegraph était encore mieux:
“Was German MP killed by Russia?” link to telegraph.co.uk

Un commentaire à la suite de cet article :

“Il est évident que Poutine l’a tué, tout comme il avait déjà assassiné Elvis dès 1977 et le Pharaon Amenhotep IV en 1334 av JC. IL y a plein de preuves.
Et quiconque pense le contraire est un troll payé par Poutine”

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-autopsie-du-corps-dun-depute-anti-poutine/


Les effets de la propagande de guerre…

Thursday 18 December 2014 at 00:49

Très court billet : reprise d’un commentaire du blog posté lundi : tout est dit. C’est quand même fascinant…

“Ma fille 15 ans vendredi dernier, un peu inquiète: “au lycée on dit que Poutine veut la 3ème guerre mondiale”

(on fait peur et on nomme le coupable, rapide, efficace, beaucoup plus simple qu’une étude comparative de Kerry et Lavrov dans le texte…)

Quelle propagande ?”

Source: http://www.les-crises.fr/les-effets-de-la-propagande-de-guerre/


Point sur la chute du rouble, par Jacques Sapir

Wednesday 17 December 2014 at 02:05

Articles de Jacques Sapir du 16/12

Je suis toujours fasciné de voir ainsi les États attaqués par la spéculation interne et externe sans réagir.

Pourtant il ne serait pas si compliqué de leur tordre le cou en interdisant (ou limitant fortement) la capacité pour un acteur à acheter des devises.

Il suffirait de vérifier que les devises demandées servent à ce qu’un acteur de l’économie réelle achète un bien ou un service – sinon, niet pour que la Banque centrale serve la monnaie demandée…

Le rouble a été durement attaqué hier, lundi, et a connu une nouvelle baisse importante. En réaction, la Banque Centrale de Russie a monté son taux directeur de 10,5% par an à 17%. Cette réaction, dont on peut comprendre la logique, risque d’être insuffisante. Compte tenu de la nature des attaques spéculatives dont le Rouble est l’objet, seul des mesures de contrôle des capitaux sont en mesure de ramener le calme sur le marché des changes.

I. Un mouvement clairement spéculatif.

Il est clair désormais que le rouble fait l’objet d’attaques spéculatives. Les causes structurelles de sa baisse sont connues :

Ces causes sont connues. Mais il est aussi clair que l’on est en présence d’un mouvement spéculatif. Les effets de ce derniers peuvent être lus dans les graphiques suivants.

Graphique 1

Volumes sur le marché des changes – Marché au comptant

 A - Rubl Compatnt

Graphique 2

Volumes sur le marché des changes – Marché à terme

 A - Rub Lendemain

Sources : graphiques 1 et 2 – Banque Centrale de Russie et Marché Interbancaire des Changes (MICEX-MMVB)

On sait aussi que les pressions à la baisse devaient se ralentir, voire s’inverser, au début de 2015. Les remboursements des entreprises russes doivent baisser fortement en 2015 et l’on peut penser que le prix du baril de pétrole va remonter à partir de février, en raison de risques que cette baisse fait courir à l’économie américaine. Rien ne peut justifier les mouvements récents, rien sauf le spéculation. L’ampleur des mouvements récents traduit en réalité une spéculation de la part d’acteurs russes mais aussi étranger (des fonds spéculatifs). C’est cette spéculation à la baisse qui a provoqué la chute brutale du Rouble lundi 15 décembre.

Graphique 3

Mouvement des remboursements

A - PaiementsTrim - copie

Source: Banque Centrale de Russie. Estimation du solde positif de la balance commerciale de la Russie à 10 milliards de dollars par mois.

II. Une réaction logique mais sans doute inefficace.

Dans ce contexte, la décision prise dans la nuit du 15 au 16 par la Banque Centrale de Russie se comprend parfaitement. Pour casser la spéculation elle monte fortement les taux afin de rendre le rouble plus cher. Les agents qui contracteraient des emprunts en roubles pour les transformer en dollars devront payer bien plus cher. Mais, un taux de 17% par an n’est pas dissuasif pour ce genre de spéculation où les positions prises le sont à la journée voire, au plus, à la semaine. La BCR devra alors soit continuer de faire monter ses taux soit noyer le marché par des ventes massives de dollars afin de faire remonter brutalement le Rouble et de prendre les spéculateurs à contre-pied, leur faisant perdre beaucoup d’argent.

C’est donc une stratégie possible, les réserves en devises de la BCR sont largement suffisantes, mais c’est une stratégie couteuse. Les montants que la BCR devra accepter de dépenser pourraient atteindre les 100 milliards de dollars en quelques semaines si elle veut faire du mal aux spéculateurs. Par ailleurs, cette très forte hausse des taux aura des conséquences très négatives pour l’économie, au moment ou de nombreuses entreprises russes cherchent à investir pour développer des productions de substitution aux importations. Dans ces conditions, soit il s’agit d’une politique de court terme, et on verra ce qui se passe sur le marché des changes très vite, soit la BCR devra se résoudre à introduire un contrôle des capitaux comme nous le lui avons conseillé depuis plusieurs mois.

III. Des mesures de contrôles sont plus efficaces.

Il est en effet connu que des mesures de contrôle des capitaux sont des armes efficaces face à un marché qui est l’objet de mouvements spéculatifs. L’ampleur de cette spéculation conduit à des mouvements de capitaux importants, qui sont parfaitement identifiables et qui peuvent être interdits ou qui peuvent donner lieu à des pénalités dissuasives. Par ailleurs, un contrôle des capitaux a pour effet de déconnecter les taux d’intérêts internes et ceux des marchés internationaux. Il devient possible de baisser les taux d’intérêts, ce qui est profitable pour l’industrie et les entrepreneurs.

Des mesures de ce type ont été appliquées avec succès dans plusieurs pays. Elles sont désormais recommandées dans ce type de situation par le FMI et par de nombreux économistes. Mais, il est clair que c’est une décision politique. La BCR avait exclu en octobre le recours à des mesures de ce type. Elle va devoir prouver très rapidement que l’arme des taux peut être efficace. Dans le cas contraire, il faudra qu’elle mette très rapidement (d’ici à la semaine prochaine) en place un mécanisme efficace de contrôle des capitaux.

Source : http://russeurope.hypotheses.org/

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Extrait de cet entretien au Figaro :

Cela modifie-t-il la donne sur le plan géopolitique?

Il est frappant de voir que cette crise frappe la Russie alors que cette dernière, après avoir signé d’importants accords pétroliers et gaziers avec la Chine, a passé des contrats importants en Inde (construction de 12 centrales nucléaires d’ici 2030) et avec le Mexique. En fait, la Russie était en train de rééquilibrer la structure de ces exportations et s’affirmait de plus en plus comme un acteur important dans le développement des pays émergents. Cette crise, si elle ne peut remettre en cause ces contrats, pourrait néanmoins freiner le processus commercial.

Cette crise pourrait aussi accélérer le processus de rapprochement entre la Chine et la Russie. La Chine, rappelons-le, a toujours un système de contrôle sur les capitaux et elle contrôle aussi le taux de change du Yuan. Si la Russie se décide à mettre en place un contrôle des capitaux, cela voudra dire qu’elle se rapprochera encore un peu plus de son grand voisin. Telle pourrait être en définitive l’issue de cette crise.

Peut-on parler définitivement de nouvelle guerre froide?

Le terme de guerre froide est inapproprié car la situation actuelle n’a plus rien à voir avec celle des années cinquante à quatre-vingt. Il n’est d’ailleurs plus possible d’isoler la Russie. Ses relations avec la Chine, mais aussi l’Inde, les pays d’Amérique Latine et les pays du Moyen-Orient sont qualitativement et quantitativement d’une nature bien différente que les relations que pouvait avoir l’URSS avec les autres pays. Mais, le conflit entre la Russie et les Etats-Unis pourrait bien dégénérer. En particulier, si la Russie acquiert l’intime conviction que les Etats-Unis sont à l’origine de la crise spéculative actuelle, les répercussions sur les relations entre ces deux pays pourraient être importantes et de longue durée.

Source: http://www.les-crises.fr/point-sur-la-chute-du-rouble-par-jacques-sapir/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 17 December 2014 at 00:20

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: Draghi ne serait-il que l’hôtesse d’accueil de la BCE ? – 08/12

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): Marchés: La zone euro est-elle en danger ? – 15/12

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Hausse du dollar: quels impacts sur la croissance mondiale ? – 15/12

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : “Apple pourrait racheter la Grèce” – 10/12

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (1/2): Le cas grec fait-il réapparaître un risque systémique pour la zone euro ? – 10/12

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (2/2): Prévisions chocs de Steen Jakobsen pour 2015 : la probabilité que Draghi quitte la BCE est-elle fondée ? – 10/12

Bilan Hebdo: Philippe Béchade et Jean-Louis Cussac – 12/12

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : L’arnaque politique grecque – 09/12

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (1/2): Les marchés vont-ils terminer l’année à la hausse ? – 16/12

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (2/2): L’économie chinoise est-elle en train de ralentir ? – 16/12

III. Stupid wars ! La Guerre contre le Terrorisme 2.0 (vostfr)


 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi, ou les sites Soyons sérieux et Urtikan.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-17-12-2014/


[Insider] Moi, ancien directeur financier industriel…

Wednesday 17 December 2014 at 00:01

Aujourd’hui, un témoignage d’un insider, lecteur du blog…

Voici l’histoire d’un directeur financier qui a quitté son emploi après plus de dix ans de carrière au sein d’une entreprise industrielle multinationale.

Au cours de cette période, j’ai pu constater la dérive de la société qui m’employait vers une logique de plus en plus de court terme. La cause de ce phénomène est la financiarisation et en corollaire l’évolution de l’attitude des dirigeants. Par dirigeants, j’entends le comité de direction du groupe (CET : Corporate Executive Team) et le conseil d’administration (Board of Directors).

Avant de poursuivre, je souhaiterais évoquer brièvement mon parcours. Après des études de gestion et de finance, j’intègre un cabinet d’audit. Après quelques années d’expérience, l’absence de perspective me conduit à élaborer un nouveau projet professionnel. Il devra être en phase avec mes valeurs et me permettre d’avoir un travail au sein duquel je pourrais construire quelque chose. Mes critères sont stricts. De fait, plus d’une année se passe avant de trouver une entreprise dans laquelle je souhaite travailler et qui souhaite m’engager.

Une entreprise qui a des valeurs et une vision à long terme

Au début des années 2000, je rejoins donc une belle entreprise industrielle multinationale. Elle est présente sur les cinq continents. Elle a un actionnariat familial et une longue histoire puisque qu’elle fêta ces 150 ans en 2001. Ce groupe est à cette époque, le résultat d’acquisitions externes faites au cours des années 1990. Ces acquisitions ont été faites à des valorisations raisonnables permettant un retour sur investissement raisonnable entre sept et dix ans. Les sociétés rachetées sont aussi en parfaite cohérence avec la stratégie du groupe.

Ce groupe fait des profits qui lui permettent d’autofinancer ses investissements, de distribuer des dividendes réguliers à ses actionnaires et d’augmenter les salaires de ses employés chaque année.

J’intègre comme contrôleur de gestion une de leur usine. Le directeur financier qui m’a embauché est alors âgé de 55 ans. Il me présente un plan d’investissement de 10 ans ayant démarré en 1995 et courant jusqu’en 2005. Ce plan couvrait des augmentations de capacité de production mais aussi des dépenses sans retour sur investissement rapide comme une nouvelle chaudière à gaz, plus économe et moins polluante que celle au fuel, et une nouvelle station d’épuration biologique et non plus physico-chimique, ayant permis de réduire les rejets polluants. Le groupe vient aussi de terminer de lourds investissements informatiques.

Il est plaisant de travailler avec des gens de tous âges. Plusieurs jeunes cadres âgés entre 25 et 30 ans ont été embauchés récemment. En effet, les responsables quinquagénaires pensent à former une génération montante. Ils préparent tout simplement leur départ à la retraite qu’ils envisagent entre 60 et 65 ans.

Je réalise que je viens de rejoindre une entreprise avec beaucoup d’histoire et des hommes engagés, respectueux et respectables. Cette entreprise est gérée avec bon sens. Les investissements sont continus pour maintenir sa compétitivité et évoluer avec le monde qui l’entoure.

Au bout d’un an, une opportunité m’est présentée. La mission est de partir à l’étranger dans une usine qui perd de l’argent pour la redresser. Dans le même temps, je deviens aussi responsable du contrôle de gestion de deux autres sites. Mon nouveau patron est une nouvelle recrue du groupe. Il a 46 ans et possède une forte culture industrielle. Il possède une vision de long terme tout en étant respectueux et respectable.

Les choses basculent

En 2004, une vague de quinquagénaires se fait licencier dont le directeur financier qui m’avait embauché. L’idée est de réduire les coûts annuels récurrents. Tant pis pour l’expérience perdue. Certains jeunes loups arrivistes grimpent fortement dans la hiérarchie. Leur valeur est l’argent. Leur motivation est le bonus.

Les investissements sont gelés. La dernière phase du plan décennal d’investissement de l’usine dans laquelle j’ai démarré, est ajournée. Les trois usines pour lesquelles je travaille, en sont réduites au pain sec et à l’eau en ce qui concerne leurs investissements pour le plan stratégique 2005-2007 que nous élaborons au cours du printemps 2004.

Mais pourquoi tous ces changements si soudains me demanderez-vous. La réponse est simple : le groupe prépare son introduction en Bourse pour l’année 2006. La raison officielle est de lever des capitaux pour pouvoir faire plus d’investissements. La raison officieuse est de permettre à certains gros actionnaires familiaux de céder leurs actions plus facilement sur les marchés financiers.

De mon côté, je me suis bien intégré dans mon nouveau poste. L’ambiance de travail est géniale. L’équipe parvient à redresser les comptes du site. Cela est rendu possible grâce à une simplification de la gamme de produits, des gains de productivité provenant de meilleures méthodes de travail, des actions commerciales et aussi une forte motivation des troupes autour du projet qui consiste à sauver cette usine. Nous progressons sans investissement. Nous évitons aussi un plan social. Quelques licenciements sont faits à la marge liés à quelques cas individuels problématiques.

Le groupe change de PDG et de conseil d’administration en 2005. Il est introduit en Bourse l’année suivante. Une augmentation de capital est réalisée. Une grosse ligne de crédit est mise à disposition par les banques pour des investissements.

Après deux années sans investissement, il faut maintenant investir. Il faut le faire vite et bien. Il faut montrer aux marchés financiers ce dont le groupe est capable.

Plusieurs centaines de millions d’euros d’investissement sont programmés dans les deux ans. L’argent est réservé aux divisions et lignes de produits rentables. La logique est que ce qui est rentable aujourd’hui le sera forcément demain. Les autres doivent continuer à se serrer la ceinture.

La frénésie d’investissement démarre. Les ressources humaines sont augmentées à la marge. On fait place aux jeunes parce que les vieux sont lents. Les retours sur investissement doivent tous être inférieurs à cinq ans. On n’écoute ni les ouvriers, ni les ingénieurs, ni les commerciaux. Quelques directeurs généraux et de division sont la fleur au fusil pour dépenser tout cet argent pour le groupe. Miraculeusement, tous les investissements ont des retours sur investissement de cinq ans maximum…enfin sur le papier.

La dernière phase d’investissement de l’usine de mes débuts revient à l’ordre du jour. Dans les coulisses, je sais qu’un retour sur investissement est impossible en cinq ans. Pourtant on y va à fond en dépensant le minimum pour gagner le maximum sur le papier toujours.

De désastre en désastre

Les hausses des matières premières portées par le boom économique de la Chine et la spéculation érodent les marges du groupe dès 2006. Pourtant aucun investissement sérieux d’économie d’énergie ou de matières premières n’est programmé.

On se focalise sur les grands plans où on vendra toujours plus et toujours plus cher. Il est prévu que la croissance soit infinie. La prudence des anciens est mise au placard où se trouvent effectivement quelques quinquagénaires.

L’année 2007 est terrible. Les premiers investissements ont été réalisés. Ils ne génèrent pas les retours prévus. Des millions commencent à être perdus sur de nombreux sites qui étaient pourtant florissant auparavant. C’est le cas de l’usine de mes débuts dont le budget d’investissement initial est fortement dépassé et qui enregistre de lourdes pertes d’exploitation chaque mois.

La panique commence à s’emparer de nos dirigeants. Ils craignent pour leur bonus et leur poste. Leur responsabilité sociétale est le cadet de leur souci.

Il faut faire quelque chose pour rassurer les marchés. Une action rapide et un bon plan de communication suffiront. Il est décidé à la hâte la fermeture de plusieurs usines et des plans de licenciement.

Dans la liste des usines figurent celle où je travaille. Pourtant les comptes de cette-dernière ont été redressés. Elle ne gagne certes pas d’argent essentiellement à cause des contributions qu’elle verse au groupe, mais elle n’en perd pas non plus. Qu’importe, il faut agir. On ferme. La décision est prise début septembre. La production est arrêtée fin octobre. Tout le personnel est licencié courant janvier y compris le directeur général, mon patron, qui avait trop de bon sens aux yeux de certains dirigeants. Mon contrat de détachement m’évite le licenciement. Je suis rapatrié en France. Pourtant j’ai perdu mon travail et tous mes collègues. C’est un choc et une blessure. Je suis abasourdi d’une telle stupidité, d’un tel manque de logique économique et de l’absence totale de respect des personnes.

Bien évidemment, ces décisions ne résolvent en rien les pertes récurrentes du groupe. En effet, les problèmes de fond sont toujours là à savoir l’inefficience totale des nombreux investissements réalisés trop vites.

En revanche, les bonus et les plans de stock-options atteignent des niveaux record en cette année 2007 bien que le groupe ne réalise quasiment aucun profit pour la première fois depuis que j’ai commencé à travailler pour cette entreprise.

Devant une telle débâcle et autant d’erreurs, le PDG est débarqué au début de l’année suivante. Il est remplacé par un vieux loup en interne pour assurer l’intérim sans faire de vague. En revanche, le conseil d’administration qui a pourtant poussé et approuvé tous ces investissements désastreux, reste en place. Les rouages de la politique sont merveilleux et excluent toute logique.

Changement de cap … vraiment ?

Au cours de l’année 2008, une nouvelle division est créée à partir de la scission d’une division existante. Cette division regroupe un beau paquet hétérogène d’entreprises achetées à prix d’or et en toute hâte entre 2006 et 2007. C’est une partie des fameux investissements devant donnés un retour sur investissement de 5 ans maximum. Cette nouvelle division perd 1 million d’euros par mois. Son directeur est choisi parmi la vieille école à savoir bon sens et vision industrielle à long terme.

Il devient mon patron puisqu’il me choisit pour devenir le directeur financier de la division. Une nouvelle équipe se forme. Ce challenge fait revenir la motivation. Cependant la situation est très difficile. Des plans de restructuration sont nécessaires. L’effectif de la division est réduit de 700 à 550 personnes. Les lignes de production sont rationalisées. Les cadres incompétents sont remerciés. La division est redressée malgré la crise : 4 millions de profits en 2009 contre 12 millions de pertes en 2008.

Entre temps, un nouveau PDG est arrivé à la tête du groupe. Il nous accompagne et nous soutient dans le redressement de cette division. Il semble avoir une bonne attitude d’industriel.

Malheureusement, c’est bien un de ces PDG de la nouvelle génération, un peu beaucoup mégalo avec plein de théories dans la tête et aussi un salaire bien plus élevé que celui de son prédécesseur. Il est surprenant de voir combien les entreprises peuvent dépenser en communication et en honoraires de consultants, tout en réduisant les investissements et les charges de R&D au minimum. Le bon sens est définitivement une relique du passé. Cela en hypothèque d’autant plus le futur.

Une nouvelle stratégie est décidée. La division à laquelle j’appartiens est alors mis en vente. Je vous laisse apprécier. Quatre ans auparavant, environ une centaine de millions d’euros ont été investis pour racheter des entreprises. Le retour sur investissement doit être rapide. Au bout de quelques mois, c’est un désastre financier qui perd un million d’euros par mois. Une nouvelle équipe est mise en place. Elle redresse la division pour mieux la vendre un an plus tard. Pendant ce temps, il n’y a ni investissements productifs, ni développements de nouveaux produits. La concurrence se comporte, au mieux comme nous, à savoir qu’elle achète et revends à long terme sachant que le long terme signifie désormais plusieurs mois et non plus plusieurs années ; au pire, en investissant et se développant à notre détriment.

Au cours du processus de vente, nous rencontrons des fonds d’investissement. Un en particulier semble avoir une vraie approche industrielle de création de valeur en investissant dans des entreprises pour une durée minimum de 8 ans. Au final, nous sommes revendus à un autre groupe également côté en Bourse qui surpaye cette division. Nous comprenons que les jeux de pouvoirs au sein des conseils d’administration ont été plus forts que les logiques économiques et le respect des personnes, encore une fois.

En 2011, le groupe fait de lourdes pertes. Pourtant un dividende exceptionnel est distribué. C’est en fait juste un enfumage pour les actionnaires, comme nous le verrons en conclusion, qui sert à masquer les plus grosses rémunérations jamais versées aux dirigeants au cours des dix dernières années.

Conclusion : 10 ans plus tard … les chiffres sont têtus

Entre 2002 et 2012, comment les chiffres ont évolué grâce à l’introduction en Bourse, aux super investissements et aux nouvelles stratégies ?

Source: http://www.les-crises.fr/insider-directeur-financier/


[Entraide] C dans l’air sur l’euro du 4/12

Tuesday 16 December 2014 at 13:57

Ce C dans l’air du 4/12 sur la sortie de l’euro semble collector, hélas, il n’est plus disponible en ligne. Quelqu’un l’aurait enregistré par hasard ?

Je précise bien qu’elle n’est plus en version complète (50 minutes) sur le site de France 5 (il n’y a que 2 petits extraits), d’où mon appel…

Me contacter

Merci

Olivier

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-c-dans-lair-sur-leuro-du-4-12/


[Reprise] Les étiquettes des viandes changent : un nivellement par le bas

Tuesday 16 December 2014 at 02:00

Pour changer un peu  :)

Éloquente quand même cette histoire qui semble anecdotique… Encore du progrès, de la modernité et de la “simplification”

Par Pierre Hinard
Éleveur et ingénieur agronome

Simplification ou marketing ? Ce samedi, l’étiquetage des viandes dans les rayons de supermarchés évolue. Les morceaux ne seront plus détaillés mais regroupés sous une dénomination générique, comme steak ou rôti par exemple. Est-ce une bonne chose ? Quelles sont les conséquences d’une telle décision ? L’éclairage de Pierre Hinard agronome, auteur d’”Omerta sur la viande”.

À partir du 13 décembre, les étiquettes du rayon viande en libre service (bœuf, veau et agneau) changent.

“Afin de mieux informer le consommateur, il sera permis de regrouper certains morceaux de viande sous une même dénomination générique” à la place du nom précis, par exemple : poire, merlan, araignée, aiguillette deviennent tous des steaks.

Donc pour mieux informer le consommateur, on supprime des informations et on ajoute un flou artistique sur les étiquettes.

La simplification n’est qu’un prétexte

L’argument de la simplification pour le consommateur n’est qu’un prétexte. Le législateur pouvait faire le choix de maintenir le nom exact des morceaux (poire, aiguillette…) mais indiquer en plus sa catégorie (steak, rôti…) et le mode de cuisson (à griller, à cuisiner…).

Ce nouvel étiquetage a été obtenu suite à un lobbying très efficace des industriels de la viande auprès des services publics de la consommation (DGCCRF). Un seul objectif : vendre à tout prix ! C’est certainement une des raisons pour laquelle ils qualifient la réforme “d’historique”.

Que veulent nous faire croire les pros du marketing en notant les morceaux de 1 à 3 étoiles, comme les hôtels ? Que le nombre d’étoiles est un bon indice de qualité. On pourra alors penser qu’un “steak ***” issu d’un élevage industriel hors-sol (le mode de production, ce n’est jamais indiqué) est “de meilleure qualité” qu’un “steak *” provenant d’un élevage extensif d’animaux nourris à l’herbe.

Les premiers critères de qualité sont le mode de production et le régime alimentaire des animaux. Or, on veut nous laisser penser que seuls la catégorie et la tendreté du morceau comptent.

La même problématique que pour le vin

Cette réforme s’oppose à la transparence revendiquée de plus en plus par le consommateur, car elle amène de l’imprécision sur le morceau vendu, ce qui arrange bien l’industriel. Steaks, rôtis, escalopes… On uniformise l’offre ce qui garantit au supermarché de ne jamais manquer une vente : il peut mettre dans la même catégorie des pièces très différentes.

C’est un des effets négatifs de l’industrialisation des productions.

La même problématique existe pour un autre produit noble : le vin. Les lobbies de l’agroalimentaire voudraient mondialement imposer que le cépage du vin remplace la référence au terroir, c’est mieux pour les affaires. On va aller vers une massification des productions pour disposer de grandes quantités au lieu d’une vraie qualité, et ainsi répondre aux exigences de la grande distribution.

Et la transparence ?

Cette volonté omniprésente de tout standardiser est un comble dans le pays de la gastronomie, où les émissions culinaires n’ont jamais attiré autant d’amateurs. C’est manifestement un nivellement par le bas. Nos dirigeants disent vouloir défendre “l’exception culturelle française” alors qu’ils font chaque jour une autoroute un peu plus large à la grande distribution et aux fast-foods.

Si les industriels de la viande ont un tel désir de réforme, une telle soif d’apporter plus de lisibilité au consommateur, qu’ils mettent donc la même énergie à obtenir l’étiquetage obligatoire du mode d’élevage : plein air ou bâtiments industriels ?

Et la transparence sur l’alimentation donnée aux animaux que nous consommons ? C’est pour quand l’étiquetage obligatoire “nourri aux OGM”? Voilà des informations utiles qui permettraient au consommateur de faire un choix éclairé lors de ses achats de viande.

Il découvrirait que non, les vaches ne sont plus engraissées à l’herbe des prairies ! Pourtant elles le devraient.

Source : Le Nouvel Obs


Christian Le Lann : «Adieu poire, merlan, collier, araignée, échine, plat de côtes…»

Christian LE LANN Président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie et traiteurs – 8 décembre 2014 à 19:46

Les dénominations des morceaux de viandes bovine et ovine, dans les grandes surfaces, vont être remplacées par un classement à base d’étoiles et des termes génériques («à mijoter», «steak», etc.) Ce système, qui prétend simplifier l’étiquetage et menace de s’étendre, fait disparaître un pan entier de notre culture.

La France est une exception. Une exception culturelle. S’il existe encore un cinéma français bien vivant par exemple, c’est parce que des décisions politiques ont été prises pour protéger la création. A l’heure où la tradition gastronomique française se voit inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, elle n’a jamais été aussi menacée. Je n’utilise pas ce mot simplement pour attirer votre attention. Ce qui se prépare est très grave : un arrêté à valeur réglementaire va porter une atteinte irrémédiable à la culture française. Dès le 13 décembre, un nouvel étiquetage va faire son apparition sur les morceaux de viandes bovine et ovine préemballés et vendus en libre-service dans les grandes et moyennes surfaces. Poire, merlan, collier, araignée, échine, ou encore plat de côtes : des mots qui font la France et ses terroirs, des mots vivants qui sont les piliers de notre culture, jugés incompréhensibles et désuets, seront remplacés par des termes génériques et des étoiles. Ce monde de demain, dans lequel le consommateur dirigera des choix essentiels à son existence à l’aide de pictogrammes, est le produit d’une tendance générale à l’opacité, à la désinformation et à l’appauvrissement de la pensée. Ceux qui, oubliant qu’elle est un atout majeur pour notre avenir, voudraient mettre notre tradition gastronomique au musée, nous porteraient un lourd préjudice.

La France ne peut rester un modèle en Europe et dans le monde si elle cesse d’être courageuse. En livrant notre pays pieds et poings liés aux industriels et à la grande distribution, comme il l’a déjà fait en 2008 avec la loi de modernisation de l’économie (LME) (1), le gouvernement donne sa bénédiction à un modèle économique qui lamine notre agriculture, piétine les artisans et écorche la noblesse de nos métiers. Cette LME, la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie et traiteurs (CFBCT) ne cesse de la dénoncer. Quand l’Etat encourage l’uniformisation des denrées, des plats et des goûts, la CFBCT se bat pour rappeler la dimension culturelle de nos arts culinaires et pour sensibiliser les Français à la diversité et aux enjeux liés à la transmission de ces traditions. Quand l’Etat demeure immobile face à la disparition des commerces de bouche de nos villes et villages, la CFBCT rappelle que la préservation de cette culture française dont nous sommes si fiers et que le monde nous envie passe par une exigence vis-à-vis de ce que nous consommons. Dans un esprit de responsabilité, la CFBCT pointe régulièrement les conséquences désastreuses de nos contradictions : nous nous targuons d’être le pays de la gastronomie et pourtant nous mangeons de la viande de basse qualité. Nous voulons rassurer le consommateur : pour le moment, les boucheries artisanales ne sont heureusement pas concernées par l’arrêté du 10 juillet 2014.

Nous voulons aussi rappeler tout ce pour quoi nous existons : pour la diversité des produits et l’amélioration de l’information sur leur origine, pour tout un savoir-faire et un patrimoine. La viande va enfin parler la langue du consommateur, dit le slogan. Sans s’attarder sur le caractère paradoxal d’une formule extrêmement confuse promettant plus de clarté (la viande parle ?), demandons-nous tout de suite de qui on se moque. Du consommateur, comme d’habitude.

Les supermarchés, à grand renfort de marketing et de publicité, ont réussi à imposer les produits de l’industrie agroalimentaire et les repas «prêts à manger». Pourquoi ? Pour répondre à de nouveaux besoins liés aux changements de modes de vie des Français. Ces mêmes supermarchés disent aujourd’hui voler au secours de consommateurs privés du capital culturel qui leur permettrait de bien acheter et de bien manger. En réalité, l’intention et le mécanisme sont clairs : invoquer un changement dans le mode de vie pour créer de nouveaux comportements. Ne nous méprenons pas : cette politique de l’offre ne nous conduit pas vers une diversification des choix mais vers une réduction et une standardisation des modes de consommation.

«Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», jugeait Camus. Effectivement, ce qui va se perdre, ce ne sont pas simplement des mots. Ce sont les goûts qui sont associés à ces mots. C’est le moment de se poser une question simple et concrète : faut-il diriger les comportements selon des schémas pauvres et abêtissants ou faut-il continuer d’enrichir le vocabulaire du consommateur et le guider à l’aide d’indications linguistiquement riches ?

Fondamentalement, en termes de culture nationale, à qui rendons-nous service ? Soyons précis. Celles et ceux qui ignorent ce qu’est la poire ou le jumeau seront-ils enrichis ou appauvris par cette mesure ? Il y a un art français de la conversation à table, auquel la CFBCT, comme de nombreux Français, est attachée. «Venez à la maison ce soir, il y a un pot-au-feu deux étoiles.» Honteux. Mercredi, jour du steak haché une étoile. Scandaleux. A la formule que mettait en exergue Brillat-Savarin dans sa Physiologie du goût, «Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es», que répondront demain les mangeurs d’étoiles ? Rien. Nous perdons notre identité quand il n’y a plus les mots pour la dire.

(1) L’un des volets de la loi est une réforme majeure de l’urbanisme commercial aux termes de laquelle les créations de grandes surfaces commerciales (ou réaménagements de surfaces) de moins de 1 000 m2 ne seront plus soumises à autorisation préalable d’exploitation commerciale.

Source : Libération

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-les-etiquettes-des-viandes-changent-un-nivellement-par-le-bas/


[Reprise] Stratégie Chinoise, par Charles Gave

Tuesday 16 December 2014 at 00:01

Article du libéral Charles Gave du 17/11

Tout le monde connait la réponse de Chou En Lai à Malraux qui lui demandait quelles avaient été, à son avis, les répercussions de la Révolution Française.

« Je ne sais pas, avait il répondu. Il est encore trop tôt … »

L’Etat Chinois existe sous une forme ou sous une autre depuis au moins 4000 ans, ce qui donne un certain recul à ceux qui le dirige.Et il faut bien comprendre qu’une période se termine en Chine, et qu’une autre commence. Et que donc les autorités sont en train de changer de stratégie.Pour bien comprendre les enjeux en cours, il faut commencer par un constat, celui de la situation mondiale dans laquelle la Chine va évoluer dans les années qui viennent.Sur le plan technologique, le coût d’un robot dans les usines de Foxconn est en train de passer en dessous du coût du travail en Chine.Or cinquante pour cent des exportations Chinoises sont faites par des entreprises Européennes ou Américaines ayant des usines en Chine et ré exportant aux USA ou en Europe. Ces usines vont donc fermer et ré ouvrir à Buffalo ou à Turin.Ce qui veut dire que le modèle mercantiliste Chinois basé sur un coût du travail bas, une bonne infrastructure et une force de travail docile et bien formé est obsolète et qu’il faut donc changer de modèle.

Et c’est ce à quoi le nouveau gouvernement Chinois s’attelle.

Un certain nombre de grandes directions ont été fixées par Pékin

· Première direction.

La demande extérieure en provenance des USA et d’Europe va beaucoup baisser, à cause de la technologie certes mais aussi à cause de l’appauvrissement de la classe moyenne dans ces zones géographiques, résultat inévitable de politiques économiques et monétaires débiles. Conserver une monnaie sous évaluée ne sert donc plus à rien, bien au contraire. Vendre à des gens qui s’appauvrissent est rarement une bonne idée.La décision a donc été prise de transformer la monnaie chinoise en une monnaie forte et de laisser les taux d’intérêts trouver leur niveau naturel, ce qui est une façon de stimuler la consommation et l’épargne domestique, nouvelles sources de croissance.

Il faut souligner ici l’incroyable flexibilité des autorités de l’empire du milieu. L’ancien modèle ne marche plus.On en prend bonne note et on s’adapte, sans récriminations ni gémissements.

· Deuxième direction.

La Chine, en raison de la politique de change précédente à d’énormes réserves de change qui étaient investies en obligation américaines ou européennes qui ne rapportent plus rien.Et bien comme la Chine a trop d’épargne, elle va devenir exportatrice de capitaux et c’est là où les choses deviennent passionnantes tant la stratégie qui se dessine est complexe et brillante.Le premier problème de la plupart des pays asiatiques a toujours été que toutes les transactions entre eux étaient soldées en dollar US.

S’il y avait trop de dollars, nous avions un boom en Asie, pas assez et nous avions un bust…

Aujourd’hui, la banque centrale Chinoise va voir les autres banques centrales en Asie, celle de l’Indonésie par exemple et lui dit : « Vous avez un déficit extérieur parce que vous croissez très vite et que vous faites beaucoup de dépenses d’infrastructure. Donc, vous êtes obligé de freiner votre économie domestique en maintenant des taux d’intérêts trop élevés. Je vous offre de financer votre déficit extérieur en mettant mon bilan en garantie et je vous offre tous les crédits dont vous avez besoin pour acheter- en Chine bien sur- tous les biens d’équipement dont vous avez besoin. »

Je vous prête des yuans (autre nom de la monnaie chinoise) et vous me payez en yuan, ou même si vous le voulez, dans votre monnaie nationale (accords de swaps entre banques centrales).A la place d’être financé par des dollars à court terme, le déficit extérieur Indonésien le devient par des Yuan à long terme, voir par la Chine acceptant d’être payée en monnaie locale. .Les crises de balance des paiements qui avaient tué l’Asie en 1997 sont donc une chose du passé.C’est très exactement ce que les USA ont fait dans les années 40 et 50 avec le Plan Marshall…

Du coup, la croissance des pays asiatiques, qui ne sera plus entravée par leur dépendance au dollar, va être à la fois plus stable et plus forte, et ce simple fait suffira – peut-être à compenser la baisse des exportations Chinoises vers l’Europe ou les USA. .

· Troisième direction.

Pour qu’il y ait un commerce florissant entre différents pays, il faut que chacun d’entre eux puisse se spécialiser dans les domaines ou il a un avantage comparatif (cf. la théorie des avantages comparatifs de Ricardo).

La Thaïlande est le plus efficace producteur de riz au monde.Aucune raison de faire du riz en Chine du Nord s’il peut venir de Thaïlande.

Pour cela il FAUT que des systèmes de communication s’ouvrent. (Routes, ports, aéroports, systèmes de télécommunications etc.)Et donc le gouvernement chinois est en train d’offrir à tous les pays de l’ancienne » route de la Soie » de financer tous ces investissements qui les relieront d’abord à la Chine mais aussi au reste du monde.Pour ce faire, les autorités Chinoises sont entrain de créer l’équivalent de la banque mondiale (pour le financement des projets) et l’équivalent du FMI (pour le financement des problèmes de déficit extérieur) et cerise sur le gâteau, ils offrent des parts de ces deux nouvelles institutions à tous les pays de la zone qui le souhaitent, à la grande fureur des Américains et des Européens.

On sait en effet que Banque Mondiale et FMI sont sous le contrôle des USA et que les pays Européens sont sur représentés dans leurs instances dirigeantes. Pourquoi le patron du FMI doit il toujours être un français par exemple Mystère. L’hypothèse de la compétence exceptionnelle peut être écartée au vu des derniers représentants Français à la tête de cette institution.

Nous allons donc avoir des lignes de chemin de fer et des autoroutes qui relieront la Chine à Singapour, ou Pékin à l’Europe, à la Russie, à toute l’Asie centrale, des barrages, des centrales nucléaires construits en Mongolie, au Kazakhstan en Afghanistan, au Pakistan, en Inde, des pipe-lines pétroliers et gaziers reliant la Sibérie à la Chine , des aéroports construits partout, ainsi que des hôtels et des centres d’affaires, tout cela financé par les excédent d’épargne Chinois.

Et comme la Chine a des excédents de capacité de production dans tous ces domaines et que c’est eux qui vont financer, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre de quelle nationalité seront les sociétés qui vont emporter les contrats.La plus veille route commerciale du monde, celle reliant la Chine à l’Asie du Sud Est, à l’Europe et au Moyen-Orient est en train de renaître de ses cendres, trois siècles après qu’elle ait disparue, tuée par le transport maritime.Ceci va faire rentrer dans le système mondial des échanges environ 2 milliards de personnes, ce qui est tout simplement prodigieux.

Pour financer tout cela de manière harmonieuse, la Chine a besoin de marchés financiers profonds et stables et d’une monnaie forte, puisqu’elle se transforme en pays exportateur de capitaux.Déjà les autorités ont signé avec la Grande-Bretagne et la Suisse des accords d’internationalisation de la monnaie Chinoise et déjà des émissions obligataires dans cette monnaie ont eu lieu à Londres….Qui plus est, cette monnaie est lentement mais sûrement en train de devenir convertible.Ainsi, la semaine dernière, il a été décidé que les habitants de Shanghai allaient pouvoir acheter librement des actifs à la bourse de Hong-Kong tandis que les habitants de Hong-Kong allaient pouvoir acheter à Shanghai…Or, il n’y aucun contrôle des changes à Hong- Kong, qui d’ici 10 ans risque bien de donner du fil à retordre à Wall-Street.Et donc le contrôle des changes pour les habitants de Shanghai est en train de disparaître.Le Yuan est en train de devenir convertible, doucement, doucement. Les Chinois ne sont pas pressés.

On voit donc très bien les lignes de force du projet Chinois.

1. Soutien financier aux pays en forte croissance en Asie Financement des infrastructures de communication partout en Asie

2. Internationalisation du Yuan, appuyé sur la place financière de Hong-Kong

3. Création d’un marché obligataire en Yuan, d’abord à Hong-Kong, puis partout dans le monde.

4. Cela requiert une monnaie forte, un abandon des activités à faible valeur ajoutée telles le textile ou les matières premières, un développement de la technologie et des Universités et bien sur l’émergence d’un état de Droit en Chine, ce qui ne va pas être facile, mais les autorités pour la première fois utilisent le mot dans tous leurs discours.

Mais cela veut dire aussi que la Chine retrouve sa place en Asie, c’est à dire la première, ce qui a toujours été le cas dans l’Histoire.

Pendant des siècles, le PIB Chinois représentait 20 % du PIB mondial.

Sous Mao, l’empereur fou, nous étions à 5 %…sous les acclamations de la gauche Française.

Nous sommes en train de retourner à 14 % avec 20% de la Population mondiale , en marche vers les 20% (pour approfondir, Voir Angus Maddison et surtout, Chinese Economic performance in the long run , Etude complète sur l’évolution du PNB Chinois)

Voilà qui n’amuse pas les USA qui manœuvrent aussi mal qu’il est possible, en envoyant la Russie dans les bras de la Chine, qui n’en croit pas son bonheur. Favoriser l’alliance des deux puissances qui contrôlent l’ensemble des terres asiatiques est à peu prés aussi idiot que si les Anglais avaient favorisé une alliance entre la France et la Prusse au XIX eme siècle.

Voilà qui amuse encore moins le Japon, qui du coup et à tout hasard, dévalue sauvagement pour rester compétitif dans ce monde nouveau qui s’annonce. Le Japon a compris et se dit qu’à tout prendre, il vaut mieux devenir la réserve de haute technologie pour l’Asie que de rester une colonie des États Unis.Le prochain grand marché haussier, qui a peut être déjà commencé aura donc lieu en Asie et sera centré sur Hong-Kong et peut être sur Tokyo et Singapour.

Antoine de Saint-Exupéry savait que pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agissait pas de le prévoir, mais de le rendre possible. Je n’ai, pour ma part, jamais rien prévu, je m’efforce juste, encore et toujours de comprendre les possibles.

Le temps nous le dira.

C.G

Source : Institut Des Libertés

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-strategie-chinoise-par-charles-gave/


Epinglée par le CSA, à quoi joue Caroline Fourest ?

Monday 15 December 2014 at 01:49

Pour mémoire, je vous rappelle cette série Fourestique du mois de mai :

Je pointais une chronique haineuse et manipulatoire de Caroline Fourest, qui déclarait tranquillement que les Russes arrachaient les yeux de leurs prisonniers :

Chronique de la haine ordinaire : Caroline Fourest ou le délire des Russes qui arrachent les yeux

Celle-ci a eu la gentillesse de me répondre sur le Huffington Post :

À propos des yeux ensanglantés de l’Ukraine, par Caroline Fourest

m’indiquant sa source, mais, comme elle n’a pas pris la peine de faire la moindre vérification, je montrais vite que sa source était juste un fan d’Al Qaeda :

Les barbares russes de Caroline Fourest : sa source était un fan d’Al-Qaeda…

Je vous avais proposé de saisir le CSA face à ce manque de déontologie  journalistique.

En septembre, le CSA a écrit à Radio-France en lui demandant d’user de plus de professionnalisme…

Comme quoi, il reste encore quelques contre-pouvoirs, et il peut être efficace de se mobiliser…

Merci à toutes et à tous !

Quand le CSA épingle Caroline Fourest…

Date de publication : lundi 15 septembre 2014
Assemblée plénière du 16 juillet 2014

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel SA a été saisi de plaintes au sujet de l’émission Le Monde selon Caroline Fourest diffusée sur France Culture le 6 mai 2014, en raison d’une chronique qui portait sur le conflit en Ukraine et au cours de laquelle la chroniqueuse a fait état d’exactions qui auraient été commises à l’encontre d’officiers ukrainiens, en précisant notamment que « les paramilitaires séparatistes venaient de leur arracher les globes oculaires avec un couteau ».

Le CSA a considéré que cette information – eu égard à sa sensibilité – n’avait pas fait l’objet de vérifications préalables suffisantes.

Le Conseil a rappelé fermement à la société Radio France la nécessité de faire preuve de davantage de vigilance et de rigueur, notamment pour des sujets sensibles d’actualité. Il a, à cette occasion1, rappelé les orientations de la recommandation du Conseil du 20 novembre 2013 relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes par les services de communication audiovisuelle.

Source : CSA, 15/09/2014

Donc Fourest colporte une rumeur abjecte sans fondement, en étant dans la totale incapacité de la prouver, elle se fait taper sur les doigts par le CSA. Et que fait-elle ? Elle attaque – façon BHL…

A quoi joue le CSA ?, par Caroline Fourest

Quand il ne décrète pas la mort salariale de centaines de journalistes en refusant à des chaînes comme LCI ou Paris Première d’accéder à la TNT, le CSA se permet de tancer des confrères de D8 ayant enquêté sur le Front national à l’aide d’une caméra cachée. La chaîne, qui doit déjà affronter le harcèlement juridique bien connu (et coûteux) du Front national, a reçu un « avertissement ».

[OB : C'est bizarre, je n'ai jamais entendu critiquer TF1 d'avoir choisi un modèle payant pour sa chaine d'info, contrairement à Canal Plus et BFM, et d'avoir perdu en fin de compte en raison de sa stratégie initiale erronée... J'imagine que ce devrait être comme pour les banques : pile je gagne, face je ne perds pas ?]

Bizarrement, le CSA n’en donne jamais quand des confrères servent de relais, bêtes et neutres, à des intox ou à des propos mensongers livrés sous forme de communication politique bien huilée. Ou lorsque des émissions de service public censées élever le débat servent de relais aux théoriciens de l’incitation à la haine ou du complot. Non, le mal suprême, c’est d’avoir osé faire une « caméra cachée » pour contourner le vernis et faire émerger un discours-vérité !

Voilà qui va un peu plus dissuader des confrères d’enquêter — et donc d’informer — sur le décalage existant entre le discours lisse tenu par le FN dans les médias et celui qu’il tient en en réalité, dans les coulisses. Les radicaux, les démagogues et les désinformateurs professionnels en général, peuvent dormir tranquilles. Le CSA veille à les protéger.

Les pro-Russes, parfois aussi militants du Front national, peuvent aussi se réjouir.

[Point Godwin, classique]

Pendant l’été, le CSA a cru bon d’adresser une leçon de morale à mon employeur (qu’il a nommé) suite à une campagne largement menée par des soutiens de Vladimir Poutine. 

[C'est dingue ça, on raconte des conneries à la radio, et il y a des conséquences !!! A quand l'impunité à vie ?]

[2e point Godwin, non, non, on ne soutient pas Poutine, on essaie de chercher la vérité - et on a vu après l'Irak, le Kosovo, la Libye, la Syrie, etc, que la lutte contre la propagande de guerre était une impérieuse nécessité]

En effet, lors d’une chronique sur l’incendie meurtrier à la Maison des syndicats d’Odessa où ont péri des dizaines de militants séparatistes, j’ai mentionné le climat délétère qui l’avait précédé en Ukraine et dont très peu parlait à l’époque, sauf la presse Ukrainienne. Bien avant les images que l’on connaît enfin aujourd’hui et qui sont devenues quotidiennes, un quotidien national venait d’annoncer l’enlèvement de trois officiers du SBU. Sur une vidéo diffusée cette fois par les séparatistes, on peut les voir exhibés comme prisonniers, les yeux trempés de sang à travers leur bandeau. Ces yeux ensanglantés ont-ils été arrachés ? C’est ce que prétend ce journal ukrainien. Une universitaire et une journaliste me l’ont dit sérieux et moins propagandiste que d’autres médias ukrainiens. Ce journal a-t-il menti ou s’est-il trompé ? Personne, à ce jour, ne l’a démontré. En revanche, ceux qui le prétendent (sans preuves) n’arrivent toujours à expliquer pourquoi les yeux de ces trois agents étaient trempés de sang… Mais surtout, mon article portait sur ce climat de haine et de propagande. Ne pas en parler aurait été, à mes yeux pour le coup, une faute.

[Ah pardon, c'est à nous de prouver que ce que raconte Mme Fourest est faux, mes excuses, j'ai du mal lite la Charte de Munich :

3. Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ;

Citer un pseudo journal et aucune source sérieuse, et ne même pas regarder l'émetteur de la vidéo qui est, je la rappelle, un islamiste, ne semble pas remplir ce devoir... Je rappelle qu'aucune agence de presse mondiale n'a rapporté cette information, mais ce n'est pas grave apparemment...

Quant au point 6 :

6. Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte...]

Comme j’ai la chance de travailler sur une antenne à la fois libre et de qualité, je m’en suis expliquée sur l’antenne de France Culture au micro du médiateur, quelques jours après ma chronique ayant suscité une campagne de courriers. Des auditeurs pro-Russes se plaignaient, en général, d’écouter une antenne jugée trop favorable aux Ukrainiens. J’ai tenté de leur expliquer que l’antenne d’une radio est faite de journaux factuels et de chroniques d’opinions engagées. Ce n’est tout de même pas la faute de la rédaction, l’une des meilleures que je connaisse, si les pro-Russes préféraient mener des opérations de déstabilisation armées illégales plutôt que d’aller voter comme ils en avaient le droit lors d’élections nationales enfin libres et non truquées… L’antenne de France Culture a également rapporté les actes criminels de supporters de foot pro-Ukrainiens, mafieux et pour certains d’extrême droite. Comme lorsqu’ils ont tué des dizaines de militants pro-Russes à la Maison des syndicats d’Odessa. Je suis bien placée pour le savoir, j’ai réalisé un reportage pour France culture sur ce sujet, en laissant la parole aux pro-Russes, alors victimes de ces criminels.

J’ai aussi parlé de ce je pensais des fascistes (ultra-minoritaires) du Secteur droit. J’assume néanmoins préférer les insurrections populaires réclamant la démocratie comme l’Euro-Maïdan aux crimes menée par un voisin autoritaire, en l’occurrence russe, pour tenter d’empêcher cette démocratisation et préserver ses intérêts de façon coloniale.

Si cette grille de lecture est partagée par d’autres confrères, ce n’est pas le fruit d’un complot ou à cause de « la pensée unique » comme l’écrivent certains auditeurs, mais le résultat d’une logique assez simple : les gens dont le métier est de réfléchir sont plutôt du côté des démocrates que des apprentis totalitaires.

[Ah si leur métier est de réfléchir alors... On a vu qu'ils avaient bien réfléchi déjà pour l'Irak et la Libye, beau succès, bravo... N'hésitez pas à prendre des vacances...]

Non seulement, cette mise au point a eu lieu sur l’antenne, mais elle a même permis de faire un peu de pédagogie sur nos métiers.

Cela n’a pas dissuadé le CSA d’écrire à mon employeur pour donner raison aux campagnes de courriers en lui conseillant de bien faire attention aux sources en temps de guerre. Comme si ma chronique — qui s’appelle « Le Monde selon Caroline Fourest » — était un reportage pour le journal de 20H et non un éditorial sur les propagandes russes et ukrainiennes… Par temps de guerre justement.

["Ben flute, je ne fais pas de l'information, laissez moi tranquille !". Je me demande si elle comprend que dire que des Russes arrachent les yeux c'est faire de la propagande, elle n'a pas l'air...]

Merci pour la leçon. Mais je me permets de vous donner à mon tour un conseil. En effet, j’ai bien regardé votre CV et vos parcours. Il y a parmi vous quelques collègues. Assez peu en fait, mais enfin il y a tout de même quatre journalistes… Certains que je respecte et pour qui j’ai même de l’amitié. Enfant, j’ai écouté vos émissions d’histoire et vu vos reportages à la télé.

Sans vouloir me montrer trop irrespectueuse, je ne crois pas que vous sachiez bien ce que signifie être éditorialiste (une seule parmi vous l’a été) par temps de guerre 2.0. Surtout lorsqu’on enquête, comme c’est mon cas depuis dix-neuf ans, sur les réseaux extrémistes spécialisés dans la propagande et les campagnes d’intimidation. Qu’ils soient partisans de Tariq Ramadan, de Thierry Meyssan, de Dieudonné, de Marine Le Pen, d’Alain Soral, de la Manif pour tous, du Printemps français et depuis deux ans de Vladimir Poutine… Heureusement, très souvent, ce sont les mêmes.

Pas un jour ne se passe sans que je sois insultée ou menacée sur les réseaux sociaux. Quand on ne veut pas m’organiser un accident de voiture, on veut me casser les dents, me tabasser (parfois ça arrive), souvent on donne mon adresse. Les uns me traitent d’ « islamophobe » pour avoir écrit sur l’intégrisme, les autres d’ « islamophile » pour avoir soutenu le printemps arabe et dénoncé le racisme anti-musulmans, certains de « pro-israélienne » pour avoir toujours combattu l’antisémitisme, d’autres de « nazie » pour avoir critiqué la politique israélienne.

Les esprits délirants de Reopen 911 (ceux qui pensent qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone) m’adressent perpertuellement des leçons de journalisme et mentent ouvertement en écrivant sur leur site que j’ai « bidonné un reportage »… Il s’agit en fait d’un reportage de France 5 sur les théories du complot, et d’une séquence non montée et parfaitement juste donnant la parole à deux de leurs sympathisants se perdant dans leurs raisonnements ! J’ai porté plainte. Je porte régulièrement plainte, contre les menaces et les diffamations les plus grossières, mais je ne peux pas tout poursuivre… Je n’ai pas les moyens juridiques du Front national.

Parfois, en retour, je reçois des convocations au poste de police. Avant l’été, l’AGRIF a porté plainte contre moi pour « haine envers la religion », simplement parce que je filmais les FEMEN pour France 2 lors de la manifestation de CIVITAS… Où je me suis faite tabasser. Je passe sur le harcèlement injurieux, ayant donné lieu à des procédures d’une internaute soutenant la LDJ. Alain Soral a également porté plainte contre moi, pour avoir pointé du doigt ses expressions racistes lors d’une soirée de soutien à Christine Taubira. Je me rends aux convocations quand je suis poursuivie, lui jamais. Ainsi va le monde.

[Bravo et respect, et total soutien pour condamner la violence dont elle a été victime, mais en quoi cela donne le droit de dire des conneries à l'antenne ?]

Vous voyez cela fait de grosses journées, passées à batailler pour informer sur les propagandistes sans être soi-même salie par leurs propagandes. Si vous ajoutez à cela la précarité de nos métiers, où nous ne sommes plus déclarés comme journalistes mais comme intermittents du spectacle, par des patrons qui vous expliquent qu’il n’y a plus d’argent pour faire des émissions « prise de tête », qu’il faut faire de l’audience pour avoir des budgets, et surtout laisser plus de place à l’interactivité, c’est-à-dire aux campagnes de courriers souvent anonymes et haineuses, je peux vous dire que la dernière chose dont un journaliste enquêtant sur la propagande a besoin, c’est d’une leçon du CSA.

Mais surtout, la prochaine fois, envoyez-moi votre mise en garde par courrier. Cela me fera un souvenir, que je pourrais encadrer. Quand un jeune, dans quelques années, me demandera « Caroline, c’était quoi le CSA ? », je pourrais lui répondre, émue : « Le CSA ? C’était des sages qui écrivaient des lettres aux journalistes pour leur dire de bien faire attention à ne pas propager la propagande qu’ils démasquaient, à la demande de ceux qui voulaient les intimider pour continuer à désinformer, au nom de « l’interactivité » que le CSA encourageait… Et qui a finalement remplacé le journalisme. »

Bien sûr, à ce moment, cette jeune fille ou ce jeune garçon ajoutera « Mais Caroline, c’est quoi le journalisme ? ».

[Ben petit, demande plutôt à Georges Malbrunot ou Denis Robert, Caroline elle n'a pas d'échantillon sur elle en ce moment ! :) ]

[Allez, sans rancune !]

Source : Le Huffington Post  , 16/09/2014

  1. Assemblée plénière du 16 juillet 2014

Source: http://www.les-crises.fr/epinglee-par-le-csa-a-quoi-joue-caroline-fourest/


Pièce à convictions : Areva, 3 milliards en fumée…

Sunday 14 December 2014 at 05:00

EXCELLENTE enquête de Pièce à conviction sur France 3 mercredi dernier.

A revoir ici.

Avis Télérama :

“Affaire Areva : 3 milliards en fumée”, une enquête précise et détaillée sur France 3

Comment le géant du nucléaire français, Areva, a-t-il pu se faire berner par une petite société canadienne, et se retrouve en pleine tourmente financière ? C’est ce qu’explique Pascal Henry dans un solide documentaire. Copieux et édifiant. Trois bonnes raisons de le regarder…

France 3 diffuse mercredi à 23h20 dans Pièces à conviction une enquête consacrée à l’affaire Uramin. En 2007, Areva achetait cette petite société canadienne à prix d’or. Une opération qui s’est rapidement révélée financièrement calamiteuse pour le géant du nucléaire. Areva, victime d’une grossière arnaque ? Dans une enquête de terrain édifiante, Pascal Henry interroge la responsabilité de la direction de l’époque : l’ex-patronne Anne Lauvergeon et son ex-directeur des activités minières, Sébastien de Montessus. Un retour bienvenu sur un scandale qui participe de la dérive d’un groupe en pleine tourmente financière et sous le coup d’une enquête préliminaire ouverte par la justice.

Un sujet au cœur de l’actualité

Les temps sont durs pour le numéro un mondial du nucléaire : Areva a perdu 694 millions d’euros au premier semestre, et la facture pourrait s’élever à plus d’un milliard d’euros fin 2014. En cause, une chute de ses ventes, le marché du nucléaire étant en berne depuis la catastrophe de Fukushima en 2011; des retards dommageables sur les chantiers des EPR de Flamanville (Manche) et d’Olkiluoto(Finlande), mais aussi l’achat dispendieux de la petite compagnie canadienne Uramin en 2007, dont les mines d’uranium au Niger, en Centrafrique ou en Namibie se sont vite révélées inexploitables. C’est sur cette affaire, dont la justice s’est saisie au printemps et qui n’a pas fini de faire parler du géant du nucléaire, que zoome Pascal Henry.

Un solide tour de la question en moins d’une heure

Pas de révélations dans cette enquête, par rapport à la somme d’informations déjà parues dans la presse depuis 2011, mais une solide synthèse. Le film est un document précieux, retraçant avec rigueur les grandes lignes de l’affaire Uramin. Avec une interrogation initiale : comment le premier groupe nucléaire mondial a-t-il pu se laisser berner par la petite Uramin et ses permis miniers fertiles ? Et une réponse sans équivoque face caméra de l’ancien géologue d’Areva, Jean-Pierre Milesi : le sous-sol des terrains acquis n’a pas été expertisé comme il aurait dû l’être par Areva, tant les négociations ont été hâtivement menées. Areva s’est contenté d’expertises financées par les vendeurs eux-mêmes. Partant de ce constat absurde, Pascal Henry creuse les causes de cette légèreté, interroge les principaux acteurs de l’époque et rassemble d’instructifs documents internes. Autres interrogations majeures : pourquoi Areva a-t-elle dépensé autant d’argent et à qui a bien pu profiter une telle négociation ?

En interne, deux enquêtes secrètes ont été menées, entre 2010 et 2011, pour éclaircir la transaction mais aussi sur l’éventuel rôle qu’aurait pu tenir Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon, qui avait personnellement introduit le négociateur chargé de la transaction chez Areva. Des investigations commandées par Thierry D’Arbonneau, alors chef de la sécurité d’Areva, puis Sébastien de Montessus. Retraçant minutieusement les événements, Pascal Henry livre une captivante « plongée dans les arcanes d’un gros contrat », fouille les « zones d’ombre » et les « recoins secrets » de l’opération Uramin, soulignant les suspicions de pots de vin et de commissions occultes dans le projet d’exploitation de Bakouma, en Centrafrique.

Une enquête de terrain

Rares sont les enquêtes de terrain sur l’affaire Uramin. Pascal Henry est allé constater sur place l’état des mines acquises par Areva à prix fort en Afrique : il récolte en Namibie et en Centrafrique des images de sites abandonnés, qui illustrent avec force l’ampleur de la gabegie. A Trekkopje, en Namibie, « deuxième région la plus riche du monde en uranium », il trouve des installations conséquentes (1 milliard d’euros de travaux) mais désolées et impossibles à visiter. Pascal Henry rencontre le directeur du site, qui dément une fermeture définitive de la mine et évoque une pause dûe à la chute du cours de l’uranium. Le journaliste visite pourtant sans aucun souci le site voisin de l’Australien Rio Tinto, dont la mine de Rössing tourne à plein. Son directeur confirme la teneur très faible en uranium du site d’Areva.

A Bakouma, site fermé quatre ans après son acquisition, un ancien salarié d’Areva est formel : « Il n’y a jamais eu d’exploitation d’uranium. » Un fiasco centrafricain qui devrait tout particulièrement intéresser la justice dans les mois à venir : l’enquête de Pascal Henry souligne le rôle qu’aurait pu jouer en coulisse le député-maire de Levallois-Perret Patrick Balkany dans l’accord passé en 2008 entre l’Etat centrafricain et Areva pour obtenir le droit d’exploiter les mines. Areva aurait à cette fin déboursé 50 millions d’euros supplémentaires, et l’intermédiaire Balkany aurait reçu 8 millions d’euros de commission. Un versement dont la somme a été confirmée en septembre par l’homme d’affaires belge George Forrest, dans le cadre d’une tout autre affaire. L’enquête de Pascal Henry s’achève sur ces soupçons de commission occulte. Celle du parquet est quant à elle bien loin d’être bouclée

Suivi d’un débat en plateau avec Pascal Henry et Vincent Crouzet.

Source : Télérama

Source: http://www.les-crises.fr/piece-a-convictions-areva-3-milliards-en-fumee/