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Crise grecque : la démocratie contre les traités, par Jean Michel Naulot

Saturday 20 June 2015 at 02:12

Alexis Tsipras refuse de diminuer les retraites, de réduire les salaires, d’augmenter la TVA… Aurait-il l’idée saugrenue d’appliquer le programme sur lequel il a été élu ? Il semble que oui ! On avait perdu l’habitude en Europe ! Les appels venus de Berlin, de Bruxelles et du FMI sont donc restés sans effet. Alexis Tsipras tient bon.

L’euro connaît ainsi sa nième crise. L’histoire de l’euro n’est qu’une succession de crises ! Comment en serait-il autrement ? La zone euro est la seule région du monde où l’on s’acharne à maintenir des parités monétaires fixes entre Etats souverains, de surcroît tous très différents les uns des autres. Partout, la mondialisation s’est accompagnée de la flexibilité des parités monétaires. Le résultat pour la zone euro, c’est une croissance inférieure à celle des Etats-Unis, des inégalités régionales insupportables et des tensions intra-européennes qui s’exacerbent.

Certes, l’euro ne doit pas être le bouc émissaire de nos propres erreurs. Le peuple grec a bien entendu sa part de responsabilité dans la crise actuelle. Mais, il est non moins évident que si la Grèce n’avait pas appartenu à la zone euro la crise aurait été de moindre ampleur. La politique de taux unique de la BCE des années 2000 convenait à l’Allemagne qui devait financer sa  réunification, elle ne convenait pas aux pays d’Europe du sud. Quant aux mesures imposées avec obstination par la Troïka depuis cinq ans, elles ont conduit à la destruction du quart de la richesse nationale. Un vrai désastre. Au minimum, les responsabilités sont donc partagées. Cela aurait du conduire les dirigeants européens à un peu d’humilité dans les négociations en cours.

Au lieu de cela, au lieu de tirer les leçons des échecs récents et de prendre acte du vote du peuple grec, les dirigeants européens ont continué à s’arc-bouter sur une lecture intégriste des « règles » de la zone euro, chères à Angela Merkel. Comme si rien ne s’était passé ! Pour se redresser, l’économie grecque n’a pas besoin de nouveaux emprunts. Elle a au contraire besoin d’un allègement de la dette, c’est-à-dire d’une renonciation partielle de la part des créanciers. Pour retrouver sa compétitivité, l’économie grecque n’a pas non plus besoin d’un nouveau plan d’austérité. Elle a besoin d’une dévaluation monétaire. Ces constats ne sont pas révolutionnaires. Ils sont ceux d’économistes et de politiques de tous bords, de gauche, de droite ou du centre ! Valéry Giscard d’Estaing lui-même a suggéré que l’on propose à la Grèce une sortie amicale de l’euro. Si l’Eurogroupe proposait demain 1/ un abandon de créances de moitié, 2/ une sortie concertée de l’euro, 3/ l’application du programme de réformes proposées par Aléxis Tsipras lors des dernières séances de négociation, il ne fait aucun doute que la Grèce pourrait renouer rapidement avec le « miracle grec ».

Il reste encore quelques jours pour se décider à regarder les réalités en face, sortir de l’idéologie, laisser de côté un Mémorandum qui a échoué et explorer ces pistes. Y a-t-il un dirigeant européen qui ait assez de force de caractère pour s’exprimer dans ce sens ? C’est malheureusement assez improbable. En cas d’échec, viendra l’heure des comptes. Il faudra expliquer aux citoyens français comment la France a pu prêter à perte plus de 60 milliards d’euros en cinq ans (part de la France dans les prêts bilatéraux, les financements du FESF, ceux de la BCE, les soldes Target2). Une dette qui n’est même pas comptabilisée dans la dette publique ! 60 milliards, c’est un montant proche de l’impôt annuel sur le revenu, près de 100 fois le montant de la récente réforme des allocations familiales. Non seulement l’euro fonctionne mal mais il coûte cher. La démocratie exige là aussi que les citoyens aient leur mot à dire pour tirer les leçons de cette expérience désastreuse.

Si, après tant d’échecs et de promesses non tenues, les citoyens de la zone euro revendiquent à nouveau plus de démocratie, ce sont les Traités qui devront évoluer. Il faut que l’on cesse, comme on le fait depuis au moins une dizaine d’années, d’ajuster la vie démocratique sur les Traités. C’est l’inverse qui doit se produire. Les traités ne sont pas immuables. Au cours des années 1920, les pays vainqueurs auraient été bien avisés de revoir les réparations financières imposées par le Traité de Versailles… Sans révision des Traités, la crise politique qui traverse à peu près tous les pays d’Europe ne fera que s’aggraver avec des conséquences incalculables.

Source : Jean-Michel Naulot, pour son blog Mediapart, le 17 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/crise-grecque-la-democratie-contre-les-traites-par-jean-michel-naulot/


Grèce : quand la presse allemande dérape…, par Romaric Godin

Saturday 20 June 2015 at 01:21

Beau papier de Romaric Godin

Die Welt a lancé une attaque contre les Grecs.

Die Welt a lancé une attaque contre les Grecs.

Le quotidien allemand Die Welt a publié une attaque contre la Grèce jugée responsable de la destruction de l’ordre européen depuis… 1821. Sans échapper aux explications douteuses.

Die Welt est un journal allemand connu pour son conservatisme. Très proche de la CDU, ce quotidien fait partie du groupe Springer qui détient également le puissant et très populiste Bild Zeitung. Die Welt est, en quelque sorte, le pendant « respectable » de Bild, mais il développe souvent des idées similaires. Die Welt est ainsi assez souvent italophobe, très volontiers francophobe et évidemment absolument mishellène. Il vient d’en donner encore voici quatre jours un exemple flagrant dans un article qui émeut les réseaux sociaux en Grèce et en Europe.

Destructeurs du bel ordre européen

L’article  est titré : « la Grèce a déjà détruit une fois l’ordre européen » et il évoque la guerre d’indépendance grecque, guerre qui dura huit ans de 1822 à 1830 et qui permit la naissance du royaume de Grèce après quatre siècles de domination ottomane. L’auteur semble regretter le fait que cette insurrection populaire, d’abord rudement réprimée par le Sultan, puis finalement victorieuse grâce à l’aide franco-russo-britannique, a détruit le système mis en place par le chancelier autrichien après la chute de Napoléon, lors du Congrès de Vienne, en 1815. Comme le rappelle l’auteur, Metternich avait mis en place en Europe un système de répression de toutes les révolutions d’une grande violence. En Italie, une tentative de révolte avait été écrasée en 1821. En Espagne, la France envoyait 100.000 hommes (« les 100.000 fils de Saint-Louis ») détruire les Cortès de Cadix. Mais le soulèvement grec fut permis et, mieux, soutenu par les puissances. Or, selon Die Welt, il détruisit l’ambition de Metternich d’une « paix éternelle. » Car, explique l’auteur, la victoire de la révolution grecque a conduit à ce que, en 1830, « la France, l’Italie et la Pologne soient à leur tour secouées. »

Les Grecs, agents du chaos ?

Cette vision est assez hardie. Car l’ordre de 1815 a, en réalité, duré jusqu’en 1848. Surtout, c’était un ordre honni par les peuples, un ordre militaire et réactionnaire qui niait l’apport de la révolution française sur le vieux continent. L’auteur pourrait lire quelques pages de Stendhal, par exemple, dans la Chartreuse de Parme, pour s’en convaincre. Il y découvrira ce qu’était la violence quotidienne de son ordre européen. Un ordre qui ne se maintient que par la violence est un ordre précaire, et le conservatisme de Die Welt semble parfois l’aveugler. Les Grecs ont donc plutôt rendu service à l’Europe en rejetant cet ordre.

Du reste, la Grèce chrétienne fut soutenue par les défenseurs de l’ordre européen avant de l’être par la gauche d’alors. Les Romantiques qui, alors, rêvent de noblesse et de chevalerie (qu’on s’en convainque par la lecture de l’ode à Charles X de Victor Hugo) ont été les principaux défenseurs des Grecs. L’argument des Grecs perturbateurs ne tient pas en réalité. L’auteur oublie évidemment de rappeler que la Grèce indépendante a été rapidement mise au pas par les Puissances qui ont supprimé sa constitution libérale et mis sur le trône un souverain bavarois de 18 ans avec les pouvoirs absolus ! Etrange victoire du chaos…

La faute du philhellénisme

Mais le pire n’est pas là, selon le quotidien allemand. Le pire, c’est la victoire du « philhellénisme. » Le soulèvement grec avait provoqué dans toute l’Europe un élan de solidarité pour les Grecs révoltés. Les intellectuels de l’époque avaient massivement pris fait et cause pour l’indépendance hellénique. Il en est resté quelques chefs d’œuvre :l’invocation pour les Grecs de Lamartine, quelques pages des mémoires d’Outre-Tombe, des poèmes de Byron, mort à Missolonghi en combattant avec les Grecs ou encore les Massacre de Chios de Delacroix. Or, pour Die Welt, voici l’erreur de l’Europe, la vraie. « La victoire du philhellénisme a renforcé encore des idéaux humanistes trompeurs. La représentation selon laquelle les Grecs modernes sont les descendants de Périclès ou Socrate et pas un mélange de Slaves, de Byzantins et d’Albanais, a été pour l’Europe érigée en credo. (…) C’est pour cela qu’on a accepté les Grecs fauchés dans le bateau européen en 1980. On peut en admirer chaque jour les conséquences. »

Bref, Die Welt ne se contente pas de regretter la victoire de l’insurrection grecque qui a détruit ce si bel ordre du Congrès de Vienne, il estime que la composition ethnique de la Grèce moderne la disqualifiait pour entrer dans l’Union européenne. C’est une injure au peuple grec, bien conscient qu’il n’est pas le peuple de l’Antiquité, mais qui tient à la fierté d’en être le descendant, même « impur. » Le terme « byzantin » utilisé dans le « mélange » de Die Welt est assez ambigu. Aucun peuple n’est le pur descendant des peuples antiques. Les Allemands aussi sont le produit d’un mélange. Ils sont à juste titre fiers de leur culture. Etrange vision de l’Europe que celle qui lie un problème financier à une pureté raciale. Les Grecs ne sont pas les descendants en ligne directe de Platon et c’est pour cela qu’on les a acceptés à tort dans l’Europe ? Mais avec de tels procédés, qui serait Européen ? Qui mériterait de rentrer dans l’Europe de Die Welt ?

Vieille théorie des Conservateurs allemands

En réalité, Die Welt reprend une vieille idée allemande développée par le tyrolien Jakob Philipp Fallmerayer qui a développé dans la première partie du 19ème siècle, au temps du bel ordre européen, la théorie que les anciens Grecs avaient été « chassés » d’Europe et que les Grecs modernes n’étaient que des Slaves, ce qui pour lui était une malédiction. « Pas le moindre goutte de sang grec non dilué ne coule dans les veines de la population chrétienne d’aujourd’hui en Grèce », écrivait-il. Fallmerayer était alors la coqueluche des Conservateurs allemands qui ne comprenaient guère ce petit peuple turbulent qui ne voulait pas de son roi bavarois (au reste fort dépensier) et qui a fini par le chasser.

Die Welt remet cette théorie racialiste au goût du jour (« pas une goutte de sang non dilué » à mettre en rapport avec le « mélange » de Die Welt qui utilise le terme décadent de « Byzantin » plutôt que celui de «Grec »). S’il est une preuve de l’échec cuisant de la gestion de la crise aujourd’hui en Europe, c’est bien celui de pouvoir lire à nouveau de tels textes. Car un peu partout en Europe, dans la belle ambiance de tolérance et d’humanisme qui caractérise notre époque apparaît la haine du Grec, comme si le Grec était le seul peuple que l’on pouvait détester sans crainte…

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 15 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-quand-la-presse-allemande-derape-par-romaric-godin/


Le Bild en campagne contre la Grèce…

Saturday 20 June 2015 at 00:01

Une magnifique campagne du journal allemand Bild dans la série “L’Europe, c’est la paix” : “Nouveaux milliards pour la Grèce : nous disons NON !”

Maik Rink (38) und Stefan Knoll (34), Glas- und Gebäudereiniger aus Erfurt

Maik Rink (38) und Stefan Knoll (34), Glas- und Gebäudereiniger aus Erfurt 

Vous avez promis encore et encore: «Bien sûr, nous allons rembourser nos dettes, je le promets.” (L’ancien Premier ministre Antonis Samaras, le 23 Août 2012 dans l’image); “Nous allons rembourser chaque centime. Allemagne récupère son argent – avec des taux d’intérêt élevés “(Grèce Ex-Premier ministre George Papandreou (62) le 23 Mars 2011) ..

C’est pourquoi personne ne vous croit plus!

 

Page IMAGE avec l'appel, "Non!" Aucune autre milliard pour les Grecs gourmands!

Êtes-vous vous aussi contre des milliards de plus l’aide aux Grecs? Agissez : Cet aspect de l’image en appelant téléchargement (clic gauche sur l’image et enregistrer PDF), l’imprimer et tenir debout, “Non!”. Prenez une photo de lui-même et l’appel – et envoyer nous le Selfie.

Ces personnes disent NON:

Rezarta Krasniqi (27), Industriekauffrau aus Dettingen

Rezarta Krasniqi (27), Industriekauffrau aus Dettingen

 

Markus Koeditz (41), Architekt aus Erfurt
Markus Koeditz (41), Architekt aus Erfurt

Lisa Priesterroth (28), kaufmännische Angestellte aus Mainz

Lisa Priesterroth (28), kaufmännische Angestellte aus Mainz

 

Pietro de Matteis (45), Dachdecker aus Lorsch

Pietro de Matteis (45), Dachdecker aus Lorsch

 

Jörg Sauer (49), selbständiger Malermeister aus Oberhausen

Jörg Sauer (49), selbständiger Malermeister aus Oberhausen

 

Claudia Misch (53), Hausfrau aus Recklinghausen

Claudia Misch (53), Hausfrau aus Recklinghausen

 

Heiko Hammer (45), Vermessungstechnischer Assistent im Außendienst aus Lübeck

Heiko Hammer (45), Vermessungstechnischer Assistent im Außendienst aus Lübeck

 

Salvatore Carraffa (37), Finanzberater aus Karlsruhe

Salvatore Carraffa (37), Finanzberater aus Karlsruhe

 

Alex Hartmann (42), Verkäufer aus Ladbergen (NRW)

Alex Hartmann (42), Verkäufer aus Ladbergen

 

Nico Hoever (52), Vertriebler aus Mönchengladbach

Nico Hoever (52), Vertriebler aus Mönchengladbach

 

Joachim Pleier (67), Rentner aus Sindelfingen

Joachim Pleier (67), Rentner aus Sindelfingen

 

Wolf-Rüdiger Hass (38), Chemiefacharbeiter aus Weinheim

Wolf-Rüdiger Hass (38), Chemiefacharbeiter aus Weinheim

 

Roland Just (55), Zahntechniker aus Coswig

Roland Just (55), Zahntechniker aus Coswig

 

Angelika Just (53), Verwaltungsleiterin aus Coswig (Sachsen-Anhalt)

Angelika Just (53), Verwaltungsleiterin aus Coswig

 

Ramon Christoph (69), Rentner aus Köln

Ramon Christoph (69), Rentner aus Köln

 

Cornelia Suva (56), Angestellte aus Regensburg

Cornelia Suva (56), Angestellte aus Regensburg

 

Andre Hülscher (38, Dachdecker) aus Lünen (NRW)

André Hölscher (38, Dachdecker) aus Lünen

 

Hildegard Wasserschaff (76), Rentnerin aus Köln

Hildegard Wasserschaff (76), Rentnerin aus Köln

 

Dagmar Jäkel (55), Bademeisterin aus Sinzig (Rheinland-Pfalz)

Dagmar Jäkel (55), Bademeisterin aus Sinzig

 

Ingrid Rechtenbach (74), Rentnerin aus Langenfeld (NRW)

Ingrid Rechtenbach (74), Rentnerin aus Langenfeld

 

Heidrun Czikora (60), Verwaltungsfachangestellte aus Hüfingen (Baden-Württemberg)

Heidrun Czikora (60), Verwaltungsfachangestellte aus Hüfingen

 

Stefan Sittig (44) Industriemeister aus Sibbesse

Stefan Sittig (44), Industriemeister aus Sibbesse

 

Harald Müller (46), Unternehmensberater aus Hamburg

Harald Müller (46), Unternehmensberater aus Hamburg

 

Michael Richter (45), Haustechniker aus Alt-Mühldorf

Michael Richter (45), Haustechniker aus Alt-Mühldorf

 

Tove Röttger (65), Rentnerin aus Hamburg

Tove Röttger (65), Rentnerin aus Hamburg

 

Carsten Röttger (74), Rentner aus Hamburg

Carsten Röttger (74), Rentner aus Hamburg

 

Foto: privat

André Schuchert (47) aus Dortmund

André Schuchert (47) aus Dortmund

 

Horst Gross (59), Anästhesist aus Berlin

Horst Gross (59), Anästhesist aus Berlin

 

Sven Novak (28), System-Ingenieur aus Köln

Sven Novak (28), System-Ingenieur aus Köln

 

Thomas Quanz (39), Qualitätsmanager aus Talheim

Thomas Quanz (39), Qualitätsmanager aus Talheim

 

Renate Lins (69), Rentnerin aus Lähden

Renate Lins (69), Rentnerin aus Lähden

 

Marcus Kieselbach (38) Reiseverkehrskaufmann aus Castrop-Rauxel

Marcus Kieselbach (38), Reiseverkehrskaufmann aus Castrop-Rauxel

 

Sascha Littel (32), Fachinformatiker aus Kaltenkirchen

Sascha Littel (32), Fachinformatiker aus Kaltenkirchen

 

Andrea Weinmann (33), Industriekauffrau aus Pfarrkirchen

Andrea Weinmann (33), Industriekauffrau aus Pfarrkirchen

 

Dominik Jung (37), Diplom-Meteorologe aus Stadecken-Elsheim

Dominik Jung (37), Diplom-Meteorologe aus Stadecken-Elsheim

 

Tibor Preisinger (63), Mechaniker aus Erfurt

Tibor Preisinger (63), Mechaniker aus Erfurt

 

Jürgen Volkmann (59), Drucker aus Ratingen

Jürgen Volkmann (59), Drucker aus Ratingen

 

Lars Riiser (44), Banker aus Frankfurt am Main

Lars Riiser (44), Banker aus Frankfurt am Main

 

Ralf Schuster (45) Papiermacher aus Augsburg

Ralf Schuster (45), Papiermacher aus Augsburg

 

Richard-Michael Halberstadt (64), Rentner aus Münster

Richard-Michael Halberstadt (64), Rentner aus Münster

 

Klaus Walther (70), Rentner aus Berlin

Klaus Walther (70), Rentner aus Berlin

 

Benjamin Larfeld (35), Angestellter aus Dortmund

Benjamin Larfeld (35), Angestellter aus Dortmund

 

Carlos Scherer (42), Physiotherapeut aus Walldorf

Carlos Scherer (42), Physiotherapeut aus Walldorf

 

Steffen Beier (52), Maurer aus Bad Schmiedeberg

Steffen Beier (52), Maurer aus Bad Schmiedeberg

 

Stephan Schmalzbauer (37), Produktions-Gruppenleiter aus Amberg

Stephan Schmalzbauer (37), Produktions-Gruppenleiter aus Amberg

 

Christian Stirnberg (46), Unternehmensberater aus Bochum

Christian Stirnberg (46), Unternehmensberater aus Bochum

 

Heinz-Jürgen Betz (49), Technischer Zeichner aus Mönchengladbach

Heinz-Jürgen Betz (49), Technischer Zeichner aus Mönchengladbach

 

Martina Born (47), Verwaltungsangestellte aus Illingen

Martina Born (47), Verwaltungsangestellte aus Illingen

 

Hans P. Deis (50), Elektrobauleiter aus Wiesbaden

Hans P. Deis (50), Elektrobauleiter aus Wiesbaden

 

Martin Hinzen (44), Fahrdienstleiter bei einer privaten Bahngesellschaft aus Mettmann

Martin Hinzen (44), Fahrdienstleiter bei einer privaten Bahngesellschaft aus Mettmann

 

Karin Pechau (52), Erzieherin aus Magdeburg

Karin Pechau (52), Erzieherin aus Magdeburg

 

Ellen Steinhoff (63), Pensionärin aus Mönchengladbach

Ellen Steinhoff (63), Pensionärin aus Mönchengladbach

 

Volker Stein (52), technischer Angestellter aus Kaiserslautern

Volker Stein (52), technischer Angestellter aus Kaiserslautern

 

Patrick Lindrath (29), Stuckateur aus Sulzbach

Patrick Lindrath (29), Stuckateur aus Sulzbach

 

Stefan Mantwill (50), Berufsschullehrer aus Dresden

Stefan Mantwill (50), Berufsschullehrer aus Dresden

 

Yassin Hoffmann (29), Verkäuferin aus Ottweiler

Yassin Hoffmann (29), Verkäuferin aus Ottweiler

 

Robert Feldmann (18), Schüler aus Dresden

Robert Feldmann (18), Schüler aus Dresden

 

Erik Stein (48), TV-Journalist aus Hamburg

Erik Stein (48), TV-Journalist aus Hamburg

 

Erik Salwasser (28), Verkäufer aus Dresden

Erik Salwasser (28), Verkäufer aus Dresden

 

Kenny Sass (24), Landschaftsgärtner aus Hamburg-Barmbek

Kenny Sass (24), Landschaftsgärtner aus Hamburg-Barmbek

 

Stephan (30), Kfz-Mechatroniker aus Leipzig

Stephan (30), Kfz-Mechatroniker aus Leipzig

 

Hendrik Hallmann (19), Garten-Fachmann aus Hamburg

Hendrik Hallmann (19), Garten-Fachmann aus Hamburg

 

Christoph (26), Produktionsmitarbeiter aus Leipzig

Christoph (26), Produktionsmitarbeiter aus Leipzig

 

Maler Benjamin Kelber (26, l.) und Klempner Rene Stoppe (32) aus Leipzig

Maler Benjamin Kelber (26, l.) und Klempner Rene Stoppe (32) aus Leipzig

 

Gerd Latz (61), Taxifahrer aus Saarbrücken

Gerd Latz (61), Taxifahrer aus Saarbrücken

 

Helga Maak (52), Arbeiterin aus Dortmund

Helga Maak (52), Arbeiterin aus Dortmund

 

Jessica Specht (21), Auszubildende aus Maintal bei Frankfurt am Main

Jessica Specht (21), Auszubildende aus Maintal bei Frankfurt am Main

 

Michael Feige (65) Rentner aus Hannover

Michael Feige (65), Rentner aus Hannover

 

Dieter Schober (54), Lkw-Fahrer aus Nürnberg

Dieter Schober (54), Lkw-Fahrer aus Nürnberg

 

Monika Stünkel (64) aus Peine

Monika Stünkel (64) aus Peine

 

Tobias Kolloch (18), Schüler aus Hannover

Tobias Kolloch (18), Schüler aus Hannover

 

Anita Danieluk (56), Bankangestellte aus Lauf

Anita Danieluk (56), Bankangestellte aus Lauf

 

Marita Lux (71), Rentnerin aus Dortmund

Marita Lux (71), Rentnerin aus Dortmund

 

Dietmar Längler (59), Werkzeugmacher aus Wemmetsweiler

Dietmar Längler (59), Werkzeugmacher aus Wemmetsweiler

 

Sebastian Ruf (30), Möbelmonteur aus Schwerin

Sebastian Ruf (30), Möbelmonteur aus Schwerin

 

Frederike Hofmann (21), Journalismus-Studentin aus Nürnberg

Frederike Hofmann (21), Journalismus-Studentin aus Nürnberg

 

Marvin Blazek (20) Auszubildender aus Hannover

Marvin Blazek (20), Auszubildender aus Hannover

 

Christian Kellner (23, Elektriker) und Probst Alexander (27, Elektriker)

Christian Kellner (23, Elektriker) und Probst Alexander (27, Elektriker)

 

Melitta Beinsen (75), Rentnerin aus Hannover

Melitta Beinsen (75), Rentnerin aus Hannover

 

Michelle Shabaz-Badr, (19) Flüchtlingshelferin aus Harburg

Michelle Shabaz-Badr (19), Flüchtlingshelferin aus Harburg

 

Mike Baumann (25), Betriebswerker aus Hannover

Mike Baumann (25), Betriebswerker aus Hannover

 

Hans Jürgen Barner (77), Sachverständiger aus Dortmund

Hans Jürgen Barner (77), Sachverständiger aus Dortmund

 

Katharina Pongratz (42), Hausfrau aus Darmstadt

Katharina Pongratz (42), Hausfrau aus Darmstadt

 

Muharrem Özer (36), Taxiunternehmer aus Dortmund

Muharrem Özer (36), Taxiunternehmer aus Dortmund

 

Source : Bild

Source: http://www.les-crises.fr/le-bild-en-campagne-contre-la-grece/


Grèce : les banques bientôt à court de liquidités ?

Friday 19 June 2015 at 07:54

Selon Reuters, la BCE n’est “pas sûre” que les banques grecques puissent rouvrir lundi. La Banque de Grèce devrait demander une élévation d’urgence du plafond de la liquidité d’urgence, mais le pays est menacé d’une “course aux guichets.”

La réunion de l’Eurogroupe de ce jeudi 18 juin s’est achevée comme prévu, sans accord avec la Grèce. Mais si cette issue était prévisible, les événements ne s’en sont pas moins accélérés dans les heures qui ont suivies la fin des discussions. Selon Reuters, citant notamment Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, l’institution de Francfort n’est « pas certaine que les banques grecques pourront ouvrir lundi. » La rapidité des retraits aux guichets devient désormais si inquiétante que les banques helléniques pourraient rapidement arriver au bout de leurs possibilités.

Les banques grecques sans liquidités lundi ?

Mercredi, la BCE avait accepté de relever une nouvelle fois le plafond de liquidité accordé aux banques grecques dans le cadre du programme d’urgence ELA, qui est la dernière réelle façon pour les banques grecques de se refinancer dans l’Eurosystème. Mais ce relèvement avait été minime : 1,1 milliard d’euros de plus pour la semaine à venir. Or, parallèlement, la perspective d’une absence d’accord avec les créanciers et d’un défaut sur le FMI le 30 juin – encore renforcée par les déclarations de la Christine Lagarde sur l’absence de “période de grâce” – inquiètent les Grecs qui redoutent à juste titre la mise en place de contrôle des capitaux, de mesures restrictives de retraits aux guichets, voire une sortie de la zone euro. Mercredi, 950 millions d’euros avaient ainsi été retirés des comptes grecs, ce jeudi le chiffre d’un milliard a été évoqué. Avant la réunion de l’Eurogroupe, l’agence Bloomberg évoquait le chiffre de 2 milliards d’euros restants dans les caisses des banques grecques. Au rythme de mercredi et jeudi, les banques pourraient donc dès dimanche se retrouver à court de liquidité. Du reste, selon le journal grec Proto Thema, la Banque de Grèce réclamera vendredi 19 juin un relèvement du plafond du programme ELA d’urgence à la BCE.

Bank Run dès ce vendredi ?

A l’issue de l’Eurogroupe, Yanis Varoufakis, le ministre hellénique des Finances, a repoussé les rumeurs sur les banques grecques, mais la BCE n’a pas officiellement démenti l’information qui a été confirmé par « deux officiels européens » à Peter Spiegel, journaliste du Financial Times. Une façon de faire planer la menace sur les déposants grecs. La Grèce est donc clairement dès ce vendredi 19 juin menacée d’un « Bank Run », d’une course aux guichets où chacun tentera de mettre à l’abri ses dépôts. Désormais, c’est à la BCE de décider si elle entend apaiser ce risque en relevant, en dehors des délais habituels (chaque mercredi) le plafond de l’ELA ou si elle ne fait rien pour stopper les craintes des déposants helléniques. Dans ce dernier cas, elle prendra naturellement une décision très politique en plaçant une pression extrêmement forte sur le gouvernement grec pour qu’il accepte les conditions fixées par les créanciers.

Réunion d’urgence du conseil européen lundi 22 juin

Où en sont les négociations ? C’est extrêmement difficile à dire. Certaines informations indiquent que Yanis Varoufakis est venu avec de nouvelles propositions qu’il a posté sur son blog et qui ont encore été repoussées par les créanciers. Le commissaire européen Pierre Moscovici a, pour la troisième fois de la journée, répété que « la balle était dans le camp de la Grèce. » Il a invité Athènes à « rejoindre la table des négociations sérieusement. » Le président du conseil européen Donald Tusk a convoqué un conseil européen d’urgence sur la Grèce lundi 22 juin et c’est sans doute là que se jouera l’avenir de la Grèce, même si Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a indiqué qu’il pouvait convoquer un Eurogroupe « avant lundi » si nécessaire. Bref, un accord serait encore possible.

Choix du gouvernement grec

Mais cette convocation rapide montre très clairement que les créanciers espèrent désormais que la pression sur les banques grecques sera suffisante pour faire céder le gouvernement grec sur ses deux dernières « lignes rouges » : la réduction de 1,8 milliard d’euros des pensions versées aux retraités et une hausse équivalente de la TVA. Un bank run serait une aubaine pour les créanciers, car il lui permettrait de casser la résistance hellénique. L’apparition de rumeurs si opportune à le déclencher sur le montant des liquidités disponibles dans les banques ce jeudi soir n’est peut-être pas un hasard. Si après la diffusion de ces informations, comme cela est probable, les banques sont prises d’assaut ce vendredi en Grèce, même la BCE pourrait être prise au dépourvu. Et le relèvement du plafond du programme ELA – on évoque le chiffre de 3 milliards d’euros – pourrait ne pas être suffisant pour calmer les craintes des déposants jusqu’à lundi. Le gouvernement grec devra alors se décider rapidement : soit jeter l’éponge et capituler devant les conditions des créanciers, soit prendre des mesures de contrôles des capitaux forcément impopulaires. Le gouvernement a parlé de plan de “déstabilisation financière.” Mais il reste une réalité : la Grèce ne tient désormais plus qu’à un fil dans la zone euro et le gouvernement Tsipras se trouve face au choix le plus difficile de sa courte existence.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 19/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/grece-les-banques-bientot-a-cours-de-liquidites/


La Belgique et la France veulent saisir les actifs du gouvernement russe…

Friday 19 June 2015 at 04:04

Moi, je dis que faire ça le jour où Tsipras rencontre Poutine en Russie c’est de la trèèèèèèèèèèèès haute stratégie diplomatique…

Je rappelle que j’ai déjà parlé de ce scandale (visant à donner 50 Md€ à des oligarques qui se sont enrichis par la corruption) dans ce billet

Affaire Ioukos: la Belgique s’intéresse aux actifs russes non couverts

media

Selon la Cour d’arbitrage de La Haye, la Russie doit 50,2 milliards de dollars aux actionnaires de Ioukos. Une somme toujours impayée.

La Cour d’arbitrage de La Haye a condamné en juillet 2014 la Russie à rembourser 50,2 milliards de dollars aux actionnaires spoliés de Ioukos, l’ex-fleuron pétrolier russe démantelé par Moscou en 2006. Des dizaines de milliards dont l’Etat russe ne s’est jamais acquitté. Conséquence, et c’est une information RFI, plusieurs pays ont confié à leurs autorités judiciaires le soin de dresser la liste des actifs russes non couverts. Le ministère belge de la Justice vient de donner deux semaines aux huissiers du pays pour dresser la liste de tous ces actifs qui pourront faire l’objet de saisies.

Les autorités russes avaient, sous le prétexte infondé d’impôts impayés, exproprié et embastillé le propriétaire de Ioukos, l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, coupable d’anti-poutinisme. La Cour d’arbitrage avait accordé aux plaignants la somme-record de 50,2 milliards de dollars, que les Russes refusent de payer.

Le groupe GML, représentant les actionnaires spoliés, vient donc de passer la vitesse supérieure. Dans plusieurs pays européens, il réclame la saisie-liquidation des biens de toute nature, propriété de la Fédération de Russie, à l’exception cependant de ceux qui seraient couverts par l’immunité diplomatique.

Il y a quelques heures, les principales banques belges, ainsi que plusieurs entités représentant ici différents intérêts russes, ont reçu une circulaire provenant d’une étude d’huissiers de justice, qui leur intiment d’avoir à soumettre sous quinzaine la liste complète des fonds, immeubles, véhicules, valeurs, propriétés de l’État russe, y compris les éventuelles dettes dues à celui-ci.

Une procédure semblable suit son cours en France, où le ministère de la Justice a fait parvenir la semaine dernière aux parquets généraux une note explicative du dossier.

Source : RFI, le 18 juin 2015.


Bruxelles veut saisir les actifs russes de Belgique

Ioukos

Ioukos

Selon des données préliminaires, 47 institutions russes en Belgique ont reçu une injonction judiciaire demandant la remise de la liste complète de leurs actifs dans un délai de 15 jours. La Russie conteste cette décision.

L’affaire concernant la saisie des biens russes de toute nature a été entamée pour couvrir les dettes de Ioukos, estimées à 50 milliards d’euros que la Cour Permanente d’Arbitrage de la Haye demande à la Russie de payer.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a annoncé ce jeudi que Moscou ne souhaite pas faire de commentaire sur le sujet. «Cela n’influence pas le climat d’investissement en Russie. Le cabinet des ministres et les avocats travaillent sur la question», a-t-il déclaré.

«Je n’ai pas encore vu les documents. Il faut les voir au tribunal. S’il y a des accusations illégitimes, nous aurons recours aux moyens juridiques appropriés», a fait savoir le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Hier soir, les tribunaux belges ont annoncé que les biens des compagnies russes allaient être saisis, face au manque de 1,6 milliard d’euros aux comptes de l’ex-filiale du géant pétrolière russe Ioukos Universal Limited. Selon la décision de la Cour, la Russie est obligée de régler cette somme avant le 15 juin mais elle ne s’en est pas acquittée.

Néanmoins, selon les rapports la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), il n’y a pas de lien direct entre l’affaire Ioukos et la décision du gouvernement belge de saisir les actifs russes sur son territoire. On prétend que le Royaume de Belgique aurait pu agir de manière indépendante.

«On ne voit aucun lien direct entre le jugement contre la Russie et la décision des autorités belges», a annoncé dans la CEDH.

Une circulaire provenant de la justice qui intime de soumettre la liste complète des fonds, immeubles, véhicules, actifs appartenant à la Russie a été adressée à toutes les compagnies russes, y compris une branche locale de l’Eglise orthodoxe. Cependant, les propriétés russes couvertes par l’immunité diplomatique ont été exemptées de la liste des destinataires.

Une procédure semblable de saisie de biens russes est déjà en cours en France où le ministère de la Justice a fait parvenir la semaine dernière une note explicative du dossier.

Ce jeudi, l’assistant du président de Russie Andreï Beloussov a déclaré que la Russie a l’intention de faire appel de cette décision. «La situation de la saisie des biens est politisée, Moscou espère éviter une nouvelle escalade dans les relations», a-t-il précisé.

Le ministre russe de la Justice Alexander Konovalov a expliqué que l’injonction de payer cette réparation «contredisait à la pratique judiciaire de la Cour et ne se basait pas sur des circonstances factuelles réelles».

En juillet dernier, la Cour d’arbitrage de la Haye a satisfait un recours en indemnisation des ex-actionnaires de Ioukos contre la Russie et sommé Moscou de verser 50 milliards d’euros de compensation avant le 15 juin 2015 pour la liquidation jugée irrégulière du géant pétrolier. Mais la décision n’a pas été appliquée car la loi russe l’interdit.

Dans les faits, il ressort des arrêts de deux juridictions [CEDH et Cour Permanente] que les ex-actionnaires de Ioukos portent une responsabilité dans la liquidation de la compagnie causée par le redressement fiscal imposé au vu de l’ampleur de la fraude fiscale.

Les députés des quatre fractions au parlement russe ont fait des appels à la Cour constitutionnelle pour clarifier comment devait-on agir dans telle situation. Les hommes politiques russes sont persuadés que «plusieurs décisions de la CEDH ont pour but d’effacer les frontières de la souveraineté» de la Russie.

Le géant pétrolière russe a été fondé en 1993. Le 1er août 2006, le syndicat des banques étrangères a annoncé sa faillite, Ioukos étant endetté à hauteur de 50 milliards d’euros. Cette dette a été rachetée par une autre société pétrolière russe, Rosneft. En 2007, les biens de Ioukos ont été mis aux enchères pour couvrir les dettes. Le 21 novembre 2007, la compagnie a été officiellement liquidée.

Source : RT France, le 18 juin 2015.


La Russie prête à bloquer toute saisie de ses biens après la décision du juge de la Haye sur Ioukos

Ancien bureau de Ioukos en Sibérie

La Russie se tient prête à protéger ses biens à l’étranger de toute saisie suite à la décision de la Cour de la Haye d’accorder 50 milliards d’euros de compensation au pétrolier Ioukos, a indiqué le ministre russe de la Justice Alexandre Konovalov.

«Naturellement, nous nous préparons à cette éventualité, et notamment à prévenir ces agissements que nous considérons comme contraires à la loi», a dit le ministre en réponse à une question d’Interfaxtendant à clarifier si la Russie était prête à protéger ses biens à l’étranger des tentatives de saisie en vertu de la décision de la Cour Permanente d’Arbitrage de la Haye (ci-après – la Cour permanente) dans le cadre de l’affaire Ioukos.

Alexandre Konovalov a aussi répondu à la question de savoir si la partie russe allait élaborer un plan de paiement des pénalités. «C’est l’affaire du ministère des Finances». «Mais autant que je sache, non», a-t-il souligné.

L’exécution des décisions de la Cour Permanente est du ressort des juridictions nationales que les plaignants devront saisir par eux-mêmes, a indiqué le ministre de la Justice.

«Jusqu’à présent, de telles demandes ont été reçues en France et aux Etats-Unis. Chaque fois qu’une demande apparaîtra, il faudra prendre les mesures que la Fédération de Russie jugera nécessaires pour empêcher l’exécution de la décision», a noté le ministre, promettant que la Russie se défendra devant les juridictions locales. Il est à noter que les déclarations du ministre font suite à l’envoi récent d’une telle requête par les représentants de Ioukos à une juridiction parisienne.

En juillet dernier, le Cour d’arbitrage de la Haye a satisfait un recours en indemnisation des ex-actionnaires de Ioukos contre la Russie et sommé Moscou de payer 50 milliards d’euros de compensation pour la liquidation jugée irrégulière de la compagnie anciennement gérée par l’oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski. Le juge a réparti la somme entre plusieurs ex-filiales de Ioukos, y compris l’entreprise chypriote Hulley Enterprises (39,9 milliards), Yukos Universal (1,8 milliard) et Veteran Petroleum – (8,2 milliards).

Néanmoins, en février 2015, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), saisie par les ex-actionnaires s’estimant lésés dans leur droit de propriété sur les actifs liquidés, a reconnu que la société Ioukos s’était rendue coupable d’évasion fiscale massive en Russie et que le redressement fiscal qui a suivi était justifé au regard de la législation russe.

Les conclusions des avocats du géant pétrolier déchu tendant à démontrer qu’il s’agissait d’une manœuvre politique orchestrée par les autorités russes ont été rejetées par la Cour européenne.

Dans les faits, il ressort des arrêts de deux juridictions [CEDH et Cour Permanente] que les ex-actionnaires de Ioukos portent une responsabilité dans la liquidation de la compagnie causée par le redressement fiscal imposé au vu de l’ampleur de la fraude fiscale.

Au terme du redressement effectué en 2006 en parallèle au procès retentissant de l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, une partie des actifs de la compagnie avait été liquidée conformément à une procédure de faillite et une autre partie rachetée par Rosneft.

Source : RT France, le 4 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-belgique-et-la-france-veulent-saisir-les-actifs-du-gouvernement-russe/


Grèce : les créanciers sont-ils réalistes ?, par Romaric Godin

Friday 19 June 2015 at 00:40

Grecs et créanciers jugent la partie d'en face "irréaliste"

Grecs et créanciers jugent la partie d’en face “irréaliste”

Grecs et créanciers se renvoient au visage des accusations d’irréalisme. Qu’en est-il réellement ? Tentative de réponses.

Alors que, plus que jamais, les discussions entre la Grèce et ses créanciers semblent gelées, les deux parties se renvoient des accusations de manques de réalisme. Du côté grec, Alexis Tsipras, le premier ministre, affirme refuser des exigences « irrationnelles » des créanciers. De l’autre côté, on appelle en permanence les Grecs à « revenir sur terre. » Samedi 13 juin, le premier ministre belge, Charles Michel, a ainsi proclamé que « la récréation est finie » pour les Grecs. Mais de quel côté est le « réalisme » ? Pour y répondre, il faut reprendre les éléments point par point.

Le programme du gouvernement

Les créanciers ont jugé dès les premiers jours qui ont suivi l’élection du 25 janvier que le programme du parti arrivé en tête était « irréaliste. » Or, le nouveau gouvernement grec a pris en compte cette objection, trop du reste au goût de beaucoup, et fait énormément de concessions. Le gouvernement grec a accepté d’abandonner toute revendication concernant l’annulation d’une partie de la dette publique. Il a accepté de ne relever que progressivement le salaire minimum, contrairement à ses engagements. Il a même accepté une hausse modérée de la charge de la TVA. Il s’est engagé à modifier le droit du travail dans le cadre des accords avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’OCDE. Il a même renoncé à assumer une vraie politique économique en s’engageant, dans l’accord du 20 février, à ne prendre « aucune mesure budgétaire unilatérale. » Bref, la position actuelle du gouvernement grec est une position « défensive », c’est celle des « lignes rouges. » Alexis Tsipras ne cherche réellement plus à imposer un programme, mais il veut défendre des acquis menacés par les créanciers. Il est donc difficile de l’accuser de ne pas avoir effectué l’aggiornamento de son programme.

La politique budgétaire

La position grecque a été de dénoncer comme « irréaliste » l’objectif d’un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,5 % du PIB réclamé par le mémorandum de 2012 pour 2015. Après avoir longtemps hésité et avoir réclamé, par la voix de Wolfgang Schäuble, l’application stricte du programme, les créanciers ont convenu de ce qui apparaît aujourd’hui comme une évidence. A l’époque, la demande grecque était celle d’un excédent primaire de 1,5 % du PIB, position longtemps rejetée encore par les créanciers. La situation économique se dégradant davantage, l’objectif grec est devenu impossible à atteindre et finalement, les créanciers ont proposé un excédent de 1 % du PIB. Les Grecs ont alors jugé que cet objectif était trop ambitieux et ont proposé 0,6 %. Devant l’inflexibilité de la partie adverse, le gouvernement grec a alors relevé son objectif jusqu’au 1 % du PIB exigé. Il n’est pas certain que cet objectif soit réellement « réaliste », mais du moins, là encore, il y a eu une adaptation de la partie grecque à la réalité et au rapport de force avec les créanciers. Impossible ici de parler « d’irréalisme. »

La situation économique

Le blocage des négociations a fortement perturbé l’économie grecque. Mais rappelons que la dégradation a débuté dès le mois de septembre dernier, lorsque le précédent gouvernement d’Antonis Samaras avait décidé de « sortir du programme », ce qui avait inquiété les agents économiques. La dégradation de la situation a encore été aggravée par les décisions de la BCE d’interdire de facto le 4 février aux banques grecques l’accès à la procédure normale de refinancement et d’exclure la Grèce du programme de rachat de titres publics (« QE »). Enfin, les rumeurs de « Grexit » ou de « Graccident » soigneusement entretenues par les interviews d’un Wolfgang Schäuble, par exemple, ont été déterminantes pour accélérer les retraits de dépôts qui à leur tour favorisent la thésaurisation, la fuite des capitaux et l’incapacité des banques à prêter. Le gouvernement grec doit-il alors céder aux exigences des créanciers afin de « soulager » l’économie ?

Il est vrai qu’un accord aurait un effet très positif immédiat sur l’économie grecque. Mais une fois ce « rattrapage » passé, les effets des mesures d’austérité imposées par les créanciers pèseraient lourd sur une population déjà accablée par cinq longues années de mesures d’économies. Surtout, encore une fois, au-delà des effets « macro-économiques », ce serait les plus fragiles qui seraient les plus touchés : les séniors qui vivent de petites retraites (deux tiers des retraités grecs ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté), les chômeurs qui bénéficient des transferts intrafamiliaux portés par les retraites ou encore les travailleurs pauvres contraints de devoir payer le relèvement de la TVA sur les produits de base, notamment l’énergie et les médicaments. Bref, le réalisme est, ici, une notion relative qui doit aussi prendre en compte la réalité sociale du pays.

D’autant qu’il convient aussi de penser à la capacité à moyen et long terme de l’économie grecque. Or, « l’ajustement » depuis 2010 a détruit une grande partie de cette capacité. La Grèce est dans une situation équivalente à un après-guerre. Elle a clairement besoin d’un programme d’investissement pour reconstruire son économie. C’est ce que demandait le programme économique de Syriza présenté à Thessalonique en septembre. C’est aussi ce que refusent absolument les Européens qui, dans ce domaine, manquent cruellement de « réalisme. »

L’austérité

Le FMI a publié en 2013 un rapport convenant de ses erreurs lors de la définition des programmes imposés à la Grèce. Il vient de publier un autre rapport de recherche montrant que l’augmentation des inégalités nuit à la croissance. Or, le FMI réclame à la Grèce des mesures qui ne prennent aucunement compte de ces éléments de recherche. Du côté des Européens, on reste enfermé dans une logique simple qui veut que la croissance ne puisse être issue que des « réformes » et de la consolidation budgétaire. Ce discours s’appuie sur la comparaison de la Grèce, petite économie relativement fermée et peu industrialisée, avec l’Irlande, qui a toujours été un pays très exportateur et très industrialisé, ou l’Espagne, économie fort différente aussi de la Grèce. Tout ceci manque singulièrement de réalisme et relève davantage du mythe. Le gouvernement grec qui, rappelons-le, a beaucoup cédé à ce mythe, refuse de revenir à la logique des erreurs de 2010 et 2012. Est-ce là de l’irréalisme ? Rappelons que même le gouvernement précédent refusait les mesures de la troïka par réalisme. Lors de son discours à la Vouli, Alexis Tsipras a, du reste, mis au défi les membres de l’opposition d’affirmer leur soutien au plan des créanciers.

Les retraites

Dans ce cadre, le problème des retraites est central. Il est la pierre d’achoppement principal entre les deux parties. Les créanciers soulignent le poids des dépenses de retraites (16,7 % du PIB) et le caractère insoutenable du système. Deux points réalistes, en effet. Mais soulignons d’emblée, en retour, que peu de système de retraites sont réellement soutenables en Europe compte tenu de la situation démographique du vieux continent. L’Allemagne est loin d’être épargnée de ce point de vue puisque les « Cinq sages économiques » avaient proposé le report de l’âge légal de la retraite à 69 ans outre-Rhin en 2013 et que la chancelière Angela Merkel a préféré ouvrir une possibilité de départ à 63 ans pour ceux qui ont cotisé 45 ans. Rappelons aussi que le report de cet âge légal de départ en Allemagne ne sera fixé à 67 ans qu’en 2030…

Pour la Grèce, cependant, la situation est plus sérieuse compte tenu de l’absence d’accès au marché du pays. Mais la stratégie des créanciers est-elle réaliste ? En baissant les pensions et en repoussant l’âge légal de départ à la retraite, on affaiblira le pouvoir d’achat et on exercera une pression sur l’emploi. La croissance en sera nettement amoindrie, ce qui rendra le poids du système de retraite encore plus insoutenable. Si les retraites pèsent lourd en rapport du PIB, la mesure préférée des créanciers, c’est d’abord parce que le PIB s’est effondré d’un quart en 6 ans. Faut-il poursuivre dans cette voie ?

Du reste, le caractère insoutenable de ce système des retraites s’explique aussi par les erreurs des créanciers. Le fonds de retraite grec a perdu 8 milliards d’euros dans l’annulation de la dette de 2012, alors que, rappelons-le, les dettes privées détenues par la BCE, soit 27 milliards d’euros, ont été épargnées. Bref, les retraités ont payé pour que la BCE ne paie pas. Est-il réaliste aujourd’hui de leur demander un nouvel « effort » ? La solution passerait plutôt par une redynamisation rapide de l’économie qui permettrait de favoriser les recettes de l’Etat, de baisser le chômage et de permettre aux Grecs de demeurer en Grèce, ce qui est une des clés du maintien du système de retraite. Le gouvernement a toujours souligné qu’il refusait toute modification du système de retraites dans les conditions actuelles, pas dans l’absolu. Là encore, le réalisme n’est pas du côté des créanciers.

La dette

Aucun économiste sérieux ne prétend aujourd’hui que la dette publique grecque s’élevant à 179 % du PIB pourra être remboursée et soutenable pour l’économie hellénique. La Grèce devrait, pour cela, à la fois retrouver un accès au marché et dégager jusqu’en 2054, date du dernier remboursement, des excédents budgétaires primaires très élevés qui sont autant de ponction sur l’activité économique. Le plan des créanciers et du gouvernement prévoient ainsi un excédent primaire entre 2017 et 2018 de 3,5 % du PIB. En alliant ce fait à l’incapacité de la zone euro et de l’UE à lancer un programme ambitieux d’investissement en Grèce, donc avec une croissance qui restera faible, le remboursement intégral est une gageure. Comme du reste elle l’est pour des pays comme le Portugal ou l’Irlande. Les créanciers le savaient bien puisqu’en 2012, ils s’étaient engagés à entamer des pourparlers de restructuration de la dette et qu’ils ont déjà pratiqué une telle restructuration en novembre 2012. Pourtant, les créanciers refusent de discuter de la dette avec le nouveau gouvernement grec et s’accroche à cette fiction que « tout doit être remboursé. » On est là dans l’irréalisme complet.

La question de la dette n’est pas une question lointaine comme certains le prétendent. Si les remboursements au FESF et aux Etats européens ont été reportés à 2023, la Grèce, sans accès au marché, doit rembourser dès cette année le FMI et la BCE pour, en tout, une vingtaine de milliards d’euros. Cet argent est versé, depuis août dernier, sans aide extérieure, avec ses propres excédents. Dire que la Grèce est un mauvais payeur et ne respecte pas les règles est donc non seulement faux, mais aussi injurieux pour une économie qui a sans doute davantage besoin de ces fonds que le FMI ou la BCE. Obliger la Grèce, dans sa situation, à verser 6,7 milliards d’euros à sa propre banque centrale, relève de l’irréalisme le plus total. C’est pourtant un point sur lequel la BCE ne transige pas et aucune restructuration n’est à ce jour envisagée.

La confiance

Les créanciers prétendent ne pas pouvoir avoir confiance dans le gouvernement grec et demande des garanties. Athènes a accepté, au prix de sacrifices que l’on a décrits plus haut, d’accorder de nombreuses garanties. Elles sont insuffisantes, prétendent les créanciers qui ne cessent de ramener l’actuel gouvernement aux erreurs du passé. Mais il est bien étrange de faire porter sur un gouvernement composé de partis n’ayant jamais gouverné depuis 1974 le poids des erreurs des gouvernements du passé. Mieux même, les créanciers ne se seraient sans doute pas montrés si durs avec un gouvernement Samaras qui, pourtant, était composés de ceux qui avaient placé la Grèce dans l’impasse financière. Cette attitude semble peu réaliste et purement idéologique. Elle a justifié pourtant le comportement des créanciers depuis les premiers jours du gouvernement grec et le rejet de tous les plans de réformes et de toutes les concessions d’Athènes. Par exemple, dimanche, les négociateurs grecs ont proposé de combler l’équivalent des baisses de retraites (1,8 milliard d’euros) par l’amélioration des recettes fiscales. Les premières mesures de ce type ont déjà permis de récupérer 500 millions d’euros. Mais Bruxelles a refusé net.

Le rapport de force

Le seul argument réaliste serait donc celui de la « loi du plus fort » : la petite Grèce ne saurait résister à la volonté, juste ou non, des 17 autres pays de la zone euro, du FMI, de l’ensemble de la presse économique du monde et des économistes reconnus. Elle doit, estime-t-on, cesser d’argumenter et capituler devant une force aussi formidable. C’est sans doute une position réaliste, mais qui pose bien des problèmes. D’abord, la zone euro deviendrait alors, comme le soulignait Alexis Tsipras dans sa tribune au Monde, une « zone euro à deux vitesses » avec ceux qui ordonnent et ceux qui obéissent. L’euro comme facteur de paix et de prospérité pourrait pâtir d’un tel ordre violent. Ensuite, c’est oublier que, avec sa dette immense, la Grèce dispose de l’arme du débiteur : celui du défaut. La raison entraîne toujours les créanciers à négocier avec leurs débiteurs insolvables. Ceux qui ont refusé l’accord argentin, par exemple, peuvent bien avoir raison en droit, ils ne seront jamais payés par Buenos Aires. La loi du plus fort n’est pas toujours aussi simple qu’on le croit…

Au final, la position des créanciers semblent fort peu réaliste. Elle s’appuie sur des objectifs contestables, sur une logique économique qui a échoué et sur des ambitions politiques que les formes officielles cachent bien difficilement.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 17 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-les-creanciers-sont-ils-realistes-par-romaric-godin/


Miscellanées du vendredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Hollande)

Friday 19 June 2015 at 00:22

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “Nos politiques n’ont pas de testicules” – 15/06

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): La situation grecque pourrait-elle se dégrader encore plus ? – 15/06

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Hausse des taux: quels impacts sur l’économie américaine ? – 15/06

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: la Grèce, paradis fiscal en cas de Grexit ? – 10/06

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): La hausse des taux obligataires va-t-elle se poursuivre ? – 10/06

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): “Les arguments utilisés contre la Grèce sont de très mauvaise foi” – 10/06

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir: “L’Eurogroupe va payer très cher le fait de ne pas avoir écouté le gouvernement grec”

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): La crainte d’un défaut grec plombe-t-elle les marchés ? – 16/06

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): Faut-il s’inquiéter d’une hausse des taux d’intérêt de la FED ? – 16/06

IV. Hollande

François Hollande hué par les spectateurs lors de son arrivée aux 24 Heures du Mans


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-vendredi-19-06-2015/


La dette grecque est illégale, illégitime et odieuse selon le rapport préliminaire du comité sur la dette

Thursday 18 June 2015 at 04:47

Traduit par Okéanos – une vieille connaissance :)

Les preuves présentées dans le rapport indiqueraient que la dette issue des plans d’austérité est une violation directe des droits fondamentaux de l’homme. Le comité serait arrivé à la conclusion que la Grèce ne devrait pas payer cette dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse.

E. Toussaint présentant un document du FMI qui prouve que le fonds savait que ses mesures augmenteraient la dette grecque.

E. Toussaint présentant un document du FMI qui prouve que le fonds savait que ses mesures augmenteraient la dette grecque.

Le comité sur la vérité sur la dette publique grecque présente aujourd’hui et demain ses premières conclusions. Le rapport sera officiellement publié demain vers 16h. Composé de 9 chapitres, le rapport conclut, sans vraiment beaucoup de surprise, que la dette grecque est en grande partie illégale, illégitime et odieuse.

Ce rapport préliminaire présente une cartographie des problèmes et des questions clés liées à la dette publique grecque, et fait état des violations juridiques associées; il retrace également les fondements juridiques sur lesquels peut se fonder la suspension unilatérale des paiements de la dette.

Les résultats sont présentés en neuf chapitres structurés comme suit (traduction du résumé publié en anglais ici) :

1. la dette avant la troïka

Ce chapitre revient sur les analyses de la croissance de la dette publique grecque depuis les années 1980.

Il conclut que l’augmentation de la dette n’est pas le résultat de dépenses publiques excessives, qui sont en fait restées inférieures aux dépenses publiques des autres pays de la zone euro, mais plutôt en raison des taux extrêmement élevés, des dépenses militaires excessives et injustifiées, de la perte de recettes fiscales due à des sorties illicites de capitaux, de la  recapitalisation  des banques privées, et des déséquilibres internationaux créés par les failles dans la conception de l’Union monétaire elle-même.

L’adoption de l’euro a conduit à une augmentation drastique de la dette privée en Grèce à laquelle les grandes banques privées européennes ainsi que les banques grecques ont été exposées. La crise bancaire a contribué à la crise de la dette souveraine grecque. Le gouvernement de George Papandreou a aidé à présenter les éléments d’une crise bancaire comme une crise de la dette souveraine en 2009 en mettant l’accent et en augmentant le déficit public et la dette.

2. Evolution de la dette publique grecque entre 2010 et 2015,

Ce chapitre conclut que le premier accord de prêt de 2010 a principalement visé le sauvetage des banques privées et a permis aux banques de réduire leur exposition aux obligations d’État grecques.

3. la dette publique grecque en 2015

Ce chapitre présente la nature controversée de la dette actuelle de la Grèce, les principales caractéristiques des prêts, qui sont analysés plus en profondeur dans le chapitre 8.

4. Mécanisme de la dette en Grèce

Ce chapitre révèle les mécanismes des accords qui ont été mis en œuvre depuis mai 2010. Ils ont créé une quantité importante de nouvelle dette, tout en générant des coûts abusifs ainsi que l’approfondissement de la crise.

Les mécanismes révèlent que la majorité des fonds empruntés ont été transférés directement aux institutions financières. Plutôt que de bénéficier à la Grèce, ils ont accéléré le processus de privatisation, par l’utilisation d’instruments financiers .

5. conditionnalités contre la durabilité

Ce chapitre présente comment les créanciers ont imposé des conditions intrusives attachés aux accords de prêt, ce qui a conduit directement à l’impossibilité économique et à l’insoutenabilité de la dette. Ces conditions, sur lesquelles les créanciers insistent encore, ont non seulement contribué à la baisse  du PIB, mais aussi à un emprunt public plus élevé, faisant la dette de la Grèce plus insoutenable encore, mais a également provoqué des changements dramatiques dans la société, et a provoqué une crise humanitaire.

La dette publique de la Grèce peut être considérée comme tout à fait insoutenable à l’heure actuelle.

6. Impact des “programmes de sauvetage” sur les droits de l’homme

Ce chapitre conclut que les mesures mises en œuvre dans le cadre des “plans de sauvetage” ont directement affecté les conditions de vie des personnes et ont violé les droits de l’homme, que la Grèce et ses partenaires sont tenus de respecter, de protéger et de promouvoir en vertu du droit national et international.

Les ajustements drastiques imposés à l’économie grecque et à la société dans son ensemble ont provoqué une détérioration rapide du niveau de vie, et restent incompatibles avec la justice sociale, la cohésion sociale, la démocratie et les droits humains.

7. les questions juridiques entourant les protocoles d’entente et de prêt

Ce chapitre soutient qu’il y a eu violation des droits de l’homme de la part de la Grèce elle-même et des prêteurs que sont les États membres de la zone euro, la Commission européenne, le Parlement Européen, la Banque Centrale et le Fonds monétaire International, qui ont imposé ces mesures à la Grèce.

Tous ces acteurs ont échoué à évaluer les violations des droits de l’homme comme un résultat des politiques qu’ils ont obligés de poursuivre, et ont aussi directement violé la Constitution grecque en dépouillant efficacement la Grèce de la plupart de ses droits souverains.

Les accords contiennent des clauses abusives, qui contraignent la Grèce à capituler sur des aspects importants de sa souveraineté. Ceci est imprimé dans le choix de la loi anglaise comme régissant le droit pour ces accords, ce qui a facilité le contournement de la Constitution grecque et les obligations internationales des droits de l’homme.

Il y a plusieurs indications qui montrent que les parties contractantes ont agi de mauvaise foi, ce qui rendent ces accords invalides.

8. évaluation des dettes illégitimes, odieuses, illégale et la non-viables

Ce chapitre fournit une évaluation de la dette publique grecque selon les définitions relatives à la dette odieuse, illégitime, illégale et non viable adoptées par le Comité.

Ce chapitre conclut que la dette publique grecque, en date de juin 2015 est insoutenable, puisque la Grèce est actuellement incapable de rembourser sa dette sans compromettre gravement sa capacité à remplir ses obligations de base des droits humains. En outre, pour chaque créancier, le rapport fournit des preuves de cas indicatifs de dettes illégales, illégitimes et odieuses.

Dette envers le FMI : Elle doit être considérée comme illégale puisque qu’elle a violé les propres statuts du FMI, et ses conditions enfreignaient la Constitution grecque, le droit international coutumier, et les traités auxquels la Grèce est partie. Elle est également illégitime, puisque les conditions incluses empiétaient sur les obligations en matière de droits de l’homme. Enfin, elle est odieuse puisque le FMI savait que les mesures imposées étaient antidémocratiques, inefficaces, et conduiraient à de graves violations des droits socio-économiques.

Dettes envers la  BCE: Elles doivent être considérées comme illégales car la BCE a sur-intensifié son mandat en imposant l’application des programmes d’ajustement macro-économiques (par exemple la déréglementation du marché du travail) par l’intermédiaire de sa participation à la Troïka. Les dettes envers la BCE sont également illégitimes et odieuses, puisque la principale raison d’être du programme était de servir les intérêts des institutions financières, permettant aux grandes banques privées européennes et grecques de se débarrasser de leurs obligations grecques.

9. les fondations juridiques pour la répudiation et la suspension de la dette souveraine grecque

Ce chapitre présente les options concernant l’annulation de la dette, et en particulier les conditions dans lesquelles un Etat souverain peut exercer le droit de répudiation ou la suspension du paiement de la dette en vertu du droit international.

Plusieurs arguments juridiques permettent à un Etat de répudier unilatéralement sa dette illégale, odieuse et illégitime. Dans le cas de la Grèce, un tel acte unilatéral peut être fondée sur les arguments suivants :

En ce qui concerne la dette insoutenable, chaque État est légalement en droit d’invoquer la nécessité dans des situations exceptionnelles afin de sauvegarder les intérêts essentiels menacés par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, l’Etat pourra être dispensé de l’accomplissement de ces obligations internationales qui augmentent le péril, comme cela est le cas avec les contrats de prêts en suspens.

Enfin, les Etats ont le droit de se déclarer unilatéralement insolvable quand le service de leur dette est insoutenable, dans ce cas, ils ne commettent aucun acte illicite et donc n’en portent pas la responsabilité.

La dignité des personnes vaut plus qu’une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable

Ayant achevé son enquête préliminaire, le Comité estime que la Grèce a été et est la victime d’une attaque préméditée et organisée par le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne, et la Commission Européenne. Cette mission violente, illégale et immorale était exclusivement destinée à transférer la dette privée sur le secteur public.

En mettant ce rapport préliminaire à la disposition des autorités grecques et du peuple grec, le Comité estime avoir rempli la première partie de sa mission telle que définie dans la décision du président du Parlement du 4 Avril 2015. La commission espère que le rapport sera un outil utile pour ceux qui veulent sortir de la logique destructrice de l’austérité et défendre ce qui est aujourd’hui mis en péril : les droits humains, la démocratie, la dignité des peuples, et l’avenir des générations futures.

Source : Okeanos, repris depuis Left.gr, pour Okeanews, le 17 juin 2015.

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Grèce : le rapport sur la dette est une arme utile pour Athènes

Le Comité sur la vérité concernant la dette publique grecque va remettre, ce jeudi 18 juin, son rapport préliminaire à la présidente du parlement hellénique. Un rapport qui soutient la position du gouvernement hellénique.

« Nous sommes parvenus à la conclusion que la Grèce ne doit pas payer sa dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse. » C’est la principale conclusion du rapport préliminaire du Comité pour la vérité sur la dette mis en place en avril 2015 par la présidente du parlement grec, Zoé Konstantopoulou. Ce rapport préliminaire (dont on trouvera ici un résumé en français) sera connu dans le détail ce jeudi 18 juin, mais le comité en a présenté dès mercredi les principales conclusions. Des conclusions particulièrement inquiétantes pour les créanciers.

La déconstruction du storytelling européen
Le Comité apporte en effet une déconstruction en règle du storytelling européen sur la Grèce depuis 2010. Rappelons rapidement ce dernier. Le pays a vécu jusqu’en 2009 dans une sorte d’indolence coupable jusqu’à ce que les marchés, censeurs justes et impitoyables, réveillent les Hellènes et les appellent à expier leurs fautes. Le FMI et les Européens sont alors venus au secours des Grecs avec bienveillance, en leur prêtant les sommes nécessaires à leur sauvetage, mais, évidemment, en leur imposant, pour leur propre bien, des « réformes » destinées à les protéger, à l’avenir, de telles crises. Le Comité a, mercredi, rejeté entièrement ce qui apparaît désormais comme un mythe.

Aussi a-t-il rappelé ces faits têtus qui, à eux seuls, réduisent à néant ce storytelling. Le niveau de dépenses publiques grecques est resté, durant toute la période, inférieur à la moyenne européenne. Les raisons de l’explosion de la dette résident ailleurs : jusqu’à l’entrée dans la zone euro, ce sont les taux d’intérêts élevés qui ont fait exploser principalement l’endettement qui avait été contracté par la Grèce pour ramener le niveau de protection sociale du pays à un niveau qui, in fine, est toujours resté en deçà de celui de l’Europe occidentale. Une fois dans la zone euro, la dette publique a été augmentée sous l’effet cette fois de taux anormalement bas et d’une perte de compétitivité brutale. Le Comité insiste aussi sur le niveau « injustifié » des dépenses militaires et l’importance de l’évasion fiscale qui a pesé sur les recettes. Point donc de Grecs paresseux vivant de la dépense publique et comptant sur l’argent « allemand » pour payer.

Surtout, le Comité rappelle que la crise grecque trouve aussi son origine dans l’explosion de l’endettement privé, alimenté par les banques grecques et étrangères dans le pays. Il souligne que le gouvernement de George Papandréou en 2009 s’est évertué “à présenter les éléments d’une crise bancaire en crise de la dette souveraine”. Le Comité confirme ainsi les doutes qui circulaient en Grèce depuis quelques années : ce gouvernement a volontairement intégré, avec la complicité d’Eurostat, des éléments qui ne devaient pas l’être dans le calcul du déficit public et de la dette pour 2009. Le but était d’alimenter le storytelling de la dépense excessive.

Les pressions de 2010 pour une solution imposée
Le Comité souligne ensuite combien le « sauvetage » de 2010 est empreint d’illégalités et de pressions. Il révèle ainsi que le FMI était entièrement conscient à la fois des conséquences sociales des mesures imposées à la Grèce et du caractère insoutenable des « aides » accordées à la Grèce. Ces deux éléments rendent les prêts du FMI à la fois illégaux (le FMI ne peut prêter à un pays qui n’a pas la capacité de rembourser) et illégitimes dans la mesure où les « droits humains » ont été violés par des mesures dont les conséquences sociales étaient clairement évaluées.

Le Comité insiste sur le fait que les Européens et le FMI ont, en 2010, tout fait pour empêcher le gouvernement grec de procéder à une restructuration de sa dette. Il met en avant l’intervention de la BCE qui, dès avril 2010, avait menacé, dans ce cas, de couper l’accès des banques grecques à la liquidité d’urgence, inaugurant ainsi une méthode utilisée encore en Irlande en novembre de la même année, puis à Chypre en mars 2013. En imposant de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes, les Européens ont alors permis aux banques détentrices de dette publique grecque de se désengager massivement, un désengagement encore facilité par les rachats de la BCE dans le cadre du programme SMP de la BCE. Cette méthode a clairement été imposée aux Grecs.

Dette illégale, illégitime et odieuse
Le Comité s’intéresse ensuite dans le détail aux prêts accordés à la Grèce et il estime qu’il y a, dans tous les cas, lieu de plaider leur caractère illégal, illégitime ou odieux. On l’a vu dans le cas du FMI, mais c’est également le cas des dettes détenues par la BCE qui, rappelons-le, sont les seules dettes privées émises avant 2012 à avoir échappé à la restructuration de mars 2012. Le Comité souligne que, dans tous les cas, les conditions imposées à la Grèce pour l’obtention des prêts posent de sérieux problèmes en raison de leur conditionnalité qui a réduit à néant la capacité d’action budgétaire de la Grèce tout en imposant des mesures ayant des conséquences économiques et sociales dramatiques qui, selon le Comité, enfreignent les “droits humains fondamentaux”. Dès lors, cette dette peut être considérée comme odieuse. Le Comité insiste aussi sur l’aspect non démocratique du mémorandum de 2012 qui contourne soigneusement la Constitution hellénique en relevant du droit anglais.

Bases suffisantes pour une annulation ou une suspension
Tous ces arguments permettent au Comité de considérer qu’il existe des bases suffisantes pour annuler unilatéralement une grande partie de la dette grecque ou en suspendre le remboursement. C’est une arme redoutable que le gouvernement grec a désormais à sa disposition. Certes, ce rapport n’engage en rien Alexis Tsipras, et le gouvernement grec se garde bien de le commenter. Mais, dans la partie d’échecs avec les créanciers, c’est un coup redoutable à sa disposition. Sans doute les créanciers n’accepteront-ils jamais les conclusions de ce comité, pas davantage du reste que sa légitimité. Mais en cas de rupture et de conflit ouvert, ce sera un élément décisif. La notion de dette odieuse est désormais bien établie en droit international et, si l’on peut estimer que les membres du comité étaient, au départ, favorables à la Grèce, il est impossible de leur contester leurs compétences juridiques et leur expérience dans ce domaine. Si donc le Comité s’avance autant, c’est que, très clairement, la Grèce a des chances de l’emporter devant un tribunal international, comme ce fut le cas, rappelons-le, de l’Islande qui, dans l’affaire Icesave, a obtenu gain de cause en 2013 contre le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

Arme contre le FMI
Pour le moment, il n’est peut-être pas temps pour Athènes d’utiliser cette arme. Mais elle rééquilibre à point nommé les rapports de force dans le bras de fer avec les créanciers. Surtout, elle va permettre à la Grèce d’utiliser des arguments concrets pour obtenir une restructuration de sa dette. Enfin, elle permet de relativiser les conséquences du défaut vis-à-vis du FMI. Si l’institution de Washington décide de lancer une procédure contre la Grèce en refusant de rééchelonner les échéances, Athènes pourra contester la dette elle-même et le Fonds sera alors dans une position délicate.

Le rapport du Comité n’est donc pas certainement une panacée. Mais c’est un élément nouveau essentiel dans la crise grecque.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 18/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/la-dette-grecque-est-illegale-illegitime-et-odieuse-selon-le-rapport-preliminaire-du-comite-sur-la-dette/


La Grèce en quête de vérité et de sécession

Thursday 18 June 2015 at 02:48

Trois paires de claques : la Grèce en route vers la sécession

Plus personne ne doute que le conflit ouvert entre la Grèce et la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI) arrive à son point de non-retour. Trois signes fortsen guise de paires de claques pas volées pour un sou montrent que la Grèce se prépare désormais à l’éventualité d’une sécession pure et simple :

« En 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. »

« Si certains perçoivent comme une faiblesse notre volonté sincère pour trouver une solution et les pas que nous avons fait pour couvrir les différends, qu’ils méditent ceci :

Nous ne sommes pas seulement chargés d’une longue histoire de luttes. Nous portons aussi sur nos épaules la dignité d’un peuple et l’espoir des peuples d’Europe. La charge est trop lourde pour être ignorée. Il ne s’agit pas d’une obsession idéologique. C’est une question de démocratie. Nous n’avons pas le droit d’enterrer la démocratie européenne sur le lieu de sa naissance ».

En face, eh bien en face, les signes de décomposition et de débandade commencent à sentir sérieusement mauvais : mise sur la touche du FMI, dissensions entre créanciers, différence d’appréciation très nette entre Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schaüble… Philippe Legrain, ancien membre “repenti” de ce sérail européen à relents crapuleux, a beau jeu de conclure :

« Le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers. »

Source : Le Blog du Yéti/Politis, le 16 juin 2015.


Dette grecque : préparez vos oreilles, les révélations vont faire mal !

Individu lambda qui en apprend de bien bonnes sur la dette grecque

Alors que l’hypothèse d’un défaut grec se précise et que la plus grande confusion règne dans le camp des créanciers (le FMI et les « Européens » sont divisés, ce qui n’est pas nouveau) des langues commencent à se délier. Quand tout cela sera fini, on peut s’attendre à quelques aveux croquignolets qui risquent de décoiffer jusqu’aux mieux permanentés de nos européistes. Pour les plus impatients, voici déjà un avant-goût :

  1. En mars dernier, un membre du FMI, le Brésilien Paolo Batista, déclarait sur une chaîne de télé grecque que la majeure partie de l’argent qui avait été prêté à Athènes l’avait été pour secourir des créanciers privés, en aucun cas pour aider le pays. « La Grèce a reçu des sommes énormes, mais cet argent a été principalement utilisé pour permettre le désengagement, par exemple, des banques françaises ou allemandes » affirme-t-il dans la vidéo ci-dessous :
  2. Plus récemment c’est Philippe Legrain qui confirme la chose. L’ancien conseiller économique de José Manuel Barroso était auditionné jeudi dernier par la « Commission pour la vérité sur la dette grecque », mise sur pieds par la présidente du Parlement hellène Zoé Konstantopoulou. Il y a affirmé ceci : « en 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette était déjà insoutenable »Pourtant, il était indispensable de prêter à la Grèce. Pour quelle raison ? Pour l’aider à sortir du marasme ? Pour le bien de son peuple ? Pour sauvegarder l’idéal européen ? Pas du tout ! Pour aider les banques françaises et allemandes, principales créancières d’Athènes et respectivement engagées à hauteur de 20 et 17,2 milliards d’euros, à retirer leurs billes sans une égratignure. Ce qui fut d’ailleurs grandement facilité par la Banque centrale européenne. En effet, Legrain révèle ceci : lorsque la BCE se décide, en 2010, à intervenir sur le marché secondaire et à y racheter de la dette souveraine dans le cadre du programme SMP (Securities Market Program), c’est pour partie aux banques françaises et allemandes détentrices d’obligations grecques qu’elle rachète des titres. A un bon prix d’ailleurs, toujours selon l’économiste. Ce qui non seulement permet à ces grandes banques de ne rien perdre mais qui leur permet aussi…. de gagner !
  3. Enfin, peut-être finira-t-on par se souvenir, comme on avait déjà tenté de l’expliquer ici, que l’argent ne se prête pas gratuitement. Ainsi, certains des créanciers de la Grèce ont réalisé des profits en lui faisant crédit. Et oui : ils ont empoché le montant des intérêts correspondant aux prêts consentis.

Mais tout cela n’est rien pour l’heure. Pas de quoi s’affoler. En tout cas, il y en a qui restent sereins. Terminons donc sur une note d’optimisme printanier et de candeur sucrée :

Source : L’Arène Nue, le 15 juin 2015.


Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso, au Parlement grec : « le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers »

Ce jeudi 11 juin s’est tenue au sein du Parlement grec la première audition de témoins organisée dans le cadre de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque. Celle-ci s’est tenue dans la foulée d’une réunion de travail entre les membres de la Commission, la présidente du Parlement et l’eurodéputée Eva Joly, qui s’est ponctuée d’une conférence de presse.

Ces auditions, qui ont pour but de recueillir les déclarations de plusieurs acteurs clés ayant assumé des postes à responsabilité sur la scène grecque et européenne, représentent pour la Commission, mais aussi pour le peuple grec qui a pu suivre cette audition en direct à la télévision, un outil supplémentaire pour comprendre comment la Grèce est devenue une « quasi colonie » des Institutions européennes et du FMI, selon les propres termes de Philippe Legrain, la première personne a être auditionnée. Monsieur Legrain a assumé de février 2011 à février 2014 la fonction de conseiller économique de José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne à cette époque.

Cette audition, menée par la Présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, et Éric Toussaint, coordinateur scientifique de la Commission, a tout d’abord été l’occasion pour M. Legrain de confirmer ce qu’il avait dit avec force dans l’excellent documentaire « Puissante et incontrôlée la Troïka » |1| : En 2010, les grands dirigeants européens (dont la Commission européenne) et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette Institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette est déjà insoutenable.

Selon ses statuts, le FMI ne pouvait pas prêter à un État dont la dette est déjà insoutenable.L’objectif du prêt de 2010 était de prêter au gouvernement grec pour qu’il rembourse immédiatement les banques françaises et allemandes qui étaient les principales créancières de la Grèce. Ce prêt n’a donc pas bénéficié au peuple grec mais aux banques privées. S’en est suivie une augmentation importante de la dette publique grecque et l’imposition de mesures d’austérité d’une violence inouïe.

M. Legrain a rappelé les chiffres de l’exposition des banques européennes à la dette grecque en se basant sur les chiffres officiels de la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi, en 2010 les banques françaises et allemandes étaient fortement exposées à la dette grecque puisqu’elles détenaient respectivement 20 et 17,2 milliards d’euros de titres. Une restructuration de la dette grecque à cette époque aurait donc entraîné des pertes que les grands dirigeants européens (français et allemands en tête) refusaient de faire subir à leurs « champions nationaux ». M. Legrain l’affirme clairement : les dirigeants d’Institutions tels que Jean-Claude Trichet, alors directeur de la BCE, ont clairement choisi de protéger les intérêts des banques de leur pays d’origine en s’opposant à toute restructuration de la dette grecque pourtant insoutenable. « Trichet a agi pour défendre les intérêts des banques françaises ».

M. Legrain va même plus loin. Non seulement le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques européennes de se dégager du « risque grec », mais la BCE les y a même aidés ! Il affirme en effet qu’en achetant à l’époque des titres grecs sur le marché secondaire, la BCE a permis aux grandes banques européennes de revendre leurs titres à bon prix |2|. Selon lui non seulement les grandes banques n’ont essuyé que peu de pertes mais certaines même ont réussi à dégager de beaux profits de cette opération.

Le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques de se dégager du « risque grec », et la BCE les y a aidés !L’audition a également été l’occasion d’inviter M. Legrain à commenter la restructuration de la dette grecque qui a finalement été réalisée en 2012. Éric Toussaint a ainsi exposé une série de faits reconstitués grâce au travail d’audit en cours. M. Toussaint a souligné qu’il s’agissait d’une restructuration discriminatoire qui a sacrifié d’un côté les petits porteurs grecs et, d’un autre, profité aux grandes banques européennes. Ainsi les fonds de pensiongrecs y ont perdu jusqu’à 60 % de leurs actifs entraînant des pertes pour plus de 15 000 petits porteurs !

S’appuyant sur un document secret du FMI, la Présidente du Parlement a ensuite abordé la question des responsabilités. Cette note, datant de 2010, annonçait déjà que la situation de la Grèce devrait s’empirer, prévoyant pour l’année 2013 un ratio dette/PIB de 150 %. Après avoir rappelé que le ratio actuel est de 180%, la Présidente posa la question suivante : « Tenant compte de cette estimation de 2010 pensez-vous que l’erreur est acceptable ? Pensez-vous qu’il y ait responsabilité des prêteurs ? » En guise de réponse, l’ancien conseiller de monsieur Barroso a exposé trois facteurs qui expliquent selon lui le comportement des grands dirigeants européens et du FMI :

  1. Toutes les projections relatives aux memoranda et à ses conséquences sur l’économie étaient erronées, car la base même de ces projections était erronée. Ils sont partis du principe d’une Grèce solvable alors que ce n’était pas le cas.
  2. Les dirigeants européens sont sujets à un aveuglement idéologique qui les invite à poursuivre une politique d’austérité dont l’inefficacité est pourtant prouvée par les faits chaque jour.
  3. Les responsables politiques n’ont pas de compte à rendre dans le système actuel, leurs choix et leurs actes ne prêtent donc pas à conséquence pour eux.

J’encourage le gouvernement grec à ne pas accepter les conditions des créanciersFort de cette analyse, M. Legrain n’a pas hésité à exposer les conclusions qu’il en tire : « J’encourage le gouvernement à ne pas accepter les conditions des créanciers en raison des souffrances économiques et de la colonisation politique déjà imposées au peuple grec ».

Après s’être engagé, à l’égard de la Présidente du Parlement grec et des membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque, à rester à la disposition de leur travail d’audit, M. Legrain a été remercié et a repris son avion pour Londres.

Les membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque ont quitté le Parlement pour poursuivre leur travail. Leur rapport préliminaire sera présenté les 17 et 18 juin prochain au Parlement grec en présence du Président de la République hellénique, de plusieurs ministres dont le chef du gouvernement Alexis Tsipras, de députés nationaux et étrangers, d’universitaires, d’économistes, de juristes et de membres de mouvements sociaux européens.

D’ici là, la Commission pour la Vérité sur la dette grecque aura encore l’occasion d’entendre monsieur Roumeliotis, ex-représentant de la Grèce au FMI, le 15 juin prochain.

Pour soutenir cette Commission : http://greekdebttruthcommission.org/

Source : Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, le 12 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-en-quete-de-verite-et-de-secession/


La Cour de Justice de l’UE valide le programme de rachats d’obligations de la BCE

Thursday 18 June 2015 at 02:00

Ca va plaire aux Allemands dans le contexte, là…

La réaction de Karlsruhe va être intéressante…

Au passage, ils me moquent du monde : si on interdit de financer les États sur le marché primaire, ce n’est pas pouvoir le faire sur le marché secondaire, sinon, ils n’ont qu’à trouver un prête nom qui prête sur le marché primaire, et revend la seconde suivante sur le secondaire… J’ai interdiction de prêter à Paul, mais je peux prêter tant que je veux à Pierre qui re-prête à Paul…

Un soulagement pour mario Draghi

Un soulagement pour mario Draghi

La CJUE a validé le programme OMT de 2012. Une bonne nouvelle pour Mario Draghi. Mais cela lui donnera-t-il l’envie de tenter le Grexit ?

La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a donné son feu vert définitif à la BCE concernant son programme de rachat « illimité » de la dette souveraine, appelé OMT.

Ce programme avait été lancé en septembre 2012 pour donner un contenu réel à la fameuse phrase de Mario Draghi prononcée à Londres le 17 juillet 2012 : «Nous ferons tout ce qu’il faut pour sauver l’euro et, croyez-moi, ce sera suffisant», le fameux «Whatever it takes !»

Cette phrase et l’OMT avaient permis de contenir la crise de la dette en zone euro. Les marchés, craignant cette intervention, puis la prenant pour une garantie implicite en cas de crise, avaient fini par racheter de la dette des pays périphériques.

La plainte allemande

Ce programme, assez flou dans ses contours, avait cependant fortement déplu aux Eurosceptiques allemands qui y voyaient un premier pas vers la constitution de leur cauchemar absolu : la création d’une « union des dettes. » Ils avaient porté l’affaire devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui avait jugé que la BCE avait outrepassé sous mandat, mais qui s’était déclarée incompétente en droit puisque le programme n’avait pas été appliqué en Allemagne. Elle avait alors transmis le dossier à la CJUE pour qu’elle décide. A la mi-janvier, le procureur de la CJUE avait estimé qu’il n’y avait pas d’atteinte aux traités, sous certaines conditions.

Blanc-Seing

Ce mardi 16 juin, la CJUE a donné un blanc-seing à la BCE en se montrant particulièrement bienveillante à l’égard de la BCE. La Cour a ainsi estimé que l’OMT relevait bien de l’exécution de la politique monétaire, donc de l’eurosystème, qu’il y avait peu de chance qu’il se transforme en financement indirect des Etats et qu’il ne violait pas le principe de proportionnalité. Voici donc Karlsruhe renvoyé dans ses cordes. La BCE a le feu vert pour utiliser un outil qu’elle n’a jamais utilisé. C’est une vraie victoire pour Mario Draghi. Un refus de la CJUE de valider l’OMT eût inquiété les marchés au moment même où les taux remontent en Europe. De plus, cette décision donne des assurances que les plaintes allemandes contre l’assouplissement quantitatif, le QE, seront également rejetées par la Cour.

Un Grexit plus facile ?

Cette décision annonce-t-elle que la sortie de la zone euro de la Grèce, le fameux Grexit, est « plus probable » comme l’annonce ce mardi le site Internet du magazine allemand Wirtschaftswoche ? Dans un sens, cela est vrai. L’OMT est un des « pare-feu » qui permettent aux partisans du Grexit de défendre l’option d’une « expulsion » de la zone euro de la Grèce. Mais l’OMT n’a jamais été utilisé et son application reste floue. La CJUE l’a soumise à quelques limites, du reste, il ne peut pas être utilisé trop largement pour ne pas distordre le marché ou pour donner aux investisseurs la certitude que leurs achats sur le marché primaire seront couverts sur le marché secondaire par l’OMT. L’OMT n’est donc pas si « illimité » qu’il n’y paraît. Une fois la « magie » de son effet psychologique effacée, il peut agir pour apaiser un feu de paille, mais il ne peut stopper un feu de forêt…

Le risque de contagion est bien réel

Une attaque contre les dettes de l’Espagne ou de l’Italie ne saurait être contenue par l’OMT. Quant au QE, on voit que son action n’empêche pas la remontée des taux. Sera-t-il plus efficace après un Grexit, alors que les marchés seront désormais en droit de se demander pourquoi la zone euro sauverait tel pays plutôt que tel autre ? Rappelons que les partis opposés à l’euro représentent pas loin de 40 % de l’électorat italien, que les Socialistes portugais, en tête dans les sondages, demandent une renégociation de la dette publique, que le PSOE et Podemos en Espagne font de même et que le Sinn Fein irlandais, encore plus eurosceptique, est en tête des sondages. Tout ceci dans des pays où la dette est immense et dépasse 100 % du PIB. Et dans un contexte de croissance encore convalescente, notamment en Italie et au Portugal. Déjà, le marché commence à jouer la contagion. Car aucun OMT ni aucun QE ne pourra sauver ce qui aura été perdu avec le Grexit : la fin de l’irréversibilité de l’euro. Une possibilité qui sera désormais ouverte comme une épée de Damoclès permanente sur la monnaie unique.

Le problème de Karlsruhe

Si la BCE a recours à des rachats encore plus importants, les « faucons » ne manqueront pas de faire la grimace et de trouver bien coûteux en risque inflationniste le sauvetage de l’euro. Surtout, la décision de l’OMT laisse ouverte la question du comportement de la Cour de Karlsruhe. Cette dernière a ouvertement jugé que l’OMT était contraire à l’ordre constitutionnel allemand. Mis en pratique, il peut décider de bloquer sur le territoire allemand sa mise en œuvre, autrement dit, demander à la Bundesbank de ne pas participer à l’OMT. Ceci poserait des problèmes considérables d’unité de l’Eurosystème. En théorie, la décision de la CJUE s’impose à Karlsruhe. Mais les juges en rouge accepteront-ils leur défaite ? Rien n’est moins sûr. En cas de Grexit, la BCE jouera donc une partie risquée en lançant l’OMT comme un défi à Karlsruhe. Pas certain donc que la BCE, seule institution à pouvoir provoquer le Grexit, ose se lancer dans une telle aventure…

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 16 juin 2015.

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Pour les juges européens, la BCE a le droit de racheter les dettes publiques de la zone euro

L’explosion de la zone euro est renvoyée à plus tard : la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sise à Luxembourg a confirmé, ce matin, que la Banque centrale européenne (BCE) avait bien le droit de racheter de la dette publique sur le marché secondaire (celui de l’occasion, là où l’on revend un titre acheté auprès d’un État) afin de faire baisser les taux d’intérêt et stabiliser les marchés. En clair, et contrairement à ce qu’espéraient les souverainistes allemands soutenus par la Bundesbank, la banque centrale allemande, les juges européens ont refusé de désarmer la BCE, ce qui aurait signé la fin de la monnaie unique à la prochaine crise. Mais, la bataille judiciaire autour des pouvoirs de la BCE n’est pas terminée : il faut encore que la Cour constitutionnelle fédérale allemande se rallie à son interprétation, ce qui n’est pas certain. Surtout, la BCE est passée en janvier 2015 à la vitesse supérieure en décidant de racheter 60 milliards d’euros par mois d’emprunts d’État sur le marché secondaire pour un montant total de 1000 milliards d’euros afin de lutter contre la déflation (« Quantitative easing » ou « assouplissement quantitatif »): or, cette décision est aussi attaquée devant les juges allemands…

En 2010, la BCE a dû innover pour sauver l’euro, personne n’ayant prévu que les marchés attaqueraient les obligations émises par les Etats en les vendant à tour de bras, ce qui a eu pour effet de faire grimper les taux d’intérêt et poussé la Grèce, l’Irlande, le Portugal au bord de la faillite. Pour calmer le jeu, et alors que l’Espagne et l’Italie étaient à leur tour sous les feux des marchés, la BCE a commencé à racheter la dette dont les investisseurs se débarrassaient : mais elle l’a fait presque honteusement et en trop petites quantités pour décourager les spéculateurs. Car elle a dû faire face à une opposition déterminée des banquiers centraux allemands qui estimaient que la BCE outrepassait son mandat. En effet, les traités européens lui interdisent de financer les Etats, c’est-à-dire de lui acheter directement des bons d’État afin de ne pas les encourager à dépenser sans compter au risque de créer de l’inflation. Mais ces textes ne disent rien sur le marché secondaire et c’est dans cette faille que s’est engouffré Jean-Claude Trichet qui présidait alors l’institut d’émission de Francfort.

Ce virage politique qui a éloigné la BCE de la politique rigide de la Bundesbank a entrainé une grave crise avec les monétaristes allemands qui se sont retrouvés isolés, une première depuis le lancement de l’euro en 1999. Le président de la Bundesbank, Axel Weber, a démissionné en mai 2011, suivi par le membre allemand du directoire de la BCE, Jürgen Stark, en décembre 2011… Cela n’a pas empêché Mario Draghi, le successeur de Trichet, de passer de la guérilla à la guerre nucléaire : en juillet 2012, il a annoncé le lancement du programme OMT (opérations monétaires sur titres), c’est-à-dire un rachat sans limites des dettes des États attaqués, mais à condition que ceux-ci aient conclu au préalable un programme de réformes structurelles avec la Commission et le Mécanisme européen de stabilité (MES). Cette décision a suffi à mettre fin à la crise de la zone euro. Les monétaristes et les souverainistes d’outre-Rhin, avec le soutien de la Bundesbank, ont attaqué le programme OMT devant la Cour constitutionnelle fédérale allemande de Karlsruhe…

Réputée eurosceptique, elle a pris tout le monde par surprise en demandant, le 14 janvier 2014, son avis aux juges de Luxembourg : jusque-là, elle ne l’avait jamais fait, à la différence de ses consœurs européennes qui reconnaissent toutes la prééminence de la CJUE en matière d’interprétation du droit européen. Manifestement, elle a hésité à déclarer l’OMT contraire aux traités européens, car cela aurait relancé la crise et sans doute abouti à l’explosion de la zone euro : pas facile pour un juge national d’assumer les conséquences d’une telle décision… La Cour constitutionnelle allemande s’est montrée tout aussi prudente en rejetant, le même jour, un recours contre le MES (une institution dotée d’une capacité d’emprunt de 750 milliards d’euros afin de pouvoir venir en aide aux pays attaqués par les marchés).

Comme c’était prévisible, la CJUE a confirmé ce matin que la BCE n’a pas dépassé les limites de son mandat : le rachat de dettes sur le marché secondaire, tel que décidé par Francfort, n’a pas « d’effet équivalent » à l’acquisition directe d’obligations souveraines auprès des États qui, lui, est clairement interdit par les Traités : en effet, aucun pays n’a la certitude que sa dette sera rachetée par la BCE. En outre, selon la Cour de Luxembourg, l’OMT relève bien de la politique monétaire et non de la politique économique qui, elle, demeure du ressort des États membres ou du Mécanisme européen de stabilité : il s’agit de « préserver à la fois une transmission appropriée de la politique monétaire et l’unicité de cette politique »,celle-ci ne fonctionnant plus correctement dès lors que les taux d’intérêt de certaines dettes souveraines ne correspondent plus à rien. D’ailleurs, personne n’a contesté, relève la Cour, que la simple annonce de l’OMT « a suffi à obtenir l’effet recherché ».

Plus largement, pour les juges de Luxembourg, « au vu du caractère controversé que revêtent habituellement les questions de politique monétaire et du large pouvoir d’appréciation de la (BCE), il ne saurait être exigé davantage (d’elle) que l’utilisation de son expertise économique et des moyens techniques nécessaires dont il dispose afin d’effectuer la même analyse avec toute diligence et précision ». La CJUE se réserve simplement le droit d’intervenir si la BCE commettait une « erreur manifeste d’appréciation » dans l’exercice de son mandat. En clair, les juges ne sont pas ni des économistes ni des financiers et ils n’ont pas à se substituer aux banquiers centraux.

Reste maintenant à savoir si la Cour allemande va se rallier à cette interprétation. Dans son arrêt de 2014, six juges sur huit ont tenu à faire savoir qu’ils jugeaient l’OMT contraire aux traités européens et qu’ils se réservaient le droit de ne pas tenir compte de l’avis de la CJUE ce qui reviendrait à interdire à la Bundesbank de participer au programme OMT, ce qui le viderait de son contenu. Une appréciation que les deux juges dissidents ont vertement critiquée en estimant qu’il n’appartenait pas aux juges de se prononcer sur l’opportunité d’une politique monétaire dont les tenants et aboutissants leur échappaient largement. Si Karlsruhe invalide l’OMT, le sort du QE ne tiendra plus, lui aussi, qu’à un fil. Une « guerre des juges » qui risque d’aboutir à l’éclatement de la zone euro.

LES ACTEURS EN PRÉSENCE

° MARIO DRAGHI

 

Une simple petite phrase, dans un discours prononcé le 26 juillet 2012, a fait basculer la très prudente Banque centrale européenne (BCE) dans un autre univers : « dans le cadre de son mandat, la BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant ». L’Italien Mario Draghi, qui venait de succéder à Jean-Claude Trichet le 1er novembre 2011, a immédiatement été compris par les marchés : les attaques contre les dettes publiques qui ravageaient les États les plus fragiles de la zone euro depuis 2010 ont cessé net. Car Draghi venait de signifier que la BCE été prête à sortir l’arme lourde : racheter à tour de bras les dettes d’États pour rincer les spéculateurs aventureux.

En septembre 2012, la BCE a précisé les conditions de son nouveau programme d’Opérations Monétaires sur Titres (OMT, « Outright Monetary Transactions » en anglais): si un État de la zone euro est attaqué, elle rachètera sans limites sa dette publique sur le marché secondaire (le marché de la revente) à condition qu’il ait conclu un programme de réformes avec la Commission européenne, et ce, afin de maintenir les taux d’intérêt à un niveau acceptable. Cette simple perspective à convaincu les investisseurs qu’ils trouveraient toujours un acheteur et qu’il n’était donc plus nécessaire de se débarrasser des créances jugées douteuses. Le programme OMT n’a d’ailleurs jamais été mis en œuvre et la BCE n’a même pas eu besoin d’adopter les textes juridiques nécessaires pour l’activer…

Fort de ce succès, «super Mario» a depuis été infiniment plus loin. Pour terrasser les risques de déflation, il a lancé, en janvier dernier, la BCE dans une opération de« quantitative easing » (QE) à l’européenne : depuis le mois de mars, Francfort rachète chaque mois 60 milliards d’euros de dette publique sur le marché secondaire, un programme qui devrait durer jusqu’en septembre 2016 pour un montant de 1000 milliards d’euros. Là aussi, le succès est au rendez-vous : l’inflation est enfin de retour, l’euro a perdu 25 % de sa valeur, les taux d’intérêt des dettes publiques se sont effondrés, la reprise est là. L’objectif de ce QE obéit à un second objectif non avoué : en cas de sortie de la Grèce de la zone euro, l’action de la BCE permettra de stabiliser les marchés. Pourquoi paniquer puisqu’on est certain de trouver acheteur ?

Cette révolution dans la politique de l’institut d’émission de Francfort a été permise par Trichet qui avait déjà racheté la dette des pays attaqués sur les marchés, mais au coup par coup. L’ancien banquier central italien a simplement été plus loin et a poussé la BCE aux limites de son mandat. Désormais, en se comportant en« prêteur en dernier ressort », la BCE agit quasiment comme ses homologues américaine, anglaise ou japonaise. Ce n’est pas un hasard si Draghi a cloué le bec de tous les eurosceptiques européens qui ne savent plus quoi lui reprocher en dehors de son bref passage chez le sulfureux banquier d’affaires Goldman Sachs. Mais il s’est mis à dos les monétaristes allemands. En effet, il n’a pas hésité à passe sur le corps de Jens Weidmann, le patron de la Bundesbank, qui a voté contre l’OMT et contre le QE. Un risque qu’il assume d’autant plus tranquillement que les faits lui ont donné raison. Jusqu’à maintenant.

 

Le « monsieur Plus » d’Europe, c’est lui, le Grec Vassilios Skouris qui préside la depuis 2003. Deux fois brièvement ministre de l’intérieur d’un gouvernement PASOK (socialiste), en 1989 et 1996, il a été nommé juge à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en 1999 avant d’en prendre la présidence en 2003. Ou plutôt, soyons juste, lui et les 27 autres juges de la Cour (un par État membre). Car, depuis le début de la construction communautaire, elle est à l’origine des plus grandes avancées intégratrices, de la supériorité du droit communautaire sur le droit national à l’arrêt OMT en passant par l’effet direct dans l’ordre juridique national des normes européennes, la reconnaissance mutuelle des produits, le «droit à l’oublie» sur le net ou encore l’abolition des lois nationales entravant la lutte contre l’enlèvement international d’enfants. On peut toujours compter sur elle pour imposer une interprétation osée des traités européens. Elle sait aussi être politique et recule quand c’est nécessaire : ainsi, elle vient de juger que les Etats pouvaient limiter l’accès aux aides sociales des ressortissants européens, à la grande satisfaction d’une Grande-Bretagne qui a l’impression d’être submergée par les migrants d’Europe de l’Est.

Petit à petit, la CJUE a réussi à s’imposer comme le juge suprême de l’Union, les différents tribunaux nationaux ayant tous fini par admettre qu’il revenait au seul juge de Luxembourg d’interpréter le droit européen. Le dernier Tribunal qui faisait encore de la résistance était la Cour constitutionnelle fédérale allemande de Karlsruhe. En présidant la « grande chambre », qui a rendu aujourd’hui l’arrêt OMT à la suite d’un « renvoi préjudiciel »allemand, Skouris a donc voulu marquer l’importance de cette décision. De fait, c’est la première fois dans l’histoire de l’Union que Karlsruhe a demandé à la CJUE son interprétation en matière de droit communautaire. Ce faisant, les juges allemands ont voulu souligner leur ouverture au droit européen (« Europarechtsfreundlichkeit ») et, comme ils l’ont affirmé dans leur décision de 2009 sur le traité de Lisbonne, que la « loi fondamentale allemande veut une intégration communautaire ». Un geste de bonne volonté d’une Cour traditionnellement eurosceptique.

Mais Skouris, sensible au geste allemand, lui-même formé en Allemagne, n’a pas failli à la mission de la CJUE : il a validé le programme OMT, repoussant ainsi les limites de l’action européenne. Cet activisme de la CJUE n’a pas échappé aux eurosceptiques européens, britanniques en particulier, qui ont fait de la CJUE (et de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg qui est chargé de veiller à l’application de la Convention européenne des droits de l’homme ), leur cible favorite. Lors de la Convention européenne de 2002-2003 qui a négocié le projet de Constitution européenne, la Grande-Bretagne avait même tenté de remettre en cause la supériorité du droit communautaire sur le droit national qui est la pierre angulaire de l’intégration européenne : à défaut, une loi ou un juge national pourrait défaire ce qu’un texte ou un juge européen a fait… Le successeur de Skouris, qui prend sa retraite en octobre prochain, aura fort à faire pour défendre la légitimité de son institution et empêcher une guerre entre juges nationaux et juges européens.

 

Pour le protocole, Andreas Vosskuhle n’est que le cinquième personnage de l’Etat. En termes d’image, la Cour Constitutionnelle fédérale de Karlsruhe (Bundesverfassungsgericht)et ses 17 juges sont pourtant largement en tête de la popularité des institutions allemandes : 86% des citoyens lui font entière confiance. Juge du Tribunal constitutionnel depuis 2008,

Andreas Vosskuhle, 51 ans, en a pris la présidence en 2010. Celui qui fait figure de conservateur plutôt eurosceptique a en fait été nommé sur proposition du SPD (socio-démocrates) qui n’avait pu imposer un juriste plus libéral à la CDU. Les juges constitutionnels de Karlsruhe sont élus suivant une procédure complexe –« à côté, l’élection du pape est un modèle de transparence », se moquait l’hebdomadaire die Zeit- censée garantir leur indépendance. Ils sont désignés pour 12 ans pour moitié par les 69 membres du Bundesrat (Sénat des Länder) et pour moitié par une commission de douze députés représentants les partis siégeant au Bundestag (Assemblée nationale). Pour être élu il faut avoir au moins 40 ans, être juriste, éligible, ne pas avoir de mandat politique et obtenir au moins deux tiers des voix. Certains juges sont marqués politiquement, mais chaque nomination est consensuelle. Chaque année, les Allemands déposent en moyenne 6500 recours devant la Cour qui a jugé quelques 450 textes de loi anticonstitutionnels en soixante-dix ans.

Jusqu’à présent, les juges de Karslruhe se sont rarement montrés euphoriques envers la construction européenne : ils n’ont accepté Maastricht en 1993 puis Lisbonne en 2009 qu’assortis de strictes conditions allant à chaque fois dans le sens d’un renforcement du rôle du Bundestag. « L’unification de l’Europe sur la base d’une union d’Etats souverains, régie par des traités, ne saurait être réalisée de telle manière qu’il ne resterait plus dans les Etats membres de marge d’action politique suffisante à l’égard de la vie économique, culturelle et sociale », estiment les juges dans leur jugement sur le traité de Lisbonne. En clair, pas d’Etats Unis d’Europe en vue côté allemand.

Le Tribunal constitutionnel fédéral est en fait composé de deux chambres dont seule la seconde traite des affaires européennes. « La très bonne image du tribunal repose sur la justesse des décisions prises jusqu’à présent »,estimait voici un an Hans-Jürgen Papier, ancien président de la Cour, élu lui sur proposition de la CDU. Avant d’ajouter, comme s’il en doutait :« je pars du principe, qu’il en sera toujours ainsi à l’avenir. » De fait, les décisions prises par la cour en matière de politique européenne sont de plus en plus contestées depuis qu’Andreas Vosskuhle préside cette vénérable institution. L’intéressé rejette toute accusation d’euroscepticisme. « La Cour est convaincue d’avoir un rôle important à jouer, du fait de la réticence de plus en plus grande des citoyens envers davantage d’intégration européenne, estime le quotidien die Welt : les Allemands peuvent être sûrs, grâce à Karlsruhe, d’avoir une institution qui ne juge les dossiers européens qu’à l’aune d’une seule référence : la Loi Fondamentale », la Constitution allemande imposée par les Alliés en 1949.

NATHALIE VERSIEUX (à Berlin)

Source : Jean Quatremer, Libération, 17/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/la-cour-de-justice-de-lue-valide-le-programme-de-rachats-dobligations-de-la-bce/