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Le capitalisme est-il responsable… de la destruction de la biosphère et de l’explosion des inégalités ? Par Alain Grandjean

Sunday 1 July 2018 at 04:47

Source : Chroniques de l’anhtropocène, Alain Grandjean, 14-09-2017

L’anthropocène (1) est le nom proposé par des scientifiques à la suite du prix Nobel Paul Crutzen pour désigner la nouvelle époque géologique dans laquelle nous sommes entrés. Elle se caractérise par l’impact de plus en plus déterminant des activités humaines sur les grands équilibres de la biosphère et une pression considérable sur les ressources naturelles.
Si le diagnostic (de pression anthropique sur la planète) est l’objet d’un large consensus scientifique comme nous allons le voir, le terme « anthropocène » fait débat car il pourrait cautionner l’idée que cette pression est liée exclusivement à la nature humaine ; certains chercheurs préfèrent d’autres appellations plus ciblées telles que « Occidentalocène », « Capitalocène », ou « Industrialocène ».
Nous allons ici tenter de montrer que le capitalisme sous sa forme actuelle est bien responsable du désastre écologique actuel et de l’explosion des inégalités sociales, ce qui permet d’envisager des solutions à terme assez court : il est plus facile de réformer le capitalisme que la nature humaine…
Nous montrerons aussi que la nécessaire lucidité sur les risques que nous encourons n’est pas synonyme d’une nostalgie qui serait déplacée par rapport au bon vieux temps. Ne nions pas les progrès (2), mais intéressons nous à la manière d’éviter qu’ils ne puissent être considérés par nos descendants comme un simple feu de paille.

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Source: https://www.les-crises.fr/le-capitalisme-est-il-responsable-de-la-destruction-de-la-biosphere-et-de-lexplosion-des-inegalites-par-alain-grandjean/


[RussEurope-En-Exil] UE, le début de la fin ? par Jacques Sapir

Saturday 30 June 2018 at 06:00

Le sommet de l’Union européenne qui s’est tenu jeudi 28 juin a confirmé ce que l’on pouvait en escompter. Si les pays de l’UE se sont efforcés de sauver les apparences, la vacuité du communiqué final et les difficultés extrêmes rencontrées pour aboutir à ce communiqué sont les preuves de la profonde crise que traverse l’Union européenne. Un pays sort à l’évidence victorieux de ce sommet, et c’est l’Italie au gouvernement issu de l’alliance entre le M5S et la Lega.

Cette victoire se mesure à plusieurs points. Le Premier ministre Italien, M. Giuseppe Conte avait annoncé ne pas vouloir signer un texte qui ne la soulagerait pas, vite et concrètement, l’Italie de sa mission de première ligne en Méditerranée, face à la Libye. Le texte qui est finalement issu de ce sommet laisse planer un flou sur l’organisation adoptée par les pays de l’UE, mais garantit en fait à l’Italie qu’elle pourra continuer sa politique actuelle[1]. Derrière le paravent des mesures « volontaires », cet accord signe aussi la fin de l’accord de Dublin et donne raison aux pays d’Europe centrale qui étaient arrivés à ce sommet vent debout contre l’idée de « quota » imposés par Bruxelles. Cet accord entérine aussi les décisions de groupes de pays au détriment de décisions prises par les 27. Il signe donc, en réalité, le début du démantèlement de la mécanique européenne. C’est en cela que ce sommet mérite d’être retenu.

La crise dite des « migrants » révèle la crise politique de l’UE

La crise que connaît l’UE vient de loin. Mais, elle a connu un incontestable coup d’accélérateur avec la question des migrants clandestins.

Le nouveau gouvernement italien, et son Ministre de l’intérieur, s’appuie sur une logique incontestable. Les pays de l’UE, par l’accord de Dublin, avaient décidé que les « pays d’accueil » enregistraient les clandestins, en faisaient le tri, et que les migrants éligibles seraient répartis sur l’ensemble du territoire de l’Union. Dans les faits, et compte tenu du refus des pays (y compris la France) de remplir leurs obligations, on avait abouti à une accumulation de ces clandestins sur le territoire de l’Italie, accumulation qui a créé une situation aujourd’hui intenable. En acceptant désormais que l’ensemble de ce processus se fasse sur la base du « volontariat » des pays concernés, en se refusant même à nommer les dits « pays concernés », l’accord de la nuit du 28 au 29 juin enregistre la décomposition d’une partie du cadre européen, qui est désormais réduit à un accord volontaire entres pays membres. Il ne semble pas que l’on ait encore mesuré toutes les conséquences de cela, mais ces conséquences pourraient aller for loin.

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Source: https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-ue-le-debut-de-la-fin-par-jacques-sapir/


Jour 3 : La douleur persiste 36 ans après le déchaînement mortel. Par Michael D. Sallah et Mitch Weiss

Saturday 30 June 2018 at 05:30

Suite de notre mini série sur les crimes de guerre de la Tiger ForcePrix Pulitzer 2004 du journalisme d’investigation

Source : Toledoblade, Michael D. Sallah & Mitch Weiss, 22-10-2003

Les réminiscences de 1967 ne sont jamais bien loin pour les habitants de la vallée de Song Ve au Vietnam.

VALLÉE DU SONG VE, Vietnam – La fumée de l’encens s’élevait au-dessus de la tombe alors que Tam Hau s’agenouillait sur le monticule herbeux.

Les mains tremblantes, elle priait en silence son oncle qui était tombé sur les soldats il y a si longtemps.

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Source: https://www.les-crises.fr/jour-3-la-douleur-persiste-36-ans-apres-le-dechainement-mortel-par-michael-d-sallah-et-mitch-weiss/


“Laissez Trump s’occuper du Brexit” : Un enregistrement explosif de Boris Johnson sur la politique étrangère de la Grande-Bretagne

Friday 29 June 2018 at 06:00

Source : BuzzFeed News, Alex Spence, 07-06-2018

« J’admire de plus en plus Donald Trump. Je suis de plus en plus convaincu qu’il y a de la méthode dans sa folie. »

Simon Dawson / Getty Images

Theresa May profitera du sommet du G7 au Canada pour proposer une nouvelle « unité de réaction rapide » internationale pour faire face aux cyberattaques et assassinats russes, a révélé le secrétaire aux affaires étrangères Boris Johnson à un groupe restreint de militants conservateurs lors d’un dîner privé mercredi soir.

BuzzFeed News a obtenu un enregistrement audio d’un rassemblement à huis clos à l’Institute of Directors de Londres [sorte de club de chefs d’entreprises, NdT], où Johnson a gratifié une vingtaine de conservateurs d’une évaluation imprudente de nombreux aspects de la politique étrangère du Royaume-Uni – et de ses idées personnelles sur le Brexit, Donald Trump et Vladimir Poutine.

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Source: https://www.les-crises.fr/laissez-trump-soccuper-du-brexit-un-enregistrement-explosif-de-boris-johnson-sur-la-politique-etrangere-de-la-grande-bretagne/


Au cœur de l’hystérie russe, quels sont les faits ? Par Jack F. Matlock Jr

Friday 29 June 2018 at 05:30

Source : The Nation, Jack F. Matlock Jr., 01-06-2018

Le procureur spécial Robert Mueller quitte le Capitole après une réunion avec la Commission Judiciaire du Sénat à Washington le 21 juin 2017 (AP Photo / J. Scott Applewhite)

« Les dieux commencent par rendre fous ceux qu’ils veulent détruire »

Ce dicton – souvent attribué par erreur à Euripide – me vient la plupart du temps à l’esprit le matin quand je prends le New York Times et que je lis les derniers titres concernant le « Russiagate », qui sont souvent présentés sur deux ou trois colonnes en haut de la première page. C’est un rappel quasi quotidien de l’hystérie qui domine notre Congrès et une grande partie de nos médias.

Une illustration éclatante, parmi tant d’autres des derniers mois, est arrivé à ma porte le 17 février. Mon indignation a atteint son paroxysme lorsque j’ai découvert l’éditorial principal du Times : « Arrêtez de laisser les Russes s’en tirer comme ça, M. Trump. » J’ai dû me demander si les rédacteurs en chef du Times ont opéré la moindre vérification préalable avant de monter sur leurs grands chevaux dans ce long éditorial, qui critiquait « la Russie » (et non les Russes) pour son « ingérence » dans les élections et exigeait des sanctions accrues contre la Russie « pour protéger la démocratie américaine » ?

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Source: https://www.les-crises.fr/au-coeur-de-lhysterie-russe-quels-sont-les-faits-par-jack-f-matlock-jr/


L’Équateur continue d’employer la manière forte avec Assange. Par James Cogan

Friday 29 June 2018 at 05:00

Source : James Cogan, Consortium News, 07-06-2018

Le lendemain de son élection à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU, la ministre équatorienne des Affaires étrangères a déclaré que Julian Assange resterait au secret à l’ambassade de l’Équateur à Londres, comme l’explique James Cogan.

Par James Cogan

Lundi, la Ministre équatorienne des Affaires étrangères María Fernanda Espinosa a été élue pour un mandat d’un an à la présidence de l’Assemblée générale des Nations unies. Mardi, elle a déclaré que son gouvernement continuerait de bloquer toutes les communications du rédacteur en chef de WikiLeaks Julian Assange et de lui refuser tout visiteur personnel. Mercredi, cela a fait 10 semaines que le gouvernement équatorien a privé Assange de ses droits qu’il est tenu d’honorer après lui avoir accordé l’asile politique dans son ambassade à Londres en 2012.

Le vote de l’Assemblée générale en faveur d’Espinosa a été important : 128 voix pour 62 voix pour l’autre candidate, l’ambassadrice du Honduras auprès de l’ONU, Mary Elizabeth Flores Flake. Il y a eu deux abstentions. On croyait que Washington favorisait le Honduras parce que son gouvernement de droite soutenait la relocalisation provocatrice de l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem. Après le vote, Espinosa a de nouveau laissé entendre que l’Équateur s’efforce de faire sortir Assange de l’ambassade et de le remettre entre les mains de la police en attente et dans la perspective d’une extradition vers les États-Unis sur la base d’accusations d’espionnage. Elle a déclaré qu’elle était en discussion avec les autorités britanniques et les avocats d’Assange. « Je pense que toutes les parties sont intéressées à trouver une sortie, une solution à cette situation complexe », a-t-elle déclaré.

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Source: https://www.les-crises.fr/lequateur-continue-demployer-la-maniere-forte-avec-assange-par-james-cogan/


« Un désastre complet » : Noam Chomsky sur Trump et l’avenir de la politique américaine, par C.J. Polychroniou

Thursday 28 June 2018 at 09:45

Source : Truthout, C.J. Polychroniou, 24-04-2018

Le président Donald Trump s’exprime lors d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre japonais Shinzo Abe à Mar-a-Lago, domaine de Trump à Palm Beach, en Floride, le 18 avril 2018.
MANDEL NGAN / AFP / GETTY IMAGES

Comment les choses se présentent-elles avec Donald Trump à la Maison Blanche ? Et que nous dit le fait d’avoir un président raciste, misogyne, xénophobe et erratique, qui continue de bénéficier d’un soutien incontestable de sa base, sur l’état de la politique américaine et les dangers pour l’avenir de la démocratie aux États-Unis et dans le monde dans son ensemble ? Noam Chomsky partage ses réflexions sur ces questions et d’autres sujets connexes dans une entrevue exclusive avec C. J. Polychroniou pour Truthout.

C.J. Polychroniou : Noam, cela fait déjà 14 mois que Donald Trump est en poste à la Maison-Blanche, mais nous devons parfois nous pincer pour nous assurer que ce n’est pas un cauchemar qu’un homme raciste, misogyne et homophobe qui ne se soucie apparemment que de lui-même dirige la nation la plus puissante du monde. Mais, vraiment, à quel point est-ce grave d’avoir Trump à la Maison Blanche ?

Très grave. Alors que Trump entamait sa deuxième année de mandat, le Bulletin of Atomic Scientists a avancé son Doomsday Clock de deux minutes de minuit [horloge du jugement dernier NdT], faisant état de ses préoccupations croissantes au sujet des armes nucléaires et du changement climatique. C’est l’heure la plus proche d’une catastrophe terminale depuis 1953, lorsque les États-Unis et l’URSS ont fait exploser des armes thermonucléaires. C’était avant la publication du Trump’s Nuclear Posture Review, [bilan sur la stratégie nucléaire de Trump, NdT] qui augmente considérablement les dangers en abaissant le seuil d’attaque nucléaire et en développant de nouvelles armes qui augmentent le danger d’une guerre ultime.

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Source: https://www.les-crises.fr/un-desastre-complet-noam-chomsky-sur-trump-et-lavenir-de-la-politique-americaine-par-c-j-polychroniou/


Non, l’Arabie Soudite n’est pas un pays ami ni frère. Par Tahar Ben Jelloun

Thursday 28 June 2018 at 09:32

Source : Le 360, Tahar Ben Jelloun, 18-06-2018

L’histoire du vote contre le Maroc est au fond secondaire. Elle révèle autre chose: à quoi tient une solidarité arabe? A pas grand-chose.

Il n’y a pas pire que les trahisons d’amitié. Encore faut-il étudier le cas saoudien et démontrer qu’entre le Maroc et l’Arabie Saoudite il y avait de l’amitié, c’est-à-dire une similitude de vie, une conformité de sentiments accompagnés de bienveillance. Ne riez pas, c’est juste une définition de ce qu’est l’amitié.

Longtemps on a cru que ce pays pétrolier si riche aidait généreusement le Maroc. Rien d’officiel n’a été publié à ce sujet. Depuis la prise du pouvoir par celui qu’on appelle MBS, Mohamed Ben Salmane, on a constaté que les relations n’étaient pas aussi simples et évidentes que du temps de son père qui est roi et gouverne en principe ce pays. Aucune information n’a filtré ces derniers temps à part la photo du dîner dans un restaurant de Paris avec le premier ministre libanais Hariri et Sa Majesté Mohammed VI. Souriants tous les trois, on pouvait décrypter qu’au fond, cette photo ne prouvait rien. MBS, totalement lié à Trump, surtout aux intérêts américains, et officieusement à Israël qui tue tranquillement des Palestiniens quasiment tous les jours et mène une campagne contre l’Iran, ennemi intime de l’Arabie Saoudite, fait tout pour ne pas déplaire à son Big Boss, Donald Trump, lequel n’aura aucun scrupule à le déplumer et ensuite le jeter comme un mouchoir en papier.

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Source: https://www.les-crises.fr/non-larabie-soudite-nest-pas-un-pays-ni-frere-par-tahar-ben-jelloun/


Jour 2 : L’enquête s’est terminée sans que justice soit faite. Par Michael D. Sallah et Mitch Weiss

Wednesday 27 June 2018 at 06:20

Suite de notre mini série sur les crimes de guerre de la Tiger ForcePrix Pulitzer 2004 du journalisme d’investigation

Source : Toledoblade, Michael D. Sallah & Mitch Weiss, 22-10-2003

L’armée a étayé de nombreuses accusations – puis a abandonné l’affaire des crimes de guerre au Vietnam.

Sept ans après avoir quitté le Vietnam, James Barnett a craqué.

Hanté par le massacre de civils, l’ancien sergent de la Tiger Force a invité des enquêteurs de l’armée à son domicile pour leur offrir des aveux inattendus.

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Source: https://www.les-crises.fr/jour-2-lenquete-sest-terminee-sans-que-justice-soit-faite-par-michael-d-sallah-et-mitch-weiss/


L’Europe sous Merkel IV : l’équilibre de l’impuissance, par Wolfgang Streeck

Wednesday 27 June 2018 at 06:00

Source : American Affairs, Wolfgang Streeck, 2018

L’Europe, telle qu’elle est organisée – ou désorganisée – dans l’Union européenne (UE), est un étrange animal politique. Elle comprend d’abord les politiques intérieures de ses États membres qui, au fil du temps, se sont profondément entrelacées. Deuxièmement, les États membres, qui sont encore des États-nations souverains, poursuivent des intérêts définis au niveau national par le biais de politiques étrangères nationales dans le cadre des relations internationales intra-européennes. Troisièmement, ils ont le choix entre s’appuyer sur une variété d’institutions supranationales ou sur des accords intergouvernementaux entre coalitions choisies de volontaires. Quatrièmement, depuis le début de l’Union monétaire européenne (UEM), qui ne comprend que dix-neuf des vingt-huit États membres de l’UE, une autre arène des relations internationales européennes est apparue, constituée principalement d’institutions intergouvernementales informelles, considérées avec suspicion par l’UE supranationale. Cinquièmement, tout cela s’inscrit dans les conditions géopolitiques et les intérêts géostratégiques de chaque nation, qui sont liés en particulier aux États-Unis d’une part, et à la Russie, à l’Europe de l’Est, aux Balkans, à la Méditerranée orientale et au Moyen-Orient d’autre part. Et sixièmement, il y a au plus profond du système étatique européen une bataille permanente pour l’hégémonie entre ses deux plus grands pays membres, la France et l’Allemagne – une bataille que les deux nient. Chacun des deux, à sa manière, considère sa prétention à la suprématie européenne comme juste et même évidente, l’Allemagne à tel point qu’elle ne reconnaît même pas ses ambitions en tant que telles.1 De plus, les deux prétendants à l’hégémonie sont conscients qu’ils ne peuvent réaliser leurs projets nationaux qu’en y intégrant l’autre, et pour cette raison ils présentent leurs aspirations nationales comme des projets « d’intégration européenne » basés sur une relation particulière entre la France et l’Allemagne.

Pourtant, depuis la crise financière de 2008, au moins, cet arrangement a connu de plus en plus de perturbations. Les systèmes politiques nationaux se transforment sous l’impact de l’intégration des marchés internationaux et de la réaction « populiste » qui s’y oppose. Les disparités économiques entre les pays membres s’accentuent, un pays en particulier, l’Allemagne, accumulant l’essentiel des bénéfices de la monnaie commune, condition impossible à corriger dans le cadre de l’UEM [union économique et monétaire, NdT] telle qu’elle est constituée par le Traité de Maastricht. Les intérêts nationaux en ce qui concerne les institutions économiques de l’Union diffèrent largement entre les différentes variantes du capitalisme qui y sont rassemblées. Alors que les crises qui s’ensuivent sont depuis quelque temps dissimulées par des « opérations de sauvetage » et des mesures d’urgence successives, l’heure de vérité semble maintenant arrivée. Le Royaume-Uni est sur le point de partir, ce qui modifie l’équilibre du pouvoir entre les pays membres. Les pressions s’intensifient en faveur d’une « réforme », mais les États membres et les institutions supranationales semblent être dans l’impasse. L’ancienne « méthode communautaire » de report des décisions cruciales semble avoir atteint ses limites ; pendant ce temps, les risques s’accumulent.

Cet exposé se propose de démêler certaines des questions complexes qui sont à la source de l’impasse européenne. Il soutient que les politiques de l’Europe sont tenaillées entre les réalités nationales et une idéologie post-nationale. L’Europe souffre d’une négation collective du fossé entre les deux, au nom d’une « idée européenne ». Et, en forçant à « l’intégration » de plus en plus poussée de sociétés nationales hétérogènes, le fossé entre l’idéologie et la réalité se creuse encore davantage. L’Europe de l’idée européenne est un avenir sans passé, à l’innocence séduisante pour un continent marqué de souvenirs de guerre et de génocide. Mais c’est aussi un avenir sans présent : pour être acceptable pour ses diverses composantes, il ne peut être défini que vaguement afin que chacun puisse y lire ce qu’il veut. Les tensions entre les diversités nationales et l’unité supranationale ne peuvent donc pas être traitées efficacement, car cela révélerait à la fois le vide de l’idéologie et les conflits sous-jacents. Les crises émergentes doivent être traitées par l’improvisation au jour-le-jour, laissant derrière elles un assortiment obscur et déroutant d’institutions mal articulées.

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Source: https://www.les-crises.fr/leurope-sous-merkel-iv-lequilibre-de-limpuissance-par-wolfgang-streeck/