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Un journée sur le Nouvel Obs

Thursday 12 February 2015 at 02:45

Extraits de la page d’accueil du Nouvel Obs le 25 janvier… No comment…

Source: http://www.les-crises.fr/un-journee-sur-le-nouvel-obs/


Samir Amin : « Un acte odieux, mais la faute en est à la France et aux États Unis »

Thursday 12 February 2015 at 01:08

Samir Amin

9.01.15 – Nous avons joint Samir Amin par téléphone à Paris. Philosophe et économiste, directeur du Forum du Tiers Monde, basé à Dakar, il commente l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo.

propos recueillis par Giuseppe Acconcia

Pourquoi les terroristes ont-ils frappé si durement au cœur de l’Europe ?

C’est une conséquence directe de la politique occidentale en Libye. En particulier le Sud du pays est devenu une base d’approvisionnement gigantesque. Cette région a été stratégique pour la France, sans elle l’armée française n’aurait pas pu intervenir au Sahel. Je dirai même plus. Je crois que l’exécution des attaques a une relation avec l’avancée de l’armée française au Tchad ces derniers jours. Les djihadistes ont voulu réaffirmer que le Sud de la Libye doit rester leur base et une terre de personne. Évidemment tout ceci est ensuite la conséquence directe des attaques de l’Otan contre le colonel Muammar Khadafi en 2011.

Qui est donc le vrai responsable de ces actions. Est-ce peut-être le cas de mettre en discussion la politique occidentale au Moyen Orient ?

Il s’agit d’un odieux acte de terrorisme de soi-disant islamistes qui ont une compréhension très particulière de l’Islam et de la religion. Mais la responsabilité de ces attentats est de la France et des États Unis. Les puissances occidentales continuent à soutenir l’Arabie Saoudite, le Qatar et les pays du Golfe. Ils accordent tout à ces pays, qui donnent un soutien gigantesque au terrorisme. Pour être plus clair, les puissances occidentales considèrent l’alliance avec les pays du Golfe comme un fondement de la politique néo-libérale. La deuxième erreur occidentale est d’avoir combattu les autocrates qui ont cherché à mettre un frein à l’Islam politique, de Saddam Hussein à Muammar Khadafi. Par exemple en Iraq Saddam Hussein bien qu’il réussissait à assurer la coexistence entre chiites et sunnites a été brutalement destitué. Et Khadafi avait clairement contenu les dérives islamistes en Libye.

Y a-t-il des responsabilités spécifiques de la France ?

La France a une responsabilité de plus : avoir soutenu les islamistes en Algérie, en les présentant comme des victimes de la dictature de l’armée. Une partie de ces islamistes s’est réfugiée en Arabie Saoudite mais aussi en Europe : en Grande Bretagne encore plus qu’en France.

Pourquoi les puissances occidentales ont-elles intérêt à continuer de fomenter le terrorisme international ?

Le seul objectif des puissances occidentales est de faire avancer leur politique néo-libérale. Pour ceci, pour elles, le monde se divise en deux : les pays qui soutiennent inconditionnellement le néo-libéralisme sont les seuls amis de l’Occident, même s’il s’agit d’odieux islamistes ; les pays récalcitrants sont par contre des ennemis de la dictature du capital international. Dit autrement, les puissances occidentales ont un seul critère : le libéralisme absolu. A ceux qui le soutiennent on pardonne tout. Et la démocratie n’a rien à voir avec cela.

Parmi les terroristes certains auraient fait référence à Al Qaeda au Yemen pendant les attaques.

Ça ne m’étonne pas, au Yemen pendant des années les islamistes ont été soutenus par les États-Unis pour leur fonction anti-communiste, ensemble avec l’Arabie Saoudite. Dans ce cas la bataille était contre le « danger » national populaire de l’ex Yemen du Sud.

Est-ce plausible qu’il s’agisse de djihadistes avec des passeports européens, comment cela s’explique-t-il ?

Les puissances occidentales ont toléré que des citoyens européens partent pour la Syrie pour combattre Bachar Al Assad. Ce mécanisme a été soutenu par la Turquie et par d’autres gouvernements occidentaux . Mais il faut faire attention à ne pas tomber dans l’islamophobie. La majorité écrasante des immigrés qui vivent en France, croyants ou pas, ne sont pas du tout fanatiques de l’Islam réactionnaire. Par contre il ne faut pas sous-estimer que soient impliqués beaucoup d’athées et des convertis à ces mouvements radicaux. Les terroristes, comme d’habitude, sont bien préparés. La même chose advint avec les Talibans en Afghanistan qui avaient été entraînés par la CIA au Pakistan. Et ainsi ces « jihadistes européens » ne sont pas des amateurs, probablement ils se sont formés en Syrie et en Iraq. C’est pour cela qu’ils sont extrêmement efficaces.

Pourquoi c’est la presse qui a été choisie comme objectif ?

Les terroristes ont choisi un objectif « intelligent ». Leur but est de diffuser la terreur dans les médias. L’objectif, en dernière analyse, est celui d’obliger l’Occident à renoncer à la laïcité et à la liberté d’expression.

Source : il manifesto.it, trouvé sur histoireetsociete.wordpress.com

Source: http://www.les-crises.fr/samir-amin-un-acte-odieux-mais-la-faute-en-est-a-la-france-et-aux-etats-unis/


Stop au “Mahomet bashing”, par Eric Brunet

Thursday 12 February 2015 at 00:02

Par Eric Brunet

Je ne suis pas Charlie. Je suis resté chez moi, le dimanche 11 janvier, comme 62 millions de Français. Pour autant, les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher m’ont meurtri. Je connaissais personnellement deux victimes…

Si je vous dis que je ne suis pas Charlie, ce n’est pas pour cultiver ma différence, mais parce que j’estime que la liberté d’expression ne peut être réduite au droit de dessiner Mahomet avec une paire de testicules sur la tête… ou le pape avec un crucifix dans le postérieur.

Beaucoup de Français viennent de découvrir que la liberté de la presse est menacée dans notre pays. On pourrait sourire… Dans les faits, elle est bafouée tous les jours par des censeurs éminemment plus subtils que les frères Kouachi : les groupes financiers ou industriels qui achètent nos quotidiens, les milliers de journalistes qui s’autocensurent pour garder leur job…

Curieux, ce réveil tardif des défenseurs de la liberté. Où étaient-ils lorsque Mitterrand usait de tous ses pouvoirs pour empêcher Jean-Edern Hallier de révéler l’existence de sa fille dissimulée, ses liens avec Pétain et la Cagoule, ou le cancer qu’il cachait aux Français ? … Oui, la liberté d’expression, c’était Jean-Edern, pas les caricatures représentant Mahomet sous la forme d’une crotte enturbannée ou Benoît XVI en train de sodomiser des enfants.

Entendons-nous : je ne suis pas religieux et j’adore le rire et la provocation. Mais cessons de nous arcbouter sur le logiciel français et admettons que les obsessions de Charlie Hebdo ont déboussolé une communauté musulmane qui entretient avec Dieu une relation particulière, différente de celle des chrétiens et des juifs.

Je ne rêve pas que la France renonce à la liberté de caricaturer. Je veux juste qu’elle fasse montre de mesure et de discernement… Ces derniers jours, les chaînes de télévision américaines et britanniques ont refusé de montrer la couverture de Charlie Hebdo à leurs publics. Pourtant, les États-Unis et le Royaume-Uni comptent parmi les plus anciennes démocraties du monde. Et CNN comme la BBC ne sauraient être accusées d’indulgence à l’endroit des extrémistes musulmans. Mais dans ces nations où le dogme laïque n’existe pas, le bon sens commun a conduit les médias à prendre une position responsable.

Il est temps d’affirmer que les manifestations du 11 janvier ne donnent pas à Charlie Hebdo un droit éternel à allumer des incendies. Les caricaturistes doivent lever le crayon. « Un dessin est un fusil à un coup », disait Cabu. Vrai : lors des manifestations anti-Charlie Hebdo, des effigies de François Hollande ont été brûlées et de nombreux chrétiens ont été assassinés. N’oublions pas que près de 3 millions de nos compatriotes vivent à l’étranger, et beaucoup redoutent la haine anti-Français…

Source : Valeurs Actuelles, le 26/01/2015

Source: http://www.les-crises.fr/stop-au-mahomet-bashing/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Die Anstalt)

Wednesday 11 February 2015 at 05:20

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : L’euro nous pourrit la vie depuis trop longtemps

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): Doit-on accorder une nouvelle aide à la Grèce ? – 09/02

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (2/2): Pourquoi les investisseurs achètent-ils des valeurs chères ? – 09/02

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Pétrole, une panique à la hausse – 04/02

Philippe Béchade: Quid du rebond des cours du pétrole ? – 04/02

Bilan Hebdo: Philippe Béchade et Jean-Louis Cussac – 06/02

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir:”La Grèce est dans une situation favorable pour sortir de la zone euro”

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): quel avenir pour la Grèce en zone euro ? – 10/02

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): l’inflation de la croissance chinoise va-t-elle s’aggraver ? – 10/02

IV. Die Anstalt

Diffusion d’un épisode de Die Anstalt (du 29 avril 2014), émission d’humour satirique sur la 2e chaine allemande, la ZDF. L’épisode évoque les liens des médias avec différents lobby transatlantiques et l’utilisation des images de l’ennemi dans le conflit ukrainien.

Cet épisode fut interdit suite à la plainte (pour diffamation ?) de deux journalistes contre la chaîne. Josef Joffe, l’un des deux journalistes et l’homme sur la deuxième photo dans la vidéo (9:15) est présenté comme ayant plusieurs lien avec les lobby transatlantiques. Sous réserve de plus d’informations, ce dernier ne nierait pas les liens mais plutôt leurs nombres.
Idem pour Jochen Bittner le deuxième journaliste (présent dans la vidéo également.).

L’épisode a donc fait l’objet d’une interdiction …
http://www.vineyardsaker.co.nz/2015/01/29/banned-german-satire-die-anstalt-exposes-double-standards-on-russia-and-ukraine/
http://www.spiegel.de/kultur/tv/die-anstalt-im-zdf-zeit-journalisten-einstweilige-verfuegung-a-983517.html
http://www.t-online.de/unterhaltung/id_70448526/-die-anstalt-reizt-zeit-journalisten-neuer-aerger-fuers-zdf.html

… qui fut par la suite levée par le tribunal d’Hambourg. L’épisode n’est cependant plus disponible sur le site internet de la ZDF.


Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-11-02-2015/


Les documents du financement américain et de la formation de l’armée ukrainienne, par Karine Bechet-Golovko

Wednesday 11 February 2015 at 04:50

Un intéressant article de Karine Bechet-Golovko, à propos d’un leak russe.

Après première enquête, cela semble suffisamment robuste pour que je reprenne ce papier.

ATTENTION, en ces temps de guerre, donc de propagande à outrance des 2 côtés, il convient de rester prudent quant à leur authenticité.


Yatséniuk et le vice-président américain J. Biden

Hier, le groupe de hackers Cyber-Berkut a publié les documents en possession d’un proche de J. Biden, lors de sa visite en Ukraine. Les documents furent piratés justement lors de cette visite. Des centaines de milliers de dollars versés sur les comptes personnels d’officiers ukrainiens, 1 million de dollars pour que l’armée ukrainienne apprenne l’anglais, le paiement des frais courant de nourriture, les négociations sur des fournitures d’armes à grande échelle, notamment tout ce qu’il faut pour des opérations maritimes coups de poings. Voici une traduction de l’essentiel.

1)

Ce document est particulièrement surprenant. La Marine ukrainienne a demandé aux Etats Unis de payer les frais de déplacement des officiers participants aux exercices militaires communs Ukraine/US sur le territoire ukrainien. Passons sur la fierté nationale, c’est un sentiment dépassé. Techniquement, il est intéressant de noter que, officiellement, les Etats Unis en ont payé pour environ 550 000 Hryvnias (1 dollar = 15 Hryvnias UAH). Et cet argent n’a pas été adressé au budget ukrainien, non. Il a été payé sur le compte privé de Denis Stupak, capitaine de 3e classe.

2)

Ici, l’Académie militaire P. Sagaydachnui demande une compensation pour les déplacements et la nourriture de 11 de ses officiers et d’un civil, pour un montant de 53 000 Hryvnias.

3)


Ici, un petit bonus. Cyber-Berkut analyse cela comme la preuve que l’armée ukrainienne devient une filiale américaine. En effet, environ 1 million de dollar est prévu pour mettre en place un Laboratoire linguistique, permettant aux militaires ukrainiens d’apprendre correctement l’anglais. En plus de cela, et afin que leur formation soit complète, il est également prévu d’acheter des manuels militaires en anglais.

4)

Les Etats Unis fournissent à l’Ukraine ces fameux Radars qui permettent de localiser la position exacte du tir de l’ennemi. 3 radars sont livrés pour un montant de 350 000 dollars. Lorsque l’on voit l’intensification des tirs sur la région de Donetsk, on comprend que le cessez-le-feu n’est qu’un moyen de gagner du temps pour ré-équiper l’armée ukrainienne. Ces armes vont permettre aux militaires ukrainiens de prendre un sérieux avantage sur les combattants.

5)

Ici, 25 millions de dollars d’aide à l’armée ukrainienne.

6) L’aide ne se limite pas aux armes non létales. Les négociations, tellement précises qu’elles ressemblent plutôt à une commande, concernent l’armement lourd, des roquettes anti-tanks (420), des équipements de snipers (400), des mines (70 000), de l’artillerie, etc …


7) Et pour finir, il s’agit de remettre sur pied les forces d’intervention en mer. Cyber-Berkut, vu l’état de la marine ukrainienne, interprète cela comme la préparation d’une intervention soit par la mer de la Crimée, soit de diverses opérations de déstabilisation dans la région.

L’on comprend mieux, maintenant, le large sourire de Yatséniuk et de Poroshenko à l’arrivée de Biden. L’on comprend également mieux pourquoi, quand juste avant, le ministre allemand des affaires étrangères était arrivé pour tenter un compromis, il a dû sonner à la porte et attendre qu’on lui ouvre face à des grilles fermées, alors que la délégation américaine fut accueillie avec un tapis rouge.

Source : Karine Bechet-Golovko, pour Russie Politics

Source: http://www.les-crises.fr/les-documents-du-financement-americain-et-de-la-formation-de-larmee-ukrainienne-par-karine-bechet-golovko/


Actu’Ukraine 11/02

Wednesday 11 February 2015 at 04:15

Le retour des Actu’Ukraine :)

Nous avons plein d’infos, mais il nous manque des bras pour les synthétiser – volontaires compétents et motivés bienvenus – merci de nous écrire

Les semaines passées ont été riches en événements en Ukraine et ceux-ci se précipitent à l’heure actuelle.

Mi janvier, la guerre a brusquement repris faisant suite à une longue période où le cessez-le-feu décrété en septembre n’a jamais vraiment été respecté. Toutefois, là où les forces de l’armée régulière étaient à l’offensive cet été, ce sont les forces armées de Novorussie qui se lancent dans une contre-offensive majeure (Donestk, Marioupol, Debatselvo, Lougansk,…). Parallèlement,  les tensions internationales montent.

Suite à ses derniers revers militaires à Donetsk et Debastlevo (qui menacent de se transformer à nouveau en défaite majeure), le régime de Kiev fait face à des dissensions internes et une désobéissance civile massive consécutive à la dernière vague de mobilisation décrétée mi-janvier.
Il est tentant de voir dans le chaos ambiant une aggravation de la situation menaçant d’échapper à tous contrôles. Cependant, si on prend un peu de hauteur, au-delà des vociférations, des angoisses et des pleurs, il se dessine une possibilité de sortie de crise.
Les angoisses de Mikhaïl Gorbatchev sur une éventuelle guerre mondiale est le reflet d’un homme qui, en tant que dirigeant de l’URSS, a été confronté plusieurs fois à la possibilité d’un apocalypse nucléaire. La lettre des survivants de Stalingrad (FortRuss) est celle d’hommes qui ont combattu le nazisme au faîte de sa puissance et qui le voit à présent ressurgir. Quant aux déclarations va-t-en-guerre et les positions extrêmes de ces derniers jours, d’où qu’elles viennent (Independent, New York Times, Pravda, FortRuss, Brookings), prenons les pour ce qu’elles sont en définitive : des tentatives désespérées de ceux qui les prononcent pour ne pas être les seuls perdants de cette guerre civile. et ce aussi bien dans les domaines politiques et économiques.
De manière générale, il semble que l’UE et, dans une  moindre part, les USA se montrent plus modérés sans vouloir pour autant se désavouer. C’est avec ce filtre en tête qu’il convient de faire le tri, dans ce qui se dit ici et là, ce qui est vraiment du domaine de la décision étatique et ce qui est du jeu politique interne, de la posture géopolitique voire du pur brassage d’air. Deux exemples les marquants sont l’argument de l’”invasion russe” et l’armement de l’armée ukrainienne par les USA.

Commençons par l’”invasion russe”

Cela fait des mois que l’Ukraine affirme sans preuves que l’armée russe a envahi l’Ukraine à la fois pour justifier les moyens employés (bombardements massifs des villes, destruction des infrastructures et de l’industrie,…) et pour tenter d’entrainer l’OTAN dans la guerre civile qui déchire le pays. Cela fait des mois que les USA se servent de ces allégations (sans les prouver malgré tous les moyens d’observation dont ils disposent a priori) pour justifier des sanctions individuelles puis économiques et politiques (Sputnik News)  contre des citoyens russes ciblés et contre la Russie, jusqu’à déclencher une vraie guerre économique contre elle (spéculation contre le rouble, dégradation de la note de la Russie, menace de déconnection de SWIFT).

L’argument, à l’évidence, ne fait plus vraiment recette

Le président ukrainien, Porochenko, affirmait encore le 21 janvier, au forum économique mondial de Davos, qu’il y avait 9000 soldats russes et 500 chars en Ukraine (Dailymotion, Romandie). Le 27 janvier, le parlement Ukrainien (la Rada) déclarait  la Russie  “état agresseur” et  les républiques de Donetsk et Lougansk “organisations terroristes” (UNIAN, Pravda). Le même jour le chef du Allied Land Command (LANDCOM) de l’OTAN, le général américain Hodges (Stripes) déclarait “on ne vous donnera rien (pas de preuves), si vous croyez pas qu’il y a une invasion russe c’est que vous voulez pas y croire …” (Youtube).

A peine deux jours plus tard, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) prenait ses distances avec les propos de Porochenko et de Hodges (VZ) et le 28 janvier, l’APCE refusait de reconnaître les deux républiques comme organisations terroristes (Sputnik News), même s’il supprimait le droit de vote de la Russie jusqu’à avril 2015, ce à quoi la Russie a répondu en suspendant sa présence à l’APCE pour toute l’année 2015. La victoire de Syriza en Grèce a aussi évité la prise de décision de nouvelles sanctions intra UE prônées par Donald Tusk, le président de l’UE. Seules des sanctions déjà votées ont été prolongées, sans doute pour ne pas faire perdre la face aux uns et ne pas déclencher une crise qui rendrait toute discussion sur la dette de la Grèce beaucoup plus compliquée…

Le 31 janvier, c’est le chef d’état-major ukrainien lui-même qui, lors d’une déclaration à la télé ukrainienne (Youtube), tout en parlant de volontaires russes dans les rangs des milices des républiques de l’est, semblait sous-entendre qu’il n’y avait pas de troupes régulières russes en Ukraine. Ces propos, même s’ils sont sujets à controverse, ont été largement repris par les médias russes internationaux (Sputnik News ) sans déclencher une avalanche de démentis en rapport avec l’importance et la diffusion faite de ces propos.

 

L’autre exemple est celui de la fourniture d’armes “létales” à l’Ukraine

Les USA récemment ont voté une loi leur permettant d’armer tous les pays d’europe de l’est, y compris l’Ukraine. Cette intention a été réaffirmée dernièrement pour l’Ukraine (New York Times). Londres, Paris et Berlin se sont tout à tour désolidarisées des USA et déclarées qu’elles ne fourniraient pas d’armes. Les USA et le Canada apparaissent donc isolés dans leur démarche. Le fait est que ce n’est pas les armes qui gagnent les guerres, mais les hommes. Et dans ce domaine, même si l’Ukraine à sur le papier l’avantage numérique, elle n’a pas en revanche l’avantage en termes de qualité et de détermination. En effet, l’armée ukrainienne a subi deux défaites importantes l’été dernier et est en passe d’en subir une autre majeure à Debastlevo. Ses pertes militaires, humaines et matérielles, sont énormes. Pour ce qui est du matériel, l’Ukraine puise encore dans le vaste arsenal soviétique positionné dans le pays du temps de la guerre froide dans la prévision d’une guerre en Europe. En ce qui concerne les hommes, les pertes sont compensées par des recrues peu entrainées et peu motivées qui se retrouvent face à des troupes  novorusses aguerries et déterminées à défendre leur sol. Le résultat est tristement sans surprises. Les offensives ukrainiennes se terminent par des carnages comme lors de la tentative de reconquête de l’aéroport de  Donetsk et les défenses ukrainiennes sont démoralisées et paniquées par les pilonnages précis de l’artillerie novorusse. Ce qui sauve encore l’armée ukrainienne de la rupture totale du front est  que les novorusses économisent leurs troupes. Quand l’Ukraine perd un soldat de l’armée régulière, elle perd généralement un homme mobilisé de force, résigné, peu formé et peu motivé. Quand les républiques de Donetsk et Lougansk perdent un soldat, elle perdent un volontaire aguerri et déterminé. Dans leurs déclarations publiques, les leaders des républiques de Donetsk et Lougansk réitèrent leurs désirs de trouver une issue au conflit qu’ils qualifient de “fratricide” (Youtube). A noter que c’est aussi le moment que choisi RT de publié une étude des renseignements allemands indiquant que les pertes en vies humaines dans cette guerre ne sont pas de 5000 environ, mais plutôt de 50 000 (http://rt.com/news/230363-ukraine-real-losses-german-intelligence)…

Le fait que ce soit les républiques qui aient le dessus sur l’armée ukrainienne est en soi un facteur d’espérance. Le massacre s’arrêtera lorsque l’Ukraine en aura assez…

Ce qui semble être de plus en plus le cas…

La mobilisation décrétée en Ukraine en janvier 2015 est un échec total. Près de 80% des appelés se dérobent. Des milliers, voire des dizaines de milliers d ‘entre eux fuient le pays et se réfugient en masse en Russie. En effet, si la Russie a récemment facilité les conditions de séjour en Russie pour les Ukrainiens, en Pologne en revanche, le gouvernement refuse d’accorder le statut de réfugiés à ceux qui fuient la mobilisation et les combats (VZ). Ceci est une preuve que l’hystérie anti-russe du gouvernement est le fait d’une minorité.

Le gouvernement de Kiev a répliqué à cette désobéissance civile par la fermeture des frontières pour les hommes en age de se battre. Ce à quoi, la Hongrie et la Tchéquie ont indiqué de leur côté que les ukrainiens des minorités hongroises ou tchèques n’étaient pas “concernés” par la guerre civile en cours sur un fond d’accusations de “sur-mobilisation” de ces minorités par Kiev.

Face au durcissement du gouvernement, la résistance à la mobilisation se durcit également. Là, où l’été dernier, les mères/femmes/sœurs se contentaient de brûler les papiers de mobilisation en public, à présent des villages entiers chassent de force les recruteurs (FortRuss) où les conspuent dans les réunions publiques (FortRuss). La population en a clairement assez de la guerre civile.

Certains oligarques aussi, et c’est nouveau, se désolidarisent du “parti de la guerre” jusqu’à proposer un référendum (FortRuss) dont l’issue, au vu du résultat de la mobilisation, ne fait aucun doute. Ils ont sans doute mal pris que l’un d’entre eux ait été arrêté, même temporairement, pour activité anti-ukrainienne (la fourniture d’aide humanitaire pour les régions de l’est). Ils voient sans doute dans l’agitation anti-gouvernementales de certains bataillons de la garde nationale (Aidar en particulier) une menace pour leur position même et surtout leur pouvoir régional. Même si ces bataillons ont été au départ financés par les oligarques pour leur servir de garde prétorienne ou d’armée privée, ils risquent de devenir incontrôlables et se retourner contre eux. A cela s’ajoute le spectre de l’écroulement économique total du pays qui pourrait voir la population se retourner contre ces mêmes oligarques. Il faut noter à ce sujet que la devise ukrainienne a, le 5 février, perdu plus de 45% de sa valeur en une journée face au dollar.

La conjonction des ballets diplomatiques et de la conférence de Munich

C’est dans ce contexte que se déroule depuis quelques jours des entretiens diplomatiques à géométrie variable entre américains et ukrainiens (sans les européens), européens et ukrainiens (sans les américains) et enfin européens et russes (sans les américains à nouveau). L’heure est sans doute à la recherche d’une solution négociée où il faudra trouver une sortie honorable pour les USA, faire accepter une défaite définitive pour Kiev et assurer une véritable paix dans la région. L’échec du cesser-le-feu de septembre 2014 est là pour rappeler que, sans acceptation d’un règlement politique clair accepté par tous, Kiev ne tiendra pas ses promesses et cherchera à nouveau à se réarmer et repartir à l’assaut de Donetsk et Lougansk.

Parallèlement, Munich accueille du 6 à 8 février la conférence annuel sur la sécurité (MSC) dont le pitch du rapport préliminaire (Rapport MSC) est très parlant d’une crise bien plus large que celle de l’Ukraine : “Collapsing Order, Reluctant Guardians?” (Effondrement de l’Ordre, Gardiens Réticents?). Les participants sont très majoritairement occidentaux et atlantistes (Allemagne:  179, USA et Canada : 103, Royaume Uni : 30, France : 13, Ukraine : 7,…) Avec quelques Russes (17) et Asie/Afrique (7). Le ton est donc plutôt anti-russe avec des éffets de manche dont Porochenko a seul le secret (après le morceau de bus criblé d’éclats montré à Davos, voici les passeports de soldats russes) (RT) , ce qui n’a pas empêché le ministre des affaires étrangères russe de faire un discours (RT, transcript en anglais par FortRuss) qui fera date…

A l”heure où s’écrivent ces lignes, dimanche 8 février 2015, il n’y a plus de place pour le bluff et les cartes sont sur la table. Nous sauront bientôt si elles seront jouées pour la paix ou la guerre.

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-1102/


[Reprise] L’esprit du temps ou l’islamophobie radicale, par G. de Rouville

Wednesday 11 February 2015 at 03:19

La grande question du XXIème siècle est et sera celle de l’islamophobie. L’islamophobie est en effet le mal du siècle présent, à l’image de ce que fut l’antisémitisme au cours du siècle précédent. Si la haine a changé de cible, elle n’a pas changé de méthode. La ‘bête infâme’ est toujours là et rôde autour de sa proie avec le même appétit prédateur. Les loups sont entrés dans Paris, Washington, Londres ou Jérusalem. Aujourd’hui, ce sont les Musulmans qui sont les principaux bouc-émissaires de la haine ordinaire des peuples occidentaux et de leurs élites et qui risquent de payer très cher le peu de cas que nous autres, citoyens des Lumières et enfants gâtés de la démocratie, faisons de leur sort peu enviable.

L’Occident, une fois le cadavre du communisme jeté dans les bas-fonds de l’histoire, a su faire de l’Islam le mal absolu, l’ennemi à combattre, le nouveau totalitarisme qui menacerait nos libertés, nos terres, nos identités. Moyen astucieux pour détourner les colères légitimes des peuples occidentaux contre les prédations répétées de leurs élites qui, pour s’enrichir à outrance, n’ont pas trouvé de meilleure solution que d’expédier les emplois de leurs concitoyens dans des contrées lointaines après avoir ouvert les vannes de l’immigration économique pour faire pression sur les salaires de leurs travailleurs nationaux. Face à la faillite d’un système libéral dominé par la finance et l’esprit de lucre, il fallait brandir une menace qui puisse canaliser toutes les vieilles rancoeurs des peuples, fruits des échecs successifs de nos sociétés capitalistes.

L’islamophobie a ses théoriciens respectés et reconnus dans le cercle étroit de nos élites atlantistes : tel un Samuel Huntington avec son “choc des civilisations” qui est, en quelques sortes, une invitation à la guerre éternelle, un bréviaire de la haine de l’autre au nom des intérêts géostratégiques d’une poignée d’Occidentaux ; ou une Bat Ye’or avec son concept “d’Eurabia” (“Eurabia : l’axe euro-arabe”), qui voudrait étendre à l’Europe le modèle d’apartheid et de discrimination à l’œuvre en Israël afin de résister à l’invasion des nouveaux ‘barbares’.

Nos élites islamophobes n’ont pas seulement leurs théoriciens, elles ont aussi leurs guerriers qui sont allés porter la guerre en terres musulmanes pour prouver leurs théories nauséeuses. Il leur fallait donner de la substance à leur paranoïa, du prestige à leur volonté de nuisance et pratiquer la physique des crimes après avoir épuisé toutes les ressources de la métaphysique des peurs. Leurs chefs de guerre sont revenus de leur croisade afghane, irakienne, libyenne, bouffis d’héroïsme sanglant, après avoir massacré des innocents, torturé des enfants qui défendaient leur village avec une pierre ou un bout de bois, après avoir ravagé les campagnes et les villes avec des armes interdites par les conventions internationales, après s’être accaparé les richesses des pays agressés, ils sont revenus donc, pour proclamer sans nuance : “ils nous détestent”, “ils nous haïssent”, “ils nous maudissent”. Ils ont osé justifier leurs guerres par cette haine prétendue que les peuples lointains nourriraient à notre égard, en feignant d’ignorer que cette haine, lorsqu’elle existe, n’est que la conséquence directe des guerres que nous menons au nom de la démocratie contre ces peuples sans défense [i].

L’ensemble des intellectuels atlantistes [ii], autrement dit, ceux que nous entendons dans les médias occidentaux, partagent, avec plus ou moins de virulence, plus ou moins de nuance, les présupposés islamophobes et guerriers de ces ‘théories du complot islamiste’. Celui qui ne suit pas à la lettre la doctrine atlantiste et ne participe pas au lynchage intellectuel et médiatique des Musulmans tombe vite dans la catégorie des suspects d’antisémitisme.

Par une sorte de tragique ironie de l’histoire, l’antisémitisme supposé des uns est devenu l’alibi de l’islamophobie avérée des autres : c’est ainsi que pour cacher son islamophobie radicale, tel ou tel intellectuel atlantiste ira de sa dénonciation de l’antisémitisme ambiant, soulignera avec effroi la dangereuse progression de l’antisémitisme dans nos sociétés toujours habitées par les démons du passé. Qu’importe que les faits et les chiffres invalident ces propos et que, si l’antisémitisme n’a pas disparu, pas plus que le racisme ou le sexisme, il est aujourd’hui marginal à l’échelle de nos sociétés (évidemment pas à l’échelle des personnes qui peuvent le subir). Qu’importe que l’antisémitisme soit l’allié naturel du sionisme qui a besoin de son contraire pour exister et se justifier, ce qui compte c’est de noyer l’islamophobie sous les paroles généreuses de celui qui combattrait l’antisémitisme. On peut s’acheter ainsi une vertu médiatique à bon compte et espérer monter dans la hiérarchie atlantiste.

Les islamophobes radicaux vont encore plus loin : ils cherchent des têtes à couper en permanence, et comme le Père Duchène ou l’Ami du Peuple qui, sous la Terreur, réclamaient toujours plus de sang pour épurer le corps politique de ses excroissances incongrues, ils dénoncent comme antisémites (avec le courage inouï de ceux qui ne risquent que l’approbation de leur maîtres) tous ceux qui prendraient la défense des Musulmans ou ne seraient pas assez agressifs à leur égard, ou encore, quiconque oserait émettre une critique envers l’Occident sans y aller de son couplet sur les mœurs dénaturés de l’Islam [iii]. Toute critique de l’Occident passe, en effet, pour un manque d’islamophobie, et, par conséquent, pour un acte antisémite. D’une manière générale, toute personne qui se pose des questions sur le monde qui l’entoure devient suspect et est immédiatement mis à l’index de la pensée dominante. On l’aura compris, les atlantistes accusent leurs adversaires d’antisémitisme pour ne pas se voir accusés eux-mêmes d’être des islamophobes radicaux.

Pour parvenir à leurs fins, ils utilisent toute une panoplie de procédés dignes des procès de Moscou : amalgame, confusionnisme, rhétorique de disqualification, accusations en miroir, etc. Rien ne les arrête pour dénicher l’anti-atlantiste, le faire sortir de l’ombre et l’abattre en place publique pour édifier les peuples. Et le plus surprenant, c’est qu’ils réussissent, malgré l’indigence de leur raisonnement et la haine radicale qui les anime. Les victimes de leur vindictes sont en retrait, elles demeurent sur la défensive et passent leur temps à essayer de se justifier d’un brin d’humanité. Elles ne savent ni n’osent répliquer.

Or, il impérieux de réagir, pour être fidèle aux principes des Lumières, pour être les bons élèves du devoir de mémoire ou, enfin, pour garder le respect de soi-même. Il ne faut plus baisser la tête devant les islamophobes radicaux qui vous accusent d’être antisémites parce qu’ils sont à court d’arguments rationnels. Il faut combattre avec vigueur leurs méthodes inquisitoriales au nom des valeurs des Lumières qu’ils mettent en danger. Il convient de démonter méthodiquement leur paranoïa maladive qui voit des complots et des haines antisémites partout pour se dispenser d’affronter leur propre islamophobie.

Ainsi, au nom de l’islamophobie tout leur semble aujourd’hui permis à l’encontre des Musulmans dans les médias atlantistes : les dérapages verbaux, les insultes directes ou indirectes, les stigmatisations en tous genres, le mépris, les caricatures outrancières, les moqueries condescendantes. « Tous des terroristes », « tous des délinquants », « tous antisémites » ; « des délinquants qui deviendront des terroristes ; « des profiteurs du système » ; « des parasites » : ce sont là quelques uns des messages que les islamophobes distillent quotidiennement dans nos médias. Jusqu’à la fameuse affirmation que « le peuple Palestinien n’existe pas », condensé de tout le reste qui peut se comprendre comme une manière de nier le droit à l’existence d’un peuple pour s’autoriser à l’anéantir à petit feu comme un Slow Motion Holocaust. Apres cela il ne faudra pas s’étonner que la mort d’un Musulman sous les bombes occidentales ne soit jamais considéré autrement que comme un dommage collatéral, un détail sans importance dans la glorieuse histoire de l’Occident, rempart de la civilisation face au néant de ‘l’autre’.

“L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire – pardonnez-moi – que d’enculer leurs chameaux.” Plateforme, Michel Houellebecq, éd. Flammarion, 2001, p. 261

Qu’importe que les principaux crimes de masse dans le monde, depuis la chute du mur de Berlin, soient l’œuvre des Occidentaux. Qu’importe que le terrorisme islamiste soit le résultat d’une instrumentalisation sordide réalisée par les Occidentaux et leurs alliés wahhabites (comme on l’a vu le 11-Seprembre aux États-Unis, ensuite en Libye et en Syrie). Ce qui importe est d’affirmer avec conviction son islamophobie tout en la déguisant sous les habits de la laïcité, de l’humanisme, du féminisme, de la lutte contre les extrémismes, des Lumières mêmes, puisqu’on n’est plus à une contradiction ou à un reniement près.

Nous sommes descendus si loin dans le trou noir de l’irrationalité que, par une étrange logique, il n’est pas besoin de prouver un complot ou un attentat qui impliquerait des Musulmans ; quelques soupçons suffisent pour établir la liste des coupables et faire de la conviction des accusateurs des vérités officielles qu’on ne peut contredire sans risquer de se voir soumis à l’opprobre de ses contemporains. Si des Musulmans ont pu participer à un attentat, c’est qu’ils en sont les responsables et que les faits sont incontestables. À l’opposé, il devient impossible de prouver un complot qui serait l’œuvre des Occidentaux ; toute preuve, tout faisceau d’indices, tout soupçon étayé ne sont jamais suffisants pour les tenants de l’innocence fondamentale des hommes blancs ; il leur faut toujours plus. [...]

“On est dans un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente. Il existe une forme de crispation identitaire, une angoisse à la désoccidentalisation du monde, une rupture entre le clan des dominants et le monde multipolaire. Cette doctrine occidentaliste, qui veut que l’Occident soit riche et dominateur éternellement, m’inquiète”. Emmanuel Todd – El Watan. 3 novembre 2008.

Cette logique du ‘Musulman coupable par nature’, parce que Musulman, est à la base de l’institutionnalisation de la torture par les États-Unis qui peuvent ainsi soumettre à des traitements inhumains des milliers de personnes à travers le monde (Guantanamo n’étant que l’un de ces camps de torture dirigés par l’administration américaine) sur la base d’un simple soupçon de ‘terrorisme’, soupçon qui ne fait l’objet d’aucun contrôle judiciaire. La culpabilité d’un Musulman n’a pas besoin d’être prouvée, elle se déduit de son être même. Il s’agit là d’une forme d’essentialisme, qui est lui-même une forme radicale de racisme.

Les démocraties occidentales, et tout particulièrement les États-Unis, qui se définissent comme des États de droit, ont peu à peu créé, au nom de la lutte contre le terrorisme islamique, des zones de non-droit, des no man’s land juridiques destinés à rejeter hors de leur espace légal les ‘terroristes’, les ‘nouveaux barbares’, les ‘autres’, essentiellement les Musulmans, pour les soumettre à des régimes d’exception où les condamnations sans preuve, la torture, les humiliations en tous genres sont admis et encouragés[iv]. Le rejet de groupes humains dans un espace para-légal, au sein même des sociétés démocratiques ou dans des lieux soumis à leur souveraineté, est la traduction politique et administrative d’un essentialisme dont le ressort principal est la peur frénétique de l’autre.

« Les individus incarcérés à Guantanamo – n’étant ni des prisonniers ni des accusés, mais de simples détenus – se trouvent dès lors sous le joug d’une autorité sans réalité légale. Comme leur détention échappe entièrement à la loi et à toute autorité juridique, elle est illimitée dans le temps et de nature indéterminée. La seule chose à laquelle on peut comparer ce phénomène est la situation des Juifs dans les camps nazis qui, en plus de leur citoyenneté, avaient perdu tout statut légal, sinon qu’ils conservaient encore leur identité de juifs »[v]. Giorgio Agamben, Sovereign Power and Bare Life, Stanford University Press, 1998.

Cet essentialisme, on le retrouve, pour prendre un exemple médiatique, dans les caricatures de Mahomet, publiées en France dans le journal Charlie Hebdo en février 2006. Dans le contexte actuel de stigmatisation des Musulmans, ces caricatures correspondent à celles des Juifs des années 30 dans la presse antisémite. Et c’est au nom de la liberté d’expression qu’on nous fait tolérer cette presse de caniveau dont les dirigeants sont des partisans déclarés de l’atlantisme et du choc des civilisations[vi]. Bel exemple également de transmutation des valeurs.

(a) : « Il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût » ; «Les Musulmans se multiplient comme des rats » ; « Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d’Allah] passent leur temps avec le derrière en l’air à prier cinq fois par jour », Oriana Fallaci, La Rage et l’Orgueil, Plon, 2002. (b) : « Fallaci vise juste, même si elle peut choquer par certaines formules », Pierre-André Taguieff, Actualité juive, 20 juin 2002. (c) : « Oriana Fallaci a l’insigne mérite de ne pas se laisser intimider par le mensonge vertueux. Elle met les pieds dans le plat, elle s’efforce de regarder la réalité en face », Alain Finkielkraute, Le Point, 24 mai 2003.

L’islamophobie radicale prend peu à peu le dessus sur toutes les autres haines. C’est la nouvelle peste du siècle, la nouvelle passion grégaire d’une humanité occidentale à la recherche du mépris des autres pour tenter de comprendre le sien. On observe ainsi que l’ensemble des extrêmes droites européennes se rallient peu à peu à l’islamophobie radicale tout en abandonnant leur antisémitisme traditionnel (ce que l’on peut saluer) et prennent pour modèle le sionisme. Car les extrêmes droites voient dans le sionisme tous les éléments de leur philosophie : rejet de l’autre, discriminations raciales, nationalisme, apartheid. C’est ainsi que l’on peut comprendre le geste fou de Breivik en Norvège : c’est, en partie, au nom du sionisme qu’il a commis son acte atroce, si l’on se réfère au manifeste qu’il a lui-même écrit. Ses victimes étaient des jeunes militants préparant des actes de boycott d’Israël afin de dénoncer le sort réservés aux Palestiniens. Le meurtrier était un islamophobe radical, lecteur et admirateur de Samuel Huntington et de Bat Ye’or. Dire cela, c’est s’exposer à être traité d’antisémite, même si l’on est Juif soi-même.

Cette islamophobie ambiante est radicale en ce sens qu’elle permet de légitimer l’usage, à une échelle globale, par les Occidentaux, de la violence la plus extrême (guerres, tortures, dommages collatéraux, terrorisme d’État) contre des populations musulmanes qui sont présentées comme coupables des crimes qu’elles subissent. Torturer un Musulman est considéré comme un acte de recherche de la vérité et non pas comme un acte barbare, cruel et inhumain. D’une certaine manière, l’islamophobie radicale implique la mise à mort de ‘l’autre’ Musulman au nom de la bonne conscience à toute épreuve de l’homme blanc occidental.

L’islamophobie radicale est également une idéologie totalitaire parce qu’elle prétend offrir une compréhension du monde totalisante et unique, un prisme universel à travers lequel tout devrait recevoir une explication simple, logique, définitive et qui donne systématiquement raison aux Occidentaux et à leurs crimes. Elle vise tout Musulman, d’ici ou d’ailleurs et est diffusée à travers l’ensemble des moyens médiatiques de masse qui reflètent et façonnent la représentation du monde des Occidentaux (dans les écrits des intellectuels de tous bords, les films ou séries télévisées).

Cette idéologie totalitaire est, enfin, un instrument de la géopolitique de la peur développée par les élites occidentales afin de continuer leurs prédations (coloniales) antérieures. Elle construit un ennemi imaginaire (le méchant musulman qui veut tuer le gentil blanc) à qui elle donne corps et substance à force de le désirer et, avec cet épouvantail, obtient, par la peur et l’effroi, le consentement (volontaire ou tacite) de ses populations à ses aventures capitalistes guerrières.

Le paradoxe apparent de l’islamophobie radicale, c’est que ses promoteurs s’allient volontiers avec l’Islam, lui aussi radical, d’inspiration wahhabito-salafiste, pour mettre en œuvre le choc des civilisations. Cela relève d’un faux paradoxe et d’une ambiguïté propre à servir les intérêts géopolitiques des Occidentaux et des Wahhabites.

Du côté de l’Occident, on développe le mal que l’on prétend combattre pour lui donner une réalité qu’il n’aurait pas autrement. En effet, sans l’appui apporté par l’Occident au terrorisme islamique wahhabite de l’Arabie saoudite et du Qatar (en Afghanistan, Serbie, Tchétchénie, Libye, Syrie ou lors du 11-Septembre, etc), ce terrorisme serait resté localisé et n’aurait jamais pu avoir l’envergure internationale qu’il a aujourd’hui. Sans ce terrorisme islamique globalisé, les guerres de conquête de l’Occident, sous couvert de lutte contre le terrorisme, n’auraient pas pu aussi facilement trouver les pretexes nécessaires à leur lancement tous azimuts. Du côté des salafistes, l’islamophobie occidentale justifie la mobilisation de l’islam radical face à l’Occident meutrier des Musulmans et donne le change aux populations musulmanes (principalement sunnites) opprimées par leurs dirigeants décadents qui font leurs emplettes à Paris, Londres ou New-York.

Il faudra beaucoup de courage aux citoyens de tous horizons religieux ou politiques pour oser défendre les Musulmans après tout les monceaux de haines et de calomnies qui auront été déversés sur eux. Il leur en faudra beaucoup aussi pour rester fidèles aux valeurs des Lumières qui font de tous les êtres des semblables, des égaux, des frères humains.

Aucun peuple ne mérite de critiques excessives, ni aucun peuple de louages exagérées. Ni haine ni angélisme, juste prendre ‘l’autre’ pour ce qu’il est : une part de nous-mêmes, ni meilleure, ni pire, juste le miroir de notre humanité.

Aujourd’hui l’inhumanité qui habite l’Occident s’en prend aux Musulmans comme hier elle s’en prenait aux Juifs. C’est cela qu’il faut avoir le courage de dire et de dénoncer. Parce que dénoncer les puissants, ce n’est pas de la délation, mais du civisme. Pour que cesse cette infamie des temps présents et que l’esprit des Lumières reprenne le dessus sur le soleil noir de l’Occident ; pour qu’un jour il ne soit pas interdit et considéré comme criminel de tendre la main à un Musulman.

Guillaume de Rouville, auteur de La Démocratie ambiguë, Éditions Cheap, juillet 2012.

Source : L’idiot du village

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Plus que jamais, il faut combattre l’islamophobie

Dans la communauté musulmane, l’attaque dont a été la cible, deux jours plus tôt, la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo a provoqué une vive émotion, mais aussi la crainte d’une résurgence de l’islamophobie.

L’attaque contre Charlie Hebdo a suscité une émotion légitime dans tout le pays. Rien ne justifie un tel crime ; rien ne justifie que l’on s’en prenne à une rédaction ; rien ne justifie que l’on assassine des journalistes, des policiers, de simples citoyens, certains parce qu’ils sont juifs. Nous ne savons pas s’il y aura un « avant » et un « après » ce 7 janvier, mais il est vital que s’ouvre un débat sur l’avenir commun que nous voulons.

Celui-ci a commencé, mais il s’engage dans une voie dangereuse, celle d’accuser les critiques de Charlie Hebdo d’être, plus ou moins directement, responsables des morts du 7 janvier. Ecoutons Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat sous la présidence de Nicolas Sarkozy : « A force de les pointer du doigt, de dire qu’à Charlie Hebdo ils sont des islamophobes, qu’ils détestent l’islam (…). Je pense aux Y’a bon awards et aux Indigènes de la République, bien sûr qu’ils sont coupables. Je le dis et j’assume mes propos. »

Ce type d’argument est régulièrement développé par l’essayiste Caroline Fourest. Il a été repris dans une tribune du Monde (9 janvier) par Christophe Ramaux, qui insiste sur la responsabilité des organisateurs et des participants – du Parti des indigènes de la République à Politis, en passant par Edwy Plenel et Attac – à un colloque, le 13 décembre 2014, contre l’islamophobie (auquel Ramaux n’a visiblement pas assisté).

Ces attaques cherchent à nous enfermer tous dans des choix binaires (pour Charlie Hebdo ou pour les terroristes), à criminaliser ceux qui se mobilisent contre l’islamophobie, ceux qui ont critiqué l’hebdomadaire satirique, en le traitant de complice des assassins. Elles reviennent à refuser le droit à la critique, ce qui est pour le moins paradoxal venant de ceux qui s’érigent en défenseurs de la liberté d’expression, sans limites ni frontières. Ainsi nous serions responsables des morts de ce mois de janvier ? Que faut-il dire alors des intellectuels et des journaux qui ont soutenu l’intervention américaine de 2003 en Irak, qui a provoqué des dizaines de milliers de morts ?

Au-delà de ces polémiques s’ouvrent deux types de questions qui méritent une discussion approfondie. D’abord, existe-t-il un rapport entre la politique que mènent les pays occidentaux et la montée de groupes extrémistes et fanatiques ? Ensuite, quelle est la réalité de l’islamophobie en France et pourquoi faut-il la combattre ?

Aucun programme politique uni

Rappelons un fait simple. En 2003, quand les Etats-Unis envahissaient l’Irak, Al-Qaida n’existait pas dans ce pays et était en recul partout ; elle ne disposait d’aucune base territoriale. Vingt ans après le déclenchement de « la guerre contre le terrorisme », l’organisation de l’Etat islamique (EI) contrôle désormais un large territoire en Irak et en Syrie.

La coalition mise en place contre l’EI à l’été 2014 ne présente aucun programme politique uni, mais multiplie les bombardements. Plusieurs recherches ont confirmé que l’utilisation sur large échelle de drones au Pakistan, au Yémen et en Somalie créait de nouvelles générations de combattants extrémistes. Enfin, il y a la Palestine ; point besoin d’être un extrémiste pour penser, comme le secrétaire d’Etat américain John Kerry ou le général David Petraeus, que la poursuite du drame palestinien nourrit l’idéologie des groupes les plus extrémistes. Et, pourtant, on laisse faire l’occupant israélien et Benyamin Nétanyahou défile à Paris pour… Charlie Hebdo.

L’autre débat porte sur l’existence et l’ampleur de l’islamophobie en France (et plus largement en Europe). Avant même l’attaque contre Charlie Hebdo, on assistait à la multiplication d’actes islamophobes ; ceux-ci se sont accrus depuis. C’était le sens de la réunion internationale du 13 décembre 2014 à Paris (et simultanément à Londres, Amsterdam et Bruxelles).

Elle se tenait à un moment où le concept d’islamophobie a fini par s’imposer, comme le soulignait le dernier rapport du Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Que signifie-t-il ? L’accusation d’islamophobie ne vise par ceux qui critiquent la religion, mais ceux qui attribuent aux musulmans une « identité » qui découlerait du Coran, qui en font un groupe homogène et porteur d’un projet cohérent visant nos institutions, nos valeurs.

Héritage de la laïcité

Au rebours de cette analyse, nous nous inscrivons dans l’héritage de la laïcité telle qu’elle a été définie par les députés qui ont voté la loi de 1905, une séparation des Eglises et de l’Etat, une neutralité de l’Etat (et non pas des citoyens), le droit de chacun d’affirmer sa religion dans l’espace privé ou public. Ce dont nous avons discuté en décembre, c’est du droit des mères a accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, des réponses féministes à l’islamophobie, du droit de jeunes filles pratiquantes et voilées à fréquenter l’école publique, des droits des musulmans a exister comme sujets politiques et à manifester, y compris pour la Palestine, de leur « droit au travail et leurs droits au travail », des contrôles au faciès et du rôle de la police.

Pourquoi combattre l’islamophobie ? Parce que cet engagement offre une analyse rationnelle à une jeunesse qui ne comprend pas pourquoi on la déteste et qui finit par raisonner en termes de « choc des civilisations ». Cette lutte ne met pas le peuple français aux prises avec les musulmans, mais des forces politiques progressistes avec des forces réactionnaires.

Plus nombreux seront les antiracistes qui se joignent à ces mobilisations, plus il sera clair que nous ne sommes pas engagés dans un conflit identitaire, religieux ou culturel mais politique. Nous produisons un espoir face à tous les fabricants de désespoir. Nous mettons en garde, avec l’Union juive française pour la paix, contre l’essentialisation des juifs et insistons sur le caractère politique, colonial et non confessionnel du conflit israélo-palestinien.
Nous ne défendons pas les musulmans, mais l’avenir de la société française dans sa diversité. Nous représentons un espoir que nos détracteurs risquent de détruire. L’essentiel est d’assurer l’égalité entre tous. « L’égalité ou rien », proclamait l’intellectuel américano-palestinien Edward Said.

Cette tribune est l’oeuvre d’un collectif: Saïd Bouamama, porte-parole du Front uni des immigrations et des quartiers populaires ; Houria Bouteldja, membre du Parti des indigènes de la République ; Ismahane Chouder, coprésidente du collectif féministe pour l’égalité ; Alain Gresh, journaliste ; Michèle Sibony, porte-parole de l’Union juive française pour la paix, Denis Sieffert, directeur de Politis.

Source : Le Monde , 15/01/2015

Source: http://www.les-crises.fr/l-esprit-du-temps-ou-l-islamophobie-radicale/


[Médias] J’accuse… et je prends date, par Tariq Ramadan

Wednesday 11 February 2015 at 02:15

Les médias français, les politiques et les intellectuels

Ces derniers jours ont été bien révélateurs. Au gré de mes interventions médiatiques en France, les téléspectateurs autant que les auditeurs ont pu se rendre compte du jeu malsain de certains journalistes. La plupart ont inlassablement répété le refrain de mon «double discours» et d’autres, sans arguments, ont insisté sur la non-clarté de mon propos pour entretenir l’impression de ce qu’ils ne pouvaient prouver. Oui, vraiment, «nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre », et la double audition est devenue un mal médiatique (intellectuel et politique) français.

Au-delà de ma personne, cette attitude met en évidence un problème en France, réel, profond, ancien. Pour discréditer ma personne, il faut commencer par dire que je suis «controversé», «ambigu», et que mon discours est «habile» et «double». Ces deux dernières semaines étaient symptomatiques : à quelques rares exceptions près, la même stratégie fut établie, pour refuser d’entendre, ou pour troubler l’écoute du public. Il s’agit donc soit de ne pas m’inviter, soit de m’inviter avec «le filtre» d’usage. «Prévenir», «avertir» les spectateurs et les auditeurs que «l’homme» est dangereux et malin…des fois qu’il (cet Africain, cet Arabe, ce musulman) dirait quelque chose d’intéressant (il serait alors deux fois plus dangereux). Ils sont rares ceux qui en France ont osé m’inviter sans y ajouter le perpétuel coup bas d’une présentation malhonnête, agrémentée de sinueux sous-entendus : Moati, Giesbert, Taddéi, Simonin, Marschall et Truchot, Naulleau et Zemmour, à ce jour. Tant d’autres, grands défenseurs de la liberté d’expression, ne m’invitent pas, ou plus (les pressions et les critiques furent si fortes).

Il est intéressant de noter le parallèle avec les institutions d’Etat et les universités. Je suis professeur d’études islamiques contemporaines à Oxford et j’ai été invité à m’exprimer dans les plus grandes universités et institutions à travers le monde. Sauf en France, avec son étrange « exception », où l’académique semble prendre pour argent comptant (et se plier devant) les approximations médiatiques (ce qui est en soi très inquiétant). Pas d’interventions universitaires, des conférences annulées et des services de l’Etat faisant pression pour m’empêcher de m’exprimer, presque chaque mois, depuis vingt-cinq ans. Quelle insulte faite aux étudiants français ! Ils ne seraient donc pas intellectuellement armés pour entendre, analyser, critiquer ? Seraient-ils plus bêtes et vulnérables que les autres ? Ou alors a-t-on peur d’autre chose, que mon propos réveille des consciences libres par exemple ?

Il faut mettre en évidence trois points qui sont cruciaux au-delà de ma personne :

Je l’ai répété souvent. Je ne suis que l’arbre qui cache la forêt et mon traitement médiatique et académique est révélateur des contradictions françaises… pays de la liberté aux libertés à géométrie variable. Néanmoins, je suis optimiste car les choses changeront assurément. Je prends date. Je me répète depuis 30 ans, en France, sans être entendu : déjà des femmes et des hommes, Français de confession musulmane, se font entendre et défendent autant leurs droits qu’ils connaissent leurs responsabilités. Ils construiront une France réconciliée avec ses valeurs de liberté et d’égalité. Il faudra les écouter car votre surdité continuée serait alors le pire qui puisse advenir. Vous les entendrez, assurément, et vous vous souviendrez qu’un jour, avec humilité et sérénité, je vous avais invités à prendre date.

J’accuse aujourd’hui la grande majorité d’entre vous de manquer de déontologie, de professionnalisme, de liberté et de courage. Et je prends date car l’Histoire sera plus forte que vos présentes trahisons à ces belles valeurs que vous affirmez défendre.

Source : Tariq Ramadan, 3/2/2015

Source: http://www.les-crises.fr/j-accuse-et-je-prends-date-par-tariq-ramadan/


[Reprise] Un message des dépossédés, par Chris Hedges

Wednesday 11 February 2015 at 01:37

Istanbul: crayons cassés dans une flaque simulant du sang

A Istanbul, ce vendredi, devant le Consulat français, des crayons cassés ont été placés dans une flaque simulant du sang, en mémoire des victimes de la fusillade du journal satirique français Charlie Hebdo. AP/Emrah Gurel

L’attaque terroriste survenue au journal satirique Charlie Hebdo en France n’était pas à propos de la liberté d’expression. Elle ne concernait pas l’Islam radical. Elle n’illustrait pas le fictif choc de civilisations. C’était le signe avant-coureur d’une émergente contre-utopie où les damnés de la terre, privés de ressources pour survivre, désespérés, sauvagement tenus sous contrôle, rabaissés et raillés par des privilégiés vivant dans la splendeur et l’indolence de l’Occident industriel, se déchaînent en une défiante furie criminelle.

Nous avons organisé la rage des dépossédés. Le fléau du capitalisme prédateur global et de l’empire mondial a engendré le fléau du terrorisme. Et plutôt que de comprendre les racines de cette colère et de tenter d’y remédier, nous avons construit des mécanismes sophistiqués de sécurité et de surveillance, voté des lois qui permettent les assassinats ciblés et la torture des faibles, et amassé des armées modernes et les machines de guerre industrielle pour dominer le monde par la force. Cela n’a rien à voir avec la justice. Rien à voir avec la guerre contre le terrorisme. Rien à voir avec la liberté ou la démocratie. Rien à voir avec la liberté d’expression. Cela a à voir avec la course folle des privilégiés pour survivre aux dépens des pauvres. Et les pauvres le savent.

Si comme moi vous passez du temps à Gaza, en Irak, au Yémen, en Algérie, en Egypte et au Soudan, aussi bien que dans les logements sociaux déprimants des ghettos connus sous le nom de “banlieues” qui entourent les grandes villes françaises comme Paris et Lyon, où sont entassés des immigrants nord-africains paupérisés, vous commencez à comprendre les frères Chérif Kouachi et Saïd Kouachi, tués vendredi dans un échange de tirs avec la police française. Il y a peu d’emplois dans ces poches de misère. Le racisme ne se cache pas. Le désespoir est rampant, notamment pour les hommes, qui se sentent dénués de rôle. Le harcèlement des immigrants, couramment pratiqué par la police lors des contrôles d’identité, est pratiquement constant. La police a un jour fait sortir un immigré maghrébin, sans raison apparente, d’une rame du métro de Paris où je me trouvais pour le battre impitoyablement sur le quai. Les musulmans français constituent 60 à 70 pourcent de la population carcérale en France. Les sirènes de la drogue et de l’alcool attirent les communautés musulmanes pauvres pour atténuer leur douleur.

Les 5 millions de maghrébins en France ne sont pas considérés comme français par les français. Et quand ils retournent à Alger, Tanger ou Tunis, où ils sont peut-être nés et ont vécu brièvement, ils sont traités comme des parias étrangers. Coincés entre deux mondes, ils s’enfoncent, comme les deux frères, dans le désœuvrement, la petite délinquance et la drogue.

Devenir un guerrier saint, un djihadiste, le champion d’un idéal absolu et pur, est une enivrante conversion, une sorte de renaissance, qui amène un sentiment de pouvoir et d’importance, aussi familier pour un djihadiste islamique qu’il l’était pour un membre des Brigades Rouges ou des anciens partis communistes et fascistes. Les convertis à n’importe quel idéal absolu qui promet la venue d’une utopie adoptent une vue manichéenne de l’histoire pleine d’étranges théories du complot. Les forces, même bienveillantes, qui s’opposent à eux sont dotées d’une malveillance dissimulée. Les convertis croient vivre dans un monde binaire divisé entre bien et mal, pur et impur. En tant que champions du bien et de la pureté ils sanctifient leur statut de victime et diabolisent tous les incroyants. Ils croient avoir reçu une onction pour changer l’histoire. Et ils embrassent une violence hyper masculine vue comme un moyen de nettoyer les pollutions du monde, ce qui inclut les gens appartenant à d’autres systèmes, races ou cultures. C’est pourquoi l’extrême droite française, organisée autour de Marine Le Pen, dirigeante du Front National anti-immigration, a tant en commun avec les djihadistes que Le Pen dit vouloir annihiler.

Quand vous sombrez dans le désespoir, quand vous vivez piégé dans Gaza, l’immense prison à ciel ouvert d’Israël, dormant à 10 sur le sol d’un taudis de béton, marchant tous les matins à travers les rues boueuses de votre camp de réfugiés pour chercher une bouteille d’eau car celle de votre robinet est toxique, faisant la queue devant les bureaux de l’ONU pour obtenir un peu de nourriture parce qu’il n’y a pas de travail et que votre famille a faim, quand vous subissez périodiquement les bombardements aériens d’Israël qui font des centaines de morts, votre religion est tout ce qu’il vous reste. La prière musulmane, qui a lieu 5 fois par jour, vous donne votre seul sens de structure et de signification, et encore plus important, de dignité. Et quand les privilégiés du monde ridiculisent la seule chose qui vous offre cette dignité, vous réagissez avec une incontrôlable fureur. De même, il n’est pas paradoxal qu’il soit possible de concevoir que cette fureur soit exacerbée lorsque vous et tous ceux autour de vous se sentent impuissants à réagir.

Les dessins du prophète dans l’hebdomadaire satirique parisien Charlie Hebdo sont offensants et puérils. Aucun d’entre eux n’est drôle. Et ils dévoilent un grotesque double standard dès qu’il s’agit des musulmans. En France, un négationniste de la Shoah, ou quelqu’un qui nie le génocide arménien, peut être emprisonné pendant un an et forcé de payer une amende de 60 000$. C’est un acte criminel en France de se moquer de la Shoah comme Charlie Hebdo s’est moqué de l’Islam. On doit enseigner aux lycéens français la persécution des juifs par les nazis, mais ces mêmes étudiants ne trouvent presque rien dans leurs manuels à propos des atrocités françaises généralisées, qui incluent un nombre de morts algériennes que certains portent à plus d’un million, lors de la guerre d’indépendance algérienne contre la France coloniale. La loi française interdit le port public de la burqa, un vêtement couvrant pour les femmes qui comporte une grille sur le visage, aussi bien que le niqab, un voile intégral avec une fine fente pour les yeux. Les femmes portant ces vêtements en public peuvent être arrêtées, condamnées à payer une amende équivalant à 200$ et être forcées d’accomplir un travail d’intérêt général. La France a interdit des rassemblements de soutien aux palestiniens l’été dernier lorsque Israël conduisait des raids aériens journaliers qui aboutissaient à la mort de centaines de civils. Le message aux musulmans est clair : vos traditions, votre histoire et votre souffrance ne comptent pas. Votre histoire ne sera pas entendue. Joe Sacco a eu le courage d’en parler dans une bande dessinée pour le journal The Guardian. Et comme Sacco l’a fait remarquer, si nous n’écoutons pas ces histoires, nous ne ferons jamais qu’échanger sans fin le terrorisme d’état contre le terrorisme.

“C’est une triste situation lorsque la liberté signifie la liberté d’insulter, de dégrader et de se moquer des concepts les plus sacrés des gens”, m’a écrit par email le savant islamiste Hamza Yusuf, un américain vivant en Californie. “Dans certains pays latins, des gens sont acquittés pour meurtre quand la mère de l’accusé a été calomniée par la victime. J’ai vu cela en Espagne il y a de nombreuses années. Ce n’est pas une excuse pour le meurtre, mais cela explique la situation en termes d’honneur, ce qui ne veut plus rien dire en Occident. L’Irlande est un pays occidental qui garde encore un peu de cette mentalité, et c’était les règles de duel irlandaises qui étaient utilisées au Kentucky, le dernier état américain à interdire le duel. La pratique du duel était autrefois très importante en Occident, quand l’honneur avait une profonde signification pour l’âme des hommes. Aujourd’hui on n’a plus le droit de se sentir insulté que par une injure raciale ce qui, en fait, a moins d’impact sur une personne profondément religieuse qu’une attaque contre sa religion. Les pays musulmans sont encore gouvernés, comme vous le savez bien, par des codes d’honneur et de honte. La religion est le plus important. J’ai été attristé par les tweets et images “Je suis Charlie” car bien que je n’aie certainement aucune sympathie pour ces idiots égarés [les hommes armés qui ont fait irruption dans le journal], je ne me sens pas en solidarité avec les moqueurs.”

Charlie Hebdo, qui se fait pourtant fort de taper sur tout le monde de la même façon, a viré un artiste et journaliste en 2008 pour un article qu’il jugeait antisémite.

Peu après les attaques du 11 septembre, alors que je vivais à Paris en tant que reporter pour le New York Times, je suis allé à la cité des 4 000, une cité HLM grise où les immigrés maghrébins vivaient dans des appartements aux fenêtres murées. Des ordures parsemaient les cages d’escalier. Des slogans tagués sur les murs dénonçaient le gouvernement français comme fasciste. Des membres des trois principaux gangs vendaient de la cocaïne et du haschich dans les parkings au milieu des carcasses de plusieurs voitures brûlées. Quelques jeunes hommes m’ont jeté des pierres. Ils scandaient “Fuck the United States ! Fuck the United States ! Fuck the United States !” et “Oussama Ben Laden ! Oussama Ben Laden ! Oussama Ben Laden !” Sur la porte de l’appartement d’une vieille femme juive, quelqu’un avait tagué un “Mort aux juifs” qu’elle avait lessivé.

Dans les banlieues Oussama Ben Laden était un héros. Lorsque les nouvelles des attaques du 11 septembre ont atteint la Cité des 4 000 – ainsi nommée car elle avait 4 000 HLM lors de sa construction – des jeunes hommes sont sortis de leurs appartements pour se réjouir et scander en arabe “Dieu est grand !”. Quelques semaines plus tôt, en France, a eu lieu le premier match de football entre les équipes françaises et algériennes depuis la guerre d’indépendance ayant pris fin en 1962. Les maghrébins dans le stade ont hué et sifflé l’hymne national français. Ils ont scandé “Ben Laden ! Ben Laden ! Ben Laden !” et ont jeté des bouteilles sur deux ministres français, deux femmes. Alors que l’équipe française approchait de la victoire, les supporters algériens, pour arrêter le match, ont envahi le terrain.

“Vous voulez qu’on pleure pour les américains quand ils bombardent et tuent des palestiniens et des irakiens tous les jours ?” m’a dit Mohaam Abak, un immigré marocain assis avec deux amis sur une banc lors de ma visite de 2001 à la Cité des 4 000. “On veut que plus d’américains meurent pour qu’ils commencent à sentir ce que ça fait.”

“L’Amérique a déclaré la guerre aux musulmans il y a bien longtemps”, disait Laala Teula, un immigré algérien qui a travaillé de nombreuses années comme mécanicien dans les chemins de fer. “Ce n’est que la réponse.”

Il est dangereux d’ignorer cette rage. Mais il est encore plus dangereux de refuser d’examiner et de comprendre ses origines. Elle n’a pas émergé du Coran ou de l’Islam. Elle a émergé d’un désespoir de masse, de conditions palpables de pauvreté, allant de pair avec la violence impérialiste occidentale, l’orgueil et l’exploitation capitaliste. Alors que les ressources du monde diminuent, tout spécialement sous l’effet du changement climatique, le message que l’on fait passer aux damnés de la terre est sévère et sans équivoque : nous avons tout ; si vous essayez de nous prendre quoi que ce soit, nous vous tuerons. La réponse des dépossédés est également sévère et sans équivoque. Elle a été donnée à Paris.

Source : Chris Hedges (journaliste et auteur américain. Ancien correspondant de guerre, il est reconnu pour son analyse de la politique américaine ainsi que de celle du Moyen-Orient), Truth Dig, le 11/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/un-message-des-depossedes/


[Merci pour ce moment] Poutine, autiste et gay ? (+ ACTION)

Tuesday 10 February 2015 at 05:27

Si je mélange Libération + AFP + “experts américains”, ça donne…

Poutine serait atteint d’une forme d’autisme, selon un rapport du Pentagone [05/02/2015]

L’«hypersensible» Poutine pourrait être atteint du syndrome d’Asperger, d’après un rapport de 2008 dévoilé aujourd’hui.

Le président russe Vladimir Poutine serait atteint d’une forme d’autisme, le syndrome d’Asperger, qui l’oblige à exercer un «contrôle maximum» de lui-même lorsqu’il traverse une crise, selon un rapport du Pentagone rédigé en 2008 et publié jeudi. En étudiant les expressions et les mouvements de son visage dans des vidéos, des experts militaires ont conclu que le développement neurologique de Poutine avait été perturbé dans son enfance, donnant l’impression d’un déséquilibre physique et d’être mal à l’aise dans les relations avec les autres.

«Ce sérieux problème de comportement a été identifié par les neurologues comme le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme qui affecte toutes ses décisions», affirme l’auteur du rapport, Brenda Connors, de l’Ecole de guerre de la Marine, issu du centre de réflexion interne au Pentagone nommé Office of Net Assessment.

Mais le Pentagone a minimisé l’importance du rapport, révélé mercredi par le quotidien USA Today, qui n’est jamais parvenu jusque sur le bureau du secrétaire à la Défense ou d’autres responsables militaires. «L’Office of Net Assessment n’a jamais transmis ce rapport au secrétaire (à la Défense), et il n’y a pas eu de demandes de responsables au département de la Défense pour l’examiner», a affirmé une porte-parole du Pentagone, Valerie Henderson. En outre, cette hypothèse ne peut être confirmée que par un scanner du cerveau de Poutine, selon le rapport.

«Pendant les crises, pour se stabiliser et équilibrer ses perceptions (…) il doit s’imposer un contrôle maximum», explique Mme Connors, qui a étudié le langage corporel d’autres dirigeants mondiaux. Selon le rapport du Pentagone, le regard toujours fixe de Poutine est la marque d’un défaut neurologique et d’une incapacité à faire face aux signaux extérieurs. Poutine affiche une «hypersensibilité» et «une forte dépendance au combat, aux réactions froides ou donnant l’impression de fuir»au lieu d’un comportement social plus nuancé.

Interrogé sur ce rapport par le site d’information russe Gazeta.ru, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitry Peskov, a livré cette lapidaire réaction : «cette ineptie ne mérite même pas de commentaire».

Les relations entre la Russie et les Etats-Unis n’ont jamais été aussi tendues depuis la Guerre Froide en raison de la crise ukrainienne qui a débuté il y a un an.

Source : Libération Monde, via l’AFP

P.S. vu sur le web : “le commentaire d’un psychiatre français, chef de service dans un service hospitalier de Lyon et spécialiste d’autisme, donc d’Asperger, “Quand les experts du pentagone font de la psychiatrie de comptoir. L’habileté diplomatique de Poutine, qui suppose une excellente anticipation des intentions de ses adversaires, est tout à fait incompatible avec quelque forme d’autisme que ce soit.”

Pas grave, France Culture SAIT ! (lu en commentaire – merci !)

Ce matin sur France Culture : “Dans la tête de Vladimir Poutine”

Brice Couturier :”Il faut comprendre pourquoi Vlad nous considère comme des ennemis !”

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4997885

Il y avait aussi, l’inévitable Caroline Fourest…

Ils sont allés jusqu’à évoquer des difficultés de grossesse de sa mère, qui pourrait avoir eu une incidence sur le caractère de Vlad.

Tout ce beau monde a fini par conclure , en plaisantant à peine, qu’il faudrait scanner le cerveau de l’impitoyable Vlad, pour comprendre ce qu’il a dans la tête.

Vers 19mn20s de l’enregistrement, C. Fourest à propos des rapports sur l’autisme de Vlad. :

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4997887

À un moment donné Brice COUTOURIER dit: L’envasion de l’Ukraine par la ROUSSIE en se référant au conflit en Ukraine

Sans oublier qu’il est fait mention dans l’émission d’une 5ième colonne de russes éparpillés dans les pays occidentaux, que Vlad pourrait utiliser comme agents d’influence.

 

N’oubliez pas que ceci se finance avec vos impôts, je vous incite vivement donc à agir, en alertant le CSA : signaler un programme


Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

Vladimir Poutine est gay, affirme une biographie non autorisée [15/12/2013]

Vous connaissiez Vladimir Poutine l’homme fort, viril et impassible, préparez-vous à découvrir l’être fragile, solitaire et tourmenté. Stanislav Belkovsky, spécialiste des sciences politiques russe et éditorialiste dans un tabloïd de Moscou, décrit dans une nouvelle biographie le président Vladimir Poutine comme un orphelin traumatisé aux tendances homosexuelles et à la fortune colossale, rapporte le site en anglais du magazine allemand Der Spiegel.

Belkovsky, qui promet dans le sous-titre de son livre de dire «toute  la vérité sur Poutine», affirme que la clé pour comprendre le président russe est son enfance malheureuse. Selon lui, Poutine est né d’un père alcoolique deux ans avant sa date de naissance officielle avant d’être expédié à Leningrad (l’ancien nom de Saint-Pétersbourg) chez ceux qui allaient devenir ses parents officiels, mais le livre n’apporte aucune preuve de cette affirmation.

Autre trait de caractère qui surprendra ceux plus habitués à Poutine l’aventurier sans peur:
«Poutine était un homme politique profondément seul qui a presque dû être forcé à accepter la présidence, a été poussé à prendre des décisions et qui préférait passer son temps libre avec des animaux par peur des hommes.»
Les analyses de Belkovsky ressemblent beaucoup à de la psychologie de comptoir, écrit Der Spiegel, mais une de ses théories intéresse particulièrement les agences de renseignement et autres experts de la Russie, celle selon laquelle le président Russe serait«clairement homosexuel» et les rumeurs lui prêtant une aventure avec l’ancienne gymnaste olympique Alina Kabaeva ne seraient qu’une opération de communication pour dissimuler sa vraie sexualité.

Seule preuve apportée par Belkovsky de l’homosexualité du président russe, la photo ci-dessus prise en 2007 lors d’une «session photo réellement érotique» qui en aurait fait une«icône gay». Le courageux éditorialiste prend bien soin de préciser, pour ses «lecteurs avocats», qu’«être un personnage culte chez les homosexuels ne fait pas forcément de vous un homosexuel». Un porte-parole de Poutine a rejeté les affirmations du livre, les qualifiant de «foutaises».

Le président russe mène depuis plusieurs mois une véritable «guerre contre les homosexuels» dans son pays. Il a récemment fait voter une loi punissant toute forme de «propagande» homosexuelle «auprès des mineurs», qui a entraîné un mouvement de contestation international et des appels au boycott des prochains Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, ou encore affirmé qu’«on juge» son ami «Berlusconi parce qu’il vit avec des femmes» et que «s‘il était homosexuel, personne ne s’en prendrait à lui».

Der Spiegel conclut à propos du livre:
«Le livre de Belkovsky ne révèle pas la vérité sur Poutine, mais plutôt le système Poutine: l’information et la désinformation fusionnent de manière naturelle. Les assurances de ceux au pouvoir ne convainquent plus le peuple méfiant depuis longtemps. C’est pourquoi les théories du complot fleurissent, et c’est pourquoi les Russes considèrent que tout ou presque est possible, même ce qui paraît complètement fou.»

Source : Grégoire Fleurot, pour Slate

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-autiste-et-gay/