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Miscellanées du jeudi (Delamarche, Béchade, Onfray, ScienceEtonnante, DataGueule)

Thursday 26 May 2016 at 01:51

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “On sait que le yen s’effondrera !” – 23/05

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): Politique monétaire: Que peut-on retenir de la dernière réunion du G7 ? – 23/05

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (2/2): Les risques politiques justifient-ils le ralentissement de la croissance européenne ? – 23/05

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : “Le match boursier … est réduit à des tirs au but” – 18/05

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): Outre le Brexit, quels sont les autres risques qui pèsent sur les marchés ? – 17/05

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): Pourquoi le rebond des marchés émergents s’essouffle-t-il ? – 17/05

III. Michel Onfray

IV. ScienceEtonnante

Bulles de savon géantes ! — Science étonnante #13

V. DataGueule

Tarte à l’Ukraine #DATAGUEULE 1


extreme-droite

valls

legion-honneur

valls-2

cynisme

dati

figaro

arfrique

Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

cfdt

chappatte

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-jeudi-delamarche-bechade-onfray-scienceetonnante-datagueule/


[Vidéo] La disparition de Maurice Audin

Thursday 26 May 2016 at 00:40

Source : INA, 27-06-2001

Source : INA, 27-06-2001

(désolé, je n’arrive pas à empêcher la lecture automatique..)

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Henri Alleg

Source : INA, 27-05-2001

Source : INA, 27-05-2001

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Aussaresses : “J’ai donné l’ordre de supprimer Audin”

Source : Youtube, 20-05-2016

Source : Youtube, 20-05-2016

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Guerre d’Algérie : les ultimes révélations sur l’affaire Audin ?

Source : France TV, Anne Brigaudeau, 09-01-2014

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Le voile est-il enfin levé sur la disparition de Maurice Audin, ce mathématicien et militant du Parti communiste algérien arrêté en 1957, en pleine bataille d’Alger, par les parachutistes du général Massu ? Jean-Charles Deniau l’affirme, et publie cette semaine La vérité sur la mort de Maurice Audin.

Le journaliste a recueilli et enregistré les aveux du général Paul Aussaresses. Il avait déjà longuement interrogé l’ex-responsable des services de renseignements à Alger pour un livre sur la torture en Algérie (Je n’ai pas tout dit : ultimes confessions au service de la France, éditions du Rocher, 2008).

Il y manquait les ultimes révélations sur l’affaire Audin. Deux mois après la mort de l’ancien tortionnaire, celles-ci sont désormais publiées. Compte-rendu :

Les aveux de Paul Aussaresses

Que raconte Jean-Charles Deniau dans son ouvrage ? Sa recherche des derniers protagonistes de l’affaire Audin, vétérans de la guerre d’Algérie. Et ses entretiens avec Paul Aussaresses, décédé en décembre dernier à 95 ans.

Questionné à maintes reprises par le journaliste, le général finit par lâcher : “-Bien, ce qui s’est passé …(silence). Eh bien, on a tué Audin. Voilà ! -Comment ? -Eh bien ! On l’a tué au couteau. -Et pourquoi ? -Pour qu’on pense, si on le trouvait, qu’il avait été tué par les Arabes. Voilà et qui a décidé de ça, c’est moi. Ca vous va ?-Je cherche seulement la vérité. (Il s’énerve)- La vérité c’est qu’on a tué Audin. -Qui l’a tué ? -Un capitaine dont j’ai oublié le nom et qu’on nous avait prêté pour ça. -Et après, vous avez monté le coup de l’évasion ? – Voilà. Mais l’ordre a été donné par qui ? – Par moi”.

Un peu plus loin : “Vous préférez prendre sur vous, plutôt que d’accuser Massu ? -Voilà, c’est ça.” Le général s’empêtre dans ses contradictions. Il ne veut mettre en cause personne et préfère prendre tout sur lui”. Page suivante : “-Il a été poignardé dans sa cellule ? -Non, dehors. -C’est à dire ? Il a été poignardé à l’endroit où il a été enterré (silence). Moi je n’y étais pas. -Ca s’est passé où ? – Près d’Alger, à vingt kilomètres”.

Selon l’auteur, c’est le général Massu (1908-2002), avec l’aval du pouvoir politique, qui donne l’ordre d’éliminer l’universitaire de vingt-cinq ans, jeune père de trois enfants.  Malgré les incessantes demandes de Josette Audin, la veuve de Maurice, l’armée française nie les tortures. Et soutient en toute invraisemblance la thèse de“l’évasion” construite de toutes pièces.

Comme Gilberte Alleg (la femme d’un autre militant communiste torturé, Henri Alleg, auteur de La question), Josette Audin alerte les plus hautes autorités de l’Etat. Elle se tourne en vain vers la Commission des sauvegarde des droits et libertés, dont les rapports s’enlisent dans les sables. “Yves Jouffa, de la Ligue des droits de l’homme, écrira plus tard : “Aucun magistrat n’a eu le courage de s’élever publiquement contre les procédés de l’armée française”, note Jean-Charles Deniau.

“Maurice Audin était bel et bien la cible désignée par Massu”, conclut le reporter.“Pourquoi lui ? Il n’était ni un poseur de bombes ni un personnage central du PCA (parti communiste algérien) clandestin. Il aurait été désigné pour l’exemple dans le but d’impressionner ou de dissuader les autres “cocos” comme disaient les paras. Pourtant Massu savait le parti communiste moribond.”

Les objections de la famille Audin

“La thèse de Jean-Charles Deniau est vraisemblable“, a déclaré vendredi à l’AFP la veuve du mathématicien. Josette Audin, qui réclame depuis plus d’un demi-siècle la lumière sur cette disparition et une reconnaissance sans ambiguïté de la torture pratiquée par l’armée française en Algérie, regrette toutefois ne pas avoir rencontré Jean-Charles Deniau. Et elle “s’indigne qu’il ait publié son livre en utilisant le nom de son mari”.

Michèle Audin, la fille du mathématicien, nous avait envoyé jeudi par mail ses objections. Voici les principales :

“Si je récapitule ce que j’ai lu dans le livre de Deniau:
  1. Jean-Charles Deniau a fait parler Paul Aussaresses, jusqu’à ce que la version qu’il lui donne lui plaise (mais peut-être en aurait-il donné une autre s’il avait continué).
  2. Il n’a pas parlé avec celui qui a exécuté Maurice Audin
  3. Sur la thèse en question, à savoir que c’était un meurtre “pour l’exemple”, je ne vois pas bien qu’on organise une exécution pour l’exemple et qu’on se donne tant de mal pour dissimuler celle-ci. Outre le simulacre d’évasion, destiné à masquer le meurtre, il faut se souvenir que, s’il y a eu de la publicité autour de l’ “Affaire Audin”, c’est parce que Josette Audin a écrit à un nombre certain de personnes et que Pierre Vidal-Naquet et Laurent Schwartz lui ont fait écho (NB: dans L’Affaire Audin, paru en 1958 aux éditions de Minuit). La publicité sur ce soi-disant “exemple” a été faite envers et contre l’armée. Cette thèse est donc peu vraisemblable.”
Les réponses de Jean-Charles Deniau
A quoi Jean-Charles Deniau nous a ainsi répondu, point par point :
1. Non ce n’est pas la version qui “me plaisait”. C’était la version ultime de Paul Aussaresses, avant de mourir, pour se libérer avant de tirer sa révérence. Et c’est la pire pour l’armée. Il aurait été plus facile de dire que Maurice Audin était mort d”une crise cardiaque.
2. C’est vrai, celui qui a vraisemblablement tué Maurice Audin n’a pas voulu me parler.
3. C’est vrai, les raisons de cette exécution restent partiellement un mystère.  La thèse de Madame Josette Audin (la veuve de Maurice Audin) c’est que l’armée s’est trompée, qu’elle visait Henri Alleg (un autre militant communiste), et que son mari n’était pas désigné à priori pour être exécuté. Le point qui diverge entre la famille et moi, c’est celui-ci. Mais je maintiens que Maurice Audin a été sciemment exécuté. La cible, c’était bien Audin. Massu croyait qu’Audin savait tout et c’est Audin qui a payé pour tout le monde.”
-> La vérité sur la mort de Maurice Audin, Jean-Charles Deniau (édition des Equateurs, 20 euros)
Source : France TV, Anne Brigaudeau, 09-01-2014
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L’affaire Audin

Source : Canal U-TV, Pierre Vidal-Naquet

Source : Canal U-TV, Pierre Vidal-Naquet

 

Source: http://www.les-crises.fr/video-la-disparition-de-maurice-audin/


La popularité des grands dirigeants mondiaux

Wednesday 25 May 2016 at 01:01

En décembre 2015, Gallup a réalisé son étude annuelle mondiale phare, posant les mêmes questions à 1 000 personnes dans 68 pays.

Cette année, il y avait une question sur la popularité mondiale des grands dirigeants mondiaux.

Voici le résultat pour la popularité des dirigeants dans LEUR propre pays :

popularite dirigeants

(on a ici la différence entre les opinions favorables et les défavorablesµ. On n’a pas le détail, mais on doit par exemple avoir Poutine à 85 % de favorables et et 13 % de défavorables)

Vainqueur : Vladimir Poutine, suivi des dirigeants indiens et iraniens…

On appréciera les résultats dans l’Occident “éclairé”, et dans la France éteinte…

Sans aucune Poutinophilie de ma part (que je n’ai pas – je n’ai confiance dans aucun dirigeant. Après, il y a un classement de dangerosité entre eux, c’est certain…), que nos médias traitent ainsi le Président peut-être le plus populaire du monde dans son pays, quand on a le moins populaire chez nous, est assez interpellant…

Plus amusant, on peut croiser dès lors avec la popularité moyenne mondiale, tous pays confondus. Le classement, change évidemment :

popularite dirigeants

La “nation indispensable” est donc en tête et les “méchants” de nos médias en queue de peloton.

Plus intéressant est le détail par pays, que je mets en conclusion – c’est une bonne mesure de l’orientation des opinions publiques.

Obama :

popularite dirigeants

Poutine :

popularite dirigeants

Chine (non testé chez lui, faut pas pousser…) :

popularite dirigeants

Merkel (amusants les pays de scores négatifs… Gros succès chez les trafiquants d’organes en revanche) :

popularite dirigeants

Hollande :

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Cameron :

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Iran :

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Le coupeur de têtes :

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Inde :

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Allez, pour finir en chanson : une jeune femme chante “Je veux quelqu’un comme Poutine” dans la rue en Russie (3 millions de vues sur Youtube…).

Notez que ça ne vient pas à la tête de beaucoup de personnes de chanter ça de Hollande.

Le seul intérêt de passer ça est cependant de voir la réaction du public qui passait juste dans la rue, à la toute fin :

On sent bien la dictatuuuuuuuuuure… 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/la-popularite-des-grands-dirigeants-mondiaux/


Témoignages sur “la bataille d’Alger” et la torture

Wednesday 25 May 2016 at 00:49

Source : INA, 30-09-1991

(désolé, je ne suis pas arrivé à enlever le démarrage automatique, si quelqu’un sait faire…)

Paul TEITGEN, responsable de la police à Alger en 1957, Jacques DUQUESNE, journaliste, Hélie DENOIX DE SAINT MARC, officier parachutiste témoignent de ce qu’a été “La bataille d’Alger” avec les pleins pouvoirs aux militaires, de la torture et des méthodes de certains militaires comme BIGEARD (les crevettes BIGEARD).

Source : INA, 30-09-1991

Élever une statue à … Paul Teitgen

Source : LDH Toulon, 11-11-2011

Dans L’art français de la guerre qui lui a valu le prix Goncourt, Alexis Jenni écrit : « Je voudrais élever une statue. Une statue de bronze par exemple car elles sont solides et on reconnaît les traits du visage. »

Et il poursuit : « Cette statue serait celle d’un petit homme sans grâce physique qui porterait un costume démodé et d’énormes lunettes qui déforment son visage ; on le montrerait tenir une feuille et un stylo, tendre le stylo pour que l’on signe la feuille comme les sondeurs dans la rue, ou les militants qui veulent remplir leur pétition. Il ne paie pas de mine, son acte est modeste, mais je voudrais élever une statue à Paul Teitgen. » (Alexis Jenni, L’art français de la guerre) [1]

“Bigeard shrimp” (crevettes Bigeard) : Paul Teitgen rappelle le nom donné aux cadavres jetés à la mer par les autorités.

“Bigeard shrimp” (crevettes Bigeard) : Paul Teitgen rappelle le nom donné aux cadavres jetés à la mer par les autorités.

Paul Teitgen (1919-1991), résistant, torturé puis déporté pendant la Seconde Guerre mondiale, membre de la Première promotion de l’ENA “France combattante” (réservée aux résistants), fut secrétaire général de la préfecture d’Alger, chargé de la police, d’août 1956 à septembre 1957.

En 1957, les parachutistes avaient tous les pouvoirs à Alger. Refusant de cautionner et de couvrir des crimes commis par des militaires français, Paul Teitgen obtint que les parachutistes signent avec lui, pour chacun des hommes qu’ils arrêtaient, une assignation à résidence, dont il gardait copie.

Un colonel venait lui faire ses comptes. Quand il avait détaillé les relâchés, les internés, les évadés, Paul Teitgen pointait la différence entre ces chiffres-là et la liste nominative qu’il consultait en même temps. « Et ceux-là ? », demandait-il en donnant des noms ; et le colonel lui répondait « Eh bien ceux-là, ils ont disparu, voilà tout ».

Pierre Vidal-Naquet avec qui il s’était lié d’amitié écrivit à son propos en 2002 : « Quand il découvrit que les supplices infligés aux Algériens rappelaient de fort près ceux que pratiquaient la Gestapo et ses complices français, il s’indigna et démissionna, demeurant cependant à Alger pour occuper une direction au gouvernement général. [2] »

Le 29 mars 1957, Robert Lacoste, ministre résidant en Algérie du 9 février 1956 au 14 mai 1958, reçut de Paul Teitgen la lettre suivante, datée du 24 mars 1957 [3].

Monsieur le ministre,

Le 20 août 1956, vous m’avez fait l’honneur d’agréer ma nomination au poste de secrétaire général de la préfecture d’Alger, chargé plus spécialement de la police générale.

Depuis cette date, je me suis efforcé avec conviction, et à mon poste, de vous servir – et quelquefois de vous défendre – c’est-à-dire de servir, avec la République, l’avenir de l’Algérie française.

Depuis trois mois, avec la même conviction, et sans m’être jamais offert la liberté, vis-à-vis de qui que ce soit d’irresponsable, de faire connaître mes appréhensions ou mes indignations, je me suis efforcé dans la limite de mes fonctions, et par-delà l’action policière nouvelle menée par l’armée, de conserver – chaque fois que cela a été possible – ce que je crois être encore et malgré tout indispensable et seul efficace à long terme : le respect de la personne humaine.

J’ai aujourd’hui la ferme conviction d’avoir échoué et j’ai acquis l’intime certitude que depuis trois mois nous sommes engagés non pas dans l’illégalité – ce qui, dans le combat mené actuellement, est sans importance – mais dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre.

Je ne me permettrais jamais une telle affirmation si, au cours de visites récentes effectuées aux centres d’hébergement de Paul-Cazelles et de Beni-Messous, je n’avais reconnu sur certains assignés les traces profondes des sévices ou, des tortures qu’il y a quatorze ans je subissais personnellement dans les caves de la Gestapo de Nancy.

Or ces deux centres d’hébergement, installés, à sa demande, par l’autorité militaire d’Alger, sont essentiellement pourvus par elle. Les assignés qui y sont conduits ont d’abord été interrogés dans les quartiers militaires après une arrestation dont l’autorité civile, qui est celle de l’État, n’est jamais informée. C’est ensuite, et souvent après quelques semaines de détention et d’interrogatoires sans contrôle, que les individus sont dirigés par l’autorité militaire au centre de Beni-Messous et de là, sans assignation préalable et par convoi de cent cin­quante à deux cents, au centre de Paul-Cazelles.

J’ai, pour mon compte personnel et sans chercher à échapper à cette responsabilité, accepté de signer et de revêtir de mon nom jusqu’à ce jour près de deux mille arrêtés d’assignation à résidence dans ces centres, arrêtés qui ne faisaient que régulariser une situation de fait. Je ne pouvais croire, ce faisant, que je régulariserais indirectement des interrogatoires indignes dont, au préalable, certains assignés avaient été les victimes.

Si je n’ignorais pas qu’au cours de certains interrogatoires des individus étaient morts sous la torture, j’ignorais cependant qu’à la villa Sesini, par exemple, ces interrogatoires scandaleux étaient menés, au nom de mon pays et de son armée, par le soldat de 1ère classe F…, sujet allemand engagé dans le 1er R.E.P., et que celui-ci osait avouer aux détenus qu’il se vengeait ainsi de la victoire de la France en 1945.

Rien de tout cela, bien sûr, ne condamne l’armée française, non plus que la lutte impitoyable qui doit être menée par elle dans ce pays, et qui devait l’être à Alger plus spécialement contre la rébellion, l’assassinat, le terrorisme et leurs complices de tous ordres.

Mais tout cela condamne la confusion des pouvoirs et l’arbitraire qui en découle. Ce n’est plus tel ou tel responsable connu qui mène les interrogatoires, ce sont des unités militaires. Les suspects ne sont plus retenus dans les enceintes de la justice civile ou militaire, ni même dans les lieux connus de l’autorité administrative. Ils sont partout et nulle part. Dans ce système, la justice – même la plus expéditive – perd ne serait-ce que l’exemplarité de ses décisions. Par ces méthodes improvisées et incontrôlées, l’arbitraire trouve toutes les justifications. La France risque, au surplus, de perdre son âme dans l’équivoque.

Je n’ai jamais eu le cynisme et je n’ai plus la force d’admettre ce qu’il est convenu d’appeler des « bavures », surtout lorsque ces bavures ne sont que le résultat d’un système dans lequel l’anonymat est seul responsable.

C’est parce que je crois encore que dans sa lutte la France peut être violente sans être injuste ou arbitrairement homicide, c’est parce que je crois encore aux lois de la guerre et à l’honneur de l’armée française que je ne crois pas au bénéfice à attendre de la torture ou simplement de témoins humiliés dans l’ombre.

Sur quelque 257 000 déportés, nous ne sommes, plus que 11 000 vivants. Vous ne pouvez pas, monsieur le ministre, me demander de ne pas me souvenir de ce pour quoi tant ne sont pas revenus et de ce pour quoi les survivants, dont mon père et moi-même doivent encore porter témoignage.

Vous ne pouvez pas me le demander parce que telle est votre conviction et celle du gouvernement de mon pays.

C’est bien, au demeurant, ce qui m’autorise à vous adresser personnellement cette lettre, dont il va sans dire qu’il n’est pas dans mes intentions de me servir d’une quelconque manière. Dans l’affirmation de ma conviction comme de ma tristesse, je conserve le souci de ne pas indirectement justifier les partisans de l’abandon et les lâches qui ne se complaisent que dans la découverte de nos erreurs pour se sauver eux-mêmes de la peur. J’aimerais, en revanche, être assuré que vous voudrez bien, à titre personnel, prendre en considération le témoignage d’un des fonctionnaires installés en Algérie par votre confiance et qui trahirait cette confiance, s’il ne vous disait pas ce qu’il a vu et ce que personne n’est en droit de contester, s’il n’est allé lui-même vérifier.

J’ai, en tout état de cause, monsieur le ministre, perdu la confiance dans les moyens qui me sont actuellement impartis pour occuper honnêtement le poste que vous m’aviez assigné. Je vous demande, en conséquence, de bien vouloir prier M. le ministre de l’Intérieur de m’appeler rapidement à d’autres fonctions.

Je vous demande enfin, monsieur le ministre, d’agréer cette lettre comme l’hommage le plus sincère de mon très profond et fidèle respect.

Robert Lacoste demanda à Paul Teitgen de rester à son poste et de tenir secrète sa lettre de démission. Celui-ci céda mais il devait démissionner de ses fonctions quelques mois plus tard.

Il en était alors à plus de 3 000 disparitions, estimation confirmée pour l’essentiel par le colonel (maintenant général) Paul Aussaresses dans un entretien avec Florence Beaugé, en novembre 2000.

Paul Teitgen par Marie Bellando-Mitjans

Paul Teitgen par Marie Bellando-Mitjans

Notes

[1] Source de la photo de Paul Teitgen : http://www.darrelplant.com/blog_ite….

[2] Vidal-Naquet, préface de la réédition en 2002 de La raison d’Etat (Ed. de Minuit)

[3] Source : Yves Courrière, La guerre d’Algérie. Le temps des léopards, éd. Fayard, 1969, pages 515 – 517

Source : LDH Toulon, 11-11-2011

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Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’alger, a démissionné en 1957 – il a dénoncé la torture

Source : L’Est Républicain, Isabelle Gérard, 19/03/2012

Décédé en 1991, Paul Teitgen est enterré à Colombe-lès-Vesoul, en Haute-Saône (où il est né en 1919). Photo DR Décédé en 1991, Paul Teitgen est enterré à Colombe-lès-Vesoul, en Haute-Saône (où il est né en 1919). Photo DR

Décédé en 1991, Paul Teitgen est enterré à Colombe-lès-Vesoul, en Haute-Saône (où il est né en 1919). Photo DR Décédé en 1991, Paul Teitgen est enterré à Colombe-lès-Vesoul, en Haute-Saône (où il est né en 1919). Photo DR

« LA FRANCE risque de perdre son âme ». L’avertissement émane de Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’Alger chargé de la police, et figure dans sa lettre de démission (24/03/1957) adressée à Robert Lacoste, ministre résidant en Algérie. En pleine bataille d’Alger.

Dans ce courrier, Paul Teitgen, natif de Haute-Saône, dénonce l’emploi de la torture par l’Armée française. Le résistant de la Seconde Guerre mondiale, déporté à Dachau, étaie : « Je ne me permettrais jamais une telle affirmation si je n’avais reconnu sur certains assignés les traces profondes des sévices qu’il y a 14 ans je subissais personnellement dans les caves de la Gestapo à Nancy ». Et Paul Teitgen de pointer cette « confusion des pouvoirs [entre le civil et le militaire] et l’arbitraire qui en découle ». Depuis janvier 1957, le général Massu s’est vu gratifier de pouvoirs renforcés pour démanteler le FLN (Front national de Libération). Récupérant ceux de la police à Alger.

La démission de Paul Teitgen (lorrain par son père et franc-comtois par sa mère) est rejetée. Il reste secrétaire général quelques mois encore. Les exactions se poursuivent. En septembre 1957, il refuse de cautionner plus longtemps ces pratiques et quitte son poste.

Il demeure cependant en Algérie et devient adjoint au directeur de l’action sociale. Emmanuelle Jourdan (sa petite-fille), professeure d’Histoire à l’Université de Lille, interroge : « Il avait conscience que la torture était érigée en système en 1957. Mais se rendait-il compte du degré de déliquescence du pouvoir civil de la 4e République et de sa complicité avec le pouvoir militaire ? ». Une semaine avant le putsch du 13 mai 1958, il gagne Paris pour alerter le gouvernement de la prise du pouvoir par l’Armée.

De retour sur le sol algérien, « il est menacé, se cache » et finit par être expulsé par les parachutistes le 19 mai 1958. Emmanuelle Jourdan estime : « Il était devenu un témoin gênant ».

Pendant son passage à la préfecture d’Alger, il « a joué son rôle de garde-fou, de rempart civil, et a contribué à établir la vérité sur l’ampleur des disparitions », insiste l’historienne. Il impose aux militaires l’assignation à résidence. Quand l’armée voulait interroger un suspect, elle devait demander à Paul Teitgen de parapher une assignation. Sa petite-fille décrypte : « Cela lui permettait d’être informé des arrestations. Il s’est aperçu que parmi les gens qu’il assignait certains disparaissaient ». A partir de là, l’ancien avocat de Lunéville, diplômé de la première promotion de l’ENA, tient les comptes. « Il faisait même des assignations antidatées quand une famille signalait une disparition suite à une arrestation par les militaires, dont il n’avait pas trace ». En quelques mois, Paul Teitgen recense plus de 3000 disparus. « C’était le moyen à ses yeux d’investir l’Armée de ses responsabilités et de lui imputer la disparition de ces personnes », avance l’enseignante.

A son retour en France, Paul Teitgen est expédié au Brésil pour six mois, « pour l’éloigner ». Sa fille Elisabeth Teitgen témoigne : « Il restera deux ans sans traitement, avec cinq enfants à charge ». Avant finalement d’intégrer en 1960 le conseil d’Etat, « son rêve ». « Là, il était tenu au devoir de réserve », lâche Emmanuelle Jourdan. Cela ne l’empêchera pas d’apporter son témoignage à charge dans des procès comme l’affaire Audin et Jeanson.

Isabelle GÉRARD

Source : L’Est Républicain, Isabelle Gérard, 19/03/2012

 

Pour cela, il n’hésite pas à défendre l’usage de la torture par l’armée française et la police, en déclarant par exemple le 7 juillet 1957 à Alger devant des anciens combattants :
sont responsables de la résurgence du terrorisme, qui a fait à Alger, ces jours derniers, vingt morts et cinquante blessés, les exhibitionnistes du cœur et de l’intelligence qui montèrent la campagne contre les tortures. Je les voue à votre mépris.4
(lien source https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Lacoste)

Biographie de Paul TEITGEN

teitgen

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André Gazut – Histoire

Source : Youtube

Source : Youtube

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André Gazut : Apprendre à dire non !

Source : Youtube

Source : Youtube

Source: http://www.les-crises.fr/temoignages-sur-la-bataille-dalger-et-la-torture/


[GEAB] L’émergence du monde multipolaire impose un changement de méthode

Wednesday 25 May 2016 at 00:01

Je vous propose une vision un peu décalée, pour ne pas s’endormir les méninges

Source : Global Europe Anticipation Bulletin Mai 2016, par Laboratoire Européeen d’Anticipation Politique, Mai 2016.

Depuis le lancement du GEAB en 2006, notre équipe place au cœur de la crise systémique globale l’émergence du monde multipolaire. Les effets du processus de relativisation de la puissance américaine ont constitué les premiers signes visibles d’une vaste reconfiguration globale. Dès 2009, avec la constitution du club des BRIC(S)[1], les nouveaux acteurs ont commencé à s’imposer de manière organisée sur la scène internationale, commençant en effet à donner corps à cette notion de monde multipolaire[2].

Cela dit, la stratégie des puissances émergentes a d’abord consisté à faire cause commune pour créer un front de réforme des institutions internationales existantes, via en particulier le G20[3]. Dans un premier temps, les nouvelles puissances ont donc surtout souhaité être reconnues et intégrées par/dans l’édifice international construit par l’Occident au XXe siècle.

Certains changements ont bel et bien résulté de ce travail de « lobbying » mais la relative perte de contrôle par les Occidentaux de leurs outils de pouvoir les a conduits à agir de manière croissante à l’extérieur des instances qu’ils avaient créées. C’est ainsi par exemple que les États-Unis sont sortis de plus en plus souvent du cadre de l’ONU[4] et même de celui de l’OTAN[5] pour mener leurs campagnes militaires. C’est ainsi également que les Occidentaux se sont éloignés de l’OMC[6]…

Mais ce retrait partiel des Occidentaux du système international n’a pas pour autant permis aux instances de la gouvernance internationale du XXe siècle une véritable prise en compte de la nouvelle diversité d’intérêts représentés. L’ADN puissamment occidental de ces institutions reste à l’œuvre. Et les nouvelles puissances voient surtout dans leur participation à ces instances un moyen de limiter les risques de polarisation entre eux et l’Occident.

En réalité, tout comme les Occidentaux, ils agissent sur la scène internationale via un large spectre de nouveaux instruments de gouvernance : BRICS, NDB[7], AIIB[8], OBOR[9], etc., comme nous l’avons vu maintes fois.

Approfondir le concept de multipolarité

Ce constat oblige à réfléchir plus attentivement au concept de monde multipolaire. En effet les nouveaux pôles mondiaux ne sont pas simplement de nouveaux membres importants du club international. Et la méthode consistant à intégrer des pays comme la Russie, l’Inde ou la Chine à un système de règles préétablies par les Occidentaux n’a aucune chance de parvenir à circonscrire le rôle et l’action de ces pays. Un monde multipolaire se compose d’acteurs éminemment différenciés : langues, cultures, systèmes de valeurs, intérêts stratégiques, modèles économiques, etc. Ce qui met d’accord ces acteurs, c’est la recherche de paix et de prospérité. Mais cette quête ne peut se faire sous une tutelle réglementaire préexistante, à l’élaboration de laquelle ces acteurs n’ont pas pris part.

De plus en plus visiblement, la méthode dite internationale émane en fait d’un club occidental invitant le reste du monde à se ranger sous son drapeau de valeurs et de principes pour que la paix règne. On voit à cet énoncé combien la méthode est sur le fond inacceptable pour des acteurs dont la puissance est au moins équivalente à celle des « maîtres » de ce jeu-là.

Pour une gouvernance mondiale garante de paix, en lieu en place d’une méthode « internationale », il est temps de penser une méthode « multipolaire » fondée sur une pluralité d’acteurs dominants : États-Unis, Europe, Chine, Russie, Inde, Brésil, Afrique du Sud… Contrairement à la méthode internationale, la méthode multipolaire accepte les différences et les incompatibilités en se focalisant sur les objectifs communs de coexistence pacifique dans un monde globalisé. La méthode multipolaire n’enferme pas ses composantes dans un club aux règles strictes ; elle met autour de la même table des acteurs indépendants pour les faire échanger sur leurs contraintes respectives, les risques de chevauchement et leur nécessaire mise en compatibilité, projet par projet, thème par thème. Elle se fonde sur la reconnaissance de la légitimité de tous les agendas, tout en imposant la nécessité de trouver les moyens pour une articulation la plus harmonieuse possible.

Un précédent : le projet européen des années ’50

Cette méthode est en réalité très proche de celle inaugurée par l’Europe de la CECA[10] puis des Communautés européennes à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale dans la gestion de son continent. C’est la méthode dite « communautaire », à l’équilibre entre fédéralisme et inter-étatisme, abandonnée en 1992 avec le traité de Maastricht qui est passé à la méthode « unioniste », beaucoup plus nivelante. Par conséquent, si l’UE a dans son histoire des caractéristiques fortes lui permettant de contribuer utilement à la mise en place de la méthode multipolaire au niveau mondial, ses errements plus récents lui font prendre du retard dans cette contribution. Mais indéniablement, la construction européenne enclenchée dans les années 50 pour mettre fin aux guerres européennes consistait bel à bien à gérer le caractère multipolaire d’un continent européen qui n’accepterait plus jamais de se soumettre aux lois de l’une ou de l’autre de ses nations.

Le bateau amiral des années 2010 : les BRICS

Les BRICS sont l’avatar le plus évident de cette méthode. Si les Occidentaux n’ont cessé de voir dans leur disparité un signe de leur non-pérennité, c’est que c’était à l’aune de la méthode internationale que la pérennité des BRICS était jugée. En réalité, les BRICS jouent sur les complémentarités et non sur les similarités. Une fois de plus on constate la communauté d’objectifs bien sûr comme ciment d’une alliance de circonstance sans vocation de pérennité. Les BRICS se sont agrégés en 2009-10 sur un objectif de réforme de la gouvernance mondiale allant dans le sens de la multipolarité. Ils se dissoudront dans l’avènement de cette gouvernance. Cette méthode présente l’avantage de ne pas laisser traîner sur la scène internationale de lourdes et onéreuses institutions devenues parfaitement inutiles…

Le multipolaire à l’œuvre dans la réorganisation des pays producteurs de pétrole

Plus récemment encore, nous avons vu se mettre en place un nouveau rapprochement multipolaire : celui des pays qui se sont retrouvés autour de la table de la réunion des pays producteurs de pétrole à Doha le mois dernier. Nous en avons parlé dans le dernier numéro : Russes, Saoudiens et Iraniens en particulier, prennent l’initiative de se réunir en dehors d’une OPEP de fait non inclusive et moribonde (peut-être dans le but à terme de la ressusciter d’ailleurs) pour acter de leurs divergences et trouver les terrains d’entente, a minima. Du point de vue de la pensée internationaliste, la réunion a été un échec parce que les participants ne se sont pas mis d’accord pour les siècles des siècles sur les taux de production. En réalité, la tenue même d’une telle réunion est un succès magistral ; la preuve en est la remontée des cours du pétrole, alors même que l’Iran augmente à toute vitesse sa production[11].

Un Moyen-Orient multi-tout

La méthode multipolaire est également à l’œuvre, comme nous l’avions d’ailleurs anticipé il y a trois ans[12], dans la réorganisation désormais en cours du Moyen-Orient. Les grands pôles de la région que sont la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite et Israël, dont nous avions remarqué à l’époque que leur coexistence créait les conditions de résurrection d’un Moyen-Orient multi-confessionnel et multi-ethnique en phase avec la nature multi-millénaire de la région, suivent actuellement un double processus apparemment paradoxal de différentiation (ils affirment de plus en plus leurs spécificités) et de rapprochement (ils expriment de plus en plus clairement leur besoin de travailler ensemble) :

À l’œuvre dans l’accélération de ces tendances restructurantes de la région, on trouve l’État Islamique dont nous avions anticipé qu’il constituait le nouvel ennemi commun régional (en lieu et place d’Israël) qui allait mettre tout le monde d’accord. Mais indéniablement, le catalyseur de transition aura été l’intervention russe en Syrie.

Nous avons listé quelques exemples de gestion des relations internationales sur la base de la méthode multipolaire dont le Moyen-Orient est actuellement l’exemple le plus frappant. Ailleurs, la méthode peine à s’imposer.

Expansionnisme européen : fin de non-recevoir

L’intégration européenne, qui s’est transformée en processus expansionniste suite à la chute du Mur, incapable de gérer son voisinage autrement qu’en tentant de l’intégrer, fournit aujourd’hui un bel exemple du modèle internationaliste et des limites qu’il a atteint. Ukraine, Turquie, Russie… n’avaient d’avenir que dans l’UE, un avenir de communion extatique autour des valeurs européennes du point de vue des institutions européennes, vecteur de mise à niveau économique du point de vue des candidats. Idéologies, agendas cachés, mensonges et manipulations tous azimuts se sont engouffrés dans la folle conquête européenne des années 90 et 2000. Aujourd’hui, l’intégration/expansion européenne se retrouve à l’arrêt alors que rien n’est fini, en particulier l’intégration politique du continent. Et il ne reste à l’Europe que l’indignation de voir les anciens candidats à son paradis demander une reconnaissance de leur droit à ne pas vouloir faire partie de son club :

S’il est évidemment souhaitable que l’Europe finalise l’indépendance stratégique et politique de son continent, l’isolement est l’écueil qu’il va lui falloir désormais éviter. Et pour cela, il va lui falloir reconnaître la légitimité des choix politiques et stratégiques des grands acteurs de la planète et composer avec, en mettant un mouchoir sur sa vocation de juge, ce qui ne signifie pas se départir de sa vocation en matière de valeurs universelles. Mais des valeurs qui ne sont plus reconnues par tous ne sont de facto plus des valeurs universelles. Si l’Europe reconnaît cette réalité sans s’en offusquer, elle sera alors en mesure de mettre en route un grand chantier consistant à repenser un jeu, a minima, de principes universels indépassables dans lequel tout le monde se retrouve… pour quelque temps en tous cas…

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[1]     Lancement des BRIC en juin 2009 à Ekaterinbourg. Source : BRICS2015.ru
[2]     Le titre de ce livre résume bien le projet des BRICS : « 
The BRICS and coexistence, an alternative vision of global order », Cédric de Coning, Routledge 2014
[3]     Comme on le voit par exemple ici : « BRICS can give shape to G20 : Modi ». Source :
The Hindu, 15/11/2015
[4]     Avec le cas de la guerre en Irak de 2003 bien sûr, une terrible erreur d’après Hans Blix. Source :
CNN, 19/03/2013
[5]     Un chaos rendu visible par l’intervention en Libye. Source :
Deutsche Welle, 23/03/2011
[6]     Notamment lorsqu’ils ont laissé tomber le cycle de Doha. Source :
Delta Farm Press, 24/07/2006
[7]     Ou banque de développement des BRICS. Source :
Hindustan Times, 17/04/2016
[8]     Ou banque asiatique de développement, destinée à financer le projet de Route de la Soie. Source :
Financial Times, 29/06/2015
[9]     One Belt, One Road, soit le projet de Route de la Soie de la Chine. Source :
Xinhua Finance Agency

[10]    CECA inaugurée lors du Traité de Paris en 1951. Source :
Toute l’Europe, 26/08/2008
[11]    L’Iran juge d’ailleurs cette réunion une étape importante. Source :
CNBC, 23/04/2016
[12]    Article « Moyen-Orient : Une lumière apparaîtrait-elle enfin au bout du tunnel ? », GEAB N°92. Source :
GEAB, 15 février 2013
[13]    Le premier Ministre Ahmet Davutoglu, face pro-européenne du gouvernement turc, a donné sa démission. Source :
LSE, 10/05/2016
[14]    Lorsque la Turquie a abattu l’avion russe. Source :
CNN, 25/11/2015
[15]    La Turquie accueille le roi Salman le 11 avril. Source :
Hürriyet, 12/04/2016
[16]    Erdogan rencontre Rohani le 16 avril. Source :
Hürriyet, 16/04/2016
[17]    Le gaz et la Syrie rapprochent la Turquie d’Israël. Source :
Times of Israel, 17/02/2016
[18]    Saudi Vision 2030. Source :
Arab News

[19]   Très intéressant article sur les enjeux de la transformation de l’environnement géopolitique d’Israël. Source :
Value Walk, 12/05/2016
[20]   Les sanctions officielles sont en fait de plus en plus critiquées par les instances démocratiques telles que l’Assemblée Nationale française qui a voté pour la levée des sanctions contre la Russie le 28 avril dernier. Source :
Le Monde, 28/04/2016
[21]    Source :
The Guardian, 06/05/2016
[22]    Source :
Wikipedia
[23]    Où le Parlement européen demande la réintroduction temporaire de visas pour les Américains et les Canadiens venant en Europe, en représailles des demandes de visas imposées par les États-Unis et le Canada à certaines nationalités de l’UE. Source :
Politico, 20/04/2016

Source: http://www.les-crises.fr/geab-lemergence-du-monde-multipolaire-impose-un-changement-de-methode/


[2015] 11 Septembre : ces 28 pages qui menacent l’axe Washington-Riyad, par Laure Mandeville

Tuesday 24 May 2016 at 00:35

Un fantastique article de début 2015 du Figaro sur les 28 pages, honneur de la presse française.

Il illustre au passage le fait que presque rien n’est “caché”, c’est juste mal montré, et donc pas vraiment vu du grand public…

Hélas, n’ayant eu aucune reprise, aucun débat n’a eu lieu.

Et les avertissements de Bob Graham, non entendus, qu’il a pourtant tenu à faire à la France juste après Charlie Hebdo, prennent un tour bien dramatique depuis le 13 novembre…

Source : Le Figaro, Laure Mandeville

28-pages-figaro

De notre correspondante à Washington

Dans les sous-sols du bâtiment du Capitole, tout près de l’entrée où des flots de touristes se présentent pour la visite du Congrès, il existe une pièce sécurisée où le Comité pour le renseignement de la Chambre des représentants conserve des documents secrets hautement classifiés. L’un d’eux, long de 28 pages, et intitulé «Éléments, discussion et récit concernant certains sujets sensibles de sécurité nationale», a fait couler beaucoup d’encre depuis treize ans.

Ce texte, qui pose la question du rôle de l’Arabie saoudite dans l’organisation des attentats du World Trade Center, faisait partie du fameux rapport sur le 11 septembre 2001, supervisé par le Comité du renseignement du Sénat, et son ancien président Bob Graham. Mais au moment de sa publication en 2002, ce sénateur démocrate de Floride, qui a depuis quitté le Congrès, a découvert avec stupéfaction que les 28 pages avaient été supprimées et classifiées à la demande de l’Administration Bush. «Raisons de sécurité nationale», avait expliqué à l’époque l’équipe de George W. Depuis toutes ces années, c’est ce même argument qui a empêché la déclassification du texte, malgré les efforts de Graham, l’un des rares à avoir lu le document, même s’il peut être accessible aux élus qui en font la demande.

«Ce rapport montre la participation directe du gouvernement saoudien dans le financement du 11 Septembre», déclare l’ancien sénateur au Figaro. «Nous savons au moins que plusieurs des 19 kamikazes ont reçu le soutien financier de plusieurs entités saoudiennes, y compris du gouvernement. Le fait de savoir si les autres ont été soutenus aussi par l’Arabie saoudite n’est pas clair, car cette information a été cachée au peuple américain », ajoute Graham. «On nous dit que cela ne peut être fait pour des raisons de sécurité nationale, mais c’est exactement le contraire», poursuit-il.

«Publier est important précisément pour notre sécurité nationale. Les Saoudiens savent ce qu’ils ont fait, ils savent que nous savons. La vraie question est la manière dont ils interprètent notre réponse. Pour moi, nous avons montré que quoi qu’ils fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir al-Qaida, puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’État islamique. C’est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d’extrémisme qui a frappé Paris», martèle l’ancien sénateur. Un autre élu qui a lu le document a confié au New Yorker que «les preuves du soutien du gouvernement saoudien pour les événements du 11 Septembre étaient très dérangeantes» et que la «vraie question est de savoir si cela a été approuvé au niveau de la famille royale ou en dessous».

En 2002, Graham était bien seul dans son combat pour «la vérité». Mais à la mi-janvier, il a tenu une conférence de presse au Sénat sur ce thème en compagnie de deux représentants, le républicain Walter Jones et le démocrate Stephen Lynch, qui ont présenté une résolution HR 428 appelant à la déclassification. «Le soutien grandit mais atteindra-t-il le seuil qui permettra au Congrès de faire pression sur l’Administration Obama? Ce n’est pas clair», note l’ancien élu. Jones et Lynch ont écrit au président pour lui demander d’agir. Selon l’un des membres de l’organisation des familles victimes du 11 Septembre, Terence Schiavo, Obama aurait promis de déclassifier un jour.

Les familles de victimes sont en première ligne dans ce combat. Si leurs avocats pouvaient prouver la participation de l’État saoudien aux attentats, Riyad serait forcé de leur verser des compensations. «Nous affirmons que des organismes de bienfaisance établis par le gouvernement du Royaume pour propager l’idéologie radicale wahhabite ont servi de sources majeures de financement et de soutien logistique à al-Qaida, pendant toute la décennie qui a mené au 11 Septembre», a confié l’un des avocats des familles, Sean Carter, au New Yorker. Selon l’hebdomadaire, deux des kamikazes auraient notamment été financés et hébergés à San Diego par un personnage en contact permanent avec la section du ministère des Affaires islamiques basée à Los Angeles. L’Arabie saoudite nie toutefois toute responsabilité et a appelé à la déclassification des 28 pages afin de laver sa réputation.

Bob Graham pense que derrière ces appels, le Royaume fait pression sur Washington pour que le rapport reste confidentiel. Mais certaines des personnes qui ont travaillé sur le document apportent de l’eau au moulin des Saoudiens, en soulignant que le texte n’établit pas de manière irrévocable la participation des autorités saoudiennes. C’est notamment le cas de Philip Zelikow, directeur de la commission du 11 Septembre, qui qualifie les 28 pages «d’accumulation de rapports préliminaires non confirmés». «Je ne suis pas d’accord. Si ce rapport est superficiel et peu convaincant, pourquoi en avoir empêché la publication depuis treize ans?» réagit Graham.

Pour lui, «la réponse est évidente concernant les Bush, qui sont très proches des Saoudiens» qui craignaient pour leur réputation. La raison pour laquelle Obama suit la même voie semble surtout venir des énormes implications géopolitiques que pourraient avoir de telles révélations sur une relation américano-saoudienne, toujours considérée comme vitale. Le fait que le président ait écourté sa visite en Inde la semaine dernière, pour aller saluer le nouveau roi d’Arabie en compagnie de 30 hautes responsables politiques – alors qu’aucun n’avait pris la peine de se rendre à la marche de Paris après les attaques terroristes – en dit long sur les priorités de Washington.

Avec les mouvements de plaques tectoniques qui secouent le Moyen Orient – l’opposition chiites-sunnites, la question du nucléaire iranien, la guerre d’Irak et de Syrie et la déstabilisation du Yémen -, «Obama ne veut pas introduire un nouveau facteur d’instabilité», dit Graham. Même si son jeu avec l’Iran semble indiquer une volonté de se distancer de l’Arabie, le choix est clairement de maintenir plusieurs fers au feu. Faute de mieux.

Source : Le Figaro, Laure Mandeville

Source: http://www.les-crises.fr/2015-11-septembre-ces-28-pages-qui-menacent-laxe-washington-riyad-par-laure-mandeville/


[2011] Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la Démocratie, par Laurent Joffrin

Tuesday 24 May 2016 at 00:10

Pour ne pas oublier…

Source : Le Nouvel Obs, Laurent Joffrin, 10-09-2011

Le World Trade Center le 11 September 2001 à New York (AFP - SETH MCALLISTER)

Le World Trade Center le 11 September 2001 à New York (AFP – SETH MCALLISTER)

Dix ans après, le seul complot qui émerge de l’affaire du 11 septembre, c’est celui des conspirationnistes qui empoisonnent la mémoire de ce cruel évènement.

Retrouvez les “réponses aux conspirationnistes” de Laurent Joffrin

Dix ans après, les citoyens internautes attachés aux valeurs démocratiques devraient au moins se mettre d’accord sur un point : le seul complot qui émerge de l’affaire du 11 septembre, c’est celui des conspirationnistes qui empoisonnent la mémoire de ce cruel événement et cherchent à faire passer le gouvernement américain de l’époque, fort critiquable par ailleurs, pour une bande d’assassins cyniques et irresponsables.

On dira que c’est déjà faire la part belle à ces délires que de leur consacrer un article. Peut-être, mais lorsque l’on tape “11 septembre” sur le moteur de recherches Google – qui devrait avoir honte de sa complaisance, hypocritement cachée derrière une soi-disant neutralité technique – la moitié des occurrences qui apparaissent sur la première page émanent de groupes ou d’auteurs qui remettent en question l’explication raisonnable et étayée de l’événement, au profit d’élucubrations louches et insinuantes. Il faut donc revenir encore une fois sur ce dossier pour en rappeler les données de base fournies par l’examen froid des éléments factuels.

1) Les contestataires parlent d’une “thèse officielle”. Avant de l’examiner, il faut rappeler avec force que ce vocable a pour fonction unique de nier la légitimité des enquêtes effectuées, non seulement par les autorités américaines, mais aussi par une multitude de journalistes indépendants et reconnus, travaillant dans les meilleurs journaux, et par une myriade d’experts respectés qui n’ont aucun intérêt dans l’affaire, ni le moindre lien avec le gouvernement de Washington. Il faut aussi dire très haut que les contempteurs de la « thèse officielle » sont infiniment moins crédibles que ceux qui la défendent. Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer leurs incroyables errements.

Le plus connu des négationnistes s’appelle Thierry Meyssan. Il a acquis la célébrité en niant qu’un avion de ligne se soit jamais écrasé sur le Pentagone. Armé de deux ou trois photographies de débris, mesurant la brèche faite dans le mur du bâtiment, nettement plus étroite que l’envergure de l’avion projeté sur le siège du ministère américain de la Défense, Meyssan a proclamé à tous vents que le Pentagone avait été endommagé non par l’avion du vol American Airlines 77, mais par un missile bourré d’explosif.

Une fois cette baliverne exposée – et vendue à des centaines de milliers d’exemplaires dans le monde – l’imagination pouvait battre la campagne : si on avait menti sur la nature du projectile, suggérait-il, c’est qu’on cherchait à camoufler une vérité monstrueuse, à savoir que l’attaque contre le Pentagone avait été perpétrée, non par Al Qaida, mais par une organisation militaire agissant secrètement. Et quelle organisation pouvait mener à bien cette opération au cœur des Etats-Unis, sinon l’armée américaine elle-même ? Ainsi, à partir de deux ou trois arguments techniques non-vérifiés, on formulait l’accusation décisive qui allait devenir le leitmotiv explicite ou implicite des négationnistes du 11 septembre : le gouvernement américain a lui-même organisé les attentats du 11 septembre pour justifier les guerres d’Afghanistan et d’Irak.

Or, au moment même où Meyssan développait son argumentation délirante, les agents du FBI retrouvaient dans les décombres du Pentagone les corps déchiquetés des passagers du vol 77, rassemblaient les objets personnels des victimes pour les rendre à leur famille et ramassaient un à un les débris de l’appareil, y compris les boîtes noires de l’avion dont les négationnistes affirmaient qu’elles n’existaient pas. Pour quiconque examine honnêtement le dossier, l’évidence s’impose : le vol 77 a bien été détourné et il s’est bien écrasé sur le Pentagone, là où des dizaines de témoins l’ont vu voler en rase motte avant de percuter le mur d’enceinte. Les noms des victimes sont connus, leurs familles apparaissent régulièrement dans des émissions consacrées au 11 septembre, les preuves de l’attentat du Pentagone sont surabondantes et incontournables. Et la largeur du trou ? Dans un choc de cette violence, l’appareil se désintègre entièrement, ce qui explique fort bien l’étroitesse de la brèche au point d’impact.

Autrement dit, non seulement Meyssan trompait les millions de téléspectateurs qui l’ont vu déblatérer sans contradicteur à l’invitation de Thierry Ardisson – jour noir dans l’histoire de la télévision française – mais il insultait aussi les familles des victimes, frappées par un deuil aussi absurde que cruel pour être ensuite niées et salies par un escroc intellectuel sans foi ni loi. Ceux qui pourraient encore douter de la réalité de cet événement se reporteront au documentaire réalisé pour France 3 par Daniel Leconte et diffusé jeudi dernier.

 

2) Cet exemple n’est pas choisi au hasard : la technique de Meyssan se retrouve peu ou prou dans tous les articles, les livres ou les films issus des milieux négationnistes. Au lieu d’aborder sans préjugé l’ensemble du dossier et de rechercher les faits les plus sûrs pour explorer ensuite les zones d’ombre, on inverse le processus. On passe sous silence les preuves les plus flagrantes et on se concentre sur quelques éléments bizarres, inexpliqués ou douteux, de manière à jeter la suspicion sur l’ensemble de l’affaire. Meyssan fait abstraction des passagers, de l’itinéraire de l’avion, des débris retrouvés, de la personnalité du pilote, des témoins qui ont vu l’avion.

Il se contente de mesurer un trou dans un mur et de reproduire des photos chipées sur Internet. Une fois ces éléments isolés, il range tous les autres arguments, quelle que soit leur évidence factuelle, sous l’étiquette dépréciative de “thèse officielle”, version par définition mensongère, bien moins excitante, de surcroît, que l’hypothèse d’un complot ténébreux.

 

3) Cette tricherie logique, qui consiste à retenir les seuls éléments qui vont dans le sens du complot, comme on le voit dans le film conspirationniste “Loose Change”, si prisé des internautes, est enrobée dans des arguments de vraisemblance, qui impressionnent souvent les gogos de Google.

Il est invraisemblable, dit-on, qu’une poignée de terroristes armés de cutters aient pu perpétrer un attentat de cette ampleur ; il est invraisemblable que l’US Air Force n’ait pas intercepté les avions ; il est invraisemblable que ces tours aient pu s’effondrer aussi vite, alors que les gratte-ciels incendiés ailleurs sont toujours restés debout ; il est invraisemblable qu’un terroriste inexpérimenté ait pu piloter un Boeing avec autant de précision ; il est invraisemblable que le troisième immeuble du World Trade Center (WTC 7) soit tombé lui aussi, alors qu’aucun avion ne l’a percuté. Certes, mais cela s’est produit.

Quelle est la thèse opposée, celle des conspirationnistes ? Ils affirment ou bien sous-entendent avec insistance que le gouvernement américain est à l’origine des attentats. Mais alors qu’ils sont intarissables sur l’invraisemblance de la « thèse officielle », ils n’examinent jamais la vraisemblance de leurs propres affirmations.

Or pour que le 11 septembre fût l’œuvre des autorités américaines, il eût fallu :

– que le commando ait été manipulé par les services secrets américains

– que l’US Air Force ait été prévenue pour laisser passer les avions

– que l’armée américaine ait organisé le tir meurtrier sur le Pentagone

– que les tours aient été préalablement minées par telle ou telle branche des services secrets

– que le Président, ses principaux collaborateurs et des responsables très haut placés dans la hiérarchie militaire et dans celle du renseignement soient du complot

– que les experts officiels et la commission désignée pour enquêter soient également complices

Bref, il fallait que les autorités élues de la plus grande démocratie du monde aient décidé d’assassiner plus de trois mille compatriotes pour justifier une guerre lointaine et incertaine, et donc que des dizaines, voire des centaines de personnes soient impliquées dans ce qui serait une des plus grandes infamies de l’Histoire, au risque de voir un jour l’un de ces exécuteurs se livrer à une confession publique qui enverrait immanquablement en prison ceux qui l’ont ordonnée.

Est-ce vraisemblable ?

 

4) Quittons maintenant le terrain de la vraisemblance pour rappeler les faits.

– Au matin du 11 septembre, dix-neuf terroristes répartis en quatre groupes ont bien pris place à bord de quatre vols civils réguliers. Dûment enregistrés, ils ont été filmés par les caméras de surveillance et leurs noms sont connus. Leurs itinéraires de djihadistes ont été maintes fois explorés par des dizaines de spécialistes reconnus, dans le gouvernement et en dehors de lui. Il ne fait aucun doute qu’ils appartenaient à Al Qaida.

– Une fois les détournements enclenchés, plusieurs témoignages irréfutables transmis par les téléphones de bord ont décrit le modus operandi des hommes qui ont pris le contrôle des appareils. Ils ont bien mené leur opération à l’aide d’armes blanches ; ce sont bien eux qui pilotaient les avions qui se sont écrasés.

– Le témoignage visuel, l’examen des débris et l’analyse des restes humains démontrent que ce sont bien ces quatre appareils qui se sont écrasés sur le World Trade Center, sur le Pentagone, et au milieu d’un champ de Pennsylvanie.

Des centaines de témoignages irréfutables montrent que les autorités américaines – aviation civile, US Air Force, services secrets, Pentagone et gouvernement – ont été prises au dépourvu, qu’elles ont réagi dans le désordre et que cette désorganisation explique largement la réussite de l’attentat, ainsi que l’embarras et les incertitudes qui ont ensuite caractérisé les réactions officielles. Nul besoin d’un complot pour éclairer le comportement de l’administration Bush.

– L’effondrement des tours reste une étrangeté en comparaison des incendies qui ont pu atteindre d’autres immeubles de ce genre par le passé. Mais aucun de ces immeubles qui sont restés debout ailleurs n’avait été percuté par des Boeing bourrés de kérosène. Les experts se divisent sur l’explication de cette chute dramatique, la majorité estimant que le choc initial et la chaleur de l’incendie suffisent à expliquer la catastrophe. Une minorité d’entre eux, annexés par les conspirationnistes, suggèrent que les immeubles étaient probablement minés. Mais aucun d’entre eux n’a jamais pu apporter la moindre preuve de la présence d’explosifs à la base des tours.

On produit les témoignages de certaines personnes présentes qui ont pu entendre des déflagrations au niveau du sol. Mais ces explosions peuvent s’expliquer par tout autre chose, par exemple l’écoulement du kérosène qui finit par exploser une fois parvenu en bas des immeubles. Dans le cas du WTC 7, la troisième tour, les vidéos enregistrées démontrent qu’on n’a entendu aucune explosion avant l’effondrement de l’immeuble sur lui-même.

 

Autrement dit, il reste des zones d’ombre : il y en a dans tous les grands événements historiques. Mais des faits massifs, évidents, établis, démontrent qu’il s’agit bien d’un attentat islamiste organisé de longue main par un groupe terroriste originaire du Moyen-Orient et destiné à porter le djihad mondial à un niveau inédit. Le gouvernement américain est sans doute coupable d’imprévoyance et l’impréparation, alors que les services secrets avaient lancé des avertissements très clairs. Il n’est en aucun cas à l’origine de l’opération.

Ainsi, consciemment ou inconsciemment, les complotistes abusent le public, profitant du relativisme régressif qui sévit si souvent sur Internet et dans la tête d’une partie de l’opinion. Ils tendent à accréditer l’idée que les grandes démocraties sont des théâtres d’ombre agis par des forces obscures, où le citoyen est un pion dans un jeu qui le dépasse de très loin. La fonction politique de ces thèses délirantes est évidente : détruire la confiance des citoyens dans leurs propres institutions, accréditer l’idée que les démocraties, après tout, ne sont pas plus fiables ou morales que les dictatures ; légitimer par contrecoup les thèses extrêmes, de droite ou de gauche.

Les négationnistes du 11 septembre sont des ennemis de la démocratie ou, au mieux, les idiots utiles de l’extrémisme. Ils doivent être dénoncés comme tels.

Laurent Joffrin – Le Nouvel Observateur

Source : Le Nouvel Obs, Laurent Joffrin, 10-09-2011

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Pourquoi les censeurs du 11-Septembre sont des ennemis de la démocratie

Source : Reopen 911, 13-09-2011

« Ils doivent être dénoncés ». C’est par ces mots que Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, termine sa diatribe complotiste frisant l’apoplexie dans un article paru le 9 septembre 2011 et intitulé « Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la démocratie ». En s’appuyant sur une argumentation qui fera date dans l’histoire la plus sombre du journalisme français, le patron du Nouvel Obs use manifestement plus facilement de l’insulte que de la raison. Voici quelques éléments de réponse…

« Paquets de sales cons » et négationnistes

Dans la droite ligne de son confrère Philippe Val qui avait déclaré de manière très « décomplexée » que les sceptiques de la verson Bushienne du 11-Septembre étaient « un sacré paquet de sales cons », le directeur du Nouvel Observateur se discrédite en vérifiant la loi de Godwin. En effet, il n’hésite pas à qualifier de “négationnistes” les 58 % de français qui manifestent leurs doutes à propos de l’explication officielle des attentats du 11-Septembre.
Tout en subtilité, Joffrin utilise à cinq reprises le terme “négationniste” dans son article, un terme généralement employé pour définir les personnes qui nient la réalité des événements atroces que constitue le génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Ce grossier dérapage sémantique vise à assimiler les personnes qui se posent de légitimes questions à des sympathisants néo-nazis. Même si Joffrin ne fait que reprendre un vieux procédé qu’il qualifie lui-même de polémique, la méthode demeure abjecte et doit être dénoncée.

Ces injures nous rappellent celles proférées sans vergogne par certains journalistes à l’encontre du réalisateur et acteur Mathieu Kassovitz (lire aussi la note ci-après) lorsqu’il avait émis publiquement ses doutes concernant la version gouvernementale du 11-Septembre. Certains étaient même allés jusqu’à le comparer à Goebbels, alors que les grands-parents du cinéaste furent déportés lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces amalgames grossiers sont régulièrement utilisés pour discréditer les personnes qui se posent des questions sur la véracité de l’enquête de la Commission officielle.
Bien évidemment, aucune personne sensée ne peut nier l’évidence de ces attentats meurtriers. Tout simplement parce qu’il s’agit de l’évènement le plus filmé de l’histoire de l’humanité, avec plus de 3000 heures de direct, et des dizaines de milliers de films amateurs tournés ce jour-là. Nous avons tous vu les Tours Jumelles frappées par les Boeings puis tomber en poussière. […]

 

Antidémocrates et Antiaméricains

Bien souvent ceux qui posent des questions sur le 11 septembre 2001 sont qualifiés d’antidémocrates et antiaméricains. Malheureusement, c’est faire preuve d’une totale méconnaissance du sujet que d’assimiler à de l’antiaméricanisme primaire ce qui est en fait un débat profond et complexe au sein même de la société américaine. Car 99% du travail de recherche sur la vérité du 11-Septembre est fournie par des milliers de citoyens américains bien plus soucieux de la démocratie que les censeurs du débat sur le 11 septembre 2001.
« Élucubrations louches et insinuantes »

Ce travail de recherche est soutenu par de nombreux experts qualifiés qui se sont regroupés en associations professionnelles dédiées à la recherche de la Vérité et appelant à une nouvelle enquête : ingénieurs du génie civil ou architectespilotes, professeurs d’université, officiers militaires, membres de services de renseignements, leaders politiques, ou encore pompiers et sauveteurs. Ces nombreuses associations américaines produisent des expertises et des travaux qui méritent toute l’attention de la presse. Quant au site patriotsquestion911, il recense  plus de 2500 témoignages (avis, analyses, prises de position) de professionnels qualifiés qui questionnent la thèse officielle du complot.

A moins d’être d’une totale mauvaise foi, il est impossible de qualifier le travail de tous ces citoyens « d’élucubrations louches et insinuantes ». Tous ces patriotes américains sont-ils des dangereux extrémistes ? Si oui, laissons M. Joffrin les « dénoncer »… […]

Journalistes atteints de Complotite aiguë

Ne se refusant aucun paradoxe, Joffrin explique que mettre en doute la version que le gouvernement Bush a donné du 11-Septembre (et qui a été véhiculée quasiment à l’identique par les médias de masse) sert des intérêts machiavéliques et viserait à renverser la démocratie, (« détruire la confiance des citoyens dans leurs propres institutions, accréditer l’idée que les démocraties […] ne sont pas plus fiables ou morales que les dictatures »). De toute évidence, Laurent Joffrin vient de démasquer un immense complot !

Bien sûr, la vérité est bien plus complexe que cet amalgame de raccourcis faciles et calomnieux, car personne aujourd’hui n’est capable d’expliquer réellement ce qui s’est passé lors de ces terribles attentats. Trop de documents ont été soustraits à une Commission d’enquête partiale (dont les conclusions du Rapport avaient été écrites à l’avance) et disposant d’un budget dérisoire (plus de trois fois inférieur à celui de l’enquête sur les aventures extraconjugales du Président Clinton…)

A ce jour, nous pouvons seulement affirmer que la version gouvernementale comporte bien trop de mensonges et d’omissions pour être acceptée telle quelle, et nous sommes en droit de réclamer une nouvelle enquête.Le même Joffrin reconnaissait lui-même, en 2002, de nombreuses zones d’ombres dans les explications gouvernementales.

Il est nécessaire de faire la lumière sur cet événement fondateur d’un XXIe siècle qui a débuté par les guerres en Afghanistan et en Irak, et a donné naissance à de trop nombreuses lois liberticides dans tous les pays démocratiques.

La vérité ne pourra être établie que par une enquête internationale approfondie disposant d’un droit d’accès aux archives américaines, et du pouvoir de citer à comparaitre les acteurs. Cela peut paraître irréaliste et impossible à réaliser au vu des intérêts en jeu. Mais une volonté populaire et politique immense a des chances d’initier enfin une enquête à la hauteur de la gravité des actes commis le 11 septembre 2001, et de leurs conséquences.

Démocrates contre censeurs

Pour conclure nous ne pouvons que conseiller à M. Joffrin de s’informer un peu plus. Car ses propos insultants et diffamants ont pour principaux destinataires les familles de victimes et les nombreux citoyens américains qui réclament une nouvelle enquête depuis plus de cinq ans. Les français qui les soutiennent, soutiennent leur volonté de restauration de la démocratie aux USA comme en Europe.Quand on se fend de deux articles orduriers contre ceux qui émettent des doutes sur la version officielle du 11-Septembre, on peut bien prendre 90 minutes pour faire connaissance avec ses adversaires. Une attitude que pourrait aussi adopter M. Alain Genestar face à une militante de reopen911 sur LCI le 11/9 dernier. Les voici présentés dans l’excellent documentaire « Press For Truth », celles et ceux qui depuis 10 ans remuent ciel et terre pour connaître enfin la vérité sur les attentats qui leur ont enlevé leur fils, leur mari, ou le père de leurs enfants : sans ces Américain(e)s admirables, la Commission d’enquête n’aurait même jamais vu le jour…

Nous laissons M. Laurent Joffrin face à ses responsabilités et face aux familles des victimes à qui nous devons ce débat difficile mais salutaire sur le 11 septembre 2001.

 

–La rédaction de ReOpen911–

Source : Reopen 911, 13-09-2011

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A-t-on le droit de remettre en question le 11-Septembre ?

Source : Le Nouvel Obs, Bruno Fay, 08-09-2011

11-SEPTEMBRE. Malgré l’émotion que provoque un attentat, on aime à trouver des responsables. Pour le 11-Septembre, les circonstances demeurent obscures. Mais impossible d’en débattre : les rares personnes qui ont contesté la version officielle ont été fustigées, jusqu’à être traitées de complotistes, d’anti-israéliens, voire de nazis.

Édité par Amandine Schmitt  Auteur parrainé par Hélène Decommer

Source: http://www.les-crises.fr/2011-pourquoi-les-complotistes-sont-des-ennemis-de-la-democratie-par-laurent-joffrin/


[Silence !] Quand le gouvernement français déportait 2 millions d’Algériens – entrainant la mort de 200 000 personnes…

Monday 23 May 2016 at 00:45

Puisqu’on semble s’intéresser beaucoup au triste sort des Tatars déportés par Staline, il me semble qu’il serait bien de s’intéresser aussi à nos propres déportations, que nous avons faites en Algérie.

Merci au contributeur qui l’a signalé hier en commentaire, car, bien que passionné d’Histoire, je n’en avait tout simplement jamais entendu parler… !!! Et vous ?

Bilan : plus de 2 000 000 de déplacés (10 fois plus que pour les Tatars) :

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Entrainant la mort de 200 000 personnes (au moins le double que pour les Tatars) :

Mon avis est qu’il était mort de faim 200 000 personnes, et en majorité des enfants. […] On est allé jusqu’à 2 millions de regroupés à la fin, ce qui représentait la moitié de la population musulmane rurale de l’Algérie.” [Michel Rocard, Une histoire Algérienne de Ben Salama, 23’36 – voir à la fin]

Une bonne idée de chanson pour l’Eurovision 2017…

P.S. oui, on n’oubliera pas non plus les nombreux crimes du FLN, mais sur ce blog, on s’intéressera comme d’habitude essentiellement aux crimes des gouvernements, et a fortiori du gouvernement français…

P.P.S. : en rappellera aussi que le coupable est bien le “gouvernement”, et non pas “La France”. La plupart des Français n’étaient pour rien dans ce système…

Les “camps de regroupement” de la guerre d’Algérie, par Anne Guérin-Castell

Source : LDH Toulon, Anne Guérin-Castell, 13-08-2012

En 1959, un Rapport sur les camps de regroupement de Michel Rocard révélait les conditions dramatiques du déplacement de masse des populations par l’armée française et son caractère inhumain. Mais il a fallu attendre 2003 pour que ce document soit publié sous le nom de son auteur et accompagné d’un éclairage historique complet.

Afin de briser le silence qui continue à peser sur un aspect de la guerre d’Algérie qui reste aujourd’hui encore l’une des tragédies les moins connues de ce conflit, Anne Guérin-Castell a ouvert une édition participative dans Mediapart, intitulée La vie dans un village algérien pendant la guerre de libération. En voici la déclaration d’intention : « Si, depuis quelques années, on parle plus ouvertement en France de certains aspects peu glorieux des huit années de guerre en Algérie, avec notamment la pratique de la torture, si le sort des habitants des villes est parfois évoqué lorsqu’il est question de la bataille d’Alger ou des actions de l‘OAS, rien n’est dit de ce que fut au quotidien la vie dans les campagnes algériennes : trop souvent un enfer, en particulier dans les camps de regroupement. »

Nous en reprenons ci-dessous le premier texte publié le 28 juin 2012 – il est suivi de plusieurs récits d’Akli Gasmi qui a passé son adolescence dans le camp de regroupement d’Oulkhou où vivait également le jeune Tahar Djaout.

Hiver 1960, non loin de Ben S’Rour (©Albert Devaud)

Hiver 1960, non loin de Ben S’Rour (©Albert Devaud)

Un déshonneur de la République, par Anne Guérin-Castell

Bien que les premiers camps de regroupement aient été organisés dès 1955 dans les Aurès, ce n’est que le 12 mars 1959 que leur existence fut révélée par un article du Monde grâce à une fuite préméditée du rapport rédigé le mois précédent par Michel Rocard [1], alors jeune inspecteur des finances tout juste sorti de l’ENA.

Ce rapport concluait une enquête de plusieurs semaines menée en marge de ses obligations et sans ordre officiel de mission, pour laquelle il avait bénéficié de l’assistance de Jacques Bugnicourt, qui était à l’époque sous-lieutenant de SAS [2]. Dès son arrivée au port d’Alger en septembre 1958, Michel Rocard avait été alerté par son camarade sur ces déplacements de population effectués par l’armée « sans aucune espèce de précaution », si bien que les personnes déplacées perdaient leurs moyens d’existence.

L’article du Monde fut suivi d’autres articles, notamment d’un entretien avec Mgr Rodhain, secrétaire général du Secours catholique, paru le 11 avril dans La Croix et d’une publication partielle du rapport dans France Observateur et Le Monde les 16 et 17 avril, d’un débat à l’Assemblée nationale le 9 juin 1959 et d’une mise en cause de la France à l’ONU le 14 juillet. Mais cela pouvait-il arrêter les partisans de la « guerre révolutionnaire » [3] ? Paul Delouvrier, délégué général du gouvernement en Algérie, avait eu beau prescrire dans une circulaire datée du 31 mars qu’ « aucun regroupement ne pourra être opéré sans son accord », les responsables de l’armée, encouragés par le décret du 17 mars 1956 et l’arrêté du 7 janvier 1957 autorisant le ministre résidant (à l’époque Robert Lacoste) à « instituer des zones où le séjour des personnes est réglementé » et confiant le maintien de l’ordre à l’autorité militaire, continuèrent d’agir à leur guise, si bien que le nombre de camps de regroupement ne cessa d’augmenter jusqu’à l’aube des négociations pour un cessez-le-feu.

Combien de personnes furent-elles ainsi déportées et enfermées dans leur propre pays ? Les estimations varient selon ce qui est retenu de la typologie des divers centres existant en Algérie, tous n’étant pas des camps de regroupement stricto sensu. Dans son rapport, Michel Rocard entre dans le détail des différentes appellations alors en vigueur et tente de distinguer la réalité qu’elles désignent, dans une gradation qui, fonction de la brutalité du traitement subi par la population, va des villages regroupés, c’est-à-dire « des villages nouveaux construits selon les normes de “l’amélioration de l’habitat rural” et occupés par des fellahsqui vivaient auparavant dans des mechtas isolées » jusqu’aux camps de regroupement proprement dits, en passant par les « recasements » et les « resserrements » [4]. Il évalue le nombre de personnes concernées à un million. Selon Charles-Robert Ageron, il y avait 936 centres au 1er janvier 1959. Pour Michel Cornaton [5], dont la thèse, postérieure à l’indépendance, porte précisément sur cette question [6], 1 750 000 personnes ont été enfermées dans des camps de regroupement. Ce qui, en estimant qu’à chaque « regroupé » correspondent un « resserré » et un « recasé », fait un total de 3 250 000 personnes. En ajoutant les prisons, les camps d’internement [7], les centres spéciaux et les assignations à résidence, on arrive à ce résultat accablant : 40 % de la population algérienne, enfants et vieillards compris, a été, d’une manière ou d’une autre, enfermée.

À l’origine, le constat que certaines zones rurales étaient des zones d’insécurité… pour l’armée… entraîna en divers lieux l’expulsion d’une population abandonnée sans logement ni ressources dans un territoire qui lui était étranger. Dès sa nomination dans les Aurès, le général Parlange fit en sorte que ces personnes soient prises en charge par l’armée, d’où la création des premiers camps de regroupement. Mais les zones d’insécurité augmentèrent en nombre et en superficie, devenant bientôt des zones interdites, et beaucoup d’officiers virent dans les camps de regroupement le meilleur moyen d’appliquer leur conception de la guerre révolutionnaire en privant les combattants de l’ALN de l’aide (abri, soins, nourriture) que pouvait leur apporter la population rurale. À partir de 1957, le nombre de camps fut multiplié sans même que soit mise en avant la nécessité de créer une zone interdite.

Si quelques camps photographiés à des fins de propagande donnent l’impression de villages modèles – il faudrait plutôt les appeler « villages de regroupés » –, de nombreux camps de regroupement furent entourés de barbelés, équipés de miradors ou installés près d’un camp militaire qui en possédait, tandis que leurs habitants, souvent privés par cette action de leurs troupeaux de chèvres ou de leurs volailles, durent construire eux-mêmes leurs maisons avec des matériaux de récupération. Les sorties autorisées et dûment surveillées dépendaient du bon vouloir des responsables du camp.

L’impossibilité de maintenir une hygiène minimale et la malnutrition causèrent des ravages. Il y avait chaque jour des morts, notamment parmi les enfants. Le rapport de Michel Rocard insiste particulièrement sur ce point :

« La situation sanitaire est généralement déplorable. Aucune statistique de mortalité n’est évidemment disponible. Toutefois, certaines constatations ont été faites. Dans un village où 900 enfants ont été recensés, il en meurt près d’un par jour (vallée de la Soummam). Un village de l’Ouarsenis rassemble 1100 personnes, dont près de 600 enfants. Il en est mort un (de deux ans) au passage précis de l’enquêteur : l’officier SAS argua que c’était le troisième en quatre jours. »

Quand il en vient à l’examen de la diminution des ressources du fait du regroupement, la situation sanitaire en étant la conséquence directe, Michel Rocard est attentif à l’humiliation que constitue pour un chef de famille le fait d’être mis dans l’incapacité de nourrir les siens : « Atteints dans leurs revenus, les fellahs le sont aussi dans leur dignité ; ils sont placés vis-à-vis du commandement et du chef de SAS dans un état de dépendance totale. » L’assistance alimentaire, de toute manière largement insuffisante, à laquelle ces personnes étaient réduites n’avait rien d’officiel. Elle dépendait « de la bonne volonté d’un fonctionnaire ou d’un officier » et pouvait cesser du jour au lendemain, tout comme l’assistance vestimentaire, sociale ou médicale.

À cette misère générée par les camps de regroupement, il faut ajouter celle des ruraux qui, fuyant la guerre, étaient venus se réfugier en ville et logeaient pour la plupart dans des bidonvilles que les tardives constructions de cités plus ou moins radieuses ne suffisaient pas à résorber. Enfermement de presque la moitié de ses habitants, destruction d’une organisation familiale et d’un tissu social, néantisation d’une économie fondée sur la connaissance du milieu naturel et l’observation des cycles climatiques… Comment ne pas penser que ce déracinement [8] a été lourd de conséquences dans l’Algérie indépendante ?

Anne Guérin-Castell
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Michel Rocard, Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d’Algérie Paris, Mille et une nuits, 2003, 334 p.,16.60 euros. Edition critique établie sous la direction de Vincent Duclert et Pierre Encrevé, avec la collaboration de Claire Andrieu, Gilles Morin et Sylvie Thénault.

Michel Rocard, Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d’Algérie 
Paris, Mille et une nuits, 2003, 334 p.,16.60 euros.
Edition critique établie sous la direction de Vincent Duclert et Pierre Encrevé, avec la collaboration de Claire Andrieu, Gilles Morin et Sylvie Thénault.

Révélations sur les “camps” de la guerre d’Algérie

par Tassadit Yacine,  Le Monde diplomatique, février 2004


Avec la publication de ce rapport s’ouvre le dossier brûlant des “camps” de regroupement de la guerre d’Algérie. Au moment où ce texte paraît dans les journaux, en 1959, en raison d’une fuite, il produit un grand choc. Car c’est la première fois qu’une enquête sur les regroupés voit le jour, et c’est de surcroît le fait d’un membre du Parti socialiste SFIO, de la minorité certes, qui s’appelle Michel Rocard. Ce jeune énarque, ancien militant aux Jeunesses socialistes, ne prend pas de gants lorsqu’il s’agit de rendre compte d’une politique inhumaine à l’encontre de civils, complètement ignorée par l’opinion publique, par les autorités politiques.

Fait d’une politique arbitraire de la seule armée, le regroupement affecte les paysans les plus démunis, et parmi eux des femmes et des enfants sous-alimentés, dont le nombre s’élève à plus d’un million de personnes, puisque les “parqués” sont, par définition, privés de tout moyen de production : “La situation alimentaire est donc préoccupante dans la quasi-totalité des centres de regroupement. Des moyens d’existence doivent être à tout prix fournis à ces populations pour éviter que l’expérience ne se termine en catastrophe.”

Destiné à alerter les responsables politiques sur ce “génocide” qui ne dit pas son nom, ce rapport situe le problème à un niveau autre que celui du conflit armée française/FLN, et pointe la responsabilité de la France face à la question des droits de l’homme jusque-là bafoués, car la répression et la torture sont dénoncées de façon claire. La radicalité politique de ce texte est manifeste, ce qui est alors franchement inattendu à la SFIO, “même dans la minorité”, dans la mesure où Michel Rocard est de ceux qui ont réellement revendiqué l’indépendance de l’Algérie dès 1954.

C’est en sens que l’on peut dire que ce rapport est révolutionnaire, car non seulement il décrit la situation désastreuse d’une population civile déracinée, humiliée (le nombre de ces déshérités s’est élevé jusqu’à deux millions vers la fin de la guerre), mais il attire l’attention des pouvoirs publics et de la communauté internationale sur la menace quotidienne qui pèse surtout sur les enfants, victimes de malnutrition, de manque d’hygiène et de soins : il en mourait plus de 500 par jour.

Modèle de courage politique et d’intégrité, le livre de Michel Rocard est d’un apport essentiel à la connaissance de la guerre d’Algérie telle qu’elle a été vécue par les populations les plus démunies, mais aussi à l’histoire d’une formation politique comme le PS. Rocard nous montre comment ce petit nombre appelé “la minorité” au sein même de la SFIO s’oppose à la politique de son premier secrétaire, devenu, en février 1956, président du conseil des ministres, et qui va, paradoxalement, faire la pire des politiques en embrassant la cause des ultras. On peut, dès lors, comprendre comment une probité intellectuelle et un courage politique sans nuance, qui ont de tout temps caractérisé la pensée et l’action de Rocard, peuvent effacer les meurtrissures des victimes de cette guerre et aider à renouer avec les politiques intègres d’une certaine gauche, vraiment de gauche, pour pasticher Bourdieu. La lecture de ce rapport y a largement contribué.

Tassadit Yacine
Directrice de la revue Awal, cahiers d’études berbères


P.-S.

Cette page initialement publiée le 17 juillet 2004, ne comportait alors que le compte-rendu par Tassadit Yacine du rapport de Michel Rocard. Elle a été reprise et complétée le 13 août 2012.

Notes

[1] Dans un entretien de 2002 publié en même temps que son rapport de 1959 (Rapport sur les camps de regroupements et autres textes sur la guerre d’Algérie, édition critique sous la direction de Vincent Duclert et Pierre Encrevé, Paris, Mille et une nuits, 2003), Michel Rocard revient sur les conditions dans lesquelles il a pu mener son enquête et les circonstances de cette fuite dont il fut à l’époque, à tort, soupçonné d’être l’auteur. Les citations non explicitement référencées de l’article, y compris dans les notes, proviennent de cet ouvrage, le titre de l’article étant directement emprunté à cet entretien (p. 183).

Dès février 1958, El Moudjahid avait dénoncé l’existence de ces camps. Mais peu de Français lisaient ce journal et l’information n’avait eu que de rares et maigres échos.

[2] Créées par Jacques Soustelle en 1955, les SAS (sections administratives spécialisées) étaient placées sous l’autorité du général Parlange. Il y en eut environ 700. Dirigées par un officier, elles avaient pour fonction officielle d’agir auprès de la population rurale sur le plan social, médical et éducatif, jouant ainsi un rôle important dans le volet psychologique de la guerre (la pacification). Cette couverture « humanitaire » était doublée d’une activité plus directement liée à la guerre : le renseignement.

[3] Cette doctrine, venue de l’observation par les officiers de l’armée française des méthodes de leurs adversaires vietnamiens, prend à revers le concept maoïste : puisque le « rebelle » vit dans la population comme un poisson dans l’eau, il suffit de retirer l’eau pour faire mourir le poisson.

[4] Pour Sylvie Thénault : « Le regroupement est un phénomène complexe à appréhender : né d’initiatives militaires locales, il s’est transformé au fil des années, et a échappé à toute enquête officielle, longue et approfondie.

Le choix sémantique consistant à parler de “centre” ou de “village”, en outre, traduit une gêne certaine à utiliser le mot “camp”, qui favoriserait un amalgame abusif avec les camps de concentration nazis. »

[5] Cf. Les camps de regroupement de la guerre d’Algérie, préface de Germaine Tillion, Paris, L’Harmattan, 2008 (première édition, Les Éditions ouvrières, 1967).

[6] Ses recherches en Algérie l’ont mis en présence de documents datant de l’époque de Jacques Soustelle et des années 61 et 62. Elles lui valurent d’être expulsé du jour au lendemain de l’Algérie indépendante (durant l’été 1965).

[7] Voir à ce sujet Sylvie Thénault, Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale, camps, internements, assignations à résidence, Paris, Odile Jacob, 2012.

[8] Cf. Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad, Le déracinement, La crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1964.

Source : LDH Toulon, Anne Guérin-Castell, 13-08-2012

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Issu d’une vidéo Youtube mise en ligne avec le commentaire excessif d’un Algérien, je n’ai pas eu le temps d’en changer le titre – mais la vidéo n’a pas ce ton…

Source : Youtube, 23-06-2007

Source : Youtube, 23-06-2007

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Les camps de regroupement en Algérie

Source : Le Grand Soir, Bernard Gensane, 21-03-2009

Bernard GENSANE

Je voudrais évoquer ici un problème qui n’a jamais suscité un vrai débat de fond en France, ni même en Algérie : les camps de regroupement pendant la guerre coloniale. Je m’aiderai de deux ouvrages : Le Déracinement, publié en 1964 par Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad, et surtout Les Camps de regroupements de la guerre d’Algérie (Éditions ouvrières, préface de Germaine Tillon) de Michel Cornaton, sociologue, psychologue social et soldat, à son corps défendant bien sûr, en Algérie.

Les chiffres, effarants, parlent d’eux-mêmes. Il y eut près de 2000 centres de regroupement et, selon les estimations, entre 1600000 et 2500000 regroupés, soit 15 à 25% de la population, plus d’un rural sur trois. Dans la France d’aujourd’hui, cela signifierait entre 10 et 16 millions de personnes ! Sans parler du million d’Algériens qui se sont réfugiés en Tunisie et au Maroc. Ce regroupement a bouleversé la société rurale algérienne de manière irréversible.

Par delà les justifications moralisatrices et culturelles (la « mission civilisatrice », le « fardeau de l’homme blanc »), en Algérie ou ailleurs, la colonisation, qu’elle ait été de peuplement ou non, c’était bien : « ôte-toi de là que je m’y mette », ce que, dans les années trente, Orwell avait qualifié de ” racket ” . Comme il n’y avait pas de place pour tout le monde sous le beau soleil africain (ou indochinois ou autre), il fut décidé de pousser les indigènes pour prendre leur place, de les obliger à se resserrer, à occuper les cases noires de l’échiquier (les mauvaises terres) pour que les Européens occupent les blanches. En 1860, un officier avait froidement planifié le bouleversement nécessaire : « Nul doute, dans un siècle, l’élément indigène se sera transformé, et le but de la France sera atteint ; ou s’il est resté réfractaire, les transactions aidant, la case blanche aura absorbé la noire. Dans ce cas, aux yeux des nations, comme devant notre conscience, nous aurons agi avec équité, et nous pourrons dire : si l’élément indigène a disparu, c’est qu’il avait à disparaître. »

Michel Cornaton définit le regroupement comme « un déplacement effectué en masse, aboutissant à la création d’un nouveau centre, situé la plupart du temps à proximité de la zone évacuée. » En temps de guerre, de « pacification », le regroupement a, bien sûr, une fonction stratégique : Si le rebelle vit dans la population comme un poisson dans l’eau, on retire l’eau et le poisson meurt. On regroupera pour contrôler la population des mechtas éparses et le fellagha finira par déposer les armes. Dans le déni de son propre réel, la colonisation va se retrancher derrière un principe de précaution, quasiment humanitaire : comme il n’y avait pas de ” guerre ” en Algérie, il fallait libérer la population de la terreur des rebelles, la protéger efficacement, l’administrer, améliorer ses conditions de vie.

A partir de 1959, les regroupements définitifs, construits en dur, deviennent de nouveaux villages. Les populations sont durablement déracinées, la métropole ordonne une politique de terre brûlée.

Les procédés de regroupement sont divers. On installe parfois la population dans des bâtiments réquisitionnés. Dans tel village, 600 femmes et enfants vont se serrer à l’intérieur d’un grenier à un étage, dans des conditions concentrationnaires. Le plus souvent, après une opération militaire, la population est parquée en un endroit que l’on flanque d’un mirador et que l’on entoure de barbelés. Les regroupés couchent sous la tente ou, tout simplement, à la belle étoile. On construit aussi des gourbis en roseaux. Tout se passe, explique Cornaton, « comme si le colonisateur retrouve d’instinct la loi ethnologique qui veut que la réorganisation de l’habitat, projection symbolique des structures les plus fondamentales de la culture, entraîne une transformation généralisée du système culturel. » Lévi-Strauss avait, en son temps, observé que les Bororos s’étaient convertis au christianisme après qu’on eut transformé leur habitat. En 1964, Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad étudient, dans Le Déracinement, la brutalité des déplacements de population et le bouleversement de la pensée paysanne subséquente. Ils forgent le concept de paysans ” dépaysannés ” . Le plus souvent montagnards, les regroupés se sont retrouvés transplantés dans une plaine de piedmont. Le regroupement a accéléré le mouvement de dépaysannisation, là où l’agriculture traditionnelle déclinait, et il a amorcé ce mouvement dans les régions où l’agriculture traditionnelle se maintenait. D’où la tentation, l’obligation de l’émigration, synonyme de fuite de la terre et de l’agriculture alors qu’elle avait été précédemment l’occasion de l’acquisition de nouvelles terres.

Si tous les regroupés ne souffrent pas de la même déchéance matérielle, ils souffrent de la même misère morale. Ils ne peuvent plus se procurer le mouton rituel, ni pour l’enterrement, ni pour les fêtes de famille. Ils ne sont plus maîtres de leur personne, de leur temps. Ils construisent, en toute conscience, avec leurs mains, leur propre prison.

Le regroupement des populations nomades commence dès 1957. Ceux qui s’y opposent peuvent être fusillés et enterrés dans des fosses communes. Alors que le regroupement des agriculteurs sédentaires ne change pas fondamentalement leurs conditions matérielles, le regroupement des nomades les conduit infailliblement à la ruine. On pense qu’ils ont perdu jusqu’à 90% de leurs troupeaux.

Après l’Indépendance, les autorités algériennes nient le problème.
En détruisant la société rurale, le regroupement a détruit les traditions communautaires qui furent dès lors remplacées par le salariat. Pour Bourdieu et Sayad, « en les privant des assurances et des sécurités que leur fournissait l’ordre économique et social d’autrefois, en les abandonnant à l’oisiveté et aux occupations de fortune, en les dépossédant entièrement de la responsabilité de leur propre destin, en les plaçant dans une situation d’assistés, on transforme les paysans en sous-prolétaires qui perdent le souvenir des anciens idéaux d’honneur et de dignité. »

Les regroupements de population ne sont pas un simple épisode de la guerre d’Algérie, même s’il s’est d’abord agi de couper l’ALN et le FLN de ses bases.
Selon Cornaton, le travail de deuil ne s’est jamais accompli, ce qui a fait du pays, pour toutes ces populations, un non-lieu.

Avec ce processus bien souvent inhumain, la France coloniale a fait subir à ce pays une forme de barbarie au nom d’une civilisation ” universaliste ” qu’elle prétendait apporter.

Source : Le Grand Soir, Bernard Gensane, 21-03-2009

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Bonus : Les viols pendant la guerre d’Algérie. Attention scènes choquantes

Source : Youtube, 14-12-2014

Une Histoire algérienne, précédemment cité, avec Michel Rocard :

Des liens pour aller plus loin: 

Source: http://www.les-crises.fr/quand-la-france-deportait-2-millions-d-algeriens/


Salaire des patrons : l’appel des 40 au CAC 40

Monday 23 May 2016 at 00:30

Excellent appel, auquel je m’associe totalement.

Je rappelle la vieille série PDG de 2011 à lire ici, une des premières réalisées sur le blog.

Et pour une fois, cet appel est intelligent, les auteurs n’ont pas cherché à mettre une limite à 20 ou 12 SMIC (c’est comme ça qu’une votation en Suisse a été bêtement perdue).

Le niveau est secondaire. Le 1er combat est de passer de “pas de limite” à “une limite”, même 150 ou 200 SMIC.

Plus c’est haut, mieux c’est, car il y aura de moins en moins d’opposants.

Quand ce sera en place et qu’un aura vu que tout s’est bien passé, on pourra discuter de passer à 90 ou 80, etc.

À mon avis, 1 million d’euros est une bonne limite.

Enfin, rappelons que pour moi, cela s’applique uniquement aux dirigeants salariés des grandes entreprises, pas aux autres professions – avocats, footballeurs, stars, là c’est à l’impôt de corriger.

Source : Libération19/05/2016

Appel des 40

Appel des 40

A l’initiative de «Libération», quarante personnalités demandent au gouvernement de légiférer pour qu’un patron ne perçoive pas plus de 100 Smic.

Parce que nous vivons une période ­inédite dans l’histoire du capitalisme contemporain. Alors que, dans les ­années 60, les rémunérations des PDG ­représentaient 40 fois le salaire moyen ­pratiqué dans les plus grandes entreprises améri­caines, cet écart a explosé pour at­teindre aujourd’hui plus de 200 au sein de ces dernières et 120 dans les sociétés ­françaises.

Parce que le gouvernement a fait en 2013 le pari de l’autorégulation et que celui-ci a échoué. Rien qu’en 2015, la rémunération ­totale des patrons du CAC 40 a augmenté ­entre 5 % et 11 % selon les évaluations, pour atteindre un montant moyen de 4,2 millions d’euros par an, soit 240 Smic.

Parce que le principal argument patronal pour justifier de telles pratiques – celui d’un marché mondial des très hauts dirigeants qui nécessiterait un alignement des salaires par le haut – n’est corroboré par aucune étude économique sérieuse et aucune réalité ­concrète.

Parce que plusieurs institutions internationales, comme l’OCDE et le FMI, s’alarment depuis plusieurs années du poids croissant des inégalités et de leurs conséquences négatives sur le potentiel de croissance de nos économies occidentales.

Parce qu’en se comportant de la sorte, notre élite économique entretient un sentiment de chacun pour soi délétère. Alors que la majorité des Français a dû consentir de gros efforts depuis la crise de 2008, ces pra­tiques patronales remettent en question ­notre pacte de solidarité, nourrissent la ­défiance vis-à-vis de nos institutions et ­alimentent le vote d’extrême droite.

Pour toutes ces ­raisons, nous demandons au gouvernement de légiférer pour que ­désormais, en France, un patron ne puisse pas être rémunéré plus de 100 Smic, soit 1,75 million d’euros par an.

On nous objectera qu’une telle loi est dif­ficile en France, car elle pourrait se heurter à une censure du Conseil constitu­tionnel.

On répondra que le gouvernement peut trouver les moyens de rendre compatible cette ­exigence d’un salaire plafond avec ­notre ­Constitution.

On nous objectera que la France sera alors le seul pays au monde à inscrire dans la loi un tel plafond.

On répondra que ce sera un motif de fierté nationale.

On nous objectera qu’à cause de cette loi, les investisseurs étrangers vont être découragés d’investir en France.

On répondra que ces derniers profiteront d’un vivier de dirigeants «bon marché».

On nous objectera que 100 Smic, c’est bien trop.

On répondra que c’est un début et que si cette loi est votée, elle obligera la quasi-totalité des patrons du CAC 40 (et donc une très grande partie de leur comité exécutif) à baisser leur rémunération d’au moins 58 %.

 Retrouvez et signez la pétition sur change.org

Et vous pouvez aussi interpeller votre parlementaire sur le sujet.

Les 40 premiers signataires:

Christophe Alévêque, humoriste et patron de PME
Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée nationale
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT
Karine Berger, députée PS
Luc Bérille, secrétaire général de l’Unsa
Philippe Besson, écrivain
Jean-Marc Borello, président de Groupe SOS
Christophe Borgel, député PS
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS
Patrick Chamoiseau, écrivain
Daniel Cohn-Bendit, cofondateur d’EE-LV
Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC
Didier Daeninckx, écrivain
Cécile Duflot, députée EE-LV
Irène Frachon, pneumologue
Jean-Paul Fitoussi, économiste
Marcel Gauchet, historien
Raphaël Glucksman, écrivain et réalisateur
Benoît Hamon, député PS
Anne Hidalgo, maire PS de Paris
Nicolas Hulot, militant écologiste
Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France
Pierre Larrouturou, coprésident de Nouvelle donne
Jean Lassalle, député centriste non inscrit
Claude Lévêque, artiste plasticien
Philippe Louis, président de la CFTC
Edouard Martin, eurodéputé PS
William Martinet, Unef
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT
Dominique Méda, sociologue
Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre de l’Economie
Serge Papin, PDG de Systeme U
Thomas Piketty, économiste
Eric Rheinardt, écrivain
Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde
Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point
Jean Rouaud, écrivain
Dominique Rousseau, professeur de droit public
Pierre Rosanvallon, historien
Henri Sterdinyak, cofondateur des économistes Atterrés
Michel Wieviorka, sociologue

 Pour nous écrire à propos de cette pétition ou proposer une contribution sur le sujet, écrivez à appel [at] libe.fr

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LIBERATION

Source : Libération19/05/2016

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Salaires des grands patrons : l’État dispose de leviers d’action pour les limiter

Source : Le Nouvel Obs, Philippe Villemus, 20-05-2016

LE PLUS. Faut-il limiter la rémunération des grands patrons ? Oui, répondent 40 personnalités dans “Libération”. “Nous demandons au gouvernement de légiférer pour que, désormais, un patron ne puisse pas être rémunéré plus de 100 Smic”, écrivent-ils. Une telle limite est-elle pertinente et possible ? Éclairage de Philippe Villemus, auteur de “Le patron, le football et le smicard”.

Édité par Sébastien Billard

Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, au salon de l'auto de Pékin, le 29 avril 2016 (F. DUFOUR/AFP).

Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, au salon de l’auto de Pékin, le 29 avril 2016 (F. DUFOUR/AFP).

La question de la rémunération des grands patrons est récurrente. Et pour cause : depuis le début des années 1990, celles-ci se sont envolées. À tel point que les patrons français sont aujourd’hui sans conteste les mieux payés du monde après les Américains…

Non seulement ces rémunérations ont augmenté à un rythme sans commune mesure avec l’évolution de la rémunération moyenne des Français, mais en plus, la situation s’aggrave encore, les écarts se creusent plus que jamais, et ce en dépit des polémiques.

Une singularité française

En matière de rémunération, il faut savoir qu’il existe bel et bien une singularité française. Si les rémunérations de “nos” patrons sont si élevées, c’est d’abord parce que cette élite est dans notre pays bien plus petite que dans d’autres.

On parle ici d’une élite d’à peu près 200 personnes, dont une bonne moitié est issue des grands corps d’État. Ils ont souvent été dans les mêmes lycées, fait les mêmes prépas, les mêmes écoles, travaillé dans les mêmes cabinets ministériels.

De par la structure du capitalisme à la française, il y a des relations très incestueuses entre ces individus, et une grande porosité entre Bercy et les conseils d’administration des grands groupes français. Conséquence : nos patrons sont des cumulards. Ils cumulent les mandats dans les conseils d’administration, et un système de renvoi d’ascenseur existe.

En France, les grands patrons sont pour la plupart d’anciens hauts fonctionnaires, là où, aux États-Unis, on note plus de concurrence, de diversité, de mouvement.

Le marché mondial des patrons ? Un mythe

Au regard de cette situation, limiter les rémunérations des grands patrons me semble à la fois souhaitable et possible.

Ceux qui refusent toute modération se cachent souvent derrière le mythe d’un marché international des PDG. Si on limite les rémunérations des patrons français, ces dernières iront travailler pour de grands groupes étrangers, disent-ils.

Ceci est pourtant un mythe dénué de toute réalité. C’est une farce inventée par l’establishment français pour justifier de gros salaires. Car à la différence du marché des footballeurs, ou du marché des cadres de haut niveau, il n’existe pas de marché mondial des patrons.

Aucun Français n’est à la tête d’une groupe du Dow Jones, aucun Français n’est à la tête d’un groupe du Nasdaq, aucun Français n’est à la tête d’un groupe du DAX. Tout juste trouve-t-on un demi PDG français au Nikkei si l’on compte Carlos Ghosn chez Nissan. Depuis 1986, date de création du CAC 40, aucun PDG français n’a même été débauché par un groupe étranger à un poste de PDG

Oui, l’État dispose de leviers d’action

L’existence d’un marché mondial des patrons étant une farce, on ne voit pas bien pourquoi l’État ne pourrait pas agir sur ce sujet. Il dispose d’ailleurs de plusieurs leviers pour le faire.

1. Augmenter la fiscalité

Si ce n’est pas à l’État de fixer le niveau des salaires dans des entreprises privées, il peut en revanche agir à travers le niveau d’imposition, en mettant en place une fiscalité dissuasive sur les très hauts salaires. Pourquoi, par exemple, ne pas imaginer un taux d’imposition de 80 ou 90% pour la part des salaires supérieures à 3 ou 5 millions d’euros ?

2. Intervenir dans les conseils d’administration

Dans les entreprises dans lesquelles il possède des participations, l’État peut aussi avoir son mot à dire dans les conseils d’administration et les comités de rémunération.

S’il ne le fait pas aujourd’hui, ou insuffisamment, c’est parce que les liens entre hauts fonctionnaires (et plus particulièrement Bercy) et grands patrons sont très forts en France, comme nous l’avons dit plus haut. Les rémunérations ne sont pas tant fonction de l’utilité ou du talent mais le résultat de l’arbitraire et de la cooptation.

3. Interdire les parachutes dorés

Derrière les rémunérations importantes des patrons français se cache un important “mille-feuille” dont le salaire n’est qu’une partie, parfois même “négligeable”. Parachutes dorés, retraites chapeau, bonus, actions s’ajoutent au salaire proprement dit. Ces dispositifs peuvent être interdits. Leur légitimité est d’autant plus posée qu’ils soulèvent un problème de responsabilité.

Les parachutes dorés, par exemple, ne sont pas autre chose qu’une incitation à l’échec. C’est bien la preuve que rémunération importante va rarement de pair avec responsabilité sociale. De même, les retraites chapeaux devraient être interdites : car pourquoi rémunérer la fonction quand on ne l’occupe plus au-delà des seuils normaux de retraite.

4. Mettre en place des contre-pouvoirs

Enfin, il est urgent de réformer la composition des conseils d’administration. Des administrateurs vraiment indépendants doivent y avoir une place et surtout, une plus grande transparence doit primer. Car le pouvoir absolu dont bénéficie les grands patrons français les a rendu jusqu’à maintenant absolument fous.

Propos recueillis par Sébastien Billard

Source : Libération19/05/2016

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Une raison de plus d’être pour :

salaires

Primo, j’attends de voir si le Conseil Constitutionnel oserait censurer ça, et sur quelle base (La déclaration de 1789 ? Ca aurait bien fait rire Danton ou Marat…).

S’il le fait, le référendum sera la bonne voie.

Il faudra en profiter pour changer la composition du Conseil Constitutionnel, qui prend de plus en plus de décisions politiques, pour qu’il ne soit plus composé que de hauts spécialistes de Droit Constitutionnel.

Secundo, Macron, ce n’est pas le ministre qui voulait plafonner… les dommages et intérêts alloués par les tribunaux en cas de licenciement ABUSIF ? Et qui pense donc qu’on ne peut pas limiter les salaires par la loi mais ne voit aucune anomalie à limiter les réparations accordées par les tribunaux à un montant inférieur au préjudice réellement subi ?

Source: http://www.les-crises.fr/salaire-des-patrons-lappel-des-40-au-cac-40/


11-Septembre : le mystère saoudien, par Alain Frachon

Monday 23 May 2016 at 00:01

Suite de notre analyse de la couverture médiatique des 28 pages, suite à l’émission 60 Minutes du 10 avril 2016.

“Et le 25e jour, Le Monde s’éveilla…” (avec un bon article au demeurant, hélas bien isolé)

Source : Le Monde, Alain Frachon, 05-05-2016

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Le document est mince, 28 pages. Mais il pourrait bientôt déstabiliser l’une des relations les plus stratégiques du Moyen-Orient : l’alliance entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Ces pages reposent quelque part dans un sous-sol du Congrès, à Washington, au fond d’un coffre. On n’en connaît pas précisément le contenu, qui pourrait être rendu public dans quelques semaines. Et alourdir plus encore le climat déjà orageux entre Riyad et Washington.

Vieux ménage, la Maison Blanche et celle des Saoud sont en phase de désamour. Le mariage remonte à février 1945, quand Franklin Roosevelt et le roi Abdel Aziz Al-Saoud nouent une solide union « d’intérêts » : les Etats-Unis garantissent la sécurité du royaume, qui garantit leur approvisionnement pétrolier. Soixante-dix ans plus tard, rien ne va plus.

Par la grâce des schistes bitumineux, les Américains sont moins dépendants que jamais du pétrole du Golfe. Barack Obama adresse de langoureux clins d’œil à l’Iran – la puissance régionale rivale de l’Arabie saoudite. Riyad accuse : les Etats-Unis laissent la République islamique d’Iran étendre son influence sur le Moyen-Orient par l’intermédiaire de ses alliés arabes – régime de Bachar Al-Assad à Damas, Hezbollah libanais, pouvoir chiite à Bagdad, milices houthistes au Yémen.

Gros malaise malgré la venue d’Obama

La maison des Saoud se sent trahie. La dernière visite du président américain, fin avril à Riyad, n’a pas dissipé ce gros malaise. A vrai dire, il remonte à plus loin, bien avant le « traître » Obama. Il faut revenir à ce mercredi 12 septembre 2001, quand, au lendemain des attentats du « 9/11 », Washington annonce cette nouvelle : quinze des dix-neuf terroristes sont des Saoudiens. L’affaire des vingt-huit pages commence.

Peu après l’attaque la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol des Etats-Unis (près de 3 000 morts), le Congrès forme une commission d’enquête. Elle est chargée d’établir les responsabilités, intérieures et extérieures. Son rapport – 838 pages – est rendu public en juillet 2004. La commission confirme la « signature » d’Al-Qaida : l’organisation de Ben Laden, alors hébergée dans l’Afghanistan des talibans, est bien le maître d’œuvre des attentats. La commission absout l’Iran et l’Irak de toute responsabilité.
Mais l’Arabie saoudite ? Après tout, les quinze Saoudiens ont été biberonnés à la version saoudienne de l’islam. Dès la petite enfance, ils ont été nourris au wahhabisme : une école de haine de toutes les autres religions. Y a-t-il une responsabilité de Ryad ? La commission a conclu qu’il n’y avait « aucune preuve que le gouvernement saoudien, en tant qu’institution, ou que des responsables saoudiens de haut niveau, en tant qu’individus », aient financé ou appuyé l’attaque du 11 septembre 2001.
Soit. Et qu’en est-il d’une éventuelle responsabilité saoudienne de « bas niveau » ? On ne le saura pas. A la demande du président Bush, les 28 pages suivantes ont été censurées. Mais, aujourd’hui plus que jamais, les familles des victimes réclament la publication de ce chapitre. De son côté, le Congrès prépare une loi autorisant un citoyen américain à poursuivre en justice un gouvernement étranger. Fureur de Riyad, qui prend tout ça très mal. Prudent, Obama vient de faire savoir qu’il mettrait son veto à ce texte.
Un diplomate saoudien impliqué
Le 10 avril, l’émission phare de la chaîne CBS, « 60 minutes », a interrogé d’anciens membres de la commission d’enquête du Congrès qui, tous, bien sûr, connaissent le contenu des 28 pages. Ancien sénateur de Floride, Bob Graham était le vice-président de la commission. Il répond à Steve Kroft, l’un des journalistes de l’émission :
« Je pense qu’il est impensable de croire que dix-neuf personnes, qui pour la plupart ne parlaient pas anglais, n’avaient jamais été aux Etats-Unis avant et qui, pour beaucoup, n’avaient pas un niveau d’éducation élevé, ont pu mener une opération aussi compliquée [que les attaques du 11 septembre] sans disposer d’un minimum de soutien logistique aux Etats-Unis.
– Un soutien d’origine saoudienne ?
– Pour l’essentiel.
– Vous voulez dire des officiels, des gens riches, des fondations en Arabe saoudite ?
– Tout ça à la fois. »
A l’antenne, les autres témoignages recueillis par CBS vont dans le même sens. Tous pointent la possible implication d’un diplomate saoudien de bas niveau en poste à Los Angeles. Il aurait aidé les deux premiers terroristes arrivés aux Etats-Unis – Nawaf Al-Hazmi et Khalid Al-Mihdhar, des Saoudiens ne parlant qu’arabe, qui débarquent en Californie en janvier 2000. Il les aurait mis en contact avec d’autres Saoudiens – membres d’une cellule dormante d’Al-Qaida ? – qui leur procurèrent un logement dans la région de San Diego et les inscrivirent à des cours de pilotage (décollage seulement).
La fuite de la famille royale
L’émission « 60 minutes » corrobore une longue enquête publiée en août 2011 par le magazine Vanity Fair. Bob Graham y déclarait déjà sa conviction : « 9/11 n’a pas pu se produire sans l’existence d’une infrastructure de soutien préexistante aux Etats-Unis. » La non-publication des 28 pages aurait été décidée pour protéger la relation américano-saoudienne. Dans les jours qui ont suivi le 11-septembre, quelque 75 membres de la famille royale d’Arabie saoudite (et une vingtaine de membres de la famille Ben Laden) ont quitté les Etats-Unis.
Aujourd’hui, nombre d’élus réclament la déclassification des 28 pages. Certains officiels saoudiens ont dit qu’ils y seraient aussi favorables. Le président Obama ne serait pas contre. Il semble prêt à suivre l’avis du Congrès et celui des chefs des agences de renseignement. Ceux-là sont toujours réticents. Ils étudient la question. Ils ont promis une réponse pour juin. Le mystère des 28 pages pourrait être bientôt levé.
Alain Frachon
Journaliste au Monde

Source : Le Monde, Alain Frachon, 05-05-2016

Source: http://www.les-crises.fr/11-septembre-le-mystere-saoudien-par-alain-frachon/