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Revue de presse internationale du 08/03/2015

Sunday 8 March 2015 at 05:23

Cette semaine côté international, la Chine s’impose sur tous les tableaux, une banque tombe en Europe où la démocratie n’est pas au mieux, l’économie du reste non plus – comme un peu partout dans le monde, par contre côté guerres, il y a de quoi faire… Heureusement, on s’intéresse aussi aux chimpanzés. Bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-08-03-2015/


[Propagande] Nemtsov : Mélenchon n’accuse pas Poutine, alors branle-bas de combat dans les médias !

Sunday 8 March 2015 at 03:24

Histoire très intéressante dans notre analyse critique des médias.

Ceci étant je n’apporte pas un soutien inconditionnel à Mélenchon, en raison de l’outrance du propos (ceci étant, je confirme que, quand on est plongé à fond là-dedans, on finit par bouillir devant tant de bêtise et de manipulation). Sur l’international, je suis souvent en phase avec le fond de son propos, MAIS diable, il y a tant à faire pour combattre la propagande, ALORS il convient de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler pour trouver les propos justes, qui poseront des difficultés aux médias pour les critiquer ! Inutile donc de leur servir la critique sur un plateau, tombant ainsi dans le piège des médias, comme celui-ci… N’oublions pas par exemple que Nemtsov était un des rares à n’avoir pas fait fortune à son poste…

 

D’abord, la réaction de Mélenchon au meurtre de Nemtsov

Poutine a-t-il tué le cacique eltsinien Boris Nemtsov ?

Le malheureux a été assassiné Place Rouge devant le Kremlin, la veille de la manifestation à laquelle il avait appelé en compagnie d’une autre grande figure de l’opposition, le raciste et antisémite Alexey Navalny. Des flots d’encens sont aussitôt montés vers le ciel, votivement offerts par tous les médias « éthiques et indépendants ». Le premier d’entre eux, « Le Monde », a pieusement recopié, sans nuance ni recul, la notice de l’ambassade des États-Unis. Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie, de l’Occident et ainsi de suite. Qualité à laquelle n’accédera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque semaine sa ration des mille coups de fouets qu’il doit endurer sans bénéficier de l’indignation mondialement bruyante d’Obama, de François Hollande, et les autres. Ni, bien sûr, « Le Monde », ni l’ignoble Plantu, titulaire du prix de 10 000 euros « pour la liberté de la presse » que lui ont attribué les riant fouetteurs du Qatar. Sans vergogne, « Le Monde » écrit : « Boris Nemtsov, qui avait 55 ans, n’était pas un héritier du soviétisme. C’était un authentique démocrate, un homme qui croyait en l’universalité des valeurs de liberté et de pluralisme ». Quel besoin d’en rajouter à ce point ? Ne suffit-il que cet homme ait été assassiné pour déplorer sa mort ? Non, bien sûr ! L’apologie de Nemtsov, illustrissime inconnu avant son meurtre, fonctionne comme un piège à naïf pour créer une ambiance de « Sadamisation » contre Poutine. « A-t-on encore le droit de s’opposer en Russie » me demande une journaliste qui ne connait rien ni à cette affaire ni à aucune autre concernant la Russie contemporaine. On devine le sous-entendu. Ce Nemtsov aurait été assassiné par Poutine. Sans le début d’une preuve, l’accusation est instillée. Ces gens-là n’ont aucune subtilité. Et leurs enquêtes sont rondement menées depuis le bar de la rédaction.

Voyons : un opposant est assassiné, Place Rouge. Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la place rouge ! « Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué ! » Hurrah ! Quelle perspicacité ! On ne la fait pas à un journaliste libre d’être d’accord avec l’ambassade des USA ! Que Poutine veuille rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble, qu’il le tue devant sa porte, la veille de la manifestation d’opposants à laquelle celui-ci appelait, ne leur parait pas d’une insigne stupidité. Ni contradictoire avec l’intelligence machiavélique qu’ils prêtent à Poutine le reste du temps. Non. Pourtant, après ce mort et sa malheureuse famille, la première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. Car il a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse « libre, éthique et indépendante » du monde entier, dénonciatrice ardente sur ordre des armes de destruction massive de Saddam Hussein, de l’Iran et de tous les autres articles de propagande pré-machée des USA.

Voyons donc la biographie de cet émouvant « authentique démocrate ». Commençons par ses fréquentations les plus récentes dans le cadre de son amour pour les valeurs sans rapport avec « le soviétisme » ! Il appelait à une manifestation le 1er mars contre le gouvernement russe, ce qui est bien son droit. La manifestation a eu lieu et a été traitée moins durement que la manifestation à Sivens le jour ou Remi Fraisse s’y trouvait. Pour convoquer cette manifestation, l’ami de la liberté a joint sa signature à celle d’un autre ami du « Monde », le raciste Alexey Navalny, leader libéral-xénophobe ultra violent. Navalny a créé en 2006, avec des néonazis russes, le mouvement nationaliste des « Marches Russes ». Il est l’inventeur des slogans qui ont entraîné de nombreuses violences contre des immigrés : « la Russie aux Russes », « Arrêtons de nourrir le Caucase ! »« nettoyer la Russie ». Dans une vidéo en marge de ces marches, il qualifiait de « cafards » les habitants du Caucase : « si l’on peut tuer les cafards avec une chaussure, quand il s’agit d’êtres humains, je recommande d’utiliser une arme à feu ». Voilà pour l’ami de « l’authentique démocrate ». Et aussi pour les organisateurs de la manifestation encensée par « le Monde ». Risible dans la fabrication d’une information de convenance, le journal a aussi voulu faire croire qu’elle était organisée en réplique au meurtre. En fait, elle se préparait depuis des semaines sur les thèmes racistes habituels de ces personnages nauséabonds.

Voyons à présent le cas de Boris Nemtsov, « l’ami des libertés », « sans rapport avec le soviétisme » ? En effet, il s’agit d’un voyou politique ordinaire de la période la plus sombre du toujours titubant Boris Eltsine. Ce Nemtsov est le principal artisan des privatisations de la période 1991-1993 qui furent en fait un véritable pillage. L’homme « sans rapport avec le soviétisme » était alors nommé par Eltsine, gouverneur de Nijni-Novgorod. Il se rendit odieux à grande échelle comme ministre de l’énergie d’Eltsine. Ce sont les privatisations décidées et organisées par lui, Nemtsov, qui ont créé l’oligarchie kleptocratique russe, fléau dont ce pays met un temps fou à se débarrasser. En effet, chaque oligarque, généreux donateur, est défendu bec et ongle par la propagande des agences de l’OTAN comme des « amis de la liberté », de « l’économie de marché » et autre habillages rhétoriques de la caste dans le monde entier. D’ailleurs, l’entourage de « l’authentique démocrate» Nemtsov, a fourni un riche contingent de condamnés pour diverses malversations dans les privatisations organisé par l’homme qui « n’avait rien à voir avec le soviétisme ».

Libéral fanatique, ce grand esprit avait été félicité à l’époque par Margaret Thatcher lors d’une visite en Russie. Vice-premier ministre chargé de l’économie en 1997-1998, sa gestion servile à l’égard des injonctions du FMI provoqua le crash russe. Ce fut la plus terrible humiliation de la nation russe depuis l’annexion de l’ancien glacis de l’est dans l’OTAN. Voilà le bilan de monsieur Nemtsov. Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais cela devrait nous épargner d’être invités à l’admirer comme le propose grotesquement « le Monde ». Si nous avions une presse indépendante des États-Unis et du conformisme de la dictamolle libérale, personne ne s’aviserait de nous le proposer.

Qui a bien pu tuer Nemtsov ? Naturellement nous n’en savons rien. Si l’on exclut le crime passionnel, et que l’on reste à la politique, on peut diriger l’enquête et les soupçons du côté où il avait le plus d’ennemis. A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine : cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui, au Kremlin. Boris Nemtsov n’était pas une menace pour Poutine compte tenu de sa marginalisation intérieure. En Russie, les amis de l’Ukraine actuelle qui manifestent avec le drapeau de l’ennemi sont très mal vus. Surtout que pour Nemtsov, son soutien à l’Ukraine ultra-nationaliste a commencé en 2004, quand il était déjà conseiller économique du président Ioutchenko, ami d’hier du journal « Le Monde » et ennemi d’aujourd’hui, héros de la dite « révolution » orange. Il est certain que la popularité de Boris Nemtsov n’a pas grandi en Russie du fait son opposition au vote des citoyens de Crimée pour le rattachement à leur patrie russe. Il préférait une Crimée enchainée à l’Ukraine dont les habitants étaient interdits de parler leur langue par ordre des hurluberlus violents de Kiev. L’homme qui n’avait « rien à voir avec le soviétisme » était pourtant dans cette circonstance le défenseur d’une décision personnelle de Nikita Kroutchev, alors tout puissant secrétaire général du Parti Communiste de l’Union soviétique, qui décida, un soir de beuverie dit-on, de rattacher la Crimée à l’Ukraine pour afficher la force de l’attachement de l’Ukraine à la Russie. Un peu comme si un président français décidait de rattacher l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne pour montrer la force du couple franco-allemand ! Car la Crimée est russe depuis toujours, comme l’Alsace et la Lorraine sont françaises, comme l’ont prouvé les millions de morts français tués pour la libérer de l’occupation allemande. Notons, quoiqu’on en pense, qu’un Russe qui se prononce pour Kiev et pour l’intervention de « l’Occident » en Ukraine est un courageux minoritaire parmi les Russes qui vivent mal la présence de nazis au gouvernement de Kiev, l’interdiction de parler russe dans les terres russophones et s’émeuvent des quatre mille civils russophones tués dans le Donbass et du crime sadique contre les quarante syndicalistes brulés vifs ! Sachant cela, je pense que même le plus anti-Poutine et ennemi des Russes peut alors voir sous un autre œil la situation.

Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste. Dès lors « l’authentique démocrate», multi pensionné des officines et succursales de la bien-pensance européenne et nord-américaine, ami public du gouvernement ultra anti-russe de Kiev, en pointe dans le rôle de tireur dans le dos de son pays, pourrait avoir été pour eux une cible pleine de sens. Pour ceux-là d’ailleurs, la politique de Poutine est trop équilibrée. Eux sont partisans de la confrontation directe avec l’Ukraine et les USA. C’est eux que le parti américain d’Ukraine veut encourager en les poussant à bout. Le débarquement des troupes américaines fonctionne dans ce sens. Car soyons clairs : si l’armée russe entrait en Ukraine à la suite des provocateurs nord-américaine, les forces qui tenteraient de s’y opposer seraient balayées en moins d’une semaine, parachutistes américains ou pas. 600 Américains ne sont pas davantage invincibles que des milliers d’entre eux. Ce qu’ont montré toutes les guerres perdues par les armadas nord-américaines, à Cuba, au Vietnam, en Somalie, en Afghanistan, en Irak. Les USA savent organiser des complots, des assassinats politiques, acheter des journalistes et des agents d’influence dans tous les pays. Mais militairement, ils ne peuvent vaincre que dans l’ile de la Grenade des gens désarmés, à Panama le chef des trafiquants de drogue, et d’une façon générale des gens incapables de se défendre.

Il est important de se souvenir que la Russie est une très grande puissance militaire, dont le peuple en arme, que n’intimideront pas les bandes de pauvres diables chicanos de l’armée des USA. En tous cas ces 600 parachutistes-là ne peuvent compenser le caractère pitoyable des bandes armées ukrainiennes qui viennent d’être défaites dans l’est du pays en dépit de la sauvagerie de leurs actions. Tout repose donc à présent sur le sang froid de Vladimir Poutine et des dirigeants russes. Pas de guerre ! La patience, l’écroulement de l’économie ukrainienne, la désagrégation de ce pays qui a tant de mal à en être un, tout vient à point a qui sait attendre. La guerre est le pire qui puisse arriver à tout le monde en Europe et dans le monde. La guerre au milieu de sept centrales nucléaires dont la deuxième du monde, devant le sarcophage de Tchernobyl, la guerre serait un désastre dont l’Europe ne se relèverait pas avant des décennies. Les USA doivent rentrer chez eux et laisser les habitants de ce continent régler leurs problèmes.

Source : Jean-Luc Mélenchon, le 4 mars 2015.


Et maintenant, Médias, chargez !

Jean-Luc Mélenchon joue à saute-cadavre, Fabrice Arfi et Antoine Perraud, pour Mediapart

Jean-Luc Mélenchon dédaigne l’assassinat de Boris Nemtsov et apporte son soutien à Vladimir Poutine. Sa fascination pour la force, l’efficacité, l’occupation musclée du pouvoir, l’éloigne de la conscience démocratique, réduite au rang d’une nocivité yankee. Halte-là !


Au nom du respect qu’inspirent les morts, L’Humanité, en 1922, lança une campagne contre Raymond Poincaré, flétri pour donner l’image de « l’homme qui rit » dans les cimetières.

Quatre-vingt-treize ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon, faisant peu de cas – sinon fi – du trépas de Boris Nemtsov, cet opposant assassiné à Moscou le 27 février, se pose en homme qui ricane après le meurtre. Aux antipodes de l’empathie aragonienne – « déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri » –, le guide du Front de gauche crache sur un cadavre dédaignable : à devoir forcément périr, Nemtsov n’est logiquement plus.

Dans un billet de blog mis en ligne le 4 mars, et du reste truffé d’erreurs factuelles, M. Mélenchon exécute la victime, « cacique eltsinien », « voyou politique ordinaire ». La phrase clef du politicien français gît au milieu de son texte : « Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais [...]. »

M. Mélenchon ne salue pas celui qui devait mourir, en vertu d’une approche fulminante : Boris Nemtsov était un fourrier du libéralisme soutenu par les Yankees, pleuré par la presse bourgeoise occidentale ; sa mort embarrasse en premier lieu Vladimir Poutine. S’émouvoir de son exécution, c’est donc désavantager Moscou en se faisant l’allié objectif de Washington. Voilà comment une vision fanatique, des œillères dogmatiques, des réflexes pavloviens, privent M. Mélenchon de toute morale, éthique et politique.

L’opposant russe liquidé fait figure d’instrument, manipulable à merci, en fonction d’une appréhension du monde l’emportant sur tout ce qui pense ou respire. Chaque événement, chaque parole, chaque personne et chaque dépouille doit s’inscrire dans une perspective, une représentation, un simulacre, une mise en scène du réel. Trois mille six cents fois par heure, la conscience de classe chuchote au militant post-stalinien : sois comptable d’une vérité toujours capable de résister aux trémolos émollients de la bourgeoisie.

Ainsi fonctionne Jean-Luc Mélenchon. Il peut, il doit partir en croisade. Renverser la vapeur impérialiste : la suppression de Boris Nemtsov n’a fait que « rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble ». Du coup, « à qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine ». Donc : « La première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. »

La virevolte est stupéfiante ! La mise en récit mélange tout, dans une dramaturgie où chacun est assigné à résidence partisane : la presse bourgeoise et atlantiste, l’Amérique dominant son monde, les racistes, les nazis et les oligarques infestant la Russie, dont ce pays, malgré le vaillant et incorruptible Poutine, « met un temps fou à se débarrasser ». En un tel tableau, les restes de Boris Nemtsov n’ont pas droit à une sépulture aux yeux de Créon-Mélenchon. Il faut exhiber ce macchabée tel un vil témoignage du désordre ancien appelé à disparaître, grâce à la poigne éminente du Kremlin.

Nous retrouvons ce culte voué aux grands hommes (Mitterrand, Dassault, Chavez…) chez Jean-Luc Mélenchon. Il ne demande qu’à être subjugué, parfois, pour lui-même dompter, toujours. Là réside, chez un chef, le vice de forme antidémocratique, nuisible aux libertés publiques. En notre Ve République, son accès au pouvoir serait le pendant, à gauche, de ce que fut, à droite, l’expérience sarkozyste : la rencontre d’un ego effréné avec des institutions pousse-au-crime.

La gauche autoritaire se satisfait de toute tuerie. La gauche autoritaire laisse aux belles âmes le soin de s’émouvoir. La gauche autoritaire interprète le monde là où s’apitoient les idiots inutiles. La gauche autoritaire contemple les omelettes toujours à venir, plutôt que de déplorer les œufs cassés. La gauche autoritaire sait, tandis que la piétaille ne fait que ressentir.

Cette fascination pour la force guidant le peuple pousse Jean-Luc Mélenchon dans les bras de Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin rêve de crier à la face du monde, en 2017 – centenaire de la révolution bolchévique : « J’ai refait la Russie ! » Poutine tire autant qu’il peut sur la corde nationale-populiste. Il aimante toutes les droites extrêmes d’une Europe dont il dénonce la décadence et les faiblesses. Il charme les conservateurs de tout poil, réactionnaires, homophobes, islamophobes (ici, notre débat « Vladimir Poutine, âme slave et idée russe »). Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir une gauche déboussolée, exaspérée, soudain devenue disponible pour escorter le pire, qui lui donne le sentiment illusoire d’être vengée…

Nous ne pouvons nous résoudre à un tel prurit politique tenant lieu de doctrine, de croyance et d’espoir. L’esprit public, surtout en période de crise systémique, doit refuser l’aveuglement moutonnier. Ou l’obéissance sidérée face aux sauveurs suprêmes (auto)proclamés. La dépouille de Bori Nemtsov enjoint de refuser ce qu’attend de nous M. Mélenchon : obéir comme un cadavre (perinde ac cadaver).

Source : Fabrice Arfi et Antoine Perraud, pour Mediapart, le 5 mars 2015.

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Quand Mélenchon enfile les habits de détective privé au service de Poutine

Le chef de la gauche de la gauche est devenu un ardent supporter, une groupie, du maître du Kremlin. Ses récentes déclarations en sont l’étonnante preuve. Et les mots restent les mots.

S’il fallait s’exprimer en langage “jeunes”, nous dirions en toute simplicité que, parfois, Jean-Luc Mélenchon délire grave. Mais ce serait trop sympathique à l’égard du chef de la gauche de la gauche. Quand il part en vrille, Mélenchon raconte – vraiment – n’importe quoi. Ainsi est-il devenu un ardent supporter, une groupie, un fan décervelé de Vladimir Poutine. Il n’est d’ailleurs pas forcément isolé dans cette posture un tantinet débilitante. On peut fort bien adopter une position prudente dans la crise ukrainienne sans pour autant se prosterner au pied du Maître du Maître du Kremlin ainsi que le fait Mélenchon. On peut entendre, et discuter, les revendications, quelquefois légitimes, des Russes sans tenir envers Poutine le même langage enamourée que Marine Le Pen ! Jean-Luc Mélenchon, nous le savons fort bien, ne nous pardonnera pas avant longtemps cette dernière remarque, mais les mots restent les mots ; les stupidités et les bassesses, qu’elles viennent du Front National ou du Front de Gauche, demeurent à jamais des stupidités et des bassesses.

Commentant l’assassinat la semaine dernière de Boris Nemtsov, l’un des principaux opposants à Poutine, Mélenchon estime inutile d’ériger la moindre compassion envers la victime, sa famille ou ses amis politiques. À l’inverse, il le traite comme un chien, un adversaire à déchiqueter, une vipère lubrique dans la vieille tradition stalinienne à laquelle, dans notre esprit bienveillant, Mélenchon avait toujours su échapper. Eh bien, pas du tout : “Monsieur Nemtsov a été repeint en extrême ami de la liberté”. Or, selon Mélenchon, l’opposant liquidé ne serait qu’un “voyou politique ordinaire” ! Et pourquoi cette haine déclarée ?

D’abord, ce Nemtsov se serait allié au “raciste Alexey Navalny, leader libéral xénophobe ultra-violent”. Admettons. Mais en quoi cela pourrait-il justifier le meurtre ? Il y a pire, car Mélenchon fait preuve d’une abyssale mauvaise foi. Il sait pertinemment que l’extrême droite nationaliste russe est à la botte de Poutine ; il sait aussi que des groupes néonazis soutiennent sans même se dissimuler le pouvoir russe, prêts à tous les mauvais coups, à toutes les ratonnades au moindre signal du Kremlin. Comment ose-t-il, Mélenchon, passer sous silence cette si peu reluisante réalité ?

Poutine bénéficiaire des privatisations sous Eltsine

Ensuite il abhorre Boris Nemtsov parce que, sous le règne de Boris Eltsine, il aurait participé aux “privatisations qui furent en fait un véritable pillage”. La remarque de Mélenchon est fondée… À condition de préciser que Poutine et son entourage furent et sont aujourd’hui encore les principaux bénéficiaires de ces privatisations de tous les vols. À condition de rappeler que, selon les meilleurs spécialistes de l’opacité financière internationale, Vladimir Poutine compterait parmi les hommes les plus riches de la planète dissimulé derrière d’innombrables prête-noms. Il se mure dans le silence. Étrange et troublant à en devenir soupçonneux.

Plus surprenant encore, Jean-Luc Mélenchon ne se contente pas d’agonirBoris Nemtsov. Il se déguise en détective privé au service de Vladimir Poutine. Il veut à tout prix prouver l’innocence de son nouvel ami politique dans la liquidation de l’opposant russe. Du Mélenchon dans le texte, à lire au premier degré, en évitant de se poser toute question superflue : “Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la Place Rouge ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué (…). La première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine”.

A qui profite le crime?

Crétins politiques que nous sommes, qui croyions avec tant de naïveté que la victime se nommait Nemtsov et, qu’au passage, la démocratie en avait pris un sacré coup en Russie. Pas du tout et Mélenchon d’en rajouter : “A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine. Cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui au Kremlin”. Prenons garde : l’un des principaux leaders politiques français profère de pareilles inepties sans que personne n’estime utile de réagir. Mélenchon est-il à ce point décrédibilisé ? Ou les Français se moquent-ils éperdument des stupidités qu’il peut parfois énoncer ?

Nous n’aurions pas pu en finir avec ces énormités si Jean-Luc Mélenchon, en un retournement dialectique qui lui est coutumier, ne s’en était pris à la presse internationale complice de “la propagande prémâchée des Etats-Unis”. On en vient au complot, la dernière pièce du puzzle. “Poutine, clame Mélenchon, a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse ‘libre, éthique et indépendante’”. Savourons ces guillemets qui veulent signifier une presse au service de l’impérialisme yankee. Il est indispensable d’en rajouter une dernière, la pire d’ailleurs, contre les journalistes qui s’escriment “à créer une ambiance de ‘sadamisation’ contre Poutine”. Saddam Hussein, oui, le dictateur irakien…

Il aurait bu, Mélenchon ? Fumé ? Il serait surmené ? Sinon, s’il reste lucide, il faut s’inquiéter, pour de bon.

Source : Maurice Szafran, pour Challenges, le 5 mars 2015.

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L’édito politique de Thomas Legrand sur France Inter, vendredi 6 mars

- Patrick Cohen : Thomas Legrand, vous avez donc lu le blog de JL Mélenchon ; et sa dernière note est consacrée à l’assassinat, en Russie, de Boris Nemtsov.
- Thomas Legrand : Oui et je dois dire qu’on est abasourdi par la lecture de ce texte qui reprend grossièrement la rhétorique poutinienne.

Boris Nemtsov n’était pas la tasse de thé de Mélenchon, soit. Après tout, son passé de privatisateur à l’époque où une clique ( ?) d’hommes d’affaires se partageaient l’industrie russe en prévaricateurs ne plaide pas non + pour sa béatification mais de l’avis des démocrates russes qui luttent aujourd’hui pour une Russie plus libre – autant les écouter eux – eh bien l’homme avait changé, il était respecté et ne méritait certainement pas, juste après son assassinat, d’être traité de voyou politique ordinaire par un leader d’opposition d’un pays libre qui ne risque rien.

On aurait pu imaginer que le patron du Front de Gauche renvoie dos à dos la perspective d’une Russie ultra libérale et la Russie ultra religieuse et ethniciste de Poutine… Non, il ne semble pas choisir entre la peste et le choléra mais entre la peste bubonique libérale et un petit rhume d’extrême-droite nationaliste et liberticide de la Russie de Poutine.

D’où vient ce déséquilibre ? Soyons gentils, essayons de lui trouver une excuse : Mélenchon a une admiration romantique et sans bornes pour la gauche sud-américaine qu’il connait parfaitement. Cette gauche déteste les États-Unis – il faut dire qu’il y a de quoi : Washington a longtemps soutenu ou créé des dictatures d’extrême-droite, de Santiago à Buenos Aires. L’anti américanisme sud-américain de JL Mélenchon le rend visiblement aveugle sur la Russie.

- Patrick Cohen :  Jean-Luc Mélenchon s’en prend aussi à la presse…

-Thomas Legrand : Oui et avec quelle violence ! Voici ce qu’il dit de nos confrères du Monde par ex – mais on est tous dans le même sac : « Le Monde a pieusement recopié sans nuances ni recul la notice de l’ambassade des Etats-Unis… Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie et de l’Occident, qualité à laquelle n’accèdera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque jour, chaque semaine, sa ration de 1000 coups de fouet… » (comme si la presse avait passé sous silence le martyre de Raif Badaoui !).

Poutine ne serait par ailleurs qu’une pauvre victime – je cite encore : « Poutine a été trainé dans la boue par toute la presse libre, éthique et indépendante » (ça c’est entre guillemets), presse dénonciatrice ardente, sur ordre des armes de  destruction massive de Saddam Hussein et de tout autre article de propagande pré-mâché des USA », fin de citation. La presse aurait donc gobé en 2003 l’ histoire des armes de destruction massive selon Mélenchon… C’est évidemment faux pour les Français ;

AH BON ????????? Et les BHL & co à l’époque ????

Mais c’est un mauvais exemple, puisque le pouvoir avait cette position – à al colère d’une partie des éditocrates américanophiles. Or la presse suit très souvent le pouvoir, pas les États-Unis. Le jeu de ces dernier sets donc d’avoir un pouvoir soumis en France – et là, mission accomplished !

la presse américaine en effet, très largement, mais celle-ci a fini par le reconnaître et a multiplié les enquêtes pour démonter les mensonges d’Etat de Bush.

Ah, donc tout va bien – même si ça se reproduit dans 100 % des conflits.

Si je faisais ma Fourest :)  je dirais “bah alors, Hitler, il demande pardon, et zou, plus de problèmes ?” ?

La presse russe n’aura certainement pas la liberté de faire de même sur les mensonges de Poutine en Ukraine.

Ça c’est du journalisme !

Mais, ce qui est grave dans cette attitude, c’est qu’à force de répandre l’idée que nous serions tous, nous journalistes, des petits soldats du grand manipulateur américain, JL Mélenchon alimente un phénomène déjà très inquiétant : la théorie du complot et les conspirationnistes.

Genre le complot du méchant Poutine qui menace le monde – mais désolé on n’a pas de preuve, allez sur les réseaux sociaux”…?

Ils sont plusieurs responsables au Front de Gauche à  ne pas partager ses emportements et ses dérives ;  il serait assez sain pour ce mouvement et pour le débat public en général  que ceux-ci aient enfin le courage de le lui dire et de le lui faire savoir un peu plus clairement.

Compris au FdG, on ARRÊTE d’accuser les journalistes !!!!!!!!!!!!!!!

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[Libération] Autain à Mélenchon : «Ne soyons pas naïfs sur Poutine»

RACHID LAÏRECHE 6 MARS 2015 À 16:50
Clémentine Autain, figure du Front de gauche, prend ses distances avec les écrits de Jean-Luc Mélenchon à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie. 

Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, une des composantes du Front de Gauche, s’est désolidarisée vendredi matin des écrits de Jean-Luc Mélenchon sur son blog à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie. Sur son blog, Mélenchon avait notamment fustigé ceux qui attribuaient la mort de l’opposant à Poutine «sans le début d’une preuve».


Pourquoi ce tweet ?

Aujourd’hui la parole du Front de gauche est associée à Jean-Luc Mélenchon parce qu’il a été notre candidat lors de la présidentielle. Or, sur ce sujet, des désaccords existent. Moi, je ne sais pas qui a tué Nemtsov. Il n’est pas certain que Vladimir Poutine soit impliqué dans cet assassinat, même s’il s’agissait de l’un de ses principaux opposants et qu’il s’apprêtait à rendre un rapport sur l’implication militaire russe en Ukraine. Mais ces dernières années ont montré qu’il n’est pas simple d’être en désaccord avec Poutine ! Ne soyons pas naïfs à son sujet. Le président russe et son entourage préfèrent la violence à la démocratie. Ils ont noué des liens étroits avec les réseaux d’extrême droite en Europe.

Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte. Mais de là à offrir une version outrancièrement opposée…

Mélenchon fait-il passer Poutine pour la victime ?

La première victime de cette affaire n’est pas Poutine mais Nemtsov. Etre lucide sur le jeu des Etats-Unis est une chose. Mais de là à laisser penser qu’il s’agirait d’une opération des services secrets américains, il y a un pas que les responsables politiques ne devraient pas franchir car il nourrit l’approche complotiste. A mon sens, une telle défense de Poutine ne respecte ni les aspirations démocratiques des Russes, ni les aspirations nationales complexes des Ukrainiens.

Ce désaccord montre une nouvelle fois que le rassemblement rêvé de la gauche s’annonce difficile…

Assurément, on ne se renforce pas de nos divisions. Et notre cadre collectif est aujourd’hui en panne. Après les élections présidentielles et législatives, nous aurions dû trouver une architecture nouvelle pour le Front de gauche, permettre l’adhésion directe, mettre en place des instances démocratiques de décisions qui auraient pu permettre de sortir d’un cartel entre le Parti de gauche et le Parti communiste français. Il est urgent de reprendre l’ouvrage, en visant plus large, plus neuf.

Est-ce qu’on peut trouver une note d’espoir ?

Syriza et Podemos ont ouvert l’espoir ! En France, face au désastre de la politique gouvernementale et à l’ascension de l’extrême droite, nous avons la responsabilité de refonder une perspective de transformation sociale et écologique. Les Chantiers d’Espoir, dont le prochain rendez-vous est le 11 avril, entendent participer de ce mouvement aussi indispensable qu’urgent.

Rachid LAÏRECHE


La réponse de Mélenchon à Autain, 7/3/2015

Clémentine Autain, pour qui j’ai estime et amitié personnelle très vives, engage avec moi dans ”Libération” une polémique que je déplore dans la mesure où ses conclusions sont exactement les mêmes que les miennes à propos de la situation en Ukraine et en Russie. J’admets parfaitement que l’on soit en désaccord avec mes propos. Encore faut-il les respecter. Je veux la rassurer : je n’ai jamais écrit que Poutine était ”la première victime de l’assassinat de Nemtsov” comme elle l’affirme hélas, ce que reprend en gros titre de ”Libération”. J’ai écrit qu’il était la première victime POLITIQUE. J’ai clairement déploré la mort de monsieur Nemtsov et exprimé ma compassion pour sa famille. On notera que j’ai toujours condamné la violence armée en politique, dans cette circonstance comme dans toutes les autres. J’ai écrit de nombreux textes sur ce thème, notamment à l’occasion de l’assassinat de nos camarades Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi en Tunisie. Je ne relève pas les silences dans cette circonstance car j’estime que je portais la parole de tous en me rendant sur place.

Je veux encore rassurer Clémentine Autain : je n’ai jamais écrit que Nemtsov a été assassiné par ” les services secrets USA”. Car je ne le pense pas. Non parce qu’ils en seraient incapables. Ils ont assassiné assez de dirigeants de gauche en Amérique latine et dans le monde pour qu’on les sache prêts à tout. Mais j’ai écrit que, s’il faut chercher, mieux vaudrait plutôt regarder du côté de l’extrême droite nationaliste russe. Par conséquent je ne suis pas concerné par la remarque fielleuse par laquelle elle conclut hélas son propos sur cette base inventée. Pourquoi se sent-elle obligée de dire : ”Mais de là à laisser penser qu’il s’agirait d’une opération des services secrets américains, il y a un pas que les responsables politiques ne devraient pas franchir car il nourrit l’approche complotiste”. Voici ce que j’ai écrit : ”Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste”. Le reste se lit sur mon blog.

Je recommande à mes amis, et à ceux qui se disent tels, de se reporter à ce que j’écris plutôt qu’à ce qui s’en dit. De plus, mon propos et mon analyse concernent le risque de guerre mondiale et désastreuse pour la civilisation humaine que contient la situation en Ukraine du fait de l’avancée de l’OTAN. Je produis à cette occasion une analyse géopolitique depuis de nombreux mois (http://bit.ly/1nv3Mvo). Mon propos n’est pas de faire une ”défense de Poutine”, et encore moins comme on le devine de proposer une ”version outrancièrement opposée” à celle si remarquablement modérée de ceux avec qui je me confronte…

Comme le dit très bien Clémentine Autain: ”Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte.” C’est très exactement ma position.

Quant au fait de répondre à ”Libération”, c’est s’exposer aux manipulations habituelles de ce ”journal”, dont le but ici est résumé dans une de ses ”questions” : ”Ce désaccord montre une nouvelle fois que le rassemblement rêvé de la gauche s’annonce difficile…”. Pour ”Libération” hors du PS, point de salut et toutes les occasions de me diaboliser sont les bienvenues. Personne n’est obligé de tomber dans le panneau aussi facilement. JLM

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POUR OU CONTRE LA GUERRE AVEC LA RUSSIE ?, 8/3/2015

J’aurais bien des sujets à traiter autres que celui de la préparation de la guerre contre la Russie. Mais une polémique d’une incroyable hargne a été déclenchée contre moi (je rappelle que c’est moi qui suis censé être agressif) sur ce thème. Je n’en suis pas surpris. Deux semaines avant les élections départementales proclamées gagnées d’avance par le FN, déclencher une polémique contre moi dans le style du dénigrement avilissant est une manœuvre certes frustre mais assez traditionnelle. Cependant il est stupéfiant qu’un journaliste comme Thomas Legrand s’y abandonne en appelant un matin sur « France inter » les dirigeants du Front de gauche à prendre leurs distances avec moi ! Depuis que je lui ai refusé une interview pour le journal « LUI », où il travaille aussi, je le sens encore plus crispé qu’il l’est d’habitude du seul fait de ses opinions politiques. Il n’en est pas à sa première sortie en chaussures cloutées. L’élégant personnage avait démissionné des « Inrocks » parce que sa rédaction en chef était dirigée par madame Audrey Pulvar au motif que son compagnon était alors ministre ! Cette campagne de dénigrement vient à la suite de celle menée contre moi à propos de la Grèce. Elle prend place dans l’objectif de diabolisation de mon personnage qui est la forme du combat dorénavant contre tous les porte-paroles de l’autre gauche en Europe. Pendant ce temps la masse des publi-reportages pour le FN ne ralentit pas un jour. Ceci va avec cela.

En toute hypothèse, je ne crois pas un instant que ceux qui m’ont accablé à propos de la Russie pendant plusieurs jours soient réellement intéressés par ce que je dis vraiment sur le sujet. Il suffit de me lire pour vérifier que ce qu’on m’impute ne se trouve pas dans mon propos. Leur but est d’utiliser ce que je dis pour interdire la parole dissidente et surtout pour contribuer par ce moyen même au bourrage de crâne en faveur de la guerre.

Je veux cependant résumer mon point de vue en une phrase : je suis opposé à la guerre qui se prépare contre la Russie. Totalement. Irrémédiablement ! Oui, je suis en campagne contre le danger de cette guerre ! Je dis bien : en campagne. La seule arme dont je dispose est ma parole, mes écrits dont j’essaie de faire des outils de désintoxication.

Je n’ai pas choisi la polémique et l’outrance des attaques qui me sont faites. Je les subis. J’attends de mes amis qu’ils ne les relaient pas. Et pour les plus courageux qu’ils viennent m’aider dans le but que je poursuis : lutter contre la préparation de la guerre avec la Russie. Mes adversaires sont toujours les mêmes sur ce sujet comme sur tous les autres, les mêmes journalistes, les mêmes médias. Leur méthode toujours la même : le dénigrement personnel, la falsification des propos. Et, bien sûr, l’assignation au « camp adverse ». Le grand Jaurès était lui aussi décrit comme un agent allemand parce qu’il combattait la préparation de la guerre dont il savait qu’elle serait mondiale. Beaucoup d’entre nous ont déjà été repeints en agent de Saddam Hussein, en ami de Bachar el Assad ou de Kadhafi chaque fois que nous avons refusé la guerre qui, parait-il, devait tout régler tout arranger. Le spectacle du monde fait de la paix un enjeu ! Il faut jeter ses forces dans cette partie dont dépend la civilisation humaine !

Pas de guerre avec la Russie ! JLM

Source: http://www.les-crises.fr/nemtsov-melenchon-naccuse-pas-poutine-branle-bas-de-combat-dans-les-medias/


[Il nous avait manqué !] BHL propose un “plan Marshall” à 300 Md€ pour sauver l’Ukraine

Sunday 8 March 2015 at 00:29

RÉUNIE AUJOURD’HUI À VIENNE (AUTRICHE) AUTOUR DE BERNARD-HENRI LÉVY, ET DE PERSONNALITÉS EUROPÉENNES ET UKRAINIENNES, LA TOUTE NOUVELLE AGENCE POUR LA MODERNISATION DE L’UKRAINE SE DONNE 200 JOURS POUR RÉDIGER UN PROJET DE “PLAN MARSHALL”. A SUIVRE…

BHL propose un "plan Marshall" pour sauver l'Ukraine

BHL avec, à son côté, Frederick W de Klerk et Leonid Kravtchouk (à dte de la photo) a Vienne, 3 mars 2015 pour le lancement de l’Agence pour la Modernisation de l’Ukraine

L’écrivain Bernard-Henri Lévy, allié aux millieux économiques ukrainiens (patronat et syndicats) ainsi qu’à des personnalités allemandes (l’ex-ministre des Finances Peer Steinbrück), françaises (l’ex-patronne du Medef Laurence Parisot), polonaises (l’ancien Premier ministre Wlodzimierz Cimoszewicz) ou encore britanniques (l’ancien ministre Peter Mandelson), peut-il sauver l’Ukraine?

C’est en tout cas l’objectif ambitieux que l’écrivain français, habitué à voir les choses en grand, s’est fixé avec l’Agence pour la modernisation de l’Ukraine dont il est le cofondateur. Et qui a été inaugurée aujourd’hui à Vienne (Autriche), en présence d’une brochette de personnalités européennes réunies dans l’enceinte du Palais Ferstel, l’un des plus beaux édifices du centre historique aujourd’hui transformé en centre de convention.

Outre les personnalités citées plus haut, la tribune accueillait en effet l’ancien président ukrainien Leonid Kravtchouk, son compatriote homme d’affaires et oligarque Dmitri Firtash, les parlementaires britanniques John Whittingdale et Lord Risby (tous deux conservateurs) ou encore l’ex-commissaire européen Günter Verheugen, Bernard Kouchner (on ne présente pas) et, enfin, l’ex-président sud-africain Frederick W. de Klerk, venu partager son expérience d’homme d’Etat dans le domaine de la reconstruction institutionnelle d’une nation.

Nous sommes peut-être au début d’une formidable expérience de “nation building”

“L’idée, explique BHL -qui est le moteur du projet avec le député allemand Karl-Georg Wellmann (CDU) et Lord Risby- est de créer des groupes de travail, selon différents thèmes (Constitution, Lutte anticorruption, Fiscalité, Justice, Intégration européenne, Santé) qui travailleront chacun indépendamment dans leur coin. Et se retrouveront dans deux cents jours pour formuler des propositions susceptibles de sortir enfin l’Ukraine du marasme où elle est plongée depuis trop longtemps; aujourd’hui à cause de la guerre, hier en raison de la corruption et avant-hier du fait du soviétisme.”

L’idée est noble et la bonne volonté est là, même si -les particpants le reconnaissent- le succès n’est pas garantit à l’arrivée. “Nous sommes peut-être au début d’une formidable expérience de “nation building”, comme on dit en anglais!”, veut croire, optimiste, BHL. “La prochaine étape, c’est dans deux cents jours. Alors nous compilerons nos propositions et présenterons un projet que le patronat et les syndicats ukrainiens, à nos côtés dans ce projet, se chargeront de présenter à la Rada, le parlement ukrainien.”

Des défis immenses

Seule certitude: l’un des objectifs non-formulés de l’Agence pour la modernisation de l’Ukraine (AMU) consiste précisément à aider le gouvernement ukrainien, aujourd’hui accaparé par l’urgence de la guerre, à réfléchir sur son destin à moyen et à long terme. “Il faut que nous accomplissions en 25 ans le même chemin que celui parcouru par la Pologne depuis 1990″, note l’oligarque Dmitri Firtash dont le groupe emploie 130.000 salariés. Il ajoute: “Pour cela, nous avons le choix: soit attendre un miracle, soit retrousser nos manches dès aujourd’hui. La seconde solution paraît la plus raisonnable…”

Les défis sont immenses et nombreux. Constitutionnel d’abord. En vingt ans, l’Ukraine a changé quatre fois de régime (présidentiel, puis parlementaire, puis présidentiel et parlementaire à nouveau). Aujourd’hui encore, le partage des pouvoirs entre le président Petro Porochenko et le Premier ministre Evgueni Iatséniouk ne sont pas vraiment clairs.

Fiscal et financier, ensuite. Car la sécurité juridique est inexistante sur les rives du Dniepr. “Une réforme des impôts est indispensable, insiste Firtash. Les investisseurs nationaux ou étrangers doivent pouvoir comprendre comment fonctionne notre système et ce qu’ils peuvent espérer comme retour sur investissement.” Chose aujourd’hui impossible en raison de la corruption infernale dont les proportions sont comparables à celle qui gangrène le Mexique.

Le financement de l’Ukraine pourrait passer par un fonds spécial d’investissements, espèrent les dirigeants de l’Agence pour la Modernisation de l’Ukraine. Il s’agit-là du fameux plan Marshall évoqué par BHL. “L’Ukraine a besoin dans l’absolu de 300 milliards d’euros”, estime Firtash. “Ceux-ci, précise BHL, pourraient provenir de l’Union européenne (UE), du Fonds monétaire international (FMI) mais également, pourquoi pas, de différents fonds souverains tels que celui de la Norvège. Car comme le reste de l’Europe, ce pays scandinave a tout intérêt à contribuer à la stabilité de l’Ukraine et, donc du continent.”

Reste le principal problème; la corruption. “Si on parle de plan Marshall, alors il faut non seulement être capable de lever des fonds mais également pouvoir vérifier que l’argent arrive bien aux destinataires souhaités, non pas détournés et perdus en route”, note le très carré Peer Steinbrück, ancien ministre des Finances et poids lourd du gouvernement Merkel (de 2005 à 2009) dont le rôle fut déterminant dans le sauvetage de l’économie européenne en 2008.

“Aucune institution, ni l’UE, ni le FMI, ni la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ne mettra un centime si elle a l’impression que c’est de l’argent gaspillé, jeté dans un puits sans fond. Il faut donc réformer l’administration fiscale, le système juridique et mettre en place des règles de bonne gouvernance à tous les niveaux, ajoute Steinbrück. Autant que je sache, le parlement ukrainien a initié quelques réformes l’année dernière. Mais il lui faut aller beaucoup, beaucoup plus loin.”

Source : Axel Glydèn, pour l’Express, le 3 mars 2015.

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À suivre dans les actu’ukraine  :)

Source: http://www.les-crises.fr/il-nous-avait-manque-bhl-propose-un-plan-marshall-pour-sauver-lukraine/


Revue de presse du 07/03/2015

Saturday 7 March 2015 at 05:01

Cette semaine dans la revue, putsch au comité Nobel, un point sur l’hôpital en danger et le chômage maltraité en France, alors qu’un “journaliste” de France Inter se fait encore remarquer, l’Europe qui compte en milliards et dans Vues d’ailleurs la suite de notre regard sur les réseaux “invisibles”. Merci à tous les participants des revues.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-07-03-2015/


[Propagande foirée] Le sens d’un assassinat, par Bernard Guetta

Saturday 7 March 2015 at 01:30

Une semaine demain après sa mort, on ne sait toujours pas et…on ne saura sans doute jamais qui a fait tuer Boris Nemstov.

Xénophobie ordinaire anti-russe…

Mais il abusent aussi, on n’a pas les assassins en 5 jours…

Bon, il nous a juste fallu 33 ans (peut-être) pour l’attentat de la rue des Rosiers, mais bon…

On sait en revanche qu’il fallait que ses assassins se sentent bien sûr d’eux pour aller le tuer à deux pas du Kremlin, dans le quartier le plus surveillé de Moscou, et que ce n’est pas de n’importe quel opposant que le Kremlin est maintenant débarrassé.

Il fallait que les assassins de Cabu se sentent bien sûr d’eux pour aller le tuer à deux pas de l’Elysée, au coeur de notre capitale…

Boris Nemstov avait été vice premier ministre de Boris Eltsine dont il fut l’un des dauphins possibles, avant que Vladimir Poutine n’emporte la mise.

Il avait autrement dit été au cœur du processus de privatisation de l’économie russe, de ce partage des richesses nationales entre hommes de l’ancien appareil communiste et nouveaux chevaliers d’industrie qui fut le plus grand hold-up de l’Histoire.

Bel éclair de lucidité.

Non seulement il savait tout des secrets de famille de la nouvelle Russie, mais il avait été très proche de par ses fonctions de beaucoup des gens qui sont aujourd’hui à la tête des plus grandes fortunes du pays.

C’est moi ou ça fait un sacré mobile pour un assassinat ?

C’était en un mot un homme du nouveau sérail russe, mais un homme en rupture avec ce milieu qu’il avait tant contribué à créer, car tout comme il y avait eu de rares communistes soviétiques qui croyaient au communiste, il y avait également eu d’authentiques libéraux dans l’entourage de Boris Eltsine.

Juste par curiosité, qu’est-ce qu’il en sait s’il était “en rupture” et si c’était une “authentique libéral” ?

Sincèrement convaincus que la liberté du marché et la liberté tout court n’allaient pas l’une sans l’autre, Boris Nemstov était l’un d’entre eux, mais lorsque l’ère Poutine est venue démentir ses certitudes, il était passé à l’opposition avec tout autant de volontarisme.

C’est clair que les années Eltsine, c’était le paradis démocratique… Comme quand Eltsine a fait tirer sur le Parlement….

Il pourfendait la corruption, il dénonçait l’annexion de la Crimée et l’ingérence des troupes russes en Ukraine orientale, il était tout entier opposant à Vladimir Poutine et avec lui, l’opposition disposait de sa seule figure d’envergure nationale.

Son parti de coalition a en effet obtenu 0,97 % des vois aux législatives de 2007… (les lecteurs russes peuvent-ils d’ailleurs nous parler de son image en Russie en 2015 en commentaire svp ?)

Et le parti communiste 11,7 %. C’est donc son leader “la seule figure d’envergure nationale”…Mais si on explique que Poutine est opposé aux communistes, euh, ils vont plus rien comprendre à la narrative les auditeurs…

Cependant Guetta oublie peut-être simplement de préciser “figure… vendue à l’occident comme son mentor” pour être juste.

Cela aurait suffi à en faire un homme dangereux, mais Boris Nemstov était surtout le seul opposant à pouvoir être pris au sérieux par les grandes fortunes russes, par cet argent qui désormais s’inquiète toujours plus de l’aventure ukrainienne.

Hein ? Il bossait donc pour ceux qui ont fait “le plus grand hold-up de l’histoire” ?

Les pirates des années 90 sont devenus des grands noms de la banque et de l’industrie, ils n’aspiraient plus maintenant qu’à être reconnus et intégrés par leurs pairs occidentaux, et certainement pas à voir la Russie se refermer sur elle-même, ou pire encore, voguer vers la chine.

Heu, les pirates russes veulent donc être reconnus par les pirates de nos pays donc ?

Il y a aujourd’hui une rupture entre Vladimir Poutine et l’argent russe, qui se sent trahi par ce président dont il avait pourtant été l’un des deux parrains

Ah flute, ce n’est donc pas l’argent des pirates qui gouverne en Russie ? Ce n’est donc pas “une démocratie” comme chez nous, CQFD !

avec les “Siloviki”, les hommes des forces de sécurité qui ont désormais pris le pas sur ces grandes fortunes dont Boris Nemstov, libéral grand teint et héros des nouvelles classes moyennes, aurait un jour pu devenir la carte politique.

la carte politique des pirates, on est d’accord ?

Et héros des classes moyennes, il le sort d’où ?

Son assassinat scelle un retournement d’alliances au sommet du pouvoir russe, ce n’est plus les services de sécurité et l’argent mais les services de sécurité et l’église qui œuvrent ensembles à restaurer la grande Russie, en la refondant sur l’absolutisme et le traditionalisme.

Ah, il a du aller à une soirée chez BHL récemment je pense…

S’il prenait vraiment l‘envie aux grandes fortunes de s’allier aux classes moyennes pour contrer Vladimir Poutine,

Alors Poutine est soutenu par 80 % de la population, donc par les classes moyennes, mais en fait il faudrait qu’elles s’en détournent, et s’allient avec les pirates pour contrer Poutine qui ne veut pas s’allier avec les pirates, mais plutôt restaurer la grandeur russe – j’ai bien compris ?

le sort de Boris Nemstov est venu leur dire ce qui les attendraient alors…

“Mais attention, on ne sait toujours pas qui a fait tuer Boris Nemstov.”

Bernard Guetta, Chronique géopolitique sur France Inter, 5 mars 2015

Source: http://www.les-crises.fr/le-sens-d-un-assassinat/


Ukraine / Néonazis : clash Guetta-Philippot (France Inter)

Saturday 7 March 2015 at 01:17

Vous notez le raisonnement : 1/ il n’y a jamais eu de néonazis au Parlement ni au gouvernement, c’est de la propagande russe 2/ et en plus, ils en sont sortis en décembre 2014 (bon, ils ont largement contribué au déclenchement de la guerre dans le Dombass, mais bon…”

Et notre extrême-droite dénonce donc les néonazis en Ukraine, logique…

Enfin, comme on a décidé de laisser au FN un quasi monopole sur une vision équilibré sur ce sujet, il ne faut pas venir se plaindre…

Ambiance houleuse dans la tranche matinale de France Inter. Lorsque le vice-président du Front national Florian Philippot, invité par la radio publique, a évoqué l’extrême droite nazie au pouvoir en Ukraine, le chroniqueur géopolitique Bernard Guetta s’est emporté en assurant que l’extrême droite ukrainienne s’était écroulée lors des dernières élections. Qui a raison ? Un peu les deux.

On appelle ça un clash. Ce matin, à l’occasion des questions des auditeurs, l’animateur de France Inter Patrick Cohen a interrogé son invité, le vice-président du Front national Florian Philippot, sur la question ukrainienne. Ce dernier a alors assuré à l’animateur qu’”il y a deux Ukraine. L’extrême droite nazie, c’est elle qui est au pouvoir, vous confondez”. Fureur de Bernard Guetta, chroniqueur en charge de la géopolitique et présent sur le plateau : “vous ne pouvez pas dire çaAux dernières élections, l’extrême droite ukrainienne représentait moins que l’extrême droite en France ! Arrêtez de dire que l’Ukraine serait gouvernée par des nazis, c’est n’importe quoi” s’agace le chroniqueur avant d’assurer que, selon les résultats électoraux, l’extrême droite s’est écroulée à moins de 5%. S’ensuit alors une passe d’armes  retranscrite notamment par le site Ozap. Guetta finit par demander à Cohen de faire taire Philippot, lequel réplique que ce n’est pas vraiment dans l’esprit du 11 janvier.

Au-delà du clash, qui a raison ? L’extrême droite est-elle effectivement au pouvoir en Ukraine ou les dernières élections ont-elles sorti du gouvernement les membres néonazis issus notamment du Parti Svoboda ? “La vérité est entre les deux” répond Olivier Berruyer qui suit l’actualité de la crise mais aussi l’actualité ukrainienne sur son blog les-crises.fr et qui fut l’un des nos invités à notre émission sur l’Ukraine. Si on s’en tient aux résultats des dernières élections, les législatives du mois d’octobre, Svoboda est en effet passé sous la barre des 6% – et non 5% comme l’affirme Guetta – un score trop faible pour avoir des députés au parlement. En 2012, ils étaient près d’une quarantaine. De même, tandis que le gouvernement a compté jusqu’à six ministres issus du même parti, il n’en reste aujourd’hui plus un seul.

Pour autant, précise Berruyer, “il sera faux d’affirmer qu’il n’y a plus d’extrême droite au pouvoir en Ukraine. D’abord, tout dépend de ce qu’on appelle extrême droite. De nombreux néonazis sont restés au pouvoir ou ont changé de parti, sans compter tous ceux qui sont clairement fascisants“. Berruyer cite alors Andrew Parubiy, cofondateur de Svoboda et aujourd’hui vice-président du Parlement ou encore Oleg Lyashko, président du parti radical et député, par ailleurs chef du bataillon “Ukraine” et accusé par Amnesty International de kidnapping et de traitements dégradants…

Source : Anne-Sophie Jacques, pour @rrêt sur images, le 26 février 2015

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Ambiance électrique, ce matin, dans le studio France Inter. Patrick Cohen recevait le vice-président du FN, Florian Philippot. Répondant à une question à propos d’un financement du parti par une banque russe, il a été invité à réagir sur la crise en Ukraine et le soutien par Vladimir Poutine des mouvements nationalistes. “Il y a deux Ukraine. L’extrême droite nazie, c’est elle qui est au pouvoir, vous confondez“, explique-t-il.

Philippot est rapidement interrompu par le chroniqueur Bernard Guetta, spécialiste géopolitique de la station. “Vous ne pouvez pas dire ça, lâche-t-il. Aux dernières élections, l’extrême droite ukrainienne représentait moins que l’extrême droite en France ! Arrêtez de dire que l’Ukraine serait gouvernée par des nazis, c’est n’importe quoi“.

Donc les types 1/ comparent des néo nazis purs et durs avec le FN 2/ et ne rajoutent pas aux néonazis les fascistes + l’extrême droite + la droite dure ukrainienne, normal quoi…

Vous ne connaissez pas la situation M. Guetta, s’emporte Philippot. Cet empressemment systématique à reprendre la propagande américaine et à défendre la position de Washington sur tous les sujets, à chaque fois que vous parlez… Vous êtes le porte-parole de la diplomatie américaine, vous reprenez leurs arguments systématiquement ! Moi je suis beaucoup plus critique et raisonnable que vous“. Patrick Cohen s’immisce dans le débat : “Vous n’êtes pas très critique à l’égard de la propagande russe, les néonazis au pouvoir, c’est de la propagande russe !“. Bernard Guetta persiste et signe : “Moi je reprends des résultats électoraux !“. Philippot prend l’exemple de l’intervention américaine en Irak, Guetta rappelle qu’il l’a dénoncée “nuit et jour“.

Si M. Philippot peut se taire plutôt Patrick“, s’énerve le journaliste. “C’est bien ça, c’est très ‘Charlie’, réagit le vice-président du parti frontiste. Un journaliste qui dit à un homme politique taisez-vous ! C’est très esprit du 11 janvier, vous montrez votre vrai visage ! Mais moi j’incarne des millions de Français qui votent pour le Front National alors je vais continuer à parler“, insiste-t-il.

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Pour ceux que ça intéresse, voici le lien pour écrire au médiateur de France Inter – ce que je vous encourage à faire.

P.S. pour être complet sur ce sujet, rappelons que Le Pen père allait soutenir les néonazis en Ukraine il y a 10 ans… Le parti a rompu depuis tout lien avec eux.

Le Pen et Tyagnibok

 

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-neonazis-clash-guetta-philippot-france-inter/


Néonazies ukrainiennes, la suite…

Friday 6 March 2015 at 04:15

On se rappelle de la glorieuse aventure de ELLE avec son reportage sur les glorieuses combattantes dans les milices ukrainiennes – pas de bol, Internet a rapidement montré que c’étaient une néo-nazie et une fasciste…

franc

Eh bien là, le Guardian anglais vient de mettre la 2e couche dans ce billet. :)

Il essaie d’évacuer le petit problème dans le 1er paragraphe :

Les bataillons de volontaires combattant aux côtés de l’armée ukrainienne [OB : donc aucun souci à voir des milices combattre aux cotés de l'armée ???] sont réputés pour leur bravoure sur le champs de bataille [OB : hein ???]. Ils ont également une réputation de nationalisme violent et d’opinions d’extrêmes-droite. Une de ces unités est le bataillon d’assaut Aidar, basé dans la ville de Shchastya, dont les membres ont été accusés de violation des droits de l’homme par Amnesty International. [OB Vous notez que, tout à leur narrative, les médias anglo-saxons ne taisent pas certains faits] Ce qui est moins connu c’est que ces volontaires incluent plusieurs femmes dans leurs rangs – certaines travaillant comme médecins et personnels de soutien, mais d’autres ont des rôles dans les combats actifs.”

Et suivent des portraits – Internet ne les a pas encore identifiées.

Mais là, et c’est trop beau, on voit ceci directement dans l’article, à propos d’une certaine Anaconda :

Et on voit quoi sur la camionnette ?

Le fameux 14-88 des néo-nazis (voir ici par exemple, le 88 signifiant ainsi Heil Hitler ou SS)

Et le blason à gauche du van avec les doubles grandes hmmmm ?

Petit rappel : la 36e division SS Dirlewanger était composée en majorité de repris de justice. Utilisée uniquement dans la lutte anti-partisans car ayant une valeur militaire réduite, elle s’est fait remarquer par les atrocités commises, jusqu’à susciter des plaintes d’autorités militaires allemandes, y compris les autres formations SS, ce qui est peu dire !

Rooooooooo, paaaaaaaaaaaas de booooooooooool quand même…

Pour mémoire, la dernière guerre, dans cette région même, a vu les SS attaquer l’URSS en 1941, avec 25 millions de morts à la clé.

Alors quand un Russe voit ça, c’est comme si, dans des combats au Liban, un Israélien voyait une camionnette avec des croix gammées…

Bien joué donc à nos dirigeants pour laisser ceci exister ! (les Ukrainiens le justifiant même, comme on l’a vu dans ce billet avec l’ambassadeur en Allemagne)

P.S. tiens, les photos ont en fait été publiées originalement par Vanity Fair vers le 23 février…

P.P.S. : devant les réactions outrées, ils ont discrètement changé la légende la photo, comparez :

AVANT :

APRÈS :

Pour les grenades croisées SS, on repassera…

Source: http://www.les-crises.fr/neonazies-ukrainiennes-la-suite/


[Jusqu'où iront-ils ?] “Cette ex-star du X veut que les rebelles prorusses la laissent tranquille”

Friday 6 March 2015 at 01:19

Du lourd sur le Huffington Post !

Sur la page d’accueil on pouvait lire ceci :

Ce qui a propulsé cet article parmi les plus lus.

Vous notez que le titre change quand on clique pour lire l’article, que voici :

UKRAINE – Jusqu’à ce qu’elle décide d’emprunter une voie plus traditionnelle, Marina Ann Hantzis alias Sasha Grey était l’une des actrices porno les plus connues aux Etats-Unis, avec des dizaines de films à son actif. Depuis 2009, elle joue dans des long-métrages “mainstream” et s’est illustrée en tant qu’écrivain, musicienne ainsi que mannequin.

Bien malgré elle, la jeune femme de 26 ans se retrouve aujourd’hui mêlée à une affaire plutôt rocambolesque. Comme le rapportait mercredi 18 février The Moscow Times, son image est actuellement utilisée, sur les réseaux sociaux russes comme VKontakte, l’équivalent de Facebook, à des fins de propagande contre l’Ukraine. Et ça ne lui plaît pas du tout.

Comme l’explique le quotidien anglophone russe sur son site, cette campagne de propagande montre une photo de Sasha Grey, accompagnée d’un texte affirmant que l’actrice a décidé de changer de vie et s’engager en tant qu’infirmière aux côtés des rebelles pro-russes qui combattent l’armée ukrainienne dans l’est du pays.

Une aventure qui se serait très mal terminée puisque Sasha Grey, présentée sous le nom de “Sasha Serova”, aurait alors été capturé, torturée puis tuée par les forces armées ukrainiennes. Une histoire évidemment invraisemblable puisque l’actrice est toujours aux Etats-Unis où elle se porte très bien. Sur Twitter, elle n’a pas manqué d’exprimer son agacement face à cette propagande:

Comme le note NBC News, il semble que dans cette histoire, ce sont surtout les soutiens des rebelles pro-russes sur les réseaux sociaux qui se sont fait avoir: la fausse rumeur de la mort de Sasha Grey en Ukraine serait ainsi partie d’une plaisanterie sur le site Dvach (équivalent est-européen de 4chan) destinée à tester la crédulité des Russes sur les réseaux sociaux.

Source : www.huffingtonpost.fr, 19/02/2015

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Voici la traduction de “l’information” sur la page Facebook que vous voyez dans le texte :

L’infirmière Sasha Serova [NdT : Serova a la même racine que seryi qui veut dire gris en russe, donc grey en anglais] n’est plus.

Elle qui semblait être une femme fragile, mais forte sortait du champ de bataille des rebelles blessés.

On disait d’elle qu’elle pouvait remettre sur pieds même les cas les plus désespérés, mais elle n’est pas revenue du combat.
Elle a été capturée par les bourreaux de la junte.
Ils l’ont d’abord humiliée en filmant leurs actes, puis l’ont achevée à l’aide d’une hache.
Paix à son âme.
On notera donc qu’il n’est nullement fait mention de l’actrice, et que seule la photo permet de l’identifier.
Mais le plus incroyable est ce qu’il y a écrit dans l’article même : “la fausse rumeur de la mort de Sasha Grey en Ukraine serait ainsi partie d’une plaisanterie sur le site Dvach destinée à tester la crédulité des Russes sur les réseaux sociaux.”
On a donc un papier qui nous est vendu comme “Cette ex-star du X veut que les rebelles prorusses la laissent tranquille”, et en fait on apprend que tout ceci est un montage bidon visant en fait à tromper les pro-russes !!! (montage peu détectable si on n’est pas un grand fan des films pornos américains !).
Bref, encore un grand moment de “journalisme” – merci pour ce moment.
P.S. normalement, les sites de Novorossia donnent rarement les noms de famille en cette période de guerre. L’information est par ailleurs introuvable sur leur site. Rien ne dit donc qu’il ne s’agit pas EN PLUS d’un montage bidon à 100 % n’ayant été repris nulle part…

Source: http://www.les-crises.fr/jusquou-iront-ils-cette-ex-star-du-x-veut-que-les-rebelles-prorusses-la-laissent-tranquille/


[Nos assassinats politiques] Retour sur l’assassinat de Robert Boulin, le 30 octobre 1979

Friday 6 March 2015 at 00:02

Affaire Boulin : trois nouveaux témoignages qui annihilent la thèse du suicide

L’affaire est désormais connue de longue date : le 30 octobre 1979, à 8h40 le corps de Robert Boulin,  ministre du travail et de la participation du gouvernement de Raymond Barre, est retrouvé dans un étang, profond de cinquante centimètres d’eau, de la forêt de Rambouillet. Son visage semblable à celui d’un boxeur est couvert d’hématomes sur les yeux et les pommettes, il a une blessure importante au poignet droit et un gros hématome sur la nuque. Sa mort remonte vraisemblablement à la veille, entre 18h et 20h. Les différents échelons de la hiérarchie de l’Etat ont été informés entre minuit et 2h du matin, le 30 octobre. Mais curieusement l’avis de recherche officiel n’est lancé qu’à 6h25 le 30 octobre. Tous ces détails sont à retrouver dans la remarquable et minutieuse enquête de Benoît Collombat, grand reporter à France Inter, publiée aux éditions Fayard, en 2007, sous le titre Un homme à abattreContre-enquête sur la mort de Robert Boulin.

A 9h45, une dépêche AFP annonce la mort de Robert Boulin par suicide (dans cinquante centimètres d’eau !) et par absorption de barbituriques, alors qu’aucune trace de barbiturique ne sera jamais retrouvée sur les lieux, ni dans le corps du ministre. Le même jour à midi le procureur de Versailles évoque un suicide et, une heure plus tard, la très obligée Danièle Breem, dans le journal de 13h d’Antenne2, raconte le suicide en détail, alors même qu’aucun médecin n’a encore examiné le corps ! Quelques jours plus tard, la très dévouée Michelle Cotta prolongera, toujours sans l’ombre d’une preuve, la thèse du suicide agrémentée de scandaleuses calomnies sur la vie privée de madame Boulin et sur celle de son fils. A ce stade, on ne peut s’empêcher de penser à cette phrase de Carson, le majordome dans l’excellente série de laBBC Dowton Abbey : « Nous pensons comme nos maîtres. » Les nombreux doutes légitimes sur un éventuel suicide seront résumés par le médecin qui a signé le certificat de décès et que Benoît Collombat a rencontré en 2003 : « Pour se noyer, il y a d’autres moyens que de se jeter dans un endroit où il n’y a pas d’eau. »

Il n’est pas inutile de rappeler que Robert Boulin, grande figure de la résistance, ami de Chaban-Delmas, est, en 1979, est la figure montante du RPR, pour la plus grande rage de Chirac. Giscard voit en lui un remplaçant potentiel de Raymond Barre, ce qui constitue un casus belli supplémentaire pour l’agité de Cochin. Or, par un curieux hasard, Robert Boulin, décrit par tous ses amis comme un homme intègre et droit, tombe dans le piège d’un achat immobilier, que ses adversaires politiques tenteront de faire passer pour frauduleux, à Ramatuelle organisé par un aigrefin nommé Henri Tournet, proche du SAC et de Jacques Foccart. L’honneur de Boulin est ainsi commodément mis en cause, alors qu’il n’en est rien et que sa nomination à Matignon est proche. Mais un résistant de la trempe de Robert Boulin, accrocheur et opiniâtre, ne saurait se suicider, et plus personne ne croit en cette thèse invraisemblable.

Or, Benoît Collombat, dans une chronique du journal de 7h30 sur France Inter le 29 mai, a apporté trois nouveaux témoignages importants, à écouter ici et à lire . Le conseiller général socialiste Daniel Jault participe, en novembre 1983 en sa qualité de médecin légiste,  à la deuxième autopsie : « A l’évidence il y avait des chocs sur la face de R. Boulin. Personnellement je ne me suis jamais dit que c’était un suicide. On était en présence d’un meurtre ou d’un assassinat. On a conclu entre nous qu’il ne s’était pas suicidé. C’était une convergence de pensées et de réflexions, ça ne faisait plus guère de doutes que ce n’était pas un suicide. »

Eric Carlsberg, expert foncier et ex-collaborateur de Jacques Chaban-Delmas à la mairie de Bordeaux, président de l’Assemblée Nationale, seul avec Chaban, ce dernier ne croit pas aux lettres posthumes ni au suicide : « il (Chaban) est nerveux, triste, très, très ému, blanc, il dit : on l’a assassiné, voilà, il répète ça plusieurs fois. Je comprends que c’est dangereux parce qu’il me dit de faire attention à moi et de ne pas en parler. » A la question de Benoît Collombat : pourquoi ne pas avoir témoigné avant ? Il répond : « La trouille ! Aujourd’hui j’ai encore la trouille en vous parlant. »

Un nouveau témoin, prêt à témoigner devant un juge d’instruction, mais qui ne veut pas révéler son identité. Le 29 octobre 1979 à 17h, il s’est retrouvé nez-à-nez avec la voiture de Robert Boulin, dans la commune de Montfort-l’Amaury, dans les Yvelines, dernier endroit où Boulin a été vu vivant, mais stupeur, selon ce témoin, ce n’est pas Robert Boulin qui conduit sa voiture, il est assis côté passager à l’avant. C’est une autre personne qui est au volant et, à l’arrière, un autre individu, deux personnes inconnues de ce témoin.

Puisque la ré-ouverture de l’enquête semble traîner, les enquêtes journalistiques sérieuses et approfondies sont en mesure de bousculer l’agenda. L’ex-gaulliste de gauche Jean Charbonnel déclarait récemment à Antoine Perraud que son défunt ami du RPR, Sanguinetti, lui avait dit connaître le nom des deux commanditaires, que ne parle-t-il à la presse ? Puisque, de toute évidence, ce n’est pas sur la chancellerie qu’il faut compter pour accélérer le processus.

La fille de feu Robert Boulin, Fabienne Boulin Burgeat, a créé un site pour recueillir les pétitions et demander la ré-ouverture de l’enquête : http://www.robertboulin.net

Source : Jean-Louis Legalery, pour Mediapart, le 30 mai 2013.


Affaire Boulin : suicide ou assassinat, l’ombre de Jacques Chirac dans les deux cas ?

France 3 consacre deux soirées à l’affaire Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979.


Affaire Boulin : suicide ou assassinat, l’ombre de Jacques Chirac dans les deux cas ?François Berléand dans le rôle de Robert Boulin. Crédit Téléfilm, “Crime d’Etat”, produit par Jean-Pierre Guérin

Atlantico : La chaîne France 3 consacre deux soirées à l’affaire Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979. Le documentaire d’hier et le téléfilm de ce soir présentent des thèses opposées. La fiction opte pour la thèse de l’assassinat, le documentaire penche pour le suicide. Le nom de Jacques Chirac revient régulièrement dans les arguments des partisans des deux thèses.

Suicide ou assassinat, quel est selon vous le degré d’implication de l’ex président de la République dans cette disparition ?

Benoît Collombat : Au moment de sa disparition, Robert Boulin est un « gaulliste historique », indispensable à l’équilibre politique du gouvernement de Raymond Barre, qui subit alors la guérilla politique du RPR de Jacques Chirac. Pour Boulin, Chirac n’est pas un vrai gaulliste. Son OPA sur l’UDR en décembre 74, l’a révolté. Il rend sa carte avant de réintégrer le mouvement en janvier 76. Quelques mois plus tard, Chirac lance le RPR : une machine de guerre pour conquérir le pouvoir, depuis la mairie de Paris. La perspective de la présidentielle de mai 81 aiguise les appétits. Tous les coups sont permis pour apparaître comme le leader incontesté à droite.

En tant que gaulliste social et ancien résistant rallié à Giscard dont le nom est cité comme futur Premier ministre, Boulin devient une cible politique. C’est le RPR qui fait sortir dans la presse une affaire bidon de terrain à Ramatuelle pour tenter de ternir son image d’homme intègre. Un escroc, Henri Tournet, qui a grugé Boulin essaye de l’entraîner dans sa chute. Boulin sait d’où viennent les coups, et il n’entend pas se laisser faire. Il reçoit alors des menaces. A cette époque, Foccart met ses réseaux africains au service de Chirac. Par l’intermédiaire de Pierre Debizet (chargé de la sécurité du président Bongo), Foccart contrôle également les hommes du SAC (Service d’action civique), le service d’ordre du parti gaulliste, dont Jacques Chirac connaît l’importance au sein du mouvement. La violence physique est omniprésente dans ces années 70. Le SAC est engagé dans une dérive sanglante qui aboutira à la tuerie d’Auriol, en juillet 1981. Outre des militants sincères, on y croise alors des truands, des barbouzes, des mercenaires… Des « gros bras » actionnés en cas de problème. La contre-attaque de Boulin commence à inquiéter. C’est le SAC qui va détruire toutes les archives du ministre après sa disparition.

Qui avait, selon vous, le plus d’intérêt à voir disparaître Robert Boulin ?

Parmi les nombreux ministères qu’il a occupés, Robert Boulin a notamment été secrétaire d’Etat du Budget de 1962 à 1968, et ministre délégué de l’Economie et des Finances de 1977 à 1978. Ce sont des postes où on a une vision transversale de l’Etat. Ce sont des « tours de contrôles » budgétaires où l’on voit passer tous les flux financiers. Boulin était aux premières loges lors de la création d’Elf dans les années 60. Plus tard, il valide les commissions passées lors des gros contrats d’armement ou pétrolier. Il a également connaissance des flux opaques, et des valises de billets échangées notamment entre Paris et Libreville. Lors de sa contre-attaque, Robert Boulin menaçait notamment de révéler des éléments sur le financement du RPR et Elf-Gabon, comme le confirme aujourd’hui l’ancien assistant parlementaire du suppléant de Boulin, qui a supervisé l’opération de destruction des archives du ministre par le SAC. Un proche de Boulin, son conseiller presse, Patrice Blank, qui a joué un rôle trouble dans la nuit du 29 au 30 octobre 1979, en se rendant à plusieurs reprises dans le bureau de Boulin était également lié à ses intérêts « françafricains. » Il était membre du conseil d’administration de la FIBA, la banque d’Elf et d’Omar Bongo.

Robert Boulin était au moment de sa mort au milieu d’une affaire immobilière concernant des terrains à Ramatuelle. Ce qui s’est avéré plus tard comme une tentative de déstabilisation aurait-elle pu conduire le ministre au suicide ?

L’affaire de Ramatuelle n’est que la face émergée de l’iceberg. Les tenants de la thèse du suicide décrivent un Boulin désespéré par cette affaire, qui aurait inexorablement entraîné son geste fatal. Cette affaire le préoccupait, c’est incontestable, mais Boulin n’était pas suicidaire. Il se retrouvait pris dans une machination complexe à cause de cet escroc ami de Jacques Foccart, Henri Tournet. Un personnage redoutable qui met en avant ses prétendus états de services dans la Résistance pour faire des affaires. Il va se servir de son lien avec Foccart et du fait que son épouse est une amie d’enfance de la femme de Boulin pour vendre ce fameux terrain de Ramatuelle, en réalité déjà vendu.

A partir du moment où il comprend qu’Henri Tournet l’a piégé, Robert Boulin est bien décidé à se défendre. Il y consacre beaucoup d’énergie parce qu’il a sa conscience pour lui. De nombreux courriers à ses conseillers ou ses avocats et des échanges de lettres très vives avec Tournet montrent bien que Boulin ne prend pas cette histoire à la légère. Tournet lui demande d’intervenir pour obtenir des permis de construire. Mais Boulin refuse. Tournet enrage, mais il a tout prévu. L’escroc a monté un piège en faisant croire par un jeu d’écriture qu’il aurait cédé gratuitement son terrain à Boulin, ce qui est faux. Quand l’affaire va sortir dans la presse, Boulin cherche le meilleur moyen de se défendre. Il veut donner sa version au jeune juge Van Ruymbeke, que le garde des Sceaux de l’époque, Alain Peyrefitte, se fait un plaisir de présenter, à tort, comme « un juge rouge qui veut faire un carton sur un ministre. » Avant sa disparition, Boulin réfléchissait au meilleur moyen de se défendre et travaillait sur un projet de lettre au journal Le Monde concernant cette affaire de Ramatuelle. Une longue lettre transmise à deux collaborateurs qui ne sera jamais retrouvée par les enquêteurs. En résumé, cette « affaire » de terrain cache la véritable affaire : les conditions troubles de la disparition de Boulin.

Que dire des lenteurs et dysfonctionnements judiciaires depuis la découverte du corps de Robert Boulin ?

En 1979, l’autopsie est sabotée sur ordre du procureur : interdiction d’examiner le crâne, en invoquant une volonté familiale qui n’a jamais existé. Tous les prélèvements du sang de Robert Boulin et les organes du ministre sont ensuite détruits dans des conditions troubles. Rien n’a été fait pour prouver scientifiquement la soi-disant noyade de Robert Boulin, dont le visage ressemblait plus à un boxeur qu’à un noyé. Et ça continue aujourd’hui puisqu’en 2010 on a appris que des scellés judiciaires ont mystérieusement disparu, avant de réapparaître un mois plus tard, après la non-réouverture du dossier.

Le non-lieu de 1992 dans l’affaire Boulin constitue une défaite magistrale du point de vue du fonctionnement des institutions judiciaires. La juge d’instruction Laurence Vichniewski (qui n’était pas encore rompue aux arcanes de l’affaire Elf) clôt un dossier gargantuesque en quelques jours, en se conformant aux réquisitions de non lieu du parquet. En fait, l’arrière plan politique de cette affaire a toujours pollué le dossier judiciaire. Avant même que le Procureur général de la Cour d’appel de Paris, François Faletti, ne refuse la réouverture du dossier (en juin 2010), la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, explique que le dossier est clôt, huit jours avant, en marge d’un déplacement à Libourne, la ville de Boulin  ! Tout un symbole. 
Alexandre Sanguinetti, un des fondateurs du SAC, a déclaré avant sa mort connaître le nom des deux assassins de Robert Boulin. L’homme est-il crédible ? Pourquoi ne pas entendre sa fille à qui il aurait confié ces noms ?
Alexandre Sanguinetti (mort en octobre 1980) était au cœur des réseaux gaullistes et du SAC. Il s’agit donc d’un témoignage important, d’autant plus qu’il est confirmé par d’autres ténors du gaullisme comme Jean Charbonnel ou Olivier Guichard (mort en janvier 2004.) Sa fille, Laetitia Sanguinetti, pourrait effectivement être entendue. Elle a des choses à dire. Mais il faudrait pour cela qu’un juge d’instruction reprenne le dossier en main. C’est possible. Car à tout moment l’affaire Boulin pourrait être relancée. Elle n’est pas éteinte judiciairement, puisque l’affaire ne sera prescrite qu’en 2017. Cela veut dire que le Procureur général peut, s’il le souhaite, confier à nouveau cette affaire à un juge d’instruction. C’est ce que réclame aujourd’hui encore la fille du ministre, Fabienne Boulin. Seul un juge d’instruction indépendant du pouvoir politique pourrait, par exemple, organiser une reconstitution sur place, des confrontations entre plusieurs témoins qui se contredisent, ou ordonner des expertises sur des scellés judiciaires. Le pouvoir actuel le souhaite-t-il ? Cela reste à prouver.

Source : Benoît Colombat, pour Atlantico, le 30 janvier 2013.


“Boulin n’est pas mort noyé”, selon celui qui a trouvé le corps

"Boulin n'est pas mort noyé", selon celui qui a trouvé le corps
“Boulin n’est pas mort noyé”, selon celui qui a trouvé le corps© Jean Louis Duzert / Maxppp

Pour Francis Deswarte, ancien gendarme qui affirme avoir découvert le corps du ministre de Giscard d’Estaing, mort en 1979, Robert Boulin n’est pas mort noyé. Un nouvel argument pour la réouverture d’un des dossiers les plus sensibles de la Ve République.

«Boulin n’est pas mort noyé». La confession a dû donner un nouvel espoir à la famille du ministre. Alors que celle-ci se bat depuis des années pour rouvrir le dossier sur la mort du ministre en 1979, un ancien gendarme est venu apporter un nouvel élément accréditant la thèse de l’assassinat. La justice a jusqu’ici toujours retenu le scénario du suicide, appuyé sur les lettres envoyées par le ministre du Travail de Valéry Giscard d’Estaing à plusieurs proches et sur de nombreux témoignages. Ancien résistant et figure de la majorité d’alors, Robert Boulin avait été retrouvé, selon la version officielle, noyé dans 50 centimètres d’eau dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979, après avoir absorbé une forte quantité de barbituriques. Le nouveau témoin, Francis Deswarte, ancien chef d’une brigade motorisée missionné pour rechercher «une haute personnalité susceptible de mettre fin à ses jours», dit dans «20 minutes» avoir vu Robert Boulin la tête hors de l’eau, ce qui selon lui exclut la noyade.

Prenant une pause, le militaire affirme avoir été le premier à avoir découvert le corps de Robert Boulin. «On s’est arrêté près d’un tas de bois pour fumer. Et derrière, j’ai vu une bagnole. Une 305. En levant les yeux, je l’ai vu dans l’étang. Il était à genoux. La tête hors de l’eau. Et il regardait vers sa voiture», explique l’ancien gendarme. Selon lui, il est impossible que Robert Boulin soit mort noyé. «Il était quasiment à quatre pattes. La tête hors de l’eau. Ma conviction, c’est qu’il tentait de ramper jusqu’à la berge». Francis Deswart assure aussi avoir remarqué des traces sur le visage de Robert Boulin, «comme des griffures rouges». Si cet élément était déjà connu, il a toutefois été imputé à des manipulations du corps par les secouristes… C’est ainsi d’ailleurs, que les policiers ont présenté la chose à Francis Deswart, lors de son audition. «Ils m’ont expliqué que les pompiers avaient fait tomber le corps en le sortant de l’étang. Mais ce n’est pas vrai. J’étais là. Les pompiers l’ont sorti sans aucune difficulté», assure-t-il dans son entretien avec le quotidien gratuit.

A quand la réouverture du dossier ?

Ce témoignage devrait venir s’ajouter aux innombrables nouveaux éléments, apportés par la famille de Robert Boulin pour rouvrir son dossier. Me Olivier Morice, l’avocat de la famille a déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), en déclarant qu’en France aucun recours n’est possible contre la décision du parquet général – qui dépend du ministère. Une information judiciaire, menée entre 1983 et 1992, avait abouti à la conclusion que le ministre avait cédé à un accès de désespoir, en raison de sa possible mise en cause dans un scandale immobilier à Ramatuelle (Var) – ce scandale aurait été en réalité une arnaque dont avait été victime Boulin, et utilisé comme prétexte au suicide par les commanditaires du crime, selon la famille. Le jugement, confirmé en appel, n’a jamais pu être revu. «J’apporte chaque fois des faits nouveaux, des témoins nouveaux, que le procureur rejette systématiquement», expliquait Fabienne Boulin dans un entretien à Match, fin janvier. La fille du ministre vient de publier «Le dormeur du Val» (Don quichotte éditions), dans lequel elle relate son combat pour la vérité.

Huit lettres postées le 29 octobre 1979 expliquant son geste furent adressées à la police, à des avocats, à des médias et à différentes personnalités. Des témoins disent avoir vu le ministre les poster lui-même peu avant sa mort. Fabienne Boulin les voit comme des faux et voudrait notamment que la justice examine, puisque la technique le permet à présent, l’ADN qui pourrait se trouver sur les enveloppes. «Yves Corneloup, conseiller à la Cour de cassation, qui a instruit le dossier Boulin de 1984 à 1988, affirme qu’il est indispensable de lever toute ambiguïté sur cette affaire qui a connu nombre de dysfonctionnements. Ce haut magistrat énonce une évidence», expliquait dans nos colonnes, Me Olivier Morice. «Soit on retrouve l’ADN de Robert Boulin sur les timbres, soit on ne la retrouve pas, et on a alors la preuve d’un complot dénoncé par la famille Boulin».

Boulin, un crime d’État ?

Nombre d’éléments viennent en effet soutenir la thèse d’un assassinat, aux motifs politiques. Dans une longue enquête, publiée en 2009 dans un ouvrage intitulé «Un homme à abattre», le journaliste de France Inter Benoît Collombat a détaillé un ensemble de faits particulièrement troublants, mais qui n’ont jamais pu être exposés à la justice. Il y a ce «coup», visible à l’arrière du crâne de Robert Boulin, et la trace d’un «lien» au poignet, décrit par un ancien assistant des médecins légistes ayant participé à la deuxième autopsie en 1983. Ces écoutes téléphoniques qui révèlent que le Procureur général en charge de l’affaire était lié à des réseaux du Service d’action civique (Sac), que la famille de Robert Boulin soupçonne d’être à l’origine du crime. Les nombreux témoignages évoquant les allusions étonnantes sur le sort de Robert Boulin. Et surtout, les confidences d’Alexandre Sanguinetti, un des cofondateurs du Sac qui a donné à l’ex-ministre gaulliste Jean Charbonnel, les noms de deux assassins.

«J’attends que l’instruction soit rouverte pour pouvoir ­donner les noms à un juge d’instruction. J’ai bien entendu déposé une lettre dans un coffre avec le nom des deux assassins», avait expliqué Jean Charbonnel, dans le dossier que nous avions publié le mois dernier sur l’affaire. Les confidences d’Alexandre Sanguinetti ont d’ailleurs été confirmées, toujours dans nos colonnes, par sa fille Laetitia. «Je donnerai le nom des ­commanditaires du meurtre de Robert Boulin et de l’organisation responsable au juge d’instruction qui m’interrogera. Peu de temps avant sa mort, c’est mon père qui me les a donnés», a assuré Laetitia Sanguinetti, avant d’expliquer : «Robert est mort à cause de son intégrité. Il fallait l’empêcher de parler à cause de tout ce qu’il savait, notamment les dossiers de financement occulte des partis politiques de tous bords. Et puis parce que Giscard s’apprêtait à le nommer ­Premier ministre en remplacement de Raymond Barre. Son intégrité et ­ce pouvoir-là, ça leur a fait peur».

Source : Clément Mathieu, pour Paris Match, le 3 février 2011.


Boulin, 35 ans de forfaiture(s)

Voici 35 ans ce jeudi 30 octobre, à 8 h 40, des gendarmes sortent le corps du ministre Robet Boulin d’une mare de la forêt de Rambouillet.

A ce jour, le lieu, la date, (est-il mort le 29 ou le 30 octobre 1979 ?) l’heure et les circonstances de la mort du ministre du travail du gouvernement de Raymond Barre, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, demeurent inconnues.

Cet épais mystère est délibérément entretenu par les plus hautes instances de notre république. Alors que l’affaire Boulin n’est toujours pas prescrite, deux procureurs généraux, MM. Laurent Le Mesle et François Falletti ont, en 2007 et 2010, rejeté les demandes de réouverture de l’instruction pour homicide, malgré la pertinence des faits nouveaux présentés par la partie civile, la fille du ministre, Fabienne Boulin-Burgeat.

Cas sans précédent, la version officielle de la mort du ministre -un suicide par noyade après absorption de barbituriques, toujours en vigueur – est le résultat d’une fabrication mediatique réalisée en moins de 4 heures par la journaliste Danièle Breem . Ce scénario a été rendu public le 30 Octobre à 12 h 45 au journal de la mi-journée d ‘Antenne 2 (l’ancêtre de France 2) , alors que la dépouille du ministre n’était pas encore parvenue à l’Institut médico-légal de Paris, le cadavre n’ayant pas encore fait l’objet du moindre examen…

La “vérité officielle” avant les faits

La légende du suicide est gravée moins de quatre heures après la découverte officielle du corps, avant même le moindre examen médico-légal. Cette version tient intégralement dans le récit de la journaliste Danièle Breem, diffusé à partir de 12 h 45 sur Antenne 2, le mardi 30 octobre 1979. En neuf minutes, cette version médiatique est habilement distillée, pour devenir la version officielle de la mort du ministre et finalement s’imposer depuis 35 ans comme la vérité judiciaire…

Danièle Breem, décédée à 93 ans le 29 septembre 2014 nous avait précisé par écrit en 2011 qu’elle était à l’époque rédacteur en chef adjoint au service politique de la deuxième chaîne (Antenne 2). Sur sa méthode d’enquête express Mme Breem s’est bornée à indiquer « J’ai utilisé les documents émis par les assemblées et vécu sur place (NDLR : à l’Assemblée nationale) ce qui se passait, plus mes relations personnelles avec le monde politique » , ce qui n’explique en rien comment elle a pu faire état auprès de Jacques Chaban Delmas (alors président de l’Assemblée Nationale) du contenu d’une lettre posthume attribuée à Boulin qui sera reçue par son destinataire le lendemain, ni connaître les causes de la mort de Boulin, puisqu’aucun examen post mortem n’avait eu lieu lorsqu’elle passe à l’antenne…

UNE IMPRESSIONNANTE SERIE DE FAITS INCOMPATIBLES AVEC LE SCENARIO OFFICIEL

En contradiction avec les assertions de Daniéle Breem, il est avéré que le cadavre du ministre a été découvert une première fois entre une et deux heures dans la nuit du 30 octobre. Le permanencier au ministère de l’Intérieur, qui fit réveiller son ministre Christian Bonnet (ce que M. Bonnet a confirmé en 2011), était un jeune énarque, Claude Guéant, conseiller technique en charge des questions de sécurité.

Par ailleurs, les constatations des médecins légistes, outre l’absence de barbituriques, ont noté la présence de lividités cadaveriques sur le dos, incompatible avec la position, penché vers l’avant, dans laquelle a été retrouvé le corps .

Voilà qui suffit à établir que Boulin n’est pas mort là où il a été officiellement découvert à 8 h 40, ce dont il n’a jamais été tenu compte.

Sans renter dans les détails (pas moins de 75 incompatibilités, accessibles sur de nombreux sites, dont ce blog,) et notamment les articles sur Mediapart d’Antoine Perraud (Boulin, une bassesse française), le livre de Benoit Collombat (Un homme à abattre, Fayard 2007) ainsi que ses reportages sur France–inter, ainsi que le livre de Fabienne Boulin, (Le dormeur du val, Don Quichotte, 2011), http://www.robertboulin.net/, la fiche wikipedia, l’ebook d’OWNI « Boulin, le fantôme de la Vème republique », http://rue89.nouvelobs.com/2013/12/21/laffaire-boulin-secret-jeunesse-claude-gueant-248508, etc…

Michèle Aliot-Marie, alors Garde des Sceaux, mérite une mention spéciale: En 2010, elle se rendit tout exprès à Libourne (dont Robert Boulin fut maire pendant 25 ans) une semaine avant l’audience accordée par le procureur général Falletti à Fabienne Boulin–Burgeat. Elle y déclara que l’instruction sur la mort de Boulin « ne devait pas être réouverte » car il n’y avait, selon elle, aucune charge nouvelle, comme si elle voulait être certaine d’être bien comprise par M. Falletti.

C’est la même MAM qui, en 2013, s’érigea en défenseur de la sacro-sainte indépendance de la justice lorsque l’actuelle ministre de la justice, Christiane Taubira, envisagea de déplacer le même procureur général de Paris, Falletti, toujours en fonction …

LE MOBILE DU CRIME

En septembre 1979 le président Giscard était venu à Libourne rendre hommage aux qualités d’homme d’état de son ministre Boulin. Pour la plupart des observateurs, il s’agissait du prélude à sa désignation comme premier ministre, dans la perspective des élections de 1981, la chute de la popularité de Raymond Barre étant considérée comme un obstacle à la réelection de Giscard.

Quelques jours après, inspirés par des proches du clan Chirac, des articles mettant en cause la probité du ministre parurent dans Minute et le Canard enchainé.

Le dimanche 21 octobre 1979, Robert Boulin était l’invité du club de la presse d’ Europe 1. Il s’explique longuement sur les attaques qu’il avait subies dans la presse sur son acquisition, en 1973, d’un terrain à Ramatuelle (Var) et avait clairement laissé entendre qu’il avait les moyens de confondre ses détracteurs, une menace qui n’a manifestement pas été prise à la légère.

Voici, compte tenu des éléments accumulées, la reconstitution la plus vraisemblable, qui intègre les pièces du puzzle. Alors que les enquêteurs n’ont jamais pris en compte deux faits déterminants (lividités cadavériques et heure réelle de la découverte du corps) qui auraient dû les conduire à ne pas uniquement considérer l’hypothèse du suicide.

En 1979 comme aujourd’hui, les environs de Montfort-l’Amaury, abritent nombre de vastes propriétés. Certaines appartiennent à des personnalités liées au parti gaulliste et à de puissants hommes d’affaires qui leur sont proches. Ceintes de hauts murs, entourées de parcs arborés, ces belles demeures ne sont pour la plupart habitées que le week-end. L’une d’elles hébergea, selon toute vraisemblance, l’après-midi du lundi 29 octobre un traquenard dont Boulin ne sortit pas vivant. Au programme : passage à tabac, et sans doute plus, car il fallait faire parler l’ancien résistant Boulin, lui faire cracher où étaient les dossiers – et leurs doubles – qu’il avait imprudemment menacé de rendre publics une semaine avant .

Est-il mort sous les coups ? A-t-il été achevé par ses bourreaux ? En tout état de cause, il était impensable de relâcher vivant un ministre en exercice violemment battu. Au milieu de la nuit, les hommes de main rendent compte de leur mission. Le procureur général Chalret, important membre du SAC (Service d’Action Civique, milice gaulliste), est prévenu, ainsi que les plus hautes autorités de l’État. Il reste environ sept heures pour scénariser un accident ou un suicide. Pour expliquer l’apparence de boxeur groggy du visage de Boulin, un vrai-faux accident de voiture est tout indiqué. Faute de main d’œuvre qualifiée pour une telle mise en scène, il faut se contenter du scénario du suicide, inspiré par la proximité des Etangs de Hollande, où des noyés sont parfois repêchés. Mais la forêt de Rambouillet n’est pas déserte la nuit, des braconniers et des promeneurs venus entendre le brâme du cerf se baladent dans le coin, il faut donc se replier sur l’Étang Rompu, où jamais personne ne se noya dans cinquante centimètres d’eau et de vase. Le poids de certaines hiérarchies fit le reste.

Source : Casanier, pour Mediapart, le 29 octobre 2014.


Affaire Boulin : « J’ai mis les deux noms dans un coffre »

Sanguinetti lui a livré deux noms comme étant ceux des assassins. L’ancien ministre les tient à la disposition de la justice.

Affaire Boulin : « J'ai mis les deux noms dans un coffre »Jean Charbonnel. PHOTO AFP

Les noms du commanditaire et de l’exécutant de l’assassinat de Robert Boulin, tels qu’Alexandre Sanguinetti me les avait glissés en décembre 1979, sont déposés dans un coffre. S’il m’arrive quelque chose, on les retrouvera toujours. » Jean Charbonnel, 83 ans, grande figure du gaullisme social, a mis longtemps avant d’« ouvrir les yeux » sur la mort de Robert Boulin. Malgré cette confidence. Il était pourtant proche du député-maire de Libourne.

« La dernière fois que je l’ai croisé, c’était deux mois avant sa mort, sur un trottoir de la rue de Varenne. “Comment vas-tu, Jean ? J’aurais à te parler”, m’avait-il dit. Après, j’ai compris qu’il voulait probablement évoquer l’éventualité de sa nomination au poste de Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing. Non seulement il était brillant, mais c’était le meilleur débatteur du groupe gaulliste. On cherchait à le déstabiliser. Il a été tué soit parce qu’il était sur le point d’entrer à Matignon, soit parce qu’il avait les moyens de confondre ceux qui cherchaient à le déstabiliser. Ou peut-être à cause de ces deux raisons à la fois. »

Jean Charbonnel reconnaît avoir mis très longtemps à accepter la version d’Alexandre Sanguinetti, baron du gaullisme et fondateur du Service d’action civique (SAC), l’officine créée vingt ans plus tôt par les gaullistes pour lutter contre les attentats commis en France par l’OAS et les tenants de l’Algérie française. « Vous comprenez, j’avais vu la lettre signée de Boulin parvenue chez Chaban lui annonçant son suicide », explique-t-il. C’est la lecture du livre de Benoît Collombat (« Un homme à abattre ») qui a été déterminante. « Depuis, j’attends que les magistrats, si scrupuleux de leur indépendance et de leur dignité, fassent enfin leur travail. Je ne peux livrer les deux noms que m’avaient glissés Sanguinetti en pâture, comme cela. Je ne peux les révéler qu’à un juge. »

« Un séisme politique »

Alexandre Sanguinetti lui avait fait cette confidence deux mois après la mort de Boulin, au cours d’un repas à Brive, dont Jean Charbonnel était maire. « Nous devions nous revoir pour en parler. Il est mort avant. » Haut en couleur, Alexandre Sanguinetti avait parfois le verbe fort. Jean Charbonnel convient que la chose lui était apparue tellement énorme qu’il l’avait prise pour de l’outrance. « Le nom du commanditaire, si c’est bien lui, est très connu. Celui de l’exécutant ne me disait rien en 1979. Depuis, je me suis renseigné. L’un comme l’autre sont encore en vie. Si la justice veut les interroger, il faut néanmoins qu’elle se presse. »

Selon lui, si la confidence de Sanguinetti s’avérait exacte, cela provoquerait aujourd’hui encore un séisme politique. « Si personne n’a rien voulu voir et entendre, c’est que les répercussions auraient été trop fortes, sans doute. » Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? « Nous vivions une période de transition. C’était la fin du gaullisme gaullien. Mais les mœurs étaient encore violentes, à droite comme à gauche. Les réseaux issus de la guerre, de l’OAS, ceux du SAC étaient encore actifs, sans véritable chef à la tête. Les barons du gaullisme, dont certains avaient lâché Chaban en 1974, avaient créé du vide. Les meurtres de Brooglie, Boulin et Fontanet ont eu ce vide pour toile de fond. »

Source : Dominique de Laage, pour Sud Ouest, le 12 février 2011.

P.S.  Jean Charbonnel est mort l’année dernière…


La CIA peut-elle relancer l’enquête sur l’affaire Robert Boulin ?


Le logo de la CIA à Langley (Jason Reed/Reuters)

Contactée en 2009 par le journaliste Benoît Collombat, la CIA avait révélé qu’elle possédait un dossier sur la mort mystérieuse de l’ancien ministre en 1979, mais qu’il était classifié. A un an de la prescription du dossier, la fille de Robert Boulin a adressé une requête à l’agence américaine pour lever le secret, et espère avoir l’appui de François Hollande.

2015 sera une année décisive pour Fabienne Boulin, la fille du ministre du Travail gaulliste Robert Boulin, retrouvé mort en 1979 dans un étang de la forêt de Rambouillet. L’affaire sera prescrite en janvier 2016 : il lui reste donc moins d’un an pour convaincre les autorités françaises de rouvrir le dossier avant qu’il ne soit définitivement clos. Car la seule héritière de Robert Boulin est convaincue que la thèse officielle – celle du suicide – est irrecevable, et que son père a été victime d’un homicide soigneusement caché pendant toutes ces années par l’Etat.

“La thèse du suicide n’est aujourd’hui plus crédible”

A l’époque où le ministre est retrouvé mort, les enquêteurs concluent en effet au suicide par noyade après absorption de Valium. Il avait été mis en cause dans une affaire immobilière à Ramatuelle (Var) qui l’aurait rendu dépressif. Mais de nombreuses contre-enquêtes et témoignages étayent depuis 35 ans la piste d’un assassinat impliquant potentiellement le Service d’action civique (SAC). Un livre paru en 2007, Un homme à abattre. Contre enquête sur la mort de Robert Boulin (éd. Fayard), apporte une contribution importante et solide à cette thèse. Son auteur, le journaliste Benoît Collombat, a passé cinq ans à recueillir des témoignages et à consulter les archives du dossier pour en arriver à la conclusion que “la thèse du suicide n’est aujourd’hui plus crédible. Elle l’est d’autant moins qu’un faisceau d’éléments permet d’accréditer la piste de l’homicide : crime ou assassinat”. Il pointe notamment des éléments médico-légaux trahissant des “signes évidents de violences volontaires contre le ministre” et une chronologie incohérente des événements.

La CIA dispose d’un dossier secret sur la mort de Robert Boulin

Plus tard, le journaliste réalise plusieurs droits de suite où il fait intervenir de nouveaux éléments concordants. C’est sur un de ces éléments que Fabienne Boulin fonde aujourd’hui ses espoirs de faire éclater la vérité. En 2009 Benoît Collombat a la confirmation par la CIA que le renseignement américain dispose d’un dossier sur la mort de Robert Boulin, qui ne peut pas être communiqué “pour des raisons de défense nationale ou de politique étrangère”. Il avait été mis sur cette piste par une anecdote racontée par Fabienne Boulin elle-même à l’époque de sa contre-enquête :

“Une semaine avant la mort de mon père, ma mère reçoit la visite de Gilles Bitbol, une connaissance de la famille qui vit aux Etats-Unis et fait des affaires dans l’immobilier. Brutalement, je vois ce grand gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix s’effondrer dans les bras de ma mère en lui disant : ‘La CIA m’a prévenu. Robert va être assassiné!’ Avec ma mère, on a pensé que ce garçon devait être profondément dépressif”.

Le fait que la CIA dispose d’un dossier sur la mort de Robert Boulin et qu’elle n’ait pas souhaité le communiquer en 2009 est en soi “une information intéressante, sans préjuger de ce qu’il contient”, estime aujourd’hui Benoît Collombat : “On peut légitimement s’interroger sur ce point : s’il s’agit d’un suicide, pourquoi ce dossier pourrait nuire aux relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis ?”

Fabienne Boulin compte sur le soutien de François Hollande

Fabienne Boulin a donc sollicité le concours de l’agence de renseignement américaine fin janvier par l’intermédiaire de son avocat pour tenter de déclassifier ce dossier : “On sait que la DCRI doit avoir le même dossier, mais comme les Français ne montrent pas depuis le début une volonté farouche de connaître la vérité, on se tourne vers la CIA, explique-t-elle. On espère qu’après trente-cinq ans de combat pour la vérité, le fait que je sois la seule héritière va peser en notre faveur”.

Pour éviter que la CIA n’oppose une fin de non-retour à sa requête, comme en 2009, la fille du ministre compte sur l’appui de François Hollande. A cette fin, elle a rédigé une lettre à l’intention du président et compte sur Philippe Buisson, maire socialiste de Libourne – ville dont Robert Boulin a été maire de 1959 jusqu’à sa mort – pour lui servir d’intermédiaire :

“Libourne est toujours surnommée ‘Boulin City’ 36 ans après la mort de mon père, et Philippe Buisson a toujours appuyé notre demande pour la recherche de la vérité. Comme il a l’oreille du président, j’espère qu’il va pouvoir appuyer notre demande légitime. Je pense que les autorités américaines vont demander aux autorités françaises la permission de lever le secret, et ce serait bien qu’elles ne l’empêche pas”.

Le 30 janvier, le maire de Libourne avait encore fait part de son soutien sur son compte Twitter :

“C’est une affaire politique”

La réponse de la CIA devrait être connue d’ici trois semaines. Il reste donc peu de temps pour que la France s’engage sur ce sujet. Fin janvier 2013 le président du groupe socialiste à l’Assemblée Bruno Le Roux et le député de la Gironde Florent Boudié avait envoyé une lettre à Jean-Marc Ayrault réclamant la réouverture de l’enquête.

Ces soutiens politiques ne sont pas anodins. “C’est une affaire qui depuis le début n’est pas traitée judiciairement mais politiquement, car c’est une affaire politique”, remarque Benoît Collombat. En 2010 Michèle Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux, avait d’ailleurs estimé lors d’un déplacement à Libourne que le dossier était “clos” avant même que le procureur général de Paris, François Falletti, ne se soit prononcé sur sa potentielle réouverture. On avait alors découvert que des scellés judiciaires avaient disparus de manière rocambolesque. “Cet exemple est emblématique : on ne traite pas cette affaire comme elle devrait l’être alors qu’un serviteur de l’Etat est mort dans des conditions extrêmement troubles et qu’elle mériterait une enquête digne de ce nom”, conclut Benoît Collombat.

Source : Les Inrocks


Le 21 mars 2010, sur France 2, le reportage de Marie-Pierre Farkas présente des témoins qui ne s’étaient jamais exprimés face caméra. En particulier Laeticia Sanguinetti, fille d’Alexandre, un des leaders historiques du mouvement gaulliste et du Service d’action(s) civique(s) (SAC).

Plus d’information dans ces émissions de France Inter, ici et .


Et pour aller plus loin : http://www.robertboulin.net/

Source: http://www.les-crises.fr/nos-assassinats-politiques-retour-sur-lassassinat-de-robert-boulin-le-30-octobre-1979/


Les journalistes tués en Russie + comparaison mondiale des Homicides

Thursday 5 March 2015 at 04:56

Propagande classique à l’occasion de l’assassinat sordide de Boris Nemtsov :

Les meurtres de journalistes en Russie

On a donc eu 315 journalistes tués en Russie – ce qui est exact.

Ce chiffre de 1,3 journaliste tué par mois interpelle évidemment fortement.

Mais analysons le plus en détail :

On constate qu’une bonne partie concerne des accidents ou des morts où le journaliste n’était pas spécifiquement visé. Analysons la tendance :

On voit donc que la situation – pour très difficile qu’elle reste – est en nette amélioration depuis 10 ans (le gros pic correspond à la guerre en Tchétchénie).

“Étrange”, je n’ai jamais entendu dire que Eltsine faisait assassiner les journalistes qui le dérangeaient…

Poursuivons sur les seuls homicides :

On constate que dans une grande partie des homicides, le journaliste n’a pas été tué en tant que journaliste, mais en tant que passant, ou victime de personnes alcoolisées, etc.

Voici donc la donnée sur les meurtres où le journaliste a été victime de son métier (ou dans les cas où on ne sait pas) :

On observe que la situation (totalement non satisfaisante) est tout de même sensiblement différente de la narrative.

Rappelons également que la plupart de ces meurtres ont eu lieu dans le Caucase ou dans des régions périphériques, où les mafias restent puissantes, et n’apprécient nullement des articles de ces journalistes courageux.

Voici donc le bilan final :

On est donc à une quarantaine de meurtres de journalistes en 20 ans.

Espérons qu’on finira à arriver à 0 (sans que les journalistes ne deviennent des clones de Pujadas…).

Point sur les homicides

Voici quelques données sur les homicides :

Le taux d’homicide par grande zones :

L’utilisation des armes pour tuer :

Taux d’homicide régional :

Taux d’homicide régional en Europe :

Voici l’évolution en synthèse pour la Russie, comparée à d’autres (dont la population noire aux États-Unis) :

J’ai du coup fait un petit calcul :

En conclusion, cela signifie donc que, globalement, la mortalité générale des journalistes en Russie ne semble finalement pas très différente de la moyenne – en première approche…

Ce qui n’enlève rien au fait que la quarantaine de journalistes ciblés en raison de leur métier est inacceptable – mais personne ne se demande combien de comptables, de gérants de PME, de contrôleurs des impôts russes, etc. ont été tués durant la période en raison de leur métier…

Ce phénomène est surtout un symptôme du drame traversé par la société russe dans les années 1990-début des années 2000 – et que les Russes ne veulent évidement pas revivre…

Mais évidemment, cela ce nacre pas avec la narrative officielle, peu de chance que vous lisiez ceci dans votre journal… (quant au JT…)

P.S. : on note la très forte baisse des homicides en Europe (attribuée en bonne partie aux progrès des soins aux victimes et des enquêtes) et donc en France, qui a un des taux les plus bas au monde.



Source: http://www.les-crises.fr/les-journalistes-tues-en-russie-les-homicides/