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Sciences et Avenir se met en quatre pour Emmanuel Macron, par Laurent Dauré

Saturday 4 March 2017 at 11:20

Source : ACRIMED, Laurent Dauré, 02-03-2017

Emmanuel Macron est-il « le candidat des médias [1] » ? On se bornera ici à montrer modestement qu’il est au moins le candidat privilégié par Sciences et Avenir, deuxième magazine de vulgarisation scientifique le plus diffusé [2]. Histoire d’un cas de « synergie » dans le domaine de la presse…

Le moins que l’on puisse dire c’est que Sciences et Avenir a mis les petits plats dans les grands pour rendre compte de « l’événement », à savoir un entretien de deux heures organisé par le magazine entre Emmanuel Macron et cinq scientifiques (Jean-Claude Ameisen, Claudine Hermann, Axel Khan, Hubert Reeves et Cédric Villani [3]).

Quatre pages dans l’édition de mars 2017, avec le nom du candidat en (très) grand sur la couverture, et sur le site du mensuel dédié à « l’actualité des sciences », six articles et… vingt-neuf vidéos [4] !

Dans Sciences et Avenir (et Macron), les autres candidats sont marrons

Il ne nous appartient pas de commenter ici le contenu des échanges dont le thème général était « Quelle place pour la science en France ? » Toutefois, sans sortir du rôle d’Acrimed, on peut constater que le « débat »annoncé sur la couverture du magazine ressemble plutôt à une audience accordée par Emmanuel Macron à cinq scientifiques de renom : une audience qui met le candidat et ses idées en valeur, les plaçant au centre de l’attention. Cette promotion est rehaussée par la configuration de la rencontre : « cinq grands scientifiques », transformés pour l’occasion en panélistes (bienveillants), lui posent des questions pour s’enquérir de ses positions sur les différents sujets abordés.

Le mensuel justifie ainsi l’initiative : « À moins de trois mois de l’élection présidentielle, grâce à la médiation de Sciences et Avenir, les cinq éminents scientifiques […] ont pu librement s’entretenir pendant deux heures avec Emmanuel Macron, candidat qui nous avait directement fait savoir son souhait de s’exprimer sur ces sujets d’avenir . » D’où l’on comprend que c’est le fondateur d’« En marche ! » qui a demandé à la rédaction du magazine d’être reçu dans ses pages, celle-ci, manifestement soucieuse de lui donner satisfaction, se contentant de déterminer les modalités.

Sans doute consciente de l’impression que risque de produire l’accueil royal réservé à Emmanuel Macron, la rédaction précise : «  Sciences et Avenir a fait parvenir la série des questions abordées lors de cet entretien aux autres candidats à l’élection présidentielle. Leurs réponses seront publiées dans une prochaine édition du magazine ainsi que sur notre site Internet [5]. » Comme la seule édition du magazine avant le scrutin sera celle du mois d’avril (alors que le premier tour de l’élection présidentielle doit se tenir le 23 de ce mois-là), il est donc d’ores et déjà clair que les autres candidats ne bénéficieront pas du même traitement qu’Emmanuel Macron, à la fois qualitativement et quantitativement. Toutes leurs réponses seront réunies dans une même édition – on doute qu’il leur soit accordé quatre pages chacun… – et ils ne seront ni filmés ni photographiés en train de tenir en haleine des scientifiques connus.

Un internaute déclarant être un abonné de Sciences et Avenir exprime bien sur le site du magazine le mécontentement que la « préférence Macron » peut légitimement susciter chez les lecteurs d’une publication dédiée à la vulgarisation scientifique :

Le seul mathématicien médiatique de France est… pro-Macron

Il y aurait un travail spécifique à faire sur la médiatisation de Cédric Villani, l’un des cinq membres du panel de scientifiques sélectionnés par Sciences et Avenir (voir quelques réflexions à ce sujet en annexe). Ce mathématicien est un soutien officiel de l’ancien locataire de Bercy. Il le dit très explicitement dans cette intervention lors du meeting d’Emmanuel Macron à Lyon (4 février 2017) ou dans cet entretienaccordé à Mediapart (24 février 2017). Pourquoi la rédaction de Sciences et Avenir n’a-t-elle pas informé les lecteurs de cet élément d’appréciation important ? Cela leur aurait permis de comprendre pourquoi le mathématicien n’a cessé de tendre des perches fraternelles à son candidat lors de l’échange avec les cinq scientifiques, comme celle-ci par exemple : « Les grandes universités se plaignent de ne pas avoir vraiment d’autonomie, de rester contraintes face à la puissance publique concernant l’utilisation de leur budget [6]. »

Une étonnante « synergie » entre Sciences et Avenir et Challenges

Le « débat » publié par Sciences et Avenir n’a pas été sans écho, du moins au sein du groupe Perdriel, détenu à 93 % par l’industriel [7] et homme de presse Claude Perdriel, cofondateur – avec Jean Daniel – du Nouvel Observateur et fondateur du Matin de Paris [8]. Celui-ci possède également l’hebdomadaire économique Challenges [9].

On comprend immédiatement le concept de « synergie » dans un groupe de presse en prenant connaissance de l’article de Challenges.frqui rend compte de « l’entretien événement » de Sciences et Avenir ; la rédaction du site le présente complaisamment ainsi : « Alors que ses adversaires lui tirent leurs meilleures flèches, brocardant son absence de programme (dont la présentation détaillée est prévue début mars), ironisant sur ses sorties de route (la colonisation ; la manif pour tous), Emmanuel Macron s’intéresse au temps long, voire très long, celui de la recherche scientifique, de la transition écologique, de l’avenir de la planète dans les colonnes de Sciences et Avenir ».

Et l’on est d’autant moins surpris par cette synergie qu’Emmanuel Macron a fait la Une de Challenges sept fois, entre août 2012 et février 2017. [10]

On sera d’autant moins stupéfait par cette prévenance que Challenges.frpubliait le 16 octobre 2016 un très long entretien en trois parties du marcheur en chef, alors qu’aucune autre personnalité politique n’a bénéficié d’un tel privilège. Et, pour couronner le tout, dans un éditorial paru le 30 janvier dernier sur le site de l’hebdomadaire, l’éditorialiste Maurice Szafran entend démontrer – c’est le titre – « Pourquoi Emmanuel Macron n’est pas le candidat des médias, ainsi que nous l’avions relevé dans cet article : « À Challenges, une voix s’élève contre le Macron-bashing médiatique ».

Une coïncidence troublante : un propriétaire macronphile

Évidemment, il n’est nul besoin d’imaginer une intervention directe du propriétaire sur les deux organes de presse, et notamment sur Sciences et Avenir, dont il est le président et directeur de la publication, bien qu’il ait la réputation d’être particulièrement interventionniste, comme on le voit dans le documentaire de Raymond Depardon sur les débuts du Matin de Paris – Numéros zéro (1980) [11] – et comme le confirme le rôle qu’il a joué dans le licenciement d’Aude Lancelin de la rédaction de L’Obs. [12]

Ce serait donc – peut-être ou sans doute ? – en toute « indépendance » (puisque c’est le mot qui lui conviendrait) que la rédaction de Sciences et Avenir a choisi de privilégier Emmanuel Macron. Et Claude Perdriel a alors tout lieu de se réjouir de cette coïncidence bienvenue. En effet, ce dernier, aujourd’hui âgé de 90 ans, soutient très officiellement la candidature d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle. Il retrouve chez celui-ci « quelque chose de Mendès France », le considère comme « un homme libre qui dit ce qu’il pense et qui réfléchit »« très cultivé » et allant « au fond des choses » [13].

Pourtant, Claude Perdriel a souhaité nuancer son soutien. Il déclarait ainsi au Figaro (24 octobre 2016) : « Soyons précis : je n’ai pas dit que je “soutenais” Emmanuel Macron. Ses idées sont salutaires. Elles apportent une perspective de changements qui manquait dans le débat politique et idéologique. Jamais la bataille droite-gauche n’a été aussi violente. Dans ce contexte, j’apprécie qu’Emmanuel Macron “parle vrai”, qu’il cherche des solutions novatrices. J’écoute Macron et j’entends la musique, les paroles de Mendès France, de Mauroy, de Rocard ou de Delors – ceux qui incarnent cette gauche à laquelle je me suis toujours référé. » Et il ajoutait : « Ces réflexions, cet éventuel engagement, n’engagent que moi et non pas Challenges. »

Dans la même interview, il affirmait qu’il n’exerce aucune pression pro-Macron : « Notre journal s’est doté d’une charte et nous tenons à ce qu’elle soit respectée […]. À l’intérieur d’un journal règne un pluralisme d’opinions, c’est cela qui est merveilleux. »

À en juger par le merveilleux pluralisme d’opinions qui règne dans les magazines que Claude Perdriel dirige, on est en droit de se demander à quoi sert la charte éthique dont il semble si fier ? Et qui est chargé de la faire respecter ?

* * *
Challenges a évidemment le droit de soutenir Emmanuel Macron si c’est le souhait de la rédaction, et pas seulement du propriétaire. Mais autant le dire clairement, nier l’évidence de ce soutien serait une insulte à l’intelligence des lecteurs (trois couvertures en trois mois…).

Mais le cas de Sciences et Avenir est différent compte tenu de l’objet du magazine. Nous peinons à croire que la rédaction d’un mensuel dédié à l’actualité des sciences approuve collectivement d’être mise au service du candidat préféré de l’actionnaire du titre. La directrice de la rédaction, Dominique Leglu, et le rédacteur en chef du pôle digital, Olivier Lascar, semblent consentants, mais qu’en est-il du reste de l’équipe [14] ? À cette heure nous ignorons s’il y a eu des protestations en interne [15].

Quoi qu’il en soit, élection présidentielle oblige, la chefferie éditoriale de Sciences et Avenir s’assoit sur la déontologie la plus élémentaire pour favoriser le candidat qui a la préférence du propriétaire. Avec Claude Perdriel, le pluralisme est en effet « merveilleux », c’est-à-dire imaginaire.

Laurent Dauré

* * *
Annexe : 
À propos de Cédric Villani, le très médiatique mathématicien pro-Macron

Les médias dominants semblent considérer que Cédric Villani est l’unique mathématicien français digne d’intérêt [16]. Nous ne nous prononcerons évidemment pas sur les travaux qu’il a produits dans sa discipline, nous n’en avons ni la compétence ni la vocation. En dehors de l’effet de notoriété généré par les distinctions académiques reçues et les nombreuses responsabilités exercées [17], il nous semble que cette exposition médiatique exceptionnelle pour un mathématicien s’explique par trois facteurs qui se renforcent mutuellement :  
– (1) la prédilection des journalistes pour la figure romanesque du scientifique original et un brin excentrique [18] ; 
– (2) les aptitudes de Cédric Villani à l’autopromotion ; 
– (3) sa proximité avec certains cercles de pouvoir.

Le mathématicien est par exemple l’un des sept membres du conseil scientifique de la Commission européenne [19], administrateur du think tank EuropaNova et « Young Leader » de la French-American Foundation [20], comme Emmanuel Macron, pour ne citer qu’un autre « élu » [21].

Cédric Villani a officialisé son soutien à ce dernier en février 2017. Et à qui Sciences et Avenir consacrait la couverture de son édition ce mois-là [22] ?…

[1L’expression est peut-être mal choisie, mais les articles réunis dans la rubrique de notre site consacrée au traitement médiatique de l’ancien ministre de l’Économie fournissent quelques éléments d’appréciation. De même que cette tribune de Thomas Guénolé publiée sur Marianne.net.

[2La diffusion du mensuel – 238 885 exemplaires en moyenne par numéro en 2016 (selon l’ACPM) – est inférieure à celle de son vieux concurrent Science et Vie (281 532).

[3Notons au passage que ces scientifiques sont parmi les plus médiatisés en France – il ne manque en fait qu’Yves Coppens, Boris Cyrulnik et Étienne Klein – ; c’est moins le cas pour Claudine Hermann, la seule femme du panel. La France ne compte-t-elle vraiment qu’une petite dizaine de scientifiques méritant la faveur des médias ?…

[4Il faudrait ajouter les nombreuses photos montrant les cinq scientifiques buvant les paroles d’Emmanuel Macron, ces images étant à la disposition des médias qui souhaiteraient à leur tour relater « l’événement ».

[5Cette formulation est celle qui figure sur le site du magazine, la version papier en comporte une très similaire.

[6Claudine Hermann n’est pas en reste dans ce registre : « La connexion entre le monde universitaire et le monde de l’entreprise est insuffisante ». On imagine Emmanuel Macron profondément déstabilisé par cette remarque iconoclaste.

[7Claude Perdriel a bâti sa fortune grâce à la société SFA, inventrice du Sanibroyeur.

[8Le Matin de Paris est un quotidien qui a paru de 1977 à 1987. Claude Perdriel a cédé l’intégralité du capital de L’Obs – nouveau nom du Nouvel Observateur – (et également de Rue89) aux actionnaires du groupe Le Monde : Pierre Bergé, Xaviel Niel et Mathieu Pigasse. La cession s’est faite en deux fois ; deux tiers en 2014, le tiers restant en 2016. À ce sujet et plus largement sur ses investissements dans les médias, lire cette interview de Claude Perdriel aux Échos.fr (9 janvier 2014)

[9Le groupe Perdriel possède aussi depuis juin 2016 la société Sophia Publications, qui édite Historia, L’Histoire, Le Magazine littéraire et La Recherche. Pour en savoir plus sur cette acquisition, lire cet article des Échos.fr (23 juin 2016).

[10Successivement les 30 août 2012, 27 novembre 2014, 21 octobre 2015, 18 février 2016, 8 décembre 2016, 19 janvier 2017 et 19 février 2017. On remarque la nette intensification depuis la fin de l’année 2016.

[11Nous avions programmé ce film instructif dans notre cycle de projections-débats sur le thème « À l’intérieur des rédactions ».

[12Voir notre article consacré à ce licenciement.

[13Ces propos sont issus d’une interview sur France Inter (17 octobre 2016), dont Jean-Dominique Merchet a rendu compte le même jour dans cet article publié sur le site Internet de L’Opinion.

[14Notons en passant qu’Armelle Thoraval est simultanément « Rédactrice en chef et Directrice numérique de Challenges.fr et Directrice numérique de Sciences et Avenir » (c’est précisé ici).

[15À Challenges, une motion de censure visant Vincent Beaufils (directeur de la rédaction) et Armelle Thoraval a été votée à 64 % le 24 février, mais les motifs tiennent plus à ce qui est perçu comme une absence de stratégie et une désorganisation ambiante qu’à un ras-le-bol face à la Macron-mania.

[16Il a fallu qu’Alexandre Grothendieck meure (le 13 novembre 2014) pour que les médias s’intéressent – un tout petit peu et mal – à lui et à ses travaux. Il était pourtant considéré depuis longtemps par les spécialistes comme l’un des mathématiciens les plus importants du XXe siècle. Comme Cédric Villani, il avait reçu la médaille Fields, la plus prestigieuse récompense dans le domaine des mathématiques. Alexandre Grothendieck avait par ailleurs une œuvre littéraire, avec notamment une autobiographie intitulée Récoltes et Semailles.

[18Les médias accordent beaucoup d’importance au « look désuet et baroque » (Télérama.fr, 22 octobre 2011) de Cédric Villani, « coiffé à la Chopin et habillé comme Dorian Gray »(Madame Firago.fr, 9 octobre 2010). Le scientifique, parlant lui-même volontiers de son apparence, déclare qu’il est « un peu la Lady Gaga des mathématiques » (dans l’entretien à Télérama.fr dont le titre est « Cédric Villani, “la Lady Gaga des maths” »).

[19Voir ce texte du blog de Sylvestre Huet sur Libération.fr.

[20Selon cet article de Jean-Michel Quatrepoint publié dans Le Monde diplomatique (novembre 2016), la French-American Foundation est une « fondation privée [qui] organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français – entrepreneurs, responsables politiques, journalistes – les bienfaits de la mondialisation à l’anglo-saxonne. »

[21Consulter la page Wikipédia de la fondation pour une liste étoffée des « Young Leaders ».

[22C’est-à-dire le numéro qui précède celui avec Emmanuel Macron et le panel de scientifiques

Source: http://www.les-crises.fr/sciences-et-avenir-se-met-en-quatre-pour-emmanuel-macron-par-laurent-daure/


« Post-vérité » et « fake news » : fausses clartés et points aveugles, par Patrick Michel

Friday 3 March 2017 at 04:56

Source : ACRIMED, Patrick Michel, 23-02-2017

Apparu dans les années 2000 et remis au goût du jour dans les suites du Brexit puis de l’élection de Donald Trump, le concept a fini par s’imposer : nous vivrions actuellement dans l’ère de la « post-vérité », dans laquelle la vérité a perdu sa valeur de référence dans le débat public, au profit des croyances et des émotions suscitées ou encouragées par les fausses nouvelles devenues virales grâce aux réseaux sociaux. Sans doute la diffusion de fausses nouvelles est-elle une réalité, mais la façon dont certains journalistes des grands médias, et en particulier les cadres des rédactions, posent le problème, ne nous en apprend pas tant sur l’idée bancale de « post-vérité » que sur les croyances de ces mêmes journalistes et les points aveugles de la conception du rôle qu’ils jouent dans les événements politiques en général, et dans la situation actuelle en particulier.

Concepts flous, utilisations orientées

L’expression « post-vérité » (post-truth politics en version originale), apparue dès les années 2000 [1] connaît actuellement une deuxième vie, tellement riche qu’elle a été désignée « mot de l’année 2016 » par le dictionnaire Oxford. C’est Katharine Viner, rédactrice en chef « Informations et Médias » du quotidien britannique The Guardian, qui l’a remis au goût du jour, en l’actualisant, dans un éditorial du 12 juillet 2016. Au lendemain du Brexit, cette journaliste spécialiste des questions médiatiques donne ainsi un nouveau cadre à l’expression : les électeurs, trompés par de fausses nouvelles (fake news), ont voté pour le Brexit alors même que les médias favorables au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne leur exposaient à longueur de colonnes et d’émissions les faits qui auraient dû les convaincre de voter « remain ».

Avoir la vérité de son côté ne suffit plus, nous dit-on, à persuader les électeurs, davantage enclins à suivre celles et ceux qui font appel à leurs émotions et à leurs croyances personnelles [2].

Cette utilisation de l’expression est celle qu’on retrouve depuis dans la grande majorité des médias dominants, avec une fréquence accrue après les élections « surprises » de Donald Trump aux États-Unis, et de François Fillon puis Benoît Hamon aux primaires de leurs camps respectifs en France. Chaque défaite électorale de l’option préférentielle des médias dominants (Hillary Clinton, Alain Juppé [3], Manuel Valls [4]) semble alors confirmer le diagnostic.

Dans un dossier consacré au sujet, un article de Libération résume le lien présumé (auquel son auteure ne semble pas souscrire complètement) entre fausses informations, crédulité du public et résultats électoraux : « Les médias dits traditionnels vérifient, contredisent, rétablissent les faits. Pour quels effets ? Après le Brexit, Trump est élu… Un faux tweet fait-il une vraie élection ? Mal informés voire désinformés, les électeurs voteraient pour Donald Trump ou Marine Le Pen. »

L’auteure de cet article est l’une des rares à prendre la précaution du conditionnel pour exposer cette théorie. Or celle-ci, reprise au moins implicitement dans nombre de contributions médiatiques au sujet de la « post-vérité » [5], souffre d’un point aveugle important : la réalité d’un changement de la crédulité du public est pour le moins mal étayée. En effet, on ne peut qu’être curieux de savoir ce qui a bien pu modifier à ce point le rapport que le public entretient avec la vérité. Pour se limiter à la question des élections, on pourrait se demander lesquelles ont été remportées par des candidats faisant campagne autour de faits (forcément vrais), et lesquelles ont été remportées par ceux qui auraient fait appel à l’émotion et à la croyance (forcément irrationnelles). Mais ces questions ne sont jamais posées sérieusement. Tout au plus peut-on apprendre que l’émergence de nouveaux moyens de diffusion de l’information a augmenté le nombre de personnes exposées à des fausses nouvelles. Ce qui conduit logiquement à l’idée que les réseaux sociaux doivent être contrôlés, ou au moins régulés [6].

Fausses nouvelles, fabrications ou mauvais journalisme

Les esprits mal tournés, et ceux disposant d’un peu de mémoire et de quelques archives, feront également remarquer que la diffusion de fausses nouvelles n’est pas apparue avec la création des réseaux sociaux : si les médias dits traditionnels vérifient, contredisent et rétablissent les faits, il ne fait aucun doute qu’il leur arrive également de diffuser des mensonges, et plus fréquemment encore des informations biaisées ou tronquées. C’est ce que rappelle l’article du Monde Diplomatique dans lequel Pierre Rimbert liste les principales fabrications médiatiques sur les questions internationales des trente dernières années, des faux charniers de Timişoara aux preuves imaginaires de la présence d’armes de destruction massive en Irak. C’est ce que nous a rappelé récemment l’affaire de la fillette sauvée par des CRS dans une voiture en feu à Bobigny : une information diffusée par la préfecture et reprise sans vérification (et sans conditionnel) par, entre autres, Le ParisienLe Journal du dimanche ou encore Valeurs actuelles, alors qu’il a rapidement été établi que c’était un jeune manifestant qui avait sorti la fillette de la voiture, et que cette dernière n’était pas encore en feu.

Pour reprendre le cas du Guardian, on aura noté que l’éditorial de Katharine Viner a suscité bien plus de reprise et de commentaires que l’article du journaliste Glenn Greenwald qui dénonçait la falsification d’une interview de Julian Assange par le quotidien britannique. Le même Greenwald, ancien journaliste du Guardian à l’origine des premières publications de « l’affaire » Edward Snowden et aujourd’hui directeur du site d’information The Intercept, exposait aussi récemment deux autres fabrications parues dans le quotidien américain The Washington Post, grand pourfendeur de la post-vérité et des « fake news », qui dispute la place de « quotidien de référence » outre-Atlantique au New York Times [7]. Greenwald relevait également que les articles dans lesquels apparaissent ces fabrications sont très profitables au journal qui les publie puisqu’ils génèrent beaucoup de trafic sur son site. Surprise : la course à l’audience et aux publications spectaculaires pourrait donc être à l’origine de la diffusion de fausses nouvelles, y compris au sein des médias traditionnels… Quant aux correctifs ajoutés après coup, qui reconnaissent la fausseté des informations centrales des articles originaux, ils n’ont pas été relayés par les journalistes du « Post » sur leur compte Twitter, pas plus que leurs tweets diffusant les articles originaux n’ont été supprimés.

En France aussi, il arrive que des journalistes professionnels diffusent de fausses informations : par exemple sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré ou les prétendus mensonges d’une interne en médecinecritiquant la ministre de la Santé. Ou lorsque l’AFP reprend les fausses informations du Washington Post dans une dépêche qui donnera lieu à plusieurs articles, dont celui du Monde, qui lui-même sera par la suite corrigé discrètement [8].

Mais, comme le note Greenwald, ceux qui distinguent la catégorie de « fake news » de celle de « mauvais articles » le font à dessein. Dans le lexique de la rubrique « Les Décodeurs » du Monde, déjà cité plus haut, une « fake news » est ainsi un « faux prenant l’apparence d’un article de presse ». Cette distinction fondée sur l’intentionnalité, souvent difficile à déterminer, de la personne qui produit l’information, permet surtout d’immuniser par avance le journalisme professionnel qui pourrait ainsi être à l’origine de mauvais articles, mais jamais ou très rarement de « fake news ».

Quoi qu’il en soit, il incombe aux tenants de la notion de « post-vérité » de répondre aux questions suivantes : pourquoi les fabrications des médias traditionnels n’ont-elles pas présenté dans le passé, et ne présentent-elles pas aujourd’hui le même type de menace que les « fake news » dont on s’inquiète tant ? Et comment expliquer que le public, autrefois rationnel et raisonnable, soit devenu aussi hermétique aux faits, vérifications et explications fournis par les médias traditionnels ? L’explication qui prend uniquement en compte le rôle de diffusion des réseaux sociaux semble un peu courte, a fortiori si l’on s’intéresse aux audiences massives de certaines émissions d’information (environ 8 millions de téléspectateurs combinés chaque soir pour les journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2), ou que l’on remarque le poids croissant des productions de médias mainstream dans les contenus partagés sur Facebook ou Twitter. Notons ici que, selon l’ACPM, les cinq sites d’information les plus consultés en France étaient, en mai 2016, LeMonde.fr, LeFigaro.fr, 20minutes.fr, LeParisien.fr et Bfmtv.com [9]. Soit une écrasante domination des médias « traditionnels »…

Derrière la « post-vérité » : une conception particulière du rôle du journaliste

À bien y regarder, l’ère de la « post-vérité » ne se singularise donc pas essentiellement par une attitude radicalement différente du public par rapport à la vérité (qui reste à démontrer), mais bien par la perception par les journalistes que l’opinion ne les suit plus. On pourrait même donner une assez bonne définition de l’ère de la « post-vérité » comme période au cours de laquelle les électeurs votent contre les options électorales soutenues par la majorité des grands médias. Et ce n’est pas un hasard si une grande partie des articles [10] traitant de « fake news » ou de « post-vérité » font un lien direct avec les événements électoraux récents, preuves douloureuses, administrées à plusieurs reprises en 2016, que les médias ne font pas l’élection, en tout cas certainement pas tout seuls [11].

Ce qui semble poindre derrière l’idée de la disparition de la vérité comme valeur référence du combat politique est une certaine angoisse devant l’impossibilité pour certains journalistes de remplir le rôle qu’ils semblent s’assigner : permettre aux électeurs de voter correctement. Il est donc naturel que Céline Pigale, directrice de la rédaction de BFM-TV, résume ainsi les enjeux [12] : « Il faut rétablir, il faut obtenir que les gens nous croient. » Ce que l’on peut traduire ainsi : « Lorsque les citoyens-électeurs ne nous écoutent pas, ils votent n’importe comment ; il est donc impératif qu’ils nous écoutent et nous croient à nouveau. »

Cette conception du rôle du journalisme comme responsable de la certification des faits pertinents, mais aussi de leurs interprétations acceptables, est celle qui fait tenir aux éditorialistes leurs sempiternels discours sur le « réalisme », « le pragmatisme », l’inquiétante « montée des populisme », etc. C’est cette conception qui était la cible de l’article de Frédéric Lordon que nous avions recensé : si les médias professionnels ont une responsabilité dans les évolutions politiques des dernières décennies, c’est bien celle d’avoir, au nom d’un rôle prescriptif rarement revendiqué mais néanmoins assumé, marginalisé avec beaucoup de constance et d’application un certain nombre d’options politiques qui sortent du « cercle de la raison », et d’avoir rendu une immense partie de l’espace médiatique impraticable pour les tenants de ces options [13].

Une crise de confiance : mais confiance en qui ?

Or les options admises semblent intéresser un public de moins en moins nombreux, mais pour des raisons qui ne sont pas fondamentalement liées à leur traitement médiatique ou à celui de leurs concurrentes exclues. Et l’on est frappé de voir la victoire de Donald Trump analysée principalement comme un échec des médias qui avaient pris parti pour son adversaire, et qui n’avaient pas su prédire le résultat de l’élection en raison d’une déconnexion d’avec une large part des électeurs américains : cette analyse, modèle d’auto-centrisme aveuglé, néglige à peu près tous les facteurs politiques, économiques et sociaux qui ont pu pousser les électeurs à voter pour le candidat républicain – aussi bien les aspects de son programme et de son positionnement politique qui ont pu trouver un écho auprès des électeurs, que ceux qui les ont rebutés dans le programme de son adversaire et dans le bilan de la présidence Obama qu’elle défendait. Autant d’éléments, régulièrement écartés des discussions « post-vérité » [14]. Mais il est vrai que la prise en compte de ces éléments pourraient amener à soulever des questions autrement plus fâcheuses : « Et si ces gens qui ne nous écoutent plus avaient en fait quelques bonnes raisons pour cela ? »

Et l’analyse autocentrée se poursuit par cette esquisse de solution : en reprenant contact avec les « vrais gens », avec la France (ou l’Amérique) « profonde », les médias restaureront leur crédibilité et la confiance que leur accorde le public. Malheureusement, il apparaît qu’un projet comme celui du Monde, qui annonce « une “task-force” de six à huit journalistes lancés à la rencontre de “la France de la colère et du rejet” » [15] a bien peu de chance d’atteindre cet objectif. La raison en est aussi simple que difficile à entendre de la part de journalistes qui, souvent généreux, prétendent « rétablir la confiance » à coup de faits et d’enquêtes : tant que la quasi-totalité des grands médias restera dans la sphère d’influence des pouvoirs politique et économique, les journalistes resteront souvent victimes, qu’ils le méritent ou non, du discrédit et de la contestation qui frappent les oligarchies économiques et le microcosme politique. Autrement dit : la défiance et la critique à l’égard des journalistes et des informations se nourrissent de raisons diverses et nombreuses qui sont également, voire essentiellement extra-médiatiques.

Sans doute notre association s’intéresse-t-elle surtout à la façon dont la discussion – thèmes possibles à aborder et opinions possibles à défendre – est fermement encadrée dans une grande partie de la production médiatique mainstream : « pragmatisme » et « réalisme » versus « populisme » et « utopie ». Mais nous tentons de ne pas nous laisser griser par notre enthousiasme : ce n’est pas l’efficacité grandissante de cette critique qui explique prioritairement la perte de crédit des médias dits professionnels. Il semble plutôt qu’après plusieurs décennies catastrophiques aux plans politique, social, économique et environnemental, les principaux pouvoirs suscitent de plus en plus de défiance, ce qui se répercute quasi mécaniquement sur les satellites médiatiques de ces pouvoirs.

Restaurer la confiance : l’énergie dispersée du désespoir

C’est assez dire que la capacité de restaurer leur crédit ne dépend pas des seuls médias. Sans doute, traquer les fausses informations, comme le font par exemple les « Décodeurs » du Monde, est-il utile, voire indispensable. Il ne s’agit alors que de rehausser le travail ordinaire des journalistes d’information : vérifier, recouper et, quand il le faut, corriger. Mais ce serait une illusion d’attribuer des vertus quasi miraculeuses à ces tentatives de reconquête.

Cela ne signifie pas que rien ne dépend du monde médiatique. Mais la capacité de faire revenir la confiance, et donc le public, en particulier pour la presse écrite qui continue de perdre des lecteurs à un rythme soutenu, repose notamment sur le développement de médias indépendants des pouvoirs économique et politique [16] et plus généralement d’une transformation démocratique de l’ensemble de l’espace médiatique : une transformation dont la nécessité est éludée par les journalistes et les chefferies éditoriales qui animent le débat médiatique sur la « post-vérité ».

Or, outre l’idée de la « reconnexion » au terrain, symbolisée par l’expérience militaro-journalistique de la « task-force » du Monde, on voit se diffuser la conviction que c’est en exposant les « fakes news » que les « fact-checkeurs » des médias dominants renverseront la vapeur. Là encore, et peut-être de façon encore plus visible, ces louables intentions révèlent le rôle que les chefs de rédaction assignent au journalisme : informer, certes, mais pour encadrer.

Tel est le rôle assigné au dispositif annoncé par Facebook en France, sur la base de ceux existant en Allemagne et aux USA, et rapporté dans un article des Échos : n’importe quel utilisateur du réseau social y trouvant un article relayant une information suspecte pourrait la signaler, et des journalistes soumettraient l’article à une vérification, puis y accoleraient si nécessaire un label « intox », qui diminuerait la visibilité de l’article sur le réseau social, ainsi qu’un article correctif. Les journalistes préposés à ce « fact-checking » ne seraient pas rémunérés par Facebook, mais par leur rédaction [17]. Aux États-Unis, les journaux auxquels Facebook a recours sont ceux ayant signé la « charte Poynter », du nom de l’institut de journalisme qui a créé l’International Fact-Checking Network (le réseau international de « fact-checking »). Parmi ces signataires, on trouve… le Washington Post, qui entretient parfois lui-même comme nous l’avons vu des rapports assez lâches avec la vérité.

Plus généralement, il s’agit d’aller chercher un public qui se défie des médias dominants là où on pense qu’il se trouve, c’est-à-dire sur les réseaux sociaux, pour que ces mêmes médias dominants puissent lui indiquer la confiance qu’il peut avoir dans les articles qu’il consulte. Est-ce beaucoup s’avancer que de penser que ces recommandations seront elles-mêmes considérées comme suspectes par un nombre important d’utilisateurs de Facebook ? C’est en tout cas l’avis d’un « spécialiste du numérique » cité par Les Échos : « Pour que ça marche vraiment, il faudrait que les Gafa [Google, Amazon, Facebook, Apple] bloquent totalement certains sites, ce qui pose plein de questions et va à l’encontre de leur business. » Ce « plein de questions » peut se résumer à une seule : celle de la censure. Voilà donc la chose dite clairement : pour que le public redonne sa confiance aux bonnes informations validées des médias traditionnels, la seule mesure efficace serait de censurer les autres médias que ce public est de plus en plus enclin à consulter.

En France, il n’est pas (encore ?) question de censurer, mais plutôt de certifier les bons sites, et avertir de la dangerosité des autres. C’est en tout cas le principe de « Decodex », moteur de recherche et extension pour navigateur Internet créés par les journalistes de la rubrique de « fact-checking » du Monde, « Les Décodeurs ».

Qu’un média parmi d’autres s’arroge le rôle de juge suprême de tous les médias et tente d’imposer une méthodologie largement arbitraire : voilà qui mériterait une critique plus détaillée que celle que nous proposons ici. On s’en tiendra donc à l’essentiel [18].

Le principe est de classer les quelques 600 sites référencés en quatre catégories :
– une étoile (bleu) : site parodique ou satirique
– deux étoiles (rouge) : site diffusant régulièrement de fausses informations ou des articles trompeurs
– trois étoiles (orange) : site régulièrement imprécis, ne précisant pas ses sources et reprenant des informations sans vérification
– quatre étoiles (vert) : site en principe plutôt fiable.

Contacté par le site « Arrêt sur images » [19], le responsable de cette rubrique, Samuel Laurent, précise : « On n’a pas vocation à devenir un office de certification. » Pourtant, le classement par note et le code couleur assorti du jugement porté sur chaque site donnent un résultat qui y ressemble à s’y méprendre. Pour les internautes disposant d’une extension de leur logiciel antivirus permettant de certifier la sécurité de la page qu’il visite, il est troublant de constater, en visitant par exemple le site lemonde.fr, deux icônes vertes côte à côte près de l’adresse de la page : votre ordinateur est en parfaite sécurité, votre cerveau aussi.

Dans le même article d’« Arrêt sur images », Samuel Laurent explique la démarche : « Notre outil a avant tout pour but de donner des clefs de compréhension aux lecteurs, de les aider à se poser des questions, à prendre du recul, à recouper leur recherche. » Outre l’infantilisation sous-jacente d’un lectorat qui serait perdu au point d’avoir besoin de Decodex pour savoir, à partir d’un jugement global sur chaque média, quels articles sont des blagues, quelles informations il peut croire, et lesquelles nécessitent davantage de recherche, on note encore une fois le paradoxe assez vertigineux d’une presse qui, sentant sa légitimité décroître auprès du public, juge qu’il est de son ressort d’avertir ce même public de la crédibilité qu’il peut accorder au reste (ou à une partie du reste) des médias en ligne. Les médias qui suscitent la défiance seraient ainsi ceux qui pourraient attribuer les certificats de confiance.

À l’exception de Valeurs actuelles, dont la note initialement « verte » a été dégradée en « orange », l’intégralité des sites de la presse traditionnelle sont notés « en principe plutôt fiable ». Et Samuel Laurent explique qu’un site plutôt fiable publie davantage des « présentations factuelles » que « du point de vue, de l’opinion, des tribunes » – ceci pour justifier le classement du site du journal Fakir en orange [20]. Questionné sur les causes de la perte de crédibilité et d’influence de la presse traditionnelle, le même Samuel Laurent estime, dans le « Téléphone sonne » du 2 février, que « l’époque est au radicalisme, et [que] les médias incarnent quelque chose de plus modéré ». Totalement aveugles aux coûts que payent les médias traditionnels pour la dépolitisation forcenée de l’information, autant qu’au contenu politique que charrie une information dépolitisée, « les Décodeurs » ne se lassent donc pas d’éclairer le lecteur sur le chemin (circulaire ?) de la raison factuelle et modérée.

Pour illustrer ce que l’on entend par « contenu politique charrié par une information dépolitisée », on pourra par exemple se référer à un article plutôt anodin des « Décodeurs » dans lequel les « fact-checkeurs » se proposent de vérifier une déclaration de Manuel Valls selon laquelle Benoît Hamon, en tant que député, n’aurait pas voté tous les textes sur la sécurité présentés au parlement. Pour cela, ils s’intéressent aux « différents votes [de Benoît Hamon] sur des textes liés de près ou de loin à la sécurité ». En procédant ainsi, ils concluent que Manuel Valls dit « plutôt vrai ». Mais ils entérinent au passage le point de vue tout à fait situé politiquement de l’ancien Premier ministre selon lequel tous ces textes auraient en effet pour objet la « sécurité » des Français. Il est sûrement permis de penser que des textes comme ceux instaurant la prolongation de l’état d’urgence ou la déchéance de nationalité ont davantage à voir avec une dégradation des libertés des personnes vivant en France qu’avec leur sécurité, mais pas dans un média professionnel, où l’on reste factuel et modéré au risque de reprendre à son compte un point de vue politique tranché bien qu’implicite, sans le discuter.

***

Pourquoi notre public est-il de moins en moins nombreux, et pourquoi semble-t-il nous faire de moins en moins confiance ? Pourquoi les électeurs ne suivent-ils plus nos recommandations de vote ? Pourquoi les vérités que publions massivement ne font-elles pas le poids face aux mensonges des autres ? Ces questions, bien faites pour mal poser le problème, sont celles qui rongent les adeptes du concept de « post-vérité ». Obnubilés par l’attitude incompréhensible d’électeurs refusant de croire la vérité nue qu’ils leur présentent, ils ne semblent pas percevoir le lien entre la diminution de la diffusion et de la crédibilité des grands médias et l’intrication profonde de ces médias avec une oligarchie économique et politique décrédibilisée. Confortablement installés à une place dominante du champ médiatique, ils négligent leurs propres errements, erreurs et mensonges. Avides d’un pouvoir d’influence qu’ils estiment être en train de perdre, ils paraissent considérer que pour récupérer une partie au moins de leur crédibilité, il faudrait chercher à l’imposer à celles et ceux qui la récusent, en délimitant d’autorité l’espace des médias crédibles. La situation ne manque pas de paradoxes, qui seraient propres à faire sourire si ces sujets n’étaient pas si sérieux.
Patrick Michel (d’après une observation collective)

Source : ACRIMED, Patrick Michel, 23-02-2017

 

Source: http://www.les-crises.fr/post-verite-et-fake-news-fausses-clartes-et-points-aveugles-par-patrick-michel/


Macron a bien claqué un Smic par jour pendant 3 ans ! (+ 25 questions à lui poser sur des bizarreries sur son patrimoine) (1/5)

Thursday 2 March 2017 at 16:01

(Billet du 24 février 2016) Retour sur le patrimoine d’Emmanuel Macron. La presse refuse à l’évidence de traiter ce problème sérieusement.

Cette nouvelle analyse fait suite à ce premier billet, fondé à l’époque sur les révélations du Canard Enchaîné du 1er juin 2016 – M. Macron refusant toujours de répondre aux questions précises. J’ai donc développé dans ce billet plus précisément les choses, tout en sachant que, si les ordres de grandeur sont très clairs, il reste des détails à préciser pour préciser cette étude, que seul M. Macron peut donner.

Je rappelle enfin que ce blog est apolitique, et ne vise personne en particulier. Il cherche simplement à jouer un rôle de vigie citoyenne et à organiser du débat participatif pour faire avancer la recherche de la Vérité.

Série : Le Phénomène Macron…

Sommaire

0. Résumé pour ceux qui ne veulent pas tout lire 🙂

Ce billet est très dense et complet. Il montre au passage la différence de traitement qu’il est possible de faire dans l’analyse des deux déclarations de patrimoine de vingt lignes de M. Macron, selon que l’on souhaite être exhaustif (comme ici) ou selon qu’on soit un grand titre de presse.

Si vous ne voulez pas tout lire, je résume mes principales questions à M. Macron ici :

  1. M. Macron, vous avez gagné (surtout chez Rothschild) ≈ 2,7 millions d’euros bruts entre 2011 et 2013, soit ≈ 1,4 million d’euros nets après impôts. Vous déclarez un patrimoine quasi nul en 2014. Cela signifierait une dilapidation d’environ 1 SMIC PAR JOUR durant 3 ans. Votre porte-parole a indiqué que vous aviez « pas mal dépensé ». Pourriez-vous vous expliquer, et justifier la réalité et la composition de ces dépenses ? (Question 2)
  2. M. Macron, en 2007, à 30 ans, vous décidez d’acheter un appartement. Vous gagnez alors environ 40 000 € par an, et n’avez guère d’apport personnel. Vous choisissez un appartement de 83 m² à Paris à 890 000 €, soit un investissement de plus de 1 000 000 € avec travaux et frais de notaire. En théorie, cela signifie donc aux taux d’intérêts de 2007 plus de 40 000 € de simple charge d’intérêts par an. Pourquoi un tel choix aussi disproportionné avec vos revenus ? (Question 4)
  3. M. Macron, pour financer votre achat, vous empruntez en 2007 selon vos déclarations au JDD 550 000 € à votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, et 400 000 € au Crédit Mutuel. Le tout avec 40 000 € de revenus annuels. Comment les avez-vous convaincus – surtout la Banque – que vous auriez un jour assez d’argent pour les rembourser ? Saviez-vous  donc que vous deviendriez associé-gérant chez Rothschild 5 ans plus tard ? (Question 5)
  4. M. Macron, sans le prêt de 550 000 € sans intérêts à débourser (seulement en 2022) de votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, vous n’auriez jamais pu acheter votre appartement en 2007. Êtes-vous intervenu à l’Élysée ou à Bercy sur des affaires le concernant lui ou son secteur d’activité (immobilier, start-up, presse…) ? (Question 6) 
  5. M. Macron, vous déclarez avoir acheté en 2007 votre appartement 960 000 € avec travaux. Vous avez estimé vous-même votre appartement 935 000 € en 2014. Comme le souligne le Canard enchaîné, les prix ont augmenté de 33 % dans votre quartier durant ces 7 ans. Vous avez indiqué au Canard enchaîné avoir “acheté cher“. “Acheter cher”, ici, ce serait donc avoir payé au moins 250 000 € de trop pour un appartement qui n’était en plus pas du tout dans vos moyens de l’époque.  Pourriez-vous donc nous expliquer pourquoi vous êtes un des très rares Parisiens en moins-value dans cette période ? (Question 9)
  6. M. Macron, vous passez chez Rothschild d’une rémunération en rythme annuel de 137 000 € en 2009 à 2 600 000 € en 2012. Une telle progression salariale est-elle fréquente ? Puisque vous avez apparemment dilapidé presque tout cet argent en 3 ans, pourquoi avoir quitté Rothschild en 2012 ? Êtes-vous censé y revenir si vous perdez en avril ? (Question 11)
  7. On lit sur le site du magazine Capital (06/11/2014) que vous auriez appelé en 2013 la rapporteure PS du projet de loi  de séparation des banques « plusieurs fois pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à [vos] amis banquiers. Elle avait fait la sourde oreille. » Pouvez-vous nous confirmer ces faits et vous en expliquer ? Pouvez-vous nous confirmer qu’ils n’ont aucun lien avec la question précédente ?  (Questions 12 et 25)
  8. Selon vos déclarations au JDD, vous gagnez 1 500 000 € après impôts chez Rothschild essentiellement en 2011-12. Il semble bien que mi-2012, vous empruntiez 200 000 € de plus au Crédit mutuel. Est-ce vrai ? Pourquoi augmenter votre endettement bancaire dans ces conditions, surtout d’un tel montant ?  (Question 13)
  9. M. Macron, malgré vos plantureux revenus, vous empruntez au Crédit Mutuel le 23/11/2011 “350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire” – qui appartient à votre épouse. À quoi correspondent ces gigantesques travaux ? N’est-ce pas un peu excessif, surtout quand on a apparemment déjà du mal à se désendetter ? (Question 16)
  10. M. Macron, un LDD de 40 000 €, c’est une possibilité réservée aux anciens ministres ? Pour les autres personnes, c’est normalement limité à 12 000 €, non ? (hors intérêts capitalisés) Est-ce une erreur de saisie dans votre déclaration ? (Question 18)
  11. D’après le site du tribunal de commerce, votre association de financement aurait un code d’activité NAF 6622Z, qui est celui des Agents et courtiers d’assurance. Est-ce une simple erreur de plus ? (Question 23)
  12. M. Macron, vous avez certifié avoir acheté : 1/ 40 000 € 2/ une Volkswagen EOS en 2005 (à 28 ans) 3/ d’occasion 4/ que vous avez estimée à 6 000 € en 2014. Or 1/ la VW EOS n’est commercialisée qu’à partir de 2006 2/ mi-2006, le modèle le plus cher neuf vaut 36 000 € 3/ la plupart des modèles de 2006 valent 10 à 12 k€ en 2014 4/ 40 000 € semblent être supérieurs à votre rémunération annuelle 2005. D’où vient le souci ? Estimez-vous important qu’un ministre remplisse avec soin les 20 lignes de sa déclaration pour que les citoyens puissent exercer un contrôle démocratique ?

Question bonus : M. Macron, que pensez-vous de cette déclaration de Charles de Gaulle ? « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a jamais cessé d’être l’Argent. » [Charles de Gaulle, 11 décembre 1969, discussion avec André Malraux, cité dans Les chênes qu’on abat, Gallimard)

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AVERTISSEMENT: On prendra donc les analyses avec prudence. Il s’agit simplement d’aiguillonner les journalistes pour qu’ils creusent eux-mêmes ces questions, et enquêtent enfin sérieusement sur ce sujet qu’ils laissent de côté depuis 8 mois. 

Je compléterai / modifierai au mieux, en fonction des retours que fera M. Macron ce qui n’est qu’un premier jet, afin que les lecteurs spécialistes puissent réagir et nous aider à améliorer l’étude – objet même de cet espace d’échange participatif qui ne prétend détenir aucune vérité.

Les conclusions à ce stade sont simples :

Bref, aux journalistes d’agir, désormais.

I. Retour sur notre analyse du Patrimoine Macron l’été 2016

Par ailleurs, M. Macron a évidemment droit au respect de sa vie privée en général, mais les informations tendant à éclairer ses motivations, son rapport à l’argent, ses capacités de gestion, ses relations, son éthique, son caractère ne peuvent être balayées d’un revers de la main, quand on brigue la magistrature suprême. Savoir si une personne qui veut gérer le pays a bien géré sa vie n’est pas anecdotique pour moi. Le reste – y compris les sales rumeurs personnelles qui sont sorties sur M. Macron -, elles, doivent être balayées. Dernier point, oui on parle d’argent privé et pas d’argent public ; mais encore faut-il que l’argent privé l’ait été légalement (je n’ai aucun doute sur ce point concernant M. Macron) mais aussi éthiquement (c’est-à-dire qu’il doit être ni plus ni moins la simple contrepartie du travail fourni durant la période rémunérée).

Petit rappel pour commencer. Le 1er juin 2016, l’indispensable Canard Enchaîné faisait les révélations suivantes (Source) :

Bref :


Par conséquent, très étonné par le refus de M. Macron de répondre aux questions du Canard enchaîné (ce n’est jamais très bon signe), et, plus encore, par le manque de curiosité de la presse, j’ai décidé d’analyser le patrimoine d’Emmanuel Macron, et d’en faire un billet ; devant tant de cachotteries, je le fais évidemment très sérieusement, mais j’utilise un ton un peu gouailleur.  L’article se diffuse un peu en juin, avant de “buzzer” très fortement en janvier-février, et d’atteindre le record de 180 000 vues.

Comme c’est une analyse finalement assez simple (regardez vous-même à quoi ressemble la déclaration de patrimoine – 19 lignes !), cela montre déjà qu’il y a un souci avec les médias, car il leur aurait été assez facile de faire la même chose – d’autant que certains ont prétendu avoir enquêté sérieusement.

La conclusion du billet précédent est qu’il me semblait y avoir un problème avec le patrimoine de M. Macron, ou plutôt qu’il était hors normes : il avait gagné vraiment beaucoup d’argent chez Rothschild mais en 2014 avait un patrimoine rachitique, voire, selon mes premières estimations, légèrement négatif – en tout cas disons vraiment faible – ayant apparemment un peu plus de dettes que d’actifs.

La difficulté de l’estimation était qu’on ne connaissait pas sa part dans l’appartement commun avec son épouse et qu’il avait un prêt apparemment in fine (voir plus bas) dont il n’avait pas indiqué les intérêts qui seraient versés à terme (tout en bas, “intérêts capitalisés”).

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On se demande d’ailleurs pourquoi la HATVP autorise à ne pas indiquer le montant estimatif de ces intérêts. Il est vrai que pour les autres prêts, amortissables annuellement, on considère que ce sont des charges de l’année, et cela ne figure pas comme une dette dans un calcul de patrimoine. Mais ici, si on a bien affaire à un prêt in fine (amortissable plus ou moins régulièrement – qui a d’ailleurs été prorogé), le montant qui s’accumule est tel qu’il faut le connaitre pour apprécier le patrimoine réel…

Remarque méthodologique : j’avais estimé le cumul final de ces intérêts à 159 000 € environ jusqu’au terme de 2022 avec un taux d’intérêt que j’estimais à 3 % ; on a appris ce mois-ci que le taux était en fait de 3,5 %, ce qui aurait alors abouti à 189 000 € au final. Mais le prêt a été remboursé en 2016. On pourrait bien entendu faire les choses différemment – les lecteurs comptables l’auront noté -, plusieurs méthodes sont défendables. Mais je retiens celle de la prise en compte de l’estimation rétroactive des intérêts finalement dus maintenant qu’on connait la fin de l’histoire (si tous les intérêts ont bien été payés à la fin). Cela permet pour moi de percevoir au mieux l’évolution réelle du patrimoine de M. Macron, et elle semble très bien coller à la réalité maintenant que ce prêt a été soldé. On arrive à 130 000 € environ.

On voit que ce n’est pas rien du tout. Mais ce point est à confirmer, il y a très peu d’informations dessus.

Un autre point m’avait beaucoup étonné : le fait que M. Macron soit vraiment un énarque Inspecteur Général des Finances (IGF) “anti-système” – situation qu’à l’époque, il ne le revendiquait alors pas encore. Car il n’est pas commun de voir une personne de ce profil refuser d’entrer dans la logique bancaire actuelle et de ne pas leur demander un prêt. 🙂 Je plaisante.

Mais, plus sérieusement, l’important est que ce prêt dont on parle de 550 000 € a été souscrit auprès… d’un ami multimillionnaire de M. Macron –  sans  aucun remboursement les premières années ! Et comme on l’a vu, il refusait alors fermement d’en dévoiler l’identité au Canard enchaîné – ce qui me semblait très gênant quand on est ministre de l’Économie. Comme je l’ai écrit en juin :

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Voilà où nous en étions l’été 2016. Poursuivons l’analyse aujourd’hui, Emmanuel Macron n’étant plus ministre.

II. Henry Hermand, le multimillionnaire bienfaiteur d’Emmanuel Macron

Mon billet de juin commençait par ces mots assez clairs :

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Eh bien, finalement, rien ne se passa, aucun journaliste n’étudia alors ce sujet.

Cependant, en aout 2016, on a appris incidemment, noyé dans un article de BFM, l’identité de la “banque très privée” de M. Macron : il s’agissait d’Henry Hermand, son “parrain” en politique :

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Henry Hermand est la 288e fortune française…

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…avec 220 millions d’euros. On apprend aussi dans l’article à propos de M. Hermand (92 ans) que :

En fait, c’était même carrément son témoin de mariage en 2007.

À part cette information étrangement sortie des limbes, rien d’autre ne s’est passé….

…jusqu’à ce que mon article “buzze” un peu fin janvier, et oblige la presse à enfin s’intéresser un peu à ce sujet non anecdotique.

Mais avant de regarder ceci, nous allons nous pencher de nouveau sur le patrimoine d’Emmanuel Macron, disposant de nouvelles informations.

III. Le patrimoine d’Emmanuel Macron

La réglementation actuelle, votée après l’affaire Cahuzac, est une très belle avancée au niveau de la transparence, reconnaissons-le – sans elle, ce billet n’existerait pas.

Mais beaucoup de chausse-trappes sont laissées pour rendre difficile le contrôle réel du patrimoine des élus.

L’idée de base est simple :

On note que c’est un contrôle vraiment minimal, il est peu probable que beaucoup de choses se passent en 2 ou 3 ans au gouvernement, mais c’est un début.

C’est plutôt tout au long de la carrière politique des élus qu’il faut faire ce suivi – et on en est loin. C’est d’ailleurs une vraie bonne question pour la présidentielle, à poser aux candidats – avec d’autres.

Alors comme M. Macron a quitté le gouvernement, sa déclaration de sortie vient d’être publiée sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Politique, où je me suis rendu :

Passons sur l’arrivée sur le site, j’imagine payé classiquement les yeux de la tête à une agence de com’ afin d’avoir une page d’accueil qui fait mal à la tête quand on arrive dessus (oubliez le fond vidéo en page d’accueil les amis 😉 ), mais où ne trouve pas facilement voire du tout ce qu’on vient chercher. Parce que si on trouve ensuite très facilement la très récente déclaration de sortie de M. Macron, déposée le 26 janvier 2017 :

le PETIT souci est qu’on ne trouve plus les anciennes déclarations de revenus et de situation patrimoniale à l’entrée au gouvernement en 2014 ! (ou alors, ils les ont très bien cachées, ce qui revient au même).

Pas grave, on ne me la fait pas, et je m’en étais bien douté : j’avais donc archivé ces déclarations sur ce blog. Elles sont là, avec la dernière que j’archive aussi : 2014 revenus / 2014 Patrimoine Entrée / 2016 Patrimoine Sortie. Voilà – de rien. 🙂

Ah oui, je remercie aussi la HATVP pour son humour :

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“Pour faciliter les choses, on ne vous donne pas de données Excel, mais des pdf à ressaisir à la main” => Merci pour ce moment, la HATVP !

J’ai un un petit message personnel à la HATVP – des fois qu’ils veulent améliorer le modèle sachant qu’il y en aura plein à remplir dans 2 mois… 🙂  Passez donc la liste si vous voulez gagner du temps.

Je peux même leur en suggérer d’autres, de ma main, vu le temps perdu inutilement

  • “Toi aussi cherche des heures les anciennes déclarations !”
  • “On a changé le format entre 2014 et 2016, ça ne vous gêne pas au moins ?”
  • “On a rajouté aussi les comptes financiers des conjoints sans trop le dire. Et on ne vous donne aucune information sur leur patrimoine, donc c’est super utile pour comprendre les évolutions de patrimoine de l’élu.”
  • “Ah, et les comptes des conjoints on les a bien mélangés avec les comptes de l’élu – vous ferez bien attention de ne pas vous planter, comme on a planqué leurs noms, une erreur est si vite arrivée…”
  • “On ne vous met pas les conditions des prêts (type, taux d’intérêt, conditions de remboursement, garanties…), c’est accessoire pour comprendre un patrimoine, non ?”
  • “On ne vous met pas les quote-part des couples pour les biens communs, c’est accessoire pour comprendre un patrimoine, non ?”
  • “On ne vous dit pas si les emprunts sont conjoints ou pas, ni les quote-parts dans le premier cas”
  • “C’est quoi des intérêts capitalisés sur un emprunt in fine ?”
  • “Bien sûr, tous les revenus indiqués sont bruts, on en vous donne pas les revenus nets après tous les impôts, c’est accessoire pour comprendre l’évolution d’un patrimoine entre deux dates, non ?”
  • “Et on ne met pas le total de chaque poste de patrimoine, ce serait trop simple, faites-le avec votre calculatrice…”
  • “Et bien sûr, on ne met pas le total général du patrimoine du ministre à la fin – vu que c’est le but même de cet exercice de transparence – ce serait trop simple, faites-le avec votre calculatrice…”

=> “Merci pour ce moment” de recherche pénible, chers élus et la HATVP !

Mais revenons à notre mouton. Il y a une évolution majeure sur le patrimoine de M. Macron entre 2014 et 2016 : il a revendu son appartement et donc soldé ses emprunts – ce qui simplifie considérablement l’analyse de son patrimoine, merci à lui.  🙂

Je rappelle en effet qu’il est assez difficile d’y voir clair sur le patrimoine immobilier ; l’appartement parisien a été acquis en commun avec son épouse, mais il semble bien que ce soit lui qui ait souscrit personnellement la plupart des emprunts (ce qui parait logique vu les faibles revenus de son épouse par rapport à lui). Ce serait à confirmer, la déclaration HATVP est très peu claire. Je fais donc à ce stade une hypothèse, qu’il faudra confirmer : l’appartement a été acquis par une quote-part de 90 % Macron 10 % sa femme ; et que les dettes sont bien 100 % à M. Macron. Au final, on verra que cette hypothèse change peu de choses au final – l’appartement ayant été depuis revendu.

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Je vais vous faire gagner du temps, nous n’allons pas entrer de nouveau dans les détails. Je vous propose l’exercice que la HATVP devrait faire si la Transparence était vraiment son but. On arrive à ceci :

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N.B. : je rappelle qu’il y a 2 inconnues sur 2014 : primo la quote-part de M. Macron sur son appartement et secundo le montant des intérêts du prêt in fine qu’il a payés à M. Hermand en 2016. Ces estimations me semblent logiques, raisonnables et prudentes ; elles sont à confirmer. Cependant, comme nous disposons d’une vision réelle et sans aucune hypothèse majeure pour le patrimoine en 2016, les hypothèses sur 2014 ont donc peu d’impact pour l’analyse.

On peut synthétiser le patrimoine ainsi :

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ou ainsi :

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Il y a plein de questions qui se posent en analysant la déclaration de M. Macron. Mais de très loin, de très très loin, la principale est la disproportion de son patrimoine quasi inexistant avec les revenus pharaoniques qu’il a encaissés et que voilà :

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C’est à dire avec ceci : près de 3,4 millions d’euros bruts gagnés entre 2009 et 2016 (en rouge les gains chez Rothschild, en bleu hors Rothschild) !

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Ce qui représente environ 1 800 000 euros nets après impôts sur la période de 8 ans ici présentée.

Et c’est encore plus flagrant quand on regarde seulement 2011-2013, années de l’explosion des revenus chez Rothschild :

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Par prudence, au vu des hypothèses prises, on indique seulement “proche de 0” pour son patrimoine, plutôt que “négatif”

Comme on a sa déclaration de patrimoine de 2014, on constate qu’il a donc consommé environ 2,6 millions d’euros bruts, donc environ 1,4 million d’euros nets en 3 ans, ramenant son patrimoine net à presque rien (largement négatif pour moi).

Cela représente donc environ 1 250 € consommés par jour, soit plus d’un SMIC consommé par jour.

C’est d’ailleurs indiqué dans la presse, mais non dit clairement – on en reparlera dans le prochain billet :

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(Ou alors qu’il s’explique enfin clairement)

Et c’est là que c’est très étonnant : comment Emmanuel Macron a-t-il pu consommer plus d’un SMIC par jour pendant 3 ans ?

Et on parle bien ici de consommation, pas de simples dépenses : le patrimoine doit baisser.

Ce n’est pas si dur de dépenser 1 SMIC par jour : par exemple, il “suffit” d’acheter une voiture à 30 000 € par mois – ou un yacht ou des tonnes de bijoux à sa femme… Mais dans ces cas, si l’argent est bien dépensé, il n’est PAS consommé. En début de mois, il y avait 30 000 € sur un compte en banque, à la fin, il n’y sont plus, mais on a dans son patrimoine une voiture à 30 000 € : le patrimoine n’a pas baissé.

Dans le cas de M. Macron, il faut vraiment le “perdre”, bref le “claquer” : manger du caviar tous les jours, acheter et jeter un costume tous les jours, tout donner aux bonnes œuvres, perdre au poker – je ne sais pas… Mais j’avoue que j’aimerais bien savoir car cela dépasse un peu mon entendement – c’est simplement ce que je demande depuis 8 mois...

Et on voit que c’est la bonne piste – on y reviendra, mais son porte-parole a indiqué ça cette semaine :

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Il serait intéressant d’en savoir plus ce “train de vie”…

Train de vie, qui, en plus d’être franchement hallucinant (ok pour un prince saoudien qui parcourt le monde, mais là on parle d’un banquier d’affaires et d’un secrétaire général adjoint de la présidence de la République, activités peu connues pour leur temps libre), a la singulière particularité (contrairement à un prince saoudien… 🙂 ) de le conduire à un patrimoine négatif – bref, techniquement, Macron était ruiné mi-2016 !

Donc la presse devrait cesser de s’intéresser à “pourquoi il ne paye pas d’ISF”, car il y a probablement pas mal de SDF plus riches que lui (il leur suffit de pas avoir trop de dettes…), vu qu’il possède nettement moins que rien…

Mais cette question, centrale, est loin d’être la seule. Comme on le verra, en voici d’autres…

IV. 20 questions à Emmanuel Macron sur son patrimoine (Spécial Journalistes)

Le journalisme d’investigation sombre chaque jour de plus en plus, transformé en “journalisme CTRL+F” type “Panama papers” livrés à domicile, ou simple “tweetage” sans fin. On constate donc qu’il ne semble ni vouloir ni même avoir encore les maigres capacités d’investigation nécessaires à analyser correctement le patrimoine de M. Macron, et à le questionner. Je n’aurais pas dû lui faire confiance en juin. 😉

Je vais donc rédiger les questions que je souhaiterais poser à M. Macron sur son patrimoine – que je poste aux bons soins d’Internet, dès fois qu’un vrai journaliste ce soit perdu sur ce blog… 😉

Question n°1 : M. Macron, pouvez-vous nous confirmer que vous n’avez rien oublié de déclarer ? Je ne remets pas du tout en cause votre probité, mais vous comprendrez qu’on puisse se poser des questions au vu de l’analyse de vos déclarations. Je pense plutôt à des investissements légaux particuliers (par ex. investissements productifs, je ne sais pas) qu’on pourrait même imaginer, étrangement, pouvoir ne pas être déclarés à la HATVP (c’est une simple hypothèse ; mais dans ce cas, il y aurait un souci avec les règles de déclaration). Je ne crois pas du tout à un souci de type “compte à l’étranger” car, dans ce cas, on ne révèle évidemment pas les revenus gargantuesques au fisc – qui s’est d’ailleurs penché sur vos déclarations… J’ai aussi bien noté votre :

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Question n°2 : M. Macron, pourriez-vous me confirmer les ordres de grandeur de mon étude précédente svp ? Avez-vous donc bien aujourd’hui un patrimoine nul après avoir gagné plus de 1,8 million d’euros après impôts ? Confirmez-vous que vous avez bien tout consommé ? Quelles étaient vos dépenses mensuelles moyennes en 2011 et 2012 ? Pourrais-je avoir simplement votre solde total de trésorerie mensuel “dépenses/recettes” durant cette époque ? Comment consomme-t-on autant d’argent aussi vite ? Quels ont été vos 10 plus gros postes de consommation (restaurants, habillement, voyages, cadeaux, dons aux œuvres, boites de nuit, poker, etc. — je ne sais pas —) cumulés sur la période ? Quand avez-vous trouvé le temps de tant dépenser – Rothschild puis l’Élysée laissant normalement très peu de temps libre ? Vos revenus ayant chuté, avez-vous facilement pu mettre fin à une telle frénésie de dépenses ? Pourriez-vous nous prouver la réalité de telles dépenses qui n’ont laissé aucune trace dans votre patrimoine ? Accepteriez-vous de mandater une très haute personnalité du Commissariat aux Comptes français, et lui confier l’intégralité de vos comptes, afin qu’il en fasse une synthèse (dans les 2 ou 3 semaines) ?

J’ai ensuite plusieurs questions concernant votre appartement et votre endettement. Mais avant une question simple, par curiosité :

Question n°3 : M. Macron, on apprend dans la presse que vous avez contracté un prêt familial de 50 000 € étant jeune. À quelle date, auprès de qui et dans quel but ? Vos deux parents sont médecins, vous avez fait Sciences Po dont les frais de scolarité (au vu de leur situation) + les frais de vie parisienne pourraient correspondre à ce montant. Ensuite, vous êtes devenu fonctionnaire “salarié” en entrant à l’ENA. Me confirmez-vous que ce prêt a servi uniquement à payer vos études ? À Sciences-Po uniquement ? Mais je comprends mal : les droits d’inscription croissent avec les revenus des parents ; ceux-ci ne vous ont pas aidé ? Mais alors pourquoi être resté rattaché à eux, et ne pas avoir demandé des droits réduits, voire une bourse ? Ou ce prêt n’a-t-il alors rien à voir avec vos études – pour l’apport pour votre appartement par exemple ? Pour votre voiture ? Je demande, car on constate aisément une nette tendance au surendettement et aux dépenses apparemment frénétiques de votre part (enfin, si en on croit vos déclarations), et je me demande quand tout ceci a commencé.

Question n°4 : M. Macron, en 2007, à 30 ans, jeune marié, vous décidez d’acheter un appartement – avec, apparemment, une faible quote-part de votre épouse, qui gagne peu. Vous gagnez alors environ 40 000 € par an (Source : AFP) :

Vous choisissez un appartement de 85 m² à Paris, que vous payez 890 000 €  et y faites alors 70 000 € de travaux (réalisés à l’achat j’imagine, vu le montant élevé ?), portant l’investissement à 960 000 € (hors droit de mutation – 60 000 € de plus environ).  Bref, on est donc à plus de 1 000 000 € d’euros d’investissement, le tout avec très peu d’apport personnel, un emprunt d’au moins 900 000 € (voire 950 000 € – et on ne sait pas si votre femme en a fait un en plus de son côté) et un couple gagnant a priori moins de 90 000 € par an. Or, à l’époque, les taux d’intérêt sont non négligeables :

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Dans votre situation, dans l’absolu, et avec assurance, s’il fallait tout emprunter classiquement, vous auriez eu un taux d’intérêt autour de 4,5 %, soit, pour vos 950 k€ empruntés, une simple charge d’intérêts la première année de plus de 40 000 €, soit environ 60 000 € avec de l’amortissement, soit autour de 70 % de taux d’endettement du ménage – délirant… Qu’est-ce qui vous a fait penser que cet investissement était dans vos moyens ? Vos proches ont-ils tenté de vous en dissuader ?

Question n°5 : M. Macron, vous avez donc beaucoup de chance, votre “banque très privée” Henry Hermand vient vous aider, et vous prête 550 000 € sur 10 ans, sorte de prêt in fine, avec intérêts a priori payables à la fin. [Rappel sur un prêt in fine de 550 000 € : vous empruntez 550 000 € ; ne payez strictement rien pendant 10 ans ; et au bout de 10 ans vous devez rembourser d’un coup les 550 000 € + tous les intérêts capitalisés depuis l’origine, ce qui est énorme. Pratique mais… dangereux, il faut être sûr d’avoir l’argent à la fin, et donc, en l’espèce, être sûr et certain d’avoir une énorme progression de revenus…]. Pourriez-vous tout d’abord nous en fournir le plan d’amortissement théorique à l’origine, et réel maintenant qu’il est soldé ?

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Au vu de votre situation financière de très jeune fonctionnaire en 2007, comment diable avez-vous convaincu M. Hermand que vous seriez millionnaire en 2011-2012, après une progression de carrière inouïe chez Rotshchild (et donc que vous étiez un Mozart de la banque privée – où vous n’aviez encore jamais mis les pieds…) – et que vous pourriez donc lui rembourser ces sommes extravagantes empruntées ? Quel était d’ailleurs, en gros, votre patrimoine net en 2007 ? Était-il déjà négatif ? Mais avez-vous déjà eu un patrimoine net positif ?

Je dis ça, car des lecteurs pourraient se demander si votre carrière n’avait pas été prédéfinie bien en amont, comme un plan écrit à l’avance pour les 15 ans à venir. Comme nous luttons ici contre le conspirationnisme, je ne peux y croire. Pourriez-vous cependant nous indiquer la vérité ? Pourquoi et comment croyiez-vous tellement “en votre avenir” ? (Source : JDD 12/02)

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On croit rêver qu’un journaliste écrive ça sans se poser de questions…

Qu’avez-vous expliqué à M. Hermand ? Accepteriez-vous de refaire l’exercice pour moi : “Nous sommes en 2007, vous n’avez pas un sou, vous venez d’emprunter 400 000 € (apparemment) au Crédit Mutuel, et vous devez me convaincre de vous prêter 550 000 € à me rembourser dans 10 ans ; comment me convainquez-vous ?”

Question n°6 : M. Macron, durant votre période à l’Élysée puis au gouvernement, avez-vous eu à traiter de sujets touchant de près ou de loin à une des très nombreuses activités de M. Hermand ? Pourquoi avoir refusé de révéler son nom au Canard enchaîné en mai 2016 ? Ne trouvez-vous pas gênant, qu’un Ministre de l’Économie doive autant d’argent à un multimillionnaire – tout respectable qu’il fût ?

Question n°7 : M. Macron, Votre projet immobilier était totalement impossible sans l’énorme aide de M. Hermand. Avez-vous songé, plutôt qu’à accepter de telles largesses, à vous rabattre sur, soit une location, soit un appartement bien plus modeste ? Avez-vous envisagé un achat en petite couronne, comme la plupart des primo-accédants de 30 ans ?

Question n°8 : M. Macron, M. Hermand était votre témoin de mariage, on peut comprendre son aide et ses largesses. Il a complété votre emprunt auprès du Crédit Mutuel pour votre appartement, qui était de 350 000 € ou plutôt 400 000 € – les sources divergent (JDD pourtant à 1 semaine d’écart 12/02 et 19/02 ?) Pourriez-vous nous en fournir le plan d’amortissement ?

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JDD 12/02/16 : Prêt a priori personnel de M. Macron : 350 + 550 = 900 k€

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JDD 19/02/16 : Prêt a priori personnel de M. Macron : 950 k€ (on va y arriver…)

Ma question est très simple : mais comment diable avez-vous pu convaincre le Crédit Mutuel de financer un tel projet “Folie des grandeurs” vu vos revenus à l’époque (sachant que, à moins d’être devin, vous ne pouviez savoir vous-même que vous seriez millionnaire 5 ans plus tard), qui faisait exploser l’endettement de votre couple ? Je veux bien que vous croyiez “en votre avenir” – mais comment la banque a-t-elle pu y croire elle aussi, sur quelles bases ? Vous êtes-vous adressé classiquement à votre agence bancaire, ou avez-vous demandé un appui quelconque, par exemple via votre réseau de l’Inspection des Finances ou d’Henri Hermand ?

Le Crédit Mutuel n’a-t-il pas tiqué ? Que vous-a-t-il conseillé ? Comment a-t-il pu accepter un tel risque ? Quelles étaient vos garanties pour un projet aussi démesuré, sans apport personnel réel ou presque ? Quel était votre cautionnement ? M. Hermand s’est-il porté garant pour vous ? Si oui, sur toute la somme ?

Comment ont-ils pu savoir au Crédit Mutuel que vous gagneriez des millions 5 ans plus tard chez Rotshchild après une progression de carrière inouïe ? Mais quel est votre secret M. Macron ?

Question n°9 : M. Macron, vous avez estimé vous-même votre appartement 935 000 € en 2014. Comme le souligne le Canard enchaîné, les prix ont augmenté de 33 % dans votre quartier en 7 ans.

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Sa valeur était donc normalement d’environ 935 000 / 1,33 ≈ 700 000 € en 2007. Vous y avez certes fait 70 000 € de travaux à l’achat, dont disons 50 000 € de non somptuaires et valorisables dans le prix. Cela signifie que le prix d’achat réel de votre appartement a été de 890 000 + 50 000 = 940 000 €. Vous auriez donc, selon ce premier calcul, payé 34 % trop cher.

2e calcul : basons-nous sur un prix de vente constaté de 980 000 € en 2016. Selon l’INSEE, les prix parisiens n’ont pas augmenté entre mi-2014 et mi-2016 , votre appartement aurait donc pris 33 % depuis 2007, ce qui le mettrait alors à l’époque à 980 000 / 1,33 ≈ 735 000 €, soit 28 % trop cher.

Vous reconnaissez vous même dans le Canard : J’ai acheté cher“. Cher” représente ici environ +30 %, soit 220 000 € de trop.

La question est donc simple, M. Macron : la situation financière de votre couple ne vous permettait clairement pas, normalement, d’acheter un 85 m² dans Paris sans apport personnel réel. Pourquoi diable alors surpayer un appartement plus de 200 000 € ? Qu’avait donc de si spécial cet appartement ? Où est l’erreur de raisonnement – car il doit forcément y en avoir une, non ?

Question n°10 : M. Macron, comment avez-vous trouvé votre appartement en 2007 ? Êtes-vous passé par une agence ? Si oui, laquelle ? Pourriez-vous l’autoriser à répondre à mes questions, afin d’avoir son estimation du bien à l’époque ? Connaissiez-vous le vendeur ? M. Hermand connaissait-il le vendeur ? Un de vos proches connaissait-il cet heureux vendeur avant la vente ? Avez-vous eu à traiter d’autres affaires avec le vendeur durant votre passage à l’Élysée ou à Bercy ?

Question n°11 : M. Macron, observons votre progression de carrière (la partie gauche du tableau surtout) :

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2008 arrivée ; 2009 : Directeur ; 2010 Gérant ; 2011 : associé-Gérant et donc, 2012 l’Élysée. Est-ce une progression normale chez Rothschild ? Y a-t-il beaucoup de précédents ? Pouvez-vous en citer ?

Après, il est vrai que votre ancien patron chez Rothschild, François Henrot, en expose bien certaines raisons, c’est à ne pas manquer… 🙂

Question n°12 : M. Macron, vous êtes un homme cultivé et brillant, il n’y a pas de doute.  Votre situation patrimoniale montre clairement que vous n’êtes pas un homme d’argent – mais bien au contraire, un homme de dettes. Chez Rothschild, vous gagnez 1,4 million d’euros en 2011 et 1 million d’euros en 2012. Vous avez presque tout dépensé immédiatement – je parierais presque qu’il y a plusieurs mois où vous consommez même 2 SMIC par jour en moyenne, vous offrant un train de vie de nabab. Vous y avez déjà répondu, mais j’aimerais, bien plus de précisions : pourquoi avez-vous tout quitté en 2012 pour aller gagner une misère à l’Élysée ? Vous n’aimez pas l’argent, vous avez le sens de l’État, toutçatoutça, oui, je sais.

Mais on parle de 1,4 million d’euro en 2011 chez Rothschild.

Et 1 million d’euros en 2012 – attention, seulement du 1er janvier 2012 au 15 mai 2012, jour de votre nomination.

Et vous avez tout laissé tomber, cessant du jour au lendemain votre consommation débridée ?

Mais quel était votre plan de carrière alors ? Revenir chez Rothschild en 2017 en cas de défaite de Hollande ? D’ailleurs, y retournerez-vous si vous perdez en mai ? Le trajet Rothschild-Élysée-Rothschild  est-il une piste (la Commission de déontologie de la fonction publique étant clairement en coma dépassé depuis des années – cf. cette émission de France Culture sur ce scandale) ?

Durant votre période à l’Élysée puis au gouvernement, avez-vous eu à traiter de sujets touchant de près ou de loin à une des très nombreuses activités de la banque Rothschild – et donc à l’organisation du secteur bancaire ? Par exemple, quelle était votre position lors des débats sur le projet de loi mort-né de scission des banques – analyse de Finance Watch ici ?

Question n°13 : M. Macron, passons à l’époque Rothschild et aux impacts que l’afflux d’argent a eus sur votre patrimoine. Vous gagnez donc près de 1,5 million d’euros en 3 ans à partir de 2010. C’est bienvenu puisque vous démarrez la période avec environ 1 030 000 € de dettes (l’effet magique du prêt in fine avec les intérêts qui courent… + 50 000 € de dette familiale). Que faites-vous alors au niveau de vos dettes ? On n’a pas le détail, on en est donc réduit à quelques suppositions (à confirmer ou à infirmer, merci d’avance) :

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On note 3 évolutions importantes dans cette période 2011-2012 :

Or : -350 + 270 + 350 = + 270

Ainsi, M. Macron, quand, endetté à hauteur de 1 million d’euros, vous gagnez 1,5 million d’euros – selon les déclarations de votre porte-parole (cf. JDD) :

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vous arrivez donc à presque tout consommer votre nouveau capital, et à emprunter près de 300 000 euros de plus… Est-ce exact ? Trouvez-vous ceci normal ? Pouvez-vous nous expliquer votre addiction à la dette ?

Question n°14 : M. Macron, pourquoi rembourser 300 000 € à M. Hermand, et pas la totalité pour vous libérer de cette contrainte et rembourser votre ami qui a bloqué pour vous un demi-million sans intérêt pendant 10 ans (intérêts payables à la fin) ? Pourquoi avoir demandé à prolonger le prêt 5 ans de plus pour le solde d’intérêt et de 100 000 € ?

Question n°15 : M. Macron, pourquoi avoir refinancé en 2012 votre ancien crédit (de 400 000 ou 350 000 € à l’origine ?) en le passant à 600 000 €, alors que vous crouliez sous l’argent ? Pourquoi ne pas avoir remboursé tous vos prêts avant 2016 ? Y a-t-il un lien avec la faillite de votre “banque très privée” après 92 ans de lucrative activité – je veux dire avec le fait que M. Hermand, grand résistant, soit malheureusement décédé fin 2016 ? (je vous présente mes condoléances)

Question n°16 : M. Macron, malgré vos plantureux revenus de 2011 chez Rothschild, vous empruntez au Crédit Mutuel le 23/11/2011 “350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire” – qui appartient à votre épouse. À quoi correspondent ces gigantesques travaux ? C’était à ce point un taudis ? N’est-ce pas un peu excessif, surtout quand on a apparemment déjà du mal à se désendetter ? Est-ce parce que, là-encore, vous avez “acheté cher” à vos artisans ? (Voir les informations ici et ).

La maison secondaire des Macron

Question n°17 : M. Macron, comment avez-vous trouvé un acquéreur pour votre appartement en 2016 ? Êtes-vous passé par une agence ? Si oui, laquelle ? Pourriez-vous l’autoriser à répondre à mes questions, afin d’avoir son estimation du bien ? L’acheteur a acheté 980 000 € en 2016 un bien que vous estimiez à 935 000 € en 2014, les prix n’ayant pas bougé. Soit 5 % plus cher. Connaissiez-vous l’acheteur auparavant ? M. Hermand connaissait-il l’acheteur ? Un de vos proches connaissait-il l’acheteur ? Avez-vous eu à intervenir sur des dossiers de l’acheteur durant votre période à l’Élysée ou à Bercy ?

Question n°18 : M. Macron, comment faites-vous pour avoir un Livret de Développement Durable de 40 000 € – alors que les LDD sont limités à 12 000 € (hors intérêts capitalisés, mais ils ne peuvent évidemment atteindre ce chiffre) (Source) ?

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Je pense que c’est simplement un livret bancaire classique, mais enfin, il n’y a que 18 lignes remplies dans votre déclaration de 2016 : cela aurait été respectueux de les renseigner avec soin…

Question n°19 : M. Macron, vous aviez en 2014 une voiture que vous indiquez avoir “achetée d’occasion” à 28 ans, en 2005, 40 000 € :

Il se trouve que 40 000 € correspondent normalement à votre niveau de salaire annuel de l’époque (Source : JDD 12/02 – je le remets) :

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Comment avez-vous financé son achat ? Est-ce à ça qu’ont servi les fameux 50 000 € de “prêt familial” ? Une telle dépense somptuaire vous semble-t-elle normale ? Là encore, saviez-vous à 28 ans que vous seriez millionnaire 7 ans plus tard ? Si oui, comment ? Si non, comment expliquer un tel achat ?

Question n°20 : M. Macron, pourquoi avoir récemment revendu votre voiture ? Pourquoi n’en avez-vous plus pour votre campagne ? Dommage, c’était une jolie “Voiture du peuple” (Volks-wagen) de “gauche” – achetée cependant 40 000 € d’occasion (sic.) (sources ici et ) :

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Question n°21 – et dernière, en bonus, puisque liée au journal le Monde : M. Macron, changeons de sujet, éloignons-nous de votre patrimoine. Cette incroyable histoire racontée par le grand journaliste Adrien de Tricornot est-elle vraie ? Avez-vous rencontré un des acheteurs potentiels du Monde (tiens, tiens…) en 2010 en douce alors que vous conseilliez bénévolement la société des journalistes (cf aussi Mediapart) ?

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Voilà !


V. Questions de plus suite à Mise-à-jour participative n°1

EDIT 26/02 : MERCI aux lecteurs. Toute la force de ce blog est justement de s’enrichir mutuellement. Au vu des riches retours, j’ai d’autres questions à M. Macron.

Compléments à la question n°17

Petite incise – amusante – , sur la  vente de l’appartement. En octobre 2015, la presse indique que M. Macron a mis son appartement de 83 m² du XVe arrondissement en vente, pour “acheter plus petit” (Source) :

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Il semble bien en effet que M. Macron n’ait aucune détestation pour les riches… Quant à “préserver le même train de vie”, comment dire… ?

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Oh, oui, qui pourrait penser à la “folie des grandeurs” : il quitte un 83 m² pour acheter “plus petit”… (Source)

En septembre 2016, on apprend (Source) :

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Finalement, c’est vrai qu’on est plus à l’aise dans 150 m² “plut petit” que 83 m²… Mais bon, c’est vrai que 200 €, c’est beaucoup pour les petites gens comme vous…

Par ailleurs, comme, en octobre 2015, un autre article à la plume toute pujadassique (Source) posait la question de la plus-value :

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La réponse est simple : presque AUCUNE ! Emmanuel Macron est quand même un des très rares Parisiens à avoir acheté un appartement de 83 m² en 2007, et à l’avoir revendu en 2016 presque sans plus-value (et en perte nette si on compte les frais de notaires et les travaux…)

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=> Moins-value sur l’opération immobilière complète…

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=> En 9 ans, hors plus-ou-moins-value, il aurait été plus intéressant à M. Macron de louer que d’acheter. Je précise pour les lecteurs, ne faites pas l’erreur de Macron, n’investissez pas sur un coup de tête ! Les prix sont très élevés, les perspectives de plus-values sont faibles, vous voyez qu’en 10 ans on ne rentabilise déjà l’investissement – il faut donc être sûr de rester 10/15 ans dans l’appartement pour acheter…

Réponse à la question n°17

Le sujet m’ayant intrigué, j’ai du coup enquêté ce week-end.

J’étais embêté avec les 980 k€ de prix de vente de son appartement, vraiment très élevé :

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Mais ne connaissant pas le quartier exact du XVe, tout était possible.

J’ai donc cherché et, finalement, très facilement trouvé l’ancienne adresse de M. Macron (sérieusement, M. Macron, il ne faut pas laisser ses cordonnées personnelles et téléphoniques dans l’annuaire sur Internet quand on est ministre, c’est dangereux – pensez vraiment à la liste rouge (je ne mets évidemment pas le lien…). Et bien entendu, pensez aussi à sécuriser aussi votre site Internet sérieusement.).

Si je ne me trompe pas, votre ancien appartement est donc celui-ci, tout en haut, non ? (enfin, un des deux… Corrigez-moi svp. J’ai vérifié et validé l’adresse mais je ne sais pas si c’est la bonne photo)
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Mignon, mais ce n’est pas Versailles non plus… C’était bien là ou pas ?

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Bon, j’avoue très sympa donc, un duplex de 62m² avec une dépendance au dessus et la grande terrasse ? Ca augmente donc le prix, c’est normal.

Voici l’estimation faite ce jour par le décidément très efficace Meilleursagents.com :

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Ainsi, le prix de vente de votre appartement est donc apparemment normal – on va laisser le jeune couple qui vous l’a acheté tranquille alors. 🙂

C’est donc bien le prix d’achat en 2007 et lui seul qui n’était absolument pas normal – ainsi que votre estimation de 2014 à 935 k€, 7 à 8 % trop basse je dirais. Tsss.

Mais du coup, vous (ou un de vos proches) le connaissiez ou pas l’ingénieur qui vous l’a vendu ? Car au prix de 890 k€ en 2007, il a vraiment eu du bol de tomber sur un Inspecteur Général des Finances comme vous dites-moi…

Question n°22  : Revenons à l’ancienne voiture de M. Macron. Pas pour faire une fixation, mais il me semble intéressant de voir quels ont été les choix à 28 ans d’une personne qui veut diriger le pays à 40… La déclaration :

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Une Volkwagen EOS achetée 40 000 € d’occasion en 2005, valant 6 000 € en 2014 donc, hmmm ?

1/ Date de début de production de cette voiture : mi-2006 (source : Wikipedia, LaCentrale)

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2/ Prix maximum neuve catalogue mi-2006 (hors options, certes…) neuve : 36 000 € (source : Catalogue Constructeur Volkswagen 08/2006)

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3/ Prix de revente de l’occasion en 2014 (source : La Centrale en 2014) : autour de 10 000 à 14 000 €. À moins d’être cabossée, elle valait vraiment vraisemblablement plus de 6 000 €. M. Macron pourrait-il nous dire à combien il l’a revendue ?

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On disait donc “Une Volkswagen EOS achetée 40 000 € d’occasion en 2005, valant 6 000 € en 2014”. Kamoulox !

M. Macron, pouvez-vous expliquer ceci ? Quelle était le modèle de votre EOS et ses options ? Vous semblez avoir négocié la voiture comme votre appartement, finalement. Mais M. Macron, avez-vous déjà fait une bonne affaire financière dans votre vie ? C’est apparemment fort agréable de faire des affaires avec vous – une vraie poule aux oeufs d’or en somme…

Question n°23  : D’après le site du Tribunal de Commerce (archive), votre association de financement a un code d’activité NAF 6622Z, qui est celui des Agents et courtiers d’assurance. Sérieusement ?

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Par exemple, celle de Mélenchon en comparaison :

ou Sarkozy 2012 :

Bref :

Question n°24  : M. Macron, j’ai appris que votre association de financement est présidée par Christian Dargnat, ex-directeur général de BNP Paribas Asset Management – ouf, j’ai eu peur que cela manque de banquiers par chez vous 🙂 .

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Votre QG de campagne vient de s’installer dans 1 000 m² dans le XVe.

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Je n’ai pas trouvé le tout nouveau propriétaire à qui vous louez votre QG, l’immeuble ayant été vendu fin 2016 par… BNP.

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Ma question est simplement : y-a-t-il un lien, un soutien de la BNP durant votre compagne ?

Question n°25  – en lien avec la question 12 : Le magazine Capital de novembre 2014 rapporte ceci :

“Le nouveau ministre est un redoutable séducteur. «Je me souviens d’un dîner à l’Elysée durant lequel il a mis les équipes de Merkel dans sa poche, et en allemand s’il vous plaît», se souvient Laurence Parisot, l’ex-présidente du Medef. Mais il sait aussi mettre la pression. La députée socialiste des Hautes-Alpes, Karine Berger, en témoigne. Lors du vote sur la loi de séparation des banques de dépôt et d’investissement en début de mandat, le jeune secrétaire général adjoint de l’Elysée avait appelé l’élue plusieurs fois pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à ses amis banquiers. Elle avait fait la sourde oreille. Passer en force : Pigasse aussi sait faire…

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M. Macron, que cela vous inspire-t-il ?

À suivre…


VI. Et comme il vaut mieux en rire…

Monsieur Macron, je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire – et je compte sur vous pour les réponses… (Sources  : L’Express et Paris Match)

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Tu m’étonnes qu’il ne veuille pas qu’on s’intéresse à ses déclarations de patrimoine… Et ce sont les mêmes qui sont dans des gouvernements qui t’expliquent que, pas de souci, le gouvernement doit pouvoir t’espionner parce que “Quand on n’a rien à cacher… etc.”

J’imagine que la presse va se ruer sur tout ça, et on aura des réponses cette semaine :

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Je vous recommande de lire maintenant le billet sur l’analyse de la couverture médiatique de cette affaire ici…

Pour conclure, je préfère en rire, et vous laisse avec ceci – comme l’a dit un commentateur : “Trois petits tours et puits sans fonds !” (merci JB) 🙂

macron

Qui perd gagne en effet…

P.S. je dédie ce billet au journal Le Mondeet surtout à Jérôme Fenoglio, aux Décodeurs, à Samuel Laurent, à Adrien Sénécat (vous comprenez pourquoi j’avais mieux à faire qu’à répondre à vos enfantillages obscènes sur Twitter, je travaille moi…) -, et à la clique de Néo-conservateurs français, principalement Rudy Reichsdatd et Nicolas Tenzer.

Il ne m’a pas échappé que leur stupéfiant acharnement diffamatoire à mon encontre – et dont ils répondront – a commencé très peu de temps après ma première analyse du patrimoine de leur candidat Macron.

C’est probablement du hasard (ça arrive), bien entendu, mais j’avoue que cela m’a clairement fait suspecter que j’avais peut-être dû approcher d’un  gros loup, et qu’il fallait que je m’y replonge très sérieusement.

C’est donc fait.

Qu’ils en soient remerciés, car, vraiment, sans eux, ce billet n’aurait pas existé (bien joué, j’avais décidé de ne pas m’occuper des présidentiables !). 🙂
P.P.S. Soutenez-nous sur Twitter en vous abonnant à @OBerruyer – il y a encore des choses croustillantes à venir ce week-end et la semaine prochaine…

P.P.S : désolé pour les coquilles, elles seront corrigées ce soir… C’est beaucoup de boulot pour une personne seule.

 

Source: http://www.les-crises.fr/macron-a-bien-claque-un-smic-par-jour-pendant-3-ans-20-questions-a-lui-poser-sur-des-bizarreries-sur-son-patrimoine/


Plus de frein, pas d’air bag, accélérateur coincé, à fond vers le mur, par Régis de Castelnau

Thursday 2 March 2017 at 06:15

Source : Vu du Droit, Régis de Castelnau, 28-02-2017

Comment donner raison à Marine Le Pen et lui abandonner la défense des libertés publiques.

Emmanuel Todd avait parlé de « flash totalitaire » au moment de l’organisation par le pouvoir socialiste des manifestations après les massacres de Charlie hebdo et de l’Hyper-casher en janvier 2015. Cette façon de qualifier fut accueilli par un violent concert de désapprobation. Cela aurait pourtant mérité discussion, surtout à la lumière des jours qui ont suivi. Cette expression fait aujourd’hui un retour fracassant, pour qualifier le comportement hallucinant d’un système aux abois. Une presse aux ordres, à la fois de ses patrons oligarques et du pouvoir d’État, fait la promotion d’un télévangéliste sorti de nulle part, et affublé de tous les attributs de ce que les Français ne supportent plus. Ayant connu toutes les élections présidentielles depuis 1965 je n’ai jamais vu un tel déferlement de propagande. Et je n’ai jamais assisté non plus à une telle instrumentalisation de la justice et de la police à des fins directement politiciennes.

Avec esprit de responsabilité les Français sont restés stoïques face à la catastrophe démocratique et politique de la présidence Hollande, s’en remettant pour s’en débarrasser à l’élection la plus importante des institutions de la Ve République. Ils constatent effarés toute une série de manipulations visant à confisquer ce scrutin, pour faire élire Emmanuel Macron à la faveur d’un deuxième tour contre Marine Le Pen. Manipulations qui utilisent sans vergogne les services de l’État dont beaucoup abandonnent une neutralité qui devrait pourtant leur être constitutive.

On a déjà dit ce qu’il fallait penser de la crédibilité et de l’impartialité du Parquet National Financier, pas seulement à cause du rôle qu’il a joué dans l’opération anti-Fillon, ou de l’incroyable acharnement vis-à-vis de Nicolas Sarkozy mais aussi du peu d’empressement à intervenir dès lors qu’il s’agissait de proches du chef de l’État. De ce point de vue, le Pôle Financier qui de son côté assure l’instruction n’est pas en reste. On aura compris l’utilité du renvoi en pleine période électorale de Nicolas Sarkozy en correctionnelle, qui ne présentait pourtant aucune urgence. Il fallait fermer la porte à un plan B Sarkozien après le déclenchement du bombardement de François Fillon. On aura également compris l’utilité, dans la perspective du deuxième tour, d’affaiblir Marine Le Pen en déclenchant contre elle et son entourage des rafales d’actes de procédure qui eux non plus ne présentaient pourtant aucune urgence.

Que l’on comprenne bien, le propos n’est pas de considérer que François Fillon n’a rien à se reprocher, ou que le Front National est exempt de tout agissement à caractère pénal. Le problème, est que cette accélération à ce moment-là d’affaires anciennes poursuit un but politique évident : empêcher le débat de fond. À tout prix. Prenons l’exemple de la transmission aux duettistes du Monde, amis du pouvoir, de pièces de procédure couvertes par le secret. Cette transmission effectuée par des fonctionnaires chargés de veiller à son respect est un manquement doublé d’une infraction pénale gravissime. Et puis, la phrase rituelle : « la justice doit passer, il n’y a pas de trêve » est une hypocrisie destinée à justifier toutes les manipulations. Évidemment, que des procédures pour des affaires ou des faits anciens ne sont marquées d’aucune urgence, et peuvent être suspendues pendant une campagne électorale présidentielle. À titre d’exemple, la publication des lettres d’observations des Chambres Régionales des Comptes, sur la gestion des collectivités locales est interdite six mois avant les élections locales. Pour justement éviter les manipulations.

Et ce qui est paradoxal, c’est qu’ainsi le Front National présenté comme une organisation pré-fasciste et que personnellement, j’ai toujours combattu, peut prendre la posture de victime de l’arbitraire, et sa candidate se présenter en défenseuse des libertés publiques. Parce que sur les deux derniers incidents, intervenu la semaine dernière, c’est Marine Le Pen qui avait raison.

Tout d’abord, pour faire bon poids après perquisitions, gardes à vue et mise en examen spectaculaires et médiatisées, la police judiciaire s’est permis de convoquer une parlementaire couverte par son immunité. Comment peut-on considérer que cette convocation illégale soit légitime et que le refus de Marine Le Pen d’y déférer soit un scandale ? L’immunité parlementaire est une protection accordée aux représentants du peuple régulièrement élus, face à l’arbitraire dont pourrait faire preuve le pouvoir en place. Cette inviolabilité est tout simplement une liberté publique fondamentale, que la police judiciaire, sur ordre, et pour faire du buzz, s’apprêtait à violer. C’est donc bien la candidate du Front National qui en la circonstance l’a défendue. Il convient de féliciter les ânes bâtés qui lui ont offert cette opportunité.

Il y a ensuite le discours de Nantes où Marine Le Pen a dit précisément ceci : «les fonctionnaires à qui un personnel politique aux abois demande d’utiliser les pouvoirs de l’Etat pour surveiller les opposants ou organiser à leur encontre des persécutions, des coups tordus ou des cabales». «Dans quelques semaines ce pouvoir politique aura été balayé, mais ces fonctionnaires devront assumer le poids de ces méthodes illégales et ils mettent en jeu leur propre responsabilité »

Eh bien, Marine Le Pen fait simplement, et à sa façon, brutale, référence à la loi française. Et elle rappelle aux fonctionnaires leur devoir, en leur précisant fermement qu’en cas de violation de celui-ci leur responsabilité serait engagée. C’est en particulier l’article 28 du statut de la fonction publique qui met à la charge du fonctionnaire un devoir d’obéissance. « Loi n°83.634 du 13 juillet 1983, article 28 Le fonctionnaire « doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. » »

Une seule exception est donc prévue, si l’ordre « est manifestement illégal ». Cela veut dire que tout fonctionnaire qui accepte en connaissance de cause de commettre un acte en exécution d’un ordre illégal engage sa responsabilité. Pénale si l’acte en question consiste en une infraction prévue au code pénal, simplement professionnelle si ce n’est pas le cas. Cette question de « l’ordre manifestement illégal » a donné lieu à une importante jurisprudence pénale et administrative. L’essentiel de ces décisions ont été consécutives à des procédures engagées après des alternances qu’elles soient locales ou nationales. Prenons à nouveau un exemple, l’infraction pénale, celle-là incontestable, commise ces dernières semaines, qui a consisté à fournir aux duettistes du Monde des éléments de procédure frappées du plus strict secret professionnel. Comme l’a relevé Éric Dupont Moretti, on peut penser que cela ne peut être le cas que des policiers chargés de l’enquête, ou des magistrats du PNF. Une fois les responsabilités éventuelles établies, il serait normal que la justice pénale et les procédures disciplinaires suivent leur cours. Une plainte a été déposée par François Fillon, on peut gager qu’elle ne connaîtra dans l’immédiat aucune suite mais il serait légitime, si celui-ci devenait Président de la République, qu’il demande à son Garde des Sceaux « que la justice passe sans désemparer ».

Qualifier cet appel à la responsabilité des fonctionnaires de volonté d’épuration n’est pas sérieux. Mais il est reçu comme tel au sein des couches populaires par tous ceux qui sont en rage et ne supporte plus l’arrogance irresponsable de la cohorte qui rêve de garder ses places dans le sillage du télévangéliste. Encore bravo d’avoir permis à nouveau à Marine Le Pen de jouer sur le velours.

Hypnotisés par la vipère Macron et l’anaconda Le Pen, Fillon est atone, Mélenchon mutique, Hamon à l’ouest, et tous les autres inaudibles. La voiture n’a plus de frein, pas d’airbag, l’accélérateur est coincé, et on fonce vers le mur.

Frédéric Lordon, a choisi une métaphore marine… « Voguons donc avec entrain vers un deuxième tour tant espéré, qui ne nous laissera que le choix de la candidate de l’extrême droite et du candidat qui fera nécessairement advenir l’extrême droite ».

Source : Vu du Droit, Régis de Castelnau, 28-02-2017

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La Droite :

Source: http://www.les-crises.fr/plus-de-frein-pas-dair-bag-accelerateur-coince-a-fond-vers-le-mur-par-regis-de-castelnau/


« La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal », par Tzvetan Todorov

Thursday 2 March 2017 at 06:00

Tzvetan Todorov est mort le 7 février 2017 🙁

Source : Tamoudre  30.12.2016

Boris Cyrulnik et Tzvetan Todorov, deux intellectuels, deux observateurs engagés de nos sociétés, dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien à y résister.

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Tzvetan Todorov est historien et directeur de recherche honoraire au CNRS. Tous deux ont traversé l’époque de manière singulière. Tous deux sont devenus des penseurs plébiscités et des observateurs engagés de nos sociétés.

Le premier, né en 1937 dans une famille d’immigrés juifs d’Europe centrale et orientale, fut l’un des rares rescapés de la rafle du 10 janvier 1944 à Bordeaux et popularisa, bien des années plus tard, le concept de « résilience », cette capacité psychique à se reconstruire après un traumatisme. Le second, né en 1939 à Sofia (Bulgarie) et théoricien de la littérature, rejoint Paris en 1963 et s’attache depuis les années 1980 aux questions mémorielles et au rapport à l’autre.

Boris Cyrulnik a publié Ivres paradis, bonheurs héroïques (Odile Jacob, 2016), ouvrage sur le besoin et la nécessité de héros pour vivre et survivre. Tzvetan Todorov a écrit Insoumis (Robert Laffont/Versilio, 2015), portrait de ces contemporains qui, tels Etty Hillesum ou Germaine Tillion, Malcolm X ou Edward Snowden, ont su dire « non » et fait preuve de résistance à l’oppression.

Tous deux dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien d’y résister au moment où une Europe meurtrie et apeurée par les attentats s’interroge sur son devenir.

[…]

Qu’est-ce qui fait qu’un individu s’attache plutôt à des héros bénéfiques ou bien à des héros maléfiques ? La tentation du Mal est-elle aussi puissante que la tentation du Bien ?

T. T. : Pour moi, la tentation du Mal n’existe presque pas, elle est très marginale à mes yeux. Il existe sans doute quelques marginaux ici et là qui veulent conclure un pacte avec le diable et faire régner le Mal sur la Terre, mais de ce point de vue je reste plutôt disciple de Grossman, pour qui le Mal vient essentiellement de ceux qui veulent imposer le Bien aux autres. La tentation du Bien me semble donc beaucoup plus dangereuse que la tentation du Mal.

Je dirais, au risque d’être mal compris, que tous les grands criminels de l’histoire ont été animés par le désir de répandre le Bien. Même Hitler, notre mal exemplaire, qui souhaitait effectivement le Mal pour toutes sortes de populations, en même temps espérait le Bien pour la race élue germanique aryenne à laquelle il prétendait appartenir.

C’est encore plus évident pour le communisme, qui est une utopie universaliste, même si, pour réaliser cette universalité, il aurait fallu éliminer plusieurs segments sociaux de cette même humanité, qui ne méritaient pas d’exister : la bourgeoisie, les koulaks, etc. Les djihadistes d’aujourd’hui ne me paraissent pas animés par le désir de faire le Mal, mais de faire le Bien, par des moyens que nous jugeons absolument abominables.

Pour cette raison, je préfère ne pas parler de « nouveaux barbares ». Parce que la barbarie, qu’est-ce que c’est ? La barbarie n’est pas l’état primitif de l’humanité : depuis les premières traces de vie humaine, on trouve aussi des preuves de générosité, d’entraide. De nos jours, les anthropologues et les paléontologues affirment que l’espèce humaine a su survivre et s’imposer, alors qu’elle n’était pas la plus forte physiquement, grâce à l’intensité de la coopération entre ses membres, lui permettant de se défendre contre les menaces qui la guettaient.

La barbarie, c’est plutôt le refus de la pleine humanité de l’autre. Or bombarder de façon systématique une ville au Moyen-Orient n’est pas moins barbare que d’égorger un individu dans une église française. Cela détruit même beaucoup plus de personnes. Lors des attentats dont Paris a été victime dernièrement, on a sous-estimé l’élément de ressentiment, de vengeance, de représailles, qui était immédiatement mis en avant quand on a pu interroger ces individus ou dans leurs déclarations au moment de leurs actes. Ils n’agissaient pas de façon irrationnelle, puisqu’ils pensaient atteindre les objectifs qui étaient les leurs en tuant indifféremment des personnes qui se trouvaient sur leur chemin : ils voulaient répondre à la guerre par la guerre, ce qui est une logique hélas répandue dans l’histoire de l’humanité.

Qu’est-ce qui fait qu’on bascule du côté de la tuerie au nom d’une idéologie ?

B. C. : La bascule se fait lorsqu’on se soumet à la Théorie du Un, comme le dit le linguiste allemand Victor Klemperer. Si l’on en vient à penser qu’il n’y a qu’un seul vrai dieu, alors les autres sont des faux dieux, ceux qui y croient sont des mécréants, des « mal-croyants » dont la mise à mort devient quasiment morale. Si on se soumet à la théorie du Un, on peut basculer.

Le mot « barbare », en effet, ne convient pas. C’est dans la belle culture germanique de Goethe et de Kant que s’est déroulée l’une des tragédies les plus honteuses du XXe siècle. Le psychiatre américain Leon M. Goldensohn [1911-1961], qui, lors du procès de Nuremberg, expertisa la santé mentale des vingt et un accusés nazis, interrogea Rudolf Höss, le directeur du camp d’Auschwitz, qui lui répondit en substance : « J’ai passé à Auschwitz les plus belles années de ma vie. » Comment est-ce pensable ? Rudolf Höss poursuit : « Je m’entendais bien avec ma femme, j’avais quatre enfants que j’aimais beaucoup. »

Dans Les entretiens de Nuremberg, où figurent ces discussions, il y a même la photo de la maisonnette et du « bonheur » domestique du directeur du camp d’Auschwitz. « En même temps, poursuit-il, j’avais un métier bien difficile, vous savez, il fallait que je fasse disparaître, que je brûle 10 000 corps par jour, et ça, c’était difficile, vous savez. »

Donc l’expression que je propose pour comprendre ce phénomène paradoxal est celle de « morale perverse ». Un individu peut être parfaitement éthique avec ses proches, qu’il cherche à défendre et à comprendre – ma femme, mes enfants, etc. – mais les juifs, ce n’est pas les autres, les Tziganes ce n’est pas les autres, les Nègres sont des humains, mais ils sont inférieurs, donc on en fera de l’élevage. Il est moral d’éliminer les juifs comme il est moral de combattre la souillure d’une société pour que notre belle race blonde et aux yeux bleus aryens puisse se développer sainement.

C’est au nom de la morale, c’est au nom de l’humanité qu’ont été commis les pires crimes contre l’humanité. C’est au nom de la morale qu’ont été commis les pires crimes immoraux. Morale perverse, donc : on est moraux avec ceux qui partagent notre monde de représentation et on est pervers avec les autres parce que la définition de la perversion, c’est pour moi celle de Deleuze et de Lacan : est pervers celui qui vit dans un monde sans autre.

T. T. : Le jugement moral se constitue à plusieurs niveaux successifs. Au départ, la distinction même du Bien et du Mal peut être absente, faute d’avoir entouré le petit être humain par des soins et de l’avoir protégé par des attachements. Le résultat de ce manque est le nihilisme radical. Le deuxième pas dans l’acquisition du sens moral consiste à dissocier l’opposition du Bien et du Mal de celle entre Je et Autrui ou entre Nous et les Autres ; l’adversaire ici est l’égoïsme ou, sur le plan collectif, l’ethnocentrisme. Enfin le troisième degré consiste à renoncer à toute répartition systématique du Bien et du Mal, à ne pas situer ces termes dans une quelconque partie de l’humanité, mais à admettre que ces jugements peuvent s’appliquer aussi bien à nous qu’aux autres. Donc, à combattre le manichéisme du jugement.

A chacun de ces stades peut s’installer la perversité dont on parle. Il n’existe pas deux espèces d’êtres humains, les uns qui risquent de fauter et les autres, dont nous ferions partie, à qui ça n’arrivera jamais. D’un autre côté, si on s’ouvrait à une compassion universelle, on ne pourrait plus vivre, on devrait aider tous les sans-abri, tous les mendiants qu’on rencontre dans la rue et partager avec eux ce qu’on a, or on ne le fait pas et on ne peut le faire – sauf si on est un saint. Il y a une sorte d’équilibre qui doit s’établir entre la protection de soi et le mouvement vers autrui. Mais ignorer l’existence des autres, c’est cesser d’être pleinement humain.

B. C. : J’étais emprisonné dans la synagogue de Bordeaux, ville où 1 700 juifs ont été raflés le 10 janvier 1944 par Maurice Papon. Il n’y eut que deux survivants, dont votre serviteur. Et j’ai retrouvé le fils et les petits-enfants de Mme Blanché, la dame mourante sous laquelle je me suis caché afin d’échapper à la rafle, avec lesquels j’entretiens aujourd’hui des relations amicales. Oui, la vie est folle, c’est un roman.

Quand j’étais emprisonné, il y avait un soldat allemand en uniforme noir qui est venu s’asseoir à côté de moi un soir. Il me parlait en allemand et me montrait des photos d’un petit garçon. Et j’ai compris – sans comprendre sa langue – que je ressemblais à son fils. Cet homme avait besoin de parler de sa famille et de son enfant qu’il ne voyait pas, ça lui faisait du bien. On peut dire que j’ai commencé ma carrière de psychothérapeute ce soir-là !

Pourquoi est-il venu me parler ? Je l’ai compris en lisant Germaine Tillion, qui raconte que, lorsque les nouvelles recrues de femmes SS arrivaient à Ravensbrück, elles étaient atterrées par l’atrocité du lieu. Mais, dès le quatrième jour, elles devenaient aussi cruelles que les autres. Et, quand Germaine Tillion donnait des « conférences » le soir à Geneviève de Gaulle et à Anise Postel-Vinay, elle les faisait souvent sur l’humanisation des gardiens du camp.

Elle disait : ce qui nous faisait du bien, quand on voyait un gardien courtiser une femme SS, c’est que c’était donc un être humain. Elle ne voulait pas diaboliser ceux qui la condamnaient à mort, elle voulait chercher à découvrir leur univers mental. Et c’est en lisant Germaine Tillion que je me suis dit : voilà, j’avais à faire à des hommes, et non pas à des monstres. Parce que comprendre, c’est non pas excuser, mais maîtriser la situation. Arrêté à l’âge de 6 ans et demi, j’étais considéré comme « ein Stück », une chose qu’on pouvait brûler sans remords, qu’on pouvait tuer sans culpabilité puisque je n’étais pas un être humain, mais « ein Stück ».

Donc, contrairement à ce que l’on dit souvent, notamment à propos du djihadisme, il faut chercher à le comprendre, et non pas refuser, par principe, l’explication ?

B. C. : Evidemment. La compréhension permet de lutter et d’agir. Par exemple, sur le plan psychosocial, le mot « humiliation » est presque toujours utilisé par ceux qui passent à l’acte. L’humiliation du traité de Versailles a été momentanément réelle, parce que pendant quelques années les Allemands ne pouvaient pas reconstruire une société, tout ce qu’ils gagnaient partant en dommages de guerre pour la France.

Mais les Allemands oubliaient de dire que dans les années 1920 – lorsque les politiques ont compris que ça empêchait l’Allemagne de se reconstruire – il y eut un véritable plan Marshall pour aider leur pays à se reconstruire. Donc le mot humiliation servit d’arme idéologique pour légitimer la violence des nazis – comme celle des djihadistes, d’ailleurs. Tous les totalitarismes se déclarent en état de légitime défense. Il leur paraît normal et même moral de tuer sans honte ni culpabilité.

Aujourd’hui, sur environ 8 400 fichés « S », rappelle une enquête du CNRS, on dénombre près de 100 psychopathes. La psychopathie, ce n’est pas une maladie mentale, mais une carence éducative et culturelle grave. Ce sont des enfants qui n’ont pas été structurés par leur famille, ni par la culture ni par leur milieu. Quand il n’y a pas de structure autour d’un enfant, il devient anomique, et l’on voit réapparaître très rapidement des processus archaïques de socialisation, c’est-à-dire la loi du plus fort.

Michelet le disait : quand l’Etat est défaillant, les sorcières apparaissent. Cent psychopathes sur 8 400 cas, c’est la preuve d’une défaillance culturelle. C’est une minorité dans les chiffres, mais c’est une majorité dans les récits et l’imaginaire parce que le Bataclan, le Stade de France, Nice ou le 13-Novembre font des récits atroces et spectaculaires qui fédèrent une partie de ces meurtriers.

T. T. : Très souvent, ces jeunes qui s’égarent dans le djihad cherchent un sens à donner à leur vie, car ils ont l’impression que la vie autour d’eux n’a pas de finalité. S’ajoute à leurs échecs scolaires et professionnels le manque de cadre institutionnel et spirituel. Quand je suis venu en France en 1963, il existait un encadrement idéologique très puissant des jeunesses communistes et des jeunesses catholiques. Tout cela a disparu de notre horizon et le seul épanouissement, le seul aboutissement des efforts individuels, c’est de devenir riche, de pouvoir s’offrir tel ou tel signe extérieur de réussite sociale.

De façon morbide, le djihad est le signe de cette quête globale de sens. Il est la marque de cette volonté de s’engager dans un projet collectif qui frappe souvent des personnes qui jusque-là étaient en prison pour des petits vols et des menus crimes, mais qui cessent de trafiquer, de boire ou de fumer du haschisch pour être au service d’une doctrine vraie, de ce « Un » dont vous parliez tout à l’heure. Ils sont d’abord prêts à sacrifier la vie d’autrui, mais ensuite la leur aussi.

Y a-t-il des héros ou des contre-récits qui pourraient permettre de structurer davantage leur univers mental ?

 

[…]

Lire le début et la fin sur Tamoudre, 30.12.2016

Source: http://www.les-crises.fr/la-tentation-du-bien-est-beaucoup-plus-dangereuse-que-celle-du-mal-par-tzvetan-todorov/


Revue de presse du 2 mars 2017

Thursday 2 March 2017 at 00:30

La revue avec dans le thème Matières Premières, un dossier sur l’uranium (4 articles résumés, deux en anglais), et pour le reste des contributions datant de la semaine spéciale “déconex” du blog, donc un peu en retard… Merci à nos contributeurs. Pour les rejoindre, vous pouvez postuler via le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-2-mars-2017/


Droit à l’oubli : la CJUE va examiner la désindexation des données sensibles dans Google, par Marc Rees

Wednesday 1 March 2017 at 04:45

Source : Nextinpact, Marc Rees, 24/02/2017

Saisi par quatre personnes, le Conseil d’État a décidé de saisir la Cour de justice de l’Union européenne d’un train de questions sur le terrain du « droit à l’oubli » ou droit à l’effacement dans les moteurs de recherche.

Quatre personnes, quatre profils différents, mais un problème commun : la faculté pour les moteurs de recherche d’indexer des informations parfois sensibles diffusées dans la presse.

Le droit à l’effacement

Premier cas, une conseillère régionale d’Île-de-France avait réclamé de Google l’effacement d’un lien vers une vidéo se moquant de ses anciennes activités publiques. Elle était mise en scène au côté du maire de la commune dont elle était directrice de cabinet. La vidéo, en fait une image fixe, évoquait une relation intime avec une incidence sur son parcours.

Dans la deuxième affaire, un ex-représentant de l’Église de scientologie réclamait le déréférencement d’un lien vers un article de Libération de septembre 2008 repris par le site du Centre contre les manipulations mentales. Il aurait, selon ces contenus, proposé de l’argent aux enfants d’une défunte, adepte de l’Église de scientologie, et ce en échange de leur renoncement à intenter une action judiciaire.

Dans l’avant-dernier cas, un ancien conseiller de Gérard Longuet a sollicité l’effacement de plusieurs liens hypertextes évoquant sa mise en examen dans les années 90, alors qu’il a bénéficié en 2010 d’un non-lieu. Enfin, un ex-animateur d’école sollicitait le retrait de sept liens sur Google, dirigeant vers des articles du Figaro et de Nice Matin relatif à sa condamnation en 2010 pour des actes pédophiles.

Ces personnes peuvent-elles réclamer un droit au déréférencement ? Google comme la CNIL ont dit non en chœur. L’un et l’autre se sont appuyés sur une jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. Le 13 mai 2014, celle-ci a d’un, considéré que les moteurs de recherches étaient responsables des traitements effectués par leurs outils d’indexation, de deux, posé les critères permettant à un citoyen d’obtenir un coup de gomme.

Il faut ainsi que les données soient « adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées et pour lesquelles elles sont traitées ultérieurement ». Ou encore qu’elles soient « exactes et, si nécessaire, mises à jour », etc.  Aucun de ces critères n’était rempli selon le moteur ou l’autorité de contrôle.

Aux limites des données sensibles

Seul hic, à l’instar du rapporteur public, le Conseil d’État a été contraint de s’infiltrer dans les méandres du droit au déréférencement, cet univers dans lequel Google a toujours rechigné à mettre le moindre pied. Les quatre affaires ont en effet trait à des données très sensibles, celles « qui révèlent l’origine raciale ou ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, l’appartenance syndicale » ou qui sont relatives « à la santé et à la vie sexuelle ».

Or, à leur égard, le droit européen pose un principe d’interdiction de collecte ou de traitement. De même, les traitements relatifs aux infractions ne peuvent être mis en œuvre que par certaines entités telles les juridictions ou encore les auxiliaires de justice. Une question surgit, évidente, mais complexe : ces interdictions de principe pèsent-elles sur les moteurs de recherche ?

On imagine sans mal les conséquences si une interdiction de principe pesait a priori sur les moteurs, ces systèmes gorgés d’algorithmes et de robots où l’humain intervient le moins possible. Cette problématique a été considérée comme « sérieuse» par le Conseil d’État, au point que celui-ci a décidé de transmettre la patate chaude à la Cour de justice.

Puisque rien n’est simple en matière de traitement de données personnelles, on en arrive donc à deux scénarios. Ou bien l’interdiction pèse sur les moteurs, ou bien elle ne pèse pas sur leurs épaules. Ces alternatives ne sont pas neutres.

Hypothèse 1 : l’interdiction de traitement pèse sur les moteurs

Dans l’affirmative, en effet, une série de nouvelles questions se pose. Google, Bing, Qwant et les autres sont-ils alors obligés à faire droit aux demandes de déréférencement relatives à des liens pointant vers des pages web traitant de telles données ?

Mieux. Le droit européen prévoit plusieurs exceptions à l’interdiction de traiter ces données sensibles. Ce peut être le consentement de la personne ou bien parce qu’on est face à « des données manifestement rendues publiques par la personne concernée » ou enfin que le traitement est « nécessaire à la constatation, à l’exercice ou à la défense d’un droit en justice ». Justement. Ces exceptions peuvent-elles être opposées par Google aux personnes réclamant le « droit à l’oubli » ?

La directive autorise aussi une autre exception, celle des traitements de données effectuées à des fins journalistiques (ou pour l’expression artistique). Pour bien compliquer la tâche, il s’agit maintenant de savoir si les moteurs, eux aussi, peuvent se prévaloir « de cette circonstance pour refuser de faire droit à une demande de déréférencement ».

Hypothèse 2 : l’interdiction ne pèse pas sur les moteurs

 

Lire la suite sur : Nextinpact, Marc Rees, 24/02/2017

Source: http://www.les-crises.fr/droit-a-loubli-la-cjue-va-examiner-la-desindexation-des-donnees-sensibles-dans-google-par-marc-rees/


Mises au point de Mediapart à ses détracteurs, par la SDJ de Mediapart

Wednesday 1 March 2017 at 02:10

Juste pour info, dans la série “tout va bien en ce moment”…

Merci de ne pas relancer toujours le même thème en commentaire. Médiapart n’est pas parfait, évidemment. Comme les Crises.

Mais Médiapart apporte un vrai plus à l’information dans la pays.

Donc arrêtez de vouloir un Médiapart (ou Les-Crises) parfait, cela n’arrivera jamais.

Ce qu’il faut, c’est 30 nouveaux “Médiapart”, qui auront autant d’orientations variées.

Et on appellerait ça le pluralisme…

Source : Le Blog Mediapart, 27-02-2017

Cette fois, c’en est trop. Depuis sa création, Mediapart est l’objet de critiques diverses et variées. Mais ces dernières semaines, les insultes et les inventions sont allées beaucoup trop loin. Pour la première fois, les journalistes de la rédaction ont donc décidé de faire une réponse claire, nette et commune à ces détracteurs pour qui la réalité des faits constitue visiblement un détail.

Cette fois, c’en est trop. Depuis sa création, Mediapart est l’objet de critiques diverses et variées. Nous les acceptons bien volontiers quand il s’agit de débats de fond, et prenons soin de les ignorer quand il s’agit de rumeurs, de diffamations, de mensonges. Chacun est libre de penser ce qu’il veut de notre travail. Mais encore faudrait-il que ces opinions soient fondées sur une connaissance de celui-ci.

Ces dernières semaines, les insultes et les inventions, émises dans le seul but de nous discréditer, sont allées beaucoup trop loin. Pour la première fois, les journalistes de Mediapart ont donc décidé de faire une réponse claire, nette et commune à ces détracteurs pour qui la réalité des faits constitue visiblement un détail.

  • Mediapart est « l’idiot utile de l’islamisme politique », un « site fréro-salafiste », et Edwy Plenel est « proche » de Tariq Ramadan

Mediapart est un journal d’information générale qui publie parfois des entretiens sur l’islam, comme dans cette série de vidéos parues en 2016 sur les différents contours contemporains de l’islam. Ou encore dans cette série d’entretiens avec dix musulmans de La Courneuve en 2010.

En août 2013, Edwy Plenel a écrit l’article « Pour les musulmans », s’alarmant des conséquences de la fin des printemps arabes et de leurs espoirs démocratiques. Un an plus tard, sous le même intitulé, il a développé son propos dans un essai paru aux éditions La Découverte, plaidoyer contre toutes les discriminations, sans en oublier aucune, et contre les haines, d’où qu’elles viennent.

À la suite de cette parution, Edwy Plenel a été invité à participer à une conférence publique sur la situation des jeunes musulmans de France, organisée par l’association Action pour un monde sans frontières (APMSF), le 17 janvier 2015, à Brétigny-sur-Orge. Le théologien musulman Tariq Ramadan participait également à cette rencontre-débat. C’est la seule fois où le directeur de Mediapart s’est retrouvé à la même tribune que M. Ramadan.

En avril 2016, nous avons consacré à ce dernier une longue enquête critique, à l’occasion de laquelle nous l’avons bien évidemment interrogé.

  • Mediapart a « couvé »« promu » et « soutenu » Mehdi Meklat

Mehdi Meklat, ancien chroniqueur du Bondy Blog, auteur d’un grand nombre de tweets antisémites, homophobes et misogynes sous son alias « Marcelin Deschamps », n’a jamais travaillé à Mediapart. Il n’y a jamais publié de chroniques, ni tenu de blog.

Il fut une seule fois l’invité de l’un de nos live, en octobre 2015, consacré aux dix ans de la révolte dans les quartiers populaires et organisé en partenariat avec Le Bondy Blog, né lors de ces émeutes. Il y a pris la parole lors d’une séquence d’une dizaine de minutes.

Son dernier livre, Minute (Éd. Seuil), coécrit avec son ami Badrou, a été recensé de façon critique en même temps que d’autres ouvrages traitant des élections présidentielles dans un article daté du 23 février 2017.

  • Mediapart n’est pas un média, mais « une organisation politique » et une « officine »

Mediapart est un quotidien en ligne, lu par plus de 135 000 abonnés. Son équipe de 74 salariés se consacre tous les jours à la production d’informations et d’enquêtes. Sans publicité et sans aide publique à la presse, nous ne vivons que de nos abonnements. C’est peut-être ce qu’il manque à nos détracteurs les plus virulents : s’abonner à Mediapart pour nous critiquer en connaissance de cause et non pour l’idée qu’ils se font de qui nous sommes.

  • Ève Plenel, fille du directeur de Mediapart, « gagne 3 000 euros par mois pour un emploi à mi-temps à la mairie de Paris alors qu’elle vit à Berlin ».

Ève Plenel a été choisie en avril 2016 par la mairie de Paris pour coordonner la stratégie de « Paris sans sida » à l’horizon 2030. Elle a, dans la foulée, démissionné de ses fonctions de directrice générale d’Arcat et du Kiosque Infos Sida, deux structures du groupe SOS, pour ne se consacrer qu’à cette mission.

Elle est payée mensuellement 1 682 euros net pour un temps partiel qu’elle effectue à Paris, ayant un bureau à la mairie. Ses déplacements depuis Berlin, où travaille son compagnon et où sont scolarisés ses enfants, sont totalement à sa charge. Face aux calomnies dont elle est victime, en raison de son patronyme, l’ensemble des acteurs de la lutte contre le sida lui ont exprimé publiquement leur soutien dans cette tribune.

  • « Mediapart a fraudé le fisc » et « le gouvernement a sauvé Mediapart en effaçant sa dette fiscale »

Mediapart a toujours appliqué sur le prix de ses abonnements le taux de TVA de 2,1 % dévolu à la presse et conforme aux engagements des pouvoirs publics et des syndicats professionnels. Nous suivons ainsi le principe de neutralité des supports, papier ou numérique, instauré en 2009 par le décret établissant le statut de la presse en ligne.

L’administration fiscale, qui conteste ce que nous considérons comme une question de principe, nous a imposé rétroactivement une TVA à 19,6 % pour la période allant de la création de notre site, en 2008, jusqu’au 31 janvier 2014 (après cette date, il n’y a plus de débat : une loi votée entre temps établit que la presse en ligne doit bénéficier du taux de TVA à 2,1 % à partir de février 2014).

La somme réclamée par le fisc se compose de 3 348 233 euros de différentiel de taux de TVA, plus 1 349 462 euros d’intérêts, ainsi que de pénalités pour mauvaise foi. Mediapart a payé l’intégralité du différentiel de TVA demandé et provisionné dans ses comptes le montant des intérêts et des pénalités, en attendant les suites judiciaires.

Nous contestons la décision de l’administration devant le tribunal administratif de Paris (la requête est ici). La Cour de justice de l’Union européenne devra également se prononcer dans les prochains mois sur cette question.

Source : Le Blog Mediapart, 27-02-2017

Source: http://www.les-crises.fr/mises-au-point-de-mediapart-a-ses-detracteurs-par-la-sdj-de-mediapart/


[Vérité post-Journalisme] Message aux controversés Emmanuel Jarry et Michel Rose, de l’agence Reuters (à la Direction controversée)

Tuesday 28 February 2017 at 15:09

Aux lecteurs : désolé, j’ai encore un peu de ménage à faire cette semaine. Je termine le coeur du sujet Macron ce soir, et on reprend un cours plus normal la semaine prochaine… Désolé.

“Bonjour, Reuters, c’est le blogueur !”

Chers Emmanuel Jarry et Michel Rose, de l’agence Reuters :

je vous remercie d’avoir parlé de moi dans votre Dépêche d’hier :

Elle amène cependant quelques questions de ma part :

1/ Point accessoire. Je voudrais simplement savoir quand M. Philippot (avec qui je n’ai aucun lien) se serait “référé” à moi svp ? C’est bien possible, me lit qui veut, mais merci de m’indiquer votre source précise svp.

Je sais qu’il a parlé du sujet Macron hier sur BFM, mais je l’entends dire à 11’13 : “Certains ont fait le calcul.”

Comme il ne vous aura pas échappé que je ne m’appelle pas “Olivier Certain” mais “Olivier Berruyer”, merci donc de m’indiquer les autres endroits où il aurait parlé nominativement de moi, pour mon information.

Parce que sinon, je vous rappelle qu’il suffit d’une paire d’yeux (en fait, un seul suffit, même…), d’un cerveau et d’une calculatrice pour arriver à ce résultat :

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Pour les impôts, je suis gentil, c’est là :

macron

2/ Je ne comprends par ailleurs pas pourquoi vous laissez entendre que je serais la “source” de ce questionnement, alors qu’il s’agit, comme je l’ai indiqué clairement, de questions fondamentales posées par le Canard enchaîné le 1er juin 2016, et auxquelles M. Macron refuse de répondre depuis lors :

3/ Tiens, puisque je vous tiens : vous n’avez donc pas eu envie de creuser ce sujet auprès de M. Macron depuis le 1er juin 2016 ? #Journalisme #NoNews

4/ Point central. Je souhaitais VRAIMENT revenir sur le mot “controversé” que vous avez accolé à mon nom. Je trouve ça TRÈS original comme méthode.

Je m’interroge simplement sur son adéquation avec les principes éthiques élémentaires de votre profession :

J’aimerais donc là-encore connaitre vos sources exactes. Ici, il vous sera plus facile d’en trouver, je vous l’accorde.

Ma vraie question est : Quelle est la règle chez Reuters pour accoler dans une dépêche le terme “controversée” à une personnalité controversée ?

Parce que si on va par là, tout le monde est, à un moment ou à un autre, “controversé” (bienvenue au club, grâce à ce billet).

Par exemple, j’ai regardé vos dépêches, et je n’ai pas vu ce terme accolé à M. Bernard-Henri Levy par exemple :

Il me semble pourtant que “philosophe controversé” serait assez bien adapté – même si vous m’accorderez qu’en dehors de Saint-Germain-des-Prés, il y a plutôt un franc consensus – mais vous comprenez l’idée.

Ceci étant, loin de moi de penser qu’il y aurait un “tarif spécial” quand on critique les médias et les journaux, plutôt que quand on les dirige, hein… 🙂

Il l’est toujours depuis lors en fait – la presse en parle peu…

Notez aussi que votre propre Direction semble très “controversée” par ses salariés :

Bref, si vous ne corrigez pas la dépêche (et j’ai peu d’espoir sur le respect actuel de la Vérité dans votre profession, après 3 semaines d’observation des pratiques du journal Le Monde…) , je vous remercie de me répondre afin que j’estime votre intention de nuire, et que j’en tire les conséquences. Ma réputation n’est pas un paillasson pour “journalistes”.

Parce que votre petit jeu irresponsable contamine désormais tous les médias, genre LCI.

Vous vous imaginez bien comme il peut être facile, par exemple, pour un individu (genre moi) de trouver un job si Reuters vous a estampillé intuitus personae “controversé”. Alors que vous vous exprimiez simplement sur votre blog – et bientôt simplement sur votre Facebook ? – en tant que citoyen vigilant désireux de surveiller les Pouvoirs.

M. Jarry, vous noterez enfin, qu’à ce jour, on ne m’a remonté encore aucune erreur sur ma liste de 25 questions longues comme le bras à Macron…

M. Rose, on compte donc sur vous pour cuisiner M. Macron quand il ne sera plus en PLS…  🙂

Bref, Reuters, un bon conseil : prenez donc exemple sur Arthur Berdah qui, au Figaro, sait encore travailler correctement :

Source = Canard ; préservation de mon identité ; pas de dépréciation ou de rumeur ; pas de lien direct suggéré avec Phillipot – exemplaire !

Je vous recommande donc, en conclusion, de réfléchir chez Reuters à ce point éthique d’importance.

Car les journalistes feraient mieux de cesser de s’interroger sur le “Journalisme post-Vérité” pour passer vraiment du temps à travailler sur la “Vérité post-Journalisme”…

Source: http://www.les-crises.fr/message-aux-controverses-emmanuel-jarry-et-michel-rose-de-lagence-reuters-a-la-direction-controversee/


[Patrimoine] Macron a répondu : “Allez-vous faire voir !”

Tuesday 28 February 2017 at 11:41

Du grand “art” journalistique…

(Résumé des question à poser à Macron en fin d’article)

Emmanuel Macron attaqué sur son patrimoine par le FN et la droite

Notez bien les 3 premiers mots – alors qu’on demande simplement quelques comptes à une personne voulant diriger le pays…

Source : Ouest-France, 27/02/2016

Alors que leurs deux candidats à l’élection présidentielle Marine Le Pen et François Fillon sont rattrapés par la justice, le FN et Les Républicains s’attaquent au patrimoine de l’autre favori des sondages, Emmanuel Macron.

Le Front national et une faction des Républicains, dont les candidats à l’élection présidentielle sont mis en cause par la justice, ont relancé lundi leurs attaques sur le patrimoine de leur adversaire principal, Emmanuel Macron.

Le vice-président du FN, Florian Philippot, interrogé par BFMTV, a ainsi invité la presse à interroger l’ancien ministre de l’Économie sur ce qu’il a fait des revenus perçus quand il était à la banque Rothschild, de septembre 2008 à mai 2012.

Emmanuel Macron a déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) « un patrimoine faible, très faible, inférieur à la moyenne des Français », soutient le conseiller de la présidente et candidate du FN, Marine Le Pen.

« Or M. Macron a gagné plus de trois millions d’euros […] quand il était chez Rothshild », a-t-il ajouté. « Je pose une question : comment on explique cette disproportion entre ce qu’il a gagné et ce qui apparaît dans son patrimoine ? » Florian Philippot s’est référé au blogueur controversé Olivier Berruyer, qui décortique sur son site Les-crises.fr les déclarations de patrimoine d’Emmanuel Macron et s’interroge sur la façon dont il a dépensé 1,8 million d’euros après impôts.

Message à Ouest-France Reuters: c’est quoi cette déontologie de bouse de m’affubler sans arrêt de qualificatifs désobligeants ? J’ai regardé, je ne trouve pas dans vos archives ce même qualificatif accolé à Bernard-Henri Levy, pourquoi ? Merci donc de corriger svp.

L’entourage de Macron « tranquille »

Le député LR Jacques Myard renvoie pour sa part à ce site dans un communiqué de presse sous le titre Quel est le patrimoine du candidat Emmanuel Macron ? Un élu alsacien régionaliste, Paul Mumbach, « candidat des maires en colère » à la présidentielle, a rendu quant à lui publique une lettre dans laquelle il interroge la HATVP sur la « sincérité » du patrimoine déclaré par l’ancien ministre.

Autant d’insinuations balayées par l’entourage du fondateur et candidat du mouvement En Marche ! dont la percée dans les derniers sondages paraît affoler les états-majors des autres candidats, de la gauche à l’extrême droite.

« Leurs chiffres sont faux. Ils n’incluent ni la fiscalité ni les prêts qu’Emmanuel Macron a remboursés sur la période », a dit un membre du premier cercle de son équipe de campagne. « On est parfaitement tranquille. Emmanuel Macron est le plus insoupçonnable de tous les candidats. »

« Tout a été dit sur la façon dont il a gagné de l’argent et dont il l’a utilisé », a-t-il poursuivi. « On est parfaitement conscient qu’on veut nous entraîner dans des polémiques inutiles et stériles pour faire diversion par rapport aux problèmes que rencontrent les uns et les autres avec la justice. »

Baisse de revenus et de train de vie

Une information judiciaire a été ouverte sur des soupçons d’emplois fictifs et de trafic d’influence dont aurait bénéficié la famille de François Fillon, tandis que des proches de Marine Le Pen ont été mis en examen ou renvoyés en correctionnelle dans des affaires visant le fonctionnement et le financement du FN.

Emmanuel Macron n’entend pas à ce stade répondre aux questions de ses adversaires sur l’usage personnel ou familial qu’il a fait de ses revenus, ce qui relève de sa vie privée, a fait savoir l’un de proches.

« Quand les autres seront parvenus au niveau de transparence où nous sommes, peut-être accepterons-nous d’entrer dans ce débat », a-t-il ajouté. En attendant, le candidat d’En Marche ! se réserve le droit de poursuivre en justice « tous ceux qui insinueraient qu’on a maquillé quoi que ce soit », a-t-il averti.

Emmanuel Macron a déjà été interrogé à plusieurs reprises sur ses revenus et son patrimoine. Il a fait plusieurs fois valoir que son engagement politique s’était traduit, après son départ de la Banque Rothschild, par une forte baisse de ses revenus et de son train de vie.

Il rappelle également régulièrement qu’il a démissionné de la fonction publique pour se lancer dans la course à l’Élysée et vit aujourd’hui des droits d’auteur de son livre Révolution.

Source : Ouest-France, 27/02/2016

Source originale : Reuters

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Bien sûr… Il refuse toujours de répondre aux mêmes questions du Canard Enchaîné de juin 2016 (oh, faut se réveiller le Canard… 😉 ) :

Bref :

J’ai déjà dit que je ne le soupçonnais d’aucun maquillage illégal.

Il me semble en revanche important de comprendre son rapport à l’argent, à la dette, aux dépenses somptuaires, à la bonne gestion de son patrimoine, au secteur bancaire.

Évidemment que les chiffres indiqués sont donnés après impôts – j’ai calculé !

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Et en plus, ce sont leurs propres chiffres :

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Qu’est-ce qui n’est pas clair avec “1 500 000 € après impôts” ?

M. Macron a touché l’équivalent d’un petit gain au Loto, au bout de 2 ans, il n’a plus un sou.

On lui demande des comptes, il répond comme un vulgaire Cahuzac “Allez-vous faire voir !” et ajoute “Confiez-moi l’État maintenant, même si je n’ai jamais été élu conseiller municipal d’opposition à la Bourboule”. Normal, quoi… #2017EnFrance

Admirez comme ils essaient de retransformer cette affaire en “No News” – on les laisse faire ?

Quand au “candidat le plus insoupçonnable….” – heum heum :

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donc :

Je vous l’avais bien dit :

Mais comme je ne suis pas journaliste, je ne lâcherai rien… Il doit tenir sa parole du JDD 12/02 :

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Je repose donc mes principales questions à M. Macron ici :

  1. M. Macron, vous avez gagné (surtout chez Rothschild) ≈ 2,7 millions d’euros bruts entre 2011 et 2013, soit ≈ 1,4 million d’euros nets après impôts. Vous déclarez un patrimoine quasi nul en 2014. Cela signifierait une dilapidation d’environ 1 SMIC PAR JOUR durant 3 ans. Votre porte-parole a indiqué que vous aviez « pas mal dépensé ». Pourriez-vous vous expliquer, et justifier la réalité et la composition de ces dépenses ? (Question 2)
  2. M. Macron, en 2007, à 30 ans, vous décidez d’acheter un appartement. Vous gagnez alors environ 40 000 € par an, et n’avez guère d’apport personnel. Vous choisissez un appartement de 83 m² à Paris à 890 000 €, soit un investissement de plus de 1 000 000 € avec travaux et frais de notaire. En théorie, cela signifie donc aux taux d’intérêts de 2007 plus de 40 000 € de simple charge d’intérêts par an. Pourquoi un tel choix aussi disproportionné avec vos revenus ? (Question 4)
  3. M. Macron, pour financer votre achat, vous empruntez en 2007 selon vos déclarations au JDD 550 000 € à votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, et 400 000 € au Crédit Mutuel. Le tout avec 40 000 € de revenus annuels. Comment les avez-vous convaincus – surtout la Banque – que vous auriez un jour assez d’argent pour les rembourser ? Saviez-vous  donc que vous deviendriez associé-gérant chez Rothschild 5 ans plus tard ? (Question 5)
  4. M. Macron, sans le prêt de 550 000 € sans intérêts à débourser (seulement en 2022) de votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, vous n’auriez jamais pu acheter votre appartement en 2007. Êtes-vous intervenu à l’Élysée ou à Bercy sur des affaires le concernant lui ou son secteur d’activité (immobilier, start-up, presse…) ? (Question 6) 
  5. M. Macron, vous déclarez avoir acheté en 2007 votre appartement 960 000 € avec travaux. Vous avez estimé vous-même votre appartement 935 000 € en 2014. Comme le souligne le Canard enchaîné, les prix ont augmenté de 33 % dans votre quartier durant ces 7 ans. Vous avez indiqué au Canard enchaîné avoir “acheté cher“. “Acheter cher”, ici, ce serait donc avoir payé au moins 250 000 € de trop pour un appartement qui n’était en plus pas du tout dans vos moyens de l’époque.  Pourriez-vous donc nous expliquer pourquoi vous êtes un des très rares Parisiens en moins-value dans cette période ? (Question 9)
  6. M. Macron, vous passez chez Rothschild d’une rémunération en rythme annuel de 137 000 € en 2009 à 2 600 000 € en 2012. Une telle progression salariale est-elle fréquente ? Puisque vous avez apparemment dilapidé presque tout cet argent en 3 ans, pourquoi avoir quitté Rothschild en 2012 ? Êtes-vous censé y revenir si vous perdez en avril ? (Question 11)
  7. On lit sur le site du magazine Capital (06/11/2014) que vous auriez appelé en 2013 la rapporteure PS du projet de loi  de séparation des banques « plusieurs fois pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à [vos] amis banquiers. Elle avait fait la sourde oreille. » Pouvez-vous nous confirmer ces faits et vous en expliquer ? Pouvez-vous nous confirmer qu’ils n’ont aucun lien avec la question précédente ?  (Questions 12 et 25)
  8. Selon vos déclarations au JDD, vous gagnez 1 500 000 € après impôts chez Rothschild essentiellement en 2011-12. Il semble bien que mi-2012, vous empruntiez 200 000 € de plus au Crédit mutuel. Est-ce vrai ? Pourquoi augmenter votre endettement bancaire dans ces conditions, surtout d’un tel montant ?  (Question 13)
  9. M. Macron, malgré vos plantureux revenus, vous empruntez au Crédit Mutuel le 23/11/2011 “350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire” – qui appartient à votre épouse. À quoi correspondent ces gigantesques travaux ? N’est-ce pas un peu excessif, surtout quand on a apparemment déjà du mal à se désendetter ? (Question 16)
  10. M. Macron, un LDD de 40 000 €, c’est une possibilité réservée aux anciens ministres ? Pour les autres personnes, c’est normalement limité à 12 000 €, non ? (hors intérêts capitalisés) Est-ce une erreur de saisie dans votre déclaration ? (Question 18)
  11. D’après le site du tribunal de commerce, votre association de financement aurait un code d’activité NAF 6622Z, qui est celui des Agents et courtiers d’assurance. Est-ce une simple erreur de plus ? (Question 23)
  12. M. Macron, vous avez certifié avoir acheté : 1/ 40 000 € 2/ une Volkswagen EOS en 2005 (à 28 ans) 3/ d’occasion 4/ que vous avez estimée à 6 000 € en 2014. Or 1/ la VW EOS n’est commercialisée qu’à partir de 2006 2/ mi-2006, le modèle le plus cher neuf vaut 36 000 € 3/ la plupart des modèles de 2006 valent 10 à 12 k€ en 2014 4/ 40 000 € semblent être supérieurs à votre rémunération annuelle 2005. D’où vient le souci ? Estimez-vous important qu’un ministre remplisse avec soin les 20 lignes de sa déclaration pour que les citoyens puissent exercer un contrôle démocratique ?

Pour les curieux, le détail des 25 questions et les éléments probatoires sont consultables dans ce long billet.

Question bonus : M. Macron, que pensez-vous de cette déclaration de Charles de Gaulle ? « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a jamais cessé d’être l’Argent. » [Charles de Gaulle, 11 décembre 1969, discussion avec André Malraux, cité dans Les chênes qu’on abat, Gallimard)

P.S. M. Macron refusant de répondre à ces questions élémentaires, il n’a donc ni confirmé ni infirmé nos calculs pour le moment.

Source: http://www.les-crises.fr/patrimoine-macron-a-repondu-allez-vous-faire-voir/