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La Presse en campagne contre la Grèce, par Acrimed

Saturday 9 May 2015 at 00:01

Alexis Tsipras : idiot, aux abois ou fainéant ?

Un seul objectif pour la presse française : décrédibiliser Alexis Tsipras par la titraille.

Les titres de la presse française consacrés à Alexis Tsipras depuis son arrivée au poste de Premier ministre de la Grèce le 26 janvier 2015 contribuent – en décrédibilisant son action – à construire un« monstre anthropologique » (1) :

- Le 28 janvier 2015, Le Figaro : « Alexis Tsipras déclenche un krach bancaire à Athènes »

- Le 28 janvier 2015, L’Opinion : « Tsipras déstabilise l’économie grecque »

- Le 2 février 2015, TF1 : « Tsipras, “cauchemar de l’Europe” et “pilote fantôme” pour le Spiegel »

- Le 9 février 2015, L’Opinion : « Sur les indemnités de guerre, Tsipras crie seulement plus fort que les autres »

- Le 1er mars 2015, Le Figaro : « Alexis Tsipras déclenche la colère de l’Espagne et du Portugal »

- Le 2 mars 2015, Les Echos : « Plan de sauvetage : Tsipras contraint de céder »

- Le 2 mars 2015, Le Monde : « Alexis Tsipras se met à dos l’Espagne et le Portugal »

- Le 18 mars 2015, Le Monde : « Alexis Tsipras fait l’unanimité contre lui à Bruxelles »

- Le 19 mars 2015, Le Figaro : « Grèce : la fuite des capitaux s’accélère, Alexis Tsipras aux abois à Bruxelles »

- Le 20 mars 2015, Les Echos : « Réformes en Grèce : Merkel et Hollande recadrent Alexis Tsipras »

- Le 20 mars 2015, Le Figaro : « Grèce : Tsipras promet de se mettre au travail »

- Le 23 mars 2015, Le Figaro : « Merkel tend la main à Tsipras, en détresse financière »

- Le 30 mars 2015, Le Monde : « Grèce : le discours d’Alexis Tsipras vire à la foire d’empoigne »

- Le 30 mars 2015, Valeurs actuelles : « Tsipras rentre dans le rang »

- Le 4 avril 2015, Le JDD : « Tsipras otage consentant de Poutine ? »

- Le 8 avril 2015, L’Obs : « Alexis Tsipras, l’”idiot utile” de Poutine ? »

- Le 8 avril 2015, Jean-Marc Sylvestre sur son blog titre : « Et Tsipras commit l’irréparable : la Grèce part chercher de l’argent à Moscou »

Tout laisse à penser que les préposés à la titraille semblaient vouloir faire passer Alexis Tsipras pour le « mauvais élève » de l’Union Européenne. On aurait du mal à s’imaginer une telle accumulation de titres (ayant le même ton que ceux recensés ci-dessus) consacrés, par exemple, à Angela Merkel.

Source : Denis Souchon, pour Acrimed, le 30 avril 2015.

(1) Ce terme renvoi à un concept développé par Pierre Bourdieu : « L’homo œconomicus tel que le conçoit (de manière tacite ou explicite) l’orthodoxie économique est une sorte de monstre anthropologique : ce praticien à tête de théoricien incarne la forme par excellence de la scholastic fallacy, erreur intellectualiste ou intellectualo-centrique, très commune dans les sciences sociales (notamment en linguistique et en ethnologie), par laquelle le savant place dans la tête des agents qu’il étudie, ménagères ou ménages, entreprises ou entrepreneurs, etc., les considérations et les constructions théoriques qu’il a dû élaborer pour rendre compte de leurs pratiques. » (Les Structures sociales de l’économie, Seuil, 2000, p. 256)


Grèce : la Gauche Radicale inquiète la Presse

Lundi 29 décembre, la coalition au pouvoir en Grèce (le parti conservateur Nouvelle Démocratie et les sociaux-démocrates du PASOK) n’a pas obtenu la majorité pour faire élire son candidat à la présidence de la République. Cet échec ouvre la voie à des élections législatives anticipées fin janvier qui pourraient voir la victoire de Syriza, parti de gauche opposé aux politiques d’austérité, actuellement en tête des sondages. L’occasion, pour une partie de la presse, de rejouer la petite mélodie de l’irresponsable « chantage grec », sur fond de promesses d’apocalypse européenne en cas de victoire de la gauche aux élections.

De longue date, la Grèce est un sujet d’inquiétude pour les éditocrates. À l’approche de chaque échéance démocratique, commentateurs et experts autoproclamés se posent la même question lancinante : les Grecs seront-ils assez responsables pour accepter qu’ils n’ont pas le choix ? Comprendront-ils qu’il n’y a pas d’alternative aux politiques menées par les gouvernements successifs, conservateurs et sociaux-démocrates, sous la houlette de l’Union européenne ? Que l’effondrement de l’économie, l’explosion du chômage et de la pauvreté (1) sont des sacrifices nécessaires pour payer la dette grecque à l’égard des pays du nord et pour sauver l’euro ? (2)

Les inquiétudes du Monde

Fin 2011, l’annonce d’un référendum sur l’adoption du plan de rigueur avait déjà semé la panique chez les éditocrates qui s’étaient empressés de décrier l’irresponsabilité d’une telle initiative. Quelques mois plus tard, la victoire du conservateur Samaras face à Syriza avait provoqué un soulagement général dans les chefferies éditoriales, qui s’étaient inquiétées d’une possible victoire de la gauche anti-austérité. Au point de menacer les Grecs : « Il n’est pas admissible qu’un petit pays, par son refus des règles du jeu, puisse continuer à mettre en danger l’ensemble du continent » rageait Erik Israelewicz, dans l’éditorial du Monde daté du 12 mai 2012. « Aux Grecs de choisir. En espérant qu’ils feront le bon choix. Sinon, l’Europe devra en tirer les conséquences. Sans état d’âme. » Le« chantage grec » faisait aussi l’objet d’une émission à charge au café du commerce d’Yves Calvi.

C’est donc sans surprise que l’annonce de la tenue d’élections anticipées en janvier 2015, et la possible victoire de Syriza, ont suscité des réactions vives au sein de l’establishment médiatique. À commencer par Le Monde, qui avait anticipé l’échec de l’élection présidentielle grecque en dédiant dès le 26 décembre un dossier sur l’« envolée de la gauche radicale [qui] affole l’Europe », dédié à Syriza et au parti Podemos en Espagne. Dans une analyse disponiblesur son blog, Antoine Léaument dénonce la « propagande » du quotidien contre les deux partis. Il pointe un certain nombre de biais lexicaux et idéologiques qui contribuent soit à qualifier ces partis de dangereux, populistes, « extrêmes » – au même titre que l’extrême-droite – et anti-européen dans la mesure où l’« Europe » est identifiée à « Bruxelles » ; soit à faire de ces partis de simples « épouvantails » dont les marges de manœuvres seraient, quoi qu’il en soit, limitées de fait.

Le « quotidien de référence » récidive dans son édition du 31 décembre. Dans son éditorialLe Monde oppose d’une part l’irresponsabilité des députés grecs qui « ont précipité le pays dans une nouvelle période d’incertitude politique en échouant à élire le président » ; et de l’autre la vertu des partis traditionnels suédois qui « ont conclu une alliance pour faire front contre le parti d’extrême droite, préférant la stabilité à des élections anticipées ». Le quotidien y voit le « symbole du contraste entre les deux Europe », du Nord et du Sud. Ce qu’omet de préciser Le Mondedans sa lumineuse comparaison, c’est que ce sont précisément les voix de l’extrême-droite néo-nazie – courtisées par Samaras (3)– qui ont manqué à la coalition gouvernementale.

Pour l’éditorialiste du Monde, « contribuable » d’Europe du Nord (et donc, quelque part, créancier de la Grèce), il est légitime de s’interroger sur les intentions « mystérieuses » de Syriza. Renégocier la dette ? Les créanciers ne se laisseront pas faire, et le rapport de force sera nécessairement défavorable au parti grec.« ”Raser gratis” n’est plus une option en Grèce, ni demain, ni même après-demain » prévient le quotidien. Dès lors, une seule question se pose : comment accommoder « l’indispensable poursuite des réformes engagées pour assainir durablement la situation économique de leur pays » et « la frustration compréhensible des électeurs grecs […] épuisés par les sacrifices » ? En d’autres termes, comment continuer à imposer les « sacrifices » aux électeurs épuisés par les « sacrifices » ? Mais cela n’est pas l’affaire du Monde, qui botte en touche et renvoie la question à la « classe politique grecque » et aux « Européens ».

… et des autres

Les coups bas à destination de la gauche radicale, et en particulier de Syriza, sont cependant loin d’être le monopole du Monde. Une brève revue de presse montre que les travers dénoncés par Léaument dans son article sont récurrents dans le traitement médiatique de l’échec des présidentielles grecques et des enjeux des législatives anticipées. Ainsi pour Le Parisien, Syriza serait un parti« antieuropéen » (4)… quand bien même, note le quotidien dans un second article, son leader Alexis Tsipras « ne cesse d’affirmer que son parti est en faveur du maintien de la Grèce à la fois dans l’Union européenne et dans la zone euro » (5). Sans convaincre Le Parisien, semble-t-il… C’est que, pour le quotidien, comme c’est largement le cas dans le reste de la presse, les « Européens » ce sont les dirigeants européens, ceux de la Commission et de l’Allemagne en tête.

Le Figaro joue lui aussi peu ou prou la même partition que Le Monde avec le sens de la nuance qui est le sien. Jean-Jacques Mevel se désole ainsi, dans les colonnes du quotidien de Serge Dassault, que la Grèce puisse passer à l’ennemi : « Athènes pourrait être la première capitale du sud de l’UE à passer sous la coupe d’un mouvement populiste, Syriza, propulsé en tête par cinq ans d’austérité et de mécontentement » (6).

La correspondante multicarte Alexia Kefalas évoque quant à elle les critiques à l’égard de Syriza sur son « manque de programme politique et économique », ainsi que l’inquiétude des « créanciers du pays », de la Commission et de l’Allemagne qui « craignent, comme en 2012, que cette fragilité politique ne mène au chaos économique et ne déteigne sur toute la zone euro ». L’incertitude quant à la possible venue au pouvoir de Syriza aurait pour conséquence de faire fuir les touristes et investisseurs. La journaliste note d’ailleurs « une baisse du rythme des réservations effectivement constatée du côté des agents de voyage, hôteliers et autres professionnels du tourisme, ainsi que quelques annulations de séminaires ». Mais « personne ne veut, pour le moment, céder à la panique dans un pays où le tourisme est le deuxième pilier de l’économie ». Ouf…

Dans son édition du 30 décembre, Libération consacre une double page et deux articles aux élections anticipées en Grèce. Le premier, signé Maria Malagardis, est une synthèse informative et sans parti pris apparent, qui revient sur l’échec des élections présidentielles. Elle a notamment le mérite de rappeler, information qui n’apparait dans aucun des autres articles cités ici, la main tendue par Samaras aux députés d’extrême droite d’Aube dorée, dans la perspective de l’élection présidentielle.

« Une capacité de perturbation voire de nuisance »

Dans le second article de ce dossier, Jean Quatremer développe une des thèses du dossier du Monde sur les « extrêmes » en Europe : Syriza serait un tigre de papier, une « gauche radicale en voie de modération » pour reprendre le titre de son article. La formation politique serait devenue « plus raisonnable », anticipant les réactions des marchés et des institutions européennes.

Pour le correspondant de Libération à Bruxelles, « Syriza n’est plus le parti radical qui, en 2010, voulait sortir de l’euro ». Sauf que Syriza n’a jamais porté dans son programme la sortie de l’euro. Quatremer note par ailleurs que la formation souhaiterait désormais« négocier un allégement de la charge de la dette avec les autorités européennes » plutôt qu’une suspension unilatérale du paiement de la dette. « Une demande qui n’a rien de révolutionnaire, Antónis Samarás ne disant pas autre chose », commente Quatremer. Les revendications de Syriza seraient-elles équivalentes à celles de la droite grecque ? On se permet d’en douter. D’autant que Syriza n’exclut pas la suspension de paiement, si l’on en croit les propos récents d’un responsable du parti (7).

L’analyse contestable de Jean Quatremer est largement reprise dans le dossier de Libération consacré, lundi 5 janvier, au « Printemps de la gauche rouge » en Europe du Sud. Cette « révolte colorée d’un rouge vif mâtiné de vert se lève au sud » a le « verbe radical »notent Luc Peillon et Marc Semo… mais « il y a un grand écart entre leur rhétorique et leur programme » selon Marc Lazar, seul « expert » commandité par le quotidien. L’historien étale sur toute une page une « analyse » à charge : les propositions keynésiennes de Syriza et de Podemos seraient anachroniques, renverraient aux positions des années 1960 d’une « gauche réformiste en Europe, qui estime aujourd’hui ce modèle non viable dans un monde toujours plus globalisé ». La gauche radicale « a une capacité de perturbation voire de nuisance pour le reste de la gauche » mais, à part en Espagne et en Grèce, « pas la possibilité de devenir conquérante et hégémonique. » De l’art de dresser des cordons sanitaires… Au cas où le message ne serait pas assez clair, la page opposée revient sur les errements de la gauche radicale en France, en contraste aux succès de Syriza et de Podemos.

L’« expertise » de Marc Lazar inspire vraisemblablement l’éditorial de Laurent Joffrin, qui louvoie entre critique de l’austérité« excessive » et rejet des « médications keynésiennes de la gauche des Trente Glorieuses ». Il faudrait « essayer autre chose ». Mais quoi ? Mystère. Joffrin se contente d’appeler Syriza et Podemos à cesser de « lancer des anathèmes » et « endosser les responsabilités de la gestion ». La Grèce et l’Espagne seraient les « laboratoires d’un nouveau compromis social », qui ressemblerait étrangement… à un réformisme social-démocrate new-look. C’est aussi la thèse que suggèrent Luc Peillon et Marc Semo : sous des allures radicales, Podemos et Syriza auraient revu l’ambition de leurs programmes à la baisse et seraient de possibles substituts à un « réformisme » (celui de Tony Blair et de François Hollande) qui « passe mal dans les pays mis en coupe réglée par la troïka (Commission, FMI et BCE) ». Qui passe mal ? L’art de l’euphémisme…

L’analyse de Libération semble partagée par Les Echos, qui voit dans Syriza un « épouvantail », un parti « fragile » aux portes du pouvoir, qui aurait évolué vers une forme de « pragmatisme » en matière d’économie et de relations avec l’Union européenne. Une démonstration néanmoins indigente en comparaison de l’analyse plus fouillée publiée par La Tribune, qui en prend le contrepied. Le quotidien économique évoque la véritable rupture qu’entrainerait l’application du programme de Syriza, et les tenants et aboutissants d’un possible bras de fer entre l’Union européenne et une coalition gouvernementale menée par la formation grecque.

On serait tentés, à ce stade, de consulter l’avis éclairé des tauliers deL’Express et du Point. Pour rappel, le premier, Christophe Barbier, envisageait en 2012 la « mise sous tutelle » de la Grèce par l’Union européenne ; tandis que Franz-Olivier Giesbert considérait, facétieux, de « rendre la Grèce à la Turquie  » pour en finir avec les solutions « débiles et ridicules » de Syriza (8). Las – vacances obligent ? – il faudra se contenter de publications ponctuelles sur les sites des deux hebdomadaires. À noter, par exemple, ce sondage en ligne évocateur sur le site du Point : « Avez-vous peur que la crise en Grèce gagne le reste de l’UE ? » Ou encore cette publication au titre mystérieux sur le site de L’Express : « Syriza : Jean-Luc Mélenchon applaudit la Grèce, Marine Le Pen aussi ».

Une manière plus ou moins subtile de rejouer le thème de l’équivalence des extrêmes… reprise avec non moins de subtilité par le correspondant de Libération à Bruxelles sur son compte Twitter :

… ainsi que par le Huffington Post, comme le note Antoine Léaument sur son blog :

***

Ce tour de piste des réactions médiatiques à l’annonce des élections anticipées en Grèce n’a pas vocation à être exhaustif. Il aurait néanmoins été intéressant de rendre compte du traitement de l’information par les chaînes de télévision en continu. En témoignent les titres évocateurs de deux articles publiés sur le site de la chaîne BFM Business : « Élections grecques : faut-il avoir peur du parti Syriza ? » ; « Grèce : jusqu’où peut aller la menace Syriza ? ».

Il ne nous a pas non plus été possible de rendre compte du traitement par les grandes chaînes de radio. Des indices semblent pourtant indiquer que l’on y retrouve les mêmes biais que dans la presse, avec notamment l’absence de point de vue critique sur les propos des dirigeants européens (les « Européens ») sur France Inter ou des économistes dominants sur RFI.

Enfin, il faut noter que les biais en question ne concernent pas l’ensemble de la production de la presse. Certains articles proposent des analyses sans caricature, comme ceux de La Tribune ou de Maria Malagardis dans Libération, citées précédemment ; ou encore l’article de « décryptage » sur Syriza d’Elisa Perrigueur sur Lemonde.fr.

Ces productions semblent néanmoins noyées dans l’océan d’une vulgate, volontiers manichéenne, où tout ce qui s’éloigne de l’extrême-centre et contredit les vues des « Européens » (ou des marchés) serait suspect et relèverait soit d’une radicalité illusoire, soit d’un extrémisme anti-européen, dangereux comme une maladie contagieuse… À se demander si, pour certaines chefferies éditoriales qui se gargarisent par ailleurs du rôle démocratique de la presse, la démocratie ne serait pas, elle-même, devenue suspecte.

Source : Frédéric Lemaire, pour Acrimed, le 7 janvier 2015.

Notes

(1) Quelques chiffres sur les conséquences de l’austérité en Grèce ici.

(2) Pour plus de détails sur la terminologie médiatique de la « vulgate de l’austérité », lire« Misère de l’information sur l’Europe des mobilisations sociales ».

(3) Comme le rappelle un article de Libération

(4) http://www.leparisien.fr/internatio…

(5) http://www.leparisien.fr/internatio…

(6) http://www.lefigaro.fr/internationa…

(7) http://www.leparisien.fr/flash-actu…

(8) http://www.acrimed.org/article3853.html


Grèce : les rodomontades d’Éric Le Boucher contre Syriza

Dans un article paru le 22 février sur le site Slate.fr, Éric Le Boucher, qui est aussi le directeur de la rédaction d’Enjeux-Les Échos et une vieille connaissance d’Acrimed(1), fait part de ses observations sur l’accord imposé par ses créanciers internationaux au gouvernement grec dirigé par Syriza – et sur l’échec de ce dernier à obtenir des concessions plus importantes et plus conformes à son programme. Qu’Éric Le Boucher jubile devant ce qu’il appelle « La capitulation grecque » (c’est le titre de l’article), cela n’est guère surprenant et c’est son droit le plus strict. Encore faudrait-il que ses opinions, plus que ses analyses, soient un tant soit peu étayées… Or force est de constater que si en termes d’invectives la coupe est pleine, le compte en arguments économiques et politiques est loin d’y être. Petite explication (consternée) de texte.

Journalisme économique ou guérilla idéologique ?

Dès le chapeau introductif du papier, Le Boucher passe à l’attaque, sans nuance :

« Contrairement aux rodomontades, le gouvernement grec a fini par accepter les conditions de la troïka. Une dure leçon pour les populistes d’extrême gauche comme d’extrême droite. »

On ne sait pas trop ici à quoi renvoie le terme de « rodomontades »… Le Boucher cherche-t-il plutôt à disqualifier le programme de Syriza, les premières annonces du nouveau gouvernement ou certaines déclarations d’Alexis Tsipras ou d’autres ministres ? Visiblement, en tout cas, pour ce grand journaliste, le fait même de discuter, de critiquer et de contredire les recommandations de la troïka est en soi une provocation. Dans la deuxième phrase, deuxième malveillance à l’égard de Syriza, tout aussi floue et gratuite. Le Boucher en appelle en effet à un procédé vieux comme la paresse intellectuelle et le journalisme à gages : le qualificatif de « populiste » lui permet de mettre dans le même sac et sans autre forme de procès « extrême gauche » et « extrême droite ».

Un début en fanfare, donc, n’ayant rien à voir avec du journalisme économique, mais tout avec des techniques sommaires de guérilla idéologique, et que surpasse encore la suite de l’article, qui puise aux meilleures sources :

« Le quotidien allemand Bild raconte cette histoire inouïe. Le gouvernement grec a envoyé une lettre à Bruxelles, jeudi 19 février, qui énumérait ses nouvelles propositions dans la difficile négociation avec ses partenaires, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI. La fameuse troïka dont le gouvernement grec ne voulait plus entendre parler ! Une lettre de capitulation sous conditions : Athènes accepte de se plier à l’intégralité de ce que demandent la troïka mais que c’est provisoire, il y aura « des inflexions à venir ». L’Allemagne sitôt cette missive connue a répondu sèchement : c’est « nein ». Encore du flou cet « à venir ». Berlin ne signera qu’un accord ultra-précis. Le ministre des finances Wolfgang Schaüble, insulté par son homologue grec, Yanis Varoufakis qu’il ne supporte plus, campe alors sur une position inflexible. La Grèce doit revenir à la situation d’avant l’élection législative, au programme d’aide signé par son prédécesseur. Point. Et c’est l’accord qui a été finalement conclu vendredi 20 février en dépit des tentatives de communication d’Athènes pour sauver la face.

La faute de la Poste !

Bild raconte que les Grecs, gênés par ce nouveau renvoi dans les cordes par l’Allemagne, ont alors expliqué que la lettre envoyée n’était… pas la bonne, qu’il y avait eu une erreur de courrier, et qu’une nouvelle lettre, la bonne, plus conforme aux demandes allemandes, venait de partir ! La faute de la Poste ! Un véritable enfantillage qu’on peine à croire. »

On s’étonnera d’abord que Le Boucher, ce « grand analyste économique », en principe aussi clairvoyant que bien informé, s’en remette à Bild pour rendre compte des négociations entre le gouvernement grec et ses bailleurs. En effet, Bild, est plutôt connu pour sa couverture du football, sa grande photo quotidienne de jeune femme dénudée et son nationalisme échevelé que pour la rigueur de son traitement des questions européennes et des politiques économiques. Choix d’autant plus étonnant que l’anecdote qui nous est livrée par le truchement de Le Boucher est tout bonnement ridicule. D’ailleurs, Le Boucher signale par la suite que Varoufakis démentira cette histoire grotesque d’erreur de courrier…

Surtout, que la diplomatie et l’économie sont simples lorsqu’elles sont expliquées par Bild et Le Boucher : oubliées les semaines d’allers et retours entre Athènes et Bruxelles depuis la victoire de Syriza le 25 janvier, oubliés la BCE, le FMI, la Commission et les 25 autres pays européens, tout se serait joué les 19 et 20 janvier dans des échanges de courriers entre les ministres des finances allemand et grec – qui s’insulteraient et ne se supporteraient plus – l’inflexibilité du premier contraignant le second à une reddition pure et simple. Un point de vue très « germano-centré » qui, aussi puissante soit l’Allemagne, occulte les positions et le rôle joué par les autres institutions et pays européens, qui fait fi des assouplissements obtenus qui permettront au gouvernement grec quelques mesures sociales d’urgence, et qui ignore ce qui reste à discuter lors des négociations à venir, puisque l’accord signé ne vaut que pour les quatre prochains mois.

Mais peu importe. Ce qui compte pour Le Boucher c’est l’affrontement entre l’Allemand, inflexible car insulté, et le Grec, puni car arrogant et inconvenant :

« Mais cette histoire, fausse ou véridique, dit deux choses : ce qui est devenue l’hystérie allemande contre les Grecs de Syriza, à force d’avoir été insultés, constamment comparés aux nazis, et appelés « à payer », toujours « à payer » pour un pays qui triche en permanence et qui continue de filouter avec les disciplines européennes. J’avais vu cette colère monter en Allemagne mais je n’imaginais pas qu’elle avait atteint ce niveau. Dans une Union, il ne faut insulter aucun de ses partenaires. Les Grecs le paient cher. »

L’ « amateurisme » et la « naïveté » de Syriza

Sur quoi repose cette petite leçon de bonne mœurs totalement gratuite ? Quand un responsable de Syriza a-t-il insulté un dirigeant allemand ou l’a-t-il « comparé aux nazis » ? En quoi la Grèce continue-t-elle à « filouter » avec les disciplines européennes ? Tout ceci, Le Boucher ne le dit pas, mais il embraye sur un procès en « impréparation », en « naïveté » et en « amateurisme » de Syriza :

« La deuxième leçon vient de l’incroyable impréparation de Syriza. Ce parti populiste prétendait gouverner son pays sur une ligne opposée à celle de ses prédécesseurs depuis le début de la crise des dettes en 2010. Il croyait détenir la voie d’une solution par la croissance, malgré les engagements européens signés, malgré la situation de dépendance financière et budgétaire du pays. Il croyait que le peuple grec ayant voté, tous les autres peuples européens, soit allaient se soulever pour les rejoindre, soit allaient accepter le nouveau programme du valeureux gouvernement Tsipras.

Naïveté et amateurisme

C’était une naïveté complète, une méconnaissance totale des lois européennes, une erreur grave sur le rapport de force et, surtout, il faut insister sur ce point : une prétention qu’il y a une voie, « un autre chemin », une autre politique, bien meilleure, bien moins douloureuse, facile même. Laquelle ? « Il suffit de refuser l’austérité », il faut tout simplement revenir en arrière, augmenter les salaires et les retraites, réembaucher les fonctionnaires, pratiquer une politique de relance tout azimut. »

Ce que Le Boucher qualifie d’« impréparation », d’« amateurisme » et de « naïveté » est donc le simple fait pour Syriza d’avoir fait campagne et de s’être fait élire sur un programme proposant une voie alternative à l’austérité, ou tout au moins, permettant d’en réduire les effets les plus mortifères – et en aucun cas de « tout simplement revenir en arrière ». Ainsi, pour Le Boucher, la démocratie doit s’arrêter là où commencent les exigences des institutions financières internationales (et de l’Allemagne) – au-delà c’est du populisme et de la naïveté. Quant à savoir si les dirigeants de Syriza ont jamais cru qu’il leur serait aisé de le faire accepter et de le mettre en œuvre dans l’Europe telle qu’elle est, c’est évidemment une libre interprétation supplémentaire de Le Boucher dont il est permis de se demander si elle est simplement plausible…

À ce moment de sa « démonstration », Le Boucher semble en rabattre sur son intransigeance toute germanique :

« Le malheur vient non pas du constat. Il n’est pas faux le constat, du moins en apparence : l’austérité en Grèce a été trop forte, elle a provoqué une récession qui a fait dériver le pays de tous les objectifs budgétaires. […] Donc en effet la balance n’est pas favorable à la solution de l’austérité, beaucoup le reconnaissent aux Etats-Unis et en Europe. Il faut chercher à marier rigueur et croissance. »

Mais c’était pour mieux en revenir à ses vitupérations insultantes contre les nouveaux dirigeants grecs :

« A partir de là, Alexis Tsipras a cru que c’était joué, les partenaires allaient faire pression sur Berlin et le programme de relance allait être accepté. Mais tout s’est écroulé par impréparation et prétention.

Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a passé son temps à faire le gros malin dans les réunions, sur les TV et sur les réseaux sociaux, sans avoir de programme précis, concret, qui sache jouer finement avec les engagements passés, et qui soit acceptable. Il n’a cessé de passer d’un plan vague à un plan impossible jusqu’à la filouterie de derrière minute de l’erreur de la poste ! (qu’il a démentie). »

C’est entendu, si la troïka n’a consenti à desserrer qu’à la marge le garrot de l’austérité qui étrangle le peuple grec depuis 2010, c’est du seul fait de la nullité et de l’arrogance de Tsipras et de Varoufakis… Le premier ayant toutefois, des circonstances atténuantes ; en effet, Le Boucher, toujours perspicace, a débusqué les vrais coupables :

« Imposture

Son pays paie aujourd’hui très fort ses fanfaronnades et sa totale incompétence. Mais ce n’est pas un hasard. Les populistes font appel à des économistes de la marge, qui se disent alternatifs. Tous ne sont pas sans intérêt bien entendu. Mais beaucoup sont dans l’illusion d’un « savoir ». Ceux d’hier, ânonnaient un prêchi prêcha néo-marxiste de base. Ceux d’aujourd’hui ont compris qu’il fallait afficher des connaissances sur la grande réalité contemporaine, celle qui compte : la finance. L’économie est devenue une science de créativité. Ils balancent des propositions obscures : des obligations gagées sur la croissance, par exemple. On n’y comprend rien mais çà en jette. Yanis Varoukakis est de ceux là, de ces gourous imposteurs qui passent de fac en fac, qui ont des blogs à succès pour les alternatifs en mal d’une autre politique. […]

Yanis Varoufakis a dû empapahouter Alexis Tsipras et les autres chefs de Syriza, exactement comme les mathématiciens traders inventent des produits toxiques pour les vendre à leur direction. Des mirages, des fausses solutions, des idées aussi savantes que creuses. […]

La Grèce n’avait pas perdu d’avance. Elle aurait pu obtenir un assouplissement substantiel de son programme d’aide. L’Allemagne aurait pu, une nouvelle fois, accepter beaucoup de ce qu’elle rejette au départ. Mais sa chance a été gâchée par arrogance et méconnaissance. »

En résumé, ce seraient donc les économistes hétérodoxes qui seraient la cause de l’échec du gouvernement grec à obtenir davantage de ses créanciers : ces « gourous imposteurs » qui seraient « dans l’illusion d’un savoir  », « balancent des propositions obscures », qui « en jettent » mais auxquelles « on [Le Boucher en tout cas] ne comprend rien », et auraient « empapahout[é] Alexis Tsipras et les autres chefs de Syriza, exactement comme les mathématiciens traders inventent des produits toxiques pour les vendre à leur direction »… Ouf !

On ne reviendra pas sur chacune des nombreuses absurdités et incohérences de ce passage. On se contentera de regretter qu’Éric Le Boucher, qui affirme qu’un meilleur accord était négociable, n’ait pas encore distillé ses conseils aux autorités grecques ! À moins que l’imposture ne soit pas du côté où Le Boucher croit la voir, et qu’il n’ait rien d’autre à proposer que sa propre morgue nourrie de fanatisme de marché…

On épargnera enfin au lecteur le paragraphe intitulé « Une capitulation par étape » dans lequel Le Boucher égrène les renoncements supposés ou réels de Syriza avec la délectation sadique d’un enfant arrachant une par une les pattes d’une araignée… On ne s’attardera pas non plus sur la conclusion qui se contente de reprendre l’équation insoluble posée dans le corps de l’article et qui se confond avec la posture de demi-habile de l’auteur : 1. Le Boucher est un humaniste et un démocrate – il y a trop d’austérité en Grèce, il y a des alternatives à cette politique ; 2. Le Boucher est responsable – les efforts ne sont pas évitables, les mesures proposées avec suffisance par Syriza, comme par tous les « populistes », sont irréalistes, il faut donc laisser faire les pragmatiques pleins d’humilité qui détiennent le vrai « savoir » économique ; 3. Le Boucher, a le sens de la morale civique – c’est une leçon que les électeurs de toute l’Europe devraient retenir avant de voter n’importe comment.

Et déception là encore : Le Boucher n’avait pas gardé pour la fin ses propositions miracles qui auraient permis d’aller plus loin que ce qu’a obtenu le gouvernement emmené par Alexis Tsipras, tout en satisfaisant « les Allemands »…

***
Voilà donc la production ordinaire de la crème des journalistes économiques… Un article dont l’objectif principal est de couvrir de ridicule le gouvernement dirigé par Syriza. La liste des termes employés pour définir la stratégie, l’attitude et l’action des ministres est éloquente : « rodomontades », « enfantillages », « filouterie », « ânonner », « prêchi-prêcha », « naïveté complète », « empapahouter », « gros malin », « fanfaronnades », « arrogance », « méconnaissance », « amateurisme », « incompétence », « imposture », « magie », et bien sûr « populiste ».

En revanche, cet article ne contient aucune donnée factuelle et précise sur les demandes initiales des Grecs, sur le contenu des négociations et sur leurs résultats, sur les rapports de force au sein du conseil européen ou entre les institutions composant la troïka, et encore moins sur les échéances à venir, leurs enjeux, etc… Un journalisme de pur commentaire, ou plutôt, en l’occurrence, d’élucubrations et de vociférations, tant le propos est outrancier et peu ou mal informé.

Source : Blaise Magnin, pour Acrimed, le 28 février 2015.

(1) Notamment quand il sévissait au Monde : voir la rubrique consacrée à ses exploits.

Source: http://www.les-crises.fr/la-presse-en-campagne-contre-la-grece-par-acrimed/


[Immanquable] Todd : “L’optimisme de Manuel Valls, c’est l’optimisme de la révolution nationale et du maréchal Pétain. Lui aussi accusait les Français résistants d’être des Français pas bien !”

Friday 8 May 2015 at 13:52

Ce matin sur BFM, Todd grandiose chez Bourdin :

“Pour moi, l’optimisme de Manuel Valls, c’est l’optimisme de la révolution nationale et du maréchal Pétain. Lui aussi accusait les Français résistants d’être des Français pas bien”

“Valls et Hollande hurlent les mots de liberté et d’égalité en faisant des politiques économiques radicalement inégalitaires, qui détruisent une partie de la société française, et des politiques concernant les libertés publiques qui sont potentiellement liberticides. En ce sens, ils sont les représentants de la ‘mauvaise France’, ce sont des imposteurs”

Il a également dénoncé les “interventions de l’exécutif français dans la vie intellectuelle du pays”. “Ça aussi, c’est du pétainisme.”

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Jean-Jacques Bourdin (JJB) : « Notre invité, Emmanuel Todd, anthropologue, historien, bonjour »

Emmanuel Todd (ET) : « Bonjour »

JJB : « On parle beaucoup de vous, Emmanuel Todd, à l’occasion de la sortie de votre livre intitulé « Qui est Charlie ?, sociologie d’une crise religieuse » aux éditions du Seuil. Le Premier Ministre a même écrit une tribune hier, dans le Monde, pour vous répondre (hé bah) d’une manière assez sèche d’ailleurs. Vous l’avez lue, évidemment. Je vais revenir sur ce qu’a dit Emmanuel Vall mais … votre livre est présenté ici où là comme un pamphlet contre le 11 janvier, contre ce qui s’est passé dans les rues de France le 11 janvier. C’est çà ou pas ? »

ET : « Non, il y a une amorce, il y a une introduction qui peut paraître assez brutale, une mise en question de la bonne conscience des gens du 11 janvier … »

JJB interrompt : « Vous parlez de manifestation de fausse conscience d’ailleurs je crois. »

ET : « Oui, oui c’est çà. Je dis bien que moi je n’y suis pas allé parce que je désapprouvais … »

JJB : « Vous n’y êtes pas allé. »

ET : « … l’idée de caricaturer, se battre pour l’obligation de caricaturer (il bafouille un peu ce mot) Mahomet, personnage central de la religion d’un groupe plutôt périphérique de la France, çà me paraissait pas très classe parce que y’a quoi, 1/20 ème de population musulmane en France. Mais je suis tout à fait pour le droit au blasphème. Moi je suis, simplement pour le droit au … au contre-blasphème si on peut dire. Mais l’essentiel du livre euh n’est pas dans l’ordre de l’émotion ou de la morale, c’est une tentative de, de reprise en main scientifique et de réflexion sur ce qui s’est vraiment passé. Et donc, en fait au lendemain de la manifestation, euh, en regardant la carte des intensités et du nombre de manifestants dans toute la France, j’ai eu immédiatement l’intuition qu’il y avait un phénomène de fausse conscience. Ce que les gens, ce que les journalistes racontaient sur les manifestations et probablement sur ce que les manifestants, spécialement parisiens d’ailleurs se racontaient sur l’ensemble des manifestations était faux. Parce que quand on fait la carte des intensités des manifestations … »

JJB : « Oui. Qu’est-ce qu’on voit ? Qu’est-ce qu’on voit ? »

ET : « … On, on voit des intensités, je veux dire très fortes dans les anciennes provinces euh de tradition catholique, on voit des intensités très faibles dans les anciennes provinces de tradition laïque, et donc si vous êtes … si vous êtes historien, anthropologue, spécialiste de sociologie religieuse, vous voyez des gens qui défilent au nom de la laïcité, de la défense de la laïcité euh en masse dans les régions qui jusqu’à très récemment étaient très religieuses et vous voyez les vieilles régions laïques beaucoup moins motivées et vous vous dîtes, il y a quelque chose qui cloche, il y a quelque chose qu’il faut interpréter. »

JJB : « Alors qu’est-ce qui cloche ? Alors dans l’introduction, on va … parler de l’introduction puis après on va parler du reste du livre parce que c’est un tout ce livre et dans l’introduction vous êtes euh vous parlez d’accès d’hystérie, vous dîtes il y a une islamophobie des classes moyennes … »

ET : « Oui »

JJB : « … une dévotion européiste des élites … »

ET : « Oui oui »

JJB : « un mépris du peuple … »

ET : « Oui »

JJB : « … une partie de la France n’était pas là, un flashe totalitaire euh »

ET : « Oui, oui »

JJB : « euh enfin bon, une manifestation de fausse conscience je le disais, enfin vous y allez très rude. »

ET : «Non, non. Ecoutez, on peut voir çà comme çà, on peut vois çà comme çà mais je veux dire faut voir l’ambiance de l’époque. Je veux dire les gens ne pouvaient vraiment … d’abord on entendait des choses affreuses ce qui est actuellement nié mais c’est tout à fait vrai qu’il y avait au-delà de, de, de la belle conscience des manifestations, on entendait tout autour de soi, dans ces classes moyennes, auxquelles j’appartiens, c’est mon milieu, je le connais … »

JJB : « Oui, oui »

ET : «… des trucs. Les gens se lâchaient »

JJB, en même temps : « Les classes moyennes privilégiées, nous sommes, nous faisons partie de ces classes moyennes »

ET reprenant : « Il y a eu, j’ai senti, tout à fait, le lynchage sur, euh islamophobe, des choses que j’avais jamais entendues, des choses euh, je dirais très étranges. Et souvenez-vous, je veux dire c’était cette époque où on a convoqué des gamins de 8 ans dans des commissariats de police parce qu’ils avaient dit des absurdités sur les frères Kouachi, euh c’était une époque où on impose, l’Etat impose des minutes de silence dans les écoles et les élèves indisciplinés ou qui sont réticents et qui n’obéissent pas à l’injonction sont traités comme des terroristes potentiels… »

JJB en même temps : « Etat totalitaire »

ET : «… C’est çà que j’appelle un flash totalitaire. La France se raconte des histoires sur sa propre tradition politique. C’est-à-dire que, moi je suis historien donc … C’est vrai que la France, c’est l’un des lieux de naissance de la démocratie libérale et d’une démocratie libérale égalitaire. Les deux autres lieux de naissance c’est l’Angleterre et les Etats-Unis. Mais la France a en elle-même quelque chose dont les Etats-Unis et l’Angleterre ne sont pas capables, c’est-à-dire la sécrétion de régimes autoritaires et de tendances autoritaires à des moments particuliers. Y eu, y a eu les deux Bonaparte, y a eu le régime de Pétain, çà n’est pas vrai que la tradition française est simplement libérale. Et y’a toujours, dans ce pays la menace que des forces, des zones, des secteurs, prennent le contrôle et entraînent la France vers des formes d’expériences autoritaires. »

JJB : « Alors je vous pose une question. Il y a une tentation autoritaire aujourd’hui ? »

ET : « Y’a, y’a une composante autoritaire dans la culture française qui est plutôt logée dans la vieille tradition … »

JJB : « Et elle s’est affirmée le 11 janvier donc ? »

ET : « … qui est plutôt je dirais euh associée à la tradition hiérarchique catholique. »

JJB : « Oui »

ET : « … c’est-à-dire, la France centrale est vraiment libérale, même, on peut le dire, anarchiste, incontrôlable. Et, comme elle est vraiment majoritaire, elle assure que dans la durée du temps, euh, euh, la France est incapable d’un régime totalitaire. Elle est même probablement incapable d’avoir un régime autoritaire très longtemps mais dans la périphérie de tradition catholique hiérarchique, y’a des traditions d’obéissance, de soumission à l’Etat ou à l’Eglise qui font que, vous vous vous pouvez avoir des moments dans l’Histoire de France où l’autoritarisme peut l’emporter dans certaines circonstances. »

JJB : « Alors je vais aller jusqu’au bout parce que vous parlez d’autoritarisme, vous dîtes nous sommes en train de vivre l’avènement d’une néo République inégalitaire… »

ET : « Oui »

JJB : « … euh vous dîtes nous vivons une hystérie laïciste et vous posez la question : est-ce que le PS est xénophobe ? »

ET : « Alors … Là c’est un peu vaste hein, c’est une question qui prend tout le sort du bouquin ! Cest bien mais … »

JJB : « Mais Oui c’est tout le sort du livre. Parce qu’on a réduit ce livre à l’introduction »

ET : « Alors.  Est-ce que vous pouvez diviser la question en trois ? La première c’était quoi ? »

JJB : «Bon. La première c’était l’avènement d’une néo République inégalitaire »

ET : « Une néo République inégalitaire. Alors quand on constate que cette manifestation euh était remplie de profession  intellectuelles supérieures et des cadres euh de gens plutôt de tradition … »

JJB : « Mais enfin il n’y avait pas que çà dans les défilés.»

ET : « … Si, si, çà les coefficients de corrélation, la technique statistique utilisée montre une corrélation extrêmement élevée. Les régions de … les villes de population ouvrière ont très peu manifesté et donc vous avez ces gens qui sont sympas, c’est mon monde, c’est autour de moi,  bon vous voyez ? Bon »

JJB : « Oui »

ET : « Et qui sont là et qui agitent les idées de liberté, d’égalité et qui elles-mêmes se pensent dans la tradition euh républicaine française traditionnelle mais qui sont en fait le support je dirais euh d’un régime économique très dur pour les populations ouvrières, très dur pour les gosses d’immigrés. La France, la France a une vision. Ca sort toujours quand on parle des pays Anglo-Saxons, on les regarde de haut comme si c’étaient les lieux de l’inégalité, d’un libéralisme sauvage et les français se gargarisent toujours de satisfaction en pensant à leur Etat social. Mais la France, c’est aussi la seule des grandes démocraties avancées qui accepte de vivre avec un taux de chômage supérieur à 10 % comme si c’était normal. Vous voyez ? »

JJB : « Hmmm hmmm »

ET : « C’est tout à fait extraordinaire. Donc y’a une sorte de décalage entre ce qu’est la France est vraiment et je dirais ce que le discours national se raconte sur lui-même. Et bien entendu, le Parti Socialiste je dirais est au cœur de cette fausse conscience. Il est, il est, à vrai dire, ce que montre le livre c’est que le Parti Socialiste euh dont la croissance a commencé dans les années 60, qui a, qui a si on peut dire remplacé le Parti Communiste comme parti central de la Gauche est probablement, c’est la conclusion fondamentale de ce livre … »

JJB : « Oui, oui. Finalement c’est très politique hein ? »

Et : « Nan, c’est-à-dire que la manifestation … »

JJB : « Oui »

ET : « … du 11 janvier, sa structure, socio-professionnelle, religieuse, qui est la même d’ailleurs que celle du « oui » à Maastricht, il y a une sorte d’isomorphisme total … »

JJB : « Oui »

ET : « … est une clé d’entrée extraordinaire pour comprendre le système de pouvoir. »

JJB : « Oui mais vous parlez des européistes. La plupart de ceux qui ont manifesté sont des européistes euh euh euh vraiment forcenés même »

ET : « Nan nan, on ne dirait plus çà aujourd’hui. C’est-à-dire que, au moment de Maastricht si vous voulez on retrouve le même bloc. Y’a un concept  euh qui est le bloc MAZ, si vous voulez (il sourit). Alors « M » c’est pour classes moyennes, « A » c’est pour personnes âgées et « Z » c’est pour catholique zombie. Vous avez le bloc MAZ qui tient la France donc au moment de Maastricht en 92, le bloc MAZ, on le voit sur la carte ans souvenir du vote … »

JJB : « Oui »

ET : « … le bloc MAZ est optimiste donc il, il accouche grâce au Parti Socialiste du traité de Maastricht, du projet de monnaie unique, de l’Euro. Comme on est dans un contexte de reflux des croyances religieuses, j’aurais tendance à penser que l’Euro est un substitut… »

JJB : « Alors là. Vous dîtes qu’il faut quitter l’Euro d’ailleurs. »

ET : « … la monnaie unique est un substitut du Dieu unique mais là on est plus de 20 ans plus tard et il est parfaitement clair que le projet d’Euro a totalement foiré, le rêve européiste est en capilotade, on est dans un monde qui ne sait plus où il va, qui désespère et ce qui m’effraie, c’est que, ce que symbolisait pour moi cette manifestation pleine de bonne conscience, c’est que ces classes moyennes ou ce bloc MAZ comme on peut dire, ce bloc MAZ qui était optimiste est en train de virer pessimiste, anxieux, il est comme au centre d’un monde assiégé avec euh je dirais des ouvriers relégué au fond des départements où l’industrie pourrie, des gosses d’immigrés euh désocialisés euh par des taux de chômage crées par la gestion économique et dans ce bloc MAZ, l’européisme sympa, est en train euh, menace d’être remplacé par une forme assez subtile mais quand même assez ferme d’islamophobie. »

JJB : « D’islamophobie. J’allais vous parler … »

ET : « Mais c’est vrai, c’est une interprétation globale ou une tentative d’interprétation globale de ce qui se passe en fait, dans la société française mais … »

JJB : « Il n’y a pas que l’islamophobie qui est, qui est, qui conduit les réactions de la société française Emmanuel Todd. Parce qu’on résume d’ailleurs, on résume votre livre à çà. »

ET : « Mais nan. Alors je, je vais d’abord vous contredire et puis abonder dans votre sens. Alors je vous contredis pour commencer. »

JJB : « Allez-y. »

ET : « Euh, l’islamophobie, on a atteint le stade où des gamines de 16 ans n’ont plus le droit d’arriver en jupe longue à l’école … »

JJB en même temps : « J’allais vous en parler. »

ET : « Bon alors on est au niveau de la phobie, je veux dire c’est clair qu’on est plus … On est dans un délire mystique euh anti quelque chose. Je veux dire les gens maintenant, parlent, se définissent comme athées, l’athéisme est devenu comme une religion. Avant, on était sceptiques religieux. »

JJB : « Alors que 70% des français ne veulent pas … disent ne pas croire. »

ET : « Voilà. Mais alors, vous me dîtes, j’atteins le stade du j’abonde dans votre sens. Il n’y a pas que l’islamophobie en France. Mais moi en fait, çà n’a pas tellement été remarqué dans le livre ou peut-être les gens ne veulent pas le voir. Bon c’est vrai que c’est un livre qui dans ses conclusions plaide pour un accommodement avec l’Islam, ce n’est pas si important qu’on le dit. Mais la vraie inquiétude du livre et je dirais, ce qui m’a mis en mouvement pour écrire ce livre, en me pourrissant la santé en 1 mois et  dans l’urgence, je veux dire pour faire 240 pages à peu près argumentées euh et se lever à 3 heures du matin etc il faut être motivé par quelque chose de fort. »

JJB : « Oui. Qu’est-ce qui vous a motivé ?»

ET : «  C’est la montée de l’antisémitisme. C’est-à-dire, moi je suis d’origine juive, d’autres origines aussi, je, je viens d’une famille juive assimilée, mélangée etc et je n’avais jamais cru possible de voir le retour d’un antisémitisme quelconque en France. Et donc, j’ai dû accepter, j’ai finalement après l’histoire de Coulibaly et de l’hyper casher, j’ai fini par accepter, alors que je résistais encore au moment de l’affaire Merah à Toulouse et de l’affaire du musée juif de Bruxelles, j’ai fini par admettre le retour, je dirais d’un problème de l’antisémitisme et d’un antisémitisme véritablement ( +un mot que je n’arrive pas à déterminer même après plusieurs écoutes) … »

JJB : «C’est … »

ET : « Mais ! Je voudrais terminer parce que  c’est vraiment fondamental pour moi. »

JJB : « Allez-y. »

ET : « Simplement, comme je suis historien et sociologue, je ne me suis pas arrêté à la surface des choses, c’est-à-dire qu’en première analyse, les gens vont vous dire « Ah bah oui, vous voyez bien, je veux dire ce sont des gosses d’origine arabe, musulman dans les banlieues qui tuent des juifs. » Et çà aboutit à une surdiabolisation de l’Islam. Moi, c’est autre chose, c’est-à-dire, je vois bien l’interaction perverse qui existe entre le déchainement de l’islamophobie et l’antisémitisme. Et je pars d’un modèle sociologique euh  générale, de sociologie religieuse générale qui me permet de comprendre ou qui force à admettre que il est évident que le développement, de n’importe quelle passion religieuse, ou antireligieuse aboutira au développement de toutes les passions antireligieuses … »

JJB : « Oui, je comprends. »

ET : « … Et donc toute croissance de l’islamophobie va mener à plus d’antisémitisme. »

JJB : « Entraîne un antisémitisme aggravé. »

ET : « Et par ailleurs, je termine … »

JJB : « Oui. Très vite car je voudrais vous parler de Manuel Valls. »

ET : « Et si, et si vous êtes arrivés avec votre travail cartographique, à une vision euh je dirais d’une manifestation antimusulmane suractive dans les vieilles régions catholiques, qui étaient autrefois les lieux de support de l’antisémitisme, vous vous dîtes, quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays, la menace en fait pour les personnes d’origine juive, n’est pas forcément là où on croit qu’elle est. C’est çà la motivation fondamentale du livre. »

JJB : « Alors, que répondez-vous ce matin à Manuel Valls ? Vous avez lu sa tribune, que lui dîtes-vous ? »

ET : « Rapidement hein rapidement parce que c’est pas … Alors je lui dit, j’ai pris des notes. Alors je dis que d’abord, pour moi, le Premier Ministre de la France devrait être en train de gouverner et ne pas s’occuper du débat intellectuel en France. Je veux dire, seul un Premier Ministre désœuvré peut perdre son temps à faire faire des notes par des collaborateurs euh sur un livre qu’il n’a pas lu. Manifestement. Je veux dire, là c’est de l’effet d’annonce, la première chose que montre quand on a 10% de chômage euh on ne perd pas son temps. Vous voyez il y a d’autres personnes au Parti Socialiste qui pourraient discuter çà, qui pourraient … donc çà c’est la première chose, çà montre que euh Manuel Valls ne gouverne pas.

La deuxième question que je me pose c’est, alors je me suis demandé si euh, cette espèce de … je me suis demandé s’il voulait faire vendre mon livre. C’est quand même curieux parce qu’en fait il fait une publicité énorme que je lui ai absolument pas demandé. Donc il doit avoir ses objectifs, peut-être que çà l’occupe je sais pas mais  çà çà çà indique que soit il n’a pas lu le livre, une possibilité, soit qu’il est vraiment bête. Les deux ne s’excluent pas d’ailleurs. Parce que si les gens de gauche qui lisent, qui vont lire ce livre grâce à Manuel Valls vont y découvrir les raisons ultimes de toutes les trahisons du PS. Ils vont découvrir dedans, dans une analyse scientifique … »

JJB : « C’est donc le traître numéro 1 quoi. »

ET : « … sérieuse, ils vont comprendre pourquoi le PS a mis en place des politiques économiques inégalitaires qui détruisent le monde populaire français, qui détruisent euh les enfants d’immigrés, ils vont découvrir que les zones de force du Parti Socialiste en France sont toutes les régions qui historiquement, çà s’analyse au niveau des structures familiales, ne croient pas en l’égalité. Ils vont découvrir que le PS a été, je dirais, subverti par des gens venus du catholicisme qui croient en l’inégalité et l’autorité. En principe, Manuel Valls attire l’attention sur un livre je veux dire, un homme de gauche qui lit mon livre et qui en accepte les conclusions, logiquement, en le fermant, doit faire le vœu de ne plus jamais voter pour le parti socialiste. Je ne comprends pas pourquoi il fait de la publicité pour çà. »

JJB : « Bien. Alors il dit. Je résume ce que dit Manuel Valls pour ceux qui ne l’ont pas lu. Cette manifestation du 11 janvier fut un cri lancé, avec dignité pour la tolérance et pour la laïcité condition de cette tolérance. Un cri contre le djihadisme, un refus d’amalgames. La caricature a toujours eu un rôle essentiel dans la construction de l’opinion publique. Elle est le plus souvent du côté des faibles et des discriminés. Dans les cortèges, chaque citoyen comptait à égalité quelles que soient ses croyances, ses origines, sa couleur de peau, sa classe sociale. Le cynisme ambiant de la part d’intellectuels qui ne croient plus en la France, là c’est pour vousc’est pour vous. Alors cynisme ambiant, vous ne croyez plus en la France ? »

ET : « C’est à çà que je vais répondre. Tout le reste c’est le blabla du système médiatique du 11 janvier. Mais le seul truc auquel je crois qu’il est nécessaire pour un type comme moi de répondre parce que c’est quand même très important. Il dit, en fait ce qu’il dit, il accuse des gens qui n’y sont pour rien. A ma connaissance je ne suis pas au pouvoir, je me suis battu contre l’Euro qui bousille la société euh depuis maintenant euh un certain temps et je me trouve, avec d’autres comme il dirait en situation d’accusé, du mec qui ne fait pas son boulot, qui est un cynique, qui crache sur la France. C’est tout à fait étonnant. Et qui surtout a le pêché, commet le péché de ne pas être euh optimiste. Alors, renversons, vous voyez, vous avez Manuel Valls  est optimiste. Alors peut-être que pour lui çà ne va pas mal, je suis sûr que son plan de carrière … »

JJB : « Mais vous le … »

ET : « Nan nan, je termine. Il est optimiste. Alors nous avons un Premier Ministre qui est optimiste, le taux de chômage est à 10%, il augmente, l’islamophobie se répand, l’antisémitisme se répand, il trouve que la France va bien. Mais ce type je veux dire, c’est juste insensé. Vous savez ce qui me vient à l’esprit ? C’est lui qui m’a accusé donc j’ai tous les droits en termes de réponses. Pour moi, l’optimisme de Manuel Valls c’est l’optimisme de la Révolution Nationale et du Maréchal Pétain. Lui aussi accusait les français résistants, je veux dire, d’être des français pas biens. Il est … et là on retombe sur la logique du livre, on se dit mais oui, peut être que c’est … »

JJB : « Même logique entre Manuel Valls et la Maréchal Pétain ? »

ET : « Je, je dis que accuser des gens qui sont critiques de la situation épouvantable dans laquelle est leur pays d’être des défaitistes, euh je dirais des mauvais français quelque part, de pas faire leur boulot alors qu’on est soi-même responsable de la gestion des choses, qu’on est au pouvoir, qu’on pourrait tirer la France de l’ornière, on pourrait la sortir de l’eau, on pourrait faire quelque chose c’est juste, ce n’est pas acceptable moralement. Un Premier Ministre de la France n’a pas la droit de faire des choses comme çà. D’abord il n’a pas le droit, on n’a pas à avoir d’intervention de l’exécutif français dans la vie intellectuelle du pays, çà aussi c’est du Pétainisme. Vous ne vous rendez pas compte, on ne se rend plus compte. Les gens qui prennent l’intervention de Manuel Valls comme une élévation du débat ou une contribution au débat ne se rendent pas compte que c’est quelque chose qui va euh avec la reprise en main dans l’audiovisuel du secteur public, avec les obligations de faire des minutes de silence avec … Peut-être qu’il est en train d’essayer de faire passer euh le fait que le parlement euh est en train de voter ou à déjà voté je n’ai pas suivi une loi sur le renseignement euh … »

JJB : « C’est voté. »

ET : « … une loi sur le renseignement qui est potentiellement liberticide. C’est dans ce contexte, je veux dire, il faut prendre les menaces pour la liberté au sérieux mais c’est comme le 11 janvier, les menaces à la liberté ne viennent pas de là où on croit. Vous avez en France en ce moment, c’est le bloc MAZ, avec à sa tête le Parti Socialiste, Manuel Valls et François Hollande, faut pas le laisser hors du coup celui-là quand même, lui aussi c’est un catholique zombie qui hurlent le mot de liberté, qui hurlent le mot égalité et qui font des politiques économiques radicalement inégalitaires et qui détruisent une partie de la société française et puis je dirais qui font des politiques, politiques concernant les libertés publiques etc qui sont potentiellement liberticides. Vous voyez ? Ils sont les représentants de la mauvaise France dans l’histoire mais ils prétendent être les représentants de la liberté et de l’égalité. Et en ce sens ce sont des imposteurs. »

JJB : « Emmanuel Todd, « Qui est Charlie, sociologie d’une crise politique », c’est aux édition du Seuil. Il est 8h57. »

Source: http://www.les-crises.fr/immanquable-todd-l-optimisme-de-manuel-valls/


Le 8 mai 1945, la fin de la guerre en Europe

Friday 8 May 2015 at 00:30

Article du site Hérodote

La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01, au lendemain de la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims.

Défaite totale de l’Allemagne nazie

Le tournant de la guerre s’est produit lors de la bataille d’El-Alamein, en octobre 1942.

À partir de cette date, les armées allemandes subissent défaite sur défaite et reculent sur tous les fronts. En février 1945, Dresde est écrasée sous les bombes. La jonction des troupes soviétiques et anglo-américaines a lieu le 25 avril 1945 au milieu de l’Allemagne, sur l’Elbe.

Le 30 avril, le suicide de Hitler, terré dans son bunker de Berlin avec son dernier carré de fidèles, sonne le glas des espoirs allemands.

Il revient à son successeur, l’amiral Dönitz, de demander la cessation des combats aux puissances alliées. Celui-ci envoie le général Alfred Jodl, chef d’état-major de la Wehrmacht, à Reims, au quartier général des forces alliées du général Dwight Eisenhower.

Signature de la capitulation à Reims (7 mai)

Le général Alfred Jodl signe dans la nuit du 6 au 7 mai, à 2h41 du matin, lacapitulation sans condition de l’Allemagne. Quelques mois plus tard, il sera condamné à mort par le Tribunal de Nuremberg pour avoir contresigné des ordres d’exécution d’otages ou de prisonniers.

Le chef d’état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov signent l’acte de capitulation au nom des vainqueurs. Le général français François Sevez, chef d’état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin.

La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h01.

Ratification de la capitulation à Berlin (8 mai)

Pour Staline, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu’elle soit ratifiée à Berlin, au coeur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d’occupation soviétique. Cette formalité est accomplie le lendemain, au quartier général des forces soviétiques du maréchal Joukov.

Bien que la France se fût officiellement retirée de la guerre avec l’armistice du 22 juin 1940, le gouvernement du général de Gaulle est représenté à Berlin par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny.

La capitulation n’est pas la paix

Les chefs d’État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe.

Mais malgré la capitulation de l’Allemagne nazie, son allié le Japon poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l’océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour le contraindre à capituler, près de quatre mois après l’Allemagne.

La Capitulation vue de Paris

Les Français n’ayant eu aucune part à la capitulation militaire de l’Allemagne, à Reims, le 7 mai 1945, ils ont choisi par la suite de commémorer exclusivement la fin des combats, le 8 mai 1945.

En 1975, le président Giscard d’Estaing a souhaité mettre un terme à cette commémoration dans le désir de se réconcilier avec les Allemands… mais au grand scandale des associations d’anciens combattants.

En 1981, le président Mitterrand a voulu prendre le contrepied de son prédécesseur. Il ne s’est pas contenté de refaire du 8 mai un jour férié. Il en a aussi fait un jour chômé… sans rencontrer d’objections chez les citoyens (faut-il s’en étonner ? un jour de congé supplémentaire, ça ne se refuse pas). Cela fait, avec le 11 novembre, deux jours chômés pour autant de victoires sur nos « amis allemands » ! L’attention portée à cette célébration paraît d’autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est aussi marqué par la répression sanglante de Sétif.

À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu’ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, c’est le 9 mai qu’ils célèbrent la capitulation de l’Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire.

Notons enfin que cette date du 8 mai 1945 marque avant tout une victoire militaire. Le nazisme proprement dit est mort avec son fondateur dans le bunker de Berlin, le 25 avril précédent.

Source : Hérodote, le 25 février 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/le-8-mai-1945-la-fin-de-la-guerre-en-europe/


Le 11 janvier a été une imposture, par Emmanuel Todd

Thursday 7 May 2015 at 15:16

Je vous recommande évidemment chaudement le nouveau livre d’Emmanuel Todd, que j’ai trouvé brillantissime.

Même si vous ne partagez pas son point de vue, vous lirez ENFIN des analyses profondes (bien loin de la caricature qu’en dressent les médias) suscitant la réflexion et aidant à l’analyse.

Interview d’Emmanuel Todd* parue dans le Nouvel Obs du 30 avril

Quatre mois après les manifestations post-attentats, l’historien et démographe Emmanuel Todd publie « Qui est Charlie ? ». Un livre réquisitoire contre une France pétrie de bonne conscience, qui a fait sécession de son monde populaire.
Il reste encore quelques écriteaux « Je suis Charlie » qui jaunissent aux murs des rédactions. Sur les réseaux sociaux, des crayons à papier décorent encore çà et là les profils Facebook. Quatre mois après les tueries de janvier, tout se passe pourtant comme si rien ne s’était passé, comme si le réservoir de l’indignation avait flambé d’un coup dans le noir de la nuit française, sans laisser aucune empreinte. Ni nouveau pacte républicain, ni fraternité régénérée, ni main tendue à une fraction de la jeunesse des quartiers socialement et mentalement désorbitée. Une pure orgie émotionnelle, infertile politiquement, et dont la seule efficacité tangible aura été de demeurer aujourd’hui encore spectralement menaçante pour ceux qui refusèrent de « marcher » – à tous les sens du terme.
C’est le moment qu’a choisi l’historien et démographe Emmanuel Todd pour publier « Qui est Charlie ? » (Seuil), réquisitoire terrible contre la France de François Hollande. Un texte écrit dans la fièvre, en trente jours à peine. Son angle d’attaque, particulièrement original, consiste à observer l’origine régionale et sociopolitique des manifestants du 11 janvier.  Une fois encore, Todd fait parler les cartes et les statistiques pour comprendre, sous les bons sentiments brandis, la signification profonde de ce qui restera comme le plus important rassemblement de l’histoire moderne du pays. Et ce qu’il voit n’est pas destiné à plaire. Ce qu’il voit, c’est un épisode de « fausse conscience » (Marx) d’une ampleur inouïe. Ce qu’il voit, ce sont des millions de somnambules se précipiter derrière un président escorté par tous les représentants de l’oligarchie mondiale, pour la défense du droit inconditionnel à piétiner Mahomet, « personnage central d’un groupe faible et discriminé ». Ce qu’il voit, c’est un mensonge d’unanimisme aussi, car, ce jour-là, le monde populaire n’était pas Charlie, les jeunes de banlieue, qu’ils fussent musulmans ou non, n’étaient pas Charlie, les ouvriers de province n’étaient pas Charlie.
Après le temps de la stupeur, celui du dégrisement. La charge de Todd est rude, mais : d’un intérêt considérable pour le débat public. On pourrait bien sûr la discuter de bout en bout. On pourrait notamment trouver très insouciants les raccourcis par lesquels l’auteur  ramène tout l’enjeu  des affaires dites  de « caricatures » à des violences idéologiques infligées à une religion minoritaire. On pourrait craindre aussi que son approche des problèmes posés au pays par un islam conquérant ne pèche par excès d’optimisme, lorsqu’il préconise des accommodements pragmatiques avec la laïcité, dont l’acception française actuelle est à ses yeux trop rigoriste.
Reste l’avertissement lancé à une France inégalitaire et autoritaire, en sécession totale avec son peuple, mais n’hésitant pas, encore et toujours, à se parer des oripeaux révolutionnaires d’hier et à se voir si belle dans la devise de ses frontons républicains. Une France qui, ainsi, avance inexorablement vers l’abîme.
A. L.

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Vous avez refusé de réagir à chaud aux événements de janvier. Seul un journal japonais avait fait part de votre méfiance par rapport au mouvement « Je suis Charlie ». Pourquoi ce silence, qu’avez-vous craint alors ?
Pour la première fois de ma vie, j’ai eu le sentiment d’être confronté à une vague irrésistible face à laquelle il ne servirait à rien de parler, et même face à laquelle ça pouvait être dangereux de parler. Donc j’ai attendu. Et ce qui m’a probablement décidé à faire ce livre, c’est la déformation professionnelle. Lorsque j’ai commencé à voir la carte des manifestations du 11 janvier, leur distribution selon des paramètres régionaux, socio-professionnels et religieux, j’ai eu la révélation instantanée que les discours unanimistes étaient bidon. Je me suis mis à écrire, mobilisant quarante années de recherche. Olivier  Bétourné, le patron du Seuil, m’a dit de foncer. Je l’ai écrit en trente jours secs, porté par une véritable exaspération.
Pourquoi porter un jugement aussi dur sur la réaction de masse qui a suivi les attentats ? N’est-il pas permis de la voir simplement comme l’expression d’une révolte face à l’horreur de ces crimes, voire aussi comme un sursaut face au sentiment de délitement du corps collectif que chacun ressent bien depuis des années ? Imaginez si rien ne s’était produit après, si l’atonie avait été totale après des événements pareils, que n’aurait-on pas dit !
On a voulu y voir un salutaire sursaut collectif. Moi, j’y vois au contraire une perte de sang-froid de la part du pays. Pour la première fois de ma vie là encore, je n’ai vraiment pas été fier d’être Français. Dans tous les livres que j’avais jusque-là écrits sur la France, il y avait une dimension patriotique. Même un livre comme « le Destin des immigrés », je l’ai fait en 1994 pour répondre aux Anglo-Saxons qui nous renvoyaient sans arrêt à la face le phénomène Le Pen. Je voulais leur dire : mais regardez les taux de mariages mixtes en France ! J’ai toujours défendu mon pays. Et là, pour la première fois, je me suis dit : si c’est en train de devenir ça, la France, eh bien ce sera sans moi. Lorsqu’on se réunit à 4 millions pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu – et même un devoir ! –, et lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société, on est parfaitement libre de penser qu’on est dans le bien, dans le droit, qu’on est un grand pays formidable. Mais ce n’est pas le cas. Il faut aller au-delà du mensonge, au-delà des bons sentiments et des histoires merveilleuses que les gens se racontent sur eux-mêmes. Un simple coup d’œil à de tels niveaux de mobilisation évoque une pure et simple imposture. Il y a certainement une quantité innombrable de gens qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient là le 11 janvier. Mais nul n’est censé ignorer pour quoi il manifeste, tout de même.
Qu’est-ce qui vous a à ce point troublé dans ces manifestations monstres ?
A la suite des travaux de Durkheim sur le suicide, ou de ceux de Max Weber, mon but, c’est de faire comprendre aux gens les valeurs profondes qui les font agir et qui ne sont généralement pas celles qu’ils imaginent. Quand on observe la carte des manifestations, la première chose qui frappe, c’est ce que l’Insee appelle avec élégance la prédominance  des « cadres et professions intellectuelles supérieures ». C’est elle qui permet de comprendre l’importance qu’elles ont prise à Paris, Toulouse, Grenoble, etc. L’autre variable qui, pour moi, d’une certaine manière, est encore plus importante encore, c’est la surmobilisation des vieilles terres issues du catholicisme. Là, il faut que je rappelle ma théorie des deux France, un modèle avec lequel je fonctionne depuis longtemps déjà. D’un côté nous avons la vieille France laïque et républicaine – le Bassin parisien, la façade méditerranéenne, etc. –, la France qui a fait la Révolution en somme. De l’autre, il y a la France périphérique : l’Ouest, une partie  du Massif central, la région Rhône-Alpes, la Lorraine, la Franche-Comté. Ce sont les régions qui ont résisté à la Révolution et dans lesquelles l’imprégnation catholique est restée très forte jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Quand on descend au niveau des structures familiales de ces zones, que j’appelais « catholiques zombies» dans mon précédent livre « le Mystère français », écrit avec Hervé Le Bras, on remarque  une absence de valeurs d’égalité, notamment entre frères et sœurs concernant l’héritage.
Eh bien, ce qui a inspiré ma méfiance immédiate, c’est que le 11janvier, la mobilisation a été du simple au double entre la France de tradition athée et révolutionnaire et cette France périphérique, historiquement antirépublicaine. Ce sont les régions les moins républicaines par le passé qui ont le plus manifesté pour la laïcité, avouez qu’il y a là quelque chose d’étrange. En somme, les bastions ex-catholiques sont les endroits où on a le plus milité pour le droit au blasphème. Sion compare Marseille et Lyon, on voit même que l’intensité des manifestations est du simple au double. Qu’on ne vienne pas me dire dans ces conditions qu’il s’agit de la même laïcité que celle d’hier !
Tout le débat actuel sur la laïcité ne s’inscrit pas dans la continuité des valeurs laïques, écrivez-vous en effet dans ce livre. Les forces qui se réclament aujourd’hui le plus des valeurs laïques sont les forces en réalité les moins républicaines. Comment en est-on arrivé à un tel paradoxe ?
Ce que j’ai eu, au fond, face à ces manifestations, c’est une sorte d’illumination concernant la vraie nature du système social et politique français. C’est-à-dire pas du tout une République prenant en compte toute la population, plutôt ce que j’appelle une « néo-République » qui n’aspire à fédérer que sa moitié supérieure éduquée, les classes moyennes et les gens âgés. Tous ceux-là forment un bloc hégémonique qui a une incroyable puissance d’inertie et paralyse tout le système français. Il y a là à l’œuvre une formidable dynamique d’exclusion: exclusion des électeurs du FN – ce qui en termes sociologiques signifie aujourd’hui l’exclusion des ouvriers – et exclusion des enfants d’immigrés, qui ne sont pas venus manifester. La « néo-République » est cet objet sociopolitique étrange qui continue à agiter les hochets grandioses de la liberté, de l’égalité, de la fraternité qui ont rendu la France célèbre dans le monde, alors qu’en fait le pays est devenu inégalitaire, ultraconservateur et fermé. En gros, la France qui est aux commandes, c’est la France qui a été antidreyfusarde, catholique, vichyste. Mais lorsqu’on le dit comme ça, les gens sont évidemment stupéfaits.
Votre livre est particulièrement cruel pour le PS, dont vous faites aujourd’hui la principale incarnation de cette  idéologie inégalitaire…
En effet, l’objet politique nouveau et important dans l’histoire de France aujourd’hui, ce n’est pas le Front national, c’est en réalité que le PS soit devenu la composante principale de la gauche. A la veille des années 1960 et 1970, il n’en était qu’une composante secondaire, très forte dans le Sud-Ouest, région d’héritier unique qui ne croit pas à l’égalité. La montée en puissance du PS, cela a signifié la prise de contrôle du pays par des régions sortant du catholicisme. Notre illusion fondamentale, notre erreur à tous, ça a été alors de se dire que c’était la gauche qui avait conquis les régions catholiques, au moment même où c’étaient les régions catholiques qui faisaient en réalité la conquête de la gauche. Il y a eu une subversion de ce qu’était la gauche française. Cette dernière, aujourd’hui dominée par le PS, est en vérité tout à fait autre chose que ce qu’elle prétend être. C’est une gauche qui n’adhère pas aux valeurs égalitaires, et qui n’est pas claire sur la question de l’homme universel, au contraire de la vieille gauche républicaine communiste ou radical­socialiste. Il faut voir les choses en face : l’agent le plus actif et le plus stable des politiques économiques qui nous ont menés au chômage de masse actuel, c’est tout de même le PS. Le franc fort, la marche forcée à l’euro, toute cette création idéologique extrêmement originale s’est faite sous Mitterrand, traînant Giscard derrière lui  comme un bateleur. Le niveau de bonne conscience de ce pays est devenu littéralement insupportable. La France actuelle se gargarise de bons sentiments. Mais la réalité de ce pays, c’est que c’est peut-être la seule des sociétés les plus développées européennes qui accepte de vivre avec 10% de chômage, en massacrant son monde ouvrier et en excluant massivement les jeunes, à commencer par ceux qui sont d’origine maghrébine. Le PS avait jusqu’ à encore récemment réussi à faire passer l’idée qu’il était le défenseur naturel des enfants d’immigrés. Il est en fait la force  Politique principale qui  les condamne à la mort sociale.
En quoi François Hollande est-il, comme vous l’écrivez, l’apothéose de ce « catholicisme zombie » qui s’était politiquement incarné en 1992 dans le moment Maastricht et s’est aujourd’hui réinvesti dans I’« esprit du janvier » ?
On voit souvent ce président comme l’incarnation de l’univers torride du conseil général de la Corrèze [rires]. On pense que sa capacité à ne rien faire, à ne prendre aucune décision, est un produit dérivé du radical-socialisme. Mais en fait, François Hollande est un catholique zombie typique, avec un père catholique d’extrême droite et une mère catholique de gauche. Et, d’ailleurs, Manuel Valls lui-même vient de Catalogne, province de famille souche différentialiste, et, qui plus est, lui aussi vient d’un milieu catholique catalan parmi les plus durs. A cet égard, Hollande aura eu un rôle historique : celui de révéler que la gauche pouvait se concilier avec les structures les plus inégalitaires, prouvant par là même que le système politique français est totalement détraqué. On pour­ rait bien sûr me reprocher d’évoquer les origines de ces gens, et moi-même d’ailleurs, je ne devrais pas avoir à faire ma généalogie personnelle, celle d’une famille juive mélangée à des origines bretonnes et anglaises. Mais il est désormais impératif de le faire, parce que si on renvoie tout le temps les musulmans à leur origine, on doit renvoyer tout le monde à son origine. C’est un acte de justice.
Vous considérez que l’islam ne compromet nullement en France le ciment républicain et ne pose pas de problème particulier aux sociétés occidentales. Ne peut-on toutefois penser que la vigueur d’une religion, quelle qu’elle soit, lorsqu’elle vient percuter un vieux pays dévitalisé métaphysiquement comme la France, pose au contraire certains problèmes spécifiques ?
Tout le monde est dans une logique d’anxiété par rapport à l’islam. Le point de départ du livre, c’est justement de renverser la perspective : d’apercevoir que c’est la France des classes moyennes centristes qui est en état de crise religieuse, qui a été ébranlée par la disparition ultime de toutes ses croyances, qui est dans un état de vide métaphysique abyssal et joue donc un jeu tout à fait pervers avec les musulmans pour se trouver des boucs émissaires. Or c’est dans cette ambiance de reflux inexorable du religieux que la France se découvre d’un seul coup obsédée par les symboliques religieuses. Tout est religieux désormais. Mais tout est religieux parce que la religion s’éclipse, et parce que rien ne l’a supplantée.
Le sous-titre de votre livre est : « Sociologie d’une crise religieuse ». A tort, ce dernier peut donner le sentiment que vous prenez au sérieux les histoires de « choc des civilisations », d’affrontement entre bloc occidental et bloc musulman qui fournissent une grille d’interprétation à la fois facile et tendancieuse depuis  les années 2000…
On doit prendre la religion au sérieux, surtout quand elle disparaît Je suis totalement sceptique sur le plan religieux, mais il n’a jamais été prouvé qu’une société pouvait vivre sans croyance. Or la réalité de la société française aujourd’hui, c’est quoi ? Une société dominée par des classes moyennes qui ne croient plus à rien, qui ne savent plus où elles vont, qui se sont seulement lancés dans la construction d’un euro qui ne mène nulle part. Tout l’objet du livre est de ne pas tomber dans le panneau manifeste du problème. Ainsi, ce qui m’inquiète n’est pas tant la poignée de déséquilibrés mentaux qui se réclament de l’islam pour commettre des crimes que les raisons pour lesquelles, en janvier dernier, une société est devenue totalement hystérique jusqu’à aller convoquer des gamins de 8 ans dans des commissariats de police. On entend vraiment dire n’importe quoi au sujet des musulmans de France.  Ceux-ci sont tout sauf un bloc. Ils sont au contraire fragmentés par des niveaux de croyance très différents, des nationalités très différentes et on y observe des taux de mariages mixtes extrêmement élevés. Ils sont souvent beaucoup plus assimilés de par leurs unions matrimoniales que les intellectuels néo-réactionnaires comme Eric Zemmour ou Alain Finkielkraut qui les ciblent constamment.
La vraie question aujourd’hui pour la France, écrivez-vous, ce n’est pas le droit ou non à la caricature, c’est la « montée de l’antisémitisme dans les banlieues ». Pour expliquer ce renouveau de la haine antijuive, vous mettez en cause la politique économique menée depuis des décennies, qui, en fragilisant les jeunes musulmans, aurait à nouveau livré les juifs à la vindicte nationale…
Pour le moment, anxiétés religieuse et économique mises à part, ça ne va pas trop mal pour les classes moyennes françaises qui tiennent le pays… On lance les minorités les unes contre les autres, c’est génial, c’est du billard ! Les ouvriers « de souche » marginalisés et maltraités s’en prennent aux milieux populaires arabes, les jeunes Maghrébins s’en prennent aux juifs et réciproquement, et pendant ce temps rien ne se passe, le système reste intact. Vous voyez que je ne fais pas dans l’angélisme : l’antisémitisme des banlieues doit être accepté comme un fait nouveau et indiscutable. Ce que je ne peux pas accepter cependant, c’est l’idée qui est en train de s’installer selon laquelle l’islam, par nature, serait particulièrement dangereux pour les juifs. Il n’existe qu’un continent où les juifs aient été massacrés en masse : c’est l’Europe. D’ailleurs, l’une des choses que je reproche fondamentalement à la manifestation charliste, c’est d’avoir considéré que la tuerie de l’Hyper-Cacher était secondaire par rapport au problème de crayons à papier et de caricatures. Quant à ce nouvel antisémitisme issu des banlieues, je maintiens que je suis incapable de dire là-dedans ce qui vient de la tradition égalitaire républicaine française et ce qui vient spécifiquement de l’islam. Les deux se conjuguent probablement. Mais j’attends de pied ferme, après la percée de l’islamophobie, le retour de l’antisémitisme dans les classes moyennes catholiques zombies.
Il y a tout de même une pointe d’optimisme certain dans ce livre, c’est le moment où vous expliquez qu’un islam de France lui-même devenu zombie pourrait contribuer à un rééquilibrage positif de notre culture politique. Autrement dit, que la culture musulmane pourrait participer au rétablissement d’une véritable culture républicaine en France… Il y a peu de chances que vous soyez entendu sur ce point.
Peut-être est-ce excessif. Mais en fait je m’en suis tenu à deux scénarios dans ce livre : le scénario de la confrontation hystérique avec l’islam et le scénario de l’accommodement. Or la confrontation, c’est 100% de chances de désastre pour la France. Donc là c’est une question de règle de vie fondamentale : si tu as le choix entre la mort et l’incertitude, tu choisis l’incertitude, c’est tout. Alors oui, je plaide pour qu’on les laisse tranquilles, les musulmans de France. Qu’on ne leur fasse pas le coup qu’on a fait aux juifs dans les années 1930 en les mettant tous dans le même sac, sous la même catégorie sémantique, quel que soit leur degré d’assimilation, quel que soit ce qu’ils étaient vraiment en tant qu’êtres humains. Qu’on arrête de forcer les musulmans à se penser musulmans. Qu’on en finisse avec cette nouvelle religion démente que j’appelle le « laïcisme radical », et qui est pour moi la vraie menace.
Propos recueillis par Aude Lancelin

(*) – Historien et démographe, Emmanuel Todd vient de publier « Qui est Charlie ? ».

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P.S. Il sera ce soir 7 mai au Grand Journal de Canal Plus : quelqu’un peut-il l’enregistrer pour que je le mette sur Dailymotion après ? Merci

Source: http://www.les-crises.fr/le-11-janvier-a-ete-une-imposture/


Actu’Ukraine 7/5

Thursday 7 May 2015 at 04:45

Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à cette actu’Ukraine ! Ceci est une nouvelle version de l’actu’Ukraine “allégée”. Le nombre élevé de vidéos intégrées à l’article rendait la pare trop lourde à charger, surtout pour les tablettes. Nous en avons réduit le nombre… les vidéos sont toujours accessibles par les liens.

ACTU’UKRAINE DU 27 AVRIL AU 3 MAI 2015

FOCUS DE LA SEMAINE – LE MASSACRE D’ODESSA DU 2 MAI 2014

A Odessa, le 2 mai 2014, entre 40 et 100 personnes s’opposant au nouveau gouvernement ukrainien issu du coup d’état sont mortes, brûlées vives, asphyxiées ou battues à mort, dans la maison des syndicats. A cette époque, la Crimée est déjà rattachée à la Russie après un référendum tout à fait légal et des tensions sans grande gravité avec les troupes ukrainiennes sur place. Dans l’est de l’Ukraine, l’Opération Anti Terroriste Ukrainienne a encore des allures de son nom. Il s’agit de lever des barricades sur les routes, principalement autour de la ville stratégique de Slavyansk, à l’entrée de l’Oblast de Donetsk. Dans le reste du pays, des manifestations anti-gouvernementales se déroulent ça et là dans une illusion de logique démocratique qui va vite disparaître.

Tout change avec Odessa ce 2 mai 2014. Des heurts entre pro et anti maidan sont provoqués, ce qui a pour conséquence de déchaîner une foule encadrée par Praviy Sektor (Secteur Droit) qui parcourt plus de 2 kilomètres en pleine ville pour aller attaquer le camp des anti-maidan installé devant la Maison des Syndicats. Les antimaïdan se réfugient à l’intérieur du bâtiment qui est rapidement incendié avec une police, au mieux dépassée par les événements, au pire complice, et des services d’urgence entravés dans leurs interventions par les pro Maidan, comme par exemple un camion de pompier vandalisé. Certains de ceux qui cherchent à échapper aux flammes en sautant des fenêtres sont roués de coups (les-crises.fr). On voit même un homme en gilet pare-balles (Cotnik Mikola. Décédé en février 2015) (ridus.ru à 15 h 03) tirer avec une arme à feu sur les personnes réfugiées sur les rebords de fenêtre (youtube à 6mn20 environ). Le bilan s’élève à entre 40 et 100 morts et environ 200 blessés.

 

Le ton est donné pour la suite de la crise ukrainienne. Slavyansk va connaître un siège en règle de 3 mois avec des bombardements à l’artillerie lourde et l’Opération Anti Terroriste va se transformer en guerre civile dans tout l’est de l’Ukraine.

 

• Les articles de Les Crises à l’époque

4 mai 2014 : [SCOOP - À LIRE] Finalement, Svoboda, c’est ça… (Mis à jour) (les-crises.fr)

5 mai 2014 : [Odessa] Sans commentaires, à ce stade… (les-crises.fr)

8 mai : [Important] Actu’Ukraine du 8 mai 2014 : l’Idée de la Nation (ÉDITÉ) (les-crises.fr)

 

• L’analyse de Réseau Voltaire

12 mai 2014 : Les massacres d’Odessa sonnent le glas de l’unité ukrainienne (http://www.voltairenet.org/article183721.html)

 

• Le documentaire de la Série “Roses have Thorns”

15 juillet 2014 : Roses Have Thorns (Part 6) The Odessa Massacre (youtube)

 

• Les événements côté pro maidan avant le déchainement de la violence

5 mai 2014 : 2 мая в Одессе (материалы для следствия) (May 2 in Odessa (materials for investigation)) (youtube, reprise sur un autre channel 5 jours plus tard youtube). Début des bagarres en ville, sur la Place de Grèce, puis dans une rue. On y voit des nationalistes s’emparer d’un camion de pompiers (38′ 11″), un homme de Paviy Sektor tire au pistolet sur la foule (53′ 36″). Plus tard, la milice tente de le protéger contre la foule (à 1′ 00″ 58, les gens crient “Litso” = “son visage”), puis à ‘ 0″ 55, c’est la course vers les champs de Koulikovo et l’attaque sur les tentes des anti-maïdan, aux cris de “mettez le feu” (ce qui est fait à 1 11″ 07). Des gens sont déjà dans la maison des syndicats, on les voit aux fenêtres. La suite, on la connaît.

23 mai 2014 : Активисты Майдана взяли Дом профсоюзов штурмом (les activistes ont pris la maison des syndicats) (youtube). Vidéo prise le 2 mai, on constate la violence des attaques des nationalistes, qui parviennent, à coup de pavés et de cocktails Molotov, à faire reculer un barrage de miliciens qui protégeaient les anti-maïdan (dernier tiers de la vidéo)

7 février 2015 : 2 МАЯ ОДЕССА (youtube)

 

• Les événements côté anti maidan avant le déchainement de la violence

10 mai 2014 : Odessa 2 mai 2014 from Koulikovo Pole (youtube)

 

• Reportage sur les événements

11 janvier 2015 : Tuerie d’Odessa 2 mai 2014 – Reportage complet (sous titré français youtube)

2 mai 2015 : “By the black sea…” documentary about Odessa massacre (youtube). Reportage de TV Novorossia sous-titré anglais par Kazzura, donc côté des républiques de Donetsk et Lougansk.

 

• Le traitement de Skynews à l’époque

3 mai 2014 : Breaking News : Dozens Die In Odessa Blaze… (youtube)

 

• Discours au Bundestag de Gregor Gysi en mars 2014 et video des corps calcinés des victimes

5 mai 2014 : scandal in Bundestag Odessa Ukraine 2 may Nazi (attention images très dures à partir de1mn50 : youtube)

 

• Videos anti fascistes en réaction à l’événement

4 mai 2014 : Ukraine Krise, Odessa 2 Mai, Genozid an russischer Bevölkerung (18+) (attention certaines images sont très dures youtube)
1er mai 2015 : Vidéo de synthèse, sous-titrée en anglais (18+, images très dures à partir de 3′ 27″) (youtube via fortruss, version française youtube)

 

• Les premiers pas en tant que journaliste engagé de Graham Phillips. Graham Phillips est un citoyen anglais qui a l’époque réside à Odessa (youtube). Les événements du 2 mai vont faire naitre en lui une vocation de journaliste. Il a depuis largement contribué à faire connaître la crise ukrainienne dans le monde, ce qui lui a valu des menaces de mort et des ennuis sérieux avec l’armée ukrainienne, entre autres (channel youtube, compte twitter, blog thetruthspeaker.co). Graham Phillips a souvent été sur le front, il a même été blessé en novembre 2014 par un éclat de projectile, malgré le gilet pare-balles, et touché non loin de la colonne vertébrale. Opéré, il a heureusement retrouvé l’usage de ses jambes. A son retour en Grande-Bretagne en mars 2015, il a été arrêté par la police britannique à Heathrow et interrogé durant plusieurs heures, puis relâché (rt).

6 mai 2014 : The Odessa Massacre – A Personal Tribute (web.archive.org)

28 avril 2015 : Graham Phillips’ Personal Account of the Grim Day Odessans Burned (version mise à jour de l’article du 6 mai 2014 russia-insider).

 

• Journée de recueillement à Berlin pour les 6 mois du massacre

2 novembre 2014 : LIVE: Odessa massacre victims remembered in Berlin (sous-titre anglais youtube, version originale youtube)

 

• Documentaire allemand rassemblant des témoignages

14 mars 2015 : Lauffeuer – Die Tragödie von Odessa -eine Dokumentation (youtube)

21 mars 2015 : Version sous titrée anglais (youtube)

 

• Série d’articles sur la chronologie des événements parus dans le média local Timer Odessa

Ces articles ukrainiens contiennent beaucoup de vidéos amateurs et un déroulé détaillé des événements. A noter que la Pravda ukrainienne n’a apparemment pas publié l’article sur les événements de la maison des syndicats (partie 3) et s’est contenté de celle sur les affrontements entre les manifestations de pro et anti maidan (partie 1).

26 mars 2015 : Хронология событий в Одессе 2 мая 2014-го года (часть 1) Chronology of events in Odessa, May 2, 2014 (Part 1) (bak.timer-odessa.net, pravda.com.ua)

Journalistic Commission of Inquiry on May 2 produced a chronology of the first part of the event: clashes in the Greek area and its surroundings.

It includes a chronology of events that took place May 2, 2014, the year in the central part of Odessa (Cathedral Square, Greek area, Alexander Avenue and surrounding blocks) from the beginning of the collection of activists Kulikova field until the end of arrests of armed men in the shopping center “Athena”.

21 avril 2015 : Хронология событий в Одессе 2 мая 2014-го года (часть 3) Chronology of events in Odessa, May 2, 2014 (Part 3) (bak.timer-odessa.net)

Journalistic Commission of Inquiry on May 2 produced a chronology of events of the first part: the collision of Kulikovo in the House of Trade Unions.

It includes a chronology of events that took place May 2, 2014, the year in the area of Kulikov field and inside the House of Trade Unions of the central part of Odessa (Cathedral Square, Greek area, Alexander Avenue and surrounding blocks) from the beginning of the collection of activists Kulikova field at 14:00 and till the end the work of forensic experts inside the building at 15:00 the next day. Also shown are the key events that took place that day in other parts of the city.

La deuxième partie de la chronologie n’est apparemment pas accessible.

 

• Témoignages de survivants

11 mars 2015 :[eng subs] Interview with Odessa massacre survivor, recently released from UA prison (youtube)

1er mai 2015 : [eng subs] Interview about events of Odessa massacre with one of its anti-govt activists survivors (youtube)

 

• Les visages des 40 victimes officiellement recensées

Chacun d’eux est accompagné de la cause de la mort. L’article cité en source contient les 40 visages (fortruss).

 

Vadim Papura. J’ai été jeté d’une fenêtre.

Kristina Bezhanitskaya. J’ai été battue à mort.

Andre Brazhevsky. J’ai sauté d’une fenêtre et ensuite j’ai été battu à mort.

Vadim Negaturov. Je suis mort de mes brûlures.

Irina Yakovenko. J’ai été étranglée.

Vladimir Brygar. J’ai été tué par balles.

Svetlana Pikalova. Je suis morte asphyxiée.

Petr Kair. Je suis mort brûlé vif.

Maksim Nikitenko. J’ai été battu et jeté dans les escaliers.

 

• En Ukraine, cette semaine : Odessa. Le tribunal a renvoyé au Parquet les actes d ‘accusation des prévenus arrêtés la semaine dernière pour leur participation aux événements du 2 mai 2014. Les juges se sont ralliés aux arguments des défenseurs : trop de considérations idéologiques et politiques, pas assez de faits ni de preuves convaincantes. C’est ce que rapporte “Timer, le média odessite”. (timer-odessa.net). Ceci démontre bien que l’affaire tragique d’Odessa n’est pas près d’être éclaircie, tout comme celle des snipers de Maidan. De même, ceux qui se trouvent dans le box des accusés ne sont sans doute que des lampistes/idiots utiles. Une nouvelle datant du 4 décembre 2014 évoquait en effet des soupçons portant sur des personnages relativement haut placés. “L’ex-gouverneur de l’oblast de Donetsk Vladimir Nemirovski est peut-être impliqué dans l’organisation des événements d’Odessa le 2 Mai 2014. Comme le communique RBC-Ukraine (rbc.ua), une transcription de conversations téléphoniques entre l’ex-chef du service de coordination avec les organes de sécurité de l’OGA d’Odessa (OGA = service gouvernemental d’administration) Igor Bolianski et le chef des ‘Euromaïdan’ d’Odessa Dmitri Goumeniouk en témoignerait.. (youtube , lb.ua) ”

Voici la transcription et traduction de ce qui apparaît en russe dans la vidéo qui illustre l’article de rbc.ua (youtube) :

Les infos qui apparaissent à l’écran:

écran 1 : 2 mai 2014

Tragédie d’Odessa

Qui est accusé?

écran 2 : Igor Bolianskiy (proche collaborateur du gouverneur de l’oblast d’Odessa Vladimir Niemirovski) a ordonné personnellement à des “euromaïdanistes” d’aller disperser ceux qui étaient rassemblés sur les champs de Koulikovo)

écran 3 : Igor Bolianskiy appelle plusieurs fois Dmitri Goumeniouk, qui dirigeait les actions des “euromaïdanistes” sur la place de Grèce et exige que celui-ci “lance des gens” sur les champs de Koulikovo.

C’est là, comme on le sait, que se déroula un massacre sanglant, au cours duquel plus de 40.personnes ont trouvé la mort.

écran 4, à 0′ 20″ : – en haut : Igor Bolianskiy, chef d’une section de coordination avec les organes de maintien de l’ordre, de travaux de défense et de lutte contre la corruption.

– en bas : Dmitri Goumeniouk, coordonateur de “Autodéfense d’Odessa”.

Conversation 1, à 0′ 25″.

Goum.: Allo!

Bol. : Dim?

Goum. : Oui?

Bol. : Tu as vu mon SMS?

Goum.: Oui-oui-oui.

Bol. : Regarde…

Goum. : Nous essayons de percer, mais…

Bol. : Non, non, non. Le mieux, c’est de faire comme selon le programme spécial, pour l’instant tout est lié

Bol. : Ni les uns, ni les autres n’iront nulle part.

Bol. : Si tu as la possibilité d’organiser ça à un autre endroit et de tous les choper…

Goum.: Compris. OK.

Bol. : Parce que là, on a une sacrée chance, une belle

Bol. : Vas-y!

Goum.: On y va!

 

Conversation 2, à 1′ 00″ :

Goum. : Allo!

Bol. : Dim?

Goum. : Oui?

Bol. : Alors, est-ce que tu peux lancer des gens sur le champ de Koulikovo ?

Les propos échangés semblent donc se référer à une manoeuvre qui avait été prévue et préparée (“programme spécial”), et la saisie d’une opportunité (“on a une sacrée chance”).

Un nouveau suspect dans l’affaire d’Odessa? Le Parquet général d’Ukraine a fait savoir que des soupçons de négligence professionnelle pèsent à présent sur un ex-responsable des services locaux du ministère de l’intérieur de l’oblast d’Odessa qui avait été révoqué juste après les événements du 2 mai 2014 (on peut se demander à juste titre pourquoi il n’a pas été inquiété jusqu’ici). C’est ce que l’on peut lire aujourd’hui sur le média “Novoe Vremia” (nv.ua). La communication du Parquet général ne cite pas de nom, mais il en est un qui se chuchote beaucoup, celui d’un certain Petr Loutsiouk, est-il écrit dans l’article de Novoe Vremia.

Le média kp.ua publie un article rappelant encore fois les faits (kp.ua). Il y est dit que “les spécialistes qui s’intéressent à l’enquête estiment que celle-ci est freinée à dessein, et qu’elle pourrait durer encore plusieurs années”.

Elena Zigoulskaya, de la chaîne “112″ écrit de son côté que “De nombreux Odessites constatent avec regret qu’il s’écoulera encore beaucoup de temps jusqu’à la découverte de la vérité et au châtiment de tous les coupables” dans un long article d’analyse (112.ua).

 

• En Ukraine, cette semaine : Odessa (suite).

Dans la nuit du 29 au 30 avril, un tag laser a été projeté sur l’immeuble de l’administration régionale d’Odessa avec deux slogans : “Le Fascisme ne passera pas” et ” Porochenko assassin” (novorosinform.org via fortruss).

Les fêtes de mai – et l’anniversaire de la tragédie de la Maison des Syndicats – approchant, les autorités d’Odessa ont commencé à prendre leurs précautions. Les masques sont interdits, ainsi que les rubans de St. Georges et les appareils sonores (timer-odessa.net). De plus, la police met à l’ombre un certain nombre de personnes qu’elle estime capables d’organiser des actions médiatiques, d’y participer ou de les relayer. Le média local “Timer” avait déjà mentionné l’arrestation de 12 personnes le 28 avril (timer-odessa.net). Dès le matin de mercredi 29 avril, le SBU a encore arrêté 5 personnes, parmi lesquelles un journaliste, rédacteur en chef du journal “Haspravdi”, correspondant free lance de Vzgliad à Odessa et organisateur de la “République populaire de Bessarabie”, Artem Bouzila (vz.ru) ; Davidenko qui a participé activement aux actions sur le Champ de Koulikovo (lieu de rassemblement des anti Maidan à Odessa le 2 mai 2014) et l’activiste de la “République populaire de Bessarabie”, Véra Shevshenko. Le SBU affirme avoir empêché une tentative de proclamer à Odessa une “Bessarabie indépendante”.

Des perquisitions ont été menées au domicile des personnes arrêtées. Selon des informations qui n’ont pas été confirmées, deux autres personnes non nommées auraient été arrêtées. (timer-odessa.net). Sixième arrestation le 29 : le journaliste du média “Centre d’information”, Petr Pakoul (timer-odessa.net). A 18 h 09, “Timer” énonce le score de la journée pour le 29 : 18 arrestations. (timer-odessa.net)

 

• En Ukraine, cette semaine : Svoboda. Les néo nazis / ultra nationalistes sont plutôt fiers de leur exploit du 2 mai 2014 jusqu’à qualifier le 2 mai de “jour de la victoire”, un vocable réservé à la victoire contre le nazisme : “May 2, 2014 was a historic day for Odessa. Odessans bravely repulsed Kremlin gangs and their local leaders, thus protecting the city from the arrival of the “Russian world”. This day was decisive in months-long stand off between the members of Odessa “Maidan” and the anti-government and staunchly pro-Moscow “AntiMaidan”. It culminated in Ukrainian victory and the beginning of a new page in the history of the city” (timer-odessa.net via fortruss).

 

L’article complet du site officiel de Svoboda (traduction google ukrainien vers anglais svoboda.org.ua)

April 29 – May 2 to Odessa – Day of liberation and victory over Kremlin factions

May 2, 2014 was a historic event in Odessa. Odessans courageously gave rebuff Kremlin groups and their local guide, thus protecting the city from joining “russkava measure.” This day became decisive in confronting several months members of the anti-state Odessa Square and clearly pro-Moscow “Antymaydan” crowned Ukrainian victory and start a new page in history.

Latent supporters “russkava measure” are trying to level the event, focusing on the consequences of fire in the House of Trade Unions. The same make and local liberals. The tragedy really was and it is connected with the death of Ukrainian heroes who resisted the Kremlin armed militants. So-called activists “Kulikov field” that burned in the House of trade unions and which are associated with numerous myths Kremlin propaganda, deliberately doing anti-state crimes terrorized townspeople, committed attacks on journalists provoked public clash. Some of them really was the victim zombies and getting easy money for participating in anti-Ukrainian actions. But hold events in memory of people who wanted to bring the war to Odessa – it’s like to honor the memory of Russian invaders and their local guides who were killed in eastern Ukraine.

Doubtless fact remains: May 2, decided whether stand Odessa after years of propaganda of ideas “ruskava measure” betrayal officials in the management of law enforcement agencies and government offices. Odessans patriots gave a fitting rebuff Kremlin occupiers, saved the city and prevented conversion of Odessa on the “people’s republic”. If a troop “Colorado” on May 2 did not stop, then to Odessa plunged into terrible realities of a number of regions of Donetsk and Lugansk regions. After that there is now, no doubt about correct action of Ukrainian patriots should not be. Regardless of political position, all that was on the Ukrainian side, May 2, committed a heroic act, protecting the city from the attempts of the Kremlin factions to commit armed rebellion with the ultimate goal of the occupation of Odessa Russian Federation.

May 2 should be a citywide day of victory over the Kremlin terrorist groups, day cleaning of the Kremlin infection. Instead, we see attempts to leveling the event. But anyway today was not that day – a worthy page in the history of the city. Decent courage and bravery of Odessa, who gave rebuff the aggressor.

Basil Sydorak

Avec en prime une tentative de blanchiment des auteurs des violences côté ukrainien… “C’est la faute de ceux qui se sont barricadés dans la maison des Syndicats! ” Tel est, en bref, le contenu d’un récit que publie, pile le 2 mai, le média “Apostrophe” (apostrophe.com.ua), récit des événements que fait un activiste appartenant au “Groupe du 2 mai”, qui s’occupe d’enquêter sur les événements. Il commence par dire que la tragédie est “le résultat d’un concours de hasards malheureux”. L’ennui est que ses paroles sont rapportées par “Radio Svoboda”, dont on peut raisonnablement douter de l’objectivité.

 

• En Ukraine, cette semaine : Parubiy. A l’époque de forts soupçons pesaient sur Parubiy par rapport aux tristes événements d’Odessa. L’anniversaire approchant, Kiev allume un contre-feu en liant toute insinuation que Parubiy est impliqué dans Odessa, à un complot de Moscou et l’appartenance de celui qui les profère au FSB (24tv.ua) !…

 

• En Ukraine, cette semaine : Praviy Sektor. Pravii Sektor veut organiser un meeting à Odessa le 2 mai pour proclamer la “victoire sur les occupants” (vzgliad.ru).

 

• En Ukraine, cette semaine : Persona non grata. Le journaliste italien Franco Fracassi a été arrêté à l’aéroport de Kiev le 2 mai alors qu’il venait d’arriver pour prendre part aux cérémonies de commémoration de la tragédie d’Odessa. Il n’ pas eu d’autre choix que d’attendre un vol et de repartir à Rome (tribunal.today).. Vzgliad rappelle que Fracassi avait fait des reportages l’an dernier sur le massacre et avait été l’un des premiers à mettre en cause les radicaux de droite (vz.ru). Apparemment seule l’Italie (popoffquotidiano.it, omniroma.it, contropiano.org, facebook) et la Russie en parlent (vk.com). Un peu.

 

• Odessa, le 2 mai. Toutes les précautions ont été prises à Odessa. La Maison des Syndicats, lieu du massacre, est protégée par des blindés et 2000 militaires (korrespondent.net, vz.ru, youtube, youtube). Le site internet de la ville d’Odessa a informé ses administrés qu’il y aura des “perturbations” dans les réseaux de téléphonie mobile ce 2 mai 2015 (dnr-news). “Les raisons n’en sont pas connues. Nous rappelons que des opérations antiterroristes sont effectuées dans la ville par le SBU.”, est-il écrit dans la communication (048.ua). De même, côté informations, il a été impossible pendant au moins une journée de se connecter au média local “Timer” (timer-odessa.net) : toute connexion était automatiquement dirigée vers la page d’accueil du serveur, qui expliquait qu’il n’y avait pas (plus?) de site à cette adresse. Muselage ? A présent, le 2 mai, le site est accessible, mais l’adresse dirige vers une version de sauvegarde datant du 6 avril (bak.timer-odessa.net).

 

 

Le site Timer est accessible normalement le 3 mai, avec les infos du jour, mais toujours sur une adresse de sauvegarde. Il propose un reportage photo sur la commemoration du 2 mai à Odessa (bak.timer-odessa.net) où plusieurs milliers de personnes sont venues se receuillir devant la maison des syndicats.

 

La foule a essayé de chasser de Koulikovo (la place devant la maison des syndicats) l’équipe de journalistes d’une chaîne de télévision unkrainienne venue filmer les gens qui se recueillaient et déposaient des fleurs devant la galerie de photos des victimes du 2 mai. Les journalistes se sont fait aposropher : “le fascisme ne passera pas”, “Salauds, pouilleux, dégagez, on a du chagrin”. Un membre de la foule a essayé de faire tomber la caméra de l’épaule du caméraman (112.ua).

D’autres slogans étaient plus directs… “Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas” et “Nous nous souviendrons et nous nous vengerons” (youtube)…

Vidéo du rassemblement devant la Maison des Syndicats (vidéo compilée par Radio Svoboda, sans commentaires, vues générales, capture de webcam de la ville, foule, discours lointains) (youtube)

Article officiel de la mairie d’Odessa sur la commemoration du 2 mai 2014 (omr.gov.ua). Drapeau en berne, dépot de gerbes, office à la cathédrale. La ville rend hommage à tous ses morts, aussi bien pro Maidan qu’anti Maidan (40 anti-Maidan sont officiellement morts dans le massacre de la Maison des syndicats et 8 autres personnes ont péri, essentiellement par balles, bien avant le massacre, à 2 km de la Maison des Syndicats).

 

• Moscou, le 2 mai. Plus d’un millier de personnes se sont réunies devant l’ambassade ukrainienne à Moscou pour rendre hommage aux victimes d’Odessa du 2 mai 2014 (sputniknews, dnr-news).

 

• Kiev, le 2 mai. Manifestation pour honorer la mémoire des victimes d’Odessa et d’une manière générale les victimes du régime comme Oles’ Buzina. Le cortège arbore des drapeaux ukrainiens, soit parce qu’ils considèrent que c’est encore le symbole de l’unité du pays, soit parce qu’ils ne veulent pas avoir trop d’ennui avec les autorités (youtube, youtube, dnr-news, dnr-news).


 

• Donetsk, le 2 mai. il y a eu un meeting à Donetsk et toutes les sirènes ont été déclenchées en même temps. Le commandant Givi, un des plus charismatiques de la milice de la DNR, a donné une interview à cette occasion qui résume bien l’état d’esprit des novorusses et ukrainiens russophiles : chagrin et colère (youtube).

 

• Le reste du monde, le 2 mai. Cérémonies et manifestations dans le monde en souvenir des victimes d’Odessa tuées le 2 mai 2014. Toutes ces manifestations sont mentionnées sur le site Ridus (ridus.ru à différentes heures), mais il faut pouvoir lire le russe et naviguer dans la chronologie de la journée , ce site ne possède malheureusement pas de page en anglais. Il sera difficile de mettre tous les liens, en voici la liste :

A Londres, manifestation devant l’ambassade d’Ukraine.

A Berlin, un meeting avec concert.

A Paris, une manifestation d’une centaine de personnes et quelques journalistes. La pianiste ukrainienne interdite de concert au Canada était présente (rg.ru). Pendant ce temps, l’AFP sortait une brève “Ukraine: Odessa rend hommage aux 48 prorusses et pro-ukrainiens morts il y a un an” (actu.orange.fr).

A Bruxelles, une manifestation “Je suis Odessa” (sputniknews, sputniknews)

En Italie, Rome et Milan ont eu chacune leur manifestation.

A Stockholm, meeting. Et un média en parle (jinge.se)

A Zürich (Suisse)

A Casablanca (Maroc)

A Tel-Aviv, manifestation devant l’ambassade d’Ukraine.

Les antifascistes d’Irlande ont également manifesté.

 

• Eveil des consciences en Europe. Enfin, un blog sur la désinformation apporte une bonne nouvelle : selon lui, des médias de taille commencent tout doucement à rétropédaler pour sauver la face (histoireetsociete.wordpress.com), il en dresse la liste. En Allemagne les téléspectateurs se plaignent de certains silences, comme en témoigne un très long article en allemand (jasminrevolution.wordpress.com). On y trouve une répartition des plaintes de lecteurs (jasminrevolution.files.wordpress.com) où il apparaît que 35% des mécontents se plaignent du manque d’information sur l’Ukraine. Mis ensemble, Ukraine+Poutine+ Yatseniouk arrivent à 46% des avis negatives quant à l’information fournie. Cela concerne surtout les chaînes televises ARD et ZDF.

 

 

LUNDI 27 AVRIL 2015

• Revue de presse du Gorshenin Institute sur la semaine du 20 au 26 avril 2015 (gorshenin.eu)

 

• Revue de presse du Central European Policy Institute (CEPI) sur la semaine du 18 au 24 avril 2015 (cepolicy.org)

 

Histoire de wagons. Au cours des deux semaines précédentes, les médias ukrainiens, mentionnaient, de temps à autre, des wagons remplis de charbon qui se seraient “volatilisés”. Un éclairage nouveau – et officiel – sur cette affaire vient d’apparaître dans un article qui donne la parole à Guennadi Moskal, le gouverneur de l’oblast de Lougansk (interfax.com.ua). Il annonce vouloir porter plainte devant le Parquet général d’Ukraine pour un incident bizarre : “La question se pose, de savoir comment deux locomotives de triage appartenant au dépôt de Popasna et 20 wagons de marchandises ouverts de Popasna ont pu aller de la gare de Santianivka, noeud ferroviaire en territoire occupé (sous-entendu: par les séparatistes) jusqu’à la gare de Svitlanivka (territoire sous contrôle ukrainien), si la circulation des trains sur cette portion de voies a été interdite par ordre de G. Moskal” est-il écrit dans le paragraphe 3 de l’article. Et plus loin : “Dire que la RPL est une “organisation terroriste” et en même temps faire avec elle du commerce non officiel, n’est pas possible. Cela sape l’autorité du pouvoir aussi bien dans l’oblast que dans toute l’Ukraine… Pourquoi manque-t-on de wagons et de locomotives pour décharger sur le territoire ukrainien le charbon livré, ainsi que pour la construction de fortifications militaires, mais en trouve-t-on pour du commerce non officiel avec une organisation terroriste ?” Toutefois, son exposé n’est pas clair, parce qu’il parle de ces wagons, qui seraient revenus vides du territoire contrôlé par les séparatistes, mais dit qu’ils auraient facilement pu transporter des “terroristes”. terroristes qui seraient donc allés d’Ukraine en Novorussie ?

 

• La mobilisation a toujours aussi peu de succès. Même le Washington Post le note (washingtonpost.com). Couplée à la crie économique qui frappe l’Ukraine, cela entraine des conséquences a priori illogiques. En effet, certains appelés ukrainiens préfèrent aller en prison plutôt qu’au front, tel ce jeune métallo de 26 ans qui déclare: “Je préfèrerais faire trois ans de prison – où je serai nourri et en sécurité – plutôt que de servir. Cela fait un an que ce gouvernement est au pouvoir et nous, nous devons travailler deux jours pour nous acheter une miche de pain. Je ne veux pas partir me battre pour un gouvernement comme ça.”. Un autre homme déclare notamment “Le gouvernement ne nous dit pas pourquoi nous faisons cette guerre, et ne dit même pas qu’il s’agit d’une guerre.”

 

• Le MH17 fait à nouveau parler de lui. Plusieurs médias allemands (le journal Süddeutsche Zeitung, les chaînes de télévision WDR et ARD) révèlent que les autorités allemandes étaient au courant du danger de survol de l’Ukraine avant même la chute du MH17, le boeing si a été abattu au dessus de l’Ukraine en juillet 2014. (sueddeutsche.de), mais ielles n’ont pas tranmis l’information aux compagnies aériennes : “Dans les fils d’information du 15 juillet 2014, donc deux jours avant le crash du MH17, le ministère des affaires étrangères écrivait que “la situation dans l’est de l’Ukraine” était “très préoccupante”. Raison: dans les documents classés “VS” – réservé aux services” (ce qui conrrespond à “Confidentiel restreint” en France), on mentionnait des tirs ayant provoqué la veille le crash d’un Antonov militaire, abattu à une altitude de 6.000 mètres. Ceci “représente une qualité nouvelle” (“In den Drahtberichten vom 15. Juli 2014, also zwei Tage vor der Katastrophe, schrieb das Auswärtige Amt, die “Lage in der Ostukraine” sei “sehr besorgniserregend”. Als Grund wird in den als “VS – nur für den Dienstgebrauch” eingestuften Unterlagen der Abschuss einer Antonov-Militärmaschine in Höhe von mehr als 6000 Metern am Vortag genannt. Dies stelle “eine neue Qualität” dar.”). L’article du journal allemand précise que certaines compagnies se font leur “carte de sécurité” à elles, et que plusieurs compagnies aériennes avaient d’elles-mêmes décidé d’éviter de survoler l’Ukraine. Le jour du vol MH17, il y a eu trois vols Lufthansa dans l’espace aérien ukrainien, dont un quelques minutes avant l’avion abattu. Inutile de préciser qu’en ce moment, la direction de Lufthansa et le gouvernement allemand sont la cible de vives critiques pour n’avoir pas tenu compte de l’information qu’ils détenaient, même si le sort a épargné les avions allemands. De son côté, le gouvernement allemand nie ce que déclare le Süddeutsche Zeitung (dw.de). Il faut souligner que l’article du journal laisse planer des sous-entendus. Il fait croire que les avions de Lufthansa auraient suivi la même trajectoire que celui du MH-17, ce qui est faux car il sont passés suffisamment au nord et au sud pour éviter la zone dangereuse. Il parle d’une hauteur de survol de 6000 mètres, alors que l’estimation qui a été donnée est plus haute. Et enfin il oublie surtout de parler des NOTAM (Notice to Airmen) A1383/14 du 1er juilet (tweedekamer.nl) et A1492/14 (tweedekamer.nl) et A1483/14 (tweedekamer.nl) du 14 juillet qui ont bien été publiées et qui interdisaient le survol de la région en dessous d’une certaine altitude (FL260 pour la A1383 et FL320 pour la A1492/1493) (whathappenedtoflightmh17.com) . Le gouvernement allemand n’a donc pas commis d’erreur. Le seul élément nouveau qui apparaît est la mention d’un Antonov 26 dans sa réponse, alors que le rapport en néerlandais ne parle que d’un Antonov 24 (mais en réalité, il s’agissait bien d’un AN-26). Cela indique que le gouvernement allemand dispose d’informations qui n’ont pas encore été rendues publiques… ou que le rapport hollandais contient une coquille !

 

 

• Intervention de Xavier Moreau sur l’Ukraine et les sanctions contre la Russie (https://www.youtube.com/watch?v=gv4TNbl92S0).

 

• Résultats du sommet UE Ukraine du 27 avril 2015. Il s’agit du premier sommet UE Ukraine depuis l’accord d’association et le début de la guerre civile (ec.europa.eu). Le précédent avait eu lieu en 2013. Même si l’UE semble toujours fermement du côté de l’Ukraine, il semble également avoir quelques bémols. Tout d’abord, L’UE et l’Ukraine ne sont arrivés que dimanche 26 vers 23h00 à un compromis sur la déclaration commune du sommet (17h41: unian.info, 22h54 : unian.info). La déclaration commune en question est disponible en anglais (consilium.europa.eu, ec.europa.eu). Si avant l’ouverture de la séance, Donald Tusk a rendu hommage aux “héros de la Centurie céleste ” (les morts de Maïdan) et fait un bref discours en ukrainien, il a aussi appelé les Ukrainiens à ne pas compter seulement sur l’aide de l’Europe (pravda.com.ua). De même l’UE repousse la suppression du régime de visas pour les citoyens ukrainiens à une date ultérieure, au moins jusqu’à 2016 (vesti-ukr.com) et propose l’envoi au Donbass d’une mission d’évaluation civile au lieu d’une mission militaire pour étudier les possibilités d’action dans le cadre de la politique de Sécurité et de Défense (rbc.ua, unian.net). Cerise sur le gâteau, l’UE, via Juncker, déclare que l’entrée de l’Ukraine de l’UE n’est pas à l’ordre du jour dans un avenir très proche (vzgliad.ru) et recommande à l’Ukraine à s’armer de patience sur le chemin de l’UE (lb.ua) tout en indiquant les conditions pour accueillir l’Ukraine dans “la famille européenne” (unian.net). En clair, selon Vesti, le bilan du sommet est “attendez et soyez patients” (vesti-ukr.com). Pour VZgliad, l’UE a de nouveau dit “non” à l’Ukraine : adhésion à l’EU, visas, envoi d’une mission militaire et elle a exigé des réformes et l’application des accords de Minsk (vz.ru). Le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE sera, toujours selon VZgliad, éternel : “L’UE prend ce qui lui est utile et se contente de donner des promesses” (vz.ru). Côté USA, le Wall Street Journal écrit que les résultats du Sommet UE-Ukraine ont mis Porochenko en colère (vz.ru).

Factsheet sur l’aide de UE à l’Ukraine : “European Commission support for Ukraine” (http://ec.europa.eu/news/pdf/euua_factsheet.pdf)

Assistance financière de l’UE à l’Ukraine : “UE Macro Financial Assistance for Ukraine” (http://ec.europa.eu/news/pdf/mfa_infograph.pdf)

Le sommet en Live (doublé en ukrainien) (youtube via vesti-ukr.com)

 

Conférence de presse à l’issue du sommet (ec.europa.eu, ec.europa.eu, ec.europa.eu, ec.europa.eu)

 

Allocution de Donald Tusk, président de l’UE, à l’issue du sommet (consilium.europa.eu)

Nous venons de clore le 17e sommet UE-Ukraine. Il s’agissait toutefois du premier sommet organisé dans le cadre du nouvel accord d’association UE-Ukraine. C’était aussi le premier depuis l’agression russe et le conflit dans le Donbass et en Crimée. Nous avons consacré une grande partie des débats à la crise ukrainienne, ce qui nous a permis de procéder à un échange de vues sur la situation sur le terrain et sur les mesures à prendre.

Nous sommes d’avis que la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk reste le meilleur moyen de trouver une solution politique. Nous continuons de surveiller de près la mise en œuvre du cessez-le-feu. Si le niveau des violences a baissé depuis l’accord intervenu en février, des violations du cessez-le-feu se produisent tous les jours et l’OSCE ne constate toujours aucun retrait des armes lourdes. En outre, nous sommes très préoccupés par les informations qui nous parviennent selon lesquelles des armes continuent de pénétrer dans l’est de l’Ukraine.

Nous poursuivrons nos efforts diplomatiques. Nous attendons de la Fédération de Russie qu’elle prenne ses responsabilités et respecte ses engagements, en procédant notamment au retrait des forces armées et des équipements russes. Il convient de rappeler que les sanctions et les mesures restrictives adoptées par l’UE sont liées à la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk. Nous comptons sur la libération à bref délai de tous les otages, y compris de Nadia Savchenko.

Nous avons évoqué les tâches relevant de la surveillance et la sécurité. L’Union européenne renforce d’ores et déjà son soutien à l’OSCE mais nous avons aussi débattu de questions plus générales. Nous sommes conscients des attentes de l’Ukraine dans ce domaine. La tâche ne sera pas facile mais nous allons nous y atteler. Nous enverrons dès que possible une mission civile d’évaluation.

Nous avons procédé à un échange de vues sur la situation humanitaire et constaté qu’il fallait intensifier les efforts visant à soulager les populations touchées. Cela suppose que l’Ukraine adopte des mesures d’ordre législatif et institutionnel. L’Union européenne et ses États membres font partie des plus gros contributeurs à l’aide internationale et nous sommes prêts à augmenter cette contribution.

Le sommet fut également l’occasion de débattre des préparatifs du sommet du Partenariat oriental qui se tiendra à Riga le mois prochain. À nos yeux, cet événement important marque la continuité de notre profond engagement dans ce cadre et nous permet en même temps de définir nos priorités pour les années à venir.

Permettez-moi de conclure par une réflexion faisant suite à ma visite sur la place Maïdan ce matin. Maïdan a marqué un tournant pour l’Ukraine – et pour l’Europe. Nous devons maintenant faire en sorte que ce tournant débouche sur une amélioration de la situation. Dans l’intérêt de tous les Ukrainiens. Je suis persuadé que vous êtes sur la bonne voie. Mais je suis aussi pleinement conscient des nombreux obstacles qu’il reste à franchir et, pour être honnête, des sacrifices qu’il faudra encore consentir.

Je le sais à travers l’expérience vécue par mon pays, la Pologne, qui, à de nombreux égards, a dû suivre le même cheminement, souvent douloureux, même en l’absence de conflit armé à l’intérieur de nos frontières. Mais je peux aussi affirmer sincèrement qu’il n’existe pas de meilleure solution. Les réformes, les sacrifices, le rapprochement vis-à-vis de l’Europe et de l’Occident, tous ces efforts porteront leurs fruits.

Je peux vous garantir que l’Europe restera à vos côtés tout au long du processus et qu’elle vous soutiendra du mieux qu’elle pourra. C’est également le principal message que j’ai adressé aujourd’hui au président Porochenko et au Premier ministre Iatseniouk. Mais l’Europe ne peut pas faire ce difficile travail à votre place. C’est à vous et uniquement à vous, nation ukrainienne, gouvernement et parlement ukrainiens, d’entreprendre ce difficile travail de réforme de l’Ukraine. Pour faire de l’Ukraine un pays plus prospère, plus juste et plus équitable. Bref, pour des jours meilleurs en Ukraine. Je vous remercie.

 

La déclaration commune du 17eme sommet EU-Ukraine (consilium.europa.eu)

1. The 17th EU-Ukraine Summit took place in Kyiv on 27 April 2015. The European Union was represented by President of the European Council Donald Tusk and President of the European Commission Jean-Claude Juncker. Ukraine was represented by President Petro Poroshenko. It was the first Summit in the framework of the EU-Ukraine Association Agreement, implementation of which will represent a fundamental step in the process of deepening the political association and economic integration of Ukraine with the EU on the basis of respect for common values and their effective promotion.

2. The leaders welcomed the holding of free and fair Ukrainian Presidential and Parliamentary elections in Ukraine in 2014 in which the Ukrainian people used their right to choose their own future and which marked an important step in Ukraine’s aspirations to consolidate its democratic development in line with its international commitments. The leaders recalled the unprecedented public support for Ukraine’s political association and economic integration with the EU as well as for its democratic aspirations. They remembered the tragic events of early 2014 and paid tribute to all those who had lost their lives. They reconfirmed the common objective to build a democratic, stable and prosperous country with guaranteed human rights and fundamental freedoms for all its citizens, and confirmed Ukraine’s commitment to building a deep and sustainable democracy and market economy. The leaders acknowledged the European aspirations of Ukraine and welcomed its European choice, as stated in the Association Agreement.

3. The leaders welcomed the signing and the beginning of the provisional application of the relevant parts of the Association Agreement and the progress in preparation for the provisional application of the DCFTA as of 1 January 2016. They highlighted the importance of swift ratification of the Association Agreement by Member States in accordance with their internal procedures. A reinvigorated reform process will be crucial in view of Ukraine’s political association and economic integration with the EU.

4. The leaders welcomed Ukraine’s strong commitment to an ambitious reform process as set out in Ukraine’s Strategy 2020, the Government Programme and the Coalition Agreement. They also welcomed the EU’s package to support Ukraine in its efforts for launching this renewed reform process, as well as the EU’s Ukraine Support Group and the EU Advisory Mission for Civilian Security Sector Reform. In this context, leaders welcomed the update of the Association Agenda, an important tool agreed jointly to facilitate the implementation and the monitoring of the Association Agreement.

5. They welcomed the first reform steps taken by Ukraine in key areas, notably constitutional reform, decentralisation, the fight against corruption, the reform of the justice sector, the restructuring of the energy sector and the improvement of the business climate. They underlined that implementation of these reforms will be key and should rapidly achieve further concrete results. In particular, they welcomed:

- the launch of the work of the constitutional commission; – the progress made in the decentralisation process (laws on voluntary merger and on cooperation of communities adopted, the tax code and budget law amended)

- the amendment of the public broadcasting law; – the adoption of an anti-corruption package including a national strategy (2014-2017) and of the laws on the Public Prosecutor’s Office as well as on the judiciary and the status of judges; – the appointment of the Head of the National Anti-corruption Bureau; – the submission to the Parliament of laws on civil service including in local self-government bodies; – the adoption of the law on the Accounting Chamber of Ukraine and the state aid framework, the amendments to the public procurement law and the increased transparency in managing state-owned companies; – the ongoing energy price and tariff reform, the adoption of a new gas market law in line with Energy Community Treaty commitments and the submission to the Parliament of a law on the gas and electricity regulatory authorities; – the progress in reducing regulatory and licensing requirements as to facilitate business.

6. The leaders agreed on the need to further accelerate the reform process on key systemic issues such as:

- the finalisation of an inclusive constitutional reform to enable a thorough Justice reform, decentralisation process and the ratification of the Rome Statute of the International Criminal Court; – the finalisation of the reform of the legislative framework in due time before local elections; – the fight against and the prevention of corruption, through appropriate institutions and independent investigations and the setting up of the National Centre for the Prevention of Corruption;

- the increased transparency, accountability and independence of the Judiciary; – the professionalisation and depoliticisation of the public administration including self- governance bodies; – the restructuring of the energy sector in line with the Third Energy Package notably with Naftogaz unbundling and increased attention to energy efficiency; – the reform of the civilian security sector; – the modernisation of the public finance management system through a more transparent public procurement, improved fiscal governance and stronger external audit.

7. In this context, the leaders welcomed the organisation by Ukraine of the International Conference on Support for Ukraine the day after the Summit, which would allow Ukraine to communicate its reform efforts to the wider world and reflect with the international community on the next steps in the reform process and the necessary support measures.

8. The leaders welcomed the EUR 11 billion financial support pledged by the European Union and European Financial Institutions in March 2014 in support of Ukraine’s political, economic and financial stabilisation. Since then, already some EUR 6 billion has been mobilised in the form of loans and grants, including the recently approved additional third macro-financial assistance programme of EUR 1.8 billion and last week’s disbursement of the final tranche of EUR 250 million under a previous programme. The leaders agreed to swiftly conclude the Memorandum of Understanding and Loan Agreement of the third

macro-financial assistance programme to allow for a swift disbursement of the first tranche possibly by mid-2015.

9. The leaders reiterated their strong condemnation of the clear violation of Ukrainian sovereignty and territorial integrity by acts of aggression by the Russian armed forces since March 2014. These actions are in clear breach of the UN Charter and the OSCE Helsinki Final Act, as well as Russia’s specific commitments to respect Ukraine’s sovereignty and territorial integrity under the Budapest Memorandum of 1994 and the bilateral Treaty on friendship, cooperation and partnership of 1997.

10.The leaders reconfirmed their strong condemnation of the illegal annexation of the Autonomous Republic of Crimea and the City of Sevastopol by the Russian Federation, which they will not recognise. Faced with this continued violation of the sovereignty, independence and territorial integrity of Ukraine and of international law, they confirmed their commitment to fully implement a non-recognition policy, including through restrictive measures and called upon UN Member States to respect the United Nations General Assembly Resolution No. 68/262 of 27 March 2014. They affirm their deep concern at the continuous military build-up and deterioration of the human rights situation in the Crimean Peninsula, including the denial of free speech and the persecution of persons belonging to minorities, including the Crimean Tatars. They call for the provision of full, free and unrestricted access to the Autonomous Republic of Crimea and the City of Sevastopol to international human rights actors.

11. The EU side reiterated its commitment to strongly support Ukraine’s unity, sovereignty, independence and territorial integrity. The leaders underlined their strong support for the efforts aimed at de-escalation and a political solution based on respect for Ukraine’s independence, sovereignty and territorial integrity, in particular in the framework of the Normandy format. They expressed their full support for the Minsk Agreements including the Package of Measures of 12 February 2015, endorsed by UNSC Resolution 2202 of 17 February 2015.

12. The leaders called on all parties to swiftly and fully implement the Minsk Agreements and honour their commitments and underlined the Russian authorities’ responsibility in this regard. They called for the urgent release of all hostages and unlawfully detained persons, including Nadia Savchenko. In this framework, they expressed their full support for the OSCE Special Monitoring Mission, as well as the efforts of the Special Representative of the OSCE Chairperson-in-Office in the Trilateral Contact Group. The leaders called upon all parties to cooperate with the international investigations and criminal proceedings to hold to account those who are responsible for the downing of MH17.

13. The leaders took note of the European Council Conclusions of 19 March 2015 regarding the EU restrictive measures against the Russian Federation.

14. The leaders stressed the need to challenge Russia’s ongoing disinformation campaigns and agreed on the need to strengthen their respective strategic communication efforts.

15. The leaders deplored the massive humanitarian crisis. Ukraine thanked the EU and its Member States for the significant humanitarian support provided. The leaders agreed to enhance their relief efforts to address the needs of the population affected by the conflict, wherever they are and discussed prospects for a more active use of the resources provided by the international community. They agreed on the necessity to provide social assistance to the internally displaced persons at short and long term as well as to improve the coordination mechanism and address remaining legal and administrative obstacles to unhindered international humanitarian assistance to those who need it.

16. The leaders welcomed the progress in the trilateral talks between the EU, Ukraine and the Russian Federation on the delivery of gas from Russia to Ukraine with the goal to increase the security of gas supply for Ukraine and its citizens as well as ensuring stable, sufficient and uninterrupted transit of gas to the EU. While underlining the importance of a stronger energy partnership between Ukraine and the EU, taking into account international commitments, including in the field of nuclear energy safety, the leaders expressed their readiness to continue cooperation between Ukraine and the EU on urgent energy sector reforms in Ukraine, on the joint modernisation and operation of the Ukrainian gas transportation system and storages and on securing gas supplies from Europe to Ukraine, and specifically welcomed the adoption of the new gas law. They agreed to further cooperate in promoting market integration, including through the development of interconnections and standard Interconnection Agreements between Transmission System Operators of Ukraine and bordering EU Member-States.

17. The leaders look forward to the provisional application of the Deep and Comprehensive Free Trade Area (DCFTA) between the EU and Ukraine starting on 1 January 2016 and the positive impact its implementation will bring about. They also noted the importance of continuing the trilateral consultations on EU-Ukraine DCFTA implementation in a constructive manner, using the existing flexibilities available to the contracting parties in the DCFTA.

18. The leaders reconfirmed their commitment to achieve the shared objective of visa-free travel provided that conditions for well-managed and secure mobility set out in the Visa Liberalisation Action Plan are in place. They welcomed the progress made by Ukraine underlining the necessity for a full and effective implementation of all benchmarks and emphasising in this regard the importance of the upcoming release of the next progress report on the Visa Liberalisation Action Plan ahead of the Riga Summit.

19. The leaders welcomed the deepening of EU-Ukraine cooperation notably with the meeting of the first Association Council, which put in place the institutional framework of enhanced cooperation, as well as the signing of the agreement associating Ukraine to Horizon 2020. Leaders praised the deepening of people-to-people contacts notably through Ukraine’s participation in the Erasmus+ programme supporting student mobility, academic cooperation and youth exchanges. In addition, they welcomed the willingness of both sides to associate Ukraine to Creative Europe, the Research and Training Programme of Euratom (2014-2018) and the EU programme for the Competitiveness of Enterprises and Small and Medium-sized Enterprises (COSME 2014-2020). The leaders reconfirmed the importance of concluding the EU–Ukraine Agreement on Common Aviation Area, as referred in the Association Agreement, at the earliest possible date in 2015.

20. The leaders exchanged views on international and regional matters, notably in light of the upcoming Eastern Partnership Summit in Riga and the review of the European Neighbourhood Policy. They highlighted the importance of renewing constructive engagement on the peaceful settlement of the Transnistrian conflict with respect to the 5+2 settlement talks. The leaders welcomed the role of the European Commission’s Border Mission to Moldova and Ukraine in the development of border management and reforming of the border and customs services of Ukraine, welcoming the extension of the mandate of the mission for another two years until December 2017. They also expressed satisfaction with the increase in Ukraine’s alignment with the EU Common Foreign and Security Policy (CFSP) declarations as well as with Ukraine’s participation in the EU-led Naval Military Operation (EUNAVFOR Somalia Atalanta) and in the EU Battlegroups in 2014. The leaders welcomed the launch of the negotiations on the administrative arrangement between the European Defence Agency and the Ministry of Defence of Ukraine.

 

• American days à Vinnytsia. Le même jour s’ouvrait les American Days dans la ville de Vinnytsia. L’ambassadeur des USA en Ukraine, Geoff Pyatt, y a fait une allocution pour cette occasion (youtube, ukraine.usembassy.gov). Pyatt parle des “trois fronts” de l’Ukraine, un front militaire contre la Russie, un deuxième pour la vérité, toujours contre la Russie et le troisième pour la modernisation du pays contre la corruption.

Présentation de l’ambassadeur par lui-même (youtube)

Video de l’allocution (youtube)

Remarks by Ambassador Pyatt to Mark the Opening of America Days in Vinnytsia (ukraine.usembassy.gov)

April 27, 2015 As prepared for delivery

Good afternoon. It is my great pleasure to be here today, and to take part in America Days in Vinnytsia. Special thanks to Acting Mayor Sergey Morgunov, Governor Valeriy Koroviy, and Oblast Council Speaker Serhiy Svytko for your warm welcome. Thanks to all our partners in Vinnytsia’s schools, museums, concert halls, libraries, and universities who will host America Days events.

Over the next three days, we invite you to explore the United States through art, history, and music. Several of my colleagues from the Embassy are here with me. They are ready to tell you about opportunities to study in the United States, about programs and projects we sponsor, and the partners we work with in Vinnytsia and around the country. Vinnytsia residents who have participated in our exchange programs will share their experiences of American libraries, U.S. sports management, and making public places accessible for people with disabilities.

The folk/bluegrass group The Tumbling Bones, who hail from Portland, Maine – about eight thousand kilometers away – are here to give a concert tonight. We also brought six award winning American documentary films, and an exhibit of Native American crafts from the collection of the Smithsonian Institution. In short, there’s something for everyone.

And in the spirit of America Days, I bring more good news to Vinnytsia today. It is my pleasure to announce that the United States Peace Corps will be returning to Vinnytsia soon. As many of you know, Peace Corps Volunteers are Americans of all ages who dedicate two years to working in communities around the world. When they return to the United States, volunteers share their experiences with their communities. I remember one of my first trips on Ukraine two years ago when I visited the town of Drohobych. I was deeply impressed by the impact our Peace Corps volunteer had there – and am delighted that we will now return that program. Since 1992, Vinnytsia oblast has welcomed nearly 100 Volunteers into your schools, civic organizations, and business associations. I’m delighted that Volunteers will be back in Ukraine very soon, and that four of them will come to Vinnytsia to work with local NGOs. We already know that Vinnytsia is a great host for Peace Corps and look forward to continuing the tradition.

People have asked why we decided to bring America Days to Vinnytsia now. It was a natural choice. Your lively cultural scene is well known. Vinnytsia’s annual jazz festival is famous, as are your other international festivals that show your city’s connections with creative people all over the world.

Second, we have a strong record of cooperation with partners here. USAID has worked intensively with local officials in the Vinnytsia region, providing opportunities for exchanges and expert consultations for legislative amendments on local government reforms. Through grants from our Public Affairs Section, we work with Vinnytsia organizations and media outlets to foster participation in free and fair elections. With our partners, we are building awareness of the rights of the disabled, helping students learn more about human rights and rule of law, and encouraging media partnerships with other regions of Ukraine. These activities underscore what America Days is about: bringing the people of Vinnytsia and the people of the United States together to do things that matter to all of us.

But there is another reason why I wanted to come to Vinnytsia now. Ukraine’s democratic institutions including the Verkhovna Rada are moving rapidly to meet the Ukrainian people’s demand for delegation of powers, and Vinnytsia’s local government serves as a model for the transparent, effective, and responsive structure that Ukrainians deserve. As President Poroshenko, Prime Minister Yatsenyuk, and Rada Chairman Hroysman continue to push forward implementation of constitutional reform, we look to successful cities such as Vinnytsia to continue to lead by example.

As the U.S. Ambassador to Ukraine, it has been my privilege to dedicate myself over the past year and a half to helping our own leadership in Washington to understand the truly transformational moment this country is experiencing.

A few words about where I believe Ukraine is today. This country is fighting on three fronts. The first battle is a military one against Russian-led and Russian-supplied forces in the East. It is being fought with tanks, artillery and rocket launchers sent from Russia. As a result of this Russian-manufactured war, more than six thousand people are dead. Over a million have fled the violence and need to be fed, housed, given jobs, and integrated into communities.

The second is a war for the truth, a fight against the lies and misrepresentations coming from the Kremlin. Moscow’s propaganda machine drowns the truth with made-up tales of death, torture and fascism. Russia’s goal is to confuse, demoralize, and distract not only Ukraine, but Europe and the United States as well. By doing so, the Kremlin hopes to prevent the people of Ukraine from living the life they choose, with a government they choose, to build the future they want.

The third is a war to modernize Ukraine’s political system and economy and root out corruption. I use the imagery of war deliberately, to underscore the seriousness of the challenge ahead. As I have said many times, corruption and business as usual are as much a threat to Ukraine today as Russian tanks. Ukraine’s political leaders know they must carry out difficult reforms and live up to the expectations of the Maidan for justice and rule of law. They must do so while laying the foundations of a strong, sustainable European democracy.

Fighting simultaneously on three fronts is hard. It will be hard for a long time. But you will have our support.

To succeed, Ukraine needs a strong foundation of constitutional reforms, and delegation of powers that makes government more accountable to the citizens and ensures that their taxes are used in the people’s best interest. The goal is for individual citizens and their chosen leaders to make many of the decisions that directly affect their lives and livelihoods. Local authorities best understand the needs of their communities. Putting more tax revenue and decision making power at that level meets European standards, as local leaders can respond more efficiently to needs for government services, and for jobs.

A key step in that direction is to implement new legislation on consolidating communities. Getting that done is important, so that people know who they will be voting for in municipal elections in October.

Decentralization can strengthen Ukraine’s democracy and complete the process of building a new country that began on the Maidan. By incorporating the views of more people into local decision-making around the country, decentralization can be a powerful tool for countering Russian generated separatist movements in the east.

Decentralization can strengthen Ukraine’s economy. By providing opportunities for local governments to have a stronger influence on their tax base and to project tax revenues, mayors and city councils will have more sway over local budgets.

This decentralization reform has just begun. Fiscal decentralization legislation passed in December 2014 will deliver almost 35 billion hryvnia to local budgets, increasing funding for education and health care. The United States will continue to support these reform efforts as communities begin the hard work of consolidating and rearranging services. Specifically, the U.S. government will provide financial support, and technical assistance to the Ministry of Regional Development to implement key reforms in consolidating communities through Local Government Reform Implementation Support Offices, including one in Vinnytsya oblast.

History offers many examples of how to manage such change. Prime Minister Yatsenyuk and Rada chairman Hroysman are looking to Poland, whose experience offers a road map for Ukraine. In 1989, when it held its first partially free elections, Poland was a centralized state. Local governments had little power and control. Today, the country is divided into 16 regions, 379 counties, and 2,479 municipalities, each with its own government. How did they successfully consolidate local communities, and empower local and regional councils to govern effectively?

Good European analysis draws four lessons from the Polish experience that I think are applicable to the situation Ukraine is facing today.

First, it is important to have support from political parties, the government, and parliament. Right now, Ukraine has that. I know that President Poroshenko, Prime Minister Yatsenyuk, Verhovna Rada Chairman Hroysman and the major faction leaders are all on board with this vision of reform.

Second, the government needs to write and implement new laws and procedures, at both the national and local levels. Right now, Ukraine has that ability. Its new, reform-minded government has brought in experts and advisers from a wide range of fields, many with international experience and credentials.

Third, it is vital to mobilize broad public support for reform, both from opinion leaders and the general public. Ukraine’s leaders are working on this one. The Maidan movement shows that people are ready for change and that Ukraine’s strongest attribute is its civil society. There is a will for change.

And fourth, leaders must seize the moment. The window of opportunity for reforms is limited. That window of opportunity is now.

It will be difficult, but consider the alternative.

For too long municipal governments were powerless. They existed to serve the Center. I remember talking to leaders in Odesa about their lives under the Yanukovich government. As far as I could tell, the main responsibility of local leaders was to siphon resources from the port of Odesa and channel them efficiently to the Yanukovich “Family.”

The Ukrainian people deserved better. They now demand better.

For skeptics who say that decentralization won’t work, who believe that it is not worth the effort, I say: look right here in Vinnytsia. Come here and see how effective municipal government makes a difference.

For example, the Vinnytsia City Council posts public information about city procurements and Council proceedings online, easily accessible to citizens who want to see how decisions are made and how money is spent. The city has invested in technology to monitor and respond to citizen messages with questions, complaints, and reports of service disruptions. The system’s geo-location feature allows service managers to pinpoint problems and dispatch crews to fix them.

Vinnytsia is a leader in bringing e-Governance to its people. More than 3,000 people use one of the city’s four service centers to access automated public services, including real estate and housing transactions, school enrollment and local residency registration.

And here’s one more way Vinnytsia is leading. Like many other cities across Ukraine, Vinnytsia has welcomed thousands of people who have fled the war in the East. Libraries, schools, and civic organizations are helping people who are rebuilding their lives to feel at home here. The five thousand students of Donetsk National University who refused to live and learn under an occupying force came here. International donors, including the United States, are looking for ways to help renovate classrooms and build dormitories so that the students can get back to their books.

Of course, strengthening municipal governments, and giving local leaders more power and resources, are not ends in themselves. These political reforms do not exist in a vacuum. They will have – in fact, are already having – an effect on the economy.

The government of Ukraine recognizes that it must empower the private sector to help the country realize its true economic potential. To do so, Ukraine’s leaders have undertaken an ambitious program to change how business gets done. They are simplifying the tax code. They are battling the culture of corruption that saps money, resources and public trust. I applaud the recent appointment of Artem Sytnyk as head of the new national anti-corruption bureau. This is a tremendous first step – but it is just a step. Now we look for the government to empower the bureau, and provide Mr. Sytnyk with the independent and competent team he needs to take on the important task ahead. My government, to include the FBI and Departments of Justice and State are ready to help.

Ukraine’s reform-minded government is also committed to reducing the influence of oligarchs in business. President Poroshenko and Prime Minister Yatsenyuk have rejected the “law of the jungle,” and insist that backroom deals that further enrich Ukraine’s wealthiest at the expense of the nation will no longer be tolerated. No one should be above the law.

This will be difficult, but the United States and our European partners are with you.

Through the IMF, we are contributing to a $17.5 billion, four-year program to support Ukraine’s reform efforts. I look forward to soon signing our second $1 billion loan guarantee agreement since May 2014, which will help Ukraine regain its financial footing. We expect to provide an additional $1 billion in 2015 contingent on further progress on those reforms.

Along with other partners in the international community, we are providing expertise and advice. American advisors are now working alongside Ukrainian government counterparts to help bring about the kind of changes to processes and regulations that the business community so desperately craves.

While Ukraine’s leadership has made great progress, much remains to be done. The government needs to go further to root out corruption and allow Ukrainians the chance to make an honest living. We will continue to work together to strengthen Ukraine’s criminal justice system, and to create a more efficient energy sector. Here is how we are helping.

The U.S. Department of Justice and the Federal Bureau of Investigation, are actively supporting the National Anti-Corruption Bureau and the Prosecutor General’s Office. We are providing short-term advisers to make sure that the Bureau has the tools it needs to investigate and stop corruption and to facilitate a strong working relationship between the Bureau and the Prosecutor’s Office.

The U.S. government is also working with the Ministry of the Interior to support Ukraine’s new patrol police. The Ministry aims to create a Western-model force to replace the unpopular and corrupt traffic police. This is the Ministry of Interior’s top reform priority and is a direct response to the demands of the Maidan and the people of Ukraine. U.S. law enforcement officers have come to Ukraine to help set up training programs according to U.S. standards and best practices. It is clear that Ukrainians are ready for change. More than 11,000 Kyivites, including over 3,000 women, applied to join the new force. Professionals from the California Highway Patrol are working today to train a new Patrol Police

Of course, real reform doesn’t happen overnight and is not only top down. It is a long-term process that will take commitment, patience, and honest assessments from government leaders about what they are doing, how much it costs, and how long it will take. It requires honesty from citizens about what they expect, and what they are willing to do to help. And it will need support from Ukraine’s partners around the world.

This is Ukraine’s moment.

Facing the simultaneous challenges of a Russian invasion, a struggling economy, and a humanitarian crisis of millions of internally displaced, Ukraine’s population is willing to support their leaders. There is a sense that the country has passed an inflection point: that the price Ukraine has paid, in combat deaths, in homes and families destroyed, is already so high that failure is not an option.

But we must remember, as we gather today amid a war on multiple fronts for Ukraine’s future, that these issues are for Ukrainians to decide. No one outside of Ukraine has any right to make decisions about the path Ukraine will choose. Only Ukrainians can decide what the future of sovereign, democratic, independent Ukraine will be, and it is explicitly not for Russia to dictate how Ukrainians should govern themselves – - or where your strategic future should lie.. Ukraine will keep moving forward. The United States will be with you, today and in the future.

And now, I invite you all to enjoy America Days in Vinnytsia. Thank you for bringing me and my team to this great city. I am sure the next three days will be interesting, informative, and enjoyable for all.

Slava Ukraini.

 

Aperçu des American Days (youtube, youtube, youtube)

 

• Une voix sensée, hélas bien isolée. Jim Dean, un journaliste américain, vétéran des forces armées américaines, éditeur et rédacteur d’un média nommé veterans today et de New Eastern Outlook (journal-neo.org), a commenté le 25 avril les déclarations de John Kerry demandant à la Russie d’influer sur les séparatistes pour qu’ils respectent le cessez-le-feu et a affirmé qu’au Donbass pratiquement toutes les violations du cessez-le-feu sont l’oeuvre de Kiev (presstv.ir) : “most of the ceasefire violations were on Kiev’s part. And as this went on, there was never a word in the public Western media about what’s the West was going to do to make Kiev comply” with the terms of the Minks agreement.” “la plupart des violations du cessez-le-feu étaient le fait de Kiev. Et quand cela a continué, il n’y a jamais eu un seul mot dans les médias publics occidentaux sur ce que l’Ouest était en train de faire pour faire respecter les accords de Minsk par Kiev”. “The senior American journalist stated that French President François Hollande “never said a word about it, [German Chancellor Angela] Merkel never said a word about it, and as part of the cover for this, hiding their own non-compliance.”

 

• Forte effervescence politique en Ukraine. Au cours des 4 premiers mois de 2015, 27 nouveaux partis politiques sont nés en Ukraine (2 par semaine environ). Ce fait a été révélé au cours d’une conférence de presse par le directeur général du Comité électoral d’Ukraine, Alexeï Koshel (korrespondent.net). Il semble que la coalition au pouvoir soit en voie d’implosion. Ceci est sans doute lié à la volonté de redistribuer les cartes dans le secteur de l’energie. Vesti écrit : “Coalition deadlocked. Attempts by the President to undertake a global redistribution of the energy market (and in the future, possibly, other major markets) have led to a number of hidden and open conflicts within the government and to the almost total paralysis of Parliament, which we have seen last week.” (“Коалиция в тупике. Попытки президента осуществить глобальный передел энергетического рынка (а в будущем, возможно, и других важнейших рынков) привели к ряду скрытых и открытых конфликтов внутри власти и к практически полному параличу парламента, который мы наблюдали на прошлой неделе. “) (vesti-ukr.com).

 

• Début à Tbilissi du procès de Saakachvili sur l’utilisation de l’argent de l’état. Il s’agit de plus de 5 millions USD dépensés sur le budget de l’état par l’ex président géorgien en massages, régimes d’amaigrissement, séjours à l’étranger, cadeaux, etc (vz.ru).

 

• Une boulangerie française à Odessa intimidée par un groupe d’hommes en noir (news.pn et o1.ua). Le lundi 27 avril, une vingtaine d’hommes se sont rassemblés devant le siège d’une chaîne de boulangeries (ОАО Одесский каравай) au 14 rue du Général Petrov à Odessa. Ils sont habillés de noir, et prennent soin de remonter un foulard sur leur visage pour ne pas être reconnus. Il portent des drapeaux ukrainiens sur lesquels est imprimé le Wolfsangel inversé, qui est l’emblème du régiment Azov, et l’ancien logo du parti Svoboda. Deux d’entre eux portent un drapeau rouge et noir du Secteur Droit (img.o1.ua). Ils réclament une division par cinq du prix du pain du “repas” (батон “Обеденный”) pour qu’il soit vendu à 1,5 hrynias (6 centimes d’euros) au lieu de 7,75 (33 centimes). Ils accusent le propriétaire de l’usine de vivre tranquillement en France sans se soucier du sort des Odessites.

Les Ukrainiens consomment moins de pain que les Français, mais ils en mangent néanmoins assez souvent, notamment au repas du soir avec de la soupe ou un peu de charcuterie. Le “baton”, comme son nom l’indique, est un pain de forme plutôt allongée pesant 300 grammes.

Les soviétiques ont construits des usines de panification qui ont été privatisées après l’indépendance. En 1997, celles d’Odessa se sont retrouvées dans une société anonyme (ОАО) nommée Odessky Korovai, le korovai étant un pain traditionnel que l’on mange dans les mariages. Les usines ont été modernisées avec du matériel occidental haut de gamme, dont les fours de la société française Bongar. Un réseau de distribution a été créé qui compte actuellement 136 boulangeries dans Odessa et sa région. Odessky Korovai a été racheté en 2004 par la holding T et S (“Холдинг T i C”) présidés par Vladimir Slabovsky, originaire de Donetsk, et Michael Tabachnik originaire de Kiev. Les usines produisaient alors 700 tonnes de pain par jour, soit 6% de la production ukrainienne totale. Le groupe s’étend à la Crimée avec les boulangeries, Krymkhleb. En 2007, la marque Monsieur Boulkine est créée avec un logo qui montre la Tour Eiffel (simf.com.ua). En 2012, T et S est racheté par la société Lauffer qui possède déjà des boulangeries à Kiev et à Donetsk. Cet ensemble devient le plus important d’Ukraine dans son domaine. Son propriétaire est un oligarque très discret, Alexander Leszczynski. Né à Dnepropetrovsk, il a passé son enfance à Donetsk. Il a monté plusieurs affaires, en coopération avec Rinat Akhmetov. Vers 1993, Leszczynski a choisi de vivre en France d’où il continue à diriger ses entreprises ukrainiennes (forbes.ua).

Revenons à Odessa, près de l’usine et près du musée du pain, où se sont rassemblés les hommes en noir. Leur chef s’appelle Oleg Svargoslav. Il est membre des Patriotes d’Ukraine. Il a soutenu Maidan à Kharkov. Il a combattu dans le groupe Storm du régiment Azov (vesti-ukr.com), où il a rencontré le sniper Suédois, Michael Skilt. Svargoslav est retourné à Odessa, où il s’occupe du “Corps civil du régiment Azov”, une organisation para-militaire qui fait règner sa loi à Odessa, bien que 73% de la population ait voté pour Ianoukovitch en 2010. Svargoslav est présent sur le réseau social VKontacte (vk.com). Sa page héberge des brochures à télécharger qui indiquent comment faire face à l’administration (vk.coml) . Elles sont publiées par Kharkhiv Human Rights Protection Group, financé par l’International Renaissance Foundation basée à Kiev (opensocietyfoundations.org, irf.ua, wikipedia.org). Cette “ONG” est dirigée par George Soros et est financée en grande partie par le congrès américain, via la National Endowment for Democracy (wikipedia).

 

• Quelques nouvelles d’Angleterre. Graham Phillips nous convie à une visite mouvementée à l’exposition Stepan Bandera à Londres (youtube). Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas le bienvenu…

Des photos de l’exposition :

 

 

• Quelques nouvelles d’Angleterre, suite. Selon Vzgliad, Oleg Liachko aurait rendu un hommage étrange à la Reine d’Angleterre Elizabeth II en la traitant de “banderiste” et de “grand-mère punitive” en commentant sur sa page Facebook une photo où elle apparaît vêtue de bleu et avec un bouquet de fleurs jaunes. “Elle est une vraie adepte de la junte de Kiev, a-t-il ajouté. Elle garde sa jeunesse en buvant tous les matins le sang frais de nourissons de la DNR et de la LNR” (vz.ru).

 

• Le SBU arrêtent des employés de la banque centrale d’Ukraine. ils sont accusés de trahison et de divulgation de secrets d’état. Ils risquent entre 2 et 15 ans de prison (vesti-ukr.com).

 

• Bataille pour Sébastopol, film russo ukrainien (youtube, imdb.com, youtube). Ce film, sorti en Russie et en Ukraine le 2 avril, est une bizarrerie dans le contexte actuel. Il a été co financé par les deux pays du temps de l’ancien gouvernement ukrainien et raconte l’histoire d’une tireuse d’élite née en république socialiste soviétique d’Ukraine dans l’Oblast de Kiev, Lioudmila Pavlitchenko (wikipedia) durant la défense héroïque de Sébastopol contre les allemands en 1941-1942 (wikipedia). Sous Yanoukovitch, tout était clair : une héroïne ukrainienne, soviétique et russe à la fois dans un passage héroïque de la Grande Guerre Patriotique dans un film à sortir pour le 70eme anniversaire de la victoire. Rien à dire. A présent, tout est un peu plus compliqué, mais le film sort toujours dans les deux pays !

Côté russe, rien ne change sauf que le rattachement de la Crimée est passé par là et que le gouvernement ukrainien actuel est perçu comme une résurgence du nazisme. Plutôt qu’une évocation d’un passé glorieux, le film devient une piqûre de rappel.

Côté ukrainien s’est un peu plus schizophrénique. Le film raconte le destin héroïque d’une ukrainienne (bon) se battant pour l’URSS (pas bon) dans une bataille gagnée par les nazis et qui achève la conquête de la Crimée d’où ils chassent l’armée russe (bon). Dans la seconde partie du film, l’héroïne ukrainienne (bon), en visite aux USA, plaide pour obtenir des américains l’ouverture d’un second front (re bon) pour aider l’armée soviétique (pas bon) à vaincre les nazis (re pas bon)…

 

MARDI 28 AVRIL 2015

• Le 1er mai risque d’être agité à Kiev. Les autorités de la ville de Kiev ont annoncé qu’à la date du 27 avril, elles ont reçu 8 annonces de manifestations pour le 1er mai. Parmi elles, le Parti communiste ukrainien, qui veut organiser un défilé allant de la Place de Bessarabie jusqu’à la Place de l’Europe en passant par la rue Kreshatki. L’union ukrainienne “Svoboda” a fait savoir qu’elle ne laisserait pas faire (rus.newsru.ua) et envisage de s’y opposer. “Nous estimons que les communistes n’ont absolument aucun droit à organiser quelque action que ce soit sur le territoire ukrainien. Il faut interdire le parti communiste, traîner ses chefs devant le tribunal (c’est déjà le cas) pour “actions contre l’Ukraine” – a déclaré le leader de la délégation de “Svoboda” à Kiev, Andreï Mokhnik. “Je crois que dans le cas où les communistes essaieraient de faire quelque chose, ce sera un trouble de l’ordre public et il faut essayer d’arrêter cela. Je crois qu’alors, non seulement les “svobodistes” y participeront, mais aussi tous les Ukrainiens qui comprennent qu’actuellement les communistes travaillent pour les intérêts de la Russie, et en temps de guerre, en fait, sont des traîtres envers le gouvernement” – a-t-il encore déclaré.

 

• Feu de forêt à proximité de Tchernobyl. Un incendie qui a déjà détruit de 400 à 600 hectares de forêt pose de gros problèmes aux pompiers ukrainiens parce que le vent le pousse vers la zone d’exclusion de Tchernobyl (unian.net) et qu’une partie des arbres touchés sont contaminés faisant planer le risque de propagation de poussière radioactive (vesti-ukr.com). Vers 17 heures, 182 pompiers et 32 véhicules techniques, soutenus par 130 hommes du Service ukrainien des situations d’urgences (ГСЧС) travaillaient déjà depuis quatre heures pour l’éteindre. Le service des forêts a également engagé 3 camions-citerne, 3 tracteurs équipés de charrues et 52 hommes. Le ministère des situations d’urgences manque d’équipement, car plusieurs véhicules ont été envoyés dans l’est du pays, dans la zone du conflit (pravda.com.ua, youtube). Arsène Avakov, ministre de l’intérieur, annonce en fin d’après-midi sur sa page Facebook : ” A 18 h 30, la situation à cause de l’incendie de forêt autour de la centrale de Tchernobyl s’est aggravée. le feu attaque à nouveau le massif boisé en direction de la centrale nucléaire. Le feu de forêt et des rafales de vent menacent sérieusement de propager l’incendie à la zone d’exclusion de 20 km autour de la centrale.” (bigmir.net, youtube). Dans la nuit, vers 21 h 40, les bombardiers d’eau ont fini par vaincre l’incendie, annonce Zorian Shkiriak, chef du Service ukrainien des situations d’urgences (ria.ru).

 

 

• Les crédits de la BERD pour le nouveau sarcophage de la centrale de Tchernobyl se négocient le lendemain, 29 avril, à Londres (ukrinform.ua). L’Allemagne a déjà promis 615 millions d’euros (http://rusvesna.su/news/1430039076) et Jean-Claude Juncker, au nom de la Commission Européenne, 70 millions (epravda.com.ua, ria.ru, lb.ua). Il manque encore un demi-milliard, selon Victor Zalizetskyy, le chef adjoint responsable du projet, qui estime le coût total à 1,4 milliards d’euros. Bonne nouvelle, la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) a trouvé 180 millions d’euros, qui viennent s’ajouter aux 350 millions qu’elle avait promis en novembre. Les Etats-Unis donneront 40 millions de dollars (rusvesna.su). Le déficit ne s’élève plus qu’à 85 millions d’euros (lemonde.fr).

 

• Clips ukrainiens pour le 9 mai ou comment inverser les valeurs et réécrire l’histoire. Il s’agit de 2 clips mettant en scène des anciens combattants de la seconde guerre mondiale : une femme et un homme (sprotyv.info, youtube, youtube). Des jeunes gens les appellent au téléphone, style passation de témoin entre générations (jusque là, rien de problématique) et hop ! Un petit coup de 1984 ! Les clips finissent sur des soldats ukrainiens s’entrainant et une infirmière soignant un soldat blessé. Message subliminal, les combattants d’aujourd’hui sont les héritiers des héros d’hier… Sauf que les héros d’hier se battaient dans l’armée soviétique contre les armées nazies dont les aïeuls des combattants d’aujourd’hui faisaient partie ! Et que, parallèlement, les combattant d’aujourdhui, héritiers “spirituels” de l’UPA et de la division SS Galicie se battent contre d’autres ukrainiens… Au 2 mai 2015, le clip sur l’homme avait été vu 837506 fois et celui de la femme 410881 fois !

 

 

• Estimation du coût des sanctions contre la Russie. Poutine estime que la Russie a perdu 160 milliards de dollars d’investissements à cause des sanctions (lenta.ru).

 

• Ukraine : PIB et inflation du premier trimestre 2015. Rien de nouveau, le PIB de l’Ukraine a chuté de 15% ce premier trimestre (vestifinance.ru) et la hausse des prix s’accelère : +45% (vestifinance.ru).

 

• Au point où on en est… Une prière pour la paix et l’harmonie en Ukraine de 2000 “mediums, mages et même des sorcières” est prévue à Kiev le 30 avril devant la cathédrale Saint Michel. La mairie n’est pas au courant (vesti-ukr.com). 10 personnes ont finalement participé (au lieu de 2000 annoncées) et ont été aussitôt chassées par les passants : “ Prier, c’est à l’église! Arrêtez vos diableries!”

 

• Sondage dans les pays du partenariat oriental sur l’appartenance à une culture. Le sondage a été mené en Georgie, Armenie, Azerbaïdjan, Moldavie, Ukraine and Biélorussie durant les mois d’octobre et novembre 2014 dans le cadre du “EU sponsored ENPI Barometer survey” (finchannel.com). Tous les pays se sentent plus proches de la culture russe et regardent majoritairement des films locaux à part la Moldavie et la Biélorussie qui préfèrent les films américains…

 

• Plongée dans la psychée ultra nationaliste ukrainienne : Dmitry Yarosh (Praviy Sektor). Yarosh veut rétablir les traditions cosaques et en particulier le droit au port d’armes (sharij.net, tsn.ua, zbroya.info, lb.ua, 24today.net) et il est contre la contre revolution (faut bien compter le nombre de contre, sinon on se perd…) : “We will do everything possible to oppose anti-national counter revolution, which began in Ukraine. Secondly, we have to complete the national liberation revolution and build a state of the Ukrainian nation on the Ukrainian lands, we have provide freedom, justice and prosperity for all Ukrainian people. We live for this, we fight for this, we are sacrificing our lives for this. I want to assure you that we will never reject the ideals, for which have fought during the Maidan. “ (ukrainiancrusade.blogspot.fr).

 

• Rétropédalage polono-ukrainien. Le président de la rada s’embourbe dans le lisier OUN. Il tente de s’en sortir en déclarant que “l’héroïsation” des “bandervotsy” n’est pas une opération anti-polonaise mais anti-soviétique (vz.ru) et que la reconnaissance des OUN ne s’applique pas a leurs crimes (interfax.com.ua), mais a priori le mal est fait… Les relations entre la Pologne et l’Ukraine se sont dégradées.

 

• Guerre Avakov-Khernes. La guerre continue, Avakov, le ministre de l’intérieur ukrainien, demande l’arrestation de manière préventive de Khernes, le maire élu de Kharkov (korrespondent.net).

Khernes repond que tout le dossier est une vengeance d’Avakov à son encontre (korrespondent.net). Pour rappel, Avakov a effectivement fait de Khernes une guerre personnelle et ça depuis longtemps. Avakov avait été battu de justesse par Khernes pour la mairie de Kharkov (moins de 1% d’écart entre les deux). Avakov avait alors accusé Khernes de tricherie. Avakov n’est pas un ange. Durant son gouvernerat de l’oblast de Kharkov, Il avait été mis sur les listes interpol pour des magouilles financiéres en 2012 puis arrêté pour corruption (kyivpost.com). Il avait par ailleurs utilisé une milice appelée les patriotes d’Ukraine pour faire des sales coups, cette milice qui depuis s’appelle Azov… sans oublier la tentative d’assassinat sur Khernes en 2014 (korrespondent.net).

Khernes ne s’est pas présenté à une audience aujourd’hui, il est en Italie jusqu’au 2 mai pour des soins : “It is reported that as of 10:47 Kernes did not show up at the courthouse. His lawyers argue that the mayor did not receive summons and until May 2 is being treated at a rehabilitation center in Italy.” Une nouvelle audience est prévue le 18 mai (lb.ua).

 

• Anniversaire de la création de la division SS Galicie. Chaque année, une marche est organisée à Lvov pour cet événement. Voici la vidéo et les images de celle de 2014 (youtube, rt) et de 2013 (kyivpost.com).Cette année, svoboda a organisé une table ronde à Ternopil sur le sujet de la SS Galicie (svoboda.org.ua). Les anciens de la division ont un site internet qui leur est dédié (infoukes.com).

• Une bonne nouvelle pour les gens du Donbass ? La Pologne et l’Allemagne s’allient pour envoyer de l’aide humanitaire au Donbass sans préciser s’il s’agit du Donbass sous contrôle ukrainien ou novorusse. Tout ce qui importe est de “gagner la guerre de l’information : “Cela fait trop longtemps que nous laissons le champ libre aux Russes. Cela ne peut pas continuer ainsi, que l’aide qui est envoyée aux gens qui ont enduré la guerre provienne exclusivement de Russie. Il faut que l’Ukraine et l’Europe soient plus actives.” – a déclaré un participant de la rencontre entre Angela Merkel et le premier-ministre polonais Eva Kopatsh qui a été relayée par Censor.net, l’un des médias ukrainiens les plus propagandistes contre la Russie (censor.net.ua). Le premier convoi serait envoyé mi-mai. Tiendront-ils le rythme des Russes, qui en sont en gros à un convoi par mois ? Peut-être, mais malheureusement le sujet n’est pas là. Selon la teneur de l’article en question il s’agit d’abord d’un affichage médiatique. Vu le black out sur les convois d’aide humanitaire russe dans les médias européens (Combien de Français, pour ne parler que de notre pays, seraient-ils capables de dire combien de convois la Russie a déjà envoyé au Donbass ? Et combien de tonnes de matériel, de nourriture et de médicaments cela représente ?), un seul convoi européen pourrait occuper tout l’espace médiatique ! Il faut se rappeler que le premier convoi russe en août 2014 avait déclenché une hystérie médiatique ahurissante anti-russe et que “Der Spiegel”, un journal allemand, avait publié un article remettant les choses en place (spiegel.de): “Entre-temps, les journalistes ont pu se rendre compte que, derrière les bâches blanches, il n’y a réellement que de la nourriture pour enfants, de l’eau et des sacs de couchage. Et que les hommes en uniforme kaki sont vraiment des chauffeurs routiers qui se soucient avant tout de revenir sains et saufs à la maison. Il était à prévoir que les Russes, en cas de doute, amèneraient le convoi jusqu’à Louhansk sans accompagnement de la Croix Rouge et sans contrôle par les douaniers ukrainiens – tout comme la réaction hystérique du côté ukrainien. Les mots exagérés de “invasion directe” démontrent l’impuissance : Kiev comprend qu’elle ne peut pas stopper ce convoi. Et qu’elle a perdu cette bataille de propagande avec la Russie.”. A priori il s’agit à présent pour l’UE de gagner une autre bataille de propagande.

Il y a eu jusqu’à présent un seul convoi humanitaire allemand, en octobre 2014. “Die Welt” en avait alors parlé (welt.de). Ce convoi avait d’ailleurs été stoppé un moment à cause d’un accident (ridus.ru, ridus.ru) puis il avait été déchargé à Kiev (unn.com.ua) sans que l’on sache ce qui est advenu des marchandises…

 

MERCREDI 29 AVRIL 2015

• Réunion des “Elders” à l’initiative de Poutine, à Moscou (russia-insider). Les “Elders” (theelders.org) est un groupe d’anciens dirigeants d’états ou d’organisations internationales créé par Nelson Mandela en 2007. Les Elders se définissent comme un groupe indépendant de leaders internationaux travaillant ensemble pour la paix et les droits de l’homme. Les membres actuels sont : Martti Ahtisaari (Finlande), Kofi Annan (ONU), Ela Bhatt (Inde), Lakhdar Brahimi (Algérie), Gro Harlem Brundtland (Norvège), Fernando H Cardoso (Brésil), Jimmy Carter (USA), Hina Jilani (Pakistan), Graça Machel (Mozanbique), Mary Robinson (Irlande), Desmond Tutu (Afrique du Sud) et Ernesto Zedillo (Mexique). Parmi eux Martti Ahtisaari, Kofi Annan, Lakhdar Brahimi, Gro Harlem Brundtland, Jimmy Carter et Ernesto Zedillo étaient à Moscou pour 3 jours (theelders.org).

 

 

Koffi Annan, président en titre des Elders, a donné une interview à RT à cette occasion (youtube, theelders.org)

 

Communiqué de presse des Elders (theelders.org)

The Elders, concerned about increasing international confrontations and geopolitical tensions, held constructive and open talks with President Putin. The Elders intend to continue their discussions on these deeply worrisome developments with other governments.

Kofi Annan, former UN Secretary-General said:

“We are pleased to have had the opportunity to discuss Russia’s role in international affairs with the President. To be successful in defusing conflicts and building trust, high-level dialogue and effective action are essential.”

Apart from President Putin, the Elders held in-depth discussions with Foreign Minister Sergey Lavrov, former Soviet President Mikhail Gorbachev and former Prime Minister Yevgeny Primakov, as well as the heads of leading Moscow-based think tanks.

As this was the first visit by The Elders as an organisation to Moscow, the delegation was keen to listen to their Russian interlocutors. The Elders wanted to hear how the Government views current geopolitical crises around the world, in particular the situation in Ukraine and prospects for implementation of the Minsk II agreement. The Elders emphasised the importance of the urgent implementation of the agreement.

A recurrent topic of discussion was the complex and dangerous situation in the Middle East today. The Elders agreed with their Russian hosts on the dangers posed by the rise of terrorism and extremism in Syria and Iraq, and the worrying spread of its influence to other regions.

They also spoke with their interlocutors in Moscow about the need to bring the Iranian nuclear discussions with the “P5+1” group of major states, including Russia, to a successful conclusion by the end of June, and then to make sure the agreement is fully implemented.

As an independent organisation dedicated to the pursuit of peace worldwide, The Elders are keen to encourage steps by all concerned that can help de-escalate global tensions and the risk of further conflict.

Those Elders who participated in the mission to Russia were: Martti Ahtisaari, former Finnish President; Kofi Annan, former UN Secretary-General; Lakhdar Brahimi, former Algerian Foreign Minister; Gro Harlem Brundtland, former Norwegian Prime Minister; Jimmy Carter, former US President; and Ernesto Zedillo, former Mexican President.

 

• Saisie de biens appartenant à Roshen en Russie. 2 milliards de roubles de biens appartenant à Roshen, l’enreprise de Porochenko, ont été saisis à Lipetsk en Russie dans le cadre d’une enquête pour fraude fiscale. il est reproché à Roshen de ne pas avoir payé 180 millions de roubles. Roshen va faire appel (ria.ru).

 

• Sanctions, pas sanctions. Le représentant de l’UE à Washington, David O’Sullivan, a déclaré à Bloomberg que les sanctions contre la Russie seraient prolongées au minimum jusqu’à la fin de l’année lorsque l’UE pourrait apprécier l’état d’application des accords de Minsk. Le quotidien rappelle qu’Angela Merkel avait déclaré lundi que l’UE examinerait la prolongation des sanctions vis à vis de la Russie en juillet (vzgliad.ru). Sauf que l’Italie a d’ores et déjà indiqué qu’elle ne voterait pas en faveur de la prolongation des sanctions contre la Russie. C’est ce qu’à déclaré Federico Eichberg, haut fonctionnaire italien travaillant au Ministère du développement économique, au cours d’une conférence à Milan, le 27 avril. (agi.it). En 2013, l’Italie était le deuxième pays européen exportateur vers la Russie avec un montant de 10,8 milliards d’euros. En 2014, les exportations ont diminué de 1,2 milliards d’euros, et pourraient chuter encore de 3 milliards d’euros en 2015 (eurointegration.com.ua). L’ambassadeur d’Ukraine en Italie a réagi en protestant auprès du ministère italien des Affaires étrangères le 29 avril (pravda.com.ua, news.online.ua, vz.ru).

 

• Acte 1 : Tentative de mise au pas de “Praviy Sektor” par des troupes régulières la nuit dernière (unn.com.ua qui cite le service de presse de Praviy Sektor)

Le 28 avril, des détachements de la 95ème brigade aéroportée et de la 25ème brigade de parachutistes ont établi des postes de blocage au tour d’une base de “Praviy Sektor” située dans la localité de Velikomikhaïlovska, secteur de Pokrovski, oblast de Dnipropetrovsk. “Notre base a été bloquée sans avertissement par des détachements de parachutistes de la 95ème et de la 25ème brigade, équipées de blindés et d’armes lourdes, mais il s’agissait seulement de jeunes soldats, tout juste enrôlés. Ils ont arrêté un de nos véhicules et ont demandé à nos soldats de leur donner leurs armes. Le chef de l’état-major général, Viktor Mouzhenko, n’a pas répondu à mon appel téléphonique, et nous n’avons pas pu résoudre cette situation immédiatement. Il était pourtant évident que cette opération ne pouvait pas avoir eu lieu sans ordre de l’état-major général. Je me suis mis en relation avec le commandant des parachutistes, avec lesquels nous avons combattu toute l’année, et les commandants m’ont assuré qu’ils ne lèveraient pas les armes contre leurs frères de “Praviy Sektor”, à moins que les politicards n’aient donné des ordres tordus en ce sens. J’ai ordonné à tous mes détachements de ne pas rendre leurs armes. Personne ne peut nous interdire de défendre notre terre et de nous battre contre l’agresseur russe. ” a dit Dmitri Yarosh, le leader de Praviy Sektor et député du peuple. Selon le moment, les informations varient et il est difficile de savoir vraiment où l’on en est (lb.ua, lb.ua). En tout cas, praviy Sektor a annoncé son intention de manifester aujourd’hui devant l’administration présidentielle (unian.net).

 

• Acte 2 : manifestion de Praviy Sektor devant l’administration présidentielle à Kiev aujourd’hui (pravda.com.ua, vz.ru). Certains étaient en uniforme, d’autres portaient des drapeaux rouge-noir (twitter.com) et scandaient les slogans patriotiques de leur mouvement : “Gloire à l’Ukraine !”, “Gloire aux héros !”, “Mort aux ennemis !”. Certains brandissaient des pancartes “Touche pas à Praviy Sektor !” (img.pravda.com). Ils auraient même menacé de mettre le feu au bâtiment (korrespondent.net) ! Leur chef, Dmitri Yarosh, ne s’est pas exprimé à cette occasion, mais il l’a fait ailleurs, sur un thème plus général : dans une interview accordée au média “Obozrevatiel” (L’Observateur”), il a parlé de l’éventualité d’un troisième Maïdan (obozrevatel.com). Quant aux postes de filtrage établis autour de la base de Velikomikhaïlovska, ils sont restés en place, les militaires réguliers les occupent, malgré les visites que leur ont faites Yarosch et divers commandants de détachements de Praviy Sektor (lb.ua, lb.ua). Le journal ultra nationaliste Gordon.ua s’étend sur les dessous du conflit entre Pravii Sektor et les autorités de Kiev (gordonua.com), mais n’apporte rien de probant ni d’étayer. En quelques mots, pour Gordon.ua c’est un “complot russe”.

 

 

• Acte 3 : le gouvernement ukrainien cède devant Praviy Sektor. Parubiy est venu defendre les membres de Praviy Sektor, accusant la propagande russe de vouloir diffamer les gentils benevoles de Praviy Sektor (bbc.co.uk). Du coup le parlement va passer une loi pour integrer la notion de “bénévoles” dans l’armée, avec toujours l’ami Parubiy aux manettes (pravda.com.ua). A noter que Porochenko lui-même a dû se prononcer sur l’affaire en rappelant qu’il est confiant dans la bonne marche de l’integration des bataillons de volontaires dans l’armée (bbc.co.uk). Et Dmitri Yarosh pousse son avantage en demandant/exigeant au gouvernement la légalisation des bataillons de Praviy Sektor (tribunal.today, youtube) ! Bref, Yarosh et Praviy Sektor ont un poids non négligeable ou une capacité réelle de nuisance dans la politique ukrainienne.

 

• Le Comité des mères de soldats ukrainiens publie des documents personnels sur son site, en l’accompagnant d’une courte communication qui montre que de nombreux Ukrainiens savent très bien à quoi s’en tenir par rapport à leurs dirigeants actuels: ” En raison du silence que font régner nos nouvelles autorités sur les pertes subies par les Forces armées ukrainiennes dans la guerre sanglante qui se déroule dans le sud-est, la moindre information concernant le sort de nos pères, maris et fils possède pour nous une immense valeur. Plus personne ne doute du fait que monsieur Porochenko et ses amis politiques dissimulent le nombre des tués de la zone OAT, violant ainsi eux-mêmes les droits des membres des familles de ces morts et augmentant le fardeau que représente l’attente pour ceux qui n’ont encore reçu aucune information sur le sort de leurs proches. Ceux dans la maison desquels arrivent en ce moment des convocations ont également besoin d’honnêteté de la part des militaires.

Les papiers personnels des soldats tués à Debaltsevo ont été transmis au Comité des mères de soldats ukrainiens. Nous publions ces documents sur notre site à l’intention de tous ceux qui sont préoccupés par le sort de leurs proches.

Vous pourrez voir sur leur site (materi.com.ua) les documents d’identité dont il est question, 18 listes de noms, et toute une série de lettres envoyées par le Comité à Porochenko, Poltorak, aux généraux de l’état-major pour réclamer la vérité.

 

Quelques exemples:

 

• Porochenko et la guerre. Porochenko exige des autorités locales qu’elles règlent les problèmes de réintégration, notamment professionnelles, des soldats démobilisés. “Pas un seul des rats de l’arrière n’a le droit de mépriser les combattants”, a t il déclaré (vzgliad.ru). En corollaire, il est signalé dans un très long article sur les réformes en Ukraine que la Rada a adopté, le 25 avril, une réglementation facilitant l’adoption de la nationalité ukrainienne par les soldats étrangers qui combattent dans l’armée ukrainienne (kyivpost.com).

Sur une chaîne de Tv ukie, Porochenko indique que “la guerre s’arrêtera lorsque l’Ukraine récupérera la Crimée et le Donbass”, ce qui est une déclaration peu optimiste quant à une issue pacifique au conflit (vzgliad.ru).

Porochenko, toujours lui, annonce par ailleurs qu’il prévoit un risque d’escalade militaire sous peu, peut-être dès la mi-mai, après les fêtes de la Victoire (unian.net, pravda.com.ua, ridus.ru à 10 h 10, korrespondent.net). Sachant que la plupart des violations du cessez-le-feu ont été le fait des Ukrainiens (voir plus haut le paragraphe “Une voix sensée, hélas bien isolée”, lundi 26 avril), on peut imaginer qu’il est au courant et sait ce dont il parle. De son côté, Bassourine, le représentant officiel de la DNR, déclare que Kiev a l’intention d’organiser d’énormes provocations les 8 et 9 mai et d’en accuser la DNR (vz.ru)…

 

• Effet boomerang de la désoviévétisation à outrance. Des députés de Lvov, dans l’extrême ouest de l’Ukraine, demandent à la Rada de dénoncer le Traité d’amitié, de coopération et de partenariat de 1997 entre la Russie et l’Ukraine (oblrada.lviv.ua) appelé plus communément “Grand traité” (ridi.org) qui entre autre établissait les relations entre ces deux pays “sur la base du respect mutuel, de l’égalité souveraine, de l’intégrité territoriale, de l’inviolabilité des frontières, du règlement pacifique des litiges, du non-recours à la force ni à la menace par la force, y compris par des moyens de pression économiques ou autres” (sputniknews). Logique, les deux pays ne sont pas/plus amis, voire même ennemis, donc le grand traité d’amitié n’a plus lieu d’être . Sauf que, petit détail insignifiant, ce traité établissait des frontières entre les deux états et que le dénoncer leur ôteraient du coup toute légitité juridique et interdirait à l’Ukraine tout recours international…comme le fait remarquer Kiev, en traitant d’idiots les députés en question (politnavigator.net).

 

 

JEUDI 30 AVRIL 2015

• Explosion devant un bureau de la milice à Lvov. Il n’y a eu aucun blessé, presque pas de dégâts matériels, mais c’est quand-même un signe. (ukrinform.ua).

 

• Le Parti Communiste Ukrainien annonce qu’il fera un meeting à Kiev le 1er mai. Déclaration faite par le leader du PCU (Parti communiste ukrainien) , Petr Simonenko, dans une lettre ouverte au gouvernement (lb.ua).

 

• Les Etats-Unis ont passé une loi pour la fourniture de 200 millions de dollars d’armes létales à Kiev. La proposition a été émise par le républicain MacThornberry dans le cadre du National Defense Authorization Act for 2016 (abcnews.go.com). Ce jeudi 30 avril, cette “aide” a été approuvée par 60 voix contre 2 (armedservices.house.gov).

 

• Israël veut aider l’Ukraine. Annonce faite par l’ambassadeur d’Israël en Ukraine, Eliyav Belotserkovskiy : Israël propose d’aider l’Ukraine sous la forme d’un centre de rééducation pour les victimes de blessures par armes à feu (kp.ru).

 

• Les chaines de télévision russes seront remplacées par des chaines érotiques. Le président du Conseil national de l’Ukraine sur la télévision et la radiodiffusion, Yuriy Artemenko, a déclaré à RBK-Ukraina, que des discussions étaient en cours pour accueillir des “chaines érotiques, mais pas pornographiques”, sur les canaux vacants suite à l’interdiction des chaines russes (rusvesna.su).

Pour rappel, le 25 mars 2014, un tribunal de Kiev avait ordonné que 443 des 703 émetteurs d’Ukraine arrêtent la diffusion des quatre principales chaines russes : Pervuy Kanal, RTR-Planeta, Russia-24, et NTV-World (lefigaro.fr et voiceofrussia.com). Pervuy Kanal est l’équivalent de TF1 ou France2, à la fois par son ancienneté, sa popularité, et le genre d’émissions qu’elle diffuse : émissions de variétés comparables à celles de Michel Drucker ou de Patrick Sébastien, la Fabrique des étoiles qui est la version russe de la Star Academy, Fort Boyard en russe, des séries policières, des séries romantiques, des émissions sur la santé, le bricolage, et un journal d’informations d’une vingtaine de minutes qui ressemble beaucoup à nos journaux télévisés. Il y a aussi l’émission KVN qui existe depuis plus de 50 ans, et met en compétition des équipes d’étudiants dans toute une série d’épreuves musicales, de sketches humoristiques sur l’actualité ou sur la vie quotidienne. Un certain nombre de participants y ont gagné leurs galons de vedettes, par exemple Maxim Galkine – le Laurent Gerra russe-, Mikhaïl Galoustian. Y participaient également des équipes d’Ukraine, d’Abkhazie, du Daghestan, d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Géorgie, des Pays Baltes. Le PDG de Piervuy Kanal, Konstantin Ernst, a fait partie de la toute première “charrette” de personnalités russes “sanctionnées” par les mesures occidentales. Pervuy Kanal était une chaine très regardée en Ukraine, même à l’ouest, notamment par les retraités qui sont nombreux puisque beaucoup de jeunes ont émigré pour trouver du travail. Russia 24 et NTV sont des chaines d’information en continue comme BFM, LCI, ou CNN.

Le 9 septembre 2014, la censure des télévisions russes s’était amplifiée avec l’interdiction totale de diffusion de 15 chaînes russes (rusvesna.su). En revanche, Voice of America, Fox News, CNN, et la BBC sont bien sûr les bienvenues sur les ondes.

Enfin, le 20 février 2015, Porochenko a signé un décret permettant de bloquer tous les médias indésirables (vesti.ru).

 

• Klitschko, étoile montante de la politique ukrainienne ? Le média “Obozrevatiel” publie ce jeudi 30 avril un article sur le maire de Kiev intitulé ” Aux USA, on considère Klitschko comme un politicien ukrainien d’avenir.” (obozrevatel.com). Klitschko a fait un voyage aux USA du 24 au 28 avril et a rencontré là-bas des personnalités comme Victoria Nuland (Fuck EU) et le sénateur d’Arizona et lobbyist de l’Ukraine John McCain. Il a, de plus passé deux heures avec le vice-président Joe Biden. Tout cela signifie que Vitali Klitschko est l’objet d’une certaine attention à la Maison Blanche et au sénat américain. “Il est l’une des rares personnes du pays à être en contact téléphonique permanent avec les centres de décision de Washington” écrit l’expert Nikolaï Volgov que cite Єдність.інфо (ednist.info). On peut voir là, un nouveau casting américain pour remplacer des poulains quelque peu usés comme Yatseniouk, Porochenko ou Tourchinov. Le tout est de savoir si Klitschko, ancien boxeur poids lourd, aura plus de finesse et de charisme que ses prédécesseurs… Pas sûr sûr, vu qu’en janvier 2015, ce même Klitschko avait affirmé aux habitants de Kiev que l’eau verte qui coulait des robinets “avait passé tous les tests et était saine” (news.rin.ru) alors que plus de soixante personnes avaient été intoxiquées (acsimed.ru)…

L’idée d’une ascension de Klitschko ne plait pas à tout le monde. Le Kyiv Post reprend par exemple un article de Radio Free Europe sur l’implication de Klitchko dans un gros projet immobilier illégal ą Kiev (rferl.org via kyivpost.com).

 

 

• Un petit coup d’oeil sur l’économie ukrainienne. La “Pravda” ukrainienne (pravda.com.ua) cite l’article d’un média américain qui évalue l’économie ukrainienne comme l’une des pires du monde (eastkorr.net) et publie un graphique éloquent (en anglais) : pbs.twimg.com . Dans ce graphique, la Russie n’est qu’à deux places de l’Ukraine, mais cela est dû en grande partie aux sanctions décrétées par les USA et l’UE. L’Ukraine, elle, est arrivée toute seule à ce niveau lamentable, et ce malgré les milliards de dollars et d’euros d’aide qui lui sont accordés – et le seront vraisemblablement encore – par les USA, le FMI, l’UE… mais jusqu’à quand ? Un autre média, autrichien celui-là, “Die Presse”, écrit justement à ce propos que “la patience des bailleurs de fonds va bientôt se tarir” (diepresse.com).

Ensuite, la Banque mondiale pronostique une nouvelle chute de l’économie ukrainienne (glagol.su) : “La Banque mondiale a évalué la chute du PIB en 2014 à 6,8% et a aggravé son pronostic concernant la chute de l’économie ukrainienne en 2015, passant de 2,3% en janvier à 7,5%“, a communiqué le directeur de la Banque mondiale pour l’Ukraine, le Bélarus et la Moldavie, Qimiao Fan (worldbank.org) Le contenu en français rédigé par AFP a été publié… en Suisse (romandie.com).

 

• La Fête de la Victoire du 9 mai sera pleine de couleurs, en Ukraine. Porochenko a ajouté un symbole fort à celui du drapeau ukrainien : le drapeau rouge-noir de “Praviy Sektor”, l’organisation ultra nationaliste ukrainienne, interdite en Russie (president.gov.ua) : “Porochenko a confirmé le drapeau bandériste comme symbole du 9 mai. “C’est très bien que cette année, l’Ukraine soit ornée des couleurs rouge-noires, et nous fêterons le 9 mai en honorant et vénérant ces vétérans qui ont vécu jusqu’au 70ème anniversaire de la Victoire de la Seconde Guerre Mondiale, et aussi les vétérans de notre Guerre patriotique de 2014-2015, parce que c’est la seule Guerre patriotique dans laquelle nous protégeons notre Patrie contre l’agresseur”.

 

• Approcherait-on de la vérité sur le MH 17 ? Lors d’un communiqué, Edouard Bassourine, porte-parole du ministère de la défense de la République Populaire de Donetsk, a révélé qu’au cours de l’analyse de documents pris aux soldats ukrainiens, une carte datant de juillet 2014 la mention d’une position de batteries de missiles BUK a été dcouverte : “C’est une carte de travail du commandant du 1er bataillon de la 95éme brigade aéroportée, qui est datée du début du mois de juillet. Le plus remarquable est la mention de la position de départ de batteries de missiles moyenne portée “BUK“. ” (dan-news.info).

Photo de la carte en question

 

Rappelons qu’à plusieurs reprises, les volontaires des RPD et LNR ont eu l’occasion de saisir des documents divers (cartes, ordres confidentiels, listes d’effectifs etc…) abandonnés par des officiers des Forces Armées Ukrainiennes. Ce fut notamment le cas lors des combats pour Debaltsevo, en février 2015. Le site Ridus.ru avait mis en ligne (ridus.ru à 14 h 40) une vidéo dans laquelle on découvre un poste de commandement ukrainien entier, abandonné tel quel quand ses occupants se sont enfuis (youtube). La carte dont nous parlons plus haut provient peut-être de ce poste de commandement…

 

 

VENDREDI 1er MAI 2015

• Premier mai (relativement) calme en Ukraine.

A Kiev, les communistes de Kiev avaient annoncé qu’ils feraient aujourd’hui, au Musée de la Grande guerre patriotique, une manifestation festive et joyeuse. Déclaration faite par le leader du PCU (Parti communiste ukrainien), Petr Simonenko, dans une lettre ouverte au gouvernement (lb.ua). Le rassemblement a réuni quelque 1000 personnes. Les miliciens ont arrêté en tout 15 personnes (112.ua). Il s’agirait de membres de “Svoboda” que la milice a empêchés de pénétrer dans le musée, alors qu’elle laissait passer les visiteurs “normaux” (unian.net). Unian précise que “L’arrestation a été agressive, les miliciens ont blessé l’un des participants à la tête, le sang a coulé” rapporte Unian (unian.net). Un milicien a même été blessé, il a dû être hospitalisé (korrespondent.net). Le leader du PCU, Petr Simonenko, a été aspergé de kéfir par un “svobodiste” au moment où il allait répondre aux questions des journalistes. Pourquoi du kéfir ? Bonne question.

Autre trouble à Kiev: (youtube) Des jeunes gens qui se désignent eux-mêmes comme “nationalistes autonomes” ont attaqué un groupe d’anarchistes qui revenaient à Kiev, de retour de leur meeting à Podola. Ensuite, quand la milice a arrêté plusieurs des attaquants, une voiture portant des autocollants “Praviy Sektor” est arrivée et a réussi à enlever leurs camarades des mains des miliciens.

 

A Lvov, les “Praviy Sektor” ont essayé de perturber un rassemblement des anti-fascistes (une centaines de membres du mouvement “Opposition autonome”), mais cela s’est relativement bien passé (ridus.ru à 18 h 49): les miliciens ont encadré toute la manifestation et fait en sorte que les membres de chacun des groupes ne puissent pas s’approcher de l’autre groupe. Il n’y a pas eu de heurts.

A Odessa, les communistes ont fait leur manifestation (unian.net), ils ont même brandi des drapeaux rouges avec la faucille et le marteau, quelques uns avec l’inscription “CCCP”, des portraits de Lénine, une grande banderole avec “Non à l’augmentation des prix” et “Non au génocide tarifé”. Il y avait même des rubans de Saint-George accrochés à certains des drapeaux. Voyant cela, les nationalistes se sont plaints aux miliciens. Ceux-ci ont demandé qu’on enlève les rubans, ce qui a été fait.

On ne ne plaisante pas avec cela, à Odessa : un milicien a été surpris par des radicaux de Praviy Sektor alors qu’il avait dans sa voiture un drapeau russe et un ruban de Saint-Georges. Il a été renvoyé de la milice (kp.ua)

A Tchernigov, la manifestation des communistes a rassemblé environ 70 personnes, relativement âgées. (unian.net).

A Lougansk, a eu lieu “le plus grand défilé du premier mai depuis la fin de l’URSS” selon la video de l’événement (youtube via fortruss).

Quant aux soldats du bataillon “Aïdar”, ils ont fêté le 1er mai à leur manière en faisant tomber au sol un buste de Lénine dans une localité de l’oblast de Lougansk sous contrôle ukrainien.

 

• Des soldats du bataillon Azov ont pris le contrôle d’un poste d’observation de l’OSCE à Shirokino. “On 1 May approximately seven members of the Azov volunteer battalion took over an SMM observation point 4km north-west of Shyrokyne. Despite being informed that the place was regularly used by the SMM and despite subsequent intervention on the part of Ukrainian Armed Forces officers from the Joint Centre for Control and Co-ordination (JCCC), the members of the battalion refused to vacate the position.” rapporte l’OSCE dans son rapport du 2 mai (osce.org, sputniknews).

• Interview de la personne la plus recherchée d’Odessa : Alena Babinina dite “Viper”. Le SBU la considère comme le chef des terroristes de la ville (fortruss).

• L’Ukraine réclame 16 milliards de dollars à Gazprom. C’est le dernier épisode de la guerre judiciaire qui oppose l’Ukraine et Gazprom au sujet de prix du gaz du contrat décennal signé entre les deux parties en 2009 (challenges.fr). A priori, légalement, il n’y a aucune chance que l’Ukraine ait gain de cause. Cependant l’opposition entre les USA et la Russie “perturbent le déroulement serein des débats”.

 

 

SAMEDI 2 MAI 2015

• Le mois commence mal pour les Ukrainiens: à partir du 1er mai, les tarifs de la poste augmentent de 19,5%. C’est ce que l’on appelle un “prix psychologique” (unn.com.ua).

 

• En Crimée, arrestation d’un soldat du bataillon “Azov” soupçonné de préparer un acte terroriste. C’est OukraïnskaYa Pravda qui l’annonce (donc un média très pro Kiev), il ne peut donc s’agir de propagande russe (pravda.com.ua). Le vocabulaire employé par le journal ne laisse aucun doute là-dessus, il est question des “forces des autorités d’occupation” et d’une “soi-disant procureure de Crimée Natalia Pokonskaïa”. L’info est reprise par Russia Insider (russia-insider.com).

 

• Tout un symbole: Donetsk a repris son nom russe. C’est assez subtil pour un non russophone. Donetsk s’écrit Донецьк en ukrainien et Донецк en russe (vk.com), d’où le “ь” au sol sur la photo ! A leur tour, les emblèmes ukrainiens subissent une “lustration” en Novorussie…

 

• Collection de 12 clips officiels ukrainiens commémorant la victoire en Europe. (youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube, youtube). En voila 3 comme exemples…

 

• Angela Merkel n’ira pas à Moscou le 9 mai, mais elle y sera le 10, annonce “Novaïa Gazeta” (novayagazeta.ru). Un voyage “très important”, souligne-t-elle. Il est vrai qu’on ne l’a plus trop entendue depuis les accords de Minsk, peut-être a-t-elle des choses nouvelles à dire ? Nous qui avons toujours cru les Allemands très ponctuels, voilà qu’elle arrive avec une journée de retard. Les usages se perdent…

 

 

DIMANCHE 3 MAI 2015

Bombardements à l’artillerie lourde de quartiers d’habitation à Donetsk la nuit dernière . Donetsk a été bombardée à l’artillerie lourde de 122 et 152 mm une partie de la nuit dernière, affirment les séparatistes (ridus.ru à 01 h 08), vidéos à l’appui (youtube et youtube, youtube).

Ces tirs à l’arme lourde ne sont pas seulement une nouvelle rupture du cessez-le-feu, mais aussi une remise en question d’un des rares points du protocole de MInsk 2 ayant été mené à bien, c’est à dire le retrait des armes lourdes de la ligne de front. Il n’est donc pas étonnant que cela ait suscité une réaction de Sergueï Lavrov en personne, qui a appelé l’OSCE pour lui demander d’exiger de Kiev que les tirs cessent (tass.ru, rt.com). Ivan Prikhodko, directeur de l’administration des quartiers Kievski et Kouibishevski de Donetsk (novorosinform.org) fait état de dégâts importants et d’incendies dans plusieurs rues, citant avec précision les adresses concernées (novorosinform.org) : Rue de la Zoologie, n° 21 et 29, Rue Napaev, n° 2, Rue des Partisans n° 31a, 37b, 70, 66a etc. Vidéo de NTV (en russe, non sous-titrée, mais les images sont parlantes (youtube). Heureusement, il n’y a eu personne de tué, mais plusieurs soldats de RPD/DNR ont été blessés. En revanche, à Marinka (oblast de Donetsk), un habitant a été tué.

Le calibre des projectiles tirés (120 – 122 mm) prouve que les FAU utilisent de l’artillerie lourde. En outre, Dmitri Stechine, correspondant de Komsomolskaïa Pravda, rapporte que selon les spécialistes du ministère de la défense de RPD/DNR, certains obus tirés étaient d’un calibre que les armées russe et ukrainienne, issues de l’ex-URSS, ne possèdent pas (ni les armes capables de les tirer): “По данным МО город обстреливали из артсистем западного производства. Действительно,необычный звук выстрела и разрыва,скорость перезарядки.” : “D’après les données du ministère de la défense, la ville a été bombardée à l’aide de systèmes de production occidentale. Les sons du départ de tir et de l’explosion ainsi que la vitesse de rechargement sont différents 8:55 AM – 3 мая 2015 “. Dans un autre tweet, Stechin rapporte l’avis des habitants qui ont eu la malchance de recevoir un obus dans leur maison: ils ont remarqué des nouveautés : “un bruit très sec lors de l’explosion, et puis ils ne déclenchent pas d’incendie comme d’habitude.” (ridus.ru à 17 h 51)

 

• “Tribunal”, la riposte de Donetsk à Mirotvorets”. Depuis mars, la RPD/DNR (République populaire de Donetsk /Donetsk National Republic) possède un site nommé “Tribunal” (tribunal.today), site qui semble beaucoup inquiéter les nationalistes, fascistes, les soldats de l’OAT (Opération anti-terroriste) et autres “karatiéli” (“répresseurs”). Il publie une page sur le réseau social “VKontakt” (vk.com). Le site est organisé de la façon suivante: une colonne, à gauche sur la page d’accueil, permet de filtrer les informations selon le lieu géographique. Ensuite, un bandeau propose les divisions suivantes: Page d’accueil / Citer devant le tribunal (on trouve sur la page un formulaire permettant de communiquer les informations concernant une personne que l’on sait être particulièrement néfaste) / Crimes (on peut y retrouver tous les faits marquants: bombardements meurtriers pour les civils, enfants tués, etc…) / Informations importantes / Evénements tragiques / Le projet.

Sur la page publique Vkontakt, comme sur tous les réseaux sociaux, il y a un mélange de moquerie, de plaisanterie et de sérieux, voire d’agressivité. On y apprend certains noms gentils donnés aux néos-nazis de Kiev : “faschingtoniens”, aux Américains (“pindossi”), on y lit des commentaires pertinents, idiots ou violents, voit des photos et caricatures des médias occidentaux (vk.me), bref un réseau social militant. On y trouve également un texte qui se rapporte à une de nos news (Klitschko, étoile montante de la politique ukrainienne ? le 30 avril): “Госдеп готовит замену Порошенко. США готовит нового президента для Украины, который будет жёстким диктатором. По мнению США, Порошенко не справляется с ситуацией на Украине.” “Le département d’état prépare le remplacement de Porochenko. Les USA préparent un nouveau président pour l’Ukraine, qui sera un dictateur dur. Selon les USA, Porochenko n’est pas à la mesure de la situation qui sévit en Ukraine”.

Comme on l’aura compris, la DNR utilise donc les mêmes armes que l’adversaire. Toutefois, il existe une différence notable : même si le site existe depuis mars, personne, du côté des gens nommés dans ses pages, n’a été assassiné comme l’ont été Kalachnikov et Bouzina. On objectera sans doute qu’il est plus facile de tuer par surprise un journaliste désarmé qui rentre chez lui qu’un “karatiel” armé d’un gros flingue et entraîné à la guerre, voire à la guérilla. C’est évident, mais surtout, ce n’est pas le but poursuivi par ce site, qui vise plutôt le moment où ces gens-là pourront être, réellement et légalement, traînés devant un tribunal, jugés et condamnés, et non pas “liquidés”.

 

• Prise de position officielle de l’Italie. Le Ministre des Affaires Etrangères italien appelle l’Ukraine à donner son autonomie au Donbass : “L’italie soutient l’Ukraine, mais les autorités ukrainiennes doivent mener à bien les nécessaires réformes économiques et constitutionelles dont le fait d’accorder l’autonomie au Donbass”. Paolo Gentiloni sera à Kiev le 5 mai (lastampa.it via lenta.ru, sputniknews).

Détail intéressant, le titre de l’article de la Stampa est “L’Italia non può chiudere le porte alla Russia” “L’Italie ne doit pas fermer la porte à la Russie”. Le rapprochement entre la déclaration sur l’autonomie du Donbass et ce titre est très révélateur…

Une autre nouvelle risque de compliquer de très hypothétiques accords quant à cette autonomie. La LNR/RPL (république de Lougansk) envisage de commencer à fournir dès ce mois-ci à ses administrés des passeports (http://tribunal.today/upload/resize_cache/iblock/b50/302_302_2/b501dcdc5781cd1d00933ec333ebbd8f.jpg).

 

• Nouvelles du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine (SNBO). Il fait tout d’abord fait état de menaces d’attentat sur la conduite de transport d’ammoniac “Tolyatti – Odessa” venant de Russie et traversant tous les oblasts ukrainiens du sud jusqu’à Odessa dont le SNBO, selon un media russe, serait l’instigateur (news-front.info).

Ensuite, Andreï Lissenko, porte-parole du Centre d’analyses et d’information du SNBO a déclaré que les “boïéviki” (les soldats, mais cela s’approche plutôt de “soudards”. C’est la désignation officielle des combattants de DNR/RPD et LNR/RPL, vus du côté ukrainien) prévoient de créer à la frontière russo-ukrainienne des marchés de contrebande (112.ua). “En particulier, les leaders des bandes armées de la “DNR” sont en train de mettre en place ce qu’ils appellent ” un concept de développement de marchés de gros pour une coopération commerciale avec les producteurs russes. Ces marchés, sur lesquels des marchandises de contrebande venant de Russie seront amenées illégalement, les bandits envisagent e les déployer sur la ligne de la frontière russo-ukrainienne qui se trouve provisoirement sous contrôle des “soudards”. En particulier, cela concerne les postes-frontière “Ouspienka – Matveev Kourgan” et “Novoazovsk-Veceloïé-Voznesenka”. Le lecteur appréciera le vocabulaire spécifique : bandits, contrebande, soudards.

Avec le cessez-le-feu, tout bancal qu’il soit, Lissenko n’avait plus trop de raisons de venir au premier plan dans les nouvelles. Mais le voici qui reprend du service, ce qui n’est pas du tout bon signe. Il représente en effet le niveau de la propagande basique, celle qui impressionne les esprits simples et pas trop curieux. Et la plus efficace, malheureusement, celle qui fait prendre les armes à ceux qui croient pouvoir devenir des héros. Lissenko est capable de vous faire voir des colonnes entières de chars russes dans la plaine la plus vide qui soit…

 

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-07-05-2015/


Les technocrates occidentaux créeront une sorte de fascisme mondial, appuyé bien sûr sur les valeurs occidentales, par Robert Buron

Thursday 7 May 2015 at 01:38

Je ne résiste pas à vous mettre aussi ce texte de Robert Buron, ministre de Mendès et de de Gaulle, sachant que c’était un socialiste créateur du mouvement européen socialiste et qu’il a initié avec Edgar Morin, Henri Laborit et Jacques Robin le Groupe des Dix auquel Michel Rocard et l’économiste René Passet (« l’économique et le Vivant », introuvable…) ont participé.

Sa notice Wikipedia est ici

Extrait de son dernier livre, Pourquoi je vis : par goût de la vie,

Reconnaître les autres civilisations, les accepter, c’est donc vouloir vivre avec elles, dans une relation d’égalité. Mais une civilisation qui, à un moment donné de l’histoire, devient dominante, a besoin pour se conserver de toujours dominer davantage. Alors est brisée toute idée de solidarité ? Peut-on lutter contre cela ?

Là, ma réponse est, hélas, d’un terrible pessimisme :

a) Je suis convaincu que la paix et l’équilibre du monde ne sont possibles que dans la coexistence de valeurs de civilisation différentes et harmonisées les unes avec les autres pour permettre une organisation planétaire valable.

b) Je suis sûr, comme vous, que les civilisations les plus puissantes, techniquement et militairement, imposeront leurs valeurs aux autres.

c) J’en conclus que le monde finira dans une catastrophe.

d) Comme je n’aime pas l’idée de catastrophe, que j’ai le goût de la vie, et que tout ce qui bloque la vie est pour moi le mal et l’ennemi, je lutterai tant que je pourrai contre ce qui me paraît inéluctable. Je suis très pessimiste. Je suis persuadé que les technocrates occidentaux créeront une sorte de fascisme mondial, appuyé bien sûr sur les valeurs occidentales.

Seulement je lutterai de toutes mes forces contre ces technocrates.

Si on considère en effet métaphysiquement que quelque chose est mal, peu importe ce qu’on trouve rationnellement indispensable, il faut lutter contre ce qui tue la vie, parce que sans ça je me tue moi-même. La seule petite chance, c’est de faire prendre conscience aux gens que le système de domination d’une civilisation sur une autre est contraire à l’évolution de la vie, que par conséquent ils se suicident. Ils ne suicident peut-être pas le « contenant», mais ils suicident le « contenu », ce qui est beaucoup plus grave.

 Mais que faudrait-il faire pour que cela change?

Quel avenir voyez-vous pour les pays du Tiers Monde?

Que faire en 1973 ?

1. Généraliser l’information. Il faut étudier, connaître, comprendre, aimer les autres, et puis ensuite les faire étudier, connaître, comprendre, aimer le plus largement possible au sein de notre groupe occidental et européen.

2. Agir sur notre plan pour un monde établi sur des bases socialistes, acceptant la coexistence des civilisations.

Cela commence au «ras du bitume». Il faut accepter « l’autre », lui donner sa place dans la commune et ne jamais vouloir imposer sa conception. « La droite vit d’imposer, a dit Alain, et la gauche de convaincre.» Progresser, c’est convaincre et, comme le formulait Jaurès, « en partant du réel pour aller à l’idéal». Cela est vrai au niveau de la commune, de la région, de la nation, d’un groupe d’Etats, du monde enfin.

C’est en généralisant l’état d’esprit fédéraliste qu’on rendra possible un monde fédéraliste où la solidarité jouera à plein sans dominants ni dominés.

3. S’engager sur tous les plans pour nos amis du Tiers Monde.

Cela veut dire accueillir ici les étudiants et travailleurs migrants, les aimer et les aider. Cela veut dire lutter contre nos vieilles structures égoïstes, le libéralisme économique, un système monétaire fondé sur l’or ou le dollar, etc., qui les oppriment du seul fait de leur contenu.

Nous ne pouvons les aider à faire leur révolution qu’en faisant la nôtre.

Merci à David pour la source

Source: http://www.les-crises.fr/les-technocrates-occidentaux-creeront-une-sorte-de-fascisme-mondial/


[ça se précise] Loi sur le renseignement : les bugs du big data

Thursday 7 May 2015 at 00:24

Dans les serveurs d'une entreprise de stockage de données, à Pantin (Seine-Saint-Denis), en juillet 2014.

Dans les serveurs d’une entreprise de stockage de données, à Pantin (Seine-Saint-Denis), en juillet 2014. (Photo Martin Bureau. AFP)

Contre les attentats de demain, croire que les scénarios de ceux d’hier seront utiles, c’est comme «chercher une aiguille dans une botte de foin alors que la couleur et la forme de l’aiguille ne cessent de changer».

«Les groupes ou les individus engagés dans des opérations terroristes ont des comportements numériques caractéristiques» : c’est ainsi que Bernard Cazeneuve justifie son projet de «boîtes noires» chargées de passer à la moulinette les moindres de nos pérégrinations numériques. L’argument du ministre n’est qu’un vulgaire copié-collé d’un discours élaboré il y a près de quinze ans par l’administration Bush, et largement réfuté depuis. Que cette thèse puisse jouir de la moindre crédibilité à l’Assemblée nationale, qui examine, cette semaine, le projet de loi sur le renseignement, trahit l’ignorance des députés en la matière. Ils devraient pourtant avoir la puce à l’oreille : même le très centriste New York Times leur conseille, dans un éditorial solennel, de ne pas tomber dans les mêmes ornières.

Tout a commencé après le 11-Septembre avec un programme de la Darpa (1) intitulé «Total Information Awareness» – l’ancêtre des dispositifs de surveillance actuels de la NSA. Le présupposé était le même que celui du ministre de l’Intérieur français : on allait passer au crible une immense masse de données à la recherche de «signatures de comportement terroriste». Exemple : si Bill et Ted habitent à la même adresse, louent un camion, se rendent sur un lieu sensible et achètent de l’engrais à base de nitrate d’ammonium (dont on sait qu’il peut servir à faire pousser des patates, mais aussi à confectionner une bombe artisanale), alors, ils se mettent à présenter un motif comportemental suspect, et l’algorithme sonne l’alerte. L’un des soucis, cependant, comme le fit remarquer à l’époque un expert dubitatif lors d’une audition parlementaire, c’est qu’un profil, ainsi défini, aboutirait illico à placer sur une liste des suspects, non seulement de possibles émules de Timothy McVeigh (2), mais aussi la plupart des agriculteurs du Nebraska, qui, eux aussi, assez souvent, habitent une même ferme, achètent de l’engrais et louent des camions.

Bernard Cazeneuve justifie son programme de surveillance de masse par analogie avec le data mining commercial – en faisant mine, au passage, d’oublier que les autorités étatiques sont dotées de pouvoirs autrement plus intrusifs que celui de nous envoyer le genre de publicités ciblées qui peuplent nos boîtes de spam. Sauf que, comme l’expliquait, en 2006, une note du think tank conservateur Cato Institute : «Lorsqu’on recourt au data mining pour repérer des cas d’usurpation d’identité ou de fraude bancaire à la carte de crédit, on se fonde sur des modèles construits à partir de plusieurs milliers d’exemples connus annuellement. Or, le terrorisme ne présente pas d’indices statistiques similaires.» Le phénomène, autrement dit, ne présente pas la fréquence nécessaire pour en extraire un modèle significatif.

Sans compter qu’il y a très peu de chance pour que les attentats de demain présentent les mêmes modes opératoires que ceux d’hier. Alors que les méthodes automatisées de détection préventive procèdent, pour leur traitement du futur, par induction à partir d’un passé connu, le principe de ces actions asymétriques est, au contraire, la surprise, la non-reproduction des scénarios répertoriés. Comme le résume le juriste américain Jeffrey Rosen, c’est comme vouloir «chercher une aiguille dans une botte de foin alors que la couleur et la forme de l’aiguille ne cessent de changer».

VINGT-SEPT MILLIONS DE COMPLOTS POTENTIELS

Même à supposer que le «terrorisme» présente des signatures repérables par data mining – ce qui est pour le moins hasardeux –, pareil système va engendrer pléthore de suspects, dont une écrasante majorité de fausses pistes – et ceci par millions. Le spécialiste en cryptologie Bruce Schneier a fait le calcul : en admettant que «le système ait un taux de faux positifs de 1 sur 100, […] étant donné mille milliards d’indicateurs potentiels à passer au crible – un nombre qui correspond à dix événements (emails, achats, navigation web) par Américain et par jour – et en admettant que 10 de ces événements correspondent effectivement à des préparatifs terroristes, alors, un tel système (sachant qu’il serait, avec les paramètres que nous admettons ici, d’une précision parfaitement irréaliste) n’en générerait pas moins de un milliard de fausses alarmes pour chaque complot terroriste effectivement découvert. Chaque jour de chaque année, la police aurait à mener l’enquête sur 27 millions de complots potentiels afin de découvrir l’unique complot terroriste réel par mois».

De l’aveu même de certains spécialistes américains, la méthode comporte, en outre, des failles évidentes au plan tactique : «Un individu terroriste pourrait s’abstenir d’émettre ou de recevoir des messages électroniques, des appels téléphoniques ou des transactions financières avec d’autres terroristes. Une autre possibilité est qu’un individu s’efforce consciemment de réduire son degré d’homophilie sociale, de sorte à produire du “bruit” dans les relevés électroniques afin d’escamoter l’existence d’un groupe déterminé. […]. Ce problème constitue un obstacle d’importance pour à peu près tout système de surveillance informationnelle.» Or, si de tels systèmes peuvent être mis en échec par des précautions de cet ordre, à la portée de tout groupuscule averti, ceux-ci ne seront alors, contrairement à l’objectif affiché, paradoxalement mobilisables que contre des individus ou des groupes dont les activités, pour être en partie privées ou discrètes, n’en sont pas pour autant activement clandestines.

CONTRÔLE SOCIAL

En juin 2013, le directeur de la NSA assura que les programmes de surveillance des télécommunications avaient permis de déjouer des douzaines de «complots terroristes». En octobre, il révisa son estimation à la baisse, évoquant 13 «événements» en rapport avec le territoire américain, avant d’admettre que le nombre de menaces étouffées dans l’œuf par le programme de collecte des métadonnées téléphoniques se montait à une ou peut-être deux. En fin de compte, ne resta qu’un seul complot à avoir été déjoué par plus de dix ans de collecte massive de fadettes téléphoniques : un habitant de San Diego arrêté pour avoir envoyé 8 500 dollars à un groupe militant somalien.

Contrairement au discours officiel, qui les a légitimés, ces instruments sont de très piètres moyens de «détection antiterroriste». Récemment, dans l’entre-soi d’un think tank de Washington, un ex-directeur de la NSA, Michael Hayden, fit cette confidence : «Je crois que nos dirigeants ont beaucoup trop cherché à justifier les activités de la NSA sur une base étroitement antiterroriste. Une telle justification est tout simplement inadéquate au regard de ce que font les Etats-Unis. Nous avons beaucoup d’autres motivations […] liées à la souveraineté étatique.» Edward Snowden, de son côté, ne dit pas autre chose : «Ces programmes n’ont jamais été conçus en réaction au terrorisme : il s’agit d’espionnage économique, de contrôle social, et de manipulation diplomatique. C’est une question de pouvoir.»

Grégoire Chamayou est l’auteur de «Théorie du drone», la Fabrique, 2013.

(1) Agence pour les projets de recherche avancée de défense (Darpa).

(2) Auteur de l’attentat d’Oklahoma City, le 19 avril 1995, qui a fait 168 morts.

Source : Libération, le 14 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/ca-se-precise-loi-sur-le-renseignement-les-bugs-du-big-data/


Le New York Times « se borne à réécrire tout ce que disent les autorités de Kiev » : Stephen F. Cohen sur l’histoire USA/Russie/Ukraine que les médias ne veulent pas vous raconter

Thursday 7 May 2015 at 00:01

Il y a une histoire alternative des relations avec les russes que nous n’entendons pas. L’historien Stephen Cohen la raconte ici.

Mikhaïl Gorbatchev, Boris Elstine, Vladimir Poutine (Crédit : AP/Boris Yurchenko/Alexander Zemlianichenko)Commenter dans un éditorial la façon dont Washington détruit – de façon absurde et sans aucune vision prospective – ses relations avec Moscou alors que la crise ukrainienne continue péniblement sa route chaotique est une chose. Mais c’en est une toute autre, comme le souligne ce long échange avec Stephen F. Cohen, que d’être témoin de la marginalisation de vérités délivrées au cours de toute une carrière honorable d’érudit, au profit de subterfuges illégitimes, d’une fièvre guerrière qui n’a guère à envier à celle de la presse mainstream, et de ce que Cohen dénonce comme l’une des expansions les plus incompréhensibles dans l’histoire d’une sphère d’influence – celle de l’OTAN.Cohen est, à tous égards, un remarquable spécialiste de la Russie. Quand il enseignait à Princeton et à l’université de New York, il a écrit sur les années de la révolution (« Boukharine et la Révolution bolchévique », 1973), sur l’ère soviétique (« Repenser l’expérience soviétique », 1985) et, de manière polémique, mais émouvante, et toujours avec un regard lucide, sur les décennies post-soviétiques (« Une croisade manquée : l’Amérique et la Tragédie de la Russie Post-Communiste », 2000 ; « Destins soviétiques et alternatives manquées », 2009). « Le Retour des victimes : Survivants du Goulag après Staline », 2010, est un travail singulièrement humain, qui utilise des méthodes académiques pour relater les histoires des anciens prisonniers qui errent comme des fantômes dans la Russie post-soviétique. « En fait, je n’arrivais jamais à me défaire de la désagréable impression d’un travail inachevé et d’obligations non tenues, explique Cohen dans le premier chapitre, alors même que de moins en moins des victimes que j’avais connues étaient encore en vie. »S’il fallait décrire la force et la valeur du travail de Cohen en une seule phrase, ce serait celle-ci : une insistance obstinée sur l’importance de se référer à l’histoire pour comprendre le monde moderne. On pourrait estimer qu’il s’agit d’un projet admirable, mais il a placé Cohen au cœur de la controverse intellectuelle depuis le coup d’état soutenu par les États-Unis à Kiev, l’année dernière. Dire qu’il est aujourd’hui blackboulé ou sur liste noire – des termes que Cohen n’aime pas – est exagéré. Disons qu’une place parmi les nombreux prophètes non écoutés d’Amérique peut lui être réservée.

Personne ne sera surpris d’apprendre que le Ministère de l’Oubli, également connu sous le nom de département d’état, rejette la perspective de Cohen sur l’Ukraine et les relations avec la Russie : il apporte trop d’éléments de causalité et de responsabilité à l’affaire. Mais quand de savants confrères le traitent « d’apologiste de Poutine », on prend peur à l’idée d’un retour à l’ère McCarthy. En ce moment, des idéologues obéissants ont transformé le débat en jeu de massacre.

Cohen, qui, à 76 ans, affiche une vivacité d’esprit et une mémoire remarquable, ne pense pas que nous soyons retournés aux années 50, encore. Néanmoins, en ce moment il est aux prises avec l’Association des Etudes Slaves, Est-Européennes et Eurasiennes (ASEEES), qui, l’automne dernier, a refusé une donation de 400 000 dollars offerte par Cohen et son épouse, Katrina van den Heuvel, au prétexte que les bourses d’études qu’elle devait financer porteraient son nom. Croyez-le, lecteurs, ça se passe chez nous au début du XXIe siècle.

L’interview qui suit a été réalisée dans l’appartement de Manhattan de Cohen quelques semaines après la signature, au milieu du mois de février, des accords de cessez-le-feu connus sous le nom de Minsk 2. Elle s’est étendue sur plusieurs heures captivantes. En travaillant sur la transcription, je me suis rendu compte que Cohen m’avait offert un document de grande valeur, qui présentait aux lecteurs un tableau concis, accessible et historiquement juste, de « là où nous en sommes aujourd’hui », comme Cohen l’a dit lui-même, en Ukraine et dans les relations entre les USA et la Russie.

Salon la publiera en deux parties. Ceci est une transcription révisée de la première. La seconde partie suivra la semaine prochaine.

Quel jugement portez-vous sur l’implication russe en Ukraine ? Dans la situation actuelle, nous avons besoin d’une lecture saine de l’histoire et de langage clair. Dans une perspective historique, est-ce que vous pensez que la position de la Russie se justifie ?

Et bien, je ne peux pas penser autrement. J’ai commencé à alerter sur le danger d’une telle crise il y a plus de vingt ans, dans les années 90. J’ai dit depuis février dernier [quand Viktor Ianoukovitch a été renversé à Kiev] qu’à partir des années 90, tout est allé de travers entre la Russie, les États-Unis et l’Europe. Il faut donc au moins revenir sur ce qui s’est passé ces 25 dernières années. Mais bien sûr, ça remonte à plus loin encore.

Comme je le dis depuis plus d’un an, nous sommes dans une nouvelle guerre froide. Nous y sommes entrés depuis plus d’une décennie. J’ai [un temps] pensé que les États-Unis n’avaient peut-être jamais vraiment mis un terme à la précédente guerre froide, alors que Moscou l’avait fait, ou, si on veut, que Washington l’avait simplement réactualisée. Les russes ne s’y sont pas engagés jusqu’à ces derniers temps parce qu’elle ne les affectait pas directement.

Ce qui s’est produit en Ukraine ne nous a pas seulement plongés clairement dans une nouvelle guerre froide – ou réactualisée, aux historiens de décider -, mais dans une guerre qui va probablement être plus dangereuse que la précédente pour deux ou trois raisons. Cette fois-ci, l’épicentre n’est pas à Berlin, mais en Ukraine, aux frontières de la Russie, au sein même de sa propre civilisation : c’est ça qui est dangereux. Durant les 40 ans d’histoire de la guerre froide, les règles de conduite et la reconnaissance de lignes rouges, en plus du téléphone rouge, avaient été établies. Maintenant il n’y a plus de règles. Nous le constatons chaque jour : aucune règle d’un côté ou de l’autre.

Ce qui m’irrite le plus est qu’il n’y a pas d’opposition significative aux États-Unis contre cette nouvelle guerre froide, alors qu’il y en a toujours eu une dans le passé. Même à la Maison-Blanche vous pouviez trouver un assistant du président qui avait une opinion différente, certainement également au département d’état, et au Congrès. Les médias – le New York Times, le Washington Post – étaient ouverts au débat. Ils ne le sont plus. Il n’y a que des applaudissements dans nos principaux journaux et chaînes de télévision. Voilà où nous en sommes.

La crise ukrainienne en perspective historique. C’est un terrain très dangereux. Vous connaissez cela mieux que quiconque.

C’est sur cela qu’on m’attaque. C’est un jugement historique. La crise actuelle est venue des politiques de Clinton, ce que j’appelle la politique du « gagnant rafle tout » menée par l’Amérique vis-à-vis d’une Russie qu’on voyait, à tort, comme une puissance vaincue à l’issue de la guerre froide, ce qui conduisait les gens dans les années 90 à la considérer comme l’Allemagne ou le Japon après la seconde guerre mondiale : on la laisserait décider dans une certaine mesure de ses politiques internes et reprendre son rôle dans les relations internationales, mais uniquement en tant que partenaire de seconde zone aidant désormais les États-Unis à poursuivre leurs intérêts nationaux.

C’était le but de Clinton et Strobe Talbott, qui à présent est très contrarié par l’échec de sa politique menée sous l’ère Eltsine. C’est ce qu’ils voulaient et ont cru obtenir de Boris Eltsine. Vous pouvez lire les mémoires de Talbott, « La main de la Russie », et vous verrez que toutes les paroles officielles sur l’amitié et le partenariat éternels étaient des bobards. Tout a tourné au vinaigre, c’était prévisible pour plusieurs raisons, et nous a conduits à cette situation.

Le problème est qu’en adoptant le point de vue selon lequel cette crise est entièrement la faute de l’« agression de Poutine », comme le font les médias et l’establishment politique américains, il n’y a aucune réflexion sur la politique américaine des 20 dernières années. Je n’ai pas encore vu une seule personne influente dire : « Peut-être avons-nous fait une erreur, peut-être devrions-nous revoir les choses autrement. » Ce sont encore les mêmes recettes et ces mêmes recettes pourraient signifier la guerre avec la Russie…

Laissez-moi vous donner un exemple. C’est la chose la plus difficile à admettre pour les élites diplomatiques et médiatiques américaines.

Notre position est que personne n’a droit à une sphère d’influence au XXIe siècle. La Russie veut une sphère d’influence au sens où elle ne veut pas de bases américaines en Ukraine ou dans les états baltes ou en Géorgie. Mais qu’est-ce que l’expansion de l’OTAN, sinon celle de la sphère d’influence américaine ? Elle n’est pas que militaire. Elle est financière, économique, culturelle, c’est le mariage de tout ça à la fois : des militaires, des infrastructures. Il s’agit probablement de l’expansion la plus spectaculaire d’une sphère d’influence, en un temps si court et en temps de paix, de l’histoire du monde.

Donc, vous avez le vice-président Biden disant constamment, « la Russie veut une sphère d’influence et nous ne le permettrons pas. » Eh bien, nous, nous avons gavé la Russie avec l’extension de notre sphère d’influence, en présumant qu’elle ne nous repousserait pas. Évidemment, on pourrait se demander : « la Russie a-t-elle le droit d’exiger une zone ou une sphère, dans son voisinage, libre de toute base militaire étrangère ? » Rien que cela, rien de plus. Si la réponse est oui, l’expansion de l’OTAN devrait avoir pris fin en Allemagne de l’est, ce qui avait été promis aux russes. Mais nous nous sommes rapprochés de plus en plus près. La crise ukrainienne vient de cette expansion forcenée et irréfléchie de l’OTAN. Washington aura beau parler de démocratie, de souveraineté et de tout le reste, mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Et nous ne pouvons pas reprendre cette question… L’hypocrisie, ou l’incapacité à réunir les pièces du puzzle, est, en Amérique, ahurissante.

Passons à la nature du régime de Kiev, encore une fois, c’est très embrouillé. Il y a deux aspects à cette question. Il y a le sujet du coup d’état et de la relation entre le gouvernement Iatseniouk et le département d’état – on a maintenant un ministre des finances à Kiev qui est un citoyen américain, reçu par le Conseil des relations étrangères au moment où nous parlons – et ensuite les relations entre le régime de Kiev et l’extrême-droite.

C’est une question cruciale. J’en ai traité dans un article pour The Nation l’an dernier, « Mal interpréter la Russie ». J’y développais l’argument que ceux qui, dans les médias, ont défendu le gouvernement de Kiev issu du 21 février et les manifestations devenues violentes de Maïdan, ont zappé le rôle d’un contingent réduit, mais significatif d’ultra-nationalistes qui avaient toutes les apparences de néo-fascistes. Ce point de vue m’a valu de nombreuses critiques, de la part notamment d’un professeur d’histoire de l’université de Yale, Timothy Snyder, un grand fan de Kiev, dans le New Republic. Je n’ai pas la moindre idée d’où il sort, ni comment un universitaire peut s’aventurer à de telles allégations. Mais ce qu’il disait, c’était que cette histoire de néo-fascistes venait de Poutine, que ce que je disais était une apologie de Poutine et que les vrais néo-fascistes étaient en Russie, pas en Ukraine.

Il y a peut-être des fascistes en Russie, mais nous n’apportons notre soutien ni au gouvernement russe ni aux fascistes russes. La question, qui est extrêmement importante, est la suivante : « Y a-t-il en Ukraine un mouvement néo-fasciste qui, indépendamment de ses résultats électoraux – faibles au demeurant -, influence la conduite des affaires politiques et militaires et dont nous devrions nous soucier ? »

Et la réponse est à cent pour cent oui. Pourtant, aux États-Unis, dans cent pour cent des cas on avait refusé de l’admettre, jusque récemment, quand, finalement, quelques journaux ont commencé à parler de bataillons de Kiev ayant des svastikas sur leurs casques et leurs chars. Dès lors on a eu une couverture médiatique un peu plus importante. Laissant de côté les russes, des journalistes étrangers ont couvert le phénomène néo-fasciste, dont la résurgence n’est pas surprenante. Il est un produit de l’histoire ukrainienne. Il devrait être un sujet grave pour les décideurs politiques occidentaux, et je pense qu’il l’est maintenant pour les allemands. Les services secrets allemands sont probablement mieux informés que leurs homologues américains quand il s’agit de l’Ukraine ; ils sont plus francs dans ce qu’ils rapportent au sommet de la hiérarchie. Merkel s’inquiète clairement de cet état de fait.

C’est un autre exemple de ce dont on ne peut discuter dans les médias dominants ni même nulle part au sein de l’establishment américain. Quand on lit les déclarations de (la secrétaire d’état adjointe) Nuland, cela n’est jamais mentionné. Mais qu’est-ce qui pourrait être plus important que la résurgence d’un mouvement fasciste sur le continent européen ? Et là, je ne parle pas de ces tristes sires qui écument les rues d’Europe de l’Ouest. Je parle de personnes lourdement armées, de personnes qui commettent des actes odieux et qui tuent des gens. Est-ce que cela mérite qu’on en parle ? Eh bien certains affirment que si ces gens-là existent, ils ne constituent qu’une infime minorité. À ceux-là, je dis toujours la même chose : « Bien sûr, c’était pareil avec Hitler et Lénine à l’époque ». Soyez attentifs et réfléchissez au problème si tant est que vous tiriez des leçons de l’Histoire…

Nous affirmons que tout ce que nous faisons en Ukraine et contre la Russie, y compris courir le risque d’une guerre, nous le faisons pour une Ukraine démocratique, sous-entendu une Ukraine régie par la clique de Kiev. À juste titre, nous pourrions nous demander dans quelle mesure Kiev est réellement démocratique. Mais les correspondants du Times et du Washington Post qui se trouvent à Kiev transmettent régulièrement des infos, en ne faisant pour l’essentiel que recopier les déclarations des autorités de Kiev et ne s’interrogent qu’occasionnellement, sinon jamais, sur la démocratie dans une Ukraine gouvernée par Kiev.

Réécrire des communiqués de presse. C’est vraiment ce qu’ils font ?

Jusqu’à récemment c’était le cas… Je n’ai pas particulièrement étudié la question, mais cela pourrait être fait en une semaine par un journaliste rigoureux ou un universitaire qui sait poser les questions et a accès aux informations. Et je serais prêt à parier que cela montrerait que dans ces zones de l’Ukraine gouvernées par Kiev aujourd’hui, il y a moins de démocratie, au sens large, qu’il n’y en avait avant que Ianoukovitch soit renversé. C’est une hypothèse bien sûr, mais je trouve qu’elle mériterait d’être étudiée par le Times et The Post.

Je considère, pour ma part, comme l’une des plus ridicules assertions du moment celle de Kiev qualifiant sa guerre dans les régions de l’est d’« opération anti-terroriste ».

Demandons-nous alors, pourquoi Washington a validé cette qualification. Car Washington a son mot à dire. Sans Washington, Kiev serait en banqueroute et n’aurait pas d’armée du tout. Pourquoi Washington n’a-t-il pas dit « ne l’appelez pas anti-terroriste » ? Parce que, si vous parlez d’« anti-terrorisme », il ne peut y avoir de négociations ; on ne négocie pas avec les terroristes, vous les tuez, point. Ce ne sont que des organisations criminelles avec des intentions criminelles.

Quand on affirme que ce n’est pas une guerre civile, que c’est juste une agression des russes, on occulte la dimension humaine de toute cette guerre, et aussi les corps de métier dont sont issus les gens qui se battent dans l’est : les coiffeurs, les chauffeurs de taxi, les anciens reporters, les enseignants, les préposés aux ordures ménagères, les électriciens… qui sont probablement 90% des combattants. Il y a là des russes, de Russie. Mais l’armée d’Ukraine s’est révélée incapable de battre ou même de contenir ces troupes qui étaient au départ hétéroclites, quasiment des partisans mal équipés et pas entrainés.

Le plus atroce dans tout cela c’est l’utilisation par Kiev de l’artillerie, des mortiers et même des avions, jusqu’à récemment, pour bombarder des quartiers résidentiels, pas seulement de Donetsk et Lougansk, mais aussi d’autres grandes villes. Ce sont des villes de 500 000 habitants, j’imagine, ou de 2 à 3 millions. C’est totalement illégal. Ce sont des crimes de guerre, sauf à supposer que les rebelles ont eux-mêmes bombardé leurs mères et leurs grands-mères, leurs pères et leurs sœurs. C’était bien Kiev, soutenu par les États-Unis. Ainsi les USA sont-ils profondément impliqués dans la destruction de ces villes de l’est et de ces gens. Quand Nuland dit au Congrès qu’il y a 5 000 à 6 000 morts, c’est le décompte de l’ONU, juste le nombre des gens qu’on a trouvés dans les morgues. Beaucoup de cadavres ne sont pas retrouvés. Les services de renseignement allemands parlent de 50 000.

Depuis le temps de l’administration Clinton, on n’a pas cessé de pousser des cris d’orfraie sur notre droit de protéger les gens qui étaient victimes de crises humanitaires. En Ukraine de l’est, il y en a une, de crise humanitaire, et massive. On a un million de gens ou plus qui ont fui vers la Russie – selon l’ONU – et 500 000 autres personnes se sont réfugiées ailleurs en Ukraine. Je n’ai pas vu les États-Unis organiser le moindre effort humanitaire. Où est passée Samantha Power, l’architecte du « droit de protéger ? » Nous avons fermé les yeux sur une crise humanitaire dont nous sommes complices. C’est cela qui est honteux, que l’on aime Poutine ou pas. Cela n’a rien à voir avec Poutine. Cela a à voir en revanche avec la nature des politiques américaines, avec la nature de Washington – et avec la nature du peuple américain, s’il tolère cela.

Vous avez écrit que l’accord de Minsk II représentait notre dernier espoir. Racontez-nous brièvement votre vision de Minsk II, et dites-nous s’il y a des chances que cela tienne.

Le second accord de Minsk met en jeu beaucoup d’éléments. Le premier point concerne le cessez-le-feu et le retrait, par les deux parties, des armes lourdes. Il semble que cela ait été en grande partie respecté, mais le cessez-le-feu est très instable. Le volet politique devrait arriver maintenant. Kiev est censé passer certaines réformes constitutionnelles, qui donneront une certaine autonomie aux régions de l’est. Les régions de l’est organiseraient de nouvelles élections qui, d’une certaine manière, respecteraient les lois ukrainiennes. Si tout cela se produit d’ici décembre, alors la frontière russo-ukrainienne sera rendue aux autorités de Kiev et placée sous observation d’agences européennes. Les points politiques seront les plus durs à mettre en œuvre parce qu’il n’y aucun soutien politique de la part du gouvernement de Kiev.

[Le président] Porochenko est allé à Minsk parce qu’il n’avait pas le choix. Merkel lui a dit qu’il devait signer Minsk II. Mais Kiev est ultra-nationaliste. Ils ne veulent faire aucune concession à l’est ou à la Russie. Faire passer Minsk II au Parlement de Kiev sera très difficile. Mais le facteur principal pour l’instant est que Minsk II est le dernier, le meilleur choix pour éviter une guerre plus étendue qui pourrait fort bien engendrer un affrontement  direct avec la Russie. [Depuis cette interview, le parlement de Kiev a passé des lois qui soit contredisent, soit annulent les termes de Minsk II.]

Minsk II a résulté d’une initiative de Merkel avec le président Hollande de France. Pourquoi elle a soudainement réalisé, à la dernière minute, que la situation était différente de ce qu’elle avait imaginé – désespérée – je ne le sais pas. Souvenons-nous que c’est une femme qui a d’énormes responsabilités dans la gestion de la crise économique qui touche l’Union européenne et, notamment, la Grèce. Les ennemis de Minsk II…

Je pense que le principal ennemi, c’est Washington.

Tout à fait. Je ne les qualifierais pas forcément d’« ennemis » mais nous ne sommes pas des enfants de chœur non plus. Washington contrôle le FMI. Washington contrôle l’OTAN. L’OTAN et le FMI sont les deux organisations qui sont en mesure de déclencher une guerre d’envergure en Ukraine, et en relation avec la Russie, ou de l’empêcher. Les décideurs à Washington, que ce soit Obama ou quelqu’un d’autre, sont maintenant obligés de trancher.

Tous les ennemis de Minsk II parlent librement et sont cités dans la presse et dans les réseaux comme des gens rationnels. Jusqu’a présent, il n’y a pas une seule voix dissidente en provenance de l’establishment. De l’extérieur, cela ressemble à une bataille très inégale. On peut espérer que quelque part à Washington, dans des couloirs sombres ou des pièces mal éclairées, il se tienne des conversations sérieuses, mais je ne le pense pas. [Le 23 mars, 48 membres du Congrès ont voté contre l'envoi d'armes à Kiev, un point que Cohen a commenté dans un e-mail.]

Nos politiques post-soviétiques après 1991 s’avèrent être de la guerre par d’autres moyens. La guerre froide ne s’est jamais arrêtée, à mon sens. Les tactiques ont changé, peut-être que la stratégie aussi, mais elle n’a connu que très peu de pauses.

C’est compliqué. Le principal problème aujourd’hui quant à amener la classe politique américaine à penser librement, c’est Poutine. Ils utilisent Poutine pour faire absolument ce qu’ils veulent, sans envisager quoi que ce soit sous un angle différent. Pourtant, Poutine est arrivé bien plus tard.

Les faits historiques ne conviennent pas à la narration triomphaliste qui dit que nous avons battu l’Union soviétique et par conséquent mis un terme à la guerre froide, et que donc et que donc… Selon Gorbatchev, Reagan et Bush, la guerre froide s’est terminée en 1988 ou 1990. Quand Reagan a quitté la Maison-Blanche – je crois qu’il a écrit dans son journal « Nous en avons fini avec la guerre froide » en janvier 1989 – donc il pensait qu’il y avait mis un terme avec Gorbatchev. J’étais à Moscou quand il a traversé la Place Rouge en pleine chaleur, en juillet 1988 me semble-t-il, et que quelqu’un lui a crié « Président Reagan, est-ce que c’est toujours l’Empire du Mal ? » Et lui, d’un air affable : « Oh, non, ça, c’était avant… tout a changé. »

La guerre froide était un phénomène structurel. Ce n’est pas parce que le président dit qu’elle est finie qu’elle l’est réellement, mais alors il y a eu le sommet de Malte en décembre 1989, où [George H. W.] Bush et Gorbatchev ont dit que la guerre froide était finie ; et cela a continué jusqu’à la fin de la réunification de l’Allemagne. Entre 88 et 90, les leaders du monde nous ont dit à plusieurs reprises qu’elle était finie. Jack Matlock, l’ambassadeur de Reagan en Russie, a été très pertinent là-dessus, et parce que c’était un témoignage personnel, il a écrit ce qu’il en était vraiment. Enfin, la confusion entre fin de l’Union soviétique et fin de la guerre froide est une erreur historique.

Bush a alors continué à maintenir la ligne officielle poursuivie avec Gorbatchev, selon laquelle il n’y avait pas de perdant à la fin de la guerre froide, que tout le monde avait gagné. Bush a maintenu cette position jusqu’à ce que les sondages le montrent derrière Clinton dans sa campagne de réélection. Et ensuite il a déclaré en 1992 que nous avions, et lui particulièrement, gagné la guerre froide. J’ai vu Gorbatchev un peu plus tard. Ma femme, Katrina van den Heuvel, et moi-même, avions été amis avec lui pendant plusieurs années. Il a été profondément, profondément blessé, avec un sentiment de trahison. Mais il a pardonné à Bush, étant un homme indulgent.

Mais à ce moment-là, dans les années 91 – 92… eh bien, les mots ne sont que des mots, mais comme disent les russes, les paroles sont aussi des actes. En annonçant que nous avions gagné la guerre froide, Bush a préparé la décision de l’administration Clinton d’agir en fonction d’une victoire américaine, y compris en élargissant l’OTAN.

Cette histoire nous amène là où nous en sommes aujourd’hui.

Qu’est-ce qui a changé, ou pas, dans la politique des États-Unis vis-à-vis de la Russie entre 1991 et maintenant?

Je pense que l’histoire telle que nous la connaissons est celle que je viens de vous raconter. En arrière-plan, il y a clairement des discussions qui se poursuivent au cours des années 90, et avec différents clans. Les grandes décisions historiques – que l’on parle de la guerre du Viêt-Nam ou bien, un sujet qui m’intéresse, des raisons pour lesquelles l’esclavage et la ségrégation ont perduré si longtemps dans le sud des États-Unis, où j’ai grandi – ne peuvent jamais s’expliquer par un seul facteur. La plupart du temps, elles ont de multiples raisons. Mais vous aviez, dans les années 90, des gens qui croyaient naïvement que c’était le moment, pour un après-guerre froide durable, d’un partenariat stratégique et d’amitié d’égal à égal, entre américains et russes. C’était des romantiques, pour ainsi dire.

De ce côté-ci de l’océan ?

Je pense qu’il y a des gens qui y ont cru. Tout comme il y a des gens qui croient que promouvoir la démocratie est une noble mission – certains de mes étudiants s’y sont lancés. Ils y croient : c’est une bonne chose. Pourquoi ne pas aider les bons pays à aboutir à la démocratie ? Le mauvais côté de la promotion de la démocratie ne leur apparaît pas, ils ne le conceptualisent pas. Les gens sont tous différents. Je ne les juge pas trop durement pour leurs croyances.

Il y en a d’autres qui disaient que la Russie allait se réveiller, et que nous devions faire en sorte que ça n’arrive pas. Pour ce faire, nous devions notamment dépouiller la Russie de l’Ukraine ; c’était Brzezinski qui l’avait écrit. A un moment, à cette époque-là il avait écrit que la Russie avec l’Ukraine était une puissance impériale, mais que sans l’Ukraine, c’était un pays normal. Mais il y avait aussi des gens à Washington, ceux-là même que j’ai entendus en privé dire “la Russie est tombée et nous ferons tout pour qu’elle ne se relève pas”. Ce sont eux qui ont “bourré le crâne” de l’administration Clinton et cela a clairement favorisé l’expansion de l’OTAN.

Ils se servent de l’excuse que tout le monde veut devenir membre de l’OTAN. Comment peut-on leur refuser ce droit ? C’est très simple. Les gens disent que tous les pays qui présentent les qualités requises ont le droit de rejoindre à l’OTAN. Non, ils n’en ont pas le droit. Ce n’est pas une chambre de commerce. Ce n’est pas une fraternité ouverte à tous. C’est une organisation de sécurité, et le seul critère pour en devenir membre devrait être « Est-ce que le pays postulant renforce la sécurité des autres pays-membres ? » La crise ukrainienne qui est la pire crise internationale de notre époque prouve sans l’ombre d’un doute que l’expansion brouillonne de l’OTAN a grandement compromis la sécurité internationale. Point barre. Ils prennent l’OTAN pour quoi ? Un club de retraités où on obtient des ristournes sous forme de subventions militaires américaines ? Cet argument est dingue !

Mais là, vous avez ces types qui sont soit des russophobes, soit d’éternels combattants de la guerre froide, ou encore de profonds stratèges. Vous vous souvenez, quand [Paul] Wolfowitz a écrit un article disant qu’il fallait ôter toute possibilité à la Russie de redevenir un jour une grande puissance ? Ces types parlaient tous comme…

Cela renvoie à votre comparaison avec le Japon en 1945.

La question est pourquoi Clinton a marché. Ce qui nous mène à Strobe Talbott. Strobe était un disciple d’Isaiah Berlin, qui enseignait que pour comprendre la Russie, il faut en comprendre l’histoire, la culture et la civilisation. Et certainement, si on avait suivi son enseignement, on n’aurait jamais, comme l’a dit George Kennan en 1996 ou 1997, on n’aurait jamais eu l’idée d’élargir l’OTAN. J’ai connu George à Princeton où j’ai passé 30 ans. La façon qu’avait George de se comporter avait de quoi inquiéter, mais sur la Russie il avait une idée très importante. La Russie avance à son propre rythme, laissez-la, n’intervenez pas ou vous empirerez les choses. Soyez patients, comprenez l’histoire russe, les forces en présence en Russie. C’était la position d’Isaiah Berlin. Cela a été parfois la position de Strobe. Regardez Strobe Talbott aujourd’hui : nous devons envoyer des armes et renverser Poutine pour changer la position de la Russie. Il n’y a plus que de l’ingérence.

Comment a-t-il fait ce cheminement ?

On dit que le pouvoir corrompt, ou du moins change les gens. Il avait été le coturne de Clinton à Oxford et a terminé sa carrière à la Maison-Blanche comme conseiller sur la Russie, un type très brillant. Je crois que la Russie l’a déçu. On constate parmi les observateurs de la Russie que vous vous créez une vue de l’esprit qui devient votre Russie. Et quand la Russie vous déçoit, vous ne lui pardonnez pas. Regardez Fred Hiatt du Washington Post. Fred écrivait depuis Moscou, durant les années 90, que la démocratie allait être formidable. Comme l’écrivaient tous les autres, qui sont encore aujourd’hui éditorialistes. La Russie les a déçus. Ils ne peuvent pas davantage lui pardonner qu’ils le feraient à leur ex-femme de les avoir trompés. Ils ne peuvent pas penser dans un autre cadre. C’est un phénomène, probablement pas seulement américain, mais particulièrement américain. Vous ne pouvez pas entamer une discussion avec ces gens qui adhéraient à la Russie d’Eltsine dans les années 90 et qui étaient persuadés que, bien que le chemin soit cahoteux comme ils disaient… « Une croisade manquée » (Failed Crusade : America and the Tragedy of Post-Communist Russia) traite de cela. Ils ne peuvent pas s’en remettre.

C’était aussi lié en partie à Elstine. Il était tellement prêt à tout, pour gagner non seulement la réassurance, mais aussi l’affection américaine. Il se sentait si peu sûr de lui, alors que sa santé se dégradait et qu’il était de plus en plus prisonnier des oligarques, qu’il voulait être aussi important que Gorbatchev pour Washington. Il était virtuellement sur le point de leur donner tout ce qu’ils voulaient, de dire ce qu’ils voulaient, jusqu’à ce qu’arrive la guerre en Serbie. Alors, il a réalisé que Washington avait un ordre du jour et que l’expansion de l’OTAN en faisait partie, mais il était déjà trop tard, il était à bout.

Plus tard, quand Dimitri Medvedev était président [2008-12], je crois, il a dit à un groupe de personnes qu’en fait Elstine n’avait pas gagné l’élection, que c’était Gennadi Zyouganov, leader du parti communiste, qui l’avait gagnée. En supposant que Medvedev ne mentait pas et en supposant qu’il était en position de le savoir, toutes ces palabres sur le soutien américain à la démocratie, quand on parle de la Russie, sont, au minimum, disons, complexes.

Parlons de Poutine. Quelle est votre vision ? Que tente-t-il d’accomplir ?

Il est impossible de répondre brièvement ou simplement. C’est un autre cours de fac, c’est un livre pour quelqu’un de bien plus intelligent que moi. Je laisse les historiens en juger.

J’ai écrit un article en 2012, je crois, intitulé « La Diabolisation de Poutine », montrant que la plupart des allégations au sujet de Poutine étaient pratiquement sans fondement, rendant pour Washington toute analyse rationnelle des affaires intérieures et extérieures russes impossible, parce que tout passait par le filtre de la diabolisation. Je disais que si nous n’arrêtions pas, cela allait empirer jusqu’au point où nous deviendrions comme des accros à l’héroïne qui n’ont pas eu leur dose, incapables de penser à quoi que ce soit sauf à notre obsession pour Poutine. Nous ne pourrions plus réfléchir à d’autres problèmes. Ce moment est arrivé. L’article a été refusé par le New York Times alors qu’un éditeur que je connaissais l’a publié sur Reuters.com.

Toute l’histoire [commence] quand Poutine est arrivé au pouvoir, promu par Eltsine et les gens de son entourage, qui étaient tous liés à Washington. Parmi ces gens à Moscou, Anatoly Tchoubaïs, qui avait supervisé les privatisations, avait des relations avec le FMI et avait beaucoup favorisé la corruption. Il était venu aux États-Unis nous assurer que Poutine était un démocrate, bien qu’il ait été au KGB.

Quand il est arrivé au pouvoir, le Times tout comme le Post ont écrit que Poutine était démocrate et, encore mieux, qu’il était sobre, contrairement à Eltsine. Comment sommes-nous passés de 2000 à maintenant, où il est Hitler, Saddam, Staline, Kadhafi, et qu’il incarne tous ceux dont nous devons nous débarrasser, quand nous savons qu’il a tué Boris Nemtsov parce que du pont où Nemtsov a été tué [le 27 février] on peut voir le Kremlin ? Eh bien, rappelez-vous Sarah Palin qui pouvait voir la Russie depuis l’Alaska ! C’est absurde. Mais la diabolisation de Poutine est devenue une institution en Amérique. C’est littéralement une institution politique, qui empêche de tenir le type de discussion que vous et moi avons maintenant.

Kissinger était du même avis. Il a écrit, il me semble que c’était l’année dernière, que « La diabolisation de Poutine n’est pas une politique. C’est un alibi pour ne pas avoir de politique. » C’est à moitié correct. C’est bien pire maintenant, parce qu’ils avaient vraiment une politique. Et cette « politique » qui germait dans certains esprits consistait à chercher comment se débarrasser de Poutine. La question est « sont-ils en capacité de prendre des décisions ? » Je ne le pensais pas, mais maintenant je n’en suis pas si sûr, parce que dans beaucoup de ce qui émane de Washington, y compris du département d’état, il ressort que Poutine doit s’en aller.

J’ai posé une question rhétorique il y a plusieurs années sur ces changeurs de régime : avez-vous pensé à ce qui arriverait en Russie dans l’éventualité d’un changement de régime ? Si ce que vous dites est vrai, si Poutine est le pivot du système, alors quand vous enlevez Poutine le système entier s’écroule. La Russie dispose de toutes sortes d’armes de destruction massive en quantités énormes. Quelle serait, pour le reste du monde, la conséquence de cette prétention de votre part, de nous débarrasser de Poutine ?

Il faut donc comprendre ce phénomène Poutine. Comment est-il passé de démocrate certifié à, maintenant peut-être, le pire dirigeant russe depuis Ivan le Terrible ? Comment l’expliquez vous ? Est-ce que cela nous en dit plus sur Poutine, ou sur nous ?

Je pense que son péché est d’avoir un point de vue inacceptable sur, disons à grands traits, l’esprit oriental opposé à l’esprit occidental, et plus précisément un rejet du modèle néo-libéral style Washington. Bien qu’il doive résoudre beaucoup de problèmes, je pense, à cet égard, qu’il n’est pas dogmatique dans son action. À quoi fait-il face en interne ? Qu’essaie-t-il de faire ?

Laissez-moi vous dire rapidement. Quand j’interroge les russes, ils pensent que la réponse se trouve dans la jalousie présidentielle américaine. Nos derniers présidents ne se sont guère distingués. Clinton est parti quasiment en disgrâce, Bush est parti mal-aimé à la suite d’une guerre dans laquelle il nous a entraînés et au sujet de laquelle il nous a menti, Obama est comme chacun peut le constater un président affaibli, en échec. Et en face, nous avons Poutine dont la stature ne cesse de s’affirmer depuis 15 ans maintenant.

Soit dit en passant, il a été, sans aucun doute, ce jusqu’à récemment, l’homme d’état européen le plus influent de son temps. Au 21e siècle, seule Merkel peut se comparer à lui comme homme d’état européen, que l’on apprécie ou pas ce que fait un homme d’état. Sans vouloir “botter en touche”, laissons l’histoire en juger. D’ici X années, quand nous aurons, comme disait Lénine, atteint la majorité, les historiens regarderont sans aucun doute avec le recul les côtés positifs et négatifs, et ça va être un match serré.

En ce qui concerne ma version à court terme sur Poutine, il a été mis au pouvoir pour sauver la famille Eltsine de procès en corruption et le premier décret qu’il a signé en devenant président a exempté ladite famille Eltsine de toute poursuite ultérieure. Il s’y est tenu, en passant. En Russie, un des reproches contre Poutine est qu’il est loyal à l’extrême à ses amis et à ses subordonnés ; il ne peut pas se faire à l’idée de virer quelqu’un. Ce doit être son code d’honneur du KGB, ça me plaît assez en fait. J’aime mieux ça que des gens qui vous poignardent dans le dos…

Selon ma conception, indépendamment des raisons et circonstances de l’accession de gens au pouvoir, une fois en responsabilité ils commencent à réfléchir à la nature de leur mission, à ce que l’histoire attend d’eux. Pour Poutine c’était tout à fait clair : l’état russe s’était effondré deux fois au 20e siècle. Pensez à ce que cela signifie. L’état russe s’était effondré pendant la révolution de 1917, et en 1991, ce n’est pas l’Union soviétique qui s’est effondrée en 1991 – elle a été dépecée – et le résultat était ce que les russes appellent “smouta”, un temps de troubles. Cela signifie la misère ; cela signifie l’invasion étrangère, la guerre civile ; cela signifie que les gens tombent dans la pauvreté. Voilà la Russie dont Poutine a hérité. Souvenez-vous, quand il est arrivé au pouvoir en 2000, la Russie était sur le point de s’effondrer une troisième fois suite à la politique d’Eltsine. Les gouverneurs étaient corrompus, n’obéissaient pas à la loi, ne payaient pas d’impôts, dirigeaient des fiefs criminels dans beaucoup de régions. La Russie était terriblement vulnérable, l’OTAN s’étendait, la Russie n’avait aucune influence au plan international.

Poutine arrive au pouvoir et se rend compte que sa première mission est de mettre un terme à l’effondrement de l’état russe – qu’il appelle vertical, parce que la Russie était toujours dirigée de haut en bas, ce qui l’a rendue ingouvernable parce qu’elle est si étendue – et, surtout, de s’assurer que rien de pareil n’arrive jamais de nouveau. Dans l’histoire de la Russie, la pire chose qui puisse lui arriver est la smouta, quand l’état s’effondre. Pensez-y un peu : en 1917 et 1991, c’est arrivé deux fois au plus vaste territoire du monde. Y a-t-il un précédent à cela dans l’Histoire ? Comment un dirigeant qui accède au pouvoir ne pourrait-il pas s’en apercevoir ?

La suite de cet entretien sera publiée la semaine prochaine.

Source : Salon, le 16/04/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-new-york-times-se-borne-a-reecrire-tout-ce-que-disent-les-autorites-de-kiev/


Loi renseignement 1 : bon, ben, à peu près tous les gens sérieux sont contre…

Wednesday 6 May 2015 at 03:00

Donc 3 fois rien en terme d’opposition à cette loi liberticide :

Loi Renseignement : un « mensonge d’État » pour le bâtonnier de Paris

“Dans Le Figaro, le bâtonnier des avocats de Paris, Me Pierre-Olivier Sur, dénonce le projet de loi Renseignement qu’il voit comme un « mensonge d’État » Il estime que le Conseil constitutionnel devrait la censurer.  Les mots sont forts, à la veille du vote solennel du projet de loi Renseignement à l’Assemblée Nationale. Alors que le ministère de l’Intérieur fait tout son possible pour tenter de rassurer sur le contenu du texte, quitte à tordre le coup à la vérité et à faire dire à la jurisprudence le contraire de ce qu’elle dit, le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur a porté un coup très dur ce lundi dans Le Figaro.

« Ce projet de loi est un mensonge d’État », dénonce le représentant des avocats de Paris, pas du tout séduit par la communication gouvernement et élyséenne. « Le président de la République l’a présenté lui-même récemment à la télévision comme un texte essentiel pour lutter contre le terrorisme, alors qu’il va s’appliquer bien au-delà, à beaucoup d’autres domaines. Ce projet menace gravement les libertés publiques », dénonce-t-il. Pour Me Sur, « ce texte est un fourre-tout où domine l’arbitraire ». Entre autres reproches : « Jusqu’à présent, dans le cadre d’une enquête, on ciblait, on isolait la cible suspecte avant de la placer sous contrôle. A l’avenir, on écoutera d’abord tout le monde, sur parfois de vastes zones géographiques. On va inverser la méthode. La nouvelle logique sera celle de l’entonnoir. C’est dangereux ».L’avocat en appelle au Conseil constitutionnel, dont on sait qu’il sera saisi à la fois par le président François Hollande et par des députés, et « ne pense pas que les Sages laisseront passer cette illégalité », en parlant de l’exclusion de l’autorité judiciaire dans le mécanisme d’autorisation des mises sur surveillance. « Au nom des libertés publiques, ils devraient la censurer ».”

Source : Numerama

L’Ordre des avocats réclame la présence du juge dans la loi Renseignement

“L’Ordre des avocats de Paris s’alarme des dispositions prévues dans le projet de loi sur le renseignement. La mise à l’écart de l’ordre judiciaire est pointée du doigt, ainsi que l’absence de protection pour certaines professions sensibles. Présenté ce jeudi matin en conseil des ministres, le projet de loi sur le renseignement s’est déjà de nombreux adversaires dans la société civile, ainsi que dans les institutions chargées de rappeler la règle de droit à l’exécutif. Ainsi, la Quadrature du Net, la CNIL et le Conseil national du numérique n’ont pas retenu leurs coups contre le texte défendu par Manuel Valls.

Cette fois, c’est au tour de l’Ordre des avocats de Paris de monter au créneau.”

Source : Numerama

Blocages sans juge : le Syndicat de la Magistrature « préoccupé »

“Réagissant aux premiers blocages de sites internet ordonnés par le ministère de l’intérieur, le Syndicat de la Magistratureconstate les « conséquences préoccupantes » du pouvoir de censure confié à l’État en dehors de toute procédure judiciaire. On pensait ce type de mesures réservées aux états totalitaires, mais elles sont désormais appliquées en France, sans que ça ne soulève d’émotion particulière dans un pays qui se gargarise pourtant d’enseigner à ses enfants les vertus de la séparation des pouvoirs et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Plusieurs sites internet ont été bloqués en France sur simple ordre du ministère de l’intérieur, sans aucune vérification préalable de leur illégalité par l’autorité judiciaire, sans aucune démonstration de leur illégalité, et alors-même qu’au moins l’un d’entre eux fait peser le lourd soupçon d’une censure politique digne des lettres de cachet auxquelles avait mis fin un roi à qui les révolutionnaires ont coupé la tête. On en perdrait ses repères, si tant est qu’il en existe encore.”

Source : Numerama

Marc Trévidic (juge anti-terroriste 2006-2015) : « Ce n’est pas la vérité qu’on cherche dans l’anti-terrorisme »

“Il n’y a pas plus expert que lui en France dans le domaine de la lutte judiciaire contre le terrorisme, mais c’est un juge désabusé qui s’est présenté mardi aux micros de RTL. Il confirme que toutes les lois qui se basent sur l’accusation de terrorisme, telles celles qui permettent de censurer ou de surveiller, sont des instruments dangereux pour la démocratie qui laissent beaucoup trop de place aux manipulations politiques. Lors de l’examen en 2014 du projet de loi anti-terrorisme qui prévoyait de confier à l’État les pouvoirs d’ordonner à Google de censurer des sites dans ses résultats de recherches, ou de permettre à la police d’ordonner aux FAI de bloquer l’accès à des sites sur la base de simples accusations d’apologie du terrorisme ou de provocation à commettre des actes de terrorisme, Numerama avait immédiatement mis en garde contre le risque de manipulations politiques. Il suffit en en effet de lire l’article 412-1 du code pénal pour voir la grande marge de manœuvre offerte qui ceux qui doivent dire ce qu’est le terrorisme, et donc pour prendre conscience du danger à confier ce pouvoir à l’exécutif plutôt qu’au judiciaire.”

Source : NumeramaVidéo Interview

“Le juge antiterroriste, Marc Trévidic, revient sur le danger du projet de loi sur le renseignement…  TOUT LE MONDE est contre ce truc à part une poignée d’idiots du village et le Daesh.

Faut qui maintenant pour dire que c’est de la merde ? Le Pape ? Kim Jung Un ? Superman ? La Fée Clochette?”

Source : KorbenVidéo Interview

Loi Renseignement : la CNIL s’énerve

La CNIL n’a pas mâché ses mots contre le projet de loi sur le renseignement. Dans son avis, l’autorité souligne en particulier les « conséquences particulièrement graves sur la protection de la vie privée et des données personnelles » que ce texte va entraîner. Dévoilé par la presse cette semaine, le nouveau projet de loi sur les services de renseignement porté par le premier ministre Manuel Valls réserve des propositions inadmissibles qui auraient été tout simplement impensables il y a quelques mois, lorsque la raison n’avait pas encore cédé le pas à l’émotion. Alors qu’un précédent texte (la loi anti-terroriste) a déjà largement accru les capacités des services de l’État, cette nouvelle législation veut désormais officialiser des techniques très intrusives opérées par les services qui jusqu’à présent agissaient sans cadre de contrôle. Comme toujours, en matière de surveillance, le gouvernement veut aller toujours plus loin. Trop loin.”

Source : Numerama

Loi sur le renseignement : la CNIL a-t-elle été écoutée ?

“La CNILa rendu public son avis consultatif sur l’avant-projet de loi sur le renseignement (voir notre actualité). Le projet étant maintenant finalisé, est-ce que ses recommandations ont été suivies d’effets ? Des pistes de réponses.La CNILn’a pas été écoutée

La CNILn’a pas été écoutée lorsqu’elle regrettait que la « donnée personnelle » ne soit pas inscrite dans le premier article du texte, où sont rappelées l’importance du respect de la vie privée, du secret des correspondances et de l’inviolabilité du domicile (p.3 de l’avis).

La CNILn’a pas été spécialement suivie dans ses réserves. Elle s’inquiétait en effet de l’allongement substantiel de la durée de conservation des données de connexion associées aux écoutes ou interceptions (p.6 de l’avis).

[…] Dans un communiqué, publié hier, la CNIL promet d’être désormais attentive aux «  suites de ce texte, notamment sur les modalités de contrôle des fichiers de renseignement ». Dans son avis du 5 mars, elle avait réclamé en effet que ces fichiers sous secret défense puissent être mieux contrôlés, idéalement par ses soins. « Le contrôle de ces fichiers constitue une exigence fondamentale afin d’asseoir la légitimité de ces fichiers dans le respect des droits et libertés des citoyens » justifie-t-elle. Seulement, elle l’admet sans détour : la proposition « n’a pour l’heure pas été suivie d’effet ».

Source : Next INpact

La Cnil demande en vain à mieux contrôler les fichiers du renseignement

“A l’occasion de la présentation de son bilan annuel, la Cnillivre à nouveau son sentiment au sujet du projet de loi relatif au renseignement. L’autorité demande plus de contrôles sur les fichiers dans lesquels seront stockées les informations personnelles. La Cnil renouvelle ses critiques à l’égard du projet de loi relatif au renseignement. L’institution s’inquiète du manque de contrôle prévu quant à l’accès aux fichiers constitués par les services du renseignement. « Nous avons demandé à pouvoir exercer un contrôle sur les fichiers déjà constitués mais cela nous a été refusé », estime Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la commission. Si l’actualité permet àla Cnil de s’exprimer, l’organisme agit dans un contexte d’augmentation de son activité. Dans son bilan pour 2014, la commission explique que pas moins de 11.000 demandes individuelles lui ont été adressées. Dans ce chiffre, 39% concerne la réputation en ligne. Les demandes relatives à l’accès à des fichiers de police, de gendarmerie ou de renseignement sont en progression de 22%.”

Source Clubic

Projet de loi sur le renseignement : tous les points noirs dénoncés par la CNIL

“Comme Le Monde, nous avons pu nous procurer l’avis de la Commissionnationale de l’informatique et des libertés visant le projet de loi sur le renseignement, pour y revenir profondément. Objectif ? Opposer cet avis à l’une des versions du projet de loi désormais à l’air libre (le texte en PDF), en fait avant son analyse par le Conseil d’État. Après la loi de programmation militaire, celle contre le terrorisme, ce projet de loi sur le renseignement a été présenté ce matin en Conseil des ministres, avant son dépôt à l’Assemblée nationale, accompagné de l’avis du Conseil d’État. Le vote suivra dans quelques semaines. Son objectif ? Une profonde mise à jour des règles encadrant, parfois mal, les pratiques du renseignement. Cet « update » serait, aujourd’hui même, d’une impérieuse nécessité, selon l’exécutif : assurer la protection de l’État, celle des agents qui flirtent avec l’illicite, mais également les citoyens. Dans son avis,la CNIL ne dit pas autre chose : « les dispositions projetées doivent (…) permettre d’encadrer juridiquement les pratiques des services de renseignement pouvant porter atteinte à la vie privée et d’assurer ainsi la licéité de la collecte et de l’exploitation de l’ensemble des informations recueillies par l’intermédiaire de ces techniques ».”

Source : Next INpact – Texte en PDF – Next INpact 2

#LoiRenseignement : des députés et magistrats craignent une surveillance généralisée

“Alors que le projet de loi sur le renseignement s’apprête à être discuté en séance publique par les députés, le Syndicat de la magistrature et la « Commission numérique » de l’Assemblée nationale viennent de rendre deux avis pour le moins inquiétants à l’égard du texte élaboré par l’exécutif. Tour d’horizon.

La crainte d’une marche progressive vers une surveillance généralisée Le socialiste Christian Paul, co-président de la « Commission numérique », composée pour moitié de députés et de personnalités de la société civile (Edwy Plenel, Philippe Aigrain, Henri Verdier…), avait promis que la recommandation de l’institution serait présentée avant le début des débats dans l’hémicycle, le 13 avril. Destiné à aiguiller les parlementaires, le texte présenté hier soir ne remet pas en cause la nécessité d’actualiser la législation applicable au renseignement, mais estime que la copie du gouvernement mériterait d’être revue à de nombreux égards. D’entrée, les membres de la commission tiennent à « mettre en garde contre le risque d’aller, pas à pas, d’une surveillance ciblée à une surveillance généralisée ». Le ton est donné. « La légalisation de pratiques de surveillance jusqu’alors peu encadrées ne doit pas être l’occasion d’étendre à l’excès le périmètre de cette surveillance, sauf à remettre en cause l’équilibre entre les libertés fondamentales à protéger » poursuit l’avis.”

Source : Next INpact

Loi Renseignement : l’ARCEP craint des effets néfastes sur le réseau

“Le gendarme des télécoms a analysé le projet de loi sur le renseignement. Pour l’autorité des télécommunications, des effets nuisibles sur le réseau sont à craindre. À l’occasion du projet de loi sur le renseignement qui a été présenté jeudi en conseil des ministres, l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) a été consultée par le gouvernement sur les effets qu’un tel texte pourrait avoir sur le réseau. Rendu public ce vendredi, l’avis (PDF) du gendarme des télécommunications soulève plusieurs problématiques.L’autorité dirigée par Sébastien Soriano relève par exemple que “la mise en oeuvre de certaines techniques de recueil de renseignements serait susceptible d’avoir un impact sur l”intégrité et la disponibilité des réseaux ou sur la qualité des services de communications électroniques”. En filigrane, c’est la détection par algorithmes des menaces terroristes, prévue dans l’article 2 du texte, qui suscite l’inquiétude.”

Source : Numerama

Loi sur le renseignement : “Un danger, même aux mains de républicains

“Le président de l’actuelle Commission de contrôle des services de renseignement s’inquiète du projet de loi en la matière, depuis les “boîtes noires” jusqu’à la future commission. Interview. Jean-Marie Delarue, président dela Commission nationale de Contrôle des Interceptions de Sécurité (CNCIS), s’inquiète du projet de loi sur le renseignement, qui doit être voté à l’Assemblée mardi 5 mai. Il s’explique.”

Source : L’Obs

La Loi Renseignement fusillée par le gendarme du renseignement !

“Jean-Marie Delarue, président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), qui a en charge de contrôler les demandes des services de renseignement, est vent debout contre le projet de loi Renseignement. Pas seulement parce qu’il supprime la CNCIS, mais parce qu’il bafoue nombre de garanties pour la protection des libertés. L’article que nous publiions ce matin sur les conflits d’intérêts de Jean-Jacques Urvoas (rapporteur d’un projet de loi sur le renseignement qui supprime la CNCIS dont il est l’un des trois membres, pour la remplacer par une nouvelle autorité dont il pourrait devenir membre), n’a pas suscité de grandes réactions. Mais l’interview cinglante accordée à AEF par le président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), Jean-Marie Delarue, pourrait achever de convaincre ceux qui douteraient encore qu’il y a bel et bien un problème.”

Source : Numerama

Le CNNum fustige à son tour le projet de loi Renseignement

“Comme la CNIL, mais avec moins de précautions oratoires, le Conseil National du Numérique (CNNum) a lui aussi critiqué l’orientation prise par le Gouvernement avec son projet de loi Renseignement, qui va bien au delà du meilleur encadrement qui était promis. Après la CNIL qui a émis de nombreuses réserves, c’est le Conseil National du Numérique (CNNum) qui tire à boulets rouges sur le texte qui renforce les prérogatives des services de renseignement en leur offrant de nouveaux outils légaux, en échange de quelques améliorations (mais aussi de reculs) sur la garantie des droits. Dans un communiqué, le CNNum qui n’a pas été consulté “déplore le projet d’étendre de manière significative le périmètre de la surveillance, sans que cette extension ne s’accompagne de garanties suffisantes en termes de libertés”.”

Source : Numerama

Projet de loi relatif au renseignement : un texte mortifère 

“Le projet de loi relatif au renseignement présenté par le premier ministre, le garde des Sceaux, le ministre de la défense et le ministre de l’intérieur, est mortifère au plan des libertés individuelles et des libertés publiques.

Ce texte doit être condamné ne serait-ce que parce qu’il procède d’un gouvernement en fin de règne qui tente de trouver une nouvelle légitimité par l’intrusion dans la vie privée et professionnelle notamment des professionnels bénéficiant ou assujettis au secret professionnel et nourrissant la prétention de surpasser cette fatalité qui place sa raison d’être dans l’inauguration des chrysanthèmes.

Rappelons les propos du député Jean-Jacques Urvoas, rapporteur du projet, au Journal du Dimanche du 23 mars citant le premier ministre sur la présence actuelle d’une « zone grise » où apparemment les services spécialisés de renseignement ont toute liberté pour agir.”

Source : Dalloz

Même la CGT Police dénonce la Loi Renseignement !

“La liste des contempteurs du projet de loi sur le renseignement s’allonge. Cette fois, c’est le syndicat CGT de la police de Paris qui prend position contre le texte. Combien faudra-t-il d’opposants au projet de loi sur le renseignement pour que le gouvernement accepte de revoir sa copie ? Depuis sa présentation en conseil des ministres, le texte défendu par Manuel Valls est la cible de très nombreuses critiques. Car si le but est de donner enfin un cadre légal aux pratiques des services secrets, les contours de celui-ci sont beaucoup trop étendus.”

Sources : NumeramaZdnet

Loi Renseignement : L’Europe déjuge le gouvernement

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté un rapport appelant à la création d’un «Code du renseignement», jugeant que l’initiative française allait dans «la mauvaise direction». François Hollande a saisi le Conseil constitutionnel. C’est pour éviter des programmes de surveillance massive du type de ceux pratiqués par la NSA et révélés par Edward Snowden que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté un rapport appelant à la création d’un «Code du renseignement». Cette assemblée siégeant à Strasbourg, où siègent les législateurs de 47 pays, ont approuvé un rapport de 40 pages intitulé «les opérations de surveillance massive». Le texte dénonce ainsi les mesures prévues en France par la future loi sur le renseignement présentée par Manuel Valls. Le chrétien-démocrate néerlandais Pieter Omtzigt, rapporteur du texte, estime que les discussions sur la loi renseignement examinée par l’Assemblée nationale en France allaient dans «la mauvaise direction». Il a ajouté que «la surveillance de masse est inefficace dans la lutte du terrorisme».”

Source : Russia Today

Le Commissaire s’inquiète des nouvelles mesures antiterrorisme

Je m’inquiète de l’approche strictement sécuritaire qui caractérise les discussions et les textes de loi visant à renforcer la lutte contre le terrorisme. Le blocage de sites Internet sans autorisation judiciaire préalable, dont la mise en œuvre a récemment débuté en France, est un exemple clair des risques que ces mesures représentent pour les droits de l’homme, en particulier pour la liberté d’expression et le droit de recevoir et de communiquer des informations.

Je suis, en outre, très préoccupé par les propositions actuellement débattues dans plusieurs pays européens visant à renforcer les pouvoirs des services de sécurité en matière de surveillance des individus sans contrôle judiciaire préalable. Si elles sont adoptées par le législateur, ces propositions risquent d’avoir des effets liberticides et de créer un climat social néfaste, dans lequel tous les individus sont considérés comme des suspects potentiels.

Le respect de la vie privée est un droit de l’homme, auquel il ne doit pas pouvoir être porté atteinte si facilement. Les États ont, bien sûr, le devoir d’assurer la sécurité au sein de leurs frontières. Mais la réponse à la question de savoir comment concilier sécurité et respect  des droits de l’homme doit résulter d’un débat ouvert, démocratique et tirant les enseignements de la «guerre contre le terrorisme » menée au cours de ces quinze dernières années, qui a montré que limiter des droits de l’homme afin de lutter contre le terrorisme est une grave erreur et une mesure inefficace pouvant même aider la cause des terroristes.”

Source : Conseil de l’Europe

Non la vie privée ne doit pas s’effacer au nom de la sécurité

“Législation : Sécurité et cybersécurité ne peuvent pas être un prétexte pour affaiblir la protection des données personnelles, juge le monsieur vie privée de l’Europe. Mais pour le gouvernement français, si c’est possible car la vie privée ne relève pas des libertés individuelles. Non la vie privée ne doit pas s’effacer au nom de la sécurité -  La vie privée a été longuement évoquée par les députés et ministres français dans le cadre de l’examen à l’Assemblée du projet de loi renseignement. Et pour défendre le texte, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a exclu du champ des libertés individuelles le droit à la vie privée. Une façon pour le membre de l’exécutif de faire primer les questions de sécurité sur celles relevant de la confidentialité des données. Cette ligne, le Contrôleur Européen de la Protection des Données Personnelles, Giovanni Buttarelli, ne la partage pas – « La cybersécurité ne doit pas devenir une excuse » Et il a profité d’une conférence à Bruxelles pour le rappeler. « L’objectif de la cyber sécurité peut être détourné pour justifier des mesures qui affaiblissent la protection de [la protection des données] droits » a-t-il observé, comme le rapporte The Register « La cybersécurité ne doit pas devenir une excuse pour le traitement disproportionné de données personnelles » a ajouté Giovanni Buttarelli. Mais en France, Bernard Cazeneuve, lui, ne voit pas le problème.”

Source : ZDNet

La loi sur le renseignement pourrait mener à un État de surveillance, selon Human Rights Watch

“L’ONG a peur que le projet français fasse jurisprudence de façon néfaste vis-à-vis d’autres pays en instituant une surveillance de masse abusive et secrète. Un Patriot Act à la française. Pour l’ONG internationale Human Rights Watch, le projet de loi français sur le renseignement va clairement dans la direction déjà empruntée par les Etats-Unis. Et donne un mauvais signal au reste du monde. C’est la raison pour laquelle l’organisation s’est fendue d’un communiqué de presse cinglant au sujet de ce texte.”

Source : 01Net - HRW

LDH : « tous surveillés »

La LDH a publié un Communiqué par le biais de l’Observatoire des libertés et du numérique (OLN). « Les dispositions du projet de loi sur le renseignement ne peuvent être votées en l’état ».

« (…) Ce projet de loi installe un dispositif pérenne de contrôle occulte des citoyens dont il confie au pouvoir exécutif un usage quasi illimité. Il est à ce titre inacceptable. Seul un véritable contrôle a priori de techniques de renseignement proportionnées et visant un objectif strictement défini relevant de la sécurité nationale, restera respectueux des droits fondamentaux.

L’Observatoire des libertés et du numérique appelle les citoyens et les parlementaires à se mobiliser pour conduire ce projet vers sa seule finalité légitime : mettre les dispositifs d’encadrement de la surveillance et du renseignement en adéquation avec les exigences de l’Etat de droit(…) »

Un nouveau communiqué commun de la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Ligue des droits de l’Homme (LDH), Reporters sans frontières, Amnesty International et Privacy International est venu compléter le premier :

« Inquiétude des organisations des droits de l’Homme face à un projet de loi visant à donner aux agences de renseignement de nouveaux pouvoirs qui ne sont pas sans danger »”

Source : Reflets

Allez à une manifestation sportive, vous serez fiché !

“La Ligue des droits de l’Homme a saisi le Conseil d’Etat d’un recours au fond et afin de suspendre dès à présent l’arrêté du 15 avril 2015 portant autorisation d’un traitement automatisé de données à caractère personnel, dénommé « fichier Stade », publié le 23 avril 2015 au Journal officiel.

Ce fichier autorise le fichage de tous ceux et celles, et des personnes en relations directes avec elles, que les forces de l’ordre auront qualifié de « supporters », et, cela, à Paris et dans les départements limitrophes.

Il autorise le recueil d’informations de tous ordres, y compris quant à l’apparence physique mais aussi sur les réseaux sociaux et les blogs concernant ces personnes.

Autant dire que quiconque (au-dessus de 13 ans…) se rendant au stade, sa famille, la voiture qui le transporte, etc., tombe sous le coup de ce fichage et devient, aux yeux du ministère de l’Intérieur, un suspect potentiel.

Confondant ainsi suspect de terrorisme et supporters sportifs, le ministère de l’Intérieur peaufine son fichage généralisé de la population dans une sorte de boulimie dont les libertés individuelles sont les premières victimes.

Ayant sans doute besoin de supplétifs, le ministère de l’Intérieur autorise la divulgation de ces informations et leur utilisation au profit de personnes de droit privé que sont les fédérations sportives agréées.

Enfin, satisfaisant de cette manière aux pratiques antérieures et illégales du PSG, le ministère de l’Intérieur réserve un sort particulier aux supporters de cette équipe en autorisant leur fichage spécifique dans toutela France.

Une telle démesure, qui allie ridicule, arbitraire et volonté de mettre la population entière sous contrôle, ne peut que conforter l’inquiétude de tous ceux et celles qui voient dans les projets gouvernementaux actuellement débattus au Parlement et dans les pratiques du ministère de l’Intérieur, la marque d’une société où la sûreté, dont doivent bénéficier tous les citoyens, n’est plus garantie.

C’est pourquoi,la LDHespère que le Conseil d’Etat mettra un terme à cet usage dévoyé des pouvoirs qu’une loi, déjà imparfaite, reconnaît aux pouvoirs publics.”

Source LDH

Avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme  sur le projet de loi relatif au renseignement

“Paris, le 16 avril 2015 – La Commission nationale consultative des droits de l’homme, rend aujourd’hui un avis sévère sur le projet de loi relatif au renseignement. Le 19 mars 2015, un projet de loi relatif au renseignement a été adopté en Conseil des ministres. Le même jour, le Gouvernement a décidé d’engager la procédure accélérée réduisant l’examen du texte à une seule lecture par chaque assemblée. Le débat devant l’Assemblée nationale s’est ouvert dès le 13 avril, soit, pour un texte particulièrement long et compliqué, moins d’un mois après l’aval du Conseil des ministres. Une nouvelle fois, la CNCDH constate une précipitation injustifiée dans une matière très technique et extrêmement sensible pour les libertés publiques et les droits fondamentaux. Cette accélération de la procédure législative restreint considérablement le temps de réflexion et de maturation nécessaire au débat démocratique et nuit, comme chacun le sait, à la qualité de la loi. « Il n’est pas question de nier que la grande criminalité est un défi pour nos démocraties, mais la CNCDH se doit de réaffirmer avec force que les États ne sauraient prendre, au nom d’intérêts considérés à juste titre comme primordiaux, n’importe quelle mesure attentatoire au respect de la vie privée », affirme Christine Lazerges, Présidente de la CNCDH, avant d’ajouter : « La plus grande victoire des « ennemis des droits de l’homme » serait de mettre en péril l’État de droit par une dérive liberticide et de renoncer aux principes républicains. Notre commission appelle à « raisonner la raison d’État », afin de ne pas créer une société du soupçon permanent ». ”

Source CNCDH

Écoutes de la NSA : deux ONG se portent partie civile en France

“La FIDH et la LDHont déposé mercredi devant le TGI de Paris une plainte avec constitution de partie civile contre les activités d’espionnage des agences américaines dans le cadre du programme “Prism”. Les deux ONG jugent que le Parquet de Paris se complaît dans l’inertie. Les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden sur les pratiques de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) ne devraient pas rester lettre morte en France. La Fédérationinternationale des Droits de l’Homme (FIDH) et la Liguedes droits de l’homme (LDH) ont annoncé dans un communiqué commun publié jeudi 9 avril avoir déposé mercredi devant le TGI de Paris une nouvelle plainte contre “les activités d’espionnage des agences américaines“, après celle déposée le 11 juillet 2013 contre X.”

Source : La Tribune

FFDN et LQDN devant le Conseil d’État contre la censure administrative

“Après le recours intenté contre le régime de surveillance instauré par la Loi de programmation militaire, les fournisseurs d’accès associatifs de la fédération FFDN et La Quadrature du Net s’associent de nouveau pour saisir le Conseil d’État du décret instituant le blocage administratif de sites Internet. Ce décret, pris en application de la loi LOPPSI de 2011 (instaurant la censure administrative de sites à caractère pédopornographique) et de la loi sur le terrorisme de novembre 2014 (étendant cette censure aux sites faisant l’apologie du terrorisme), met gravement en danger la liberté d’expression en permettant la censure de contenus en ligne hors de tout cadre judiciaire.”

Source : La Quadrature du Net

Loi renseignement, « une menace » aux multiples visages juge Mozilla

“Législation : Les déclarations du gouvernement ne convainquent toujours pas, et certainement pas Mozilla qui voit dans le projet de loi renseignement « une menace pour l’infrastructure d’Internet, la vie privée des utilisateurs, ainsi que pour la sécurité des données ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mozilla, l’éditeur du navigateur Firefox, n’est pas emballé par la loi sur le renseignement actuellement examiné en procédure accélérée par le Parlement français. Et ce qui déplait à Mozilla, c’est à la fois la méthode et le contenu. La méthode d’abord : « presque aucune consultation des parties prenantes » n’a été menée, regrette la fondation. En outre, « les modalités exactes de ce projet de loi semblent changer fréquemment ». Pire, les « discussions menées secrètement, à huis clos, aboutissent rarement à une législation fortePour Mozilla, il est indispensable donc que le gouvernement ouvre « un véritable débat ».[…] Le projet « tel qu’il est aujourd’hui présenté, fixe énormément de garanties sur les modes de collecte de données […] mais qui en revanche est absolument silencieux sur ce que devient la donnée une fois qu’elle est entrée dans le dispositif […] La loi ne dit rien sur ce qui se passe dans le fonctionnement des fichiers » commentait la semaine dernière sa présidente, Isabelle Falque-Pierrotin.”

Sources : ZDNet01NetJournal du GeekNumerama  

Mozilla “fortement préoccupé” par la loi Renseignement

“Mozilla qui n’était pas encore entré dans la coalition des nombreux opposants au projet de loi sur le renseignement se dit « particulièrement préoccupé par l’installation de “boites noires” au sein des infrastructures ». Des sources internes à Mozilla nous avaient signalé que l’organisation dont le siège est aux États-Unis avait choisi de ne pas s’exprimer publiquement sur la loi Renseignement française, faute d’avoir les ressources juridiques suffisantes pour analyser les tenants et les aboutissants du texte. Mais finalement, l’éditeur de logiciels libres à qui l’on doit Firefox et Thunderbird et qui s’intéresse désormais au cloud est sorti de sa réserve, peut-être poussé par l’initiative rarissime du W3C, qui a lui-même affiché son hostilité totale au projet de loi français. « Les récents événements autour de la loi sur le renseignement débattue en ce moment en France nous préoccupent fortement », écrit Mozilla dans un communiqué d’abord rédigé en anglais, donc émis directement depuis le siège. Il est signé par Jochai Ben-Avie, le directeur des politiques Internet de Mozilla.[…] Outre le fond, Mozilla critique aussi la forme. « Compte tenu de notre engagement pour l’ouverture et la transparence, nous ne nous inquiétons pas seulement du contenu de ces mesures, mais également de la manière dont cette législation est élaborée », sous procédure accélérée, avec un texte présenté moins d’un mois avant le début des travaux parlementaires, et des amendements importants présentés le jour-même du vote. « Mozilla exhorte le Gouvernement français à ouvrir un véritable débat autour de cette loi », écrit la Fondation.”

Source : NumeramaTweet

Projet de loi sur le renseignement : Les journalistes ne veulent pas être surveillés

“En permettant aux services de renseignement français de surveiller les communications, le projet de loi présenté le jeudi 19 mars en Conseil des ministres fait planer une nouvelle menace sur le secret des sources des journalistes. Le projet de loi sur le renseignement présenté par le Premier ministre Manuel Valls prévoit le recueil de renseignements pour des prétextes extrêmement variés, allant de la “prévention du terrorisme” à la défense de “l’exécution des engagements européens […] dela France”. Au nom de ces impératifs “sécuritaires”,la DGSI et certaines agences des ministères de l’Economie, dela Défense et de l’Intérieur, seront en mesure de collecter des méta données, d’intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules, ou encore d’accéder aux données des sociétés de transports.”

Source : RSF

Loi sur le renseignement : l’Ordre s’oppose aux écoutes des professionnels de santé

L’Ordre des médecins s’émeut des dispositions contenues dans le projet de loi sur le renseignement, et notamment celle relative aux écoutes autorisées dans le cadre des procédures d’urgence, prévues par le texte. « Au même titre que les magistrats, les avocats, les journalistes ou les parlementaires, les professions de santé doivent faire partie des professions protégées. Elles doivent être exclues d’une surveillance par la procédure d’urgence, au nom du respect du caractère secret des informations de santé des citoyens », précise l’Ordre, qui reste intransigeant sur le respect du secret professionnel.”

Source : Le Quotidien du Médecin

Projet de loi sur le renseignement : le Patriot Act français ? Syntec Numérique appelle à la prudence

Le projet de loi sur le renseignement sera présenté jeudi en Conseil des ministres par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Les principales dispositions du texte dévoilées hier1 alourdissent la responsabilité des entreprises en limitant les libertés fondamentales. Syntec Numérique et ses 1500 adhérents formulent aujourd’hui leur inquiétude face à des mesures de plus en plus liberticides pour les citoyens et les entreprises, parmi lesquelles :

Fin du caractère exceptionnel des interceptions de sécurité

Absence de garde-fou sur la géolocalisation

Obligation de déchiffrement pour les entreprises

Absence de garanties pour les données exploitées et collectées

Ces différentes opérations pourront être prises par autorisations administratives, sans l’intervention d’un juge”

Source : Syntec NumériquePDF

Amnesty International dénonce le projet de loi Renseignement

“L’ONG Amnesty International prend position contre le projet de loi sur le renseignement. Dénonçant un texte incluant des mesures extrêmement larges et intrusives, elle souligne l’absence du juge judiciaire dans le dispositif imaginé par le gouvernement. [...] C’est au tour d’Amnesty International de prendre position contre le texte proposé par le gouvernement. “Toute surveillance doit être ciblée, fondée sur des soupçons plausibles et soumise à un contrôle judiciaire préalable” commente Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty International France. Or, les mesures prévues dans le projet de loi, décrites comme extrêmement larges et intrusives, “apparaissent comme illégales et disproportionnées et constituent une violation grave du droit au respect de la vie privée”.En particulier, Amnesty International pointe du doigt la détection par algorithmes des menaces terroristes. L’article 2 du projet de loi donne en effet au premier ministre le pouvoir d’exiger des fournisseurs d’accès à Internet et des hébergeurs l’installation d’un dispositif de détection automatisée des internautes susceptibles de représenter un risque. Le tout, sous le couvert du secret défense. “Par ce projet de loi,la Franceautorise la surveillance de masse pour la prévention du terrorisme sans contrôle judiciaire ni recours effectif pour les victimes de surveillance”, poursuit Mme Garrigos. Or, les garde-fous manquent : non seulement le contrôle du juge judiciaire n’est pas prévu, pourtant seul garant des libertés individuelles, mais en plus aucun recours n’est envisagé pour ceux victimes de la surveillance.”

Source : Numerama

Loi sur le renseignement : le “New York Times” dénonce un “État français de surveillance”

“Le quotidien américain pointe une loi “vague” qui ferait de chaque citoyen une cible potentielle et autoriserait des excès semblables à ceux de la NSA.  L’avertissement vient tout droit des États-Unis. Selon un éditorial paru dans le New York Times, le projet de loi sur le renseignement proposé par Manuel Valls « pourrait ouvrir la porte à des excès semblables » à la surveillance extrême de la NSA depuis le 11 Septembre, dévoilée par Edward Snowden. Alors que le projet doit être débattu dès le 13 avril, le quotidien rappelle que « le Parlement a le devoir de protéger les droits démocratiques des citoyens de la surveillance expansive et intrusive du gouvernement ». Et pointe, dans cet éditorial intitulé « The French Surveillance State » (« L’État français de surveillance »), les dangers potentiels de la loi sur les libertés individuelles. Ainsi, « cette loi [...] est trop vague dans sa définition de qui est une cible légitime » et fait donc potentiellement de chaque citoyen une cible à surveiller, selon le New York Times. […] Selon le journal, s’ « il est compréhensible que les Français soient nerveux après les attaques de Paris et de Tunis et qu’ils s’alarment de la radicalisation de certains qui, en France, sont devenus la proie du recrutement djihadiste sur Internet », il est anormal que la loi « concentre des pouvoirs extraordinaires » au Premier ministre « en lui donnant, plutôt qu’aux juges, le contrôle du processus d’approbation des demandes de surveillance des agences de renseignements ». Enfin, la loi « met en danger la liberté de la presse », craint l’éditorial, en menaçant le secret des sources : « Les journalistes risquent de déclencher la surveillance gouvernementale simplement en faisant sur Internet les recherches dont ils ont besoin de faire pour traiter de l’actualité. »”

Source : Le PointNew York Times

Loi sur le renseignement: «comment expliquer à mes clients que leurs données ne sont plus en sécurité ?»

“Tribune de Colin Lalouette, président de Cloud is Mine.

Depuis quelques jours, une déclaration commune circule sur le web contre la loi sur le renseignement et la surveillance généralisée d’Internet. Pourquoi cette mobilisation du mouvement « Ni pigeons, ni espions » ? Que se cache-t-il derrière les premières mesures votées la semaine dernière par l’Assemblée nationale ? Pourquoi sommes-nous, entrepreneurs du numérique, si inquiets vis-à-vis de cette loi ?

Faisons simple.  Accepteriez-vous d’avoir des micros dans votre maison, que votre logiciel de traitement de texte soit analysé en continu ou bien encore que le téléphone de vos enfants soit sur écoute ? Bien entendu que non ! Et pourtant, cela va arriver à chacun d’entre nous dans un futur proche, lorsque les premiers décrets d’application de la loi sur le renseignement nous y contraindront, nous, entrepreneurs du numérique. L’heure est grave car cette loi, sous couvert d’un texte anti-terroriste, porte atteinte à mes libertés fondamentales de citoyen, mais également à mes valeurs et perspectives économiques en tant que chef d’entreprise.

Pensons ensemble à demain. La contestation de la loi sur le renseignement s’est cristallisée autour du mouvement « Ni pigeons, ni espions ». Mouvement unanime dans le secteur du « digital » car nous sommes mieux placés que quiconque pour voir arriver deux menaces : l’impact d’une telle loi sur l’économie française, à court terme, et les dérives possibles d’un système de surveillance massif, à moyen terme. Je reste persuadé que la première menace n’a pas été réellement mesurée par nos politiques ; quant à la seconde, j’ai bien peur qu’elle ne soit pas perçue comme telle pour nos institutions en perte de contrôle sur la réalité.”

Source : FrechWeb

Laurent Allard, PDG d’OVH: « La loi sur le renseignement concerne toute l’économie numérique »

“Laurent Allard, est le PDG d’OVH, le premier hébergeur européen et le troisième au niveau mondial. Lutte contre le terrorisme d’un côté, craintes d’espionnages de masse de l’autre… il livre à Frenchweb sa vision sur un dossier complexe et le résultat des discussions qui ont eu lieu au ministère de l’Intérieur. […] « Il faut comprendre que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’hébergement en France. Mais c’est l’économie numérique au sens large, car si nos sites d’hébergement sont contraints de délocaliser à l’étranger, cela signifie que les start-up qui hébergent leurs technologies dessus, verront, elles aussi, leurs technologies être hébergées ailleurs. Voulons-nous voir les technologies françaises partir à l’étranger ? L’impact économique est donc énorme et concerne toute l’économie numérique, un secteur qui est en pleine croissance. »”

Source : FrenchWeb

Altern ferme … encore

“Suite au vote de la loi sur les services secrets à l’assemblée nationale hier #PJLRenseignement, l’hébergeur altern.org ferme ses services le temps de déménager à l’étranger.

Altern.org participe depuis vingt ans à faire du droit à la liberté d’expression une réalité pour les citoyens et résidents de ce pays.

Pendant toutes ces années les dirigeants politiques, ceux des grandes entreprises, les notables de tout poil, n’ont eu de cesse que de refermer cette parenthèse de liberté ouverte par internet.

On a bien rigolé en les voyant gesticuler à tenter de bloquer la mer avec des lignes Maginot comme l’Hadopi.

Mais aujourd’hui ils ont trouvé une parade en nous obligeant par la loi a installer au cœur de nos infrastructures des analyseurs sous le contrôle des services secrets.

Ce contrôle sur les télécommunications appelle à l’autocensure de notre expression publique et annihile notre vie privée sur internet.

Pour nous un seul jour sous écoute globale est un jour de trop.

Altern.org refuse la boite noire des services secrets, ferme ses services immédiatement, pour les réouvrir dans quelques jours dans un pays plus respectueux des libertés individuelles. ”

Source : Altern.org

Loi Renseignement : Gandi juge la loi “toxique” et se développera à l’étranger

Gandi a prévenu qu’il favoriserait son développement à l’étranger en raison du manque de garanties inscrites dans la loi, qui ne permettent que de croire sur parole les promesses du gouvernement sur la mise en œuvre limitée des boîtes noires. Gandi fait partie des quelques gros hébergeurs qui ont menacé de quitter la France si le projet de loi renseignement était adopté en l’état, et qui avait donc été invité en dernière minute par le gouvernement à venir négocier une modification de la disposition qui leur impose l’installation de boîtes noires sur leurs réseaux (ils étaient invités aussi à faire la photo tout sourire avec Bernard Cazeneuve, ce qu’ils ont refusé). […]Tous les clients de l’opérateur ont le choix du lieu d’installation de leurs serveurs lorsqu’ils commandent un hébergement chez Gandi. L’option par défaut est d’ores et déjà le Luxembourg, pour des raisons sans doute avant tout essentiellement fiscales (mise à jour : Gandi nous assure que non, qu’il s’agit de raisons liées à la qualité des infrastructures réseau au Luxembourg),  mais le projet de loi devrait conforter Gandi dans cette stratégie, et surtout encourager les clients de l’hébergeur à confirmer ce choix lors de leur commande. Le prestataire a annoncé sa participation à une journée de mobilisation prévue le lundi 4 mai prochain, à la veille du vote solennel du projet de loi, qui ira ensuite au Sénat.”

Source : Numerama

Les hébergeurs français : « On sort un bazooka pour tuer une mouche »

“Après l’argument « libertés », l’argument économique. Le projet de loi sur le renseignement hérisse le poil de toute la galaxie des défenseurs de l’Internet libre. Il en défriserait probablement beaucoup d’autres si le côté technique de la chose n’en floutait pas les enjeux. Mais ce vendredi, c’est un autre aspect qui est mis en avant : celui de son éventuel impact économique. Les principaux hébergeurs français (OVH, Gandi, etc.) ont publié une lettre ouverte assassine, dans laquelle, tout en jurant ne pas être contre la loi, ils s’inquiètent des conséquences des fameuses « boîtes noires » sur leurs activités.”

Source : Rue89

Données de connexion : la France « ne pourra pas continuer à ignorer » la CJUE

“Au lendemain des Pays-Bas, et après déjà plusieurs autres pays européens, c’est la cour constitutionnelle de Bulgarie qui a invalidé la loi faisant obligation aux opérateurs télécoms de conserver toutes les données de connexion de leurs abonnés. Pour la Quadrature du Net, la France n’aura pas d’autre choix que de tirer elle aussi les conséquences de la décision protectrice de la vie privée prise en avril 2014 par la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE). Mercredi, la justice des Pays-Bas a décidé de suspendre l’application de la loi qui impose aux opérateurs télécoms de conserver jusqu’à un an les métadonnées de toutes les communications et connexions de leurs abonnés. Elle a ainsi appliqué le raisonnement de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE), qui a invalidé la directive européenne sur la conservation des données dans son arrêt Digital Rights Ireland du 8 avril 2014, au motif que l’obligation était disproportionnée, notamment parce qu’elle s’applique y compris à l’encontre “des personnes pour lesquelles il n’existe aucun indice de nature à laisser croire que leur comportement puisse avoir un lien, même indirect ou lointain, avec des infractions graves”.”

Source : Numerama

Pourquoi le projet de loi Renseignement viole le droit international

“Avec son projet de loi Renseignement qui renforce les moyens de surveillance massive sur Internet, la France s’apprête à violer ses engagements internationaux, y compris ceux pris au plus haut niveau de la hiérarchie : l’ONU. Ce mercredi aura lieu à l’Assemblée Nationale le premier examen en commission du projet de loi relatif au renseignement, qui fait à peu près l’unanimité contre lui, sauf dans les rangs politiques. Droite et gauche ont convenu dès après les attentats de Paris de janvier 2015 de former une union sacrée pour obtenir l’adoption rapide du texte, qui renforce les moyens de surveillance de l’Etat, notamment par le recours à des méthodes de détection algorithmiques des potentiels terroristes.”

Source : Numerama

Plus de 119 000 Français ont signé une pétition contre la loi sur le renseignement

“C’est ce mardi que la pétition lancée sur un site Web contre le projet de loi sur le renseignement a été déposée à Matignon. Elle réclame le retrait pur et simple du texte. Une pétition signée par plus de 119.000 personnes contre le projet de loi sur le renseignement a été remise ce 28 avril 2015 à Matignon. Leur demande est claire : que le projet de loi, que les initiateurs de la pétition sur change.org qualifient de « Big brother français », soit retiré. Thomas Guénolé et Katerina Ryzhakova, respectivement politologue et directrice d’une agence de communication, ont lancé leur pétition le 9 avril dernier. Ils y expliquent refuser, en tant qu’ « habitants ordinaires » de vivre dans « un État policier numérique ». Dans leur pétition, ils expliquent refuser le « chantage à la menace terroriste érigé en argument d’autorité anti-libertés », la légalisation d’une « NSA à la française » et du droit pour les services secrets de lire tout courriel, d’écouter toute conversation téléphonique…”

Sources : 01NetChange

L’Association des victimes du terrorisme opposée à la loi Renseignement

“Alors que le gouvernement défend son projet de loi renseignement par la nécessité de renforcer la lutte contre le terrorisme, l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT) s’inquiète du projet de loi, qui ne garanti pas assez « le respect des fondamentaux démocratiques ».  Voilà qui ne va pas aider le gouvernement. Alors que Manuel Valls avait axé tout son discours à l’Assemblée nationale sur les attentats de janvier 2015 et que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve le relaie régulièrement pour dire ô combien les redoutables boîtes noires sont essentielles pour traquer les futurs terroristes en puissance, voici que l’Association française des victimes de terrorisme s’ajoute à la longue liste des opposants au projet de loi Renseignement. « Notre Association en appelle au législateur sur la nécessité de la mise en place d’instances de contrôle indépendantes visant à prévenir toute instrumentalisation de l’outil du renseignement et toute dérive pouvant fragiliser notre pacte républicain”, écrit l’AFVT dans un communiqué. “Aussi nécessaire soit-elle”, la lutte contre le terrorisme “doit néanmoins garantir le respect des fondamentaux démocratiques : la présomption d’innocence, la protection de la vie privée, la protection des sources et la confidentialité pour les professions concernées, notamment celles de magistrat, d’avocat, de médecin et de journaliste, pour ne citer qu’elles ».”

Source Numerama

P.S. Merci à Didier pour le gros boulot de synthèse…

Source: http://www.les-crises.fr/loi-renseignement-bon-ben-a-peu-pres-tous-les-gens-serieux-sont-contre/


Loi renseignement 2 : …mais pas grave, 438 députés ont voté pour…

Wednesday 6 May 2015 at 02:55

Parce que, à ce stade, l’Assemblée Nationale est une publicité vivante pour le poujadisme…

Voici donc le détail des votes sur le projet de loi, adopté par l’Assemblée.

N’hésitez pas à leur écrire ici, mais, bien mieux, à leur passer un coup de fil, en particulier à la permanence de votre député.

Groupe socialiste, républicain et citoyen (288 membres)

Pour: 252 (MENTION SPÉCIALE À EUX)

  • Ibrahim Aboubacar
  • Patricia Adam
  • Sylviane Alaux
  • Jean-Pierre Allossery
  • François André
  • Nathalie Appéré
  • Kader Arif
  • Christian Assaf
  • Joël Aviragnet
  • Pierre Aylagas
  • Jean-Marc Ayrault
  • Alexis Bachelay
  • Guillaume Bachelay
  • Jean-Paul Bacquet
  • Dominique Baert
  • Gérard Bapt
  • Frédéric Barbier
  • Serge Bardy
  • Ericka Bareigts
  • Christian Bataille
  • Delphine Batho
  • Marie-Noëlle Battistel
  • Philippe Baumel
  • Catherine Beaubatie
  • Marie-Françoise Bechtel
  • Jean-Marie Beffara
  • Luc Belot
  • Karine Berger
  • Chantal Berthelot
  • Gisèle Biémouret
  • Philippe Bies
  • Erwann Binet
  • Yves Blein
  • Daniel Boisserie
  • Christophe Borgel
  • Florent Boudié
  • Marie-Odile Bouillé
  • Christophe Bouillon
  • Brigitte Bourguignon
  • Malek Boutih
  • Émeric Bréhier
  • Jean-Louis Bricout
  • Jean-Jacques Bridey
  • François Brottes
  • Isabelle Bruneau
  • Gwenegan Bui
  • Sabine Buis
  • Jean-Claude Buisine
  • Sylviane Bulteau
  • Vincent Burroni
  • Alain Calmette
  • Jean-Christophe Cambadélis
  • Colette Capdevielle
  • Yann Capet
  • Christophe Caresche
  • Marie-Arlette Carlotti
  • Martine Carrillon-Couvreur
  • Christophe Castaner
  • Laurent Cathala
  • Jean-Yves Caullet
  • Guy Chambefort
  • Jean-Paul Chanteguet
  • Marie-Anne Chapdelaine
  • Guy-Michel Chauveau
  • Jean-David Ciot
  • Alain Claeys
  • Jean-Michel Clément
  • Marie-Françoise Clergeau
  • Romain Colas
  • Philip Cordery
  • Valérie Corre
  • Jean-Jacques Cottel
  • Catherine Coutelle
  • Jacques Cresta
  • Pascale Crozon
  • Frédéric Cuvillier
  • Seybah Dagoma
  • Yves Daniel
  • Carlos Da Silva
  • Pascal Deguilhem
  • Florence Delaunay
  • Michèle Delaunay
  • Guy Delcourt
  • Pascal Demarthe
  • Sébastien Denaja
  • Françoise Descamps-Crosnier
  • Sophie Dessus
  • Jean-Louis Destans
  • Michel Destot
  • Fanny Dombre-Coste
  • René Dosière
  • Sandrine Doucet
  • Philippe Doucet
  • Françoise Dubois
  • Jean-Pierre Dufau
  • Anne-Lise Dufour-Tonini
  • Françoise Dumas
  • William Dumas
  • Jean-Louis Dumont
  • Jean-Paul Dupré
  • Yves Durand
  • Philippe Duron
  • Olivier Dussopt
  • Henri Emmanuelli
  • Corinne Erhel
  • Sophie Errante
  • Marie-Hélène Fabre
  • Olivier Faure
  • Alain Fauré
  • Hervé Féron
  • Richard Ferrand
  • Geneviève Fioraso
  • Hugues Fourage
  • Jean-Marc Fournel
  • Valérie Fourneyron
  • Michèle Fournier-Armand
  • Michel Françaix
  • Christian Franqueville
  • Jean-Claude Fruteau
  • Jean-Louis Gagnaire
  • Yann Galut
  • Guillaume Garot
  • Hélène Geoffroy
  • Jean-Marc Germain
  • Jean Glavany
  • Yves Goasdoué
  • Geneviève Gosselin-Fleury
  • Pascale Got
  • Marc Goua
  • Estelle Grelier
  • Jean Grellier
  • Edith Gueugneau
  • Élisabeth Guigou
  • Chantal Guittet
  • David Habib
  • Razzy Hammadi
  • Benoît Hamon
  • Joëlle Huillier
  • Sandrine Hurel
  • Christian Hutin
  • Monique Iborra
  • Françoise Imbert
  • Michel Issindou
  • Éric Jalton
  • Serge Janquin
  • Henri Jibrayel
  • Régis Juanico
  • Armand Jung
  • Laurent Kalinowski
  • Marietta Karamanli
  • Philippe Kemel
  • Chaynesse Khirouni
  • Bernadette Laclais
  • Conchita Lacuey
  • François Lamy
  • Anne-Christine Lang
  • Colette Langlade
  • Jean Launay
  • Jean-Luc Laurent
  • Jean-Yves Le Bouillonnec
  • Gilbert Le Bris
  • Anne-Yvonne Le Dain
  • Jean-Yves Le Déaut
  • Viviane Le Dissez
  • Michel Lefait
  • Dominique Lefebvre
  • Annie Le Houerou
  • Annick Le Loch
  • Patrick Lemasle
  • Catherine Lemorton
  • Christophe Léonard
  • Annick Lepetit
  • Jean-Pierre Le Roch
  • Bruno Le Roux
  • Arnaud Leroy
  • Michel Lesage
  • Bernard Lesterlin
  • Serge Letchimy
  • Michel Liebgott
  • Martine Lignières-Cassou
  • Audrey Linkenheld
  • François Loncle
  • Gabrielle Louis-Carabin
  • Lucette Lousteau
  • Victorin Lurel
  • Jacqueline Maquet
  • Marie-Lou Marcel
  • Jean-René Marsac
  • Philippe Martin
  • Frédérique Massat
  • Sandrine Mazetier
  • Michel Ménard
  • Patrick Mennucci
  • Kléber Mesquida
  • Philippe Nauche
  • Nathalie Nieson
  • Robert Olive
  • Maud Olivier
  • Monique Orphé
  • Michel Pajon
  • Luce Pane
  • Rémi Pauvros
  • Germinal Peiro
  • Hervé Pellois
  • Jean-Claude Perez
  • Sébastien Pietrasanta
  • Martine Pinville
  • Christine Pires Beaune
  • Philippe Plisson
  • Élisabeth Pochon
  • Napole Polutélé
  • Pascal Popelin
  • Dominique Potier
  • Régine Povéda
  • Christophe Premat
  • Joaquim Pueyo
  • François Pupponi
  • Catherine Quéré
  • Valérie Rabault
  • Monique Rabin
  • Dominique Raimbourg
  • Marie Récalde
  • Eduardo Rihan Cypel
  • Alain Rodet
  • Frédéric Roig
  • Bernard Roman
  • Gwendal Rouillard
  • René Rouquet
  • Alain Rousset
  • Boinali Said
  • Béatrice Santais
  • Odile Saugues
  • Gilbert Sauvan
  • Christophe Sirugue
  • Julie Sommaruga
  • Pascal Terrasse
  • Sylvie Tolmont
  • Jean-Louis Touraine
  • Stéphane Travert
  • Catherine Troallic
  • Cécile Untermaier
  • Jean-Jacques Urvoas
  • Daniel Vaillant
  • Jacques Valax
  • Clotilde Valter
  • Michel Vauzelle
  • Fabrice Verdier
  • Michel Vergnier
  • Patrick Vignal
  • Jean-Michel Villaumé
  • Jean Jacques Vlody
  • Paola Zanetti

Contre: 10 (BRAVO A EUX)

  • Pouria Amirshahi
  • Fanélie Carrey-Conte
  • Aurélie Filippetti
  • Jean-Patrick Gille
  • Linda Gourjade
  • Philippe Noguès
  • Michel Pouzol
  • Barbara Romagnan
  • Gérard Sebaoun
  • Suzanne Tallard

Abstention: 17 (“Le problème de la greffe de couilles, c’est le manque de donneurs” [Jacques Chirac])

  • Laurent Baumel
  • Nicolas Bays
  • Jean-Luc Bleunven
  • Kheira Bouziane-Laroussi
  • Nathalie Chabanne
  • Dominique Chauvel
  • Pascal Cherki
  • Laurence Dumont
  • Geneviève Gaillard
  • Daniel Goldberg
  • Mathieu Hanotin
  • Pierre-Yves Le Borgn’
  • Pierre-Alain Muet
  • Christian Paul
  • Patrice Prat
  • Marie-Line Reynaud
  • Denys Robiliard

Groupe de l’union pour un mouvement populaire (198 membres)

Pour: 143

  • Damien Abad
  • Elie Aboud
  • Bernard Accoyer
  • Nicole Ameline
  • Benoist Apparu
  • Laurence Arribagé
  • Julien Aubert
  • Olivier Audibert-Troin
  • Jean-Pierre Barbier
  • Jacques Alain Bénisti
  • Xavier Bertrand
  • Marcel Bonnot
  • Jean-Claude Bouchet
  • Valérie Boyer
  • Philippe Briand
  • Bernard Brochand
  • Dominique Bussereau
  • Olivier Carré
  • Gilles Carrez
  • Yves Censi
  • Jérôme Chartier
  • Luc Chatel
  • Gérard Cherpion
  • Guillaume Chevrollier
  • Alain Chrétien
  • Jean-Louis Christ
  • Dino Cinieri
  • Éric Ciotti
  • Jean-François Copé
  • François Cornut-Gentille
  • Jean-Louis Costes
  • Édouard Courtial
  • Jean-Michel Couve
  • Marie-Christine Dalloz
  • Gérald Darmanin
  • Olivier Dassault
  • Bernard Deflesselles
  • Lucien Degauchy
  • Rémi Delatte
  • Jean-Pierre Door
  • Dominique Dord
  • David Douillet
  • Marianne Dubois
  • Christian Estrosi
  • Daniel Fasquelle
  • Georges Fenech
  • François Fillon
  • Marie-Louise Fort
  • Yves Foulon
  • Marc Francina
  • Yves Fromion
  • Laurent Furst
  • Sauveur Gandolfi-Scheit
  • Annie Genevard
  • Guy Geoffroy
  • Bernard Gérard
  • Alain Gest
  • Daniel Gibbes
  • Franck Gilard
  • Georges Ginesta
  • Charles-Ange Ginesy
  • Jean-Pierre Giran
  • Philippe Gosselin
  • Philippe Goujon
  • Claude Greff
  • Arlette Grosskost
  • Serge Grouard
  • Jean-Claude Guibal
  • Christophe Guilloteau
  • Michel Heinrich
  • Michel Herbillon
  • Antoine Herth
  • Guénhaël Huet
  • Sébastien Huyghe
  • Christian Jacob
  • Denis Jacquat
  • Christian Kert
  • Nathalie Kosciusko-Morizet
  • Jacques Kossowski
  • Patrick Labaune
  • Valérie Lacroute
  • Marc Laffineur
  • Jacques Lamblin
  • Jean-François Lamour
  • Guillaume Larrivé
  • Charles de La Verpillière
  • Thierry Lazaro
  • Alain Leboeuf
  • Isabelle Le Callennec
  • Marc Le Fur
  • Bruno Le Maire
  • Jean Leonetti
  • Pierre Lequiller
  • Philippe Le Ray
  • Geneviève Levy
  • Gilles Lurton
  • Jean-François Mancel
  • Alain Marleix
  • Philippe Armand Martin
  • Patrice Martin-Lalande
  • Alain Marty
  • Jean-Claude Mathis
  • François de Mazières
  • Gérard Menuel
  • Damien Meslot
  • Pierre Morange
  • Alain Moyne-Bressand
  • Jacques Myard
  • Dominique Nachury
  • Yves Nicolin
  • Patrick Ollier
  • Valérie Pécresse
  • Jacques Pélissard
  • Axel Poniatowski
  • Josette Pons
  • Didier Quentin
  • Frédéric Reiss
  • Jean-Luc Reitzer
  • Bernard Reynès
  • Camille de Rocca Serra
  • Sophie Rohfritsch
  • Martial Saddier
  • Paul Salen
  • François Scellier
  • Claudine Schmid
  • André Schneider
  • Jean-Marie Sermier
  • Michel Sordi
  • Éric Straumann
  • Claude Sturni
  • Michèle Tabarot
  • Guy Teissier
  • Michel Terrot
  • Jean-Marie Tetart
  • Dominique Tian
  • François Vannson
  • Catherine Vautrin
  • Patrice Verchère
  • Jean-Pierre Vigier
  • Philippe Vitel
  • Laurent Wauquiez
  • Éric Woerth
  • Marie-Jo Zimmermann

Contre: 35 (CHAPEAU A EUX, VU LEUR ÉLECTORAT)

  • Yves Albarello
  • Patrick Balkany (finalement, il vaut mieux un pourri qu’un socialiste)
  • Étienne Blanc
  • Xavier Breton
  • Philippe Cochet
  • Bernard Debré
  • Jean-Pierre Decool
  • Patrick Devedjian
  • Nicolas Dhuicq
  • Sophie Dion
  • Virginie Duby-Muller
  • Hervé Gaymard
  • Claude Goasguen
  • Jean-Pierre Gorges
  • Henri Guaino
  • Jean-Jacques Guillet
  • Patrick Hetzel
  • Laure de La Raudière
  • Pierre Lellouche (MENTION SPÉCIALE, car il avait aussi été un des arres à voter pour la séparation des activités bancaires)
  • Dominique Le Mèner
  • Laurent Marcangeli
  • Hervé Mariton
  • Franck Marlin
  • Philippe Meunier
  • Jean-Claude Mignon
  • Yannick Moreau
  • Édouard Philippe
  • Jean-Frédéric Poisson
  • Bérengère Poletti
  • Franck Riester
  • Thierry Solère
  • Alain Suguenot
  • Lionel Tardy
  • Jean-Charles Taugourdeau
  • Michel Voisin

Abstention: 20

  • Sylvain Berrios
  • Marc-Philippe Daubresse
  • Claude de Ganay
  • Anne Grommerch
  • Françoise Guégot
  • Philippe Houillon
  • Frédéric Lefebvre
  • Céleste Lett
  • Véronique Louwagie
  • Lionnel Luca
  • Thierry Mariani
  • Olivier Marleix
  • Alain Marsaud
  • Pierre Morel-A-L’Huissier
  • Bernard Perrut
  • Christophe Priou
  • Arnaud Robinet
  • Fernand Siré
  • Jean-Sébastien Vialatte
  • Jean-Luc Warsmann

Groupe de l’union des démocrates et indépendants (30 membres)

Pour: 17

  • Stéphane Demilly
  • Philippe Folliot
  • Meyer Habib
  • Francis Hillmeyer
  • Sonia Lagarde
  • Jean-Christophe Lagarde
  • Michel Piron
  • Franck Reynier
  • François Rochebloine
  • Maina Sage
  • Rudy Salles
  • André Santini
  • François Sauvadet
  • Jean-Paul Tuaiva
  • Philippe Vigier
  • François-Xavier Villain
  • Michel Zumkeller

Contre: 11

  • Charles de Courson (Lui aussi, un grand député)
  • Yannick Favennec
  • Jean-Christophe Fromantin
  • Philippe Gomès
  • Yves Jégo
  • Maurice Leroy
  • Hervé Morin
  • Bertrand Pancher
  • Arnaud Richard
  • Jonas Tahuaitu
  • Francis Vercamer

Abstention: 2

  • Thierry Benoit
  • Laurent Degallaix

Groupe écologiste (18 membres)

Pour: 5 (EELV étant contre, voici donc la liste officielle des ministrables au prochain remaniement)

  • Éric Alauzet
  • Denis Baupin
  • Christophe Cavard
  • François-Michel Lambert
  • François de Rugy

Contre: 11

  • Laurence Abeille
  • Brigitte Allain
  • Isabelle Attard
  • Danielle Auroi
  • Michèle Bonneton
  • Sergio Coronado
  • Cécile Duflot
  • Noël Mamère
  • Paul Molac
  • Jean-Louis Roumégas
  • Eva Sas

Abstention: 2

  • Véronique Massonneau
  • Barbara Pompili

Groupe radical, républicain, démocrate et progressiste (18 membres)

Pour: 17

  • Jean-Noël Carpentier
  • Ary Chalus
  • Gérard Charasse
  • Jeanine Dubié
  • Olivier Falorni
  • Paul Giacobbi
  • Joël Giraud
  • Gilda Hobert
  • Jacques Krabal
  • Jérôme Lambert
  • Jean-Pierre Maggi
  • Jacques Moignard
  • Dominique Orliac
  • Thierry Robert
  • Stéphane Saint-André
  • Roger-Gérard Schwartzenberg
  • Alain Tourret

Groupe de la gauche démocrate et républicaine (15 membres)

Pour: 3 (c’est qui ces crétins ?)

  • Bruno Nestor Azérot
  • Marc Dolez
  • Gabriel Serville

Contre: 12

  • François Asensi
  • Huguette Bello
  • Alain Bocquet
  • Marie-George Buffet
  • Jean-Jacques Candelier
  • Patrice Carvalho
  • Gaby Charroux
  • André Chassaigne
  • Jacqueline Fraysse
  • Alfred Marie-Jeanne
  • Jean-Philippe Nilor
  • Nicolas Sansu

Non inscrits (9 membres)

Pour: 1

  • Sylvie Andrieux

Contre: 7

  • Véronique Besse
  • Jacques Bompard
  • Gilbert Collard
  • Nicolas Dupont-Aignan
  • Jean Lassalle
  • Marion Maréchal-Le Pen (COOL, le FN défend les libertés publiques face à Valls, tout va bien)
  • Thomas Thévenoud (Comme quoi, un pourri vaut mieux qu’un député PS, bis)

Abstention: 1

  • Gilles Bourdouleix

Source: http://www.les-crises.fr/438-deputes-ont-vote-pour/