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Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, ScienceEtonnante, DataGueule)

Wednesday 7 December 2016 at 01:20

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche : Se passera-t-il quelque chose après le vote ?

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): Référendum italien: quels impacts sur les marchés ? – 05/12

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (2/2): Qu’attendre de la BCE après les résultats du référendum en Italie ? – 05/12

II. Philippe Béchade

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): Quel est l’impact du référendum italien sur les marchés ? – 30/11

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): Le pétrole dictera-t-il les tendances sur les marchés mondiaux dans les prochains mois ? – 30/11

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir VS Bruno Fine (1/2): Quid de la croissance économique française ? – 06/12

Jacques Sapir VS Bruno Fine (2/2): Les marchés européens ont-ils une carte à jouer pour 2017 ? – 06/12

IV. ScienceEtonnante

Crétin de cerveau ! #1 — L’effet de Halo

V. DataGueule

Abreuvés de brevets #DATAGUEULE 22


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-scienceetonnante-datagueule-3/


Le parlement de Grande-Bretagne approuve la dévolution de nouveaux pouvoirs de piratage et de surveillance, par Ryan Gallagher

Wednesday 7 December 2016 at 01:10

Source : The Intercept, le 22/11/2016

Photo: Akira Suemori/AP

Photo: Akira Suemori/AP

Ryan Gallagher

Le 22 novembre 2016

Il y a quelques années, il aurait été impensable qu’un gouvernement britannique admette qu’il allait pirater l’ordinateur des gens et collecter des données personnelles à grande échelle. Mais aujourd’hui, ces pratiques controversées sont sur le point d’être autorisées dans une nouvelle loi de surveillance sans précédent.

Le parlement de Grande-Bretagne a approuvé la semaine dernière un projet de loi appelé le Investigatory Powers Bill, surnommé la “charte des fouineurs” par la critique. La loi, qui devrait entrer en vigueur avant la fin de l’année, a été introduite en novembre 2015 à la suite des retombées des révélations du lanceur d’alerte de l’Agence Nationale de Sécurité, Edward Snowden, à propos d’un vaste plan de surveillance des Britanniques. Le Investigatory Powers Bill (projet de loi sur les pouvoirs d’enquête) a pour but essentiel de légaliser rétroactivement le programme d’espionnage électronique dévoilé par les documents de Snowden, mais il permet également d’élargir les pouvoirs de surveillance du gouvernement.

L’aspect le plus controversé de cette nouvelle loi est qu’elle donnera au gouvernement britannique l’autorité de contraindre les fournisseurs d’Internet à fournir leurs services avec “un avis de sauvegarde de données”, les obligeant à enregistrer et à stocker l’historique des sites visités par leurs clients sur une période allant jusqu’à douze mois. Les agences de maintien de l’ordre pourront avoir accès à cette base de données sans mandat ou ordre d’une cour. De plus, cette nouvelle loi donnera aux enquêteurs de police et aux investigateurs fiscaux, avec l’aval d’un ministre du gouvernement, la possibilité de pirater des téléphones et des ordinateurs ciblés. La loi permettra aux agences de renseignement de passer au crible “un vaste ensemble de données personnelles” contenant des millions de dossiers sur les appels téléphoniques des gens, leurs habitudes de voyage, leurs activités sur internet ou encore leur transactions financières ; enfin, cela rendra légal pour les espions britanniques d’opérer le piratage à grande échelle d’ordinateurs et de téléphones hors de leurs frontières afin d’identifier de potentielles “cibles d’intérêt.”

“Chaque citoyen aura son activité internet – les applications qu’il utilise, les messages qu’il envoie, et leurs destinataires – enregistré pendant 12 mois,” dit Eric King, un expert de la vie privée et ancien directeur de “Don’t Spy On Us“, une coalition de groupes britanniques de protection des droits de l’Homme faisant campagne contre la surveillance de masse.

“Il n’y a pas une seule démocratie, ou même un autre pays dans le monde, qui fasse cela.”

King affirme que cette nouvelle loi aura un effet dissuasif, se traduisant par une perte de confiance du public quant à la libre communication entre les gens. Il cite une enquête Pew publiée en mars 2015 selon laquelle 30% des adultes américains ont modifié leurs habitudes d’utilisation d’Internet ou de leur téléphone en raison de la surveillance gouvernementale. “Cela va changer la façon dont les gens communiquent et expriment leur pensées,” dit King. “Pour une société censée être progressiste, encourageant les débat ouverts et le dialogue, c’est affreux.”

D’autres défenseurs des libertés individuelles s’inquiètent que cette nouvelle loi soit perçue par les gouvernements à travers le monde comme un feu vert pour lancer des régimes de surveillance similaires. “Le passage du projet de loi aura un impact qui dépassera les frontières du Royaume-Uni,” dit Jim Killock, directeur exécutif du groupe basé à Londres Open Rights Group. “Il est probable que d’autres pays, incluant les régimes autoritaires respectant peu les droits de l’Homme, utiliseront cette loi pour légitimer leurs propres pouvoirs de surveillance intrusive.”

Malgré la large portée du projet de loi sur les pouvoirs d’enquête, il n’a généré que peu de débat au Royaume-Uni, et n’a pas reçu une grande couverture de la part des médias grand public. L’une des raisons à cela est indubitablement le vote choc du Royaume-Uni, en juin, de sortir de l’Union Européenne, communément appelé le Brexit – qui a dominé l’espace médiatique et les discussions ces derniers mois. Cependant, il existe un autre facteur majeur à l’adoption rapide de cette loi, en l’absence de réaction. Le parti travailliste, le parti principal de l’opposition du Royaume-Uni, s’était engagé à combattre “l’espionnage injustifié“, mais a finalement soutenu le gouvernement et voté en faveur de cette nouvelle loi de surveillance. “La faute revient au parti travailliste,” dit Killock. “Ils ont demandé beaucoup trop peu de contreparties et n’étaient pas préparés à contester fortement les principaux dogmes inhérents à ce projet de loi.”

Dans un effort pour apaiser certaines de ces critiques, le gouvernement a accepté de renforcer le contrôle de cette surveillance. Le projet de loi sur les pouvoirs d’enquête introduit pour la première fois un “commissaire judiciaire”, probablement un ancien juge, qui pourra examiner les mandats d’espionnage autorisés par un ministre du gouvernement. Il renforce également les dispositions relatives à la façon dont la police et les agences d’espionnage pourront cibler les journalistes afin de tenter d’identifier leurs sources confidentielles. De nouvelles garanties impliquent que les autorités devront demander l’aval du commissaire judiciaire afin d’obtenir les enregistrements téléphoniques ou les emails d’un journaliste ; auparavant ils pouvaient obtenir ces données sans supervision indépendante.

Le syndicat national des journalistes de Grande-Bretagne croit cependant que la loi ne va pas assez loin dans la protection de la liberté de la presse. Le syndicat s’inquiète particulièrement qu’une potentielle surveillance des organisations médiatiques pourrait être gardé totalement secrète, signifiant qu’il n’y aura aucun recours pour contrer les décisions les concernant eux ou leurs sources. “Le projet de loi est une attaque contre la démocratie et le droit du public à l’information, il permet à l’État d’interférer secrètement et de manière illégitime dans la presse,” s’est lamenté le syndicat à travers une déclaration la semaine dernière, ajoutant que “le manque de protection des sources a des répercussions sur les journalistes travaillant dans les zones de guerre ou bien ceux enquêtant sur le crime organisé ou les fautes étatiques.

D’autres problématiques relatives à la façon dont la loi sera appliquée restent obscures. Ainsi, la loi contient une disposition qui permet au gouvernement de délivrer à une société un “avis de capacité technique” pouvant inclure “des obligations relatives à la suppression par un opérateur de la protection électronique appliquée à toutes communications ou données par ou au nom de cet opérateur.” Plus tôt cette année, les géants Apple, Facebook, Google, Microsoft, Twitter et Yahoo ont critiqué ce pouvoir, exprimant leurs inquiétudes quant à l’utilisation de ce dernier par le gouvernement afin de forcer des entreprises à affaiblir ou contourner la technologie de cryptage utilisée pour protéger le secret des communications et des données.

En pratique, si la loi est utilisée pour contrer les bénéfices du cryptage, cela pourrait ne jamais être découvert. Le gouvernement a inclus dans le projet de loi une section qui criminalise “les révélations non-autorisées” de toute information liée à ses ordres de surveillance, ce qui pourrait potentiellement dissuader les lanceurs d’alertes ou les leakers de se manifester. La sentence pour ce type d’infractions peut aller jusqu’à douze mois de prison, une amende, ou bien les deux.

Bien que le projet de loi sur les pouvoirs d’enquête entrera bientôt en vigueur, il est probable de le voir être l’objet de plusieurs poursuites en justice. Il y a d’ores et déjà trois affaires en cours pouvant aboutir à la modification de certaines de ses dispositions. L’une de ces affaires est une contestation sérieuse devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et pourrait décider de l’illégalité de cette collecte et rétention de données. (Les décisions de la Cour Européenne des Droits de l’Homme restent en vigueur au Royaume-Uni, en dépit du Brexit.)

Quoiqu’il arrive, certains ne semblent pas vouloir laisser le soin aux institutions judiciaires de déterminer à quel point le gouvernement peut siphonner leurs données. Une organisation britannique à but non lucratif récemment établie, Brass Horn Communications, dit préparer un nouveau fournisseur d’accès à internet basé sur Tor, un outil pour surfer anonymement sur internet, dans un effort destiné à permettre aux gens de se protéger contre l’espionnage. “Nous devrions pouvoir faire une recherche sur un problème médical embarrassant, ou poser des questions à Google, sans avoir à se soucier que cela soit répertorié dans des archives internet de manière permanente,” dit un porte-parole de l’organisation. “Le gouvernement a décidé que chacun est un suspect, mais vous ne pouvez pas traiter une société entière comme criminelle.”

Source : The Intercept, le 22/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-parlement-de-grande-bretagne-approuve-la-devolution-de-nouveaux-pouvoirs-de-piratage-et-de-surveillance-par-ryan-gallagher/


Trump à la Maison-Blanche : une interview de Noam Chomsky

Tuesday 6 December 2016 at 02:01

Source : Truthout, le 14/11/2016

Lundi 14 novembre 2016  Par C. J. Polychroniou

Noam Chomsky lors d'une conférence à Buenos Aires, le 12 mars 2015. (Photo: Ministerio de Cultura de la Nación Argentina)

Noam Chomsky lors d’une conférence à Buenos Aires, le 12 mars 2015. (Photo: Ministerio de Cultura de la Nación Argentina)

Le 8 novembre 2016, Donald Trump a réussi le plus grand bouleversement de la politique américaine en exploitant avec succès la colère des électeurs blancs et en faisant appel aux penchants les plus vils de la population, d’une manière qui aurait probablement impressionné le propagandiste nazi Joseph Goebbels lui-même.

Mais que signifie au juste la victoire de Trump, et à quoi peut-on s’attendre de la part de ce mégalomane lorsqu’il prendra les rênes du pouvoir le 20 janvier 2017 ? Quelle est l’idéologie politique de Trump, et le « trumpisme », s’il existe, constitue-il un mouvement ? La politique étrangère des États-Unis sera-t-elle différente sous l’administration Trump ?

Il y a quelques années, l’intellectuel reconnu Noam Chomsky avertissait que le climat politique aux États-Unis était mûr pour l’émergence d’un personnage autoritaire. Maintenant, il partage ses pensées sur les conséquences de cette élection, l’état moribond du système politique américain et il dit pourquoi Trump est une réelle menace pour le monde et la planète en général.

C. J. Polychroniou pour Truthout : Noam, l’impensable est arrivé : déjouant tous les pronostics, Donald Trump a remporté une victoire décisive sur Hillary Clinton, et l’homme que Michael Moore décrivait comme un “dépravé, ignorant, un clown à mi-temps et un sociopathe à plein temps” va être le prochain président des États-Unis. Selon vous, quels ont été les éléments déterminants qui ont amené les électeurs américains à provoquer le plus grand bouleversement de l’histoire de la politique américaine ?

Noam Chomsky : Avant de répondre à cette question, je pense qu’il est important de prendre du recul pour comprendre ce qui s’est passé le 8 novembre, une date qui pourrait se révéler être une des plus importantes de l’histoire humaine, selon la manière dont nous l’interprétons.

Pas d’exagération.

L’information la plus importante du 8 novembre a été à peine remarquée et a une certaine importance en soi.

Le 8 novembre, au Maroc, lors de la conférence internationale sur le changement climatique (COP22) qui a été organisée pour poursuivre l’accord de Paris signé lors de la COP21, l’Organisation Mondiale de la Météorologie (WMO) a rendu public  un rapport. La WMO a indiqué que les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Elle a mentionné une élévation du niveau des océans, devant encore augmenter très prochainement du fait de la fonte étonnamment rapide de la glace polaire, plus particulièrement des glaciers de l’Antarctique. Déjà, la glace de la mer de l’Arctique, durant ces cinq dernières années, est 28% en dessous de la moyenne des 29 années précédentes, élevant non seulement le niveau des océans, mais réduisant aussi l’effet de refroidissement dû à la réflexion des rayons solaires par la glace polaire, accélérant donc les effets du réchauffement mondial. Le WMO a indiqué de plus que les températures approchaient dangereusement de l’objectif établi par la COP21, en plus d’autres affirmations et prévisions.

Un autre événement a eu lieu le 8 novembre, qui pourrait également avoir une certaine importance historique pour des raisons, encore une fois, à peine mentionnées.

Le 8 novembre, le pays le plus puissant de l’histoire mondiale, celui qui va marquer de son empreinte le futur proche, a vécu une élection. Les résultats ont placé les pleins pouvoirs du gouvernement – exécutif, Congrès, Cour suprême – dans les mains du parti républicain, devenu ainsi l’organisation la plus dangereuse de l’histoire.

Hormis la dernière phrase ci-dessus, tout ceci est incontestable. Si la dernière phrase peut sembler farfelue, voire scandaleuse, est-ce vraiment le cas ? Les faits parlent d’eux-mêmes. Le parti a pour objectif de détruire la vie humaine développée le plus rapidement possible. Il n”existe aucun précédent historique à une telle position.

Est-ce une exagération ? Prenez en compte que nous n’avons été qu’observateurs.

Durant les primaires des Républicains, chaque candidat a nié dire que ce qui arrive, arrive réellement – à l’exception des modérés, comme Jeb Bush, qui a dit que tout est incertain mais que nous n’avons rien à faire car nous produisons plus de gaz naturel, grâce à la fracturation. Cependant, John Kasich a confirmé que le réchauffement mondial a bien cours, mais il a ajouté que “nous allons brûler du charbon en Ohio et nous n’allons pas nous en excuser.”

Le candidat vainqueur, désormais le président élu, vise une augmentation rapide de la consommation de carburants fossiles, dont le charbon, le détricotage des réglementations, le rejet de toute aide aux pays en voie de développement qui cherchent à transiter vers une énergie renouvelable, et, en règle générale, foncer dans le mur le plus vite possible.

Trump a déjà posé des jalons pour démanteler l’Environmental Protection Agency (EPA), en plaçant à sa tête pour la transition de l’EPA un climato-sceptique bien connu et fier de l’être, Myron Ebell. Le conseiller de Trump en matière d’énergie, le milliardaire du milieu pétrolier Harold Hamm, a annoncé ses souhaits, qui étaient prévisibles : démanteler la réglementation, couper les taxes de l’industrie (et généralement celles du riche secteur des affaires), augmenter la production de carburants fossiles, en supprimant le moratoire d’Obama sur le pipeline Dakota Access. Le marché a réagi rapidement. Les actions des sociétés liées à l’énergie ont grimpé en flèche, notamment le plus important groupe mondial d’extraction du charbon, Peabody Energy, qui était alors placé sous surveillance financière pour risque de dépôt de bilan, mais qui a enregistré un gain de 50% après la victoire de Trump.

Les effets du déni républicain ont déjà été ressentis. Il y avait eu l’espoir que l’accord de la COP21 à Paris mènerait à un traité à la hauteur des enjeux, mais de telles idées ont été abandonnées car le Congrès républicain n’allait pas accepter les contraintes, ce qui fait que seul un accord volontaire a vu le jour, évidemment beaucoup plus faible.

Les effets peuvent bientôt devenir encore plus évidents qu’ils ne le sont déjà. Au seul Bangladesh, des dizaines de millions de personnes devraient fuir les plaines de faible altitude au cours des prochaines années à cause de l’élévation du niveau de la mer et des conditions météorologiques plus violentes, créant une crise migratoire qui rendra la situation actuelle insignifiante. « Les migrants doivent avoir le droit de se rendre dans les pays d’où proviennent tous ces gaz à effet de serre. Des millions devraient pouvoir se rendre aux États-Unis. Et dans les autres pays riches qui se sont enrichis tout en apportant une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène, marquée par la transformation humaine radicale de l’environnement. Ces conséquences catastrophiques ne peuvent que s’accroître, non seulement au Bangladesh, mais dans toute l’Asie du Sud, car les températures, déjà intolérables pour les pauvres, montent inexorablement et les glaciers himalayens fondent, menaçant l’approvisionnement en eau. Déjà en Inde, environ 300 millions de personnes manquent d’eau potable. Et les effets vont aller bien au-delà.

Il est difficile de trouver les mots pour signifier le fait que les humains se trouvent face à la question la plus importante de leur histoire – si la vie humaine développée va survivre dans la forme que nous lui connaissons – et que la réponse est une accélération vers le désastre.

Des observations similaires concernent l’autre problème à propos de la survie humaine, la menace d’une destruction nucléaire, qui a plané au-dessus de nos têtes pendant les 70 dernières années et qui s’amplifie désormais.

Il n’est pas plus facile de trouver les mots pour décrire le constat tout à fait étonnant que, dans toute la masse d’informations concernant l’extravagance électorale, ces faits ont à peine été mentionnés. Je manque terriblement de mots appropriés.

Pour revenir enfin à la question soulevée, pour être précis, il semble que Clinton ait obtenu une légère majorité des voix. La victoire apparemment décisive est en relation avec des caractéristiques curieuses de la politique américaine : entre autres facteurs, le collège électoral qui est un reliquat de la fondation du pays en tant qu’alliance d’États distincts ; le système du gagnant-rafle-tout dans chaque état ; l’organisation des districts du Congrès (parfois par tripatouillage électoral) pour donner plus de poids aux votes ruraux (dans les élections passées, et probablement celle-ci aussi, les démocrates ont eu une marge confortable de victoires dans le vote populaire pour la présidence, mais détiennent une minorité de sièges) ; le taux très élevé d’abstentions (habituellement près de la moitié à des élections présidentielles, celle-ci incluse). Le fait d’une certaine importance pour l’avenir est que dans la classe d’âge 18-25, Clinton a gagné facilement, et que Sanders avait un niveau de soutien encore plus élevé. Ce qui démontre que ces problèmes dépendent de la façon dont la future génération y fera face.

Selon les informations actuelles, Trump a battu tous les records dans le soutien qu’il a reçu de la part des électeurs blancs, de la classe ouvrière et de la classe moyenne basse, en particulier dans la fourchette de revenus de 50 000 à 90 000 dollars, ruraux et suburbains. Ces groupes partagent la colère, répandue dans tout l’Occident, envers l’establishment centriste, révélée aussi bien par le résultat du vote inattendu du Brexit que par l’effondrement des partis centristes en Europe continentale. [Beaucoup] de ceux qui sont en colère et qui sont mécontents sont victimes des politiques néolibérales de la dernière génération, les politiques décrites par le président de la Fed, Alan Greenspan, « Saint-Alan », comme l’a qualifié révérencieusement la profession économique et d’autres admirateurs jusqu’à ce que l’économie miraculeuse qu’il supervisait s’écrase en 2007-2008, menaçant de faire s’écrouler l’économie mondiale avec elle. Comme l’a expliqué Greenspan durant ses jours de gloire, ses succès en matière de gestion économique reposaient essentiellement sur une « insécurité croissante des travailleurs ». Les travailleurs intimidés ne demanderaient pas des augmentations de salaire, des avantages et une sécurité plus élevées, mais seraient satisfaits de la stagnation des salaires et des avantages réduits qui indiquent une économie saine selon les normes néolibérales.

Les travailleurs, qui ont été les cobayes de ces expérimentations en théorie économique, ne sont pas particulièrement heureux du résultat. Ils ne sont pas, par exemple, enchantés du fait qu’en 2007, au sommet du miracle néolibéral, les salaires réels des travailleurs des basses classes étaient plus bas qu’ils ne l’avaient été des années auparavant, ou que les salaires réels des travailleurs masculins se situaient aux alentours de ceux des années 1960 pendant que des gains spectaculaires sont allés dans les poches d’un très petit nombre au sommet, disproportionnellement une fraction de 1%. Ceci ne dépendait pas du résultat de l’offre et de la demande du marché, de la réussite ou du mérite, mais plutôt de décisions politiques déterminées, des sujets analysés avec soin par l’économiste Dean Baker dans un travail récemment publié.

Le sort réservé au salaire minimum illustre ce qui s’est passé. Durant les années 50 et 60 qui sont des périodes de croissance forte et équitable, le salaire minimum sous lequel aucun salaire ne peut être fixé a évolué de la même manière que la productivité. Cela prit fin avec le déclenchement de la doctrine néo-libérale. Depuis lors, le salaire minimum a stagné en valeur réelle. S’il avait continué sur la même lancée qu’auparavant, il serait probablement aux alentours de 20$ par heure. De nos jours, l’augmenter à 15$ par heure est considéré comme une révolution politique.

Avec tous les discours sur le quasi plein emploi d’aujourd’hui, la participation de la population active reste inférieure à la norme antérieure. Et pour les travailleurs, il y a une grande différence entre un emploi stable dans le secteur manufacturier avec des salaires et des avantages sociaux syndicaux, comme dans les années précédentes, et un emploi temporaire avec peu de sécurité dans certaines professions de service. Mis à part les salaires, les avantages et la sécurité, il y a une perte de dignité, d’espoir pour l’avenir, et du sentiment d’appartenance à un monde dans lequel on joue un rôle digne d’intérêt.

L’impact est bien senti au travers du portrait sensible et lumineux fait par Arlie Hochschild d’un bastion Trump en Louisiane, où elle a vécu et travaillé pendant de nombreuses années. Elle utilise l’image d’une file dans laquelle les habitants sont debout, s’attendant à avancer progressivement car ils travaillent dur et respectent toutes les valeurs conventionnelles. Mais leur position dans la file s’est bloquée. Devant eux, ils voient des gens bondir en avant, mais cela ne les désespère pas, parce que c’est « le mode de vie américain » pour (prétendument) mériter d’être récompensé. Ce qui cause la détresse réelle est ce qui se passe derrière eux. Ils croient que des « gens indignes » qui ne « suivent pas les règles » sont propulsés devant eux par des programmes du gouvernement fédéral qu’ils estiment à tort conçus pour les Afro-Américains, les immigrants et d’autres qu’ils considèrent souvent avec mépris. Tout cela est exacerbé par les inventions racistes de Ronald Reagan au sujet des « assistés » (implicitement noirs) qui volent l’argent durement gagné des Blancs et autres fantasmes.

Parfois, l’incapacité à expliquer, en soi une forme de mépris, joue un rôle dans la haine du gouvernement. J’ai rencontré une fois un peintre à Boston qui s’était tourné amèrement contre le gouvernement « malveillant » après qu’un bureaucrate de Washington, qui ne connaissait rien à la peinture, avait organisé une réunion de peintres pour leur dire qu’ils ne pouvaient plus utiliser de peinture au plomb, « la seule qui était fiable » comme tous le savaient, mais le technocrate ne le comprenait pas. Cela a détruit sa petite entreprise, l’obligeant à peindre des maisons ainsi que la sienne avec des produits de qualité inférieure imposés par les élites du gouvernement.

Parfois il y a aussi de véritables raisons à ces attitudes envers les bureaucraties gouvernementales. Hochschild décrit un homme dont la famille et les amis souffrent amèrement des effets mortels de la pollution chimique, mais qui méprise le gouvernement et les « élites libérales » parce que, pour lui, l’EPA (Environmental Protection Agency) signifie qu’un type ignorant lui dit qu’il ne peut pas pêcher, mais ne fait rien contre les usines chimiques.

Ce sont juste des exemples de la réalité des vies des partisans de Trump, qui sont amenés à croire que Trump va faire quelque chose pour remédier à leur sort, même si un rapide regard sur ses propositions fiscales et autres démontrent le contraire, se révélant un problème de plus pour les activistes qui espèrent repousser le pire et faire avancer les changements désespérément nécessaires.

Les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote révèlent que l’engouement pour Trump a été inspiré principalement par la conviction qu’il représentait le changement, tandis que Clinton était perçue comme le candidat qui perpétuerait leur détresse. Le « changement » que Trump est susceptible d’apporter sera nuisible ou pire, mais il est compréhensible que les conséquences ne sont pas claires pour des personnes isolées dans une société atomisée dépourvue des types d’associations (comme les syndicats) qui peuvent éduquer et organiser. C’est une différence cruciale entre le désespoir d’aujourd’hui et les attitudes généralement optimistes de beaucoup de travailleurs sous une contrainte économique beaucoup plus grande pendant la grande dépression des années 1930.

Il y a d’autres facteurs qui expliquent le succès de Trump. Des études comparatives montrent que les doctrines de suprématie blanche ont eu une influence encore plus forte sur la culture américaine qu’en Afrique du Sud, et ce n’est pas un secret que la population blanche est en déclin. Dans une décennie ou deux, on estime que les Blancs seront une minorité de la main-d’œuvre, et peu de temps plus tard, une minorité de la population. La culture traditionnelle conservatrice est également perçue comme étant attaquée par les succès de la politique identitaire, considérée comme le domaine des élites qui n’ont que du mépris pour les “américains [blancs] pratiquants, patriotiques, travailleurs, avec de vrais valeurs familiales” qui voient leur pays familier disparaître sous leurs yeux.

L’une des difficultés pour éveiller l’inquiétude du public face aux très graves menaces du réchauffement climatique est que 40% de la population américaine ne voit pas en quoi c’est un problème, puisque le Christ reviendra dans quelques décennies. Environ le même pourcentage pense que le monde a été créé il y a quelques milliers d’années. Si la science entre en conflit avec la Bible, tant pis pour la science. Il serait difficile de trouver une situation analogue dans d’autres sociétés.

Le Parti Démocrate a abandonné toute réelle préoccupation pour les travailleurs dans les années 1970, et ils ont donc été attirés dans les rangs de leurs ennemis de classe, qui au moins prétendent parler leur langue : le style folk de Reagan de faire de petites blagues tout en mangeant des haricots, l’image soigneusement cultivée par George W. Bush d’un type normal que vous pourriez rencontrer dans un bar, qui a aimé couper des broussailles sur le ranch par une température de 40 degrés, et ses erreurs de prononciation probablement simulées. (Il est peu probable qu’il ait parlé comme ça à Yale). Et maintenant Trump, qui donne la parole aux gens qui ont des griefs légitimes : des gens qui ont perdu non seulement leur emploi, mais aussi le sentiment d’estime de soi, et qui se défendent contre le gouvernement qu’ils perçoivent comme ayant détruit leur vie (non sans raison).

L’une des grandes réalisations du système doctrinal a été de détourner la colère du secteur des entreprises vers le gouvernement qui met en œuvre les programmes que le secteur des entreprises conçoit, comme les ententes de protection des entreprises et des droits des investisseurs, qui sont uniformément décrites comme “Accords commerciaux” dans les médias. Avec tous ses défauts, le gouvernement est, dans une certaine mesure, sous influence et contrôle populaire, contrairement au secteur des entreprises. Il est très avantageux pour le monde des affaires d’entretenir la haine pour les bureaucrates gouvernementaux à lunettes et de chasser de l’esprit des gens l’idée subversive que le gouvernement pourrait devenir un instrument de la volonté populaire, un gouvernement par et pour le peuple.

Trump représente-t-il un nouveau mouvement dans la politique américaine ou le résultat de cette élection est-il essentiellement un rejet d’Hillary Clinton par les électeurs qui détestent les Clinton et qui en ont marre de la « politique habituelle » ?

Ce n’est pas nouveau. Les deux partis politiques se sont déplacés vers la droite pendant la période néolibérale. Les néo-démocrates d’aujourd’hui sont à peu près ce qu’on appelait les « républicains modérés ». La « révolution politique » que Bernie Sanders appelait, à juste titre, n’aurait pas grandement surpris Dwight Eisenhower. Les républicains se sont tellement orientés vers le dévouement aux riches et au secteur des entreprises qu’ils ne peuvent espérer obtenir de votes sur leurs programmes actuels. Ils se sont tournés vers la mobilisation de secteurs de la population qui ont toujours été présents, mais pas comme force de coalition politique organisée : les évangéliques, les nativistes, les racistes et les victimes des formes de mondialisation conçues pour faire travailler les travailleurs du monde entier en concurrence les uns avec les autres. Le tout en protégeant les privilégiés et en sapant les mesures légales et autres assurant une protection aux travailleurs avec des moyens d’influencer la prise de décision dans les secteurs publics et privés étroitement liés, notamment avec des syndicats efficaces.

Les conséquences ont été évidentes dans les récentes primaires républicaines. Tous les candidats issus de la base, comme Michele Bachmann, Herman Cain ou Rick Santorum, ont été si extrêmes que l’establishment républicain a dû utiliser ses vastes ressources pour les battre. La différence en 2016 est que l’establishment a échoué, à son grand désarroi, comme nous l’avons vu.

A tort ou à raison, Clinton était l’incarnation des politiques craintes et haïes, alors que Trump a été perçu comme le symbole du « changement ». Un changement de ce genre exige un examen attentif de ses propositions réelles, quelque chose qui a grandement manqué dans ce qui a été porté à la connaissance du public. La campagne elle-même a été remarquable en évitant les questions, et les commentaires des médias se sont généralement conformés à la norme, en restant au plus près du concept selon lequel la véritable « objectivité » signifie signaler exactement ce qui est « dans le cadre », sans s’aventurer au-delà.

Trump a déclaré à la suite du résultat de l’élection qu’il « représentera tous les Américains ». Comment va-t-il le faire alors que la nation est si divisée et qu’il a déjà exprimé une haine profonde pour de nombreux groupes aux États-Unis, y compris les femmes et les minorités ? Voyez-vous une ressemblance entre le Brexit et la victoire de Donald Trump ?

Il y a des similitudes avec le Brexit, mais aussi avec la montée des partis ultra-nationalistes d’extrême droite en Europe, dont les dirigeants ont vite félicité Trump pour sa victoire, car ils le perçoivent comme un des leurs : Nigel Farage, Marine Le Pen, Viktor Orban et d’autres comme eux. Et ces développements sont assez effrayants. Un regard sur les sondages en Autriche et en Allemagne – l’Autriche et l’Allemagne – ne peut manquer d’évoquer des souvenirs désagréables pour ceux qui sont familiers avec les années 1930, encore plus pour ceux qui ont observé directement, comme je l’ai fait étant enfant. Je me souviens encore avoir écouté les discours d’Hitler, ne comprenant pas les mots, bien que le ton et la réaction de l’auditoire étaient assez effrayants. Le premier article dont je me souviens était en février 1939, après la chute de Barcelone, sur la propagation apparemment inexorable de la peste fasciste. Et par étrange coïncidence, c’est de Barcelone que ma femme et moi avons regardé les résultats de l’élection présidentielle américaine de 2016.

Quant à la façon dont Trump va gérer ce qu’il a apporté – non créé, mais mis en avant – nous ne pouvons pas en dire plus. Peut-être que sa caractéristique la plus frappante est l’imprévisibilité. Beaucoup de choses vont dépendre des réactions de ceux qui ont été consternés par sa performance et les visions de sociétés qu’il a projetées, telles qu’elles sont.

Trump n’a pas de posture identifiable sur les problèmes économiques, sociaux et politiques, cependant il y a de claires tendances autoritaires dans son comportement. Donc, n’y a-t-il pas un certain fond de vérité dans ceux qui clament que Trump pourrait représenter l’émergence d’un “fascisme à visage humain” aux États-Unis ?

Pendant de nombreuses années, j’ai écrit et parlé à propos du danger de la montée d’un idéologue honnête et charismatique aux États-Unis, quelqu’un qui pourrait exploiter la peur et la colère qui ont depuis longtemps bouillonné dans une grande partie de la société, et qui pourrait les détourner loin des agents réels de ce malaise vers des cibles vulnérables. Cela pourrait bien conduire à ce que le sociologue Bertram Gross a appelé un « fascisme à visage humain » dans une étude perceptive qu’il avait menée il y a 35 ans. Mais cela exige un idéologue honnête, de type hitlérien, et non pas quelqu’un dont la seule idéologie percevable est lui-même. Les dangers, cependant, ont été réels pendant de nombreuses années, peut-être encore plus à la lumière des forces que Trump a déchaîné.

Avec les Républicains à la Maison Blanche, et contrôlant aussi les deux chambres ainsi que la future composition de la Cour Suprême, à quoi vont ressembler les États-Unis pour au moins les quatre prochaines années ?

Son succès dépend de ses affectations et du cercle de ses conseillers. Les premières indications sont peu attrayantes, pour le dire modérément.

La Cour suprême sera dans les mains des réactionnaires pendant de nombreuses années, avec des conséquences prévisibles. Si Trump suit ses programmes budgétaires selon le modèle de Paul Ryan, il y aura d’énormes avantages pour les très riches, estimés par le Centre de politique fiscale comme une réduction d’impôt de plus de 14% pour le top 0,1% et une réduction substantielle plus généralement à l’extrémité supérieure de l’échelle de revenu, mais avec pratiquement aucun allègement fiscal pour les autres, qui seront également confrontés à de nouvelles lourdes charges. Le correspondant économique du Financial Times, Martin Wolf, écrit : « Les propositions fiscales donneraient d’énormes avantages aux américains déjà riches, comme M. Trump, » tout en laissant les autres le bec dans l’eau, y compris, bien sûr, dans sa circonscription. La réaction immédiate du monde des affaires révèle que Big Pharma, Wall Street, l’industrie militaire, les industries de l’énergie et diverses autres institutions merveilleuses en attendent un avenir très brillant.

Un point positif pourrait être le programme d’infrastructures qu’a promis Trump (avec son lot de discussions et de commentaires), qui dissimule le fait que c’est essentiellement le programme de relance d’Obama qui aurait été très bénéfique pour l’économie et la société en général, mais qui a été enterré par le Congrès républicain sous prétexte qu’il allait faire exploser le déficit. Bien que cette accusation fût fausse à l’époque, étant donné que les taux d’intérêt étaient très bas, c’est un atout pour Trump, qui a repris ce programme en le complétant par des réductions d’impôts radicales pour les riches et le secteur des entreprises, et par des augmentations des dépenses accordées au Pentagone.

Il y a cependant une échappatoire, fournie par Dick Cheney quand il explique au secrétaire du Trésor de Bush que “Reagan a prouvé que les déficits n’ont pas d’importance,” signifiant que les déficits que nous, Républicains, créons dans le but de gagner en popularité, laissons quelqu’un d’autre, de préférence les Démocrates, réparer les pots cassés. Cette technique pourrait marcher, pendant un moment au moins.

Il y a également de nombreuses questions, au sujet des conséquences en termes de politique étrangère, qui restent sans réponse.

Il existe une admiration mutuelle entre Trump et Poutine. Quelle probabilité a-t-on de voir s’ouvrir une nouvelle ère dans les relations USA-Russie ?

Une perspective encourageante pourrait être une réduction des très dangereuses tensions croissantes à la frontière russe : notez “la frontière russe” et pas la frontière mexicaine. C’est donc un sujet que nous ne pouvons pas aborder ici. Il est également possible que l’Europe s’éloigne de l’Amérique de Trump, comme l’ont déjà suggéré la chancelière [Angela] Merkel et d’autres dirigeants européens, et la voix britannique du pouvoir américain, après le Brexit. Cela pourrait éventuellement conduire à des efforts européens pour désamorcer les tensions et peut-être même des efforts pour aller vers quelque chose similaire à la vision de Mikhaïl Gorbatchev d’un système intégré de sécurité eurasienne sans alliances militaires, rejeté par les États-Unis en faveur de l’expansion de l’OTAN, une vision remise au goût du jour par Poutine, proposition sérieuse ou non, nous ne le savons pas, puisque le geste a été ignoré.

La politique étrangère des États-Unis sous l’administration Trump a-t-elle toutes les chances d’être plus ou moins militariste que ce que nous avons vu sous l’administration Obama, ou même sous l’administration de George W. Bush ?

Je ne pense pas que quiconque puisse répondre à cette question avec certitude. Trump est trop imprévisible. Il reste trop de questions ouvertes. Ce que nous pouvons dire est que la mobilisation populaire et l’activisme, correctement organisés et menés, peuvent faire une grande différence.

Et nous devons garder à l’esprit que les enjeux sont très importants.

C.J. Polychroniou est un économiste politique et politologue qui a enseigné et travaillé au sein d’universités et de centres de recherche en Europe et aux États-Unis.

Source : Truthout, le 14/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Pour les passionnés de Noam Chomsky, il reste quelques places (inscriptions ici)…

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Source: http://www.les-crises.fr/trump-a-la-maison-blanche-une-interview-de-noam-chomsky/


Chris Hedges : C’est avec une violence et une sauvagerie encore plus grandes que vous n’imaginez que Trump écrasera toute contestation

Tuesday 6 December 2016 at 01:40

Source : The Real News Network, le 10/11/2016

D’après le journaliste lauréat du prix Pulitzer, les outils de répression propres à l’État qui vont finir entre les mains de l’administration Trump ont été élaborés à la fois par les Républicains et par les Démocrates.

PERIES : Chris Hedges nous rejoint à présent pour parler de tout cela. Chris est un journaliste qui a reçu le prix Pulizer. Il contribue activement à Truthdig et à Alternet. Il a dirigé la section Moyen-Orient au sein du New York Times. Il a également réalisé de nombreux reportages depuis le Moyen-Orient. Chris, c’est un plaisir de vous avoir de nouveau parmi nous.

CHRIS HEDGES : Merci.

PERIES : Chris, que pensez-vous de ce que nous venons de diffuser à propos de Newt Gingrich et qu’est-ce que cela laisse augurer pour nous en termes de mise en œuvre du NDAA (National Defense Authorization Act) dans notre pays?

HEGES: Eh bien, l’article 1021 du NDAA, qui a été signé par Obama à la mi 2011, permet tout simplement au gouvernement de mener des actions extrêmement floues sur le sol américain et à l’encontre de citoyens américains pour peu que, je cite : « ces personnes offrent un soutien substantiel », quoi que cela veuille bien dire, à al-Qaïda, aux Talibans, ou quoi que ce soit d’autre d’appelé forces associées ou un terme nébuleux de ce genre. Le principe de cette procédure officielle leur permet de les conserver emprisonnés indéfiniment dans des centres de détention militaires, y compris dans ceux que nous possédons à l’étranger, tel Guantanamo ou ailleurs.

Cet article a été revoté chaque année. Je suis allé au Southern Disrict Court de New York (Tribunal du district sud de New York) et j’ai intenté une procédure contre Obama. Nous avons gagné. Nous sommes allés en cour d’appel où le droit d’agir en justice m’a été refusé, en clair, on m’a refusé le droit d’intenter un procès. Nous avons fait une pétition à la Cour suprême pour leur demander une audience et on nous a aussi refusé le droit d’intenter un procès. Tout ceci est donc sanctuarisé. Pendant ces deux ans de bataille judicaire, les avocats Carl Mayer et Bruce Afran ont approché les responsables qui gravitent autour de Nancy Pelosi [chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, NdT] et leur ont dit, parce que l’article doit être voté chaque année, que tout ce qu’ils avaient à faire, c’était d’indiquer que cet article n’était pas applicable aux citoyens étatsuniens et alors nous laisserions tomber. Bien sûr, ils n’en ont rien fait parce que cet article s’applique effectivement aux citoyens étatsuniens. Il a été rédigé pour museler les citoyens étatsuniens en cas d’agitation. Il a annulé le Posse Comitatus Act de 1878 qui interdit à l’armée d’agir comme force de police à l’intérieur du pays.

Pourquoi ? Parce que le changement climatique, le démantèlement économique, les élites au pouvoir, tous sentent bien qu’une agitation de grande ampleur est fort possible, et ils ont envie d’utiliser l’armée pour écraser les fauteurs de trouble. En promulguant cette loi, Obama a déclaré qu’il ne s’en servirait pas, qu’il ne lui donnait pas de pouvoir légal, qu’elle n’avait pas d’importance légale, et qu’il pourrait l’employer s’il le voulait Toutefois, dans une déclaration, il a dit que non, il ne s’en servirait pas. Nous avons vu la majeure partie de nos droits constitutionnels, y compris notre droit au respect de la vie privée, annulée par un décret judiciaire. Le caractère illimité des donations aux campagnes électorales du monde des affaires devient, grâce à Citizens United, le droit de signer une pétition adressée au gouvernement, une forme de liberté d’expression. Voilà qui marque la fin des notions traditionnelles de droits constitutionnels, de l’habeas corpus, d’une procédure judiciaire régulière, voilà tout ce qui nous a été enlevé avec l’article 1021.

Et cet arsenal judiciaire est couplé avec l’appareil de sécurité et de surveillance le plus sophistiqué de l’histoire. Et quand ceci est dans les mains de personnages comme Donald Trump, Rudy Giuliani, John Bulton et les autres… Et vu ce à quoi je m’attends, il va y avoir une réaction sismique à l’incompétence et à l’incapacité de la présidence Trump de répondre aux problèmes les plus urgents auxquels sont confrontés la majorité des Américains. Ils utiliseront tous les outils à leur disposition. Et ce sont les Partis démocrate et républicain qui leur ont donné ces outils. C’est quelque chose dont tous ceux d’entre nous, avec Ralph Nader peut-être à l’avant-poste, qui avons combattu l’érosion judiciaire de nos libertés civiques, avons averti depuis un moment, et maintenant, c’est là.

PERIES : On peut, bien sûr, protester contre Trump, mais il y a beaucoup de gens dehors là pour qui la seule façon de protester vraiment contre Trump est de le faire dans la rue, et nous avons vu beaucoup de manifestations hier soir. Comme vous êtes l’auteur d’un livre très célèbre « Jours de destruction, jours de révolte », que doivent faire les militants et ceux qui résistent à Trump à propos de ce genre de situations que nous avons évoqué ?

HEDGES : Ouais, le seul outil qui nous reste, c’est la désobéissance civile. Mais on ne va pas prétendre que la démocratie est morte le 8 novembre. Il y a un moment déjà que nous ne vivons plus en démocratie. Il ne reste pas d’institutions qui puissent légitimement passer pour démocratiques, elles sont essentiellement contrôlées par le monde des affaires, de la finance, les médias, les universitaires, l’establishment politique. Alors la désobéissance civile, comme on l’a vu avant. Mais la différence, c’est que l’État, sous une administration Trump, va réagir encore plus violemment, et on pourrait même dire plus sauvagement. À mon avis, vous avez eu un aperçu de tout ça dans le clip de Newt Gingrich. Tous ceux qui ne seront pas d’accord seront considérés comme des traîtres, peut-être des terroristes. Ils seront certainement diabolisés par l’administration Trump dans des médias soumis. Alors, je pense, oui que c’est la réaction. Malheureusement, c’était la réponse et en réponse, nous aurions dû quitter la politique classique depuis longtemps, alors nous n’aurions pas fini comme maintenant sous la coupe d’une administration qui va dépasser la Russie en ce qui concerne les restrictions légales des droits constitutionnels.

Source : The Real News Network, le 10/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Source: http://www.les-crises.fr/chris-hedges-cest-avec-une-violence-et-une-sauvagerie-encore-plus-grandes-que-vous-nimaginez-que-trump-ecrasera-toute-contestation/


Steve Bannon, responsable des domaines stratégiques du Président élu “Un mouvement politique entièrement nouveau”

Tuesday 6 December 2016 at 01:35

Voici une interview Steve Bannon, conseiller de Trump, dont la nomination a fait scandale en raison de ses nombreuses déclarations de “droite dure”.

Source : The Hollywood Reporter, le 18/11/2016

Par Michael Wolff le 18/11/2016

Chip Somodevilla/Getty Images Steve Bannon

Chip Somodevilla/Getty Images

Steve Bannon

“Je ne suis pas un nationaliste pro-blanc. Je suis un nationaliste. Je suis un nationaliste économique,” déclare Bannon au chroniqueur de THR media Michael Wolff, alors que le chef controversé de Breitbart News devenu conseiller à la Maison-Blanche se déchaine contre Hillary Clinton, Fox News et ses détracteurs.

À la fin de l’été, lorsque je suis allé voir Steve Bannon, récemment nommé directeur de la campagne présidentielle de Donald Trump, dans son bureau de la Trump Tower à New York, il m’a révélé un scénario qui semblait absurde. Trump, disait-il, créerait la surprise en affichant un grand succès auprès des femmes, des hispaniques et des Afro-Américains, en plus des travailleurs, et partant de là prendrait la Floride, l’Ohio, la Pennsylvanie et le Michigan – et par conséquent l’élection présidentielle. Le 15 novembre, lorsque je suis retourné à la Trump Tower, Bannon, promu par le président élu à un poste de stratège en chef de la nouvelle administration, et par les médias comme le symbole officiel de toutes les choses haineuses et virulentes au sujet de la prochaine présidence Trump, me dit tout bonnement comme il m’avait joué son scénario la première fois : « Je vous l’avais dit. »

Le pare-feu libéral contre Trump était principalement basé sur la croyance que le candidat républicain était trop désorganisé, bizarre, outrancier et dépourvu de finesse pour mener une campagne politique de qualité. Ce point de vue n’a été confirmé que lorsque Bannon, rédacteur en chef du brutal et grossier média Breitbart News Network, a pris la relève en août. Maintenant, Bannon est sans doute la personne la plus puissante de la nouvelle équipe de la Maison-Blanche, incarnant plus que quiconque la souffrance existentielle et la fureur des libéraux : Comment quelqu’un d’aussi faux – non seulement faux, mais inopportun, mal embouché et « répugnant », selon le New York Times – peut-il légitimement gagner une telle place ?

Dans ces jours sombres pour les démocrates, Bannon est devenu le plus grand trou noir.

“L’obscurité est bonne,” nous dit Bannon, qui ressemble à un étudiant de Master en T-Shirt, chemise ouverte et vieille veste bleu défraichie au milieu des costumes cravates qui l’entourent à la Tour Trump, mais un étudiant de Master de 62 ans. “Dick Cheney. Dark Vador. Satan. C’est le pouvoir. Cela nous aide seulement lorsqu’ils” – je pense que par “ils” il désigne la gauche et les médias, qui font déjà campagne pour son renvoi – “se trompent. Lorsqu’ils sont aveugles à ce que nous sommes et ce que nous faisons.”

Sur ce point précis, le New York Times, dans un article largement diffusé, décrira cette journée à la Trump Tower comme une scène de “désordre” pour l’équipe chargée de la transition. En fait, tout le monde est à pied d’œuvre : Mike Pence, le vice-président élu et chef de la transition, ainsi que Reince Priebus, le nouveau chief of staff [équivalent du directeur de cabinet, NdT], font la navette entre des salles de réunion pleines ; Jared Kusner, le beau-fils de Trump et selon de nombreuses sources son plus proche conseiller, fait des déclarations dans les halls ; le sénateur Jeff Sessions enchaine les réunions à l’étage occupé par l’équipe de transition ; Rudy Giuliana est plus haut avec Trump (entendu dans les couloirs : “est-ce que le chef est sérieusement en réunion avec Rudy ou est ce qu’ils discutent juste le bout de gras ?”), et Bannon avec une longue file d’hommes et de femmes à l’extérieur de son bureau dans le coin. S’il s’agit de désordre, il est singulièrement concentré et organisé.

C’est le thème de Bannon, la myopie des médias – qui racontent uniquement les histoires qui confortent leurs opinions, et qui en définitive furent incapables de voir un résultat alternatif et de réaliser une vraie évaluation des risques pesant sur les variables politiques – alimentant la propre myopie politique du camp d’Hillary Clinton. C’est la définition des réalités parallèles dans lesquelles les gens de gauche, dans leur propre vision d’eux même, représentaient une catégorie moralement supérieure tandis que Bannon – dépeint sur Twitter comme un voyou nationaliste pro-blanc, raciste et antisémite – était la perversion ultime du Trumpisme.

L’accent mis sur Bannon, mais pas nécessairement la description qui en est faite, est justifié. Il est l’homme avec l’idée. Si le Trumpisme doit représenter quelque chose d’intellectuellement et d’historiquement cohérent, c’est le rôle de Bannon de le faire. Dans cette optique, il ne pourrait pas être une figure moins rassurante et déroutante pour la gauche – furieusement intelligent et pourtant à l’extrême opposé de toutes ses théories et ses totems [voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Shibboleth, NdT]. Enfant de la classe ouvrière, il s’enrôle dans la marine après le lycée, obtient un diplôme à Virginia Tech, puis Georgetown, et ensuite Harvard Business School. Ensuite c’est Goldman Sachs, puis il devient homme d’affaires et entrepreneur à Hollywood – où il obtiendra une juteuse partie des royalties de Seinfeld [série télévisée à succès] dans une bataille improbable et très chanceuse, ce qui lui assurera une petite fortune personnelle – puis dans l’autre monde des grandes théories du complot et des médias conservateurs de droite.

Ce qu’il semble avoir conservé de sa jeunesse de petit garçon dans une famille ouvrière, syndiquée et démocrate de Norfolk, en Virginie, et de son voyage au sein de l’establishment américain est un sens brut de conscience de classe, si ce n’est pas d’amertume ou de trahison. Le Parti Démocrate a trahi ses racines ouvrières, de la même façon qu’Hillary Clinton a trahi la connexion de longue date des Clinton – celle de Bill – avec la classe ouvrière. “La force des Clinton,” dit-il, “était de parler aux gens qui ne sont pas allés à l’université. Les gens qui se sont arrêtés au lycée. C’est comme cela que vous gagnez les élections.” Et, de manière similaire, le parti Républicain a fini par trahir sa base électorale ouvrière acquise sous Reagan. En somme, la classe ouvrière a été trahie par l’establishment, ou ceux qu’elle rejette comme la “classe des donneurs”.

Dire qu’il voit cette classe des donneurs – qui est aussi dans ses discours “l’Amérique ascendante”, c’est à dire les élites, aussi bien que la “bulle métrosexuelle” qui englobe les sensibilités cosmopolites qu’on retrouve largement à Shanghai, dans le quartier de Chelsea à Londres, à Hollywood et dans l’Upper West Side [quartier huppé de New York, NdT] – un monde à part, est un euphémisme. A ses yeux, il y a à peine un lien entre ce monde et son opposé – l’Amérique que l’on survole [fly-over America : les États du centre que les populations urbaines des grandes villes ne voit que depuis l’avion quand elle vole d’une côte à l’autre, NdT], l’Amérique laissée pour compte, l’Amérique qui s’enfonce – à peine une langue commune. C’est en partie pour cela qu’il considère le portrait que la gauche fait de lui comme quelqu’un de socialement abominable, comme le diable incarné du politiquement incorrect, est risible – et pourquoi il ne montre résolument aucun regret. Ils – la gauche et les médias – ne comprennent pas ce qu’il dit, ni pourquoi, ni à qui. Breitbart, avec ses provocations coutumières – la liste de ses diverses bravades (parmi elles : l’auteur conservateur David Horowitz a appelé le militant conservateur Brill Kristol un “juif renégat”, ou encore le site se délectant de unes telles que “un taux de séropositivité 49 fois plus élevé chez les travelos” et “la contraception rend les femmes folles et peu séduisantes”) était largement partagée après l’élection parmi les démocrates consternés – est un site aussi opaque pour la classe de donneurs mondialistes de gauche que peut l’être Lena Dunham [créatrice et actrice d’une série télévisée féministe sur HBO, NdT] pour les classes ouvrières sans emploi. Et tout ceci renvoie aux yeux de Bannon à la profonde incompréhension qui a conduit la gauche à croire que la bouche de Donald Trump le condamnerait, au lieu de le faire élire.

Bannon est peut-être une des personnes les plus engagée dans la grande fracture américaine, et une de ceux qui l’ont vu le plus clairement.

Il rejette en bloc, et de manière moqueuse, l’idée qu’il s’agirait d’une fracture raciale. “Je ne suis pas un nationaliste pro-blanc, je suis un nationaliste. Je suis un nationaliste économique,” me dit-il. “Les mondialistes ont dépecé la classe ouvrière américaine et ont créé une classe moyenne en Asie. Le problème est désormais pour les Américains de ne pas se faire enc***. Si nous y arrivons” – par “nous” il entend l’administration Trump – “nous obtiendrons 60% du vote blanc, et 40% du vote noir et hispanique et nous gouvernerons pendant 50 ans. C’est ce que les Démocrates n’ont pas compris. Ils parlaient à ces gens qui ont des entreprises avec une capitalisation boursière de 9 milliards de dollars et emploient 9 personnes. Ce n’est pas la réalité. Ils ont perdu de vue ce dont le monde était vraiment fait.”

Dans une administration naissante aux convictions apparemment aléatoires, Bannon peut sembler ne pas être une voix claire, mais presque une voix messianique :

“Comme le populisme de [Andrew] Jackson, nous allons construire un mouvement politique complètement neuf,” annonce-t-il. “Tout a trait à l’emploi. Les conservateurs vont devenir fous. Je suis celui qui milite pour un plan d’infrastructure de mille milliards de dollars. Avec des taux d’intérêt négatifs partout dans le monde, c’est la plus grande chance de tout reconstruire. Les chantiers navals, la sidérurgie, mettez-les sous stéroïdes. Nous allons juste tout mettre sur le feu et voir si la sauce prend. Ce sera aussi excitant que dans les années 30, plus fort que la révolution de Reagan – les conservateurs et les populistes, c’est un mouvement de nationalisme économique.”

Bannon représente, croit-il raisonnablement, la chute de l’establishment. Les opinions auto-satisfaites, consanguines et homogènes de l’establishment sont à la fois ce qu’il combat et ce qui a constitué la faille nécessaire à la révolution Trump. “La bulle médiatique est le symbole ultime de ce qui ne va pas dans ce pays,” enchaine-t-il. “C’est juste un cercle de gens qui se parlent entre eux et n’a aucune putain d’idée de ce qui se passe. Si le New York Times n’existait pas, CNN et MSNBC seraient hors service. Le Huffington Post et tout le reste se basent sur le New York Times. C’est un cercle fermé d’information dans lequel Hillary Clinton a puisé toutes ses informations, et sa confiance. C’était notre opportunité.”

À ce moment-là, alors que nous discutons, on frappe à la porte du bureau de Bannon, un espace provisoire de cadre moyen, impersonnel, avec un fouillis de chaises pour de perpétuelles réunions impromptues. Le sénateur Ted Cruz, anciennement le feu-follet républicain, devenu maintenant une petite figure sans envergure, a attendu patiemment pour une discussion, et Bannon s’excuse pendant un court instant. Il est clair que lorsque nous revenons à notre conversation que ce n’est pas seulement de l’institution libérale que Bannon croit avoir triomphé, mais aussi du parti conservateur, et surtout de Fox News et de ses propriétaires, les Murdochs. « Ils ont eu plus mal que quiconque, » dit-il. « Rupert est un globaliste et n’a jamais compris Trump. Pour lui, Trump est un radical. Maintenant, ils vont aller vers le centre pour construire le réseau autour de Megyn Kelly.” Bannon raconte, sans ironie, que lorsque Breitbart a attaqué Kelly après ses défis contre Trump dans le débat républicain initial, le chef de Fox News Roger Ailes – que Bannon décrit comme un mentor important, et que les accusations de Kelly de harcèlement sexuel aideront à faire tomber en juillet – a appelé à la défendre. Bannon dit qu’il a mis en garde Ailes que Kelly serait encline à le faire basculer aussi.

Il est moins évident de savoir comment Bannon, à l’heure actuelle le cerveau stratégique officiel de l’opération Trump, se synchronise avec son patron ayant la réputation de ne pas être spécialement stratégique. Lorsque Bannon a récupéré la campagne en cours de Paul Manafort, il y en avait beaucoup dans l’entourage de Trump qui s’étaient résignés à l’évidence que le candidat n’écoutait personne. Mais, ici aussi, ça a été une trouvaille de Bannon : Quand la campagne semblait le plus en roue libre ou dans le désarroi, c’est là qu’il était peut-être le plus dans le vrai. Alors que Clinton a été largement absente de la campagne électorale, tout en se concentrant sur la cour à ses donateurs, Trump — même après la révélation audio du jeu de mot “prendre-par-la-chatte” — parlait à une foule sans cesse croissante de 35 000 ou 40 000 personnes. “Il la prend ; il s’en saisit intuitivement,” dit Bannon, peut-être encore surpris d’avoir dégoté une embarcation aussi idéale. “Vous avez probablement le plus grand orateur depuis William Jennings Bryan, couplé avec un discours économique populaire et deux partis politiques qui sont tellement détenus par leurs donateurs qu’ils ne s’adressent plus à leur public. Mais il parle d’une façon simple, non politisée, il communique avec ces personnes en parlant avec ses tripes. Personne dans le parti Démocrate n’a écouté ses discours, de sorte qu’ils n’avaient aucune idée du côté convainquant et puissant du message économique qui a été délivré. Il est arrivé en retard de 3 heures et demi dans le Michigan, à une heure du matin, il y avait 35 000 personnes qui attendaient dans le froid. Quand ils ont reçu [Clinton] dans la tournée des donateurs, elle est allée à la Temple University et ils ont attiré 300 ou 400 enfants.”

En effet, pendant les pires jours de la campagne, jusque dans les derniers jours quand la plupart dans l’entourage de Trump pensaient que seul un miracle pourrait les sauver, “je savais qu’elle ne pourrait pas se terminer comme ça. – Ils nous avaient coté à 10 contre 1, ils avaient dix fois plus de personnel et disposaient de tous les médias avec eux, mais j’ai continué en disant que ça n’avait pas d’importance, ils ont eu tout faux, nous les avons bien eus.”

Bannon fait maintenant partie d’une structure politique à deux têtes de la Maison-Blanche, avec Reince Priebus – dans et hors du bureau de Bannon comme nous discutons – en tant que chef d’état-major, chargé de faire arriver les trains à l’heure, faisant des rapports au président, et Bannon en tant que stratège en chef, en charge de la vision, des objectifs, de la composition et du plan d’attaque, rendant compte au président de la même façon. Ajoutez à cela les ambitions et les caprices du président lui-même, et les circonstances nouvelles de celui qui n’a jamais occupé de fonctions électives, l’agenda de sa famille très influente et les soubresauts d’un parti dont des factions importantes lui étaient hostiles, et vous vous retrouvez avec une quasi cour de tribunal à laquelle Bannon devra tout en finesse imposer le règne de l’homme du labeur avec mille milliard de dollars de dépenses nouvelles.

“Je suis,” dit-il avec délectation, “Thomas Cromwell à la cour des Tudors.”

Source : The Hollywood Reporter, le 18/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/steve-bannon-responsable-des-domaines-strategiques-du-president-elu/


Donald Trump s’est battu pour faire accepter les juifs et les noirs au golf de Palm Beach dans les années 1990

Monday 5 December 2016 at 01:00

Pour s’ouvrir l’esprit, aujourd’hui une série d’avis sur des points positifs de Trump qui ont été peu mis en avant ; et demain une analyse négative sur lui…

Source : Impulse Today, le 17/03/2016

Par Derek Flynn, le 17 mars 2016

Donald Trump

Donald Trump

En juillet 2015, l’auteur Ronald Kessler a été interviewé par Newsmax au sujet des pratiques entrepreneuriales du candidat présidentiel du Parti Républicain, Donald Trump, en ce qui concerne la construction d’un parcours de golf dans le sud.

“Quand Donald a ouvert son club à Palm Beach appelé Mar-a-Lago, il a insisté sur l’accueil des juifs et des noirs, même si d’autres clubs à Palm Beach jusqu’à ce jour les discriminaient,” a déclaré Kessler. “La vieille garde de Palm Beach a été indignée que Donald accepte les noirs et les juifs, de sorte que c’est le vrai Donald Trump que je connais.”

Dans les années 1990, le magnat de l’immobilier a été confronté à un problème en essayant d’obtenir l’approbation de son terrain de golf par le conseil municipal de Palm Beach parce qu’ils imposaient des restrictions à son offre. Cela a obligé Trump à se battre avec beaucoup plus d’intensité.

Voici ce que Rosalind Helderman et Mary Jordan du Washington Post ont rapporté le 14 novembre 2015 :

“Trump a contredit ses adversaires en attaquant violemment, affirmant que les notables locaux semblaient accepter des clubs privés installés dans la ville qui avaient exclu les juifs et les noirs pendant qu’ils imposaient des règles sévères au sien.”

Voici un extrait du rapport du Washington Post :

“L’avocat de Trump a envoyé à chaque membre du conseil municipal des copies de deux films classiques sur la discrimination : « Un accord de gentleman », sur un journaliste qui prétend être juif pour dénoncer l’antisémitisme, et « Devinez qui vient dîner » sur la réaction d’un couple blanc à leur fille apportant à la maison un fiancé noir.”

La ségrégation dans tous les clubs privés réservés aux blancs dans le Sud avait été monnaie courante et beaucoup d’hommes d’affaires auraient détourné le regard. Mais Trump a poussé à l’abolition de la ségrégation dans le complexe de golf, ce qui a mené à sa victoire.

Peu de temps après, les restrictions locales avaient été levées sur le complexe et c’est maintenant un terrain de golf ouvert à tous les amateurs et aux licenciés.

Trump est fier de cette réussite, dont il a parlé dans une interview en 2015.

« Qu’ils m’aiment ou non, tout le monde s’accorde à dire que l’endroit le plus magnifique et le plus important de Palm Beach est le Mar-a-Lago, » a déclaré Trump. « J’ai pris cet excellent endroit, je l’ai rendu extraordinaire et je l’ai ouvert principalement aux gens de Palm Beach. Le fait qu’il m’appartienne a rendu beaucoup plus facile l’entente avec les institutions de Palm Beach. »

Pendant ce temps, en 1997, Abraham Foxman a fait l’éloge de Trump qui a soulevé la question de la révélation de la discrimination dans les clubs privés du pays. Foxman était le président de l’Anti-Defamation League à l’époque. Il a dit ce qui suit au Wall Street Journal :

“Il a mis en lumière Palm Beach. Pas sur la beauté et le scintillement, mais sur son côté sordide de la discrimination. Il y a eu un impact.” Foxman a félicité Trump pour ce qu’il a fait et pour encourager d’autres clubs privés de Palm Beach à abolir la ségrégation au sein de leurs complexes de la même façon.

Ceci est un exemple du vrai Trump. Il luttait contre les discriminations avant de se présenter aux élections en demandant aux autorités locales une planification de la remise en cause de leurs politiques discriminatoires. Trump était déterminé à faire de grands changements et il a mis toutes les chances de son côté.

Ainsi, lorsqu’un journaliste a interrogé Trump à propos du soutien affiché de David Duke lors d’une conférence de presse le 26 février 2016, Trump l’a désavoué.

« Je ne savais même pas qu’il me soutenait. David Duke m’a appuyé ? Très bien, je désavoue, OK, » a déclaré Trump lors de la conférence de presse. Puis il passa rapidement à d’autres questions.

Trump a également désavoué David Duke six mois avant la conférence de presse.

L’histoire ne s’est pourtant pas terminée là. Lorsque Trump a été interviewé par Jake Tapper dans l’émission de CNN « État du Pays », les médias ont attaqué Trump quand ils n’ont pas trouvé sa deuxième réponse satisfaisante.

« Je ne sais rien de David Duke, » dit Trump. « Je ne sais rien de ce dont vous parlez au sujet de la suprématie blanche ou des suprématistes blancs. Je ne sais rien des suprématistes blancs… Vous me posez une question à laquelle je suis censé répondre en parlant de gens dont je ne connais rien. »

Un jour après cette entrevue, Trump est allé sur l’émission de la NBC “The Today Show” où on l’a de nouveau questionné à ce sujet.

“J’ai désavoué David Duke la veille lors d’une grande conférence de presse, et je me dis, combien de fois dois-je continuer à désavouer les gens ?” a déclaré Trump.

« J’ai désavoué David Duke. Maintenant, si vous regardez sur Facebook juste après cela, j’ai également désavoué David Duke. Quand nous l’avons abordé, regardez la question, j’ai désavoué David Duke. Donc, j’ai désavoué David Duke tout le week-end sur Facebook, sur Twitter et évidemment ce n’est jamais assez. C’est ridicule. »

Peut-être que Trump n’a pas été assez éloquent en désavouant David Duke, mais le fait est qu’il a désavoué son soutien de nombreuses fois. Quoi qu’il en soit, cela n’a pas nui à sa position aux élections primaires, car il a remporté sept états sur onze le mardi suivant.

REGARDEZ :

Source: netrightdaily.com

Source : Impulse Today, le 17/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/donald-trump-sest-battu-pour-faire-accepter-les-juifs-et-les-noirs-au-golf-de-palm-beach-dans-les-annees-1990-par-derek-flynn/


[Vidéo] Les entreprises de Trump emploient plus de femmes que d’hommes parmi leurs cadres, d’après son avocat

Monday 5 December 2016 at 00:40

Pour s’ouvrir l’esprit, aujourd’hui une série d’avis sur des points positifs de Trump qui ont été peu mis en avant ; et demain une analyse négative sur lui…

Source : Truthdig, le 10/04/2016

Le 17 août 2015

Le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump s'exprime lors du Sommet de la Famille (Family Leadership Summit) à Ames (Iowa), le 18 juillet 2015. (REUTERS/Jim Young)

Le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump s’exprime lors du Sommet de la Famille (Family Leadership Summit) à Ames (Iowa), le 18 juillet 2015. (REUTERS/Jim Young)

Donald Trump emploie plus de femmes que d’hommes à l’échelon supérieur de son empire immobilier, et dans bien des cas les paye mieux, d’après l’avocat du candidat républicain à la présidentielle.

Lors de son apparition à l’émission de Chris Cuomo “CNN’s New Day”, Michael Cohen, qui est le conseiller juridique de Trump et l’un des vice-présidents exécutif de la Trump Organization, a déclaré qu'”il y a plus de femmes que d’hommes parmi les cadres de la Trump Organization” alors que les entreprises du milliardaire emploient 57% d’hommes pour 43% de femmes.

Cohen ajoute : “Et les femmes présentes sur des postes similaires à ceux occupés par des hommes sont actuellement mieux payées.”

Trump est sous observation intense depuis les commentaires négatifs qu’il a faits au sujet des femmes. Après le premier débat du parti républicain au début du mois, il a approuvé un tweet qualifiant la présentatrice de Fox News Megyn Kelly de “bimbo”. Il a également été accusé d’avoir déclaré à un avocat de New York qu’elle était « dégoûtante » d’allaiter. Trump a démenti.

Depuis ce retournement, Trump a soutenu qu’il « chérit » les femmes et qu’il est depuis longtemps progressiste sur la question de l’emploi des femmes aux plus hauts niveaux de ses entreprises.

“Et vous pouvez le prouver ? Cela semble trop beau pour être vrai,” rétorqua Cuomo.

“Je peux le prouver,” répondit Cohen, ajoutant plus tard qu’il permettrait à Cuomo de jeter un œil sur les comptes de la société du moment que celui-ci signe un accord de confidentialité.

“Par exemple, dans les services comptables, un salarié expérimenté masculin gagne autour de 70 000 $ alors que sa collègue femme gagne légèrement plus que cela,” a déclaré Cohen. “Dans le domaine même du service juridique où l’adjointe aux avocats généraux gagne 25 000 dollars de plus que son homologue masculin.”

Cohen a poursuivi en disant qu’il veut que les autres candidats à la présidentielle ouvrent les livres de comptes de leur campagne pour les comparer à la façon dont Trump gère ses organisations.

“Je serais curieux de regarder du côté des autres candidats, aussi bien du parti républicain que des démocrates ainsi que du côté d’Hillary. Je serais curieux de voir combien il y a d’hommes, par rapport aux femmes, dans son organisation, » a déclaré Cohen.

“Ils parlent tous. Donald Trump met les mains dans le cambouis, et il ne le fait pas parce que les sondages lui disent de le faire. Il le fait parce qu’il y croit. C’est juste et il ne se soucie pas de savoir, encore une fois, si votre nom est Mary ou Joe. Il veut des performances. C’est est un individu basé sur la performance.”

REGARDEZ :

Source : The Daily Caller, le 17/08/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

 

Ivanka Trump dit de Donald Trump qu’il n’est pas sexiste parce qu’il l’a embauchée

Source : Truthdig, le 10/04/2016

Par Sarah Begley

Le 7 septembre 2016

“Mon père à une histoire longue de 40 ans en matière de recrutement féminin”

ANADOLU AGENCY—GETTY IMAGES

ANADOLU AGENCY—GETTY IMAGES

Donald Trump a récolté beaucoup de critiques féministes pour ses remarques sur les femmes – depuis ses déclarations à un avocat au sujet de l’allaitement qu’il considère « dégoûtant » jusqu’aux spéculations autour de son attirance pour Ivanka si seulement elle n’était pas sa fille. Mais Ivanka dit qu’il n’est pas possible que son père soit sexiste, parce qu’il lui a donné un rôle de leader dans sa compagnie.

“Il n’est absolument pas sexiste,” a-t-elle déclaré dans une interview accordée à CNN. « Je ne pourrais pas être la personne que je suis aujourd’hui si mon père était sexiste. Je ne serais pas l’un de ses cadres supérieurs et je ne travaillerais pas côte à côte avec mes frères. Je travaillerais pour mes frères, si c’était le cas. Je pense que les actions finalement parlent d’elles-mêmes, bien plus que les mots. Mon père à une histoire longue de 40 ans en matière de recrutement féminin. »

Les critiques suggèrent qu’il est possible de respecter sa fille sans montrer le respect ou la compréhension pour les femmes en général, et les hommes peuvent souvent traiter leurs propres filles en exception à la règle. Comme le disait Jill Filipovic dans le New York Times, certains hommes veulent « épouser des Melania et élever des Ivanka ».

Source : Motto, le 07/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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La porte-parole de Trump est Katrina Pierson, une femme noire.

Trump et les femmes, d’après son livre “Crippled America: How to make America Great Again” (Une Amérique paralysée : comment refaire de l’Amérique un grand pays)

« Quiconque se demande ce que je ressens au sujet des femmes devrait juste jeter un œil sur la Trump Organization. Mes sentiments positifs à l’égard des femmes se reflètent dans le nombre de femmes qui ont travaillé dans mes organisations. J’ai placé les femmes à des postes hauts placés dans la Trump Organization bien avant que quiconque ne leur ait donné cette opportunité parce que je savais qu’elles pouvaient le gérer. J’ai été le tout premier promoteur à mettre une femme en charge d’un important projet de construction à New York.

[…]

“J’ai fait des choses que personne d’autre n’a fait. La tour Trump, haute de 68 étages et située sur la Cinquième Avenue juste à côté de Tiffany’s, était le plus grand immeuble entièrement vitré à Manhattan quand il a ouvert en 1983. Cela a ouvert la voie du luxe moderne. L’une des choses dont je suis le plus fier, c’est que la personne que j’ai chargée de superviser la construction était une femme de 33 ans. J’ai pris cette décision en 1983, lorsque la lutte pour l’égalité des sexes au travail n’en était qu’à ses débuts. Personne parmi les gens qui se plaignent de la façon dont je parle aux femmes ne mentionne que j’ai volontairement fait la promotion de l’égalité entre les sexes dans une industrie sous domination masculine. Les femmes qui travaillent et qui ont travaillé pour moi vous confirmeront que j’en attendais autant d’elles que de leurs collègues masculins. C’est le genre d’égalité entre les sexes dont nous avons besoin : un leadership qui inspire le meilleur chez les gens, hommes ou femmes, pas une ancien secrétaire d’État désinvolte qui ne saisit pas la folie que représente la possession de son propre serveur de messagerie privé.”

PRO-MINORITES (de même manière que pro-femmes)

Trump a travaillé avec la coalition Rainbow-PUSH pour rapprocher les noirs et les minorités du monde de l’entreprise. http://www.liveleak.com/view?i=3d2_1451242991#XIfETKQXKv1Qgfwl.99

La fille de Trump (Ivanka) et son gendre (Jared Kushner) sont juifs.

PRO-LGBT

En 2000, il a déclaré qu’il soutenait les lois contre les discriminations à l’encontre des homosexuels et l’abrogation de l’obligation de discrétion. Il a également plaidé pour « une loi très forte sur le concubinage qui garantit aux homosexuels les mêmes protections et droits juridiques que les personnes mariées. Son livre, publié la même année, décrit avec nostalgie son rêve d’une Amérique « débarrassée du racisme, de la discrimination à l’égard des femmes ou de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ». Trump ne voulait pas seulement que les États adoptent leurs propres lois contre la discrimination : il a appuyé la modification de la loi fédérale sur les droits civils de 1964 pour interdire la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Comme les autres positions pro-homosexuelles de Trump, cette position était extrêmement libérale pour son temps. En fait, elle est extraordinairement progressiste, même aujourd’hui. http://www.slate.com/blogs/outward/2015/12/18/donald_trump_is_obviously_the_most_pro_gay_gop_candidate.html

Donald Trump a changé les règles de Miss Univers pour permettre aux concurrentes transgenres comme Jenna Talackova de concourir. http://www.ibtimes.com/miss-universe-new-rule-jenna-talackova-and-other-transgender-contestants-allowed-compete-trump

Source : Truthdig, le 10/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/video-les-entreprises-de-trump-emploient-plus-de-femmes-que-dhommes-parmi-leurs-cadres-dapres-son-avocat/


Donald Trump est plus à l’écoute des revendications des gays, ce qui le place à part dans le Parti Républicain, par Maggie Haberman

Monday 5 December 2016 at 00:15

Pour s’ouvrir l’esprit, aujourd’hui une série d’avis sur des points positifs de Trump qui ont été peu mis en avant ; et demain une analyse négative sur lui…

Source : The New York Times, le 23/04/2016

Donald J. Trump à Harrisburg, Pennsylvanie, ce jeudi. Son point de vue sur les homosexuels et leurs droits est ce qui distingue le plus M. Trump des précédents porte-drapeaux républicains. Credit Damon Winter/The New York Times

Donald J. Trump à Harrisburg, Pennsylvanie, ce jeudi. Son point de vue sur les homosexuels et leurs droits est ce qui distingue le plus M. Trump des précédents porte-drapeaux républicains. Credit Damon Winter/The New York Times

Elton John et son ami de longue date, David Furnish, ont conclu une union civile le 21 décembre 2005, en Angleterre, en vertu d’une loi que le pays venait de promulguer pour reconnaître les couples de même sexe. Les félicitations se sont répandues alors que les deux hommes étaient présents à une joyeuse cérémonie à Windsor Guildhall, au milieu d’une foule de paparazzi. Donald J. Trump, qui connaissait le couple depuis des années, s’est servi de son blog pour exprimer son émotion.

« Je les connais tous les deux, et ils s’entendent merveilleusement. C’est un mariage qui va fonctionner, » a écrit M. Trump, ajoutant : « Je suis très heureux pour eux. Si deux personnes s’entendent, elles s’entendent. »

M. Trump est maintenant le principal candidat à la présidence dans la primaire républicaine, il a été habituellement soucieux de porter des espoirs enthousiastes pour montrer combien les républicains sont profondément conservateurs au sujet des questions sociales comme les droits des homosexuels et du mariage pour tous.

Mais M. Trump accepte beaucoup plus les minorités sexuelles que les dirigeants de son parti. Jeudi, il a surpris certains républicains en déclarant sur NBC à l’émission “Today” qu’il s’opposait à une loi récemment adoptée en Caroline du Nord qui interdit aux gens d’utiliser les toilettes publiques qui ne correspondent pas au sexe avec lequel ils sont nés, dénonçant une ordonnance promulguée à Charlotte.

Les personnes transsexuelles devraient pouvoir « utiliser les toilettes qu’elles estiment appropriés, » a déclaré M. Trump, ce qui l’a positionné en désaccord avec une majorité de républicains en Caroline du Nord.

Mais c’est son point de vue sur les homosexuels et leurs droits qui distinguent le plus M. Trump des précédents porte-drapeaux républicains. Il a entretenu de longues amitiés avec des homosexuels, employé des travailleurs homosexuels à des postes éminents et a côtoyé avec aisance les industries où les homosexuels ont longtemps exercé une influence, comme le divertissement.

“Il sera à jamais le candidat républicain le plus gay-friendly pour une présidence,” a déclaré Gregory T. Angelo, le président de la Log Cabin Republicans, un groupe qui soutient les droits des homosexuels.

Bien sûr, M. Trump n’est pas allé aussi loin à propos des droits des homosexuels que les candidats démocrates ; Il a dit pendant cette campagne qu’il croit que le mariage est réservé à l’union entre un homme et une femme, une position qu’il maintient depuis au moins 2000, lorsqu’il a brièvement frôlé une tentative pour la présidence. Mais il ne met pas l’accent sur le mariage comme un sujet de controverse, et il n’en fait aucunement mention, par exemple, sur son site web de campagne, qui se concentre sur des questions comme l’immigration et le commerce.

Et M. Trump, qui a embrasé les tensions avec presque toutes les communautés, des hispaniques aux femmes aux Afro-américains, a évité d’attaquer ou d’offenser les gays et les lesbiennes pendant la campagne.

Son histoire avec la communauté gay dure depuis longtemps. Il a fait don à des organismes de bienfaisance focalisés sur la crise du sida à la fin des années 1980 et au début des années 1990. En 2000, lorsqu’il a brièvement envisagé de se porter candidat à la présidence, il a donné une interview à The Advocate, un magazine gay, dans lequel il soutenait la modification de la loi de 1964 sur les droits civils pour « interdire toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ».

“Ce serait simple. Ce serait honnête, » a déclaré M. Trump dans l’interview, ajoutant : « Ce n’est que juste. »

Seize ans plus tard, les défenseurs des droits des homosexuels tentent toujours de convaincre le Congrès de passer une mesure semblable, mais ils ont lutté pour obtenir un soutien, en particulier des Républicains. Le dernier candidat républicain, Mitt Romney, s’est opposé à une législation similaire en 2012.

M. Trump a refusé d’être interrogé pour cet article.

Sa facilité avec les homosexuels ne semble pas être le résultat d’une profonde bonté d’âmes, mais plutôt le résultat du monde social et politique de Manhattan qu’il a habité ces cinq dernières décennies.

“J’habite à New York. Je connais beaucoup, beaucoup de personnes homosexuelles. Des gens formidables,” a déclaré M. Trump lors d’une entrevue en 2011.

Il a pratiqué le cabotinage parfois, comme en 2000, quand lui-même et le maire Rudolph W. Giuliani sont apparus dans un sketch d’une satire politique, au cours de laquelle M. Trump a lorgné et caressé le maire, qui était habillé en drag.

Rudy Giuliani travesti embrasse Donald Trump. Video de itsgiulianitime

Ses amis disent qu’il considère les droits des homosexuels de son point de vue d’homme d’affaires terre à terre.

“Sa principale inquiétude est : êtes-vous capable et à même de faire le boulot pour lequel je vous emploie ? Et si vous l’êtes, peu importe le reste,” dit Abe Wallach, un dirigeant de l’organisation Trump dans les années 1990 connu pour être gay. “Très peu de choses dans un cadre social intéresseront Donald — à moins que ce soit de l’argent, ou quelque chose d’autre, ça pourrait l’intéresser.”

On considère que M. Trump a été le premier propriétaire de club privé de Palm Beach, en Floride, à admettre un couple ouvertement gay, d’après Laurence Leamer, l’auteur de Madness Under the Royal Palms (Folie sous les palmiers royaux), un livre sur la société de Palm Beach. M. Trump a rendu son club, Mar-a-Lago, plus ouvert en partie par mépris pour les restrictions qui interdisaient l’entrée des clubs privés de Palm Beach aux juifs et aux afro-américains.

“C’est une des meilleurs choses qu’il ait fait de sa vie, de mon point de vue”, dit M. Leamer. “Il a vraiment changé la nature de Palm Beach.”

Rand Hoch, un activiste gay qui a fondé le Conseil des Droits Humains du comté de Palm Beach en 1988, se souvient d’avoir amené ses conquêtes à Mar-a-Lago en deux occasions. Les deux fois, dit-il, M. Trump, qui adore souhaiter la bienvenue aux invités qui arrivent dans son club, était aimable et s’était approché pour bavarder.

“Il ne nous a pas traités différemment des autres gens arrivant par cette porte,” déclara M. Hoch, ajoutant qu’il n’était pas possible que M. Trump ignore qu’ils fussent gays. “Il est observateur, aussi je suis à peu près sûr qu’il ne pensait pas que nous étions frères.”

Mar-a-Lago, le club de M. Trump à Palm Beach, Floride. On considère que M. Trump a été le premier propriétaire de club privé du lieu à admettre des couples ouvertement gays. Eric Thayer pour le New York Times.

Mar-a-Lago, le club de M. Trump à Palm Beach, Floride. On considère que M. Trump a été le premier propriétaire de club privé du lieu à admettre des couples ouvertement gays. Eric Thayer pour le New York Times.

M. Wallach a déclaré que lui et son mari prenaient l’avion de M. Trump pour la Floride ou Atlantic City durant les week-ends. “Je l’ai trouvé très amical avec mon époux,” dit-il. “Il me demandait souvent de ses nouvelles, comment marchait son cabinet dentaire.”

La fondation de M. Trump a donné au fil des ans à des groupes tels que le Centre de Service SIDA et la Fondation Elton John contre le SIDA. Certaines de ces donations sont apparues être liées à son émission de télé-réalité “l’Apprenti célébrité”, dont les gagnants pouvaient sélectionner les ONG primées. Mais, dès 1987, M. Trump a versé une contribution de 25 000 dollars à Gay Men’s Health Crisis, tirée des profits venus de l’exploitation par sa société de la patinoire du Mémorial Wollman à Central Park. Et en 1992, le Taj Mahal Trump a monté un évènement qui a récolté 60 000 dollars pour la recherche contre le SIDA.

L’alliance récente de M. Trump avec des conservateurs sociaux tels que Jerry Falwell Jr. et Pat Robertson en a alarmé certains, comme M. Angelo, dont le groupe, le Log Cabin Republicans, a hâte de rencontrer le nabab de l’immobilier afin de discuter de ses positions en détail.

Et certaines personnes homosexuelles de l’entourage de M. Trump sont étonnées de ce qu’il ne puisse soutenir le mariage homosexuel, au vu de son approche détendue des relations homosexuelles.

En 2012, M. Trump était invité au mariage de Jordan Roth, un producteur de Broadway, et Richie Jackson, lors d’une cérémonie au Théâtre Al Hirschfeld.

Quelques mois plus tard, M. Trump déjeunait avec l’acteur George Takei, qui est ouvertement gay et avait été viré de Celebrity Apprentice par M. Trump. M. Takei avait accosté M. Trump lors d’une conférence de presse autour de l’émission pour lui demander à échanger leurs vues sur le mariage homosexuel. Il a dit : “George, peut-être que tu pourrais m’apprendre quelque chose,” a déclaré M. Takei lors d’une interview téléphonique cette semaine depuis sa résidence en Californie.

Le déjeuner, à la Tour Trump, a commencé par la mention par M. Trump du mariage auquel il avait assisté, dont M. Takei apprit plus tard qu’il s’agissait de celui de MM. Roth et Jackson.

M. Takei a présenté à M. Trump tous les avantages d’un soutien au mariage homosexuel, particulièrement pour un patron de société. Les couples homosexuels se marieraient dans ses hôtels, et leurs hôtes dîneraient dans ses restaurants. M. Takei déclara que M. Trump était d’accord avec ce point de vue, mais qu’il ne changerait pas d’avis, disant qu’il soutenait le “mariage traditionnel”.

“J’avais envie de dire que se marier plusieurs fois n’était pas le mariage traditionnel,” a dit M. Takei de M. Trump, celui-ci s’étant marié trois fois.

Source : The New York Times, le 23/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Trump est-il le candidat républicain le plus gay friendly de l’histoire des Etats-Unis? Par Claire Levenson

Source : Slate, Claire Levenson, 23.04.2016

Donald Trump le 21 avril à New York. Spencer Platt/Getty Images/AFP

Donald Trump le 21 avril à New York. Spencer Platt/Getty Images/AFP

Très conservateur sur bien des points, la position de Donald Trump est paradoxale sur les droits LGBT.

Jusqu’ici, la campagne de Donald Trump se distingue plutôt par son intolérance: le milliardaire républicain a multiplié les déclarations xénophobes et sexistes, et il est soutenu par des extrémistes nationalistes blancs. Mais en ce qui concerne les droits des personnes LGBT, son approche est en général plus progressiste que celle de la plupart des républicains.

Dans une interview sur la chaîne NBC le jeudi 21 avril, il a critiqué la nouvelle loi de Caroline du Nord qui interdit aux personnes transgenres de choisir d’aller dans les toilettes de leur choix.

Pour Trump, la loi est inutile car il y a eu très de plaintes dans ce domaine:

«Les gens utilisent les toilettes qu’ils jugent adéquates, et il n’y a pas de problème.»

En réponse à une question du journaliste de NBC, le candidat républicain a précisé que si Caitlyn Jenner, qui est transgenre, venait à la Trump Tower à New York, elle pourrait utiliser les toilettes de son choix.

Peu après, son rival Ted Cruz, qui représente la frange religieuse du parti républicain, a accusé Trump d’être devenu trop «politiquement correct»avant de déclarer:

«Des hommes adultes -des inconnus- ne doivent pas être seuls dans les toilettes avec des petites filles.»

L’approche plus ouverte de Trump sur les questions LGBT n’est pas nouvelle. Comme le rappelle un article du New York Times, à la fin des années 1980, Trump a fait plusieurs donations financières pour la lutte contre le sida, et sa résidence de Mar-a-Lago était devenue le premier club de la ville de Palm Beach ouvert aux couples gays.

Dans une interview pour le magazine gay The Advocate en 2000, il s’était déclaré en faveur d’un amendement de la loi de 1964 sur les droits civiques pour inclure une clause sur la non-discrimination en fonction de l’orientation sexuelle. Mitt Romney, le candidat républicain aux présidentielles de 2012, qui est plus modéré sur bien des questions, était en revanche opposé à ce genre de législation.

Gregory T. Angelo, un représentant du groupe républicain pro-LGBT Log Cabin Republicans, a déclaré au New York Times, que s’il obtient l’investiture du parti, Trump «sera le candidat républicain le plus gay-friendly de l’histoire».

Ceci dit, même s’il a par le passé soutenu des unions civiles entre personnes de même sexe, Trump est opposé au mariage gay. Mais comme le note le New York Times, il ne s’agit pas d’une question sur laquelle il insiste dans sa campagne, contrairement à des candidats religieux comme Ted Cruz.

Source : Slate, Claire Levenson, 23.04.2016

 

Source: http://www.les-crises.fr/donald-trump-est-plus-a-lecoute-des-revendications-des-gays-ce-qui-le-place-a-part-dans-le-parti-republicain-par-maggie-haberman/


Donald Trump arrêtera probablement l’aide aux rebelles combattant le gouvernement syrien, par David E. Sanger

Monday 5 December 2016 at 00:01

Pour s’ouvrir l’esprit, aujourd’hui une série d’avis sur des points positifs de Trump qui ont été peu mis en avant ; et demain une analyse négative sur lui…

Source : The New York Times, le 12/11/2016

Un membre des forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde soutenue par les États-Unis. Credit Delil Souleiman/Agence France-Presse — Getty Images

Un membre des forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde soutenue par les États-Unis. Credit Delil Souleiman/Agence France-Presse — Getty Images

Par DAVID E. SANGER – 11 Novembre 2016

WASHINGTON – Le président élu Donal J. Trump a dit vendredi qu’il allait probablement abandonner les efforts américains de soutien des groupes d’opposition “modérés” en Syrie qui combattent le gouvernement du président Bachar el-Assad, indiquant que “nous n’avons aucune idée de qui sont ces gens.”

Dans une interview au Wall Street journal couvrant essentiellement des questions économiques, y compris sa volonté de conserver certaines parties de l’Affordable Care Act [Loi sur la protection des malades et des soins abordables, ou Obamacare, NdT], il a répété la position exprimée durant sa campagne : que les États-Unis devraient se concentrer sur la défaite de l’EI et trouver des points communs avec les Syriens et leurs soutiens russes.

“J’ai une vue contraire à celle de beaucoup de gens en ce qui concerne la Syrie,” a dit M. Trump au journal. “Ma position est que nous combattons la Syrie, la Syrie combat l’EI et nous devons nous débarrasser de l’EI. La Russie est maintenant totalement alignée avec la Syrie et maintenant vous avez l’Iran, qui devient puissant à cause de nous, qui est aligné avec la Syrie.

Ses commentaires suggèrent que lorsque que M. Trump supervisera à la fois le soutien public pour les groupes d’opposition et un bien plus grand effort secret géré par la Central Intelligence Agency, il pourrait réduire ou abandonner l’effort. Mais il y a en fait deux guerres qui font rage simultanément en Syrie.

L’une est contre l’État islamique, dans laquelle les États-Unis aident 30 000 combattants kurdes syriens et arabes syriens qui ont annoncé la semaine dernière qu’ils lançaient une nouvelle phase de la bataille, commençant à encercler la capitale de Daesh a Raqqa. Il y a environ 300 hommes des opérations spéciales US au sol qui assistent ces milices.

Le second effort est l’aide aux rebelles combattant M. Assad. Le programme secret de la CIA est de loin la plus grande activité de soutien, fournissant des missiles anti-char aux rebelles combattant le gouvernement. C’est ce programme que M. Trump semble le plus enclin à arrêter. Si les États-Unis continuent sur cette lancée, “nous finirons par combattre la Russie en combattant la Syrie,” a dit M. Trump au journal.

L’argument en faveur de l’arrêt du soutien pourrait être renforcé par le fait que, pour des questions de survie, les groupes d’opposition ont signé des alliances de champ de bataille avec la filiale d’al-Qaïda en Syrie, initialement connue sous le nom d’al-Nosra. Cela a eu pour effet de permettre à M. Assad et à la Russie d’argumenter qu’ils attaquaient al-Qaïda et que les États-Unis devraient les aider dans cet effort. Le secrétaire d’État John Kerry a reconnu cet argument lors de son effort finalement infructueux d’arriver à un accord de cessez-le-feu et à un règlement final.

La logique de M. Trump de “l’ennemi de mon ennemi est mon ami” est cohérente avec ce qu’il a dit durant sa campagne. “Je ne dis pas qu’Assad est un homme bon, parce qu’il ne l’est pas,” a-t-il indiqué au New York Times dans une interview en mars, “mais notre bien plus grand problème n’est pas Assad, c’est l’EI.”

Mais il prend aussi une position qui fera plaisir au président Vladimir Poutine puisqu’il suggère que, plutôt que de faire pression sur la Russie pour qu’elle arrête son soutien à M. Assad, l’administration de M. Trump n’entravera plus l’action de M. Poutine.

Dans une autre indication d’un changement majeur de politique, l’un des principaux conseillers de M. Trump en matière de sécurité nationale, le général Michael T. Flynn, ancien patron de la Defense Intelligence Agency, a écrit dans le Hill cette semaine que les États-Unis devraient extrader Fethullah Gulen dont la Turquie a demandé qu’il soit renvoyé de son exil en Pennsylvanie. Le gouvernement turc de Recep Tayip Erdogan l’a mis en cause pour la tentative de coup d’État de cet été.

Le Département de la Justice n’a pas encore conclu qu’il y ait des preuves convaincantes que M. Gulen devrait être renvoyé vers un emprisonnement quasi-certain ou extradé dans le cadre d’un accord d’extradition avec les États-Unis. Ils voient la requête comme une partie de l’effort de M. Erdogan pour éliminer toute opposition.

M. Flynn a retenu de nombreux arguments de la Turquie au sujet de M. Gulen, indiquant que les contribuables américains aident à financer les 160 écoles de Gulen aux États-Unis et qu’il est plus important de soutenir la Turquie que d’être “trompé par cette source de terreur masquée et d’instabilité confortablement installée dans notre propre jardin.”

Source : The New York Times, le 12/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/donald-trump-arretera-probablement-laide-aux-rebelles-combattant-le-gouvernement-syrien-par-david-e-sanger/


Armes nucléaires : en attendant l’accident, par Eric Schlosser

Sunday 4 December 2016 at 03:00

Source : The Guardian, le 14/09/2013

En juillet 1956, un avion s’est écrasé dans le Suffolk, au risque de faire exploser une bombe atomique. En janvier 1987, un camion de la Royal Air Force transportant des bombes à hydrogène a quitté la route dans le Wiltshire. D’autres accidents évités de justesse demeurent secrets. Quel est le risque réel pour les armements nucléaires britanniques ?

Le secret entourant les accidents d'armes nucléaires anglaises va bien au-delà du black-out américain. Illustration: Noma Bar

Le secret entourant les accidents d’armes nucléaires anglaises va bien au-delà du black-out américain. Illustration: Noma Bar

Eric Schlosser

Samedi 14 septembre 2013

En octobre 1983, Mick Jones venait de quitter the Clash, Roger Moore interprétait encore James Bond, Ronald Reagan était dans sa troisième année de présidence des USA, Margaret Thatcher venait de rempiler comme Premier ministre, et la Guerre froide venait d’entrer dans sa phase la plus dangereuse depuis la crise des missiles de Cuba. Un échange sur les dossiers nucléaires entre les USA, l’URSS et leurs alliés semblait possible. Cet été-là, Reagan avait présenté les Soviétiques comme “le diable du monde moderne, un empire diabolique” et son administration mettait en place un accroissement sans précédent de l’effort de guerre en temps de paix. Youri Andropov, le leader paranoïaque de l’URSS, en phase terminale de sa maladie, pensait que les USA pourraient programmer une attaque surprise. En septembre, le vol 007 de la Korean Airlines, un Boeing 747 transportant près de 300 passagers, avait été abattu après s’être aventuré dans l’espace aérien soviétique. Les USA allaient bientôt déployer deux nouveaux systèmes d’armes nucléaires : des missiles de croisière implantés sur le sol britannique et des missiles Pershing II en Allemagne de l’Ouest. Et ce 22 octobre, près de 250 000 personnes avaient manifesté dans Hyde Park contre de tels déploiements, la plus grande manifestation anti-nucléaire de toute l’histoire britannique.

Au milieu de ce climat inquiétant et apocalyptique, l’administration Reagan décida de construire de nouveaux missiles balistiques pour sous-marins. Le Trident D5 serait le missile le plus précis jamais transporté sur sous-marin, capable de lancer huit têtes nucléaires sur la moitié du globe pour détruire des “cibles dures” : des silos de missiles soviétiques et les bunkers de leurs dirigeants. Contrairement aux précédents missiles sur sous-marins, le Trident D5 n’était pas conçu seulement comme une arme de représailles, devant être utilisée après que les USA aient été l’objet d’une attaque nucléaire. Les nouveaux missiles pourraient être lancés sur l’URSS lors d’une première attaque des États-Unis.

Trente ans plus tard, la Guerre froide est oubliée, l’Union soviétique a disparu, Reagan et Thatcher sont morts – et un sous-marin anglais Trident se trouve constamment en mer, jour et nuit, attendant l’ordre de tirer ses missiles D5 et leurs dizaines de têtes nucléaires. Durant les prochaines années, la Grande-Bretagne devra décider s’il faut remplacer les quatre vieux sous-marins de type Trident. David Cameron veut construire quatre nouveaux sous-marins, à un coût d’environ 25 milliards de livres Sterling, afin qu’un au moins soit toujours en mer, à l’abri d’une attaque et prêt à lancer ses missiles. Le Labour party semble approuver cette stratégie : son secrétaire à la Défense virtuel, Jim Murphy, a récemment confirmé son soutien à une “force de dissuasion maritime continue.” Bien que les Démocrates libéraux ont critiqué la position de Cameron, leur préférence semble difficilement radicale : construire un, ou peut être deux, sous-marins en moins, histoire de faire des économies. Les trois principales parties sont toutes d’accord sur le besoin d’armes nucléaires. L’opposition la plus forte aux Trident provient des politiques écossais, là où sont basés les sous-marins. Alex Salmond, leader du SNP, a promis que si l’Écosse devient indépendante l’an prochain, sa nouvelle constitution interdira toute arme nucléaire. Ceci pourrait être désastreux pour la force de dissuasion nucléaire anglaise : construire une nouvelle base pour sous-marins et des installations de stockage des armes en Grande-Bretagne pourrait nécessiter plusieurs années et coûter des dizaines de milliards.

Le débat public au sujet des sous-marins Trident et leurs missiles s’est focalisé principalement sur les coûts à long terme et les bénéfices économiques en les remplaçant, le nombre d’emplois qui pourraient être créés ou perdus, la nécessité de patrouilles 24/24. Quelques questions fondamentales ont été oubliées. Comment un missile type Guerre froide, devant rester opérationnel durant 30 ans, pourrait être utilisé dans un conflit au 21e siècle ? Quelles cibles pourrait-il détruire et dans quelles circonstances ? Qui est-il supposé tuer ? Finalement, et c’est sans doute le point le plus important : le peuple anglais fait-il face à une plus grande menace d’être atteint par ses propres armes nucléaires, à la suite d’un accident ou une erreur, que lors d’une attaque surprise ?

A Grand Forks, Nord Dakota, en septembre 1980, un bombardier B-52, chargé de 12 bombes à hydrogène avec leurs têtes nucléaires, a pris feu. Il s'est consumé durant deux heures, alimenté par une pompe à carburant. Seuls des vents forts ont pu éteindre les flammes, et un pompier grimpant sur l'avion en feu a pu couper le circuit, évitant le désastre.

A Grand Forks, Nord Dakota, en septembre 1980, un bombardier B-52, chargé de 12 bombes à hydrogène avec leurs têtes nucléaires, a pris feu. Il s’est consumé durant deux heures, alimenté par une pompe à carburant. Seuls des vents forts ont pu éteindre les flammes, et un pompier grimpant sur l’avion en feu a pu couper le circuit, évitant le désastre.

“La crédibilité du Royaume-Uni en matière de dissuasion est cruciale,” a déclaré le Trident Alternatives Review (rapport sur l’alternative au Trident) du gouvernement en juillet cette année. Sur une seule page du rapport, les mots “crédible” et “crédibilité” sont utilisés sept fois pour décrire la stratégie britannique de “dissuasion minimum”. Mais le rapport ne dit jamais qui doit être dissuadé, ni ce que le R-U ferait réellement si la dissuasion par ses armes nucléaires échouait. Le Strategic Defence And Security Review de 2010 (rapport sur la sécurité et la défense stratégique) mentionne le risque de “terrorisme nucléaire” et “la possibilité qu’une menace d’attaque nucléaire majeure contre le R-U ré-émerge.” Cela implique la possibilité que la Corée du Nord, la Chine, le Pakistan, l’Iran ou la Russie veuillent un de ces jours faire disparaître Londres, en dépit des investissements de taille fait par certains de ces pays dans la cité. Mais le rapport de sécurité n’explique pas dans quelles circonstances les missiles Trident anglais pourraient être lancés, citant la nécessité de rester “délibérément ambigu”.

Depuis l’aube de l’ère atomique, cette sorte d’ambiguïté supposée essentielle pour confondre des ennemis potentiels a permis aux fonctionnaires du gouvernement d’éviter toute supervision et responsabilité. Il y a quelques semaines le parlement a voté pour empêcher Cameron d’autoriser une attaque relativement modeste sur la Syrie, alors même qu’un premier ministre puisse autoriser une attaque nucléaire qui tuerait des millions de personnes sans approbation publique ni débat parlementaire. L’intense secret qui entoure le plan de guerre nucléaire a dissimulé non seulement la dévastation infligée aux cibles, mais aussi les graves dangers et accidents sérieux sur la nation par ses propres armes. Et quand ces secrets nucléaires seront révélés, même partiellement, les plans qui étaient jugés “crédibles” par ces gens au pouvoir paraîtront  non crédibles et presque incroyables à tous les autres.

Les armes nucléaires sont les machines les plus mortelles jamais inventées, mais la dissuasion qu’elles procurent est quelque chose d’indéfinissable. “Le but principal de la dissuasion… est psychologique,” comme l’expliqua une fois un rapport du Pentagone. “La mission, c’est la persuasion.” La destruction d’Hiroshima et Nagasaki a montré ce qu’une seule bombe peut infliger à une ville. Mais la répulsion générale au sujet des pertes humaines a poussé les USA à explorer l’utilisation des armes nucléaires sur des cibles militaires traditionnelles.

En 1946, les USA ont mené leurs premiers essais d’après-guerre d’armes atomiques. Le but de l’un de ces tests était de découvrir l’effet d’une explosion nucléaire sur une flotte de navires de guerre. Le résultat fut décourageant. Sur les 88 navires arrimés près du point de déflagration dans l’atoll de Bikini, seulement cinq ont coulé. L’Evaluation Of The Atomic Bomb As A Military Weapon (évaluation de la bombe atomique comme arme militaire), un rapport top secret envoyé à Harry Truman concluait que “les navires en mer” et les “corps d’armée” étaient des cibles médiocres. “La bombe est en premier lieu une arme contre la vie et les activités humaines dans des grands site urbains et industriels” avançait le rapport. De telles armes étaient utiles, principalement, pour tuer et terroriser des civils. Selon le rapport, certaines des meilleures cibles étaient “les villes marquées par une forte signification sentimentale.”

Le premier plan de guerre nucléaire américain, adopté en 1948 au nom de code Halfmoon, estimait à 50 le nombre de bombes atomiques devant être larguées sur l’Union soviétique. Leur nombre fut porté ensuite à 133, visant 70 villes. Leningrad devait être touchée par sept bombes, Moscou par huit. Il n’y avait, semble-t-il, aucune alternative à la menace de massacres de masse. Cette stratégie américaine fut désignée comme “le concept de massacre d’une nation.”

Durant une audition au Congrès en octobre 1949, les USA ont eu le débat de haut niveau le plus médiatisé à propos de l’éthique de telles cibles nucléaires. Un groupe d’amiraux condamna fermement le plan de l’US Air Force contre les Soviétiques. “Je ne crois pas aux massacres de masse de civils,” a témoigné l’amiral Arthur W Radford, alors que le vice-amiral Ralph A. Ofstie, qui avait visité les cités détruites au Japon, décrivait le feu atomique comme “un massacre aléatoire d’hommes, de femmes et d’enfants,” et disait que l’idée même était “impitoyable et barbare”, contraire aux valeurs américaines.

Au milieu des années 50, le plan de guerre américain avait été modifié. De plus de frappes sur les cibles (villes) “contreproductives” en destruction de cibles “antagonistes” (installations militaires). L’invention de la bombe à hydrogène a créé des armes nucléaires des centaines de fois plus puissantes que celle qui a détruit Hiroshima. L’Union soviétique avait alors ses propres armes nucléaires, et les détruire devint le but principal de l’Air Force.

En décembre 1960, les USA approuvaient son premier Single Integrated Operational Plan (Siop) [Plan Intégré Unique Opérationnel], qui spécifiait le moment et les cibles des attaques menées par les forces US et le UK Bomber Command (Commandement des bombardiers UK). Ce plan, sous une forme ou une autre, restera d’actualité pendant plus de trois décades. La plupart du SIOP reste secret, mais des mémos rédigés durant l’administration de JFK, au sommet de la crise de Berlin en 1961, donne une idée de l’ampleur de la destruction que provoquerait le SIOP. Il indique 3729 cibles, devant être frappées par 3423 armes nucléaires. Les cibles sont localisées en Union soviétique, Chine, Corée du Nord et Europe de l’Est. Environ 80% sont des objectifs militaires, le reste civils. Sur les “complexes industriels civils destinés à la destruction”, 295 étaient en Union soviétique, 78 en Chine.

Les estimations des dommages et victimes du SIOP était très restreintes. Elles étaient basées seulement sur l’effet de l’explosion, et excluaient le mal pouvant être causé par la radiation thermique, les incendies et les retombées radioactives, qui étaient compliquées à évaluer. En trois jours d’une attaque initiale par les USA et le R-U, la puissance totale du SIOP tuerait à peu près 54% de la population russe, 16% de la population chinoise: environ 220 millions de personnes. En plus des millions qui périront de brûlures et d’exposition aux radiations.

Les plans de guerre en Grande-Bretagne n’ont jamais été aussi conflictuels que ceux des USA. Après quelques semaines après la destruction d’Hiroshima, Clement Attlee a exprimé succinctement ce qui deviendra la philosophie britannique : “La réponse d’une bombe atomique sur Londres sera une bombe atomique sur une autre grande cité.” La grande Bretagne n’a pas les moyens de construire des armes nucléaires pouvant menacer des dizaines de milliers de cibles militaires en Union soviétique. Et la population anglaise n’est pas largement dispersée sur un grand continent. En 1955, un rapport secret de William Strath, un fonctionnaire au Central War Plans Secretariat (Secrétariat central des plans de guerre), concluait que si 10 bombes à hydrogène frappaient la côte ouest du Royaume-Uni, les incendies et la radioactivité consécutifs tueraient immédiatement environ 1/3 de la population. La plupart des terres agricoles du pays seraient inutilisable pendant deux mois, et l’eau potable serait contaminée. Même si la Grande-Bretagne arrivait plus ou moins à détruire la plupart des armes nucléaires en Union soviétique, une poignée d’armes soviétiques pourrait provoquer l’effondrement de la société britannique.

En 1958, le plan d’urgence du Bomber Command américain prévoyait la destruction de 44 villes russes. Une telle attaque aurait causé la mort d’environ 38 millions de personnes. Une bombe à hydrogène devait être lâchée sur chaque centre-ville, sauf Moscou qui devait en recevoir quatre et Leningrad deux. Si la Grande-Bretagne était entrée en guerre aux côté des États-Unis au début des années 60, elle aurait demandé au Bomber Command de détruire 25 villes russes supplémentaires. A mesure que l’Union soviétique améliorait ses défenses anti-aériennes, la Grande-Bretagne réduisait le nombre de centres urbains qu’elle souhaitait détruire de son propre chef. A la fin des années 60, les missiles embarqués par les sous-marins Polaris servirent de dissuasion stratégique à la Grande-Bretagne et n’étaient plus pointés que sur une petite douzaine de villes russes. Jusqu’à la fin de la Guerre froide, la destruction totale de la capitale de l’Union soviétique – connue sous le nom de “critère Moscou” – était le principal objectif du Royaume-Uni.

Le Joint Intelligence Committee a considéré que les plans de guerre soviétiques seraient encore plus brutaux. Selon son rapport sur “les probables cibles nucléaires au Royaume-Uni”, Londres serait touchée par huit bombes à hydrogène et deux bombes atomiques. Edimbourg serait atteinte par deux de chaque type, Glasgow par quatre bombes à hydrogène et une bombe atomique, tandis que les bases anglaises de sous-marins, en Ecosse, seraient atteintes par quatre bombes à hydrogène et quatre bombes atomiques. Au final, le JIC s’attendait, dans le cas d’une guerre avec l’Union soviétique, à ce que le Royaume-Uni soit touché par environ 300 armes nucléaires.

La base navale de Faslane, sur la Clyde. L'Écosse accueille les sous-marins anglais de type Trident et attire la plus forte opposition, avec le leader du SNP Alex Salmond visant à les supprimer si l'Écosse gagne son indépendance. Ceci pourrait être désastreux pour la force de dissuasion anglaise : construire une nouvelle base prendrait des années et coûterait des milliards. Photo: Murdo MacLeod.

La base navale de Faslane, sur la Clyde. L’Écosse accueille les sous-marins anglais de type Trident et attire la plus forte opposition, avec le leader du SNP Alex Salmond visant à les supprimer si l’Écosse gagne son indépendance. Ceci pourrait être désastreux pour la force de dissuasion anglaise : construire une nouvelle base prendrait des années et coûterait des milliards. Photo: Murdo MacLeod.

Un secret officiel strict a permis aux stratèges anglais et américains de choisir leurs cibles sans la curiosité du public. Cela a aussi facilité la gestion de l’opinion publique sur les armes nucléaires. Le rapport Strath a été supprimé, et Winston Churchill a ordonné à la BBC de ne pas diffuser d’information sur la bombe à hydrogène pour ne pas effrayer les gens. De la décision d’Attlee de construire une bombe atomique jusqu’aux négociations de James Callaghan pour obtenir des USA des missiles Trident, la politique nucléaire britannique a été menée sans beaucoup de supervision parlementaire. “Toutes les décisions clés ont été prises par un petit nombre de très vieux ministres du gouvernement, se rencontrant dans des comités ad hoc informels,” comme le soulignent les historiens John Baylis et Kristan Stoddart. “Ces décisions ont été gardées secrètes des principaux cabinets d’alors.”

Aux USA, les spécifications planifiées des armes nucléaires n’ont même pas besoin d’être secrètes. Selon le Atomic Energy Act de 1946, elles sont “nées secrètes”, classées aussitôt créées. C’est le simple bon sens de garder secrets les plans de l’arme nucléaire, mais le secret justifié par la nécessité de prévenir l’espionnage étranger est devenu une habitude, plutôt que de cacher les problèmes de sécurité, en cachant les accidents nucléaires et protégeant les bureaucraties de la Défense de l’embarras.

La liste des bavures et problèmes avec des armes nucléaires, qui auraient pu menacer le public, mentionne 32 accidents. Et encore, une étude de 1970 par un des laboratoires sur les armes nucléaires américaines, obtenue grâce au Freedom of Information Act, a recensé 1200 armes impliquées dans des accidents entre 1950 et 1968. La plupart de ces accidents était bénins, mais un nombre d’accidents sérieux ont en quelque sorte été oubliés de la liste du Pentagone. Et surtout le risque d’explosions nucléaires accidentelles n’a pas été entièrement compris par les stratèges américains jusqu’à la fin des années 60, et ce risque est en fait beaucoup plus grand que l’on pouvait s’attendre. Un crash d’avion, un incendie, une explosion de missile, un éclair d’orage, une erreur humaine, et même la chute d’une arme d’un avion parqué sur une piste sont des causes répertoriées d’une explosion nucléaire potentielle.

Deux parmi les pires accidents arrivèrent en un seul mois. Le 15 septembre 1980, un des réacteurs d’un bombardier B-52 prit feu à la base de l’Air Force de Grand Forks au Nord Dakota. L’avion portait quatre bombes à hydrogène et huit missiles à tête nucléaire de courte portée. Un vent fort éloigna les flammes des armes, et un pompier grimpa sur l’avion en feu, éteignit le feu et prévint un désastre. Trois jours après, un technicien fit tomber un outil dans le silo d’un missile balistique intercontinental Titan II près de Damascus, Arkansas. L’outil heurta le fond du silo, rebondit, frappa le côté du missile, perça la coque et causa une fuite de carburant. Le Titan II portait l’ogive nucléaire la plus puissante construite par les USA. Malgré un effort héroïque pour sauver le missile, il explosa, mais pas l’ogive nucléaire. Ces deux Etats auraient pu être détruits.

Les problèmes de sécurité avec les armes nucléaires américaines ont été tenus secrets jusqu’à la fin de la Guerre froide. Une étude financée plus tard par le Congrès donne une “note de sécurité” à chaque type d’arme nucléaire de l’arsenal national. Les notes étaient basées sur le risque potentiel d’une explosion accidentelle ou de dispersion de plutonium. Trois armes reçurent un A. Sept reçurent un B. Deux reçurent un C+. Quatre un C. Deux un C-. Et douze obtinrent un D, la note la plus basse.

Les problèmes de sécurité des armes nucléaires américaines ont des implications bien au-delà des frontières des États-Unis. Les forces de l’OTAN s’appuient sur beaucoup d’entre elles. Pendant des années, le nombre d’armes nucléaires américaines déployées en Grande-Bretagne excéda le nombre de ses propres armes. Selon l’historien John Simpson, en 1959, la RAF comptait 71 bombes atomiques britanniques et 168 bombes américaines. Dans les années qui ont suivi, le nombre d’armes nucléaires fabriquées en Angleterre atteignit, remarquablement, celui de celles fabriquées en Amérique, grâce au US-UK Mutual Defence Agreement (Accord Mutuel de Défense US-UK). La conception de “Red Snow“, le composant nucléaire au cœur de la première bombe à hydrogène anglaise largement déployée, était basé sur celui de la bombe Mark 28 américaine. En 1961, Harold Macmillan a été averti que le développement de l’armement s’était “presque entièrement limité à copier les modèles américains.”

Le secret entourant les accidents d’armes nucléaires a bien dépassé celui destiné à cacher les accidents américains. En juillet 1992, un rapport de Sir Ronald Oxburgh, conseiller scientifique en chef au ministère de la Défense, annonça 19 accidents arrivés avec des armes britanniques, entre 1960 et 1991. Le rapport Oxburgh suggérait qu’aucun de ces accidents n’était particulièrement tracassant, et selon le ministère de la Défense, le Royaume-Uni n’a pas enregistré d’accidents impliquant des armes américaines sur le sol anglais. Cependant, en cherchant les problèmes de sécurité concernant les armes américaines, je suis tombé sur une information à propos d’accidents très sérieux, non mentionnés dans le rapport Oxburgh.

Deux des accidents arrivèrent sur la base RAF de Lakenheath. En juillet 1956, un bombardier américain B-47 faisait des exercices de touch-and-go. L’appareil dévia hors de la piste et alla cogner contre un igloo de stockage contenant des bombes Mark 6. Un officier américain témoin de l’accident l’a décrit dans un télégramme classifié : “Le B-47 a déchiqueté l’igloo et tapé dans environ trois Mark 6. L’avion a alors explosé en une pluie de carburant en feu. L’équipage est mort. Une grande partie de la carcasse pivota sur l’igloo puis stoppa avec le nez juste en avant du quai de l’igloo, ce qui a maintenu l’incendie de carburant en dehors de l’igloo détruit. Des officiers démineurs ont fait un examen préliminaire et ont dit que c’est un miracle que l’un des Mark 6, dont les détonateurs ont été cisaillés, n’ait pas explosé. Les pompiers ont éteint l’incendie rapidement autour des Mark 6.”

Les cœurs nucléaires des armes étaient stockés dans un autre igloo. Si le B-47 avait heurté cet igloo, un large nuage de plutonium aurait flotté au-dessus de la campagne du Suffolk. Les poussières de plutonium sont mortelles quand on les inhale. Une fois dispersées, c’est très difficile de s’en débarrasser et elles demeurent actives pendant 24 000 ans.

Un autre accident arriva à Lakenheath le 16 janvier 1961. Les réservoirs de carburant placés sous les ailes d’un chasseur américain F-100D ont été largués par erreur quand le pilote a démarré son réacteur. Les réservoirs largables ont touché la piste et se sont fissurés, du carburant a pris feu, et une bombe à hydrogène Mark 28 montée sous l’avion a été noyée par les flammes. Les pompiers ont réussi à circonscrire l’incendie avant que la bombe ne soit gravement endommagée. Une erreur dans le câblage des bombes à hydrogène Mark 28, découverte plus tard, aurait pu permettre à une chaleur excessive de court-circuiter le mécanisme de sûreté de l’arme et entraîner une détonation nucléaire.

La sécurité des missiles Trident D5 a longtemps été source de débat. En décembre 1990, le Panel on Nuclear Weapons Safety (groupe de travail sur la sécurité des armes nucléaires), un groupe d’éminents physiciens rémunérés par le Congrès américain, a alerté que leur conception inusitée entraînait des risques significatifs. Pour gagner de la place, les multiples têtes nucléaires n’étaient pas montées au sommet du missile, elles entouraient le troisième étage du moteur de la fusée. Et le carburant class 1.1 à “haute énergie” utilisé par ce moteur de fusée avait plus de probabilité d’exploser que tout autre carburant. “Le problème de sécurité mis en avant,” a annoncé le panel, “est de savoir si un accident durant les manipulations d’un missile opérationnel – c’est-à-dire, transport, chargement – pourrait faire détonner le carburant qui, à son tour, ferait exploser les HE (explosifs à fort pouvoir de destruction) des têtes nucléaires, menant à la dispersion de plutonium, voire au déclenchement d’une explosion nucléaire.”

La décision d’utiliser le carburant ayant le plus fort pouvoir énergétique et les explosifs les plus instables fut prise au début des années 1980, pour augmenter la distance franchissable du missile Trident D5 et diminuer le poids des ogives. Le premier sous-marin britannique Trident est parti patrouiller en mer quatre ans après la découverte de ces risques, et le missile Trident D5 est supposé rester en service jusqu’en 2042. Le risque d’une explosion et de la diffusion de plutonium est le plus élevé quand les charges militaires sont chargées ou déchargées du sous-marin, ou transportées par route entre l’Écosse et l’Atomic Weapons Establishment à Aldermaston, Berkshire.

Le pire accident qui aurait pu survenir durant les manipulations d’armes nucléaires au Royaume-Uni, selon le rapport Oxburgh, est arrivé le 7 janvier 1987, quand un camion de la RAF a fait une embardée pour éviter un autre véhicule sur une route verglacée du Wiltshire. Le camion, qui transportait deux bombes à hydrogène, est sorti de la route et s’est couché sur le flan. Un camion de la RAF, derrière lui, transportant deux autres bombes, a également quitté la route. Aucune des armes n’a été endommagée. Mais des documents US récemment déclassifiés révèlent des détails au sujet d’un autre incident sérieux survenu au Royaume-Uni, et d’autres ont eu lieu sans aucun doute. Le 17 août 1962, dans une base de la RAF non précisée, quelque part en Angleterre, deux rétrofusées sur un missile Thor se sont déclenchées alors qu’il subissait un contrôle de routine. Le pas de tir a été évacué et quand les employés sont revenus, ils ont constaté que le cône du nez du missile, contenant l’ogive, n’avait pas été déplacé. L’ogive était environ 60 fois plus importante que la bombe qui a détruit Hiroshima. “La cause de l’incident,” annonce le rapport, “fut l’échec à suivre des règles de sécurité préétablies.”

Une étude américaine a déterminé des niveaux de sécurité pour chaque arme nucléaire au sein de l'arsenal national. 12 ont reçu la note D, la plus faible.

Une étude américaine a déterminé des niveaux de sécurité pour chaque arme nucléaire au sein de l’arsenal national. 12 ont reçu la note D, la plus faible.

Les USA ont grandement réduit le nombre de leurs armes nucléaires stratégiques, de près de 90% depuis l’ère Reagan. Le Siop a été remplacé par un autre jeu de cibles, connu comme l’Operations Plan (OPlan) 8010, plus particulièrement conçu pour utiliser les armes nucléaires face à la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Syrie et l’Iran. “Un plan adaptatif” permet de choisir des cibles dans d’autres pays à la dernière minute. En juin, l’administration Obama a publiquement diffusé la nouvelle Stratégie d’Emploi des Armes Nucléaires. Elle affirme que les USA utiliseraient les armes nucléaires seulement contre des cibles militaires et “ne visera pas intentionnellement des populations civils ou des équipements civils.” Une des erreurs avec une telle stratégie antagoniste est qu’elle peut transformer les armes nucléaires en armes légitimes à utiliser dans une campagne militaire. Même l’attaque nucléaire la plus précise entraînera des dommages collatéraux et des retombées radioactives mortelles.

Comme l’observait feu Michael Quinlan, ex-secrétaire permanent au ministère de la Défense, après la Guerre froide, les plans de guerre anglais semblaient avoir acquis un caractère très général de “à-ceux-qui-pourraient-être-concernés”. Le Strategic Defence and Security Review de 2010 confirma cette opinion : “Aucun État en ce moment n’a l’intention et la capacité de menacer l’indépendance et l’intégrité du Royaume-Uni.” Le rapport appela la politique britannique de dissuasion nucléaire minimum une “ultime police d’assurance” dans un “âge d’incertitude”, sans spécifier comment ou contre qui. Et il n’y a pas mention qu’une telle politique ait traditionnellement souligné la destruction de villes, non de forces militaires.

Il peut bien sûr être nécessaire de menacer des millions de gens d’annihilation pour dissuader d’une attaque au Royaume-Uni. Cet argument, cependant, devrait être basé sur plus que la confiance méritée de fonctionnaires élus. D’après les Accords de Nassau de 1962 qui garantissent au Royaume-Uni l’utilisation des bases sous-marines nucléaires américaines, ces armes devraient être employées seulement au nom de l’OTAN, sauf si le gouvernement anglais sent qu’il y ait un “intérêt national supérieur en jeu.” Le sens de cette phrase n’a jamais été expliqué, et aucun Premier ministre n’a décrit de situation plausible dans laquelle le R-U aurait à utiliser ses armes nucléaires unilatéralement, sans aucun support des USA ou des autres nations de l’OTAN. Une attaque qui détruirait Londres, par exemple, tuerait aussi 200 000 Américains. Durant la précédente décade, les USA ont financés deux guerres, au coût de 2 trillions de dollars, pour venger la mort de beaucoup moins de personnes.

Le seul mot utilisé plus souvent que “crédible” dans les rapports officiels anglais sur la dissuasion nucléaire, est “indépendance”. Mais les missiles Trident D5 dans les sous-marins anglais n’appartiennent pas spécifiquement au R-U. Ils sont fournis par un groupe anglo-américain, ils retournent aux USA pour leur rénovation et être remplacés par d’autres missiles. Il y a presque 50 ans, Harold Wilson a soulevé la question à propos “de la soi-disant dissuasion, soi-disant indépendante, soi-disant anglaise.” Ces questions n’ont jamais reçu de réponses appropriées.

Maintenir délibérément l’ambigüité sur les plans de guerre nucléaire est un bon moyen pour les responsables du gouvernement d’étouffer un débat significatif. Et alors que des problèmes nationaux plus pressants dominent l’actualité, celui-ci ne pourrait être plus important. La Grande-Bretagne n’a jamais eu un débat total et vigoureux au sujet de ses armes nucléaires, basé sur des faits. Alors que d’autres pays cherchent à s’équiper en armes de destruction massive, l’enjeu ne saurait-être plus élevé. Est-ce que les sous-marins Trident vont protéger la Grande-Bretagne ou compromettre son futur ? J’espère que le peuple anglais en décidera.

Source : The Guardian, le 14/09/2013

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/armes-nucleaires-en-attendant-laccident-par-eric-schlosser/