les-crises.fr

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ENTRAIDE : Bilingue anglais, Monteur vidéo

Saturday 25 February 2017 at 14:51

Bonjour

Nous avons des besoins importants et très urgents pour différents projets ce week end

Nous comptons donc vraiment sur vous…

Bilingue anglais

Nous avons aussi besoin de 1 ou 2 personnes bilingues en anglais, ayant du temps ce week-end et/ou dans la semaine

Monteur Vidéo

Nous avons aussi besoin de 1 ou 2 personnes à l’aise avec du montage vidéo, imaginatifs, créatifs pour monter une petite vidéo…

=> Contact

Contactez-nous ici en indiquant en objet le sujet sur lequel vous vous proposez…

Merci d’avance aux volontaires ! 🙂

(ne m’en veuillez pas si je ne réponds pas tout de suite, vos propositions sont enregistrées et utilisées en fonction des besoins, merci !)

P.S. si on ne répond pas tout de suite, excusez-nous, n’hésitez pas à re-proposer une 2e fois, c’est très dur niveau temps pour moi…

Merci encore à tous (vos soutiens sont vraiment très précieux)

On les aura !

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-bilingue-anglais-monteur-video/


La couverture médiatique du patrimoine de Macron : la fabrication d’une “No News” (2/5)

Friday 24 February 2017 at 16:00

Suite de notre quadrilogie sur le patrimoine d’Emmanuel Macron  – je compte sur vous pour diffuser largement cette série sur les réseaux sociaux…

Série : Le Phénomène Macron…

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Plan de ce billet :

 

Nous allons donc nous intéresser à la couverture de la presse du sujet Patrimoine de Macron

I. Les informations du JDD : la fabrication d’une “No News”

Le 12 février, ENFIN, un journal, le JDD,  interroge donc Macron sur son patrimoine – et nous promet à grands coups de trompettes la Vérité (Merci Lagardère !) avec cet article mythique :

macron

macron

Ce qui est intéressant, c’est qu’on a ici une fantastique illustration de la propagande dans le monde occidental.

On voit ici qu’en gros, ils ne mentent pas (bon, ils se trompent, le PEA de 54 520 € est celui de Mme Macron ; je ne sais pas comment ils tombent sur 227 772 €, je suis à 213 244 €…), toutes les informations y sont.

macron

Il n’y aucune “Fake news”, on ne peut attaquer l’article sur les faits, tous y sont.

Mais ce qu’il n’y a pas, c’est la conclusion logique :

macron

macron

Mais est-ce si compliqué ?

macron

Il manque dès lors la mise en valeur de ce fait majeur, avec un titre en relation, etc.

Mais pas du tout, au contraire, on a du beau “On vous a tout dit, circulez, il n’y a rien à voir !”

Bon, il semble que des lecteurs un peu moins naïfs aient réagi – puisqu’ils remettent ça la semaine suivante :

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“On vous a tout dit, circulez, il n’y a rien à voir !” – on verra dimanche après cette étude ! 🙂

macron

Les-crises.fr : les questions qui dérangent VRAIMENT Macron…

P.S. en bonus, la page suivante du JDD du 12/02 dit ça :

macron

Rappel :

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#BonneChance
<h2>II. Les informations de l’AFP : la propagation d’une “No News”

Et l’AFP embraye : tout y est dit, même encore plus clairement, mais rien ne percute (lisez l’article en entier ici) :

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“On vous a tout dit, circulez, il n’y a rien à voir !” – d’ailleurs, ça vous était bien arrivé clairement aux oreilles, hein ? #ObligationDeRésultatDeLaPresse

III. Les “informations” du Monde : encore du travail de BuzzFeed !

Et c’est là que ça devient stupéfiant !

Le 8 février, mon article de juin buzzant, je me suis dit – et c’est vrai – que j’allais sûrement recevoir la visite de la police du Monde, les Décodeurs, et donc j’avais prévenu mes lecteurs de la situation :

macron

Avec au passage un rappel de ma diffamation dans le Décodex du Monde, reconnue par la suite ; liste qui avait été faite par Adrien Sénécat, des Décodeurs du Monde, ancien de chez BuzzFeed :

Samuel Laurent et Adrien Sénécat présentent le Decodex (Vidéo Facebook à voir ici)

dont j’avais montré le remarquable travail à l’époque de journaliste d’investigation (archive – sans démenti à ce jour) :

decodex

Eh bien, je vous le donne en mille : après le succès du Décodex, quel fin limier Le Monde a-t-il envoyé pour enquêter sérieusement sur le patrimoine d’Emmanuel Macron ? Si, si : Magic Andrien Sénécat ! (archive de l’article ici) :

macron

C’est vrai que c’est bizarre d’oser s’interroger : “conspirationniste” va !

Et Sénécat attaque bille en tête :

macron

Notez comme il mélangent sciemment ce blog avec l’extrême-droite (que je combats régulièrement), et en rajoute dans la diffamation. #ÀBientôt

Notez aussi comme, incidemment, il fait un hyperlien de mon site vers leur Décodex (www.lemonde.fr/verification/source, c’est l’adresse orwellienne du Décodex).

Mieux, il laisse penser que je suis à l’origine d’une “rumeur”, alors que les premiers mots de mon billet sont :

macron

et donc que c’est le Canard enchaîné qui a levé le lièvre, pas moi…

Notez aussi le choix des coupes de la dernière phrase me citant

« Il joue ou quoi ? S’il a tout donné aux bonnes oeuvres, je veux bien revoir un peu mon jugement sur lui… (…) Un esprit mal intentionné pourrait même le soupçonner d’avoir un compte à l’étranger… Après, il y a sans doute une bonne explication, parfaitement légale, surtout que c’est certifié par Macron », ironise Olivier Berruyer, auteur du blog Les Crises.

et jugez avec l’original :

macron

(notez le smiley ; c’est super rare d’avoir un compte en Suisse pour planquer de grosses sommes d’argent que vous avez DÉCLARÉES au fisc !!!)

#MerciPourCeMoment

Tout ceci n’a pas laissé des lecteurs du Monde indifférents (merci à eux) :

macron

macron

macron

Réactions qui les ont obligés à faire machine arrière, et à effacer le paragraphe du début, et à faire leur boulot normal : traiter du patrimoine de Macron sans citer de sources extérieures :

macron

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Retour au reste de l’article original, sur le fond du problème Macron :

macron

OK, belle recopie de mon billet. (on note que lui non plus n’a pas trouvé les déclarations de 2014 – il n’a pas osé citer mon blog comme source je pense… 🙂 )

HÉLAS, il n’a pas eu la présence d’esprit d’aller sur le site de la HATVP pour prendre la dernière déclaration de M. Macron, celle de sortie du gouvernement, sortie fin janvier (trop de travail tue le travail) pour faire un travail de qualité.

macron

N.B. 1 : Ce n’est pas de sa faute, mais M. Sénécat a semble-t-il recopié une erreur de ma part (ou il a fait la même erreur que moi dirons-nous) : il faut défalquer la quote-part de Mme Macron sur l’appartement commun, qu’on ne connait pas, et que j’ai estimée ce jour à 10 %…

macron

N.B. 2 : ce n’est pas une “assurance vie” les 500 000 €, c’est l’assurance décès du prêt immobilier ; elle ne devrait pas être mentionnée à mon sens, n’étant pas patrimoniale.

macron

OK, belle recopie de mon billet – avec simplement le rajout sur l’information Hermand postérieure.

Conclusion du Monde :

macron

macron

Ah, donc il n’en sait rien le gars… Mais on a tort de se poser des questions. Ok…

C’est pourtant la seule question que les gens sérieux se posent depuis 8 mois, mais ce n’est pas grave…

Valeur ajoutée du Monde / Blogueur = 0.

Mais il essaye au moins :

macron

Mais il faut croire qu’Adrien Sénécat n’a pas beaucoup impressionné Emmanuel Macron…

Bref, dans mon article, je concluais en appelant de mes vœux le travail d’un journaliste d’investigation :

macron

Hélas, ce sont les Décodeurs du Monde qui s’en occupèrent… #PasD’Bol  😉

Et ils concluent leur brillant article par un grandiose :

macron

Alors que notre principal souci, ce n’est pas d’éviter les fausses informations, mais de bien avoir toutes les vraies !

P.S. Soutenez-nous sur Twitter en vous abonnant à @OBerruyer – il y a encore des choses croustillantes à venir ce week-end et la semaine prochaine…

P.P.S: désolé pour les coquilles, elles seront corrigées ce soir…

Source: http://www.les-crises.fr/la-couverture-mediatique-du-patrimoine-de-macron-la-fabrication-d-une-no-news/


Charlot ministre de la vérité, par Frédéric Lordon

Friday 24 February 2017 at 00:55

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 22-02-2017

One of the best toy traffic lights ever manufactured (l’un des plus beaux jouets représentant un feu de circulation jamais fabriqué).
cc tomovox

Admettons-le : au début on n’a pas voulu y croire. Lorsque le 3 janvier on a entendu Samuel Laurent, « décodeur » en chef au Monde, annoncer « une innovation technologique (1) »conçue pour défaire la post-vérité, on s’est dit que c’était trop beau pour être vrai. Mais l’époque dispense sans compter, et il faut désormais tenir pour acquis qu’elle est capable de tout. La suite a prouvé combien. Il y a d’abord ce nom grotesque, Decodex, qui fait surtout penser aux collants bleus de Fantômas ou bien au manteau noir de Judex — et donne irrésistiblement envie d’avoir accès aux minutes du brainstorming, qu’on imagine quelque part entre Veritator, Orthofact et Rectifias. Il y a surtout une trouvaille dont on ne sait plus s’il faut l’assimiler au geste d’une performance artistique ou au comique du cinéma muet. Construire la machine à gifles et s’y attacher la tête dans l’ouverture, Buster Keaton ou Charlot n’auraient sans doute pas fait mieux. C’est que les génies du décodage se sont fabriqué pour longtemps des journées difficiles. Comme de juste, pas une des (nombreuses) traces de pneu de la presse « crédible » labellisée « vert » ne leur sera épargnée, immanquable avalanche dont les effets sur la santé nerveuse du chef décodeur sont déjà constatables sur les réseaux sociaux. Et chaque fois que le ministère de la vérité proteste de ses justifications doctrinales, c’est derechef pour faire tourner à plein régime la turbine à claques.

L’hôpital, la charité

Pour son malheur en effet, il n’est pas une de ses phrases qui ne puisse aussitôt lui être retournée. On se souvient de Katherine Viner, éditorialiste-philosophe de la post-vérité au Guardian qui, voulant faire porter le chapeau à Facebook, « conceptualisait » les « bulles de filtre » sans s’apercevoir que la définition qu’elle en donnait s’appliquait à merveille à la presse mainstream : un univers clos qui ne se nourrit que de pensée confirmante sans jamais ni accueillir ni faire entendre le moindre bruit contradictoire sérieux. Si Samuel Laurent est visiblement plus à son affaire dans le code que dans la théorie, ça ne l’empêche pas d’essayer lui aussi. Il aurait eu tort de se gêner, les produits de la ferme sont de première qualité : « Plus on est dans le domaine de la croyance et du religieux, plus c’est difficile de faire changer d’avis quelqu’un, parce qu’il y croit, il a basé sa structure mentale là-dessus (…) C’est compliqué de se battre contre des gens qui sont déjà convaincus (2) ». Et c’est tellement vrai.

La neutralité journalistique est au choix une ânerie sans nom ou une parfaite hypocrisie.

Par exemple, le type qui déclare avec un regard fixe un peu inquiétant que « Jean-Claude Juncker s’efforce de taxer les multinationales, de faire la chasse aux paradis fiscaux et d’avoir une gestion politique — comprendre de gauche — des politiques budgétaires » est clairement à jour de sa cotisation aux Raëliens ou bien s’est fait refiler du gâteau au shit par des Hare Krishna. Ici les analyses de Samuel Laurent n’ont jamais été si éclairantes : nous avons en effet à faire à quelqu’un « qui est dans le domaine du religieux, qui y croit, qui a basé sa structure mentale là-dessus ». Et il est bien certain qu’il ne va pas être facile de le ravoir, parce que celui-là, c’est peu dire qu’« il y croit ». Le problème est que le sujet à pupilles dilatées est directeur éditorial au journal Le Monde (3) qui lui tamponne régulièrement son bon de sortie — à vignette verte. Problème d’autant plus sérieux que le directeur de la maison de repos, en campagne pour les dragées Decodex, dit lui-même des choses à fort retour de manivelle : « Un site d’extrême-droite peut reprendre des vraies informations ou alors peut colporter de fausses informations, ou peut donner des visions extrêmement tendancieuses des faits (4». Ma foi c’est très vrai également, attention toutefois à la malice du jokari. Bien sûr on ne va pas assimiler le journal de référence à un site complotiste, mais enfin, littéralement parlant, « reprendre des vraies informations, en colporter de fausses, donner des faits des présentations extrêmement tendancieuses » est un énoncé susceptible d’un champ d’application passablement plus large que ne l’imagine le directeur du Monde.

Quand les autorités ne font plus autorité

Qu’un discours devienne à ce point instable par autoréférence devrait normalement inquiéter ses propres auteurs. Que la chose les laisse à ce point de marbre, et comme inconscients de la ruine qu’ils opèrent eux-mêmes de leur propre position a en tout cas valeur de symptôme. Mais symptôme de quoi sinon de ces époques finissantes qu’on reconnaît à l’enfermement de ceux qui prétendaient en être les guides, et ne mesurent plus ni à quel point ils ont rompu avec le reste de la société ni la portée de leurs propres paroles. De ce point de vue, il y aurait certainement lieu de mettre en rapport le geste involontairement comique du Decodex et la vomissure des économistes Cahuc et Zylberberg (5), l’un comme l’autre exprimant ce mélange d’incompréhension et de fureur des institutions de la doxa quand, médusées, elles contemplent pour la première fois la crise qui menace de les emporter. Spasme réactionnel commun des autorités qui découvrent qu’elles ne font plus autorité, le ministère journalistique de l’information vraie est mitoyen de la maison de correction épistémologique pour « négationnistes économiques ». Et dans l’un et l’autre cas, la même incompréhension stupéfaite du processus d’effondrement de leur légitimité, la même réaction à la fois autistique et autoritaire — précisément parce que les institutions de pouvoir ne connaissent pas d’autre conception qu’autoritaire de l’autorité. C’est pourquoi, exposées à la contestation, elles cèdent spontanément à une crispation fulminante accompagnée d’un serrage de vis pour tenter de reprendre en main ce qui est en train d’échapper. Ici nous vous apprendrons ce qu’est la vraie science, là la bonne information — et, croyez-nous, vous finirez par penser droit.

Le ministère journalistique de l’information vraie est mitoyen de la maison de correction épistémologique pour « négationnistes économiques »

On pourrait même pousser l’homologie plus loin car l’antinomie épistémologiquement indigente de la science et de l’idéologie, qui obsède les deux économistes partis, est formellement semblable à celle du journaliste et du militant dont le « décodage » fait l’axe de sa vision du monde. De même qu’aux uns il faudrait expliquer qu’il y a finalement trois sortes d’économistes : ceux qui ne s’aperçoivent même pas que leur « science » est de part en part imbibée de politique, ceux qui en ont conscience mais décident de camper dans la dénégation pour ne pas gâcher les profits symboliques de la science, ceux enfin qui aperçoivent que la présence de la politique dans la science sociale est sa condition nécessaire et qui cherchent au grand jour comment réguler les effets de cette présence, de même il faudrait expliquer aux autres que la neutralité journalistique est au choix une ânerie sans nom ou une parfaite hypocrisie.

Autant la discussion épistémologique, toujours dominée par le boulet de la « neutralité axiologique », est loin d’être close, autant on pensait en avoir fini depuis longtemps avec l’« objectivité du journalisme ». Il faut croire que non. Une heure d’émission (6), et presque de supplications, ne suffira pas pour obtenir de Samuel Laurent un début de vacillement sur ce sujet. Par exemple : pourquoi Fakir doit-il être en orange ? Parce qu’il « a un point de vue » : « Je suis désolé, Fakir parle d’un point de vue ».

« Dieu, le Monde, et moi »

Leibniz nomme « géométral » de toutes les perspectives le point de vue sur tous les points de vue, le point de vue suprême qui cesse d’être un point de vue particulier parce qu’il les synthétise tous. Le géométral, c’est le point de vue de Dieu. Ou, donc, du Monde. C’est bien connu : Le Monde n’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe officiel de la mondialisation, de l’Europe libérale, de la réforme indéfinie, et de l’entreprise-qui-crée-l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admettons-le, des « opinions » s’y font entendre, c’est dans les pages spéciales des éditoriaux, des chroniques et des tribunes, hermétiquement séparées du reste du journal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.

Aussi bien Daniel Schneidermann que François Ruffin (7) s’essayent à faire comprendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier, de même, par exemple, qu’en matière de langue il n’y a d’accent qu’en référence à un accent particulier mais qui a réussi le coup de force de se poser comme le neutre, le sans-accent, ou bien dans un autre genre que le refus de l’idéologie est la posture suprêmement idéologique, puisque inconsciente de l’idéologie dans laquelle elle baigne entièrement, etc., des choses assez simples normalement. Formidable citation de la documentariste de Paroles de Bibs : « quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syndicaliste parle, c’est du militantisme (8) ». Normalement, dans ce raccourci coup de poing, qui dit absolument tout, il devrait y avoir de quoi réveiller jusqu’à un esprit végétatif. Mais là non, rien, autant apprendre la règle de trois à une théière.

Si, comme le disait Marx, les structures sociales se réalisent dans des personnes particulières, il n’est pas interdit de prendre la mesure du fait général de la labellisation de l’information, non seulement par ce qu’en dit l’un de ses plus signalés représentants, mais aussi par ce qu’il dit de lui-même, l’accord parfait d’une complexion singulière à la structure d’ensemble permettant d’éclairer la structure d’ensemble par la complexion singulière. On touche donc probablement au fond des choses (et peut-être en les deux sens du terme) lorsque, interrogé sur les ressorts de sa vocation journalistique, le chef décodeur hésite un instant avant de répondre finalement qu’elle doit tout à « la passion des faits (9) ». La passion des faits… Des faits en général, sans autre précision. Des faits en tant que faits. Réponse philosophiquement vertigineuse, porteuse de tout un rapport au monde social et à la politique (peut-être au monde tout court d’ailleurs), qui laisse aussi dans un grand désarroi car on voit bien que, même en prenant le sujet avec patience et longueur de temps, on n’y arrivera pas, on ne lui fera pas lâcher, puisque tout s’en suit avec une parfaite logique : il y a « les journalistes » (qui n’ont pas de point de vue) et il y a « les militants » (qui en ont un). Les premiers sont donc par essence respectueux des faits et les seconds portés à les distordre. Au Monde, on n’est pas des militants, d’ailleurs — textuellement — « je n’ai pas de démarche militante ». Et puis encore : « Je ne suis pas militant, je suis journaliste. Et être journaliste, c’est expliquer le monde tel qu’il va ». Sentiment de vertige au spectacle de cet abysse. On se rattrape en imaginant qu’il suffirait, par amusement, de suggérer au « journaliste » qu’il est « un militant des faits » pour qu’une erreur-système de force 7 lui grille aussitôt tous les circuits.

À l’intersection de l’évaluation et de la démocratie pastorale

Il y a comme une loi de proportionnalité du monde social qui justifie la critique en rapport avec l’importance des positions de pouvoir et des prétentions qui s’y expriment. C’est que la détention d’un pouvoir exorbitant conduit nécessairement à questionner la légitimité des détenteurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se demander comment des pouvoirs aussi considérables se sont trouvés remis à des individus aussi insuffisants. La pédagogie généralisée de l’information vraie ne pouvait donc manquer de faire revenir la bonne vieille question de Marx de savoir qui éduque les éducateurs. On se dit d’abord que la croyance forcenée en un journalisme vierge de point de vue et riche seulement de faits devrait suffire à interdire l’accès à la profession. On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de journalisme pour qu’on en laisse sortir des « diplômés » dans cet état. Sont-elles toutes sinistrées à ce point (ou n’y en a-t-il pas une ou deux qui résistent) ? À quel effondrement président-elles ? La dégradation intellectuelle du journalisme est-elle si avancée que le laisse entrevoir l’aval enthousiaste donné à la philosophie du Decodex jusqu’au plus haut niveau du « quotidien de référence » ?

« Quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syndicaliste parle, c’est du militantisme »

« Nous proposons de l’aide, nous n’imposons rien à personne, on est là pour aider » murmure doucereusement M. Fenoglio, directeur du Monde (10), dont on se demande s’il y croit vraiment — le pire étant qu’on ne peut pas l’exclure —, ou s’il ne fait que retourner à ce lieu commun de la réponse médiatique à la critique des médias : la dénégation, spécialement celle de tout magistère. « On n’est pas là pour dire le journalisme qu’il faut faire (11) » n’hésite pas à surenchérir son Décodeur en chef… dans le moment même où il distribue souverainement les labels de bon et de mauvais journalisme.

La dénégation du magistère médiatique, dont on ne sait plus si elle procède d’une parfaite hypocrisie ou d’une inconséquence sans fond, va cependant devenir une gageure avec le déploiement de procédés aussi épais que le Decodex. C’est que la machine à gommettes occupe pile ce lieu monstrueux où se rencontrent la pathologie néolibérale du rating et la conception tutélaire de la démocratie. Il y aurait beaucoup à dire sur le geste qui conduit, sans visiblement qu’il en ait conscience, Le Monde à épouser cette pratique néolibérale entre toutes de l’évaluation généralisée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pratique de l’évaluation est en voie de coloniser toutes les sphères de la vie sociale, organisant par là leur soumission à la logique d’une société de marché de part en part régie par le principe de concurrence. On évalue les chauffeurs de VTC, les appartements de location, les toilettes d’aéroport, et sans doute bientôt les dîners entre amis — le « code couleur », cette tragédie de la couleur que même la plus fertile imagination dystopique n’aurait pas pu anticiper. Voilà donc que Le Monde distribue des couleurs à l’information comme d’autres aux apports nutritionnels ou aux pots d’échappement. Le Monde est bien le journal de ce monde.

Il l’est par tous les bouts, spécialement par celui qui conçoit la démocratie comme le préceptorat éclairé des « élites », heureusement présentes pour indiquer aux sujets la juste couleur des choses. Dans cette conception pastorale de la démocratie, les bons bergers conduisent le troupeau du peuple. Ils lui montrent la bonne herbe à brouter (la verte) et puis le bon chemin du retour à l’enclos. Les pouvoirs du néolibéralisme croient se rendre acceptables en se donnant la forme de la pédagogie généralisée. Mais c’est une grave erreur. Prétendre dicter aux gens ce qu’ils doivent considérer, et puis ce qu’il leur faut en penser, devient rapidement odieux même assisté de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Normalisation de fer

Et cependant, la rubrique Décodeurs n’en finit plus de proliférer : d’abord une parmi d’autres, puis devenue le joyau de la couronne, elle s’est maintenant assurée la participation au magistère général du Monde puisqu’il lui est permis d’engager toute l’autorité du titre pour déclarer ce que vaut l’information des autres (on a compris qu’au jeu de l’évaluation, le truc est de se situer toujours du côté des évaluateurs).

Qui ne voit qu’elle conquerra le journal en son entier, destiné à devenir une gigantesque entreprise de labellisation politique, terminus dont l’étape décisive a déjà été franchie en fait, comme l’atteste cet article sidérant, intitulé « 20 propositions répétées par les candidats de gauche et (quasiment) inapplicables » (12), les parenthèses témoignant d’un ultime reliquat de décence, sur la longévité duquel on ne parierait pas un kopeck. On y voit sous la plume de trois décodeurs émérites, dont un venu de BuzzFeed, un analyste de première force connu pour son aptitude à fact-checker les sous-vêtements abandonnés dans les jardins de l’Assemblée (13), on y voit donc les propositions des candidats de la primaire de gauche étiquetées les unes après les autres : « compliqué », « flou », « contradictoire », « incertain », « risqué », « pas très utile », « douteux », « improbable », toutes mentions accompagnées comme il se doit de leurs cartouches-couleurs.

Pourra-t-on faire comprendre que le problème ici n’est pas tant de livrer des jugements sur les propositions politiques — c’est peut-être là la fonction première de la presse —, mais de les livrer dans une rubrique supposément consacrée aux vérités de faits et sous la forme du rating en couleur, ceci pour ne pas même parler du sentiment qu’inspirent ces géants de la pensée faisant tomber leurs verdicts souverains en quelques phrases lapidaires du haut de leur Olympe intellectuel. Il est d’ailleurs préférable de mettre ce sentiment de côté, et les envies concrètes qu’il inspire aussitôt, pour regarder plutôt la disposition politique révélée par ces avis autorisés.

Par exemple, la proposition « Refaire les traités européens » s’attire la mention : « compliqué »… Ce qui n’est pas faux en un sens. Malheureusement, c’est tellement vrai que c’en est complètement idiot. Et c’est tout un rapport à la politique qui s’exprime dans cette parfaite idiotie. Il est exact en effet, mais trivialement, que faire pour de bon de la politique, c’est-à-dire entreprendre de modifier l’ordre des choses en ses structures, celles de la finance, du commerce international ou de l’Europe, c’est « compliqué »…, sans qu’on voie très bien ce que ce commentaire d’expert ajoute sinon de révéler le fond grumeleux de sa vision politique qui est de dissuader. Dissuader de rien changer, dissuader de faire de la politique, c’est le lieu naturel de la dépolitisation par le fact-checking, qui croit d’abord pouvoir s’aménager son domaine propre, celui des faits purs, mais finira par y dissoudre toute politique, labellisée selon sa conformité ou sa distance au « réel des faits ». Toute politique transformatrice y recevra donc, mais par définition, le rouge, à l’image de la proposition d’établir la parité hommes-femmes à l’Assemblée, déclarée par les experts… « contradictoire » ! Contradictoire pourquoi ? Parce qu’elle supposerait (en effet) de modifier le mode de scrutin — et par là « contredit » l’état actuel du mode de scrutin. Et voilà toute la question : comment penser l’idée de modification, dans une ontologie politique des faits qui, par définition cherche à ramener toute politique au règne de la « réalité vraie » conçue comme l’inaltérable ? De là, « logiquement », que toute entreprise politique de modifier soit par nature « contradictoire ».

La vérité du Decodex

On se plaît cependant à imaginer quels labels auraient reçus des propositions comme « fluidifier le marché du travail », « alléger une fiscalité excessive », ou « ramener la dette sous les 60 % du PIB »… « Nécessaire » ? « Réaliste » ? « Pragmatique » ? « Urgent » ? Et c’est alors un autre visage du Decodex qui apparaît, non plus bouffon mais grimaçant. Pour savoir où finissent les entreprises de ce type il suffit d’observer la trajectoire des précurseurs. En décembre 2016, le Washington Post propose déjà un plug-in, mais lui destiné seulement à colorier les tweets de Donald Trump (14). Courageux mais pas téméraire, le Washington Post s’en tient aux tweets de la Bête — du gâteau —, mais laisse faire le reste du sale boulot par des officines qu’il se contente d’encourager à distance.

Dans un article de novembre 2016, il apporte ainsi tout son appui aux « révélations » d’un site anonyme — PropOrNot — auto-missionné pour traquer l’infestation par la propagande russe (15). Pas moyen d’avoir la moindre information sur l’identité de ces éradicateurs qui opèrent avec la transparence d’une flaque de mazout. Rien pourtant qui puisse effrayer le Post, l’essentiel n’est-il pas que les propagateurs de désinformation russe soient mis à l’index — la transparence, c’est pour les autres. Mais la liste de PropOrNot n’est qu’en apparence un enfer russomane, dont Glenn Greenwald, effaré, donne le véritable principe (16) : marquer d’un sceau d’infamie tout ce qui sort, par quelque côté, de l’intervalle du raisonnable, délimité d’un côté par Hillary Clinton, de l’autre par Jeb Bush, toute dissidence étant alors présentée, sans la moindre preuve sérieuse, comme émanation des intérêts russes. On y trouve des sites de gauche critique comme Naked capitalism, et d’autres de la droite ultra ou libertarienne aussi bien, dont il est peu probable que Greenwald partage leurs vues mais qu’il n’accepte pas de voir blacklistés selon des procédés dont il n’hésite pas à dire qu’ils sont ceux du maccarthysme même. Voilà à quelle entreprise d’épuration le rédacteur en chef du Post, Marty Baron, donne aussitôt son aval enthousiaste sur Twitter… avant de faire machine arrière devant la levée de boucliers et d’ajouter une note de distanciation alambiquée en tête de l’article originel.

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Nous avons donc la séquence-type : étiquetage à la truelle idéologique en espérant que ça passera, éventuel scandale sur les réseaux sociaux, possibilité du rétropédalage. Cas Fakir  : « En regardant un peu mieux… on aurait pu le mettre en vert… (17) ». « En regardant un peu mieux », voilà comment Decodex exerce son pouvoir de labellisation : d’un œil parfois distrait. Il n’est pas requis d’endosser intégralement le blog Les Crises d’Olivier Berruyer pour trouver indigne, et surtout symptomatique, le traitement qui lui a été réservé — lui n’aura pas droit aux mêmes indulgences. Tiré de justesse de l’enfer (rouge), dans un geste d’ostensible mauvais-vouloir et consenti sous pression, il n’est pas près de sortir du purgatoire (orange), et pour des queues de cerise avec lesquelles Le Monde et son Decodex pourraient peut-être redouter la comparaison. Au demeurant, on voit très bien pourquoi : il coche toutes les mauvaises cases : contre la finance, pour la sortie de l’euro, pas décidé à gober sans examen les discours sur la Syrie, donnant la parole à Todd, pour qui le journal Le Monde est devenu de longue date un problème pour la démocratie — il a raison.

Reconduit à une suspicion d’idéologie, Samuel Laurent proteste avec le sentiment de la dignité scandalisée : « Nous ? On a une idéologie ? C’est quoi notre idéologie ? (18) ». Et c’est toute l’ambivalence du Decodex qui apparaît alors, objet hybride aux facettes formidablement contrastées, par-là malaisé à saisir, entre normalisation idéologique de fer et sous-doués en liberté — Charlot ministre de la vérité. On rit beaucoup d’un côté, mais de l’autre c’est assez sérieux, et en fait très inquiétant.

Côté sous-doués en tout cas, on comprend que ces gens-là sont perdus, et que les conditions d’un commencement de dessillement n’existent même pas. Dans un ultime retournement involontaire contre elle-même, la philosophie du Decodex révèle ce qu’elle est… en vérité, et pousse l’ironie jusqu’à permettre de le dire dans ses propres termes : un enfermement dans la croyance. La croyance au géométral suprême, la croyance d’un en-dehors de l’idéologie, c’est-à-dire finalement d’une idée possible de la politique hors de la politique — pour le coup : « contradictoire ». C’est tellement consternant qu’on est tenté de se demander s’il ne reste pas dans un coin au Monde quelques personnes qui n’ont pas complètement oublié ce que c’est que la politique, et qui n’ont pas secrètement un peu honte de ce qui est en train de se passer dans leur propre journal, de ce naufrage intellectuel, avalisé jusqu’au sommet de la direction : le règne des data et de l’algorithme, de la politique abandonnée à des illettrés politiques, où le néant de pensée se trouve le remplissage de substitution des lignes de code.

La presse, contre-contre-pouvoir ?

Et l’on s’étonne après ça que le trumpisme prolifère. C’est que lui au moins fait de la politique. De la politique folle, assurément, mais de la politique, que ses électeurs perçoivent d’ailleurs parfaitement comme telle, raison pour quoi ils la sollicitent avec véhémence. Et c’est cette politique puissamment assertive que l’anti-politique du Decodex imagine rectifier ? Plaise au Ciel qu’elle n’accélère pas tous les processus, ce qu’il y a en fait tout lieu de craindre puisque, envahie par la pensée décodeuse, la presse de référence se condamne non seulement à ne rien comprendre des problèmes de l’époque mais, quand elle les entrevoit, à y apporter la pire des réponses : la réponse du rehaussement magistral à ceux qui n’en peuvent plus des magistères, et de la dépolitisation à ceux qui réclament à cors et à cris qu’on refasse de la politique — ceci pour faire faire encore quelques tours de roue à la carriole de la politique unique. Aussi le déploiement à grand fracas du barnum anti-fake news, anti-post-vérité et pro-nunc-vérité, a-t-il pour fonction première de maintenir, en temps de contestation, le balisage idéologique du champ, le contrôle des accès, la disqualification de toute différence politique (de gauche), c’est-à-dire la ligne de fer : celle de la non-idéologie, gardiennée, la casquette au ras du sourcil, par les factionnaires du Decodex.

Que le journalisme commence avec l’établissement de faits et la dénonciation des contre-vérités flagrantes, c’est une telle évidence qu’on se demande comment des titres ont cru y voir le motif d’une rubrique spéciale, en excès de leur habitude ordinaire qui prescrit pourtant depuis des lustres cette exigence presque constitutive de procéder à des vérifications élémentaires. Ceci d’ailleurs pour des raisons qui sont vieilles comme la politique : sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Le mensonge leur est constitutionnel, comme à toutes les institutions autonomisées, toujours tendanciellement portées à oublier ce qu’était leur fonction première, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes. Hormis quelques incertaines régulations institutionnelles, seule la coercition de l’information publique peut les tenir à un minimum de respect de la vérité. Que le procureur de Pontoise trouve d’abord à dire qu’Adama Traoré est mort de complications infectieuses, ou l’IGPN que le viol de Théo n’en est pas un mais une inadvertance, ceci n’est pas un accident mais la vérité des pouvoirs institués. Et c’est bien dans le rapport de force, contraints par l’opiniâtreté d’une volonté de dévoilement, que les pouvoirs finissent par cracher le morceau, et là seulement.

La presse est en principe le lieu de cette volonté — en principe car elle-même, devenue pouvoir institutionnel, entretient (mais depuis si longtemps…) des liens troubles avec les autres pouvoirs institutionnels, ceux du capital et de l’État notamment, dont elle passe souvent les plats avec une étonnante décontraction, employant maintenant surtout son énergie à contrer les contre-pouvoirs (et pensant se refaire une virginité de temps en temps avec un Lux Leaks ou une affaire Fillon, péripéties à grand spectacle, opportunément venues pour mieux faire oublier l’ombre dans laquelle on laisse d’habitude les fonctionnements réguliers du système). Au passage, Pierre Rimbert rappelle dans « Les chauffards du bobard » (19) que quand la presse officielle fait dans le fake, elle n’y va pas avec le dos de la pelle, ni ne mollit à la taille des enjeux : au bout du mensonge, il y a parfois des guerres, des bombes et des morts par milliers.

Toujours plus du même !

Que débusquer les contre-vérités soit d’une urgence particulière dans une époque de dérèglement où certains hommes politiques commencent à tenir des discours dont la qualification hésite entre le mensonge hors de proportion et l’accès délirant quasi-clinique, c’est aussi une évidence, mais qui aurait dû appeler de tout autres réactions que le magistère, ou le ministère, de la vérité. Non pas tant, on l’a vu, parce que les instances décodeuses bobardent aussi souvent qu’à leur tour, mais parce qu’il est rigoureusement impossible que pareille situation passe par le seul effet des sermons de vérité et sans l’analyse des causes politiques qui l’ont fait advenir.

Il n’est pas certain d’abord que les engouements de la crédulité, et leur résistance même aux infirmations les plus éclatantes, soient une nouveauté historique. La survivance du monde en 2013 n’a pas désarmé les apocalyptiques qui annonçaient sa fin en 2012, et n’était que le prolongement d’une série qu’on ne saurait où faire remonter. Et si la rumeur de la pizzeria Comet Ping Pong à Washington (20) a prospéré sur les réseaux sociaux, celle d’Orléans, de cinquante ans antérieure, s’en est fort bien passée. Plutôt que dans l’égarement essentiel du bas peuple, où les élites le situent spontanément, il se pourrait donc que le dérèglement contemporain trouve l’une de ses origines dans l’effet de légitimation, et par suite de libération, que lui donne l’engagement sans frein de certains hommes politiques dans le discours de l’énormité — on pense à Trump évidemment, mais nous aurons bientôt les mêmes à la maison, si nous ne les avons pas déjà.

Mais comment cette irruption de l’énormité au sommet même de la politique est-elle devenue « d’un coup » possible ? Si brutal soit-il, il n’y a pas d’événement qui n’ait été préparé de longue date. Il faudra bien alors que la presse officielle, la presse qui n’a pas d’idéologie, s’interroge sur sa contribution aux cumuls de longue période qui ont fait déjanter des groupes sociaux entiers et aménagé une place pour un « parler énorme », une place que nécessairement quelqu’un viendrait occuper. En réalité, non pas pour un « parler énorme » en soi, mais simplement pour un « parler autre », à qui, du seul fait qu’il soit autre, on ne tiendrait pas rigueur que par ailleurs il soit énorme.

Sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Seule la coercition de l’information publique peut les tenir à un minimum de respect de la vérité

On ne sait plus comment dire sans radoter qu’il n’y a plus de démocratie là où il n’y a plus de différence significative, là où se trouve proclamée une one best way sans alternative, telle qu’on peut alors, par exemple, l’inscrire dans des traités européens inamovibles, ou telle que des labellisateurs-sans-point-de-vue viennent la certifier « sans point de vue ». La politique sans point de vue étant l’équivalent dans son ordre de l’immaculée conception, il est fatal que vienne tôt ou tard quelqu’un qui rappelle que même pour faire Jésus il faut papa dans maman, c’est-à-dire qui réaffirme un point de vue, et par là s’obtienne une reconnaissance immédiate, presque un immense soulagement, de pans entiers de la population qui suffoquaient d’avoir été si longtemps privés de respiration politique. C’est sans doute un air chargé de miasmes qu’ils respirent à nouveau, mais à leurs yeux c’est au moins de l’air, et pas le gaz inerte des zombies du fact-checking et de leurs chefs.

Les responsables du désastre qui vient, ce sont eux. Ils avaient pour mission de faire vivre la différence et ils ont organisé le règne du même, l’empire labellisé de l’unique. Maintenant que la forteresse est attaquée par tous les bouts, plutôt que de commencer à réfléchir, ils se sont payé des épagneuls. Et pendant que les cabots aboient, les maîtres, croyant avoir la paix, mouillent leur linge de bonheur à l’idée de Macron, mieux encore : d’un deuxième tour Macron-Le Pen — dont ils sont tellement sûrs que le têtard sortirait vainqueur qu’on peut bien pousser les feux pour le plaisir du spectacle. Pendant ce temps l’illuminé qui a dû prendre la foudre en passant la porte de la banque Rothschild, un autre Jésus mais à moitié cuit celui-là, les enchante avec ses évangiles Harlequin « ni droite ni gauche » ou bien « et droite et gauche », la formule même de l’asphyxie politique. Voguons donc avec entrain vers un deuxième tour tant espéré, qui ne nous laissera que le choix de la candidate de l’extrême-droite et du candidat qui fera nécessairement advenir l’extrême-droite — avec les compliments de la presse de la vérité.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 22-02-2017

Source: http://www.les-crises.fr/charlot-ministre-de-la-verite-par-frederic-lordon/


Les russes arrivent, par Oliver Stone

Thursday 23 February 2017 at 02:47

Source : Oliver Stone, Facebook, le 29/12/2016

Oliver Stone, Facebook, 29 décembre 2016

Alors que 2016 touche à sa fin, notre nation se trouve dans une situation profondément instable. Nous sommes incapables de tracer les grandes lignes de notre intérêt national. Est-ce que c’est l’emploi et l’économie, est-ce que c’est la sécurité nationale, ou bien est-ce d’assurer la sécurité mondiale, en d’autres termes d’agir en tant que gendarmes du monde ?

Le New York Times “défaillant” (pour citer Trump) dégénère en une organisation style Washington Post avec sa vision stagnante de Guerre froide d’un monde des années 50 où l’on blâme les Russes à propos de presque tout : l’échec d’Hillary, la plupart des agressions et des désordres dans le monde, le désir de déstabiliser l’Europe, etc. En plus, le Times a introduit le problème des “fausses nouvelles” pour réaffirmer son rôle problématique en tant que voix dominante de l’establishment de Washington. Cela est certainement vrai pour le cas du “piratage” par la Russie dans l’élection de 2016 et pour l’installation de son “candidat mandchou” Donald Trump. Apparemment la CIA (à travers divers fonctionnaires du renseignement restés anonymes), le FBI , la NSA, le Directeur du Renseignement National James Clapper (qui a menti notoirement au Congrès sur l’affaire Snowden), le Président Obama, le DNC (Comité national démocrate), Hillary Clinton, et le Congrès s’accordent tous à dire que la Russie, et principalement M. Poutine, est responsable.

Le Sénateur John McCain, psychotique et amoureux de la guerre, est certainement derrière ces patriotes, désignant le Président Poutine comme “un voyou, une brute et un meurtrier et tous ceux qui le décrivent comme autre chose sont des menteurs.” Il a réellement dit ceci – l’homme qui a sciemment choisi Sarah Palin comme vice-présidente en 2008. Et le Times suit en publiant l’histoire dans toute sa splendeur en page une, clairement en accord avec le point de vue de McCain. Je ne me souviens pas des présidents Eisenhower, Nixon, ou Reagan, dans les jours les plus sombres des années 50 à 80, ayant jamais pointé du doigt un président russe comme cela. Les invectives visaient le régime russe, mais jamais Khrouchtchev ou Brejnev ne reçurent un tel jet de fiel. Je suppose que c’est une nouvelle forme de diplomatie américaine. Si un jeune noir dans nos cités était tué ou si toute une noce pakistanaise était assassinée par nos drones, est-ce que le président Obama serait désigné comme un meurtrier, une brute, un voyou ? Une telle personnalisation est le signe que notre pensée est malade et se situe bien en dessous de ce que devraient être nos standards.

L’association des vétérans du renseignement US met en doute les allégations de piratage par la Russie (voir le lien en fin du présent article : “US Intel Vets Dispute Russia Hacking Claims”). Cette association comprend l’ex-réformateur de la NSA Bill Binney, un génie des maths qui a inspiré le personnage joué par Nick Cage dans “Snowden”). Il parle là de ce que signifie vraiment “piratage”, par opposition à “fuite”. Le Times et d’autres médias dominants ont curieusement éludé tout élément contraire à leur théorie, comme ceux présentés par Craig Murray, ex-ambassadeur et porte-parole de Wikileaks, qui dit qu’il a reçu l’information dans un parc de Washington par une personne du parti démocrate qui était dégoutée du comportement du DNC ; Murray l’a ensuite passée à Wikileaks. C’était une “fuite”, pas un “piratage”, et cela me paraît toujours être la source probable de ce scandale (comme je pense que l’était aussi la fuite “Sony” faussement attribuée à la Corée du Nord, mais c’est une autre question). Et s’il devait y avoir une véritable enquête, elle pourrait très bien mener à la découverte d’un “moment Nixon” d’Hillary Clinton. Les bureaux du DNC n’y étaient manifestement pour rien de bon. Ironiquement, Mme Clinton s’est d’abord fait un nom comme enquêteuse sur le Watergate. Regardez l’article de Mark Ames, “Le Site Derrière la Liste Noire maccarthyste”, traquant cette malhonnêteté jusqu’au journaliste du Washington Post Craig Timber.

Je me souviens bien des années 50, quand les Russes étaient supposés être dans nos écoles, au Congrès, au Département d’État : selon beaucoup de supporters de Eisenhower/Nixon, ils étaient sur le point d’envahir notre pays sans sérieuse opposition (et on me dit paranoïaque !). Ce furent ces mêmes médias qui insistèrent sur notre nécessité d’aller au Vietnam défendre nos libertés contre les communistes, à plus de 9000 kms. Et après que la Peur Rouge eut finalement disparu pour de bon en 1991, rappelons-nous que cela ne s’est jamais terminé. Cela devint Hussein en Irak, avec ses armes de destruction massive, et le discours sur le “champignon atomique”. Cela devint le Démon, aussi vrai que le procès des sorcières de Salem. Cela fut Kadhafi en Lybie, et puis Assad en Syrie. En d’autres termes, comme une prophétie orwellienne, c’est sans fin, et je vous garantis que cela ne finira jamais – à moins que nous, le peuple, nous qui pensons encore par nous-mêmes dans cette question essentielle, puissions dire “Assez” de cette diabolisation. “Assez, partez,” et que nous puissions leur rire au nez.

Bien sûr, le noyau dur NYT/WaPo publie rarement nos sérieuses contestations et donc nous trouvons refuge dans les médias alternatifs comme The Nation, Consortiumnews, The Intercept, Naked Capitalism, Counterpunch, Zero Hedge, Antiwar.com, Truthdig, Common Dreams, etc. Je pense alors que nous avons été tout-à-fait choqués (mais pas surpris) quand nous avons vu récemment 200 sites web listés comme outils du Kremlin (WaPo, 24 novembre, “L’effort de propagande russe a aidé à répandre des “fausses nouvelles” durant les élections”).

Mon dieu, le fantôme d’Izzy Stone est de retour depuis les années 50 [Izzy Stone était un journaliste américain des années 50 connu pour sa rigueur et son professionnalisme, NdT] et aussi celui de Tom Clancy depuis les années 80 ! De faux thrillers sont maintenant écrits sur les Russes piratant les élections. Ça fera du fric et des séries TV. Je n’avais jamais lu de telles saletés hystériques dans le New York Times (appelez ça “fausses nouvelles”), dans lequel les éditoriaux sont devenus de dangereuses diatribes sur les supposés crimes russes, beaucoup d’eux supposément écrits par Serge Schmemann, un de ces idéologues qui cherchent encore des russes sous son lit la nuit ; on les appelait “les Russes blancs” dans le temps et comme les Cubains de droite à Miami, ils étaient incapables de vivre sans ces vieilles rancœurs. Schmemann est de toute évidence au sommet du bureau d’édition du NYT. Ce type de pensée a clairement influencé le Pentagone et beaucoup de déclarations de nos généraux, puis a envahi les reportages des MSM [Mainstream Medias, médias dominants, NdT]. Quand une pensée de groupe unique contrôle le débat national, cela devient vraiment dangereux. Dans cet esprit, je donne des liens vers un nouveau groupe de textes cruciaux et de qualité, qui démontrent bien la médiocrité actuelle des médias dominants.

Autant je peux être en désaccord avec Donald Trump (et je le suis), autant il est désormais la cible numéro un de la propagande des médias dominants – jusqu’à ce qu’il se jette sur la piste anti-Kremlin à cause de faux renseignements ou de malentendus concoctés par la CIA. Puis je crains qu’il commence à se battre contre les Russes avec son impétuosité habituelle, et il ne faudrait pas longtemps avant qu’une situation de guerre contre la Russie soit déclarée. Je n’ai alors aucun doute que notre armée sur-financée (10$ investis pour 1 seul en Russie) n’aura AUCUN sens contre un pays qui croit maintenant (avec le plus grand arsenal de l’OTAN à ses frontières depuis Hitler et la Seconde Guerre mondiale) que les États-Unis sont assez fous pour préparer une attaque préventive. Dans son analyse intitulée “Le Besoin de Tenir l’Arabie saoudite Responsable”, Robert Parry souligne que ce conflit a ironiquement débuté au cours des années 1980 avec les néoconservateurs qui ont défini l’Iran comme le premier parrain du terrorisme mondial. La manière dont cela nous a conduits au chaos présent est une analyse brillante qui est inconnue du public américain.

Je vous incite vivement à lire les articles suivants et rester calme dans vos pensées. Cependant, faites en usage d’une certaine manière. Je crois à ce que le Dalaï-lama affirme : chacun d’entre nous, et même simplement par la prière, peut apporter quelque chose pour améliorer ce monde. Je n’aurais jamais pensé me trouver moi-même en train de prier pour le sang-froid d’un Donald Trump. Vous souvenez-vous de l’Iliade ? Comme Homère le raconte, les dieux planeraient chaque jour au-dessus des batailles et décideraient du résultat, des morts et des survivants. Les dieux écoutent-ils encore ?

“La fabrication de la Russie comme l’Ennemi” de Robert Parry, Consortiumnews

http://bit.ly/2hz4jTI

“Un autre échec des médias: l’histoire des hackers russes” de Joe Lauria, Consortiumnews

http://bit.ly/2hmndK4

“Arrêtons le coup d’État de la CIA” de Justin Raimondo, Antiwar.com

http://bit.ly/2hgka9c

“Le Besoin de Tenir l’Arabie saoudite Responsable” de Robert Parry, Consortiumnews

http://bit.ly/2ifNRZ3

“Les vétérans du renseignement américain contestent les déclarations sur les hackers russes” de Ray McGovern, Consortiumnews

http://bit.ly/2gB2yWo

“Le site derrière la liste noire maccarthyste du Washington Post” de Mark Ames, Naked Capitalism

http://bit.ly/2goUVT5

“Un été amer pour les Néocons” de Robert Parry, Consortiumnews

http://bit.ly/2imXXVb

Source : Oliver Stone, Facebook, le 29/12/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/les-russes-arrivent-par-oliver-stone/


Exclusif : Yahoo a secrètement surveillé les emails de ses clients pour les services de renseignement américains, par Joseph Menn

Thursday 23 February 2017 at 01:50

Source : Reuters, le 04/10/2016

Yahoo a scanné secrètement des emails pour les renseignements US

Yahoo a scanné secrètement des emails pour les renseignements US

Par Joseph Menn | SAN FRANCISCO

L’an dernier Yahoo a secrètement mis en service un logiciel personnalisé destiné à rechercher dans tous les emails entrants de ses clients des informations spécifiques fournies par les responsables du renseignement américain, selon des gens familiers avec le sujet.

La société s’est conformé à une exigence classifiée du gouvernement des États-Unis pour le contrôle de centaines de millions de comptes mail chez Yahoo, sur ordre de la NSA ou du FBI, ont déclaré trois anciens employés et une quatrième personne au courant des événements.

Certains experts de la surveillance ont déclaré que c’est le premier cas connu d’une société Internet américaine acceptant la demande d’une agence de renseignement de contrôler tous les messages entrants, par opposition à l’examen habituel des messages stockés ou le contrôle d’un petit nombre de comptes en temps réel.

On ne sait pas quelle est l’information recherchée par les responsables du renseignement, mais seulement qu’ils demandaient à Yahoo de rechercher des ensembles de caractères. Cela pourrait signifier une phrase dans un e-mail ou une pièce jointe, selon les mêmes sources qui ne veulent pas être identifiées.

Reuters n’a pas pu déterminer quelles données Yahoo peut avoir éventuellement remises, et si les responsables du renseignement avaient fait ce genre de demande à d’autres fournisseurs en dehors de Yahoo.

Selon deux anciens employés, la décision de la directrice générale de Yahoo Marissa Mayer d’obéir à la directive a perturbé certains cadres supérieurs, et a conduit en juin 2015 au départ du responsable en chef de la sécurité de l’information Alex Stamos, qui détient maintenant le poste de haute sécurité à Facebook Inc.

« Yahoo est une société respectueuse des lois, et qui se conforme aux lois des États-Unis, » a indiqué la compagnie dans un bref communiqué en réponse aux questions de Reuters sur la demande. Yahoo a refusé tout autre commentaire.

Par l’intermédiaire d’un porte-parole de Facebook, Stamos a refusé une demande d’entrevue.

La NSA a soumis la question au Bureau du directeur du renseignement national, qui a refusé de commenter.

La demande de recherche dans les comptes mail de Yahoo est arrivée sous la forme d’un décret classifié envoyé à l’équipe juridique de la société, selon les trois personnes familières avec le sujet.

Il est bien connu que les entreprises américaines de téléphone et d’internet doivent remettre des masses de données clients aux agences de renseignement. Mais certains anciens responsables du gouvernement et des experts de surveillance privés ont dit qu’ils n’avaient jamais vu une telle demande de collecte massive de données web en temps réel au point que cela a nécessité la création d’un nouveau logiciel informatique.

« Je n’avais jamais vu ça, une écoute en temps réel sur un “sélecteur”, » déclare Albert Gidari, un avocat ayant représenté les compagnies de télécommunications sur les problèmes de surveillance pendant 20 ans, avant de rejoindre cette année l’Université de Stanford. Un sélecteur se réfère à un terme de recherche utilisé pour aller directement vers une information spécifique.

“Il serait vraiment difficile pour un fournisseur de faire cela,” ajoute-t-il.

Selon les experts, il est probable que la NSA ou le FBI aient approché d’autres compagnies internet avec les mêmes exigences, puisqu’évidemment ils ignoraient quels comptes de courrier électronique étaient utilisés par la cible. La NSA fait habituellement des demandes de surveillance intérieure via le FBI, rendant difficile à déterminer quelle agence recherche l’information.

Google d’Alphabet Inc. et Microsoft Corp, deux fournisseurs majeurs de services de courrier électronique aux USA, ont séparément déclaré mardi qu’ils n’avaient pas procédé à de telles recherches de messages.

« Nous n’avons jamais reçu une telle demande, mais si ça avait été le cas, notre réponse aurait été simple : “pas question”, » a déclaré un représentant de Google.

Un représentant de Microsoft a déclaré : “Nous n’avons jamais mis en place d’analyse, en secret, du trafic du courrier électronique, ainsi qu’on l’a rapporté aujourd’hui à propos de Yahoo.” La compagnie a refusé tout commentaire sur l’existence d’une demande similaire.

DEFIER LA NSA

Selon les lois incluant les amendements de 2008 à la loi sur la Surveillance et le Renseignement à l’étranger (FISA), les agences de renseignement peuvent demander aux compagnies de télécommunication de fournir les données clients pour aider aux efforts de récolte de renseignements extérieurs pour un ensemble de raisons, y compris la prévention des attaques terroristes.

Les révélations de l’ancien opérateur à la NSA Edward Snowden et d’autres ont mis à jour l’étendue de la surveillance électronique et conduit les autorités américaines à réduire légèrement certains programmes, en partie pour protéger les droits de la vie privée.

Des sociétés telles que Yahoo ont contesté une certaine surveillance classifiée devant la Foreign Intelligence Surveillance Court, un tribunal secret.

Certains experts de la FISA ont déclaré que Yahoo aurait pu essayer de combattre la demande de l’année dernière pour au moins deux raisons : l’ampleur de la directive et la nécessité d’écrire un programme spécial pour rechercher les e-mails en transit de tous les clients.

Apple a fait valoir un argument similaire plus tôt cette année quand il a refusé de créer un programme spécial pour décrypter un iPhone chiffré utilisé en 2015 pour le massacre de San Bernardino. Le FBI a laissé tomber le cas après avoir débloqué le téléphone avec l’aide d’un tiers, donc il n’y a pas eu de précédent.

« Il est profondément décevant que Yahoo ait refusé de contester cet ordre de surveillance par balayage, parce que les clients comptent sur les entreprises technologiques pour porter en justice ces nouvelles exigences d’espionnage, » a déclaré Patrick Toomey, un avocat de l’American Civil Liberties Union, dans un communiqué.

Certains experts de la FISA ont défendu la décision de Yahoo d’obtempérer, estimant que rien n’interdisait au tribunal de demander une recherche sur un terme spécifique plutôt que sur un compte spécifique. Ce qu’on appelle la collecte de masse « en amont » chez les opérateurs de téléphonie basée sur le contenu a été jugée légale, ont-ils déclaré, et la même logique pourrait s’appliquer aux messageries des entreprises du Web.

Alors que les entreprises technologiques parviennent mieux à chiffrer les données, elles sont susceptibles de faire face à plus de telles demandes des agences d’espionnage.

L’ancien directeur juridique de la NSA Stewart Baker affirme que les fournisseurs de messagerie « ont le pouvoir de chiffrer tout cela, ce qui leur donne la responsabilité supplémentaire de faire une partie du travail qui était fait par les agences de renseignement. »

UN PROGRAMME SECRET DE SIPHONNAGE

Mayer et d’autres dirigeants ont finalement décidé l’année dernière de se conformer à la directive plutôt que de la combattre, en partie parce qu’ils pensaient qu’ils allaient perdre, ont déclaré les personnes connaissant bien l’affaire.

En 2007, Yahoo avait combattu une demande de la FISA d’effectuer des recherches sur des comptes de messagerie spécifiques sans mandat approuvé par le tribunal. Les détails de l’affaire restent secrets, mais un avis publié partiellement expurgé a montré que l’action de Yahoo a échoué.

Certains employés de Yahoo étaient fâchés de la décision de ne pas contester le dernier décret et pensaient que la société aurait pu l’emporter, selon les sources.

Ils étaient aussi mécontents que Mayer et le directeur juridique de Yahoo Ron Bell n’aient pas impliqué l’équipe de sécurité de l’entreprise dans le processus, au lieu de demander aux ingénieurs de Yahoo d’écrire un programme destiné à siphonner les messages contenant la chaîne de caractères recherchée et les stocker pour les récupérer à distance, selon les sources.

Les sources ont dit que le programme a été découvert par l’équipe de sécurité de Yahoo en mai 2015, quelques semaines après son installation. L’équipe de sécurité a d’abord pensé que c’était l’œuvre de hackers.

Lorsque Stamos a découvert que Mayer avait autorisé le programme, il a démissionné en tant que chef de la sécurité de l’information et a dit à ses subordonnés qu’il avait été écarté d’une décision qui nuisait à la sécurité des utilisateurs, selon les sources. En raison d’un défaut de programmation, il leur a dit que des hackers auraient pu accéder aux e-mails stockés.

Quand Stamos annonça en juin 2015 qu’il avait rejoint Facebook, il n’a mentionné aucun problème avec Yahoo. (bit.ly/2dL003k)

Autre incident, Yahoo a déclaré le mois dernier que des hackers « financés par un État » avaient eu accès à 500 millions de comptes clients en 2014. Ces révélations ont porté un nouveau regard sur les pratiques de sécurité de Yahoo, alors que la société tente de finaliser un accord pour vendre son activité de base à Verizon Communications Inc pour 4,8 milliards de dollars.

(Reportage de Joseph Menn, rédigé par Jonathan Weber et Tifany Wu)

Source : Reuters, le 04/10/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/exclusif-yahoo-a-secretement-surveille-les-emails-de-ses-clients-pour-les-services-de-renseignement-americains-par-joseph-menn/


Samuel Laurent

Tuesday 21 February 2017 at 20:23

et dont la qualité du travail l’oblige à épingler ça au début de son fil Twitter :

bruno-zeni

À croire qu’il va bientôt en être réduit à ça :

bruno-zeni

Mais comment on peut avoir cette situation pour un responsable du fact-checking du Monde, qui devrait être une des personnes les plus respectées de la profession ?

Mais comment peut-on se faire haïr en vérifiant juste des faits avec rigueur et honnêteté intellectuelle ? Ou alors le type ne fait plus vraiment du fact-cheking… ?

Ah ok, je comprends du coup…

En plus cette fulgurance, qui montre une sacrée lucidité politique, une belle séparation faits/opinion, et un réel sens des responsabilité quant à l’image du Monde qu’il entraine avec lui…

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/samuel-laurent/


[Tellement prévisible] Le Décodex victime d’un conflit d’intérêts patent avec Doctissimo…

Tuesday 21 February 2017 at 19:42

A priori, le changement est bien confirmé par le Monde – voir à la fin.

J’attendais patiemment depuis le 1er février que le problème se pose ; je ne pensais pas que l’équipe des Décodeurs en fournirait aussi rapidement un cas aussi flagrant.

N’y voyez cependant pas un acharnement ou je ne sais quelle “haine”, je les respecte, sincèrement ; je suis sûr que la plupart essaient de faire leur boulot au mieux, inquiets des attaques contre leur profession. Hélas, au lieu de penser à améliorer les pratiques de leur profession pour retrouver la confiance du public, ils cherchent à attaquer les attaquants, bien plus nombreux et armés qu’eux – #FatalError.

En fait, ils ont simplement été entraînés dans un sacré “foirage” par une Direction qui n’a clairement pas piloté un sujet hautement sensible. Bref c’est à eux de voir – je ne suis pas l’actionnaire…

Bon, alors on va faire plus court pour une fois, et sans gifs animés – je vous ai compris…  😉

Je rappelle que ce blog n’est pas un site d’information, mais vise simplement à permettre un travail d’enquête, de réflexion et d’échanges collaboratifs. Vos avis en commentaires sont donc précieux.

Tout le monde connaît Doctissimo :

doctissimo

Comment a-t-il été classé dans le Décodex-qui-classe-tout le 1er février, au lancement ? (N.B. : image reconstituée)

doctissimo

Merci aux Décodeurs de me signaler toute erreur ici – vous avez mon mail…

Orange donc, comme Les-Crises et Rivarol…  🙁

Le 16 février, la joyeuse équipe des Décodeurs a mis à jour son outil maccarthyste (liste des mises à jour ici ; à surveiller de près, pour me signaler les futures mises-à-jour importantes), en complétant simplement la description de Doctissimo :

doctissimo

Ils rajoutent donc : “Créé par deux médecins en 2000, il a été racheté par le groupe Lagardère en 2008. Le site précise : « Nos rédacteurs se sont spécialisés dans un domaine de santé mais ne sont pas tous des professionnels de la santé. Tout le contenu santé – bien-être est revu et validé par notre rédacteur en chef et notre directeur médical avant publication. »”  Ouille, petite boulette d’avoir oublié que Lagardère était dans l’histoire…

Pas grave, ceci ne les arrêtant pas, ils font une autre modification, passant les forums de Doctissimo de gris (catégorie qui signifie qu’elle ne peut être classée. Le commentaire du Décodex : “L’espace de discussion du site Internet Doctissimo, consacré à la santé et au bien-être. Attention : les avis ou conseils partagés dans ces discussions n’émanent pas forcément de personnes compétentes sur le sujet.”) à rouge :

doctissimo

Précision de la description, et passage de 0 (gris, non classé) à 2 (rouge)

doctissimo

Et c’est là que les ennuis ont dû commencer pour eux…

Car, petit problème, Xavier Niel, le co-propriétaire du Monde, est très proche de Doctissimo (ici, en mars 2016) :

doctissimo

Et ce matin, on a appris que Le Monde et Doctissimo lançaient “un nouveau magazine au croisement de la recherche scientifique, des médecines complémentaires et de l’art de vivre.”

doctissimo

doctissimo

Flute alors, que faire ?

Eh bien, rien de bien compliqué – mise à jour du 21 février à 12h00 (de rien pour notre réactivité, c’est normal, c’est pour nous un sujet plus important que ce qu’on pense…) :

doctissimo

doctissimo

Et hop, depuis aujourd’hui, Doctissimo est passé aujourd’hui d’orange à vert :

doctissimo

Bien entendu, je n’accuse personne, c’est probablement l’effet du hasard, je n’en sais rien…

EDIT : Samuel Laurent a confirmé la chose, mais indiqué que c’était en effet l’effet du hasard. Dont acte – voir plus bas.

samuel-laurent

Forum et site ont été en fait modifiés à près d’une semaine d’écart – le site l’a été hier.

Mais on voit bien que le Décodex crée du coup le soupçon de conflits d’intérêts, soupçon qui alimente à son tour le dangereux conspirationnisme.

Notez aussi qu’au passage, ils auraient en plus apparemment remplacé le lien initial (je vous le remets) vers les conseils de bon sens de la Haute Autorité de la Santé (HAS) sur les sites de Santé (qui ne parlait d’ailleurs pas de Doctissimo) (MERCI aux Décodeurs de nous confirmer ou d’infirmer ce point, que nous corrigions si besoin) :

doctissimo

doctissimo

lien remplacé, donc, par un “publi-reportage” de 2008 du journal Le Monde sur le rachat de Doctissimo par Lagardère :

doctissimo

doctissimo

ceci justifiant à lui seul – on le comprend aisément – un classement du site Doctissimo en vert, plutôt qu’un pénible classement orange (sic) issu de la vision de la Haute Autorité de la Santé…

 

Je me permets de rappeler que dans mon billet du 7 février (2 semaines déjà…) sur le Décodex, j’alertais bien sur ce point :

“Vu le poids du Monde, cette démarche à la Gault & Millau va surtout désormais laisser planer le doute en permanence sur l’objectivité de ces médias [classés verts] : vont-ils faire ou ne pas faire quelque chose pour plaire ou ne pas déplaire au Monde qui pourrait les dégrader en orange (Effet “Perte de ma 3e étoile”…).”

Alors quand c’est vrai, pensez à l’image désastreuse donnée auprès du public…

doctissimo

doctissimo

Je n’exagérais donc nullement :

decodex-decodeurs-humour

 

À demain – pour une TRÈS intéressante journée

En attendant, abonnez-vous à mon fil Twitter en soutien svp @OBerruyer… Merci !

P.S. Conformément aux principes en œuvre sur ce blog, cet article a tenté au mieux de vérifier ses informations et a précisé ses sources (cf. Les principes du Décodex). Les erreurs éventuelles y seront, comme d’habitude, corrigées dès leur signalement. Il serait bien que les Décodeurs confirment, vu qu’il n’y aucun historique très clair et facilement accessible de leurs modifications… On prendra donc ceci au conditionnel dans un premier temps.

P.P.S. : merci au redoutable réseau de surveillance JP pour l’alerte ! 🙂

EDIT : La suite sur Twitter, 21/02 au soir :

EDIT 21h20 : première réaction à chaud de Samuel Laurent.

doctissimo

Comme je sursaute en voyant ceci :

samuel-laurent

fidèle à mon habitude, j’enquête pour vérifier l’information – tremblant comme d’autres que les Échos passent en orange dans le Décodex :

samuel-laurent

ce qui suscite ces réactions :

Hmmm, j’aurais “manipulé” ses propos ? À vous de juger. Il poursuit :

Heiiiiiiiiiin ? Comment ça accuser de mettre Les Échos en vert ? Et puis ils sont naturellement en vert sur la norme Décodex (=propriété d’un milliardaire, avec plein de journalistes à carte de presse). Conclusion à partir de ça ?
doctissimo

Puis vint cette réponse de Samuel Laurent et mon interrogation :

doctissimo

Réponse :

samuel-laurent

Là, je fais chou blanc… Suite :

samuel-laurent

Comme je ne suis pas consripstniste, je vais évidemment le croire. Heureux hasard, donc. Dont acte.

Hasard qui montre donc le danger du Décodex , y compris pour l’image du Monde dans le business.

Voici ses explications :

samuel-laurent

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“Tout” le site en orange ? La “semaine dernière” (oui, pour les forums) alors que c’était aujourd’hui pour le site ?

samuel-laurent

samuel-laurent

samuel-laurent

Il n’a pas eu l’air d’aimer…

samuel-laurent

(Je le secoue fortement, certes – comme il m’a très fortement secoué, mais je ne pense pas l’avoir injurié. Si ça a été le cas, je lui présente mes excuses. Ce qui ne doit pas l’empêcher de répondre sur le fond, sans utiliser des méthodes reischstadtiennes)

samuel-laurent

Ah, il faut donc remercier maintenant le type qui s’est ravisé de vous avoir placé avec les reptiliens ?

Et du lourd :

samuel-laurent

samuel-laurent

ah, le Décodex, c’est pour les sans-dents incultes donc ? OK.

M. Laurent, les non-diplômés (le populo”) savent beaucoup mieux se défendre (comme dans la vie en général) qu’un sur-diplomé, qui est la principale cible et victime de votre journal, puisqu’il le lui fera, lui, aveuglément confiance :

“La manipulation des élites est encore plus facile que celle des masses.” [Jean Yanne – src]

Le créateur de la liste du Décodex s’y met :

samuel-laurent

Eh oui, un des plus grands sites français crée une liste de proscription de sites, puis il se rend compte que ça incite les gens à aller les lire… #Streisand

Amusant, après cette confrontation, Samuel Laurent est encore allé exercer ses prérogatives de police du web (avec de bonnes intentions, je le crois sincère d’aider les gens à ne pas se tromper). Notez comment il arrive dans une conversation :

samuel-laurent

Observez bien la fin du court échange :

samuel-laurent

Gentil donc, mais avec un petit côté :

samuel-laurent

non ?  😉

En tout cas, on peut dormir tranquilles :

samuel-laurent

À suivre…

P.S. merci de signaler les coquilles ici svp. Merci.

P.P.S. : Depuis décembre, j’ai :

Alors s’ils imaginent qu’ils ont un droit quelconque de me mettre sur le grill ou de faire mon procès, ils se trompent beaucoup – chacun son métier, et les journalistes seront bien gardés.

Surtout ceux-ci, dont j’ai largement montré les pratiques.

Je connais bien ces méthodes utilisées habituellement par les “complotistes” (= se fixer sur des détails, détourner l’attention des sujets majeurs…) quand je débats avec eux pour tenter de les convaincre de l’absence de complot ; méthodes souvent utilisées par ces personnes pour ne pas répondre au fond de choses ou détourner l’attention des accusations leur arrivant dessus. Et quand on entre dans leur jeu, c’est sans fin. On en a ici encore un exemple…

Je ne dois des réponses qu’aux lecteurs de ce blog – où, je le rappelle, tout a été public, et pas sur de petits nombres de lecteurs… (le dernier qui m’a posé ce genre de question se fondait sur les analyses de Bruno Zeni)

J’ai déjà un lot de réponses à faire au billet “Critiques”, et beaucoup beaucoup de travail, je répondrai aux questions de mes lecteurs plus tard (et les noterai pour y répondre plus tard puis les supprimerai afin de ne pas laisser polluer le fil par des trolls)…

Mais c’est au Monde de répondre d’abord aux miennes par exemple sur :

Bien à vous tous – et encore merci pour votre soutien !

On les aura !

Source: http://www.les-crises.fr/tellement-previsible-le-decodex-victime-dun-conflit-dinterets-patent/


Allemagne : le gouvernement menace Facebook de lourdes amendes s’il ne supprime pas les intox

Tuesday 21 February 2017 at 01:59

Source : 17-12-2016

A quelques mois des élections fédérales, les politiciens allemands veulent imposer des amendes allant jusqu’à 500 000 euros à Facebook, si ce dernier ne supprime pas dans les 24h les intox ou posts douteux traitant de politique. 

Le président du Parti social-démocrate allemand (SPD), Thomas Oppermann, a affirmé que les géants des réseaux sociaux comme Facebook doivent être obligés de retirer les fausses informations et les posts illégaux dans les 24 heures sous peine d’amendes allant jusqu’à 500 000 euros.

«Facebook n’a pas eu l’occasion de régler efficacement la question de la gestion des plaintes elle-même», a déclaré Thomas Oppermann dans une interview accordée au Spiegel le 16 décembre. Par conséquent, «il est nécessaire que les plates-formes dominantes sur le marché, comme Facebook, aient un bureau de protection juridique en Allemagne, disponible 24/7 et 365 jours par an», a-t-il ajouté.

Les politiciens allemands craignent en effet qu’un certain discours «haineux» et des fausses informations puissent influencer l’opinion publique avant les élections fédérales de l’année prochaine, les partis d’extrême droite gagnant en popularité sur fond de mécontentement croissant vis-à-vis de la politique migratoire d’Angela Merkel.

Le parti des chrétiens-démocrates (CDU) de la chancelière Angela Merkel a reconnu dans une déclaration que, bien que les plateformes de réseaux sociaux offrent des «possibilités complètement nouvelles de communication politique», elles comportent également des dangers.

La CDU a fait savoir le 16 décembre qu’elle estimait que Facebook et d’autres réseaux sociaux étaient devenus «de véritables plates-formes de diffusion de fausses informations» et de messages de haine, qualifiant d’«immense danger», la manipulation des discussions politiques sur le web.

«Les entreprises sont responsables de ce qui se passe sur leurs plateformes. C’est la raison pour laquelle elles doivent réagir», a souligné Volker Kauder, membre de la CDU.

La loi obligerait ainsi les réseaux sociaux à créer des bureaux pour répondre aux plaintes de personnes qui se sentiraient «outrées» par des messages haineux. «Des sanctions élevées» seraient imposées aux entreprises qui n’assumeraient pas leur responsabilité, a averti Volker Kauder.

Le 15 décembre, Facebook avait signalé dans un communiqué que, tout en restant persuadé qu’il fallait «donner la parole aux gens», la firme de Menlo Park travaillait actuellement sur des mesures sérieuses pour empêcher la propagation de fausses informations sur sa plateforme, y compris «plusieurs façons de rendre plus facile le signalement d’une intox».

«Nous avons concentré nos efforts sur les canulars identifiés le plus clairement et propagés par les spammeurs pour leur propre intérêt, ainsi que sur l’engagement à la fois de notre communauté et des organisations tierces», a déclaré la compagnie.

Cependant, parmi ces «sociétés tierces» que Facebook a dénoncées à la police pour des «canulars» et la propagation d’informations fausses, on trouve notamment le prestigieux Washington Post, qui a récemment admis avoir publié un article basé sur de fausses sources. Deux groupes ukrainiens ouvertement et violemment russophobes ont également été signalés par Facebook aux autorités allemandes.

Le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, a déclaré qu’à l’heure actuelle, le gouvernement surveillait de près l’efficacité avec laquelle Facebook supprimait les contenus jugés «illégaux». Selon lui, si les taux de suppression ne progressent pas, des «conséquences juridiques urgentes» pourraient intervenir.

«Nous attendons des améliorations importantes dans la politique de suppression des posts douteux de la part de Facebook», a déclaré Heiko Maas au quotidien Süddeutsche Zeitung le 16 décembre.

Plus tôt cette semaine, le Comité international d’Auschwitz, organisation de mémoire de l’holocauste, a accusé Facebook d’avoir «empoisonné le climat sociétal» en Allemagne et à l’étranger, avertissant que le traitement bien trop doux infligé au réseau social et l’arrogance des discours haineux en ligne sont «de plus en plus intolérables et dangereux».

Le discours de haine, y compris les commentaires en ligne, sont punissables en vertu de la loi allemande, qui stipule que la diffusion d’informations qui encouragent la violence contre les personnes en raison de leur origine ethnique ou religieuse est passible de trois ans de prison.

Source :  17-12-2016

Source: http://www.les-crises.fr/allemagne-le-gouvernement-menace-facebook-de-lourdes-amendes-sil-ne-supprime-pas-les-intox/


Défier la kleptocratie de Donald Trump, par Chris Hedges

Tuesday 21 February 2017 at 01:59

Source : Truthdig, le 01/01/2017

Posté le 1er janvier 2017

Par Chris Hedges

La famille de Betsy DeVos, à droite, choisie par le président élu Donald Trump pour secrétaire à l’éducation, possède une fortune de plus de 5 milliards de dollars. (Andrew Harnik / AP)

Les dernières étapes du capitalisme, prédisait Karl Marx, seraient marquées par un capitalisme mondial incapable de se développer et de générer des bénéfices du même niveau. Les capitalistes commenceraient à dévorer le gouvernement avec les structures physiques et sociales qui les soutenaient. La démocratie, le bien-être social, la participation électorale, le bien commun et l’investissement dans les transports publics, les routes, les ponts, les services publics, l’industrie, l’éducation, la protection des écosystèmes et la santé seraient sacrifiés pour alimenter la frénésie des profits à court terme. Ces agressions détruiraient l’hôte. C’est l’étape du capitalisme final que Donald Trump représente.

Trump prévoit de superviser la dernière grande campagne de pillage par les entreprises de l’Amérique. Ce sera aussi grossier et brutal que le rançonnage des gens désespérés, qui espèrent un miracle face à des emplois sans issue et une dette personnelle ruineuse, qui vont dans les casinos ou dépensent des milliers de dollars pour l’imposture de l’Université Trump. Il va tenter de déchaîner une kleptocratie – le mot vient du grec klépto, signifiant “voleurs”, et kratos, “gouverner”, donc signifiant littéralement “gouverner par des voleurs” – qui rivalisera avec les kleptocraties menées par Suharto en Indonésie et Ferdinand Marcos dans les Philippines. Non pas que Trump et sa famille utiliseront l’influence du gouvernement pour augmenter leur richesse, bien que cela se produira certainement à grande échelle ; mais des centaines de milliards de dollars fédéraux seront détournés dans les mains des copains, des banquiers véreux, des entreprises financières immorales et des gestionnaires de fonds d’investissement scabreux. Les piliers de l’état libéral seront anéantis.

La seule possibilité pour arrêter la destruction planifiée par l’équipe de transition Trump est une résistance continue et la désobéissance civile qui créera une pression populaire pour la destitution. C’est pourquoi je serai à la marche à Washington, D.C., le 21 janvier et que je parlerai ce soir-là lors d’un rassemblement avec Kshama Sawant et Jill Stein.

Trump est impulsif, ignorant et incompétent. Sa corruption et sa cupidité sont si apparentes qu’il peut devenir un fardeau et une gêne pour son parti et la nation, ainsi qu’un danger pour lui-même. Plus il trébuche dans les couloirs inconnus du pouvoir gouvernemental, plus il devient vulnérable. Mais si nous ne sommes pas dans les rues pour tenir le système responsable, il peut s’accrocher au pouvoir et infliger des dommages importants.

Laurence Tribe, professeur de droit constitutionnel à la Harvard Law School, a soutenu que Trump pourrait être destitué en vertu de la “clause des honoraires” de la Constitution. Cette clause interdit à un fonctionnaire fédéral de recevoir d’une puissance étrangère des objets de valeur qui pourraient compromettre la loyauté exclusive due à la Constitution. Les entreprises internationales de Trump le rendent vulnérable, soutient Tribe, à la pression étrangère des pays où il a des actifs. “L’intérêt persistant de Trump dans la Trump Organization et son flux régulier de devises et autres bénéfices provenant de puissances étrangères l’ont mis en situation de conflit avec la clause des honoraires,” écrit Tribe dans The Guardian.

Si, cependant, nous subissons une autre attaque terroriste nationale catastrophique ou débutons une nouvelle guerre, le cadre politique dans lequel on peut mettre en examen et poursuivre Trump afin de le destituer de son poste disparaîtra. La rhétorique du Bureau ovale deviendra effrayante. L’état de sécurité et de surveillance entrera dans l’hyper espace. Toute dissidence, y compris la simple critique du président, sera attaquée comme aidant nos ennemis. Trump et ses kleptocrates, sous le couvert familier de la sécurité nationale et de la guerre, transformeront d’énormes sommes d’argent du gouvernement en biens personnels.

L’équipe de transition de Trump est occupée à adouber sa coterie de kleptocrates. La nomination de Betsy DeVos (d’une famille d’une fortune nette de plus de 5 milliards de dollars) pour devenir secrétaire à l’éducation signifie qu’elle supervisera les plus de 70 milliards de dollars dépensés chaque année au ministère de l’Éducation. DeVos – la sœur d’Eric Prince, fondateur de l’entreprise de sécurité privée Blackwater Worldwide – n’a aucune expérience directe en tant qu’enseignante. Elle a promu une série d’écoles à but lucratif dans le Michigan qui font de l’argent, mais ont obtenu des résultats scolaires déplorables. Elle considère les bourses comme un outil efficace pour canaliser l’argent du gouvernement dans les écoles dirigées par la droite chrétienne. Son but est d’endoctriner, pas d’éduquer. Elle appelle la réforme de l’éducation un moyen de « faire avancer le royaume de Dieu ». Trump a déjà proposé d’utiliser 20 milliards de dollars du budget du ministère pour les bourses. Le système américain d’éducation publique, déjà paralysé par des réductions de budget, sera détruit si Trump et DeVos réussissent.

Le ministère des Anciens Combattants consacre 152,7 milliards de dollars par an pour les allocations aux anciens combattants qui comprennent les soins de santé et le traitement dans les hôpitaux des Anciens Combattants. La semaine dernière, Trump a proposé publiquement de permettre aux anciens combattants d’utiliser les assurances de santé privée. Le PDG de la Cleveland Clinic, Toby Cosgrove (salaire annuel de 2,3 millions de dollars) est l’un des candidats favoris à la présidence du département des Anciens Combattants.

“J’ai dit que nous devions prendre soin de nos vétérans,” a déclaré Trump à des reporters mercredi dans sa villégiature de Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride. “Nous travaillons à améliorer grandement le système pour nos anciens combattants parce qu’ils sont traités très, très injustement.”

“Nous pensons que nous devrions avoir une sorte d’option public-privé, parce que certains vétérans adorent le département des Anciens Combattants,” a-t-il ajouté. “Certainement une option pour avoir un système où les vétérans pourraient choisir tout ou partiellement une assurance privée.”

Tom Price, un Républicain de la Géorgie (fortune de 13 millions de dollars), a été sélectionné par Trump pour être secrétaire à la Santé et aux Services Sociaux. Il envisage d’abolir Obamacare. Il a dit qu’il espère que la Maison-Blanche fasse pression pour la privatisation de Medicare “dans les six à huit premiers mois” de l’administration Trump.

Steve Mnuchin (fortune de 40 million de dollars), un ancien associé de Goldman Sachs et désigné par le nouveau président pour diriger le ministère des Finances, a déclaré à Fox Business que “désétatiser Fannie et Freddie” est l’une des dix principales priorités de l’administration Trump. C’est aussi l’objectif déclaré du directeur du budget choisi par Trump, le républicain Mick Mulvaney (fortune personnelle de 3 millions de dollars), un Républicain de la Caroline du Sud.

La privatisation des prêts hypothécaires garantis par le gouvernement permettrait aux institutions financières d’émettre des titres hypothécaires garantis par le gouvernement. Si les hypothèques échouaient dans le cadre du régime de privatisation, le contribuable paierait la facture. Si c’est un succès, les banques en obtiendraient le bénéfice. Le plan de privatisation équivaut au plan de sauvetage du gouvernement de 2008 pour les grandes banques. Cela pourrait coûter des milliards de dollars aux contribuables.

Le plus gros pactole est de 2790 milliards de dollars possédé ou dus à la caisse de Sécurité sociale. Les kleptocrates travailleront dur sous Trump pour détourner cet argent dans les mains des marchands et des escrocs de Wall Street. Tom Leppert (fortune personnelle de 12 millions de dollars), l’ancien maire de Dallas, que Trump devrait nommer à la tête de l’administration de la Sécurité sociale, soutient évidemment la privatisation de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie. L’injection de ce type de liquidité dans un marché boursier surchauffé provoquera probablement un effondrement qui fera disparaître peut-être jusqu’à 40% du fonds de la Sécurité sociale, ce qui la rendrait insolvable.

« Je n’hésiterai jamais à affronter les problèmes, même la soi-disant “troisième voie” de la réforme de l’administration, » a écrit Leppert au sujet de la privatisation de la Sécurité sociale alors qu’il faisait campagne pour le Sénat du Texas en 2012. « Parlez à n’importe quel jeune d’aujourd’hui, et il vous dira que la Sécurité sociale et Medicare [programme de santé pour les plus de 55 ans et les jeunes défavorisés, NdT] n’existeront plus pour leur génération. Pour préserver ces programmes vitaux, nous ne devons surtout rien changer pour les personnes âgées de 55 ans et plus. Ces gens vivent d’allocations et nous leur avons fait une promesse. Mais pour les travailleurs plus jeunes, nous devons fournir des subventions Medicare pour l’achat d’assurances privées, augmenter l’âge de la retraite, encourager une plus grande épargne-retraite et lancer une initiative de pensions complémentaires pour permettre à chaque américain, pas uniquement aux riches, d’économiser et d’investir pour leur retraite. Ne vous méprenez pas – si nous n’agissons pas maintenant, ces programmes vont faire faillite. Le simple fait dans ce débat est que les gens qui s’opposent à la réforme sont ceux qui veulent détruire notre système de droit. »

Il a ensuite appelé à la suppression de Medicare. “Cela serait progressif dans le temps et n’affectera pas les plus de 55 ans,” a-t-il écrit. « Pour les jeunes, lorsqu’ils atteignent la retraite, ils recevront une subvention du gouvernement fédéral qui leur permettra de contracter des couvertures de santé privées. Ceux qui ont les revenus les plus bas recevront plus de coupons et seraient admissibles à une couverture supplémentaire Medicaid.

Les services sociaux et les programmes gouvernementaux sous Trump vont continuellement se dégrader. Les bénéfices de ceux qui supervisent les fonds privatisés de l’éducation, de la santé et de la sécurité sociale vont monter en flèche. Cette orgie de prédation – le rêve du 1% – s’accompagnera d’une plus grande austérité parmi les citoyens, ainsi que de la hausse des coûts personnels pour les soins de santé, les services publics et les services de base, et un asservissement par une dette accablante.

Nous n’aurons pas un champion au sein de la minorité du parti démocrate au Sénat, dirigée par le sénateur Chuck Schumer, version gominée façon Trump, (fortune personnelle de 700 000 dollars). Schumer siège au Comité des finances du Sénat, dont les membres sont des fidèles bien rémunérés du 1%, et membre du Comité des banques, du logement et des affaires urbaines. Son principal rôle dans le parti a été de recueillir des millions de dollars de Wall Street pour le parti, lui-même et les candidats du parti, y compris son ami et protégé, le désormais disgracié Anthony Weiner, un ancien membre de la Chambre.

Les donateurs et alliés de Schumer comprennent les magnats des fonds d’investissement Steven Cohen (fortune de 13 milliards de dollars), John Paulson (8,6 milliards de dollars), Stanley Druckenmiller (4,4 milliards de dollars), Paul Tudor Jones (4,3 milliards de dollars), Paul Singer (2,2 milliards de dollars) et James Chanos (fortune de 1,5 milliard de dollars) et Donald Trump (fortune de 3,7 milliards de dollars).

Schumer est le sénateur tout désigné pour Goldman Sachs, Morgan Stanley et Citigroup. Lehman Brothers et Bear Stearns, avant de s’effondrer en 2008, ont prodigieusement financé ses campagnes. Schumer s’est joint aux Républicains en 1999 pour abroger la loi Glass-Steagall, qui avait séparé les banques d’investissement et commerciales. Cette abrogation a jeté les bases de la crise financière mondiale de 2008. Schumer a voté en faveur du renflouement de Wall Street en 2008. Il a parrainé un amendement interdisant à la Securities and Exchange Commission de superviser les agences de notation telles que Standard & Poor’s et Moody’s Investors Service.

Schumer, comme Trump, est accro à sa propre célébrité. Il croit comme Trump que la politique est fondamentalement basée sur les relations publiques. C’est pourquoi il pressa Bernie Sanders, son nouveau “chair of outreach” pour les démocrates au Sénat, de se tenir comme une potiche derrière lui lors de conférences de presse.

L’Amérique n’a qu’un parti politique authentique. C’est le parti de l’entreprise. Schumer et Trump sont membres fondateurs. Ils travailleront ensemble – comme Trump l’a prédit – comme un équipage de vieux briscards bien rodé.

L’analphabétisme de Trump, le manque d’autodiscipline et la cupidité insatiable sont des tares profondes. Il n’écoute pas les autres. Il est affligé d’un ego autodestructeur et un narcissisme débridé. Il ne se soucie pas de la loi. Et il agit habituellement sur impulsion. Mais Trump ne sera pas renversé à moins que nous nous soulevions dans les protestations soutenues pour défier son racisme, la misogynie, la bigoterie religieuse et le pillage injustifié. S’il est destitué et condamné, il va ralentir, mais pas arrêter, l’étripage de l’État de l’Amérique. Et c’est, pour l’instant, probablement notre meilleur espoir pour la nouvelle année.

Source : Truthdig, le 01/01/2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/defier-la-kleptocratie-de-donald-trump-par-chris-hedges/


[À vous !] Grand concours Déconex !

Monday 20 February 2017 at 22:32

Je constate que le Décodex a un succès proverbial :

20 800 utilisateurs…

Pour un compte Twitter à 6 millions d’abonnés et un site internet à 60 millions de visites par mois – c’est impressionnant.

On a donc entre 1 et 2 utilisateurs du Monde sur 1000 qui ont installé l’extension MinsitryOfTruth…

Eh bien un internaute malin (que je ne connais en rien…) a créé une extension Chrome parodique qui inverse les couleurs du Monde : OpenMind – que j’aime bien appeler Déconex… Pour vous “assurer que les sites que vous consultez ne sont pas approuvés par Le Monde“.

Tout frais, il a été installé… 22 fois.

Je trouverais amusant qu’il grimpe un peu, comme une forme de protestation des Internautes envers ce projet maccarthyste.

N’hésitez donc à soutenir notre combat en l’installant, c’est ici une fois (quitte à le désinstaller tout de suite, après avoir souri – comme l’ont fait tant de personnes avec le Décodex) et en lui mettant 5 étoiles, cela peut-être drôle si ça buzze un peu…

Allez, ne me laissez pas tomber qu’on ne bloque pas à 38 installations – ça les ennuiera plus qu’une pétition… 🙂

On les aura !

P.S. Rien à voir, ma découverte musicale du jour…

Source: http://www.les-crises.fr/a-vous-grand-concours-deconex/