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8012 Le prix du livre

Wednesday 16 July 2014 at 03:28

Suite du billet sur le marché du livre.

I. Le circuit du livre

Comment se fabrique un livre ?

Il est la résultante d’une chaîne d’intervenants.

chaine du livre

1. L’auteur

Évidemment, c’est un peu la base du livre…

On compte en France environ 60 000 auteurs (y compris illustrateurs ou traducteurs), mais seuls 2 500 d’entre eux vivent principalement de leurs droits d’auteur.

En effet, l’auteur touche de 6 % à 10 % du prix de vente. Conseil du blogueur-auteur : si vous voulez écrire un livre principalement pour l’argent, et que vous n’êtes pas Marc Levy, je vous conseille plutôt de coudre des ballons de foot, le taux horaire est bien plus intéressant… :)

2. L’éditeur

L’éditeur a trois fonctions : intellectuelle, économique et technique.

Il sélectionne les manuscrits à publier et prépare la création du livre : traduction éventuelle, travail sur le manuscrit, préparation de l’iconographie, création de la maquette et de la couverture, composition et photogravure…

C’est lui qui finance la création du livre et qui porte l’essentiel du risque financier de l’édition.

Les exportations représentent environ 20 % des 2,6 Md€ du CA des éditeurs.

Le secteur est très concentré : les deux premiers groupes d’édition (Hachette Livre et Editis) totalisent environ 35 % des ventes de livres et les douze premiers éditeurs (Hachette Livre, Editis, France Loisirs, Atlas, Média Participations, Lefebvre Sarrut, Gallimard, La Martinière-Le Seuil, Flammarion, Reed Elsevier, Albin Michel et Wolters Kluwer) près de 80 %. Et les 98 premiers éditeurs représentent 92 % du total. Cependant, l’édition française se caractérise aussi par l’existence de très nombreux acteurs indépendants, aux dimensions variables : on dénombre ainsi plus de 8 000 structures éditoriales, dont 4 000 pour lesquelles l’édition constitue l’activité principale et 1 000 dont l’activité est significative sur le plan économique.

On estime à près de 17 000 le nombre d’emplois salariés dans l’édition de livres.

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3. L’imprimeur

C’est évidemment lui qui fabrique physiquement le livre, en l’imprimant et le façonnant.

Le livre représente environ 10 % de l’activité d’impression en France, et les 300 000 tonnes de papier qu’il consomme représentent 7 % de la consommation totale de papier (35 % pour la presse et 30 % pour les éditions publicitaires).

Environ un quart des entreprises de ce secteur travaille pour l’édition de livres, soit quelque 300 sociétés de plus de dix salariés.

Les coûts de fabrication du livre sont à la baisse depuis de nombreuses années.

Si le livre « noir » (roman, essai…) est encore principalement imprimé en France, les éditeurs font de plus en plus souvent appel, pour les livres illustrés, à des
imprimeurs européens ou asiatiques. Une étude de l’ADEME a même indiqué que 60 % des livres commercialisés en France étaient imprimés à l’étranger.

4. Le diffuseur

Le diffuseur est chargé de la promotion du livre, en faisant connaître les ouvrages auprès des libraires et, plus généralement auprès de l’ensemble des revendeurs. Il s’appuie principalement sur la force de vente constituée de plusieurs représentants. Il organise des campagnes promotionnelles, s’assure de la mise en place du livre dans les différents points de vente et du réassort.

Le club de livres est une autre forme de diffusion où les adhérents reçoivent périodiquement à domicile des propositions d’achat de titres ayant fait l’objet d’éditions particulières par des entreprises spécialisées comme France-Loisirs, le Grand Livre du Mois ou Jean de Bonnot.

5. Le distributeur

Le distributeur a un rôle logistique, commençant chez l’imprimeur et se terminant chez le libraire. Il réalise l’ensemble des tâches liées à la circulation physique des livres (stockage, transport…) et à la gestion des flux entre l’éditeur ou son diffuseur et le détaillant : emballage, mise en place, traitement des commandes, expédition et transport, facturation, recouvrement, traitement des retours…

L’activité de distribution est donc la plus industrialisée de la chaîne du livre, nécessitant des investissements très lourds, ce qui explique qu’elle soit également la plus concentrée, la plupart des structures de distribution appartenant aux grands groupes d’édition. 5 sociétés se partagent ainsi environ 80 % du marché français : Hachette, Interforum (groupe Editis), Sodis (groupe Gallimard), Volumen (groupe La Martinière) et Union Distribution (groupe Flammarion).

6. Le libraire

Le libraire vend directement au public, mais aussi aux bibliothèques, qui offrent un accès non marchand au livre.

La France compte environ 25 000 lieux de vente, dont 15 000 ont une activité véritablement régulière de vente de livres, et seuls 3 000 à 4 000 d’entre eux exercent cette activité à
titre principal ou réalisent une part significative de leur chiffre d’affaires avec le livre.

Les 1 000 premiers détaillants (ce qui correspond au « 1er niveau », selon la classification des diffuseurs, et inclut des chaînes et des GSS) représentent 60 à 75 % du chiffre d’affaires des éditeurs.

Les libraires représentent environ 15 000 emplois.

On distingue principalement au niveau des circuits de vente :

Voici les lieux d’achats :

lieux achat du livre

Et voici donc l’évolution de la part des différents lieux d’achat du livre, en fonction des ventes réalisées, qui nous intéressera pour la suite de notre étude :

lieux achat du livre

lieux achat du livre

lieux achat du livre

lieux achat du livre

[Exemple : "Grandes surfaces généralistes" = Carrefour, "Grandes surfaces culturelles"= FNAC, "Courtage" : vente en porte à porte]

Voici l’évolution 2003-2012 :

lieux achat du livre

On note la forte croissante des ventes par Internet, qui se sont faites au détriment principal des Clubs et du courtage.

Il est enfin intéressant de souligner les différences entre les grands circuits de vente :

Internet offre évidemment un large choix au niveau des références (83 % de toutes les références possibles y ont été vendues).

Voici le palmarès des ventes des deux circuits :

Plus largement :

Il est surtout intéressant de voir que 73 % des ventes sur Internet concernent des ventes qui ne dépassent pas 1 000 exemplaires (vieilles éditions en général) : contrairement à une idée reçue, les ventes sur Internet de diminuent pas le nombre de références vendues, elles les augmentent fortement ! C’est une source de diversité et non pas d’uniformisation – quiconque a un peu surfé sur Amazon connait la capacité diabolique du site à vous conseiller des livres qui vous intéressent bigrement…

II. Le Prix du livre

Les coûts du livre se décomposent ainsi au niveau de la chaîne de valeur :

prix du livre

prix du livre

Ainsi, quand le livre sort de presse, les opérations de vente vont faire doubler son coût – auteur, éditeur et imprimeur touchant moins de la moitié du prix de vente.

L’évolution récente des prix a été la suivante :

prix moyen du livre

On constate enfin sur le prix moyen la différence de positionnement des hypermarchés :

prix moyen du livre

III. Le Prix Unique

Depuis l’invention de l’imprimerie, les éditeurs ont gardé la main sur la fixation du prix du livre.

La Fnac a bouleversé la pratique historique des “prix conseillés” en 1972, annonçant qu’elle allait proposer des réductions de 20 % sur ce prix, suivie par le groupe Leclerc qui proposait alors des rabais de 40 %.

Après une brève expérience de libéralisation totale du prix du livre à la toute fin des années 1970, la loi Lang sur le prix unique du livre a été voté le 10 août 1981.

Son principe est simple :

Cette loi a clairement permis de préserver un vaste réseau de librairies – c’est pourquoi elle a largement été copiée dans le monde.

C’est donc un joli succès, mais tout n’est pas rose, et l’actualité nous incite à réfléchir plus avant à cette thématique…

Nous analyserons prochainement le projet de loi en cours de discussion au Parlement sur ce sujet…

chaine du livre

Source: http://www.les-crises.fr/le-prix-du-livre/


8011 Le marché du livre

Wednesday 16 July 2014 at 01:14

Aujourd’hui, zoom sur le marché du livre – qui est, pour l’Unesco, une « publication non périodique imprimée comptant au moins 49 pages et offerte au public ». [Je vous passe la définition du livre par les services fiscaux des années 1970 : « un livre est un ensemble imprimé, illustré ou non, publié sous un titre, ayant pour objet la reproduction d’une œuvre de l’esprit d’un ou plusieurs auteurs en vue de l’enseignement, de la diffusion de la pensée et de la culture », qui fait depuis 2005 15 lignes]

I. Historique long

Pour l’histoire du livre, je vous renvoie vers Wikipédia.

Mais ce graphique résume fort bien la révolution issue de l’invention de l’imprimerie, avec une diffusion des savoirs sans commune mesure avec les époques précédentes en Europe :

marché du livre

Pour une meilleure vision, le même en échelle logarithmique (attention à l’interprétation, elle n’est pas du tout linéaire entre les graduations)

marché du livre

Voici la part de la France – autour d’un tiers en général :

marché du livre

II. Le marché français du livre

Le livre est de loin le principal produit culturel :

marché du livre

Voici l’évolution de la production commercialisée de nouveaux livres dans les 40 dernières années :

marché du livre

La production de nouveaux livres est passée de 5 000 titres par an à 15 000 entre 1810 et 1910.

Elle a stagné ensuite jusqu’en 1980, ou elle a doublé en 15 ans, avant de doubler de nouveau les 15 années suivantes ! Ceci s’explique principalement par la baisse du coût global de fabrication, issu des progrès techniques.

Voici la répartition des nouveautés :

marché du livre

Voici l’évolution des ventes :
marché du livre

[NB : c'est volontairement que je commence le graphique à l'ordonnée 0, sinon on fausse l'impression générale en zoomant - ce qui est une erreur ou une manipulation classique dans beaucoup de médias... Voici le zoom récent]

marché du livre

Globalement, le marché ne se porte pas trop mal : bien sûr, il a baissé de 5 à 10 % depuis la crise, mais un peu moins de 450 millions de livres ont néanmoins été vendus en 2012. On observe une nette hausse depuis les 300 millions vendus annuellement au début des années 1990, même ramenée par habitant :

marché du livre

La production ayant été de 630 millions d’exemplaires (60 % de nouveautés et 40 % de réimpressions), le taux moyen d’invendus est de près de 25 %.

Le tirage moyen est de l’ordre de 7 000 exemplaires, et il est en baisse régulière (puisque le nombre de nouveautés a quadruplé…).

Il y a eu environ 700 000 références différentes vendues au moins une fois en 2012. Pour information, il y a environ 130 millions de titres sur la planète selon Google.

À cela, s’ajoutent 300 millions de prêts en bibliothèques.

Voici la répartition des ventes :

marché du livre

et le détail pour les passionnés :

marché du livre

En terme de dynamique d’évolution :

Le palmarès 2012 des ventes a été le suivant :

marché du livre

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Le marché du livre représente 4,5 Md€ :

marché du livre

Environ 430 M€ de droits d’auteurs sont reversés aux auteurs.

Voici l’historique long du Chiffre d’Affaires des éditeurs :
marché du livre

marché du livre

Environ 25 % des ventes sont des livres de poche, représentant 13 % du chiffre d’affaires des éditeurs.

Le livre numérique ne représente toujours que 2 % du chiffre d’affaires des éditeurs – environ 2 millions d’exemplaires ont été vendus en 2012.

Environ 17 % des ventes sont des traductions, des langues suivantes :

marché du livre

Et voici les pratiques des français :

marché du livre

marché du livre

marché du livre

“La diminution du nombre de forts et moyens lecteurs continue tandis que la part de faibles lecteurs augmente (53 % des Français déclarent « lire peu ou pas du tout de livres » en 2008). Par ailleurs, « chaque nouvelle génération arrive à l’âge adulte avec un niveau d’engagement inférieur à la précédente, si bien que l’érosion des lecteurs quotidiens de presse et des forts lecteurs de livres s’accompagne d’un vieillissement du lectorat ». Ainsi, entre autres exemples : en 1997, 83 % des 15-24 ans avaient lu au moins un livre dans les 12 derniers mois (dont 20 % de forts lecteurs) ; en 2008, ils ne sont plus que 78 % dans cette tranche d’âge (dont 15 % de forts lecteurs). (Source)

Dans le prochain billet, nous nous intéresserons au prix du livre

Sources : Syndicat National de l’Édition et Rapport Gaymard de 2009.

Source: http://www.les-crises.fr/le-marche-du-livre/


3e blog français en juin : merci à vous !

Wednesday 16 July 2014 at 00:01

Résultat incroyable du travail réalisé en juin : le site a été classé par e-buzzing comme le 3e blog français, toutes catégories confondues ! (Classement des blogs suivant le score calculé par Ebuzzing sur la base de nombreux paramètres (réseau de liens du blog à partir des autres blogs, partages de ses billets sur Facebook, Twitter, …))

Merci donc à vous – pour votre fidélité, votre soutien et votre aide !

Résultat bien entendu éphèmère (je ne peux garder un tel rythme bien, longtemps – et ce n’est pas très grave), mais cela fait quand même très plaisir – surtout en étant resté toute l’année 1er blog économique!

Bon été à toutes et à tous :)

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/3e-blog-francais-en-juin-merci-a-vous/


[Exclusif] Le Manifeste du front populaire de libération de l’Ukraine

Tuesday 15 July 2014 at 03:18

Je vous propose aujourd’hui la traduction exclusive d’un document fort intéressant, Le Manifeste du front populaire de libération de l’Ukraine.

On peut discuter le fond, mais cela me semble important de le lire pour comprendre le point de vue des russophones. Et cela a un petit parfum de Commune 1870…

En introduction, je reprends la présentation de Karine Bechet-Golovko.

Présentation

Dans un premier temps, le mécontentement populaire, organisé et structuré, a donné Maïdan. Pour les droits sociaux, contre les oligarques et le pouvoir de la corruption qui détruit l’État. Avec le coup d’État à Kiev, les oligarques ont pris les régions, se sont appuyés sur des forces armées radicales, et certaines néo-nazies, pour assurer leur pouvoir par la force. Une autre voie n’était pas possible : il fallait asservir la population par la peur. Finalement, les radicaux sont sur-représentés à la rada et un autre oligarque a pris le pouvoir, grâce à l’élection présidentielle, dont la campagne fut téléguidée, préparée et financée de l’étranger. Maïdan a perdu, le peuple ukrainien est à nouveau dépossédé et pressuré. En réaction, le sud-est se soulève et prend les armes. D’une intervention “anti-terroriste”, Kiev a fini, par incompétence politique ou par volonté profonde, par provoquer une guerre civile qui permet un nettoyage ethnique. Dans ce contexte, Novorossia est reconstituée par référendum local, les armes grondent, les civils meurent sous les coups de l’armée ukrainienne ou sont évacués malgré l’absence de corridor humanitaire. Dans ce contexte difficile, les dirigeants de Novorossia tentent de se positionner politiquement. Non, ils ne sont pas séparatistes, ils veulent vivre en Ukraine mais dans une autre Ukraine. Non ils ne sont pas pro-russes, ils sont ethniquement russes, pour une Ukraine libre, réellement européenne comme elle l’a toujours été et non corrompue, ce qu’elle n’est pas. Le Manifeste du Front Populaire de Libération Ukrainien est adopté.

Le 7 juillet, à Yalta, des représentants de différentes régions d’Ukraine, de différentes forces politiques, de différentes organisations agissant en Ukraine, ont adopté un Manifeste qui, pour la première fois, pose la vision politique de ce mouvement de résistance armée.

Habituellement, les combattants dans le Donbass sont considérés comme pro-russes, car contre le pouvoir à Kiev, comme si le seul fait de s’opposer au coup d’État faisaient d’eux des séparatistes pro-russes. Habituellement, ils sont montrés comme des marionnettes à la solde de Moscou qui tire les ficelles dans la région pour déstabiliser l’Ukraine, voire “annexer” les territoires contestataires, pour reprendre une expression qui plait aux médias occidentaux.

Or, ce Manifeste a pour but non seulement d’expliquer les buts politiques de la démarche des résistants, mais également de casser certaines images un peu trop confortables et trop éloignées de leur réalité.

On remarquera que l’internet russe le diffuse pour l’instant sans réels commentaires. On le trouve même sur le site des Echos de Moscou, ce qui est à la fois intéressant et surprenant. Il semble s’agir d’un acte important pour la compréhension de l’évolution politique de la situation en Ukraine, mais un acte que pour l’instant aucun média internet ne prend le risque de vraiment analyser. Un virage politique est pris ici, mais l’on ne sait pas encore ni sur quoi il va déboucher, ni s’il pourra arriver à son terme.

En ce qui concerne le texte lui-même, je ne vais pas le traduire, mais en donner les points qui me semblent les plus importants. Il montre ici l’échec de la révolution du Maïdan, car celle-ci a débouché sur la prise de pouvoir des oligarques, aidés par le bras armé des groupes extrémistes, constitués et de fanatiques et de contractuels. Il s’agit donc de revenir aux débuts de la contestation: un pouvoir qui appartienne au peuple, fonctionnant sur le mode de la représentation par des délégués, par l’intermédiaire d’élections et de référendums, contre la corruption, le pouvoir des oligarques, des bandits et contre l’intervention des forces étrangères.

Le but est l’établissement en Ukraine d’un régime social (par opposition au néolibéralisme prôné actuellement comme parangon des valeurs européennes), orienté vers l’individu, mais également un État libéral qui permette de créer son entreprise sans risque d’être attaqué par les bandits et les fonctionnaires corrompus, un État fédéral ou confédéral – comme les régions en décideront elles-mêmes. Bref, un État qui permette le respect de chacun, qui permette de reconstruire le lien social entre tous les habitants de l’Ukraine, qui, rappelons-le, sont ethniquement très diversifiés (russes, roumains, bulgares, polonais, etc). Pour restaurer le Vivre ensemble. C’est idéaliste? C’est un idéal, comme tout projet politique.

Si la population de l’Est s’est soulevée en premier, c’est parce qu’elle est doublement attaquée, rappelle le Manifeste: comme les autres, elle est attaquée sur le plan social et économique (réduction des salaires, des pensions, augmentation des prix, réduction des aides sociales, déstructuration de la médecine etc, sous le joug du FMI ou de l’Union européenne, pour obtenir des aides financières, sans lesquelles l’Ukraine ne peut plus vivre). Mais cette population est également attaquée dans ses fondements culturels, avec l’interdiction d’enseigner la langue russe, de tourner des films en russe, etc. Cette double attaque, et fondamentale car contre le “banditisme néolibéral” caché sous des couleurs européennes, et culturelle pour l’identité russe, a provoqué la révolte du Donbass.

Mais comme cette révolte n’a pas été écoutée, comme la volonté du nouveau pouvoir néolibéral extrémiste de Kiev a été d’empêcher toute contestation politico-juridique par la destitution immédiate de la Cour constitutionnelle, l’intimidation contre les députés et les demandes d’interdiction des partis politiques de réduire par les armes toute contestation, les habitants de la région ont pris les armes. Pour eux, le recours à la force est nécessaire pour se défendre, c’est un moyen de lutte pour arriver au résultat espéré, la libération de l’Ukraine.

Quant au soutien de Moscou, ils estiment que leur combat, principalement, dérange les élites russes, qui auraient préféré rapidement négocier avec Kiev la fin des hostilités, trouver un compromis et continuer leur business. Mais comme la population révoltée ne baisse pas les bras, comme une grande partie de la population russe les soutient, les élites russes sont obligées, au minimum, de faire semblant de soutenir le combat mené et de ne pas complètement le lâcher.

Bref, dans l’ensemble, nous sommes face à la seconde phase révolutionnaire ukrainienne. Sur le plan institutionnel, le modèle politique présenté est très simpliste, c’est un modèle populaire/révolutionnaire intermédiaire, fondé sur les représentants et les assemblées, mais permettant de sortir de cette gabegie sanglante et de construire ensemble des institutions qui correspondent à la volonté des habitants du pays.

Le premier Maïdan fut objectivement un échec, aucune des demandes des premiers manifestants ne fut satisfaites, bien au contraire. Aujourd’hui, en fait, ces demandes premières sont reprises par les combattants de l’Est.

Je serai vraiment curieuse de voir si nos élites bienpensantes, nos chercheurs et sociologues, qui se sont tellement attachés aux revendications du premier Maïdan, vont mettre autant de vigueur pour soutenir ce mouvement populaire-là. Car, pour eux la question est simple: ils sont contre la corruption, les oligarques, l’extrémisme, pour le respect de l’autre, le combat pour le vivre ensemble, ou bien cela dépend-il de qui formule ces revendications ?

, RussiePolitics

Le Manifeste

Quel est le but de notre lutte ?
La construction sur le territoire de l’Ukraine d’une république populaire équitable, sociale, sans les oligarques et la corruption de la bureaucratie.

Qui sont nos ennemis ?
Les élites dirigeantes libéral-fascistes – l’union criminelle des oligarques, des bureaucrates, des forces de sécurité, et du crime organisé, servant les intérêts des États étrangers.

Qui sont nos alliés ?
Tous les gens de bonne volonté qui reconnaissent les idéaux de justice sociale et qui sont prêts à se battre pour eux, pas ceux qui ont accepté l’état libéral-fasciste sur le territoire de l’Ukraine, indépendamment de leur citoyenneté et de la nationalité.

Qu’est-ce que la république sociale populaire pour laquelle nous nous battons ?
La république sociale populaire, c’est une forme d’organisation politique de la société, dans laquelle :

Quelles sont les méthodes de notre lutte ?
Pour atteindre l’objectif fixé (la création sur le territoire de l’Ukraine de la république sociale populaire), nous sommes prêts à appliquer des méthodes de lutte violentes ou pacifiques. Nous considérons qu’un peuple armé est seul capable de protéger sa liberté, mais la violence n’est qu’un moyen forcé (de derniers recours) pour atteindre un objectif politique.

Ce qui se passe sur le territoire de l’Ukraine ?
Sur le territoire de l’Ukraine se produit un soulèvement de libération populaire contre le pouvoir libéral-fasciste, qui tente à l’aide de la terreur et de la propagande d’affermir dans notre pays un capitalisme libéral-fasciste et criminel.

Qu’est-ce que l’Ukraine ?
L’Ukraine est un territoire entre l’Union Européenne et la Russie avec des traditions chrétiennes (principalement orthodoxes), peuplée par des peuples divers (Ukrainiens, Russes, Biélorusses, Moldaves, Bulgares, Hongrois, Roumains, Polonais, Juifs, Arméniens, Grecs, Tartares, Ruthènes, Houtsoules, etc.) et qui a des siècles de tradition populaire d’autonomie politique et de lutte pour la liberté populaire.

Ce qui se passe au Sud-Est de l’Ukraine (Novorossia) ?
Dans le Sud-Est (Novorossia) se produit un soulèvement populaire contre le parti libéral-fasciste au pouvoir, établie à Kiev avec l’argent et l’appui de patrons occidentaux. Dans cette rébellion prennent participation tous les peuples : les Ukrainiens, les Russes, les Grecs, les Arméniens, les Juifs, les Hongrois, les Roumains et ainsi de suite.

Est-ce une guerre entre les Russes et les Ukrainiens dans le Sud-Est (Novorossia)?
Ce n’est pas la guerre entre les Russes et les Ukrainiens, comme le dit la propagande libérale-fasciste, c’est une insurrection des peuples opprimés contre l’ennemi criminel commun – le parti libéral-fasciste capitaliste.
Des deux côtés du front combattent des Russes et des Ukrainiens (ainsi que d’autres peuples).
Du côté des «autorités de Kiev», des mercenaires et des oppresseurs dupés par la propagande se battent pour les intérêts du grand capital criminel et de la bureaucratie malfaisante, alors que du côté du Sud-Est (Novorossia), les insurgés défendent les intérêts du peuple et son avenir libre, équitable et démocratique.

Les intérêts des russes et des ukrainiens sont ils différents dans les événements qui se déroulent en Ukraine ?
Les Russes et les Ukrainiens sont unis par les mêmes intérêts socio-politiques – la libération de l’Ukraine du pouvoir du capital criminel, de la bureaucratie criminelle, des services de force criminels, et du crime organisé.

Pourquoi la révolte dans le Sud-Est (Novorossia) se passe sous des slogans russes ?
Parce que la population russe et russophone d’Ukraine s’est trouvée dans la double oppression socio-économique (tout comme la population ukrainophone), mais aussi culturel et politique.
L’oppression Socio-économique, c’est la corruption, le régime d’illégalité, le pouvoir du crime, l’impossibilité de mener une entreprise normalement et d’avoir une vie normale, des salaires de misère, d’être dépendant des «maîtres de la vie» – c’est la norme de l’existence de chaque citoyen travailleur de l’Ukraine.
L’interdiction de la langue russe dans les régions où 90 % et plus de la population, pense et parle en russe (c’est environ la moitié du territoire de l’Ukraine), l’interdiction de l’enseignement de la langue russe dans les écoles, l’interdiction de la publicité et du cinéma russe, l’interdiction d’utiliser le russe dans le domaine juridique et dans la pratique administrative et beaucoup d’autres interdictions et exigences absurdes et ségrégationnistes – c’est une humiliation de plus de la population russophone de l’Ukraine par le pouvoir criminel libéral-fasciste.
C’est pourquoi les Russes et russophones se sont soulevés en premier.
Et c’est le tour de tous les peuples opprimés de l’Ukraine !

Pourquoi la Russie aide le Sud-Est de l’Ukraine (Novorossia)?
Une grande partie de l’élite russe a peur de la protestation socio-politique populaire. Elle se ferait un plaisir de trouver un accord avec le pouvoir de Kiev et de mettre fin à la guerre dans le Sud-Est (Novorossia). Mais la fureur du soulèvement populaire contre le capitalisme oligarcho-bureaucratique libéral-fasciste ne le permet pas. Les peuples de la Russie soutiennent la juste lutte du Sud-Est de l’Ukraine (Novorossia). Et cela oblige toute l’élite de la Russie (russe d’origine, mais pas d’opinion) de maintenir ou de faire semblant, souvent à l’encontre de ses intérêts stratégiques, qu’elle soutient la rébellion du Sud-Est de l’Ukraine.

Pourquoi les États-UNIS et de l’UE aident le régime de Kiev ?
L’objectif principal des États-Unis, c’est l’affrontement avec la Russie, son principal concurrent géopolitique. Les États-Unis doivent soit créer un État ukrainien anti-russe avec des bases de l’OTAN aux frontières de la Russie, soit semer le chaos, en déstabilisant la région.
L’UE a besoin de marchés supplémentaires pour écouler ses marchandises et des sources de matières premières bon marché.

Qu’est-ce qui soutient la lutte du Sud-Est de l’Ukraine (Novorossia) ?
La lutte des peuples d’Ukraine, dont le Sud-Est (Novorossia) est la base de support, est soutenu et développée par la volonté inébranlable des peuples d’Ukraine de se libérer de la domination des élites libéral-fascistes au pouvoir et par la prise de conscience progressive de leurs intérêts socio-politiques et des objectifs de la lutte.

Est-ce que la lutte dans le Sud-Est (Novorossia) soutient le séparatisme ?
Non, le territoire de la lutte est l’ensemble du territoire de l’Ukraine. Les rebelles du Sud-Est (Novorossia) tendent la main à leurs frères et sœurs dans toutes les régions de l’Ukraine avec l’appel : «Levez-vous contre l’ennemi commun!»
Nous allons créer une nouveau pouvoir populaire libre et socialement responsable sur l’ensemble du territoire de l’Ukraine et de la Novorossia.

Que se passera-t’il après la victoire de la révolution de libération populaire et la naufrage du régime libéral-fasciste ?
La formation d’un nouvel état sur le territoire de l’Ukraine, dans lequel le pouvoir appartiendra au peuple, non pas en paroles, mais en actes.
La population de chaque région va déterminer l’avenir de sa région par la voie d’un référendum (comme forme suprême de la démocratie) et choisira soit de rester dans le cadre d’un état uni fédéral (ou confédéral), soit de devenir indépendante.

Comment se construira le pouvoir politique après la victoire de la révolution de libération populaire ?
Le pouvoir politique sera fondée sur le principe de la représentation populaire directe (démocratie) – du bas vers le haut.
Les organes de la Démocratie vont se former, en commençant par les Conseils régionaux et le Conseil Suprême, selon le principe de la représentation des délégués des territoires ; des délégués des organisations des travailleurs, des corporations professionnelles et des syndicats ; des délégués de organisations politiques, religieuses et communautaires.
Les pilier de la Démocratie populaire seront les conseils locaux.
Ils délègueront des représentants dans les conseils régionaux.
L’organe suprême de la représentation populaire (Conseil Suprême) se composera de délégués des conseils régionaux.
Le Conseil suprême choisira le gouvernement, responsable devant le peuple en la personne de ses représentants.
Nous préconisons l’éligibilité des juges et des chefs des structures des forces de l’ordre sur le terrain (localement).

Quels seront les droits de régions à la suite de la victoire de la révolution de libération populaire ?
Chaque région aura le droit de disposer de sa Constitution ou d’un autre document fondamental pour garantir aux peuples résidant sur son territoire leurs principaux droits politiques, économiques, sociaux, culturels, religieux.
Chaque région sera en droit de choisir, outre les langues nationales, les langues régionales pour le développement culturel, politique, juridique ou administratif.
Chaque région aura le droit de former son budget sur la base de l’imposition des personnes physiques ou juridiques exerçant des activités sur son territoire.
Chaque région sera en droit d’avoir une activité autonome dans le commerce extérieur.

Quelles seront les responsabilités des régions à la suite de la victoire de la révolution de libération populaire ?
Chaque région sera obligée d’acquitter une partie de ses impôts dans le fond anti-crise commun (pour les circonstances de catastrophe naturelle ou autres cataclysmes).
Chaque région sera obligé d’acquitter une partie de ses impôts pour les besoins généraux de l’État national – la défense, le dépenses de l’appareil d’état commun, la construction de structures d’importance nationale.
Chaque région devra obéir aux principes nationaux communs des rapports réciproques du travail et du capital, des libertés civiles et politiques.
Chaque région doit maintenir l’ordre et protéger les droits et les libertés des citoyens, dans le cadre de la législation nationale.

Ce sont les principes de base et les objectifs de notre combat.
Chaque honnête citoyen et patriote doit les accepter et les soutenir.

Nous comptons sur la solidarité internationale et le soutien de tous ceux pour qui les idéaux d’égalité, de démocratie et de justice sociale ne se traduisent pas qu’en paroles mais en faits.

Ensemble – nous vaincrons !

Approuvé par la résistance de la conférence de Yalta 07/07/2014

Traduit par Philippe Deville pour www.les-crises.fr

Source : Msk, et RabKor

Edit : institutions ukrainiennes signataires :

Centre de coordination et de soutien de la Fédération ukrainienne – Центр координации и поддержки украинской федерации
Union des citoyens ukrainiens – Союз украинских граждан
Parti “Borotba” – Партия «Боротьба»
Garde Slave (Zaporozhye) – Славянская гвардия (Запорожье)
Union populaire (Kharkiv) – Народный союз (Харьков)
Garde de Lugansk – Луганская гвардия

(Source)

Source: http://www.les-crises.fr/manifeste-fpl-ukraine/


Léonarda contre Hollande, le match retour

Tuesday 15 July 2014 at 00:23

Je suis tombé sur ça, et c’est tellement éloquent, que je ne résiste pas au plaisir de reprendre.

P.S. tout commentaire xénophobe sera comme toujours censuré.

Le père de Leonarda : «Attention, j’arrive en France !»

Leonarda se trouve actuellement avec sa mère et trois de ses frères en Croatie, pays membre de l’Union européenne. Munis de passeports croates, les Dibrani pourraient revenir prochainement en France.

«Attention, j’arrive en France!». Resat Dibrani, le père de Leonarda, est encore plus déchaîné qu’à l’ordinaire. La lycéenne rom expulsée de France l’an dernier, explique-t-il au Figaro, se trouve actuellement, avec sa mère et trois de ses frères, en Croatie, pays membre de l’Union européenne. Munis de titres de voyages fournis par l’ambassade de Croatie à Pristina, Leonarda, sa mère Xhemila et trois de ses frères séjournent depuis jeudi chez le frère de Resat Dibrani, à Sisak, à 60 km au sud-est de Zagreb. «Lundi, ils auront les passeports, jubile le père. Et dans une semaine, quinze jours, on partira, toute la famille ensemble! Comme ça, ma femme – enceinte de huit mois et demi – accouchera à l’hôpital de Pontarlier, là où est née Medina (la fille cadette des Dibrani, Ndlr)».

Mme Dibrani et cinq de ses six enfants détenaient des passeports croates dont la validité avait expiré. De surcroît, selon l’AFP, Mme Dibrani possède un certificat de citoyenneté croate dit «domovnica» délivré le 17 janvier 1973 à Vinkovci (est de la Croatie), sous son nom de jeune fille, Braimi. Fin mai, la famille avait demandé à l’ambassade de Croatie au Kosovo de nouveaux passeports croates.

«On va leur montrer à Hollande et à Valls qui est le chef!»

Quant à Resat Dibrani, qui possède un passeport kosovar, il est encore à Mitrovica avec sa plus jeune fille Medina, 2 ans, et Maria, 17 ans, qui possède un passeport croate mais est restée s’occuper de sa petite sœur. La famille va désormais s’atteler à obtenir un passeport croate pour la plus jeune des Dibrani et, d’un autre côté, à légaliser le mariage entre Resat et Xhemila, ce qui permettrait au père de famille d’obtenir lui aussi le précieux document. «On ne change pas de nationalité: on est croates! Les enfants sont nés en Italie, s’égosille le père de Leonarda. On va leur montrer à Hollande et à Valls qui est le chef! On va leur dire en face! Ils ne me croyaient pas quand on disait qu’on était européens. Ils nous ont renvoyés au Kosovo comme des animaux, avec de faux papiers. Ah, le préfet du Doubs, il va être bien dans la merde!»

Et les Dibrani, poursuit le père, ne s’arrêteront pas là… «Il faut que toute l’Europe sache ce qu’a fait la France, tonne-t-il. Nous allons aller à la Cour de Strasbourg (la Cour européenne des droits de l’homme, Ndlr), pour demander des dommages et intérêts. La France, maintenant, on va la faire payer!»

Source : Le Figaro

Bercoff : «Léonarda à l’Élysée»

Magnifique Europe, magique Schengen, c’est la lutte finale, accueillons et demain, le regroupement familial fera le genre humain. On croyait en avoir fini avec le feuilleton Dibrani qui fit, il n’y a guère, les délices des écrans et des gazettes. L’on se rappelle la séquence poétique où le président de la République expliquait que Léonarda pouvait rentrer seule sans sa famille, pendant que, sur l’autre moitié de l’écran, l’héroïne kosovare affirmait qu’il n’en était pas question, gagnant ainsi, l’espace d’une nouvelle chute dans les sondages, ses galons de chef de l’opposition anti-Hollande. Eu égard à la crise de l’UMP, il paraît difficile que la jeune Dibrani en prenne la tête, encore que son efficacité médiatique n’est plus à démontrer.

Mais voici que commence le second round: le père de Léonarda, Resat Dibrani, contre-attaque en expliquant que les quatre-cinquièmes de sa famille sont Croates, que lui-même va obtenir cette nationalité en épousant la mère de ses enfants, et qu’ainsi toute sa tribu pourra rentrer triomphalement en France, puisque la Croatie fait partie de l’Union Européenne. Et le glorieux géniteur n’y va pas de main morte: «On va leur montrer, à Hollande et à Valls, qui est le chef. La France, on va la faire payer. Nous irons jusqu’à la Cour Européenne des Droits de l’Homme».

Les Dibrani sont exemplaires: ils ont compris les règles du jeu. Ils y vont franco de port, défiant un président de la République et un chef de gouvernement qui, du temps où il était ministre de l’Intérieur, s’était vivement opposé à leur retour. Dilemme cornélien. Ruses de la raison. Le fondement du pouvoir entre deux chaises: respecter les sacro-saintes règles européennes d’un côté, se faire respecter de l’autre. Est mis en lumière le piège qui semble se refermer sur les socialistes, qui doivent obéir à l’Europe et qui, dans le même temps, essayent de limiter au maximum les arrivées massives en douce France. Double peine pour l’Elysée-Matignon: de la main droite, on démantèle les camps de Roms, on expulse à Calais et ailleurs ; de la main gauche, on clame sa générosité et sa solidarité avec les damnés de la terre. Schizophrénie utile quand on est dans l’opposition, irritante, voire ruineuse quand on tient le gouvernail.

Rien n’est joué. Mais si les Dibrani réussissent à revenir légalement dans le Doubs, Hollande se devra de les accueillir à l’Elysée. Il convient en effet, devant pareil exploit, que l’ordre des choses permet aujourd’hui, de se montrer beau joueur.

Droit européen : Leonarda peut-elle vraiment revenir en France ?

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Reviendra, reviendra pas ? Alors que la famille Dibrani multiplie les provocations, certaine de son retour prochain en France, Henri Labayle nous explique pourquoi ce retour est légal, et comment l’Etat pourrait s’y opposer.

Henri Labayle est professeur agrégé des facultés de droit françaises, en poste à la faculté de Bayonne, à l’université de Pau. Il dirige le CDRE, laboratoire de recherches spécialisé en matière européenne et notamment en matière de droits fondamentaux, d’immigration et de sécurité intérieure. Il est également membre du réseau Odysseus et directeur du GDR «Droit de l’espace de liberté, sécurité, justice».

FigaroVox. – Le père de Leonarda a déclaré au figaro.fr que sa famille et lui sont à deux doigts de revenir en France. Un retour de Leonarda et de sa famille est-il possible? Par quel procédé?

Henri LABAYLE.- C’est le «buzz» du printemps, puisque, quelques jours avant les élections européennes, M. Resat Dibrani avait affirmé que sa famille sollicitait des passeports croates auprès de l’ambassade de Croatie à Pristina. Ils les auraient apparemment obtenus, sachant que, d’ores et déjà, une partie de la famille (la mère et cinq des six enfants) disposait de tels documents, dont la durée de validité avait simplement expiré.

Leur stratégie est d’une simplicité biblique: elle consiste à se placer sous le statut d’un citoyen européen pour bénéficier de l’une de ses principales conséquences, le droit à circuler librement dans l’Union. Il semblerait d’ailleurs que les intéressés envisageaient également une démarche similaire en direction de la Serbie. Devenus croates, les membres de la famille Dibrani seraient de ce fait des citoyens de l’Union susceptibles de circuler librement dans l’espace européen y compris en France, puisque la Croatie fait partie de l’Union depuis le 1er juillet 2013. Hier kosovars, ils ne pouvaient pénétrer librement en France; demain croates, ils sont parfaitement en droit d’exercer cette prérogative…

En fait comme en droit, les choses sont un peu plus complexes. Il faut distinguer ce qui relève de la libre circulation et ce qui relève du droit au séjour d’un citoyen européen.

Pour ce qui est de la première, elle peut être exercée pendant une période ne dépassant pas trois mois sans aucune formalité particulière, à la simple condition de disposer de documents d’identité valides. Ce serait ici le cas.

Pour ce qui est du séjour, outre le fait que les ressortissants croates ne sont pas admis à accéder librement au marché du travail français jusqu’en 2015, la législation de l’Union, et plus précisément la directive 2004/38, cherche à «éviter que les personnes exerçant leur droit de séjour ne deviennent une charge déraisonnable pour le système d’assistance sociale de l’État membre d’accueil pendant une première période de séjour». Concrètement, cela signifie que les personnes économiquement non actives comme le serait la famille Dibrani n’ont le droit de séjourner dans un autre Etat membre pour une durée de plus de trois mois que s’ils disposent, pour eux et pour les membres de leurs familles, d’une assurance maladie complète et de ressources financières suffisantes pour ne pas devenir une charge pour le système d’assistance sociale de l’État membre d’accueil. Au vu du dossier, on peut aisément conclure que le séjour sera compliqué à obtenir…

C’est donc bien d’un retour de la famille Dibrani en France au titre de la libre circulation qu’il serait question. A ce stade, il paraît parfaitement légitime. Disposant de documents d’identité en règle, les Dibrani peuvent revendiquer l’exercice de cette liberté fondamentale. Soyons bien clairs pour ne donner prise à aucune déformation politique: durant ces trois premiers mois, le droit de l’Union n’oblige pas l’État membre d’accueil à accorder une assistance sociale aux citoyens de l’UE qui ne sont pas économiquement actifs. Il suffit de lire l’article 24 de la directive 2004/38 pour s’en convaincre.

L’Etat français peut-il légalement empêcher ce retour? Par quels moyens?

A priori, et dans un cas normal, je suis tenté de vous répondre immédiatement non, car ce droit est un élément central du statut de la citoyenneté européenne, auquel la Cour de justice accorde une protection particulière. Pourtant, vu le cas d’espèce, la détermination des autorités françaises à s’y opposer me semble fondée.

Cette construction européenne d’ensemble repose évidemment sur la bonne foi de ses destinataires. La maladresse ostentatoire avec laquelle les Dibrani s’en prennent aux autorités françaises risque en réalité de se retourner contre eux puisqu’ils revendiquent ouvertement leur volonté de contourner l’éloignement dont ils avaient été l’objet en instrumentalisant leur nouvelle nationalité.

Les États membres peuvent en effet adopter, de façon proportionnée, les mesures nécessaires pour refuser tout droit conféré par la directive 2004/38 «en cas d’abus de droit ou de fraude». On vise ici généralement les mariages de complaisance, mais les questions de nationalité peuvent parfaitement s’inscrire dans cette logique.

Les autorités françaises vont donc vraisemblablement avancer que la nouvelle identité de la famille Dibrani prête à caution. Acquise de façon assez curieuse après qu’ils ont déjà invoqué une nationalité italienne lors du premier éloignement, elle pourrait être révélatrice d’un «abus de droit», plutôt que d’une fraude, comme M. Fabius l’a évoqué, si ces passeports ont été justement acquis. L’«abus de droit» est parfaitement connu du droit de l’Union. Il consiste en un comportement artificiel, adopté dans le seul but d’obtenir le droit de circuler et de séjourner librement en vertu du droit de l’Union, malgré un éventuel respect formel des conditions prévues par la réglementation de l’UE.

Dans ces conditions, soit les autorités françaises s’opposeront à l’entrée de la famille sur le territoire soit elles procèderont à un éloignement.

Cette atteinte grave au droit fondamental à la libre circulation est évidemment susceptible d’être plaidable par les Dibrani, sans garantie absolue de succès, loin de là de mon point de vue. La Commission elle-même, d’ordinaire très pointilleuse sur ces questions, reconnaissait ainsi récemment que «dans les cas où le droit à la libre circulation est exercé de manière abusive ou obtenu de manière frauduleuse, les personnes pourront être considérées comme une menace grave pour l’ordre public, justifiant un éloignement et, dans certains cas, une interdiction de réadmission, en fonction de la gravité de l’infraction».

La publicité que se donne le père de Leonarda Dibrani, ajoutée à la sensibilité extrême des Etats membres concernant le «tourisme social» dans l’Union, me conduit à penser que la fermeté prévaudra, y compris dans le prétoire.

Existe-t-il d’autres cas de fraude à la nationalité dans l’Union européenne?

Hélas oui, et l’on a déjà cité les mariages de complaisance qui sont utilisés ici comme en matière d’immigration normale, même si cela est très réduit. La Commission a réalisé une étude, à laquelle la France n’a pas daigné répondre, qui démontre que le phénomène existe même s’il est résiduel.

Plus surprenant, un certain nombre d’Etats à la recherche de subsides ont même imaginé séduire des investisseurs au moyen de titres de séjour ou vendre des passeports entraînant possession de la citoyenneté européenne. Malte s’est ainsi attiré justement les foudres de la Commission et du Parlement européen pour avoir mis la barre à 650.000 euros (http://www.gdr-elsj.eu/2014/01/27/elsj/les-programmes-nationaux-de-vente-de-passeports-la-citoyennete-europeenne-a-lencan/). Que cet Etat membre ait reculé en fin de compte ne change rien à la réalité prévalant dans près d’une dizaine d’Etats, qui offrent des «visas gold» sous forme de titre de séjours aux investisseurs fortunés ou créateurs d’emplois.

Le cas Leonarda est-il révélateur d’un mauvais fonctionnement de l’Union européenne et plus généralement de failles du droit européen?

Sincèrement, je ne le pense pas. Il faut relativiser les choses en assumant le fait que toute règle de droit provoque malheureusement des comportements de transgression, en Europe comme ailleurs, même si le pragmatisme de ma remarque n’est guère politiquement correct. Aller passer un diplôme médical ou paramédical en Belgique pour contourner la difficulté ou le numerus clausus français relève-t-il d’une inspiration fondamentalement différente de la chasse au passeport de complaisance? Cela mérite débat …

L’exposition médiatique franco-française de l’affaire alliée à son caractère délibérément provocateur explique son retentissement. Quelques remarques de bon sens et constats chiffrés l’éclairent.

D’abord, c’est un fait mesuré par Eurostat, l’Office européen des statistiques, la libre circulation des citoyens de l’Union est beaucoup moins importante que l’immigration ordinaire, moins de 3% de la population de l’Union. Elle est très majoritairement le fait de personnes exerçant une activité professionnelle, et, pour ce qui est des citoyens européens non actifs, les 600.000 étudiants séjournant dans un autre Etat que le leur occupent une place importante, sans parler des retraités.

Dans la plupart des cas, les citoyens européens sont des contributeurs nets au régime de protection sociale du pays d’accueil, c’est-à-dire qu’ils paient davantage de taxes et de cotisations de sécurité sociale qu’ils ne reçoivent de prestations.

Ensuite, la vieille histoire de la poutre et de la paille se vérifie ici une fois encore. Se pencher sur les fraudes et abus divers suscités en matière sociale par les propres citoyens de chaque Etat confirme que la fraude n’a rien de propre au droit européen. L’accusation est ici réelle mais elle ne doit pas faire de l’Europe un bouc émissaire tant elle est circonscrite, tout simplement en raison du faible nombre de personnes concernées. Ce qui ne rend en rien excusables les comportements révélés dans l’affaire Dibrani, qui sont dévastateurs auprès des opinions publiques nationales.

Enfin, et là la réflexion est plus sensible, le lien entre ces pratiques et les élargissements successifs de l’Union est révélateur. La Croatie choisie par M. Dibrani est entrée il y a quelques mois dans l’Union. Qui se souvient de l’esquisse d’un débat public à ce propos? Par ailleurs, la facilité avec laquelle les législations nationales peuvent octroyer des nationalités de complaisance est revendiquée par ces Etats et fondée sur les traités qu’ils ont négociés…

Aussi, comment se plaindre dans le même temps d’un «trop d’Europe» et en fustiger les insuffisances?

Source : Le Figaro

P.S. Voilà ce qui arrive quand on ne fait plus de référendums pour élargir l’UE…

Source: http://www.les-crises.fr/leonarda-contre-hollande-le-match-retour/


Entraide : vidéos Ukraine

Monday 14 July 2014 at 05:00

Bon, comme nous avons fait le tour des racines du sujet Ukrainien, nous allons progressivement diminuer le nombre de billets hebdo sur l’Ukraine.

J’aimerais bien faire une dernière vidéo, qui serait un Best Of des “20 vidéos éloquentes sur l’Ukraine non montrées dans les médias français“. Sans que cela soit trop long…

J’imagine des vidéos sur Svoboda et ses députés, Pravy Sektor et autres nervis néonazis, l’embrigadement des enfants à l’Ouest, la violence de Maidan, Odessa, les chars à l’Est, disons une vidéo violente des victimes des combats (je ne souhaite pas que le gore soit un élément central), etc. Liste non exhaustive, à vous de voir ce qui peux éveiller les consciences…

J’aimerais que ceux qui ont suivi de près le sujet m’aident en postant en commentaire des liens vers de vidéos EN PRÉCISANT bien ce qu’on y voit en commentaire (cela gagne beaucoup de temps), voire le moment du passage intéressant si la vidéo est un peu longue… Pitié, pas juste des liens “secs” sans précision… :)

Je compte sur vous, je suis assez épuisé de tout ça… Aide bienvenue  :)

J’aurais aussi besoin pour récupérer et trier des dizaines de vidéos sur ce sujet dont j’ai l’adresse sous le coude…

Merci d’avance

Olivier

(je ne m’en lasse pas de celle-là…)

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-videos-ukraine/


Tout roule pour les russophones à l’Est (ou presque)

Monday 14 July 2014 at 02:30

Je commence par le rapport d’Amnesty International, dont la presse a beaucoup parlé :

Rapport Amnesty Est Ukraine publié par les-crises

Le rapport fait état des enlèvements et actes de tortures (évidemment inacceptables) dans l’Est, avec un vrai sens de la mesure et de la prudence :

Ah, en fait, on comprend ensuite qu’ils sont allés à Kiev et dans les zones liberées – et pas trop dans les zones hors contrôle de Kiev – ce qui limite quand même bien l’objectivité…

Donc en fait, il n’y a pas de chiffres fiables, mais la majorité des enlèvements sont du côté des séparatistes (côté dans lequel ils ont peu enquêté). Du lourd quoi.

Le rapport s’ouvre sur le récit atroce de Hannah, rapporté encore ici. On se demande pourquoi un tel voyeurisme (ils auraient aussi pu ouvrir avec des russophones hachés menus par l’aviation…), d’autant qu’on ne sait pas ce qui s’est vraiment passé et qui sont vraiment ces gens (on n’a pas son nom – et les gentilles filles qui soignent les blessés, et qui en fait sont membres de Svoboda et Pravy Sektor, j’ai déjà donné… – Ce qui ne justifie en rien des tortures, évidemment). (N.B : vous vous rappelez de la pauvre infirmière “Je meurs” : membre de Secteur Droit en fait…)

Une telle partialité est étonnante – même si Amnesty rappelle à la fin que les troupes pro-Kiev ne sont pas blanches (ce qui n’a pas été repris par la presse qui s’est jetée sans prudence dessus).

Pas un mot d’Amnesty sur le corps sans vie du journaliste russophile Sergey Dolgov qui vient d’être retrouvé dans l’Est après avoir été torturé…

Lire d’ailleurs ici un papier sur la partialité de la presse sur cet épisode

Quand à Amnesty, je suis au regret de constater qu’eux-aussi ne sont pas impartiaux, il n’y a qu’à voir leur billet du 28/02 :

Bizarre : depuis qu’on a compris que la plupart des morts n’étaient pas le fait de la police, ils ne parlent plus du sujet…

Bref, on retrouve le manque total de prudence dont cette association avait fait montre au Koweit, dans son fameux rapport de décembre 1990 :

Rapport Amnesty International sur le Koweit du 19 décembre 1990 publié par les-crises

Accusations totalement fantaisistes, issues de la propagande américaine

 

Bref, ce n’est pas pour blanchir qui que ce soi, mais il est clair que dans des zones de guerre, oui, il y a des atteintes aux Droits de l’Homme en général – et c’est regrettable…

Mais enfin, pendant ce temps là, les morts et destructions continuent, et on s’en moque…

IMAGES TRES DURES (en russe, mais les images parent d’elles-mêmes) :

(la mère de la jeune femme était près de la fenêtre ) :

Heureusement, l’UE a fermement réagi :

Oups, non, pardon, ça, c’était en février dans Libé sur Maidan…

P.S. tiens, un nouveau “spécialiste du monde russe” autoproclamé : Laurent Chamontin. Dans un édifiant papier pour le Nouvel Obs, il revient sur l’interview de Todd, avec de grandioses déclarations :

Et le problème actuel, c’est de trouver une langue commune avec la Russie, malgré son comportement agressif (Tchétchénie, Géorgie, Crimée) et des valeurs difficilement compatibles avec les nôtres.

Faute de s’intéresser à tout ceci, on risque de côtoyer les thèses complotistes, avec l’OTAN pour coupable, et Z. Brzezinski comme méchant loup.

Mais à l’époque des guerres de Tchétchénie, que fallait-il dire à la Pologne, pays assujetti à plusieurs reprises par la Russie ?[OB : et un peu par l'Allemagne aussi, me semble-il] Qu’on ne l’accepterait pas dans l’OTAN parce que le Kremlin était devenu rassurant ? [OB : non, qu'on en voulait pas, c'est tout, merci. Une alliance militaire, ce n'est pas le dernier club à la mode, cf l'important billet de George Kennan]

Que faut-il dire aujourd’hui aux Ukrainiens ? Qu’ils ont eu le tort de naître du mauvais côté de la barrière ?

P.P.S. Un autre gros dingue, le ministre des Affaires étrangères Suédois, Carl Bildt, candidat au remplacement de Ashton. Petits extraits de twitter – avant une analyse plus approfondie à venir :

=> Les civils palestiniens qui meurent c’est mal

=> Les civils yougoslaves qui meurent c’est mal

=> Les civils ukrainiens qui meurent c’est inacceptable, mais c’est de leur faute…

=> Le ministre tweete plein de rumeurs et autres conneries depuis des mois, mais c’est pas important…

=> Junker qui ne veut d’élargissement de l’Union dans les 5 ans, c’est mal.

Logique car : “If there is no enlargement, we will have security risks, Bildt said.”   (Source)

Ben oui, quand on n’élargit pas, on a des soucis de sécurité, logiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiique !

=>Donc le ministre réagit violemment à un article de propagande européiste, qui fait croire que la Russie mettrait un véto à l’accord de libre-échange UE-Ukraine (qui l’impactera, évidemment).

Ben pas de bol, la même réunion, rapportée par l’agence de presse chinoise a une tout autre apparence, bien plus proche de la vérité :

De nouveau, on voit qu’on ne peu guère avoir confiance dans notre information sur ces sujets…

Pour finir, mon préféré : (à propos du foot) un vrai discours de chef de la diplomatie :

Bon courage pour le prochain voyage en Argentine !

Source: http://www.les-crises.fr/tout-roule-pour-les-russophones/


Tout roule pour les Gays à Kiev (enfin, presque…)

Monday 14 July 2014 at 00:20

Il ne faut pas généraliser – mais le silence médiatique est quand même éloquent…

“Alors qu’une gay pride devait avoir lieu ce samedi à Kiev, les autorités ont finalement décidé d’interdire l’événement. En cause, leur impossibilité à garantir la sécurité et la protection des participant.e.s. La veille, le maire Vitali Klitschko avait appelé les militant.e.s LGBT à annuler leur marche.

JAMAIS LE BON MOMENT POUR LES LGBT
«Que le maire dise que “ce n’est pas le bon moment pour une célébration” est une énorme déception, a déclaré Olena Shevchenko, co-présidente du comité organisateur de la Kiev 2014 Pride. Il devrait avoir une meilleure compréhension de ce que qu’est une revendication d’égalité. On ne peut pas faire une hiérarchie entre les droits humains. On dirait que ce n’est jamais vraiment le bon moment pour les droits des LGBT.» Les graves difficultés auxquelles est confrontée la population ukrainienne ne doit en effet pas effacer les revendications de certaines minorités: «Le pays est confronté à plusieurs défis, combattre une guerre à l’est, organiser un nouveau gouvernement, et répondre à l’agression russe, mais la liberté de se réunir pacifiquement ne peut être niée, même en temps de crise», a insisté Brian Dooley de l’organisation Human Rights First.

La toute première marche pour les personnes LGBT avait eu lieu en mai dernier (photo) dans des conditions particulièrement tendues, même si les associations avaient pu cette fois compter sur la présence des forces de police pour empêcher des débordements.”

Source : Yagg

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“Un club gay de Kiev, le Pomada Club, a été la cible d’un groupe de néo-nazis dans la nuit du 5 au 6 juillet. Une caméra de vidéo surveillance a capturé des images glaçantes: des client.e.s se précipitent à l’intérieur du lieu, juste avant qu’une quinzaine d’hommes se jettent violemment sur les portes. Parmi eux, certains arborent des t-shirts ornés de croix celtiques. D’après le ministère de l’Intérieur ukrainien, une bombe fumigène et des pétards ont été jetés dans le club.”

La vidéo :

La police aurait ouvert une enquête pour déterminer l’importance des dégâts. Cette attaque survient juste après que la gay pride ait été annulée, faute de protection policière pour les militant.e.s LGBT.

Source : Yagg

Source: http://www.les-crises.fr/tout-roule-pour-les-gay-a-kiev/


[Entraide] Création de billets WordPress

Sunday 13 July 2014 at 21:30

bonjour

j’ai vraiment besoin d’aide pour la simple reprise de billets sous WordPress.

Rien de compliqué ni de bien long, mais j’ai besoin de personnes pouvant donner des coups de mains brefs (mais réguliers si possible. J’ai un petit besoin là, mais, ce serait bien si vous pouvez vous investir un minimum)

Bref, je vous donne un lien, et vous créez le billet sur le blog.

Si vous connaissez WordPress (ou un autre CMS) avec un rudiment de html, contactez-moi

Merci d’avance

Cordialement

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-creation-de-billets/


Liachko dans ses oeuvres à Slaviansk

Sunday 13 July 2014 at 03:02

Le député Oleg Liachko (8 % à la présidentille, nous avons déjà parlé de lui) est arrivé à Sloviansk.

Il dicte au secrétaire du conseil municipal une déclaration disant qu’il est un pleutre et un traître. (Pychy!=écris ! en Ukrainien)

Ça se termine par « Gloire à l’Ukraine, mort aux occupants ».

Transcription :

Lachko : On est à quel étage ? On est maintenant au 3ème, tu seras au 1er[ en Ukraine : équivalent R. de Ch.] par la fenêtre ! Tu vas écrire une déclaration.
Tu es maire par intérim, quel maire par intérim !
Tu vas écrire à propos de la trahison du pays

- Samsonov : moi, j’ai pas trahi mon pays

L : Je dis, tu vas écrire ! Oui, tu trahis l’Ukraine. Si tu n’avais pas trahi, l’ordre règnerait dans la ville

- non, je n’ai pas trahi

L : oui, tu as trahi, “régionaliste” maudit !

- moi, j’ai travaillé au Conseil municipal et j’ai accompli ma mission

L : Mission ! Quelle mission ? Tu donnes la possibilité aux terroristes de s’emparer de la ville !
J’ai une question : pourquoi 48 conseillers ne se sont pas réunis en assemblée pour accuser les terroristes ? Dis-moi pourquoi tu n’a pas fait ça ?

- une première chose, j’étais à l’hôpital…

L : Hôpital ! Toi, tu aurais dû rester là-bas ! Quand est-ce que tu es sorti de l’hôpital ?
Pourquoi lorsque tu es sorti tu n’as pas réuni le Conseil ?

- à ce moment, il n’y avait personne avec qui je pouvais le faire…

L : (ironique) Personne avec qui tu pouvais le faire ! C’est à dire quand les nôtres sont venus, tu es sorti de l’hôpital !…
Assieds-toi et écris la déclaration.

- non, nous allons faire autrement…

[L. insiste durement
Samsonov tente d’échapper en se défendant plutôt maladroitement ; explique ses actes par des décisions des autorités]

L : Tu fermes ta gueule et tu m’écoutes !
Si il n’y avait pas de terroristes dans la ville, tu aurais le droit moral de dire ça [justifier son innocence]

L : Ecoute-moi ! La vérité, elle te pique les yeux ? Tu n’as pas le droit moral de parler : à cause de toi et d’autres comme toi, des soldats Ukrainiens sont morts. Toi, tu es resté ici 2 mois sans rien faire. Tu t’es baladé. Tu voyais quand les terroristes tuaient des gens et détruisaient la ville. Et toi, tu me dis que tu es le représentant de la ville ? Toi, tu n’es pas le représentant !

Ceux comme toi, ils ont failli aller en prison ou être pendus par les jambes sur la place !

Assied-toi, tu vas écrire ! Sinon, je vais te sortir sur la place et je ne sais pas ce qui va se passer.
Tu vas écrire à propos de ta trahison. Je vais te dicter.

- je vais écrire comme je le sens…

L : Ecris à propos de ta trahison

- non, je n’ai pas trahi !

L : Si, tu as trahi ! Pourquoi tu n’as pas rassemblé le Conseil ?

- les conditions n’étaient pas réunies pour le faire ; c’était une situation de guerre…

L : Toi, tu pouvais le faire ailleurs, en dehors

- c’est pas une conversation !

L : Tu pouvais le faire dans la cave. Tu as une maison ?

- non, je n’ai pas de maison

L : Où tu habites ? dans un appartement, tu peux réunir le Conseil.

- personne avec qui faire une assemblée…

L : (ironie) Et maintenant, il y a une possibilité avec qui faire une assemblée ?
Allez, écris !

- d’accord, j’écris, selon les règles habituelles [municipales]

L : Non, tu m’écris à moi !

- attendez, moi, j’aimerais bien comprendre…

L : Encore un mot et je vais te sortir sur la place et ils vont te déchiqueter ou je vais t’envoyer à un block-post [check-point, barrage] chez les militaires qui sont restés des mois et des mois.
Ecris !! « Au député du peuple, Lachko… »

- [S. sourit]

L : Tu vas rire ! [L. s’adresse aux autres personnes] Voyez, il a rendu la ville et il trouve ça marrant… Tu vas écrire cette déclaration : « Au peuple d’Ukraine – pas à Lachko- de la part du traître… »

- je ne peux pas écrire ça

L : « De la part du lâche… »

- ça non plus, je ne peux pas écrire [se lève]

L : et qui es-tu, alors ?

- moi, je n’ai pas peur, j’étais ici !

L : Pourquoi tu n’as pas fait d’assemblée ?

- je vous l’ai déjà dit, il y avait des obstacles qui l’ont empêché.

L : Pourquoi tu n’es pas allé à l’armée, défendre le pays avec des armes ?

- mon âge ne le permet pas …

L : Et toi, tu as des enfants ?

- oui, une fille

L : pourquoi elle n’est pas allée comme infirmière ?

- elle n’est pas ici

L : Elle vit où ?

- en dehors des frontières de l’Ukraine

L : Oh !! Oh !!! Où elle vit, ta fille ?

- elle est mariée, à l’étranger

L : Voilà ! Comme ça, vous tous, vous êtes des parasites ! Vos enfants…

- je n’y suis pour rien !

L : Tes enfants sont à l’étranger, les nôtres sont tués ! Alors, écris ! Ne me mets pas hors de moi…
Ecris ! « Déclaration au Peuple d’Ukraine, de la part d’un lâche, traître » C’est quoi ton nom de famille ?

- Samsonov

L : « Déclaration de repentir » Ecris, sinon je te mets en prison et tu vas y rester 15 ans pour complicité de séparatisme ! « Moi, Samsonov,…. Avec mon inaction, je n’ai pas empêché les terroristes de prendre la ville…. Virgule…. Ce qui a amené à une grande quantité de victimes humaines »

- ce n’est pas vrai !

L : C’est le tribunal qui va trier. Ecris ! « En ce lie… virgule…. Par ma lâcheté, parce que j’ai trahi la confiance des gens… virgule….j’annonce ma démission…. Point »
Et la dernière phrase : « J’appelle tous ceux qui sont favorables aux séparatistes à démissionner également de leur poste » [il répète chaque mot] Après, on continue : « C’est écrit par moi, sans pression »

- je ne peux pas !…

L : Mais pourquoi ? Ecris ! Ecris parce qu’après tu vas dire que j’ai fait pression sur toi [sic !] Ecris, écris, punaise de l’arrière ! « Par moi, écrit de mon plein gré ». Ici [dans la pièce], il y a plein de témoins qui vont témoigner ! « Ecrit de mon plein gré, sans pression ». Et à la fin : « Slava Oukraïna,… Slava Oukraïna, mort aux occupants ! ». Signe et date !

[L. s’empare de la feuille]

On va publier. Rassemble les conseillers. Va les chercher dans leurs tanières, parce que, sinon, c’est moi qui vais y aller ! Fais les s’assembler et prendre la décision pour l’auto-démission [re-sic]. Tu vas chercher les traîtres comme toi pour la dissolution comme traîtres et comme lâches, ceux qui ont trahi la confiance. Si vous ne le faites pas,, dans trois jours, c’est moi qui viendrai vous dissoudre et “des gens” vont venir…
Il ne faut pas que tu te caches derrière Tarouta [un oligarque de Donetsk]. Ceux qui font pareil sont responsables de la chute de la ville entre les mains des terroristes.

Est-ce que j’ai été clair ?…

(merci de traduire ses propos en commentaire, et les suivants)

Là il interroge un prisonnier (mais que fait Caroline Fourest ?) (sous-titres en anglais si vous cliquez sur le bouton)

Comme c’est un nationaliste ukrainien, il porte “logiquement” une combinaison avec le drapeau allemand…

Enfin, un petit Best of dans le Dombass :

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Sinon, normal :

Le président Porochenko alterne déclarations guerrières, telle sa promesse, vendredi, après la salve meurtrière de roquettes Grad, de venger chaque soldat mort “par des dizaines et des centaines” de rebelles tués, et propos rassurants à l’égard des habitants des zones sous contrôle rebelle.”

No comment…

Sinon :

A l’ONU, Moscou a proposé au Conseil de sécurité des “éléments” d’une future résolution qui exigerait de Kiev et des insurgés prorusses un cessez-le-feu et donnerait un rôle plus important à l’OSCE. Une des propositions russes est que le Conseil “exige de manière impérative des parties ukrainiennes au conflit qu’elles cessent la violence”. Cela s’adresse aussi aux insurgés prorusses dans l’Est, a précisé l’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine.

mais bon, personne n’en parle…

Cela vient du NouvelObs (prose AFP) :

“Seule éclaircie à l’horizon, l’agence de notation financière Standard and Poor’s a qualifié de “stable”, au lieu de “négative” précédemment, la perspective de la dette souveraine de l’Ukraine, grâce au plan d’aide du Fonds monétaire international qui devrait permettre au pays de faire face à ses besoins financiers extérieurs.”

Belle “éclaircie”…

Bon, je chipote, car par exemple, sur leMonde, il n’y a bien entendu pas de reprise des propos de Porochenko…

Source: http://www.les-crises.fr/liachko-dans-ses-oeuvres-a-slaviansk/