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“L’Europe a déclaré la guerre à la Grèce”

Saturday 4 July 2015 at 01:41

Pour Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza, le déroulement de la crise grecque “signe la fin d’une certaine idée de l’Europe”, dont il dénonce le caractère “antidémocratique”.

Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza et professeur de philosophie critique au King's College de Londres. (Stefania Mizara pour L'Obs)

Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza et professeur de philosophie critique au King’s College de Londres. (Stefania Mizara pour L’Obs)

Pourquoi le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a-t-il décidé un référendum ?

- Alors qu’il avait signé de sa propre main les dernières propositions présentées aux institutions européennes, celles-ci ont voulu le soumettre à un exercice d’humiliation en lui demandant d’aller encore plus loin, au-delà de ce qui était politiquement gérable par lui : il était devenu clair que son propre parti, sa majorité parlementaire et une partie croissante de la société n’étaient pas prêts à faire davantage de concessions.

Comment en est-on arrivé là ?

– Il n’y a pas eu de négociations. Le terme est inadéquat pour décrire ce qui s’est passé. Les institutions européennes ont gardé la même ligne depuis le début : imposer à Tsipras un plan d’austérité, le forcer à rester dans un cadre identique à celui de ses prédécesseurs et montrer ainsi que les élections en Europe, a fortiori quand c’est un parti de gauche radicale anti-austérité qui gagne, ne changent rien aux politiques qui sont suivies.

Ce qu’on appelle des négociations n’a été qu’un piège mortel qui s’est refermé sur Tsipras. Son erreur, c’est de ne pas l’avoir compris à temps. Il pensait qu’en poussant les discussions le plus loin possible les Européens finiraient par se résoudre au compromis plutôt que de prendre le risque d’une rupture. Mais ils n’ont rien cédé, alors même que lui a perdu beaucoup : il a fait d’énormes concessions, l’opinion publique s’est habituée à l’idée qu’un accord était possible, les caisses publiques sont vides.

N’a-t-il pas aussi fait l’erreur de croire qu’il pouvait obtenir moins d’austérité tout en restant dans l’euro ?

– Je fais partie de la tendance, au sein de Syriza, qui pense depuis le début que vouloir concilier le rejet de l’austérité et le maintien dans la zone euro est contradictoire. Or on a vu, dès que la Banque centrale européenne a décidé en février de couper le principal moyen de financement des banques grecques, que ce n’était pas possible. L’arme monétaire a servi de moyen de pression sur la Grèce afin de la forcer à renoncer à sa politique anti-austérité.

Le dernier épisode de ce chantage, c’est lorsque l’Eurogroupe, en refusant de prolonger le programme actuel, a contraint Tsipras à fermer les banques cette semaine. Le but est politique : en prenant les Grecs en otage et en créant une situation de panique, notamment dans les classes moyennes et aisées, il s’agit soit de forcer le gouvernement à ne pas aller jusqu’au référendum, soit de dicter les conditions de son déroulement et de favoriser le camp du oui. L’Europe a déclaré la guerre à la Grèce.

La société grecque semble très divisée…

– Oui, deux tendances s’affrontent. Le camp du non s’appuie sur une partie de la population très affectée par l’austérité, qui perçoit les exigences de la troïka comme une volonté d’humilier la Grèce. Mais le camp du oui, renforcé par la peur que suscite la fermeture des banques, est aussi en train de se structurer. Nul doute que ce référendum est un acte politique courageux. Les décisions importantes sont toujours risquées. On avait fini par oublier au fil du temps que la politique s’est rapetissée en Europe.

“La fin d’une illusion sur l’Europe”

Quels sont les scénarios possibles à l’issue du référendum ?

– Une victoire du oui serait une défaite majeure pour Tsipras et le contraindrait sans doute à organiser de nouvelles élections. Mais une victoire du non renforcerait sa détermination face aux institutions européennes en lui donnant un mandat différent de celui du 25 janvier : il s’agirait désormais de rompre avec l’austérité, quelles qu’en soient les conséquences – y compris si cela signifie sortir du cadre européen. Lorsqu’il a annoncé la tenue du référendum, c’était la première fois que le mot “euro” ne figurait pas dans son discours. Ce n’est pas un hasard.

Est-ce l’acte de décès de l’Europe ?

– Tout le déroulement de la crise grecque signe la fin d’une certaine idée, ou plutôt d’une illusion entretenue au sujet de l’Europe. Son caractère antidémocratique qui ne respecte que la loi du plus fort, son néolibéralisme qui méprise tout contrôle démocratique sont perceptibles par tous désormais. Tous ont pu se rendre compte que, même si Syriza n’a cherché qu’une rupture partielle avec les politiques d’austérité, une rupture modérée, pragmatique, et sans remettre en question les fondamentaux du cadre européen, l’affrontement a été ultraviolent. Simplement parce que ce gouvernement n’était pas prêt à capituler face au diktat néolibéral.

Même si l’Europe parvient à vaincre la résistance des Grecs, elle paiera, je crois, un prix très lourd pour son attitude. Car la Grèce n’est que la pointe avancée de la crise européenne : le projet communautaire est de moins en moins soutenu par les opinions publiques.

Source : Sarah Halifa-Legrand, pour L’Obs, le 2 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/leurope-a-declare-la-guerre-a-la-grece/


[El Pais] Et si Varoufakis avait raison ?

Saturday 4 July 2015 at 00:45

Yanis Varoufakis, le 11 juin dernier à Athènes. / ALKIS KONSTANTINIDIS (REUTERS)

“La Grèce est le pays qui a mené le plus de réformes pendant la crise.” L’auteur de cette phrase n’est pas le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, mais une banque allemande, Berenberg, qui depuis quelques années étudie l’état des réformes – ce mot magique – dans la zone euro. Les institutions connues auparavant sous le nom de troïka et les associés européens insistent sur le fait que, malgré cela, le pays a besoin de plus de réformes. Et c’est vrai. Mais la dernière proposition des créanciers pour éviter un défaut de paiement exige de la Grèce, en plus d’un excédent budgétaire de 1% du PIB cette année, une coupe budgétaire de quelques 3 milliards de plus. Pas un seul mot sur la restructuration de la dette. Une dizaine d’économistes de premier plan s’accordent à dire que ce plan est une erreur.

Le premier ministre, Alexis Tsipras, a remporté les élections avec un programme fondé sur une stratégie exactement à l’inverse : mettre fin à l’austérité et obtenir un allègement de la dette. Tout l’argumentaire du controversé Varoufakis s’articule autour de ces deux pivots. Les experts consultés ne sont pas d’accord avec le style du ministre, mais estiment que ce point de vue est incontestable. « La dette grecque est insoutenable. L’Europe doit enfin le reconnaître et accepter une restructuration en échange de réformes », a déclaré Marcel Fratzscher, directeur du think tank allemand DIW. « Nous pouvons continuer à faire semblant de croire que la Grèce va tout payer, mais c’est une erreur de continuer à nier la réalité et lui faire la morale, en pensant que la Grèce doit être punie », ajoute le libéral Paul De Grauwe de la London School. « La restructuration est essentielle et elle arrivera », explique Barry Eichengreen, de l’Université Berkeley. Ken Rogoff, de l’Université Harvard, avance pour sa part que « le jour où cela sera admis n’est qu’une question de temps ».

Cinq ans après la découverte du péché originel – les Grecs ont menti comme des arracheurs de dents sur leurs comptes publics -, la zone euro semble prête à répéter de vieilles erreurs. Ses dernières propositions « semblent mieux conçues pour éviter un problème politique à Berlin ou Madrid que pour résoudre les difficultés de la Grèce », remarque Athanasios Orphanides, ancien gouverneur de la Banque de Chypre. Il se plaint que « la saga grecque soit la constatation du fait que la confiance dans le projet européen ait disparu à cause d’une combinaison d’intérêts nationaux, de jugements moraux et de la résurgence de stéréotypes ».

Excédent inatteignable

Les économistes sont non seulement d’accord sur la nécessité de restructurer la dette, mais aussi sur le fait de critiquer les objectifs budgétaires fixés. « La Grèce ne peut tout simplement pas parvenir à un excédent budgétaire de 1% cette année. Au milieu d’une récession, demander plus d’austérité est contre-productif : après la catastrophe de ces dernières années, il est incroyable que nous continuions sur cette voie », explique Simon Wren-Lewis, d’Oxford. Pour Charles Wyplosz, de l’Institut universitaire, « l’imposition de coupes budgétaires supplémentaires montre à quel point les gouvernements européens sont loin d’assumer leur responsabilité dans les graves erreurs commises dans le passé. » « Une autre vague de réductions budgétaires aggravera les choses. Nous ne retenons pas les leçons : il ne s’agit plus d’un débat économique, mais politique et plein de tabous », dit Wyplosz. « Il serait plus logique de demander un budget équilibré cette année, avec des objectifs plus ambitieux plus tard. Et d’accompagner cette concession de la promesse d’une restructuration avec la condition de mettre en place des réformes. Cela est facile à dire, mais moins facile à faire pour les ministres de l’euro », selon Angel Ubide, de l’Université Peterson.

La fin des négociations approche. La tension est de retour, et avec elle la possibilité d’une sortie de la Grèce de l’euro. « Si les créanciers étaient raisonnables sur les objectifs en matière fiscale et la restructuration de la dette, on ne parlerait plus de Grexit ; nous n’aurions pas perdu tout ce temps », critique Kevin O’Rourke, du Trinity College. Lorenzo Bini Smaghi, ex-conseiller à la BCE, pense qu’une sortie de la Grèce « pourrait renforcer l’euro à moyen terme, mais la transition serait problématique et nécessiterait des mesures courageuses en matière d’intégration et surtout une BCE très active. » « Le Grexit aurait des conséquences limitées à court terme, mais à moyen terme cela suppose une révolution copernicienne : cela reviendrait à dire aux marchés que la zone euro est un arrangement provisoire, et que quand la prochaine récession frappera les rivages de l’Europe ils pourront commencer à chercher le candidat suivant pour en sortir », conclut de Grauwe.

Source : El Pais, le 16/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/el-pais-et-si-varoufakis-avait-raison/


16 chiffres qui montrent qui paye la crise grecque

Saturday 4 July 2015 at 00:33

Poverty in Greece

Sur le blog économique Macropolis, Nick Malkoutzis, rédacteur en chef adjoint du journal grec Kathimerini, communique deschiffres qui témoignent des ravages que la crise de la dette a occasionnés dans son pays.

Vu de l’extérieur, les quelques Athéniens décontractés qui dégustent leur tasse de café en terrasse, ou les îliens qui s’attardent à l’apéritif peinent à décrire les conséquences bien concrètes de cette crise pour l’homme de la rue. Et comme nous ne sommes pas confrontés à ce qui se passe dans les salons, bureaux, bâtiments d’usine et les hôpitaux, nous ne pouvons pas voir l’impact réel et dérangeant de la crise grecque. Les indicateurs suivants nous rappellent cependant comment ce pays de l’UE a été catapulté au siècle dernier:

✔ 34,6% de la population vit dans la pauvreté ou dans l’exclusion sociale, ou est susceptible d’y glisser (chiffres 2012).

✔ Depuis le début de la crise, le revenu disponible des ménages a chuté de 30%.

✔ 34,8% des ménages grecs ont des arriérés à l’égard de l’Etat, des banques, de la sécurité sociale ou d’autres services publics.

✔ Plus de 40% pensent qu’il ne seront pas en mesure de remplir leurs obligations financières cette année.

✔ Le Service public de fourniture d’électricité coupe l’approvisionnement électrique de près de 30.000 familles et entreprises chaque mois en raison de factures impayées.

✔ Depuis le début de la crise, le chômage a augmenté de 160%. Près de 3,5 millions d’employés travaillent pour soutenir 4,7 millions de chômeurs et d’inactifs.

✔ Les chômeurs reçoivent une indemnité de chômage de 360 euros pendant les 12 premiers mois de leur chômage. En conséquence, seulement 15% des 1,4 millions de chômeurs reçoivent des prestations. Les travailleurs indépendants (25% du nombre total de personnes actives) n’ont pas droit à ces prestations.

✔ Les transferts sociaux devraient être réduits de 18% cette année. Le budget de la santé a été réduit de 11,1% entre 2009 et 2011. Aucun pays de l’OCDE n’a réalisé une coupe aussi importante sur ce budget.

✔ La pension moyenne de base se monte à moins de 700 euros, et depuis 2010, elle a été réduite d’un quart. Il est prévu que ce montant soit encore réduit de moitié sur les prochaines années.

✔ Pour 48,6% des ménages, la pension est la principale source de revenus.

✔ Selon une étude de l’Université d’Athènes, 12,3% des Grecs souffrent de dépression clinique. Ils n’étaient que 3,3% en 2008.

✔ Environ 800 000 personnes vivent sans accès aux soins de santé et dans certaines régions, des organisations humanitaires telles que Médecins du Monde ont dû se substituer au système de santé national pour fournir des soins et des médicaments aux personnes les plus vulnérables.

✔ La réduction du nombre de seringues et de condoms disponibles pour les toxicomanes a provoqué une forte hausse des cas d’infection au VIH, les faisant passer de 15 en 2009 à 484 en 2012.

✔ Les chercheurs notent également une augmentation de 21% du nombre d’enfants mort-nés, qu’ils ont attribuée aux restrictions d’accès aux soins prénatals.

✔ La mortalité infantile a augmenté de 43% entre 2008 et 2010.

✔ Enfin, le taux de suicide est également en hausse, et alors qu’on en avait compté 400 en 2008, on a dénombré 500 cas de suicides en 2011.

Source : Audrey Duperron, pour Express.be, le 18 mars 2014.

Source: http://www.les-crises.fr/16-chiffres-qui-montrent-qui-paye-la-crise-grecque/


Grèce : Ruth Elkrief, représentante de la Troïka, questionne Jacques Sapir

Saturday 4 July 2015 at 00:02

Le lundi 29 juin au soir, Ruth Elkrief recevait, sur le plateau de BFMTV, l’économiste Jacques Sapir. Ce dernier, connu pour ses positions hétérodoxes, entre autres et notamment sur la question de la construction européenne et de l’Euro, a pu faire entendre un autre son de cloche que celui auquel nous avons été accoutumés ces derniers jours. Tant mieux pour le pluralisme.

Mais, et quand bien même il ne s’agit pas ici de juger du bien-fondé des opinions de Jacques Sapir, force est de constater que les questions posées par Ruth Elkrief ne ressemblaient guère à celles d’une intervieweuse, mais plutôt à celles d’une avocate des institutions européennes. Un cas exemplaire de ces interviews « made in Troïka », dont la motivation principale ne semble pas être celle d’informer, mais plutôt de défendre un point de vue anti-Tsipras sous couvert de « questions » largement inspirées par les aficionados de l’eurocratie.

Peut-être dira-t-on que Ruth Elkrief se fait l’avocate du diable. Mais la ressemblance avec une procureure ne laisse planer aucun doute : elle se comporte en attachée de presse de la Troïka. Démonstration avec une transcription intégrale des questions qu’elle a posées à Jacques Sapir [1].

- Ruth Elkrief : « Bonsoir Jacques Sapir, merci d’être l’invité de BFM TV, vous êtes directeur d’études à l’École des Hautes Études, et vous approuvez l’initiative d’Alexis Tsipras de faire ce référendum prévu dimanche sur la proposition européenne sur laquelle on va revenir. Est-ce qu’Alexis Tsipras est courageux ou irresponsable ? »

Une belle entrée en matière.

Et la suite est encore plus savoureuse :

- Ruth Elkrief : « Est-ce que ce n’est pas un aveu de faiblesse [de Tsipras] ? C’est Jean-Dominique Giuliani de la Fondation Robert Schuman qui dit “ça n’a rien à voir avec la démocratie c’est un aveu de faiblesse, qui emprunte tout aux techniques de rupture dont Tsipras est issu, qui laisse à penser que, parvenu au pouvoir sur les décombres d’un système politique à bout de souffle, il ne veut pas l’exercer. Il prend le peuple grec en otage en lui demandant de se prononcer sur un texte qui n’existe pas, faute d’avoir été capable de conclure une négociation sérieuseavec ses créanciers” ».

Remercions « Jean-Dominique Giuliani de la Fondation Robert Schuman », qui a permis à Ruth Elkrief de poser une question des plus innocentes, destinée de toute évidence à informer, en toute objectivité, les téléspectateurs de BFMTV.

- Jacques Sapir : « (…) Les Grecs sont abreuvés d’informations depuis maintenant cinq mois, et ils vont pouvoir donner leur avis… ».

- Ruth Elkrief : « Et ils auront peut-être un gouvernement qui va faire une campagne en cinq jours contre l’accord ».

Un gouvernement qui prend partie dans une campagne référendaire ? Voilà qui ne pourrait guère se produire dans nos contrées.

- Jacques Sapir : « (…) S’il y avait eu de vraies négociations on n’en serait peut-être pas arrivés là, mais ça, ça n’a pas dépendu ni de Tsipras ni de Varoufakis ».

- Ruth Elkrief : « Alors Jean-Claude Juncker dit l’inverse évidemment, il s’estime trahi, lâché et, on l’a entendu avec Michel Sapin tout à l’heure, Michel Sapin dit “on a fait beaucoup d’efforts, on a proposé que la retraite soit au même âge, que le départ à la retraite soit au même âge que dans de nombreux autres pays, qu’on augmente la TVA parce qu’elle est inférieure dans certaines parties de la Grèce à ce qu’on paye en France, et on allait parler de la dette, on allait parler de la restructuration de la dette, c’était sur la table“. Donc il nous a joué un tour, enfin il ne l’a pas dit, mais je pense qu’il le pensait (sic), il est parti de la table des négociations alors que tout était là  ».

Notons que Ruth Elkrief se réfugie de nouveau derrière deux témoins des négociations en cours, dont les positions éclairent, sans aucun parti pris, les enjeux du débat. Notons aussi, et surtout, que l’intervieweuse, à force de ne pas assumer ses propres positions, en arrive à « penser ce que pense » Michel Sapin, sans craindre de frôler le ridicule.

- Jacques Sapir : « (…) D’une certaine manière, quand Monsieur Tsipras et Monsieur Varoufakis ont proposé un plan fiscal qui allait au-delà des demandes… »

- Ruth Elkrief (l’interrompt) : « Non mais là-dessus, là-dessus, vous savez ce qu’ils [J-C. Juncker et M. Sapin ?] disent : allez-y, mettez au point ce plan fiscal, ça fait quatre mois et demi, les armateurs, l’Église, y’a rien qui est… enfin c’est ça, on n’a rien vu venir ! »

« On » ?

- Ruth Elkrief : « Mais comment est-ce que l’Eurogroupe peut avoir confiance dans une réforme fiscale qui ne prend… »

- Jacques Sapir (l’interrompt) : « Comment les Grecs pourraient-ils avoir dans ce cas-là confiance dans le parole de l’Eurogroupe ? C’est exactement le même problème. »

- Ruth Elkrief : « Enfin, c’est différent mais, si vous voulez, bien sûr. Mais en tout cas le sentiment est que depuis que Tsipras est arrivé tout était à l’arrêt, que les banques sont au bord du dépôt de bilan, que les ménages grecs ne remboursent plus leurs crédits puisque Syriza a annoncé qu’il empêcherait les saisies, et donc qu’il y a une sorte de laxisme dans l’État qui suscite la méfiance ».

Rien à voir avec une sorte de laxisme journalistique, qui ne peut que susciter la confiance.

- Jacques Sapir : « (…) Peut-être que l’Eurogroupe peut ne pas avoir confiance dans le plan fiscal proposé par Alexis Tsipras, mais comment voulez-vous que Monsieur Alexis Tsipras et Monsieur Yanis Varoufakis aient la moindre confiance dans des proclamations sur “oui on va…” »

- Ruth Elkrief (l’interrompt) : « Bah tout simplement parce que l’Eurogroupe allonge l’argent. Tout simplement ! »

Nous y voilà. Tout simplement.

- Jacques Sapir  : « (…) Si on a traité la question de la dette, la Grèce n’a plus besoin d’argent puisqu’elle est en excédent primaire, vous voyez, ce qui veut dire aussi que la Grèce a bien fait un effort considérable ! Combien y a-t-il de pays qui sont en excédent primaire dans l’Union européenne ? »

- Ruth Elkrief : « Pas la France en tout cas. Mais Jacques Sapir, ce qu’on entend aussi d’un certain nombre d’économistes favorables au plan de l’Eurogroupe, aux Européens (sic), c’est qu’aujourd’hui on pourrait restructurer la dette, éventuellement on pourrait en discuter, mais si les réformes de l’Eurogroupe ne sont pas faites, alors on crée la dette de demain, et donc on ne règle rien, on continue à creuser cette dette pour les cinquante prochaines années ».

Remercions « un certain nombre d’économistes favorables au plan de l’Eurogroupe », qui ont permis à Ruth Elkrief de poser, de nouveau, une question des plus innocentes, destinée de toute évidence à informer, en toute objectivité, les téléspectateurs de BFMTV.

- Ruth Elkrief : « Jacques Sapir, si dimanche les Grecs votent non, le pays sort de la zone Euro ».

- Jacques Sapir : « Pas nécessairement ».

- Ruth Elkrief : « En tout cas, c’est comme ça que ça se pose, c’est-à-dire qu’on a entendu y compris François Hollande dire tout à l’heure… »

- Jacques Sapir : « Ce sera une décision de l’Eurogroupe, ça ne sera pas la décision des Grecs ».

- Ruth Elkrief : « Ça sera interprété comme une décision de sortie de l’Euro ».

Interprété par qui ?

- Jacques Sapir : « À ce moment-là si vous voulez l’Eurogroupe peut faire toutes les interprétations qu’il veut, ce n’est pas la question posée, et le gouvernement grec continue de dire, je ne suis pas d’accord d’ailleurs avec lui là-dessus, mais il continue de dire qu’il entend rester dans la zone Euro. Il faut l’écouter ».

- Ruth Elkrief : « Ça voudrait dire quand même qu’il y a un risque de revenir à la drachme, qui est bien plus faible, qui serait bien plus faible que l’euro, et donc il y a un risque d’appauvrissement des Grecs ».

Grecs qui, il est vrai, se sont largement enrichis ces dernières années.

- Ruth Elkrief : « C’est aussi une vraie menace sur un certain nombre d’autres pays fragiles, alors pas la France, puisque les taux ont baissé aujourd’hui, mais l’Espagne, le Portugal, qui sont visés, qui sont ciblés. Et donc il y a aussi, peut-être, de la part d’Alexis Tsipras, une irresponsabilité dans ce domaine-là, c’est-à-dire de rejeter un peu le mistigri sur les autres pays ».

On en revient ainsi à la première question, avec la confirmation que celle-ci n’en était pas une : Alexis Tsipras est « irresponsable ».

- Ruth Elkrief  : « Merci beaucoup Jacques Sapir, merci pour toutes ces explications ».

Merci beaucoup à la Troïka, merci pour cette interview.

Notes
[1] Nous n’avons conservé les réponses de Jacques Sapir que lorsqu’elles permettaient de comprendre les questions de l’intervieweuse.

Source : Julien Salingue, pour Acrimed, le 2 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-ruth-elkrief-representante-de-la-troika-questionne-jacques-sapir/


Revue de presse du 04/07/2015

Saturday 4 July 2015 at 00:01

Une première cette semaine avec un (très bon) article de Causeur ! Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-04072015/


[Incroyable !] Après l’Argentine, le Brésil dément les propos de Michel Sapin sur la Grèce

Friday 3 July 2015 at 04:22

Incroyable, ces types mentent encore bien plus qu’en 1992 :

« Maastricht apporte aux dernières années de ce siècle une touche d’humanisme et de Lumière qui contraste singulièrement avec les épreuves cruelles du passé. » (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Monde, 6.5.92)

« Le traité d’union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. » (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Figaro, 20.8.92)

Mais la différence c’est que désormais, Internet veille…

Mis à jour le 2 juillet : après l’ambassadrice d’Argentine en France, Mme María del Carmen Squeff, le conseiller spécial de la présidente brésilienne Marco Aurélio Garcia dément les propos tenus lundi 29 juin 2015 sur France Inter par le ministre français des finances Michel Sapin.

Lors de la matinale de Patrick Cohen, M. Sapin a été interrogé sur le rôle du Fonds monétaire international (FMI) dans la rupture des négociations entre la Grèce et ses interlocuteurs : « Et le FMI ? Tsipras dénonçait la “responsabilité criminelle” du FMI ; est-ce qu’il y a un problème FMI, comme beaucoup le pensent à Bruxelles ? »

Le ministre reprend alors un argument régulièrement avancé par les créanciers d’Athènes. Leur inflexibilité ne découlerait pas d’un choix politique — celui de voir échouer Syriza. Elle s’expliquerait par les pressions exercées par d’autres pays, d’autant plus compréhensibles qu’elles émanent de nations ayant elles-mêmes subi des programmes d’ajustement structurel : « Le FMI ne répond pas devant des pays d’Europe, il répond de sa responsabilité devant l’ensemble des pays du monde, déclare M. Sapin. Et dans ces pays du monde, savez-vous ceux qui étaient les plus exigeants ? L’Argentine, le Brésil. Des pays qui avaient, par le passé, bénéficié de l’aide du FMI et qui posaient une question à la directrice générale [Christine Lagarde] : “Pourquoi êtes-vous plus flexible avec un pays européen que vous ne l’avez été avec nous ?” »

Interrogée par Le Monde diplomatique, Mme del Carmen Squeff dément dans un courriel daté du 30 juin 2015 : « Cette information est totalement inexacte. L’Argentine s’est solidarisée avec la Grèce. D’ailleurs, (…) le ministre [Axel] Kicillof et le chef de cabinet de la présidente Cristina Fernández de Kirchner, M. Aníbal Fernández, ont publiquement soutenu le gouvernement et le peuple grecs, et ont dénoncé les politiques d’ajustement que l’ex-Troïka entend leur imposer. » Invité à réagir, le cabinet du ministre n’a pas souhaité donner suite à notre demande.

Dans un courriel adressé à l’édition brésilienne du Monde diplomatiquele 1er juillet 2015, le Brésil dément également officiellement : « Je viens juste de parler au Professeur Marco Aurélie Garcia, qui se trouve aux Etats-Unis avec la présidente Rousseff [dont il est le conseiller spécial], nous écrit M. Bruno Gaspar, collaborateur de M. Garcia. Il me demande de vous transmettre le message qu’il dément officiellement l’information du ministre français des finances. »

Dans les manuels de formation destinés aux négociateurs en herbe, la stratégie visant à justifier sa position par l’inflexibilité de ses partenaires constitue l’une des toutes premières leçons. On prévient en général les participants qu’essuyer un démenti les exposerait au ridicule. La préoccupation ne semble pas figurer au nombre des priorités des « partenaires » d’Athènes.

Source : Renaud Lambert, pour Le Monde Diplomatique, le 1er juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/incroyable-apres-largentine-le-bresil-dement-les-propos-de-michel-sapin-sur-la-grece/


La Grèce au bord du précipice, par Paul Krugman

Friday 3 July 2015 at 03:51

 

Cela fait déjà quelques temps qu’il apparaît évident que la création de l’euro fut une terrible erreur. L’Europe n’a jamais eu les conditions requises pour la mise en place avec succès d’une monnaie unique – notamment le genre d’union bancaire et fiscale qui, par exemple, fait en sorte que lorsqu’une bulle immobilière éclate en Floride, Washington protège automatiquement ses concitoyens les plus âgés contre toute menace envers leur protection de santé ou leurs économies bancaires.

Par contre, quitter une union monétaire est une tâche bien plus ardue et plus effrayante que la décision de ne jamais la rejoindre et jusqu’à aujourd’hui, même les économies les plus troublées du Vieux Contient se sont éloignées encore et encore de ce précipice. Les gouvernements se sont soumis, encore et encore, aux exigences des créditeurs pour une austérité toujours plus sévère, alors que la Banque Centrale Européenne a réussi à contenir la panique des marchés. Mais la situation en Grèce a atteint aujourd’hui ce qui semble être un point de non-retour. Les banques sont fermées momentanément et le gouvernement a imposé des contrôles sur les capitaux – des limites sur les sorties de capitaux du pays. Il semble très probable que le gouvernement devra bientôt payer des pensions de retraites et des salaires en mandats, créant ainsi une monnaie parallèle. Et la semaine prochaine il y aura un référendum dans le pays pour savoir s’il faut accepter les exigences de la “troïka” – c’est-à-dire les institutions qui représentent les intérêts des créditeurs – pour encore plus d’austérité.

La Grèce devrait voter non et le gouvernement grec devrait être prêt, si nécessaire, à quitter l’euro.
Afin de comprendre pourquoi je dis ça, il vous faut vous rendre compte que la plupart – pas toutes mais la majorité – des choses que vous avez entendues à propos d’une Grèce dépensière et irresponsable sont fausses. Oui, le gouvernement grec dépensait plus que ce qu’il pouvait se permettre à la fin des années 2000.

Mais il a depuis sabré dans les dépenses de manière répétée et relevé les impôts. Le nombre de fonctionnaires de l’état a chuté de plus de 25 pourcent et les pensions de retraite (qui étaient, en effet, trop généreuses) ont été réduites de manière drastique. Si l’on ajoute à cela toutes les mesures d’austérité, cela est plus que suffisant pour combler les déficits d’origine et les transformer en excédent important.

Pourquoi cela ne s’est-il donc pas produit ? Parce que l’économie grecque s’est effondrée, en grande partie à cause de ces mesures d’austérité, entraînant les revenus dans sa chute.

Et cet effondrement est lui-même largement lié à l’euro, qui a piégé la Grèce dans une camisole de force économique. Les cas d’austérité qui fonctionnent, dans lesquels les pays maîtrisent leurs déficits sans entraîner une dépression, impliquent typiquement des dévaluations importantes de leurs monnaies, ce qui rend leurs exportations plus compétitives. C’est par exemple ce qui s’est passé pour le Canada dans les années 1990 et de manière tout aussi importante, ce qui s’est passé plus récemment en Islande. Mais sans sa propre monnaie, la Grèce n’avait pas cette option.
Est-ce que je viens juste de défendre le “Grexit” – la sortie de la Grèce de l’euro ? Pas forcément. Le problème avec le Grexit a toujours été le risque d’un chaos financier, d’un système bancaire perturbé par des retraits massifs et d’entreprises handicapées à la fois par des problèmes bancaires et par une certaine incertitude quant au statut légal de leurs dettes. Voilà pourquoi les gouvernements successifs en Grèce ont répondu favorablement aux exigences d’austérité et pourquoi même Syriza, la coalition de gauche au pouvoir, était prête à accepter l’austérité qui a déjà été imposée. Dans les faits, tout ce que Syriza demandait, c’était l’arrêt de davantage d’austérité.

Mais la troïka refuse catégoriquement. C’est facile de se perdre dans les détails, mais le point essentiel aujourd’hui c’est que l’on a présenté à la Grèce une offre à prendre ou à laisser, une offre qui est impossible à différencier des mesures en place depuis ces cinq dernières années.

Voilà une offre, et c’était certainement prévu ainsi, qu’Alexis Tsipras, le premier ministre grec, ne peut accepter parce que cela détruirait sa raison d’être politique. Le but est donc de le faire démissionner, ce qui va probablement se produire si les électeurs grecs ont suffisamment peur de la confrontation avec la troïka pour voter oui la semaine prochaine.

Mais ils ne devraient pas, et ce pour trois raisons. La première, c’est que nous savons qu’une austérité toujours plus dure est une impasse : après cinq ans ainsi, la Grèce va plus mal que jamais. La deuxième, c’est qu’une grande partie, et peut-être la partie la plus importante du chaos qui serait engendré par le Grexit s’est déjà produite. Avec la fermeture des banques et le fait que l’on impose des contrôles sur les capitaux, on ne peut pas faire beaucoup plus de dommages.

Enfin, céder à l’ultimatum de la troïka serait l’abandon ultime de toute idée d’une soi-disant indépendance de la Grèce. Ne vous laissez pas prendre par des affirmations selon lesquelles les responsables de la troïka ne sont que des technocrates expliquant aux grecs ignorants ce qui doit être fait. Ces soi-disant technocrates sont en fait des fantaisistes qui ont ignoré sciemment tout ce que nous connaissons de la macro économie et qui se sont trompés à toutes les étapes. Il ne s’agit pas d’analyse mais de pouvoir – le pouvoir des créditeurs de mettre à genoux l’économie grecque, qui perdurera tant qu’une sortie de l’euro est envisagée comme impensable.

Il est donc temps de mettre un terme à cette “impensabilité“. Sinon la Grèce se retrouvera face à une austérité sans fin, et une dépression infinie.

Source : Paul Krugman, pour la RTBF, le 30 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-au-bord-du-precipice-par-paul-krugman/


Miscellanées du vendredi (Delamarche, Béchade)

Friday 3 July 2015 at 01:30

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “Ça fait 20 ans qu’on nous dit “demain ça ira mieux” ” – 29/06

Olivier Delamarche VS Rachid Medjaoui (1/2): “Il faut que les Grecs comprennent que le seul moyen pour eux de s’en tirer est de sortir de l’euro” – 29/06

Olivier Delamarche VS Rachid Medjaoui (2/2): “La Grèce n’aurait jamais dû entrer dans l’euro” – 29/06

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : “Patrick Drahi a réévalué la cote de Bouygues” – 24/06

Philippe Béchade VS Thomas Vlieghe (1/2): Marchés: Doit-on s’attendre à un scénario catastrophe en Grèce et en zone euro ? – 24/06

Philippe Béchade VS Thomas Vlieghe (2/2): Peut-on espérer une amélioration des résultats d’entreprises cet été ? – 24/06


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-vendredi-03-07-15/


L’imposture Tsipras, par JM Colombani

Friday 3 July 2015 at 01:12

Rappelons que la prose de cet ancien dirigeant du Monde (qui l’a transformé en le torchon actuel) est distribuée gratuitement dans la presse gratuite…

Je ne commente pas à ce stade.

Alexis Tsipras, le 5 juin 2015. REUTERS/Alkis Konstantinidis.

Alexis Tsipras, le 5 juin 2015.

Le gouvernement grec s’est engagé dans une fuite en avant idéologique pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle il a mené son pays.

Alexis Tsipras et son parti Syriza ont montré leur vrai visage: celui d’un groupe de rupture, antisystème, anticapitaliste, et pour finir anti-européen, dont le modèle, s’il existe, doit être recherché du côté du Venezuela de feu Hugo Chavez. Un national-populisme avec comme moteur en lieu et place de la dénonciation du diable américain, une intense propagande anti-allemande faisant de la seule Angela Merkel la responsable de tous les maux de la Grèce. On comprend mieux désormais pourquoi, en quête d’un allié au lendemain des élections législatives qui l’ont porté au pouvoir, alors que des petits partis pro-européens étaient disponibles, Alexis Tsipras avait choisi «les Grecs indépendants», c’est-à-dire un mouvement authentiquement d’extrême-droite, antisémite et anti-européen.

La proposition de loi, par ailleurs juridiquement discutable, votée à la hâte pour organiser le référendum pour ou contre un accord avec l’Eurogroupe, a été approuvée par trois partis: Syriza, les Grecs indépendants et… Aube dorée, mouvement néo-nazi.

Chantage

Dans une première phase de la discussion avec les créanciers de la Grèce, le gouvernement d’Athènes avait paru s’installer dans une partie de poker menteur dont on pensait qu’elle ne durerait pas. Le chantage était le suivant: nous sommes un Lehman Brothers new look (cette banque d’affaires dont la faillite avait précipité la crise financière internationale en 2008) donc les Européens ne pourront pas, in fine, ne pas accepter d’effacer tout ou partie de notre dette. Pour l’obtenir, il nous suffira de faire quelques pas dans leur direction. Ce scénario avait paru se dessiner à l’approche d’une première date butoir, pour un remboursement au FMI le 30 juin. Puis, alors que tout le monde semblait convaincu de la possibilité d’un accord, Alexis Tsipras a levé le voile. Il organise un référendum pour ou contre un texte qui en fait n’existe pas puisqu’il n’a pas voulu d’un accord.

En outre, les propositions sur lesquelles il veut faire voter ne sont pas celles de la Commission ni celles des autres membres de l’Eurozone. Jean-Claude Juncker l’a expliqué: les propositions mises en avant dans le référendum ne sont pas celles qui ont été discutées à Bruxelles dans la dernière ligne droite. Exemple, Tsipras assure que l’Eurozone veut une fois de plus réduire les pensions de retraités alors qu’il s’agit en fait, pour que le système puisse perdurer, de repousser, comme partout ailleurs, l’âge de la retraite (aujourd’hui, l’âge de départ à la retraite à taux plein est de 60 ans).

Corruption et clientélisme

Deux arguments sont généralement énoncés en faveur de l’attitude grecque, outre bien sûr l’attrait idéologique de Syriza aussi bien auprès de l’extrême-gauche que de l’extrême-droite. En premier lieu, la dénonciation de l’austérité imposée de l’extérieur comme principale cause de la crise. En second lieu, la justification démocratique de l’appel au peuple par la voie du référendum.

Il faut rappeler que la crise grecque est avant tout la conséquence des dérives d’un système à bout de souffle dont on sait qu’il est très largement corrompu et clientéliste. Et sans que jamais les deux grandes «institutions» que sont les armateurs et l’Eglise orthodoxe ne soient mises à contribution. Comme l’a confié récemment une ancienne ministre grecque de l’éducation: «j’ai officiellement fermé 500 classes… dont 300 étaient fictives et destinées uniquement à justifier des subventions européennes».

Avant la crise, la Grèce affichait des déficits abyssaux de 15% du PIB de la balance des paiements et de 15% du PIB de déficit budgétaire. L’austérité qui a suivi a en effet été très sévère, trop sans doute, et aurait gagné à être assortie d’un abandon d’une partie des créances car chacun sait la dette grecque insoutenable. Mais l’attitude de la nouvelle Commission européenne qui fait connaître en toute transparence ses propositions sont désormais a minima et appuyées par une attitude globalement bienveillante des chefs d’Etat et de gouvernement.

Fuite en avant

Quant à l’appel au peuple validé par François Hollande qui considère un peu vite que«c’est la démocratie», il est plutôt l’aveu de faiblesse d’un gouvernement incapable de décider autrement qu’à travers son carcan idéologique. C’est aussi un déni de la démocratie représentative: élu pour gouverner, Alexis Tsipras a conduit son pays dans l’impasse. Il prend en otage le peuple grec par un processus plébiscitaire qui condamne à une réponse univoque à une question posée sur un texte détourné. Incapable de négocier sérieusement avec ses créanciers, le pouvoir grec engage une fuite en avant que seul pourrait peut-être interrompre un vote pro-européen d’une majorité du peuple grec. Gageons que tout sera entrepris par Alexis Tsipras et ses amis pour qu’il n’en soit rien.

Alors que la situation donnait à la fin de 2014, avant les élections législatives, des signes d’amélioration (avec un retour de la croissance pour la première fois depuis sept ans), voici que l’économie grecque est de nouveau à l’arrêt. Les entreprises ne payent plus leurs fournisseurs, l’Etat non plus, et les banques sont au bord du dépôt de bilan. Quand à la plupart des ménages grecs, ils ne remboursent plus leurs crédits immobiliers puisque Syriza a annoncé qu’il empêcherait les saisies.

Dans ce contexte, la tâche des dirigeants européens est particulièrement difficile. Ils ne peuvent pas abandonner les Grecs à leur triste gouvernement. Ils méritent mieux que Tsipras et ses alliés. Comme ils n’avaient pas hier mérité les colonels.

Source : Jean-Marie Colombani, pour Slate, le 29 juin 2015.

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En bonus :

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/limposture-tsipras-par-jm-colombani/


Syriza, le pillage et l’effondrement : Quand la « gauche dure » épouse les politiques de la droite dure

Thursday 2 July 2015 at 02:55

Pour ne pas rester dans la pensée unique, une vision crique et argumentée de Tsipras.

Pour ma part, je concède que je suis réservé :
si c’est bien de faire un référendum, rien ne dit que Tsipras le gagnera dans un tel contexte (mis bon, au oins les Grecs seront responsables de leur sort, s’ils préfèrent écouter Juncker et Merkel plutôt que Stiglitz et Krugman ou même Attali et DSK)
si Tsipras gagne rien ne dit qu’il ne finira pas par se coucher – chat échaudé…

Bref, on se calme, et on en reparle la semaine prochaine…

greece-euro-crisis

La Grèce a fait les manchettes de la presse financière internationale durant les cinq derniers mois, alors qu’un parti de gauche nouvellement élu, « Syriza », s’oppose ostensiblement aux soi-disant « mesures d’austérité » en confrontant la troïka (le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne).

Dès le début, les dirigeants de Syriza, mené par Alexis Tsipras, ont adopté plusieurs positions stratégiques aux conséquences fatales relativement à la mise en œuvre de leurs promesses électorales d’élever le niveau de vie, de mettre fin à la vassalité envers la « troïka » et de se doter d’une politique étrangère indépendante.

Nous allons procéder en décrivant les échecs systémiques initiaux de Syriza et les concessions ultérieures érodant davantage le niveau de vie grec, tout en accentuant le rôle de la Grèce comme collaborateur actif de l’impérialisme étasunien et israélien.

Gagner les élections et céder le pouvoir

La gauche européenne et nord-américaine a célébré la victoire électorale de Syriza comme une rupture avec les programmes d’austérité néolibérale et le lancement d’une alternative radicale, laquelle mettrait en place des initiatives populaires en faveur de changements sociaux fondamentaux. Ces initiatives comprendraient des mesures pour créer des emplois, restaurer les pensions, annuler les privatisations et réorganiser les priorités du gouvernement en favorisant le paiement des salariés avant le remboursement des banques étrangères. La « preuve » de l’existence du programme de réforme radicale se trouvait dans le « Manifeste de Thessalonique », lequel, promettait Syriza, serait le programme guidant ses nouveaux élus.

Toutefois, avant d’avoir été élu et immédiatement après, les dirigeants de Syriza ont pris trois décisions fondamentales empêchant toute modification profonde. En effet, ces décisions ont établi un parcours réactionnaire.

En premier lieu, Syriza a accepté la dette extérieure de plus de 350 milliards de dollars comme légitime, bien qu’elle ait été approuvée par les kleptocrates du gouvernement précédent, des banques corrompues et des intérêts commerciaux, immobiliers et financiers. Pratiquement aucune partie de cette dette n’a été utilisée pour financer des activités productives ou des services cruciaux qui renforceraient l’économie et la future capacité de la Grèce à rembourser les prêts.

Des centaines de milliards d’euros ont été planqués dans des comptes bancaires et des biens immobiliers à l’étranger ou investis dans des actions et des obligations à l’étranger. Après avoir d’abord affirmé la « légitimité » de la dette illicite, Syriza a ensuite déclaré sa « volonté » de payer cette dette. La « troïka » a immédiatement compris que le nouveau gouvernement Syriza serait un otage volontaire se soumettant à plus de coercition, de chantage et de paiements de la dette.

Deuxièmement, en lien avec ce qui précède, Syriza a déclaré sa détermination à demeurer au sein de l’Union européenne et de la zone euro, renonçant ainsi à sa souveraineté et à sa capacité d’élaborer une politique indépendante. Le parti a exprimé sa volonté de se soumettre aux exigences de la troïka. Une fois sous l’emprise de celle-ci, la seule politique de Syriza consisterait à « négocier », « renégocier » et faire de nouvelles concessions aux banques étrangères de l’UE dans un processus totalement unilatéral. La soumission rapide de Syriza à la troïka était la deuxième trahison stratégique de son programme électoral, mais pas la dernière.

Une fois que Syriza eut démontré à la troïka sa volonté de trahir son programme populaire, cette dernière s’est montrée plus exigeante et plus intransigeante. Bruxelles a considéré la rhétorique gauchiste de Syriza et ses gestes théâtraux radicaux comme de la poudre aux yeux de l’électorat grec. Les banquiers européens savaient que lorsqu’il serait temps de négocier de nouveaux accords de prêt, les dirigeants de Syriza capituleraient. Pendant ce temps, la gauche euro-étasunienne a complètement avalé la rhétorique radicale de Syriza sans regarder ses pratiques.

Troisièmement, dès son entrée en fonction, Syriza a négocié une coalition avec les Grecs indépendants, un parti d’extrême-droite, pro-OTAN, xénophobe et anti-immigration, garantissant que la Grèce continuerait à soutenir les politiques militaires de l’OTAN au Moyen-Orient, la campagne brutale de l’Ukraine et Israël contre la Palestine.

Quatrièmement, la majeure partie du Cabinet nommée par le premier ministre Tsipras n’avait aucune expérience dans la lutte des classes. Pire encore, la plupart étaient des universitaires et d’anciens conseillers du PASOK, sans aucune capacité ou volonté de rompre avec les diktats de la troïka. Leur « pratique » académique était constituée en grande partie de « combats » théoriques mal adaptés à de réelles confrontations avec des puissances impériales agressives.

De l’égratignure à la gangrène

En capitulant devant l’UE dès le début, en acceptant, entre autres, de payer la dette illégitime, en s’alliant à l’extrême droite et en se soumettant aux diktats de la troïka, la table était mise pour que SYRIZA trahisse toutes ses promesses et alourdisse le fardeau économique de ses partisans. Les pires trahisons comprennent : (1) ne pas avoir rétabli le paiement des pensions (2) ne pas avoir réinstauré le salaire minimum; (3) ne pas avoir annulé les privatisations; (4) ne pas avoir mis fin aux programmes d’austérité; et (5) ne pas avoir augmenté les fonds pour l’éducation, la santé, le logement et le développement local.

La troïka et ses publicistes de la presse financière exigent que Syriza fasse davantage de compression dans le régime de retraite grec, appauvrissant ainsi plus de 1,5 million de travailleurs retraités. Contrairement aux « exemples » bidons des médias sur les pensions généreuses dont jouissent moins de 5 % des retraités, les Grecs ont subi les plus importantes réductions de fonds de retraite en Europe au cours du dernier siècle. La troïka a réduit les pensions grecques huit fois au cours des quatre dernières années seulement. La grande majorité des pensions ont été réduites de près de 50 % depuis 2010. La pension moyenne est de 700 euros par mois, mais 45% des retraités grecs reçoivent moins de 665 euros par mois, un revenu se situant sous le seuil de pauvreté. Toutefois, la troïka exige des réductions encore plus importantes.

Celles-ci comprennent la fin des subventions budgétaires pour les retraités vivant dans l’extrême pauvreté, une augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans, l’abolition des dispositions des plans de retraite liées aux travaux dangereux et favorisant les mères au travail. Les mesures régressives antérieures, imposées par la Troïka et mises en œuvre par le régime de coalition d’extrême droite précédent, ont sérieusement épuisé la caisse de retraite grecque. En 2012, le programme de « restructuration de la dette » de la troïka a mené à la perte de 25 milliards d’euros en réserves détenues par le gouvernement grec dans des obligations gouvernementales.

Les politiques d’austérité de la troïka ont veillé à ce que les réserves de la caisse de retraite ne soient pas renouvelées. Les contributions ont chuté lorsque le chômage a grimpé à près de 30 % (Financial Times, 05-06-15, p4). Malgré l’assaut frontal de la troïka sur le régime de retraite grec, l’« équipe économique » de Syriza a exprimé sa volonté d’augmenter l’âge de la retraite, de réduire les pensions de 5 % et de négocier pour trahir à nouveau les retraités qui font face à la misère. Syriza a non seulement manqué à sa promesse de campagne consistant à annuler les politiques régressives précédentes, mais s’est aussi engagé dans ses propres traîtrises « pragmatiques » avec la troïka.

Pire encore, Syriza a intensifié les politiques de ses prédécesseurs réactionnaires. Syriza (1) a promis de geler les privatisations, mais le parti s’engage maintenant à les accroître de 3,2 milliards d’euros et de privatiser d’autres secteurs publics; (2) a accepté de transférer des ressources publiques limitées à l’armée, dont un investissement de 500 millions d’euros pour mettre à jour l’Armée de l’Air grecque; (3) a pillé la caisse nationale de retraite et les trésoreries municipales pour plus d’un milliard d’euros afin de payer la dette à la troïka; (4) a réduit les investissements publics pour la création d’emplois dans des projets d’infrastructure afin de respecter les délais de la troïka; (5) a accepté un excédent budgétaire de 0,6 % au moment où la Grèce a un déficit de 0,7 % cette année, ce qui signifie davantage de réductions plus tard cette année; (6) a promis de réduire la TVA sur les éléments essentiels comme la nourriture, mais accepte aujourd’hui un taux de taxation de 23 %.

La politique étrangère de Syriza imite celle de ses prédécesseurs. Le ministre de la Défense de Syriza, Panos Kammenos, issu de l’extrême droite, était un fervent partisan des sanctions étasuniennes et européennes contre la Russie. Malgré la vague habituelle de fausse « dissidence » face aux politiques de l’OTAN, Syriza a totalement capitulé par la suite, afin de maintenir une bonne réputation au sein de l’OTAN. Le régime de Syriza a permis à tous les kleptocrates et fraudeurs fiscaux bien connus de conserver leur richesse illicite et d’augmenter leurs avoirs à l’étranger grâce au transfert massif de leurs «économies » à l’extérieur du pays. À la fin mai 2015, le Premier ministre et le ministre des Finances, Tsipras Varofakis, ont vidé le trésor public pour effectuer des paiements sur la dette, augmentant ainsi les perspectives que les retraités et les travailleurs du secteur public ne reçoivent pas leurs prestations. Après avoir vidé le Trésor grec, Syriza va maintenant imposer la « solution de la troïka » à la masse grecque appauvrie : ou vous acceptez un nouveau plan d’« austérité », réduisant les pensions, augmentant l’âge de la retraite, éliminant les lois du travail protégeant la sécurité d’emploi et les droits de négociation des travailleurs ou les caisses de l’État seront vides, vous n’aurez pas de pensions, le chômage augmentera et la crise économique s’aggravera. Syriza a délibérément vidé le trésor public, pillé les fonds de pension et les fonds municipaux pour faire du chantage à la population et la pousser à accepter comme un « fait accompli » les politiques régressives de banquiers intransigeants de l’UE, les soi-disant « programmes d’austérité ».

Dès le tout début, Syriza s’est plié aux diktats de la troïka, même lorsqu’il simulait leur « résistance de principe ». Ils ont d’abord menti à l’opinion publique grecque, qualifiant la troïka de « partenaires internationaux ». Ensuite, ils ont menti à nouveau en qualifiant le mémorandum de la troïka pour une plus grande austérité de « document de négociation ». Les tromperies de Syriza étaient destinées à dissimuler le fait qu’il maintenait le « cadre » très impopulaire imposé par le précédent régime discrédité de la droite dure.

Alors qu’il pillait les ressources du pays pour payer les banquiers, Syriza s’est davantage soumis aux puissances étrangères. Son ministre de la Défense a offert de nouvelles bases militaires pour l’OTAN, dont une base aérienne-maritime sur l’île grecque de Karpathos. Le parti a accru l’appui politique et militaire de la Grèce à l’intervention militaire des États-Unis et de l’UE au Moyen-Orient, ainsi que son soutien aux « terroriste modérés », invoquant le prétexte ridicule de « protéger les chrétiens ». Syriza, s’attirant les bonne grâces des sionistes européens et étasuniens, a renforcé ses liens avec Israël, évoquant une « alliance stratégique » avec l’État terroriste pratiquant l’apartheid. Dès les premiers jours de son mandat, Kammenos, le ministre de la Défense de la droite dure, a proposé la création d’un « espace de défense commun » incluant Chypre et Israël, appuyant ainsi le blocus aérien et maritime de Gaza par l’État hébreu.

Conclusion

La décision politique de Syriza d’« intégrer » à tout prix l’UE et la zone euro, signale que la Grèce continuera d’être un État vassal, trahissant son programme et adoptant des politiques profondément réactionnaires, tout en claironnant sa fausse rhétorique gauchiste et en feignant de « résister » à la troïka. Bien que Syriza ait pillé la caisse de retraite nationale et les trésoreries locales, de nombreux gauchistes égarés en Europe et aux États-Unis continuent d’accepter et de rationaliser les décisions du parti qu’ils choisissent de qualifier de « compromis réalistes et pragmatiques ».

Syriza aurait pu confisquer et utiliser 32 milliards de dollars d’actifs immobiliers détenus par les Forces armées grecques afin de mettre en œuvre un plan d’investissement et de développement différent, soit louer ces propriétés à des ports maritimes commerciaux, des aéroports et des installations touristiques.

Syriza a enfoncé la Grèce encore plus profondément dans la hiérarchie dominée par la finance allemande en abandonnant son pouvoir souverain d’imposer un moratoire sur la dette, de quitter la zone euro, gérer les ressources financières, rétablir une monnaie nationale, d’imposer des contrôles de capitaux, de confisquer des milliards d’euros dans les comptes illicites à l’étranger, mobiliser des fonds locaux pour financer la reprise économique et réactiver le secteur public et privé. À plusieurs reprises, le faux « secteur gauche » au sein de Syriza a formulé d’impuissantes « objections », pendant que la mascarade Tsipras -Varofakis procédait à la capitulation ultime.

En fin de compte, Syriza a aggravé la pauvreté et le chômage, augmenté le contrôle étranger sur l’économie, érodé davantage le secteur public, facilité le licenciement des travailleurs et réduit les indemnités de départ, tout en augmentant le rôle de l’armée grecque en resserrant ses liens avec l’OTAN et Israël.

Autre fait tout aussi important, Syriza a totalement vidé la phraséologie gauchiste de toute signification cognitive : pour ses membres, la souveraineté nationale se traduit par la vassalité aux puissances étrangères, et l’anti-austérité consiste à capituler de façon pragmatique devant une nouvelle forme d’austérité. Lorsque l’accord Tsipras-troïka sera finalement signé et que l’opinion publique grecque prendra conscience des ravages que fera l’austérité dans les prochaines décennies, nous espérons que les trahisons susciteront une répulsion massive. Peut-être qu Syriza se divisera et que la « gauche » abandonnera enfin ses postes ministériels tranquilles pour aller rejoindre les millions de mécontents afin de former un autre parti.

Article original en anglais: Syriza: Plunder, Pillage and Prostration: How the ‘Hard Left’ Embraces the Policies of the Hard Right, publié le 15 juin 2015.

Traduction: Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

Source : James Petras, pour Global Research Canada, le 15 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/syriza-le-pillage-et-leffondrement-quand-la-gauche-dure-epouse-les-politiques-de-la-droite-dure/