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Nous sommes tous l’État islamique, par Chris Hedges

Wednesday 20 April 2016 at 00:30

Source : Le Partage, Chris Hedges, 11-04-2016

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chris_hedges-300x300Article original publié en anglais sur le site de truthdig.com, le 27 mars 2016.
Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.


La vengeance est le moteur psychologique de la guerre. Les victimes en sont la monnaie de sang. Leurs corps servent à sanctifier des actes de meurtre indiscriminés. Ceux définis comme l’ennemi et ciblés pour être massacrés sont déshumanisés. Ils ne sont pas dignes d’empathie ou de justice. La pitié et la peine sont l’apanage des nôtres. Nous faisons vœu d’éradiquer une masse déshumanisée incarnant le mal absolu. Les estropiés et les morts de Bruxelles ou de Paris et les estropiés et les morts de Raqqa ou de Syrte perpétuent les mêmes convoitises sinistres. Nous sommes tous l’État islamique.

“La violence n’engendre que de la violence”, écrit Primo Levi, « dans un mouvement pendulaire qui grandit avec le temps au lieu de s’amortir ».

Le jeu du je-te-tue-tu-me-tues ne cessera qu’après épuisement, lorsque cette culture de mort nous aura brisés émotionnellement et physiquement. Nous utilisons nos drones, nos avions de chasse, nos missiles et notre artillerie pour éventrer des murs et des plafonds, exploser des fenêtres et tuer ou blesser ceux qu’ils abritent. Nos ennemis portent des explosifs au peroxyde dans des valises ou des gilets explosifs et pénètrent dans des terminaux d’aéroports, des salles de concert, des cafés ou des stations de métro pour nous faire exploser, et bien souvent eux avec. S’ils possédaient notre niveau de technologie de mort, ils seraient bien plus efficaces. Mais ce n’est pas le cas. Leurs tactiques sont plus brutes, mais nous ne sommes pas moralement différents. T.E. Lawrence a appelé ce cycle de violence : « les anneaux de la tristesse ».

La religion chrétienne épouse la notion de “guerre sainte”, avec autant de fanatisme que l’Islam. Nos croisades valent le concept du jihad. Lorsque la religion sert à sanctifier le meurtre, il n’y a aucune règle. C’est une lutte entre la lumière et l’obscurité, le bien et le mal, Satan et Dieu. Le discours rationnel est banni. Et « le sommeil de la raison », comme dit Goya, « engendre des monstres ».

Essai nucléaire du 3 juillet 1970 à Mururoa (tir Licorne, 1 MT). Parce que « la France » c’est, entre autres : plus de 200 essais nucléaires depuis 1966, avec les conséquences environnementales et sanitaires que l’on sait (ou que l’on devrait savoir). (Coup de pouce : http://www.bastamag.net/Essais-nucleaires-en-Polynesie-la-France-meprise-les-consequences).

Essai nucléaire du 3 juillet 1970 à Mururoa (tir Licorne, 1 MT). Parce que « la France » c’est, entre autres : plus de 200 essais nucléaires depuis 1966, avec les conséquences environnementales et sanitaires que l’on sait (ou que l’on devrait savoir). (Coup de pouce : http://www.bastamag.net/Essais-nucleaires-en-Polynesie-la-France-meprise-les-consequences).

Les drapeaux, les chants patriotiques, la déification du guerrier et les balivernes sentimentales noient la réalité. Nous communiquons à l’aide de clichés creux et insensés, d’absurdités patriotiques. La culture de masse sert à renforcer le mensonge selon lequel nous sommes les vraies victimes. Elle travestit le passé pour le faire se conformer au mythe héroïque national. Nous sommes censés être les seuls à posséder la vertu et le courage. Nous sommes les seuls à avoir le droit de vengeance. Nous sommes hypnotisés et plongés dans une somnolence commune, un aveuglement orchestré par l’État.

Ceux que nous combattons, n’ayant pas accès à nos machines industrielles de mort, tuent de près. Mais tuer à distance ne nous rend pas moins moralement déformés. Les tueries à longue distance, incarnées par les opérateurs de drones des bases militaires aériennes US, qui rentrent diner chez eux, sont tout aussi dépravées. Ces techniciens opèrent la vaste machinerie de la mort avec une terrifiante stérilité clinique. Ils dépersonnalisent la guerre industrielle. Ils sont les « petits Eichmann ». Cette bureaucratie organisée de la mort est l’héritage le plus marquant de l’Holocauste.

La France, c’est aussi l’invasion coloniale d’Anguilla, d’Antigua, de la Dominique, de Grenade, de la Guadeloupe, de la Martinique, de Montserrat, de Saint-Martin (seulement partie nord), de Saint-Barthélemy, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, de Saint-Eustache, de Tobago, de Sainte-Croix, de Saint Domingue (Aujourd’hui Haïti et République dominicaine), de la Guyane, du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la République Centrafricaine, du Tchad, du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Togo, du Cameroun, du Liban, de la Syrie, du Cambodge, du Laos, du Vietnam… c’est aussi la mise en place, le soutien à une grande majorité de présidents et dictateurs africains des anciennes colonies françaises (comme Omar Bongo (Gabon), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Paul Biya (Cameroun), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Blaise Compaoré (Burkina Faso), ou Idriss Déby (Tchad)). La participation, le soutien, le financement ou l’envoi d’armes lors de nombreuses guerres (comme, par exemple, la guerre civile angolaise, entre 1993 et 1995, qui aurait fait entre 500 000 et 1 000 000 de morts, avec une majorité de civils). D’innombrables guerres (Algérie, Corée, Vietnam, Guerre du Golfe, Afghanistan, Lybie, Mali, Centrafrique, Syrie…) et leurs corollaires : des millions de morts civils, aussi appelés « dommages collatéraux », ainsi que d’innombrables destructions environnementales.

La France, c’est aussi l’invasion coloniale d’Anguilla, d’Antigua, de la Dominique, de Grenade, de la Guadeloupe, de la Martinique, de Montserrat, de Saint-Martin (seulement partie nord), de Saint-Barthélemy, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, de Saint-Eustache, de Tobago, de Sainte-Croix, de Saint Domingue (Aujourd’hui Haïti et République dominicaine), de la Guyane, du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la République Centrafricaine, du Tchad, du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Togo, du Cameroun, du Liban, de la Syrie, du Cambodge, du Laos, du Vietnam… c’est aussi la mise en place, le soutien à une grande majorité de présidents et dictateurs africains des anciennes colonies françaises (comme Omar Bongo (Gabon), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Paul Biya (Cameroun), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Blaise Compaoré (Burkina Faso), ou Idriss Déby (Tchad)). La participation, le soutien, le financement ou l’envoi d’armes lors de nombreuses guerres (comme, par exemple, la guerre civile angolaise, entre 1993 et 1995, qui aurait fait entre 500 000 et 1 000 000 de morts, avec une majorité de civils). D’innombrables guerres (Algérie, Corée, Vietnam, Guerre du Golfe, Afghanistan, Lybie, Mali, Centrafrique, Syrie…) et leurs corollaires : des millions de morts civils, aussi appelés « dommages collatéraux », ainsi que d’innombrables destructions environnementales.

“La destruction massive d’êtres humains, mécanisée, rationnelle, impersonnelle et soutenue, organisée et administrée par les États, légitimée et mis en marche par des scientifiques et des juristes, approuvée et popularisée par des universitaires et des intellectuels, est devenue une base de notre civilisation, le dernier héritage, périlleux et souvent réprimé, du millénaire », a écrit Omer Bartov dans « Murder in Our Midst: The Holocaust, Industrial Killing and Representation ( Le meurtre parmi nous : l’holocauste, la tuerie industrielle et la représentation) ».

Nous torturons des prisonniers kidnappés, beaucoup captifs depuis des années, dans des sites secrets. Nous entreprenons des « assassinats ciblés » de soi-disant cibles de haute valeur. Nous abolissons les libertés civiles. Nous causons le déplacement de millions de familles. Ceux qui nous combattent font pareil. Ils torturent et décapitent — reproduisant ainsi le style d’exécution des croisés chrétiens — avec leur propre marque de sauvagerie. Ils règnent en despotes. Douleur pour douleur. Coup pour coup. Horreur pour horreur. Cette folie présente une symétrie redoutable. Elle se justifie par la même perversion religieuse. Il s’agit du même abandon de ce que signifie être humain et juste.

Comme l’a écrit le psychologue Rollo May:

« Au début de chaque guerre… nous transformons rapidement notre ennemi à l’image du démon; puis, puisque c’est le diable que nous combattons, nous pouvons nous mettre sur le pied de guerre sans nous poser les questions gênantes et spirituelles que la guerre soulève. Nous n’avons plus à faire face à la réalisation que ceux que nous tuons sont des personnes comme nous. »

Les tueries et les tortures, plus elles durent et plus elles contaminent leurs auteurs et la société qui avalise leurs actes. Elles privent les inquisiteurs professionnels et les tueurs de la capacité de ressentir. Elles nourrissent l’instinct de mort. Elles propagent la blessure morale de la guerre.

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22 vétérans de l’armée US se suicident chaque jour. Ils le font sans ceinture explosive. Mais ils ont en commun, avec les kamikazes, le besoin urgent de quitter le monde et le rôle sordide qu’ils y ont joué.

“Il vaut mieux souffrir certaines injustices que les commettre”, comme l’avaient compris Albert Camus et Emmanuel Kant. Mais les politiciens, les experts et la culture de masse considèrent cette sagesse comme une faiblesse. Ceux qui parlent sainement, comme Euripide avec son chef d’œuvre anti-guerre « les Femmes de Troie », sont vilipendés et bannis.

Qui sommes-nous pour condamner les meurtres indiscriminés de civils? Avons-nous oublié nos bombardements des villes allemandes et japonaises lors de la seconde guerre mondiale, qui tuèrent 800 000 civils, femmes, enfants et hommes ? Et ces familles oblitérées à Dresde (135 000 morts), à Tokyo (97 000 morts), Hiroshima (80 000 morts) et Nagasaki (66 000 morts) ? Et ces trois millions de civils morts après notre passage au Vietnam ?

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Nous avons largué 32 tonnes de bombes par heure sur le Nord-Vietnam entre 1965 et 1968 — des centaines d’Hiroshima. Et, comme Nick Turse l’écrit dans son livre “Kill Anything That Moves: The Real American War in Vietnam (Tuez tout ce qui bouge : la véritable guerre US au Vietnam)”“ ce tonnage ne tient pas compte des « millions de litres de défoliants chimiques, des millions de kilos de gaz chimiques, et des innombrables bidons de napalm, bombes en grappe, balles explosives, bombes coupe-marguerites qui effaçaient tout sur une surface de 10 terrains de football, des missiles anti-personnel, explosifs, incendiaires, des millions de grenades, et de la myriade de mines différentes”.

Avons-nous oublié les millions qui sont morts dans nos guerres directes et par procuration aux Philippines, au Congo, au Laos, au Cambodge, au Guatemala, en Indonésie, au Salvador et au Nicaragua? Avons-nous oublié le million de morts en Irak et les 92 000 morts en Afghanistan ? Avons-nous oublié les presque 8 millions que nous avons chassés de leur foyers en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie ?

Il y a eu 87 000 sorties ariennes de la coalition au-dessus de l’Irak et de la Syrie depuis le début de la campagne aérienne contre l’État islamique. Il s’agit du tout dernier chapitre de notre guerre perpétuelle contre les damnés de la terre.

La France c’est aussi le deuxième exportateur mondial d’armement en 2015! (avec l’Arabie Saoudite en premier acheteur, pour 10,3 milliards d’euros de contrats en 2015)

La France c’est aussi le deuxième exportateur mondial d’armement en 2015! (avec l’Arabie Saoudite en premier acheteur, pour 10,3 milliards d’euros de contrats en 2015)

Comment pouvons-nous nous indigner vis-à-vis de la destruction de monuments culturels comme Palmyre par l’État islamique alors que nous avons nous-mêmes laissé tant de ruines ? Comme Frederick Taylor le souligne dans son livre « Dresden », durant la seconde Guerre Mondiale et le bombardement de l’Allemagne nous avons détruit d’innombrables « églises, palais, bâtiments historiques, bibliothèques, musées », y compris « la maison de Goethe à Francfort » et les « os de Charlemagne de la cathédrale d’Aix-la-Chapelle », ainsi que « l’irremplaçable contenu de la bibliothèque d’État vieille de 400 ans de Munich ». Se rappelle-t-on qu’en une seule semaine de bombardement durant la guerre du Vietnam, nous avons oblitéré la majeure partie du complexe de temples historique de My Son ? Avons-nous oublié que notre invasion de l’Irak a causé l’incendie de la Bibliothèque nationale, le pillage du Musée national et la construction d’une base militaire sur le site de l’ancienne Babylone ? Des milliers de sites archéologiques ont été détruits en raison de nos guerres en Irak, en Syrie, en Afghanistan et en Libye.

Nous avons perfectionné la technique du meurtre de masse aérien et de la destruction massive que nous appelons “tapis de bombes”« bombardement à saturation »« bombardement de zone »« bombardement d’oblitération »« bombardement massif », ou dans sa dernière version « terreur et effroi » [« Shock and Awe » en anglais, le nom de la campagne de terreur mise en place contre l’Irak lors de son invasion en 2003]. Nous avons créé, à travers notre richesse nationale, les systèmes de gestion et de technologie que le sociologue James William Gibson appelle « technoguerre ». Que furent les attaques du 11 septembre sinon une réponse aux explosions et aux morts que nous avons semés sur la planète ? Nos assaillants se sont exprimés à l’aide du langage dément que nous leur avons enseigné. Et, comme les assaillants de Paris et Bruxelles, ils savaient parfaitement comment nous communiquons.

Les marchands de mort et les fabricants d’armes font partie de la poignée d’individus qui en profite. Nous sommes, pour la plupart, pris dans un cycle de violence qui ne cessera pas tant que l’occupation US du Moyen-Orient perdurera, qui ne cessera pas avant que nous ayons appris à parler dans une langue autre que le cri de guerre, de meurtre et d’annihilation primitif. Nous recouvrerons un langage humain lorsque nous en aurons eu assez, lorsque trop des nôtres seront morts pour le maintien de ce jeu. Les victimes continueront à être principalement des innocents, piégés entre des tueurs sortis de la même matrice.

Chris Hedges


Traduction: Nicolas Casaux

Source : Le Partage, Chris Hedges, 11-04-2016

 

Source: http://www.les-crises.fr/nous-sommes-tous-letat-islamique-par-chris-hedges/


Treize ans après avoir envahi l’Irak, les États-Unis font toujours les mêmes erreurs, par Trevor Timm

Tuesday 19 April 2016 at 02:19

Source : The Guardian, le 21/03/2016

Les préparatifs de la guerre de 2003 ont été accompagnés de beaucoup de désinformation. Mais aujourd’hui, il n’y a même plus un semblant de débat sur l’intervention militaire

Le président George W. Bush s'adresse à des soldats américains en 2003, quelques semaines avant l'invasion de l'Irak. Photograph: Jeff Mitchell/Reuters

Le président George W. Bush s’adresse à des soldats américains en 2003, quelques semaines avant l’invasion de l’Irak. Photograph: Jeff Mitchell/Reuters

Il y aura treize ans dimanche que nous avons envahi l’Irak, mais les nouvelles à la télé ne vous en parleront presque pas. Peut-être y a-t-il trop d’anniversaires de guerres ces temps-ci pour en garder la trace, ou peut-être est-ce que notre pays n’a quasiment rien retenu de la pire débâcle de politique étrangère qu’ait connue notre génération.

Le gouvernement étatsunien a célébré l’anniversaire de la guerre en Irak en annonçant qu’il allait envoyer plus d’hommes sur le terrain. Vous vous souvenez sûrement que cette guerre était censée être “finie” il y a plus de trois ans. Pourtant des milliers d’hommes y ont été renvoyés depuis fin 2014 pour combattre l’ÉI (l’État Islamique), un groupe dont la création est directement liée à la première guerre en Irak – à moins qu’on l’appelle seconde, suivant la façon de compter.

Au total, les États-Unis ont bombardé l’Irak pendant 25 ans, sous les quatre derniers présidents (vous pouvez visionner un montage vidéo montrant chacun des quatre annonçant respectivement sa campagne de bombardement, ici). Et si vous écoutez les candidats qui sont en tête pour l’investiture de chacun des partis, vous pouvez parier que cette série arrivera à cinq dès le jour de leur intronisation à la Maison-Blanche.

Donald Trump et Hillary Clinton ont tous deux appelé à une expansion de l’action militaire au Moyen-Orient, en réponse à l’ÉI. Trump a évoqué plusieurs fois “un bombardement qui ferait un enfer” de leurs champs pétroliers, bien qu’il n’ait pas eu peur de qualifier de “désastre” la guerre en Irak.

Il est difficile de savoir si Clinton a tiré quelque leçon que ce soit de la guerre en Irak. Elle a décrit son vote en faveur de la guerre, à titre de sénatrice, comme une erreur ; mais cela ne l’a pas empêchée de partir à la charge contre la Libye en 2011, pour renverser un autre dictateur, pour n’aboutir qu’à faire tomber le pays entre les mains de terroristes. Elle a poussé à une stratégie identique pour traiter le cas Bachar el-Assad.

Hillary Clinton, lors d’un événement public en novembre 2015, a fait cette franche remarque peu mentionnée dans les reportages : selon elle, les États-Unis auraient l’obligation d’envoyer des troupes au sol en réponse à l’ÉI.

Mais combien d’Américains savent qu’en fait nous avons déjà des troupes au sol qui combattent en Irak et en Syrie, malgré la promesse, réitérée 16 fois au moins par Obama, qu’il n’y aurait “pas de troupes au sol” dans cette bataille ?

C’est la leçon que l’exécutif semble avoir, plus que toute autre, tirée de l’Irak : pas de débat public sur l’entrée en guerre. En dehors des milliers de “conseillers” militaires qui sont en Irak en ce moment, du financement occulte de rebelles en Syrie, et des frappes de drones à travers le Moyen-Orient, le département de la Défense a une “force spéciale de ciblage expéditionnaire”, déployée tant en Irak qu’en Syrie en missions actives de combat.

Combien d’hommes participent réellement aux combats ? Eh bien, ils ne prennent pas la peine de nous en dire plus. Après la mort d’un marine tué ce week-end en Irak, les États-Unis ont tranquillement annoncé que plus de soldats seraient envoyés en “consultation” avec le gouvernement irakien. Mais, comme le rapportait NBC News : “Le nombre de marines n’a pas été révélé.”

Le Congrès semble avoir appris la leçon de la même façon que l’exécutif. Des centaines de congressistes ont beau avoir à jamais sali leur nom en votant pour la guerre en Irak, ils ne semblent pas avoir appris à refuser des conflits militaires dont on ne voit pas la fin. Au lieu de cela, comme pour la guerre contre l’État Islamique, ils prennent la tangente : leur échappatoire consiste à ne pas se mouiller dans le moindre vote, et à laisser l’exécutif prendre toujours plus de pouvoir en matière de guerre, tout en évitant absolument de leur côté d’en endosser la moindre responsabilité.

Et les médias, alors ? Judy Miller a perdu son boulot au New York Times, mais bien d’autres de ces reporters qui ont poussé à la guerre en Irak, en se fondant sur des sources mensongères et sur des renseignements fallacieux, ont au contraire vu croître leur influence. Alors qu’on peut certainement supposer que le New York Times est maintenant plus prudent (l’est-il ?) dans ses reportages sur la guerre, l’alarmisme dans les infos télé quant au terrorisme est probablement pire qu’en 2003 – quand Dick Cheney jubilait à “Meet the Press”, sa tribune préférée, pour asséner à l’opinion sa propagande belliciste.

Pendant les quinze jours de 2014 qui ont précédé les premières frappes de la guerre à l’État Islamique, l’observatoire progressiste des médias “Fair” a étudié les émissions d’information télévisée (TV par câble et réseaux hertziens). Il a constaté que parmi les 205 invités reçus, seuls 3% étaient opposés au lancement d’une guerre contre l’ÉI. Au cours des talk-shows du dimanche, qui constituent le degré zéro des idées reçues admises à Washington, un seul et unique intervenant parmi 89 invités pouvait être caractérisé comme “anti-guerre” quand le sujet a été abordé.

Treize ans après l’invasion de l’Irak, une chose est sûre : si vous allumez la télévision un dimanche matin et que vous y voyez un partisan de la guerre en Irak – un homme politique, un expert ou un journaliste – en train d’expliquer avec ferveur que nous devrions nous jeter dans notre prochaine guerre, pas un sourcil ne se lèvera.

Source : The Guardian, le 21/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/treize-ans-apres-avoir-envahi-lirak-les-etats-unis-font-toujours-les-memes-erreurs-par-trevor-timm/


Staline aussi voulait sa “solution finale”, par Michel Colomès

Tuesday 19 April 2016 at 01:02

Source : Le Point, Michel Colomès, 13-04-2016

Si le dictateur soviétique n’était pas mort le 5 mars 1953, des millions de Russes auraient été déportés en Sibérie, simplement parce qu’ils étaient juifs.

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Svetlana Alliluyeva, la fille de Staline, raconte qu’au moment de mourir celui qu’une propagande enamourée avait baptisé le petit père des peuples a ouvert une dernière fois les yeux. Son regard « à la fois fou et méchant », dit-elle, a balayé l’un après l’autre tous les dirigeants qui se trouvaient au pied de son lit et il a levé le doigt en un geste de menace qui a glacé d’effroi tous ceux qui étaient venus assister à ses derniers instants. Puis – au grand soulagement de tous –  il a rendu l’âme.

C’est l’un des passages surprenants du livre que l’historien américain Joshua Rubenstein vient de publier aux États-UnisLes Derniers Jours de Joseph Staline. Jusqu’au bout de son dernier souffle, celui qui restera comme l’un des dictateurs les plus sanglants de l’histoire aura fait régner la terreur, non seulement dans son peuple, mais surtout dans son entourage immédiat.

Des trains prévus pour les convois de déportés

Ce que rappelle ce livre, c’est aussi comment la mort a empêché le numéro un soviétique de rivaliser une fois de plus dans l’horreur avec Hitler. Tout était prêt, en effet, pour déporter en Sibérie et au Kazakhstan deux millions et demi de juifs russes. Des camps, proches du cercle polaire, avaient été construits et d’autres, agrandis. Des gardes-chiourmes avaient été engagés. Des trains prévus pour les convois de déportés. Dans les dernières semaines de sa vie, Staline, qui avait déjà envoyé au goulag deux millions et demi de personnes, dont 35 000 enfants, s’apprêtait à doubler, avec les rafles de juifs, le chiffre de ces hommes et de ces femmes promis à une mort plus ou moins lente.

En fait, comme souvent dans sa conduite impitoyable du peuple immense de l’empire soviétique, Staline avait besoin, pour ranimer l’esprit combatif de ses fidèles, d’un nouvel ennemi de l’intérieur.

Le 15 janvier 1953, la Pravda révèle qu’un complot visant à assassiner plusieurs dirigeants vient d’être découvert. Les assassins, dit le journal du pouvoir, sont les médecins qui les soignaient et, en réalité, les empoisonnaient à petit feu. Des médecins qui tous se trouvent être juifs. Dès lors, les arrestations vont se multiplier, les interrogatoires musclés se succéder et les aveux être abondamment publiés dans la Pravda. C’est ce qu’on a appelé « le complot des blouses blanches ». Même le médecin privé de Staline, le docteur Vinogradov, n’y échappera pas.

« les cosmopolites sans racines »

Mais les journaux officiels ne se contentent pas de révéler les desseins des comploteurs. La campagne antisémite, latente depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, est relancée dans le courant du mois de février 1953. Non seulement en URSS, mais aussi dans tous les « pays frères » contre « les cosmopolites sans racines ». Le maître du Kremlin a lui-même donné le ton en déclarant au Politburo que « tout sioniste est un agent du renseignement américain ». La préparation psychologique de la grande déportation à venir est donc bien lancée lorsque Staline meurt en quelques heures et dans des conditions qui restent encore mystérieuses, le 5 mars 1953.

Les inculpés du complot des blouses blanches seront tous libérés dans les semaines qui viennent. Et les goulags du Grand Nord prévus pour recevoir des millions de juifs resteront en partie vides. Malenkov, le successeur de Staline pour deux ans, fera même preuve d’une générosité, certes limitée, mais qui permettra de ramener dans leurs foyers plus d’un million de déportés du goulag (sur deux millions et demi) et d’abandonner un certain nombre de travaux pharaoniques, comme une nouvelle ligne de chemin de fer dans le nord de la Sibérie qui à elle seule faisait travailler dans des conditions épouvantables plus de 100 000 prisonniers.

La mort de Staline aura sans doute permis d’éviter une Shoah soviétique. Mais il faudra encore patienter quarante ans avant que ne s’écroule le système qui aurait pu mettre en œuvre cette autre solution finale. Celui que Ronald Reagan appelait fort justement « l’empire du mal ».

Source : Le Point, Michel Colomès, 13-04-2016

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Staline, Hitler, même combat. Quand l’Occident fait dans le révisionnisme

Source : Kakoi, Mattbuge, 14-04-2016

Le Point n’étant vraiment un journal de référence que pour une certaine élite parisienne, on le consulte assez peu ici. Mais un édito a attiré notre attention. Sa plume, Michel Colomès, ancien directeur de la rédaction, a manifestement eu envie de sévir pendant ses années de retraite. A 79 ans, le digne journaliste décide donc de verser de plain-pied dans le révisionnisme – mais aucune crainte ici, il s’agit de révisionnisme validé par les instances supérieures et subventionné par l’Etat. Aucune chance de voir Colomès et le Point être traînés devant les tribunaux. Ouf !

Faisant l’article du nouvel ouvrage de Joshua Rubenstein, historien américain certainement parfaitement impartial, Colomès apporte une pierre à la délirante propagande antirusse qui sévit depuis maintenant quelques années. L’édito démarre en fanfare : Staline aussi voulait sa «Solution Finale». Le ton est donné. Le département comptable des «clics» du Point a dû faire sauter le champagne. Colomès aurait réussi à faire un parallèle dès le titre avec Poutine, le caviar aurait été servi.

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Petit rappel historique

Mais à défaut de réussir à placer Poutine dès le chapeau, la vieille plume était de toute évidence inspirée et nous dit d’entrée de jeu : Son regard « à la fois fou et méchant », dit-elle [Svetlana, la fille de Staline], a balayé l’un après l’autre tous les dirigeants qui se trouvaient au pied de son lit et il a levé le doigt en un geste de menace qui a glacé d’effroi tous ceux qui étaient venus assister à ses derniers instants. Puis – au grand soulagement de tous – il a rendu l’âme. Staline, la version géorgienne de Méphistophélès.

Ce qu’il y a de pratique, avec Staline, c’est qu’il est indéfendable. Ses politiques ayant causé la mort de tant d’innocents, il est possible de raconter absolument n’importe quoi.

Loin de nous l’idée de présenter Staline comme un philosémite. Nombre d’historiens s’accordent à dire qu’il rechignait à ce que Svetlana épouse un Juif. Mais Staline rechignait à tout ce qu’il n’avait pas décidé lui-même. Ni antisémite, ni philosémite, Staline était un pragmatique. «Pragmatique» : terme ambivalent en Occident, généralement positif quand il s’agit de politique libérale, négatif, quasiment synonyme d’affreux cynique, quand on en vient à des systèmes différents.

Staline a passé sa vie entouré de Juifs. Dans l’underground révolutionnaire et pendant la révolution d’abord, la plupart des meneurs s’étant trouvés être juifs. Même si la réécriture de l’Histoire dira sans doute un jour le contraire, le fait qu’il ait passé ces derniers à la moulinette des grandes purges n’avait strictement rien à voir avec leurs origines. Sa haine de Trotski non plus. Il avait d’autres griefs envers le bouillonnant théoricien de la révolution permanente soutenu par l’Occident. Et puis, un énième Juif, Kaganovitch, fut un de ses collaborateurs les plus proches et demeura à ses côtés jusqu’à la fin. Rien à voir avec le général juif allemand Von Manstein qui dissimula sa judaïté en achetant son «Von» pour mieux faire carrière dans l’univers du Troisième Reich.

Lorsque la question de la création d’un Etat juif tomba sur le tapis et que la Palestine donnait quelques maux de tête à l’Occident, Staline proposa de leur refourguer une partie de la Sibérie, le Birobidjan, région disposant toujours à l’heure actuelle du statut d’oblast autonome juif en Russie. Mais la région ne plut guère aux élites internationales qui lorgnaient sur la Palestine. Et le fait est que l’Etat d’Israël n’aurait jamais pu être créé sans l’appui de Staline.

Nécessaire inculture du journaliste

Colomès ne fait évidemment pas état de ces quelques détails d’importance. Calcul éditorial ? Sans doute pas. Le fait est que nos journalistes occidentaux font preuve d’une ignorance crasse – tolérable chez un jeune comme Benoît Vitkine, moins chez un ancien comme Colomès. Quand ce dernier mentionne le complot des «blouses blanches», la dernière manigance du vieux Joseph, il la résume ainsi : Staline avait besoin, pour ranimer l’esprit combatif de ses fidèles, d’un nouvel ennemi de l’intérieur. Colomès néglige ici plusieurs choses.

A cette époque, Staline n’a pas du tout besoin de «ranimer l’esprit combatif de ses fidèles», au contraire. Il est en train de rebattre les cartes. Comme il l’a fait quinze ans auparavant, comme Ivan le Terrible l’avait fait des siècles plus tôt, il est en train de rajeunir la troupe de ses serviteurs et de supprimer la génération précédente, devenue trop puissante. Le géorgien Beria, le russe Molotov, le juif Kaganovitch, l’arménien Mikoyane… tous sont voués à disparaître dans la broyeuse stalinienne au profit d’une nouvelle génération.

Le complot des blouses blanches (ces médecins «juifs» qui auraient voulu assassiner les leaders soviétiques) n’était d’abord qu’une énième variation des symphonies manipulatoires staliniennes, dédiées à la destruction de ses rivaux. Staline n’avait que faire des Juifs, catégorie de citoyens parmi tant d’autres en URSS, même si sa paranoïa pouvait lui faire penser qu’ils constituaient une potentielle «cinquième colonne». Mais Staline avait compris que son ennemi le plus important était devenu Béria, brillant politicien responsable de la police politique, du programme nucléaire, et qui avait été en charge, pendant la guerre… des affaires juives. Professionnel du billard à trois bandes, Staline a monté de toute pièce le complot des blouses blanches pour faire tomber Béria. Inutile de crier au complotisme, même une émission très «main stream» comme Rendez-vous avec X sur France Inter ne faisait que valider cette question. C’est dire…

Colomès semble tellement ignorer les méandres de la politique qu’il en vient même à asséner une belle ânerie : Malenkov, le successeur de Staline pour deux ans, fera même preuve d’une générosité, certes limitée, mais qui permettra de ramener dans leurs foyers plus d’un million de déportés du goulag (sur deux millions et demi) et d’abandonner un certain nombre de travaux pharaoniques, comme une nouvelle ligne de chemin de fer dans le nord de la Sibérie qui à elle seule faisait travailler dans des conditions épouvantables plus de 100 000 prisonniers.

Ce grand bienfaiteur n’est pas du tout Malenkov mais Béria, cet horrible KaGéBiste qui, le lendemain de la mort de Staline fit tout pour libérer de la main d’œuvre. Comme a pu le dire sa fille : si Béria était né aux Etats-Unis et pas en Russie, il serait devenu le PDG de General Motors.

Manipulation psychologique de l’Histoire

Mais ici on touche un des points intéressants de l’article de Colomès. Lorsqu’on lit l’article, en arrivant à la mention de ces prétendues libérations par le gros Malenkov, on a l’impression qu’il s’agit de juifs libérés. L’effet est d’autant plus fort. Staline voulait les foutre au four, et, finalement, ils ont pu s’en sortir grâce à l’intervention d’un clown. En réalité, les Juifs n’étaient qu’une minorité du système du goulag. Ils n’en représentaient qu’un faible pourcentage des détenus et qu’un faible pourcentage des libérés (comme quoi, le système soviétique était équitable). Mais peu importe, il faut tout centrer sur la minorité dominante en Occident donc recentrons.

Parlons donc «de trains», de «gardes-chiourmes», de «déportations» histoire de frapper l’imagination totalement parasitée du lecteur afin que la reductio ad hitlerum soit paufinée. Mais Colomès fait encore mieux : Dans les dernières semaines de sa vie, Staline, qui avait déjà envoyé au goulag deux millions et demi de personnes, dont 35 000 enfants, s’apprêtait à doubler, avec les rafles de juifs, le chiffre de ces hommes et de ces femmes promis à une mort plus ou moins lente. La première partie de la phrase est annihilée par la seconde. Dans les cerveaux formatés, l’amalgame se fait naturellement. Même les 35 000 enfants (sans doute russes, kazakhs, arméniens…). Même eux, dans cette phrase, deviennent juifs. Alors même que ces derniers n’ont pas été déportés puisque :

La mort de Staline aura sans doute permis d’éviter une Shoah soviétique.

Le fantasme devient histoire officielle mais le mot est lâché. «Shoah». Une shoah soviétique qui n’a pas existée, mais pour laquelle on peut sortir les violons quand même. On pourrait même croire que Colomès, Rubenstein et consorts regrettent un peu qu’elle n’ait pas existé, cette entreprise de destruction des Juifs de Russe. C’eût été finalement plus simple pour pointer du doigt la Russie et y infliger un calvaire psychologique aux générations suivantes, comme en Allemagne.

Mais en fin de compte, tout cela est très très cohérent. Cela va de pair avec la réécriture de l’Histoire entreprise depuis 1945 par Hollywood. On sait à quel point les masses européennes ont été lobotomisées pour croire de nos jours que les Etats-Unis avaient défait Hitler. L’opération de propagande est permanente. Récemment, Tarantino était allé jusqu’à s’approprier le cadavre du Führer. Il y a peu on n’a pas hésité à dire que les Ukrainiens (ces mêmes Ukrainiens au sein desquels pullulent les néonazis) avaient libéré Auschwitz. Et bientôt une comédie musicale en glucose va écumer les provinces françaises pour faire entre à coup de marteau dans la tête des enfants que la Seconde guerre mondiale se résume au génocide des Juifs et au débarquement de Normandie.

Mais voler la victoire à la Russie n’était pas suffisant. Il faut manifestement passer à l’étape supérieure, et montrer que, sans les Etats-Unis, la Russie aurait très certainement fait la même chose que l’Allemagne nazie. Les mythes s’écrivent sur le temps long. Le bourrage de crâne va continuer pendant des lustres. Le vingtième siècle doit être, dans les esprits, le siècle de la naissance de l’empire du bien. Et Colomès, enfant de la Guerre Froide, participe volontiers à cette entreprise : Mais il faudra encore patienter quarante ans avant que ne s’écroule le système qui aurait pu mettre en œuvre cette autre solution finale. Celui que Ronald Reagan appelait fort justement «l’empire du mal». Après avoir réussi à faire de Hitler et Staline des synonymes dès le titre de son article, il arrive à opérer une contradiction qui ne le choquerait pour rien au monde. En début d’article, Staline était un fou antisémite isolé, en fin de papier, nous sommes passés à l’URSS, coupable dans son ensemble. Heureusement, effectivement, que la puissance américaine, la plus destructrice de l’Histoire, était là, heureusement qu’elle est encore là ! Et vivement que les Russes s’estiment – comme les Allemands, comme les Français – coupables collectivement, on pourra alors totalement réécrire l’Histoire et se livrer au racket habituel.

Source : Kakoi, Mattbuge, 14-04-2016

Source: http://www.les-crises.fr/staline-aussi-voulait-sa-solution-finale-par-michel-colomes/


Qu’y a-t-il derrière le mur de silence occidental sur la glorification de la collaboration nazie en l’Europe de l’Est ? Par Dovid Katz

Tuesday 19 April 2016 at 00:35

Source : Dovid Katz, 29-03-2016

Dovid Katz est un éminent spécialiste de la langue yiddish et de la culture juive lituanienne. Né à New York, il a fondé et dirigé les études yiddish à Oxford pendant 18 ans (1978-1996) et, après une période à Yale (1998-1999) il s’est établi en Lituanie où il a été professeur d’études juives à l’université de Vilnius de 1999 à 2010 et y a fondé l’Institut yiddish. En 2008, il a commencé à s’opposer publiquement à la politique de l’État visant à poursuivre les survivants de l’Holocauste qui avaient résisté aux nazis, au mouvement croissant du Double génocide (qui a produit cette année la Déclaration de Prague de 2008) et à la nouvelle extrême-droite qui se prétend de centre-droite. Il a fondé le journal en ligne Defending History, et après avoir publié des articles dans le the Guardian, le Irish Times, le Jewish Chronicle, il a été renvoyé en 2010 de l’université de Vilnius, en Lituanie. Il poursuit actuellement des études sur le yiddish et sur (l’activisme contre) le révisionnisme concernant l’Holocauste est-européen et l’antisémitisme dans le contexte géopolitique est-ouest actuel. Il est le co-auteur en 2012 de la Seventy Years Declaration. Son plus récent ouvrage est Yiddish and Power (Palgrave Macmillan, 2015), et il travaille aujourd’hui sur David and Goliath: Standing Up to the New Holocaust Denial, qu’il espère terminer en 2017. Auteur prolifique de nombreux livres et articles, il souhaite écrire un livre sur les questions lituaniennes, mais il est encore à la recherche d’un éditeur. Son site personnel : www.dovidkatz.net.

Après les défilés néo-nazis du 16 février et du 11 mars derniers dans les principales villes de Lituanie, il y a eu le culte annuel letton du 16 mars en l’honneur des Waffen-SS à Riga. Pas le moindre mot de la part d’aucun ambassadeur américain, britannique, canadien ou français pour exprimer leur préoccupation. Que se passe-t-il ?

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Pour paraphraser un vieux dicton yiddish sur les rois et les reines, vous en apprenez beaucoup plus d’une chape de silence des autorités étatiques que d’une liste de proclamations et de déclarations. Quel calcul géostratégique (ou erreur de calcul) pourrait être derrière la décision dissimulée de l’Occident d’accepter une révision radicale de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, qui non seulement altère ce qu’a été l’Holocauste et glorifie les collaborateurs et tueurs est-européens locaux de Hitler, mais déconsidère le récit historique de la Grande Alliance qui a libéré l’Europe de l’hitlérisme ? Sans oublier les immenses sacrifices consentis par les alliés pour libérer l’Europe du nazisme, qui restent dans la mémoire familiale immédiate de millions de gens.

Nous avons récemment rapporté dans ces pages la manifestation néonazie du 16 février au centre de Kaunas (la capitale de la Lituanie dans l’entre-deux guerres et deuxième ville actuelle), qui arborait une banderole en l’honneur de six héros nationaux, dont cinq étaient des collaborateurs de l’Holocauste. L’article se concluait en mettant le maire de la capitale, Vilnius, au défi d’interdire ou de déplacer la prochaine parade néonazie, prévue le 11 mars au centre de cette ville. Hélas, la manifestation a eu lieu sans commentaire public de sa part, ni de celle d’un ambassadeur américain ou britannique (ou, en l’occurrence, d’aucun autre). La bonne nouvelle est que la manifestation a hissé seulement deux collaborateurs de l’Holocauste au Panthéon des héros figurant sur la banderole de tête, il n’y a eu qu’une seule immense image antisémite, et seulement quelques svastikas de style lituanien (avec des lignes ajoutées) fièrement portées face aux premières institutions gouvernementales du pays sur le trajet de la marche. Il y a eu les insultes habituelles contre les Polonais, les Russes, les LGBT et d’autres encore.

Ensuite, la bizarre cérémonie d’amour balte pour le nazisme, favorisée et autorisée par des décisions officielles dans des centres urbains lors de jours importants pour le pays, ici même, dans l’Union européenne / l’Otan, a célébré à son tour ses Ides de mars annuelles au nord, vers Riga, la capitale lettone. Là encore, le monument à la liberté au centre de cette ville a été offert en cadeau aux fidèles des Waffen SS de ce pays, qui avaient fait le serment d’être loyaux à Adolf Hitler. Leurs nombreux membres ont été recyclés comme exécutants volontaires de l’Holocauste. Tous priaient ardemment pour la victoire de Hitler en Europe. Cette année encore, divers responsables officiels du gouvernement ont pris part à la fête et l’ont encensée. De nouveau, les rares voix de protestations sont venues de Monica Lowenberg à Londres ; d’un député britannique travailliste de l’opposition, Gareth Thomas ; du centre Simon Wiesenthal Efraim Zuroff ; d’un groupe de manifestants allemands qui ont été arrêtés à la frontière, et d’un journaliste britannique qui a été emmené ailleurs par la police, avant l’événement. Même cela n’a pas provoqué un mot de protestation de l’UE contre la brutale violation des frontières intérieures de Schengen ou de la liberté de parole et de la presse.

Rien de nouveau jusqu’ici.

On n’a pas dit aux Occidentaux que des lois criminalisant efficacement les opinions dissidentes sur la Seconde Guerre mondiale – plus exactement : criminalisant l’expression de la simple vérité sur (la spécificité nazie de ) l’Holocauste – ont été adoptées par (entre autres) la Hongrie en 2010 (avec une peine d’emprisonnement maximum de trois ans), la Lituanie la même année (deux ans maximum), l’Estonie en 2012, la Lettonie en 2014 (cinq ans maximum) et l’Ukraine en 2015 (qui plafonne à dix ans d’emprisonnement). Ce sont pour la plupart des lois sur le double génocide qui frappent d’illégalité tout désaccord avec le diktat de l’État selon lequel les crimes nazis et soviétiques sont équivalents et que tous deux constituent également un génocide.

Qu’est-il arrivé aux valeurs occidentales de liberté de parole et de débat ouvert, sans parler de la simple détestation sans ambiguïté du mal raciste particulier qu’est le fascisme et le génocide nazi, pour la défaite duquel le monde libre a tant donné ? Ici en Lituanie, un des contributeurs réguliers de DefendingHistory.com, Evaldas Balčiūnas, a été traîné devant la police et les procureurs à plusieurs reprises pour ses articles protestant contre la glorification en Lituanie des collaborateurs nazis en tant que héros. Lorsqu’en 2012, le gouvernement lituanien a investi dans la ré-inhumation, avec tous les honneurs (des États-Unis), des restes de son honteux Premier ministre nazi fantoche de 1941, c’est l’ambassade américaine ici à Vilnius (incluant à cette époque – et ce n’est pas une coïncidence – un consul proche d’un haut responsable du musée de l’Holocauste de Washington DC) – qui a accompli des heures supplémentaires pour faire tomber un voile de silence empêchant que tout cela soit mentionné dans un média international important.

Cette même année, l’ambassade étasunienne à Vilnius s’est arrangée pour qu’un journaliste du New York Times ne parle au gouvernement lituanien que de son opposition à une déclaration, émanant de 70 membres du Parlement européen – dont huit Lituaniens –, qui protestaient contre les «tentatives d’altérer l’Holocauste en diminuant son caractère singulier et en la jugeant égale, semblable ou équivalente au communisme».L’ambassade a aussi fait en sorte que le journaliste soit informé par un universitaire juif américain, qui devait recevoir une haute décoration de l’État (ce n’était pas mentionné dans l’article) pour son aide à gommer, avec des paroles lénifiantes, les aspérités du révisionnisme est-européen à l’égard de l’Holocauste.

*  *  *

Donc que se passe-t-il ?

Comme beaucoup de choses apparemment compliquées dans la vie, il y a, au cœur de tout cela, un récit assez simple. C’est la stratégie visant à accepter quelque chose, même un meshugás (mot yiddish signifiant alouette, bizarrerie, obsession, idée folle) de la part de votre allié, lorsque ce meshugás a une importance cruciale pour lui. Depuis 17 ans, à Vilnius, j’ai entendu à de nombreuses reprises des diplomates occidentaux me dire de manière officieuse : «Regardez, Dovid, ces Européens de l’Est (la Nouvelle Europe) sont les seuls qui résistent réellement à la Russie, pas comme en Europe de l’Ouest (la Vieille Europe), et tout ce qu’ils veulent en retour est d’arranger leurs histoires de guerre, celles d’avant notre naissance, mais bon ! Ne vous faites pas de souci, ils vont aussi investir une fortune dans des choses juives, donc tout le monde sera content.» 

Avec le glissement en cours dans la Nouvelle guerre froide, et quelques gouvernements occidentaux eux-mêmes qui investissent dans des historiens pour aseptiser le révisionnisme (en particulier le révisionnisme purifiant les forces fascistes locales d’Europe de l’Est, qui ont fourni la plupart des nazis actuels tueurs de juifs), une extrême-droite est-européenne présentable a été en mesure de se vendre aux Occidentaux naïfs comme centriste ou centriste de droite. Mais ne vous y trompez pas. Quiconque fait des collaborateurs et des exécutants de Hitler des héros est d’extrême-droite est un danger pour les valeurs fondamentales de l’Occident, de l’Union européenne et de l’Otan. Peu importent leur suavité, leurs belles paroles, leur culture et leur capacité à offrir indéfiniment des voyages, des médailles, des honneurs, des garanties et diverses formes de largesses aux Occidentaux qui s’ennuient – les élites et ceux qui prétendent en être.

La dépendance de l’extrême-droite à la nostalgie hitlérienne, l’important révisionnisme et une théorie raciste persistante de la pureté du sang ne sont pas une surprise.

Ce qui est surprenant, c’est que ce soit poursuivi, même de manière tangentielle, par les États vraiment démocratiques et prospères qui ont rejoint l’Union européenne et l’Otan, en particulier les États baltes, qui étaient en fait des Républiques soviétiques plutôt que des satellites du Pacte de Varsovie. C’est extraordinaire qu’ils soient tous devenus d’authentiques démocraties présentant la délicieuse alternance de changements de pouvoir réguliers, pacifiques et ordonnés à la suite des choix issus des urnes.

Mais ne jamais sous-estimer la capacité des universitaires, en particulier les politologues et les types chargés des relations publiques, à venir avec du baratin géopolitique pour rendre respectable même le culte des hitlériens locaux pendant la guerre. L’argument court tout au long de ces lignes : «L’Allemagne a reconnu sa culpabilité et a payé des réparations pour le mal qu’elle a fait, mais la Russie n’a jamais accepté sa responsabilité pour ce qu’elle a fait de mal, et nos parlements ont maintenant décidé que c’était un génocide totalement équivalent à celui de Hitler. Quel grand bâton pour frapper Poutine et faire des Russes des parias permanents !» 

Mais cela ne partira pas au lavage, ni aujourd’hui ni jamais, parce que si la grande Alliance anglo-américano-soviétique qui a vaincu Hitler dans l’Histoire peut être contestée, elle ne sera jamais vaincue – parce que c’est la vérité. C’est aussi simple que de dire que les gens qui ont libéré Auschwitz ne peuvent pas être équivalents aux gens qui y ont perpétré un génocide. C’est fou et contreproductif de frapper Poutine et ses semblables sur des questions historiques à propos desquelles les Russes ont pour l’essentiel raison.

Poutine est un dictateur de plus en plus dangereux, autocrate, brutal, revanchard, et l’Occident doit être vigilant et protéger tous ses membres de l’Otan. Il y a, en fait, d’innombrables bâtons légitimes dans l’arsenal actuel de la démocratie pour le contrer honorablement.

Aucune cause n’est servie, pas d’un iota, en déformant l’Histoire, en brouillant l’Holocauste, en fermant les yeux sur la glorification, comme de supposés héros anti-soviétiques, des auteurs locaux de l’Holocauste en Europe de l’Est, en pratiquant un racisme dans le style aryen ou en admettant des exceptions à la liberté de parole et de circulation sur une question totalement historique.

Il est urgent que les grandes puissances occidentales soient un véritable ami de l’Europe de l’Est, un véritable ami qui dit : «Attendez, quelque chose ne va pas !» lorsque des gouvernements offrent le centre de leurs capitales aux néo-nazis qui saluent en héros les collaborateurs locaux du génocide (ou les ré-inhument avec tous les honneurs), lorsque des gouvernements investissent dans la répression des dissidents sur des questions d’Histoire, lorsque des gouvernements souffrent de meshugás en essayant de corriger l’histoire de l’une des plus grandes réalisations de la civilisation occidentale : vaincre Hitler en Europe.

Source : Dovid Katz, 29-03-2016

Source: http://www.les-crises.fr/quy-a-t-il-derriere-le-mur-de-silence-occidental-sur-la-glorification-de-la-collaboration-nazie-en-leurope-de-lest-par-dovid-katz/


“Le Baron noir” ou comment enfin comprendre la politique…

Monday 18 April 2016 at 03:40

Si vous voulez comprendre la politique (surtout si vous êtes un jeune lecteur, donc une proie de choix car non encore édifié par quelques élections où on vous aura pigeonné dans les grandes largeurs), je vous recommande VRAIMENT de vous procurer la série de Canal Plus (par exemple 26 € ici pour 7 heures de plaisir, c’est presque donné).

C’est je pense ce que j’ai vu de mieux pour décrire le système politique, que je connais assez bien désormais.

Vous y verrez à quel point la réalité de la politique à niveau un peu élevé est à l’opposé total des valeurs professées (intérêt général, droiture, honnêteté…), mais, surtout, bien plus intéressant, vous comprendrez comment on en arrive là, de petites crasses répondant à des petites crasses, de sales coups répondant à des sales coups, à un tel point qu’au bout d’un moment on n’arrive même plus à savoir qui est responsable de quoi, et qui est le méchant, ni même si finalement il y a vraiment un méchant dans l’histoire, car il leur reste toujours un fond de valeurs…

Ainsi, vous comprendrez par exemple comment François Hollande en arrive à recevoir SIX FOIS en moins d’un an un type comme Jean-Luc Bennahmias (qui est quand même l’homme politique qui se rapproche le plus d’un trou noir) au lieu de s’occuper de choses sérieuses.

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Bref, une grande production française, qui parlera à beaucoup, j’en suis sûr…

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Cinq faits réels pour comprendre “Baron noir”, la nouvelle série de Canal+

Source, Le Huffington Post, Alexandre Boudet, 08-02-2016

Kad Merad et Niels Arestrup, les deux personnages principaux de la série Baron noir. | Canalplus

Kad Merad et Niels Arestrup, les deux personnages principaux de la série Baron noir. | Canalplus

POLITIQUE – Par séquence, on se croirait presque dans un documentaire. La série “Baron noir” diffusée à partir de lundi 8 février sur Canal+ plonge avec réussite dans les arcanes du pouvoir politique. À Dunkerque où le député-maire Philippe Rickwaert (interprété par Kad Merad) règne sur son microcosme comme les partis politiques aiment à les fabriquer, mais aussi à l’Elysée où Francis Laugier (Niels Arestrup) est un Mitterrand réincarné au temps de Twitter.

Certains verront dans cette fiction le “House of Cards” à la Française. Le scénariste Eric Benzekri dit s’être davantage inspiré des “Soprano” et de “À la maison blanche”. “L’élément déclencheur de ‘Baron noir’ est venu du constat de la troublante similitude entre ce que j’ai vécu en politique et ce qui est raconté dans ces deux séries”, explique celui qui a longuement milité en politique avant d’écrire des scénarios.

Familier des syndicats étudiants, il a longtemps gravité dans les sphères socialistes “auprès de députés, de ministres et même de candidats à la présidentielle”. Mais tous les téléspectateurs n’ont pas son expérience, voici cinq clés politiques pour ne rien manquer des subtilités du scénario.

La puissance de la fédération PS du Nord

Ce n’est pas un hasard si Philippe Rickwaert est un élu du Nord. Dans l’histoire récente du Parti socialiste, ce département ouvrier est un bastion incontournable dont le rôle est central dans les Congrès. Mais un bastion qui subit une lente descente aux enfers; amorcée avec la désindustrialisation (bien mise en lumière dans la série), elle s’est accentuée avec le retour au pouvoir de la gauche en 2012.

Cette dégringolade est parfaitement illustrée par l’année 2015. Au début des années 2000, la “Fédé du Nord” comptait 10.000 membres; elle n’en avait plus que 5200 quand en juin dernier les militants ont été appelés à choisir leur président. Minée par les défaites électorales (revers aux départementales puis aux régionales), la fédération connaît une saignée au niveau des élus, qui débouche sur de graves difficultés financières. Au point que la patronne du PS local a dû lancer un appel aux dons au début du mois de février.

Les nombreux fantasmes des offices HLM

Pour financer la campagne présidentielle de son mentor Francis Laugier, Philippe Rickwaert a puisé dans les caisses de l’office HLM de la ville de Dunkerque (dont il est un dirigeant de par sa fonction de maire). Idem pour les présidents de conseils généraux à l’échelle du département. Ces offices sont, depuis longtemps, au cœur des fantasmes mais aussi parfois d’affaires politico-judiciaires de financement occulte des partis politiques.

La plus médiatique concerne les HLM de la ville de Paris à l’époque Chirac. Il n’était pas question de loyers impayés comme dans la série mais de versement d’argent en échange de l’obtention de marchés publics. Les mis en cause ont assumé avoir versé de l’argent au RPR pour financer des campagnes électorales mais la justice n’a jamais pu prouver que le parti en a profité.

L’union de la gauche à l’épreuve des législatives

Dans la foulée de l’élection présidentielle remportée par le candidat socialiste, les élections législatives doivent lui permettre d’obtenir la majorité la plus large possible pour avoir les coudées franches pendant son quinquennat. Seulement, comme ce fut le cas avec François Hollande, Francis Laugier doit composer avec les alliés du PS, notamment les écologistes.

En 2011, un deal entre Martine Aubry et Cécile Duflot avait réservé une soixantaine de circonscriptions aux écolos dont une grosse vingtaine de gagnables. Dans la série, le fief de Philippe Rickwaert aurait pu en faire partie.

Pour ces législatives, l’autre point important dont il faut se souvenir, c’est la règle tacite qui veut qu’à gauche tous les candidats se désistent au second tour en faveur du candidat le mieux placé. D’où la volonté du “Baron noir” de tout faire pour parvenir à devancer son rival au soir du premier tour.

Les vieilles passerelles entre le PS et la CFDT

Les liens entre la CFDT et le PS que l’on voit dans l’usine Clamex sont moins forts que ceux qui unissent la CGT et le Parti communiste. Il n’en demeure pas moins qu’entre le syndicat réformateur et la rue de Solferino, le courant passe très bien. Et cela ne date pas du quinquennat Hollande durant lequel l’ancien délégué de Florange Edouard Martin est devenu eurodéputé PS et lors duquel Laurent Berger est devenu le principal partenaire des ministres du Travail ou de l’Economie.

Il faut se souvenir par exemple que l’ancien numéro 2 du syndicat Jacques Chérèque (père de François Chérèque) a été ministre du gouvernement Rocard en 1988. Si l’on remonte plus loin, lors du premier mandat de François Mitterrand, on estime que 21% des membres de cabinet du gouvernement Mauroy ont eu leur carte de la CFDT. Autre proximité PS-CFDT, celle qui a rapproché le socialiste Jacques Delors et le cédétiste Edmond Maire.

Un président, deux types de conseillers

Autour de Francis Laugier (Niels Arestrup), deux conseillers au profil antagoniste se font face. Philippe Rickwaert (Kad Merad) est un élu fils d’ouvriers bien implanté dans le nord de la France. À l’inverse, Amélie Dorendeu (Anna Mouglalis) est une énarque issue de la haute-bourgeoisie passée par la Commission européenne qui ne s’est jamais confrontée au suffrage universel.

Une répartition qui rappelle (de manière un brin caricatural) l’entourage de François Hollande pendant la dernière présidentielle; respectivement directeur de campagne et directeur de la communication, Pierre Moscovici et Manuel Valls étaient deux proches voués à devenir ministres (ce à quoi aspire Rickwaert) quand Aquilino Morelle (rédacteur du discours du Bourget) est devenu conseiller politique de François Hollande (à l’image de Dorendeu).

Source, Le Huffington Post, Alexandre Boudet, 08-02-2016

Source: http://www.les-crises.fr/le-baron-noir-ou-comment-enfin-comprendre-la-politique/


Le-Ayrault sont fatigués, par Philippe Grasset

Monday 18 April 2016 at 02:20

Il faut la garder celle-là en effet…

Rappelons que l’armée syrienne a perdu environ 95 000 hommes, tués par des armes financées essentiellement par l’Arabie, le Qatar, la Turquie et l’Occident…

Source : De defensa, Philippe Grasset, 02-04-2016

3 avril 2016 – Celle-là aussi, je l’ai ratée ! Honte à moi, mais comme je vous l’expliquai en une autre occasion j’en rate souvent ; d’autre part et pour compléter mon explication, je précise que j’ai un peu, et même drôlement fait l’impasse sur la littérature quotidienne-Système française, remisée dans mon trou noir de l’inconnaissance. Les élites-Système françaises m’épuisent, et les débats qu’elles déclenchent, et même les ripostes de nombre de ceux qu’on pourrait qualifier d’antiSystème, ne me réconcilient pas avec l’ardeur et l’allant dont j’ai besoin. Donc, je passe outre, et parfois je rate…

Heureusement pour le cas qui nous occupe, les valeureux guerriers de Russia Insider (RI) veillaient au grain et, trois jours plus tard, nous ont sorti la pépite et ainsi me rattrapant au collet, in extremis. Ils ont diffusé un texte absolument tonitruant, mi scandalisé mi-fou-de-rire, sur notre-ministre, successeur par ascendance indirecte et il faut bien le dire un peu accidentelle, disons de la main gauche, de Vergennes et de Talleyrand.

Je me suis précipité sur les bonnes sources pour vérifier, in French dans le texte. Aucun doute, le-Ayrault, visitant Alger-la-blanche que j’eus l’heur de bien connaître comme l’on habille ses souvenirs d’une si intense nostalgie, a bien dit ce qu’on dit qu’il a dit, disons à Bouteflika pour faire bref, qui se résume à ceci : “Certes, cher ami, l’immonde Assad a libéré Palmyre et l’on ne peut pas dire que c’est entièrement mauvais et catastrophique, mais hein, il n’avait qu’à mieux défendre, avec un peu plus d’allant et de courage, ce bijou de notre-civilisation aux valeurs libérales qu’est Palmyre, et on n’aurait (notre-coalition essentiellement) pas eu à le libérer, vraiment l’armée de ce Assad est au-dessous de tout, et Assad lui-même, comme disait un philosophe de mes proches, ne mérite pas d’exister…” Je cite Le Point, source absolument pure comme de l’eau de source :

« La reprise de Palmyre est une victoire de Bachar el-Assad, mais également pour la coalition. “On ne va pas se plaindre que Palmyre ne soit plus aux mains de Daech. Palmyre, aux yeux de beaucoup, c’est un symbole”, a déclaré Jean-Marc Ayrault, en visite à Alger. “Mais en même temps, quand Palmyre a été conquise par Daech (en mai 2015, NDLR), on ne peut pas dire que le régime de Damas ait été très défensif. On peut le regretter. Peut-être que, s’il y avait eu à l’époque une réaction aussi forte, on n’en serait pas là, on aurait pu éviter la prise de Palmyre”, a-t-il estimé.

» La victoire des forces du régime “ne doit pas exonérer le régime de Damas” de ses responsabilités dans le conflit, a souligné le ministre des Affaires étrangères lors d’une rencontre avec la presse, après avoir rencontré les autorités algériennes, dont le président Abdelaziz Bouteflika. Alger soutient le président syrien Bachar el-Assad quand Paris répète qu’il ne peut être l’avenir de la Syrie.

» “C’est un point sur lequel nous divergeons. Eux n’en font pas un sujet prioritaire”, a indiqué Jean-Marc Ayrault, qui a par ailleurs précisé n’avoir pas rencontré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. Hasard du calendrier, Walid Mouallem effectue une visite en Algérie et se trouvait dans la capitale en même temps que son homologue français. “Je n’étais pas informé de cette visite. Les Algériens font ce qu’ils ont à faire. Je n’ai pas eu le souhait ni l’opportunité de (le) rencontrer”, a déclaré Jean-Marc Ayrault. »

RI se moque longuement, totalement stupéfié par ces déclarations du ministre français, l’étrange le-Ayrault. RI a le courage de faire l’effort de rappeler comment tout s’est passé, puis de préciser que, constamment, depuis 2011, la France réduisant par tous les moyens les capacités de l’armée d’Assad et renforçant idem les rebelles devenus islamistes extrémistes et Daesh massacrant à Paris, et également prenant Palmyre ; et soudain, le voilà qui remarque, le-Ayrault, presque avec accablement devant tant de laisser-aller et de manque de conscience, que vraiment Assad et son armée ont laissé tomber Palmyre dans les mains des barbares, et qu’il était temps qu’ils les reprennent … Encore que, précisons,  « La reprise de Palmyre est une victoire de Bachar el-Assad, mais également pour la coalition… » ; or donc, de quelle coalition parle-t-il, le-Ayrault ? La sienne, celle qui est pleine de ses Rafale actifs et zélés ?

(Tiens, quelle secrète inspiration comme une réponse à l’intervention déjà faite mais ignorée de le-Ayrault nous avait fait écrire cette remarque, qui n’avait aucune nécessité directe, dans ce texte du 31 mars : « …Question du flâneur, tout à fait en passant : que sont devenus nos superbes Rafale de l’Armée de l’Air française dans toutes ces pérégrinations, eux qui étaient prêts à sauter à la gorge d’Assad à la fin août 2013 pour le punir de l’attaque chimique montée à grand frais par Prince Sultan déguisé en Assad, qui furent à grand’peine retenu par un Obama-Hamlet revenu au dernier moment sur sa décision d’attaquer ? Le silence pudique est de rigueur, la gloire de la France étant aujourd’hui dépendantes des bons points de l’UE et de sa loyale imitation de la sagesse américaniste. Il n’y avait donc pas de Rafale au-dessus de Palmyre. »)

Ainsi, l’on peut raconter ces choses, avec, en six-sept mots comme l’a fait le-Ayrault , quatre ou cinq contradictions, contre-vérités, bouffonneries assez mornes quoiqu’énormes, énormités grossières de logique violentée sans violence trop bruyante et effronteries de l’esprit totalement perverti sans trop se compromettre? Je l’entends d’ici, avec ce ton-chicon (*) comme l’on dirait dans le digne Royaume de Belgique. Il a une façon de dire qui fait que la plus formidable imposture passe comme un suppositoire bien tourné, sans trop occasionner de dégâts, sans qu’on ne remarque ni même ne ressente l’opération sur le moment.

Et ainsi me questionnai-je, dans cette journée des premières et timides douceurs d’un printemps si tardif : qu’est-ce qui fait que ces gens disent des choses aussi grosses et aussi sottes, aussi méprisantes pour la vérité-de-situation, aussi absurdes et insensées, avec ce complet désintérêt pour la cohérence du discours, pour l’ordre de la pensée ? Car c’est bien le cas dans le fait d’accuser un monstre illégitime dont vous proclamez depuis quatre ans son impuissance totale et sa très-prochaine (deux-trois semaines) chute, et qu’il faut tout faire pour réduire ses forces à néant, et dans le même souffle de l’esprit (l’esprit de Fabius souffre dans l’esprit de le-Ayrault), l’accuser, ce barbare absolu, de n’avoir pas été assez fort, assez résistant, assez courageux, assez légitime au nom de l’humanité, pour empêcher que Palmyre tombât aux mains des barbares ? Tout cela dit avec le clin d’œil-chicon, l’air de dire assez mornement “à moi, on ne la fait pas” ?

La première hypothèse est qu’ils parlent, ces gens-là, comme on mâche du chewing-gummade in USA, sans prêter non seulement la moindre attention, mais le moindre intérêt pour la signification des mots qu’ils disent. On leur a fait un petit carton : “là, si on vous pose cette question, vous répondez : bla, bla, bla…” (Pourquoi ne répondent-ils pas justement et simplement, et vraiment : “Bla bla bla…”, cela serait de l’humour-chicon, et l’on rirait joyeusement.) La deuxième hypothèse est qu’ils ne savent même pas qu’ils parlent, ils sont parlés par quelque inspiration mystérieuse qui dépasse même le petit carton de leur conseiller en com’, comme un automate bien remonté. La troisième hypothèse est qu’il ne s’est rien passé du tout après tout, que si vous les interrogez lors du debriefing, ils ne se rappellent de rien parce que quelque chose d’autre a parlé pour eux, même pas au travers d’eux, non, à leur place. On a cru que c’était le-Ayrault mais on se trompe : le Diable ricanant s’est substitué à lui sans qu’il y prenne garde. Le Diable est un garnement et il sait y faire ; et quand je dis “le Diable”, hein, je plaisante à peine, car l’on sait bien mes tendances à conjecturer sur ces forces qui transpercent ces psychologies si faiblardes, surtout celles qui sont aussi translucides que du chicon.

(Une autre joyeuse en passant, à une question sur la présence en même temps que lui, – ces Algériens ont de ces culots, – du ministre des affaires étrangères du barbare Assad à Alger. Réponse de le-Ayrault, superbement au courant de la marche du monde : “Moi pas être au courant, et d’ailleurs si je l’avais été j’aurais fui en courant…” [« Je n’étais pas informé de cette visite. Les Algériens font ce qu’ils ont à faire. Je n’ai pas eu le souhait ni l’opportunité de (le)rencontrer »]. Ca être une leçon de diplomatie, mon fieux, du vrai bwana.)

Quoi qu’il en soit, tout s’est bien passé et, sans aucun doute, François sera content et “l’honneur de la France” diablement sauf. (Le Diable, vous dis-je.) Vraiment, la France est en train de nous interpréter une pièce d’un brio extraordinaire ; il en faut, je vous assure, pour parvenir à être, comme dit la pub’ de la lessive, plus bas que bas, plus sot que sot, plus inverti qu’inverti, plus zombie que zombie, plus chicon que chicon enfin. (Le-Ayrault, ou le zombie-chicon : à retenir, cela…)

… Et dire que ce héros a son cul-chicon et maigrelet dignement carré dans le fauteuil de Vergennes ! Il est vrai qu’entretemps il y a eu une révolution (la Grande, la Seule-Vraie) et que, depuis, je vous l’assure, tout va diablement mieux, comme si le Diable s’était enfin mis sérieusement à l’œuvre… (Dans sa tombe, chèrement gagnée par une réconciliation de dernière minute avec notre Très-Sainte-Mère l’Église, j’entends le diable boiteux qui se tord de rire, libéré des contraintes de l’étiquette qu’il savait si bien utiliser. “Le-Ayrault, le Talleyrand-chicon !” hurle-t-il dans son fou-rire de spectre fantomatique qui hante le Quai d’Orsay. S’il ne l’était déjà, le diable boiteux en mourrait de rire.)

Note

(*) Le mot “chicon”, absolument admis et répertorié, et d’usage universel en Belgique, est simplement un homonyme d’endive. (Il est bon qu’un Français rapatrié puis émigré sacrifie de temps à autre aux coutumes locales. Cela amadoue les autorités du cru et le rend moins suspect.) C’est, le chicon-endive, un légume plein de vertus mais qui manque, dans son aspect-simulacre autant que dans la réputation qui lui est faite, de cette pétulance, de cette vigueur qui font les belles réputations et comblent les rêves des jolies dames. Le-Ayrault est un héros-endive, dirais-je, c’est-à-dire l’équivalent type d’Artagnan-postmoderne, d’un zombie-chicon. En attendant, que ce digne “légume plein de vertus” me pardonne : je l’ai pris comme symbole et notre héros, en vérité, ne vaut pas, sur le plan de l’utilité pour la nature des choses et la bonne marche de l’horlogerie du monde, le tiers du quart d’une endive. Ainsi soit-il mais plutôt gratiné, je préfère.

Source : De defensa, Philippe Grasset, 02-04-2016

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Comme j’y suis, on a eu ça aussi cette semaine :

«Ils disent beaucoup de choses ces jours-ci et je ne vais pas le leur interdire » a répondu Hillary Clinton. « La création de l’Etat islamique est principalement et avant tout le résultat d’une situation désastreuse en Syrie causée par Bachar el-Assad qui est appuyé et encouragé par l’Iran et la Russie» s’est justifiée l’ancienne secrétaire d’état.

Pas mal pour un bidule créé par des Irakiens… #1984

« On avait parfaitement compris, longtemps avant George Orwell, qu’il fallait réprimer la mémoire. Et pas seulement la mémoire, mais aussi la conscience de ce qui se passe sous nos yeux, car, si la population comprend ce qu’on est en train de faire en son nom, il est probable qu’elle ne le permettra pas. C’est la raison principale de la propagande. » [Noam Chomsky]

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[2015] Pourquoi Palmyre n’a pas résisté à l’assaut de Daech

Source ; l’Express,  Catherine Gousset, 22-05-2015

Palmyre, le 19 mai 2015, à la veille de la chute de la ville aux mains du groupe Etat islamique.

Palmyre, le 19 mai 2015, à la veille de la chute de la ville aux mains du groupe Etat islamique. “L’armée syrienne a très clairement un problème d’effectifs.” Reuters/Omar Sanadik

Après quelques jours d’assaut, le groupe Etat islamique s’est emparée de la ville de Palmyre. Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, revient sur les raisons et les implications stratégiques de cette victoire du groupe djihadiste.

Pourquoi l’armée syrienne n’a-t-elle pas été capable de résister à l’offensive de l’EI à Palmyre

J’ai moi-même été surpris de la rapidité de sa défaite. Il y a quelque jours, le gouverneur de Homs avait été envoyé dans la ville pour proclamer que tout allait bien. J’ai donc du mal à croire que le régime ait délibérément abandonné la ville dans le seul but d’en retirer des dividendes médiatiques, c’est-à-dire pour profiter de l’émotion que suscite en Occident les atteintes au patrimoine archéologique et se poser en rempart contre la barbarie de Daech. Si le régime avait laissé entrer les djihadistes dans la ville antique avant de les repousser, il aurait pu jouer les “défenseurs du patrimoine de l’humanité”, mais en perdant complètement Palmyre en quelques heures, il subit une grave humiliation et une défaite stratégique. Même aux yeux de ceux qui, en Occident, prônent une alliance avec Assad contre Daech, le régime syrien risque désormais d’apparaître comme une branche pourrie. Quelle est la valeur d’un partenaire incapable de tenir ses positions, ou ne serait-ce que de réagir de manière un tant soit peu vigoureuse?

Quelles sont les implications de la perte de Palmyre en termes militaires? 

La perte de Palmyre est considérable. La cité est un noeud routier important qui relie l’est (Deir Ezzor) à l’ouest de la Syrie: Homs, Hama et Damas. C’est la seule voie terrestre pour accéder à la dernière garnison du régime dans la région de Deir Ezzor. Le régime doit désormais se contenter de l’aviation pour ravitailler cette base. Cela va poser également des problèmes énergétiques à Damas puisque la région abrite à la fois des champs gaziers et des gazoducs et oléoducs en provenance de l’est. En perdant Palmyre, le régime perd aussi un aéroport militaire.

Enfin Il s’agit d’une région tribale. Le régime essayait d’y recruter des supplétifs. Mais les tribus recherchent avant tout des alliances qui garantissent leur protection; elles ne se préoccupent guère d’idéologie. A partir du moment où l’armée est en déroute, les dirigeants tribaux n’ont plus de raison de se rallier à elle.

Que dit alors cette défaite de l’état des forces en présence? 

L’armée a très clairement un problème d’effectifs. Les autorités de Damas savaient depuis un moment que Palmyre était menacée. Elles n’ont pas eu la capacité d’envoyer des renforts. Il se passe la même chose qu’à Idleb, tombée en mars aux mains des rebelles. L’offensive était préparée depuis des mois. On a pu un temps croire que le régime avait renoncé à défendre cette ville pour se concentrer sur la protection de Jisr al-Chogour, plus importante à ses yeux. mais Jisr al-Chogour est à son tour tombée en avril. L’armée n’a tout simplement pas assez d’hommes pour combattre (voir à ce sujet l’interview du démographe Youssef Courbage). Depuis l’année passée, on sait qu’elle a recours au recrutement forcé, parmi les sunnites. Ces nouvelles recrues sont très jeunes, peu aguerries et guère motivées, contrairement aux insurgés. Les pertes humaines dans les combats sont très lourdes, pour peu de résultats. Enfin l’aviation syrienne qui se consacre essentiellement à bombarder les zones civiles est peu performante en termes tactiques.

Palmyre est situé en pleine zone désertiqueGoogle map

Palmyre est situé en pleine zone désertique Google map

L’EI sort donc renforcé de cette bataille? 

Oui, mais il faut relativiser cette puissance. On a dit que l’EI contrôlait désormais 50% du territoire syrien. Sauf qu’il s’agit de zones en grande partie désertiques. L’EI est très à l’aise dans la guerre du désert. L’organisation est très mobile. Dans l’ouest du pays, qui concentre l’essentiel des zones habitées, c’est une autre affaire. Les zones de combats sont très statiques. A l’exception du Qalamoun, qui est le prolongement du désert syrien. Dans les zones densément peuplées, chaque village représente un obstacle puisqu’il est occupé soit par les forces du régime, soit par les rebelles. Ajoutons que l’EI a connu très récemment des revers contres les Kurdes à l’ouest de Hassaké.

Source ; l’Express,  Catherine Gousset, 22-05-2015

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[2015] L’armée syrienne impuissante et démotivée face au groupe État islamique

Source : France Inter, 23-05-2015

Palmyre est tombée entre les mains du groupe terroriste État islamique cette semaine. © Reuters - 2015 / Khaled Al Hariri

Palmyre est tombée entre les mains du groupe terroriste État islamique cette semaine. © Reuters – 2015 / Khaled Al Hariri

L’organisation terroriste contrôle désormais la moitié de la Syrie. Impuissante, désorganisée, l’armée syrienne va de défaite en défaite. La chute de Palmyre, cette semaine, constitue un sérieux revers. 

Après quatre ans de guerre civile, l’armée syrienne est épuisée. Les fronts sont trop nombreux, et depuis plusieurs semaines, les défaites militaires s’enchaînent. Les soldats de Bachar al-Assad ont perdu les villes d’Idlib et de Jisr al-Choghour dans le nord, ainsi que la cité antique de Palmyre, à l’est.

Sans oublier tous les postes-frontières tombés dans le giron des djihadistes : le dernier en date, celui de Tanaf, point de passage stratégique avec l’Irak. Le régime de Damas ne contrôle donc plus que sa frontière avec le Liban.

L’armée syrienne a perdu la moitié de ses hommes en quatre ans

L’étau se resserre sur la capitale Damas, que de nombreux cadres du régime commencent à quitter pour rejoindre Tartous ou Lattaquié, sur le littoral, une province acquise au pouvoir.

L’armée paye cher ses divisions confessionnelles et ses désertions. Avant la guerre civile, elle comptait près de 300.000 hommes, elle n’en compte plus que 150.000 aujourd’hui. Démotivés, les soldats syriens n’ont pas d’autre choix que de tuer ou d’être tués.  

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Source : France Inter, 23-05-2015

Source: http://www.les-crises.fr/le-ayrault-sont-fatigues-par-philippe-grasset/


Le Pentagone a gaspillé 500 millions de dollars pour l’entraînement de rebelles syriens. Et il est sur le point de recommencer. Par Paul Mc Leary

Monday 18 April 2016 at 01:50

Source : Foreign Policy, le 18/03/2016

18 mars 2016

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Le président Barack Obama a autorisé un nouveau plan d’entraînement des rebelles syriens pour combattre l’État islamique, une décision qui vient quelques mois après la fermeture par le Pentagone d’un programme d’entraînement et d’équipement encore plus ambitieux qui fit partir en fumée quelques centaines de millions de dollars, sans effets probants.

Cet effort fait partie d’une offensive du Pentagone afin de tirer profit du récent élan dans la longue campagne contre l’État islamique, qui a été malmené par la coalition et les frappes aériennes russes, par les attaques terrestres de l’armée syrienne réorganisée par Moscou, et par des assauts incessants des combattants kurdes, yazidis et sunnites armés par les États-Unis. Les partisans ont perdu à peu près 22% des terres qu’ils contrôlaient en Irak et Syrie ces derniers mois, et Washington souhaite manœuvrer le plus tôt possible en direction de Raqqa, la capitale du groupe. Et en l’absence d’envoi de troupes terrestres significatives par les États-Unis ou les alliés, les dirigeants du Pentagone pensent qu’entraîner les forces locales afin de prendre le relai est la meilleure option.

Le nouveau plan promet d’être plus ciblé que le précédent, qui avait embarrassé la Maison-Blanche en ne produisant pratiquement aucun combattant. Le programme d’entraînement initial à 500 millions de dollars débuta durant l’été 2015 par un projet de déploiement d’environ 5000 rebelles vers la fin de l’année, mais à la suite de désertions et à des attaques d’autres groupes rebelles, il n’a produit qu’environ cinq combattants entraînés avant d’être interrompu en octobre.

Informé de ce nombre pendant l’audition de la Commission des services armés du Sénat américain en septembre dernier, le républicain d’Arizona, John McCain, tempêta, disant que le programme du Pentagone était “déconnecté de la réalité” de l’urgence de la situation terrestre.

Cependant, les forces d’opérations spéciales étatsuniennes ont continué depuis à travailler individuellement avec des commandants arabes syriens, les emmenant en Turquie pour les entraîner avant de les infiltrer en Syrie avec de l’équipement américain. Il y a aussi environ 50 commandos américains sur le sol syrien, aidant à diriger le combat contre l’État islamique.

Le nouveau programme d’entraînement approuvé par Obama élargira ces contacts en emmenant des groupes restreints de combattants en dehors du pays pour les former aux tactiques de l’infanterie, bien que les dirigeants ne détailleront pas le plan d’entraînement, ni où il se déroulera, ni combien de combattants confirmés ils espèrent obtenir et renvoyer sur le champ de bataille.

“C’est une partie de nos ajustements au programme d’entraînement et d’équipement basé prioritairement sur les leçons apprises,” déclara le colonel Steve Warren, porte-parole de la coalition militaire des États-Unis à Bagdad. Le Pentagone souhaite “accélérer” le programme […], dit-il, mais “la disposition de notre soutien aux forces locales sera mesuré par rapport à leur performance” à combattre ISIS.

Les forces américaines et leurs intermédiaires sur le terrain ont rencontré des difficultés à recruter pour le programme en Syrie, étant donné que les Américains requièrent que toutes les troupes entraînées le soient seulement pour combattre l’État islamique et non le régime d’Assad.

Il n’y a aucun communiqué quant au lancement du nouveau programme ou quant à son coût, mais il a le soutien complet du nouveau commandant du Commandement central américain, le général Joseph Votel, qui a essayé de tromper les espérances et les intérêts du Congrès sur la taille et la portée du programme la semaine dernière. Attestant devant la Commission des services armés du Sénat, Votel le décrit comme une “accentuation de l’effort” conçu pour augmenter les compétences d’un nombre restreint de combattants qui pourront à leur tour enseigner ces leçons à d’autres rebelles.

“Je pense qu’il est utile d’avoir des personnes formées par nous, qui ont les techniques, les capacités de communication et les ressources afin d’établir un lien avec notre puissance de frappe,” annonça Votel, éludant la possibilité des rebelles de recourir à des frappes aériennes américaines.” Nous essayons d’éviter le problème que nous avons eu la dernière fois, c’est à dire lorsque nous ne savions pas à quel groupe ils appartenaient.”

Les dirigeants militaires resteront sûrement prudents par rapport au programme, après l’humiliante tentative de former une force syrienne l’année dernière. Cela a pris plusieurs mois en procédures pour que les dirigeants américains décident qui impliquer dans le programme, provoquant sur la colline du Capitole Hill [siège du Congrès américain, NdT] des hurlements devant la lenteur du recrutement de la force, alors que l’ÉI gagnait du terrain dans le nord de la Syrie. Et les choses n’ont fait qu’empirer. En juillet, le premier groupe d’environ 50 combattants entraînés revenant en Syrie s’est vu pris en embuscade par une filière d’al-Qaïda, le Front al-Nosra. Les combattants se sont pour la plupart dispersés et les militaires américains ont été incapables de savoir ce qu’ils sont devenus, de même que leur équipement.

Alors en septembre, environ 70 autres participants au stage ont été encore une fois forcés de donner la plupart de leurs matériels et munitions américains à al-Nosra, en échange d’un retour sain et sauf à travers le territoire ennemi dans le nord de la Syrie. En décembre, les responsables américains annoncèrent que moins de 100 des rebelles qui avaient été entraînés sont toujours actifs en Syrie.

Le dernier programme d’entraînement s’occupera probablement exclusivement des arabes syriens, déclara Warren, depuis que les combattants kurdes ont prouvé leur efficacité au nord de la Syrie. Les Kurdes ont aussi causé quelques soucis à Washington, cependant, en affirmant leur volonté de travailler avec les forces russes afin d’attaquer les autres groupes rebelles, dont ceux entraînés par la CIA.

Source : Foreign Policy, le 18/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-pentagone-a-gaspille-500-millions-de-dollars-pour-lentrainement-de-rebelles-syriens-et-il-est-sur-le-point-de-recommencer-par-paul-mc-leary/


[Vidéo] Conférence à Sciences Po : “La Finance à la Dérive”

Sunday 17 April 2016 at 03:55

Une conférence de 2015 mais qui n’a rien perdu de sa pertinence je trouve…

Les graphes sont ici.

Source : Youtube, Olivier Berruyer, 05-05-2015

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Depuis la crise de 2008, la Finance est l’objet de controverses multiples et de promesses politiques non tenues. Mais un dysfonctionnement de cette ampleur est-il inhérent au capitalisme ? Ou le système financier actuel est-il au contraire spoliateur de l’économie réelle et de l’entrepreneuriat capitaliste ? Est-il le fruit d’un retrait des pouvoirs publics et d’un manque de régulation de leur part ? Ou d’un Etat surplombant qui entretient la connivence entre les élites financières et les cabinets ministériels ?

Source : Youtube, Olivier Berruyer, 05-05-2015

Source: http://www.les-crises.fr/video-conference-a-sciences-po-la-finance-a-la-derive/


Pourquoi l’Ukraine s’éloigne un peu plus de l’Union européenne

Sunday 17 April 2016 at 00:54

Source : Le Figaro, Eléonore de Vulpillières

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FIGAROVOX/ENTRETIEN – Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a annoncé dimanche sa démission. Hadrien Desuin analyse l’évolution de la situation géopolitique et économique de l’Ukraine, deux ans après les manifestations de la place Maïdan.

Ancien élève de l’École spéciale militaire de St-Cyr puis de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d’un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d’Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l’Égypte, réalisé au Centre d’Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd’hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l’actualité de la diplomatie française dans le monde.

LE FIGARO. – En poste depuis deux ans et longtemps porté au pinacle par les Occidentaux, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission dimanche. Il était depuis plusieurs mois de plus en plus impopulaire (8% de taux d’approbation dans des sondages). Comment analysez-vous l’évolution de la situation de l’exécutif en Ukraine depuis les manifestations place Maïdan?

Hadrien DESUIN. – Le couple exécutif Petro Porochenko-Arseni Iatseniouk divorce après de longs mois de séparation. La première démission de Iatseniouk date de l’automne 2014 mais ce n’est qu’en février 2016 que Porochenko a fini par lâcher Iatseniouk. Avec cette démission effective c’est toute la geste révolutionnaire de Maïdan qui se réveille avec la gueule de bois. Le tandem n’a jamais été très stable car les deux personnalités qui formaient la coalition au pouvoir étaient davantage concurrents que partenaires. L’oligarque Porochenko est touché par le scandale des «Panama Papers» et son premier ministre dont le parti au pouvoir était au plus bas dans les sondages a été contraint de donner sa démission après la chute de sa coalition parlementaire. Plus impopulaire que jamais et lui aussi inquiété pour corruption, le gouvernement Iatseniouk a plongé toute l’Ukraine dans une fuite en avant anti-russe aux résultats peu éloquents. Le parti pris pro-occidental a durablement coupé l’Ukraine de son environnement oriental tout en n’étant pas encore intégré à son voisinage occidental. Au milieu du gué, le parti de Maïdan a fini isolé. Avant de couler.

L’ex-premier ministre était critiqué pour l’insuffisance des réformes promises et pour la défense des intérêts des oligarques. Les mêmes reproches que ceux exprimés à l’endroit de l’ancien président Viktor Ianoukovytch il y a deux ans? Quel est le bilan des deux ans du tandem Iatseniouk-Porochenko?

Deux ans après le départ de Victor Ianoukovitch, c’est une véritable Berezina. Tout ça pour ça! On a l’étrange sentiment que l’Histoire bégaie ; la Révolution orange avait fini un peu de la même façon. Le couple Ioutchenko-Timochenko a terminé également complètement discrédité et miné par les affaires. Le divorce public entre les deux anciens grands vainqueurs des législatives ouvre une période d’instabilité parlementaire à la Rada, l’assemblée ukrainienne.

Aujourd’hui, l’économie de l’Ukraine est à genoux. Le PIB est en recul de 18 % depuis 2014. Pris en tenaille par

ses engagements internationaux et un budget gangrené par une corruption chronique, l’État ukrainien s’enfonce lentement mais sûrement. Les prêts garantis par le FMI et l’UE sont détournés. La faillite ukrainienne est quasi inéluctable. A la crise économique et militaire s’ajoute une crise politique. Le romantisme révolutionnaire de Maïdan n’est plus qu’un lointain souvenir.

Comment expliquez-vous le rôle joué par les pays occidentaux dans la mise en place du gouvernement pro-UE en 2014? Leur soutien s’est-il tari depuis?

Dans le sillage des faucons américains, beaucoup de pays européens se sont enthousiasmés pour la nouvelle révolution ukrainienne. Mais la division du pays en deux camps, un vainqueur et un vaincu ne présageait rien de bon. Sous perfusion financière occidentale, l’économie ukrainienne a ensuite été placée en sursis pendant deux ans. La confiance entre les partenaires européens et même américains et les dirigeants ukrainiens s’est progressivement rompue. En passe d’être privé de parrain financier, la chute de Iatseniouk, symbole de l’appui occidental, n’était plus qu’une question de temps. France et Allemagne étaient pressés de clôturer la crise diplomatique avec la Russie dans un contexte syrien favorable à Moscou. Les Allemands ont commencé à s’inquiéter des remboursements. La pression exercée sur les réformes en Ukraine par les occidentaux a fini d’asphyxier la paire Porochenko-Iatseniouk.

Les cessez-le-feu signés à Minsk sont plus ou moins respectés mais ils n’ont débouché sur aucun processus politique. L’autonomie du Donbass n’a jamais été votée et la frontière entre le Donbass et la Russie n’a donc jamais pu être rétrocédée aux autorités de Kiev. En faisant capoter les accords de Minsk, le gouvernement ukrainien a placé ses alliés européen dans une situation délicate. Situation qui a fini par dégrader leurs rapports. Arnaud Dubien qui préside l’observatoire franco-russe a émis l’hypothèse que Kiev ne souhaitait pas vraiment recouvrer le Donbass et la Crimée qui apparaissent comme des chevaux de Troie pro-russes. Inversement Moscou a peut-être intérêt à ce que la confédéralisation de l’Ukraine lui permette de garder un levier sur Kiev. La Russie a utilisé les codes démocratiques occidentaux pour promouvoir ses intérêts: aide humanitaire, autonomie, respect des accords…

Au final toutes les parties semblent perdantes à commencer par l’Ukraine. L’Europe n’ a pas réussi à éteindre l’incendie qu’elle a ingénument allumé fin 2013. La Russie a perdu un partenaire économique précieux et les États-Unis ont réveillé les peurs russes d’encerclement stratégique.

Sur Twitter, M. Iatseniouk a fait part de ses «objectifs» pour l’Ukraine: «Une nouvelle loi électorale, une réforme de la Constitution, une réforme de la justice, l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN.» L’inclusion de l’Ukraine dans le bloc occidental (UE-OTAN) est-elle plébiscitée dans le pays?

Il ne faut pas trop prêter attention aux promesses de l’ancien premier ministre qui devrait rejoindre l’opposition et entamer une traversée du désert politique. Certes, la population ouest-ukrainienne rêve d’Europe et de prospérité. Et pour une partie d’entre elle, la haine de la Russie est trop profonde pour disparaître avec la chute de Iatseniouk.

Ce dernier est grec-catholique, originaire de Bucovine, une région occidentale de l’Ukraine, très proche de la frontière roumaine. Cette région autrefois sous la férule de l’Empire austro-hongrois aspire à revenir dans le giron européen et à sortir de la sphère russe. Seulement les positions de Iatseniouk contre la langue russe, contre la flotte de Crimée, contre l’espace économique eurasiatique mais pour une candidature à l’OTAN et à l’UE l’ont coupé d’une grande partie sud-orientale du pays. Des territoires anciennement russes qui n’avaient d’autre choix que de résister par la force à Kiev.

L’Ukraine est historiquement séparée en différentes sphères d’influence culturelles; comme un dégradé de l’influence occidentale et orientale au fur et à mesure qu’on se déplace de Lviv à Donetsk. Si le pouvoir à Kiev ne respecte pas ces nuances, il ne peut rester durablement en place. Si Porochenko semble plus central dans la composition politique de l’Ukraine, Iatseniouk représentait la partie la plus occidentale, la plus méfiante du pays vis-à-vis de la Russie.

Plusieurs scenarii sont possibles. Le premier est un retour de balancier pro-russe comme l’Ukraine en a déjà connu par le passé. Lassée par le désordre et la crise, la population pourrait souhaiter un apaisement, y compris un accord avec Moscou. Le second c’est une radicalisation nationaliste ukrainienne qui prendrait le pouvoir à Kiev. Autre possibilité plus probable, la continuité d’une démocratie parlementaire à la dérive, pour le plus grand profit des oligarques.

Aux Pays-Bas, les électeurs ont rejeté par référendum à 64% l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine, mercredi 6 avril. L’ouverture de l’UE aux anciens pays du bloc soviétique est-elle durablement compromise?

A force de s’élargir, l’Union européenne est devenue obèse et n’arrive plus à avancer, même vers l’Est. A 28, l’Europe est paralysée, il n’est plus question d’aller plus loin. Même l’OTAN l’a compris. L’ironie de l’Histoire veut que plus de deux ans après Maïdan, l’accord d’association qui a déclenché la révolte est rejeté par un référendum d’initiative populaire aux Pays-Bas. Jean-Claude Juncker et Donald Tusk font discrètement pression sur Mark Rutte afin qu’il ne suive pas cet avis consultatif. Au risque d’aggraver l’euroscepticisme de la population néerlandaise mais aussi la défiance face à la coalition libérale au pouvoir. On voudrait que Geert Wilders arrive aux manettes qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Onze ans après le refus franco-néerlandais à la Constitution Giscard, et sa ratification à Lisbonne en 2009, on a le sentiment que les institutions européennes veulent s’imposer contre la volonté des peuples. C’est le meilleur moyen de convaincre les derniers rêveurs que l’Europe est devenu un projet plus technocratique que démocratique.

Source : Le Figaro, Eléonore de Vulpillières

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-lukraine-seloigne-un-peu-plus-de-lunion-europeenne/


Revue de presse internationale du 17/04/2016

Sunday 17 April 2016 at 00:01

Merci à nos contributeurs pour ces articles et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-17042016/