les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Pour ou contre la guerre avec la Russie, par Jean-Luc Mélenchon (+ réactions Mediapart)

Tuesday 10 March 2015 at 02:38

Suite de notre billet sur la polémique très éclairante sur Mélenchon (1ère partie dans ce billet, avec l’article Mediapart dont on parle ci après)

On commence avec la réponse très argumentée et intelligente de Mélenchon, à laquelle je m’associe totalement, tout comme, je l’espère bon nombre de républicains (quoi qu’on pense de Mélenchon).

Pour ou contre la guerre avec la Russie, par Jean-Luc Mélenchon

J’aurais bien d’autres sujets à traiter que celui de la préparation de la guerre contre la Russie. Mais une polémique d’une incroyable hargne a été déclenchée contre moi (je rappelle que c’est moi qui suis censé être agressif) sur ce thème. J’en suis accablé. Même si, comme à l’accoutumée, des centaines de personnes sont venues à ma rescousse dans les commentaires des articles les plus infâmes contre moi. Plusieurs de mes proches ont publié des mises au point argumentées très méthodiques. A tous un grand merci de compagnonnage de combat.

Quoi qu’il en soit, les attaques que je subis en disent long sur leurs auteurs. En effet, aucun ne parle du risque de guerre avec la Russie. Quelle meilleure préparation à la guerre que la diabolisation de l’ennemi en vue et la disqualification de ceux qui s’opposent à la guerre ? En toute hypothèse, je ne crois pas un instant que les éditorialistes qui m’ont accablé à propos de la Russie pendant plusieurs jours soient réellement intéressés par ce que je dis vraiment sur le sujet. Il suffit de me lire pour vérifier que ce qu’on m’impute ne se trouve pas dans mon propos. Leur but est d’utiliser ce que je dis pour interdire la parole dissidente et, surtout, pour contribuer par ce moyen même au bourrage de crâne en faveur de la guerre. Après quoi, hors des salles de rédactions, pour certains il s’agit de règlements de compte collatéraux en vue de 2017, pour d’autres il s’agit d’exacerber tout ce qui peut créer des difficultés dans le cadre du rapprochement avec EELV. Deux semaines avant les élections départementales proclamées gagnées d’avance par le FN, déclencher une polémique contre moi dans le style du dénigrement avilissant est une manœuvre certes fruste mais assez traditionnelle.

Cependant, il est stupéfiant qu’un journaliste comme Thomas Legrand s’y abandonne un matin sur « France inter » en appelant  les dirigeants du Front de gauche à prendre leurs distances avec moi ! Depuis que je lui ai refusé une interview pour le journal « LUI », où il travaille aussi, je le sens encore plus crispé qu’il l’est d’habitude du fait de ses opinions politiques. Le plus stupéfiant est qu’il se trouve des personnes qui obtempèrent ! Cette campagne de dénigrement vient à la suite de celle menée contre moi à propos de la Grèce. Elle prend place dans l’objectif de diabolisation de mon personnage qui est la forme du combat dorénavant contre tous les porte-paroles de l’autre gauche en Europe

Je veux cependant résumer mon point de vue. Je récuse le « débat » Poutine ou pas Poutine. Mon action a le but suivant : je suis opposé à la guerre qui se prépare contre la Russie. Totalement. Irrémédiablement ! Oui, je suis en campagne contre le danger de cette guerre ! Je dis bien : en campagne. La seule arme dont je dispose est ma parole,mes écrits dont j’essaie de faire des outils de désintoxication. Je n’ai pas choisi la polémique et l’outrance des attaques qui me sont faites. Je les subis. J’attends de mes amis qu’ils ne les relaient pas. Et pour les plus courageux, qu’ils viennent m’aider dans le but que je poursuis : lutter contre la préparation de la guerre avec la Russie. Mes adversaires sont toujours les mêmes sur ce sujet comme sur tous les autres, les mêmes journalistes, les mêmes médias. Mais aussi les mêmes esprits qui se trompent de sujet : ce n’est pas du degré de détestation contre moi mais de la guerre dont il est question.

Notez bien : aucun de ceux qui m’accablent n’en parle ! Ou alors seulement pour désigner Poutine comme ennemi principal du contexte. Cette attitude revient à une contribution de fait à la préparation de la guerre. La méthode contre moi est toujours la même : le dénigrement personnel et, bien sûr, l’assignation au « camp adverse ». Le grand Jaurès était lui aussi décrit comme un agent allemand parce qu’il combattait la préparation de la guerre dont il savait qu’elle serait mondiale. Beaucoup d’entre nous ont déjà été repeints en agent de Saddam Hussein, en ami de Bachar el Assad ou de Kadhafi chaque fois que nous avons refusé la guerre qui, parait-il, devait tout régler, tout arranger. Le spectacle du monde fait de la paix un enjeu ! Il faut jeter ses forces dans cette partie dont dépend la civilisation humaine ! Pas de guerre avec la Russie !

Je déplore la polémique lancée contre moi par Clémentine Autain sur ce sujet. Surtout pour me prendre à partie sur des propos que je n’ai pas tenus. Je déplore la violence des mots qu’elle emploie contre moi. « Complotiste » ! Quand même ! Surtout quand c’est pour dire, à la fin, la même chose que moi. Ainsi quand elle déclare: « Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les “gentils Ukrainiens” aux “méchants Russes” : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte ». Bien sûr, cette phrase ne dit rien politiquement du risque de guerre ni des moyens d’y faire face. Mais quand même ! A ce degré de proximité des appréciations, à quinze jours des élections, n’avons-nous pas davantage besoin d’unité que de fausses querelles et de prise à partie personnelle ?

Le comble de la perversité étant de m’attribuer la volonté du trouble que les calomniateurs créent contre moi, selon la recette du journal « Le Monde ». Dois-je rappeler que ce journal est un partisan systématique de toutes les guerres, non seulement dans le passé depuis la première guerre du golfe ou celle d’Afghanistan mais encore au Mali, en Centre Afrique, à présent contre la Syrie, l’Iran, la Libye et dorénavant comme pousse au crime face à la Russie ? Si « Le Monde » était écouté, la France serait à cette heure en guerre dans sept pays ! N’est-il pas temps de se demander si tout cela est bien sérieux pour un journal qui prétend être « de référence » ? Pendant ce temps, la masse de ses publi-reportages pour le FN ne ralentit pas un jour. Ceci va avec cela.

La guerre est un sujet sérieux. Je suis en campagne contre la préparation des opinions à la guerre contre la Russie. Je suis stupéfait que certains de mes propres amis ne voient pas l’enjeu. Exiger de moi des condamnations contre Poutine pour avoir le droit de m’exprimer librement sur le danger de guerre, c’est déjà entrer dans les logiques de préparation psychologique à la guerre. Le prétexte de la charge contre moi est que, si j’ai condamné l’assassinat de monsieur Nemtsov sans ambiguïté, j’ai cependant refusé de l’admirer. Comme j’ai décrit qui il était politiquement, on argue que je « crache » sur lui ! Me cracher dessus sans raison paraît poser moins de problème aux intéressés. Monsieur Nemtsov était le leader de la liste « Union des forces de droite ». On peut deviner que cela ne crée pas une grande passerelle idéologique entre nous. A l’élection où monsieur Poutine a perdu 77 sièges, monsieur Nemtsov a recueilli moins de 1% des voix ! Il avait pourtant fait 8% des voix aux élections précédentes ! Dans ces conditions, vouloir en faire « le principal opposant » à Vladimir Poutine, n’est-ce pas marginaliser l’opposition ? Pourquoi le nommer ainsi alors ? Sans doute parce que le premier parti d’opposition, au plan électoral, est le Parti Communiste Russe ! Et ainsi de suite jusqu’au dernier du tableau en passant par l’ultra nationaliste Jirinovski ! On aura du mal à y trouver des gens représentatifs de ce que nos pays connaissent d’habitude ! Comme on le devine, je regrette amèrement que les groupes politiques en contacts avec mes amis au Parti de Gauche soient si minoritaires. Je ne le leur reproche pas. Nous le sommes dans la plupart des pays de l’ancien « bloc de l’est » où nos références à « l’éco-socialisme » sont mal comprises. Je ne suis donc lié d’aucune façon avec le parti de monsieur Poutine. Pour autant je refuse de mêler ma voix à ceux qui font de leurs désaccords avec lui un prétexte suffisant pour une entrée en guerre contre la Russie ou une bonne raison d’accepter l’élargissement des frontières de l’OTAN !

Oui, je suis en campagne : contre la guerre en Russie

Je soutiens l’accord de Minsk 2, résultat de l’initiative Hollande et Merkel allant à la rencontre de Vladimir Poutine. J’approuve sans réserve l’exigence de retrait de toutes les troupes étrangères, notamment les forces nord-américaines, sur le sol de l’Ukraine tel que garantie par l’accord de Minsk 2, approuvé par les USA. Cette entrée dans le sujet, limitée au seul aspect géopolitique, laisse sur leur faim légitime ceux qui sont soucieux de défendre les droits de l’opposition en Russie. Je le comprends. Je rappelle seulement qu’en cas de guerre, plus aucune opposition ne tiendra sinon celle des plus violents contre ceux qui le seraient moins ! Et j’ai déjà rappelé quelle eaux très mêlées comporte l’opposition réelle de ce pays aux dernières élections. Je demande que l’on comprenne la situation réelle de la vie politique actuelle en Russie. Si j’ai dit que pour ce meurtre il fallait regarder plutôt du côté des ultra-nationalistes, c’est qu’ils constituent aujourd’hui les adversaires de Poutine les plus puissants et les plus dangereux en ceci qu’ils poussent à la confrontation directe avec les USA. Je sais parfaitement que monsieur Poutine est lui aussi dans une expression nationaliste chez lui. Est-ce incompréhensible ? Quel devrait être le registre d’un président voyant ses ennemis d’hier approcher un système d’arme comme les batteries de missiles anti missiles stationnées en Pologne qui ont dans leur rayon d’action 75% du dispositif russe ? Que doit-on attendre d’autre quand, contrairement à toutes les promesses faites au moment de la réunification de l’Allemagne, l’OTAN continue d’étendre son périmètre jusqu’aux portes de la Russie ? Le dire, ce n’est pas l’approuver. C’est comprendre les raisons d’agir de l’un des principaux  protagonistes de cette situation. Des raisons rationnelles. Il faut le faire au moment où la propagande fonctionne sur le registre qui vise à en faire un aliéné imprévisible. « Mais quels sont les buts de Poutine ? » ont demandé en refrain la plupart de médias soudain ingénus….

Tous les médias ne sont pas aussi suivistes que les nôtres en Europe. On me signale l’analyse (en anglais) de Seumas Milne – un journaliste qui couvre l’Ukraine depuis le début des événements pour « The Guardian ».  Je ne suis pas capable de mesurer chaque propos du journaliste, car mon anglais est sommaire. Mais je constate que son étude correspond à mes déductions à propos du rôle des ultra-nationalistes en Russie. Selon cet article du « Guardian », Poutine refrène leurs ardeurs bellicistes très présentes dans une part significative de l’opinion des Russes. En politique intérieure russe, le problème auquel le pouvoir fait face ne serait donc pas tant le pourcentage très faible de Russes contre la guerre en Ukraine. Il existe, cela va de soi. Et il existe à l’intérieur de cette opposition des gens qui ne sont pas pour autant des agents américains. Le danger vient du profond mouvement nationaliste diffus qui appelle à l’intervention militaire russe en Ukraine ! Ceux-là jugent donc Poutine « faible » en Russie et… trop lié aux Occidentaux ! Il y a par exemple un hashtag très populaire « Putin vvedi voiska » (Poutine fait la guerre !). C’est en réponse à ce mouvement qu’a été réalisée une vidéo de propagande gouvernementale pour convaincre les Russes « qui veulent faire la guerre depuis leur canapé » que cela aurait des conséquences désastreuses pour la Russie. « La défaite de Poutine aujourd’hui en Russie ne signifierait donc pas mécaniquement une victoire de “démocrates de type occidental”, coopératifs avec l’OTAN et obéissant avec le FMI. Croire à cette fable dénote une méconnaissance profonde de la réalité sociale et politique russe » m’explique un ami très bon connaisseur du dossier.

L’assassinat de Boris Nemtsov par des ultra-nationalistes russes est donc une hypothèse qui n’est pas une trouvaille de ma part pour blanchir monsieur Poutine mais une des hypothèses de réflexions de nombreux gens sérieux. Elle a d’ailleurs été émise dans la presse française par plusieurs analystes et même par plusieurs journalistes. Mais comme on le sait, la sainte corporation ne se critique jamais entre elle. Dans ce cas, il faut savoir aussi que ces « ultra-russes » sont aussi dans l’appareil d’Etat et dans les forces militaires. Le responsable de la commission défense du Parti de Gauche me rappelle que, lorsque le sous-marin « Koursk » a coulé le 12 août 2000, la totalité des bombardiers stratégiques russes ont décollé vers leurs cibles ! Deux semaines après, Poutine limogera tout l’état-major. Si on veut faire de la géopolitique sérieuse avec la Russie, il est urgent de comprendre cela.

Etrange silence sur l’antisémitisme de certains opposants russes qu’encensent pourtant les médias qui m’accablent ! C’est le cas notamment à propos d’Alexey Navalny, principal co-organisateur de la fameuse manifestation avec Boris Nemtsov. Lui aussi, il est présenté comme un « leader de l’opposition en Russie » sans autre précision. J’ai déjà dit qu’il se distinguait par ses expressions xénophobes et racistes régulières. Notamment à propos des tchéchènes qu’il compare à des « cafards » et qu’il recommande de liquider physiquement ! J’ai déjà précisé qu’il est aussi antisémite. Pourtant, rien de tout cela n’est mentionné quand il s’agit de lui. Pas la moindre réserve ni précaution ! C’est pourtant le Forum pour la coordination de la lutte contre l’antisémitisme qui nous l’apprend. Selon cette source, Alexey Navalny porte des toasts à la Shoah ! Rien de moins ! On dispose de nombreux témoignage de presse (anglo-saxonne évidemment) sur le fait que des juifs de Moscou craignaient de le critiquer publiquement lors de la dernière campagne municipale à Moscou après avoir reçu des menaces de ses supporters. Cela ne gêne pourtant aucun journaliste français de présenter ce compagnon de Boris Nemtsov comme un « défenseur des libertés et de la démocratie ».

Même étrange silence à propos des actes du gouvernement de Kiev ! Deux effroyables commémorations viennent d’en attester. Sans qu’aucun des médias défenseurs de la démocratie et de la liberté ne s’en émeuvent, encore une fois. Ni que l’Union Européenne le condamne. Le Parlement ukrainien vient de faire une minute de silence en mémoire de l’officier ukrainien Roman Choukhevytch. Cet homme est pourtant un criminel de guerre. Meurtrier de masse de milliers de juifs en tant que chef d’unités de la police auxiliaire de la Gestapo en Ukraine, il fut ensuite à la tête d’une compagnie chargée de convoyer les juifs vers les camps d’extermination. En dépit de ces horreurs, il fut proclamé en 2007 héros national de l’Ukraine par le président Ioutchenko. Ce président, dont le malheureux Boris Nemtsov était le conseiller économique, comme je l’avais indiqué dans mon précédent post. Pourtant, c’est le silence radio chez les zélés du « Monde » et de « Libération ».

Ce n’est pas tout ! Le Parlement ukrainien vient aussi de décider de célébrer l’anniversaire de la naissance de Petro Diachenko. Encore un bienfaiteur de l’humanité ancien officier de renseignement ukrainien au profit des nazis. Cet homme a commandé ensuite un bataillon contre le ghetto de Varsovie, y massacrant ses résidents et prisonniers juifs polonais et… ukrainiens. Voilà, mes chers lecteurs, avec qui on vous propose de vous embrigader ! Pensez-y la prochaine fois que vous verrez les mêmes petites factions en France, et leur appointés médiatiques du style de monsieur Frédéric Haziza, m’accuser d’antisémitisme. Qui tient la tranchée aujourd’hui contre les vrais antisémites et les louangeurs des assassins d’hier ? Oui, qui ?

Je condamne l’assassinat de Boris Nemtsov. Mais je refuse de l’admirer !

Puisque certains se sont sentis obligés d’en refaire le panégyrique, je veux à mon tour dire ma propre vision du personnage telle que je l’ai constituée à partir du travail de mon équipe. Organisateur de manifestations pour l’Ukraine en Russie, Boris Nemtsov était-il vraiment le « principal leader » de l’opposition comme l’ont dit beaucoup de médias ? J’ai dit qu’il était un illustre inconnu «  de l’opinion publique européenne ». Je suis prêt à retirer cette affirmation car j’ai pu constater que tout le monde connaissait monsieur Nemtsov autour de moi, et bien sûr dans la presse française avant son assassinat. Cependant, je ne dirai pas qu’il était un parfait inconnu en Russie ! Tout le contraire. Avec les autres responsables de la « thérapie de choc » libérale des années 1990, il fait au contraire partie des politiciens parmi les plus méprisés et honnis du peuple en Russie. Il faut comprendre pour cela le traumatisme national du krach russe de 1997-1998. Ce n’est pas une simple crise financière que traversa alors la Russie mais un véritable chaos économique, social et politique. Et le sommet d’une décennie de déclin comme la Russie n’en avait pas connu depuis la Seconde Guerre Mondiale et l’invasion allemande.

Boris Nemtsov fut un des principaux responsable et acteur de ce désastre. En tout cas un des plus visibles pour le peuple russe, puisqu’il fut présenté en 1997 par Eltsine comme son successeur à la présidence. Le journaliste de “Politis” qui me tape dessus fait de ce titre un sujet de glorification de Nemtsov. Pour ma part je n’utiliserai pas sa méthode et je ne l’accuserai ni lui ni « Politis » de vouloir blanchir ainsi l’œuvre de Boris Eltsine… Reste que ce passé glorieux d’eltsinien n’est pas oublié en Russie ! Un petit rappel d’Histoire peut permettre de mieux comprendre.

En 1997, alors que le pays s’enfonce dans l’affairisme et la récession sous l’assistance du FMI, Eltsine décide de faire monter au gouvernement de jeunes néo-libéraux. Avec le FMI, ils organisent ce que l’économiste Patrick Artus a appelé « un équilibre financier du désastre ». Nemtsov, déjà privatiseur frénétique comme ministre de l’Énergie, est promu 1er vice-premier ministre. Chargé de l’économie, il conforte la tutelle du FMI. Le malfaisant directeur du FMI, Michel Camdessus, celui qui a aussi ruiné l’Argentine et le Mexique, conseiller social du pape Jean-Paul II, fait alors deux fois le voyage à Moscou. Boris Nemtsov et lui détruisent le peu qu’il reste de l’Etat russe et de son budget. Et ils poussent les banques russes à s’endetter massivement en dollars pour acheter de la dette en rouble. Jusqu’au défaut de paiement. Le choc fut alors terrible : 720 banques sur les 1 600 du pays firent banqueroute. Le système monétaire disparut de fait pendant plusieurs mois. L’investissement du pays fut divisé par 5 par rapport à 1992. Et la Russie vit son PIB chuter au niveau de celui du Danemark. Peu de pays au monde ont subi un tel choc. Le taux de pauvreté bondit de 20 à 65 %. Au milieu de ce chaos, les plus riches, étroitement liés aux gouvernants néo-libéraux, doublèrent leur part dans la richesse du pays. En moins de 10 ans entre 1992 et 1999, la part des 10 % les plus riches est ainsi passée de 20 à 42 % de la richesse totale !

Au milieu de ce chaos, Nemtsov réussit à survivre dans un premier temps à la valse des gouvernements. Le pays vit en effet se succéder 5 gouvernements en 18 mois. Nemtsov fut même celui qui fut le plus longtemps ministre pendant cette période. Il est donc tristement connu en Russie. Ainsi, en plein naufrage, c’est à un jeune protégé de Nemtsov qu’Eltsine fit appel pour contenter le FMI. Ce libéral le plus fanatique est le jeune Sergueï Kirienko. Nommé premier ministre à 35 ans, il a été formé par Boris Nemtsov dans la région de Nijni-Novgorod. Il dirigeait à la fois une banque et une compagnie pétrolière qui furent le théâtre d’intenses malversations. Bien que son mentor Nemtsov ait un bilan calamiteux comme ministre de l’Économie, il obtint qu’il soit gardé au gouvernement. Nemtsov est néanmoins rétrogradé ministre des Monopoles et des Réformes du Secteur public. Son bilan dans ce domaine sera tout aussi effroyable. Et reste dans les mémoires de toutes les couches populaires russes. Les fonctionnaires n’étaient plus payés, des enseignants de Sibérie restant par exemple sans paye pendant 8 mois ! Tout comme les mineurs, qui se mirent plusieurs fois en grève par centaines de milliers. Même les pensions des millions de petits retraités de l’époque soviétique ne furent plus versées. Face à l’aveuglement des néolibéraux au pouvoir, des insurrections populaires éclatèrent un peu partout en Russie. En 1998, les mineurs de Tchéliabinsk, en Sibérie, bloquèrent le Transsibérien, axe vitale de la Russie d’Est en Ouest, tant qu’ils ne seraient pas payés. Des instituteurs moururent en grève de la faim. Des dizaines d’agents des banques se jetèrent par les fenêtres de leurs bureaux. Les Russes furent plus largement contraints par Nemtsov et ses amis à une économie de survie : retour du troc et de l’auto-production agricole. Les Russes des villes et des campagnes couvriront ainsi grâce à leurs lopins jusqu’à 45 % de la production alimentaire du pays. Et 90 % de celle de pommes de terre. Rappeler tout cela, est-ce « cracher » sur Nemtsov ou bien seulement donner les informations de contexte que mes dénigreurs devraient donner si leur métier était bien d’informer et non de prêcher ?

Au terme de cette décennie « libérale », la Russie avait cependant perdu 3 millions d’habitants. Le désastre économique étant cumulé avec la guerre de Tchétchénie, engagée par les mêmes gouvernants, le pays était au bord de la dislocation. Eltsine mourant fit appel à tout ce qui restait d’Etat. Il nomma en 1999 Vladimir Poutine, comme Premier ministre. Le rouble fut fortement dévalué. La Russie fit défaut sur 80 % de sa dette publique. Et Poutine restructura ce qui restait avec une décote de 90 %. Le FMI fut chassé de Moscou. Et 10 ans plus tard, la dette russe a été ramenée de 90 % du PIB à 9 %. En vertu d’une politique visant une indépendance croissante face aux marchés financiers et grace à l’opportune envolée des cours des hydrocarbures.

Voilà l’histoire de Nemtsov et Poutine. Tout le monde la connaît en Russie. Mais aucun média français n’en a encore parlé. Loin d’être inquiétés pour le chaos dans lequel ils ont plongé le pays, Nemtsov et ses collègues de gouvernement se sont confortablement recasés. Pourtant, la justice révèlera que, sous leur règne, 50 milliards de dollars ont été détournés par la Banque centrale via des comptes à Jersey. Et les enquêtes qui ont suivi le krach montrent que 80 % des prêts du FMI étaient détournés par des intermédiaires financiers liés aux oligarques proches du gouvernement. Nemtsov parviendra pourtant à prendre en 2004 la direction d’une banque, la Neftyanoi, dans le secteur de l’énergie qu’il a abondamment privatisé. Avant de devoir démissionner prématurément en 2005 suite à diverses enquêtes pour malversations.

Compte tenu de son passif historique, Boris Nemtsov n’a pas eu un grand succès en politique. Il cofonde en 2000 le parti d’opposition « l’Union des forces de droites », avec les principaux néolibéraux de l’ère de la thérapie de choc, Anatoli Tchoubaïs et Igor Gaïdar. Ils font 8 % aux législatives de 1999 et obtiennent 29 sièges de députés. Faute d’implantation réelle dans le pays et bénéficiant uniquement de soutiens étrangers, ils tombent à 3 % aux législatives de 2003 en ne conservant que trois députés. Mais aux élections de 2007, ils obtiennent moins de 1 % et n’ont plus de députés. Le parti de Boris Nemtsov ne compte plus aujourd’hui que trois élus régionaux sur les 3 800 élus des régions de la Fédération de Russie. On fait plus représentatif.

Nemtsov et son parti n’ont pas eu de député aux dernières élections. Il n’a nullement profité de la contestation qui s’est exprimée à cette occasion contre le parti du gouvernement. J’ai rappelé en début de ce post que, lors des dernières élections législatives, le parti de Poutine avec 49% des voix a perdu 77 sièges ! Ainsi donc, 51 % des électeurs n’ont pas voté pour des candidats de Poutine. Une proportion comparable à celle observée dans la plupart des pays. Pour autant, les Russes mécontents n’ont pas voté pour des candidats de Nemtsov. Trois partis d’opposition ont pourtant vu leur nombre de députés augmenter fortement. 36 pour les communistes, 26 pour les centristes de Russie juste et 16 pour l’extrême droite de Jirinovski. D’autres partis avaient présenté des candidats sans obtenir de sièges, comme les libéraux, pourtant encensés dans « Le Monde », de Yabloko. Il y a donc une opposition parlementaire en Russie. Boris Nemtsov en faisait partie. À la place que lui avait désormais réservé le peuple russe : celle de conseiller régional de l’Oblast de Yaroslav. Paix à ses cendres.

Source : Jean-Luc Mélenchon, le 9 mars 2015.


Quelques réflexions sur le arfi-perraugate (Blog Médiapart)

Cher(e)s Médiapartien-ne-s,

Médiapart se voulait un journal participatif : depuis deux jours, dans le sillage de la publication du “parti-pris” de Arfi et Perraud, la réalité écrase l’ambition des initiateurs de ce journal : plus de 1800 commentaires, massivement indignés, des menaces de désabonnement en rafale, des critiques argumentées, quelques mouches du coche venant appuyer la diatribe anti-mélenchon de nos deux éditorialistes et titiller les convictions de gauche des autres abonnés.

Cette affaire m’inspire quelques réflexions en forme de questionnements :

1. Médiapart ne devrait-il pas officiellement assumer sa ligne politique favorable à l’aile gauche et aubryste du PS ? En effet, à mesure que le climat politique s’alourdit, que la défaite électorale à venir du PS dessine plutôt une déroute, il semble que ce journal se soit résolu à dézinguer tout ce qui est à la gauche du PS (Front de Gauche, Nouvelle Donne, Ecologie politique) tout en continuant à taper sur la droite Hollando-Vallsiste, en même temps qu’il donne une surface éditoriale démesurée à des Montebourg et autres Hamon. Les lecteurs de Médiapart sont à l’évidence des individus politisés et informés : il ne faudrait pas les prendre pour des imbéciles. Au passage, votre engagement politique, respectable à défaut d’être original (en effet, nombre de médias dominants sont pro-PS), n’a que peu de chance de convaincre des gens dont les opinions politiques sont solidement ancrées.

2. L’hypocrisie qui entoure votre engagement politique n’est-il pas du à votre dépendance économique à un lectorat dont vous savez que le centre de gravité politique est plus à gauche que celui de votre rédaction ? D’une façon générale, un média n’échappe jamais à une forme de dépendance, quelle qu’elle soit : dépendance politique, dépendance aux annonceurs, dépendance aux lecteurs…

3. Un parti-pris autorise-t-il à s’affranchir d’un minimum de déontologie journalistique ? En effet, proposer une interprétation des faits (ici des écrits de Mélenchon) n’autorise pas à déformer voire à détourner ces faits afin de mieux satisfaire des haines personnelles. Quelques bons mots, de la morale et de l’acrimonie n’ont jamais fait un bon papier.

4. Un journal peut-il maltraiter ses abonnés lecteurs en les prenant non seulement pour des imbéciles en tentant de les manipuler mais aussi en les toisant avec mépris dans les réponses que ses journalistes font aux commentaires indignés ? Il y a là un vrai problème : un journal doit avoir du respect à l’égard de ses lecteurs, ce qui ne signifie pas les caresser dans le sens du poil politique.

5. Est-ce que critiquer ce parti-pris malhonnête intellectuellement fait de vous un béat de Mélenchon, un stalinien sectaire aux pulsions criminelles, ainsi que le sous-entend le papier incriminé ? Il y a là à l’évidence un syllogisme méprisant et méprisable. La lecture des commentaires montre que beaucoup ont des réserves – voire n’aiment pas – à l’égard de Mélenchon mais aussi que les lecteurs détestent qu’on cherche à les manipuler avec des arguments fallacieux.

6. Les abonnés, dans leur majorité, cette polémique l’a révélé avec éclat, et à rebours de ce qu’affirme un Antoine Perraud, rejettent le PS, et ils sont à l’image du peuple de gauche : en fait, nombreux sont ceux qui, comme moi, se sont abonnés à Médiapart pour échapper au matraquage des médias dominants qui, commeFrance Inter, Le Monde, Libération ou Le Nouvel Observateur sont devenus les porte-parole de ce parti qui dispose d’une bienveillance médiatique disproportionnée en comparaison de son audience électorale. Quelles raisons auraient-ils de continuer à financer un journal qui s’aligne sur la doxa médiatique, même si c’est à ses marges ? Je pense par exemple au suivisme de Médiapart à l’endroit d’un “esprit du 11 janvier” qui relevait davantage de la manipulation politique de haut niveau plutôt que de la réaction républicaine réfléchie.

7. Médiapart n’est-il pas victime d’une forme d’institutionnalisation et, surtout, d’un enfermement social et intellectuel lié à la fréquentation assidue du petit monde parisien, qui l’éloigne de plus en plus du vécu de très nombreux électeurs ?

J’avoue que je m’interroge énormément sur mon abonnement, comme beaucoup. Je demande avant tout à Médiapart une information originale, loyale, équilibrée, honnête, et non un engagement politique quel qu’il soit. En fait, si je reste pour le moment abonné, c’est parce que je n’ai pas envie de renoncer aux échanges fructueux et sympathiques que je peux avoir ici avec d’autres abonnés fidèles. Il appartient désormais à la direction de Médiapart de choisir s’il veut rester un journal à part entière ou devenir un simple réseau social, dans lequel les abonnés sautent les articles pour aller directement lire les commentaires, ce qui est très souvent mon cas tant la qualité éditoriale est en baisse, à quelques exceptions près (Martine Orange, beaucoup de papiers de Laurent Mauduit, Jade Lindgaard).

En exergue de ce billet, je me permets de citer un extrait de la charte professionnelle des journalistes, dont Morvandiaux m’a gentiment indiqué l’adresse internet. En effet, Antoine Perraud aime invoquer la charte de Médiapart pour censurer certains commentaires qui lui déplaisent. Donc charte contre charte. [Un journaliste] ”tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles”. On en demande pas plus. Et, dans ce parti-pris, on en est très loin.

PS : les copains, ne vous désabonnez pas, sinon on va se sentir encore plus seul politiquement ! Je reste abonné pour échanger avec vous.

PS 2 : d’autres liens vers des billets d’abonnés froissés ou indignés :

http://blogs.mediapart.fr/blog/liberte21/060315/s-il-te-plait-mediapart-explique-moi-explique-nous-pourquoi-tu-nous-insultes

http://blogs.mediapart.fr/blog/nicolas-corte/070315/melenchongate-sur-mediapart-quelles-consequences

http://blogs.mediapart.fr/blog/eric-noire/060315/melenchongate

http://blogs.mediapart.fr/blog/noushka/080315/polemique-arfi-perraud

http://blogs.mediapart.fr/edition/boulevard-des-mots-dits/article/080315/saute-cadavre-surprenant-neologisme-pour-saute-ruisseaux-mal-inspires

http://blogs.mediapart.fr/blog/horus/060315/parti-pris-ou-diffamation

http://blogs.mediapart.fr/blog/register/270215/mediapart-victime-collaterale-de-charlie-hebdo

Source : Pierru, sur son blog Mediapart, le 7 mars 2015.


S’il te plaît Médiapart, explique moi, explique nous pourquoi tu nous insultes !  (Blog Médiapart)

Je me creuse la cervelle depuis pas mal de temps déjà afin de comprendre l’Atlantisme militant de la rédaction du journal. Pourquoi militant me direz-vous ?

Le cas russo-ukrainien, bien plus que celui israélo-palestinien, pas vraiment bien traité non plus, ou même celui de la gauche en France, est en train d’atteindre un point de clivage inédit. Nous en sommes arrivés à un niveau de radicalisation des positions jamais vu et le plus étonnant, c’est le rôle joué dans cette escalade par les propres rédacteurs des articles sur le sujet.

Il ne m’est jamais arrivé de voir, sur aucun autre site, les auteurs des papiers s’en prendre avec une telle virulence aux abonnés qui ne partagent pas leur point de vue. Cette spécificité de Médiapart sur le conflit en Ukraine et sur la Russie en général, et qui fait qu’une partie très importante des abonnés se voient traiter de noms d’oiseaux par Leur propre journal, mérite une explication. On a eu droit jusqu’à la désignation de meilleur commentaire d’une réaction d’un journaliste incendiant un abonné qui critiquait l’article de ce même journaliste !! L’auto proclamation en vient à être pratiquée par ceux qui stigmatisent les dictateurs et leurs présumés suppôts !! Le fait qu’une majorité d’abonnés conteste les positions du journaliste ne passe pas chez ce dernier, ce crime de lèse-majesté donne alors libre cours à un incroyable sectarisme et à une insupportable suffisance, n’est-ce pas Perraud ?

Le risque ici est de voir survenir une grave rupture entre la rédaction et un grand nombre d’abonnés. Je ne parle pas ici du sempiternel et peu constructif chantage au désabonnement, ce qui est en jeu ici c’est la perte totale de respect et de considération réciproques, ce qui serait une défaite des idées, du débat, mais surtout de l’esprit même qui animait au départ l’équipe fondatrice du journal.

L’erreur majeure des journalistes qui traitent de la Russie et du conflit avec l’Ukraine et l’Europe est de s’en tenir assez grossièrement à une focalisation sur Poutine, comme une presse peu indépendante avait opéré en leur temps pour Arafat, Saddam Hussein, Ahmadinejad, Chavez et tant d’autres. On fait patiemment le diable pour pouvoir évangéliser le troupeau ! Cette façon de procéder ne convient pas à un grand nombre d’abonnés, il faut que Médiapart le comprenne et l’accepte.

Nos “spécialistes” ignorent étrangement le rôle des Etats-Unis et de l’OTAN, pas un mot sur les intérêts de la Russie en tant que nation, bien au- delà du seul Poutine, intérêts que l’on peut, dont on doit tenir compte sans être forcément un fan de Poutine ou de Staline pour reprendre les amabilités de M. Perraud à l’égard des abonnés dissidents à ses idées. Silence total sur le financement massif par la CIA et d’autres officines barbouzardes, de toutes les oppositions y compris en Russie, afin de mettre en place des pouvoirs favorables non pas à la Démocratie, mais à un expansionnisme effrénée du modèle Occidental et de sa doxa. Celui d’une mondialisation hors de contrôle qui dope le capitalisme financier, US en premier lieu, et réduirait les pays à un immense marché dans lequel l’homme se limiterait à être l’animal de réserve, producteur consommateur, au service du fric et de l’enrichissement des mêmes. Pas un mot sur la trahison américaine de l’accord passé avec Gorbatchev, lors de la transition de l’ex URSS, accord qui garantissait aux Russes, (sans Poutine, à l’époque !) qu’aucune base de l’OTAN ne serait installée sur les territoires aux frontières de la Russie.

Si j’avais un esprit malsain, à la Perraud oserais-je dire, je pourrais penser que ces omissions ne sont pas fortuites, mais le résultat d’un travail stipendié par ceux qui promeuvent cette vision du monde que beaucoup d’abonnés ne partagent pas. On dit souvent que le métier de journaliste constitue la meilleure couverture pour des agents secrets, du grand Richard Sorge au plus dimensionné Roger Auque et j’en passe, les exemples abondent. Alors, Il ne faudrait pas que la persistance de ces comportements militants, agressifs à l’encontre de ceux qui, sans être complotistes, islamo gauchistes, rouge brun, Stalino Poutinien (le plus ridicule de tous !) cherchent juste à comprendre une réalité complexe et que certains veulent nous faire voir de façon simplette.

Source : Liberté21, sur son blog Mediapart, le 6 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/pour-ou-contre-la-guerre-avec-la-russie/


[La propagande comme on l'aime] Transcription de l’émission “Les Informés” (France Info) du 02/03/2015

Tuesday 10 March 2015 at 01:23

Un grand merci à Sylvain pour cette transcription !

Notez ce fait caractéristique de notre époque : on invite des gens (compétents dans leur domaine) à venir s’exprimer sur des sujets qu’ils en connaissent en rien, répétant juste ce qu’ils ont entendu sur TF1, qui répète ce que dit l’AFP, etc…

Le comble, l’émission s’appelle “les informés” !

- Jean-Mathieu Pernin : Mais pour l’instant sur France Info, c’est l’heure de notre premier débat.

En Russie actuellement il y a un vrai marché de produits dérivés autour de Vladimir Poutine, dernier objet en date : une figurine, où l’on voit le président russe torse nu chevauchant un ours, un clin d’œil à ses viriles vacances sibériennes. Étrangement, on ne trouve aucun objet dérivé de Boris Nemstov [Nemtsov, sic...], ce dissident russe assassiné sur un pont en face du Kremlin. Ce week-end 70.000 personnes ont défilé à Moscou pour rendre hommage à Nemstov [et de deux ; et on reprend ici les chiffres des organisateurs], alors nombreux sont ceux à soupçonner le pouvoir russe d’être à l’origine de cet assassinat [ça va se vérifier très vite dans la suite de l'émission], un pouvoir qui a un peu de mal avec ceux qui le contredisent et même le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius s’en est aperçu

- Laurent Fabius[extrait] : Je veux demander, souhaiter, comme cela a été fait d’ailleurs par d’autres, une enquête, [quelle audace !] parce que ça soulève toute une série de questions. Et puis c’est vrai que ça vient, même si les circonstances peuvent être différentes, après d’autres morts. Vous vous rappelez la mort de la journaliste Anna Politovskaia. Et il y a eu aussi la mort de Litivenko, la mort de Berezovski, à chaque fois, ça peut être des circonstances différentes, mais le fait est qu’il ne fait pas bon être opposant.

… ni être caricaturiste en France ?

Vous notez ici al force de la méthode consistant à les désigner tous avec le seul mot d’”opposants”, comme s’il n’y avait pas d’autres raisons de se faire tuer (genre dénoncer la corruption, la mafia etc).

- Jean-Mathieu Pernin : Voilà. Laurent Fabius ce matin sur BFMTV. Quand le ministre des affaires étrangères dit qu’il ne fait pas bon être opposant, ça marque vraiment une parole importante.

- Olivier Malnuit  [rédacteur adjoint Technikart ]: surtout si vous mourrez sous les balles d’une police politique et que c’est Vladimir Poutine lui-même qui supervise l’enquête, c’est quand même ça qui est incroyable, on vient d’apprendre que Poutine lui-même va diriger l’enquête, si jamais il était coupable de quoi que ce soit, il est bien placé pour trouver des preuves. C’est un contexte absolument terrible, ça montre bien que la Russie est devenue progressivement un goulag, le goulag qu’on imagine. Maintenant si votre question de départ, la question de ce débat c’est qui peut encore s’opposer à Poutine, je ne pense pas que ce soient les Français, ni beaucoup de chefs d’états, ni même Obama, je crois que ce sont les pétroliers du Texas [sic. RIP les pétrolier du Texas au passage...]. C’est l’industrie énergétique américaine qui depuis longtemps a planifié probablement en accord avec le gouvernement américain, une vraie stratégie d’affaiblissement du pouvoir de Poutine. [AH, DOC il y aurait un complot des pétroliers et du gouvernement américain qui vise depuis longtemps à affaiblir Poutine ?] Et aujourd’hui ce qu’il se passe à l’air assez désorganisé et je me demande même si ce n’est pas le chant du cygne de Poutine, c’est à dire que ce n’est pas une affaire qui fait le jeu de Poutine cette histoire [faudrait savoir...]  et derrière ce pouvoir très fort, il y a un pouvoir russe dont l’économie a 50 % sur le pétrole [hein ????], les cours ??? se sont effondrés, l’Amérique est quand même à la manœuvre.

- Jean-Mathieu Pernin : Frank Tapiro sur Vladimir Poutine et ce nouvel assassinat d’opposant comme vient de le dire même Laurent Fabius.

- Frank Tapiro [publicitaire/conseiller politique/communicant, le Figaro, France Infos, BFMTV] : on se croirait dans un Cluedo façon russe, ça devient vraiment épouvantable et c’est une mauvaise nouvelle non seulement pour la Russie, pour la démocratie en Russie, enfin si on peut appeler ça une démocratie en Russie, et pour Vladimir Poutine, moi je suis assez d’accord, bien sûr ça paraît évident : se faire assassiner face au Kremlin de 4 balles dans le dos, je ne vois pas UNE personne penser une seule seconde que ça puisse être autrement que sur l’injonction de Poutine. [ben oui, il n'allait pas le faire enlever et disparaitre discretos - ils sont cons ces autistes !]. C’est normal puisque tout le monde pense que Poutine veut rester seul au pouvoir que le seul opposant à Poutine c’est Poutine lui-même, ou alors on n’a qu’à ressortir Medvedev ! Formidable Medvedev , il n’a qu’à jouer l’opposant de service [comme Sarkozy quoi ?] . Donc c’est une mauvaise nouvelle aussi pour lui, parce que s’il n’était pas derrière cet assassinat [oulààà, c'est quoi ces hyôthèses de dingue ?], il pourrait y avoir tout simplement des nationalistes, ultra-ultra-ultra-nationalistes qui justement par rapport à ce qu’a dit Nemtsov sur la guerre en Ukraine par exemple, pourraient se venger et dire, allez on ne veut plus entendre des choses comme ça. [ah, tiens, il semble finalement qu'il ait bien une personne qui peut penser un seconde autrement que « c'est Poutine »] N’oublions pas que ça été fait à la veille d’une manifestation justement pour dénoncer ce genre d’exaction, donc, tout est mélangé [dans la tête de Frank Tapiro au moins] ça fait que ça ne fait pas le jeu de la Russie, que ce soit Poutine ou pas, la Russie sort complètement écrasée de cette histoire. Et que ce soit Poutine lui-même qui mène l’enquête, qu’il soit coupable ou pas ce n’est pas le problème, le mal est fait, il est profond et malheureusement, encore une fois, tout ne fait que s’affaisser de plus en plus. [je crois que c'est clair...]

- Jean-Mathieu Pernin : Eric Mettout, certains disent : actuellement en Russie ce n’est pas une dictature, c’est une démocratie qui naît, qui a du mal à naître.

- Eric Mettout [directeur adjoint de la rédaction de l'Express] : C’est un peu le problème. C’est à dire que c’est une démocratie : il y a des élections, des élections libres, [ah... boulette de narrative, là, attention...] je pense que Poutine, au-delà des assassinats politiques et de la manière dont il se débarrasse de ses opposants soit en les tuant ou en laissant tuer, les envoyer en exil, doit bénéficier de quelque chose comme 85 % d’opinions favorables dans son pays. C’est à dire qu’il serait élu sans le contrôle des médias, il passerait, il serait toujours président russe. Par exemple, il y a des situations plus inconfortables pour un président, un peu autoritaire [il fait tuer ses opposants et il est un « peu autoritaire » ?] comme Poutine, c’est à dire qu’il n’a plus d’opposants, à l’intérieur, il n’a plus d’opposants ou pratiquement à l’extérieur et il a une communauté internationale qui baisse sa culotte devant le moindre de ses gestes [la guerre, la guerre !] quand il bouge en Ukraine. Donc je ne suis pas aussi optimiste que vous. Je pense que le crépuscule de Poutine, ça peut tenir longtemps, l’Union Soviétique a fait ses 80 ans ou presque, donc il n’y a pas de raison que ça ne continue pas comme ça un certain temps.

- Jean-Mathieu Pernin : Audrey Keysers, justement on peut se poser cette question aujourd’hui : la semaine dernière on a parlé beaucoup, on s’en est amusé ou pas, de ces 4 parlementaires qui étaient partis en Syrie, et on disait il faut pas parler avec un dictateur [sauf s'il est africain ou émir, bien entendu], est-ce que aujourd’hui, Vladimir Poutine, faut discuter avec lui.

- Audrey Keysers : [membre du conseil national du PS]: alors bien sûr il faut discuter avec lui. Je crois que les parlementaires qui sont partis en Syrie ça n’a pas amusé grand-monde, je crois que surtout les gens ont essayé de comprendre pourquoi ils étaient partis là-bas, et dans quelles contexte, et pourquoi ils avaient voulu rencontrer … voilà quoi.

- Jean-Mathieu Pernin : Certains disent si on discute avec Vladimir Poutine il faut discuter avec d’autres dictateurs, en gros, entre guillemets.

- Audrey Keysers : Là la situation en Russie est quand même très préoccupante donc il faut effectivement avoir des positions à mon avis extrêmement fermes et peut-être effectivement plus fermes que celles qu’on a eues avant. Surtout, je veux rappeler que l’assassinat a eu lieu effectivement la veille d’une manifestation qu’il voulait organiser pour dénoncer la crise économique. Donc ça veut dire que même quand on se pose des questions et qu’on veut organiser des manifestations, ça n’est plus possible, voilà. Donc il faut à mon avis quand on est en France, aider les organisations humanitaires qui sont sur place et les aider à s’organiser  les soutenir. [les ONG anti-dictatures financées par la démocratie US ?] Parce que c’est aussi le peuple Russe lui-même qui peut changer les choses [la recette de grand-mère, ne manque plus que des étudiants et une couleur au choix]. On le voit quand même lors des manifestations, il y a un climat de terreur, [amis russes ou expatriés là-bas, n'hésitez pas à nous faire part de vos impression de vie en dictature en commentaire, merci] mais il y a quand même entre  plus de 20.000 personnes et … enfin des dizaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue pour manifester, ce qui est quand même un acte très courageux [je cois qu'il y a la peine de mort pour les manifestants la-bas, non , ah non, la Poutine a aboli la peine de mort, c'est vrai...], il faut le dire, et pas seulement à Moscou, dans plusieurs villes, voilà.

- Frank Tapiro : Je vais prendre un risque, je  vais faire un pari avec vous : les coupables seront trouvés très rapidement

- XX : Mais ce sera pas les bons

- FT : Absolument, je dis : les coupables présumés

- XX: Pas les commanditaires.. […]

- Frank Tapiro : pourquoi ? Parce que c’est dans son intérêt de trouver vite des coupables.. qui seront peut-être exécutés pendant leur arrestation [c'est pas en France qu'on...], parce qu’ils vont résister ces coupables. Je pense qu’il a intérêt à organiser, si c’est pas lui, à trouver des vrais coupables qui seraient des coupables expiatoires pour pouvoir maintenir une forme de crédibilité si on peut avoir une crédibilité quand on s’appelle Poutine aujourd’hui. Qu’il soit coupable ou pas, au bout du compte, on a l’impression que Poutine peut se permettre n’importe quoi, il sera toujours là.

- Eric Mettout : C’est un peu comme dire qu’il ne faut pas discuter avec les dictateurs chinois, ou discuter avec quelques dictateurs africains qu’on connaît bien [et à qui on vend des rafales ?]. Il est incontournable, il le sait, il le prouve tous les jours, il le prouve en ce moment en Ukraine, il l’a prouvé en Crimée et plus il est incontournable, plus la communauté internationale et notamment l’occident s’abaisse devant lui [la guerre, la guerre !] et plus il est populaire dans son pays. [grosse anomalie, ce qui prouve bien que la Russie n'est pas une démocratie... CQFD] C’est quand même ça qu’il ne faut jamais oublier, c’est à dire que je pense qu’il y a une volonté, une tendance dictatoriale derrière ça, mais c’est aussi quelque chose qui plaît à la Russie d’aujourd’hui qui a été humiliée par l’Occident et qui aujourd’hui se réveille, Poutine, c’est le réveil de la Russie.

- Jean-Mathieu Pernin : ce qui est étonnant en plus, c’est qu’il a pris des gains de popularité avec l’invasion de la Crimée [journaliste, le gars...]

- Audrey Keysers : Parce qu’il y a aussi une utilisation des médias qui est une propagande pour le gouvernement [à l'opposé de la culture du débat dont témoigne cette modeste émission], on le sait, enfin voilà.

- Frank Tapiro : Et la manip’ aussi entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis pour faire baisser le prix du pétrole a réveillé aussi un sentiment nationaliste, qui est toujours prêt à se réveiller n’importe quand en Russie [comme on l'a vue à d emultiples reprise dans l'histoire contemporaine, contrairement à la France ou l'Allemagne], et je peux vous dire que aujourd’hui, même des opposants sont plus prêts à être, on va pas dire pro-Poutine, mais être des pro-russes [des opposants russes... pro-russes, ça fait froid dans le dos] et le sentiment nationaliste est très fort aujourd’hui. Donc contrairement à ce qu’on pense [un bien grand mot...]en voulant affaiblir et faire baisser la tête de Poutine [ah, c'est ça qu' « on » veut?] on le renforce par les extrêmes malheureusement, c’est une route qu’on connaît un peu.

Olivier Malnuit : Oui je vous assure, je ne sais pas si j’ai été très clair toute à l’heure [LOL], je ne veux pas jouer les béotiens, mais dans ce retour de la guerre froide vous verrez que la porte de sortie, ce sera l’économie, [qui commande toujours au politique, c'est bien connu ! Enfin, seulement en "démocratie"] le seul pragmatisme, la seule realpolitik face à Poutine, c’est le pétrole, vraiment. Et Poutine, c’est sa seule faiblesse aujourd’hui. Il a des problèmes de facture là Poutine, je ne sais pas si on va lui couper l’eau mais il a des problèmes.

Jean-Mathieu Pernin : Alors pour aller juste dans votre sens [débat oblige] tout à l’heure Eric Mettout, c’est vrai qu’il y a une chose assez étonnante, juste pour clore, c’est que le Global Times, un journal chinois proche du pouvoir a même dénoncé cet assassinat, politique, c’est ça qui est assez étonnant de la part d’un pays qui a simplifié les choses en refusant toute opposition. [dommage qu'il n'ait pas précisé que la semaine dernière la Chine a renforcé son soutien à Poutine...]

Source : France Info

=============================

Fluuuute, encore une émission où je vais être blacklisté :)

Plus sérieusement, dans une vraie Démocratie, il est évident que les citoyens devraient pouvoir dénoncer et porter plainte contre ce genre d’émission devant une sorte de “Haute autorité de l’information”, qui veillerait à l’équilibre de l’information, à la qualification des experts et à la transparence sur leur parcours…

Source: http://www.les-crises.fr/la-propagande-comme-on-laime-transcription-de-lemission-les-informes-france-info-du-02032015/


[Nos assassinats politiques] Retour sur l’assassinat de Joseph Fontanet, le 2 février 1980

Tuesday 10 March 2015 at 00:01

Encore un assassinat politique en France promptement élucidé…

Une ténébreuse affaire sous Giscard: le meurtre de Joseph Fontanet

L’hiver de 1980 fut un des plus beaux de la dernière période de cette époque que nous nommons République giscardienne. Or, dans la nuit du 1er au 2 février 1980, vers minuit, l’ancien ministre Joseph Fontanet qui après avoir stationné sa voiture, s’apprêtait à rentrer à son domicile parisien du 16 ème arrondissement, s’écroule, frappé mortellement par une balle de calibre 11:43, tirée dans l’épaule et ressortie par le thorax. Il décédera au matin du 2 à l’hôpital Laennec. Le meurtre de Joseph Fontanet ne sera jamais élucidé. La victime était retirée de la politique depuis quelques années. Il avait été plusieurs fois ministre de G. Pompidou, notamment à la Sané et à l’Education nationale, de 1972 à 1974. Dirigeant centriste plutôt “social”, il avait fortement soutenu la candidature présidentielle de Jacques Chaban-Delmas en 1974 contre celle de Giscard. Son échec à une élection législative en Savoie dont il était député,(photo) avait mis fin à sa carrière politique active. Il s’était alors orienté vers le journalisme et avait dirigé le quotidien “J’informe jusqu’à la fermeture du journal en 1977. Depuis, il menait une vie apparemment sans histoires. L’opinion est d’autant plus frappée par ce meurtre qu’il s’agit du troisième ministre à périr de façon brutale en peu de temps : assassinat de De Broglie en 1976, suicide de Robert Boulin à l’automne 1979…. La police a conclu à “un crime de rôdeur”. Toutes les hypothèses ont été avancées : erreur sur la personne, crime de loubards en dérive dans le 16 ème, vengeance privée… Rien, aucune piste, aucune preuve. Une ténébreuse affaire qui gardera sans doute à jamais son mystère.

Source : Le blog de Dorant

====================================

Une émission dédiée de France Inter ici.

Source: http://www.les-crises.fr/nos-assassinats-politiques-retour-sur-lassassinat-de-joseph-fontanet-le-2-fevrier-1980/


[Entraide] Analyse des “Experts” Ukraine, Histoire, Recherches Santé

Sunday 8 March 2015 at 06:30

Nous lançons aujourd’hui un appel à l’entraide, pour trouver des personnes intéressées à nous aider.

Le 1er appel consiste à analyser les interventions des différents “experts” dans les grands médias sur le sujet ukrainien. Il s’agit simplement de petites recherches google très simples.

Nous avons aussi toujours besoin de personnes intéressés par l’Histoire pour nous aider (recherches, ou simple lecture de livres, etc). Ce serait vraiment précieux.

Le 3e appel consiste à nous aider à des petites recherches et à résumer un livre, en lien avec le domaine de la santé (volontaires épidémiologistes ou cardiologues, bienvenus :) )

Si vous avez du temps pour nous aider, merci de nous écrire ici (précisez en objet le numéro de l’appel auquel vous répondez 1, 2 ou 3 – cela aide à classer :) ).

On compte sur vous !

Merci d’avance.

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/analyse-des-experts-ukraine/


Interview sur l’actualité (1/2)

Sunday 8 March 2015 at 06:00

Je vous propose aujourd’hui la première partie d’une récente interview avec l’Agence Info Libre.

Bon visionnage !

Source: http://www.les-crises.fr/interview-sur-lactualite-03-2015/


Revue de presse internationale du 08/03/2015

Sunday 8 March 2015 at 05:23

Cette semaine côté international, la Chine s’impose sur tous les tableaux, une banque tombe en Europe où la démocratie n’est pas au mieux, l’économie du reste non plus – comme un peu partout dans le monde, par contre côté guerres, il y a de quoi faire… Heureusement, on s’intéresse aussi aux chimpanzés. Bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-08-03-2015/


[Propagande] Nemtsov : Mélenchon n’accuse pas Poutine, alors branle-bas de combat dans les médias !

Sunday 8 March 2015 at 03:24

Histoire très intéressante dans notre analyse critique des médias.

Ceci étant je n’apporte pas un soutien inconditionnel à Mélenchon, en raison de l’outrance du propos (ceci étant, je confirme que, quand on est plongé à fond là-dedans, on finit par bouillir devant tant de bêtise et de manipulation). Sur l’international, je suis souvent en phase avec le fond de son propos, MAIS diable, il y a tant à faire pour combattre la propagande, ALORS il convient de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler pour trouver les propos justes, qui poseront des difficultés aux médias pour les critiquer ! Inutile donc de leur servir la critique sur un plateau, tombant ainsi dans le piège des médias, comme celui-ci… N’oublions pas par exemple que Nemtsov était un des rares à n’avoir pas fait fortune à son poste…

 

D’abord, la réaction de Mélenchon au meurtre de Nemtsov

Poutine a-t-il tué le cacique eltsinien Boris Nemtsov ?

Le malheureux a été assassiné Place Rouge devant le Kremlin, la veille de la manifestation à laquelle il avait appelé en compagnie d’une autre grande figure de l’opposition, le raciste et antisémite Alexey Navalny. Des flots d’encens sont aussitôt montés vers le ciel, votivement offerts par tous les médias « éthiques et indépendants ». Le premier d’entre eux, « Le Monde », a pieusement recopié, sans nuance ni recul, la notice de l’ambassade des États-Unis. Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie, de l’Occident et ainsi de suite. Qualité à laquelle n’accédera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque semaine sa ration des mille coups de fouets qu’il doit endurer sans bénéficier de l’indignation mondialement bruyante d’Obama, de François Hollande, et les autres. Ni, bien sûr, « Le Monde », ni l’ignoble Plantu, titulaire du prix de 10 000 euros « pour la liberté de la presse » que lui ont attribué les riant fouetteurs du Qatar. Sans vergogne, « Le Monde » écrit : « Boris Nemtsov, qui avait 55 ans, n’était pas un héritier du soviétisme. C’était un authentique démocrate, un homme qui croyait en l’universalité des valeurs de liberté et de pluralisme ». Quel besoin d’en rajouter à ce point ? Ne suffit-il que cet homme ait été assassiné pour déplorer sa mort ? Non, bien sûr ! L’apologie de Nemtsov, illustrissime inconnu avant son meurtre, fonctionne comme un piège à naïf pour créer une ambiance de « Sadamisation » contre Poutine. « A-t-on encore le droit de s’opposer en Russie » me demande une journaliste qui ne connait rien ni à cette affaire ni à aucune autre concernant la Russie contemporaine. On devine le sous-entendu. Ce Nemtsov aurait été assassiné par Poutine. Sans le début d’une preuve, l’accusation est instillée. Ces gens-là n’ont aucune subtilité. Et leurs enquêtes sont rondement menées depuis le bar de la rédaction.

Voyons : un opposant est assassiné, Place Rouge. Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la place rouge ! « Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué ! » Hurrah ! Quelle perspicacité ! On ne la fait pas à un journaliste libre d’être d’accord avec l’ambassade des USA ! Que Poutine veuille rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble, qu’il le tue devant sa porte, la veille de la manifestation d’opposants à laquelle celui-ci appelait, ne leur parait pas d’une insigne stupidité. Ni contradictoire avec l’intelligence machiavélique qu’ils prêtent à Poutine le reste du temps. Non. Pourtant, après ce mort et sa malheureuse famille, la première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. Car il a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse « libre, éthique et indépendante » du monde entier, dénonciatrice ardente sur ordre des armes de destruction massive de Saddam Hussein, de l’Iran et de tous les autres articles de propagande pré-machée des USA.

Voyons donc la biographie de cet émouvant « authentique démocrate ». Commençons par ses fréquentations les plus récentes dans le cadre de son amour pour les valeurs sans rapport avec « le soviétisme » ! Il appelait à une manifestation le 1er mars contre le gouvernement russe, ce qui est bien son droit. La manifestation a eu lieu et a été traitée moins durement que la manifestation à Sivens le jour ou Remi Fraisse s’y trouvait. Pour convoquer cette manifestation, l’ami de la liberté a joint sa signature à celle d’un autre ami du « Monde », le raciste Alexey Navalny, leader libéral-xénophobe ultra violent. Navalny a créé en 2006, avec des néonazis russes, le mouvement nationaliste des « Marches Russes ». Il est l’inventeur des slogans qui ont entraîné de nombreuses violences contre des immigrés : « la Russie aux Russes », « Arrêtons de nourrir le Caucase ! »« nettoyer la Russie ». Dans une vidéo en marge de ces marches, il qualifiait de « cafards » les habitants du Caucase : « si l’on peut tuer les cafards avec une chaussure, quand il s’agit d’êtres humains, je recommande d’utiliser une arme à feu ». Voilà pour l’ami de « l’authentique démocrate ». Et aussi pour les organisateurs de la manifestation encensée par « le Monde ». Risible dans la fabrication d’une information de convenance, le journal a aussi voulu faire croire qu’elle était organisée en réplique au meurtre. En fait, elle se préparait depuis des semaines sur les thèmes racistes habituels de ces personnages nauséabonds.

Voyons à présent le cas de Boris Nemtsov, « l’ami des libertés », « sans rapport avec le soviétisme » ? En effet, il s’agit d’un voyou politique ordinaire de la période la plus sombre du toujours titubant Boris Eltsine. Ce Nemtsov est le principal artisan des privatisations de la période 1991-1993 qui furent en fait un véritable pillage. L’homme « sans rapport avec le soviétisme » était alors nommé par Eltsine, gouverneur de Nijni-Novgorod. Il se rendit odieux à grande échelle comme ministre de l’énergie d’Eltsine. Ce sont les privatisations décidées et organisées par lui, Nemtsov, qui ont créé l’oligarchie kleptocratique russe, fléau dont ce pays met un temps fou à se débarrasser. En effet, chaque oligarque, généreux donateur, est défendu bec et ongle par la propagande des agences de l’OTAN comme des « amis de la liberté », de « l’économie de marché » et autre habillages rhétoriques de la caste dans le monde entier. D’ailleurs, l’entourage de « l’authentique démocrate» Nemtsov, a fourni un riche contingent de condamnés pour diverses malversations dans les privatisations organisé par l’homme qui « n’avait rien à voir avec le soviétisme ».

Libéral fanatique, ce grand esprit avait été félicité à l’époque par Margaret Thatcher lors d’une visite en Russie. Vice-premier ministre chargé de l’économie en 1997-1998, sa gestion servile à l’égard des injonctions du FMI provoqua le crash russe. Ce fut la plus terrible humiliation de la nation russe depuis l’annexion de l’ancien glacis de l’est dans l’OTAN. Voilà le bilan de monsieur Nemtsov. Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais cela devrait nous épargner d’être invités à l’admirer comme le propose grotesquement « le Monde ». Si nous avions une presse indépendante des États-Unis et du conformisme de la dictamolle libérale, personne ne s’aviserait de nous le proposer.

Qui a bien pu tuer Nemtsov ? Naturellement nous n’en savons rien. Si l’on exclut le crime passionnel, et que l’on reste à la politique, on peut diriger l’enquête et les soupçons du côté où il avait le plus d’ennemis. A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine : cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui, au Kremlin. Boris Nemtsov n’était pas une menace pour Poutine compte tenu de sa marginalisation intérieure. En Russie, les amis de l’Ukraine actuelle qui manifestent avec le drapeau de l’ennemi sont très mal vus. Surtout que pour Nemtsov, son soutien à l’Ukraine ultra-nationaliste a commencé en 2004, quand il était déjà conseiller économique du président Ioutchenko, ami d’hier du journal « Le Monde » et ennemi d’aujourd’hui, héros de la dite « révolution » orange. Il est certain que la popularité de Boris Nemtsov n’a pas grandi en Russie du fait son opposition au vote des citoyens de Crimée pour le rattachement à leur patrie russe. Il préférait une Crimée enchainée à l’Ukraine dont les habitants étaient interdits de parler leur langue par ordre des hurluberlus violents de Kiev. L’homme qui n’avait « rien à voir avec le soviétisme » était pourtant dans cette circonstance le défenseur d’une décision personnelle de Nikita Kroutchev, alors tout puissant secrétaire général du Parti Communiste de l’Union soviétique, qui décida, un soir de beuverie dit-on, de rattacher la Crimée à l’Ukraine pour afficher la force de l’attachement de l’Ukraine à la Russie. Un peu comme si un président français décidait de rattacher l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne pour montrer la force du couple franco-allemand ! Car la Crimée est russe depuis toujours, comme l’Alsace et la Lorraine sont françaises, comme l’ont prouvé les millions de morts français tués pour la libérer de l’occupation allemande. Notons, quoiqu’on en pense, qu’un Russe qui se prononce pour Kiev et pour l’intervention de « l’Occident » en Ukraine est un courageux minoritaire parmi les Russes qui vivent mal la présence de nazis au gouvernement de Kiev, l’interdiction de parler russe dans les terres russophones et s’émeuvent des quatre mille civils russophones tués dans le Donbass et du crime sadique contre les quarante syndicalistes brulés vifs ! Sachant cela, je pense que même le plus anti-Poutine et ennemi des Russes peut alors voir sous un autre œil la situation.

Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste. Dès lors « l’authentique démocrate», multi pensionné des officines et succursales de la bien-pensance européenne et nord-américaine, ami public du gouvernement ultra anti-russe de Kiev, en pointe dans le rôle de tireur dans le dos de son pays, pourrait avoir été pour eux une cible pleine de sens. Pour ceux-là d’ailleurs, la politique de Poutine est trop équilibrée. Eux sont partisans de la confrontation directe avec l’Ukraine et les USA. C’est eux que le parti américain d’Ukraine veut encourager en les poussant à bout. Le débarquement des troupes américaines fonctionne dans ce sens. Car soyons clairs : si l’armée russe entrait en Ukraine à la suite des provocateurs nord-américaine, les forces qui tenteraient de s’y opposer seraient balayées en moins d’une semaine, parachutistes américains ou pas. 600 Américains ne sont pas davantage invincibles que des milliers d’entre eux. Ce qu’ont montré toutes les guerres perdues par les armadas nord-américaines, à Cuba, au Vietnam, en Somalie, en Afghanistan, en Irak. Les USA savent organiser des complots, des assassinats politiques, acheter des journalistes et des agents d’influence dans tous les pays. Mais militairement, ils ne peuvent vaincre que dans l’ile de la Grenade des gens désarmés, à Panama le chef des trafiquants de drogue, et d’une façon générale des gens incapables de se défendre.

Il est important de se souvenir que la Russie est une très grande puissance militaire, dont le peuple en arme, que n’intimideront pas les bandes de pauvres diables chicanos de l’armée des USA. En tous cas ces 600 parachutistes-là ne peuvent compenser le caractère pitoyable des bandes armées ukrainiennes qui viennent d’être défaites dans l’est du pays en dépit de la sauvagerie de leurs actions. Tout repose donc à présent sur le sang froid de Vladimir Poutine et des dirigeants russes. Pas de guerre ! La patience, l’écroulement de l’économie ukrainienne, la désagrégation de ce pays qui a tant de mal à en être un, tout vient à point a qui sait attendre. La guerre est le pire qui puisse arriver à tout le monde en Europe et dans le monde. La guerre au milieu de sept centrales nucléaires dont la deuxième du monde, devant le sarcophage de Tchernobyl, la guerre serait un désastre dont l’Europe ne se relèverait pas avant des décennies. Les USA doivent rentrer chez eux et laisser les habitants de ce continent régler leurs problèmes.

Source : Jean-Luc Mélenchon, le 4 mars 2015.


Et maintenant, Médias, chargez !

Jean-Luc Mélenchon joue à saute-cadavre, Fabrice Arfi et Antoine Perraud, pour Mediapart

Jean-Luc Mélenchon dédaigne l’assassinat de Boris Nemtsov et apporte son soutien à Vladimir Poutine. Sa fascination pour la force, l’efficacité, l’occupation musclée du pouvoir, l’éloigne de la conscience démocratique, réduite au rang d’une nocivité yankee. Halte-là !


Au nom du respect qu’inspirent les morts, L’Humanité, en 1922, lança une campagne contre Raymond Poincaré, flétri pour donner l’image de « l’homme qui rit » dans les cimetières.

Quatre-vingt-treize ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon, faisant peu de cas – sinon fi – du trépas de Boris Nemtsov, cet opposant assassiné à Moscou le 27 février, se pose en homme qui ricane après le meurtre. Aux antipodes de l’empathie aragonienne – « déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri » –, le guide du Front de gauche crache sur un cadavre dédaignable : à devoir forcément périr, Nemtsov n’est logiquement plus.

Dans un billet de blog mis en ligne le 4 mars, et du reste truffé d’erreurs factuelles, M. Mélenchon exécute la victime, « cacique eltsinien », « voyou politique ordinaire ». La phrase clef du politicien français gît au milieu de son texte : « Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais [...]. »

M. Mélenchon ne salue pas celui qui devait mourir, en vertu d’une approche fulminante : Boris Nemtsov était un fourrier du libéralisme soutenu par les Yankees, pleuré par la presse bourgeoise occidentale ; sa mort embarrasse en premier lieu Vladimir Poutine. S’émouvoir de son exécution, c’est donc désavantager Moscou en se faisant l’allié objectif de Washington. Voilà comment une vision fanatique, des œillères dogmatiques, des réflexes pavloviens, privent M. Mélenchon de toute morale, éthique et politique.

L’opposant russe liquidé fait figure d’instrument, manipulable à merci, en fonction d’une appréhension du monde l’emportant sur tout ce qui pense ou respire. Chaque événement, chaque parole, chaque personne et chaque dépouille doit s’inscrire dans une perspective, une représentation, un simulacre, une mise en scène du réel. Trois mille six cents fois par heure, la conscience de classe chuchote au militant post-stalinien : sois comptable d’une vérité toujours capable de résister aux trémolos émollients de la bourgeoisie.

Ainsi fonctionne Jean-Luc Mélenchon. Il peut, il doit partir en croisade. Renverser la vapeur impérialiste : la suppression de Boris Nemtsov n’a fait que « rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble ». Du coup, « à qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine ». Donc : « La première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. »

La virevolte est stupéfiante ! La mise en récit mélange tout, dans une dramaturgie où chacun est assigné à résidence partisane : la presse bourgeoise et atlantiste, l’Amérique dominant son monde, les racistes, les nazis et les oligarques infestant la Russie, dont ce pays, malgré le vaillant et incorruptible Poutine, « met un temps fou à se débarrasser ». En un tel tableau, les restes de Boris Nemtsov n’ont pas droit à une sépulture aux yeux de Créon-Mélenchon. Il faut exhiber ce macchabée tel un vil témoignage du désordre ancien appelé à disparaître, grâce à la poigne éminente du Kremlin.

Nous retrouvons ce culte voué aux grands hommes (Mitterrand, Dassault, Chavez…) chez Jean-Luc Mélenchon. Il ne demande qu’à être subjugué, parfois, pour lui-même dompter, toujours. Là réside, chez un chef, le vice de forme antidémocratique, nuisible aux libertés publiques. En notre Ve République, son accès au pouvoir serait le pendant, à gauche, de ce que fut, à droite, l’expérience sarkozyste : la rencontre d’un ego effréné avec des institutions pousse-au-crime.

La gauche autoritaire se satisfait de toute tuerie. La gauche autoritaire laisse aux belles âmes le soin de s’émouvoir. La gauche autoritaire interprète le monde là où s’apitoient les idiots inutiles. La gauche autoritaire contemple les omelettes toujours à venir, plutôt que de déplorer les œufs cassés. La gauche autoritaire sait, tandis que la piétaille ne fait que ressentir.

Cette fascination pour la force guidant le peuple pousse Jean-Luc Mélenchon dans les bras de Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin rêve de crier à la face du monde, en 2017 – centenaire de la révolution bolchévique : « J’ai refait la Russie ! » Poutine tire autant qu’il peut sur la corde nationale-populiste. Il aimante toutes les droites extrêmes d’une Europe dont il dénonce la décadence et les faiblesses. Il charme les conservateurs de tout poil, réactionnaires, homophobes, islamophobes (ici, notre débat « Vladimir Poutine, âme slave et idée russe »). Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir une gauche déboussolée, exaspérée, soudain devenue disponible pour escorter le pire, qui lui donne le sentiment illusoire d’être vengée…

Nous ne pouvons nous résoudre à un tel prurit politique tenant lieu de doctrine, de croyance et d’espoir. L’esprit public, surtout en période de crise systémique, doit refuser l’aveuglement moutonnier. Ou l’obéissance sidérée face aux sauveurs suprêmes (auto)proclamés. La dépouille de Bori Nemtsov enjoint de refuser ce qu’attend de nous M. Mélenchon : obéir comme un cadavre (perinde ac cadaver).

Source : Fabrice Arfi et Antoine Perraud, pour Mediapart, le 5 mars 2015.

===============================================

Quand Mélenchon enfile les habits de détective privé au service de Poutine

Le chef de la gauche de la gauche est devenu un ardent supporter, une groupie, du maître du Kremlin. Ses récentes déclarations en sont l’étonnante preuve. Et les mots restent les mots.

S’il fallait s’exprimer en langage “jeunes”, nous dirions en toute simplicité que, parfois, Jean-Luc Mélenchon délire grave. Mais ce serait trop sympathique à l’égard du chef de la gauche de la gauche. Quand il part en vrille, Mélenchon raconte – vraiment – n’importe quoi. Ainsi est-il devenu un ardent supporter, une groupie, un fan décervelé de Vladimir Poutine. Il n’est d’ailleurs pas forcément isolé dans cette posture un tantinet débilitante. On peut fort bien adopter une position prudente dans la crise ukrainienne sans pour autant se prosterner au pied du Maître du Maître du Kremlin ainsi que le fait Mélenchon. On peut entendre, et discuter, les revendications, quelquefois légitimes, des Russes sans tenir envers Poutine le même langage enamourée que Marine Le Pen ! Jean-Luc Mélenchon, nous le savons fort bien, ne nous pardonnera pas avant longtemps cette dernière remarque, mais les mots restent les mots ; les stupidités et les bassesses, qu’elles viennent du Front National ou du Front de Gauche, demeurent à jamais des stupidités et des bassesses.

Commentant l’assassinat la semaine dernière de Boris Nemtsov, l’un des principaux opposants à Poutine, Mélenchon estime inutile d’ériger la moindre compassion envers la victime, sa famille ou ses amis politiques. À l’inverse, il le traite comme un chien, un adversaire à déchiqueter, une vipère lubrique dans la vieille tradition stalinienne à laquelle, dans notre esprit bienveillant, Mélenchon avait toujours su échapper. Eh bien, pas du tout : “Monsieur Nemtsov a été repeint en extrême ami de la liberté”. Or, selon Mélenchon, l’opposant liquidé ne serait qu’un “voyou politique ordinaire” ! Et pourquoi cette haine déclarée ?

D’abord, ce Nemtsov se serait allié au “raciste Alexey Navalny, leader libéral xénophobe ultra-violent”. Admettons. Mais en quoi cela pourrait-il justifier le meurtre ? Il y a pire, car Mélenchon fait preuve d’une abyssale mauvaise foi. Il sait pertinemment que l’extrême droite nationaliste russe est à la botte de Poutine ; il sait aussi que des groupes néonazis soutiennent sans même se dissimuler le pouvoir russe, prêts à tous les mauvais coups, à toutes les ratonnades au moindre signal du Kremlin. Comment ose-t-il, Mélenchon, passer sous silence cette si peu reluisante réalité ?

Poutine bénéficiaire des privatisations sous Eltsine

Ensuite il abhorre Boris Nemtsov parce que, sous le règne de Boris Eltsine, il aurait participé aux “privatisations qui furent en fait un véritable pillage”. La remarque de Mélenchon est fondée… À condition de préciser que Poutine et son entourage furent et sont aujourd’hui encore les principaux bénéficiaires de ces privatisations de tous les vols. À condition de rappeler que, selon les meilleurs spécialistes de l’opacité financière internationale, Vladimir Poutine compterait parmi les hommes les plus riches de la planète dissimulé derrière d’innombrables prête-noms. Il se mure dans le silence. Étrange et troublant à en devenir soupçonneux.

Plus surprenant encore, Jean-Luc Mélenchon ne se contente pas d’agonirBoris Nemtsov. Il se déguise en détective privé au service de Vladimir Poutine. Il veut à tout prix prouver l’innocence de son nouvel ami politique dans la liquidation de l’opposant russe. Du Mélenchon dans le texte, à lire au premier degré, en évitant de se poser toute question superflue : “Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la Place Rouge ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué (…). La première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine”.

A qui profite le crime?

Crétins politiques que nous sommes, qui croyions avec tant de naïveté que la victime se nommait Nemtsov et, qu’au passage, la démocratie en avait pris un sacré coup en Russie. Pas du tout et Mélenchon d’en rajouter : “A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine. Cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui au Kremlin”. Prenons garde : l’un des principaux leaders politiques français profère de pareilles inepties sans que personne n’estime utile de réagir. Mélenchon est-il à ce point décrédibilisé ? Ou les Français se moquent-ils éperdument des stupidités qu’il peut parfois énoncer ?

Nous n’aurions pas pu en finir avec ces énormités si Jean-Luc Mélenchon, en un retournement dialectique qui lui est coutumier, ne s’en était pris à la presse internationale complice de “la propagande prémâchée des Etats-Unis”. On en vient au complot, la dernière pièce du puzzle. “Poutine, clame Mélenchon, a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse ‘libre, éthique et indépendante’”. Savourons ces guillemets qui veulent signifier une presse au service de l’impérialisme yankee. Il est indispensable d’en rajouter une dernière, la pire d’ailleurs, contre les journalistes qui s’escriment “à créer une ambiance de ‘sadamisation’ contre Poutine”. Saddam Hussein, oui, le dictateur irakien…

Il aurait bu, Mélenchon ? Fumé ? Il serait surmené ? Sinon, s’il reste lucide, il faut s’inquiéter, pour de bon.

Source : Maurice Szafran, pour Challenges, le 5 mars 2015.

===============================================

L’édito politique de Thomas Legrand sur France Inter, vendredi 6 mars

- Patrick Cohen : Thomas Legrand, vous avez donc lu le blog de JL Mélenchon ; et sa dernière note est consacrée à l’assassinat, en Russie, de Boris Nemtsov.
- Thomas Legrand : Oui et je dois dire qu’on est abasourdi par la lecture de ce texte qui reprend grossièrement la rhétorique poutinienne.

Boris Nemtsov n’était pas la tasse de thé de Mélenchon, soit. Après tout, son passé de privatisateur à l’époque où une clique ( ?) d’hommes d’affaires se partageaient l’industrie russe en prévaricateurs ne plaide pas non + pour sa béatification mais de l’avis des démocrates russes qui luttent aujourd’hui pour une Russie plus libre – autant les écouter eux – eh bien l’homme avait changé, il était respecté et ne méritait certainement pas, juste après son assassinat, d’être traité de voyou politique ordinaire par un leader d’opposition d’un pays libre qui ne risque rien.

On aurait pu imaginer que le patron du Front de Gauche renvoie dos à dos la perspective d’une Russie ultra libérale et la Russie ultra religieuse et ethniciste de Poutine… Non, il ne semble pas choisir entre la peste et le choléra mais entre la peste bubonique libérale et un petit rhume d’extrême-droite nationaliste et liberticide de la Russie de Poutine.

D’où vient ce déséquilibre ? Soyons gentils, essayons de lui trouver une excuse : Mélenchon a une admiration romantique et sans bornes pour la gauche sud-américaine qu’il connait parfaitement. Cette gauche déteste les États-Unis – il faut dire qu’il y a de quoi : Washington a longtemps soutenu ou créé des dictatures d’extrême-droite, de Santiago à Buenos Aires. L’anti américanisme sud-américain de JL Mélenchon le rend visiblement aveugle sur la Russie.

- Patrick Cohen :  Jean-Luc Mélenchon s’en prend aussi à la presse…

-Thomas Legrand : Oui et avec quelle violence ! Voici ce qu’il dit de nos confrères du Monde par ex – mais on est tous dans le même sac : « Le Monde a pieusement recopié sans nuances ni recul la notice de l’ambassade des Etats-Unis… Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie et de l’Occident, qualité à laquelle n’accèdera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque jour, chaque semaine, sa ration de 1000 coups de fouet… » (comme si la presse avait passé sous silence le martyre de Raif Badaoui !).

Poutine ne serait par ailleurs qu’une pauvre victime – je cite encore : « Poutine a été trainé dans la boue par toute la presse libre, éthique et indépendante » (ça c’est entre guillemets), presse dénonciatrice ardente, sur ordre des armes de  destruction massive de Saddam Hussein et de tout autre article de propagande pré-mâché des USA », fin de citation. La presse aurait donc gobé en 2003 l’ histoire des armes de destruction massive selon Mélenchon… C’est évidemment faux pour les Français ;

AH BON ????????? Et les BHL & co à l’époque ????

Mais c’est un mauvais exemple, puisque le pouvoir avait cette position – à al colère d’une partie des éditocrates américanophiles. Or la presse suit très souvent le pouvoir, pas les États-Unis. Le jeu de ces dernier sets donc d’avoir un pouvoir soumis en France – et là, mission accomplished !

la presse américaine en effet, très largement, mais celle-ci a fini par le reconnaître et a multiplié les enquêtes pour démonter les mensonges d’Etat de Bush.

Ah, donc tout va bien – même si ça se reproduit dans 100 % des conflits.

Si je faisais ma Fourest :)  je dirais “bah alors, Hitler, il demande pardon, et zou, plus de problèmes ?” ?

La presse russe n’aura certainement pas la liberté de faire de même sur les mensonges de Poutine en Ukraine.

Ça c’est du journalisme !

Mais, ce qui est grave dans cette attitude, c’est qu’à force de répandre l’idée que nous serions tous, nous journalistes, des petits soldats du grand manipulateur américain, JL Mélenchon alimente un phénomène déjà très inquiétant : la théorie du complot et les conspirationnistes.

Genre le complot du méchant Poutine qui menace le monde – mais désolé on n’a pas de preuve, allez sur les réseaux sociaux”…?

Ils sont plusieurs responsables au Front de Gauche à  ne pas partager ses emportements et ses dérives ;  il serait assez sain pour ce mouvement et pour le débat public en général  que ceux-ci aient enfin le courage de le lui dire et de le lui faire savoir un peu plus clairement.

Compris au FdG, on ARRÊTE d’accuser les journalistes !!!!!!!!!!!!!!!

===============================================

[Libération] Autain à Mélenchon : «Ne soyons pas naïfs sur Poutine»

RACHID LAÏRECHE 6 MARS 2015 À 16:50
Clémentine Autain, figure du Front de gauche, prend ses distances avec les écrits de Jean-Luc Mélenchon à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie. 

Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, une des composantes du Front de Gauche, s’est désolidarisée vendredi matin des écrits de Jean-Luc Mélenchon sur son blog à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie. Sur son blog, Mélenchon avait notamment fustigé ceux qui attribuaient la mort de l’opposant à Poutine «sans le début d’une preuve».


Pourquoi ce tweet ?

Aujourd’hui la parole du Front de gauche est associée à Jean-Luc Mélenchon parce qu’il a été notre candidat lors de la présidentielle. Or, sur ce sujet, des désaccords existent. Moi, je ne sais pas qui a tué Nemtsov. Il n’est pas certain que Vladimir Poutine soit impliqué dans cet assassinat, même s’il s’agissait de l’un de ses principaux opposants et qu’il s’apprêtait à rendre un rapport sur l’implication militaire russe en Ukraine. Mais ces dernières années ont montré qu’il n’est pas simple d’être en désaccord avec Poutine ! Ne soyons pas naïfs à son sujet. Le président russe et son entourage préfèrent la violence à la démocratie. Ils ont noué des liens étroits avec les réseaux d’extrême droite en Europe.

Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte. Mais de là à offrir une version outrancièrement opposée…

Mélenchon fait-il passer Poutine pour la victime ?

La première victime de cette affaire n’est pas Poutine mais Nemtsov. Etre lucide sur le jeu des Etats-Unis est une chose. Mais de là à laisser penser qu’il s’agirait d’une opération des services secrets américains, il y a un pas que les responsables politiques ne devraient pas franchir car il nourrit l’approche complotiste. A mon sens, une telle défense de Poutine ne respecte ni les aspirations démocratiques des Russes, ni les aspirations nationales complexes des Ukrainiens.

Ce désaccord montre une nouvelle fois que le rassemblement rêvé de la gauche s’annonce difficile…

Assurément, on ne se renforce pas de nos divisions. Et notre cadre collectif est aujourd’hui en panne. Après les élections présidentielles et législatives, nous aurions dû trouver une architecture nouvelle pour le Front de gauche, permettre l’adhésion directe, mettre en place des instances démocratiques de décisions qui auraient pu permettre de sortir d’un cartel entre le Parti de gauche et le Parti communiste français. Il est urgent de reprendre l’ouvrage, en visant plus large, plus neuf.

Est-ce qu’on peut trouver une note d’espoir ?

Syriza et Podemos ont ouvert l’espoir ! En France, face au désastre de la politique gouvernementale et à l’ascension de l’extrême droite, nous avons la responsabilité de refonder une perspective de transformation sociale et écologique. Les Chantiers d’Espoir, dont le prochain rendez-vous est le 11 avril, entendent participer de ce mouvement aussi indispensable qu’urgent.

Rachid LAÏRECHE


La réponse de Mélenchon à Autain, 7/3/2015

Clémentine Autain, pour qui j’ai estime et amitié personnelle très vives, engage avec moi dans ”Libération” une polémique que je déplore dans la mesure où ses conclusions sont exactement les mêmes que les miennes à propos de la situation en Ukraine et en Russie. J’admets parfaitement que l’on soit en désaccord avec mes propos. Encore faut-il les respecter. Je veux la rassurer : je n’ai jamais écrit que Poutine était ”la première victime de l’assassinat de Nemtsov” comme elle l’affirme hélas, ce que reprend en gros titre de ”Libération”. J’ai écrit qu’il était la première victime POLITIQUE. J’ai clairement déploré la mort de monsieur Nemtsov et exprimé ma compassion pour sa famille. On notera que j’ai toujours condamné la violence armée en politique, dans cette circonstance comme dans toutes les autres. J’ai écrit de nombreux textes sur ce thème, notamment à l’occasion de l’assassinat de nos camarades Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi en Tunisie. Je ne relève pas les silences dans cette circonstance car j’estime que je portais la parole de tous en me rendant sur place.

Je veux encore rassurer Clémentine Autain : je n’ai jamais écrit que Nemtsov a été assassiné par ” les services secrets USA”. Car je ne le pense pas. Non parce qu’ils en seraient incapables. Ils ont assassiné assez de dirigeants de gauche en Amérique latine et dans le monde pour qu’on les sache prêts à tout. Mais j’ai écrit que, s’il faut chercher, mieux vaudrait plutôt regarder du côté de l’extrême droite nationaliste russe. Par conséquent je ne suis pas concerné par la remarque fielleuse par laquelle elle conclut hélas son propos sur cette base inventée. Pourquoi se sent-elle obligée de dire : ”Mais de là à laisser penser qu’il s’agirait d’une opération des services secrets américains, il y a un pas que les responsables politiques ne devraient pas franchir car il nourrit l’approche complotiste”. Voici ce que j’ai écrit : ”Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste”. Le reste se lit sur mon blog.

Je recommande à mes amis, et à ceux qui se disent tels, de se reporter à ce que j’écris plutôt qu’à ce qui s’en dit. De plus, mon propos et mon analyse concernent le risque de guerre mondiale et désastreuse pour la civilisation humaine que contient la situation en Ukraine du fait de l’avancée de l’OTAN. Je produis à cette occasion une analyse géopolitique depuis de nombreux mois (http://bit.ly/1nv3Mvo). Mon propos n’est pas de faire une ”défense de Poutine”, et encore moins comme on le devine de proposer une ”version outrancièrement opposée” à celle si remarquablement modérée de ceux avec qui je me confronte…

Comme le dit très bien Clémentine Autain: ”Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte.” C’est très exactement ma position.

Quant au fait de répondre à ”Libération”, c’est s’exposer aux manipulations habituelles de ce ”journal”, dont le but ici est résumé dans une de ses ”questions” : ”Ce désaccord montre une nouvelle fois que le rassemblement rêvé de la gauche s’annonce difficile…”. Pour ”Libération” hors du PS, point de salut et toutes les occasions de me diaboliser sont les bienvenues. Personne n’est obligé de tomber dans le panneau aussi facilement. JLM

====================

POUR OU CONTRE LA GUERRE AVEC LA RUSSIE ?, 8/3/2015

J’aurais bien des sujets à traiter autres que celui de la préparation de la guerre contre la Russie. Mais une polémique d’une incroyable hargne a été déclenchée contre moi (je rappelle que c’est moi qui suis censé être agressif) sur ce thème. Je n’en suis pas surpris. Deux semaines avant les élections départementales proclamées gagnées d’avance par le FN, déclencher une polémique contre moi dans le style du dénigrement avilissant est une manœuvre certes frustre mais assez traditionnelle. Cependant il est stupéfiant qu’un journaliste comme Thomas Legrand s’y abandonne en appelant un matin sur « France inter » les dirigeants du Front de gauche à prendre leurs distances avec moi ! Depuis que je lui ai refusé une interview pour le journal « LUI », où il travaille aussi, je le sens encore plus crispé qu’il l’est d’habitude du seul fait de ses opinions politiques. Il n’en est pas à sa première sortie en chaussures cloutées. L’élégant personnage avait démissionné des « Inrocks » parce que sa rédaction en chef était dirigée par madame Audrey Pulvar au motif que son compagnon était alors ministre ! Cette campagne de dénigrement vient à la suite de celle menée contre moi à propos de la Grèce. Elle prend place dans l’objectif de diabolisation de mon personnage qui est la forme du combat dorénavant contre tous les porte-paroles de l’autre gauche en Europe. Pendant ce temps la masse des publi-reportages pour le FN ne ralentit pas un jour. Ceci va avec cela.

En toute hypothèse, je ne crois pas un instant que ceux qui m’ont accablé à propos de la Russie pendant plusieurs jours soient réellement intéressés par ce que je dis vraiment sur le sujet. Il suffit de me lire pour vérifier que ce qu’on m’impute ne se trouve pas dans mon propos. Leur but est d’utiliser ce que je dis pour interdire la parole dissidente et surtout pour contribuer par ce moyen même au bourrage de crâne en faveur de la guerre.

Je veux cependant résumer mon point de vue en une phrase : je suis opposé à la guerre qui se prépare contre la Russie. Totalement. Irrémédiablement ! Oui, je suis en campagne contre le danger de cette guerre ! Je dis bien : en campagne. La seule arme dont je dispose est ma parole, mes écrits dont j’essaie de faire des outils de désintoxication.

Je n’ai pas choisi la polémique et l’outrance des attaques qui me sont faites. Je les subis. J’attends de mes amis qu’ils ne les relaient pas. Et pour les plus courageux qu’ils viennent m’aider dans le but que je poursuis : lutter contre la préparation de la guerre avec la Russie. Mes adversaires sont toujours les mêmes sur ce sujet comme sur tous les autres, les mêmes journalistes, les mêmes médias. Leur méthode toujours la même : le dénigrement personnel, la falsification des propos. Et, bien sûr, l’assignation au « camp adverse ». Le grand Jaurès était lui aussi décrit comme un agent allemand parce qu’il combattait la préparation de la guerre dont il savait qu’elle serait mondiale. Beaucoup d’entre nous ont déjà été repeints en agent de Saddam Hussein, en ami de Bachar el Assad ou de Kadhafi chaque fois que nous avons refusé la guerre qui, parait-il, devait tout régler tout arranger. Le spectacle du monde fait de la paix un enjeu ! Il faut jeter ses forces dans cette partie dont dépend la civilisation humaine !

Pas de guerre avec la Russie ! JLM

Source: http://www.les-crises.fr/nemtsov-melenchon-naccuse-pas-poutine-branle-bas-de-combat-dans-les-medias/


[Il nous avait manqué !] BHL propose un “plan Marshall” à 300 Md€ pour sauver l’Ukraine

Sunday 8 March 2015 at 00:29

RÉUNIE AUJOURD’HUI À VIENNE (AUTRICHE) AUTOUR DE BERNARD-HENRI LÉVY, ET DE PERSONNALITÉS EUROPÉENNES ET UKRAINIENNES, LA TOUTE NOUVELLE AGENCE POUR LA MODERNISATION DE L’UKRAINE SE DONNE 200 JOURS POUR RÉDIGER UN PROJET DE “PLAN MARSHALL”. A SUIVRE…

BHL propose un "plan Marshall" pour sauver l'Ukraine

BHL avec, à son côté, Frederick W de Klerk et Leonid Kravtchouk (à dte de la photo) a Vienne, 3 mars 2015 pour le lancement de l’Agence pour la Modernisation de l’Ukraine

L’écrivain Bernard-Henri Lévy, allié aux millieux économiques ukrainiens (patronat et syndicats) ainsi qu’à des personnalités allemandes (l’ex-ministre des Finances Peer Steinbrück), françaises (l’ex-patronne du Medef Laurence Parisot), polonaises (l’ancien Premier ministre Wlodzimierz Cimoszewicz) ou encore britanniques (l’ancien ministre Peter Mandelson), peut-il sauver l’Ukraine?

C’est en tout cas l’objectif ambitieux que l’écrivain français, habitué à voir les choses en grand, s’est fixé avec l’Agence pour la modernisation de l’Ukraine dont il est le cofondateur. Et qui a été inaugurée aujourd’hui à Vienne (Autriche), en présence d’une brochette de personnalités européennes réunies dans l’enceinte du Palais Ferstel, l’un des plus beaux édifices du centre historique aujourd’hui transformé en centre de convention.

Outre les personnalités citées plus haut, la tribune accueillait en effet l’ancien président ukrainien Leonid Kravtchouk, son compatriote homme d’affaires et oligarque Dmitri Firtash, les parlementaires britanniques John Whittingdale et Lord Risby (tous deux conservateurs) ou encore l’ex-commissaire européen Günter Verheugen, Bernard Kouchner (on ne présente pas) et, enfin, l’ex-président sud-africain Frederick W. de Klerk, venu partager son expérience d’homme d’Etat dans le domaine de la reconstruction institutionnelle d’une nation.

Nous sommes peut-être au début d’une formidable expérience de “nation building”

“L’idée, explique BHL -qui est le moteur du projet avec le député allemand Karl-Georg Wellmann (CDU) et Lord Risby- est de créer des groupes de travail, selon différents thèmes (Constitution, Lutte anticorruption, Fiscalité, Justice, Intégration européenne, Santé) qui travailleront chacun indépendamment dans leur coin. Et se retrouveront dans deux cents jours pour formuler des propositions susceptibles de sortir enfin l’Ukraine du marasme où elle est plongée depuis trop longtemps; aujourd’hui à cause de la guerre, hier en raison de la corruption et avant-hier du fait du soviétisme.”

L’idée est noble et la bonne volonté est là, même si -les particpants le reconnaissent- le succès n’est pas garantit à l’arrivée. “Nous sommes peut-être au début d’une formidable expérience de “nation building”, comme on dit en anglais!”, veut croire, optimiste, BHL. “La prochaine étape, c’est dans deux cents jours. Alors nous compilerons nos propositions et présenterons un projet que le patronat et les syndicats ukrainiens, à nos côtés dans ce projet, se chargeront de présenter à la Rada, le parlement ukrainien.”

Des défis immenses

Seule certitude: l’un des objectifs non-formulés de l’Agence pour la modernisation de l’Ukraine (AMU) consiste précisément à aider le gouvernement ukrainien, aujourd’hui accaparé par l’urgence de la guerre, à réfléchir sur son destin à moyen et à long terme. “Il faut que nous accomplissions en 25 ans le même chemin que celui parcouru par la Pologne depuis 1990″, note l’oligarque Dmitri Firtash dont le groupe emploie 130.000 salariés. Il ajoute: “Pour cela, nous avons le choix: soit attendre un miracle, soit retrousser nos manches dès aujourd’hui. La seconde solution paraît la plus raisonnable…”

Les défis sont immenses et nombreux. Constitutionnel d’abord. En vingt ans, l’Ukraine a changé quatre fois de régime (présidentiel, puis parlementaire, puis présidentiel et parlementaire à nouveau). Aujourd’hui encore, le partage des pouvoirs entre le président Petro Porochenko et le Premier ministre Evgueni Iatséniouk ne sont pas vraiment clairs.

Fiscal et financier, ensuite. Car la sécurité juridique est inexistante sur les rives du Dniepr. “Une réforme des impôts est indispensable, insiste Firtash. Les investisseurs nationaux ou étrangers doivent pouvoir comprendre comment fonctionne notre système et ce qu’ils peuvent espérer comme retour sur investissement.” Chose aujourd’hui impossible en raison de la corruption infernale dont les proportions sont comparables à celle qui gangrène le Mexique.

Le financement de l’Ukraine pourrait passer par un fonds spécial d’investissements, espèrent les dirigeants de l’Agence pour la Modernisation de l’Ukraine. Il s’agit-là du fameux plan Marshall évoqué par BHL. “L’Ukraine a besoin dans l’absolu de 300 milliards d’euros”, estime Firtash. “Ceux-ci, précise BHL, pourraient provenir de l’Union européenne (UE), du Fonds monétaire international (FMI) mais également, pourquoi pas, de différents fonds souverains tels que celui de la Norvège. Car comme le reste de l’Europe, ce pays scandinave a tout intérêt à contribuer à la stabilité de l’Ukraine et, donc du continent.”

Reste le principal problème; la corruption. “Si on parle de plan Marshall, alors il faut non seulement être capable de lever des fonds mais également pouvoir vérifier que l’argent arrive bien aux destinataires souhaités, non pas détournés et perdus en route”, note le très carré Peer Steinbrück, ancien ministre des Finances et poids lourd du gouvernement Merkel (de 2005 à 2009) dont le rôle fut déterminant dans le sauvetage de l’économie européenne en 2008.

“Aucune institution, ni l’UE, ni le FMI, ni la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ne mettra un centime si elle a l’impression que c’est de l’argent gaspillé, jeté dans un puits sans fond. Il faut donc réformer l’administration fiscale, le système juridique et mettre en place des règles de bonne gouvernance à tous les niveaux, ajoute Steinbrück. Autant que je sache, le parlement ukrainien a initié quelques réformes l’année dernière. Mais il lui faut aller beaucoup, beaucoup plus loin.”

Source : Axel Glydèn, pour l’Express, le 3 mars 2015.

======================================================

À suivre dans les actu’ukraine  :)

Source: http://www.les-crises.fr/il-nous-avait-manque-bhl-propose-un-plan-marshall-pour-sauver-lukraine/


Revue de presse du 07/03/2015

Saturday 7 March 2015 at 05:01

Cette semaine dans la revue, putsch au comité Nobel, un point sur l’hôpital en danger et le chômage maltraité en France, alors qu’un “journaliste” de France Inter se fait encore remarquer, l’Europe qui compte en milliards et dans Vues d’ailleurs la suite de notre regard sur les réseaux “invisibles”. Merci à tous les participants des revues.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-07-03-2015/


[Propagande foirée] Le sens d’un assassinat, par Bernard Guetta

Saturday 7 March 2015 at 01:30

Une semaine demain après sa mort, on ne sait toujours pas et…on ne saura sans doute jamais qui a fait tuer Boris Nemstov.

Xénophobie ordinaire anti-russe…

Mais il abusent aussi, on n’a pas les assassins en 5 jours…

Bon, il nous a juste fallu 33 ans (peut-être) pour l’attentat de la rue des Rosiers, mais bon…

On sait en revanche qu’il fallait que ses assassins se sentent bien sûr d’eux pour aller le tuer à deux pas du Kremlin, dans le quartier le plus surveillé de Moscou, et que ce n’est pas de n’importe quel opposant que le Kremlin est maintenant débarrassé.

Il fallait que les assassins de Cabu se sentent bien sûr d’eux pour aller le tuer à deux pas de l’Elysée, au coeur de notre capitale…

Boris Nemstov avait été vice premier ministre de Boris Eltsine dont il fut l’un des dauphins possibles, avant que Vladimir Poutine n’emporte la mise.

Il avait autrement dit été au cœur du processus de privatisation de l’économie russe, de ce partage des richesses nationales entre hommes de l’ancien appareil communiste et nouveaux chevaliers d’industrie qui fut le plus grand hold-up de l’Histoire.

Bel éclair de lucidité.

Non seulement il savait tout des secrets de famille de la nouvelle Russie, mais il avait été très proche de par ses fonctions de beaucoup des gens qui sont aujourd’hui à la tête des plus grandes fortunes du pays.

C’est moi ou ça fait un sacré mobile pour un assassinat ?

C’était en un mot un homme du nouveau sérail russe, mais un homme en rupture avec ce milieu qu’il avait tant contribué à créer, car tout comme il y avait eu de rares communistes soviétiques qui croyaient au communiste, il y avait également eu d’authentiques libéraux dans l’entourage de Boris Eltsine.

Juste par curiosité, qu’est-ce qu’il en sait s’il était “en rupture” et si c’était une “authentique libéral” ?

Sincèrement convaincus que la liberté du marché et la liberté tout court n’allaient pas l’une sans l’autre, Boris Nemstov était l’un d’entre eux, mais lorsque l’ère Poutine est venue démentir ses certitudes, il était passé à l’opposition avec tout autant de volontarisme.

C’est clair que les années Eltsine, c’était le paradis démocratique… Comme quand Eltsine a fait tirer sur le Parlement….

Il pourfendait la corruption, il dénonçait l’annexion de la Crimée et l’ingérence des troupes russes en Ukraine orientale, il était tout entier opposant à Vladimir Poutine et avec lui, l’opposition disposait de sa seule figure d’envergure nationale.

Son parti de coalition a en effet obtenu 0,97 % des vois aux législatives de 2007… (les lecteurs russes peuvent-ils d’ailleurs nous parler de son image en Russie en 2015 en commentaire svp ?)

Et le parti communiste 11,7 %. C’est donc son leader “la seule figure d’envergure nationale”…Mais si on explique que Poutine est opposé aux communistes, euh, ils vont plus rien comprendre à la narrative les auditeurs…

Cependant Guetta oublie peut-être simplement de préciser “figure… vendue à l’occident comme son mentor” pour être juste.

Cela aurait suffi à en faire un homme dangereux, mais Boris Nemstov était surtout le seul opposant à pouvoir être pris au sérieux par les grandes fortunes russes, par cet argent qui désormais s’inquiète toujours plus de l’aventure ukrainienne.

Hein ? Il bossait donc pour ceux qui ont fait “le plus grand hold-up de l’histoire” ?

Les pirates des années 90 sont devenus des grands noms de la banque et de l’industrie, ils n’aspiraient plus maintenant qu’à être reconnus et intégrés par leurs pairs occidentaux, et certainement pas à voir la Russie se refermer sur elle-même, ou pire encore, voguer vers la chine.

Heu, les pirates russes veulent donc être reconnus par les pirates de nos pays donc ?

Il y a aujourd’hui une rupture entre Vladimir Poutine et l’argent russe, qui se sent trahi par ce président dont il avait pourtant été l’un des deux parrains

Ah flute, ce n’est donc pas l’argent des pirates qui gouverne en Russie ? Ce n’est donc pas “une démocratie” comme chez nous, CQFD !

avec les “Siloviki”, les hommes des forces de sécurité qui ont désormais pris le pas sur ces grandes fortunes dont Boris Nemstov, libéral grand teint et héros des nouvelles classes moyennes, aurait un jour pu devenir la carte politique.

la carte politique des pirates, on est d’accord ?

Et héros des classes moyennes, il le sort d’où ?

Son assassinat scelle un retournement d’alliances au sommet du pouvoir russe, ce n’est plus les services de sécurité et l’argent mais les services de sécurité et l’église qui œuvrent ensembles à restaurer la grande Russie, en la refondant sur l’absolutisme et le traditionalisme.

Ah, il a du aller à une soirée chez BHL récemment je pense…

S’il prenait vraiment l‘envie aux grandes fortunes de s’allier aux classes moyennes pour contrer Vladimir Poutine,

Alors Poutine est soutenu par 80 % de la population, donc par les classes moyennes, mais en fait il faudrait qu’elles s’en détournent, et s’allient avec les pirates pour contrer Poutine qui ne veut pas s’allier avec les pirates, mais plutôt restaurer la grandeur russe – j’ai bien compris ?

le sort de Boris Nemstov est venu leur dire ce qui les attendraient alors…

“Mais attention, on ne sait toujours pas qui a fait tuer Boris Nemstov.”

Bernard Guetta, Chronique géopolitique sur France Inter, 5 mars 2015

Source: http://www.les-crises.fr/le-sens-d-un-assassinat/