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Revue de presse internationale du 27/03/2016

Sunday 27 March 2016 at 00:01

Cette semaine notamment, quelques intéressantes réflexions sur les actes terroristes, un léger raté belge, ou encore des contradictions d’Hilary à Riyad. Merci à nos contributeurs pour ces articles dont quelques-uns en traduction. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-27032016/


Bachar al-Assad : “Lorsque les États occidentaux auront la volonté de faire leur devoir, nous n’aurons plus de problème pour arrêter le cauchemar en Syrie”

Saturday 26 March 2016 at 01:40

Source : Le Grand Soir, 11-03-2016

Entretien accordé par le Président syrien à la télévision allemande « ARD » [Texte intégral]

arton30057-74bfaJournaliste : Monsieur le Président, je vous remercie infiniment pour avoir accordé cette entrevue à la télévision allemande ARD.

Le Président al-Assad : Bienvenue à vous en Syrie

Question 1 : Hier, alors que nous filmions à la Mosquée des Omeyyades, nous nous sommes entretenus avec les gens sur le cessez-le feu. Un vendeur de Chawerma nous a dit « c’est peut-être un jour historique ». Ma question est, Monsieur le Président, êtes-vous d’accord que ce serait là un jour historique, et vivons-nous un moment particulier de l’histoire syrienne ?

Le Président Al-Assad : Disons plutôt que je l’espère, étant donné que nous avons accepté l’accord sur la « cessation des hostilités » la semaine dernière. Parlons plutôt d’une lueur d’espoir pour les Syriens et pour nous tous. Mais en général, un cessez-le-feu, une cessation des hostilités, ou n’importe quel accord de ce type est bilatéral. Il va donc être difficile de le maintenir et de le sauver, puisqu’il est multilatéral. Je veux dire par là que vous parlez d’une centaine de factions de terroristes et de nombre de pays qui les soutiennent. Autrement dit, vous parlez de deux camps ayant des objectifs contradictoires en ce qui concerne cet accord. C’est pourquoi, disons que nous allons faire notre travail pour qu’il fonctionne, quoique la bonne volonté ne soit pas suffisante.

Question 2 : Que faites-vous, vous et le gouvernement syrien, pour sauver ce cessez-le feu ?

Le Président Al-Assad : Dans les faits, il a commencé il y a moins de 48 heures et, comme vous êtes ici depuis quelques jours, je pense que vous savez que les terroristes l’ont violé dès la première heure. Quant à l’armée syrienne, nous nous sommes abstenus de riposter pour lui laisser une chance de se maintenir. Voilà ce que nous pouvons faire, mais finalement toute chose a ses limites et cela dépend de l’autre partie.

Question 3 : Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour arriver à un accord ?

Le Président Al-Assad : Il n’a pas fallu si longtemps pour arriver à un accord. Il a fallu longtemps pour que les autres pays qui supervisent les terroristes, notamment les États-Unis, se mettent à travailler là-dessus. Ils ont commencé à en parler il y a seulement quelques mois ; alors que, dès le début, nous avions initié ce processus sur une base interne que nous avons désigné par « Réconciliation locale ». Un processus qui mène à la cessation des hostilités à partir du moment où vous accordez l’amnistie aux miliciens afin qu’ils rejoignent l’armée syrienne ou retournent à une vie civile normale. C’est un processus que nous avons lancé depuis quelques années et qui a réussi dans plusieurs régions. La seule différence est que cet accord de cessation des hostilités est plus global, bien qu’il ne soit pas total.

Question 4 : Il y a trois jours, nous étions à Daraya. Nous avons vu le bombardement intensif de cette ville. Je pense que l’un des problèmes de la Syrie est : « qui décide que ceux que vous frappez sont des terroristes de l’EIIL et du Front al-Nosra ou des rebelles ? ». Je pense que vous êtes le seul à en décider et que la paix est entre vos mains. Non ?

Le Président Al-Assad : Qu’entendez-vous par « la paix entre mes mains » ?

Question 5 : Votre décision de frapper ou de ne pas frapper. C’est vous qui définissez qui sont ces gens ?

Le Président Al-Assad : Vous avez raison. Lorsque vous avez un tel accord, vous devez vous poser deux questions : sur quelles cartes militaires devez-vous travailler et quels sont les critères ou les mécanismes de surveillance du cessez-le-feu ? Or, comme je viens de le dire, la cessation des hostilités a été décrétée il y a 24H et, jusqu’à cet instant précis, nous ne disposons toujours pas de ces cartes. Par conséquent, disons que l’accord n’est pas encore arrivé à maturité. Lorsque ce sera le cas, vous pourrez dire que j’en assume la responsabilité en tant que partie prenante de la survie de cet accord.

Question 6 : maginez, Monsieur le Président, que je sois un rebelle et non un terroriste de l’EIIL ou du Front al-Nosra, un rebelle de l’armée syrienne libre [ASL]. Que devrais-je faire pour que vous m’acceptiez de nouveau comme civil syrien ? 

Le Président Al-Assad : Juste que vous déposiez vos armes et que vous n’ayez aucun autre agenda politique. Que vous décidiez de rejoindre le processus politique ou que vous vous en désintéressiez, n’a pas d’importance. Le plus important pour moi, d’un point de vue légal et constitutionnel, en me basant sur l’intérêt du peuple syrien et sur le principe valable pour tout État, est qu’en tant que citoyen vous n’êtes pas autorisé à user de vos armes pour nuire aux personnes et aux biens. C’est tout ce que nous demandons et rien d’autre. Comme je l’ai dit, nous leur offrons une amnistie totale. C’est déjà arrivé, certains ayant rejoint l’armée syrienne, d’autres s’étant intégrés dans la vie politique.

Question 7 : C’est donc une réelle amnistie que vous offrez à tous les rebelles ? 

Le Président Al-Assad : Nous l’avons fait, et cela a fonctionné.

Question 8 : Pourquoi le gouvernement syrien ne peut-il accepter l’existence de deux sortes de groupes [armés] : l’un correspondant aux terroristes, tels ceux de l’EIIL et du Front al-Nosra ; l’autre correspondant aux rebelles, disons, plus civils ? Pourquoi dites-vous toujours que vous combattez uniquement des terroristes ? 

Le Président Al-Assad : Dun point de vue légal, celui qui porte des armes contre les civils ou contre les propriétés privées ou publiques est un terroriste. Je crois qu’il en est de même pour mon pays et le vôtre. Vous n’acceptez pas qu’une soi-disant « opposition modérée » use de ses armes pour atteindre ses objectifs. Aucun pays ne l’accepterait. C’est l’un des aspects de votre question.

L’autre aspect est que nous ne disons pas que tout milicien est un extrémiste. Nous disons qu’actuellement la majorité des groupes armés qui contrôlent certaines régions sont essentiellement des groupes terroristes. L’autre partie, promue comme modérée, est marginale et sans importance. Elle n’a aucune influence sur le terrain et c’est pourquoi la plupart de ses bases rejoignent les extrémistes, non parce que ses éléments sont nécessairement des terroristes, mais par peur, pour l’argent ou le salaire. Donc, si nous disons que nous combattons des terroristes, c’est parce qu’aujourd’hui le vrai ennemi est constitué par des groupes terroristes, principalement Daesh, Al-Nosra, Ahrar al-Cham, et Jaïsh al-Islam.

Question 9 : N’avez-vous pas le sentiment qu’en réalité il y a quand même une différence entre ces deux groupes ? Ces terroristes viennent de l’étranger, d’Arabie Saoudite, de Tchétchénie et de partout dans le monde ; alors que les rebelles sont finalement des Syriens et viendra le moment où vous devrez discuter avec eux. Pourquoi ne pouvez-vous pas commencer dès aujourd’hui ?

Le Président Al-Assad : Nous l’avons fait. Nous l’avons déjà fait. C’est ce que j’ai signifié en évoquant les réconciliations locales. Dans ce cas, vous parlez avec les milices [armées] qui se battent sur le terrain, non avec l’opposition politique. Je suis donc d’accord avec vous sur ce point.

En revanche, lorsque vous parlez de deux sortes de groupes, les Syriens que vous désignez par « rebelles » et les autres, vous négligez qu’en réalité, ils travaillent ensemble. Vous n’avez pas, en Syrie, un groupe [terroriste] composé exclusivement d’étrangers. Vous avez des [terroristes] étrangers mélangés avec des Syriens partageant la même idéologie qui refuse quiconque ne leur ressemble pas et les mêmes espoirs, notamment celui de créer ce qu’ils appellent l’« État islamique » ou équivalent.

Question 10 : Monsieur le Président, vous avez accepté un processus de transition. Quelles sont les prochaines étapes ?

Le Président Al-Assad : C’est un processus qui doit aboutir à un gouvernement d’union nationale auquel se joindront ceux qui souhaiteront en faire partie. Ce gouvernement devra préparer la prochaine Constitution, laquelle sera suivie d’élections législatives qui définiront la forme de la prochaine ou de la nouvelle Syrie. Telles sont les principales étapes de la période de transition.

Question 11 : J’étais ici il y a quatre ans, au moment ou se sont déroulées les élections législatives de 2012. Comment pouvez-vous dire qu’il serait possible de tenir des élections pendant la guerre civile ?

Le Président Al-Assad : Tout d’abord, il n’y a pas de guerre civile. Une telle définition est fausse. Il y a guerre civile quand existent des lignes de démarcation sociales correspondant à des différences sectaires, ethniques, ou autres. Nous n’avons toujours pas cette sorte de lignes, vu le mélange manifeste dans les zones contrôlées par le gouvernement où coexistent toutes les couleurs du spectre social syrien. Vous ne pouvez donc pas parler de cette guerre comme d’une guerre civile. C’est vraiment les terroristes contre tout le reste.

Quant aux élections, il ne s’agit pas d’un passe-temps, de l’opinion du Président ou de l’humeur du gouvernement. Elles renvoient à la Constitution. Notre guerre est motivée par l’indépendance de notre pays, parce que d’autres pays, principalement en Occident veulent, avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, détruire notre pays et transformer la Syrie en État confessionnel comme au Liban et, peut-être, comme en Irak.

La Constitution est aujourd’hui le symbole de l’unité, de la souveraineté et de l’indépendance du pays. Nous devons la défendre. Or, la Constitution n’est pas une simple rédaction sur papier. C’est la manière dont vous la mettez en pratique, notamment en organisant des élections, lesquelles n’appartiennent pas de droit au gouvernement mais à chaque citoyen. C’est aux citoyens de décider s’ils en veulent ou pas. Et si vous interrogez les Syriens, tous souhaitent un nouveau Parlement.

Question 12 : Est-ce que la Constitution et donc la stabilité en Syrie valent plus que des centaines de milliers de vies ?

Le Président Al-Assad : Il n’y a pas de contradiction qui ferait que nous ayons à juger de l’importance de l’un de ces sujets par rapport à l’autre, car sans stabilité vous perdriez des milliers de vies, alors que la stabilité retrouvée vous permettrait de les sauver. Vous ne pouvez donc pas dire que ceci est plus important que cela, la stabilité et la Constitution étant très importantes pour épargner des vies.

Question 13 : L’écrasante majorité des pays et organisations du monde disent qu’il ne pourrait y avoir de solution à la question syrienne avec vous au pouvoir. Êtes-vous prêt à l’abandonner ?

Le Président Al-Assad : Pour ces pays et ces fonctionnaires ? Non, bien sûr que non, car ce n’est pas leur affaire. C’est pourquoi je ne leur ai jamais répondu. Cela fait cinq ans qu’ils le répètent et que nous n’avons accordé le moindre intérêt à ce qu’ils disent. C’est notre affaire. C’est l’affaire de la Syrie. Seuls les citoyens syriens ont le droit de dire qui ils veulent pour président. En tant qu’Allemand, vous n’accepteriez pas que moi ou n’importe qui d’autre vous dicte quel devrait être votre Chancelier ou votre système politique. Vous ne l’accepteriez pas, comme nous ne l’acceptons pas. Par conséquent, non, quoi qu’ils disent, mon destin politique est uniquement lié à la volonté du peuple syrien.

Question 14 : Plus généralement, si les conditions étaient telles que le peuple syrien le voulait, seriez-vous prêt à vous retirer ?

Le Président Al-Assad : Certainement et sans aucun doute. Je le ferais immédiatement sans aucune hésitation, car si vous voulez réussir en tant que fonctionnaire élu à un poste de Président, de Premier ministre ou de n’importe quelle autre fonction, vous avez besoin du soutien du peuple. Sans ce soutien, vous ne pouvez rien accomplir. Alors, que feriez-vous à votre poste ? La volonté du peuple et votre capacité à accomplir quelque chose sont donc liées l’une à l’autre.

Question 15 : Avez-vous déjà une idée sur le timing de cette étape ? Vous savez que plusieurs dates ont été évoquées. Une information issue du Bureau de De Mistura dit que la date la plus probable serait en 2018. 

Le Président Al-Assad : Non, non, ce n’est pas leur affaire. Cela ne fait partie d’aucun plan. Comme je l’ai dit, seuls les Syriens peuvent en décider.

Question 16 : Êtes-vous d’accord que ce que nous voyons en Syrie est une catastrophe humanitaire ?

Le Président Al-Assad : Bien sûr, sans aucun doute.

Question 17 : Alors, pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour que vous autorisiez le plein accès aux zones assiégées ?

Le Président Al-Assad : Non, ce n’est pas vrai. Nous n’avons pas mis si longtemps à en autoriser l’accès. En réalité, ce sont les médias occidentaux qui ont mis beaucoup de temps à reconnaître ce qui se passait sur le terrain. Je vais être très franc avec vous. Posons une question logique et réaliste à la fois : ces zones dont vous parlez, lesquelles seraient assiégées depuis des années par l’armée tout en continuant à la combattre jusqu’aujourd’hui et à lui envoyer bombes et tirs de mortiers ainsi que sur les villes voisines, comment aurions-nous pu les empêcher de recevoir aides et nourriture alors que nous n’avons pas pu les empêcher de recevoir des armes ? Est-ce logique ? Non, ça ne marche pas. Soit l’embargo est total, soit vous ne pouvez pas faire d’embargo. Et si nous n’avons pas fait d’embargo c’est pour plusieurs raisons. Mis à part l’aspect humanitaire, les valeurs auxquelles nous croyons et le sens des responsabilités de notre gouvernement à l’égard de tous les Syriens, imposer un embargo aurait précipité les civils habitant ces régions dans le giron des terroristes.

Une autre raison concrète est pourquoi assiégerions-nous ces villes, citées par vous et récemment par beaucoup d’autres médias, pendant que nous continuons à envoyer des vaccins et les salaires des fonctionnaires à des villes comme Raqqa, laquelle est sous contrôle de l’EIIL ? Comment pouvons-nous faire un embargo ici et ne pas faire un embargo là-bas ? Ce que vous dîtes est contradictoire et irréaliste.

Question 18 : Maintenant que vous avez la couverture du cessez-le-feu, vous est-il possible de garantir aux organisations de secours un accès permanent à ces zones assiégées ?

Le Président Al-Assad : Elles ont travaillé ici au cours de ces dernières années. Nous n’avons jamais dit non. Mais leur travail doit passer par le gouvernement. Elles ne peuvent pas faire comme si le gouvernement n’existait pas. Ceci dit, il est évident que la réalité sur le terrain peut parfois faire obstacle en zones de combats. D’autres fois, il arrive que des conflits surgissent entre ces organisations et les fonctionnaires de notre gouvernement. Mais du point de vue décision politique, nous ne posons aucun problème à l’arrivée des aides partout en Syrie, et nous les soutenons.

Question 19 : Vous avez parlé d’élections en avril prochain. Ne serait-ce pas consulter une fraction du peuple, puisque nombre de Syriens ont quitté le pays pour fuir le chaos ?

Le Président Al-Assad : Oui, mais pour autant la Syrie n’est pas vidée. La majorité des Syriens vit toujours en Syrie, non l’inverse. Ce fut le discours précédant les élections présidentielles, mais le monde a été surpris de voir un pourcentage élevé de réfugiés, à l’extérieur de la Syrie, participer à ces élections. Par conséquent, je crois que chaque Syrien aimerait un tel renouveau dans son pays, parce qu’il redonnera de l’espoir et que c’est naturel pour tout pays et toute culture.

Question 20 : Le gouvernement syrien apprécie-t-il le rôle de l’Allemagne pour son accueil d’un grand nombre de Syriens ?

Le Président Al-Assad : Disons que nous l’apprécions d’un point de vue humanitaire. Nous ne pouvons pas dire que ce n’est pas bien d’accepter des réfugiés ayant quitté leur pays en raison des difficultés qu’ils y rencontrent. Mais ne serait-il pas plus humain de les aider à rester dans leur pays ? Parce que si vous posiez cette question à l’un d’entre d’eux, il vous répondrait qu’il aimerait pouvoir y retourner. Ne serait-il pas moins coûteux d’adopter ou de mener des politiques plus sages et plus prudentes en ce qui concerne la crise syrienne, et de permettre à ces personnes de vivre dans leur pays, en travaillant contre le terrorisme, pour la stabilité de la Syrie, sans s’ingérer dans ses affaires ? Ce serait plus humain.

Question 21 : Y a-t-il un rôle précis attribué à l’Allemagne dans l’ensemble de la question syrienne, ou bien est-elle considérée au même titre que d’autres pays étrangers, tels les États-Unis et l’Arabie Saoudite ?

Le Président Al-Assad : Nous espérons que chaque pays puisse jouer son rôle, particulièrement les pays européens dont l’Allemagne, qui a la plus forte économie et qui est censée mener l’Union européenne non seulement économiquement mais aussi politiquement ; un rôle que nous n’avons toujours pas constaté en pratique, car ce rôle suppose la volonté et que la volonté suppose l’indépendance. La question est donc : combien de fonctionnaires européens sont-ils indépendants de la politique et des politiciens étatsuniens ? Jusqu’à présent, ce que nous avons vu est un copier-coller de ce qu’ils disent et de ce qu’ils font. Par conséquent, je ne peux pas parler de rôle s’il n’y a pas d’indépendance.

Question 22 : Lors de mon dernier voyage en Syrie, je suis allé à Alep. Cette fois-ci, je me suis rendu à Homs. Ce sont des images incroyables, telles des images de l’Apocalypse. Je suppose qu’il n’y a pas de doute sur le fait que l’armée syrienne est en partie coupable de ce qui est arrivé ici. Ma question personnelle, Monsieur le Président, êtes-vous capable de dormir la nuit ?

Le Président Al-Assad : La question plus importante est : suis-je capable de travailler ? Peu importe que vous dormiez ou non. Pour les gens, ce qui importe est de savoir ce que le Président peut faire et de combien de terroristes nous pouvons nous débarrasser, à défaut de les convaincre de reprendre une vie normale. C’est ce que nous faisons tous les jours. Donc, si nous ne pouvons pas dormir, c’est parce que nous devons travailler. C’est précisément de cela qu’il s’agit.

Question 23 : L’ONG « Médecins Sans Frontières » a déclaré qu’en 2015, 94 hôpitaux ont été bombardés, avec le soutien de l’État. Comment est-ce possible ? Je veux dire, vous ne pouvez pas prétendre que, disons-le, ces crimes de guerre ont été commis seulement par la coalition américaine. La Russie et la Syrie ont leur part de responsabilité.

Le Président Al-Assad : Si nous avions voulu commettre ce genre d’actions, nous l’aurions fait depuis longtemps. Nous ne savons pas qui a commis le dernier bombardement [signalé par cette ONG]. Nous n’avons aucune raison de bombarder un hôpital. Quant à ce que vous décrivez comme un crime, c’est évidemment un crime. Mais cela dépend des critères sur lesquels vous vous basez pour user de ce terme. Si c’est sur nos critères à nous, c’est certainement un crime. En revanche, si vous vous basez sur les critères occidentaux, ce n’est plus le cas, pour la simple raison que l’Occident n’a toujours pas appliqué ce terme à sa guerre de 2003 en Irak, où plus d’un million et demi d’Irakiens ont été tués. L’occident ne parle pas non plus de crimes de guerre au Yémen, où les Saoudiens ont commis des atrocités. Il ne parle pas de crimes de guerre en Syrie, quand les groupes armés tuent des milliers d’innocents par des tirs de mortiers et des attentats de kamikazes. Franchement, cela dépend des critères et, selon nos critères, ce sont des actes criminels.

Question 24 : Pour être clair, la plupart des observateurs imputent le bombardement des écoles et des hôpitaux à l’armée syrienne et à la force aérienne russe, précisant qu’il s’agit d’une stratégie de guerre, non de dommages collatéraux. N’est-ce pas un fardeau sur vos épaules ?

Le Président Al-Assad : Une question simple que vous devriez vous poser devant un tel discours : quel serait notre intérêt à agir de la sorte ? Mettant de côté les valeurs et les principes, je vous réponds : non. Non, parce que c’est le gouvernement qui a construit ces installations et ces infrastructures et qu’il a besoin que la population soit de son côté. Pour cela, c’est plutôt lui qui offre les services de base. Une simple question : que gagnons-nous ? Rien. Nous perdons. Nous n’avons donc aucun intérêt à ce faire et c’est un non définitif. Non, nous n’avons pas bombardé cet hôpital, il nous appartient, nous savons que ce sont des médecins qui l’occupent et non des terroristes. Il en est de même pour l’hôpital de Raqqa où sévit l’EIIL et où, comme je vous l’ai déjà dit, nous expédions des vaccins à la population. Pourquoi attaquerions-nous l’hôpital de cette ville ? C’est contradictoire !

Question 25 : Il y a deux ans, au moment où l’armée syrienne était affaiblie et en défaite, nous avons vu le Hezbollah intervenir comme, par exemple, à Al-Qusayr près de la frontière libanaise. Vers la fin de l’année dernière et alors que vous étiez sur le point de perdre Alep, nous avons vu les Russes intervenir pour vous aider, ainsi que nombre de combattants et de conseillers venus d’Iran. Qu’attendent-ils de vous en retour ?

Le Président Al-Assad : Tout d’abord, concernant ce que vous qualifiez de « défaite », toute guerre est en réalité une somme de batailles, certaines que vous perdez, d’autres que vous gagnez. Nous étions donc en train de perdre en un endroit et de gagner en un autre, la situation ne pouvant se ramener à une victoire ou une défaite. Ce n’est pas une guerre facile. Nous nous battons contre des dizaines de pays qui soutiennent ces mercenaires terroristes. Nos alliés et amis, ayant rejoint cette guerre directement ou indirectement, ont une vision différente de la vôtre. Ils ne sont pas venus en Syrie pour aider le président syrien ou le gouvernement syrien. Ils sont venus parce qu’ils savent que lorsque le terrorisme s’installe dans une région, il ne reconnaît pas les frontières. La preuve en est l’EIIL : de Libye, à l’Irak, à la Syrie, il n’a plus de frontières. Ils savent que si le terrorisme finit par contrôler cette région, il débordera ailleurs et non seulement dans les pays voisins. Leur vision de la situation est donc très claire. Ils ne se contentent pas de nous défendre, mais se défendent aussi. Ils ne sont pas venus pour me demander quoi que ce soit. Tous nos amis respectent notre souveraineté sans rien nous demander en retour.

Question 26 : Monsieur le Président, pouvez-vous encore dire que la Syrie est un État souverain. Votre politique n’est-elle pas d’ores et déjà définie à Téhéran ou au Kremlin ?

Le Président Al-Assad : La souveraineté est un terme relatif. Avant la crise, Israël occupait déjà une partie de notre terre. Par conséquent, nous considérions que notre souveraineté ne serait pas totale tant que nous n’aurions pas libéré cette terre. Actuellement, nombre de terroristes traversent nos frontières et nombre d’avions américains et de ce que l’on désigne par « la Coalition » violent notre espace aérien. Donc, en effet, notre souveraineté est incomplète. En même temps, tant que vous avez une Constitution, que les institutions fonctionnent, que l’État fait son travail au service de la population même à un niveau minimal, et surtout tant que le peuple syrien n’est soumis à aucune puissance étrangère ; cela signifie que vous êtes toujours souverain, même si ce n’est pas au sens plein de ce terme.

Question 27 : Revenons cinq ans en arrière quand les soulèvements dans le monde arabe ont commencé, ainsi qu’à Daraa, ville située au sud de la Syrie à la frontière syro-jordanienne. Notre impression est que des jeunes ont été emprisonnés pour avoir inscrit des graffiti sur un mur et que les Forces de sécurité ont frappé très fort lorsque les parents ont manifesté pour les récupérer. Était-ce une bonne idée de réprimer si durement cette sorte de jeunes fous et de déclencher toute la guerre civile qui a suivi ?

Le Président Al-Assad : Pour commencer, toute cette histoire n’a pas existé. Elle n’a pas eu lieu. Ce ne fut que de la propagande. Je veux dire que nous avons entendu parler d’eux, mais que nous n’avons jamais vu ces jeunes prétendument emprisonnés à ce moment là. Ce récit est donc faux. Supposons qu’il soit vrai, ce qui n’est pas le cas, et comparons-le avec ce qui s’est passé aux États-Unis l’année dernière, quand tout le monde discutait et condamnait plusieurs meurtres de citoyens noirs américains par la police. Quelqu’un a-t-il demandé aux gens d’user de leurs mitrailleuses pour tuer, juste parce qu’un policier a commis une erreur ? Ce n’était pas justifiable. Par conséquent, même si les choses s’étaient passées comme vous le dites, ce qui n’a pas eu lieu, ce n’est pas une excuse qui vous permettrait de prendre votre mitrailleuse, de combattre le gouvernement et de tuer des civils et des innocents.

L’autre question : quelles contre-mesures adopteriez-vous face à des gens qui tuent dans vos rues et attaquent les propriétés ? Vous leur diriez : faites ce que bon vous semble, quoi que vous fassiez je reste ouvert, je ne vous répondrai pas ? Ce n’est pas possible. Nous avons une seule option, celle de les arrêter et de les empêcher de continuer à tuer. Face à des mitrailleuses, nous n’allons pas répondre par un lâcher de ballons. Nous devons utiliser nos armes. C’est notre seule option.

Question 28 : La guerre en Syrie déstabilise toute la région, les États voisins comme la Turquie, l’Irak, la Jordanie, le Liban. De plus, elle affecte déjà l’Europe. Ceci fait qu’une large partie du monde est touchée par la guerre syrienne. Que faites-vous pour arrêter ce cauchemar ?

Le Président Al-Assad : Ce cauchemar ne dépend pas uniquement de la Syrie. Depuis le début de la crise, nous avons adopté deux pistes de travail : établir le dialogue avec tout le monde, les pays, les factions et les miliciens, afin de rétablir la stabilité ; combattre les terroristes qui refusent de déposer leurs armes. Mais la question est : à quoi sont prêtes les parties adverses ? Car une part de la catastrophe, ou du cauchemar dont vous parlez, est due à l’embargo occidental qui affecte tous les citoyens syriens sans exception et non seulement aux terroristes qui tuent et détruisent. Qu’est-ce qu’elles sont prêtes à faire pour arrêter le cauchemar et soulager la douleur des Syriens ? Sont-elles prêtes à faire pression sur des pays comme la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, lesquels soutiennent les terroristes, afin de les obliger à arrêter le passage clandestin de terroristes, la contrebande de toutes sortes d’armes et la fourniture de toutes sortes de supports logistiques ? Telle est la question. Lorsque tous ces États se seront mis d’accord ou, disons-le, auront la volonté de faire leur devoir à ce sujet, je puis vous assurer que nous n’aurons pas de problème pour arrêter ce cauchemar en Syrie.

Question 29 : Ma dernière question, Monsieur le Président. Lorsque votre père Hafez est décédé en 2000, vous avez quitté Londres où vous exerciez votre métier d’ophtalmologiste, pour rentrer à Damas et accéder à vos fonctions. Ayant à l’esprit tout ce qui s’est passé ces cinq dernières années, le feriez-vous encore ? Reviendriez-vous à Damas, ou bien resteriez-vous à Londres ?

Le Président Al-Assad : En fait, dans cette région, la politique fait partie intégrante de la vie de chaque citoyen syrien étant donné les circonstances qui font qu’elle affecte son quotidien. Vous ne devenez donc pas un homme politique par goût, mais par nature. Il en est de même pour moi, d’autant plus que je suis issu d’une famille politique et que j’ai hérité de cette passion. Mais cette passion ne se réduit pas à un passe temps ou à un domaine qui vous plaît. Elle vous ramène à la façon dont vous pouvez servir votre pays. J’étais un médecin dans le secteur public. Je suis désormais un homme politique. Je suis donc passé d’un secteur public à un autre secteur public plus large. C’est toujours le même principe. Et, bien sûr, tant qu’il s’agit d’aider le peuple syrien vous devez être prêt à aider de plus en plus, à continuer encore et encore, jusqu’à ce que vous n’en soyez plus capable et que le peuple syrien ne veuille plus de vous à ce poste.

Journaliste : Je vous remercie beaucoup.

Le Président Al-Assad : Merci à vous

Docteur Bachar al-Assad, Président de la République arabe syrienne, 01/03/2016

Source : SANA [ Syrian Arab News Agency]

http://sana.sy/en/?p=70991

Texte traduit par Mouna Alno-Nakhal

Source : Le Grand Soir, 11-03-2016

Source: http://www.les-crises.fr/bachar-al-assad-lorsque-les-etats-occidentaux-auront-la-volonte-de-faire-leur-devoir-nous-naurons-plus-de-probleme-pour-arreter-le-cauchemar-en-syrie/


Revue de presse du 26/03/2016

Saturday 26 March 2016 at 01:01

Merci à nos contributeurs et bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-26032016/


Apple versus FBI : le choc des pipeaux, par Jef Mathiot

Saturday 26 March 2016 at 00:05

Source : Reflets, Jef Matiot, 24-02-2016

hippies-backdoor

Depuis une grosse semaine, l’affaire Apple vs. FBI c’est le choc des titans. À ma gauche, Apple, championne de la vie privée. À ma droite le FBI, assisté du Department of Justice. L’objet de la querelle ? Le déverrouillage de l’iPhone de l’un des assassins de la tuerie de San Bernardino au mois de décembre. À lire certains commentaires, la seconde Guerre de la Crypto serait déclarée, le sort du monde se déciderait sous nos yeux inquiets.

Une backdoor pour les gouverner tous

Lorsque l’heureux possesseur d’un iPhone, iPad, ou iPod Touch, souhaite y accéder, le fonctionnement est, très schématiquement, le suivant. Il saisit d’abord son passcode. Celui-ci est transmis au système d’exploitation (l’OS). Un compteur du nombre de tentatives effectuées est incrémenté, puis le passcode est transmis à une fonction de dérivation cryptographique. Cette dernière est intégrée dans le SoC (système sur une puce). Il s’agit d’un élément matériel qui contient différents composants essentiels, notamment le micro-processeur. Un identifiant unique (ou UID), un nombre aléatoire et différent sur chaque iTruc, est codé lui aussi directement dans le matériel, dans le SoC. Cet UID est combiné avec le passcode par la fonction cryptographique, qui « dérive » une clé cryptographique (AES 256 bits en l’occurence) qui est ensuite utilisée par l’OS pour déchiffrer les données.

Au fur et à mesure que le nombre de tentatives infructueuses (le nombre de passcodes incorrects) augmente, et pour ralentir les vélléités d’un éventuel attaquant, le délai entre deux essais s’allonge progressivement. Au delà d’un certain seuil (dix essais par défaut), l’iPhone se verrouille et devra être débloqué par une procédure via le logiciel iTunes. Ou, si le propriétaire a choisi cette option plus radicale, les données contenues par l’appareil seront totalement effacées.

Pour déverrouiller le bazar, il y a plusieurs possibilités. Les deux plus évidentes sont à écarter en l’espèce, puisqu’il s’agit de disposer du passcode (merci Captain Obvious) ou de le deviner en moins de dix essais (merci Élizabeth Tessier).

Ceux qui ont du temps à perdre peuvent s’attaquer en force brute à la sortie de la fonction de dérivation qui fournit la clé. Autant le dire tout de go, c’est pas gagné-gagné. En fait, ceux-là seront sans doute morts avant d’avoir réussi, en tout cas beaucoup plus proche de la tombe. 256 bits c’est tout de même un nombre avec 77 chiffres, ça se traite avec respect.

Les Experts : Cyber tenteront, à grand renfort d’acides et autres produits chimiques, de démonter le SoC pour lire l’identifiant unique (l’UID) avec un microscope qui envoie la ganzou. Si l’opération est théoriquement possible, elle est très compliquée en pratique, sinon infaisable. Il s’agit en effet de microscopiques composants électroniques présents dans une « puce » minuscule mais extrêmement dense. La probabilité de réussir est très faible, le risque d’endommager façon puzzle irrémédiablement le matériel est quand à lui extrêmement élevé.

Mission impossible, alors ? Et bien pas vraiment. En effet, la sécurité de l’engin repose sur l’impossibilité pour l’attaquant d’essayer très rapidement un grand nombre de passcodes. Si l’on court-circuite l’étage qui compte et retarde les tentatives – et in fine déclenche le verrouillage de l’appareil ou la destruction des données – on pourra donc enchaîner très rapidement les essais, jusqu’à ce que le sésame tant convoité soit révélé. Ce shuntage est tout à fait possible, si l’on peut démarrer avec une version de l’OS (et du logiciel de la Secure Enclave, sur les versions les plus récentes des appareils pommés) plus tolérante à cet égard.

« Mais alors, vous exclamez-vous, je suis foutu·e ! Les espions chinois soviétiques du FBI ils peuvent rentrer quand ils veulent dans mon iPhone à moi que j’ai !? » Qu’on se rassure, ce n’est heureusement pas si simple. En effet, le logiciel de démarrage intégré au matériel (la Boot ROM) vérifie que l’OS chargé est « signé » cryptographiquement par Apple, qu’il s’agit bien d’un logiciel autorisé par Cupertino. Apple étant en possibilité de signer n’importe quel OS, la firme peut donc développer une version permettant d’attaquer les passcodesen force brute, et c’est très exactement ce qu’un tribunal, le DOJ et le FBI lui demandent de faire.

Il ne s’agit donc pas d’une « backdoor », comme on a pu le lire ici ou là, mais d’un outil de forensics, d’expertise judiciaire. Apple, contrairement à ce que ses communiqués laissent entendre, peut tout à fait créer une version de l’OS qui ne démarre que sur l’iPhone visé. Pourquoi ? Parce qu’Apple est le seul acteur a pouvoir signer cryptographiquement un tel OS. Ses ingénieurs pourraient donc très probablement y implanter du code de vérification permettant d’identifier le matériel, faisant ainsi en sorte que l’OS refuse de démarrer sur d’autres appareils. Les autres acteurs, le FBI notamment, seraient dans l’impossibilité de signer leur propre version, donc de la faire démarrer sur d’autres appareils pour chaluter les données de leurs propriétaires respectifs.

Apple se défend en faisant valoir que cette version d’OS constituerait « l’équivalent d’une clé-maître, capable d’ouvrir des millions de verrous » :

Bien sûr, Apple ferait de son mieux pour protéger cette clé, mais dans un monde où nos données sont constamment menacées, elle serait attaquée sans relâche par les hackers (sic) et les cybercriminels (sic).

Ouh, ça fait peur ! Et vas-y que ça hurle à la backdoor et qu’on va tous mourir à cause que le FBI il demande à la gentille Apple de créer une clé maître. Sauf que l’argument est totalement bidon : cette « clé maître » existe déjà. Il s’agit de celle qui permet à Apple de signer son OS avant de le distribuer à ses clients. Pour quiconque à cette clé en main, c’est la fête du slip de l’iPhone troué. Apple a donc d’ores et déjà ce problème de sécurisation de « clé maître ». Il n’est donc pas tant question de « chiffrement », ou de l’existence ou non d’un OS FBI-friendly, que du processus de signature cryptographique qu’impliquerait sa création.

Chef, chef ! J’ai fait une iBoulette

Du côté du FBI ou du DOJ, c’est ceinture noire de mauvaise foi cynique, septième dan. Sur l’affaire, d’abord. Le FBI n’est visiblement pas démuni pour conduire son enquête – historique des déplacements, SMS, relevés d’appels, données Internet – ainsi qu’une sauvegarde relativement récente du téléphone dans iCloud. Tout cela sans parler des éléments et témoignages qui n’auront pas manqué d’être recueillis par ailleurs. De l’aveu même de Jim Schrödinger Comey, le quantique directeur du FBI :

Peut-être que le téléphone contient la preuve qui permettrait de trouver plus de terroristes. Ou peut-être pas.

Les deux assaillants avaient pris soin de détruire leurs téléphones personnels après l’attaque, mais pas l’appareil concerné. Il s’agit, qui plus est, du téléphone professionnel de l’un des deux tireurs, Syed Farook. La probabilité de trouver du nouveau sur cet iPhone paraît ainsi bien mince. Passons sur le fait, qui serait hilarant en d’autres circonstances, que ce soit les forces de l’ordre elles-mêmes qui aient maladroitement interrompu les sauvegardes iCloud en essayant d’accéder au compte. Oh, la boulette…

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Le DOJ avance que seul l’iPhone de Farook serait concerné. On peut légitimement douter de cet argument, dans la mesure où tout ce que les USA comptent de procureurs ou de policiers est déjà dans les starting-blocks pour demander la même chose, à commencer par le procureur de Manhattan avec ses 175 iPhones bien au chaud. Lesquels appareils n’ont pour l’essentiel aucun rapport avec des actions de terrorisme. Ce qui laisse à penser qu’Apple, ainsi que les Google, Facebook et cie, risquent le cas échéant de devoir recruter pour leur SAV des forces de l’ordre.

Autre argument du DOJ, Apple pourrait « conserver le logiciel en sa possession, le détruire une fois l’objectif atteint, et refuser sa dissémination en dehors d’Apple ». Cet argument est, une nouvelle fois, plutôt bancal à en croire un expert auprès des tribunaux US, Jonathan Zdziarski. Ce dernier nous explique que le FBI l’a joué fine, juridiquement parlant. Ainsi, d’un point de vue juridique, le FBI ne demande pas à Apple d’attaquer ses propres produits, chose qu’un juge aurait trouvé excessif. Au contraire, le FBI ne fait que solliciter « l’assistance raisonnable » d’Apple, la fourniture d’un outil, d’un « instrument ». Le FBI se chargera lui-même de « l’expertise ». L’expert précise ensuite les modalités administratives qui régissent la certification des « instruments » utilisés pour les procédures judiciaires (ici, l’OS modifié). Ce processus de validation, lourd et complexe, exigerait par exemple l’intervention du NIST (l’organe de normalisation technique US) pour les tests, d’un comité scientifique, d’experts de la défense, voire la communication du code source dans certains cas. On imagine mal comment cette procédure, qu’il faudrait de plus recommencer à chaque nouvelle modification, pourrait être compatible avec la stricte non-dissémination du logiciel, ou avec sa destruction.

Des perquisitions sous stéroïdes ?

Le « débat » ne brille donc pas par son honnêteté, nombre de propos tenant de la désinformation. Les arguments techniques, juridiques, politiques, affectifs, quoiqu’ils soient distincts (et parfois contradictoires), se superposent néanmoins allègrement dans un immense foutoir de communication alimentant l’opportunisme des uns et des autres. Le FBI et le DOJ instrumentalisent sans vergogne la peur du terrorisme à des fins politiques. Apple, qui collabore de manière routinière avec les forces de l’ordre, déroule impeccablement sa partition, quand la dite collaboration devient gênante, et enfile son costume de parangon de la privacy. Le commandement du tribunal, d’une portée limitée, a été ordonné par une cour subalterne. Apple fera sans doute appel de toutes les décisions lui étant défavorables, invoquera probablement tout un tas de raisons légales ou de procédures pour retarder l’éventuelle échéance et éviter qu’une décision fasse jurisprudence. L’affaire passerait alors de juridiction en juridiction, potentiellement jusqu’à la Cour Suprême, à la vitesse d’une moule lancée au galop. D’ici là, Apple annoncera en grande pompe la sortie de l’iPhone 12 et le dispositif technique, pour peu qu’il voie le jour, sera probablement obsolète depuis bien longtemps. En résumé, toute cette affaire est montée en épingle par les deux parties.

Néanmoins, la mesure sollicitée par le DOJ et le FBI s’inscrit dans un mouvement amorcé de longue date, visant à transformer certaines entreprises en auxiliaires de justice, de police ou du renseignement, au prétexte d’une opposition assez binaire entre vie privée individuelle et sécurité collective, que Reflets dénonçait dans un précédent épisode. Votre ordinateur, votre boîte mail, votre serveur ou votre smartphone se réduiraient à des projections de votre domicile dans le « monde extérieur », un peu comme l’est votre véhicule. Si l’on file l’analogie, ils ne devraient, selon toute logique, pas échapper aux capacités de perquisition de forces de l’ordre dûment mandatées. Après tout, si les amis du petit déjeuner peuvent venir vous faire un bécot défoncer votre porte à six heures du matin (ou au beau milieu de la nuit, état d’urgence oblige), il n’y a pas de raison que votre smartphone leur reste inaccessible. Les « nouveaux téléphones » (sic), d’après le procureur François Molins rendraient « la justice aveugle », excusez du peu. La question serait donc, pour reprendre les termes d’Olivier Ertzscheid, de savoir si votre smartphone devrait « résister à toute forme de perquisition ».

Mettons de côté l’affaire de San Bernardino, dans laquelle la culpabilité des assaillants ne fait, soit-dit en passant, aucun doute, iPhone ou pas. Une perquisition « classique » à votre domicile n’autoriserait qu’une collecte limitée d’informations. Une perquisition informatique – particulièrement sur un smartphone – permet de déterminer avec une précision diabolique l’historique de vos déplacements, vos centres d’intérêt, relations, et probablement une bonne partie de vos opinions. Cette expérience le démontre. Elle ne porte pourtant que sur des « métadonnées » collectées pendant une semaine. Vis-à-vis des perquisitions au domicile, les perquisitions informatiques constituent donc des intrusions beaucoup plus importantes dans la vie privée des personnes visées (présumées innocentes si ma mémoire est bonne), et dans celle de leurs relations. Ce n’est sans doute pas un hasard si les forces de l’ordre en sont si friands… Et si le législateur, tout à son combat pour la Liberté, fait en sorte qu’elles puissent être distribuées avec tant de générosité. Aveugle, la justice ? En y regardant de plus près, on dirait bien que la technologie la dote au contraire de sens hypertrophiés.

Finalement, la rhétorique sécuritaire en ce domaine peut se résumer à un unique argument : l’ubiquité du chiffrement gênerait le travail des forces de l’ordre. En se focalisant sur la cryptographie, on oublie souvent un fait tout simple : il existe des dizaines de choses qui gênent le travail de la police, qui ont été créées par les sociétés démocratiques pour éviter qu’elle ne soit omnisciente ou qu’elle ne dispose d’un pouvoir disproportionné. À ce qu’on nous a dit, certaines lois ont même été inventées tout exprès. Les drones de combats, les machines à voyager dans le temps et le pouvoir de lire dans les pensées, sont autant d’idées formidables qui rendraient sans doute le travail de la police plus efficace. Cela ne signifie pas qu’elles soient réalisables ou souhaitables.

Pourquoi pas, tant qu’on y est, interdire aux gens d’essayer de préserver leur vie privée ?

Oh, wait.

Mise à jour 09/03/2015 : fait qui nous avait échappé en première analyse, le FBI semble également mentir (on finit par se demander sur quoi l’agence ne pipeaute pas) sur la manière dont le redouté « auto-effacement » fonctionne. Ce ne sont pas les données qui sont effacées par cette dernière, mais une clé qui peut être sauvegardée et être restaurée entre les tentatives. Voir cet excellent article de l’ACLU pour les détails.

Source : Reflets, Jef Matiot, 24-02-2016

Source: https://www.les-crises.fr/apple-versus-fbi-le-choc-des-pipeaux-par-jef-mathiot/


Stupeur chez France Inter : Eva et Vincent sont optimistes, par Daniel Schneidermann

Friday 25 March 2016 at 03:21

Un excellent papier de Schneidermann

Source : Le Nouvel Obs, Daniel Schneidermann, 23-03-2016

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Stupeur chez les matinaliers de France Inter  : Eva et Vincent sont optimistes.

« Le terrorisme, on en parle beaucoup parce qu’il y a beaucoup de medias. Dans le temps, les guerres faisaient davantage de victimes, et on n’en parlait pas. »

Eva et Vincent sont deux collégiens parisiens de 13 ans, à qui Thomas Legrand a prêté pour une journée sa chronique politique. Ce qui les inquiète beaucoup plus que le terrorisme  ? Le chômage et l’environnement. Ils parlent d’or, Eva et Vincent.

On sent bien Legrand et Cohen perplexes, devant cet optimisme inattendu, devant ce renversement des perspectives, et des angoisses. Parler de chômage et d’environnement, alors que fument encore les débris de l’aéroport de Bruxelles  ! Car c’est une gifle d’optimisme, qu’administrent Eva et Vincent à la Matinale de France Inter, et à tout le système en folie de l’info continue. Une leçon de modération, aussi.

Il faut le dire calmement, mais clairement  : la puissance des médias vendeurs d’effroi est une des meilleures alliées des poseurs de bombes. Chaque image, chaque seconde de ce tumulte, est une victoire des poseurs de bombes.

Victoires la course aux vidéos d’apocalypse dans l’aéroport  ; victoires les longs plans silencieux sur les rassemblements spontanés dans la nuit des villes meurtries  ; victoires les Tour Eiffel, les Porte de Brandebourg illuminées aux couleurs de la Belgique  ; victoires les embouteillages d’experts sentencieux  ; victoires les moulinets du comptable Cazeneuve, imperturbable général d’une armée en déroute.

Coïncidence, Arte diffusait hier soir le film magnifique de Rémy Ourdan, « Le siège ». Vingt ans après, une plongée dans les mémoires des assiégés de Sarajevo, ces citadins raffinés, tolérants, multiethniques, évolués, qui avaient vu un beau matin, incrédules, une intruse s’inviter dans leurs vies, dans leurs intérieurs, et cette intruse, c’était la guerre.

La brutalité du changement d’univers  ; comment avec cette intruse ils avaient rusé, comment ils avaient bien dû s’y adapter, bouleverser leurs priorités, voilà ce qu’ils racontaient. Et aussi, comment il fut alors essentiel que la vie continue, un simulacre de vie d’avant, avec ses spectacles, ses concerts, et même une élection de Miss Sarajevo assiégée, derrière une effroyable banderole adressée au monde indifférent, « Don’t let them kill us », « Ne les laissez pas nous tuer ».

La diffusion du film était évidemment une coïncidence. Il appartenait à chacun d’y chercher à sa guise les résonances avec l’actualité. Le film est en replay ici.

Source : Le Nouvel Obs, Daniel Schneidermann, 23-03-2016

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OB : Une proposition que j’avance en conclusion : La publicité est limitée à 9 minutes par heure à la télévision.

Ne pourrait-on pas limiter le temps consacré au terrorisme à 1 ou 2 minutes par JT ? Aucune censure, aucun fait important caché, juste un traitement identique à celui d’un accident de car…

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Source: https://www.les-crises.fr/stupeur-chez-france-inter-eva-et-vincent-sont-optimistes-par-daniel-schneidermann/


Manuel Valls : “Nous avons fermé les yeux sur la progression des idées salafistes”

Friday 25 March 2016 at 02:00

Déjà que je n’aime pas qu’on se foute de ma gueule, mais alors quand il s’agit de dizaines de morts, on se rend compte à quel point nous sommes gouvernés par des sociopathes, mais nous y reviendrons…

Source : Marianne, 23-03-2016

Invité ce matin d’Europe 1, Manuel Valls a réaffirmé que nous étions bien face à une “guerre contre le terrorisme”. Et que la réponse devrait se faire au niveau européen. Car, selon lui, il n’y pas qu’en Belgique que les réseaux salafistes prospèrent. La France connaît le même problème.

Lewis Joly/SIPA

Lewis Joly/SIPA

Le ton est grave, la voix posée. Invité ce matin sur Europe 1, Manuel Valls a réagi aux attentats du 22 mars qui ont touché Bruxelles. Poser surtout son constat sur la situation européenne face au terrorisme et les réponses à apporter. Une parole directe, sans ambages, comme l’affectionne le Premier ministre. Sa marque de fabrique. Ce n’est pas une guerre comme les autres (…), ce terrorisme veut nous détruire (…), veut détruire ce que nous sommes, notre mode de vie, a-t-il réaffirmé.

Le Premier ministre l’assume, c’est bien une guerre dans laquelle nous sommes engagés. D’ailleurs, Manuel Valls refuse de rejeter le faute sur les autres.  a pointé du doigt l’“absence de volonté de la part de certains responsables politiques (belges), qui auraient laissé “pour permettre une meilleure intégration”, “des communautés se développer, peut-être aussi une forme de naïveté”le Premier ministre refuse de cibler la Belgique :

“Je ne vais pas donner des leçons à nos amis belges. Nous avons en France nous aussi des quartiers sous l’emprise de trafiquants de drogue et des réseaux islamistes et salafistes (…). Nous avons fermé les yeux partout en Europe et en France sur la progression des idées extrémistes du salafisme“. 

Un constat qui amène à une conviction. Le combat contre le terrorisme ne se fera pas pays par pays mais bien à l’échelle européenne. “La menace à laquelle nous sommes confrontés est d’une ampleur inégalée. Notre réponse au niveau français et européen doit être à la hauteur de cette menace”, a-t-il notamment affirmé. Une des solutions selon lui, rappelée ce mardi devant la représentation nationale, est la mise en place au niveau européen du  “PNR”  pour  “Passenger Name Record”. “Il faut être responsable (…) il y a urgence d’adopter le PNR européen. Le parlement européen a trop tardé”, a-t-il martelé ce matin.

Le PNR est un fichier des données personnelles des voyageurs aériens qui existe déjà aux Etats-Unis et permettrait d’identifier sur des vols internationaux, mais aussi sur des vols nationaux et intra-européens, des personnes non fichées pouvant être liées à des faits de terrorisme ou d’autres faits de criminalité. Des données qui pourraient être transmises aux autorités judiciaires pour faire des recoupements. Sauf que les députés européens de gauche, écolos et même d’extrême-droite trainent des pieds pour le voter. Vu cette nouvelle vague d’attentats, pourront-ils encore attendre ? Rien n’est moins sûr...

OB : Et puis, c’est sûr que ça aurait évité les attentats si ça avait été mis en place… Le sujet est plus complexe que ça, et il a fini par avancer ua Parlement d’ailleurs..

Manuel Valls,  hier, en a aussi profité pour refaire une piqûre de rappel sur la déchéance de nationalité pour tous : “Agir contre le terrorisme, c’est agir sur tous les paramètres (…) si un Français tue d’autres Français (…) peut-il rester français ? Ma réponse est non !”

Source : Marianne, 23-03-2016

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Source: https://www.les-crises.fr/manuel-valls-nous-avons-ferme-les-yeux-sur-la-progression-des-idees-salafistes/


Après les attentats de Bruxelles, Michel Sapin épingle la « naïveté » des Belges

Friday 25 March 2016 at 00:22

Les socialistes osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnait…

Si un ministre Belge avait dit ça en novembre…

Source : Le Monde, AFP,  

Au soir des attaques qui ont fait plus de 31 morts à Bruxelles, le ministre des finances français, Michel Sapin, a mis en cause la Belgique sur sa gestion de la menace djihadiste sur son territoire, notamment en laissant se développer un bastion islamiste à Molenbeek. Interrogé par LCI sur le « communautarisme »de ce quartier où ont grandi certains des auteurs des attaques du 13 novembre, dont Salah Abdeslam, arrêté vendredi à quelques centaines de mètres de chez ses parents, il a notamment déclaré :

« Je ne sais pas s’il faut dire la Belgique en tant que telle, mais je pense qu’il y a eu une volonté ou une absence de volonté de la part de certains responsables politiques, peut-être par envie de bien faire, peut-être par sentiment que, pour permettre une meilleure intégration, il faut laisser des communautés se développer, peut-être aussi une forme de naïveté. »

Prenant l’exemple de la France, il a ajouté qu’il était clair désormais que « face au communautarisme, il faut agir ». 

Le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a été invité à réagirà ces propos, en direct, dans le journal de 20 heures de France 2. Il a concédé que le débat sur le communautarisme existait en Belgique, avant d’inviter ses homologues français à « regarder en face, ensemble » les problèmes qui se posent, y compris « dans les banlieues françaises. » Il a également regretté que cette remarque ait été prononcée dans un moment où « l’unité » s’impose.

Source : Le Monde, AFP,   

sapin

Source: https://www.les-crises.fr/apres-les-attentats-de-bruxelles-michel-sapin-epingle-la-naivete-des-belges/


Hillary Clinton, la « Reine du Chaos », par Diana Johnstone

Thursday 24 March 2016 at 03:14

Source : Le Grand Soir, Diana Johnstone, 14-03-2016

arton30079-d47bf1. Dans votre dernier livre, vous appelez Hillary Clinton la « Reine du Chaos. » Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez choisi ce sobriquet péjoratif pour décrire Hillary ?

En un mot, la Libye. Hillary Clinton était si fière de son rôle majeur dans le déclenchement de la guerre contre la Libye qu’elle et ses conseillers avaient initialement prévu de l’utiliser comme base d’une « doctrine Clinton », ce qui signifie une stratégie de changement de régime façon « smart power » , comme un slogan de la campagne présidentielle.

La catastrophe libyenne m’a effectivement inspiré d’écrire ce livre, ainsi que le danger croissant d’une guerre avec la Russie.

La guerre engendre le chaos, et Hillary Clinton a été un défenseur avide de toutes les guerres d’agression des Etats-Unis au cours du dernier quart de siècle. Ces guerres ont dévasté des pays entiers et provoqué une crise de réfugiés ingérable. La seule chose qu’a produit « l’expérience en politique étrangère » tant vantée d’Hillary est le chaos.

2. Que diriez-vous aux femmes qui veulent voir Hillary comme présidente, parce qu’elle est une femme ? Vous affirmez que « éviter la troisième guerre mondiale est un peu plus urgent que « prouver » qu’une femme peut être président des États-Unis. » Pourquoi croyez-vous que Hillary est susceptible de déclencher la troisième guerre mondiale ?

Il y a deux questions ici. Quant à la deuxième partie, je ne crois pas que quiconque déclenchera volontairement la troisième guerre mondiale. La situation actuelle ressemble plus à celle qui a précédé la Première Guerre mondiale, lorsque les grandes puissances étaient armées et prêtes à en découdre lorsqu’un incident à mis le feu aux poudres. Depuis que Gorbatchev a naïvement mis fin à la guerre froide, les États-Unis avec leur sur-armement colossal ont encerclé de manière active la Russie avec les systèmes d’armes, des exercices militaires agressifs, l’expansion de l’OTAN. Dans le même temps, au cours des dernières années, la diabolisation de Vladimir Poutine a atteint des niveaux de propagande de guerre. Les Russes ont toutes les raisons de croire que les États-Unis se préparent à la guerre contre eux, et prendront certainement des mesures défensives. Ce mélange de préparations militaires excessives et de propagande contre un « ennemi diabolique », peut facilement transformer un incident mineur en une étincelle.

Ma réponse à la première partie de la question est que « voter pour Hillary parce qu’elle est une femme » n’a aucun sens pour moi. Oui, les femmes devraient se réunir pour des causes qui affectent les femmes en général : un salaire égal à travail égal, une égale reconnaissance des compétences, le droit à l’avortement et la contraception, les congés maternité et les soins aux enfants, ce genre de choses. Mais Hillary Clinton est un individu, elle n’est pas « les femmes » en général. Les femmes pourraient se battre pour le droit des femmes à être élues président, mais ce droit existe déjà. On ne peut ramener ce droit au droit d’une femme en particulier d’être président.

Etre Président des États-Unis n’est pas un poste purement symbolique. Il implique des pouvoirs essentiels de prise de décision. Hillary Clinton a démontré une capacité de jugement dangereusement mauvaise sur les questions essentielles comme la guerre et la paix. Ce qui devrait la disqualifier.

3. Un de vos chapitres est intitulé « Libye : Sa guerre à elle » Compte tenu du rôle clé du pro-israélien Bernard-Henri Lévy à convaincre la France de soutenir les soi-disant « rebelles », pourquoi vous en prendre particulièrement à Hillary pour la destruction par l’OTAN de ce pays d’Afrique du Nord ?

Bernard-Henri Lévy a déclaré à plusieurs reprises qu’il soutenait l’intervention militaire en Libye ’en tant que Juif’, ce qui signifie peut-être qu’il pensait que le renversement de Kadhafi était bon pour Israël. Le gouvernement français a peut-être été motivé par la crainte de voir le régime de Kadhafi créer ou soutenir une monnaie africaine qui pourrait remplacer le franc français CFA soutenu et utilisé dans les anciennes colonies africaines de la France. Mais ni la France seule ni la Grande-Bretagne avec la France n’avaient la capacité militaire pour mener à bien l’opération qui a finalement brisé la résistance libyenne. Les dirigeants des Etats-Unis étaient divisés, et c’est Hillary Clinton qui a surmonté la réticence du président Obama et du secrétaire à la Défense Gates pour entrer en guerre. Ce sont les États-Unis qui ont fourni les moyens pour détruire la Libye.

4. Dans le chapitre intitulé « Le Parti de la Guerre » vous écrivez que « puisque le parti de la guerre domine les deux branches du système bi-partite, l’histoire récente suggère que les Républicains vont désigner un candidat suffisamment mauvais pour faire passer Hillary comme une alternative acceptable . » On dirait que vous aviez prévu l’incroyable montée de Donald Trump, non ?

En fait, non. Mais j’ai effectivement anticipé la montée du principal rival de Trump, Ted Cruz, qui pourrait être pire que Trump. Comme Robert Reich l’a souligné, Cruz est un fanatique d’extrême droite radical, avec des convictions réactionnaires solides, qui ne manquera pas de faire la mauvaise chose. Trump s’exprime à tort et à travers dans tous les sens, si bien qu’on ne sait pas trop ce qu’il ferait. Au moins il semble intéressé à éviter une guerre avec la Russie.

Je n’avais pas prévu pas non plus la montée de Bernie Sanders, et l’enthousiasme qu’il a suscité chez les jeunes à l’idée de nommer une bonne alternative à Hillary Clinton.

Les deux phénomènes montrent la profonde insatisfaction chez les Américains avec le système politique dysfonctionnel du pays.

5. Dans « Reine du Chaos » vous avez prédit que « dans l’état actuel des choses, la course présidentielle de 2016 pourrait être un concours entre Haim Saban et Sheldon Adelson. Dans les deux cas, le gagnant serait Israël. » Pourriez-vous préciser ce que représente le « dévouement » de Saban pour une présidence Hillary et ce que cela signifierait pour la politique étrangère des Etats-Unis ?

Si vous pensez que la politique américaine ne pouvait pas être plus pro-israélienne que ce qu’elle est, attendez de voir Hillary à la Maison Blanche. Depuis que Haim Sabam a promis de dépenser « autant que nécessaire » pour la faire élire, Hillary Clinton a promis d’inviter Netanyahu à la Maison Blanche dès son premier mois de mandat, et de profiter de l’occasion pour « réaffirmer les liens indestructibles d’amitié et d’unité » entre l’Amérique et Israël, et de tout faire pour détruire le mouvement Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS). Elle continue de faire écho aux dénonciations israéliennes de l’Iran comme un « État terroriste » dangereux. Auparavant, elle a assimilé la critique de la politique israélienne à « l’antisémitisme » et a blâmé la population de Gaza pour les agressions israéliennes sur leur territoire misérable.

Les présidents précédents, y compris Obama, ont souvent eu leurs moments d’exaspération devant le comportement incontrôlable d’Israël. Avec Hillary, il semble qu’il n’y aura pas d’objection à la poursuite de la destruction israélienne de Gaza ou même à des attaques sur l’Iran. Elle est parfaitement en accord avec la politique tacite d’Israël de détruire et de démembrer la Syrie.

5. Lorsqu’on lui a demandé quelles femmes dans le monde l’ont « inspirée », Hillary a cité Pussy Riot. Qu’est-ce que cela nous apprend sur Hillary ? Et qu’est-ce que cela signifie pour les relations U.S-Russie ?

Pouvez-vous imaginer Hillary dans une orgie avec Bill dans un musée, comme l’anarchiste radical Nadezhda Tolokonnikova l’a fait au cours d’une de ses performances artistiques de protestation contre le système ? Une « inspiration » ? Comme cela est souvent le cas, Hillary ne dit pas la vérité, mais saisit l’occasion pour montrer combien elle est anti-Poutine. Le plus drôle est que Tolokonnikova a récemment exprimé sa préférence pour Bernie Sanders.

6. Si la soi-disant « responsabilité de protéger », ou R2P, est censé être le socle de la politique étrangère d’Hillary, pouvez-vous expliquer pourquoi ce ne serait pas bon pour les droits de l’homme dans le monde ?

La catastrophe libyenne a prouvé à la plupart du monde – mais pas à Hillary – que la R2P est une doctrine dangereuse. Soi-disant pour ’protéger’ certains rebelles islamistes à Benghazi, l’intervention R2P de l’OTAN a totalement détruit la ville moderne de Syrte, a assuré la couverture d’un lynchage raciste de la population noire de la Libye, a tué des milliers de civils et a laissé le pays en ruines.

R2P peut avoir un sens s’il existait véritablement une force de police internationale neutre, sachant intervenir sur la base d’éléments solides, de preuves non biaisées. Ce qui n’est très certainement pas le cas.

Dans le cas de la Libye, la preuve de l’ « urgence humanitaire » a été fabriquée par les opposants internes au régime et relayée dans le monde par les grands médias dociles. Elle était presque entièrement fausse, mais les sources contradictoires ont été ignorées. (Voir Maximilian Forte, Slouching Towards Sirte : NATO’s War on Libya and Africa)

Avec la rapport des forces actuel dans le monde, la R2P ne peut être imposée que par une grande puissance sur une plus petite, selon la propre interprétation de la grande puissance des événements qui se déroulent chez le plus petit. En réalité, la R2P est simplement utilisée par les États-Unis contre les régimes qui ne leur plaisent pas, point.

7. Vous écrivez que le Nobel de la paix, Barack Obama « a continué à surpasser même ses prédécesseurs dans des guerres inutilement agressives – avec des moments d’hésitation, cependant, que nous ne pouvons pas attendre de Hillary ». Qu’est-ce qui vous fait croire que Clinton serait moins hésitante qu’Obama à employer la force militaire ?

C’est simple : chaque fois qu’Obama a hésité, Hillary ne l’a pas fait. Elle a exhorté la guerre en Libye, une zone d’exclusion aérienne en Syrie, et dans tout ce qu’elle dit, aurait appelé à une action plus forte contre la Russie lorsque son ancienne porte-parole Victoria Nuland était à la tête du coup d’Etat anti-russe à Kiev. Son gloussement sur l’assassinat bestial de Kadhafi montre une absence de tout sentiment humain pour ses adversaires. Elle les rejette comme des sous-hommes. En plus de son absence de compassion, elle semble n’avoir aucun doute quant à la capacité ultime des Etats-Unis à l’emporter dans tout conflit armé – ce qui est plus dangereux que tout. Elle est prête à pousser tout adversaire dans ses derniers retranchements, apparemment certaine que le « méchant » va reculer – même si celui-ci se trouve être une Russie dotée de l’arme nucléaire.

Obama n’a apparemment pas l’assurance de Hillary. Son recours abondant aux drones meurtriers reflète la reconnaissance des militaires aux limites des forces terrestres américaines. Il a été sous la pression constante du Parti de la Guerre. Parfois, il a résisté à leur pression, comme dans le cas des armes chimiques en Syrie, après que Kerry ait remplacé Clinton au poste de secrétaire d’État.

8. Dans votre dernier chapitre intitulé « Le Parti de la Guerre » vous écrivez que « la montée de Hillary Clinton devrait démontrer clairement l’échec total de l’attachement au Parti Démocrate comme le « moindre mal ». Mais si le démagogue Donald Trump se retrouve face à Hillary, pensez-vous qu’il sera possible de convaincre les électeurs qu’elle n’est pas le moindre mal ?

A priori, cela paraît impossible. Qui sait, peut-être que Trump fera du risque de guerre un enjeu majeur. Mais il me semble maintenant qu’un duel électoral entre Donald Trump et Hillary Clinton se décidera à un niveau viscéral, et non sur des questions de programme politique.

Je peux me tromper, mais la politique étrangère semble être une préoccupation mineure dans cette élection, même si elle devrait être une préoccupation majeure. Trump horrifie l’élite, mais les commentaires sur Internet montrent que l’hostilité envers Hillary atteint un point explosif. Une hostilité qui sera renforcée si Bernie Sanders perd la nomination à la suite de ce qui ressemblerait à une tricherie. De la façon dont les choses se passent, l’élection de Novembre risque d’être une course entre les deux personnes les plus détestées des Etats-Unis.

9. Vous proposez un « Parti de la paix » comme une alternative au « Parti de la Guerre » qui domine dans les deux branches du système bi-partite. Vous proposez deux femmes admirables pour servir dans le cadre d’une « équipe de la paix » pour soutenir un « candidat de la paix », à savoir, Cynthia McKinney et Coleen Rowley. Tout les oppose aux femmes avec lesquelles Hillary elle-même s’est entourée, comme Madeleine Albright, Suzanne Nossel, Susan Rice, et Samantha Power, n’est-ce pas ? Pensez-vous qu’un jour le peuple américain deviendra suffisamment conscient pour savoir faire la différence ?

Par Parti de la Paix, je veux dire quelque chose de plus large qu’un parti politique. Je veux dire un réseau de personnes bien informées, avec des principes, qui ont l’intention de sauver le pays et le monde de ce qui est devenu une politique incroyablement arrogante de domination globale. La difficulté est que les soi-disant néoconservateurs et les interventionnistes libéraux ont plus ou moins pris le contrôle du Département d’Etat et ont récemment purgé le Pentagone. Le Parti de la Paix pourrait être composé de diplomates, d’universitaires, d’officiers militaires, de politiciens, d’éditeurs. Je suggère que tous ceux qui veulent éviter la troisième guerre mondiale ont besoin d’étudier l’exemple des néo-conservateurs, qui, à travers un réseau de think tanks, d’éditoriaux, d’intérêts financiers et d’infiltration de la branche exécutive ont pris le contrôle de l’appareil de prise de décision. Ce processus peut-il être inversé, et si oui, comment ? Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Mais elle doit être posée.

Au niveau populaire, le Parti de la paix pourrait être construite sur des exigences économiques : réduire le budget militaire fou afin de financer les activités domestiques utiles et productives, fermer les bases militaires superflues, arrêter l’expansion de l’OTAN pour conquérir le monde, cesser de subventionner Israël à hauteur de trois milliards de dollars par an. Les richesses des Etats-Unis, son peuple et l’avenir du pays sont gaspillés pour mener des guerres de plus en plus destructrices. Le véritable ennemi est le complexe militaro-industriel américain, qui survit et se développe parce que le gouvernement lui garantit des profits sur les investissements financiers. Si le peuple américain étaient pleinement conscient de tout cela, le Parti de la Paix se développerait naturellement.

Diana Johnstone

le 7 Mars 2016

traduction VD pour le Grand Soir

Source : Le Grand Soir, Diana Johnstone, 14-03-2016

Source: https://www.les-crises.fr/hillary-clinton-la-reine-du-chaos-par-diana-johnstone/


Le monde fait face à une vague de défauts sans précédent, craint un vétéran de la banque centrale – par Ambrose Evans-Pritchard

Thursday 24 March 2016 at 00:14

Source : The Telegraph, le 19/01/2016

Exclusif : La situation est pire qu’elle ne l’était en 2007, dit le président de la commission d’étude de l’OCDE

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La prochaine tâche qui attend les autorités mondiales est de savoir comment gérer les effacements de dettes sans provoquer de tempête politique | Photo: Rex

Par Ambrose Evans-Pritchard, à Davos

Le système financier mondial est devenu dangereusement instable et fait face à une avalanche de faillites qui va mettre à l’épreuve la stabilité sociale et politique, prévient un éminent théoricien monétaire.

“La situation est pire qu’elle ne l’était en 2007. Nos munitions macroéconomiques pour combattre les baisses sont fondamentalement toutes épuisées,” dit William White, le président de la commission d’étude de l’OCDE basé en Suisse et ancien économiste en chef de la Banque des Règlement Internationaux (BRI).

“Les dettes ont continué à augmenter ces huit dernières années et ont atteint de tels niveaux dans chaque partie du monde qu’elles sont devenues une forte cause de troubles,” dit-il.

“Cela deviendra évidant lors de la prochaine récession que bon nombre de ces dettes ne seront jamais maintenues ou remboursées, et cela sera très gênant pour beaucoup de gens qui pensent qu’ils détiennent des actifs qui valent quelque chose”, a-t-il dit au Telegraph à la veille du forum économique mondial de Davos.

“La seule question est de savoir si nous sommes capables de regarder la réalité dans les yeux et de faire face à ce qui arrive de façon ordonnée, ou si cela sera anarchique. Des flambées de dettes ont lieu depuis 5000 ans, déjà à l’époque des Sumériens.”

La prochaine tâche qui attend les autorités mondiales est de savoir comment gérer les effacements de dettes – et donc un important reclassement des gagnants et des perdants dans la société – sans provoquer de tempête politique.

M. White a dit que les créanciers européens essuieront probablement les plus grosses pertes. Les banques européennes ont déjà reconnu l’existence de mille milliards de dollars de crédits défaillants : ils sont très exposés aux marchés émergeants et ignorent très certainement d’autres mauvaises dettes qui n’ont jamais été révélées.

Le système bancaire européen pourrait avoir à être recapitalisé à un point que l’on n’avait pas encore imaginé, et les nouvelles règles de bail-in signifient que chaque épargnant au-delà de la garantie de 100 000 € devra aider à payer pour cela.

Ces avertissements ont une résonance particulière car M. White était une des rares voix dans la communauté des banques centrales à dire haut et fort entre 2005 et 2008 que la finance de l’Ouest se dirigeait vers un effondrement, et que l’économie mondiale était exposée à une crise violente.

M. White a dit que les stimuli des assouplissements quantitatifs et des taux zéro des grandes banques centrales après la crise de Lehman [Brothers,NdT] se sont propagés dans l’Est asiatique et les marchés émergents, créant des bulles de crédit et une augmentation de l’emprunt en dollars qui étaient difficile à contrôler dans un monde de libre circulation des capitaux.

Le résultat est que ces pays ont aussi été entraînés dans le bourbier. La dette publique et privée combinée est montée à un point culminant historique de 185% du PIB dans les marchés émergents et de 265% pour les membres de l’OCDE, les deux ayant augmenté de 35 points depuis l’apogée du dernier cycle de crédit en 2007.

“Les marchés émergents faisaient partie de la solution après la crise de Lehman. Désormais ils font aussi partie du problème,” a dit M. White.

M. White, qui est aussi le principal rédacteur du récent rapport du G30 sur l’avenir des banques centrales après la crise, a dit qu’il était impossible de savoir quel sera le déclencheur de la prochaine crise comme le système mondial a perdu son point d’ancrage et est intrinsèquement enclin à la rupture.

Une dévaluation chinoise a clairement le potentiel pour métastaser. “Chaque pays majeur est engagé dans une guerre monétaire même s’ils insistent sur le fait que les assouplissements quantitatifs n’ont rien à voir avec une dépréciation concurrentielle. Ils ont tous joué le jeu excepté la Chine – pour l’instant – et c’est un jeu à somme nulle. La Chine pourrait vraiment faire monter la mise.

M. White a dit que les politiques d’assouplissement quantitatif et d’argent facile de la Federal Reserve et ses pairs ont eu l’effet d’avancer les dépenses futures, ce qui est connu comme le “lissage inter-temporel”. Cela devient une addiction toxique avec le temps et finalement perd en traction. A la fin, l’avenir vous rattrape. “Par définition, cela veut dire que vous ne pouvez pas dépenser l’argent demain,” explique-t-il.

Un réflexe d'”asymétrie” commença quand la Fed injecta trop de stimuli pour éviter une purge après le crash de 1987. Les autorités ont depuis laissé chaque boom suivre son cours – pensant qu’ils pourraient sans problème faire le ménage plus tard – alors qu’ils répondaient à chaque choc avec empressement. La critique de la BRI est que cela nous a conduits à un biais de facilitation perpétuelle, avec des taux d’intérêt tombant toujours plus bas que leur “taux naturel de Wicksell” à chacun des cycles de crédit.

L’erreur s’est aggravée dans les années 90 quand la Chine et l’Europe de l’Est ont soudainement rejoint l’économie mondiale, inondant le monde avec de l’exportation à bas prix dans un “choc d’approvisionnement positif”. Les prix en baisse des produits manufacturés ont masqué l’inflation rampante des actifs qui se constituait. “Les décisionnaires étaient séduits par l’inaction grâce à un panel de croyances rassurantes, dont nous voyons maintenant qu’elles étaient toutes fausses. Ils croyaient que si l’inflation était sous contrôle, tout allait bien,” a-t-il dit.
Rétrospectivement, les banques centrales auraient dû laisser la déflation bénigne de cette phase (temporaire) de la globalisation suivre son cours. En créant des bulles de crédit, ils ont au contraire couvé ce qui pourrait se révéler être une version plus maligne, une déflation de désendettement classique dans le style Fisher des années 30.
M. White nous dit que la Fed est désormais dans un terrible embarras alors qu’elle tente de se sortir de l’assouplissement quantitatif et de redresser la barre. “C’est un piège de la dette. Les choses sont tellement mauvaises qu’il n’y a pas de bonne réponse. S’ils augmentent les taux, ça sera affreux. S’ils n’augmentent pas les taux, ça empirera simplement les problèmes.”
Il n’y a pas de moyen simple de sortir de ce bazar. Mais M. White a dit que ce serait un bon début pour les gouvernements d’arrêter de dépendre de leurs banques centrales pour faire leur sale boulot. Ils devraient revenir à la prééminence fiscale – appelez-la keynésienne, si vous voulez – et lancer une campagne choc d’investissement dans les infrastructures qui paye pour elle-même via un accroissement de croissance.
“Cela a toujours été dangereux de compter sur les banques centrales pour régler un problème de solvabilité quand tout ce qu’elles peuvent faire, c’est s’attaquer à des problèmes de liquidité. C’est une recette pour semer le désordre, et maintenant nous arrivons à la limite.”
Le forum économique mondial et Davos : un bref historique

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1971

Un professeur organise une première réunion

L’Allemand Klaus Schwab (photo ci-dessus), alors professeur de politique d’entreprise à l’Université de Genève, réunit des dirigeants d’entreprise européens à Davos pour une discussion sur les pratiques mondiales de gestion.

L’idée était de réunir les acteurs clés du monde des affaires, du monde universitaire, des arts et de la politique pour discuter, lors d’une rencontre, des principales questions d’actualité.

La popularité de cette première conférence a été telle que le Pr Schwab a décidé de créer le Forum européen de Gestion.

Initialement, les réunions mettaient principalement l’accent sur les moyens par lesquels les sociétés européennes pourraient rattraper les pratiques américaines de gestion.

1973

Focus sur le développement du rendez-vous annuel

Les évènement de 1973, en l’occurrence l’effondrement du mécanisme des taux de change fixes de Bretton Woods et la guerre arabo-israélienne, ont vu le Rendez-vous annuel dévier son attention de la gestion vers les problématiques économiques et sociales.

1974

Les dirigeants politiques invités

Les dirigeants politiques sont invités pour la première fois à Davos.

1987

Le rendez-vous devient “le Forum Economique Mondial”

Le professeur Shwarb changea le nom en  Forum Economique Mondial.

1992

L’Afrique du Sud attaqua l’apartheid sur la scène du FEM

Le président de l'Afrique du Sud FW de Klerk, le chef Mangosuthu Buthelezi et Nelson Mandela récemment libéré apparurent ensemble sur la scène pour la première fois, ce qui constitua une date clé de la transition du pays pour sortir de l'apartheid.

Le président de l’Afrique du Sud FW de Klerk, le chef Mangosuthu Buthelezi et Nelson Mandela récemment libéré apparurent ensemble sur la scène pour la première fois, ce qui constitua une date clé de la transition du pays pour sortir de l’apartheid.

2002

Le Forum se tient à New York après le 11-Septembre

Après les attaques terroristes du 11-Septembre aux États-Unis, le FEM décida de relocaliser son rendez-vous annuel de Davos à New York afin d’exprimer sa solidarité avec la ville et le public américain.

2010

Le plan de sauvetage de la zone euro révélé au FEM

Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, dévoila le plan de sauvetage de la zone euro à l’Europe lors du FEM à Bruxelles. “Nous ferons tout pour défendre l’euro,” a-t-il dit.

2015

Augmentation des taux, Grèce et QE

Le FEM fut dominé par les échanges concernant la première augmentation des taux d’intérêt dans les pays développés de l’après crise financière. Finalement, la hausse des taux fut accompagnée d’un gémissement par les marchés financiers plutôt que par une explosion.

Les dirigeants politiques se rencontrèrent dans les Alpes Suisses quelques jours avant que la Grèce organise des élections qui ont finalement plongé la zone Euro dans une nouvelle crise pour une bonne partie de l’année 2015. Cela coïncida aussi avec la décision historique de la BCE de lancer un véritable assouplissement quantitatif pour sauver l’euro souffrant.

Source : The Telegraph, le 19/01/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: https://www.les-crises.fr/le-monde-fait-face-a-une-vague-de-defauts-sans-precedent-craint-un-veteran-de-la-banque-centrale-par-ambrose-evans-pritchard/


Irak : L’Etat Islamique a tué plus de 200 personnes en 2 semaines

Wednesday 23 March 2016 at 03:11

Au moment où nous avons évidemment une pensée émue pour la Belgique, il est aussi important de ne pas oublier l’émotion à double standard – qui est une des causes des malheurs qui perdurent.

Ce n’est pas demain qu’on aura la tour Eiffel aux couleurs de l’Irak…

bxl

Source : Agence News Press, HRW, 11-03-2016

HRW – Human Rights Watch – 11/03/2016 10:30:00

HRWlogo

(Beyrouth, le 10 mars 2016) – L’État islamique a tué plus de 200 personnes en Irak, dont une grande majorité de civils, dans des attentats commis au cours des deux semaines qui se sont écoulées depuis le 25 février, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Le meurtre intentionnel de civils est un crime de guerre et le caractère généralisé des attaques peut constituer un crime contre l’humanité.

L’attaque la plus récente a été perpétrée le 6 mars par le bais d’un camion-citerne piégé contre un checkpoint au nord de la ville d’al-Hilla, capitale du gouvernorat de Babylone, tuant au moins 60 personnes et en blessant plus de 70 autres, la plupart des civils. L’État islamique (EI, également connu sous le nom de Daech) a revendiqué l’attentat. Des employés d’hôpitaux et des responsables sécuritaires ont déclaré à Reuters que, parmi les victimes, figuraient 23 officiers de police et autres agents de sécurité. En vertu des lois de la guerre, des officiers de police qui ne participent pas aux combats sont normalement considérés comme des civils et ne doivent pas être la cible d’attaques.

« Cette dernière série de meurtres de masse démontre le mépris de l’État islamique pour la vie des civils », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Chaque victoire militaire de ce groupe armé met manifestement en danger un nombre croissant de civils à travers le pays. »

Après que les forces de sécurité irakiennes ont repris les villes de Baiji, en octobre 2015, et de Ramadi, en décembre, et que les peshmergas kurdes se sont emparés de Sinjar en novembre, l’État islamique a intensifié ses attaques contre des civils dans les zones situées au-delà de la ligne de front. La Mission d’assistance des Nations Unies en Irak estime que 410 personnes ont été tuées dans le pays en février 2016.

Le 25 février, un kamikaze s’est fait exploser près de la husseiniyya du Grand Prophète, lieu de culte chiite situé dans le quartier de Shula, à Bagdad, causant la mort d’au moins 31 victimes, selon le site Kitabat.com.

Parmi ces victimes figurait Amir Muhsin Kazhim, qui nettoyait les rues avoisinantes. Son neveu Saad Abu Haider a déclaré à Human Rights Watch que son oncle avait passé quatre jours à l’hôpital avant de succomber à ses blessures. « Amir avait 40 ans, était marié et père de deux fils et d’une fille, qui vont tous à l’école », a déclaré son neveu. « Il nettoyait les rues en tant qu’employé municipal, ce qui lui a coûté sa vie. »

Le 28 février, deux bombes ont explosé au marché de Muraidi, une ville située à l’est de Bagdad, tuant 73 personnes et en blessant plus de 112, a signalé Associated Press.

Le 29 février, un kamikaze s’est fait exploser dans une tente funéraire de Muqdadiya, tuant 40 personnes, dont six responsables de la sécurité, et en blessant 37 autres, selon Reuters et 3robanews.com. Les relations entre les sunnites et les chiites de Muqdadiya sont tendues suite aux deux attentats commis le 11 janvier, et qui ont fait 25 victimes, déclenchant une série de représailles contre les sunnites locaux par les milices chiites.

Prendre délibérément pour cible des civils est un crime de guerre, et tout individu impliqué dans la planification, l’organisation ou l’exécution d’un tel crime pourrait être tenu pour responsable de ses actes, y compris dans d’autres pays que l’Irak, a rappelé Human Rights Watch. Certains crimes, comme le meurtre, commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile – ce qui signifie qu’ils sont commis dans le cadre d’une politique conduite par un État ou une organisation de type milice – sont considérés comme des crimes contre l’humanité.

Certaines catégories des crimes les plus graves qui violent le droit international, tels que les crimes de guerre, sont soumis à la « compétence universelle », qui se réfère à l’autorité juridique du système judiciaire national d’un État chargée d’enquêter sur certains crimes et d’ouvrir des poursuites, même si elles ne sont pas commises sur son territoire, par un de ses ressortissants ou contre un de ses ressortissants. Que les cas relevant de la compétence universelle puissent être poursuivis dans un pays spécifique dépend de sa législation interne.

Human Rights Watch a appelé à plusieurs reprises l’Irak à devenir un État partie à la Cour pénale internationale (CPI), en vue d’ouvrir la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires pour les crimes de guerre, crimes de génocide et crimes contre l’humanité commis par toutes les parties au conflit. Les autorités irakiennes pourraient donner à la Cour compétence pour les crimes graves commis en Irak depuis le jour de l’entrée en vigueur du traité portant création de la CPI, le 1er juillet 2002.

Le droit pénal irakien ne prévoit pas de dispositions pour ces crimes. Les membres de l’Etat islamique ont été poursuivis en vertu de l’article 4 de la loi de 2005 sur la lutte contre le terrorisme, qui est trop vaste. Si un mandat lui est confié, la CPI ne peut intervenir que pour enquêter sur les crimes graves relevant du droit international si les autorités nationales refusent ou sont dans l’incapacité de le faire.

« La nécessité de tenir pour responsables les auteurs de ces attaques massives est une raison de plus pour l’Irak de devenir un État partie à la Cour pénale internationale », a déclaré Joe Stork.

Un défenseur des droits humains à Muqdadiya a affirmé à Human Rights Watch que, le 29 février, les milices chiites ont attaqué la prison locale, à la recherche de co-conspirateurs sunnites de l’attentat; un autre activiste basé à Bagdad a indiqué que les milices chiites effectuent des centaines d’arrestations, à la suite des attentats commis dans les villes de Shula et Sadr.

« Les forces de sécurité devraient traduire en justice les responsables des attentats meurtriers », a souligné Joe Stork. « Mais les arrestations arbitraires et les abus contre des suspects dans le cadre d’interrogatoires ne font qu’ajouter aux injustices déjà commises ».

Source : Agence News Press, HRW, 11-03-2016

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Morts violentes en Irak en mars 2016

Source : Iraq Body Count

Monday 21 March : 37 killed

Mosul: 20 by gunfire; 3 executed.
Baghdad: 11 by IEDs, gunfire.
Latifiya: 1 by IED.
Shirqat: 2 executed.

Sunday 20 March: 47 killed.

Mosul: 25 in coalition air strikes; 2 executed.
Baghdad: 8 by IEDs, gunfire; 1 body.
Hawija: 4 by IED.
Khalis: 3 bodies.
Taji: 2 by IED.
Basra: 1 in clashes.
Haqlaniya: 1 policeman by suicide bomber.
March 1-20: 714 civilians killed.

Saturday 19 March: 36 killed.

Mosul: 20 executed.
Baghdad: 9 by IEDs, gunfire; 1 body.
Basra: 1 by gunfire; 1 body.
Tuz: 1 by gunfire.
Kirkuk: 1 by gunfire.
Taza: 1 child in chemical attack.
Tarmiya: 1 body.

Friday 18 March: 4 killed.

Baghdad: 2 by IED.
Yusufiya: 1 by IED.
Taza: 1 child in chemical attack.

Thursday 17 March: 22 killed

Baghdad: 7 by IEDs; 1 body.
Madain: 3 by IEDs.
Taza: 1 baby in chemical attack.
Basra: 1 by gunfire.
Fallujah: 6 executed; 1 by gunfire.
Qara Tapa: 1 by IED.
Mosul: 1 preacher executed.

Wednesday 16 March: 35 killed

Mosul: 16 in coalition air strikes.
Baghdad: 8 by IEDs.
Tal Kaif: 5 executed.
Yusufiya: 2 bodies.
Latifiya: 1 by IED.
Taza: 1 woman in chemical attack.
Taji: 1 by IED.
Samawa: 1 body.

Tuesday 15 March: 12 killed

Baghdad: 8 by IEDs, grenade; 1 body.
Bour: 2 by IED.
Fallujah: 1 cleric executed.
March 1-15: 570 civilians killed.

Source : Irak, Body Count

Monday 14 March : 14 killed

Tal Afar: 6 executed.
Baghdad: 4 by IEDs; 1 body.
Kirkuk: 1 by gunfire.
Tarmiya: 1 policeman by IED.
Madain: 1 body.

Sunday 13 March: 80 killed.

Mosul: 21 executed inside camp; 35 executed in forest outside the city.
Baghdad: 9 by gunfire, IEDs; 3 bodies.
Sinjar: 7 by mortars.
Taji: 3 bodies.
Yusufiya: 2 by IED.

Saturday 12 March: 26 killed.

Baghdad: 7 by IEDs, gunfire; 1 body.
Mosul: 4 brothers executed.
Qarahanjir: 4 bodies.
Madain: 6 family members by gunfire.
Latifiya: 1 by IED.
Mahmudiya: 2 by IED.
Nasiriya: 1 body.

Friday 11 March: 26 killed.

Mosul: 15 executed.
Baghdad: 5 by gunfire, IEDs; 1 body.
Najaf: 1 body.
Yusufiya: 1 by IED.
Taji: 1 by IED.
Madain: 1 by IED.
Taza: 1 child in chemical attack.

Thursday 10 March: 31 killed

Mosul: 9 executed.
Baghdad: 5 by gunfire, IEDs; 5 bodies.
Madain: 4 by IEDs.
Hawija: 4 executed.
Lake Hamrin: 2 fishermen abducted and killed.
Sulaimaniya: 2 by car bomb.
March 1-10: 412 civilians killed.

Wednesday 9 March: 36 killed

Mosul: 9 detainees tortured to death; 6 women executed.
Baghdad: 11 by IEDs, gunfire; 1 body.
Baiji: 5 policemen by gunfire.
Muqdadiya: 1 by mortars.
Nahrawan: 1 by IED.
Mahmudiya: 2 by IED.

Tuesday 8 March: 100 killed

Fallujah: 50 executed.
Mosul: 13 executed.
Baghdad: 12 by IEDs, gunfire; 8 bodies.
Ramadi: 10 bodies.
Karbala: 6 by gunfire.
Taji: 1 by gunfire.

Monday 7 March : 45 killed

Baghdad: 12 by IEDs, gunfire; 2 bodies.
Qayyarah: 12 executed.
Mosul: 6 family members in coalition air strike.
Hawija: 5 by IED; 3 executed.
Amarah: 3 by gunfire.
Baquba: 1 body.
Madain: 1 by IED.

Sunday 6 March: 75 killed.

Hilla: 60 by suicide truck bomber.
Baghdad: 4 by IEDs, gunfire; 5 bodies.
Kirkuk: 2 bodies.
Bour: 2 by IED.
Baquba: 1 by IED.
Tarmiya: 1 by IED.

Saturday 5 March: 10 killed.

Baghdad: 9 by IEDs, gunfire.
Muqdadiya: 1 by gunfire.

Friday 4 March: 17 killed.

Baaj: 8 in coalition air strikes.
Baghdad: 6 by IEDs, gunfire, grenade; 1 body.
Mahmudiya: 1 by IED.
Amarah: 1 by gunfire.

Thursday 3 March: 28 killed

Baghdad: 12 by mortars, IEDs, gunfire.
Qayyarah: 11 executed.
Madain: 2 bodies.
Yusufiya: 2 by IED.
Kirkuk: 1 body.

Wednesday 2 March: 55 killed

Mosul: 30 executed.
Hawija: 6 executed.
Baghdad: 9 by gunfire, IEDs; 2 bodies.
Nahrawan: 3 by IEDs.
Kirkuk: 1 policeman by gunfire.
Tarmiya: 1 by AED.
Muqdadiya: 1 by gunfire.
Latifiya: 1 by IED.
Basra: 1 by gunfire.

Tuesday 1 March: 15 killed

Baghdad: 8 by IEDs; 2 bodies.
Yusufiya: 3 by gunfire.
Madain: 1 by IED.
Muqdadiya: 1 by gunfire.

Valls : nous sommes en guerre…

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guerre-2

guerre-3

 

Source: https://www.les-crises.fr/irak-letat-islamique-a-tue-plus-de-200-personnes-en-2-semaines/