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Les technocrates occidentaux créeront une sorte de fascisme mondial, appuyé bien sûr sur les valeurs occidentales, par Robert Buron

Thursday 7 May 2015 at 01:38

Je ne résiste pas à vous mettre aussi ce texte de Robert Buron, ministre de Mendès et de de Gaulle, sachant que c’était un socialiste créateur du mouvement européen socialiste et qu’il a initié avec Edgar Morin, Henri Laborit et Jacques Robin le Groupe des Dix auquel Michel Rocard et l’économiste René Passet (« l’économique et le Vivant », introuvable…) ont participé.

Sa notice Wikipedia est ici

Extrait de son dernier livre, Pourquoi je vis : par goût de la vie,

Reconnaître les autres civilisations, les accepter, c’est donc vouloir vivre avec elles, dans une relation d’égalité. Mais une civilisation qui, à un moment donné de l’histoire, devient dominante, a besoin pour se conserver de toujours dominer davantage. Alors est brisée toute idée de solidarité ? Peut-on lutter contre cela ?

Là, ma réponse est, hélas, d’un terrible pessimisme :

a) Je suis convaincu que la paix et l’équilibre du monde ne sont possibles que dans la coexistence de valeurs de civilisation différentes et harmonisées les unes avec les autres pour permettre une organisation planétaire valable.

b) Je suis sûr, comme vous, que les civilisations les plus puissantes, techniquement et militairement, imposeront leurs valeurs aux autres.

c) J’en conclus que le monde finira dans une catastrophe.

d) Comme je n’aime pas l’idée de catastrophe, que j’ai le goût de la vie, et que tout ce qui bloque la vie est pour moi le mal et l’ennemi, je lutterai tant que je pourrai contre ce qui me paraît inéluctable. Je suis très pessimiste. Je suis persuadé que les technocrates occidentaux créeront une sorte de fascisme mondial, appuyé bien sûr sur les valeurs occidentales.

Seulement je lutterai de toutes mes forces contre ces technocrates.

Si on considère en effet métaphysiquement que quelque chose est mal, peu importe ce qu’on trouve rationnellement indispensable, il faut lutter contre ce qui tue la vie, parce que sans ça je me tue moi-même. La seule petite chance, c’est de faire prendre conscience aux gens que le système de domination d’une civilisation sur une autre est contraire à l’évolution de la vie, que par conséquent ils se suicident. Ils ne suicident peut-être pas le « contenant», mais ils suicident le « contenu », ce qui est beaucoup plus grave.

 Mais que faudrait-il faire pour que cela change?

Quel avenir voyez-vous pour les pays du Tiers Monde?

Que faire en 1973 ?

1. Généraliser l’information. Il faut étudier, connaître, comprendre, aimer les autres, et puis ensuite les faire étudier, connaître, comprendre, aimer le plus largement possible au sein de notre groupe occidental et européen.

2. Agir sur notre plan pour un monde établi sur des bases socialistes, acceptant la coexistence des civilisations.

Cela commence au «ras du bitume». Il faut accepter « l’autre », lui donner sa place dans la commune et ne jamais vouloir imposer sa conception. « La droite vit d’imposer, a dit Alain, et la gauche de convaincre.» Progresser, c’est convaincre et, comme le formulait Jaurès, « en partant du réel pour aller à l’idéal». Cela est vrai au niveau de la commune, de la région, de la nation, d’un groupe d’Etats, du monde enfin.

C’est en généralisant l’état d’esprit fédéraliste qu’on rendra possible un monde fédéraliste où la solidarité jouera à plein sans dominants ni dominés.

3. S’engager sur tous les plans pour nos amis du Tiers Monde.

Cela veut dire accueillir ici les étudiants et travailleurs migrants, les aimer et les aider. Cela veut dire lutter contre nos vieilles structures égoïstes, le libéralisme économique, un système monétaire fondé sur l’or ou le dollar, etc., qui les oppriment du seul fait de leur contenu.

Nous ne pouvons les aider à faire leur révolution qu’en faisant la nôtre.

Merci à David pour la source

Source: http://www.les-crises.fr/les-technocrates-occidentaux-creeront-une-sorte-de-fascisme-mondial/


[ça se précise] Loi sur le renseignement : les bugs du big data

Thursday 7 May 2015 at 00:24

Dans les serveurs d'une entreprise de stockage de données, à Pantin (Seine-Saint-Denis), en juillet 2014.

Dans les serveurs d’une entreprise de stockage de données, à Pantin (Seine-Saint-Denis), en juillet 2014. (Photo Martin Bureau. AFP)

Contre les attentats de demain, croire que les scénarios de ceux d’hier seront utiles, c’est comme «chercher une aiguille dans une botte de foin alors que la couleur et la forme de l’aiguille ne cessent de changer».

«Les groupes ou les individus engagés dans des opérations terroristes ont des comportements numériques caractéristiques» : c’est ainsi que Bernard Cazeneuve justifie son projet de «boîtes noires» chargées de passer à la moulinette les moindres de nos pérégrinations numériques. L’argument du ministre n’est qu’un vulgaire copié-collé d’un discours élaboré il y a près de quinze ans par l’administration Bush, et largement réfuté depuis. Que cette thèse puisse jouir de la moindre crédibilité à l’Assemblée nationale, qui examine, cette semaine, le projet de loi sur le renseignement, trahit l’ignorance des députés en la matière. Ils devraient pourtant avoir la puce à l’oreille : même le très centriste New York Times leur conseille, dans un éditorial solennel, de ne pas tomber dans les mêmes ornières.

Tout a commencé après le 11-Septembre avec un programme de la Darpa (1) intitulé «Total Information Awareness» – l’ancêtre des dispositifs de surveillance actuels de la NSA. Le présupposé était le même que celui du ministre de l’Intérieur français : on allait passer au crible une immense masse de données à la recherche de «signatures de comportement terroriste». Exemple : si Bill et Ted habitent à la même adresse, louent un camion, se rendent sur un lieu sensible et achètent de l’engrais à base de nitrate d’ammonium (dont on sait qu’il peut servir à faire pousser des patates, mais aussi à confectionner une bombe artisanale), alors, ils se mettent à présenter un motif comportemental suspect, et l’algorithme sonne l’alerte. L’un des soucis, cependant, comme le fit remarquer à l’époque un expert dubitatif lors d’une audition parlementaire, c’est qu’un profil, ainsi défini, aboutirait illico à placer sur une liste des suspects, non seulement de possibles émules de Timothy McVeigh (2), mais aussi la plupart des agriculteurs du Nebraska, qui, eux aussi, assez souvent, habitent une même ferme, achètent de l’engrais et louent des camions.

Bernard Cazeneuve justifie son programme de surveillance de masse par analogie avec le data mining commercial – en faisant mine, au passage, d’oublier que les autorités étatiques sont dotées de pouvoirs autrement plus intrusifs que celui de nous envoyer le genre de publicités ciblées qui peuplent nos boîtes de spam. Sauf que, comme l’expliquait, en 2006, une note du think tank conservateur Cato Institute : «Lorsqu’on recourt au data mining pour repérer des cas d’usurpation d’identité ou de fraude bancaire à la carte de crédit, on se fonde sur des modèles construits à partir de plusieurs milliers d’exemples connus annuellement. Or, le terrorisme ne présente pas d’indices statistiques similaires.» Le phénomène, autrement dit, ne présente pas la fréquence nécessaire pour en extraire un modèle significatif.

Sans compter qu’il y a très peu de chance pour que les attentats de demain présentent les mêmes modes opératoires que ceux d’hier. Alors que les méthodes automatisées de détection préventive procèdent, pour leur traitement du futur, par induction à partir d’un passé connu, le principe de ces actions asymétriques est, au contraire, la surprise, la non-reproduction des scénarios répertoriés. Comme le résume le juriste américain Jeffrey Rosen, c’est comme vouloir «chercher une aiguille dans une botte de foin alors que la couleur et la forme de l’aiguille ne cessent de changer».

VINGT-SEPT MILLIONS DE COMPLOTS POTENTIELS

Même à supposer que le «terrorisme» présente des signatures repérables par data mining – ce qui est pour le moins hasardeux –, pareil système va engendrer pléthore de suspects, dont une écrasante majorité de fausses pistes – et ceci par millions. Le spécialiste en cryptologie Bruce Schneier a fait le calcul : en admettant que «le système ait un taux de faux positifs de 1 sur 100, […] étant donné mille milliards d’indicateurs potentiels à passer au crible – un nombre qui correspond à dix événements (emails, achats, navigation web) par Américain et par jour – et en admettant que 10 de ces événements correspondent effectivement à des préparatifs terroristes, alors, un tel système (sachant qu’il serait, avec les paramètres que nous admettons ici, d’une précision parfaitement irréaliste) n’en générerait pas moins de un milliard de fausses alarmes pour chaque complot terroriste effectivement découvert. Chaque jour de chaque année, la police aurait à mener l’enquête sur 27 millions de complots potentiels afin de découvrir l’unique complot terroriste réel par mois».

De l’aveu même de certains spécialistes américains, la méthode comporte, en outre, des failles évidentes au plan tactique : «Un individu terroriste pourrait s’abstenir d’émettre ou de recevoir des messages électroniques, des appels téléphoniques ou des transactions financières avec d’autres terroristes. Une autre possibilité est qu’un individu s’efforce consciemment de réduire son degré d’homophilie sociale, de sorte à produire du “bruit” dans les relevés électroniques afin d’escamoter l’existence d’un groupe déterminé. […]. Ce problème constitue un obstacle d’importance pour à peu près tout système de surveillance informationnelle.» Or, si de tels systèmes peuvent être mis en échec par des précautions de cet ordre, à la portée de tout groupuscule averti, ceux-ci ne seront alors, contrairement à l’objectif affiché, paradoxalement mobilisables que contre des individus ou des groupes dont les activités, pour être en partie privées ou discrètes, n’en sont pas pour autant activement clandestines.

CONTRÔLE SOCIAL

En juin 2013, le directeur de la NSA assura que les programmes de surveillance des télécommunications avaient permis de déjouer des douzaines de «complots terroristes». En octobre, il révisa son estimation à la baisse, évoquant 13 «événements» en rapport avec le territoire américain, avant d’admettre que le nombre de menaces étouffées dans l’œuf par le programme de collecte des métadonnées téléphoniques se montait à une ou peut-être deux. En fin de compte, ne resta qu’un seul complot à avoir été déjoué par plus de dix ans de collecte massive de fadettes téléphoniques : un habitant de San Diego arrêté pour avoir envoyé 8 500 dollars à un groupe militant somalien.

Contrairement au discours officiel, qui les a légitimés, ces instruments sont de très piètres moyens de «détection antiterroriste». Récemment, dans l’entre-soi d’un think tank de Washington, un ex-directeur de la NSA, Michael Hayden, fit cette confidence : «Je crois que nos dirigeants ont beaucoup trop cherché à justifier les activités de la NSA sur une base étroitement antiterroriste. Une telle justification est tout simplement inadéquate au regard de ce que font les Etats-Unis. Nous avons beaucoup d’autres motivations […] liées à la souveraineté étatique.» Edward Snowden, de son côté, ne dit pas autre chose : «Ces programmes n’ont jamais été conçus en réaction au terrorisme : il s’agit d’espionnage économique, de contrôle social, et de manipulation diplomatique. C’est une question de pouvoir.»

Grégoire Chamayou est l’auteur de «Théorie du drone», la Fabrique, 2013.

(1) Agence pour les projets de recherche avancée de défense (Darpa).

(2) Auteur de l’attentat d’Oklahoma City, le 19 avril 1995, qui a fait 168 morts.

Source : Libération, le 14 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/ca-se-precise-loi-sur-le-renseignement-les-bugs-du-big-data/


Le New York Times « se borne à réécrire tout ce que disent les autorités de Kiev » : Stephen F. Cohen sur l’histoire USA/Russie/Ukraine que les médias ne veulent pas vous raconter

Thursday 7 May 2015 at 00:01

Il y a une histoire alternative des relations avec les russes que nous n’entendons pas. L’historien Stephen Cohen la raconte ici.

Mikhaïl Gorbatchev, Boris Elstine, Vladimir Poutine (Crédit : AP/Boris Yurchenko/Alexander Zemlianichenko)Commenter dans un éditorial la façon dont Washington détruit – de façon absurde et sans aucune vision prospective – ses relations avec Moscou alors que la crise ukrainienne continue péniblement sa route chaotique est une chose. Mais c’en est une toute autre, comme le souligne ce long échange avec Stephen F. Cohen, que d’être témoin de la marginalisation de vérités délivrées au cours de toute une carrière honorable d’érudit, au profit de subterfuges illégitimes, d’une fièvre guerrière qui n’a guère à envier à celle de la presse mainstream, et de ce que Cohen dénonce comme l’une des expansions les plus incompréhensibles dans l’histoire d’une sphère d’influence – celle de l’OTAN.Cohen est, à tous égards, un remarquable spécialiste de la Russie. Quand il enseignait à Princeton et à l’université de New York, il a écrit sur les années de la révolution (« Boukharine et la Révolution bolchévique », 1973), sur l’ère soviétique (« Repenser l’expérience soviétique », 1985) et, de manière polémique, mais émouvante, et toujours avec un regard lucide, sur les décennies post-soviétiques (« Une croisade manquée : l’Amérique et la Tragédie de la Russie Post-Communiste », 2000 ; « Destins soviétiques et alternatives manquées », 2009). « Le Retour des victimes : Survivants du Goulag après Staline », 2010, est un travail singulièrement humain, qui utilise des méthodes académiques pour relater les histoires des anciens prisonniers qui errent comme des fantômes dans la Russie post-soviétique. « En fait, je n’arrivais jamais à me défaire de la désagréable impression d’un travail inachevé et d’obligations non tenues, explique Cohen dans le premier chapitre, alors même que de moins en moins des victimes que j’avais connues étaient encore en vie. »S’il fallait décrire la force et la valeur du travail de Cohen en une seule phrase, ce serait celle-ci : une insistance obstinée sur l’importance de se référer à l’histoire pour comprendre le monde moderne. On pourrait estimer qu’il s’agit d’un projet admirable, mais il a placé Cohen au cœur de la controverse intellectuelle depuis le coup d’état soutenu par les États-Unis à Kiev, l’année dernière. Dire qu’il est aujourd’hui blackboulé ou sur liste noire – des termes que Cohen n’aime pas – est exagéré. Disons qu’une place parmi les nombreux prophètes non écoutés d’Amérique peut lui être réservée.

Personne ne sera surpris d’apprendre que le Ministère de l’Oubli, également connu sous le nom de département d’état, rejette la perspective de Cohen sur l’Ukraine et les relations avec la Russie : il apporte trop d’éléments de causalité et de responsabilité à l’affaire. Mais quand de savants confrères le traitent « d’apologiste de Poutine », on prend peur à l’idée d’un retour à l’ère McCarthy. En ce moment, des idéologues obéissants ont transformé le débat en jeu de massacre.

Cohen, qui, à 76 ans, affiche une vivacité d’esprit et une mémoire remarquable, ne pense pas que nous soyons retournés aux années 50, encore. Néanmoins, en ce moment il est aux prises avec l’Association des Etudes Slaves, Est-Européennes et Eurasiennes (ASEEES), qui, l’automne dernier, a refusé une donation de 400 000 dollars offerte par Cohen et son épouse, Katrina van den Heuvel, au prétexte que les bourses d’études qu’elle devait financer porteraient son nom. Croyez-le, lecteurs, ça se passe chez nous au début du XXIe siècle.

L’interview qui suit a été réalisée dans l’appartement de Manhattan de Cohen quelques semaines après la signature, au milieu du mois de février, des accords de cessez-le-feu connus sous le nom de Minsk 2. Elle s’est étendue sur plusieurs heures captivantes. En travaillant sur la transcription, je me suis rendu compte que Cohen m’avait offert un document de grande valeur, qui présentait aux lecteurs un tableau concis, accessible et historiquement juste, de « là où nous en sommes aujourd’hui », comme Cohen l’a dit lui-même, en Ukraine et dans les relations entre les USA et la Russie.

Salon la publiera en deux parties. Ceci est une transcription révisée de la première. La seconde partie suivra la semaine prochaine.

Quel jugement portez-vous sur l’implication russe en Ukraine ? Dans la situation actuelle, nous avons besoin d’une lecture saine de l’histoire et de langage clair. Dans une perspective historique, est-ce que vous pensez que la position de la Russie se justifie ?

Et bien, je ne peux pas penser autrement. J’ai commencé à alerter sur le danger d’une telle crise il y a plus de vingt ans, dans les années 90. J’ai dit depuis février dernier [quand Viktor Ianoukovitch a été renversé à Kiev] qu’à partir des années 90, tout est allé de travers entre la Russie, les États-Unis et l’Europe. Il faut donc au moins revenir sur ce qui s’est passé ces 25 dernières années. Mais bien sûr, ça remonte à plus loin encore.

Comme je le dis depuis plus d’un an, nous sommes dans une nouvelle guerre froide. Nous y sommes entrés depuis plus d’une décennie. J’ai [un temps] pensé que les États-Unis n’avaient peut-être jamais vraiment mis un terme à la précédente guerre froide, alors que Moscou l’avait fait, ou, si on veut, que Washington l’avait simplement réactualisée. Les russes ne s’y sont pas engagés jusqu’à ces derniers temps parce qu’elle ne les affectait pas directement.

Ce qui s’est produit en Ukraine ne nous a pas seulement plongés clairement dans une nouvelle guerre froide – ou réactualisée, aux historiens de décider -, mais dans une guerre qui va probablement être plus dangereuse que la précédente pour deux ou trois raisons. Cette fois-ci, l’épicentre n’est pas à Berlin, mais en Ukraine, aux frontières de la Russie, au sein même de sa propre civilisation : c’est ça qui est dangereux. Durant les 40 ans d’histoire de la guerre froide, les règles de conduite et la reconnaissance de lignes rouges, en plus du téléphone rouge, avaient été établies. Maintenant il n’y a plus de règles. Nous le constatons chaque jour : aucune règle d’un côté ou de l’autre.

Ce qui m’irrite le plus est qu’il n’y a pas d’opposition significative aux États-Unis contre cette nouvelle guerre froide, alors qu’il y en a toujours eu une dans le passé. Même à la Maison-Blanche vous pouviez trouver un assistant du président qui avait une opinion différente, certainement également au département d’état, et au Congrès. Les médias – le New York Times, le Washington Post – étaient ouverts au débat. Ils ne le sont plus. Il n’y a que des applaudissements dans nos principaux journaux et chaînes de télévision. Voilà où nous en sommes.

La crise ukrainienne en perspective historique. C’est un terrain très dangereux. Vous connaissez cela mieux que quiconque.

C’est sur cela qu’on m’attaque. C’est un jugement historique. La crise actuelle est venue des politiques de Clinton, ce que j’appelle la politique du « gagnant rafle tout » menée par l’Amérique vis-à-vis d’une Russie qu’on voyait, à tort, comme une puissance vaincue à l’issue de la guerre froide, ce qui conduisait les gens dans les années 90 à la considérer comme l’Allemagne ou le Japon après la seconde guerre mondiale : on la laisserait décider dans une certaine mesure de ses politiques internes et reprendre son rôle dans les relations internationales, mais uniquement en tant que partenaire de seconde zone aidant désormais les États-Unis à poursuivre leurs intérêts nationaux.

C’était le but de Clinton et Strobe Talbott, qui à présent est très contrarié par l’échec de sa politique menée sous l’ère Eltsine. C’est ce qu’ils voulaient et ont cru obtenir de Boris Eltsine. Vous pouvez lire les mémoires de Talbott, « La main de la Russie », et vous verrez que toutes les paroles officielles sur l’amitié et le partenariat éternels étaient des bobards. Tout a tourné au vinaigre, c’était prévisible pour plusieurs raisons, et nous a conduits à cette situation.

Le problème est qu’en adoptant le point de vue selon lequel cette crise est entièrement la faute de l’« agression de Poutine », comme le font les médias et l’establishment politique américains, il n’y a aucune réflexion sur la politique américaine des 20 dernières années. Je n’ai pas encore vu une seule personne influente dire : « Peut-être avons-nous fait une erreur, peut-être devrions-nous revoir les choses autrement. » Ce sont encore les mêmes recettes et ces mêmes recettes pourraient signifier la guerre avec la Russie…

Laissez-moi vous donner un exemple. C’est la chose la plus difficile à admettre pour les élites diplomatiques et médiatiques américaines.

Notre position est que personne n’a droit à une sphère d’influence au XXIe siècle. La Russie veut une sphère d’influence au sens où elle ne veut pas de bases américaines en Ukraine ou dans les états baltes ou en Géorgie. Mais qu’est-ce que l’expansion de l’OTAN, sinon celle de la sphère d’influence américaine ? Elle n’est pas que militaire. Elle est financière, économique, culturelle, c’est le mariage de tout ça à la fois : des militaires, des infrastructures. Il s’agit probablement de l’expansion la plus spectaculaire d’une sphère d’influence, en un temps si court et en temps de paix, de l’histoire du monde.

Donc, vous avez le vice-président Biden disant constamment, « la Russie veut une sphère d’influence et nous ne le permettrons pas. » Eh bien, nous, nous avons gavé la Russie avec l’extension de notre sphère d’influence, en présumant qu’elle ne nous repousserait pas. Évidemment, on pourrait se demander : « la Russie a-t-elle le droit d’exiger une zone ou une sphère, dans son voisinage, libre de toute base militaire étrangère ? » Rien que cela, rien de plus. Si la réponse est oui, l’expansion de l’OTAN devrait avoir pris fin en Allemagne de l’est, ce qui avait été promis aux russes. Mais nous nous sommes rapprochés de plus en plus près. La crise ukrainienne vient de cette expansion forcenée et irréfléchie de l’OTAN. Washington aura beau parler de démocratie, de souveraineté et de tout le reste, mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Et nous ne pouvons pas reprendre cette question… L’hypocrisie, ou l’incapacité à réunir les pièces du puzzle, est, en Amérique, ahurissante.

Passons à la nature du régime de Kiev, encore une fois, c’est très embrouillé. Il y a deux aspects à cette question. Il y a le sujet du coup d’état et de la relation entre le gouvernement Iatseniouk et le département d’état – on a maintenant un ministre des finances à Kiev qui est un citoyen américain, reçu par le Conseil des relations étrangères au moment où nous parlons – et ensuite les relations entre le régime de Kiev et l’extrême-droite.

C’est une question cruciale. J’en ai traité dans un article pour The Nation l’an dernier, « Mal interpréter la Russie ». J’y développais l’argument que ceux qui, dans les médias, ont défendu le gouvernement de Kiev issu du 21 février et les manifestations devenues violentes de Maïdan, ont zappé le rôle d’un contingent réduit, mais significatif d’ultra-nationalistes qui avaient toutes les apparences de néo-fascistes. Ce point de vue m’a valu de nombreuses critiques, de la part notamment d’un professeur d’histoire de l’université de Yale, Timothy Snyder, un grand fan de Kiev, dans le New Republic. Je n’ai pas la moindre idée d’où il sort, ni comment un universitaire peut s’aventurer à de telles allégations. Mais ce qu’il disait, c’était que cette histoire de néo-fascistes venait de Poutine, que ce que je disais était une apologie de Poutine et que les vrais néo-fascistes étaient en Russie, pas en Ukraine.

Il y a peut-être des fascistes en Russie, mais nous n’apportons notre soutien ni au gouvernement russe ni aux fascistes russes. La question, qui est extrêmement importante, est la suivante : « Y a-t-il en Ukraine un mouvement néo-fasciste qui, indépendamment de ses résultats électoraux – faibles au demeurant -, influence la conduite des affaires politiques et militaires et dont nous devrions nous soucier ? »

Et la réponse est à cent pour cent oui. Pourtant, aux États-Unis, dans cent pour cent des cas on avait refusé de l’admettre, jusque récemment, quand, finalement, quelques journaux ont commencé à parler de bataillons de Kiev ayant des svastikas sur leurs casques et leurs chars. Dès lors on a eu une couverture médiatique un peu plus importante. Laissant de côté les russes, des journalistes étrangers ont couvert le phénomène néo-fasciste, dont la résurgence n’est pas surprenante. Il est un produit de l’histoire ukrainienne. Il devrait être un sujet grave pour les décideurs politiques occidentaux, et je pense qu’il l’est maintenant pour les allemands. Les services secrets allemands sont probablement mieux informés que leurs homologues américains quand il s’agit de l’Ukraine ; ils sont plus francs dans ce qu’ils rapportent au sommet de la hiérarchie. Merkel s’inquiète clairement de cet état de fait.

C’est un autre exemple de ce dont on ne peut discuter dans les médias dominants ni même nulle part au sein de l’establishment américain. Quand on lit les déclarations de (la secrétaire d’état adjointe) Nuland, cela n’est jamais mentionné. Mais qu’est-ce qui pourrait être plus important que la résurgence d’un mouvement fasciste sur le continent européen ? Et là, je ne parle pas de ces tristes sires qui écument les rues d’Europe de l’Ouest. Je parle de personnes lourdement armées, de personnes qui commettent des actes odieux et qui tuent des gens. Est-ce que cela mérite qu’on en parle ? Eh bien certains affirment que si ces gens-là existent, ils ne constituent qu’une infime minorité. À ceux-là, je dis toujours la même chose : « Bien sûr, c’était pareil avec Hitler et Lénine à l’époque ». Soyez attentifs et réfléchissez au problème si tant est que vous tiriez des leçons de l’Histoire…

Nous affirmons que tout ce que nous faisons en Ukraine et contre la Russie, y compris courir le risque d’une guerre, nous le faisons pour une Ukraine démocratique, sous-entendu une Ukraine régie par la clique de Kiev. À juste titre, nous pourrions nous demander dans quelle mesure Kiev est réellement démocratique. Mais les correspondants du Times et du Washington Post qui se trouvent à Kiev transmettent régulièrement des infos, en ne faisant pour l’essentiel que recopier les déclarations des autorités de Kiev et ne s’interrogent qu’occasionnellement, sinon jamais, sur la démocratie dans une Ukraine gouvernée par Kiev.

Réécrire des communiqués de presse. C’est vraiment ce qu’ils font ?

Jusqu’à récemment c’était le cas… Je n’ai pas particulièrement étudié la question, mais cela pourrait être fait en une semaine par un journaliste rigoureux ou un universitaire qui sait poser les questions et a accès aux informations. Et je serais prêt à parier que cela montrerait que dans ces zones de l’Ukraine gouvernées par Kiev aujourd’hui, il y a moins de démocratie, au sens large, qu’il n’y en avait avant que Ianoukovitch soit renversé. C’est une hypothèse bien sûr, mais je trouve qu’elle mériterait d’être étudiée par le Times et The Post.

Je considère, pour ma part, comme l’une des plus ridicules assertions du moment celle de Kiev qualifiant sa guerre dans les régions de l’est d’« opération anti-terroriste ».

Demandons-nous alors, pourquoi Washington a validé cette qualification. Car Washington a son mot à dire. Sans Washington, Kiev serait en banqueroute et n’aurait pas d’armée du tout. Pourquoi Washington n’a-t-il pas dit « ne l’appelez pas anti-terroriste » ? Parce que, si vous parlez d’« anti-terrorisme », il ne peut y avoir de négociations ; on ne négocie pas avec les terroristes, vous les tuez, point. Ce ne sont que des organisations criminelles avec des intentions criminelles.

Quand on affirme que ce n’est pas une guerre civile, que c’est juste une agression des russes, on occulte la dimension humaine de toute cette guerre, et aussi les corps de métier dont sont issus les gens qui se battent dans l’est : les coiffeurs, les chauffeurs de taxi, les anciens reporters, les enseignants, les préposés aux ordures ménagères, les électriciens… qui sont probablement 90% des combattants. Il y a là des russes, de Russie. Mais l’armée d’Ukraine s’est révélée incapable de battre ou même de contenir ces troupes qui étaient au départ hétéroclites, quasiment des partisans mal équipés et pas entrainés.

Le plus atroce dans tout cela c’est l’utilisation par Kiev de l’artillerie, des mortiers et même des avions, jusqu’à récemment, pour bombarder des quartiers résidentiels, pas seulement de Donetsk et Lougansk, mais aussi d’autres grandes villes. Ce sont des villes de 500 000 habitants, j’imagine, ou de 2 à 3 millions. C’est totalement illégal. Ce sont des crimes de guerre, sauf à supposer que les rebelles ont eux-mêmes bombardé leurs mères et leurs grands-mères, leurs pères et leurs sœurs. C’était bien Kiev, soutenu par les États-Unis. Ainsi les USA sont-ils profondément impliqués dans la destruction de ces villes de l’est et de ces gens. Quand Nuland dit au Congrès qu’il y a 5 000 à 6 000 morts, c’est le décompte de l’ONU, juste le nombre des gens qu’on a trouvés dans les morgues. Beaucoup de cadavres ne sont pas retrouvés. Les services de renseignement allemands parlent de 50 000.

Depuis le temps de l’administration Clinton, on n’a pas cessé de pousser des cris d’orfraie sur notre droit de protéger les gens qui étaient victimes de crises humanitaires. En Ukraine de l’est, il y en a une, de crise humanitaire, et massive. On a un million de gens ou plus qui ont fui vers la Russie – selon l’ONU – et 500 000 autres personnes se sont réfugiées ailleurs en Ukraine. Je n’ai pas vu les États-Unis organiser le moindre effort humanitaire. Où est passée Samantha Power, l’architecte du « droit de protéger ? » Nous avons fermé les yeux sur une crise humanitaire dont nous sommes complices. C’est cela qui est honteux, que l’on aime Poutine ou pas. Cela n’a rien à voir avec Poutine. Cela a à voir en revanche avec la nature des politiques américaines, avec la nature de Washington – et avec la nature du peuple américain, s’il tolère cela.

Vous avez écrit que l’accord de Minsk II représentait notre dernier espoir. Racontez-nous brièvement votre vision de Minsk II, et dites-nous s’il y a des chances que cela tienne.

Le second accord de Minsk met en jeu beaucoup d’éléments. Le premier point concerne le cessez-le-feu et le retrait, par les deux parties, des armes lourdes. Il semble que cela ait été en grande partie respecté, mais le cessez-le-feu est très instable. Le volet politique devrait arriver maintenant. Kiev est censé passer certaines réformes constitutionnelles, qui donneront une certaine autonomie aux régions de l’est. Les régions de l’est organiseraient de nouvelles élections qui, d’une certaine manière, respecteraient les lois ukrainiennes. Si tout cela se produit d’ici décembre, alors la frontière russo-ukrainienne sera rendue aux autorités de Kiev et placée sous observation d’agences européennes. Les points politiques seront les plus durs à mettre en œuvre parce qu’il n’y aucun soutien politique de la part du gouvernement de Kiev.

[Le président] Porochenko est allé à Minsk parce qu’il n’avait pas le choix. Merkel lui a dit qu’il devait signer Minsk II. Mais Kiev est ultra-nationaliste. Ils ne veulent faire aucune concession à l’est ou à la Russie. Faire passer Minsk II au Parlement de Kiev sera très difficile. Mais le facteur principal pour l’instant est que Minsk II est le dernier, le meilleur choix pour éviter une guerre plus étendue qui pourrait fort bien engendrer un affrontement  direct avec la Russie. [Depuis cette interview, le parlement de Kiev a passé des lois qui soit contredisent, soit annulent les termes de Minsk II.]

Minsk II a résulté d’une initiative de Merkel avec le président Hollande de France. Pourquoi elle a soudainement réalisé, à la dernière minute, que la situation était différente de ce qu’elle avait imaginé – désespérée – je ne le sais pas. Souvenons-nous que c’est une femme qui a d’énormes responsabilités dans la gestion de la crise économique qui touche l’Union européenne et, notamment, la Grèce. Les ennemis de Minsk II…

Je pense que le principal ennemi, c’est Washington.

Tout à fait. Je ne les qualifierais pas forcément d’« ennemis » mais nous ne sommes pas des enfants de chœur non plus. Washington contrôle le FMI. Washington contrôle l’OTAN. L’OTAN et le FMI sont les deux organisations qui sont en mesure de déclencher une guerre d’envergure en Ukraine, et en relation avec la Russie, ou de l’empêcher. Les décideurs à Washington, que ce soit Obama ou quelqu’un d’autre, sont maintenant obligés de trancher.

Tous les ennemis de Minsk II parlent librement et sont cités dans la presse et dans les réseaux comme des gens rationnels. Jusqu’a présent, il n’y a pas une seule voix dissidente en provenance de l’establishment. De l’extérieur, cela ressemble à une bataille très inégale. On peut espérer que quelque part à Washington, dans des couloirs sombres ou des pièces mal éclairées, il se tienne des conversations sérieuses, mais je ne le pense pas. [Le 23 mars, 48 membres du Congrès ont voté contre l'envoi d'armes à Kiev, un point que Cohen a commenté dans un e-mail.]

Nos politiques post-soviétiques après 1991 s’avèrent être de la guerre par d’autres moyens. La guerre froide ne s’est jamais arrêtée, à mon sens. Les tactiques ont changé, peut-être que la stratégie aussi, mais elle n’a connu que très peu de pauses.

C’est compliqué. Le principal problème aujourd’hui quant à amener la classe politique américaine à penser librement, c’est Poutine. Ils utilisent Poutine pour faire absolument ce qu’ils veulent, sans envisager quoi que ce soit sous un angle différent. Pourtant, Poutine est arrivé bien plus tard.

Les faits historiques ne conviennent pas à la narration triomphaliste qui dit que nous avons battu l’Union soviétique et par conséquent mis un terme à la guerre froide, et que donc et que donc… Selon Gorbatchev, Reagan et Bush, la guerre froide s’est terminée en 1988 ou 1990. Quand Reagan a quitté la Maison-Blanche – je crois qu’il a écrit dans son journal « Nous en avons fini avec la guerre froide » en janvier 1989 – donc il pensait qu’il y avait mis un terme avec Gorbatchev. J’étais à Moscou quand il a traversé la Place Rouge en pleine chaleur, en juillet 1988 me semble-t-il, et que quelqu’un lui a crié « Président Reagan, est-ce que c’est toujours l’Empire du Mal ? » Et lui, d’un air affable : « Oh, non, ça, c’était avant… tout a changé. »

La guerre froide était un phénomène structurel. Ce n’est pas parce que le président dit qu’elle est finie qu’elle l’est réellement, mais alors il y a eu le sommet de Malte en décembre 1989, où [George H. W.] Bush et Gorbatchev ont dit que la guerre froide était finie ; et cela a continué jusqu’à la fin de la réunification de l’Allemagne. Entre 88 et 90, les leaders du monde nous ont dit à plusieurs reprises qu’elle était finie. Jack Matlock, l’ambassadeur de Reagan en Russie, a été très pertinent là-dessus, et parce que c’était un témoignage personnel, il a écrit ce qu’il en était vraiment. Enfin, la confusion entre fin de l’Union soviétique et fin de la guerre froide est une erreur historique.

Bush a alors continué à maintenir la ligne officielle poursuivie avec Gorbatchev, selon laquelle il n’y avait pas de perdant à la fin de la guerre froide, que tout le monde avait gagné. Bush a maintenu cette position jusqu’à ce que les sondages le montrent derrière Clinton dans sa campagne de réélection. Et ensuite il a déclaré en 1992 que nous avions, et lui particulièrement, gagné la guerre froide. J’ai vu Gorbatchev un peu plus tard. Ma femme, Katrina van den Heuvel, et moi-même, avions été amis avec lui pendant plusieurs années. Il a été profondément, profondément blessé, avec un sentiment de trahison. Mais il a pardonné à Bush, étant un homme indulgent.

Mais à ce moment-là, dans les années 91 – 92… eh bien, les mots ne sont que des mots, mais comme disent les russes, les paroles sont aussi des actes. En annonçant que nous avions gagné la guerre froide, Bush a préparé la décision de l’administration Clinton d’agir en fonction d’une victoire américaine, y compris en élargissant l’OTAN.

Cette histoire nous amène là où nous en sommes aujourd’hui.

Qu’est-ce qui a changé, ou pas, dans la politique des États-Unis vis-à-vis de la Russie entre 1991 et maintenant?

Je pense que l’histoire telle que nous la connaissons est celle que je viens de vous raconter. En arrière-plan, il y a clairement des discussions qui se poursuivent au cours des années 90, et avec différents clans. Les grandes décisions historiques – que l’on parle de la guerre du Viêt-Nam ou bien, un sujet qui m’intéresse, des raisons pour lesquelles l’esclavage et la ségrégation ont perduré si longtemps dans le sud des États-Unis, où j’ai grandi – ne peuvent jamais s’expliquer par un seul facteur. La plupart du temps, elles ont de multiples raisons. Mais vous aviez, dans les années 90, des gens qui croyaient naïvement que c’était le moment, pour un après-guerre froide durable, d’un partenariat stratégique et d’amitié d’égal à égal, entre américains et russes. C’était des romantiques, pour ainsi dire.

De ce côté-ci de l’océan ?

Je pense qu’il y a des gens qui y ont cru. Tout comme il y a des gens qui croient que promouvoir la démocratie est une noble mission – certains de mes étudiants s’y sont lancés. Ils y croient : c’est une bonne chose. Pourquoi ne pas aider les bons pays à aboutir à la démocratie ? Le mauvais côté de la promotion de la démocratie ne leur apparaît pas, ils ne le conceptualisent pas. Les gens sont tous différents. Je ne les juge pas trop durement pour leurs croyances.

Il y en a d’autres qui disaient que la Russie allait se réveiller, et que nous devions faire en sorte que ça n’arrive pas. Pour ce faire, nous devions notamment dépouiller la Russie de l’Ukraine ; c’était Brzezinski qui l’avait écrit. A un moment, à cette époque-là il avait écrit que la Russie avec l’Ukraine était une puissance impériale, mais que sans l’Ukraine, c’était un pays normal. Mais il y avait aussi des gens à Washington, ceux-là même que j’ai entendus en privé dire “la Russie est tombée et nous ferons tout pour qu’elle ne se relève pas”. Ce sont eux qui ont “bourré le crâne” de l’administration Clinton et cela a clairement favorisé l’expansion de l’OTAN.

Ils se servent de l’excuse que tout le monde veut devenir membre de l’OTAN. Comment peut-on leur refuser ce droit ? C’est très simple. Les gens disent que tous les pays qui présentent les qualités requises ont le droit de rejoindre à l’OTAN. Non, ils n’en ont pas le droit. Ce n’est pas une chambre de commerce. Ce n’est pas une fraternité ouverte à tous. C’est une organisation de sécurité, et le seul critère pour en devenir membre devrait être « Est-ce que le pays postulant renforce la sécurité des autres pays-membres ? » La crise ukrainienne qui est la pire crise internationale de notre époque prouve sans l’ombre d’un doute que l’expansion brouillonne de l’OTAN a grandement compromis la sécurité internationale. Point barre. Ils prennent l’OTAN pour quoi ? Un club de retraités où on obtient des ristournes sous forme de subventions militaires américaines ? Cet argument est dingue !

Mais là, vous avez ces types qui sont soit des russophobes, soit d’éternels combattants de la guerre froide, ou encore de profonds stratèges. Vous vous souvenez, quand [Paul] Wolfowitz a écrit un article disant qu’il fallait ôter toute possibilité à la Russie de redevenir un jour une grande puissance ? Ces types parlaient tous comme…

Cela renvoie à votre comparaison avec le Japon en 1945.

La question est pourquoi Clinton a marché. Ce qui nous mène à Strobe Talbott. Strobe était un disciple d’Isaiah Berlin, qui enseignait que pour comprendre la Russie, il faut en comprendre l’histoire, la culture et la civilisation. Et certainement, si on avait suivi son enseignement, on n’aurait jamais, comme l’a dit George Kennan en 1996 ou 1997, on n’aurait jamais eu l’idée d’élargir l’OTAN. J’ai connu George à Princeton où j’ai passé 30 ans. La façon qu’avait George de se comporter avait de quoi inquiéter, mais sur la Russie il avait une idée très importante. La Russie avance à son propre rythme, laissez-la, n’intervenez pas ou vous empirerez les choses. Soyez patients, comprenez l’histoire russe, les forces en présence en Russie. C’était la position d’Isaiah Berlin. Cela a été parfois la position de Strobe. Regardez Strobe Talbott aujourd’hui : nous devons envoyer des armes et renverser Poutine pour changer la position de la Russie. Il n’y a plus que de l’ingérence.

Comment a-t-il fait ce cheminement ?

On dit que le pouvoir corrompt, ou du moins change les gens. Il avait été le coturne de Clinton à Oxford et a terminé sa carrière à la Maison-Blanche comme conseiller sur la Russie, un type très brillant. Je crois que la Russie l’a déçu. On constate parmi les observateurs de la Russie que vous vous créez une vue de l’esprit qui devient votre Russie. Et quand la Russie vous déçoit, vous ne lui pardonnez pas. Regardez Fred Hiatt du Washington Post. Fred écrivait depuis Moscou, durant les années 90, que la démocratie allait être formidable. Comme l’écrivaient tous les autres, qui sont encore aujourd’hui éditorialistes. La Russie les a déçus. Ils ne peuvent pas davantage lui pardonner qu’ils le feraient à leur ex-femme de les avoir trompés. Ils ne peuvent pas penser dans un autre cadre. C’est un phénomène, probablement pas seulement américain, mais particulièrement américain. Vous ne pouvez pas entamer une discussion avec ces gens qui adhéraient à la Russie d’Eltsine dans les années 90 et qui étaient persuadés que, bien que le chemin soit cahoteux comme ils disaient… « Une croisade manquée » (Failed Crusade : America and the Tragedy of Post-Communist Russia) traite de cela. Ils ne peuvent pas s’en remettre.

C’était aussi lié en partie à Elstine. Il était tellement prêt à tout, pour gagner non seulement la réassurance, mais aussi l’affection américaine. Il se sentait si peu sûr de lui, alors que sa santé se dégradait et qu’il était de plus en plus prisonnier des oligarques, qu’il voulait être aussi important que Gorbatchev pour Washington. Il était virtuellement sur le point de leur donner tout ce qu’ils voulaient, de dire ce qu’ils voulaient, jusqu’à ce qu’arrive la guerre en Serbie. Alors, il a réalisé que Washington avait un ordre du jour et que l’expansion de l’OTAN en faisait partie, mais il était déjà trop tard, il était à bout.

Plus tard, quand Dimitri Medvedev était président [2008-12], je crois, il a dit à un groupe de personnes qu’en fait Elstine n’avait pas gagné l’élection, que c’était Gennadi Zyouganov, leader du parti communiste, qui l’avait gagnée. En supposant que Medvedev ne mentait pas et en supposant qu’il était en position de le savoir, toutes ces palabres sur le soutien américain à la démocratie, quand on parle de la Russie, sont, au minimum, disons, complexes.

Parlons de Poutine. Quelle est votre vision ? Que tente-t-il d’accomplir ?

Il est impossible de répondre brièvement ou simplement. C’est un autre cours de fac, c’est un livre pour quelqu’un de bien plus intelligent que moi. Je laisse les historiens en juger.

J’ai écrit un article en 2012, je crois, intitulé « La Diabolisation de Poutine », montrant que la plupart des allégations au sujet de Poutine étaient pratiquement sans fondement, rendant pour Washington toute analyse rationnelle des affaires intérieures et extérieures russes impossible, parce que tout passait par le filtre de la diabolisation. Je disais que si nous n’arrêtions pas, cela allait empirer jusqu’au point où nous deviendrions comme des accros à l’héroïne qui n’ont pas eu leur dose, incapables de penser à quoi que ce soit sauf à notre obsession pour Poutine. Nous ne pourrions plus réfléchir à d’autres problèmes. Ce moment est arrivé. L’article a été refusé par le New York Times alors qu’un éditeur que je connaissais l’a publié sur Reuters.com.

Toute l’histoire [commence] quand Poutine est arrivé au pouvoir, promu par Eltsine et les gens de son entourage, qui étaient tous liés à Washington. Parmi ces gens à Moscou, Anatoly Tchoubaïs, qui avait supervisé les privatisations, avait des relations avec le FMI et avait beaucoup favorisé la corruption. Il était venu aux États-Unis nous assurer que Poutine était un démocrate, bien qu’il ait été au KGB.

Quand il est arrivé au pouvoir, le Times tout comme le Post ont écrit que Poutine était démocrate et, encore mieux, qu’il était sobre, contrairement à Eltsine. Comment sommes-nous passés de 2000 à maintenant, où il est Hitler, Saddam, Staline, Kadhafi, et qu’il incarne tous ceux dont nous devons nous débarrasser, quand nous savons qu’il a tué Boris Nemtsov parce que du pont où Nemtsov a été tué [le 27 février] on peut voir le Kremlin ? Eh bien, rappelez-vous Sarah Palin qui pouvait voir la Russie depuis l’Alaska ! C’est absurde. Mais la diabolisation de Poutine est devenue une institution en Amérique. C’est littéralement une institution politique, qui empêche de tenir le type de discussion que vous et moi avons maintenant.

Kissinger était du même avis. Il a écrit, il me semble que c’était l’année dernière, que « La diabolisation de Poutine n’est pas une politique. C’est un alibi pour ne pas avoir de politique. » C’est à moitié correct. C’est bien pire maintenant, parce qu’ils avaient vraiment une politique. Et cette « politique » qui germait dans certains esprits consistait à chercher comment se débarrasser de Poutine. La question est « sont-ils en capacité de prendre des décisions ? » Je ne le pensais pas, mais maintenant je n’en suis pas si sûr, parce que dans beaucoup de ce qui émane de Washington, y compris du département d’état, il ressort que Poutine doit s’en aller.

J’ai posé une question rhétorique il y a plusieurs années sur ces changeurs de régime : avez-vous pensé à ce qui arriverait en Russie dans l’éventualité d’un changement de régime ? Si ce que vous dites est vrai, si Poutine est le pivot du système, alors quand vous enlevez Poutine le système entier s’écroule. La Russie dispose de toutes sortes d’armes de destruction massive en quantités énormes. Quelle serait, pour le reste du monde, la conséquence de cette prétention de votre part, de nous débarrasser de Poutine ?

Il faut donc comprendre ce phénomène Poutine. Comment est-il passé de démocrate certifié à, maintenant peut-être, le pire dirigeant russe depuis Ivan le Terrible ? Comment l’expliquez vous ? Est-ce que cela nous en dit plus sur Poutine, ou sur nous ?

Je pense que son péché est d’avoir un point de vue inacceptable sur, disons à grands traits, l’esprit oriental opposé à l’esprit occidental, et plus précisément un rejet du modèle néo-libéral style Washington. Bien qu’il doive résoudre beaucoup de problèmes, je pense, à cet égard, qu’il n’est pas dogmatique dans son action. À quoi fait-il face en interne ? Qu’essaie-t-il de faire ?

Laissez-moi vous dire rapidement. Quand j’interroge les russes, ils pensent que la réponse se trouve dans la jalousie présidentielle américaine. Nos derniers présidents ne se sont guère distingués. Clinton est parti quasiment en disgrâce, Bush est parti mal-aimé à la suite d’une guerre dans laquelle il nous a entraînés et au sujet de laquelle il nous a menti, Obama est comme chacun peut le constater un président affaibli, en échec. Et en face, nous avons Poutine dont la stature ne cesse de s’affirmer depuis 15 ans maintenant.

Soit dit en passant, il a été, sans aucun doute, ce jusqu’à récemment, l’homme d’état européen le plus influent de son temps. Au 21e siècle, seule Merkel peut se comparer à lui comme homme d’état européen, que l’on apprécie ou pas ce que fait un homme d’état. Sans vouloir “botter en touche”, laissons l’histoire en juger. D’ici X années, quand nous aurons, comme disait Lénine, atteint la majorité, les historiens regarderont sans aucun doute avec le recul les côtés positifs et négatifs, et ça va être un match serré.

En ce qui concerne ma version à court terme sur Poutine, il a été mis au pouvoir pour sauver la famille Eltsine de procès en corruption et le premier décret qu’il a signé en devenant président a exempté ladite famille Eltsine de toute poursuite ultérieure. Il s’y est tenu, en passant. En Russie, un des reproches contre Poutine est qu’il est loyal à l’extrême à ses amis et à ses subordonnés ; il ne peut pas se faire à l’idée de virer quelqu’un. Ce doit être son code d’honneur du KGB, ça me plaît assez en fait. J’aime mieux ça que des gens qui vous poignardent dans le dos…

Selon ma conception, indépendamment des raisons et circonstances de l’accession de gens au pouvoir, une fois en responsabilité ils commencent à réfléchir à la nature de leur mission, à ce que l’histoire attend d’eux. Pour Poutine c’était tout à fait clair : l’état russe s’était effondré deux fois au 20e siècle. Pensez à ce que cela signifie. L’état russe s’était effondré pendant la révolution de 1917, et en 1991, ce n’est pas l’Union soviétique qui s’est effondrée en 1991 – elle a été dépecée – et le résultat était ce que les russes appellent “smouta”, un temps de troubles. Cela signifie la misère ; cela signifie l’invasion étrangère, la guerre civile ; cela signifie que les gens tombent dans la pauvreté. Voilà la Russie dont Poutine a hérité. Souvenez-vous, quand il est arrivé au pouvoir en 2000, la Russie était sur le point de s’effondrer une troisième fois suite à la politique d’Eltsine. Les gouverneurs étaient corrompus, n’obéissaient pas à la loi, ne payaient pas d’impôts, dirigeaient des fiefs criminels dans beaucoup de régions. La Russie était terriblement vulnérable, l’OTAN s’étendait, la Russie n’avait aucune influence au plan international.

Poutine arrive au pouvoir et se rend compte que sa première mission est de mettre un terme à l’effondrement de l’état russe – qu’il appelle vertical, parce que la Russie était toujours dirigée de haut en bas, ce qui l’a rendue ingouvernable parce qu’elle est si étendue – et, surtout, de s’assurer que rien de pareil n’arrive jamais de nouveau. Dans l’histoire de la Russie, la pire chose qui puisse lui arriver est la smouta, quand l’état s’effondre. Pensez-y un peu : en 1917 et 1991, c’est arrivé deux fois au plus vaste territoire du monde. Y a-t-il un précédent à cela dans l’Histoire ? Comment un dirigeant qui accède au pouvoir ne pourrait-il pas s’en apercevoir ?

La suite de cet entretien sera publiée la semaine prochaine.

Source : Salon, le 16/04/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-new-york-times-se-borne-a-reecrire-tout-ce-que-disent-les-autorites-de-kiev/


Loi renseignement 1 : bon, ben, à peu près tous les gens sérieux sont contre…

Wednesday 6 May 2015 at 03:00

Donc 3 fois rien en terme d’opposition à cette loi liberticide :

Loi Renseignement : un « mensonge d’État » pour le bâtonnier de Paris

“Dans Le Figaro, le bâtonnier des avocats de Paris, Me Pierre-Olivier Sur, dénonce le projet de loi Renseignement qu’il voit comme un « mensonge d’État » Il estime que le Conseil constitutionnel devrait la censurer.  Les mots sont forts, à la veille du vote solennel du projet de loi Renseignement à l’Assemblée Nationale. Alors que le ministère de l’Intérieur fait tout son possible pour tenter de rassurer sur le contenu du texte, quitte à tordre le coup à la vérité et à faire dire à la jurisprudence le contraire de ce qu’elle dit, le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur a porté un coup très dur ce lundi dans Le Figaro.

« Ce projet de loi est un mensonge d’État », dénonce le représentant des avocats de Paris, pas du tout séduit par la communication gouvernement et élyséenne. « Le président de la République l’a présenté lui-même récemment à la télévision comme un texte essentiel pour lutter contre le terrorisme, alors qu’il va s’appliquer bien au-delà, à beaucoup d’autres domaines. Ce projet menace gravement les libertés publiques », dénonce-t-il. Pour Me Sur, « ce texte est un fourre-tout où domine l’arbitraire ». Entre autres reproches : « Jusqu’à présent, dans le cadre d’une enquête, on ciblait, on isolait la cible suspecte avant de la placer sous contrôle. A l’avenir, on écoutera d’abord tout le monde, sur parfois de vastes zones géographiques. On va inverser la méthode. La nouvelle logique sera celle de l’entonnoir. C’est dangereux ».L’avocat en appelle au Conseil constitutionnel, dont on sait qu’il sera saisi à la fois par le président François Hollande et par des députés, et « ne pense pas que les Sages laisseront passer cette illégalité », en parlant de l’exclusion de l’autorité judiciaire dans le mécanisme d’autorisation des mises sur surveillance. « Au nom des libertés publiques, ils devraient la censurer ».”

Source : Numerama

L’Ordre des avocats réclame la présence du juge dans la loi Renseignement

“L’Ordre des avocats de Paris s’alarme des dispositions prévues dans le projet de loi sur le renseignement. La mise à l’écart de l’ordre judiciaire est pointée du doigt, ainsi que l’absence de protection pour certaines professions sensibles. Présenté ce jeudi matin en conseil des ministres, le projet de loi sur le renseignement s’est déjà de nombreux adversaires dans la société civile, ainsi que dans les institutions chargées de rappeler la règle de droit à l’exécutif. Ainsi, la Quadrature du Net, la CNIL et le Conseil national du numérique n’ont pas retenu leurs coups contre le texte défendu par Manuel Valls.

Cette fois, c’est au tour de l’Ordre des avocats de Paris de monter au créneau.”

Source : Numerama

Blocages sans juge : le Syndicat de la Magistrature « préoccupé »

“Réagissant aux premiers blocages de sites internet ordonnés par le ministère de l’intérieur, le Syndicat de la Magistratureconstate les « conséquences préoccupantes » du pouvoir de censure confié à l’État en dehors de toute procédure judiciaire. On pensait ce type de mesures réservées aux états totalitaires, mais elles sont désormais appliquées en France, sans que ça ne soulève d’émotion particulière dans un pays qui se gargarise pourtant d’enseigner à ses enfants les vertus de la séparation des pouvoirs et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Plusieurs sites internet ont été bloqués en France sur simple ordre du ministère de l’intérieur, sans aucune vérification préalable de leur illégalité par l’autorité judiciaire, sans aucune démonstration de leur illégalité, et alors-même qu’au moins l’un d’entre eux fait peser le lourd soupçon d’une censure politique digne des lettres de cachet auxquelles avait mis fin un roi à qui les révolutionnaires ont coupé la tête. On en perdrait ses repères, si tant est qu’il en existe encore.”

Source : Numerama

Marc Trévidic (juge anti-terroriste 2006-2015) : « Ce n’est pas la vérité qu’on cherche dans l’anti-terrorisme »

“Il n’y a pas plus expert que lui en France dans le domaine de la lutte judiciaire contre le terrorisme, mais c’est un juge désabusé qui s’est présenté mardi aux micros de RTL. Il confirme que toutes les lois qui se basent sur l’accusation de terrorisme, telles celles qui permettent de censurer ou de surveiller, sont des instruments dangereux pour la démocratie qui laissent beaucoup trop de place aux manipulations politiques. Lors de l’examen en 2014 du projet de loi anti-terrorisme qui prévoyait de confier à l’État les pouvoirs d’ordonner à Google de censurer des sites dans ses résultats de recherches, ou de permettre à la police d’ordonner aux FAI de bloquer l’accès à des sites sur la base de simples accusations d’apologie du terrorisme ou de provocation à commettre des actes de terrorisme, Numerama avait immédiatement mis en garde contre le risque de manipulations politiques. Il suffit en en effet de lire l’article 412-1 du code pénal pour voir la grande marge de manœuvre offerte qui ceux qui doivent dire ce qu’est le terrorisme, et donc pour prendre conscience du danger à confier ce pouvoir à l’exécutif plutôt qu’au judiciaire.”

Source : NumeramaVidéo Interview

“Le juge antiterroriste, Marc Trévidic, revient sur le danger du projet de loi sur le renseignement…  TOUT LE MONDE est contre ce truc à part une poignée d’idiots du village et le Daesh.

Faut qui maintenant pour dire que c’est de la merde ? Le Pape ? Kim Jung Un ? Superman ? La Fée Clochette?”

Source : KorbenVidéo Interview

Loi Renseignement : la CNIL s’énerve

La CNIL n’a pas mâché ses mots contre le projet de loi sur le renseignement. Dans son avis, l’autorité souligne en particulier les « conséquences particulièrement graves sur la protection de la vie privée et des données personnelles » que ce texte va entraîner. Dévoilé par la presse cette semaine, le nouveau projet de loi sur les services de renseignement porté par le premier ministre Manuel Valls réserve des propositions inadmissibles qui auraient été tout simplement impensables il y a quelques mois, lorsque la raison n’avait pas encore cédé le pas à l’émotion. Alors qu’un précédent texte (la loi anti-terroriste) a déjà largement accru les capacités des services de l’État, cette nouvelle législation veut désormais officialiser des techniques très intrusives opérées par les services qui jusqu’à présent agissaient sans cadre de contrôle. Comme toujours, en matière de surveillance, le gouvernement veut aller toujours plus loin. Trop loin.”

Source : Numerama

Loi sur le renseignement : la CNIL a-t-elle été écoutée ?

“La CNILa rendu public son avis consultatif sur l’avant-projet de loi sur le renseignement (voir notre actualité). Le projet étant maintenant finalisé, est-ce que ses recommandations ont été suivies d’effets ? Des pistes de réponses.La CNILn’a pas été écoutée

La CNILn’a pas été écoutée lorsqu’elle regrettait que la « donnée personnelle » ne soit pas inscrite dans le premier article du texte, où sont rappelées l’importance du respect de la vie privée, du secret des correspondances et de l’inviolabilité du domicile (p.3 de l’avis).

La CNILn’a pas été spécialement suivie dans ses réserves. Elle s’inquiétait en effet de l’allongement substantiel de la durée de conservation des données de connexion associées aux écoutes ou interceptions (p.6 de l’avis).

[…] Dans un communiqué, publié hier, la CNIL promet d’être désormais attentive aux «  suites de ce texte, notamment sur les modalités de contrôle des fichiers de renseignement ». Dans son avis du 5 mars, elle avait réclamé en effet que ces fichiers sous secret défense puissent être mieux contrôlés, idéalement par ses soins. « Le contrôle de ces fichiers constitue une exigence fondamentale afin d’asseoir la légitimité de ces fichiers dans le respect des droits et libertés des citoyens » justifie-t-elle. Seulement, elle l’admet sans détour : la proposition « n’a pour l’heure pas été suivie d’effet ».

Source : Next INpact

La Cnil demande en vain à mieux contrôler les fichiers du renseignement

“A l’occasion de la présentation de son bilan annuel, la Cnillivre à nouveau son sentiment au sujet du projet de loi relatif au renseignement. L’autorité demande plus de contrôles sur les fichiers dans lesquels seront stockées les informations personnelles. La Cnil renouvelle ses critiques à l’égard du projet de loi relatif au renseignement. L’institution s’inquiète du manque de contrôle prévu quant à l’accès aux fichiers constitués par les services du renseignement. « Nous avons demandé à pouvoir exercer un contrôle sur les fichiers déjà constitués mais cela nous a été refusé », estime Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la commission. Si l’actualité permet àla Cnil de s’exprimer, l’organisme agit dans un contexte d’augmentation de son activité. Dans son bilan pour 2014, la commission explique que pas moins de 11.000 demandes individuelles lui ont été adressées. Dans ce chiffre, 39% concerne la réputation en ligne. Les demandes relatives à l’accès à des fichiers de police, de gendarmerie ou de renseignement sont en progression de 22%.”

Source Clubic

Projet de loi sur le renseignement : tous les points noirs dénoncés par la CNIL

“Comme Le Monde, nous avons pu nous procurer l’avis de la Commissionnationale de l’informatique et des libertés visant le projet de loi sur le renseignement, pour y revenir profondément. Objectif ? Opposer cet avis à l’une des versions du projet de loi désormais à l’air libre (le texte en PDF), en fait avant son analyse par le Conseil d’État. Après la loi de programmation militaire, celle contre le terrorisme, ce projet de loi sur le renseignement a été présenté ce matin en Conseil des ministres, avant son dépôt à l’Assemblée nationale, accompagné de l’avis du Conseil d’État. Le vote suivra dans quelques semaines. Son objectif ? Une profonde mise à jour des règles encadrant, parfois mal, les pratiques du renseignement. Cet « update » serait, aujourd’hui même, d’une impérieuse nécessité, selon l’exécutif : assurer la protection de l’État, celle des agents qui flirtent avec l’illicite, mais également les citoyens. Dans son avis,la CNIL ne dit pas autre chose : « les dispositions projetées doivent (…) permettre d’encadrer juridiquement les pratiques des services de renseignement pouvant porter atteinte à la vie privée et d’assurer ainsi la licéité de la collecte et de l’exploitation de l’ensemble des informations recueillies par l’intermédiaire de ces techniques ».”

Source : Next INpact – Texte en PDF – Next INpact 2

#LoiRenseignement : des députés et magistrats craignent une surveillance généralisée

“Alors que le projet de loi sur le renseignement s’apprête à être discuté en séance publique par les députés, le Syndicat de la magistrature et la « Commission numérique » de l’Assemblée nationale viennent de rendre deux avis pour le moins inquiétants à l’égard du texte élaboré par l’exécutif. Tour d’horizon.

La crainte d’une marche progressive vers une surveillance généralisée Le socialiste Christian Paul, co-président de la « Commission numérique », composée pour moitié de députés et de personnalités de la société civile (Edwy Plenel, Philippe Aigrain, Henri Verdier…), avait promis que la recommandation de l’institution serait présentée avant le début des débats dans l’hémicycle, le 13 avril. Destiné à aiguiller les parlementaires, le texte présenté hier soir ne remet pas en cause la nécessité d’actualiser la législation applicable au renseignement, mais estime que la copie du gouvernement mériterait d’être revue à de nombreux égards. D’entrée, les membres de la commission tiennent à « mettre en garde contre le risque d’aller, pas à pas, d’une surveillance ciblée à une surveillance généralisée ». Le ton est donné. « La légalisation de pratiques de surveillance jusqu’alors peu encadrées ne doit pas être l’occasion d’étendre à l’excès le périmètre de cette surveillance, sauf à remettre en cause l’équilibre entre les libertés fondamentales à protéger » poursuit l’avis.”

Source : Next INpact

Loi Renseignement : l’ARCEP craint des effets néfastes sur le réseau

“Le gendarme des télécoms a analysé le projet de loi sur le renseignement. Pour l’autorité des télécommunications, des effets nuisibles sur le réseau sont à craindre. À l’occasion du projet de loi sur le renseignement qui a été présenté jeudi en conseil des ministres, l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) a été consultée par le gouvernement sur les effets qu’un tel texte pourrait avoir sur le réseau. Rendu public ce vendredi, l’avis (PDF) du gendarme des télécommunications soulève plusieurs problématiques.L’autorité dirigée par Sébastien Soriano relève par exemple que “la mise en oeuvre de certaines techniques de recueil de renseignements serait susceptible d’avoir un impact sur l”intégrité et la disponibilité des réseaux ou sur la qualité des services de communications électroniques”. En filigrane, c’est la détection par algorithmes des menaces terroristes, prévue dans l’article 2 du texte, qui suscite l’inquiétude.”

Source : Numerama

Loi sur le renseignement : “Un danger, même aux mains de républicains

“Le président de l’actuelle Commission de contrôle des services de renseignement s’inquiète du projet de loi en la matière, depuis les “boîtes noires” jusqu’à la future commission. Interview. Jean-Marie Delarue, président dela Commission nationale de Contrôle des Interceptions de Sécurité (CNCIS), s’inquiète du projet de loi sur le renseignement, qui doit être voté à l’Assemblée mardi 5 mai. Il s’explique.”

Source : L’Obs

La Loi Renseignement fusillée par le gendarme du renseignement !

“Jean-Marie Delarue, président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), qui a en charge de contrôler les demandes des services de renseignement, est vent debout contre le projet de loi Renseignement. Pas seulement parce qu’il supprime la CNCIS, mais parce qu’il bafoue nombre de garanties pour la protection des libertés. L’article que nous publiions ce matin sur les conflits d’intérêts de Jean-Jacques Urvoas (rapporteur d’un projet de loi sur le renseignement qui supprime la CNCIS dont il est l’un des trois membres, pour la remplacer par une nouvelle autorité dont il pourrait devenir membre), n’a pas suscité de grandes réactions. Mais l’interview cinglante accordée à AEF par le président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), Jean-Marie Delarue, pourrait achever de convaincre ceux qui douteraient encore qu’il y a bel et bien un problème.”

Source : Numerama

Le CNNum fustige à son tour le projet de loi Renseignement

“Comme la CNIL, mais avec moins de précautions oratoires, le Conseil National du Numérique (CNNum) a lui aussi critiqué l’orientation prise par le Gouvernement avec son projet de loi Renseignement, qui va bien au delà du meilleur encadrement qui était promis. Après la CNIL qui a émis de nombreuses réserves, c’est le Conseil National du Numérique (CNNum) qui tire à boulets rouges sur le texte qui renforce les prérogatives des services de renseignement en leur offrant de nouveaux outils légaux, en échange de quelques améliorations (mais aussi de reculs) sur la garantie des droits. Dans un communiqué, le CNNum qui n’a pas été consulté “déplore le projet d’étendre de manière significative le périmètre de la surveillance, sans que cette extension ne s’accompagne de garanties suffisantes en termes de libertés”.”

Source : Numerama

Projet de loi relatif au renseignement : un texte mortifère 

“Le projet de loi relatif au renseignement présenté par le premier ministre, le garde des Sceaux, le ministre de la défense et le ministre de l’intérieur, est mortifère au plan des libertés individuelles et des libertés publiques.

Ce texte doit être condamné ne serait-ce que parce qu’il procède d’un gouvernement en fin de règne qui tente de trouver une nouvelle légitimité par l’intrusion dans la vie privée et professionnelle notamment des professionnels bénéficiant ou assujettis au secret professionnel et nourrissant la prétention de surpasser cette fatalité qui place sa raison d’être dans l’inauguration des chrysanthèmes.

Rappelons les propos du député Jean-Jacques Urvoas, rapporteur du projet, au Journal du Dimanche du 23 mars citant le premier ministre sur la présence actuelle d’une « zone grise » où apparemment les services spécialisés de renseignement ont toute liberté pour agir.”

Source : Dalloz

Même la CGT Police dénonce la Loi Renseignement !

“La liste des contempteurs du projet de loi sur le renseignement s’allonge. Cette fois, c’est le syndicat CGT de la police de Paris qui prend position contre le texte. Combien faudra-t-il d’opposants au projet de loi sur le renseignement pour que le gouvernement accepte de revoir sa copie ? Depuis sa présentation en conseil des ministres, le texte défendu par Manuel Valls est la cible de très nombreuses critiques. Car si le but est de donner enfin un cadre légal aux pratiques des services secrets, les contours de celui-ci sont beaucoup trop étendus.”

Sources : NumeramaZdnet

Loi Renseignement : L’Europe déjuge le gouvernement

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté un rapport appelant à la création d’un «Code du renseignement», jugeant que l’initiative française allait dans «la mauvaise direction». François Hollande a saisi le Conseil constitutionnel. C’est pour éviter des programmes de surveillance massive du type de ceux pratiqués par la NSA et révélés par Edward Snowden que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté un rapport appelant à la création d’un «Code du renseignement». Cette assemblée siégeant à Strasbourg, où siègent les législateurs de 47 pays, ont approuvé un rapport de 40 pages intitulé «les opérations de surveillance massive». Le texte dénonce ainsi les mesures prévues en France par la future loi sur le renseignement présentée par Manuel Valls. Le chrétien-démocrate néerlandais Pieter Omtzigt, rapporteur du texte, estime que les discussions sur la loi renseignement examinée par l’Assemblée nationale en France allaient dans «la mauvaise direction». Il a ajouté que «la surveillance de masse est inefficace dans la lutte du terrorisme».”

Source : Russia Today

Le Commissaire s’inquiète des nouvelles mesures antiterrorisme

Je m’inquiète de l’approche strictement sécuritaire qui caractérise les discussions et les textes de loi visant à renforcer la lutte contre le terrorisme. Le blocage de sites Internet sans autorisation judiciaire préalable, dont la mise en œuvre a récemment débuté en France, est un exemple clair des risques que ces mesures représentent pour les droits de l’homme, en particulier pour la liberté d’expression et le droit de recevoir et de communiquer des informations.

Je suis, en outre, très préoccupé par les propositions actuellement débattues dans plusieurs pays européens visant à renforcer les pouvoirs des services de sécurité en matière de surveillance des individus sans contrôle judiciaire préalable. Si elles sont adoptées par le législateur, ces propositions risquent d’avoir des effets liberticides et de créer un climat social néfaste, dans lequel tous les individus sont considérés comme des suspects potentiels.

Le respect de la vie privée est un droit de l’homme, auquel il ne doit pas pouvoir être porté atteinte si facilement. Les États ont, bien sûr, le devoir d’assurer la sécurité au sein de leurs frontières. Mais la réponse à la question de savoir comment concilier sécurité et respect  des droits de l’homme doit résulter d’un débat ouvert, démocratique et tirant les enseignements de la «guerre contre le terrorisme » menée au cours de ces quinze dernières années, qui a montré que limiter des droits de l’homme afin de lutter contre le terrorisme est une grave erreur et une mesure inefficace pouvant même aider la cause des terroristes.”

Source : Conseil de l’Europe

Non la vie privée ne doit pas s’effacer au nom de la sécurité

“Législation : Sécurité et cybersécurité ne peuvent pas être un prétexte pour affaiblir la protection des données personnelles, juge le monsieur vie privée de l’Europe. Mais pour le gouvernement français, si c’est possible car la vie privée ne relève pas des libertés individuelles. Non la vie privée ne doit pas s’effacer au nom de la sécurité -  La vie privée a été longuement évoquée par les députés et ministres français dans le cadre de l’examen à l’Assemblée du projet de loi renseignement. Et pour défendre le texte, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a exclu du champ des libertés individuelles le droit à la vie privée. Une façon pour le membre de l’exécutif de faire primer les questions de sécurité sur celles relevant de la confidentialité des données. Cette ligne, le Contrôleur Européen de la Protection des Données Personnelles, Giovanni Buttarelli, ne la partage pas – « La cybersécurité ne doit pas devenir une excuse » Et il a profité d’une conférence à Bruxelles pour le rappeler. « L’objectif de la cyber sécurité peut être détourné pour justifier des mesures qui affaiblissent la protection de [la protection des données] droits » a-t-il observé, comme le rapporte The Register « La cybersécurité ne doit pas devenir une excuse pour le traitement disproportionné de données personnelles » a ajouté Giovanni Buttarelli. Mais en France, Bernard Cazeneuve, lui, ne voit pas le problème.”

Source : ZDNet

La loi sur le renseignement pourrait mener à un État de surveillance, selon Human Rights Watch

“L’ONG a peur que le projet français fasse jurisprudence de façon néfaste vis-à-vis d’autres pays en instituant une surveillance de masse abusive et secrète. Un Patriot Act à la française. Pour l’ONG internationale Human Rights Watch, le projet de loi français sur le renseignement va clairement dans la direction déjà empruntée par les Etats-Unis. Et donne un mauvais signal au reste du monde. C’est la raison pour laquelle l’organisation s’est fendue d’un communiqué de presse cinglant au sujet de ce texte.”

Source : 01Net - HRW

LDH : « tous surveillés »

La LDH a publié un Communiqué par le biais de l’Observatoire des libertés et du numérique (OLN). « Les dispositions du projet de loi sur le renseignement ne peuvent être votées en l’état ».

« (…) Ce projet de loi installe un dispositif pérenne de contrôle occulte des citoyens dont il confie au pouvoir exécutif un usage quasi illimité. Il est à ce titre inacceptable. Seul un véritable contrôle a priori de techniques de renseignement proportionnées et visant un objectif strictement défini relevant de la sécurité nationale, restera respectueux des droits fondamentaux.

L’Observatoire des libertés et du numérique appelle les citoyens et les parlementaires à se mobiliser pour conduire ce projet vers sa seule finalité légitime : mettre les dispositifs d’encadrement de la surveillance et du renseignement en adéquation avec les exigences de l’Etat de droit(…) »

Un nouveau communiqué commun de la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Ligue des droits de l’Homme (LDH), Reporters sans frontières, Amnesty International et Privacy International est venu compléter le premier :

« Inquiétude des organisations des droits de l’Homme face à un projet de loi visant à donner aux agences de renseignement de nouveaux pouvoirs qui ne sont pas sans danger »”

Source : Reflets

Allez à une manifestation sportive, vous serez fiché !

“La Ligue des droits de l’Homme a saisi le Conseil d’Etat d’un recours au fond et afin de suspendre dès à présent l’arrêté du 15 avril 2015 portant autorisation d’un traitement automatisé de données à caractère personnel, dénommé « fichier Stade », publié le 23 avril 2015 au Journal officiel.

Ce fichier autorise le fichage de tous ceux et celles, et des personnes en relations directes avec elles, que les forces de l’ordre auront qualifié de « supporters », et, cela, à Paris et dans les départements limitrophes.

Il autorise le recueil d’informations de tous ordres, y compris quant à l’apparence physique mais aussi sur les réseaux sociaux et les blogs concernant ces personnes.

Autant dire que quiconque (au-dessus de 13 ans…) se rendant au stade, sa famille, la voiture qui le transporte, etc., tombe sous le coup de ce fichage et devient, aux yeux du ministère de l’Intérieur, un suspect potentiel.

Confondant ainsi suspect de terrorisme et supporters sportifs, le ministère de l’Intérieur peaufine son fichage généralisé de la population dans une sorte de boulimie dont les libertés individuelles sont les premières victimes.

Ayant sans doute besoin de supplétifs, le ministère de l’Intérieur autorise la divulgation de ces informations et leur utilisation au profit de personnes de droit privé que sont les fédérations sportives agréées.

Enfin, satisfaisant de cette manière aux pratiques antérieures et illégales du PSG, le ministère de l’Intérieur réserve un sort particulier aux supporters de cette équipe en autorisant leur fichage spécifique dans toutela France.

Une telle démesure, qui allie ridicule, arbitraire et volonté de mettre la population entière sous contrôle, ne peut que conforter l’inquiétude de tous ceux et celles qui voient dans les projets gouvernementaux actuellement débattus au Parlement et dans les pratiques du ministère de l’Intérieur, la marque d’une société où la sûreté, dont doivent bénéficier tous les citoyens, n’est plus garantie.

C’est pourquoi,la LDHespère que le Conseil d’Etat mettra un terme à cet usage dévoyé des pouvoirs qu’une loi, déjà imparfaite, reconnaît aux pouvoirs publics.”

Source LDH

Avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme  sur le projet de loi relatif au renseignement

“Paris, le 16 avril 2015 – La Commission nationale consultative des droits de l’homme, rend aujourd’hui un avis sévère sur le projet de loi relatif au renseignement. Le 19 mars 2015, un projet de loi relatif au renseignement a été adopté en Conseil des ministres. Le même jour, le Gouvernement a décidé d’engager la procédure accélérée réduisant l’examen du texte à une seule lecture par chaque assemblée. Le débat devant l’Assemblée nationale s’est ouvert dès le 13 avril, soit, pour un texte particulièrement long et compliqué, moins d’un mois après l’aval du Conseil des ministres. Une nouvelle fois, la CNCDH constate une précipitation injustifiée dans une matière très technique et extrêmement sensible pour les libertés publiques et les droits fondamentaux. Cette accélération de la procédure législative restreint considérablement le temps de réflexion et de maturation nécessaire au débat démocratique et nuit, comme chacun le sait, à la qualité de la loi. « Il n’est pas question de nier que la grande criminalité est un défi pour nos démocraties, mais la CNCDH se doit de réaffirmer avec force que les États ne sauraient prendre, au nom d’intérêts considérés à juste titre comme primordiaux, n’importe quelle mesure attentatoire au respect de la vie privée », affirme Christine Lazerges, Présidente de la CNCDH, avant d’ajouter : « La plus grande victoire des « ennemis des droits de l’homme » serait de mettre en péril l’État de droit par une dérive liberticide et de renoncer aux principes républicains. Notre commission appelle à « raisonner la raison d’État », afin de ne pas créer une société du soupçon permanent ». ”

Source CNCDH

Écoutes de la NSA : deux ONG se portent partie civile en France

“La FIDH et la LDHont déposé mercredi devant le TGI de Paris une plainte avec constitution de partie civile contre les activités d’espionnage des agences américaines dans le cadre du programme “Prism”. Les deux ONG jugent que le Parquet de Paris se complaît dans l’inertie. Les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden sur les pratiques de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) ne devraient pas rester lettre morte en France. La Fédérationinternationale des Droits de l’Homme (FIDH) et la Liguedes droits de l’homme (LDH) ont annoncé dans un communiqué commun publié jeudi 9 avril avoir déposé mercredi devant le TGI de Paris une nouvelle plainte contre “les activités d’espionnage des agences américaines“, après celle déposée le 11 juillet 2013 contre X.”

Source : La Tribune

FFDN et LQDN devant le Conseil d’État contre la censure administrative

“Après le recours intenté contre le régime de surveillance instauré par la Loi de programmation militaire, les fournisseurs d’accès associatifs de la fédération FFDN et La Quadrature du Net s’associent de nouveau pour saisir le Conseil d’État du décret instituant le blocage administratif de sites Internet. Ce décret, pris en application de la loi LOPPSI de 2011 (instaurant la censure administrative de sites à caractère pédopornographique) et de la loi sur le terrorisme de novembre 2014 (étendant cette censure aux sites faisant l’apologie du terrorisme), met gravement en danger la liberté d’expression en permettant la censure de contenus en ligne hors de tout cadre judiciaire.”

Source : La Quadrature du Net

Loi renseignement, « une menace » aux multiples visages juge Mozilla

“Législation : Les déclarations du gouvernement ne convainquent toujours pas, et certainement pas Mozilla qui voit dans le projet de loi renseignement « une menace pour l’infrastructure d’Internet, la vie privée des utilisateurs, ainsi que pour la sécurité des données ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mozilla, l’éditeur du navigateur Firefox, n’est pas emballé par la loi sur le renseignement actuellement examiné en procédure accélérée par le Parlement français. Et ce qui déplait à Mozilla, c’est à la fois la méthode et le contenu. La méthode d’abord : « presque aucune consultation des parties prenantes » n’a été menée, regrette la fondation. En outre, « les modalités exactes de ce projet de loi semblent changer fréquemment ». Pire, les « discussions menées secrètement, à huis clos, aboutissent rarement à une législation fortePour Mozilla, il est indispensable donc que le gouvernement ouvre « un véritable débat ».[…] Le projet « tel qu’il est aujourd’hui présenté, fixe énormément de garanties sur les modes de collecte de données […] mais qui en revanche est absolument silencieux sur ce que devient la donnée une fois qu’elle est entrée dans le dispositif […] La loi ne dit rien sur ce qui se passe dans le fonctionnement des fichiers » commentait la semaine dernière sa présidente, Isabelle Falque-Pierrotin.”

Sources : ZDNet01NetJournal du GeekNumerama  

Mozilla “fortement préoccupé” par la loi Renseignement

“Mozilla qui n’était pas encore entré dans la coalition des nombreux opposants au projet de loi sur le renseignement se dit « particulièrement préoccupé par l’installation de “boites noires” au sein des infrastructures ». Des sources internes à Mozilla nous avaient signalé que l’organisation dont le siège est aux États-Unis avait choisi de ne pas s’exprimer publiquement sur la loi Renseignement française, faute d’avoir les ressources juridiques suffisantes pour analyser les tenants et les aboutissants du texte. Mais finalement, l’éditeur de logiciels libres à qui l’on doit Firefox et Thunderbird et qui s’intéresse désormais au cloud est sorti de sa réserve, peut-être poussé par l’initiative rarissime du W3C, qui a lui-même affiché son hostilité totale au projet de loi français. « Les récents événements autour de la loi sur le renseignement débattue en ce moment en France nous préoccupent fortement », écrit Mozilla dans un communiqué d’abord rédigé en anglais, donc émis directement depuis le siège. Il est signé par Jochai Ben-Avie, le directeur des politiques Internet de Mozilla.[…] Outre le fond, Mozilla critique aussi la forme. « Compte tenu de notre engagement pour l’ouverture et la transparence, nous ne nous inquiétons pas seulement du contenu de ces mesures, mais également de la manière dont cette législation est élaborée », sous procédure accélérée, avec un texte présenté moins d’un mois avant le début des travaux parlementaires, et des amendements importants présentés le jour-même du vote. « Mozilla exhorte le Gouvernement français à ouvrir un véritable débat autour de cette loi », écrit la Fondation.”

Source : NumeramaTweet

Projet de loi sur le renseignement : Les journalistes ne veulent pas être surveillés

“En permettant aux services de renseignement français de surveiller les communications, le projet de loi présenté le jeudi 19 mars en Conseil des ministres fait planer une nouvelle menace sur le secret des sources des journalistes. Le projet de loi sur le renseignement présenté par le Premier ministre Manuel Valls prévoit le recueil de renseignements pour des prétextes extrêmement variés, allant de la “prévention du terrorisme” à la défense de “l’exécution des engagements européens […] dela France”. Au nom de ces impératifs “sécuritaires”,la DGSI et certaines agences des ministères de l’Economie, dela Défense et de l’Intérieur, seront en mesure de collecter des méta données, d’intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules, ou encore d’accéder aux données des sociétés de transports.”

Source : RSF

Loi sur le renseignement : l’Ordre s’oppose aux écoutes des professionnels de santé

L’Ordre des médecins s’émeut des dispositions contenues dans le projet de loi sur le renseignement, et notamment celle relative aux écoutes autorisées dans le cadre des procédures d’urgence, prévues par le texte. « Au même titre que les magistrats, les avocats, les journalistes ou les parlementaires, les professions de santé doivent faire partie des professions protégées. Elles doivent être exclues d’une surveillance par la procédure d’urgence, au nom du respect du caractère secret des informations de santé des citoyens », précise l’Ordre, qui reste intransigeant sur le respect du secret professionnel.”

Source : Le Quotidien du Médecin

Projet de loi sur le renseignement : le Patriot Act français ? Syntec Numérique appelle à la prudence

Le projet de loi sur le renseignement sera présenté jeudi en Conseil des ministres par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Les principales dispositions du texte dévoilées hier1 alourdissent la responsabilité des entreprises en limitant les libertés fondamentales. Syntec Numérique et ses 1500 adhérents formulent aujourd’hui leur inquiétude face à des mesures de plus en plus liberticides pour les citoyens et les entreprises, parmi lesquelles :

Fin du caractère exceptionnel des interceptions de sécurité

Absence de garde-fou sur la géolocalisation

Obligation de déchiffrement pour les entreprises

Absence de garanties pour les données exploitées et collectées

Ces différentes opérations pourront être prises par autorisations administratives, sans l’intervention d’un juge”

Source : Syntec NumériquePDF

Amnesty International dénonce le projet de loi Renseignement

“L’ONG Amnesty International prend position contre le projet de loi sur le renseignement. Dénonçant un texte incluant des mesures extrêmement larges et intrusives, elle souligne l’absence du juge judiciaire dans le dispositif imaginé par le gouvernement. [...] C’est au tour d’Amnesty International de prendre position contre le texte proposé par le gouvernement. “Toute surveillance doit être ciblée, fondée sur des soupçons plausibles et soumise à un contrôle judiciaire préalable” commente Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty International France. Or, les mesures prévues dans le projet de loi, décrites comme extrêmement larges et intrusives, “apparaissent comme illégales et disproportionnées et constituent une violation grave du droit au respect de la vie privée”.En particulier, Amnesty International pointe du doigt la détection par algorithmes des menaces terroristes. L’article 2 du projet de loi donne en effet au premier ministre le pouvoir d’exiger des fournisseurs d’accès à Internet et des hébergeurs l’installation d’un dispositif de détection automatisée des internautes susceptibles de représenter un risque. Le tout, sous le couvert du secret défense. “Par ce projet de loi,la Franceautorise la surveillance de masse pour la prévention du terrorisme sans contrôle judiciaire ni recours effectif pour les victimes de surveillance”, poursuit Mme Garrigos. Or, les garde-fous manquent : non seulement le contrôle du juge judiciaire n’est pas prévu, pourtant seul garant des libertés individuelles, mais en plus aucun recours n’est envisagé pour ceux victimes de la surveillance.”

Source : Numerama

Loi sur le renseignement : le “New York Times” dénonce un “État français de surveillance”

“Le quotidien américain pointe une loi “vague” qui ferait de chaque citoyen une cible potentielle et autoriserait des excès semblables à ceux de la NSA.  L’avertissement vient tout droit des États-Unis. Selon un éditorial paru dans le New York Times, le projet de loi sur le renseignement proposé par Manuel Valls « pourrait ouvrir la porte à des excès semblables » à la surveillance extrême de la NSA depuis le 11 Septembre, dévoilée par Edward Snowden. Alors que le projet doit être débattu dès le 13 avril, le quotidien rappelle que « le Parlement a le devoir de protéger les droits démocratiques des citoyens de la surveillance expansive et intrusive du gouvernement ». Et pointe, dans cet éditorial intitulé « The French Surveillance State » (« L’État français de surveillance »), les dangers potentiels de la loi sur les libertés individuelles. Ainsi, « cette loi [...] est trop vague dans sa définition de qui est une cible légitime » et fait donc potentiellement de chaque citoyen une cible à surveiller, selon le New York Times. […] Selon le journal, s’ « il est compréhensible que les Français soient nerveux après les attaques de Paris et de Tunis et qu’ils s’alarment de la radicalisation de certains qui, en France, sont devenus la proie du recrutement djihadiste sur Internet », il est anormal que la loi « concentre des pouvoirs extraordinaires » au Premier ministre « en lui donnant, plutôt qu’aux juges, le contrôle du processus d’approbation des demandes de surveillance des agences de renseignements ». Enfin, la loi « met en danger la liberté de la presse », craint l’éditorial, en menaçant le secret des sources : « Les journalistes risquent de déclencher la surveillance gouvernementale simplement en faisant sur Internet les recherches dont ils ont besoin de faire pour traiter de l’actualité. »”

Source : Le PointNew York Times

Loi sur le renseignement: «comment expliquer à mes clients que leurs données ne sont plus en sécurité ?»

“Tribune de Colin Lalouette, président de Cloud is Mine.

Depuis quelques jours, une déclaration commune circule sur le web contre la loi sur le renseignement et la surveillance généralisée d’Internet. Pourquoi cette mobilisation du mouvement « Ni pigeons, ni espions » ? Que se cache-t-il derrière les premières mesures votées la semaine dernière par l’Assemblée nationale ? Pourquoi sommes-nous, entrepreneurs du numérique, si inquiets vis-à-vis de cette loi ?

Faisons simple.  Accepteriez-vous d’avoir des micros dans votre maison, que votre logiciel de traitement de texte soit analysé en continu ou bien encore que le téléphone de vos enfants soit sur écoute ? Bien entendu que non ! Et pourtant, cela va arriver à chacun d’entre nous dans un futur proche, lorsque les premiers décrets d’application de la loi sur le renseignement nous y contraindront, nous, entrepreneurs du numérique. L’heure est grave car cette loi, sous couvert d’un texte anti-terroriste, porte atteinte à mes libertés fondamentales de citoyen, mais également à mes valeurs et perspectives économiques en tant que chef d’entreprise.

Pensons ensemble à demain. La contestation de la loi sur le renseignement s’est cristallisée autour du mouvement « Ni pigeons, ni espions ». Mouvement unanime dans le secteur du « digital » car nous sommes mieux placés que quiconque pour voir arriver deux menaces : l’impact d’une telle loi sur l’économie française, à court terme, et les dérives possibles d’un système de surveillance massif, à moyen terme. Je reste persuadé que la première menace n’a pas été réellement mesurée par nos politiques ; quant à la seconde, j’ai bien peur qu’elle ne soit pas perçue comme telle pour nos institutions en perte de contrôle sur la réalité.”

Source : FrechWeb

Laurent Allard, PDG d’OVH: « La loi sur le renseignement concerne toute l’économie numérique »

“Laurent Allard, est le PDG d’OVH, le premier hébergeur européen et le troisième au niveau mondial. Lutte contre le terrorisme d’un côté, craintes d’espionnages de masse de l’autre… il livre à Frenchweb sa vision sur un dossier complexe et le résultat des discussions qui ont eu lieu au ministère de l’Intérieur. […] « Il faut comprendre que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’hébergement en France. Mais c’est l’économie numérique au sens large, car si nos sites d’hébergement sont contraints de délocaliser à l’étranger, cela signifie que les start-up qui hébergent leurs technologies dessus, verront, elles aussi, leurs technologies être hébergées ailleurs. Voulons-nous voir les technologies françaises partir à l’étranger ? L’impact économique est donc énorme et concerne toute l’économie numérique, un secteur qui est en pleine croissance. »”

Source : FrenchWeb

Altern ferme … encore

“Suite au vote de la loi sur les services secrets à l’assemblée nationale hier #PJLRenseignement, l’hébergeur altern.org ferme ses services le temps de déménager à l’étranger.

Altern.org participe depuis vingt ans à faire du droit à la liberté d’expression une réalité pour les citoyens et résidents de ce pays.

Pendant toutes ces années les dirigeants politiques, ceux des grandes entreprises, les notables de tout poil, n’ont eu de cesse que de refermer cette parenthèse de liberté ouverte par internet.

On a bien rigolé en les voyant gesticuler à tenter de bloquer la mer avec des lignes Maginot comme l’Hadopi.

Mais aujourd’hui ils ont trouvé une parade en nous obligeant par la loi a installer au cœur de nos infrastructures des analyseurs sous le contrôle des services secrets.

Ce contrôle sur les télécommunications appelle à l’autocensure de notre expression publique et annihile notre vie privée sur internet.

Pour nous un seul jour sous écoute globale est un jour de trop.

Altern.org refuse la boite noire des services secrets, ferme ses services immédiatement, pour les réouvrir dans quelques jours dans un pays plus respectueux des libertés individuelles. ”

Source : Altern.org

Loi Renseignement : Gandi juge la loi “toxique” et se développera à l’étranger

Gandi a prévenu qu’il favoriserait son développement à l’étranger en raison du manque de garanties inscrites dans la loi, qui ne permettent que de croire sur parole les promesses du gouvernement sur la mise en œuvre limitée des boîtes noires. Gandi fait partie des quelques gros hébergeurs qui ont menacé de quitter la France si le projet de loi renseignement était adopté en l’état, et qui avait donc été invité en dernière minute par le gouvernement à venir négocier une modification de la disposition qui leur impose l’installation de boîtes noires sur leurs réseaux (ils étaient invités aussi à faire la photo tout sourire avec Bernard Cazeneuve, ce qu’ils ont refusé). […]Tous les clients de l’opérateur ont le choix du lieu d’installation de leurs serveurs lorsqu’ils commandent un hébergement chez Gandi. L’option par défaut est d’ores et déjà le Luxembourg, pour des raisons sans doute avant tout essentiellement fiscales (mise à jour : Gandi nous assure que non, qu’il s’agit de raisons liées à la qualité des infrastructures réseau au Luxembourg),  mais le projet de loi devrait conforter Gandi dans cette stratégie, et surtout encourager les clients de l’hébergeur à confirmer ce choix lors de leur commande. Le prestataire a annoncé sa participation à une journée de mobilisation prévue le lundi 4 mai prochain, à la veille du vote solennel du projet de loi, qui ira ensuite au Sénat.”

Source : Numerama

Les hébergeurs français : « On sort un bazooka pour tuer une mouche »

“Après l’argument « libertés », l’argument économique. Le projet de loi sur le renseignement hérisse le poil de toute la galaxie des défenseurs de l’Internet libre. Il en défriserait probablement beaucoup d’autres si le côté technique de la chose n’en floutait pas les enjeux. Mais ce vendredi, c’est un autre aspect qui est mis en avant : celui de son éventuel impact économique. Les principaux hébergeurs français (OVH, Gandi, etc.) ont publié une lettre ouverte assassine, dans laquelle, tout en jurant ne pas être contre la loi, ils s’inquiètent des conséquences des fameuses « boîtes noires » sur leurs activités.”

Source : Rue89

Données de connexion : la France « ne pourra pas continuer à ignorer » la CJUE

“Au lendemain des Pays-Bas, et après déjà plusieurs autres pays européens, c’est la cour constitutionnelle de Bulgarie qui a invalidé la loi faisant obligation aux opérateurs télécoms de conserver toutes les données de connexion de leurs abonnés. Pour la Quadrature du Net, la France n’aura pas d’autre choix que de tirer elle aussi les conséquences de la décision protectrice de la vie privée prise en avril 2014 par la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE). Mercredi, la justice des Pays-Bas a décidé de suspendre l’application de la loi qui impose aux opérateurs télécoms de conserver jusqu’à un an les métadonnées de toutes les communications et connexions de leurs abonnés. Elle a ainsi appliqué le raisonnement de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE), qui a invalidé la directive européenne sur la conservation des données dans son arrêt Digital Rights Ireland du 8 avril 2014, au motif que l’obligation était disproportionnée, notamment parce qu’elle s’applique y compris à l’encontre “des personnes pour lesquelles il n’existe aucun indice de nature à laisser croire que leur comportement puisse avoir un lien, même indirect ou lointain, avec des infractions graves”.”

Source : Numerama

Pourquoi le projet de loi Renseignement viole le droit international

“Avec son projet de loi Renseignement qui renforce les moyens de surveillance massive sur Internet, la France s’apprête à violer ses engagements internationaux, y compris ceux pris au plus haut niveau de la hiérarchie : l’ONU. Ce mercredi aura lieu à l’Assemblée Nationale le premier examen en commission du projet de loi relatif au renseignement, qui fait à peu près l’unanimité contre lui, sauf dans les rangs politiques. Droite et gauche ont convenu dès après les attentats de Paris de janvier 2015 de former une union sacrée pour obtenir l’adoption rapide du texte, qui renforce les moyens de surveillance de l’Etat, notamment par le recours à des méthodes de détection algorithmiques des potentiels terroristes.”

Source : Numerama

Plus de 119 000 Français ont signé une pétition contre la loi sur le renseignement

“C’est ce mardi que la pétition lancée sur un site Web contre le projet de loi sur le renseignement a été déposée à Matignon. Elle réclame le retrait pur et simple du texte. Une pétition signée par plus de 119.000 personnes contre le projet de loi sur le renseignement a été remise ce 28 avril 2015 à Matignon. Leur demande est claire : que le projet de loi, que les initiateurs de la pétition sur change.org qualifient de « Big brother français », soit retiré. Thomas Guénolé et Katerina Ryzhakova, respectivement politologue et directrice d’une agence de communication, ont lancé leur pétition le 9 avril dernier. Ils y expliquent refuser, en tant qu’ « habitants ordinaires » de vivre dans « un État policier numérique ». Dans leur pétition, ils expliquent refuser le « chantage à la menace terroriste érigé en argument d’autorité anti-libertés », la légalisation d’une « NSA à la française » et du droit pour les services secrets de lire tout courriel, d’écouter toute conversation téléphonique…”

Sources : 01NetChange

L’Association des victimes du terrorisme opposée à la loi Renseignement

“Alors que le gouvernement défend son projet de loi renseignement par la nécessité de renforcer la lutte contre le terrorisme, l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT) s’inquiète du projet de loi, qui ne garanti pas assez « le respect des fondamentaux démocratiques ».  Voilà qui ne va pas aider le gouvernement. Alors que Manuel Valls avait axé tout son discours à l’Assemblée nationale sur les attentats de janvier 2015 et que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve le relaie régulièrement pour dire ô combien les redoutables boîtes noires sont essentielles pour traquer les futurs terroristes en puissance, voici que l’Association française des victimes de terrorisme s’ajoute à la longue liste des opposants au projet de loi Renseignement. « Notre Association en appelle au législateur sur la nécessité de la mise en place d’instances de contrôle indépendantes visant à prévenir toute instrumentalisation de l’outil du renseignement et toute dérive pouvant fragiliser notre pacte républicain”, écrit l’AFVT dans un communiqué. “Aussi nécessaire soit-elle”, la lutte contre le terrorisme “doit néanmoins garantir le respect des fondamentaux démocratiques : la présomption d’innocence, la protection de la vie privée, la protection des sources et la confidentialité pour les professions concernées, notamment celles de magistrat, d’avocat, de médecin et de journaliste, pour ne citer qu’elles ».”

Source Numerama

P.S. Merci à Didier pour le gros boulot de synthèse…

Source: http://www.les-crises.fr/loi-renseignement-bon-ben-a-peu-pres-tous-les-gens-serieux-sont-contre/


Loi renseignement 2 : …mais pas grave, 438 députés ont voté pour…

Wednesday 6 May 2015 at 02:55

Parce que, à ce stade, l’Assemblée Nationale est une publicité vivante pour le poujadisme…

Voici donc le détail des votes sur le projet de loi, adopté par l’Assemblée.

N’hésitez pas à leur écrire ici, mais, bien mieux, à leur passer un coup de fil, en particulier à la permanence de votre député.

Groupe socialiste, républicain et citoyen (288 membres)

Pour: 252 (MENTION SPÉCIALE À EUX)

  • Ibrahim Aboubacar
  • Patricia Adam
  • Sylviane Alaux
  • Jean-Pierre Allossery
  • François André
  • Nathalie Appéré
  • Kader Arif
  • Christian Assaf
  • Joël Aviragnet
  • Pierre Aylagas
  • Jean-Marc Ayrault
  • Alexis Bachelay
  • Guillaume Bachelay
  • Jean-Paul Bacquet
  • Dominique Baert
  • Gérard Bapt
  • Frédéric Barbier
  • Serge Bardy
  • Ericka Bareigts
  • Christian Bataille
  • Delphine Batho
  • Marie-Noëlle Battistel
  • Philippe Baumel
  • Catherine Beaubatie
  • Marie-Françoise Bechtel
  • Jean-Marie Beffara
  • Luc Belot
  • Karine Berger
  • Chantal Berthelot
  • Gisèle Biémouret
  • Philippe Bies
  • Erwann Binet
  • Yves Blein
  • Daniel Boisserie
  • Christophe Borgel
  • Florent Boudié
  • Marie-Odile Bouillé
  • Christophe Bouillon
  • Brigitte Bourguignon
  • Malek Boutih
  • Émeric Bréhier
  • Jean-Louis Bricout
  • Jean-Jacques Bridey
  • François Brottes
  • Isabelle Bruneau
  • Gwenegan Bui
  • Sabine Buis
  • Jean-Claude Buisine
  • Sylviane Bulteau
  • Vincent Burroni
  • Alain Calmette
  • Jean-Christophe Cambadélis
  • Colette Capdevielle
  • Yann Capet
  • Christophe Caresche
  • Marie-Arlette Carlotti
  • Martine Carrillon-Couvreur
  • Christophe Castaner
  • Laurent Cathala
  • Jean-Yves Caullet
  • Guy Chambefort
  • Jean-Paul Chanteguet
  • Marie-Anne Chapdelaine
  • Guy-Michel Chauveau
  • Jean-David Ciot
  • Alain Claeys
  • Jean-Michel Clément
  • Marie-Françoise Clergeau
  • Romain Colas
  • Philip Cordery
  • Valérie Corre
  • Jean-Jacques Cottel
  • Catherine Coutelle
  • Jacques Cresta
  • Pascale Crozon
  • Frédéric Cuvillier
  • Seybah Dagoma
  • Yves Daniel
  • Carlos Da Silva
  • Pascal Deguilhem
  • Florence Delaunay
  • Michèle Delaunay
  • Guy Delcourt
  • Pascal Demarthe
  • Sébastien Denaja
  • Françoise Descamps-Crosnier
  • Sophie Dessus
  • Jean-Louis Destans
  • Michel Destot
  • Fanny Dombre-Coste
  • René Dosière
  • Sandrine Doucet
  • Philippe Doucet
  • Françoise Dubois
  • Jean-Pierre Dufau
  • Anne-Lise Dufour-Tonini
  • Françoise Dumas
  • William Dumas
  • Jean-Louis Dumont
  • Jean-Paul Dupré
  • Yves Durand
  • Philippe Duron
  • Olivier Dussopt
  • Henri Emmanuelli
  • Corinne Erhel
  • Sophie Errante
  • Marie-Hélène Fabre
  • Olivier Faure
  • Alain Fauré
  • Hervé Féron
  • Richard Ferrand
  • Geneviève Fioraso
  • Hugues Fourage
  • Jean-Marc Fournel
  • Valérie Fourneyron
  • Michèle Fournier-Armand
  • Michel Françaix
  • Christian Franqueville
  • Jean-Claude Fruteau
  • Jean-Louis Gagnaire
  • Yann Galut
  • Guillaume Garot
  • Hélène Geoffroy
  • Jean-Marc Germain
  • Jean Glavany
  • Yves Goasdoué
  • Geneviève Gosselin-Fleury
  • Pascale Got
  • Marc Goua
  • Estelle Grelier
  • Jean Grellier
  • Edith Gueugneau
  • Élisabeth Guigou
  • Chantal Guittet
  • David Habib
  • Razzy Hammadi
  • Benoît Hamon
  • Joëlle Huillier
  • Sandrine Hurel
  • Christian Hutin
  • Monique Iborra
  • Françoise Imbert
  • Michel Issindou
  • Éric Jalton
  • Serge Janquin
  • Henri Jibrayel
  • Régis Juanico
  • Armand Jung
  • Laurent Kalinowski
  • Marietta Karamanli
  • Philippe Kemel
  • Chaynesse Khirouni
  • Bernadette Laclais
  • Conchita Lacuey
  • François Lamy
  • Anne-Christine Lang
  • Colette Langlade
  • Jean Launay
  • Jean-Luc Laurent
  • Jean-Yves Le Bouillonnec
  • Gilbert Le Bris
  • Anne-Yvonne Le Dain
  • Jean-Yves Le Déaut
  • Viviane Le Dissez
  • Michel Lefait
  • Dominique Lefebvre
  • Annie Le Houerou
  • Annick Le Loch
  • Patrick Lemasle
  • Catherine Lemorton
  • Christophe Léonard
  • Annick Lepetit
  • Jean-Pierre Le Roch
  • Bruno Le Roux
  • Arnaud Leroy
  • Michel Lesage
  • Bernard Lesterlin
  • Serge Letchimy
  • Michel Liebgott
  • Martine Lignières-Cassou
  • Audrey Linkenheld
  • François Loncle
  • Gabrielle Louis-Carabin
  • Lucette Lousteau
  • Victorin Lurel
  • Jacqueline Maquet
  • Marie-Lou Marcel
  • Jean-René Marsac
  • Philippe Martin
  • Frédérique Massat
  • Sandrine Mazetier
  • Michel Ménard
  • Patrick Mennucci
  • Kléber Mesquida
  • Philippe Nauche
  • Nathalie Nieson
  • Robert Olive
  • Maud Olivier
  • Monique Orphé
  • Michel Pajon
  • Luce Pane
  • Rémi Pauvros
  • Germinal Peiro
  • Hervé Pellois
  • Jean-Claude Perez
  • Sébastien Pietrasanta
  • Martine Pinville
  • Christine Pires Beaune
  • Philippe Plisson
  • Élisabeth Pochon
  • Napole Polutélé
  • Pascal Popelin
  • Dominique Potier
  • Régine Povéda
  • Christophe Premat
  • Joaquim Pueyo
  • François Pupponi
  • Catherine Quéré
  • Valérie Rabault
  • Monique Rabin
  • Dominique Raimbourg
  • Marie Récalde
  • Eduardo Rihan Cypel
  • Alain Rodet
  • Frédéric Roig
  • Bernard Roman
  • Gwendal Rouillard
  • René Rouquet
  • Alain Rousset
  • Boinali Said
  • Béatrice Santais
  • Odile Saugues
  • Gilbert Sauvan
  • Christophe Sirugue
  • Julie Sommaruga
  • Pascal Terrasse
  • Sylvie Tolmont
  • Jean-Louis Touraine
  • Stéphane Travert
  • Catherine Troallic
  • Cécile Untermaier
  • Jean-Jacques Urvoas
  • Daniel Vaillant
  • Jacques Valax
  • Clotilde Valter
  • Michel Vauzelle
  • Fabrice Verdier
  • Michel Vergnier
  • Patrick Vignal
  • Jean-Michel Villaumé
  • Jean Jacques Vlody
  • Paola Zanetti

Contre: 10 (BRAVO A EUX)

  • Pouria Amirshahi
  • Fanélie Carrey-Conte
  • Aurélie Filippetti
  • Jean-Patrick Gille
  • Linda Gourjade
  • Philippe Noguès
  • Michel Pouzol
  • Barbara Romagnan
  • Gérard Sebaoun
  • Suzanne Tallard

Abstention: 17 (“Le problème de la greffe de couilles, c’est le manque de donneurs” [Jacques Chirac])

  • Laurent Baumel
  • Nicolas Bays
  • Jean-Luc Bleunven
  • Kheira Bouziane-Laroussi
  • Nathalie Chabanne
  • Dominique Chauvel
  • Pascal Cherki
  • Laurence Dumont
  • Geneviève Gaillard
  • Daniel Goldberg
  • Mathieu Hanotin
  • Pierre-Yves Le Borgn’
  • Pierre-Alain Muet
  • Christian Paul
  • Patrice Prat
  • Marie-Line Reynaud
  • Denys Robiliard

Groupe de l’union pour un mouvement populaire (198 membres)

Pour: 143

  • Damien Abad
  • Elie Aboud
  • Bernard Accoyer
  • Nicole Ameline
  • Benoist Apparu
  • Laurence Arribagé
  • Julien Aubert
  • Olivier Audibert-Troin
  • Jean-Pierre Barbier
  • Jacques Alain Bénisti
  • Xavier Bertrand
  • Marcel Bonnot
  • Jean-Claude Bouchet
  • Valérie Boyer
  • Philippe Briand
  • Bernard Brochand
  • Dominique Bussereau
  • Olivier Carré
  • Gilles Carrez
  • Yves Censi
  • Jérôme Chartier
  • Luc Chatel
  • Gérard Cherpion
  • Guillaume Chevrollier
  • Alain Chrétien
  • Jean-Louis Christ
  • Dino Cinieri
  • Éric Ciotti
  • Jean-François Copé
  • François Cornut-Gentille
  • Jean-Louis Costes
  • Édouard Courtial
  • Jean-Michel Couve
  • Marie-Christine Dalloz
  • Gérald Darmanin
  • Olivier Dassault
  • Bernard Deflesselles
  • Lucien Degauchy
  • Rémi Delatte
  • Jean-Pierre Door
  • Dominique Dord
  • David Douillet
  • Marianne Dubois
  • Christian Estrosi
  • Daniel Fasquelle
  • Georges Fenech
  • François Fillon
  • Marie-Louise Fort
  • Yves Foulon
  • Marc Francina
  • Yves Fromion
  • Laurent Furst
  • Sauveur Gandolfi-Scheit
  • Annie Genevard
  • Guy Geoffroy
  • Bernard Gérard
  • Alain Gest
  • Daniel Gibbes
  • Franck Gilard
  • Georges Ginesta
  • Charles-Ange Ginesy
  • Jean-Pierre Giran
  • Philippe Gosselin
  • Philippe Goujon
  • Claude Greff
  • Arlette Grosskost
  • Serge Grouard
  • Jean-Claude Guibal
  • Christophe Guilloteau
  • Michel Heinrich
  • Michel Herbillon
  • Antoine Herth
  • Guénhaël Huet
  • Sébastien Huyghe
  • Christian Jacob
  • Denis Jacquat
  • Christian Kert
  • Nathalie Kosciusko-Morizet
  • Jacques Kossowski
  • Patrick Labaune
  • Valérie Lacroute
  • Marc Laffineur
  • Jacques Lamblin
  • Jean-François Lamour
  • Guillaume Larrivé
  • Charles de La Verpillière
  • Thierry Lazaro
  • Alain Leboeuf
  • Isabelle Le Callennec
  • Marc Le Fur
  • Bruno Le Maire
  • Jean Leonetti
  • Pierre Lequiller
  • Philippe Le Ray
  • Geneviève Levy
  • Gilles Lurton
  • Jean-François Mancel
  • Alain Marleix
  • Philippe Armand Martin
  • Patrice Martin-Lalande
  • Alain Marty
  • Jean-Claude Mathis
  • François de Mazières
  • Gérard Menuel
  • Damien Meslot
  • Pierre Morange
  • Alain Moyne-Bressand
  • Jacques Myard
  • Dominique Nachury
  • Yves Nicolin
  • Patrick Ollier
  • Valérie Pécresse
  • Jacques Pélissard
  • Axel Poniatowski
  • Josette Pons
  • Didier Quentin
  • Frédéric Reiss
  • Jean-Luc Reitzer
  • Bernard Reynès
  • Camille de Rocca Serra
  • Sophie Rohfritsch
  • Martial Saddier
  • Paul Salen
  • François Scellier
  • Claudine Schmid
  • André Schneider
  • Jean-Marie Sermier
  • Michel Sordi
  • Éric Straumann
  • Claude Sturni
  • Michèle Tabarot
  • Guy Teissier
  • Michel Terrot
  • Jean-Marie Tetart
  • Dominique Tian
  • François Vannson
  • Catherine Vautrin
  • Patrice Verchère
  • Jean-Pierre Vigier
  • Philippe Vitel
  • Laurent Wauquiez
  • Éric Woerth
  • Marie-Jo Zimmermann

Contre: 35 (CHAPEAU A EUX, VU LEUR ÉLECTORAT)

  • Yves Albarello
  • Patrick Balkany (finalement, il vaut mieux un pourri qu’un socialiste)
  • Étienne Blanc
  • Xavier Breton
  • Philippe Cochet
  • Bernard Debré
  • Jean-Pierre Decool
  • Patrick Devedjian
  • Nicolas Dhuicq
  • Sophie Dion
  • Virginie Duby-Muller
  • Hervé Gaymard
  • Claude Goasguen
  • Jean-Pierre Gorges
  • Henri Guaino
  • Jean-Jacques Guillet
  • Patrick Hetzel
  • Laure de La Raudière
  • Pierre Lellouche (MENTION SPÉCIALE, car il avait aussi été un des arres à voter pour la séparation des activités bancaires)
  • Dominique Le Mèner
  • Laurent Marcangeli
  • Hervé Mariton
  • Franck Marlin
  • Philippe Meunier
  • Jean-Claude Mignon
  • Yannick Moreau
  • Édouard Philippe
  • Jean-Frédéric Poisson
  • Bérengère Poletti
  • Franck Riester
  • Thierry Solère
  • Alain Suguenot
  • Lionel Tardy
  • Jean-Charles Taugourdeau
  • Michel Voisin

Abstention: 20

  • Sylvain Berrios
  • Marc-Philippe Daubresse
  • Claude de Ganay
  • Anne Grommerch
  • Françoise Guégot
  • Philippe Houillon
  • Frédéric Lefebvre
  • Céleste Lett
  • Véronique Louwagie
  • Lionnel Luca
  • Thierry Mariani
  • Olivier Marleix
  • Alain Marsaud
  • Pierre Morel-A-L’Huissier
  • Bernard Perrut
  • Christophe Priou
  • Arnaud Robinet
  • Fernand Siré
  • Jean-Sébastien Vialatte
  • Jean-Luc Warsmann

Groupe de l’union des démocrates et indépendants (30 membres)

Pour: 17

  • Stéphane Demilly
  • Philippe Folliot
  • Meyer Habib
  • Francis Hillmeyer
  • Sonia Lagarde
  • Jean-Christophe Lagarde
  • Michel Piron
  • Franck Reynier
  • François Rochebloine
  • Maina Sage
  • Rudy Salles
  • André Santini
  • François Sauvadet
  • Jean-Paul Tuaiva
  • Philippe Vigier
  • François-Xavier Villain
  • Michel Zumkeller

Contre: 11

  • Charles de Courson (Lui aussi, un grand député)
  • Yannick Favennec
  • Jean-Christophe Fromantin
  • Philippe Gomès
  • Yves Jégo
  • Maurice Leroy
  • Hervé Morin
  • Bertrand Pancher
  • Arnaud Richard
  • Jonas Tahuaitu
  • Francis Vercamer

Abstention: 2

  • Thierry Benoit
  • Laurent Degallaix

Groupe écologiste (18 membres)

Pour: 5 (EELV étant contre, voici donc la liste officielle des ministrables au prochain remaniement)

  • Éric Alauzet
  • Denis Baupin
  • Christophe Cavard
  • François-Michel Lambert
  • François de Rugy

Contre: 11

  • Laurence Abeille
  • Brigitte Allain
  • Isabelle Attard
  • Danielle Auroi
  • Michèle Bonneton
  • Sergio Coronado
  • Cécile Duflot
  • Noël Mamère
  • Paul Molac
  • Jean-Louis Roumégas
  • Eva Sas

Abstention: 2

  • Véronique Massonneau
  • Barbara Pompili

Groupe radical, républicain, démocrate et progressiste (18 membres)

Pour: 17

  • Jean-Noël Carpentier
  • Ary Chalus
  • Gérard Charasse
  • Jeanine Dubié
  • Olivier Falorni
  • Paul Giacobbi
  • Joël Giraud
  • Gilda Hobert
  • Jacques Krabal
  • Jérôme Lambert
  • Jean-Pierre Maggi
  • Jacques Moignard
  • Dominique Orliac
  • Thierry Robert
  • Stéphane Saint-André
  • Roger-Gérard Schwartzenberg
  • Alain Tourret

Groupe de la gauche démocrate et républicaine (15 membres)

Pour: 3 (c’est qui ces crétins ?)

  • Bruno Nestor Azérot
  • Marc Dolez
  • Gabriel Serville

Contre: 12

  • François Asensi
  • Huguette Bello
  • Alain Bocquet
  • Marie-George Buffet
  • Jean-Jacques Candelier
  • Patrice Carvalho
  • Gaby Charroux
  • André Chassaigne
  • Jacqueline Fraysse
  • Alfred Marie-Jeanne
  • Jean-Philippe Nilor
  • Nicolas Sansu

Non inscrits (9 membres)

Pour: 1

  • Sylvie Andrieux

Contre: 7

  • Véronique Besse
  • Jacques Bompard
  • Gilbert Collard
  • Nicolas Dupont-Aignan
  • Jean Lassalle
  • Marion Maréchal-Le Pen (COOL, le FN défend les libertés publiques face à Valls, tout va bien)
  • Thomas Thévenoud (Comme quoi, un pourri vaut mieux qu’un député PS, bis)

Abstention: 1

  • Gilles Bourdouleix

Source: http://www.les-crises.fr/438-deputes-ont-vote-pour/


Loi renseignement 3 : … car not’bon’ Vallssolini ne voit aucun problème : “Mais c’est quoi ce débat sur les libertés ?! “

Wednesday 6 May 2015 at 02:50

Il arrive ça quand on nomme des incultes au pouvoir…

“Mais enfin écoutez face à la menace que nous connaissons, dans le monde particulièrement trouble dans lequel nous vivons (menaces terroristes, drames migratoires en Méditerranée, défis climatiques, défis économiques…), un pays comme le nôtre qui en plus s’est construit à travers un État fort mais qui garantie les libertés, doit se donner les moyens de lutter notamment contre le terrorisme. C’est quoi ce débat sur les libertés ?”


Manuel Valls sur France Inter (extraits) par Numerama

Oui, on se le demande…

P.S. Mention spécial pour un autre charlot :

IL A OSÉ LE DIRE

Bruno Le Roux : “Avec nous, les Français n’ont rien à craindre de la loi sur le renseignement”

Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, était l’invité de la matinale de Patrick Cohen pour défendre la loi sur le renseignement qui devrait être adoptée cet après-midi par les députés. Et pour rassurer les auditeurs sur ce texte controversé, le député de Seine-Saint-Denis a avancé un étrange argument que l’on peut résumer de la sorte : “Si vous estimez que cette loi est mal boutiquée et si vous redoutez que dans le futur le pouvoir politique en fasse mauvais usage, ne vous inquiétez pas et votez pour nous qui sommes les amis de la liberté” ! Voilà un raisonnement fulgurant…
Président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale est un job loin d’être confortable tous les jours. Surtout lorsque le gouvernement que l’on soutient passe son temps, sur le plan social, économique ou des libertés publiques, à vous compliquer grandement la tâche. C’est la situation dans laquelle s’est retrouvé Bruno Le Roux, élu du « 9-3 » et patron des députés socialistes, venu défendre la loi sur le renseignementce matin sur les ondes de France inter.

Pas une mince affaire pour Le Roux qui a peiné à démontrer que l’indépendance de la commission de contrôle, l’organe qui sera chargé de surveiller l’activité de nos services de renseignement, était assurée. « Tous les outils peuvent être mis en doute, s’est justifié notre socialiste, ensuite c’est la pratique. Nous vivons dans une République sur lequel le pouvoir politique dans notre pays qui, d’ailleurs, est jugé très régulièrement par les électeurs qui doivent, s’ils ont peurs de la façon dont les moyens sont utilisés, en faire aussi un argument… ».

Une phrase alambiquée que l’on pourrait résumer de la sorte : « Si vous estimez que cette loi est mal boutiquée et si vous redoutez que dans le futur le pouvoir politique en fasse mauvais usage, ne vous inquiétez pas il y a des élections dans notre pays » ! Et, bien évidemment, notre homme sait pour qui il faut voter : « Des électeurs viennent me voir en me disant (…) l’outil tel que vous le mettez en place, il peut-être mal utilisé demain par d’autres… Eh bien faites-en un critère de choix pour le jour où vous choisirez ceux qui doivent assumer les responsabilités »En clair, si vous avez peur que l’UMP ou le FN, parvenus au pouvoir, se mettent à surveiller tous les citoyens grâce à cette loi pondue par les socialistes, votez donc… pour les socialistes !

Voilà un raisonnement puissant. Brillant même. Faut-il rappeler à Bruno Le Roux, qui connaît pourtant l’histoire de la Ve République sur le bout des doigts, que nous avons connu par le passé un président socialiste qui ne dissuadait pas vraiment ses collaborateurs d’utiliser les services de renseignement pour écouter citoyens et journalistes. Surtout, faut-il lui rappeler qu’une loi ne doit pas être jugée à l’aune de ceux qui devront l’appliquer mais pour ce qu’elle comporte en soi de risques, sociaux, économiques et dans ce cas précis, de menaces pour nos libertés individuelles ?

En fait, sans doute l’ignorait-il, mais Le Roux a le génie de Bertolt Brecht. Comme le dramaturge allemand qui écrivait « Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple », le député PS a La Solution a tous nos problèmes : « Puisque que ce gouvernement agit contre le peuple avec une loi mal fichue et dangereuse si elle tombait entre d’autres mains, il faut que ce peuple reconduise ce gouvernement au pouvoir ». Logique. Ou tragique, c’est au choix…

Source : Marianne

Source: http://www.les-crises.fr/loi-renseignement-3-car-notbon-vallssolini-ne-voit-aucun-probleme-mais-cest-quoi-ce-debat-sur-les-libertes/


Le dispositif anti-Snowden de la Loi Renseignement

Wednesday 6 May 2015 at 00:24

L’Assemblée nationale a adopté la procédure que devront suivre les agents des services de renseignement qui auraient connaissance dans le cadre de leurs fonctions d’agissements illicites des services. Ils devront faire remonter l’information exclusivement à une autorité administrative soumise au secret pour bénéficier d’une protection dans la suite de leur carrière.

L’Assemblée nationale a adopté jeudi matin l’amendement n°388 présenté par le rapporteur Jean-Jacques Urvoas, qui aménage la procédure à suivre pour les agents qui seraient tentés de jouer les lanceurs d’alertes et de prévenir les citoyens que les services de police et d’espionnage outrepassent les objectifs et les moyens de surveillance prévus par la loi.

Très fortement inspirée des recommandations émises par le Conseil d’Etat l’an dernier, le texte prévoit que lorsqu’un agent de l’État souhaite “relater ou témoigner” de “faits susceptibles de constituer une violation manifeste des dispositions” de la loi, il doit le faire auprès “de la seule Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement” (CNCTR). Toute autre démarche serait considérée comme une violation du secret défense ou une mise en danger des services ou de leurs missions, et serait poursuivie comme tel.

Une fois alertée, la CNCTR pourra alors, si elle le juge utile, recommander aux services de mettre fin à l’illégalité, et informer le Premier ministre, qui reste décideur des suites à donner. Mais si la CNCTR estime que la poursuite de l’activité est illicite, elle peut (ce n’est pas obligatoire) saisir le Conseil d’Etat.

A aucun moment le public n’aura connaissance des illégalités ainsi dénoncées.

UNE PROTECTION DES LANCEURS D’ALERTE DISCIPLINÉS

Toutefois, “lorsque la Commission estime que l’illégalité constatée est susceptible de constituer une infraction, elle avise le procureur de la République“, qui pourra lancer des poursuites. Cependant celui-ci ne pourra accéder aux éléments matériels du dossier que si la Commission consultative du secret de la défense nationale donne un avis positif à la demande de levée du secret-défense, et si le Premier ministre l’autorise.

La seconde partie de l’amendement aménage par ailleurs un régime de protection à l’égard des agents qui suivront cette procédure, en prévoyant qu’aucun agent ne puisse être “sanctionné ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte”, dans le cours de sa carrière, du fait de son témoignage à la CNCTR.

Enfin, le texte précise que “tout agent qui relate ou témoigne des faits (…) de mauvaise foi ou avec l’intention de nuire ou avec la connaissance au moins partielle de l’inexactitude des faits rendus publics ou diffusés” encourt jusqu’à 5 ans de prison et 45 000 euros d’amende, en vertu de l’article 226-10 du code pénal sur les dénonciations calomnieuses.

Source : Guillaume Champeau, pour Numerama, le 16 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/le-dispositif-anti-snowden-de-la-loi-renseignement/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Chevènement)

Wednesday 6 May 2015 at 00:10

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “L’euro est devenu un extrémisme religieux” – 04/05

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (1/2): Etats-Unis: des chiffres du PIB plus décevants que prévu – 04/05

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (2/2): La reprise est-elle bien confirmée au sein de la zone euro? – 04/05

II. Philippe Béchade

Philippe Béchade VS Véronique Riches-Flores (1/2): Les crédits au secteur privé au sein de la zone euro repartent à la hausse – 29/04

Philippe Béchade VS Véronique Riches-Flores (2/2): Croissance: Le QE garantit-il vraiment une reprise de l’économie ? – 29/04

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : L’Italie, la véritable menace pour la zone euro – 05/05

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): Le cycle haussier sur les marchés européens va-t-il se poursuivre ? – 05/05

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): Doit-on s’attendre à un report à 2016 de la hausse des taux de la FED ? – 05/05

III. Jean-Pierre Chevènement

Chevènement: “Sarkozy et BHL ont voulu faire le ménage en Libye, c’est le désordre complet”

Invité sur Europe 1, Jean-PIerre Chevènement a commenté la situation au Moyen-Orient, critiquant notamment vivement les choix de la France en LIbye sous la présidence Sarkozy, vivement encouragés par le philosophe Bernard Henri-Lévy. Une déclaration qui date d’août 2014.


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-06-05-2015/


Loi sur le Renseignement, tout le monde s’en fiche et pourtant…

Tuesday 5 May 2015 at 00:24

Loi renseignement : elle est liberticide. Le drame, c’est que les gens s’en fichent

LE PLUS. Ce mercredi 15 avril, après des jours et des nuits de débats, la nouvelle loi renseignement a passé le cap de l’Assemblée. En l’état, elle contraint notamment les fournisseurs d’accès à internet à l’installation de “boîtes noires” au cœur de leur réseau, dans le but de filtrer les communications et identifier de potentiels terroristes. Pour Oriane Piquer-Louis, cette loi est liberticide.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, lors d’une séance à l’Assemblée nationale le 14 avril 2015 (WITT/SIPA).

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette nouvelle loi sur le renseignement ne m’inspire rien de bon. Elle pose même de graves problèmes.

Supprimer des libertés pour mieux les protéger ?

Avec cette loi, on dit aux citoyens qu’on va surveiller tout le monde dans le seul objectif d’enrayer la menace terroriste, alors que c’est une loi beaucoup plus générale sur le renseignement. En gros, on fait exactement la même chose que la NSA aux États-Unis, qui communique sur ses résultats de manièreplutôt floue.

Les responsables de la NSA avaient assuré que qu’ils ne surveillaient pas le peuple américain et que leurs actions se bornaient à identifier les terroristes. Comment dire.

Pire, le gouvernement envoie un message assez inquiétant aux Français en leur expliquant qu’on va supprimer leurs libertés dans le seul but de… les protéger. Est-il encore utile de citer Benjamin Franklin ? “Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.” C’est une concession très dangereuse à faire à un gouvernement, que d’échanger ses libertés contre une promesse de sécurité.

Il faut bien savoir que dans le cas de la surveillance de masse – ce que prévoit cette loi ne porte pas d’autre nom – il n’y a pas que la vie privée qui est atteinte. Il y a aussi nécessairement la liberté d’expression. La Cour de justice de l’Union européenne reconnaît d’ailleurs que la surveillance de masse incite les gens à s’autocensurer (PDF en anglais). Cette loi va entraîner de véritables changements de comportements.

Alors quand on fait partie, comme moi, d’un fournisseur d’accès à internet associatif, cela va plus loin : nous allons devoir nous surveiller nous-mêmes. C’est, pour le moins… gênant.

Une mauvaise réponse à la peur

Ce texte est extrêmement violent, et l’argument de la lutte contre le terrorisme empêche tout débat. On ne se rappelle pas assez la réaction du Premier ministre norvégien après la tuerie d’Utoya : “La meilleure réponse au terrorisme, c’est plus de démocratie. Plus d’ouverture.”

Avec cette loi, le gouvernement donne la réponse totalement inverse : il est en train de monter un arsenal de surveillance énorme, sans se soucier une seule seconde des conséquences. Même le New York Times nous envoie des alertes pour nous demander de ne pas faire la même bêtise qu’eux avec la NSA.
Une grande partie des députés, face à un débat technique et complexe, sont démunis et soutiennent cette loi par défaut. Alors même que de nombreuses voix s’élèvent contre cette loi, arguments à l’appui :associations, professionnels du numérique, utilisateurs expérimentés.

Un engrenage sécuritaire

L’autre message que le gouvernement nous fait passer avec cette loi, c’est que la gauche réformiste a bel et bien définitivement disparu, au profit, sur le long terme, d’une dynamique profondément sécuritaire. Jusqu’ici, on n’est jamais revenu sur une loi sécuritaire, même temporaire : à l’instar du plan Vigipirate, on les a renouvelées.

Le juge antiterroriste Marc Trévidic explique que cette loi est “une arme redoutable si elle tombe entre de mauvaises mains“. Quid des possibilités que le texte offre si un jour un parti moins démocratique arrive au pouvoir ?

Le drame, c’est que tout le monde s’en fout

Personnellement, cette loi m’inquiète non seulement parce qu’elle autorise le recueil, l’analyse et l’archivage de toutes les données personnelles des citoyens sans leur consentement, mais aussi parce que rien ne nous prouve que ces mêmes données ne seront pas réutilisées aux dépens des gens dans le futur.

Le drame c’est que personne n’en a rien à faire. Et c’est en cela que ce climat d’union nationale qui a suivi l’après “Charlie” est un problème.

Comment pourrait-on s’opposer à une loi qui prétend lutter contre le terrorisme après un événement aussi marquant émotionnellement que l’attentat du 11 janvier ? En vérité, le citoyen lambda n’a rien à faire du contenu liberticide de ce texte parce que “la fin justifie les moyens”. Mais dans le même temps, on va pouvoir stocker indéfiniment des données nous concernant, sans aucun contrôle.

Comment identifier les comportements “déviants” ?

D’autre part, quid de l’algorithme qui sera utilisé pour identifier les comportements “déviants” ou “suspects” ? Quid aussi de la définition de ces comportements “déviants” ? Chiffrer ses e-mails ? Taper “djihad” dans un moteur de recherche ? On imagine déjà l’avalanche de faux-positifs… Tous ces gens surveillés alors que leurs intentions ne sont nullement menaçantes.

La loi fait, en gros, de chaque citoyen un suspect potentiel. Des chercheurs se sont penchés sur le comportement des humains quand ils se savent surveillés. Leurs conclusions sont toutes les mêmes : on aboutit à de l’autocensure. Pour bien comprendre l’enjeu de cette loi, et les bouleversements qu’elle pourrait occasionner, je vous propose une métaphore.

Astuce : essayez de filmer des gens sans leur accord

Prenez une soirée dans laquelle vous ne connaissez personne. Venez-y avec une caméra que vous tiendrez au poignet, et observez le comportement de vos congénères. Ils sont gênés, parlent moins forts, sont moins démonstratifs… parce qu’ils ne veulent pas que quelqu’un qu’ils ne connaissent pas conservent des images d’eux. Rappelez-vous aussi cette femme porteuse de Google Glass, qui avait été agressée dans un bar parce que les clients craignaient qu’elle les filme.

Cette loi, c’est exactement la même chose.

Source : Oriane Piquer-Louis, pour le Plus de l’Obs, le 17 avril 2015.


Loi renseignement : “Une arme redoutable entre de mauvaises mains”, s’inquiète Marc Trévidic

REPLAY – Le juge antiterroriste a souligné les dérives liberticides du projet de loi sur le renseignement débattu à l’Assemblée nationale à partir du 13 avril.

Marc Trevidic, invité de RTL, le 7 avril 2015

Marc Trévidic dénonce les dérives de la loi sur le renseignement

Au micro d’Yves Calvi, le juge antiterroriste Marc Trévidic a dénoncé les risques potentiels de la loi sur le renseignement actuellement en débat à l’Assemblée : “Quand une loi me paraît dangereuse, je suis inquiet”. Le texte de loi doit donner un cadre légal aux pratiques, souvent officieuses, des services de renseignement, notamment en matière d’interceptions des appels, des SMS et des mails. Une surveillance extrajudiciaire, avec l’aval du premier ministre, qui prévoirait également la mise en place de “boîtes noires”, observant les données de connexion de tous les internautes.

“Il y a une absence de contrôle totale dans cette loi” estime le juge, évoquant le manque de protection des citoyens vis à vis de l’Etat dans le projet de loi. Pour le juge, attaché aux libertés individuelles, cette loi constitue une “arme redoutable” si elle est mise entre de “mauvaises mains”. “C’est une loi qui peut être utilisée à mauvaise escient” insiste celui qui a travaillé aux affaires terroristes les plus sensibles. Il a notamment été chargé d’instruire l’affaire des moines de Tibhirine, tués en Algérie en 1996 ou celle de l’attentat de Karachi en 2002. Un poste qu’il estime “très lourd à porter”.

“Soulagé de partir ” confie t-il, le juge star du parquet de Paris, sur le point de quitter son poste après dix ans d’exercice, comme le prévoit la loi, a par ailleurs rappelé la difficulté d’exercer ses fonctions comme tout autre juge : “C’est tellement politique comme domaine qu’un juge n’y trouve pas forcément son intérêt”. Marc Trévidic exercera à compter de mai 2016 ses nouvelles fonctions en tant que vice-président du Tribunal d’Instance de Lille.

Source : RTL, le 07 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/loi-sur-le-renseignement-tout-le-monde-sen-fiche-et-pourtant/


Loi sur le renseignement : apprendre à vivre avec Big Brother, par Éric Verhaeghe

Tuesday 5 May 2015 at 00:04

Big Brother

Le Big Brother à la française, c’est maintenant! la loi sur le renseignement devrait être adoptée à une écrasante majorité de l’Assemblée Nationale, mettant fin à la (relative) douce insouciance des Français en matière de protection de la vie privée.

Big Brother for ever

Les attentats contre Charlie ont donné l’occasion aux services de renseignement français de faire passer à l’Assemblée Nationale des moyens financiers et surtout juridiques nouveaux pour rattraper leur retard dans la compétition qui les oppose à leurs concurrents, notamment britanniques. Quoi de mieux qu’une bonne émotion et une terrible angoisse pour justifier un plan de surveillance généralisé de la population au nom… de la protection de cette même population? Bien entendu: on étrille votre vie privée pour vous protéger contre vous-mêmes… On connaît la chanson.

L’objectif officiel est d’améliorer la lutte contre le terrorisme en déployant tous azimuts des technologies qui font rêver.

Pour que chacun comprenne bien de quoi il s’agit, voici les passages marquants (que j’ai pris soin de surligner) de la présentation du projet de loi:

L’article 3 crée les deux derniers chapitres du titre V relatif aux techniques de recueil du renseignement soumises à autorisation.

Au chapitre III, l’article L. 853-1 prévoit le recours à des appareils enregistrant les paroles ou les images de personnes ou à des logiciels captant leurs données informatiques. La durée de l’autorisation de mise en œuvre est limitée à deux mois, eu égard au caractère plus intrusif de cette technique et il ne peut y être procédé que si aucun autre moyen légal n’est possible pour obtenir le renseignement recherché.

L’article L. 853-2 encadre strictement les conditions dans lesquelles l’introduction dans un véhicule, un lieu privé ou un système automatisé de traitement de données peut être autorisée, aux seules fins de poser, mettre en œuvre ou retirer les dispositifs de captation prévus à l’article L. 853-1 : il ne peut y être procédé que si aucun autre moyen légal n’est possible pour obtenir le renseignement recherché (…)

Au chapitre IV, l’article L. 854-1 offre un cadre spécifique aux interceptions de communications électroniques émises ou reçues à l’étranger. Lorsqu’elles renvoient à des numéros d’abonnement ou des identifiants techniques rattachables au territoire national ou à des personnes surveillées dans le cadre d’une interception de sécurité, les communications recueillies sont conservées pendant un mois à compter de leur première exploitation et détruites dans les conditions de droit commun.(…)

L’article 5 déplace, sans les modifier, des dispositions existantes dans le nouveau livre VIII du code de la sécurité intérieure. Il s’agit notamment des mesures que peuvent prendre les pouvoirs publics pour balayer le spectre radioélectrique ou des prérogatives du ministre chargé des communications électroniques pour ordonner les opérations matérielles nécessaires à la mise en œuvre des interceptions de sécurité. Le même article crée, en outre, un article L. 861-4, qui renforce la protection de l’anonymat des agents des services spécialisés de renseignement en prévoyant que certains actes réglementaires et individuels concernant l’organisation, la gestion et le fonctionnement de ces services sont opposables, bien que non publiés, après enregistrement dans un recueil spécial tenu par le Premier ministre.

L’article 6 déplace également, en les adaptant, dans le nouveau livre VIII du code de la sécurité intérieure, desobligations déjà à la charge des opérateurs de communications électroniques et des prestataires de services, notamment en matière de déchiffrement de données ou de transmission d’informations et de documents pour préparer des interceptions de sécurité.

Il est par ailleurs précisé que les opérateurs et les prestataires de service devront, le cas échéant, être en mesure de respecter les dispositions régissant le secret de la défense nationale.(…)

L’article 9 modifie le code monétaire et financier pour permettre à la cellule de renseignement financier dénommée « Tracfin » de recueillir auprès des entreprises de transport ou des opérateurs de voyage et de séjour des données identifiant leurs clients ou concernant les prestations qu’ils leur ont fournies.

L’article 10 modifie le code pénal pour exonérer les agents habilités de certains services spécialisés de renseignement de poursuites pénales lorsqu’ils portent atteinte, pour des motifs d’intérêt public limitativement énumérés, à des systèmes d’information situés hors du territoire national.

L’article 11 est relatif au contentieux de l’accès indirect à certains fichiers intéressant la sûreté de l’État. Il vise à préserver la confidentialité des informations contenues dans ces fichiers tout en garantissant les pouvoirs de contrôle du juge et les droits des requérants. Ainsi, le juge obtiendra communication des éléments pertinents contenus dans ces fichiers, sauf à ce qu’ils soient couverts par le secret de la défense nationale. Ces éléments, bien que non versés au contradictoire, pourront fonder la décision du juge. S’il apparaît que le fichier ne comporte aucune mention erronée relative au requérant ou ne contient pas d’information à son sujet, la décision du juge ne pourra révéler s’il figure ou non dans le traitement ; à l’inverse, le requérant pourra être informé par le juge si des informations le concernant sont irrégulièrement mentionnées dans le traitement.

L’article 12 est relatif à la surveillance des détenus. Il introduit deux nouveaux articles dans le code de procédure pénale.

L’article 727-2 permet à l’administration pénitentiaire de disposer des prérogatives nécessaires à la détection, au brouillage et à l’interruption des correspondances illicites émises ou reçues par la voie des communications électroniques ou radioélectriques par une personne détenue, c’est-à-dire notamment des communications téléphoniques, échanges de messages écrits ainsi que des communications par talkie-walkie. Cet article autorise également l’administration pénitentiaire à utiliser un dispositif permettant de recueillir les données de connexion ou celles relatives à la géolocalisation des équipements utilisés.

L’article 727-3 prévoit le cadre dans lequel les ordinateurs des personnes détenues peuvent être contrôlés, y compris en temps réel, pour détecter une éventuelle connexion illicite.

Bref, les services de renseignement pourront, sans recourir au juge, surveiller au nom de la sécurité nationale la totalité des communications, des connexions, des messages, des conversations de n’importe quel citoyen, pourvu qu’il soit soupçonné de sympathie envers le terrorisme.

Big brother et la violation des droits de la défense

Dans cette industrialisation totalitaire de la surveillance des citoyens, l’article 11 mérite une mention particulière. Il prévoit qu’un juge peut avoir accès à des données relatives à une personne, et juger celle-ci sur ce fondement, sans les verser au dossier:

« la juridiction de jugement se fonde sur les éléments contenus le cas échéant dans le traitement sans les révéler ni préciser si le requérant figure ou non dans le traitement »

Voilà une phrase qui nous rappelle les bons temps de la justice stalinienne. Personnellement, je n’imaginais pas lire un jour une disposition de ce genre dans une démocratie qui se réclame des droits de l’Homme.

Je veux bien entendre le bla-bla de Cazeneuve et consors, mais là, on a franchi un mur impressionnant dans l’escalade vers la mort des libertés.

Big brother aura son comité de salut public

Les partisans de cette loi arguent volontiers des garde-fous qu’elle offre. D’abord, elle rappelle dans son article 1 que:

Le respect de la vie privée, notamment le secret des correspondances et l’inviolabilité du domicile, est garanti par la loi. L’autorité publique ne peut y porter atteinte que dans les seuls cas de nécessité d’intérêt public prévus par la loi, dans les limites fixées par celle-ci et dans le respect du principe de proportionnalité.

Tout le problème est de savoir ce qui justifie une nécessité d’intérêt public et qui la qualifie.

La loi sur le renseignement prévoit la création d’une commission spéciale qui se réunira pratiquement en permanence pour autoriser les services de renseignement à violer la vie privée, au besoin en utilisant des moyens qui toucheront des volumes de population bien plus larges que la personne suspectée. Cette commission sera composée de fonctionnaires et de magistrats. Ils se réuniront au minimum à quatre pour autoriser ou non une surveillance.

Cette espèce de comité de salut public qui rappelle les heures sombres de la loi des suspects aura de véritables pouvoirs inquisitoriaux. Il agira sur sollicitation des agents de renseignement, dont l’anonymat est farouchement préservé.

Toutes ces mesures d’exception et qui sont en contradiction avec les valeurs démocratiques nous sont présentées comme des éléments indispensables à la lutte contre le terrorisme. Dans la pratique, elles permettront sous le prétexte d’une simple suspicion de dévaster la vie privée de n’importe quel citoyen honnête.

On conseille vivement au ministre de l’Intérieur de ne plus connaître d’attentat durant son mandat, car il risque de perdre gros dans cette affaire: Cazeneuve donne en effet le sentiment d’utiliser le prétexte du terrorisme pour mettre la population sous contrôle.

Il est vrai que si 7 millions de Français sont descendus dans la rue le 11 janvier pour défendre la démocratie, rien ne nous dit qu’ils ne descendront pas un jour ou l’autre à nouveau dans les mêmes rues pour renverser un régime à l’agonie. Et cette seule crainte justifie bien des mesures d’exception banalisées par Bernard Cazeneuve.

Apprendre à vivre avec Big Brother

Assez logiquement, la représentation nationale qui est détestée par le peuple français adoptera largement ce texte. En attendant de pouvoir l’abolir, comment vivre avec?

Quelques conseils:

1 – si vous avez quelque chose d’important à communiquer à un ami ou un proche, faites-le en le lui écrivant à l’ancienne, sur du papier, avec un stylo, ou rencontrez-le directement pour le lui dire…

2 – quand vous écrivez sur Internet ou quand vous parlez au téléphone, placez-vous toujours dans la position de devoir un jour justifier vos propos devant un juge. Si vous pensez ne pouvoir soutenir vos propos, tournez votre langue (ou vos doigts) sept fois dans votre bouche avant de parler.

3 – si vous avez des sujets sensibles à évoquer, convenez auparavant d’un code simple et commode pour échanger. Appelez-vous M. Bismuth par exemple…

Et pour votre gouverne, relisez les actes glorieux de la police française sous Vichy. Vous aurez une bonne représentation de l’avenir qui nous attend.

Source : Eric Verhaeghe, pour son blog Jusqu’ici tout va bien…, le 13 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/loi-sur-le-renseignement-apprendre-a-vivre-avec-big-brother-par-eric-verhaeghe/