les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

[Et pendant ce temps là] 20 civils morts à Lougansk – mais là, on s’en tape, ils ne sont pas hollandais…

Saturday 19 July 2014 at 05:00

Le crash

Le blog a battu son record du nombre de commentaires pour un billet – plus de 400 sur le crash en Ukraine.

Je l’ai laissé assez libre, c’est intéressant de voir les réactions des lecteurs…

Je signale que, comme toujours, il y a eu des déferlements de rumeurs, de racontars et autres propagande manipulatoire, de part et d’autre.

Les histoires du contrôleur aérien espagnol, du chef des rebelles sur son Facebook local, de l’avion de Poutine sur place, des l’interception du SBU and co, tout ça, c’était du flan.

Plus généralement, je trouve terrifiantes tous les déferlements de haine qu’on a pu voir dans les médias ou sur Internet.

Car qu’en est-il ? Il semble logique de considérer qu’il y a 99 chances sur 100 que le ciblage de l’avion ait été accidentel – je laisse le 1 % en raison des néonazis dingues en place, qui ont déjà fait leurs preuves dans le “snipage” de Maidan, et les rebelles n’avaient aucun intérêt à ceci comme on le voit (si crime il y a, il faut se demander alors à qui profite le crime).

Bon après, on a 0 % de chance que le missile ait été tiré depuis la Russie.

Donc on est sûr qu’il a été tiré par des Ukrainiens.

Reste à savoir s’ils étaient à l’Ouest ou à l’Est. Je dirais bien, ce jour, au pifomètre 50 % de chances que ce soit les rebelles, 49 % l’armée ukrainienne. Car :

Alors après, attendons quelques semaines on en saura plus…

Mais je suis très étonné qu’on n’ai pas plus de preuves (photos and co) des USA et de la France, car on a ce qui faut pour détecter des lancement de missiles à haute altitude (pour des raisons évidentes !!!)

===================================
Au passage, j’ai une question aux pros des armes (merci de faire suivre)

On a une video du moment du crash sur CNN :

Cela confirme la vision au sol (il ne semble pas y avoir de débris dispersés sur des kilomètres) : l’avion a touché le sol a peu près entier.

Or, si c’est un missile sol-air Bouk :

Je suis assez étonné qu’il n’air pas fait exploser l’avion en vol… Je pensais que des dégâts plus faibles étaient surtout causés par les missiles air-air.

D’autant qu’a priori ça laisse de grosses trainées dans le ciel, que personne ne semble avoir vues… (dossier complet sur le Bouk ici)

Qu’en pensez-vous ? (mais je précise, je n’y connais rien).

===================================

Mais bref, comme, quoi qu’il en soit, la destruction du Boeing étant très certainement non volontaire, cela n’apporte pas grand chose de savoir qui a tiré ! L’armée – eh bien c’est mal, vous avez fait n’importe quoi ! Les rebelles – eh bien c’est mal aussi, idem, vous devriez être mieux formés comme résistants bombardés !

Après on devrait surtout avoir une pensée pour ces victimes innocentes, qui s’ajoutent à une trop longue liste !

Et se poser des questions plus intéressantes :

Je n’aurais jamais accepté d’être dans un avion au dessus d’elle – les explications ne tiennent pas selon moi (comme ici dans le Figaro)

Bravo le principe de précaution (ce n’était pas juste “zone de guerre” façon Irak, c’était “zone de guerre avec avions régulièrement abattus”), tout ça pour économiser quelques euros d’essence sur le billet…

“En effet, seule la Russie avait interdit la zone de vol à ses avions de ligne: une décision qui concernait donc Aéroflot. Par ailleurs, seules les compagnies coréennes Korean Air et Asiana, la compagnie australienne Qantas et la compagnie taïwanaise China Airlines ont modifié le parcours de leurs avions début mars lorsque les Russes sont arrivés en Crimée”

Merkel et le Mistral

Et là, grandiose, sur les frégates Mistral :

Mistral pour la Russie: Merkel appelle Paris à arrêter l’exportation

1 milliard d’euro de marché, avec des pénalités énormes si on ne livre pas, + la destruction de notre image (quel pays BRICS va nous acheter des choses stratégiques après ?)

Et pourquoi ? On sanctionne la Russie car des Ukrainiens ont abattu un avion civil (ça, c’est sûr à 100 %) ? Hein ???

Mais a-t-on mis en œuvre des sanctions :

Help, quelqu’un pourrait m’expliquer ?

Alors :

Lougansk

Mais bon, pendant qu’on parlait de ce drame, on n’a pas parlé de la journée  à Lougansk, où l’armée ukrainienne a encore tué 20 civils en bombardant la ville – par chance aucun Hollandais n’est parmi les victimes…

Au moins 20 civils ont été tués lors des bombardements de la ville de Lougansk par les forces de l’ordre ukrainiennes, rapporte le site du Conseil municipal de la ville.

Parmi les victimes, 8 ont été tuées sur le coup après qu’un obus soit tombé sur un passage piéton. Les ambulances sont en train d’évacuer les blessés vers l’hôpital de la ville.

Les militaires ukrainiens pilonnent la ville depuis ce vendredi matin. Les missiles tombent dans des quartiers différents de la ville, et notamment près de la gare routière, très fréquentée.” (Source)

Vidéos atroces, comme d’hab, surtout la première :

À suivre…

ATTENTION, IMAGES ASSEZ DURES…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/et-pendant-ce-temps-la-20-civils-morts-a-lougansk/


[Reprise] Les souffrances de Gaza, les crimes d’Israël et notre responsabilité, par Noam Chomsky

Saturday 19 July 2014 at 03:00

A trois heures du matin, heure de Gaza, le 9 juillet, en plein milieu de la dernière démonstration de barbarie israélienne, j’ai reçu un appel téléphonique d’un jeune journaliste palestinien qui se trouvait à Gaza. En arrière-plan, je pouvais entendre les cris de son fils au milieu des explosions et le bruit des avions de combat qui tiraient sur tout civil en mouvement, et aussi sur les habitations. Il venait de voir voler dans les airs un ami à lui qui circulait dans un véhicule clairement identifié comme faisant partie de la presse. Suite à une explosion il a entendu des cris provenant de maisons voisines, mais il ne peut pas sortir au risque de devenir lui-même une cible. Il s’agit d’un quartier tranquille, sans objectifs militaire… à l’exception des Palestiniens qui sont des cibles faciles pour la machine de guerre ultra-moderne qu’Israël possède grâce aux Etats-Unis. Mon ami m’a raconté que 70 pour cent des ambulances ont été détruites, et que l’on comptait 70 morts et plus de 300 blessés, dont environ deux-tiers sont des femmes et des enfants. Peu de militants du Hamas ont été touchés, et peu de sites de lancement de roquettes. Juste les victimes habituelles.

Il est important de se rendre compte de ce qu’est la vie à Gaza lorsqu’Israël fait preuve de « retenue », entre deux crises régulièrement provoquées comme celle-ci. On peut en avoir une bonne idée dans le rapport à l’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés de Mads Gilbert, le courageux médecin norvégien qui a longtemps travaillé à Gaza et a vécu de l’intérieur la cruelle et meurtrière opération Plomb Durci. De tout point de vue, la situation est désastreuse. Pour ne citer que la situation des enfants, Gilbert rapporte : « Les enfants palestiniens de Gaza vivent une souffrance énorme. Une grande proportion souffre de malnutrition à cause des conditions imposées par le gouvernement israélien et en conséquence du blocus entourant le territoire palestinien de Gaza. L’anémie prévaut chez les enfants âgés de moins de deux ans (72,8% sont touchés). La malnutrition, le manque de croissance et de poids touche respectivement 34.3, 31.4 et 31.45% de tous les enfants du territoire. » Et cela ne fait qu’empirer au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture du rapport.

Quand Israël se « comporte bien », plus de deux enfants palestiniens sont assassinés chaque semaine, un chiffre constant depuis 14 ans. La cause profonde de tout ceci est l’occupation criminelle des territoires palestiniens et toutes les mesures prises contre Gaza pour que sa population puisse à peine survivre, tandis que les palestiniens de Cisjordanie sont obligés de rester cantonnés dans des zones invivables et où Israël s’empare de ce qu’il veut, le tout dans une violation flagrante du droit international et des résolutions explicites du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sans parler d’un minimum de décence humaine. Et tout ceci continuera tant qu’Israël sera soutenu par Washington et toléré par l’Europe – à notre grande honte.

Noam Chomsky

L’article existe aussi en anglais ici et en espagnol ici

Source : Le Grand Soir

Si vous ne connaissez pas Noam Chomsky …

Retrouvez de nombreux textes de Noam Chomsky sur www.noam-chomsky.fr


Énorme, regardez cette courte émission (le Daily Show de John Stewart): c’est féroce de critique humoristique !


Avertissements téléphoniques à Gaza, vus par… par asi


Et si les morts de Gaza étaient Israéliens ?

Que ferait le monde si les morts de Gaza étaient Israéliens ?

Depuis le déclenchement de l’opération militaire contre la bande de Gaza, baptisée “Bordure protectrice” par le ministère israélien de la Défense, plus de 980 roquettes, de divers types, ont été lancées contre Israël par divers groupes armés palestiniens. 760 de ces projectiles ont atteint le territoire israélien. Près de 200 ont été détruits en vol par les missiles des batteries “iron dôme”.

Au cours de cette semaine d’opérations, l’armée israélienne a mené des raids aériens (avions de combat F-16, hélicoptères, drones armés) et lancé des frappes d’artillerie depuis des navires de guerre au large de Gaza contre 1.470 cibles dans la bande de Gaza.

Près de 210 frappes visaient des tunnels, 770 ont atteint des caches abritant des lanceurs de roquettes, 69 des bases de combattants et 63 des entrepôts d’armes ou des ateliers de fabrication d’armes. Ces chiffres ont été fournis, le 14 juillet, par les services du porte-parole de l’armée israélienne. Aucune perte israélienne n’est mentionnée par l’armée. La presse a indiqué dimanche que quatre soldats israéliens avaient été blessés au cours d’un raid terrestre contre un site de lancement de roquettes.

Elle a aussi indiqué que 13 civils avaient été blessés, parmi lesquels un jeune Israélien âgé de 16 ans atteint par des éclats dimanche lors de l’explosion d’une roquette à Ashkelon. Son état était, lundi matin, jugé “sérieux mais stable”. A ce jour, les tirs de roquettes palestiniens ont provoqué des scènes de paniques et suscité une atmosphère d’angoisse en Israël sans faire de mort.

77% de civils parmi les morts Palestiniens

En face, selon le point de situation publié lundi par le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA), les frappes israéliennes ont fait dans la bande de Gaza 178 morts, dont 138 civils, parmi lesquels 26 femmes et 36 enfants, et 1361 blessés dont 386 enfants et 249 femmes. Selon le même document, 1255 habitations ont été détruites, 1420 gravement endommagées ainsi que 66 écoles et 5 équipements de santé.

Chassées de leurs domiciles détruits ou terrorisées par les frappes israéliennes, 21.600 personnes ont cherché refuge dans des écoles du système de l’ONU, protégées, en principe, par le drapeau bleu, ou dans d’autres structures. Au moins 600.000 personnes sont privées d’eau, de sanitaires et d’hygiène et 75% de la ville de Gaza – soit 400.000 personnes – sont sans électricité.

Que fait la “communauté internationale” ? Rien. Elle condamne les tirs de roquettes palestiniens, appelle Israël à la retenue, se déclare prête à favoriser un cessez-le-feu, rappelle la nécessité de revenir au processus de paix, voire, comme François Hollande, affirme que “la France veut un Etat palestinien à côté d’Israël”. Sans s’attarder sur le pourcentage élevé (77%) des civils parmi les morts palestiniens, ni condamner la disproportion des moyens utilisés, ni proposer la moindre démarche concrète. Mise à part une visite au Proche-Orient des ministres allemand et italienne des Affaires étrangères.

Question : que se passerait-il si le bilan était inversé ? Si les frappes palestiniennes avaient fait en une semaine 178 morts et 1.361 blessés en Israël, détruit ou endommagé plus de 2.300 habitations de Haïfa ou Jérusalem, chassé 21.600 Israéliens de leurs foyers et privé d’électricité 75% de Tel Aviv ?

Source : Le Nouvel Observateur

Source: http://www.les-crises.fr/les-souffrances-de-gaza-les-crimes-disrael-et-notre-responsabilite/


Revue de presse du 19/07/2014

Saturday 19 July 2014 at 01:45

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-19-07-2014/


[Entraide] Un Avocat accepterait-il de donner un coup de main pour une QPC sur la loi Anti-Amazon ?

Friday 18 July 2014 at 04:30

Suite au billet sur la loi anti-Amazon, je me demandais s’il se trouverait un avocat qui accepterait de donner une aide bénévole ou à prix très bas pour poser une Question Prioritaire de Constitutionnalité sur le sujet de la loi anti-Amazon. (on en sait jamais)

Cela ne m’étonnerait pas que le Conseil constitutionnel la censure, tant elle est criante d’inégalité de traitement : on peut acheter un livre à 19 € en libraire, mais il ne peut être vendu à moins de 20 € sur Internet…

Cette loi va bien couter 100 à 200 € à DiaCrisis tous les ans, reversés directement à Amazon… (et 60 M€ par an au consommateur)

Et puis, il faut bien réagir un minimum…

Enfin, cela peut faire de la pub à l’avocat volontaire :)

Me contacter si une bonne âme est intéressée…

Source: http://www.les-crises.fr/qpc-sur-la-loi-anti-amazon/


(Actualisation – Synthèse) Comment nos députés nous ont finalement bien rackettés pour le compte d’Amazon…

Friday 18 July 2014 at 02:00

Billet à jour au 15/07/2014

Synthèse

Autant je peux comprendre à la limite (sans l’accepter) que, dans son état sinistré actuel, la presse ne comprenne rien à l’Ukraine, mais alors qu’elle ne comprenne rien non plus à une loi simple, cela devient très inquiétant…

Alors, on va reprendre très simplement le sujet, qui n’a rien de compliqué…

Quand on achète un livre dans une librairie, au prix éditeur de 20 €, on paie 3 choses :

  1. le livre (9 €) – payant l’auteur (2 €), l’éditeur, l’imprimeur et la TVA
  2. la diffusion et la livraison du livre dans la librairie (4 €)
  3. le libraire (7 €) – payant le local et les salaires

prix du livre

Mais les livres ne sont pas vendus qu’en librairie – loin de là :

lieux achat du livre

On a 3 autres gros vecteurs de diffusion, à coûts internes décroissants : les grandes surfaces culturelles (FNAC…), les grandes surfaces généralistes (Carrefour), et Internet.

Quand on arrive à de la vente par Internet, par exemple Amazon, on a environ ces coûts :

  1. le livre (9 €) – payant l’auteur (2 €), l’éditeur, l’imprimeur et la TVA
  2. la livraison du livre dans l’entrepôt Amazon (0 €) : cela ne coûte rien, (en gros) l’imprimeur envoie directement les exemplaires chez Amazon
  3. Amazon (3 €) – payant l’entrepôt, les salaires, et le site

Amazon serait donc en mesure de vendre le livre 12 € au lieu de 20 €.

Pour éviter cela, la loi Lang a fixé un prix unique du livre : tous les vendeurs doivent vendre le livre à 20 €.

Par dérogation, les vendeurs peuvent, s’ils le souhaitent, appliquer une réduction de 5 % – et le vendre 19 €.

Jusqu’à présent, Amazon (et la Fnac) appliquaient la baisse de 5 % ET fournissaient la “livraison gratuite” – les libraires hurlant au “dumping” (pointant même souvent l’optimisation fiscale d’Amazon).

MAIS la livraison n’avait rien de “gratuite” : vendant 19 € un livre qu’ils pouvaient vendre 12 €, le consommateur payait largement la livraison dans le prix.

Ce qui est logique : dans le prix éditeur, donc en librairie, on paie déjà la livraison de l’éditeur jusqu’à la librairie. Chez Amazon, c’est le même prix, sauf qu’Amazon n’a pas encore livré le livre…

Alors je comprends que les libraires se plaignent de ne pas pouvoir expédier un livre à leur acheteur gratuitement, mais il est évident qu’un circuit éditeur -> grossiste -> libraire -> client ne peut rivaliser en termes de coût avec un circuit  éditeur -> Amazon -> client : C’est NORMAL, il y a une livraison de plus dans le 1er + une librairie à financer !

Je ne sais pas vous, mais quand j’achète un livre, je n’ai pas le besoin qu’il se ballade dans une librairie (ni au Pérou) avant d’arriver chez moi…

Mais le législateur s’en est mêlé – hélas…

La loi 2014-779

Je vous passe les rebondissements dans sa conception

la loi indique désormais :

« Lorsque le livre est expédié à l’acheteur et n’est pas retiré dans un commerce de vente au détail de livres, le prix de vente est celui fixé par l’éditeur ou l’importateur. Le détaillant peut pratiquer une décote à hauteur de 5 % de ce prix sur le tarif du service de livraison qu’il établit, sans pouvoir offrir ce service à titre gratuit. »

Kafka a encore frappé : donc la déduction de 5 % ne peut porter que sur des frais de livraison qui ne peuvent plus être gratuits.

Le but du législateur est clair : il faut que les livres sur Internet soient plus chers que précédemment (RAPPEL : le but affiché est d’aider le livre, hein…)

La conséquence prévisible de la loi est évidente :

de la loi sur le livre

La presse

La presse a été lamentable, comme d’habitude :

Mention spéciale au NouvelObs :

Cependant, Félicitations du Jury à L’Informaticien (Guillaume Perissat) et Numérama (Guillaume Champeau), qui ont bien compris et bien informé leurs lecteurs :

Les conséquences

Simples !

Avant :

Après :

Donc tout va bien, le Larousse est désormais moins cher à l’étranger qu’en France !

Merci les députés – n’hésitez pas à partir en vacances surtout !

Ce qu’il fallait faire

Cette histoire est vraiment exemplaire du degré de bêtise ambiante, et d’incapacité à résoudre un problème par le Politique.

Au final, qu’a fait le législateur ? Il a créé une sorte de taxe de 5 % sur les ventes Amazon, payée par le consommateur, est reversée à… Amazon ! (Texte voté à l’unanimité !!!!)

Qui voit donc son bénéfice sur les ventes de livres augmenter d’environ +20 % à +25% !!!!

Messieurs les élus, n’hésitez donc pas à faire une loi anti-Berruyer, je suis preneur…

Je propose à la place de cette ânerie ceci :

1/ on crée une Autorité Indépendante de Soutien aux Librairies ;

2/ cette Autorité va lever une nouvelle taxe :

Elle vise à compenser l’excès de bénéfice indu de ces structures, en raison de la loi sur le prix unique. Cette taxe va rapporter environ 120 M€ par an. Il est fort probable qu’elle ne soit pas répercutée par les vendeurs en ligne ;

3/ cette autorité va gérer la distribution des sommes collectées sous forme de subventions aux 3 000 libraires français, avec des règles fixées par décret et claires. En donnant par exemple une somme fixe de 30 000 € par an à chacun, au titre de la subvention à “l’activité d’intérêt général de diffusion de culture”, modulée en fonction des frais et contraintes des zones. Ainsi, le consommateur ne paie pas plus cher, et on aide VRAIMENT les libraires à ne pas mourir – ce qui va être fait dans 5 ans sinon, même avec cette loi…

4/ on réfléchit à passer le rabais sur la loi Lang à - 10 % - ce serait encore  moins que les -15 % en Italie, où il  reste pourtant plein de libraires (2100 dont 1300 indépendants, plus qu’en France)… Le consommateur y gagnerait un peu sans que cela chamboule les librairies (désormais subventionnées)…

Bref à vous de choisir ce qui peut le mieux aider les librairies et aider aux achats de livres :

Source: http://www.les-crises.fr/comment-nos-deputes-nous-ont-rackettes/


(ancien) Comment nos députés veulent nous racketter pour le compte d’Amazon…

Friday 18 July 2014 at 00:01

(Billet du 11 octobre 2013)

Après le billet sur la situation des libraires, dernier billet de notre série, avec le dénouement final… :)

La réalité des conséquences de la loi

Nous avons analysé hier la loi anti-amazon (ou anti-Fnac). Revenons sur ses conséquences.

Elle va conduire à majorer de 5 % le prix des livres en ligne – pour soi-disant aider les libraires.

Financièrement le consommateur en ligne y perd 5 %. Mais qui y gagne ?

Eh bien Amazon, pardi !

Nous sommes en régime de prix unique, donc le prix va être fixé à un niveau plus haut.

Donc les députés viennent de racketter le consommateur pour donner (beaucoup) plus d’argent à Amazon !

Et pas qu’un peu…

Le marché de livres sur Internet doit tourner autour de 800 M€. On estime la part d’Amazon à 70 %, soit 500 M€ à la louche.

Nos députés viennent donc de voter une loi qui va

Car bien évidemment, il faut avoir un QI d’huître de député pour penser qu’en majorant un livre à 20 € de 1 €, les gens vont se ruer chez un libraire, ou même faire l’effort d’aller sur un de leur site en ligne, pour avoir le même prix et moins de services (ergonomie du site, conseils du site, rapidité, qualité des colis et de leur constitution, retour sous 30 jours…).

J’ai regardé : cette blague va personnellement me coûter 200 à 300 € par an, qui vont aller enrichir un site en ligne, sans rien en échange. Je ne trouve cela ni juste ni même efficace…

Les erreurs de la ministre

Je préfère dire erreurs que mensonges, mais bon, pour un ministre ça devrait être considéré comme identique… Et conneries, cela serait impoli.

Alors, que nous a-t-elle dit durant les débats sur la loi “anti-Amazon” (et “anti-FNAC”, donc), reprenant la propagande du syndicat des libraires ? [A lire ici]

Rien ne changera demain, si ce n’est que ceux qui vendent en ligne feront payer leur livre 22 euros au lieu de 20,90 euros, autrement dit au prix éditeur.” [Aurélie Filipetti, Assemblée Nationale, 3/10/2013]

Ah ben ouais, rien ne change donc… [Promis, je n'ai rien inventé, c'est tel quel dans le Journal Officiel]

D’ailleurs, en 2017, rien ne changera pour elle, si ce n’est qu’elle sera donc au chômage…

Ce ne sera donc pas pénalisant pour le consommateur puisque, de toute façon, dans son esprit, la loi de 1981 a toujours considéré que le respect du prix fixé par l’éditeur n’était pas une entrave au pouvoir d’achat du consommateur.” [Aurélie Filipetti, Assemblée Nationale, 3/10/2013]

Bah oui, cela n’est pas pénalisant, c’est juste plus cher !!! Et comme en France, l’argent est amené directement par les cigognes dans nos porte-monnaies, ce n’est pas grave… Et je vous laisse apprécier la bonne foi de l’argument avancé…

“La meilleure preuve en est que, dans les pays ne pratiquant pas le prix unique du livre, les livres ne sont pas moins chers qu’en France. C’est bien là tout l’effet bénéfique de la loi de 1981.” [Aurélie Filipetti, Assemblée Nationale, 3/10/2013]

Il y a là quelque chose qui devient à mes yeux proprement inacceptable : la négation de la réalité. Qu’on me dise que le consommateur doit payer plus cher pour soutenir les libraires, on peut débattre. Qu’on dise que cela n’a pas d’impact sur le consommateur, c’est inacceptable. Et cette pathologie est de plus en plus répandue : loi bancaire de séparation des activités qui ne sépare rien, référendum d’initiative populaire vanté par Hollande qui n’existera jamais, etc. Ou mieux : “loi anti-amazon” qui va augmenter ses profits de 20 ou 30 % (vous ne vous demandez pas pourquoi on ne les a pas entendu hurler ?) – vivement la “loi anti-blogueurs” dans ces conditions…

Il est évident que, les éditeurs ne faisant pas n’importe quoi (sous peine de ne plus avoir de client), le prix éditeur est forcement proche entre tous les pays -puisque que c’est le prix du “livre dans une librairie” : il faut créer le livre, imprimer le livre, transporter le livre dans la librairie, payer le loyer et le personnel de la librairie. Cela ne peut pas coûter 25 % de moins entre deux pays.

MAIS ça, c’est pour le prix “livre dans une librairie”. Mais Internet est arrivé, et on peut aussi avoir l’option “le livre livré à la maison”, qui est bien le nouveau prix du livre.

Alors Madame la Ministre, le prix du livre n’est pas moins cher à l’étranger ? Rendons-nous alors aux Etats-Unis par la magie d’Internet , chez Amazon.com, et comparons avec Amazon.fr pour le même livre (en convertissant en euros) :

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

N.B. : je précise pour les habitants du Ve arrondissement de Paris – qui regroupe presque tous les travailleurs du cabinet de la ministre de la Culture – qu’il existe en France ce qu’on appelle communément en termes techniques “des pauvres”. Et pour eux, payer 28,4 € pour avoir la vision d’Al Gore sur l’avenir de notre planète n’est guère envisageable – ce qui pose un léger bug démocratique… Idem pour l’économie :

prix du livre

Vous me direz que ce sont uniquement des traductions en français d’auteurs anglais, et que l’éditeur français doit payer la traduction (marginale mais bon…) ? Continuons alors avec des traductions américaines de livres français alors…

prix du livre

prix du livre

Vous me direz que ce sont finalement des nouveautés ou de grosses ventes ? Continuons…

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

prix du livre

Bon, alors “les livres ne sont pas moins chers [aux USA] qu’en France” ?

Mais ce n’est pas tout, elle continue :

“On le sait aujourd’hui, la gratuité des frais de port procède – il faut employer le mot – d’une stratégie de dumping, tout simplement. J’en veux pour preuve que dans les pays qui n’appliquent pas la loi sur le prix unique du livre, les opérateurs de vente en ligne ne pratiquent pas cette gratuité.” [Aurélie Filipetti, Assemblée Nationale, 3/10/2013]

Bien sûr… Que fait Amazon dans les pays sans prix unique ? C’est très compliqué à savoir – il faut aller sur leur site Internet, rendez-vous compte…

prix du livre

USA : gratuit au delà de 19 €

prix du livre

Canada : gratuit au delà de 18 €

prix du livre

Espagne : gratuit au delà de 19 €

prix du livre

Angleterre : gratuit tout le temps

Comment on a dit déjà ?  ”Les opérateurs de vente en ligne ne pratiquent pas cette gratuité.”

Mais il est vrai qu’en général, les frais de port ne sont pas offert sans minimum, sauf en Angleterre.

En revanche, il est SCANDALEUX d’appeler cela du dumping.

Pourquoi ? Parce qu’on est en régime de prix unique ! Et quel est ce prix ? Celui de la vente dans une librairie, avec cette structure :

prix du livre

Bref, on paie la moitié du prix pour amener le livre dans une librairie au fin fond de la France, payer le libraire et la surface en centre ville qui vend peu de livres.

Et les économies d’échelle sont énormes !

On a vu qu’une grande librairie a déjà des charges inférieure de 5 points de CA à une petite librairie !

Le prix unique du livre a été mis en place quand la FNAC, grande surface culturelle, a annoncé qu’elle allait vendre les livres 20 % moins cher – alors qu’elle doit aussi payer de gros loyers et beaucoup de personnel.

Mais les vendeurs en ligne n’ont pas ces coûts ! Les 2 ou 3 entrepôts, les manutentionnaires et emballeurs ont un coût proportionnel bien inférieur ! On peut imaginer qu’ils n’auraient aucune difficulté à vendre les livres 30 % moins cher ! Et quand, comme Amazon, on ne paye pas d’impôt et qu’on n’est pas social, eh bien on arrive aux USA, en ratiboisant les distributeurs, à faire – 35 % ou 40 % en moyenne ! Mais le -30 % en ayant une attitude citoyenne semble jouable ! On agite l’attitude fiscale d’Amazon, alors que ce n’est pas ça qui le rend vraiment rentable – c’est qu’on lui demande de facturer des frais de ses librairies qui n’existent pas !

En fait, quand on regarde, les prix aux USA sont bas car Amazon applique une décote énorme sur le prix éditeur :

prix du livre

Mais en France, la loi INTERDIT à Amazon de baisser ses prix, et donc l’OBLIGE a faire un profit monstre, en facturant au client des frais qui ne la concerne pas ! Quand les libraires font moins de 1 % de résultat net, Amazon doit bien faire dans ces conditions 20 ou 30 % de résultat net ! Du coup, ils peuvent se permettre de baisser les prix de 5 % et d’offrir le port ! Car le port est déjà payé dans le prix éditeur – mais c’est celui pour livrer le livre au libraire ! Où madame la ministre a-t-elle vu qu’on fait du dumping quand on fait un profit monstrueux ? Profit que la loi va encore augmenter…

La ministre reprend juste tels quels les arguments des libraires, sans esprit critique :

 «Devoir payer des frais de port pour un livre sera, il est vrai, un peu dur pour le consommateur mais c’est vrai aussi pour tous les autres produits vendus en ligne,  y compris les CD ou les DVD vendus par Amazon. Les facturer aussi pour les livres n’est donc pas injuste, mais juste», a affirmé le Syndicat de la Librairie Française.

Ben si c’est injuste, on va le payer 2 fois ! Sans prix unique du livre, Amazon facturerait la livraison, mais vendrait le livre – 30 % ! Moi, je signe tout de suite…

Mais bon, la ministre ajoute :

“Ils le font en France et dans les pays où le prix unique du livre existe, uniquement pour pouvoir s’introduire sur le marché et accéder ainsi à une position dominante. Une fois que cet objectif aura été atteint et que le réseau de libraires indépendants aura été écrasé, ils augmenteront leurs tarifs sur la livraison.” [Aurélie Filipetti, Assemblée Nationale, 3/10/2013]

Réseau de libraires qui ne vend plus qu’un livre sur 5 mais bon…

Mais c’est évident : on vient de voir aux USA  à quel point ils montaient leurs prix… Pardi, le consommateur sur Internet, on peut le tondre, il ne risque pas de changer de site ou d’aller sur des comparateurs…

Belle vision de la concurrence. On attend toujours que Carrefour augmente ses prix maintenant qu’ils ont écrasé les petits commerçants…

Pour montrer enfin le manque d’esprit critique, je vous mets les arguments des libraires, vous comparerez avec les propos de la ministre :

 En cumulant la gratuité des frais de port, sans minimum d’achat, pour l’achat des livres sur son site, et un rabais systématique de 5%, Amazon finance, grâce à l’évasion fiscale qu’il pratique à grande échelle, une politique de « dumping » visant à étrangler ses concurrents, à contourner le prix unique du livre et à bâtir un monopole qui lui permettra dans quelques années d’imposer ses conditions aux éditeurs et de relever ses prix”

on mesure combien la gratuité des frais de port correspond à une stratégie de « dumping » qui s’appuie sur les économies réalisées grâce à l’évasion fiscale, d’une part, et sur une capitalisation boursière sans égale, d’autre part. C’est une position de domination absolue sur le marché de la distribution que recherche Amazon à travers cette stratégie. Cette stratégie a déjà fait des victimes : la chaîne Borders aux États-Unis, Virgin en France. [...]

A l’exception de Fnac.com, challenger d’Amazon en France, aucun libraire ni aucune chaîne ne pratique la gratuité des frais de port dès le 1er euro, tout simplement parce que cette pratique est financièrement et économiquement intenable [...]

Au final, ce sont les contribuables de France et d’ailleurs qui financent la gratuité des frais de port.  Ce que les clients d’Amazon gagnent en frais de port, ils le perdent en impôts ! [...]

Au niveau international et à l’exception du Royaume-Uni, Amazon n’offre les frais de port sans minimum d’achat que dans les pays dans lesquels s’applique un prix unique du livre (France, Allemagne, Autriche, Espagne, Pays-Bas, Japon…). Dans des pays sans prix unique du livre (États-Unis, Canada, Suède, Finlande, Australie…), les frais de port pour les commandes de livres sont payants jusqu’à un certain montant d’achat (25$ aux États-Unis). [communiqué du 26/09/2013 du SLF]

Tout ceci est d’une rare malhonnêteté intellectuelle comme on l’a vu… Mais je préfère ça :

Néanmoins, les pratiques prédatrices d’Amazon freinent considérablement le développement de la vente en ligne dans les librairies et les chaînes de librairies. Les librairies étant parmi les commerces de détail les moins rentables[4], elles ne peuvent rivaliser avec les pratiques de dumping d’Amazon. A titre d’exemple, les frais de port représentent entre 15 % et 18 % du chiffre d’affaires réalisé sur Internet par les libraires indépendants alors même que ceux-ci n’offrent la gratuité des frais de port qu’à partir d’un montant minimal d’achat (de 25 à 35 € en règle générale). En cumulant ces coûts avec le rabais de 5%, c’est donc près d’un quart de la marge du libraire qui est amputée, ce qui est insupportable lorsque l’on sait que le résultat net moyen des librairies est aujourd’hui inférieur à 1%

Bref, il ne faut pas de concurrence sur le prix, sinon on va tuer les libraires, et c’est important d’avoir des libraires, parce que la vente en ligne, c’est pas bien pour la culture – et tant pis pour le consommateur. Mais par contre il faut aider les libraires à vendre en ligne, car les pauvres n’arrivent pas à vendre en ligne pas cher car ils ont des librairies pour ne pas vendre en ligne qui coûtent cher…

Enfin bon, j’arrête là…

Les questions qui se posent

En conclusion, le problème est complexe, et je suis partagé. Je ne peux me rendre aux seuls arguments des libéraux, apôtres de la concurrence totale et du consommateur empereur, mais pas plus totalement à ceux du lobby des commerçants de livres. Il me semble que, comme souvent, la vérité est un peu entre les deux.

Faut-il sauver les libraires ou le livre – qui souffre aussi, par exemple il n’y a plus de vraie encyclopédie papier désormais ? Et à quel coût, quand on voit que les livres pourraient être 30 % moins cher – soit 1,3 Md€ de pouvoir d’achat en plus ? L’Angleterre a supprimé sa loi sur le prix unique, ce qui a fait disparaître son réseau de libraires ; mais il s’y vend autant de livres qu’en France (423 millions d’exemplaires en 2012)…

Les vendeurs en ligne vont détruire de l’emploi en librairie, mais les consommateurs auront plus d ‘argent, et pourront le dépenser dans d’autres livres ou d’autres secteurs, créant des emplois.

Le mouvement est clair ; voici l’évolution 2003-2012 :

lieux achat du livre

Les libraires nous expliquent qu’eux ne peuvent pas offrir les frais de port, que de ce fait ils sont plus chers qu’Amazon, et que  la concurrence est donc déloyale, et qu’ il faut forcer Amazon à monter ses prix.

On rêve…

Les libraires  parlent de concurrence déloyale, alors qu’ils ne survivent que parce qu’une loi a tué la concurrence sur les prix dans le secteur – ce qui coûte 300 M€ à 900 M€ par an aux consommateurs..

Mais non, il n’y a pas de concurrence, car vous ne vendez pas la même chose. Acheter un livre en librairie ou le faire livrer, ce n’est pas la même chose – d’ailleurs c’est l’argument justifiant la loi Lang pour sauver les libraires. Non, dominos pizza n’est pas en concurrence avec l’Italien en bas de chez moi, ce n’est pas pareil, même s’il s’agit de manger des pizzas. Proposez une pizza Domino’s pour votre anniversaire de mariage, vous verrez si c’est pareil…

D’autant que 70 % des ventes d’Amazon sont des fonds de catalogue, qui partiraient au pilon sans les vendeurs en ligne. Et leurs sites poussent à la consommation, en proposant toujours des livres intéressants qu’on ne connaissait pas, bien plus qu’en librairie…

Donc je veux bien aider les libraires, mais il y a des limites. Et on ne va pas se mettre à financer des chaines logistiques pour livrer un livre à un libraire perdu à la campagne pour qu’il le renvoie au client par la Poste ! J’adore les libraires, mais il ne faut pas pousser – acheter un livre de Musso ou Marc Levy, ce n’est pas non plus le summum de la culture, il vaut mieux lire des blogs ou regarder un beau reportage d’investigation sur Arte…

Et je n’ai vu dans aucun rapport le % de Français qui vivent à plus d’une demi-heure d’une librairie, ce serait intéressant – car beaucoup de Français n’ont juste pas le choix – 11 libraires dans la Creuse…

Propositions alternatives

Après avoir étudié longuement le dossier, voici mes propositions – que je pense équilibrées.

1/ On garde la loi Lang, pour ne pas détruire le réseau des libraires en 3 ans. Mais il ne faut pas exagérer non plus ;

“La loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre, dont M. le rapporteur a eu l’amabilité d’affirmer qu’elle était désormais inscrite dans notre patrimoine national; on pourrait même dire qu’elle est inscrite au patrimoine de l’humanité, puisqu’elle essaime dans beaucoup de pays dans le monde» [Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, jeudi 3 octobre 2013].

2/ on ne vote pas cette proposition de loi débile ;

3/ on crée une Autorité Indépendante de Soutien aux Libraires ;

4/ cette Autorité va lever une nouvelle taxe :

Elle vise à compenser l’excès de bénéfice indu de ces structures. Cette taxe va rapporter environ 120 M€ par an ;

5/ cette autorité va gérer la distribution des sommes collectées sous forme de subventions aux 3 000 libraires français, avec des règles fixées par décret et claires. En donnant par exemple une somme fixe de 30 000 € par an à chacun, au titre de la subvention à “l’activité d’intérêt général de diffusion de culture”, modulée en fonction des frais et contraintes des zones. Ainsi, le consommateur ne paie pas plus cher, et on aide VRAIMENT les libraires à ne pas mourir – ce qui va être fait dans 5 ans sinon, même avec cette loi…

6/ on réfléchit à passer le rabais sur la loi Lang à - 10 % – ce serait encore  moins que les -15 % en Italie, où il  reste pourtant plein de libraires (2100 dont 1300 indépendants, plus qu’en France)… Ils pourront améliorer ainsi l’attractivité de leurs points de vente, et le consommateur y gagnerait un peu…

7/ on sauve la FNAC, pour qu’Amazon ne soit pas en monopole sur les livres, et ne fasse pas trop de pression sur les éditeurs dans 5 ans. Le souci est qu’à la FNAC, ils sont mauvais pour le moment sur la vente en ligne. Site minable (il suffit juste de COPIER Amazon les gars, on ne vous demande pas d’innover !), logistique mal foutue, vendeurs de qualité remplacés par des vendeurs de qualité bien inférieure, et surtout bras cassés à la confection des colis (purée, il ne faut pas 12 prix Nobel pour édicter des règles d’emballage correctes !!!). C’est le souci avec une FNAC qui est revendue en permanence (1985 à la GMF, 1993 à la CGE, 1994 PPR, volonté de revendre en 2009 sans succès, 2013 “spin-off” en la mettant en Bourse…), personne ne voulant investir à long terme (financiarisme quand tu nous tiens… Amazon ne se demande pas quand elle sera revendue..). Donc tant que je reçois des colis FNAC mal constitués (photo ci-dessous : 300 € de livres abîmés dans un seul carton mal ficelé) :

prix du livre

je n’appelle pas au Boycott d’Amazon en votre faveur, qui le mérite – désolé, il y a des limites, il faut changer de métier sinon… A chacun de choisir – mais il ne faut pas s’étonner de ça :

prix du livre

Mais FNAC.com a une importance stratégique majeure pour le secteur du livre… (Arnaud Montebourg, si tu m’entends…)

8/ on organise la transparence des CA des vendeurs en ligne pour suivre ce qu’il se passe sur ce marché ;

9/ on vote la proposition des écolos de la TVA à 19,6 % sur les formats de livres numériques propriétaires non ouverts (quand vous avez acheté un livre numérique, il est inacceptable qu’on puisse vous en couper l’accès un jour)

10/ on arrête d’accuser Amazon pour sa problématique fiscale. Oui, ce qu’elle fait n’est pas éthiquement responsable, mais c’est légal. Je suis toujours ulcéré quand on passe son temps à accuser une entreprise de faire des choix légaux qui lui rapportent de l’argent. Alors que le problème, ce sont les députés qui laissent perdurer cet état de fait. Non, le problème n’est pas Amazon ; le problème est “pourquoi  le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Irlande ont des législations qui permettent ces pratiques d’évasion fiscale des voisins ? Pourquoi a-t-on aux frontières un micro-État où la TVA sur le livre est à 3 % ? Pourquoi n’a-t-on toujours pas modifié la règle sur le paiement de la TVA dans le pays d’achat ? Pourquoi fait-on un marché européen avec libre circulation des produits et des capitaux AVANT d’avoir homogénéisé la zone législativement ? Je rappelle que ce qu’il faut c’est : 1/ on homogénéise 2/ on fait le marché unique. Ça marche pour tout : 1/ on homogénéise 2/ on fait une monnaie unique. Etc. Sinon, on ne vient pas se plaindre que des malins en profitent pour vous plumer comme le dindon que vous êtes… Bref, on modifie les règles législatives entre États pour une concurrence équitable !

Vous en pensez quoi ?

P.S. n’hésitez pas à faire suivre ce billet :)

Source: http://www.les-crises.fr/rachet-deputes-loi-anti-amazon/


Un Boeing 777 de Malaysian Airlines s’écrase à l’est de l’Ukraine

Thursday 17 July 2014 at 18:03

Encore une horreur (et gigantesque !) – ils ne sont pas gatés cette année Malaysian Airlines…

Voilà ce qui arrive quand on laisse des conflits se développer, et qu’on n’impose pas une bonne fois pour toutes des cesser-le-feu (comme à Gaza d’ailleurs). Cela me rappelle l’histoire de l’Airbus iranien abattu par les USA et le Boeing coréen abattu par les soviétiques… Je en sais pas non plus quel est le fou qui laisse des corridors aériens au dessus d’une zone de guerre…

J’espère que cela l’occasion d’imposer un cesser-le-feu aux 2 parties et l’ouverture de négociations internationales pour résoudre enfin cette histoire sordide (qui est à l’évidence une bavure – et donc peu importe de quel coté elle vient)…

RIP aux victimes de la folie des hommes…

L’avion, qui transportait 295 personnes, s’est écrasé dans la région de Donetsk en Ukraine.

Un avion de ligne malaisien parti d’Amsterdam aux Pays-Bas à destination de Kuala Lumpur en Malaisie a disparu des radars à 10.000 mètres d’altitude, puis s’est écrasé près de la ville de Chakhtarsk, dans la région de Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine, ont rapporté jeudi 17 juillet les agences Itar-Tass et Interfax-Ukraine.

Cette dernière a cité une source “au sein des forces de l’ordre ukrainiennes”, ajoutant qu’un groupe de secouristes du ministère des Situations d’urgence se rendait sur place. L’agence russe Itar-Tass a cité “les milieux de l’aviation”. Une partie de la région de Donetsk est contrôlée par des séparatistes prorusses.

Il s’agit d’un Boeing 777 de la compagnie Malaysian Airlines transportant à son bord 280 passagers et 15 membres d’équipage.

Source : Nouvel Obs

EDIT 17/07. Merci de vos infos en commentaire. Je ne commente pas trop – on verra bien ce qu’il ressortira, la prudence est de mise (et y’a pas le feu).

Enfin, pas partout…

=> On est d’accord, ce “gentil démocrate” est un dingue qui cherche le conflit ? Je ne me sens pas “intoxiqué par la vile propagande poutinienne” : il CHERCHE QUOI LE GARS ???

C’est pas mieux pour son Premier Ministre :

Mais ils sont bien conseillés :

(Nouvel Obs)

=> Bien sûr, sanctionnons Moscou pour un crash en Ukraine ! Et pour la collision TGV TER aussi !

Et si on sanctionnait les USA pour avoir abattu l’avion iranien (comme là, on est sûr que c’était eux…) ?

=> C’est vrai qu’en tant qu’administratrice de BNP Paribas, elle a du temps à consacrer à la géopolitique. Caniche des Américains, belle reconversion.

 

=> ça confirme que le ministre des Affaires étrangères suédois est dingue. Le type retweete de la propagande de Kiev, comme ça, sans souci…

Purée, il faut imposer 3 mois de trêve dans l’Est de l’Ukraine et sulfater le premier qui moufte à l’Est ou l’Ouest… Et ouvrir des négociations !

Bref, Merkel est lucide :

EDIT 2 : Trop forts à l’AFP (Via Nouvelobs) :

Vachement troublant – mais il n’y a qu’un petit problème, ce n’est pas la page de StrelKov (qui a déjà déclaré qu’il n’allait pas sur les réseaux sociaux – il conduit une guerre là…) : il n’a aucune page officielle, c’est un gusse qui anime ça tout seul. Bref, du louuurd !

Source: http://www.les-crises.fr/un-boeing-777-de-malaysian-airlines-secrase-a-lest-de-lukraine/


La loi “Anti-Amazon”

Thursday 17 July 2014 at 03:36

(Billet du 10 octobre 2013)

Nous allons aujourd’hui nous intéresser à l’actualité législative du prix du livre et à sa reprise par les médias – bonne façon d’analyser la qualité de l’information…

I. Les faits

En juin 2013, les députés UMP Gaymard, Kert et Jacob ont déposé une proposition de loi visant à modifier la loi Lang de 1981, afin d’interdire aux sites Internet de cumuler l’avantage de la baisse de 5 % du prix éditeur et la gratuité des frais de port.

Il faut savoir que seuls Amazon et la Fnac cumulent ces avantages quel que soit le montant de l’achat, alors que Chapitre, Decitre ou Gibert accordent toujours les -5 % mais la gratuité seulement à partir d’un seuil (de 18 à 35 €). Rue du Comemrce (ex Alapage) accorde le -5 %, mais jamais la gratuité du port, et Cultura n’accorde pas les -5 %, mais offre la gratuité de la livraison quel que soit le montant… pour un retrait dans ses magasins (merci !), et au delà de 20 € sinon.

La rédaction initiale de la proposition de loi n°1189 était assez lapidaire :

Après le quatrième alinéa de l’article premier de la loi n° 81–766 du 10 août 1981 relative au prix du livre, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La prestation de livraison à domicile ne peut pas être incluse dans le prix ainsi fixé. »

Bref, il faut facturer le port à part. Mais à combien ? Mystère et boule de gomme, 0,01 € ça semble passer… Bref, des spécialistes du sujet rédigent mal la proposition, chapeau !

Ces députés s’en sont rendus compte (bravo aux 70 députés signataires…), et ont déposé un amendement pour réécrire complètement leur propre proposition ainsi :

« Le coût de la livraison à domicile, à l’adresse choisie par l’acheteur, est ajouté par le détaillant au prix effectif de vente au public. ».

C’est mieux – c’est bien le coût qu’il faut rajouter -, mais enfin, ce n’est toujours pas d’une clarté extrême, et sans doute contournable…

La ministre a résolu le problème en déposant un amendement réécrivant la proposition de loi UMP, qui a été voté à l’unanimité des députés. Il indique désormais :

« Lorsque le livre est expédié à l’acheteur et n’est pas retiré dans un commerce de vente au détail de livres, le prix de vente est celui fixé par l’éditeur ou l’importateur. Le détaillant peut pratiquer une décote à hauteur de 5 % de ce prix sur le tarif du service de livraison qu’il établit. »

Ainsi aujourd’hui un livre de 20 € est vendu :

Demain, si le projet est adopté par le Sénat en l’état, il coûtera 20 € en ligne, et le commerçant pourra déduire 1 € sur les frais de port qu’il facturera (ou pas).

Dans cette rédaction, l’histoire de la remise sur les frais de port est du n’importe quoi absolu : le marchand étant libre de les facturer comme il veut, il ne sert à rien qu’une loi prévoit qu’il peut les diminuer jusqu’à un certain de montant : il pouvait les diminuer sans limite, et il pourra continuer.

Le texte voté, sous sa rédaction stupide et alambiquée signifie simplement la fin de la remise de 5 % pour les ventes sur Internet – et donc une hausse de 5,3 % des prix à venir sur ce circuit.

Quand la ministre déclare à l’Assemblée :

“Pour simplifier, cette rédaction dont nous avons veillé à garantir la sécurité juridique, n’empêche ni le rabais de 5 % ni la gratuité des frais de port, en raison de la décision de la Cour de cassation de 2008 ; elle interdit seulement le cumul de ces deux avantages.”

c’est faux ! Si vous achetez 200 € de livres en ligne, le libraire ne peut diminuer le prix de vente, il peut juste diminuer de 10 € au maximum le montant des frais de port qu’il vous facturera – et vous paierez donc au moins 10 € de plus qu’aujourd’hui, dans tous les cas…

Voyons comment cela a été reproduit par les médias.

II. L’information par les médias

Bon article de Claire Planchard dans 20 minutes, sauf :

«Il y a aujourd’hui deux hypothèses: soit les opérateurs vont garder le rabais de 5% et supprimer les frais de port gratuits, soit ils conserveront la gratuité mais renonceront à appliquer le rabais de 5%. Dans les deux cas, cela va augmenter le coût pour le consommateur d’environ 5% et cela fera entrer plus d’argent dans les caisses des opérateurs et surtout celles d’Amazon», analyse Mathieu Perona, coauteur de Le prix unique du livre à l’heure du numérique

“soit les opérateurs vont garder le rabais de 5% ” : ben non, c’est écrit dans les 2 petites phrases de la loi “Le détaillant peut pratiquer une décote à hauteur de 5 % de ce prix sur le tarif du service de livraison qu’il établit”, il ne peut donc plus les déduire du prix public !

Je reproduis la fin, pour exposer les arguments du syndicat des libraires – que je commenterai demain :

« Devoir payer des frais de port pour un livre sera, il est vrai, un peu dur pour le consommateur mais c’est vrai aussi pour tous les autres produits vendus en ligne, y compris les CD ou les DVD vendus par Amazon. Les facturer aussi pour les livres n’est donc pas injuste, mais juste», réagit le président du Syndicat de la librairie française (SLF) Matthieu de Montchalin, qui rappelle qu’Amazon facture également les frais de port des livres dans d’autres pays qui n’ont pas de prix unique.

Côté « diversité culturelle », le SLF estime aussi que cette nouvelle réglementation va permettre de « rétablir une équité sur le marché », et éviter par là même « des destructions d’emplois, la disparition de libraires et de maisons d’édition ».

« A mon avis cette mesure ne va pas apporter davantage de ventes aux libraires eux-mêmes », modère toutefois Mathieu Perona. « La force d’Amazon restera la disponibilité immédiate d’un nombre de titres énorme sans se déplacer. Le service rendu par cette plateforme n’est pas le même service rendu par les libraires », estime ce spécialiste.

Un bel article dans Libération (signé AFP, mais bon, c’est clairement retouché par le journal…) : Les députés adoptent à l’unanimité une mesure anti-Amazon

“Ils veulent mettre fin aux pratiques de «dumping» du géant américain et ainsi protéger les librairies françaises. Amazon dénonce une mesure discriminatoire, la Fnac est dubitative.” [...]

Selon Amazon, la proposition de loi adoptée – fait rare – à l’unanimité de l’Assemblée nationale «risque également de ne pas être neutre sur la diversité culturelle», en pesant notamment sur les maisons d’édition de moindre envergure. «Son impact sera le plus important à la fois sur le fonds de catalogue et pour les petits éditeurs, pour qui internet peut représenter une large part de leur activité», estime Amazon. [...]

Les députés ont été unanimes pour soutenir le réseau «unique au monde» de librairies en France. Droite et gauche ont dénoncé de concert les pratiques de «dumping» d’Amazon qui «détourne» l’esprit de la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre, érigé en «patrimoine national» par le rapporteur UMP du texte Christian Kert. [...]

Ces frais de port gratuits proposés par Amazon, qui détient 70% du marché de la vente en ligne, sont en effet jugés comme de la concurrence déloyale par les librairies qui sont déjà souvent en mauvaise situation financière, comme le démontre encore l’annonce lundi de la mise en vente des 57 librairies du réseau Chapitre. [...]

Les uns après les autres, les députés sont montés au créneau pour défendre avec lyrisme le réseau «unique» de librairies en France, d’une «importance majeure pour l’animation culturelle des petites villes». La France compte quelque 3 500 librairies (dont 600 à 800 «indépendantes», n’appartenant pas à un éditeur, une chaîne ou une grand surface) contre à peine 1 000 en Grande-Bretagne.

«En passant le seuil d’une librairie, le lecteur cherche la vie et les conseils. Qui mieux qu’un amoureux des mots et de la pensée, du papier et des reliures, peut nous orienter ? Si les librairies continuent à fermer, alors où pourrons-nous trouver cette odeur du papier si caractéristique ?» s’est ainsi enflammé le député de la Mayenne Yannick Favennec (UDI). Mais ces librairies «sont en situation tendue du fait du poids des loyers, des charges de personnel et du coût des stocks», a souligné Christian Kert, même si elles vont bénéficier d’un plan de soutien du gouvernement annoncé début juin.

D’autant plus que «la vente en ligne est désormais le seul segment du marché du livre en progression (13,1% de ce marché en 2011) et que les librairies indépendantes ont du mal à y trouver leur place du fait d’un retour sur investissement très faible», a-t-il ajouté. Outre la concurrence sur les prix, les libraires français souffrent d’une «concurrence fiscale déloyale», selon lui.

Certes, l’avantage sur la TVA, dont bénéficie Amazon installée au Luxembourg (3% contre 5,5% en France) devrait disparaître avec le temps puisqu’à partir de 2015 les entreprisses seront assujetties non dans le pays d’implantation mais dans le pays où le bien est consommé. Mais le «GAFA» (l’acronyme qui désigne Google, Apple, Facebook et Amazon) «qui dégagerait entre 2,2 et 3 milliards de chiffre d’affaires en France, ne verserait pour chaque entreprise en moyenne que 4 millions d’euros par an au titre de l’impôt sur les sociétés du fait d’une politique d’optimisation fiscale systématique», a dénoncé Christian Kert, en citant une étude de la Fédération française des télécommunications.”

Les Echos relaient l’information, La loi « anti-Amazon » va provoquer des dégâts collatéraux, avec des erreurs :

“la mesure toucherait tous les sites, Amazon, mais aussi les autres « pure players » comme Price Minister, par exemple”

Ben non, le prix unique, ce n’est pas pour l’occasion, donc PriceMinsiter n’est pas concerné sur le fond de son business, et pour les libraires dessus, je n’ai guère vu de livraison gratuite !

“Autre difficulté, selon un professionnel : la mesure serait difficilement applicable car, pour contrôler son application, il conviendrait d’examiner de près la façon dont les e-commerçnats calculent leurs frais de port. ”

Ben non, c’est vite contrôlé, puisque c’est + 5 % pour Amazon et la Fnac dans tous les cas, inutile de s’intéresser aux frais de port ! (heureusement que le projet ne fait que 2 phrases !)

Enfin, j’y reprends la vision de la FNAC (dont je parlerai demain…)

 « L’objectif des députés est louable, explique Laurent Glépin, directeur de la communciation [sic.] de la Fnac, mais cela ne résout pas le problème de distorsion de concurrence que pose Amazon pour des raisons fiscales. »C’est-à-dire l’optimisation que réalise le géant américain en opérant en France depuis le Luxembourg.

On lit dans Le Figaro : “Les députés votent une mesure anti-Amazon

«Cela fait six ans que l’on se bat contre ces pratiques déloyales qui freinent la croissance des ventes en ligne des plus de 500 librairies qui le proposent, indique Guillaume Husson, le président du SLF. Les libraires indépendants se félicitent que les pouvoirs publics cherchent enfin à remettre de l’équilibre dans les conditions de concurrence.» C’est en effet un vieux combat des libraires qui anime le secteur de l’édition avec encore plus d’acuité depuis qu’Amazon est dans le même temps accusé d’évasion fiscale. «Le sujet était sur la table depuis longtemps, mais il y a aujourd’hui une conjonction favorable, eu égard notamment au problème d’évasion fiscale de certains opérateurs numériques», ajoute le député UMP de Savoie Hervé Gaymard.

La Croix reprend la dépêche AFP (qui structure presque tous les articles, les journalistes la complétant plus ou moins, comme ici le NouvelObs ou ici, FranceInfo, Ouest France, RTL, TF1…). Prix du livre : les députés adoptent à l’unanimité une mesure anti-Amazon

Amazon a répondu dans un entretien au Figaro :

Très clairement mis en accusation, Amazon se défend. Romain Voog, président d’Amazon France SAS, estime que ces dispositions «iraient avant tout à l’encontre de l’intérêt des consommateurs, en renchérissant de facto le prix des livres achetés sur Internet par rapport à ceux achetés en magasins. De nombreux consommateurs habitent loin de toute librairie et apprécient de pouvoir acheter leurs livres en ligne». Il ajoute: «si les projets de loi passent, cela aura un impact mineur sur Amazon mais en revanche, cela pénalisera les consommateurs et menacera la diversité culturelle en France, car Amazon offre le plus large choix de livres neufs ou d’occasion en France».

«Il est évident que nous ne vendons pas les livres à perte car c’est illégal ! Si Amazon perd de l’argent, ce n’est pas parce qu’il fait du dumping sur les prix mais parce qu’il investit massivement dans des entrepôts. En France, nous avons ouvert quatre entrepôts dans lesquels nous stockons 800.000 titres différents pour pouvoir servir au mieux les lecteurs». Romain Voog insiste sur le fait qu’Amazon ne fait pas de concurrence directe aux libraires mais propose plutôt une offre complémentaire. «Nous réalisons 70% de nos ventes sur des livres de fond de catalogue qui ont plus d’un an. Au contraire, les libraires se concentrent sur les nouveautés et ne peuvent pas servir les clients qui demandent des ouvrages plus anciens car ils ne les conservent pas en stock. Nous sommes donc parfaitement complémentaires. Par ailleurs, si l’on regarde les parts de marché, la vente en ligne de livres ne représente que 10% du marché de l’édition. Les grands vendeurs de livres sont les grandes surfaces alimentaires (20% du marché) qui réduisent leurs offres aux best seller, et les grandes surfaces spécialisées dans la culture, qui disposent d’un quart du marché. Les librairies indépendantes conservent encore 20% du marché».

Il avait aussi déclaré aux Echos :

“Chez Amazon, l’analyse de la situation des librairies indépendantes n’était évidemment pas la même. «  Amazon n’est pas responsable de la hausse des charges, notamment celle des loyers », se défendait hier Romain Voog, président d’Amazon France. Le géant américain aux 31 milliards de dollars de chiffre d’affaires mondial au premier semestre (+ 22 %) – les données ne sont pas communiquées pour la France, mais le groupe dit y avoir collecté 158 millions d’euros de TVA l’an dernier – est parti en guerre contre cette proposition de loi. Il a adressé une lettre aux parlementaires pour leur dire tout le mal qu’il en pensait, touchant notamment le point sensible du pouvoir d’achat des Français. «  Nous sommes opposés à une loi dont l’objectif est de renchérir le prix d’accès aux livres sur Internet. C’est une loi discriminatoire », expliquait hier encore Romain Voog. Des propos réitérés par le groupe ce jeudi.

Pour Amazon, cette proposition va aussi à l’encontre de la diversité culturelle : le site met en avant ses 800.000 références en stock, le poids qu’il représente dans le chiffre d’affaires de certains petits éditeurs, qui ont un accès moindre aux réseaux traditionnels de distribution, et les freins que cette disposition ne manquera pas de créer pour le commerce en ligne. «  Je suis surpris de voir des lois contre des acteurs qui ont une démarche positive pour le secteur culturel », concluait Romain Voog. Une certitude, la bataille est encore loin de s’achever.”

III. Des analyses vraiment intéressantes sur Internet

C’est sur Internet qu’on trouve les meilleures analyses, écrits par des non-journalistes – ce qui en dit long sur les soucis de la presse (les journalistes étant pressurés et payés au lance-pierres, ils n’ont pas le temps de bosser et bricolent souvent simplement les dépêches AFP – mais les journalistes finiront comme les libraires à ce rythme…)

Commençons par ce très bon article du site ActuaLitté (en lien avec le secteur, et qui apporte de vraies informations) : Loi Amazon : Supprimer la concurrence de la vente de livres sur Internet Pas anti-Amazon, attention !

On comprend qu’Amazon peste. Et peste deux fois. Selon nos informations, les lobbyistes d’Amazon auraient obtenu une audience auprès du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pour tenter de plaider leur cause – et notamment la question du cumul. Le premier ministre aurait renvoyé tout ce joli monde à ses études, évoquant le manque de transparence de la firme américaine sur le territoire français. Et tant que les représentants d’Amazon ne feraient pas d’effort sur ce point, pas question d’écouter ni requêtes, ni doléances.

Surtout que lors de l’examen de la loi Consommation, l’amendement du ministère de la Culture n’était pas passé, du fait de l’intervention d’Arnaud Montebourg, assez proche d’Amazon.

Aurélie Filippetti, bon petit soldat de la librairie

La ministre de la Culture, qui se trouvait dans l’hémicycle ce matin, a pour sa part salué, dans un communiqué, cette décision, comme l’une des « mesures attendues de son plan en faveur de la librairie ». Ce n’est pas tout à fait exact, puisque le plan en faveur de la librairie, tel qu’exposé au Salon du livre de Paris, ne contenait pas de mention à cette question du cumul de frais de port et des 5 %, mais il n’est jamais trop tard pour réécrire l’histoire.

Fin de la concurrence déloyale… vraiment ?

Or, parmi les autres réactions récoltées, le Syndicat de la librairie française, qui en 2008 avait perdu le procès intenté à Amazon, concernant la gratuité des frais de port, évoque « un dispositif équilibré qui va dans le bon sens. L’objectif n’est pas de réduire les ventes d’Amazon, mais qu’il n’y ait pas de concurrence déloyale ». Il serait intéressant que les différents acteurs impliqués dans ces questions cessent de pratiquer l’euphémisme à outrance, et parlent enfin de législation visant à empêcher toute forme de concurrence tarifaire. Mais sur ce point, il y a bien plus que des progrès législatifs à réaliser.

La députée Europe Écologie les Verts, Isabelle Attard, a été la seule qui ce matin, à l’Assemblée nationale, qui ait tenté de faire prendre un peu de hauteur aux débats en évoquant la question de la fiscalité. Son analyse de la situation mérite d’être reproduite :

Quels sont aujourd’hui les avantages des librairies en ligne ? Selon vous, le principal serait la livraison gratuite. Selon moi, il ne s’agit là que d’un avantage parmi d’autres. Prenons le cas du leader, Amazon. Il dispose d’au moins six avantages stratégiques sur les librairies physiques.

On a aussi un article recherché chez Rue89 : Livres : la loi anti-Amazon, fausse bonne idée ?

Avec leur loi visant Amazon, les députés sont-ils en train de sauver le livre ou d’accélérer sa disparition ?

Une réaction de bon sens d’un blogueur : Loi anti-Amazon : acheter des livres sur le web coûtera plus cher, merci les députés !:

L’objectif des députés est donc de freiner le “méchant” Amazon qui nous fait l’affront d’être plus innovants que nous. [...] Objectif affiché : gêner Amazon et sauver les libraires, qui ferment leurs magasins les uns après les autres parce que les amoureux de la lecture trouvent plus pratique de commander leurs livres sur le web. Salauds de lecteurs… [...]

En attendant, acheter un livre va coûter plus cher. C’est peut-être la “faute” d’Amazon si les Français préfèrent acheter leurs livres sur internet, mais enfin, c’est surtout parce que c’est plus pratique. [...]

Bref, Messieurs les allumeurs de réverbères, si les librairies sont menacées, la lecture a de l’avenir. Je comprends que l’on ait envie d’aider une profession en déclin, mais il y a certainement d’autres moyens que de pénaliser les lecteurs. Notamment les moins fortunés d’entre eux.

Quelques pensées importantes d’un contributeur Atlantico : La loi “anti-Amazon” ou l’étrange défaite de la pensée des élites françaises

C’est une loi injuste : oui, évidemment. Qui est mis à mal par cette loi ? Amazon, un peu. Mais surtout, le pouvoir d’achat des Français, sachant que les augmentations de prix des biens de grande consommation touchent particulièrement les plus pauvres, puisque l’impact proportionnel sur leur budget est plus important. Et aussi, la culture, c’est-à-dire l’accès à la culture : en rendant les livres plus chers, on rend plus difficile l’accès à la culture pour les Français. Lorsqu’on parle de l’exception française, on tend en général deux concepts : la solidarité et l’exception culturelle. Voilà une loi qui va à l’encontre de ces deux concepts dont on nous dit qu’ils sont particulièrement structurants pour la France et qui a été votée à l’unanimité des députés de la République française. [...]

Que c’est une loi qui traîne l’intérêt général dans la boue ? A coup sûr. Cette loi, c’est avant tout la victoire des intérêts particuliers sur l’intérêt général. L’objectif est de défendre les libraires de la concurrence d’internet. Pas la culture. Pas le livre. Les libraires. C’est-à-dire des commerçants. C’est-à-dire une catégorie particulière.

Que c’est une loi qui montre l’alliance de la gauche et de la droite pour prolonger la maladie de la société française ? Oui, bien sûr. La droite veut protéger les intérêts des privilégiés (dont les libraires, en tant que petits commerçants, en France, font assurément partie) ; la gauche, par inculture économique, pense qu’elle protège “la culture” en protégeant les libraires. Et donc les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent et la France s’enfonce.

On pourrait dire tout ça, mais la chose la plus frappante sur cette loi fut le vote à l’unanimité. Pas un juste pour racheter l’Assemblée nationale et la République.

On a là l’exemple frappant du mélange d’ignorance et de lâcheté qui caractérise la démission complète de nos élites politiques.

Je termine par un très très bon article, drôle, d’un contributeur sur Slate : La loi «anti-Amazon», une loi Maginot qui protège les commerçants, pas les lecteurs

Quel est l’enjeu de la proposition adoptée jeudi avec des trémolos dans la voix? Préserver des boutiques, certes sympathiques, ou favoriser la lecture? Préserver quelques gros éditeurs ou favoriser la diversité culturelle?

[...] Pour un peu, les députés nous auraient parlé de l’odeur du livre frais contre l’immonde bouquin surgelé arrivant par la Poste (qui, peut-être, se trouve fort bien d’avoir Amazon pour client avec son modèle économique qui pue la mort à moyen terme).

Eriger une ligne Maginot contre Amazon est évidemment inutile. Pour la simple raison que c’est trop tard. [...]

La Ligne Maginot des 5% est dérisoire. L’achat d’un livre est bien souvent impulsif. Je le vois, j’en ai envie, je l’achète. Je ne vais pas comparer les prix d’une boutique à l’autre ni attendre les soldes parce que, loi Lang oblige, le prix est le même partout. Si c’est trop cher, je tente le bouquiniste ou, plus sûrement, le Bon Coin, eBay… Sinon, je l’achète dès que je le trouve: à Auchan, dans une gare, chez un libraire ou sur Internet.

Or, manque de bol pour nos maginotistes, Internet c’est le mal absolu: en, trois clics, je peux trouver et acheter un livre, tout le temps, même le dimanche. Je peux l’acheter sur mon smartphone, je peux payer en robe de chambre ou à poil, de chez moi, au bureau, en vacances à Kuala-Lumpur. Toutes choses impossibles chez mon libraire (que j’aime beaucoup par ailleurs) et qu’Amazon a rendues simples. Alors, c’est dire si cette grotesque histoire de 5%, les clients d’Amazon s’en fichent comme de leur première connexion 56 kbits. [...]

Un texte à côté de la plaque

Malheureusement, il y a plus grave. Non seulement ce texte est inutile, mais il est nuisible. Car, comme souvent, de plus en plus, le législateur détourne l’attention. Une fois dénoncé le vilain Amazon, croit-on un instant que cela va changer quelque chose pour les libraires? De quoi souffrent-ils? D’une rentabilité en berne, la plus faible des commerces de proximité avec les marchands de journaux (tiens!). Ils ont beau aimer leur métier, il faut aussi qu’ils fassent de l’argent.

Peut-être faut-il s’attaquer aux questions réelles: le partage de la valeur ajoutée entre éditeurs et diffuseurs? Le coût des loyers en centre ville? Si les députés voulaient vraiment défendre les libraires, ils les imposeraient en centre ville, avec un loyer réduit en taxant, tiens pourquoi pas, les opticiens à la rentabilité scandaleusement élevée, ou en restreignant le nombre de boutiques de fringues. Si on veut montrer ses muscles et réguler à tout prix, autant faire preuve d’imagination.

La concurrence déloyale d’Amazon? Elle fait rigoler tout le monde. Il serait temps aussi d’expliquer aux libraires que le papier disparaîtra peut-être, et que si c’est effectivement le cas, il vaut mieux s’y préparer. Que le livre numérique, non, ce n’est pas sale. C’est peut-être moche, ami libraire, mais c’est pratique et, si les éditeurs cessent de s’en mettre plein les poches, bientôt le livre numérique sera vendu trois fois rien. Ton business model est là ami libraire: ta boutique te coûte cher, tu vends les livres cher, ça tient à peu près. Demain, tes clients achèteront des livres numériques, plein, ils liront encore plus. Et les 5%, personne n’y pensera plus.

Et le prix unique du livre, dont on se gargarise tant? Mais il est cher, le livre! Il est sacrément cher! 12, 15, 18 euros pour une nouveauté! 13 euros une BD! Une fois payé le loyer, le chauffage, l’essence, la bouffe, les impôts… il vous reste de quoi acheter combien de livres ?[...]

Car si la représentation nationale voulait vraiment bloquer Amazon, elle s’y prendrait autrement. Elle s’interrogerait sur l’optimisation fiscale. Ou serait imaginative. [...]

A mon grand regret car j’aime bien les libraires, je dois admettre que la réaction d’Amazon est fondée [...]

On protège donc des commerçants, pas des consommateurs. Quel est l’enjeu? Préserver des boutiques, certes sympathiques, ou favoriser la lecture? Préserver quelques gros éditeurs ou favoriser la diversité culturelle ?”

Après ça, le contre-exemple du témoignage-propagande de cette (sympathique) libraire pèse peu (plus c’est gros, plus ça passe…) : Loi anti-Amazon : une bonne nouvelle pour nous, libraires, mais aussi pour les lecteurs.

Comme quoi, l’information existe, mais il faut 2 heures de recherche pour avoir les différents arguments, chose qu’aucun journal n’a hélas été possible de produire…

Demain, dernier billet sur la situation économique des libraires et de ma vision de la loi…

Source: http://www.les-crises.fr/la-loi-anti-amazon/


8013 La situation des librairies

Thursday 17 July 2014 at 01:24

Après le billet sur le projet de loi, dernier billet d’analyse de notre série, avant le dénouement final… :)

Analysons aujourd’hui la situation des libraires.

Les librairies françaises

Nous avons vu dans ce billet qu’il y avait en France environ 25 000 points de vente de livres, dont 15 000 avaient une activité régulière de vente de livres.

Sur ce nombre, il ne restait en 2012 que 3 000 librairies, qui sont spécialisées dans l’activité de distribution de livres (sont donc exclues les grandes surfaces culturelles et alimentaires, les maisons de la presse, la vente à distance…). Sur ce nombre, on compte environ 800 à 900 librairies indépendantes non diversifiées.

Les librairies disposaient en 2012 de 16 000 références actives en moyenne.

Elles représentent environ 20 % des ventes de livres, dans un contexte d’érosion de leur activité et de pertes de parts de marché.

lieux achat du livre

lieux achat du livre

Les 1 000 premiers détaillants (qualifiés de “1er niveau” – libraires et GSS) représentent 60 à 75 % du chiffre d’affaires des éditeurs.

Rappel de la chaîne du livre

Nous avons également vu l’économie du prix du livre :

prix du livre

De par la loi sur le prix unique, le fonctionnement est celui-ci :

  1. l’éditeur fixe le prix de vente de son livre par le libraire (par exemple 20 €) ;
  2. il négocie ensuite avec lui le prix auquel il lui vend son livre (par exemple 13 €), ce qui revient à négocier la marge commerciale, c’est-à-dire le rabais accordé sur le prix de vente final (ici 35 %, pour le libraire).

Le libraire doit donc payer ses frais avec cette marge commerciale.

Résultats financiers du panel

Xerfi a réalisé une étude très intéressante sur les librairies indépendantes pour le Syndicat de la Librairie Française, qui sert de base à l’analyse.

Xerfi a analysé les résultat globaux de la branche des 800 librairies, ainsi que les résultats détaillés d’un panel représentatif de 260 librairies présentes entre 2005 et 2012 (on a donc les résultats moyen d’un libraire ayant au moins 8 ans).

Pour analyse plus fine, Xerfi a scindé le panel entre les petites librairies (P), les moyennes (M) et les grandes (G) :

situation économique  des librairies

Le chiffre d’affaires

Voici l’évolution du CA :

situation économique  des librairies

situation économique  des librairies

situation économique des librairies

On constate que le panel a vu son activité se contracter de 1,5 % en moyenne, et que les petites librairies ont mordu la poussière avec une baisse de 4 % (donc près de -6 % en termes réels…). Elles sont en grave crise, 2012 ayant été la 5e année de suite de baisse d’activité.

Depuis 2005 (base 100 de CA), l’évolution a été la suivante :

situation économique des librairies

Seules les grandes librairies ont progressé sur la période.

Voici le détail suivant les secteurs :

situation économique des librairies

On retrouve bien la nette progression des ventes sur Internet, et la chute d’activité dramatique des petits libraires.

Voici l’évolution annuelle moyenne des ventes entre 2006 et 2012 :

situation économique des librairies

À -4 % par, la situation ne peut perdurer très longtemps…

La marge commerciale

Voici l’évolution de la marge commerciale – dont de la part accordée par les éditeurs :

situation économique  des librairies

On note que la marge moyenne a contenance à croître, et se situe entre 33,5 et 34,5 %.

On constate de façon inattendue que ce sont les petites librairies qui ont la plus forte marge. On s’attend à ce qu’elles aient évidemment les plus gros besoins, mais on constate que les éditeurs jouent le jeu, et les soutiennent malgré leur faible pouvoir de négociation pour qu’elles ne disparaissent pas.

Il y a aussi un effet de composition différente du type d’ouvrages vendus, avec des marges différentes – les plus grandes vendant plus d’ouvrages scolaires ou aux collectivités.

Les charges externes : loyers et le transport

Les libraires ont deux types principaux de charges externes : les loyers et les frais de transport. On regroupe le tout dans le poste Autres Achats et Charges Externes :

situation économique des librairies

Rappelons que les librairies font en moyenne 146 m², contre 154 m² en 2008 – dont 75 % sont réservés à la vente de livres.

On voit que l’effet taille est manifeste : les grandes librairies ont toujours 3 points de CA de charges en moins, ce qui fait environ 10 % de la marge commerciale !

On note aussi l’évolution défavorable : les loyers sont de plus en plus chers, ainsi que le transport (hausse des tarifs des transporteurs, augmentation de taux de retour de 22 % en 2004 à 26 % en 2012 – à la charge des libraires).

Rappelons que plusieurs pays voisins ont un tarif Livres, qui diminue fortement le coût d’expédition – La Poste ayant supprimé les avantages du secteur depuis une quinzaine d’années :

situation économique  des librairies

(Source : Rapport Gaymard sur le livre, 2009)

Les charges internes : salaires

Outre l’achat des livres, les frais de personnel sont le premier poste de charge des libraires :

situation économique des librairies

Rappelons que les librairies comptent 3 employés en moyenne, contre 3,9 personnes en 2008.

On voit que les frais sont ici plus faibles chez les petites librairies. Mais c’est en fait en trompe l’œil, car le dirigeant, parfois seul dans la boutique, n’est pas toujours salarié, ou le salaire peut servir de variable d’ajustement pour équilibrer l’exercice… La situation est encore pire pour l’ensemble des petites librairies de la branche (et pas seulement du panel, où elles ont plus de 8 ans) : 14,8 % contre 17,5 pour les grandes et moyennes librairies.

Les résultats

On a au final pour l’EBE (= CA – charges – frais de personnel, avant les amortissements) :

situation économique des librairies

On note que les petites et moyennes librairies sont dans une situation critique – les petites ayant en plus joué sur le salaire du dirigeant…

Le résultat courant avant impôt (RCAI = EBE – amortissements – opérations financières [= intérêts versés]) :

situation économique des librairies

Le RCAI a été divisé par 3 pour les petites et moyennes librairies, et par 2 pour les grandes !

Le résultat net hors éléments exceptionnels (RNHE = RCAI – Impôt sur les sociétés) :

situation économique des librairies

Là encore, la réalité est pire que ce panel ne montre ; à l’échelle de la branche, le taux de RCAI des petites librairies est négatif (-0,4%) – et ce, bien que de nombreux dirigeants de ces petites librairies aient baissé leur rémunération pour limiter leurs pertes…

Le résultat net y compris éléments exceptionnels (RN = RNHE + éléments exceptionnels [= vente d'actifs, abandons de créances]) :

situation économique  des librairies

Les éléments exceptionnels ont un peu amélioré la situation des P et M, mais ces mesures ne peuvent être pérennes…

Résultats financiers de la branche des libraires

Si on analyse cette fois la branche entière, on a les résultats synthétiques suivants :

situation économique  des librairies

Le plus important est le taux de résultat net hors éléments exceptionnels des petites librairies, qui atteint l’incroyable niveau de -0,6 %, ce qui veut dire qu’en moyenne, l’activité est totalement déficitaire malgré les gros efforts et sacrifices des dirigeants de ces petites structures…

situation économique  des librairies

On note bien que tout se joue en fait dans la ligne “Loyer + Transport”, où les libraires perdent 5 points de marge sur ce poste par rapport aux grandes librairies – et doivent faire de gros efforts sur les rémunérations pour limiter ensuite les pertes.

Si on prend toutes les entreprises de la branche, on arrive à un résultat net de 0,6 %, qui est haut la main le plus faible des commerces de détail :

situation économique des librairies

Comme on achète souvent des lunettes pour lire, à quand une taxe sur les opticiens pour financer les libraires ? :)

Nous proposerons dans le prochain billet des solutions plus sérieuses que celle-là – et que celle du gouvernement…

La situation est en effet très sérieuse pour les petites librairies, qui ne pourront résister longtemps, plombées principalement par leur taille trop réduite qui ne leur permet pas de faire des économies d’échelle suffisantes…

Source : étude Xerfi 2013

Sources plus anciennes : étude Xerfi 2010, étude 2004, étude Librairies dans le monde

P.S. un coup de gueule pour finir. Xerfi a fait un travail très utile, en compilant les résultats obtenus via les greffes des tribunaux de commerce – où le dépôt des comptes est obligatoire et les comptes publics depuis des décennies, sous peine d’amende. On voit tout l’intérêt que cela représente quand on utilise ces données, pour analyser un secteur, le comprendre, et donc prendre les bonnes décisions.

Sauf que Jean-Marc a annoncé tout crânement dans sa politique de simplification administrative qu’il allait supprimer cette atroce contrainte pesant sur les TPE  (bah oui, mettre le compte dans une enveloppe timbrée et la poster, quelle galère ! Mieux vaut perdre de l’information statistique publique précieuse, surtout en temps de crise).

“Dès aujourd’hui, nous décidons la suppression de l’obligation de rendre publics les comptes pour 1,4 million de TPE, une charge inutile”.[Jean-Marc Ayrault, 17/04/2013, La Tribune] [NB cela permet surtout à une entreprise de savoir si son client ne va pas faire faillite avant de la payer, l’entraînant avec lui – mais il ne doit pas pouvoir comprendre ces étranges notions…)

Donc Xerfi ne pourra probablement pas remettre cette étude à jour dans 2 ou 4 ans.

Chapeau l’artiste !

Source: http://www.les-crises.fr/situation-des-librairies/


L’UE est sauvée !

Thursday 17 July 2014 at 00:22

Allez, pour se détendre un peu…

Source: http://www.les-crises.fr/l-ue-est-sauvee/