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[J-2] Dramatisation, capitulation, rupture, par Jacques Sapir

Friday 10 July 2015 at 05:06

Nous serons fixés dimanche 12 juillet sur le sort réservé à la Grèce. Mais, il est possible de faire quelques remarques sur la situation actuelle, et en particulier sur sa « dramatisation », dont aujourd’hui les médias, en France comme Grèce, jouent largement. Cette dramatisation obéit à un rôle politique évident, alors que Jean-Claude Juncker a, une nouvelle fois, reçu à Bruxelles les responsables de deux partis d’opposition (Nouvelle Démocratie et To Potami), montrant ainsi le peu de cas qu’il faisait de la démocratie, alors que ces deux partis ont été vaincus lors du référendum du 5 juillet. Les autorités européennes jouent de cette dramatisation pour tenter de regagner le terrain qu’elles ont perdu à la suite de la massive victoire du « non » au référendum. Mais, cette dramatisation pourrait aussi servir à justifier une « capitulation » du gouvernement Tsipras, capitulation qui cependant le mettrait en difficulté devant l’ampleur du succès obtenu par le « non » au référendum. Il est clair que si le gouvernement grec acceptait en fin de compte l’inacceptable, soit les conditions léonines mises par l’Eurogroupe, et l’on comprend les raisons qui pourraient le pousser à le faire sans pour autant les accepter, il aurait quelques difficultés à faire ratifier cet accord devant le Parlement grec, sans le soutien de l’opposition. Disons le, cette capitulation, même présentée comme un « moindre mal » devant la paralysie qui gagne chaque jour un peu plus l’économie grecque, serait une capitulation devant les oligarchies européennes et grecques.

Pourtant, il y a bien une alternative à la capitulation, mais cette alternative aujourd’hui doit prendre des formes radicales.

La crise bancaire grecque

La crise bancaire grecque est largement le produit de l’action de la Banque Centrale Européenne qui a dans un premier temps limité son soutien puis dans un deuxième temps commencé à déprécier les collatéraux offert par les banques commerciales grecques. Cette crise est moins liée au contrôle des capitaux qu’à la raréfaction des liquidités dans l’économie grecque. Or, une économie moderne ne peut fonctionner sans liquidités. De fait, la Grèce se trouve dans la situation d’une entreprise solvable (elle réalise un excédent primaire) mais illiquide.

La solution face à cette déstabilisation programmée de l’économie et de la société grecque par l’institution monétaire chargée d’assurer la stabilité monétaire peut prendre deux formes. La première, qui est la plus radicale, consisterait en une réquisition de laBank of Greece (la Banque Centrale). Cette solution permettrait de libérer les réserves de billets détenues tant à la Banque Centrale que sous le contrôle de la Banque Centrale dans les banques commerciales. La seconde solution passe par l’émission par le Ministère des finances de reconnaissance de dette qui seraient acceptées comme des titres de paiement par l’ensemble des administrations publiques. Que ce doit dans la première ou dans la seconde solution, la Grèce resterait formellement dans la zone Euro. Les reconnaissances de dette mises en circulation seraient bien entendu libellées en Euro.

Mais, il faut aussi comprendre que ces solutions rapprocheraient un peu plus la Grèce de la sortie de l’Euro. Si elle opère une réquisition, la BCE pourra prétendre que les traités ont été violés. Ils l’ont été, en réalité, du fait de l’action même de la BCE, ce qui est aujourd’hui clairement établi. Il ne faut cependant avoir aucun doute que, tant à la BCE qu’à l’Eurogroupe, on estimerait que ceci correspondrait à une rupture totale. Si la Grèce met en circulation des reconnaissances de dette, ces dernières subiront une décote, qui pourrait être d’autant plus importante qu’il n’y aurait nulle Banque Centrale pour en garantir la valeur. Dès lors, on ne manquerait pas de considérer ces « euros » émis par le Ministère des finances comme une deuxième monnaie, et la décote aurait valeur de préfiguration de celle d’une drachme que l’on ne manquerait pas, assez rapidement, de rétablir. En réalité, on peut douter que ces reconnaissances de dette soient réellementreprésentatives d’une nouvelle monnaie, adossée sur une véritable Banque Centrale. Quand on regarde la balance commerciale et la balance courante de la Grèce, on voit que si le pays devait retrouver sa monnaie, la dépréciation serait limitée par rapport à l’Euro, entre -20% et -25%. Mais, la dépréciation des reconnaissances de dette pourrait, quant à elle, atteindre -50% en raison de la limitation et des spécificités de la circulation à partir du Ministère des finances.

En fait, vouloir régler une crise de liquidité sans un contrôle sur la Banque Centrale est non seulement une ineptie mais encore une ineptie dangereuse. Quitte à devoir sortir de l’Euro, il vaut beaucoup mieux le faire de manière directe. C’est pourquoi, en réalité, la seule solution viable face à la déstabilisation actuelle et à la crise de liquidité n’est pas l’émission de reconnaissances de dette mais bien la réquisition de la Banque Centrale, mais aussi, très probablement, des principales banques commerciales. Ici, on voit que la solution en apparence la plus radicale constitue la solution la plus raisonnable. C’est l’une des caractéristiques des situations de crise.

Le gouvernement d’Alexis Tsipras devra se décider vite, et certainement d’ici le lundi 13 juillet.

Une sortie de l’Euro

On l’a dit, cette réquisition serait probablement le prétexte pour les autorités européennes pour acter l’expulsion hors de la zone Euro de la Grèce. Pour autant, ces autorités auraient un gros problème à régler. En effet, le gouvernement grec devrait affirmer sa volonté de faire un défaut total sur sa dette, au cas où il serait expulsé de la zone Euro. De toutes les manières, un défaut est nécessaire. La dette grecque, depuis 2010, a été essentiellement émise en droit « non grec ». C’est une différence fondamentale avec la situation de pays comme la France et l’Italie. La lex monetae ne pourrait alors pas s’appliquer. Il faudrait donc nécessairement procéder à un défaut sur au-moins 50% de la dette. Mais, si le défaut devait s’avérer total (ou atteindre à la fin des fins 80% de la valeur nominale de la dette), les conséquences pour les créditeurs ne seraient pas négligeables, surtout si on ajoute à ce défaut le poids des dettes dans le système de la BCE et les comptes Target2.

Encours de dette par pays, en milliards d’euros

Total bilatéral + FESF + MES Eurosystème (incluant Target2) Total
Allemagne 63,5 31,1 94,6
France 47,9 24,4 72,3
Italie 42,0 21,3 63,3
Espagne 28,3 15,3 43,6
Pays-Bas 13,5 6,9 20,4
Belgique 8,1 4,3 12,4
Autriche 6,7 3,4 10,1
Finlande 4,4 2,2 6,6
Slovaquie 1,9 1,3 3,2
Portugal 1,8 3,2 5,0
Slovénie 0,9 0,6 1,5
Irlande 0,8 2,0 2,8
Estonie 0,5 0,3 0,8
Malte 0,3 0,1 0,4
Chypre 0,2 0,3 0,5
Total 220,8 116,7 337,5

Sources : BCE et Eurostat

La Grèce serait alors en bonne position pour négocier des conditions qui feraient de cette expulsion une sortie négociée (certes « ex post » et non « ex ante »). Ceci mettrait la Grèce dans de bonnes conditions pour retrouver une forte croissance. Elle pourrait utiliser une partie de l’excédent primaire pour faire les investissements dont elle a besoin d’urgence. De plus, avec une dépréciation de -20% à -25%, la Grèce redeviendrait extrêmement attractive pour les capitaux étrangers, que ce soit dans l’industrie (avec la réparation navale), l’agriculture ou le tourisme.

Il y a, à l’évidence, une vie hors de l’Euro, et une vie après un défaut. L’important est de savoir l’organiser au plus vite. Ce que la Grèce ne peut supporter par contre c’est la poursuite d’une situation sans issue, aggravée aujourd’hui par une crise complète des liquidités organisée par la BCE.

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 9 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/j-2-dramatisation-capitulation-rupture-par-jacques-sapir/


Mario Draghi et le Saint Graal, par Frances Coppola

Friday 10 July 2015 at 01:56

En réponse à un commentaire sur mon post récent relatif à Target2 et à l’ELA (Emergency Liquidity Assistance), j’avais dit ceci :

Il n’y a pas “d’euros grecs” ou “d’euros allemands”. Il y a seulement des euros européens. Donc, la BCE n’échange pas des euros grecs et des euros allemands à parité. Les deux pays utilisent la même monnaie, laquelle est produite par l’Euro-système. Les banques centrales nationales ne sont  pas des entités autonomes, ce sont des parties de l’Euro-système. Elles ne créent pas leur propre monnaie : collectivement, elles créent la monnaie unique.

C’est ainsi que fonctionne une monnaie unique. S’il y a plusieurs “banques centrales” dans une zone dotée d’une monnaie unique – comme c’est le cas aux États-Unis par exemple – elles ne produisent pas leur propre monnaie. La Réserve Fédérale de Saint-Louis ne produit pas des dollars Saint-Louis. Elle produit des dollars américains. De même pour la Réserve Fédérale de Minneapolis, pour celle de New York, pour celle d’Atlanta et ainsi de suite. Les douze banques qui constituent la Réserve Fédérale produisent ensemble une monnaie unique, le dollar américain.

Donc, la personne qui soutenait que les euros grecs et allemands sont échangés à parité par la BCE, et que ce n’est pas le bon prix, avait tort, n’est-ce pas ?

Si l’euro était réellement une monnaie unique, elle aurait eu tort. Et c’était l’hypothèse retenue dans ma réponse.

Mais à la réflexion, il y a quelque chose qui cloche. La structure de l’Euro-système n’est pas celle d’une monnaie unique. Aucune autre zone monétaire n’a de “banques centrales” individuelles pour chacun de ses états membres. Les États-Unis ont douze banques pour leur Réserve Fédérale, pas cinquante. Le Royaume-Uni, sans doute la plus vieille et la plus stable union monétaire, compte quatre “états membres” mais n’a qu’une seule banque centrale, en dépit du fait que deux de ses états membres produisent leurs propres billets de banque. Une monnaie unique n’a pas besoin d’une “banque centrale” pour chacun des états membres, mais un système à taux de change fixe, oui. L’Euro-système est construit comme si l’Euro-zone utilisait un système à taux de change fixe, pas une monnaie unique.

Dans une monnaie unique, la provenance des billets de banque est sans importance. Les États-Unis ne marquent pas leurs billets de banque avec l’identifiant de l’état émetteur. Au Royaume-Uni, les billets écossais sont différents des billets en livres sterling, mais ils constituent vraiment une monnaie parallèle liée à parité à la livre et associée à des réserves équivalentes de livres sterling physiques, dans une sorte d’arrangement de caisse d’émission [NdT : cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caisse_d%27%C3%A9mission]. Mais les billets en euros sont marqués de leur monnaie d’origine. Une fois de plus, ce n’est pas ce que l’on attendrait d’une véritable monnaie unique.

La construction de Target2 reflète la structure de l’Euro-système. Target2 enregistre les balances des débits et des crédits entre les différentes “banques centrales nationales” de l’Euro-système. Il fait payer des intérêts sur les débits et paie des intérêts sur les crédits (quoique en ce moment les taux d’intérêts sur les crédits soient en fait négatifs). Cet arrangement est franchement bizarre. L’intérêt est créé par l’une des entités de l’Euro-système puis transféré à une autre. Il n’entre ni ne sort de l’Euro-système : il s’agit simplement d’une création et d’un mouvement de réserves à l’intérieur du système. C’est, en bref, un seigneuriage. Les entités de l’Euro-système débitrices créent des intérêts et les paient à la BCE : les entités créditrices de l’Euro-système reçoivent des intérêts de la BCE. Parce que dans un système fermé les débits et les crédits doivent s’équilibrer, l’effet net est que les entités débitrices de l’Euro-système créent et transfèrent des réserves aux entités créditrices de l’Euro-système. Mais tout ceci n’est que monnaie irréelle. Les “banques centrales nationales” de l’Euro-système ne sont pas indépendantes, et ne sont pas non plus représentatives des états membres : ce sont simplement des ramifications de l’Euro-système. Et à l’intérieur de Target2, elles n’ont même aucune réalité. Ce sont juste des représentations de la structure de l’Euro-système. Les paiements d’intérêts sont symboliques. De même que les balances.

Mais pour Hans Werner Sinn, les balances de Target2 ne sont pas symboliques. Elles sont des dettes réelles entre les états membres de l’Euro-zone. Et les intérêts payés sont réels. Donc un pays quittant l’Euro-zone doit équilibrer sa balance Target2 par un véritable transfert d’euros obtenus par l’impôt ou par l’emprunt souverain.

Le point de vue de Sinn reçoit un large soutien, bien qu’il affaiblisse sérieusement le concept de l’euro en tant que monnaie unique. Mais il y a un problème encore plus important – et qui a été identifié non pas par Sinn mais par la personne qui probablement a le plus à perdre d’un effondrement de l’euro – Mario Draghi.

Il m’a fallu un moment pour cerner ce qui n’allait pas dans cette affirmation tirée d’un discours de Draghi à Helsinki en novembre 2014 (c’est moi qui souligne) :

… si certains membres de la zone euro sont pénalisés par leur appartenance à l’union monétaire, des doutes peuvent naître sur leur éventuelle sortie. Et si un pays peut quitter l’union monétaire, cela constitue un précédent pour tous les pays. Cela affecterait la fongibilité de la monnaie, car les dépôts bancaires et autres contrats financiers comporteraient un risque de redénomination dans chaque pays.

Il ne s’agit pas de considérations théoriques, nous avons tous vu de très près comment les craintes d’une sortie de l’euro ou d’une redénomination ont fragmenté nos économies, et à quels coûts considérables en termes de bien-être et d’emploi.

Il s’impose donc clairement que la réussite de l’union monétaire dans un pays dépend de sa réussite dans tous les pays. L’euro est – et doit être – irrévocable dans tous les pays participants, pas uniquement parce que les traités le veulent ainsi, mais parce que c’est la condition sine qua non de l’existence d’une monnaie véritablement unique.

A première vue, cela ressemble à un appel à un engagement en faveur de la monnaie unique. Mais attendez, Draghi dit, en fait, qu’une monnaie unique authentique ne peut pas s’adapter à des changements dans la constitution du groupe de ses adhérents. Ce n’est pas vrai.

En 1922, l’Irlande du Sud a quitté le Royaume-Uni, devenant d’abord l’état irlandais libre et plus tard la République d’Irlande. Elle a adopté sa propre monnaie, la livre irlandaise, en 1928. A aucun moment il n’est apparu à quiconque que l’adoption par l’Irlande de sa propre monnaie menacerait l’existence de la livre sterling. D’ailleurs, la livre sterling a continué d’être utilisée dans l’Irlande indépendante aux côtés de sa propre monnaie.

L’année dernière, l’Écosse a organisé un référendum sur le maintien ou non dans le Royaume-Uni. Elle a choisi le maintien avec une majorité faible. La livre sterling était en fait un sujet à controverse du référendum, mais pas parce que le retrait de l’Écosse de l’union aurait menacé son existence. Même ceux qui prétendaient que le départ de l’Écosse signifierait la fin du Royaume-Uni, et même ceux qui disaient que le départ de l’Écosse serait inévitablement suivi par celui du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord, n’ont pas dit pas que la livre sterling cesserait d’exister. Au contraire. Les défenseurs passionnés de l’indépendance écossaise revendiquaient la livre sterling comme leur et ont demandé à la partager avec le reste du Royaume-Uni une fois l’indépendance acquise. Étant donné que le reste du Royaume-Uni n’avait pas son mot à dire lors de ce référendum (et était, à juste titre, fortement sceptique sur des accords d’union monétaire dans le style de l’Euro-zone), la demande a été rejetée sans surprise par le gouvernement britannique.

Au cours du “divorce de velours” entre la République Tchèque et la Slovaquie, les deux parties ont finalement choisi une nouvelle monnaie. Mais ceci est inhabituel. Le plus souvent, lorsque des zones monétaires se défont, l’état dominant conserve la monnaie unique : par exemple le rouble – qui était la monnaie de l’Union Soviétique – demeure la monnaie de la Russie. Les véritables monnaies uniques peuvent changer leur allégeance mais ne disparaissent pas. Elles traversent l’histoire, les habitudes et surtout elles sont préservées par l’identité. Le rouble est la monnaie de la Russie depuis très longtemps : les pays satellites vont et viennent, mais la monnaie demeure un symbole de l’identité russe.

Dans un entretien intéressant avec la revue Jacobin, l’économiste et député grec Costas Lapavitsas – parlant de la crise grecque – dit que la monnaie d’un pays est intimement liée à l’identité de son peuple.

Cette crise démontre indiscutablement que la monnaie est bien plus qu’un phénomène économique. Fondamentalement, bien sûr, c’est un phénomène économique. Mais elle est bien plus que cela. Elle a de nombreuses dimensions sociales et l’une d’elles, cruciale, est celle de l’identité.

La monnaie est, pour des raisons qu’il n’y a pas lieu d’évoquer maintenant mais que je développe dans mes travaux, associée aux croyances, aux coutumes, aux manières de penser, à l’idéologie et à l’identité. La monnaie devient l’identité plus que le capitalisme.

Il ajoute que pour les états périphériques, être membre de l’Euro est bien plus qu’une simple question de monnaie. C’est une signe d’appartenance – d’acceptation comme membre à part entière d’un club important et prospère nommé “Europe”.

Les gens doivent se rendre compte que, pour les Grecs, rejoindre l’union monétaire et utiliser la même monnaie que le reste de l’Europe occidentale était aussi un bond en avant dans l’identité. Dans la conscience populaire, et étant donnée l’histoire de la Grèce, ce mouvement avait permis aux Grecs de se croire devenus “de vrais européens”. Pour un petit pays des confins sud des Balkans, qui avait eu une histoire très agitée, pendant la période ottomane et ce qui avait suivi, c’était une chose très, très importante.

Cette attitude ne se limite pas à la Grèce. Lorsque j’ai écrit récemment sur la Lettonie, j’ai été frappé de voir combien l’adhésion à l’euro était perçue comme une sorte de Saint Graal – une merveilleuse récompense à gagner par des épreuves et des privations. Pour les Lettons, comme pour les Grecs, l’adhésion à l’euro était un symbole d’intégration à cette grande fraternité appelée Europe, en laissant derrière eux l’héritage terrible du passé soviétique. Qu’en acceptant l’euro ils aient une fois de plus abandonné leur souveraineté semble leur avoir échappé.

Le drame, c’est que “l’identité européenne” qui attire tant les Grecs aussi bien que les Lettons n’existe pas. C’est vrai, elle peut se développer – après tout, l’Amérique a réussi à se forger une identité commune à partir d’un ensemble d’états en guerre et hétérogènes. Mais l’Europe a 3000 ans de conflits et d’effusions de sang à surmonter, y compris les deux plus terribles guerres de l’histoire de la planète et quelques unes des pires atrocités. La crainte d’une autre guerre ne peux pas gommer les différences profondes de culture, de coutumes et d’identité entre les pays d’Europe, et en fait en leur sein. Et s’enfermer dans une monnaie artificielle qui n’a aucun fondement historique ne va pas créer une identité européenne. Comme on l’a vu trop fréquemment ces dernières années, lorsqu’une crise frappe, la solidarité européenne s’évapore comme la rosée matinale. L’identité européenne n’est qu’un ami des beaux jours.

L’euro est fondé sur des mensonges. Il prétend promouvoir l’unité européenne alors qu’il crée et entretient les divisions et la méfiance. Il prétend préserver la souveraineté, mais pour assurer sa survie il demande à ses états membres de renoncer à contrôler leur économie et, de plus en plus, leur politique. Il prétend apporter la prospérité, mais il ne lègue que la dépression.

Et parce qu’il est fondé sur des mensonges, il est fragile. Draghi a raison quand il dit que si un pays sort de l’euro, d’autres peuvent suivre, et que cela peut mener au démantèlement de l’ensemble. Mais cela ne vient pas du fait que l’adhésion irrévocable serait une caractéristique nécessaire d’une monnaie unique. Il est clair qu’elle ne l’est pas : dans d’autres unions monétaires, les états membres vont et viennent, mais la monnaie survit. Non, l’adhésion irrévocable est nécessaire parce que l’Euro n’est PAS une monnaie unique. Il lui manque les fondations de l’histoire, des coutumes, de l’identité et de la confiance qui caractérisent les monnaies uniques authentiques. Et sa construction institutionnelle est celle d’un système à taux de change fixes, pas une monnaie unique. Nous avons vu en 1992 comment les systèmes à taux de change fixes peuvent se défaire lorsqu’un membre part

Au moment où j’écris, il y a beaucoup de discussions pour savoir si la Grèce va quitter l’Euro. Et alors que le défaut de paiement approche et qu’aucun accord n’est trouvé, la crainte se répand de la Grèce à d’autres pays. Si la Grèce fait défaut et part, qu’adviendra-t-il du Portugal ? de l’Espagne ? de l’Italie ?

Nous avons joué ce scénario auparavant. Il s’appelle “la contagion”. On nous avait dit que cela n’arriverait plus : la BCE dispose d’une batterie outils financiers pour protéger les autres pays de l’Euro-zone des effets d’un désastre grec, et les banques ont été remises en ordre. Il semble que les marchés pensent différemment. Les marchés financiers baissent, les rendements obligataires s’envolent dans les pays environnants, les investissements commerciaux s’effondrent… La contagion est de retour, à un degré extrême.

La fin à la panique boursière qui menaçait de détruire l’euro en 2012 est largement attribuée à Draghi. “Nous ferons tout ce qui est nécessaire”, disait-il. Les acteurs du marché en ont déduit que la BCE agirait comme un véritable prêteur en dernier recours, et cela a été confirmé par le programme OMT. Alors pourquoi aujourd’hui les marchés paniquent-ils encore ?

Je ne pense pas que Draghi soit autant qu’on l’a dit l’auteur de l’apaisement après la panique de 2012. Ce qui a vraiment apaisé les marchés, c’est que personne n’a quitté l’Euro. La Grèce a été sauvée. Encore. Et c’était suffisant pour donner l’assurance aux marchés que l’Euro ne se disloquerait pas. Mais aujourd’hui nous sommes revenus à la situation d’avant la restructuration de 2012. La dette grecque s’élève à 180% du PIB, son excédent primaire part en fumée et elle a un gouvernement de gauche peu coopératif et belliqueux qui refuse de faire ce que les créanciers veulent. Le défaut de paiement et la sortie grecs sont une fois encore à l’ordre du jour, et cette fois-ci les marchés doutent de plus en plus d’un sauvetage. Si elle part, d’autres pourraient bien suivre…

D’après moi, la Grèce aurait dû partir il y a longtemps – en fait elle n’aurait jamais dû intégrer l’Euro. Nous savons que la Grèce a menti pour être admise dans l’Euro. Mais de la même manière, on lui a menti. On lui a promis un avenir doré. À la place, elle a obtenu une compétitivité détruite, une dette insoutenable et une récession sévère et durable. Le problème est que pour une économie aussi endommagée, quitter l’Euro maintenant serait très douloureux. Et plus important, pour le moment le peuple grec ne semble pas vouloir le quitter. Je peux parfaitement le comprendre, étant donné la charge émotionnelle que l’adhésion à l’Euro semble contenir aux yeux des pays environnants. Un départ volontaire serait un aveu d’échec : être expulsé serait pire encore.

Ainsi, bien que je pense qu’à long terme la Grèce serait mieux hors de l’Euro, je respecte la volonté de sa population de s’accrocher à son rêve. Un départ unilatéral n’est pas la solution – pas plus que de pousser la Grèce dehors, car cela ne ferait que disloquer l’Euro encore plus rapidement (Allemagne, es-tu à l’écoute ?). Mettre fin à l’Euro proprement est la chose à faire.

Mais cela n’arrivera pas tant que la population continuera à croire qu’il va leur apporter la prospérité. D’une certaine façon, il faut gratter le vernis de l’Euro. C’est du toc.

Image de Monty Pithon et le Saint Graal, manifestement.

Source : Coppola Comment, le 18/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/mario-draghi-et-le-saint-graal-par-frances-coppola/


Responsabilité pour soutien abusif : elle ne concerne pas uniquement le banquier !

Friday 10 July 2015 at 01:00

Un petit rappel juridique toujours utile…

L’action en responsabilité pour soutien abusif vise à sanctionner les établissements bancaires qui continuent à soutenir ou financer une entreprise tout en sachant que sa situation et sa viabilité est irrémédiablement compromise.

En continuant à la soutenir, lui accorder des crédits, la banque crée une sorte de « survie artificielle » de l’entreprise. Elle induit les tiers en erreur sur la réalité de la situation de l’entreprise puisque ces derniers sont amenés à croire que sa situation est saine et donc à lui faire confiance.

Le législateur a estimé que la responsabilité du banquier devait, dans ce cas précis, être recherchée pour indemniser les préjudices subis du fait de cette apparence trompeuse.

L’action en soutien abusif suppose une faute de la banque, l’existence d’un préjudice subi par exemple par un fournisseur de l’entreprise défaillante, ainsi qu’un lien de causalité entre cette faute et ce préjudice.

Le plus souvent, la faute du banquier consistera à fournir du crédit à l’entreprise alors qu’il savait que sa situation était irrémédiablement compromise.

Dans certains cas cependant, la responsabilité pour soutien abusif peut viser d’autres personnes que la banque qui finance l’activité de l’entreprise.

C’est ainsi que la jurisprudence considère que certains fournisseurs ou clients de l’entreprise peuvent également voir leur responsabilité engagée lorsque, par leur attitude, ils soutiennent abusivement l’activité d’une entreprise dont ils savent qu’elle est irrémédiablement compromise.

Tel est le cas dans l’arrêt rendu par la chambre commerciale de la Cour de cassation le 16 octobre 2012.



Cour de cassation, chambre commerciale,
16 octobre 2012, n° 11-22993
(pdf | 4 p. | 172 Ko)

Il s’agissait en l’espèce d’une maison d’édition qui avait passé un contrat de diffusion et de distribution avec une entreprise, placée par la suite, en liquidation judiciaire.

Le liquidateur de l’entreprise assigne en responsabilité pour soutien abusif cette maison d’édition au motif qu’elle a consenti à sa cliente des délais de paiement et autorisé un paiement par compensation.

La Cour de cassation rappelle à cette occasion :

A condition, bien entendu, de prouver que ce dernier connaissait la situation irrémédiablement compromise du débiteur et que le fait de lui accorder des délais de paiement est à l’origine du préjudice subi par les autres créanciers de l’entreprise.

Autrement dit, qu’en accordant des délais de paiement supplémentaires, le fournisseur a créé une apparence de solvabilité de l’entreprise en difficulté, qui a eu pour effet de laisser croire aux tiers que celle-ci était saine.

Cette décision indique clairement que l’action en responsabilité pour soutien abusif ne vise pas seulement les banques mais tous ceux dont l’attitude est susceptible d’amener les tiers à maintenir leur confiance envers l’entreprise qui est irrémédiablement condamnée.

Source : Sophie Valazza, juriste, pour Editions Tissot, le 27 novembre 2012.

Source: http://www.les-crises.fr/responsabilite-pour-soutien-abusif-elle-ne-concerne-pas-uniquement-le-banquier/


[Point Grèce] Grexit et Parlement européen

Thursday 9 July 2015 at 10:54

Pourquoi la Grèce n’a pas intérêt à négocier le Grexit

si la Grèce refuse la sortie de la zone euro, mais y est contrainte de facto, elle espère pouvoir imposer une redénomination de sa dette en nouvelle monnaie. En effet, Athènes pourra prétendre qu'on l'a « contrainte » à changer de monnaie. Dans ce cas, comment exiger de la Grèce qu'elle remboursât en devises sa dette ?

Si la Grèce refuse la sortie de la zone euro, mais y est contrainte de facto, elle espère pouvoir imposer une redénomination de sa dette en nouvelle monnaie. En effet, Athènes pourra prétendre qu’on l’a « contrainte » à changer de monnaie. Dans ce cas, comment exiger de la Grèce qu’elle remboursât en devises sa dette ?

La sortie de la Grèce de la zone euro devient un scénario de plus en plus probable. Mais qui appuiera sur la gâchette ? La réponse à cette question n’est pas seulement rhétorique, mais aura aussi des conséquences légales.

Le Grexit est-il inéluctable ? Ce mercredi 8 juillet, rien n’est joué. La Grèce joue son rôle de bon élève. Elle a transmis une demande officielle de soutien de 50 milliards d’euros au Mécanisme européen de Stabilité (MES) pour une durée de trois ans. Mardi soir, le Conseil européen a demandé à Athènes de lui proposer un plan de « réformes ». La Commission a précisé que ce plan devra arriver à Bruxelles avant jeudi, minuit. S’il est validé, ce plan permettra de débloquer un financement relais, puis de débloquer les fonds du MES. Dans ce cas, la BCE pourrait alors rétablir pleinement le pays dans la zone euro en redonnant de l’air aux banques. Et la Grèce resterait dans l’euro, pour l’instant du moins.

Sans accord dimanche, le Grexit inévitable

Mais si ce n’est pas le cas ? Si le énième plan grec ne convient pas, alors les créanciers européens semblent décider à lâcher la Grèce. Donald Tusk, le président du Conseil européen, a parlé de « dernière chance. » Ce mercredi matin, le gouverneur de la Banque de France a prévenu que sans espoir d’un accord politique, le robinet de l’ELA (fourniture de liquidité d’urgence) sera coupé. Dès lors, la Grèce n’aura plus accès au moindre euro. Une telle option, si elle n’est pas encore sûre, est loin d’être exclue. Mardi soir, Angela Merkel a prévenu qu’elle souhaitait des conditions plus dures que celles prévues dans les propositions rejetées par le peuple grec le 5 juillet. Ceci ressemble à une punition du peuple grec pour son « mauvais » vote de dimanche. Punition, on le comprend, a priori difficilement acceptable par le gouvernement hellénique.

Une austérité acceptée à Athènes

Il est malaisé de dire à la lecture de la lettre du ministre des Finances grec Euclide Tsakalotos si cette exigence allemande sera respectée. Le texte fait par de la volonté de prendre des « mesures fiscales et des mesures sur les retraites » dès la semaine prochaine, mais sans fournir de détails. Et Alexis Tsipras pourrait faire avaler la pilule d’un plan sévère à son peuple. Après tout, depuis le « non » de dimanche, il est devenu incontournable en Grèce. N’ayant plus guère d’adversaire à sa hauteur, il peut prétendre que ce nouveau mémorandum permettra de réaliser les réformes véritables que les Grecs attendent : la destruction du clientélisme et l’amélioration de l’efficacité de l’Etat. Il peut aussi expliquer que c’est le prix à payer pour rester dans l’euro, ce que souhaite encore l’immense majorité des Grecs.

La volonté grecque de discuter de la dette

Ceci serait peut-être acceptable – non sans mal cependant – si le gouvernement obtenait un engagement ferme à ouvrir des discussions sur la restructuration de la dette. Ce sera là sans doute l’argument suffisant pour faire voter un plan drastique à la Vouli, le parlement grec. Et c’est sans doute sur ce point que se jouera le Grexit. Dans sa demande au MES, Euclide Tsakalotos a indiqué que la « Grèce salue une opportunité (« welcomes an opportunity ») d’explorer d’éventuelles mesures à prendre pour que la dette publique devienne soutenable et viable sur le long terme. » Un texte certes assez vague, mais qui prouve la détermination grecque à aborder cette question dans le cadre du plan du MES.

Le refus de la restructuration des créanciers

Or, aucun créancier ne veut aborder ce point. Jean-Claude Juncker a évoqué une vague promesse d’ouvrir les discussions sur la dette en octobre, une fois les réformes engagées. Mais cette promesse ne saurait satisfaire Athènes. Elle serait encore moins engageante que celle de novembre 2012 qui n’a pas été respectée. Surtout, la probabilité du respect de cette promesse est très faible. Ce mercredi, un porte-parole du ministère allemand des Finances a expliqué que Berlin « n‘était prêt ni à une décote classique sur la dette, ni à un reprofilage », donc à une révision du taux d’intérêt et de la maturité de la dette. Bref, le gouvernement allemand préfère prendre le risque de perdre tout que de négocier la dette. Et cela rend désormais très difficile un accord.

Sortie négociée ?

Dès lors, la question du Grexit doit s’accompagner d’une autre interrogation : celle de la forme que prendra ce Grexit qui, rappelons-le, n’est pas prévu par les traités. Depuis mardi soir, un scénario circule dans les cercles européens : en cas d’échec des négociations, les créanciers européens pourraient proposer à la Grèce une « sortie négociée » de la zone euro, moyennant une aide financière. Ce scénario permettrait de traiter de tous les sujets qui fâchent et de solder la question grecque en Europe. Mais comment négocier un Grexit ? La réponse la plus simple serait le recours à l’article 50 du traité de fonctionnement de l’UE (TFUE) qui permet de négocier la sortie de l’UE d’un pays… à sa demande. Or, il est pratiquement impossible que la Grèce accepte une telle procédure.

Un Grexit « par nécessité », le choix d’Athènes ?

Pourquoi ? D’abord parce que, en Grèce, personne ne veut quitter la zone euro, encore moins l’Union européenne. Alexis Tsipras ne cesse de le marteler et il n’acceptera pas de négocier cette sortie. Dans ce cas, une expulsion sous la pression de la BCE peut lui sembler un meilleur choix, politiquement, mais pas seulement. Si, en effet, la Grèce ne prend aucune initiative pour sortir de la zone euro, mais est contrainte de modifier sa monnaie par la force de la nécessité, parce qu’elle n’a plus accès à l’euro, elle n’aura aucune raison de quitter l’UE. Elle pourra même toujours prétendre alors être membre de la zone euro, temporairement incapable d’utiliser cette monnaie. Une sorte de « mise entre parenthèse » qui peut durer longtemps, mais qui aura l’avantage de préserver l’adhésion à l’UE et les promesses d’Alexis Tsipras.

Vide juridique

La Grèce profiterait alors d’un vide juridique : les traités ne prévoient pas ce cas : que faire, lorsque toutes les banques d’un pays sont inéligibles au financement de la BCE ? Or, c’est précisément ce qui est sur le point d’arriver en Grèce. Faute d’euros, les entreprises commencent à échanger des bons ayant une valeur monétaire de facto (ce que l’on appelle des « scrips »). Pour éviter que l’économie ne sombre, le gouvernement pourrait nationaliser les banques, émettre des créances ayant valeur monétaire et réquisitionner la banque centrale. C’est un plan évoqué, selon The Telegraph, par le cabinet grec. Tout ceci est interdit par les traités, mais nécessité faisant loi, Athènes peut prétendre y être contraint par la décision de la BCE de couper l’ELA.

Des sanctions contre la Grèce ?

Comment réagira alors l’UE ? Sanctionner la Grèce ne sera pas simple. Il faudra avoir recours en effet à l’article 7 du traité de l’Union européenne qui permet de suspendre d’un certain nombre de droits les Etats membres lorsqu’est avérée « l’existence d’une violation grave et persistante » des « valeurs européennes » énoncées à l’article 2. Or, ces valeurs ne sont pas économiques, mais politiques. Donc, l’article 7 est inutilisable. Quand bien même il le serait, il faut l’unanimité du Conseil pour imposer une sanction. Or, la Grèce a un atout : Chypre. Si le gouvernement chypriote n’a guère de sympathie pour celui d’Athènes, on voit mal Nicosie sanctionner le « grand frère » grec au nom de l’hellénisme. Bref, la Grèce a toutes les raisons de ne pas quitter l’UE. Et donc de ne pas négocier sa sortie.

Redénominer la dette grecque

De plus, si la Grèce refuse la sortie de la zone euro, mais y est contrainte de facto, elle espère pouvoir imposer une redénomination de sa dette en nouvelle monnaie. En effet, Athènes pourra prétendre qu’on l’a « contrainte » à changer de monnaie. Dans ce cas, comment exiger de la Grèce qu’elle remboursât en devises sa dette ? Ceci risque évidemment de conduire également à un combat juridique sévère, les créanciers voyant dans cette redénomination un défaut. Mais, là encore, ce serait un moyen pour la Grèce de prétendre être dans son droit et de ne pas cesser les paiements. De plus, le maintien dans l’UE rendront les sanctions économiques des créanciers à l’égard de la Grèce très difficiles. Imposer un embargo et des saisies envers un Etat membre de l’UE sera-t-il possible ? Il y aura là sans doute de quoi plaider. Et donc gagner du temps.

Tenter l’accord jusqu’au bout

En conséquence, la Grèce a tout intérêt à ne pas négocier sa sortie et à se laisser expulser. Aussi le gouvernement grec est-il très soucieux de montrer jusqu’au bout sa détermination à trouver un accord. Il va donc sans doute jeudi faire de nouvelles concessions et respecter autant qu’il le peut les procédures. Son but va être de ne pas pouvoir être accusé de déclencher le Grexit. Il va donc laisser les créanciers le pousser vers une sortie qu’il pourrait ne pas accepter, tout en en tirant profit le plus possible.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 8 juillet 2015.


TSIPRAS au Parlement européen

Alexis Tsipras est venu présenter la position du gouvernement grec devant la Parlement européen, réuni en séance plénière, ce 8 juillet. Le débat a été, à tout le moins, instructif. On commencera par noter l’air plus que gêné du Président du PE, l’Allemand (SPD) Martin Schulz, qui avait appelé ces derniers jours à ce que le gouvernement Tsipras soit renversé et remplacé par un « gouvernement de technocrates pour en finir avec l’ère Syriza »[1]. Il avait comme un petit air barbouillé, le Schulz… Il est clair que la démocratie passe plus mal que le café servi au PE (qui est pourtant TRES, TRES mauvais)…

On présente ici un florilège, non exhaustif (et que ceux que je ne cite pas, car ils furent trop nombreux, m’en excusent), des déclarations qui ont suivies ce discours.

Des discours à charge

Pour Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne c’était donc « une erreur de quitter la table des négociations». Rappelons que le Ministre grec des finances, M. Varoufakis, n’a nullement quitté de son plein grès la table des négociations mais en a été expulsé par M. Dijssenlbloem, le Président de l’Eurogroupe. M. Juncker ajoute : « Si nous ne les avions pas suspendues, nous serions parvenus à un accord». Ah, certes, si Monsieur de Lapalisse n’était point mort, il serait encore en vie…Et si Dijsselbloem n’avait pas expulsé Varoufakis peut-être que la négociation aurait continué…Juncker ajoute ensuite : «…je me suis toujours dressé contre les coupes budgétaires dans les niveaux de pension qui affecteraient les plus pauvres». La lecture des comptes rendus des réunions, quand ils ont été rédigés, n’indique pas exactement cela. Il faudrait peut-être moins boire pour conserver une mémoire claire et précise…

Le représentant du PPE (Parti Populaire Européen), M. Manfred Weber, n’a pas, lui non plus, mégoté sur les mensonges. Que l’on en juge : «Vous engagez la provocation, nous engageons le compromis. Vous cherchez l’échec, nous sommes à la recherche de la réussite. Vous n’aimez pas l’Europe, nous aimons l’Europe». Trois mensonges en trois phrases, c’est un exploit. Le gouvernement grec, représenté tant par Alexis Tsipras que par Yanis Varoufakis, a constamment (et on pourrait même le lui reprocher) cherché des compromis. La recherche d’une solution a été constante, mais pas à n’importe quel prix. Et ce prix, M. Weber, le connaît fort bien : c’est un plan de restructuration de la dette, dont même le FMI a récemment déclaré qu’il était absolument nécessaire. Quant à l’Europe, si M. Weber l’aime, c’est à la manière d’un dominant dans un couple Sadomasochiste. Il ne conçoit l’amour qu’au fouet, à la schlague.

Le représentant du groupe Social-démocrate européen (le PSE), M. Gianni Pittella a quant à lui déclaré : « C’est maintenant au gouvernement de décider des réformes, de soutenir l’emploi, de combattre la corruption, l’évasion fiscale… Toutes ces mesures qui sont nécessaire non pas parce que l’Europe les imposerait, mais parce qu’elles bénéficieraient aux citoyens grecs». C’est intéressant, parce que les mesures présentées par le gouvernement grec contre la corruption et l’évasion fiscale ont été rejetées par l’Eurogroupe. Décidément, la mémoire fait défaut à bien des membres du Parlement Européen. Il faudrait faire une alcoolémie et des tests de détection de drogues avant de commencer les séances. De même, peut-il vraiment croire que de nouvelles réductions de salaires, la baisse des pensions pour les plus pauvres, vont soutenir l’emploi ? M. Pitella a des visions d’éléphants roses. Je ne sais s’il se « saoule à l’hydromel/ Pour mieux parler de virilité/A des mémères décorées/Comme des arbres de Noël » comme le chantait l’immortel Jacques Brel[2], mais des éléphants roses, il en voit certainement.

Cependant, il y a eu mieux (ou pire). Guy Verhofstadt, député belge du groupe libéral, l’homme qui exerce en même temps 11 autres mandats (excusez du peu, il arrive au 4èmerang des cumulards), s’est ainsi permis de dire : «Depuis cinq ans, nous avons avancé en état de somnambulisme vers un Grexit avec l’aide et le soutien de l’extrême droite». Si la situation avance vers le « Grexit », ne vaudrait-il pas mieux en chercher les coupables parmi ceux qui ont organisé, ou plus exactement ont bâclé, les deux premiers plans d’aide à la Grèce ? Que vient donc faire « l’extrême-droite » dans cette affaire ? Que l’on sache, ce n’est pas l’extrême-droite qui a les commandes en Europe, ou à la BCE. Une sortie de la Grèce de la zone Euro pourrait s’imposer si on ne veut consentir à ce pays tant la restructuration de la dette dont il a besoin, qu’un plan d’investissements sur plusieurs années qui lui permettrait de retrouver une compétitivité suffisante pour rester dans la zone Euro. Ce sont des réalités que tous les économistes connaissent. Y mêler un fantasme sur l’extrême-droite (et d’ailleurs laquelle ; Aube Dorée ?) n’a aucun sens. On a l’impression que si une prise de sang avait été faite sur M. Verhofstadt on aurait trouvé l’hémoglobine à l’état de trace dans sa bière. Quant à Rebecca Harms, députée verte allemande du groupe  Les Verts/Alliance libre européenne, elle s’est adressée à Alexis Tsipras en disant qu’elle attendait des idées concrètes pour mettre en place des réformes. En d’autres termes elle a refusé de prendre en compte tout ce que le gouvernement grec a proposé depuis le mois de février dernier comme réformes. Cela donne une bonne idée de sa connaissance du dossier…Elle a ensuite ajouté que « la démocratie et Poutine ne vont pas ensemble ». Outre que c’est assez discutable, on ne voit pas trop ce que cela faisait dans ce débat. Ou plutôt si, on le comprend. En associant le nom de Tsipras à celui de Poutine, considéré comme le Diable en personne par certains, on comprend qu’elle entend discréditer le Premier-ministre grec, pourtant conforté par un référendum qu’il a gagné à plus de 61% des suffrages. C’est la même méthode utilisée par BéHachEl, ainsi que MM. Quatremer et Leparmentier, dont il paraît qu’ils sont journalistes, et qui n’ont eu de cesse de faire circuler de fausses informations, comme celle d’une alliance entre Syriza et le parti d’extrême-droite Aube Dorée. On voit que ces méthodes manipulatoires ont cours dans et hors l’hémicycle du Parlement Européen. Bref, Madame Harms a donné dans le registre de la môme vert et même vert-de-gris.

L’honneur du Parlement

Mias, le discours d’Alexis Tsipras a donné lieu à d’autres réactions, qui ont sauvé l’honneur du Parlement européen. On citera donc, sur un mode plus élogieux, Ryszard Legutko, député polonais du groupe conservateur et réformateur européen : «Qui et quoi tentons-nous de sauver ? L’union monétaire, la société grecque, la crédibilité du gouvernement, les créanciers, la réputation d’Angela Merkel ou l’infaillibilité d’une union toujours plus étroite ?». C’est bien l’une des questions posées. Car, ce qui est en cause va au-delà du simple cas grec. Ce député a eu au moins le courage de dire les choses et de nommer certains des obstacles et en particulier L’union monétaire, la réputation d’Angela Merkel et l’infaillibilité d’une union toujours plus étroite. Nigel Farage, le député britannique de UKIP et représentant du groupe ELD2, a quant à lui critiqué l’introduction de l’euro : «Si vous essayez de rassembler de force des personnes différentes ou des économies différentes sans d’abord demander à ces personnes leur consentement, il est peu probable que cela fonctionne. Le projet a échoué ». C’est bien là l’une des causes de la crise grecque. La chute des recettes dans la période 2004-2009 correspond aussi à la période de surévaluation de l’Euro qui a touché durement une économie qui ne fait que 35% de ses échanges avec la zone Euro.

De même, la députée allemande Gabriele Zimmer (Die Linke) du groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique a eu raison d’insister sur la nécessité de « Trouver des solutions qui sont durables et qui perdureront… »

On laissera le mot de la fin à Alexis Tsipras. Il a rappelé que la Grèce avait fait, bel et bien, des propositions de réformes et que, sur certains points, elle était même allée plus loin que ce que demandait l’Eurogroupe. Il a souligné que son gouvernement avait sévèrement réprimé l’évasion fiscale. Il a enfin dit que : «(nos) propositions incluent un engagement fort pour atteindre les objectifs budgétaires. Pourtant, nous avons un droit souverain de décider d’augmenter l’imposition sur les entreprises à but lucratif, et non sur les retraites». Alexis Tsipras a également rappelé à ceux qui l’auraient oublié que l’Allemagne avait vu en 1953, 60 % de sa dette effacée. Il aurait pu dire que l’Allemagne avait fait 6 fois défaut sur sa dette depuis 1848.

Le mot de la fin est revenu à Alexis Tsipras qui a conclu sur une citation de Sophocle : «Il y a des moments où la plus grande loi de toutes les lois humaines est la justice pour les êtres humains ».

[1] http://fr.sputniknews.com/international/20150702/1016824871.html

[2] http://www.chartsinfrance.net/Jacques-Brel/id-100203254.html

Source: http://www.les-crises.fr/point-grece-grexit-et-parlement-europeen/


Le crépuscule d’une époque, par Frédéric Lordon

Thursday 9 July 2015 at 10:10

C’est une photo comme il y en a des milliers, certaines sympathiques, d’autres grotesques : un selfie. Deux ahuris font un selfie, regards béats et satisfaits. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils sont visiblement très contents de leur coup, « on va le mettre sur Twitter pour les faire chier ». Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer. On est jeudi 2 juillet, jour de manifestation de solidarité avec le peuple grec. Il y a une légende à la photo : « Ça va Bastille ? Nous on est rive gauche ».

En fait, oui, ça va, pas mal même. Et vous ?

***
Une victoire électorale, fut-elle massive, n’a par soi aucun vrai pouvoir de dessillement du camp d’en face, ni d’endiguement des contre-vérités. On n’attendra donc pas des deux ahuris au selfie qu’ils renoncent à leurs scies préférées : « les contribuables européens ne veulent pas payer pour les fonctionnaires grecs » ; « et si la Grèce fait défaut, ce sont les retraités slovaques et allemands qui paieront pour eux » — soit le bon sens à front de bœuf.

Les contribuables européens ne payent pas pour les fonctionnaires grecs. Ils payent pour les épargnants européens. Car c’est une tuyauterie financière désormais entièrement circulaire qui prête aux Grecs pour qu’ils remboursent les créanciers — de ces euros-là qui circulent sous leur nez, les Grecs ne voient pas la couleur. Les contribuables européens ont d’abord payé pour la reprise publique des titres grecs détenus par les banques privées — un grand classique. Maintenant ils payent directement pour eux-mêmes — enfin certains pour d’autres. On progresse…

Ils payent surtout en conséquence une des plus colossales erreurs de politique économique de l’histoire, inscrite il est vrai dans les traités européens et engendrée de leur fonctionnement quasi-automatique : forcer le retour vers les 3 %-60 % en pleine récession, a conduit à la destruction d’une économie, ni plus ni moins : 25 % de PIB en moins, 25 % de taux de chômage, tout le monde connaît ces chiffres qui sont désormais entrés dans l’histoire. Le plus étonnant, mais en réalité c’est un signe d’époque, c’est l’incapacité de ces données pourtant massives, données d’une faillite intellectuelle écrasante, à désarmer l’acharnement et déclencher le moindre processus cognitif de révision. Leparmentier et Quatremer continueront donc soit de soutenir que les traités n’y sont pour rien, soit de maintenir qu’il s’agissait de la seule politique possible, soit d’assurer que pour notre bonheur ça n’était pas seulement la seule possible mais la meilleure. Soit de regarder ailleurs — les fonctionnaires grecs. Autisme et quasi-racisme (car il faut voir ce que depuis 2010 ces deux-là auront déversé sur « le Grec »). Bellicisme aussi d’une certaine manière, pour ceux qui n’ont que « l’Europe de la paix » à la bouche mais s’acharnent à jeter les uns contre les autres Grecs et « Européens » (les autres) — « contribuables européens » contre « fonctionnaires grecs », ou quand l’aveuglement idéologique n’hésite plus à répandre la discorde pour se donner libre cours : si le contribuable européen veut obtenir justice, qu’il la réclame au fonctionnaire grec. Eh bien non : si le contribuable européen veut obtenir justice, qu’il la réclame à ses gouvernants qui, « en son nom », ont pris la décision éclairée de le charger pour sauver les banques, et puis de charger la Grèce en s’adonnant à la passion macroéconomique des traités.

En matière de passions, Leparmentier et Quatremer n’ont pas que celle des contribuables : celle des retraités aussi (pourvu qu’ils ne soient pas grecs).« Qu’est-ce que vous dites aux retraités de Bavière si la Grèce ne rembourse pas ? » demande Leparmentier à Piketty qui répond à base de grande conférence sur la dette en Europe [1]. On pourrait répondre aussi que si les Bavarois avaient une retraite entièrement par répartition, cette question n’aurait même pas lieu d’être. On pourrait répondre que c’est bien ce qui arrive quand depuis des décennies on fait le choix de faire passer le financement de toutes les activités sociales — retraites, études universitaires, bientôt santé, etc. — par les marchés de capitaux, ce fléau voué à toutes les catastrophes. Et que, là encore, ça n’est pas « aux Grecs », mais à tous les gouvernants qui ont pris ce parti de la financiarisation qu’il faut s’adresser. Ou bien accepter que la retraite confiée aux marchés, ça fait… comme les marchés : ça va, ça vient, un mauvais investissement et c’est le bouillon. On pourrait d’ailleurs, et enfin, répondre qu’on n’a pas le souvenir d’avoir vu Leparmentier prendre fait et cause pour les retraités de la capitalisation lorsque les marchés d’actions se sont effondrés au début des années 2000, et toute la finance dans un bel ensemble en 2007-2008, au passage pour des pertes autrement considérables que celles qui suivraient d’un défaut grec — mais il est vrai qu’il n’y avait alors ni fonctionnaires grecs ni gouvernement de gauche à incriminer.

***
Et maintenant que peut-il se passer ? L’« alternative de la table » est-elle dépassée si peu que ce soit ?

De 2005 à 2015, si l’on fait bien les comptes, on jouit une fois tous les dix ans. C’est bon à proportion de ce que c’est rare — avouons les choses, imaginer la tête des ahuris au selfie (et de tous leurs semblables) est spécialement délectable. Mais tout ceci n’implique pas de céder complètement à l’ivresse. Il n’y a rien de significatif à gagner dans la négociation avec la troïka. Le scénario le plus avantageux est donc celui d’une reprise de négociation d’où sortiront quelques concessions de second ordre — diminution de la décimale du surplus primaire exigé, licence laissée au gouvernement grec d’organiser l’ajustement budgétaire comme il l’entend (et non sous la menue dictée de la troïka), promesse éventuelle d’une discussion sur la restructuration de la dette (en étant vraiment très optimiste).

C’est qu’il y a des raisons sérieuses à ce que rien de plus ne puisse être obtenu. On les connaît. L’Allemagne en fait partie. Qu’entre Sigmar Gabriel et Martin Schulz, la réaction du Parti social démocrate (SPD) ait été encore plus violente que celle d’Angela Merkel pourrait peut-être finir par faire apercevoir de quoi il y va vraiment dans la position allemande. Les principes d’orthodoxie dont l’Allemagne a exigé l’inscription dans les traités sont l’expression d’une croyance monétaire transpartisane et pour ainsi dire métapolitique – en amont des différenciations politiques. Elle n’est pas une affaire d’« idéologie politique » au sens ordinaire du terme, c’est-à-dire de quelque chose qui ouvrirait la perspective d’un retournement possible à échéance électorale, mais une construction symbolique de longue période qui donne leur cadre commun aux alternances.

C’est dire combien la thèse de l’« Allemagne de Merkel », cette argutie de raccroc pour tous les Bernard Guetta, faux appel à la patience d’une future « Europe social-démocrate » [2] quand le débris qu’est la social-démocratie européenne est entièrement passé à droite, c’est dire combien cette thèse était promise — par bêtise ou par cécité volontaire ? — à ne rien comprendre à ce qui se passe en Europe, et surtout à ce qui ne pourra jamais s’y passer, en tout cas dans sa configuration actuelle.

Ce qui ne pourra jamais s’y passer c’est qu’un pays, qui plus est du Sud, prétende s’être soustrait aux principes — le thème récurrent de tout le commentaire allemand sur la Grèce, c’est la règle enfreinte. Que cette règle ne convienne qu’à l’Allemagne, qu’elle soit la sienne même, que partout ailleurs ou presque son application forcenée ait tourné à l’un des plus grands désastres économiques de l’histoire européenne, rien de ceci ne produira le moindre bougé — et jusque dans les autres pays, notamment la France, en état de stupéfaction fusionnelle avec l’Allemagne, hommes politiques pour qui le « couple franco-allemand » est devenu un intouchable fétiche auquel tout sera aveuglément sacrifié, experts ressassant le catéchisme ordolibéral (dont même les économistes américains se tapent sur les cuisses qu’on puisse être bête à ce point de le prendre au sérieux), éditorialisme du gramophone.

C’est bien ici en tout cas que s’avèrera la malfaçon européenne. Le peuple allemand vit à sa manière la chose monétaire. C’est son droit le plus absolu. Mais il a choisi d’imposer sa manière à tous les autres. Et les problèmes ne pouvaient qu’apparaître. Après cinq ans d’épuisement, et même de persécution économique, le peuple grec vient de dire que cette manière, il n’en voulait plus. Ce sera donc manière contre manière, et voilà pourquoi l’« alternative de la table » se trouve reconduite à l’identique — aux concessions cosmétiques près dont on fait les communiqués de victoire des deux bords.

Il ne faut pas douter en effet de la réponse que donnerait l’électorat allemand s’il était consulté, sans doute d’autres avec lui, mais lui tout spécialement. Au lendemain du « non » grec, les incompatibilités européennes sont maintenant aiguisées à un point qui réduit à très peu l’espace des compromis, et ne permet plus du tout d’exclure par exemple que le Parlement allemand, écrasante majorité sociale réunie derrière lui, rejette tout nouvel accord de l’Eurogroupe. Le référendum de Tsipras avait évidemment (aussi) à voir avec la préservation de sa coalition. Le refus de Merkel procédera des mêmes mobiles – auxquels il n’y a pas grand-chose à redire : à un certain moment les hommes politiques sont rappelés aux nécessités de leur politique nationale, celle qui les a mis là où ils sont.

Comme toujours la chasse aux lièvres sera ouverte et l’on verra le commentaire se précipiter avec passion sur toutes les fausses pistes : l’irresponsabilité des uns, l’égoïsme des autres, le défaut de solidarité de tous. Soit le fléau du moralisme. Car le moralisme est bien cette pensée indigente qui rapporte tout aux qualités morales des acteurs sans jamais voir ni les structures ni les rapports : rapports de force, de convenance ou de disconvenance, de compatibilité et de viabilité. On ne compose une totalité collective viable que si l’on met ensemble des parties qui entretiennent entre elles des rapports de compatibilité minimale. Et si cette compatibilité tombe sous un certain seuil critique, alors la totalité — tautologiquement — court à la décomposition. Le rapport entre la croyance monétaire allemande et les blocs d’affects de certains autres peuples européens est en train d’atteindre ce seuil. L’incompatibilité, restée masquée tant qu’un environnement macroéconomique pas trop défavorable permettait de tenir à peu près les objectifs, était vouée à devenir criante au premier point de crise sérieuse. Depuis 2009, nous y sommes.

Le droit des Allemands de ne pas vouloir voir enfreintes les règles auxquelles ils tiennent par-dessus tout est finalement aussi légitime que celui des Grecs à ne pas être précipités aux tréfonds de la misère quand on les leur applique. C’est donc d’avoir imaginé faire tenir ensemble durablement ces deux droits sans penser aux conditions où ils pourraient devenir violemment antagonistes qui était une mauvaise idée. Ou alors il faut disposer des institutions qui rendent un peu plus compatibles les incompatibles, par exemple une union de transfert, sous la forme d’une (très significative) assurance-chômage européenne — le rapiéçage minimal quand, par ailleurs, tant de lourds problèmes demeureraient. Ceci en tout cas n’a rien d’une question de morale, c’est une question de structures, capables ou non d’accommoder des forces politiques centrifuges au sein d’un ensemble mal construit, et menacé d’une perte complète de viabilité pour n’avoir pensé aucune régulation de la divergence. Si l’Allemagne ne veut pas entendre parler d’annulation d’une (part de) dette qui ne peut qu’être annulée, il s’en suivra logiquement l’éclatement de la zone euro.

Et par tous les bouts. Car il ne faut pas s’y tromper : si d’aventure il se formait une coalition d’Etats-membres pour soutenir cette annulation, et plus généralement une réforme d’ampleur des principes monétaires de la zone, c’est l’Allemagne, éventuellement accompagnée de quelques semblables, qui menacerait de prendre le large, au nom de la défense de ses irréfragables principes — Gerxit et non Grexit, l’hypothèse constamment oubliée.

***
Il ne faut donc pas se tromper dans l’appréciation de la portée de l’événementoχi. Il est des plus que douteux que le gouvernement Syriza obtienne davantage que des concessions marginales — dont il lui appartiendra de faire comme il peut une présentation triomphale… Mais ça n’est pas ainsi qu’il faut juger de l’événement, car c’est un ébranlement d’une tout autre sorte qui s’est produit dimanche 5 juillet. L’ébranlement d’un peuple entier entré en rébellion contre les institutions européennes. Et l’annonce d’un crépuscule — donc aussi d’une aube à venir.

Ce qui s’est trouvé enfin condamné et appelé à l’effacement historique sous cette poussée d’un peuple, c’est une époque et ses hommes. Nous allons enfin entrer dans l’agonie de l’économicisme, cette dégénérescence de la politique, une vocation à la non-politique qui, comme de juste, ne cesse pas de faire de la politique — de même que la « fin des idéologies » est le dernier degré de l’idéologie —, mais de la pire des façons, au tréfonds d’un mélange de mensonge et d’inconscience. Seuls de grands cyniques étaient capables de voir que le règne gestionnaire, la réduction économiciste de tout, qui se targuent de préférer l’administration des choses au gouvernement des hommes, comme l’auront répété en boucle tout ce que le néolibéralisme a compté d’idiots utiles, seuls de grands cyniques, donc, étaient capables de voir qu’il y avait dans cette profession de foi anti-politique la plus sournoise des politiques.

Quitte à être du mauvais côté de la domination, il faut regretter qu’il n’y ait pas plus de cyniques. Eux au moins réfléchissent et ne se racontent pas d’histoires — ni à nous. On leur doit l’estime d’une forme d’intelligence. Mais quand les cyniques manquent ce sont les imbéciles qui prolifèrent. Le néolibéralisme aura été leur triomphe : ils ont été partout. Et d’abord au sommet. Une génération d’hommes politiques non-politiques. Le pouvoir à une génération d’imbéciles, incapables de penser, et bien sûr de faire de la politique. Le gouvernement par les ratios est le seul horizon de leur politique. On comprend mieux le fétichisme numérologique qui s’est emparé de toute la construction européenne sous leur conduite éclairée : 3 % [3], 60 %, 2 %. Voilà le résumé de « l’Europe ». On comprend que ces gens soient réduits à la perplexité d’une poule devant un démonte-pneu quand survient quelque chose de vraiment politique — un référendum par exemple. La perplexité et la panique en fait : la résurgence des forces déniées est un insupportable retour du refoulé. Qu’il y ait des passions politiques, que la politique soit affaire de passions, cela n’était pas prévu dans le tableur à ratios. Aussi observent-ils, interdits, les événements vraiment politiques : la quasi-sécession écossaise, les menaces équivalentes de la Flandre ou de la Catalogne — le sursaut grec, évidemment. Le choc de l’étrangeté est d’ailleurs tellement violent qu’ils s’efforcent spontanément de le recouvrir. Comme la guerre de Troie, les référendums n’ont pas eu lieu.

En une tragique prédestination à l’échec, c’est à cette génération qu’a été remise la construction européenne. On lui aura dû cette performance, appelée à entrer dans l’histoire, d’une monnaie unique sans construction politique — catastrophe intellectuelle typique de l’économicisme qui croit à la souveraineté de l’économie, et pense que les choses économiques tiennent d’elles-mêmes. Même leur réveil tardif, et brutal, est aussi pathétique que le sommeil épais d’où il les tire : « il faut une Europe politique ! » Mais le pyjama est de travers, le cheveu en bataille et les idées encore un peu grumeleuses. C’est qu’il ne suffit pas d’en appeler à une Europe politique pour qu’ipso facto elle advienne. La formation des communautés politiques n’est pas un jeu de Meccano. Comment fait-on vivre ensemble des idiosyncrasies hétérogènes ? Par quelles formes institutionnelles peut-on espérer réduire leurs incompatibilités ex ante ? Quelles sont les contraintes d’une économie générale de la souveraineté ? Quelles sont les conditions de possibilité d’acceptation de la loi de la majorité ? Sont-elles nécessairement remplies ? Et dans le cas présent ? Tiens, on va aller poser toutes ces questions à Michel Sapin.

Comme un symptôme du degré ultime de soumission à l’ordre des choses qu’aura incarné la « social-démocratie », c’est en effet au Parti socialiste qu’on trouve les plus beaux spécimens de la catastrophe : Sapin donc, mais aussi Macron, Valls, Moscovici, et bien sûr, primus inter pares, Hollande. Les figures ahuries du gouvernement des ratios et, en temps de grande crise, les poules dans une forêt de démonte-pneu. Un cauchemar de poules. Il faut les regarder tourner ces pauvres bêtes, désorientées, hagardes et incomprenantes, au sens étymologique du terme stupides. Tout leur échappe. D’abord il y a belle lurette que les ratios ont explosé à dache, mais la vague angoisse qui les gagne leur fait bien sentir que c’est plus grave que ça : ça pourrait ne plus être une affaire de ratios… La pensée par ratios risque de ne plus suffire. Il faudrait refaire « cette chose… » : de la politique. « Mais comment faire ? Nous ne savons pas ».

On le sait qu’ils ne savent pas. Le pire, d’ailleurs, c’est quand ils font comme s’ils savaient. Qu’ils s’essayent à la « vision ». « Il faut que les jeunes Français aient envie de devenir milliardaires », voilà la pensée des ratios dans son effort de « prendre de la hauteur ». Les ratios en hauteur, ça donne ça : la vision civilisationnelle d’Emmanuel Macron. Voici les gens que nous mandatons pour nous conduire. Mais où peuvent-ils nous emmener si ce n’est au désastre — civilisationnel, précisément ? Comment imaginer que l’Europe à tête de bulot ait pu aller ailleurs qu’au naufrage ? Quelqu’un depuis vingt ans a-t-il éprouvé le moindre tremblement à un discours européiste ? Senti le moindre souffle ? Peut-on composer une épopée autre que grotesque lorsqu’on met bout à bout les odes à l’Europe sociale d’Elisabeth Guigou et de Martine Aubry, les bafouillements de Jacques Delors, les chuintements de Jean-Claude Juncker, les hystéries de Cohn-Bendit, les commercialismes de Lamy, les fulgurances charismatiques de Moscovici, et tant d’autres remarquables contributions à la chronique d’un désastre annoncé ? La vérité est qu’il suffisait de les écouter, ou plutôt de tendre l’oreille, en fait de percevoir l’absence de toute vibration, pour se pénétrer de la certitude de l’échec : une entreprise historique conduite par des gens de cette étoffe ne pouvait qu’échouer.

Il ne faut pas faire acception de cas singuliers : c’est bien une génération entière qui est en cause. La génération du néolibéralisme. Les autres pays ont les leurs, les mêmes : Barroso, Renzi, Monti, Zapatero, Verhofstadt, etc., tous ont été formés dans la même matrice, la matrice d’une époque. Comment l’économicisme néolibéral qui est une gigantesque dénégation du politique ne pouvait-il pas engendrer sa génération d’hommes politiques ignorants de la politique ? « Abandonnez ces sottises, regardez les ratios, ils ne sont ni de droite ni de gauche », on ne compte plus les décérébrés qui, répétant cet adage, auront cru s’affranchir de la politique, en faisant la pire des politiques : la politique qui s’ignore.

Et ceux-là auront été partout, pas seulement sous les lambris. Car c’est tout un bloc hégémonique qui aura communié dans la même éclipse. A commencer par ses intellectuels organiques, si vraiment on peut les appeler des intellectuels puisque, de même qu’il a fait dégénérer les hommes politiques, le néolibéralisme n’a produit que des formes dégénérées d’intellectuels : les experts. Et forcément : l’économicisme néolibéral ne pouvait se donner d’autres « intellectuels » que des économistes. Les dits think tanks auront été la fabrique de l’intellectuel devenu ingénieur-système. A la République des Idéesc’était même un projet : en finir avec les pitres à chemise échancrée, désormais le sérieux des chiffres — la branche universitaire de la pensée des ratios.

Et derrière eux toute la cohorte des perruches — les journalistes. Fascinés par le pseudo-savoir économique auquel ils n’ont aucun accès de première main, ils ont gravement répété la nécessité de commandements économiques auxquels ils ne comprennent rien — de la même manière, on peut le parier, que, têtes vides, ils se la laisseront remplir par le nouvel air du temps et soutiendront exactement l’inverse dès que les vents auront tourné.

Il faut déjà les imaginer perturbés et angoissés par le conflit renaissant des autorités, comme des enfants devant la dispute des parents. Car on entend des économistes dissonants — si ce ne sont que des hétérodoxes, ça n’est pas trop grave. Mais il y a aussi ces prix Nobel qui disent autre chose — c’est tout de même plus sérieux. Pire encore, de l’intérieur même de la curie, du dissensus se fait entendre : des économistes du FMI suggèrent mezza voce qu’il aurait pu y avoir quelques erreurs… du FMI, une sombre histoire de multiplicateur [4], mais on comprend bien que l’édifice doctrinal n’était pas, comme on le croyait, en marbre de Carrare. Que le monde ait été plongé en plein chaos en 2008, que des pays européens se tapent des descentes façon Grande Dépression années trente, non, cela ne pouvait avoir aucun effet sur les perruches, tant que la volière restait bien arrimée : ouvrir les yeux pour s’interroger ne sert à rien puisqu’il suffit d’écouter les réponses qui font autorité. Mais quand l’autorité commence à se craqueler, et que le clou menace de céder ?…

Pour l’heure il tient encore. On dépayse la volière et les perruches prennent le chemin d’Aix-en-Provence, où l’on va se réchauffer, et se rassurer, entre soi. On reviendra dûment regonflé en répétant les éléments de langage avec d’autant plus de conviction qu’ils ne sont pas reçus comme des éléments de langage mais comme des évidences qui parlent d’elles-mêmes : réforme, ne-pas-dépenser-plus-qu’on-ne-gagne (enfin-c’est-élémentaire), la-dette-qu’on-va-laisser-à-nos-enfants. Et puis pour les plus doués, ceux qui sont en classe supérieure : archéo-keynésianisme. C’est Emmanuel Macron qui le dit, et comme nous l’avons vu, c’est quelqu’un. Evidemment la perruche ignore cette phrase de Keynes, à qui ce serait faire insulte que de le mettre en simple comparaison avec Macron, cette phrase qui dit qu’il n’est pas de dirigeant politique qui ne soit l’esclave qui s’ignore d’un économiste du passé. C’est peu dire que Macron fait partie de ces esclaves inconscients et ravis. Et pour cause : il ne connaît même pas son maître. On va le lui indiquer. Son maître s’appelle Pigou. Une espèce d’Aghion de l’époque qui a si bien plaidé la cause de l’ajustement par les marchés que Hoover, Brünning et Laval ont dans un bel ensemble précipité leurs économies dans l’effondrement de la Grande Dépression. Emmanuel Macron, qui a appris à l’ENA l’économie dans la même version que son président l’histoire — pour les Nuls — ronronne de contentement en s’entendant dire« archéo-keynesien ». Et les perruches caquètent de joie tout autour. Le problème c’est qu’il est, lui, paléo-libéral. Et qu’il ajoute son nom à la série historique des années trente.

Et puis il y a l’élite : les twittos à selfie. Même au milieu des ruines fumantes de l’Europe effondrée, eux ne lâcheront rien : ce sera toujours la faute à autre chose, les Grecs feignants, les rouges-bruns, la bêtise des peuples, l’erreur, quand même il faut le dire, de trop de démocratie. Mais tous les systèmes ont leurs irréductibles acharnés et leurs obturés du jusqu’au bout.

Têtes politiques en gélatine, experts de service, journalisme dominant décérébré, voilà le cortège des importants qui aura fait une époque. Et dont les réalisations historiques, spécialement celle de l’Europe, seront offertes à l’appréciation des temps futurs. Il se pourrait que ce soit cette époque à laquelle le référendum grec aura porté un coup fatal. Comme on sait, il faut un moment entre le coup de hache décisif et le fracas de l’arbre qui s’abat. Mais toutes les fibres commencent déjà à craquer. Maintenant il faut pousser, pousser c’est-à-dire refaire de la politique intensément puisque c’est la chose dont ils ignorent tout et que c’est par elle qu’on les renversera.

L’histoire nous livre un enseignement précieux : c’est qu’elle a des poubelles. Il y a des poubelles de l’histoire. Et c’est bien. On y met les époques faillies, les générations calamiteuses, les élites insuffisantes, bref les encombrants à oublier. Alors tous ensemble, voilà ce qu’il faudrait que nous fassions : faire la tournée des rebuts, remplir la benne, et prendre le chemin de la décharge.

Notes

[1] Thomas Piketty, « Ceux qui cherchent le Grexit sont de dangereux apprentis-sorciers », Le Monde, 4 juillet 2015.

[2] Bernard Guetta, « De l’urgence de savoir défendre l’Europe », Libération, 26 février 2013.

[3] Cf. « La règle des 3 % de déficit est née sur un coin de table », Le Monde diplomatique,octobre 2014.

[4] Olivier Blanchard et Daniel Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers » (PDF),IMF Working Paper, janvier 2013.

Source : Frédéric Lordon, pour La Pompe à Phynance, le 7 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/le-crepuscule-dune-epoque-par-frederic-lordon/


Couverture médiatique du référendum en Grèce : le meilleur du pire

Thursday 9 July 2015 at 01:17

La couverture médiatique du référendum grec s’est transformée, comme on pouvait s’y attendre, en véritable curée anti-Syriza. Dans la presse écritesur Twitterà la télévision, c’est à un déferlement de mépris, voire de haine, que l’on a assisté, avec une virulence qui rappelle inévitablement les grandes heures du référendum français de 2005. Lors de nos premières observations, nous avons parfois mis de côté quelques épisodes journalistiques particulièrement délicieux, mais qui à eux seuls ne pouvaient donner lieu à un article. Voici donc une compilation de ces grands moments : le meilleur du pire de l’information sur le référendum grec [1].

Boule de cristal

Il y a d’abord eu LE tweet visionnaire, le 27 juin, de ce très grand connaisseur de la Grèce qu’est Jean Quatremer, correspondant deLibération à Bruxelles :

Aucun doute : les « sources » de Jean Quatremer sont fiables.

 

Presque autant que les sources d’Arnaud Leparmentier, du Monde, qui a eu lui aussi des illuminations [2] :


On vous le dit : visionnaires.

Précipitation

À noter également la précipitation qui a conduit le site France TV infos à publier une « fausse » photo de Grecs faisant la queue devant un distributeur de billets :


Des « Grecs » qui étaient en réalité, pour la plupart, des… journalistes étrangers : « La femme photographiée de façon si peu flatteuse n’est autre que… l’envoyée spéciale de Libération en Grèce. Et (…) trois des hommes qui l’entourent (celui en chemise à carreaux et les deux autres en chemise et T-shirt rose-rouge) sont également des journalistes… En réalité, il n’y a donc que trois ou quatre “vrais” Grecs devant ce distributeur ».

Précipitation teintée de mauvaise foi lorsqu’un « sondage » donnant pour la première fois le « oui » vainqueur est relayé, le jeudi 2 juillet, dans nombre de « grands » médias.

Le Figaro :

Le Huffington Post :

Les Échos :

Etc.

Le problème est que l’institut grec GPO, auquel a été attribué ce sondage, a rapidement fait savoir que les résultats diffusés n’étaient pas fiables : « C’est à l’insu de GPO, et sans le concours de l’entreprise, que certains résultats, fragmentaires, concernant les intentions de vote au référendum du 5 juillet, de son département de recherches ont été rendus publics dans les médias ». En d’autres termes : un vrai-faux sondage, dont les « résultats » sont démentis par l’institut qui est censé l’avoir conduit, sans que cela gêne les médias qui le diffusent et le commentent. Sauf erreur de notre part, aucune correction n’a en effet été apportée aux articles consacrés à ce « sondage ».

Expertise

Nous avons également eu droit aux analyses pertinentes de nombre de pertinents analystes, parmi lesquels les inévitables Jacques Attali et Alain Minc.

Ainsi, Jacques Attali, interviewé dimanche 5 juillet sur i>Télé, nous a révélé des informations de « dernière minute » :

Il est vrai qu’avant le référendum, la situation des Grecs était plutôt enviable.

De son côté, Alain Minc, interviewé sur BFMTV le 2 juillet par une Ruth Elkrief étonnamment (?) moins combattive qu’avec Jacques Sapir, nous a offert ses lumières :

Si les Grecs votent non et sortent de l’Euro, et donc inventent une monnaie hyper-dévaluée, l’État grec, enfin ce qui tient lieu d’État parce que c’est déjà un État un peu faiblard, va s’effondrer. Alors on va avoir une espèce de Libye de religion chrétienne orthodoxe, à un endroit qui est un endroit stratégique.

Vous n’avez pas compris ? Nous non plus.

Amalgames

À noter également, les amalgames et les mensonges répétés, notamment dans le registre des « amis imaginaires de Syriza ».

Avec, comme il se doit, l’immense Bernard-Henri Lévy, qui invente une « alliance » entre Syriza et le parti néo-nazi Aube Dorée [3] :

Tandis que Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef et désormais chroniqueuse sur Europe 1, nous informe :

Un amalgame chez Laurence Parisot et chez BHL, dont nous avons déjà plus longuement commenté la « chronique », qui devient un mensonge éhonté chez Dominique Seux, chroniqueur économique sur France Inter qui, le vendredi 3 juillet, explique avec le plus grand sérieux du monde qu’Alexis Tsipras refuse de baisser les dépenses militaires de la Grèce « parce que le ministre de la Défense est un ministre d’Aube Dorée, d’extrême-droite, certains diraient proche d’un parti nazi ».

Quand bien même Dominique Seux a reconnu son erreur (comment aurait-il pu en être autrement ?), l’épisode illustre l’ignorance impudente de ceux qui infligent aux Grecs, à longueur de journée, des leçons de maintien. Signalons ainsi, pour donner une idée du fossé qui sépare Syriza d’Aube Dorée, que lors des élections de janvier dernier, le secrétaire général du parti néo-nazi, Nikolaos Michaloliakos, expliquait que son organisation ne s’allierait « ni avec les serviteurs de l’austérité ni avec les bolcheviks ».

Signalons au passage que l’usage du doux nom de « bolchevik » pour qualifier Syriza n’est pas l’apanage des seuls néo-nazis grecs, puisqu’il a été repris par certains éditorialistes très droitiers comme Stephanos Kassimatis, dans une tribune que Jean Quatremer s’est empressé de diffuser sur Twitter :

Autre ami imaginaire de Syriza, le… Front national. Ainsi, le très subtil Jean-Pierre Elkabbach a réussi à glisser une petite perfidie lors de son interview de Xavier Bertrand, candidat aux élections régionales dans la même circonscription que Marine Le Pen, lors du« Grand rendez-vous » du dimanche 5 juillet :

Partie après vous, Marine le Pen vous devance aujourd’hui de quelques points [dans les sondages], etson score va dépendre aussi de ses amis Syriza de Grèce.

De son côté, le non moins subtil Alain Duhamel, dans une chronique commise dans Libération le 1er juillet, titrée « La voie grecque de Marine Le Pen » (sic), nous a proposé une analyse d’une profondeur abyssale :

Lorsque Aléxis Tsípras avait remporté les élections législatives en janvier, Marine Le Pen avait trompeté sa joie et avait tambouriné son allégresse. (…) Le Front national disposait, enfin, d’un exemple concret de la voie qu’il veut suivre en France. La Grèce allait être la maquette de l’extrême droite française.

Est-il venu à l’esprit d’Alain Duhamel que les programmes de Syriza et du Front national n’ont rien à voir, non seulement sur les questions sociales, les questions d’immigration, les questions de politique étrangère, mais aussi sur la question de l’Europe et de l’euro [4] ? Jean-Pierre Elkabbach croit-il sérieusement que le Front national et Syriza pourraient être des « amis » alors que le parti d’Alexis Tsipras a explicitement condamné les tentatives de récupération de Marine Le Pen [5] ?

Mais qu’importe la vérité ! Les éditorialistes éditorialisent, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

Inclassables

Et enfin, les « inclassables », ces Objets Journalistiques Non Identifiés, qui mêlent morgue, mépris, indécence et esprit de caste, sans que l’on sache si leurs auteurs sont bien conscients de l’énormité de leurs propos.

Ainsi de Léa Salamé qui, le jeudi 2 juillet, a reçu sur France Inter le cinéaste franco-grec Costa-Gavras, l’accueillant avec une question des plus… élégantes :

Bonjour Costa-Gavras. Dites nous ce matin, Alexis Tsipras, il est visionnaire ou il est complètement fou ?

Avant de nous faire part de ses inquiétudes :

La petite musique nationaliste, patriotique, certains diront même populiste, d’Alexis Tsipras, qui dit aux Grecs « on va relever la tête, ça suffit les humiliations… », est-ce que ce n’est pas dangereux aussi ?

Ou comment reconnaître, ouvertement, que l’on considère qu’il est « dangereux » que les peuples « relèvent la tête » et refusent « les humiliations »…

Ainsi également de Jean-Michel Aphatie, qui a multiplié les tweets présentant des « arguments » pour le « oui » au référendum, quitte à tomber… très bas :

Françoise Fressoz, du Monde, nous a quant à elle donné à lire un article qui fera date, ne serait-ce que par son titre :

Et grâce à quelques moments de bravoure journalistique :

Alexis Tsipras n’inspire pas confiance. En moins d’une semaine, le premier ministre grec est devenu l’affreux jojo du cénacle européen, (…) dont la droite européenne veut se débarrasser parce que son comportement est une offense aux principes de la construction européenne.

Le Grec est une grenade dégoupillée au milieu d’une assemblée de notables rompus aux règles de la négociation. Il choque par ses idées subversives et inquiète par son comportement erratique, jouant un jour la rupture, le lendemain la négociation et se servant du peuple grec comme d’une arme, non pour faire valider quelque choix problématique, mais pour se réarmer en vue d’un nouveau bras de fer.

Tsipras mène un combat éminemment politique qui rejoint celui de tous les populistes européens : dynamiter la construction européenne en jouant le peuple contre les « sans-cœur ». Il prend pour cela le risque de couper la Grèce en deux blocs irréductibles par appel au référendum, consultation binaire par excellence. (…)

Le pire pour le premier ministre grec est que chaque jour qui passe vient banaliser le scénario sus-décrit : depuis le défaut de paiement de la Grèce constaté mardi 30 juin, la zone euro résiste, les marchés restent calmes, les Bourses ne dévissent pas. Seul le peuple grec souffre. Bravo Tsipras !

Et bravo à Françoise Fressoz.

Que dire, enfin, de ce tweet publié le jeudi 2 juillet par les compères eurobéats Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer, alors qu’une manifestation de solidarité avec le peuple grec était organisée à Bastille ?

Le mépris de classe en moins de 140 signes.

Notes
[1] Cet article a été rédigé avant l’officialisation de l’écrasante victoire du « non ». Nous ne manquerons pas de revenir, dans les jours qui viennent, sur les réactions outragées des éditocrates eurobéats face à ce résultat.

[2] Notons que le modeste Arnaud Leparmentier a préféré supprimer son tweet visionnaire. Il est donc introuvable aujourd’hui, mais internet a de la mémoire, et Acrimed aussi.

[3] Les internautes facétieux auront remarqué que nous publions le tweet de BHL… retweeté par Arnaud Leparmentier. Le monde est tout petit.

[4] Contrairement à Marine Le Pen, et même si le débat existe au sein de Syriza, Alexis Tsipras ne défend pas la rupture avec l’UE, ni avec la zone euro.

[5] « La montée de SYRIZA et des forces progressistes en Europe est un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente Marine Le Pen, mais aussi un message pour la défense de la démocratie contre ses ennemis. Nos partenaires et nos soutiens français sont divers et ils s’élargissent. Ils sont de gauche, comme l’a prouvé le meeting du 19 janvier [2015] à Paris » (Communiqué publié sur l’Humanité.fr).

Source : Julien Salingue (grâce à une observation collective), pour Acrimed, le 6 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/couverture-mediatique-du-referendum-en-grece-le-meilleur-du-pire/


Actu’Ukraine 09/07/2015

Thursday 9 July 2015 at 00:27

 

 ACTU’UKRAINE DU 29 JUIN AU 5 JUILLET 2015

 

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

 

PREMIER FOCUS DE LA SEMAINE :  L’ULTIMATUM DU 3 JUILLET ET LE SYMBOLE DU 5 JUILLET

• Quelques éléments sur Praviy Sektor. Yarosh, le chef de Secteur Droit, a annoncé qu’il accepte de travailler avec Gritsak qui a été officiellement nommé à la tête du SBU (nagg.in.ua, unian.net). Retour vers le passé : le manifeste video daté du 24 février 2014, donc juste après le coup d’état à Kiev et sous-titré en pas moins de 11 langues (youtube) et une interview de Yarosh datant de mars 2014 (youtube).

Secteur Droit. La Grande Reconquête Ukrainienne (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

Interview: Ukrainian nationalist leader Yarosh rejects Kremlin anti-Semitism accusations  (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

En prime un reportage photo sur les combattantes de Praviy Sektor (sputniknews).

 

 

• Quelques éléments sur Azov.  Azov a publié les identifiants, pour dons, de ses comptes bancaires sur sa page Facebook. Pas de surprise, ce sont des “PrivatBank”, la banque de Kolomoisky. Il est par ailleurs amusant de voir que la JP Morgan s’occupera de faire l’intermédiaire (facebook).

Colonel Cassad publie un article sur la façon dont le chef d’Azov, Andrei Biletsky, considère le gouvernement ukrainien (colonelcassad). C’est très clair, se sont des lâches qui veulent mettre fin à la guerre au Donbass au plus vite, quitte à capituler devant la Russie, ce que Azov refuse et qui motive sans doute les pressions exercées sur le gouvernement par les bataillons ultra-nationalistes.

Le blog “Cercle non conforme” publie, le 28 juin 2015, la traduction française d’une interview de Oleh Odnorojenko, idéologue d’Azov (cerclenonconforme.hautetfort.com). Cela donne des passages du genre :

Sur l’UE : Que signifie intégration européenne ? C’est une chose si cela représente une interaction entre les peuples européens qui adhèrent aux valeurs traditionnelles, l’Europe traditionnelle, comprise comme celle des nations européennes qui partagent des problèmes, des intérêts et à la base, des manières communes de résoudre ces mêmes problèmes.

C’en est une autre, complètement différente, si, par intégration européenne, on entend l’intégration à l’Union Européenne, car celle-ci, est avant tout une négation de l’Europe en tant que telle dans la mesure où nous ne retrouvons pas dans l’UE, les principes de base qui associent la notion d’Europe à celle de la civilisation européenne, propre à l’Europe et à chaque nation européenne… Je dois affirmer que, malgré ce qui a été souligné par les médiats occidentaux, le Maidan n’a pas constitué un projet euro-atlantiste en ce qu’il n’y avait rien pour le situer dans cette perspective ou quelque chose de semblable… Les imperfections de Bruxelles sont visibles à l’œil nu et je pense que ce que nous avons à offrir en tant qu’alternative géopolitique est beaucoup plus prometteur.

Les plans d’avenir d’Azov : Oui, sans aucun doute, lorsque l’on parle des intérêts de l’Ukraine ou  d’un autre pays voisins, nous constatons que l’UE et l’OTAN ont échoué à  s’acquitter de leurs tâches.

Nous voyons qu’ils sont impuissants.  Indéniablement si l’on parle de sécurité régionale, au sujet des menaces  venues de l’Est, qui sont avérées à présent, mais pas seulement elles.  Je pense à celles venues du Sud qui sont souvent oubliées. Si l’on  évoque ce format de sécurité régionale, il est évident que l’Ukraine  devrait devenir l’initiatrice et l’outil visant à la création d’une  alliance des pays de l’axe Baltique-Mer Noire, car c’est une union  géopolitique qui va naturellement de soi. 

Il est également clair  aujourd’hui que l’Etat ukrainien ne fait aucun pas sérieux vers la  réalisation d’un tel projet géopolitique, mais d’un autre côté, nous  voyons que le Belarus, les pays baltes, la Lituanie, la Géorgie ou la  Moldavie, considèrent l’Ukraine comme le leader naturel de cet espace.  Nous pouvons également rappeler que de telles initiatives géopolitiques  avaient été mises en œuvre dans les années 90 avec le bloc GUUAM qui  comprenait la Géorgie, l’Ukraine, l’Ouzbékistan, la Moldavie et  l’Azerbaïdjan. Les élites politiques et « l’establishment » de ces pays  comprennent que cette perspective géopolitique constitue un moyen de  résoudre leurs problèmes nationaux.

Ils voient l’Ukraine comme un  leader naturel et le fait que cette dernière, en raison de l’immaturité  de ses élites politiques, n’ait pas encore suggéré une telle idée et ne  travaille pas à sa concrétisation, constitue selon moi quelque chose de  temporaire. 

Au moins, les volontaires nationalistes ukrainiens qui, à  présent, défendent l’Ukraine les armes à la main, considèrent l’Ukraine  comme un pays avec de vastes perspectives et formeront dans un avenir  proche la base pour une nouvelle élite ukrainienne, comprennent très  bien ces problèmes, soulèvent ces questions et les discutent. Et je  pense que très bientôt, nous passerons des spéculations théoriques à la  réalisation pratique.

En fait, cette dernière est, jusqu’à un certain  point déjà en cours, étant donné qu’au sein des formations de  volontaires, le régiment « Azov » en particulier, des ressortissants de  ces pays servent en tant que combattants ou volontaires affectés à des  tâches diverses, et porteront bien haut, j’en suis convaincu, l’idéal  d’une intégration Baltique-Mer Noire avec l’Ukraine, dans leurs propres  pays.

    

Pour mémoire, une synthèse sur Azov avait été réalisée par le blog “Histoire et Société” en septembre 2014 : “Bataillon Azov : une milice néo-nazie, des  brigades internationales fascistes financées par l’oligarque  israélo-ukrainien I.Kolomoisky “ (histoireetsociete.wordpress.com).

 

 

 

• Le rassemblement du 3 juillet 2015. L’agence de presse officielle de l’Ukraine, UNIAN, présente le rassemblement comme une “manifestation dans le centre de Kiev de représentants de quelques bataillons de volontaires (unian.info, unian.net). En fait, le “quelques” et très relatif parce qu’il s’agit certes de 3 bataillons (Praviy Sektor, Azov et Aydar), mais tout de même de 4000 “représentants” (fortruss, colonelcassad) !

 

Version UNIAN (international)

 

Version UNIAN (national)

 

Version Colonel Cassad

 

3 juillet 2015 : «Марш Святослава» на майдані Незалежності (пряма трансляція)   (la “Marche Sviatoslav” sur la place de l’indépendance (Live) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

L’annonce de cette manifestation et des demandes associées de dénoncer les accords de Minsk et de reprendre les offensives à l’Est date du 21 juin (les-crises.fr).

 

RAPPEL FOCUS DE L’ACTU DU 24 JUIN 2015 (les-crises.fr)

• Praviy Sektor exige de Porochenko qu’il relance la guerre au Donbass. Praviy Sektor exige de Porochenko de mettre fin aux accords de Minsk et de reprendre les opérations militaires dans le Donbass  (http://sputniknews.com/europe/20150621/1023661461.html).  Praviy Sektor a aussi annoncé qu’il organisera une marche dans le  quartier des ministères le 3 juillet, en mémoire du 965ème anniversaire de la victoire du prince de Kiev Sviatoslav sur l’empire Khazar (http://www.vz.ru/news/2015/6/21/751986.print.html).

 

Les références à Sviatoslav et aux Khazars ne sont pas anodines et sont même très lourdes de signification. Sviatoslav est un prince de la Rus de Kiev ayant régné entre 962 et 972. La Rus de Kiev est considérée par les Russes comme le coeur de la Russie médiévale dont Kiev était la capitale et par les Ukrainiens comme l’Ukraine mythique des origines. Rappelons au passage que l’Ukraine en tant que nom et pays n’apparait dans l’histoire qu’après la première guerre mondiale, soit quasi 1000 ans plus tard. Ce différend historique donne lieu à un projet de loi en Ukraine, déposé le 3 juillet 2015, qui vise à interdire l’emploi du mot Russie pour désigner la Russie ! Il porte le nom de “Projet de loi sur  l’interdiction de l’utilisation du nom historique du territoire de  l’Ukraine et de ses mots dérivés comme le nom ou le synonyme de la  Fédération de Russie, l’utilisation de ces noms pour le territoire actuel de la Fédération de Russie ou une partie de celui-ci.” (rusvesna.su, lenta.ru, projet de loi 2276a : rada.gov.ua)…  Pour la petite histoire, ce projet a été proposé par Oksana Kortchinskaya dont le mari, Dmitriy Kortchinskiy, avait proposé le 18 juin d’adopter les “méthodes américaines” de la Seconde Guerre Mondiale pour vaincre à l’Est : bombardement des quartiers résidentiels et camps de concentration pour les habitants de RPD / RPL (les-crises.fr au 19 juin, youtube).

 

 

Bref, revenons à Sviatoslav, dit Sviatoslav le Brave, dit Sviatoslav 1er. Ce prince païen a passé son court règne à guerroyer et à étendre très significativement le territoire de la Rus de Kiev en faisant de la Rus un des plus grands états en Europe. (wikipedia.org).  Il conquiert des territoires jusqu’à la Volga et la Mer Caspienne et une partie des Balkans, détruisant au passage les deux plus puissants états de l’époque dans la région : le Khaganat khazar et le premier Empire bulgare.

 

En rouge le territoire d’origine de la Rus de Kiev, en orange, les conquêtes de Sviatoslav

 

En ce qui concerne les Khazars (à ne pas confondre avec les Khazaks),  il s’agit de tribus guerrières ayant conquis un territoire considérable entre 650 et 850, époque de leur apogée.  (wikipedia). Coincé entre l’empire byzantin chrétien et le califat arabe musulman, ils sont surtout connus pour avoir choisi le judaïsme comme religion d’état en 838, afin de ne pas avoir à prêter allégeance à l’un ou à l’autre.

 

Le Khaganat Khazar

 

En résumé, la manifestation de Praviy Sektor se déroule, de leur point de vue, le jour de la commémoration d’une success story militaire ukrainienne avec notamment la conquête d’une partie de la Russie et une victoire sur un état juif. Difficile de faire plus clair dans les symboles…

 

• Le gouvernement cède devant les ultra-nationalistes. Et de fait, en proie d’autres parts à des manifestations de mécontentement, des révoltes de députés (dnr-news.com, youtube) et une forte instabilité gouvernementale, le gouvernement semble céder à leurs demandes. Les combats autour de l’aéroport de Donetsk s’intensifient (voir plus bas) et surtout les Ukrainiens semblent avoir remporté une victoire symbolique à Shirokino (voir plus bas) avec le retrait unilatéral des troupes de la DNR de cette ville située sur le littoral de la Mer d’Azov. Andreï Biletski, le chef du bataillon Azov a proclamé, le 2 juillet, cette victoire au parlement, l’attribuant aux bataillons de volontaires.

 

De plus, Porochenko appelle le 3 juillet, à demander plus de sanctions contre le Russie si le cessez-le feu venait à être “vraiment” rompu (sputniknews, fortruss). A ce titre, la DNL (République de Lougansk) estime qu’il y a au Donbass 75 000 soldats ukrainiens prépositionnés, plus qu’il n’y en a jamais eu (fortruss) !

 

Tout ceci semble satisfaire les attentes des bataillons de volontaires.

 

• 1er juillet : Les combats autour de l’aéroport de Donetsk gagnent chaque jour en intensité. L’OSCE a constaté 168 explosions le 30 juin, provenant de tirs de tanks ou de mortiers (unian.net, sputniknews).

 

• 2 juillet : Retrait de Shirokino des forces de la DNR. Le mardi 26 juin, les forces de Kiev lancent une forte offensive sur Shirokino. Les troupes de la DNR doivent reculer, mais en affirmant que la frontière tient toujours puisque l’artillerie de la DNR contre attaque (novorossia.today). La situation reste confuse pendant 8 jours, jusqu’au mercredi 1er juillet, quand Denis Pushilin déclare que la DNR se retire d’une manière unilatérale dans le cadre des accords de paix (novorossia.today). Le lendemain, 2 juillet, Andreï Biletski, député de la rada, se félicite de la victoire “Shirokino est ukrainienne !!! Ce n’est pas arrivé parce que quelqu’un aurait signé les accords de Mink-2,3,4, mais parce que depuis le début de l’offensive hivernale d’Azov, l’ennemi a perdu plus de 800 miliciens qui ont été tués, blessés ou capturés, selon des informations issues de communications qui ont été interceptées. Le mérite en revient aux gars de “Azov”, “Donbass”, le 37e bataillon et beaucoup d’autres” (apostrophe.com.ua et quemadoinstitute.wordpress.com). Derrière le terme “beaucoup d’autres” se trouvent des Géorgiens, des Tchétchènes et des Américains.

Le samedi 4 juillet, Colonel Cassad publie l’explication du milicien de la DNR, Alexandre Zhuchkovskiy qui critique le commandant de son régiment (colonelcassad). La ville de Shirokino, au bord de la mer d’Azov, un peu à l’est de Marioupol, est proche d’une hauteur stratégique, qui est conquise le 19 janvier 2015 par la “1ere brigade motorisée de Slaviansk”, dirigée par Semionov, surnommé Le Petit. Peu de temps après, l’ordre est donné de quitter la hauteur par le commandement du 9e régiment dont fait partie la brigade. Le chef Le Petit se replie bien qu’il pense qu’il valait mieux rester. Les Ukrainiens prennent la hauteur et la fortifient. Le 9e régiment demande à Le Petit de reprendre la hauteur. Mais la promesse du soutien de l’artillerie et du renseignement n’est pas tenue. Avec seulement des armes légères, il n’est pas possible de revenir sur cette hauteur. La brigade reste dans Shirokino où elle résiste malgré les bombardements.

Finalement, Le Petit est écarté et est remplacé par l’adjoint du chef du 9e régiment, surnommé “Boxer”. Zhuchkovskiy le soupçonne d’avoir détourné de l’essence et d’avoir commis d’autres infractions. Les désaccords entre la brigade et le régiment ont contribué à la défaite.

Mais un autre élément a sans doute été plus déterminant, qui est le renfort d’Azov par 10 blindés T-64B et par la participation de mercenaires Américains. Ils sont venus à Shirokino avec leur savoir-faire, et surtout avec leurs missiles FGM-148 Javelin. Zhuchkovskiy explique que ces armes sont redoutables car elles sont beaucoup plus silencieuses que les autres (novorossia.today). Il est donc difficile de localiser leur point de départ, et le délai est très court pour se mettre à l’abri quand on les entend arriver. Wikipedia précise que les Javelin ont un autoguidage infrarouge et deux charges explosives qui leur donnent beaucoup d’efficacité. Leur principal défaut est leur coût d’environ 78 000 dollars l’unité (wikipedia).

Après les affirmations du camp ukrainien (“Azov” en particulier), quant aux pertes subies par les rebelles à Shirokino, il semblerait qu’il y ait une part de vérité derrière les rodomontades (le chiffre des pertes, en particulier, serait à vérifier). Les rebelles avaient annoncé le 1er juillet qu’ils avaient l’intention de faire de Shirokino une “zone démilitarisée” (déclaration unilatérale de leur part) et de retirer leurs troupes à 2,5 km de la ligne de front (dan-news.info, pravda.com.ua, colonelcassad, sputniknews). Samedi 4 juillet, l’OSCE a déclaré qu’elle n’avait pas constaté la présence de soldats novorusses dans Shirokino (dan-news.info). Il y a eu des discussions entre les rebelles, Kiev et le Groupe commun de coordination et de surveillance du cessez-le-feu pour organiser des patrouilles communes de surveillance du secteur. Kiev a refusé d’y participer et le Groupe commun estime que ce refus ukrainien constituerait en soi une violation du dit cessez-le-feu (dan-news.info).

 

Les lignes de front à Shirokino après la démilitarisation/abandon du village (colonelcassad)

 

• 5 juillet 2015 : Fête d’un côté, commémoration de l’autre. Cette “victoire” ukrainienne de Shirokino intervient également quelques jours avant la date anniversaire de la seule vraie victoire ukrainienne, celle de la prise de Slavyansk après un mois de siège. Et de fait, le même jour, dimanche 5 juillet 2015, deux manifestations se déroulent presque au même endroit, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu, dans la région de Slaviansk. “En Ukraine il y a deux fêtes.Tous les patriotes célèbrent une fête créée sur mesure par le pouvoir de Kiev, dénommée “Libération de Slaviansk l’ukrainienne”. Les festivités sont accompagnées de tous les symboles jaune-bleu. Toute la ville regorge de drapeaux et de blasons jaune-bleu. De cette manière, le pouvoir ukrainien veut démontrer à ceux qui ne sont pas d’accord avec lui que leur insurrection est écrasée et qu’il leur faut désormais se soumettre au nouveau régime. En même temps que le nouveau pouvoir ukrainien organisait des bals sur les ossements, à Donetsk des habitants ordinaires de la République populaire de Donetsk se sont rendus à un meeting-réquiem organisé  en l’honneur des civils de Slaviansk tués et en mémoire des combattants rebelles tombés dans les combats pour la libération du Donbass. Pendant que dans Slaviansk “l’ukrainienne” des “locaux” d’opérette sortent dans la rue pour soutenir la junte, dans la capitale de la DNR/PD, des gens accablés de chagrin et submergés d’émotion se sont rassemblés autour de la Flamme éternelle  pour déposer des fleurs en l’honneur des habitants ordinaires de Slaviansk, innocents tués, qui n’étaient pas d’accord avec le renversement illégal du gouvernement de février 2014 et ont utilisé leur droit à l’autodéterminati on. Mais on les en a dépossédés. Tout comme on leur a volé la liberté d’expression. Petr Porochenko assure que l’Ukraine est maintenant libre comme elle ne l’a jamais été. Mais c’est un mensonge. Pour être libre, il faut mourir. Pour obtenir ses droits intrinsèques,  il faut verser des torrents de sang. Pour avoir le droit de vivre libre, il faut mourir.” Telles sont les paroles qu’a prononcées Denis Pouchiline, porte-parole politique de la DNR/RPD, au cours de ce meeting-requiem (e-news.su, pravda.com.ua, youtube, colonelcassad).

5 juillet 2015 :  Стоит посмотреть: Митинг-реквием “Не забудем,Не простим: Славянск”  Урофашист не пройдет!  (A voir : Requiem, “Slaves, n’oubliez pas, ne pardonnez pas” l’Ukrofascisme ne passera pas!) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Et pour finir, l’évolution des frontières des républiques novorusses depuis le début de la guerre. Evolution entre le 1er juillet 2014 et le 1er mars 2015  (youtube)

28 avril 2015 : Изменение границ Народных Республик Новороссия   (Evolution des frontières de la république populaire de Novorussie) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

A suivre donc…

 

 

SECOND FOCUS DE LA SEMAINE : LISTE DE SOURCES D’INFORMATION

Bonjour, voici une première version d’une liste de sources d’information sur le sujet de l’Ukraine. Elle n’a pas la prétention d’être exhaustive. Nous en avons même certainement oublié pas mal… Si vous en connaissez d’autres, veuillez, s’il vous plaît, nous les signaler en commentaire de ce billet. Nous mettrons régulièrement cette liste à jour.

Sites de traduction
http://fortruss.blogspot.fr/
http://russia-insider.com/en
 
Médias novorusses
http://dnr-news.com/
International Observatory of Ukrainian Conflict  http://iouco.tumblr.com/
http://www.e-news.su/svodki-opolcheniya/
http://novorossia.vision/fr/ (publie en russe, anglais, français et espagnol)
http://en.voicesevas.ru/
http://novorossia.today/
http://rusvesna.su/news (en russe)
 
Hackers
http://www.cyber-berkut.ru/en/index.php
 
Médias ukrainiens
http://www.kyivpost.com/
http://www.pravda.com.ua/rus/
http://informator.lg.ua/ (propagande anti-russe)
http://glavnoe.ua/news/n232742 (propagande anti-russe)
Lebiy Bereg http://lb.ua/
http://www.unn.com.ua/ru/
http://censor.net.ua/news/all (propagande anti-russe, publie en russe et en anglais)
http://apostrophe.com.ua/news/
http://fakty.ua/
http://www.ukrinform.ua/
http://obkom.net.ua/
http://replyua.net/news/ (fortement anti-russe, propagandiste pro-OTAN)
http://top.novostimira.biz/ (propagande anti-russe, assez bas niveau)
http://www.capital.ua/ (informations générales et économiques en russe)
http://vesti-ukr.com/
 
Médias locaux ukrainiens
Marioupol : http://www.0629.com.ua/
Marioupol : http://ilich.in.ua/
Odessa : http://timer-odessa.net/
Odessa : https://news.pn/ru/ (en russe, pro-Kiev, assez fiable)
Donetsk : http://dan-news.info/
Soumy : http://www.0542.ua/
Kharkov : http://nahnews.org/
 
Blogs ukrainiens
http://peremogi.livejournal.com/
http://materi.com.ua/ (site des mères de soldats ukrainiens : site inaccessible)
 
Blogs occidentaux pro Kiev
http://ukraine2014.canalblog.com/
Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne en France  http://crcuf.fr/
 
blogs pro novorusse
Kazzura
Gaideclin http://gaideclin.blogspot.fr/
https://novorossiyadailysun.wordpress.com/ (en anglais)
Graham Phillips  http://thetruthspeaker.co/
Graham Phillips Tweeter  https://twitter.com/grahamwp_uk
 
Blogs russes
http://colonelcassad.livejournal.com/
http://cassad-eng.livejournal.com/
 
Chroniques 
http://www.brianmefford.net/blog/ (tous les 15 jours environ)
http://ria.ru/analytics/20150630/1105107822.html (analyse hebdomadaire de Ria Novosti, ici celle du 22 au 28 juin 2015)
 
Médias russes
http://www.pravda.ru/
http://www.e-news.su/
http://rusvesna.su/
http://www.ridus.ru/
RBC http://www.rbc.ru/
http://echo.msk.ru/blog/y_kanner/1531432-echo/ (un onglet mène vers des blogs en russe)
Ria Novosti  http://ria.ru/
http://politrussia.com/
Vzgliad http://www.vz.ru/
Regnum http://www.regnum.ru/
Gazeta http://www.gazeta.ru/
 
Médias russes internationaux
http://sputniknews.com/
http://sputnik.md/
http://it.sputniknews.com/
http://pl.sputniknews.com/
http://fr.sputniknews.com/
http://de.sputniknews.com/
http://rt.com/
http://english.pravda.ru/
http://tass.ru/en/world (agence TASS en anglais)
 
Sites officiels ukrainiens
UNIAN Agence de presse officielle (version internationale en anglais) http://www.unian.info/
UNIAN Agence de presse officielle (version locale en ukrainien) http://www.unian.net/
Parlement ukrainien (anglais)  http://rada.gov.ua/en
Parlement ukrainien http://rada.gov.ua/
Liste des lois et projets de loi http://w1.c1.rada.gov.ua/pls/zweb2/webproc2
http://ukraine.usembassy.gov/
http://www.president.gov.ua/ (site du président Porochenko)
http://www.president.gov.ua/en (en anglais)
Tweeter des représentations ukrainiennes https://twitter.com/MFA_Ukraine/lists/ukrainian-missions
 
Sites officiels russes
Présidence de Russie http://en.kremlin.ru/
Ministère des Affaires Etrangères http://www.mid.ru/brp_4.nsf/main_eng
TASS Agence de presse officielle (anglais) http://tass.ru/en
TASS Agence de presse officielle (russe)  http://tass.ru/
Tweeter des ambassades russes https://twitter.com/mfa_russia/lists/russian-representations
 
Sites officiels occidentaux
Parlement Européen http://www.europarl.europa.eu/portal/fr
Présidence du Parlement Européen http://www.europarl.europa.eu/the-president/fr/
Tweeter des représentations françaises https://twitter.com/francediplo/lists/ambassades-et-consulats
tweeter des représentations des USA https://twitter.com/StateDept/lists/us-department-of-state
 
Organisations internationales
OSCE http://www.osce.org/
OSCE : Daily updates from the Special Monitoring Mission to Ukraine http://www.osce.org/ukraine-smm/daily-updates
OSCE : Reports from the Observer Mission at the Russian Checkpoints Gukovo and Donetsk http://www.osce.org/om/122243
 
Channels Youtube
Kazzura https://www.youtube.com/user/wintersodomy
Thalie Thalie https://www.youtube.com/channel/UCV7ERqInGC_t8ndBe5qozqA/videos
Vincent Parlier https://www.youtube.com/channel/UC-R4RhxWho7NYP10QEmxv0g
Hunter News https://www.youtube.com/channel/UCD0BlJqb0FVh9l6EwgigDfA
Stratpol https://www.youtube.com/channel/UCoQa3Zf8ntJ1V-L4d6saVhw
Watchdog Media Institute https://www.youtube.com/channel/UCU7LK-sN-gsmT6Zsh-hmxmQ/videos
South Front https://www.youtube.com/user/crimeanfront
News Front https://www.youtube.com/channel/UCt94dhpYV06IMOTXcGXt3eQ
Vox Populi Evo https://www.youtube.com/user/VoxPopuliEvo
Bataillon Azov https://www.youtube.com/channel/UCewl92lzIMDO8QiAYOQ2d8w
Graham Phillips https://www.youtube.com/channel/UCbwfUqs5Y6_jblWJwMIfRzA
Administration du Président de l’Ukraine https://www.youtube.com/channel/UCncq73xfx9sVA3Ht2uVRrCw
Accidents news (pro-Kiev) https://www.youtube.com/channel/UCozTNWrw41RC5P447d2nuKw/videos
Radio Svoboda Online https://www.youtube.com/channel/UC7qnYpVcuFbURi3E2E6_f6Q
 
Réseaux Sociaux
Truth About Situation in Ukraine (FB)  https://www.facebook.com/TruthfromUkraine
Vox Populi Evo (FB)  https://www.facebook.com/Voxpopulievo
Azov Reconquista (FB) https://www.facebook.com/Azov.Reconquista
Golos Media (VK) http://vk.com/golosmedia
Soutukraine (VK) https://vk.com/soutukraine

 

 

RETOUR SUR LA SEMAINE DERNIÈRE

• La guerre ukrainienne contre les enfants.  L’aide russe (youtube) et les démarches de Donetsk devant les organisations internationales (novorossia.today).

“Texas” et le bataillon “Khan” : aide humanitaire aux enfants de Donetsk   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• La mauvaise qualité du matériel militaire ukrainien. “A shot in the back” (bmpd.livejournal.com via fortruss).

Pour le conseiller militaire de Porochenko, Iouri Birioukov,  l’armée est obligée de récupérer du vieux matériel “en raison des retards dans l’industrie” (vz.ru).

 

 

• La Moldavie et la Transnistrie. En Moldavie, les partis pro UE/US/OTAN ont finalement gagné les élections locales mais avec des soupçons de fraude (nzz.ch). – le maire pro-occidental de Kishiniov, Dorin Kirtoake, surnommé le “Saakashvili moldave” a gagné le deuxième tour des élections municipales dans cette ville. Cependant le parti socialiste de la candidate pro-russe et ancienne Première Ministre Zinaida Gretchanaia affirme qu’il y a eu de nombreuses irrégularités (vz.ru). Le pays est de plus en plus divisé et apparait un concentre d’Ukraine, plus petit, plus explosif, avec toujours autant de drames et d’oligarques (ecfr.eu).

 

Le blocus de la Transnistrie a commencé (sputniknews), l’Ukraine continue d’accumuler des troupes à la frontière et tout est possible, même une guerre classique  (globalresearch.ca, twitter.com) voire nucléaire pour la Pravda (pravda.ru). De façon inattendue, la Roumanie appelle, le 2 juillet,  à la détente dans les relations avec la Russie (vz.ru). Dimanche, dans une dynamique contraire, environ 2000 personnes se réunissent dans la capitale Moldave, Chisinau, pour  demander le rattachement de la Moldavie à la Roumanie (sputniknews).

 

• L’Arménie. Les manifestations et sit-in contre l’augmentation du prix de l’électricité se terminent (sputniknews). Mais apparemment, un nouveau mouvement politique pro-occidental se crée dans la foulée (colonelcassad). A suivre donc…

 

• Intégralité de l’émission  Shuster sur les atrocités du bataillon Tornado (youtube via liveleak.com et fortruss).

Ukraine MPs and officials discuss torture in “Tornado” and terr-battalions [ENG Voiceover] 18+   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Purge dans le système judiciaire ukrainien. La Rada a approuvé la levée d’immunité du Président de la Cour d’appel. Selon VZGliad (reprenant notamment l’analyse de Sharij), il s’agit d’un signal très fort pour soumettre tout le système judiciaire à Porochenko (vz.ru).

 

• Autres Chroniques : Brian Melford.  Ukraine Update 6/29: End of the Euro-Maidan Honeymoon (brianmefford.net).

 

• Autres Chroniques : Ria Novosti.  Украина с 22 по 28 июня: власть группируется перед прыжком (Ukraine du 22 au 28 Juin: le gouvernement se regroupe avant le saut) (ria.ru)

 

• Analyse générale : Monica Kabrowska et Gueorguy Chepelev.  Conférence donnée à l’espace Maymana, 14 juin 2015 (youtube)

 14 juin 2015 : Balkans, Ukraine et Russie, une nouvelle ère ? première partie   (https://www.youtube.com/watch?v=41sT-tdGWOk&feature=share)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

 

LUNDI 29 JUIN 2015

• Scénario catastrophe. Histoire de détendre l’atmosphère, Vox publie une étude sur une possible guerre nucléaire entre les USA et la Russie : “How World War III became possible” (vox.com).

 

• C’est pas nous, c’est lui. Natalia Yaresko, la ministre des finances, affirme que 90% de la dette ukrainienne appartient à Yanoukovitch, sa famille et son entourage (pravda.com.ua). Elle soutient Porochenko qui avait déclaré que la dette de l’Ukraine envers la Russie (3 milliards de dollars) était en réalité “un pot de vin” (взятка) offert à Yanoukovitch (rusvesna.su). Donc, le gouvernement ukrainien n’a pas l’intention de rembourser la Russie. Problème, ces trois milliards n’ont pas été directement prétés par la Russie à l’Ukraine, mais rachetés par la Russie sur le marché de Londres. Ne pas rembourser une telle dette équivaudrait à un défaut de paiement.

 

• Fracture dans la société ukrainienne ? Le Kyiv Post sort un article sur la constatation que le poids de la guerres est “très inégalement partagé en Ukraine” (kyivpost.com).

 

• Nouvel exploit des Cyber Berkuts. ils ont eu accès aux documents du budget des Forces armées ukrainiennes 2015-2018 (rusvesna.su, cyber-berkut.ru “29.06.2015 The budget of Armed forces of Ukraine on 2015 – 2018″). A condition de lire l’ukrainien, tous les détails sont dans ce document PDF (cyber-berkut.ru).

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

• Ce que les Ukrainiens pensent des russes. La question posée est “Dites-moi, s’il vous plaît, ce que vous associez au mot «Russe» ?” Quelques réponses :  “la guerre”, “De belles bonnes personnes intelligentes qui sont tombées dans de mauvaises mains”, “le pays agresseur, qui mène actuellement une politique de conquête et d’annexion, par exemple à propos de la Crimée”, “Des gens endoctrinés”, “Avec eux, il est impossible de parler”, “nous ne les comprenons pas, mais ils ne nous comprennent pas”, “Les Russes est une nation qui, en son temps, il a été formé grâce au prince de Kiev. Comme nous le savons, le fondateur de Moscou – Iouri Dolgorouki et la plupart des villes étaient des principautés de la Rus ‘… Kiev a fondé Moscou”, “la Vodka, le bois, le pétrole, l’ignorance” mais aussi “Je crois que tous les êtres humains frères et sœurs”, “le peuple frère”, “Ils ont la même foi, ils sont les mêmes, ils sont de la même branche, ils sont nos frères”, “Nous voulons  la paix, que tout aille bien. Et je souhaite que, eux aussi, le veuillent”  (youtube).

29 juin 2015 : Что украинцы думают о русских? / What do Ukrainians think about the Russians?   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Article de synthèse sur la Transcarpathie. La Transcarpathie pourrait suivre l’exemple de la Crimée et du Donbass. Cette région très isolée et où fonctionnent toujours les relations claniques appartenait à la Tchécoslovaquie avant la seconde guerre mondiale. L’article aborde la carrière de l’homme fort de la région, Victor Baloga sous Yuchtchenko et Yanoukovitch. Les minorités hongarophones et le jeu de Budapest (vz.ru).

 

 

MARDI 30 JUIN 2015

• Les Russes approuvent le projet de pont entre la Russie et la Crimée, annonce Oukraïnskaïe Pravda (pravda.com.ua, colonelcassad). Le sort de ce projet devrait être scellé dans deux mois, précise RBK (top.rbc.ru).

 

 

• Apologie de Hitler à Kherson. Quelques personnes, rassemblées à Kherson pour célébrer l’anniversaire du 30  juin 1941. il y a 74 ans, à Lvov, l’Organisation  des nationalistes ukrainiens [OUN], sous la direction de Stepan Bandera, a proclamé la formation de l’État ukrainien en s’alliant à Hitler (youtube, vidéo originale : youtube).

Ukraine: Quand à Kherson on évoque Hitler. Le 30/06/2015 [sous-titres fr.] (youtube, vidéo originale : youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• Chiffres officiels de l’ONU. En un an de conflit armé, environ 6500 personnes ont été tuées dans l’est de l’Ukraine, 16000 ont été blessées, et 5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire (pravda.com.ua).

 

• L’armée russe va être en mesure de désactiver les satellites ennemis (ridus.ru à 18:47, rt.com).

 

• Pipeline russe vers la Chine. Une cérémonie officielle a eu lieu lors de la première soudure (siberiantimes.com).

 

• Manifestation devant la rada : les déposants. Les manifestants exigent le soutien par les députés du projet de loi  №2045-а, qui garantit les dépôts bancaires des personnes physiques (pravda.com.ua).

 

• Manifestation devant la Rada : les agriculteurs. Plusieurs centaines d’agriculteurs se sont rassemblés devant la rada pour demander la conservation du régime fiscal spécial de recouvrement de la TVA pour les exploitations de la filière de l’élevage.

Ils protestaient également  contre les normes introduites par une loi qui oblige,sous prétexte de “simplification”,  tous les employeurs appartenant au troisième groupe de taxation à stopper l’utilisation des caisses enregistreuses à partir du 1er juillet. Les acteurs du secteur agraire appellent les députés à retirer les projets de loi n° 1718 et 1088 qui, soit suppriment totalement l’obligation d’utiliser les caisses enregistreuses (loi N° 1718), soit accordent aux exploitations un délai de six mois avant l’application de la loi (loi N° 1088) (rusvesna.su).

 

• Et remue-ménage à l’intérieur de la Rada. Le 30 juin, plusieurs dizaines de députés emmenés par le leader du Parti radical, Oleg Liashko, ont bloqué la tribune de la Rada. Ces députés exigeaient que soient examinés immédiatement les projets de loi n° 1088 et 1718 qui ajournent ou même suppriment totalement, pour les employeurs, l’obligation d’utilisation de caisses enregistreuses à partir du 1er juillet. Le porte-parole de la rada suprême, Vladimir Groïsmann a été contraint de quitter d’urgence la salle de l’assemblée et a fait venir dans son cabinet les représentants de la coalition ainsi que Nina Youjaïna, présidente du comité parlementaire chargé des questions fiscales et de la politique douanière, pour y tenir une réunion de crise (rusvesna.su). Les ambitions déçues d’Oleg Liashko (il était candidat à la présidence en même temps que Porochenko et aurait bien aimé devenir premier ministre) y sont peut-être pour quelque chose dans cette action qui a des apparences vertueuses de lutte contre l’économie souterraine.

 

• Discussions diplomatiques bilatérales à haut niveau en marge de la réunion sur le nucléaire iranien à Vienne. Lavrov rencontre ainsi Kerry (mid.ru, sputniknews).

Foreign  Minister Sergey Lavrov answers questions from the media after talks  with US Secretary of State John Kerry, Vienna, June 30, 2015 (mid.ru)

 Question: What was the outcome of the talks with US Secretary of State John Kerry?

Sergey Lavrov: Talks  with US Secretary of State John Kerry were held in line with agreements  between President of Russia Vladimir Putin and US President Barack  Obama, reached during their telephone conversation. The presidents  agreed to focus on the growing terrorist threat in the Middle East and  North Africa, primarily in the context of the Syrian crisis. Mr Kerry  and I were instructed to meet and to discuss in detail the opportunities  available for intensifying and coordinating the actions of regional  countries in view of the increasingly aggressive attacks by the Islamic  State, Jabhat  al-Nusra and other terrorist organisations. Today, acting in the spirit  of principled understandings reached by the two leaders, we exchanged  concrete ideas on how to try to make the situation more manageable at  the current stage and how to consolidate all those who view the Islamic  State as the ultimate evil and who are sincerely interested in  eradicating terrorism in this key region of the world.

Naturally, we briefed our US partners on the results of Syrian Foreign Minister Walid al Muallem’s visit  to Moscow, the results of his talks with President Vladimir Putin in  the Kremlin and my talks with him in Moscow yesterday. Our US colleagues  and we agree that the situation calls for a more proactive approach  that would rely on the consensus of all those who oppose the Islamic  State. We also realise the need for thwarting various time-serving  considerations in every possible way and attempts to use terrorist  groups to achieve momentary, including political, goals directed at  various regimes in the region. This is very important. For obvious  reasons, I can’t go into details, and I will not do this. We have agreed  to continue these consultations and to involve regional countries in  them. I hope that consultations will be held in the foreseeable future,  and we will not delay them for long. We need to organise some  preliminary events for this purpose.

We also discussed several  other issues on the Russian-American and international agenda. Acting in  accordance with the agreement reached during Mr Kerry’s visit to Sochi  on May 12 this year, we decided to continue our contacts on the  Ukrainian crisis on a more practical plane. We also reaffirmed our  intention to use the channel coordinated by the presidents of Russia and  the United States for this purpose. Deputy Foreign Minister Grigory  Karasin and Assistant Secretary of State Victoria Nuland have met twice  and plan to meet again in the next 10 days. We agreed that the Minsk  Agreements will be the main gauge for these consultations, just as for  the Normandy format talks, and that these agreements will be on the  table at the meetings of our representatives. We will look at what has  been done and what has not been done, paragraph by paragraph, and decide  on which side to apply additional pressure. 

We voiced our concerns  related to Kiev’s misinterpretations of the Minsk Agreements, primarily  regarding elections in Donbass, constitutional reform and an amnesty.  Our American partners voiced their intention to press for the strict and  comprehensive implementation of the Package of Measures approved in  Minsk on February 12. We fully share this approach. But the main thing  is to apply it in practice.

We also talked about  strategic stability, the implementation of international treaties,  including the INF Treaty, and relations between our military, including  at the Nuclear Risk Reduction Centres that were created in Russia and  the United States long ago.

Some of the issues we  discussed concerned the humanitarian sphere, the problems connected with  some Russian citizens, including in Guantanamo and several other cases  where Russians were placed under US jurisdiction and we have been denied  due access to them. Mr Kerry promised to look into these bureaucratic  obstacles. I hope we’ll make progress in this sphere.

We also discussed events  that the United States is planning for the near future as part of its  chairmanship of the Arctic Council.

Question:  Regarding the Iran talks, we know that the EU has extended its  sanctions until July 7. Do you know when an agreement could be reached,  at least approximately?

Sergey Lavrov:  I haven’t heard about this EU decision. It is not on the agenda of the  multilateral Iran talks. Iran discussed the lifting of unilateral EU and  US sanctions following an agreement on its nuclear programme separately  with the EU and the US.

Mr Kerry and I discussed  the Iran nuclear talks, which are underway in Vienna, although they did  not feature prominently on our agenda. I would say that the outstanding  issues are not technical but procedural, including those related to the  formalisation of the agreement and its presentation at the UN Security  Council. We have grounds to assume that an agreement is within reach. We  have instructed our deputies responsible for political issues to do  everything in their power to reach an agreement within days.

Question: Can you say that an agreement on a procedure to lift the sanctions and IAEA inspections in Iran has been reached?

Sergey Lavrov:  As I said, the outstanding issues concern primarily the procedures.  They include various mechanisms, including those you mentioned.

Question: Have you agreed with your US partners on the automatic extension of sanctions if Iran violates the future agreement?

Sergey Lavrov: I have just answered this question.

Question:  It was announced today that Russia’s Prosecutor General’s Office has  received a parliamentary inquiry about the legality of the Baltic  countries’ secession from the Soviet Union. The Baltic countries have  described this as a provocation. Will you please comment on this news?  What practical actions can be taken if the prosecutor’s office decides  the secession was illegal?

Sergey Lavrov:  I have not heard about this inquiry. I only know that we have  diplomatic relations and interstate treaties with the Baltic countries.  This is all I can say. I don’t know about any inquiry.

 

• Purge gouvernementale en cours. La valse des ministres commence (fortruss). Le gouvernement a proposé de limoger le ministre de l’écologie, Igor Chevchtchenko (lb.ua). Le groupe parlementaire Bloc Porochenko (BPP) a également émis des doutes sur le travail des ministres de la défense Polorak et de l’intérieur Avakov. Il est notamment demandé comment des dizaines de personnes ayant subi de lourdes condamnations ont été autorisées à entrer dans les bataillons de volontaires du Ministère de l’intérieur. (lb.ua) !

La Rada confirme le limogeage du Ministre de l’écologie Chevtchenko le 2 juillet (unian.net) et le poste aurait été promis à  Liashko (vesti-ukr.com).

Se sentant sans doute menacé également, Yatseniouk estime que son départ dans les conditions actuelles serait une traîtrise vis à vis du pays (vz.ru).

Dans ce cadre, un ancien Ministre des Affaires étrangères ukrainien publie une correspondance compromettante de Yatseniouk avec un sénateur US à propos des “conseils” américains sur la composition du gouvernement ukrainien, notamment en ce qui concerne les lobbys agroalimentaires américains (vz.ru, colonelcassad).

 

 

MERCREDI  1er  juillet 2015

• Rupture des accords gaziers entre l’Ukraine et la Russie. Alors que lundi il restait un peu d’optimisme (romandie), les discussions de mardi n’ont rien donné. L’Ukraine n’est pas d’accord avec le tarif réduit du gaz proposé par la Russie (e-news.su) et formulait des demandes irréalistes de tarif préférentiel au regard de la tension politique entre les deux pays (rt.com via russia-insider). Les accords sont donc rompus (zerohedge, russia-insider). Naftogaz suspend ses achats de gaz à Gazprom qui de son côté refuse à présent de livrer l’Ukraine (112.ua, sputniknews, latribune.fr). La Russie est très claire. Elle arrête de subventionner l’état ukrainien (forbes.com via russia-insider).

Ceci n’affecte pas directement l’alimentation des pays de l’UE car la Russie continue pour l’instant d’acheminer  du gaz à l’UE via l’Ukraine. Cependant, il est fort probable que, comme elle en a l’habitude depuis très longtemps, l’Ukraine va siphonner du gaz destiné à l’Europe pour son usage personnel.  C’est sans doute le sens de la demande sinon l’exigence formulée par Martin Schulz deux jours plus tard que la Russie “revienne immédiatement à la table des négociations pour signer avec l’Ukraine un accord gazier de longue durée” ceci afin que l’Europe ne paye pas pour l’Ukraine (sputniknews).

 

 

Et non contente de s’aliéner sa source de gaz à l’Est, l’Ukraine cherche des embrouilles avec ses tous nouveaux fournisseurs de l’Ouest ! En effet, l’Ukraine se plaint à Bruxelles que la Slovaquie ne va pas assez vite pour dénoncer ses accords avec Gazprom pour lui livrer du gaz. la Slovaquie apprécie “modérément” (sputniknews).

 

• Rétorsions ukrainiennes. L’Ukraine notifie à la Russie qu’elle arrête la fourniture d’électricité à la Crimée à partir du 1er juillet (vzgliad.ru) et de plus suspend l’approvisionnement en médicaments pour les nouveaux nés à la DNR (vzgliad.ru).

 

• Suppression des liens physiques entre l’Ukraine et la Russie : la voie ferrée russe.  Oukraïnskaïa Pravda reprend le 30 juin l’information de la construction d’une voie ferrée russe contournant le territoire ukrainien, une information datant d’avril 2015 (25  04  2015  ridus.ru à 09 h 55, fraza.ua,  pravda.com.ua) : “En Russie, ce sont les militaires qui construisent  de l’infrastructure civile. Cela se passe entre Zhuravka (oblast de Voronezh)  et Millerovo (oblast de Rostov-sur-le-Don). Cette nouvelle a été annoncée le 25 avril par le vice-ministre de la défense de Russie, le général d’armée Dmitri Boulgakov. La section Zhuravka-Millerovo, qui s’étend sur 18 kilomètres, permettra aux trains se dirigeant vers le sud de la Russie de contourner l’Ukraine. La ligne existante longe très précisément la frontière et traverse même un saillant ukrainien. Il est évident qu’avec la situation actuelle, cette liaison ferroviaire importante n’est plus utilisable, d’où la tâche assignée depuis aujourd’hui aux éléments du génie militaire de Russie.”

Cette reprise arrive en même temps que la rupture des accords gaziers entre l’Ukraine et la Russie et la coupure de l’alimentation électrique de la Crimée à partir de l’Ukraine.

 

• Sabotage ukrainien. Le 30 juin à 23 h 00, sur le territoire de la LNR/RPL, une voie ferrée a sauté au moment du passage d’un train. Il s’agit de la ligne Valianovo – Darievka.  La locomotive n’a pas subi de dommages importants, personne n’a été blessé. Mais les liaisons régulières sont perturbées sur une portion de 101 kilomètres (dan-news.info).

 

• Bombardements des faubourgs de Donetsk. En périphérie de Donetsk, le quartier Kouibichev ainsi que le secteur de la mine Oktiabrski ont encoré été la cible de tirs. Heureusement, il n’y a pas eu de victimes. Communication de la mairie de Donetsk (dan-news.info). Des villages au sud de Donetsk ont aussi été bombardés fortruss).

 

• Convois humanitaires russes. On revient un an en arrière : le camp ukrainien se plaint de l’OSCE en affirmant que ses déclarations au sujet de l’examen des convois par les garde-frontières ukrainiens “ne correspondent pas à la réalité” (pravda.com.ua).

 

• L’aviation ukrainienne va-t-elle reprendre du service? Malgré le fait qu’au cours des opérations militaires du printemps et de l’été 2014, les forces armées de Novorussie ont détruit une part conséquente de l’aviation ukrainienne, les données recueillies par les éclaireurs de la DNR/RPD prouvent que Kiev n’a pas renoncé à ses projets d’utilisation de l’aviation dans l’attaque qu’elle prépare sur le Donbass. pour mémoire, un article d’UNIAN daté du 22 août 2014 décomptait 18 appareils abattus (avions et hélicoptères confondus) et presque cent tués depuis le 7 avril 2014, date du début de la soi-disant “opération anti-terroriste” (unian.net). Ces pertes en matériel représentent pas moins de 250 millions de dollars. Manifestement, le haut commandement ukrainien a de nouveau l’intention d’utiliser l’arme aérienne. Depuis juin, l’aviation ukrainienne a repris l’air et les entraînements au combat (segodnya.ua).

 

Un autre ministre qui saute : Kvitashvili, ministre de la santé. Une nouvelle manifestation à Kiev aujourd’hui. Cette fois-ci, c’est le ministre de la santé, Alexandre Kvitashvili, qui était visé. Sur les pancartes des manifestants on lisait “Les corrompus, en cage !” et “Où est la médecine accessible ?” Ils criaient aussi “A bas Kvitashvili !”. Le groupe parlementaire de Porochenko (BPP) a proposé à la coalition de considérer son limogeage (lb.ua, vz.ru). D’ailleurs, Saakashvili l’encourage à partir (vz.ru). Et de fait, Alexandre Kvitashvili, qui fait partie des ministres recrutés à l’étranger, donne sa démission le lendemain. Son départ ne sera pas forcément une grande perte, car dès le mois de décembre 2014, un des principaux médias ukrainiens, YNN, publiait un article critique à son sujet (unn.com.ua). Il lui était reproché d’abord de ne posséder aucun diplôme de médecin, mais également de n’avoir initié absolument aucune réforme quand il était ministre en Géorgie. Cela dit, son départ a certainement d’autres raisons plus obscures car plus politiques. Ceux qui voulaient sa tête risquent d’avoir été mûs par des considérations moins nobles que le souci de la santé de leurs concitoyens. Dans un saubresaut médiatique, le ministère de la santé dément que Kitashvili ait présenté sa démission (unian.net). Pour Vesti, Kitashvili a été limogé car il luttait contre la corruption. Les ministres de la santé et de l’écologie seront remplacés dans un premier temps par leur vice-ministre respectif (vesti-ukr.com). Boris Todurov pourrait à terme le remplacer (ipress.ua, fakty.ua). Quant au ministre de l’environnement, on parle aussi de Vladimir Buchko (podrobnosti.ua) ou de Svetlana Kolomiets (youtube). Pas rancunier ou juste pragmatique, Kvitachvili est prêt à travailler avec la nouvelle équipe du Ministère de la santé (lb.ua).

• Nouvelle loi ukrainienne sur la bière. A partir du 1er juillet, la bière en Ukraine fait partie des boissons alcoolisées (rusvesna.su).

A partir du 1er juillet, appartiendront à la catégorie des alcools :

En outre, seront considérées comme boissons faiblement alcoolisées, vins obtenus à partir de raisin, vermouths et autres boissons fermentées (par exemple cidre, perry), les boissons alcoolisées dont le pourcentage d’alcool dépasse 0,5%  et non 1,2 % comme auparavant.

Cette loi est commentée par un journaliste de Novoe Vremia. Il traite plusieurs sujets, et parle à la première personne. Au sujet de la loi sur la bière, voici son sentiment : “Parmi les conséquences les plus évidentes de l’application de cette loi, il y a la mort rapide des petites brasseries et des problèmes gigantesques pour les moyennes, l’augmentation du volume de la production et les consommations de tord-boyaux pasteurisés bon marché, et aussi de vodka. Des centaines d’entreprises de production et de vente vont fermer, des milliers de gens vont se retrouver sans salaire (ce processus a déjà commencé). Les survivants se “mettront d’accord” avec les organismes de contrôle, nourrissant la corruption. En complète adéquation avec l’anecdote, les gens ne vont pas moins boire, mais ils vont se mettre à moins manger. Seulement, à peine a-t-il commencé à se construire, un secteur entier de petites brasseries, produisant un produit exclusif en petits volumes, va être écrasé par les bottes des moralisateurs et des pseudo-réformateurs – pour la plus grande joie du lobby des eaux. En termes de culture de la boisson, l’Ukraine a quitté le parcours de la Tchéquie et suivi le parcours de la Russie (en même temps que des bières artisanales chères, fabrication de vodka bon marché). C’est une sorte d’absurdité qui confine au sabotage. Pardonnez-moi mon émotion, mais moi, cette nouvelle m’a vraiment choqué.” (nv.ua).

En fait, c’est une loi pour faire semblant de vouloir réformer les mauvaise habitudes des citoyens en matière de boissons, et donc de protéger leur santé. En réalité, c’est pour ramasser plus d’impôts. Quant aux fonctionnaires chargés des contrôles, ils pourront arrondir leur traitement facilement, comme avant…

 

• Des institutions financières internationales non contrôlées par les occidentaux prennent vie. La Chine ratifie la création de la banque de développement des BRICS (rt.com) et lance officiellement sa banque d’investissement asiatique AIIB combattue en vain par les USA (zerohedge).

 

 

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

 

JEUDI 2 JUILLET 2015

• Boulette finlandaise et tentative de Damage Control. Le porte-parole de la Douma Serguey Naryshkin s’est vu refuser son visa pour la Finlande afin de participer au prochain sommet de l’OSCE qui aura lieu à Helsinki. Du coup, c’est toute la délégation russe qui boycotte le sommet. Les officiels Finlandais, président et ministres essayent de calmer le jeu en expliquant qu’ils comprennent le mécontentement de la Russie tout en rappelant que la Finlande était obligée de refuser le visa à cause de ses obligations vis-à-vis de Bruxelles (yle.fi, yle.fi). Peine perdue. Pour Lavrov la Finlande a fait une erreur : “Finland Wrong to Refuse Russian Lawmakers Visas for OSCE Meeting” (sputniknews). Du coup, le sommet de l’OSCE débute sans les russes, mais discutera tout de même des deux résolutions russes (sputniknews).

 

• Tout va bien en Ukraine. Près de la moitié des jeunes Ukrainiens pensent à l’émigration (kyivpost). Ils iront grossir la diaspora ukrainienne, qui est très importante dans le monde. A l’automne 2014, un certain Vatchagaïev en parlait et se désolait (112.ua) : “La diaspora ukrainienne fait preuve d’une inaction criminelle par rapport au conflit du Donbass. “Je ne vois en général en Europe, entre autres en France, aucun véritable travail de la part de la disapora ukrainienne, qui est très grande en France et dans le monde entier. La diaspora ukrainienne, qui serait en mesure de prendre tout cela en main, est absolument inactive à l’heure actuelle. J’estime que c’est un crime, parce qu’en laissant faire tous les centres qui sont actuellement actifs dans le monde entier pour la Fédération de Russie, ils ont perdu cette guerre de l’information” – fait-il remarquer.

Remarque : si la disapora ukrainienne est si importante dans le monde, n’y a-t-il pas une bonne raison à cela? Ceux qui ont quitté définitivement leur pays où tout allait mal ont logiquement le réflexe de dire “Qu’ils se débrouillent tout seuls, au pays.”

On se souvient également de la virulence de la communauté ukrainienne du Canada (vis-à-vis de la pianiste Lisitsa, par exemple, virulence prouvée également par les envois de matériel en Ukraine). Il semblerait que cette virulence se soit fortement émoussée : récemment, le Canada a repoussé l’envoi en Ukraine de ses instructeurs militaires, qui était promis pour la mi-avril : Communication de “Rousskaïa Vesna” (rusvesna.su : “Le Canada continue de soutenir l’Ukraine par des promesses”).

 

• Centrales atomiques ukrainiennes dangereuses. Un groupe de 22 députés du parlement européen a écrit à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ainsi qu’à la Commission européenne pour demander de différer tout  financement des centrales nucléaires ukrainiennes aussi longtemps que l’Ukraine ne fera pas preuve d’une totale transparence sur l’évaluation de l’impact sur le milieu environnant de la poursuite du fonctionnement des blocs de production énergétique sur le long terme (pravda.com.ua, zn.ua). Cette initiative fait suite à une rencontre avec les représentants des ONG CEE Bankwatch, Greenpeace et Nuclear Transparency Watch durant laquelle il a été déclaré : “Continuer à faire fonctionner les réacteurs nucléaires comporte une augmentation des risques d’accidents avec pour conséquences des atteintes concernant l’environnement, les gens vivant en Ukraine et même au-delà des frontières du pays”.

Il convient de se remémorer certains incidents récents, par exemple l’arrêt pour réparations du seul réacteur de la centrale de Kharkov en décembre 2014 (ukrinform.ua) et les incidents de surchauffe survenus le 3 décembre 2014 dans la centrale de Zaporojié à cause du combustible que lui fournit la firme américaine Westinghouse. Ces problèmes ont conduit à une situation extrêmement dangereuse, qui avait été alors évoquée (début décembre 2014) dans les médias ukrainiens (economics.unian.net, fakty.ua).

 

• Publication du document de stratégie militaire américaine 2015. Pas de révolution : un basculement vers le Pacifique et une opposition perpétuelle avec la Russie (sputniknews, le rapport : jcs.mil ou drive.google.com). Pour RT, la stratégie américaine vise avant tout à conserver ses positions dans le monde (rt.com).

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

• Pragmatisme économique et technique. Le coordinateur européen des adresses IP attribue la région de Donetsk à la Fédération de Russie (politrussia.com via fortruss).


• Mistrals, suite et fin ?  La France et la Russie seraient sur le point de parvenir à un accord quant à la somme à payer pour la non-livraison des deux navires, annonce Oukraïnskaïa Pravda aujourd’hui (eurointegration.com.ua) en se référant à RIA (ria.ru). Il s’agit de trouver un moyen terme entre les 800 millions d’euros proposés par la France et les 1100 millions demandé par la Russie. Il y a aussi le tragi comique sujet des morceaux des navires construits en Russie et acheminés en France pour l’assemblage.

 

• D’un autre côté. La France et la Russie viennent de signer un accord concernant la reconnaissance des diplômes de l’enseignement supérieur. Les premières négociations avaient eu lieu à Moscou il y a deux ans. D’autres sont en cours avec la Grande-Bretagne (e-news.su).

 

• La république de Donetsk annonce des élections. Elles se tiendront le 18 octobre 2015 (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr).

 

• Les dessous (de table) de la justice ukrainienne. Un membre du Parquet régional de Kharkov a été pris en flagrant délit de corruption. Il a été surpris recevant en liquide la somme de 100 000 hryvnias de la part d’un individu qui cherchait à échapper à une procédure judiciaire (nahnews.org).

 

• Aide financière de l’UE. L’Ukraine décidera dans la journée à quoi affecter l’aide financière de 15 millions d’euros que lui a versée l’UE (nv.ua).

 

• Encore un ministre sur un siège éjectable ! Ce jeudi s’est développée sur les réseaux sociaux une vive polémique visant le ministre de la culture d’Ukraine Viatsheslav Kirilenko, communique le site “Apostrophe” (apostrophe.com.ua).

Les utilisateurs ont été révoltés par le travail du ministère de la culture d’Ukraine et ont accusé d’incompétence la personne responsable de la gestion de Twitter au ministère. Le scandale a commencé parce que le journaliste ukrainien Alekseï Bondarenko a fait allusion à une personne qui s’occupe du contenu de la page Twitter officielle du ministère de la culture,

 

Austérité pour le peuple. “Il n’y aura ni indexation des retraites, ni des salaires. Le gouvernement est obligé de remplir ses obligations quant à la récupération de la TVA”, tel est le titre d’un article publié par “Apostrophe” (apostrophe.com.ua) . Le gouvernement s’est endetté vis-à-vis du monde des affaires. En juin, le volume budgétaire de la récupération de TVA représentait  5,2 milliards de hryvnias, a annoncé jeudi le service gouvernemental du fisc. C’est exactement la somme que celle qu’a versée le gouvernement  au secteur des affaires cette année. Au premier semestre, les entreprises ont récupéré grosso modo 26,7 milliards de hryvnias, ce qui correspond à 45,9% des prévisions sur 12 mois. Mais la dette envers les entreprises continue à croître. Selon les données fournies par les services fiscaux de l’état, la dette envers le secteur des affaires a augmenté grosso modo jusqu’à 20 milliards de hryvnias. Afin d’éteindre cette partie de sa dette et de ne pas en arriver à en créer une nouvelle, le Conseil des ministres demande aux députés un complément de 12 milliards de hryvnias. Mais dans un cas comme dans l’autre, le risque, c’est qu’en raison de l’opacité du système de recouvrement de la TVA, toutes les entreprises ne reçoivent pas ce qui leur est dû.

 

• Et tentative du parlement de lui venir en aide. Verkhovna Rada a voté la loi concernant la restructuration des obligations créditaires en devises étrangères selon le taux de change au moment de la souscription du crédit. La majorité de ce genre de crédit a été souscrite avant la crise de 2008, quand le taux de change était de 5 UAH/ 1 $. Le crédit en dollars avec le taux annuel  de 10% coûtait 2 fois mois cher par rapport à un crédit classique. Aujourd’hui  (avec tout ce qui se passe en Ukraine) le taux de change est de 21,02 UAH/ 1 $, les consommateurs n’arrivent plus à rembourser, plusieurs manifestations baptisées “Maidan financier” ont eu lieu devant la Rada depuis quelques mois (vesti-ukr.com) Selon les données du ministère des finances, cela concerne 70 000 ukrainiens. La Banque Nationale Ukrainienne a relevé le fait que de telles mesures de rescructuration risquent d’avoir un caractère destructif pour le systeme bancaire ukrainien, les dégâts peuvent atteindre 100 milliards d’UAH (vesti-ukr.com). Pour que cette loi entre en vigeur, ellle doit être signée par le président, mais selon le mémorandum signé avec le FMI, le président s’est engagé à mettre son veto en cas de son adoption par la Rada. En tous cas,le BPP pense que Porochenko mettra son veto à cette loi (unian.ua).

Et Porochenko ne tarde pas à réagir : dans son interview à la chaine “Ukraina” il a critiqué le parlement qui met en péril l’economie ukrainienne et le système financier en traitant les députés de “politiciens populistes qui, pour plaire à une ou l’autre partie du peuple, font des  promesses irréalisables” (unn.com.ua). Mais P. Poroshenko a la mémoire courte : ce sont les mêmes promesses que celles qu’il a faites pendant sa campagne présidentielle, comme nous le rappelle le journaliste ukrainien Anatoliy Sharij (youtube).

Le député Loutsenko a démissionné de la Présidence du groupe BPP car ce groupe a voté en majorité en faveur de la loi sur la restructuration des dettes en devises étrangères (lb.ua).

 

• Explosion à Odessa. Explosion dans un café à Odessa dont les propriétaires soutiennent l’armée ukrainienne (vz.ru). Saakashvili invite les habitants d’Odessa à venir boire un thé dans le café où a eu lieu une explosion (vzgliad.ru).

 

• Projet de loi sur la modification de la Constitution ukrainienne. Porochenko a introduit à la Rada le projet de modification de la Constitution concernant la décentralisation du pays (vzgliad.ru).

 

• Affichage officiel anti-corruption. Porochenko demande à la police de ne plus protéger la collecte illégale de l’ambre (lb.ua). Il demande également que le SBU, la douane et la police mettent fin à la contrebande des forces armées dans la région occidentale de l’Ukraine, mais donc pas au Donbass (unian.net)…

 

• Axe Italie-Russie. Le Premier Ministre italien Matteo Renzi a déclaré que la politique d’opposition à la Russie est “une faute politique et un crime culturel” lors d’une conférence à l’université de Berlin (vz.ru et sputniknews repris par dedefensa.org) : “La Russie doit respecter la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine, mais considérer l’Europe comme un contrepoids à la Russie est une erreur politique et un crime culturel [“un errore politico e un crimine         culturale”]. La Russie est notre plus grand voisin, et elle devrait bien sûr respecter les règles en Ukraine, mais elle doit aussi redevenir notre partenaire naturel dans la lutte contre le terrorisme… Voir dans l’Europe un  contrepoids clé à la Russie signifie ne connaître ni la Russie ni  l’Europe qui ne s’est pas formée en tant qu’union dirigée contre quelqu’un”, a ajouté Matteo Renzi. Selon lui, l’UE ne doit pas se  penser qu’en termes d’avantages économiques. “L’Europe doit avoir une âme”. Pour la petite histoire, Poutine et Berlusconi auraient passé le week end dans l’Altaï (vz.ru).

 

 

VENDREDI 3 JUIN 2015

• Visite du ministre des affaires étrangères du Luxembourg en Russie. Jean Asselborn, le ministre des MAE du Luxembourg, est en Russie (mid.ru, mid.ru). Il s’était rendu en Ukraine quelques jours plus tôt, les 25 et 26 juin 2015 (gouvernement.lu).

 

Comment by the Information and  Press Department on the upcoming visit by Luxembourg Minister of Foreign  and European Affairs Jean Asselborn (mid.ru)

 Jean Asselborn, the Minister of  Foreign and European Affairs of the Grand Duchy of Luxembourg, will come  to Russia for a working visit on July 3 at the invitation of Sergey  Lavrov.

The ministers plan to discuss  Russian-Luxembourg relations, cooperation on urgent current  international issues, as well as a wide range of issues related to  Russia-EU cooperation in the context of Luxembourg’s Presidency of the  Council of the European Union from July 1 to December 31, 2015. They  will highlight Russian-EU relations, which have been affected by the  ongoing Ukrainian crisis.

Luxembourg is one of the  founding nations of the European Union. It will hold the Presidency of  the Council of the European Union for the 12th time since the  establishment of the EU and for the first time since the adoption of the  2009 Lisbon Treaty. Russia hopes that Luxembourg’s presidency will see  the lifting of artificial obstacles to cooperation with Russia and the  resolution of issues of mutual interest that need to be addressed  collectively.

The international issues  the ministers plan to discuss include the situation in Ukraine and in  the Middle East and North Africa, including the fight against the  Islamic State, the Middle East settlement, and the situation in Syria,  Yemen and Libya.

Russian-Luxembourg  multifaceted cooperation has been developing rapidly in the past few  years. Considering the current cooling in Russia’s relations with the  West, we consider it vital to prevent a serious setback in our bilateral  ties with our most important European partners, including Luxembourg.

Unfortunately, the negative  impact of the EU sanctions against Russia, which Luxembourg has  supported, and Russia’s response to Western restrictions have affected  Russia’s trade with the EU and Luxembourg.

From January to April 2015,  Russian-EU trade dropped 37.7 per cent from the same period last year  to $81.5 billion. Exports were estimated at $60 billion, or down 34 per  cent, and imports at $21 billion (down 45.5 per cent).

Russian-Luxembourg trade  decreased 32 per cent in the same period dropping to $47.5 million. It  was noted for a trade deficit, with imports standing at $30.4 million  and exports at $17.1 million. In the first four months of this year,  Russian exports increased by 7.5 times from the past year, while imports  shrank by 50 per cent.

However, even despite the  EU’s counterproductive policy of maintaining sanctions pressure on  Russia, the business communities of Russia and Luxembourg demonstrate an  unflagging interest in expanding cooperation. Economic relations  between Russia and Luxembourg are developing in the steel, glass and  power industries, in space exploration, logistics and finance.

Luxembourg is an important  and potential trade and investment partner of Russia. Despite the  unfavourable market situation, Luxembourg companies have not stopped  developing projects in Russia. On April 8 this year, Accumalux Rus,  which is part of the Luxembourg-based Accumalux Group, opened a plant in  Togliatti to produce plastic component parts for car, truck and bus  batteries. The plant is designed to produce about 2 million battery kits  a year.

Our relations in the  cultural sphere are currently focused on coordinating a new programme of  cooperation in science, education, culture, the media, youth exchange,  sports and tourism in 2015-2018.

 July 2, 2015 

 

 Foreign  Minister Sergey Lavrov’s remarks and answers to media questions at a  joint news conference following talks with Minister of Foreign and  European Affairs of the Grand Duchy of Luxembourg Jean Asselborn,  Moscow, July 3, 2015 (mid.ru)

 Ladies and gentlemen,

We have held useful and constructive talks in keeping with the way our dialogue with Luxembourg has always been.

Luxembourg is our  longtime partner and a major foreign investor in Russia. We noted the  ongoing interest of the business communities of both countries in  deepening our cooperation. We welcome the active work of Luxembourg’s  industry flagships, such as Paul Wurth in metallurgy, and Guardian  Industries, on the Russian market. Recently, Accumalux Russia – a  high-tech joint venture – was created in Togliatti. We agreed that we  will promote and maintain the interests of our respective business  communities in harmonising and implementing new projects.

We enjoy good cooperation in the financial sector.

The contacts between  Luxembourg and Russia’s regions, first and foremost the Moscow and  Kaluga regions, are expanding. We have good contacts in the sphere of  research and education; a cultural exchange programme for the next three  years is in the works and will soon be completed.

To our mutual regret,  the overall relationship between Russia and the European Union and  unilateral sanctions against Russia aren’t helpful for trade and  economic ties. Trade between Russia and Luxembourg in January-April 2015  is down more than 30 percent. Exports from Luxembourg to Russia were  hit hard. We want to stop these negative trends and to restore positive  growth.

We agreed that it’s  important to step up the work of the Joint Commission for Economic  Cooperation between Russia and the Belgium-Luxembourg Economic Union. We  have reached a preliminary agreement to prepare its next 10th session for the first quarter of 2016.

We had an in-depth  discussion of relations between Russia and the European Union, given  that Luxembourg assumed the presidency of the EU Council for the next  six months on July 1. We hope that our colleagues from Luxembourg will  contribute to improving the situation in Europe and overcoming the  decline in the Russia-EU dialogue.

We believe that in the  current situation, it is particularly important to erase the dividing  lines in Europe and strengthen the atmosphere of mutual understanding.  In this regard, we talked about the prospects of harmonising European  and Eurasian integration processes in order to eventually form a common  economic and cultural space from the Atlantic to the Pacific. As you are  aware, the goals of promoting relations between the European Union and  the Eurasian Economic Union were confirmed in the Declaration of the  leaders of Russia, Germany, France and Ukraine, which was signed in  Minsk on February 12, to support the Minsk agreements regarding the  settlement of the Ukraine crisis.

For obvious reasons, we  focused on this crisis. We and our colleagues from Luxembourg agree  that all provisions of the Minsk agreements must be complied with and  that there’s no alternative. We stressed that the most important  component of progress in this area is to establish a direct and mutually  respectful dialogue between Kiev, Donetsk and Lugansk, without which  there can be no sustainable political settlement or resolution of other  problems that need to be resolved in accordance with the package of  measures of February 12.

We had a detailed  exchange of views on what’s happening now in the context of the Ukraine  settlement. The Russian side is deeply concerned about the inability or  unwillingness of the Kiev authorities to fulfil their obligations and  agree procedures for local elections with Donetsk and Lugansk, or invite  representatives of the self-proclaimed republics to draft a new  constitution. 

We are concerned that  the draft constitution, which was prepared without their involvement,  does not include a single provision of the Minsk agreements. It doesn’t  include the task of ensuring permanent special status of these  territories, decentralising powers in accordance with the list that was  produced in full in the Minsk document of February 12.

We expressed, to put it  mildly, our surprise at the position of the European Union, which,  after deciding to extend its unilateral sanctions, said that they may be  revised, if Russia complies with the Minsk agreements. The European  Union hasn’t required Kiev to implement the Minsk agreements, even  though the vast majority of provisions in this document are about  proactive steps to be taken precisely by the Kiev authorities.  Ironically, the more Kiev torpedoes the Minsk agreements (which is what  it is actively doing), the more Russia will be blamed. I think that this  approach is already clear to all. This is an absurd position.

We hope that our  contacts with our European colleagues (Germany and France who are  members of the Normandy format), today’s talks, as well as getting  familiar with the actual political process under the Minsk agreements,  will enable our partners to form a more objective picture and take the  necessary steps to influence the Kiev authorities so that they do not  shirk their responsibilities. 

We believe that an  important role in supporting and promoting the implementation of the  Minsk-2 agreements shall be played by the OSCE’s Special Monitoring  Mission (SMM) in Ukraine. In general, it deserves high praise. I would  like the mission to focus not only on monitoring in the contact zone,  but also other provisions of its mandate, including monitoring human  rights across Ukraine, as well as the areas listed in the SMM mandate.

We have shared  interests with the European Union in countering the terrorist threat.  ISIS is growing dangerously in the Middle East, taking over large  swathes of territory in many countries. All those who understand the  importance of fighting terrorism must unite their efforts. We believe  that this can be used as a basis for more effective political solutions  in Syria, Libya, Yemen, Iraq and the entire region.

We are sympathetic to  EU’s concerns that our colleague outlined today regarding the influx of  illegal migrants from Africa, primarily through Libya, to the EU. We are  aware of the plans being developed in the EU to counter this threat and  to curb this criminal enterprise of transporting illegal migrants. We  presume that the plans being developed in the EU will fully comply with  international law, and will be reviewed by the UN Security Council if  they involve any enforcement actions.

Overall, I’m pleased  with our talks. I always appreciate the candid and open nature of the  dialogue with my colleague and longtime friend. I thank him for today’s  talks.

Question (addressed to Jean Asselborn):   As we were told in the Finnish Foreign Ministry, Helsinki consulted its  EU partners before barring the EU-blacklisted members of the Russian  delegation to the OSCE Parliamentary Assembly from entering Finland. Has  Finland asked the opinion of Luxembourg that holds the Presidency of  the Council of the European Union? Could you please comment on Russia’s  statement that descried this step as a violation of Finland’s  international commitments? 

Sergey Lavrov (speaking after Jean Asselborn): I  am surprised that our Luxembourg colleagues were not asked about this.  We inquired about this and were told that all EU members were asked  about this and only three EU newcomers answered “no”. We believe the EU  has nothing to do with this. Finland invited delegations to the session  of the OSCE Parliamentary Assembly as a member of the OSCE rather than  the EU. So, all other members of the OSCE Parliamentary Assembly  accepted Finland’s invitation to conduct the session in Helsinki.  Therefore, Finland did not fulfil its commitments as a host of an  international event and was simply impolite.

You quoted a statement  of our Foreign Ministry about Finland violating its international  commitments. This is true. But apart from these commitments Finland has  also violated the EU decision that unilaterally imposed sanctions on  some Russian politicians, including MPs. This decision contains a caveat  that sanctions do not apply if these politicians are taking part in  events of international organisations, and visas must be issued. The  OSCE is directly mentioned among the organisations listed as an  exception in this context. Our Finnish colleagues are trying to claim  that the OSCE is mentioned but its Parliamentary Assembly is not. I  think this is ridiculous and even insulting to the OSCE’s parliamentary  body.

Question: It  seems that all decisions made by Ukrainian President Petr Poroshenko,  including the failure to grant a special status to Donbass, are at  variance with the Minsk agreements. It seems that Kiev is simply giving  up on all of these agreements. What do you think about this?

Sergey Lavrov: Today  we have informed our Luxembourg guests in detail about our fact-based  assessment of Kiev’s failure to comply with the Minsk agreements. I’m  referring to the special status of Donbass, the holding of elections by  agreement with Donetsk and Lugansk, the implementation of constitutional  reforms (again by agreement with these self-proclaimed republics), the  lifting of the economic blockade from which ordinary people are  suffering, and the commitment to declare an amnesty for all participants  in the events in Ukraine’s southeast. This is an alarming situation  because it testifies to the trend of the Ukrainian authorities regularly  demonstrating their inability to negotiate, beginning with the coup  d’etat.

 On February 21, 2014  then President Viktor Yanukovych reached an agreement with the  opposition leaders that now represent Ukraine’s government. This  agreement was not just violated – it was torn into pieces on the morning  of the day after its signing, when the coup d’etat was staged. Later on  our Western colleagues, including those who witnessed the conclusion of  this agreement, made a helpless gesture, saying that “the train had  departed” and we should all face the new reality. The minister-level  meeting in Geneva involving Russia, the United States, the EU and  Ukraine took place on April 17, 2014. The participants adopted a  statement demanding the immediate start of a national dialogue with a  view to reforming the constitution with the participation of all  Ukraine’s regions. Nothing happened, and later we were told that the  situation had changed after the presidential and then the parliamentary  elections. We were asked to think of what to do next. The Minsk  agreements were concluded in September 2014. Finally, on February 12 of  this year a package of measures for a settlement in Ukraine was  elaborated on the basis of the Minsk agreements. As distinct from all  other documents, it was endorsed by a UN Security Council resolution.  Please note that de facto it has acquired the power of international  law. 

During the course of  contacts with the partners in the Normandy Four and some of our other  partners that are interested in the status of the settlement in Ukraine,  I get the impression that some of them are tempted to revise the  Minsk-2 agreements. They reason that, well, the Ukrainian authorities  have carried out a kind of a constitutional reform (true, without the  involvement of Donetsk and Lugansk but the reform was still  implemented), and Kiev is ready to fulfil its promise on elections as  well (also without the participation of Donetsk and Lugansk but local  elections were still conducted).

I have warned our  Western colleagues in Europe and US State Secretary John Kerry when we  met that this is unacceptable. The Minsk package cannot be broken apart.  This is what it’s called in English – a “package of measures.” Any  attempts to tear from it one aspect that would suit the Ukrainian  authorities and forget about those elements that balance out the  interests of the sides and ensure the lawful interests of Donetsk and  Lugansk will not be accepted. We are asking our Western colleagues not  to create a situation where they can claim that Minsk-2 has been  exhausted and now the Ukrainian authorities are facing objective  difficulties, so let’s meet again and come up with a Minsk-3 that will  consider new developments because new realities are emerging over time.  We will adamantly insist on fair play rather the usual attitude as  regards the implementation of the February 12 Minsk package of measures  that was approved by a UN Security Council resolution.

Sergey Lavrov (speaking after Jean Asselborn): This  is exactly what I was saying, and this is what my warning was about.  I’m aware that the Ukrainian constitution is being drafted in  cooperation with the Venice Commission. The Venice Commission is not  mentioned in Minsk agreements. What these agreements say instead is that  the constitution must be drafted in coordination with Donetsk and  Lugansk. This corroborates my words and concerns that someone out there  will be tempted to pretend that the Minsk agreements are being  implemented, albeit in a modified form, with the blessing of the Venice  Commission. I reiterate: the key to success in resolving the Ukraine  crisis is direct dialogue between Kiev, Donetsk and Lugansk. That’s not  because we want it to be so, but because this commitment is part of the  UN Security Council resolution. Of course, if, in addition to everything  that needs to be done under Minsk-2, the Venice Commission makes a  contribution, it will be a great accomplishment.

Question: While  in Moscow, Secretary General of the Arab League Nabil el-Arabi said  that the Arab League is forming a joint force from among the majority of  Arab countries to fight the “Islamic State” (ISIS). Was this issue  discussed with Russia, and how does it resonate with President Putin’s  idea of creating a coalition to fight ISIS that would include Syria? Can  constructive Syrian opposition forces participate in the antiterrorist  coalition alongside the Syrian government?

Sergey Lavrov:  The initiative of creating a collective force of the Arab countries has  been discussed for a long time now. This idea was put forward by our  Egyptian colleagues, and it is now being discussed in the Arab League.  If this organisation believes that there are ways to improve the  effectiveness of the joint fight against the terrorist threat, we will  only welcome it. When such entities are created, and if they need any  kind of support from us, especially political, legal, or maybe in the UN  Security Council, we will, of course, provide it to them.

With regard to how this  idea could work with the Russian President’s initiative regarding the  formation of a united front against ISIS and other terrorist groups,  President Putin suggested that all countries in the region should pool  their resources. This applies to Syria as well, both the Syrian army and  the Syrian opposition, including armed opposition forces, which stand  for the preservation of a sovereign, territorially integral and secular  Syria, which is not subject to any manifestations of extremism and  provides equal rights to all ethnic and religious groups. This also  applies to the Syrian Kurds and other countries in the region, such as  Iraq, Iran, Turkey, and Saudi Arabia. Russia is not imposing any  schemes. We just see that the disagreements between a number of states  in the region distract them from their primary task which is fighting  terrorism. These disagreements can wait; they are not a priority,  because the pace at which ISIS is branching out and its influence  spreading demands that we focus on the primary task which is to stop  this terrorist entity in its tracks and prevent it from creating a  “Caliphate,” which is the terrorists’ goal. Therefore, we are open to  discussions and consultations with the countries of the region, and with  other states which may be helpful in fighting terrorism. Of course, we  will primarily rely on the Middle East and North Africa and their choice  of the forms and methods that they believe are most appropriate and  effective.

Question: Does Russia plan to provide assistance to Greece, including financial?

Sergey Lavrov:  Finance Minister Anton Siluanov has already answered this question. I  believe what he said was that we have received no such requests.

 

• Discours du président du Parlement Européen au Parlement Ukrainien. Martin Schulz était à Kiev le jour de la signature de l’Accord de Coopération entre les Parlements Ukrainien et Européen (galerie de photos : president.gov.ua). A cette occasion il a fait une déclaration commune avec Porochenko (president.gov.ua, youtube) et un discours devant la Rada europarl.europa.eu, president.gov.ua). Cela donne des références au Rideau de Fer ou encore à l’Annexion illégale de la Crimée. bref, rien de nouveau.

Pour Gordon, très ultra nationaliste, Schulz a promis de faire “tout ce qui est en son pouvoiré pour accélérer l’introduction du régime sans visas avec l’Ukraine (gordonua.com). Pour Gordon également, “l’Ukraine est une alliée de l’UE dans la réaffirmation des valeurs européennes” (gordonua.com).

 

La profession de foi de Martin Schulz (europarl.europa.eu)

 

Déclaration commune Porochenko Schulz

Спільна заява Президента України та Президента Європейського Парламенту   (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video:

 

Address to the Verkhovna Rada  (europarl.europa.eu)

Kyiv – 03-07-2015

 Dear President Poroshenko, 
Dear Prime Minister Yatsenyuk,
Dear Chairman Groysman,
Dear Members of the Verkhovna Rada, 
Ladies and Gentlemen,
It is a great honour and pleasure to be here with you on this special day, 
the day of the signing of the Cooperation Agreement between the European Parliament and the Verkhovna Rada of Ukraine. 
This agreement will bring our two Parliaments, and thus our people, even closer together.
As Europeans, peace and unity on our continent are ideals we all treasure. 
 
Our shared values, democracy and rule of law, individual rights and human dignity, drive the European project.
During the Maidan revolution;
you stood up and demanded free elections,
you went out on the streets to live in a society that is free, democratic and pluralistic,
you  chose the European path by signing and ratifying the Association  Agreement with the European Union. And we have welcomed your European  choice. 
It was a courageous choice.
 
Yet, when I look back at the last year and a half, 
I am appalled by all the suffering endured by the Ukrainian people. 
Never could I have imagined, seventy years after the end of the Second World War, 
25 years after the fall of the Iron Curtain,
that people in Europe would be denied the right to decide on their own destiny; 
that borders in Europe could again be redrawn by force;
that the architecture of peace we had built together after the Cold War could come under attack; 
and that the maxim “might makes right” could again take precedence over the rule of law. 
Yet, it happened.
 
Ladies and gentlemen, 
What happens in Ukraine concerns all Europeans.
We cannot stand by and watch idly while the founding principles of the international community are being violated. 
We have agreed on rules for states to follow when dealing with each other. 
These rules apply to all.
We cannot accept that bigger countries bully smaller ones to get their way,
We cannot accept, that rules of international law apply to some but not all. 
 
Since the beginning of the conflict, and after the unlawful annexation of Crimea, 
the European Union has worked towards a peaceful solution. 
I have myself fully supported the mediation efforts of Chancellor Merkel and President Hollande. 
We have to face the facts: 
there is no military solution to the conflict. 
All sides are well advised to restrain themselves and abstain from warmongering and nationalistic rhetoric. 
History teaches us that too often heated up spirits can easily run out of control. 
 
In the words of Martin Luther King, 
“the old law of an eye for an eye leaves everybody blind”. 
Thus,  all parties and the international community must do everything in their  power to prevent the situation from spiralling completely out of  control. 
There is only one viable solution and that is a political  solution in full respect of Ukraine’s territorial integrity and  sovereignty. 
And a political solution can only be a solution that is found together with Russia. 
 
We have no choice but to keep on negotiating with Russia while making it very clear 
that we will not abandon our principles and that there will be no return to “business as usual” 
as long as the Minsk Agreements are not fully implemented.
Unfortunately, ever since the second Minsk agreements were signed in February, 
we  have seen provocations and daily violations of the ceasefire and the  continuation of violence, shelling and suffering of people. 
Accordingly, on the 22 of June the European Union prolonged its sanctions regime against Russia.
We will keep up the sanctions until the day the letter and the spirit  of the Minsk agreement is fully implemented and other international  commitments are upheld. 
We urge all parties to stick to their word and follow-up on what they have agreed to do: 
uphold the ceasefire; 
withdraw all Russian troops, weapons and Russian-backed illegal armed groups and mercenaries; 
provide full control of the border by the Ukrainian authorities and exchange all prisoners; 
and enable the decentralisation reform and free and fair regional elections under the supervision of the OSCE.
In June the European Parliament condemned again Russia’s aggressive policy, 
including  the information war and the economic pressure exercised against Ukraine  and neighbouring countries. We clearly stated that a re-engagement with  Moscow depends on Russia’s respect of the territorial integrity and  sovereignty of Ukraine, including Crimea. 
This week’s failure of the  trilateral negotiations has resulted in Russia cutting off the gas  supply to Ukraine. We call on Russia to immediately return to the  negotiation table. 
We want to work towards a viable solution, one  that will prevent similar disruptions in the future and ensure security  of gas supply to Europe and Ukraine.
Ladies and gentlemen, 
The suffering of the Ukrainian people is appalling. 
All  across Europe, we can only feel for the plight of the families of the  thousands of victims killed on Maidan square and in Eastern Ukraine, and  of more than a million who have been forced to flee their homes. 
The humanitarian situation in Eastern Ukraine and Crimea is dreadful. 
Human decency demands that humanitarian workers are given access to people in need! 
 
The European Union and its Member States are the biggest donors of humanitarian aid to the conflict areas.
But much more is needed to cope with the scale of this tragedy.
The Ukrainian nation is facing major security, economic and social challenges all at once and on multiple fronts: 
the standard of living is deteriorating for normal Ukrainians; 
the  economy suffered thirty eight consecutive months of industrial decline  and experienced massive inflation and depreciation of the currency. 
Moreover,  the continuing conflict in the East is draining a lot of resource and  energy and is preventing you to fully focus on economic recovery.
And I repeat: 
what happens in Ukraine concerns all Europeans.
This is why throughout this difficult period; we have enhanced our support for your country:
by supporting your reform process; 
by boosting your economy;
by quickly providing the much needed macro-financial assistance.
The  European Parliament encourages you to address in a determined way the  on-going financial crisis and fight for a functioning, rule-based and  socially responsible market economy. 
 
We want you to continue on the ambitious reform path you have embarked on. 
And we will be on your side during this journey. 
In the past we have proved: 
our words are followed by deeds: 
The Commission earmarked thirteen billion Euros to help stabilise Ukraine, 
with the aim of closing the widening social gaps and re-starting the economy.
This support is based on the expectation that Ukraine continues with its reform agenda: 
strengthening the rule of law; 
reforming electoral law; 
engaging in comprehensive constitutional reform; eliminating endemic corruption; 
and guaranteeing human rights and minority rights.
The coalition agreement signed on the 21 of November is the most ambitious reform program ever drafted in the Ukraine. 
I commend you for it. 
As you know, trust and stability will only come as a result of key judicial, constitutional and anti-corruption reforms at home.
 
We already note convincing progress: 
from  comprehensive natural gas market reform – making energy business more  transparent and in line with the EU Third Energy Package to the  establishment of the National Anti-Corruption Bureau, to the fulfilment  of the conditions of the IMF programme. 
Much remains to be done. 
But with your continuous determination and consistent help from the international community, everything is possible.
Dear colleagues, 
I made Kyiv the first destination and the first  official visit in my second mandate as President of the European  Parliament, because I wanted to show our solidarity with the Ukrainian  people. 
After the simultaneous ratification of the Association  Agreement by our two Parliaments on 16 September last year – a first in  the history of our chambers – today’s ceremony is another strong symbol  to the world that we stand united.
Today’s Memorandum of Understanding, 
which Chairman Groysman and I will sign on behalf of our two chambers, 
will provide us with a joint framework for parliamentary support and capacity building. 
I  am joined here today by the Bureau of the EU-Ukraine Parliamentary  Association Committee, which will help oversee and coordinate the  programme. Together we will strengthen the constitutional roles of  law-making, oversight and representation of the Verkhovna Rada.
We will assist you in improving the legislative process in Ukraine, 
by strengthening capacities of your committees and reviewing your internal organisation. 
Our aim is to help you become a strong, effective and independent Parliament, 
a Parliament, capable of pushing through the necessary reforms 
a Parliament capable of building up a new generation political culture. 
 
Already today, the Association agreement with the EU is bearing first fruits. 
I am confident that as of January 2016, 
with the full application of the agreement, 
the association with the EU will open new opportunities and bring real benefits in your daily lives.
Ladies and gentlemen, 
I admire your endurance, your determination  to stay strong, to take your fate into your own hands and to shape a  better future for your country.
 
I appeal to you, 
as the representatives of the Ukrainian people, 
as the democratically elected members of the Verkhovna Rada: 
to live up to your task and use this historic opportunity to the benefit of your people.
The day will come when your ambitious reform agenda will have been accomplished, 
And this will be the day when the hopes and dreams of the Maidan revolution will have become a reality. 
With all my heart I wish the Ukrainian people to succeed.
Thank you very much for your attention.

 

• Petit détour par la bonne vieille propagande étatsunienne. Le site américain “The Daily Beast” publie une “découverte” faite par des drones (thedailybeast.com). L’article transmet des photos prises par la section “reconnaissance aérienne” du bataillon Dnipro-1 qui montrerait une “base russe” en construction en territoire ukrainien sous contrôle de la DNR. Photos de tentes, de chars, de camions. Les “Russes” auraient même matérialisé une route toute neuve avec des bandes lumineuses ! Daliy Beast Company a été fondée en 2013, à point nommé pour couvrir la situation en Ukraine. Prémonition ?

Quant au compte Twitter du bataillon “Dnipro-1″, il est suivi par des hôtes illustres : le sénateur McCain (twitter.com ou encore twitter.com) ou encore  l’ambassadeur US en Ukraine Geoffrey Pyatt.

A noter que l’article de Daily Beast a été écrit par Pierre Vaux, traducteur et journaliste pour le magazine britannique Interpretermag (interpretermag.com) qui s’acquitte d’une “mission” pour le compte du “insitute of modern Russia”: The Interpreter, which was launched in 2013, was made possible by a seed grant from the London-based Herzen Foundation and a grant from the the New York-based Institute of Modern Russia, of which the journal is a special project. The Institute of Modern Russia continues to fund the project.”

The Institute of Modern Russia is a registered 501 (c) (3) non-profit in the United States, dedicated to the advancement of democratic values and institutions in the Russian Federation.”

 

• Encore deux officiers ukrainiens qui passent du côté des rebelles. Le lieutenant-colonel Vitali Balbekov et le major Alexeï  Kobzar, tous deux officiers au sein de la GAI (Inspection automobile gouvernementale, organe qui surveille et sécurise la circulation routière), sont passés du côté des rebelles de la DNR et veulent continuer à servir sous ce nouveau commandement. Originaires tous deux de Donetsk, ils racontent : “Nous nous sommes laissé influencer par nos chefs, qui nous ont conseillé de quitter Donetsk et nous ont promis que ce serait pour deux semaines. On nous a envoyés à Marioupol. Deux semaines, plusieurs mois, un an ont passé. Nous avons compris notre erreur, et nous avons décidé de revenir chez nous, dans la ville où nous sommes nés… Nous sommes revenus ici avec un seul but: continuer à servir nos concitoyens, notre ville”, a déclaré Vitali Balbekov (e-news.su) .

Du côté des autorités de la RPD/DNR, on assure que ces défections dans l’autre camp deviennent non seulement de plus en plus nombreuses, mais aussi continuelles. Dans le camp d’en face, on parle évidemment d”agents poutiniens.

 

• Après l’échec américain, un lancement russe réussi. Une fusée russe partie de Baïkonour (Kazakhstan) a décollé en remplacement de la fusée Falcon de la compagnie privée Space x, qui avait explosé au décollage, détruisant le chargement de ravitaillement de la station orbitale (e-news.su). Cette fusée Falcon de la compagnie Space X avait explosé après trois minutes de vol le 28 juin 2015.  Malgré cet échec, le sénateur McCain avait déclaré le 30 juin que cette catastrophe ne devait pas compromettre le refus américain d’acheter les moteurs russes de fusée RD 180 (http://www.vz.ru/news/2015/6/30/753464.print.html). Les fusées russes ont du bon, elles sont fiables, surtout pour la fusée communément baptisée Soyouz, mais désignée à l’origine “Semiorka” (En revanche, les fusées Proton ont parfois des soucis de fiabilité et le programme Glonass en a fait les frais) (pravda.com.ua, e-news.su).

 

• Nouvel Incendie près de Tchernobyl. Un incendie de forêt sévit dans la zone d’exclusion de Tchernobyl depuis le 30 juin (gordonua.com). Quatre jours de lutte n’ont pas permis d’en venir à bout, avec tout ce que cela comporte de risques de dispersion de poussières radioactives (nahnews.org).

 

• Exemple parfait de logique économique occidentale. Le FMI demande à l’Ukraine de ne plus subventionner ses agriculteurs alors que ceux des Etats Unis et de l’UE reçoivent de fortes subventions (vz.ru).

 

• Réunion du Conseil de Sécurité de la Fédération de Russie. Poutine a tenu une réunion du Conseil de Sécurité dans se version “étendue” (kremlin.ru). Une phrase en particulier est à noter et a retenu l’attention de la presse : “Nous ne pouvons attendre un changement dans les politiques hostiles de certains de nos adversaires géopolitiques dans un futur immédiat”. L’important est que les “partenaires occidentaux” sont devenus des “adversaires géopolitiques” (rt.com et  russia-insider analysé par dedefensa.org)…

 

3 juillet 2015 : Security Council meeting (kremlin.ru)

Vladimir  Putin held an expanded meeting of the Security Council at the Kremlin.  The meeting discussed a range of issues concerning protection  of Russia’s security and national interests in the face of sanctions imposed by a number of countries.

 

President of Russia Vladimir Putin: Good afternoon, colleagues,

Our agenda today includes a range of issues concerning protection of our national interests in the face of the restrictive measures that some countries have imposed on Russia. 

We know the reasons for the pressure being put on Russia. We follow an independent domestic and foreign policy and our sovereignty is not up for sale. This does not go down well in some quarters, but this is inevitable. 

It  is clear today that attempts to split and divide our society, play  on our problems, and seek out our vulnerable spots and weak links have  not produced the results hoped for by those who imposed these restrictive measures on our country and continue to support them. 

Our  people, our key political forces, and our business community understand what is happening and know what to do.  The timely measures we took have stabilised the economic and financial situation  and the labour market and ensured the stable functioning of all  strategically important economic sectors. We continue implementing our most important state  programmes, including in the social sector. 

Furthermore, our companies, Russia’s producers, have proven that they are capable of developing in tough conditions, finding new partners, and entering new markets at home and abroad. This can be seen in the rapid growth of our agriculture sector. 

Colleagues, recent events show that we cannot hope that some of our geopolitical opponents will change their hostile course anytime in the foreseeable future. The EU countries recently extended the sanctions they have imposed on us, and discussions continue in the United States on toughening sanctions against us.

Amidst  all of this, no one is even trying to analyse the reasons for what is  now happening in southeast Ukraine, which was what started all of this fuss in the first place. What I mean here is  that those who are imposing these restrictive measures and so-called  sanctions on Russia are in fact responsible for the events that we are  now witnessing in southeast Ukraine. 

We must respond accordingly to this situation, of course, and take additional systemic measures in all key areas. 

Firstly, we must make a rapid analysis of all the potential challenges and risks we face – political, economic, information risks and others. Based on this analysis, we then need to make adjustments to our National Security Strategy. 

Once  the National Security Strategy is updated, we will also need to update strategic planning documents currently  in force or in the process of drafting. Furthermore, if needed, we will  need to make clarifications to the Foreign Policy Concept and the Foundations  of Russia’s Comprehensive Policy in the CIS Area. 

At the same  time, our strategic course in the foreign policy area remains  unchanged. We are open for equal cooperation and collective work on key  issues on the international agenda. We will continue to build relations  with our partners based on the principles of respect and mutual consideration of each other’s interests, so long as this does not harm  our own sovereignty and national security of course. 

As before, we support active development of economic integration in the CIS area. We support expanding political, business and humanitarian ties with the Shanghai Cooperation Organisation and the BRICS group. 

Economic  security issues are a crucial matter. Our strategic planning documents must define the main threats in each  area in clearer and more detailed fashion. These documents must define  the criteria and set the threshold indicators for the economic situation  at which national security risks would start to emerge. They must also put into concrete  terms the measures and mechanisms that would enable us to reduce our economy’s dependence on negative external factors. 

At the practical level, the Government and the Central Bank must pay particular attention to ensuring the financial system’s stable operation. They must also put in place measures to achieve more balanced budgets and reduce the debt burden on regional budgets. 

Overall, we must ensure very close coordination between everyone taking part in this work. 

We  must develop and present new proposals for the conceptual basis  of strategic planning and forecasting of our country’s sustainable socioeconomic development and for risk management. We need  to analyse the socioeconomic situation in the regions and conduct  on-going monitoring using the regional situation centres. This is especially  important for the border regions. 

As I said, the restrictive measures we will discuss today have created problems for our economy, but they have also opened new opportunities. Above all, our producers have been able to significantly bolster their positions on the domestic market. 

We continue our support for import replacement projects, especially in the agriculture sector, defence sector, engineering, pharmaceuticals, and the chemicals industry. If need be, our companies will receive additional support in these areas. 

But let me draw one very important matter to your attention. The Prosecutor General’s Office, Rospotrebnadzor (national consumer protection service), the Federal Anti-Monopoly Service and other agencies must protect our people and companies from fake and poor quality goods. No matter whether goods are produced in Russia or abroad, they must meet modern requirements and standards and their origin and price setting must be transparent and clear. 

In conclusion, our direct responsibility is to ensure reliable protection of Russia’s security in all areas and preserve our country’s social, political and economic stability. 

Much here will depend on consolidating the efforts of our state institutions and civil society and on concentrating our resources on the priority areas. I am sure that you all understand this well and will do everything possible to resolve the tasks before us effectively. 

 Thank you very much for your attention.

<…>

 

 

SAMEDI 4 JUILLET

• Les méchants Russes ! Le SBU a présenté à Washington un dossier nommant avec précision cinq généraux russes soupçonnés d’être présents en Ukraine et d’aider les rebelles à organiser leurs troupes et leurs opérations (112.ua). Le document en anglais a été publié par l’agence Bloomberg (bloomberg).

Le document de Bloomberg a été repris dans le blog d’un journaliste américain, John Rodgin, qui travaille ou a travaillé dans plusieurs médias connus pour leur “objectivité” par rapport à la Russie : Daily Beast (voir plus haut, dans le sujet “Petit détour dans la bonne vieille propagande étatsunienne“), Newsweek, Foreign Policy magazine, The Washington Post, Congressional Quarterly and Asahi.

Feuilleter le document PDF cité plus haut est édifiant : commentaires lapidaires, aucune référence. Assemblage de photos de matériel russe (comme si tout le matériel employé par les forces de Kiev n’était pas de fabrication russe), réédition des vieilles accusations à propos du MH17, du bus de Volnovokha, etc…) En somme, des “preuves” selon la définition OTAN/US.

 

Cliquez sur l’image pour voir le rapport :

 

• Yatseniouk à Washington (une fois de plus). Yatseniouk conduira une délégation participant au premier “sommet” nommé “Ukraine-USA” le 13 juillet 2015 (pravda.com.ua, unian.ua).

 

• Article “triomphant” du média ukrainien “Obozrevatiel”, sous le titre “Trois semaines d’enfer, ou comment les militaires ukrainiens ont appris aux rebelles à respecter le cessez-le-feu” (obozrevatel). En fait, on y apprend que les Ukrainiens ont mené la vie dure aux rebelles, en particulier au bataillon “Somali” commandé par Guivi (l’un des deux héros de l’aéroport de Donetsk). Mais en lisant bien l’article, on s’aperçoit que c’est le matériel qui leur a permis ces “exploits”, en particulier les équipements en caméras thermiques et en systèmes de vision nocturne dont dispose la 95ème brigade aéroportée. Mais on y apprend aussi que les incursions de leurs détachements se sont contentées (ils ne le disent pas ainsi, mais c’est écrit entre les lignes) d’approcher de très près les positions des rebelles, qu’il y a eu des fusillades, mais que ça s’est arrêté là. Pas de prise de positions, pas de pertes signalées.

 

• Nouveau service de police “à l’américaine” à Kiev. Samedi 4 juillet, un nouveau service de police uniquement dédié aux patrouilles a prêté serment sur la place Sainte-Sophie. Une police à l’américaine officiellement créée le jour de l’indépendance des USA… Les patrouilles défileront dans les rues de la capitale (lb.ua). La constitution de cette force entre dans le cadre de la “Loi sur la formation d’une police nationale”, adoptée in extremis le 2 juillet par la Rada suprême (lb.ua, slidesharecdn). Il y a encore quelques jours, le 27 juin, Eka Zgouladze, vice ministre de l’Intérieur ukrainien (wikipedia) s’inquiétait que la loi sur la nouvelle police nationale n’était pas encore adoptée par la Rada et que la date symbolique du 4 juillet soit dépassée (gordonua.com). Cette loi s’applique pour l’instant à Kiev et sera étendue à Odessa et Lviv le 20 Août.

 

• “Accueillant comme un Lituanien”. Aujourd’hui, sur une plage lituanienne, une habitante a agressé une femme russophone et son enfant en leur disant qu’il n’y avait pas de place ici pour les Russes  (ridus.ru). La mère ne réagissant pas à la provocation, la femme a violemment frappé l’enfant au visage. Interrogée ensuite sur son acte, elle a déclaré en être fière et a prétendu que le coup était motivé par le fait que l’enfant aurait pris le jouet d’un autre enfant.

On voit un peu partout, sur les cabines de déshabillage ou les conteneurs à ordures, des inscriptions au pochoir : “Mort aux occupants russes.” Les autorités ferment les yeux et ne font rien pour les enlever.

 

 

• Le monde merveilleux (et très restreint) du ministère des affaires étrangères ukrainiens. Le ministère a fait la liste des comptes tweeter des ambassadeurs étrangers. La liste ne contient que 5 noms (-twitter.com-) !

1 Roman Waschuk @WaschukCanUA                              CANADA

2 Simon SmithVerified account @SimonSmithFCO           ROYAUME-UNI

3  Matthew RycroftVerified account @MatthewRycroft1    ROYAUME-UNI ONU

4  Geoffrey PyattVerified account @GeoffPyatt                 USA

5 Henk Swarttouw @henksinki                                          Ambassadeur Hollandais en Finlande

 

 

 

DIMANCHE 5 JUILLET 2015

• Nouveau fait divers dans l’oblast d’Odessa. Le 4 juillet au soir, alors qu’une bagarre se déroulait à Ilitchevsk (oblast d’Odessa), un inconnu a ouvert le feu faisant des blessés dont l’un d’eux est mort à l’hôpital (pravda.com.ua). Des faits analogues s’étaient déjà déroulés le 26 juin à Odessa même (pravda.com.ua). Il y avait également eu un mort, l’un des deux miliciens sur lesquels avait tiré l’homme qu’ils voulaient contrôler.

 

• Enorme ! la Bundeswehr prévoit de faire des manoeuvres militaires en Ukraine. Les soldats allemands seraient intégrés aux exercices militaires Rapid Trident et Sea Breeze sous commandement américain (europeonline-magazine.eu, uatoday.tv, express.de, vz.ru). Rappelons que le 25 Juin, Porochenko a signé une loi “Sur l’ordre de l’admission et les conditions de séjour des forces armées d’autres États sur le territoire de l’Ukraine “ en totale opposition avec les accords de Minsk 2.

 

• Le monde merveilleux de Saakashvili.  Après en avoir viré des douzaines, Saakakchvili a annoncé l’ouverture d’un concours pour le recrutement de 50 fonctionnaires dans la région d’Odessa. Il recherche “des activistes sociétaux et des enthousiastes” (lb.ua). Une “maison de la justice” va être créée à Odessa sur le modèle georgien (lb.ua). Saaksachvili a annoncé que la maison des syndicats à Odessa, le lieu du massacre du 2 mai 2014, allait devenir le siège des forces armées maritimes d’Ukraine (vzgliad.ru). Annonce faite lors de la célébration de la journée des forces armées maritimes à Odessa (unian.net). La Russie apprécie “très” modérément (vz.ru). L’ambassadeur US à Kiev considère qu’Odessa est un “laboratoire en ce qui concerne le soutien américain à de profondes mesures anti-corruption” (vzgliad.ru). L’hebdomadaire Le Point va même plus loin et compare Saakashvili à Elliot Ness (lepoint.fr), ce qui est amusant quand on connait son CV  judiciaire en Géorgie. Et pour le démontrer, Saakachvili annonce sur sa page FB l’arrestation à Odessa de deux officiers de police en flagrant délit pour pots de vin par le nouveau responsable de l’intérieur de la région (gordonua.com).

• Manoeuvres politiques. Le Ministère de la justice ukrainien a refusé d’enregistrer le parti “OuNA-OuNSO” comme parti politique en arguant du fait que l’organisation de ce nom “avait combattu du côté des fascistes en 1942″. Actuellement l’OuNA-OunSO fait partie de Praviy Sektor. Certains analystes estiment que la décision du Ministère de la justice vise à empêcher l’OuNA-OuNSO de quitter Praviy Sektor et d’affaiblir ainsi la position de Yaroch (vz.ru).

 

• Pétition américaine lancée par des Allemands.  Cette pétiton circule aux Etats-Unis, initiée par le Schiller Insitute” (e-news.su, wikipedia). Les initiateurs de la pétition appellent les Etats-Unis à collaborer avec les BRICS.

Petit commentaire d’un internaute en passant : Владимир Гребцов 08:40 06.07.2015 : Призывают волка стать вегетарианцем. (“Ils appellent des loups à devenir végétariens“).

 

• Et pour finir, l’humour involontaire de l’OTAN de la semaine. L’OTAN  veut combattre la propagande russe avec des faits (russia-insider, youtube)… Et l’UE en finançant des ONG pro UE, formant des journalistes et influençant des organes de régulation des médias…

 

25 juin 2015 : EU has plan against Russian propaganda, and NATO to beat it with facts (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-09072015/


[Tic-Tac] Tiens, la dette de la France est au niveau de la dette grecque d’il y a … 8 ans

Wednesday 8 July 2015 at 04:14

Comparaison n’est pas raison, mais bon, des fois oui… Nous verrons.

Ainsi, la dette française est pratiquement ua niveau de la dette grecque d’il y a 8 ans, et la dette italienne a 3 ans d’avance…

La mécanique de défaut a été rapide : une importante crise financiaro-économique en 2008-2009, puis une grosse chute du PIB (-25 %, donc le ratio a augmenté de +33 %)

“Elle est pas chèèèèère ma dette, qui n’en veut ?”

À suivre…

Source: http://www.les-crises.fr/iens-la-dette-de-la-france-est-au-niveau-de-la-dette-grecque-dil-y-a-8-ans/


Point à référendum grec + 2 jours

Wednesday 8 July 2015 at 01:30

Grèce : pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque, par Romaric Godin

Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque. Pourquoi ?

Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque. Pourquoi ?

Malgré le référendum, Alexis Tsipras doit renoncer à parler de la dette ou risquer le Grexit. La chancelière refuse d’ouvrir le dossier, prise dans le piège de ses propres mensonges.

Les réactions allemandes au « non » grec massif lors du référendum du 5 juillet ont des airs de fins de non-recevoir. L’incapacité franco-italienne à représenter un contre-pouvoir effectif à la puissance allemande, le poids de l’opinion outre-Rhin, incarné par la une de la Bild Zeitung de ce mardi 7 juillet (une Angela Merkel coiffée d’un casque à pointe accompagné du titre « nous avons besoin d’une chancelière de fer »), la prédominance de la logique financière (représentée par une réunion de l’Eurogroupeprécédant celle du Conseil) laisse à Alexis Tsipras le choix suivant : ou accepter un accord sans restructuration de la dette, c’est-à-dire trahir son mandat fraîchement renouvelé, ou se préparer au Grexit.

Le nœud de la dette et l’engagement de la chancelière

Car l’essentiel du problème qui déchire la zone euro réside bien dans cette question de la dette. Une question sur laquelle la chancelière allemande refuse d’avancer. Pourquoi ? Parce que c’est le cœur du discours d’Angela Merkel aux Allemands depuis 2010 : l’aide à la Grèce ne coûtera rien aux contribuables allemands. Lors d’une réunion électorale en mars 2010 en Rhénanie du Nord, elle avait proclamé : « pas un euro pour les Grecs ! » Et lorsque, pour « sauver l’euro » en mai, elle avait dû faire passer la pilule d’un prêt à Athènes, elle avait affirmé que ce prêt serait remboursé. Puis que les garanties du FESF (Le Fonds européen de stabilité financière qui a prêté à la Grèce à partir de 2011) ne seraient pas exercées. Et lorsque l’on s’est rendu compte que la situation devenait intenable, le discours sur le « manque de réformes de la Grèce » a pris le relais.

Les « promesses impossibles » d’Angela Merkel

Or, la chancelière a tenu à son peuple des promesses impossibles. Elle a trompé les Allemands en prétendant que les Grecs pourront rembourser leurs dettes. Le niveau d’endettement de la Grèce (177 % du PIB) est intenable, le rythme des remboursements place le pays dans une obligation de dégager des excédents primaires qui asphyxient une économie déjà dévastée. La rationalité, sur cette question n’est pas du côté allemand. Du reste, le refus de discuter de la question de la dette n’est pas argumenté par les créanciers. On se contente de prétendre qu’il n’y a pas d’urgence ou que ce n’est pas le problème. Mais dans ce cas, pourquoi alors refuser d’en parler ? Tout simplement parce que accepter de restructurer une dette détenue par les contribuables de la zone euro mettrait à jour ce mensonge originel des dirigeants européens à ces mêmes contribuables : celui que la cavalerie financière mise en place en 2010 est intenable. La chancelière allemande a fait prendre des risques inconsidérés à ses compatriotes et, aujourd’hui, sa seule ambition n’est que de le dissimuler derrière une diabolisation de la Grèce et un discours moral.

L’erreur des Européens

Cette volonté de se dédouaner de ses propres fautes est renforcé par le fait que la recette appliquée à la Grèce, celle d’une austérité aveugle, n’a fait encore qu’aggraver le problème. Si les deux restructuration de la dette privée, de 2011 et 2012, n’ont pas permis de réduire le taux d’endettement du pays, c’est parce que la troïka a imposé (souvenons-nous que cette troïka envoyait des ordres par mail aux ministres) une politique hautement récessive à la Grèce. Le PIB s’est effondré, le taux d’endettement a mécaniquement gonflé. Et l’on se retrouve dans l’impasse. Une impasse qui, là encore, va coûter cher aux contribuables de la zone euro. Mais comme ni la chancelière, ni ses collègues ne veulent accepter leur responsabilité, ils se cachent derrière une pseudo-mauvaise volonté grecque. Sauf que, là encore, l’argument ne tient pas. La Grèce a réalisé un ajustement budgétaire quasiment unique dans l’histoire, ses « efforts » mesurés par la baisse du PIB ne sont égalés par aucun autre pays, ni l’Irlande, ni l’Espagne, ni la Lettonie. Mais cette médication n’a pas fonctionné parce qu’elle n’était pas adaptée aux structures économiques de la Grèce. Le remède a donc été pire que le mal et a conduit à l’insoutenabilité de la dette.

Angela Merkel en difficulté

Face à une telle situation, Angela Merkel avait la possibilité de se montrer courageuse et d’expliquer ses erreurs aux contribuables allemands. Mais l’opération est bien trop risquée politiquement pour elle. Depuis 2010, la droite de la CDU et la CSU bavaroise, suivis à partir de 2013, les Eurosceptiques d’AfD, ne cessent de la mettre en garde contre les risques liés à cette politique grecque pour les contribuables. Accepter une restructuration de la dette aujourd’hui, ce serait pour la chancelière donner raison à ses adversaires de droite. Dans un contexte où, depuis janvier, la presse allemande, dans la foulée de Wolfgang Schäuble, a chauffé à blanc l’opinion contre les Grecs et où l’affaire des écoutes de la NSA avec la complicité des services secrets allemands a déjà coûté cher  à la chancelière en termes de popularité, cette dernière ne peut reconnaître ses erreurs sans risquer un effondrement politique. Qui laisserait une place libre sur sa droite.

Prise à son propre piège

En réalité, donc, Angela Merkel s’est prise à son propre piège. Non sans ironie, c’est précisément celui que la plupart des médias occidentaux reprochent à Alexis Tsipras : celui des promesses intenables et de la démagogie. Il est piquant de constater que lorsque le premier ministre grec entend défendre les retraites, il est unanimement taxé de démagogie, mais lorsqu’Angela Merkel protège à tout prix les contribuables allemands, elle est qualifiée de « raisonnable. » C’est qu’en réalité, nul en Europe n’a intérêt à voir la chancelière en difficulté politique. Surtout pas la France dont les élites redoutent par-dessus tout une sortie de l’Allemagne de la zone euro. Or, beaucoup craignent que sans le « bouclier » Angela Merkel, la première économie de la zone euro soit tenté de quitter l’UEM. Dès lors, il n’y a pas d’autres solutions que de tenir un discours d’une grande dureté à l’encontre de la Grèce. Quant aux Sociaux-démocrates, ils sont durs avec la Grèce pour cette même raison : aujourd’hui, ils ne peuvent gouverner qu’avec Angela Merkel…

La complicité européenne

Les créanciers européens font un calcul simple : affaiblir Angela Merkel, c’est prendre le risque d’une sortie de l’euro de l’Allemagne. Pour éviter cela, il faut absolument couvrir les mensonges proférés aux électeurs et aux contribuables de la zone euro depuis 2010. Comment ? En accablant la Grèce, en affirmant qu’elle est seule responsable de ses maux, qu’elle est irréformable et que son gouvernement est aux mains d’extrémistes démagogues. Peu importe que le gouvernement grec ait à plusieurs reprises renoncé à de grandes parties de son programme et qu’il ait accepté le 22 juin un plan d’austérité de 8 milliards d’euros. Ce qu’il faut, c’est absolument interdire le discours sur la dette qui pourrait mettre à jour les mensonges décrits ci-devant. Et donc fustige l’irrationalité grecque qui cache l’irrationalité des créanciers. Pour résumer la logique dominante dans la zone euro est la suivante : il vaut mieux que la Grèce sorte de la zone euro plutôt que l’Allemagne. On comprend mieux alors la passivité franco-italienne. Et pourquoi la Commission européenne n’a pas fait, comme le FMI, son mea culpa sur l’austérité.

Le plan en cas de Grexit : une communication bien rodée

C’est la logique du plan présenté ce matin par la Bild Zeitung. Angela Merkel laisserait la Grèce sortir de la zone euro. Athènes procéderait alors logiquement à un défaut unilatéral. On aura donc ce défaut nécessaire, mais l’Allemagne ne l’aura pas voulu, ni provoqué. On poussera des cris d’orfraies pour la forme à Berlin, fustigeant ces « bolchéviques » qui volent les contribuables allemands. Ces derniers pourront alors payer la facture en étant persuadé que la chancelière a défendu jusqu’au bout leurs intérêt et que l’affaire est maintenant réglé par le Grexit. Angela Merkel sera la grande gagnante politique de l’opération. Les Eurosceptiques pourront critiquer les plans de 2010, mais la chancelière aura beau jeu de leur répondre que sans la « gauche radicale » grecque, son plan aurait fonctionné. Fermez le ban.

L’opération de communication est donc parfaite. La diabolisation du gouvernement grec n’a aucune autre fonction que celle de sauver la position d’Angela Merkel. Reste une question : est-ce la fonction du projet européen d’assurer le projet politique d’un dirigeant, fût-elle la plus puissante d’Europe ?

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 7 juillet 2015.

Pourquoi le gouvernement grec est arrivé les mains vides à l’Eurogroupe, par Romaric Godin

Euclide Tsakalotos, ministre grec des Finances

Euclide Tsakalotos, ministre grec des Finances

Le nouveau ministre des Finances grec n’a rien proposé de neuf à l’Eurogroupe de ce mardi dont la réunion a tourné court. Une stratégie qui vise à placer au centre la question de la dette.

Le gouvernement grec tente d’imposer ses propres priorités. Ce mardi 7 juillet, les créanciers avaient une fois de plus fixé leur calendrier en prévoyant un Eurogroupe avant le conseil européen. Autrement dit, la logique financière devait continuer à primer sur la logique politique. L’idée était donc la même qu’au cours des dernières semaines : engluer la Grèce dans des discussions financières techniques qui devront être validées au niveau des chefs d’Etat ensuite. Avec cette méthode, aucun accord satisfaisant pour Athènes n’était possible puisqu’Alexis Tsipras n’entend signer un texte technique qu’après un engagement sur la dette. Or, cet engagement ne peut se prendre qu’au niveau politique. Voilà pourquoi Athènes a annoncé déposer une demande d’aide complète au MES (mécanisme européen de stabilité) demain, incluant sans doute une restructuration de la dette.

Pas de propositions

Le gouvernement grec a donc contourné la difficulté. Le nouveau ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, est arrivé à l’Eurogroupe sans nouvelle proposition concrète, se contentant d’évoquer la proposition présentée le 1er juillet dernier (laquelle, rappelons-le, n’était pas si éloignée de la proposition du 25 juin rejetée par les électeurs grecs). L’Eurogroupe a donc été dans l’incapacité de s’exprimer. Du coup, les chefs d’Etats et de gouvernements ne pourront pas discuter sur des éléments techniques. Et c’est exactement là où Alexis Tsipras voulait en venir : entamer un dialogue au niveau politique, incluant la question de la dette. Le premier ministre grec va ainsi rencontrer Angela Merkel et François Hollande avant le Conseil.

Comment discuter avant de poser la question de la dette ?

Car, en réalité, les discussions techniques sans ce préalable sont absurdes : établir des objectifs d’excédents et des mesures à prendre sans discuter de la dette revient à enterrer la question puisque, précisément, ces objectifs sont basées sur la nécessité de rembourser intégralement la dette. Il faut donc d’abord discuter de ce point crucial, notamment de la question de la dette détenue par la BCE (Banque centrale européenne) qui doit être remboursée en juillet et août de cette année (6,7 milliards d’euros), mais aussi en 2016 (2,3 milliards d’euros) et en 2017 (6,3 milliards d’euros). Athènes propose une reprise de cette dette par le MES, une décision qui relève du niveau politique.

Attentes absurdes des chefs d’Etats et de gouvernements

Evidemment, cette manœuvre peut échouer. Les chefs d’Etat peuvent se montrer irrités et rejeter tout dialogue ce mardi soir. Mais ce comportement semblerait étrange. Comment imaginer qu’un gouvernement qui vient d’être conforté par le « non » massif au référendum arrive sans vouloir parler de la dette et en présentant un plan encore plus strict que le précédent ? Là aussi, une telle attente semble loin de la réalité. Alexis Tsipras va donc, comme il l’a promis dès dimanche soir, mettre la question de la dette sur la table. Il y a fort à parier qu’il ne soit pas entendu. Mais son mandat renouvelé le 5 juillet l’obligeait à agir ainsi.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 7 juillet 2015.

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Hypocrisies européennes

La nouvelle réunion de l’Eurogroupe que s’est tenue aujourd’hui, mardi 7 juillet, a été marquée par un sommet d’hypocrisies publiques. Ces hypocrisies ont marqué la réunion le lundi 6 juillet en fin de journée de Mme Merkel et de François Hollande à l’Elysée. La France et l’Allemagne ont appelé, par la bouche de François Hollande, la Grèce à soumettre une liste de « propositions sérieuses, crédibles, pour que (sa) volonté de rester dans la zone euro puisse se traduire »[1]. La Chancelière allemande a, en ce qui la concerne, dit attendre « maintenant des propositions tout à fait précises du Premier ministre grec »[2]. Mais, une hypocrisie peut en cacher une autre. Les discours des acteurs camouflent – plutôt mal aujourd’hui – le fait que sans une solidarité importante entre les pays membres, une Union monétaire comme l’Euro est condamnée à périr.

L’hypocrisie des demandes de réformes

Il est stupéfiant, et consternant de mauvaise foi, de voir des acteurs aux responsabilités si éminentes que Mme Merkel et François Hollande, continuer à demander des « réformes » à Alexis Tsipras. Ce dernier, dès son élection le 25 janvier dernier, a dit toute la nécessité de mener de profondes réformes en Grèce. De fait son gouvernement, unissant la gauche de Syriza et la droite souverainiste de l’ANEL (les « Grecs Indépendants »), est certainement le gouvernement le mieux placé pour conduire un important programme de réforme et de modernisation en Grèce. Ce gouvernement n’est pas lié par les relations clientélistes, les pratiques de collusion et de corruption qui étaient si développées au point d’en devenir emblématiques que ce soit avec le gouvernement de Papandréou (les « socialistes » du PASOK) ou avec le gouvernement de droite de Samaras (la « Nouvelle Démocratie »). De fait, le gouvernement issu des élections du 25 janvier a proposé un renforcement du système fiscal, transférant une partie de la charge sur les plus riches et supprimant de nombreuses niches et exemptions fiscales, et il a aussi proposé des réformes importantes touchant tous les sujets sensibles, y compris le régime des retraites. Mais Alexis Tsipras a aussi dit que pour que la Grèce puisse continuer à faire ses efforts, efforts qui – rappelons-le – lui ont permis de dégager un solde budgétaire primaire(autrement dit avant remboursement de la dette), soit un excédent budgétaire, elle devait retrouver confiance en son avenir. Cela passe par la croissance. Or, et ceci est attesté de nombreux côtés, que ce soit par des économistes plutôt classés à gauche (comme Krugman[3], Stiglitz[4] ou Piketty) ou par des institutions internationales classées à droite comme le FMI[5], la dette de la Grèce n’est pas supportable. Elle enfonce chaque jour un peu plus le pays dans l’abîme de la dépression. Les réformes que le gouvernement grec est disposé à faire sont liées, et il ne peut en être autrement, à une restructuration profonde de la dette de la Grèce, sans doute sur le modèle de ce qui avait été consenti à l’Allemagne en 1953.

Dès lors, demander des réformes « sérieuses et crédibles » comme l’ont fait et la Chancelière allemande et le Président français n’a aucun sens. Ces propositions ont été faites il y a des semaines. Certaines, en particulier les mesures fiscales frappant les plus riches, ont même été trouvées « excessives » par l’Eurogroupe. En réalité, en refusant de voir le point de blocage réel, la question de la restructuration de la dette de la Grèce, Mme Merkel et M. Hollande adressent une fin de non-recevoir au gouvernement grec. Mais, et c’est là le plus répugnant dans cette crise, une fin de non-recevoir enrobée de paroles doucereuses, dégoulinantes de « bienveillance », de déclarations d’amitié, de proclamation de la volonté de garder la Grèce dans la zone Euro. C’est de l’hypocrisie à l’état pur.

L’hypocrisie de la Banque Centrale Européenne (BCE)

La BCE s’est jointe à ce concours d’hypocrisie et de mauvaise foi. Rappelons ici les faits : elle maintient certes le programme d’aide à la liquidité d’urgence (dit « ELA ») pour les banques grecs MAIS elle en limite le plafond, ce qui organise DE FAIT une pénurie croissante de liquidités en Grèce. Si la BCE s’était tenue à ses règles et à se charte, elle aurait dû suspendre l’ELA dès le samedi 27 juin. Mais, les règles ont été tant et tant tordues depuis 2012, que ce soit à propose de l’OMT (Outright Monetary Transactions) ou des TLTRO, qu’elles n’ont plus grand sens. Ou, plus précisément, on ne les invoque que quand on doit prendre une décision politique un peu gênante. Hypocrisie donc, encore et toujours.

Donc, si la BCE avait suspendu l’ELA le 27 juin, on aurait pu crier à l’ingérence dans un problème politique grec, le référendum. Mais, en maintenant l’ELA tout en en conservant le plafond au niveau fixé le 26 juin, la BCE a contraint les banques grecques à la fermeture et a limité l’accès des Grecs, tant ménages qu’entreprises, à la liquidité. Elle a, de plus, mis des limites strictes au mécanisme automatique de transfert au sein de la zone Euro (ce que l’on appelle le compte Target2). Le résultat a été une ingérence massive dans la vie politique grecque. Cette ingérence n’a pas donné le résultat escompté, et les Grecs ont rejeté le projet d’accord qui leur était soumis par une majorité de 61% de « Non ». Alors, la BCE a décidé le 6 juillet de commencer à appliquer une décote sur les collatéraux à ses prêts que lui ont fournis les banques commerciales grecques. De fait, la BCE est en train d’expulser la Grèce hors de la zone Euro[6]. Ici encore, on va se réfugier derrière les « règles » de la BCE et sa charte. Mais on peut remarquer que l’on n’avait pas eu ses scrupules sur bien d’autres sujets. L’application des règles apparaît comme bien élastique, et soumise – en réalité – au bon vouloir politique d’un organisme qui n’est soumis lui-même à aucun contrôle politique. Nouvelle démonstration de l’immense hypocrisie de M. Draghi et de ses confrères.

Une monnaie unique sans solidarité ?

Mais la situation de la Grèce soulève un autre problème. Peut-on continuer à faire fonctionner la « zone Euro », ou pour l’appeler de son nom l’Union Economique et Monétaire, sans organiser en son sein d’importants flux de transferts ? Quand la Californie se trouva, lors de la crise financière de 2007-2009, en défaut de paiement, elle ne sortit pas de la zone Dollar parce qu’elle bénéficia d’importants flux de transferts en provenance du budget fédéral des Etats-Unis. Or, aujourd’hui, non seulement les flux de transferts sont très limités en Europe (où le budget de l’UE est plafonné à 1,23% du PIB) mais ils se heurtent à l’opposition de plus en plus forte de nombreux pays, et en premier lieu l’Allemagne.

Il ne s’agit pas, ici, de faire un quelconque reproche à ce sujet à l’Allemagne. Etablir un fédéralisme budgétaire au sein de la zone Euro prélèverait de 8% à 12% du PIB de l’Allemagne tous les ans, selon les méthodes de calcul. L’économie allemande n’y résisterait pas. La question n’est donc pas de savoir si l’Allemagne veut une politique de transferts, une fois qu’il est constaté qu’elle ne peut pas en payer le prix. Mais, il faut alors en tirer les conséquences quant à la zone Euro. Et l’on voit bien que la zone Euro ne peut survivre sans un mécanisme assurant des transferts importants en son sein. Cela, les différentes autorités de notre pays comme de nos voisins, le savent pertinemment.

Dès lors, s’obstiner de réunion de l’Eurogroupe en Conseils européens à tenter de faire vivre une zone monétaire sans accepter d’en payer le prix est une folie dangereuse. Prétendre que la stabilité de cette dite zone serait mise en cause par un pays, aujourd’hui la Grèce et qui sait demain, peut être l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, relève à nouveau de la plus immense hypocrisie.

L’enfoncement des gouvernements européens dans une hypocrisie aux formes multiples mais dont le résultat est chaque jour plus évident renvoie aussi fondamentalement à un manque de courage. Manque de courage de Mme Merkel qui n’ose pas dire à son peuple qu’il lui faudra payer pour avoir l’Euro, ou que l’Euro ne sera plus[7]. Manque de courage de François Hollande, qui n’a pas voulu affronter de face Angela Merkel et lui dire que, faute de consentir à l’Union de transferts (et on en comprend parfaitement les raisons) la zone Euro ne pouvait être maintenue. Manque de courage de M Rajoy, qui a longtemps lié le sort de l’Espagne à celui de l’Allemagne et qui n’a pris que tardivement conscience qu’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro le mettrait, lui, désormais en première ligne. Manque de courage de M. Renzi, le fringant Premier ministre italien qui a commis les mêmes fautes que son homologue espagnol alors que la logique et la raison lui commandaient de soutenir la Grèce.

Manque de courage de tous, qui feront sans doute de la Grèce un bouc émissaire, une victime expiatoire, pour une situation qui est de la responsabilité de tous en réalité et pour se refuser à voir la réalité tant qu’il en est encore temps. Et si cela n’est pas une immense et incommensurable hypocrisie, alors les mots n’ont plus de sens.

[1] http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/hollande-et-merkel-affichent-une-position-commune-sur-la-grece-1052927#UpICzy8xld0pGTT3.99

[2] http://www.rfi.fr/europe/20150706-francois-hollande-angela-merkel-affichent-leur-unite-grece/

[3] Krugman P., « Europe’s Many Economic Disasters », New York Times, 3 juillet 2015,http://www.nytimes.com/2015/07/03/opinion/paul-krugman-europes-many-disasters.html

[4] Stiglitz J, « Europe’s attack on Greek democracy », le 29 juin 2015, http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-troika-eurozone-by-joseph-e–stiglitz-2015-06

[5] The Guardian, « IMF says Greece needs extra €60bn in funds and debt relief », 2 juillet 2015, http://www.theguardian.com/business/2015/jul/02/imf-greece-needs-extra-50bn-euros?CMP=share_btn_tw

[6] Sandbu M., « Free Lunch: ECB, enemy of the euro? », Financial Times, 6 juillet 2015,http://www.ft.com/intl/cms/s/3/bbf26c42-23bb-11e5-bd83-71cb60e8f08c.html

[7] Voir Godin R., Grèce : Pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque, La Tribune, 7 juillet 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-angela-merkel-refuse-de-parler-de-la-dette-grecque-490094.html

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 7 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/point-a-referendum-grec-2-jours/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Béchade, Villepin)

Wednesday 8 July 2015 at 00:35

HELP : un pro des vidéos sait-il comment empêcher le démarrage automatique des vidéos BFM insérées svp ? Merci de me contacter

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : Olivier Delamarche : “Non” grec : “Hollande vient prendre ses ordres auprès de madame Merkel”- 06/07

Edition Spéciale Grèce: Quelle sera la meilleure solution après ce “non” ? Olivier Delamarche VS Marc Riez – 06/07

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Marchés financiers : “Du risque, du risque, du risque !” – 01/07

Philippe Bechade VS Philippe de Cholet (1/3): Grexit: “Il va y avoir un tsunami de liquidités dans le pays” – 01/07

Philippe Béchade VS Philippe de Cholet (2/3): Les publications d’entreprise vont-elles relancer les marchés ? – 01/07

Philippe Béchade VS Philippe de Cholet (3/3): Le ralentissement de l’économie chinoise est-il sous contrôle ? – 01/07

III. Villepin

“Nous ne sommes pas de vraies démocraties”, estime Villepin


 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-bechade-villepin/