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Revue de presse internationale du 08/06/2015

Monday 8 June 2015 at 00:02

La revue internationale où il sera notamment question de l’éocène, des eaux chinoises, de la dette mondiale ou des balles policières tragiques aux USA. Merci à nos contributeurs pour ces articles et bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-08062015/


Sommes-nous psychologiquement conditionnés à accepter la Loi Martiale aux États-Unis ?

Sunday 7 June 2015 at 02:48

Proposé par Michael Snyder du blog “La fin du rêve américain”

Avez-vous remarqué que nous commençons à subir un bombardement d’images de soldats dans les rues ? Avez-vous remarqué que le terme “Loi Martiale” est abondamment employé au cinéma, dans les informations et même dans les publicités diffusées à la télévision ? Ces dernières années, il semble que la solution à la quasi-totalité des grandes crises fasse nécessairement appel aux troupes. En fait, nous en sommes arrivés au point où, quand il se passe quelque chose de vraiment grave, de nombreux américains réclament à grands cris que l’armée intervienne. Et sous nos yeux, ce même schéma se reproduit sans cesse.

Rappelez-vous seulement ce qui s’est passé à Ferguson – les manifestants étaient déchaînés, quand les émeutes ont commencé, la police a reçu l’ordre de se retirer et de ne pas intervenir, au bout du compte on fit venir les troupes de la Garde Nationale comme la “solution” à une situation de crise devenue dangereusement hors contrôle. On assiste exactement au même schéma à Baltimore, et comme nous le verrons plus loin, dans tout le pays la Garde Nationale a été entraînée précisément pour ce type de scénario. Il y a vingt ou trente ans, beaucoup d’américains auraient considéré la notion de “loi martiale aux USA” comme complètement impensable, mais de nos jours la menace de troubles à l’ordre public amène un grand nombre d’américains à adhérer à l’idée de soldats patrouillant dans les rues.

La colère contre la police que nous avons constatée à Baltimore est bien réelle, mais il semble également y avoir de nombreux signes que les évènements de ces derniers jours ont été orchestrés et manipulés. C’est un sujet que j’ai traité dans un de mes précédents articles nommé : “12 questions sans réponse que l’on ne veut pas nous voir poser à propos des émeutes de Baltimore“. Mais depuis nous avons appris que les élèves du lycée semblent avoir été “rassemblés” par la police dans le quartier de Mondawmin à la sortie des cours le lundi

Cette après-midi là, à la sortie des cours, la police, arborant la panoplie anti-émeute au grand complet, était dans le secteur. Selon les témoins oculaires du quartier de Mondawmin, la police arrêtait les bus et forçait les passagers, y compris beaucoup de lycéens qui essayaient de rentrer chez eux, à descendre. Les flics ont fermé l’accès à la station de métro à proximité. Ils ont aussi bloqué les routes proches du centre commercial de Mondawmin et du lycée Frederick Douglas qui est situé juste en face, et ont essentiellement parqué les jeunes dans cette zone. Ce qui signifie clairement qu’ils n’ont pas permis que la foule sortie des écoles se disperse.

Bien que la majorité des jeunes n’aient pas semblé avoir grand intérêt à participer à cette “purge” [NdT : en référence à un film de 2013, "la purge" dont l'accroche est : " Dix ans dans le futur. Pour enrayer la pauvreté et la criminalité, le gouvernement américain crée une tradition annuelle rendant tous les crimes légaux durant douze heures." - Il y aurait eu selon les autorités un appel à "la purge" qui aurait tourné sur les réseaux sociaux] dont les médias ont fait grand bruit, c’est comme si les autorités avaient décidé d’avoir leur “purge” d’une façon ou d’une autre. La suite a été postée sur Facebook par un professeur de Baltimore nommé Meghann Harris…

La police a forcé les bus à s’arrêter et a obligé tous les passagers à en descendre. Des masses d’élèves [du lycée Frederick Douglass] ont alors essayé d’attraper d’autres bus mais sans succès car tous les services avaient été interrompus. À ce moment il n’y avait encore aucun gamin dans les parages, à l’exception d’une vingtaine qui semblaient attendre la police pour faire quelque chose. De leur côté, les flics étaient en tenue anti-émeute et avançaient vers chaque petit groupe de lycéens… On avait l’impression qu’il y avait des centaines de policiers.

Un autre enseignant semble confirmer le compte-rendu ci-dessus…

Un professeur du lycée Douglass, qui a demandé à rester anonyme, raconte une histoire similaire : “À la fin de la journée scolaire, beaucoup d’élèves sont partis tôt avec leurs parents ou de leur propre chef”. Ceux qui ne sont pas partis rapidement, dit-elle, ont été coincés. Beaucoup des élèves encore à l’école à ce moment, dit-elle, voulaient quitter la zone et éviter une violence ressemblant à celle de la “purge”. Certains ont sollicité les professeurs pour rentrer chez eux. Mais à ce moment, il était devenu difficile de quitter le quartier.

“Je suis rentrée chez moi avec un autre professeur,” rapporte ce professeur, “et nous avons dû nous frayer un chemin contournant les forces de police en tenue anti-émeute qui bloquaient la route… La plupart de mes élèves pensaient que ce qui allait arriver était stupide, ou étaient terrifiés à cette idée. Très peu paraissaient vouloir participer à la ‘purge’”.

C’est un tableau bien différent de celui que nous donne les médias.

Mais une fois que les émeutes et la violence ont commencé, la police était devenue invisible. En fait, il a été rapporté que le maire de Baltimore a ordonné à la police de “se retirer” et a autorisé les choses à dégénérer jusqu’à être hors contrôle.

La maire de Baltimore Stephanie Rawlinkgs-Blake a donné l’ordre de se retirer alors que des émeutes et des pillages éclataient à travers la ville, prétend un nouveau rapport.

D’après une source haut placée dans la police, la maire sur le pied de guerre a bel et bien dit à ses agents de ne rien faire alors que la ville s’enflammait, ce qui conduit à se poser des questions sur la possibilité qu’il y aurait eu de stopper les émeutes.

Enfin, après plusieurs heures de folie, l’ordre fut donné et la Garde Nationale fut appelée pour mater l’émeute.

Et l’on vient juste d’apprendre que les troupes de la Garde Nationale, dans le pays entier, ont récemment participé à quelque chose appelé “formation aux situations d’émeute“…

La plupart des hommes de la Garde sont entraînés pour faire face à une situation comme celle du Maryland.

On appelle cela “formation aux situations d’émeutes” et une section de la police locale du Tennessee l’a récemment reçue.

Des troupes se sont également entraînées dans le Maryland et le Colorado.

“Cela nous a vraiment aidé à saisir le type d’individu qu’on l’on va devoir affronter, les émeutiers, les gens incontrôlés,” a déclaré un représentant de la Garde Nationale.

La formation comprend l’entraînement à l’usage des masques à gaz ainsi que des boucliers et des matraques.

N’est-ce pas opportun ?

Il y a tellement de cas ou “l’entraînement” semble correspondre comme par magie à des évènements ayant vraiment lieu. C’est une des raisons pour lesquelles tant de personnes sont inquiètes à propos de l’opération “Casque de Jade” [NdT : nom d'un exercice militaire qui doit avoir lieu entre le 15 juillet et le 15 septembre 2015, s'étendant sur neuf états, dont le thème est la "guerre non conventionnelle"] et de tous les autres exercices militaires très complexes qui sont menés dans tout le pays en 2015. En fait, il y a tellement d’inquiétude autour de “Casque de Jade” que le gouverneur du Texas a donné l’ordre à la garde du Texas de surveiller le déroulement de “Casque de Jade”.

Le gouverneur Greg Abbot a donné l’ordre à la garde du Texas [NdT : l'un des états où doit se dérouler "Casque de Jade"] d’encadrer l’exercice militaire fédéral au Texas après que certains citoyens eurent animés Internet en déclarant que les manœuvres étaient en fait le préambule à la loi martiale.

L’opération, suscitant des soupçons grandissants, est un nouveau type d’exercice qui implique des unités d’élite de 4 branches de l’armée, comme que les SEALs et les Bérets Verts, pour un entraînement dans plusieurs états du 15 Juillet au 15 Septembre.

Intitulé “Casque de Jade” 15, l’exercice est l’une des plus grandes opérations d’entraînement menées par les militaires en réponse à ce qu’ils appellent le changement de la nature de la guerre. Environ 1200 membres des opérations spéciales seront impliqués et évolueront secrètement parmi le public. Ils utiliseront des équipements militaires pour se déplacer à travers 7 états du sud-ouest depuis le Texas jusqu’à la Californie.

Ci-dessous une carte issue des documents de “Casque de Jade” et qui désigne l’Utah et le Texas comme des “territoires ennemis”. Oui, je sais, c’est supposé être un “exercice”, mais quand bien même c’est pour le moins hautement inapproprié, pour ne pas dire plus…

Enfin, je veux partager avec vous une publicité de l’AARP [NdT : American Association of Retired Persons, association américaine des retraités] qui semble comporter, en arrière plan, un message subliminal sur la loi martiale.Pourquoi diantre une publicité télévisée destinée à des citoyens âgés parlerait de la loi martiale ?

Je n’en sais rien.

Si vous écoutez très attentivement la vidéo postée ci-dessous, vous entendrez le message suivant en fond…

Les émeutes dans tout le pays ont poussé les gouvernements locaux à déclarer la loi martiale.

Le président demande que les citoyens se mettent en sécurité et restent calmes.

Les autorités agissent pour contenir la crise.

Voici la vidéo. Regardez-la par vous-même et voyez ce que vous en pensez…

// VIDEO

Que sommes nous donc supposés faire de tout cela ?

Source : Zero Hedge, le 01/05/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/sommes-nous-psychologiquement-conditionnes-a-accepter-la-loi-martiale-aux-etats-unis/


Nous rejetons les parades militaires à la soviétique, par Petro Porochenko

Sunday 7 June 2015 at 00:55

“Impayable” ce président ukrainien quand même…

“Nous rejetons les parades militaires à la soviétique” (Photo: Dmitriy Fomin)

Par PETRO POROCHENKO

KIEV, le 13 mai,

Le jour du 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, l’Ukraine s’est jointe à la tradition européenne de commémorer le 8 mai le Jour de Mémoire et de la Réconciliation, se démarquant ainsi de la version soviétique de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale.

Cette année, nous voulons commencer à révéler au monde la véritable histoire du peuple ukrainien qui s’est retrouvé pris entre Staline et Hitler.

 

Petro Porochenko (l) aux cotés du président du Conseil européen Donald Tusk (Photo : Conseil européen)

En 1945, l’Ukraine a obtenu une reconnaissance spéciale pour son effort de guerre (en tant que membre fondateur de l’ONU) en respect des millions d’Ukrainiens ayant perdu la vie en combattant les nazis.

Étant une des nations ayant connu le plus de pertes pendant la Seconde Guerre Mondiale, nous honorerons les victimes du nazisme et les héros morts pour que nous puissions vivre libres aujourd’hui.

Cette année, nous rejetons les parades militaires à la soviétique.

Le Jour de la Victoire de l’Europe doit permettre aux vivants de se souvenir des désolations que causent la guerre, et non pas servir à consolider la société contre un ennemi extérieur imaginaire.

L’Ukraine fut au centre du Front Est. Mon pays fut entièrement occupé par les nazis. La guerre a affecté chaque famille en Ukraine.

Il est impossible de trouver une seule personne dans mon pays dont la famille n’ait pas souffert en 1939-1945. Pendant ces terribles années, 8 à 10 millions d’ukrainiens sont morts. Pour replacer cette statistique dans son contexte, un quart des 41.7 millions de personnes vivant en Ukraine avant la Seconde Guerre Mondiale a perdu la vie.

Les Ukrainiens ethniques ne furent pas les seules victimes d’Hitler et de Staline – les Juifs ukrainiens et les Tatars de Crimée ont énormément souffert sous l’oppression totalitaire et nous partageons aussi leur douleur.

L’un des moments les plus sombres de l’histoire de l’Ukraine s’est joué les 29-30 septembre 1941. Des soldats de la Wehrmacht fusillèrent de sang froid 33 771 Juifs ukrainiens à Babyn Yar à Kiev. Globalement, environ 1,5 millions de Juifs ukrainiens furent victimes de l’Holocauste.

Des milliers d’Ukrainiens ont sauvé leurs compatriotes Juifs en dépit du risque très réel de se faire prendre et d’être condamné à mort par l’occupant nazi.

Un exemple est celui d’Andrey Sheptytsky de l’Église Grecque-Catholique ukrainienne qui a sauvé de la mort environ 250 enfants juifs en les cachant dans un réseau de monastères ukrainiens. L’un de ces enfants était le futur Ministre des Affaires Étrangères polonais, Adam Daniel Rotfeld.

Un autre épisode terrible de l’histoire de l’Ukraine, et une autre date honteuse de l’histoire de l’URSS, s’est joué les 18 et 20 mai 1944 lorsque les autorités soviétiques ont organisé la déportation des Tatars de Crimée, les ayant accusés d’avoir “trahi collectivement la patrie soviétique”.

Près de 200 000 Tatars de Crimée furent déportés de force vers l’Asie Centrale. En juin de la même année, 37 000 Bulgares, Arméniens et Grecs furent déportés de Crimée pour les mêmes motifs.

Les Ukrainiens se sont battus contre le nazisme épaule contre épaule avec différentes Forces Alliées en différents points du monde. Près de 6 millions ont servi dans l’Armée Rouge Soviétique, 250 000 se sont battus sous les uniformes polonais, britannique, français, canadien, américain et de beaucoup d’autres nations alliées. De plus, environ un demi million d’Ukrainiens ont rallié les mouvements de libération.

L’anniversaire de la Victoire sur le 3ème Reich a toujours été un jour de fierté et de peine pour les Ukrainiens. Mais cette fois je ressens un sentiment vicieux et alarmant de “déjà vu”.

L’annexion de l’Autriche par l’Allemagne hitlérienne en mars 1938 et l’annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie en mars 2014 présentent des similitudes frappantes. L’occupation nazie de la région des Sudètes, sous le prétexte de défendre les Allemands ethniques vivant en Tchécoslovaquie, et l’intervention russe en Ukraine contiennent des analogies aussi inquiétantes.

En dépit de ces catastrophes humanitaires continuelles, l’histoire nous renforce. Nous devons faire une pause pour penser à nos héros.

Nous devons penser à Nicholas Minue, un ukraino-américain qui, à lui tout seul, a détruit plusieurs positions ennemies alors qu’on lui tirait dessus, près de Medjez El Bab en Tunisie, jusqu’à ce qu’il soit blessé mortellement. Il a reçu la médaille de l’Honneur.

Nous devons penser à Ivan Kozhedub, un pilote de combat ukrainien et des Forces Alliées qui remporta 64 batailles aériennes pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Personnellement, je pense aussi à mes grands-pères qui ont défendu ma patrie avec courage jusqu’aux derniers jours de la guerre. L’un d’eux, Ivan Porochenko, s’est battu jusqu’à Prague où il fut blessé grièvement. Quand la paix revint, lui et des millions d’autres soldats ukrainiens ont repris humblement les autres responsabilités de la vie, celle d’être un grand professeur, ingénieur et père.

Parfois, le passé et le présent semblent s’entremêler.

L’année dernière, j’ai remis à Ivan Zaluzhnyi, un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale âgé de 97 ans, la médaille militaire de son petit-fils de 23 ans. Ivan Hutnyk-Zaluzhnyi fut tué en protégeant l’Ukraine de l’agression russe dans l’est de notre pays.

Il est impossible d’imaginer ce qu’on ressent en enterrant son propre petit-fils, tué dans une guerre non déclarée et de la main des petits-enfants de ceux aux côtés desquels il a combattu 70 ans auparavant.

La Seconde Guerre Mondiale nous a enseigné de nombreuses leçons amères. Notre commémoration partagée ne devrait pas se limiter à notre victoire commune sur le nazisme.

Cette année, nous devrions réfléchir aux actions à mener pour protéger nos valeurs partagées et restaurer la paix – brisée par la Russie – en Europe, étendre les efforts de maintien de la paix et améliorer les capacités de défense de l’Ukraine.

La tendance à ignorer les leçons du passé doit s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

Petro Porochenko est le président de l’Ukraine

Source : EU Observer, le 13/05/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Juncker: pas de délai supplémentaire pour le libre-échange avec l’Ukraine

Mémorial de Maïdan : l’accord commercial a une valeur symbolique. (Photo: consilium.europa.eu)

Par Andrew Rettman,

Bruxelles, le 28 avril, 08:57

Le président de la Commission européenne a dit que l’accord de libre-échange UE-Ukraine devrait commencer l’année prochaine, malgré les demandes de nouveaux délais.

Il a déclaré à la presse à Kiev, lundi (27 avril) “il est important” que le pacte commercial soit entièrement en place le 1er janvier, même si “d’autres veulent retarder la mise en application”.

Tusk a déclaré qu’une mission militaire de l’UE n’était pour le moment pas réaliste. (Photo: consilium.europa.eu)

“Nous ne pensons pas que ceci serait raisonnable ou une bonne idée. Si nous continuons à remettre à plus tard encore et encore, nous n’arriverons jamais au bout”.

L’accord appelé DCFTA est conçu pour réorienter les exportations de l’Ukraine de la Russie vers l’UE et pour ouvrir un marché ukrainien, de plus de 40 millions de personnes, aux produits de l’UE.

Il a également une valeur symbolique après que la révolution “Euromaidan” ait renversé le régime précédent, pour partie en raison de sa décision d’abandonner ce pacte.

Les pays de l’UE ont reporté l’an dernier sa pleine application dans un effort pour apaiser la Russie, qui dit qu’elle verra les produits à bas prix de l’UE envahir ses marchés via l’Ukraine.

Elle continue à refuser le traité, pendant que l’Allemagne, plus tôt ce mois-ci, encourage Juncker à montrer “une souplesse maximale” dans la mise en place afin de ménager les “inquiétudes russes”, et que la Commission, le 20 avril, redémarre les discussions commerciales UE-Russie-Ukraine.

Le DCFTA, qui aligne la loi ukrainienne avec le marché unique de l’UE, est aussi perçu comme précurseur de l’élargissement à l’Ukraine.

Parlant aux côtés de Juncker, le dirigeant de l’Ukraine Petro Porochenko a déclaré : “Nous construisons un nouveau pays démocratique aux standards européens, qui deviendra membre de l’UE à court terme.”

Cependant ni Juncker ni le chef du Conseil de l’UE Donald Tusk, un polonais dont le pays favorise l’adhésion de l’Ukraine, n’a soutenu les aspirations de Porochenko.

Un état européen ?

La presse lui ayant demandé si l’Ukraine est un “état européen” – une désignation utilisé dans le traité de l’UE sur l’éligibilité de tout “état européen” à demander l’adhésion – Juncker a simplement déclaré qu’elle fait “partie de la famille européenne”.

L’UE a également rejeté l’appel de l’Ukraine à une mission militaire afin de contrôler le respect du cessez-le-feu, sur le modèle de la mission de l’UE en Géorgie.

Tusk a déclaré qu’il enverra une “équipe de vérification” pour envisager l’extension d’une mission civile de l’UE, qui a commencé ses travaux l’an dernier sur la réforme des forces de sécurité intérieures ukrainiennes.

“Ce qui est sûr, aujourd’hui, c’est que nous ne pouvons que parler d’une mission civile, pas militaire”, a-t-il précisé.

Juncker a ajouté que la commission est en train de payer une nouvelle aide macro-financière de 250 millions d’euros, et de lancer un troisième plan d’aide équivalent à 1,8 milliards d’euros.

Il a également promis 70 millions d’euros pour la centrale à l’arrêt de Tchernobyl.

Le sommet de l’UE, le premier à Kiev depuis Euromaidan, a eu lieu pendant une escalade des combats.

L’OSCE, une organisation internationale de contrôle, a rapporté lundi qu’il y avait de “nombreuses violations du cessez-le-feu”, mettant en cause essentiellement des armes légères et des mortiers, au sud-est de l’Ukraine, ainsi que des tirs de mortier et d’artillerie plus au nord. Elle a décrit la situation comme “instable”.

Instabilité

Elle a également déclaré que des chars, de l’artillerie lourde et des transports de troupes blindés se massaient du côté russe de la ligne de contact.

L’UE a, par le passé, évité de faire référence à des “forces russes” en Ukraine face aux déclarations russes que ses forces n’ont jamais été présentes.

Mais Juncker lundi a parlé d’une “agression russe dans cette partie de l’Europe”.

Tusk a déclaré : “Nous attendons de la Fédération de Russie qu’elle prenne ses responsabilités en remplissant ses obligations, ce qui inclut le retrait des forces armées et des équipements russes.”

“Il est utile de rappeler que nos sanctions et mesures de restrictions sont liées à l’entière mise en application des accords de Minsk.”

L’accord de Minsk est un plan de cessez-le-feu en 13 points signé par la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine en février.

Les sanctions économiques de l’UE contre la Russie expirent en juillet.

Les dirigeants de l’UE sont tombés d’accord, en mars, sur leur extension de six mois, mais doivent légalement l’adopter au sommet de l’UE en juin.

L’unité ?

Tusk a noté, au milieu des critiques croissantes des états de l’UE bien disposés envers la Russie comme Chypre, la Grèce et la Hongrie, que “ce n’est pas facile” de maintenir l’unité de l’UE.

Il a ajouté : “J’espère qu’en juin nous demeurons unis dans notre réaction face aux possibles mauvais agissements du voisin de l’Ukraine.”

Le même jour, lors d’une réunion à Varsovie avec le premier ministre polonais Ewa Kopacz, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que l’UE avait pris “une décision politique claire” en mars de lier les sanctions au respect de l’accord de Minsk.

Mais elle a également misé sur le sommet de juin, en ajoutant “nous nous consacrerons en juin à cette question et, je pense, déciderons sur l’extension des sanctions”.

Source : EU Observer, le 28/04/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/nous-rejetons-les-parades-militaires-a-la-sovietique-par-petro-porochenko/


Revue de presse du 06/06/2015

Saturday 6 June 2015 at 04:03

Merci aux contributeurs de cette revue du samedi, et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-0062015/


Retour sur l’affaire Clearstream…

Saturday 6 June 2015 at 03:25

Episode 1 : Au commencement, le troisième homme – Manipulations, une histoire française


Episode 1 : Au commencement, le troisième homme… par non-merci

Episode 2 : Clearstream, la banque des banques – Manipulations, une histoire française

Episode 4 : Taiwan, naissance de la zone grise DOC – Manipulations, une histoire française

Episode 6 : La République des mallettes – Manipulations, une histoire française


Episode 6 : La République des mallettes… par non-merci

Pierre Péan dénonce le scandale des mallettes de la république


Clearstream : “Manipulations”, le docu qui gêne France Télé

Commandée fin 2009 par l’ancienne direction du groupe, la série documentaire de France 5 sur Clearstream et les « affaires » a failli être reportée à après la présidentielle. Sur France 5 dès ce dimanche soir à 20h35, et en ligne sur Rue89

Capture d’écran du documentaire de France 5 sur l’affaire Clearstream (France T&eacute ; l&eacute ; visions)

Depuis le départ du tandem Patrick de Carolis-Patrice Duhamel de la direction de France Télévisions, fin août 2010, la rumeur circule dans le microcosme : ils auraient laissé une sacrée ‘patate chaude’ à Rémy Pflimlin, PDG du groupe public directement nommé par Nicolas Sarkozy, en commandant un documentaire sur Clearstream et d’autres affaires politico-financières.

‘Off the record’, un proche de l’ancienne direction dément : le projet était intéressant, c’est tout. Reste que cette série de six fois 52 minutes intitulée ‘Manipulations, une histoire française’ est gênante pour le pouvoir, dans la mesure où elle réussit avec maestria ce que la télévision peine généralement à faire : rendre limpides les ‘affaires’ obscures de la République.

A la fin, le téléspectateur a tout compris

Le choix d’écriture et de narration explique cette clarté. Le producteur, Christophe Nick, et le réalisateur Jean-Robert Viallet (lauréat du prix Albert-Londres 2010 pour une autre série documentaire coup de poing, ‘La Mise à mort du travail’), ont décidé de mettre en scène deux journalistes dans leur enquête. Vanessa Ratignier et Pierre Péan interrogent les protagonistes (surtout Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud), potassent des documents, se questionnent l’un l’autre…

Pendant presque six heures, le téléspectateur les suit donc dans leur quête. A la fin, il a tout compris de Clearstream I et Clearstream II, mais aussi del’affaire des frégates de Taïwan, de celle de Karachi, un peu de l’Angolagate, et même d’affaires ‘potentielles’, comme Sawari 2.

Deux liens existent entre tous ces scandales :

Très mauvais pour l’image du pouvoir

Bref, un tel programme à la télévision, c’est très mauvais pour l’image du pouvoir. Et quand la télévision est publique, ses responsables marchent sur des œufs. Surtout depuis que le président de la République nomme directement leur patron.

Pendant l’été 2008, Christophe Nick dévore le livre ‘Une affaire personnelle’, écrit par un de ses vieux amis, Denis Robert, le journaliste qui a révélé l’affaire Clearstream I. Dans cet essai, l’initiateur de l’appel de Genève raconte comment il a enquêté pendant des années dans les eaux troubles du financement politique.

Nick a l’idée d’en tirer une fiction. Au printemps 2009, il en parle à Rodolphe Belmer, le directeur général de Canal+. Qui aurait refusé en ces termes, par l’intermédiaire du directeur de la fiction de la chaîne, Fabrice de La Patellière :

‘C’est trop chaud pour nous.’

Questionné sur ce point, un proche de Belmer dément : ‘Belmer ne se souvient pas de cette réponse, il pense plutôt avoir dit C’est trop à chaud pour nous.’ Une fiction aurait été trop décalée par rapport au procès.” A chaud, car les audiences de l’affaire Cleastream II commençaient fin 2009.

Canal+ refuse, France Télé accepte

Le proche de Rodolphe Belmer ajoute, pour preuve de bonne foi, que Canal+ est la chaîne qui a diffusé, en 2001, le bouillant documentaire de Denis Robert “Les Dissimulateurs”, sur l’affaire Clearstream I. Mais entre-temps, la chambre de compensation Clearstream s’est livrée à une très onéreuse guérilla judiciaire (définitivement remportée en 2011 par le journaliste) contre Robert, son éditeur, Canal+….

Après avoir refusé la proposition de Christophe Nick, Canal+ commandera sur le procès Clearstream un documentaire très critiquable au producteur-journaliste Daniel Leconte – avec, notamment, l’avocat de Clearstream comme conseiller juridique du film.

A l’automne 2009, Nick parle de son projet à Patricia Boutinard-Rouelle, alors directrice des documentaires de France Télévisions. Elle le convainc de faire un docu plutôt qu’une fiction. Le tandem Carolis-Duhamel signe.

Deux ans plus tard, l’équipe suivante est beaucoup moins enthousiaste. Selon nos informations, des dirigeants de France 5, qui diffuse la série “Manipulations”, ont pesé de tout leur poids pour qu’elle soit finalement programmée après la présidentielle de 2012.

Mais le directeur général délégué de France Télévisions en charge du numérique et de France 5, Bruno Patino, qui suit le projet depuis début 2011, a tenu bon. Parallèlement à la diffusion télévisée sera mis en ligne le Web documentaire coréalisé par Upian avec le journaliste David Dufresne.

“Manipulations” le web docu coréalisé par Upian (Upian)

Rémy Pflimlin tenu à l’écart jusqu’au dernier moment ?

Toujours selon nos sources, la présidence du groupe public a été tenue à l’écart jusqu’au dernier moment. “C’est faux, Rémy Pflimlin a été mis au courant dans les temps”, affirme, “off the record”, un proche de Patino : “Ni trop tôt, ni trop tard.”

La chaîne s’est en tout cas contentée du service minimum en termes de communication : date de diffusion annoncée le plus tard possible, très peu de copies du film en circulation, pas de projection en amont.

Pierre Péan, l’un des deux enquêteurs du documentaire, a reçu des pressions plus ou moins amicales pour ce projet et celui de son livre “La République des mallettes”, qu’il a mené en parallèle. Ces avertissements sont venus de l’entourage d’Alexandre Djouhri. Principal protagoniste du livre, cet intermédiaire de marchés internationaux (à la fois proche de Villepin et des sarkozystes) est l’un des héros de l’ombre du film, avec son rival Ziad Takieddine (parmi d’autres).

A France 5, on assure ne pas redouter de référé visant à annuler la diffusion du film, dimanche soir.

Source : Augustin Scalbert, pour Rue89, le 11 novembre 2011.

Source: http://www.les-crises.fr/retour-sur-laffaire-clearstream/


0406 Contre la Taxe Tobin (mais pour la TBF…)

Friday 5 June 2015 at 02:10

Ce billet fait suite à celui sur la déconnexion de l’économie financière.

Devant les offensives médiatiques actuelles, je prends la plume pour exposer assez brièvement ma vision sur la Taxe sur les Transactions Financières.

Non pas que je pense une seconde que notre Histrion national la mette en place – il va, comme souvent, simplement se (et nous) ridiculiser sur la scène internationale et renforcer les difficultés diplomatiques avec nos partenaires.

Si mes calculs sont justes, il devrait d’ailleurs nous sortir une nouvelle “super réforme” d’ici 2 jours, 4 heures et 18 minutes. Par chance, le Parlement part en congés fin février…

Mais en fait, précisément, je trouve le débat sur cette mesure très illustratif d’un mode de pensée vicié, et je dirais même plus un bon indice montrant que ces personnes n’ont pas compris les véritables ressorts de la Crise.

Nous avons donc vu que les opérations financières ont pris une part démesurée dans nos économies – qu’il convient de combattre.

Une des caractéristiques principales du capitalisme financier – que je préfère appeler financiarisme – est son court-termisme absolu, privilégiant l’instant au détriment du futur.

Dans ce monde, le court terme c’est le mois, le moyen terme c’est le trimestre, et le très long terme c’est une année. 

Sous ce prisme de décision, beaucoup de folies apparaissent finalement rationnelles : vendre des subprimes, maquiller les comptes des banques, acheter de la dette grecque, etc.

Ce phénomène touche également la détention des actions, comme on peut le voir dans ce graphique sur la durée moyenne de détention d’une action à la Bourse de New-York :

duree détention action nyse

On constate ainsi que, comme pour les inégalités, le niveau actuel de détention des actions à retrouvé son niveau des années 1920.

On voit bien qu’après la Crise de 1929 un frein a été mis à la spéculation et que la durée de détention d’une action est passée de 1 à plus de 7 ans dans les années 1960, avant de revenir à 2 ans en 1990, puis 1 an avant la Crise. La boucle a été bouclée, la Crise est revenue…

Soulignons au passage que ceci a un impact majeur sur la gestion des entreprises : un actionnaire qui va rester 3 ou 6 mois au capital d’une entreprise n’a pas la même attente qu’un actionnaire qui reste 10 ans… On ne souligne jamais cette profonde différence entre actionnaires.

Plus un actionnaire reste au capital, plus il gagnera d’argent avec le dividende (et évidemment la pérennité de l’entreprise…). Un actionnaire court terme est à la recherche “de coups” et vise essentiellement une plus-value :

generation du benefice action nyse

NB. : ce graphique éclate le rendement du dividende entre le rendement apporté par le niveau du dividende au jours de l’investissement et celui apporté par la croissance du dividende.

Dès lors, on comprend très bien que faire passer la durée moyenne de détention des actions cotées de 7 ans à 1 an ne peut qu’avoir des conséquences suicidaires pour le système économique.
Si vous gardez une action 7 ans, vous souhaitez que l’entreprise prospère, vous acceptez d’investir pour augmenter le dividende dans 3 ou 4 ans, vous souhaitez un bon climat social, etc.
Si vous gardez une action 1 an (qui est la moyenne, donc beaucoup la gardent seulement 3 ou 6 mois), vous ne visez qu’une plus-value sur le cours de l’action à quelques mois – peu importe donc l’avenir de l’entreprise. D’où les phénomènes hallucinants de rachats d’actions par l’entreprise (plutôt que d’investir), quand ce n’est pas des distributions de dividendes supérieures au bénéfice total (sic.), comme récemment EDF ou France Telecom…
Ainsi, si tous les actionnaires ont bien entendu certains intérêts convergents, il est assez spécieux d’entendre les dirigeants expliquer qu’ils agissent dans “l’intérêt des actionnaires” : ces intérêts peuvent être grandement divergents, certains souhaitant une entreprise pérenne et prospère, d’autres souhaitant la dépouiller quitte à la ruiner à moyen terme.
Malheureusement, les intérêts financiers des dirigeants ont été pratiquement alignés sur ceux des dépouilleurs…

Bien entendu, le financiarisme pousse à l’hyper-spéculation, qui se manifeste, par exemple, sur la volatilité des cours de Bourse. Observons, par décennie, la valeur moyenne de l’évolution quotidienne de la Bourse (en valeur absolue, donc on garde le chiffre sans le signe + ou -) :

volatilité cac 40

Ainsi, dans la décennie 1970, en moyenne, la Bourse évoluait tous les jours de 0,65 % (+ 0.65 % et -0,65 % le lendemain compte pour deux fois 0,65 %). C’est intéressant, car à la Bourse on peut jouer à la hausse ou à la baisse. Donc si vous pariez à la hausse et que la Bourse fait + 1 % et à la baisse le lendemain, et qu’elle fait – 1 % , elle est quasiment revenue à son niveau initial, et pourtant vous avez gagné environ 2 %…

Depuis les années 1980 et le décollage du financiarisme, on observe bien une nette hausse de la volatilité moyenne – la volatilité ayant quasiment doublé, ce qui est énorme. Et ce, alors que les échanges étant beaucoup plus nombreux, ils sont censés être plus proches de la “vraie” valeur des titres, et qu’on aurait dû au contraire observer une baisse de la volatilité. Bien entendu, la spéculation en est responsable, car justement, elle vit de ces petits écarts…

Pour illustrer, si tous les jours votre investissement suivait l’évolution absolue du CAC 40 (donc si vous saviez tous les jours si la Bourse allait monter ou baisser, et donc que vous gagniez à chaque coup), cela signifie que dans les années 70, vous multipliiez votre capital par 4 tous les ans, et que sur la tendance du début des années 2010, ce chiffre serait monté par la magie des intérêts composés à… x 13 tous les ans !

Bref, en conclusion, une saine gestion imposerait que la durée moyenne de détention des actions revienne à au moins 3 ou 4 ans…

C’est là que la Taxe Tobin intervient.

La Taxe Tobin

James Tobin, lauréat du prix Nobel d’économie 1981, a suggéré en 1972 de taxer les transactions financières d’un taux très faible, entre 0,05 % et 1 %, afin de ne plus inciter à la spéculation à court terme. Cette idée a fait florès, et beaucoup de personnes l’ont reprise, d’Attac (L’Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne) à… Nicolas Sarkozy.

C’est d’ailleurs une idée ancienne :

« Il est généralement admis que, dans l’intérêt même du publie, l’accès des casinos doit être difficile et coûteux. Peut-être ce principe vaut-il aussi en matière de Bourses. [...] La création d’une lourde taxe d’État frappant toutes les transactions se révèlerait peut-être la plus salutaire des mesures permettant d’atténuer aux États-Unis la prédominance de la spéculation sur l’entreprise. » [John Maynard Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie {Chapitre 12, VI}, 1936]

NB. Comme 1936 < 1972, je me demande pourquoi on appelle cette taxe la Taxe Tobin et non pas la Taxe Keynes…

Pourquoi suis-je contre cette taxe ?

Non pas tant pour son immense difficulté de mise en oeuvre (il y aurait de nombreuses techniques pour la contourner) ou pour le “risque” de délocalisation (que tous ces fous se barrent, je suis pour la prime à l’expatriation du trader fou !).

Essentiellement car c’est pour moi une incompréhension majeure des sources de la Crise. L’un des piliers est l’hyper-cupidité actionnariale, qui s’attaque en priorité à l’entreprise pour la dépouiller. Bref, l’actionnaire met trop de pression sur l’entreprise. Or, cette taxe va diminuer la rentabilité des opérations financières. D’après vous, comment va réagir l’actionnaire ? :

Bref, la réponse C est quasi-certaine (tout comme la baisse des charges patronales d’une TVA sociale va être distribuée aux actionnaires) et cette taxe va rajouter encore plus de pression sur les entreprises financières, qui vont bien nous inventer les nouveaux subprimes…

Plus drôle, surtout à gauche, il y a l’idée que cette taxe devrait être une ressource – par exemple pour aider les pauvres etc.

Là c’est encore pire que tout, ils nous refont le coup des cigarettes : c’est nuisible, donc on taxe et on gagne beaucoup d’argent dessus. Donc, on n’a plus intérêt à combattre le fléau….

Faut-il avoir abandonné toute idée du rôle du Politique pour baisser les bras à ce point-là…

Si c’est nuisible, il faut l’interdire ou l’encadrer strictement. Pas simplement le taxer !

Propositions : Limiter drastiquement la spéculation financière

4-1/ Supprimer les instruments utilisés par la spéculation pour réaliser des paris sur les prix. Interdire par exemple les ventes à découvert, les opérations d’endettement pour des achats spéculatifs, les opérations à effet de levier important, l’utilisation des produits dérivés par des spéculateurs, l’accès aux marchés à terme aux spéculateurs, les opérations de type assurantiel aux non-assureurs (CDS…), le high frequency trading… Interdire les transactions sur les produits financiers hors des marchés réglementés pour imposer la transparence.

 Acheter un CDS sans avoir la chose assurée est comme assurer pour son compte la voiture de son voisin. Ceci ne peut qu’encourager des comportements dangereux. Le capitalisme est un pari courageux sur l’avenir, sur la réussite d’une entreprise à moyen terme. Ce n’est pas réaliser des paris spéculatifs sur le cours d’une matière première ou d’une monnaie une semaine plus tard – d’autant que les sommes sont telles que ces paris modifient les prix.

C’est pourquoi la loi n’accorde aucune aide pour demander l’exécution d’un pari – et ce depuis quatre siècles 

« Déclarons toutes dettes contractées pour le jeu nulles, et toutes obligations et promesses faites pour le jeu, quelque déguisées qu’elles soient, nulles et de nul effet, et déchargées de toutes obligations civiles ou naturelles.» [Article 138 de l’ordonnance de Louis XIII du 15/01/1629, dite Code Michau]

« La loi n’accorde aucune action pour une dette du jeu ou pour le paiement d’un pari. » [Article 1965 du code civil, inchangé depuis 1804]

Il pourrait ainsi être intéressant de remettre en vigueur les articles 421 et 422 du code civil qui interdisaient ces paris jusqu’en 1885 :

« Les paris qui auront été faits sur la hausse ou la baisse des effets publics, seront punis d’un emprisonnement d’un mois au moins, d’un an au plus. » [Article 421 du code pénal, abrogé en 1885]

« Sera réputée pari de ce genre, toute convention de vendre ou de livrer des effets publics qui ne seront pas prouvés par le vendeur avoir existé à sa disposition au temps de la convention, ou avoir dû s’y trouver au temps de la livraison. » [Article 422 du code pénal, abrogé en 1885]

De même, le problème des marchés à terme est vu depuis longtemps 

« Ne doit-on pas considérer comme des malveillants ceux qui, pour avilir les effets publics, s’engagent à en livrer dans un délai convenu des quantités considérables à un cours plus bas que celui du jour ? L’homme qui offre de remettre dans un mois à 38 francs des titres de rentes qui se vendent aujourd’hui au cours de 40 francs ne proclame-t-il pas et ne prépare-t-il pas le discrédit ? Ne montre-t-il pas au moins que personnellement il n’a pas confiance dans le gouvernement, et le gouvernement ne doit-il pas regarder comme son ennemi celui qui se déclare tel lui-même ? » [Napoléon Bonaparte, 1801]

humour cartoon régulation finance

4-2/ Supprimer la cotation en continu à la Bourse. Réaliser un seul fixing par jour, voire par semaine.

De même, la variation du prix d’une entreprise toutes les secondes est une aberration, nuisible à l’économie. Un seul fixing quotidien (ou hebdomadaire) permettrait de disposer de la compensation d’un très large volume d’ordres, ce qui conduirait à une meilleure évaluation du prix d’échange – qui resterait de toute façon imparfait.

« La Bourse a prédit neuf des cinq dernières récessions. » [Paul Samuelson, 1966]

« Il y a eu, aussi, une mauvaise analyse de la mondialisation : car les marchés livrés à eux-mêmes ne sont pas efficients, contrairement à ce que certains idéologues ont voulu nous faire croire. Ils se trompent. Et les gouvernements ont laissé faire. […] Croire que les marchés sont toujours efficients, c’est une erreur. […] Les réactions des marchés ne sont pas rationnelles. Je répète : les marchés ne sont pas efficients, les marchés ont toujours tort et les marchés n’ont pas des réactions rationnelles. […] Les dirigeants d’entreprise sont bien trop à l’écoute des marchés boursiers. Les marchés n’ont aucune vision stratégique. [...]

C’est avant tout la cupidité et la perte de bon sens de tous les acteurs du système qui sont en cause : les investisseurs, qui exigent des retours irréalistes, les agences de notation, qui jouent un rôle ambigu, ou enfin les régulateurs, qui ont laissé la finance perdre tout bon sens. » [Claude Bébéar, 2009]

 4-3/ Limiter strictement la titrisation. Veiller à ce que la réglementation définisse bien les porteurs de risque et en tire les conséquences. Un risque ne peut être cédé qu’à une personne plus compétente que soi pour le gérer, et l’accepteur de risque ne doit pas être plus averse au risque que ses clients.

 

Enfin, si je suis contre la Taxe Tobin sur les transactions, je propose cette taxe, sur le bénéfice réalisé :

4-4/ Taxer à 100 % tout profit financier spéculatif réalisé en moins d’une semaine, et diminuer progressivement la pression fiscale sur les plus-values mobilières pour arriver à 0 % après 12 ans.

Ce système simple permettrait de lutter très efficacement contre le court termisme et la spéculation.

Je propose donc un barème de ce type pour la Taxe sur les Bénéfices Financiers (TBF) que j’appelle de mes voeux :

bareme taxe benefices financiers

Ceci redonnera véritablement le sens du long terme aux structures et permettra aux managers d’oeuvrer à la pérennité des entreprises plutôt qu’à des bénéfices le mois prochain…

Je récuse immédiatement tout cri d’orfraie sur le thème de la régulation. Je considère que si on n’a pas compris qu’il fallait d’urgence exiger le même niveau de sécurité sur les activités financières que celui exigé sur les activités nucléaires, on n’a pas compris grand-chose à la Crise.

Expliquer qu’il ne faut pas limiter ces activités mortifères au prétexte du PIB créé ou de la liquidité (soi-disant) offerte revient à demander qu’on ne construise pas une enceinte de confinement des réacteurs nucléaires car cela dénature le paysage…

Une telle taxe serait beaucoup plus intelligente, car elle supprimerait de façon certaine le vice (l’investissement à très court terme) et récompenserait la vertu (l’investissement à très long terme). Elle ne vise pas à gagner de l’argent (tout au plus à conserver le même rendement que les taxes actuelles sur les plus-values), mais bien à supprimer la spéculation. Car on ne peut être schizophrène, en voulant à la fois supprimer le vice et gagner beaucoup d’argent en taxant le vice…

Keynes était loin de se douter de ce permettrait la technologie informatique. Dès lors, pour reprendre sa métaphore, il ne reste qu’à fermer le casino grâce à la TBF…

taxe benefices financiers tbf

Source: http://www.les-crises.fr/contre-taxe-tobin/


1000 [Idée reçue] Les États ne font jamais défaut…

Thursday 4 June 2015 at 01:32

Dans le mémorable débat d’Arrêts sur Images auquel j’ai participé, Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Économiques, a déclaré :

“Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la relation créditeur-créancier, elle est à la base de toute l’activité économique et du développement économique qu’on a connu depuis trois siècles, simplement parce que créditeur, ça veut dire “que je crois”, hein, donc si les créditeurs [créanciers] n’ont plus de raison de croire que leurs dettes seront remboursées dans le futur, il y a des raisons de penser qu’ils ne prêteront plus. Et ça c’est gentil, mais ça pose des très sérieux problèmes. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut parfois qu’il y ait des défauts, hein, il y en a sur les entreprises, il y en a sur les ménages,  on a des machins de surendettement, etc., il en faut certainement sur les États, mais [cela entraînera des difficultés].” [Guillaume Duval, @SI, partie 4, 13', 25/11/2011]

Je réponds :

“Des siècles d’Histoire montrent que les États ne tiennent pas leur engagements avec une régularité déconcertante. Laissez suffisamment de temps à un État, et il fera défaut d’une façon ou d’une autre.

Et comme à chaque fois, les prêteurs reviendront, leur mémoire semblant ne pas dépasser 5 ans…” [Olivier Berruyer :) ]

C’est d’ailleurs la position des vrais experts :

« On nous rassure constamment sur le fait que les gouvernements ne manqueront pas à leurs engagements concernant la dette. Dans les faits, cependant, les gouvernements un peu partout dans le monde font défaut à leurs engagements avec une incroyable régularité soit directement soit par le biais de l’inflation ; ce qui fut le cas pour les États-Unis dans les années 70 mais aussi dans les années 30 lorsqu’ils ont procédé à la dévalorisation de l’or par rapport au dollar de 20 dollars à 34 dollars l’once. » [Kenneth Rogoff, Project Syndicate, 2009]

Analysons…

Les premiers défauts souverains, 1300-1799

Si on réalise une synthèse des défauts des États Modernes depuis 1300, on aboutit au tableau suivant :

On constate ainsi que le volume de défaut a été limité, et que notre pays a été le pays recordman des défauts.

Précisons bien qu’il s’agit ici de défauts “affichés”, et non pas de défauts par inflation ou altération monétaire par le souverain, qui ont été bien plus nombreux…

Les défauts souverains au XIXe siècle

Pour le XIXe siècle, on a :

défauts Etats souverains

défauts Etats souverains

On constate ainsi une accélération des défauts avec le développement du crédit. L’Europe reste très touchée, mais l’Amérique Latine se joint à elle…

Les défauts souverains au XXe siècle

Pour le XXe siècle, on a :

défauts Etats souverains

défauts Etats souverains

défauts Etats souverains

Là encore, l’Amérique Latine a été très touchée, avec 79 défauts :

défauts Etats souverains

défauts Etats souverains

Si on pondère le nombre de défauts par le PIB du pays, on a ce graphe beaucoup plus visuel :

défauts Etats souverains

Les effets de la Crise de 1929 puis de la Seconde Guerre Mondiale sont patents… Mais on constate qu’il y a depuis 60 ans toujours au moins entre 5 et 10 % du PIB mondial en restructuration de dette…

Perspective

On peut étudier quelle était la situation de grands pays au moment du défaut ; on s’aperçoit qu’il n’y a pas de règle absolue :

défauts Etats souverains

en revanche, on note que nous sommes bien dans une situation financière préoccupante, parfois bien pire que celle de grands pays ayant déjà fait défaut…

Ainsi, la prochaine fois que vous entendrez un commentaire disant que le prêt aux États est “sans risque”, vous pourrez recommander à votre interlocuteur de s’acheter un livre d’Histoire, ou de venir sur ce blog, et méditer ce tableau, en particulier sur les 70 défauts au cours de 35 dernières années, soit 2 défauts par an en moyenne :

défauts Etats souverains
P.S. : Merci à Alain pour son aide ;)

Source: http://www.les-crises.fr/etats-font-jamais-defaut/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 3 June 2015 at 04:18

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: Grèce : La fuite des capitaux est inévitable – 01/06

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): La Grèce arrivera-t-elle à rembourser ses dettes ? – 01/06

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (2/2): Quel est le bilan du QE de la BCE ? – 01/06

II. Philippe Béchade

Philippe Béchade VS Rachid Medjaoui (1/2): Baisse des marchés: “On est simplement drivé par les liquidités” – 27/05

Philippe Béchade VS Rachid Medjaoui (2/2): Pourquoi la Fed hésite-t-elle encore à relever ses taux ? – 27/05

Philippe Béchade: Focus sur les marchés asiatiques – 28/05

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : L’implosion des systèmes politiques en Espagne et en Italie – 02/06

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (1/2): Crise de la dette grecque: Le salut viendra-t-il d’Allemagne ? – 02/06

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (2/2): Une hausse des taux de la FED en juin serait-elle prématurée ? – 02/06


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-03-06-2015/


Stratfor : Les États-Unis veulent empêcher l’alliance germano-russe

Wednesday 3 June 2015 at 02:08

Voici le Discours de Georges Friedman géopoliticien américain pour Stratfor devant le Chicago Council, le 4 février 2015. Il indique que le gouvernement américain considère comme but stratégique suprême la remise en cause d’une alliance russo-allemande. Un tel bloc serait, en tant que puissance mondiale alternative, le seul en mesure de contester aux États-Unis leur position dominante.

En résumé :

1 – L’Europe n’existe pas
2 – Seule une union Allemagne-Russie pourrait nous menacer, ça n’arrivera jamais
3 – L’armée ukrainienne est une armée US, nous donnons nos médailles à leurs soldats méritants
4 – Nous livrons des armes dans tous les pays de l’est européen, même en Ukraine
5 – Notre but est d’installer un cordon sanitaire autour de la Russie
6 – Nous intervenons militairement dans le monde entier, nous dominons les océans et toute la terre
7 – Nous faisons battre nos ennemis entre eux, c’est cynique mais ça marche
8 – Les attaques préventives déstabilisent les ennemis, nous faisons ça dans toutes les guerres
9 – Nous installons des régimes favorables à nos intérêts
10 – Nous sommes un empire, nous ne pouvons pas nous relâcher
11 – L’Otan doit occuper tout l’espace terrestre entre la mer Baltique et la mer Noire
12 – Nous ne savons pas ce que va faire l’Allemagne, elle est dans une situation très difficile
13 – Nous ne voulons pas d’une coopération entre le capital financier et technologique allemand et les ressources de matières premières russes, les USA essaient d’empêcher ça depuis un siècle. Le destin de l’Europe dépendra de la décision des Allemands, où vont-ils diriger leurs exportations?

Transcription de la vidéo par le site les-crises.fr:

George Friedman : La préoccupation primordiale des États-Unis, pour laquelle nous avons livré des guerres depuis un siècle – la Première, la Seconde, la guerre froide – a été la relation entre l’Allemagne et la Russie. Car, unies, elles sont la seule force qui pourrait nous menacer. Et pour être sûrs que cela n’arrive pas. Je dis cela en tant que victime possible du terrorisme islamique : cela arrivera. Même si nous consacrons tous nos efforts à l’empêcher, nous échouerons. Par conséquent, si nous faisons ce que nous avons fait en une décennie après le 11 septembre, c’est-à-dire nous concentrer totalement sur ce problème au détriment de tout le reste – au point que notre armée ne puisse pas se battre sans avoir de sable sous ses pieds, elle n’en a pas l’habitude. Il existe de plus grands dangers pour les États-Unis. C’est très difficile de dire à un pays qui a été frappé par le 11 septembre de bien le prendre, et aucun gouvernement ne le peut. Mais la discipline de gouvernance, c’est cela, à la fois rassurer la population en lui disant que vous faites tout ce que vous pouvez, en sachant que ce n’est pas vrai. Vous faites tout ce que vous pouvez raisonnablement faire.

Et notre gouvernement – il faut se rappeler que les États-Unis sont comme un adolescent de 15 ans, ils sont maniaco-dépressifs. Le matin tout est paix, amour, bonheur, le soir ils sont suicidaires parce que leur meilleur ami ne les aime plus. Nous sommes un très jeune empire. Nous ne voulons même pas penser à l’idée d’être un empire. Nous voulons rentrer chez nous et, voyez-vous, faire des rêves libertaires. Cela n’arrivera pas. Mais cela nous prend beaucoup de temps d’atteindre la maturité.

George Bush ne se doutait absolument pas que sa présidence tournerait autour du 11 septembre, et il n’avait aucune idée de la façon d’y répondre, et ses opposants non plus. Barack Obama a décidé qu’il pouvait prétendre que cela n’existait pas. Que s’il était gentil, ils n’essaieraient pas de le faire sauter. Il nous faut trouver un modèle de gouvernance qui combine une république américaine avec ce qu’elle n’a jamais voulu être. Mais nous sommes presque le quart de l’économie mondiale, nous allons mettre les gens sacrément en rogne.

Nick Brand : Bien, juste en bas au premier rang, Phil Levy, notre chercheur émérite en économie globale.

Philip Levy : Merci pour vos remarques, c’est très intéressant. Pendant que le monde entier discute du comportement des États-Unis, j’espérais que vous pourriez aborder ce que devrait être la politique américaine vis-à-vis de la crise financière en Europe. Je vais vous poser cette question parce que nous somme à huis-clos, mais de toute évidence cela semble avoir tendu la plupart du temps vers l’encouragement et la stimulation économique. Dans votre exposé, vous exprimez un certain scepticisme sur ce que produirait la stimulation. Comme nous pouvons le constater, cela revêt évidemment une grande importance pour nous. Quelle devrait être la politique américaine ?

George Friedman : La politique américaine devrait être de rester le plus loin possible, éventuellement d’adopter une loi interdisant à toutes les banques américaines d’avoir des devises européennes. Nous ne pouvons pas le faire mais cela serait une bonne idée. L’Europe est trop vaste pour que les États-Unis y fassent quoi que ce soit. Et les européens sont trop sophistiqués pour avoir besoin de conseils. Le problème de l’Europe n’est pas comme si elle cornaquait un pays du tiers-monde et qu’elle ne savait pas comment s’y prendre ; le problème est une profonde contradiction entre les intérêts de diverses régions d’Europe, ce qui a mené à une impasse politique. Il est inconcevable que les États-Unis puissent avoir assez d’argent pour résoudre le problème s’ils le voulaient, et il est insensé que les États-Unis l’aient même envisagé.

En ce qui concerne les conseils sur la politique économique, les européens n’accepteront pas de conseils venant des États-Unis. Moi-même, je n’accepterais pas de conseils en politique économique venant des États-Unis. Le problème ici n’est pas que les gens n’ont pas de politique économique, c’est que cette situation impossible ne peut pas être résolue avec le paradigme dans lequel les européens travaillent. Ils changeront de paradigme une fois que la City se sera effondrée. Mais ils n’ont pas la volonté politique de faire face à l’irrationalité de la situation et de se pencher sur le fait que l’Allemagne ne peut pas exporter 50% de son PIB. En tout cas pas la moitié de celui-ci vers l’Europe.

Et donc cela n’arrivera pas et c’est une des raisons pour lesquelles personnellement la politique ne m’intéresse pas. La politique étrangère, c’est ce que vous auriez aimé voir arriver, l’histoire, c’est ce qui arrive réellement. Et, vous voyez, très rarement la politique étrangère arrive à faire un trou en un. Ce que j’essaie de comprendre c’est ce qui va arriver. Vous voyez, si j’étais vraiment intelligent, je serais riche. Il est certain que je ne donnerais pas de conseil aux européens sur la manière de s’enrichir.

Nick Brand : Question suivante s’il vous plait. Oui, tout au fond là-bas.

Question : Étant données les faiblesses que vous décrivez à la fois en Europe mais aussi en Asie du sud-est, et probablement en Asie orientale elle-même, est-il approprié ou même réaliste que nous continuions à repousser les frontières de l’« empire américain » si vous voulez, jusqu’au-delà de la zone de ces problèmes internes ?

George Friedman : Les États-Unis ont un intérêt fondamental. Ils contrôlent tous les océans du monde. Aucune puissance n’a jamais fait cela. Grâce à cela nous avons la possibilité d’envahir les gens et ils n’ont pas la possibilité de nous envahir. C’est une très bonne chose. Maintenir le contrôle de la mer, le contrôle de l’espace est le fondement de notre pouvoir. Le meilleur moyen de vaincre une flotte ennemie c’est de ne pas la laisser se construire. La façon dont les britanniques sont arrivés à être certains qu’aucune puissance européenne ne puisse construire de flotte a été de s’assurer que les européens se sautent à la gorge entre eux.

La politique que je recommanderais, c’est celle qu’a adoptée Ronald Reagan vis-à-vis de l’Iran et de l’Irak. Il a financé les deux côtés pour qu’ils se combattent entre eux et qu’ils ne nous combattent pas nous. C’était cynique, ça n’était certainement pas moral, ça a marché et c’est le but : les États-Unis ne peuvent pas occuper l’Eurasie. Dès lors que la première botte touche le sol, le différentiel démographique fait que nous sommes totalement surpassés en nombre. Nous pouvons vaincre une armée, mais nous ne pouvons pas occuper l’Irak. L’idée que 130 000 hommes pouvaient occuper un pays de 25 millions… et bien la proportion de policiers par citoyen à New-York était plus grande que ce que nous avons déployé en Irak.

Donc nous n’avons pas la possibilité de traverser mais nous avons bien la possibilité, premièrement, de soutenir diverses puissances concurrentes pour qu’elles se concentrent sur elles-mêmes, avec un soutien politique, un peu de soutien économique, du support militaire, des conseillers, et in-extremis de faire ce que nous avons fait au Japon [NdT : il se corrige] au Viêt Nam, en Irak et en Afghanistan : des attaques de désorganisation. L’attaque de désorganisation n’a pas pour but de vaincre l’ennemi. Elle est destinée à le déséquilibrer. Ce que nous avons fait dans chacune de ces guerres, en Afghanistan par exemple, c’est d’avoir déséquilibré Al-Qaïda.

Le problème que nous avons, puisque nous sommes jeunes et stupides, c’est qu’après les avoir déséquilibrés, au lieu de dire ok, bon travail, on rentre à la maison, nous avons dit “bon, c’était facile, pourquoi ne pas construire une démocratie ici ?” C’est à ce moment que la démence a commencé. Par conséquent, la réponse est que les États-Unis ne peuvent pas constamment intervenir partout en Eurasie. Ils doivent intervenir de manière sélective et très rarement. C’est le cas extrême, nous ne pouvons pas, comme première étape, envoyer des troupes américaines. Et lorsque nous envoyons des troupes américaines nous devons véritablement comprendre ce qu’est la mission, s’y limiter, et ne pas développer toutes sortes de délires psychotiques. Donc espérons que nous ayons appris cela cette fois-ci. Il faut du temps pour que les enfants apprennent leurs leçons.

Mais je pense que vous avez tout à fait raison, nous ne pouvons pas, en tant qu’empire, faire cela. La Grande-Bretagne n’a pas occupé l’Inde. Elle a pris plusieurs états indiens et les a tournés les uns contre les autres, et a fourni quelques officiers britanniques pour une armée indienne. Les romains n’ont pas envoyé de vastes armées. Ils ont placé des rois comme, vous savez, pleins de rois différents, créés sous l’autorité de l’empereur. Et ces rois étaient responsables du maintien de la paix. Ponce Pilate en était un exemple. Donc les empires qui sont directement gouvernés par l’empire, comme l’empire Nazi, ont échoué. Personne n’a autant de pouvoir. Il faut un certain niveau d’habileté. Cependant notre problème n’est pas encore celui-ci. En fait, notre problème est d’admettre que nous avons un empire. Donc nous ne sommes même pas encore arrivés au point où l’on ne pense qu’il ne nous reste plus qu’à rentrer à la maison et ça sera terminé, mission accomplie. Et donc nous ne sommes même pas prêts pour le chapitre 3 du livre.

Nick Brand : Question suivante s’il vous plait. Oui, le monsieur ici au 4ème rang.

Question : Donc je déduis de vos commentaires que l’Euro en tant que monnaie ne survivra pas. A quoi cela ressemblerait-il et à quelle vitesse cela se produirait-il ?

George Friedman : Le modèle a été établi par les hongrois. Les hongrois ne sont pas dans l’Euro mais ils ont souscrit des prêts hypothécaires libellés en Yen, en Franc suisse et tout le reste. Quand le Forint est parti en cacahouète, le gouvernement hongrois a défendu ses « otthons » [NdT : "foyers", en hongrois dans le texte] et a dit : nous allons vous rembourser en Forint. Et vous aurez 50 cents par dollar, copie-carbone grossière mais globalement cela. Ou alors vous n’aurez rien. Rappelez-moi demain matin, faites-moi savoir ce que vous voulez. Les banques européennes se sont écrasées et ont pris ce qu’elles pouvaient avoir : c’est cela que la Grèce va faire. Ils vont vous faire une offre que vous ne pourrez pas refuser.

Rappelez-vous que l’Allemagne est terrifiée à l’idée que quelqu’un quitte la zone de libre-échange. C’est la terreur de l’Allemagne. Il n’y a pas de meilleure bluffeuse que Frau Merkel. Elle m’enfume et tout le monde avec. Mais la vérité c’est que c’est elle qui a la main la plus faible. Parce que c’est elle qui dépend des exportations. Et les autres ne sont pas sûrs de vouloir rester dans la partie. Si elle fait sortir un pays de l’Euro qu’est-ce qui les empêche de la faire sortir de la zone d’échange ? Elle le sait, c’est pour cela qu’elle va toujours droit sur le rebord avant de revenir. Les grecs le savent, c’est pour cela qu’ils vont la pousser contre le mur. Son point faible est en train d’apparaître à tous les européens.

Comment cela va-t-il se passer ? Les grecs vont imprimer de la Drachme pendant la nuit, dont la valeur nette vaudra Dieu sait combien, et ils vont faire une offre. Et l’offre sera ou vous prenez cela, ce sera un plan d’allégement structuré de la dette , ou alors nous ne paierons pas du tout. Rappelez-vous que le débiteur doit beaucoup d’argent. Quel était le vieux dicton ? “Si je vous dois 100 dollars vous me tenez, si je vous dois un milliard de dollars c’est moi qui vous tiens.” Qu’est-ce que ces banques vont faire ? Et le problème en Europe, c’est que si vous les faites sortir de la zone Euro vous toucherez encore moins qu’en restant.

Je soupçonne que l’Euro va survivre. Mais je soupçonne aussi que quelque part en Europe il y ait un bâtiment qui abrite le bureau de la Société des Nations, qui n’est jamais tout à fait abolie. Et je suis sûr qu’il ne sert plus à rien. En Europe, les institutions se maintiennent bien après avoir perdu leur fonction. L’Allemagne n’aura pas un Mark, elle aura un Euro. Combien d’autres pays seront là, je ne le sais pas. Mais le chemin de la sortie a été trouvé par les hongrois et la prochaine étape est le retour de la Drachme.

Et la vraie question est qu’est-ce que les banques vont faire ? Que pouvez-vous faire ? Elles ne peuvent pas parler de risques moraux parce qu’elles ont déjà racontées ça en Argentine. Je veux dire qu’elles savent déjà, toute l’Europe sait, que faire faillite, que ce soit l’Argentine ou American Airlines, ne signifie pas la fin du monde. Et les allemands ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour rendre plus attirant un sauvetage plutôt que pas de sauvetage. Maintenant qu’ils le fassent en Euro ou dans une autre monnaie est moins intéressant que le fait qu’ils vont faire défaut. Et la question est : comment ce sera géré ?

Nick Brand : Nous avons le temps pour peut-être une question de plus. Nous avons pris beaucoup de questions de la part d’hommes ce soir, est-ce qu’il y a des femmes avec des questions qui voudraient… Oui, la Consule générale de Croatie.

George Friedman : Croatie. [NdT : Il dit une phrase, probablement en hongrois.]

Nick Brand (à celui qui porte le micro) : Steven, c’est elle la Consule de Croatie.

Consule générale de Croatie : Oui, je pense qu’ayant étudié l’histoire vous vous rappelleriez si vous aviez vécu en union personnelle pendant 700 ans environ, et les gens parlent yougoslave ils ne parlent jamais le croate-hongrois, après avoir passé 7 siècles ensemble. Excusez-moi, je m’égare. Est-ce qu’il est dans l’intérêt US de se passer de la Russie en tant que puissance européenne ?

George Friedman : Est-ce que je pourrais… je ne vous ai pas entendu je pense.

Consule générale de Croatie : Est-ce qu’il est dans l’intérêt américain de se passer de la Russie en tant que puissance européenne ?

George Friedman : Avec la Russie en tant que puissance Européenne ?

Consule générale de Croatie : Oui, je suis juste curieuse. Comment prévoyez-vous l’architecture une fois que cela aura implosé ? Qu’est-ce qu’il arrivera ? C’est un scénario effrayant, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

George Friedman : Rappelez-vous la structure de l’Europe ; tracez une ligne de Saint-Pétersbourg à Rostov. A l’ouest vous avez la péninsule européenne, à l’est se trouve la Russie. Personne n’a jamais occupé de façon permanente la Russie. Mais la Russie a toujours avancé vers l’ouest. A présent, elle est au point le plus éloigné à l’est. La ligne, accessoirement, correspond grosso modo à la frontière avec les états baltes, la Biélorussie et l’Ukraine. La question sur la table pour les russes est : vont-ils maintenir une zone tampon qui serait au moins neutre, ou est-ce que les occidentaux vont pénétrer si loin en l’Ukraine qu’ils seront à 100 kms de Stalingrad et à 500 kms de Moscou ?

Pour la Russie, le statut de l’Ukraine est une menace existentielle. Et les russes ne peuvent pas renoncer. Pour les États-Unis, dans le cas où la Russie s’accrocherait à l’Ukraine, où s’arrêtera-elle ? Ce n’est donc pas un accident si le Général Hodges, qui a été nommé pour porter le chapeau dans toute cette histoire, parle de pré-positionner des troupes en Roumanie, Bulgarie, Pologne et dans les états baltes. C’est l’Intermarium [NdT : la Fédération Międzymorze] de la mer Noire à la Baltique dont Piłsudski a rêvé. Pour les États-Unis, c’est la solution.

Le problème auquel nous n’avons pas de réponse, c’est : que va faire l’Allemagne ? Par conséquent, le véritable joker en Europe serait, qu’alors que les États-Unis construisent un cordon sanitaire [NdT : en français dans le texte], pas en Ukraine mais à l’ouest, et que tandis que les russes essaient de monter une stratégie pour influencer les ukrainiens afin qu’ils les rejoignent, nous ne connaissons pas la position des allemands. L’Allemagne est dans une position très particulière, son ancien chancelier Gerhard Schröder est au conseil de surveillance de Gazprom, ils ont une relation très complexe avec les russes.

Les allemands eux-mêmes ne savent pas quoi faire. Ils doivent exporter, les russes peuvent absorber les exportations. D’un autre côté, ils perdent la zone de libre-échange. Ils doivent construire quelque chose de différent. Pour les États-Unis la peur primordiale est le capital russe, la technologie russe, je veux dire la technologie allemande et le capital allemand, les ressources naturelles russes, la main-d’œuvre russe… C’est la seule combinaison qui depuis des siècles flanque la trouille au États-Unis.

Par quoi cela va se traduire ? Et bien, les USA ont déjà mis leurs cartes sur la table, c’est la ligne des états baltes à la mer Noire. Pour les russes leurs cartes ont toujours été sur la table. Il doivent avoir au moins une Ukraine neutre, pas une Ukraine pro-occidentale. La Biélorussie, c’est autre chose. Maintenant, celui qui me dira ce que les allemands vont faire pourra me raconter les vingt prochaines années de l’Histoire. Mais malheureusement, les allemands ne se sont pas décidés. Et c’est toujours le problème avec l’Allemagne. Économiquement énormément puissante, géopolitiquement très fragile et ne sachant jamais vraiment comment réconcilier les deux. Depuis 1871, c’est la question allemande, la question fondamentale de l’Europe.

Donc pour répondre à ma loyale collègue de 700 ans d’empire, lorsque la Hongrie et la Croatie étaient unies, je n’ai pas pensé que vous ayez tellement aimé : pensez à la question allemande, parce qu’elle se pose à nouveau. C’est la prochaine question que nous avons à aborder. Ou que nous n’avons pas à aborder – nous ne savons pas ce qu’ils feront.

Contexte :

Le politologue américain George Friedman est le chef du think tank de renseignement “Stratfor Global Intelligence” qu’il a fondé en 1996. Le siège de Stratfor se trouve au Texas. Stratfor conseille dans le monde 4 000 entreprises, personnalités et gouvernements, rapporte le New York Times. Parmi eux figurent entre autres “Bank of America”, le département d’état américain, Apple, Microsoft et Lockheed Martin, Monsanto et Cisco pour les questions de sécurité.

En décembre 2011 le système informatique de Stratfor fut l’objet d’une cyber-attaque, à la suite de laquelle 90 000 noms, adresses, numéros de carte de crédit avec mot de passe, de clients de Stratfor furent publiés sur le net. L’attaque était le fait du hacker Jeremy Hammond, démasqué par la suite. Toutefois on apprendra plus tard qu’un collaborateur du FBI a incité Hammond à commettre cette attaque. Le FBI avait connaissance de toutes les étapes de l’attaque.

Friedman a publié en 2009 un livre intitulé “The Next 100 Years” (Les 100 prochaines années), dans lequel il procède à un certain nombre de déclarations concernant la politique sécuritaire du 21e siècle. Entre 2020 et 2030, la Turquie, la Pologne et le Japon deviendront, avec le soutien des États-Unis, des puissances régionales. Durant la même période, un bloc pro-américain formé par plusieurs états se constituera en Europe de l’Est. La Russie et l’UE, quant à eux, s’effondreront.

Source : Deutsche Wirftschafts Nachrichten, 17/03/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/stratfor-les-etats-unis-veulent-empecher-lalliance-germano-russe/


Actu’Ukraine 02/06

Tuesday 2 June 2015 at 04:04

ACTU’UKRAINE DU 25 AU 31 MAI 2015

 

PREMIER FOCUS DE LA SEMAINE : L’ISOLEMENT DE L’UKRAINE (SUITE DE LA SEMAINE DERNIÈRE)

• Isolement de l’Ukraine par rapport à la Pologne : le contrecoup de l’élection présidentielle polonaise.  Le second tour de l’élection présidentielle polonaise s’est déroulé dimanche 24 mai et a vu la défaite du très pro-ukrainien président sortant, Komorowski . Pro ukrainien, au point de ne pas réagir quand l’Ukraine a voté le 8 avril 2015 la loi n° 2538 “Statut juridique et commémoration des participants dans la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe  siècle” (rada.gov.ua, texte loi rada.gov.ua, note explicative rada.gov.ua, peremogi) qui “blanchit” de facto tous les combattants ukrainiens nazis de leurs crimes lors de la seconde guerre mondiale alors qu’il se trouvait en Ukraine lors d’une visite officielle (voir actu’Ukraine du 15 avril 2015 les-crises.fr). Cette loi a suscité de l’indignation en Pologne à cause des massacres de Volhynie (les-crises.fr) commis par les ukrainiens envers des Polonais vivant en Ukraine : environ 100 000 personnes ont été massacrées en quelques mois (voir Actu’Ukraine du 22 avril les-crises.fr à la date du 13 avril). La polémique n’a fait qu’enfler en Pologne (voir Actu’Ukraine du 29 avril les-crises.fr à la date du 20 avril) et Komorowski avait finalement protesté le 23 avril et arrêté le “dialogue historique avec l’Ukraine” mais trop tard. De son côté, la Rada avait essayé d’”expliquer” sa loi, mais sans convaincre (voir Actu’Ukraine du 29 avril les-crises.fr à la date du 27 avril).

Komorowski était arrivé second au premier tour des élections et s’était empressé, entre les tours, de ratifier la création de la brigade polono lituano ukrainienne (rt.com).

Il a été battu par le candidat arrivé en tête du premier tour. Le nouveau président, Andrzej Duda (sputniknews.com, fortruss, russia-insider) exige quasi aussitôt de l’Ukraine de revenir sur la fameuse loi 2538 (fortruss) et il enfonce le clou en annonçant qu’il “n’a pas le temps de recevoir Porochenko” qui avait prévu une visite a Varsovie pour féliciter le vainqueur de l’élection. Du coup, la visite est annulée (ria.ru, unian.net, ridus.ru) et l’amitié polono-ukrainienne du 8 avril tangue.

D’autant qu’Aleksander Kwaśniewski (wikipedia.org), ancien président polonais de 1995 à 2005, artisan de l’entrée de la Pologne dans l’OTAN et dans l’UE (et au passage une participation à la guerre d’Irak), donc un atlantiste et européiste convaincu, déclare à Prague : “Dans un futur proche, la Russie peut devenir un des centres du monde multipolaire qui est en formation actuellement… les USA continueront de jouer un rôle majeur mais ne seront jamais plus aussi puissants qu’ils l’ont été dans les 20-30 dernières années.” et également “que la Russie prépare un nouveau Maidan pour mettre au pouvoir des personnes pro-russes qui raméneraient l’Ukraine dans l’orbite de la Russie en évitant le bain de sang”. (ria.ru traduit par fortruss). Il avait déjà parlé de ce troisième Maidan lors d’une interview sur TVN24, le 13 avril (ridus.ru article en russe, tvn24.pl article en polonais) : “Un troisième Maïdan menace l’Ukraine, après lequel l’attend un virage net vers la Russie… Poutine attend le moment où le peuple ukrainien, excédé, organisera un troisième Maïdan et dira: “Ca suffit, ces rêves européens, parlons déjà avec ceux qui sont en mesure de nour aider réellement.”

EXTRAITS D’ACTU’UKRAINE DU 20 (les-crises.fr) et DU 29 AVRIL (les-crises.fr)

20 avril

• La Pologne se réveille (enfin). La loi ukrainienne de glorification des “combattants pour l’indépendance” de l’UPA qui de facto exonère ces nationalistes ukrainiens de leurs crimes durant la seconde guerre mondiale (environ 1 million de morts dont 100 000 polonais) a eu comme effet de réveiller la Pologne. Dans son hystérie anti-russe et sa défiance de l’Allemagne, la Pologne avait oublié qu’en Ukraine se sont les enfants spirituels des tueurs de Volhynie qui sont au pouvoir (les-crises.fr). D’où des prises de conscience et de position diverses en Pologne. Le Président polonais, Bronisław Komorowski condamne le vote de cette loi et arrête tout “dialogue historique” avec l’Ukraine (sputniknews). Version UNIAN : Le président polonais déclare que la reconnaissance par la Rada de l’activité de l’OUN OuPA comme composante de la lutte pour l’indépendance pourrait “compliquer le dialogue historique entre  Kiev et  Varsovie” (unian.net). Le général à la retraite Waldemar Skrzypczak, ex chef des forces terrestres polonaises et vice ministre de la défense, retire “tout ce qu’il a dit sur l’Ukraine” suite au vote de cette loi. Son oncle est mort crucifié nu à la porte d’une grange de la main de “combattants pour l’indépendance” (fortruss). Un candidat mineur à l’élection présidentielle et actuellement député au parlement européen, Yanouch Korvine-Mikke, déclare que les snipers de Maidan ont été formés en Pologne, que la participation de la Pologne aux événements du Maidan est un “fait bien établi” et que c’est les USA qui cherchent la déstabilisation,  non la Russie  (lenta.ru, sputniknews). Analyse de De Defensa (dedefensa).

27 avril

• Rétropédalage polono-ukrainien. Le président de la rada s’embourbe dans le lisier OUN. Il tente de s’en sortir en déclarant que “l’héroïsation” des “bandervotsy” n’est pas une opération anti-polonaise mais anti-soviétique (vz.ru) et  que la reconnaissance des OUN ne s’applique pas a leurs crimes (interfax.com.ua), mais a priori le mal est fait… Les relations entre la Pologne et l’Ukraine se sont dégradées.

 

• L’isolement par rapport à la réalité : surréalisme et aveuglement. Dans la région de Lvov, 26 écoliers ont perdu connaissance en classe pendant qu’ils priaient pour la paix en Ukraine (vesti-ukr.com) et de son côté, le patriarche Philarète, primat de l’église orthodoxe d’Ukraine (wikipedia.org) déclare : “Que l’agresseur tremble devant la colère de dieu qui vient pour eux et leurs mensonges”. (“Let the aggressors shiver from the wrath of God that is coming to them for their lies”)  (dnr-news.com). Et par rapport à la suite, c’est encore très soft…

Deux anciens présidents ukrainiens,  Kravtchouk et Koutchma, veulent proposer à la Rada d’examiner la question de la sortie de l’Ukraine du Traité de non prolifération des armes nucléaires afin de “protester contre la non application du Memorandum de Budapest” de décembre 1994 (vzgliad.ru, vz.ru, fortruss). En clair, ils veulent que l’Ukraine récupére son statut de puissance nucléaire et ait quelques bombes nucléaires à sa disposition…

De son côté, le ministre de l’intérieur Avakov déclare “qu’avec une opération militaire, la question du Donbass serait réglée en 2 ou 3 semaines” (Vzgliad citant Ria Novosti vz.ru, reuters).

Le premier ministre Yatseniouk déclare quant à lui,  lors de son  forum de Kiev (A Platform for European Security Architecture : ksf.openukraine.org, Partenaires : ksf.openukraine.org, Participants : ksf.openukraine.org) que l’Ukraine a perdu (officiellement selon l’ONU) plus de 7000 citoyens à cause de la guerre au Donbass (unn.com.ua) et s’empresse de dire que c’est le fait de “l’agression de la Russie contre l’Ukraine.” Donc, pour lui les russes sont seuls responsable de la mort des 7000 ukrainiens…

Autres perles : Pour Porochenko, l’immunité des juges et des députés est inutile en Ukraine dans les conditions de la démocratie (vzgliad.ru). Il considère également que les Ukrainiens attachés à l’ancien statut de pays non-aligné de l’Ukraine sont une menace pour le pays et ne les “tolérera” pas (russia-insider).

Restons sur Porochenko. Il a fêté le premier anniversaire de son mandat de président en se flattant d’avoir mis fin au projet “Novorossia” (gordonua.com, president.gov.ua), que les “troupes de maintien de la paix” ukrainiennes ont joué un rôle important dans la protection du pays (president.gov.ua, president.gov.ua) et qu’il est sûr que l’Ukraine récupérera le Donbass et la Crimée (gordonua.com). Et pour finir que les tarifs des services pour la population doivent être “clairs et honnêtes” (president.gov.ua)

Segodnya publie une analyse de l’année écoulée plus réaliste (segodnya.ua)… ” Vivre différemment “, voilà le slogan de sa campagne présidentielle, et il est vrai que la vie des ukrainiens a beaucoup changé depuis un an. Au lendemain de son élection, Poroshenko a promis que l’”opération anti-terroriste” au Donbass ne durerait que quelques heures. Selon les données de l’ONU depuis 13 mois de conflit il y a eu 6243 morts et 15615 blessés. La population du Donbass va vers une catastrophe humanitaire à cause du blocus financier et routier instauré par l’Ukraine. Le pouvoir d’achat en Ukraine a baissé de 25%, le salaire minimal s’élève à 43 dollars et se trouve désormais parmi les plus bas salaires dans le monde (segodnya.ua). La devise ukrainienne, la hryvna (UAH) a connu une dévaluation record de 11,71 en mai 2014 à 21 pour 1 dollar en mai 2015 (en passant par 33,75 pour un dollar en février 2015) (bloomberg). Les prix se sont envolés, l’inflation de la consommation est de 60,9% ce qui cache des disparités énormes, le prix des carottes par exemple a été multiplié par 3 (voir actu’Ukraine de la semaine dernière les-crises.fr au mercredi 20 mai) ! Les tarifs d’électricité, chauffage, l’eau et le gaz ont augmenté considérablement. La dette publique ne cesse d’ augmenter et l’Ukraine frôle la faillite. Les réformes se font attendre.

L’avenir européen de l’Ukraine reste flou voire s’éloigne. L’UE préfère donner un régime sans visa aux micro états du pacifique qu’à l’Ukraine ! Alors que, dans son discours le 7 juin 2014, Poroshenko avait promis le régime sans visa à partir du 1 janvier 2015…

Dans cette vidéo du 26 mai, un combattant ukrainien, blessé et prisonnier, fait de son côté le bilan de cette “année Porochenko” sans manifester de colère apparente (youtube).

 Transcript et traduction par Elena:

Félicitations à tout le monde, aujourd’hui c’est une grande fête, cela fait un an depuis que nous avons élu notre grand président P. P. Depuis un an, notre niveau de vie a baissé de 200%, par exemple le pain coûtait 3 ou 4 Hrv il y a un an et demi, maintenant il coûte 8 ou 9 Hrv. Qu’est ce qui se passe avec le dollar (le cours du dollar)? Il a promis de finir l’ATO en quelques jours, nous on voit que l’ATO est finie, nous n’avons plus de guerre. Autre chose : notre respectable petit président a promis qu’il n’y aurait que les volontaires dans l’ATO, qu’on ne va pas forcer ceux qui font leur service militaire à y aller. Moi j’ai vu les volontaires juste (inaudible). On sait que les volontaires après l’ATO se retournent contre le PP. Notre respectable président a promis 150000 Hrv en cas de blessure dans la zone de l’ATO , comme vous voyez, mon président, je suis bel et bien blessé, donnez moi au moi 100! On n’est pas à 100000 près! En cas de décès, on a promis 500000 ou 600000 Hrv. Combien sont-ils mort à Ilovaysk, combien à Débaltstevo? Combien sont morts dans les petits conflits? Il (le président) n’a payé personne! Pourquoi jeter les paroles en l’air? Dites tout simplement qu’il n’y a plus d’argent, que le pays est en faillite, tout le monde le dit, et juste pour vous l’Ukraine (geste signifant tout est OK). Monsieur le Président, bonjour de Donetsk, Je suis actuellement à Donetsk, je suis prisonnier blessé dans la zone ATO, On ne me donne même pas un rasoir pour que je puissse me raser, Bonjour à ma famille. Je vous demande encore une chose: au plus vite (bip bip)”.

Et enfin, pour doucher les rêves de victoire ukrainiens, les services de renseignement de la république de Donetsk communiquent que l’état-major ukrainien s’attend à des désertions en masse dans les rangs de l’armée ukrainienne en cas de reprise des combats  (fortruss).

 

• L’Isolement par rapport au monde financier : la déclaration de guerre de Poroshenko aux créanciers internationaux. Militairement, l’Ukraine s’est opposé à la puissante Russie. Financièrement, elle s’oppose à des fonds d’investissements internationaux également puissants (Lazard  Ltd., Blackstone Group International Partners LLP, BTG Pactual Europe  LLP, TCW Investment Management Co., T.Rowe Price Associates Inc., Franklin Templeton,…). Dans les deux cas, elle s’attaque à des poids lourds très au dessus de sa catégorie sans aucune chance de l’emporter… Et comme avec la Russie, l’Ukraine essaye la manière forte ! Porochenko a ratifié la loi 2899-2015 du 19 mai permettant de suspendre les versements aux créanciers du pays (voir le focus de l’actu’Ukraine du 27 mai  les-crises.fr) (president.gov.ua, sputniknews, yahoo, reuters, russia-insider, gordonua.com). Ceci revient, ni plus ni moins, à déclarer la guerre aux créanciers de l’Ukraine. Néanmoins, la ministre des Finances du pays “espère organiser une réunion” avec les créanciers (fortruss).

Ceci n’empêche pas l’Ukraine d’émettre le 29 mai des bons du trésor sur 5 ans pour une valeur de 1 milliard USD à 2,5% d’intérêt (sputniknews) !

De plus, les réserves en devises et or du pays seraient, selon certains, négatives ! de -2,5 milliards USD exactement (mignews.com.ua via fortruss) !  Dans ce contexte, l’Allemagne accorde un nouveau crédit de 500 millions EUR à l’Ukraine lors de la visite de Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des affaires étrangères, à Kiev, vendredi 29 mai (sputniknews, president.gov.ua).

 

• L’isolement par rapport à Internet : Facebook. Facebook bloque les comptes des politiciens ukrainiens pour attisement de la haine. Les députés Boris Filatov, Borislav Bereza et le conseiller en communication Taras Berezovets ont vu leurs comptes suspendus et le groupe Ukrop a été supprimé. Dans un de ses posts, Taras Berezovets s’étonnait que les 2 militaires russes prisonniers n’étaient pas battus. Selon Borislav Bereza, les “bans” sont les résultats de travail d’une armée de trolls russes. Le politologue Mikhail Pogrebinskii est persuadé que les politiciens ukrainiens doivent réfléchir avant d’écrire : “Comme a déclaré Zuckerberg, la modération du segment ukrainien du Facebook se passe en Europe, et non en Russie. Ces gars (les députés) appartiens à une classe dirigeante, à la majorité. Ce qu’il écrivent ne plait pas à l’Europe:  incitation à la haine, les injures et les insultes.” (rusvesna.su).

Le ministère de la politique d’information (surnommé la “ministère de la vérité” en référence à “1984″) considère que le blocage des comptes Facebook des ukrainiens devient systématique et  remet en cause le droit de liberté d’expression, garanti dans la constitution ukrainienne et la déclaration des droits de l’homme de l’ONU (112.ua). L’adjoint du ministre mènerait les négociations avec l’administration du Facebook à ce sujet.

SECOND FOCUS DE LA SEMAINE : 26, 27 et 28 MAI, JOURS DE RECUEILLEMENT POUR LA NOVORUSSIE

• Le 26 mai est le jour anniversaire du début de la guerre au Donbass.  Le 26 mai est un jour symbolique pour la république de Donetsk car il marque le début réel de la guerre avec des bombardements violents sur la ville et le débarquement par hélicoptères de troupes ukrainiennes sur le site de l’aéroport de Donetsk le 26 mai 2014 (novorossia.today). C’est aussi le jour d’un bombardement meurtrier d’une zone civile de Gorlovka, le 26 mai 2015, soit exactement un an plus tard (voir plus bas) (novorossia.today, youtube).

Авиация ВСУ. Донецкий аэропорт 26.05.2014. Начало. (youtube)

 

• Le 27 mai 2015, dans la république de Lougansk : Funérailles d’Alexeï Mozgovoï et des ses compagnons d’infortune. La cérémonie a eu lieu le 27 mai 2015 à Alchevsk (colonelcassad, novorossia.today, dnr-news.com, youtube, youtube). Plus de mille personnes ont assisté aux funérailles. Alexei  Borissovitch Mozgovoï a été assassiné le 23 mai dans une embuscade avec plusieurs de ses hommes et son attachée de presse Anna Samelyuk. Un couple de civil a également été tué, dont une femme enceinte dans son dernier mois de grossesse.

 

 

Le manifeste politique de Mozgovoi (youtube)

 

• Le 28 mai 2015, dans la république de Donetsk : Funérailles des victimes du bombardement de Gorlovka et décret d’un jour de deuil national.  Des artilleurs ukrainiens ont bombardé une zone résidentielle dans la ville de Gorlovka le 26 mai vers 19h00. Au total, six civils ont été tués dont trois sur le coup avec parmi eux un père et sa fille de 11 ans (colonelcassad, novorossia.today, youtube, rt.com).  Les responsables de la DNR/RPD affirment avoir découvert quels sont les officiers ukrainiens responsables : Viktor Ioushko et Oleg Lisovoï. L’information a été diffusée à la télé russe sur la chaîne Russie 24 (Россия 24) (youtube, glagol.su).

Les victimes du bombardement à Gorlovka (youtube – sans commentaires, vidéo + 18)

Le 27 mai, Alexander Zakharchenko, leader de la république, a signé le décret  №219 “Sur la déclaration de deuil en rapport avec les événements tragiques dans la république de Donetsk” qui institue un jour de deuil annuel le 28 mai pour toutes les victimes de la guerre : “Exprimant notre affliction à propos des civils qui sont morts du fait des tirs barbares effectués par les forces ukrainiennes sur des localités de la République populaire de Donetsk, je décrète que le 28 mai de l’année 2015 est un jour de deuil… Sur tout le territoire de la DNR les drapeaux gouvernementaux seront mis en berne, il est recommandé aux établissements culturels et aux compagnies de radio et de télévision de supprimer les manifestations et les émissions de divertissement.” (dnr-news.com, ridus.ru à 09 h 22).

Gorlovka 27/05/15. Les frappes d’artillerie anéantissent une famille (youtube, version originale youtube).

A Gorlovka, plus de deux cent personnes se sont rassemblées devant la morgue de l’hôpital n° 2 afin d’accompagner au cimetière la famille et les amis d’un père et de sa fille de 11 ans. Pratiquement tout le corps médical de l’hôpital s’est joint à ce rassemblement (youtube).

Горловка – “Сыночек – ты меня слышишь?”  Gorlovka – “Mon fils – peux-tu m’entendre ?” (youtube)

Gorlovka 28/05/15 “Dites à Porochenko que c’est un fumier!..” (youtube)

A Donetsk même, environ 7.000 personnes se sont réunies sur la place centrale de la ville (youtube).

 

 LUNDI 25 MAI 2015

• Signes très nets de détente USA Russie. L’usine d’aviation civile de l’Oural (Russie) a signé un contrat avec Bell Helicopter (USA), pour l’assemblage des hélicoptères Bell 407GXP à Ekaterinbourg (Russie) (ria.ru)… Les sanctions semblent devoir se terminer d’elles-même… Trop tard cependant pour les Mistral et la France, le contrat est rompu le 29 mai 2015 (businessinsider, sputniknews).

Plus tard dans la semaine, un destroyer américain qui flirte avec les eaux territoriales russes en Mer Noire est fermement rappelé à l’ordre par des avions russes (zerohedge, rt.com, sputniknews, theaviationist). Le pentagone dément tout comportement inhabituel de son navire et apparemment “oublie” l’incident (reuters, reuters).

Il est aussi intéressant de signaler, dans cette dynamique de détente, la parution conjointe par l’Atlantic Council (atlanticcouncil.org) de deux rapports anti-Poutine. ” Hiding in plain Sight” (atlanticcouncil.org, dropboxusercontent), un rapport sur la présence des troupes russes en Ukraine, sujet qui n’intéresse plus personne (voir le flop de la capture de deux soldats russes en focus de la semaine dernière : les-crises.fr) est présenté en même temps que la version anglaise du “rapport Nemtsov”, “Putin.War”, dont plus personne ne parle (4freerussia.org) (voir Actu’Ukraine du 19 mai 2015 à la date du 13 mai les-crises.fr).

Egalement, le 27 mai, Biden avait fait un tour de piste au Brookings Institute sans grande répercussion médiatique (brookings.edu, youtube). Pour Vzgliad, l’intervention de Biden se résume à “la Russie essaye d’effrayer les alliés des Etats Unis en Europe et achète les partis anti-système de l’ancien monde” (vz.ru). Pour Sputnik News, c’est l’arrogance voire l’incohérence américaine qui sont montrées du doigt. Dixit Biden : “Nous allons continuer à chercher une issue pour le président Poutine.  Nous ne voulons pas le mettre dans une position inconfortable. Nous ne voulons pas un changement de régime, nous ne songeons pas à réévaluer la  situation intérieure de la Russie. Nous voulons qu’il se comporte de  façon plus rationnelle. Mais dans le cas contraire, nous continuerons à  nous opposer à ce que j’appelle une agression pure et simple” (sputniknews via olivierdemeulenaere).

 

• Une manifestation de protestation à Kharkov dégénère en bagarre. Aujourd’hui à Kharkov, les activistes d’une initiative publique nommée “Kharkoskiy monitor” ont mené une manifestation de protestation et réclamé le départ du président et du premier-ministre d’Ukraine.

A 14 h 30 les activistes ont bloqué la chaussée de Salatov dans le secteur du centre commercial “Boulevard de France”. Plusieurs dizaines de personnes se tenaient là avec des banderoles “Porochenko et Yatseniouk – démission” et “Stop aux privatisations criminelles”. Les participants à la manifestation criaient “Debout, Kharkov !”. Vers 15 heures, les participants ont été attaqué par des nationalistes radicaux. Les assaillants ont déchiré les banderoles et ont tenté de frapper les activistes  (youtube).

 

• Retour vers l’Est. Un certain nombre d’Ukrainiens du Donbass qui s’étaient réfugiés dans les régions ouest de l’Ukraine, souvent parce qu’elles y avaient de la famille ou des amis, reviennent dans leur région d’origine. Un article publié dans un média récemment créé (nahnews.org, segodnya.ua) avance comme explication que ces personnes reviendraient au Donbass par peur de la faillite qui arrive au galop dans la partie du pays sous contrôle de Kiev et du chômage de masse qui s’ensuivrait. De plus, cela se sait que les autorités de la DNR et de la LNR paient les retraites et les prestations sociales à la place du gouvernement, il est donc logique que ceux qui sont dépendants de ces prestations reviennent vers ceux qui peuvent les honorer.

 

• Effets tangible de la faillite ukrainienne. La faillite annoncée de l’Ukraine n’est pas seulement quelque chose d’abstrait, des chiffres sur du papier. Elle se ressent concrètement, par exemple, dans un secteur indispensable : la production d’électricité. Le ministère de l’énergie a communiqué aujourd’hui la nouvelle de l’arrêt de la centrale électrique thermique de la ville de Zmiiv, dans l’oblast de Kharkov, nouvelle relayée par l’agence d’information de la DNR/RPD (dnr-news.com) et par un autre média ukrainien (mignews.com.ua) . L’arrêt a été décidé le 22 mai par Tsentrenergo en raison d’un “déficit en charbon ne permettant pas de faire fonctionner plus d’un groupe de production”. Mais travailler avec un seul groupe de production n’est pas avantageux. C’est pourquoi le charbon sera réparti dans la centrale afin qu’elle puisse tourner avec 2-3 groupes…mais pas tout le temps. A l’heure actuelle, la provision de charbon représente 130 wagons de charbon, communique Tsentrenergo. Peu auparavant, on avait appris l’arrêt de la centrale de Slaviansk (gazeta.ua) située dans le territoire du Donbass sous contrôle ukrainien en raison du manque d’argent pour acheter du combustible.

On se souvient  que l”hiver 2014-2015 a été durement ressenti par la population ukrainienne en raison de coupures de courant “tournantes” et annoncées par les services concernés, afin d’économiser l’énergie. Cela va nécessairement se reproduire. Mais il y a fort probable que les quartiers où résident la plupart des politiciens et responsables ukrainiens seront épargnés. En effet, une décision du cabinet des ministres  interdit d’appliquer les coupures d’électricité aux “bâtiments, organismes et institutions gouvernementaux d’intérêt stratégique, ainsi qu’aux liaisons de télécommunications” (rian.com.ua le 25 mai 2015).

 

 

 MARDI 26 MAI 2015

• Agitation sociale à Kiev. Les syndicats professionnels ukrainiens (site de leur fédération : fpsu.org.ua) annoncent trois manifestations devant l’administration présidentielle, à raison d’une par semaine pendant trois semaines, le jour du conseil des ministres : mercredi 27 mai, mercredi 3 juin et mercredi 10 juin (112.ua, interfax.com.ua, ukrinform.ua).

 

• Critique des privatisations en Ukraine. Sur son blog , Viktor Medvedchouk, leader du mouvement “Choix ukrainien”, s’élève contre les privatisations en cours (vybor.ua) : “Le pouvoir a l’intention de déployer dans le pays une véritable mégaprivatisation qui, à y regarder de plus près, ressemble plutôt à une vente de liquidation. Le gouvernement a déjà pris la décision de vendre 286 “objectifs”. Le Cabinet des ministres n’attend plus que le feu vert de la Rada pour privatiser 43 autres entreprises“. Le pouvoir veut sortir de l’emprise du gouvernement tous les ports de commerce maritimes, l’entreprise “Odesskii priportovii zavod” (opz.odessa.net), deux unités de fabrication de produits chimiques – ammoniaque et engrais azotés -, quatre unités de transbordement de substances chimiques et d’autres divisions), ainsi que pratiquement toutes les centrales énergétiques des oblasts de l’est.

Un expert estime que la période est très défavorable pour entreprendre ces privatisations  : “Actuellement, l’époque n’est pas favorable à la vente des entreprises d’état ukrainiennes : la guerre, l’instabilité politique et économique se font sentir de manière négative sur le prix des actifs en les divisant plusieurs fois. Face à de tels risques, l’intérêt des investisseurs n’est pas très grand, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de concurrence au moment de la vente, et par conséquence, pas d’importantes rentrées d’argent à attendre de celle-ci.”

Quant à la vente des entreprises agro-alimentaires, Medvedchouk considère que les vendre maintenant n’est absolument pas dans l’intérêt de l’Ukraine. Sa conclusion est claire : “Ces aspirations à vendre au plus vite les entreprises d’état montre à l’évidence que l’équipe qui détient le pouvoir est décidée à mettre “dans les mains qu’il faut” le plus grand nombre possible de possessions étatiques pendant qu’elle encore “aux commandes”. Il semblerait que les “mains qu’il faut” soient déjà prêtes à accepter du pouvoir ukrainien ce cadeau si généreux”.

Cela rappelle étrangement  les années Eltsine en Russie, quand Boris Nemtsov était ministre de l’Énergie et vice-président du gouvernement chargé de l’Économie sous la présidence de Boris Eltsine, de 1997 à 1998. En pire, car à l’époque, ce sont des Russes qui ont mis la main sur les ressources énergétiques et les entreprises du pays, devenant les oligarques que l’on reproche tant à Poutine, même s’il a pourtant quelque peu “fait le ménage” dans leurs rangs… En Ukraine, ce seront des occidentaux qui achètent. Enfin, peut-être… et à quel prix ?

Porochenko avait dit en avril 2014 : ” Si je suis élu, je vendrai le groupe Roshen” (dont une des usines se trouve en Russie, dans le pays ennemi). La vente tarde. La guerre fait fuir les acheteurs et le seul intéressé, Nestlé (korrespondent.net) a proposé 1 milliard de dollars, soit 3 fois moins que ce que veut Poroshenko.  Cet épisode est symptomatique et  laisse mal augurer des privatisations suivantes… Ceci n’empêche pas le premier ministre, Arseny Yatsenuk, d’appeler les investisseurs américains et  les industriels et hommes d’affaires allemands à acheter les entreprises d’état. Plus de 300 compagnies sont mises en vente dans l’industrie charbonnière, l’agriculture, les ports maritimes. Plus de 30 millons d’hectares de terres agricoles pourront être vendus. Les allemands ont déjà des projets en cours, mais plutôt de création et non de rachat. Une compagnie allemande envisage d’investir 2 millions d’euros dans une installation de production de biogaz en Ukraine, dans la région de Soum (unian.net) une autre se propose de produire du bioéthanol (unian.net).

Ukraine up for sale | Kiev encourages American investors to buy its state assets.  Interview de RT avec le professeur  Richard Sakwa, auteur de  “Frontline Ukraine: Crisis in the Borderlands”   (version en anglais  youtube,  version en russe youtube)

 

• Répression politique en Ukraine : l’histoire de Rouslan Kotsaba (youtube).  

 

• Visite de l’ambassadeur russe en Ukraine aux deux prisonniers russes. Alekseï Grubiy a vu les 2 prisonniers russes à l’hôpital, dans la région de l’Oblast de Lougansk sous contrôle ukrainien (lenta.ru).

 

• Des nouvelles de Vita Zaveroukha.  Elle subirait selon elle des intimidations en prison et a tenté de s’ouvrir les veines avec les dents (dnr-news, rian.com.ua)… Son avocat est passé à la télé ukrainienne (youtube). Il accuse la police de tortures sur Vita et dénonce toute la procédure : arrestation illégale, aveux fabriqués, etc. (roadcontrol.org.ua).

 

cliquez sur l’image pour voir la video

 

 

MERCREDI 27 MAI 2015

• Les ukrainiens ne font pas confiance à leur gouvernement.  C’est la conclusion du gouvernement canadien  suite à un sondage commandé à plusieurs compagnies étrangéres et  ukrainiennes. Les Ukrainiens considèrent  que le pays avance dans la mauvaise direction et souhaitent la décentralisation du pouvoir  (vesti-ukr.com).

 

• Le problème des armes en Ukraine : trafic vers l’Europe de l’ouest et passage en Russie. Il existe déjà un trafic d’armes illégales d’Ukraine vers l’Europe, a déclaré sur le plateau de “Kanal 5″ le porte-parole du conseil de surveillance de l’Association ukrainienne des possesseurs d’armes, Grigori Outchaïkine : “Un gros volume d’armes illégales présentes sur le territoire ukrainien partent dans toutes les directions. J’ai été l’un des participants de la réunion avec les gens de l’OSCE. Ils observent et constatent qu’il y a déjà un trafic d’armes illégales partant d’Ukraine en direction des pays d’Europe (de l’Ouest, Ndlr.)” (ukrinform.ua).

Le même problème existe côté russe. Ceci à conduit la Russie qui renforce sa frontière avec le Donbass. Plus de 40 kilomètres de clôture sont prévus, environ 100 kilomètres de fossés ont été creusés. Le service frontalier régional du FSB de la fédération de Russie déclare que ce renforcement était nécessaire pour garantir la stabilité dans la région du Don et freiner l’entrée illégale d’armes en Russie en provenance d’Ukraine. Depuis le début de 2015, les gardes-frontière de l’oblast de Rostov ont bloqués plus de 60 tentatives de passage d’armes et de munitions et ont dû faire 5 fois usage de leurs armes. Plus de 130 personnes ont été arrêtées en tentant de franchir la frontière (big-rostov.ru).

 

Dans ce contexte, le Procureur général Chokine a évoqué la possibilité d’une légalisation rapide des armes à feu en Ukraine. Selon les chiffres officiels, les taux de criminalité en Ukraine ont doublé depuis un an. Selon des experts cités par Vzgliad, elle a en fait décuplé. Le quotidien rappelle que 20 000 droits communs ont été amnistiés pendant cette période. Selon Vzgliad, la décision de légaliser les armes à feu serait encouragée par Porochenko qui a l’appui de “Praviy Sektor” (http://www.vz.ru/world/2015/5/28/747913.print.html).

 

• Le marronnier de l’actu ukrainienne est de retour. En language journalistique, un marronnier est un sujet régulier, généralement saisonnier, qui remplit des colonnes à coup sûr. Pour l’Ukraine, c’est la concentration de troupes russes à la frontière annonçant une invasion prochaine… Cette fois ci c’est sûr… Il y a même des témoins : “Exclusive: Russia masses heavy firepower on border with Ukraine – witness” titre Reuters (reuters.com) le 27 mai 2015. Moon of Alabama s’est amusé à faire le total une liste des articles de Reuters sur le sujet (moonofalabama.org via russia-insider) :

 

JEUDI 28 MAI 2015

• En réponse aux menaces de privatisation, les Odessites ont manifesté à Kiev pour réclamer le statut de “port franc” pour leur ville. Près de la Rada suprême, environ 500 activistes du mouvement public “Odessa-pour un port franc” ont mené une action de soutien à l’établissement d’une zone de régime économique et administrative libre (youtube). Evénement rapporté par le leader du mouvement, Alekseï Tsvietkov. Il a également déclaré avoir remis à l’appareil de la Rada suprême une pétition de 37 000 signatures soutenant la constitution d’un “port-franc” dans la région : “Quand nous avons réuni les signatures à Odessa, nos activistes se sont fait rosser, les agents du SBU ont fait des perquisitions, ils ont confisqué les signatures qu’avaient rassemblées nos gars. Je voudrais poser la question: où est la démocratie européenne? On a ouvert une information judiciaire contre moi – c’est ça, la démocratie?” (youtube).

 

• Anatomie d’une campagne médiatique : Les sept crématorium mobiles russes  et la crédulité/complicité des plus hautes autorités militaires américaines. La semaine dernière, Schinazi nous signalait un article intitulé “Poutine utilise des fours crématoires mobiles en Ukraine” (levif.be). L’ignorer serait une erreur, car il indique quelle preuve les plus hautes autorités legislatives américaines peuvent invoquer pour faire passer un projet d’une intervention militaire américaine de grande envergure en Ukraine. Cette histoire d’incinérateurs pourrait être équivalente à la fiole d’anthrax irakien montrée aux Nations Unis par Colin Powell.

Premier hebdomadaire d’information en Belgique francophone, avec 469 000 lecteurs (wikipedia.org), Le Vif/L’Express se réfère à un article de Bloomberg (bloombergview.com). Bloomberg est un media américain habituellement assez sérieux et relativement neutre. Son article cette fois se borne à rapporter les propos du député Seth Moulton : “les informations sur la guerre que les autorités ukrainiennes ont données aux législateurs américains ne sont pas brillantissimes (the information [...] from Ukrainian officials, whose record of providing war intelligence to U.S. lawmakers isn’t stellar).” Bloomberg est prudent et donne en lien un article qui révèle que des images de colonnes de chars russes, supposés envahir l’Ukraine mais en réalité photographiés en Georgie en 2008, avaient été données aux parlementaires américains par une délégation conduite par Semen Semenchenko, Anatoli Pintchuk, et neuf autres officiels ukrainiens à la fin de l’année 2014 (buzzfeed.com).

“Il y a eu des rapports non confirmés de l’usage par la Russie de crématorium mobile [...] mais autrefois, les officiels américains n’y ont jamais cru. Le chef de la sécurité ukrainienne [SBU], Valentin Nalyvaichenko, déclara en janvier [2015] que sept camions transformés en crématorium ont traversé le pays sur une période de 4 jours, chacun de ces crématorium pouvant brûler 8 à 10 corps par jour”.

Penchons nous sur les acteurs de cette campagne médiatique :

En premier lieu, voyons quelle est la source de cette rumeur. Valentin Nalyvaychenko est le chef du SBU, le service de sécurité ukrainien. Il est né à Zaporojié, mais est très proche idéologiquement des extrémistes de Lvov. Il a déménagé une partie des bureaux de l’ex-KGB dans cette ville où vivait Stepan Bandera et a surtout mené une importante action en justice en 2009 pour faire reconnaitre le Holodomor comme étant un génocide des Ukrainiens de la part des Russes, alors qu’en réalité, cette famine de 1932-33 toucha principalement les régions proches de la Russie et donc celles où vivaient majoritairement des russes ethniques. Le jugement du tribunal, qualifié de farce théâtrale, contribua à la défaveur du gouvernement Ioulia Timochenko par la population russophonne. Nalyvaychenko fut diplomate en Finlande en 1994, puis aux Etats-Unis de 2001 à 2003, et eut des relations tellement amicales avec les Américains, qu’il donna l’accès aux bureaux du SBU à des employés de la CIA en 2013 (ru.wikipedia.org). Le lendemain du crash du boeing MH17, c’est lui qui annonça que l’aomogoyu-rosiyskogo-zrk-buk). Puis, le 28 janvier 2015, il a annoncé à la télévision que la Russie avait envoyé sept camions dans la région de Donetsk équipés de fours pour brûler les corps des soldats russes ainsi que leurs papiers d’identité (atoua.com) vion avait été détruit par l’armée russe à partir de systèmes de missiles anti-aériens Buk M, et qu’il en avait des preuves (unn.com.ua, youtube). On constate que les mensonges de Nalyvaychenko se développent sur des éléments réels (la famine, le crash) et il est possible qu’il en soit de même pour ces camions, car il en existe pour incinérer les chiens errants (theorisk.wordpress.com).

Revenons à l’article de Bloomberg : “Thornberry dit qu’il a vu des preuves des crématoriums à partir de sources américaines et ukrainiennes (he had seen evidence of the crematoriums from both U.S. and Ukrainian sources). Il a dit qu’il ne peut pas dévoiler les détails de ces informations classifiées, mais qu’il insiste sur le fait qu’il croit à ces rapports.”

Mac Thornberry n’est ni un petit journaliste ni un petit homme politique. Il est le directeur (chairman) de la Commission des Forces Armées pour la Chambre des Représentants. Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, depuis 1946, toutes les lois concernant l’armée américaine et ses missions sont élaborées par les deux “Committees on Armed Services”, un pour chaque chambre du parlement (John McCain est le directeur de l’autre comité, celui du Sénat).  “Nous avons entendu cela de plusieurs sources là-bas, suffisamment pour que nous ayons confiance dans la véracité de cette information” dit Moulton, qui lui aussi prend soin de ne pas divulguer d’informations américaines classées.”

L’informateur de Bloomberg, Seth Moulton, est un jeune député américain du parti Démocrate, élu du Massachusetts, qui fait partie de la Commission présidée par Thornberry. Il fut officier en Irak de 2003 à 2008. Il est populaire car il

s’exprime bien quand il est invité sur les plateaux de télévision américains pour parler de l’armée et de la politique étrangère. Moulton et Thornberry sont allés à Kiev fin mars 2015.

“Alexander Vershbow, a déclaré dans une conférence en mars (bbc.com), “Les dirigeants russes ont de plus en plus de mal à cacher le fait que des soldats russes combattent, et meurent, en grand nombre en Ukraine de l’est.”

Bloomberg fait appel ici à un homme très important de la diplomatie américaine et de la Défense. Alexander Vershbow travailla pour l’OTAN, où il fut actif dans le processus de démantèlement de la Yougoslavie. Puis il fut nommé ambassadeur en Russie de 2001 à 2005, où il s’opposa à Poutine. Il devint ambassadeur en Corée du Sud, où il mena une “ligne dure” contre la Corée du nord (wikipedia). Et enfin, depuis 2012, il est “Deputy Secretary-General” de l’OTAN, qui est le deuxième poste le plus important, derrière celui du Secrétaire Général occupé par le Norvégien Jens Stoltenberg.

Bloomberg confirme l’ingérence russe : “Les bloggers russes et ukrainiens ont établi des listes des soldats tués en Ukraine” (tvrain.ru). Ce site prend ces sources dans les pages de réseaux sociaux, les communiqués pro-ukrainiens, et les vidéos tournées par des pro-Maidan. Néanmoins, examinons cette liste puisque c’est la seule citée par Bloomberg, qui la considère comme une référence. Elle ne recense que 34 soldats dont on ne sait pas s’ils sont vraiment en activité actuellement ou si ce seraient d’anciens soldats. 13 personnes citées sont encore vivantes, 16 personnes sont mortes dont 7 sont enterrées, et 5 sont disparues. Donc, au maximum, les crématoriums secrets auraient éliminés les cadavres 16-9+5=14 soldats russes. Cela fait une moyenne globale de seulement de 2 cadavres par crématorium mobile. On est loin du “grand nombre”. Ensuite, pourquoi faire enterrer les 7 russes de la liste, au lieu de les incinérer, et en plus de les enterrer dans des endroits hors d’Ukraine où le public russe a pu être présent et connaitre le secret, comme c’est le cas pour deux morts enterrés à Nijni-Novgorod, un à Voronej, et un en Bachkirie.

Bloomberg explique ensuite la motivation de Thornberry et Moulton : “Cependant, tenant compte de la résistance européenne, le président Président Barack Obama, a dit en mars qu’il était encore en train de réfléchir au sujet de la fourniture d’armes défensives à l’Ukraine. Maintenant, deux mois plus tard, il faut qu’il prenne une décision. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour qu’un moyen légal force cela (legislatively forcing it to happen). Comment pouvons nous forcer un président à donner des armes à un pays, s’il ne le veut pas ?” (How do we force the president to provide weapons to a country if he doesn’t want to?) a déclaré Thornberry. “Je ne vois personne qui s’y oppose sauf le Président Obama” (“I can’t find anyone who is against this except for President Obama.”).

Les Commissions des Forces Armées ont déjà obtenu, le 30 avril dernier, le vote d’une “lethal assistance” d’une hauteur de 200 millions (armedservices.house.gov), mais ils en veulent encore plus.

Enfin, l’article de Bloomberg se termine sur les mots “stopping Putin’s murderous mischief.” Bien évidemment, c’est Poutine en personne qui a des actions malicieuses et meurtrières. Medvedev n’existe pas, ni les habitants d’Ukraine du sud-est.

Espérons que les Américains ne déclencheront pas une troisième guerre mondiale en la justifiant par les photos d’un camion de la SPA de Donetsk chargé d’incinérer les chiens errants qui se multiplient dans les décombres.

La porte-parole du département d’état US, Marie Harf, n’a pas confirmé l’existence des incinérateurs. La question lui a été posée lors d’une interview sur CNN le 27 mai (cnn.com).

BLITZER: You have seen these reports that Russia has deployed mobile crematoriums to Ukraine to dispose of bodies, including Russians — Russian soldiers who may be killed, so there’s no evidence that Russian soldiers are there. Are these reports true? 

HARF: Right. Well, I have seen them, and we can’t independently verify them. But what we do know is there are Russian soldiers in Eastern Ukraine, there are Russian soldiers who have died in Eastern Ukraine, and that the Russians have tried to cover up the fact that there are Russian soldiers there, whether it’s removing the insignia off of their gear they wear into battle, whether it’s stripping off the markings on a tank, for example. 

They have tried to hide their presence their. But on that report, we just can’t confirm.

Ces incinérateurs mobiles ont déjà fait l’objet de polémiques, mais ils étaient jusqu’à présent attribués aux Ukrainiens et mis en rapport avec leur grand nombre de tués. Ce sont les milices du Donbass qui avaient annoncé cette nouvelle en janvier 2015 (ridus.ru à 20 h 34). Dans l’article cité, on trouve un bref passage qui confirme l’incinération des soldats ukrainiens tués : “…после чего пойдут гробы, которые будут закопаны в Польше и Литве. И хорошо, если бойцов будут хоронить, а не сжигать, как на Украине. Не думаю, что данный вариант является для литовцев приемлемым ” “…après quoi arriveront des cercueils, qui seront enterrés en Pologne et en Lituanie. Et ce sera bien si ces combattants sont enterrés, et pas brûlés comme en Ukraine. Je ne pense pas que cette variante soit acceptable pour les Lituaniens“.   Le chef du SBU avait été interrogé en avril 2015 par des députés sur le fonctionnement des incinérateurs de Kiev au moment du massacre de Maïdan (rbc.ua).

 

VENDREDI 29 MAI 2015

• 80% des Ukrainiens sont sous le seuil de pauvreté. Avec un salaire moyen de 50 USD par mois, selon Russia Insider (russia-insider) on obtient 1,67 USD par jour, donc très inférieur au seuil de pauvreté de 5 USD par jour…

 

• Rumeur de préparation d’offensive ukrainienne.  D’après les données rapportées par une de leurs équipes infiltrées, les chefs de la DNR / RPD estiment que le commandement des Forces armées ukrainiennes prévoient de commencer à partir de samedi l’acheminement vers Volnovokha, en deux fois, de  la 55e. brigade d’artillerie.  L’acheminement de la première partie se fera entre le 30 mai et le 2 juin (17 véhicules KRAZ modernisés. La seconde colonne se composera de 20 véhicules, après le 2 juin. Il y aurait des obusiers de 152 mm Мста-Б, des canons de 152 mm Jacinthe B (wikipedia).

 

• Explosion dans un magazin Roshen à Kiev.  Les radicaux de l’organisation Kiev Division ont revendiqué l’explosion (youtube). La population meurt, tandis que son business a augmenté de 18 fois. Nous appellons tous les ultradroites à détruire le business de cet occupant legitimement élu. Il aura d’autres explosions.”.  La video de revendication a été postée sur les réseaux sociaux et retirée aussitôt (vesti-ukr.com).

 

 • Saakashvili nommé gouverneur d’Odessa.  L’ex président de Georgie, Mikhail Saakashvili, est nommé par Porochenko gouverneur de la région d’Odessa (youtube, spiegel.de, lefigaro.fr).  Rappellons au passage l’importance strategique d’Odessa : un port immense et des gazoducs dans tous les sens…

M. Saakashvili est poursuivi en Géorgie pour détournement de fonds et abus de pouvoir, malgré la demande de Tbilissi, Kiev a refusé de  l’extrader (vesti-ukr.com). Le gouvernement lui avait proposé de prendre la direction du bureau anti-corruption, ce qu’il avait refusé… Il vient d’obtenir la nationalité ukrainienne après un temps qui lui a semblé extrêmement long, il s’en était plaint en avril sur le plateau de la chaîne ukrainienne “112″ (112.ua) : “Cela fait déjà cinq semaines que j’essaie, moi, chef du conseil présidentiel d’Ukraine, d’obtenir mon autorisation de résidence, et encore, ils me la font rapidement. Il y a des gars de chez nous qui se battent et se font tuer ici, pourtant ils n’ont toujours pas cette autorisation au bout de plusieurs mois. Pas parce quelqu’un les en empêche, mais  parce que c’est comme ça que fonctionne la procédure chez vous. Je ne vais quand-même pas corrompre quelqu’un, hein? Chez nous, ça prend 7 minutes, et pour moi, ça prend plusieurs semaines. “. On appréciera le “je ne vais quand-même pas corrompre quelqu’un, hein?”

Le moins que l’on puisse dire est que cette décision met tout le monde d’accord ou presque…

Pour Lyashko (facebook) : “Dans toute l’Ukraine avec ses 45 millions d’habitants, il ne s’est pas trouvé un seul citoyen digne de devenir président de l’administration régionale d’Odessa. En nommant des étrangers à des postes en Ukraine, le Président Porochenko à mon avis humilie la nation ukrainienne, reconnaissant devant le monde entier que les Ukrainiens eux mêmes ne sont pas capables d’instaurer l’ordre dans leur Etat. Peut-être que le Président aussi nous devrions le faire venir de l’étranger ?”

Denis Pouchiline, porte-parole de la DNR/RPD, a qualifié la nomination de Saakachvili de “véritable offense envers les Ukrainiens” (youtube).

Pour le premier ministre russe Medvedev, “le cirque continue” en Ukraine (dnr-news.com) et pour Russia Insider, le “clown géorgien” a été nommé gouverneur (russia-insider).

Alexeï Poushkov, président de la commission parlementaire aux affaires étrangères de la Douma, écrit dans son microblog sur Twitter: Алексей Пушков @Alexey_Pushkov 

Саакашвили забыл свои обещания вернуться в Тбилиси,чтобы возглавить Грузию. В Грузии он в лучшем случае может возглавить колонну заключенных” “Saakachvili a oublié sa promesse de revenir à Tbilissi pour diriger la Géorgie”.En Georgie, dans le meilleur des cas, il serait juste capable de diriger une colonne de détenus” (allusion aux nombreuses affaires dans lesquelles l’ex-président est compromis).

Les Odessites, eux, ont pendu des cravates rouges en divers endroits de la ville (24tv.ua). C’est une référence directe à Saakashvili, mangeant sa cravate rouge en direct sur la BBC en août 2008, après sa guerre désastreuse contre la Russie (nouvelle-europe.eu, fortruss).

D’ailleurs la presse ne lui donne pas beaucoup de chance de réussir à s’imposer ou même d’en sortir indemne. Saakachvili dit lui-même avoir été prévenu “qu’il est dangereux de rouler en voiture dans Odessa”. Des experts d’Odessa le qualifient de “corps étranger” (kp.ua) : “Quelques députés ont approuvé le choix du chef du gouvernement, en faisant remarquer que la région a besoin de changement. Pour autant, le député du parti “Batkivshina” Ivan Kroulko a écrit sur les réseaux sociaux que l’ancien président de Géorgie a été nommé jusquà l’automne. Par ailleurs, les experts locaux ne croient pas qu’en un laps de temps aussi bref, il soit en mesure de satisfaire aux tâches qui l’attendent….Saakachvili ne restera pas longtemps. Odessa est un tremplin pour sa carrière” pense le politilogue odessite Andreï Zolotarev.

Pour Kiev, cette nomination est à la fois un coup médiatique et une tentative d’évincer des postes haut placés les gens de Kolomoïski. En effet, Saakachvili remplace Igor Palitsa qui faisait partie de l’entourage de Kolomoïski. Rappelons aussi que le surnom de Kolomoïski, “Benia”, vient de la nouvelle d’Isaac Babel, qui avait donné ce nom au “roi” d’Odessa. Kolomoïski a réagi en déclarant : “Je suis surpris (de la nomination de Saakachvili). Je pense que c’est temporaire. Il va livrer Odessa aux Russes. … Quelle est sa nationalité ? Américaine, géorgienne, hollandaise, et maintenant ukrainienne ?” (rusvesna.su). Kolomoïski cherche à riposter en appelant au soutien des nationalistes ukrainiens. En revanche, la nomination de Saakachvili est une victoire pour Porochenko et surtout pour l’oligarque Viktor Pintchuk qui est le grand rival de Kolomoïski depuis toujours.

De nombreux spécialistes estiment qu’une telle nomination est un ratage, et que ce changement est mal venu. Les Odessites ne croient pas qu’un étranger puisse garantir la stabilité militaire et politique de la région, mais qu’il sert seulement de “chiffon rouge” pour le gouvernement de Moscou : “Les politologues sont persuadés que cette “créature” géorgienne aura bien du mal à prendre l’ascendant sur les militaires, les politiciens, les représentants de la sphère des affaires  et les organisations criminelles (Quel résumé de la société ukrainienne, soit dit en passant !). Ce corps étranger, cet extra-terrestre ne sera pas pris au sérieux, d’autant qu’il n’a aucun poids aux yeux des Odessites.”

 

• Propagande ukrainienne qui fait flop flop. Dans son talk Show, Savik Shuster a voulu faire témoigner en direct un militaire russe qui s’était battu en Ukraine de l’Est et connaissait les deux agents du GRU arrêtés par le SBU. Le militaire a témoigné en racontant tous les bobards habituels sur la présence des troupes russes, etc. Mais soudain il a traité les téléspectateurs d’idiots en disant que rien de ce qu’il a relaté n’était vrai : “Le plus important dans tout cela, c’est que tous vous y avez cru”, a-t-il dit “Parce que vous passez votre temps à mentir à votre peuple ukrainien.”. Le “témoignage” du militaire est juste au début de l’émission. Tout cela en présence des plus éminents propagandistes kieviens, dont Gerashchenko. Soit cet homme est très courageux, soit c’est une opération de déstabilisation et de trollage en règle (youtube, fortruss).

 

Шустер LIVE от 29.05.15 Часть 1   (youtube)

 

 

SAMEDI 30 MAI 2015

• Exemples d’humour russe (fortruss)

How did you sleep today?

Like a baby!

Cried half the night and crapped your diaper twice?

At the  rate things are going, they’ll soon write that John Kennedy was shot in  1963 by an 11-year-old pioneer named Volodya Putin. 

 US scientists searching for oil

We’ve been stealing from these idiots for 23 years, and they still think it’s the Russians’ fault

You raised their utility payments?
Yes
And lowered pensions?
Yes
And sent them to slaughter?
Yes
And how did they react?

They are yelling “Damn Russians!”

 

• Humour ukrainien involontaire.  Selon la déclaration qu’il a faite à la réunion du conseil de supervision de Ukrnafta , Igor Kolomoiskii va porter plainte contre l’état ukrainien pour une somme de 5 milliards (la devise n’a pas été precisée). Toujours égal à lui même, il a traité Aivaras Abromavičius, le ministre de l’économie de “singe” et d’incompétent. La journaliste de Rossia 24, chaine de TV russe, n’arrive pas à retenir un fou-rire en annonçant cette nouvelle (youtube). Kolomoiski a précisé à son collègue nationaliste, Oleh Liachko, qu’Abromavicius a un passeport brésilien où vivent beaucoup de singes (rusvesna.su). Kolomoiski est en réalité furieux d’avoir perdu Odessa où Igor Palitsa, son protégé, a été remplacé par Saakachvili. Il joue la carte nationaliste contre les étrangers dont Abromavicius qui est lituanien.

 

• Test de patriotisme ukrainien. Il y avait déjà eu la “lustration” des anciens fonctionnaires du gouvernement précédent, avec des gens traînés de force dans la rue et jetés dans un conteneur à ordures, ou encore arrosés de kéfir (youtube). Maintenant, des ultras ont inventé un nouveau test pour déterminer qui est séparatiste et qui ne l’est pas : “A Odessa, les activistes de droite ont une vision très personnelle  de la manière d’être Ukrainien. Devant le portail de la Cour d’Appel, le drapeau de Novorussie est devenu paillasson. Quiconque s’essuie les pieds dessus au passage avec joie et passion est étiqueté “patriote “. Quiconque tente de passer prudemment par-dessus ou de le pousser sur le côté doit immédiatement rendre des comptes. Cela va de questions comme “Alors, comme ça, tu es séparatiste?” à une poursuite à travers les couloirs du bâtiment – avec ordre de montrer ses papiers. Ce “test”, avec tous ceux qui s’y sont soumis soit de bon gré, soit avec réticences, a été filmé en vidéo. Le but de ces prises de vues, c’est en fin de compte d’identifier ceux qui n’ont passé ce test avec honneur et sous le salut de “Gloire à l’Ukraine”. (remembers.tvyoutube).

Ce drapeau de Novorussie, les “patriotes” l’ont amené depuis la zone de l’OAT (“Opération ant-terroriste”) et le considèrent comme un trophée personnel. L’initiateur de cette glorieuse idée explique (à partir de 00′ 40″) à ses concitoyens et aux juges de sa ville bien-aimée l’arrière-plan de ce test comme suit : “Ce qui est étendu là, c’est le drapeau de Novorussie – ce n’est même pas un Etat, c’est un groupement terroriste qui combat contre nos gars dans l’est (de l’Ukraine). Ils nous ont envoyé ce drapeau et nous ont dit : “Hé, les gars, faites donc quelque chose ! Ce n’est pas possible ! Nous, on les attrape (les séparatistes) et eux (les juges) les laissent repartir tout simplement. Après l’échange, on n’a plus de gars qui viennent, nos gars meurent et ici, ils les laissent tout bonnement filer. Comment est-ce possible ?”

Le résultat du test, soyons honnêtes, est mitigé. La plupart du temps, les gens essayaient de passer le portail le plus rapidement et le plus discrètement possible. Les autres ne se laissaient pas convaincre par rapport à leur opinion, qui est que l’on ne piétine pas un drapeau. D’autres, cependant, marchaient dans la combine d’une manière démonstrative.

Mais ce qui nous a beaucoup fait plaisir, ce fut la réaction d’un jeune policier qui a tenté de passer aussi prudemment que possible à côté du drapeau, et ce, sous les yeux du “jury” et devant la caméra qui tournait. Le “guide” a évidemment remarqué son manège et l’a constaté en proférant des accusations en rapport (à partir de 1′ 15″) : “Qu’est-ce que tu as fait, là? Tu es donc un séparatiste? Tu m’entends? Comment t’appelles-tu? Viens un peu ici, s’il te plaît.”

Comme le jeune homme -courageux- ne voulait pas se laisser embarquer dans une discussion de toutes façons inutile, il a tout simplement poursuivi son chemin, il a été poursuivi jusque dans le bâtiment et contraint verbalement de rendre des comptes.

Est-ce que vous soutenez l’organisation terroriste appelée “Novorussie”? Non? Et pourquoi avez-vous refusé de vous essuyer les chaussures sur le symbole de la Novorussie?

Ce à quoi le jeune policier, soucieux de protéger sa vie et celle de sa famille, n’a su répondre que “Je ne sais pas de quel drapeau il s’agit”.

 

DIMANCHE 31 MAI 2015

• Moscou établit une liste noire de personnalités européennes interdites de séjour en Russie. 89 personnes sont donc désormais interdites d’entrée en Russie en rétorsion d’actions similaires de l’UE envers des citoyens russes (lefigaro.fr, ouest-france.fr) : ABOLTINA Solvita, ADELSOHN-LILJEROTH Lena, ANTONI LEGUTKO Ryszard, ARENKIEL Thomas, AUSTREVICIUS Petras, BILDT Anna Maria CORAZZA, BONTES Van BAALEN Louis, BORUSEWICZ Bogdan, BUZEK Jerzy, CARLSEN Daniel, CHIFU Iulian, CHONDON Tiberiu-Liviu, CIOROIANU Adrian, CLEGG Nick, COHN-BENDIT Daniel, CORNELIS Johannes, CORSEPIUS Uwe, CZARNECKI Ryszard, DE POURBAIX-LUNDIN Marietta, DEMESMAEKER Mark, DESPERSEN Lene, DUNNE Philip, FALKOWSKI Andrzej, FOTYGA Anna Elzbieta, FUCHS Michael, FULE Stefan, GRINA Gediminas, HARMS Rebecca, HATEGAN Gheorghe, HAUTALA Heidi Anneli, HOUGHTON Nicolas, HUNIA Maciej, HOKMARK Gunnar, KALNIETE Sandra, KARLSON Gunnar, KELAM Tunne, KIILI Meelis, KOWAL Pawel, KOZIEJ Stanislav, KUBILUS Andrius, KUJAWA Radoslav, KUPIECKI Robert, LANDSBERGIS Vytautas, LEVY Bernard-Henri, LIDSTROM ADLER Eva, LIPINSKI Adam, MALOSSE Henri, MARGELLOS Theodore, MIGALSKI Marek Henryk, MOLLER Per STIG, McMILLAN-SCOTT Edward, MULLNER Karl, NELIUPSIENE Jovita, OJULAND Kristina, PABRIKIS Artis, PALAUSKAS Arturas, PARKER Andrew, PARVE Andres, POMASKA Agniezska, POSSELT Bernd, REINSALU Urmas, RIFKIND Malcolm, ROBATHAN Andrew, ROUX Bruno LE, SALAFRANCA SANCHEZ-NEYRA Jose Ignacio, SARYUSZ-WOLSKI Jacezk, SAWERS John, SCHWARZENBERG Karel, SERVAES Michiel, SINISALU Arnold, SISO VALCARCEL Ramon Luis, SIWIEC Marek, STETINA Jaromir, SUDER Katrin, Sˆderman Magnus, TERRAS Riho, TIGANIK Arthur, TOMAC Eugen, TOMASZYCKI Marek, VAIDERE Inese, VAITEKUNAS  Edmundas, VASILEV Ilian, Verhofstadt Guy, WALTER Robert, WELLMANN Karl-Georg, WERIN Odd Sven-Eric, WLOSOWICZ Zbigniew, ZENISEK Marek, ZILE Roberts.

Parlant pour l’UE, Mogherini (wikipedia.org) trouve cette interdiction “injustifiée  : “We consider this measure as totally arbitrary and unjustified,  especially in the absence of any further clarification and  transparency.” (sputniknews). Bien qu’aucun italien se trouve sur cette liste, le ministre des affaires étrangères italien réagit de son côté de la même façon : “The Foreign Ministry considers the blacklist issued by Moscow, to be  unclear, especially taking into account the lack of criteria and  conditions of its compilation… It does not help resume dialogue  between the European Union and Russia, which Italy has always  supported.” (sputniknews).

 

• Malheur aux vaincus. A Volyn, en Ukraine de l’Ouest (wikipedia), 22 soldats ukrainiens qui avaient échappé au chaudron sud en juillet 2014 en traversant la frontière russe passent actuellement en jugement après leur retour de captivité en Russie (dnr-news.com, youtube). Ils peuvent “prendre” jusqu’à dix ans de prison (novorus.info). Il leur est reproché d’avoir abandonné leurs positions et d’avoir préféré passer en Russie pour rester en vie. Ce que l’acte d’accusation ne précise pas, c’est qu’à l’époque, ils n’avaient plus de nourriture, plus de munitions, et que leur hiérarchie n’avait  rien fait pour les tirer de la situation dans laquelle ils se trouvaient. Le fait que les soldats qui se rendent risquent la prison n’est pas nouveau : après le “chaudron” de Debaltsevo, des soldats ukraniens interrogés déclaraient : Si nous refusions de nous battre, c’est la prison qui nous attendait”   (source indisponible suite à la fermeture du compte Youtube : youtube).

На Волыни судят 22 бойцов 51-й отдельной механизированной бригады  (youtube)

 

• Témoignage novorusse.  Sur Youtube, on trouve aujourd’hui la vidéo de l’interview d’un combattant du bataillon “Sparta” (commandant : Motorola”), surnom “Pougatsh”, qui a combattu à l’aéroport de Donetsk (youtube). Sur le sujet du documentaire “Aeroport” (ictv.ua) tourné à la gloire des “Cyborgs”, les combattants ukrainiens de cette bataille de l’aéroport, présenté par Porochenko le 6 mars 2015. Sa réaction est facilement compréhensible (entre 0′ 34″ et 0′ 42″). Plus tard, le journaliste lui demande de décrire les conditions de la bataille. Le soldat reste laconique :  “c’était en hiver” (2′ 48″). “ça tirait sans arrêt” (3′ 34 – 3′ 42″).  Plus tard, il parle des pertes subies par les “cyborgs’ : “des pertes cosmiques !” (4. 02″) (il veut dire “astronomiques”). Pougatsh est modeste, . Il dit: “Nous avons eu de la réussite”, et aussi “nous étions toujours prêts à aller à l’avant”.

Потери киборгов в аэропорту были космическими, – боец Спарты “Пугач”  (youtube)

 

• Informations novorusses à vérifier.  Des compagnons du commandant Mozgovoï, assassiné le 23 ami et enterré le 27, créent un nouveau bataillon nommé “Pechersk” dotnle seul but est l’élimination physique des leaders de la “junte ukrainienne”. En somme, la loi du talion à l’oeuvre (fortruss)… Autre nouvelle à confirmer, un commando américain opérant sous uniforme et identité ukrainiennes sur la ligne de front comme “instructeur” des troupes de Kiev aurait abattu un officier ukrainien voulant violer une jeune femme et serait passer avec elle du côté novorusse (fortruss).

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-0206/