la catégorie qui vote le plus PS : les cadres supérieurs !!! (pauvre Jaurès…)
la catégorie qui vote le plus UMP : les vieux (les cadres supérieurs votent à peine plus pour l’UMP que pour le PS !)
la catégorie qui vote le plus FN : les ouvriers, et à 49 % !
Je pense que ça résume terriblement bien notre situation politique…
(pour mémoire, voici la répartition des salariés en 2013 selon l’INSEE : Ouvriers : 20 % / Employés : 28% / Professions intermédiaires : 25% / Cadres sup et prof libérales : 17% / Artisans et chef entreprises : 6%)
Bien entendu, comme il y a une énorme corrélation entre le niveau d’étude et la catégorie sociale, certains se sont amusés à présenter les choses ainsi, avec des commentaires de “qualité”, comme ici avec SOS racisme (pensez aussi à lutter contre le racisme social, les gars…) :
On en arrive ainsi à une visualisation du mépris social.
Car si les sans-dents votent mal, c’est bien entendu parce qu’ils sont peu éduqués – et donc peu intelligents -, NULLEMENT car ils souffrent, et comprennent bien qu’ils sont les dindons de la farce du système actuel…
Cela rentre dans ses visions décadences du financiarisme, du genre “la fin de l’histoire”, “la fin des luttes de classes sociales”, etc. (un lecteur me parlait même récemment de la “fin du mal”, comme si le mal n’existait plus, et qu’on vivait dans un monde de Bisounours”). Visions où la politique fait seulement partie de la société du spectacle, et n’est plus la façon d’arbitrer entre les revendications des parties du corps social.
Et un jour, les parties constamment perdantes du corps social (et dont tout le monde se contrefout) se révoltent…
P.S. je vous rajoute l’abstention, à la demande générale… (mais en général, la répartition des sympathies politiques des abstentionnistes est proche de celle des votants)
Je rappelle que la “propagande”, c’est principalement cette masse de (des)information qui s’abat sur la population d’un pays par le biais de ses médias grands publics.
Et que, nos systèmes médiatiques étant ce qu’ils sont, il y a ainsi une propagande dans chaque pays, qui va la plupart du temps dans le sens du gouvernement (je vous renvoie aux travaux de Noam Chomsky).
Donc il y a évidemment une propagande russe, mais elle s’exerce surtout en Russie, sur la population russe.
Donc il y a aussi une propagande américaine, mais elle s’exerce surtout aux USA, sur la population américaine.
Donc il y a aussi une propagande péruvienne, mais elle s’exerce surtout au Pérou, sur la population péruvienne. etc.
Bref, si on croit un minimum à la Démocratie, tout un chacun se doit donc de dénoncer la propagande de SON propre pays (ce qui n’est jamais indolore…).
Il est donc piquant de voir la réaction courroucée de nos dirigeants dont les belles narratives sont facilement démontées sur Internet. Mais pour l’instant – et ça durera surement – seule une minorité de la population s’y intéresse, la masse est toujours bercée par TF1-Le Monde-France Inter…
Donc je vois mal comment les pôvres Français pourraient être intoxiqués par de la “propagande russe”, vu que peu de Français vont consulter des médias russes, me semble-t-il.
Mais on aura compris que, bien plus que les occasionnelles déformations de la propagande russe, ce qui effraient nos dirigeants, et qu’ils voudraient abattre, c’est bien la contradiction, voire parfois le simple affichage d’une réalité… Car ils ont, à cause d’Internet, (et pour l’instant) perdu le monopole de l’information…
Je termine avec ces mots de Pascal Boniface :
“On peut se demander si “Libération” fera un jour une enquête sur les réseaux atlantistes ou néoconservateurs en France qui, par le biais de l’Otan, de fondations ou de différentes succursales, ont des capacités de financement bien plus importantes que les Russes. Est-ce que “Libération” enquête pour savoir si l’attitude de ceux qui s’exprimaient le plus violemment contre Poutine n’étaient pas liés à des financements liés à l’intérêt de conserver le plus haut niveau de dépenses militaires ou de redonner une vigueur nouvelle à l’Otan ?”link to iris-france.org
Plan d’action européen contre la désinformation russe
Le chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini
L’Union européenne va préparer d’ici à juin un “plan d’action” médiatique pour contrecarrer les “campagnes de désinformation de la Russie” sur le conflit en Ukraine, selon le projet de conclusions du sommet européen prévu jeudi et vendredi à Bruxelles.
Les chefs d’État et de gouvernement doivent selon ce texte demander à la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, de préparer un mécanisme de contre-propagande, en commençant par “la mise en place d’une équipe de communication”, un “premier pas” en ce sens.
“Désinformation de la Russie”
“Le Conseil européen souligne la nécessité de contrer les campagnes de désinformation en cours de la Russie et invitent” Mme Mogherini “en coopération avec les États membres et les institutions de l’UE, à préparer d’ici à juin un plan d’action de communication stratégique pour soutenir la liberté de la presse”, selon le texte que doivent adopter les chefs d’Etat.
“Veille de médias russes”
L’idée est de “monter une équipe à Bruxelles pour faire une veille des médias russes, repérer les mensonges flagrants, identifier quelles vérités y opposer et informer les États membres pour qu’ils agissent”, a précisé une source européenne. “L’accent doit être surtout mis sur les pays du Partenariat oriental” (Ukraine, Moldavie, Belarus, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan), où le public russophone est jugé le plus exposé à la diffusion des thèses de Moscou, a-t-elle ajouté.
Contre-propagande
Ce projet de contre-propagande était évoqué depuis des mois au sein de l’UE, face à la guerre médiatique déclenchée par la Russie autour de la crise ukrainienne, grâce notamment à ses chaines publiques multilingues diffusant à l’étranger. La Lettonie, qui préside actuellement l’UE et abrite, comme les autres pays baltes, une importante minorité russophone, avait notamment évoqué la création d’une chaîne européenne pour lutter contre la désinformation.
“Annexion illégale” de la Crimée
La couverture par les médias russes du premier anniversaire du “retour” de la Crimée dans le giron russe, via un référendum controversé qui a permis de justifier son annexion par la Russie, est l’un des derniers épisodes de cette bataille de l’information. Les Occidentaux ne reconnaissent pas cette annexion qu’ils jugent “illégale”.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ICI le rapport du Conseil Européen parlant de cela.
L’Union européenne prépare un plan d’action pour contrer la « désinformation » des médias Russes
Une fuite révèle que les dirigeants Européens sont déterminés à contrer ce qu’ils considèrent comme des campagnes de désinformation et ils donnent trois mois au chef de la politique étrangère de l’UE pour présenter des idées sur la façon de faire.
Reuters à obtenu un brouillon de propositions pour qu’un sommet de l’UE ait lieu le 19 et le 20 mars.
Selon la proposition, Frederica Mogherini, le Haut représentant aux affaires étrangères de la Commission européenne, devra rendre dans trois mois un plan d’action en faveur de la liberté médiatique
«Le Conseil européen souligne le besoin de remettre en question les campagnes actuelles de désinformation et invite le Haut représentant … à préparer d’ici au Conseil Européen de juin, un plan d’action sur une communication stratégique en soutien à la liberté des médias et aux valeurs de l’UE», dit le brouillon.
«il accueille avec bienveillance la mise en place d’une équipe de communication comme la première étape à cet égard», poursuit-il.
L’article de Reuters sur le sujet, mentionne spécifiquement RT, comme exemple d’organe de presse financé par le gouvernement Russe «étendant de manière constante leurs opérations».
L’organe de presse à aussi cité un diplomate non identifié, qui a déclaré qu’il y avait «une inquiétude croissante avec la propagande Russe et elle devient maintenant, importante ».
Les proclamations de l’Occident au sujet de la liberté d’expression vont à l’encontre de leurs actes, a dit à RT Alexander Mercouris, un analyste en affaires internationales basée à Londres.
«L’Occident à toujours affirmé qu’il ne fait pas de propagande, qu’il croit en la liberté d’expression et dans l’échange libre des opinions. Malgré tout nous y sommes, l’Occident met en place ce qui, dans l’intention et les objectifs, ressemble à une chaîne de propagande pour émettre le point de vue occidental sur la Russie. Ils disent donc une chose tout en faisant le contraire», a-t-il dit.
Alors que les médias occidentaux «parlent d’une seule voix et disent des choses que de nombreuses personnes en Occident trouvent difficiles à accepter», les gens cherchent des canaux d’information alternatifs, «qu’ils considèrent comme fiables et objectifs et celui qu’ils ont trouvé est RT», à dit Mercouris.
En savoir plus(en anglais) De plus en plus de responsables de médias considèrent RTcomme un défi majeur et veulent entrer en compétition.
En essayant de trouver une parade à la voix russe de plus en plus audible au sein des organes médiatiques internationaux, l’Union européenne met apparemment ses pas dans ceux des États-Unis.
Le BBG, Broadcasting Board of Governors (le bureau des gouverneurs en charge des diffusions, NdT), une agence bi-partisane [Démocrates et Républicains, main dans la main, NdT] qui supervise les médias soutenus par le gouvernement, a proposé de mettre en place une chaîne en langue russe «afin que les États-Unis puissent défier Russia Today (RT)»en août 2014.
En janvier de cette année, Andrew Lack, nouvellement nommé chef du BBG états-unien, avait cité RT comme étant une des plus importants défis de l’agence. Le fait que les deux autres défis sur sa liste étaient l’EI et Boko Haram à mis le fonctionnaire en difficulté avec les journalistes et la communauté des droits de l’homme.
En savoir plus (en anglais) Un ancien membre du BBG déclare: Les organes d’information ne devraient jamais être comparés aux terroristes.
Le Secrétaire d’État John Kerry à récemment demandé aux législateurs états-uniens plus d’argent pour des programmes de propagande et de promotion de la démocratie de par le monde.
«Russia Today peut être vu en anglais, avons-nous un équivalent qui puisse être entendu en Russie? C’est une proposition coûteuse. Ils dépensent de grosses sommes d’argent», a dit Kerry.
Des sommes énormes d’argent, prétendument dépensées pour une diffusion internationale, sont souvent mentionnées par les politiciens occidentaux. Le représentant Ed Royce (R-CA) a récemment estimé que RT coûtait $500 millions.
En savoir plus (en anglais) Pour la propagande et la promotion de la démocratie, le Département d’État cherche le budget pour contrer RT.
En réalité, le budget de RT pour 2015 est la moitié de la somme citée par Royce, $225 millions, selon le taux de change actuel 13,85 milliards de roubles. En comparaison, le média du gouvernement états-unien reçoit $721 millions. Le service international de la BBC, qui en janvier s’est plaint de ce que RT «gagne la guerre de l’information», reçoit $375 millions par an.
Image par RT
Tout le monde n’est pas d’accord sur le fait que la popularité d’un organe médiatique dépend de l’importance des financement qu’il reçoit.
«Je pense que le problème qu’ont les États-Unis c’est qu’ils ont un budget publicitaire illimité, mais que le produit qu’ils vendent n’est pas très attirant depuis l’étranger, à dit à RT Daniel McAdams, le Directeur Exécutif du Ron Paul Institute. Les gens sont fatigués de l’interventionnisme états-unien; ils sont fatigués de l’exceptionnalisme états-unien; ils sont fatigués de ce que les États-Unis bombardent leur pays. Si vous êtes Somalien, vous vous moquez d’écouter un programme de radio venant des États-Unis, vous voulez seulement que les États-Unis cessent de vous bombarder.»
En savoir plus (en anglais) Edward Lucas suggère d’utiliser les méthodes du KGB contre RT
Même Edward Lucas, l’écrivain senior du magazine The Economist, qui est un des plus féroces critiques de RT, reconnaît que sa popularité est due à la nécessité d’un point de vue différent de celui offert par les médias occidentaux.
«Pourquoi les gens regardent-ils RT avec une telle avidité? Parce qu’ils pensent que les médias de masse ne leur disent pas la vérité et ils en ont marre de l’élite politique dans nos pays», a t-il remarqué.
Des femmes combattantes pro-russes participaient, à Donetsk, ce vendredi 7 mars à un défilé organisé à l’occasion de la journée internationale des femmes
Dans l’est de l’Ukraine, des femmes se battent des deux côtés du front. Anna, admiratrice de Vladimir Poutine, se bat aux côtés des rebelles pro-russes.Yadviga, elle, est dans les forces ukrainiennes loyales à Kiev. Portraits croisés.
La photo de Vladimir Poutine trône en évidence dans la salle de réunion du quartier général des autorités rebelles de la ville de Enakievo, au nord de Donetsk. C’est Anna, bras droit du commandant militaire qui l’a accrochée ici. « Il est sage, il est fort, il est sûr de lui. J’aimerais voir un tel dirigeant à la tête de notre pays. »
Anna a 37 ans. Elle est venue dans les rangs des combattants séparatistes, après avoir quitté la vie civile au printemps dernier. « Les gens du Maïdan ont apporté ici beaucoup de douleur, de malheur. La République populaire de Donetsk a dit qu’elle voulait vivre séparément. Les gens ici ne voient pas leur avenir dans l’Union européenne. Ils ne voient pas leur avenir avec les gens qui ont fait la révolution à Kiev. Pourquoi ne veulent-ils pas nous entendre, trouver un compromis ? »
De l’autre côté du front, Yadviga, ancienne policière, a vécu les combats meurtriers de l’aéroport de Donetsk. Son unité est aujourd’hui déployée près de Marioupol. « Pour moi le plus important, c’est cette foi avec laquelle je suis sortie sur le Maïdan. Je suis rentrée du Maïdan et je suis partie à la guerre. Je sais pourquoi je me bats. Parce que je veux vivre normalement. Je voyage beaucoup en Europe, j’y ai même vécu. Je considère que je suis Européenne et je voudrais que l’Ukraine devienne un pays européen, normal. »
Anna, la pro-russe, a sa photo de Poutine. Yadviga, l’Ukrainienne, en a scotché une autre, au dessus de son lit de camp : celle de la tour Eiffel qu’elle rêve de revoir une fois la guerre terminée.
• A Donetsk, les combattantes pro-russes défilent
Profitant de l’accalmie qui s’est installée depuis quelques jours, à Donetsk, les autorités pro-russes ont organisé pour l’occasion, un défilé de jeunes femmes de l’armée rebelle.
L’État grec se finance en émettant des obligations à court terme ; mais comme plus personne n’en veut, seules ses banques privée en achètent. Elles en déposent ensuite une partie à la Banque centrale de Grèce en échange de liquidités d’urgence.
Alors d’un côté, trèèèès courtermiste, la BCE a raison : c’est très dangereux pour les banques.
Mais d’un autre, cela va garrotter le gouvernement grec, qui n’aura que 2 solutions : ou tout céder à l’UE, et dans les grandes largeurs ; ou bien quitter l’euro, et tout faire péter.
Ils sont donc trèèès joueurs à la BCE là – et ça en est fascinant, de mettre une pression folle, faisant fi de contraintes politiques de base sur quelqu’un qui peut vous détruire. Ou bien ils savent que Syriza n’est qu’une grosse baudruche… À suivre donc – parce que dans ces conditions, cela ne va pas durer très longtemps…
La Banque centrale européenne estime que la dette du pays fait peser un risque sur les établissements financiers grecs, a indiqué mercredi à l’AFP une source au fait du dossier. Or, ces derniers permettent à Athènes de se maintenir à flot financièrement…
La BCE, chargée depuis novembre 2014 de la supervision des banques européennes en sus de son mandat de politique monétaire, met désormais la pression sur les établissements financiers grecs.
Elle s’émeut du “risque que le bilan (des banques grecques) soit plombé par des actifs de mauvaise qualité”, a expliqué une source au fait du dossier à l’AFP, mercredi 25 mars. L’institution a intimé aux banques “de ne pas augmenter leur risque” dans une “communication” cette semaine. Elle leur demande notamment d’arrêter d’acheter de la dette d’Athènes.”C’est quelque chose à prendre au sérieux”, de la part des banques, a précisé la source, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.
Le Financial Times et le Wall Street Journal avaient auparavant fait état d’une lettre envoyée mardi 24 mars aux banques hellènes. La BCE n’a pas commenté ces informations.
Athènes écoule ses bons du trésors auprès des banques grecques
C’est principalement auprès des banques grecques qu’Athènes écoule les bons du trésor émis à intervalles réguliers, qui lui servent à rembourser les précédents et à se maintenir à flot financièrement, alors que les caisses de l’Etat sont presque à sec. Mais la dette grecque est considérée comme un investissement “pourri” par les agences de notation.
Par ailleurs, la BCE a arrêté début février d’accepter de la part des banques leurs obligations souveraines grecques comme garanties dans ses opérations hebdomadaires de prêts, importante source de financement pour elles. Avant cette date, les banques grecques bénéficiaient d’un régime de faveur leur permettant d’apporter ces titres en garantie, mais les incertitudes entourant l’avancement d’Athènes dans ses réformes depuis l’arrivée au pouvoir fin janvier du gouvernement d’Alexis Tsipras ont conduit l’institution à faire sauter ce dispositif.
Les banques grecques se refinancent à l’heure actuelle auprès de la banque centrale du pays, avec des prêts d’urgence, plus chers pour elles, dans le cadre d’un mécanisme appelé ELA et approuvé par la BCE.
Grèce : derrière les sourires, le noeud coulant se resserre encore
Angela Merkel et Alexis Tsipras ont voulu détendre l’atmosphère lundi, mais sans avancer sur les dossiers. (Crédits : Reuters)
Romaric Godin | 24/03/2015
La visite d’Alexis Tsipras à Berlin a donné une impression de détente. En réalité, la pression continue à augmenter sur le gouvernement grec qui ne devrait avoir d’autres choix que de céder aux réformes voulues par les Européens.
La visite d’Alexis Tsipras à Berlin a atteint son but : celui de ramener un semblant de calme et de respect dans la crise avant tout politique qui oppose la Grèce à ses créanciers. Finis donc, du moins en apparence, les débats sur les doigts d’honneur et les menaces de part et d’autres. Place aux sourires et aux échanges d’amabilités. Du moins en apparence.
Maintien de la situation objective
Car, dans les faits, ce voyage n’a rien réglé. La situation objective reste la même que celle qui a commencé le 20 février dernier avec l’accord (qui prend de plus en plus la forme d’un pseudo-accord) au sein de l’Eurogroupe. La Grèce a un besoin pressant de liquidités et ses créanciers européens attendent qu’elle se range à « leur » raison pour libérer les fonds. Ce lundi 23 mars, Angela Merkel n’a, en réalité, pas bouger d’un pouce. Elle a même précisé explicitement (mais avec le sourire de circonstance) qu’elle ne pouvait en réalité rien pour la Grèce. Selon Bild Zeitung, citant des « participants » aux discussions, il n’a, du reste, été discuté de rien de concret concernant ce problème. Autrement dit, Angela Merkel a renvoyé Alexis Tsipras face à l’Eurogroupe et à la troïka. On revient donc au point de départ.
Un apaisement inquiétant ?
Concrètement, cette visite du premier ministre hellénique à la chancellerie n’a donc été qu’une entreprise de communication. Elle rassure tout le monde. Mais en réalité, elle est fort inquiétante, car elle prouve que Berlin reste dans sa position hiératique d’attente. Et qu’attend Angela Merkel ? Qu’Athènes propose enfin une liste de réformes conforme à ce que l’on entend par réformes chez les hauts fonctionnaires européens. Lundi, du reste, fort opportunément, l’agence allemande DPA annonçait que « selon des sources proches du ministère grec des Finances », la Grèce pourrait proposer un relèvement de la TVA sur les nuitées d’hôtel, le tabac et l’alcool, une hausse de la taxe de séjour dans les îles, un relèvement à 67 ans (contre 62 ans aujourd’hui, même s’il sera toujours possible de partir à cet âge avec 40 ans de cotisations) de l’âge minimal de départ à la retraite et une accélération des privatisations. Ce programme pourrait être en réalité les conditions auxquelles les créanciers sont prêts à accorder quelques milliards d’euros à la Grèce.
La carotte et le bâton
On comprend donc aisément la stratégie d’Angela Merkel : elle n’a aucune raison d’avancer autrement que sur le plan de la communication. Dans les faits, le temps joue pour elle. Plus les caisses grecques se vident, moins Alexis Tsipras n’aura le choix des « réformes. » Ce qui importe pour Berlin comme pour Bruxelles, c’est avant tout de dissimuler cette stratégie du « nœud coulant » où l’on laisse le patient grec s’asphyxier de plus en plus jusqu’à ce qu’il accorde tout ce qu’on lui demande. D’où ces sourires et cette bonne volonté affichée. D’où aussi les deux milliards d’euros de « fonds inutilisés » qui vont être mis à la disposition de la Grèce par l’Union européenne. Une manne subitement découverte et qui vient fort opportunément « réparer » l’impair d’un fonctionnaire de la Commission qui, mardi 17 mars, avait voulu bloquer la mise en place de la loi sur l’urgence humanitaire. Et pour enfoncer le clou, voici que Jean-Claude Juncker lui-même adopte le vocabulaire de Syriza et parle d’urgence humanitaire.
Pourquoi la Commission a-t-elle subitement découvert et libéré ces fonds «inutilisés » ? On peut faire confiance aux fonctionnaires européens pour trouver une réponse « rationnelle » à cette question. Mais, en réalité, c’est une opportunité supplémentaire de convertir le nouveau gouvernement grec aux « bonnes » réformes. Avec ces 2 milliards d’euros, qui sont une bonne nouvelle pour l’économie grecque qui en a fort besoin, Alexis Tsipras dispose, s’il le souhaite d’un argument supplémentaire pour « vendre » les réformes promues par les Européens aux Grecs et les faire accepter par la population et la majorité à la Vouli, le parlement grec. Bref, Bruxelles joue la carotte, l’Eurogroupe le bâton. Mais le but est le même : faire accepter au gouvernement Syriza des réformes qu’il pouvait le 25 janvier juger inacceptables.
Ce que la Grèce pourrait obtenir : du temps
Dans ces conditions, on voit mal comment Alexis Tsipras pourrait résister. Selon le porte-parole du gouvernement, une liste de réformes « qui n’auront pas d’impact récessif sur l’économie » sera présentée d’ici à lundi. Dans la foulée, selon des informations publiées le 23 mars par le quotidien grec To Vima, si l’Eurogroupe valide cette liste, 4,9 milliards d’euros pourraient être débloqués. Il s’agira de 1,2 milliard d’euros de la dernière tranche de l’aide européenne, du déblocage des 1,9 milliard d’euros d’intérêts engrangés par la BCE sur les bons grecs et de 1,8 milliard d’euros de remboursement d’aide bancaire trop perçue par le fonds européen de stabilité. De quoi tenir jusqu’en… juillet, date à laquelle la Grèce va devoir rembourser 3,5 milliards d’euros à la BCE. Autrement dit, les créanciers de la Grèce vont conserver la maîtrise du temps. Ils vont défaire un peu le nœud coulant, puis recommencer à serrer. Avec toujours le même but : ne pas laisser d’initiatives à Athènes, notamment sur la renégociation de la dette dont on notera qu’il n’est plus guère question.
Comment faire passer les réformes en Grèce ?
L’enjeu pour Alexis Tsipras sera désormais de faire passer ses reculs pour des victoires. Il dispose de quelques arguments : les 2 milliards d’euros de l’UE, on l’a vu, pèsent lourd (c’est plus de 1 % du PIB), mais il peut aussi insister sur cette loi pour gérer la crise humanitaire qu’il est parvenu à faire adopter, malgré la résistance de l’UE ou sur le nouvel objectif d’excédent primaire pour 2015 (qui reste à définir). Surtout, Alexis Tsipras pourra s’appuyer sur un argument massue : il faut stopper la détérioration de l’économie, condition nécessaire à l’application du programme de Syriza. Et pour cela, il faut accepter les conditions de l’Eurogroupe. A ce point, le nœud coulant aura réalisé parfaitement son œuvre. Sera-ce suffisant pour conserver sa majorité parlementaire et sa très grande popularité alors qu’il pourrait accepter une hausse de la TVA que même le gouvernement précédent avait refusée ? Les Grecs semblent désormais surtout soucieux de sortir de la crise, et on les comprend. Il devrait pouvoir passer dans l’opinion.
Triple revers pour Alexis Tsipras ?
Reste néanmoins que si ce scénario se confirme, Alexis Tsipras aura subi un triple revers, même s’il faudra se garder de juger son gouvernement au bout de deux mois avec des exigences démesurées. Le premier, c’est le maintien de la Grèce dans ce « péonage » de la Grèce décrit par l’économiste Costas Lapavitsas et qui consiste à mobiliser l’essentiel des ressources de l’Etat pour le remboursement des créanciers. Le second, ce sera de ruiner la marge de manœuvre des partis proches de Syriza en Europe en prouvant qu’une victoire électorale ne permet pas réellement de renverser la vapeur. Enfin, il hypothèque l’avenir des négociations, en se retrouvant dans une situation étroite de dépendance et en ayant fait aveu de faiblesse.
Victoire des créanciers ?
Pour autant, chacun, Grecs comme créanciers, devrait, au final, se considérer comme vainqueur. Mais il n’est pas certain que la victoire des créanciers ne soit rien d’autre qu’une victoire à la Pyrrhus. Leurs « réformes » ne permettront pas de redresser réellement la Grèce et cette « victoire » ne découragera guère les électeurs des partis « populistes » dans d’autres pays, notamment ceux qui prônent des solutions plus radicales et qui, en réalité, se trouvent renforcés par l’autisme de l’Eurogroupe, dans leur idée que seule la rupture paie…
Beaucoup d’entre vous ont apparemment apprécié le résultat du gros travail pour constituer ces actu’ukraine.
Or, sauf erreur de ma part, je n’ai reçu aucune réponse à l’appel de la semaine passée pour des volontaires pouvant noua aider à sélectionner et rédiger cette série.
Comme une seule personne ne peut gérer ceci à moyen terme, il est donc possible que cela soit une des dernières actu-Ukraine.
Ainsi, si vous avez un peu de temps pour nous aider, merci denous contacter ici.(pas besoin de parler forcément ukrainien : on a beaucoup d’infos, ce qui est long c’est de trier, rédiger…)
Actu’Ukraine semaine du 16 au 22 mars 2015
Cette semaine, c’est le retour à la case “Guerre”…
Focus de la semaine : les accords de Minsk 2 et leur application un mois après leur signature
• En bref
Le cessez-le-feu (point 1) est globalement respecté hormis quelques points chauds (Peski et Shirokino en particulier) et des provocations. Le retrait des armes lourdes (Point 2) est globalement achevé côté novorusse et reste flou côté ukrainien comme l’a noté à plusieurs reprises l’OSCE (point 3).
Le début du volet politique des accords de Minsk (point 4) a été torpillé par l’Ukraine le 17 mars 2015 avec l’assentiment tacite des occidendaux. Les amendements à la loi sur le statut spécial du Donbass sont totalement en opposition avec l’esprit de Minsk. L’Ukraine ne reconnait pas la réalité de la guerre civile, elle ne reconnait pas les novorusses comme un belligérant (et donc n’a rien à discuter avec eux). Les milices novorusses ne sont donc pas, de facto, des formations militaires reconnues et donc devraient, selon le point 10 et selon l’interprétation de l’Ukraine, être dissoutes. De plus, cerise sur le gâteau, l’Ukraine ne reconnait pas la perte de la région de Debaltsevo et d’autres localités et ne les inclue pas dans la zone à statut spécial.
En somme, ce vote du 17 mars 2015 met un point final au volet politique des accords de Minsk et donc aux accords tout court. L’Ukraine agit exactement de la même façon qu’en septembre 2014 avec les premiers accords de Minsk. Elle gèle par des accords une situation militaire désastreuse pour elle. Elle ne respecte pas le volet politique de l’accord et laisse pourrir la situation tout en préparant ses forces armées à la prochaine offensive. Si rien n’évolue côté ukrainien, la guerre devrait donc bientôt reprendre.
• L‘application de l’accord de Minsk 2, point par point(texte en russe mk.ru, traduction française le courrier de russie, traduction anglaise wikipedia, document original en russe osce)
Point 1 - Cessez-le-feu immédiat et universel dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk et respect strict de ce cessez-le-feu à compter du 15 février 2015 à minuit (heure ukrainienne). Immediate and full ceasefire in particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts of Ukraine and its strict fulfilment as of 00:00 midnight EET on 15 February 2015.
Le cessez-le-feu est globalement respecté hormis quelques points chauds : Peski (colonel cassad) et Shirokino (colonel cassad) en particulier. A noter aussi des provocations. Citant l’OSCE, Lavrov déclare que 80% des violations du cessez-le-feu sont le fait des Ukrainiens (rt).
D’ailleurs l’Ukraine ne cache pas son intention de reprendre la guerre. Yatseniouk a ainsi d”éclaréKiev essayera par tous les moyens de reprendre le contrôle sur le Donbass (vz). Les Novorusses ne se font pas d’illusions et se préparent à la prochaine offensive (youtube).
Interview du commandant novorusse Givi sur le cessez-le feu (youtube)
Dernièrement, les ukrainiens ont bombardé la gare ferroviaire de Donetsk (dnr-news, youtube).
Point 2-Retrait de tous les armements lourds par les deux côtés, à distances égales, afin de créer des zones de sécurité : d’une largeur de 50 km minimum d’écartement pour les systèmes d’artillerie d’un calibre de 100 mm et plus, d’une largeur de 70 km pour les lance-roquettes multiples, et d’une largeur de 140 km pour les lance-roquettes Tornado-S, Ouragan, Smertch et les systèmes de missiles tactiques Totchka (Totchka U) : pour les troupes armées ukrainiennes : depuis la ligne de démarcation de fait ; pour les formations armées des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk : depuis la ligne de démarcation établie par le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014. Le retrait des armements lourds énumérés plus haut ne doit pas commencer plus tard que le lendemain du cessez-le-feu, et être achevé dans une période de 14 jours. Ce processus sera assisté par l’OSCE avec le soutien du groupe de contact tripartite.
Pull-out of all heavy weapons by both sides to equal distance with the aim of creation of a security zone on minimum 50 kilometres (31 mi) apart for artillery of 100mm calibre or more, and a security zone of 70 kilometres (43 mi) for multiple rocket launchers (MRLS) and 140 kilometres (87 mi) for MLRS Tornado-S, Uragan, Smerch, and Tochka U tactical missile systems: for Ukrainian troops, from actual line of contact; for armed formations of particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts of Ukraine, from the contact line in accordance with the Minsk Memorandum as of 19 September 2014. The pullout of the above-mentioned heavy weapons must start no later than the second day after the start of the ceasefire and finish within 14 days. This process will be assisted by OSCE with the support of the Trilateral Contact Group.
Le retrait des armes lourdes côté novorusse a été achevé et acté par l’OSCE. La situation côté ukrainien est plus floue. L’OSCE s’est vu plusieurs fois refuser de suivre des convois d’armes lourdes ukrainiennes jusqu’à leur lieu de destination.
Point 3- L’OSCE assurera une surveillance et un contrôle efficace du régime de cessez-le-feu et du retrait des armements lourds dès le premier jour du retrait, en y employant toutes les ressources techniques nécessaires, notamment des satellites, des drones, des systèmes de radiolocalisation, etc.. Effective monitoring and verification of ceasefire regime and pullout of heavy weapons by OSCE will be provided from the first day of pullout, using all necessary technical means such as satellites, drones, radio-location systems etc.
Le 19 mars 2015, un observateur de l’OSCE a même été arrêté par la SBU (services de sécurité ukrainiens) puis libéré avec des excuses. Ce qui s’appelle de l’intimidation (lenta.ru)…
Du côté novorusse, les républiques pensent plutôt que les observateurs de l’OSCE sont de parti-pris pour Kiev (colonel cassad)…
Point 4- Le lendemain du retrait, entamer le dialogue sur les modalités de conduite d’élections locales, conformément à la législation ukrainienne et à la loi ukrainienne sur «le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », et également sur le régime futur de ces régions, sur la base de la loi ukrainienne. Sans tarder, pas plus tard que 30 jours à compter de la date de signature de ce document, adopter un décret de la Rada suprême d’Ukraine mentionnant le territoire sur lequel s’étend le régime particulier, conformément à la loi ukrainienne sur « le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », sur la base de la ligne fixée dans le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014. On the first day after the pullout a dialogue is to start on modalities of conducting local elections in accordance with the Ukrainian legislation and the Law of Ukraine “On temporary Order of Local Self-Governance in Particular Districts of Donetsk and Luhansk Oblasts,” and also about the future of these districts based on the above-mentioned law. Without delays, but no later than 30 days from the date of signing of this document, a resolution has to be approved by the Verkhovna Rada of Ukraine, indicating the territory which falls under the special regime in accordance with the law “On temporary Order of Local Self-Governance in Particular Districts of Donetsk and Luhansk Oblasts,” based in the line set up by the Minsk Memorandum as of 19 September 2014.
La Rada a adopté le mardi 17 mars une nouvelle loi sur le statut du Donbass (en fait des amendements à la précédente loi jamais appliquée) qui revient à dénoncer les accords de Minsk 2. Si rien ne change, les accords de Minsk 2 sont donc morts. Voir plus bas dans cette Actu’Ukraine pour plus de détails (mardi 17 mars 2015 – Torpillage des accords de Minsk 2 par le parlement ukrainien).
Point 5- Garantir la grâce et l’amnistie, par le biais de l’adoption et de la mise en vigueur d’une loi interdisant la poursuite et la condamnation des personnes en lien avec les événements ayant eu lieu dans les régions ukrainiennes actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk. Provide pardon and amnesty by way of enacting a law that forbids persecution and punishment of persons in relation to events that took place in particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts of Ukraine.
Pas d’avancée sur ce point.
Point 6- Garantir la libération et l’échange de tous les otages et personnes illégalement détenues sur la base du principe « tous contre tous ». Ce processus devra être achevé au plus tard cinq jours après le retrait. Provide release and exchange of all hostages and illegally held persons, based on the principle of “all for all”. This process has to end – at the latest – on the fifth day after the pullout (of weapons).
Après un premier échange très médiatisé, les échanges de prisonniers ont été arrêtés. L’incertitude plane toujours sur le sort des prisonniers novorusses aux mains des ukraniens, en particulier des bataillons de la garde nationale.
Point 7- Garantir l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la distribution d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme international. Provide safe access, delivery, storage and distribution of humanitarian aid to the needy, based on an international mechanism.
L’Ukraine ne respecte pas ce point, seulement 15% de l’aide humanitaire arrive aux populations du Donbass. Pour plus de détails, voir l’analyse du rapport du UNOCHA, plus bas dans cette Actu’Ukraine (lundi 16 mars – L’Ukraine prive les civils des zones contrôlées par les Novorusses de soins médicaux ).
Point 8- Détermination des modalités du rétablissement total des liens socio-économiques, notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les autres versements (encaissements et recettes, paiement en temps voulu de toutes les factures communales, rétablissement de l’imposition dans le cadre du champ juridique de l’Ukraine). À cette fin, l’Ukraine rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions touchées par le conflit, et il sera peut-être crée un mécanisme international pour faciliter ces versements. Define the modalities of a full restoration of social and economic connections, including social transfers, such as payments of pensions and other payments (income and revenue, timely payment of communal bills, restoration of tax payments within the framework of Ukrainian legal field). With this aim, Ukraine will restore management over the segment of its banking system in the districts affected by the conflict, and possibly, an international mechanism will be established to ease such transactions.
Côté social, pas d’avancée sur ce point. Les versements d’allocations et de salaires ne sont toujours pas effectués. L’Ukraine doit à ce jour 100 milliards de Hryvnias aux résidents de Novorussie (novorossia.today) : “Pension payments interruptions, credits and social payments for children and salaries for state employees began in Summer, and the Ministry Cabinet took official decision to freeze all payments for citizens who live in the territory of the DPR and LPR.” 100 milliards UAH c’est à peu près le déficit prévu dans les caisses de retraite ukrainiennes en 2015 (kyiv post). La république de Donetsk a commencé de son côté à verser des allocations aux femmes enceintes et aux mères de nouveaux-nés (novorossia.today) pour pallier à la déficience de l’état ukrainien.
Côté économique, quelques avancées. L’Ukraine accepte d’acheter du charbon aux “terroristes” de la république de Donetsk et Donetsk livre sous condition de pré-paiement des cargaisons (tass via russia insider, novorossia.su), mais dans le même temps des sabotages ont lieu en Ukraine sur les lignes de chemin de fer en direction de la république de Lougansk (dnr-news, unian). UNIAN écrit : “Militants have blown up railway tracks in Volnovakha district and near the town of Popasna… One of the reasons for committing acts of terrorism is an attempt by militants to break any communication between the occupied and free areas in Donetsk and Luhansk regions” Remplacez “Militants” dans la phrase par “Forces ukrainiennes” et la vérité se fera jour. D’ailleurs se sont les ukraniens et non les novorusses qui ont fait sauter, cette semaine, le dernier pont autoroutier enjambeant le fleuve Severskiy Donets servant de frontière entre l’Ukraine et la République de Lougansk (novorossia.today).
Point 9- Rétablissement d’un contrôle total du gouvernement ukrainien sur la frontière étatique dans toute la zone de conflit, qui doit commencer le lendemain des élections locales et s’achever après la fin du règlement politique universel (élections locales dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk sur la base de la loi ukrainienne et réforme constitutionnelle) d’ici la fin de l’année 2015, sous condition de l’exécution du point 11 – par des consultations et en accord avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Restore control of the state border to the Ukrainian government in the whole conflict zone, which has to start on the first day after the local election and end after the full political regulation (local elections in particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts based on the law of Ukraine and Constitutional reform) by the end of 2015, on the condition of fulfilment of Point 11 – in consultations and in agreement with representatives of particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts within the framework of the Trilateral Contact Group.
Pas d’avancée sur ce point.
Point 10- Évacuation depuis le territoire de l’Ukraine de toutes les formations armées et de la technique militaire étrangères, ainsi que des mercenaires, sous la surveillance de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux. Pullout of all foreign armed formations, military equipment, and also mercenaries from the territory of Ukraine under OSCE supervision. Disarmament of all illegal groups.
Pas d’avancée sur ce point.
Point 11- Conduite d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en vigueur d’ici fin 2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé de la décentralisation (avec prise en compte des particularités des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions), et également adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de l’année 2015. Constitutional reform in Ukraine, with a new constitution to come into effect by the end of 2015, the key element of which is decentralisation (taking into account peculiarities of particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts, agreed with representatives of these districts), and also approval of permanent legislation on the special status of particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts in accordance with the measures spelt out in the attached footnote,[note 1] by the end of 2015.
Pas d’avancée sur ce point.
Point 12 – Sur la base de la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », les questions concernant les élections locales seront débattues avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Les élections seront conduites dans le respect des standards de l’OSCE correspondants et sous la surveillance du BIDDH de l’OSCE. Based on the Law of Ukraine “On temporary Order of Local Self-Governance in Particular Districts of Donetsk and Luhansk Oblasts”, questions related to local elections will be discussed and agreed upon with representatives of particular districts of Donetsk and Luhansk oblasts in the framework of the Trilateral Contact Group. Elections will be held in accordance with relevant OSCE standards and monitored by OSCE/ODIHR.
Pas d’avancée sur ce point
Point 13 – Intensifier l’activité dugroupe de contact tripartite, notamment par le biais de la création de groupes de travail pour l’exécution des aspects correspondants des accords de Minsk. Ces groupes reflèteront la composition du groupe de contact tripartite. Intensify the work of the Trilateral Contact Group including through the establishment of working groups on the implementation of relevant aspects of the Minsk agreements. They will reflect the composition of the Trilateral Contact Group.
Ca, pour discuter, ça discute…
Lundi 16 mars 2015
• Après dix jours d’absence qui ont fait couler beaucoup d’encre, Poutine est de retour et il est tout feu tout flammes… Tout d’abord il déclenche des exercices surprises dans l’arctique avec toute la flotte du Nord mise en état d’alerte (sputnik news, rt, rt, youtube) et des troupes pour un total de 38 000, 41 bâtiments de guerre, 15 sous-marins, 110 avions et hélicoptères de combat (zerohedge)… et dans la foulée, deux jours après, le 18 mars, il signe un traité d’alliance avec l’Ossétie du Sud incluant la protection militaire de la Russie pour la république sessésioniste de Géorgie (rt). Les USA refusent de reconnaître ce traité (sputnik news) et la Géorgie flippe carrément, vu la dérouillée éclair qu’elle a pris en 2008 suite à sa guerre contre l’Ossétie du Sud…
Poutine déclenche aussi des exercices en Mer Baltique (rt),en Mer Noire (lenta.ru, wikipedia), dans le Nord Causase (entrainement des forces spéciales à l’élimination de groupes terroristes), dans l’extrême orient russe, à Sakhaline sputnik news) et enfin dans les îles Kouriles (sputnik news).
Les USA s’inquiètent (stratfor)… mais ne se posent pas de questions face à leurs propres exercices militaires aux frontières russes (rt, zerohedge)… Et quand on leur pose officiellement des questions, ils sont bien embarassés pour répondre (youtube)…
• Un conducteur ivre renverse et tue une femme et une petite fille. Ce fait divers serait hélas banal s’il ne se passait à Konstantinovka, dans la partie du Donbass sous contrôle ukrainien et si le véhicule incriminé n’était pas un transport de troupes blindés des forces ukrainiennes (fortruss, colonel cassad) : “The accident occurred at the Lomonosov Street near City Hospital No. 5. Three pedestrians suffered under the wheels of the fighting vehicle: A girl aged eight died on the spot, a woman and a child in a stroller were taken to hospital,” indique le ministère de l’Intérieur.
Très rapidement l’indignation se transforme en colère avec des émeutes (novorossia.today). Dès le lendemain, la police est autorisée à tirer sur toute personne armée (novorossia.today). Déclaration de Guerachtchenko à la chaine de TV “112 Ukraine” : «Si quelqu’un à Konstantinovka manifeste les armes à la main contre les lois du pouvoir ukrainien, instrumentalisant ledit accident de la circulation pour des affrontements de masse, d’abord il sera fait un tir de sommation, puis il y aura un tir à balles réelles. S’il n’y a pas le temps pour un tir de sommation, le tir se fera immédiatement à balles réelles. Personne n’est en droit de saper le pouvoir ukrainien, armes à la main, en Ukraine. Toutes les actions, renforts et ordres nécessaires ont été envoyés à Konstantinovka, où la situation va être normalisée et restera telle dans l’avenir»… Et des unités paramilitaires de “Secteur Droit” débarquent dans la ville pour “rétablir l’ordre” (fortruss).
Le 19 mars,le journaliste ayant filmé les premières images du drame est porté disparu (fortruss).
Tout ceci en dit long sur le degré de tension dans le Donbass sous contrôle ukrainien, les méthodes ukrainiennes de maintien de l’ordre et la vitesse à laquelle tout pourrait basculer dans l’insurrection…
• Retour sur l’émission Ce soir (ou jamais !) diffusée sur France 2 le 13 mars 2015. Cette émission de Frédéric Taddeï avait pour thème : « Entre Vladimir Poutine et l’OTAN, la guerre froide est-elle de retour ? » (france2) avec pour invités Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, Andreï Gratchev, historien et ancien conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, Raphaël Glucksmann, documentariste, Slobodan Despot, éditeur et écrivain, Manon Loizeau, journaliste et Frédéric Pons, journaliste.
Arrêtons nous sur Raphaël Glucksmann (le parisien). C’est,
un bébé BHL, mari de Eka Zgouladze, vice-ministre de l’Intérieur en Ukraine après l’avoir été en Géorgie et fils d’André Glucksmann, « nouveau philosophe » et compagnon de route de BHL …
Moment choisi d’un échange entre ledit Glucksmann et un autre intervenant, Slobodan Despot :
Glucksmann : “Vous portez le ruban des envahisseurs du Donbass, alors arrêtez…”
Despot :“Mieux vaut portant le ruban des envahisseurs que la croix gammée comme certains amis de…”
Glucksmann :“Moi, je porte la croix gammée ? “
Remarquez que Glucksmann n’attend pas que Despot finisse sa phrase pour réagir, comme s’il se sentait concerné…
• Procès entre oligarques ukrainiens à Londres (independent). Viktor Pinchuk, un ami de Tony blair, poursuit deux autres oligarques ukrainiens Gennadiy Bogolyubov et Igor Kolomoisky pour une somme de 2 milliards USD sur fond de violence, pression, meurtre et corruption… Un résumé de l’Ukraine en somme… A relier au “focus” de l’Actu’Ukraine de la semaine dernière ( ).
• L’Ukraine prive les civils des zones contrôlées par les Novorusses de soins médicaux (hrw.org, youtube)
Le constat est fait par l’ONG Human Right Watch en se basant sur leur propre expérience et le dernier rapport de l’United Nations Offices for Coordinated Humanitarian Affairs (UNOCHA) (unocha) : Ukraine – Situation Report No 31 (Sitrep 31 FINAL pdf ). Cela n’émeut pas l’UE qui choisit de ne regarder que la Crimée, où tout va bien, plutôt que le Donbass (russia insider)…
Analyse du rapport “Ukraine – Situation Report No 31″ de l’UNOCHA
Page 1 : “The humanitarian situation continues to worsen in eastern Ukraine, particularly in NGCAs, where access to benefits and services have been cut off since December 2014. This has drastically worsened the plight of people living there, seriously affecting access to basic services and food. This has been further aggravated by restrictions placed on the movement of people and goods. Travel restrictions imposed by the government of Ukraine have contributed to serious delays in the delivery of humanitarian aid, including medicines and medical equipment, to civilians in NGCAs of eastern Ukraine. The restrictions also seriously impede access to health care for civilians from NGCAs who need to use state-funded medical services available only in government-controlled areas”.
Les restrictions de mouvements sont bien dues aux actions du gouvernement. Donc, le gouvernement de Kiev, composé pour partie de néo-nazis, bloque l’aide humanitaire aux populations civiles de l’est. Ça s’appelle un crime de guerre.
Page 2 :“Overall, since the beginning of the conflict in mid-April 2014 at least 5,943 people were documented as killed and 15,309 as wounded in the conflict area”.
6000 morts (et spécifiquement des civils des zones rebelles de l’est de l’Ukraine). A noter que c’est le décompte officiel. D’autres sources parlent de 50 000 morts en tout (militaires et civils confondus).
Page 2 : “As of 11 March, the MoSP reports 1,133,728 registered IDPs across the country. According to UNHCR, the total number of Ukrainians who have sought asylum, residence permits or other forms of legal stay in neighboring countries now stands at 743,000, including 607,900 in Russia and 80,900 in Belarus”.
L’information sur les réfugiés illustre d’ailleurs assez bien qui est l’agresseur. Au total : 1 133 728 réfugiés (civils déplacés). 390 728 personnes, soit 34% du total, se sont réfugiées à l’intérieur du pays sans plus d’informations sur l’ethnie ou le lieu de refuge, ça peut être des “Ukrainiens-Ukrainiens” ou des “Ukrainiens-Russes”.
Quant aux réfugiés/déplacés hors d’Ukraine ( 66% des réfugiés, soit 743 000 personnes), 607900 ont demandé refuge en… Russie et 80900 en Biélorussie, pays totalement allié de la Russie. 607900 + 80900 = 688 800. Cela veut dire 92% des personnes ayant quitté l’Ukraine sont allées en Russie ou chez son allié biélorusse. 92%… On a du mal à imaginer des civils allant SE REFUGIER dans le pays agresseur…
Quand on voit, par exemple, la direction prise par l’exode des Français en 1940, c’était la fuite plutôt loin des frontières de l’Allemagne que vers l’Allemagne. A moins que tous ces Ukrainiens ne soient fous ? Pourquoi diable ne vont-ils pas se réfugier vers l’Europe, la liberté et la démocratie ? Une question sur laquelle on peut méditer longuement.
Et encore… ce sont les chiffres officiels de l’OCHA reprenant les chiffres officiel ukrainiens (comme spécifié dans le document). Les Russes annoncent 1 200 000 réfugiés sur leur territoire (500 000 de plus – il s’agit des Ukrainiens de l’est qui avaient la double nationalité et qui dont n’ont pas à demander un statut de réfugié).
Mais bon, les chiffres officiels de l’ONU sont déjà assez parlant.
Page 2 : “In Dnepropetrovsk and Zaporizhzhia, authorities stated that the oblast will work as a ‘transit centre’ despite the fact that people are reluctant to move westwards in hopes of being able to return home, and amidst fear of not being accepted in view of cultural and linguistic challenges”.
Ah si, finalement, on a une indication sur l’origine ethnique des réfugiés qui se trouvent à l’intérieur de l’Ukraine (les 390 728) : ceux là donc ne veulent pas aller à l’ouest par peur des “incompréhension culturelle et linguistiques”… ça c’est dans le langage châtié des diplomates de l’ONU, en clair ces gens là ne veulent pas se faire massacrer à l’ouest du pays où se concentrent les néo-nazis (récemment ils avaient même voulu massacrer les supporters de Guingamp (sic!))
Bref, une bonne partie des réfugiés intérieur doit être “ukrainiens-russes”.
Page 2 : “The 15-member EDG team raised the issue of taxing humanitarian aid, payments of pensions and social benefits to people in non-government-controlled areas and IDPs, the need to lift restrictions on the movement of people and goods into areas beyond Government control, and the impact on civilians of the interruption of basic services and the banking system in these areas stressing the Government’s role as duty bearer towards all its citizens”.
Les humanitaires expliquent donc au gouvernement de Kiev que ce n’est pas bien gentil de bloquer les services de base, interdire les déplacements, taxer les retraites, les aides sociales des citoyens habitant dans les zones non contrôlées par le gouvernement de Kiev et que donc le rôle d’un gouvernement est de s’occuper de TOUS ces concitoyens. Quel beau gouvernement démocratique répondant aux standards européens et de l’UNHCR.
Page 2 : ” The EDG appealed for additional funding for the Humanitarian Response Plan for 2015, which is currently just 15 per cent funded. (…) As of 14 March, donors funded or pledged USD 45 million to the Humanitarian Response Plan (HRP), or 15 percent of the USD 316 million required for 2015″.
Donc seul 15% de l’aide humanitaire a été fournie aux réfugiés; Bon, comme ils sont principalement “Ukrainiens-Russes” ça n”est pas vraiment nécessaire.
Supposition gratuite : la pénurie en médicaments est telle que l’Ukraine les réserve à sa population en priorité…Ou ses forces armées… Ou encore, les fonds sont peut-être un peu détournés par les affairistes de Kiev ou utilisé pour des choses plus importantes comme financer la guerre dans l’est de l’Ukraine…
Page 2 : “In total, between 20 February and 4 March, three convoys of in-kind assistance from the Russian Federation were reportedly sent to non-government controlled areas of Donetsk and Luhansk. OSCE reports the arrival of another convoy of in-kind assistance from the Russian Federation arrived on 13 March”
Qui fournit l’aide humanitaire aux habitants de l’est de l’Ukraine ? (“Humanitarian Response”). 4 convois humanitaire envoyés donc… par la Fédération de Russie. Drôle d’envahisseur quand même. Dans le document on trouve ensuite une liste terrifiante de besoins de base non couverts pour les populations de l’est de l’Ukraine. Tous les élément de ce rapport montrent une seule chose tragique : la guerre est menée par Kiev contre son propre territoire, y compris en visant les populations civiles, soit par des bombardement, soit en leur refusant le minimum vital. Cela s’appelle une guerre civile.
Il est inadmissible que des pays européens se réclamant des droits de l’homme s’abaissent encore à soutenir un tel gouvernement au cœur de l’Europe
• Les USA confiment avoir reporté le programme de formation de l’armée ukrainienne. Le commandant des forces américaines en Europe, le lieutenant général Ben Hodges a officiellement confirmé mardi que l’armée américaine a reporté le programme pour la formation de l’armée ukrainienne pour “laisser plus de temps” à la mise en oeuvre des accords de Minsk 2 (ria novosti)… Mais pas trop quand même ! 3 jours plus tard, donc après le vote de la loi sur le Donbass par la Rada le 17, le Pentagone annonce qu’il envisage de commencer l’entrainement fin avril (rt, sputnik news) Et dans le même temps, les USA continuent à “s’exercer” dans les pays proches de la Russie (Bulgarie : uatoday.tv, Roumanie : usafe.af.mil et Pologne : defense.gov) et paradent avec leurs blindés dans toute l’Europe de l’Est (stripes.com)…
En ce qui concerne les “formateurs” anglais, ils n’ont pas dû recevoir l’avis des USA parce qu’ils sont déjà arrivés en Ukraine pour 2 mois, dans la ville de Mykolaiv… et qu’ils entraineront l’armée régulière pour deux mois ! Tout faux les anglais (novorossia.today, sputnik news) !
• Les Russes déploient, pour des exercices aussi, des bombardiers stratégiques armés de missiles de croisière anti-navires en Crimée (lenta.ru/, wikipedia) et forment des unités capales de se déployer en 24 heures (fortruss)…
• Petite remarque en passant. La Russie a inventé un nouveau sport il y a deux ans : le biathlon en char de combat (wikipedia, sputnik news, dailymotion) et où il sont champions du monde… Réfléchissons… Les USA, les pays baltes, la Pologne et Donald 1er veulent que l’Europe s’engage militairement en l’Ukraine pour se battre au final contre un pays qui considère le char de combat comme un sport… et dans lequel ils sont doués ! Perso, je ne la sens pas trop la compet’…
• Marche annuelle des vétérans de la légion des Waffen SS lettons dans le centre de Riga (vz, russia insider, youtube)
• Humour russe : La 4eme conférence mondiale sur la sécurité internationale se tiendra à Moscou à l’hôtel Ukraine les 16 et 17 avril 2015 (eng.mil.ru/)
Mardi 17 mars 2015
• Torpillage des accords de Minsk 2 par le parlement ukrainien. La Rada a adopté le mardi 17 mars une nouvelle loi sur le statut du Donbass (en fait des amendements à la précédente loi jamais appliquée). Cette loi devrait représenter le début du volet politique des accords de Minsk (point 4), volet qui vient d’être torpillé par l’Ukraine avec l’assentiment tacite sinon l’encouragement des occidendaux (fortruss, sputnik news). Les amendements à la loi sur le statut spécial du Donbass (vôtée en 2014 mais jamais appliquée) sont totalement en opposition avec l’esprit de Minsk. Une analyse détaillée a été efectuée par le journal Vzgliad (vz) et une autre par Regnum (regnum). En gros, l’Ukraine refuse d’appliquer le volet politique des accords de Minsk 2 exactement comme en septembre 2014 avec les accords de Minsk 1. Ce qui implique donc que la guerre va reprendre…
L’Ukraine ne reconnait pas la réalité de la guerre civile (mais une invasion russe), elle ne reconnait pas les novorusses comme un belligérant (et donc n’a rien à discuter avec eux). Les milices novorusses ne sont donc pas, de facto, des formations militaires reconnues et donc devraient, selon le point 10 et selon l’interprétation de l’Ukraine, être dissoutes. De plus, cerise sur le gâteau, l’Ukraine ne reconnait pas la perte de la région de Debaltsevo et d’autres localités et ne les inclue pas dans la zone à statut spécial (vz, fortruss, kyiv post).
Le Ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a accusé Kiev s’éloigner fortement des accords de Minsk (vz) et a appelé l’Allemagne et la France à accomplir une démarche auprès du gouvernement ukrainien (vz, rt, youtube). La DNR et la LNR ont publié une déclaration commune (colonel cassad) selon laquelle aucun accord ne sera possible avec Kiev tant que les décisions du mardi 17 mars 2015 de la Rada et de Porochenko ne seront pas révisées (vz). Andreï Pourguine, le Président du Conseil populaire de la DNR (vz) et Denis Pushilin, le représentant officiel de la DPR dans le groupe trilatéral de contact de Minsk (novorossia.today) ont également acté que Kiev tourne le dos aux accords de Minsk.
Deux jours plus tard, les USA approuvent la loi votée par la Rada (sputnik news). On attend toujours la réaction de la France et de l’Allemagne, parties prenantes des accords de Minsk…
• Porochenko, qui se sent chaud bouillant, envisage de déclencher une guerre contre la Russie ! Lors d’une entrevue avec son homologue roumain, Porochenko envisage d’intervenir pour rattacher la république sessésionniste de Transnistrie (wikipedia, novorossia.today, novorossia) à la Moldavie. Petit problème, il y a des troupes russes stationnées en Transnistrie fortruss) Donc attaquer la Transnistrie, c’est déclencher une guerre contre la Russie… Comme l’Ukraine n’arrive pas à faire intervenir la Russie à l’est du pays, elle va essayer de la faire intervenir à l’ouest, histoire d’avoir “sa” guerre contre la Russie…
La Transnistrie lui répond par une lettre (fortruss) qui revient en termes non diplomatiques à lui dire de “s’occuper de ses oignons” :
We, the residents of Transnistria, were quite surprised by the manifested concern for the restoration of the historic state borders from Petro Poroshenko and, in turn, intend to express consent, provided, however, that Ukraine will return to its historical homeland, that is, to Russia, to restore the territorial integrity of the Russian lands. What actually Your citizens of Ukraine have been demanding for more than a year.
Dear Mr. Poroshenko, we’re surprised that You started with the integration of foreign states, not starting with your own. In order to show us an example of how to come to terms with your historical homeland, now You just must demonstrate on your own example and restore the historic injustice of the collapse of the Great Union, the nuclear super-power.
In case You deny Russia to return its rightfully Russian land, then we will be forced to refuse You, too, because if You do not find the strength to return home, then what right do You have to return us somewhere?
Sincerely we hope that You come to your senses and integrate into the Russian Federation, where people will start to live normally and not like now – only existing and surviving.
With respect, the residents of Transnistria.
Coïncidence ? L’OTAN va ouvrir une représentation en Moldavie ce printemps (rt). Pas de doute, certains à Washington veulent vraiment leur guerre avec la Russie…
• Un peu de poésie dans de monde de brutes… Voici, pour ceux qui ne parlent pas le russe, la traduction du poème de Pouchkine “A ceux qui calomnient la Russie” (16 août 1831) par Louis Martinez dans l’édition de poche Poésie/Gallimard des poésies de Pouchkine (pp 151,152). Ce poème répondait à des discours à l’Assemblée nationale française, notamment de La Fayette, demandant une intervention militaire en faveur des Polonais soulevés. Finalement les think tanks de M. Soros and Co n’ont rien inventé…
Pourquoi tout ce tumulte, oracles des nations ?
Et pourquoi contre nous fulminer l’anathème ?
D’où cette indignation ? Les troubles de Pologne ?
C’est un débat qui seul touche les Slaves.
Vieux litige qu’arbitre un destin familial :
Il ne vous revient pas de trancher la question.
De tout temps, ces tribus
ont guerroyé entre elles
et maintes fois dans l’orage
l’une ou l’autre a chaviré.
Qui sortira vainqueur de la lutte inégale
Du fanfaron Polaque ou du Russe loyal ?
- Vous fondrez vous, ruisseaux slaves, dans la mer russe ?
- Mer, te tariras-tu ? C’est toute la question.
Laissez nous. Vous n’avez pas lu
nos annales ensanglantées.
Cette querelle de famille
est étrangère à votre esprit
et muets pour vous le Kremlin et Praga (1).
Vous vous laissez absurdement séduire
par les héros d’un combat sans espoir
et surtout vous nous haïssez…
Mais pourquoi ? Répondez : serait-ce d’aventure
parce que dans les murs de Moscou incendié
nous n’avons pas plié sous l’impudent vouloir
de celui qui vous faisait trembler ?
Parce que nous avons fait descendre dans l’abîme
l’idole qui pesait sur la tête des rois ?
Rachetant de tout notre sang
l’honneur, la liberté et la paix de l’Europe ?
Terribles orateurs, eh bien, passez aux actes !
Nos guerriers d’Izmaïl (2) auraient-il oublié
l’art de visser leurs baïonettes ?
Croyez-vous sans effet la parole du tsar ?
N’avons-nous pas déjà lutté contre l’Europe ?
Le Russe a-t-il perdu l’habitude de vaincre ?
Manquerions-nous de bras ? de Perm à la Tauride,
Des ardeurs de Colchide aux froids rochers finnois,
du Kremlin naguère ébranlé
aux murs de la Chine immuable,
ne verra-t-on pas se lever
la Russie, hérissée d’acier ?
Envoyez-nous, fiers orateurs,
vos enfants aveuglés de rage :
les plaines de Russie leur assignent leur place
près des tombeaux où gisent leurs aînés.
(1) Praga est un faubourg de Varsovie sur la rive droite de la Vistule dont la population avait eu à souffrir de l’armée russe lors de la répression de l’insurrection de 1794.
(2) Izmaïl était une place forte turque à l’embouchure du Danube qui a été prise par les Russes en 1770, 1790 et 1809.
(notes résumées de l’édition Gallimard).
• En image, cela donne ça…
• L’Ukraine met fin aux accords de facilitation de passage de frontière entre l’Ukraine et la Russie. A présent, il faudra un passeport et sans doute un visa pour franchir la frontière (russia insider). Les populations frontalières apprécieront…
Mercredi 18 mars 2015
• Premier anniversaire du rattachement de la Crimée à la Russie. A cette occasion, je vous soumets deux documents : le discours de Poutine lors du rattachement et un documentaire russe sur les événements ayant conduit au référendum et au rattachement (monavista.ru). Information connexe, la Crimée a signé ses 2 premiers contrats d’investissement pour un montant de 30 millions USD et plus de 200 contrats seraient à l’étude (fortruss). Poutine a déclaré que le pont enjambant le détroit du Kerch pout relier la Crimée à la Russie devrait être construit le plus tôt possible (fortruss).
Reconstitution des évènements qui ont conduit à la réunification de la Crimée avec la Russie -15 mars 2015. Récits de Poutine, Choïgu et autres personnalités. Malheureusement il n’existe qu’en version russe pour l’instant (sputnik news, monavista.ru, youtube). Avec 4 722 385 vues sur Youtube en une semaine… Analyse de De Defensa sur le rattachement de la Crimée et ce documentaire (de defensa).
Interview de Poutine sur ce documentaire - 18 mars 2015 (soundcloud)
Allocution de Poutine sur le rattachement de la Crimée – 18 mars 2014 (youtube)
• Conférence de presse du leader de la résistance à Kharkov (video youtube, transcript anglais fortruss)
• Liste nominative des pertes humaines dans les forces armées ukrainiennes. Le Comité des Mères de Soldats a établi une liste des pertes (materi.com.ua via fortruss). Selon leurs données au total il y aurait 6305 morts, 1454 blessés et 2520 portés manquants (disparus ou déserteurs).
• Parallèle entre l’Allemagne nazie et l’Ukraine de Porochenko. Comme durant la seconde guerre mondiale, l’armée régulière perd la confiance du gouvernement après de lourdes défaites. De plus la motivation et la qualité de cette armée, alimentée en hommes par des vagues de mobilisation forcée de moins en moins efficace, sont de plus en plus faibles. En ce qui concerne la dernière vague de mobilisation, 70% des appelés fuient l’incorporation et sur les 30% incorporés, le tiers déclare vouloir se rendre à la première occasion (fortruss) !
Ce qui conduit le gouvernement à s’appuyer de plus en plus sur des formations de volontaires politisés. Pour Hitler c’était les divisions SS, pour Porochenko, ce sont les bataillons de la Garde Nationale. Porochenko vient de décréter un jour de “célébration de la Garde Nationale” pour “Compte tenu de l’importance et le rôle de la Garde Nationale de l’Ukraine dans les tâches pour assurer la sécurité publique et la défense de l’Etat, la protection et la préservation de la vie, les droits, les libertés et les intérêts légitimes des citoyens,…” Cette journée sera célébrée chaque année le 26 Mars (ru.tsn.ua). Les résidents du Donbass apprécieront…
Rappelons que l’entrainement des forces armées d’Ukraine par les USA (entrainement reporté) ne concernait que la Garde Nationale et que celle-ci a reçu de nouveaux chars de combat début mars (auto.tsn.ua)… Exactement comme pour les divisions SS qui disposaient du meilleur matériel et du meilleur entrainement…
Jeudi 19 mars 2015
• La Russie a convoqué une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies à huis clos sur la question de l’échec des accords de Minsk 2 (ria novosti)
• Les pays baltes en pleine paranoia. Le ministère de l’Intérieur de Letonnie prépare son “guide en cas d’attaque” conseillant par exempe aux habitants “de se munir de haches” et de surveiller la ligne côtière pour repérer des opération de débarquement ennemies ou encore de préparer un sac de survie contenant de l’argent, des papiers d’identité, une carte bancaire, un téléphone portable de réserve, une hache, un poste radio, un couteau, des médicaments, des vivres et d’autres produits de première nécessité (sputnik news).
La Lithuanie, qui vient de réintroduire la conscription, engagera dans l’armée les chômeurs et les détenus… Le journal Vzgliad rappelle aussi les événements du 18 mars à Vilnius lors du passage d’un train de conscrits russes allant vers Kaliningrad ; la gare avait été cernée par la police et des militaires qui pensaient avoir à faire à une invasion (vz, sputnik news).
• Continuité de l’offensive du gouvernement ukrainien contre Kolomoïski. Il est cette fois question du contrôle de l’entreprise Ukrtransnafta qui gère pas moins que tous les oléoducs et gazoducs du pays, donc du lourd (sputnik news) ! . Déclaration de Kolomoïski selon lesquelles un proche de Porochenko, Kononenko, l’a évincé (en remplaçant l’ancien directeur proche de Kilomoïski) de la direction de Uktransnafta. L’oligarque s’en prend aussi au journaliste qui avait sorti l’histoire de sa triple nationalité (israélien, chypriote et ukrainien) (vz, lb.ua, youtube, gordonua.com, colonel cassad). Le tout assorti d’un tombereau d’insultes particulièrement salées (selon les journaux)…
Vzgliad fait une longue synthèse des événements lors de la “descente” de Kolomoïski dans les bureaux d’Ukrtransnafta (vz). Cela sent de plus en plus mauvais pour l’oligarque. La police a placé les bureaux de Uktransnafta sous protection (unian, dnr-news). Porochenko a infligé un blâme à Kolomoïski “pour violation des règles d’éthique professionnelle” et comportement qui le déshonore en tant que fonctionnaire d’Etat. Il s’est même fendu d’un décret pour ce faire (ria novosti, dnr-news) et enfin des renforts de gardes nationaux ont été envoyés dans la région de Dnepropetrovsk (dont Kolomoïski est gouverneur) pour “prévenir des émeutes” (unian). Les journaux ukrainiens se demandent si Kolomoïski va conserver encore longtemps son poste de gouverneur de Dnepropetrovsk…
• Interview de Porochenko à Euronews sur sa “confiance” dans l’UE (euronews). Le lendemain, l’Ukraine interdit Euronews dans le pays (tass, sputnik news, korrespondent.net, pravda.ru, slon.ru). A cela 4 raisons possibles selon les journaux : l’Ukraine est décue de la position de l’UE, cela lui permettrait de ne pas payer une dette vis à vis d’Euronews, l’Ukraine n’arrive pas à influencer le contenu de la version ukrainienne d’Euronews et enfin la rédaction ukrainienne à Lyon serait composée de journalistes pro-Yanoukovitch…
Vendredi 20 mars 2015
• Petit état de la dette d’état ukrainienne. Une part conséquente (environ 20%) de la dette souveraine (7 milliards USD) a été rachetée par le fonds d’investissement américain Franklin Tempelton pour le compte de la famille Rothschild (histoire d’avoir une minorité de véto sur les décisions de restructuration). Le gouvernement russe est le deuxième détenteur en valeur avec 3 milliards USD. (bloomberg, reuters, fortruss, mignews).
• Chants patriotiques et prières : les armes secrètes de l’Ukraine… Vu le contexte économique et militaire sans oublier la paranoia des services de sécurité (les “conseillers” de l’OTAN en Ukraine se plaignent même d’être considérés comme des espions… gazeta.zn.ua), je ne vois plus que ça comme solution pour Kiev… Le ministre de la politique d’information (lire “ministre de la Vérité”), Youri Stets, a expliqué à ses compatriotes comment gagner la guerre de l’information: prière au lever et hymne national au coucher (politnews.net).
• A Marioupol, contrôlée par le bataillon Azov, la population vit dans la terreur des arrestations arbitraires dans une ville ou un tiers soutient Kiev, un tiers les novorusses et un autre tiers reste neutre (russia insider, youtube). Faute de gagner les coeurs, la mairie de Marioupol va saturer les oreilles en installant des hauts parleurs qui diffuseront des chants patriotiques, tous les jours a midi (marsovet.org.ua) et bien sûr, chants obligatoires pour les enfants marsovet.org.ua)…
• Les allemands combattant du côté de l’armée ukrainienne (en clair des allemands nazis) seront automatiquement déchus de leur nationalité allemande. C’est ce que Wolfgang Bosbach, président de la commission parlementaire allemande de l’Intérieur, a déclaré. Le cas serait différent pour un allemand combattant du côté des novorusses en raison du “statut juridique flou des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk” (sputnik news). En clair également, il est permis pour un allemand de se battre contre des nazis… Ce qui en soi est une bonne nouvelle !
• Début de discussions tripartite (Russie, Ukraine, UE) sur le gaz à Bruxelles rassemblant le ministre russe de l’énergie Alexander Novak, le ministre ukrainien de l’énergie et de l’industrie du charbon Vladimir Demchishin et le vice president de la Commission Européenne de l’énergie Maros Sefcovic (kyiv post, russia insider.). Il n’y a pas a priori grand chose à attendre de ces discussions. L’Ukraine croit au père Noel et demande de payer le gaz russe moins cher et de faire payer la Russie 30% de plus pour le transit du gaz vers l’UE (sputnik news)… La Russie explique gentiment que c’est niet ! Le contrat en cours est signé jusqu’en 2019 et il n’est pas question de le renégocier (sputnik news). Et moins gentiment, via la Turquie avec laquelle la Russie va construire le remplaçant de South Stream au plus vite (sputnik news)… En effet, la Turquie vient d’interdire le passage de navires transportant du Gaz Liquéfié (GNL) par le Bosphore, ce qui implique que les USA ne pourront pas approvisionner (c’est à dire vendre) du GNL à l’Ukraine par cette route (tass). L’Ukraine est donc bel et bien pour l’instant totalement dépendante de la Russie pour son approvisionnement en gaz même si elle essaye de se fournir en Europe, via la Hongrie par exemple (sputnik news ). Et quand le Turkish Stream sera opérationnel, dans un an ou deux, l’Ukraine perdra tout moyen de pression géopolitique que lui procure pour l’instant son statut de pays de transit du gaz russe vers l’Europe.
Samedi 21 mars 2015
• Nouvel épisode de la série documentaire Roses have Thorns sur la crise Ukrainienne : Part 15 – The Fall of Slavyansk (June 29 – July 7, 2014) (youtube)
• La Russie déclare qu’elle ne permettra jamais une révision des accords de Minsk 2 (sputnik news). En termes diplomatiques, “jamais” veut dire “plus de négociations”… “Nothing will be rewritten. The Minsk agreements are the result of 17-hour-long talks. The documents were signed by representatives of Kiev, Luhansk and Donetsk with the participation of Russia and the OSCE [Organization for Security and Co-operation in Europe].They have been unanimously approved by the UN Security Council” a déclaré Lavrov. La Russie ne menace pas, elle agit. Aussi faut-il voir cette déclaration comme un (ultime ?) avertissement avant une réaction russe.
13% de la population soutiennent le régime (Поддержка), 8% le respectent (Уважение), 12% sont indifférents (Безразличие) 56% se mefient du régime (Недоверие), 13% le haissent (Ненависть) et 13% ne se prononcent pas (Затруднились ответить).
La confiance dans les institutions (page 5 rb.com.ua)
Eglise (Церковь) : Font confiance 62%, Ne font pas confiance 24%, Ne se prononcent pas 14%
Armée (Армия) : Font confiance 57%, Ne font pas confiance 34%, Ne se prononcent pas 9%
Organismes publics et bénévoles (Общественные, волонтерские организации) : Font confiance 57%, Ne font pas confiance 34%, Ne se prononcent pas 9%
Medias (СМИ) : Font confiance 32%, Ne font pas confiance 58%, Ne se prononcent pas 10%
Partis politiques (Политические партии) : Font confiance 8%, Ne font pas confiance 81%, Ne se prononcent pas 11%
Approbation de l’action politique (page 6 rb.com.ua)
Président Porochenko (Президент Украины П. Порошенко) : 33% approuvent son action, 57,6% désapprouvent, 9,3% ne se prononcent pas
Premier ministre Iatseniouk (Премьер-министр Украины А. Яценюк) : 23,5% approuvent son action, 68,1% désapprouvent, 8,4% ne se prononcent pas
Président du parlement Vladimir Groisman (Председатель ВР Украины В. Гройсман) : 22,7% approuvent son action, 61,6% désapprouvent, 15,7% ne se prononcent pas
Intentions de vote aux législatives par région (Запад : Ouest, Центр : Centre, Юг : Sud, Восток : Est) et en global (УКРАИНА В ЦЕЛОМ) (page 7 rb.com.ua)
Bloc Petro Porochenko (Блок Петра Порошенко) 13,2 %
Association “SAMOPOMICH” (Объединение “САМОПОМИЧ”) (wikipedia) 8%
Parti Radical O. Liachko (Радикальная партия О. Ляшко) 5,7%
Patrie (ВО “Батькивщина”) 5,6%
Bloc de l’opposition (Оппозиционный блок) 5,3% (0,7% dans l’ouest, 14,7% dans l’est)
Secteur Droit (Правый сектор) 4,4%
Svoboda (ВО “Свобода”) 2,7%
Front Populaire (Народный фронт) 2,5%
Autres (Другие) 5,4%
Abstention (Не пойдут на выборы) 23,1% (31,7% dans l’est)
Ne se prononcent pas (Затруднились ответить) 24,1% (26,9% dans le sud)
Evolution des principaux partis politiques de septembre 2014 à mars 2015 (page 8 rb.com.ua)
Bloc Petro Porochenko (Блок Петра Порошенко) : 13,2 % (-14,2% par rapport à septembre 2014)
Association “SAMOPOMICH” (Объединение “САМОПОМИЧ”) : 8 % (+6% par rapport à septembre 2014)
Parti Radical O. Liachko (Радикальная партия О. Ляшко) : 5,7 % (-1,6% par rapport à septembre 2014)
Patrie (ВО “Батькивщина”) : 5,6% (-1,1% par rapport à septembre 2014)
Bloc de l’opposition (Оппозиционный блок) : 5,3% (+3,8% par rapport à septembre 2014)
Secteur Droit (Правый сектор) : 4,4% (+2,9% par rapport à septembre 2014)
Front Populaire (Народный фронт) : 2,5% (-4,1% par rapport à septembre 2014) avec un pic à 19,8% en novembre 2014)
Intentions de vote aux présidentielles par région (Запад : Ouest, Центр : Centre, Юг : Sud, Восток : Est) et en global (УКРАИНА В ЦЕЛОМ) (page 9 rb.com.ua)
Porochenko est toujours largement en tête avec 19,2% en global, suivi de loin par Timochenko 5,3%, Liachko (О. Ляшко) 5% (wikipedia), Hrytsenko (А. Гриценко) 4,2 % (wikipedia), Tyahnybok (О. Тягнибок) 2,5% (wikipedia), Tihipko 2,1 % (wikipedia) et Iatseniouk 1,7%. les autres personnalités (Другие) regroupent 6,3% des intentions de vote. A noter que 10,1% des sondés sont contre toutes les personnes citées (Против всех), 20,1 % n’iraient pas voter (Не пошли бы на выборы) et 23,9% ne se prononcent pas (Затруднились ответить).
Evolution de l’opération “anti terroriste” dans le Donbass (page 10 rb.com.ua)
Amélioration : 47% (-7% par rapport à septembre 2014)
Détérioration : 39% (+1% par rapport à septembre 2014)
Sans opinion : 14% (+6% par rapport à septembre 2014)
Quelle option pour la crise dans le Donbass ? (page 11 rb.com.ua)
Option militaire (Силовой вариант наведения порядка властью) : 24% (+3% par rapport à septembre 2014)
Option politique (Достижение компромисса путем переговоров) : 66% (-4% par rapport à septembre 2014)
Sans opinion : 10% (+1% par rapport à septembre 2014)
Quelle évolution de la crise dans les six mois à venir ? (page 12 rb.com.ua)
Escalade militaire du conflit et extension des zones de combat (Дальнейшая эскалация конфликта, расширение его территории) : 18%
Cessation progressive des hostilités et gel de la situation (Постепенное прекращение активных боевых действий и замораживание конфликта) : 36%
Réglement pacifique du conflit (Начало процесса мирного урегулирования конфликта) : 31%
48% de la population voit l’avenir du Donbass comme une région de l’Ukraine (В составе единой Украины), 22% ne se prononcent pas (Затруднились ответить), 20 % voit l’avenir du Donbass en tant que républiques indépendantes (Независимая республика / республики) et 10% voit le Donbass réunifié à la Russie.
Application de l’accord de Minsk 2 (page 14 rb.com.ua)
Pour 65% de la population l’accord ne sera pas appliqué contre 14% pour le oui. 3% de la population ne sait pas et 18% est sans opinion
• Forum USA UE Russie à Bruxelles: “Zero-Sum? Russia, Power Politics, and the post-Cold War Era” (youtube)
Participants : Secrétaire général OTAN Jens Stoltenberg, Représentante de l’UE Federica Mogherini, Assistant Secretary of State Victoria Nuland et Chairman of Russia’s Federation Council Committee on International Affairs et Konstantin Kosachev, Président de la commission des affaires étrangères du conseil de la fédération de Russie. Modérateur : David Ignatius, associate editor du Washington Post… Donc plutôt des faucons pur rapace pour l’ouest et un ours coriace à l’est…
Petits morceaux choisis des répliques de Konstantin Kosachev à ses interlocuteurs:
13 min 50 : “Il faut arrêter de parler de Poutine, mais parler des Russes et de la Russie qu’il représente”
19 min 00 : “Depuis le début nous essayons de dialoguer avec l’Europe de l’Ukraine, de résoudre les problèmes et de prépare l’avenir”
27 min 54 : “Kiev n’a jamais essayé de négocier avec les séparatistes, je ne peux pas m’exprimer en leur nom”
33 min 42 : “Que ferait l’OTAN si un de ses pays membres se disait cyber attaqué par la russie ? vous bombarderiez ? ou vous cyber attaqueriez ? la non transparence de l’OTAN dans ce domaine nous pertube”
41 min 30 : “Ce qui est bon pour l’OTAN n’est pas forcément bon pour l’Europe, la Russie est sytématiquement exclu du dialogue sur l’avenir de l’Europe”
45 min 35 : “4 pays ont ratifié le traité de Non Prolifération CFE ??? Russie, Ukraine, Bielorussie, Kazakhstan mais aucun pays de l’OTAN”
56 min 36 : “Les avions de l’OTAN non plus n’allument pas leur transpondeur a bord, pourriez vous affirmer le contraire ? Jens Stoltenberg : je l’affirme “
59 min 48 : “Nous sommes dans une relation parfaite avec la Chine”
Sans oublier les deux questions de personnes dans l’audience à partir de 1h07mn15 : “L’europe a déstabilisé le Moyen-Orient, la Syrie, la Libye, peut-elle se permettre de faire pareil en Russie ?” et “La Russie a commencé la crise avec l’Ukraine en 2013 non pas parce qu’elle allait signer un accord avec l’OTAN mais parce qu’elle négociait avec l’Europe, aussi je voudrais demander a Jens Stoltenberg et Federica Mogherini si la porte reste ouverte à d’autres pays pour l’OTAN”
Dimanche 22 mars 2015
• Affrontement Kolomoïski Porochenko suite (et fin ?). Taquin, Kolomoïski aurait fait bloquer tous les comptes de Porochenko dans la banque Privatbank (privatbank.ua, wikipedia) qui est la plus grande banque d’Ukraine et qui appartient à Kolomoïski (dnr-news). Selon Vzgliad, les journaux ukrainiens écrivent que les comptes de Porochenko dans la banque de Kolomoïski sont bloqués à cause d’un “problème technique”. Vzgliad relève que cet incident est survenu après la condamnation par Porochenko des agissements de Kolomoïski dans les bureaux de Oukrtransnaft. Selon des estimations, le montant des fonds de Porochenko dans la banque de Kolomoïski pourrait être de 50 millions de dollars (vz). Une analyse de l”opposition entre Porochenko et Kolomoïski par Oleg Tsarev (sputnik news). Dernier rebondissement dans cet affrontement. Kolomoiski se serait barricadé avec une dizaine d’hommes dans les bureaux de Ourktransnafta à Kiev (sputnik news).
• La DNR (République de Donetsk) met en place un système multidevise comprenant la Hryvnia, le Rouble, le Dollar et l’Euro (colonel cassad).
• Petit moment de culture. L’histoire de l’Ukraine vue sous différents angles
Short History of Ukraine. Oles’ Buzina 23.12.2014 | Eng. Subs (youtube)
Ukraine – The Birth of a Nation (2013) Part 1 of 4 From Rus to Ukraine (youtube)
Ukraine – The Birth of a Nation (2013) Part 2 of 4 Ukraine or Little Russia? (youtube)
Ukraine – The Birth of a Nation (2013) Part 3 of 4 Together Forever (youtube)
Ukraine – The Birth of a Nation (2013) Part 4 of 4 Independence (youtube)
Comme nos médias reprennent sans arrêt les communiqué de Kiev et jamais ceux de Moscou, voici celui-ci pour faire contrepoint, qui me semble important.
A chacun de se faire son opinion…
Les propositions du Président ukrainien Piotr Porochenko soumises au Parlement ukrainien sur le statut de certains territoires des régions de Lougansk et de Donetsk, instaurant un régime particulier d’autonomie, suscitent de sérieuses questions et préoccupations.
Durant toutes les étapes des négociations dans le cadre du Groupe de contact et du “quartet Normandie” il était uniquement question du fait que Kiev devait déterminer les territoires concrets où serait appliquée la loi – déjà adoptée par le Parlement ukrainien – sur le régime d’autonomie locale de certains territoires des régions de Lougansk et de Donetsk. Cette approche a été également fixée dans les documents convenus à Minsk le 12 février 2015, approuvés par les représentants de Kiev, de Donetsk et de Lougansk, ainsi que par la Russie, l’Allemagne, la France et l’OSCE.
Les propositions du Président ukrainien Piotr Porochenko soumises au Parlement ukrainien vont à l’encontre de cet engagement et changent l’essence même des accords de Minsk, ajoutant à l’entrée en vigueur de la loi ci-mentionnée de nombreuses conditions supplémentaires jamais évoquées auparavant. En particulier, il tente de relier l’entrée en vigueur de la loi à la reconnaissance des résultats des élections municipales sur certains territoires des régions de Donetsk et de Lougansk, dont l’organisation est formulée de manière péremptoire et soumise à de nombreuses exigences non prévues par les accords de Minsk. Ces propositions ignorent complètement les termes des accords de Minsk en ce qui concerne les modalités d’organisation des élections municipales, tout comme le futur statut de certains territoires des régions de Lougansk et de Donetsk, qui doit faire l’objet d’un dialogue avec les représentants du Donbass.
Ces actes des autorités de Kiev prouvent une nouvelle fois qu’elle veulent saboter le processus de Minsk, ce qui se manifeste déjà dans les appels à l’Occident d’accroître les fournitures d’armes aux militaires ukrainiens, dans les menaces de régler le problème du Donbass par la force militaire, dans la réticence obstinée à créer des mécanismes fonctionnels du Groupe de contact pour remplir tous les aspects des accords de Minsk, y compris la réforme constitutionnelle et le recouvrement intégral des liens socio-économiques. Au lieu de cela, non seulement Kiev maintient mais renforce le blocus du Donbass, limitant rigoureusement la communication des habitants des territoires contrôlés par les insurgés avec le reste de l’Ukraine, ainsi que leurs relations transfrontalières avec les régions russes, bafouant les termes fixés dans les accords de Minsk.
L’évolution de la situation confirme que le gouvernement ukrainien cherche à renoncer au principe fondamental du processus de Minsk, qui consiste à régler toutes les questions dans le cadre de consultations avec les représentants de Donetsk et de Lougansk. Dans ce contexte, la déclaration du Président ukrainien Piotr Porochenko faite à Berlin le 16 mars dernier, selon laquelle il n’existe “aucune alternative aux accords de Minsk”, est clairement hypocrite.
Nous appelons instamment les garants de ces accords, en la personne des dirigeants de l’Allemagne et de la France, à exiger leur exécution inconditionnelle, y compris le respect honnête du contenu et de l’enchaînement des actions convenues dans les accords du 12 février dernier.
Les autorités de Kiev doivent remplir leurs engagements à la lettre et entamer un véritable dialogue politique avec les représentants du Donbass sur tous les aspects du processus de paix en Ukraine.
Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : La Grèce, “un blessé qu’on laisse se vider de son sang” – 23/03
Olivier Delamarche VS Laurent Berrebi (1/2): Etats-Unis: Dollar fort et croissance font-ils bon ménage ? – 23/03
Olivier Delamarche VS Laurent Berrebi (2/2): Dette publique: “La Grèce finira par sortir de la zone euro” – 23/03
II. Philippe Béchade
La minute de Philippe Béchade : QE de la BCE : “C’est complètement imbécile !” – 18/03
Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): La hausse des marchés financiers est-elle excessive ? – 18/03
Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): Résultats d’entreprises: Que peut-on attendre des publications du 1er trimestre ? – 18/03
Bilan Hebdo: Éric Lewin et Stéphane Ceaux-Dutheil – 20/03
III. Jacques Sapir
La minute de Jacques Sapir: “200 à 400 milliards de dollars risquent de ne pas être remboursé”
Jacques Sapir VS Cyrille Collet (1/2): Reprise en zone euro: “Les signaux sont extrêmement fragiles” – 24/03
Jacques Sapir VS Cyrille Collet (2/2): Quelles allocations faut-il privilégier face à la baisse de l’euro ? – 24/03
Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…
Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.
(attention, il faut additionner, puisqu’il y a des zones où il y a les partis seul, et d’autres où il y a des listes d’union ; ex PS dans un canton, mais PS+EELV dans un autre)
soit dans l’ordre :
On a donc un FN à 25,2 % et un UMP+UDI+Modem à 29,4 %.
Pour rappel aux Européennes :
UMP+UDI+Modem = 30,7 %. Ce bloc a donc perdu près de 1,5 %…
Maintenant un petit exercice de mathématiques élémentaires :
1/ Si UMP+UDI+Modem = 29,4 % et que UDI+Modem = 9,4 environ, combien vaut UMP seul ?
2/ 25,24 est-il inférieur ou supérieur à 20 ?
Merci d’envoyer vos copies à votre journal préféré…
En attendant :
Mais bon, il est vrai aussi que le 1er parti de France UMPUDIMODEMPSEELVFDGPCDDDG fait quand même 75 % des voix !
« Le traitement spécial réservé aux Russes et aux Serbes est motivé par leur insoumission »
Entretien avec Slobodan Despot
Slobodan Despot est écrivain et éditeur. Il a notamment publié Despotica en 2010 (Xenia) et Le miel en 2014 (Gallimard). Suisse d’origine serbe, il porte un intérêt tout particulier au monde slave. Nous avons discuté avec lui de la manière dont les médias, les politiques et les intellectuels occidentaux rendaient compte du conflit en Ukraine.
PHILITT : En 1999, l’OTAN et l’Occident ont déclenché une guerre au Kosovo en niant l’importance culturelle et historique de cette région pour le peuple serbe. Aujourd’hui, l’Occident semble ignorer l’importance de l’Ukraine pour le peuple russe. Avec 15 ans d’écart, ces deux crises géopolitiques ne sont-elles pas le symbole de l’ignorance et du mépris de l’Occident envers les peuples slaves?
Slobodan Despot : La réponse est dans la question. On agit de fait comme si ces peuples n’existaient pas comme sujets de droit. Comme s’il s’agissait d’une sous-espèce qui n’a droit ni à un sanctuaire ni à des intérêts stratégiques ou politiques vitaux. Il y a certes des peuples slaves et/ou orthodoxes que l’Otan traite avec une apparente mansuétude — Croates, Polonais, Roumains, Bulgares — mais uniquement à raison de leur docilité. On ne les méprise pas moins pour autant. Cependant, le traitement spécial réservé aux Russes et aux Serbes est motivé par leur insoumission à un ordre global dont l’Occident atlantique se croit à la fois le législateur et le gendarme. On peut déceler dans l’attitude occidentale vis-à-vis de ces deux nations des composantes indiscutables de ce qu’on appelle le racisme*. Le journaliste suisse Guy Mettan publie d’ailleurs ce printemps une étude imposante et bienvenue sur la russophobie.
PHILITT : Comme l’explique Jacques Sapir, deux revendications légitimes se sont affrontées dans le cadre de la crise de Crimée : la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes et le respect de l’intégrité territoriale d’un État. Est-il possible, selon vous, de dépasser cette tension ?
Slobodan Despot : La Crimée fut arbitrairement rattachée, on le sait, à l’Ukraine par Khrouchtchev dans les années 50, à une époque où l’URSS semblait appelée à durer des siècles et où, du même coup, ses découpages intérieurs ne signifiaient pas grand-chose. L’éclatement de l’URSS a soulevé de nombreux problèmes de minorités, d’enclaves et de frontières inadéquates. La Crimée est non seulement une base stratégique de premier plan pour la Russie, mais encore une terre profondément russe, comme elle l’a montré par le référendum de mars 2014. Les putschistes de Kiev, sûrs de la toute-puissance de leurs protecteurs occidentaux, ont oublié de prévoir dans leur arrogance que le renversement de l’ordre constitutionnel allait entraîner des réactions en chaîne. Or, non seulement ils n’ont rien fait pour rassurer les régions russophones, mais encore ils ont tout entrepris pour que celles-ci ne songent même plus à revenir dans le giron de Kiev.
De toute façon, le rattachement de la Crimée n’est, on l’oublie trop vite, que la réponse du berger russe à la bergère américaine, qui a jugé bon en 1999 de détacher à coup de bombes le Kosovo de la Serbie. Le bloc atlantique et ses satellites ont par la suite reconnu cet État mort-né malgré l’existence d’une résolution de l’ONU (n° 1244) affirmant clairement la souveraineté de la Serbie sur cette province. C’est au Kosovo** qu’a eu lieu la violation du droit international qu’on dénonce en Crimée.
PHILITT : Concernant le conflit ukrainien, chaque camp dénonce l’action d’agents d’influence en tentant de minimiser la spontanéité des événements. Quelle est la part de réalité et de fantasme de cette lecture géopolitique ?
Slobodan Despot : Je rappellerai un cas d’école très peu connu. Toute la Crimée se souvient d’un incident gravissime survenu au lendemain du putsch de Maïdan, lorsque des casseurs néonazis bien coordonnés ont arrêté sur l’autoroute une colonne de 500 manifestants criméens revenant de Kiev, mitraillé et incendié leurs autocars, tabassé et humilié les hommes et sommairement liquidé une dizaine de personnes. Les médias occidentaux ont totalement occulté cet épisode. Comme il s’agissait de faire passer le référendum criméen pour une pure manipulation moscovite, il était impossible de faire état de cet événement traumatique survenu moins d’un mois avant le vote.
Les exemples de ce genre sont légion. Le livre très rigoureux du mathématicien français Michel Segal, Ukraine, histoires d’une guerre (éd. Autres Temps), en analyse un certain nombre en détail. Il faut reconnaître que le camp occidentaliste a l’initiative de la propagande contre la propagande, c’est-à-dire de la montée en épingle d’opérations d’influence supposées. Il jouit en cela d’une complaisance ahurissante des médias occidentaux. Or, dans un conflit comme celui-là, où tous les protagonistes sortent des écoles de manipulation soviétiques, les chausse-trappes sont partout et seul un jugement fondé sur la sanction des faits avérés et sur la question classique à qui profite le crime? permettrait d’y voir clair. Nous en sommes loin! Le plus cocasse, c’est que la presse officielle nous sert à longueur de journée des théories du complot russe toujours plus échevelées tout en condamnant le complotisme des médias alternatifs …
PHILITT : Dans la chaîne causale qui va de la mobilisation humanitaire jusqu’à l’intervention militaire, quelle est la place exacte des intellectuels qui l’approuvent ? Sont-ils de simples rouages ?
Slobodan Despot : Les intellectuels ont joué me semble-t-il un rôle bien plus important dans cet engrenage au temps de la guerre en ex-Yougoslavie. J’ai conservé les articles des BHL, Julliard, Glucksmann, Deniau, etc. On a peine à croire, vingt ans après, que des gens civilisés et hautement instruits aient pu tomber dans de tels états de haine ignare et écumante. Même le bon petit abbé Pierre, saint patron des hypocrites, avait appelé à bombarder les Serbes! J’ai également conservé les écrits de ceux qui, sur le moment même, avaient identifié et analysé cette dérive, comme l’avait fait Annie Kriegel.
Aujourd’hui, à l’exception burlesque de Lévy, les intellectuels sont plus en retrait. Ils vitupèrent moins, mais s’engagent moins également pour la paix. Mon sentiment est que leur militantisme crétin au temps de la guerre yougoslave les a profondément décrédibilisés. Leur opinion n’intéresse plus personne. Du coup, dans l’actualité présente, le rôle des agents d’influence ou des idiots utiles est plutôt dévolu à d’obscurs « experts » académico-diplomatiques, souvent issus d’ONG et de think tanks plus ou moins liés à l’Otan. Ces crustacés-là supportent mal la lumière du jour et abhorrent le débat ouvert. Il est caractéristique qu’Alain Finkielkraut ait dû me désinviter de son Répliques consacré à l’Ukraine suite à la réaction épouvantée d’un invité issu de ce milieu à la seule mention de mon nom. À quoi leur servent leurs titres et leurs pseudo-travaux s’ils ne peuvent endurer un échange de vues avec un interlocuteur sans qualification universitaire?
PHILITT : Bernard-Henri Lévy compare, dès qu’il en a l’occasion, Vladimir Poutine à Hitler ou encore les accords de Minsk à ceux de Munich signés en 1938. Cette analyse possède-t-elle une quelconque pertinence ou relève-t-elle de la pathologie?
Slobodan Despot : M. Lévy a un seul problème. Il n’a jamais su choisir entre sa chemise immaculée et la crasse du monde réel. Il se fabrique des causes grandiloquentes à la mesure de sa peur et de sa solitude de garçon mal aimé errant dans des demeures vides qu’il n’a jamais osé abandonner pour mener la vraie vie selon l’esprit à laquelle il aspirait. Je le vois aujourd’hui mendier la reconnaissance par tous les canaux que lui octroie son immense fortune — journalisme, roman, reportage, théâtre et même cinéma — et ne recueillir que bides et quolibets. Et je l’imagine, enfant, roulant des yeux de caïd mais se cachant au premier coup dur derrière les basques de son père ou de ses maîtres. Dans mes écoles, on appelait ces fils-à-papa cafteurs des lèche-cul et nul n’était plus méprisé que ces malheureux-là. Aussi, lorsque j’entends pérorer M. Lévy, je ne pense jamais à l’objet de sa harangue, mais à l’enfant en lui qui m’inspire une réelle compassion.
PHILITT : Vous écriviez, pour annoncer une conférence qui s’est tenue à Genève le 25 février : « On a vu se mettre en place une narratologie manichéenne qui ne pouvait avoir d’autre dénouement que la violence et l’injustice. Si l’on essayait d’en tirer les leçons?» Le storytelling [scénario, NdT] est-il devenu la forme moderne de la propagande ?
Slobodan Despot : C’est évident. Il se développe en milieu anglo-saxon (et donc partout) une véritable osmose entre l’écriture scénaristique et l’écriture documentaire. Cas extrême : le principal document dont nous disposions sur l’exécution supposée de Ben Laden en 2011 est le film de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty, qui a tacitement occupé dans la culture occidentale la place du divertissement et de l’analyse, et de la preuve. La réussite cinématographique de ce projet (du reste dûment distingué) a permis d’escamoter toute une série d’interrogations évidentes.
Sur ce sujet du storytelling, nous disposons d’une enquête capitale. En novembre 1992, Élie Wiesel emmena une mission en Bosnie afin d’enquêter sur les camps d’extermination serbes dénoncés par la machine médiatique cette année-là. Ayant largement démenti cette rumeur, la mission Wiesel fut effacée de la mémoire médiatique. Par chance, il s’y trouvait un homme de raison. Jacques Merlino, alors directeur des informations sur France 2, fut outré tant par l’excès de la campagne que par l’escamotage de son démenti. Il remonta jusqu’à l’agence de relations publiques qui était à la source du montage. Son président, James Harff, lui expliqua fièrement comment il avait réussi à retourner la communauté juive américaine pour la convaincre que les victimes du nazisme de 1941 étaient devenues des bourreaux nazis en 1991. Il ne s’agissait que d’une story, d’un scénario bien ficelé. La réalité du terrain ne le concernait pas.
Les stories simplistes de ce genre ont durablement orienté la lecture de cette tragédie. Ceux qui s’y opposaient, fût-ce au nom de la simple logique, étaient bâillonnés. Le livre de Merlino,Les vérités yougoslaves ne sont pas toutes bonnes à dire (Albin Michel), fut épuisé en quelques semaines et jamais réimprimé, et son auteur récompensé par un poste… à Pékin !
PHILITT : Comment expliquer la faible mémoire des opinions occidentales ? Comment expliquer qu’elles aient oublié les preuves qui devaient être apportées de l’implication russe dans la destruction du MH-17 ? Le storytelling remplace-t-il, dans l’esprit du public, la causalité mécanique par une causalité purement morale ?
Slobodan Despot : Nous vivons en effet dans une époque hypermorale, ou plutôt hypermoralisante. L’identification des faits est subordonnée à l’interprétation morale qui pourrait en découler. Si, par exemple, voir des jeunes molester une gamine devant votre immeuble risque de vous inspirer des pensées racistes et sécuritaires, vous êtes prié de ne pas constater l’altercation et de passer votre chemin. C’est très vil au point de vue de la moralité individuelle, mais correct selon la moralité sociétale. Une même école du regard a été imposée au sujet de la Russie. Au lendemain de la tragédie du vol MH-17, la sphère politico-médiatique s’est mise à conspuer le président russe en personne comme s’il avait abattu l’avion de ses propres mains. Aujourd’hui, plus personne n’en souffle mot, le faisceau d’indices étant accablant pour le camp adverse. Ces dirigeants et ces personnalités publiques disposent de suffisamment de jugeote et de mémoire pour mener rondement et même cyniquement leurs propres affaires. Mais dans un contexte impliquant l’intérêt collectif, comme la guerre contre la Russie, ils abandonnent tout sens de la responsabilité et du discernement et se comportent comme des midinettes hyperventilées. Leur tartufferie n’est même plus un vice, mais une composante anthropologique. Ils réalisent le type humain totalement sociodépendant que le nazisme et le communisme ont tenté de mettre en place avant d’être coupés dans leur élan.