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Revue de presse du 03/01/2016

Sunday 3 January 2016 at 00:01

Première revue pour 2016 pour en terminer avec 2015. Vous pouvez commencer l’année par une bonne résolution ;-) et nous rejoindre en postulant via le formulaire du blog. Merci et bienvenue à ceux qui se sont dernièrement portés volontaires et vont intégrer l’équipe des revues de presse dès ce début d’année. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-03012016/


Turquie: Erdogan cite « l’Allemagne d’Hitler » en exemple de la présidence forte qu’il souhaite installer

Saturday 2 January 2016 at 03:37

La comparaison du traitement médiatique d’Erdogan et de Poutine devrait d’urgence être enseigné en école de journalisme…

Parce que dès ce soir, ce sera probablement oublié dans les médias qui en auront parlé, et ils passeront à autre chose… D’ailleurs, comme je viens de le vérifier, les articles qui en parlent ne sont pas en Une (avec grosse photo, etc), mais au pire juste en lien, cela aura à peine été vu…

Je la sens bien 2016…

Turquie : Erdogan cite l’Allemagne nazie d’Hitler comme exemple de régime présidentiel efficace

Le président turc, favorable à l’extension de ses prérogatives, a cité l’Allemagne nazie comme un exemple de régime présidentiel efficace. 

Par Francetv info avec AFP, 01/01/2016

Le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, a évoqué l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler pour défendre le système présidentiel fort qu’il veut instaurer en Turquie. ”Dans un système unitaire [comme la Turquie] un système présidentiel peut parfaitement exister. Il y a actuellement des exemples dans le monde et aussi des exemples dans l’histoire. Vous en verrez l’exemple dans l’Allemagne d’Hitler, a-t-il dit à des journalistes jeudi 31 décembre, de retour d’une visite de travail en Arabie Saoudite, cité par les journaux.

La présidence turque a réagi vendredi à la polémique suscitée par les propos de Recep Tayyip Erdogan. “La métaphore d’Erdogan sur l’Allemagne d’Hitler a été déformée par certaines sources d’information et utilisée dans un sens contraire” au message qu’il comptait adresser, assure la présidence. Il voulait démontrer que le régime présidentiel n’est pas réservé aux fédérations et que le régime parlementaire n’est pas non plus une garantie contre les abus de pouvoirs, ajoute-t-elle.

Ben oui, quand tu défends un truc, tu expliques que Hitler faisait la même chose pour montrer que ce n’est pas génial, c’est évident…

Recep Tayyip Erdogan qui dirige la Turquie depuis 2002, d’abord comme Premier ministre puis président depuis 2014, veut modifier la constitution afin que le rôle du président passe d’une fonction symbolique à celle d’un dirigeant aux pouvoirs étendus, comme aux Etats-Unis, en Russie ou en France.

A la recherche d’une majorité qualifiée pour modifier la constitution

Le président turc a indiqué qu’il entendait mobiliser dans le courant de la nouvelle année la société turque pour un débat afin de parvenir à un “consensus social” sur ses ambitions présidentielles. Le projet d’un passage à un système présidentiel défendu par l’homme fort de Turquie est revenu au premier plan après la nette victoire (49,5% des voix, 317 députés) de son parti de la justice et du développement (AKP) aux élections du 1er novembre dernier.

Mais l’AKP n’a pas obtenu la majorité qualifiée (367 députés) pour pouvoir modifier la constitution seul et doit rechercher le soutien de l’opposition, opposée en bloc à une présidentialisation du régime sous Erdogan qu’elle accuse de dérive autoritaire. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a, à cette fin, lancé mercredi un premier dialogue avec le chef du principal parti d’opposition CHP (Parti républicain du peuple, CHP), Kemal Kiliçdaroglu, pour relancer les efforts en vue d’une nouvelle constitution plus libérale qui remplacerait l’actuelle héritée du coup d’Etat des militaires, en 1980.

Source: http://www.les-crises.fr/turquie-erdogan-cite-lallemagne-dhitler-en-exemple-de-la-presidence-forte-quil-souhaite-installer/


Daladiérisme, nous revoilà !, par Antoine Perraud

Saturday 2 January 2016 at 01:26

Un utile rappel avec cet article du mois de mai…

Pensez à soutenir Médiapart (pour la qualité fréquente de leurs articles sur la France)…

Source : Mediapart, Antoine Perraud, 09-05-2015

Édouard Daladier (18/06/1884-10/10/1970)

Retour sur une époque en miroir de la nôtre : quand le radical-socialiste Édouard Daladier, entre 1938 et 1940, liquidait les acquis du Front populaire. Il croyait adapter la gauche aux temps modernes en se conciliant la droite : il fit le lit de l’extrême droite. Ce fut le «daladiérisme», qui n’est pas sans résonner en ce printemps 2015.

Déjà dans l’histoire de France, alors que montaient les périls, il est arrivé qu’une gauche de gouvernement fourbue, décomposée, fît le lit de l’extrême droite. Durant la guerre d’Algérie, Guy Mollet et son proconsul Robert Lacoste cassèrent du fellaga et la démocratie. Au point de frayer la voie, en 1958, à des factieux fascisants jouant la carte d’un général qu’ils espéraient aussi phalangiste qu’eux : de Gaulle. Mauvaise pioche, Charles XI allait se montrer républicain !

Ce qui n’empêcha pas les républicains – c’est-à-dire la gauche – de manifester le 28 mai 1958 à Paris. 500 000 personnes défilèrent contre une sorte de monstre du Loch Ness de la politique française : le césarisme. Aux yeux de ceux qui battaient le pavé, l’homme du 18-Juin récapitulait les deux Napoléon, Pétain, sans oublier un autre général, Boulanger.

 

En tête de ce cortège vintage : François Mitterrand, facteur de modernité – son œil sait repérer l’objectif du photographe. À sa droite, un spectre chapeauté : Édouard Daladier (1884-1970). Toujours député du Vaucluse à 74 ans, se drapant dans les plis de la morale démocratique, ce revenant incarne pourtant un fiasco tragique : le glissement, entre 1938 et 1940, de la Chambre de Front populaire vers le bâton du maréchal Pétain.

Ce fut le “daladiérisme”, qui n’est pas sans résonner en ce printemps 2015 : comment une gauche déboussolée croit pouvoir assécher la droite en épousant ses valeurs, au seul profit d’une extrême droite qui attend son heure…

La période est connue à travers le prisme d’une politique extérieure confrontée au danger hitlérien, auquel tentèrent de parer les accords de Munich en abandonnant la Tchécoslovaquie au Führer (30 septembre 1938). Pourtant, les affaires intérieures françaises de l’époque s’avèrent symptomatiques : Daladier au pouvoir, c’est l’assujettissement du parti radical par son aile droite, au nom d’une nécessaire adaptation aux réalités modernes.

Des caciques radicaux s´étaient toujours montrés réticents au Front populaire et à son programme. Ils freinaient des quatre fers dans des journaux alors influents : Émile Roche dans La République, ou Albert Milhaud dans L’Ère nouvelle. Ce dernier, cité par l’historien Serge Berstein, écrit ainsi, en janvier 1938 : « Dans le pays, il n’y a plus que deux partis, celui de l’ordre et celui du désordre. Les bons apôtres diront que le parti de l’ordre, c’est la réaction. Le parti de l’ordre, c’est le parti du salut de la nation, de la République, de la démocratie. La France veut un chef : elle préférera de beaucoup un chef légal à un chef révolutionnaire de gauche ou de droite. La formule du Front populaire portait en germe une contradiction interne, celle d’un gouvernement inféodé à des délibérations d’irresponsables du point de vue politique : elle est périmée. »

Le 12 avril 1938, lorsque Édouard Daladier devient président du conseil en succédant au deuxième cabinet Blum, c’est pour liquider le Front populaire au nom de la rigueur budgétaire. Pendant quelques mois, à coups de ruses tactiques passant pour hésitations, le chef du gouvernement avance masqué. Il continue de donner des gages à sa gauche pour l’anesthésier.

Pourtant le masque finit par tomber, avec le discours radiodiffusé du 21 août 1938 : « Il faut remettre la France au travail. Ce ne sont pas des sacrifices que je demande aux Français, c’est un effort plus vigoureux… » Au prétexte de ne d’abord viser que les industries travaillant pour la défense nationale, il s’agit, de la part de l’ancien ministre de la défense de Léon Blum en 1936, de détruire la loi des 40 heures. La langue de bois de l’époque évoque un « aménagement » : supprimer le samedi chômé (finie “la semaine des deux dimanches”) et recourir aux heures supplémentaires. Ces dernières ne seront pas rémunérées « à un taux prohibitif » : le patronat exulte, qui vient de surcroît d’obtenir des allègements fiscaux.

Albert Milhaud, coryphée de ce tournant réactionnaire effectué par une prétendue gauche en faveur d’une droite avérée, s’époumone dans L’Ère nouvelle, le 23 août 1938 : « Le discours du président Daladier sonne le glas des vacances illimitées dont, depuis 1936, une politique téméraire avait doté notre pays. »

En octobre 1938, à la suite des accords de Munich qui jouent l’apaisement avec l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste au détriment du pacte franco-soviétique de 1935, les communistes – hier alliés au sein du Front populaire – deviennent ennemis intérieurs. Ne veulent-ils pas mettre le pays sens dessus dessous, tout en soufflant sur les braises de l’antifascisme au seul prétexte d’attirer les foudres hitlériennes sur les démocraties occidentales plutôt que sur la Russie stalinienne ? Édouard Daladier accuse le parti de Maurice Thorez « de saboter l’autorité gouvernementale en toute circonstance ».

L’affrontement avec la gauche et les syndicats provoque une fronde : Pierre Cot, Pierre Mendès France ou Gaston Monnerville protestent contre les injustices politiques, économiques, fiscales et diplomatiques. Jean Zay, ministre de l’éducation nationale et des Beaux-Arts, prisonnier de la solidarité gouvernementale, n’en pense pas moins. Daladier passe en force, à coups de décrets-lois, excipant de la menace extérieure pour faire taire, au nom des sentiments patriotiques, toute conscience progressiste.

La droite, ravie de trouver un tel régisseur, lui donne quitus. Dans Le Figaro du 28 novembre 1938, un d’Ormesson de service, prénommé Wladimir, triomphe : « Tout ce qui a une âme et une volonté française est aujourd’hui derrière M. Daladier. »

Le cocorico s’accompagne forcément du haro sur les étrangers. Le 14 avril 1938, Albert Sarraut, ministre de l’intérieur radical-socialiste, réclame aux préfets « une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays des éléments indésirables trop nombreux qui y circulent et y agissent au mépris des lois et des règlements ou qui interviennent de façon inadmissible dans des querelles ou des conflits politiques ou sociaux qui ne regardent que nous ».

Le 2 mai 1938, un décret signé Daladier se propose de « créer une atmosphère épurée autour de l’étranger de bonne foi ». Le 12 novembre 1938, un autre décret-loi, « relatif  à la situation et à la police des étrangers », complète le dispositif. Les expulsions sont facilitées. Et des « camps de concentration »  sont créés pour les étrangers « indésirables » que l’on ne peut renvoyer dans leur pays (les républicains espagnols, puis les Allemands ou Autrichiens anti-nazis – souvent juifs –, sans oublier les « nomades »). La langue politico-administrative de l’heure stipule : « Le nombre sans cesse croissant d’étrangers résidant en France impose au gouvernement, investi du pouvoir législatif dans un domaine nettement défini, d’édicter certaines mesures que commande impérieusement le souci de la sécurité nationale, de l’économie générale du pays et de la protection de l’ordre public. »

La guerre va durcir le trait. Le 1er septembre 1939, un décret-loi prévoit « le rassemblement dans des centres spéciaux de tous les étrangers de sexe masculin ressortissant de territoires appartenant à l’ennemi » âgés de 17 à 50 ans (étendu, dès le 5 septembre, de 50 à 65 ans). Le 18 novembre 1939, un décret-loi étend les mesures d’internement aux « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique » sur décision du préfet. Les communistes en font principalement les frais.

Édouard Daladier laisse sa place de président du conseil à son ministre des finances Paul Reynaud le 20 mars 1940, qui passe le relais à son vice-président du conseil, le maréchal Pétain, le 16 juin 1940.

Et le directeur du cabinet civil d’un Pétain devenu chef de l’État, Henry du Moulin de Labarthète, affirme benoîtement dans ses mémoires publiés à Genève en 1946, que le régime de Vichy s’est d’abord contenté de reconduire la législation française et son arsenal de camps, non sans se féliciter de son existence : « C’était ce que l’on appelait, au ministère de l’intérieur, l’héritage du “daladiérisme”. »

Le ministre de l’intérieur du gouvernement de Vichy était en 1940 Marcel Peyrouton (1887-1983), brillant esprit de gauche avant-guerre, ayant épousé une demoiselle Malvy (issue d’une dynastie radicale exemplaire). Collaborateur indéniable parvenu à se faire acquitter par la Haute-Cour en 1948, il écrivait deux ans plus tard, avec une dose de mauvaise foi impudente qui vaut néanmoins le détour : « On a beaucoup parlé des camps administratifs ou de concentration, dont le gouvernement de Vichy, à l’imitation des nazis, aurait assuré l’ouverture et le peuplement. C’est inexact. C’est M. Daladier qui, en 1939, en fut le père. Il les réservait aux communistes. Le Maréchal en hérita. Mais en exigea l’aménagement. Des médecins les visitèrent, en proposèrent l’assainissement. Leurs plans furent retenus. De très nombreuses améliorations naturelles et morales y transformèrent les conditions de vie. Elles devinrent plus supportables, sans pour autant être agréables. »

Il n’existe sans doute pas meilleur témoignage de la Schadenfreude (joie malsaine) qui saisit l’ultra droite française face à un héritage politique, délicieusement empoisonné, reçu de la gauche. Qu’est-ce qui peut bien pousser nos socialistes de gouvernement à persévérer dans cette vacillation diabolique ?

Leçon d’Histoire pour une gauche au pouvoir. C’est ainsi que l’historien Jean-Noël Jeanneney titrait, en 1977, un livre consacré à la faillite du Cartel (1924-1926) : quand le radical-socialiste Édouard Herriot se heurtait au “mur d’argent”. On a beau lui faire la leçon, la gauche française continue de recevoir de bonnes leçons, mais n’en tire aucune leçon. N’est-ce pas ce dont attestent, sous nos yeux, le hollando-molletisme et le vallso-daladiérisme ?

Source : Mediapart, Antoine Perraud, 09-05-2015

Source: http://www.les-crises.fr/daladierisme-nous-revoila-par-antoine-perraud/


L’Ukraine au tournant, par Jacques Sapir

Saturday 2 January 2016 at 00:01

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 13-12-2015

L’évolution de la situation en Ukraine depuis le début de 2014 est exemplaire de la manière dont des dirigeants peuvent, par leurs erreurs et par fanatisme, détruire un Etat. Cela pourrait constituer un intéressant exemple pour de futurs manuels de sciences politiques si cela n’impliquait pas une population de plusieurs dizaines de millions de personnes et si cette crise n’avait pas déjà impliquée la mort de plus de 6000 personnes. La crise ukrainienne est une véritable tragédie.

Mais, cette tragédie doit aussi être étudiée du point de vue de la science politique et de l’économie pour tenter de comprendre les tenants et les aboutissants de cette crise, mais aussi pour tenter d’en voir les possibles solutions. En effet, la crise ukrainienne est aujourd’hui un important facteur de division entre les pays d’Europe occidentale et la Russie, et ce alors que la crise du Moyen-Orient et la menace terroriste qu’elle fait planer, imposent une révision des priorités stratégiques. Il n’apparaît pas possible d’avoir une action coordonnées contre DAESH en Syrie et de continuer à s’opposer violemment sur la question de l’Ukraine. Par ailleurs, les pays de l’UE, et principalement la France et l’Allemagne, semblent avoir – du moins en partie – révisés leur politique au sujet de la crise ukrainienne. En même temps que s’impose un nouveau réalisme sur la crise syrienne un désenchantement certain, et une profonde désillusion, se font jour en ce qui concerne les autorités de Kiev.

 Les origines de la crise

Personne ne remet en cause le constat de l’énorme corruption qui caractérisait le système politique et économique de l’Ukraine à la fin de 2013. Mais, cette corruption ne datait pas du Président Yanoukovitch. Elle était endémique en Ukraine depuis les premières années de l’indépendance. Cependant, cette corruption était devenue largement insupportable dans les différents segments de la population. C’est ce qui explique les premières manifestations, alors pacifique, de la place Maïdan. Il convient de signaler que lors de ces premières manifestations, les manifestants venaient de l’ensemble de l’Ukraine, tant de l’ouest que de l’est. L’incapacité du Président Yanoukovitch et de son gouvernement à prendre la mesure de ce mouvement a largement contribué au processus de capture de ce dernier par des forces ultra-nationalistes et même fascisantes (comme le groupe Pravy Sekhtor[1]), forces qui ont progressivement évincées les forces démocratiques. L’attitude de l’Union européenne a aussi contribué à une forte polarisation de la vie politique en Ukraine et a abouti à déstabiliser encore plus la situation politique.

Les illusions que les dirigeants de l’Union européenne ont laissé se développer quant à une possible adhésion de l’Ukraine à l’UE ont joué un rôle important dans la dégradation de la situation politique, en donnant à une partie de l’opinion publique ukrainienne le sentiment que le débat posé était le choix entre la Russie et l’UE. Cette polarisation de l’opinion publique a eu un effet extrêmement délétère, et ce à un moment ou l’économie ukrainienne était de plus en plus liée à l’économie russe. Si les importations d’hydrocarbures (essentiellement de gaz) de Russie ont toujours été importantes, les exportations ukrainiennes à destination de la Russie avaient fortement augmenté depuis le début des années 2000. Les bases d’une intégration économique, au moins sur des secteurs comme la métallurgie, la chimie et les constructions mécaniques, étaient à cette époque clairement posées. Il n’y avait aucune logique à vouloir ouvrir l’économie ukrainienne encore plus qu’elle ne l’était déjà à l’économie des pays de l’UE. Ceci ne correspondait pas aux tendances économiques que l’on pouvait constater depuis plusieurs années. Pourtant, cette question devint la question principale en raison du discours de l’UE présentant cette « ouverture » comme la base de futurs succès économiques pour l’Ukraine. La combinaison d’un sentiment justifié d’exaspération de la population vis-à-vis de la corruption des élites ukrainiennes et de la manipulation effectuée par l’UE de l’ordre du jour économique des relations entre l’Ukraine et l’UE a eu un effet explosif sur la vie politique ukrainienne en 2013.

Il faut ici rappeler que le Président et le Parlement avaient été régulièrement élus. Mais, ces élections (2010) avaient permis de mesurer combien la politique ukrainienne était marquée par une division entre des populations russes (et russophones) regroupées à l’est du pays et des population ukrainophonnes, dont une partie habite les régions qui, avant 1914, étaient soit dans l’empire Austro-Hongrois soit étaient en Pologne.

 
L’Ukraine est un pays neuf, dont l’existence est fragilisée par ces divisions. Ces dernières ont été renforcées par les évolutions économiques de ces dix dernières années, qui ont vu les relations avec la Russie se développer rapidement. L’Ukraine de l’Est, russophone, vivait, au début de 2014, mieux que l’Ukraine de l’Ouest. Pour cette dernière, l’Union européenne représentait un pôle d’attraction important, même s’il était largement imaginaire compte tenu de la situation économique actuelle de l’UE.
Les manifestations de la place Maïdan recouvraient aussi cette division économique et sociale de l’Ukraine.

La crise de février 2014 et ses conséquences

Ces manifestations ont pris une tournure dramatique lors du mois de février 2014. Le massacre du 20 février a joué un rôle décisif dans le déclenchement de ce que l’on peut considérer comme la « crise » ukrainienne, qui devait aboutir à la guerre civile[2]. Les responsabilités de ce massacre furent attribuées, à l’époque au pouvoir du Président Yanukovitch. En fait, il est aujourd’hui avéré que nombre des manifestants tués le furent par des projectiles tirés dans leur dos[3]. Le rôle des agents provocateurs très probablement liés à Pravy Sekhtor ne fait plus aujourd’hui aucun doute[4].

Il est cependant clair que le pouvoir du Président Yanoukovitch eut une part de responsabilité dans ces événements tragiques, que ce soit par un usage disproportionné de la force au début des manifestations, ou par ses hésitations par la suite qui avaient démoralisé une bonne part de ses soutiens. Il a été incapable de s’opposer à une logique minoritaire, qui s’est exprimée même au Parlement lors du vote, au début du mois de février de la loi supprimant le statut de langue officielle au Russe (à côté de l’Ukrainien). Ce vote apparaît aujourd’hui comme un tournant symbolique car il a fait basculer l’affrontement d’une logique de lutte pour la démocratie et contre la corruption à une logique nationaliste-ethniciste. Les populations tant russes que russophones des régions de l’Est de l’Ukraine et de la Crimée n’ont pu qu’être légitimement inquiètes de la rupture du pacte sur lequel était fondé l’Ukraine indépendante depuis 1991. Ceci a eu des conséquences très importantes quand, pensant que sa vie était menacée, le Président Yanukovitch se décida à fuit Kiev. Dès lors s’ouvrait un véritable dilemme pour les différents acteurs de la crise ukrainienne.

Si l’on admet que la norme constitutionnelle avait alors disparu et que le Parlement était légitime dans son renversement du Président Yanoukovitch, cela signifie que l’on était confronté à une révolution c’est à dire la destruction d’un ordre légal devant donner lieu à un nouvel ordre légal. Mais, cela impliquait que l’on reconnaisse cette nécessité et que soit immédiatement appelé à siéger une assemblée constituante. Si l’on prétendait que la norme constitutionnelle n’avait pas disparue, alors il fallait reconnaître que le Président Yanoukovitch était toujours le Président légal de l’Ukraine. En choisissant la première solution, mais sans en tirer les conséquences logiques, les politiciens du Parlement ukrainien ont mis le feu aux poudres.

En effet, à partir du moment où ils considéraient que ce qui s’était produit était un acte de nature révolutionnaire il fallait aussi admettre que le Parlement de la République autonome de Crimée était tout aussi légitime dans sa décision de se séparer de l’Ukraine et de rejoindre la Russie. Soit la règle générale s’applique à tous soit elle ne s’applique à aucun. La seule chose sur laquelle il peut y avoir un accord est le fait qu’il ne peut y avoir d’application partielle de la règle générale. Cela implique qu’il fallait admettre que la question de la Constitution se posait, et que l’on ne pouvait faire « comme si » la règle générale s’imposait alors que l’on venait de la violer. Ce ne sont pas, seulement, des subtilités juridiques. Pour ne pas les avoir comprises, pour avoir cru que l’on pouvait faire un coup d’Etat sans remettre en cause la Constitution, les dirigeants de Kiev ont provoqué et la sécession de la Crimée et la guerre civile dans l’Est de l’Ukraine.

Ainsi, à la suite des événements tragiques de fin février s’est donc mis en place un pouvoir de fait à Kiev, provoquant un effondrement de la légitimité de l’État ukrainien. La dissolution d’unités de la police, qui n’avaient fait qu’obéir aux ordres, a provoqué une profonde inquiétude dans les régions de l’Est. Ce à quoi on a assisté depuis le 28 février, et ce n’est que la suite logique du basculement d’une lutte pour la démocratie et contre la corruption vers un affrontement ethnique.

Les responsables du Parlement ukrainien portent donc la lourde responsabilité d’avoir, par leurs erreurs comme par leurs excès, déclenché une guerre civile dans leur propre pays. Cette guerre à provoqué plus de 6000 morts et près d’un million de réfugiés, qui se trouvent aujourd’hui sur le territoire de la Fédération de Russie.

 L’accord de Minsk

L’accord signé à Minsk au mois de février 2015 constituait donc une possibilité de mettre fin à cette tragique guerre civile[5]. Mais, il y a bien des raisons de penser que cet accord ne pourra jamais être appliqué. Les termes de l’accord sont en effet très clairs : un statut de grande autonomie doit être concédé aux insurgés et, sur cette base, le gouvernement de Kiev pourra recouvrer le contrôle de la frontière entre l’Ukraine et la Russie (articles 9 et 11 de l’accord). Or, le gouvernement de Kiev a indiqué son refus d’envisager une « fédéralisation » du pays, dans le cadre d’une refonte de la Constitution, qui devrait être réalisée d’ici à la fin de 2015. De même, le Ministre de la Justice de Kiev, M. Klimkin, s’est déclaré être opposé à une amnistie générale. Or, cette amnistie est bien l’une des conditions de l’accord (article 5).

Très clairement, à l’heure actuelle, le régime de Kiev n’a nullement l’intention d’appliquer les clauses politiques de l’accord. Or, on comprend bien que si ces clauses ne sont pas appliquées, la guerre reprendra inévitablement, sauf si l’on s’achemine vers une solution de type « ni paix, ni guerre », ce que l’on appelle un « conflit gelé ». Cependant, une telle solution de « conflit gelé » n’est envisageable que si des forces d’interposition prennent position entre les belligérants. On est donc ramené à la question d’un hypothétique contingent de « Casques Bleus » et de ce fait à la question de l’insertion des Etats-Unis dans le processus d’un accord. On mesure ici, à nouveau, les limites de l’option prise par Mme Merkel et M. François Hollande. A vouloir prétendre que les européens pouvaient trouver sur leurs seules forces une solution à ce conflit, ils se sont enfermés dans une situation sans issue. La position discursive adoptée qui consiste à faire retomber la « faute » de la non-application sur la Russie s’apparente à une ficelle désormais trop grossière. Et cela d’autant plus que l’on voit désormais s’ouvrir des failles importantes au sein même du gouvernement de Kiev, très probablement à l’instigation si ce n’est des Etats-Unis, de forces américaines.

Aujourd’hui le gouvernement de Kiev est politiquement divisé (Petro Poroshenko, le Président élu en juin 2014, apparaissant à cet égard comme un relatif « modéré ») et surtout techniquement de plus en plus dépendant des Etats-Unis. Des « conseillers » américains occupent plusieurs étages dans les différents ministères. Ceci montre que les Etats-Unis, qu’ils livrent ou non des armes « létales » à l’Ukraine, sont d’ores et déjà partie prenante de conflit, et d ‘une certaine manière ont acquis une position déterminante dans le gouvernement de Kiev. Ceci expose clairement les illusions de Mme Merkel et de M. Hollande mais nous montre aussi que tant que les Etats-Unis n’auront pas donné leur assentiment explicite à un accord, ce dernier n’a aucune chance d’être respecté.

On sait par ailleurs que l’Ukraine est virtuellement en faillite. Certes, le Fond Monétaire International a discuté de la possibilité d’un prêt de 17 milliards de dollars. Il lie d’ailleurs la poursuite de ses versements à des réformes structurelles qui ne peuvent être mises en place par le gouvernement actuel[6]. Mais, cette somme, si elle est versée et ceci dépend de la réalité du cessez-le-feu, ne règlera rien. Au mieux, si elle est versée, elle assurera la stabilité financière de l’Ukraine jusqu’à la fin de l’année, pas plus. Cet argent ne remplacera pas une économie saine, et des relations commerciales importantes tant avec la Russie qu’avec l’Union européenne. Le futur de l’Ukraine dépend donc d’un accord entre russes et européens. Plus directement, la survie immédiate du pays dépend largement de l’aide consentie par l’Union européenne.

Ceci permettrait à l’Allemagne et à la France, si elles osaient parler clair et fort à Washington, de contraindre les Etats-Unis à s’engager de manière décisive dans le processus de paix. Sinon, l’ensemble du coût de l’Ukraine reposerait sur les Etats-Unis, et il est clair qu’en ce cas le Congrès se refuserait à financer de telles dépenses, qui pourraient d’ici les 5 prochaines années atteindre les 90-120 milliards de dollars.

La question économique est, peut-être, ce qui pourrait permettre d’aboutir à une application réaliste des accords de Minsk, à deux conditions cependant : que l’Allemagne et la France imposent leurs conditions à Washington et que ces deux pays sortent du jeu stérile et imbécile qui consiste à faire retomber, encore et toujours, la faute sur la Russie alors que l’on voit bien que les fauteurs de guerre sont ailleurs.

 Ni paix ni guerre ?

Faute d’une mise en œuvre du volet politique de l’accord de Minsk, la vie tend à s’organiser sur la base d’une indépendance de fait des régions de Lougansk et Donetsk. Et il est clair que cette vie est tout sauf facile. La population totale des zones sous le contrôle des insurgés est d’environ 3 millions d’habitants, dont environ 1 million est réfugié en Russie. La persistance des combats sur la ligne de front empêche tout effort sérieux de reconstruction pour l’instant, à l’exception du rétablissement de la ligne de chemin de fer entre Lougansk et Donetsk. Une des raisons, d’ailleurs, dans le maintien des combats et les violations incessantes du cessez-le-feu par les forces de Kiev, est la volonté ouvertement affichée par les dirigeants de Kiev de maintenir la population du Donbass dans une insécurité importante et dans une atmosphère de terreur.

Le gouvernement de Kiev a suspendu le paiement des retraites et pensions, ce qui équivaut d’une certaine manière à reconnaître qu’il ne considère plus Lougansk et Donetsk comme relevant de sa juridiction. Rappelons d’ailleurs que le gouvernement russe avait toujours maintenu le versement des retraites et des pensions en Tchétchénie dans la période ou Doudaev avait proclamé la soi-disant « indépendance » de cette république. Il n’est pas dit que les dirigeants de Kiev aient mesuré toutes les implications juridiques de leurs actions. L’un des points de l’accord de Minsk-2 était justement de veiller à la reprise de ces versements. Inutile de dire que Kiev continue de s’y opposer. La population est largement tributaire de l’aide humanitaire russe. Une production minimale continue de sortir des mines de charbons et de certaines usines. Cette production était vendue à Kiev jusqu’en décembre. Puis, à la suite de la destruction par les forces de Kiev de la ligne de chemin de fer, ces ventes se sont interrompues et ont été remplacées par des ventes à la Russie.

Insistons sur ce point : il entraine une progressive raréfaction de la Hryvnia dans le Donbass et la montée en puissance du Rouble russe. De plus, compte tenu de la meilleure solidité du Rouble par rapport à la Hryvnia, le Rouble est massivement devenu l’instrument d’épargne et l’unité de compte dans le Donbass. Or, la question de la monnaie qui circule est éminemment politique. Les accords de Minsk-2 prévoyaient la fin du blocus économique et monétaire mis en œuvre par le gouvernement de Kiev. La non-application d’une large part de ces accords[7], et en particulier des volets politiques et économiques de ces derniers relance, bien entendu, la question du statut monétaire de ces régions. Mais, il est évident que cette question a des répercussions qui vont au-delà de simples arrangements monétaires. La question de la souveraineté, à travers la question de la souveraineté monétaire, des régions insurgées est directement posée.

Le choix, pour les autorités de la DNR (Donestk) et de la LNR (Lougansk), est donc entre trois solutions : conserver le Hryvnia (et reconnaître que la DNR et la LNR sont des Républiques autonomes dans le cadre de l’Ukraine), basculer vers le Rouble, ce qui prendrait la dimension d’une annexion par la Russie, ou créer leur propre monnaie, et revendiquer leur indépendance. Cette dernière solution n’est pas impossible. Les Pays Baltes, avant d’adopter l’Euro, ont eu chacun leur monnaie. Mais, elle soulève des problèmes extrêmement complexes à résoudre. En réalité, autour de la question de la monnaie se déploie la question du futur institutionnel du Donbass.

Les autorités de la DNR et de la LNR, pour l’instant, conservent la Hryvnia. Mais, la raréfaction des billets et la disponibilité du Rouble pourraient bien les obliger d’ici quelques mois à changer d’avis. Les autorités de Donetsk avaient créé une banque, qu’ils appellent une Banque Centraledès le mois d’octobre 2014[8]. Cette banque avait pour fonction de gérer l’embryon de Trésor Public de la « République Populaire de Donetsk » (DNR), mais aussi de gérer les flux de transferts venant de la Russie (via une banque fonctionnant en Ossétie du Sud), et enfin de gérer le commerce avec le reste de l’Ukraine. Le paiement des pensions à la population des zones insurgées est considéré, par la Russie, comme relevant de « l’aide humanitaire ». Diverses sources estiment ces paiements entre 33 et 38 millions de dollars tous les mois. Il existe d’ailleurs un accord-cadre au sein des pays « successoraux » de l’ex-URSS pour la prise en charge des indemnités vieillesse et maladie par un pays (le plus souvent mais pas uniquement la Russie) au profit de ressortissants d’un autre pays. Il n’est pas impossible que cet accord puisse être invoqué dans ce cas particulier.

Cette « Banque Centrale » combine pour l’instant les fonctions de Trésor Public, de caisse de compensation (tant pour le commerce à l’intérieur des zones insurgées qu’entre ces zones et la Russie) mais elle commence aussi à fonctionner comme une banque normale (émettant des cartes de crédit) mais aussi comme une caisse d’émission. Pour l’instant, elle utilise toujours les Hrynia qui ont été accumulées via les écarts de prix entre le rouble russe et la Hrynia. Mais, à terme, se pose la question soit de l’intégration des zones insurgées dans l’espace monétaire russe, soit de la constitution d’une monnaie propre à ces zones.

On voit alors ce qui est en cause. Donetsk et Lougansk vont-ils avoir le statut de république autonome au sein de l’Ukraine, dont il faudra alors réviser la Constitution, ou s’oriente-t-on vers une indépendance de fait, qui ne sera pas reconnue par la communauté internationale ? La Russie, pour l’instant, pousse plutôt pour la première solution alors que les dirigeants de la DNR et de la LNR ne cachent pas leur préférence pour la seconde.

 Une fatigue européenne

Une fatigue européenne commence alors à se faire sentir sur la question de la crise ukrainienne. Peu de personnes aujourd’hui doutent du fait que l’Ukraine soit ce que l’on peut appeler un « pays failli » ou « pays effondré »[9]. Les institutions de l’Ukraine se défont sous le poids des oligarques[10] et la corruption ne cesse d’empirer[11]. Non seulement la situation économique et sociale de l’Ukraine est-elle très difficile, mais l’atmosphère politique y est irrespirable et le nombre des assassinats de personnalités d’opposition réellement impressionnant.

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de ce que certains pays européens prennent petit à petit leurs distances vis-à-vis du régime de Kiev.

La position française a commencé à évoluer depuis ces derniers mois. Certes, cette évolution est moins spectaculaire que sur la Syrie, mais elle n’est pas moins importante. Non seulement on commence à reconnaître au Quai d’Orsay que la question ne peut se résumer en un affrontement entre « démocratie » et « dictature », mais on sent, à certaines déclarations, une réelle fatigue devant les positions du gouvernement de Kiev qui ne fait rien pour appliquer les accords de Minsk. On commence à regretter, mais sans doute trop tard, d’être entré dans une logique diplomatique dominée par les institutions de l’UE, qui donnent de fait un poids hors de toute proportion aux positions des polonais et des baltes sur ce dossier. Le sommet européen des 21-22 mai qui s’est tenu à Riga a, de fait, sonné le glas tant des espoirs ukrainiens que de ceux de certains pays boutefeux au sein de l’UE[12].

L’Allemagne, elle aussi, commence à évoluer sur cette question. Après avoir adopté une position hystériquement antirusse depuis des mois, elle semble avoir été prise à contre-pied par le changement de position des Etats-Unis. Très clairement, elle perçoit que si ces derniers réussissaient à faire porter le fardeau ukrainien à l’Union européenne, c’est l’Allemagne qui aurait le plus à perdre dans cette logique. Il est extrêmement intéressant de lire dans le compte rendu de la réunion de Riga que l’accord de Libre-Echange ou Deep and Comprehensive Free Trade Agreement (DCFTA) est désormais soumis dans son application à un accord trilatéral. Deux des parties étant évidents (l’UE et l’Ukraine) on ne peut que penser que la troisième partie est la Russie, ce qui revient à reconnaître les intérêts de ce dernier pays dans l’accord devant lier l’Ukraine à l’UE. En fait, on est revenu à la situation que les russes demandaient en 2012 et 2013, mais ceci après un an de guerre civile en Ukraine.

Il semble donc bien que seuls la Grande-Bretagne et les Etats-Unis continuent de soutenir une position agressive à l’égard de la Russie, alors que dans d’autres capitales c’est bien plutôt la lassitude devant la corruption, l’incompétence et le cynisme politique de Kiev qui domine. Telle est peut-être la principale chance pour un règlement de la crise ukrainienne dans les mois à venir.

[1] Katchanovski, I., “The Far Right in Ukraine during the “Euromaidan” and Beyond,” Paper presented at the Annual Conference of the Canadian Association of Slavists, Ottawa, 30 mai et 1er Juin, 2015.

[2] Wade, Robert H. (2015). “Reinterpreting the Ukraine Conflict: The Drive for Ethnic Subordination and Existential Enemies.” Challenge, 58 (4), 361-371.

[3] Hahn, Gordon M. (2015). “Violence, Coercion, and Escalation in Ukraine’s Maidan Revolution: Escalation Point 6 – The ‘Snipers’ of February,” http://gordonhahn.com/2015/05/08/violence-coercion-and-escalation-in-ukraines-maidan-revolution-escalation-point-6-the-snipers-of-february/ .

[4] Katchanovski I., « The « Sniper’s Massacre » on the Maidan in Ukraine »,

Paper prepared for presentation at the Annual Meeting of American Political Science Association in San Francisco, Septembre 3-6, 2015. Voir aussi du même auteur : The Maidan Massacre in Ukraine: A Summary of Analysis, Evidence, and Findings.” In Ukraine, the West, and Russia. Cold War Resumed? J.L. Black and Michael Johns (Eds.). Abingdon: Routledge (à paraître).

[5] Déclaration finale des 4 dirigeants : http://interfax.com/newsinf.asp?pg=3&id=571367

[6] IMF, IMF Statement on Discussions with Ukraine on the Second Review under the Extended Fund Facility Arrangement, 3 octobre 2015, Washington DC, https://www.imf.org/external/np/sec/pr/2015/pr15457.htm

[7] « Ukraine : Paris et Berlin doivent “faire pression” » in Le Figaro, 19 août 2015, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/08/19/97001-20150819FILWWW00190-ukraine-paris-et-berlin-doivent-faire-pression.php

[8] http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-09-15/the-central-bank-with-no-currency-no-interest-rates-but-atms

[9] Bershidsky L. « Ukraine is in Danger of Becoming a Failed State », in Bloomberg International http://www.bloombergview.com/articles/2015-11-06/unreformed-ukraine-is-self-destructing

[10] Kuzio T., « Money Still Rules Ukraine », Foreign Policy, 25 août 2015, https://foreignpolicy.com/2015/08/25/money-still-rules-ukraine-poroshenko-corruption/

[11] IFES survey, « Two Years after Maidan: », IFES, http://www.ifes.org/surveys/september-2015-public-opinion-survey-ukraine

[12] Voir la résolution finale, https://www.google.fr/search?client=safari&rls=en&q=joint+declaration+(http://www.consilium.europa.eu/en/meetings/internationalsummit/2015/05/Riga-Declaration-220515-Final_pdf/&ie=UTF-8&oe=UTF-8&gfe_rd=cr&ei=4QJzVdfFM9OkiAav1IFY


Source : Russeurope, Jacques Sapir, 13-12-2015

Source: http://www.les-crises.fr/lukraine-au-tournant-par-jacques-sapir/


Très bonne année 2016 !

Friday 1 January 2016 at 03:50

Je souhaitais – sans grande originalité mais avec sincérité – vous souhaiter simplement aujourd’hui une excellente année 2016, pour vous et pour vos proches !

Et pour cela, j’espère que nous ne connaitrons ni krach financiaro-économique, ni autre conflits !

Merci encore pour votre confiance et votre fidélité !

Olivier Berruyer

 

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/tres-bonne-annee-2016/


Ils en sont déjà à vouloir re-créer des apatrides (ce qui est possible pour info !)

Thursday 31 December 2015 at 22:48

Je voulais finir l’année sur les journalistes (et me reposer un peu), et voilà ce que ça continue.

I. Jean-Vincent Placé veut re-créer des apatrides

Et voilà donc que Jean-Vincent Placé a plaidé pour « une mesure qui soit réellement égalitaire pour l’ensemble des Français ».

« Je souhaite qu’on réfléchisse à étendre, y compris la déchéance de nationalité, aux Français uniquement Français, je sais la difficulté de créer des apatrides, il y a un vrai débat de convention internationale», a-t-il expliqué.

Qu’une personne naturalisée française tienne ce genre de propos, les bras m’en tombent…

Un ministrable, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnait…

Nathalie Nathalie Kosciusko-Morizet précise (Source : un bon article du Lab Europe 1, allez le lire)

“Je trouve personnellement assez cohérente la déchéance de nationalité pour tous ceux, Français de naissance ou pas, binationaux ou pas, qui auraient commis des actes terroristes.”. Hmmm…

Mais même Chevènement s’y met…

Réfléchir à une commission d’enquête sur les errements de la Diplomatie française, non, mais sur ça, oui…

C’est tout le problème, quand on cède sur un principe (“PAS de déchéance de nationalité, JAMAIS, pas bien”), le bras finit happé : on prend tout le monde, on créé des apatrides, on étend aux assassins d’enfants, puis de policiers, puis de simple citoyen, puis on passe aux viols etc etc. Il ne peut y avoir de fin dans la surenchère.

Vous noterez que le FN joue cartes sur tables, lui :

En tous cas, on se prépare : au prochain attentat (oui, parce qu’on s’agite sur un sujet de principe important, mais qui n’aurait pas empêche les attentats, et qui n’en empêchera jamais aucun), retour du débat sur la peine de mort – mais attention, juste pour y réfléchir, hein…

Archive :

Comme quoi, l’indignité est intemporelle…

II. Mais oui, on peut créer des apatrides..

Une juriste lectrice du blog a attiré mon attention (merci) sur le fait que le fait de créer des apatrides n’était a-priori pas interdit par le droit international auquel est soumis la France (notez, en général, quand un politicien parle “du droit international” ou “de toutes les lois internationales”, c’est souvent faux. Demandez toujours qu’il cite 1 ou 2 textes et vérifiez…)

On parle en effet en général :

1/ de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 :

Article 15

1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Mais elle n’a aucune valeur contraignante, ni portée juridique réelle, elle est une proclamation de droits comme les nombreuses résolutions votées par l’Assemblée Générale de l’ONU.

2/  La Convention relative au statut des apatrides de 1954 vise à améliorer les conditions des apatrides, particulièrement vulnérables, en les assimilant à des réfugiés et non à interdire leur existence.

3/ La Convention de réduction des cas d’apatrides de 1961 indique :

Art 8-1 : “Les États contractants ne priveront de leur nationalité aucun individu si cette privation doit le rendre apatride.”

mais aussi :

Art 8-2 : “Nonobstant la disposition du paragraphe 1 du présent article, un État contractant peut conserver la faculté de priver un individu de sa nationalité s’il procède, au moment de la signature, de la ratification ou de l’adhésion, à une déclaration à cet effet spécifiant un ou plusieurs motifs, prévus à sa législation nationale à cette date et entrant dans les catégories suivantes: a) Si un individu, dans des conditions impliquant de sa part un manque de loyalisme envers l’État contractant,

i) A, au mépris d’une interdiction expresse de cet État, apporté ou continué d’apporter son concours à un autre État, ou reçu ou continué de recevoir d’un autre État des émoluments, ou
ii) A eu un comportement de nature à porter un préjudice grave aux intérêts essentiels de l’État;

Et justement, la France a fait usage de cette faculté lors de sa signature, par une réserve :

 ”Au moment de la signature de la présente Convention, le Gouvernement de la République française déclare qu’il se réserve d’user, lorsqu’il déposera l’instrument de ratification de celle-ci, de la faculté qui lui est ouverte par l’article 8, paragraphe 3, dans les conditions prévues par cette disposition.

Mais il n’a même pas eu à le faire, vu que, si la France a signé la Convention en 1962, elle ne l’a jamais ratifiée, donc elle n’a aucune force légale en France

(Source : ONU ici et . Seuls les pays en vert foncé ont ratifié la Convention de 1961 qui leur est donc applicable – c’est pas lourd…)

4/ La Convention européenne sur la nationalité de 1997, du Conseil de l’Europe :

Art 7 : Un État Partie ne peut prévoir dans son droit interne la perte de sa nationalité de plein droit ou à son initiative, sauf dans les cas suivants :
a acquisition volontaire d’une autre nationalité;
b acquisition de la nationalité de l’Etat Partie à la suite d’une conduite frauduleuse, par fausse information ou par dissimulation d’un fait pertinent de la part du requérant;
c engagement volontaire dans des forces militaires étrangères;
d comportement portant un préjudice grave aux intérêts essentiels de l’Etat Partie;
e absence de tout lien effectif entre l’Etat Partie et un ressortissant qui réside habituellement à l’étranger;
f lorsqu’il est établi, pendant la minorité d’un enfant, que les conditions prévues par le droit interne ayant entraîné l’acquisition de plein droit de la nationalité de l’Etat Partie ne sont plus remplies;
g adoption d’un enfant lorsque celui-ci acquiert ou possède la nationalité étrangère de l’un ou de ses deux parents adoptifs. [...]

3 Un Etat Partie ne peut prévoir dans son droit interne la perte de sa nationalité en vertu des paragraphes 1 et 2 de cet article si la personne concernée devient ainsi apatride, à l’exception des cas mentionnés au paragraphe 1, alinéa b, de cet article.

La, pour le coup, c’est clairement interdit sans aucune exception.

Sauf que la France l’a signé en 2000, mais toujours pas ratifié…

 

donc là encore, ça ne concerne pas la France…

5/ De toutes façons, si un traité concernait la France, il lui suffirait de le dénoncer ou de rajouter une réserve, si elle le voulait.

Il n’y a aucune protection à attendre de ceci…

À lire les commentaires, on serait pieds et poings liés par un traité international ad vitam aeternam, c’est incroyable de méconnaissance du Droit…

P.S. Au passage, un intéressant témoigne sur les apatrides ici, sur Slate (ils bossaient bien les médias, en 2010…).

III. M. Hollande, expliquez-vous…

M. Hollande, j’ai repris votre discours au Congrès le 16 novembre. On y lit que vous voulez appliquer la déchéance à des personnes nées françaises (vous insistez bien sur cette innovation que même le FN n’avait jamais avancée, remettant en question le droit du sol ET le droit du sang, vu que des fils de Français seront concernés), mais dites surtout que cela s’appliquera pour  :

“ un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou un acte de terrorisme”

Terrorisme, je vois assez bien (bon le concept est certes discutable, mais le code pénal le définit assez bien comme commettre des attentats), mais c’est quoi exactement “une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation” ?

Alors M. Hollande, comme vous maintenez votre position (c’est le problème des gros faibles pathologiques ; de temps en temps, ça prend un décision à la dernière seconde, mauvaise évidemment, et alors, ça s’entête pour prouver que ça existe…), pourriez-vous nous indiquer dans quels cas ceci est censé s’appliquer HORS terrorisme svp ?

D’autant que votre projet de loi constitutionnelle, fait encore plus fort, vu qu’il n’y a même plus le mot “terrorisme” dedans :

Donc déchéance pour :

“une personne née française qui détient une autre nationalité peut être déchue de la nationalité française lorsqu’elle est condamnée pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la Nation

Alors M. Hollande, quels sont tous les “crimes constituant une atteinte grave à la vie de la Nation” svp ?

On ne peut le savoir à ce stade…

 

En tous cas, chapeau Daech, votre plan se déroule sans encombre – comme celui de Ben Laden en 2001, quelle victoire ! -, vous aurez donc réussi à nous faire changer notre Constitution avec 10 hommes.

IV. In Memoriam 

Car ça peut aller chercher loin les “atteinte grave à la vie de la Nation”, selon la personne qui en décide…

Loi du 23 juillet 1940 relative à la déchéance de la nationalité française des personnes ayant quitté la France (JO du 07/1940)

Nous, Maréchal de France, chef de l’Etat français,

Le conseil des ministres entendu,

Décrétons :

Article premier. – Tout Français qui à quitté le territoire français métropolitain entre le 10 mai et le 30 juin 1940 pour se rendre à l’étranger sans ordre de mission régulier émanant de l’autorité compétente ou sans motif légitime sera regardé comme ayant entendu se soustraire aux charges et aux devoirs qui incombent aux membres de la communauté nationale et par suite avoir renoncé à la nationalité française.

Il sera, en conséquence, déchu de cette nationalité par décret rendu sur le rapport du garde des sceaux, ministre secrétaire d’État à la justice.

Cette mesure prendra effet à partir du jour fixé par le décret et pourra être étendue à la femme et aux enfants qui ont suivi l’intéressé.

Art. 2. – Les biens appartenant à ceux contre lesquels la déchéance de la nationalité française aura été prononcée par application de l’article précédent seront, à la requête du ministère public, placés sous séquestre par ordonnance du président du tribunal civil du lieu de leur situation.

Cette ordonnance sera publiée par décret au Journal officiel.

Il sera, à la requête du ministère public, procédé, à l’expiration d’un délai de six mois à dater de l’insertion de l’ordonnance, à leur liquidation, sous l’autorité du président du tribunal civil et sous la surveillance du ministère public.
Le solde du produit de la liquidation sera versé à la caisse du Secours national.

Art. 3. – Le présent décret sera publié au Journal officiel et exécuté comme loi de l’État.

Hommage donc à :

8 décembre, Charles de Gaulle, parti  en Angleterre (condamné à mort dès le 12 aout) :

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/et-maintenant-ils-en-sont-deja-a-vouloir-re-creer-des-apatrides-ce-qui-est-possible/


[Propagande] L’élimination de Zahran Alloush, le combattant islamiste que tous adoraient détester, par Hala Kodmani

Thursday 31 December 2015 at 04:30

Ma petite enquête du jour, que je partage avec vous en mode “live”. (spécial école de “journalisme”©)

Un bel exemple de propagande journalistique du XXIe siècle.

I. Libération : “L’élimination de Zahran Alloush, le combattant islamiste que tous adoraient détester, par Hala Kodmani”

Voici l’article de Libération. Lisez-le et exercez votre esprit critique. Mon analyse suit.

Source : Liberation, Hala Kodmani, 27-12-2015

Zahran Alloush, le 21 juillet, dans son fief de Douma. Photo AMER ALMOHIBANY. AFP

Le décès à la suite d’une frappe russe, près de Damas, du chef du groupe Armée de l’islam, qui était prêt à discuter dans des négociations de paix, risque de rendre mort-né le processus voulu par l’ONU.

« Non je ne me réjouis pas que Zahran Alloush ait été tué par les Russes, malgré l’énorme différend personnel et public qui m’oppose à lui.» C’est un ennemi juré du chef du groupe Armée de l’islam, qui réagit ainsi vendredi à la confirmation de sa mort dans un raid aérien près de Damas. L’écrivain syrien Yassin al-Haj Saleh accuse Alloush de l’enlèvement à Douma de sa propre femme, disparue depuis fin 2013 au côté de l’avocate des droits de l’homme Razan Zaitouneh et de deux autres de leurs compagnons. La réaction de l’intellectuel opposant démocrate aujourd’hui exilé en Turquie illustre les sentiments ambivalents des nombreux et divers adversaires du chef de guerre salafiste que tout le monde adorait détester.

Puissant chef et fondateur de la formation la plus importante de la rébellion syrienne dans la région de Damas, estimée à 45 000 hommes, Zahran Alloush, 44 ans qui régnait en maître incontesté sur la Ghouta orientale était un personnage hautement controversé. Libéré au début de l’été 2011 du célèbre « pavillon islamiste » de la prison de Sednaya en même temps que des dizaines de salafistes et jihadistes, à la faveur d’une amnistie de Bachar al-Assad, il annonce aussitôt vouloir renverser le régime par la force, au grand dam des militants de la révolution encore pacifique, qui le soupçonnent de complicité objective avec le régime. Il s’installe dans sa ville natale de Douma, 100 000 habitants à 10 km au nord-est de la capitale, où son père était déjà connu comme prédicateur salafiste proche de l’Arabie Saoudite, devenue le principal soutien du fils Alloush. Après avoir participé à la «libération» de la région des forces du régime fin 2011, Zahran parvient à unifier les différents groupes d’opposition armés rivaux sous la bannière de l’Armée de l’islam, imposant un ordre, loin du chaos d’autres zones rebelles au nord de la Syrie.

Assiégée, affamée et régulièrement bombardée par l’armée de Bachar al-Assad, l’enclave, comparée par un chercheur américain à une «bande de Gaza géante» survit miraculeusement. «Du fait de la corruption et du ravitaillement par les tunnels contrôlés par le seigneur de guerre», disent les détracteurs d’Alloush. «Grâce à une gestion politique et militaire rigoureuse», considèrent au contraire ses partisans de Douma, banlieue sunnite longtemps marginalisée et farouchement opposée au régime. «Nous avons à Ghouta des ressources comme l’eau et l’agriculture, mais aussi de nombreux professionnels parmi les citoyens qui se sont montrés très créatifs pour assurer les besoins vitaux de la population», assurait Zahran Alloush. Dans une interview publiée le 15 décembre sur le site The Daily Beast, du New York Times, au lendemain de la réunion à Riyad des différentes composantes politiques et militaires de l’opposition syrienne, dont un représentant de l’Armée de l’islam, Alloush se pose  en maître du pragmatisme. «Nos priorités restent celles des débuts de la révolution syrienne : débarrasser notre pays de toute forme de dictature et de terrorisme. Comme toutes les autres forces révolutionnaires, nous combattons tant les forces d’Assad que la mentalité takfiriste de l’Etat islamique», expliquait il.

Fort de ses succès contre les forces de l’Etat islamique qu’il a réussi à chasser de toutes les régions qu’il contrôlait près de Damas, le chef de l’Armée de l’islam s’est présenté comme un exemple pour une rébellion syrienne islamique mais non jihadiste. Le profil parfait aujourd’hui pour les Saoudiens, qui lui ont toujours apporté un soutien politique et financier solide et généreux. «L’armée d’Alloush est exclusivement composée de Syriens, sans combattants étrangers ou anciens jihadistes d’Irak ou d’Afghanistan», souligne Hadeel Oueiss, jeune journaliste syrienne, chrétienne d’Alep, qui l’a interviewé par téléphone pour le Daily Beast. «Installé à quelques kilomètres du palais présidentiel de Damas, il est une cible de choix pour les frappes russes», écrivait la journaliste, dix jours avant l’assassinat ciblé de Zahran Alloush.

Logiquement, les médias du régime Assad ont célébré «la mort du grand terroriste des Saud», les hommes du Hezbollah ont distribué des pâtisseries dans la banlieue sud de Beyrouth, tandis que l’Iran se réjouissait de l’élimination du «terroriste wahhabite» et que la Russie rappelait les attaques de l’Armée de l’islam contre les habitants de Damas. Les plus heureux de sa disparition étaient les hommes de l’Etat islamique qui ont salué «la fin d’un traître à l’islam». En revanche, dans le camp des opposants syriens, l’assassinat de Zahran Alloush est un coup dur. «Il aura des conséquences sur tout le processus politique et diplomatique entamé à Vienne et Genève», affirme Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien, devenu coordinateur de la délégation qui devrait participer aux négociations avec les représentants du régime. «C’est la perspective de la seule solution politique possible en Syrie que la Russie a tué aujourd’hui», selon la militante démocrate Nahed Badawyé.

Source : Liberation, Hala Kodmani, 27-12-2015

II. Analyse de texte

Le décès à la suite d’une frappe russe, près de Damas, du chef du groupe Armée de l’islam, qui était prêt à discuter dans des négociations de paix, risque de rendre mort-né le processus voulu par l’ONU.

Déjà, le sous-titre est mythique… Salauds de Russes, oser tuer le chef de l’armée de l’Islam !

« Non je ne me réjouis pas que Zahran Alloush ait été tué par les Russes, malgré l’énorme différend personnel et public qui m’oppose à lui.»

Donc là, la journaliste dès la première phrase vous dit clairement quoi penser. 1/ sa mort est regrettable 2/ salauds de Russes (bis)

C’est un ennemi juré du chef du groupe Armée de l’islam, qui réagit ainsi vendredi à la confirmation de sa mort dans un raid aérien près de Damas. L’écrivain syrien Yassin al-Haj Saleh accuse Alloush de l’enlèvement à Douma de sa propre femme, disparue depuis fin 2013 au côté de l’avocate des droits de l’homme Razan Zaitouneh et de deux autres de leurs compagnons. La réaction  de l’intellectuel opposant démocrate aujourd’hui exilé en Turquie illustre les sentiments ambivalents des nombreux et divers adversaires du chef de guerre salafiste que tout le monde adorait détester.

Dans le texte de la journaliste, il ne ressort aucune ambivalence, c’est au contraire très clair…

Amnistie.

Admirez le choix du mot mis en exergue…

Puissant chef et fondateur de la formation la plus importante de la rébellion syrienne dans la région de Damas, estimée à 45 000 hommes, Zahran Alloush, 44 ans qui régnait en maître incontesté sur la Ghouta orientale était un personnage hautement controversé. Libéré au début de l’été 2011 du célèbre « pavillon islamiste » de la prison de Sednaya en même temps que des dizaines de salafistes et jihadistes, à la faveur d’une amnistie de Bachar al-Assad, il annonce aussitôt vouloir renverser le régime par la force, au grand dam des militants de la révolution encore pacifique, qui le soupçonnent de complicité objective avec le régime.

Cela m’a donné l’occasion de creuser une bonne fois pour toutes cette historie d’amnistie, qui ressort souvent.

Que nous dit (ou sous-entend) la propagande ? Que, pour lutter contre les gentils manifestants démocrates, l’infâme dictateur sanguinaire de sinistre mémoire “Bachar” a alors libéré les masses d’islamistes qu’il avait emprisonnés afin qu’ils aillent combattre à sa place les gentils démocrates, bref qu’il a instrumentalisé – si ce n’est créé – al-Qaïda en Syrie et Daech. Ce que la journaliste ici reprend sur le mode “on le soupçonne de complicité avec “le régime”©”. Bien.

Qu’en est-il ?  L’AFP indiquait le 31 mai 2011 : « ”Le président Assad a décrété un décret accordant une amnistie générale à tous les crimes commis avant le 31 mai 2011″, a indiqué l’agence officielle Sana. “L’amnistie touche tous les détenus politiques ainsi que les membres de la confrérie des Frères musulmans.”» Une amnistie générale donc. Combien, et pourquoi ? Il faut quitter les médias français pour comprendre. Le Washington Post précise : « The amnesty could affect about 10,000 people who Syrian activists say have been rounded up since the anti-government protests broke out in mid-March. The release of political prisoners has been a key demand of the opposition.» « L’amnistie pourrait concerner environ 10 000 personnes dont les manifestants syriens indiquent qu’elles ont été emprisonnées depuis que les protestations anti-gouvernementales ont éclaté mi-mars. La libération des prisonniers politiques était une demandé clé de l’opposition. » Al Jaseera confirme : « The amnesty decree is believed to be a part of the overtures by the Syrian government to its opposition, largely seen as symbolic. But it is also seen as an appeal to protesters, as one of their main demands has been the release of political prisoners » « Cette amnistie est considérée comme faisant partie des ouvertures du gouvernement syrien à son opposition. Mais elle est est aussi vue comme un appel direct aux manifestants, puisqu’une de leurs principales revendications était la libération des prisonniers politiques» 

Donc après avoir arrêté de nombreux milliers de manifestants, le gouvernement syrien a décidé de faire un geste d’apaisement par une amnistie générale, libérant des milliers de prisonniers, dont des “dizaines” d’islamistes – vu que c’était la principale revendication des manifestants.

Et la propagande utilise désormais ça pour laisser entendre qu’Assad est allié des islamistes : quand Bachar arrête les islamistes, c’est un tyran, quand il les libère (avec des milliers d’autres opposants), c’est un complice de Daech – fantastique. Je vous renvoie enfin à la déclaration de Robert Baer, ancien responsable de la CIA pour la région qu’on interrogeait sur ces accusations de complicité Assad / islamistes: “C’est tout simplement délirant. Ces gens sont guidés par le Coran et le divin, ce sont de vrais fanatiques.

Mais pourquoi écouter les pros quand on a des “journalistes”© ? Et donc, Mme Kodmani reprend des rumeurs complotistes de complicité, et c’est tellement crédible qu’elle indique que le “complice” a aussitôt indiqué vouloir renverser Assad par la force, ce qu’il a immédiatement commencé à faire. Que la réalité ait montré le niveau de délire de l’accusation n’empêche donc pas la “journaliste”© de toujours reprendre ces ragots fin 2015.

Bon, voilà, une demi-heure de recherche sur Internet. Et je vous avoue que, bien que rodé, une part de moi reste toujours sidérée de la façon dont les médias nous prennent vraiment pour des imbéciles, et en quoi on ne peut pas leur faire confiance pour rapporter honnêtement des évènements à l’international…

Il s’installe dans sa ville natale de Douma, 100 000 habitants à 10 km au nord-est de la capitale, où son père était déjà connu comme prédicateur salafiste proche de l’Arabie Saoudite, devenue le  principal soutien du fils Alloush. Après avoir participé à la «libération» de la région des forces du régime fin 2011, Zahran parvient à unifier les différents groupes d’opposition armés rivaux sous la bannière de l’Armée de l’islam, imposant un ordre, loin du chaos d’autres zones rebelles au nord de la Syrie.

Euh, donc “vive l”armée de l’islam” et son ordre, quoi ? Je signale que Daech est aussi apprécié sur place car il ramène l’ordre, et a une réelle action sociale…

«Takfiriste»

Assiégée, affamée et régulièrement bombardée par l’armée de Bachar al-Assad, l’enclave, comparée par un chercheur américain à une «bande de Gaza géante» survit miraculeusement. «Du fait de la corruption et du ravitaillement par les tunnels contrôlés par le seigneur de guerre», disent les détracteurs d’Alloush. «Grâce à une gestion politique et militaire rigoureuse», considèrent au contraire ses partisans de Douma, banlieue sunnite longtemps marginalisée et farouchement opposée au régime. «Nous avons à Ghouta des ressources comme l’eau et l’agriculture, mais aussi de nombreux professionnels parmi les citoyens qui se sont montrés très créatifs pour assurer les besoins vitaux de la population», assurait Zahran Alloush. Dans une interview publiée le 15 décembre sur le site The Daily Beast, du New York Times, au lendemain de la réunion à Riyad des différentes composantes politiques et militaires de l’opposition syrienne, dont un représentant de l’Armée de l’islam, Alloush se pose  en maître du pragmatisme. «Nos priorités restent celles des débuts de la révolution syrienne : débarrasser notre pays de toute forme de dictature et de terrorisme. Comme toutes les autres forces révolutionnaires, nous combattons tant les forces d’Assad que la mentalité takfiriste de l’État islamique», expliquait il.

Ben oui, on le sent super démocrate le gars, “ennemi des dictatures financé par l’Arabie Saoudite” (il vaut mieux lire ça que d’être aveugle)… Comme la “journaliste”© ne précise pas, les takfiri sont des extrémistes islamistes adeptes d’une idéologie ultra-violente.

Fort de ses succès contre les forces de l’État islamique qu’il a réussi à chasser de toutes les régions qu’il contrôlait près de Damas, le chef de l’Armée de l’islam s’est présenté comme un exemple pour une rébellion syrienne islamique mais non jihadiste.

OB : Ah, j’imagine que c’est donc ça un “rebelle modéré” ? En tous cas, on peut reconnaitre qu’il y a pire comme traitement médiatique pour un combattant islamiste. On se croirait face à un “journalisye”© nous parlant de l’Afghanistan en 1980…

Le profil parfait aujourd’hui pour les Saoudiens, qui lui ont toujours apporté un soutien politique et financier solide et généreux. «L’armée d’Alloush est exclusivement composée de Syriens, sans combattants étrangers ou anciens jihadistes d’Irak ou d’Afghanistan»,

Ok. Le gars a 45 000 combattants, et PAS UN étranger, ni djihadiste. Chapeau. J’imagine qu’elle pointé la liste des 45 000, chapeau, sacré boulot.

souligne Hadeel Oueiss, jeune journaliste syrienne, chrétienne d’Alep, qui l’a interviewé par téléphone pour le Daily Beast.

Ah pardon, non. La source est une “jeune journaliste”© syrienne, qui l’a interviewé par téléphone, et qui répète donc simplement ses déclarations. Bref, c’est juste lui qui le dit, mais on habille ça pour que ça fasse professionnel…

L’Interview du Daily Beast est ici. On apprend qu’elle est jeune en effet, 23 ans… Du lourd. (des fois, je me dis que tout ceci est un cauchemar et que je vais me réveiller). Elle est cependant courageuse, car elle a manifesté contre Assad en 2011, et indique avoir été arrêtée et torturée par les forces de sécurité. Elle reprend sans distance les accusations sur le bombardement au gaz de 2013.

C’est dommage que Mme Kodmani ne reprenne pas certaines perles de l’interview, comme “Q : “Dans vos précédentes interviews, vous disiez que vous n’aviez pas de différences fondamentales avec le front al-Nosra, la franchise d’al-Qaïda en Syrie, et que votre conseiller en charia n’avait pas de divergence avec le leur [...]  R : je faisais allusion à Abu Maria al-Qahtani, l’un des conseillers de la charia [d'al-Nosra]. Nous avons vu que Qahtani montrait un visage modéré et nous voulions encourager ces efforts. Maintenant al-Nosra a différents conseillers de la charia, et la nôtre a désormais de nombreux désaccords avec eux, idéologiquement et intellectuellement.” OK, l’idéologue modéré d’al-Qaïda…

Et aussi : “Nous croyons que, à l’avenir,la Syrie après Assad devrait être dirigée par un corps technocratique qui aurait les compétences et les qualifications. Nous ne croyons pas que la Syrie devrait être dirigée par des factions sectaires ou partisanes, mais par un organisme technocratique qui représenterait la diversité du peuple syrien. ” OK. Le type a donc toutes les qualifications requises pour intégrer l’ENA…

«Installé à quelques kilomètres du palais présidentiel de Damas, il est une cible de choix pour les frappes russes», écrivait la journaliste, dix jours avant l’assassinat ciblé de Zahran Alloush.

Pâtisseries

Logiquement, les médias du régime Assad ont célébré «la mort du grand terroriste des Saud», les hommes du Hezbollah ont distribué des pâtisseries dans la banlieue sud de Beyrouth, tandis que l’Iran se réjouissait de l’élimination du «terroriste wahhabite» et que la Russie rappelait les attaques de l’Armée de l’islam contre les habitants de Damas.

Que du bon : dans la même phrase Assad, Hezbollah, Iran et Russie, carton plein – avec bonus “pâtisseries”, quels barbares ces russo-chiites… Important d’avoir toujours une image (sans intérêt en l’espèce) qui va frapper l’esprit…

Les plus heureux de sa disparition étaient les hommes de l’État islamique qui ont salué «la fin d’un traître à l’islam». En revanche, dans le camp des opposants syriens,

parce que l’État islamique, ce n’est pas un “opposant syrien”, hein, c’est un complice…

dans le camp des opposants syriens, l’assassinat de Zahran Alloush est un coup dur«Il aura des conséquences sur tout le processus politique et diplomatique entamé à Vienne et Genève», affirme Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien, devenu coordinateur de la délégation qui devrait participer aux négociations avec les représentants du régime.

«Cest la perspective de la seule solution politique possible en Syrie que la Russie a tué aujourd’hui», selon la militante démocrate Nahed Badawia.

La conclusion est formidable. Limite délirante, en tous cas sans le moindre conditionnel, sans la moindre analyse, chapeau, l’article se conclut comme il a commencé… Salauds de Russes !

Hala Kodmani

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Mais qui était Zahran Alloush ?

Difficile de le savoir à la lecture de sa page Wikipedia en français, elle est très limitée.

Sa page anglaise est au contraire éclairante – veinards, on vous l’a traduite (avec nos excuses, c’est approximatif vu que c’est la traduction en français de la traduction en anglais d’insultes arabes):

 

Zahran Alloush (Arabic: زهران علوش Zahrān `Alūš; 1971 – 25 December 2015) Zahran Alloush Jaysh al-Islam est un membre central du Front Islamique dont il était le chef militaire et était décrit comme un des personnages les plus important dans la partie de la Syrie occupée par les rebelles. Alloush appellait au nettoyage de tous les Alaouites et Chiites de Damas., déclarant plus tard aux journalistes occidentaux que cette déclaration et d’autres similaires avaient été causé par la pression et le “stress psychologique” auquel il fut exposé lors du siège gouvernmental de Ghouta. Il a été tué le 25 décembre 2015 et son successeur est Essam al-Buwayadha.

Début de vie

Zahran Alloush (né en 1971 à Douma, Rif Dimashq) était marié à 3 femmes. Il était le fils du Cheik Abdullah Alloush, un prêcheur Salafiste de Damas qui avait vécu en Arabie Saoudite

Il a commencé une Maîtrise à la faculté de Droit de l’Université de Damas et à terminé une Maîtrise en droit de la Charia à l’Université Islamique de Médine. La division Palestine du renseignement Syrien l’a arrêté en 2009 pour possession d’armes. Il a été relâche de la prison de Sedanaya en 2011 lors de l’amnistie générale décrétée trois mois après le déclenchement de la rébellion syrienne.

Guerre Civile Syrienne

Après sa libération, il a fondé un groupe rebelle nommé « le Bataillon de l’Islam » pour combattre le gouvernement Assad. Le groupe a grandi et s’est renommé Brigade de l’Islam. En 2013, il s’est joint à d’autres factions pour créer l’Armée de l’Islam, toujours sous la direction d’Alloush. Il est devenu le groupe le plus puissant opérant dans la zone de Damas.

De nombreuses figures de l’opposition syrienne ont accusé Alloush d’être responsable du kidnapping de l’activiste syrien Razan Zeitouneh et de sa compagne à Douma le 9 décembre 2013. Alloush à nié ces allégations.

Alloush a prononcé un discours sur les mérites du Hadj (le pèlerinage à la Mecque) en 2013 et a s’est adressé à Osama ben Laden en l’appelant par les titres honorifiques de « Cheik » et de « rahimahu Allah » pour avoir fait son Hadj aux environs de 1991-92 quand Alloush était à l’Université Islamique de Médine. Alloush considérait Jabhat al-Nosra, filiale syrienne d’al Quaïda, comme « nos frères » disant que « la conclusion de cette question est que nous, à Jaish al-Islam, louons nos frères du Front al-Nosra et ne les considérons pas comme Khawarij (terroristes) comme il est dit d’eux. Nous combattons à leurs coté et ils combattent à nos côtés. »[15]

Alloush a fait une déclaration durant le Ramadan de 2013 où il attaquait les Chiites en les qualifiant de “Rafidis”, les Alouites qu’il appellait “Nusayris” et les “Majus” (Zoroastrians), déclarant que «  les Moudjahidin de Shaam vont nettoyer Shaam des immondices des Rafidis et du Rafidisme, ils vont nettoyer à jamais « in sha Allah », puis ils vont nettoyer la terre de Shaam des immondices des Majoos (adorateurs du feu) qui combattent la religion d’Allah le Tout-Puissant », « les Chiites sont méprisables et pitoyables depuis toujours“, “Et je vous annonce, vous immondes Rafidis : comme Banu Umayya vous a écrasé dans le passé, le peuple de Ghouta & Shaam vous écrasera bientôt. Ils vous feront goûter le douloureux tourments de ce monde, avant qu’Allah vous les fasses goûter dans l’Au-Delà, vous Rafidis impurs. Vous vous confronterez avec l’incroyable puissance des Combattants de l’Islam.[16][17][18][19][20][21]

Alloush a injurié les Chiites, Alaouites et Iraniens des noms de “Rafidi”, “Nusayri”, et “Majusi” (Magi, un terme référent aux Zoroastriens).[22]

Alloush a déclaré que les Alaouites était «  plus infidèles que les Juifs et les Chrétiens » (أكفر من اليهود والنصارى), qualifiant les Alouites de “Nusayri” (النصيرية).[23] terme issu d’une fatwa sur les Alaouites émise par Ibn Taymiyyah.[24]

Alloush déclara que « notre nation a soif d’un état Islamique » et a attaqué la démocratie après qu’un journaliste ait demandé à Alloush «  pouvez-vous accepter un état laïque, démocratique et pluraliste ? ».[25][26][27][28][29][30][31]

Zahran Alloush a déclaré que celui que « celui qui regarde les temps modernes voit que depuis que le Jihad s’est établi dans le monde islamique depuis l’Afghanistan jusqu’à la Tchétchnie, la Bosnie-Herzgovine, le Kosovo, l’Afrique, l’Irak, la Somalie et maintenant la Syrie, l’Ouest traite le Jihad avec un double standard. D’abord il veut utiliser le Jihad pour disséminer l’extrémisme puis il importe les fils du monde islamique pour les unir sous une idéologie qui fait haïr La Religion par la majorité des musulmans ».[32]

Alloush s’est aussi moqué des médias sociaux.[33] L’ancien compte Twitter officiel de Zahran Alloush, zahran1970,  qui fut suspend par Twitter, envoya de multiple messages directs appelant les gens « soldats de l’armée électronique Nusayri » et « servant des Juifs ibn Saba’“, et des « ennemis d’Allah » en même temps que la dernière partie du Coran verset 3:119 (قل موتوا بغيظكم إن الله عليم بذات الصدور) qui dit au gens de mourir en colère et qu’Allah sait ce qui se passe en eux.[34]

Alloush’s Jaysh al-Islam a diffusé une vidéo glorifiant les Ommeyades et la conquête du Levant par les musulmans.[35][36]

Zahran Alloush a émis un discours exhortant ses combattants à combattre les « Magi et les Rafidi ennemis » qu’il a accusé d’essayer d’établir un « Etat Magi » et un « Etat Perse.[37][38]

En avril 2015, Zahran Alloush apparu soudainement dans la ville turque d’Istanbul. Un porte-parole de l’Armée de l’Islam déclarât qu’Alloush voulait rencontrer les dirigeants des groupes rebelles à Istanbul pour discuter de la manière de lever le siège de Ghouta. Il a été critiqué par le public. Dans les média, nombreux sont ceux qui se sont demandé comment il a pu voyager en Turquie et revenir alors que la ville était encerclée.[39]

Le 9 avril 2015, le compte officiel Twitter d’Alloush zahranalloush a retweetté le discours du Ramadan de 2013 appelant à l’extermination des Chiites et des Alaouites du Levant.[40]

Alloush a rejeté la démocratie et a appelé à un état islamique pour succéder à Assad, même si lors d’une interview avec les journalistes de McClatchy, Alloush a utilisé une rhétorique modérée, déclarant que les Syriens devraient décider dans quel sorte d’état ils voulaient vivre, que les Alaouites faisaient partie du peuple syriens et que seuls ceux qui avaient du sang sur les mains devaient en rendre compte. Son porte-parole a déclaré que la rhétorique sectaire et islamique qu’Alloush avait utilisé précédemment était à consommation interne pour rallier ses combattants.[3][41][42]

En juillet 2015, Alloush a accusé les « forces internationales » de mener une guerre de médias contre les Jihadistes tel son propre groupe Jaysh al-Islam.[43]

Zahran Alloush a dénoncé le PKK [44] et a déclaré que « ce Parti des Travailleurs du Kurdistan avait adopté le philosophie de Hegel comme son idéologie… Hegel est un communiste.”[45][46][47]

Le capitaine Islam Allouche, un cousin de of Zahran Alloush, est porte-parole de Jaysh al Islam et gère le compte Twitter (ndt : anglophone) islamallousheng,[48] et le compte arabe  islamdamas1980.[49] Islam Alloush a annoncé que Jaysh al-Islam’s appuyait l’offensive turque contre le PKK.[50]

Mort

Il a été déclaré tué dans le village d’Utaya à l’Est de Damas le  25 December 2015 par une frappe de l’armée de l’air syrienne.[51]

Allégations de crimes de guerre

Alloush a été accusé de la disparition de l’activiste syrien des droit civils et avocat des droits humains  Razan Zaitouneh, qui a été enlevé par des hommes armés, en même temps que sa femme et deux autres collègues, de leur bureau dans la zone controlée par Jaysh al-Islam à Douma en décembre 2013.[52]

Le 1er novembre 2015, il a été rapporté que les forces de Jaysh al-Islam forces paradaient avec des civils alaouites enfermés dans des cages à l’est de Ghouta pour se protéger de frappes aériennes russes.[53][54] (Source)

Il a été confirmé que Jaish Al-Islam a participé au massacre d’Adra [55] commis par le Front Islamique (dont il est membre).

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Bien bien bien…

Bon, je vous abandonne quelques minutes, je vais aller manger des pâtisseries….

En attendant, si quelqu’un pouvait compléter la page Wikipedia en français du monsieur, ce serait bien – voir d’améliorer ensuite les traductions. Me contacter si besoin.

Mais qui a tué  Zahran Alloush ?

Vous voulez rire ?

Pourquoi la journaliste dit-elle que c’est l’aviation russe qui l’a tué ?

  1. Ce sont les rebelles qui disent ça, mais ils n’ont aucun moyen de connaitre la nationalité de l’avion, évidemment…
  2. L’armée russe a dit que ce n’était pas elle
  3. L’armée syrienne l’a revendiqué

Donc la source de Libé ce sont les islamistes, qui n’ont aucun moyen de connaitre la vérité…

Lire ici par exemple “on doit considérer jusqu’à preuve du contraire que c’est bien l’armée syrienne qui est à l’origine du bombardement. Depuis cette date du 25 décembre et à ce jour 28 décembre, aucune source ne remet en cause la revendication syrienne ‪En conclusion : Tan Khaerr ne donne aucune source autre que des affirmations gratuites et non étayées datant toutes du 25 décembre, avant la revendication syrienne. Par ailleurs, son insistance à vouloir impliquer l’aviation russe en l’absence de tout élément probant est troublante

Mais qui est Hala Kodmani ? (la journaliste de Libé)

Alors là, la page Wikipedia en français est  encore plus limitée, mais très éclairante…

Ancienne attachée de presse de Boutros Boutros-Ghali à l’Organisation internationale de la francophonie et ancienne collaboratrice du délégué de la Ligue arabe à Paris, elle est aujourd’hui responsable de la rubrique Syrie à Libération après avoir dirigé la rédaction arabe de la chaîne France 24,

Elle a participé à divers travaux documentaires sur le Moyen-Orient, notamment sur Damas en Syrie.

Elle est la sœur de Bassma Kodmani, cofondatrice du Conseil national syrien (organe de l’opposition syrienne basé à Paris).

Elle a fondé en mai 2011 et préside l’association française Souria Houria (Syrie Liberté) qui milite pour le renversement du régime de Bachar el-Assad.

Elle a gagné en 2013 le prix de L’Association de la presse diplomatique française (l’APDF) pour sa couverture de la situation en Syrie.

Ah oui, quand même… La responsable de la rubrique Syrie à Libération a créé une association militant pour le renversement d’Assad : chapeau la déontologie. Donc on a à Libération des responsables de rubrique Syrie ou Russie totalement biaisés anti-gouvernement local (et donc dans le sens de notre gouvernement), et ceux des États-Unis et de Bruxelles totalement biaisés dans l’autre sens (et toujours dans le sens de notre gouvernement).

Et accessoirement sa soeur (dont elle n’est en rien responsable, bien entendu – j’en parle juste car elle a un rôle important sur le sujet syrien) a cofondé le Conseil National Syrien, organe fantoche, contrôlé en majorité par les Frères Musulmans, et que la France a reconnu comme représentant légitime de la Syrie…

Le jour où je créerai un journal, j’exigerai que chaque responsable de revue soit indépendant et non biaisé, sans avis préconçu, et qu’il change de rubrique tous les 4 ou 5 ans. Charge à lui d’interroger largement des spécialistes, des témoins, pour se faire son avis, le tout en s’en tenant le plus possible aux faits, et aux analyses croisées d’experts divergents…

(Moi, je vous préviens, le jour où Fabius me donnera une médaille pour la qualité de mes articles, je songerai au suicide pour cause de honte – notez au passage la terreur sur son visage face au 4e pouvoir qui se dresse devant lui…

Je plaisante un peu là, mais, plus sérieusement, c’est AUSSI à cause de personnes de ces 2 genres qu’on a eu 130 morts à Paris. Dans la longue chaine de responsabilités, elles ont contribué à la dégradation de la situation, car si les citoyens étaient réellement informés, ils ne toléreraient pas notre politique étrangère actuelle, et son changement diminuerait les risques. En 2006, on était le pays occidental le plus aimé par les Arabes…)

Mais continuons.

Mais qui est Bassma Kodmani ?

Qui est la soeur alors ?

“Bassma Kodmani est la fille de Nazem Kodmani, ancien ambassadeur de Syrie en France, artisan du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la Syrie après la crise du canal de Suez et diplomate responsable du département Europe occidentale au ministère syrien des Affaires étrangères à son retour à Damas ; arrêté quelques mois peu après la guerre des Six Jours pour avoir critiqué son ministre de tutelle, il finit par rejoindre Beyrouth, Londres, puis l’UNESCO accompagné de sa famille. Sa mère, Hyam Mardam-Bey, est la nièce de Jamil Mardam-Bey, un dirigeant syrien de l’époque post-indépendance du mandat français”

Ah, on n’avait pas précisé que le père était ambassadeur de Syrie donc – un détail.

“Bassma Kodmani acquiert un doctorat en science politique à Sciences-Po Paris

Aïe aïe aïe…

avant d’intégrer en 1981 l’Institut français des relations internationales (IFRI). Cette année-là, elle crée à l’IFRI le programme d’études sur le Moyen-Orient et l’Islam, qu’elle dirige jusqu’en 1998, date à laquelle elle quitte l’IFRI. Elle est par ailleurs maître de conférences à l’Université Paris I Sorbonne et Marne-La-Vallée où elle enseigne les relations internationales. De 1999 à 2005, elle dirige le programme « Gouvernance et Coopération Internationale pour le Moyen-Orient » à la Fondation Ford, basée en Égypte avec pour mission de soutenir les institutions de recherche arabes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En septembre 2005, elle fonde et devient directrice exécutive de l’Initiative de Réforme arabe, un consortium d’instituts de recherche du monde arabe initié par le think tank américain Council on Foreign Relations et travaillant en partenariat avec des instituts européens et américains sur les questions de réforme et de transition démocratique dans le monde arabe. Elle occupe ensuite les fonctions de chercheur visiteur au Collège de France de 2005 à 2006, chercheur associé au CERI – Sciences Po de 2006 à 2007 et chargée de mission à la direction internationale du CNRS de 2007 à 2009.”

Tiens, c’est un clone de Marie Mendras ? Trèèèèès proche des Américains donc (voir le CFR).

Engagement politique

Elle participe aux réunions du groupe Bilderberg en 2008 et en 2012

Bien sûr…

 En 2011, dans le contexte de la guerre civile syrienne, elle participe à la fondation du Conseil national syrien (CNS) dont elle intègre le comité exécutif. Elle est également porte-parole et responsable des relations extérieures de l’organisation.

La Page Wikipedia du CNS indique :

Pour Haytham Manaa, responsable à l’étranger du CNCD, les personnalités qui occupent les postes de premier plan du CNS « ne sont qu’une façade, afin de mieux cacher les islamistes, qui dominent le CNS »5. De fait, un tiers des membres du CNS sont issus desFrères musulmans, ce qui les rend majoritaires au sein du Conseil5,4. Or, les Frères musulmans syriens sont financés essentiellement par le Qatar et des pétromonarchies du Golfe19,47. Kamal al-Labwani, ancien membre du CNS ayant démissionné en mars 2012, accuse également les Frères musulmans de détourner les fonds financiers et les moyens du CNS, notamment des armes, pour « bâtir leur propre base populaire »32. Imad Houssari, démissionnaire du CNS et membre des comités locaux de coordination, affirme de son côté que les Frères musulmans veulent contrôler le budget de l’organisation et que certains d’entre eux financent des groupes salafistes41. Enfin, Walid Al Bounni, adhérent du CNS, a quitté le mouvement pour protester contre leur influence48.

Ok ok…

Le 28 août 2012, alors que le CNS est en perte de vitesse auprès des acteurs syriens et internationaux, elle annonce, avec d’autres membres, sa démission de l’organisation en déplorant son absence de crédibilité3 et en déclarant notamment que « le CNS ne travaille pas bien avec les autres groupes d’opposition »13. Elle retourne alors à ses activités universitaires et se consacre à l’effort humanitaire pour le peuple syrien14. Si Kodmani affirme qu’elle n’a pas démissionné à cause de tensions, un article – anonyme – sur le site du magazine Jeune Afrique estime qu’elle ne supportait plus les attaques à son encontre12. Pour l’universitaire Fabrice Balanche, « cela faisait longtemps que Bassma Kodmani, vue comme la représentante du camp occidental au sein du CNS, était fragilisée »15.

En septembre 2012, elle participe à la création de l’association “Initiative pour une nouvelle Syrie” dont l’action est dédiée à l’assistance humanitaire et à des projets pour favoriser une transition réussie. Elle en est également la trésorière16.

En février 2013, elle soutient la proposition de dialogue faite au régime syrien par Mouaz al-Khatib, président de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution17.

En juillet 2013, elle signe une lettre ouverte à François Hollande réclamant la mise en place en Syrie d’une zone d’exclusion aérienne, « la mise au ban diplomatique du régime syrien » et « une aide substantielle sur le plan militaire aux brigades de l’Armée libre »18.

Voilà voilà…

 

Mais le meilleur reste à venir : les deux derniers témoins cités dans le texte, vous savez :

dans le camp des opposants syriens, l’assassinat de Zahran Alloush est un coup dur. «Il aura des conséquences sur tout le processus politique et diplomatique entamé à Vienne et Genève», affirme Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien, devenu coordinateur de la délégation qui devrait participer aux négociations avec les représentants du régime.

«C’est la perspective de la seule solution politique possible en Syrie que la Russie a tué aujourd’hui», selon la militante démocrate Nahed Badawia.

Mais qui est Nahed Badawia ?

Cela va aller vite, je n’ai pas trouvé grand chose sur Nahed Badawia, c’est apparemment juste une “ingénieure et journaliste” syrienne réfugiée en France, opposante de longue période à Assad, militante de gauche.

Elle intervient d’ailleurs dans des collèges, et j’imagine que les élèves sont donc désormais bien informés de la complexité de la situation syrienne.

D’ailleurs un lycée a même fait un article après leur rencontre :

“Le gouvernement syrien répond aux manifestations pacifistes par les armes. D’abord en éliminant des activistes et leurs familles, puis en allant jusqu’à torturer et tuer des enfants [OB : Et des nourrissons aussi ?] .

Les opposants au régime s’organisent alors au sein de groupes rebelles armés, des plus modérés comme l’Armée Syrienne Libre (ASL) fondée par des militaires syriens favorables à l’instauration d’un régime démocratique [Robert Baer : "L’Armée syrienne libre n’a jamais vraiment existé"], aux extrémistes djihadistes qui prônent un régime islamiste (Front Islamique, JabhatAl Nosra, Etat Islamique en Irak et au Levant ou EIIL). Plus de 150 000 syriens ont déjà été victimes de cette guerre, en majorité des civils [Probablement faux : 90 000 soldats Syriens morts et à peu près autant de rebelles armées en tous cas], y compris des enfants.

Bashar-el-Assad a un double discours : à l’extérieur il dit être contre le terrorisme qui sévit dans son pays, tandis qu’en interne il dit qu’il y a un complot international [Mais où va-t-il chercher ça ce complotiste© ?].

Dans ce contexte, les journalistes, témoins gênants de la répression, deviennent des ennemis d’État.”)

Ainsi, avec un peu de chance, 1 ou 2 devraient intégrer Sciences-Po…

Bref, c’est une personne sans autorité spéciale. Mais la “journaliste”© a donc décidé que c’est sa vision qui restera dans notre esprit…

Mais qui est Riad Hijab ?

Riad Hijab est l’avant dernière personne citée dans l’article de Libération :

dans le camp des opposants syriens, l’assassinat de Zahran Alloush est un coup dur. «Il aura des conséquences sur tout le processus politique et diplomatique entamé à Vienne et Genève», affirme Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien, devenu coordinateur de la délégation qui devrait participer aux négociations avec les représentants du régime.

Sa page Wikipedia française indique :

Issu d’une famille sunnite de Deir ez-Zor1, Riad Hijab est nommé ministre de l’Agriculture et de la Réforme le 14 avril 2011. Un an plus tard, le 6 juin 2012, il est nommé Premier ministre par le président Bachar el-Assad2 et forme son gouvernement le 23 du même mois3,4, durant le conflit syrien de 2011-2012.

Le 6 août suivant au matin, alors que la télévision d’État annonce que Riad Hijab a été limogé, on apprend que celui-ci a fait défection et a fui en Jordanie, où sa famille se trouvait déjà depuis quelques jours5. Il condamne des crimes contre l’humanité commis par le régime et affirme son soutien à la rébellion6,7,8. Il affirme aussi qu’il a dû accepter le poste de Premier ministre sous des menaces de mort. Il abandonne également son portefeuille de l’Agriculture.

En décembre 2012, il serait le favori des États-Unis et de l’Arabie saoudite pour diriger un gouvernement de transition après une éventuelle chute du régime de Bachar el-Assad. Mais le Qatar et la Turquie lui préféreraient Mouaz al-Khatib, président de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (CNFOR), tandis que Georges Sabra, président du Conseil national syrien, juge que « les Syriens ne sont pas prêts à l’accepter pour le moment »9. Après avoir été effectivement évoqué dans des discussions au sein de la CNFOR, il décide de ne pas se porter candidat, notamment à cause des réticences des Frères musulmans à son égard : Ghassan Hitto est finalement élu10.

Tiens, très bizarre donc cette histoire : ce type est donc le seul ministre au monde qu’il aurait fallu menacer de mort pour qu’il accepte le poste de Premier Ministre – et qui a ensuite fait défection. Je regarde alors sur la page anglaise, un peu plus complète :

Defection – According to Hijab’s former spokesman Mohammad Otari, Hijab resigned, and he and his family had defected to Jordan on 6 August 2012.[2][11] Syrian state TV reported that Hijab had been “sacked” and that Deputy PM Omar Ibrahim Ghalawanji would become the head of a new caretaker government.[2] Hijab released a statement through Otari criticizing the current Syrian government, calling it a “terrorist regime”. The statement declared “I am from today a soldier in this blessed revolution“. According to Otari, Hijab had been planning his defection for months with the help of the Free Syrian Army.[11][12][13][14] Hijab was reportedly heading for Qatar, an active supporter of the Syrian rebels.[15] Speaking in Amman, Jordan, on 14 August 2012, Hijab alleged that Assad’s current government was collapsing “morally, financially and militarily“, allegedly only controlling a mere 30% of the entire country still. He called on the Syrian Arab Army and its officers to join the rebellion against president Assad and the Ba’ath party government and for the opposition forces to unite.[5] On 17 August, Hijab held meetings in Doha, Qatar, to discuss Assad’s toppling and to attempt unification of Syrian opposition forces.[16]

According to his spokesman Otari on August 6, Hijab also encouraged other officials to defect,[11] and opposition sources claimed that three other ministers as well as three army generals defected on the same day. However, one of the ministers named by the opposition, Treasurer of Syria Mohamad Gillati appeared on Syrian television later in the day to deny the rumors of his defection to the rebellion.[2]

Though Hijab was not considered a member of Assad’s inner circle,[11] BBC News described his departure as the “highest-profile defection since the uprising began in March 2011″ and “a stunning blow to President Assad”.[12] Guardian writer Ian Black called it “a propaganda coup for the opposition” but not a “fatal blow”.[15] The United States government stated that the “defection” showed Assad’s government was “crumbling from within”. The Barack Obama administration again called for al-Assad’s resignation.[17]

Bref, défection très surprenante, et propos très durs contre Assad. OK.

Mais le plus beau est la dernière phrase de la page : “According to Der Spiegel, Hijab and other prominent Syrian defectors were bribed by the French secret services inside the country as well as by Qatar.[19] ” “Selon Der Spiegel, Hijab et d’autres éminentes personnalités ayant fait défection ont été soudoyés par les Services secrets français dans le pays ainsi que par le Qatar“.

Ah oui, quand même… Bon, il dit quoi le Spiegel le 21 aout 2012 ?

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a commenté sur le nombre croissant de défections de la semaine dernière en disant que: “Tout cela montre que les gens de toutes sortes ont décidé d’abandonner le régime.” Ils ont tous reconnu, a-t-il dit à l’agence de nouvelles française AFP que le régime d’Assad fait actuellement assassiner son propre peuple. Il a ajouté “D’après les informations que nous avons, mais nous verrons si cela est confirmé dans les jours qui viennent, il y a d’autres défections spectaculaires qui se produisent”

Mais les transfuges semblent avoir non seulement des raisons politiques. Comme le “Times” a rapporté mardi également le versement de fonds. Les pays européens ont donc payé conjointement avec certains états du Golfe des pots de vin à des responsables syriens pour les amener à se détourner du régime d’Assad. Lors d’une réunion de diplomates européens en mai dans la capitale qatarie Doha, il a donc été convenu que des “incitations” devraient être donnés à des représentants du régime syrien pour qu’ils rompent avec Assad . La réunion des ambassadeurs a été décidée alors que la politique avait détruit tout espoir de succès du plan de paix de l’ancien médiateur de l’ONU, Kofi Annan. La Russie avait bloqué avec la Chine une condamnation claire du régime Assad ou même des sanctions.

[ J'ai trouvé la source du "Times" de Londres, mais il est payant, siq uelqu'un a l'accès, ça m'intéresse (il est là)

Elle n'est pas  belle cette histoire ? Ce type expliquait d'ailleurs urbi et orbi que le régime était au bord de l'effondrement en aout 2012 (voilà le souci quand on paye les gens, c'est comme quand on les torture, ils racontent n'importe quoi, et surtout ce que vous voulez entendre...). Il a donc contribué à intoxiquer nos dirigeants. ¨Pourtant quand on lit ce que le héros de Libération veut faire aux Alaouites, on comprend qu'ils ne vont pas lâcher l'affaire facilement...

Mais il y a encore mieux.

Après avoir pas mal farfouillé, je suis tombé sur cet article de Jean-Loup Izambert, un journaliste d'investigation relativement sérieux. Voilà ce qu'il nous raconte dans son livre 56 - L'État français complice de criminels  (propos qu'il faut donc prendre au conditionnel, à creuser) :

"Volcan de Damas et Séisme syrien"

"Riad Hijab ?

Né en 1966 à Deir ez-Zor, [...] il est nommé ministre de l’Agriculture et de la Réforme (avril 2011 à août 2012), puis Premier ministre, le 23 juin 2012, par le président Bachar el-Assad.

Mais, les services de renseignement russes, qui s’intéressent à son activité et à son entourage, avertissent leurs homologues syriens de la préparation d’une tentative de coup d’État orchestrée par des services occidentaux avec sa participation. Une opération montée en deux temps par Washington et Paris, avec la participation des dictatures du golfe arabo-persique, et baptisée “Volcan de Damas et séisme syrien” devait renverser le gouvernement par un second coup d’État faisant suite à celui – mis en échec – des Frères musulmans en 2011.

(Source : L’Obs. Voir aussi le long article sur Wikipedia anglais)

Ce plan prévoyait l’intervention de groupes de mercenaires pour décapiter par des attentats les directions des organes de sécurité syriens et de l’armée. Après plusieurs attentats, dont l’un qui détruisit le Siège de la Sécurité nationale et causa la mort de plusieurs dirigeants du Conseil de sécurité nationale, Washington et Paris pensaient que des officiers supérieurs feraient défection avec leurs unités et se retourneraient contre le gouvernement civil.

L’Élysée impliqué dans le coup d’État du 18 juillet 2012
Les services secrets des puissances liguées contre la République arabe syrienne – notamment les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar – ont envisagé ce coup d’État lors d’une réunion qui s’est tenue il Tunis à la fin février 2012. L’attentat eut bien eu lieu le 18 juillet suivant, date prévue pour déclencher le coup d’État, tuant le ministre de la Défense, le vice-ministre de la Défense ainsi que le chef de la cellule de crise, et blessant de nombreuses autres personnes. Le ministre des Affaires étrangères Fabius refusa de condamner l’attentat qui coûta la vie à plusieurs civils et militaires.

Lors de ce coup d’État, Riad Hijab devait prendre la direction du gouvernement de transition préparé dans la coulisse des états-majors occidentaux. Pour lancer cette opération, plusieurs milliers de mercenaires, principalement libyens, jordaniens, tchétchènes et tunisiens, sont entrés en Syrie en quelques jours, essentiellement par les frontières jordanienne et turque, Près de trois mille d’entre eux viendront semer la mort jusque dans la capitale et sa banlieue, pensant renverser le gouvernement qu’ils imaginaient isolé et déstabilisé par les attentats suicides de la mi-juillet.

Mais, contrairement aux prévisions de Washington et de Paris, l’armée syrienne, aidée par la population et ses Comités de défense populaire, les délogera des quartiers de Damas. Au bout d’une semaine de combats acharnés quartier par quartier, rue par rue, leurs survivants devront battre en retraite. Hijab porte donc une lourde responsabilité dans ce complot. Démasqué, il est aussitôt démis de ses fonctions. Il parvient à s’enfuir le 5 août, juste avant d’être arrêté, avec l’aide de la brigade AI-Moetassem, un groupe de l’ASL, et se réfugie en Jordanie. Là, il retrouve sa famille qui l’avait précédé bien auparavant, par précaution, en raison de son activité conspiratrice.

Plus tard, son porte-parole, Mohamed Otri, s’exprimant depuis la Jordanie reconnaîtra que “M. Hijab travaillait secrètement au renversement de Bachar el-Assad bien avant d’accepter les fonctions de président du Conseil des ministres ».

En France, Le Canard Enchaîné, sous la plume de Claude Angeli, ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire, révélera le “complot barbouzard contre Bachar el-Assad”. La plupart des médias français se feront très discrets sur ce coup d’État manqué auquel les services français (DGSE) sont associés. [...]

Les conseillers étasuniens et saoudiens le récupéreront ensuite pour conduire le « gouvernement provisoire» destiné à diriger la Syrie en cas de renversement du gouvernement. Il se heurtera alors à nouveau à l’opposition du Qatar et de la Turquie, qui feront désigner à sa place, le 18 mars 2013, Ghassan Hitto. Cet homme d’affaires présente toutes les« qualités » pour ce poste puisqu’il est proche des Frères musulmans et est étroitement lié à la société syrienne pour vivre… aux États-Unis depuis 1980 ! [...]

Le 9 juillet 2013, un an après la tentative de coup d’État avortée de l’opération « Volcan de Damas et séisme de la Syrie », des informations indiquent l’arrivée en Jordanie de soldats étasuniens, anglais et français pour des manœuvres militaires. Celles-ci se présentent comme une répétition d’une nouvelle opération militaire visant à créer une zone tampon en territoire syrien, près de la frontière turque, par la destruction de cibles civiles et militaires…”

Note Izembert : Les services secrets syriens ont expulsé discrètement vers la France, via la Turquie, une vingtaine de militaires français, parmi lesquels un colonel du service des transmissions de la DGSE. Ces militaires ont été arrêtés fin janvier- début février 2012 près des villes de Homs et d’Azouz. Nicolas Sarkozy, alors Président de la République française, et le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, négocieront leur libération avec Damas par l’intervention d’un pays tiers. L’accord pour le rapatriement de ces militaires a été pris au plus haut niveau du pouvoir politique syrien. (Source : TheTelegraph)

“Il y avait deux réunions à Tunis, s’amuse un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay. La première, la conférence dite « des amis de la Syrie », regroupait des représentants d’une soixantaine de pays, dont Hillary Clinton ou Alain Juppé. Le bilan n’est pas glorieux.

Une autre se voulait plus discrète et réunissait des gens en principe mieux armés que les diplomates, les hommes des services secrets. « On leur souhaite bon vent pour dégommer Bachar..» Réaction sur le même ton d’un officier d’état-major : « C’est la meilleure solution. On ne peut pas refaire le même coup qu’avec la Libye et bombarder une armée syrienne autrement plus solide que celle de Kadhafi et dont les blindés se baladent tranquillement dans des villes insurgées. Et puis, cette fois, l’ONU ne donnera pas son feu vert. »

Putschistes à convaincre vite

Exact. Russes et Chinois y mettraient leur veto. Reste alors la méthode déjà utilisée en Libye : fournir des armes efficaces aux insurgés, voire des conseillers en guérilla urbaine. Des livraisons sont prévues, dit-on au Quai d’Orsay et à la Direction du renseignement militaire (DRM), via des pays arabes, comme le Qatar. Mais il y a mieux, et c’est aujourd’hui d’actualité, selon les connaisseurs : « préparer un coup d’État ». Encore faut-il trouver, sur place, des interlocuteurs valables, discrets, courageux. Et cela suppose de sacrés efforts de persuasion.

A Tunis, la semaine dernière, des représentants des services secrets de plusieurs pays : Qatar, États-Unis, Grande-Bretagne, France, Turquie, Arabie Saoudite, notamment – ont envisagé cette solution. L’idée est d’exploiter d’éventuelles divergences au sein des forces de sécurité et du clan Assad. A en croire un officier de renseignement, des militaires syriens, jusque-là plutôt loyaux, considèrent désormais qu’il n’y a pas d’autre issue à la crise actuelle qu’une rupture avec Bachar et sa famille. Selon lui, les princes saoudiens sont prêts à mettre de l’argent sur la table pour aider à la conversion de ces futurs rebelles.

Quant à l’opposition syrienne, « elle est fragmentée, divisée sur le plan ethnique, idéologique ou stratégique », constate un analyste de la DRM. D’un côté, le Conseil national syrien, « un faux nez des Frères musulmans », dit-on. De l’autre, le Comité de coordination nationale, qui regroupe des intellectuels et des opposants favorable une solution entre Syriens. Sans compter les déserteurs de l’Armée syrienne libre. Et pas forcément tous d’accord sur les ingérences étrangères et sur l’avenir du pays, une fois Bachar écarté.

Ce n’est pas joué, et les comploteurs réunis à Tunis savent que le régime peut encore tenir avec ces quelque 40 000 militaires du clan alaouite (branche du chiisme) – trois divisions blindées la Garde nationale, les Forces spéciales – et grâce à des services de sécurité omniprésents. Face sunnites, leur loyauté est aussi une question survie dans cette guerre civile entre musulmans, sans armistice ni pacifistes à l’horizon.

Claude Angeli – Le Canard Enchainé N° 4766 du 29 Février 2012

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Bref, évidemment, on sera prudent sur ces propos, mais cela mériterait de lourdes enquêtes parlementaires – si on était en Démocratie, bien entendu.

ÉDIT : tiens on me signale cette vidéo d’Hugo Chavez sur le rôle de la France en Syrie :


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En conclusion, merci donc à Libération pour ce beau moment.

S’ils ont un peu de temps, entre le “pic de chaleur”, “bientôt la neige”, “alerte terroriste” et “la cousine de la grand-mère du logeur du kamikaze”, ce serait bien qu’ils creusent par exemple l’existence de cette opération “Volcan de Damas et séisme de la Syrie”, et interrogent l’exécutif (mais si, rappelez-vous, le Watergate, tout ça, tout ça…).

Et comme quoi, en creusant un seul article, on tombe rapidement sur des pépites…

Mais cela confirme hélas ma vision.

On a une guerre qui va crescendo entre la Russie et l’Islamisme radical, nouveau fascisme qui menace nos sociétés (depuis l’extérieur, je précise, tomber dans le piège de l’inquiétude intérieure type “5e colonne” est exactement ce qu’attendent de nous nos ennemis. Et ces gens ne passeraient guère à l’acte sans formation et soutiens extérieurs).

Et nos élites vont faire le choix plus ou moins conscient et officiel de l’islamisme, comme on le voit depuis 35 ans (Afghanistan, Bosnie, Kosovo, Arabie, Irak, Libye, Turquie…) , et comme on le voit toujours avec leur courbettes devant les dirigeants de l’Arabie, du Qatar et de la Turquie….

On le voit ici, la “journaliste”© nous invite mezza voce à haïr ces Russes irresponsables qui ont tué un chef islamiste, dont on veut nous faire croire qu’il était indispensable à un “accord politique” –  sauf que les accords politiques c’est bien, gagner la guerre (ou être en position de le faire) c’est mieux…

En attendant, bonnes pâtisseries à tous – orientales, évidemment :)

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-l-elimination-de-zahran-alloush-le-combattant-islamiste-que-tous-adoraient-detester-par-hala-kodmani/


[Affaire Ursula Gauthier] Ben non, je ne défendrai les journalistes (expulsés) que le jour où j’aurai le droit de porter plainte contre eux…

Thursday 31 December 2015 at 03:50

Très intéressante cette histoire, qui mobilise tous les chiens de garde – flute, voilà qu’il y a des conséquences à ce qu’ils écrivent…

Alors oui, je condamne l’expulsion de tout journaliste professionnel qui, faisant honnêtement son travail, sera expulsé pour avoir dit la vérité.

Mais désolé, comment voulez-vous que je sache si Mme Gauthier rentre dans cette catégorie, ou si elle est du même tonneau que les envoyés spéciaux en Russie ou en Syrie ? Surtout qu’elle travaille à l’Obs, qui publie parfois de fabuleux papiers, et parfois des papiers de Vincent Jauvert, “grand reporter” dont on parle souvent ici.

Tiens, amusant, je suis tombé la semaine passée sur un long article de Claude Got, qui se bat contre la violence routière, et qui dénonçait un ponte du Nouvel Obs :

Si vous voulez rire, allez voir la plainte et surtout le jugement qui détruit Routier (qui n’a même pas été viré à l’époque), c’est incroyable.

Et comme il est impossible de porte plainte contre un journaliste d’un grand média – oh, pas forcément au tribunal, une haute autorité éthique et morale HAME me suffirait bien – pour violation des principes éthiques élémentaires, tout ceci perdure. Et pourquoi pas introduire une carte de presse à points aussi. 12 points, 1 point de moins à chaque condamnation maximale par la HAME, plus de points, plus de carte de presse – on passe du statut de journaliste à éditorialiste ou rédacteur.

C’est certes discutable, mais ce qui ne l’est pas, c’est que ce 4e pouvoir (et je ne parle pas du journaliste de femme actuelle là…) n’ait pas le moindre contrôle pour garantir une honnêteté morale dans le traitement de l’information. Celle-ci exige aussi plus de moyens et de temps, le financement est un autre sujet (traité de façon intéressante par le Monde diplomatique par exemple). C’est moins de liberté qu’aujourd’hui, mais le lecteur doit aussi avoir la liberté d’être bien informé. Un pâtissier ne fait pas n’importe quoi avec ses gâteaux, sa liberté est bridée car il essaie de ne pas empoisonner le corps de ses clients ; je ne vois pas pourquoi un journaliste pourrait impunément empoisonner l’esprit de ses lecteurs, qui, en plus, ne s’en rendront même pas compte (vu que son patron est d’accord, il ne risque rien).

Si j’ai appris une chose depuis ces années d’analyse, c’est qu’on ne peut pas avoir confiance A PRIORI dans les informations internationales d’un média mainstream. C’est des fois vrai, des fois incomplet voire faux.

Et donc, ne connaissant rien à la Chine, je ne peux accorder ma confiance à Mme Gauthier sans connaitre le sujet.

Et puis soyons sérieux, cette agitation frise le ridicule, des journalistes étrangers en Chine, il y en a des centaines et des centaines, je pense qu’il ne doivent pas tous être vendus à la Chine (ou alors, il va falloir qu’on discute sérieusement).

Ah, qu’on ne me qualifie pas de pro-Jinping (après pro-Poutine et pro-Assad, j’ai eu ma part), j’ai déjà écrit plusieurs fois que la Chine étant une dictature communiste, je ne comprenais pas qu’on commerce (autant) avec elle et qu’on ne condamne durement pas les atteintes récurrentes aux Droits de l’Homme (ben oui, j’essaie d’avoir des principes cohérents, et je milite pour une politique étrangère honorable).

Je ne comprends pas cette façon colonialiste de critiquer sans arrêt les autres pays en développement, et d’avoir des pudeurs de jeune vierge sur tout ce qui déraille chez nous.

Et je vais citer 4 points de non-traitement d’informations capitales récentes, sur la seule Syrie (et “traitement”, ce n’est pas en parler en 10 lignes une fois page 16. Du vrai traitement, ce sont des unes répétées, un traitement long et régulier – prenez la façon obsessionnelle dont ils traitent Poutine depuis 3 ans ; ça c’est un “traitement” de qualité, je ne parle ici que de la forme, pas du fond bien entendu).

1/ Le fait que la France ait livré des armes à des rebelles en Syrie, contrairement au Droit international, comme l’a reconnu François Hollande. Armes qui ont tué des centaines d’appelés du contingent Syriens, et qui se sont retrouvé pour la plupart dans les mains de djihadistes.

2/ Le fait que le gouvernement a caviardé le rapport qu’il a rendu public sur l’attaque au gaz en Syrie en 2003, supprimant les passages qui indiquaient qu’Assad pouvait être innocent, le tout pour qu’on bombarde la Syrie. Cette manipulation est clairement de la haute trahison, et devrait être traitée comme telle. (source : Malbrunot/Chesnot)

3/ La fait que la France ait refusé la proposition de collaboration d’Assad sur les djihadistes français en Syrie, comme Bernard Squarcini en a accusé Manuel Valls

4/ Le rôle des gouvernements Turc, Saoudien et Qatari (et de leurs proches) dans le soutien au terrorisme

bonus/ Moins certain, le fait que la France aurait peut-être participé à la préparation d’un coup d’État en Syrie en 2012 – ce qui mériterait une enquête sévère, après la Libye

Le traitement de ces points, très en-dessous du minimum acceptable, est déjà une indignité pour la profession, qui s’ajoute aux bourdes et mensonges récurrents (ah, tiens Kadhafi n’était pas en train de tirer sur son peuple quand on l’a attaqué - super enquête les amis, bravo).

Alors au final, il y a un siècle, Marc Twain écrivait “Si vous ne lisez pas la presse, vous n’êtes pas informé. Si vous lisez la presse, vous êtes mal informé”.

20 ans d’observation du monde m’ont convaincu qu’il vaut mieux ne pas être informé (vu qu’on ne fait alors rien) plutôt qu’être mal informé (vu qu’on s’empresse de faire n’importe quoi, ce qui ajoute aux malheurs du monde).

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L’expulsion de Chine de notre consœur Ursula Gauthier est injustifiable

L’Obs, 30/12/2015

Correspondante à Pékin du magazine “L’Obs”, Ursula Gauthier est sommée de quitter le pays le 31 décembre. La réaction de Paris manque de fermeté.

Nous nous élevons contre le traitement injurieux réservé par la République populaire de Chine à la correspondante à Pékin du magazine “L’Obs”, Ursula Gauthier. Après avoir subi une campagne d’insultes dans les médias officiels et essuyé des menaces de mort postées sur sa page Facebook, celle-ci vient de se voir signifier par les autorités chinoises son expulsion du pays le 31 décembre à minuit. Nous déplorons par ailleurs l’apparente volonté des autorités françaises de ne pas faire de vagues autour de cette expulsion injustifiable.

Ursula Gauthier est singulièrement accusée par Pékin d’avoir “encouragé le terrorisme” dans un article publié le 18 novembre sur le site de l’hebdomadaire “L’Obs“, et en conséquence de ne pas être “apte” à travailler comme journaliste en Chine. La situation est digne d’un roman de Franz Kafka. Les autorités communistes exigent d’elle “une autocritique” en bonne et due forme, pour des propos qui lui sont faussement attribués.

Ben ils demandent juste des excuses en fait…

Cela me semble bizarre d’attribuer de “faux propos” à un journaliste pour un article écrit. Vous avez des preuves ?

Parce que bon, si on lui reproche de faux propos, je vois mal où est le problème pour écrire un communiqué indiquant que la vision du gouvernement chinois est la bonne…

L’article qui lui est reproché traite de la situation au Xinjiang, une vaste région de l’ouest du pays où s’affrontent, depuis de nombreuses années, la police et l’armée chinoise, d’un côté, et une frange militante de la “minorité ethnique” ouïgoure, turcophone et majoritairement musulmane, de l’autre. Il est fait grief à Mme Gauthier d’écrire que la politique d’assimilation forcée de Pékin à l’encontre des 10 millions d’Ouïgours, surtout dans les domaines culturels, religieux et linguistique, est en partie responsable des attaques sanglantes, à caractère terroriste pour certaines, dont les Han (ethnie majoritaire en Chine) et des officiels chinois ont été la cible ces dernières années. Pour Pékin, en revanche, la quasi-totalité de ces “incidents” est à mettre sur le dos du “terrorisme international” au même titre que les attentats de novembre dernier à Paris.

Mme Gauthier était accréditée depuis 2009. Elle connaît parfaitement la Chine, où elle avait déjà séjourné auparavant pendant une dizaine d’années. C’est l’une des rares journalistes en poste à Pékin à se rendre régulièrement dans les régions tibétaines et au Xinjiang, où les autorités chinoises sont confrontées à des mouvements de protestation récurrents qui sont invariablement réprimés. La presse officielle chinoise en souffle rarement mot, tandis que tout est fait pour dissuader les médias étrangers de se rendre sur place pour rendre compte de la situation. Il est pratiquement impossible pour un journaliste de travailler au Xinjiang sans être pris en filature par des agents en civil. D’audacieux reporters sont régulièrement interpellés ou expulsés de la région. Personne ne sait vraiment ce qui se passe non plus dans la “Région autonome du Tibet”, car les reporters ne peuvent y exercer librement leur métier, en particulier depuis de sanglantes émeutes survenues en 2008.

Ah. Donc vous indiquez personne ne sait ce qui se passe là-bas. J’imagine que Mme Gauthier a donc été très prudente dans ses propos.

Diplomatie de paillasson

Ca rime drôlement bien avec journalisme de paillasson notez…

Tout indique qu’en raison, entre autres, de son intérêt soutenu pour les régions du Tibet et du Xinjiang, Ursula Gauthier figurait sur une sorte de liste noire de journalistes devenus indésirables, et dont il fallait se débarrasser. L’agence officielle Chine nouvelle semble le confirmer en jugeant à cet égard que, “depuis longtemps, Ursula Gauthier a toujours fait preuve de partialité politique sur la Chine, et publie souvent des articles sans fondements“.

Ben oui, c’est une “journaliste”© française s’occupant de l’international à l’Obs, c’est donc bien possible – je n’en sais rien…

Circonstance “aggravante”, le fait qu’elle parle couramment chinois l’immunisait contre les pressions qu’exercent les autorités sur les interprètes et assistants chinois des journalistes étrangers. Ces derniers sont souvent contraints de faire des rapports à la police sur les activités de leur employeur.

La priorité absolue accordée par le gouvernement français à la “diplomatie économique” a probablement facilité les choses pour le pouvoir chinois. Le corollaire de cette “diplomatie du paillasson” – silence sur les condamnations de prisonniers politiques et silence sur les violations de la liberté de parole – garantissait d’une certaine manière que Paris laisserait expulser Mme Gauthier sans trop gesticuler. Le ministère des Affaires étrangères français s’est en effet contenté de deux lignes de réaction :

“Nous regrettons que le visa de Mme Ursula Gauthier n’ait pas été renouvelé. La France rappelle l’importance que les journalistes puissent exercer leur métier partout dans le monde.”

Point final.

Ben c’est comme pour l’attaque au gaz de 2013. Les experts du Quai d’Orsay ont peut être indiqué que la journaliste n’était pas fiable, ce qui pourrait  expliquer la réaction minimale. Vous avez enquêté ?

Il est bon de rappeler que, lorsque la Chine menaça de ne pas renouveler les visas de plusieurs journalistes du “New York Times” en 2013, en raison d’articles qui avaient déplu, le vice-président américain, Joe Biden, s’empressa d’intervenir. Il informa en personne le président chinois, Xi Jinping, qu’il y aurait des conséquences si les reporters étaient expulsés. Le message a porté. En 2009, la Chine menaça de ne pas renouveler le visa d’un responsable de la maison de production française Hikari, en raison d’un documentaire qu’il avait produit pour France 5, intitulé “Tian Anmen, mémoire interdite”. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner, fit savoir que deux journalistes de l’agence Chine nouvelle en poste en France se verraient privés de visa si cette menace était exécutée. Une fois encore, l’affaire fut réglée sans dommages.

Quelle qu’en soit la motivation, le manque de fermeté des autorités françaises est irresponsable. Le travail des correspondants étrangers en Chine est essentiel à la compréhension de ce pays. Or, les correspondants français à Pékin et leurs collègues étrangers se trouvent désormais davantage qu’auparavant à la merci d’un caprice autoritaire du département de la propagande du Parti communiste – qui est le véritable donneur d’ordre en la matière. La Chine, qui figure à la 176e place sur 180 sur l’échelle de la liberté de la presse établie par Reporters sans frontières, peut pour sa part donner d’elle-même une image plus édulcorée.

Donc l’info c’est que le 176e pays sur 180 mérite son classement ?

La Chine populaire, deuxième puissance économique mondiale, dont le pouvoir autoritaire et opaque ne cesse de s’affirmer, mérite qu’on s’y intéresse de plus en plus près. Force est néanmoins de constater que l’expulsion d’Ursula Gauthier ne va pas dans ce sens.

Si vous pouviez commencer par vous occuper de la France, j’aimerais autant, les conséquences nous frappant directement désormais – merci…

Stéphane Albouy, directeur des rédactions du “Parisien/Aujourd’hui en France”, Christophe Ayad, chef du service International, “Le Monde”, David Carzon, directeur adjoint de la rédaction de “Libération”, Matthieu Croissandeau, directeur de “L’Obs”, Sara Daniel, reporter, chef du service étranger, “L’Obs”, Arnaud de La Grange, chef du service International, “Le Figaro”, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, Marc Epstein, rédacteur en chef du service Monde, “L’Express”, Jérôme Fenoglio, directeur du “Monde”, Johan Hufnagel, directeur délégué des rédactions de “Libération”, Laurent Joffrin, directeur de “Libération”, Michèle Léridon, directrice de l’information de l’AFP, Marc Semo, rédacteur en chef de la rubrique internationale, “Libération”,  Sylvie Lasserre, journaliste et auteur, Marion Zipfel, journaliste, Marianne Barriaux, Séverine Bardon, Frédéric Bobin, François Bougon, Charlie Buffet, Boris Cambreleng,Anthony Dufour, Hélène Duvigneau, Benjamin Goducheau, Philippe Grangereau, Myrto Grecos, Gabriel Grésillon, Jean-Yves Huchet, Stéphane Lagarde, Philippe Massonnet, Pascale Nivelle, Carrie Nooten, Bruno Philip, Jordan Pouille, Abel Segretin, Michaël Sztanke, Pascale Trouillaud, Elisabeth Zingg, Joris Zylberman, anciens correspondants en Chine de l’Agence France-Presse, “Les Echos”, “Le Figaro”, “Libération”, “Le Monde”, Radio France Internationale et autres médias.

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L’article en question

Après les attentats, la solidarité de la Chine n’est pas sans arrière-pensées, par Ursula Gauthier

Rien que le titre est superbe, une pierre de plus à l’amitié entre les nations

Source : L’Obs, 18/11/2005

Pékin proclame sa solidarité avec la France. Mais demande le même soutien international à sa propre “lutte contre le terrorisme”, l’écrasement sans merci de la minorité musulmane Ouïgour.

Ah, c’est sur que si ce n’est pas du “terrorisme” et s’ils “écrasent sans merci”… Il est clair que si ce n’est pas vrai (et je n’en sais rien), ça mérite expulsion…

Les attentats du 13 novembre ont de toute évidence touché une corde sensible dans le cœur des Chinois. Dans une société qui a tendance à se sentir à part, voire mal aimée, et qui en retour n’éprouve que peu de sympathie pour le reste du monde,

Ah, bon…. C’est beau la xénophobie quand même…

C’est sympa de dire ça, j’imagine que Mme Gauthier connait par coeur toute la société chinoise (ce doit être du plein temps son job vu le nombre).

Ils abusent les chinois de demander des excuses, du coup…

la force des réactions d’empathie a surpris les observateurs.

C’est fascinant d’écrire ça. On dirait un discours de journaliste pro-colonialisme du XIXe siècle (façon “quoi, ils ont un coeur les Nègres ?”)

Peut-être que c’est simplement parce qu’ils éprouvent de la sympathie pour le reste du monde, en fait…

“Je n’ai jamais vu ça, confie un diplomate : depuis samedi c’est une procession ininterrompue de Chinois de tous bords, enfants des écoles, étudiants, ‘amis de la France’ ou passants anonymes, qui se succèdent à l’ambassade de France à Pékin pour y déposer des fleurs et signer le livre de condoléances.”

En bleu, blanc et rouge

Il suffit d’en feuilleter les pages pour entendre un étonnant cri d’amour : “Prière pour Paris, paix sur Paris, amour toujours pour Paris”, clame une inscription ; une autre affirme : “Aujourd’hui, je suis avec les Français ! Il n’y a pas de peur en nous !” ; “A toi Paris, avec mon plus grand amour, vive la France, vive la liberté !”, s’exclame une troisième ; “J’ai deux amours, mon pays et Paris”, puis :

“Paris est au sommet de la culture, de l’art et de la liberté. Rien n’ébranlera sa position unique dans l’histoire de l’humanité”…”

La tribu des tycoons s’est mise au diapason de cette vague populaire. Première historique : une chaleureuse lettre, signée de huit des plus grands patrons chinois – dont le fameux Jack Ma, PDG d’Alibaba et Wang Jianlin, l’homme le plus riche de Chine – a été adressée à François Hollande. A Shanghai, la célèbre tour de la télévision s’est affichée en bleu, blanc et rouge toute la soirée du samedi, tandis que les réseaux sociaux étaient envahis de centaines de milliers de messages bouleversés.

Pourquoi tant d’émotion ? “Parce que Paris est pour nous la plus belle ville du monde, explique un jeune Pékinois, presque une sorte de paradis sur terre. Tous ceux qui ont la chance de connaître Paris l’adorent. Tous ceux qui n’ont pas cette chance rêvent d’y aller un jour.”

C’est très touchant, merci frères Chinois !

Arrière-pensées

Les pouvoirs publics n’ont pas été en reste. Xi Jinping a affirmé à François Hollande qu’il se tenait aux côtés de la France dans son “combat contre le terrorisme”. Belle solidarité, mais non dénuée d’arrière-pensées.

ah, c’est très sympa aussi de dire ça… J’apprécierais moyen si j’étais citoyen chinois..

J’attends les articles de l’Obs que les “arrières pensées ” de Valls et Hollande après les attentats du 13/11.

Car à peine quelques heures plus tard, le ministère chinois de la Sécurité publique, ne reculant devant aucun amalgame, annonçait avoir capturé les responsables d’une attaque, qualifiée également de “terroriste”, qui avait fait une cinquantaine de morts deux mois plus tôt à Baicheng, au Xinjiang.

Salauds de niakoués, je suis sûr que ça faisait 50 jours qu’ils les avaient capturés, et mis dans une petite cage en attendant des attentats en France…

Or, aussi sanglante qu’elle ait été, l’attaque de Baicheng ne ressemble en rien aux attentats du 13 novembre. Il s’agissait en réalité d’une explosion de rage localisée, telle qu’il s’en produit de plus en plus fréquemment dans cette province excentrée dont les habitants, les Ouïgours turcophones et musulmans, subissent une répression impitoyable. Poussé à bout, un petit groupe de Ouïgours armés de hachoirs s’en était pris à une mine de charbon et à ses ouvriers chinois han, probablement pour venger un abus, une injustice, une expropriation (voir l’encadré en bas de l’article).

C’est-à-dire que Mme Gauthier, en Chine, elle a tous les tenants et aboutissants de ce qui passe à Baicheng, où elle ne réside apparemment pas. Et j’imagine en plus qu’un occidental doit très facilement enquêter là-bas, les gens doivent être super coopératifs…

Repose en paix, Conditionnel…

Mais pour Pékin qui refuse de reconnaître sa propre responsabilité dans la montée de l’exaspération de ses minorités,

alors que nous, en France, on reconnait super facilement notre responsabilité dans la montée de l’exaspération de nos minorités hein…

la multiplication récente des incidents sanglants au Xinjiang ne peut être que l’œuvre d’une organisation djihadiste internationale.

Donc, sous-entendu assez clairement : Pékin délire avec des thèses complotistes.

Dès le lendemain dimanche, lors du G20 d’Antalya, le N°1 chinois déclarait : “Les attentats de Paris montrent que la communauté internationale doit joindre ses efforts et fonder son combat contre le terrorisme sur une collaboration renforcée”, ajoutant de façon significative : “Il ne devrait pas y avoir deux poids deux mesures.”

En clair : si la Chine se déclare solidaire des pays menacés par l’État islamique, elle réclame en retour le soutien de la communauté internationale dans ses propres démêlés avec sa minorité la plus remuante : les Ouïgours du Xinjiang.

Donc sous-entendu encore : la Chine, elle, n’est pas menacée par le terrorisme international. Intéressant…

“Les mêmes problèmes que vous”

Récemment, la vague de violence a même débordé les frontières de cette province excentrée plus proche de Kaboul que de Pékin, pour venir frapper les grandes villes des régions han. Les armes sont toujours aussi rudimentaires – armes blanches, explosifs artisanaux

et les kamikazes à Paris, ils avaient des explosifs industriels commandés sur Amazon ?

Elle en sait des choses quand même Mme Gauthier, elle arrive même à différencier et classer les types d’explosifs…

mais ces embryons de groupes armés commencent à montrer des signes d’organisation plus complexe.

Hmmm, intéressant, mais on n’en saura pas plus…

Or, malgré le nombre considérable de victimes, l’action de ces commandos ouïgours n’a pas ému la communauté internationale.

Lors du même G20, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, mettait les points sur les i : “L’ONU doit jouer le rôle de front uni contre le terrorisme international qui s’en prend également la Chine. Le combat contre l’ETIM (mouvement extrémiste ouïgour) est une partie importante de la lutte globale contre le terrorisme.”

L’ETIM, c’est précisément l’organisation jihadiste transfrontalière à laquelle Pékin aimerait attribuer tous ses ennuis au Xinjiang. Le hic, c’est que de nombreux experts doutent que l’ETIM soit ce groupe cohérent et dangereux décrit par la Chine.

Marie Mendras ?

Certains vont même jusqu’à douter de son existence.

Ah oui, carrément.

Donc la journaliste écrit quasiment noir sur blanc que le gouvernement chinois ment à propos de l’existence même d’un groupe terroriste qu’il accuse de l’avoir attaqué et massacré des dizaines de Chinois…

Après les attentats du 11 septembre, George Bush, désireux par dessus tout de nouer une alliance avec Pékin, avait accepté d’inscrire l’ETIM sur sa liste des organisations terroristes. Aujourd’hui, il ne figure plus sur cette liste.

Retiré quand ? Et surtout pourquoi ? Ils justifient toujours les Américains ? Enquête svp.

Bon, en attendant, dans le rapport annuel Américain sur le terrorisme dans le monde 2014, il y a ça :

Bon, après, je ne suis pas sûr que les États-Unis aient vocation à être la référence pour définir si une organisation chinoise opérant en Chine est terroriste ou pas…

Il y a par exemple l’ONU – qui a une liste 2015 des organisations sanctionnées :

En s’entêtant à invoquer le terrorisme international, le gouvernement chinois semble surtout vouloir convaincre sa propre opinion publique et accréditer l’idée que la violence au Xinjiang fait partie d’un problème global, estime Nicolas Becquelin, spécialiste du Xinjiang à Amnesty international. Sans doute essaie-t-il aussi d’obtenir un peu de légitimité vis-à-vis de la communauté internationale, en disant : ‘voyez, nous avons les mêmes problèmes que vous’.”

Répression impitoyable

Pour les organisations des droits de l’homme, la violence au Xinjiang est plutôt due à la radicalisation de jeunes poussés à bout par la répression impitoyable qui écrase tous les aspects de la vie des Ouïgours : culture, langue, religion, accès à l’éducation, au travail, voire à un simple passeport. Dernièrement, elle s’est encore alourdie.

Quelques exemples :

Enfin, si c’est vrai, maintenant, face à ce genre d’affirmation, j’attends désormais des preuves solides pour le croire.

Il est peu probable que la Chine obtienne de nouveau, comme après le 11 septembre, la coopération des Américains et des Européens.

Ah bon ? Pourquoi ??

Etant donné le contrôle écrasant exercé par le pouvoir sur la société et le territoire, il est également peu probable que les djihadistes de l’Etat islamique fassent jamais jonction avec les enragés du Xinjiang.

Collector, vous allez voir pourquoi…

Mais tant que la situation des Ouïgours continuera d’empirer, les belles mégapoles chinoises seront toujours exposées au risque d’attaques à la machette.

Ursula Gauthier, correspondante à Pékin

Encadré :

Sept femmes et trois enfants parmi les “terroristes”

Incroyable ce titre quand on a lu le texte…

L’opération policière qui vient de s’achever au Xinjiang contre les personnes suspectées d’avoir attaqué une mine de charbon il y a deux mois, a entraîné la mort de 17 personnes. “Tous les terroristes ont été tués” a indiqué le Ministre de la sécurité publique, qui a salué cette “grande victoire dans la guerre contre le terrorisme”. Mais on apprend de source indépendante que sept femmes et trois enfants en bas âge figuraient parmi les 17 “terroristes” tués. Selon Radio Free Asia (RFA), une radio basée à Washington, il s’agit de membres des familles des trois suspects.

“Radio Free Asia (R.F.A.) est fondée, en 1950, par la CIA à travers une organisation appelée Committee for Free Asia” En 1994, Radio Free Asia est ressuscitée par l’International Broadcasting Act qui est voté par le Congrès des États-Unis. Elle est financée par une subvention fédérale annuelle (Wikipedia)

Ces trois notables de la préfecture de Baicheng s’étaient en effet enfuis après leur sanglante attaque au couteau contre les ouvriers han de la mine de charbon, et vivaient cachés avec femme et enfants dans les montagnes environnantes. Selon plusieurs officiers de police de Baicheng, joints au téléphone par RFA, ce sont des militaires qui ont fait sauter la grotte où se terraient les fugitifs, tuant non seulement les trois suspects mais aussi leur femme, leurs fils, leurs filles et trois enfants, dont les plus jeunes n’avaient que six et un an. Dans une interview antérieure, un responsable local avait précisé aux journalistes de RFA que les femmes et enfants qui accompagnaient les trois hommes dans leur fuite n’étaient pas impliqués dans l’attaque contre la mine de charbon.

Il en sait des choses le “responsable local”.

Bref, quels barbares ces militaires chinois qui tuent des gens innocents juste pour rigoler…

Les autorités chinoises craignant d’alimenter l’hostilité qui règne entre la majorité han et la minorité ouïgoure, les médias fournissent très peu de détails sur les incidents violents qui secouent le Xinjiang. Quant aux opérations de répression, elles ne donnent lieu à aucune annonce et aucune publicité. Selon plusieurs personnes interrogées par RFA, le Ministère de la Sécurité publique a fait cette fois une exception et s’est saisi de l’occasion créée par les attentats de Paris pour publier dès le lendemain les détails de son raid “anti-terroriste”. Le but : accréditer la thèse officielle selon laquelle la Chine est elle aussi exposée aux attaques du terrorisme international.

Bon, bref, encore un truc bizarre invérifiable…

Pour les organisations des droits de l’homme, les incidents violents du Xinjiang sont des réactions de colère contre la politique ultra-répressive que subit la minorité ouïgoure, et ne peuvent être assimilés à l’activité de groupes jihadistes internationaux. Un enseignant de Baicheng a déclaré à RFI : “Comment le gouvernement espère-t-il faire croire au monde que sept femmes et trois gosses étaient des terroristes ? Que l’arrestation de plus de 1000 personnes suite à l’attentat de septembre était une “opération anti-terroriste” légitime ? Et que de contraindre des milliers de paysans à participer à une chasse à l’homme aux côtés des militaires était une procédure normale ?” U. G.

Enfin, si tout ça est vrai…

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Je termine par cet extrait du dernier article du journaliste Seymour Hersh :

Moustapha a aussi impliqué la Chine, un allié d’Assad, qui a promis plus de 30 milliards de dollars pour la reconstruction de la Syrie après la guerre. La Chine aussi s’inquiète de l’EI. Il m’a expliqué que « La Chine apprécie la situation selon trois points de vue » : le droit international et la légitimité, le positionnement global de sa stratégie, et les activités des djihadistes Ouighours de la province extrême orientale du Xinjiang. Le Xinjiang est frontalier avec 8 nations – la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kyrgyzstan, le Tajikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde – et, selon le point de vue chinois, ils servent de porte d’entrée au terrorisme en provenance du monde entier et au sein même du pays. De nombreux combattants Ouighours actuellement en Syrie sont connus pour être des membres du Mouvement Islamique de l’Est du Turkestan – une organisation séparatiste souvent violente qui cherche à établir un État islamique Ouighour dans le Xinjiang. « Le fait qu’ils aient été aidés par les services secrets turcs pour se rendre en Syrie depuis la Chine en passant par la Turquie a été à la source de tensions énormes entre services secrets chinois et turcs » selon Moustapha. « La Chine est inquiète du soutien de la Turquie envers les combattants Ouighours en Syrie, qui pourrait très bien s’étendre au Xinjkiang. Nous fournissons déjà des informations concernant ces terroristes et les routes qu’ils empruntent pour rejoindre la Syrie aux services secrets chinois. »
Les inquiétudes de Moustapha ont été répercutées par un analyste des questions de politique étrangère à Washington, qui a suivi de près le transit des djihadistes à travers la Turquie vers la Syrie. L’analyste, dont les points de vue sont recherchés de nombreux hauts fonctionnaires du Gouvernement, m’a confié qu’ « Erdogan a transporté des Ouighours vers la Syrie par des moyens de transport spéciaux tandis que son gouvernement s’agitait en faveur de leur combat en Chine. Les terroristes musulmans ouighours et birmans qui s’échappent par la Thailande se procurent d’une manière ou d’une autre des passeports turcs puis sont acheminés vers la Turquie d’où ils transitent vers la Syrie. » Il a ajouté qu’il existait ce qui ressemble à une autre « ratline» [NdT : route secrète] qui acheminait des Ouighours – les estimations vont de quelques centaines à quelques milliers – depuis la Chine via le Kazakhstan pour un éventuel transit par la Turquie vers le territoire de l’EI en Syrie. Il m’a confié que « Le renseignement américain n’est pas bien informé sur ces activités parce que les infiltrés qui ne sont pas satisfaits de la politique [américaine] , ne communiquent pas là-dessus avec eux. » Il a ajouté qu’ « il n’était pas certain que les officiels responsables de la politique syrienne au Département d’État et à la Maison Blanche obtenaient ces informations. » Le journal IHS-Jane’s Defence Weekly a estimé en octobre qu’au moins 5000 futurs combattants Ouighours étaient arrivés en Turquie depuis 2013, dont peut-être 2000 avaient fait mouvement vers la Syrie. Moustapha a déclaré qu’il détenait des informations selon lesquelles « au moins 860 combattants Ouighours se trouveraient en Syrie. »
Les inquiétudes croissantes de la Chine sur la question des Ouighours et ses liens avec la Syrie et l’EI sont un sujet d’étude constant de Christina Lin, une universitaire qui s’est intéressée aux questions chinoises il y a 10 ans alors qu’elle était en poste au Pentagone sous la direction de Donald Rumsfeld. « J’ai grandi à Taïwan, et je suis venue au Pentagone comme experte de la Chine. J’avais l’habitude de démoniser les Chinois en les traitant d’idéologues, et ils sont loin d’être parfaits. Mais au fil des années, alors que je les vois s’ouvrir et évoluer, j’ai commencé à changer de perspective. Je vois désormais la Chine comme un partenaire potentiel pour différents enjeux globaux, particulièrement au Moyen-Orient. Il y a beaucoup d’endroit – la Syrie en est un – où les États-Unis et la Chine doivent coopérer en matière de sécurité régionale et de contre-terrorisme. Il y a quelques semaines, la Chine et l’Inde, deux ennemis issus de la guerre froide qui se haïssent plus que la Chine et les États-Unis eux-mêmes, ont mené une série d’exercices conjoints de contre-terrorisme. Et aujourd’hui la Chine et la Russie souhaitent tous les deux coopérer en matière de terrorisme avec les États-Unis. » La Chine voit les choses de la façon suivante selon Lin : les militants Ouighours qui se sont rendus en Syrie sont entrainés par l’EI aux techniques de survie qui leur permettront de retourner en Chine lors de voyages secrets, afin de perpétrer des actes terroristes là-bàs. Lin a écrit dans un article paru en septembre « Si Assad échoue, les combattants djihadistes de la Tchétchènie russe, du Xinjiang chinois, et du Cachemire indien tourneront leurs yeux vers leurs fronts respectifs pour continuer le djihad, soutenus par une nouvelle base opérationnelle en Syrie, bien financée et au cœur du Moyen Orient. »
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Voilà voilà voilà…
Quelqu’un peut-il d’urgence communiquer le 06 de Mme Lin à Mme Gauthier pour une sévère remise à niveau ?
En tous cas, ceci est passionnant. Vous avez brutalement une illustration du rôle fondamental du journaliste dans la vision qu’il transmet d’un sujet international. Le même sujet traité par 2 personnes aboutit à des perceptions complètement dfférentes.
Mais ce qui est intéressant, dans ces sujets, et qui permet souvent de trancher, et la LOGIQUE des choses.
Quand on lit Mme Gauthier, on a un gouvernement chinois dictatorial (ce qu’il est, hein), qui ment comme un arracheur de dents, en inventant des organisations terroristes, cherchant à profiter des attentats de Paris pour pouvoir continuer à tuer des enfants à sa guise. Et qui OSE expulser Mme Gauthier, apparemment la journaliste la plus compétente, honnête et courageuse en Chine (vu qu’il n’expulse pas souvent des journalistes). On comprend mal pourquoi il vise autant Mme Gauthier, et prend le risque de se fâcher avec la France. Il doit être un peu fou (comme Poutine, Assad, l’Iran, Tsipras avant juillet, etc). Et notre gouvernement est pleutre. OK
Quand on lit ensuite Hersh (c’est quand même une chance que nous ayons traduit cet énorme billet !) , la vision est que le gouvernement chinois dictatorial est aussi confronté au terrorisme international, a peur que les djihadistes reviennent en Chine. Il a alors manifesté, comme son peuple, une grande solidarité avec la France.  Et là, une des principales journalistes françaises sort ce papier, qu’il doit juger assez abject, sur un sujet très sensible. Et il l’expulse. Et le gouvernement français la soutient peu, car il sait que les Chinois ont plutôt raison.
Pour ma part, je suis incapable de trancher, ne connaissant pas le dossier.
En revanche, j’encourage les autres pays à expulser les journalistes français aussi véhéments qui ne respectent pas la déontologie de base du métier (en en apportant des preuves) – cela n’affectera guère leur image souvent déjà déplorable chez nous, mais au moins, ça coupera le robinet.
Mais c’est suffisant pour que je maintienne ma position initiale, dans le doute : c’est sans moi pour le soutien…
Rendez-vous en 2016 !
EDIT : je découvre aussi excellente article de Maxime Vivas sur legrandsoir : “ Si Ursula Gauthier avait écrit sur les attentats terroristes de Paris (janvier et novembre) ce qu’elle a écrit sur les attentats au Xinjiang, elle aurait eu à en répondre devant la Justice française et elle aurait été licenciée par son journal, avec l’approbation des médias et dans le silence de RSF.”
EDIT : on m’a signalé en commentaire, merci. Je ne commente pas à ce stade.

Source: http://www.les-crises.fr/affaire-ursula-gauthier/


[Ukraine] Iatseniouk accusé d’avoir volé 2 milliards de m3 de gaz

Thursday 31 December 2015 at 00:01

Allez, sélection de billets qui récapitulent finalement l’année passée…

Iatseniouk, premier ministre ukrainien, est accusé d’avoir volé 2 milliards de m3 de gaz, et pas pas n’importe qui : conférence de presse de Vadim Rabinovich, homme d’affaires et homme politique, député de la Rada, leader du parti “Centre”. Il est le président de l’importante communauté juive d’Ukraine (et du prestigieux club de football FC Arsenal Kiev). En 2013, sa voiture a été plastiquée. Il a obtenu 2,5 % des voix à la présidentielle de 2014.

6 milliards, cela fait plusieurs centaines de millions d’euros…

Allo l’Europe ?

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-iatseniouk-accuse-davoir-vole-2-milliards-de-m3-de-gaz/


[Entraide] Stagiaire, Résident US, Développeur Javascript, Wikipédia, Newsletter, Synthèse, Rédacteurs, Saisies, WardsAuto, Climat

Wednesday 30 December 2015 at 23:41

Bonjour – d’importants appels à l’entraide aujourd’hui

Stagiaire

Il se pourrait que DiaCrisis prenne un stagiaire l’année prochaine, pour réaliser des analyses, dans le style de celles du blog (domaine Histoire, Propagande, Médias…). Si vous avez un profil en rapport, contactez-nous.

Résident aux USA

J’aurais un petit service à demander à un lecteur résidant aux USA…

Conception outil de traduction

Nous allons développer un outil de travail collaboratif en ligne pour les traductions. Il nous faudrait donc :

1/ des volontaires doués pour définit la conception de l’écran et le cahier des charges

2/ et par ailleurs des développeurs Javascript (Node.js) et CSS.

Wikipédia

Nous aurions besoin d’une personne habituée à rédiger des articles Wikipedia pour reprendre des articles traduits…

Newsletter blog

Nous aimerions créer une newsletter en 2016 – présentant les meilleurs articles du blog (pour ceux qui ne peuvent venir tous les jours :) ). Nous cherchons un volontaire pour s’en occuper.

Si vous êtes dans la com’ et avez des idées / conseils sur ce sujet, n’hésitez pas à nous les soumettre.

Synthèse

Nous cherchons un volontaire pour synthétiser les informations apparaissant en commentaire… (assez simple, mais il faut avoir un peu de temps régulièrement)

Rédacteur

Nous cherchons toujours des personnes autonomes qui pourraient écrire des articles de synthèse pour le blog… (bref capacité à trouver de l’information sur le web, à synthétiser et à rédiger)

Saisies

Nous cherchons un peu d’aide pour des re-saisies de tableaux de chiffres sous Excel à la rentrée.

WardsAuto

Je cherche aussi quelqu’un qui, travaillant dans le secteur automobile, aurait un accès au site professionnel américain de référence : www.wardsauto.com : j’aurais besoin de quelques séries de données.

Climat

J’aimerais que quelqu’un m’aide à remettre à jour les données Excel de la série sur le climat.

=> Contact

Contactez-nous ici en indiquant en objet le sujet sur lequel vous vous proposez…

Merci d’avance ! :)

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-traductions-medecin-resident-us-et-uk-stagiaire-newsletter-synthese/