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[Reprise] Le conflit ukrainien – propagande et réalité, par Klaus Hornung

Wednesday 20 August 2014 at 01:57

Le conflit ukrainien – propagande et réalité

La chancelière maîtrise parfaitement la propagande par les médias. Au début ce fut l’«absence d’alternative» pour l’euro et son sauvetage. Maintenant elle reproche au président Poutine et aux Russes le retour à la «vieille façon de penser» du communisme soviétique, sa tendance à vouloir des «sphères d’influence», ce qui avait été abandonné il y a 25 ans, c’est-à-dire à la fin de la guerre froide, remplacé alors par un respect réciproque des intérêts et une coopération internationale, menée particulièrement par l’UE et les Etats-Unis. Depuis le début du conflit ukrainien, l’hiver dernier, cette façon de présenter la réalité est devenue une véritable rengaine de la propagande occidentale qui à tout prix veut rendre la Russie responsable de ce conflit et de son renforcement. Il est donc nécessaire de revoir les faits.

En 1991, l’Ukraine était devenue, après l’effondrement de l’Union soviétique, un pays indépendant. Mais elle était restée un Etat politiquement fragile. Leurs dirigeants venaient, pour l’essentiel, de la nomenclature soviétique. Toutefois ces gouvernements oligarchiques se tournaient déjà vers l’Ouest. En 1992, l’Ukraine adhéra au FMI, en 2004 à l’OMC. Les frontières furent ouvertes aux capitaux étrangers. Le résultat en fut la fermeture entre 1991 et 2013 de la moitié des entreprises, le reste étant accaparé par les multinationales étrangères et les oligarques. Pendant cette période le produit brut intérieur fondit à 70% de celui de 1991, la production d’acier à 43%, la population, du fait d’une énorme émigration, passa de 52 à 38 millions d’habitants.

Le pays, ainsi affaibli, tomba sous les intérêts occidentaux, américains et européens, le tout préparé et financé par des fondations politiques et par certains médias tels que Radio Liberty, Voice of America, la BBC et la Deutsche Welle. En 2004 eut lieu la «révolution orange» menée par une large frange de la population. Julia Timochenko devint leur idole, et la tête dirigeante du gouvernement, alors qu’elle faisait elle-même partie de l’oligarchie. Sa rivalité constante avec le futur président Viktor Iouchtchenko aboutit en 2009 à de nouvelles élections et au retour de la vieille garde oligarchique au pouvoir. Le président Viktor Ianoukovitch continua de négocier pour associer l’Ukraine à l’UE. En été 2013, le contrat était prêt, mais subitement le président refusa de le signer et empêcha ainsi sa mise en vigueur. Il semble bien que le président Poutine se soit mêlé de l’affaire en offrant une aide financière alléchante pour la livraison de gaz et de pétrole. Le résultat fut qu’en souvenir de la révolte de 2004, une nouvelle résistance contre le régime oligarchique et la tutelle de Moscou éclata, surtout en Ukraine occidentale et centrale, se transformant au cours de l’hiver 2013/14 en révolte populaire, causant de nombreux morts.

Le 21 février 2014, les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et de la Pologne se rendirent à Kiev pour tenter une médiation dans ce conflit qui prenait de l’ampleur. En fait, on mit en route un accord prévoyant la remise en activité de la Constitution de 2004, de nouvelles élections et la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Les signatures des trois ministres des Affaires étrangères, du président Ianoukovitch, d’un représentant du président Poutine, ainsi que de représentants du mouvement du Maïdan devait offrir une solution raisonnable. Toutefois les trois ministres des Affaires étrangères retournèrent brusquement chez eux dans la nuit même, créant un vide que des forces radicales du Maïdan surent exploiter immédiatement pour s’imposer par la force, provoquant dans la nuit même la fuite du président Ianoukovitch. A Kiev fut installé un gouvernement et un président provisoires, ce qui rendit caduques les mesures prises par les ministres européens. Toutefois, on réussit peu après à obtenir l’accord de la majorité du Parlement ukrainien en faveur de cette transition, du fait notamment qu’une partie du groupe parlementaire en soutien du président Ianoukovitch s’était rallié au nouveau gouvernement.

Le gouvernement de Moscou a pu facilement dénoncer les événements de Kiev comme un coup d’Etat de «nationalistes, néonazis et antisémites» ukrainiens et les condamner. A partir de là, on se mit à préparer l’annexion de la presqu’île de Crimée à la Fédération de Russie, le tout tant en Crimée même qu’à Moscou. Une grande majorité de la population de Crimée se prononça le 16 mars pour cette annexion. Le 18 mars déjà, le président Poutine déclara dans un discours au Kremlin la disposition du gouvernement russe de répondre favorablement à la demande de la population de pouvoir intégrer la Fédération de Russie. Poutine put justifier cette annexion tant du fait du coup d’Etat des forces radicales à Kiev qu’en se référant à l’histoire allant du baptême de Wladimir le Saint, le fondateur de la Rus mille ans plus tôt à Cherson jusqu’à l’annexion de cette presqu’île en 1783 par la tsarine Catherine la Grande. Poutine rappela encore que la presqu’île avait été défendue héroïquement entre 1853 et 1856 contre les Anglais et les Français de même que contre les envahisseurs allemands entre 1942 et 1944. Le 18 mars, le président justifia cette annexion contre les accusations occidentales, comme quoi la Russie aurait eu recours à une annexion en violation du droit international, en se référant à la Charte des Nations Unies qui ne considérait pas cette annexion comme une violation du droit international tout comme elle ne s’était pas opposée à la scission du Kosovo de la Serbie en 1999. Dans ce contexte, Poutine ne put s’empêcher de rappeler le bombardement de Belgrade par l’OTAN en 1999 de même que les interventions armées en Irak et en Libye sans autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui furent donc parfaitement illégales par rapport au droit international. Finalement, il répéta l’accusation russe que les USA et l’OTAN ne respectaient pas leur promesse des années 90 de ne pas étendre les frontières de leur alliance vers l’Est, de même que la mise en place d’un système de défense anti-missiles en Pologne et en Tchéquie sans aucune considération pour la Russie.

Il est intéressant de remarquer que le 14 mars 2014, soit un jour avant le discours de Poutine, le professeur américain John Mearsheimer, professeur de politique internationale à l’Université de Chicago, avait exprimé dans le «New York Times» son opposition au chœur de protestation de la politique et des médias «occidentaux» accusant la Russie d’être à l’origine du conflit ukrainien. Ce professeur américain voit plutôt les racines du conflit dans la volonté des Etats-Unis, depuis les années 90, de retirer l’Ukraine pas à pas de l’influence russe. Il rappela que déjà en 2008, on évoquait ouvertement au sein de l’OTAN l’annexion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’alliance occidentale. Depuis l’automne 2013, le président Obama et l’ambassadeur américain à Kiev avaient soutenu le mouvement de révolte dans la capitale, et que de ce fait l’annexion de la Crimée ne pouvait être une surprise. Ce professeur adressa donc comme conseil à la politique américaine de respecter à l’avenir les intérêts russes en Ukraine et de reconnaître que ce pays est un tampon entre l’Est et l’Ouest. Mearsheimer fut aussi le premier en «Occident» à rappeler que les Etats-Unis auront bientôt besoin de la Russie quand il s’agira de négocier à propos de la Syrie et de l’Iran, de même que du retrait de l’Afghanistan, mais finalement aussi en regard de la Chine qui s’annonce comme un rival important à l’avenir.

Afin de comprendre le nouveau conflit est-ouest, il faut se reporter au développement historique et aux relations depuis l’effondrement de l’Union soviétique il y a 25 ans. La première décennie après 1991 se déroula sous les efforts du président Eltsine pour provoquer un choc en menant le pays à coups redoublés vers une économie de marché comme en Occident. Cette expérience ne pouvait qu’être un échec, cela sous l’influence des oligarques qui s’étaient approprié par des méthodes criminelles les biens du pays, mais placèrent les rendements de ces biens mal acquis dans les banques étrangères au lieu de réinvestir dans le pays, ce qui empêcha de moderniser l’économie du pays provoquant l’appauvrissement d’une grande partie de la population. Le résultat en fut non seulement la nécessité pour la Russie d’emprunter largement en Occident, mais aussi qu’en 1998 le pays fut déclaré en banqueroute.

Ces années Eltsine sont restées gravées dans la mémoire de la population comme l’«époque du désordre», avec un gouvernement faible dépendant de l’Occident et de ses nombreux «conseillers». Ce fut une ère de faiblesse, utilisée par l’Ouest, notamment par les Etats-Unis, à ses fins propres.

Il faut tenter de comprendre le phénomène Poutine à partir de là, lui qui prit le relais de Eltsine en mars 2000, bien décidé à mettre un terme à cette «époque du désordre», à domestiquer les oligarques, à panser la plaie de la guerre en Tchétchénie, ce qui lui valut un fort soutien de la population. Malgré sa déception à l’égard de l’Ouest, il maintint la politique de bonne entente et de coopération avec l’Union européenne et les Etats-Unis. L’aboutissement de cette politique fut la conclusion de l’accord START devant favoriser la réduction des deux arsenaux d’armes nucléaires. («Strategie Arms Reduction Talks»), signé solennellement en mai 2002 à Moscou par les présidents Bush jun. et Poutine. D’autres étapes de la coopération est-ouest suivirent, comme la mise en place d’un conseil OTAN–Russie permettant des échanges de vue sur des questions stratégiques communes et finalement l’accès de la Russie dans le groupe des Etats du G-8, permettant un fort développement des échanges commerciaux.

Mais cette lune de miel entre l’Est et l’Ouest, comprenant l’entente entre les Etats-Unis et la Russie ne dura pas et subit un vent froid, voire glacé. C’est précisément là que l’Occident mit le doigt, marquant un intérêt véritable pour notamment l’Ukraine en utilisant les méthodes musclées occidentales pour prendre de l’influence. Lors de son discours à la Conférence sur la sécurité de Munich en février 2007, Poutine dut mettre en garde l’Occident du fait de ses nouvelles méthodes d’immixtion politique dans les nouvelles relations de la Russie avec ses voisins. La Russie avait déjà eu affaire à la «révolution orange». Lorsque les ambitions occidentales s’étendirent sur la Géorgie, la Russie mit un halte-là défendant ses intérêts en intervenant militairement en 2008 pendant cinq jours contre la Géorgie séparant ainsi la province d’Ossétie du Sud et la mettant sous la protection de la Russie.

Lorsque Madame Merkel parle de la résurgence de l’«ancienne façon de penser» en «zones d’influence» de la part de Moscou dans le conflit ukrainien, elle ignore la réalité, ne tenant aucun compte de la volonté de l’Occident d’étendre constamment ses zones d’influence vers l’Est. Le tout sous le prétexte de droits de l’homme et de liberté alors qu’il s’agit d’une longue marche de l’Occident contre laquelle la Russie avait longtemps marqué beaucoup de patience pour finalement tirer une ligne rouge quant à ses propres intérêts.
Une solution de la crise ukrainienne ne sera possible que dans la mesure où les deux parties, la Russie et l’Occident, seront prêtes à insérer le tout dans un espace global stratégique, c’est-à-dire de reconnaître qu’il faut d’abord régler le très sérieux conflit concernant la Syrie, qui dure depuis trois ans, mais aussi celui avec l’Iran. Autrement dit: la solution du conflit ukrainien est une condition préalable pour être en mesure de régler le conflit central, qui ne peut trouver de solution qu’avec l’aide de la Russie, comme le souligne le professeur Mearsheimer. Cela était déjà apparu lors de la question des armes chimiques syriennes, l’année précédente, dont la solution ne fut possible que grâce à la participation de la Russie.

Dans le conflit ukrainien, on ne pourra également trouver une solution que dans un compromis entre l’Est et l’Ouest, dont le point central doit être la reconnaissance de l’association de l’Ukraine avec l’UE par la Russie et, par ailleurs, l’acceptation par l’Occident de l’annexion de la Crimée par la Russie. Toutefois, ce compromis exclut fermement une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Il s’agit donc pour les deux parties d’accepter les faits accomplis qui se sont déroulés pendant les mois du conflit. Ce compromis, inéluctable et souhaitable, devra être complété par une Constitution réglant les questions fédéralistes qui prendront en compte les intérêts de l’Ukraine orientale de même que de la Russie. Ce compromis est la condition même, d’un point de vue de stratégie globale, pour la reprise d’une coopération entre l’Occident et la Russie. A ce propos, on ferait bien de tenir compte de la thèse de Kishore Mahbubani, diplomate intelligent et scientifique de Singapour, qu’il est bon de ne pas perdre de vue la Chine dans les relations avec la Russie. Dans cette perspective de stratégie globale la résistance commune à l’offensive islamique jouera son rôle. Il s’agit d’une convergence des intérêts stratégiques du «monde situé entre San Francisco et Vladivostok». Dans cette perspective, le conflit ukrainien ne jouera qu’un rôle secondaire.

(Traduction Horizons et débats)

Pour rappel, deux extraits du livre de Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde :

Elargissement de l’OTAN et de l’UE en faveur de la politique mondiale des Etats-Unis
«A court terme, il y va de l’intérêt des Etats-Unis de consolider et de préserver le pluralisme géopolitique qui prévaut sur la carte d’Eurasie. Par le biais de manœuvres politiques et de manipulations, on pourra ainsi prévenir l’émergence d’une coalition hostile qui pourrait chercher à contester la suprématie des Etats-Unis, ce qui n’empêcherait toutefois pas un Etat donné d’imaginer de le faire lui-même. (p. 253s.)

[…] L’élargissement de l’Europe et de l’OTAN serviront les objectifs aussi bien à court terme qu’à plus long terme de la politique américaine. Une Europe plus vaste permettrait d’accroître la portée de l’influence américaine – et, avec l’admission de nouveaux membres venus d’Europe centrale, multiplierait le nombre d’Etats pro-américains au sein des conseils européens – sans pour autant créer simultanément une Europe assez intégrée politiquement pour pouvoir concurrencer les Etats-Unis dans les régions importantes pour eux, comme le Moyen-Orient. Il est également essentiel pour l’assimilation progressive de la Russie dans un système de coopération mondiale que l’Europe soit bien définie sur le plan politique.» (p. 255)

Source : Klaus Hornung, Horizons et débats

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-le-conflit-ukrainien-propagande-et-realite/


Les flics se déchaînent, par Paul Craig Roberts

Tuesday 19 August 2014 at 05:00

Un billet de Paul Craig Roberts… Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général…

Par ailleurs, on apprend ici que :

Les agents de police, gardiens de sécurité ou milices autoproclamées  de vigilance ont entraîné au moins 313 exécutions extrajudiciaires  d’Afro-Américains   en 2012, selon  une étude récente . Cela signifie qu’une personne noire a été tué par un agent de sécurité toutes les 28 heures. Le rapport note qu’il est possible que le nombre réel pourrait être beaucoup plus élevé.

L’édifiante étude est ici :

EDIT : un autre assassinat le 17 juillet à New York, sur un noir, Eric Garner, 43 ans – étouffé en hurlant qu’il ne pouvait plus respirer…  Son tort? Alors qu’il sortait dîner avec son ami Ramsey Orta, ce père de six enfants a séparé une bagarre dans la rue. Quand les policiers sont arrivés sur place, ils ont voulu l’arrêter pour vente illégale de cigarettes. Garner, asthmatique et qui n’était pas armé, s’est disputé avec les agents en leur demandant de le laisser tranquille.

 

Paul Craig Roberts, 15 août 2014

(autre angle :

Voir une galerie de photos sur Fergusson ici)

Mise à jour: J’ai reçu quatre ou cinq courriels de lecteurs qui se plaignent que la personne sur la photo ci-dessus, qui est une photo prise à partir de comptes rendus des médias, n’est pas la personne qui les flics ont assassiné à Ferguson.

En quoi est-ce important ? La photo montre trois flics surdimensionnés pointant des armes militaires à bout portant sur un adolescent noir levant ses mains. Un seul de ces flics non armé aurait pu le maitriser. La photo montre que les policiers sont formés à l’utilisation d’une force excessive.

Les courriels que j’ai reçus démontrent l’incapacité de nombreux Américains pour faire face à la fois émotionnellement et rationnellement à la réalité.  Ils essaient de se cacher de la réalité en prétendant que la taille de Ferguson menaçait la police, qui a eu raison de lui dessus. Se cacher la réalité est le refuge des Américains qui ne pensent pas. La plupart des “personnes exceptionnelles” peuvent être trouvées là s’y cachant.

L’aile droite “la loi et l’ordre” des conservateurs républicains qui défendent les assassinats par la police croient profondément qu’ils sont  menacés non pas par le gouvernements fédéral  détruisant leurs protections constitutionnelles, mais par des ”minorités” à la peau foncée  Ils croient, contrairement aux pères fondateurs de l’Amérique , que le gouvernement et ses forces de police sont ce qui les protége.

Cette croyance condamne les Américains.

 

Ferguson, Missouri, est une petite ville à forte majorité noire, dont le gouvernement et la police sont blancs. La police municipale de Ferguson a assassiné un jeune noir de 18 ans, qui avait les mains au-dessus de sa tête. Si vous jetez un oeil à la photo des trois brutes pointant des fusils militaires à bout portant vers lui ayant les mains en l’air, alors qu’il est évident qu’un seul de ces voyous surdimensionnés aurait suffi à retenir sans arme le gamin, vous pouvez comprendre comment la force policière excessive entraine des exactions et des meurtres de citoyens.

Il n’y a aucund oute que la communauté noire de Ferguson regarde la mort de Michael Brown comme un assassinat. Mais faut-il être couvert par le gouvernement blanc et les force blanches de police si les manifestations sont limitées à la petite population de la ville noire de Ferguson? Ainsi que le suggère cet article, il y a une bonne raison de craindre une dissimulation à Ferguson : http://rt.com/usa/180680-ferguson-henry-davis-blood/

Il y a un autre aspect stupéfiant dans ce meurtre. A Ferguson, des manifestants non armés font face à une petite force de police municipale qui est aussi bien ou mieux armée que les troupes de combat des Etats-Unis sur les champs de bataille des pays envahis par Washington. S’il y a des problèmes à Ferguson, c’est juste parce que les flics ont tué de sang-froid un enfant sans raison ni justification, et que la communauté noire pense que le gouvernement blanc donnera un laissez-passer au meurtrier blanc. Le procureur général noir à temps partiel, Eric Holder, n’a pas envoyé la police fédérale enquêter.

Il n’y a pas qu’à Ferguson que des flics voyous assassinent des gens, et ils ne tuent pas que des Noirs. Les Blancs y ont droit aussi. Il y a un grand nombre de meurtres commis par la police dans “la maison de la liberté et de la démocratie”. Pendant la guerre en Irak, la police américaine a assassiné plus de civils américains innocents que les Etats-Unis n’ont perdu de soldats à la guerre !

La police américaine assassine tant de civils que cela prendrait plusieurs volumes épais pour enregistrer ses atrocités. Celles mentionnées dans cet article font simplement partie de celles qui ont été signalées récemment.

L’Atlanta-Journal Constitution rapporte qu’une femme blanche de 37 ans ayant eu une réaction à des médicaments prescrits a essayé d’appeler le 911 pour obtenir de l’aide, mais à la place, c’est une brute de la police qui a tiré sur elle, la tuant contre le mur de sa chambre à coucher. La police a inventé une histoire : la femme en détresse médicale aurait menacé le voyou de la police avec une arme. http://www.ajc.com/news/news/woman-killed-by-henry-police-called-good-neighbor/ngngK/

Le journal rapporte que le mari de la femme a également appelé le 911, mais omet de signaler que le mari a dit qu’il retournait chez lui, ne voulait qu’un traitement médical et demandait de ne pas envoyer la police. Mais les brutes ne pouvaient pas manquer l’occasion de tuer un autre civil américain innocent.

Les victimes de la police n’ont aucun droit, et dans la grande majorité des cas, les familles des victimes assassinées par la police non plus. L’indemnisation des familles des victimes assassinées par la police est aussi rare que la responsabilité des policiers meurtriers. En Amérique, posséder un insigne de police vous donne le droit de tuer.

Au cours de la dernière décennie, peut-être plus, le gouvernement fédéral a systématiquement militarisé les forces de police locales et de l’État dans les 50 États. Les policiers ont été formés par des formateurs contractuels fédéraux à considérer le public américain comme l’ennemi. Les policiers sont formés à ne pas prendre le risque de rencontrer des membres de la population sur une base de confiance, mais à considérer le public comme armé et déterminé à tuer la police.

J’ai observé à un certain nombre d’occasions des policiers entièrement équipés militairement s’entraînant par file de trente à tirer avec des chargeurs de grande capacité sur la même cible. Comme la plupart des petites villes en Amérique, Doraville en Georgie, 8 500 habitants, dispose d’une équipe de SWAT [Special Weapons Attack Tactics : unité spécialisée capable de mener des opérations à haut risque avec un armement et des tactiques adaptées] avec les armes de l’armée américaine. http://www.washingtonpost.com/news/the-watch/wp/2014/08/13/tiny-georgia-police-department-posts-terrifying-swat-video/

Le Congrès devrait tenir des audiences pour déterminer quel budget fédéral a été utilisé pour former les polices d’État et locales à tuer des Américains. Depuis 13 ans l’Amérique est en guerre contre les musulmans considérés comme une menace pour notre sécurité, ce qui a entraîné de grosses dépenses; et pourtant la police américaine a tué plus d’Américains que nous en avons perdu dans la guerre en Irak.

Il nous faut savoirr qui a formé notre police à nous assassiner, et nous devons tenir pour responsables deux types de criminels : ceux responsables de la “formation” et ceux qui, au gouvernement, l’ont financée.

L’erreur la plus fatale que n’importe quel Américain peut commettre est d’appeler la police.

Le Journal des tendances de Gerald Celente m’autorise à republier ma contribution au numéro d’été :

Les violences policières contre le public montent en flèche.

Dans les années 1960, il y a eu un effort à New York pour établir une commission civile d’évaluation de la police. Les plaintes ayant pour objet la violence policière et le harcèlement de New Yorkais noirs avaient augmenté au point que la réalité du problème était évidente. Le maire de New York John Lindsay était souple, mais il y a eu une levée de boucliers de la part des conservateurs guidés par William F. Buckley et la police. Les médias conservateurs ont appelé la commission d’examen de la police “la propriété des cœurs sensibles et des anti-flics.” Les discours alarmistes étaient utilisés pour rallier les électeurs blancs, à qui l’on disait que la commission d’évaluation allait dorloter les criminels, démoraliser la police et amener à une recrudescence du crime.

Le maire Lindsay a établi une commission d’évaluation par décret mais l’opposition grandissante a forcé les partisans de la commission à la soumettre à un vote. La peur avait fait son travail et la commission d’évaluation a été abolie par un vote de 63% contre et 36 % pour. Et nous étions à New York, ville “progressiste”…

Nouvelle tactique : Tuez le chien

Un des trucs favoris de la police consiste à tuer les animaux de compagnie de la famille. Quand les Middleton, propriétaires d’un ranch dans le comté de Rains au Texas, ont appelé le département du sheriff pour signaler le cambriolage de leur maison et le vol d’armes à feu, la première chose que l’adjoint a faite lorqu’il est arrivé a été de tirer dans la tête de Candy, le berger australien de 3 ans et 18 kg des Middleton. Dans le comté de Prince George (Maryland), au cours d’une descente anti-drogue qui n’avait rien donné, des flics ont fait irruption dans la maison du maire et ont assassiné ses deux labradors noirs inoffensifs tout en menaçant le maire et sa belle-mère avec leur arme.

Un autre jeu favori de la police est d’humilier la victime en état d’arrestation, en particulier les femmes, en les faisant mettre entièrement nues. Les violences envers les femmes sont devenues monnaie courante. Dans un cas récent, à New Albany dans l’Indiana, une jeune femme blanche de 31 ans, mère de quatre enfants, fut arrêtée pour incivilité et rebellion après une altercation avec son ex-mari. Dans le jargon de la police, incivilité et rebellion signifient que la jeune femme avait protesté contre son arrestation arbitraire et avait élevé la voix. Comme la plupart des Américains n’ont aucune idée de ce qu’est la police, ils sont choqués et incrédules lorsqu’ils en font l’expérience lors d’une confrontation. Jusqu’à leur première confrontation, ils sont de fervents partisans de la police. Incapable de croire à ce qui lui arivait, elle fut entièrement déshabillée par deux hommes et deux femmes policiers, exhibée nue dans toute la prison devant les autres policiers puis jetée nue dans une cellule. Elle devint hystérique suite à ce traitement. Savourant la détresse de leur victime, les flics l’ont aspergé de gaz au poivre. Le shérif de comté déclara qu’il ne pensait pas que les réglements ou les procédures de la prison aient été transgressés. En d’autres mots, le shérif admit que maltraitance, humiliation et usage excessif de la force sont choses courantes.

http://www.infowars.com/cops-strip-parade-pepper-spray-woman-and-lock-her-in-cell-for-7-hours/ Aussi : http://www.policestateusa.com/2014/tabitha-gentry/

Tout en écrivant, j’ai cherché sur Google « vidéos de brutalités policière aux États-Unis » et 7 660 000 résultats sont sortis en 0,31 seconde. Il y a plus de cas de violence policière gratuite, presque toujours envers des innocents, que ce qu’une personne peut absorber dans toute une vie. Les instances de police frappent des personnes âgés infirmes, usent du taser contre des handicapés en fauteuil roulant , matraquent, tasent et aspergent de bombe au poivre des enfants, des jeunes femmes et des mères portant des bébés dans leurs bras. L’autre jour, la police a tué un gamin de 13 ans qui marchait dans la rue sans faire de mal à personne avec un jouet en forme de carabine. Sauf que les brutes de flics ont considéré que ce gamin de 13 ans représentait un danger. Les brutes de flics n’ont simplement pas pu laisser passer l’opportunité de goûter au plaisir de tuer quelqu’un.

Nous observons la même chose dans la vidéo diffusée par Bradley Manning sur l’armée des États-Unis d’un hélicoptère de combat américain assassinant des journalistes et des citoyens marchant paisiblement dans la rue puis assassinant un père avec deux bébés qui s’était arrêté pour porter secours aux blessés. Les meutriers n’ont pas été inquiétés mais Bradley Manning fut emprisonné pour les avoir dénoncés. Nous en sommes au stade où la police se rend coupable de tentative de meurtre sur des adolescents en train de s’embrasser dans une voiture en stationnement. http://www.lewrockwell.com/2014/06/no_author/cop-shoots-teenage-couple/

Nous sommes devenus une société tueuse, et le gouvernement des États-Unis est le 1er tueur au monde.

Qui est le véritable danger ?

Les cas de violence policière gratuite envers le public sont si nombreux qu’il est impossible d’en faire le rapport. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de les classer par catégories. La conclusion, c’est que la police est pour le public, un danger bien plus grand que ne le sont les criminels. En outre, la police n’a pas de comptes à rendre. Elle peut commettre des meurtres en toute impunité, mais si jamais, par accident ou par réflexe, il vous arrivait ne serait-ce que de toucher un des leurs, si vous survivez au passage à tabac, ce sera direction prison pour vous. Cecily McMillan sur laquelle j’ai écrit récemment, était une manifestante du mouvement Occupy. Un flic avait empoigné ses seins par derrière. Par réflexe, en se retournant, son coude s’était levé et avait heurté le flic. Un jury lâche ou corrompu, encouragé par un juge et un procureur véreux, l’a récemment déclarée coupable d’agression sur agent et elle a été condamnée à une peine de prison. Le flic qui l’avait agressée sexuellement et arrêtée à tort, n’a été aucunement inquiété.

Les procureurs s’intéressent aux condamnations, pas à la justice. Les procureurs condamnent couramment des innocents sur la base de fausses accusations portées par la police et les juges se rendent souvent complices de fausses condamnations. Un procureur honnête n’aurait pas intenté une action à l’encontre de Cecily McMillan. Son procès fut un procès politique et sa condamnation était arrêtée d’avance. Le but était d’envoyer le message que malgré les droits que vous donne la Constitution, vous n’avez pas le droit de remettre en cause l’Establishment. Le juge s’assura de sa condamnation en alléguant qu’aucune preuve de blessure sur sa poitrine ne pouvait être montrée pour sa défense et que les jurés n’avaient pas à être informés du dossier de l’agent ayant procédé à l’arrestation qui révélait l’usage excessif de la force et de mauvais traitements envers les citoyens. Le jury fut réticent à défendre les intérêts d’une personne innocente. Au lieu de servir la justice, le jury servit les intérêts corrompus de l’état policier. Voir http://www.opednews.com/articles/The-Betrayal-of-Cecily-McM-by-Marc-Ash-Cecily-Mcmillan_Jury_Justice_Political-140603-414.html et http://www.paulcraigroberts.org/2014/05/21/justice-dead-amerika/

Quoi que la police fasse, elle en subit rarement les conséquences. De ce fait, elle s’est enhardie et elle est devenue plus violente. Toute rencontre avec la police américaine est dangereuse.

La “guerre au terrorisme” a supprimé tout ce qui pouvait encore limiter les pouvoirs de la police. Le gouvernement fédéral a militarisé l’état et la police locale et l’ a équipée comme si c’était une force militaire. Les policiers sont entrainés pour traiter les gens comme potentiellement dangereux et ne prendre aucun risque avec leur vie lorsqu’ils sont confrontés à des citoyens. On leur apprend que poser poliment des questions pour évaluer une situation comporte un danger et qu’ils devraient éviter tout risque pour eux-même en dominant la situation par la force comme le ferait une unité d’infanterie devant un ennemi.

J’ai été le témoin d’exercices d’entrainement dans lesquels 30 officiers de police alignés vident des chargeurs de grande capacité sur la même cible. On parle d’environ 450 tirs en quelques secondes sur une cible de la taille d’une tête. C’est ce type d’entrainement qui a conduit 23 flics a déverser 377 balles sur deux hommes à Miami, l’un d’entre eux n’ayant fait l’objet d’absolument aucune accusation.

Armés pour la bataille quotidienne

Les équipes du SWAT sont devenues omniprésentes et elles sont armées de tanks, de MRAP (véhicule à roues résistant aux mines et aux embuscades) et de véhicules blindés BearCat (poids lourd de contre-attaque à réponse armée conçus pour la ballistique). Ces véhicules militaires sont utilisés de façon routinière, et l’équipe du SWAT qui met en pièce votre porte a remplacé le policier qui sonnait pour vous présenter une convocation. http://rt.com/usa/164816-american-police-militarization-war/

Il fut un temps, où rejoindre les forces de police comportait un faible risque. Un officier pouvait, et ça arrivait occasionnellement, mourir en exerçant son devoir. Aujourd’hui aucun risque n’est acceptable pour la police. Pour cette raison, tous les risques sont déplacés sur la population chaque fois qu’elle rencontre la police, par erreur ou pas. Par conséquent, la police tue beaucoup plus de gens innocents que les criminels ne tuent de policiers. La police est devenue comme Wall Street et le gouvernement fédéral. La police ne sert aucun intérêt général.

Dans les années 40 et 50, quand j’étais jeune, nous avions compris que les forces de police attiraient les petits tyrans à cause du pouvoir de l’insigne. Mais à la différence d’aujourd’hui la police n’avait pas carte blanche. Dans les années 40 et 50, les Américains n’étaient pas réduits à l’impuissance ou à l’état de moutons auquel ils sont de nos jours.

Les journaux étaient encore indépendants et servaient de frein au pouvoir de la police. Les Noirs ne bénéficiaient pas toujours de cette protection, mais dans les grandes villes du Sud, comme Atlanta, où Ralph McGill fut rédacteur en chef et éditeur du Atlanta Constitution, les Noirs aussi avaient droit à la protection de la presse. Je me souviens des premières marches pour les droits civils à Atlanta. Il n’y avait pas de police ni de chiens lancés sur les manifestants. Je le sais parce que j’y étais.

Des brutes, il y en avait bien sûr, mais il n’y avait pas pas cette hostilité envers le public qui est ancrée dans la formation policière actuelle. Revendiquer ses droits constitutionnels lors d’une confrontation avec la police, c’est de nos jours le meilleur moyen de rendre fou de rage une brute dont l’autorité se voit remise en question. Le résultat probable, c’est un passage à tabac et une arrestation. La soumission est le meilleur moyen de survivre à une confrontation policière. Quand bien même vous seriez un chirurgien du cerveau ou un ancien haut fonctionnaire, et que le policier aurait tout juste un niveau d’études secondaires. Mais si vous voulez vous en sortir sans dommage corporel et sans inculpations dans votre casier, il faudra vous comporter comme un paysan face à un baron, un comte ou un duc des siècles passés. C’est l’Amérique d’aujourd’hui.

Agissez autrement et il se pourrait bien que vous y laissiez votre peau.

Donc,les commissions d’examen de la police sont-elles la réponse ? Apparemment non. En 1993, après que le maire de New York Lindsay ait échoué à imposer un peu responsabilité à la police, le maire David Dinkins instaura la très largement impuissante Commission d’examen des plaintes civiles [Civilian Complaint Review Board]. La police manifesta son opposition et fut encouragée par Rudy Giuliani qui, lorsqu’il devint maire, lui donna carte blanche. Les New-yorkais blancs applaudirent Guliani. Enfin, ils étaient de nouveau en sécurité – tant qu’ils n’avaient pas de problème avec la police ou que l’équipe du SWAT [équivalent du GIGN] ne se présentait pas à la mauvaise adresse, un évènement bien plus probable que de voir un criminel frapper à la porte.

Bon nombre de villes ont aujourd’hui des commissions d’examen. Certaines détiennent du pouvoir. La plupart n’en ont pas. Même celles qui ont du pouvoir sont devenues réticentes à les utiliser. Quand le terrorisme représente une menace si grande que le pays est maintenu pendant des années en alerte orange, un cran en-dessous de l’alerte rouge, seul un communiste libéralo-rosâtre pro-terroriste pourrait vouloir restreindre les pouvoirs de la police.

Tant que les États-Unis demeureront entre les mains des pouvoirs établis les commissions d’examen de la police resteront sans effet. Wikipedia rapporte qu’en 2006, il y a huit ans, la commission d’examen des plaintes civiles de New York à reçu 7699 plaintes dont environ 6% aboutirent en « plainte fondée. » En d’autres termes, 94% des cas n’aboutirent nulle part.
La police a été lâchée sur nous par des conservateurs très « loi et ordre » et sous prétexte de « guerre contre le terrorisme ». La police nous fait bien plus de mal que ne le font les criminels et les terroristes. Il reste à voir si les Américains survivront à leur police.

Pendant ce temps, les moutons [Ndt : sheeple = mot valise : sheep + people ] continueront de payer les salaires de ceux qui constituent leur plus grande menace.

Mise à jour : ce reportage de RT montrant le caractère corrompu de la police américaine : http://rt.com/usa/180680-ferguson-henry-davis-blood/

Source : PCR, traduit collectivement par les lecteurs du site www.les-crises.fr 

Lire aussi sur DeDefensa : Manufacture des crises : cette fois à Ferguson, Missouri

P.S. : petit exemple de la qualité des dessinateurs de presse américains, présents dans la plupart des grands journaux…

(Un autre victime à Fergusson : la vérité. (victime de la police de la foule ou des médias ?)

Source: http://www.les-crises.fr/les-flics-se-dechainent/


[Reprise] Invasion-éclair de l’Ukraine ? Aller-retour à reculons et destruction-éclair ?, par Philippe Grasset

Tuesday 19 August 2014 at 01:04

Le nombre de conneries qui me passent sous les yeux est vraiment trop important pour que je les recense tous.

Celle-ci était vraiment pas mal – MEUH OUI les Russie va envahir l’Ukraine avec 20 chars, miraculeusement vaporisés sans laisser de trace par l’armée de Choco Ier, que même dans Games of Thrones, ils sont moins efficaces… -, alors je reprends l’article de Philippe Grasset sur DeDefensa

Avouons-le, assez penauds : il nous est impossible de confirmer ce qui a peut-être eu lieu effectivement, c’est-à-dire sans aucun doute ; on parle de l’invasion russe de l’Ukraine par la Russie, immédiatement réduite en cendres blindées par l’exceptionnelle artillerie de la très-vigilante armée ukrainienne. C’est-à-dire, soyons précis, l’invasion de l’Ukraine par 23 véhicules blindés russes, et puis non, peut-être un peu plus de 50 véhicules blindés russes, qui ont été vus comme je vous vois par les regards acerbes des journalistes du Guardian et du Telegraph, près de la frontière, et peut-être même une chenille en Ukraine et l’autre en Russie, et dans l’intention manifeste de franchir la frontière pour l’invasion de l’Ukraine, innocente et accablée par son voisin russe.

On ne les a pas retrouvés jusqu’ici en tant que tels, les envahisseurs blindés et les blindés envahisseurs, ce qui en fait l’invasion la plus élégante possible par sa discrétion. (Sans doute pourrait-on nous parler des “petits chars verts” comme on nous a parlé des “petits hommes verts” pour l’“invasion de la Crimée”, faite par l’intérieur qui plus est.)… Mais aussi, soyons précis, on ne les a pas retrouvés, ces envahisseurs, parce que le roi du chocolat, – alias président of the république ukrainienne, sorte de 51ème État de l’Union ou de 29ème État de l’UE c’est selon, – annonce que toute l’invasion, ou peut-être bien une bonne grosse partie d’entre elle, a été victorieusement et catégoriquement détruite par l’artillerie de l’armée ukrainienne qui accumule les succès. Voilà, succinctement résumé, l’épisode qui a sans aucun doute eu lieu puisque personne ne l’a vu réellement en train d’avoir eu lieu, puisque détruit avant d’avoir réellement eu lieu… Tout cela, en attendant mieux, ou pire, ou plus compliqué, ou démenti avec démenti confirmé ou bien c’est l’inverse, – on verra, hein…

• Tout cela a commencé par deux articles du Guardian (le ) et du Telegraph (le 15 août 2014). Prenons par exemple le début du compte-rendu du Telegraph… (Précisons que Le Monde, notre “journal de références”, a repris la chose sans crier gare et le doigt sur la couture du pantalon, en bon petit soldat méritant du bloc BAO, sans l’ombre d’un conditionnel, le 15 août 2014 : «Des blindés russes sont entrés sur le territoire ukrainien».)

«The Guardian saw a column of 23 armoured personnel carriers, supported by fuel trucks and other logistics vehicles with official Russian military plates, travelling towards the border near the Russian town of Donetsk – about 200km away from Donetsk, Ukraine. After pausing by the side of the road until nightfall, the convoy crossed into Ukrainian territory, using a rough dirt track and clearly crossing through a gap in a barbed wire fence that demarcates the border. Armed men were visible in the gloom by the border fence as the column moved into Ukraine. Kiev has lost control of its side of the border in this area.

»The trucks are unlikely to represent a full-scale official Russian invasion, and it was unclear how far they planned to travel inside Ukrainian territory and how long they would stay. But it was incontrovertible evidence of what Ukraine has long claimed – that Russian troops are active inside its borders.

»It was also ironic given the attention to the huge convoy of humanitarian aid that moved slowly southwards on the M4 highway on Thursday. As the convoy moved closer to the stretch of border controlled by pro-Russian rebels it was hard to escape the feeling that Moscow’s aid convoy had the potential to turn into a slow-motion disaster, perhaps even prompting a moment that could push Ukraine and Russia out of the messy conflict fought by proxies into full-blown, open engagement.»

• Douze heures plus tard, dans des textes qui présentent la même structure, la même confusion et le même empilement de diverses informations-supputations, les deux journaux londoniens ont réagi dans le même sens mais, disons, selon une nuance de la gamme de reportage vécu caractérisée par la prudence plus que la par la précision. Plus encore, il est hautement fait référence à la source extrêmement digne de foi, la confirmation sur le site du roi du chocolat, également président ukrainien, Porochenko, expliquant que l’invasion a bien eu lieu, – la preuve, puisqu’elle a été détruite sinon pulvérisée, – en partie dans tous les cas, mais on pourrait presque imaginer “complètement”, – si bien, possiblement, qu’on n’en retrouvera guère de traces absolument probantes. Il s’agit de comprendre ces informations avec l’imagination aidant. (Le Guardian du 16 août 2014, le Telegraphdu 16 août 2014.) Un échantillon du Guardian, où le ton est beaucoup plus prudent (ce sont les autres qui le disent, c’est-à-dire ceux à qui l’on a lancé la patate chaude…) :

«Ukraine claims it has destroyed Russian military vehicles in the country’s east, a day after a column was spotted moving across the border. Ukraine’s president, Petro Poroshenko, told David Cameron by phone that his country’s armed forces had destroyed part of an armed convoy that the Guardian saw moving through a gap in a border fence on Thursday night.

»There was no immediate proof, and it was impossible to establish if the Ukrainians had targeted the same convoy seen by the Guardian. The Russians categorically denied that any of their troops were even in Ukraine. But the claim marks a new escalation in the six-month confrontation over Ukraine and if verified would amount to the first confirmed military engagement between the two adversaries since the crisis began in the spring. “The president informed [Cameronwthat the information was trustworthy because the majority of those machines [Russian military vehicleshad been eliminated by the Ukrainian artillery at night,” a statement from Poroshenko’s office read.»

• La réaction la plus habile somme toute, – et une fois n’est pas coutume, – a été celle du secrétaire général de l’OTAN, le sémillant Rasmussen, du type confirmation de l’invasion simplement parce que cela confirme tout ce que nous avons dit depuis des semaines sans la moindre confirmation. C’est une nouvelle façon de raisonner : la supputation assurée d’aujourd’hui (traduction de “nous avons vu”) confirme les diverses supputations d’hier, ou bien sont-ce les diverses supputations d’hier qui confirment la supputation d’aujourd’hui, ce qui fait qu’il n’est pas question de “supputations” mais certes de faits si tangibles qu’il n’est pas nécessaires de les confirmer ni même d’en montrer la réalité… («Nato said it had observed the Russian incursion. “What we have seen last night is the continuation of what we have seen for some time,” said the Nato secretary general, Anders Fogh Rasmussen.»)

• Au milieu de cette chaînes des confirmations confirmées parce que l’autre a confirmé, tandis que l’autre confirme puisque l’autre a confirmé et ainsi de suite, la seule, vraie et même colossale fausse note est venue de Washington. Surprise, surprise : même si la partie américaniste confirme que les Russes sont des vilains et qu’ils ont sans aucun doute l’intention d’agresser l’Ukraine et de provoquer une guerre peut-être mondiale, voilà qu’elle confesse qu’elle ne peut confirmer que l’invasion, celle du jour, a bien eu lieu. (Mais peut-être cela viendra-t-il ? Dans tous les cas, il y a du monde en vacances, à Washington.) Par exemple, Novosti publie ceci, le16 août 2014 :

«Washington cannot confirm Kiev’s claims that a Russian military column crossed into Ukraine, US National Security Council (NSC) spokesperson Caitlin Hayden said in a statement Saturday. “We are working to gather more information regarding reports that Ukraine’s security forces disabled vehicles in a Russian military convoy inside Ukraine. We are not currently in a position to confirm these reports,” she said in a statement.

»However, Hayden added that the United States believed Russia to be providing the independence supporters with weapons and hardware and that Moscow could help de-escalate the situation by “stopping its supply of weapons, support and cash to separatists.”»

• Ici, on pourrait reprendre toute l’affaire en reprenant le compte-rendu qu’en fait ZeroHedge.com le 15 août 2014 au soir (aux USA). L’extrait est assez long mais permet d’avoir une bonne idée de la séquence, dans sa confusion grotesque, son absence de coordination, ses réactions compulsives (de la part du bloc BAO étendu à l’Ukraine tout cela). Y sont rapportées également les réactions des Russes, soit dans le chef du FBS, soit dans celui du ministère des affaires étrangères, etc., pour démentir toute idée d’invasion, voire des réactions de certains observateurs de l’ONU qui n’ont rien vu de ce qu’il est de bon ton de voir. Mais il y a eu certes des mouvements de véhicules blindés de la part des garde-frontières russes (en territoire russe) pour renforcer divers postes-frontières face aux bombardements sporadiques des Ukrainiens en Russie … Autour de cela s’agite l’affaire du convoi humanitaire russe destiné au Donbass dont on ne sait où il est précisément sinon qu’il n’a sans doute pas franchi la frontière, tout cela avec diverses tractations, démentis, suspicion, accusations, bonnes intentions, etc. Voici donc le compte-rendu de ZeroHedge.com terminé par une hypothèse sympathique, – une centaine de véhicules blindés ukrainiens détruits dans la journée, en partie par les anti-Kiev qui se battent bien contrairement à l’annonce imminente, depuis plus d’une semaine, de la chute de Donetsk, – en partie par des tirs fratricides ukrainiens qui auraient pris leurs propres blindés pour l’invasion russe…

«While today’s trading session was marked by news which at first blush correlated with what may be the 2014 equivalent of the Archduke Ferdinand shooting, in retrospect the newsflow made painfully little sense. Let’s recap: Yesterday afternoon, two UK reporters working for the Guardian and Telegraph, supposedly located by the border in east Ukraine, reported that they were “eyewitnesses” as a convoy of military trucks crossed the Russian border into the breakaway Donetsk republic, aka Ukraine. While there have been photos of the military trucks that have accompanied the Russian humantiarian convoy on Russian territory, there has so far been no proof, aside from said eyewitness reports, confirming Russian military vehicles entered or were in Ukraine.

»This morning Ukraine military’s spokesman, Andriy Lysenko, shocked the world when newswires reported that Ukraine forces had attacked an armed convoy from Russia, and “destroyed” a part of it. This was subsequently reiterated by the president of Ukraine himself who said that “the given information was trustworthy and confirmed because the majority of that machines had been eliminated by the Ukrainian artillery at night” [...]

»Shortly thereafter, Russia responded when the Russian defense ministry said that there was no Russian military column that crossed into Eastern Ukraine, and that the above reports are based on “some fantasies.” This is where the breakdown of logic occurs, because for Russia to make such a formal statement it clearly implies that Russia believes there is no evidence of destruction of a Russian convoy in Ukraine territory, something which obviously would exist if indeed as Ukraine’s president had claimed, the “majority of the machines had been eliminated.”

»If true, it also implies that either Ukraine had fabricated the entire story, and certainly the part about the destruction of the convoy and by extension that Russians had ever entered into East Ukraine. Furthermore, that would also suggest that the reports of the British reporters were also a fabrication. Unless, of course, there is evidence, in which case the credibility of the both the Guardian and Telegraph reporters can be preserved, Ukraine can not be accused of fabricating a story to suit what some may say its own warmongering ambitions, and the onus is on Russia to explain why it lied about there being no invasion.

»More to the point, the onus is on Ukraine to present some evidence, in fact any evidence, of a destroyed Russian military convoy instead of merely building upon a story conceived by the two UK media outlets, because if Ukraine indeed has no evidence, then its story falls apart and what’s worse, the credibility and reputation of its government, of NATO and certainly of the UK press would be in tatters. So what other possibility is there? Well, one that is all too unpalatable for Ukraine, namely that in its excitement to blow something up, it may have well destroyed some of its own military vehicles. A possible lead to such a turn of events comes from this Interfax report citing the leadership of the breakaway Donetsk People’s Republic. “A lot of Ukrainian armored vehicles were destroyed today, 7 at one place, 12 at another. And the same all over the DPR territory. A total of about 100 of them,” [ DPR First Deputy Prime Minister Andrei Purgin told Interfax on Friday evening.]. The implication is clear: while 100 or so Ukraine armored vehicles may or may not have been destroyed, one wonders if indeed the Ukraine army was responsible in “aiding” the separatists with what would appear to be a friendly-fire incident?»

Certes, pour une fois nous avons sacrifié à l’actualité immédiate. Notre intention n’est certainement pas de trancher, ni de clore le débat par une affirmation, de désigner ici le coupable, là le menteur, là l’inconscient, là le benêt, là le spectateur étonné, ni même de conclure qu’il y a eu ou qu’il n’y a pas eu “invasion” nocturne et mal intentionnée, – et cela même si nous n’en pensons sans doute pas moins.. Non, notre intention est plutôt de constater l’évidence de l’extraordinaire désordre qui fait de cette affaire ukrainienne un objet considérablement original dans le concert bruyant et encombré de déclarations péremptoires de cette partie agitée des relations internationales. On aurait l’impression d’une sorte de “souk géopolitique” interprété par une cacophonie de la communication dont on vous assure qu’il s’agit d’une symphonie de type postmoderne, c’est-à-dire invertie et avec les partitions mises à l’envers.

Il va de soi que l’on serait bien entendu tenté de tenir compte de l’expérience déjà riche accumulée dans cette crise. L’on a à l’esprit ses péripéties passées et déjà nombreuses, où la partie BAO/Ukraine a mené la danse avec une telle énergie et une telle indifférence pour les diverses “vérités de situation” qu’il nous paraît logique de penser qu’elle a bien du mal à s’y retrouver dans les divers comptes-rendus et feuilles de route de ses diversesnarrative à l’œuvre dans cette affaire, et dont les feuillets ont tendance à s’intervertir. Les Russes, eux, semblent suivre, l’œil toujours rond d’étonnement devant cette agitation, démentant imperturbablement ce qu’ils nomment une “fantaisie” dans le sens hollywoodien qui caractérise une catégorie de film («Russia’s government denied its forces had crossed into Ukraine, calling the Ukrainian report “some kind of fantasy”»). Ils sont tantôt inquiets, tantôt agacés, tantôt goguenards. Sans doute accumulent-ils de l’expérience pour d’éventuelles opérations à venir, au point qu’on pourrait croire qu’ils pourraient lancer une invasion de l’Ukraine sans que personne ne s’en aperçoive vraiment, – et certains de proclamer que la chose est déjà en train d’être faite, sinon déjà faite, etc.

Ainsi le contraste est-il saisissant, à la lumière d’un tel incident richement documenté par tant d’appréciations de communication, entre le désordre surréaliste, les affirmations allant dans tous les sens, l’absence complète de références sérieuses, bref le caractère presque d’une farce improvisée d’une part, et d’autre part les réels événements tragiques qui se déroulent vraiment (les batailles dans le Donbass, avec la situation humanitaire désastreuse), et la gravité de l’enjeu général de la crise. Ce contraste est certainement un des caractères les plus frappants d’une situation qui donne un aspect absolument inédit aux événements de la crise.

… Et ainsi la tension monte-t-elle, et ainsi les acteurs du bloc BAO peuvent-ils proclamer que tout va de plus en plus mal («There was no immediate proof, and it was impossible to establish if the Ukrainians… [...] But the claim marks a new escalation in the six-month confrontation over Ukraine… [...] A White House spokesman said last night: “The escalation in Russian activity designed to destabilise Ukraine in recent weeks is extremely dangerous and provocative.”») … Mais tout cela, certes, sans que l’on sache exactement si cette montée de la tension a un véritable effet, si véritablement elle joue un rôle dans la crise, et sans que l’on sache où commence cette crise et où elle s’arrêtera. Attendons par conséquent les événements, – dont cet épisode n’est évidemment, pour l’instant, qu’une caricature ; eux seuls savent tenir compte de la dérisoire hystérie humaine et la mettre à la place qui convient ; eux seuls ont véritablement leur mot à dire.

 Source : DeDefensa
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Source: http://www.les-crises.fr/invasion-eclair-de-l-ukraine-aller-retour-a-reculons-et-destruction-eclair/


La Deuxième Guerre froide, par William Blum

Monday 18 August 2014 at 01:40

Très beau texte du 11/08/2014 de William Blum (né en 1933 – 81 ans), qui est un écrivain et journaliste américain critique de la politique étrangère des États-Unis.

Pendant la Première Guerre froide, nous, la gauche radicale américaine, nous étions mis en situation de devoir défendre l’Union soviétique, parce que le gouvernement américain se servait de ce pays contre nous. Aujourd’hui, il nous faut parfois défendre la Russie, car c’est peut-être le dernier et meilleur espoir d’arrêter l’EDM (L’Empire qui dévora le monde). Oui, pendant la Première Guerre froide nous en savions suffisamment sur Staline, les simulacres de procès et les goulags. Mais nous en savions tout autant sur la politique étrangère des États-Unis.

Courrier électronique envoyé au Washington Post, le 23 juillet, 2014 à propos de la destruction du vol 17 de Malaysia Airlines :

Monsieur le Rédacteur,

Votre éditorial du 22 juillet titrait : « La barbarie de la Russie. L’Occident a besoin d’une stratégie pour contenir le dernier-né des Etats voyous dans le monde ».

Que voilà un langage fort. Agressif, même. Pas l’ombre d’une preuve concrète pour étayer l’article. Le lendemain, voici ce qu’écrivait l’ AP (Associated Press) :

“De hauts fonctionnaires du renseignement américain ont déclaré mardi que la Russie était responsable d’avoir « créé les conditions » qui ont conduit à la destruction du vol 17 de Malaysia Airlines, mais n’ont présenté aucune preuve de l’implication directe du gouvernement russe… Les États-Unis n’avaient aucune preuve directe que le missile utilisé pour abattre l’avion de ligne provenait de Russie.”

Ces phrases n’e figuraient pas dans l’article du Post. Vous vous comportez comme un journal voyou.

-William Blum

Inutile de vous indiquer si le journal a ou non publié ma lettre… Je lis ce journal depuis 25 ans – une période de six ans pendant la guerre du Vietnam (1964-1970) et au cours des 19 années passées (1995-2014) – et en général, je passe trois heures par jour à le décortiquer. Ce que je peux vous dire, c’est qu’en matière de politique étrangère des États-Unis, ce journal est aujourd’hui pire que tout ce que j’ai connu au cours de ces 25 années. Au point où, à titre d’exemple, je me méfie du moindre mot publié dans le Post au sujet de l’Ukraine. Même chose avec le Département d’État, qui lance accusation sur accusation au sujet d’actions militaires russes en Ukraine orientale, sans présenter la moindre image satellite, élément visuel ou document; ou alors il s’agit d’ éléments non concluants issus de sources inconnues ou repiquées d’un « média social » ; le plus souvent, ils s’en tiennent à des accusations gratuites. (1) Auraient-ils quelque chose à cacher ?

Les porte-parole des relations publiques du Département d’État qui font ces présentations font preuve de bien peu de considération ou de respect pour les journalistes qui posent des questions difficiles. Ce qui me rappelle l’époque de la guerre du Vietnam et Arthur Sylvester, secrétaire adjoint à la Défense pour les relations publiques, principal responsable de « l’apport, du contrôle et de la gestion des informations sur la guerre du Vietnam ». Un jour, en juillet 1965, Sylvester a dit à des journalistes américains qu’ils avaient le devoir patriotique de diffuser uniquement des informations favorables aux États-Unis. Lorsqu’un des journalistes s’est exclamé : « Allons, Arthur, vous ne vous attendez pas à ce que la presse américaine soit la courroie de transmission du gouvernement », Sylvester a répondu : « C’est exactement ce que j’attends ». Il ajouta : « Écoutez, si vous pensez qu’un fonctionnaire américain va vous dire la vérité, alors vous êtes stupide. Vous entendez ? Stupide. » (2)

Aujourd’hui, une telle franchise serait une bouffée d’air frais, eu égard au double langage pénible d’un porte-parole du Département d’État.

En ce qui me concerne, la bouffée d’air frais de ces dernières années est venue de la chaîne de télévision RT (anciennement Russia Today). Tous les jours, de nombreux progressistes du monde entier (dont moi-même de temps en temps) sont interrogés et de leurs bouches sortent des analyses et des faits qu’on entend rarement sur CNN, NBC, ABC, CBS, NPR, PBS, Fox News, BBC, etc. Les propos de ces progressistes sur RT sont en général qualifiés par les médias traditionnels de « propagande russe », alors qu’après avoir subi la propagande américaine pendant toute ma vie, moi, je ne peux que penser : « Oui, bien sûr. Que peuvent-ils dire d’autre ? ».

Quant à la Russie qui serait responsable d’avoir « créé les conditions » qui ont mené à la destruction du vol MA 17, comment oublier que l’enchaînement actuel des événements en Ukraine a été déclenché en février, lorsqu’un coup d’État soutenu par les États-Unis a renversé le gouvernement démocratiquement élu pour le remplacer par un autre plus enclin à obéir aux diktats de l’intégrisme de marché de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International et l’Union européenne ? Sans ce coup d’État, il n’y aurait jamais eu de rébellion à l’Est ni de zone de guerre dangereuse à survoler.

Le nouveau régime présente une autre caractéristique charmante : nombre de néonazis déclarés occupent des postes à tous les échelons, des faits suffisamment embarrassants pour que le gouvernement américain et les grands médias en fassent un non-événement. Le sénateur américain John McCain a rencontré le chef du parti néonazi Svoboda, Oleh Tyahnybok et s’est même fait photographier avec lui (photos facilement trouvables sur Internet). L’Ukraine — dont les liens avec le nazisme remontent à la Seconde Guerre mondiale, quand ses fascistes locaux ont soutenu Allemagne et combattu l’Union soviétique — est en passe de devenir la toute nouvelle pierre à l’édifice d’encerclement militaire de la Russie par les États-Unis et l’Otan; elle fournira peut-être l’emplacement d’une nouvelle base de missiles pointés vers Moscou.

Il est tout-à-fait possible que des rebelles pro-russes se soient trompés sur le vol MA 17, qu’ils l’aient pris pour un appareil des forces armées d’Ukraine et qu’ils l’aient abattu. Mais une série de questions étayées par des données radar, des images satellite et d’autres informations techniques, et posées par la Russie au secrétaire général de l’Assemblée générale des Nations Unies, suggère d’autres pistes.

Il y a aussi ces spéculations intrigantes, liées à la première question posée par les Russes ci-dessus. Selon une analyse publiée par un pilote retraité de la Lufthansa, le vol MA 17 ressemblait, par ses couleurs, à l’avion du président Poutine, lequel se trouvait au même moment « près » du vol 17. Dans les milieux de l’aviation, « près » peut signifier entre 200 et 300 km. (4) La véritable cible était-elle l’avion de Poutine ?

Il y a également d’autres interrogations sérieuses et plausibles quant à la version officielle qui accuse la Russie, les milices anti-Kiev ou les deux. Est-ce que le vol MA 17 va alimenter la prochaine théorie du complot sans fin, à l’instar de l’assassinat de Kennedy, du vol PanAm 103 et du 11 septembre 2001 ? Est-ce que le missile antiaérien russe rejoindra les armes de destruction massive irakiennes et les armes chimiques syriennes ? Restez à l’écoute.

Est-ce qu’ils ficheront un jour la paix à Cuba ? La réponse est non.

La dernière révélation d’un complot visant à renverser le gouvernement cubain… Oh, pardon, je voulais dire la dernière révélation d’un complot visant à apporter la démocratie à Cuba…

Nos chers amis de l’Agence pour le développement international (USAID), ayant si bien réussi avec leur sous-traitant clandestin Alan Gross [citoyen américain arrêté à Cuba – NdT], qui purge sa cinquième année de détention sur l’île… et avec leur projet de « Twitter cubain », connu sous le nom de ZunZuneo, mis à jour en 2012, qui visait à accroître le flux d’informations entre les Cubains soi-disant assoiffés d’infos, et qui a attiré nombre d’abonnés ignorants de l’origine du service, le gouvernement des États-Unis… et à présent, la dernière révélation, un projet qui a envoyé une douzaine de jeunes Vénézuéliens, Costa-Ricains et Péruviens à Cuba dans le but de fomenter une révolte; les jeunes travaillaient dans la clandestinité, utilisant des programmes sociaux et de santé comme couverture, ou se faisant passer pour des touristes, faisaient le tour de l’île pour une mission d’« identification d’acteurs potentiels d’un changement social » à convertir en militants politiques. Incroyable, n’est-ce pas ? Comment croire à une telle naïveté ? Était-ils convaincus que l’exceptionnalisme américain ferait des miracles ? S’imaginent-ils que les Cubains sont des enfants qui attendent un adulte pour leur expliquer quoi penser et comment se comporter ?

L’USAID a signé un de ces derniers contrats quelques jours seulement après l’arrestation de Gross, ce qui donne une idée du peu de cas qu’ils font de la sécurité de leurs employés et agents. Dans le cadre de la préparation de ces personnes, voici comment l’USAID les mettait en garde: « Bien que rien ne soit totalement certain, soyez assurés que les autorités [cubaines] n’essaieront pas de s’attaquer à vous physiquement. Elle essaieront seulement de vous faire peur. Rappelez-vous que le gouvernement cubain préfère éviter les reportages négatifs à l’étranger, et qu’un étranger tabassé n’est pas bon pour leur image. » (5)

Quelle ironie ! Le gouvernement américain ne peut pas en dire autant de la majorité de ses alliés, qui recourent souvent à la violence physique. En fait, une telle déclaration ne peut même pas s’appliquer aux forces de police américaine. Mais c’est Cuba, qui ne tabasse pas et ne torture pas ses détenus, qui est l’ennemi et qui doit être réformé et puni sans pitié… 55 ans que ça dure. Et ce n’est pas fini.

Les Etats-unis et la torture

Deux choses que les gouvernements tendent à dissimuler ou sur lesquels ils mentent sont les assassinats et la torture, lesquels sont largement considérés comme excessivement immoraux et illégaux, et même barbares. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont tenté d’assassiner plus de 50 dirigeants étrangers et ont répandu la torture à travers le monde ; non seulement la torture appliquée directement par des Américains sur des étrangers, mais aussi la fourniture de matériel de torture, de manuels de torture, de listes de personnes à torturer et de conseils et encouragements personnels par des instructeurs américains, en particulier en Amérique latine.

C’est donc un peu à l’honneur du président Obama d’avoir déclaré, lors de sa conférence de presse du mois d’août, « Nous avons fait beaucoup de choses justes, mais nous avons torturé quelques types. Nous avons fait des choses qui sont contraires à nos valeurs. »

Et il a effectivement employé le mot « torture » à ce moment-là, pas « interrogatoires poussés », qui a été l’euphémisme préféré de la dernière décennie, même si deux minutes plus tard, le président a utilisé « techniques d’interrogatoire extraordinaires. » Et « torturé quelques types » me fait tiquer. Il est clair que ce sujet met l’homme mal à l’aise.

Mais tout ceci est secondaire. Ce qui compte bien plus, c’est que, depuis plusieurs années, les partisans de M. Obama lui attribuent l’abolition de la torture. Or iIs n’en ont tout simplement pas le droit.

Peu de temps après la première investiture d’Obama, lui et Leon Panetta, le nouveau directeur de la CIA, ont explicitement déclaré que les « détentions secrètes » ne cesseraient pas. Comme l’a rapporté le Los Angeles Times à l’époque : « Conformément aux instructions récemment transmises par Obama, la CIA est toujours en droit de procéder à ce qu’on appelle des détentions secrètes, des enlèvements et transferts secrets de prisonniers vers des pays qui coopèrent avec les États-Unis. » (6)

La traduction de « coopérer » est « torturer ». La remise d’un prisonnier équivaut à l’externalisation de la torture. C’est l’unique raison pour laquelle des prisonniers ont été envoyés en Lituanie, en Pologne, en Roumanie, en Égypte, en Jordanie, au Kenya, en Somalie, au Kosovo, ou sur l’île de Diego Garcia dans l’océan Indien, pour ne nommer que quelques-uns des centres de torture connus et fréquentés par les États-Unis. Il est fort possible que le Kosovo et Diego Garcia – qui tous deux hébergent de très grandes et très secrètes bases militaires américaines — voire d’autres lieux, soient des sites où l’on pratique la torture. Même chose pour la base de Guantanamo à Cuba.

En outre, l’arrêté exécutif dont il est question, le numéro 13491, émis le 22 janvier 2009, « garantissant la légalité des interrogatoires », présente une lacune majeure. Il affirme à plusieurs reprises que le traitement humain, qui inclut l’absence de la torture, est applicable uniquement aux prisonniers détenus dans le cadre d’un « conflit armé ». Ainsi, la torture en dehors d’un « conflit armé » n’est pas explicitement interdite. Qu’en est-il alors de la torture dans le cadre du « contre-terrorisme » ?

Le décret intimait à la CIA d’utiliser uniquement les méthodes d’interrogatoire décrites dans un manuel révisé de l’Armée. Cependant, en se basant sur ce manuel comme guide pour le traitement et l’interrogatoire des prisonniers, sont toujours autorisés l’isolement, la privation sensorielle, la surcharge sensorielle, la privation de sommeil, l’induction de la peur et du désespoir, les médicaments psychotropes, la manipulation de l’environnement tels que la température et le bruit, et les positions pénibles.

À la suite de la comparution de Panetta devant une commission du Sénat, le New York Times a écrit qu’il « n’a pas exclu la possibilité que l’agence pouvait demander l’autorisation d’employer des méthodes plus agressives que celles autorisées par le président Obama en vertu des nouvelles règles d’interrogatoire”… M. Panetta a également déclaré que l’agence maintiendra la pratique de l’administration Bush de ‘“détentions secrètes” — l’enlèvement dans la rue de suspects de terrorisme et leur envoi vers un pays tiers. Mais il a dit que l’agence refuse de livrer un suspect à un pays connu pour pratiquer la torture ou d’autres actions “qui enfreignent nos valeurs humaines” ». (7)

La dernière phrase est bien sûr d’une absurdité infantile. Les pays choisis pour envoyer ces prisonniers l’ont été précisément parce qu’ils étaient prêts et disposés à les torturer.

Aucun fonctionnaire dans les administrations Bush et Obama n’a été puni de quelque façon que ce soit pour acte de torture ou autres crimes de guerre en Irak, en Afghanistan ou d’autres pays contre qui des guerres illégales ont été menées. Et, pourrait-on ajouter, aucun banquier voyou américain n’a été puni pour son rôle essentiel dans la torture financière mondiale infligée à nous tous depuis 2008. Quelle merveilleuse terre de pardon que l’Amérique. Sauf dans les cas de Julian Assange, Edward Snowden, et Chelsea Manning.

Au cours des derniers jours de Bush à la Maison-Blanche, Michael Ratner, professeur à la Columbia Law School et ancien président du Centre pour les droits constitutionnels, a souligné :

La seule façon d’empêcher que cela se reproduise est de sanctionner les responsables du programme de torture. Je ne vois pas comment nous pourrions retrouver notre stature morale, si nous permettons que les complices des programmes de torture tirent tout simplement leur révérence et ne soient pas tenus pour responsables. (8)

Je voudrais à ce stade rappeler une fois de plus à mes chers lecteurs les mots de la « Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », qui a été rédigée par les Nations Unies en 1984, entrée en vigueur en 1987, et ratifiée par les États-Unis en 1994. L’article 2, alinéa 2 de la Convention stipule : « aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, que ce soit un état de guerre ou une menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture ».

Un langage si merveilleusement clair et sans équivoque, fondé sur des principes, pour établir une norme unique pour un monde dans lequel il est de plus en plus difficile de se sentir fier de l’Humanité.

La Convention contre la Torture a été et demeure la loi suprême du pays. Elle est la pierre angulaire du droit international et un principe égal à l’interdiction de l’esclavage et du génocide.

« M. Snowden ne sera pas torturé. La torture est illégale aux États-Unis » — le ministre de la Justice des États-Unis, Eric Holder, le 26 juillet, 2013

John Brennan, nommé à la direction de la CIA par le président Obama en janvier 2013, a défendu la « détention secrète » comme un « outil absolument indispensable » et déclaré que grâce à la torture, des informations ont été obtenues qui ont permis de « sauver des vies ». (9)

Obama avait proposé Brennan à la direction de la CIA en 2008, mais devant la levée de boucliers des associations de droits de l’homme, Brennan avait retiré sa candidature. Barack Obama n’en a évidemment tiré aucune leçon et l’a nommé de nouveau en 2013.

Pendant la Première Guerre froide, selon un un thème courant de la rhétorique, les Soviétiques torturaient les gens et les emprisonnaient sans motif, leur arrachaient de faux aveux, et faisaient subir l’inommable aux détenus impuissants face au poids cruel de l’État communiste. Comme tout autre mal, la torture permettait de distinguer les méchants (les cocos) des gentils (le peuple américain et son gouvernement). Aussi imparfait que fut le système américain (c’est que l’on nous enseignait), il respectait des normes civilisées que l’ennemi, lui, rejetait.

Le droit de faire quelque chose ne rend pas cette chose juste pour autant

Depuis quelques mois, la ville de Détroit coupe l’eau aux habitants qui n’ont pas payé leurs factures d’eau. Cette action, qui touche plus de 40 % des clients de la Compagnie des eaux de Détroit, inflige de sérieux désagréments et des risques sanitaires à toute une frange de la population de la ville, estimée à deux ou trois cent mille habitants. Bien sûr, des manifestations ont eu lieu. Leur premier mot d’ordre : « L’eau est un droit humain ! »

Qui peut contester ce droit ? Eh bien, les néoconservateurs et autres zélateurs du système capitaliste qui soutiennent que pour profiter d’un produit ou d’un service, vous devez payer. Quoi de plus simple ? Vous êtes un socialiste ou quoi !

Pour ceux d’entre vous qui ont du mal à croire qu’une ville US puisse se montrer aussi insensible, permettez-moi de vous remettre ceci en mémoire.

Le 14 décembre 1981, une résolution proposée à l’Assemblée générale des Nations Unies déclarait que « l’éducation, le travail, la santé, une nourriture appropriée, le développement national font partie des droits humains ». Vous noterez la « nourriture appropriée »… La résolution fut approuvée par 135 pays contre 1. Seuls les États-Unis ont voté contre.

Un an plus tard, le 18 décembre 1982, une résolution identique a été proposée à l’Assemblée générale. Elle a été approuvée par un vote de 131 contre 1. Les États-Unis ont été les seuls à voter contre.

L’année suivante, le 16 décembre 1983, la résolution a été présentée de nouveau, une pratique courante aux Nations Unies. Cette fois, elle fut approuvée par un vote de 132 contre 1. Inutile de vous dire qui a voté contre.

Ces votes se sont déroulés sous l’administration Reagan.

Sous l’administration Clinton, en 1996, un Sommet mondial sur l’alimentation parrainé par l’ONU affirma le « droit d’accès de chacun à une nourriture saine et nourrissante ». Les États-Unis ont contesté ce droit, en insistant sur le fait qu’ils ne reconnaissaient pas de « droit à l’alimentation ». A la place, Washington a proposé le libre-échange comme remède à la pauvreté et à la faim, et a déclaré craindre que la reconnaissance d’un « droit à l’alimentation » n’offre des bases légales à des pays pauvres cherchant à obtenir des aides et des accords économiques favorables. (10)

La situation ne s’est évidemment pas améliorée sous l’administration de George W. Bush. En 2002, à Rome, lors d’un autre Sommet mondial sur l’alimentation parrainé par l’ONU,les dirigeants du monde entier ont de nouveau approuvé la déclaration selon laquelle tout le monde avait droit à une alimentation « saine et nourrissante ». Les États-Unis se sont à nouveau opposés à la clause, craignant encore une fois qu’elle ne les expose à des réclamations légales de pays en voie de développement frappés par la famine. (11)

J’attends une résolution de l’ONU affirmant le droit à l’oxygène…

William Blum

Source : williamblum.org – Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Notes

  1. Voir de nombreux exemple sur RT.com, comme “Jen Psaki’s most embarrassing fails, most entertaining grillings”, ou recherchez simplement dans le site “Ukraine Jen Psaki”
  2. Congressional Record (House of Representatives), 12 may 12 1966, pp. 9977-78, reprise d’un article de Morley Safer de CBS News
  3. “Lettre datée du 22 juillet 2014 du représentant permanent de la Russie à l’ONU adressée au secrétaire général”, publiée par l’ONU le 24 juillet, document No. A/68/954-S/2014/524
  4. “Pre-WWIII German Pilot Shocker, MH17 ‘Not Hit By Missile’”, Before It’s News, 31 juillet 2014
  5. Associated Press, 4 aout 2014
  6. Los Angeles Times, 1er février 2009
  7. New York Times, 6 février 2009
  8. Associated Press, 17 novembre 2008
  9. Associated Press, 26 novembre 2008
  10. Washington Post, 18 novembre 1996
  11. Reuters news agency, 10 juin 2002

Source: http://www.les-crises.fr/la-deuxieme-guerre-froide-par-william-blum/


[Vidéo] Décryptage de l’intervention des USA en Irak, par Bassam Tahhan

Sunday 17 August 2014 at 03:37

Une interview de Bassam Tahhan du 12/08/2014

Alors que les États-Unis ont lancé leurs premières interventions aériennes en Irak, nous revenons avec Bassam Tahhan, islamologue et professeur de géopolitique, sur les motivations profondes des américains à intervenir militairement dans cette région.

Les récents évènements en Irak ont beaucoup ému la politique et les médias occidentaux, notamment depuis que Mossoul est tombé entre les mains de l’État Islamique – EI – (anciennement État Islamique d’Irak et du Levant -EIIL -), à commencer par la fuite des chrétiens d’Irak, puis par la menace qui pèse sur les Yézîdîs irakiens. Tout semble indiquer que l’occident va défendre les minorités religieuses, menacées depuis l’annonce du nouveau calife.

Les premières déclarations américaines annonçant une probable intervention militaire en Irak sont concomitantes à l’avancé de l’État Islamique vers le Kurdistan irakien. Cette région de l’Irak, devenue de facto autonome à la suite de la chute de Bagdad en 2003, offrant aux plus grands groupes pétroliers occidentaux, l’occasion de signer des contrats avec cette région pour une durée d’au moins 25 ans. Et ce, malgré le refus de Bagdad, alors impuissant à s’y opposer.

Bassam Tahhan s’intéressera par la suite, à la relation triangulaire complexe entre le Kurdistan irakien, les pays du Moyen-Orient (Turquie, Irak, Syrie, Iran, Arabie Saoudite, etc.) et les pays occidentaux, et notamment les États-Unis, afin de dégager la stratégie géopolitique et les motivations profondes de l’intervention américaine.

 

Source: http://www.les-crises.fr/video-decryptage-de-lintervention-des-usa-en-irak-par-bassam-tahhan/


[Reprise] Ukraine : il est temps qu’une parole raisonnable se fasse entendre, par Jean-Pierre Chevènement

Sunday 17 August 2014 at 01:40

Pour Jean-Pierre Chevènement, en ce qui concerne l’Ukraine, “le pire n’est pas inévitable“. Le président d’honneur du MRC suggère d’imaginer “une Ukraine neutre «à l’autrichienne», fédérale ou en tout cas fortement régionalisée” dotée d’une “économie assainie avec le concours de tous les partenaires (Union européenne, FMI, Russie)”. Mais, ajoute-t-il, “encore faut-il l’inscrire dans une perspective historique qui ne rejette pas la Russie hors de l’Europe”.

 

« Ce qui est révolution pour les uns est coup d’Etat pour les autres » – Vadim Ghirda/AP/SIPA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La crise ukrainienne est, à coup sûr, la plus grave survenue en Europe depuis la fin de la guerre froide et l’implosion de l’Union soviétique. Ralliée aux valeurs occidentales et ayant, sans guerre, dissous son empire en 1991, la Russie estime, non sans quelques bonnes raisons, n’avoir pas été payée de retour. Les thérapies de choc libérales qui lui furent administrées dans les années 90 conduisirent à l’effondrement de moitié de son PNB et à une réelle paupérisation de la majorité de ses citoyens. L’Otan s’étendit bien au-delà des limites connues au moment de la réunification allemande. Quant au problème de la « troisième Europe », comme dit Georges Nivat, c’est-à-dire des pays européens appartenant à l’ex-CEI (Communauté des Etats indépendants) et des minorités russes dispersées en son sein, il ne fut tout simplement pas pris en considération. La seule chose qui ait intéressé l’Occident a été le contrôle de l’arsenal nucléaire soviétique, confié par commodité à la Russie. Depuis lors, celle-ci et l’Occident ne se racontent pas la même histoire.

Certes, l’Union européenne a bien conclu des «partenariats» assortis de maigres crédits (programme Tacis) avec ses « voisins proches », partenariat dit « stratégique » avec la Russie et « oriental » pour les autres, au premier rang desquels l’Ukraine. Mais celle-ci n’est pas tout à fait un partenaire comme les autres, par sa taille, sa population (45 millions d’habitants), son histoire et son économie étroitement intriquée à celle de la Russie. C’est ici que la géopolitique s’en mêle : Zbigniew Brzezinski, dans un livre de 1998, le Grand Echiquier, écrivait sans fard que le seul moyen de s’assurer que la Russie ne puisse plus reconstituer son empire était de soustraire définitivement l’Ukraine à son influence. Certes, depuis lors, les Etats-Unis se sont aperçus que l’empire qui montait à l’horizon n’était pas la Russie, mais la Chine. M. Brzezinski a donc mis de l’eau dans son vin. Il s’est prononcé récemment, comme M. Kissinger d’ailleurs, pour une « finlandisation » de l’Ukraine, entre l’Union européenne et la Russie. Tout le monde à Washington ne partage pas cet avis : M. McCain et le vice-président, Joe Biden, sont venus à Kiev pour soutenir le mouvement de Maïdan. Le gouvernement américain appelle à des sanctions renforcées contre la Russie après l’annexion de la Crimée, d’autant plus qu’elles toucheraient essentiellement l’Europe et fort peu les Etats-Unis.

Le courant néoconservateur demeure puissant aux Etats-Unis et trouve des relais en Europe. En 2006 déjà, l’administration Bush avait proposé d’inscrire l’Ukraine et la Géorgie dans une procédure de préadhésion à l’Otan (le MAP). Le moins qu’on puisse dire est que les vingt dernières années n’ont pas été mises à profit pour développer le partenariat stratégique entre l’UE et la Russie. Celui-ci, en 2012, se trouvait enlisé par manque de volonté politique. Quant au projet d’accord d’association préparé avec l’Ukraine, il n’a donné lieu à aucune concertation préalable avec la Russie.

Chacun voit midi à sa porte. Pour les institutions de Bruxelles, quoi de plus normal que l’Europe cherche à exporter ses normes libérales, ses standards écologiques et ses valeurs «démocratiques» ? Pour Moscou, c’est le Drang nach Osten (Marche vers l’Est) qui reprend sous une autre forme. Derrière l’UE, la Russie devine l’Otan. Le messianisme des uns nourrit ainsi le nationalisme obsidional des autres.

L’Ukraine d’aujourd’hui pose un problème majeur : celui de l’intrication tissée par l’histoire de son appareil productif avec celui de la Russie. Mais, au lieu de confier à des experts le soin d’étudier comment on pourrait créer, par étapes, l’espace de libre circulation de l’Atlantique au Pacifique pourtant prévu par le partenariat stratégique, Bruxelles propose à Kiev un accord d’association imprégné de l’idéologie de la concurrence, au risque de transformer l’Ukraine en une nouvelle RDA (sans cependant le filet de sécurité jadis offert à cette dernière par l’Allemagne occidentale). Que les manifestants de Maïdan aient été pour la plupart des démocrates, je veux bien le croire, encore que remplis d’illusions sur la manne financière que l’Europe était prête à leur accorder. Ils n’en reste pas moins que le service d’ordre était confié à des formations d’extrême droite, Svoboda et Pravy Sektor, aux pratiques violentes et à l’idéologie trouble.

Les russophones de l’Est ont pu à bon droit s’estimer provoqués par la destitution inconstitutionnelle d’un président, certes corrompu, mais élu démocratiquement, ainsi que par l’adoption par la Rada (Assemblée nationale) d’une loi supprimant le russe comme langue officielle, loi, il est vrai, non promulguée. Ce qui est révolution pour les uns est coup d’Etat pour les autres. Les Ukrainiens de l’Ouest et ceux de l’Est n’ont pas la même histoire ni la même mémoire. Elle est anticommuniste à l’Ouest, antifasciste à l’Est. Souvent ils ne se réclament pas de la même religion. La prise en gage de la Crimée a constitué, du point de vue de la Russie, une réponse à Maïdan et une correction historique de la décision arbitraire de Khrouchtchev en 1954, prise sans consultation des populations et en méconnaissance de leur caractère historiquement russe. L’accord de Genève passé le 14 avril entre l’Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne entérine le fait, en ne le mentionnant pas, mais elle ne le reconnaît pas en droit.

L’application stricte de l’accord de Genève est seule de nature à ouvrir la voie à une solution politique à la crise ukrainienne. Il s’agit de se mettre d’accord sur le principe d’une réforme constitutionnelle qui devra suivre immédiatement l’élection du 25 mai. Un accord avant cette date est possible sur quelques principes simples : à l’Etat central les prérogatives régaliennes (politique extérieure, défense, justice, police nationale), aux régions des exécutifs élus compétents pour l’éducation, la langue, la culture, le développement économique (avec un levier fiscal et la police locale).

Il n’est pas raisonnable de renvoyer à une nouvelle Rada, qui ne pourra être élue au mieux qu’à l’automne, l’élaboration d’une simple loi de décentralisation. Dans leur déclaration commune du 10 mai 2014, la chancelière d’Allemagne et le président de la République française ont clairement demandé « le lancement dans les prochains jours d’un processus de réforme constitutionnelle comprenant un calendrier court et un processus de consultation inclusif ». Force est de constater à ce jour, lundi 19 mai, que le « dialogue national » exigé par Angela Merkel et François Hollande, « avant le 25 mai, entre les représentants du gouvernement ukrainien et ceux de toutes les régions d’Ukraine », n’a pas été engagé par le gouvernement de Kiev qui s’est borné à un « long soliloque ». Cette obstruction à l’application de l’accord de Genève du 14 avril est extrêmement grave. En refusant le dialogue avec les populations de l’Etat ukrainien, le gouvernement de Kiev ne répond pas aux ouvertures qui viennent d’être faites par Moscou. Vladimir Poutine, en effet, n’a pas légitimé les référendums d’autodétermination du Donbass. Serguei Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, a déclaré « respecter la volonté exprimée par les populations », mais a souhaité que « la mise en œuvre se fasse à l’intérieur de l’Ukraine par l’organisation d’un dialogue national ». L’attitude inconséquente du gouvernement de Kiev fait penser à celle de M. Saakachvili, le président géorgien, en 2008. Elle l’expose à un isolement dramatique.

Dans la crise ukrainienne, deux récits antithétiques s’opposent sur le terrain comme dans les chancelleries. Aveuglés par une russophobie d’origine essentiellement idéologique, la plupart des médias français n’en ont repris qu’un seul. Quiconque veut avancer un jugement argumenté et nuancé, pour sortir d’une logique d’affrontement profondément contraire aux intérêts de la France et de l’Europe, est aussitôt rejeté dans les ténèbres d’un nouvel « empire du Mal ». Les propagandistes d’une nouvelle guerre froide en Europe ont diabolisé Vladimir Poutine, qui se prête quelquefois – il est vrai – à l’exercice. Vladimir Poutine peut bien dire qu’il veut construire la Russie comme une grande nation moderne et respectée : il est clair, pour la plupart des commentateurs, qu’il veut en réalité rétablir l’URSS. Ainsi, la nature essentiellement nationale de son projet échappe-t-elle au sens commun. Si aucun mémorandum sur la future réforme constitutionnelle n’est validé d’ici à l’élection du 25 mai, c’est-à-dire demain, les scénarios du pire se rapprocheront (guerre civile, risque de partition, nouvelle guerre froide, entièrement artificielle, au cœur de l’Europe).

Il est temps de faire entendre une parole raisonnable. Le pire n’est pas inévitable : une Ukraine neutre « à l’autrichienne », fédérale ou en tout cas fortement régionalisée, une économie assainie avec le concours de tous les partenaires (Union européenne, FMI, Russie avecs un prix du gaz abaissé) est la solution. Encore faut-il l’inscrire dans une perspective historique qui ne rejette pas la Russie hors de l’Europe. Selon la formule de Talleyrand, ce serait plus qu’une faute, une erreur. Ce serait ouvrir pour l’Europe tout entière une nouvelle ère d’instabilité.

Il est temps de reprendre politiquement le contrôle de la crise ukrainienne en replaçant sa solution dans le cadre d’un grand projet paneuropéen de développement et de paix… Plus que jamais, souvenons-nous de Jaurès : « Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme et ceci en est l’abdication… Le courage, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Sur l’Ukraine, il est temps que la raison reprenne ses droits sur une russophobie aveugle : c’est de la paix et de l’Europe qu’il s’agit !

* Jean-Pierre Chevènement est sénateur du Territoire de Belfort, président d’honneur du MRC.

>>> Tribune parue dans Marianne daté du 23 mai

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-ukraine-il-est-temps-quune-parole-raisonnable-se-fasse-entendre-par-jean-pierre-chevenement/


Revue de presse internationale du 17/08/2014

Sunday 17 August 2014 at 00:01

La revue de presse internationale du dimanche. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-17-08-2014/


[Vidéo] Du poison dans l’eau du robinet

Saturday 16 August 2014 at 04:00

L’eau qui coule des robinets français est souvent contaminée, à l’insu des citoyens. Dans le Centre, en Normandie ou en Charente, elle regorge de pesticides ou de nitrates. Les autorités le savent mais délivrent des dérogations permettant de distribuer de l’eau contaminée. En Auvergne, les habitants boivent de l’eau blanchie avec de la poudre d’aluminium. Depuis quelques années, des scientifiques et des citoyens tentent de se faire entendre pour dénoncer ces dangers. Partout en France, l’eau potable charrie des résidus médicamenteux comme des hormones ou des antidépresseurs.

Source: http://www.les-crises.fr/video-du-poison-dans-leau-du-robinet/


(Encore du très lourd) Débat “Moscou sanctionnée par l’UE : Poutine peut-il plier ?”, avec Pascale Joannin

Saturday 16 August 2014 at 01:55

Débat sur France 24 le 30/07, thème “Moscou sanctionnée par l’UE : Poutine peut-il plier ?”

Avec Xavier MOREAU Rédacteur pour Realpolitik TV et SURTOUT Pascale JOANNIN Directrice générale, fondation Robert Schuman.

Observez la bien, elle est extraordinaire – elle pourrait vraiment bosser au “CNRS”…

Elle dirige donc cette très influente association européiste, du nom de l’ancien ministre de Pétain, frappé d’indignité nationale en 1945, qui OUPS, je voulais dire le “père fondateur de l’Europe”.

On pourrait penser que, de bonne foi, quelqu’un progfessant l’Humanisme, et la volonte de Paix animant soit-disant le machin de Bruxelles, on aurait des propos mesurés, à la recherche de la vérité.

À vous de juger (sans insulte en commentaire svp, ils sont supprimés, pour m’éviter un procès…) :

Source : France 24

P.S. merci de retranscrire ses meilleures répliques en commentaire…

 

Source: http://www.les-crises.fr/encore-du-tres-lourd-debat-moscou-sanctionnee-par-lue-poutine-peut-il-plier-avec-pascale-joannin/


Revue de presse du 16/08/2014

Saturday 16 August 2014 at 00:01

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-16-08-2014/