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Revue de presse du 27/12/2014

Saturday 27 December 2014 at 00:08

Dernière revue de presse de l’année, il n’y aura pas de revue internationale demain.

Merci aux courageux contributeurs de Noël !

Merci aussi à tous ceux qui y ont participé tout au long de l’année, et notamment à ceux qui sont restés assidus, puisque nous bouclons avec cette édition quasiment un année entière de revues presse. Votre travail de bénédictin permet de grandement enrichir la communauté – j’ai régulièrement d’excellents retours de lecteurs.

Bonne lecture – et bonne fin d’année !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-27-12-2014-2/


[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Friday 26 December 2014 at 01:38

Suite de l’article sur le parallélisme Scientifiques / Médias / Population.

Je vous recommande aujourd’hui un livre exceptionnel, et je pèse mes mots : Les marchands de doute, aux éditions Le Pommier.

C’est vraiment un des livres les plus épatants que j’ai lus depuis plusieurs années.

Le pitch

 Ce livre décrit dans une formidable enquête journalistique comment on a façonné l’opinion publique en lui instillant du doute sur des sujets où il n’y en avait plus, pour retarder l’adoption de mesures.

Ce livre traite analyse ainsi dans le détail les stratégies dilatoires mises en oeuvre dans le cas du tabac, les pluies acides, le tabagisme passif et, cerise sur le gâteau, le réchauffement climatique, dont le président Lyndon Johnson disait en 1965 que :

“Notre génération a modifié la composition de l’atmosphère à l’échelle globale en [...] augmentant régulièrement la quantité de gaz carbonique résultant de combustibles fossiles.” [Président Lyndon Johnson, message spécial au congrès en 1965]

Mais :

“Le problème avec les Américains, c’est qu’ils ne lisent jamais le compte rendu de la réunion précédente.” [Adlaï Stevenson]

En fait, outre les aspects mercantiles évidents, le raisonnement de certains “experts” est toujours le même : s’il y a un problème collectif réel et grave, il va falloir agir. Donc, il va falloir des lois. Donc plus d’État. Donc moins de liberté individuelle. Donc on va tous mourir égorgés par les communistes. Accepter ceci, c’est “accepter la réalité de l’échec du marché. C’est reconnaître les limites du capitalisme de marché”. “Mais comme le remarqua avec sagesse le philosophe Isaiah Berlin, la liberté pour les loups signifie la mort des agneaux”.

Car le plus formidable dans ce livre, c’est qu’on découvre non seulement que la plupart des “scientifiques” qui soutiennent l’innocuité des choses ne sont en rien des spécialistes du sujet, mais que, pire que tout, on retrouve les mêmes qui niaient les méfaits du tabac 30 ans plus tard nier le réchauffement climatique ! La plupart étant aussi pour les raisons évoquées de féroces néoconservateurs puissamment anticommunistes dans les années 1950 et 1960.

L’argument central

Je résume l’argument fondamental, qu’il faut bien comprendre, en extrayant une citation de la conclusion :

Les protagonistes de notre histoire firent du doute une marchandise parce qu’ils comprirent [...] que le doute fonctionne. Et il fonctionne parce que nous avons une vision erronée de la science. Nous pensons que la science produit des certitudes. Par conséquent, si la certitude fait défaut, nous pensons que la science fait défaut ou n’est pas achevée. [...] Mais l’histoire nous montre que la science ne produit pas de certitudes. Elle ne fournit pas de preuves. Elle ne fournit qu’un consensus d’experts, fondé sur l’examen minutieux des faits et de leur organisation.

Écouter les “deux versions” sur un problème a du sens lorsqu’il s’agit de débats politiques au sein d’un système biparti. Mais lorsqu’une question scientifique est débattue, il peut y avoir trois, quatre, une douzaine d’hypothèses en compétition qui font l’objet de recherches. [...] La recherche produit des preuves qui peuvent finir par régler la question posée. (…] Les “deux versions” disparaissent alors pour ne laisser qu’une connaissance scientifique acceptée. Il peut rester des questions non résolues [...] mais en ce qui concerne la question réglée, il n’y a plus que le consensus de l’opinion des experts. C’est cela, la connaissance scientifique. [...]

Depuis 1660, la science s’est développée de façon plus qu’exponentielle, mais l’idée fondatrice est demeurée la même : les idées scientifiques doivent s’appuyer sur des faits, et être soumises à acceptation ou rejet. [...] Quel que soit l’ensemble des faits, à la fois l’idée et ce qui la soutient doivent être évalués par un jury composé de pairs de la discipline. Tant qu’une opinion n’est pas passée à travers ce filtre – le jugement par les pairs -, ce n’est pas plus qu’une opinion. Seules sont considérées comme des savoirs les idées qui sont acceptées par le collège des experts. [...] Inversement, si l’opinion est rejetée, le scientifique honnête est supposé accepter ce jugement, et se tourner vers d’autres problèmes. En science, on n’est pas censé s’accrocher jusqu’à épuisement des opposants. [...]

Le journalisme moderne ignore cette réalité. Nous croyons que si quelqu’un n’est pas d’accord, ce désaccord mérite considération, que c’est la règle du jeu. Nous ne comprenons pas que, dans de nombreux cas, cette personne a déjà reçu la considération qu’elle méritait dans les cadres institutionnels de la science. [Lorsque les scientifiques négativistes] exprimèrent leurs opinions auprès du grand public, ils s’écartaient des protocoles institutionnels qui, pendant 400 ans, avaient garanti la véracité des énoncés scientifiques.

Nombre des points de vue de nos contradicteurs avaient déjà été discutés dans les cercles scientifiques et n’avaient pas franchi le test de l’évaluation par les pairs. Ces points de vue ne pouvaient par conséquent être considérés comme scientifiques, et nos protagonistes auraient dû aller travailler sur d’autres questions. En un sens, il furent de mauvais perdants. Les arbitres avaient rendu leur verdict, mais nos contradicteurs refusèrent de s’y plier. [...] Normalement, les scientifiques confrontent leurs résultats dans les lieux consacrés au travail scientifique – universités, laboratoires, agences gouvernementales, conférences et ateliers. Ils ne lancent pas de pétitions, en particulier pas de pétitions publiques, dont les signataires peuvent ne rien comprendre au sujet en question. [...]

De plus, dans la plupart des cas, ils n’avaient même pas soumis leurs idées à l’évaluation des pairs. [...]

Nous devons faire confiance aux experts scientifiques sur des sujets de science, parce qu’il n’y a pas d’autre alternative crédible. Et comme les scientifiques n’ont (dans la plupart des cas) cas de patente, nous devons faire attention à ce qu’ils sont vraiment – en nous informant que ce qu’ils ont fait, leurs recherches passées et présentes, les lieux où ils soumettent leurs résultats pour évaluation et les sources de financement qu’ils reçoivent. [...]

Prendre des décisions rationnelles, c’est agir à partir des informations dont nous disposons, même si nous devons accepter qu’elles soient sans doute imparfaites et que nos décisions devront peut-être être revues et révisées à la lumière d’une information nouvelle. Car, même si la science ne délivra pas de certitude, elle a tout de même un passé d’une remarquable robustesse. [...]

Au début des années 1960, un des épidémiologiques les plus connus au monde, Robert Browing, qui, au début, ne croyait pas que fumer pouvait être mortel, fini par admettre que la masse des faits suggérait que c’était bien le cas. En réponse à ceux qui en doutaient encore et qui réclamaient encore plus de données, il écrivit : “Tout travail scientifique est incomplet – qu’il s’agisse de travail expérimental ou d’observation. Tout travail scientifique est susceptible d’être contredit ou modifié par l’avancement des connaissances. Ceci ne doit pas pour autant nous inciter à ignorer ce que nous savons déjà, et à remettre à plus tard une action à laquelle nos connaissances nous incitent à un moment donné. Qui sait si le monde ne va pas finir cette nuit ? Certes, mais sur la base de ce que nous savons, la plupart d’entre nous se prépareront à se rendre au travail à 8h30 demain.” [...]

Une confiance aveugle occasionnera autant de problèmes qu’une défiance totale. Mais sans une certaine confiance en nos experts patentés – les hommes et les femmes qui ont dédié leur vie à décortiquer des questions difficiles sur le monde naturel dans lequel nous vivons -, nous sommes paralysés, ne sachant plus si nous devons nous préparer pour aller au travail le lendemain matin. [...]

S.J. Green, directeur de recherche pour le British American Tobacco, qui reconnaissait finalement que son industrie s’était mal comportée, non seulement moralement, mais aussi intellectuellement, déclara : “L’exigence d’une preuve scientifique est toujours la bonne formule pour l’inaction et la temporisation, et c’est d’habitude la première réaction du coupable. Le fondement adéquat d’une prise de décision, bien sûr, c’est tout simplement ce qui parait raisonnable dans les circonstances du moment.”

La métaphore du procès

Les auteurs emploient également la métaphore très éclairante du procès. Par exemple, le débat autour du réchauffement climatique est comme un procès pour meurtre où vous seriez juré.

Vous n’avez pas assisté au meurtre de visu, mais il va vous falloir juger. Par hypothèse, il va vous falloir faire confiance, analyser les preuves, écouter les experts et, enfin, décider. Peut-être un expert contredira les 49 autres unanimes. Peut-être l’avocat de la défense expliquera-t-il que l’arme du crime a été placée chez lui par les policiers ou le prévenu évoquera-t-il un homme en noir qui l’aura obligé à tuer sa femme, ou que son ADN a été volontairement placé sur les lieux par le vrai coupable. L’avocat de la défense demandera en permanence de nouvelles “preuves définitives”, pour acquérir la “certitude”. Mais c’est impossible, par nature.

Ainsi, vous n’aurez aucune certitude. Mais vous condamnerez si vous estimez que vous doute sont en dessous d’un niveau raisonnable.

Sur le réchauffement climatique, la communauté des experts ne doute plus. Quelques pourcents continuent le combat, mais ils sont trop peu nombreux pour que le grand public ou les médias doivent les prendre en considération – qu’ils continuent à essayer de convaincre leurs pairs dans les cénacles clos de la science, et cessent de paralyser l’action – sans quoi, on acquittera 100 % des prévenus faute de certitude absolue.

Donner de l’audience à ces idées (qui DOIVENT être exposées, rappelons-le, mais pas dans le grand public, il y a des lieux pour cela), au nom de “démocratie”, “débat”, “équilibre”, “liberté de pensée”, c’est en fait prendre parti contre la science, et contribuer à semer le doute, pour récolter l’inaction. Et sur de nombreux sujets, l’inaction est criminelle – comme cela le serait d’offrir le 20 heures au professeur XXX, payé par les cigarettiers, qui expliquerait qu’il pense que le tabac ne donne pas le cancer, ou qu’on attrape pas le SIDA par le sexe… Ce serait irresponsable.

Plus largement, et face au très large consensus scientifique, on peut dès lors se demander “mais que faut-il de plus à ceux qui doutent pour que nous agissions” ? 100 % des scientifiques d’accord ? Cela n’arrivera jamais – entre les incompétents, les super égos, ceux qui ont l’esprit de contradiction et, surtout  ceux achetés par les industriels .. 100 ans d’observation de plus ? Oui, c’est sûr que cela serait mieux, mais il sera probablement bien trop tard… Bref, tout est bon pour ne rien faire face aux problèmes…

Bonus exclusif

Si le sujet vous intéresse, j’ai obtenu l’accord de l’éditeur (que je remercie – et achetez ce livre si ce sujet vous plait !) pour reproduire l’introduction du livre, que vous pouvez télécharger ici.

Les marchands de doute

Source: http://www.les-crises.fr/les-marchands-de-doute/


[Propagande] Réchauffement humain du climat : scientifiques, médias et population

Friday 26 December 2014 at 00:02

Je vous propose aujourd’hui une petite synthèse éloquente sur le réchauffement climatique.

Ce que pensent les scientifiques

Des études intéressantes ont été réalisées sur la vision du réchauffement climatique d’origine humaine par les climatologues spécialisés :

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010, dont le compte rendu est disponible plus bas.

Ce que rapportent les médias

Maxwell Boykoff a beaucoup travaillé sur la diffusion par les médias des études sur le réchauffement climatique, en particulier aux États-Unis et en Angleterre.

Ses conclusions sont sans appel :

Il a réalisé plusieurs études très intéressantes, sur lesquelles je vous renvoie en cas de besoin.

Ce que pense la population

Un sondage anglais de 2010 a été particulièrement éloquent :

Annexe : Une étude affirme qu’il existe un consensus sur le réchauffement climatique

Article du New-York Times relatant les travaux de Anderegg 2010 décrits précédemment, traduit pour ce blog par Valérie Courteau.

De nombreux débats sur le réchauffement climatique semblent se résumer à un recours à des experts, en citant, de part et d’autre, un célèbre scientifique ou un groupe d’entre eux, pour étayer un argument particulier. L’argument invoqué est souvent: «Mon expert est meilleur que le vôtre!”

Dans ce contexte, certains analystes tentent depuis plusieurs années de trouver un moyen pour que les chercheurs sur le climat puissent trouver un terrain d’entente, en tant que groupe, sur les questions centrales dans le débat sur le réchauffement planétaire : La Terre se réchauffe-t-elle, et si oui, les êtres humains en sont-ils en grande partie responsables?

Il existe désormais un nouveau point de vue sur ces études. William RL Anderegg, un candidat au doctorat à l’Université de Stanford et ses collègues co-auteurs, ont établi une base de données de 1 372 chercheurs sur le climat. Ils ont ensuite mis l’accent sur les scientifiques qui ont publié au moins 20 articles sur le climat, afin de se concentrer sur les personnes les plus actives dans ce domaine. Ce qui a produit une liste de 908 chercheurs dont les travaux ont été soumis à un examen minutieux.

Les auteurs ont ensuite classé ces chercheurs en deux catégories : convaincus ou non par les preuves indiquant que le changement climatique serait d’origine humaine, qu’ils aient signé des déclarations publiques entérinant ou dissidentes de celles des Nations Unies, ces dernières s’alarmant de cet état de fait. Ensuite, les auteurs ont analysé la fréquence à laquelle chaque scientifique avait été publié dans la littérature scientifique traitant du climat, ainsi que la fréquence à laquelle chacun d’eux avait été cité dans d’autres documents. (Il s’agit d’une mesure standard de la crédibilité et de l’influence d’un scientifique.)

Les résultats sont assez concluants. Cette nouvelle étude souscrit à l’idée que la grande majorité des scientifiques, spécialistes mondiaux du climat, et actifs, acceptent l’évidence du réchauffement climatique ainsi que le cas où les activités humaines sont la cause principale de celui-ci.

Par exemple, sur les 50 meilleurs chercheurs sur le climat identifiés par l’étude (selon le classement du nombre d’articles qu’ils avaient publiés), il n’y a que 2 pour cent de climato-sceptiques. Parmi les 200 meilleurs chercheurs, seuls 2,5 pour cent le sont. Ceci est cohérent avec les travaux passés, y compris les sondages, ce qui suggère que 97 à 98 pour cent des climatologues acceptent l’évidence d’un changement climatique d’origine humaine.

L’étude démontre que la plupart des scientifiques qui ont été publiquement identifiés comme étant climato-sceptiques ne sont pas actifs dans le domaine de l’édition. Et cette poignée de scientifiques tend à avoir un bilan mince, avec environ moitié moins d’articles publiés que les scientifiques qui acceptent le point de vue traditionnel. Les sceptiques sont aussi moins influents, à en juger par la fréquence à laquelle leurs articles scientifiques sont cités dans le travail des autres climatologues.

«Nous montrons que l’expertise et l’influence, (deux éléments essentiels pour la crédibilité de tout expert), des climatologues convaincus « du changement climatique d’origine humaine » éclipsent largement celle des sceptiques et des anticonformistes», écrivent M. Anderegg et les autres auteurs dans leur étude.

Les climato-sceptiques trouveront très probablement à redire de cette recherche, comme ils l’ont déjà fait par le passé. Précisons que les directeurs de thèse de M. Anderegg sont Christopher Field et Stephen H. Schneider, deux des plus ardents défenseurs de la conception dominante du changement climatique, le Dr Schneider étant un des co-auteurs de la nouvelle étude.

Les climato-sceptiques se plaignent depuis longtemps du fait que la science du réchauffement planétaire est une chambre d’échos dans laquelle, selon eux, il est difficile de se faire publier, si l’on n’accepte pas l’idée reçue selon laquelle les êtres humains sont la cause du réchauffement de la planète. Ils prétendent que c’est un raisonnement circulaire pour obtenir un large consensus scientifique sur la base de leurs publications existantes. Les chercheurs traditionnels rejettent cette accusation, affirmant que les sceptiques du réchauffement climatique ne sont pas publiés pour la simple raison que leurs travaux ne sont pas suffisamment probants.

Dans cette bataille de longue date sur la crédibilité scientifique et la façon de la mesurer, l’étude d’Anderegg analyse une base de données particulièrement importante de chercheurs sur le climat, et va donc plus loin que tous les travaux précédents dans la fixation de chiffres précis pour la discussion.

Source: http://www.les-crises.fr/climat-scientifiques-media-pop/


[Recommandé] Souverainisme versus suprémacisme, par Philippe Grasset

Wednesday 24 December 2014 at 01:01

Excellent article de Philippe Grasset, de DeDefensa

8 décembre 2014 – D’abord, pour nous rafraîchir la mémoire, il y a ce texte d’un juif sioniste, Israélien d’origine ukrainienne dont l’essentiel de sa famille fut massacré pendant la guerre, qui a voulu aller voir sur place, en Ukraine, ce qu’il en était de ce fameux “nazisme ukrainien” sur lequel le bloc BAO (Bloc Américano Occidental), avec un ensemble touchant (“ils parlent en bloc”, dit Lavrov), professe un silence quasi-religieux. Arcady Molev, lui aussi, jugeait les dénonciations russes pour le moins exagérées, et plus certainement comme de la propagande pure et simple. Molev n’aime pas Poutine, il dénonce le régime actuel en Russie, comme le montrent des articles qu’il a publiés. Il a voyagé en Ukraine, du 26 au 29 septembre. Dans son compte-rendu que reprend Russia Insider le 6 décembre 2014, Molev nous rapporte l’épisode de sa visite à Lviv, la grande ville de l’Ukraine occidentale. Il raconte ce qu’il y vit, un immense mémorial à la gloire de Stepan Bandera et de son groupe paramilitaire UPA, des inscriptions sur les murs, des librairies qui mettent en évidence la littérature ultranationaliste et bandériste, avec Mein Kampf bien en évidence, etc… D’où sa conclusion :

«As an Israeli, I have a question to my government, to the Jerusalem Museum, to the Wiesenthal’s Center. You who chase the Nazi criminals all over the world… how can you miss the Lviv Nazi Renaissance? Why do I pay taxes? Don’t you know who Bandera and UPA are? Why didn’t you scream about it all over the world, why didn’t you require the boycott of Ukraine?

»In the year 2000, you recalled our Austrian ambassador, only because some neo Nazi came to power in one region and said that under Hitler it was easier to get a job than under current government. He didn’t erect a 20 meter sculpture to Herring. Didn’t call SS people heroes… And yet, we forced this governor to quit politics. Why are we so blind toward the events in Ukraine? Let me say something heretical here. Maybe for the members of Israeli Establishment, for all these Holocaust officials – all this Holocaust business is just that – profitable business… Maybe the Ukrainian Banderites are good partners, they want to join EU and NATO, they are against Russia. To fight with them means to fight with America. And that’s why their fascism has to be ignored? If that’s the case, I hate you.

»I am convinced that morality should be above politics. No political dividends justify the pact with the Devil. I love my land, my people, my Israel. And this week, when I am in Jerusalem, I will go to Yad Vashem and present them with Mein Kampf and the pictures and the souvenirs from Lviv. And I’ll ask them why are they silent. I have to do it for my people…»

On ne débattra pas ici du contenu de cet article, de la visite de Lviv, des sentiments de Molev, des débats historiques sur Bandera et l’UPA, etc. Ce n’est pas notre propos, puisque notre propos est essentiellement à ce point de signaler cette évidence de la réalité de ce qu’on peut désigner comme le “nazisme ukrainien” face au silence, ou au mieux (ou au pire), à la dénégation des élites-Système et de la presse-Système devant ce qui est un fait avéré. On connaît notre propre sentiment (voir par exemple le 3 octobre 2014 et le 24 novembre2014) devant cette situation qui sacrifie le principal fondement symbolique de la “métaphysique-simulacre” de ce même bloc BAO au soutien à l’Ukraine-Kiev. Il nous paraît intéressant de chercher plus avant pour tenter de trouver une explication plus satisfaisante que le seul argument de l’opportunité politique ; ce thème de l’opportunité politique nous paraît en effet insuffisante, devant le poids et la puissance de ce qui est ainsi sacrifié, et le risque quasiment métaphysique, justement, qui accompagne l’acte.

Pour nourrir ce dossier, nous pouvons nous reporter à une émission de Russia Today qui analysait l’événement du “fameux” vote de l’Assemblée des Nations-Unies sur une résolution condamnant la glorification du nazisme (Canada, Ukraine et USA ayant voté contre, 55 pays s’étant abstenus dont les 27 de l’Europe de l’UE, – voir à nouveau le 24 novembre 2014), – événement symbolique significatif sur lequel, également, les élites-Système et la presse-Système ont opposé leur arme principale, – le silence. Le 26 novembre 2014 était diffusée une émission du programme CrossTalks de RT consacré à cette question du nazisme ukrainien (sous le titre «Whitewashing Fascism»). L’émission de Peter Lavelle est la plus populaire du programme de RT. Elle présente nombre de commentateurs et d’auteurs en général antiSystème mais d’une notoriété affirmée, et les thèmes qui y sont abordés sont le plus souvent d’ordre général et concernant les relations internationales dans un sens large mais, bien sûr, tout aussi largement antiSystème. La question du “nazisme ukrainien” pouvait, de ce point de vue, sortir de la seule catégorie des événements en cours ; d’un autre côté, son traitement était indirectement mais puissamment justifié par le vote de l’Assemblée Générale l’ONU.

On voit, par ces différents points de vue, l’ambiguïté extrême de cette question du “nazisme ukrainien”, où la force du symbole et la bataille de la communication jouent un rôle considérable. Plus encore, il y a cette dimension déjà rappelée de la “métaphysique-simulacre” du Système qui est en jeu (encore notre texte F&C du 3 octobre 2014). Ce caractère très spécifique du sujet choisi rendait encore plus inhabituelle et intéressante l’émission de Peter Lavelle, qui avait comme interlocuteur Dimitri Babich à Moscou, Nebojsa Malic à Washington et Alexander Mercouris à Londres.

Nous notons certains aspects des interventions des trois invités à partir des remarques introductives de Lavelle avouant son incompréhension devant les prises de position officiellement actées à l’ONU sur une question aussi symboliquement délicate, pour une résolution où pas une fois le nom de l’Ukraine n’est mentionné pour en rester à des recommandations d’ordre général sur une approche complètement symbolique du sujet. D’autre part, Lavelle confirma l’absence presque complète du contenu de la presse-Système de cette résolution et des différents votes, sur un sujet où cette même presse-Système est en général d’une sensibilité d’écorché vif puisqu’il s’agit du domaine du nazisme.

• C’est Mercouris qui fit le constat, avec preuve par le “nazisme ukrainien”, qu’aujourd’hui l’antirussisme passait toute autre obligation et faisait pardonner ou, plus facilement, ignorer tout de ce qui aurait été considéré en d’autres cas comme des prise de position et des situations inacceptables. Cette remarque est assez juste et elle nous paraît faire le constat d’une situation assez nouvelle. L’antirussisme n’était pas, il y a dix ans, six ans ni même deux ans, une référence de rejet de cette sorte ; il est devenu à cet égard, dans le code de conduite générale du bloc BAO, la référence absolue de rejet. (… Alors qu’on devrait considérer, selon la “métaphysique-simulacre” mentionnée plus haut, que le nazisme tenait symboliquement et d’une façon inexpugnable cette place.)

• Babich a fait remarquer que nazisme et antinazisme dépendaient de perceptions différentes selon qu’on les considérât de l’Ouest (Europe occidentale, partie intégrante du bloc BAO) ou de l’Est (Europe de l’Est anciennement communiste, Russie). Ainsi, les collaborateurs du nazisme à l’Ouest, pendant la guerre, tinrent une position de principe et d’intérêt à l’intérieur de leurs pays, sans s’impliquer directement dans les aventures nazies (sauf le cas spécifique des unités nationales type LVF en France et divisions SS non-allemandes). Par contre, les collaborateurs du nazisme à l’Est, d’ailleurs parfois pour des raisons de circonstance à considérer (leur opposition au communisme), tinrent très souvent un rôle opérationnel actif, allant jusqu’à des circonstances où ils devancèrent les nazis dans des opérations d’extermination.

• De même y a-t-il une perception différente du nazisme entre Ouest et Est. A l’Ouest, le nazisme est identifié dans son aspect destructeur et maléfique quasi-exclusivement dans le chef de son antisémite. Pour la perception à l’Est, il n’est pas seulement antisémite, il est suprémaciste en affirmant une supériorité raciale et l’infériorité de toutes les autres races, ce suprémacisme englobant alors l’antisémitisme. Cela explique que le Russe, considéré comme un “sous-homme” par les Nazis, se juge aussi menacé par le nazisme que le juif.

Ce dernier point nous arrête parce qu’il est essentiel … Pour nous, le suprémacisme est une attitude à la fois idéologique sinon caricaturalement métaphysique, une attitude intellectuelle impliquant dans le même ordre d’idée une conception du monde, avec un apport psychologique à mesure sans aucun doute, une conception éventuellement raciale mais pas seulement puisque pouvant être également économique et culturelle, avec la politique qui s’ensuit marquée par des excès proprement extraordinaires dans le chef de la logique de l’anéantissement des autres. On voit bien que, dans ce rangement, le racisme n’occupe nullement une place centrale, ni un statut absolu. Notre appréciation a toujours été que le racisme est une situation indirecte, dépendant d’autres facteurs (économiques, politiques, psychologiques), au contrairedu suprémacisme qui est effectivement une conception qui affirme absolument et au-dessus de tout une supériorité donnée. Le racisme est un concept relatif, changeant, amendable, souvent déterminé selon des facteurs extérieurs à lui ; le suprémacisme est un concept absolu, qui ne souffre ni dérogation, ni intrusion quelconque d’une donnée extérieure. Le premier peut conduire à des incidents ou à des crises graves, le second conduit à une logique de l’anéantissement ou, pour employer nos références, à une logique de la déstructuration, de le dissolution jusqu’à l’entropisation (processus dd&e).

Nous avons beaucoup parlé de cette différenciation qui nous semble absolument primordiale. Le suprémacisme anglo-saxon, ou américaniste (qui porte également, dans ce cas, le nom pompeux et plein d’arrogance satisfaite d’“exceptionnalisme”) est, aujourd’hui, ce qui nous occupe le plus dans ce domaine. On sait que nous marions ce suprémacisme avec le système du technologisme, dont le complexe militaro-industriel (US) est l’une des formes les plus puissantes et les mieux organisées, et dont les rapports avec le nazisme sont connus et largement documentés (voir, par exemple, le 26 janvier 2003 et le 19 août 2010).

Nous avons déjà largement exploré ce domaine qui nous paraît essentiel, du suprémacisme de notre contre-civilisation née du “déchaînement de la Matière”. Il est absolument dans la logique de cette hypothèse métahistorique qui est la référence fondamentale de tout notre travail, et il nous paraît que les divers classements idéologiques courants (“fascisme”, “nazisme”, “racisme”, “libéralisme”, etc.), même s’ils renvoient à des épisodes historiques réels ou à des tendances historiques effectives, brouillent aujourd’hui complètement la vérité métahistorique que le suprémacisme, par contre, exprime absolument. Ils sont d’ailleurs maintenus et toujours employés, ces classements, nous en sommes convaincus, pour effectivement brouiller cette vérité métahistorique, et le produit en général de ce que nous nommons la raison-subvertie.

Différents textes ont déjà abordé cette question du suprémacisme du bloc BAO dans le contexte de la crise ukrainienne, notamment le 26 février 2014 et le 28 juin 2014. Ci-dessous, nous donnons deux extraits d’autres textes également consacrés à cette question du suprémacisme considéré de façon plus large et plus haute, avec notamment référence à Arnold Toynbee, de façon à bien fixer, en les rappelant, la notion de suprémacisme, parfois appelé lorsque le speechwriterde Obama-Sain met des gants beurre frais, “exceptionnalisme”…

• Premier extrait, du texte du 15 octobre 2013, avec une approche générale… «La notion de “racisme anglo-saxon” avancée par Toynbee doit être appréciée avec une extrême attention. Pour nous, les Anglo-Saxons ne sont pas racistes, ils sont suprémacistes, le suprémacisme n’étant pas une catégorie du racisme, mais un caractère en soi… Pour nous, le racisme se définit par rapport aux autres, de diverses façons, dans un univers relatif et circonstanciel ; le suprémacisme se définit par rapport à soi, et à soi seul à l’exclusion du reste, comme un caractère identitaire dans un univers absolu. (Le racisme ne conduit pas nécessairement à l’oppression et il peut changer, évoluer, éventuellement disparaître ; le suprémacisme ne peut évoluer par définition et conduit nécessairement à l’oppression.) L’anglosaxonisme, ou panaméricanisme, est suprémaciste, comme le fut le pangermanisme et son rejeton catastrophique que fut le nazisme. (Le même avertissement que dans le point précédent peut être repris pour ce point : “Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système… Il n’y a pas de condamnation plus forte du racisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre le suprémacisme occidental, ou ‘anglosaxonisation’/américanisation”.)»

• Second extrait, d’un texte du 4 juin 2014, où la notion de suprémacisme est reprise pour une nouvelle exploration, cette fois par rapport aux usual suspects, principalement l’UE ayant emprunté la même voie que les USA, qui porte aussi et là encore le nom pompeux d’exceptionnalisme… «Ainsi parlons-nous d’exceptionnalisme, et encore plus de suprémacisme, en observant que l’UE, et donc les pays européens, ont endossé cette dialectique prédatrice caractérisant aujourd’hui l’Occident dans son entier, sous l’habit du bloc BAO en mode de surpuissance-autodestruction. On pourrait dire que le suprémacisme est au racisme, dans l’échelle des délits éventuels, ce que l’assassinat prémédité systématique est à un homicide involontaire accidentel, pour ce qui est de l’intensité et de l’orientation de la psychologie gouvernant l’attitude qui en résulte. L’exceptionnalisme-suprémacisme a complètement envahi l’UE, à visage découvert, véritablement comme une doctrine active de fonctionnement, dans tous les cas depuis le coup de force de novembre 2013 (négociations avec l’Ukraine). Ce qui était sur le moment le simple résultat d’une mécanique bureaucratique est devenue une sorte de doctrine activiste, fondée sur l’affirmation d’une sorte de supériorité morale, psychologique et technologique comme un équivalent postmoderniste à la supériorité raciale et ethnique des suprémacismes des XIXème-XXème siècles. Il s’agit du plus récent avatar de l’extension du concept d’“occidentalisation” (que nous nommons plutôt “anglosaxonisation”) identifié par le philosophe de l’histoire et historien des civilisations Arnold Toynbee après 1945, qui s’est très fortement sophistiqué au niveau de la de la communication et de la perception que ceux qui l’éprouvent en ont, jusqu’à changer de nature pour devenir l’actuel et postmoderne exceptionnalisme-suprémacisme…»

Le souverainisme, arme ultime de la résistance

Ces deux dernières années, culminant avec l’Ukraine, s’est développée la thèse d’une “collusion tactique” entre le libéralisme et le fascisme/nazisme dans des occurrences telles que les “révolutions de couleur”, et bien entendu l’Ukraine qui représente une “révolution de couleur” transformée en un processus violent de prise de pouvoir par la coercition, éclairant d’autant plus l’illégalité du processus, par son viol du principe de la souveraineté. (Il serait temps que les excellences qui prétendent nous gouverner comprennent que la souveraineté, qui est un principe qui n’a aucune nécessité géographique, n’a aucun rapport obligé avec l’intangibilité des frontières, comme le montre l’action magistrale de Talleyrand au Congrès de Vienne en 1814-1815. Cette idée serait utile pour l’argumentation du bloc BAO contre la Russie, où tout cela est mélangé dans un désordre qui en dit long sur la fermeté des esprits servis par une psychologie à la faiblesse extraordinaire.) Dans ce cas évoqué de la “collusion tactique” dite également “orange-brune” pour mettre la touche de romantisme de la “révolution orange” d’Ukraine, soi-disant libérale, en 2004, la partie extrémiste (fascisme/nazisme) était considérée comme une sorte de “masse de manœuvre” faite d’“idiots utiles”, au service du libéralisme prédateur et gourmand de regime change.

Nous n’appréhendons nullement la situation en ces termes, beaucoup trop idéologisés pour notre compte, et donc comptable d’innombrables déformations d’interprétation et de conception, au gré des propres engagements idéologiques de ceux qui en jugent. Nous nous référons plutôt, on l’a compris, à l’hypothèse du suprémacisme, qui est par sa nature même déstructurant et dissolvant des “autres“, jusqu’à l’entropisation que constituerait leur anéantissement, parce que ces “autres” sont nécessairement condamnés par la logique poussée à son extrême du concept même de suprématie. Dans ce cas, nous voyons bien que la mouvement du bloc BAO, essentiellement opérationnalisé par les USA, retrouve une ancienne connivence avec le nazisme déjà visible dans le cas du CMI des USA durant la période des années 1940, qui répond par ailleurs à notre thèse sur le “déchaînement de a Matière ” et l’“idéal de puissance” où le mouvement pangermaniste conduisit de la deuxième moitié du XIXème siècle jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale la dynamique avant de le céder au panaméricanisme qui est une version modernisée (ou postmodernisée, comme on dit “postsynchronisée”) de l’anglosaxonisme, de même substance même si le second (le panaméricanisme) liquida le premier (le pangermanisme) comme un grand groupe du corporate power liquide un concurrent pour le monopole du même marché… Nous restons entre suprémacistes, qui se retrouvent en Ukraine un gros demi-siècle plus tard, avec le même but : la bataille contre les “sous-hommes”, comme dit l’idéologie, et plus spécifiquement pour le cas la bataille pour l’élimination du “sous-homme” russe, le fameux Untermensch des nazis. (Seule diffère la méthode, l’extrême violence pour les nazis, la violence indirecte mais non moins extrême sur le terme pour les soi-disant “libéraux” avec des résultats qui ne le cèdent pas à la première formule, sinon la surpassent… Encore que, en Ukraine, on pourrait croire, à voir la façon dont fut menée la campagne contre la Novorussia, que tout le monde admet pour l’occasion, ou finit par reconnaître la vertu expéditive de la méthode nazie, – car le temps presse.)

Qui plus est, pour nous cette hypothèse suprémaciste, cette thèse même, va au cœur des choses. Elle est non seulement utilitariste et opérationnelle, elle est également et décisivement conceptuelle et substantielle. Dans sa version pseudo-libérale, elle proclame l’anéantissement, en commençant par la déstructuration et la dissolution (la dérégulation, en langage de la globalisation), non comme un moyen, comme un outil, mais bien comme un but en soi. Le suprémacisme est de ce point de vue, et comme nous l’identifions, intrinsèquement pervers et maléfique, sinon satanique si l’on veut un qualificatif plus imagé. Bien entendu, il ne concerne pas une seule catégorie, une seule “race”, etc., – il concerne une conception même du monde, où l’Occident (le bloc BAO) s’est engagé sous l’impulsion terrible du Système, d’une façon ou d’une autre, avec entrain ou sous la contrainte. Dans ce cas, notre intuition centrale du “déchaînement de la Matière” est une sauvegarde de nous-mêmes, en retrouvant notre conception qui évite la culpabilité suprême puisque dans ce cas lesapiens succombe simplement par faiblesse de la psychologie à la proximité du Mal…

Mais surtout, pour ce propos, l’intérêt de cette hypothèse est également, – et fondamentalement, – de conduire à l’identification de l’adversaire, du seul adversaire possible de cette dynamique suprémaciste. Une seule force peut opposer une résistance décidée et acharnée, sinon décisive, parce qu’elle retourne (“faire aïkido”) naturellement, puisque constituée par leur contraire, les armes du processus “dd&e” contre la dynamique suprémaciste, – dito le Système. Au niveau politique comme au niveau métahistorique, il ne s’agit de rien moins que le souverainisme, qu’on retrouve aussi bien chez un de Gaulle que chez un Poutine, qui est fondamentalement structurant et complètement principiel si on le considère d’un point de vue métahistorique. Sur le souverainisme, qui renvoie aussi bien à la souveraineté pour son contenu qu’à la légitimité pour sa forme même, nous ne pouvons que réitérer ce que nous écrivions le 4 juin 2013 à propos d’un commentaires des époux Leverett sur l’Iran, – où l’on voit que les concepts embrassent, explicitent et mettent à nu toutes les crises en cours selon les mêmes références : l’équation “suprémacisme versus souverainisme” a pour elle l’avantage de l’universalité, par conséquent l’effet infiniment vertueux de dissiper tous les faux-semblants, faux-nez, etc., qui servent bien sûr de couverture aux suprémacistes mais aussi à nombre de leurs adversaires qui aimeraient protéger leur propre idéologie en réduisant le concept de suprémacisme au “racisme” qui satisfait tout le monde en procurant une belle unanimité de dénonciation . (On ajoutera une ironie que certains sont invités à gouter : selon ce rangement, le souverainisme est la seule tendance conceptuelle forte qui soit, par sa nature évidente et son opérationnalité inévitable, absolument antiraciste.)… Le texte cité avait évidemment comme titre «Considérations sur la souveraineté».

«En vérité, l’exposition que font les Leverett des cas iranien et israélo-américaniste n’a pas besoin de “narrative”. La chose parle d’elle-même, là aussi, et elle est intéressante parce qu’elle n’est pas connue, parce que, justement, les Iraniens n’ont pas de “narrative”. Ils présentent naturellement, selon des comportements et des réflexes qui renvoient à des antécédents historiques fondamentaux, une politique extérieure principielle, donc respectueuse du principe de la souveraineté selon, par exemple, la définition qu’en faisait Talleyrand (voir le 16 août 2007, sur la légitimité qui induit la souveraineté, définie par Talleyrand) : principe qu’on veut respecter pour soi-même, et qu’on respecte nécessairement chez les autres pour ne pas le détruire ; il s’ensuit nécessairement une politique d’équilibre entre les nations et les forces qu’elles représentent. (C’était évidemment le cas de l’axe fondamental du gaullisme : affirmer le principe de souveraineté [d’indépendance] pour soi, donc l’affirmer et le respecter également pour les autres pour ne pas le vider de sa substance.) L’appréciation des Leverett, et de cette politique principielle, a la vertu selon nous, particulièrement dans le cas de l’Iran, de pulvériser toutes les “narrative” (c’est le cas d’employer le mot) sur l’influence irrationnelle et maléfique de la religion, qui est le principal moteur de l’appréciation à connotation sans aucun doute suprémaciste que font les pays du bloc BAO de l’Iran et de nombre de pays musulmans. (Suprémacisme plutôt que racisme, et suprémacisme bien pire que racisme puisque racisme impliquant nécessairement la notion prioritaire de la supériorité à finalité prédatrice qui entre dans la logique oppressive de l’“idéal de puissance”.) Dans d’autres cas qui voient ce jugement suprémaciste, comme pour la Russie et la Chine par exemple, le facteur “religion” est remplacé par le facteur “idéologie”, – mais la démarche suprémaciste demeure bien entendu, puisqu’elle est la maladie même du Système lui-même. (Nous disons bien “Système” et n’employons sur ce point l’expression “bloc BAO” que parce que les exceptions et les singularités historiques ont disparu, étouffées par le Système. Du temps de la France gaulliste, la politique gaullienne était un modèle pour tous les pays du tiers-monde, non-occidentaux, etc., par son refus de l’hégémonie, notamment occidentaliste et américaniste. Alors, il n’y avait pas de bloc BAO. Depuis, la France a comme l’on sait intégré le bloc BAO qui s’est formé dans les conditions qu’on connaît, mais l’essence historique, sinon métahistorique, qui a produit le gaullisme, qui se manifeste régulièrement [Talleyrand], demeure en latence.)»

Il est évident qu’une telle définition désigne le souverainisme comme ennemi principal et même seul véritable ennemi du suprémacisme, – exactement comme la structure principielle est la seule réelle opposition au processus “dd&e” du Système. Et, par conséquent, que fait Kiev sinon attaquer le souverainisme lorsqu’il attaque la Novorussia où une population entend être souveraine sur le sol qui est sien, au nom de ses spécificités mises en cause par le nouveau pouvoir ? Que fait le bloc BAO en mettant la Russie dans la position où elle la met, sinon attaquer le souverainisme de Poutine, sous sa forme d’affirmation nationale, culturelle et spirituelle ? Le simulacre de la morale et le mensonge comme moyen de proclamer la vérité nous confirment sans aucun doute que nous nous trouvons devant des adversaires des principes et du souverainisme, parce que leur bassesse d’esprit, leur faiblesse psychologique, l’inversion de leur raison en sont de très solides garants. La qualité des sapiens ne trompe pas, dans de tels cas.

Entre “libéraux” du bloc BAO et “nazis d’Ukraine”, il n’y a donc pas d’“alliance contre-nature”, d’“entente tactique”, d’“idiots utiles” de l’un par rapport à l’autre ou de l’autre par rapport à l’un, mais bien rencontre et retrouvailles, convergence de conceptions, d’ambitions et d’objectifs opérationnels (l’anéantissement, dans tous les sens du terme, jusqu’au plus terrible qui soit, que ce soit anéantissement par les camps ou anéantissement par entropisation des structures). On retrouve tout cela intégré logiquement dans les concepts du “déchaînement de la Matière”. La pureté de cet agglomérat renvoie à une égale pureté, mais dans un rapport d’inversion évidemment, du discours souverainiste, le seul possible pour tenir l’esprit et la psychologie face au suprémacisme. Nous dirions même qu’il s’agit d’un cas patent d’hygiène mentale : si vous n’appuyez pas votre pensée sur la structure du principe qu’implique le souverainisme, votre pensée s’étiolera à un moment ou l’autre sous la poussée déstructurante/dissolvante du suprémacisme … Avant l’anéantissement physique, le suprémacisme postule l’anéantissement spirituel et psychologique du Untermensch. Dans ce cas, on ne peut hésiter une seconde pour la riposte…

Source : dedefensa.org

Source: http://www.les-crises.fr/souverainisme-versus-supremacisme-par-dedefensa-org/


Miscellanées du mercredi (Sapir, Béchade)

Wednesday 24 December 2014 at 00:03

I. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Krach à Dubaï, les stratèges sont hilares -17/12

Philippe Béchade VS Stanislas de Bailliencourt (1/2): Baisse du CAC 40: Cette nouvelle chute des marchés s’apparente-t-elle à un mini krach ? – 17/12

Philippe Béchade VS Stanislas de Bailliencourt (2/2): Les crises des marchés vont-elles pousser la BCE à réagir ? – 17/12

II. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: L’alliance russo-saoudienne va faire chuter le pétrole à 50$ ? 16/12

La minute de Jacques Sapir : Nouveau président ou non, la Grèce n’ira pas mieux ! – 23/12

Jacques Sapir: Grèce: Pourquoi l’éventuelle arrivée de Syriza au pouvoir est-elle une menace pour l’Europe et la zone euro ? – 23/12


 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-23-12-2014/


[Bombe] “Les chemins de Damas” : Comment l’Elysée a manipulé les rapports sur les armes chimiques

Tuesday 23 December 2014 at 01:04

Encore une bombe, qui n’intéresse pas nos médias : le gouvernement nous a juste menti pour déclencher une guerre… (ce qui devrait nosu occuper bien plsu que de savoir si le MH-17 a été accidentellement descendu par des Ukrainiens pro-Kiev ou des Ukrainiens pro-Dontesk par exemple…)

Nos dirigeants, nains intellectuels et/ou moraux, aveuglés par 20 ans de manipulations à succès, ont oublié que l’Histoire, ça pouvait être “grave”.

Le réalité devrait hélas bientôt les (et nous…) rattraper et leur rappeler ce principe…

Le livre français, les chemins de Damas, publié il y a quelques jours, provoque un scandale en révélant des éléments secrets sur la manière dont la présidence française a forcé le corps diplomatique et les services secrets français à se soumettre à la décision politique de renverser Assad et à manipuler les rapports sur les armes chimiques et la réelle puissance du régime syrien.

Un livre publié à Paris il y a quelques jours et intitulé Les chemins de Damas, Le dossier noir de la relation franco-syrienne, par les journalistes français Georges Malbrunot et Christian Chesnot, donne de précieuses informations sur les coulisses de la relation entre Paris et Damas au cours des 40 dernières années. Ce livre d’investigation contient des informations et des interviews avec des personnalités étroitement impliquées dans le dossier syrien, des années 1980 à nos jours.

En passant des sommets présidentiels aux confrontations politiques et meurtrières, et des tensions diplomatiques aux périodes de lune de miel et à la coordination secrète des deux capitales, le livre s’attaque aux “dossiers noirs” et autres événements cachés qui caractérisent la relation décrite comme “quasi-schizophrène” entre les deux pays.

Selon le synopsis qu’en propose l’éditeur Robert Laffont, Les chemins de Damas montre que les présidents français successifs ont agi avec la Syrie “souvent de manière émotionnelle, avec précipitation ou avec improvisation, ce qui a conduit à l’impasse que nous observons aujourd’hui (dans les relations)“.

Les auteurs relatent un incident qui a suivi immédiatement l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik Hariri : “Au moment même où Jacques Chirac, après l’assassinat de son ami Rafik Hariri, voulait “faire rendre gorge” à Bachar el-Assad, la France livrait à Assad dans le plus grand secret, deux hélicoptères Dauphin et fournissait à son entourage un système pour sécuriser leurs communications.”

Quant aux présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande “ils ont fait tour à tour les mêmes erreurs par méconnaissance de la réelle capacité de survie du régime syrien,” concluent les auteurs.

La presse française a publié quelques extraits du livre, notamment Le Point du 9 octobre. Le magazine a écrit que le livre était “exceptionnel,” et a publié des morceaux du livre qui contiennent des détails importants sur les discussions qui se tenaient dans les couloirs du ministère des Affaires Etrangères, de l’Elysée, des services secrets et des services de sécurité français sur la crise syrienne.

(Sous Sarko) Altercation au ministère des Affaires étrangères

Un chapitre du livre intitulé “Bagarre au Quai d’Orsay” fait état d’une violente querelle sur la Syrie qui s’est produite dans un bureau du ministère des Affaires Etrangères à Paris au printemps 2011. A cette époque, Alain Juppé était le ministre des Affaires Etrangères. L’altercation a eu lieu dans le bureau d’Hervé Ladsous, le chef de cabinet du ministre des Affaires Etrangères, entre Eric Chevallier, l’ambassadeur de France à Damas, et Nicolas Galey, le conseiller du président (Nicolas Sarkozy à l’époque) pour le Moyen-Orient. Etaient aussi présents Patrice Paoli, directeur, à l’époque, du département du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et aujourd’hui ambassadeur de France au Liban, et Joseph Maila, le directeur de la prospective au ministère des Affaires étrangères, ainsi que des diplomates responsables des affaires syriennes.

La conviction de l’ambassadeur Chevallier était la suivante : “Le régime d’Assad ne tombera pas, Assad est fort” et il se maintiendra au pouvoir. C’est ce qu’il avait écrit dans ses dépêches diplomatiques depuis Damas, raison pour laquelle il avait été rappelé à Paris. Chevallier “a redit aux personnes présentes à cette réunion qu’il était “proche du terrain”, et qu’il avait “visité diverses régions de la Syrie et qu’il n’avait pas le sentiment que le régime en place était en train de s’effondrer“.

Arrêtez de dire des bêtises !” l’a interrompu Galey, le représentant de Sarkozy. “Il ne faut pas s’en tenir aux faits, il faut voir plus loin que le bout de son nez.” a-t-il ajouté. La remarque de Galey était d’une “hostilité sans précédent” selon une des personnes présentes. Même Ladsous “a été choqué de la détermination de Galey,” quand il est apparu que Galey “n’était pas venu prendre part aux délibérations mais remplir une mission spécifique : imposer l’idée que la chute d’Assad était inévitable,” et faire comprendre à tout le monde qu’aucune opinion divergente ne serait tolérée dans le corps diplomatique français.

Mais Chevallier a défendu sa position qui différait de celle que l’Elysée voulait imposer. Il a dit qu’il avait rencontré l’opposition syrienne régulièrement, “mais qu’il continuait à penser que le régime avait la capacité de survivre ainsi que des soutiens étrangers“. On se moque de vos informations !” a réitéré Galey, ce à quoi l’ambassadeur a répondu : “Vous voulez que j’écrive autre chose mais mon travail comme ambassadeur est de continuer à dire ce que j’ai écrit, c’est à dire ce qui est réellement arrivé. “Vos informations ne nous intéressent pas. Bachar el-Assad doit tomber et il tombera,” a rétorqué Galey d’une voix coupante. La querelle s’est alors envenimée, ce qui a forcé Ladsous à intervenir plusieurs fois pour mettre fin à cette “bataille verbale”.

(Sous Hollande) Un rapport étrange sur les attaques aux armes chimiques en Syrie

Une autre section du livre traite des actions du président François Hollande en août 2013, quand il a ordonné la déclassification du document de synthèse des rapports de la Sécurité Extérieure et du Renseignement militaire sur les attaques aux armes chimiques dans la région de Ghouta près de Damas, au moment où il tentait de rallier un soutien international en faveur d’une frappe pour punir ceux “qui empoisonnaient des innocents.” Le livre révèle que la conclusion du rapport conjoint avait été “élaguée” par le conseiller spécial du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, d’une manière qui d’une certaine façon faisait du tort aux informateurs.

Les informateurs avaient soulevé plusieurs questions dans leurs rapports concernant des événements qu’ils n’avaient pas pu vérifier comme l’utilisation de gaz sarin. Une des hypothèses faite par les informateurs dans leurs rapports était la suivante : “Il est possible que des bombardements classiques de l’armée syrienne sur un laboratoire clandestin des rebelles ait provoqué une fuite de gaz.” Mais cette conclusion a été “purement et simplement coupée” du texte du rapport final.

Nous avons fait des erreurs en ce qui concerne la Russie

Claude Guéant, l’ancien ministre de l’Intérieur et Secrétaire Général sous Sarkozy, dit que la manière dont Juppé a traité la Russie fut une grave erreur ; il souligne que la Russie n’aurait pas dû être marginalisée mais qu’au contraire, on aurait dû en tirer partie. Il a ajouté : “Si nous avions mis de côté notre égoïsme, notre prestige et notre amour du pouvoir et dit aux Russes qu’ils étaient les plus à même de concourir à trouver une solution en Syrie, ils auraient été heureux d’apporter un soutien positif. Ils étaient les seuls à pouvoir faire quelque chose.”

Le livre traite aussi de la fragile relation entre les diplomates français et les services secrets et du conflit entre le Renseignement Intérieur et le Renseignement Extérieur sur la question syrienne. L’antipathie entre les deux agences a commencé au début de la crise syrienne et s’est prolongée même après que les deux agences se soient installées à Amman. Les rapports venant des deux agences semblaient contradictoires en 2011. Un diplomate qui était en contact avec les deux agences a expliqué que toutes les deux étaient convaincues que Assad ne tomberait pas rapidement mais que le Renseignement Intérieur a vite noté le rôle des salafistes et des djihadistes dans la rébellion, tandis que le Renseignement extérieur continuait d’envoyer des rapports diabolisant le régime de Assad.

Sabah Ayoub

Source : Al-Akhbar

Traduction : Dominique Muselet

Source: http://www.les-crises.fr/les-chemins-de-damas-comment-lelysee-a-manipule-les-rapports-sur-les-armes-chimiques/


Syrie : le terrorisme au nom de la « démocratie », par Nadia Khost

Monday 22 December 2014 at 04:22

Michel Collon ressortait à propos en septembre dernier ce texte de 2012…

L’intellectuelle Nadia Khost, figure très respectée et estimée en Syrie, est l’auteur de ce texte dense, brillant, porté par le souffle de son indignation vis-à-vis de ceux qui s’emploient aujourd’hui à détruire son pays et son indépendance, que nous avions publié initialement le 10 février 2012. Nadia Khost dénonce le cynisme de l’Occident. Il convient de relire ce texte à l’heure où la coalition qui comprend la France « frappe » les terroristes de l’EIIL en Irak alors qu’il y a un an Paris voulait frapper le gouvernement Assad qui les combattait.

Se préparant à envahir l’Irak, Bush envoyait au monde ce message menaçant : «  Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous ! ». Cette même dictature brutale utilise aujourd’hui ce même langage sous prétexte de promouvoir la « démocratie ».

N’est-ce pas ce que signifie le « dégoût » exprimé par la représentante des États-Unis, au sujet des vétos russe et chinois ? Il n’est même pas permis à de grandes nations comme la Chine et la Russie d’avoir une vision différente de celle des États-Unis ! Quant au président français, Nicolas Sarkozy, il ne reconnaît que la seule décision occidentale légitimant l’ingérence en Syrie !

Conformément à cette vision de la «  démocratie », le projet occidental a déterminé les caractéristiques de l’État Syrien qu’il veut fabriquer :
1) Il n’a pas exigé des élections qui révéleraient l’État que les citoyens Syriens acceptent et celui qu’ils refusent.
Cela, malgré le fait que la nouvelle loi sur les élections a garanti le droit des représentants des candidats de surveiller les urnes du début des élections, jusqu’à l’ouverture des urnes.
2) Il ne s’est pas soucié des millions de Syriens qui ont manifesté en Syrie en criant « non à l’ingérence ! ».

Ceux qui ont suivi les manifestations savent que c’est la réponse des Syriens au projet de l’Occident et du Golfe, et aux bandes armées. Ils remarqueront également que les femmes au foyer ont participé avec ardeur à ces manifestations.

Les dirigeants occidentaux ont ignoré les choix et les volontés du peuple syrien ; ils ont fermé les yeux sur les gangs armés, même après que les observateurs de la Ligue arabe aient consigné leurs crimes.

Une première manifestation de « démocratie » donnée par le Conseil de salut national d’Istanbul [1] a consisté à frapper à coups de bâtons la délégation d’artistes et d’intellectuels et la délégation des opposants syriens de l’intérieur, à l’entrée du siège de la Ligue Arabe au Caire, parce que ces deux délégations refusaient l’ingérence extérieure dans les affaires internes de la Syrie.

Et à la suite du débat sur le dossier syrien au Conseil de sécurité de l’ONU, les partisans de ce Conseil d’Istanbulont attaqué les ambassades syriennes au Caire, au Koweït, à Athènes, à Amman, à Berlin, à Londres. Ils ont saccagé ou pillé les locaux ; ils ont frappé le personnel qui s’y trouvait.

Quelle belle expression de «  démocratie » !

D’où viennent ces « démocrates » soudainement apparus ? La rue syrienne n’a pas entendu leur voix avant mars 2011 !

Alors que nous, les Syriens de l’intérieur, nous avions critiqué la politique qui a conduit à l’économie de marché, et les responsables de cette politique. Nous avions souligné la continuité entre la politique et l’économie, et la relation entre la position politique nationale et les droits de l’Homme. Nous avions mis en garde quant aux conséquences dangereuses de la privatisation. Et nous avions affirmé que le salut de la nation passe par la garantie du secteur public.

Nous, les Syriens de l’intérieur, avions également rappelé l’œuvre de Khaled ALAZEM, l’économiste de la bourgeoisie patriotique qui, dans les années 50, avait participé à la mise en place d’un système public puissant, avec l’aide de l’Union Soviétique. Et nous avions dénoncé publiquement la tutelle exercée par certains hauts fonctionnaires, notamment les maires, et combattu l’expropriation des maisons privées.

Et à cette époque, après avoir participé à des congrès, à des réunions, ou après avoir écrit des articles, nous rentrions chez nous en toute sécurité, même après minuit. Nous allions au théâtre, à des conférences culturelles. Nous nous déplacions entre Damas, Alep et Lattakié. Nous allions chercher l’eau pure de la source Boukein, et cueillir les coings et les pommes de Zabadani. [2]

Tandis qu’aujourd’hui, grâce aux méfaits du projet de « démocratie » occidental et Qatari, le citoyen syrien ne peut plus se rendre en voiture à Alep, car les brigands armés les mitraillent et qu’ils risquent de subir le sort des ouvriers du textile dont le car a été soufflé à l’explosif à Idleb. Ou le sort de l’ambulancier tué à Rastan. Ou le sort du médecin kidnappé à Hama. N’importe quel citoyen syrien peut être tué, pendant que ses tueurs « démocrates » le filment et reçoivent, du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, le salaire des images atroces qu’ils livrent à Aljazeera ou Al Arabiya [Leurs commentaires disant que ce sont les forces de Bachar el-Assad qui les ont tués. -NdT].

La Syrie n’a jamais connu un tel mépris de l’être humain !
Et l’Occident et ses laquais du Golfe prétendent débarrasser son peuple d’une dictature ?

Pourquoi donc ne connaissions-nous pas la peur avant mars 2011 ?

Nous nous promenions sans peur. Nous allions de Damas à Lattakié, sur la route de Bloudan [la même route qui conduit à Zabadani – Ndt] embouteillée par les sorties du week-end. Nous allions nous promener à la Ghouta [les vergers autour de Damas – Ndt] durant la floraison des pêchers et subissions parfois les embouteillages sur la route de Lattakié à Damas.

Pourquoi cette « démocratie » est-elle venue semer la peur avec ses tirs, ses explosifs, nous interdisant de voyager, de sortir en excursion en fin de semaine ? Pourquoi répand-t-elle la terreur sur la route aux environs de Talkalakh, en ces lieux où des gangs de tueurs et de trafiquants d’armes peuvent à tout moment attaquer les voyageurs ?

Pourquoi les hôtels de la côte et les routes verdoyantes sont-ils maintenant désertés ? [dans le nord de la Syrie - Ndt] Pourquoi n’avons-nous plus de soirées pour agrémenter nos nuits ? Même dans le quartier paisible de Mezzé, [banlieue résidentielle de Damas – Ntd], une voiture piégée a été déminée hier.

Qui peut oser s’opposer aux bandes armées là où elles déploient leur menaçante influence ? Combien de commerçants dans la banlieue de Damas n’ont-ils pas été tués parce qu’ils ont refusé de fermer leur commerce de manière à simuler une grève générale spontanée contre le régime ?

Nous découvrons, sur les écrans télévisés, qui sont ces opposants qui, en Syrie, mettent à exécution par les armes le projet « démocratique » programmé par les pays du Golfe et l’Occident.

Voici par exemple le cas d’un Libanais qui vivait de la contrebande de marchandises vers la Syrie et qui a perdu son « travail » suite à la crise au Liban. Un autre libanais lui a alors proposé un trafic d’armes et de drogue vers la Syrie. Trois transports lui ont rapporté la somme de 20 000 livres syriennes !

Il y a de quoi méditer sur la situation de détresse, de pauvreté et d’ignorance qui conduit un homme à accepter de devenir une machine à tuer, pleine de haine. Consacrées au financement de projets constructifs, les sommes versées à des bandes armées par les pays du Golfe auraient pu arracher à la misère cette classe sociale déchue.

Aucun doute possible : ces gangs ne sont pas une « armée libre » qui se sacrifie pour sa patrie. Ce sont des criminels ; des mercenaires. A-t-on jamais vu une « armée libre » se réjouir en démembrant ses frères et sœurs, ou en les jetant dans le fleuve Oronte, têtes coupées sanguinolentes ?

A-t-on jamais vu dans l’Histoire humaine une « armée libre » faire exploser des trains, détruire des gazoducs, des oléoducs, des réseaux d’électricité, brûler les immeubles, les biens publics, piller des camions transportant du sucre, du riz ou du mazout, au détriment de son peuple ? A-t-on jamais vu une « armée libre » assassiner les techniciens, médecins, scientifiques, et professeurs d’Universités ; enlever leurs frères et sœurs pour ensuite demander à leurs pauvres parents une rançon en contrepartie de leur libération ?

A-t-on jamais vu dans l’Histoire humaine, des princes et des tyrans financer une « armée libre » patriotique ? Est-il pensable qu’une armée arabe patriotique puisse être équipée d’armes fabriquées par l’État d’Israël qui occupe le Golan syrien ? Est-il acceptable que des chaînes télévisées étrangères se consacrent à filmer et présenter des criminels d’une prétendue « armée libre » sous un angle élogieux !?

Radwan Zyiadé, membre du Conseil de salut national, a demandé que le dossier Syrien soit étudié sous l’article 7 [de la Charte des Nations Unies –Ndt], qui autorise une intervention militaire étrangère contre la Syrie. Y a-t-il jamais eu des mouvements de libération dans le monde qui ont vu leurs dirigeants réclamer une intervention militaire contre leur propre pays ?

Tout au contraire, les mouvements de libération ont été créés pour empêcher l’ingérence !

Donc, le différend entre la Syrie, les dirigeants occidentaux et leurs acolytes syriens, ne porte pas sur la démocratie. Ces États, qui soutiennent les régimes tyranniques du Golfe, qui ont envahi la Lybie, qui ont commis des crimes à Abou Ghraïb, qui ont tué plus d’un million d’Irakiens, et qui garantissent l’impunité des criminels de guerre israéliens, ne défendent pas la démocratie.

Le célèbre journaliste Mohamed Hasanein Haikal nous dit : «  Ce que vit le monde Arabe actuellement n’est pas un printemps, c’est un nouveau Sykes Picot pour le diviser et se partager ses richesses et ses positions stratégiques. »

Je puis en témoigner. Je fais partie des onze membres, d’horizons différents, qui ont rédigé la nouvelle loi sur les médias ; le premier résultat obtenu sur le chemin des réformes. Nous nous sommes inspirés des lois établies en Occident pour garantir le respect de la liberté de l’information qui, découvrons-nous, ne sont pas respectées par les médias occidentaux qui cachent à leurs peuples la vérité sur les événements en Syrie. Nous avons entendu des représentants des Nations Unies, et des médias égyptiens et libanais. Nos réunions étaient très animées, les différents avis s’affrontant. Nous avons su nous mettre d’accord sur la loi qui garantit le droit à l’information, l’interdiction d’emprisonnement. Et qui exige la transparence et la déclaration du financement des médias et l’interdiction d’autorisation à n’importe quel média qui serait fondé sur des bases confessionnelles ou ethniques. Et nous nous sommes mis d’accord pour que la relation avec les chaînes, les journaux et les radios ne dépende plus du Ministère de l’information, mais d’un «  Conseil national de l’information à créer ».

Ce conseil a vu le jour le 20 novembre2011. Il est composé de personnalités variées ayant une expérience dans les médias, et qui partagent l’objectif de protéger la liberté d’expression sous le toit de la patrie. Ce conseil a organisé des rencontres avec diverses personnalités médiatiques, qui ont fait part de leur expérience et de leur critique pointue de la réalité médiatique et politique, et qui ont exprimé leurs points de vue et leurs propositions. Le Conseil a pris note de tout cela pour en tenir compte dans la rédaction de la politique relative aux médias.

Dans le bâtiment où nous nous rencontrions, se réunissait aussi la commission chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution, composée de personnalités venues de la société civile, des partis politiques ainsi que de techniciens et de spécialistes. Des articles que l’ont croyait intouchables ont été complètement modifiés. Le texte de la nouvelle Constitution sera publié et soumis à référendum.

Pendant ces mois orageux, a été rendue publique la Loi sur les partis qui interdit qu’ils soient créés sur des bases religieuses, confessionnelles ou ethniques, et qui exige la transparence de leur financement. Quatre nouveaux partis ont été constitués. La loi sur les élections a déjà été publiée. Ces lois sont les bases d’une nouvelle vie politique. Pouvons-nous l’ignorer ?

Nous ne pouvons pas ignorer non plus un événement d’une grande importance : la rencontre consultative qui a réuni 200 personnalités syriennes, représentant les divers courants politiques et idéologiques, présidée par le vice-président de la République. J’y ai participé en tant qu’écrivain indépendant. Nous avons entendu des interventions que, je pense, aucune institution politique arabe dirigeante ne supporterait. Certaines ne réclamaient pas seulement la suppression de la constitution du paragraphe relatif à la gouvernance du pays par le parti Baath, mais demandaient la suppression du parti lui-même, en feignant d’ignorer ce que ce parti a apporté en matière de santé publique, d’éducation nationale et d’aide économique dont jouit le peuple syrien, sans oublier sa politique étrangère d’indépendance nationale et patriotique… en feignant aussi d’ignorer les bandes armées qui sévissent actuellement sur notre territoire !

N’importe quel politicien objectif ne peut ignorer que le parti Baath est la colonne vertébrale de la vie politique syrienne aujourd’hui, et que sa suppression ou sa dissolution entraînerait un chaos semblable à celui qu’a connu l’Union soviétique après sa chute. Ceci ne nie pas la nécessité nationale de l’épurer des opportunistes et des corrompus. Et ceci s’applique aussi aux autres partis.

Et c’est ainsi que se sont déroulées, durant les derniers mois, des réunions pour étudier les événements en Syrie, dont une réunion rassemblant environ 400 anciens diplômés de Russie et des États de l’ex-Union soviétique, dont beaucoup se sont exprimés avec extrémisme et dureté. J’ai parlé du libéralisme économique qui a créé une couche sociale pauvre que l’ingérence étrangère a instrumentalisée. J’ai critiqué les partis politiques qui se sont éloignés du peuple, le laissant aux mains des imams des mosquées. J’ai demandé la mise en jugement du ministère du tourisme, de l’ancien gouverneur de Homs, et la mise à l’écart du président de l’Union des écrivains.

Malgré tout cela, nous sommes rentrés chez nous en toute sécurité.

J’ajoute que je suis intervenue dans les congrès des écrivains, critiquant la manière de diriger le pays, les membres de cette direction, et la corruption. Nous étions de nombreux écrivains à aller dans le même sens lors du dernier Congrès des écrivains, avant les événements. Dix sept écrivains ont critiqué sans réserve les institutions politiques.

En outre, nous avons combattu l’expropriation de la rue du Roi Fayçal par la municipalité qui voulait tout démolir. Nous avons arrêté le projet. Nous avons arrêté la destruction d’un ancien quartier arabe que les Français connaissent et étudient, au cœur de la ville moderne de Damas.

Nous combattons les promoteurs, la corruption des mairies, et l’infiltration sioniste par des prix attribués à l’élite culturelle de Damas.

La lutte apparaît ainsi complexe, pas seulement reliée aux divers courants politiques, mais également aux intérêts de divers groupes, ou aux visées de certains. C’est pourquoi nous insistons sur la nécessité de faire prévaloir la compétence et la loyauté à la patrie, et non pas la loyauté au parti. Les autres partis aussi – et pas seulement le parti Baath – mettent en avant la loyauté au parti.

Nous répétons le dicton : le droit ne meurt pas tant qu’on le revendique. Je crois que la démocratie se construit pierre par pierre, et ne s’importe pas.

Qu’amène aujourd’hui le projet « démocratique » de l’Occident et des pays du Golfe ? Il ne fait que rajouter à nos soucis ses bandes armées et sa guerre médiatique ! Il n’écoute pas les millions de Syriens qui crient : « non à l’ingérence ». Sa démocratie commence là : « avec nous ou contre nous. »

Parce que nous refusons cette ingérence et que nous croyons que tous les courants doivent participer à la vie publique pour la corriger, et améliorer la vie en Syrie.

L’opposition extérieure, exactement comme les bandes armées, accuse ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, d’être à la solde du régime. Quoi que pensent ces prétendus «  démocrates » des Syriens qui refusent l’ingérence étrangère et arabe, nous disons en toute franchise que les Conseils qui sont créés dans le giron de l’occupant occidental, avec l’argent qatari, sont coupés du peuple syrien.

Je n’arrive presque pas à croire qu’un intellectuel comme le chef du Conseil national d’Istanbul, ne sache pas que « couloir humanitaire » signifie intervention militaire ! Qu’il ne sache pas que le Conseil de Sécurité a décrété l’embargo contre l’Irak, mais n’a pas libéré le Liban, et n’a pas utilisé l’article 7 pour empêcher l’État d’Israël de massacrer le peuple palestinien ! Qu’il ne sache pas que les «  négociations » n’ont pas amené les Palestiniens à libérer un pouce de leurs terres, et n’aboutiront jamais à la libération du Golan !

Que ces prétendus «  démocrates » nous permettent de refuser un tel comportement.

Nous répétons, avec le peuple syrien : ce qui ce passe en Syrie n’est pas une révolution mais crimes, chaos, et destruction d’un pays qui connaissait la sécurité. Le changement en Syrie est refusé s’il est imposé par une ingérence extérieure, et accepté s’il est obtenu par la voix des urnes.

L’attaque contre les ambassades syriennes n’est pas une action politique ; c’est l’œuvre de voyous et de malfrats.

Je répète ce que j’ai dit dans un débat télévisé : les constitutions sont modifiées pour correspondre aux évolutions des peuples, mais doivent l’être avec respect car elles font partie de la mémoire des peuples. Le changement en Syrie ne se fondera pas sur le mépris du passé et les courbettes aux dirigeants politiques extérieurs.

En tous cas, ce n’est pas l’amour de la démocratie qui fait se précipiter les princes du pétrole et les dirigeants occidentaux de l’occupation pour organiser les bandes armées, encenser la façade syrienne émigrée, et acheter les décisions de la Ligue arabe.

Cette démocratie n’est qu’un papier d’emballage trompeur, enveloppant un projet de réorganisation de la carte de la région par la force ; et qui vise à arracher la pierre syrienne du mur de la résistance arabe. Ces propositions sanglantes cachent la stratégie occidentale sioniste et protègent les crimes des bandes armées.

La séance du Conseil de sécurité sur le dossier syrien nous a montré les représentants de la trahison suprême, face à la dignité syrienne en la personne de Bachar Al Jaafari, de sa culture, son honnêteté et sa douleur.

La vraie discorde porte sur notre droit de souveraineté nationale, et notre refus de l’occupation israélienne. Un droit lié à nos traditions nationales et à notre Histoire syrienne ; que nous avons hérité de Choukri Al Asali, député de Damas au parlement turc en 1911, qui a démasqué l’infiltration sioniste en Palestine. Ceci fut l’une des raisons pour lesquelles il a été exécuté ainsi qu’une élite d’intellectuels et d’hommes politiques de la bourgeoisie syrienne.

La Palestine est dans le cœur des Syriens

Depuis le Congrès Syrien de 1920 qui a déclaré l’indépendance de la Syrie et le refus du pays sioniste – en passant par la révolution syrienne qui a donné à la Palestine Al Kassam, qui y a organisé la résistance, et fut tué en 1935, et l’insurrection simultanée syrienne et palestinienne contre l’occupation en 1936 – des Syriens se sont dévoués pour protéger la Palestine, dont Said El AAS, le penseur révolutionnaire, qui y est tombé en martyr.

La Palestine est dans le cœur des Syriens ; il n’y a pas de Syriens de la génération de l’Indépendance qui n’aient pas participé à la défense de la Palestine et il est difficile de compter les martyrs syriens en Palestine.

M. DEBJEN qui était à l’orphelinat islamique de Homs, que mon beau père a fondé, m’a raconté qu’avec deux de ses amis, il s’est engagé pour lutter contre l’occupant sioniste en 1948 ; ils étaient très jeunes, le troisième n’est pas revenu.

En 1949, le dictateur Hosni al Zaïm a déclaré qu’il nouerait des contacts avec l’État d’Israël ; le prince Adel Arslan, ministre des affaires étrangères, lui a aussitôt répondu : je ne reconnaîtrai pas cet Etat et je ne rencontrerai pas son ministre des affaires étrangères et je ne permettrai à aucun fonctionnaire de mon ministère de le rencontrer. Ce sont les contacts d’Hosni al Zaïm avec Israël qui ont conduit à son assassinat.

La mémoire de chaque Syrien est pleine de noms et d’images inoubliables de la lutte arabo-israélienne. En raison de ce passé sanglant, les Syriens sont convaincus qu’Israël, en plus d’être un État raciste, est une base militaire d’occupation qui protège le projet de domination occidental dans la région, comme l’ont prouvé ses attaques agressives et expansionnistes. En tant que Syriens notre résistance à l’expansionnisme est dans notre âme ; et notre vie même est tressée autour de cette lutte. C’est ainsi que notre destin personnel est lié au destin de la Syrie, qu’on veut arracher à la résistance arabe.

Dans son discours du 4 février, l’ambassadeur de Syrie à l’ONU, M Bachar JAAFARI, a cité deux vers du poète Nizar KABBANI rappelant des certitudes profondément ancrées dans l’âme syrienne. Car Nizar KABBANI, n’est pas seulement l’enfant adulé de la bourgeoisie damascène, connu pour ses poèmes d’amour ; il a porté comme chaque Syrien, les valeurs du panarabisme ; il a écrit : «  la poésie est lâche si elle n’est pas portée par la colère ». Sa colère s’adressait à ceux qui se sont précipités pour signer des accords avec Israël et aux hommes corrompus du pétrole. C’est pourquoi ses funérailles ont donné lieu à un grand hommage populaire. Un avion privé syrien envoyé par le président avait transporté sa dépouille de Londres à Damas. Les Syriens se sont emparés du cercueil et l’ont porté sur leurs épaules dans un cortège populaire que Damas n’avait plus vu depuis les funérailles de Fakhri Al Baroudi, l’homme de l’indépendance, le compositeur des hymnes que les peuples arabes se sont transmis.

Les gens l’ont porté jusqu’à la mosquée des Omeyyades, le plus important monument construit par les Omeyyades à Damas ; ils ont prié et l’ont porté à nouveau sur leurs épaules jusqu’au cimetière, traversant Damas du nord au sud, à pieds, car KABBANI a mêlé sa loyauté à sa ville, à la loyauté au panarabisme. Il a incarné l’âme syrienne par sa douleur pour la Palestine, par son refus du sionisme, par son mépris des dirigeants pétroliers et par sa fierté de la civilisation syrienne.

Bachar JAAFARI a exprimé cette essence profonde lorsqu’il a cité ces deux vers du poème de Nizar : «  ô Damas, trésor de mes rêves et de mes escapades, me plaindrai-je à toi de l’arabisme ou des arabes ? » Si les représentants du Qatar et de la ligue Arabe étaient cultivés, ils auraient su que la suite du poème leur rappelle qu’en trahissant la Syrie ils trahissent aussi la Palestine.

KABBANI dit dans ce poème : « Ils ont abreuvé la Palestine de rêves colorés, ils l’ont nourrie de paroles vaines et de discours, ils ont vécu en marge des événements et n’ont pas bougé pour la terre volée et l’honneur violé. Ils ont laissé Jérusalem nue à même la boue, livrant ses seins à tout venant ».

Qui sont-ils ceux là qui gaspillent l’argent et ne secourent pas la Palestine ? KABBANI les a énumérés : Ceux qui se sont baignés dans des mers de pétrole, ceux qui ont bu le sang des hommes libres ! Et leurs représentants au Conseil de sécurité siégeaient en face de JAAFARI : le Qatari et sa suite, le président de la Ligue arabe dont le fils travaille au Qatar !

Il est donc impossible d’imaginer un État syrien coupé de son Histoire et de sa mémoire ! Impossible car le peuple porte sa mémoire dans son âme ; ce ne sont pas des pages de livres d’histoire. Il y a là un fossé entre des millions de Syriens fiers de leur Histoire, et une poignée d’intellectuels inconnus avant que les médias occidentaux ne leur battent les tambours, et ne les poussent en avant comme des « représentants légaux » de la Syrie, le Qatar ayant financé leurs réunions, leurs hôtels et leurs déplacements.

L’utilisation de l’ancien drapeau dans leur réunions, imitant les Libyens à qui le Qatar a apporté des milliers de drapeaux royaux, n’est pas passé inaperçu aux yeux des Syriens.

Par contre, ceux qui l’ont brandi n’ont pas remarqué que c’est le drapeau de la résistance contre l’occupation française ; le drapeau de la souveraineté nationale ; le drapeau des Syriens qui ont combattu le sionisme et Israël ; notre drapeau que le président Chukri Al Kouatli a mis de côté en cédant son siège à NASSER, au nom de l’Unité Arabe.

La rencontre et le dialogue sont-ils possibles entre ces deux camps ? La condition du dialogue est la position envers l’Etat d’Israël et le sionisme, et vis-à-vis de l’ingérence extérieure. En Syrie, il y a des opposants honnêtes, non corrompus par l’argent du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, n’ayant touché aucun pot de vin occidental, n’ayant pas bradé la souveraineté nationale, et ayant une position claire vis-à-vis d’Israël et du sionisme.

Ceux-là affichent leur rejet de la corruption politique et financière. Ils exigent une transparence qui, peut être, ne peut exister. Ils peuvent avoir des points de vue irréalistes, mais ils se distinguent par leur maturité politique et leur courage. Le Dr Faez FAWWAZ et Salim KHEIRBEK ont passé plus de dix ans en prison. Malgré cela, ils ne sont pas tombés dans la haine qui pousse à la vengeance, jusqu’à la destruction du pays.

Ce sont des opposants de cette trempe qui sont les garants de la démocratie et de la droiture, à même de préserver la souveraineté et de protéger le peuple contre le fléau de la corruption, capables d’empêcher qu’un homme corrompu comme l’ex- gouverneur de Homs [3] puisse trahir son pays en fermant les yeux sur la construction [par des rebelles] d’un réseau de tunnels souterrains, participant ainsi aux préparatifs devant servir à la rébellion.

La position envers Israël, le sionisme, et l’ingérence extérieure, est pour les Syriens la condition pour le dialogue national ; c’est pourquoi le politicien Qadri JAMIL [figure de l’opposition de l’intérieur - Ndt] a annoncé : « Nous ne participerons pas à un dialogue où le Conseil d’Istanbul serait présent ». C’est ainsi que les Syriens rejettent ceux qui rencontrent la télévision israélienne, ceux qui font appel au sioniste Bernard-Henri Lévy, pour qu’il fasse en Syrie ce qu’il a commis en Lybie ; ceux qui se sentent honorés de rencontrer Clinton, Sarkozy et Juppé.

Ceci n’est pas qu’une question politique, c’est une question de conscience et de morale, et les Syriens en sont fiers.

Enfin, c’est le droit des Syriens, après avoir regardé la séance du Conseil de sécurité sur le dossier syrien, de se sentir fiers d’être plus humains, et plus cultivés, et plus démocrates que ces menteurs représentant les forces d’occupation occidentales qui ont versé le sang des Libyens, des Irakiens, des Libanais. Il est de leur droit de mépriser ces politiciens menteurs qui, hier, affirmaient que l’Irak possédait des armes de destruction massive, et qui affirment aujourd’hui que l’armée syrienne tue les civils alors que des dizaines de soldats syriens sont tués chaque jour.

Lorsque l’on compare Bachar al-ASSAD aux chefs d’États occidentaux qui, par le mensonge, dissimulent les buts de leur guerre contre les peuples, la différence est énorme. Ces derniers se moquent de la « démocratie occidentale » : SARKOZY n’a pas supporté la révolte des jeunes des banlieues et les a pourchassé, et la « démocratie » d’OBAMA n’a pas toléré les Indignés pacifiques contre la voracité capitaliste. Ce sont ces « démocrates » qui demandent aux Syriens de supporter les crimes de bandes armées !

En suivant la séance du Conseil de Sécurité, les Syriens ont vu des hommes de grande stature face à des nains. Ils ont vu des personnalités occidentales -qui n’ont probablement pas lu le « Faust » de GOETHE cité par Bachar JAAFARI- qui mentaient, sans honte aucune, devant lui. Et les représentants russe et chinois qui eux ont appuyé la Syrie par leur veto, signifiant à l’Occident colonialiste qu’il n’avait plus les mains libres pour imposer sa démocratie sanglante.

Dr Nadia Khost, écrivaine syrienne – auteur de nombreux ouvrages, d’essais, et de nouvelles portant sur l’histoire, l’architecture, la conservation et la protection du patrimoine de la Civilisation Arabe – vit à Damas.

[1] Le Conseil de salut national a été élu par l’opposition syrienne le samedi 16 juillet 2011 à Istanbul

[2] Boukein et Zabadani sont des lieux de villégiature proches de Damas, dans les montagnes sur la route du Liban ; la vallée de Zabadani est réputée pour ses vergers.

[3] L’ex-gouverneur s’est enfui au Qatar où il a été récompensé pour sa trahison. Il a causé un tort inestimable à son peuple à Homs, pour avoir permis à des groupes islamistes -bien avant mars 2011- de creuser des tunnels, les reliant à des installations en sous sol préexistantes, pour y aménager des entrepôts d’armes et de ravitaillement devant servir à l’acheminement par les rebelles des armes et du ravitaillement.

Publié le 10 février 2012 par silviacattori.net : http://www.silviacattori.net/articl…

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-le-terrorisme-au-nom-de-la-democratie/


Syrie : Fabius, Lavrov, et les mensonges des médias français

Monday 22 December 2014 at 01:16

par Mouna ALNO-NAKHAL

Sujet tellement vaste qu’il nous faut aller à l’essentiel en ne rapportant que des faits incontestables, avant d’essayer de comprendre le pourquoi de cet acharnement de la part de ceux qui connaissent la vérité mais persistent dans leurs mensonges, dans l’espoir de les imprimer dans nos gènes.

Ainsi le 25 novembre, les réseaux sociaux sont en ébullition et rapportent que dans un entretien avec France Inter, M. Fabius « veut sauver Alep par des frappes ambigües » ! Qu’est-ce qu’une frappe ambigüe ? Pas de chance, Google ne répond pas. Pas de chance non plus, les liens correspondant à la vidéo estampillée « Laurent Fabius : Il faut sauver Alep ! » [1] donnent à entendre son sentiment sur d’autres sujets !?

Finalement, nous retrouvons tout ou partie du texte de ce fameux entretien de M. Fabius avec France Inter [2] sur le site « France Diplomatie » :

LES « FRAPPES AMBIGÜES » DE M. FABIUS

Q – Le 4 novembre, vous avez déclaré qu’après Kobané, il fallait sauver Alep. J’y ai pleinement souscrit [!!!] Cela étant, ne trouvez-vous par paradoxal, alors que la coalition bombarde Daech, qu’à quelques centaines de kilomètres, parfois même moins, elle laisse l’aviation de Bachar Al-Assad envoyer des barils de poudre sur les populations d’Alep, sur les populations de la banlieue de Damas, elle laisse commettre chaque jour, des crimes contre l’humanité et cela en toute impunité. À quand l’interdiction de l’espace aérien syrien pour les avions de Bachar Al-Assad ?

R – C’est vrai qu’il y a déjà plusieurs semaines, dans la presse française et internationale, j’ai dit qu’il fallait sauver Alep parce que je pressentais déjà qu’après Kobané où Daech a été stoppée, la prochaine cible pour Daech et d’ailleurs aussi pour Bachar al-Assad, vous avez raison de le dire, c’est Alep. Abandonner Alep, ce serait condamner la Syrie et ses voisins à des années de chaos avec des conséquences humaines terribles.

Nous travaillons avec l’envoyé de l’ONU pour essayer de faire exactement ce que vous dites, c’est-à-dire, d’une part de sauver Alep et d’autres part, de créer des « safe zone » où il ne soit pas possible aux avions de Bachar Al-Assad et aux gens de Daech de poursuivre les Syriens. Nous sommes en train d’y travailler, il y a de nombreuses personnes à convaincre. C’est la position de la diplomatie française et je répète à ce micro que l’objectif maintenant, c’est de sauver Alep.

Q – La Coalition internationale qui est engagée contre les djihadistes de Daech n’a-t-elle pas tendance à fermer les yeux sur les exactions du régime de Bachar Al-Assad ? L’attention s’est déportée au bénéfice et au profit du régime Assad.

R – C’est l’une des différences d’approche entre la diplomatie française et d’autres diplomaties. Nous disons que nous avons deux adversaires : Daech et al-Qaïda et Bachar Al-Assad qui en profite, si je puis dire, pour avancer ses pions.

Q – Donc il en profite.

R – Nous disons qu’il faut des frappes que l’on appelle des frappes ambigües, qui permettent de faire reculer Bachar al-Assad et qu’il y ait au Nord de la Syrie, des zones de sécurité où la population syrienne puisse en paix se développer. [Comprenez le contraire : il faut tout faire pour que la Syrie entre dans la catégorie des États faillis ; Ndt]

(…)./. »

En bref, toujours les mêmes pour dérouler le tapis mensonger, toujours le même délire, et les frappes ambigües sont des frappes dirigées contre Bachar, autrement plus dangereux pour Laurent que tous les daéchiens réunis, sauf que, c’est Erdogan et Israël qui parlent de « safe zones », non M. de Mistura qui a parlé de « freeze zones » [3].

D’ailleurs, voici le discours de M. Lavrov le lendemain, 26 novembre, suite à ses discussions avec la délégation syrienne à Sotchi. Nous précisons que nous l’avons transcrit et traduit à partir de sa traduction instantanée en arabe [4].

II. DISCOURS DE M. LAVROV [26 novembre 2014]

Bonsoir à vous tous,

Nous sommes heureux d’accueillir la délégation de la République arabe syrienne présidée par le ministre des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, en Russie fédérale. Une rencontre a eu lieu aujourd’hui même avec le Président Poutine. Elle a été suivie par des discussions denses sur nombre de sujets, entre Monsieur le Ministre et moi-même.

Nous partageons le même point de vue sur l’évolution de la situation au Moyen-Orient et dans le Monde, notamment en Syrie, ainsi que sur la prime importance des menaces du terrorisme et de l’extrémisme.

L’organisation terroriste nommée « État islamique » tente d’atteindre son objectif déclaré par avance, celui d’établir un califat régi par des lois extrémistes sur une partie du territoire syrien et du territoire irakien, là où flottent les « bannières noires » ; les derniers événements indiquant qu’une évolution semblable commence à atteindre le Liban, la Libye et l’Égypte.

La Russie continuera à accorder son soutien à la Syrie – ainsi qu’à d’autres États confrontés à la menace terroriste – et nous renforcerons ses capacités de combat contre le terrorisme.

Nous sommes convaincus que la lutte contre le terrorisme doit être conduite selon les normes internationales et loin des deux poids deux mesures. Ce qui nous amène à poser des questions concernant la « Coalition internationale » formée par les États-Unis et à partir de laquelle ils ont déclaré avoir le droit de mener des frappes sur les régions dominées par l’État islamique, en territoire syrien, sans consulter les autorités officielles à Damas ; ce qui, d’après nous, va à l’encontre des normes et des lois internationales.

C’est en toute franchise que nous critiquons les déclarations de Washington relatives à la « non-coordination » avec la République arabe syrienne dans leur guerre contre le terrorisme ; déclarations d’autant plus irresponsables et illogiques que l’opération de destruction des armes chimiques syriennes s’est achevée avec succès, confirmant le sérieux du gouvernement syrien quant au respect de ses engagements contractuels.

Nous condamnons les tentatives d’exploitation des groupes extrémistes et, plus exactement, des groupes terroristes, dans le but de poursuivre l’opération consistant à renverser le gouvernement syrien. En résumé, le terrorisme menace tout le monde, aussi bien ceux qui raisonnent sainement que ceux qui réfléchissent en vrais patriotes syriens ou ceux qui ont leur propre vision pour régler le conflit. Un conflit sur lequel M. le Ministre Mouallem et moi-même sommes arrivés à la même certitude : il ne peut se régler par la force !

C’est pourquoi nous considérons qu’il est absolument important de soutenir, parallèlement au combat contre le terrorisme, la voie de « la solution politique » qui conviendrait aussi bien au gouvernement syrien qu’à tous ceux qui sont concernés par une telle solution. C’est pourquoi nous travaillons à assurer les conditions susceptibles de favoriser le « dialogue entre les Syriens », après avoir tiré les leçons de nos tentatives précédentes, y compris les deux conférences à Montreux.

La Russie travaille donc activement dans cette direction et nous affirmons que nous sommes disposés à ce que ce dialogue se déroule à Moscou, entre le gouvernement syrien et une représentation, la plus large possible, de toutes les composantes sociales et politiques de la Syrie.

Au cours de cette réunion, nous avons déclaré notre soutien à la proposition de M. de Mistura, l’émissaire spécial des Nations Unies pour la Syrie, dans la mesure où elle implique « un soutien international de la solution politique en Syrie », le dernier mot revenant aux Syriens eux-mêmes et sur la base d’une entente entre eux !

La Russie et la Syrie estiment que l’initiative de M. de Mistura, consistant à aller de l’avant vers une telle solution en « gelant la situation sur le terrain » à commencer par Alep, est positive. Et, je suis sûr qu’une telle opération épargnera de nouvelles victimes et ramènera des milliers de ses habitants vers leur vie normale.

Nous avons aussi discuté des relations bilatérales entre nos deux pays, M. Poutine leur ayant accordé une attention particulière durant notre rencontre préalable.

Abstraction faite de la poursuite de notre soutien au gouvernement syrien dans sa guerre contre le terrorisme, la Russie offre une aide humanitaire consistante au peuple syrien depuis une année et demie. Trente avions du Ministère russe des Situations d’urgence ont déjà été envoyés. Mais l’aide humanitaire russe n’est pas que gouvernementale. Elle passe aussi par l’intermédiaire de l’Église russe représentée par la Société impériale orthodoxe de Palestine et d’autres associations non gouvernementales.

Nous sommes aussi intéressés par le développement de notre coopération bilatérale dans le domaine commercial et le domaine économique, sujet discuté le mois dernier, lors de la réunion des Comités ministériels de nos deux pays.

Pour finir, je veux assurer que nous apprécions grandement les efforts des Syriens pour la protection des droits des Chrétiens qui ont tant de fois été persécutés lors des crises répétées au Moyen-Orient. Nous considérons qu’ils sont d’une grande importance pour tout le Moyen-Orient et pour la Syrie, en tant qu’États où les gens doivent vivre en sécurité et égaux en droit.

Ici, mis à part le fait que la Russie continuera à soutenir le gouvernement syrien par des moyens militaires, humanitaires et diplomatiques, et qu’elle n’est pas dupe des manœuvres de M. Fabius et de ses amis, nous retenons que :

  • La priorité des priorités est de combattre le terrorisme, alors que celle de M. Fabius est de renverser le Président syrien.
  • La Coalition internationale « engagée contre les djihadistes de Daech », menée par Washington, s’active en dehors du droit international ; ce qui témoigne, en effet, d’une différence d’approche entre la diplomatie de M. Fabius et la diplomatie de M. Lavrov.
  • La proposition de M. de Mistura est accueillie favorablement dans la mesure où elle fait partie de la « solution politique » fondée, en interne, sur le dialogue entre Syriens et la réconciliation nationale parrainée par le gouvernement syrien ; ce que M. Fabius et ses amis doivent empêcher à tout prix.
  • Les leçons de Genève 1 et 2 ont été tirées : le dialogue entre Syriens – à Moscou, Damas ou ailleurs – exclut les prétendus opposants révolutionnaires, qu’ils soient membres de la prétendue ASL [Armée Syrienne Libre] ou du prétendu CNS [Conseil National Syrien transformé en Coalition], membres du gouvernement arbitrairement reconnu comme seul représentant légitime du peuple syrien par la France et le trio infernal Turquie- Arabie saoudite-Qatar, ou membres de l’organisation terroriste Al-Nosra qui fait un si « bon boulot » selon M. Fabius [5] . Tous ces traitres qui ont échoué à vendre leur patrie à l’étranger, clés en mains, n’ont plus aucune crédibilité ni en Occident, ni en Syrie ; ce qui fait que M. Fabius ne peut plus compter que sur les médias inféodés pour nous convaincre qu’il est le chevalier blanc face à un dictateur qui « ne mérite pas de vivre parce qu’il tue son peuple ». Un peuple qui a bravé le monde entier pour le réélire, faut-il le rappeler ; d’où sa volonté de le « développer », comme il dit, à coups de frappes ambigües sur la tête des gens d’Alep.

LES MENSONGES EHONTES DES MEDIAS FRANÇAIS DEVENUS PIRES QUE TOUS LES AUTRES

Et les médias sont fidèles au poste pour hurler en chœur : « Le régime syrien cent fois plus meurtrier que les djihadistes de l’État islamique », « Daesh et le régime Assad s’entendent parfaitement », etc…

Il faut vraiment avoir la mémoire courte et mépriser la mémoire, sinon l’intelligence, d’autrui pour oublier le massacre de 120 policiers dont les corps ont été mutilés avant d’être balancés dans l’Oronte à Jisr al-Choughour dès Juin 2011, les massacres de Houla à l’arme blanche, les massacres de Adra par décapitation et enfournement des civils dans les fours à pain de la ville, les massacres de Raqqa par crucifixion ou piétinement, les viols déguisés en mariages temporaires qui n’ont même pas épargné les petites filles, les bouffeurs de cœur et de foie, les massacres de soldats syriens à Tabqa et plus récemment la décapitation d’une vingtaine de plus, etc…

Inutile d’en donner les références et de participer à la propagande daéchienne ? Certes, mais c’est quand même dangereux pour les jeunes de ce pays et, tout simplement, immoral de la part de M. Fabius d’affirmer que les bourreaux sont les alliés des soldats qu’ils massacrent !

Parmi cette kyrielle de mensonges des médias français, nous avons retenu cet extrait d’un article de Libération [6]. Il en dit long sur la frustration de M. Fabius et de ses amis devant ce qu’ils qualifient de « Revirement US » et, soit dit en passant, nous éclaire sur une deuxième différence d’approche entre la diplomatie française et le pragmatisme de la diplomatie américaine :

« Au vu des dernières avancées sur le terrain, c’est bien une alliance de fait qui semble s’être nouée entre les Etats-Unis et le régime de Bachar al-Assad face aux jihadistes de l’Etat islamique. Résumons : pour les Etats-Unis, l’ennemi numéro 1, désormais, c’est l’Etat islamique. Tout plutôt que les bouchers de la nébuleuse jihadiste. Même s’il faut pour cela préserver le régime syrien qui fait balancer par hélicoptères des barils d’explosifs sur sa population civile. »

En effet, si Daech, ses sœurs et ses supporters, remportent des victoires ponctuelles, l’Armée nationale syrienne remporte des victoires stratégiques et irréversibles, à moins d’une guerre régionale qu’aucun État agresseur n’ose actuellement entreprendre, pas même Erdogan, qui réclame aussi sa « safe zone », avant de se mouiller à soutenir ses alliés dans leur guerre clanique contre le terrorisme qu’ils ont engendré [7].

Quant aux barils de poudre balancés sur les « civils », une photo et sa légende valent mille discours :

Bref, c’est l’hystérie collective reflétant celle qui a frappé tous les donneurs d’ordre pris à leur propre piège, après avoir grillé tant de cartes et tous les milliards des Golfeux, sans jamais réussir à briser l’Armée nationale syrienne.

Dire cela ne relève d’aucun triomphalisme. Les Syriens sont fatigués, blessés, meurtris. Même la terre et les pierres pleurent de douleur. Qui ose nier qu’il s’agit d’une guerre mondiale qui se prolonge et ne cesse de rebondir depuis bientôt quatre ans ?

Il n’empêche que partout où l’Armée de leur fils et filles avancent, ils se remettent à reconstruire [8]. Alors, M. Fabius, laissez Alep tranquille et oubliez votre « safe zone ». Tout porte à croire que vous n’aurez ni l’une, ni l’autre.

Mouna Alno-Nakhal, 28/11/2014

Source : Mondialisation.ca

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Pour l’Histoire : 38 secondes de Fabius le 8/9/2014 :

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-mensonges-medias/


Revue de presse du 21/12/2014

Sunday 21 December 2014 at 09:20

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-27-12-2014/


Il y a urgence car le secteur financier est hypertrophié, par JM Naulot

Sunday 21 December 2014 at 06:00

Pour l’ancien banquier et ex-membre de l’Autorité des marchés financiers Jean-Michel Naulot, les États doivent se dépêcher de réguler :

Ancien membre de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Michel Naulot (1) pointe les dangers d’une sphère financière toute puissante et plaide pour une taxe sur les transactions financières (TTF).

Etes-vous confiant sur l’instauration d’une TTF ?

Non. J’y ai cru à l’automne 2009. Nous étions alors au lendemain de l’explosion de la crise. Adair Turner, à l’époque en charge de la régulation à la City, souhaite «corriger un secteur financier qui a enflé au-delà d’une taille socialement utile». Le Premier ministre britannique de l’époque, Gordon Brown, lui apporte son soutien. Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF en 2009, me confie alors : «Si les Anglais s’y mettent, c’est que les lignes vont enfin bouger dans la finance.»

Que se passe-t-il ensuite ?

Nous sommes toujours à l’automne 2009, au G20 de Pittsburgh. Les Etats-Unis sont contre une taxe, Dominique Strauss-Kahn, alors patron du Fonds monétaire international, l’est tout autant, Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et patron de l’Eurogroupe, y est farouchement opposé… La messe est dite au printemps 2010, quand David Cameron est nommé Premier ministre en Grande-Bretagne. Certes, le candidat Hollande l’a inscrit dans son programme et ça plaît aux opinions. Mais on connaît la suite…

C’est-à-dire ?

Le renoncement des gouvernements à prendre le sujet des dangers de la finance à bras-le-corps. Le sommet de l’hypocrisie est atteint le 22 janvier 2013, lors de la réunion des ministres européens des Finances. Ce jour-là est engagée une coopération renforcée de onze pays pour avancer rapidement sur le sujet de la TTF. Pierre Moscovici, ministre français de l’Economie, se félicite qu’une TTF puisse rapporter plusieurs dizaines de milliards d’euros. Il valide ainsi le projet de Bruxelles. Or, on apprend plus tard, par des dépêches de presse, que les Français négocient sur la base d’une division par dix de la taxe.

N’y a-t-il pas quelques progrès ?

C’est indéniable. Les fonds propres des banques sont renforcés, les hedge funds sont mieux contrôlés. Idem pour les agences de notation. Il y a plus de transparence sur les marchés financiers. Pour autant, nous sommes loin du compte.

Pourquoi estimez-vous qu’il y a urgence à adopter une TTF ?

Parce que la finance est hypertrophiée. Nous assistons à une poursuite du déséquilibre entre la sphère financière et la sphère de l’économie réelle. Et c’est justement ces déséquilibres qui provoquent des crises de plus en plus violentes.

Concrètement ?

Aujourd’hui, le poids des produits dérivés est plus important qu’il ne l’était avant la crise de 2008. Ils représentent dix fois le PIB mondial. En outre, ces produits sont traités à 90% par des acteurs financiers. Au bout du compte, les capitalisations boursières ont doublé, voire triplé, alors que la croissance ralentit fortement.

Face à l’hypertrophie financière, les changements seraient donc insignifiants ?

Je ne dis pas cela. Mais prenez le trading à haute fréquence. Il était marginal avant la crise, il représente aujourd’hui 50% des transactions sur les marchés actions aux Etats-Unis et en Europe. Quelle est l’utilité sociale de ces opérations faites par des robots en une nanoseconde ? Faut-il rappeler que 12% des hedge funds britanniques ont un effet de levier supérieur à 50 ?

C’est-à-dire ?

C’est simple, ces fonds ont des positions sur les marchés qui représentent 50 fois les montants qu’ils gèrent. Ces effets de levier peuvent se révéler des bombes à retardement.

Où sont les risques ?

Nous avons vu que la sphère financière n’en finissait pas de grossir. Par ailleurs, nous vivons un moment de crise où les Banques centrales tentent le tout pour le tout. Dans l’espoir de faire repartir la croissance, elles ne cessent de créer de la monnaie. Or, cette liquidité en abondance se déverse en grande partie dans la sphère financière. Et ce au risque d’alimenter la spéculation et de participer à la formation de bulles qui peuvent éclater à tout moment. Nous serions alors désarmés. Certes, en 2009, les Etats ont tenté d’endiguer la crise en actionnant les budgets publics. Mais cet outil est devenu inutilisable. Les dettes publiques ont explosé sous l’effet de la crise de 2008. Quant à la politique monétaire, nous n’avons plus aucune marge de manœuvres puisque les taux sont à zéro. D’où l’urgence à réguler la sphère financière.

(1) «Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien». Le Seuil, 284 pages, 19 euros.

Recueilli par Vittorio DE FILIPPIS«Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien». Le Seuil, 284 pages, 19 euros.

Source : Libération, 8/12/2014

Source: http://www.les-crises.fr/il-y-a-urgence-car-le-secteur-financier-est-hypertrophie-par-jm-naulot/