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[Exclusif] La vision de Mitterrand sur l’Ukraine, par M.N. Lienemann

Wednesday 13 August 2014 at 01:59

Aujourd’hui, une interview exclusive pour Les-crises.fr, réalisée par Benjamin Tardif début avril.

Je la reposte :)

La Sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann nous confie ic la vision de François Mitterrand sur l’Ukraine en 1992 :

Source: http://www.les-crises.fr/mitterrand-sur-l-ukraine-mnl/


François Hollande ? “Plaisir de trahir, joie de décevoir”, par Laurent Binet

Wednesday 13 August 2014 at 01:07

Ex-soutien du président, l’écrivain Laurent Binet est stupéfait par la politique menée aujourd’hui. Il l’écrit pour la première fois dans “le Nouvel Observateur”, en kiosque le 10 juillet.

Finalement, il y aura quand même eu un changement sous le quinquennat de François Hollande.

Il ne s’agit pas, naturellement, du tournant social-démocrate imaginaire que seules l’inculture historique, la complaisance proverbiale et la dépolitisation fondamentale de certains journalistes ont pu accréditer un instant.

Politiquement, le déroulement des opérations a été au contraire remarquablement rectiligne : des premières semaines (ratification du traité européen, hausse de la TVA, crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) aux dernières en date (intermittents, pénibilité), l’inconcevable succession de reniements s’est égrenée avec une formidable constance.

D’autres journalistes ont toutefois mis le doigt sur la nature exacte du changement :

C’est dans le discours qu’il s’est passé quelque chose. Maintenant, Hollande assume, il a fait son “coming out”, etc.

A l’époque où cette antienne a émergé, ils avaient tort. Dire “social-démocratie” pour “néolibéralisme” ou bien inventer l’oxymore “socialisme de l’offre” pour “politique de droite”, c’est faire un usage des mots politiquement classique : mentir, dissimuler, se justifier par des contorsions rhétoriques, essayer d’abuser un auditoire ou de sauver les apparences.

Un homme politique fait des promesses, les électeurs font semblant d’y croire, c’est le jeu. En littérature, on appelle ça la suspension d’incrédulité. En politique, c’est une campagne électorale. A charge pour l’élu de justifier, par la suite, son incapacité à appliquer son programme malgré toute sa bonne volonté : la conjoncture, l’Europe, la crise des subprimes, etc.

Certes, l’impression de rouleau compresseur, de systématicité infernale dans l’alignement sur le patronat rendait le quinquennat de Hollande particulièrement pénible et, d’une certaine manière, encore plus violent que le précédent, mais enfin, la méthode langagière était la même : le déni en dépit du bon sens. On se souvient, par exemple, de la phrase deCahuzac à un Mélenchon éberlué : “La réforme fiscale est terminée.” C’était encore l’époque de la trahison tranquille.

La “provocation” (comme il l’a qualifiée lui-même) de Michel Sapin, déclarant que, tout compte fait, “notre amie, c’est la finance”, nous fait basculer dans une autre dimension.

Ce n’est pas seulement que ce cynisme goguenard nous dégoûte. Après tout, il y a une forme de panache dans ce crachat à la gueule des électeurs.

(Panache entaché toutefois par la précision que Sapin a cru bon d’apporter, ajoutant le ridicule à l’abjection : la “bonne finance” évoquant irrésistiblement le sketch des Inconnus sur le bon et le mauvais chasseur.) Mais c’est, d’une certaine manière, une déclaration de guerre. Le message ne peut pas être plus clair : les mots ne veulent rien dire, ils sont réversibles comme des gants, ne nous écoutez jamais, ne croyez jamais ce qu’on vous dit, on vous a entubés jusqu’à la garde, abandonnez toute espérance, après nous le déluge. Et Hollande qui ne cessait de répéter, pendant la campagne, qu’il voulait installer la gauche au pouvoir dans la durée…

L’écrivain Laurent Binet, le 11 juillet 2012. (Eric Dessons/JDD/Sipa)

L’Histoire se souviendra de ces hommes comme de la cinquième colonne du Medef, je crois que la cause est entendue. L’explication n’est sans doute pas à chercher très loin : ni soumission ni incompétence mais complicité de classe, tout simplement. Il restera quand même ce mystère : quelle ivresse, quelle étrange perversité les aura conduits à exhiber, à mettre en scène de façon aussi spectaculaire leur duplicité ?Plaisir de trahir, joie de décevoir.

“La gauche peut mourir”, dit l’assassin. Mais non, la gauche ne mourra pas. C’est elle ou vous, et ce sera vous, parce que les idées de justice sociale auxquelles vous avez tourné le dos sont éternelles, tandis que vous êtes déjà oubliés. Ce masque que Michel Sapin a laissé tomber dans son geste de folle théâtralité, il y aura toujours des gens pour le ramasser et, l’Histoire nous a aussi appris ces choses-là, certains parmi eux qui seront dignes de le porter.

Source : Nouvel Obs

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La pathétique réponse de Sapin

Michel Sapin à Laurent Binet : “Joie de l’invective, plaisir de blesser”

L’écrivain a certes la liberté de l’écriture dans l’usage des mots et des formules au service de son idéal. L’homme politique, lui, a la responsabilité de la parole et le privilège des actes qui construisent le réel.

Mais il est des bornes à tout et la violence inutile et injuste de la tribune coup de gueule de Laurent Binet m’autorise et même m’oblige à lui répondre.

Le 15 septembre 2008, la banque Lehman Brothers s’écroulait, victime d’elle-même, de ses imprudences et des impudences d’une finance débridée et livrée à elle-même. Les conséquences de cet effondrement furent terriblement douloureuses et sont encore effrayantes. Les destructions économiques, les violences sociales, les désordres budgétaires sont à l’évidence les produits de cette finance qui est la pire ennemie du développement économique, de la cohésion sociale et de l’équilibre budgétaire. Cette finance sacrifie la construction de l’avenir à l’appât du gain immédiat. Il fallait la dénoncer, cette finance, “sans nom, sans visage, sans parti”, comme l’a fait avec conviction et talent François Hollande dans son fameux discours du Bourget, discours que chacun devrait relire en entier aujourd’hui pour en percevoir tout l’élan, toute la chaleur, toute la justesse et tout l’équilibre.

Il fallait la combattre, cette mauvaise finance, en mettant en place les règles indispensables à sa domestication, en luttant contre les fraudes fiscales insolentes, contre les fortunes amassées en quelques heures sans cause et sans risque.

Il faut continuer à la combattre sans relâche, sans indulgence, sans faiblesse, cette finance qui reste et restera notre ennemie, car elle est l’ennemie de l’intérêt général et tout simplement l’ennemie des peuples et des nations.

14 janvier 2013, la croissance reprend en Europe et en France, mais elle reprend trop lentement pour reconstruire ces tissus économiques sociaux et budgétaires détruits par cette mauvaise finance. François Hollande lance le pacte de responsabilité et de solidarité. Il faut mobiliser les acteurs privés et publics pour répondre au défi majeur des mois et des années qui viennent, l’investissement et l’emploi.

Et pour investir, qu’il s’agisse d’une entreprise qui veut acheter une machine et créer un emploi, d’un particulier qui veut acquérir un logement ou d’une commune qui veut construire une crèche, il faut trouver les financements nécessaires, la finance prête à s’engager sur la longue durée, la bonne finance qui mobilise l’épargne au service des Français.

C’est le sens de l’action de la Banque publique d’Investissement ou de la mobilisation de la Banque européenne d’Investissement. C’est le sens de la réorientation progressive de l’épargne investie dans des placements sans enjeu et sans ambition vers des placements qui s’engagent dans la durée pour appuyer les entreprises, avant tout les PME PMI, et soutenir les investissements publics des collectivités.

Oui, il existe, loin des représentations totalitaires et du manichéisme des extrêmes, une finance, une bonne finance, fruit de l’épargne privée, une bonne finance qui aidera la France à retrouver la croissance créatrice d’emplois, porteuse de solidarités et source de désendettement. Car c’est cet endettement trop élevé qui met nos finances publiques entre les mains des marchés – ces mêmes marchés qui se révèlent volatils, voire voraces, à l’image de ces fonds vautours qui, aujourd’hui encore, cherchent à asphyxier un pays comme l’Argentine.

Tel est le sens évident, à qui veut bien y réfléchir quelques secondes, de ma phrase désormais fameuse, qu’il vaut mieux citer dans son intégralité pour ne pas la travestir par malhonnêteté :

La finance est mon amie, la bonne finance, la mauvaise finance est mon ennemie et le restera toujours.”

L’invective se veut blessante, mais elle rend impuissant ; elle est le masque du cynisme et de la dictature. La réflexion aide à l’intelligence et donne de la force à l’action ; elle est le visage de la conviction et de la démocratie. Oui, l’histoire nous a appris ces choses-là, ne les oublions pas.

Source : Nouvel obs

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La vision de Jean-Michel Naulot

“Notre amie c’est la finance, la bonne finance…”. Réponse à Michel Sapin.

Tribune publiée dans L’Humanité Dimanche (31 juillet 2014).

La petite phrase du ministre a beaucoup fait rire dans certains milieux mais elle a choqué nos concitoyens. En quelques mots, le ministre a vidé de son contenu le discours du Bourget. Il est vrai que la déclaration de guerre du Président à la finance devenait un peu gênante après le récent virage libéral ! Michel Sapin a en quelque sorte rendu service à un ami… Mais à quel prix ! Cela donne le sentiment que l’on peut tout dire en politique, une chose et son contraire, même sur des sujets graves. Or, c’est précisément ce double discours qui tue la politique.

En deux ans, nous avons eu plusieurs exemples de ce grand écart entre la parole et les actes. D’abord, le Traité de stabilité budgétaire (TSCG) qui devait être renégocié et qui a été signé tel quel. Angela Merkel a beau jeu de rappeler à tout propos le texte du traité. Ensuite, la loi bancaire qui avait pour objet de montrer que l’on « s’occupe de la finance » et qui n’a pratiquement rien changé dans la vie des banques. Les financements aux fonds spéculatifs n’ont même pas été filialisés. Enfin, la manière de procéder pour mener à bien le projet de taxe sur les transactions financières (TTF) a été particulièrement cynique. Pierre Moscovici avait affirmé très solennellement qu’elle devait rapporter « plusieurs dizaines de milliards d’euros » et au final nous avons eu une vraie peau de chagrin. Rien d’étonnant puisqu’il a lui-même plaidé en coulisse pour une taxe minimale. Comment nos concitoyens pourraient-ils ensuite faire confiance à leurs dirigeants politiques ?

Lorsque Michel Barnier a présenté son projet de réforme des banques systémiques, le gouvernement aurait dû immédiatement approuver le principe de l’interdiction des activités spéculatives. Au lieu de cela, on a assisté à une levée de boucliers ! Sept ans après le déclenchement de la crise financière, il est stupéfiant de constater que l’on s’interroge encore à ce sujet. On nous explique que l’Union bancaire va réduire le risque systémique mais c’est une contre-vérité. Que pèseront en cas de crise bancaire les 55 milliards du fonds de résolution ? Pour les seules banques françaises, les produits dérivés représentent plus de 90000 milliards d’euros, 45 fois le PIB. Le comble du double discours vient d’être atteint avec la déclaration du gouverneur de la Banque d’Angleterre. Mark Carney vient d’affirmer qu’il allait financer le shadow banking pour assurer le développement de la City alors qu’il préside le Conseil de stabilité financière, le bras armé du G20 en matière de régulation financière !

Le fond du problème, c’est que les dirigeants occidentaux n’ont pas pris la dimension des ravages provoqués par le capitalisme financier, un déséquilibre historique entre la finance et l’économie réelle. Ce déséquilibre ne cesse de croître avec les liquidités injectées massivement par les banques centrales, des liquidités qui s’investissent à très court terme dans la spéculation. Croire que l’on peut développer la « bonne finance » dans un tel contexte, c’est avoir une vision très réductrice des réformes qui restent à accomplir. C’est le système qu’il faut changer. Tant que l’on n’aura pas réduit ce déséquilibre, on s’exposera à des crises systémiques. Dédramatiser le débat comme vient de le faire le ministre, c’est prendre le risque de différer les vraies réformes.

Post-scriptum (11 août) : Dans l’édition du Nouvel Observateur du 7 août, Michel Sapin tente de réduire la portée de sa déclaration d’Aix-en-Provence en précisant qu’il a ajouté : « La mauvaise finance est mon ennemie et le restera toujours ». Mais cette précision du ministre ne change rien quant au fond. Elle énonce une évidence. Quel homme politique, de droite ou de gauche, quel économiste oserait affirmer le contraire ? La contradiction entre la déclaration d’Aix et le discours du Bourget ne se limite pas à des problèmes de sémantique. Cela n’a pas échappé à nos concitoyens. J.M. N.

Source : son blog 

Source: http://www.les-crises.fr/francois-hollande-plaisir-de-trahir-joie-de-decevoir-par-laurent-binet/


Énorme : BHL à la télé ukrainienne…

Tuesday 12 August 2014 at 13:50

Du “grand” Bernard-Henri Lévy…

Alors bonus pour les plus courageux : le passage de BHL à la télé ukrainienne ! (toute mon estime à ceux qui iront jusqu’au bout)

TRANSCRIPTION : 

0:15 La révolution est finie mais pas la guerre. L’Ukraine est victime d’une agression, une agression brutale de la part de Monsieur Poutine. Pas le peuple russe, Poutine ! 

0:33 Et je suis venu soutenir le peuple Ukrainien Je suis venu saluer la ville d’Odessa, et je serai demain soir à l’opéra d’Odessa pour jouer une pièce que j’ai écrite pour l’Ukraine

0:56 C’est une pièce de théâtre pour l’Ukraine et sur l’Ukraine, sur l’Ukraine européenne, sur la grande tradition européenne de l’Ukraine, demain soir, à l’opéra d’Odessa, je vais dire qu’Odessa est une grande ville européenne. Demain soir, à l’opéra d’Odessa, je vais dire qu’Odessa est une capitale de Europe et je vais venir saluer, très humblement (sic) l’esprit de résistance européen d’Odessa. C’est pour ça que je suis venu

1:58 Vous savez, les peuples, le peuple Europe est avec vous. Les dirigeants sont frileux, les dirigeants ont peur de Poutine, nos dirigeants. Mais nos (sics) peuples sont avec vous. Ils admirent la résistance du peuple ukrainien, ils admirent ce qui c’est passé sur le Maïdan, à Kiev et à Odessa, donc il faut bien que vous compreniez cela. Je suis ici le représentant de ces opinions publiques européennes, ces opinions publiques elles savent que le coeur de Europe bat à Odessa, et demain soir à l’Opéra, c’est ça que je vais dire. Le coeur battant de l’Europe, il est à Odessa. Et c’est pas moi qui le pense, c’est la majorité du peuple français, c’est la majorité des peuples européens, et je suis ici, leur modeste porte parole, leur modeste représentant.

Question inaudible

3:30 En tout cas c’est une belle révolution et c’est une belle révolution européenne. Le personnage de ma pièce, demain soir, dit la chose suivante : Il dit, au fond, en Ukraine c’est la première fois que des jeunes hommes et des jeunes femmes meurent en serrant dans leurs bras le drapeau de l’Europe. Aucun français, aucun allemand n’est mort en serrant dans ses bras le drapeau de l’Europe. Sur le Maïdan à Kiev, oui, la centurie céleste des morts du Maïdan ce sont des hommes et des femmes qui sont morts pour l’Europe. C’est ça que je dis demain soir à l’opéra d’Odessa. Et pour une européen comme moi c’est tellement émouvant, la jeunesse de Kiev et la jeunesse d’Odessa nous a donné une grande leçon d’Europe, voila pour moi le sens de cette révolution.

Question “les paroles ne peuvent pas retourner les vies humaines” (?)

5:21 Écoutez ! J’espère que Europe ne se contentera pas de paroles, j’espère qu’il y aura de plus en plus d’actes de solidarité. Un exemple ! Mon pays, la France, comme vous le savez a promis eux navires à la Russie, deux Mistral, ça n’est pas possible, la France ne peut pas livrer à Poutine, aujourd’hui des navires de guerre. Le président Hollande qui a reçu le président Porochenko, ne peut pas livrer des bateaux de guerre à Poutine. Alors ça je le dis ici, je le dis dans la pièce de demain à l’opéra d’Odessa, mais je le dis aussi à Paris, et je le dis aussi au président français Hollande et j’espère que je gagnerai. J’espère que ces bateaux ne seront pas livrés. J’espère que ces contrats seront rompus.

7:00 Parce que le commerce c’est bien, mais la morale c’est tellement mieux et tellement plus important et la morale aujourd’hui elle est du coté de l’Ukraine. Et la violence, la barbarie, le fascisme sont du coté de Poutine. La France doit choisir son camp et je pense qu’elle en train de le choisir. C’est une information exclusive que je vous donne là ! (sourire pincé du présentateur)

(question inaudible)

7:47 Non, non, non ! J’ai dit le contraire, sur le Maïdan à Kiev j’ai dit “Attention ! Poutine est capable de tout, Poutine est un impérialiste, Poutine est un néo-fasciste, Poutine est inspiré par un idéologue qui s’appelle Douguine Et le plan de Douguine c’est l’Eurasie, donc l’Ukraine”. J’ai dit ça sur le Maïdan. J’ai dit aux jeunes du Maïdan : Attention ! Vous avez face à vous un adversaire redoutable, capable de tout.

8:45 Je vais aller voir tout à l’heure des blessés, des réfugiés du Dombass ; pour moi ce sont des héros d’ailleurs, ils affrontent une des plus puissantes armée du monde. L’Europe a peur de Poutine, les militaires dans le Dombass n’ont pas peur de Poutine. Les civils dans Dombass n’ont pas peur de Poutine, ils sont les sentinelles de Europe, je vais donc aller les saluer et je vais leur dire comme sur le Maïdan à Kiev : “Vous êtes braves , mais Poutine est barbare, il est capable de tout !”

Question “démonisation de Poutine”

9:55 Il y a une tradition en Europe qui s’appelle “l’esprit de Munich”, c’était en 1938, face à Hitler, ont a donné à Hitler ce qu’il voulait : les Sudètes, la Tchécoslovaquie, l’Autriche et on a dit “Ouf, on a la paix !”. Ça, ça s’appelle “l’esprit de Munich”. C’est une vieille tradition européenne, une tradition horrible, une tradition honteuse, une tradition contre laquelle je me suis battu toute ma vie et contre laquelle je me bat encore, et bien c’est cette tradition qu’on voit revenir à propos de Poutine. L’Europe a peur de Poutine comme elle avait peur d’Hitler, mais ce qu’elle ne comprend pas, c’est que les gens comme Hitler ou comme Poutine il faut les arrêter tout de suite. Plus on attend plus ce sera difficile. C’est pas la même chose Hitler et Poutine, naturellement, naturellement, mais l’attitude de Europe c’est la même, c’est “l’esprit de Munich” et c’est ce contre quoi la pièce que vous allez voir demain soir, c’est ce contre quoi elle se bat.

11:43 J’ai écris une pièce contre “l’esprit de Munich”, contre le défaitisme des Européens. Les Européens ont peur de leur ombre, c’est ça que dit “Hôtel Europe”. “Hôtel Europe” qui aurait pu s’appeler “Hôtel Ukraine”. C’est un hôtel qui a brûlé à Sarajevo, il y a 20 ans, bombardé par les Serbes. “Hôtel Ukraine” c’est le nom d’un hôtel sur le Maïdan à Kiev, qui a brûlé aussi, à cause des tirs des Berkut. “Hôtel Europe”, “Hôtel Ukraine”, la Serbie, la Russie, la résistance des gens de Sarajevo, la résistance du Maïdan, tout ça se mélange dans ma pièce, parce que c’est la même histoire qui se répète.

Trop fort, l’”Hôtel Ukraine” était tenu par les Maidan, et c’est de là que sont partis certains tirs de snipers sur les manifestants…

13:08 La barbarie des hommes d’un coté et l’esprit de résistance et l’héroïsme et la grandeur des hommes de l’autre coté. Et moi j’admire l’esprit de résistance, j’admire cet esprit de grandeur qui s’empare de gens simples, à Kiev et à Odessa comme à Sarajevo où comme en France à l’époque de la résistance contre le nazisme, des gens simples saisis par la grandeur qu’ils ont en eux, c’est la sujet de la pièce que vous allez voir demain soir, et c’est la chose au monde qui me semble la plus belle et c’est ce que je suis venu dire à Odessa.

Question : “ne va t’on pas découvrir dans un an que nous sommes les Sudètes que Hitler a pris en premier ?”

14:28 Je ne crois pas que vous serez les Sudètes, parce que vous avez une armée qui se bat, et parce que vous avez des civils qui résistent. Vous savez, pendant la campagne électorale, j’étais avec le futur président Porochenko dans certaines villes de l’Est, j’ai accompagné le candidat Porochenko dans des villes que l’on appelle en France, en europe des villes russophones ou même séparatistes, je n’ai pas vu ça moi, j’ai vu des patriotes Ukrainiens, j’ai vu des antis-impérialistes, c’est à dire des antis-Poutine. J’ai vu des dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui venaient écouter Monsieur Porochenko et qui venaient dire leur amour de l’Ukraine, une et indivisible. Donc vous ne perdrez pas. J’en prends le pari aujourd’hui. Cette Ukraine que l’on disait faible il y a six mois, elle est forte aujourd’hui, elle est fière et elle gagnera. Ce sera mon message aussi demain soir à l’opéra.

“Merci de votre visite”

P.S. je rappelle qu’Orwell était parti combattre en 1936. BHL peut bien choisir le camp qu’il veut, mais ce dont ce camp a besoin, c’est d’un philosophe qui prenne les armes et vienne l’aider, pas d’un bobo venant jouer une pièce de théâtre…

30 ans d’escroquerie intellectuelle :

a

Source: http://www.les-crises.fr/enorme-bhl-a-la-tele-ukrainienne/


[Reprise] Modi conduit l’Inde sur la Route de la Soie, par M.K. Bhadrahumar

Tuesday 12 August 2014 at 04:30

Ça fait du bien un peu d’intelligence géopolitique…

Par M.K. Bhadrahumar. Article publié dans rediffNEWS, le 7 août 2014: Modi leads India to the Silk Road (traduction: JFG-QuestionsCritiques).

Avec Pékin qui repense de fond en comble l’admission de l’Inde en tant que membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai, les plaques tectoniques de la géopolitique d’un énorme pan de la planète, s’étendant de l’Asie-Pacifique à l’Asie occidentale, se déplacent spectaculairement.

JFG-Modi.jpg

A première vue, la Chine a été jusqu’à présent réticente à l’admission de l’Inde en tant que membre à part entière de l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS).

Selon les dernières informations, Pékin aurait revu sa position de fond en comble.

Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OCS, jeudi dernier à Douchanbe, au Tadjikistan, il a été décidé que le groupe invitera officiellement l’Inde, le Pakistan, l’Iran et la Mongolie, en tant que membres, lors du prochain sommet de l’OCS en septembre prochain.

On peut être sûr que la Russie s’en réjouira. Un expert à Moscou a rapidement estimé que l’admission de l’Inde dans l’OCS ouvrira la voie au groupe pour qu’il tienne bon en tant que « centre de pouvoir de la politique mondiale ».

Ne vous y trompez pas, ces plaques tectoniques de la géopolitique d’un pan immense de la planète, s’étendant de l’Asie-Pacifique à l’Asie occidentale, se déplacent de façon spectaculaire, et ce crissement dans les steppes d’Asie Centrale se fera entendre très fort dans le lointain – jusqu’en Amérique du Nord.

Une grande question reste en suspens : Qu’est-ce qui a poussé la Chine à revoir sa position ?

Nous savons que lors de la rencontre d’une heure et demie entre le Premier ministre (indien) Narendra Modi et le Président chinois Xi Jinping, à Fortaleza au Brésil, en marge du récent sommet des BRICS, la question du rôle de l’Inde dans l’OCS a été abordée.

Plusieurs raisons pourraient être attribuées à la « nouvelle réflexion » de Pékin. Avant tout, la Chine a peut-être le sentiment que sous la direction de Modi, l’Inde est prête à poursuivre une politique étrangère véritablement indépendante.

L’idée d’une « politique étrangère indépendante » a été un cliché dans le discours indien, que les gouvernements successifs ont fait circuler de façon cavalière.

Mais la vérité crue est que depuis que l’Inde s’est embarquée dans des réformes économiques, il y a une vingtaine d’années, le monde occidental industrialisé – les Etats-Unis en particulier – s’est arrogé la situation centrale dans le calcul indien.

Des changements subtils de la trajectoire de la politique étrangère indienne, fortement aidés par les groupes d’intérêts et les lobbies indiens, en ont résulté.

Au cours des dix dernières années, sous la direction du Premier ministre Manmohan Singh, cette tendance est devenue très prononcée, et l’Inde a parfois semblé succomber aux charmes d’une nouvelle forme d’enfermement – de l’esprit.

Il n’est pas surprenant que l’hésitation de la Chine était nourrie jusque-là par son inquiétude tacite que l’Inde pourrait travailler pour les Américains au sein du camp de l’OCS, à la façon d’un « cheval de Troie », ce qui était évidemment inacceptable puisque ce groupe a été d’une importance capitale pour Pékin dans la poursuite de sa politique régionale, ainsi que pour protéger son intégrité territoriale et sa sécurité nationale.

C’est à partir d’un tel point de vue que l’imprimatur de Modi, qui est déjà visible dans la politique étrangère de l’Inde, doit être jugé. Manifestement, la globalité de la politique étrangère indienne est remise à l’heure.

Modi s’en est allé à la réunion des BRICS en frétillant comme un poisson dans l’eau, ce qui a surpris la plupart des observateurs indiens qui s’imaginaient que les groupes d’intérêts qui ont soutenu le plus bruyamment sa candidature dans les élections législatives d’avril dernier attendaient de lui qu’il suive une « politique étrangère pro-américaine, motivée également par le besoin impérieux d’adopter une approche musclée dans les relations indiennes problématiques avec la Chine et le Pakistan.

Cependant, les rencontres de Modi en marge du sommet des BRICS avec Xi Jinping et le Président russe Vladimir Poutine ont réveillé sa conviction que les intérêts à long terme de l’Inde sont mieux servis en forgeant des partenariats stratégiques étroits avec ces deux puissances mondiales.

Une fois encore, selon toute attente, plutôt que de d’adopter une position belliqueuse, Modi a lâché les colombes de la paix dans les cieux de l’Asie du Sud.

Et surtout, il a pris la décision audacieuse d’exiger de Delhi de ne pas ratifier pas l’accord de l’OMC sur la facilitation des échanges qui mettait en danger la sécurité alimentaire de l’Inde.

Modi a pris cette décision dans l’intérêt national, impassible quant au fait qu’il doit se rendre aux Etats-Unis, et anticipant qu’elle sera vue comme un acte peu obligeant par l’administration de Barack Obama et qu’elle agacera l’establishment à Washington et les lobbies d’affaires américains.

Ce qui ressort de tout ceci est que Modi a une vision mondiale concernant les relations mutuelles des forces au plan international aujourd’hui et qu’il peut mesurer où se trouvent les intérêts essentiels de l’Inde.

Modi est un personnage solitaire et énigmatique et il n’a quasiment rien dit sur la politique mondiale, mais il semble y avoir beaucoup réfléchi dans l’intimité de son esprit. On ne prend pas beaucoup de risques en disant cela.

Inutile de dire que Modi a soutenu l’émergence de la banque de développement des BRICS avec beaucoup de circonspection, sachant pleinement qu’une telle mesure défie la domination du dollar américain dans l’économie mondiale et qu’elle sapera sérieusement le système de Bretton Woods qui a fourni un soutien vital pour l’avancement et la préservation de l’hégémonie planétaire des Etats-Unis au cours des dernières décennies.

S’il l’on veut s’aventurer à formuler une construction intellectuelle sur de telles tendances, comme on a pu le voir au cours des 70 derniers jours, lesquelles pourraient finalement s’intégrer à la « Doctrine Modi », cela comprendrait probablement les éléments suivants :

Les éléments ci-dessus sont plus ou moins visibles et leur interaction présente une vision engageante.

Les sinistres prédictions concernant Modi en tant qu’homme se sont avérées être largement des idioties – par exemple, qu’une vilaine confrontation entre l’Inde et le Pakistan était inévitable une fois que Modi deviendrait Premier ministre.

Ou que l’ALP chinoise [l’armée de libération du peuple] « testerait » le cran de Modi en établissant une tente ou deux sur le territoire indien disputé.

Mais rien de la sorte ne s’est produit. Les analystes perspicaces, au contraire, ont noté quelques attitudes accommodantes de la part de la Chine envers l’Inde au cours de la période la plus récente.

De la même manière, c’est avec la Chine, jusqu’à présent, que Modi a engagé le dialogue le plus intensément.

Un corpus important d’experts indiens a catégoriquement prédit que Modi formerait un axe avec son homologue japonais Shinzo Abe pour contrer l’« assurance » de la Chine dans la région Asie-Pacifique.

Il est toutefois singulier que lorsque Modi ira voir Obama (ou Abe), il aura déjà rencontré deux fois Xi Jinping.

Si l’on retourne à l’adhésion imminente de l’Inde à l’OCS, il y a trois saillants qui attirent l’attention.

Premièrement, le moment choisi par l’OCS pour décider d’admettre l’Inde ; deuxièmement, comment l’OCS est prête à évoluer ; et troisièmement, ce que peut tirer l’Inde de cette adhésion à l’OCS. Chacun de ces points nécessite d’être exposé minutieusement.

JFG-Kerry-Modi.jpg

Durant sa visite à New Delhi la semaine dernière, un regroupement de médias a demandé au ministre des Affaires étrangères John Kerry (à gauche sur la photo, en compagnie du Premier ministre Modi et de sa ministre des Affaires Sushma Swaraj) où se situerait l’Inde dans l’ordre des choses selon Washington en ce qui concerne les récentes sanctions prises contre la Russie.

Kerry a reconnu qu’il était déçu mais semblait résigné devant la position de l’Inde. « Nous serions évidemment très contents que l’Inde nous rejoigne à ce sujet (les sanctions). Mais c’est à eux de décider. C’est le choix de l’Inde ».

Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’OCS prend cette décision d’admettre l’Inde en son sein à un moment décisif de la politique de l’ère de l’après-guerre froide.

L’adhésion de l’Inde à l’OCS avance à grand pas avant la toute première rencontre entre Modi et Obama [en septembre prochain]. Le point important est que l’OCS prend également une décision calculée d’inviter l’Inde à devenir membre à part entière.

La toile de fond de cette décision de l’OCS est extrêmement pertinente. Les Etats-Unis poursuivent une double politique d’endiguement vis-à-vis de la Russie et de la Chine, les deux principaux acteurs de l’OCS. Les Etats-Unis, d’un autre côté, ont courtisé assidûment l’Inde en tant qu’alliée stratégique.

Du point de vue des Américains, l’adhésion de l’Inde à l’OCS impactera inévitablement la trajectoire future du partenariat stratégique indo-américain, alors même que l’Inde sera indisponible comme « contrepoids » contre la Chine ou comme complice pour « isoler » la Russie.

L’inde étant une puissance majeure en Asie, sa politique de « non-alignement » fait grincer la stratégie de rééquilibrage des Etats-Unis.

Sur un plan plus fondamental, il faut comprendre que si l’OCS a souvent été appelée « l’Otan de l’Est », ce n’est pas sans raison – bien que ce regroupement soit loin d’être une alliance militaire au sens classique du terme.

L’OCS a refusé le vide de sécurité apparaissant en Asie Centrale, que l’OTAN a peut-être saisi comme alibi pour y mettre les pieds. Formulé différemment, tant que l’OCS est là, l’expansion de l’OTAN vers l’Est au-delà du Caucase reste bloquée.

En attendant, il faut aussi prendre en compte que l’OCS et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) travaillent main dans la main sur la sécurité régionale.

Ces deux organisations défient la stratégie des Etats-Unis de projeter l’Otan comme une organisation mondiale de sécurité.

L’admission de l’Inde, du Pakistan, de l’Iran et de la Mongolie constitue un revers majeur pour les stratégies des Etats-Unis dans cette région.

Pour une bonne raison, une OCS élargie apporte une « profondeur stratégique » à la Russie. Les sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre la Russie seront rendues encore plus impuissantes.

L’OCS affaiblit l’emprise américaine dans les négociations sur l’Iran, alors que le régime de sanctions destiné à isoler l’Iran devient non viable.

Elle paralyse la stratégie américaine de « pivot » en Asie et réduit la capacité des USA à dicter ses conditions à l’Afghanistan (ou au Pakistan).

En termes stratégiques, la réalité frappante est que d’ici la fin de l’année, l’OCS comptera parmi ses membres quatre puissances nucléaires plus une « puissance au seuil du nucléaire ».

En termes géopolitiques, l’OCS sortira d’Asie Centrale et ira tremper ses orteils dans l’Océan Indien et le Golfe Persique.

Il est entièrement concevable qu’à un moment ou un autre, dans un avenir plus proche qu’éloigné, les pays de l’OCS commenceront à effectuer leurs échanges commerciaux dans leurs monnaies nationales, créant des institutions bancaires pour financer les projets interrégionaux et formant des régimes commerciaux préférentiels.

Il est inutile de dire qu’avec l’Inde, le Pakistan et l’Iran dans le camp de l’OCS, ce regroupement devient un acteur de premier plan en Afghanistan.

La montée en puissance de l’OCS entrave sérieusement la capacité des Etats-Unis de manipuler les forces de l’Islam radical et du terrorisme comme instruments de politique régionale en Asie Centrale et en Afghanistan.

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Il ne fait aucun doute, selon le point de vue afghan, que l’OTAN cesse d’être seul en scène. Cela ne peut que renforcer l’indépendance de l’Afghanistan et permettre à ce pays de regagner sa souveraineté nationale.

Une OCS élargie ne peut que voir avec inquiétude le jeu des Etats-Unis et de l’Otan visant à établir des bases militaires en Afghanistan et à déployer le système de défense antimissile dans l’Hindou-Kouch.

En somme, l’enrôlement de l’Inde, du Pakistan et de l’Iran changerait complètement la donne pour l’OCS. Pour la première fois dans l’histoire moderne, une organisation de sécurité collective prendrait forme sur un immense territoire peuplé de quelque trois milliards de personnes.

Cela donnerait un coup de fouet significatif à l’élan vers la multipolarité de la politique mondiale en défiant le rôle central de l’ONU pour faire respecter la loi internationale.

Comment l’Inde peut-elle faire usage de sa qualité de membre de l’OCS. Il y a quatre ou cinq directions dans lesquelles la diplomatie indienne peut espérer explorer de nouvelles frontières. L’histoire de l’OCS fournit quelques indications utiles.

Depuis sa conception au milieu des années 1990, l’OCS a fourni une plate-forme à la Russie, à la Chine et aux Etats d’Asie Centrale, pour tourner la page des fantômes du passé, à savoir le legs amer des animosités de l’ère soviétique.

L’OCS a offert un nouveau modèle de relations fondé sur l’égalité, le partage des préoccupations et la communauté des intérêts, qui, à son tour, a aidé à créer la confiance conduisant à la résolution de leur disputes frontalières et l’harmonisation de leurs objectifs en matière de sécurité régionale.

Il y a là beaucoup de matière à réflexion pour l’Inde. Une fenêtre d’opportunité s’ouvre pour les diplomates indiens de travailler avec la Chine et le Pakistan dans un esprit similaire à ce qu’a fait la Chine avec ses adversaires d’autrefois de l’ère soviétique.

Une fois encore, ce n’est pas une mince affaire que les chefs militaires ou de l’espionnage de l’Inde, de la Chine et du Pakistan puissent se réunir et agir ensemble sous la tente de l’OCS sur une base régulière et dans un cadre institutionnalisé, échanger des notes et commencer à rechercher des solutions aux problèmes régionaux.

Pour le moins, le risque d’un conflit entre l’Inde et le Pakistan pour le contrôle de l’Afghanistan serait minimisé, ce qui encouragerait le Pakistan, espérons-le, à prendre un nouveau cap lui faisant abandonner son obsession pour la « profondeur stratégique ».

Curieusement, l’adhésion à l’OCS fait des Indiens et des Pakistanais des compagnons d’armes pour stabiliser l’Afghanistan. Bien sûr, un tel revirement des évènements ne peut qu’avoir des retombées positives sur le climat général des relations indo-pakistanaises.

Une fois encore, l’OCS permet à l’Inde de faire monter en régime sa politique régionale et ce n’est pas un petit gain que la sécurité régionale ne soit pas prise en otage par la politique imprévisible et capricieuse des Etats-Unis vis-à-vis de l’Afghanistan.

Finalement, la Route de la Soie en tant que telle bénéficierait d’une embellie massive et, au sein de la structure de l’OCS, l’Inde pourrait aspirer à avoir un meilleur accès à l’Afghanistan et à l’Asie Centrale.

La sécurité énergétique de l’Inde a besoin également d’être renforcée. Le temps est peut-être venu pour la création d’un club énergétique de l’OCS, une idée qui a été soulevée en premier par Poutine, il y a une dizaine d’années.

De nouvelles possibilités se font jour pour les projets énergétiques trans-régionaux sous les auspices de l’OCS, comme le gazoduc Iran/Pakistan/Inde.

En termes généraux, l’adhésion à l’OCS rend la situation internationale dominante très favorable pour le développement général de l’Inde et son ascension en tant que puissance mondiale.

La meilleure chose à propos de l’OCS est qu’elle n’est pas dogmatique et que l’Inde peut préserver son « autonomie stratégique ». L’OCS n’est pas non plus dirigée contre quelque pays que ce soit de la communauté mondiale.

Bref, les Etats membres sont entièrement libres de poursuivre leur politique étrangère en accord avec leurs priorités nationales respectives.

C’est-à-dire que la qualité de membre de l’OCS ne fait pas obstacle au renforcement et à l’expansion de la coopération de l’Inde avec les Etats-Unis, laquelle présente de multiples facettes.

Au contraire, elle ne fait qu’améliorer la capacité de l’Inde de négocier une relation avec les Etats-Unis qui se baserait vraiment sur un pied d’égalité.

Inutile de dire que la qualité de membre de l’OCS donne une raison d’être supplémentaire et de la verve à la politique non-alignée de l’Inde.

Au cours des soixante dernières années, ou depuis que l’idée du non-alignement est née, le monde a changé de façon phénoménale et l’Inde s’est aussi transformée à en devenir méconnaissable. Mais l’idée du non-alignement en tant que tel continue d’avoir une très grande pertinence pour l’Inde.

Le défi intellectuel pour la diplomatie indienne aujourd’hui se trouve dans la réinterprétation de l’idée du non-alignement en accord avec l’esprit de notre époque, qui est caractérisé par la multipolarité de la politique internationale, afin de satisfaire les besoin de l’Inde dans la période à venir, en tant que puissance émergente.

C’est aussi ce que Jawaharlal Nehru aurait espéré que Modi fasse, en tant que successeur de valeur présidant au rendez-vous de l’Inde avec son destin à un tournant crucial de la politique mondiale.

Tout bien considéré, l’adhésion de l’Inde à l’OCS signifierait par conséquent que le gouvernement de Modi tire l’Inde à bout de bras en direction d’un monde multipolaire où les options politiques et diplomatiques du pays se multiplieront.

M.K. Bhadrahumar

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Autre point important, pour illustrer (ça fait toujours du bien de voir Le Monde avoir de la peine)

Sérieux revers pour l’OMC après l’échec de l’accord « historique » de Bali

Le Monde.fr avec AFP | 01.08.2014

C’est un « non » qui fait tout basculer. En raison du blocage du nouveau gouvernement indien, les 160 Etats membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont échoué, jeudi 31 juillet, à adopter le texte conclu à Bali lors de leur dernière conférence ministérielle en décembre 2013.

L’accord « historique », obtenu le 7 décembre 2013 après bien des tractations, portait sur la libéralisation des échanges commerciaux. Il s’agissait surtout du premier accord signé depuis la création de l’organisation en 1995, la sauvant ainsi de l’obsolescence, au prix toutefois d’une réduction de ses ambitions. L’accord de Bali ne répond en effet pas aux espoirs et ambitions de l’OMC d’une abolition globale des barrières douanières, exprimés tout au long des douze années de négociations infructueuses à Doha.

Les ambassadeurs avaient jusqu’au 31 juillet minuit pour s’accorder définitivement sur le texte. Le directeur de l’OMC, le Brésilien Roberto Azevedo, s’est entretenu toute la journée jeudi avec les coordinateurs des groupes régionaux au sein de l’OMC pour essayer de débloquer la situation, mais sans y parvenir.

« Nous n’avons pas pu trouver une solution qui nous permettrait de rapprocher les points de vue. Nous avons essayé tout ce que nous pouvions. Mais cela n’a pas été possible. »

M. Azevedo a par ailleurs instamment prié les membres de l’OMC de « réfléchir longuement et sérieusement aux répercussions de ce revers ». M. Azevedo n’a pas caché ses préoccupations pour la suite du processus de négociations à l’OMC.

Cet avis a été partagé par l’ambassadeur américain auprès de l’OMC, Michael Punke :

« Nous sommes évidemment tristes et déçus de voir qu’une petite poignée de pays n’étaient pas disposés à tenir leurs engagements pris à la conférence de Bali en décembre. Nous sommes d’accord avec le directeur général pour dire que cette action a placé l’institution sur un terrain très incertain. »

Lire l’éclairage de 2013 : « L’accord de Bali est d’une portée limitée et a surtout sauvé le crédit de l’OMC »

UN SEUL PAYS PEUT TOUT BLOQUER

L’accord conclu en décembre représente moins de 10 % du vaste programme de réformes lancé à Doha et concerne trois volets : l’agriculture, avec un engagement à réduire les subventions à l’export, l’aide au développement prévoyant une exemption accrue des droits de douane aux produits provenant des pays les moins avancés, et la « facilitation des échanges », qui ambitionne de réduire la bureaucratie aux frontières.

L’accord prévoyait aussi d’être adopté par tous les pays membres avant le 31 juillet à minuit. Mais le nouveau gouvernement indien est revenu la semaine dernière sur cet accord, en demandant qu’une solution permanente aux stocks alimentaires soit négociée d’ici au 31 décembre 2014, alors qu’à Bali, l’Inde avait accepté un moratoire jusqu’en 2017. A l’OMC, les décisions doivent être adoptées par consensus, et un seul pays peut tout bloquer.

ESPOIR AVEC LA VISITE DE JOHN KERRY EN INDE

Les Etats-Unis, l’Union européenne, les autres pays occidentaux dont la Suisse ainsi que beaucoup de pays en développement avaient regretté le durcissement de la position de l’Inde.

Un espoir de déblocage résidait dans la visite en Inde, jeudi, du secrétaire d’Etat américain John Kerry, à la tête d’une forte délégation, pour présider le cinquième dialogue annuel stratégique entre les Etats-Unis et l’Inde. Mais le gouvernement de New Delhi avait fait savoir qu’il n’entendait pas revenir sur sa position.

Source : Le Monde

Source: http://www.les-crises.fr/modi-conduit-linde-sur-la-route-de-la-soie/


BHL, UE, OTAN : Quand Porochenko perd les pédales…

Tuesday 12 August 2014 at 02:26

Rencontre entre Bernard-Henri Lévy et le Président Petro Porochenko, le 6 août 2014

Tiré du blog de BHL.

Communiqué de la présidence ukrainienne datant du 6 août 2014

Le Président Petro Porochenko s’est entretenu avec Bernard-Henri Lévy, philosophe et essayiste français de renommée mondiale.

Le Président lui a exprimé sa reconnaissance pour son soutien au peuple ukrainien. Le Chef de l’État a qualifié de « très symbolique », l’appellation « Format de Normandie » donné aux négociations de paix entre les délégation ukrainienne, allemande, française et russe. Il a également mis en avant l’implication de Bernard-Henri Lévy dans la mise en oeuvre de ces négociations.

Le Chef de l’État a ensuite souligné qu’à l’heure actuelle, les Ukrainiens étaient bercés par un sentiment d’unité et d’enthousiasme sans précédent.

Selon le Président Petro Porochenko, après la victoire de l’Ukraine et le rétablissement de la paix dans tout le pays, l’entrée dans l’Union européenne sera pour lui une perspective fondamentale. «Suite aux événements du Maydan, un nouvel État a émergé, une identité consciente, pour lequel le sens d’appartenir à l’Europe, la fidélité à ses valeurs et la conscience de sa responsabilité pour son propre avenir sont une partie intégrante», a–t-il dit.

M. Bernard Lévy a indiqué également la raison de son voyage en Ukraine : la lecture de sa pièce Hôtel Europe. Une avant-première de la pièce avait déjà été présentée à Sarajevo, le 27 juin, et c’est maintenant au tour d’Odessa, ce 8 août. «La Bosnie et l’Ukraine sont deux point douloureux de l’Europe qui saignent. L’Ukraine est l’un des derniers pays qui continue à avoir confiance en l’Europe», – a dit M. Lévy. Selon lui, jouer à Odessa est très symbolique: la ville est à la fois cosmopolite, multiculturelle, ouverte et, surtout, c’est une ville ukrainienne. «Ce spectacle, c’est mon cadeau», – a déclaré M. Lévy, en ajoutant que les tickets étaient gratuits, et qu’il comptait consacrer les sommes réunies au titre des contributions volontaires pour répondre aux besoins des soldats ukrainiens.

Source Originale sur le site de Porochenko

Porochenko a remis à M. Fogh Rasmussen (OTAN) l’Ordre de la liberté ukrainien, le 7 août 2014

Source

Voici le communiqué sur le site de l’OTAN :

L’Ukraine peut être assurée du soutien de l’OTAN, a déclaré le secrétaire général à Kiev

L’OTAN se tient aux côtés de l’Ukraine et, au sommet que l’Alliance tiendra le mois prochain au pays de Galles, elle cherchera à renforcer le partenariat qu’elle entretient avec ce pays, a déclaré le secrétaire général, M. Anders Fogh Rasmussen, au cours de sa visite à Kiev ce jeudi 7 août 2014. « Le soutien de l’OTAN en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine est indéfectible. Notre partenariat existe de longue date. Nos liens sont solides, et en réponse à l’agression russe, l’OTAN coopère d’autant plus étroitement avec l’Ukraine à la réforme des forces armées et des institutions de défense de ce pays », a-t-il ajouté.

Le secrétaire général a envisagé avec le président ukrainien Petro Porochenko la manière de renforcer le partenariat entre l’OTAN et l’Ukraine. Il s’est également entretenu avec le premier ministre Arseniï Iatseniouk, le ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkine et le président du Parlement Oleksandr Tourtchynov.

Le président Porochenko a remis à M. Fogh Rasmussen l’Ordre de la liberté ukrainien, pour sa contribution personnelle au développement des relations OTAN-Ukraine et son soutien en faveur de la souveraineté de l’Ukraine. « Nous soutenons l’Ukraine et votre combat pour la défense des principes fondamentaux sur lesquels nous avons construit nos sociétés libres », a-t-il déclaré en acceptant cette récompense.

En signe du ferme soutien et de la solidarité de l’OTAN, les Alliés ont décidé d’organiser une réunion spéciale avec l’Ukraine au sommet que l’OTAN tiendra le mois prochain au pays de Galles, ce qui contribuera à « rendre notre partenariat encore plus fort », a déclaré le secrétaire général. L’OTAN prodigue déjà à l’Ukraine des conseils en matière de planification de défense et de réforme de la défense, et l’Alliance est prête à intensifier son soutien. En juin, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN sont également convenus d’établir quatre fonds d’affectation spéciale pour aider l’Ukraine. Ceux-ci pourraient couvrir des domaines comme le commandement et le contrôle, la logistique et la reconversion des personnels militaires retraités.

Comme l’a indiqué le secrétaire général lors d’une conférence de presse, la Russie continue de déstabiliser l’Ukraine, plutôt que d’engager une désescalade, et a massé un grand nombre de forces à la frontière ukrainienne afin de protéger les séparatistes et d’utiliser n’importe quel prétexte pour intervenir plus avant.

« J’appelle donc la Russie à faire machine arrière. À s’éloigner de la frontière. À ne pas invoquer le maintien de la paix comme excuse pour faire la guerre. Je demande instamment à la Russie de suivre la voie de la paix. De cesser d’apporter son soutien aux séparatistes. De retirer ses troupes de la frontière ukrainienne. Et de s’engager dans un dialogue sincère en vue d’une solution pacifique », a-t-il déclaré.

OB : Ils vont finir par déclencher l’entrée de la Russie en Ukraine avec leur folie de l’OTAN – de toutes façons, elle est DÉJÀ sanctionnée… Et puis, pas d’angélisme, une structure qui est faite pour faire la guerre cherchera toujours à augmenter les tensions – sans quoi elle mourra, ce qu’aucune structure ne désire… 

Source: http://www.les-crises.fr/quand-porochenko-perd-les-pedales/


(Un autre imposteur) Ukraine : quand Poutine montre ses petits (tout petits) muscles… par Benoit Rayski

Monday 11 August 2014 at 15:10

Tiens, dans la série Chronique de la haine ordinaire, encore un grand texte montrant la russophobie de personnes aux racines polonaises… (parue sur Atlantico). Je n’ai pas souligné les propos débiles, sinon j’aurais dû tout souligner…

Benoit Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il est l’auteur de XXX qui dénonce l’ “anti-sarkozysme primaire” ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L’Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

P.S OB : Je lis sur Wikipedia, renvoyant ici : “En novembre 2012, il se définit comme « islamophobe de gauche et de droite »”. N’étant ni l’un, ni l’autre, j’aimerais bien savoir la différence philosophique profonde avec un judéophobe par exemple ? Quelle tristesse venant du fils d’un héros de la Résistance - il devrait savoir où ça mène la haine…

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Face aux sanctions occidentales, le tsar de toutes les Russies a pris des mesures de rétorsion. Elles sont plutôt comiques.

Ah, on allait voir ce qu’on allait voir ! Poutine Le Grand, Poutine Le Fort, Vladimir  Le Terrible, allait faire trembler l’Occident craintif et peureux. Lui seul avait des muscles. Lui seul avait des couilles. Et il allait les montrer les unes et les autres. Et il les a montrés. En interdisant les importations de produits alimentaires en provenance des pays qui ont sanctionné le sien pour son soutien aux séparatistes pro-russes de Donetsk. Il y en a pour des milliards. Et c’est accablant. Surtout pour la Russie. Car ça en dit long sur le délabrement de l’agriculture russe.

[Coupé à la demande d'Atlantico - retrouvez le sur leur site. Le journaliste se moque du fait que la Russie importe des pommes au lieu de les faire pousser elle-même, preuve du "délabrement de l'agriculture russe."]

En France nombre d’imbéciles ont frissonné d’une joie frôlant l’extase quand Poutine a menacé d’envahir en Ukraine. L’anti-américanisme leur tenait lieu de viatique pour un pèlerinage amoureux vers Moscou. Ils ont applaudi quand Poutine a, sans trop de mal, bouffé la Crimée. Leur patriotisme pro-russe devait les inciter à partir là-bas en vacances. C’est très, très bon marché.

Car depuis qu’elle a été détachée de l’Ukraine, la Crimée est une région sinistrée. En témoignent les affiches du syndicat de tourisme local qui, avec de très jolies filles très court vêtues, vous promettent la-bas d’autres felicités que celles que peuvent offrir les vagues de la Mer Noire. C’est, semble t-il, la seule raison qu’on aurait d’aller en Crimée. Pour les pommes il faut aller en Pologne. Là-bas aussi les filles sont jolies. Mais contrairement à la Russie, on ne les exhibe pas comme des putes.

Affiche publicitaire vantant les atouts de la Crimée

P.S : Il ne faudrait pas croire pour autant que la Russie est revenue à l’âge de pierre. La preuve : elle dispose de missiles sol air tres sophistiqués. L’un d’entre eux a abattu un avion de la malaysia airlines.

Source : Atlantico

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P.S. OB : après exactement 12 secondes de recherches, j’ai trouvé ça :

Source : Vox-Land

Ben comme quoi la Pologne exhibe bien aussi ses filles “comme des putes”…

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Edit : énorme. Ce que j’aime bien dans ce blog, c’est vous :)    Ou disons la puissance de l’intelligence collective que permet la rencontre en ce lieu.

Et donc grâce à vous, on apprend que ce qui tient 1 paragraphe sur les 5 de ce papier de cet “historien, écrivain et journaliste”, c’est cette pub qualifiée de “affiches du syndicat de tourisme local” est une simple (et triste) affiche publicitaire unique pour une boite de nuit locale, un peu comme si on jugeait la France avec des affiches de Pigalle présentées comme venant de l’Office du Tourisme…

Félicitations donc pour le travail d’enquête et de validation des sources (http:www.houin-je-l-ai-lu-sur-twitter.com).

Donc : “C’est une pub du bar-restaurant-lounge et boîte de nuit “Histoire”,à Yalta, pas de l’office du tourisme. Le texte disant “on donne à tout le monde” fait référence au slogan et à l’appel récent par de sFemen aux “filles” ukrainiennes de ne pas “donner” (se laisser prendre, coucher) aux russes.”

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-quand-poutine-montre-ses-petits-tout-petits-muscles-par-benoit-rayski/


Poutine le (pas si) grand, par l’ambassadeur US Michael McFaul

Monday 11 August 2014 at 12:28

Michael McFaul a été l’ambassadeur des États-Unis en Russie de janvier 2012 à février 2014.

Son analyse – totalement biaisée et d’une malhonnêteté intellectuelle hallucinante, que je vous laisserais apprécier – est donc très utile, d’autant qu’il développe largement ses vues dans cet article de Politico du 4 aout. C’est ce discours qui berce les oreilles d’Obama…

Vladimir Poutine est omniprésent dans les médias occidentaux ces jours-ci – nous toisant du regard depuis les couvertures de magazines, psychanalysé à longueur de journée à la télévision, caricaturé en tyran brutal dans les dessins des journaux. La plupart des portraits qui sont faits du dirigeant russe lui prêtent des intentions sinistres. Cependant, de nombreux commentaires sous-entendent que Poutine enregistrerait aussi des succès. Comme le dit le magazine Time, « chaque nouvelle crise le rend plus fort ». À en croire les commentateurs, Poutine est peut-être un méchant, ainsi en va-t-il de l’histoire, mais il est habile, coriace, fin stratège et intelligent, déjouant les manœuvres d’une pathétique alliance occidentale qui cherche à contrer le maître judoka du Kremlin.

Je ne suis pas d’accord. Poutine rêve de se voir comparé à Pierre le Grand ou à la Grande Catherine. Mais si l’on se réfère aux objectifs qu’il s’est lui-même fixés, ses résultats ne sont pas si impressionnants. Il a certes atteint certains de ses objectifs qui visaient à redonner à la Russie le rang prééminent sur la scène internationale, mais il a échoué sur ceux qui lui tiennent le plus à cœur . Et l’avenir paraît encore plus sombre.

Lorsque j’étais encore ambassadeur des États-Unis en Russie au début de l’année, il y avait un consensus parmi les diplomates, les officiels russes et les observateurs concernant les priorités de Poutine. À cette époque, la liste était : (1) renforcer l’Union Économique Eurasiatique qu’il essayait de former avec les États post-soviétiques aux frontières de la Russie ; (2) contenir la puissance américaine dans le monde, en particulier nos prétendues politiques de renversement de régimes au Moyen-Orient et en Eurasie ; (3) cultiver l’image des États-Unis comme ennemi, permettant ainsi de renforcer les soutiens populaires à Poutine et d’affaiblir les critiques à l’intérieur du pays ; (4) contrer l’expansion des systèmes de défense antimissiles américains ; (5) développer le commerce et l’investissement ; et (6) rétablir le rôle de la Russie comme puissance majeure respectée par le système international. Un objectif antérieur important – stopper l’expansion de l’Otan – ne figurait pas dans cette liste car, pour beaucoup parmi nous, cet objectif était déjà atteint.

Pour être clair, cette liste (ou programme) d’objectifs) ne serait pas la mienne pour faire de la Russie une grande puissance. Comme certains en Russie (bien qu’ils soient, j’en ai peur, une minorité décroissante), je crois que la voie de la grandeur passe par une Russie plus démocratique, plus orientée vers l’économie de marché et respectueuse du jeu des règles internationales. Mais durant les presque quinze années qu’il a passé au pouvoir, Poutine a montré qu’il avait une vision différente du chemin vers la gloire, n’incluant pas une gouvernance démocratique, se méfiant de la propriété privée et, de plus en plus, ignorant ou contournant les règles et les normes internationales qu’un temps, lui-même, il avait soutenues. Mais ne jugeons pas Poutine selon mes critères. Évaluons sa réussite en nous référant à son propre programme clairement défini.

Comment Poutine s’en sort-il ? Pas si bien que ça.

Indubitablement, il a remporté quelques victoires ces dernières années. Premièrement, il a aidé Bashar El Assad, le plus proche allié de la Russie au Moyen-Orient, à garder le pouvoir en Syrie, en bloquant l’action du Conseil de sécurité et en fournissant des armes et de l’argent au beau milieu d’une guerre civile brutale. C’est un fait tragique. Deuxièmement, il a réussi à convaincre la plupart des Russes que les États-Unis sont l’ennemi de la Russie – et il l’a fait bien avant cette dernière crise ukrainienne et la campagne de propagande anti-occidentale massive des médias russes, menée à cette occasion. En 2010, environ deux tiers des Russes avaient une opinion positive des États-Unis Aujourd’hui, le même pourcentage en a une opinion négative. La propagande fonctionne. L’efficacité de cette campagne a aidé Poutine à affaiblir l’opposition démocratique russe, car il sont dépeints comme des marionnettes des États-Unis. Troisièmement, il a commencé à rétablir la stature internationale de la Russie, du moins jusqu’à la crise ukrainienne. Son positionnement de la Russie comme contrepoids conservateur à l’Occident libéral et décadent a trouvé un écho dans l’esprit de beaucoup à travers le monde, tout comme ses positions en faveur de la défense de la souveraineté et contre le prétendu interventionnisme américain. Il a réussi, d’une certaine manière, à séduire à la fois les conservateurs sur le plan social [social conservatives] ainsi que les militants de gauche anti-impérialistes. Et les jeux Olympiques de Sotchi ont créé un engouement pour la Russie que je n’avais jamais observé auparavant.

Cependant, la liste de ses échecs récents est encore plus impressionnante. Le plus dommageable est son échec à obtenir l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Économique Eurasienne – et en fait, sa réponse musclée à cet échec est l’étincelle responsable de la crise actuelle. Avec plus de quarante millions de consommateurs, l’Ukraine était la clé du succès économique de l’Union, ce que n’étaient ni la modeste Biélorussie ni le Kazakhstan exportateur de pétrole. Au départ, il semblait que Poutine allait réussir à convaincre l’Ukraine de choisir son Union Eurasienne plutôt que l’Union Européenne. Le plan d’aide de 15 milliards de dollars à l’Ukraine semblait avoir aidé à convaincre le président ukrainien Victor Yanoukovich de repousser la signature de l’accord avec l’Union Européenne (EU). J’étais ambassadeur des États-Unis à Moscou à cette époque et je me rappelle à quel point certains de mes interlocuteurs russes se montraient arrogants concernant cette victoire sur l’Union Européenne, et partant, sur nous. (Ceux qui au sein du gouvernement russe étaient responsables du paiement des 15 milliards de dollars n’étaient pas aussi enthousiastes.) Mais alors, comme nous le savons tous, les Ukrainiens ont réagi. Leurs manifestations sur la place Maidan ont stoppé net toute future avancée vers l’union proposée par Poutine. Un coup de maître de la part de Poutine ? Je n’en suis pas si sûr.

Ayant échoué à atteindre son objectif le plus cher – la participation de l’Ukraine à l’Union Eurasienne – Poutine a poursuivi ce qu’il considérait comme étant sa meilleure solution de rechange, à savoir un gouvernement à Kiev favorable à la Russie aussi longtemps que possible. En février de cette année, des officiels européens, américains et russes ont travaillé ensemble à la conclusion d’un pacte entre le gouvernement Ianoukovitch et l’opposition ukrainienne qui aurait prolongé le mandat du président ukrainien et repoussé les élections. Une nouvelle fois cependant, les Ukrainiens rassemblés sur la place Maidan ont dit non, et l’allié de Moscou, Ianoukovitch, s’est enfui. Le second choix de Poutine (et, pour être honnête, l’option soutenue également par le gouvernement américain à l’époque) n’a pas marché.

Répliquant à ce deuxième échec, Poutine a contre-attaqué en annexant la péninsule ukrainienne de Crimée. Avant cette année, je ne me souviens pas avoir entendu Poutine consacrer un discours majeur à défendre les Russes « opprimés » en Crimée ou à critiquer la cession de la Crimée, par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev, à ses camarades en Ukraine en 1956 (NdT : 1954 en fait). Mais le soudain intérêt de Poutine pour ces prétendues injustices du passé l’a aidé à justifier et mener rapidement à bien son occupation de la Crimée.

Ce succès, cependant, a eu un coût élevé vis-à-vis de l’objectif principal de sa politique étrangère : en annexant la Crimée, Poutine a rendu certain le fait que l’Ukraine ne rejoindrait jamais l’Union Économique Eurasienne. En réalité, l’intervention de Poutine a plus fait pour consolider la nation ukrainienne que tout autre événement des deux décennies écoulées depuis son indépendance. Même des régions considérées « pro-russes » comme Dniepropetrovsk, Odessa ou Kharkov embrassent à présent leur identité ukrainienne plus fermement que jamais. De plus, le pouvoir ukrainien, y compris le président nouvellement élu Petro Porochenko, semble être finalement déterminé à conduire de vastes réformes économiques avec, en particulier, des mesures anticorruption, qui, en cas de succès, rendraient l’Ukraine plus indépendante de la Russie. Dans le sillage des erreurs récentes de Poutine, il est difficile d’imaginer comment l’Ukraine pourrait un jour se détourner de son orientation pro-européenne pour revenir à une position plus favorable à la Russie. La Russie a perdu l’Ukraine à tout jamais. Est-ce une bonne chose pour la Russie ? Certainement pas.

Poutine a également rendu nerveux ses partenaires actuels (Biélorussie et Kazakhstan) du projet d’Union Eurasiatique. Si Poutine se sent le droit de défendre les populations d’origine russe de l’est de l’Ukraine, ressentira-t-il un jour la même obligation d’agir pour défendre les populations russes de ces pays ? En outre, il a favorisé l’accélération du processus de signature de l’accord avec l’Union Européenne non seulement par l’Ukraine, mais aussi par les anciennes républiques soviétiques inquiètes de Géorgie et de Moldavie. Génie de la « Realpolitik » ? Je ne crois pas.

Après avoir annexé la Crimée, Poutine a laissé entendre qu’il allait jouer le même jeu en Ukraine orientale. Il a rappelé au monde que ce territoire, qu’il appelle désormais « Novorossia » (Nouvelle Russie), faisait autrefois partie de l’Empire russe, et a critiqué les bolcheviques qui ont bradé cette terre. Ses médias se sont mis à appeler cela le « Printemps russe », prétendant au cours d’une violente campagne qu’il s’agissait en fait d’un écho du Printemps arabe, dans lequel la Russie était la libératrice des personnes d’origine russe opprimées en Ukraine orientale ; sur Twitter et sur le réseau social russe VKontakte, des dizaines de milliers de personnes ont été mobilisées pour réclamer l’indépendance de Novorossia. Mais tout cela est pour ainsi dire du passé. Les rebelles d’Ukraine orientale n’ont pas réussi à convaincre la majorité de rejoindre leur cause séparatiste dans ces régions. Et l’armée ukrainienne a fini par riposter, et a repris de nombreuses villes et de nombreux villages qui avaient été conquis par les insurgés dans un premier temps. Aujourd’hui, Poutine ne mentionne jamais la Novorossia. Il s’est rendu compte que « libérer » cette région n’était plus possible. Stratège de génie ? Je n’en suis pas si sûr.

Poutine s’en tient donc maintenant à un objectif minimal en Ukraine orientale – une situation que l’on peut définir comme en constant bouleversement avec une souveraineté contestée, qui rendrait cette région similaire aux autres zones de « conflits gelés » jamais officiellement résolus en Géorgie, Moldavie et Azerbaïdjan, délaissées après le démantèlement de l’Union soviétique. Si la rébellion (pro-russe) s’enlise pendant des années, voire des dizaines d’années, alors le nouveau régime à Kiev aura moins de chance de se renforcer et l’Occident d’étendre l’influence de l’Union Européenne et de l’Otan en Ukraine, du moins d’après ce qui semble être la logique russe.

Pour être clair, je ne comprends pas en quoi un voisin faible, pauvre et instable serait dans l’intérêt national de n’importe quel pays – mais Poutine ne m’a pas demandé de définir l’intérêt national russe. Et en plus Poutine ne parvient même pas à réaliser cet objectif minimal. Alors que ses intermédiaires commençaient à perdre du terrain il y a quelques semaines, il leur a expédié des armes plus dangereuses. Nous connaissons tous les conséquences tragiques de cette décision – la destruction du vol MH17 de la Malaysian Airlines. Tandis que les insurgés continuent à perdre, Poutine a mis la barre encore plus haut en bombardant des cibles ukrainiennes à partir du territoire russe, et donc en risquant de transformer une guerre civile en conflit entre États. Mais ses alliés perdent encore face à l’armée ukrainienne et son ensemble disparate de milices alliées et de forces volontaires. Poutine le Grand ? Pas vraiment.

Il lui reste une option : l’invasion. Cependant, malgré les mauvaises notes que j’attribue à Poutine en tant que grand stratège, je continue de croire qu’il est trop intelligent pour envoyer des troupes russes en Ukraine. Il comprend sûrement que les soldats russes subiraient des pertes lors de la première bataille, puis, en tant que force d’occupation, endureraient des attaques incessantes de type guérilla. L’amère expérience de l’occupation soviétique en Afghanistan demeure trop fraîche et incite l’armée russe à rester très prudente. Mais s’il décide effectivement d’y aller, les conséquences négatives à long terme pour l’armée, l’économie et la position internationale russe seraient énormes. Il ne lui reste aucune option acceptable en Ukraine.

L’échec de la guerre par procuration dans l’est de l’ukraine a également produit de nombreux dégâts collatéraux sur ses autres objectifs de politique étrangère. Si le débat concernant l’expansion de l’OTAN était passé au second plan avant l’avancée de Poutine en Ukraine, il est maintenant revenu au premier plan et au centre des préoccupations. De la même façon, le renforcement de la capacité de l’OTAN à défendre ses membres à l’est de l’Europe est redevenu une priorité pour la première fois depuis de nombreuses années. Les dirigeants russes ont toujours redouté l’installation de soldats américains en Pologne ou en Estonie, ce qui pourrait bien se produire maintenant. De plus, les actions de Poutine en Ukraine ont garanti que le projet de défense antimissile en Europe serait non seulement mené à bien, mais qu’il pourrait même s’étendre. Après dix ans de discussions non suivies d’action, Poutine a provoqué le développement par l’Europe d’une politique de réduction de la dépendance au gaz et au pétrole russe. Le résultat des actions de Poutine en Ukraine est que les États-Unis sont maintenant susceptibles de devenir un exportateur d’énergie, en concurrence avec la Russie pour les parts de marché. Certains qualifient les politiques de Poutine de pragmatiques et intelligentes. Je ne suis pas d’accord.

Avant les actions de Poutine en Ukraine, presque tous les officiels de haut rang du gouvernement russe avec lesquels j’avais pu parler insistaient sur le besoin désespéré pour la Russie d’attirer des investissements, considérés alors comme le seul moyen viable de stimuler la croissance. Depuis les actions de Poutine en Ukraine, à peu près 75 milliards de dollars ont quitté le pays, alors que des dizaines de milliards supplémentaires d’argent du contribuable ont été utilisés pour défendre le rouble et financer une dette plus coûteuse. Les sanctions économiques sévères, et le spectre de nouvelles sanctions à venir, imposées par les États-Unis et l’Europe, ont déjà suscité l’incertitude parmi les investisseurs russes et étrangers, ainsi que la prudence parmi les consommateurs russes. De plus, l’intégration de la Crimée au sein de la Russie va coûter des dizaines de milliards de dollars. Ces conséquences économiques sont-elles dans l’intérêt de la Russie ? Je ne le pense pas.

De nouvelles sanctions américaines sur l’exportation de technologies dans le domaine énergétique pourraient être particulièrement dommageables au programme de Poutine. Lorsque j’étais au gouvernement américain, j’ai entendu plus d’une fois Poutine expliquer aux représentants américains que le partenariat de plusieurs milliards de dollars entre Rosneft et ExxonMobil, afin d’exploiter les gisements énergétiques dans les régions arctiques, était l’accomplissement le plus important des relations États-Unis–Russie de ces vingt dernières années. Beaucoup se demandent aujourd’hui si ce projet ambitieux pourra se poursuivre selon les échéances initalement prévues. Un brillant stratège défendant les intérêts nationaux russes ? Je me demande ce qu’Igor Setchine, à la tête de Rosneft, et qui est maintenant sur la liste des sanctions américaines, en pense.

Et bien sûr le sujet est beaucoup plus vaste que ce point précis, même s’il est important. Poutine a mis en mouvement des tendances néo-autarciques, anti-modernisation qui, si elles devaient se prolonger, feraient reculer le développement économique russe pour les décennies à venir. Poutine a essayé de justifier ces contraintes de plus en plus fortes sur le commerce et les investissements, ainsi que le rôle plus important de l’État dans l’économie comme une opportunité qui permettra à la Russie d’être moins dépendante de l’économie mondiale. (Il a même sous-entendu qu’internet serait un outil dangereux au service de la CIA, conçu pour saper la souveraineté russe.) Mais ce n’est pas vraiment une bonne recette pour la prospérité : historiquement, se tourner vers l’intérieur et augmenter le rôle de l’État dans l’économie n’a pas souvent été une bonne stratégie de croissance économique. Vous rappelez-vous de l’effondrement de l’Union soviétique ? Il est difficile de voir ainsi Poutine en visionnaire, allant à l’encontre de décennies, voire de siècles d’expérience. Je me sentirais nerveux si j’étais un entrepreneur vivant actuellement en Russie. En fait, beaucoup le sont. C’est pour cela qu’ils quittent la Russie.

Les sondages internationaux montrent que l’image de la Russie dans le monde a subi de sérieux dommages depuis l’intervention russe en Ukraine. Poutine a définitivement perdu son ambition d’être le champion mondial de la souveraineté nationale. Et le crash du vol 17 de la Malaysia Airways a détruit en un jour des années investies à améliorer la réputation de la Russie à l’étranger, y compris les 50 milliards de dollars dépensés pour les jeux Olympiques de Sotchi, qui étaient destinés à présenter une nouvelle Russie moderne au monde. La Russie est certes crainte à nouveau, mais elle n’est pas respectée. Une telle image de voyou dissuadera l’investissement étranger pour les décennies à venir et diminuera les chances de Poutine de signer des contrats ou de forger des alliances avec d’autres chefs d’État. Armer les rebelles d’Ukraine orientale avec des missiles sol-air a-t-il servi l’intérêt national russe ? Pour l’instant, il est difficile de voir comment.

OB : très très intéressant ça. Primo, vous noterez que “popularité en chute dans le monde occidental” devient “popularité internationale” – en effet, je ne pense pas du tout que sa popularité ait beaucoup baissé en Chine, Inde, Amérique du Sud, ou Afrique… Secundo, nos dirigeants qui ne vivent que pour les sondages (avec le succès qu’on connait) semblent trouver bizarre que Poutine mène une politique qui le rend populaire chez lui et pas aux États-Unis (eux-mêmes faisant le contraire…).

Pendant que Poutine ternissait l’image de la Russie à l’étranger, il est vrai qu’il renforçait sa propre image dans le pays. C’est un fait. Mais pour combien de temps ? La cote de popularité de Poutine se maintient au-dessus de 80 % aujourd’hui, mais souvenez-vous que le président George W. Bush bénéficiait du soutien de 90 % des Américains pour engager la guerre en Afghanistan et encore de 70 % d’opinions favorables pour envahir l’Irak. Il avait cette cote de popularité alors qu’il ne contrôlait ni le Congrès ni les principales chaînes de télévision, ce que Poutine fait aujourd’hui. Déjà, dans le sillage de la tragédie de la Malaysia Airlines, les intellectuels russes ont mis en doute la sagesse de sa trajectoire. L’ancien ministre des Finances de Poutine, Alexei Kudrin, a averti des dangereuses conséquences économiques de la nouvelle diplomatie aventureuse russe, sentiment partagé en privé par le monde des affaires. Ce débat ne peut que se renforcer, surtout avec des succès militaires limités en Ukraine et une croissance économique qui stagne en Russie.

L’Occident, mené par les États-Unis, devrait contribuer à renforcer ce débat – en continuant à confronter la politique agressive de Poutine. Cela ne signifie pas que nous réussirons toujours.

L’histoire des 70 dernières années est remplie d’exemples de l’impuissance des États-Unis et de nos alliés à empêcher les agressions des dirigeants du Kremlin envers leurs voisins, que ce soit l’Ukraine aujourd’hui, la Géorgie en 2008, la Tchécoslovaquie en 1968 et la Hongrie en 1956. Mais cela ne veut pas dire que nous devrions nous tenir à l’écart. Même si nous avons souvent échoué à arrêter les agressions du Kremlin, nous avons quand même réussi quelquefois à rendre ces actes belliqueux coûteux pour la Russie. La réponse d’Obama aujourd’hui ressemble plus à la réponse de Ronald Reagan à la répression soviétique contre le mouvement de protestation Solidarité en Pologne en 1981 qu’aux réponses plus timorées à d’autres interventions du Kremlin. Il devrait donc poursuivre dans cette direction. C’était la dernière fois que Washington imposait de sérieuses sanctions contre Moscou. Reagan et son équipe réagirent ainsi non pas parce que l’on pensait que ces sanctions allaient changer l’attitude russe (ou polonaise), mais parce qu’ils pensaient qu’une mauvaise attitude devait être punie. Reagan n’a pas fait changer immédiatement Brejnev d’avis, mais il a permis de faire de ce conflit une question de principe et non pas de simple calcul d’intérêt, dont l’écho résonne aujourd’hui dans la manière dont nous devrions aujourd’hui exprimer notre indignation face à la désintégration des frontières d’un voisin par Poutine, alors qu’il avait légalement promis de les sécuriser.

Je le reconnais. Quand j’ai quitté la Russie en tant qu’ambassadeur des États-Unis au début de l’année, j’étais impressionné par les réussites de Poutine. Il dirigeait la coalition anti-américaine dans le monde, un rôle qu’il avait tenu avec bonheur au sommet du G20 de Saint-Pétersbourg en septembre de l’année dernière. Il avait « gagné » en Syrie, savourait la publicité internationale positive que lui valait l’asile qu’il avait accordé au lanceur d’alerte Edward Snowden, et bien sûr il y avait eu ce show spectaculaire aux Jeux olympiques de Sotchi.

Mais il a gâché tous ces succès par ses actions en Ukraine. Il est difficile de voir maintenant comment il pourrait finir dans les livres d’histoire aux côtés de Pierre le Grand ou de Catherine II – à moins, bien sûr, qu’il n’ordonne qu’ils soient écrits ainsi !

Michael Mc Faul est l’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie

Source : Politico. Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-le-pas-si-grand/


[U3-6] L’UPA en action et les Massacres de la Volhynie

Monday 11 August 2014 at 01:19

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série

ATTENTION : billet contenant des images très dures 

À la fin de 1942, l’UPA a participé à une campagne de nettoyage ethnique de Volhynie (où vivaient 350 000 Polonais), et au début de 1944, ses campagnes ont commencé à inclure la Galicie orientale.

On estime que près de 70 000 Polonais, principalement des femmes et des enfants ainsi que des hommes non armés, ont été tués au cours de la campagne du printemps et de l’été 1943 en Volhynie par l’UPA.

ivangorod

babi yar

execution en masse

L’holocauste en Pologne

L’idée, l’acceptation et l’exécution de l’ordre étaient conformes à l’idéologie nationaliste de l’OUN-B et l’UPA: au nom du peuple on peut tout faire et même tuer. Le résistant ukrainien Taras Borovetz a ainsi été attaqué par Bandera pour avoir refusé de se soumettre à l’OUN-B et de participer aux massacres de la Volhynie. Il écrivit d’ailleurs à Bandera pour lui dire que l’Ukraine avait des ennemis bien plus importants que les Polonais, et il critiqua les massacres qu’il qualifia d’honteux. 

Taras Borovetz

À partir de 1942 et surtout l’année suivante commencèrent des actes barbares où l’assassinat était associé aux mutilations par coupe ou arrachage de membres, leur sciage, par “éventrage” et “éviscération”… Ni les Soviétiques ni les Allemands ne pratiquèrent de tels actes à une telle échelle. “Leur génocide” fut réalisé par des formations spécialisées et en uniforme : Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei et Sicherheitsdienst pour les Allemands, les NKVDs pour les Soviétiques. Dans le cas du « génocide ukrainien », à côté de l’UPA de Bandera, des dizaines de milliers de paysans ukrainiens, auxiliaires de l’UPA de fait, participèrent aux grandes actions de nettoyage des Polonais, leurs voisins, armés de haches et de fourches, dans une sorte d’arrière-ban ukrainien. Les femmes, les adolescents et même les enfants y prirent part se chargeant de voler les biens des morts, d’incendier les bâtiments et de porter le dernier coup aux blessés. Un autre problème est la spécificité des massacres des couples mixtes. En effet les bourreaux obligeaient le conjoint ukrainien à assassiner son propre conjoint polonais. Ce type de barbarie n’a jamais été relevé dans le cas de couples polono-russes ni celui de couples germano-juifs. 

Pire, le génocide fut accompli par les Ukrainiens, citoyens de la République de Pologne, habitants de ses territoires orientaux, dont beaucoup, après la guerre, se firent reconnaître cette citoyenneté, parfois en utilisant les papiers de leurs victimes assassinées, afin d’être considérés comme “rapatriés” en direction de la Pologne ou des zones d’occupation occidentales de l’Allemagne pour y recevoir le statut de réfugiés et émigrer en Amérique anglo-saxonne (Canada en particulier). 

La décision de nettoyer ethniquement la région a été prise par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne au début de 1943. En mars 1943, l’OUN-B (spécifiquement Mykola Lebed) a condamné à la peine de mort collective tous les Polonais vivant dans l’ancienne partie orientale de la Deuxième République de Pologne ; quelques mois plus tard, des unités locales de l’UPA ont été invitées à accomplir l’opération à la hâte. En 1943, le chef de l’UPA pour la Volhynie, Klym Sawur (ou Savour) donna l’ordre de liquidation de la population polonaise habitant les 11 cantons de la région : hommes, femmes, enfants et vieillards.

Victimes polonaises de l’UPA à Lipniki

Victimes polonaises de l’UPA

À cette époque, Roman Choukhevytch devient le chef militaire de l’UPA. Cet ancien de l’UVO, condamné pour avoir participé à l’assassinat du ministre de l’Intérieur polonais, Bronisław Pieracki, en 1934, était en 1941 le chef politique et militaire du bataillon ukrainien de la Wehrmacht « Nachtigall ». 

Signalons enfin que les Allemands proposèrent en 1943 la création d’une division de Waffen-SS composée de volontaires ukrainiens de la Galicie et destinée au combat régulier sur le front Est. La création de la Division SS Galicie fut annoncée le 28 avril 1943, et de nombreuses cérémonies se tinrent en Galicie. Cette division compta jusqu’à 26 000 soldats – 82 000 hommes ayant postulé.

Armoiries de Lviv

creation de la division SS galicie lemberg – 1943

recrutement SS par l aumonier Malinowski Sanok- 1943

recrutement SS Galicie

Division Galicie

Division Galicie

serment hitler SS Galicie

Depart SS Galicie

Division Galicie

himmler galizien – 05 1944

himmler galizien – 05 1944 – noygammer

Himmler visite la SS Galicie – 05-1944

Propagande de recrutement pour la division SS Galicie

Propagande de recrutement pour la division SS Galicie

Propagande de recrutement pour la division SS Galicie

Propagande de recrutement pour la division SS Galicie

Propagande de recrutement pour la division SS Galicie

Propagande de recrutement pour la division SS Galicie

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 18-07-1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 18-07-1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 18-07-1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 18-07-1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 18-07-1943

parade volontaires SS Galicie Lviv

parade creation volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade creation volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade creation volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

parade volontaires SS Galicie Lviv 1943

05-1943 marche des volontaires SS Galicie sur kosciuszko street a sanok

Parade de volontaires SS Galicie Lviv Opera 1943 

Cette création d’une division de Waffen SS a été fortement soutenue par l’OUN-M de Andriy Melnyk, qui y vit un contrepoids à l’UPA de l’OUN-B. Celle-ci s’opposa à l’idée de la création de cette division, qui serait hors de son contrôle. Cependant, une fois formée, l’OUN-B y envoya certains de ses membres, pour qu’ils acquièrent une formation militaire. Elle combat en Russie, en Slovaquie et en Slovénie, où elle est dissoute à la fin de la guerre. Les Ukrainiens sont séparés des Allemands et envoyés dans un camp en Italie, où, suite à l’intervention du Vatican, qui estime que les soldats de ces divisions sont de « bons catholiques et de tradition anticommuniste », leur statut est modifié, passant de celui de « prisonniers de guerre » à « personnel ennemi qui s’est rendu ». 

Plus largement, les données historiques s’accordent sur le nombre des légionnaires ukrainiens qui prennent part à la formation militaire aux côtés des Allemands (Wehrmacht, SS, police) durant la guerre, et qui s’élève à 250 000 hommes environ. 

Le 27 juillet 1944, l’armée allemande est définitivement chassée de la ville de Lviv par l’Armée rouge. En 1945, la région est définitivement rattachée à l’Union soviétique et les Polonais survivants sont déplacés vers Wrocław (en allemand Breslau), en Silésie alors donnée à la Pologne. Sans Polonais, ni Juifs, la ville est à moitié vide d’habitants. 

retour des soviétiques à lvov 1944 

La défaite – quoique définitivement acceptée seulement à la fin des années 1950 avec la fin de la lutte armée de l’UPA -, allait entraîner une mise en sommeil des sombres penchants de la Galicie durant toute la période soviétique.  

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u3-6-l-upa-en-action-et-les-massacres-de-la-volhynie/


[Reprise] France, royaume des imposteurs, par Natacha Polony

Sunday 10 August 2014 at 05:04

Reprise d’une tribune du Figaro de  Natacha Polony

FIGAROVOX/TRIBUNE – Des promesses politiques de campagne aux publicités mensongères, Natacha Polony dénonce les impostures derrière les postures.

Cela commence par un président qui se fait élire sur la promesse d’imposer les plus riches à 75%. Disposition retoquée par le Conseil constitutionnel. Le même se fait écraser aux municipales et promet des baisses de charges salariales. À nouveau retoqué. Ce président prend aussi des airs compassés pour aligner trois mots effarants de banalité sur «le droit à la sécurité d’Israël» avant de se reprendre, quelques jours plus tard, et d’évoquer les morts palestiniens parce qu’un communicant l’a alerté sur l’effet désastreux de son assourdissant silence. Triste figure de composition qui est la même qu’à peu près tous les politiques, de droite comme de gauche, quand ils veulent montrer au citoyen français qu’ils sont impliqués, conscients, déterminés.

C’est cet air d’un ancien président interrogé par deux journalistes et qui évoque ce «sens du devoir» qui seul pourrait lui donner l’envie de mettre fin au feuilleton savamment orchestré de son retour pour annoncer qu’il répond à l’appel du peuple. C’est celui d’un ministre des affaires étrangères au visage de circonstance, voulant faire croire que la France a une quelconque position diplomatique qui serait autre que l’alignement pur et simple sur les volontés américaines.

C’est celui de ces chefs de la droite, grands ou petits, qui proclament à chaque élection leur «conviction européenne» depuis que Jacques Chirac, en 1992, a décrété qu’on ne pouvait avoir de destin présidentiel si l’on avait osé critiquer cette Europe.

C’est enfin celui de tous ces responsables qui parlent la main sur le cœur du déclassement des classes moyennes inférieures parce qu’ils ont – enfin – compris que leur abandon total les précipitait dans les bras du Front national.

Quel rapport entre ces personnages disparates? Cette petite gêne que l’on ressent devant ce qui ressemble fort à une simple posture. Le soupçon qu’il n’y a là aucune conviction, pas l’ombre d’une vision, mais un discours calculé suivant les impératifs supposés de la popularité ou de la réussite. La posture, c’est cette façon de ne se positionner que selon les critères du moment et ce que l’on suppose être l’attente de son public.

C’est ce dommage collatéral généralisé du règne de la communication. Car le phénomène ne frappe pas seulement les politiques. Dans chaque domaine de l’activité humaine, on peut relever ces exemples, non pas d’hypocrisie – ce serait encore un hommage du vice à la vertu – mais de composition d’un argumentaire ponctuel hors sol. Et cela nous raconte un peu de notre monde moderne.

La communication dont on nous rebat les oreilles comme d’un principe d’efficacité a changé de nature sous l’effet d’une extension de la logique marchande. Elle n’a plus rien à voir avec la vieille réclame qui se contentait de vanter les qualités d’un produit, de «faire savoir». Il s’agit désormais de concevoir le produit en fonction de ce qui va séduire. La communication modifie l’essence même des choses.

Dans le domaine des idées? Plus un discours qui ne vante l’action merveilleuse des femmes, tellement «indispensables». Posture. Et que dire de ces proclamations sur la tolérance dont le but est moins de changer les choses que de montrer à ses pairs que l’on se situe du bon côté? Posture. Dans le domaine de l’art? Il y a longtemps que nous sommes habitués à ce discours verbeux qui accompagne des œuvres sans âme pour les positionner sur l’échelle de la «rébellion». Posture encore. Dans le domaine du vin? Il n’y a plus de choix qu’entre des vins passés dix-huit mois en barrique neuve, parce que certains œnologues à la mode n’aiment que le goût du chêne, ou les vins oxydés de ceux qui ont fait du vin «bio» une idéologie.

Le dénominateur commun? Le lecteur, l’électeur ou le buveur sont devenus des clients, plus des citoyens auxquels on s’adresse, des gens à qui l’on offre une émotion ou une vision en partage. Ils sont des parts de marché potentielles. En politique, le tournant date du début des années 1980, quand des publicitaires ont pris en main les campagnes électorales. Un petit village de France sur une affiche et ce slogan: «La force tranquille». Première forfaiture politique. Car malgré l’espoir sincère que soulevait dans une partie du peuple l’arrivée de cette gauche au pouvoir, on entrait dans l’ère du mensonge. Sous prétexte d’aider les politiques à formuler leurs idées et d’offrir un écho à leurs actes, les marketeurs ont peu à peu modifié le discours politique lui-même pour le faire coller aux codes.

Comme dans le vin, c’est maquillage au bois neuf du techno pinard ou vinaigre imposé par les «purs» autoproclamés. C’est un gaullisme de circonstance par des héritiers perchés sur la croix de Lorraine pour mieux s’asseoir sur les engagements et les choix de l’homme du 18 Juin. C’est une invocation ad nauseam des mânes de Jaurès par ceux-là mêmes qui ont désindustrialisé le pays et abandonné la classe ouvrière pour convenir aux sirènes de la mondialisation.

Une société de posture ne peut rien produire de durable, rien qui dépasse le simple cadre de notre existence immédiate, puisqu’elle ne cultive que le court terme et la rentabilité. Quitte, pour cela, à tromper un peu le client. Ainsi de la posture sommes-nous passés à l’imposture.

Source : Le Figaro

Source: http://www.les-crises.fr/france-royaume-des-imposteurs-par-natacha-polony/


[Vidéo] Nestlé et le business de l’eau en bouteille

Sunday 10 August 2014 at 02:54

Comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de 70 marques partout dans le monde. Une enquête édifiante d’Arte. (Disponible jusqu’au 12 aout)

Comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de 70 marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel ou Poland Spring aux États-Unis). Pour le président du CA, Peter Brabeck, l’eau, fer de lance d’une stratégie planétaire, peut “garantir encore cent quarante ans de vie” à l’entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards. Des États-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l’eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la planète. Ils montrent qu’elles reposent sur une question cruciale, objet dans nombre de pays d’un vide juridique dont les avocats et lobbyistes de la firme savent tirer profit : à qui appartient l’eau ?

Bien public, gains privés

À Fryeburg, dans le Maine, un tribunal a autorisé Nestlé à ouvrir une deuxième station de pompage, alors que les habitants s’étaient mobilisés pour tenter d’empêcher ce qu’ils considèrent comme un pillage de leurs ressources collectives. Dans la première, installée sur un terrain privé, la multinationale paye dix dollars au propriétaire pour 30 000 litres d’eau… Mais si, aux États-Unis, le groupe s’efforce de se concilier les populations en se montrant “bon voisin” (quitte à leur offrir en bouteilles l’eau qui coule de leurs robinets !), il ne prend pas les mêmes gants avec les villageois démunis du Pakistan. Ceux qui, dans la région de Lahore, ont demandé par pétition à pouvoir bénéficier de l’eau pompée sur leur nappe phréatique par l’usine Pure Life, filiale de Nestlé, n’ont pas eu de réponse.

Dans le sillage de Res Gehriger, présent à l’écran, cette enquête minutieuse aux images soignées donne la parole à de très nombreux protagonistes sur trois continents, usagers ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui-même y défend avec vigueur son point de vue (éloquent, comme quand il qualifie d’”extrémiste” l’idée que l’eau doit rester un bien public), par le biais de ses nombreuses interventions publiques.

Source: http://www.les-crises.fr/video-nestle-et-le-business-de-leau-en-bouteille/