les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

“Nous sommes tous… ” {remplissez le blanc}, par Noam Chomsky

Saturday 17 January 2015 at 03:30

Le monde a réagi avec horreur à l’attaque meurtrière du journal satirique français Charlie Hebdo. Au New York Times, le correspondant de longue date en Europe Steven Erlanger a très clairement décrit la conséquence immédiate, ce que beaucoup appellent le 9/11 français, comme « un jour de sirènes, d’hélicoptères dans le ciel, de bulletins d’information frénétiques ; de cordons de police et de foules inquiètes ; de petits enfants écartés de leurs écoles pour leur sécurité. C’était un jour, comme les deux précédents, de sang et d’horreur dans et autour de Paris ». L’énorme tollé dans le monde entier a été accompagné par une réflexion sur les racines plus profondes de cette atrocité. « Beaucoup y perçoivent un choc de civilisations », titre le New York Times.

La réaction d’horreur et de dégoût du crime est justifiée, comme l’est la recherche de racines plus profondes, à condition que nous gardions fermement quelques principes à l’esprit. La réaction devrait être complètement indépendante de la pensée de ce journal et ce qu’il publie. Les slogans omniprésents et passionnés « Je suis Charlie », et ainsi de suite, ne devraient pas devoir indiquer une quelconque affinité avec le journal, ni même y faire allusion, au moins dans le contexte de défense de la liberté d’expression. Ils devraient plutôt exprimer la défense du droit à une parole libre quoiqu’on pense du contenu, même s’il semble détestable et néfaste.

Les slogans scandés devraient également exprimer la condamnation de la violence et la terreur. Le responsable du parti travailliste d’Israël et candidat principal aux élections prochaines en Israël, Isaac Herzog, a tout à fait raison quand il dit que « Le terrorisme est le terrorisme. Ça ne fait aucun doute. » Il a aussi raison de dire que « Toutes les nations qui cherchent la paix et la liberté s’affrontent à l’énorme défi » du terrorisme meurtrier – en laissant de côté sa prévisible interprétation sélective de la stratégie.

Erlanger décrit de façon très détaillée la scène d’horreur. Il cite un journaliste survivant disant que « tout s’est effondré. Il n’y avait aucune sortie. Il y avait la fumée partout. C’était épouvantable. Les gens criaient. Ça ressemblait à un cauchemar ». Un autre journaliste survivant a rapporté : « une détonation énorme et tout est devenu complètement noir ». Erlanger a déclaré que la scène « était de plus en plus réduite à du verre brisé, des murs écroulés, des poutres tordues, de la peinture brûlée et un anéantissement moral ». On a annoncé la mort d’au moins dix personnes dans l’explosion et vingt personnes disparues, « probablement enterrées sous les décombres ».

Ces citations, comme l’infatigable David Peterson nous le rappelle, ne sont pourtant pas de janvier 2015. En fait ils font partie d’un récit d’Erlanger du 24 avril 1999, qui l’a fait figurer seulement en page 6 du New York Times, car moins importante que l’attaque de Charlie Hebdo. Erlanger faisait un rapport sur « l’attaque par missile du siège social de la télévision d’état serbe » qui « détruisit la Radio Télévision serbe », effectuée par l’Otan (c’est à dire les États-Unis).

Il y avait une justification officielle. “Les responsables de L’Otan et les représentants américains ont défendu l’attaque”, rapporte Erlanger, « comme un effort pour saper le régime du président de la Yougoslavie Slobodan Milosevic ». Le porte-parole du Pentagone Kenneth Bacon a dit lors d’un briefing à Washington que « la télé serbe fait tout autant partie de la machine à tuer de Milosevic que son armée », et est donc un objectif d’attaque légitime.

Les locaux de la télévision serbe bombardés par l’OTAN en 1999

Erlanger rapporte que le gouvernement yougoslave déclara que “La nation entière est avec notre président, Slobodan Milosevic”, en ajoutant que “Savoir comment le gouvernement peut affirmer cela avec une telle précision n’est pas clair.”

Aucun commentaire sardonique n’est de mise quand nous lisons que la France pleure ses morts et que le monde est indigné par cette atrocité. Inutile non plus de mener une enquête sur les racines plus lointaines, ni un questionnement en profondeur sur qui défend la civilisation et qui défend la barbarie.

Isaac Herzog, alors, se trompe quand il dit que « Le terrorisme est le terrorisme. Ça ne fait aucun doute. » Il y a certainement deux sens : le terrorisme n’est pas le terrorisme quand une attaque terroriste beaucoup plus grave est effectuée par ceux qui sont Justes en vertu de leur puissance. De même il n’y a aucun assaut contre la liberté de parole quand les Justes détruisent une chaîne de télévision qui soutient un gouvernement qu’ils attaquent.

De la même manière, nous pouvons aisément comprendre le commentaire dans le New York Times de l’avocat des droits civiques Floyd Abrams, célèbre pour sa vigoureuse défense de la liberté d’expression, que l’attaque de Charlie Hebdo est « l’assaut le plus menaçant sur le journalisme de mémoire d’homme ». Il a donc raison à propos du terme « de mémoire d’homme », qui assigne avec un très grand soin les attaques contre le journalisme et les actes de terreurs à leurs catégories appropriées : les leurs, forcément horribles, et les nôtres, nécessairement vertueux et qui seront donc très naturellement effacées de la mémoire d’homme.

Nous nous rappellerons également que ceci n’est qu’une des nombreuses attaques des Justes contre la liberté d’expression. Pour mentionner un seul exemple, effacé tout naturellement de la « mémoire d’homme », rappelons pour terminer l’attaque de Fallujah par les forces américaines en novembre 2004, l’un des pires crimes commis pendant l’invasion en Irak, et qui a commencé par l’occupation de l’hôpital général de Fallujah. L’occupation militaire d’un hôpital est, bien sûr, un crime de guerre très grave en soi, indépendamment de la manière dont elle a été menée ; elle a été platement rapportée en première page du New York Times, accompagnée d’une photographie de la scène du crime. L’article rapportait que « les malades et les employés de l’hôpital ont été expulsés de leurs chambres par des soldats armés, et qu’on leur a ordonné ensuite de s’asseoir ou de se coucher sur le sol pendant que les soldats liaient leurs mains derrière leur dos ». Le crime était considéré comme un acte de grand mérite, et était ainsi justifié : « L’offensive a aussi ainsi permis de fermer l’hôpital général de Fallujah, d’où émanait un flot continu d’informations à propos de victimes civiles, et qui, constituait donc, aux dires des officiers américains, une arme de propagande pour les insurgés ».

L’occupation militaire de l’hôpital de Falloujah

On ne peut évidemment pas permettre à une telle agence de propagande de cracher ses grossières obscénités.

Noam Chomsky, TeleSur, 10/01/2015. Images : Partage-Le

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/nous-sommes-tous-remplissez-le-blanc-par-noam-chomsky/


Revue de presse du 17/01/2015

Saturday 17 January 2015 at 00:45

La revue de presse avec notamment la suite des 3 “feuilletons” débutés la semaine dernière, Merkel en campagne et un peu de latin. Merci à nos contributeurs. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-17-012015/


[Bien joué ! 06] Claude Guéant : “Il y a des libertés qui peuvent être facilement abandonnées”

Saturday 17 January 2015 at 00:01

Source : FranceTVInfo

Source: http://www.les-crises.fr/bjat6-abandon-libertes-gueant/


[IR-RES-PON-SA-BLES] Couverture Mahomet : Charlie Hebdo continuer a jeter de l’huile sur le feu (édité)

Friday 16 January 2015 at 15:30

Tout d’abord, rappelons la condamnation sans équivoque du massacre barbare, et rendons hommage aux victimes

À aucun moment ce billet ne vise à excuser un acte d’une barbarie inhumaine. Il vise à réfléchir ensemble pour que cela ne recommence pas.

P.S. ayant reçu bcp de mails, j’ai retouché le billet pour axer plus sur la caricature elle-même…

J’ai enquêté sur un point qui agite les réseaux sociaux depuis 4 jours et quelques grands médias, à propos de la Une du dernier Charlie Hebdo, tiré à 3 millions d’exemplaires – soit probablement le plus gros tirage de presse depuis la Libération.

Daniel Schneidermann en parle d’ailleurs ce jour dans une intéressante chronique (pensez à vous abonner ici à Arrêts Sur Images, un des rares espaces de critique des médias sur le web, rapport qualité-prix imbattable ! (Publicité gratuite])

Alors moi, quand Schneidermann (à qui je passe mes amitiés au passage, ainsi qu’à l’équipe) me dit “Regarde attentivement !”, je regarde attentivement – surtout quand le web se pose plein de questions ! Découvrons cette rumeur…  :)

Que voit-on sur la couverture ?

On y voit une caricature (à l’évidence) de Mahomet, de Luz :

On a beaucoup souligné que le fait de représenter de nouveau Mahomet avait été très mal pris dans le monde musulman :

========================================

==================================================

=================================================

Et bien sûr, nos médias boboïsants ne suivent pas, ils courent :

Voici d’ailleurs la page d’accueil du site de L’Express :

Bref.

Daniel nous dit donc ce matin :

“Cet objet, qui remet une thune dans le bastringue, c’est un bonhomme avec des yeux qui louchent, sorti de l’imagination et de la douleur de Luz. Personne, sur la couverture, ne nous dit qu’il s’agit de Mahomet”

C’est un argument acceptable, c’est vrai que ce n’est pas marqué (et c’est un argument que j’ai lu pas mal de fois sur le web)… Notez, cela n’était jamais marqué sur les autres non plus…

Après chacun jugera comment cela a été pris y compris dans notre presse – qui ne fait jamais hélas dans la finesse et la mesure…

Qu’a dit la presse ?

Notez, le dessinateur a hélas été clair

===================================================

===================================================

===================================================

===================================================

===================================================

Indices ?

Ce qui m’a interpellé c’est le peu de recul des médias sur cette couverture “historique”.

Même Daniel nous dit : “Cet objet, qui remet une thune dans le bastringue, c’est un bonhomme avec des yeux qui louchent”.

Oui, mais, comme il le souligne très bien dans son billet, il y a une vrai difficulté :

“Au total, un joli foutoir sémiologique, auquel chacun accordera le sens qu’il veut, du plus subtil au plus débile (les médias se faisant une joie, d’ailleurs, de tamtamiser les réactions les plus débiles). On n’a pas fini de rire.”

J’ai bien vu la conclusion ironique, mais, je me permets de repasser au 1er degré : on n’a hélas pas fini de pleurer à mon avis…

Car qu’y a-t-il sur la couverture ? : “Tout est pardonné” + Mahomet.

Une chose me gênait, sans que j’arrive à trouver quoi. C’est fait.

On avait un message de pardon, presque chrétien (sic.) donc extrêmement fort, avec une nouvelle caricature de Mahomet, donc une nouvelle provocation de Charlie Hebdo.

Cependant, si l’intention de provocation était bien dans leur esprit, je la trouvais bien réduite par rapport à ce qu’ils avaient fait par le passé, et donc dans ce dessin, “l’intensité négative” était assez loin finalement de “l’intensité positive” du pardon, après un acte barbare et inhumain.

Il y avait des indices :

Rester dans la droite ligne de la tradition du journal” ? Hmmm…

Démerdez-vous avec” : hmmm, bon, on en avait déjà plusieurs des caricatures, et des bien pires, donc bizarre, non ?

Le GROS indice est dans le Parisien :

“Mais il a fait marrer la rédaction du journal satirique, et c’est pour [l'auteur] l’essentiel.”

Comme ça “il a fait marrer” ?

“Ému”, je comprend. “Plu” ou “Renforcé la conviction”, je comprends. “Donné un clin d’œil”, je comprends.

Mais marrer ?

Je me demande s’il contient des choses assez drôles pour faire marrer la rédaction décimée là-dedans (vous imaginez son état d’esprit en ce moment… Il en faut des caisses d’humour ! [Compassion pour l'équipe à ce stade]) ? :

En fait, le web a une hypothèse- ce n’était pas bien dur en fait…

Le dessous de la couverture selon le web ?

Luz avait déjà fait plusieurs caricatures de Mahomet en 2012, dont on avait beaucoup parlé :

(regardez bien sa tête et son chapeau)

(regardez bien sa tête et son chapeau)

Et voici donc la caricature du numéro de cette semaine :

Vous remarquez que la forme de la tête et du chapeau sont vraiment différents des autres fois.

Retournons-la :

Hmmm ? :

Non toujours pas ? Ok, je vous aide :

C’est en tous cas ce que beaucoup ont vu… (j’ai testé auprès d’amis !)  :)

On peut donc se demander si Luz a dessiné Mahomet en partant de deux “bites” (désolé, je dis “bite, puisqu’on parle de Charlie hebdo) – ça se voit assez bien sur le zoom, regardez :

Ce qu’en a dit le web

Il y a 3 jours, le web a un peu souligné le sujet, par exemple :

L’Internaute : Charlie Hebdo : la tête du prophète en forme de sexe ? Des musulmans indignés

=======================================================

20 Minutes : «Charlie Hebdo»: Deux pénis se sont-ils glissés dans la nouvelle Une représentant Mahomet?

=======================================================

RTL : “Charlie Hebdo” : le journal affiche-t-il deux pénis sur sa Une ?

=======================================================

Le Figaro : Blasphème et sexe en une : l’esprit Charlie Hebdo est toujours là !

“Pour le sémiologue Jean-Didier Urbain, l’esprit Charlie n’est pas mort, bien au contraire. En témoigne, le phallus caché en une. «On connaît depuis longtemps les astuces des caricaturistes et des peintres qui produisent une image dans l’image, cette seconde image ne se lit qu’au prix d’une certaine manœuvre ou manipulation. Par exemple le fait de retourner l’image. Ici ce n’est plus la tête du prophète qui apparaît à l’envers mais un phallus, le turban étant l’équivalent des testicules et le visage allongé du poète devient une verge.» Coïncidence? Maladresse? Il en doute.

«C’est une sorte de pied-de-nez caché, cela peut être involontaire mais ici cela m’étonnerait, c’est tellement l’esprit de Charlie ! Ça fait partie de son message profond: dénoncer des interdits, ce qui a rapport à la sexualité par exemple. Le rôle de Charlie étant un rôle iconoclaste: représenter des choses interdites en plus de casser des images. Montrer qu’une image en cache une autre, faire une critique, une satire…»

La caricature étant déjà provoquante par rapport à certaines représentations religieuses, le lecteur non aguerri n’y a pas cherché pas une seconde lecture. Voilà de quoi l’initier à Charlie!”

“L’Esprit Charlie” : les blagues de potaches qui se terminent (hélas) par 20 morts et des lois sécuritaires ?

On continue donc, forts de cette expérience ?

Pédigrée

Rappel : on parle de Charlie Hebdo !!!

Le problème c’est que le cœur de leur métier de faire des bites !!!! Ils glissent des bites comme d’autres glissent des quenelles !

Après, comment savoir si c’est fait exprès ou non ?

Est-ce comme ceci qu’il faut comprendre le :

À propos des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo (je condamne ces caricatures), rappels :

 

-

Et Luz lui-même :

Ce qu’en dit Luz…

Au vu de la polémique naissante, on a posé la question à Luz il y a 3 jours :

“Comble du blasphème, certains ont vu dans la représentation de Mahomet un double phallus (retournez votre Charlie, voyez le nez et les yeux, le visage et le turban…) Luz dément dans un haussement d’épaules : « Je l’ai toujours dessiné comme ça. En tout cas, s’il a une paire de couilles sur la tête, il est super bien épilé. »”

Source : Libération

On a vu bien mieux comme démenti (non, il ne le dessinait pas exactement comme ça les précédentes fois – et cela voulait il dire qu’il y avait aussi des bites les autres fois ?), mais bon…

Dans la précédente version de ce billet, j’étais plus dur, car j’avais TRES peur qu’il finisse par réponde “oui oui, c’est évidemment fait exprès”, ce qui aurait jeté encore plus d’huile sur le feu. Au mieux c’est un incroyable hasard, doublé du fait que personne à la rédaction n’aurait vu ceci (!) mais au pire, ça restera private joke).

C’est le problème avec les hyper-provocateurs (eux ou Dieudonné) : cela devient très dur de leur accorder le bénéficie du doute en cas de polémique…

Soulagé sur ce point, et ne souhaitant pas nourrir plus avant la polémique, j’ai retouché avec plus de conditionnel mon billet.

À chacun de se faire son opinion, avec toutes ces informations.

J’accuse Charlie Hebdo (à propos de la caricature elle-même)

(cette partie ne concerne plus la double interprétation “bitesque”)

Tout d’abord, je tiens à rappeler que je condamne sans ambiguïté l’attentat (j’ai pleuré comme tout le monde en apprenant l’a mort de Cabu), RIEN ne peut justifier la violence et encore moins la mort.

Je ne suis déjà pas d’accord pour qu’on publie de nouveau une telle caricature de Mahomet (ne soutenant pourtant pas l’idée d’une interdiction par la loi – je sais, le sujet est complexe et discutable).

J’en suis désolé, mais je vous accuse d’être des irresponsables qui jettent de l’huile sur le feu en republiant des caricatures de Mahomet !

Ah, flute, c’est votre slogan :

Je vous accuse de jouer avec la sécurité et la vie de nos citoyens avec inconséquence, de semer la haine dans le monde (avec des “antiracistes” comme vous, les racistes peuvent partir à la pêche à la ligne !!!), de contribuer au chaos :

Un acte de guerre maintenant !!!! Mais je n’ai rien demandé moi !

Le tout avec votre logique : “Démerdez-vous avec !”

Le tout avec votre logique : de faire “marrer la rédaction du journal satirique, et c’est pour [l'auteur] l’essentiel.”

L’essentiel ???

Et pendant ce temps là, chez Al Qaeda

IMPORTANT : Ceci est un pastiche, visant à dénoncer ce qui peut servir à nos ennemis. Ceci n’est pas une apologie du terrorisme. Le terrorisme est évidemment condamnable et inacceptable. (‘tain fait faire gaffe avec ce régime de plus en plus répressif)

Comme des gens veulent nous faire du mal, normalement, ce qu’il faudrait faire, c’est réfléchir à la meilleure réponse à apporter pour DIMINUER les risques que cela recommence. Ce qui signifie en général CHANGER des choses dans nos politiques et comportements, puisqu’ils ont contribué à nous désigner pour cible…

Cela signifie donc “penser comme l’ennemi”, pour avoir une STRATÉGIE ne lui donnant pas de nouvelles cartes dans sa main.

Or, quels cadeaux directs a-t-on fait aux recruteurs d’Al-Qaeda depuis 10 jours ?

Comme ils doivent nous remercier de nos erreurs grossières les barbares là-bas – les recrues vont affluer… Et notre sécurité dans tout ça ?

Sérieusement, cela intéresse-t-il quelqu’un d’empêcher les prochains attentats et le pays de se diviser, ou le but est-il juste de faire une psychothérapie collective après le drame qui nous a frappé sans se soucier des conséquences de la façon dont on la fait ?

J’écris tout ceci car J’AURAIS VOULU aller manifester et participer à un beau moment de communion nationale (que j’aime mieux que le concept “d’union nationale”, qui semble impliquer une absence totale de voix discordante, et donc une atteinte à la liberté d’expression… D’ailleurs quand un gouvernement parle d’union nationale, c’est en général durant des moments de guerre pour mobiliser l’opinion – et c’est donc SURTOUT le moment où il faut examiner et critiquer les paroles et actes dudit gouvernement…).

Mais pour cela, il aurait fallu que cette communion nationale existât.

Et pour cela, il aurait fallu débattre un minimum, faire la part des choses, réfléchir à la cause de la cause du drame, se dire les choses, choisir un beau slogan qui nous aurait rassemblés ( #ContreToutesLesViolences ? #EnMémoireDetoutesLesVictimes ? #ContreLesTerrorismes ? #TousFrançais ? #AimonsNousLesUnsLesAutres ? :) etc.), voire même, même, demander des choses au gouvernement !

Et comme on n’a rien fait de cela, on a choisi le pire slogan – et le plus naturel apparemment, quoique #JeSuisMinute aurait eu un faible succès je pense, si c’est ce journal qui avait été attaqué - (trouvé en 30 minutes par un graphiste (sic.)), qui peine DONC à nous rassembler (et la presse s’en étonne !) et en plus qui jettera encore de l’huile sur le feu et aidera probablement nos ennemis… Quelle formidable occasion gâchée !

J’ai vraiment l’impression qu’il y a là 20 % de la France, boboïsante (ce n’est pas une insulte !), souvent pleine de belles idées, mais qui – comme Hollande se pensant chef du Monde pour un jour, alors qu’il ne l’est ce jour-là que du Monde Occidental (quelqu’un connait-il simplement l’existence des attentats de Bombay en 2008, avec 173 morts ?) – hélas semble se penser être LA FRANCE, et s’étonne brutalement, en se retournant, de voir que la France ne les a pas suivis – ne semblant même pas comprendre pourquoi…

======================================================

Une nouveauté sémiologique dans l’Obs : “être Charlie” – je ne savais pas qu’il y en avait une définition…

Et pendant ce temps là, toutes les haines augmentent à proportion des blessures : islamophobie, replis identitaires, craintes de l’autre, sentiment de rejets, etc. Haines terreau de toutes les violences…

Quand le gouvernement va-t-il enfin se désolidariser d’irresponsables – comme d’autres ont su le faire par le passé, soucieux de la cohésion nationale ?

Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d’attiser dangereusement les passions.” [Jacques Chirac, 08/02/2006]

Je reviens sur Daniel, qui écrit toujours dans le même billet de ce jour :

“[...] toute une flopée de hautes autorités musulmanes et talibanes, dans une flopée de pays, n’aiment pas la couverture du dernier Charlie. Y compris, par exemple, mon nouveau copain le roi Abdallah de Jordanie, qui défilait avec moi dimanche dernier, et aujourd’hui juge le comportement de Charlie « condamnable, irresponsable, et inconscient ». Si si, le même. Solidaire le dimanche, il dézingue le jeudi. Eh, Majesté, tu sais pourquoi t’étais là, dimanche ? On te les avait montrés, les dessins des irresponsables ? (Je me permets de te tutoyer, on a arpenté le boulevard Voltaire ensemble).”

Je me permets de faire remarquer que le petit souci – oh, 3 fois rien, mais le cœur de ma réaction – c’est que JUSTEMENT, non, “il ne savait pas pourquoi il était là dimanche”, ou plutôt, vous n’étiez pas là pour la même chose. Et qu’on ne peut s’étonner et reprocher le moindre malentendu, puisqu’il n’y à jamais eu le moindre commencement de début de verbalisation et encore moins de dialogue et de débat.

C’est le problème quand, bouleversés, on agit avec émotion sans réflexion (exemple dans un autre registre : comme quand on court défendre la Belgique envahie et qu’on tombe dans le piège des Allemands qui nous prennent à revers et nous hachent menu en 1940…).

Il était sans doute là pour condamner la violence contre des innocents, vous étiez-là pour soutenir le droit à blesser, chacun y voyant clair en son for intérieur – mais si ça reste à l’intérieur, il ne peut qu’y avoir des malentendus, justement… C’est pour cela qu’on a inventé la parole (et après le cerveau).

Et dimanche, Abdallah n’avait pas encore vu la caricature (voire les tête-de-bites ?), qui fait à mon sens assez peu pour la paix entre les hommes et femmes de bonne volonté… Et depuis, je pense en effet qu’il l’a “regardée attentivement”… ;)

Mais bon, je dis ça, je dis rien…

Bref, pour ma part, j’essaye d’être RES-PON-SA-BLE (oui, je sais, ce n’est pas “modeeeeeerne”) et de débattre. Peut-être que je me trompe dans ce que je dis, mais, au moins, j’essaye…

Et la fraternité bordel ?

Faut il rappeler cela à propos des caricatures de 2012 :

C’est le pire exemple d’extrémistes provoquant des extrémistes.” [Vygaudas Usackas, représentant spécial de l'Union européenne pour l'Afghanistan, JDD, 19/09/2012]

Pourquoi ne pas avoir écouté la voix d’outre-tombe de Wolinski ?

“[Delfeil de Ton, ancien figure de Charlie Hebdo] cite Wolinski, en 2011, après l’attaque : “Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour, la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire”, avait déclaré le dessinateur. Et Delfeil de Ton, s’appuyant sur cette citation, embraye : “Il fallait pas le faire, mais Charb l’a refait”. Un an plus tard, l’hebdomadaire satirique publie un numéro “Charia Hebdo”. Un numéro qui n’a pas faire rire Delfeil de Ton, lequel “était malade” de se dire que Cavanna, qui ne bénéficiait pas de protection policière à la différence de Charb, pouvait être tué. Tout comme Wolinski.” [Arrêts Sur Images, toujours !]

Est-ce vraiment trop demander que de faire preuve d’un minimum d’empathie et de respect envers nos semblables ?

D’essayer – oh comme cela semble difficile à certains – de respecter les demandes raisonnables, afin de ne pas heurter inutilement les convictions ?

Par exemple :

Ce qui ne signifie nullement ne pas se battre pour la laïcité ou les excès dommageables des religions… Mais en dénonçant les actes des hommes, pas ceux de Dieux

Et je comprends mal d’ailleurs cette idée répandue partout de “liberté d’expression pour critiquer les religions”. Évidemment, mais où est la critique de la religion ??? On notera que Zemmour n’a aucun souci ! Il n’y a aucune expression dans ces “caricatures”, juste une volonté puérile de heurter en agitant un tabou, en brisant une chose sacrée pour l’autre. C’est tout un débat – mais au moins posons le clairement…

Car de toute façons, une liberté est toujours limitée – au moins par la liberté de l’autre. Ou s’arrêtent-elles, ou commencent-elles – tout un débat aussi.

Vous sentez-vous heurté par le fait de “brider votre liberté” en baissant le son de votre télévision ou chaine-hifi le soir pour ne pas gêner votre voisin ? Le problème n’est même pas légal : c’est une base du vivre ensemble. Vous savez que si vous ne le respectez pas, il ne vous respectera pas, et que vous entrerez dans une spirale sans fin, finissant par vous rendre la vie impossible…

Je pense vraiment qu’on a une partie de la population qui se pense élite, que je qualifierais de néoconservatrice de droite et/ou de gauche, pétrie d’un amour de la Liberté qui hélas est devenu intégriste – oubliant égalité et fraternité -, voulant une liberté :

Ne peut-on pas simplement condamner toute violence, physique ou morale ?

Ne peut-on pas simplement réfléchir à ses différentes sources (et donc à nos propres responsabilités), et au moyen d’en couper le robinet ?

Ne peut-on pas simplement essayer d’apaiser au lieu de diviser ?

ACTION :

RÉACTIONS :

===============================================================

===============================================================

===============================================================

===============================================================

===============================================================

===========================================

Allez en hommage aux dessinateurs inhumés aujourd’hui, et pour ne pas trop être père la morale, un petit dessin en hommage – à la maxime tellement adaptée…

 

Cabu, c’était bien la paix…

Il ne sert à rien d’humilier les gens, ni de déclencher la violence au nom de beaux principes. [...] Observer des tabous, ce n’est pas forcément une régression, ce n’est pas un pas en arrière pour la liberté d’expression : c’est un pas en avant pour l’intelligence.” [Plantu, 10/2006]

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” [Martin Luther-King]

Moi je les aime bien :

P.S. Pour soulager le serveur, les commentaires de ce billet sont ici.

P.P.S. Ce sujet devenant lassant de bêtise, on essaiera de passer à autre chose lundi…

P.P.P.S : si quelqu’un a le dernier numéro du Nouvel Observateur d’il y a 2 jours et un scanner, merci de me contacter

j’avais TRES peur qu’il réponde “oui oui, c’est fait exprès”, ce qui aurait jeté de l’huile sur le feu. Au mieux c’est un incroyable hasard, doublé du fait que personne à la rédaction n’aurait vu ceci (!) mais au pire, ça restera private joke), et ne souhaitant pas nourrir plus avant la polémique, j’ai retouché avec plus de conditionnel mon billet. A chacun de se faire son opinion.

Source: http://www.les-crises.fr/charlie-a-manipule-la-france/


Commentaires du billet “Charlie Hebdo continue à jeter de l’huile sur le feu”

Friday 16 January 2015 at 15:29

Laissez vos commentaires du billet “Charlie Hebdo continue à jeter de l’huile sur le feu (édité) “ ici.

Source: http://www.les-crises.fr/commentaires-j-accuse-ch/


[# ElleEstCharlie ?] Et maintenant, une Femen tarée brûle le Coran !

Friday 16 January 2015 at 04:15

Bien bien bien…

J’ai hésité à publier ce billet, mais comme des milliers de sites internet parlent déjà de l’affaire (je me serais évidemment tu sinon#YaPasMarquéCharlie, mais là le mal est fait ça circule beaucoup sur les sites de musulmans et d’islamophobes, il ne nous reste qu’à éviter d’allumer d’autres incendies), il me semble utile de le faire pour dénoncer cet acte hallucinant de BETISE où suinte l’absence de toute fraternité – sans même parler des risques que cela fait prendre à tous les Français…

Ce monde devient fou.

Je rappelle que l’apologie du terrorisme est interdite, mais pas les actes qui l’alimentent…

IR-RES-PON-SABLES !!!

J’imagine que le but de ces provocateurs est de promouvoir un pas de plus vers la “liberté d’expression” et le “refus de toute limitation du droit à blasphémer” – je ne vois d’ailleurs rien dans le code pénal qui empêche ceci.

Par cohérence intellectuelle élémentaire, je vois d’ailleurs mal comment on pourrait défendre la publication des caricatures de Charlie et condamner ceci… – faudrait savoir ! Cela donne à chacun l’occasion de s’interroger.

P.S. je rêve : des gens qui soutiennent sans aucune réserve Charlie (condamnons encore sans ambiguïté les barbares inexcusables qui ont les attaqués) me demandent en commentaire pourquoi je n’ai pas censuré ceci…

Observer des tabous, ce n’est pas forcément une régression, ce n’est pas un pas en arrière pour la liberté d’expression : c’est un pas en avant pour l’intelligence.” [Plantu, 10/2006]

C’est nouveau, ça vient de sortir : brûler le Coran !

Voici donc la dernière action de l’une d’entre elle, filmée, suite à l’attentat contre Charlie Hebdo : brûler le Coran !!!

RAPPEL : je condamne sans aucune réserve cet acte inqualifiable, pour moi profondément anti-républicain (je ne reproduis d’ailleurs évidemment pas ses propos ignobles…)

Et en plus, profondément dangereux dans le moment douloureux que traverse notre pays.

J’appelle donc le gouvernement – si prompt à réagir promptement au moindre tweet de Dieudonné pour le poursuivre – à agir d’une façon ou d’une autre contre ces fanatiques avant que notre pays soit de nouveau frappé par le terrorisme. Il aurait fait quoi si Dieudonné avait brûlé la Torah ?

Là où l’on brûle des livres, on finit par brûler des hommes.” [Heinrich Heine]

Meriam, une recrue de choc pour les Femen

TV5Monde a rédigé une pleine page sur cette Meriam. On y apprend :

“Meriam est une belle femme, et timide. Elle paraît impressionnée par ces nouvelles guerrières du féminisme. [...] Inna a approuvé sa présidente Anna Hutsol, lorsqu’elle disait que la société ukrainienne avait été incapable « d’éradiquer la mentalité arabe envers les femmes ». Ce qui leur avait valu d’être qualifiées d’islamophobes. [...]

C’est après avoir quitté la Tunisie, voilà cinq ans pour suivre son époux français, que Meriam entend parler des Femen. Elle commence à s’intéresser à ces jeunes femmes qui bravent tous les dangers pour dénoncer les atteintes aux libertés des femmes. L’idée de manifester les seins nus, d’utiliser son corps comme arme, lui plaît. Les Femen choquent, marquent les esprits. A voir leur entrainement, c’est une véritable armée qui se prépare au combat. [...]

Face à des forces extrémistes, est-il cohérent de faire appel à un autre extrémisme (le “sextrémisme” que défendent les Femen) ? L’échec n’est-il pas joué d’avance ? Comment défendre concrètement les libertés des femmes, partout dans le monde, quand les cultures sont différentes, sans leur imposer idéologie et schémas européens ? Meriam est radicale : “il faudrait aller plus loin que le ‘sextrémisme’. Je ne sais pas vraiment comment mais frapper encore plus fort pour bousculer ces mentalités figées ! [...]

Comment faire passer un message pacifiste quand on se heurte violemment aux autres cultures, sans possibilité de dialogue ? Un mouvement extrémiste, qu’elle que soit son projet, ne va-t-il pas à l’encontre de la démocratie ? Autant de questions que pose ce nouveau mouvement féministe. Et auxquelles répond Meriam, sans exprimer aucun doute sur sa démarche : “les salafistes extrémistes) sont trop dangereux en Tunisie. Il n’y a de toute façon pas moyen de discuter avec les extrémistes! Mais je pense aussi que même ceux qui se disent “musulmans modérés” sont juste hypocrites. [...]“

On la voit ici, en jeans – à côté de Caroline Fourest :

Et ici :

On parle d’elle sur TV5 :

à 1’28 : “Meriam pense que c’est cette radicalité qui va permettre aux femmes d’avancer dans leurs droits.” : c’est évident, non ?

Purée, mais c’est quoi son but ?????

P.S. À tous les fanatiques : ne vous en prenez pas à elle svp, elle a clairement des problèmes psychiques faisant qu’elle ne se rend pas compte de la portée de ses actes…

Ah ces Femen…

Je rappelle au passage que ce groupuscule que tout le monde connait suite au battage médiatique intensif ne sont que quelques dizaines de personnes…

J’ai déjà rappelé ce tweet d’anthologie d’une de leurs leaders diffusé le 9 juillet 2013 : « Qu’est ce qui peut être plus stupide que le Ramadan ? Qu’est ce qui peut être plus laid que cette religion ? ». Elle a supprimé par la suite le tweet mais assure « l’assumer entièrement » (Source : L’Express).

Notez qu’en mars 2014, la Femen Inna Shevchenko déchirait une Bible au Texas pour protester contre la politique de l’État :

Alors bon, maintenant, faire comme les glorieux ancêtres en brûlant des livres – à commencer par le Coran…

Oups, pardon :

Qui pourrait penser ça ??? Hmmm ?

On lira l’enquête complète que nous avons réalisée sur ce blog : “Les Femen ne sont pas nazies !” Bon, enquêtons alors…

(nazies non, mais islamophobes et nationalistes, cela semble fréquent…)

P.S. on notera que plusieurs jours après, aucune condamnation de cet acte n’apparait sur leur site – malgré le buzz…

Les Femen & Charlie Hebdo…

Une longue histoire, en raison de la présence de Caroline Fourest dans le journal pendant de longues années…

On a vu hier que le dernier Charlie Hebdo rêvait des Femens, comme il le faisait depuis longtemps.

Elles ont logiquement réagi :

Et je laisse le mot de la fin au regretté Charb :

“Vu les réactions des cibles, on se rend compte qu’elles voient juste” !!!

“Ce qui est insupportable, c’est le discours de ceux qui partagent leurs objectifs, MAIS qui ne sont pas d’accord avec leur mode d’action.”

On est d’accord : “Ce qui est insupportable, c’est le discours de ceux [...] qui ne sont pas d’accord.” !!!

 

C’est sûr que tout le monde est en phase !

Mais quand cette histoire va-t-elle cesser ???? Quand allons nous redresser la tête, et ne plus subir ce conditionnement médiatique permanent ?

Quand allons nous pouvoir faire notre deuil dans nos âmes ?

Je pense vraiment qu’on a une partie de la population qui se pense élite, que je qualifierais de néoconservatrice de droite et/ou de gauche, pétrie d’un amour de la Liberté qui hélas est devenu intégriste – oubliant égalité et fraternité -, voulant une liberté :

Et réfléchir à comment améliorer notre vivre ensemble – car une manif ne suffira pas !

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” [Martin Luther-King]

Source: http://www.les-crises.fr/et-maintenant-une-femen-taree-brule-le-coran/


En solidarité avec une presse libre : quelques nouveaux dessins blasphématoires, par Glenn Greenwald

Friday 16 January 2015 at 02:30

Glenn Grennwald est le journaliste et avocat américain qui a révélé l’affaire Snowden, ayant receuilli ses confidences. Il a du se réfugier au Brésil, et son compagnon a été arrêté quelques heures par la police britannique… (il a bien morflé pour la liberté d’expression, lui, par rapport aux intellectuels germanopratins)

Voici sa vision (très américaine) de l’affaire Charlie.

P.S. pour toutes les caricatures qu’il montre, je vous renvoie sur la source originale de The Intercept (à la fin) - des fois que des crétins interprètent mal le message du billet (et comme ces dessins me font vomir, je ne souhaite pas les montrer sur le blog).

Je rappelle que l’antisémite est une horreur.

Défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression, c’est à dire défendre le droit à la diffusion des idées considérées par la société comme les plus repoussantes, a été l’une de mes principales passions au cours de ces 20 dernières années : auparavant en tant qu’avocat, et maintenant comme journaliste. Aussi je considère comme positif qu’un grand nombre de personnes invoque ce principe haut et fort, comme cela s’est produit au cours des dernières 48 heures, en réponse à l’horrible attaque contre Charlie Hebdo à Paris.

Habituellement, défendre le droit à la liberté d’expression est une tâche bien plus solitaire. Par exemple, la veille des meurtres de Paris, j’ai écrit un article à propos des multiples affaires dans lesquelles des musulmans sont poursuivis et même emprisonnés par des gouvernements occidentaux pour leurs propos politiques en ligne – attaques qui ont provoqué relativement peu de protestations, y compris de la part des champions de la libre parole qui ont été si véhéments cette semaine.

J’ai déjà couvert des cas où des musulmans étaient emprisonnés pendant de nombreuses années aux États-Unis pour des affaires comme la traduction et la publication de vidéos “extrémistes” sur Internet, la rédaction d’articles académiques en soutien aux groupes palestiniens, l’expression de critiques acerbes à propos d’Israël, et même l’inclusion d’une chaîne du Hezbollah sur un bouquet câblé. Et tout ça n’est rien comparé aux nombreux cas où les gens ont perdu leur emploi ou ont vu leur carrière stoppée pour avoir exprimé des critiques sur Israël ou (beaucoup plus dangereux mais aussi plus rare) sur le judaïsme. Je veux espérer que ces célébrations de la liberté d’expression cette semaine vont aboutir à une opposition générale contre toutes les atteintes répétées et de plus en plus fréquentes aux droits politiques fondamentaux en Occident, et pas seulement à certains, déterminés de façon arbitraire.

Au centre du combat pour la liberté d’expression, il y a toujours eu la distinction entre le droit de disséminer une idée X et partager l’idée X, distinction que seuls les plus limités d’entre nous sont incapables de comprendre. Distinction qui défend le droit d’exprimer des idées repoussantes tout en étant capable de condamner l’idée elle-même. Ce n’est pas contradictoire : l’ACLU (l’Union américaine des libertés civiles) défend vigoureusement le droit des néonazis de défiler au milieu d’une communauté pleine de survivants de l’holocauste à Skokie, dans l’Illinois, mais ne se joint pas à la marche ; ils condamnent plutôt à haute voix l’idée en question comme grotesque, alors même qu’ils défendent le droit de l’exprimer.

Mais cette semaine de la défense du droit à la liberté d’expression a été si enflammée qu’elle a vu se développer un principe inédit : défendre la liberté d’expression, ce serait désormais défendre non seulement le droit à exprimer un discours, mais aussi son contenu même. De nombreux auteurs ont ainsi demandé ceci : pour exprimer « leur solidarité » avec les dessinateurs assassinés, il ne faudrait pas seulement condamner les attaques et défendre le droit des dessinateurs à publier, mais publier et même glorifier ces dessins. « La meilleure réponse à l’attaque de Charlie Hebdo est d’intensifier la satire blasphématoire », a déclaré le rédacteur en chef de The Slate, Jacob Weisberg.

Certains des dessins publiés par Charlie Hebdo sont non seulement offensants mais fanatiques, comme celui caricaturant les esclaves sexuelles africaines de Boko Haram en reines de l’assistanat (ci-dessus). D’autres sont allés bien plus loin que dénigrer la violence des extrémistes agissant au nom de l’Islam, ou représenter Mahomet par des images dégradantes (ci-dessus), mais contenaient bel et bien un flot de railleries à l’encontre des musulmans en général, lesquels en France n’ont aucun pouvoir mais représentent plutôt dans leur ensemble une population immigrante marginalisée et discriminée.

Mais peu importe : leurs dessins étaient “nobles” et devraient être célébrés – non seulement pour une question de liberté d’expression, mais pour leur contenu. Dans un article titré « Le blasphème dont nous avons besoin », Ross Douthat du New York Times a soutenu que « le droit de blasphémer (et donc d’offenser) est essentiel à l’ordre libéral » et « que cette forme de blasphème [qui provoque la violence] est précisément celle qui doit être défendue, parce que c’est celle qui sert clairement au bien commun d’une société libre ». Jonathan Chait du New York Magazine a déclaré que : “on ne peut pas défendre ce droit [de blasphémer] sans en défendre la pratique”. Matt Yglesias de Vox a eu une position bien plus nuancée mais a conclu malgré tout que “blasphémer le Prophète a fait passer ces publications d’un acte sans intérêt à un acte courageux et même nécessaire, pendant que l’observation que le monde se porterait mieux sans ces provocations devient une forme d’assentiment.”

En conformité à ce nouveau principe de solidarité avec le droit à la liberté d’expression et avec une presse libre vivante, nous publions quelques dessins blasphématoires ou offensants envers la religion et ses adeptes :

(dessins censurés, conforment à la loi)

(P.S. je rappelle que je condamne ce dessin, c’est une simple démonstration par l’absurde de l’auteur)

Et voici quelques dessins loin d’être blasphématoires ou fanatiques et pourtant très pointus et pertinents du dessinateur brésilien brillamment provocateur Carlos Latuff (reproduits avec son accord) :

L’heure est à la célébration de mon brave et noble combat pour la liberté d’expression, n’est-ce pas ? Ai-je porté un coup puissant pour la liberté politique et démontré ma solidarité avec la presse libre en publiant des dessins blasphématoires ? Si, comme le disait Salman Rushdie, il est vital que toutes les religions soient sujettes à un profond et courageux irrespect, ai-je fait ma part pour soutenir les valeurs occidentales ?

La première fois qu’on m’a demandé de publier ces dessins antimusulmans, le cynique en moi a pensé qu’en fait il ne s’agissait peut-être que de sanctionner une forme de discours blessant à l’encontre des religions et de leurs adeptes, tout en protégeant des groupes plus en odeur de sainteté. En particulier, l’Occident a passé des années à bombarder, envahir et occuper des pays musulmans, et à tuer, torturer et emprisonner sans procès des musulmans innocents. Et le discours antimusulman a été un élément vital pour que ces politiques continuent à recevoir du soutien.

Donc il n’est pas surprenant, au contraire, de voir un grand nombre d’Occidentaux célébrant les dessins antimusulmans – non pas sur la base de la liberté d’expression, mais en raison de leur approbation du contenu. Défendre la liberté d’expression est toujours facile lorsque vous aimez la substance des idées ciblées, ou ne faites pas partie (ou ne détestez pas explicitement) le groupe qui est ainsi vilipendé.

Ainsi, il va de soi que si un écrivain spécialisé dans des pamphlets ouvertement anti-noirs ou antisémites avait été assassiné pour ses idées, il n’y aurait pas de large appel à la republication de sa daube en “solidarité” avec sa liberté d’expression. En fait, Douthat, Chait et Yglesias ont chacun pris la peine d’expliquer expressément qu’ils n’appelaient à la publication de telles idées insultantes qu’uniquement dans le cas limité où en réponse, des menaces étaient proférées ou des actes de violence perpétrés – ce qui signifiait pour eux en pratique, pour autant qu’il me semble : les discours contre l’Islam. Douthat a même mis des italiques pour souligner combien était limitée sa défense du blasphème : “ce genre de blasphème en particulier est le genre qu’il est nécessaire de défendre”.

Il faut reconnaître un point valide dans l’argumentation de Douthat-Chait-Yglesias : quand les médias s’interdisent de publier des informations parce qu’ils ont peur (et non par désir d’éviter de publier des éléments gratuitement insultants), comme ont reconnu qu’ils le faisaient avec ces dessins plusieurs médias parmi les plus importants de l’Occident, cela est réellement gênant et devient une véritable menace à l’encontre de la presse libre. Mais il existe tout un tas de tabous pernicieux en Occident qui provoquent de l’autocensure ou de la suppression forcée d’idées politiques, avec des poursuites judiciaires suivies d’emprisonnement ou encore la ruine de carrières professionnelles. Pourquoi les violences perpétrées par des musulmans sont-elles les plus menaçantes ? (Et là je ne parle pas du fait de savoir si les médias doivent ou non publier les dessins parce qu’ils font l’actualité – je m’interroge dans le cas où on veut qu’ils soient publiés absolument, par approbation, par “solidarité”).

Quand nous avons parlé de publier cet article pour exposer cette réflexion, notre intention était d’embaucher deux ou trois dessinateurs pour faire des dessins se moquant du judaïsme et ridiculisant les figures sacrées pour les juifs, à la manière dont Charlie Hebdo l’a fait pour les musulmans. Mais cette idée a fini au panier, du fait qu’aucun grand dessinateur occidental n’oserait jamais mettre son nom au bas d’un dessin antijuif, même s’il était réalisé de manière satirique – parce que le faire aurait détruit instantanément et définitivement leur carrière, dans le meilleur des cas.

On a des commentaires (et des dessins) anti-Islam et anti-musulmans en veux-tu en voilà dans les médias occidentaux ; le tabou qui est au moins aussi fort, sinon plus, sont les images et les dessins anti-juifs. Pourquoi Douthat, Chait, Yglesias et leur compagnons de croisade pour la liberté d’expression n’appellent-ils pas à la publication d’éléments antisémites, par solidarité ou comme manière de se dresser contre cette répression ? Oui, c’est vrai que des journaux comme le New York Times ne publient que très rarement de telles représentations, sauf pour illustrer l’obscurantisme haineux et le condamner – et non pour le publier “en solidarité” ou parce qu’il mérite une diffusion sérieuse et respectueuse. Avec tout le respect que je dois à la grande dessinatrice Ann Telnaes, ce n’est simplement pas vrai que Charlie Hebdo “tapait sur tout le monde indistinctement“.

Tout comme pour Bill Maher, Sam Harris et d’autres maniaques anti-islam, tourner en dérision le judaïsme, les juifs et/ou Israël est quelque chose qu’ils feront rarement (sinon jamais). S’ils y sont obligés, ils peuvent sortir quelques rares cas isolés dans lesquels ils ont balbutié une espèce de critique du judaïsme ou des juifs, mais le gros de leurs attaques est réservé aux musulmans et à l’islam, et non aux juifs et au judaïsme. Parodie, liberté d’expression, athéisme laïque : ce sont les prétextes. Diffusion de message anti-musulmans : c’est le but principal et le résultat obtenu. Et cette diffusion – cette affection toute particulière pour les discours insultants et anti-islam – coïncident comme par hasard et nourrissent l’agenda diplomatique va-t-en-guerre de leurs gouvernements et de leur culture.

Pour comprendre à quel point cela est vrai, pensez au fait que Charlie Hebdo – ceux qui “tapent sur tout le monde indifféremment” et qui défendent toutes les sortes de discours insultants – a viré l’un des auteurs en 2009 pour une phrase que certains ont trouvé antisémite. L’auteur a ensuite été inculpé d’incitation à la haine raciale, et gagné un jugement contre le magazine pour licenciement abusif. Est-ce que vous appelez cela “taper sur tout le monde sans distinction” ?

Et menacer d’avoir recours à la violence pour répondre à des idées insultantes n’est pas non plus l’apanage des extrémistes qui revendiquent leurs actions au nom de l’Islam. En 1998, La pièce de Terence McNally qui mettait en scène un Jésus gay, était régulièrement annulée par les théâtres suite à des alertes à la bombe. Larry Flynt fut paralysé suite à l’agression d’un suprématiste blanc évangéliste qui s’était offusqué de la publication dans Hustler d’images pornographiques de couples mixtes. Les Dixie Chicks subirent un déluge de menaces de mort et bénéficièrent d’une protection imposante après avoir publiquement critiqué George Bush et la guerre en Irak, ce qui les contraint finalement à s’excuser par peur de représailles. La violence provoquée par les fanatiques juifs et chrétiens est monnaie courante, depuis l’assassinat de médecins pratiquant l’avortement, l’explosion de bars gays jusqu’à l’occupation brutale depuis 45 ans de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, en partie liée aux croyances religieuses (aussi bien aux USA qu’en Israël) qui font d’Israël la Terre promise selon la loi divine.

Et tout cela est indépendant de la violence d’état systématique qui a été maintenue en Occident, au moins en partie, par le sectarisme religieux. David Brooks du New York Times déclare aujourd’hui que la tendance antichrétienne est tellement répandue aux USA (dont le peuple n’a jamais élu un président non chrétien) que l’Université de l’Illinois a renvoyé un professeur qui enseignait la position de l’église catholique romaine sur l’homosexualité. Il a oublié cependant de mentionner que cette même université vient tout juste de mettre fin au contrat d’enseignement du Pr Steven Salaita en raison de tweets postés durant l’attaque israélienne sur Gaza, que l’université jugea trop virulents à l’encontre des leaders juifs, et que l’invitation à s’exprimer du journaliste Chris Hedges à l’université de Pennsylvanie venait d’être annulée pour le délit d’opinion d’avoir fait des comparaisons entre Israël et l’Etat Islamique.

C’est un vrai tabou, une idée refoulée, aussi puissant et absolu que n’importe lequel aux États-Unis, à tel point que Brooks ne reconnaîtra pas même son existence. C’est certainement plus un tabou aux États-Unis que la critique des musulmans et de l’Islam, que l’on entend si fréquemment dans les milieux dominants – y compris au sein du Congrès américain – qu’on ne le remarque qu’à peine désormais.

Cela souligne le point clé : Il y a de multiples manières de réprimer des idées et des points de vue en Occident. Quand ceux qui demandent la publication de ces caricatures anti-islam commenceront aussi à demander la publication de ces idées, je croirai à la sincérité de leur très sélective approche des principes de la liberté d’expression.

On peut défendre la liberté d’expression sans avoir à publier et encore moins adhérer aux idées offensantes en question. Mais si ce n’est pas le cas, ayons une application équitable de ce nouveau principe.

Photo de Joe Raedle/Getty Images ; Recherches supplémentaires faites par Andrew Fishman

Source : Glenn Greenwald, The Intercept, le 09/01/2014 Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

=====================================

Disclaimer : le site www.les-crises.fr condamne fermement le racisme et l’antisémitisme, l’appel à la haine, le terrorisme, et toute forme de violence.

=====================================

P.S. pour finir, une petite vidéo du Monde :

http://www.dailymotion.com/video/x1x8uyo_glenn-greenwald-le-terrorisme-est-un-pretexte_news

Glenn Greenwald, journaliste à l’origine d’une bonne partie des révélations sur la NSA et auteur du livre Nulle part où se cacher (éd. Lattès), débat avec Marc Trévidic (juge antiterroriste), Alain Chouet (ex-DGSE) et Hubert Védrine (ancien ministre des affaires étrangères). Le terrorisme est-il un alibi bien pratique ou un argument justifié ? Pour M. Greenwald, « le terrorisme est un prétexte » permettant aux dirigeants occidentaux d’« exploiter les craintes » pour accroître leurs prérogatives. En cela, les attentats du 11 septembre 2001 furent « un coup de pouce », selon M. Trévidic, alors que, comme l’assure M. Chouet, « il ne faut pas penser que le terrorisme est la pire des menaces ».
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/video/2014/05/28/glenn-greenwald-le-terrorisme-est-un-pretexte_4427665_4408996.html#ReDYZh3wAxuvGO7U.99

Source: http://www.les-crises.fr/en-solidarite-avec-une-presse-libre-quelques-nouveaux-dessins-blasphematoires-par-glenn-greenwald/


Plantu : “Je revendique l’autocensure” [2006]

Friday 16 January 2015 at 02:00

Merci à vous, j’ai compris l’allusion de Charlie Hebdo.

Voici donc les déclarations de Plantu en 2006 après la première publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.

2 visions du métier – et 2 conséquences différentes dans la vraie vie…

Avez vous proposé plusieurs dessins à la rédaction du Monde le 2 février 2006 ?

Plantu – Non, exceptionnellement non. J’étais à Atlanta et les rédacteurs en chef m’ont dit qu’ils voulaient faire la une sur l’affaire des caricatures. Ils ont été d’accord tout de suite.

Avez-vous déjà caricaturé le Dieu d’une des trois religions monothéistes ?

-Oui, ça m’est arrivé de faire des petits nuages avec un Dieu, c’était plus sur la croyance, mais certainement pas contre un des Dieux des trois religions monothéistes. Le but est de faire des dessins qui critiquent les terrestres. Il y a suffisamment à faire avec les intégristes de tous bords. D’après moi, il n’y a pas de critiques pertinentes contre les dieux. J’étais à New York, il y a peu, pour rencontrer Kofi Annan, car j’essaie avec lui de construire une rencontre internationale de dessinateurs de presse.

Nous aimerions faire en sorte que les dessins continuent à être pertinents, caustiques, dérangeants, mais je ne veux pas y lire de la haine. Il faut éviter de faire des dessins agressifs contre la croyance. Et ceci vaut pour les deux parties qui s’opposent aujourd’hui. Lorsque certains médias arabes publient des dessins représentant des Israéliens, il vaudrait mieux que les dessinateurs en Egypte ou au Liban évitent de les représenter avec un nez crochu. Je leur ai expliqué plusieurs fois mais ils ne m’ont pas écouté.

Il n’est pas impossible que cette crise nous permette, en Occident et en Orient, de mieux réfléchir avant de dessiner. Il faudra utiliser ces dérives pour défendre l’image politique imprimée et réaffirmer la responsabilité journalistique du dessinateur.

Vous est-il arrivé de pratiquer l’autocensure ?

- Bien sûr ! Je revendique l’autocensure. Il y a des tabous, il faut savoir les transgresser. Mais le dessinateur de presse a une responsabilité journalistique. Je crois qu’il faut être respectueux dans l’irrespect. Ce n’est pas honteux de dire “ça je peux le dessiner, ça je ne peux pas”. D’ailleurs, le journal Charlie Hebdo refuse lui aussi de publier certains dessins, ce n’est pas honteux. Observer des tabous, ce n’est pas forcément une régression.

Ce n’est pas un pas en arrière pour la liberté d’expression, c’est un pas en avant pour l’intelligence.

Propos recueillis par Simon Piel, L’Obs
(le mardi 7 février 2006)

===========================================================

Le caricaturiste doit passer au travers des interdits”

Propos recueillis par Dominique Simonnet,  publiés le 12/10/2006
«T’as vu le dessin de Plantu?» Des traits ciselés, des personnages saisis dans leur vérité, parfois une phrase laconique, et voilà l’image dont on parle, celle qui en dit plus long. Plantu est un provocateur pas méchant, un révolté tendre, bourré d’humanité. Dans L’Express et Le Monde, le dessinateur sait capter l’actualité pour en révéler l’essence, le tragique ou le dérisoire. En 2006, la caricature est un art à haut risque. Un dessin ne tue pas. Mais on tue pour des dessins. Quelles en sont les limites? Peut-on rire et parler de tout?

On a l’impression que l’exercice de la caricature est devenu plus difficile aujourd’hui dans le monde, que le dessinateur de presse se heurte davantage aux intolérances et aux groupes de pression. Est-ce la réalité?

Plantu : C’est vrai, mais pas seulement à l’étranger. En France, nous avons aussi nos ayatollahs. Chez nous, le principe de précaution pèse sur les dessinateurs de presse. Au-delà de «La guerre, c’est vilain! Le racisme, c’est pas beau!», il devient difficile de nuancer le propos. Un exemple: le magazine La Vie du rail m’avait demandé d’imaginer le TGV dans vingt-cinq ans. J’ai dessiné des Chinois aux commandes de la locomotive? On me l’a refusé, parce que cela risquait d’indisposer les syndicats!

Autre exemple: on m’a commandé un dessin pour le Salon du polar, qui doit avoir lieu à Montigny-lès-Cormeilles. J’ai proposé un Chirac assassiné par Sarko. Ambiance polar? Coup de téléphone: «La Poste, l’un de nos sponsors, juge le dessin trop politique.» Second coup de téléphone: cette fois, c’est Robert Hue, le maire de Montigny, qui refuse. Je dessine Chirac avec un sonotone? Les associations de malentendants protestent. «Plantu, on adore ton dessin, mais on ne peut pas le passer», voilà ce que j’entends sans arrêt. En France, si dix personnes doivent donner leur avis, il s’en trouve toujours une qui a peur, et tout le monde se range à ses côtés. Aux Etats-Unis, j’ai découvert que mes collègues dessinateurs étaient, eux, incités à dessiner les Noirs un peu plus «gris» et même, si possible, «blancs». Même son de cloche du côté de mes amis caricaturistes au Bénin… Incontestablement, il y a une montée des interdits. Et de la bêtise.

Ces dernières années, la religion est devenue un sujet hypersensible. Toucher au Coran, aux dieux et à leurs prophètes est désormais dangereux.

Il y a trente ans, on pouvait mettre en cause le fait religieux au Proche-Orient. Aujourd’hui, il faut batailler pied à pied. L’un de mes dessins, publié l’an dernier dans le journal égyptien Akhbar al-Adab, montrait une femme voilée avec, à ses côtés, des filles en jean et string, une manière de représenter le choc des cultures. Gamal al-Ghitani, le rédacteur en chef, a été menacé de mort.

Il y a des gens qui veulent créer un schisme entre le monde occidental et le monde musulman. Les dessinateurs doivent avoir l’intelligence de passer au travers des interdits, de proposer des images surtout pas affadies, toujours provocatrices, mais en étant conscients qu’elles peuvent être manipulées par des fanatiques. Continuons à taper sur le Hamas, le Hezbollah, Al-Qaeda, tel ou tel religieux, mais prenons quelques longueurs d’avance, réfléchissons à notre responsabilité avant de nous embarquer dans une attaque au-dessus des nuages.

Est-ce à dire qu’il faut pratiquer l’autocensure?

Je revendique l’autocensure! Je n’entre pas dans la vie privée des hommes politiques, par exemple. Lorsque l’affaire de l’appartement de 600 mètres carrés d’Hervé Gaymard, le ministre de l’Economie, a éclaté, je l’ai critiqué, mais de manière feutrée, pour ne pas ajouter à l’hallali. La caricature, c’est comme le slalom: il faut louvoyer entre les rédacteurs en chef, les lecteurs, les hommes politiques, les religieux? Trouver des biais. Au Maroc, il est interdit de dessiner le roi sous peine de prison. Eh bien un dessinateur l’a remplacé par une main, avec une bague qui parle. Les Iraniens n’ont pas le droit de taper sur les chiites? Ils dessinent des taliban, et les lecteurs comprennent très bien de quoi il est question. Les dessinateurs sont souvent militants. J’essaie de faire comprendre à mes amis arabes que, s’il est normal de critiquer Israël, il n’est peut-être pas utile de dessiner des juifs avec le nez crochu et un casque nazi. De même, il n’est peut-être pas nécessaire de dessiner Mahomet pour critiquer le fondamentalisme.

Il ne faudrait donc pas dessiner Mahomet?

Dans l’affaire des caricatures, la vraie provocation a été d’affirmer qu’il s’agissait de portraits du Prophète. Au moment des attentats de Londres, j’avais réalisé un dessin semblable montrant un islamiste et un turban en forme de bombe. La différence, c’est qu’il s’agissait d’un islamiste, pas de Mahomet. J’ai des comptes à régler avec les barbus, les intolérants et bien d’autres. Pas avec Dieu. La liberté de critiquer les religieux, Nasrallah, Ahmadinejad, Bush et Chirac, cela me va! On a ce qu’il faut sur terre, non?

Certains dessinateurs revendiquent le droit au blasphème.

Pour moi, le caricaturiste n’est pas seulement un artiste, il est aussi un journaliste qui écrit en images. Et même une caricature de journaliste… A ce titre, je me dois de m’interroger sur ma responsabilité, sur la manière dont mes dessins vont être ressentis à Beyrouth ou à Jérusalem. Avec Internet, tout dessin est interprété, utilisé. Il ne sert à rien d’humilier les gens, ni de déclencher la violence au nom de beaux principes. Un jour, mon ami dessinateur israélien Michel Kichka m’a dit que mes colons de Cisjordanie avaient trop l’allure d’intégristes, avec leur kippa et leurs papillotes. Je les ai changés : maintenant, ils ressemblent aux militants du Hamas! Ce n’est pas mieux. Mais je ne dérange plus les croyants.

On ne peut donc pas rire de tout?

Comme le disait Pierre Desproges, «on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui». Je comprends que les dessinateurs de Copenhague aient eu envie de se payer les barbus. Leur erreur a été d’y aller frontalement. Il faut être révérencieux dans l’irrévérence. Nous pouvons être caustiques, agressifs, mais sans haine, sans mépris, avec finesse, pour ne pas tomber dans le piège des intégristes. Il y a déjà eu des morts en Libye et au Pakistan à cause des caricatures de Mahomet. En veut-on davantage? Nous sommes entrés dans une sorte de guerre. Je pense à nos ambassades gardées par des chars, aux centres culturels attaqués? Quelle est l’urgence: dessiner Mahomet ou faire la paix au Proche-Orient, soigner le sida en Afrique, construire l’Europe, aider les Chinois à entrer en démocratie? Mahomet? D’accord, mais on verra plus tard. Je n’ai pas envie d’élever des barricades pour cela. Il y a d’autres priorités. Mais il ne faut pas non plus courber l’échine. A l’époque où Henri Krasucki était secrétaire général de la CGT, ses gars me coinçaient contre un mur: «Tu as tapé deux fois sur Krasucki cette semaine, tu ne feras pas plus.» J’ai continué. Quand les terroristes du FLNC m’ont menacé de mort, je n’étais pas fier en tournant la clef de contact de ma voiture, mais j’ai continué.

Comment devient-on Plantu?

Petit, je dessinais au dos des plans de locomotive que mon père, directeur d’un bureau de dessin industriel, rapportait à la maison. Un jour, j’ai réveillé mes parents en pleine nuit pour leur dire que je voulais faire de la bande dessinée. Mais, pour eux, ce n’était pas un vrai métier. A 20 ans, j’ai plaqué mes études de médecine et je suis parti à Bruxelles suivre les cours de dessin de l’école Saint-Luc, parrainée par Hergé.

Hergé, le modèle?

J’ai deux dieux: Reiser et Hergé. J’aime le côté déconnant, bâclé, du premier, et l’aspect rigoureux, léché, du second. Au retour de Belgique, j’ai commencé à proposer mes dessins dans les journaux. Mon premier, publié dans Le Monde le 1er octobre 1972, était une colombe qui évoquait la paix au Vietnam. En 1991, j’ai été accueilli ici, à L’Express. Une pleine page couleur, c’est comme une autre respiration: j’ai besoin d’écouter le bruit de mes feutres sur le papier? Certains dessins exigent du temps, d’autres se font à l’emporte-pièce. Lors de l’affaire des caricatures, j’étais aux Etats-Unis, dans un avion, et j’avais très peu de temps pour réagir. J’ai commencé à écrire comme un écolier puni: «Je ne dois pas dessiner Mahomet, je ne dois pas dessiner Mahomet?», et les phrases ont fini par former un personnage? Je suis en perpétuelle recherche. Je pense en images, partout, même dans la rue. Récemment, dans le métro, j’observais un jeune en survêtement avec ses lacets qui traînaient, sa casquette, et j’ai souri en imaginant le dessin que je pourrais en tirer. Le type s’est levé: «Y a un problème?» J’ai été à deux doigts de me faire casser la figure.

Qu’est-ce qu’un dessin réussi?

Un dessin qui éveille quelque chose chez le lecteur. Mais cela m’échappe totalement. Il n’y a pas de recettes. Je crois juste qu’il faut aimer ses lecteurs, et avoir confiance dans ses rédacteurs en chef. Un dessin, c’est une traduction. J’ai la chance de parler une langue – celle de l’image – que peu de gens pratiquent. En France, les profs de dessin font ce qu’ils peuvent, mais ils ne sont pas soutenus par l’Education nationale et, au bout du compte, les enfants, en majorité, ne savent pas dessiner. Pourtant, cette langue-là, tout le monde peut la comprendre. Ma syntaxe, ce sont mes formes, mes images. Je les articule pour former une phrase.

Un homme fusillé à un poteau qui a la forme du Chili (pour le coup d’Etat de Pinochet); le retour de Klaus Barbie, attendu en bas de l’avion par les ombres de Jean Moulin et des déportés?

C’est la force du dessin: il peut effectuer une surimpression, un télescopage, au contraire de la photo, qui est prisonnière de l’événement. Lors des accords de Madrid en 1991, j’ai dessiné Arafat, assis par terre, à côté de la table de négociations. Dans la réalité, il n’était pas présent. Mais c’était comme s’il était là. Seul un dessin peut montrer l’invisible, et même l’avenir. Quand je veux me distraire, je réalise des sculptures en pâte à modeler ou en argile. Le mieux, c’est la pâte Fimo: four, 120 degrés, une demi-heure, c’est formidable! J’ai fait des Chirac: même s’ils tombent par terre, ils ne se cassent pas! Un jour, j’ai offert une sculpture symbolisant l’ONU – des types endormis – à Kofi Annan. Il l’a gardée dans son bureau, à la vue de ses collaborateurs. Je fais de la communication sans le savoir.

Tu es d’ailleurs à l’origine de rencontres internationales de dessinateurs de presse, parrainées par l’ONU, dont la première aura lieu, ce 16 octobre, à New York.

L’idée a germé en 1991, lorsque j’ai rencontré Yasser Arafat. A cette époque, il était incapable de dire le mot «Israël». Alors je lui ai fait dessiner le drapeau israélien. L’année suivante, j’ai demandé à l’Israélien Shimon Peres de compléter le croquis. A New York, je veux mettre côte à côte un Israélien, un Palestinien, un Iranien, un Egyptien, pour que l’on puisse réfléchir à tout cela.

On peut toujours changer les choses, n’est-ce pas, même par un simple dessin?

Quand j’en doute, je me dis: «Fais comme si!» Lorsque j’ai rencontré Arafat pour la première fois, entouré d’hommes en armes, déguisé en Arafat, il est venu vers moi: «Ah, Mister Plantou» ? J’ai pensé: «Il croit qu’il serre la main à Plantu.» Alors je me suis dit: «Fais comme si tu étais Plantu au pays des kalachnikovs.» Et ça marche !

Source : L’Express

Plantu

23 mars 1951
Naissance à Paris de Jean Plantureux, dit «Plantu».
1971
Fasciné par Hergé, il part en Belgique suivre des cours de dessin.
1er octobre 1972
Publication de son premier dessin dans Le Monde, une colombe évoquant la paix au Vietnam.
1985
Le Monde lui commande un dessin quotidien.
1991
L’Express lui confie une page hebdomadaire.
Octobre 2006
Il organise à l’ONU une rencontre de dessinateurs du Moyen-Orient.

Source: http://www.les-crises.fr/plantu-je-revendique-lautocensure-2006/


[Bien joué ! 05] Urvoas : “Nous voulons avoir accès aux ordinateurs” (+ Elkabbach + Cameron)

Friday 16 January 2015 at 01:02

Encore du lourd.

Pour info, je prévois de continuer de parler des suites de l’attentat la semaine prochaine, avant de revenir à l’économie et l’international – je ne peux tout faire à la fois

Je suis en effet très inquiet du tour que prennent les choses qui me semblent de nature à attiser les haines dans le pays…

Bref, comme l’Ukraine il y a un an, ce qui se passe sous nos yeux me semble dangereux – donc on s’en occupe.

Écoutez le député PS Urvoas, mais SURTOUT, écoutez les questions et le ton du commissaire politique Elkabbach !!!

Pour Jean-Jacques Urvoas, les écoutes téléphoniques ne suffisent plus, il réclame un accès à Internet.

Invité : Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère et président de la commission des lois de l’Assemblée nationale

================================================================

Interview DANTE-OLOGIE !!!!

Quelqu’un pourrait il transcrire en commentaire l’échange (par bouts) svp ? Merci

Voici le début :

Thomas Sotto : L’interview politique d’Europe 1. JPE vous recevez ce matin le député socialiste du finistère JJU qui est aussi président de la commission des lois de l’assemblée nationale. Messieurs c’est à vous.

JPE : Et surtout la réforme du renseignement c’est vous. Bienvenue JJU bonjour.

JJU: bonjour.

JPE : le Président, le Premier ministre, Nicolas Sarkozy, l’opposition demandent d’accélérer la loi sur le renseignement. Elle était prévue pour juillet, où en êtes-vous ce matin ?

JJU : On est prêt, on est prêt. Elle est écrite. Il reste quelques ajustements, le gouvernement l’inscrira quand il veut nous répondront présents.

JPE : La loi va-t-elle donner plus de libertés pour détecter, surveiller, éviter de passer à l’acte criminel, donc des moyens supplémentaires d’investigation ?

JJU : C’est exactement ça. Son but c’est de détecter c’est à dire d’anticiper de façon à ce que ceux qui fomentent des coups puissent être interpelés avant d’agir.

JPE : Vous êtes attendu JJU sur plusieurs exemples précis qui étaient réclamés depuis 3 ans et parfois refusés aux professionnels. On va prendre des exemples. On disait il faut des balises sur les voitures, sous les voitures. On disait non. Aujourd’hui on dira ?

JJU : On dira oui. On dira oui ce qui nous manque surtout ce sont des moyens d’investigation. Par exemple, nous voulons avoir accès aux ordinateurs parce que les interceptions de sécurité, ce qu’on appelle les “écoutes”, elles sont en général assez stériles. Vous n’êtes pas un terroriste et vous savez pourtant que les écoutes existent alors imaginez que vous vouliez fomenter un attentat, alors vous vous méfieriez de ce que vous dites au téléphone. Donc quand on écoute quelqu’un on apprend pas grand chose. Où ceux qui ont commis l’attentat contre Charlie Hebdo ont-il pris leurs informations ? Sur Internet. Ils ont fait leur repérage sur Internet. Internet aujourd’hui c’est le son, c’est le contenu, c’est l’image.

Alors que maintenant, ils diront tout sur Skype !!!!

JPE : C’est-à dire, vous pouvez mieux repérer les tchats Internet des extremistes pour les bloquer ?

JJU : Nous voulons allez sur Skype par exemple, ce que nous ne pouvons pas faire aujourd’hui juridiquement. Nous voulons avoir accès aux données informatiques de ceux qui fomentent des coups.

JPE : C’est à dire contrôler les réseaux sociaux, les comptes twitter, toute la propagande fondamentaliste ?

JJU : Aujourd’hui tout ce qui est sur Internet est moins cher et plus facile d’accès pour tout le monde et nous nous pouvons pas y accéder juridiquement.

JPE : Et encore ?

JJU : Nous aurons besoin de sonoriser les lieux. Quand quelqu’un reçoit quelqu’un, aujourd’hui les terroristes ne se parlent plus au téléphone, ils se voient beaucoup. Ils sont donc dans des lieux privés. Nous ne pouvons pas pénétrer ces lieux puisqu’ils sont privés. Et bien il y aura la possibilité là aussi de le faire.

JPE : Mettre des micros et des caméras

JJU : oui, et des caméras

JPE : …à l’insu des gens…

JJU : Ah ben bien sûr à l’insu !

JPE : … chez eux, bien sûr, c’est des gens concernés.

JJU : oui oui. C’est ceux sur lesquels les services de renseignement ont des soupçons. Nous avons très peu de moyens. Dans l’imaginaire les services de renseignement sont Big brother, ils ont des tas de moyens. C’est faux. Regardez les écoutes téléphoniques dont on parle beaucoup, savez vous combien de personnes nous pouvons écouter par an, par an ? Nous avons 6 services de renseignement, nous pouvons écouter 2000 personnes. 2000.

JPE : Et alors quand il y en a 2100 il y en a 150 qui peuvent, ou 100, 150, plus dangereux

JJU : On est obligé de débrancher?

JPE : Mais on va voir ce que ça veut dire. Donc intervention au domicile privé. Les suspects même potentiels, est-ce qu’ils seront constamment surveillés j’ai envie de dire même filmés, et gardés en mémoire quelque part ?

JJU : Juridiquement en tout cas ils pourront l’être. La notion du “constamment”, et c’est cela qui évidemment sensible parce qu’il faut des moyens. Vous savez nous avons considérablement augmenté les moyens. Nous avons 6 services de renseignement aujourd’hui. ça représente environ 13 000 personnes.

JPE : Au Royaume-Uni, il y en a 20 000. 13 000 ça représente quel budget ?

JJU : Alors le budget est quelque chose qui est en général relativement secret mais globalement il est autour d’1,3-1,6 milliards. Et nous allons surtout recruter d’ici 2017 1000 personnels pour les 6 services de renseignement.

JPE : Il y en avait 400 qui étaient prévus…

JJU : Dans les 1000 il y en a 400 pour la DGSI nous allons créer 280 pour la DGSE, nous allons en créer un tout petit peu pour TRACFIN et puis nous allons en créer pour les anciens RG que nous avons recréés l’année dernière, le renseignement territorial.

JPE : Donc c’était une erreur de supprimer les RG ?

JJU : C’était une erreur de supprimer les renseignements généraux. Ils sont aujourd’hui, ils s’appellent aujourd’hui les renseignements territoriaux. Ils sont 1975. Nous avons besoin à ce qu’ils soient plus nombreux.

JPE : Donc au total il y a aura combien de personnes pour écouter, surveiller ceux qui doivent l’être ?

JJU : Il y aura, si on est 13000 et qu’on en crée 1000 de plus on aura 14000.

JPE : Et si la menace augmente, ça peut évoluer ?

JJU : Si la menace augmente le Premier ministre a dit hier que nous aurions en 2015 l’occasion de rediscuter de la loi de programmation militaire qui avait prévu ces efforts.

JPE : Donc les écoutes, pour être très clair, vont être plus faciles, peut-être plus efficaces ?

JJU : Elles seront plus nombreuses, les écoutes téléphoniques et surtout d’autres moyens que nous n’avons pas aujourd’hui, c’est cela qui nous manque pour détecter.

JPE : Et naturellement tout ça se fait sans passer par un juge, M. Urvoas ?

JJU : Oui, nous sommes en droit administratif et donc nous appliquons là dessus là jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme et du Conseil Constitutionnel donc c’est sous l’autorité d’une autorité administrative indépendante.

JPE : Les données des écoutes, elles peuvent pas être conservées plus d’un mois…

JJU : 30 jours oui

JPE : 30 jours… Un mois. Est-ce que cette fois la loi permettra d’allonger la durée

JJU : Non, non

JPE : …ou de les garder en mémoire pour les stocker, qu’on sache suivre quelqu’un ?

JJU : Nous n’avons pas proposé cette modification, elle peut faire l’objet d’amendements, de discussions mais à ce stade nous sommes plutôt pour rester sur les 30 jours.

JPE: Est-ce que la loi permettra d’élargir les écoutes aux familles des suspects, aux familles ?

JJU : Alors, la loi permettra de faire converger les écoutes sur ceux sur lesquels nous avons de la suspicion, oui. Sous l’autorité là aussi de…

JPE : C’est-à-dire qu’aujourd’hui, tout le monde, n’importe qui peut-être écouté ?

JJU : Tous ceux sur qui nous avons des suspicions. Mais encore une fois aujourd’hui notre difficulté c’est que nous n’avons pas suffisamment d’autorisations. 2000 personnes ce n’est évidemment pas suffisant. Vous savez, il y a en France aujourd’hui sur le territoire national, il y a 200 personnes qui sont revenues de Syrie. 200 personnes. Ce qui veut dire que ces 200 personnes…

JPE : Et ceux-là font partie des 2000 qui vous écoutez ?

JJU : C’est évidemment des personnes que nous écoutons, probablement, probablement.

JPE : Et est-ce qu’il y a des gens plus dangereux que les Coulibaly et Kaouchi, Koachi.

JJU : Mais parce que tous ces gens là étaient plus dangereux que Koachi et Coulibaly.

JPE : Et ceux-là ils sont dans la nature ?

JJU : Et ceux-là ils sont surveillés par nos services de renseignement. On peut d’ailleurs penser que ce n’est qu’un chiffre gris : c’est ceux que nous connaissons. Et donc on peut aisément passer au dessus à 300 personnes, 400 personnes qui sont réellement, à nos yeux, dangereux.

JPE : On nous dit, Manuel Valls disait hier, cette guerre que livre la France contre le terrorisme, le djihadisme, l’islamisme radical, la menace extérieure, la menace intérieure sont liées, il n’y a pas de rupture disait Jean-Yves Le Drian. Mais si c’est à l’Intérieur, si ce sont des Français, et bien ça ressemble à une guerre civile ?

JJU : Non parce que nous les combattons avec des armes qui sont celles du droit pénal. Et nous les qualifions pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des criminels.

JPE : Je continue. Des “failles”, disait Manuel Valls. On a cessé d’écoute un des frères, Saïd Kaouchi. La commission de contrôle des interceptions à laquelle vous participez JJU a dit “c’est pas nous”. Mais si c’est pas vous, c’est qui ? Qui ou quel service a pris la décision d’arrêter.

JJU : ça je ne le sait pas. Il y a plusieurs services qui peuvent demander…

JPE : Mais quelqu’un s’est trompé ?

JJU : Quelqu’un a… non ! Il s’est pas trompé, il a été obligé de choisir entre continuer une écoute qui probablement n’apportait pas grand chose, et quelqu’un…

JPE : Alors c’était une erreur, on peut le reconnaître.

JJU : Alors il faut augmenter le nombre d’écoutes potentielles.

JPE : C’était une erreur.

JJU : C’était visiblement sous-estimer la menace.

JPE : C’était une erreur.

JJU : Notre difficulté c’est de sous-estimer la menace.

JPE : Le procureur Molins a expliqué qu’Hayat Boumediene, la femme de Coulibaly, la femme d’un des frères Kouachi s’est fait appeler 500 fois. D’abord comment on le sait, ces 500 fois.

JJU : Et bien parce qu’on a du demander ce qu’on appelle les “fadettes”, c’est-à-dire réquisitionner, en termes judicaires, le nombre de connexions qu’il y a eu entre tel et tel téléphone.

JPE : Donc 500 fois, c’est anormal, excessif. Pourquoi on ne connaît pas le contenu des conversations ?

JJU : Et bien justement parce qu’on ne connaît pas, on n’a pas suffisamment les moyens aujourd’hui de rentrer dans ce type d’informations et c’est ça qu’il faut changer avec la loi.

JPE : Alors on dit que le fichier “S”, le plus dangereux des signalements etc. ne fonctionne pas. Est-ce qu’il fonctionnera mieux, les fichiers ? Et puis ensuite la question sur le Parlement européen qui n’a pas autorisé l’accès au fichier des données passager. “Nous, nous serons prêts en septembre”, dit Manuel Valls. Est-ce qu’on obtiendra l’accord de Bruxelles et Strasbourg ?

JJU : Si ,ce moment de drame que nous traversons permettra au Parlement de bouger. Moi j’ai écrit hier au président de la commission LIBE du parlement européen pour lui dire que la France tenait absolument au vote de ce fichier.

JPE : Est-ce le gouvernement aura une majorité pour faire voter cette loi ?

JJU : Le but c’est que la totalité de l’Asemblée Nationale vote ce texte, c’est un texte d’unité.

JPE : Oui ? Et elle sera prête quand cette loi ?

JJU : Le texte est écrit, le Premier ministre y travaille un temps…

JPE : Non non non, mais elle va être en débat, elle va être votée ? Elle serait appliquée quand ?

JJU : Je pense que le premier vote important doit intervenir très tôt, d’ici 2-3 mois

Thomas Sotto : Merci…

JPE : Je vais donner une dernière question. Manuel Valls, dans son discours remarqué qui a été applaudi par tous les débutés, a dit “à une situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles”. Vous, ici il y a quelques temps, vous aviez prévu, sur Europe, qu’il y aurait évidemment des actions terroristes. Mais vous ne saviez ni quand, ni comment, ni ou. On a vu, il y en a eu. Je vous repose la question pour finir : y aura-t-il de nouvelles violences ? Où et quand ?

JJU : La menace est lourde, il y a aujourd’hui une organisation qui s’appelle le front al-Nosra qui cherche des Européens qui ont des passeports pour pouvoir rentrer chez nous.

JPE : C’est-à-dire en France et dans toute l’Europe.

JJU : En France et en Europe. Hier au Canada on a interpelé quelqu’un qui allait préparer un attentat.

JPE : Merci d’être venu.

================================================================

Quand le PS et les Conservateurs anglais se rejoignent :

ça ne manque pas un peu de drapeaux ?

C’était prévisible : les meurtres odieux des journalistes de Charlie Hebdo à Paris ont réenclenché les débats sur la sécurité numérique et le contrôle des communications, pour lutter contre le terrorisme. Si en France, on parle déjà d’un « Patriot Act » à la française, en Angleterre, le premier ministre David Cameron est clair : il ne veut plus de logiciel de messagerie que ses services ne peuvent pas espionner.

« Allons-nous laisser un moyen de communication qui nous empêche de lire les messages échangés ? Ma réponse à cette question est : non. » a affirmé Cameron, en référence à WhatsApp ou Snapchat qui proposent des options de cryptage des communications directement dans leurs applications, utilisées par des millions de personnes.

Comment résoudre ce problème pour le premier ministre ? En interdisant tout simplement ces applications. Une tâche qui risque d’être difficile, dans la mesure où de grands constructeurs comme Google et Apple ont mis l’encryptage dans leur feuille de route et que déjà, iPhone et Nexus deviennent cryptés par défaut. Les services secrets vont avoir du mal…

Source : EreNumérique

================================================================

Une idée comme ça : plutôt que de chercher à espionner les citoyens, ne serait-il pas plus simple de tenter d’agir (et si possible sans passer par la loi) contre les provocateurs, qui, par exemple comme les Femen, brulent le Coran ? (cf. ce billet)

Source: http://www.les-crises.fr/bjat-05-nous-voulons-avoir-acces-aux-ordinateurs/


[IMPORTANT Entraide] Pros de WordPress, Montage vidéo, Transcriptions

Thursday 15 January 2015 at 08:07

Ce qui se passe est assez effrayant, et on n’arrive plus à suivre…

On aurait donc besoin de personnes pour nous aider :

Merci de m’écrire ici (rubrique Contact).

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-01-2015-1/