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Faillite : pendant que la Grèce lutte, Porto Rico sombre

Thursday 16 July 2015 at 00:42

L’île de Porto Rico ne peut pas rembourser ses 72 milliards de dollars de dettes.

Le gouverneur du territoire autonome américain de Porto Rico a reconnu dimanche que l’île ne pourrait pas rembourser ses 72 milliards de dollars de dettes accumulées. Récit d’une longue descente aux enfers qui rappelle le cas grec.

C’est un territoire qui croule sous les dettes, est empêtré dans un cercle vicieux d’austérité et de récession et dont la majorité de la population est au chômage. Bienvenue… à Porto Rico, qui vit une situation qui a le goût de la crise grecque, l’odeur de la crise grecque, mais n’est pas la Grèce.

Là où Athènes tente encore d’éviter une faillite, ce territoire des États-Unis vient de jeter l’éponge. Le gouverneur de cette île des grandes Antilles, Alejandro García Padilla, a reconnu que son territoire ne pourrait pas rembourser ses créanciers lors d’un entretien au “New York Times”, dimanche 28 juin. Porto Rico doit maintenant trouver un accord avec ses créanciers concernant les 72 milliards de dollars (64 milliards d’euros) qu’il leur doit.

Spirale infernale

“Nous sommes tombés dans une spirale infernale”, a-t-il déclaré au quotidien de la côte Est des États-Unis. Ce territoire autonome tente de sortir d’une récession quasi-permanente depuis 10 ans. L’absence de croissance réduit ses rentrées fiscales, oblige Porto Rico à emprunter toujours plus d’argent sur les marchés pour se financer, ce qui a fait exploser la dette publique (qui atteint 100 % du PNB, le Produit national brut). Conséquence : plus personne ne veut prêter des fonds, sauf à des taux d’intérêt exorbitants, et les caisses du Porto Rico se sont vidées.

Mais on ne tombe pas dans une spirale infernale comme Obélix dans une marmite de potion magique par accident quand on est petit. “Il est coutumier de dire que les problèmes proviennent de la fin de la provision fiscale américaine 936 pour les entreprises du continent [États-Unis] qui s’installeraient sur l’île”, peut-on lire dans une analyse de la situation de Porto Rico rédigée par plusieurs membres passés et présents du FMI, à la demande des autorités locales. Oncle Sam se serait donc créé sa propre version de la Grèce en ne prolongeant pas, en 2006, une incitation fiscale qui avait fait de l’île un paradis pour des entreprises de divers secteurs de pointe. “Il y a eu un exode massif d’entreprises, notamment du secteur pharmaceutique, qui a favorisé la récession”, souligne le “Wall Street Journal”.

Cette clause n’était, pourtant, pas le seul ver dans la pomme portoricaine, assurent les experts du FMI. L’activité a en effet commencé à décliner dès 2004 et cet accident réglementaire a servi de révélateur de problèmes plus profonds. Il y a d’abord eu une crise de l’immobilier, puis la crise financière de 2007 qui a durement frappé le “continent”, principal partenaire commercial de l’île. La reprise n’a ensuite pas été au rendez-vous à Porto Rico car, d’après la note de synthèse, son marché du travail protège davantage les salariés que dans le reste des États-Unis, ce qui a dissuadé des entreprises de revenir s’installer sur l’île et d’autres d’embaucher. Le tout a entraîné une crise bancaire et du crédit.

Pas bon pour l’Américain moyen

C’est donc un tableau très noir que dressent ces économistes du FMI. Ils ajoutent, en outre, que l’austérité imposée par les autorités pour tenter de réduire le déficit et la dette a “été contre-productive”. Les Grecs seront sûrement ravis d’apprendre que de l’autre côté de l’Atlantique, des experts du FMI peuvent estimer que la rigueur en période de récession ne fait qu’aggraver les choses…

Le statut particulier de ce territoire rajoute aux problèmes de l’île. Porto Rico ne peut, en effet, pas demander à être placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites comme ont pu le faire Detroit et d’autres villes américaines. Ce texte permet, en effet, d’encadrer la procédure de restructuration des dettes. Mais Porto Rico va devoir se débrouiller comme un territoire autonome.

Le seul atout de l’île est que cette faillite n’est pas bonne pour l’Américain moyen, comme le souligne la BBC. Si dans le cas grec, la plupart des créances sont entre les mains d’importantes institutions financières, la situation est très différente à Porto Rico car les dettes sont, essentiellement, entre les mains de fonds de pension. C’est donc de l’argent de salariés et de retraités du “continent”, et ceux-ci ont un poids politique certain.

Source : Sébastien Seibt, pour France 24, le 30 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/faillite-pendant-que-la-grece-lutte-porto-rico-sombre/


Miscellanées du jeudi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Thursday 16 July 2015 at 00:01

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche : Grèce, l’accord unanime symbole de l’incompétence des dirigeants européens

Les points sur les “i” : Olivier Delamarche et Benaouda Abdeddaïm: L’avenir grec sera-t-il enfin fixé avec ce nouvel accord ? – 13/07

II. Philippe Béchade

Bilan Hebdo: Jean-Louis Cussac et Stéphane Ceaux-Dutheil – 10/07

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): Les accords sur la Grèce et sur le nucléaire iranien impactent-ils les marchés ? – 14/07

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): Grèce: Alexis Tsipras va-t-il réussir à faire valider l’accord ? – 14/07


Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-jeudi-delamarche-sapir-bechade/


Exclusif : la Grèce a besoin de l’allégement des dettes bien au-delà des plans de l’Union Européenne – le rapport de Secret du FMI

Wednesday 15 July 2015 at 03:26

Le sujet grec n’a pas fini de ressurgir dans les mois et années à venir…

Exclusif : la Grèce a besoin de l’allégement des dettes bien au-delà des plans de l’Union Européenne – le rapport  Secret du FMI – Reuters 14/07/2015

La Grèce aura besoin d’un allégement des dettes beaucoup plus important que ce que les partenaires de la zone Euro se sont préparés à envisager jusqu’à présent, en raison de la dévastation de son économie et de ses banques durant les deux dernières semaines, celons une étude confidentielle menée par le Fonds monétaire international vue par des personnes de Reuters.

L’analyse de la soutenabilité de la dette mise à jour (DSA) a été envoyée aux gouvernements de la zone Euro tard lundi, des heures après qu’Athènes et ses 18 partenaires aient trouvés un accord de principe pour ouvrir des négociations sur un troisième programme de sauvetage, en hausse de 86 milliards d’euros en échange des mesures de rigueur plus dures et des réformes structurelles.

“La détérioration dramatique de la soutenabilité de la dette montre le besoin de l’allégement de celle-ci dans uen ampleur qui va bien au-delà de ce qui a été pris en considération jusqu’à présent – et qui a été proposé par le MES”, d’après le FMI se référant au mécanisme européen de stabilité.

Les pays européens devraient accorder un délai de grâce de 30 ans à la Grèce pour sa dette européenne, y compris sur les nouveaux prêts, et une spectaculaire extension de maturité, ou alors faire des transferts fiscaux annuels conséquents au budget grec, ou encore accepter “des coupes profondément franches” sur leurs prêts à Athènes, selon le rapport.

Il a été répandu par le Ministre Des Finances Allemand Wolfgang Schäuble que quelques membres du gouvernement de Berlin ont pensé que la Grèce aurait fait mieux de prendre “la sortie temporaire” de la zone Euro, plutôt que recevoir un autre sauvetage géant.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde, a assisté aux pourparlers de week-end entre les ministres des Finances de la zone Euro et les leaders gouvernementaux qui ont convenu d’une feuille de route pour un nouveau sauvetage. Une source de l’Union Européenne a dit que l’on a donné les nouveaux chiffres de soutenabilité des dettes aux différents ministres des Finances de la zone Euro, ils en ont pris connaissance samedi, avant qu’ils aient conclu lundi l’accord avec Athènes.

L’étude du FMI indique que la fermeture des banques grecques et l’imposition de contrôles des capitaux le 29 juin “imposait un lourd tribu sur le système bancaire et l’économie, menant à une détérioration encore plus significative de la soutenabilité de la dette, par rapport à ce qui a été projeté dans le DSA récemment publié”.

Les membres européens du comité de direction du FMI ont essayé en vain d’arrêter la publication de cette étude précédente du 2 juillet, juste trois jours avant le référendum grec qui a rejeté les termes du sauvetage précédent, d’après des sources proche des discussions qui l’ont dit à Reuters.

Le Premier Ministre grec Alexis Tsipras et son ancien ministre des Finances, Yanis Varoufakis, ont saisi l’étude du FMI comme le faire valoir de leur argument sur le sauvetage proposé, qui était juste d’exiger de l’allégement des dettes.

La dernière étude de FMI dit que la dette grecque atteindrait maintenant un niveau maximal de près de 200% du PIB dans les deux prochaines années, comparée la précédente prévision à hauteur de 177%.

Même d’ici à 2022, la dette s’élèverait toujours à 170% du produit intérieur brut, comparé à une évaluation de 142% publié juste il y a deux semaines.

Des besoins de financement bruts s’élèveraient au-dessus du seuil de 15% de PIB, considéré comme le coffre-fort et continueraient à monter à long terme, d’après l’étude du FMI mise à jour.

De plus, les dernières projections “restent soumises au risque de sous évaluation considérable” signifiant que les pays de la zone Euro devraient probablement fournir des financement encore plus exceptionnels.

Dans la langue technocratique laconique et bureaucratie du FMI, le rapport a noté que peu de pays n’avaient jamais réussi à supporter pendant plusieurs décennies l’excédent budgétaire principal de 3,5% du PIB demandé pour la Grèce. Bien qu’Athènes soit entrée dans un petit excédent primaire l’année dernière, le gouvernement a échoué à résister à la pression politique d’atténuer l’objectif, il est noté dans le rapport.

L’étude du FMI semble aussi défier la supposition faite par quelques officiels européens que la Grèce pourra respecter certains de ses besoins de financement sur les marchés en 2018.

“Emprunter à tout autre taux que AAA provoquera à court terme une dette dynamiquement non soutenable pendant plusieurs décennies supplémentaires” dit-il.

Source : Reuters, 14/07/2015 – Traduction Dizalch pour le site www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/exclusif-la-grece-a-besoin-de-lallegement-des-dettes-bien-au-dela-des-plans-de-lunion-europeenne-le-rapport-de-secret-du-fmi/


Que le diable les emporte s’ils ne sauvent pas la Grèce, par Helmut Schmidt

Wednesday 15 July 2015 at 00:56

L’ancien chancelier s’élève contre l’euro-hystérie. Jusqu’ici, pas un seul euro n’aurait été versé par l’Allemagne à la Grèce. Au lieu de se mobiliser contre Athènes, les politiciens feraient mieux de brider les marchés financiers.

L’ancien chancelier Helmut Schmidt s’élève contre l’hystérie dans le débat sur l’euro. (photographie : DAPD)
Cher monsieur Schmidt, depuis des mois les médias n’arrêtent pas de parler des turbulences sur les marchés financiers. Mais malgré tout ce que le public peut entendre ou lire, il reste un point où il demeure ignorant : une faillite de la Grèce serait-elle vraiment un désastre pour l’Union européenne ou non ? Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ?

Helmut Schmidt : On peut avoir une idée de l’importance économique de l’état grec et de son économie nationale si l’on garde bien à l’esprit que son PIB représente environ 2,5% du PIB de l’Union européenne…

… le pays a approximativement la puissance économique de la Hesse.

Si cet état devenait temporairement insolvable, ce serait un grand malheur pour les Grecs et les Européens, mais pas un malheur présentant un péril existentiel. Cela vaut autant pour les conséquences économiques que politiques d’une telle banqueroute. Les conséquences politiques pourraient même être plus importantes, car cela pourrait donner l’impression que la solidarité européenne est bien plus mal en point qu’on ne l’imaginait ces dernières années. La confiance en la communauté des 27 continuerait à s’amenuiser. Ce coût politique serait trop élevé. C’est pourquoi les états de l’Union européenne doivent aider la Grèce.

Mais le coût politique ne serait-il pas au moins aussi élevé pour tous les gouvernements impliqués s’ils doivent encore et toujours expliquer à leurs citoyens que la Grèce est un puits sans fond ? Après tout, c’est un des devoirs prioritaires des hommes politiques de parer au danger menaçant leur propre pays !

Les Grecs sont la plus vieille nation civilisée d’Europe. Aujourd’hui ils ont besoin d’un plan d’assainissement total qui ne se réduise pas aux seules aides financières. Ce plan n’existe pas encore, il doit encore être élaboré. Par ailleurs, ce serait une erreur grossière que mettre les intérêts nationaux sur un plateau de la balance et ceux de l’Union sur l’autre car les intérêts de l’Union sont en même temps les intérêts nationaux des Allemands, comme certainement ceux des Français, des Néerlandais, des Polonais et de beaucoup d’autres nations européennes.

Mais que faire si les Grecs ne font pas leur devoir ?

Les admonestations, les leçons et les conseils condescendants donnés par d’autres membres de l’Union européenne ont causé une dépression économique en Grèce. C’est pourquoi j’hésite à reprocher aux Grecs le peu d’économies auxquelles ils ont procédé, reproche que d’autres n’hésitent pas à leur faire. Car toute cette épargne forcenée est une des causes de la dépression. Il est en tout cas certain, quelle que soit la façon dont les choses évoluent, que les Grecs vont au devant d’années difficiles.

Ne peut-on pas dire : c’est de votre propre faute ?

Voyez-vous, j’aimerais comparer cela avec la situation de l’Allemagne après la seconde guerre mondiale. Naturellement, les Américains ou les Français auraient pu dire alors : les Allemands sont seuls responsables, laissons-les donc pourrir dans leur situation misérable ! Ils ne l’ont pourtant pas fait. Au lieu de cela, les Américains ont lancé le plan Marshall et les Français nous ont tendu la main en 1950 avec le plan Schuman. Comparé à la situation de l’Allemagne à l’époque et de l’aide qu’étaient prêts à lui fournir d’autres pays qui quelques années auparavant étaient encore en guerre contre elle, le problème grec est une broutille. Que le diable emporte les chefs des gouvernements européens s’ils n’arrivent pas à sauver la Grèce !

Seriez-vous prêt pour cela à une augmentation de la dette de l’Allemagne ?

Je ne pense pas que l’on puisse sauver la Grèce uniquement par des versements. Et d’ailleurs il faut le dire clairement : jusqu’à présent, pas un seul euro des contribuables allemands n’a été viré à la Grèce.

Il y a eu des promesses de garanties.

On s’excite à propos de ce qui pourrait survenir dans l’avenir ; jusqu’à maintenant rien n’a encore été versé. Oui, il s’agit de garanties. Et comme toute quantité monétaire, elles perdront de leur valeur au fil du temps.

Malgré tout il reste une charge très considérable.

Oui, c’est vrai, mais des charges considérables ont aussi existé par le passé. Après tout, l’Allemagne a encore effectué en 2010 les derniers paiements découlant de la convention de Londres de 1952 et les dettes allemandes d’alors remontaient à l’entre-deux-guerres !

Ce dont plus personne ne se souvient.

Mais c’est la réalité.

Partagez-vous la préoccupation de beaucoup d’économistes pour lesquels la dette publique est notre problème fondamental – aussi parce qu’elle incite à la spéculation ?

L’endettement de l’état est un problème parmi d’autres. Mais la liberté d’action sans frein sur les marchés financiers planétaires en est un bien plus vaste.

Mais les spéculateurs ne peuvent faire jouer leur levier que lorsqu’un état s’expose à cause du montant élevé de sa dette.

En 2008, Lehman Brothers a dû déposer son bilan. À ce moment-là, il ne s’agissait pas le moins du monde de dette publique, mais d’un grand nombre d’instituts financiers qui les uns après les autres ont dû être sauvés par leurs états. Les marchés financiers fourmillent d’idiots intelligents, mais borgnes. Celui de leurs yeux qui devrait avoir le bien public en vue est aveugle et de l’autre ils lorgnent leur propre bonification. Ils n’ont pas le sens des responsabilités, et donc il faut les soumettre à une surveillance beaucoup plus stricte. Voilà mon opinion depuis deux décennies et demie.

Mais une surveillance plus stricte des marchés financiers ne résout pas le problème de l’endettement de l’état.

C’est vrai. Mais une régulation stricte résout le problème des réactions psychotiques sur les marchés financiers mondiaux qui comprennent des dizaines de milliers d’agioteurs de devises et de titres. De fait, les comités directeurs des banques ne savent souvent même pas ce que leurs courtiers sont justement en train de faire.

Vous croyez vraiment que l’on puisse brider les marchés financiers ?

On peut les brider. Mais pour cela il faut une volonté ferme, tout au moins une volonté ferme de ces gouvernements qui se sont associés pour la monnaie commune européenne.

Percevez-vous une telle volonté ?

A l’heure actuelle, non, hélas. Mais il n’est pas inimaginable qu’elle voie le jour. Et il serait bon qu’elle voie le jour.

En ce moment, nombre d’Allemands craignent pour leur épargne. Pouvez-vous comprendre cela ?

S’il y a des Allemands qui le craignent, c’est qu’on leur a fait peur. Par exemple par les gros titres du Spiegel ou du journal Bild. Le journalisme allemand n’a pas changé, hélas. Il est vrai que la crise bancaire de l’année 2008 a été commentée avec une retenue raisonnable. Mais c’est le passé. Maintenant, tous misent sur la peur – même dans la Süddeutsche Zeitung j’ai lu que nous serions confrontés à une crise de l’euro. Mais ce n’est pas vrai. Nous sommes confrontés à une crise des institutions européennes.

Pour vous, craindre une réforme monétaire serait donc avoir la berlue ?

Ce sont vraiment des balivernes.

A part l’euro, vous avez vécu deux de ces réformes, l’introduction du rentenmark en 1923 et l’introduction du deutsche mark en 1948.

Dans les deux cas, une inflation mirobolante a précédé ces réformes et l’endettement de l’état allemand était devenu astronomique. Nous n’avons aujourd’hui ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas l’Allemagne qui est surendettée, ni la France, ni même l’Union européenne dans son ensemble, mais c’est la Grèce, somme toute assez petite. Peut-être aussi le Portugal plus petit encore.

L’Italie, quand même plus grande, a aussi une dette imposante.

Quand on parle de dette, il faut toujours regarder qui sont les créanciers. Dans le cas de la Grèce, il y a beaucoup de créanciers étrangers. La Société Générale, la Hypo Real Estate à Munich, ce sont probablement les plus grands des créanciers concernés. Pour ce qui est de l’Italie, il s’agit essentiellement de banques nationales, c’est une autre paire de manches. À cause de cela, on ne peut pas comparer la dette italienne avec la dette grecque. Il faut également avouer que le gouvernement italien n’est certainement pas meilleur que le grec.

Les réformes monétaires dans les années 20 et 40 furent précédées dans les deux cas par une guerre mondiale.

Oui, mais les Allemands auraient eu besoin d’une réforme monétaire même s’ils avaient gagné la guerre. Il faut dire aussi que la deuxième réforme monétaire allemande, l’introduction du deutsche mark, n’était pas une invention d’Allemands, mais essentiellement d’Américains. Elle s’est révélé une aubaine, parce qu’elle s’accompagnait des bienfaits du plan Marshall. Sans ce plan, la réforme aurait pris un tournant moins heureux. Les prix auraient regrimpé tout de suite. Mais puisque les bananes et les oranges arrivaient au pays et puisqu’on pouvait acheter quelque chose qui n’existait pas avant avec la nouvelle monnaie, la réforme est rapidement devenue un succès.

Mais pour la Grèce, elle serait au contraire une catastrophe ?

La Grèce n’a pas besoin d’oranges et de bananes, la Grèce a besoin d’investissements ! Il faut qu’il y ait des entrepreneurs qui prennent le risque d’investir dans le pays. Ils ne le feront que lorsqu’il y aura une politique économique fiable en Grèce. Si j’exige un plan Marshall pour la Grèce, je ne pense pas à l’argent, mais à des projets concrets.

Aviez-vous un attachement sentimental au deutsche mark ?

Non, et plus particulièrement aucun attachement sentimental à la Bundesbank. Il m’a parfois déplu qu’elle ait trop peu pris en compte sa responsabilité envers le développement de l’économie dans son ensemble, à la différence de la Banque centrale américaine. La plupart du temps, la Bundesbank ne se sentait responsable que de la stabilité du pouvoir d’achat du deutsche mark, mais non pas par exemple de la lutte contre le chômage.

Mais beaucoup de citoyens prisaient le deutsche mark.

C’est vrai pour les Ossi [NdT : les anciens citoyens de la RDA]. Les citoyens ouest-allemands n’ont découvert leur estime pour leur monnaie qu’au cours des années 90. Avant, le deutsche mark n’était pas l’objet d’un attachement émotionnel, cela allait sans dire. C’était seulement lorsqu’on raconta aux gens que l’euro était un teuro [NdT : une monnaie inflationniste, traduisible par "chéro"] qu’ils commencèrent à y réfléchir. Dès ce moment-là, quelques-uns se prenaient soudainement d’amour pour le deutsche mark. Beaucoup de ménagères croyaient que tous les prix allaient grimper. C’est vrai qu’une série de produits alimentaires sont devenus plus chers. Mais en somme, pendant les dix années après l’introduction de l’euro, le taux d’inflation était inférieur à celui du deutsche mark durant ses dix dernières années. Les ménagères avaient tort. De fait, Jean-Claude Trichet et la Banque Centrale Européenne ont maintenu l’euro plus stable à l’intérieur et à l’extérieur que n’avaient fait les Américains avec leur dollar ou les Chinois avec leur yuan.

Vous semblez très serein – mais des pays de l’UE sont menacés de faillite et des économistes sérieux mettent en garde contre une récession mondiale !

Oui, il n’est pas dans ma nature d’avoir peur.

Croyez-vous qu’il y aura une récession mondiale ?

Non. Je crois possible une récession mondiale, mais je la crois aussi évitable.

Comment l’éviter ?

Par exemple par un comportement raisonnable des institutions de l’Union européenne. Et par un retour du Parti républicain des États-Unis d’Amérique à la raison économique. Je m’attends à ce que, dans deux années au plus, les Républicains abandonnent leur attitude actuelle. Et une récession mondiale n’est alors pas inévitable.

On pourrait d’ailleurs assister non seulement à une récession mondiale, mais même à une dépression mondiale, si par exemple les gouvernements de quelques grands états commettaient d’importantes sottises. Je ne saurais totalement exclure une telle chose.

Ce n’est pas précisément quelque chose dont on peut se réjouir.

Il faut l’avoir dans ses arrière-pensées, en tant que possibilité très préoccupante mais assez éloignée.

M. Schmidt, vous m’avez une fois révélé que vous aviez placé une toute petite partie de votre patrimoine en actions. En avez-vous vendu pendant cette crise ?

Non, je ne me suis jamais préoccupé de ce que l’on achète ou ce que l’on vend.

Vous avez donc confiance en votre banque ?

Modérément. Mais j’ai confiance en cet homme à la banque. C’est une différence essentielle.

Source : Handelsblatt, le 11/10/2011

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/que-le-diable-les-emporte-sils-ne-sauvent-pas-la-grece-par-helmut-schmidt/


Actu’Ukraine 15/7/2015

Wednesday 15 July 2015 at 00:01

ACTU’UKRAINE DU 6 AU 12 JUILLET 2015

 

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

 

PREMIER  FOCUS DE LA SEMAINE : LES COMBATS ENTRE LA POLICE ET PRAVIY SEKTOR A MUKACHEVO

•  Conflit armé dans une petite ville tranquille de l’Ouest de l’Ukraine : Pravyy Sector frappe à Mukachevo.  Un groupe de 15 à 20 personnes portant les insignes de Praviy Sector ont ouvert le feu sur le complexe sportif  “Antares”  dans la ville de Mukachevo, dans la région frontalière de Transcarpathie (vesti-ukr.com, colonelcassad, fortruss). La région abrite une minorité hongroise de 200 000 personnes pour laquelle la Hongrie avait demandé l autonomie il y a déjà plus d’un an (reuters.com).

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 9 JUILLET (les-crises.fr)

• Article de synthèse sur la Transcarpathie. La Transcarpathie pourrait suivre l’exemple de la Crimée et du Donbass. Cette région très isolée et où fonctionnent toujours les relations claniques appartenait à la Tchécoslovaquie avant la seconde guerre mondiale. L’article aborde la carrière de l’homme fort de la région, Victor Baloga sous Yuchtchenko et Yanoukovitch. Les minorités hongarophones et le jeu de Budapest (vz.ru).

Le bilan provisoire serait de deux tués dans les rangs de Praviy Sektor et huit blessés dont 4 pour Praviy Sektor. Selon certains sources, il peut s’agir de règlements de comptes entre Praviy Sector et la mafia locale. Sur son site internet, Pravyy Sector a publié un appel au peuple ukrainien, se positionnant comme défendeur de la justice contre le député de la Rada Suprême, Mikchail Lanio, en l’accusant de trafic de drogue (pravyysektor.info).

 

11 juillet 2015 : Ukraine: Two killed in Right Sector attack as gun battle rages on in Mukachevo   (youtube)

 11 juillet 2015 : Стрілянина в Мукчаеві 2   (youtube)

Pravyy Sector appelle ses activistes à se tenir sur le qui-vive (rt.com), des manifestations sont organisées dans plusieurs villes d’Ukraine dont Kiev et Lvov. A Kiev, une manifestation se tient devant l’administration du président. Praviy Sektor réclame la démission du ministre de l’Intérieur Avakov (sputniknews). De son côté, les ministères de l’Intérieur et de la Justice qualifient l’attaque de Mukachevo d’”acte de terreur” (tass.ru).

 

11 juillet 2015 : Ukraine: Right Sector Mukachevo attack brings supporters to central Kiev   (youtube)

 

 

La ville de Mukachevo est encerclée par la police, actuellement les assaillants sont encerclés et on leur a proposé de se rendre. L’un des quatre civils blessés à Moukachevo est décédé (pravda.com.ua). A 20 h 50 samedi, A. Geraschenko annonçait que la situation était “stabilisée” (lb.ua)

 

• Tentative de décryptage de l’événement. Le décryptage de ces événements n’est pas facile à faire. La ville de Moukatchevo est située à l’ouest de l’Ukraine, mais ses habitants sont assez différents de ceux de Lviv/Lvov dont nous parlons souvent. Moukatchevo se trouve dans l’oblast de Transcarpathie (ou Zacarpathié), qui faisait partie de la Ruthènie au Moyen Age, et de la Tchécoslovaquie avant la seconde guerre mondiale. C’est une ville frontalière de la Slovaquie, de la Hongrie, et de la Roumanie.

Dans cet affrontement, d’un côté, nous avons une vingtaine d’hommes du Secteur Droit, en tenue de camouflage, en possession d’armes à feu, de grenades, et peut-être même de lance-roquette. Le Secteur Droit de Transcarpathie vient de l’organisation paramilitaire créée en 1938 qui s’appelait “Sitch des Carpates”, où le nom Sitch est lié aux Cosaques (chroniques-ukrainiennes.com). Ces hommes ont blessé grièvement le gardien du complexe sportif Antares, ont incendié 2 voitures de policiers, et ont blessé par balle plusieurs personnes. Il y a eu aussi une dispute au restaurant Le Dragon. Le Secteur Droit semble être un coupable idéal, mais ne jugeons pas trop hâtivement.

De l’autre côté, se trouve le député Mikhailo Lano (ou Lanio), propriétaire du restaurant Le Dragon et du complexe sportif Antares. Il est président du club de football local. Il s’est fait élire autrefois en tant que membre du Parti des Régions de Viktor Ianoukovitch. En 2014, il est élu dans la 70e circonscription sous l’étiquette d’un mini parti “Воля народа” (“Volonté Populaire”), attaché au “Front Populaire” du premier ministre Arseni Iatseniouk. Il est membre de plusieurs commissions parlementaires : Ukraine-Allemagne, Ukraine-Israël, Ukraine-Biélorussie, Ukraine-Chine, et enfin, il fait partie de la commission de prévention et de lutte contre la corruption. Pourtant, il traîne une mauvaise réputation (cripo.com.ua). Il aurait été l’associé des frères Baloga. Lano serait à la tête d’un trafic de drogue international, et aurait même des laboratoires de fabrication d’amphétamines. Il serait responsable de l’assassinat du mafieux Ivan Wiener, tué par balles dans sa voiture en 1998. Lano a été arrêté pour cette affaire, puis relâché au bout de 3 mois, grâce au chef de la police Viktor Chepak, qui est un ami des frères Baloga. Ces derniers forment le clan mafieux qui règne sur la Transcarpathie depuis une trentaine d’années. Viktor Baloga fut maire de Moukatchevo en 1998. Lui et son frère Pavlo sont actuellement députés de la Rada (rada.gov.ua), élus en 2014 dans les 69e et 71e circonscription, sans étiquette, mais rattachés au Bloc Porochenko (wikipedia).

Chaque côté accuse l’autre d’être des “bandits” (gazeta.ru), et il est possible que cela soit doublement vrai. Il se pourrait que ce soit une lutte pour le contrôle des trafics transfrontaliers selon un article d’Oukraïnskaïa Pravda (pravda.com.ua) publié dans le cadre des événements qui se sont déroulés à Moukachevo samedi 11 juillet. Selon un député du Bloc Petro Porochenko, Mustapha Nayyem, qui en a parlé sur sa page Facebook (facebook), tous les participants du conflit qui s’est déroulé à Moukatchevo sont parties prenantes dans la contrebande de cigarettes. L’un s’occupait de l’organisation, un autre collectait le tribut payé pour la protection, un troisième assurait cette protection : “A propos de la contrebande dans l’oblast de Zakarpatié. Le produit de base de l’exportation illégale, ce sont les cigarettes. Ils envoient les moins chères en Italie et en Allemagne. Le rendement est faramineux. Par exemple, un fourgon de cigarettes qui sort d’Ukraine et qui va en Italie rapporte 470 000 euros. Net, c’est-à-dire après déduction des pots de vin payés à tous les douaniers concernés. En une semaine, il y a de trois à cinq fourgons qui traversent “les broussailles”. Plus précisément, il pourrait s’agir d’un conflit entre Viktor Baloga et Mikhailo Lano, selon une hypothèse avancée par un média nommé “Обозревателя” (Observateur).

Petro Porochenko prend l’affaire au sérieux et s’oppose au Secteur Droit : “Доручив правоохоронним органам роззброїти і затримати злочинців, які вчинили стрілянину і вбили мирних мешканців Мукачевого.” (“Les organismes d’application de la loi ont été chargés de désarmer et d’arrêter les criminels qui ont commis la fusillade et ont tué des civils de Moukatchevo.”) (gazeta.ru).

Deux pages wikipedia ont déjà été créées sur ces événements, l’une ukrainienne et l’autre russe (la page ukrainienne : wikipedia et la page russe wikipedia) !

 

• Opposition entre Praviy Sektor et le gouvernement. L’affaire se poursuit dimanche. Les hommes armés du Secteur Droit ont apparemment abbandonné leurs véhicules et leurs morts (dnr-news). Ils se sont réfugiés dans un chalet et refusent de se rendre (rt.com). Le bataillon Azov qui est à la fois ultra nationaliste comme Praviy Sektor, mais proche du ministre de l’intérieur Avakov, a proposé sa médiation (sputniknews) et demande la levée de l’immunité de Lano, le député opposant de la région (donbass.ua). Yarosh, le chef des Praviy Sektor, se rend  en personne sur place pour éviter un bain de sang de ses hommes (unian.info). Durant ce temps, des renforts en hommes et blindés de la garde nationale convergent vers la ville pour donner l’assaut (unian.info). Yarosh appelle à poursuivre les manifestations qui se déroulent à présent dans plus de 17 villes (ria.ru, kyivpost) jusqu’à la démission d’Avakov (vz.ru/, radiovesti.ru, euronews.com). Le bilan s’alourdit à 14 victimes : 6 policiers, 3 civils, 3 forces speciales. On ne parle plus de victimes chez les Praviy Sektor (vestiua.com). La seule chose sur laquelle tout le monde est d’accord est que les Praviy sektor n’auraient pas dû utiliser des lances roquettes en pleine ville…

 

Du côté du gouvernement, le procureur général Shokin a créé un groupe de travail conjoint des organes centraux du Procureur général, le Service de sécurité ukrainien (SBU) et le ministère de l’Intérieur (MVD) pour enquêter sur la fusillade à Moukatchevo (112.ua).  Vladimir Groïsmann, président de la Rada, a déclaré dimanche soir que ce qui s’est passé à Moukatchevo est du banditisme pur et simple (112.ua). Mustafa Nayyem, proche de Porochenko, compare Praviy Sektor à Mc Donalds et Starbucks (facebook) ! Et Leshchenko, un autre proche de Porochenko, insinue que l’attaché de presse de Praviy Sektor est Russe (facebook) !

Pendant ce temps, la garde nationale entre dans Mukachevo (kyivpost.com, youtube).

12 juillet 2015 : Военная колонна Нацгвардии Украины въехала в Мукачево!   (https://www.youtube.com/watch?v=MK6SvjdCxOA)

 

• La situation s’envenime rapidement. Dimanche 12 juillet à 17 h 50, “112.ua” révèle que ce sont les hommes de Praviy Sektor  qui ont les premiers fait usage de leurs armes. Ils ont tiré sur un civil, dont ils ont ensuite embarqué le corps dans leur véhicule pour l’emmener ailleurs (112.ua, pravda.com.ua, dnr-news). Dans les vidéos juste en dessous on voit des vehicules de Praviy Sektor avec de vrais militaires, pas du milicien excité qui embarquent un cadavre/homme inconscient nu dans un vehicule (video 3 à 45’57” : youtube). Par la suite le convoi est bloqué et une fusillade commence (video 1 à 9’12” : youtube).

 

12 juillet 2015 : Оперативне відео з подій на базі “Антарес” в Мукачево 11 липня 2015 року  (youtube)

 

12 juillet 2015 : Початок конфлікту в Мукачеві. Відео із камер спостереження  (youtube)

 

12 juillet 2015 : Початок конфлікту в Мукачеві. Камера 2  (youtube)

 

Un des dirigeants de Praviy Sektor déclare que ses militants vont mettre en place des barrages routiers sur les routes partant de Kiev en direction de l’ouest pour empêcher des renforts de Kiev (top.rbc.ru, vestiua.com). De  nombreuses voix donnent leur soutien aux Praviy Sektor, parlant de la mafia locale, qui fait partie de l’opposition/proche de l’ex parti des régions. Geraschenko par exemple, ou bien comme ici Lotsenko, ancien ministre de l’intérieur (real-vin.com). Praviy Sektor déclare que si les forces spéciales de Kiev donnent l’assaut, et que des Praviy Sektor sont tués, cela déclenchera “un processus irréversible” (korrespondent.net). Yarosh lui même donne ordre aux Praviy Sektor retranchés à Mukachevo de “tirer pour tuer” s’ils sont attaqués (sputniknews). De fait cela a déjà commencé. Preuve que la situation est grave, les troupes de Praviy Sektor présentes au Donbass quittent leurs positions (rt.com, sputniknews). Praviy Sektor menace d’envoyer l’ensemble de ses 19 bataillons à Kiev (lb.ua, rt.com) et de les envoyé contre la présidence et le ministère de l’intérieur (fortruss). Des activistes de Praviy Sektor à Marioupol accusent à présent l’ancien député du parti des régions et actuel député de “La volonté du peuple” , MIkhail Lanio, de se préparer à établir une république populaire de transcarpathie (gordonua). Lanio répond qu’il n’est pour rien dans la contrebande de cigarettes qui est l’activité du SBU, des garde-frontières et des douaniers (donc lié au ministère de l’intérieur) (gordonua). Cette contrebande de cigarettes a semble-t-il transformé le conflit entre Yaroch et Avakov en un conflit ouvert (vz.ru).

La Hongrie de son côté renforce ses mesures de sécurité à la frontière avec l’Ukraine (novorossia.today).

Enfin, lundi 13 juillet, Porochenko convoque un conseil de guerre au sujet de Mukachevo (sputniknews). A suivre …

DEUXIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : L’UKRAINE S’INVENTE UNE NOUVELLE RÉALITÉ

• La rencontre d’un peuple sans racines historiques propres et de l’extrême russophobie ukrainienne. L’Ukraine vote beaucoup de lois et semble vouloir régler tous ses problèmes avec des lois. Un exemple extrême est donné par le projet de loi 2276a évoqué dans le focus de la semaine dernière. Cette loi appellée “Projet de loi sur  l’interdiction de l’utilisation du nom historique du territoire de  l’Ukraine et de ses mots dérivés comme le nom ou le synonyme de la  Fédération de Russie, l’utilisation de ces noms pour le territoire actuel de la Fédération de Russie ou une partie de celui-ci.” a été déposé le 3 juillet et a passé tous les comités du parlement entre le 8 et le 10 juillet. Elle est donc prête à être votée (projet de loi 2276a : rada.gov.ua, texte de la loi : rada.gov.ua, note explicative : rada.gov.ua/)…

Globalement ce projet de loi vise à interdire l’emploi du mot Russie pour désigner la Russie (rusvesna.su, ukr-online.com, lenta.ru) ! Et prévoit une peine de prison de 12 ans pour les contrevenants (sputniknews, sputniknews)…

Pourquoi une telle loi apparemment absurde ? Il faut savoir tout d’abord que le peuple ukrainien n’a pas de racines historiques profondes qui lui soient propres. La notion de peuple ukrainien date du 19eme siècle et l’Ukraine en tant que pays n’apparait dans l’histoire qu’après la première guerre mondiale. Avant, il y a des tribus slaves éparses longtemps en guerre entre elles, puis la fameuse Rus de Kiev qui fut suivie de 8 siècles de domination polonaise, lituanienne, russe, austro-hongroise et enfin soviétique. Petit problème, la Rus de Kiev fait aussi partie de l’histoire russe en tant que Russie médiévale. Kiev étant à l’époque la capitale de la Russie. Partagée une histoire commune avec la Russie est intolérable pour les nationaliste ukrainiens d’où cette loi qui poursuit plusieurs buts :

 

 

Pour donner une idée du délire de cette loi, prenons un exemple dans l’histoire de France. C’est à peu près comme si l’Allemagne votait une loi pour interdire d’appeler la France par le nom de “France” et d’utiliser “français” ou “Franc” ou un quelconque de ces noms dérivés pour désigner ce qui est français sous prétexte que la capitale de l’empire de Charlemagne était établie à Aix la Chapelle (Aachen), une ville située dans l’Allemagne actuelle…

 

Parlons un peu de cette Rus de Kiev (page wiki anglaise, page wiki française, page wiki russe, page wiki ukrainienne). Elle a existé entre 882 et 1240, date de sa conquête par les hordes mongoles de Genghis Khan. La Rus de Kiev atteint son apogée entre 1020 et 1050 environ et englobait des territoires aujourd’hui situés en Belarus, Estonie,  Letonnie,  Lituanie,  Moldavie,  Pologne, Roumanie,  Russie, Slovaquie et Ukraine.

La Rus de Kiev n’a pas été fondée par des Ukrainiens, ni même par des tribus slaves, mais par des vikings suédois, aussi appelés Varègues (https://fr.wikipedia.org/wiki/Var%C3%A8gue). D’ailleurs, une des étymologies de Rus la plus communément admises est “Rameur” ou “Navigateur”. Ces Vikings ont créé des routes commerciales à partir de la Mer Baltique et sont descendus vers le sud en empruntant les voies navigables dont le Dniepr pour atteindre la Mer Noire et les comptoirs Turcs et Arabes. Ils ont d’abord fondé la ville de Novgorod (Russie), puis se sont implantés à Kiev avant de peu à peu se slaviser et se christianiser.

 

 

Cette loi fait écho à un article de Sputnik News : “Everything Russian Must Be ‘Eradicated’ From Ukraine – RFE Columnist” qui rapporte des propos d’un journaliste vedette de Radio Freedom Europe, Anatolij Streljanyj (sputniknews). Selon Streljanyj : “Ukrainization is not only complete breakaway from Russia, but also  complete withdrawal from Russianness. De-Russianization will become the  synonym of Ukrainization. The former must be eradicated, the latter —  forced into application.”. En somme pour que l’Ukraine existe, elle doit totalement éradiquer tout ce qui est russe sur son territoire. C’est le sens de cette loi et cela porte des noms pas très glorieux : la purification ethnique, culturelle, idéologique accompagnée d’une pincée de négationnisme et d’un bon lavage de cerveau des jeunes générations. On a déjà vu ce que  donnait ce mélange en Allemagne dans les années 1930-1940… Et comme à cette époque, l’Europe ne dit rien…

 

• Les nouvelles patrouilles de police de Kiev. Cela ne s’invente pas. Le 4 juillet, le jour de l’indépendance des USA, l’Ukraine lance officiellement sa nouvelle police très “hollywoodienne”. ce qui frappe dans la communication sur cette police est le côté superficiel et bling bling. Les uniformes font penser à la Californie sans doute pour s’éloigner le plus possible des looks soviétiques précédents. Les voitures sont hybrides et japonaises. Et les policiers et policières ont l’air sorti d’un casting de films américains (kyivpost, peremogi, peremogi). L’idée est sans doute de faire oublier les mines patibulaires des membres des bataillons nationalistes et rendre le pouvoir ukrainien plus “kawai”. Mais, ce n’est qu’une apparence. Petit détail qui peut tuer : cette nouvelle police ukrainienne a le droit de faire feu sans sommation obozrevatel). Cette police n’existe pour l’instant qu’à Kiev et devrait être déployée à Odessa en septembre (unian.info).

 

 

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 9 JUILLET (les-crises.fr)

• Nouveau service de police “à l’américaine” à Kiev. Samedi 4 juillet, un nouveau service de police uniquement dédié aux patrouilles a prêté serment sur la place Sainte-Sophie. Une police à l’américaine officiellement créée le jour de l’indépendance des USA… Les patrouilles défileront dans les rues de la capitale (lb.ua). La constitution de cette force entre dans le cadre de la “Loi sur la formation d’une police nationale”, adoptée in extremis le 2 juillet par la Rada suprême (lb.ua, slidesharecdn.com). Il y a encore quelques jours, le 27 juin, Eka Zgouladze, vice ministre de l’Intérieur ukrainien (wikipedia), s’inquiétait que la loi sur la nouvelle police nationale n’était pas encore adoptée par la Rada et que la date symbolique du 4 juillet soit dépassée (gordonua). Cette loi s’applique pour l’instant à Kiev et sera étendue à Odessa et Lviv le 20 Août.

En prime, une interview de la géorgienne Eka Zguladze en charge de cette police.

6 juillet 2015 : Interview de Eka Zguladze : Die Erste (daserste.de)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

Ou encore ici (youtube via peremogi).

6 juillet 2015 : “Они не боги!”. Згуладзе про прокурора на “Ровері”  (youtube)

 

• L’ancrage idéologique nazi en Ukraine de l’Ouest. Les idées ultra-nationalistes ukrainiennes sont étroitement mêlées aux idéaux nazis de part la logique de pureté raciale et de haine de la Russie qui a conduit aux massacres de Volhynie (les-crises.fr, page wiki française, page wiki anglaise, page wiki polonaise, page wiki ukrainienne) et à l’Alliance avec l’Allemagne de Hitler lors de la seconde guerre mondiale.

Récemment, un ancien combattant de la division SS ukrainienne Galicie est mort. Yevhen Kutsyk était le chef de la Fraternité de la “première division ukrainienne de l’armée nationale ukrainienne”, appellation ukrainienne plus euro-compatible de la division SS Galicie. Il a eu droit à un enterrement avec une garde d’honneur habillée et armée d’uniformes SS et d’armes d’époque (jpgazeta.ru via fortruss et russia-insider, colonelcassad). Et ce sans que personne dans les sphères de l’UE ne trouve rien à redire…

 

Ceci n’est pas un cas isolé. Les enterrements d’anciens combattants ou de dépouilles de SS ukrainiens retrouvées lors de travaux donnent lieu, depuis des années, à de telles cérémonies comme ici en 2013 (youtube).

 

12 aout 2013 : Nazis Glorified in Ukraine: SS uniforms on display at reburial service for Ukrainian WWII veterans  (youtube)

 

Cette glorification sans nuances des combattants SS donnent des réactions d’hostilité en Pologne, là où ces mêmes combattants ukrainiens ont massacré près de 100 000 personnes durant la dernière guerre mondiale. Des monuments érigés en commémoration des combattants de  l’UPA sont vandalisés comme ici fin juin (fortruss). Et déclenche des manifestations hostiles à l’Ukraine en Pologne (novorossia.today)

 

 

11 juillet 2015 : Poland: Anti-Bandera demo remembers UPA massacre of Poles in Volhynia  (youtube)

 

• La colonisation américaine d’Odessa. Saakashvili a annoncé le lundi 6 juillet que “le gouvernement américain paierait les salaires de membres de l’administration régionale d’Odessa et que la police californienne entraînerait la nouvelle force de police de la région… ceci dans le cadre de la lutte contre la corruption”. Saakachvili a fait cette déclaration après avoir rencontré l’ambassadeur US à Kiev (sputniknews, colonelcassad, vz.ru, facebook). De plus, Politnavigator fait état d’une transformation d’Odessa en base militaire de l’OTAN : “Commander of the Ukrainian Navy has confirmed the transformation of Odessa into a NATO base” (politnavigator.net  via colonelcassad)…

Une administration payée par les USA, protégée par une police entrainée par les USA et accueillant une base militaire pour les USA.

 

• Le monde merveilleux de Porochenko. Alors que Gazprom a déjà planifié l’arrêt total du transit du gaz russe par l’Ukraine pour 2018-2019 en créant d’autres gazoducs (Turkish Stream et North Stream 2), Porochenko insiste sur le fait que les accords russo-ukrainiens seront prolongés (tass.ru via russia-insider). Pendant ce temps, tranquille, l’air de rien, l’Allemagne augmente ses achats de gaz russe (sputniknews).

Dans un autre domaine, Porochenko exige que les officiers de l’armée ukrainienne parlent tous anglais d’ici un an (vz.ru).

Enfin Porochenko annonce que la Rada devrait examiner la semaine prochaine la question de la suppression de l’immunité des parlementaires, des juges, des procureurs, etc pourtant garantie par la Constitution (gordonua).

 

• Le monde merveilleux de Saakashvili. Commençons par une synthèse du premier mois de Saakiasvili à Odessa telle que l’a voit le madia nationaliste Gordon (gordonua). Gordon est pro Saakashvili et le qualifie de “dernier espoir de l’Ukraine”. Gordon explique aussi benoîtement que ce sont les Américains qui ont organisé le projet Saakachvili à Odessa (gordonua). Voir à ce sujet le chapitre plus haut “la colonisation américaine d’Odessa”).

 

Pour sa part, un ancien conseiller de Youchtchenko et ancien député géorgien, Irakli Gogava, déballesur Saakachvili  dans une interview au quotidien géorgien “Kviris Palitra” reprise dans Vzgliad (vz.ru). En substance :

Gogava estime encore que Saakashvili restera en Ukraine tant que Porochenko sera Président et qu’il restera “son esclave”. A suivre donc…

Saakashvili étoffe son équipe. Il a embauché l’ancien consul général de Géorgie à Odessa, Teimouraz Nichnianidze et limogé le conseiller et ancien Vice Président de l’Oblast, Mikhail Koutchouk. Il l’a accusé durant sa rencontre avec l’ambassadeur US lundi 6 juillet  d’avoir “volé des centaines de millions” et a chargé le Parquet de suivre l’activité de Koutchouk (vesti.az).

Saakashvili a aussi nommé deux adjoints sur des critères pour le peu étranges. Il a annoncé avec fierté que ces deux personnes n’avaient aucun expérience dans le service public, ce qui, il faut bien le dire, est plutôt un bon point dans un CV en Ukraine, tant le pays est gangréné par la corruption.

Saakashvili a donc choisi comme adjoints, Vladimir Zhmak, un vétéran de la guerre en Afghanistan et cadre dirigeant dans le secteur de l’énergie et Yulia Marushevska, une activiste d’Euromaidan et aspirante actrice de 25 ans (news.pn, news.pn)… Donc en résumé, Saakashvili s’est entouré d’un expert en affaires et d’une experte en relations publiques.

 

 

les talents d’actrice de Yulia Marushevska sont surtout connus pour sa vidéo virale pro maidan de février 2014 (youtube). Elle a depuis suivi une carrière de speaker pro maidan dans divers forums et réunions internationaux comme ici en novembre 2014 (youtube).

 

10 février 2014 : I Am a Ukrainian   (youtube)

 

12 novembre 2014 : Yulia Marushevska – I Am a Ukrainian (youtube)

 

Saakashvil a aussi parlé de l’ouverture d’un nouveau terminal des douanes à Odessa prévu pour novembre et, là aussi, ses critères de sélection des personnels sont particuliers. Dixit Saakashvili : “All the law enforcement officers will be removed and we will build a new terminal, where young people with model-like looks, rather  than custom officers as such, will work” . Donc Saakshvili ne veut que des personnels jeunes, beaux et souriants (sputniknews, lb.ua, gordonua).

Tout ceci fait que De Defensa affuble Saakashvili du sobriquet de “Clown d’Odessa” tout en pointant qu’il n’est qu’une marionnette des USA : “Le clown d’Odessa directement appointé par D.C.” (dedefensa.org).

Et pour finir, une manifestation anti Saakashvili originale à Odessa qui résume bien l’ensemble du sujet (sputniknews, youtube)

 

9 juillet 2015 : Одесса запустила в небо Саакашивили   (youtube)

 

 

TROISIÈME  FOCUS DE LA SEMAINE : LE SOMMET D’UFA, LE DISCRÉDIT DE L’OSCE ET L’IMMOBILISME AMÉRICAIN

• Les sommets BRICS/OCS de Ufa. A Ufa, en Russie, a eu lieu cette semaine un événement de portée mondiale. Il s’est en effet tenu dans cette ville un sommet conjoint des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) (wikipedia) et de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) (wikipedia). En population cumulée on atteint environ 3,5 milliards de personnes… pour une population estimée de la Terre de 7,3 milliards en 2015, soit quasiment la moitié de la planète réunie !

 

Outre l’ouverture officielle de la banque des BRICS (zerohedge), la grande avancée de ces sommets est le début de la procédure d’accession de l’Inde et du Pakistan au rang d’état membre de l’OCS (ils n’étaient auparavant que états observateurs) (sputniknews). C’est d’autant plus notable que c’est la première fois depuis 2001 que l’OCS s’agrandit. L’OCS prend ainsi une place prépondérante dans la géopolitique asiatique (sputniknews)

 

De defensa a fait une analyse de ces sommets (dedefensa.org). A noter une conférence de presse de Lavrov le 9 juillet (mid.ru) et une autre de Poutine le 10 juillet (kremlin.ru).

 

Sommet des BRICS

 

Sommet au format étendu de l’OCS

 

10 juillet 2015 : Speech at expanded-format meeting at the summit of the Shanghai Cooperation Organisation Council of Heads of State (kremlin.ru)

Vladimir Putin: Colleagues, friends
Let me open this expanded meeting of the Shanghai Cooperation Organisation Council of Heads of State, with the participation of observer countries, invited countries, guests, and representatives of international organisations. 
I would ask you first to come back to the agenda and approve it, if there are no additional remarks following the Shanghai Cooperation Organisation Council of Heads of State meeting in narrow format. 
There are no remarks? Thank you. Let us consider the agenda approved. I propose that we begin work. Allow me first to say a few remarks on behalf of the Russian delegation.
The Ufa summit concludes Russia’s presidency of the Shanghai Cooperation Organisation over this last year. Our presidency focused on developing cooperation in all areas of the SCO’s activity and strengthening the organisation’s potential and influence.
Around  80 different events took place with success over 2014–2015. A whole package of important  documents was prepared for this summit of the Council of Heads of State. They  include, first and foremost, the Ufa Declaration, which reflects our common  vision and consolidated assessment of the situation in the region  and in the world in general, the results of Russia’s presidency,  and the directions for the organisation’s future work. 
The SCO  Development Strategy through to 2025 awaits our approval today. This document sets  out the concrete cooperation tasks for the coming decade. We will also  sign a new agreement on border matters and a programme for cooperation in fighting terrorism and the drug threat.
Colleagues,  today’s summit opens a new stage in the SCO’s development. For the first time since  the organisation’s founding, we are launching the accession procedure  for two new member countries – India and Pakistan. We have also agreed to raise  the Republic of Belarus to observer country status in the SCO. 
Furthermore,  Azerbaijan, Armenia, Cambodia, and Nepal are joining the SCO family of countries  as dialogue partners. I note that a number of other countries have also  expressed interest in joining our organisation’s work in one form or another. We  will examine their applications with attention, in accordance, with  the relevant requirements. 
I note that ensuring the security of the member countries’ territory and external borders remains one of the Shanghai Cooperation Organisation’s priority areas of work. The worsening situation in Afghanistan, where the decade-long presence of an international military contingent has not brought about any real improvement in the situation, is a cause of much concern. The growing activity of the Islamic State terrorist organisation, which is trying to spread its influence, is further worsening the situation. 
We agreed to bolster coordination between our defence ministries to monitor the situation more effectively and coordinate joint action to prevent potential threats. We also agreed to continue our practice of holding annual counterterrorist exercises.
Terrorists  and extremists receive substantial money from the sale of drugs produced  in Afghanistan. According to our data, opium poppy cultivation increased by 7 percent  in 2014, bringing opiate production up to 6,400 tonnes (the figure was 5,500  tonnes in 2013). We think the time has come to establish within  the Regional Antiterrorist Structure a working group on combating the financing  of terrorism through drug trafficking.
Colleagues, we place particular emphasis on continuing to develop trade and economic cooperation within the SCO. It is clear that if we join our efforts together, we can handle crises in the global economy and finances more effectively and have an easier task in overcoming various restrictions and barriers.
We think it important to develop our cooperation in ensuring food, transport, energy and financial security. We are ready to work closely together to coordinate and build links between the two integration projects – the Eurasian Economic Union and the Silk Road Economic Belt.
We see big promise for the initiative of developing a common SCO transport system, including using the transit potential offered by the Trans-Siberian and Baikal-Amur railways in Russia.
We need to give the SCO Energy Club’s work concrete tasks and objectives. We welcome our business communities’ active involvement in developing practical cooperation. The SCO Business Council has an important part to play in this area. 
Improving  cooperation in the financial sector is one of our priorities. We are  taking part in establishing the SCO Development Bank and special account. We think the idea  to establish an international centre for project financing through  the SCO inter-bank group is a very promising initiative. We should make more active use too  of the possibilities offered by existing regional financial  organisations such as the Eurasian Development Bank, the Asian Bank for Infrastructure Investment, and the New Development Bank being set up by the BRICS countries. 
We  also have some good results in humanitarian cooperation. The SCO Youth Council has demonstrated its  usefulness with its initiative to establish an SCO young people’s international  tourism card. I think this project will help young people to expand  substantially their contacts with each other. We also welcome the agreements in March this  year to draw up a programme for developing tourism sector cooperation.
The project  to develop the SCO network university is going ahead well. The project brings together 69 universities in SCO countries and 4 in Belarus. We hope to sign soon  an intergovernmental agreement on the network university’s  establishment, and approve the charter. 
Friends, the Ufa summit is taking place as we celebrate the 70th anniversary of the end  of World War II. In this respect, I want to thank once again our  partners for taking part in the celebrations in May marking the 70th  anniversary of Victory in the Great Patriotic War. I note that the leaders of all  of the Shanghai Cooperation Organisation member countries came  to Moscow. 
We honour greatly the feats our peoples accomplished and will do everything we can to ensure this tragedy, which pushed the world to the brink of destruction, never repeats itself. This view is reflected in the joint statement on the 70th anniversary of the Victory over Fascism that we will adopt today.
I add too, that, at the invitation of President of China Xi Jinping, we will be in Beijing in September to take part in the events celebrating the 70th anniversary of victory over Japanese militarism.
Colleagues, today, the SCO presidency passes to Uzbekistan. I wish President Karimov successful and productive work as the next president of the organisation. Russia will certainly do everything it can to provide all-round support to our Uzbekistani colleagues.
Thank you very much for your attention.

 

 10 juillet 2015 : News conference by Vladimir Putin following the BRICS and SCO summits  (http://en.kremlin.ru/events/president/news/49909)

Vladimir Putin gave a news conference following the BRICS and Shanghai Cooperation Organisation summits in Ufa.

Vladimir Putin: Good afternoon, ladies and gentlemen. 
Let me start by giving a brief summary of the results of the BRICS and SCO summits that took place here in Ufa. They concluded Russia’s presidency in these two influential organisations and represent a big step in developing our countries’ multifaceted cooperation. 
In terms  of their influence and scale, the BRICS and SCO summits figure among the important foreign  policy events on the international agenda. The heads of 15 countries,  representing several different continents – Eurasia, South America, and Africa – came  to Ufa. Each of these countries has its own development road, economic  growth model, and rich history and culture. It is this diversity and coming  together of different traditions that gives the BRICS group and the SCO their  strength and tremendous potential. 
We held meetings and talks in a wide variety of formats over these three days in Ufa. Both summits included meetings of heads of state and government in narrow and expanded format, as well as an informal joint meeting of the BRICS and SCO leaders, together with the leaders of the Eurasian Economic Union’s member countries, who were also invited to Ufa. Essentially, you could say that we had three organisations meeting here – BRICS, the SCO, and the Eurasian Economic Union. 
We  also had many bilateral meetings. I had 11 bilateral meetings, for example, and also talks with  the President of China and the President of Mongolia together. Now,  I still have another two meetings – with the President of Afghanistan and the Prime  Minister of Pakistan. 
Yesterday,  I had the chance to speak with journalists in detail about the results of the BRICS  summit, and so I will just note the most important points now.
The key documents  that were approved by the BRICS leaders – the Ufa Declaration, the plan  of action and the Economic Partnership Strategy – contain concrete agreements on the development of our association and the consolidation  of its international status, and provide for comprehensive measures to deepen  our coordination in foreign policy, and expand mutual trade, investment  and technology exchange. 
We  have opened the door to the practical operation of BRICS financial institutions –  the New Development Bank and Contingent Reserve Arrangement, with a total  capacity of $200 billion. We have agreed with our BRICS partners that,  before the year’s end, a special roadmap will be developed for major collaborative  projects in infrastructure, industry and agriculture.
We  have agreed on the further expansion of the humanitarian elements of our  interaction, the engagement of civil society members. To make our  group’s activity more transparent and open, we decided to launch a special website – the BRICS virtual secretariat.
As the summit is rounding up, Russia’s presidency is not yet over. 
Until next February when the presidency will be passed to India, we will continue building up cooperation within the group.
Now let me say a few words about the SCO Heads of State Council Meeting. 
We discussed current issues and the outcome of Russia’s presidency in details. 
The major goals set last year have been achieved.
First  of all, for the first time in the 15 years of the SCO, the decision was made  to increase the number of members. We signed documents to begin  the accession of India and Pakistan. Therefore, the SCO’s capabilities  to react to modern threats and challenges will grow. The organisation’s political  and economic potential will significantly expand.
A resolution was made to upgrade the status of Belarus to an observer. Armenia, Azerbaijan, Cambodia and Nepal have become dialogue partners. Several more states have expressed willingness to join as observers and dialogue partners. The geography is rather impressive – from South and Southeast Asia to the Middle East.
I would like to stress that the summit has passed the SCO Development Strategy that outlines the priority areas until 2025. They include priorities in all major areas of cooperation – from creating conditions to boost collaboration in trade and the economy to ensuring regional stability and prompt responses to conflicts and crises.
We have adopted the Ufa Declaration. The declaration describes general approaches to the most relevant international and regional problems and gives an assessment of the organisation’s day-to-day activity.
We  also had an in-depth discussion of the situation in Afghanistan. We noted that ISIS had  stepped up its activities and spread its tentacles to that country, which elevates  the security threats on the southern borders of the Shanghai Cooperation  Organisation. We believe it’s important, without procrastinating, to go ahead  and implement the summit-approved Programme of Cooperation in the Fight Against  Terrorism and Separatism for 2016–2018, and to start drafting the SCO  Convention on Combating Extremism.
It is no secret that drug money is a major source of funding for radical terrorist groups; therefore, the SCO members have outlined plans to counter the drug threat. These plans are incorporated in a special Statement of the summit. The newly adopted Border Cooperation Agreement is designed to curb drug trafficking as well.
We  agreed to expand economic activities within the SCO, and make better use of the capacity  created within the Business Council, the Energy Club and the Interbank  Consortium. I would like to take this opportunity and invite  the representatives of the SCO Member States, primarily, the business community, to participate  in the East Economic Forum, which will be held in Vladivostok in September  for the first time.
We  plan to expand cooperation in the sphere of education and tourism within the SCO.  The SCO University uniting 69 universities is already functioning. A programme  to promote tourism and the Youth Council are actively working as well.
Notably, at the summit, we adopted a statement of the Heads of State on the occasion of the 70th anniversary of victory in World War II. It is important to remember the human lives lost during the fight against Nazism, and oppose attempts to distort historical truth and promote radical ideas.
Starting  tomorrow, the SCO presidency will go to Uzbekistan. I’m confident that  our Uzbek colleagues will fill the agenda with promising and meaningful initiatives. Please  join me in sincerely wishing every success to our Uzbek friends. We are willing  to provide them with as much assistance in their work as they might  need.
Ladies  and gentlemen, we believe that not only did we manage to fill the SCO and BRICS summits  with substantive negotiations and important decisions. The organisational  work was also good. A lot of credit for this goes, of course, to Bashkortostan’s  leaders and Ufa authorities, as well as all the residents of this republic  and its capital. I would like to thank them for their hospitality and genuine  desire to create a comfortable environment for all the participants  of these two major international forums.
Thank you very much. 

La séance des questions/réponses est dans le lien suivant : kremlin.ru.

 

• L’auto-discrédit de l’OSCE. Ca part mal pour la Finlande après sa boulette diplomatique (voir plus bas l’extrait de l’actu de la semaine dernière). La Russie est “dégoûtée” par la Finlande (russia-insider). En appliquant sans réflexion des sanctions européennes, la Finlande rend le sommet de l’OSCE d’Helsinki sans valeur. La Russie absente, les débats ont été dominés par les pro ukrainiens qui ont fait voter une mention très anti-russe condamnant la Russie pour son “attaque injustifiée contre la souveraineté de l’Ukraine” (russia-insider). Du coup, la boulette finlandaise débouche sur une crise à l’OSCE et sur son auto-discrédit. Le président de l’OSCE, Ivica Dacic, indique le 9 juillet en séance plénière de l’OSCE que “le refus de visa pour 6 délégataires russes par la Finlande sape les principes clés de l’OSCE pour assurer le dialogue entre les pays” (russia-insider). La délégation italienne a initié une pétition regroupant pour l’instant plus de 50 délégués condamnant l’exclusion de la Russie des débats de ce sommet annuel (sputniknews). Les chefs des délégations autrichienne, suisse, allemande, belarusse et maltaise soutiennent cette pétition. Bref, l’OSCE est en crise et aura du mal à retrouver son statut de médiateur impartial dans les crises régionales.

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 9 JUILLET (les-crises.fr)

• Boulette finlandaise et tentative de Damage Control. Le porte-parole de la Douma Serguey Naryshkin s’est vu refuser son visa pour la Finlande afin de participer au prochain sommet de l’OSCE qui aura lieu à Helsinki. Du coup, c’est toute la délégation russe qui boycotte le sommet. Les officiels Finlandais, président et ministres essayent de calmer le jeu en expliquant qu’ils comprennent le mécontentement de la Russie tout en rappelant que la Finlande était obligée de refuser le visa à cause de ses obligations vis-à-vis de Bruxelles (yle.fi, yle.fi). Peine perdue. Pour Lavrov la Finlande a fait une erreur : “Finland Wrong to Refuse Russian Lawmakers Visas for OSCE Meeting” (sputniknews). Du coup, le sommet de l’OSCE débute sans les russes, mais discutera tout de même des deux résolutions russes (sputniknews).

 

• Agile Spirit et l’audition du général Dunford, nouveau chef des armées américaines. Le 8 juillet débutent en Géorgie des manoeuvres militaires USO Romano Bulgaro Georgio Letto Lituaniennes (twitter, e-news.su). Si on fait le compte en population cumulée pour comparer avec le sommet de Ufa, on obtient environ 360 millions de personnes avec les USA comptant pour 320 soit dix fois moins qu’Ufa. Dit autrement, pendant qu’environ 5% de la population s’entrainent à la guerre, 50 % discutent de coopération.

 


Le 9 juillet a eu lieu l’audition du General Joseph Dunford, nouveau chef d’etat major de l’Armée Américaine, avec le sénateur Mc Cain comme présiden de séance (c-span.org). Pour ce général appelé à diriger les armées américaines, la plus grande menace est la Russie… et il a besoin d’un budget plus important… Donc, pour lui, rien de changé dans le monde depuis les années 50…

Ce qui fait dire à ZeroHedge que “l’Amérique ne sera en sécurité que lorsqu’elle aura conquis le monde” (zerohedge).

A la décharge de Dunford, il faut dire qu’il a l’âge d’avoir connu la guerre froide en tant que militaire, que des bombardiers stratégiques russes à hélices ont flirté avec l’espace aérien américain quelques jours auparavant (abcnews.go.com) et que le chef des garde-côtes US a déclaré le 8 juillet que la Russie était la “puissance dominante incontestable en Arctique” (russia-insider)…

 

 

9 juillet 2015 : Joint Chiefs of Staff Chair Confirmation Hearing  (c-span.org)


La presse occidentale se fait largement l’écho des propos de Dunford (journaldemontreal.com, militarytimes.com, dailyherald.com, 7sur7.be, theguardian, lorientlejour.com, lechaosglobal, france24.com) et en oublient presque les propos du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui  prend l’exact contrepied de Dunford et déclare que la Russie ne constitue pas une menace existentielle pour les Etats Unis : “Kerry doesn’t view Russia as existential threat-U.S. State Dept” (reuters).

 

Dans la foulée de Dunford, un autre haut-gradé US, le US Army Chief of Staff General Ray Odierno réclame l’envoi une brigade de 3500 soldats américains et les armes lourdes qui vont avec en Allemagne pour être en mesure de s’opposer aux Russes (sputniknews).

Pour être complet sur la logique américaine en cours, il faut également parler de la bombe nucléaire B61-12. Cette nouvelle version (12) d’une bombe datant des années 60 (wikipedia) est destinée à être emportée par les nouveaux avions américains, les F35, de calamiteuse réputation. Son développement à coûté environ 11 milliards USD, le plus gros budget pour une bombe, et est présenté par ses promoteurs aux USA comme un “game changer” car étant supposément plus précise et générant moins de retombées radioactives (sputniknews, sputniknews)…

 

 

L’UKRAINE, IL Y A UN AN

• 8-17 juillet 2014 : Le siège de Donetsk. Après la prise de Slavyansk, l’armée ukrainienne avance rapidement dans les oblasts de Donetsk et Lougansk et tente d’encercler la ville de Donetsk pour couper le territoire des républiques de l’est en deux. Le résumé avec deux épisodes de la série de documentaires “Roses have Thorns” (youtube et youtube).

 

27 mai 2015 :  Roses Have Thorns (Part 16) The Attempted Siege of Donetsk I  (July 8 – 13, 2014)  (youtube)

 

6 juillet 2015 : Roses Have Thorns (Part 17) The Attempted Siege of Donetsk II (July 13 – 17, 2014) (youtube)

 

 

RETOUR SUR LA SEMAINE DERNIÈRE

• Anniversaire de la libération/chute de Slavyansk. Video de Radio Svoboda du côté ukrainien (novorossia.today, youtube). La ville qui comptait environ 100 000 habitants a perdu depuis près de la moitié de sa population en un an et est à présent “colonisée” par des ukrainiens de l’ouest et du centre du pays.

 

5 juillet 2015 : Першу річницю визволення Слов’янська в місті відзначили мітингом   (youtube)

 

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 9 JUILLET (les-crises.fr)

• 5 juillet 2015 : Fête d’un côté, commémoration de l’autre. Cette “victoire” ukrainienne de Shirokino intervient également quelques jours avant la date anniversaire de la seule vraie victoire ukrainienne, celle de la prise de Slavyansk après un mois de siège. Et de fait, le même jour, dimanche 5 juillet 2015, deux manifestations se déroulent presque au même endroit, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu, dans la région de Slaviansk. “En Ukraine il y a deux fêtes.Tous les patriotes célèbrent une fête créée sur mesure par le pouvoir de Kiev, dénommée “Libération de Slaviansk l’ukrainienne”. Les festivités sont accompagnées de tous les symboles jaune-bleu. Toute la ville regorge de drapeaux et de blasons jaune-bleu. De cette manière, le pouvoir ukrainien veut démontrer à ceux qui ne sont pas d’accord avec lui que leur insurrection est écrasée et qu’il leur faut désormais se soumettre au nouveau régime. En même temps que le nouveau pouvoir ukrainien organisait des bals sur les ossements, à Donetsk des habitants ordinaires de la République populaire de Donetsk se sont rendus à un meeting-réquiem organisé  en l’honneur des civils de Slaviansk tués et en mémoire des combattants rebelles tombés dans les combats pour la libération du Donbass. Pendant que dans Slaviansk “l’ukrainienne” des “locaux” d’opérette sortent dans la rue pour soutenir la junte, dans la capitale de la DNR/PD, des gens accablés de chagrin et submergés d’émotion se sont rassemblés autour de la Flamme éternelle  pour déposer des fleurs en l’honneur des habitants ordinaires de Slaviansk, innocents tués, qui n’étaient pas d’accord avec le renversement illégal du gouvernement de février 2014 et ont utilisé leur droit à l’autodétermination. Mais on les en a dépossédés. Tout comme on leur a volé la liberté d’expression. Petro Porochenko assure que l’Ukraine est maintenant libre comme elle ne l’a jamais été. Mais c’est un mensonge. Pour être libre, il faut mourir. Pour obtenir ses droits intrinsèques

 il faut verser des torrents de sang.” Pour avoir le droit de vivre libre, il faut mourir.” Telles sont les paroles qu’a prononcées Denis Pouchiline, porte-parole politique de la DNR/RPD, au cours de ce meeting-requiem (e-news.su, pravda.com.ua, youtube, colonelcassad).

5 juillet 2015 :  Стоит посмотреть: Митинг-реквием “Не забудем,Не простим: Славянск”  Урофашист не пройдет!  (A voir : Requiem, “Slaves, n’oubliez pas, ne pardonnez pas” l’Ukrofascisme ne passera pas!) (youtube)

Cliquez sur l’image pour voir la video :

 

• L’Arménie. Les manifestations contre l’augmentation du prix de l’électricité se terminent. Cependant certains, par opportunisme politique ou volonté de déstabilisation, veulent transformer un mouvement social en mouvement politique (sputniknews, kyivpost). Apparemment, ils ne sont pas suivis. L’Arménie n’est pas l’Ukraine, le nom de Maidan évoque plutôt la Turquie, et est donc perçu négativement, et enfin la population est massivement pro russe (russia-insider, youtube). Des manifestants ayant voulu brandir des drapeaux de l’UE ont été aussitôt dissuadés par d’autres manifestants autour d’eux (fortruss). Et pour que les choses soient claire, la Russie lance le 7 juillet des exercices militaires surprises en Arménie (bfmtv.com/).

 

8 juillet 2015 : Armenians about Electric Maidan and Russians (youtube)

 

• La Moldavie. Sputniknews, dans son édition française réévalue le nombre de manifestants pro roumain à 5000, au lieu de 2000 auparavant (sputniknews). Selon Radio Free Europe, “les Moldaves demanderaient le rattachement à la Roumanie” (rferl.org).

 

 

D’autre part, l’UE aurait gelé son aide à la Moldavie en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, la signature d’accords avec le FMI et les résultats de l’enquête sur le scandale bancaire de ces derniers mois.

Moldova Foundation ‏@MDFoundation  22h22 hours ago

EU has frozen its
financing for Moldova
until new government is formed, concludes agreement with IMF &
solves the banking fraud.

 

• Azov. Mardi 7 juillet, Facebook fait un peu de ménage et supprime des pages d’Azov, mais pas toutes (apostrophe.com.ua/). Pour vérification, cliquer sur les liens  azov.batalion ou Azov.Reconquista.

Il convient de rappeler que les Etats-Unis ont refusé d’inclure le bataillon “Azov” dans les unités que ses instructeurs militaires entraînent, et que le politologue américain d’origine ukrainienne, Alexandre Motyl (wikipedia) estime que la symbolique du bataillon ‘Azov” a un impact négatif sur l’image de l’Ukraine aux Etats-Unis.

Plus tard dans la semaine, le 10 juillet, Fort Russ sort la traduction d’un article polonais sur les Azov : “The boys from Azov are defending Mariupol, Ukraine, and…the white race” (fakty.interia.pl traduit par fortruss).

 

 

• Praviy Sektor.  Cette semaine, des éléments armés de Praviy Sektor refusent le passage a des membres de l’OSCE et déclarent que “Praviy Sektor suit ses propres ordres et n’est pas sous le commandement de l’armée ukrainienne (sputniknews, osce.org). De même, Praviy Sekor refuse de quitter ses positions à Shirokino bien que la ville ait été déclaré “zone démilitarisée” (sputniknews). Ceci prouve que malgré des efforts réels, le gouvernement ukrainien ne contrôlent pas les groupes paramilitaires ultra-nationalistes (novorossia.today).

 In Avdiivka (government-controlled, 15km north-west of Donetsk), the SMM was stopped by armed members of the Right Sector, who did not allow it to proceed further to a JCCC observation post*. Despite calls to the Ukrainian Armed Forces Major General, head of the Ukrainian side to the JCCC, and to the command of the Anti-Terrorism Operation (ATO), the armed men continued refusing access. They insisted that they had their own orders and did not fall under the command of the Ukrainian Armed Forces. (http://www.osce.org/ukraine-smm/170456).

 

 

Vendredi 10 juillet , terreur politique ordinaire à Lvov, Ukraine de l’Ouest. Les Praviy Sektor ont arrosé de sang de porc Igor Shourma, député du bloc d’opposition. L’incident s’est produit à l’issue d’une conférence de presse que Shourma donnait à l’occasion de l’inauguration d’une permanence publique. Deux membres de l’organisation publique “Praviy Sektor Occident” se sont approchés du politicien en courant, au moment où il sortait dans la rue une fois la conférence de presse terminée, et l’ont arrosé avec du sang contenu dans des bouteilles en plastique. Ils ont également crié “Il n’y aura pas de permanence du “Bloc d’opposition à Lvov. Allez dans la DNR!”, et aussi “Le Bloc d’opposition assassine les Ukrainiens” (pravda.com.ua)

 

En bonus, un documentaire sur Secteur Droit datant d’avril 2015 (youtube).

 

23 avril 2015 : “The Right Sector”: the history, fascist ideology and role in Euromaidan (Ukraine)   (youtube)

 

 

• Nouvelles des ministres limogés.  Interview d’Alexandre Kvitachvili, l’ex-ministre de la santé d’Ukraine (géorgien d’origine). Il parle longuement de la corruption (lb.ua).

 

• Intensification des purges en Ukraine : la Justice. Ce lundi 6 juillet, arrestation de deux hauts fonctionnaires du Parquet, Vladimir Shapakin et Alexander Korniets.  Lors de perquisitions musclées et sans mandat lancées à l’initiative du Vice Procureur d’origine georgienne David Sakvarelidze, il aurait été trouvé dans les bureaux et appartements des deux hommes des devises étrangères pour un total de 500 000 USD et des diamants (unian.net, hromadske.tv, gordonua, gordonua, gordonua). Les stars de la presse ukrainienne très proche du pouvoir Serhiy Lechtchenko (wikipedia, heroes.rsf.org) et Mustafa Nayyem (wikipedia) ont été très diserts sur leur page FB respective (112.ua, unian.net). Saakachvili s’est aussi fendu d’un commentaire (unian.net). Porochenko a pris personnellement le parti de Sakvarelidze contre les représentants du Parquet qui contestaient la procédure adoptée par Sakvelaridze (unian.net). Selon Sakvaleridze, derrière les deux hauts fonctionnaires arrêtés aujourd’hui se trouve un “grand chef” du Parquet qui se croit intouchable (unian.net). Quel est ce grand chef ? Pour l’instant Mystère …

Sakvarelidze ayant été voir Porochenko hier. L’article demande quel est le rôle du Président dans cette affaire… D’ailleurs, le 7 juillet, un député du Bloc Petro Porochenko suggère de nommer Sakvarelidze procureur général (gordonua) et un journaliste proche de Tourtchinov et de Kolomoïski réclame la même chose dans Vesti (vesti-ukr.com). Le Procureur Général en poste, Chokine, mis en place par Porochenko, est censé rentrer de vacances le 10 juillet.

Une synthèse bien faite des événements concernant l’interpellation de deux hauts fonctionnaires du parquet et les perquisitions sans mandat à leurs bureaux ordonnées par David Sakvelaridze, perquisitions accomplies par des commandos “Alpha” (vesti-ukr.com). Toutefois l’info dans cet article selon laquelle le Premier Vice procureur du Parquet général  Gouzyr avait ouvert une enquête sur Sakvarelidze lui-même avait été démentie hier soir (vesti-ukr.com). En revanche, pour enfoncer encore un peu plus le vieux parquet, un journaliste ressort une vieille histoire datant de 5 ans du fils de Gouzyr (gordonua.com). Dans un jeu de ping pong judiciaire, ce même Gouzyr a annoncé le début d’une enquête sur la fourniture aux forces de l’intérieur et de la garde nationale de sacs à dos par une entreprise appartenant à la femme d’Avakov (vzgliad.ru).

 

 

En UEland, dans notre beau pays, cela donne ceci : “Diamants et kalachnikov saisis chez deux responsables ukrainiens” (boursorama.com).

Vendredi, Sakvaralidze, le géorgien du moment apparemment,  passe à Shuster Live et sort deux trois révélations : “l’arrestation des deux procuteurs n’est que le début” (gordonua) et “Le procureur général Chokine n’a pas donné de coup de téléphone pour suspendre les opérations contre les deux procureurs” (gordonua).

 

Micro focus en passant sur David Sakvarelidze (politrada.com)

Davit Sakvarelidze – un brillant représentant de l’équipe du président Saakachvili réformiste. Jeune, énergique, éduqué et … intrépide. En cinq ans, il a dit que nous aurions fait une brillante carrière, passant de compétence ordinaire dans le département judiciaire du ministère de la Justice pour le premier adjoint du procureur général de Géorgie, combinant cette position avec le fauteuil du procureur à Tbilissi (capitale de la Géorgie). Voici quelques moments biographiques de la vie de David Sakvarelidze rapporté par “L’expression” à l’ambassade de Géorgie à Kiev: Étude – 1999-2004 période. – Faculté de droit de l’Université d’Etat de Tbilissi.Université d’Etat de Tbilissi Javakhishvili; 2001-2002 – Faculté de science politique, Université de Saint-Bonaventure (New York, USA);2006-2007. – Faculté régional de l’Université Toyo Université Itakura (Japon). Carrière – 2009 – Premier vice-procureur général de la Géorgie à la présente; 2008 -2009 d’années. – Premier vice-procureur général de la Géorgie – Tbilissi procureur; 2007-2008. – Procureur de Shida Kartli et de Mtskheta-Mtianeti; 2007 – Le procureur région Mtskheta-Mtianeti; 2007 – Chef adjoint du Bureau de l’administration du Procureur général; 2005-2006. – Chef de l’Inspection générale des services de la police urbaine de Tbilissi Mairie; 2005 – consultant en chef de l’Office de préparer des projets d’actes juridiques et des services d’expertise interagissent avec le président des autorités gouvernementales et d’autres États et des affaires juridiques de l’Administration du Président de la Géorgie;2004-2005 ,. – Conseiller en chef du Bureau de préparer des projets d’actes juridiques et des services d’expertise interagir avec le président des autorités gouvernementales et d’autres États et des affaires juridiques de l’Administration du Président de la Géorgie;2003-2004. – Membre de la Commission de la réforme juridique et la mise en place de la terminologie juridique du ministère de la Justice de la Géorgie; 

2003 – Spécialiste du Département judiciaire du Ministère de la Justice de Géorgie. Il a reçu l’Ordre d’Honneur en 2008.

 

 

• Intensification des purges en Ukraine : la Justice (suite). Un autre juge de Kiev, Anton Chernushenko, dont la Rada venait juste d’approuver l’arrestation a disparu (occrp.org).

 

• Intensification des purges en Ukraine : la Police. Le mardi 7 juillet, le Ministre de l’Intérieur, Avakov, met à pied jusqu’à “évaluation” toute la police de la route de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien. En tout cela fait 625 policiers sur le carreau (censor.net.ua). Et ce même minisre Avakov menace de virer tout fonctionnaire de police qui s’opposerait à la nouvelle police de patrouille mise en place la semaine dernière (kyivpost). Vendredi 10 juillet, Avakov propose la géorgienne Eka Zguladze comme chef de la police nationale, Décision devrait être prise dans 3 mois (time-ua.com). Il annonce également que tout le ministere de l’interieur va être réorganisé (interfax.com.ua).

 

• Intensification des purges en Ukraine : le SBU. Le mardi 7 juillet, le nouveau chef du SBU, les services de renseignement ukrainien, déclare qu’il a trouvé “plus de 40 traîtres” dans les rangs du SBU. L’accusation de traîtrise est sans appel dans un pays aussi paranoïaque que l’Ukraine et tout défenseur des “traîtres” est forcément un traître par extension (novorossia.today).

 

• Intensification des purges en Ukraine : les Oligarques. Avakov crée un département dans son ministère pour la récupération des actifs “obtenus de façon criminelle” qui sera dirigé par Elena Tychtchenko. Parmi les industriels visés se trouvent Kourtchenko et Firtach (lb.ua). Mais apparemment tout le monde n’est pas d’accord avec cette initiative, samedi 11 juillet, le passé d’Elena Tychtchenko refait surface dans le KyivPost via la page Facebook du journaliste devenu député Serguei Lechtchenko. La dite Tychtchenko aurait donc notamment travaillé pour le banquier du Kazakhstan réfugié à l’étranger Mukhtar Abliazov (kyivpost.com)… A suivre…

 

• Rada contre Porochenko : deuxième round. Vladimir Groysman, le Président de la Rada, a indiqué le 8 juillet qu’il n’y aurait pas de session extraordinaire de la Rada cette semaine. La coalition se concentrera sur ses positions communes (unian.net).  Vzgliad avait publié lundi une analyse qui a tout du thriller politico-financier sur la loi adoptée la semaine dernière par la Rada sur la restructuration des dettes libellées en devises étrangères (voir actu’Ukraine du 9 juillet). L’article n’est pas signé mais son auteur assure que ce vote est le résultat d’un complot contre Porochenko qui, sauf réexamen de la loi par la Rada , a le choix entre :

L’auteur voit la main de Kolomoïski, encore très influent à la Rada, dans ce blitzkrieg parlementaire. Il estime aussi qu’il s’agit d’une opération relativement collective pour pousser Porochenko vers la sortie. Il relève que la proposition de loi a été préparée par 5 députés du Front populaire de Yatseniouk.

Dimanche, Porochenko menace de mettre son veto à la loi adoptée par la Rada sur les crédits libellés en devises si la Rada ne supprime pas cette loi elle-même (lb.ua). A suivre donc…

 

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 9 JUILLET (les-crises.fr)

• Et tentative du parlement de lui venir en aide. Verkhovna Rada a voté la loi concernant la restructuration des obligations créditaires en devises étrangères selon le taux de change au moment de la souscription du crédit. La majorité de ce genre de crédit a été souscrite avant la crise de 2008, quand le taux de change était de 5 UAH/ 1 $. Le crédit en dollars avec le taux annuel  de 10% coûtait 2 fois mois cher par rapport à un crédit classique. Aujourd’hui  (avec tout ce qui se passe en Ukraine) le taux de change est de 21,02 UAH/ 1 $, les consommateurs n’arrivent plus à rembourser, plusieurs manifestations baptisées “Maidan financier” ont eu lieu devant la Rada depuis quelques mois (vesti-ukr.com) Selon les données du ministère des finances, cela concerne 70 000 ukrainiens. La Banque Nationale Ukrainienne a relevé le fait que de telles mesures de rescructuration risquent d’avoir un caractère destructif pour le systeme bancaire ukrainien, les dégâts peuvent atteindre 100 milliards d’UAH (vesti-ukr.com). Pour que cette loi entre en vigeur, ellle doit être signée par le président, mais selon le mémorandum signé avec le FMI, le président s’est engagé à mettre son veto en cas de son adoption par la Rada. En tous cas,le BPP pense que Porochenko mettra son veto à cette loi (unian.ua).

Et Porochenko ne tarde pas à réagir : dans son interview à la chaine “Ukraina” il a critiqué le parlement qui met en péril l’economie ukrainienne et le système financier en traitant les députés de “politiciens populistes qui, pour plaire à une ou l’autre partie du peuple, font des  promesses irréalisables” (unn.com.ua). Mais P. Poroshenko a la mémoire courte : ce sont les mêmes promesses que celles qu’il a faites pendant sa campagne présidentielle, comme nous le rappelle le journaliste ukrainien Anatoliy Sharij (youtube).

Le député Loutsenko a démissionné de la présidence du groupe BPP car ce groupe a voté en majorité en faveur de la loi sur la restructuration des dettes en devises étrangères (lb.ua).

 

LUNDI 6 JUILLET 2015

• Elections prévues dans la république de Lougansk. Suivant l’exemple de la CNR la semaine dernière, la LNR annonce des élections pour le 1er novembre 2015 (unian.info).

 

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 9 JUILLET (les-crises.fr)

• La république de Donetsk annonce des élections. Elles se tiendront le 18 octobre 2015 (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr).

 

• Le monde alernatif et inquiètant de Forbes. Selon un analyste du magazine Forbes l’Ukraine peut battre les novorusses et les troupes russes en Ukraine sur le champ de bataille… et que tout ça finira par une troisième guerre mondiale (forbes.com relayé et déformé par sputniknews).

 

• L’Egérie ultra-nationaliste Vita dans les oubliettes de l’Histoire. Cela faisait un moment que nous n’avions pas vu de nouvelles de Vita Zaverukha sur la fameuse jeune Viktoria (celle de “Elle”). Elle avait été arrêtée début mai 2015 en tant que suspecte du meurtre de policiers ukrainiens lors dun braquage d’une station service (dailymail.co.uk). Le 26 juin dernier, sa détention provisoire a été prolongée de 4 mois, sans possibilité de caution. Vita s’est évanouie lors de l’énoncé de la décision (svpressa.ru, ukr-online.com). L’image parfaite de “l’idiote utile” dont on se débarrasse lorsqu’elle n’est plus utile justement.

 

 

 

MARDI 7 JUILLET 2015

• Retournement d’un allié américain. L’Arabie Saoudite, après le SPIEF, va investir 10 milliards USD en Russie (rt.com).

 

• Update sur l’économie ukrainienne. Rien de bien neuf, la tendance reste la même (fortruss). Un défaut de paiement du pays est possible dès le 17 juillet 2015 (fortruss). Dimanche, le FMI critique les réformes économiques en Ukraine (vz.ru).

 

• Ca doit faire du mal au moral ! Oukraïnskaïa Pravda relaye une information prise dans un média sportif (champion.com.ua) : un ex-joueur du Shakhtar Donetsk et du Dynamo de Kiev soutient officiellement les novorusses. Il s’appelle Viktor Zvyagintsev (Віктор Звягінцев , wikipedia). Sachant que les plus grands clubs sont entre les mains des oligarques, et que Kolomoïski utilise volontiers des supporters musclés pour faire le coup de poing, une défection pareille peut entamer le moral du public et en faire réfléchir plus d’un. En plus, cet homme semble être une célébrité dans le monde du football, plus seulement comme joueur, alors l’impact peut être fort.

 

 

MERCREDI  8 JUILLET 2015

• La Russie contre les ONG américaines. La chambre haute de la Douma adopte une “stop liste patriotique” recensant les organisations étrangères qui s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Russie. Parmi les organisations concernées figure notamment l’Open Society de Soros (vz.ru, russia-insider, russia-insider, leparisien.fr/). Les ONG concernées sont les suivantes (meduza.io) :

 

• Cela devait forcément arriver un jour. Des pirates informatiques auraient pris le contrôle d’une batterie de missiles anti-missiles Patriot allemande en Turquie. C’est le type de nouvelle que l’on peut qualifier d’extrèmement inquiétante (rt.com).

 

 

JEUDI 9 JUILLET 2015

Azarov, ex premier-ministre d’Ukraine, s’étonne de la façon dont Yatseniouk s’est ingénié à démolir l’Ukraine. Sur sa page Facebook, Azarov (wikipedia) pose la question de savoir comment Arseni Yatseniouk est parvenu à faire tomber l’économie ukrainienne à un niveau inférieur à celui du Bangladesh, du Tchad et d’autres pays les plus pauvres de la planète en un laps de temps aussi court. Azarov  peut se permettre de critiquer le gouvernement actuel de l’Ukraine, car sous sa direction, le salaire moyen d’un Ukrainien était de 500 USD, un niveau impensable pour les actuels enfants de l’Euromaïdan. En avril 2015, le salaire moyen était environ de 150 USD (les-crises.fr). Les retraites étaient jusqu’à 5 fois plus élevées (200 USD) qu’aujourd’hui. Sans compter l’inflation à 2 chiffres et l’augmentation des tarifs de l’eau, du gaz, de l’électricité, du chauffage,…  Sous Azarov les prix étaient de 2 à 3 fois plus bas qu’aujourd’hui. Ceci est une façon de saisir tout le poids de la situation actuelle pour la population ukrainienne (e-news.su).

 

• Facebook fait le ménage. Après la fermeture sans préavis de certaines pages du bataillon Azov le 7 juillet (russia-insider) Facebook continue le ménage avec cette fois la fermeture de pro novorusses (novorossia.today). Les pages concernées sont les suivantes :

 

 

VENDREDI  10  JUILLET  2015

• Colonisation économique de l’Ukraine. Le Britannique Marc Rollins à la tête de UKRNAFTA ? Le comité de nomination des dirigeants des entreprises stratégiques en Ukraine a choisi le candidat pour le poste de PDG d’UKRNAFTA. Marc Rollins est actuellement le président de B G Kazakhstan, companie qui fait partie de BG Groupe, spécialisé dans toutes les étapes de production du gaz naturel (vesti-ukr.com, kyivpost.com). La candidature doit etre validée par l’assemblée générale des actionnaires le 22 juillet.

 

• Braquage à Kharkov. Un fourgon de transport de fonds de Ukrpochta  a été attaqué ce matin par un homme avec une arme automatique. Trois convoyeurs de fonds ont été tués sur place, le malfaiteur a pris la fuite avec 2,3 millions UAH qui étaient destinés au paiement des retraites (vesti-ukr.com).

 

• Vente aux enchères des entreprises d’état en Ukraine. Le ministre (lituanien) du développement d’Ukraine, Aivaras Abromavicius, déclare que 345 entreprises d’état vont être mises aux enchères prochainement (sputniknews). Dans ce cadre, une nouvelle vidéo de promotion de l’Ukraine a été mise en ligne (kyivpost, youtube). Par rapport à ce qui se passe dans le pays, cette vidéo est surréaliste…

 

9 juillet 2015 : Ukraine. Open for U.   (youtube)

 

• Vie quotidienne à Donetsk. Le récit d’une habitante de la ville. la vie n’est pas normale, mais la plupart des services publics fonctionnent à par les distributeurs de billets, ce qui occasionnent des queues devant les banques. Comme il avait été annoncé en début d’année, la DNR utilisent à présent plusieurs devises et abbandonne le Hryvnia ukrainien au profit du rouble russe ou du dollar américain (fortruss).

 

 

SAMEDI  11  JUILLET  2015

• Nomination de l’ambassadeur d’Ukraine aux USA. Comme prévu, Valeriy Tchalye, vice Directeur de l’administration présidentielle, est nommé ambassadeur d’Ukraine à Washington (lb.ua). Il commence direct en annonçant que “une douzaine de pays européens arment l’Ukraine à présent” (unian.info).

 


Et il surenchérit en déclarant que l’Ukraine aurait le droit de recevoir 1000 missiles anti-char américain “Javelin” en échange de la dénucléarisation de l’armement de l’Ukraine (qui a été déjà effectué depuis des années) (sputniknews). Les missiles Javelin avaient été évoqué la semaine dernière à propos des combats à Shirokino. A 78 000 USD la pièce (soit environ 130 années de salaire minimum en Ukraine) cela ferait un petit cadeau US de 78 millions USD (soit 13 millénaires de salaire minimum en Ukraine)…

 

• Avakov par lui-même. Une interview d’Avakov sur son Ministère (lb.ua).

 

• Un peu d’humour russe (fortruss).

 

 

 ”–Come up to the blackboard, Vova. Show us Crimea. Where is it?

–It’s in Russia, Marivanna.

–Incorrect. Sit down, Putin. F.

–We’ll see about that…

 

 

Barack Obama’s typical morning:

Checked email

Checked Merkel’s email

Checked Hollande’s email

 

 

 Ukraine is becoming safer. Now one can safely smoke not only near the gas pipeline, but even inside the gas pipeline.

 

 

When you argue with a Ukrainian, keep in mind he has a very limited keyboard

“Putin”, “Moskal”, “Treason,” “La-la-la,” “Colorado Beetle,” “You are all Putin’s slaves,” Victory,” “PTN-GFY”

 

 

A cleaning lady is washing a nuclear bomb.

No big deal, this is Russia

 

• Humour ukrainien involontaire. Pour le premier ministre ukrainien Yatseniouk : “En politique il n’est pas possible de mentir” (gordonua.com).

 

• Humour ukrainien involontaire (suite) : un “parc” à Tchernobyl. Selon le premier ministre ukrainien Yatseniouk, cette idée dont il est le promoteur attire l’attention des investisseurs européens (e-news.su). La zone d’exclusion de Tchenobyl peut se transformer en parc radiologique. C’est l’idée que défend le premier-ministre d’Ukraine Arseni Yatseniouk, qui souligne que l’objet appelé “L’arche” (lefigaro.fr) présente un très grand intérêt pour les investisseurs.

En plus de l’idée même de la création d’un parc à Tchernobyl, Yatseniouk a présenté un plan d’action pour sa réalisation. Au début, Kiev fera appel à des spécialistes de compagnies occidentales de pointe afin de faire des évaluations de la radioactivité du territoire. “Au bout de 30 ans, il en aura disparu beaucoup”, a déclaré le politicien.

“L”expertise de la situation écologique de cette zone doit être validée juridiquement et mondialement”, a dit Yatseniouk, dont les médias ukrainiens ont rapporté les déclarations.

Il a également dit que plusieurs compagnies de pays de l’UE ont déjà manifesté un intérêt certain pour cet objectif. Il n’a nommé concrètement aucun gouvernement, mais a dévoilé que ce qui les arrêtait, c’est la bureaucratie et la corruption du système. C’est justement la raison pour laquelle, selon lui, il importe de changer radicalement la façon d’appréhender la gestion de la zone d’exclusion.

Outre la création d’un parc à Tchernobyl, Yatseniouk a exprimé l’idée d’y produire de l’énergie électrique. “Nous pourrons produire là-bas de l’énergie électrique solaire. Nous pourrons y réaliser plein d’investissements sur ces projets”, a-t-il ajouté.

Le 9 juillet 2015, s’était ouverte une conférence de donateurs pour le 30eme anniversaire de Tchernobyl (kmu.gov.ua).

 

• Ca brûle toujours autour de Tchernobyl. En attendant, les feux de forêts et de tourbières ne sont toujours pas éteints dans la zone d’exclusion et sont arrivés à la frontière avec le Belarus (tass.ru).

 

DIMANCHE 12 JUILLET 2015

• Presque aussi bien qu’un armateur grec ! Les services fiscaux ukrainiens ont découvert à Kiev une entreprise qui a “oublié” de lui payer 20,6 millions de hryvnas (epravda.com.ua) !

 

• Un bataillon de chars de l’armée ukrainienne se mutine. Les soldats protestent contre l’anarchie de l’armée et veulent rentrer chez eux (fortruss, vz.ru, youtube)

 

10 juil. 2015 : В 17-й танковой бригаде, (2-й батальон) назревает бунт! (youtube)

 

• La situation se dégrade à nouveau dans la zone de l’Opération Anti Terroriste (lire la zone de guerre civile).  Oukraïnskaïa Pravda  a de nouveau recours à la terminologie de guerre : “les bandits pro-russes” d’un côté, “les positions des défenseurs de l’Ukraine” de l’autre (pravda.com.ua). Les troupes ukrainiennes essayent périodiquement de percer les lignes novorusses et s’exposent à des contre-attaques (fortruss). La nuit dernière, l’artillerie ukrainienne a encore bombardé des quartiers de Donetsk (novorossia.today) alors que des combats intenses avaient lieu à  Spartak, près de l’aéroport de Donetsk (novorossia.today). De plus, la DNR a repéré des mouvements d’armes lourdes ukrainiennes dans les secteurs de Yasinovataya, Maryinka et Volodarsk (novorossia.today).

 

 

 

 

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-15072015/


Nigel Farage : M. Tsipras, si vous en avez le courage, vous devriez sortir le peuple grec de la zone euro, la tête haute

Tuesday 14 July 2015 at 00:30

Formidable discours de Nigel Farage au Parlement européen la semaine dernière, face à Tspiras.

Y’a rien à jeter !

A vous de voir si vous jugez normal que nos grands médias ne vous l’aient pas diffusé…

La tête de Tsipras…

Je compatis : un type éloquent fait un exposé que même un enfant de 15 ans comprendrait et approuverait, sauf qu’il détruit toute vos croyances européistes quasi-religieuses, qui se fracassent contre les réalités politiques…

Source: http://www.les-crises.fr/tsipras-si-vous-en-avez-le-courage-vous-devriez-sortir-le-peuple-grec-de-la-zone-euro-la-tete-haute/


[J+1] Et Tsipras capitula…

Tuesday 14 July 2015 at 00:01

Bon, allez, pour être sympa, on notera qu’il a tenu 6 mois face à la meute européenne, quand nos dirigeants capitulent 15 minutes après leur élection.

Mais bon, on saura désormais dans les autres pays à quoi s’en tenir…

Capitulation, par Jacques Sapir

parthenon

Au petit matin de ce lundi 13 juillet, le Premier-ministre grec, M. Alexis Tsipras, a fini par capituler. Il a capitulé sous les pressions insensées de l’Allemagne, mais aussi de la France, de la Commission européenne et de l’Eurogroupe. Il n’en reste pas moins qu’il a capitulé. Car, il n’y a pas d’autres mots pour désigner l’accord qui lui a été imposé par l’Eurogroupe, puis par les différents dirigeants européens, le revolver – ou plus précisément la menace d’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro – sur la tempe. Cette capitulation aura des conséquences dramatiques, en Grèce en premier lieu où l’austérité va continuer à se déployer, mais aussi au sein de l’Union européenne. Les conditions dans lesquelles cette capitulation a été arrachée font voler en éclat le mythe d’une Europe unie et pacifiée, d’une Europe de la solidarité et des compromis. On a vu l’Allemagne obtenir de la Grèce ce que les anciens appelaient une paix carthaginoise. On sait que telle était la position dès le départ de M. Dijsselbloem, le Président de l’Eurogroupe[1]. On a vu, avec tristesse mais aussi avec colère, la France finir par se plier à la plupart des exigences allemandes, quoi qu’en dise notre Président.

Ce 13 juillet est et restera dans l’histoire un jour de deuil, à la fois pour la démocratie et pour l’Europe.

Un accord détestable

Cet accord est un accord détestable, et pour plusieurs raisons. Il l’est dans le domaine économique. Il saigne à nouveau l’économie grecque sans lui offrir la nécessaire et réelle bouffée d’oxygène dont elle avait besoin. L’accroissement de la pression fiscale sans contreparties, aura des conséquences désastreuses pour l’économie grecque. C’est la poursuite de l’austérité dans la plus pure logique d’un Pierre Laval en France, mais surtout d’un Brüning en Allemagne, ou d’un McDonald en Grande-Bretagne, ces figures tragiques des années trente qui ont aggravé par leurs politiques les conséquences de la crise de 1929. La hausse de la pression fiscale exigée, les nouvelles coupes dans les dépenses, ne s’accompagnent nullement du plan d’investissement massif qui aurait pu en compenser, au moins en partie, les effets. Notons ainsi que le gouvernement grec est contraint de s’engager à : « mener d’ambitieuses réformes des retraites et définir des politiques visant à compenser pleinement l’incidence budgétaire de l’arrêt de la cour constitutionnelle relatif à la réforme des pensions de 2012 et mettre en œuvre la clause de déficit zéro ou des mesures alternatives mutuellement acceptables d’ici octobre 2015 ». En d’autres termes on demande au gouvernement grec de compenser l’arrêt de la cour constitutionnelle qui avait cassé la réforme des retraites de 2012. Bref, la logique de l’austérité est ici proclamée plus importante que la constitution d’un état souverain[2].

Cet accord est aussi détestable dans le domaine financier aussi. Il engage donc le Mécanisme Européen de Stabilité, ou MES. Mais, cet engagement sera appelé à grandir régulièrement. L’économie grecque va, en effet, continuer à s’enfoncer dans la dépression. Les ressources fiscales vont au total stagner, voire diminuer et cela même si la pression fiscale augmente comme il est prévu dans l’accord. La dette va donc, en proportion de la richesse produite, devenir de plus en plus lourde. Sur cette dette, le reprofilage – mot barbare qui désigne un allongement des délais de paiement du principal et un report des intérêts – ne résout rien. On sait, le Fonds Monétaire International l’a dit, qu’il faut restructurer, c’est à dire annuler, une partie de la dette grecque. Mais, l’Allemagne s’y refuse toujours avec obstination. Il faudra d’ici peu trouver à nouveau de l’argent pour la Grèce. L’une des raisons pour lesquelles ce plan est détestable est qu’il ne règle rien, ni économiquement, ni financièrement.

Un accord de type néo-colonial

Enfin, ce plan est détestable pour une troisième raison. Politiquement, il aboutit à mettre la Grèce en tutelle, à l’assimiler dans les faits à une colonie privée de tout pouvoir réel. Le parlement grec non seulement est sommé de voter au plus vite certaines réformes, avec deux dates butoirs, du 15 et du 22 juillet[3], mais il devra soumettre désormais les différentes mesures à prendre au contrôle et au bon vouloir des institutions européennes. En particulier, un paragraphe de l’accord est très significatif. Il dit ceci : « Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement »[4].

C’est le rétablissement de ce que les grecs appellent le « régime de la Troïka », régime qu’ils avaient répudié lors des élections du 25 janvier dernier. Et c’est là sans doute le résultat le plus inouï de cet accord. Il équivaut à annuler une élection libre et démocratique, à affirmer que les règles édictées à Bruxelles ont plus de poids que le jeu démocratique. Il faudra s’en souvenir car, de ce point de vue, cet accord ne concerne pas les seuls grecs ; il menace aussi tous les peuples de la Zone Euro. Il nous menace donc nous aussi, les français. Et c’est pourquoi le fait que notre Président, M. François Hollande, se soit prêté à ce crime, car il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cet accord dans le domaine politique, doit nous emplir d’effroi. En acceptant de poser sa signature au bas de cet accord, en acceptant de la faire voter d’ici la fin de la semaine au Parlement français, François Hollande est dès lors connivent à cet étranglement de la démocratie en Grèce, mais aussi dans l’ensemble de la Zone Euro.

Allant toujours plus loin, cet accord organise la spoliation de la population grecque dans le paragraphe léonin qui concerne les privatisations et qui date directement de ce que l’on appelait au XIXème siècle la « politique de la canonnière ». Ce paragraphe stipule en effet que le gouvernement grec doit : « élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d’autres moyens. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d’euros, dont 25 milliards d’euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d’autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c’est-à-dire 50 % de 25 milliards d’euros) serviront à diminuer le ratio d’endettement, les autres 50% étant utilisés pour des investissements »[5]. Cela revient à dire que la Grèce ne pourra utiliser que 50% de 25 milliards, soit 12,5 milliards issus des privatisations pour des investissements. Or, ces sommes ne seront pas disponibles – si tant est qu’elles le soient un jour – avant deux à trois ans.

Quand on entend François Hollande affirmer dans la mâtinée de ce 13 juillet que la souveraineté de la Grèce a été préservée, on se dit que notre Président a un goût douteux pour la plaisanterie. C’est ajouter l’insulte à la blessure. Car la souveraineté de la Grèce a bel et bien été piétinée par l’Eurogroupe et par l’Allemagne, avec l’aide et avec l’assentiment de la France. C’est pour cela que ce 13 juillet sera désormais un jour de deuil pour tous ceux qui défendent la démocratie, la souveraineté et la liberté des peuples.

La question de l’Euro

François Hollande affirme que son action a sauvé l’Euro. Il est clair que si l’Allemagne avait imposé l’expulsion de la Grèce hors de la Zone Euro, cela aurait déclenché à relativement court terme le processus de dissolution de cette zone. Mais, le maintient de la Grèce dans la zone Euro ne sauve nullement l’Euro. D’une part parce que les problèmes économiques et financiers de la Grèce ne sont pas résolus. D’autre part, parce que d’autres pays sont aujourd’hui en grandes difficultés, et en particulier l’un de nos voisins, l’Italie.

L’Euro est, on en a eu la preuve aujourd’hui, indissolublement lié à la politique d’austérité. La politique économique menée dans la Zone Euro consolidée par le rôle des divers traités, et en particulier du dernier le TSCG ratifié en septembre 2012, ne peuvent que mener à l’austérité. Si on ne l’avait pas encore compris c’est aujourd’hui parfaitement clair : l’Euro c’est l’austérité. Bien sur, il peut y avoir des politiques d’austérité sans l’Euro. Mais l’Euro implique en réalité la politique d’austérité et toute politique menée dans le cadre de l’Euro conduit à l’austérité. Il faut comprendre le sens profond de cette affirmation. Aujourd’hui, tant que l’on restera dans la zone Euro, il sera impossible de mener une autre politique économique que l’austérité. Pour ne pas avoir compris cela Alexis Tsipras s’est mis de lui-même la tête sur le billot.

Cette constatation est appelée à devenir le véritable point de clivage de la politique française dans les mois et les années à venir. Ainsi, ce qu’a sauvé François Hollande, en réalité, c’est bel et bien l’austérité. On sait qu’il fit ce choix en 2012. Il n’en a pas changé. Il devra donc être jugé dessus aux prochaines élections.

[1] VAROUFAKIS: POURQUOI L’Allemagne REFUSE D’ALLÉGER LA DETTE DE LA GRÈCE, http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/120715/varoufakis-pourquoi-lallemagne-refuse-dalleger-la-dette-de-la-grece

[2] Déclaration du sommet de la zone euro , Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 3.

[3] Le texte de l’accord précise que ce dernier ne sera valable que dans les conditions suivantes : « Ce n’est qu’après – et immédiatement après – que les quatre premières mesures susmentionnées auront fait l’objet d’une mise en oeuvre au plan juridique et que le Parlement grec aura approuvé tous les engagements figurant dans le présent document, avec vérification par les institutions et l’Eurogroupe, qu’une décision pourra être prise donnant mandat aux institutions de négocier un protocole d’accord ». Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 2.

[4] Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 5.

[5] Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 4.

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 13 juillet 2015.


Crise grecque : un armistice qui ne résout rien, par Jean-Michel Naulot

Un homme vend des tickets de loterie devant une banque dans le centre d'Athènes, le 13 juillet 2015.

Un homme vend des tickets de loterie devant une banque dans le centre d’Athènes, le 13 juillet 2015. (Photo : ARIS MESSINIS.AFP)

Les dirigeants européens proposent aux Grecs un armistice sur des bases extrêmement dures : mise sous tutelle, accentuation de l’austérité, nouvel accroissement de la dette. L’inverse de ce que souhaitaient les Grecs.

L’euro était censé offrir aux Européens un nouvel horizon de croissance et de solidarité. Il offre la perspective inverse. Plus les années passent, plus les divisions s’accentuent. Le projet d’accord qui est proposé aux Grecs est marqué du sceau de la conception allemande de la gouvernance en zone euro. Cette crise est une nouvelle étape dans l’histoire d’une zone monétaire qui ne peut fonctionner efficacement entre des Etats aussi différents les uns des autres. C’est une évidence économique.

Dès la mise en place de la zone monétaire, les dérives que nous observons aujourd’hui à travers la crise grecque étaient en germe. Huit jours avant le vote sur le Traité de Maastricht, j’avais écrit dans une tribune au Monde :«Ce n’est pas en engageant les pays de la Communauté dans des ajustements forcés qui ne tiennent aucun compte de leurs problèmes spécifiques, de leurs caractéristiques structurelles ou de leur degré de maturité économique que l’on retrouvera demain le chemin de la croissance». N’importe quel étudiant en première année d’économie aurait pu faire la même observation.

Le pari perdu de la solidarité

Les dysfonctionnements de la zone euro – qui se traduisent par une faible croissance générale et un biais profondément inégalitaire – n’ont pas d’autre origine que cette volonté de plaquer un modèle unique sur des économies différentes. Faut-il rappeler que le PIB de la zone euro est, en 2015, au même niveau qu’en 2007 alors que celui des Etats-Unis a progressé en moyenne de 2% par an depuis cinq ans? Faut-il rappeler que depuis la naissance de l’euro la production industrielle de la France a régressé de 12%, celle de l’Italie de 20%, celle de la Grèce de 20% (et l’investissement de 47%) alors que celle de l’Allemagne a bondi de 34% ?

La création de l’euro reposait sur le pari politique que les peuples abandonneraient vite leur souveraineté et que la solidarité financière et politique serait quasiment illimitée. Pari perdu. Chaque année qui passe démontre que les peuples de la zone euro veulent rester souverains et défendent avant tout leurs intérêts. Toutes les élections, tous les sondages d’opinion, toutes les réunions européennes, le confirment. En Grèce, le vote de janvier dernier en faveur d’un parti qui n’existait pas il y a encore quelques années et le référendum expriment l’indignation d’un peuple que l’on cherche à mettre sous tutelle.

La Grèce face à une guerre économique

L’alternance grecque n’a pas plu en haut lieu car elle était incompatible avec la politique d’austérité. Depuis le début de l’année, la Grèce a ainsi dû faire face à une vraie guerre économique. Dès le 29 décembre dernier, la pénurie a été organisée. Le FMI et l’Eurogroupe ont suspendu immédiatement les aides prévues dans le cadre du deuxième plan d’aide dans la perspective des élections et la BCE a refusé de verser les intérêts qui étaient dus sur les obligations grecques qu’elle détenait. Elle a surtout refusé lors de l’annonce du référendum l’augmentation des financements d’urgence qui permettait de compenser l’hémorragie de capitaux. La fermeture des banques grecques pendant quinze jours est une décision qui a paralysé toute la vie économique et créé un sentiment de peur et de chaos.

Les dirigeants politiques ont multiplié les déclarations guerrières. Jean-Claude Juncker avait prévenu dès le lendemain des élections : «Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités. […]. Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les Traités européens». Et, avant même les élections grecques, Angela Merkel avait laissé fuiter la menace d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Angela Merkel se savait en position de force. Elle savait que le risque systémique n’était plus le même qu’en 2010 puisque les banques avaient pu céder leurs créances sur la Grèce au cours de la période 2010-2012. Elle savait la Grèce en position d’extrême faiblesse puisque la dette grecque était en droit étranger et non en droit national (à la différence d’un pays comme la France dont la dette est à 97% en droit national). L’Allemagne était prête à faire un exemple. Pendant ces six mois de guerre intensive, la France n’a à peu près rien dit. Ce n’est que lorsqu’une menace a pesé sur l’intégrité de la zone euro, au lendemain du référendum, qu’elle a plaidé vigoureusement en faveur d’un accord fondé sur la prolongation des mesures d’austérité. Plutôt l’austérité que la fin d’un dogme (Grexit).

Dans leur projet d’accord, les dirigeants européens proposent aux Grecs un armistice sur des bases extrêmement dures : mise sous tutelle, accentuation de l’austérité, nouvel accroissement de la dette. L’inverse de ce que souhaitaient les Grecs. Tous les économistes, même ceux du FMI, semblaient d’accord pour dire que la politique conduite depuis cinq ans en Grèce avait échoué. Il est proposé d’accentuer cette politique…

Le problème monétaire demeure

A l’occasion de cette crise, les citoyens et les contribuables des pays de la zone euro ont découvert que cette politique qui a échoué a en plus un coût astronomique. Pour la France, 42 milliards d’euros de manière directe, 70 milliards avec les aides indirectes (Target2, BCE). On envisage désormais un troisième plan d’aide de 80 milliards à travers le MES, soit une quinzaine de milliards pour la France ! Et aucune réduction de la dette antérieure n’est proposée, principale revendication de la Grèce depuis six mois ! L’allongement de la durée de la dette et la diminution éventuelle des intérêts payés, déjà très faibles, ne résolvent rien.

Au moins ces aides auraient-elles pu être apportées à la Grèce dans le cadre d’une sortie amicale de l’euro, seul moyen de redresser la compétitivité de la Grèce. Même Valéry Giscard d’Estaing avait soutenu l’idée d’une sortie amicale de l’euro. La Grèce qui est asphyxiée par une monnaie trop forte va rester confrontée au problème essentiel, le problème monétaire.

Quant à la démocratie, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne sort pas grandie de cette crise. Le peuple grec vient de refuser à une très large majorité les mesures d’austérité et voilà que la seule réponse qui lui est apportée, c’est une accentuation de cette politique, avec une mise sous tutelle en bonne et due forme : vote des lois exigées par les dirigeants européens dans les trois jours, cantonnement d’une partie du patrimoine national en vue de privatisations, inspections régulières à Athènes sur la mise en place des mesures.

Après six mois d’une vraie guerre en plein cœur de la zone euro, un armistice extrêmement douloureux est proposé aux Grecs. Que le Parlement grec l’accepte ou non, que les Parlements nationaux le ratifient ou non, cet accord aura des répercussions incalculables sur l’avenir de la zone euro. Ceux qui ont toujours nié la possibilité d’une implosion future de la zone monétaire doivent maintenant être habités par le doute. La boîte de Pandore est ouverte.

Jean -Michel Naulot est l’auteur de «Crise financière, pourquoi les gouvernements ne font rien» (Seuil, octobre 2013).

Source : Jean-Michel Naulot, pour Libération, le 13 juillet 2015.


Source: http://www.les-crises.fr/et-tsipras-capitula/


La défaite de la Grèce, la défaite de l’Europe, par Romaric Godin

Monday 13 July 2015 at 16:25

Brillant résumé…

Les dirigeants de la zone euro ont imposé un accord aux conditions encore plus dures, presque punitif, aux Grecs. Mais la défaite d’Alexis Tsipras résonne comme une défaite pour toute la zone euro.

Jamais, dans le jargon européen, le terme de « compromis » n’aura semblé si peu adapté. « L’accord » atteint au petit matin du 13 juillet entre la Grèce et le reste de la zone euro a désormais des allures de déroute pour le gouvernement grec. Une déroute qui a un sens pour le reste de l’avenir de la zone euro.

Erreur stratégique

Avant d’en venir aux conséquences, il faut expliquer cette défaite d’Athènes. Le gouvernement grec avait accepté jeudi soir le plan des créanciers présenté le 26 juin. Un plan déjà extrêmement difficile à accepter pour la majorité parlementaire grecque. Cette dernière s’était d’ailleurs fissurée vendredi soir dans le vote à la Vouli, le parlement grec. Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, pouvait cependant alors prétendre pouvoir arracher un accord sur la dette comme « compensation. » Malheureusement pour lui, les créanciers ont alors immédiatement compris le message : l’exécutif grec craignait davantage la sortie du pays de la zone euro que l’abandon de son propre programme. On aurait pu s’en douter dès le 22 juin lorsqu’Athènes avait déjà présenté un plan d’austérité. Mais le « non » au référendum avait été une contre-offensive qui, compte tenu du résultat, pouvait donner un mandat implicite au premier ministre pour réaliser le Grexit. Il n’en a pas jugé ainsi. En grande partie parce qu’il a commis l’erreur de ne pas le préparer.

La curée

Dès lors, la position grecque était extrêmement fragile. En effet, pour un petit pays aussi affaibli et endetté que la Grèce, la seule force dans les négociations était la menace de la sortie de la zone euro. Menace que, sans doute, il fallait éviter de mettre en oeuvre si c’était possible, mais qu’il fallait brandir assez sérieusement pour faire douter le camp d’en face. Dès lors que cette menace était levée, Athènes n’avait aucun moyen de pression. La position grecque s’était alors entièrement découverte. Et les créanciers ont pu, sans crainte d’une rupture, augmenter leurs exigences. Pour cela, le moyen était fort simple : il suffisait de menacer la Grèce d’une sortie de la zone euro. Comme cette dernière n’en voulait à aucun prix, il était simple de lui faire accepter d’autres conditions et d’annuler ainsi une partie des succès obtenus durant six mois de négociations, notamment le retour des « revues » de la troïka, l’instauration du travail du dimanche et la mise en place d’un fonds de 50 milliards d’euros issus des privatisations pour recapitaliser les banques, rembourser la dette et faire des investissements productifs. Et pour bien faire comprendre à la Grèce qu’elle devait filer droit cette semaine et voter les « réformes » souhaitées, le premier ministre néerlandais Mark Rutte a prévenu que le « Grexit n’était pas encore exclu. »

Quelques succès ?

Les créanciers ont donc tellement tourmenté Alexis Tsipras que ce dernier a pu présenter quelques concessions sur les exigences nouvelles de ce week-end comme des succès : l’absence de Grexit, le maintien du Fonds en Grèce (et non son transfert au Luxembourg comme l’Eurogroupe l’avait demandé) ainsi que le report d’un quart de son montant sur des investissements productifs (autant que la part réservée aux créanciers et moitié moins que celle réservée pour les banques). Mais son seul vrai succès est d’avoir obtenu l’ouverture d’une discussion sur un « reprofilage » de la dette, autrement dit sur un nouvel échéancier. Mais il faut se souvenir que ce plan va encore augmenter la dette et qu’un rééchelonnement risque simplement de « lisser » les effets de cette augmentation. Et, comme on a pu le constater, Athènes est tout sauf en position de force pour bien négocier ce rééchelonnement. Encore une fois, les créanciers – et Angela Merkel l’a confirmé explicitement – restent attachés au mythe de la viabilité de la dette publique grecque. Un mythe qui va continuer de coûter cher à la Grèce qui va ployer pendant des décennies sous le poids absurde de cette dette, la condamnant à une austérité sans fin et à la méfiance des investisseurs.

Prélude à la chute d’Alexis Tsipras ?

Alexis Tsipras va devoir désormais faire accepter ce plan à son parlement. Or, ce plan n’est rien d’autre qu’une négation explicite des deux votes grecs du 25 janvier et du 5 juillet. Les créanciers avaient pour but, d’emblée, d’obtenir l’annulation de fait de ces votes. Ils sont en passe de l’obtenir. Les parlementaires de Syriza ont désormais le choix entre provoquer une crise politique en désavouant Alexis Tsipras et adoptant un programme basé sur la sortie de la zone euro ou devenir un nouveau Pasok, un parti qui tente de « réduire l’impact » des mesures des créanciers sans avoir aucune certitude d’y parvenir. Face à un tel choix, Syriza pourrait se scinder, comblant les vœux des créanciers et de Jean-Claude Juncker qui souhaitait, en janvier, « revoir des têtes connues. » Car, avec de nouvelles élections, qui semblent désormais inévitables, les perdants des 25 janvier et 5 juillet pourraient profiter de cette division pour remporter le scrutin. Quoi qu’il en soit, si le Syriza « modéré » d’Alexis Tsipras l’emporte, sa capacité de résistance est désormais très faible. Le « danger politique » est écarté, comme le voulaient les dirigeants de la zone euro.

La victoire de Tsipras : un révélateur de la nature de la zone euro

Il est cependant un point sur lequel Alexis Tsipras a clairement gagné : il a mis à jour par ses six mois de résistance et ce déchaînement de « vengeance » comme le note ce lundi matin le quotidien britannique The Guardian en une, la nature de la zone euro. Ce lundi 13 juillet, on y voit plus clair sur ce qu’est la zone euro. A l’évidence, les gouvernants européens ont agi comme aucun Eurosceptique n’aurait pu l’espérer.

L’imposition de la logique allemande

D’abord, on a appris que l’euro n’était pas qu’une monnaie, mais aussi une politique économique particulière, fondée sur l’austérité. Le premier ministre grec avait fait le pari que l’on pouvait modifier la zone euro de l’intérieur et réaliser en son sein une autre politique économique. Preuve est désormais faite de l’impossibilité d’une telle ambition. Les créanciers ont clairement refusé une réorientation de la politique d’austérité budgétaire qui, pour un pays comme la Grèce, n’a réellement plus aucun sens aujourd’hui et l’empêche de se redresser. On a continué à imposer cette logique qui fonde la pensée économique conservatrice allemande : la réduction de la dette et la consolidation budgétaire ont la priorité sur une croissance économique qui ne peut être le fruit que « d’efforts douloureux » appelés « réformes. » Même dans un pays économiquement en ruine  comme la Grèce qui a démontré empiriquement l’échec de cette logique. Si Alexis Tsipras a perdu son pari, il n’est pas le seul fautif. Les Etats européens comme la France et l’Italie le sont aussi, qui en validant les réformes engagées depuis 2011 dans la zone euro (Two-Pack, Six-Pack, MES, semestre européen, pacte budgétaire) ont assuré la prééminence de cette logique.

Français et Italiens ne peuvent donc pas s’étonner de la radicalisation de l’Allemagne et de ses alliés. Ils l’ont préparé par leur stratégie de concessions à Berlin, se trompant eux-mêmes sur leur capacité future de pouvoir ainsi « infléchir » la position allemande dans le futur.

Gouvernance économique aveugle

La gouvernance économique de la zone euro – jadis tant souhaitée par les gouvernements français – existe donc bel et bien, et ne souffre aucune exception, fût-elle la plus modérée. Aussi, qui veut la remettre en cause devient un adversaire de l’euro. La diabolisation de Syriza pendant six mois l’a prouvé. Ce parti n’a jamais voulu renverser l’ordre européen, le gouvernement grec a rapidement fait de larges concessions (que l’on songe à l’accord du 20 février). Mais sa demande d’une approche plus pragmatique dans le traitement du cas grec conduisait à une remise en cause de la vérité absolue de la logique “austéritaire” décrite plus haut. Il fallait donc frapper fort pour faire cesser à l’avenir toute velléité de remise en cause de l’ordre européen établi. Il y a dans cette Europe un air de « Sainte Alliance » de 1815, révélé désormais au grand jour. Comment autrement expliquer cet acharnement face à Athènes ce week-end, cette volonté de « vengeance » ? Alexis Tsipras avait cédé sur presque tout, mais ce n’était pas assez, il fallait frapper les esprits par une humiliation supplémentaire.

Identification entre euro et austérité

Le problème, c’est que, désormais, l’identification entre l’euro et l’austérité est totale. Le comportement des dirigeants de la zone euro avant et après le référendum pour faire du « non » aux mesures proposées un « non » à l’euro le prouvent aisément. La volonté explicite de durcir les conditions imposées à la Grèce pour rester dans la zone euro ce week-end enfonce le clou. Aujourd’hui, c’est bien la question de la « réforme de la zone euro » et de sa gouvernance qui est posée. C’est un cadeau magnifique fait en réalité aux Eurosceptiques qui auront beau jeu désormais de fustiger la faiblesse d’Alexis Tsipras et de faire de la sortie de la zone euro la condition sine qua non d’un changement, même modéré, de politique économique. Cette fin de semaine, une certaine idée, optimiste et positive, de la zone euro a perdu beaucoup de crédibilité.

Grexit ou pas, le précédent existe désormais

Du reste, ceux qui se réjouissent d’avoir sauvé l’intégrité de la zone euro se mentent à eux-mêmes. Pour la première fois, l’impensable a été pensé. L’irréversibilité de l’euro est morte au cours des deux dernières semaines. Grexit ou pas, la possibilité d’une sortie de la zone euro est désormais établie. La BCE l’a reconnue par la voix de deux membres de son directoire, Benoît Coeuré et Vitor Constancio, et l’Eurogroupe en a explicitement menacé la Grèce. Dès lors, la zone euro n’est plus un projet politique commun qui supposerait la prise en compte des aspirations de tous ses Etats membres par des compromis équilibrés. Elle est un lieu de domination des forts sur les faibles où le poids de ces derniers ne comptent pour rien. Et ceux qui ne se soumettent pas à la doctrine officielle sont sommés de rendre les armes ou de sortir. On accuse Alexis Tsipras d’avoir « menti » à son peuple en prétendant vouloir rééquilibrer la zone euro. C’est faux, car il ne connaissait pas alors la nature de la zone euro. Maintenant il sait, et les Européens aussi.

C’est la réalisation du projet « fédéral » de Wolfgang Schäuble : créer une zone euro plus centralisée autour d’un projet économique accepté par tous, ce qui suppose l’exclusion de ceux qui le remettent en cause. Angela Merkel s’est rallié à ce projet parce qu’elle a compris qu’Alexis Tsipras ne sortirait pas de lui-même. Elle a donc pensé pouvoir obtenir la discipline et l’intégrité de la zone euro. Mais elle se trompe, elle a ouvert une boîte de Pandore qui pourrait coûter cher à l’avenir au projet européen. De ce point de vue, peu importe que le Grexit n’ait pas eu lieu  : sa menace suffit à modifier la nature de la zone euro.

La nature de l’euro

L’euro devait être une monnaie qui rapprochait les peuples. Ce devait être la monnaie de tous les Européens. Or, cette crise a prouvé qu’il n’en est rien. On sait que, désormais, on peut priver certains habitants de la zone euro de l’accès à leur propre monnaie. Et que cette privation est un moyen de pression sur eux. Il sera donc bien difficile de dire encore « l’euro, notre monnaie » : l’euro est la monnaie de la BCE qui la distribue sur des critères qui ne prennent pas en compte le bien-être des populations, mais sur des critères financiers dissimulant mal des objectifs politiques. L’euro est, ce matin, tout sauf un instrument d ‘intégration en Europe. En réalité, on le savait depuis la gestion de la crise de Chypre en 2013, qui, on le comprend maintenant, n’était pas un « accident. »

Le choc des démocraties réglé par le protectorat

La résistance d’Alexis Tsipras et l’accord obtenu mettent également à jour le déséquilibre des légitimités démocratiques. Longtemps, l’argument a été que les Grecs ne pouvaient pas imposer leurs choix démocratiques aux autres démocraties. Ceci était juste, à condition que ce soit réciproque.

Or, ce lundi 13 juillet, la démocratie grecque a été fragilisée et niée par ses « partenaires » européens. On a ouvertement rejeté le choix des Grecs et imposé à la place celui des autres gouvernements démocratiques. Le débat ne se tenait pas entre démocraties mais entre créanciers et débiteurs. Jamais la zone euro n’a voulu prendre au sérieux les choix grecs. Et toujours on a cherché à se débarrasser de ceux qui étaient issus de ces choix. Il est donc possible de faire d’un pays de la zone euro une forme moderne de protectorat financier. C’est là encore un dangereux cadeau fait aux Eurosceptiques qui auront beau jeu de venir se présenter en défenseurs de la souveraineté populaire et de la démocratie.

Plus d’intégration ?

François Hollande a promis « plus d’intégration » dans la zone euro les mois prochains. Ceci ressemble dangereusement à une fuite en avant. Angela Merkel a prouvé qu’elle avait choisi le camp de Wolfgang Schäuble, de concert avec la SPD. On ne peut donc que s’inquiéter de cette promesse de l’hôte de l’Elysée qui ne peut aller que dans le sens des erreurs commises. Enivrée par leurs victoires sur un peuple déjà à genoux, les dirigeants de la zone euro doivent prendre garde de ne pas aggraver encore un bilan qui, au final, est aussi négatif pour les vainqueurs que pour les vaincus.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 13/07/2015

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Bref, “la défaite en riant”…

Source: http://www.les-crises.fr/la-defaite-de-la-grece-la-defaite-de-leurope-par-romaric-godin/


[Nouveau protectorat de Grèce] Le texte du sommet de la zone Euro

Monday 13 July 2015 at 13:25

Bon, ben, a yié, on à la réponse : Tsipras = petit bras – je ne serai pas plus méchant car, je répète, on ne sait pas de quoi nos clowns dangereux ont menacé Tsipras (genre “Grexit => défaut, défaut => blocus de la Grèce (plus de commerce, plus de tourisme, etc). C’est en effet facile d’écrire des “il n’a qu’à claquer la porte” depuis chez soi, mais quand on est en poste face à ces mafieux, je comprends qu’on puisse caler. Mais enfin, dans ce cas, on démissionne à mon sens, et on laisse d’autres loulous vendus signer ce genre de torchon…

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Le pire, c’est que Tsipras assume :

“La décision prise aujourd’hui permet le maintien pour la stabilité financière de la Grèce, donne des possibilités de relance. La mise en oeuvre sera difficile”, a prévenu le premier ministre grec Alexis Tsipras, en sortant du sommet marathon qui a abouti à un accord de sauvetage de la Grèce. “Les mesure prévues sont celles votées au parlement grec. Elles renforcent la récession mais j’espère que les 35 milliards d’euros de mesures et la restructuration de la dette permettront aux marchés et aux investisseurs de comprendre que le Grexit appartient au passé” et qu’elles “attireront les investissements nécessaires pour compenser la récession”, a-t-il ajouté.

“D’autre part, le fardeau sera reparti de façon juste. Ce ne sont pas ceux qui ont payé les années précédentes qui vont continuer à payer cette fois-ci. Ceux qui avaient réussi à éviter de payer leur part, paieront”. “Nous continuerons à lutter afin de pouvoir renouer avec la croissance et regagner notre souveraineté perdue. Nous avons gagné la souveraineté populaire, le message de la démocratie a été transmis en Europe et dans le monde entier, c’était le plus important”, affirme-t-il.

“Nous avons évité le projet de transfert des actifs à l’étranger, nous avons évité l’effondrement du système financier, nous avons pu, dans cette lutte très dure, obtenir une restructuration de la dette et un financement à moyen terme”, a énuméré le premier ministre grec.

“Je souhaite remercier tous mes collaborateurs car ensemble nous avons lutté jusqu’au bout”.

Car le problème, c’est que JAMAIS Tsipras n’a dit qu’il voulait quitter l’euro, bien au contraire, et beaucoup de sondages montrent que les Grecs ne le veulent pas non plus (après le “Syndrome de Stockholm“, le Syndrome d’Athènes !)- alors dans ces conditions, c’est sûr qu’on ne peut qu’aboutir à ça…

Par ailleurs, en tant que contribuable Européen, je me permets d’indiquer que je refuse qu’on donne prête ou garantisse 1 € de plus à la Grèce – le tout pour qu’elle puisse garder une monnaie totalement non adaptée à son économie, et des politiques qui vont continuer à la détruire…

L’intérêt de tout ceci est que cela va obliger les rêveurs européistes d’une “autre Europe sociale la chance” à se prononcer : ou accepter l’existant, ou quitter l’euro, désormais clair instrument politique oligarchique visant à empêcher toute alternance.

Bref, “l’euro néolibéral, tu l’aimes ou tu le quittes, mais tu ne le changeras jamais.” CQFD.

À suivre, donc – vu qu’on n’a rien résolu, nos dirigeants ne sachant que créer toujours plus de dettes sans jamais avoir le courage de régler les problèmes issus des lâches décisions précédentes…

La belle “Europe la chance”… :

* La Grèce adoptera d’ici le 15 juillet des mesures de simplification de la TVA et en élargira l’assiette, réduira les retraites et l’institut de la statistique Elstat deviendra indépendant.

* La Grèce réformera d’ici le 22 juillet son système judiciaire civil et mettra en oeuvre les règles de l’Union monétaire sur le renflouement des banques hors appel aux finances publiques (“bail-in rules”).

* La Grèce demandera une poursuite du soutien du FMI à partir de mars 2016.

* La Grèce fixera un calendrier clair pour mettre en oeuvre les mesures qui suivent:
- Réforme ambitieuse des retraites.
- Réforme de l’activité économique, autorisant notamment le travail du dimanche et touchant en particulier les pharmacies, laiteries et boulangeries.
- Privatisation du réseau de distribution électrique.
- Réforme des règles de négociation collective, du droit de grève et des licenciements collectifs.
- Renforcement du secteur financier, notamment en prenant des mesures sur les crédits improductifs; suppression des interférences politiques.

* La Grèce devra également:
- Mettre en oeuvre des mesures de privatisation, en transférant notamment des actifs à un fonds indépendant basé en Grèce qui devra planifier une collecte de 50 milliards d’euros d’actifs dont les trois quarts seront utilisés pour recapitaliser les banques du pays et réduire la dette.
- Réduire le coût de la fonction publique et réduire l’influence qu’a sur elle la sphère politique. Les premières propositions en la matière devront avoir été transmises d’ici le 20 juillet.
- S’assurer d’obtenir l’accord des créanciers pour les textes législatifs d’envergure avant de les soumettre à référendum ou au Parlement.

Les critères ci-dessus sont le minimal exigé pour que s’ouvrent des négociations avec les autorités grecques sur les points suivants:
- Les besoins de financement sont situés entre 82 et 86 milliards d’euros et une décision sur une nouvelle aide s’impose d’urgence au vu de besoins de financement de 7 milliards d’euros d’ici le 20 juillet et de 5 milliards d’euros d’ici la mi-août.
- Un éventuel nouveau programme du Mécanisme européen de stabilité (MES) devra intégrer l’apport d’un matelas fonds propres de 10 à 25 milliards d’euros pour les banques.
- Un reprofilage de la dette éventuel mais pas de décote nominale.

… et donc une défaite pour la Grèce, on est d’accord… Ces types sont des fanatiques dangereux…

Grèce : Alexis Tsipras face à une crise politique interne

13 Juil. 2015, 09h15 | MAJ : 13 Juil. 2015, 10h54

 Le premier ministre Alexis Tsipras a obtenu le soutien de l’opposition grecque dans les négociations avec les créanciers, mais au prix de dissensions internes à son parti Syriza.
C’est la Démocratie en Europe ça…

Comme pour tenter de la rassurer, il s’est d’ailleurs adressé à sa majorité ce lundi matin : « Nous avons évité le projet de transfert des actifs à l’étranger, l’asphyxie financière. (…) Nous avons pu obtenir une restructuration de la dette et un financement à moyen terme. Nous savions que ce ne serait pas facile. Mais nous avons obtenu beaucoup de choses pour un changement nécessaire », affirme le Premier ministre grec. Le parlement d’Athènes devrait se réunir ce lundi et son avis est attendu, tous ses membres n’ayant pas soutenu les négociations menées par Alexis Tsipras, y compris dans son propre camp.

Un total de 251 députés, sur 300, avaient autorisé samedi le gouvernement à conduire les négociations avec les créanciers de la Grèce sur la base de propositions à peine différentes de celles que les électeurs ont rejetées à 61% lors du référendum du 5 juillet.

Ce large mandat, le chef du premier gouvernement de gauche radicale au pouvoir le doit au soutien des deux grands partis qui ont gouverné alternativement le pays depuis 40 ans, la Nouvelle Démocratie (droite) et le Pasok (socialiste), auxquels s’ajoute celui de la formation de gauche modérée Potami et du parti de droite souverainiste ANEL, membre de la coalition gouvernementale.

Mais pas moins de 17 députés de Syriza, qui en compte 149, ont fait défection, parmi lesquels deux ministres, dont le bouillant ministre de l’Energie Panagiotis Lafazanis, adversaire déclaré de l’euro. 15 autres députés ont affirmé, dans une lettre adressée à M. Tsipras, avoir voté «oui» uniquement pour ne pas gêner le gouvernement. Ils ont prévenu qu’il ne faudrait pas compter sur eux pour entériner les futures réformes exigées par les créanciers. Et les réformes en question devraient prochainement passer devant le parlement grec suite à l’accord trouvé lundi, faisant apparaître au grand jour les dissensions au sein du parti au pouvoir.

Autre défection de taille, celle de la présidente du Parlement, Zoé Kostantopoulou, pasionaria de la gauche radicale et désormais «épine» dans le pied du Premier ministre, comme l’a qualifiée dimanche le quotidien libéralKathimerini. Cette femme de tempérament, qui n’hésite à sortir du Parlement pour se mêler aux manifestations de la place Syntagma, a cependant démenti dimanche soir des rumeurs faisant état de son projet de démissionner.

Il n’empêche : la pression monte sur Alexis Tsipras alors que le texte énumérant les exigences des créanciers, qui a servi de base aux discussions des chefs d’Etat réunis en sommet, a été qualifié de «très mauvais» et même de «monstrueux» par des sources gouvernementales grecques.

Le héros de la Résistance anti-nazie, Manolis Glezos, a déclaré dimanche soir sur la radio Kokkino qu’Alexis Tsipras devait «obéir au mandat que le peuple grec lui avait donné en disant «non» aux créanciers». «Pourquoi négocions-nous avec eux ? Voulons-nous nous coucher ? Pour quelle raison ?» s’est interrogé cette figure de la gauche morale en Grèce. Et sur Twitter, le hashtag #TsiprasLeaveEUSummit (Tsipras, quitte le sommet de l’UE) se répandait.

Une semaine après un référendum à valeur de plébiscite pour le jeune Premier ministre, ce dernier se retrouve donc dans une impasse. Pour la presse grecque, trois options s’offrent à lui : convoquer de nouvelles élections, former un gouvernement d’union nationale ou se contenter de faire le ménage dans son parti en écartant les récalcitrants.

Le ministre de l’Economie George Stathakis a adressé samedi soir une mise en garde aux frondeurs, en rappelant que «si un député n’est pas d’accord avec la politique du gouvernement, il doit se conformer aux règles et s’il est en désaccord profond, renoncer à son siège». A son arrivée au pouvoir, Syriza a fait signer à chaque député un «code de bonne conduite» stipulant qu’en cas de désaccord avec la politique du gouvernement, il devrait rendre son siège au parti, qui nommerait à sa place son suppléant.

Mais pour le journal Kathimerini, Alexis Tsipras n’a pas d’autre choix que de remanier en profondeur son gouvernement. Dans un éditorial intitulé «dernière chance», le quotidien estime que le Premier ministre «a fait le bon choix pour le pays, mais il a sacrifié son parti. La seule solution est la formation d’un nouveau gouvernement qui pourra garantir au pays un avenir européen».

Source : Le Parisien

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Même Le Monde n’arrive plus à mentir

La nuit où l’Allemagne a fait plier Tsipras

Il est 9 heures et c’est un matin blafard à Bruxelles. L’Europe se lève, la Grèce est encore dans la zone euro, mais tout le monde a un peu la gueule de bois. Un accord pour un plan de sauvetage financier de la Grèce a finalement été trouvé, à l’arraché, au bout d’un marathon de dix-sept heures de négociations. Elles ont en fait commencé samedi midi, avec la réunion de l’Eurogroupe (les ministres des finances de la zone euro), qui s’est terminée dimanche midi, juste avant celle des chefs d’Etat et de gouvernement des dix-neuf pays de l’union monétaire. Un accord ? En fait, quelque chose qui ressemble davantage à une reddition complète pour le premier ministre grec, Alexis Tsipras.

En échange de la promesse conditionnée – Athènes devra faire passer trois ou quatre réformes majeures d’ici au mercredi 15 juillet – d’un troisième plan d’aide pour son pays (82 à 86 milliards d’euros), le leader de la gauche radicale, épuisé, humilié, a dû accepter une liste de réformes d’une dureté qui heurte mêmes les fonctionnaires européens – ils évoquent une mise sous tutelle de la Grèce.

« C’est le catalogue des horreurs », écrit le magazine allemand Der Spiegel. Le tout imposé à un chef de gouvernement élu sur un programme anti-austérité, anti-Troïka – Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) – anti « diktat de Bruxelles ».

M. Tsipras va donc revenir à Athènes avec… la promesse que les négociations sur ce plan d’aide vont démarrer. Et c’est à peu près tout. [...]

Source: http://www.les-crises.fr/nouveau-protectorat-de-grece-le-texte-du-sommet-de-la-zone-euro/


[Jour J] L’Europe aux périls de l’Euro, par Jacques Sapir (+ Projet EuroGroupe)

Monday 13 July 2015 at 00:25

Les 3 derniers billets de Sapir. Je vous recommande le premier.

A la fin, l’hallucinant compte rendu des propositions de l’Eurogroupe d’hier…

L’Europe aux périls de l’Euro

La crise grecque est devenue désormais une crise de l’Union européenne. Quelle que soit son issue, les fondements mêmes de l’UE ont été durablement ébranlés. La prolongation de la réunion de l’Eurogroupe, censée se terminer samedi 11 juillet et qui a été étendu au dimanche 12, l’annulation du sommet européen des chefs d’Etats et de Gouvernements, sont des signes évidents de l’ampleur et de la profondeur de cette crise. Elle n’aura probablement pas de vainqueur, à moins que l’on en passe par les conditions posées par l’Allemagne, mais les vaincus seront nombreux. Et, au premier plan, les fanatiques de la construction européenne, les talibans de l’Euro. Car, la cause réelle, la cause évidente, de cette crise ce n’est pas le problème de l’endettement de la Grèce, mais c’est le fonctionnement de la zone Euro, qui dresse les peuples les uns contre les autres et qui ranime les pires des souvenirs de l’histoire européenne. Si l’Union européenne et l’Europe sont deux choses différentes, aujourd’hui, ce qui se joue à Bruxelles n’est plus seulement la Grèce ou l’Euro, c’est l’avenir de l’Europe et l’existence même de l’Union européenne.

La responsabilité de l’Euro

Il est désormais évident pour l’ensemble des observateurs que la cause profonde de cette crise est à chercher dans le fonctionnement de la zone Euro. On l’a déjà écrit à de multiples reprises dans ce carnet. Le projet de création d’une monnaie unique, sans assurer dans le même temps les conditions tant économiques qu’institutionnelles de la viabilité de cette monnaie, ne pouvait qu’entraîner un désastre. Il fallait se résoudre à une « union de transfert ». On ne l’a jamais fait. Si, dans des pays fédéraux comme l’Inde, l’Allemagne ou les Etats-Unis une même monnaie fonctionne en dépit des divergences parfois extrêmes qui existent entre les territoires composant ces pays c’est avant tout parce qu’existent des flux de transfert importants. Ceci n’a pu être mis en place au sein de la zone Euro, en raison de l’opposition de nombreux pays mais, par dessus tout, en raison de l’opposition totale de l’Allemagne.

Beaucoup de ceux qui écrivent en faveur de l’Euro se lamentent alors sur ce qu’ils appellent « l’égoïsme allemand »[1]. Ils ne prennent jamais la peine de chercher à mesurer ce que coûterait à l’Allemagne le financement de ces flux de transfert. Le calcul a été présenté dans ce carnet[2]. Il se montait alors autour de 260 milliards d’euros par an, sur une période de dix ans, et ce uniquement pour aider les 4 pays du « Sud » de la zone que sont l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce. Sur cette somme, on peut penser qu’environ 85% à 90% serait fourni par l’Allemagne. On aboutit alors à un prélèvement sur la richesse produite en Allemagne compris entre 8% et 9% du PIB. Une autre source estimait même ce prélèvement à 12%[3]. Il est clair qu’imposer un tel prélèvement à l’Allemagne détruirait son économie. La question donc n’est pas que l’Allemagne ne veuille pas (ce qui est un autre problème) mais avant tout qu’elle ne peut pas supporter de tels prélèvements.

Confrontés à l’impossibilité de mettre en place une union de transfert, les gouvernement de la zone Euro ont cru trouver leur salut dans une combinaison de cures d’austérité dont les effets récessifs ont fragilisé les économies européennes, et de politique monétaire relativement expansionniste, telle qu’elle a été menée par la Banque Centrale Européenne. Mais, cette politique monétaire, si elle a permis de faire baisser les taux d’intérêts n’a pas résolu le problème. C’est comme de vouloir soigner une pneumonie avec de l’aspirine. L’aspirine fait un effet bénéfique en permettant à la fièvre de baisser, ce que fit la politique de la BCE à partir de septembre 2012, mais elle ne soigne pas.

Dès lors, l’Euro a entraîné les économies des pays membres de la zone dans une logique de divergence de plus en plus forte. Cette logique a conduit à des plans d’austérité de plus en plus violent, qui exaspèrent les populations et qui dressent celles des pays ayant moins de problèmes contre celles des pays souffrant le plus. Loin d’être un facteur d’unité et de solidarité, l’Euro entraîne le déchaînement des égoïsmes des uns et des autres et la montée des tensions politiques au sein de l’Union européenne. L’Euro, de par son existence même est bien la source de la crise dont les péripéties bruxelloises de cette fin-de-semaine sont l’illustration.

La responsabilité des politiques

Si la responsabilité première de cette crise incombe à l’Euro, et au système institutionnel que l’on a construit pour le faire perdurer, cela ne vaut pas non-lieu pour le personnel politique. Au contraire ; leur comportement a tendu à exacerber cette crise en provoquant une perte massive de confiance des peuples de l’Union européenne dans cette dite union.

Il est de bon ton de se déchaîner à présent contre Mme Merkel et M. Schäuble. Leur responsabilité est immédiatement engagée. Le plan présenté par M. Schäuble ce samedi 11 juillet, et qui prévoit soit l’expulsion de la Grèce soit la mise en gage d’une partie du patrimoine industriel de ce pays, est parfaitement scandaleux. Ces deux dirigeants se comportent comme des petites frappes cherchant à terroriser le quartier. Mais, il faut ici dire qu’ils ne sont sans doute pas les pires. De plus, il faut reconnaître à M. Schäuble une certaine cohérence dans sa position.

Parmi ceux dont les responsabilités sont certainement plus importantes il faut citer le président de l’Eurogroupe, M. Dijsselbloem. Ce triste personnage a ainsi exercé des menaces et un véritable chantage sur le ministre grec des finances, M. Yanis Varoufakis. Ce dernier l’a décrit de manière très explicite[4]. Il montre que ces détestables pratiques ne sont pas le produit de la crise (ce qui sans les justifier le moins du moins du monde pourrait les expliquer) mais ont commencé dès les premières réunions datant du mois de février 2015. Ces pratiques, ainsi que celles de M. Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, témoignent d’un esprit profondément anti-démocratique qui règne dans les instances de l’Union européenne. Les pratiques de ces dirigeants, et avant eux de personnes comme M. Barroso, ont largement contribué à la perte de crédibilité des peuples dans ces institutions. En novembre 2012, un sondage réalisé sur l’ensemble des pays européens montrait que le pourcentage de personnes disant ne pas faire confiance dans l’Union européenne était de 42% en Pologne, de 53% en Italie, de 56% en France, de 59% en Allemagne et de 72% en Espagne[5].

Mais, les bons apôtres de la construction européenne, comme M. François Hollande, ne peuvent – eux non plus – espérer sortir indemne de cette crise. Leur responsabilité est en réalité tout autant engagée que celle des autres politiciens. Si M. Hollande avait été fidèle à ses engagements de la campane présidentielle du printemps 2012, il aurait affronté immédiatement et directement la chancelière allemande. Au lieu de cela, il a accepté d’entrer dans la logique austéritaire qu’elle proposait et il a cédé, en tout ou partie, à ce qu’elle exigeait. Il est alors logique que Mme Merkel se soit sentie confortée dans ses choix et les ait poussés jusqu’au bout de leur absurde et funeste logique concernant la Grèce. M. Hollande cherche depuis quelques jours à faire entendre une musique différente. Mais, il n’est que trop visible que l’homme est déjà en campagne pour sa réélection. Sur le fond, il est un bon représentant de ces fanatiques de la construction européenne, de ces « eurobéats », dont l’attitude va aboutir à faire éclater l’Union européenne.

Il faut agir

Au point où nous sommes dans cette crise, il faut prendre ses responsabilités. Ce qui est en jeu n’est pas seulement le sort de 11 millions de personnes, ce qui est déjà beaucoup. C’est en réalité le sort des 510 millions d’habitants de l’Union européenne qui est aujourd’hui jeté dans la balance. Derrière le sort de la Grèce, que l’on laisse seule pour gérer un flux de réfugiés de 1000 personnes/jour, c’est la réalité de l’Union européenne qui est en jeu.

Il faut aujourd’hui admettre que l’Euro n’est pas viable dans le cadre actuel, et que changer de cadre, passer au « fédéralisme » comme l’invoquent certains, est impossible. Dès lors, il faut en tirer les conséquences et procéder à un démontage coordonné de la zone Euro. Réfléchissons-y bien ; ce démontage, s’il est réalisé de manière coordonnée, sera un acte d’union. Il n’y a aucune honte à reconnaître que les conditions nécessaires n’ayant pas été remplies, la monnaie unique ne peut être viable. Il n’y a aucune honte à cela, sauf à faire de l’euro un fétiche, une nouvelle idole, une religion. Et c’est bien ce qui est inquiétant. Pour de nombreux dirigeants dans les pays de l’union européenne l’Euro n’est pas un instrument, c’est une religion, avec ses grands prêtres et ses excommunications. Car, l’alternative à cela, c’est le « Grexit », soit en réalité l’expulsion de la Grèce hors de la zone Euro, acte inouï de violence, mais dont tout le monde comprendra qu’il n’est que le début d’un processus. Une fois la Grèce mise dehors, les regards se porteront sur le prochain, puis sur le suivant. On aboutira, alors, à une lente implosion de la zone Euro, dans un vacarme de récriminations et d’accusations réciproques, dont l’Eurogroupe du samedi 11 aura été une timide annonciation. L’Union européenne, il faut le savoir, ne résistera pas à cela. Elle pourrait certainement résister au démontage coordonné, sous le contrôle du Conseil européen, et avec la participation des institutions européennes. Mais, il en ira tout autrement si on s’abandonne à la facilité et si l’on laisse la zone Euro se déliter à la suite d’une expulsion de la Grèce.

Aujourd’hui, le temps presse. Les dirigeants de l’Union européenne peuvent faire le choix salvateur d’une solution coordonnée. S’ils reconnaissent que la zone Euro n’est pas viable, tout est possible. Si, par contre, ils s’enferrent, que ce soit par idéologie ou par intérêt de court terme, dans des tentatives désespérées pour tenter de faire survivre cette zone Euro, en y sacrifiant un pays, puis un second, puis un troisième, ils mettront en marche la machine infernale de l’explosion de l’Union européenne, et ils porteront devant l’Histoire la responsabilité de futures affrontements intereuropéens. L’Union européenne peut périr, ou se transformer. L’important est de sauver l’esprit européen, un esprit de fraternité et de solidarité. C’est cela que menace désormais l’existence de l’Euro.

[1] Voir Michel Aglietta, Zone Euro : éclatement ou fédération, Michalon, Paris, 2012.

[2] Voir Sapir J., « Le coût du fédéralisme dans la zone Euro », note publiée sur le carnetRussEurope, 10 novembre 2012, http://russeurope.hypotheses.org/453

[3] Patrick Artus, « La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l’Allemagne : rester compétitive au niveau mondial ? La réponse est oui », NATIXIS, Flash-Économie, n°508, 17 juillet 2012.

[4] VAROUFAKIS: POURQUOI L’Allemagne REFUSE D’ALLÉGER LA DETTE DE LA GRÈCE, http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/120715/varoufakis-pourquoi-lallemagne-refuse-dalleger-la-dette-de-la-grece

[5] Sondage EUROBAROMETER

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 12 juillet 2015.


Les conditions d’un “Grexit”

La question d’un possible « Grexit » a été à nouveau évoquée lors de la réunion de l’Eurogroupe ce samedi 11 juillet. Il s’apparenterai dans les faits à une expulsion de la Grèce, à moins que son Premier ministre ne consente à présenter sa émission, et ce en dépit d’un vote de confiance massif au Parlement dans la nuit de vendredi à samedi, et en dépit du succès remporté par le « non » au référendum du dimanche 5 juillet. Les conditions d’une sortie de la Grèce de l’Euro dans l’urgence doivent être étudiées très sérieusement compte tenu des positions de l’Allemagne à l’Eurogroupe. Si le blocage des négociations à l’Eurogroupe persiste, et devant la mauvaise fois désormais évidente de certains interlocuteurs, au nombre desquels il faut compter M. Schäuble, le Ministre allemand des finances ou M. Dijsselbloem, le Président de l’Eurogroupe, on ne peut exclure un « Grexit » dans l’urgence dès le début de la semaine prochaine. Confrontée à cette éventualité la Grèce serait dans une situation certes difficile, car les banques sont à cours de liquidités, avec des problèmes de bilans très sérieux, et la Banque Centrale (ou BofG) n’a pas de réserves. Mais cette situation est loin d’être insoluble et ne doit pas effrayer outre mesure le gouvernement grec. Si donc un « Grexit » en urgence doit être envisagé il faudra traiter les problèmes suivants, qui vont des réserves de la Banque Centrale aux liquidités en passant par la question de la dette :

  1. La question des réserves de la Banque Centrale

On admet qu’un taux de réserves par rapport au PIB de 1/30 à 1/20 suffit pour un pays dont le compte courant (balance des exports-imports de biens et services) est à l’équilibre. Le PIB de la Grèce est aujourd’hui de 200 milliards d’Euros, soit approximativement 220 milliards de dollars. Un rapport de 1/20 donnerait donc 11 milliards de dollars. Portons à 20 milliards cette somme pour se prémunir contre tout imprévu. Cette somme pourrait venir de plusieurs sources :

Cet argent irait abonder un fonds de réserve de la nouvelle monnaie. Compte tenu de l’équilibre de la balance courante, il serait suffisant pour stabiliser cette monnaie. En fait, et compte tenu du quasi-équilibre de la balance courante, on peut penser que ce fonds de réserve serait très peu utilisé. Le contrôle des capitaux déjà en vigueur permet de limiter les prises de positions spéculatives sur la future monnaie grecque.

  1. La question des liquidités

La Grèce est aujourd’hui étranglée par le manque de liquidités. C’est un fait bien établi. Cet étranglement, la version moderne du lacet des assassins ottomans, est entièrement lié à la politique de la Banque Centrale Européenne. Face à cela, le gouvernement grec peut émettre des reconnaissances de dette à trois ou six mois auxquelles il confèrerait le cours légal et qu’il accepterait en paiement des impôts. Ceci permettrait à l’économie de retrouver de la liquidité.

Mais, comme on l’a dit dans une précédente note, la solution qui s’impose serait en réalité une réquisition de la Banque Centrale. Cette réquisition doit être faite dans le cadre des pouvoirs d’urgence que le gouvernement grec ne manquerait pas d’invoquer si un « Grexit » était constaté. Cette réquisition permet, de manière temporaire et en attendant qu’une nouvelle loi précisant l’organisation bancaire ne soit votée, de placer la BofG sous le contrôle direct du Ministère des finances et de remplacer son directeur actuel. Cette opération permettrait au gouvernement de libérer les réserves détenues soit à la BofG soit sous contrôle de la BofG dans les banques commerciales. De toute manière, dans le cas d’une sortie de l’Euro, la réquisition de la Banque Centrale s’impose. En combinant ces deux méthodes, le gouvernement grec desserrerait le lien qui aujourd’hui l’étrangle. Il montrerait aussi à tous les agents, qu’ils soient grecs ou étranger, sa résolution à reprendre en main sa monnaie et son destin.

  1. la question de la dette

Le problème de la dette grecque se pose ensuite. Cette dette est importante par rapport au PIB, représentant 341 milliards d’euros. En cas de dépréciation de la nouvelle monnaie, il est clair que le poids de cette dette, qui pèse déjà très lourdement sur la Grèce, serait accru. Cette dette a été émise de Bruxelles et de Francfort dans le cadre des plans d’aide qui furent en réalité des plans de transfert des créances détenues par des banques privées vers les Etats de la zone Euro. Cela constitue une importante différence avec la dette de la France ou de l’Italie, dette qui est émise dans des conditions bien plus normales et qui est majoritairement (à plus de 97% dans le cas de la France) émise dans le droit national. Dans le cas de la Grèce le problème est que – dans ces conditions particulières – la lex monetae ne s’applique pas. Il n’y a donc pas de solution autre que le défaut sur la dette, comme le fit la Russie en 1998. Une fois ce défaut réalisé, la condition de reconnaissance de la dette (à 20% ou 30 de sa valeur faciale) pourra être discutée. Mais, il est très important que le gouvernement grec annonce le défaut sur sa dette en même temps qu’il constatera que l’Euro ne peut plus avoir cours légal sur son territoire. En fait, la question du changement de monnaie et du défaut sont étroitement liées.

  1. La question des banques commerciales

Les banques commerciales grecques, dans le cas d’un défaut sur la dette et d’une rupture avec la BCE, se trouveront en faillite. Le montant nécessaire pour leur recapitalisation est évalué actuellement à 25 milliards d’euros par le FMI. C’est une somme considérable. Ces banques commerciales doivent donc être nationalisées, mais, s’inspirant de l’exemple islandais, le gouvernement grec ferait bien de ne pas chercher à les recapitaliser entièrement. En fait la partie « banque d’investissement » doit être laissée à elle-même et doit faire faillite. Par contre la partie banque de circulation doit elle être sauvée. Cette partie pouvant opérer sous le contrôle de l’Etat, avec une garantie des dépôts de la population à travers une aide exceptionnelle apportée par la Banque Centrale, la BofG, qui aura été au préalable réquisitionné ». Cette partie devra être recapitalisée et le gouvernement devrait pour cela déclarer un emprunt obligatoire sur tous les ménages gagnant plus de 60 000 euros par an, emprunt dont les intérêts seraient égaux à l’inflation.

Telles sont les mesures qui s’imposeraient si la Grèce devait se faire expulser de la zone Euro, mesure inouïe, et qui libérerait la Grèce de l’obligation de respecter les traités, du moins dans le domaine monétaire. Ceci n’épuise pas le sujet. Il est clair que les responsabilités de l’Allemagne seraient alors immenses, et que d’autres pays pourraient très sérieusement songer à quitter l’Euro, provoquant de fait sa dissolution. Mais, aujourd’hui, l’urgence est de montrer le chemin que la Grèce peut suivre afin que ce « Grexit » se passe le mieux possible, quitte à par la suite attaquer en justice la BCE et l’Allemagne.

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 11 juillet 2015.


L’Allemagne, les Etats-Unis et la France

Les propositions qui ont été soumises par le gouvernement grec le jeudi 9 juillet, on le sait, ont été en grande partie rédigées avec l’aide de hauts fonctionnaires français. Même si cela a été démenti par Bercy, c’est une pratique courante des administrations de déléguer des fonctionnaires « à titre personnel », s’assurant ainsi en cas d’échec de la possibilité de nier toute implication. Ceci témoigne, en réalité, de l’intense travail de pressions qui a été exercé tant sur la Grèce que sur l’Allemagne par les Etats-Unis depuis ces derniers jours. Nous verrons sous peu si ces pressions ont été efficaces. Mais, il est clair d’ores et déjà qu’elles ont eu des effets collatéraux.

Le rôle de la France

Car, ces pressions ont aussi mobilisé la France qui a cru pouvoir jouer le rôle d’un intermédiaire entre l’Allemagne et ses alliés d’une part et la Grèce d’autre part. Ce rôle d’intermédiaire n’a été possible qu’en se rangeant dans le camp des Etats-Unis. Il faut donc noter ici que la France a délibérément choisi le camp des Etats-Unis contre celui de l’Allemagne. Cela ne sera pas sans conséquences pour la suite, et ceci que l’Allemagne impose le « Grexit » où qu’un accord de dernière minute soit trouvé. En effet, si le gouvernement français n’a pas eu nécessairement tort de choisir d’affronter l’Allemagne sur ce dossier, la manière dont il le fait jette un doute sur la survie à terme non seulement de la zone Euro mais, au-delà, de l’Union européenne. Le gouvernement français a en effet choisi de s’appuyer sur une puissance non-européenne pour tenter de faire fléchir l’Allemagne. Ce faisant, il reconnaît de par son action, que c’est la politique allemande qui constitue aujourd’hui un problème pour la zone Euro. C’est une évidence, et on l’a écrit à de nombreuses reprises dans ce carnet.

Mais alors, que reste-t-il du mythique couple franco-allemand, dont beaucoup se rincent la bouche et qui constitue, en un sens, l’un des piliers de l’Union européenne ? N’est-ce pas reconnaître qu’avec la réunification de l’Allemagne, le « couple franco-allemand » est mort et enterré ? Dans ce cas, plutôt que de se jeter dans les bras d’une puissance non-européenne, ne devrait-on pas se rapprocher de la Russie ? Ce qui frappe quand on analyse l’attitude du gouvernement français c’est l’amateurisme qui a prévalu sur des questions absolument fondamentales.

Une vision essentiellement idéologique

Qui plus est, le gouvernement français s’est engagé dans cette voie pour des raisons essentiellement idéologique. En réalité, ce que veut par dessus tout M. François Hollande c’est « sauver l’Euro » et éviter de voir l’Allemagne exclure de fait la Grèce de la zone Euro. François Hollande est ici bien l’un des fils spirituel de Jacques Delors, la vision en moins et la rigidité idéologique en plus. Mais, il risque de voir très rapidement le prix qu’il aura payé pour cela, et pour un résultat qui ne durera probablement que quelques mois. Car, les propositions avancées par le gouvernement grec, si elles devaient être acceptées, ne règlent rien. Si ces propositions sont finalement rejetées, comme semble le laisser présager la réunion du l’Eurogroupe de la nuit du 11 au 12 juillet, il deviendra clair que l’action des Etats-Unis et de la France a été inefficace. Par contre, la rupture entre la France et l’Allemagne perdurera, elle. Et l’image d’une Union européenne divisée, obligée d’appeler une tierce puissance pour résoudre ses conflits internes, va s’imposer rapidement.

La seule signification possible de l’Union européenne, et avant elle de la Communauté économique européenne, consistait à montrer que les européens étaient capables de prendre leurs affaires en mains sans aucune ingérence d’une tierce puissance. Or, en appuyant les pressions américaines, en se joignant à elles, c’est très précisément à cela que François Hollande, tout à la poursuite de son rêve quant à l’Euro, vient de renoncer. Le prix politique à payer sera donc très lourd.

Le problème allemand et l’Union européenne

Au-delà, il y a aujourd’hui très clairement un « problème allemand » au sein de l’UE et surtout de la zone Euro. On voit bien comment l’Allemagne utilise à son profit exclusif les institutions qui ont été mises en place. Mais, au lieu de le reconnaître, et de comprendre que dans ces conditions l’Euro ne peut plus fonctionner, François Hollande s’entête. Il refuse d’en tirer les conséquences. En fait, François Hollande est tombé dans le piège tendu par les Etats-Unis. Alors qu’une confrontation entre la France et l’Allemagne sur les questions européennes, même si elle aurait pu faire tanguer les institutions européennes, serait restée essentiellement une affaire intra-européenne, en jouant la carte des Etats-Unis pour un problème conjoncturel François Hollande a probablement porté le coup de grâce à ce à quoi il tient le plus : l’Union européenne.

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 11 juillet 2015.

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Pour les anglophones, le projet de l’Eurgroupe d’hier – incroyable :

Et pour finir par le rire :

“La soutenabilité de la dette ne peut être atteinte sans décote, le FMI a raison de le dire” a-t-il dit lors d’une conférence organisée par la Bundesbank à Francfort, avant d’ajouter: “Il ne peut y avoir de décote car cela serait contraire aux règles de l’Union européenne.” Wolfgang Schäuble

Ils sont forts ces Allemands quand même (qui, cependant, ne font que défendre les intérêts des Allemands…).

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EDIT : je vous mets le dernier Krugman – désolé, c’est du Google trad, pas le temps de faire mieux

Tuer le projet européen, par Paul Krugman

Supposons que vous considérez Tsipras comme un crétin incompétent. Supposons que vous payeriez cher pour voir Syriza hors du pouvoir. Supposons que, même, que vous accueillez la perspective de pousser les Grecs ennuyeux sortir de l’euro.

Même si tout cela est vrai, cette liste de l’Eurogroupe des demandes est de la folie. La tendance hashtag ThisIsACoup est tout à fait exact. Cela va au-delà dure dans vindicte pure, la destruction complète de la souveraineté nationale, et aucun espoir de soulagement. Il est, sans doute, censé être une offre Grèce ne peut pas accepter; mais même ainsi, il est une trahison grotesque de tout ce que le projet européen était censé défendre.

Tout peut sortir l’Europe au bord du gouffre? Le mot est que Mario Draghi tente de réintroduire un peu de raison, que Hollande montre enfin un peu de volonté d’interrompre les demandes allemandes économie morale-play qu’il a si manifestement pas réussi à fournir dans le passé. Mais la plupart des dommages a déjà été fait. Qui va jamais confiance bonnes intentions de l’Allemagne après cela?

En un sens, l’économie ont presque devenu secondaire. Mais encore, soyons clairs: ce que nous avons appris ces dernières semaines est que d’être un membre de la zone euro signifie que les créanciers peuvent détruire votre économie si vous sortez de la ligne. Cela n’a aucun lien sur les bases économiques sous-jacentes de l’austérité. Il est aussi vrai que jamais que l’imposition de l’austérité sévère sans allégement de la dette est une politique vouée à l’échec, peu importe la façon dont le pays est prêt à accepter la souffrance. Et à son tour, signifie que même une capitulation grecque complète serait une impasse.

La Grèce peut elle arracher une sortie réussie? L’Allemagne va elle tenter de bloquer une reprise économique ? (Désolé, mais voilà le genre de chose que nous devons maintenant demander.)

Le projet européen – un projet dont j’ai toujours fait l’éloge et que j’ai soutenu – vient d’être porté un coup terrible, peut-être fatal. Et quoi que vous pensez de Syriza, ou de la Grèce, ce ne sont pas les Grecs qui l’ont fait.

Source: http://www.les-crises.fr/leurope-aux-perils-de-leuro/