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Actu’Ukraine, 27 septembre, par Nicolas

Saturday 27 September 2014 at 03:42

Situation dans le Donbass

Il y a eu très peu de changements territoriaux en une semaine. Kiev continue d’amasser des forces.

carte au 24 septembre

carte au 24 septembre

RPD

Malgré les annonces de cessez-le-feu sous la surveillance de l’OSCE, les combats se poursuivent, notamment sur le territoire de l’aéroport de Donetsk. Comme depuis des semaines, les troupes qui y sont encerclées bombardent Donetsk : 2 morts et 4 blessés parmi les civils, et des appartements détruits le 24 septembre. Plusieurs mines ont également été bombardées. Crimes ordinaire des gentils libérateurs pro-européens. Les informations concernant l’aéroport se contredisent régulièrement. Il semble que Kiev y ait toujours des centaines de soldats, mais peut-être très peu de blindés encore en état de marche.

Donetsk continue de se préparer à la guerre. J’ai mentionné la semaine dernière que la RPD avait affirmé avoir un important stock d’armes en cours de réparation. On peut constater que c’est vrai sur cette vidéo.

Des combats et tirs d’artillerie ont également lieu régulièrement dans la banlieue de Donetsk à Avdeevka, Marinka et Gorlovka. Les troupes de Kiev ont quitté Marinka le 23 septembre pour s’installer à Kourakhovo, quelques kilomètres à l’ouest.

Les rebelles se renforcent dans les villages de Nijnyaya Krynka et Jdanovka, récemment abandonnés par Kiev. Les soldats de Kiev continuent de détruire l’infrastructure du Donbass, un pont sur la Krynka a notamment été détruit par les troupes qui ont abandonné Nijnyaya Krynka.

À Debaltsevo, toujours occupée par Kiev, les combats se poursuivent. L’intensité des combats aurait diminué pendant quelques jours, mais repris de plus belle le 25, avec des tentatives des soldats de Kiev de briser l’encerclement. Les pertes de Kiev sont inconnues mais probablement importantes.  Toujours près de Debaltsevo, le bataillon Aïdar aurait abattu 2 soldats (matelots du 73e Centre marin) qui voulaient quitter leur position et reculer, en accord avec l’ordre de Porochenko.

Près de Marioupol, les rebelles tiennent toujours la banlieue est et sont toujours bombardés à l’artillerie “Grad”.

Le vice premier ministre de la RPD Andreï Pourguine a estimé que la guerre avait fait 4000 morts, mais que ce chiffre pourrait être revu à la hausse car de nombreux enterrements ont été faits sans être déclarés. Environ 600 entreprises sont détruites, c’est à dire qu’elles ont subi des dégâts trop importants pour être réparables rapidement. L’estimation des dégâts n’est pas encore faite mais se compte en milliards de dollars, voire en dizaines de milliards de dollars. Le gouvernement de Donetsk a commencé à payer des retraites et aides sociales aux personnes qui en ont le plus besoin : les blessés de la Seconde Guerre Mondiale, les enfants handicapés et les familles aillant perdu le soutien de famille.

La guerre a au passage anéanti la petite industrie automobile ukrainienne, qui dépendait largement des exportations vers la Russie : 139 voitures produites en août, contre 50 000 pour toute l’année 2013. Ce n’est que le début, des centaines de milliers d’emplois qui dépendent des commandes russes sont menacés par l’accord d’association avec l’UE : les secteurs ferroviaire, métallurgique et de l’armement seront les plus touchés. La Russie subventionnait activement l’industrie ukrainienne, et ses importations (tous secteurs confondus) représentaient 10% du PIB de l’Ukraine en 2012, dont 1,5% pour le seul secteur ferroviaire. Clairement, aucun pays d’Europe n’a besoin de voitures ou wagons ukrainiens, et l’industrie russe est plus que capable de remplacer ces importations.

RPL

Les habitants de Lougansk subissent toujours des coupures d’eau et d’électricité.

Les troupes de Kiev ont quitté Starobelsk et Novoaïdar. Kiev a bombardé les rebelles à Lomovatki, qui ont répondu en détruisant environ 9 “unité techniques” (artillerie, blindés…) et environ 40 soldats de Kiev. Aucun rebelles n’a été blessé lors de ce duel.

On signale que des corps de soldats de Kiev sont abandonnés à la faune, les habitants refusant d’enterrer leurs “libérateurs”. Les rebelles donnent aux soldats de Kiev la possibilité de récupérer leurs corps à chaque fois qu’ils en font la demande et ne comprennent donc pas pourquoi ces corps ne sont pas récupérés.

En Novorossie occupée

60%  voire deux tiers des armes lourdes de Kiev sont détruites, Kiev n’a plus de quoi acheter des tanks neufs (l’usine de tanks de Kharkov fait des tanks pour la Thaïlande), et donc plus aucun moyen de lancer une véritable attaque. En conséquence, Kiev prépare 2 lignes de défense, la première allant de Marioupol à Artemovsk, la seconde allant de Slaviansk à Berdyansk en région de Dnepopetrovsk (sur la côte). Porochenko a également affirmé qu’une grande partie de l’armement a été réparé, et que l’Ukraine est de nouveau en mesure de se défendre. Autrement dit, il admet que l’Ukraine était militairement vaincue lorsque le cessez-le-feu a été imposé aux novorusses.

À Marioupol, deux adolescents à vélo ont été visés par des tirs de l’armée de Kiev qui avait là trouvé des adversaires à la mesure de leur courage, l’un des adolescents a été touché à la tête. Un bureau de “volontaires” a été brûlé, sans faire de victime.

Explosion à Kharkov

Bureau de recrutement, à Kharkov, après une explosion

À Kharkov, des maquisards continuent de mener des opérations contre le pouvoir de Kiev. Deux explosions ont eu lieu le 26 septembre à 2h30, puis à 4h. Le premier objectif était le bureau de volontaires dans lequel se trouvaient des munitions et des casques, d’une valeur de 20 000 $, le second était un distributeur de billets de la banque Privatbank, de Kolomoïskiy. Il n’y a eu aucune victime.

De même à Odessa, des maquisards auraient tiré au lance-roquette sur un blindé de transport. Une autre version parle d’un accident, une photo ne montre qu’une petite partie du blindé, sans trace de brûlure, le reste est caché. La version officielle est qu’”il s’est passé quelque chose”.

Marche de la paix, mensonges toujours

En Russie, la 5e colonne a défilé à Moscou, à l’appel du parti Yabloko, de Solidarnost (Kasparov) et des Verts notamment. Leurs revendications sont les suivantes :

  1. Retrait des troupes russes d’Ukraine
  2. Enquêtes judiciaires sur les crimes des soldats russes
  3. Arrêt de la propagande sur les chaînes fédérales
  4. Arrêt et annulation des mesures anti-sanctions (contre les produits agricoles européens etc)
  5. Arrêt de la guerre économique et gazière contre l’Ukraine

Cela correspond très précisément à la propagande américano-kiévienne. Peu importe que Kiev doit plusieurs milliards d’euros à Gazprom pour du gaz déjà livré fin 2013 et début 2014, la marche de la paix affirme vouloir la paix, mais s’adresse pour cela à la Russie plutôt qu’à Kiev qui est en guerre contre le peuple du Donbass et se rend coupable de massacres de façon de plus en plus flagrante. Une dizaine de milliers de personnes ont pris part à cette marche (5000 selon la police, 26000 voire 50 000 selon les organisateurs), dont une part non négligeable de citoyens ukrainiens. Une marche pour le Donbass a eu lieu en même temps et la police a réussi à empêcher les affrontements. Le Monde a filmé la marche pour le Donbass pour illustrer la Marche pour la paix. Pas grave, les lecteurs français ne comprennent pas que les manifestants crient “Donbass, pardon pour la marche des traîtres” et “Donbass, la Russie est avec toi” pendant les ¾ du “reportage”. Les lecteurs du Monde sponsorisent ce genre de désinformation grossière.

Défilé pro-Donbass

Normalement, les drapeaux séparatistes auraient dû alerter le journaliste du Monde qu’il n’était pas à la bonne manifestation

Des défilés beaucoup moins importants ont eu lieu dans d’autres villes. Quelques centaines de personnes ont défilé à Saint-Petersbourg et des affrontements ont eu lieu avec le défilé pro-Donbass, la police a arrêté des manifestants des deux bords. Le défilé pro-Donbass a continué après la dispersion du défilé pro-ukrainien.

20 personnes ont défilé à Petrozavodsk et Saratov, 50 personnes à Perm, presque 100 personnes à Iekaterinbourg, 10 personnes à Novossibirsk, 15 personnes à Syktyvkar, et une personne à Barnaoul (632000 habitants), dont l’affiche a été détruite par des passants. À Omsk, ville de plus d’un million d’habitants, 4 personnes se sont rassemblées pour prendre des photos avant de se disperser. La 5e colonne a encore des problèmes d’implantation en province. Enfin, une cinquantaine de personnes ont défilé à Rostov s/ Don, mais se sont dispersées en voyant arriver des rebelles blessés qui se soignent dans la ville.

Arrestations de prisonniers politiques

Les échanges de prisonniers se font difficilement en raison de l’attitude de Kiev. Selon un journaliste du New-York Times, une grande partie des prisonniers échangés par Kiev contre leurs soldats sont des civils, arrêtés principalement pour leur activisme. Lors d’un échange “28 contre 28″, seuls 7 prisonniers étaient des rebelles. Cette pratique met en danger tout le processus d’échange de prisonnier. Un adolescent relâché lors d’un échange affirme avoir été arrêté dans une ville du front sous prétexte de participation à une bande de tueurs pro-russes, et battu deux jours avant d’être relâché. D’autres ont été arrêtés il y a plusieurs mois dans d’autres régions pour leur participation à des manifestations ou distribution de propagande.

Kiev

À Kiev, c’est tous les jours la fête du nationalisme et de la désinformation. Pour ceux qui ont raté ce billet, le ministre de la défense a récemment tout simplement affirmé que la Russie avait utilisé des bombes atomiques contre les troupes ukrainiennes. Plus récemment, les médias de Kiev ont repris une information diffusée par une activiste russe (Elena Vassileva) affirmant que les corps de 10 soldats russes d’Orenbourg ont été rapatriés. Les noms et années de naissance des soldats tués correspondent aux membres d’une équipe locale de football, “Gazovik” en 2008. Sur 11 joueurs qui ont pu jouer ensemble (en 3-5-2) pendant le championnat 2008, seul le gardien de but a survécu, probablement parce qu’il était resté à l’arrière. Elena Vassileva n’est pas essoufflée par l’énormité de ses mensonges et en a déjà rajouté une couche : l’aviation russe a selon elle tué 300 prisonniers de nationalité russe. Le fait qu’elle ait encore un public donne une idée de l’hystérie collective anti-russe dans l’opinion publique ukrainienne.

Porochenko est toujours aussi aveuglé par l’ambition et croit qu’il va rester dans l’histoire comme un grand réformateur. Il ne doute vraiment de rien et a accordé un régime économique préférentiel à la Crimée. Rien n’a été fait pour la Crimée de 1991 à 2014, mais ça y est, ils ont commencé à y réfléchir. Si Porochenko pouvait déjà assurer la fourniture d’électricité à ses sujets, ce serait déjà un grand progrès. Entre autres informations récentes, les habitants de Kherson auront des coupures, en cas de nécessité, de 9h à 11h et de 20h à 22h. Face au problème inattendu des températures qui commencent à baisser (sûrement un complot russe), le gouvernement de Kiev s’est rendu compte qu’acheter du charbon à l’Afrique du Sud à 91$ la tonne quand les fournisseurs russes font payer 10% moins cher ne résoudra pas les problèmes du pays. Ils ont donc décidé d’acheter du charbon russe (quantité non spécifiée, de l’ordre de 2 millions de tonnes).

L’Ukraine, la Lituanie et la Pologne ont signé un accord militaire pour la création d’une brigade commune. On retrouve la même alliance qu’au temps de l’Union de Lublin (sauf que le Bélarus ne fait plus partie de la Lituanie).

En attendant, les soldats de Kiev sont enterrés sans être identifiés. Le 23 septembre, 21 soldats inconnus ont été enterrés d’un coup à Dnepropetrovsk. Les autorités ont promis qu’ils ont fait des prélèvements ADN et que les parents des soldats peuvent donner des échantillons pour la comparaison. On verra s’ils acceptent réellement de dépenser cet argent pour des soldats qu’ils n’ont ni formé, ni payé, ni équipés correctement.

Nationalisme

Porochenko a affirmé lors d’une conférence de presse :

«Autrefois la question des guerriers de l’OUN-UPA divisait le pays, c’est pourquoi on ne la mettait pas à l’ordre du jour. Maintenant c’est un très bon moment… maintenant c’est le moment de discuter cette question… Je me souviens des guerriers de l’UPA en tant que héros»

Ça y est, on y est, les guerriers de l’UPA, branche armée de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) sont désormais des héros. C’est ça, les nouvelles valeurs européennes, soutenues militairement, économiquement et politiquement par le Bloc Américano-Occidental. Pour ceux qui ne se souviennent pas de la série de billets sur le sort des Juifs de Galicie, il faut lire ou relire celui sur le massacre de Babi Yar, qui est d’actualité. Des dizaines de milliers de Juifs ont été massacrés par balles, dans un trou, près de Kiev. Les bourreaux étaient 300 soldats allemands et 1200 nationalistes ukrainiens. C’était l’épisode le plus important de la “Shoah par balles”.

Une habitante de Kiev écrivait dans son journal, le 2 octobre 1941 :

Une jeune fille russe a accompagné son amie au cimetière et s’est glissée de l’autre côté de la clôture : elle a vu comment des gens nus ont été poussés vers Babi Yar et a entendu les rafales d’une mitrailleuse. Il y a de plus en plus de rumeurs et de nouvelles. Trop monstrueuses pour y croire. Mais nous sommes obligés d’y donner foi, car le massacre des Juifs est une réalité. Une réalité qui nous rend fous. […] Mes cheveux se dressent sur ma tête. […] Il est impossible de vivre en sachant cela.

Monument aux victimes de Babi Yar

Monument aux victimes de Babi Yar

En 2014, Biletskiy, néonazi notoire auquel se sont associés entre autres Tourtchinov et Avakov dans le Front Populaire (Cf. billet du 12 septembre) dit dans une interview :

Notre credo : détruire tout ce qui détruit notre nation.

Comme vous le savez, vous pouvez restaurer presque tout: l’économie, l’ordre dans les rues, la démographie, une armée et marine forte, les armes nucléaires, mais la seule chose qui ne peut pas être restaurée – est la pureté du sang.

Si nous nous trouvons en 30 ans dans la minorité absolue dans leur propre pays, nous ne sommes absolument pas intéressés à qui obtient notre économie, notre pays, notre armée.

La première tâche – pour garder tout cela pour nos propres enfants.

Oleg Odnorozhenko, un référent intellectuel du mouvement néonazi ukrainien écrit :

Les mariages et les relations raciales mélangées sont interdits. L’hygiène raciale, l’éducation nationale et les soins de santé pour tous les Ukrainiens sont sous la garde complète et appropriée de l’État.

L’Ukraine doit mener une politique étrangère active, visant à créer l’Empire ukrainien. … Ensuite, l’Ukraine, en tant que noyau superpuissance de l’Empire, réunira  autour de lui, sur une base égalitaire et équitable, les États indépendants des peuples aryens blancs dans une confédération.

Le monument commémoratif a été profané cette semaine, à l’occasion du nouvel an juif…

Monument aux victimes de Babi Yar en septembre 2014

Monument aux victimes de Babi Yar, en septembre 2014

(Autre source ici sur jewishvoiceblog)

Torture et massacres

Les prisonniers libérés lors de cet échange de prisonniers ont apparemment eu de la chance, ils étaient enchaînés sur le béton sans possibilité de se coucher pour dormir, mais n’ont apparemment pas été torturé. Une responsable du fond humanitaire récemment relâchée n’a pas eu cette chance. Les témoignages de tortures sur les prisonniers militaires comme civils se multiplient, ainsi que les découvertes de charniers, de civils torturés et abattus, de femmes violées et abattus. On parle maintenant de plusieurs dizaines de charniers. 3 ont été découvertes en une seule journée, dont l’une contenait plus de 30 corps. Des prisonniers libérés parlent de la torture, et d’un grand charnier (“20 mètres par 30″) à Kramatorsk. Stanislav Stankevitch, un rebelle libéré sur lequel les soldats de Kiev ont brûlé une svastika avec une chaîne brûlante raconte la torture à Kramatorsk et affirme que de nombreux civils sont prisonniers dans une vingtaine de trous, enchaînés et régulièrement torturés. Un médecin volontaire parle de sa détention, et de la torture.

Stanislav Stankevitch

Stanislav Stankevitch a eu une svastika brûlée sur la dos et le mot séparatiste sur la poitrine, pendant sa détention.

En plus de la torture et des meurtres, certains organes internes manquent dans les corps de certaines victimes découvertes dans les charniers, ce qui relance les rumeurs concernant un trafic d’organes. Ce genre de rumeur est “trop monstrueux pour y croire”, mais en 2010, 4 médecins ukrainiens avaient été arrêtés pour trafic d’organes. L’enquête sur le trafic d’organes de Serbes tués au kosovo est toujours en cours.

Il y a de plus en plus de rumeurs et de nouvelles. Trop monstrueuses pour y croire. Mais nous sommes obligés d’y donner foi, car le massacre est une réalité.

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-27-septembre/


[Reprise] Géopolitique de l’humiliation, par Jacques Attali

Saturday 27 September 2014 at 02:09

Bon, je ne partage pas tout, surtout sur la Turquie dans la forme actuelle de l’UE, mais ce n’est pas le coeur du sujet, et, sur le fond, on se sent vraiment moins seul…

Dans les relations entre les gens, comme entre les nations, l’humiliation peut conduire à des actes insensés, à des guerres inextinguibles.

Il est donc essentiel de ne pas humilier les autres, de les respecter ; et, si l’humiliation a eu lieu, si le contact est rompu, de le renouer, au moins aussi longtemps que l’humilié est encore accessible au dialogue et qu’il n’est pas devenu un ennemi irréductible, que seule la force peut empêcher de nuire.

Ainsi, en 1919, humilier l’Allemagne, par l’imbécile Traité de Versailles, a conduit à la victoire du nazisme, qu’il fallut combattre. De même, en 1995, humilier la Turquie en lui refusant l’entrée dans l’Union Européenne la précipite aujourd’hui dans les bras d’un islamisme pour l’instant encore modéré, et peut en faire un jour un ennemi. De même, après la 2ème guerre du Golfe, démanteler l’armée de Saddam Hussein a conduit des milliers de soldats et d’officiers d’une armée totalement laïque et parfaitement formée, à constituer depuis quelques mois les cadres d’un soi-disant Califat Islamique, prétendant aujourd’hui rassembler tous les musulmans humiliés du monde, dans un combat mortel contre l’Occident. De même encore, entretenir un rapport de force brutal et humiliant entre Israël et la Palestine, maintient les uns dans l’illusion de gagner la guerre et les autres dans celle de nourrir leur désir de détruire l’Etat hébreu.

Enfin, aujourd’hui, humilier la Russie, en prétendant l’isoler du reste du monde, sous prétexte qu’elle n’a pas accepté que les russophones d’Ukraine y soient traités comme des citoyens de seconde zone, peut conduire à en faire un ennemi qu’il faudra un jour combattre. Il est en particulier stupide pour les Polonais de tout faire pour isoler la Russie, comme cela l’avait été pour la France de tout faire pour isoler l’Allemagne dans les années 1920.

Une troisième guerre mondiale serait la conséquence naturelle de la poursuite de cette géopolitique de l’humiliation. On entend déjà, à Washington et à Moscou, s’exprimer les pires points de vue nationalistes, conspirationnistes et bellicistes, qui conduiront au pire, par le simple engrenage de la bêtise et du ressentiment.

Bien des gens, ici ou là, verraient en effet d’un bon œil une tension internationale devenant si forte qu’elle permettrait d’enrayer les terribles engrenages de la crise financière , de donner du travail aux industries de la défense et de spolier en passant les épargnants, par des impôts ou un rééchelonnement de la dette publique, au nom des soi-disant nécessités de la défense de la patrie en danger.

En particulier, les Etats-Unis, éloignés géographiquement des futurs champs de bataille, et qui n’ont presque plus besoin des sources d’énergie du Moyen Orient ou d’Asie centrale, jouent dangereusement avec une telle stratégie, qui peut les aider à dépasser leur crise financière, alors qu’elle serait suicidaire pour les Européens, qui s’y laissent pourtant stupidement entraîner.

Pour que tout cela ne dégénère pas, il est urgent que l’Occident adopte avec les Arabes, les Turcs et les Russes, la même attitude qu’avec l’Allemagne en 1945 : les considérer, ne rompre aucun contact avec eux, les maintenir dans les cercles du pouvoir, leur proposer des projets communs. Et en particulier, avec les Russes, interrompre un boycott qui ne nuit qu’à l’Europe ; et les associer à l’effort de guerre contre un islam radical qu’ils affrontent tous les jours dans le Caucase.

La France pourrait, devrait, oser proposer un tel revirement de doctrine. Encore faudrait-il pour cela qu’elle ait le courage de rompre avec le suivisme des autres Européens, comme elle l’a fait en d’autres occasions, et de prendre la tête d’une géopolitique du respect, même au prix d’une provisoire solitude.

Jacques Attali, 15/09/2014

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-geopolitique-de-lhumiliation-par-jacques-attali/


Revue de presse du 27/09/2014

Saturday 27 September 2014 at 00:44

Merci aux piliers de la revue et à ses nouveaux contributeurs !

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-27-09-2014/


[Entraide] Traduction allemand 26/09

Friday 26 September 2014 at 05:30

Voici comme d’habitude un appel à l’entraide.

Comme d’habitude, il faudrait que des volontaires m’aident à traduire rapidement différents textes, en collaborant via Framapad.

L’idée est de traduire par blocs ET de vérifier et améliorer la traduction déjà réalisée par les autres, pour avoir un beau résultat (c’est pour ça d’ailleurs que je ne reprends pas souvent des traductions externes, elles sont souvent de piètre qualité).

Aujourd’hui c’est Spécial Allemand avec 3 textes/vidéos à traduire de l’allemand au français

Le premier texte est ici.

Le 2e texte est ici. (transcription d’une vidéo)

Le 3e texte est ici  (transcription d’une vidéo)

(Sauvegardez régulièrement, les serveurs ne sont pas véloces et il y a parfois des soucis)

J’aimerais finir assez vite, je compte sur vous – il y a vraiment du lourd cette semaine !

Si vous ne parlez pas allemand, ce n’est pas grave, vous pouvez aussi simplement relire en français pour enlever les fautes d’orthographes.

Merci d’avance ! Vous êtes super efficaces :)

Olivier Berruyer

 

Source: http://www.les-crises.fr/traduction-collaborative/


[La Démocratie en marche] Le Président de la République tchèque : « Nous voulons adhérer à l’euro même si les Tchèques y sont hostiles »

Friday 26 September 2014 at 04:09

Énorme… Tout est dans le titre…

Ce qui est intéressant, c’est qu’il ne dit pas que des âneries – on voit juste son fanatisme européen surgir brutalement à propos de l’euro.

Le pire est, je le rappelle,  que vous ne trouverez pas 3 prix Nobel d’économie pour dire que ce serait une très bonne idée que la République tchèque rejoigne l’euro…

Bref, le fanatisme quasi-religieux reprend le dessus sur l’expertise…

Etes-vous d’accord avec les sanctions contre la Russie ?

Milos Zeman : Il y a eu quarante ans de sanctions contre Castro et il est toujours là ! Il vaut bien mieux infléchir une politique par l’infiltration ou la division idéologique en échangeant des habitants, des entrepreneurs, des touristes. La Russie se sent comme une forteresse assiégée et Poutine a une popularité de 90 % ! Non, je crois davantage au cessez-le -feu, en espérant qu’il y aura un contrôle international. Je suis aussi favorable aux exercices de l’Otan en Ukraine, c’est dissuasif. Il est complètement irrationnel de penser que Vladimir Poutine veut l’Ukraine de l’Est où l’ industrie est en déliquescence. Nous exagérons les risques avec l’Ukraine mais nous sous-estimons les risques avec l’Etat Islamique.

Est-ce que l’Union européenne a eu raison de proposer un accord commercial avec l’Ukraine ?

Elle n’a pas à intervenir, ni à apporter des subventions économiques qui peuvent aller tout droit dans la poche d’oligarques. J’attends les élections parlementaires d’octobre, qui vont donner un gouvernement légitime. Si Petro Porochenko a été élu démocratiquement, j’ai mes doutes pour le Premier ministre.

La nomination du Polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen est-elle le signe de la bonne intégration des pays d’Europe centrale dans l’Union européenne ?

Je ne le connais pas personnellement. Mais cet homme a remporté les élections législatives à deux reprises dans son pays ce qui prouve une certaine compétence politique… La Pologne est membre de l’Union depuis dix ans. L’université dure cinq ans, l’école secondaire, quatre ans. Donc, nous sommes adultes maintenant et bien intégrés à l’Union. Sauf peut être la Roumanie et la Bulgarie qui sont entrées plus récemment et n’ont pas le même héritage historique.

Que pensez-vous des tentatives de David Cameron de limiter la libre circulation des Européens venant de l’est de l’Europe ?

Je pense que cette polémique est très exagérée. La politique exige parfois qu’on doive se créer des ennemis…

Quand vous avez été élu, vous avez promis de mener une politique pro-européenne. Comment cela s’est il traduit ?

Beaucoup de choses ont changé à commencer par le fait que le drapeau européen flotte à nouveau sur le château de Prague. Il y a aussi eu un changement de gouvernement. Après la chute de celui de Petr Necas, en juin 2013 , j’ai contribué à accélérer la tenue des élections et le nouveau gouvernement est lui aussi pro-européen. Le principal objectif est désormais l’adhésion à l’euro. Franchement, la grande majorité des Tchèques est hostile à cette perspective. C’est la peur de l’inconnu. Mais je pense qu’on a besoin de l’euro, d’une harmonisation des impôts et d’une politique budgétaire commune. Nous avons une « flat tax » de 15 % qui a été adoptée par les gouvernements précédents et je suis pour une fiscalité progressive. Il est plus sain de se faire concurrence par la productivité du travail plutôt que par le dumping fiscal.

Pourquoi n’allez-vous pas plus vite pour entrer dans l’euro ?

L’euro est soutenu par trois quarts des exportateurs du pays. Et c’est un motif d’attraction des investisseurs qui se sentiraient dans un environnement plus stable et familier. Mais il n’y a pas de rationalité là dedans. Le calendrier de l’adhésion à l’euro a été constamment reporté. Aujourd’hui, l’horizon est celui de 2020. Nous remplissons les critères de Maastricht, qu’il s’agisse de l’inflation, de la part de la dette dans le PIB et du déficit public. Restent les questions psychologiques. Les partis politiques prétendent que la maîtrise de la monnaie nationale permet de mieux gérer le taux de change. Et la banque centrale qui a peur de perdre ses compétences est du côté des eurosceptiquesChez nous les banques se portent bien. Elles ont eu avant la crise un comportement beaucoup plus conservateur que celles installées dans le sud de l’Europe.

Bon tout est là :

1/ on a ENFIN un gouvernement dans la vraie foi apostolique et bruxelloise ;

2/ DONC il faut l’euro ;

3/ la preuve, les exportateurs sont pour. Exportateur = chef d’entreprise, donc une référence sur les enjeux économiques et démocratiques. J’imagine qu’ils ont été également fortement instruits par de sérieux débats contradictoires de qualité dans les médias ;

4/ la plupart des citoyens sont contre ;

5/ bah oui, ce sont des pignoufs abrutis, qui ont peur “de l’inconnu”. Bien entendu, on ne relèvera pas que, ayant la télévision, ils ont vu les dégâts sur des pays comme la Grèce, et les conséquences évidentes en termes de perte de souveraineté – amis tchèques, Moscovici sera bientôt chez vous à fouiner dans vos budgets ;

6/ ils sont quand même cons les sans-dents…

7/ et en plus, même les banquiers centraux dont c’est le métier – vivement la purge…

8/ les banques vont bien, c’est l’essentiel.

3 citations en lien :

Que pensez-vous du débat sur la relance économique dans la zone euro ?

Ca a été l’un des thèmes de discussion avec François Hollande. Il faut un certain équilibre. Si vous soutenez uniquement la croissance économique au dépens de la dette, vous augmentez le coût des investissements. Si vous réduisez trop la dette et menez une politique économique trop restrictive, ce n’est pas bon non plus. L’investissement est capital. En Chine, il représente 55 % du PIB, en République tchèque c’est la consommation qui représente 70% du PIB. Le danger est que, pour les politiques, c’est facile de réduire les dépenses d’investissement qui n’ont pas le droit de vote et peuvent attendre. C’est le cas en Tchéquie.

Quelle est votre vision pour la Tchéquie?

Mon modèle est le modèle scandinave avec des impôts élevés et progressifs et des investissements importants dans la population, l’éducation, la santé. Mais ce sont des investissements de long terme, pas toujours faciles à faire pour des politiciens. Il faut également investir dans les logements : nous avons beaucoup de résidences, mais de mauvaise qualité, il faut les améliorer. Enfin, nous devons mettre de l’argent dans la distribution d’énergie et l’internet haut débit.

Source : Les Échos, 11/09/2014

Source: http://www.les-crises.fr/nous-voulons-adherer-a-leuro-meme-si-les-tcheques-y-sont-hostiles/


La catastrophe euro, par Paul Krugman

Friday 26 September 2014 at 02:18

« L’euro, une catastrophe »

Blog New York Times, 21 août 2014
Paul Krugman

Matt O’Brien fait remarquer que l’Europe va plus mal aujourd’hui que pendant la Grande Dépression. Pendant ce temps François Hollande – dont la pusillanimité et l’empressement à adopter une politique d’austérité voue à l’échec son quinquennat et même peut-être le projet européen dans son ensemble – déclare avec hésitation qu’en fin de compte davantage d’austérité n’est pas une bonne solution.

Simon Wren-Lewis pense que le choix européen de l’austérité était un événement contingent ; grosso modo la crise grecque a renforcé le camp des partisans de l’austérité à un moment critique. Je ne pense pas que l’explication soit si simple ; d’après moi, il y avait une atmosphère profondément anti-keynésienne en Europe bien avant la crise grecque, et la macro-économie, telle qu’est elle pratiquée par les économistes anglo-saxons, n’a jamais réellement eu de partisans au sein des allées du pouvoir en Europe.

Quelle qu’en soit l’explication nous sommes maintenant, comme le dit O’Brien, face à une des plus grandes catastrophes de l’histoire économique.


« Pire que les années 30 : la récession européenne est bel et bien une vraie dépression économique »

Blog Washington Post, Wonkblog, 20 août 2014
Matt O’Brien

La Plus Grande Dépression Européenne
Ordonnée : évolution du PIB, niveau 100 au début de la crise
Abscisse : nombres d’années depuis le début de la crise
Légende : en gris, Bloc Sterling (1929-38), en rouge, Japon (1992-2001), en jaune, Bloc Or (1929-38), en noir, zone Euro (2007-14)
Sources : Maddison Project, Eurostat

Comme je l’expliquais la semaine dernière il est temps d’appeler les choses par leur nom et de définir la zone euro en termes clairs : une des pires catastrophes de l’histoire économique.
Il y a eu quantités de catastrophes ces dernières années. Je ne parle pas simplement de la Grande Récession, mais aussi de la manière dont nous nous sommes efforcés de remonter la pente depuis cet événement. Les Etats-Unis ont connu leur plus faible reprise économique depuis la Seconde Guerre Mondiale. La Grande-Bretagne a connu sa plus faible reprise de tous les temps. Mais après six ans et demi l’Europe se distingue en n’ayant quasiment pas connu de reprise du tout. Et comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessus, le résultat est en passe de devenir plus grave que lors de la pire période des années 30.

J’ai extrait le graphique ci-dessus d’un texte de Nicholas Crafts, et j’ai un peu prolongé la période pour placer la dépression économique européenne dans une perspective encore plus déprimante. Le PIB européen n’est pas encore revenu à son niveau de 2007 et manifestement il n’y reviendra pas dans un avenir proche. En effet alors que l’on n’était même pas certain que la dernière récession était terminée, on s’est aperçu que le PIB de la zone euro avait de nouveau cessé de croître lors du deuxième trimestre. Et même l’Allemagne s’en sort mal : son PIB a chuté de 0,2 % par rapport au dernier trimestre.

Ce désastre est la conséquence d’une politique économique. Trop d’austérité fiscale et trop peu de stimulation monétaire ont handicapé la croissance comme quasiment jamais auparavant. L’Europe fait pire que le Japon pendant sa « décennie perdue », pire que le Bloc Sterling pendant la Grande Dépression, et à peine mieux que le Bloc Or de l’époque – mais cet aspect positif est bien fragile, car, au train où vont les choses, d’ici un an la zone euro fera pire que le Bloc Or.

Comment se fait-il que l’Europe donne l’illusion que la Grande Dépression représentait le bon vieux temps de la croissance ? Tout simplement en ignorant tout ce que nous avons appris de cette Grande Dépression.

A l’époque, il y eu deux catégories de pays : ceux qui quittèrent l’étalon-or, et ceux qui furent sur le point de le quitter. Mais ils restèrent longtemps « sur le point » de quitter l’étalon-or. Car les gouvernements étaient sentimentalement attachés à l’or même si, comme Barry Eichengreen l’a montré, renoncer à l’étalon-or permettait de retrouver le chemin de la croissance. Les gouvernements assimilaient tout simplement l’étalon-or à la civilisation, ils étaient donc prêts à sacrifier leurs économies sur l’autel de la civilisation. Ce qu’ils firent effectivement. Même si, in extremis, il y eut des limites.

Par exemple la Grande-Bretagne refusa de remonter ses taux d’intérêt pour défendre l’étalon-or en 1931 car le chômage atteignait déjà 20%. Elle préféra dévaluer sa monnaie, et les autres pays du Bloc Sterling – la Suède, la Finlande, le Danemark, le Portugal et le Canada – suivirent son exemple (politique très positive). L’ironie de l’affaire, bien entendu, est que cette faiblesse les rendit plus forts. L’abandon de l’étalon-or leur permit de pratiquer une politique de stimulation budgétaire et monétaire qui fit rapidement redémarrer l’économie.

Il y eut aussi les jusqu’au-boutistes. Les pays qui possédaient de grandes réserves d’or, comme la France, avaient la possibilité de conserver l’étalon-or s’ils le souhaitaient, ce qu’ils firent. Ils alignèrent les budgets d’austérité les uns après les autres comme des offrandes au Dieu tout puissant de l’or et ils en payèrent le prix économique. Ils ne connurent jamais de crash économique comme les Etats-Unis, mais ne connurent jamais non plus de reprise. Le cercle vicieux des baisses de prix, de la hausse du chômage et de l’austérité budgétaire croissante les confina dans un déclin sans fin. Jusqu’à ce que la France et les autres pays du Bloc Or, qui à son apogée comprenait la Belgique, la Pologne, l’Italie, les Pays-Bas et la Suisse, abandonnèrent en octobre 1936 leurs illusions dignes de celles du roi Midas. Une reprise économique s’ensuivit.

Comme je l’ai déjà dit, l’euro n’est rien d’autre qu’un étalon-or paré d’une autorité morale. Et c’est cette question morale qui est au cœur du problème. Les Européens ne pensent pas que l’euro représente la civilisation, mais plutôt la défense de celle-ci. C’est un monument de papier dédié à la paix et à la prospérité qui a rendu cette dernière impossible. Les eurocrates qui ont voué leurs vies à le construire ne le détruiront jamais alors même que ses défauts de construction rendent une reprise économique impossible.

Tout comme durant les années 30, l’Europe est coincée dans un système de taux de changes fixes qi ne lui permet pas d’imprimer et de dépenser sa monnaie, ou bien de la dévaluer. Mais contrairement à ce qui s’était passé à l’époque, l’Europe pourrait ne jamais sortir de ce système. C’est une fidélité à une politique désastreuse que même les partisans du Bloc Or n’auraient pu imaginer. Le dernier espoir de l’Europe étant la BCE, cela signifie que l’Europe est probablement condamnée.

Pour être honnête, la BCE sous la direction de Draghi a fait tout ce qu’elle a pu dans le cadre des contraintes légales et politiques qui lui sont imposées. Mais on ne juge pas le chômage sur un graphique. Et ces contraintes ne sont pas sur le point de disparaître, pas suffisamment en tout cas, pour éviter une ou deux décennies perdues. La BCE va probablement continuer à faire le strict minimum : un peu d’assouplissement quantitatif à contrecœur qui cessera dès que l’Allemagne sera engagée sur la voie de la reprise économique.

Ils ont fait un désert et l’ont baptisé « zone euro ».

Matt O’Brien est l’auteur du Wonkblog (ndt : littéralement, le « blog de l’intello») qui traite de politique économique. Il était auparavant rédacteur en chef associé au magazine The Atlantic.


« La France prend acte de sa faiblesse économique et accuse les politiques d’austérité »

The New York Times, 20 août 2014
Liz Alderman

Un marché à Toulouse. Le président François Hollande a annoncé de nouvelles mesures de stimulation de la croissance économique.
Crédit Balint Porneczi/Bloomberg News, via Getty Images

Alors que l’Europe est confrontée à la possibilité d’une troisième récession en cinq ans, la France apparaît aujourd’hui de plus en plus comme le maillon faible des 18 pays de la zone euro.

Après avoir souligné pendant des mois qu’une sortie de la longue crise de la dette était à portée de main, François Hollande a fait mercredi dernier une déclaration bien plus pessimiste. Il a déclaré que les politiques d’austérité que la France a été contrainte d’adopter pour satisfaire les objectifs de réduction des déficits de la zone euro rendaient le retour à la croissance impossible.

Les responsables français expliquent que la France – deuxième économie de la zone euro derrière l’Allemagne – ne va plus essayer d’atteindre cette année les objectifs de réduction des déficits pour éviter d’aggraver la situation économique. Ils ont annoncé que même en abandonnant ces objectifs il était peu probable que la France sorte prochainement de la longue période de stagnation qu’elle connaît ou qu’elle réduise rapidement son taux de chômage, supérieur à 10 %.

“Le diagnostic est clair” a déclaré François Hollande dans une interview publiée mercredi dans le journal « Le Monde”. « Les politiques d’austérité de ces dernières années ont créé un problème de demande dans toute l’Europe et produit un taux de croissance qui ne permet pas de réduire le chômage ».

C’est le désaveu français publique le plus franc de la politique d’austérité que l’Allemagne a longtemps infligée aux pays de la zone euro – politique qui peut faire échouer la reprise dans la zone euro selon des déclarations récentes de la chancelière allemande elle-même, Angela Merkel.

François Hollande a réuni ses ministres à l’Elysée mercredi et annoncé de nouvelles mesures de stimulation de la croissance économique – mesures qui suivent toute une série de mesures similaires mises en place depuis le mois de janvier. Elles comprennent des baisses d’impôts pour les contribuables les plus modestes et des dispositions pour relancer le secteur moribond de la construction immobilière, secteur qui est à son plus bas niveau depuis 15 ans.

« Nous devons faire davantage et agir plus rapidement » a déclaré François Hollande dans son interview au « Monde ». « Je veux accélérer les réformes pour donner un coup de fouet à la croissance le plus rapidement possible ».

Il s’exprimait après avoir pris connaissance d’indicateurs qui montrent que la zone euro dans son ensemble trébuche à nouveau, contrastant avec la forte reprise aux Etats-Unis. Les responsables de la politique monétaire mondiale, réunis cette semaine à la conférence annuelle de la Federal Reserve à Jackson Hole, dans le Wyoming, vont analyser les voies divergentes suivies par les Etats-Unis et l’Europe, et les conséquences qu’elles vont avoir pour l’économie mondiale.

Moins d’une année après sa deuxième récession depuis la crise financière de 2008, les pays de la zone euro n’ont pas enregistré de croissance d’avril à juin d’après les statistiques officielles de l’Union Européenne. Même en Allemagne, qui il y a quelques mois seulement semblait donner le signal de départ d’une reprise économique dans la zone euro, le PIB s’est contracté de 0,2 % lors du deuxième trimestre après une longue année de croissance.

Les économistes se demandent si la croissance forte des années antérieures à 2008 reviendra un jour – ou bien si un nouveau paradigme, connu sous le nom de « stagnation séculaire », ne s’est pas mis en place, empêchant toute reprise économique forte de la croissance et de l’emploi. « Il est trop tôt pour affirmer qu’une stagnation séculaire va se mettre en place” écrit Nicholas Craft, professeur d’économie et d’histoire économique à l’Université de Warwick, dans un article publié récemment par le « Centre for Economic Policy Research » à Londres. « Mais il est évident que les Européens devraient craindre cette stagnation bien davantage que les Américains. Les effets dépressifs d’une croissance plus faible du potentiel de productivité vont se faire sentir plus profondément en Europe ».

Comme beaucoup de pays de la zone euro, la France a été contrainte après la crise financière de mettre en place des mesures d’austérité pour réduire sa dette et son niveau de déficit, dans une période où les marchés financiers imposaient des taux d’intérêt élevés aux pays qui semblaient vivre au-dessus de leurs moyens.

L’année dernière, François Hollande a annoncé des hausses d’impôts et 50 milliards d’euros (66 milliards de dollars) de baisse de la dépense publique, étalées jusqu’en 2017, ce qui a ralenti l’économie. Et en se fixant comme objectif de déficit budgétaire annuel 3 % du PIB, niveau requis pour les pays de la zone euro, il s’est aussi engagé à réduire le déficit de la France à 3,8 % en 2014, contre 4,3 % en 2013.

Les taux d’intérêt français ont dégringolé à des niveaux historiquement bas depuis le début de la crise. Mais les entreprises et l’industrie françaises ont eu du mal à retrouver leur niveau d’activité d’avant la crise, rendant plus ardue la tâche du gouvernement de trouver des recettes fiscales pour réduire le déficit. Espérant compenser le ralentissement économique, François Hollande a annoncé en janvier de nouvelles baisses d’impôts pour les entreprises afin de les inciter à embaucher.

Mais la semaine dernière le ministre de l’Economie, Michel Sapin, a prévenu que la croissance serait si faible que le gouvernement n’allait même plus essayer de tenir son objectif de déficit. Il a déclaré que la croissance française serait de 0,5 % seulement cette année, c’est-à-dire moitié moins que prévu, et aurait du mal à atteindre à atteindre 1 % l’année prochaine. D’autres économies dévastées, dont la Grèce et l’Espagne, ont souffert alors qu’elles ont taillé dans les dépenses et augmenté les impôts en période de récession pour respecter les critères de déficit prévus par l’Union Européenne.

L’annonce de François Hollande mercredi dernier contrastait fortement avec les discours qu’il tenait il y a encore quelques mois, dans lesquels il insistait sur le fait que la reprise économique était à portée de main. Malmené par des sondages négatifs record, le Parti Socialiste a aussi essuyé une défaite cuisante lors des élections européennes de juin dernier.
Les électeurs déçus par sa politique économique se sont tourné vers le Front National et l’UMP, le parti de droite de l’ancien président Nicolas Sarkozy, parti qui a été secoué par de nombreux scandales. Mercredi dernier Alain Juppé, un ancien Premier Ministre au plus haut dans les sondages, a annoncé qu’il se présenterait aux élections pour la présidence de l’UMP.
Cela va constituer pour François Hollande une nouvelle épreuve difficile alors qu’il s’expose déjà à un retour de manivelle de la part membres de l’aile gauche du Parti Socialiste qui répugnent à mettre en place toute nouvelle mesure d’austérité qui pourrait contrarier les électeurs.

Mercredi dernier, François Hollande a demandé aux dirigeants de l’Union Européenne de faire de la croissance leur priorité, expliquant qu’augmenter les impôts tout en réduisant les dépenses en période de récession s’est avéré désastreux pour relancer l’économie européenne.

Mais certains ont analysé sa déclaration comme un simple stratagème de relations publiques.

« Même s’ils appliquent quantités de mesures douloureuses, ils vont devoir expliquer aux Français pourquoi l’économie ne va pas bien et même se dégrade davantage », souligne Famke Krumbüller, un analyste spécialiste de l’économie européenne au Groupe Eurasia à Londres.

Le résultat, dit M. Krumbmüller, c’est que François Hollande essaye faire porter le chapeau à l’Europe, plutôt que d’essayer de s’attaquer à des réformes autrement plus difficiles comme la rigidité du marché du travail en France, dont les employeurs disent qu’elle freine les embauches et l’investissement.

« Le message est que nous avons fait notre job, maintenant c’est au tour de l’Europe de faire le sien, à savoir favoriser la croissance », explique M. Krumbmüller. «En substance, ce discours signifie que nous avons fait tout ce que nous pouvions vu les circonstances actuelles, et que nous n’en ferons pas davantage »


L’intégrisme de l’équilibre budgétaire

Social-Europe, lundi 18 août 2014
Simon Wren-Lewis

Les européens, et plus particulièrement les élites européennes, regardent avec amusement et inquiétude les attitudes populaires sur la science aux Etats-Unis. En Europe il n’y a pas réulièrement des tentatives pour remplacer dans les manuels scolaires la théorie de l’évolution par celle du « dessein intelligent ». Le déni du changement climatique ne rencontre pas d’écho dans les mouvements politiques majoritaires en Europe comme aux Etats-Unis (à l’exception peut-être de la Grande-Bretagne). Pourtant l’Europe, et plus spécialement ses élites politiques, semble paralysée par un credo tout aussi peu rationnel et beaucoup plus dangereux dans l’immédiat. Ce credo est que la politique budgétaire devrait être durcie en période de trappe monétaire.

La reprise économique est aujourd’hui forte en Grande-Bretagne, mais cela ne doit pas masquer le fait que c’est la reprise d’après-récession la plus faible depuis des siècles. La politique d’austérité n’en est peut-être pas le principal facteur, mais elle a certainement joué son rôle. Pourtant le gouvernement qui a initié cette politique d’austérité, au lieu d’essayer de masquer cette erreur, est sur le point de la commettre de nouveau. Que le gouvernement ait réellement l’intention d’agir ainsi, ou bien que cela ne soit qu’un stratagème pour l’aider à gagner les prochaines élections, signifie dans les deux cas de figure que la réalité n’a pas émoussé sa foi dans cette doctrine.

L’Europe a souffert d’une deuxième récession à cause de la combinaison de politiques d’austérité budgétaire et de politiques monétaires inadaptées. Pourtant les responsables de la politique monétaire, plutôt que de prendre des mesures sérieuses pour résoudre le problème d’un PIB en berne et d’une inflation à peine supérieure à zéro dans la zone euro, ont décidé de rester les bras croisés et de continuer à vanter les mérites des politiques d’austérité. (Chère BCE, vous adorez les réformes structurelles. Au vu de vos résultats, il serait peut-être temps de d’appliquer ces réformes à vous-mêmes). Dans les grandes économies comme la France ou les Pays-Bas, l’absence de croissance rend inatteignables les objectifs de réduction des déficits, et la réglementation budgétaire médiévale de la zone euro requiert alors d’accentuer les politiques d’austérité. Comme le faisait remarquer Wolfgang Munchau, éditorialiste au Financial Times (le 15 août dernier), les journaux allemands se préoccupent davantage des déficits français que d’une possible déflation.

Il y a maintenant un consensus quasiment universel parmi les économistes pour dire qu’un resserrement de la politique budgétaire tend à réduire significativement la production économique et à augmenter le chômage lorsque les taux d’intérêt sont à leur plus bas niveau : le débat se réduit à savoir dans quelles proportions cela se produit. Quelques personnes affirment que la politique monétaire à elle seule pourrait encore retourner la situation bien que les taux d’intérêt soient au plus bas, mais la possibilité que la BCE suive leurs conseils est égale à zéro.

Paul de Grauwe l’explique de manière fort éloquente :
« Les responsables politiques européens font tout ce qui en leur pouvoir pour tuer dans l’œuf la reprise économique, ils ne devraient donc pas être surpris par l’absence de reprise. C’est l’intégrisme de l’équilibre budgétaire, et cet intégrisme est devenu parole d’évangile ».

On enseigne encore les théories keynésiennes en Europe, ce n’est donc pas comme si cette science n’était pas diffusée. Je trouve qu’il n’y a pas tellement de différence entre les raisonnements des économistes novices ou un peu plus expérimentés de la BCE et de la Commission Européenne par rapport à ceux du FMI, exception faite d’une connaissance plus aigüe des réalités politiques. Je pense que le problème est le même que celui qui existe aux Etats-Unis, mais à un degré différent.

Une erreur fréquemment commise par les universitaires consiste à croire que des théories allant de soi dans leurs milieux vont se diffuser dans le débat politique, alors même que ces théories comportent un fort élément idéologique ou bien quand des intérêts financiers significatifs d’un groupe donné sont en jeu. En fait il y a une communauté de conseillers politiques qui s’interpose entre les experts et les hommes politiques, et bien que certains dans cette communauté de conseillers soient réellement soucieux de la réalité, d’autres sont plus en phase avec une certaine vision idéologique, ou avec des intérêts financiers, ou bien encore avec ce qui est bien accueilli par une partie de l’opinion publique. Certains membres de cette communauté sont même parfois des économistes, mais des économistes qui, s’ils ont jamais maîtrisé la macroéconomie, semblent très heureux d’avoir oublié tout ce qu’ils savaient.

Alors pourquoi « l’intégrisme de l’équilibre budgétaire » semble-t-il plus prévalent en Europe qu’aux Etats-Unis ? Je ne pense pas qu’il y ait une différence entre les deux continents au niveau de ce qui est enseigné dans les cours de macroéconomie. Certains pointeront du doigt la prégnance de l’ordo-libéralisme en Allemagne mais ce n’est pas très différent de la prégnance du néo-libéralisme au sein de la communauté des conseillers politiques aux Etats-Unis. Peut-être faut-il voir la plus grande capacité des universitaires américains (et de l’un d’eux en particulier) de passer outre le barrage de la communauté des conseillers politiques en utilisant les médias, les traditionnels comme les plus modernes. Cependant je pense qu’un facteur très important est simplement l’expérience récente.

Les Etats-Unis n’ont jamais connu de crise de financement de leur dette. Les « garde-fous » que constituent les marchés obligataires ne se sont jamais manifestés. En revanche ils l’ont fait dans la zone euro et cela a laissé des cicatrices durables sur les responsables politiques européens, cicatrices dont joue la communauté des conseillers politiques et qui rend impuissants tous ceux qui s’opposent à des politiques d’austérité. Je n’écris pas cela pour absoudre les motivations des intégristes de l’équilibre budgétaire mais plus simplement pour expliquer que cela rend plus difficile de faire accepter en Europe la science économique et ses évidences. La différence entre l’intégrisme qui nie la théorie de l’évolution des espèces et l’intégrisme qui nie les principes de macroéconomie est que ce dernier fait des dégâts ici et maintenant.

Simon Wren-Lewis est un professeur d’économie à l’Université d’Oxford et chargé de recherches au Collège Merton d’Oxford.
Ce blog est écrit tant pour les économistes que pour le grand public.

Source: http://www.les-crises.fr/la-catastrophe-euro-par-paul-krugman/


Déconnexion Swift de la Russie : les députés européens sont bien devenus fous…

Thursday 25 September 2014 at 01:20

Nous avions déjà souligné l’incroyable résolution belliqueuse du Parlement européen du 17 juillet dans ce billet.

Ils ont remis ça le 18 septembre – en pire ! En voici le texte.

Le Parlement Européen : une publicité vivante contre le régime parlementaire multinational…

Résolution du Parlement européen du 18 septembre 2014 sur la situation en Ukraine et l’état des relations UE-Russie (2014/2841(RSP))

Le Parlement européen,

A.  considérant la recrudescence du conflit dans l’est de l’Ukraine durant l’été 2014; considérant que, d’après des estimations des Nations unies, au moins 3 000 personnes ont perdu la vie, que plusieurs milliers de personnes ont été blessées et que des centaines de milliers de civils ont fui les zones de conflit; que le coût économique de ce conflit, qui comprendra notamment le coût de la reconstruction des régions orientales du pays, hypothèque sérieusement le développement social et économique de l’Ukraine;

B.  considérant que le groupe de contact trilatéral a convenu à Minsk, le 5 septembre 2014, d’un cessez-le-feu qui est entré en vigueur le jour même; que l’accord convenu contenait également un protocole en 12 points couvrant la libération des otages, des mesures visant à améliorer la situation humanitaire, le retrait de tous les groupes armés illégaux, équipements militaires et mercenaires de l’Ukraine ainsi que des mesures sur la décentralisation dans les régions de Donetsk et de Lougansk;

C.  considérant que depuis le vendredi 5 septembre 2014, le cessez-le-feu a été violé de manière répétée, principalement par les troupes russes régulières et les séparatistes, dans les zones proches de Mariupol et de l’aéroport de Donetsk, et que des tentatives de tester les défenses de l’Ukraine ont eu lieu dans plusieurs autres localités;

Des troupes russes RÉGULIÈRES ??? Hmm, des preuves solides ?

D.  considérant que la Russie a, ces dernières semaines, renforcé sa présence militaire sur le territoire ukrainien et son soutien logistique aux milices séparatistes par un flux constant d’armes, de munitions, de véhicules et appareils blindés ainsi que de mercenaires et de soldats déguisés, malgré les demandes de l’Union européenne de déployer tous les efforts possibles pour apaiser la situation; que, depuis le début de la crise, la Fédération de Russie a concentré des troupes et du matériel militaire le long de la frontière avec l’Ukraine;

E.  considérant que l’intervention militaire directe et indirecte de la Russie en Ukraine, y compris l’annexion de la Crimée, constituent une violation du droit international, notamment de la charte des Nations unies, de l’acte final d’Helsinki et du mémorandum de Budapest de 1994; que la Russie continue de refuser la mise en œuvre du traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE);

Ils ont de l’humour à propos du Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…

F.  considérant que le Conseil européen du 30 août 2014 a demandé que soient formulées des propositions de renforcement des mesures restrictives de l’Union face aux actions de la Russie déstabilisant l’est de l’Ukraine; que ces propositions sont entrées en vigueur le 12 septembre 2014;

G.  considérant qu’après avoir souscrit aux dispositions politiques de l’accord d’association le 21 mars 2014, l’Union européenne et l’Ukraine ont signé officiellement le volet restant de cet accord le 27 juin 2014, qui prévoit notamment la mise en place d’un accord de libre-échange approfondi et complet (ALEAC); que le Parlement européen et le Parlement ukrainien ont ratifié simultanément cet accord d’association; que, le 12 septembre 2014, la Commission a annoncé que l’application provisoire de l’ALEAC serait reportée au 31 décembre 2015; que cela entraînera une prolongation des préférences commerciales unilatérales accordées par l’Union européenne à l’Ukraine, qui devaient prendre fin le 1er  novembre 2014;

H.  considérant que, le 7 août 2014, le gouvernement russe a adopté une liste de produits provenant de l’Union européenne, des États-Unis, de Norvège, du Canada et d’Australie à exclure du marché russe pendant un an; que l’Union sera d’autant plus touchée que la Russie représente le deuxième marché d’exportation pour les produits agricoles de l’Union et le sixième pour les produits issus de la pêche, et que 73 % des importations frappées par l’interdiction viennent de l’Union; que les restrictions globales appliquées actuellement par la Russie pourraient mettre en péril 5 milliards d’EUR d’échanges commerciaux et affecter les revenus de 9,5 millions de personnes dans l’Union qui travaillent dans les exploitations agricoles les plus touchées;

I.  considérant que l’interdiction pesant sur les denrées alimentaires de l’Union sur le marché russe qui a en particulier touché le secteur des fruits et légumes, ainsi que le secteur laitier et celui de la viande, pourrait avoir des répercussions entraînant une surabondance de l’offre sur le marché intérieur, tandis que l’interdiction des produits de l’Union issus de la pêche sur le marché russe pourrait poser de graves problèmes potentiels dans certains États membres; considérant que la valeur des produits de la pêche frappés d’interdiction s’élève à près de 144 millions d’EUR;

J.  considérant que la Russie s’attaque à la sécurité de l’Union en violant régulièrement l’espace aérien de la Finlande, des États baltes et de l’Ukraine, ainsi qu’en raison des récentes réductions de l’approvisionnement de la Pologne en gaz, qui représente 45 % des exportations russes vers ce pays;

K.  considérant que le sommet de l’OTAN à Newport a réaffirmé que l’OTAN était aux côtés de l’Ukraine face à l’influence déstabilisatrice de la Russie, que l’organisation avait offert son soutien pour renforcer les forces armées ukrainiennes et qu’elle avait prié la Russie de retirer ses troupes d’Ukraine et de mettre fin à l’annexion illégale de la Crimée; considérant, selon ses propres déclarations, que l’OTAN continue d’aspirer à une relation de coopération constructive avec la Russie, notamment à l’établissement d’une confiance mutuelle, et que les voies de communication avec la Russie demeurent ouvertes;

Mais que fait l’OTAN, alliance militaire défensive, dans un pays non membre ? C’est pas l’ONU encore…

L.  considérant le crash du vol MH17 de Malaysia Airlines dans la région de Donetsk et la vive indignation que ce drame tragique a provoquée dans l’opinion publique internationale et européenne; que les Nations unies et l’Union européenne ont exigé la conduite d’une enquête internationale approfondie sur les circonstances de cette catastrophe; considérant l’obligation morale et juridique de traduire ses responsables en justice;

M considérant que Mykola Zelenec, consul honoraire de Lituanie à Lougansk, a été enlevé et brutalement tué par les rebelles;

1.  se félicite de la signature de l’accord de cessez-le-feu de Minsk et demande à toutes les parties de déployer tous les efforts possibles pour le mettre en œuvre intégralement et de bonne foi afin d’amorcer un véritable processus de paix, y compris le contrôle permanent et réel de la frontière ukrainienne sous la surveillance de l’OSCE, le retrait complet et inconditionnel des troupes, groupes armés illégaux, équipements militaires et mercenaires russes du territoire de l’Ukraine internationalement reconnu, ainsi que la libération des otages; déplore que l’accord de cessez-le-feu soit constamment violé, principalement par les troupes russes et les forces séparatistes, et que leur renforcement actuel se poursuive; souligne avec force qu’il devrait y avoir une solution politique à ce conflit;

2.  demande à toutes les parties de respecter le cessez-le-feu et de s’abstenir de toute action ou décision de nature à le compromettre; s’inquiète vivement toutefois du fait que le cessez-le-feu serve de prétexte aux troupes russes pour se regrouper afin de poursuivre leur offensive en vue d’établir un «corridor terrestre» vers la Crimée et, au-delà, vers la Transnistrie;

3.  condamne vivement la Fédération de Russie pour la «guerre hybride» non déclarée qu’elle mène contre l’Ukraine à l’aide de forces russes régulières et du soutien qu’elle apporte à des groupes armés illégaux; souligne que, ce faisant, les actions des dirigeants russes font peser une menace, non seulement sur l’unité et l’indépendance de l’Ukraine, mais également sur le continent européen dans son ensemble; demande à la Russie de retirer immédiatement l’ensemble de ses moyens militaires et de ses troupes du territoire ukrainien, d’interdire l’entrée de combattants et d’armes dans l’est de l’Ukraine et de cesser tout soutien direct ou indirect aux actions des forces séparatistes sur le sol ukrainien;

4.  rappelle son engagement envers l’indépendance, la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières de l’Ukraine ainsi que le droit de l’Ukraine à faire le choix de l’Europe; réaffirme que la communauté internationale ne reconnaîtra pas l’annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol ni les tentatives de création de quasi-républiques dans le Donbass; salue la décision de l’Union d’interdire les importations en provenance de Crimée qui ne sont pas munies d’un certificat d’origine délivré par les autorités ukrainiennes; condamne par ailleurs la délivrance de passeports russes aux citoyens ukrainiens en Crimée, les persécutions à l’encontre des Ukrainiens et des Tatars de Crimée, et les menaces des dirigeants autoproclamés à l’encontre des citoyens de Crimée qui ont indiqué leur souhait de voter lors des élections législatives prochaines;

Mais le problème c’est que le bout Est de l’Ukraine ne veut pas faire le choix “de l’Europe” = Organisation du Traité de Lisbonne… Et qu’ils en ont me semble t il le droit vu les conséquences dramatiques sur eux…

5.  souligne que l’OSCE joue un rôle essentiel dans la résolution de la crise ukrainienne du fait qu’elle possède l’expérience des conflits armés et des situations de crise et que la Fédération de Russie et l’Ukraine sont membres de cette organisation; invite les États membres, la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et la Commission à consentir tous les efforts possibles pour renforcer et étendre la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, tant au niveau du personnel expérimenté qu’au niveau de la logistique et du matériel; souligne la nécessité d’envoyer sans plus attendre les observateurs de l’OSCE le long de toutes les parties de la frontière entre l’Ukraine et la Russie actuellement sous le contrôle des séparatistes;

6.  souligne que le programme de réforme et d’association doit progresser parallèlement à la poursuite de la lutte pour l’intégrité territoriale et l’unité de l’Ukraine; réaffirme que ces deux objectifs sont intimement liés et en synergie l’un avec l’autre; souligne la nécessité d’un dialogue pacifique et d’une décentralisation garantissant que l’autorité sur l’ensemble du territoire reste entre les mains des autorités centrales, assurant ainsi l’unité de l’Ukraine; souligne la nécessité de rétablir la confiance entre les différentes communautés du pays et appelle à un processus de réconciliation durable; souligne, dans ce contexte, l’importance de la mise en place d’un dialogue national inclusif, évitant la propagande, les discours de haine et la rhétorique qui ne feraient qu’aggraver le conflit; affirme que ce dialogue doit associer les organisations de la société civile et les citoyens de toutes les régions et de toutes les minorités;

7.  salue la ratification simultanée de l’AA/ALEAC par le Parlement ukrainien et le Parlement européen; estime qu’il s’agit d’une étape importante qui montre l’engagement des deux parties en faveur de sa bonne mise en œuvre; prend acte du report possible de la mise en œuvre provisoire de l’ALEAC UE-Ukraine jusqu’au 31 décembre 2015, qui sera remplacée par la prolongation de mesures commerciales unilatérales représentant de facto une mise en œuvre asymétrique de l’accord; déplore les mesures extraordinaires et le niveau des pressions exercées par la Russie; déclare que l’accord ne peut pas et ne sera pas modifié et que l’Union européenne l’a indiqué très clairement par cette ratification; demande aux États membres de procéder rapidement à la ratification de l’AA/ALEAC avec l’Ukraine; prend acte des consultations en cours entre l’Ukraine, la Russie et l’Union européenne sur la mise en œuvre de l’AA/ALEAC avec l’Ukraine et espère qu’elles permettront de dissiper les malentendus;

8.  souligne que, dans l’attente de la mise en œuvre de l’AA/ALEAC, les mois prochains devraient être mis à profit pour s’attaquer à la transformation et à la modernisation indispensable du régime politique, de l’économie et de la société de l’Ukraine conformément au programme d’association; salue le programme de réformes annoncé par le président Porochenko, qui comporte des lois anti-corruption ainsi que des lois sur la décentralisation et l’amnistie; demande à la Commission et au SEAE d’élaborer de toute urgence un programme d’aide et d’assistance financière à l’Ukraine complet et ambitieux, notamment à destination des populations de l’est de l’Ukraine, afin de soutenir l’élaboration d’une solution politique et la réconciliation nationale;

9.  prend acte des lois relatives au statut spécial de certaines parties des régions de Donetsk et de Lougansk et à l’amnistie adoptées par le Parlement ukrainien le 16 septembre 2014, car il s’agit d’une contribution essentielle à la désescalade dans le cadre de la mise en œuvre du plan de paix du président ukrainien;

10.  soutient les mesures restrictives que l’Union a adoptées à l’encontre de la Russie cet été suite à l’agression continue de la Russie et prend acte de leur application le 12 septembre 2014; est d’avis que les sanctions doivent être définies de façon à ce que les sociétés liées au Kremlin ne puissent pas les contourner; demande à l’Union européenne de surveiller de près la coopération économique prenant la forme d’échanges d’actions ou d’entreprises communes;

11.  souligne le caractère réversible et évolutif des mesures restrictives prises par l’Union européenne, en fonction de la situation en Ukraine;

12.  demande aux États membres et au SEAE de définir des critères clairs qui, lorsqu’ils auront été respectés, permettraient de ne pas devoir adopter de nouvelles mesures restrictives à l’égard de la Russie, voire de mener à la levée des sanctions précédentes; estime que ces critères devraient comprendre le retrait intégral des troupes russes et des mercenaires du territoire ukrainien, l’arrêt de la fourniture d’armement et de matériel aux terroristes, le respect intégral du cessez-le-feu par la Russie, la mise en place d’un mécanisme international efficace de contrôle et de vérification du respect du cessez-le-feu ainsi que le retour du contrôle de l’Ukraine sur la totalité de son territoire; demande au Conseil et aux États membres de n’envisager la levée d’aucune sanction avant que ces conditions ne soient remplies et de se tenir prêts à imposer de nouvelles sanctions en réponse à toute action russe destinée à menacer l’accord de cessez-le-feu ou à provoquer de nouvelles tensions dans le pays;

13.  rappelle que les mesures de restriction que l’Union a imposées à la Fédération de Russie sont la conséquence directe de la violation du droit international que ce pays a commise en annexant illégalement la Crimée et en déstabilisant l’Ukraine, alors que les mesures commerciales que la Russie a prises, notamment à l’encontre de l’Ukraine et des autres pays du partenariat oriental qui ont récemment conclu des accords d’association avec l’Union européenne, ne se justifient aucunement; demande à l’Union européenne d’envisager l’exclusion de la Russie de la coopération nucléaire civile et du système Swift;

Je parle de ce point central après la fin de ce texte d’anthologie

14.  demande à la Commission de suivre attentivement les répercussions des sanctions russes dites de représailles et de prendre rapidement des mesures de soutien aux producteurs touchés par les restrictions commerciales russes; se félicite des mesures que le Conseil européen de l’agriculture a adoptées le 5 septembre 2014 et prie la Commission de réfléchir à la manière dont l’Union pourrait faire face plus efficacement à de semblables crises à l’avenir et de mettre tout en œuvre pour aider utilement et opportunément les producteurs européens affectés; déplore la suspension des mesures urgentes en faveur du marché des fruits et légumes périssables, mais condamne toute fraude aux aides; demande à la Commission de présenter au plus vite un nouveau programme;

15.  demande à la Commission de surveiller de près les marchés de l’agriculture, des denrées alimentaires, de la pêche et de l’aquaculture, d’informer le Conseil et le Parlement de toute évolution et d’évaluer l’incidence des mesures prises afin d’étendre éventuellement la liste des produits concernés et d’augmenter l’enveloppe de 125 millions d’EUR; invite instamment la Commission à ne pas se limiter aux mesures de marché mais à prendre également des mesures à moyen terme pour renforcer la présence de l’Union sur les marchés des pays tiers (par exemple via des activités promotionnelles);

16.  envisage la possibilité de s’appuyer sur d’autres fonds de l’Union que les fonds pour l’agriculture, puisque la crise est avant tout de nature politique et non le résultat d’une défaillance des marchés ou de conditions climatiques défavorables;

17.  souligne que la stabilité et le développement politiques et économiques à moyen et long termes de la Russie passent par la mise en place d’une véritable démocratie et que l’avenir des relations UE-Russie dépendra des efforts entrepris pour renforcer la démocratie, l’état de droit et le respect des droits fondamentaux en Russie;

18.  exprime sa satisfaction à la suite de la libération des otages détenus par les groupes armés illégaux dans l’est de l’Ukraine et réclame également celle des prisonniers ukrainiens détenus en Russie; cite tout particulièrement le cas de Nadejda Savtchenko, une volontaire ukrainienne qui a été capturée par les séparatistes en juin 2014, puis transférée en Russie où elle est maintenue en détention; souligne également le cas des cinéastes et des journalistes Oleg Sentsov, Oleskiy Chierny, Gennadiy Afanasiev et Aleksandr Kolchenko, capturés en Crimée;

19.  salue la volonté réaffirmée de l’OTAN d’accorder la priorité à la sécurité collective et de respecter l’article 5 du traité de Washington; se félicite des décisions adoptées lors du sommet de l’OTAN à Newport, visant à relever le niveau de sécurité des alliés à l’est et à mettre en place une force commune d’intervention très rapidement mobilisable, une présence militaire tournante permanente de l’OTAN et des infrastructures logistiques, ainsi que des actions visant à renforcer la capacité de l’Ukraine à assurer sa propre sécurité; prend acte du fait que les alliés de l’OTAN peuvent fournir à l’Ukraine, à titre bilatéral, les armes, la technologie et le savoir-faire nécessaires en matière de sécurité et de défense; tient toutefois vivement à souligner qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise ukrainienne;

20.  souligne l’importance d’une enquête indépendante, rapide et complète sur les causes de la destruction en vol de l’avion MH17 de la Malaysia Airlines, déléguée au Bureau néerlandais de la sécurité, et la nécessité de traduire en justice les responsables de ce crash; relève que le Bureau néerlandais de la sécurité a rendu son rapport préliminaire sur l’enquête relative au crash du MH17 le 9 septembre 2014; souligne que, sur la base des conclusions préliminaires, rien n’indique à ce stade qu’il y ait eu un quelconque problème technique ou opérationnel en rapport avec l’appareil ou l’équipage, et que les dégâts constatés dans la partie avant semblent indiquer que l’appareil a été touché par un grand nombre d’objets extérieurs dotés d’une grande énergie; déplore que les rebelles empêchent toujours les enquêteurs de se rendre sans encombre sur le lieu de l’accident et demande à toutes les parties de leur faciliter sans délai l’accès au site;

21.  est convaincu que la seule réponse viable de l’Union aux menaces de la Russie est de faire front ensemble et de parler d’une seule voix; est d’avis que l’Union doit reconsidérer ses relations avec la Russie, abandonner le concept de partenariat stratégique et adopter une nouvelle approche unifiée;

22.  fait part de ses vives inquiétudes face à la situation humanitaire catastrophique dans l’est de l’Ukraine, en particulier eu égard à l’hiver à venir; insiste sur l’urgence de fournir une aide humanitaire à la population vivant dans les zones de conflit, aux personnes déplacées et aux réfugiés; relaie le signal d’alarme que l’Organisation mondiale de la santé a lancé dernièrement à propos de la situation d’urgence sanitaire qui règne dans l’est de l’Ukraine, où les hôpitaux ne peuvent être pleinement opérationnels et font face à une pénurie de médicaments et de vaccins; salue la décision récente de la Commission de mobiliser 22 millions d’EUR en faveur de l’aide humanitaire et de l’aide au développement en Ukraine; appelle à une action urgente de plus grande envergure sous l’égide et la supervision de l’Union européenne afin de contribuer à aider les plus défavorisés, notamment au moyen d’un convoi d’aide humanitaire; rappelle que l’aide humanitaire à l’Ukraine doit être octroyée dans le plein respect du droit humanitaire international et des principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, en étroite coordination avec le gouvernement ukrainien, l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR); fait part de son plus profond respect à l’égard du travail humanitaire accompli par les groupes de citoyens ukrainiens dans l’est de l’Ukraine, notamment pour évacuer les enfants, donner des soins et acheminer de la nourriture;

23.  prie instamment la Commission de s’atteler à la préparation du troisième grand programme d’aide macrofinancière à l’Ukraine, ainsi que de jouer un rôle de premier plan dans l’organisation de la conférence des donateurs pour l’Ukraine, qui devrait avoir lieu avant la fin de l’année 2014 et réunir des organisations internationales, des établissements financiers d’envergure mondiale et des représentants de la société civile; souligne combien il est important que la communauté internationale s’engage à soutenir la stabilisation et les réformes économiques et politiques en Ukraine;

24.  salue les efforts constants déployés par les autorités ukrainiennes pour garantir le droit à l’éducation et en particulier pour veiller à ce que tous les enfants soient en mesure de réintégrer dès que possible les écoles touchées par le conflit; rappelle l’importance d’un appui psychosocial à tous les enfants qui ont été directement exposés à des événements violents;

25.  condamne fermement l’enlèvement illégal d’un agent estonien des renseignements depuis le territoire estonien vers la Russie et prie les autorités russes de libérer immédiatement M. Kohver et de permettre son retour en Estonie en toute sécurité;

26.  estime qu’il est extrêmement important de réduire la dépendance de l’Union vis-à-vis de la Russie et d’autres régimes autoritaires; demande, en outre, au Conseil européen d’octobre 2014 d’adopter un plan d’urgence ambitieux et global pour l’hiver à venir, en y incluant également les pays voisins tels que l’Ukraine;

27.  attire l’attention sur les récents témoignages, dignes de foi, de violations des droits de l’homme dans les zones de conflit, qui sont essentiellement le fait des troupes régulières russes et des séparatistes ; se rallie à l’appel lancé au gouvernement ukrainien pour qu’il mette en place un registre unique des signalements d’enlèvements, pour qu’il le tienne à jour et pour qu’il mène des enquêtes approfondies et impartiales sur tous les cas présumés d’usage excessif de la force, de mauvais traitements ou de torture;

28.  salue l’adoption par la Commission du quatrième rapport de suivi de la mise en œuvre par l’Ukraine du plan d’action pour la libéralisation du régime des visas ainsi que la décision du Conseil de passer à la deuxième phase de ce plan; insiste pour que le régime d’exemption de visas entre l’Union européenne et l’Ukraine soit finalisé rapidement, étant donné qu’il apportera une réponse concrète aux aspirations européennes des manifestants de la place Maïdan; réitère par ailleurs son appel à la mise en place immédiate de procédures de visas temporaires, très simples et peu onéreuses;

29.  demande la poursuite des pourparlers trilatéraux sur l’approvisionnement de l’Ukraine en gaz, suspendu depuis le mois de juin 2014, afin de trouver une solution pour qu’il soit rétabli; réaffirme la nécessité de garantir l’approvisionnement en gaz via un flux inversé de gaz depuis les États de l’Union qui sont voisins de l’Ukraine;

30.  invite l’Union européenne à considérer que les dispositifs de stockage du gaz, d’interconnexion et de flux inversé constituent des atouts stratégiques, et donc à réglementer la part des entreprises tierces actives dans ces secteurs vitaux; demande, en outre, aux États membres d’annuler les accords programmés avec la Russie dans le secteur énergétique, notamment le gazoduc South Stream;

Je rappelle que South Stream est un projet gazoduc reliant la Russie au Sud de l’Europe sans passer par l’Ukraine :

Donc n’importe quel enfant de 15 ans comprend que cela serait très utile à la sécurité énergétique de l’Europe pour ne plus dépendre d’un chantage ukrainien.

Or la Parlement demande d’annuler. Pourquoi ?

Réponse probable : car des entreprises comptent bien récupérer le réseau public de gaz ukrainien, que le FMI demande de privatiser. Et qui vaudrait bien moins si le projet aboutissait…

31.  souligne la nécessité de renforcer radicalement la sécurité et l’indépendance énergétiques de l’Union ainsi que sa résilience aux pressions extérieures via la consolidation des secteurs de l’énergie, le développement plus marqué de l’infrastructure énergétique dans les pays voisins de l’Union et le développement d’interconnexions énergétiques entre ces pays et l’Union, conformément aux objectifs de la Communauté de l’énergie, et de mettre en œuvre ces projets prioritaires d’intérêt commun de toute urgence afin de mettre en place un marché libre du gaz pleinement opérationnel en Europe;

32.  se félicite de la décision du gouvernement français de suspendre la livraison des porte-hélicoptères de type Mistral et demande à tous les États membres de suivre une ligne politique similaire en ce qui concerne les exportations non couvertes par les sanctions de l’Union, notamment pour les armes et le matériel à double usage; rappelle que ce marché, dans les circonstances actuelles, serait contraire au code de conduite de l’Union européenne sur les exportations d’armes et à la position commune de 2008 définissant des règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires; demande aux États membres de l’Union de se conformer pleinement à l’embargo sur le commerce d’armes et à l’interdiction d’exportation de biens à double usage à des destinataires militaires;

33.  salue la décision d’organiser des élections législatives anticipées en Ukraine le 26 octobre 2014 et attend du gouvernement qu’il garantisse des élections libres et équitables; invite l’Ukraine à instaurer la transparence dans le financement des partis et leurs campagnes politiques et à répondre intégralement à toutes les remarques citées dans les résultats et conclusions de la mission d’observation de l’OSCE/BIDDH pour les récentes élections présidentielles; invite tous les partis politiques actuellement représentés au Parlement ukrainien à participer aux élections et demande à l’ensemble des acteurs d’en respecter pleinement les résultats; espère qu’une forte majorité se dégagera pour les défis majeurs et les réformes indispensables à venir; exhorte les rebelles de l’est du pays à ne pas faire obstruction au processus électoral et à garantir le droit fondamental des habitants du Donbass à élire librement leurs représentants; est décidé à envoyer des observateurs électoraux afin de surveiller lesdites élections et demande une mission internationale substantielle d’observation des élections afin de surveiller le scrutin décisif qui aura lieu dans des conditions encore difficiles;

Des élections libres en période de guerre à l’Est ? Sérieusement ?

34.  souligne que la Russie a moins de raisons que jamais de critiquer l’accord UE-Ukraine ou de réagir en imposant des restrictions commerciales injustifiées et en procédant à une agression militaire; s’inquiète de ce que cette nouvelle évolution incite la Russie à durcir sa politique d’intimidation vis-à-vis de l’Ukraine et à tenter d’attirer ce pays dans sa sphère d’influence; craint un risque de contagion vers la Géorgie et la Moldavie;

35.  regrette que les dirigeants russes considèrent le partenariat oriental de l’Union comme une menace pesant sur leurs intérêts politiques et économiques; souligne que la Russie tirerait au contraire profit d’un accroissement des activités commerciales et économiques et qu’un voisinage stable et prévisible viendrait renforcer sa sécurité; déplore le fait que la Russie utilise les échanges commerciaux comme moyen de déstabilisation de la région en imposant plusieurs interdictions d’importation sur les produits en provenance d’Ukraine et de Moldavie, et, plus récemment, en renonçant aux zones de libre-échange de la Communauté des États indépendants avec l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie et en réinstaurant par la suite les droits accordés à la nation la plus favorisée (droits NPF) pour les produits en provenance de ces pays;

36.  réaffirme cependant que cet accord ne peut constituer un aboutissement dans les relations entre l’Union européenne et l’Ukraine; souligne en outre que conformément à l’article 49 du traité sur l’Union européenne, l’Ukraine – au même titre que n’importe quel autre État européen – a une perspective européenne et peut introduire une demande d’adhésion à l’Union européenne, à condition de faire siens les principes démocratiques et de respecter les libertés fondamentales, les droits de l’homme et les droits des minorités ainsi que l’état de droit;

Et les citoyens, ils ont le droit de voter par référendum pour refuser ce délire ?

37.  souligne que les relations de partenariat et de coopération avec la Russie devraient être rétablies lorsque la Russie démontrera qu’elle se conforme au droit international, concourra activement et sans ambiguïté à trouver une solution pacifique à la crise ukrainienne et respectera pleinement l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté de ce pays, ainsi que celles des autres pays du partenariat oriental et de ses voisins; invite la nouvelle haute représentante / vice-présidente à s’engager activement pour faciliter le dialogue entre l’Ukraine et la Russie, de même que celui entre l’Union et la Russie, et pour promouvoir des solutions pacifiques aux conflits; estime par ailleurs que la Commission devrait étudier les modalités de la coopération de l’Union avec l’Union économique eurasiatique;

Bah oui. Par exemple, quand la France bombarde la Syrie ou l’Irak sans mandat de l’ONU, c’est parfaitement conforme au Droit International… Euh, ah non ?

Sinon, pour la coopération, ils se rendent compte de ce qu’ils écrivent dans un tel document ? À moins que chaque paragraphe soit-il rédigé par une personne différente ?

38.  charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements des États membres, au président, au gouvernement et au Parlement ukrainiens, au Conseil de l’Europe, à l’OSCE ainsi qu’au président, au gouvernement et au Parlement de la Fédération de Russie.

Source : Parlement européen 

P.S. a propos du vote de cette résolution, on a dit tout et n’importe quoi, à partir du site VoteWatch. Mais encore faut-il savoir l’utiliser, pour se rendre compte qu’il donne le résultat des votes des amendements, mais pas de la résolution elle-même… Le vote final a eu lieu semble t-il à main levée, donc on ne sait pas qui a voté quoi (l’Europe, la Démocratie, tousatousa…).


Alors comme promis, un mot sur Swift.

C’est tout simplement le système reliant entre elles toutes les grandes organisations bancaires et financières mondiales.

Couper Swift en Russie, cela revient à couper tous les liens entre les banques russes et le reste du monde, interdisant donc aux banques de se refinancer à l’étranger et de traiter des devises étrangères. cela revient donc à transformer la Russie en Albanie.

Fait brutalement (et même si c’était fait pas brutalement, à mon avis), cela mettrait le système bancaire russe au tapis, et donc vaporisera une bonne partie de l’épargne des Russes et de ses entreprises.

Bien entendu, plus aucun commerce international n’est possible, et donc la Russie ferme immédiatement les vannes du gaz – vu qu’on ne peut plus le payer (et qu’elle n’aura d’ailleurs envie de nous le vendre)…

Bref, ce serait un acte d’agression sauvage, et c’est une menace délirante, de nature à justifier une attaque préventive russe si cette idée faisait son chemin…

Chapeau bas !

Plus d’informations :

Quel risque pour la Russie en cas de déconnexion du système SWIFT ?

Dans le cadre de l’expansion des sanctions liées à la crise ukrainienne, l’Angleterre a proposé de bloquer l’accès de la Russie au système bancaire international SWIFT. Cette proposition a peu de chances d’aboutir, mais si tel était le cas, la Russie s’empresserait de créer un système équivalent conjointement avec la Chine.

Le gouvernement britannique a officiellement annoncé que la Grande-Bretagne exhorterait l’Union européenne à bloquer l’accès de la Russie au réseau bancaire SWIFT dans le cadre de l’expansion des sanctions, informe l’agence Bloomberg.

Actuellement, le réseau SWIFT réunit plus de 10 000 organisations bancaires et financières dans 210 pays du monde, la Russie compte plus de 600 participants, dont la Banque de Russie.

En cas de déconnexion du système SWIFT, les banques russes ne pourront plus gérer leurs comptes de correspondance à l’étranger, les paiements en devises seront également affectés, car toutes les informations sont transmises par SWIFT.

« SWIFT est, essentiellement, un protocole d’interaction entre les banques. Si les codages communs sont interdits en Russie, le système bancaire russe pourrait rapidement plonger dans le chaos et connaître un effondrement partiel », explique Vassili Yakimkine, professeur adjoint de la faculté des finances et de la banque à l’Académie russe de l’économie nationale et analyste de FIBO Group.

Par ailleurs, les dirigeants occidentaux ne cherchent pas à bloquer tous les paiements en provenance et à destination de la Russie car, dans ce cas, ils ne pourront plus payer les ressources énergétiques et ne seront donc, pas livrés. « En outre, cela pourrait stimuler la création par la Russie et par la Chine (ce qui est encore plus dangereux pour l’Occident) de leur propre système de paiement pour les transactions financières entre les banques de différents pays », ajoute Vassili Yakimkine.

Principal risque

Anton Soroko, analyste de la holding d’investissement FINAM, explique que si cette restriction est finalement introduite, la Russie disposera probablement d’un certain délai pour s’adapter à la nouvelle situation.

« Au moins, quand l’Iran a été déconnecté de SWIFT, il en avait été informé à l’avance, pas comme pour l’arrêt récent de fourniture de services aux banques russes par Visa et Mastercard », explique Soroko. En mars 2014, les systèmes de paiement internationaux ont bloqué en un jour les opérations sur les cartes bancaires des banques frappées par les sanctions américaines, et les banques et les clients n’en avaient pas été avertis à l’avance.

L’analyste en chef d’UFS IC Ilya Balakirev explique que la décision de déconnecter la Russie du système SWIFT serait étrange, car l’Union européenne a souligné à plusieurs reprises qu’elle ne souhaitait pas restreindre les transactions privées. « Aujourd’hui, les opérations en devises sont quasiment impossibles sans l’utilisation de SWIFT. Ce protocole, de facto, est une norme », explique l’analyste.

Aussi, la « déconnexion » de la Russie de SWIFT signifie, en réalité, l’arrêt de toutes les opérations bancaires avec les banques étrangères, ainsi que des opérations en devises sur le marché intérieur. « Les entreprises exportatrices pourraient rencontrer des difficultés, de même que les entreprises importatrices. La Russie pourrait, de la même manière, interdire aux entreprises européennes d’utiliser ses pipelines sans interdire l’exportation du gaz », précise Balakirev.

Solutions alternatives

Les sanctions sous forme de déconnexion des banques d’un pays de SWIFT ont déjà été utilisées pour faire pression sur l’Iran. En février 2002, le comité bancaire du Sénat américain a approuvé à l’unanimité la loi visant à interdire à SWIFT de servir les banques iraniennes déjà frappées par les sanctions.

Par ailleurs, SWIFT, société enregistrée en Belgique, n’était pas d’accord avec cette décision. Pourtant, un mois plus tard, en mars 2012, la société a accepté les arguments des autorités américaines et a déconnecté les banques iraniennes. « Les États-Unis peuvent obliger les institutions financières internationales de choisir entre la poursuite de l’activité en Russie et le travail aux États-Unis en excluant la Russie du système en dollars », explique Vassili Yakimkine.

Toutefois, seule la Grande-Bretagne qui a annoncé l’éventuelle déconnexion de SWIFT, pas les États-Unis.

La Banque de Russie étudie déjà la création d’un équivalent de SWIFT en Russie. En août 2014, le vice-ministre des Finances, Alexeï Moïseïev, a déclaré que le ministère des Finances et la Banque centrale préparaient un projet de loi sur la création d’un équivalent de SWIFT en Russie.

Le vice-ministre a expliqué qu’il existait déjà des propositions : par exemple, la société russe CyberPlat a déjà développé des solutions similaires. La Banque centrale, elle, dispose de son propre système protégé d’échange de messages.

« Il est sans doute impossible de créer un équivalent complet de SWIFT, car cela nécessiterait la coopération des banques à travers le monde entier, ce qui paraît peu  probable », explique Ilya Balakirev.

Il estime que la solution pourrait consister à créer un centre de traitement SWIFT sur le territoire Russe, ce qui ne serait pas sans conséquences sur ses échanges internationaux.

Source : Rbth.com, 5/9/2014

SWIFT: la déconnexion de la Russie serait perçue comme une agression (VTB)

La déconnexion de la Russie du réseau mondial de communications interbancaires SWIFT serait évaluée comme une agression, et la riposte pourrait être très dure, a déclaré vendredi devant les journalistes à Moscou le président de la Vneshtorgbank (VTB, 2e banque russe) Andreï Kostine.

« Le secteur bancaire russe est stable », a-t-il déclaré.

Auparavant, le Parlement européen a invité les pays membres de l’UE à étudier la possibilité de bloquer l’accès de la Russie au système bancaire international SWIFT. Dans ce cas, les banques russes ne pourraient plus gérer leurs comptes de correspondance à l’étranger ni même effectuer des opérations en devises sur le marché intérieur.

Le réseau mondial SWIFT réunit plus de 10.000 institutions financières de 210 pays. Des mandats pour plus de 6.000 milliards de dollars transitent chaque jour par ce réseau qui assure le transfert de données financières relatives aux paiements.

Source : RIA, 19/9/2014

Expulser la Russie du réseau Swift

Les délégués présents à la conférence Sibos 2014 organisée par Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) à Boston à la fin de ce mois-ci souhaiteront savoir si la question des sanctions économiques contre la Russie est à l’ordre du jour.

Le fournisseur de services de messagerie financière a réagi avec colère à une récente résolution du Parlement européen (PE) appelant l’Union européenne (UE) à expulser la Russie du réseau Swift. Le projet de loi va maintenant être soumis à la Commission européenne (CE), où il aura besoin de la collaboration étroite des Etats membres agissant à l’unisson pour prendre effet.

Voici en réponse un extrait du communiqué publié par Swift : “En vertu des principes fondamentaux du droit européen, consacrés dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE, le fait de restreindre Swift de cette manière si disproportionnée interfère avec le droit fondamental de Swift à des affaires et avec son droit de propriété. Il constitue également un traitement discriminatoire et inégal”.

Mentionner explicitement Swift dans une résolution de ce type du Parlement européen sur une question internationale aussi sensible créé également d’immenses dégâts à la réputation de notre entreprise. Notre mission est d’être un fournisseur mondial et neutre au service de l’industrie financière. La fourniture de services de messagerie financière à des entités russes n’est pas affectée par les mesures actuellement en vigueur”.

Bloquer l’accès à la Russie au système SWIFT reviendrait quasiment de facto à couper la Russie du reste du monde puisque l’ensemble des transactions financières et commerciales de la planète passent par ce système ou presque.

La résolution du Parlement européen fait écho à une demande similaire par le Conseil européen (CE) à Swift en 2012, lorsque le CE a ordonné au réseau de déconnecter l’Iran dans le cadre d’une campagne visant à bloquer le programme nucléaire du pays. Bien que la position de Swift soit politiquement neutre, il a, à l’époque, respecté les souhaits du CE.

Une personne de premier plan dans le système bancaire russe a cependant indiqué qu’elle croit que le Parlement est en train de bluffer. S’exprimant cette année lors d’un forum international d’investissement, qui s’est tenue dans la ville russe de Sotchi, Andrei Kostin, PDG du Groupe VTB, deuxième banque de Russie, a déclaré le 19 septembre : “Je pense que cela ne va pas se produire. Je nomme ceci un acte d’agression direct contre le système financier de la Russie avec toutes les conséquences ultérieures possibles. Il s’agit d’une mesure très difficile.”

L’alarme de Swift a sans doute été renforcée par des rapports qui précisent que les autorités russes sont en discussion avec la Chine pour l’établissement d’un système alternatif de transaction interbancaire. La Russie a annoncé publiquement son intention de réduire la dépendance du marché financier russe envers SWIFT depuis l’instant où les Etats-Unis ont commencé le renforcement des sanctions économiques à l’encontre de la Russie.

Source : finyear.com

Moscou et Pékin songent au système de transactions financières commun

Par La Voix de la Russie | La Russie et la Chine sont en train de discuter de la possibilité de créer un analogue du système SWIFT pour les transactions entre les deux pays, a indiqué le vice-premier ministre Igor Chouvalov à l’issue des entretiens à Pékin avec des représentants des entreprises dans le cadre d’une réunion de la commission russo-chinoise sur les investissements.

M. Chouvalov a souligné que le côté chinois avait soutenu l’initiative et les services compétents sont actuellement en train d’étudier la possibilité de sa mise en œuvre.

L’idée de créer un analogue du système SWIFT est survenue après les menaces formulées par les pays de l’UE d’évincer la Russie du système mondial des paiements interbancaires en guise de sanctions suite aux événements en Ukraine. Ce n’est pas sûr que cette menace puisse véritablement être mise en œuvre, car l’interdépendance économique entre la Russie et l’UE est trop grande. Ainsi, la part du gaz russe sur le marché européen a augmenté de 25% à 33% depuis 2010. Et l’Europe sera toujours obligée de régler la facture à la Russie pour le gaz. Donc bloquer l’accès à ce système de paiements internationaux poserait beaucoup de problèmes.

Ces appels de déconnecter le Russie du système SWIFT resteront plutôt des déclarations politiques. Mais un verrouillage d’essai pourrait bien être mis en œuvre. Par exemple, le Royaume-Uni propose de déconnecter la Russie du système SWIFT pendant deux semaines. Il est peu probable que l’exclusion intégrale de la Russie de ce système, comme ce fut le cas pour l’Iran, soit possible.

Toutefois ces « menaces de sanctions » créent un sentiment d’incertitude chez les hommes d’affaires et les investisseurs. Ils sont inquiets d’investir des fonds, alors que de nouvelles limitations pourraient suivre, provoquant le gel de toutes les transactions pendant un certain temps. Pour éviter d’éventuelles restrictions, la Russie a proposé de créer son propre système de sauvegarde des paiements interbancaires, explique l’économiste en chef de Sberbank CIB Evgueni Gavrilenkov.

« Cette idée est logique et réaliste. Il est possible de créer un système indépendant, car la technologie SWIFT n’est pas unique. Tout le processus pourrait prendre environ deux ans. Une autre question c’est à quel point un tel système sera demandé par le marché. Car SWIFT est un système mondial que tout le monde utilise. Ce n’est pas sûr que les banques étrangères qui utilisent activement le système SWIFT, rejoignent ce nouveau système ».

Selon Evgeny Gavrilenkov, la viabilité de ce nouveau système dépend principalement du nombre de banques qui seront intéressées à s’en servir. Mais les banques chinoises ont déjà évoqué leur intérêt dans la création de ce nouveau système. Une alternative au SWIFT est une perspective alléchante pour la Chine, car elle permettra de réduire la dépendance de la volonté politique des pays occidentaux dans le domaine commercial. Et en perspective, l’idée serait d’abandonner progressivement l’utilisation du dollar et renforcer le rôle du yuan chinois dans les transactions internationales.

Une alternative aux systèmes de paiement pour les particuliers

Si l’alternative au système SWIFT est destinée à garantir les paiements interbancaires, il y aura aussi une alternative aux paiements des particuliers russes, sans passer par les systèmes de paiement occidentaux. Il s’agit d’élargir la présence du système de paiement chinois Union Pay sur le marché russe. Pour l’instant ce système de paiement joue un rôle plutôt marginal en Russie avec seulement plusieurs dizaines de cartes du système de paiement chinois émises en Russie. Cependant, au cours des trois ans à venir, le nombre de cartes de Union Pay émises en Russie devrait atteindre deux millions, selon le porte-parole du système chinois Fan Riguang.

Le vice-premier ministre russe Igor Chouvalov a déclaré que le système Union Pay est prêt à coopérer pleinement avec la Russie pour créer un système national des cartes de paiement. La partie chinoise va proposer de se servir de son infrastructure pour les paiements et en yuans et en roubles.

Le système de paiement chinois ne va certes pas évincer du marché russe les systèmes Visa et Master Card. Tout comme nous ne risquons pas abandonner les transactions par le biais de SWIFT du jour au lendemain. Mais les perspectives de ces systèmes alternatifs sur les marchés nationaux et internationaux sont assez prometteuses. Surtout que près de la moitié des échanges bilatéraux entre la Russie et la Chine, pourraient être effectuées en yuans et en rouble, comme l’a déclaré le vice-ministre des Finances, Alexeï Moïsseïev.

Les chefs des deux Etats ont déclaré en mai de cette année à Shanghai leur volonté d’augmenter la part des transactions en yuans et en roubles entre les deux pays. Selon le vice-ministre des Finances de Russie Alexeï Moïsseïev, dans un avenir proche, les parties vont préparer un accord intergouvernemental sur la transition vers les transactions en monnaies nationales.

Source : ruvr.ru, 11/9/2014

Source: http://www.les-crises.fr/deconnexion-swift-russie/


Analyse du référendum écossais

Wednesday 24 September 2014 at 03:22

Les résultats

Vous connaissez le résultat : 45 % Oui / 55 % Non :

ce qui reste un score très élevé, le Oui n’était donné qu’à 35 % en janvier 2014 et 28 % en janvier 2013…

 

Voici la carte des votes :

Il est intéressant de comparer avec le résultat des européennes 2014, sachant que Conservative = droite de droite (17 %), Labour = gauche de droite (26 %), Lib dem = centristes de droite (7 %), et SNP = indépendantistes écossais, plutôt de gauche pas trop de droite (29 %) :

L’analyse des votes

L’institut de sondage Lord Ashcroft a réalisé un gros sondage pour analyser les résultats. En voici la synthèse :

Le fait le plus marquant concerne le vote par âge :

(soit 51 % sur les 16-24 ans)

On observe donc clairement un vote positif en dessous de 55 ans, et (j’ai fait l’analyse à partir des pyramides des âges…), que le oui a gagné par 51 % sur la tranche 16-65 ans, la rupture se situant à 67 ans environ.

Bref, les plus âges ont emporté la décision contre tous les jeunes et les actifs – les privant de l’indépendance et de la rente (finissante) du pétrole !

On note aussi ce résultat sur les Catégories socio-professionnelles (SEG) :

Soit :

Il est aussi intéressant de noter que 880 000 non-Écossais (17 % de la population du pays, dont 500 000 Anglais) ont pu voter, et ont voté non à 63 % – il n’a manqué que 200 000 voix aux Écossais pour être indépendants… En revanche, les Écossais de la grande diaspora n’ont pu voter.

a

N.B. le graphe (sondage réalisé 2 semaines avant le vote donnant le oui en tête) ne montre pas les indécis.

Voici les points qui ont influencé les électeurs :

Le système public de soin (NHS), le rejet de Londres et la livre ont joué un rôle majeur. Voici les questions de principe des 2 bords :

Pouvoir décider de son avenir pour les tenants du OUI et la peur des risques pour ceux du NON ont été les points majeurs.

Voici l’étude complète :

Résultats détaillés sur le référendum écossais publié par les-crises

La réaction après le référendum du Premier Ministre écossais

Alex Salmond: les électeurs ont été «escroqués» par Londres

Le débat sur l’avenir de l’Écosse s’est transformé en amère guerre de mots, dimanche, le premier ministre écossais affirmant que ses compatriotes ont été «dupés» en rejetant l’indépendance, tandis que les trois principaux partis politiques britanniques se disputaient sur la façon de mettre en place les réformes politiques promises.

Le leader du mouvement indépendantiste écossais, le premier ministre démissionnaire Alex Salmond, a accusé les politiciens britanniques de revenir sur leurs promesses de donner plus de pouvoir aux Écossais dans le cadre d’un rare pacte multipartite qui, selon lui, a joué un rôle crucial dans le rejet de l’indépendance lors du référendum de jeudi.

M. Salmond a fait ces commentaires après que le premier ministre britannique, David Cameron, eut insisté pour que le projet de transfert de pouvoirs aux Écossais soit lié à des réformes constitutionnelles au Royaume-Uni, une position qui a mis en péril le fragile consensus politique et suscité des attaques de tous les côtés.

Quelques jours plus tôt, M. Cameron et ses rivaux politiques s’étaient unis pour adopter rapidement des lois visant à transférer certains pouvoirs à Édimbourg, la capitale écossaise. Les trois partis ont signé l’engagement, qui promettait aux Écossais de nouveaux pouvoirs en matière de taxation, de budget et de politiques sociales.

Depuis, M. Cameron a déclaré que ces changements devaient se faire «en tandem» avec des réformes à la Chambre des communes pour empêcher les Écossais d’avoir leur mot à dire sur les projets de loi qui ne concernent que l’Angleterre et le pays de Galles, un grief de longue date qui est récemment revenu sur le devant de la scène.

Il a aussi déclaré qu’il ne serait pas juste d’accorder des pouvoirs supplémentaires aux Écossais sans envisager des changements similaires dans le reste du Royaume-Uni – l’Angleterre, le pays de Galles et l’Irlande du Nord.

«Des millions de personnes dans le reste du Royaume-Uni ont entendu ces débats, observé la campagne et se demandent à juste titre: Qu’est-ce qui changera pour nous? Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir les mêmes pouvoirs et les mêmes droits que ceux des Écossais?», a écrit M. Cameron dans le «Mail on Sunday».

Les détracteurs soulignent que le fait de mettre toutes ces questions dans le même panier dilue la promesse commune des trois chefs de parti, et retardera inévitablement l’échéancier du transfert de pouvoirs à l’Écosse.

«Les gens qui ont voté Non parce qu’ils croyaient à ces engagements des leaders de Westminster – ce sont ces gens qui sont les plus en colère, les plus blessés et les plus déçus en Écosse aujourd’hui», a déclaré M. Salmond à la BBC. Le premier ministre a annoncé, au lendemain de l’échec de sa campagne référendaire, qu’il quitterait son poste en novembre.

Les trois partis britanniques assurent qu’ils respecteront leur promesse, même s’ils divergent clairement concernant la question des réformes constitutionnelles.

Le vice-premier ministre Nick Clegg, qui dirige le deuxième parti de la coalition au pouvoir, les Démocrates libéraux, a déclaré que la promesse faite aux Écossais ne pouvait être conditionnelle à d’autres réformes constitutionnelles. Dans le même sens, le chef de l’opposition travailliste, Ed Miliband, a affirmé qu’il ne pouvait y avoir «de peut-être et de mais» dans le transfert promis de pouvoirs aux Écossais.

Source : www.lapresse.ca

Les nationalistes écossais ne désarment pas

Malgré leur échec au référendum, les partisans de l’indépendance se mobilisent pour parvenir à leurs fins par d’autres moyens.

Ni Alex Salmond, le chef de file des nationalistes écossais démissionnaire, après son échec au référendum, ni Nicola Sturgeon, son adjointe et successeur potentiel, ne se sont rendus, dimanche, à la messe de réconciliation à la cathédrale Saint-Gilles d’Édimbourg, à laquelle participaient plusieurs figures du non et quelques représentants du oui. Loin de tourner la page, les nationalistes, eux, sont déjà repartis au combat.

S’ils ont perdu la bataille, les partisans de l’indépendance espèrent bien transformer l’échec d’hier en succès de demain. Ils entendent capitaliser sur le 1,6 million de voix en faveur de l’indépendance. En référence aux 45 % de oui exprimés jeudi, un hashtag «#the45», censé perpétrer l’optimisme de la campagne de Yes Scotland, a vu le jour sur Twitter. Le Scottish National Party (SNP) se targue d’avoir enregistré 10.000 adhésions depuis le lendemain du référendum, ce qui représente un bond d’un tiers de ses supporteurs. De bon augure pour consolider son ancrage de principale force politique en Écosse.

Une fois le choc de sa démission passé, Alex Salmond a retrouvé sa combativité légendaire. S’il avait reconnu le verdict des urnes dès l’aube du résultat, vendredi, il n’enterre pas sa lutte pour l’indépendance. Avait-il assuré avant le scrutin qu’il n’y aurait pas de nouveau référendum «avant une génération»? Il s’empresse de préciser que cela n’engageait que lui, au moment même où il s’apprête à passer la main. Il reproche à ses concitoyens les plus âgés d’avoir privé les jeunes de leur rêve d’indépendance: les moins de 55 ans ont voté oui en majorité. Selon lui, l’évolution démographique finira donc logiquement par inverser le rapport de forces. Et d’expliquer que si un référendum est «la meilleure voie» pour obtenir l’indépendance, ce n’est pas la seule.

Quête d’une «indépendance de fait»

Le SNP a plusieurs cartes en main. Dans un premier temps, le parti au pouvoir à Édimbourg va maintenir la pression pour que Londres remplisse ses engagements de décentralisation promis juste avant le scrutin. Après leur union sacrée de circonstance, les partis conservateur et travailliste sont déjà entrés dans une guéguerre sur la question qui pourrait faire dérailler le processus. Ce qui renforcerait de fait la légitimité des nationalistes pour représenter la déception des Écossais qui se sentiraient floués. Le SNP espère ensuite gagner une majorité des circonscriptions écossaises à la Chambre des communes lors des élections législatives de mai 2015, en taillant des croupières aux travaillistes. Il croit enfin être en mesure de consolider sa domination au Parlement d’Édimbourg lors des élections régionales en Écosse l’année suivante. Majoritaire à Édimbourg, en position de force à Westminster, une fois obtenus les pouvoirs supplémentaires revendiqués, «vous arrivez à une situation d’indépendance de fait», résume Salmond. «Alors, potentiellement, vous déclarez votre indépendance», conclut-il. À croire que la consultation démocratique de la semaine dernière n’aurait servi que de répétition générale.

Source : Le Figaro

Épilogue

Pour le moment, le couperet est passé très près, comme le résume cet amusant dessin :

Mais pour beaucoup d’Écossais, les choses n’en resteront effectivement pas là – et il est fort possible que nous voyions dans quelques années une Écosse indépendante…

En attendant, cap sur la Catalogne avec un rendez-vous majeur le 9 novembre : vote (probablement positif) ou armée pour l’interdire !

P.S. lire aussi cette analyse de Philippe Grasset : L’Écosse tentée par le “modèle écossais”

Source: http://www.les-crises.fr/analyse-du-referendum-ecossais/


[Reprise] L’Écosse tentée par le “modèle écossais”, par Philippe Grasset

Wednesday 24 September 2014 at 02:45

Si vous ne l’avez pas encore fait, lisez d’abord ce billet analysant les résultats du référendum écossais

23 septembre 2014 – Effectivement, il est assez surprenant de voir un parti qui a lancé une initiative d’une importance telle pour lui qu’elle forme l’essentiel de son programme et de son existence, recevoir, au lendemain de l’échec de cette initiative, de nouvelles adhésions aussi massives que celles qu’enregistre le Scottish National Party (SNP). Dans les 72 heures qui ont suivi le vote négatif sur l’indépendance, le SNP a reçu 11 000 nouvelles adhésions (voir Strategic-Culture.org, le 22 septembre 2014). Lundi soir, le SNP pouvait annoncer qu’il était sur le point de devenir le troisième parti du Royaume-Uni, – puisque Royaume-Uni toujours il y a pour l’Écosse, – avec ses 18 000 nouvelles adhésions depuis le jour du référendum. Présentant la nouvelle le 23 septembre 2014, le Guardian écrivait :

«As evidence emerged of the extent of the Labour no campaign’s referendum defeat in Glasgow, the SNP announced on Monday that its membership had jumped by 70% in four days. More than 18,000 people joined the party since Thursday, lifting its overall membership to a record level of 43,644. Peter Murrell, the party’s chief executive, tweeted that this put the SNP on course to overtake the Lib Dems’ total membership to make the SNP the UK’s third largest party, outstripping the UK Independence party’s 35,000 figure on the way.»

… Curieuse façon de saluer une défaite, ou bien alors ce n’est pas tant la défaite qu’on croit, et peut-être que le SNP et ses nouveaux adhérents, ceux qui ont afflué et ceux qui continuent à affluer sont-ils tourné vers autre chose, vers quelque chose qui est à venir … Un nouveau référendum, par exemple, ou bien l’indépendance unilatéralement déclarée, purement et simplement ? C’est ce qu’Alex Salmond, président démissionnaire du SNP, déclare sans ambages. Lui qui disait la semaine dernière qu’il n’y a un tel référendum qu’une fois par génération (“une fois tous les vingt ans”) déclare maintenant qu’un nouveau référendum pourrait très vite survenir, voire une déclaration unilatérale d’indépendance de l’Écosse. “Il y a toujours des facteurs qui modifient les circonstances”, dit-il pour justifier son changement d’avis.

The Independent du 22 septembre 2014 rapporte le changement d’avis et les nouvelles prévisions du président démissionnaire du SNP. L’un des arguments conjoncturels principaux de Salmond est l’énorme majorité de moins de 55 ans qui ont voté pour l’indépendance, le gros des votes contre étant le fait des plus de 55 ans. La dynamique est claire à cet égard.

«The Scottish First Minister, who has said he is standing down after voters failed to back independence last week, said a referendum was the “best route” to statehood, but added that there were others. He said if the Scottish Parliament was given more powers until “you have a situation where you’re independent in all but name … “then presumably, you declare yourself to be independent”. “Many countries have proceeded through that route,” he said in an interview with Sky News’ Murnaghan programme.

»Mr Salmond has previously said that he would accept the referendum result and that it was a “once in a generation” event. However, he said on Sunday that “there are always things can change circumstances”, saying if the UK voted to leave the European Union then Scotland or if the main UK parties failed to honour a pledge to devolve more power to Edinburgh then having another vote would be justified.

»Mr Salmond also said that demographics would see support for independence rising in the coming years. “I mean when you have a situation where the majority of a country up to the age of 55 is already voting for independence then I think the writing’s on the wall for Westminster,” he said. “I think the destination is pretty certain, we are only now debating the timescale and the method.” “I think Scots of my generation and above should really be looking at themselves in the mirror and wonder if we by majority, as a result of our decision, have actually impeded progress for the next generation which is something no generation should do.”»

D’une certaine façon, on émettrait le paradoxe que le refus de l’indépendance qu’on attendait comme un couperet qui enterrerait les velléités écossaises pour longtemps, s’est transformé, à cause de circonstances diverses dont on parlera plus loin, en une sorte de sursis vers une issue (l’indépendance), qu’il s’est même transmuté brutalement en une perspective inévitable. On complèterait ce paradoxe par un autre, plus opérationnel : avec le référendum, tout ce qui a précédé, son exécution, etc., l’Écosse a établi une sorte de “modèle” (“modèle écossais”) pour les nombreuses régions, entités, etc., qui cherchent à acquérir leur indépendance (voir le 22 septembre 2014) ; le paradoxe auquel nous faisons allusion est que l’Écosse elle-même, l’Écosse post-référendum, en vient à s’appuyer sur son propre modèle, sur le “modèle écossais” dont elle découvre qu’il l’a dépassée dans ses actes et ses perspectives politiques, pour tracer de nouveaux plans vers ce qui lui paraît désormais être inéluctable. Étrange inversion vertueuse : alors qu’une victoire rendait les perspectives de l’indépendance écossaise acquise bien difficiles sinon émolientes pour le rythme politique, la défaite suscite au contraire la perspective d’une indépendance qui se fera coûte que coûte, même au prix d’événements dangereux, déstabilisateurs, radicaux, – et, dans ce cas, une telle indépendance à peine hypothétique aurait nombre d’aspects bien plus radicaux que celle qui serait sortie d’un 18 septembre victorieux.

Venons-en donc à l’élargissement du dossier puisque celui-ci s’avère bien plus lourd que prévu. En effet, comme nous l’avions déjà signalé, le “cas écossais”, en fait méritant bien son label de “crise écossaise”, s’est considérablement élargi pour devenir un cas fondamental intéressant directement le Système. Du coup, la marche vers l’indépendance, déjà perçue comme telle, s’installe définitivement dans la logique antiSystème. Pour accompagner cet élargissement, on citera deux commentaires qui placent la crise écossaise sous deux lumières complètement opposées, pour en faire pourtant un foyer antiSystème actif, et justifier autant d’un côté que de l’autre l’hostilité du Système qui s’est révélée extraordinaire, sinon hystérique dans les derniers jours avant le référendum … C’était comme si, – et l’on reviendra là-dessus, également, – comme si, brusquement, sans que personne ne l’ait voulu ainsi ni n’ait rien prévu à cet égard, la crise écossaise acquerrait sa véritable valeur et sa réelle signification de foyer antiSystème au cœur du bloc BAO. [NdR : Bloc Americano-Occidental]

• Le 18 septembre 2014, sur Russia Today, le journaliste britannique Neil Clark trace un historique des trente-cinq dernières années (depuis l’arrivée au pouvoir de Thatcher) de l’histoire de l’Écosse par rapport au pouvoir central de Londres. Dans cette perspective, la lutte pour l’indépendance, après l’épisode intermédiaire de la dévolution, devient une lutte contre le néolibéralisme thatchérien, le fameux TINA (There Is No Alternativep), qui est une des première manifestations du Système dans sa phase ultime d’affirmation à visage découvert. Selon cette logique, l’Écosse est décrite comme une entité fondamentalement liée à une vision socialiste fondée sur la solidarité de la collectivité sociale, opposée à l’individualisme déstructurant du Système…

«There was a big swing towards Thatcher’s Conservatives in London and the South East of England in the 1979 general election, but in Scotland, Labour actually increased their number of seats and their share of the Scottish vote. While voters in other parts of Britain were tempted by aspects of Thatcher’s program, the Scots never were. That shouldn’t surprise us.

»Socialism has a long and proud history in Scotland. James Keir Hardie, the first Independent Labour member of Parliament in the 1890s, was a Scot. Many of Britain’s leading and most high-profile socialists have been Scots, think not only of Keir Hardie, but trade union leaders Mick McGahey and Jimmy Knapp, and politicians/activists James Maxton, John Maclean, Tommy Sheridan, and George Galloway. Think too of the legendary and truly inspirational football manager Bill Shankly, the man who made Liverpool Football Club into such a major force. “The socialism I believe in is everyone working for each other, everyone having a share of the rewards. It’s the way I see football, it’s the way I see life,” Shankly declared.

»cottish socialism was forged in Scotland’s industrial towns, cities, and mining communities – a collectivist ideology that put people before profits and whose adherents preached solidarity and working-class resistance. Throughout the period of Conservative hegemony from 1979-97, the Scots made it clear what they thought of the Tories and their neoliberal economic policies which had led to the destruction of Scotland’s industrial base and mass unemployment. The Conservatives’ unpopularity plummeted even further when they introduced their hated Poll Tax in Scotland, before other parts of the country. In the 1987 general election, the number of Conservative seats in Scotland fell from 21 to 10. By 1997, this had been reduced to 0.

»Scottish left-wing voters hoped and expected that when Labour eventually returned to power in Westminster, they would make a clean break with neoliberalism and go back to the more collectivist policies of the 1945-79 period. They expected that Labour would support industry and put manufacturing before the interests of the bankers and speculators in the City of London. They were to be cruelly disappointed. The New Labour government of Tony Blair, which was elected in 1997, merely offered more of the same neoliberal policies. If that wasn’t bad enough, the Blairites’ foreign policy was more aggressive and hawkish than even the Conservatives. The Labour betrayal of everything it had ever stood for was complete when Tony Blair took Britain into a neocon war in 2003 against Iraq alongside a hard-right Republican US President – a war sold to the public with fraudulent claims about Iraq possessing weapons of mass destruction. This came after Blair had already taken Britain into two other wars – the 1999 ’humanitarian’ bombing of Yugoslavia, and the 2001 invasion of Afghanistan.

»As Scotland‘s disenchantment with the pro-war, neoliberal Westminster elite grew, so did support for independence. In March 1979, two months before the advent of Thatcherism, the Scots voted in a referendum on devolution. Only 32.9 percent of the electorate voted ‘Yes.’ In 1997, however, the Scots voted overwhelmingly for devolution, with 63.5 percent voting for the new Scottish Parliament to have tax-raising powers…»

• D’un autre côté, d’un tout autre côté puisqu’il s ‘agit de l’antithèse extrême du socialisme, Ryan McMaken, de l’institut Ludwig von Mises (par l’intermédiaire de ZetoHedge.com du 22 septembre 2014), attaque la mobilisation du Système contre l’indépendance écossaise. Cette fois, il s’agit d’une critique violente du centralisme, de l’interventionnisme au nom d’une vision complètement libérale de l’économie, – le libéralisme orthodoxe et sans la moindre interférence mettant en accusation son faux-double qu’est le néolibéralisme où la puissance publique vient en aide aux puissances privées, souvent en position monopolistique, au profit desquelles se développe le marché. (Dans ce cas, le thatchérisme, qui était plus haut mis en accusation au nom de son néolibéralisme, l’est ici au nom de son interventionnisme, – c’est-à-dire de son “socialisme néolibéral”.) Le résultat est pourtant, à partir d’une vision si opposée, complètement similaire : l’Écosse est défendue contre l’attaque des puissances d’argent monopolistiques du Système, du centralisme londonien et des diverses organisations du bloc BAO, notamment de l’entité européenne qui est bien entendu de tous les mauvais coups avec ses tendances régulatrices (du socialisme autoritaire, pratiquement du communisme en faveur du néolibéralisme !) que dénonce le libéralisme orthodoxe, tout cela au profit des banques et du corporate poower qui reçoivent l’appui inconditionnel et fort soumis des pouvoirs publics.

«Global elite institutions and individuals including Goldman Sachs, Alan Greenspan, David Cameron and several major banks pulled out all the stops to sow fear about independence as much as possible. Global bankers vowed to punish Scotland, declaring they would move out of Scotland if independence were declared. According to one report : “A Deutsche Bank report compared it to the decision to return to the gold standard in the 1920s, and said it might spark a rerun of the Great Depression, at least north of the border.” When it comes to predictions of economic doom, it doesn’t get much more hysterical than that. Except that it does. David Cameron nearly burst into tears begging the Scots not to vote for independence.

»The elite onslaught against secession employed at least two strategies. The first involved threats and “for your own good” lectures. Things will “not work out well” for Scotland in case of secession, intoned Robert Zoellick of the World Bank. John McCain implied that Scottish independence would be good for terrorists. The second strategy involved pleading and begging, which, of course, betrayed how truly fearful the West’s ruling class is of secession. In addition to Cameron’s histrionics based on nostalgia and maudlin appeals to not break “this family apart,” Cameron attempted (apparently successfully) to bribe the Scottish voters with numerous promises of more money, more autonomy, and more power within the UK.

»The threats that focused on the future of the Scottish monetary system are particularly telling. The very last thing that governments in London, Brussels, or Washington, DC want to see is an established Western country secede from a monetary system and join another in an orderly fashion. Political secession is bad enough, and is a thorn in the side of the EU which clearly hopes to establish itself someday as a perpetual union with no escape option. A successful withdrawal from a major global currency, even if to join the EMU later, would imply that countries have monetary options other than being absorbed wholesale (and permanently) by the EMU… [...]

»…As predicted by Martin Van Creveld and a host of other observers of trends in state legitimacy, the state’s status as the central fact in the political order of the world continues to decline with smaller national groups and economic regions breaking up the old order in favor of both local autonomy and international alliances. The Scottish secession effort is simply one of many recent examples. The short-term defeat of the referendum will do little to alter this trend.

»In addition, the economic realities of the modern world with constantly-moving capital and labor will continue to undermine the modern nation-state which has been largely built on the idea of economic nationalism and the myth that national economic self-sufficiency can be obtained…»

Inventer la “révolution postmoderniste”

Le 16 septembre 2014, nous avions publié un Faits & Commentaires sur le thème de “comment devenir une crise” à propos de l’Écosse, ou “comment l’Écosse est devenue une crise”. D’une part, nous écrivions ceci, à propos de la responsabilité de la transmutation de la question écossaise en crise écossaise :

«Comme d’habitude, dans cette affaire c’est le Système qui a créé lui-même le problème qui l’embarrasse. Comme d’habitude, ce sont l’incurie et l’irresponsabilité des relais du Système, en l’occurrence des partis-Système (les tories dans ce cas), qui ont conduit à l’opérationnalisation de la question de l’indépendance écossaise. Comme d’habitude, la certitude de la surpuissance mise en œuvre par le Système, tout comme cette certitude de pouvoir tenir les indépendantistes à distance grâce aux moyens du système de la communication et à la pseudo autorité/légitimité du centre londonien, ont motivé le risque pris qui est apparu comme mineur et aisément “gérable”. Comme d’habitude, ce ne fut pas le cas (pas “gérable”). Comme d’habitude, c’est le Système lui-même qui a déterré la hache de guerre, – une de plus, – qui allait créer un front antiSystème de plus.»

D’autre part, nous avancions clairement l’idée que la crise était promise à durer, notamment et peut-être encore plus sûrement, en cas de victoire du “non”. C’était impliquer que l’affaire écossaise était devenue une crise écossaise qui dépassait évidemment la seule question du référendum du 18 septembre et de son résultat, et même dépassant la seule question de l’indépendance de l’Ecosse. Sur la question du développement de la crise en cas de victoire du “non”, nous écrivions ceci :

«La première question de commentaire qui vient sous la plume est celle du retentissement du vote écossais. En d’autres termes, et en écartant le cas du “oui” dont les effets sont évidents, la question devient de savoir si, en cas de victoire du “non”, le dossier ainsi ouvert sera simplement clos, et la crise terminée ? Notre réponse tendrait à être négative, d’abord parce que des remous sont à prévoir en Ecosse et en Angleterre même, ensuite parce que cette affaire écossaise est devenue “crise” non pas à cause du seul sort de l’Écosse, mais à cause de tout ce que le sort de l’Écosse a révélé à cette occasion. La question de l’indépendance écossaise est devenue une “crise”, et la crise s’est constituée en dépassant la question de l’indépendance écossaise pour ranimer ou électriser toutes les tensions sous-jacentes des forces centrifuges, de dévolution, etc. Nous ne sommes même pas assurés du tout, et même au contraire, de ce qu’un vote négatif réglerait, même temporairement, le problème de l’indépendance écossaise en Écosse même, et dans la situation interne du Royaume-Uni. (Sans parler de l’évidence qu’un vote positif ferait automatiquement monter la crise vers son contexte international, avec des effets immédiats de grande tension dans nombre de pays.)

»Finalement, ce qu’a révélé la question écossaise et qui a fait qu’elle est devenue une crise, c’est l’existence d’une ligne de tension de plus affectant les activités du Système. Cette ligne de tension était connue en théorie, comme le sont toutes les lignes de tension créées par le Système, – et le Système ne peut créer rien d’autre que des lignes de tension, – mais l’“opérationnalisation” écossaise l’a faite sortir du plan théorique, justement, pour l’activer opérationnellement. C’est donc une nouvelle chaîne crisique qui est mise à jour, et l’on comprend alors que le phénomène dépasse évidemment l’Écosse, et même le résultat du vote de jeudi, – même si l’Écosse, quoi qu’il en soit du résultat de jeudi, doit rester à la place d’honneur…»

Ces supputations sont aujourd’hui largement substantivées par diverses situations évidentes. Les promesses faites à l’Écosse pour que le “non” l’emporte sont l’objet de tensions très fortes au sein des partis nationaux, particulièrement chez les tories, et aussi entre les partis nationaux avec en plus le joker menaçant de la montée du parti nationaliste UKIP. Ces promesses, qui donnent des avantages considérables à l’Écosse, sont difficilement supportées par les représentants de l’Angleterre, sans même considérer que d’autres entités du Royaume-Uni, comme le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, pourraient demander des avantages équivalents. On voit alors très mal comment les promesses faites pourraient être tenues sans provoquer des crises graves au sein de la direction politique britannique en général, et à l’inverse comment une révolte écossaise n’aurait pas lieu, jusqu’à une proclamation unilatérale d’indépendance, si ces promesses ne sont pas tenues. Or, le débat de réalisation de ces promesses est attendu pour immédiatement après les élections de 2015 et l’on peut dire, à cet égard, que la campagne a déjà commencé, y compris la campagne pour un nouveau référendum ou pour une déclaration unilatérale d’indépendance dans la période commençant après la fin du printemps 2015 (élections générales au Royaume-Uni, au plus tard en mai 2015).

La situation sera alors considérablement plus tendue, si l’on considère les premiers signes dans ce sens. Le formidable afflux d’adhérents au NRP, qui fait d’un parti “régional” indépendantiste (ou “national écossais”) le troisième parti “national”/UK en nombre d’adhérents, implique une mobilisation considérable. Cette mobilisation reflète la situation du vote indépendantiste telle que l’a définie Salmond. Les plus jeunes, les plus combatifs, ont voté pour l’indépendance, et ce sont eux qui rejoignent le NRP, fournissant au parti indépendantiste une masse de manœuvre qui pourrait exiger elle-même des initiatives extrêmes selon les circonstances et les événements. En ce sens, il se pourrait bien que le NRP soit en train de commencer sa transformation en un parti de plus en plus activiste, – on n’irait pas jusqu’à dire “révolutionnaire” mais presque, – ou bien l’on dirait “révolutionnaire postmoderniste”, la formule restant à définir ou bien à se constituer d’elle-même au gré des événements. Et, dans ce cas, l’orientation du NRP est moins purement indépendantiste, qu’indépendantiste dans un esprit d’antagonisme vis-à-vis des élites-Système londoniennes (politique, sociétales, financières, de communication) qui se sont mobilisées jusqu’à l’hystérie contre l’indépendance dans les derniers jours de la campagne du 18 septembre. L’on voit alors le schéma opérationnel qui se dessine : la dynamique pour l’indépendance dans cette deuxième phase devient majoritairement une lutte antiSystème, le Système étant fort justement représenté par le centre londonien ayant réussi à embrigader la partie la plus conservatrice par l’âge et les situations acquises en Écosse. Il y a là tous les éléments pour pousser à la constitution d’un foyer de révolte au cœur même du Royaume-Uni, pays central du bloc BAO. Dans ce cas, l’on comprend combien deux tendances si viscéralement opposées, – les tendances socialistes traditionnelles de l’Écosse et les tendances orthodoxes libérales antiétatistes se retrouvent, sans s’entendre sur rien par ailleurs, pour constituer un front de soutien de l’Écosse indépendantiste, contre le Système dans sa composante londonienne, identifiée comme une sorte de “socialisme néolibéral”, – c’est-à-dire la puissance publique mise au service des forces monopolistiques privées constituées à l’intérieur du Système, – formule-Système par excellence.

Ainsi la question écossaise, qu’on osait à peine qualifier de crise écossaise avant le scrutin, devient-elle une véritable crise au cœur du Royaume-Uni. Le “modèle écossais”, lui, est en train de se structurer formidablement, d’acquérir une psychologie collective de “modèle” à forte potentialité de contestation antiSystème, avec des potentialités de véritable révolte dont l’opérationnalité reste à définir pour notre époque postmoderniste, mais qui pourrait créer ces nouvelles conditions. En ce sens, l’on pourrait dire que le “modèle” pourrait bien avoir dépassé son créateur pour devenir une référence vers laquelle ce même créateur devrait se tourner à son tour pour développer une capacité de puissance de révolte. Là-dessus, on ne manquera pas d’ajouter les événements à prévoir entretemps, comme l’évolution de la situation en Catalogne au mois de novembre, qui ne peuvent que renforcer dans le sens de la contestation le “modèle écossais” tel qu’on le représente ici.

C’est par conséquent bien un nouveau modèle de crise qui se développe, au cœur même du bloc BAO. Il devient possible, à ce point, d’envisager l’hypothèse que le “modèle écossais“ est en train de devenir la référence fondamentale d’un germe de révolte de type postmoderniste, c’est-à-dire de déstructuration et de dissolution, à l’intérieur du bloc BAO. Il va de soi que, dans les conditions qu’on décrit, les principes qui sont si précieux en temps normal, dans les temps où le monstrueux Système ne fait pas trop peser sur la marche des choses ses pressions elles-mêmes déstructurantes et dissolvantes, ces principes n’ont plus guère de valeurs imposées et se trouvent dans une situation de redéfinition complète et bouleversante. On pense évidemment à la souveraineté nationale, qui se trouve mise à mal par des poussées telles que celle du “modèle écossais” ; la réponse à apporter à cette remarque est assez simple et tient dans le seul constat que ce principe de la souveraineté qu’on craint de mettre à mal, se trouve lui-même dans un état de dissolution accélérée dans le cadre d’un Système où la puissance publique (garante en principe de la souveraineté) n’est plus qu’un appendice des puissances privées liées au Système, avec comme seule tâche de rassembler les richesses venues des populations, pour les redistribuer vers ces puissances privées du système (système financier notamment). De ce point de vue, le “modèle écossais”, dans son développement en cours et à venir, aura très certainement la vertu de nous exposer la situation telle qu’elle est devenue, — comme le roi, la “vérité de situation” mise à nue.

Bien entendu, dans cette sorte de prospective dynamique qu’on envisage, la question européenne, – eurosceptique ou pas, Londres plus ou moins européen, que ferait une Écosse indépendante vis-à-vis de l’UE, – devient complètement académique. Quand on parle d’un brandon incandescent comme le “modèle écossais” dans sa fonction antiSystème, on comprend que ce “modèle”, qui est un danger mortel pour Londres en tant que l’un des centres du Système, est aussi bien un danger mortel pour l’UE, pour sa centralisation de type “socialiste néolibéral”, pour sa pression totalitaire exercée sur le domaine qui lui est confiée. On comprend que l’on parle de la possibilité d’événements complètement inédits, éventuellement brutaux, – d’une “brutalité postmoderne” à inventer, – qui pourraient constituer l’une des clefs que l’on cherche depuis des décennies, depuis la fin du communisme, depuis que la révolution classique ne peut plus être faite… Dans ce cas, la courageuse Écosse aurait bien mérité de l’antiSystème.

Source : DeDefensa, 23/09/2014

 

Source: http://www.les-crises.fr/l-ecosse-tentee-par-le-modele-ecossais-par-philippe-grasset/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 24 September 2014 at 00:35

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : Olivier Delamarche sur BFM Business :

Olivier Delamarche VS Marc Riez: La croissance chinoise ralentit en août, dans Intégrale Placements – 22/09 1/2

Olivier Delamarche VS Marc Riez: Dans quel type d’entreprise investir en Bourse ?, dans Intégrale Placements – 22/09 2/2

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Chine, une injection de liquidité sans intérêt – 17/09

Philippe Béchade VS Philippe de Cholet: La Chine injecterait des liquidités dans son système bancaire, dans Intégrale Placements – 17/09 1/2

Première partie

Philippe Béchade VS Philippe de Cholet: Excès de liquidités: quel effet pour les entreprises ?, dans Intégrale Placements – 17/09 2/2

Deuxième partie

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir VS Cyrille Collet: Relance de l’Europe: les mesures de la BCE sont-elles efficaces ?, dans Intégrale Placements – 23/09 1/2

Jacques Sapir VS Cyrille Collet: Bourse: Dans quel pays faut-il investir ? – 23/09 2/2


 

 

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Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade/