les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Grèce : les créanciers sont-ils réalistes ?, par Romaric Godin

Friday 19 June 2015 at 00:40

Grecs et créanciers jugent la partie d'en face "irréaliste"

Grecs et créanciers jugent la partie d’en face “irréaliste”

Grecs et créanciers se renvoient au visage des accusations d’irréalisme. Qu’en est-il réellement ? Tentative de réponses.

Alors que, plus que jamais, les discussions entre la Grèce et ses créanciers semblent gelées, les deux parties se renvoient des accusations de manques de réalisme. Du côté grec, Alexis Tsipras, le premier ministre, affirme refuser des exigences « irrationnelles » des créanciers. De l’autre côté, on appelle en permanence les Grecs à « revenir sur terre. » Samedi 13 juin, le premier ministre belge, Charles Michel, a ainsi proclamé que « la récréation est finie » pour les Grecs. Mais de quel côté est le « réalisme » ? Pour y répondre, il faut reprendre les éléments point par point.

Le programme du gouvernement

Les créanciers ont jugé dès les premiers jours qui ont suivi l’élection du 25 janvier que le programme du parti arrivé en tête était « irréaliste. » Or, le nouveau gouvernement grec a pris en compte cette objection, trop du reste au goût de beaucoup, et fait énormément de concessions. Le gouvernement grec a accepté d’abandonner toute revendication concernant l’annulation d’une partie de la dette publique. Il a accepté de ne relever que progressivement le salaire minimum, contrairement à ses engagements. Il a même accepté une hausse modérée de la charge de la TVA. Il s’est engagé à modifier le droit du travail dans le cadre des accords avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’OCDE. Il a même renoncé à assumer une vraie politique économique en s’engageant, dans l’accord du 20 février, à ne prendre « aucune mesure budgétaire unilatérale. » Bref, la position actuelle du gouvernement grec est une position « défensive », c’est celle des « lignes rouges. » Alexis Tsipras ne cherche réellement plus à imposer un programme, mais il veut défendre des acquis menacés par les créanciers. Il est donc difficile de l’accuser de ne pas avoir effectué l’aggiornamento de son programme.

La politique budgétaire

La position grecque a été de dénoncer comme « irréaliste » l’objectif d’un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,5 % du PIB réclamé par le mémorandum de 2012 pour 2015. Après avoir longtemps hésité et avoir réclamé, par la voix de Wolfgang Schäuble, l’application stricte du programme, les créanciers ont convenu de ce qui apparaît aujourd’hui comme une évidence. A l’époque, la demande grecque était celle d’un excédent primaire de 1,5 % du PIB, position longtemps rejetée encore par les créanciers. La situation économique se dégradant davantage, l’objectif grec est devenu impossible à atteindre et finalement, les créanciers ont proposé un excédent de 1 % du PIB. Les Grecs ont alors jugé que cet objectif était trop ambitieux et ont proposé 0,6 %. Devant l’inflexibilité de la partie adverse, le gouvernement grec a alors relevé son objectif jusqu’au 1 % du PIB exigé. Il n’est pas certain que cet objectif soit réellement « réaliste », mais du moins, là encore, il y a eu une adaptation de la partie grecque à la réalité et au rapport de force avec les créanciers. Impossible ici de parler « d’irréalisme. »

La situation économique

Le blocage des négociations a fortement perturbé l’économie grecque. Mais rappelons que la dégradation a débuté dès le mois de septembre dernier, lorsque le précédent gouvernement d’Antonis Samaras avait décidé de « sortir du programme », ce qui avait inquiété les agents économiques. La dégradation de la situation a encore été aggravée par les décisions de la BCE d’interdire de facto le 4 février aux banques grecques l’accès à la procédure normale de refinancement et d’exclure la Grèce du programme de rachat de titres publics (« QE »). Enfin, les rumeurs de « Grexit » ou de « Graccident » soigneusement entretenues par les interviews d’un Wolfgang Schäuble, par exemple, ont été déterminantes pour accélérer les retraits de dépôts qui à leur tour favorisent la thésaurisation, la fuite des capitaux et l’incapacité des banques à prêter. Le gouvernement grec doit-il alors céder aux exigences des créanciers afin de « soulager » l’économie ?

Il est vrai qu’un accord aurait un effet très positif immédiat sur l’économie grecque. Mais une fois ce « rattrapage » passé, les effets des mesures d’austérité imposées par les créanciers pèseraient lourd sur une population déjà accablée par cinq longues années de mesures d’économies. Surtout, encore une fois, au-delà des effets « macro-économiques », ce serait les plus fragiles qui seraient les plus touchés : les séniors qui vivent de petites retraites (deux tiers des retraités grecs ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté), les chômeurs qui bénéficient des transferts intrafamiliaux portés par les retraites ou encore les travailleurs pauvres contraints de devoir payer le relèvement de la TVA sur les produits de base, notamment l’énergie et les médicaments. Bref, le réalisme est, ici, une notion relative qui doit aussi prendre en compte la réalité sociale du pays.

D’autant qu’il convient aussi de penser à la capacité à moyen et long terme de l’économie grecque. Or, « l’ajustement » depuis 2010 a détruit une grande partie de cette capacité. La Grèce est dans une situation équivalente à un après-guerre. Elle a clairement besoin d’un programme d’investissement pour reconstruire son économie. C’est ce que demandait le programme économique de Syriza présenté à Thessalonique en septembre. C’est aussi ce que refusent absolument les Européens qui, dans ce domaine, manquent cruellement de « réalisme. »

L’austérité

Le FMI a publié en 2013 un rapport convenant de ses erreurs lors de la définition des programmes imposés à la Grèce. Il vient de publier un autre rapport de recherche montrant que l’augmentation des inégalités nuit à la croissance. Or, le FMI réclame à la Grèce des mesures qui ne prennent aucunement compte de ces éléments de recherche. Du côté des Européens, on reste enfermé dans une logique simple qui veut que la croissance ne puisse être issue que des « réformes » et de la consolidation budgétaire. Ce discours s’appuie sur la comparaison de la Grèce, petite économie relativement fermée et peu industrialisée, avec l’Irlande, qui a toujours été un pays très exportateur et très industrialisé, ou l’Espagne, économie fort différente aussi de la Grèce. Tout ceci manque singulièrement de réalisme et relève davantage du mythe. Le gouvernement grec qui, rappelons-le, a beaucoup cédé à ce mythe, refuse de revenir à la logique des erreurs de 2010 et 2012. Est-ce là de l’irréalisme ? Rappelons que même le gouvernement précédent refusait les mesures de la troïka par réalisme. Lors de son discours à la Vouli, Alexis Tsipras a, du reste, mis au défi les membres de l’opposition d’affirmer leur soutien au plan des créanciers.

Les retraites

Dans ce cadre, le problème des retraites est central. Il est la pierre d’achoppement principal entre les deux parties. Les créanciers soulignent le poids des dépenses de retraites (16,7 % du PIB) et le caractère insoutenable du système. Deux points réalistes, en effet. Mais soulignons d’emblée, en retour, que peu de système de retraites sont réellement soutenables en Europe compte tenu de la situation démographique du vieux continent. L’Allemagne est loin d’être épargnée de ce point de vue puisque les « Cinq sages économiques » avaient proposé le report de l’âge légal de la retraite à 69 ans outre-Rhin en 2013 et que la chancelière Angela Merkel a préféré ouvrir une possibilité de départ à 63 ans pour ceux qui ont cotisé 45 ans. Rappelons aussi que le report de cet âge légal de départ en Allemagne ne sera fixé à 67 ans qu’en 2030…

Pour la Grèce, cependant, la situation est plus sérieuse compte tenu de l’absence d’accès au marché du pays. Mais la stratégie des créanciers est-elle réaliste ? En baissant les pensions et en repoussant l’âge légal de départ à la retraite, on affaiblira le pouvoir d’achat et on exercera une pression sur l’emploi. La croissance en sera nettement amoindrie, ce qui rendra le poids du système de retraite encore plus insoutenable. Si les retraites pèsent lourd en rapport du PIB, la mesure préférée des créanciers, c’est d’abord parce que le PIB s’est effondré d’un quart en 6 ans. Faut-il poursuivre dans cette voie ?

Du reste, le caractère insoutenable de ce système des retraites s’explique aussi par les erreurs des créanciers. Le fonds de retraite grec a perdu 8 milliards d’euros dans l’annulation de la dette de 2012, alors que, rappelons-le, les dettes privées détenues par la BCE, soit 27 milliards d’euros, ont été épargnées. Bref, les retraités ont payé pour que la BCE ne paie pas. Est-il réaliste aujourd’hui de leur demander un nouvel « effort » ? La solution passerait plutôt par une redynamisation rapide de l’économie qui permettrait de favoriser les recettes de l’Etat, de baisser le chômage et de permettre aux Grecs de demeurer en Grèce, ce qui est une des clés du maintien du système de retraite. Le gouvernement a toujours souligné qu’il refusait toute modification du système de retraites dans les conditions actuelles, pas dans l’absolu. Là encore, le réalisme n’est pas du côté des créanciers.

La dette

Aucun économiste sérieux ne prétend aujourd’hui que la dette publique grecque s’élevant à 179 % du PIB pourra être remboursée et soutenable pour l’économie hellénique. La Grèce devrait, pour cela, à la fois retrouver un accès au marché et dégager jusqu’en 2054, date du dernier remboursement, des excédents budgétaires primaires très élevés qui sont autant de ponction sur l’activité économique. Le plan des créanciers et du gouvernement prévoient ainsi un excédent primaire entre 2017 et 2018 de 3,5 % du PIB. En alliant ce fait à l’incapacité de la zone euro et de l’UE à lancer un programme ambitieux d’investissement en Grèce, donc avec une croissance qui restera faible, le remboursement intégral est une gageure. Comme du reste elle l’est pour des pays comme le Portugal ou l’Irlande. Les créanciers le savaient bien puisqu’en 2012, ils s’étaient engagés à entamer des pourparlers de restructuration de la dette et qu’ils ont déjà pratiqué une telle restructuration en novembre 2012. Pourtant, les créanciers refusent de discuter de la dette avec le nouveau gouvernement grec et s’accroche à cette fiction que « tout doit être remboursé. » On est là dans l’irréalisme complet.

La question de la dette n’est pas une question lointaine comme certains le prétendent. Si les remboursements au FESF et aux Etats européens ont été reportés à 2023, la Grèce, sans accès au marché, doit rembourser dès cette année le FMI et la BCE pour, en tout, une vingtaine de milliards d’euros. Cet argent est versé, depuis août dernier, sans aide extérieure, avec ses propres excédents. Dire que la Grèce est un mauvais payeur et ne respecte pas les règles est donc non seulement faux, mais aussi injurieux pour une économie qui a sans doute davantage besoin de ces fonds que le FMI ou la BCE. Obliger la Grèce, dans sa situation, à verser 6,7 milliards d’euros à sa propre banque centrale, relève de l’irréalisme le plus total. C’est pourtant un point sur lequel la BCE ne transige pas et aucune restructuration n’est à ce jour envisagée.

La confiance

Les créanciers prétendent ne pas pouvoir avoir confiance dans le gouvernement grec et demande des garanties. Athènes a accepté, au prix de sacrifices que l’on a décrits plus haut, d’accorder de nombreuses garanties. Elles sont insuffisantes, prétendent les créanciers qui ne cessent de ramener l’actuel gouvernement aux erreurs du passé. Mais il est bien étrange de faire porter sur un gouvernement composé de partis n’ayant jamais gouverné depuis 1974 le poids des erreurs des gouvernements du passé. Mieux même, les créanciers ne se seraient sans doute pas montrés si durs avec un gouvernement Samaras qui, pourtant, était composés de ceux qui avaient placé la Grèce dans l’impasse financière. Cette attitude semble peu réaliste et purement idéologique. Elle a justifié pourtant le comportement des créanciers depuis les premiers jours du gouvernement grec et le rejet de tous les plans de réformes et de toutes les concessions d’Athènes. Par exemple, dimanche, les négociateurs grecs ont proposé de combler l’équivalent des baisses de retraites (1,8 milliard d’euros) par l’amélioration des recettes fiscales. Les premières mesures de ce type ont déjà permis de récupérer 500 millions d’euros. Mais Bruxelles a refusé net.

Le rapport de force

Le seul argument réaliste serait donc celui de la « loi du plus fort » : la petite Grèce ne saurait résister à la volonté, juste ou non, des 17 autres pays de la zone euro, du FMI, de l’ensemble de la presse économique du monde et des économistes reconnus. Elle doit, estime-t-on, cesser d’argumenter et capituler devant une force aussi formidable. C’est sans doute une position réaliste, mais qui pose bien des problèmes. D’abord, la zone euro deviendrait alors, comme le soulignait Alexis Tsipras dans sa tribune au Monde, une « zone euro à deux vitesses » avec ceux qui ordonnent et ceux qui obéissent. L’euro comme facteur de paix et de prospérité pourrait pâtir d’un tel ordre violent. Ensuite, c’est oublier que, avec sa dette immense, la Grèce dispose de l’arme du débiteur : celui du défaut. La raison entraîne toujours les créanciers à négocier avec leurs débiteurs insolvables. Ceux qui ont refusé l’accord argentin, par exemple, peuvent bien avoir raison en droit, ils ne seront jamais payés par Buenos Aires. La loi du plus fort n’est pas toujours aussi simple qu’on le croit…

Au final, la position des créanciers semblent fort peu réaliste. Elle s’appuie sur des objectifs contestables, sur une logique économique qui a échoué et sur des ambitions politiques que les formes officielles cachent bien difficilement.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 17 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-les-creanciers-sont-ils-realistes-par-romaric-godin/


Miscellanées du vendredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Hollande)

Friday 19 June 2015 at 00:22

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “Nos politiques n’ont pas de testicules” – 15/06

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): La situation grecque pourrait-elle se dégrader encore plus ? – 15/06

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Hausse des taux: quels impacts sur l’économie américaine ? – 15/06

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: la Grèce, paradis fiscal en cas de Grexit ? – 10/06

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): La hausse des taux obligataires va-t-elle se poursuivre ? – 10/06

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): “Les arguments utilisés contre la Grèce sont de très mauvaise foi” – 10/06

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir: “L’Eurogroupe va payer très cher le fait de ne pas avoir écouté le gouvernement grec”

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): La crainte d’un défaut grec plombe-t-elle les marchés ? – 16/06

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): Faut-il s’inquiéter d’une hausse des taux d’intérêt de la FED ? – 16/06

IV. Hollande

François Hollande hué par les spectateurs lors de son arrivée aux 24 Heures du Mans


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-vendredi-19-06-2015/


La dette grecque est illégale, illégitime et odieuse selon le rapport préliminaire du comité sur la dette

Thursday 18 June 2015 at 04:47

Traduit par Okéanos – une vieille connaissance :)

Les preuves présentées dans le rapport indiqueraient que la dette issue des plans d’austérité est une violation directe des droits fondamentaux de l’homme. Le comité serait arrivé à la conclusion que la Grèce ne devrait pas payer cette dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse.

E. Toussaint présentant un document du FMI qui prouve que le fonds savait que ses mesures augmenteraient la dette grecque.

E. Toussaint présentant un document du FMI qui prouve que le fonds savait que ses mesures augmenteraient la dette grecque.

Le comité sur la vérité sur la dette publique grecque présente aujourd’hui et demain ses premières conclusions. Le rapport sera officiellement publié demain vers 16h. Composé de 9 chapitres, le rapport conclut, sans vraiment beaucoup de surprise, que la dette grecque est en grande partie illégale, illégitime et odieuse.

Ce rapport préliminaire présente une cartographie des problèmes et des questions clés liées à la dette publique grecque, et fait état des violations juridiques associées; il retrace également les fondements juridiques sur lesquels peut se fonder la suspension unilatérale des paiements de la dette.

Les résultats sont présentés en neuf chapitres structurés comme suit (traduction du résumé publié en anglais ici) :

1. la dette avant la troïka

Ce chapitre revient sur les analyses de la croissance de la dette publique grecque depuis les années 1980.

Il conclut que l’augmentation de la dette n’est pas le résultat de dépenses publiques excessives, qui sont en fait restées inférieures aux dépenses publiques des autres pays de la zone euro, mais plutôt en raison des taux extrêmement élevés, des dépenses militaires excessives et injustifiées, de la perte de recettes fiscales due à des sorties illicites de capitaux, de la  recapitalisation  des banques privées, et des déséquilibres internationaux créés par les failles dans la conception de l’Union monétaire elle-même.

L’adoption de l’euro a conduit à une augmentation drastique de la dette privée en Grèce à laquelle les grandes banques privées européennes ainsi que les banques grecques ont été exposées. La crise bancaire a contribué à la crise de la dette souveraine grecque. Le gouvernement de George Papandreou a aidé à présenter les éléments d’une crise bancaire comme une crise de la dette souveraine en 2009 en mettant l’accent et en augmentant le déficit public et la dette.

2. Evolution de la dette publique grecque entre 2010 et 2015,

Ce chapitre conclut que le premier accord de prêt de 2010 a principalement visé le sauvetage des banques privées et a permis aux banques de réduire leur exposition aux obligations d’État grecques.

3. la dette publique grecque en 2015

Ce chapitre présente la nature controversée de la dette actuelle de la Grèce, les principales caractéristiques des prêts, qui sont analysés plus en profondeur dans le chapitre 8.

4. Mécanisme de la dette en Grèce

Ce chapitre révèle les mécanismes des accords qui ont été mis en œuvre depuis mai 2010. Ils ont créé une quantité importante de nouvelle dette, tout en générant des coûts abusifs ainsi que l’approfondissement de la crise.

Les mécanismes révèlent que la majorité des fonds empruntés ont été transférés directement aux institutions financières. Plutôt que de bénéficier à la Grèce, ils ont accéléré le processus de privatisation, par l’utilisation d’instruments financiers .

5. conditionnalités contre la durabilité

Ce chapitre présente comment les créanciers ont imposé des conditions intrusives attachés aux accords de prêt, ce qui a conduit directement à l’impossibilité économique et à l’insoutenabilité de la dette. Ces conditions, sur lesquelles les créanciers insistent encore, ont non seulement contribué à la baisse  du PIB, mais aussi à un emprunt public plus élevé, faisant la dette de la Grèce plus insoutenable encore, mais a également provoqué des changements dramatiques dans la société, et a provoqué une crise humanitaire.

La dette publique de la Grèce peut être considérée comme tout à fait insoutenable à l’heure actuelle.

6. Impact des “programmes de sauvetage” sur les droits de l’homme

Ce chapitre conclut que les mesures mises en œuvre dans le cadre des “plans de sauvetage” ont directement affecté les conditions de vie des personnes et ont violé les droits de l’homme, que la Grèce et ses partenaires sont tenus de respecter, de protéger et de promouvoir en vertu du droit national et international.

Les ajustements drastiques imposés à l’économie grecque et à la société dans son ensemble ont provoqué une détérioration rapide du niveau de vie, et restent incompatibles avec la justice sociale, la cohésion sociale, la démocratie et les droits humains.

7. les questions juridiques entourant les protocoles d’entente et de prêt

Ce chapitre soutient qu’il y a eu violation des droits de l’homme de la part de la Grèce elle-même et des prêteurs que sont les États membres de la zone euro, la Commission européenne, le Parlement Européen, la Banque Centrale et le Fonds monétaire International, qui ont imposé ces mesures à la Grèce.

Tous ces acteurs ont échoué à évaluer les violations des droits de l’homme comme un résultat des politiques qu’ils ont obligés de poursuivre, et ont aussi directement violé la Constitution grecque en dépouillant efficacement la Grèce de la plupart de ses droits souverains.

Les accords contiennent des clauses abusives, qui contraignent la Grèce à capituler sur des aspects importants de sa souveraineté. Ceci est imprimé dans le choix de la loi anglaise comme régissant le droit pour ces accords, ce qui a facilité le contournement de la Constitution grecque et les obligations internationales des droits de l’homme.

Il y a plusieurs indications qui montrent que les parties contractantes ont agi de mauvaise foi, ce qui rendent ces accords invalides.

8. évaluation des dettes illégitimes, odieuses, illégale et la non-viables

Ce chapitre fournit une évaluation de la dette publique grecque selon les définitions relatives à la dette odieuse, illégitime, illégale et non viable adoptées par le Comité.

Ce chapitre conclut que la dette publique grecque, en date de juin 2015 est insoutenable, puisque la Grèce est actuellement incapable de rembourser sa dette sans compromettre gravement sa capacité à remplir ses obligations de base des droits humains. En outre, pour chaque créancier, le rapport fournit des preuves de cas indicatifs de dettes illégales, illégitimes et odieuses.

Dette envers le FMI : Elle doit être considérée comme illégale puisque qu’elle a violé les propres statuts du FMI, et ses conditions enfreignaient la Constitution grecque, le droit international coutumier, et les traités auxquels la Grèce est partie. Elle est également illégitime, puisque les conditions incluses empiétaient sur les obligations en matière de droits de l’homme. Enfin, elle est odieuse puisque le FMI savait que les mesures imposées étaient antidémocratiques, inefficaces, et conduiraient à de graves violations des droits socio-économiques.

Dettes envers la  BCE: Elles doivent être considérées comme illégales car la BCE a sur-intensifié son mandat en imposant l’application des programmes d’ajustement macro-économiques (par exemple la déréglementation du marché du travail) par l’intermédiaire de sa participation à la Troïka. Les dettes envers la BCE sont également illégitimes et odieuses, puisque la principale raison d’être du programme était de servir les intérêts des institutions financières, permettant aux grandes banques privées européennes et grecques de se débarrasser de leurs obligations grecques.

9. les fondations juridiques pour la répudiation et la suspension de la dette souveraine grecque

Ce chapitre présente les options concernant l’annulation de la dette, et en particulier les conditions dans lesquelles un Etat souverain peut exercer le droit de répudiation ou la suspension du paiement de la dette en vertu du droit international.

Plusieurs arguments juridiques permettent à un Etat de répudier unilatéralement sa dette illégale, odieuse et illégitime. Dans le cas de la Grèce, un tel acte unilatéral peut être fondée sur les arguments suivants :

En ce qui concerne la dette insoutenable, chaque État est légalement en droit d’invoquer la nécessité dans des situations exceptionnelles afin de sauvegarder les intérêts essentiels menacés par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, l’Etat pourra être dispensé de l’accomplissement de ces obligations internationales qui augmentent le péril, comme cela est le cas avec les contrats de prêts en suspens.

Enfin, les Etats ont le droit de se déclarer unilatéralement insolvable quand le service de leur dette est insoutenable, dans ce cas, ils ne commettent aucun acte illicite et donc n’en portent pas la responsabilité.

La dignité des personnes vaut plus qu’une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable

Ayant achevé son enquête préliminaire, le Comité estime que la Grèce a été et est la victime d’une attaque préméditée et organisée par le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne, et la Commission Européenne. Cette mission violente, illégale et immorale était exclusivement destinée à transférer la dette privée sur le secteur public.

En mettant ce rapport préliminaire à la disposition des autorités grecques et du peuple grec, le Comité estime avoir rempli la première partie de sa mission telle que définie dans la décision du président du Parlement du 4 Avril 2015. La commission espère que le rapport sera un outil utile pour ceux qui veulent sortir de la logique destructrice de l’austérité et défendre ce qui est aujourd’hui mis en péril : les droits humains, la démocratie, la dignité des peuples, et l’avenir des générations futures.

Source : Okeanos, repris depuis Left.gr, pour Okeanews, le 17 juin 2015.

===========================================

Grèce : le rapport sur la dette est une arme utile pour Athènes

Le Comité sur la vérité concernant la dette publique grecque va remettre, ce jeudi 18 juin, son rapport préliminaire à la présidente du parlement hellénique. Un rapport qui soutient la position du gouvernement hellénique.

« Nous sommes parvenus à la conclusion que la Grèce ne doit pas payer sa dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse. » C’est la principale conclusion du rapport préliminaire du Comité pour la vérité sur la dette mis en place en avril 2015 par la présidente du parlement grec, Zoé Konstantopoulou. Ce rapport préliminaire (dont on trouvera ici un résumé en français) sera connu dans le détail ce jeudi 18 juin, mais le comité en a présenté dès mercredi les principales conclusions. Des conclusions particulièrement inquiétantes pour les créanciers.

La déconstruction du storytelling européen
Le Comité apporte en effet une déconstruction en règle du storytelling européen sur la Grèce depuis 2010. Rappelons rapidement ce dernier. Le pays a vécu jusqu’en 2009 dans une sorte d’indolence coupable jusqu’à ce que les marchés, censeurs justes et impitoyables, réveillent les Hellènes et les appellent à expier leurs fautes. Le FMI et les Européens sont alors venus au secours des Grecs avec bienveillance, en leur prêtant les sommes nécessaires à leur sauvetage, mais, évidemment, en leur imposant, pour leur propre bien, des « réformes » destinées à les protéger, à l’avenir, de telles crises. Le Comité a, mercredi, rejeté entièrement ce qui apparaît désormais comme un mythe.

Aussi a-t-il rappelé ces faits têtus qui, à eux seuls, réduisent à néant ce storytelling. Le niveau de dépenses publiques grecques est resté, durant toute la période, inférieur à la moyenne européenne. Les raisons de l’explosion de la dette résident ailleurs : jusqu’à l’entrée dans la zone euro, ce sont les taux d’intérêts élevés qui ont fait exploser principalement l’endettement qui avait été contracté par la Grèce pour ramener le niveau de protection sociale du pays à un niveau qui, in fine, est toujours resté en deçà de celui de l’Europe occidentale. Une fois dans la zone euro, la dette publique a été augmentée sous l’effet cette fois de taux anormalement bas et d’une perte de compétitivité brutale. Le Comité insiste aussi sur le niveau « injustifié » des dépenses militaires et l’importance de l’évasion fiscale qui a pesé sur les recettes. Point donc de Grecs paresseux vivant de la dépense publique et comptant sur l’argent « allemand » pour payer.

Surtout, le Comité rappelle que la crise grecque trouve aussi son origine dans l’explosion de l’endettement privé, alimenté par les banques grecques et étrangères dans le pays. Il souligne que le gouvernement de George Papandréou en 2009 s’est évertué “à présenter les éléments d’une crise bancaire en crise de la dette souveraine”. Le Comité confirme ainsi les doutes qui circulaient en Grèce depuis quelques années : ce gouvernement a volontairement intégré, avec la complicité d’Eurostat, des éléments qui ne devaient pas l’être dans le calcul du déficit public et de la dette pour 2009. Le but était d’alimenter le storytelling de la dépense excessive.

Les pressions de 2010 pour une solution imposée
Le Comité souligne ensuite combien le « sauvetage » de 2010 est empreint d’illégalités et de pressions. Il révèle ainsi que le FMI était entièrement conscient à la fois des conséquences sociales des mesures imposées à la Grèce et du caractère insoutenable des « aides » accordées à la Grèce. Ces deux éléments rendent les prêts du FMI à la fois illégaux (le FMI ne peut prêter à un pays qui n’a pas la capacité de rembourser) et illégitimes dans la mesure où les « droits humains » ont été violés par des mesures dont les conséquences sociales étaient clairement évaluées.

Le Comité insiste sur le fait que les Européens et le FMI ont, en 2010, tout fait pour empêcher le gouvernement grec de procéder à une restructuration de sa dette. Il met en avant l’intervention de la BCE qui, dès avril 2010, avait menacé, dans ce cas, de couper l’accès des banques grecques à la liquidité d’urgence, inaugurant ainsi une méthode utilisée encore en Irlande en novembre de la même année, puis à Chypre en mars 2013. En imposant de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes, les Européens ont alors permis aux banques détentrices de dette publique grecque de se désengager massivement, un désengagement encore facilité par les rachats de la BCE dans le cadre du programme SMP de la BCE. Cette méthode a clairement été imposée aux Grecs.

Dette illégale, illégitime et odieuse
Le Comité s’intéresse ensuite dans le détail aux prêts accordés à la Grèce et il estime qu’il y a, dans tous les cas, lieu de plaider leur caractère illégal, illégitime ou odieux. On l’a vu dans le cas du FMI, mais c’est également le cas des dettes détenues par la BCE qui, rappelons-le, sont les seules dettes privées émises avant 2012 à avoir échappé à la restructuration de mars 2012. Le Comité souligne que, dans tous les cas, les conditions imposées à la Grèce pour l’obtention des prêts posent de sérieux problèmes en raison de leur conditionnalité qui a réduit à néant la capacité d’action budgétaire de la Grèce tout en imposant des mesures ayant des conséquences économiques et sociales dramatiques qui, selon le Comité, enfreignent les “droits humains fondamentaux”. Dès lors, cette dette peut être considérée comme odieuse. Le Comité insiste aussi sur l’aspect non démocratique du mémorandum de 2012 qui contourne soigneusement la Constitution hellénique en relevant du droit anglais.

Bases suffisantes pour une annulation ou une suspension
Tous ces arguments permettent au Comité de considérer qu’il existe des bases suffisantes pour annuler unilatéralement une grande partie de la dette grecque ou en suspendre le remboursement. C’est une arme redoutable que le gouvernement grec a désormais à sa disposition. Certes, ce rapport n’engage en rien Alexis Tsipras, et le gouvernement grec se garde bien de le commenter. Mais, dans la partie d’échecs avec les créanciers, c’est un coup redoutable à sa disposition. Sans doute les créanciers n’accepteront-ils jamais les conclusions de ce comité, pas davantage du reste que sa légitimité. Mais en cas de rupture et de conflit ouvert, ce sera un élément décisif. La notion de dette odieuse est désormais bien établie en droit international et, si l’on peut estimer que les membres du comité étaient, au départ, favorables à la Grèce, il est impossible de leur contester leurs compétences juridiques et leur expérience dans ce domaine. Si donc le Comité s’avance autant, c’est que, très clairement, la Grèce a des chances de l’emporter devant un tribunal international, comme ce fut le cas, rappelons-le, de l’Islande qui, dans l’affaire Icesave, a obtenu gain de cause en 2013 contre le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

Arme contre le FMI
Pour le moment, il n’est peut-être pas temps pour Athènes d’utiliser cette arme. Mais elle rééquilibre à point nommé les rapports de force dans le bras de fer avec les créanciers. Surtout, elle va permettre à la Grèce d’utiliser des arguments concrets pour obtenir une restructuration de sa dette. Enfin, elle permet de relativiser les conséquences du défaut vis-à-vis du FMI. Si l’institution de Washington décide de lancer une procédure contre la Grèce en refusant de rééchelonner les échéances, Athènes pourra contester la dette elle-même et le Fonds sera alors dans une position délicate.

Le rapport du Comité n’est donc pas certainement une panacée. Mais c’est un élément nouveau essentiel dans la crise grecque.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 18/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/la-dette-grecque-est-illegale-illegitime-et-odieuse-selon-le-rapport-preliminaire-du-comite-sur-la-dette/


La Grèce en quête de vérité et de sécession

Thursday 18 June 2015 at 02:48

Trois paires de claques : la Grèce en route vers la sécession

Plus personne ne doute que le conflit ouvert entre la Grèce et la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI) arrive à son point de non-retour. Trois signes fortsen guise de paires de claques pas volées pour un sou montrent que la Grèce se prépare désormais à l’éventualité d’une sécession pure et simple :

« En 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. »

« Si certains perçoivent comme une faiblesse notre volonté sincère pour trouver une solution et les pas que nous avons fait pour couvrir les différends, qu’ils méditent ceci :

Nous ne sommes pas seulement chargés d’une longue histoire de luttes. Nous portons aussi sur nos épaules la dignité d’un peuple et l’espoir des peuples d’Europe. La charge est trop lourde pour être ignorée. Il ne s’agit pas d’une obsession idéologique. C’est une question de démocratie. Nous n’avons pas le droit d’enterrer la démocratie européenne sur le lieu de sa naissance ».

En face, eh bien en face, les signes de décomposition et de débandade commencent à sentir sérieusement mauvais : mise sur la touche du FMI, dissensions entre créanciers, différence d’appréciation très nette entre Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schaüble… Philippe Legrain, ancien membre “repenti” de ce sérail européen à relents crapuleux, a beau jeu de conclure :

« Le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers. »

Source : Le Blog du Yéti/Politis, le 16 juin 2015.


Dette grecque : préparez vos oreilles, les révélations vont faire mal !

Individu lambda qui en apprend de bien bonnes sur la dette grecque

Alors que l’hypothèse d’un défaut grec se précise et que la plus grande confusion règne dans le camp des créanciers (le FMI et les « Européens » sont divisés, ce qui n’est pas nouveau) des langues commencent à se délier. Quand tout cela sera fini, on peut s’attendre à quelques aveux croquignolets qui risquent de décoiffer jusqu’aux mieux permanentés de nos européistes. Pour les plus impatients, voici déjà un avant-goût :

  1. En mars dernier, un membre du FMI, le Brésilien Paolo Batista, déclarait sur une chaîne de télé grecque que la majeure partie de l’argent qui avait été prêté à Athènes l’avait été pour secourir des créanciers privés, en aucun cas pour aider le pays. « La Grèce a reçu des sommes énormes, mais cet argent a été principalement utilisé pour permettre le désengagement, par exemple, des banques françaises ou allemandes » affirme-t-il dans la vidéo ci-dessous :
  2. Plus récemment c’est Philippe Legrain qui confirme la chose. L’ancien conseiller économique de José Manuel Barroso était auditionné jeudi dernier par la « Commission pour la vérité sur la dette grecque », mise sur pieds par la présidente du Parlement hellène Zoé Konstantopoulou. Il y a affirmé ceci : « en 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette était déjà insoutenable »Pourtant, il était indispensable de prêter à la Grèce. Pour quelle raison ? Pour l’aider à sortir du marasme ? Pour le bien de son peuple ? Pour sauvegarder l’idéal européen ? Pas du tout ! Pour aider les banques françaises et allemandes, principales créancières d’Athènes et respectivement engagées à hauteur de 20 et 17,2 milliards d’euros, à retirer leurs billes sans une égratignure. Ce qui fut d’ailleurs grandement facilité par la Banque centrale européenne. En effet, Legrain révèle ceci : lorsque la BCE se décide, en 2010, à intervenir sur le marché secondaire et à y racheter de la dette souveraine dans le cadre du programme SMP (Securities Market Program), c’est pour partie aux banques françaises et allemandes détentrices d’obligations grecques qu’elle rachète des titres. A un bon prix d’ailleurs, toujours selon l’économiste. Ce qui non seulement permet à ces grandes banques de ne rien perdre mais qui leur permet aussi…. de gagner !
  3. Enfin, peut-être finira-t-on par se souvenir, comme on avait déjà tenté de l’expliquer ici, que l’argent ne se prête pas gratuitement. Ainsi, certains des créanciers de la Grèce ont réalisé des profits en lui faisant crédit. Et oui : ils ont empoché le montant des intérêts correspondant aux prêts consentis.

Mais tout cela n’est rien pour l’heure. Pas de quoi s’affoler. En tout cas, il y en a qui restent sereins. Terminons donc sur une note d’optimisme printanier et de candeur sucrée :

Source : L’Arène Nue, le 15 juin 2015.


Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso, au Parlement grec : « le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers »

Ce jeudi 11 juin s’est tenue au sein du Parlement grec la première audition de témoins organisée dans le cadre de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque. Celle-ci s’est tenue dans la foulée d’une réunion de travail entre les membres de la Commission, la présidente du Parlement et l’eurodéputée Eva Joly, qui s’est ponctuée d’une conférence de presse.

Ces auditions, qui ont pour but de recueillir les déclarations de plusieurs acteurs clés ayant assumé des postes à responsabilité sur la scène grecque et européenne, représentent pour la Commission, mais aussi pour le peuple grec qui a pu suivre cette audition en direct à la télévision, un outil supplémentaire pour comprendre comment la Grèce est devenue une « quasi colonie » des Institutions européennes et du FMI, selon les propres termes de Philippe Legrain, la première personne a être auditionnée. Monsieur Legrain a assumé de février 2011 à février 2014 la fonction de conseiller économique de José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne à cette époque.

Cette audition, menée par la Présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, et Éric Toussaint, coordinateur scientifique de la Commission, a tout d’abord été l’occasion pour M. Legrain de confirmer ce qu’il avait dit avec force dans l’excellent documentaire « Puissante et incontrôlée la Troïka » |1| : En 2010, les grands dirigeants européens (dont la Commission européenne) et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette Institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette est déjà insoutenable.

Selon ses statuts, le FMI ne pouvait pas prêter à un État dont la dette est déjà insoutenable.L’objectif du prêt de 2010 était de prêter au gouvernement grec pour qu’il rembourse immédiatement les banques françaises et allemandes qui étaient les principales créancières de la Grèce. Ce prêt n’a donc pas bénéficié au peuple grec mais aux banques privées. S’en est suivie une augmentation importante de la dette publique grecque et l’imposition de mesures d’austérité d’une violence inouïe.

M. Legrain a rappelé les chiffres de l’exposition des banques européennes à la dette grecque en se basant sur les chiffres officiels de la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi, en 2010 les banques françaises et allemandes étaient fortement exposées à la dette grecque puisqu’elles détenaient respectivement 20 et 17,2 milliards d’euros de titres. Une restructuration de la dette grecque à cette époque aurait donc entraîné des pertes que les grands dirigeants européens (français et allemands en tête) refusaient de faire subir à leurs « champions nationaux ». M. Legrain l’affirme clairement : les dirigeants d’Institutions tels que Jean-Claude Trichet, alors directeur de la BCE, ont clairement choisi de protéger les intérêts des banques de leur pays d’origine en s’opposant à toute restructuration de la dette grecque pourtant insoutenable. « Trichet a agi pour défendre les intérêts des banques françaises ».

M. Legrain va même plus loin. Non seulement le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques européennes de se dégager du « risque grec », mais la BCE les y a même aidés ! Il affirme en effet qu’en achetant à l’époque des titres grecs sur le marché secondaire, la BCE a permis aux grandes banques européennes de revendre leurs titres à bon prix |2|. Selon lui non seulement les grandes banques n’ont essuyé que peu de pertes mais certaines même ont réussi à dégager de beaux profits de cette opération.

Le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques de se dégager du « risque grec », et la BCE les y a aidés !L’audition a également été l’occasion d’inviter M. Legrain à commenter la restructuration de la dette grecque qui a finalement été réalisée en 2012. Éric Toussaint a ainsi exposé une série de faits reconstitués grâce au travail d’audit en cours. M. Toussaint a souligné qu’il s’agissait d’une restructuration discriminatoire qui a sacrifié d’un côté les petits porteurs grecs et, d’un autre, profité aux grandes banques européennes. Ainsi les fonds de pensiongrecs y ont perdu jusqu’à 60 % de leurs actifs entraînant des pertes pour plus de 15 000 petits porteurs !

S’appuyant sur un document secret du FMI, la Présidente du Parlement a ensuite abordé la question des responsabilités. Cette note, datant de 2010, annonçait déjà que la situation de la Grèce devrait s’empirer, prévoyant pour l’année 2013 un ratio dette/PIB de 150 %. Après avoir rappelé que le ratio actuel est de 180%, la Présidente posa la question suivante : « Tenant compte de cette estimation de 2010 pensez-vous que l’erreur est acceptable ? Pensez-vous qu’il y ait responsabilité des prêteurs ? » En guise de réponse, l’ancien conseiller de monsieur Barroso a exposé trois facteurs qui expliquent selon lui le comportement des grands dirigeants européens et du FMI :

  1. Toutes les projections relatives aux memoranda et à ses conséquences sur l’économie étaient erronées, car la base même de ces projections était erronée. Ils sont partis du principe d’une Grèce solvable alors que ce n’était pas le cas.
  2. Les dirigeants européens sont sujets à un aveuglement idéologique qui les invite à poursuivre une politique d’austérité dont l’inefficacité est pourtant prouvée par les faits chaque jour.
  3. Les responsables politiques n’ont pas de compte à rendre dans le système actuel, leurs choix et leurs actes ne prêtent donc pas à conséquence pour eux.

J’encourage le gouvernement grec à ne pas accepter les conditions des créanciersFort de cette analyse, M. Legrain n’a pas hésité à exposer les conclusions qu’il en tire : « J’encourage le gouvernement à ne pas accepter les conditions des créanciers en raison des souffrances économiques et de la colonisation politique déjà imposées au peuple grec ».

Après s’être engagé, à l’égard de la Présidente du Parlement grec et des membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque, à rester à la disposition de leur travail d’audit, M. Legrain a été remercié et a repris son avion pour Londres.

Les membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque ont quitté le Parlement pour poursuivre leur travail. Leur rapport préliminaire sera présenté les 17 et 18 juin prochain au Parlement grec en présence du Président de la République hellénique, de plusieurs ministres dont le chef du gouvernement Alexis Tsipras, de députés nationaux et étrangers, d’universitaires, d’économistes, de juristes et de membres de mouvements sociaux européens.

D’ici là, la Commission pour la Vérité sur la dette grecque aura encore l’occasion d’entendre monsieur Roumeliotis, ex-représentant de la Grèce au FMI, le 15 juin prochain.

Pour soutenir cette Commission : http://greekdebttruthcommission.org/

Source : Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, le 12 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-en-quete-de-verite-et-de-secession/


La Cour de Justice de l’UE valide le programme de rachats d’obligations de la BCE

Thursday 18 June 2015 at 02:00

Ca va plaire aux Allemands dans le contexte, là…

La réaction de Karlsruhe va être intéressante…

Au passage, ils me moquent du monde : si on interdit de financer les États sur le marché primaire, ce n’est pas pouvoir le faire sur le marché secondaire, sinon, ils n’ont qu’à trouver un prête nom qui prête sur le marché primaire, et revend la seconde suivante sur le secondaire… J’ai interdiction de prêter à Paul, mais je peux prêter tant que je veux à Pierre qui re-prête à Paul…

Un soulagement pour mario Draghi

Un soulagement pour mario Draghi

La CJUE a validé le programme OMT de 2012. Une bonne nouvelle pour Mario Draghi. Mais cela lui donnera-t-il l’envie de tenter le Grexit ?

La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a donné son feu vert définitif à la BCE concernant son programme de rachat « illimité » de la dette souveraine, appelé OMT.

Ce programme avait été lancé en septembre 2012 pour donner un contenu réel à la fameuse phrase de Mario Draghi prononcée à Londres le 17 juillet 2012 : «Nous ferons tout ce qu’il faut pour sauver l’euro et, croyez-moi, ce sera suffisant», le fameux «Whatever it takes !»

Cette phrase et l’OMT avaient permis de contenir la crise de la dette en zone euro. Les marchés, craignant cette intervention, puis la prenant pour une garantie implicite en cas de crise, avaient fini par racheter de la dette des pays périphériques.

La plainte allemande

Ce programme, assez flou dans ses contours, avait cependant fortement déplu aux Eurosceptiques allemands qui y voyaient un premier pas vers la constitution de leur cauchemar absolu : la création d’une « union des dettes. » Ils avaient porté l’affaire devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui avait jugé que la BCE avait outrepassé sous mandat, mais qui s’était déclarée incompétente en droit puisque le programme n’avait pas été appliqué en Allemagne. Elle avait alors transmis le dossier à la CJUE pour qu’elle décide. A la mi-janvier, le procureur de la CJUE avait estimé qu’il n’y avait pas d’atteinte aux traités, sous certaines conditions.

Blanc-Seing

Ce mardi 16 juin, la CJUE a donné un blanc-seing à la BCE en se montrant particulièrement bienveillante à l’égard de la BCE. La Cour a ainsi estimé que l’OMT relevait bien de l’exécution de la politique monétaire, donc de l’eurosystème, qu’il y avait peu de chance qu’il se transforme en financement indirect des Etats et qu’il ne violait pas le principe de proportionnalité. Voici donc Karlsruhe renvoyé dans ses cordes. La BCE a le feu vert pour utiliser un outil qu’elle n’a jamais utilisé. C’est une vraie victoire pour Mario Draghi. Un refus de la CJUE de valider l’OMT eût inquiété les marchés au moment même où les taux remontent en Europe. De plus, cette décision donne des assurances que les plaintes allemandes contre l’assouplissement quantitatif, le QE, seront également rejetées par la Cour.

Un Grexit plus facile ?

Cette décision annonce-t-elle que la sortie de la zone euro de la Grèce, le fameux Grexit, est « plus probable » comme l’annonce ce mardi le site Internet du magazine allemand Wirtschaftswoche ? Dans un sens, cela est vrai. L’OMT est un des « pare-feu » qui permettent aux partisans du Grexit de défendre l’option d’une « expulsion » de la zone euro de la Grèce. Mais l’OMT n’a jamais été utilisé et son application reste floue. La CJUE l’a soumise à quelques limites, du reste, il ne peut pas être utilisé trop largement pour ne pas distordre le marché ou pour donner aux investisseurs la certitude que leurs achats sur le marché primaire seront couverts sur le marché secondaire par l’OMT. L’OMT n’est donc pas si « illimité » qu’il n’y paraît. Une fois la « magie » de son effet psychologique effacée, il peut agir pour apaiser un feu de paille, mais il ne peut stopper un feu de forêt…

Le risque de contagion est bien réel

Une attaque contre les dettes de l’Espagne ou de l’Italie ne saurait être contenue par l’OMT. Quant au QE, on voit que son action n’empêche pas la remontée des taux. Sera-t-il plus efficace après un Grexit, alors que les marchés seront désormais en droit de se demander pourquoi la zone euro sauverait tel pays plutôt que tel autre ? Rappelons que les partis opposés à l’euro représentent pas loin de 40 % de l’électorat italien, que les Socialistes portugais, en tête dans les sondages, demandent une renégociation de la dette publique, que le PSOE et Podemos en Espagne font de même et que le Sinn Fein irlandais, encore plus eurosceptique, est en tête des sondages. Tout ceci dans des pays où la dette est immense et dépasse 100 % du PIB. Et dans un contexte de croissance encore convalescente, notamment en Italie et au Portugal. Déjà, le marché commence à jouer la contagion. Car aucun OMT ni aucun QE ne pourra sauver ce qui aura été perdu avec le Grexit : la fin de l’irréversibilité de l’euro. Une possibilité qui sera désormais ouverte comme une épée de Damoclès permanente sur la monnaie unique.

Le problème de Karlsruhe

Si la BCE a recours à des rachats encore plus importants, les « faucons » ne manqueront pas de faire la grimace et de trouver bien coûteux en risque inflationniste le sauvetage de l’euro. Surtout, la décision de l’OMT laisse ouverte la question du comportement de la Cour de Karlsruhe. Cette dernière a ouvertement jugé que l’OMT était contraire à l’ordre constitutionnel allemand. Mis en pratique, il peut décider de bloquer sur le territoire allemand sa mise en œuvre, autrement dit, demander à la Bundesbank de ne pas participer à l’OMT. Ceci poserait des problèmes considérables d’unité de l’Eurosystème. En théorie, la décision de la CJUE s’impose à Karlsruhe. Mais les juges en rouge accepteront-ils leur défaite ? Rien n’est moins sûr. En cas de Grexit, la BCE jouera donc une partie risquée en lançant l’OMT comme un défi à Karlsruhe. Pas certain donc que la BCE, seule institution à pouvoir provoquer le Grexit, ose se lancer dans une telle aventure…

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 16 juin 2015.

========================================================

Pour les juges européens, la BCE a le droit de racheter les dettes publiques de la zone euro

L’explosion de la zone euro est renvoyée à plus tard : la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sise à Luxembourg a confirmé, ce matin, que la Banque centrale européenne (BCE) avait bien le droit de racheter de la dette publique sur le marché secondaire (celui de l’occasion, là où l’on revend un titre acheté auprès d’un État) afin de faire baisser les taux d’intérêt et stabiliser les marchés. En clair, et contrairement à ce qu’espéraient les souverainistes allemands soutenus par la Bundesbank, la banque centrale allemande, les juges européens ont refusé de désarmer la BCE, ce qui aurait signé la fin de la monnaie unique à la prochaine crise. Mais, la bataille judiciaire autour des pouvoirs de la BCE n’est pas terminée : il faut encore que la Cour constitutionnelle fédérale allemande se rallie à son interprétation, ce qui n’est pas certain. Surtout, la BCE est passée en janvier 2015 à la vitesse supérieure en décidant de racheter 60 milliards d’euros par mois d’emprunts d’État sur le marché secondaire pour un montant total de 1000 milliards d’euros afin de lutter contre la déflation (« Quantitative easing » ou « assouplissement quantitatif »): or, cette décision est aussi attaquée devant les juges allemands…

En 2010, la BCE a dû innover pour sauver l’euro, personne n’ayant prévu que les marchés attaqueraient les obligations émises par les Etats en les vendant à tour de bras, ce qui a eu pour effet de faire grimper les taux d’intérêt et poussé la Grèce, l’Irlande, le Portugal au bord de la faillite. Pour calmer le jeu, et alors que l’Espagne et l’Italie étaient à leur tour sous les feux des marchés, la BCE a commencé à racheter la dette dont les investisseurs se débarrassaient : mais elle l’a fait presque honteusement et en trop petites quantités pour décourager les spéculateurs. Car elle a dû faire face à une opposition déterminée des banquiers centraux allemands qui estimaient que la BCE outrepassait son mandat. En effet, les traités européens lui interdisent de financer les Etats, c’est-à-dire de lui acheter directement des bons d’État afin de ne pas les encourager à dépenser sans compter au risque de créer de l’inflation. Mais ces textes ne disent rien sur le marché secondaire et c’est dans cette faille que s’est engouffré Jean-Claude Trichet qui présidait alors l’institut d’émission de Francfort.

Ce virage politique qui a éloigné la BCE de la politique rigide de la Bundesbank a entrainé une grave crise avec les monétaristes allemands qui se sont retrouvés isolés, une première depuis le lancement de l’euro en 1999. Le président de la Bundesbank, Axel Weber, a démissionné en mai 2011, suivi par le membre allemand du directoire de la BCE, Jürgen Stark, en décembre 2011… Cela n’a pas empêché Mario Draghi, le successeur de Trichet, de passer de la guérilla à la guerre nucléaire : en juillet 2012, il a annoncé le lancement du programme OMT (opérations monétaires sur titres), c’est-à-dire un rachat sans limites des dettes des États attaqués, mais à condition que ceux-ci aient conclu au préalable un programme de réformes structurelles avec la Commission et le Mécanisme européen de stabilité (MES). Cette décision a suffi à mettre fin à la crise de la zone euro. Les monétaristes et les souverainistes d’outre-Rhin, avec le soutien de la Bundesbank, ont attaqué le programme OMT devant la Cour constitutionnelle fédérale allemande de Karlsruhe…

Réputée eurosceptique, elle a pris tout le monde par surprise en demandant, le 14 janvier 2014, son avis aux juges de Luxembourg : jusque-là, elle ne l’avait jamais fait, à la différence de ses consœurs européennes qui reconnaissent toutes la prééminence de la CJUE en matière d’interprétation du droit européen. Manifestement, elle a hésité à déclarer l’OMT contraire aux traités européens, car cela aurait relancé la crise et sans doute abouti à l’explosion de la zone euro : pas facile pour un juge national d’assumer les conséquences d’une telle décision… La Cour constitutionnelle allemande s’est montrée tout aussi prudente en rejetant, le même jour, un recours contre le MES (une institution dotée d’une capacité d’emprunt de 750 milliards d’euros afin de pouvoir venir en aide aux pays attaqués par les marchés).

Comme c’était prévisible, la CJUE a confirmé ce matin que la BCE n’a pas dépassé les limites de son mandat : le rachat de dettes sur le marché secondaire, tel que décidé par Francfort, n’a pas « d’effet équivalent » à l’acquisition directe d’obligations souveraines auprès des États qui, lui, est clairement interdit par les Traités : en effet, aucun pays n’a la certitude que sa dette sera rachetée par la BCE. En outre, selon la Cour de Luxembourg, l’OMT relève bien de la politique monétaire et non de la politique économique qui, elle, demeure du ressort des États membres ou du Mécanisme européen de stabilité : il s’agit de « préserver à la fois une transmission appropriée de la politique monétaire et l’unicité de cette politique »,celle-ci ne fonctionnant plus correctement dès lors que les taux d’intérêt de certaines dettes souveraines ne correspondent plus à rien. D’ailleurs, personne n’a contesté, relève la Cour, que la simple annonce de l’OMT « a suffi à obtenir l’effet recherché ».

Plus largement, pour les juges de Luxembourg, « au vu du caractère controversé que revêtent habituellement les questions de politique monétaire et du large pouvoir d’appréciation de la (BCE), il ne saurait être exigé davantage (d’elle) que l’utilisation de son expertise économique et des moyens techniques nécessaires dont il dispose afin d’effectuer la même analyse avec toute diligence et précision ». La CJUE se réserve simplement le droit d’intervenir si la BCE commettait une « erreur manifeste d’appréciation » dans l’exercice de son mandat. En clair, les juges ne sont pas ni des économistes ni des financiers et ils n’ont pas à se substituer aux banquiers centraux.

Reste maintenant à savoir si la Cour allemande va se rallier à cette interprétation. Dans son arrêt de 2014, six juges sur huit ont tenu à faire savoir qu’ils jugeaient l’OMT contraire aux traités européens et qu’ils se réservaient le droit de ne pas tenir compte de l’avis de la CJUE ce qui reviendrait à interdire à la Bundesbank de participer au programme OMT, ce qui le viderait de son contenu. Une appréciation que les deux juges dissidents ont vertement critiquée en estimant qu’il n’appartenait pas aux juges de se prononcer sur l’opportunité d’une politique monétaire dont les tenants et aboutissants leur échappaient largement. Si Karlsruhe invalide l’OMT, le sort du QE ne tiendra plus, lui aussi, qu’à un fil. Une « guerre des juges » qui risque d’aboutir à l’éclatement de la zone euro.

LES ACTEURS EN PRÉSENCE

° MARIO DRAGHI

 

Une simple petite phrase, dans un discours prononcé le 26 juillet 2012, a fait basculer la très prudente Banque centrale européenne (BCE) dans un autre univers : « dans le cadre de son mandat, la BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant ». L’Italien Mario Draghi, qui venait de succéder à Jean-Claude Trichet le 1er novembre 2011, a immédiatement été compris par les marchés : les attaques contre les dettes publiques qui ravageaient les États les plus fragiles de la zone euro depuis 2010 ont cessé net. Car Draghi venait de signifier que la BCE été prête à sortir l’arme lourde : racheter à tour de bras les dettes d’États pour rincer les spéculateurs aventureux.

En septembre 2012, la BCE a précisé les conditions de son nouveau programme d’Opérations Monétaires sur Titres (OMT, « Outright Monetary Transactions » en anglais): si un État de la zone euro est attaqué, elle rachètera sans limites sa dette publique sur le marché secondaire (le marché de la revente) à condition qu’il ait conclu un programme de réformes avec la Commission européenne, et ce, afin de maintenir les taux d’intérêt à un niveau acceptable. Cette simple perspective à convaincu les investisseurs qu’ils trouveraient toujours un acheteur et qu’il n’était donc plus nécessaire de se débarrasser des créances jugées douteuses. Le programme OMT n’a d’ailleurs jamais été mis en œuvre et la BCE n’a même pas eu besoin d’adopter les textes juridiques nécessaires pour l’activer…

Fort de ce succès, «super Mario» a depuis été infiniment plus loin. Pour terrasser les risques de déflation, il a lancé, en janvier dernier, la BCE dans une opération de« quantitative easing » (QE) à l’européenne : depuis le mois de mars, Francfort rachète chaque mois 60 milliards d’euros de dette publique sur le marché secondaire, un programme qui devrait durer jusqu’en septembre 2016 pour un montant de 1000 milliards d’euros. Là aussi, le succès est au rendez-vous : l’inflation est enfin de retour, l’euro a perdu 25 % de sa valeur, les taux d’intérêt des dettes publiques se sont effondrés, la reprise est là. L’objectif de ce QE obéit à un second objectif non avoué : en cas de sortie de la Grèce de la zone euro, l’action de la BCE permettra de stabiliser les marchés. Pourquoi paniquer puisqu’on est certain de trouver acheteur ?

Cette révolution dans la politique de l’institut d’émission de Francfort a été permise par Trichet qui avait déjà racheté la dette des pays attaqués sur les marchés, mais au coup par coup. L’ancien banquier central italien a simplement été plus loin et a poussé la BCE aux limites de son mandat. Désormais, en se comportant en« prêteur en dernier ressort », la BCE agit quasiment comme ses homologues américaine, anglaise ou japonaise. Ce n’est pas un hasard si Draghi a cloué le bec de tous les eurosceptiques européens qui ne savent plus quoi lui reprocher en dehors de son bref passage chez le sulfureux banquier d’affaires Goldman Sachs. Mais il s’est mis à dos les monétaristes allemands. En effet, il n’a pas hésité à passe sur le corps de Jens Weidmann, le patron de la Bundesbank, qui a voté contre l’OMT et contre le QE. Un risque qu’il assume d’autant plus tranquillement que les faits lui ont donné raison. Jusqu’à maintenant.

 

Le « monsieur Plus » d’Europe, c’est lui, le Grec Vassilios Skouris qui préside la depuis 2003. Deux fois brièvement ministre de l’intérieur d’un gouvernement PASOK (socialiste), en 1989 et 1996, il a été nommé juge à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en 1999 avant d’en prendre la présidence en 2003. Ou plutôt, soyons juste, lui et les 27 autres juges de la Cour (un par État membre). Car, depuis le début de la construction communautaire, elle est à l’origine des plus grandes avancées intégratrices, de la supériorité du droit communautaire sur le droit national à l’arrêt OMT en passant par l’effet direct dans l’ordre juridique national des normes européennes, la reconnaissance mutuelle des produits, le «droit à l’oublie» sur le net ou encore l’abolition des lois nationales entravant la lutte contre l’enlèvement international d’enfants. On peut toujours compter sur elle pour imposer une interprétation osée des traités européens. Elle sait aussi être politique et recule quand c’est nécessaire : ainsi, elle vient de juger que les Etats pouvaient limiter l’accès aux aides sociales des ressortissants européens, à la grande satisfaction d’une Grande-Bretagne qui a l’impression d’être submergée par les migrants d’Europe de l’Est.

Petit à petit, la CJUE a réussi à s’imposer comme le juge suprême de l’Union, les différents tribunaux nationaux ayant tous fini par admettre qu’il revenait au seul juge de Luxembourg d’interpréter le droit européen. Le dernier Tribunal qui faisait encore de la résistance était la Cour constitutionnelle fédérale allemande de Karlsruhe. En présidant la « grande chambre », qui a rendu aujourd’hui l’arrêt OMT à la suite d’un « renvoi préjudiciel »allemand, Skouris a donc voulu marquer l’importance de cette décision. De fait, c’est la première fois dans l’histoire de l’Union que Karlsruhe a demandé à la CJUE son interprétation en matière de droit communautaire. Ce faisant, les juges allemands ont voulu souligner leur ouverture au droit européen (« Europarechtsfreundlichkeit ») et, comme ils l’ont affirmé dans leur décision de 2009 sur le traité de Lisbonne, que la « loi fondamentale allemande veut une intégration communautaire ». Un geste de bonne volonté d’une Cour traditionnellement eurosceptique.

Mais Skouris, sensible au geste allemand, lui-même formé en Allemagne, n’a pas failli à la mission de la CJUE : il a validé le programme OMT, repoussant ainsi les limites de l’action européenne. Cet activisme de la CJUE n’a pas échappé aux eurosceptiques européens, britanniques en particulier, qui ont fait de la CJUE (et de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg qui est chargé de veiller à l’application de la Convention européenne des droits de l’homme ), leur cible favorite. Lors de la Convention européenne de 2002-2003 qui a négocié le projet de Constitution européenne, la Grande-Bretagne avait même tenté de remettre en cause la supériorité du droit communautaire sur le droit national qui est la pierre angulaire de l’intégration européenne : à défaut, une loi ou un juge national pourrait défaire ce qu’un texte ou un juge européen a fait… Le successeur de Skouris, qui prend sa retraite en octobre prochain, aura fort à faire pour défendre la légitimité de son institution et empêcher une guerre entre juges nationaux et juges européens.

 

Pour le protocole, Andreas Vosskuhle n’est que le cinquième personnage de l’Etat. En termes d’image, la Cour Constitutionnelle fédérale de Karlsruhe (Bundesverfassungsgericht)et ses 17 juges sont pourtant largement en tête de la popularité des institutions allemandes : 86% des citoyens lui font entière confiance. Juge du Tribunal constitutionnel depuis 2008,

Andreas Vosskuhle, 51 ans, en a pris la présidence en 2010. Celui qui fait figure de conservateur plutôt eurosceptique a en fait été nommé sur proposition du SPD (socio-démocrates) qui n’avait pu imposer un juriste plus libéral à la CDU. Les juges constitutionnels de Karlsruhe sont élus suivant une procédure complexe –« à côté, l’élection du pape est un modèle de transparence », se moquait l’hebdomadaire die Zeit- censée garantir leur indépendance. Ils sont désignés pour 12 ans pour moitié par les 69 membres du Bundesrat (Sénat des Länder) et pour moitié par une commission de douze députés représentants les partis siégeant au Bundestag (Assemblée nationale). Pour être élu il faut avoir au moins 40 ans, être juriste, éligible, ne pas avoir de mandat politique et obtenir au moins deux tiers des voix. Certains juges sont marqués politiquement, mais chaque nomination est consensuelle. Chaque année, les Allemands déposent en moyenne 6500 recours devant la Cour qui a jugé quelques 450 textes de loi anticonstitutionnels en soixante-dix ans.

Jusqu’à présent, les juges de Karslruhe se sont rarement montrés euphoriques envers la construction européenne : ils n’ont accepté Maastricht en 1993 puis Lisbonne en 2009 qu’assortis de strictes conditions allant à chaque fois dans le sens d’un renforcement du rôle du Bundestag. « L’unification de l’Europe sur la base d’une union d’Etats souverains, régie par des traités, ne saurait être réalisée de telle manière qu’il ne resterait plus dans les Etats membres de marge d’action politique suffisante à l’égard de la vie économique, culturelle et sociale », estiment les juges dans leur jugement sur le traité de Lisbonne. En clair, pas d’Etats Unis d’Europe en vue côté allemand.

Le Tribunal constitutionnel fédéral est en fait composé de deux chambres dont seule la seconde traite des affaires européennes. « La très bonne image du tribunal repose sur la justesse des décisions prises jusqu’à présent »,estimait voici un an Hans-Jürgen Papier, ancien président de la Cour, élu lui sur proposition de la CDU. Avant d’ajouter, comme s’il en doutait :« je pars du principe, qu’il en sera toujours ainsi à l’avenir. » De fait, les décisions prises par la cour en matière de politique européenne sont de plus en plus contestées depuis qu’Andreas Vosskuhle préside cette vénérable institution. L’intéressé rejette toute accusation d’euroscepticisme. « La Cour est convaincue d’avoir un rôle important à jouer, du fait de la réticence de plus en plus grande des citoyens envers davantage d’intégration européenne, estime le quotidien die Welt : les Allemands peuvent être sûrs, grâce à Karlsruhe, d’avoir une institution qui ne juge les dossiers européens qu’à l’aune d’une seule référence : la Loi Fondamentale », la Constitution allemande imposée par les Alliés en 1949.

NATHALIE VERSIEUX (à Berlin)

Source : Jean Quatremer, Libération, 17/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/la-cour-de-justice-de-lue-valide-le-programme-de-rachats-dobligations-de-la-bce/


Actu’Ukraine 17/06/2015

Thursday 18 June 2015 at 01:30

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

ACTU’UKRAINE DU 8 AU 14 JUIN 2015

 

FOCUS DE LA SEMAINE : LA TRANSNISTRIE

• La Transnistrie. La Transnistrie appelée aussi République Moldave du Dniestr ou  encore Pridniestrovie est un état indépendant de fait non reconnu internationalement à part par d’autres états sécessionnistes issus de l’ex URSS : l’Ossétie du Sud (sécession avec la Géorgie), l’Abkhazie (sécession avec la Géorgie) et le Haut-Karabagh (sécession avec l’Azerbaïdjan). Le pays compte environ 500 000 habitants. Les langues officielles sont le moldave, le russe et l’ukrainien (wikipedia, wikipedia).

 

cliquer pour visionner la carte

 

 

La région de Transnistrie a une histoire récente sanglante. Elle a été le cadre de déportations et de massacres lors de la seconde guerre mondiale de la part des roumains alors alliés à l’Allemagne nazie (wikipedia). Plus tard, en 1990, alors que l’URSS existe toujours, la république socialiste de Moldavie se rapproche de la Roumanie en adoptant le roumain comme seule langue officielle, ce qui crée des tensions avec la minorité russophone.  Il y a des affrontements militaires fin 1990 entre les troupes moldaves et les milices transnistriennes appuyées par la XIVe armée russe stationnée en permanence sur le territoire. Puis, après la dislocation de l’URSS, de nouveaux affrontements opposent la Moldavie et la Transnistrie en 1992 qui font plusieurs milliers de morts et gèlent les frontières entre Moldavie et Transnistrie (wikipedia). Depuis ce temps, des troupes russes d’interposition fortes d’environ 1200 hommes sont déployées en Transnistrie avec, jusqu’au 21 mai 2015, des accords de survol de l’Ukraine pour l’approvisionnement et la rotation des troupes. Pour la petite histoire, le président actuel de Transnistrie, Yevgeny Shevchuk, rappelle que les affrontements de 1990-1992 opposaient la majorité roumaine de Moldavie à la minorité russe et ukrainienne (russia-insider). Yevgeny Shevchuk, lui même, est un Transnistrien d’origine ukrainienne comme environ le tiers des Transnistriens.

La population de la Transnistrie enfin est très majoritairement (plus de 95%) favorable à un rattachement avec la Russie.

 

• Un cauchemar militaire. La Transnistrie est un micro état étendu le long de la rive gauche du Dniestr et qui n’a, au mieux, que 20 km de profondeur. Il est de plus enclavé entre la Moldavie à l’Ouest et l’Ukraine à l’Est. Côté défense du pays, ceci donne des lignes de front très étendues, sans profondeur stratégique ni repli possible et une impossibilité de ravitaillement ou d’intervention de la part de la Russie… sans entrer en conflit avec l’Ukraine. Côté invasion du pays, ceci donne une première phase aisée de percement des lignes de front, suivi par des combats meurtriers en milieu urbain au milieu de la population qui n’a nulle part où fuir et qui sera hostile aux envahisseurs. Bref, aucun militaire sensé ne voudrait défendre ou attaquer un pays qui pourrait se transformer en un Stalingrad, un Grozny ou un Beyrouth.

 

• L’armée transnistrienne.  Outre les 1200 soldats russes, l’armée transnistrienne est formée de 4 500 à 7 500 hommes, d’une vingtaine de tanks T-64BV, une centaine de véhicules d’infanterie BTR-60, BTR-70, MT-LB et BRDM-2, 173 chasseurs de chars, une cinquantaine de batteries de DCA et une quinzaine d’hélicoptères (wikipedia). De plus, la Transnistrie pourrait compter sur 50 000 réservistes pouvant être opérationnels en une semaine (rusvesna.su via fortruss). Autrement dit, elle est incapable de défendre les frontières et sera réduite à des combats de guérilla. Le seul élement qui maintient le statu quo et empêche une autre aventure militaire moldave est la présence de soldats russes et donc l’intervention automatique de la Russie en cas d’attaque de ses troupes. Paradoxalement, ce sont ces mêmes troupes russes qui attisent les rêves ukrainiens de soutien voire d’intervention de l’OTAN…

 

• Le rêve ukrainien d’une guerre ouverte avec la Russie. La Transnistrie présente quatre avantages pour l’Ukraine. Tout d’abord le pays compte des arsenaux immenses datant du temps de l’URSS dont la capture serait très utile pour l’armée ukrainienne encore équipée de matériel soviétique. Ensuite, depuis la dénonciation des accords russo ukrainiens et les restrictions moldaves de transit via Chisinau (sputniknews), les troupes russes présentes en Transnistrie sont quasiments encerclées. ce qui fait que la Russie ne peut plus les approvisionner ou les secourir en cas de conflit. A moins bien sûr d’intervenir militairement contre l’Ukraine. Donc si l’Ukraine attaquait la Transnistrie, cela pousserait la Russie à attaquer l’Ukraine. Par jeu de domino, l’OTAN, dont la Roumanie fait partie et que la Moldavie veut intégrer (nato.int), réagirait forcément de manière pavlovienne. C’était tout le calcul de l’Ukraine quand Porochenko discutait, il y a quelques semaines, de la Transnistrie, non pas avec la Moldavie mais avec la Roumanie, donc avec l’OTAN. Enfin, dernier avantage. Une guerre contre la Russie ne manquerait pas d’ouvrir grandes les vannes des financements et des fournitures d’armes américains.

Suite à sa décision de dénonciation des accords de transit, l’Ukraine a positionné des unités de missiles anti-aériens S300 près d’Odessa afin d’abattre d’éventuels avions russes (vzgliad.ru), ce qui, paradoxalement,  inquiètent les américains (sputniknews), mais n’alarme pas les experts qui pensent que la Russie pourrait facilement neutraliser électroniquement les batteries de missiles ukrainiens… qui sont de fabrication russe (fortruss) ! D’ailleurs, la Russie a déployé récemment, malgré le blocus ukrainien, des troupes spéciales de reconnaissance en Transnistrie (fortruss).

 

EXTRAIT DU FOCUS DE L’ACTU’UKRAINE DU 27 MAI (les-crises)

 • Isolement par rapport à la Russie : le rêve d’une guerre avec la Russie. Vu que les accords de Minsk doivent finalement être appliqués, la guerre avec la Russie ne peut plus venir de l’Est. Du coup, l’Ukraine essaye de déclencher une guerre à l’Ouest de son territoire. L’Ukraine  a entrepris le blocus des militaires russes se trouvant en Transnistrie. En effet la Rada a dénoncé jeudi 21 mai un accord de coopération militaire entre la Russie et l’Ukraine datant de 1995, qui autorisait le transit des troupes russes de maintien de la paix stationnées en Transnistrie, une région séparatiste de Moldavie enclavée entre la Moldavie et l’Ukraine, par le territoire ukrainien (russia-insider, vz.ru, vz.ru). Ce n’est pas la première fois que Porochenko essaye d’enflammer l’ouest du pays, déjà en mars 2015, il avait déjà évoqué ce dossier lors d’une entrevue avec son homologue roumain (Actu’Ukraine au 17 mars 2015 : les-crises.fr). La ministre des affaires étrangères de Transnistrie déclare qu’il s’agit d’une “menace sur la sécurité de la région” (sputniknews), ce qui est effectivement le cas.

Est-ce une mesure de rétorsion de l’OTAN contre la fermeture de la route nord (voir le passage plus haut sur l’OTAN) ou une initiative purement ukrainienne ? Le tout est que plusieurs milliers de soldats russes sont désormais totalement encerclés entre la Moldavie et l’Ukraine, deux pays proches des USA (vz.ru). Il va être intéressant de voir ce que justement les USA vont faire face à cette situation dans un contexte où ils doivent donner des gages de confiance à la Russie après Sotchi. A noter que les deux pays concernés, Moldavie et Ukraine, sont instables. La Moldavie et en proie à une grave crise politique suite à un énorme scandale de corruption (Actu’Ukraine au 6 mai 2015 : les-crises.fr) et l’Ukraine est proche de la faillite avec une guerre civile à l’Est et un agenda politique (Minsk 2) impossible à tenir sans implosion du gouvernement (rt.com) voire du pays (russia-insider, russia-insider).

EXTRAIT ACTU’UKRAINE DU 6 MAI 2015 (les-crises.fr)

• Crise politique en Moldavie. Suite aux manifestations et à la pression de la rue (lemonde.fr), le Président du Parlement a publié un rapport des détectives privés américains Kroll détaillant le vol d’un milliard de dollars dont ont été victimes trois banques moldaves d’août 2012 à novembre 2014. La société Privatbank à Riga  (donc appartenant à Kolomoïski)et des sociétés off shore britanniques et de Hong Kong sont impliquées dans la fraude. L’opposition estime que les Etats Unis et l’UE sont responsables de la situation catastrophique en Moldavie, ayant soutenu ces dernières années le gouvernement corrompu (http://www.vz.ru/world/2015/5/6/743663.print.html). Il est à noter que les USA comme l’UE soutiennent en Moldavie un gouvernement corrompu, alors qu’ils demandent sans cesse à Kiev d’accélérer ses réformes, dont fait partie la lutte contre la corruption. Morale élastique, s’il en est. Pour ne rien arranger, Saakachvili est prêt à  aller “déraciner” la corruption en Moldavie. La nouvelle a été annoncée par le Premier Ministre moldave, Kiril Gaburitch,  après une visite à Kiev (regnum.ru)… Rappelons que Saakachvili est poursuivi en Géorgie, le pays dont il était président pour une “note” de 5 millions de dollars sur le budget de l’état pour des “frais personnels”  : massages, cures, régimes, voyages, …).

EXTRAIT ACTU’UKRAINE DU 17 MARS 2015 (les-crises.fr)

• Porochenko, qui se sent chaud bouillant, envisage de déclencher une guerre contre la Russie ! Lors d’une entrevue avec son homologue roumain, Porochenko envisage d’intervenir pour rattacher la république sécessionniste de Transnistrie (wikipedia, novorossia.today, novorossia.today) à la Moldavie. Petit problème, il y a des troupes russes stationnées en Transnistrie (fortruss) Donc attaquer la Transnistrie, c’est déclencher une guerre contre la Russie… Comme l’Ukraine n’arrive pas à faire intervenir la Russie à l’est du pays, elle va essayer de la faire intervenir à l’ouest, histoire d’avoir “sa” guerre contre la Russie…

La Transnistrie lui répond par une lettre (fortruss) qui revient en termes non diplomatiques à lui dire de “s’occuper de ses oignons” :

 We, the residents of Transnistria, were  quite surprised by the manifested concern for the restoration of the  historic state borders from Petro Poroshenko and, in turn, intend to  express consent, provided, however, that Ukraine will return to its  historical homeland, that is, to Russia, to restore the territorial  integrity of the Russian lands. What actually Your citizens of Ukraine  have been demanding for more than a year. 

Dear Mr. Poroshenko, we’re surprised  that You started with the integration of foreign states, not starting  with your own. In order to show us an example of how to come to terms  with your historical homeland, now You just must demonstrate on your own  example and restore the historic injustice of the collapse of the Great  Union, the nuclear super-power. 

In case You deny Russia to return its  rightfully Russian land, then we will be forced to refuse You, too,  because if You do not find the strength to return home, then what right  do You have to return us somewhere? 

Sincerely we hope that You come to your  senses and integrate into the Russian Federation, where people will  start to live normally and not like now – only existing and surviving. 

With respect, the residents of Transnistria.

Coïncidence ? L’OTAN va ouvrir une représentation en Moldavie ce printemps (http://rt.com/news/line/2015-03-20/#84349). Pas de doute, certains à Washington veulent vraiment leur guerre avec la Russie…

 

• Le rêve de revanche de Saakashvili. Saakashvili a déjà déclenché et perdu une guerre contre la Russie, c’était en 2008 en Ossétie du Sud. De par sa nouvelle position de gouverneur de la région d’Odessa (les-crises.fr), limitrophe de la Transnistrie, il a de nouveau l’opportunité de déclencher une nouvelle guerre avec la Russie… Pour commencer, il annonce que l’Ukraine va “renforcer sa frontière” avec la Transnistrie (24today.net, president.gov.ua), ce qui revient pour VzGliad à vouloir étouffer la Transnistrie en en faisant le blocus (vz.ru). Timer, le media local d’Odessa titrait le 2 juin sur le désir de revanche de Saakashvili : Сине-оранжевый галстук, или Приднестровский реванш Саакашвили (Cravate bleu et orange, la vengeance transnistrienne de Saakashvili) (timer-odessa.net).

A Odessa, Saakashvili monte autour de lui une équipe géorgienne qui ressemble fort à un gouvernement géorgien en exil.

Comme procureur d’Odessa, il nomme Zurab Adeishvili (wikipedia), son ancien procureur général de Géorgie (liveuamap.com) et pour certains son “éminence grise”. Adeishvili a été recherché par INTERPOL avec une “red notice” (arrestation et extradition) de novembre 2013 (pog.gov.ge) jusqu’en avril 2015 où son mandat d’arrêt a été levé (civil.ge, rustavi2.com, 1tv.ge). Depuis, un autre scandale le rattrape dfwatch.net).  Adeishvili a donné une de ses rares interview le 9 juin 2015 (dfwatch.net). Apparemment Adeishvili se cachait en Ukraine depuis au moins un an avec Saakashvili, lui aussi recherché internationalement, mais dont l’Ukraine a refusé l’extradition.

Comme chef de la police de la région d’Odessa, il nomme son ancien Vice Ministre de l’intérieur, le général Gia Lortkipanidze (vz.ru, unian.info, vesti-ukr.com). Lortkipanidze est décrit par un ancien général de la police géorgienne comme  “un tueur sans pitié de l’ancien système avec un visage innocent d’enfant” (onpress.info). Lequel Lortkipanidze obtient dans la foulée la nationalité ukrainienne (unian.info).

Saakashvili a donc verrouillé les postes qui lui assurent de disposer d’un appareil répressif sans contre-pouvoir, justice et police étant entre ses mains.

 

Mikheil Saakashvili

Zurab Adeishvili

Gia Lortkipanidze

En résumé, cela donne un graffiti taggé par des inconnus sur le bureau du parti de Saakachvili à Batoumi en Géorgie : “les assassins se cachent à Odessa”. (http://www.vz.ru/news/2015/6/10/750116.print.html).

 

• Les développements des derniers jours. La Transnistrie s’inquiète des manœuvres ukrainiennes et des entraînements de troupes moldaves le long de ses frontières : “There is a concentration of additional forces and equipment  from Ukraine in close proximity to our borders, as well  as intensification of training among Moldovan troops,” dixit le président de Transnistrie (sputniknews). La Roumanie, de son côté, demande à ce que la Russie retire ses troupes de maintien de la paix de Transnistrie (sputniknews). Porochenko signe la loi mettant fin aux accords de transit de troupes russes via l’Ukraine votée le 21 mai par la Rada (unian.net, 24today.net) et déclare qu’il ferait “tout ce qui est en son pouvoir” pour liquider la Transnistrie (ruposters.ru via fortruss). Enfin, le représentant de l’Ukraine à l’OTAN, Igor Dolgov, annonce que Kiev et l’OTAN vont mettre sur pied des forces d’opérations spéciales conjointes (vz.ru). Enfin, la Russie via son vice premier ministre, Dmitri Rogozin, déclare que “la Fédération de Russie sera toujours là pour aider à assurer la stabilité et la sécurité de la Transnistrie” oborona.gov.ru, oborona.gov.ru) et, pour le montrer, mène actuellement des exercices militaires conjoints en Transnistrie (sputniknews, sputniknews, segodnya.ua, 24today.net). Le 12 juin, le premier ministre moldave démissionne (news.yahoo.com, moldavie.fr), le 14 juin, des élections municipales ont lieu dans tout le pays (sanluisobispo.com). Dans la capitale, Chisinau, l’actuel maire pro tout (US, OTAN, UE) est mis en ballotage incertain car n’ayant pas obtenu 50% des voix (37,39 % des voix contre 35,95 % pour son adversaire pro russe). Le second tour de ces élections est prévu le 28 juin (townhall.com)

 

Manœuvres ukrainiennes

Manœuvres ukrainiennes


 

• Article de synthèse sur la Moldavie. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Moldavie en ayant peut de le demander… (russia-insider)

 

• L’analyse de Politrussia (youtube via fortruss, source : youtube).

3 juin 2015 : Transnistria – Another Civil War Front? | ENG DE SUBS (youtube)

 

• Résumé réalisé par Vincent Parlier (youtube).

5 juin 2015 : Une guerre de plus pour Porochenko (Ukraine, Moldavie contre Transnistrie) (youtube)

 

LUNDI  8  JUIN  2015

• Retour sur le focus de la semaine dernière :  Marinka.  Oukraïnskaïa Pravda annonce aujourd’hui que la bataille de Marinka est terminée  et que les séparatistes ont subi des pertes significatives (pravda.com.ua), logique pour un média ukrainien. L’article cite un avis analogue venant du député Diédieï (facebook), logique venant d’un député ukrainien. Ceci dit, la ville est toujours en partie contrôlée par les forces de Kiev. L’ordre d’évacuation de la population a été donné la semaine dernière, mais les ukrainiens ne sont parvenus qu’à remplir partiellement un bus avec 22 personnes. Dans le centre de Marinka, le nombre de pains distribués par la Croix Rouge laisse penser qu’il resterait 6000 habitants sur les 9000 que comptait la ville avant la guerre (rusvesna.su).

 

• Retour sur la manifestation réprimée de dimanche 7 juin. Cette manifestation, sous forme d’occupation pacifique de la place de Maidan, a été nommée Maidan 3.0. Elle n’a duré que quelques heures. Des ultra nationalistes ont détruit le campement et dispersé les personnes présentes par la force le soir même (kyivpost.com/). Ce lundi, le SBU a expulsé et interdit de séjour en Ukraine l’organisateur supposé de Maidan 3.0 : Rustam Tashbaev (facebook) : “The foreigner whose name you mentioned [Rustam Tashbaev] has been expelled  by the SBU and has been denied entry into the country, to prevent  further provocations” dixit Nalyvaichenko, le chef du SBU (sputniknews).

 

 

• Retour sur le bateau ukrainien coulé.  Ce lundi matin, le centre de presse de l’OAT accuse les séparatistes d’avoir fait sauter le bateau des garde-côtes à l’aide d’un “engin explosif artisanal” (bigmir.net, facebook).  Il est manifeste qu’une telle communication est à usage interne d’abord, destinée à la population, mais étant rédigée en russe, elle est aussi destinée à l’international. En fait d’”engin artisanal” il s’agirait d’une des nombreuses mines posées par les ukrainiens eux-mêmes. Parmi les commentaires de l’article on peut lire qu’un bateau de pêche a aussi sauté il y a huit jours et que des écriteaux “Danger Mines” sont disposés sur les plages de Marioupol. L’info du minage des plages est confirmée par un article de décembre 2014 (ru.tsn.ua, relayée par ridus.ru à 05 h 53 le 16  12  2014    ridus.ru et ridus.ru) : “Lundi, nous avons procédé à l’enfouissement de mines qui explosent si un bateau ou une embarcation transportant des combattants ennemis s’approchent de la rive. Selon les informations transmises par TSN, cent mines ont été posées.”

 

 

En fait, la situation est assez dramatiquement simple. le  gouvernement ukrainien a peur d’une attaque russe (ou s’y prépare) et d’un autre côté, il n’a aucune confiance dans les populations des régions concernées (Donetsk, Lougansk, Kharkov, Marioupol, Odessa) et donc ne communique pas les informations sur le minage à la population. C’est comme ça qu’un tracteur a passé sur une mine dans l’oblast de Donetsk, la semaine dernière, blessant son conducteur et c’est comme ça qu’un bateau de pêche saute ainsi qu’une vedette de garde-côtes. Il n’est pas non plus à écarter que l’armée ukrainienne agisse en mode panique et n’établisse pas toujours des plans exacts des zones minées.

Autre incident tragique, aujourd’hui, près de Krasnogorovski (oblast de Donetsk sous contrôle ukrainien), un véhicule militaire roule sur une mine anti-chars. Les sept occupants ont été tués sur le coup (lemonde.fr).

 

• Déclaration d’Obama au G7 et déclaration officielle du sommet. Rien de neuf. Pour Russia Insider c’est même un “non événement” (russia-insider).

Obama says Russian troops operating in Ukraine, sanctions biting   (youtube)

cliquez sur l’image pour voir la video


Leadersʼ Declaration G7 Summit 7-8 June 2015 (g7germany.de)

cliquez pour voir la déclaration

 

Et un petit rappel sanitaire, pour ne pas oublier (twitter via russia-insider.).

 

• Montée de sauce otanienne.  Au cours d’une réunion du Conseil interparlementaire Ukraine-Otan (youtube), le Ministre de la défense ukrainien, le général Stepan Poltorak, affirme que les forces de ATO (opération anti-terroriste), évaluées à 50 000 hommes, affrontent au Donbass 42500 hommes dont un quart de soldats russes renforcés de pas moins de 558 chars de combat et de “nombreuses” pièces d’artillerie (pravda.com.ua, lexpress). Autrement dit, l’Ukraine a besoin de l’aide de l’OTAN pour faire la guerre.

Au cours de la même réunion, Poltorak s’est plaint de ne pas pouvoir joindre son homologue russe, Choïgou (pravda.com.ua). Autrement dit,  l’Ukraine a aussi besoin de l’aide de l’OTAN pour parler de paix. Bref, l’Ukraine a besoin de l’OTAN.

Ukraine-NATO Assembly: Russian aggression in Ukraine should come ‘at high price’   (youtube)

 

• Bombardement de Gorlovka.  Depuis 5 heures ce matin, Gorlovka est bombardée sans arrêt par les forces ukrainiennes. Une femme a été très grièvement blessée (dan-news.info). Les cibles visées sont les localités de Golma, Komarova (Kourganka), Komsomolets et Gloubokaïa. Les Ukrainiens tirent depuis leurs positions d’Artemovsk et de Dzerjinsk.

Les tirs vont continuer durant la semaine. Trois femmes ont trouvé la mort et 2 enfants ont été blessés dans la nuit de mercredi à jeudi (youtube, youtube, youtube). La même info présentée par les média de Donetsk  (l’auteur des tirs est nommément l’armée ukrainienne) (dnr-news)et par les média de Kiev (ici, volontairement ou pas, on a omis de dire qui a tiré) (segodnya.ua/)…  Une station de filtration d’eau potable a été endommagée. Actuellement la ville est passée au régime de restriction de l’eau potable (dnr-news, segodnya.ua/).

 

г Горловка прямое попадание в девити  этажный дом погибла 3 женчины  2 ребенка в больнице в чежолам   (youtube, youtube)

 

10 – 11 июня 2015 г. Горловка. Последствия обстрела города ВСУ.   (youtube)

 

Gorlovka Destruction after Ukrainian Shelling (Drone Journalism #5)   (youtube)

 

Une femme de Gorlovka témoigne et appelle la communauté internationale à réagir (youtube).

 

“Communauté internationale! Ouvre enfin les yeux!..”  Donbass, Gorlovka.  (youtube)

 

• Et sur d’autres villes.  Outre Gorlovka, Donetsk, Oktiabrski, Stanitsia Louganska entre autres localités sont soumises à des tirs intensifs d’artillerie de la part des ukrainiens (youtube, youtubednr-news).

 

Oktiabrski : 09.06.2015 “Репортаж с места событий. Поселок шахты Октябрьской”   (youtube)

 

Donetsk. Conséquences de bombardement du village de Oktyabrsky. 13/06/15 (Донецк. Последствия обстрела поселка Октябрьский. 13.06.15) (youtube)

 

Donetsk : Срочно! Донецк в огне. ВСУ обстреливают столицу ДНР из артиллерии 9 июня 2015   (youtube)

 

Donetsk : Ужасающий обстрел ж/д вокзала Донецка 8 июня, перечеркнувший все разговоры о перемирии   (https://youtu.be/jrhQaKml_gQ)

 

Le 14 juin, un journaliste de l’AFP aurait été blessé par des bombardements ukrainiens près de Donetsk (sputniknews)…

 

• Pas de vaccins ni de médicaments russes pour les Ukrainiens.  Le ministre de la santé ukrainien, le géorgien Alexandre Kvitashvili, a déclaré que l’Ukraine ne s’approvisionnera plus en Russie pour  les médicaments et  en particulier les vaccins : “Les vaccins russes n’entreront pas chez nous. Par exemple le vaccin BCG, qui sera polonais. Dans l’avenir, nous nous nous efforcerons de ne pas introduire sur le marché ukrainien de vaccins russes, surtout celui du BCG.” Il a aussi prudemment  déclaré que l’Ukraine changera d’orientation dans ses achats de vaccins “en fonction de ses moyens budgétaires” :  “Il y a de nombreux pays autres que la Russie qui fabriquent des médicaments, le marché est énorme” (interfax.com.ua, pravda.com.ua).

 

 

MARDI 9 JUIN 2015

• Durcissement ukrainien dans la partie de l’Oblast de Donetsk sous contrôle de Kiev. Le gouvernement ukrainien ainsi que plusieurs députés de la Rada demandent et obtiennent la démission du gouverneur de la région de Donetsk, Alexandre Kichtchenko, considéré comme trop libéral et favorable aux populations civiles locales (vz.ru, vz.ru).  Porochenko adopte le 11 juin la décision mettant fin aux fonctions de ce gouverneur. Son successeur, Jebrivski, est perçu comme ultra-dur, dans le style de Moskal de l’oblast de Lougansk, celui qui a coupé l’eau potable à la LNR (vesti-ukr.com, regnum.ru).

Un des premiers effets, sinon une coincidence, est le blocage par l’armée ukrainienne de 26 camions d’aide humanitaire affrétés par Akhmetov (vesti-ukr.com/). Avec tout ça le Donbass commence à avoir des problèmes pour ses approvisionnements en eau potable et en produits alimentaires (vesti-ukr.com).

• Sondage russe. L’enquête a été menée du 22 au 25 mai 2015 sur un échantillon national représentatif de 1600 personnes venant de 134 localités réparties dans 46 régions du pays.  La marge d’erreur est d’environ 3,4% (levada.ru).

VOTRE OPINION SUR LES USA (хорошо : bonne, плохо : mauvaise)

VOTRE OPINION SUR L’UE (хорошо : bonne, плохо : mauvaise)


VOTRE OPINION SUR L’UKRAINE (хорошо : bonne, плохо : mauvaise)


VOTRE OPINION SUR LA BIELORUSSIE (хорошо : bonne, плохо : mauvaise)


VOTRE OPINION SUR LA CHINE  (хорошо : bonne, плохо : mauvaise)


VOTRE OPINION SUR LA GEORGIE  (хорошо : bonne, плохо : mauvaise)


NOMMER LES CINQ PAYS LES PLUS AMICAUX AVEC LA RUSSIE (DE 2005 A 2015)

 

NOMMER LES CINQ PAYS LES PLUS HOSTILES ENVERS LA RUSSIE (DE 2005 A 2015)

 

• Etude pro OTAN. Etude du Pew Research Center parue le 10 juin : NATO Publics Blame Russia for Ukrainian Crisis, but Reluctant to Provide Military Aid  – In Russia, Anti-Western Views and Support for Putin Surge (pewglobal.org, pewglobal.org, pewglobal.org)

cliquer pour accéder au rapport

 

 

 

• Montée des risques de conflits.  Telle est la conclusion du rapport annuel du  World Economic Forum : The Global Risks report 2015  (reports.weforum.org, weforum.org, zerohedge).

 

 

cliquer pour accéder au rapport (weforum.org)

 

• Prospective régionale. Une interview intéressante de Zerkalo Kryma sur la nomination de Saakachvili et la situation géopolitique dans la région. Le quotidien n’indique pas le nom de l’expert interviewé. Outre la dégradation de la situation en Transnistrie, l’expert rappelle qu’il y aura des élections au Kirghizstan en novembre prochain et souligne l’affaire de la “valise diplomatique” de 150 tonnes reçue par l’ambassade US dans ce pays en avril 2015 (sputniknews, egaliteetreconciliation.fr). L’expert prévoit une possible division du pays entre les régions nord et sud. Il évoque également les perspectives de déstabilisation en Turkménie, qui a une armée assez faible, à partir de la province de Faryâb en Afghanistan. La déstabilisation se répercuterait en Ouzbekistan. L’expert déclare enfin que le seul politique qui compte en Ukraine est l’ambassadeur US à Kiev (zerkalokryma.ru).

 

• Et mauvaise blague américaine. Un blogueur blagueur américain, spécialiste des pétitions loufoques, en fait signer une pour demander une frappe nucléaire préventive sur la Russie, et les américains signent youtube, rt.com, zerohedge)… Et la blague rejoint la réalité puisque, selon Ron Paul, certaines personnes à Washington imaginent une frappe nucléaire contre la Russie (ronpaulinstitute.org)…

 

• Enorme incendie d’un dépôt de produits pétroliers près de Kiev. Lundi 8 juin vers 17 h 30, Des cuves de produits pétroliers prennent feu dans le dépôt de produits pétroliers de Vassilkov, à 30 km au sud-ouest de Kiev, à côté d’un aéroport militaire (a-beskotti.livejournal.com). L’incendie n’ayant pas été détecté assez vite, le feu se propage à d’autres cuves. Les pompiers sont débordés, certains de leurs véhicules prennent feu de fait de la chaleur intense… Au soir, un train d’intervention arrive pour combattre l’incendie avec de la mousse (interfax.com.ua vers 19 h. 31, 112.ua/). Des trains d’intervention de cette sorte semblent assez récents. Les chemins de fers suisses de la CFF ont inauguré le leur en 2009 (draeger.com/). La Russie en a un, le Bélarus aussi, qui date de 2013 (wikipedia).

L’incendie est d’autant plus préoccupant, que les citernes sont installées près de bâtiments militaires (a-beskotti.livejournal.com). Vers 13 h 44 le 9 juin, les services de sécurité ont fait évacuer toute la population dans un rayon de 2 kilomètres (unian.info), et plus tard de 10 km. Vers 14 h 55, on déclarait l’incendie circonscrit, bien qu’il ne soit pas complétement éteint (kiyany.obozrevatel.com).

 

Взрывы на нефтебазе в прямом эфире 112 Украина   (youtube)

 

Гигантский пожар на нефтебазe БРСМ  Василькoв (youtube)

 

Взрыв на нефтебазе БРСМ.Горят пожарные машины и машины скорой помощи (youtube)

 

Quatre réservoirs sont encore en flammes le mercredi matin, dont un d’huile, qui dégage une énorme fumée (112.ua, sputniknews). Dès mardi en milieu d’après-midi, le ministre de l’intérieur Arsen Avakov affirmait sur son mur facebook que l’accident était dû à 90% à une négligence, information relayée par RIA (ria.ru) lors d’un transfert de carburant d’une cuve à une autre (112.ua).  Les corps de trois pompiers ont été retrouvés, ils sont complètement brûlés et ne pourront être identifiés qu’après des analyses.

Il y a eu plusieurs nouvelles explosions durant la nuit puis une autre vers 5 h 30 du matin (lb.ua).

L’incendie en fin de matinée le 10 juin (youtube). Heureusement, depuis le début, le vent souffle du nord et éloigne donc la colonne de fumée de Kiev. Le site contenait 15 000 tonnes de pétrole (112.ua), ce qui représente une perte de 5 millions de dollars, sans compter le coût des installations.

 

Пожар на нефтебазе Киев. Последствия ЧП.  (youtube.com)

 

Et samedi 13 juin, nouveau départ de feu  (youtube, unian.info). Dimanche 14 juin, le dépôt pétrolier brûle toujours. C’est un réservoir d’essence de 900 mètres cubes qui est en feu cette fois (ru.golos.ua).

A ce jour, le nombre des victimes est de 5, deux employés du dépôt et trois pompiers.

 

На нефтебазе под Киевом возобновился пожар 13.06.2015   (youtube)

 

• Soros protège ses investissement ukrainiens. Le milliardaire américain George Soros préconise des livraisons d’armes et l’octroi d’un nouveau paquet d’assistance financière à Kiev (ronpaulinstitute.org via sputniknews). Du coup, le budget américain pour 2016 prevoit 500 million $ pour l’ukraine (korrespondent.net)… Décidemment Ron Paul a une dent conre Soros parce qu’il l’attaque de nouveau en fin de semaine : “Soros – An American Oligarch‘s Dirty Tale of Corruption” (ronpaulinstitute.org)

 

 

MERCREDI 10 JUIN 2015

• Visite de Poutine en Italie. Poutine est en Italie à l’occasion de l’ouverture du jour russe à l’exposition universelle de Milan (expo2015.org, kremlin.ru, sputniknews). Il rencontre dans la même journée le premier ministre, Matteo Renzi (kremlin.ru, kremlin.ru/), le président, Sergio Mattarella (sputniknews), l’ex premier ministre Silvio Berlusconi (sputniknews) et le Pape (russia-insider, fortruss). Symboliquement, le Pape lui remet une médaille représentant un ange faiseur de paix…

Poutine confirme au passage un contrat de construction d’hélicoptères en discussion depuis des années. Pas très “sanctions compatibles” comme annonce (sputniknews, rbth.co.uk, russianhelicopters.aero, sputniknews) ! Cette visite de Poutine sert à montrer à l’UE que son front anti-russe n’est pas unanime et que dans l’optique de la reconduite des sanctions anit-russes, le vote est loin d’être acquis. Moscou compte ses amis et leur sera redevable. Quant aux autres ? (sputniknews, lefigaro.fr).

De manière anecdotique et pour la petite histoire, l’ambassadeur d’Ukraine à Rome avait cru bon de faire une interview pour rappeler à Renzi et au Pape ce qu’ils devaient dire à Poutine (regnum.ru). Pas sûr qu’il ait été écouté…

 

Analyse de RT : West is ticked off the Pope didn’t throw Putin under the bus…not just yet (youtube via russia-insider)

 

Press statement and answers to journalists’ questions following talks with Italian Prime Minister Matteo Renzi (kremlin.ru)

 President of Russia Vladimir Putin: Mr Prime Minister, ladies and gentlemen,

First of all, I want to thank our Italian friends for the invitation and for the exposition’s excellent organisation

Today,  together with Mr Matteo Renzi, as he just said, I visited the Russian and Italian pavilions  at the Expo 2015 Universal Exposition. The exhibition presented there vividly  illustrates the tremendous opportunities for cooperation between our countries  in protecting nature and its resources and guaranteeing food security  for the world’s people.

During the talks in narrow format that we have just concluded, we had a detailed discussion of the current state of our bilateral relations and exchanged views, as Mr Renzi said, on a number of current international issues.

Italy  is one of Russia’s biggest economic partners in Europe and is in third place in terms of trade  volume. Due to the circumstances we know, our bilateral trade has dropped of late,  down by 10 percent for 2014, and down by 25 percent for the first  quarter of 2015. Naturally, this situation is not to the liking of either our governments  or our business communities.

We know that Italian businesspeople do not want to break off their mutually advantageous projects with Russia. Businesspeople have been showing considerable interest in the Russian exhibition at Expo 2015. Italian business will be well represented at the St Petersburg International Economic Forum on June 18–20, particularly at the special seminar that we have planned: Russia and Italy – strengthening trade and investment ties at a time of geopolitical tension.

I note  that around 400 Italian companies have activities in Russia, and seven banks have opened offices  there. Total Italian investment in the Russian economy now comes to $1.1  billion, and Russian investment in the Italian economy is double that  at $2.3 billion.

Italian  companies are following an active policy of localising their production  in Russia. We are moving from buying goods made in Italy to having Russian companies produce goods marked  ‘made jointly with Italy’. A number of important projects were carried out  over the last year in the pharmaceuticals, automotive and other sectors.

For example,  Finmeccanica is working together with Sukhoi Corporation to develop a medium-haul passenger  plane and is preparing an agreement with Rosneft to develop joint  production of heavy helicopters for work at Russia’s offshore oil and gas fields.

I just discussed this contract with the Prime Minister. It is a project worthy of the Prime Minister’s attention, and would mean orders for Italian companies worth a total of 3 billion euros through to 2025.

Italy  is the second largest buyer of Russian gas in Europe, after Germany. In 2014, we exported 21.7 billion cubic  metres of gas to Italy. Italian companies are taking part  in the programmes to modernise Russia’s power generation plants. In particular, Enel has invested large  sums and is working actively in this area. Rosneft and ENI have plans  for joint offshore development in the Barents and Black seas. LUKOIL and another Italian  company are developing promising energy sector technology, including  wind-powered energy.

Our countries have close humanitarian ties and contacts. At the foundation of these ties is a mutual interest in each other’s history, culture, language, traditions and customs. During my conversation with the Prime Minister just before, I said that Russia sees some aspects of Italian culture as its own, things that have become intrinsically woven into our own cultural life.

Around  one million Russian tourists visit Italy every year, and 200,000 Italians visited Russia last year. We have  the Russian-Italian Civil Society Dialogue Forum, which will soon hold  its next meeting in St Petersburg.

I discussed in detail a number of international issues with Mr Renzi, as I said. Above all, we looked at the Middle East, North Africa, and Libya.

What  can I say on these issues? Clearly, what is happening in Libya now is the direct result of the disastrous social  and economic situation and the unceasing attacks by radical groups. We  believe that what we are seeing now is essentially the collapse of Libya as a state,  and this is a result of the external military intervention that took  place in 2011.

Russia supports resolving the Libyan crisis through peaceful means. We seek joint constructive work with our international and regional partners, including through the UN Security Council.

We touched on the situation in Syria and Iraq too, where terrorist groups, including the Islamic State, are creating havoc.

Of course, as the Prime Minister also mentioned, we discussed the crisis in Ukraine too. Both countries believe that peaceful settlement is the only possible solution here, and I want to say that Russia, like Italy, wants to see full implementation of the Minsk agreements.

This document that was approved in the Belarusian capital covers all key aspects for a settlement: political, military, socioeconomic, and humanitarian. Unfortunately, however, these provisions are not being implemented in full but only selectively.

Our  joint work with Mr Renzi continues. Ahead, we have discussions together with the delegations and with  representatives of some of our countries’ government ministries  and members of our business communities.

As was already noted, I will also meet today with the President of Italy, Mr Mattarella, and will visit the Vatican too, where I will meet with Pope Francis.

In conclusion,  I want to thank the Italian Prime Minister once again  for the invitation to Expo 2015, for taking part in the Day of Russia  opening ceremony together, and for today’s substantive conversation.

Thank you for your attention.

<…>

Question:  Did you discuss the sanctions? What do you expect from Europe and from Italy? Would tougher sanctions lead Russia  to revise its relations with countries with which it has a good dialogue  in place?

Vladimir Putin:  We did discuss sanctions, but in very down-to-earth terms, if you will.  We did not discuss their end or reduction, but spoke about the fact  that these sanctions are hindering us from developing our relations. We have, for example, several joint  Russian-Italian projects, including infrastructure projects. Obviously, the Italian  companies that fought for these contracts and won tenders want these projects  to go ahead. But these projects have ground to a halt and cannot proceed  because of the sanctions against our financial institutions. We need  to find a solution – either end the sanctions, or find some other instrument, if, of course,  you want to support your companies. We will find partners, of course, but  I do not think that it would make sense to abandon the instruments we have already  tried and tested, or give up mutually advantageous contracts.

The same goes for our cooperation in the military technical field. To be honest, this cooperation is nothing so amazing, and has no fundamental importance for Russia’s defence capability, but withdrawing from several joint plans and contracts that were agreed earlier has cost Italian companies a billion euros. This is money they could have earned, orders that would have kept their companies busy, and jobs that could have been created or maintained. This did not happen, however, because of the sanctions.

We  are now carrying out an import replacement programme in Russia, and overall, this even has some  benefits for our industry and advanced technology. Looking at the bigger  picture though, this is damaging for our cooperation, of course. I hope that we will  sooner or later put the restrictions we face today behind us.

Question: How do you see the future for Russia’s relations with the G7, and to what extent can we compare this group with the G20?

Vladimir Putin: As far as our relations with the G7 are concerned, we have no relations. What relations can there be? When we worked in this group, we took part in discussions and in drafting final documents that, incidentally, were not binding in nature.

I think there was sense in this work because we provided an alternative point of view at least. Our partners decided that they do not need an alternative point of view. This is their decision. But the G7 is not an organisation as such, rather, it is a club for people sharing common interests. We wish them success, because, as it seems to me, all contacts and discussions can always help to develop international relations.

There are broader formats too, such as the G20. We are working actively in the BRICS group, which unites Brazil, Russia, India, China and South Africa. We work in the Shanghai Cooperation Organisation too, which alongside its current members, will soon be joined by India and Pakistan. We are also very active in our work within the UN and its Security Council. If our partners wish, we are ready to develop active relations on a bilateral basis with any of the countries in the G7.

 

• Volet politique des accords de Minsk 2. Lors de la réunion le 10 juin du groupe de contact pour le réglement pacifique du conflit, le représentant politique de la RPD/DNR, Denis Pouchiline, a affirmé que les modifications de la constitution ukrainienne que proposent les deux républiques autoproclamées satisfont totalement aux stipulations des accords de Minsk (dan-news.info).

A propos de cette réforme constitutionnelle, un media pro-Kiev écrit que Lavrov aurait convaincu le ministre des AE allemand Steinmeier de faire pression sur Kiev à ce sujet (replyua.net), information à prendre avec prudence étant donnée l’orientation farouchement pro-Kiev de ce média. Un exemple : il a publié un article le 9 juin à 16 h 20 sous le titre “Les experts ont publié leur rapport sur le Boeing et ont blanchi les Ukrainiens” (replyua.net)…

De son côté, Porochenko a déclaré que les liens avec les territoires du Donbass non contrôlés par Kiev resteront au niveau actuel aussi longtemps qu’il n’y aura pas de progrès de faits dans l’application des accords de Minsk (interfax.ru)  : ” Nous nous efforçons, et nous sommes prêts à tout moment à rétablir tous les liens économiques avec les oblasts composant les régions de Donetsk et Lougansk occupées temporairement, à lever toutes les barrières intérieures et les limitations sur la route des mouvements des personnes et des marchandises. Mais à condition que nous rétablissions le contrôle sur les frontières extérieures, comme cela a été prévu dans les accords de Minsk”. En outre, Porochenko a parlé de la menace d’annulation des accords de Minsk induite par la réactivation des opérations militaires : “L’activation des opérations militaires par la Fédération de Russie et les bandes terroristes pro-russes sur une importante partie du front exerce une menace sur les accords de Minsk, sur lesquels se sont appuyés et s’appuient encore d’énormes espoirs pour la restauration d’une vie pacifique au Donbass”. Le président ukrainien a également fait connaître la date du déroulement des élections locales en Ukraine, c’est-à-dire le 25 octobre prochain, toutefois leur tenue dans les territoires “occupés” est encore une question en suspens.

 

• Colonne militaire à la frontière hongro-ukrainienne.  Le site hongrois Karpathir (karpathir.com) avait signalé le 9 juin une mystérieuse colonne militaire (voitures, camions transportant des blindés) (karpathir.com/) franchissant la frontière hongroise en provenance de l’Ukraine au point de passage de Zakhon (ru.golos.ua, goloskarpat.info).

Cette colonne présentait des caractéristiques surprenantes du fait de la couleur sable des premiers camions faisait penser à du matériel américain utilisé dans les pays du proche et Moyen Orient, mais les camions sable étaitent en fait de fabrication soviétique et destinés au transport de batteries de missiles “Ouragan” () . (Notre commentaire : ce sont les tracteurs couleur sable sur la photo du site karpathir karpathir.com).

Les deux derniers camions sont plus bizarres, ils sont de couleurs vives, on dirait des roulottes de cirque.  Encore plus bizarre, les services des gardes-frontière ukrainiens n’ont rien voulu communiquer sur cette colonne. Kiev non plus dit ne rien savoir à ce sujet.

Jeudi 11 juin,  Interfax titre “Kiev déclare que la colonne qui a été remarquée à la frontière quitte le pays après des exercices auxquels ont participé 300 instructeurs des USA” (interfax.ru) : “Du matériel des forces armées des USA a franchi la frontière ukraino-hongroise pour participer sur le polygone  de Yavorov (oblast de Lvov) à une session de formation et après la fin de ces exercices, elle quitte le pays” déclare l’attaché de presse du corps des gardes-frontières d’Ukraine Oleg Slobodian

 

• Accident mortel dans un camp d’entrainement en Bulgarie.  Autre nouvelle étonnante : celle rapportée par RIA au sujet d’un accident survenu le 6 juin dans le camp militaire bulgare d’Anevo, où un Américain a été tué par l’explosion d’une grenade de modèle soviétique RPG-7 (ria.ru) . Six autres Américains et un Bulgare ont été blessés. D’où l’étonnement russe : “Quels buts ces citoyens américains poursuivent-ils en participant directement à des tests menés sur le territoire bulgare par une entreprise militaire privée sur des échantillons d’armes de production soviétique ? On ne peut pas ne pas rester pensif devant “l’absence significative” de commentaires de la part des personnalités américaines sur ce sujet.” Lien de sites bulgares relatant l’accident (dariknews.bg, blitz.bg, dnes.dir.bg).

 

• Création d’un mémorial pour les victimes du massacre d’Odessa du 2 mai. Le conseil municipal d’Odessa vote cette décision par 71 voix pour et 1 abstention, malgré les protestations d’une centaine de manifestants qui se sont rassemblés devant la mairie. Les militants tiennent des drapeaux du Corps civil du régiment Azov, du parti Patrie de Ioulia Timochenko et du parti Svoboda (mayak.org.ua).

 

 

JEUDI 11 JUIN  2015

• L’Ukraine informe (enfin) officiellement le Conseil de l’Europe de sa loi sur la dérogation aux droits de l’homme. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe annonce avoir reçu une communication venant du ministère des affaires étrangères d’Ukraine, communication disant que l’Ukraine ne pouvait pas respecter les directives européennes concernant les droits de l’homme dans les régions où se déroulaient des opérations militaires (rt.com, ria.ru, capital.fr). Le Conseil de l’Europe répond en substance qu’il prend acte, mais refuse la disposition ukrainienne qui s’accordait l’immunité voire l’impunité quant à ces dérogations (coe.int) : “Le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Pavlo Klimkin, m’a informé hier qu’en raison de la situation d’urgence que connaît le pays les autorités ukrainiennes avaient décidé de recourir à l’article 15 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui permet de déroger à certains droits énoncés par la Convention. La Convention continue de s’appliquer en Ukraine. Cette décision n’empêchera pas la Cour européenne des droits de l’homme d’examiner les requêtes concernant l’Ukraine. Elle n’entraînera pas de changement dans les activités de projet du Bureau du Conseil de l’Europe à Kiev…”

 

EXTRAIT DU FOCUS ACTU’UKRAINE DU 27 MAI (les-crises.fr)

• L’isolement par rapport à la communauté internationale : la “dérogation” à l’application des droits de l’homme dans l’est de l’Ukraine. Le 21 mai, le parlement ukrainien, la Rada a approuvé le projet la loi 2765-2015 “Dérogation de l’Ukraine à certains engagements en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Convention européenne des droits de l’homme” (page de la loi : rada.gov.ua, texte de la loi :  rada.gov.ua, note explicative : rada.gov.ua). Il s’agit de la seconde mouture du texte, la première datant du 30 avril 2015 (texte de loi : rada.gov.ua, note explicative : rada.gov.ua). Ce projet a été initié par la coalition gouvernementale, donc Bloc Petro Porochenko, Union, Front Populaire et Parti radical (Lyashko). La presse ukrainienne titre sobrement sur le “retrait de l’Ukraine de certaines des obligations de la Convention sur les droits de l’homme” (pravda.com.ua, radiosvoboda.org). La loi a été adoptée par 249 voix (le minimum étant à 226) (vz.ru, rada.gov.ua). Elle est prévue pour “accompagner” la loi 2541-2015 sur le régime juridique de la loi martiale (page de la loi rada.gov.ua, texte de la loi  rada.gov.ua, note explicative rada.gov.ua), votée le 4 avril 2015 (vz.ru). En novembre 2014 Porochenko avait déjà émis un décret en ce sens arguant des troubles dans l’est du pays pour invoquer l’article 15 : “dérogation en cas d’urgence’ (conventions.coe.int),  ce qui avait fait  pas mal de bruit à l’époque (nsn.fm). Pour être précis, il s’agit du Décret (Oukaz) du Président de l’Ukraine N° 875/2014 (president.gov.ua) “Sur la décision du Conseil de la sécurité nationale et de la défense de l’Ukraine en date du 4 novembre 2014 “Sur les mesures urgentes relatives à la stabilisation de la situation socio-économique dans les régions de Donetsk et de Lougansk”. Le point 7 du Décret stipule que l’Ukraine est tenue de notifier au Secrétaire Général du Conseil Européen “la prise par l’Ukraine sur certains territoires de la zone de l’opération antiterroriste dans les régions de Donetsk et de Lougansk, en relation avec le danger public existant qui menace la vie de la nation, de mesures dérogeant aux engagements de l’Ukraine dans le cadre de la Convention de défense des DH et des libertés fondamentales” (abos.ru, assembly.coe.int). 

Cette fois, la loi est plus précise et donne donc tous les articles sujets à dérogation : le droit à la liberté et la sûreté (article 5), le droit à un procès équitable (article 6), le droit au respect de la vie privée et familiale (article 8) et enfin le droit au recours collectif (article 13), ce qui veut dire l’impunité pour tous les crimes commis dans le cadre de la dérogation.  De nombreux média russes en parlent (sputniknews, govoritmoskva.ru, kommersant.ru, rbc.ru, vz.ru, vk.com, lenta.lviv.ua) et Vzgliad sort une longue analyse sur ce vote (vz.ru)

 Extrait de la loi : … approuve la demande de la Verkhovna Rada d’Ukraine de dérogation à certaines obligations prévues au paragraphe 3 de l’article 2 et des articles 9, 12, 14 et 17 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et des articles 5, 6, 8 et 13 de la Convention sur les droits de l’homme et des libertés fondamentales pour la période allant jusqu’à la cessation complète de l’agression armée, à savoir jusqu’à ce que le retrait de tous les groupes armés illégaux, gérés, contrôlés et financés par la Fédération de Russie.

 

• Odessa, sous la coupe de quelques nationalistes liés à une société informatique de San Francisco. Intéressons-nous à Odessa de nouveau. D’une part, il s’agit certainement de la grande ville d’Ukraine qui rassemble le plus de personnes mécontentes du gouvernement actuel, et d’autre part Odessa revêt une importance stratégique pour les Américains qui souhaiteraient débarquer du matériel militaire lourd en vue d’une attaque contre la Transnistrie, la Crimée, ou le Donbass. Aux élections présidentielles de 2010, les Odessites avaient voté pour Ianoukovitch à 73%. Toutefois, le Parti des régions semble trop modéré pour beaucoup, puisqu’aux élections législatives de 2012, son représentant, Goncharenko, n’a obtenu que 20% des voix, se faisant devancer par Igor Markov, qui a créé le parti Rodina en 2008 ayant pour programme, la reconnaissance de la langue russe et déjà la fédéralisation du pays. Ses positions pro-russes ont valu beaucoup d’ennuis à Markov, à la fois sous le gouvernement de Ioulia Timochenko et sous celui de Viktor Ianoukovitch. Après le changement de pouvoir en 2014, Tourchinov lui redonna son poste de député, mais il fut rapidement contraint de fuir en Russie. Depuis le drame du massacre du 2 mai, l’opposition à Kiev n’ose plus beaucoup se montrer. Non seulement, des manifestants pacifiques sont morts dans d’horribles circonstances, mais en plus une bonne partie des survivants a été mise en prison, et y croupit encore, ou bien a fui la région pour échapper à la répression. L’un de ces exilés d’Odessa se nomme Yuri qui nous recommande la lecture d’un article d’Eric Draitser intitulé “la Répression par Kiev de l’antifascisme à Odessa” (histoireetsociete.wordpress.com). On y apprend notamment que les éditeurs d’un site d’actualité locale, infocenter-odessa.com, sont persécutés. “À la fin de 2014, l’éditeur du site, Yevgeny Anoukhine, a été arrêt

é sans mandat d’arrêt pendant qu’il tentait d’enregistrer son organisation de droits de l’homme auprès des autorités. Selon diverses sources, les principales raisons de son arrestation étaient sa possession des preuves vidéo illégales de bombardements par des militaires ukrainiens d’un poste de contrôle Kotovka et des données sur son ordinateur qui comprenait une compilation des noms de prisonniers politiques détenus sans jugement à Odessa. Sans preuve ni le mandat et en violation des procédures légales standards, il a été arrêté et inculpé de recrutement des insurgés contre l’Etat ukrainien. En mai 2015, le nouvel éditeur d’infocenter-odessa.com Vitaly Didenko, un gauchiste, journaliste et militant antifasciste a été également arrêté sur fausses accusations de possession de drogue, qui, selon plusieurs sources à Odessa, sont entièrement fabriquées par la police secrète SBU (services de sécurité de l’Ukraine) afin de créer un prétexte pour le détenir.” Au cours de son arrestation, Didenko a été blessé, étant tombé du deuxième étage (ou du troisième étage selon le décompte ukrainien).

Nous vous avions montré une vidéo d’un jeune nationaliste qui obligeait les passants à marcher sur un drapeau de la Novorussie (les-crises.fr). Cela ne se passait pas n’importe où, mais devant la cour d’Appel d’Odessa, 24-A rue Gaïdara. Cet homme de 20 ans, coiffé d’une crête que l’on appelle le chub ou la chupryna, n’est pas n’importe qui. C’est Mikola Dotsenko, recherché par la justice selon l’article 296, autrement dit pour hooliganisme, parce qu’il a été identifié comme étant l’un des 14 agresseurs de Nestor Shufrich, ancien ministre. Les faits remontent au 30 septembre 2014, quand un groupe de voyous l’avait passé à tabac et déposé dans une poubelle. Shufrich étant originaire de la ville d’Oujgorod dans l’ouest du pays, Porochenko soupçonnait des pro-russes d’être les auteurs, et avait, lui-même, demandé au ministère de l’intérieur de mener une enquête. En réalité, c’était le Secteur Droit qui avait réalisé cette “lustration” parce que Shufrich avait été député du Parti des Régions. Les coupables furent bientôt arrêtés, sauf Dotsenko qui était introuvable. Le 8 octobre, le chef du Secteur Droit d’Odessa le protégea en affirmant qu’il était parti combattre dans le Donbass (odessa.comments.ua). Mais le 17 octobre, Dotsenko fut repéré dans la station balnéaire de Zatoka (odessa.comments.ua). Quoi qu’il en soit, il ne fut pas arrêté ni jugé, si bien que le 30 avril 2015, le juge du tribunal du raïon de Primorsky, Roman Bondarenko, émis un nouveau mandat d’arrestation (odessa.comments.ua). Bien que Dotsenko soit retourné vivre à Odessa sans se cacher, il n’est toujours pas arrêté à l’heure actuelle, probablement parce qu’il bénéficie de soutiens importants. En effet, il est l’un des membres les plus actifs de “l’association civique Talisman” (ГО Оберіг). Le test de patriotisme devant le tribunal était organisé par cette association. Il ne s’est pas déroulé n’importe quand, mais le 26 mai 2015, la veille du procès en appel de Vitaly Didenko. Le but du test était clairement d’intimider les juges.

Le 27 mai, le blond à la chupryna est revenu avec ses amis patriotes dont une bonne moitié sont vêtus de treillis militaire (youtube).

Рассмотрение апелляции сепаратиста Диденко, прокурор чуть не угодил в люстрацию (youtube)

Des militants s’étaient rassemblés sous les fenêtres du tribunal, pendant que d’autres avaient pris place dans la petite salle du procès. Le moment le plus surréaliste fut la sortie de l’audience, quand les charmants patriotes bloquèrent et bousculèrent les policiers qui encadraient le pauvre journaliste. Il est finalement retourné en prison, et les militants ont fini par se disperser dans la bonne humeur, ravis d’avoir menacé le juge de le mettre à la poubelle, et d’avoir persécuté l’opposant. La vidéo tournée par l’association Oberig, est étrange car certaines personnes ont été floutées, ce qui fait penser qu’elles seraient recherchées par la justice. On remarque aussi des visages cachés par des casquettes et de grosses lunettes noires, et même par des foulards remontés sur la bouche. Une seule chaine de télévision s’est intéressé à ce procès, ICTV, qui ne trouve rien d’anormal aux méthodes musclées d’Oberig (youtube).

В Одессе активисты попытались бросить прокурора в свалку – Чрезвычайные новости, 27.05  (youtube)

Une petite recherche montre que Oberig est très lié à une autre organisation nommée Одеса Західна (Odessa occident) dirigée par Andy Burkovetsky. C’est un jeune graphiste qui travaille pour la société Iron.io basée à San Francisco (iron.io). Curieusement, la moitié des 25 employés de cette société d’informatique américaine proviennent des pays de l’ex-URSS. En réalité plusieurs de ces informaticiens ne vivent même pas en Amérique, mais à Bishkek au Kirghizistan où eut lieu la révolution des tulipes en 2005 grâce aux Américains ; à Prague ; et à Odessa. Un informaticien plutôt âgé, Yury Yantsevich, exprime publiquement ses positions anti-russes, bien qu’il soit né en Biélorussie. Les autres sont plus discrets. Bref, les nationalistes d’Oberig ne semblent pas dépendre d’Azov et de Kolomoïski, comme le sont les militants qui avaient intimidé l’usine Bulkin de fabrication des pains. Quelques indices nous feraient plutôt penser qu’Oberig dépend d’un oligarque qui aime l’Amérique et les artistes contemporains, donc Viktor Pintchuk, lequel possède ICTV et soutient le nouveau gouverneur, Mikheïl Saakachvili.

Odessa Zahidna soutient aussi une start-up d’Odessa nommée Kwambio, qui vient d’obtenir la modique somme de 650.000 dollars, alors qu’elle n’a encore rien produit. Son domaine est celui de l’impression 3D, mais il est difficile de croire qu’une équipe totalement novice va réussir à faire mieux que les très nombreuses autres sociétés qui ont déjà envahi ce marché de niche. Tout devient plus clair en lisant l’interview du jeune PDG de cette start-up, Vladimir Usov : “Je me suis impliqué dans la politique à Odessa et je fus durant trois ans le représentant du parti “Patrie” (Батьківщини dirigé par Ioulia Tymochenko). C’était quand Ianoukovitch était au pouvoir. J’ai arrêté après sa fuite.” (theukrainians.org) Sa start-up, généreusement capitalisée, pourrait donc être un cadeau de remerciement pour son militantisme passé, ainsi que pour la poursuite de son action sous une autre forme. Avec son équipe de 12 personnes, il est invité à Boston pour un stage de trois mois (uadn.net).

 

• 29ème convoi humanitaire russe au Donbass. Le 29eme convoi humanitaire est arrivé à Donetsk et Lougansk, les camions sont en cours de déchargement. Depuis août 2014, ces convois ont apporté au Donbass plus de 36.000 tonnes de marchandises. Le média Lenta.ru détaille la composition des cargaisons : Produits alimentaires, par exemple pâtes alimentaires, huile végétale, blé, riz, orge perlé et sarrasin, mais aussi médicaments et matériaux de construction. (lenta.ru)

 

• Le ciel s’assombrit au-dessus de Kiev. Concrètement, précisons-le : outre les retombées de l’énorme incendie du dépôt pétrolier, qui continue et où l’on s’attend à deux autres explosions sous peu, des feux de tourbières se sont déclenchés dans deux secteurs de l’oblast de Kiev (localités d’Irpen et Bikovna). Le ciel au-dessus de la capitale est chargé de substances toxiques dont la concentration a été multipliée entre 1,12 et 4 fois : formaldéhyde, dioxyde d’azote, oxyde de carbone, anhydride sulfurique. Alexandre Tourchinov affirme que le dépôt était contrôlé cinq fois par an, le dernière inspection datant du 20 mai (unian.net). Il souligne que certaines personnes n’ont pas respecté les directives. Avakov avait déjà parlé de négligence mercredi (ria.rul).

 

 

VENDREDI 12 JUIN 2015

• Un anniversaire très symbolique. le 12 juin 1999, les chars russes entraient à Pristina au Kosovo pour protéger la minorité serbe (fortruss).

Русские ‘Tанки’ в Приштине [Russian 'Tanks' in Pristina] 1999.06.12 (youtube)

 

• Explosions à Odessa.  Il y a eu deux fortes explosions aux alentours de deux heures du matin dans la nuit du 11 au 12 juin. Celles-ci ont détruit des panneaux d’affichage 4×3 porteurs d’affiches patriotiques (ou propagandistes, selon le camp où l’on se trouve) (timer-odessa.net).

 

• Nouvelle étape du lâchage de l’Ukraine par les USA ? Le Congrès US a voté trois amendements du républicain John Conyers, refusant ainsi de mettre à disposition les moyens nécessaires à l’entraînement et l’instruction des combattants du bataillon nazi “Azov”(conyers.house.gov, fortruss, gordonua.com). Le geste n’est pas aussi noble qu’il pourrait en avoir l’air et ne constitue pas un lâchage de l’Ukraine. Conyers déclare que “If there’s one simple lesson we can take away from US involvement in  conflicts overseas, it’s this: Beware of unintended consequences.  As  was made vividly clear with U.S. involvement in Afghanistan during the  Soviet invasion decades ago, overzealous military assistance or the  hyper-weaponization of conflicts can have destabilizing consequences and  ultimately undercut our own national interests,” said Rep. John  Conyers.  “I am grateful that the House of Representatives unanimously  passed my amendments last night to ensure that our military does not  train members of the repulsive neo-Nazi Azov Battalion, along with my  measures to keep the dangerous and easily trafficked MANPADs out of  these unstable regions.”. En clair, Conyers a peur que les USA fassent la même erreur avec les néo nazis ukrainiens qu’ils ont fait avec les jihadistes afghans durant la guerre avec la Russie, c’est à dire entrainer et armer une force qui se retourne au final contre eux.

Sautant sur l’occasion, le porte-parole officiel du ministère russe des affaires étrangères, Alexandre Loukashevitch, a déclaré : “Il aura fallu plus d’une année pour qu’au Congrès américain on découvre que cette unité est un ramassis de brutes nazies qui se pavanent sous les emblèmes des SS hitlériens et se comportent comme des “punisseurs” dans les territoires occupés. Mais mieux vaut tard que jamais. L’étape suivante, logiquement, c’est reconnaître enfin que le renversement gouvernemental de l’an dernier, soutenu activement par Washington, a été réalisé par ces mêmes énergumènes nazis.” “Il est évident que d’autres formations de la garde nationale d’Ukraine ne sont absolument pas mieux qu’Azov”  (riafan.ru, fortruss).

Reste à savoir quelle sera la réaction d’Azov et du gouvernement de Kiev.  Si Kiev les désavoue, les Azov seront certainement très mécontents et risquent de se retourner contre Porochenko et les siens. Azov ne lâchera pas facilement sa position après avoir été chouchoutés par le pouvoir et avoir subi de lourdes pertes dans les combats. La datcha de Yanoukovitch n’était-elle pas devenue le QG du bataillon “Azov” fin 2014 (ukrinform.ua, Vidéo: youtube) ?

En tout cas le gouvernement ukrainien est en colère. Le ministre de l’intérieur veut que les services secrets US “gardent un oeil” sur le républicain John Conyers (russia-insider) … Et pour montrer son soutien aux Azov, en décore quelque uns (russia-insider).

En prime, l’analyse de De Defensa : Coup de force anti-Kiev au Congrès US, par surprise (dedefensa.org).

 

• Démobilisation partielle ukrainienne annoncée. Porochenko a signé la loi instaurant la démobilisation progressive entre juin et septembre de la vague de mobilisation de l’été 2014. Seront démobilisés progressivement entre juin et septembre les appelés qui ont été mobilisés dans le cadre de la mobilisation décrétée le 21 juillet 2014 (argumentua.com, rbc.ua, ubr.ua, gordonua.com, unian.net). Cette démobilisation ne signifie pas que l’Ukraine se résoud à la paix. Elle est la conséquence mécanique de la vague de mobilisation décrétée en 2015, Porochenko ayant déclaré que les mobilisés de 2015 devaient remplacer ceux de 2014. Il avait aussi indiqué que les mobilisés de 2014 seraient renvoyés dans leurs foyers en fonction de l’avancée de la mobilisation 2015.  Et, de fait, les bureaux de recrutement ukrainiens font le forcing allant jusqu’à ratisser les dortoirs, les transports en commun, les marchés, les supermarchés et les postes de contrôle de la police routière. Vidéo, hélas seulement en russe, et les articles sont en ukrainien. (tsn.ua, tsn.ua).

cliquez sur l’image pour voir la video


• Explosion d’un gazoduc à Avdeevka, non loin de l’aéroport de Donetsk. Un gazoduc en feu près d’Avdeevka suite à des tirs (youtube). Le premier ministre Arseni Yatseniouk s’est fâché tout rouge et a déclaré que c’était une “violation des accords de Minsk” : “Les terroristes russes ont fait sauter intentionnellement le gazoduc afin de stopper l’alimentation en gaz de Marioupol et arrêter les usines” (gordonua.com). Le média est Gordon, un média fortement propagandiste, ce qui explique le terme “terroristes russes”, et la suite de l’article parle d’une “invasion russe”, bref, le fond de commerce de Gordon. il n’en reste pas moins que la situation est sérieuse (fortruss) : “The  shelling of the Kramatorsk-Donetsk-Mariupol pipeline may cause an  industrial catastrphe in the eastern districts of Ukraine. Southern  parts of the Donetsk and Zaporozhye region will be deprived of gas  supplies, including the cities of Volnovakha, Berdyansk, and Mariupol.  If the damange is not repaired immediately, the pipeline will lose  pressure which in turn will lead to an industrial catastrophe on  Ukraine’s entire territory. By the most optimistic estimates, the  repairs would require 1.5-2 months”.

 

 

Вид на горящий газопровод из Горловки! 12.06.15 время 6:21   (youtube)

 

• Exemple de vivre ensemble UE compatible, version ukrainienne. Cette nuit, un pogrom a eu lieu à Kharkov contre des étudiants jordaniens près d’une cité universitaire (unian.net). Un groupe de 40 jeunes ont attaqué une université, un dortoir et visé les immigrés (korrespondent.ne). Des jordaniens se sont retrouvés à l’hôpital en soins intensifs (korrespondent.net).

 

• Le Chef du SBU limoge tous les dirigeants de la Direction de lutte contre la corruption du SBU (unian.net)

 

• Saisie de 500 kg d’héroïne à Odessa. La valeur de la saisie est de 1,5 milliards UAH (unian.net)

 

 

SAMEDI  13  JUIN  2015

• La dette de l’Ukraine vient d’atteindre 100% du PIB (fortruss). Le terrain financier ukrainien est miné pour les 6 mois à venir. Tout peut basculer très vite (fortruss).

 

• Les USA veulent stocker des armes lourdes en Pologne et en Lituanie. Washington discute avec la Pologne et la Lituanie pour entreposer dans ces pays des armes lourdes et des véhicules d’infanterie américains pour une force d’environ 5000 hommes, ce qui est vu par la Russie comme une violation des accords en 1997 entre l’OTAN et la Russie (rt.com, sputniknews). Pour Zerohedge : “NATO Goes “Back To The Future”, Will Store Tanks, Heavy Weapons Near Russian Border” (zerohedge.com).

 

• Mais pas en Ukraine. “Pas d’armes US pour l’Ukraine” : telle est la grosse déception qu’a exprimée Arseni Yatseniouk à l’antenne de la chaîne Kanal 5 (5.ua, youtube). Selon lui, si les USA ne veulent pas donner d’armes à l’Ukraine, c’est parce qu’ils doivent compter avec l’opinion des autres pays, entre autres ceux qui sont membres de l’UE et surtout du G7 (sputniknews). Pour une fois, ce n’est pas la faute de la Russie ni de Poutine, puisqu’il n’a pas été invité à la réunion du G7 le week-end dernier…

 

• Coup de force des ultra-nationalistes à Odessa. Le siège du parti communiste ukrainien d’Odessa avait déjà été la cible de jets de cocktails molotov en mars 2015 (ridus.ru à 11 h 43 , youtube). la vidéo avait été mise en ligne par un “patriote” ukrainien dont l’avatar sur VKontakt (vk.com/nevidomyy_patriot) est une synthèse de réminiscences nazies : svastika, nom écrit en runes plus ou moins slavisantes, et les deux cocktails molotov.  Il termine son post par “Смерть ворогам!” (Mort aux ennemis!). La routine en fait.

.

Cette fois-ci, le siège du parti a été investi par une centaine d’activistes d’Euromaïdan, de Praviy Sektor, du groupe “Autodéfense d’Odessa” et du “Conseil de sécurité publique” avec leurs leaders. Les buts poursuivis par les activistes ne sont pas clairs, eux-mêmes disent qu’ils ont investi les locaux parce qu’il s’y trouve des documents qui leur appartiennent. Les activistes ont fouillé les locaux, ils y ont trouvé – ce qui est logique – des attributs communistes (désormais interdits par la loi de décommunisation) , qu’ils ont rassemblés et détruits en y mettant le feu(timer-odessa.net).

 

 

DIMANCHE  14  JUIN  2015

• Les Odessites de “Antimaïdan”. Ils avaient prévenu de leur intention de recréer un mémorial temporaire sur les Champs de Koulikovo avec les portraits des victimes du 2 mai 2015 (bbc.com, korrespondent.net, dnr-news.com). Leurs opposants de “Praviy Sektor” et de “Autoféfense ” aveint prévenu qu’ils y seraient aussi. Les deux camps ont tenu parole. Cela a donné lieu à des provocations de la part des activistes radicaux, surtout à l’adresse des jeunes qui étaient venus se promener là.

 

 

В Одессе активистов «антимайдана» не пустили на Куликово поле почтить память погибших 2 мая   (youtube)

 

Les manifestants ont déployé des banderoles: “Saakachvili go home”, “Liberté pour les emprisonnés pour raisons politiques”, “Libérez Bouzila”. Le leader du mouvement “Odessa, port franc”, Ibrahim Morris, a déclaré: “On nous a nommé un gouverneur qui n’a absolument aucun lien avec Odessa. N’y a-t-il donc parmi nous personne qui soit valable?”. Les participants au meeting scandaient “Le fascisme ne passera pas !”.

 

“Saakachvili go home”

 

• La DNR et la LNR estiment que les combats pourraient reprendre à grande échelle très rapidement (vz.ru). Extraits de l’article : “La situation au Donbass peut s’aggraver dans les heures qui viennent. C’est le sujet de conversation dans la DNR/RPD, dont une patrouille d’éclaireurs a découvert aux abords de la ligne de démarcation un rassemblement d’armes lourdes des forces ukrainiennes. Dans la LNR/RPL voisine, on est certain que les tirs intensifs sur les localités ont pour but de détruire les accords de paix de Minsk. L’intensité des tirs a doublé en vingt-quatre heures.”

Ces derniers temps, la situation en Ukraine s’est considérablement aggravée. Dans la nuit de samedi à dimanche, les militaires ukrainiens ont pratiquement bloqué par tous les côtés Piervomaïsk, en république populaire de Lougansk et l’ont bombardée avec des armes interdites par les accords de Minsk. Cela a été rapporté par le chef du deuxième peloton de fusillers-motocyclistes du régiment cosaque de LNR/RPL, surnom ” Hottabitch” : “Hier nous avons reçu deux salves de “Vassilka” (mortier automatique), ensuite les SAU (batteries d’artillerie automotrices) ont commencé à nous arroser, ensuite il y a eu les tanks. Tout cela, ce sont des armes interdites par les accords de Minsk” .

Ce qui fait écho d’un article allemand repris par Sputnik News : “Poroshenko and Yatsenyuk Need War to Stay in Power – German Media”  (sputniknews).

 

• Pensée profonde de Saakashvili. “Il faudra au moins vingt ans à l’Ukraine pour surmonter les conséquences de l’ère Yanoukovitch”. C’est ce qu’il a déclaré ce dimanche au cours d’une réunion stratégique du gouvernorat de la région d’Odessa (nahnews.org, sputniknews). Première mesure envisagée par Saakashvili pour redresser l’Ukraine ? Virer plus de 90% des fonctionnaires de la région d’Odessa (unian.info)…

Ceci dit sa réflexion concernait surtout l’état de l’économie et non le côté social. On notera juste au passage, qu’avant Yanoukovitch, il y a eu plusieurs autres présidents, et qu’ils n’ont pas non plus emmené leur pays vers la prospérité, leurs ministres non plus. Les propriétés que possèdent certains ministres et leurs familles sont les témoins de la corruption et de l’enrichissement personnel de certains, qui n’ont pas pu acquérir de telles richesses en économisant leur traitement de  ministre, de député ou de haut fonctionnaire. Par exemple, la propriété de Youlia Timochenk à Kontcha-Zaspa, le quartier résidentiel ultra-huppé près de Kiev (upadka.net)…

 

• Témoignage d’un enfant de Sakhanka. La localité, située au nord de Shirokino, avait été bombardée par les ukrainiens vers la mi mai 2015 (youtube).

Vania. (youtube)

 

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DU 19 MAI 2015  (http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-19-05/)

• Scène de vie ordinaire sur la ligne de front : Les habitants de Sakhanka. Azov les bombarde avec des armes lourdes (qui auraient dû être retirées selon les accords de Minsk) et l’OSCE se borne à constater la taille des cratères et a écrire des rapports (osce.org). Les habitants craquent. La routine d’une guerre où la population est la cible principale pour les bataillons nationalistes urainiens (youtube). Sakhanka est situé près de Marioupol.

 

 Dans le rapport correspondant de l’OSCE cela donne ça (osce.org) :

 

 

 “The SMM visited Sakhanka (“DPR”-controlled, 24km north-east of Mariupol)  amid significant presence of press and media representatives from the  Russian Federation – approximately 30 individuals – and a group of 20 to  30 local residents, mainly middle aged and elderly women, who said that  shelling had occurred on 12 and 13 May. The Russian Federation Armed  Forces Colonel-General to the JCCC was also present in Sakhanka. The SMM  analysed five craters, four located in fields adjacent to the village  and one in the garden of a damaged house. In the SMM’s assessment, in  four cases the craters resulted from 120mm mortars, and in one case from  an 82mm mortar, all fired from a westerly direction. The SMM also  travelled to Shyrokyne and spoke with a number of local residents who  reported shelling on 13 May in the late afternoon. In the village, the  SMM observed increased destruction of civilian infrastructure and  private houses.”

 

• Exemple de schizophrénie européenne : Le Causase en 30 jours. Nouvelle série de reportages produite par Arte et la télévision Finlandaise, actuellement en diffusion sur ARTE (arte.tv). C’est assez intéressant et étrange en même temps. Le présentateur, l’acteur Finlandais Ville Haapasalo est un russophile confirmé depuis les années 90. Il a étudié au théâtre de St-Petersbourg entre 1991 et 1995, et depuis, sa carrière se partage entre la Finlande et la Russie… autant dire qu’il connait parfaitement la Russie, il parle russe couramment et il y est très apprécié. Cependant, le reportage est produit par ARTE, et on ressent la ligne éditoriale partiale de la chaîne. Cela dit, difficile de forcer les gens à dire que tout va mal avec Poutine… d’où ce mélange étrange : la narration qui met en avant tous les défauts de la Russie, et les paroles des gens rencontrés qui disent que tout va mieux maintenant. C’est aussi très bien filmé, et malgré les remarques « By ARTE » omniprésentes, assez agréable à regarder.

 

• La “narrative” américaine résumée en une phrase. Nous la devons à Karl Rove (wikipedia). Elle date d’octobre 2004 (nytimes.com) mais est toujours actuelle : “We’re an empire now, and when we act, we create our own reality. And while you’re studying that reality—judiciously, as you will—we’ll act again, creating other new realities, which you can study too, and that’s how things will sort out. We’re history’s actors…and you, all of you, will be left to just study what we do…”  Cette phrase resume bien ce que nous vivons sur tous les fronts de la guerre de communication orchestrée par les USA : un flot d’histoires, de “narrative”, de propagandes, destinées à changer/masquer la réalité.

 

• Contredit par la réalité itself. Signe des temps et symbole fort, le fabricant légendaire d’armes à feu, Colt, se place sous la protection de la loi sur les faillites (sputniknews).

 

• Conflit ouvert enre la présidence et le SBU. Selon l’ancien chef adjoint de l’administration présidentielle du temps de Yanoukovitch, Andreï Portnov, le départ de Nalivaïtchenko de la tête du SBU est une question de semaines. Il est en conflit avec Porochenko (vesti-ukr.com).

 

• Regroupement de partis d’opposition ukrainiens. Le parti communiste (Petro Symonenko) et le parti socialiste progressiste (Natalia  Vitrenko) ont signé un pacte pour fusionner dans “L’opposition unie de gauche” avec 5 autres partis, 13 organisations publiques et 6 personnalités dont le parti des travailleurs (Svyatoslav Bondarchuk), Leninsky  Komsomol of Ukraine et  l’union des officiers soviétiques (fortruss, colonelcassad).

 

Manifeste du nouveau parti (version anglaise : fortruss)

The All-Ukrainian movement of the left and center-left political parties and public organizations is the “left opposition”

The  course of domestic and foreign policy, which is held in Ukraine,  especially after the February (2014) coup, leads our country to the loss  of state sovereignty, division and fratricidal civil war, economic  collapse, social and ethnic genocide that threatens the collapse of  Ukraine, and is being used by external forces to provoke WWIII.

The  signing of the association agreement with the European Union, and  dutifully carrying out the draconian requirements of the International  Monetary Fund, Ukraine has lost its economic and political independence.  She actually is under external control. Its internal and external  policies are defined by the United States, and the international  financial oligarchy.

Implementing  the so-called reforms under the bankrupt model of peripheral neoliberal  capitalism, abandoning integration with the countries of the Customs  Union, Ukraine condemned itself to de-industrialization, the seizure of  public property by oligarchic clans, which was built by several  generations by Soviet people, and the loss of millions of jobs, poverty  and extinction of the population. Now the gross domestic product of  Ukraine does not even reach 60% of the 1990 level.

Destroyed  is the domestic industry, destroyed is its leading export-oriented  industry. The financial system of the country has been brought to  default. Over-exploitation of the labor force, skill-sets among the  highest in the world and yet pay at the level of the poorest African  countries. Health services and education are virtually inaccessible for  the majority of the population.

The  course of building mono-national state, the national-chauvinist  imposition of that ideology has led to a total violation of the  Constitution of Ukraine, the rules and principles of international law,  mass population discrimination on the basis of linguistic, national,  regional, confessional, grounds. The Ukrainian state has been unable to  reliably protect the legal rights, lives and safety of its citizens.

Adopted  by the Verkhovna Rada of Ukraine with gross violations of the  constitutional procedure and the introduction of the Law “On the  condemnation of the Communist and National Socialist (Nazi) totalitarian  regimes in Ukraine and prohibition of propaganda of their symbols”, “On  the legal status and the memory of fighters for Ukrainian independence  in the twentieth century” “On perpetuation of victory over the Nazis in  World War II, 1939-1945.” “On access to the archives of the repressive  organs of the communist totalitarian regime’s 1917-1991″ – is not only a  reflection of the totalitarian nature of the ruling regime now in  Ukraine, but also cynical falsification History and revisionism of the  decisions of the Nuremberg Military Tribunal.

It  is a challenge to the world community. Starting with the violation of  the Constitution through censorship, manipulation of public  consciousness, intimidation and persecution of dissidents, the  persecution of the canonical Orthodox Church, anti-constitutional ban on  political parties, persecution and physical violence with ideological  and political opponents, and of course, the extremely dangerous  violations of generally accepted standards and norms in the civilized world of democracy, deprivation of the people of Ukraine to free expression.

In  these circumstances, we, the representatives of opposition political  parties and public organizations claiming to unite our efforts within  the movement “Left Opposition” in order to save UKRAINE AND  PROTECT HUMANITY our compatriots for peace, prosperity and security in  the country, freedom of speech and belief, fair trial, truly democratic  elections, building social justice, democracy, the rule of law.

We  will seek above all an immediate end to the bloodshed in the east of  the country, the peaceful settlement of the conflict based on the steady  performance of the Minsk Agreement and the decentralization of power.

We  believe that to ensure a lasting peace in Ukraine and bring it out of a  deep, all-encompassing crisis and back into the circle of the advanced  countries of the continent is impossible without the restoration of  good-neighborly, equal and mutually beneficial relations with the  Russian Federation and Belarus.

It  is with them, unlike the US and EU countries, whom we share a common  history, culture, spirituality, civilizational values. History has  proven that the territorial integrity and independence of Ukraine was  stored only in the unity of our countries and brotherly peoples.

We  believe that to stop social genocide, stop the destruction of the  national economy, is impossible without abandoning the neo-liberal  course presently held under the dictates of the West.

We  advocate for the implementation of the new industrialization of Ukraine  on the basis of modern technological innovation, drawing on domestic  intelligence, human, natural and technological resources. Our  alternative to neo-liberalism is a socio-economic model based on  principles of social justice and democracy.

We  stand FIRMLY for a domestic and foreign policy in accordance with the  principles of the Declaration of State Sovereignty of Ukraine to  guarantee its non-aligned (neutral) status; Inter-ethnic relations based  on the principles of international law and the provisions of the  Declaration of Rights of Nationalities of Ukraine; STATUS OF RUSSIAN  language as the second official language.

We  oppose the humiliation and betrayal of the military and labor feats of  our fathers and grandfathers who beat the fascist invaders in World War  II, and the victorious labor undertaken to revive our homeland from the  ruins, and hold it as it was in the Soviet era to the heights of world  economic, scientific and spiritual progress. We are categorically  against the insertion in the country of neo-Nazism, rehabilitation and  glorification of Nazi accomplices and invaders.

We call on the political parties, public organizations, and for the FATE OF THE HOMELAND all  those who share our assessment of the modern political and  socio-economic situation and put forward in the manifesto our OBJECTIVES  – Join the patriotic movement “Left Opposition”.

 

Adopted at the founding meeting of the “Left Opposition” 

12.06.2015, Kiev

 

Manifeste du nouveau parti (version française : editoweb.eu)

La politique intérieure et étrangère de l’Ukraine actuelle, surtout après le coup d’état de février (2014), conduit notre pays à sa perte. cette politique menace sa souveraineté nationale, conduit à la division et à la guerre civile, à l’effondrement de l’économie, au génocide ethnique. De plus l’utilisation de forces armées extérieures peut conduire à une Troisième Guerre mondiale. En signant l’accord d’association avec l’Union européenne et en suivant docilement les exigences draconiennes du Fonds monétaire international, l’Ukraine a perdu son indépendance économique et politique. Elle est effectivement sous contrôle extérieur. Ses politiques internes et externes sont dictées par les États-Unis, et l’oligarchie financière internationale. La mise en œuvre des soi-disant réformes d’un capitalisme néolibéral en faillite provoque l’abandon de l’intégration du pays à l’Union douanière, à la désindustrialisation, à l’accaparement par les clans oligarchiques de la propriété publique issue de l’Union Soviétique, à la perte de millions d’emplois, à la pauvreté et à l’effondrement de la natalité de la population. Actuellement, le produit intérieur brut de l’Ukraine n’est pas à 60% de celui de 1990. L’industrie nationale s’effondre, le gouvernement détruit son industrie de premier plan, orientée vers l’exportation. Le système financier du pays est au bord du défaut. La surexploitation du travail est plus élevés que dans le monde, les salaires sont tombés au niveau des pays africains les plus pauvres. Les services médicaux et l’éducation sont pratiquement inaccessibles à la majorité du peuple.

Le gouvernement tente de créer une idéologie nationale, chauvine, en violation totale de la Constitution de l’Ukraine, des normes et principes du droit international, créant des discriminations massives pour des raisons linguistiques, régionales et religieuses. Le gouvernement ukrainien est incapable de protéger le droit et la légalité, la vie et la sécurité de ses citoyens.

La loi de “décommunisation” adoptée par la Verkhovna Rada d’Ukraine est une violation grossière de la Constitution, la loi “sur le statut juridique et l’honneur des combattants pour l’indépendance en Ukraine du XXe siècle “… reflète non seulement la nature totalitaire du régime au pouvoir, mais aussi la volonté de réécrire l’histoire et modifier les décisions du Tribunal militaire de Nuremberg, ce gouvernement conteste l’ensemble des décisions de la communauté mondiale. L’introduction, en violation de la Constitution de l’Ukraine, de la censure, de la manipulation des masses, de l’intimidation et du harcèlement des opposants, de la répression contre l’Église orthodoxe, de l’interdiction anti-constitutionnel des partis politiques, est une violation extrêmement grave des normes démocratiques du monde civilisé. Ce gouvernement prive le peuple d’Ukraine à la libre expression.

Dans ces circonstances, nous, les représentants des partis politiques d’opposition et des associations déclarons unir nos efforts dans une “union” civile d’opposition de gauche POUR L’UKRAINE pour sauver et protéger nos compatriotes, pour la paix, la prospérité et la sécurité dans le pays, pour la liberté d’expression, une justice équitable, des élections démocratiques, juste, et un Etat de droit.

 

Nous allons d’abord demander la cessation immédiate des effusions de sang dans l’Est, et un règlement pacifique du conflit sur la base de la stricte application des accords de Minsk et de la décentralisation. Nous croyons que pour assurer une paix durable en Ukraine, pour sortir de l’abîme de la crise et retrouver un niveau de vie digne, cela passe par le rétablissement des relations pacifiées, mutuellement bénéfiques avec la Fédération de Russie et le Bélarus. Nous sommes, contrairement aux pays américains et européens, “unis par une histoire commune, une culture, des valeurs civilisationnelles, spirituelles. L’histoire a prouvé que l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine n’est possible que par le renforcement de l’unité de nos pays et de nos peuples frères. Il faut mettre fin au génocide social, il faut arrêter la destruction de l’économie nationale et abandonner les politiques néo-libérales mises en œuvre sous les diktats de l’Occident. Nous soutenons la mise en œuvre d’une nouvelle industrialisation de l’Ukraine sur la base de l’innovation technologique, moderne basée sur nos propres ressources, et sur l’écologie. Notre alternative au néolibéralisme est un modèle socio-économique basé sur les principes de la justice sociale et la démocratie. Nous préconisons le retour aux principes de la Déclaration de souveraineté de l’Ukraine, avec une garantie du statut des non-alignés (neutre); Les relations internationales doivent être fondées sur les principes du droit international et sur le respect de la Déclaration des droits des nationalités de l’Ukraine; Le statut de la langue russe doit être rétablie.

Nous nous opposons à l’humiliation, à la trahison de l’héroïsme de nos pères et grands-pères qui ont vaincu les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Leurs mains victorieuses ont construit notre pays, le pouvoir soviétique a sortir notre pays des ruines pour établir une société de progrès économiques, scientifiques. Nous sommes fermement opposés au retour du néonazisme dans le pays, à la réhabilitation et à la glorification des collaborateurs nazis.

Les partis politiques, les organismes publics, invitent tous ceux qui partagent l’amour de leur patrie, qui partagent notre évaluation de la situation politique actuelle et les buts et objectifs de ce manifeste à rejoindre l’Union patriotique “opposition de gauche”.

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-17062015/


[Défaut en vue !!!] Grèce : la nouvelle stratégie des créanciers

Wednesday 17 June 2015 at 03:00

La crétinerie infinie de nos dirigeants me décourage de commenter plus avant…

Les créanciers voudraient imposer un contrôle des capitaux et des limitations de retraites aux guichets.

Les créanciers voudraient imposer un contrôle des capitaux et des limitations de retraites aux guichets.

Selon la Süddeutsche Zeitung, les créanciers prépareraient un plan “à la chypriote” pour la Grèce en cas de défaut. Un moyen de faire pression sur le gouvernement hellénique qui demeure risqué.

Désormais, tout se passe comme si les créanciers de la Grèce jouaient une nouvelle partie : celle qui se jouera après le défaut d’Athènes vis-à-vis de ses engagements envers le FMI. Dimanche 14 juin, il n’y a eu aucune discussion. Selon des sources grecques proches du gouvernement, les négociateurs grecs se sont retrouvés à Bruxelles face à une équipe de techniciens « n’ayant aucun mandat pour négocier. » Et de fait, durant ce court rendez-vous de 45 minutes, toutes les nouvelles concessions grecques et non des moindres (notamment l’acceptation de l’objectif d’excédent primaire de 1 % du PIB pour cette année) ont été repoussées. Les exigences – toutes les exigences – des créanciers étaient à accepter en bloc. Ou à refuser. Autrement dit, les créanciers ne cherchent plus réellement à trouver un accord. Ils jouent désormais le coup d’après, celui qui suivra le défaut du 30 juin.

Stratégie européenne pour l’après-défaut

Leur stratégie a été en partie révélée par un article de la Süddeutsche Zeitung (SZ) de ce mardi. Ce dernier dévoile la stratégie mise au point par les dirigeants de l’Eurozone après le défaut. Selon la SZ, les chefs de gouvernement se retrouveraient dans une réunion d’urgence. Ils demanderaient à Athènes d’imposer un contrôle des capitaux et des limitations aux retraits des guichets bancaires au cours d’un week-end. Les banques devraient alors rester fermées quelques jours. Si le gouvernement grec refuse de faire passer une loi spéciale – nécessaire pour la réalisation de ce plan -, le système financier grec sera « isolé » de l’Eurosystème. Autrement dit, on coupera l’accès à la liquidité d’urgence (programme ELA) des banques grecques.

Renouveler Chypre

La SZ ne donne pas la finalité de ce plan. En réalité, elle est assez claire, c’est un scénario à la chypriote que les Européens promettent à la Grèce. Comme à Chypre, ce contrôle des capitaux permettra de faire payer la faillite des banques grecques par les déposants de plus de 100.000 euros (il existe une garantie européenne sur les dépôts jusqu’à cette somme). Comme à Chypre, cette solution s’accompagnerait d’un nouveau tour de vis budgétaire. C’est une position qui est défendue depuis quelques semaines par la banque centrale allemande, la Bundesbank. Cette dernière a fait du cas chypriote – où Nicosie avait dû céder à la menace d’une coupure de l’ELA -, un modèle du genre.

Pressions sur Athènes

Le but est fort clair : une telle procédure rendra extrêmement impopulaire le gouvernement d’Alexis Tsipras. L’objectif des dirigeants de la zone euro reste donc le même : renverser ce gouvernement, coûte que coûte. Et obtenir un gouvernement obéissant tout en évitant le Grexit.  Du reste, cette information – qui n’a été ni démentie, ni confirmée par le gouvernement allemand, ce qui revient à la confirmer – risque de provoquer une panique sur les dépôts puisque les Grecs connaissent parfaitement le précédent chypriote de mars 2013. Là encore, c’est un moyen de pression sur le gouvernement grec pour qu’il capitule avant le 30 juin.

Pari risqué

Cependant, le pari est risqué. Si les Grecs sont confrontés au choix de voir leur épargne confisquée pour renflouer les banques ou dissoute par une dépréciation d’une nouvelle monnaie, que choisiront-ils ? En réalité, la crainte de voir son épargne dissoute est un des derniers liens qui accrochent les Grecs à l’euro. Une fois disparu, le Grexit pourrait apparaître comme un moindre mal. Le plan européen pourrait alors avoir l’effet inverse de celui annoncé : renforcer la confiance dans le gouvernement sur le thème de la dignité outragée des Grecs. Sans doute les créanciers se laissent-ils trop bercer d’illusions par les sondages qui affirment que trois-quarts de Grecs veulent conserver l’euro « à tout prix. » Lorsque la facture sera présentée et dépassera les retraites et la TVA, le sentiment pourrait changer. Du reste, le contrôle des capitaux peut être utilisé pour une autre fin, celle du Grexit ou de l’introduction d’une monnaie parallèle. Dans ce cas, les Européens auraient ouvert les portes du Grexit.

Problèmes juridiques

Ce plan pose également des problèmes juridiques. Il utilise le programme ELA, qui relève de la politique monétaire de la BCE, comme moyen de pression. Or, la BCE est en théorie indépendante. Lundi 15 juin, devant le parlement européen, son président, Mario Draghi, a martelé qu’il ne prendrait pas de « décision politique. » Evidemment, on peut considérer que le défaut grec mènera à la faillite des banques. Mais, dans ce cas, ce ne peut être qu’après le « défaut officiel » envers le FMI, donc après le 30 juillet. Et si la rupture de l’ELA est présentée dans le cadre d’un plan global imposé par les créanciers, cela poserait le problème de l’indépendance de la BCE. Du reste, les Grecs préparent la riposte : selon le quotidien britannique DailyTelegraph, citant des sources proches de Syriza, Athènes pourrait déposer une plainte auprès de la Cour de Justice de l’UE pour une « rupture des traités » de la part des institutions européennes.

Confrontation directe

Ce qui est certain, c’est que le défaut du 30 juin ne fait plus aucun doute désormais. Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, a indiqué qu’il n’y aurait pas de nouvelle liste de réformes présentée par les Grecs lors de la réunion de l’Eurogroupe jeudi 18 juin. Chacun pense donc à l’après-défaut. Et tente de faire peur à l’autre camp. Progressivement, c’est une confrontation directe qui semble se mettre en place.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 16 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/defaut-en-vue-grece-la-nouvelle-strategie-des-creanciers/


Miscellanées du mercredi (Blog, Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 17 June 2015 at 02:00

Avec une semaine de retard celui ci – mea culpa

I. Blog

Vous noterez depuis ce jour une petite fonctionnalité en plus : l’affichage en début d’article des commentaires les plus recommandés…

II. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Croissance chinoise: “Les chiffres sont bidons !” – 08/06

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (1/2): Focus sur le ralentissement de l’économie chinoise – 08/06

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (2/2): Quel sera l’impact d’un Grexit sur l’Union Européenne – 08/06

III. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “Le quantitative easing n’a aucun impact sur la reprise” – 03/06


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-17-06-2015/


[Vos sous...] Pensez à renégocier rapidement vos crédits !

Wednesday 17 June 2015 at 00:01

Une fois n’est pas coutume, petit conseil financier.

Comme on s’achemine de plus en plus vers un défaut grec

 

bon, enfin, un gros problème quoi (dont l’étendue des conséquences reste à définir), il est probable que nous allons quitter définitivement l’ère des taux d’intérêts très bas.

Ainsi, si vous avez des crédits, surtout immobiliers, à taux de 3%, 4 %, 5 %, n’hésitez pas à les renégocier avec les banques (en demandant bien des possibilités de transférabilité si vous revendez un jour, pour conserver le crédit à bas taux, option importante !). Cela génère une économie qui compense souvent les pénalités anticipées, à vous d’étudier et de comparer, ou de vous faire aider…

D’expérience, je vous conseille aussi de regarder ce que vous proposeront des courtiers spécialisés, comme empruntis, meilleurtaux, cafpi etc (publicité gratuite – mais je viens de tester avec un très bon courtier, et c’était vraiment très efficace…).

Lire ce papier des Echos :

La vague de baisse des taux des crédits immobiliers touche à sa fin

Un certain nombre de banques ont annoncé des hausses douces comprises de 0,1 à 0,3 point. Si le coût du crédit se stabilise, le nombre de renégociations va progressivement se résorber.

Les emprunteurs vont sans doute devoir changer leurs habitudes. Depuis trois ans, les taux de crédit ont été divisés par deux, parvenant à fin mai à un plancher historique de 2,01 % pour une durée moyenne d’un peu plus de dix-sept ans, selon le baromètre Crédit Logement/CSA. Or, cette longue parenthèse commence à se refermer.

Les taux des crédits vont-ils remonter ?

Dans les faits, les taux proposés aux emprunteurs sont toujours au plus bas. Mais une hausse se profile bel et bien. Selon les courtiers en crédit, certaines banques ont déjà annoncé des hausses, plutôt douces, comprises de 0,1 à 0,3 point. Plusieurs grands réseaux sont déjà concernés, soit au niveau national, soit localement via une banque régionale. « Désormais, quinze de nos banques partenaires vont dans ce sens », confirme Sandrine Allonier, responsable des relations bancaires chez Vousfinancer.com. Autre cas de figure possible : un prêteur laisse ses barèmes inchangés, mais ne négocie plus aucun rabais, alors qu’il les acceptait jusque-là. Ce serait une sorte de hausse invisible. Mais gare à l’image d’un mouvement généralisé et brutal : « Les taux ne remontent pas pour tout le monde, selon le type de clientèle que les banques souhaitent cibler », souligne Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.com. Par ailleurs, les crédits sont si bon marché que la route vers des taux « chers » sera de toute façon longue.

Comment expliquer ce retournement ?

La réponse est d’abord d’ordre technique : il existe un lien indirect entre le taux auquel l’Etat s’endette à dix ans (OAT) et celui appliqué par la banque sur un crédit immobilier. Les ressources nécessaires à refinancer le crédit sont en effet pour partie liées au niveau des taux longs. Ainsi, le passage de l’OAT d’environ 2 % en 2014 à 0,35 % début avril 2015 a bien correspondu à la chute des taux de crédit. Or, ces dernières semaines, ces mêmes OAT se sont tendues, jusqu’à 1,32 %, ce qui reste historiquement plutôt faible. « Mais il existe un seuil psychologique à 1,50 % dont on s’approche », prévient Cécile Roquelaure, directrice des études d’Empruntis. Le mécanisme qui a conduit à la plongée des taux du crédit est donc entrain de s’inverser. Par ailleurs, au-delà de l’OAT, les banques se refinancent actuellement à des conditions particulièrement attractives grâce à la généreuse politique monétaire de la BCE. Remonter le « prix à la pompe » du crédit revient actuellement à améliorer leur marge sur le crédit.

Est-ce la fin des renégociations de crédit ?

Le crédit bon marché a suscité ces derniers mois de nombreuses demandes de rachat ou de renégociation de crédit, entraînant, parmi d’autres désagréments, de gigantesques engorgements dans l’examen des dossiers. Un tonneau sans fond puisque chaque nouvelle baisse des taux de crédit générait un nouveau stock d’emprunteurs ayant intérêt à cette opération. Si le coût du crédit se stabilise, le nombre de renégociations devrait progressivement se résorber. « D’ores et déjà, certains réseaux ne veulent plus traiter ce type de dossier », remarque Sandrine Allonier. A l’avenir, les banques pourront davantage se concentrer sur les « vrais » crédits, pour lesquels la demande s’est ressaisie.

Edouard Lederer, Les Echos, 15/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/vos-sous-pensez-a-renegocier-rapidement-vos-credits/


[Grèce 2] La division des créanciers conduit à l’échec des discussions

Tuesday 16 June 2015 at 05:14

Négociations au bord du gouffre

La nouvelle de l’interruption des négociations entre la Grèce et ses créanciers ce jeudi 11 juin n’est ni une surprise ni une nouvelle. D’un part, on peut penser qu’il s’agit plus d’unesuspension des négociations et que ces dernières reprendront d’ici quelques jours, quitte à ce que nous soyons encore soumis au régime de la douche écossaise. Mais, d’autre part, sur le fond, il est clair qu’il y a un désaccord fondamental sur la nature politique de ces négociations.

La nature des désaccords

Ce que cherche l’Union européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est de cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. L’important est donc de faire plier la Grèce non pas pour elle-même, ou pour humilier ses dirigeants (même si certains dirigeants européens sont sur cette position) mais pour ôter l’envie aux peuples d’Europe de se rebeller par voie électorale contre lesdiktats de Bruxelles et Francfort.

Ce que cherche le gouvernement grec, c’est à imposer une solution politique à la question de la dette, qui permette de trouver une autre voie que celle de l’austérité. C’est pourquoi, et moyennant un tel accord et un programme d’investissements en Grèce, ce gouvernement serait prêt à faire des concessions que ce soit sur les privatisations ou sur les retraites. Mais, pour que ces concessions aient un sens il faut un accord politique global. Le Ministre des finances de la Grèce, M. Varoufakis, l’a rappelé en début de semaine[1].

L’attitude de l’Eurogroupe a ainsi largement fait évoluer la négociation vers ce que Yanis Varoufakis appelle une « guerre ».

Accords et désaccords

Aussi, on peut être techniquement très proche d’un accord et politiquement très éloigné. Les différents dirigeants européens (M. Jean-Claude Juncker en premier), les dirigeants allemands, comprennent très bien cette problématique. Ils ne mesurent pas encore complètement la détermination du gouvernement grec et de M. Tsipras. Cette détermination s’appuie sur plusieurs facteurs :

  1. La situation de la Grèce est tellement dramatique, et le soutien dont bénéficie le Premier-ministre et son parti est tel, que l’on ne le voit guère reculer. Le ferait-il qu’il se suiciderait politiquement. Or, l’homme est jeune. Il sait qu’il représente aujourd’hui un véritable symbole, que ce soit en Grèce ou en Europe. Il pourrait faire des concessions s’il obtenait le principal. Mais, fors cela, il n’a aucun intérêt à capituler. Bruxelles croit que Tsipras est un Papandréou plus jeune et se trompe complètement.
  2. La Grèce à bien moins à perdre d’une rupture que les oligarques de Bruxelles, de Paris ou de Berlin. Un échec des négociations entraînerait un défaut, et ce défaut conduirait probablement à une sortie de l’Euro. Le choc serait important pour la Grèce, mais cette dernière retrouverait rapidement le chemin de la croissance. Par contre, la zone Euro n’y résisterait très probablement pas. Dans ces conditions, et mesurant tout ce qui a été investi politiquement et symboliquement dans l’Euro, il est clair que l’hypothèse d’un défaut est bien plus insupportable pour un François Hollande, un Pierre Moscovici, un Matteo Renzi, voire une Angela Merkel que pour Alexis Tsipras.
  3. La Grèce joue d’ailleurs ici avec la Banque Centrale Européenne. Cette dernière est contrainte en un sens de continuer à financer les banques commerciales grecques alors qu’il y a un mécanisme désormais important de retrait des dépôts depuis le mois de février. Mais, ce phénomène joue en réalité dans la main de Tsipras car il peut alors dire que les capitaux qui sortent actuellement de Grèce y reviendraient rapidement en cas d’une sortie de l’Euro et d’une dévaluation massive de la monnaie grecque retrouvée. Ce processus contribue en réalité à sécuriser une partie de l’épargne grecque dans l’optique d’une sortie de l’Euro. C’est pourquoi le gouvernement grec a refusé de mettre en place un contrôle des capitaux.
  4. Si l’on considère la question sous un angle géopolitique il est aussi clair que les Etats-Unis et l’Union européenne ont bien plus à perdre que la Grèce. Une rupture entre la Grèce et l’Eurogroupe jetterait ce pays dans les bras de la Russie. La Grèce s’opposerait à la poursuite des sanctions dès le mois de juillet, et pourrait s’appuyer sur le couple Russie-Chine pour trouver les investissements dont elle a besoin. Les rodomontades des diplomates européens qui, à Bruxelles, promettent de « faire la peau » à la Grèce ou à Chypre si ces pays changeaient de camps ne sont que des rodomontades.

L’Eurogroupe en panne de stratégie.

En fait, c’est l’Eurogroupe, et en son sein l’Allemagne, qui se trouve en panne de stratégie. Donne-t-il raison à la Grèce, accepte-t-il une renégociation globale de la dette avec une annulation d’une parie de cette dernière, et immédiatement il verra l’Espagne, le Portugal, l’Italie et peut-être même l’Irlande demander des conditions analogues à celles qui ont été consenties à la Grèce. Maintient-il sa position intransigeante et il risque la rupture, avec un défaut grec, et un processus de dislocation de la zone Euro qui commencera très vite. C’est ce qui explique le caractère chaotique des négociations actuelles. Il est effectivement difficile pour les négociateurs grecs de négocier avec des gens sans stratégie. Le problème est décuplé par la situation en Allemagne. Si la chancelière est consciente du risque qu’elle prend par une politique intransigeante, elle doit aussi tenir compte de son propre ministre des finances, très opposé à l’idée d’un accord car il en mesure le prix à la fois en termes de perte de crédibilité de l’Allemagne dans le domaine de la politique économique mais aussi – et peut être plus directement – en matière budgétaire. Il est clair que si la zone Euro évoluait vers une logique tournant le dos à l’austérité la pression serait très forte pour que l’Allemagne contribue en finançant les pays du Sud de l’Europe. Ce serait « l’Union de transfert » dont l’Allemagne ne veut pas entendre parler.

Plus que jamais la négociation est donc incertaine. Il faut comprendre que des motifs politiques et pas uniquement – ni même principalement de rationalité économique – interviennent dans cette négociation. Il y a aussi la dimension géopolitique et l’on voit bien ici que les Etats-Unis, à cause de la logique de guerre froide qu’ils cherchent à imposer vis-à-vis de la Russie, ont un intérêt au maintien de la zone Euro et de l’Union européenne.

[1] Harald Schumann et Elisa Simantke pour le Tagesspiegel :http://www.euractiv.com/sections/euro-finance/varoufakis-greeces-creditors-have-turned-negotiations-war-315247

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 11 juin 2015.


Grèce : vers le défaut ?

L’Eurogroupe serait-il en train de se faire à l’idée de la possibilité d’un défaut grec ? Des informations, en provenance de Reuters[1], semblent le confirmer. Une réunion d’expert qui s’est tenu à Bratislava le jeudi 11 juin aurait pour la première fois explicitement évoqué la possibilité que, faute d’un accord, la Grèce puisse faire défaut. Ces informations confirment aussi que même si certains gouvernements ont travaillé depuis plusieurs mois sur cette hypothèse, c’est la première fois que l’Eurogroupe a abordé cette question.

Les conséquences d’un défaut.

Un défaut de la part de la Grèce impliquerait non seulement la dévalorisation radicale des créances grecques détenues à titre bilatéral par différents Etats de la zone Euro ou détenues par le MES, mais aussi l’impossibilité d’user de ces titres comme collatéral dans le cadre du mécanisme d’aide d’urgence à la liquidité (ELA) mis sur pied par la Banque Centrale Européenne. Le défaut entraînerait la suspension immédiate de l’ELA et obligerait le gouvernement grec à user d’instruments monétaires constituant une proto-monnaie, instruments qui en quelques semaines deviendraient une monnaie alternative. Notons que, dans ce scénario le gouvernement grec est obligé de créer ces instruments et qu’il peut prétendre que c’est contraint et forcé par l’attitude de la BCE qu’il le fait. Ouvertement, le gouvernement grec pourrait continuer à prétendre qu’il entend rester au sein de la zone Euro, tout en mettant sur pied le processus qui dans les faits aboutira à la recréation de la Drachme. Le gouvernement grec pourrait continuer à prétendre qu’il n’a pas voulu ce défaut et cette sortie de l’Euro, tout en préparant à encaisser les bénéfices de ces événements. Et ces bénéfices sont bien plus importants que ce que l’on pense et que l’on dit.

Les bénéfices d’un défaut.

Les conséquences de ce défaut seraient nettement plus importantes sur les partenaires de la Grèce que pour la Grèce elle-même. Des sommes importantes sont sorties de Grèce depuis le mois de février. On estime qu’il y a aujourd’hui plus de 30 milliards d’euros qui sont sortis depuis le mois de février et qui sont détenus par des acteurs grecs sur des comptes à l’étranger. Une fois la Drachme créée, ces sommes reviendrait en Grèce, et compte tenu de la dépréciation de la Drachme par rapport à l’Euro, les acteurs (entreprises et ménages) qui ont fait sortir ces liquidités gagneraient en pouvoir d’achat en Grèce. On peut penser que le gouvernement grec pourrait alors établir un contrôle des changes et prélever une faible taxe (5%) sur ces retours, ce qui permettrait aux ménages et entreprises de légaliser une partie de leurs avoirs, tout en donnant un gouvernement grec des moyens financiers supplémentaires pour compenser la partie de la population qui n’a pu faire sortir des liquidités. Ce « retour » de l’argent détenu à l’extérieur pourrait bien être l’équivalent de ce que le gouvernement grec a demandé à l’Union européenne, soit un plan d’investissement. Compte tenu de l’amélioration de la compétitivité des exportations grecques du fait de la dépréciation de la Drachme, l’effet positif de ce mécanisme pourrait bien être important.

Bien entendu, la Grèce devra faire face à un choc d’inflation importé. Mais, pour une dépréciation de 30% de la Drachme par rapport à l’Euro, ce choc ne devrait pas excéder le 6% à 8% la première année, et certainement moins (4% à 6%) la seconde année. Par contre, les effets positifs sur l’économie (et sur le secteur touristique en particulier) pourraient être très importants.

Le coût d’un défaut pour les partenaires de la Grèce.

Pour les partenaires de la Grèce, par contre, non seulement faudra-t-il gérer les conséquences économique d’un défaut (ce qui impliquera une nouvelle action de la BCE) mais ce sont surtout les conséquences financières et politiques qui poseront problèmes. D’un point de vue strictement financier, la réalité d’un défaut dans la zone Euro lancera un mouvement spéculatif et l’on cherchera à deviner quel sera le prochain pays qui sera le « maillon faible ». D’ores et déjà on constate que les bons du Trésor portugais, italiens et espagnols voient leurs taux monter rapidement. Mais, c’est surtout politiquement que le choc sera le plus important. Toutes les fadaises et les stupidités crasses sur « cela ne peut pas arriver » ayant été démentie se posera immédiatement le problème de l’Euro. Bien entendu, les gouvernements tenteront de limiter ce choc politique. Mais, s’il y a bien une chose que nous apprend la crise financière russe d’août 1998, c’est que les conséquences politiques d’un événement dont tout le monde pensait qu’il était impossiblesont dévastateurs pour l’idéologie qui a proclamée la soi-disant impossibilité de cet événement.

On assisterait alors à un retournement des représentations politiques (et économiques). C’est très exactement ce qui s’est passé en Russie en août 1998, et c’est ce qui explique la destruction des forces libérales pour la suite.

Il est certain que les responsables européens sont conscients, du moins en partie, de ce problème. Mais, on peut penser que, pris dans la logique de la négociation et de ses détails, ils ont perdu la compréhension de la nature stratégique de la situation présente. Le fait que la question d’un possible défaut grec n’ait été abordée par l’Eurogroupe que hier le démontre. On peut penser que ces responsables, à tous les niveaux, sont désormais confrontés à une situation dont les déterminants leurs échappent.

Il reste le problème du maintien de la Grèce dans l’Union européenne. On sait que les traités assimilent l’Euro à l’UE, même si de nombreux pays de l’UE ne sont pas dans la zone Euro. Mais, formellement, pour décider que la Grèce ne fasse plus partie de l’UE, il faudrait un vote à l’unanimité des 27 (28 – 1) pays de l’UE. Or, il est clair que certains pays, et en particulier Chypre et la Hongrie, se refuseront à voter une exclusion de la Grèce.

Les dirigeants européens feraient bien mieux de sortir de leur autisme et de commencer à réfléchir sur des mécanisme permettant une sortie ordonnée de l’Euro avec le maintien des pays au sein de l’UE, voire – mais c’est sans doute trop leur demander – à réfléchir sur une dissolution de la zone Euro. Un proverbe grec, celui du « songe trompeur » envoyé par Zeus (Jupiter) décrit bien la situation des dirigeants européens. Sa traduction latine est connue :

Quos vult perdere Jupiter dementat prius

(Ceux que Jupiter veut perdre, il leur ôte d’abord la raison)

Nous en verrons bientôt une application….

[1] http://www.reuters.com/article/2015/06/12/us-eurozone-greece-default-idUSKBN0OS1BD20150612

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 12 juin 2015.

===============================================================================

Les discussions entre la Grèce et le FMI sont au point mort.

Les discussions entre la Grèce et le FMI sont au point mort.

L’impasse dans laquelle se trouvent les négociations s’explique surtout par l’incapacité des créanciers à adopter des positions cohérentes et réalistes.

Les discussions – on n’ose plus guère parler de négociations – entre la Grèce et ses créanciers sont donc au point mort. Depuis que le FMI a claqué la porte vendredi 12 mai, les tentatives pour reprendre langue ont lamentablement échoué. Dimanche soir, les représentants du gouvernement grec sont rentrés à Athènes sans avoir pu trouver d’accord avec les représentants européens. L’option du défaut le 30 juin sur les remboursements de 1,6 milliard d’euros dus au FMI semble donc devoir se rapprocher.

L’échec : à qui la faute ?

Que s’est-il passé alors qu’un accord semblait sur le point d’être conclu mercredi soir ? Faut-il imputer cet échec, comme ne cessent de le faire les Européens, à « l’intransigeance » du gouvernement grec refusant de couper dans les retraites et d’alourdir le poids de la TVA ? Mais la position du gouvernement grec n’a pas changé depuis sa dernière proposition du mardi 9 juin. En réalité, Athènes n’a cessé depuis près de cinq mois d’assouplir ses positions et Alexis Tsipras, le premier ministre, est allé jusqu’au bout de ce qui est politiquement possible pour lui. Si mercredi, un accord a failli être conclu, c’était donc sur les mêmes bases que celles qui ont conduit à l’échec ce week-end.

Or, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, on était proche d’un accord la semaine passée. Conformément à une information qui était parue alors, une alternative aux baisses des retraites a bien été recherchée, principalement en réduisant les dépenses militaires. Un accord sans doute fort acceptable par Athènes. Mais, toujours selon la FAZ, le FMI aurait refusé cet accord. Selon nos informations, la partie grecque ce week-end a proposé des « alternatives » pour couvrir l’équivalent des mesures exigées par les créanciers et refusées par les Grecs. Mais les Européens les ont repoussées sèchement. L’échec des discussions est donc bien à mettre au crédit du refus  de négocier et de la division des créanciers. « Depuis plusieurs semaines, il est impossible de comprendre ce que veulent les créanciers, ils sont extrêmement divisés », explique une source grecque proche du gouvernement. Et c’est bien cette division qui mène aujourd’hui la zone euro au bord du gouffre.

Pourquoi le FMI est parti

Le départ du FMI- ses représentants n’étaient pas dans les négociations du week-end – agit, du reste, comme un révélateur. Ce départ a pu surprendre de la part d’une des rares institutions qui avait entamé son mea culpa concernant les erreurs de l’austérité, avec le fameux « rapport Blanchard » qui reconnaissait une sous-estimation des « multiplicateurs budgétaires », autrement dit des effets de la consolidation budgétaire sur l’économie. Comment alors le FMI peut-il quitter la table des négociations en réclamant des baisses dans les retraites et une hausse de la TVA ? Autrement dit, comment peut-il consciemment reproduire les mêmes erreurs que celles qu’il avait reconnues ?

La volonté du FMI de restructurer la dette grecque

La réponse réside dans l’insistance du FMI à demander depuis plusieurs mois une restructuration de la dette grecque. L’institution de Washington agit en gestionnaire des fonds qui lui sont confiés par ses « actionnaires. » Il estime que le poids de la dette grecque est insoutenable. Contrairement à une idée reçue tenace et soutenue par plusieurs observateurs, les remboursements dus par la Grèce sont immenses et la dette est bien un problème urgent pour Athènes. Certes, le pays ne doit en théorie, rembourser qu’à partir de 2023 les Européens, mais rien que d’ici à 2020, il lui faut rembourser, par exemple, pas moins de 13,15 milliards d’euros au FMI. Sans compter les 21,87 milliards d’euros qui devront être remboursés à la BCE. Un total, hors dette à court terme, de 35 milliards d’euros dus en cinq ans, soit pas moins de 18,4 % du PIB grec actuel. Or, on le sait, la Grèce n’a pas accès au marché, elle doit donc financer ces sommes par de l’excédent budgétaire primaire ou par de nouvelles dettes auprès de ses créanciers. On comprend que le FMI juge la situation absurde, car elle l’est. C’est, du reste, ce que le nouveau gouvernement grec n’a cessé de dire. Ce lundi 15 juin, Yanis Varoufakis, dans une interview accordée à Bild Zeitung, rappelle qu’avec une restructuration de la dette, la Grèce n’a pas besoin de l’argent des créanciers. Cet argent que les créanciers ne veulent pas verser est en effet destiné non pas à payer la « folie » d’un Etat-providence grec qui serait trop généreux, mais à rembourser les créanciers eux-mêmes !

La logique du FMI

Dès lors que l’option de la restructuration était écartée par les Européens, le FMI n’avait qu’un souci : assurer le paiement de ses échéances. Et pour cela, il lui faut assurer à la fois des excédents primaires suffisants, une baisse « structurelle » des dépenses publiques et une hausse « structurelle » des recettes. D’où son insistance sur les retraites et la TVA. Sans vraie restructuration de la dette, le poids des remboursements pesant sur le budget grec est nécessairement lourd. Et les retraites représentant une charge immense pour ce dernier, il faut les baisser pour permettre au FMI de toucher ces fonds. Dès lors, remplacer une baisse des retraites par une baisse du budget militaire ne saurait convenir au FMI qui veut s’assurer que la charge des retraites progressera plus faiblement à l’avenir pour permettre à Athènes de le rembourser. Selon Olivier Blanchard, qui a posté sur son blog dimanche 14 juin au soir une « justification » de la position du FMI, la proposition actuelle des créanciers, incluant une baisse des retraites nécessitera tout de même une restructuration de la dette. Bref, dans sa logique, le FMI est allé au bout de ce qui lui est possible, tout comme le gouvernement grec. L’institution de Washington est désormais dans la situation de l’investisseur qui préfère « prendre ses pertes » en cas de crise boursière. Et est donc prête à assumer un défaut.

L’erreur des Européens

En face, les Européens se sont toujours refusé à discuter d’un quelconque aménagement de la dette. Politiquement, les dirigeants européens ne semblent pas disposés à assumer un tel pas. Angela Merkel a toujours promis à son électorat qu’elle sauverait l’euro à moindre coût pour le contribuable allemand et que les garanties de l’Etat fédéral ne seraient jamais activées. Certes, la dette due aux Européens n’est pas le problème le plus brûlant. Mais la BCE, engoncée dans les traités européens qui lui interdisent tout financement d’un Etat membre, ne peut engager de négociations sur la restructuration de la dette qu’elle détient. La solution évoquée par Athènes qui passerait par un rachat de cette dette par le MES pour ensuite la restructurer, ne convient pas davantage aux Européens. D’où cette volonté des créanciers de tout régler par les fameuses sacro-saintes réformes qui, dans la rhétorique dominante, seraient capables d’apaiser tous les maux, comme jadis les saignées des médecins de Molière. Mais cette pharmacopée n’est acceptable par le FMI qu’à forte dose et elle ne l’est par le gouvernement et la population grecs qu’à faible dose. D’où le blocage actuel.

La fracture intra-européenne

A cela s’est ajoutée une deuxième ligne de front au sein des Européens, ou, en réalité, au sein du gouvernement allemand entre une Angela Merkel réticente à prendre le risque du Grexit et un Wolfgang Schäuble prêt à prendre ce risque pour imposer une zone euro « ordonnée. » Cette divergence a conduit à une lecture de plus en plus difficile de la position des créanciers européens. Ceci s’est incarné dans les postures de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, qui a alterné depuis deux semaines les bouderies, les colères et les sourires face à Alexis Tsipras. Cette divergence a, en réalité, rendu la solution politique voulue par Athènes inopérante. Pour éviter la rupture avec son ministre des Finances, la chancelière a tenté d’amadouer par des paroles rassurantes le premier ministre grec tout en laissant la réalité des négociations aux « techniciens. » Or, ces techniciens européens ne pouvaient trouver de solution non seulement, comme on l’a vu, parce que, sans restructuration de la dette, il n’y a pas de solution viable, mais aussi parce que, comme l’explique une source grecque, « les négociations se font par sujets spécifiques de façon divisée, un accord global est donc impossible. » On comprend donc mieux la demande hellénique d’une « solution politique. »

Soumis à un programme inexécutable, les créanciers durcissent leur position

On a beaucoup glosé sur « l’irréalisme » du programme de Syriza et du gouvernement grec. Mais en réalité, Athènes a adopté une position réaliste en acceptant beaucoup de concessions. En revanche, le programme des créanciers était absolument inexécutable. En maintenant le stock de dettes grecques intact, les créanciers obligeaient la Grèce à reproduire les erreurs du passé. Le tout devait être accepté par un gouvernement fraîchement élu sur un rejet de cette logique, sans pousser la Grèce à sortir de la zone euro. Bref, ces positions étaient intenables. A moins, bien sûr, de se retrouver face à un gouvernement grec docile. Avec le départ du FMI, ces contradictions éclatent au grand jour. Les Européens tentent donc une dernière fois de faire céder Alexis Tsipras par une attitude de fermeté. Face à cette impasse, la position des Européens semble désormais se durcir. Sigmar Gabriel, le vice-chancelier allemand et président de la SPD social-démocrate, a ainsi changé de ton ce week-end en indiquant que son parti ne garderait pas la Grèce dans la zone euro à « n’importe quel prix. » Autrement dit, pour tenter de « rationaliser » leurs positions, les créanciers adoptent l’enchère la plus haute : celle du plan présenté voici dix jours. Car, finalement, ce qui unit le plus les créanciers restent leur volonté de dompter politiquement Athènes. Mais le gouvernement grec a prévenu hier qu’il n’accepterait jamais les coupes dans les retraites et la hausse de la TVA. Et, de sources grecques, on affirme que “l’on a été supris par la position” des créanciers.

Manque de volonté politique

L’impasse dans laquelle sont les discussions rend forcément moins optimiste sur les capacités d’un accord avant le 30 juin. Et un Grexit devient de plus en plus probable. Certes, Yanis Varoufakis, dans Bild, estime « qu’un accord peut être trouvé dans une nuit », et l’Eurogroupe du 18 juin apparaît comme une dernière chance de parvenir à une entente. Mais ce qui semble désormais manquer, c’est la volonté politique des créanciers à trouver cet accord. Paralysés par leurs contradictions, ces derniers se réfugient sur une position dure qui, comme l’a remarqué le 5 juin Alexis Tsipras devant le parlement, semble nier l’existence de négociations. Sauf un sursaut au niveau politique peu probable au regard des événements de la semaine dernière, la Grèce devra désormais faire ce choix qu’Alexis Tsipras s’est toujours refusé à faire jusqu’à présent : rester dans la zone euro aux conditions des créanciers ou assumer son propre destin.

Source : Romaric Godin, pour Le Tribune, le 15 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-2-la-division-des-creanciers-conduit-a-lechec-des-discussions/