les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Analyse des publications sur la Russie dans les médias dans plusieurs pays

Friday 13 March 2015 at 04:40

L’institut russe RISS a réalisé une analyse des publications sur la Russie dans les médias dans plusieurs pays (cliquez pour agrandir) :

Le RISS a créé un “indicateur d’hostilité”, défini comme le rapport des publications négatives sur les publications neutres.

Il est quand même éloquent de constater de telles proportions d’articles négatifs pour un pays où la situation est, certes, loin d’être parfaite, mais où elle est quand me^me bien plus enviable que dans des pays tels que la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, ou l’Afghanistan par exemple…

On constate donc que le Top 10 des nations où les médias sont les plus hostiles sont :

  1. L’Allemagne
  2. Les États-Unis
  3. L’Autriche
  4. La Pologne
  5. La France
  6. Le Royaume-Uni
  7. L’Ukraine
  8. Le Japon
  9. La Lituanie
  10. La République Tchèque (qui a la particularité d’avoir aussi la plus forte proportion d’articles positifs !)

Parmi les nations orientées moins négativement, on notera par exemple la Turquie, la Finlande, le Liban, l’Inde, l’Italie…

Source: http://www.les-crises.fr/analyse-des-publications-sur-la-russie-dans-les-medias-dans-plusieurs-pays/


Le danger d’une affaire MH-17 en sommeil, par Robert Parry

Friday 13 March 2015 at 02:11

Exclusif : l’administration Obama continue de traîner des pieds pour publier les preuves détenues par le renseignement US plus de six mois après la destruction du Vol 17 de Malaysia Airlines, un comportement laissant aux coupables le temps de se disperser, créant ainsi un terreau fertile aux théories du complot, écrit Robert Parry.

Par Robert Parry

Plus de six mois maintenant après la destruction d’un avion de la Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine, le refus de l’administration Obama de rendre publiques les preuves des services de renseignement qu’elle détient concernant les responsables a créé un terreau fertile pour des thèses conspirationnistes, réduisant en même temps les espoirs de trouver les responsables.

Etant donné les capacités de surveillance du gouvernement US – des photographies satellite et aériennes en passant par les interceptions téléphoniques et électroniques aux sources humaines – le renseignement américain a sûrement une bonne idée de ce qui s’est produit le 17 juillet 2014, quand le vol 17 de la Malaysia Airlines s’est écrasé en Ukraine orientale tuant les 298 personnes à bord.


Un Boeing 777 de la Malaysia Airways comme celui qui s’est écrasé en Ukraine orientale le 17 juillet 2014. (Crédit photo : Aero Icarus de Zürich, Suisse)

On m’a informé que ces preuves ont été décrites au président Barack Obama et les conclusions des analystes du renseignement US sur la responsabilité de ce drame lui ont été présentées – il est possible qu’Obama ait partagé certaines de ces conclusions confidentielles avec le premier ministre malaisien Najib Razak lors de leur rencontre le 24 décembre à Hawaï.

Mais, après avoir hâtivement pointé du doigt les rebelles pro-russes, le gouvernement US est resté très silencieux sur le sujet. Selon lui, les rebelles auraient abattu l’avion d’un missile tiré d’une batterie anti-aérienne Bouk, fournie par le gouvernement russe et assez sophistiquée pour abattre un aéronef à 10 000 mètres d’altitude.

Depuis cette cascade précoce d’accusations non vérifiées, seules quelques bribes des conclusions des services de renseignement des États-Unis et de l’OTAN ont atteint le public – et le rapport d’enquête préliminaire hollandais d’octobre dernier sur la cause du crash a indiqué que les gouvernements occidentaux n’ont pas partagé d’information cruciale.

Le rapport préliminaire du bureau d’enquêtes hollandais a répondu à quelques questions, confirmant notamment que le MH-17 aurait été détruit apparemment par “des objets à grande vitesse qui ont pénétré l’appareil depuis l’extérieur”. D’autres questions clés restent en suspens, comme celle du radar militaire russe prétendant avoir détecté un chasseur à réaction ukrainien SU-25 dans les environs, une affirmation que le gouvernement ukrainien a démenti.

Un radar russe aurait détecté la présence d’un chasseur en approche, “gagnant de l’altitude” alors qu’il se trouvait à une distance comprise entre trois et cinq kilomètres de l’avion de transport – comme les russes l’ont déclaré dans une conférence de presse le 21 juillet ; Mais était-ce le cas ? Les autorités de Kiev ont insisté sur le fait qu’elles n’avaient pas d’avion militaire dans les environs à ce moment-là.

Bien qu’attestant que les enquêteurs ont reçu les “données radar de la Fédération de Russie” de contrôle du trafic aérien, le rapport hollandais de 34 pages est resté silencieux sur la question du chasseur. Même mutisme sur la question épineuse de la possession, par le gouvernement US, de données satellites qui révéleraient exactement le lieu et les auteurs du supposé tir de missile sol-air.

L’administration Obama a assuré avoir connaissance des faits mais le gouvernement américain n’a pas dévoilé de photo satellite ou d’autre information de surveillance qui pourraient probablement corroborer les charges. Curieusement, le rapport hollandais précise également que de “l’imagerie satellite prise quelques jours après l’événement” a été ajoutée à l’enquête. Évidemment, les meilleures images permettant d’évaluer la responsabilité seraient des images aériennes prises les jours et les heures avant le crash.

Dès mi-juillet, l’est de l’Ukraine était une priorité pour les services de surveillance américains et un système aussi imposant qu’une batterie de missiles Bouk aurait dû être facilement repéré par les services de reconnaissance aérienne U.S. Les quatre missiles contenus dans la batterie mesurent chacun près de 5 mètres de long et auraient dû être transportés en camion avant d’être mis en position de feu.

La mention dans le rapport hollandais des seules photos postérieures à la destruction de l’avion est également curieuse. En effet, les militaires russes ont publié un certain nombre de photos satellite, prises avant l’attaque, montrant des systèmes de missiles Bouk du gouvernement ukrainien situés au nord de la ville de Donetsk, à l’est de l’Ukraine. On y trouvait notamment deux batteries qui auraient été transférées à 50 kilomètres au sud de Donetsk le 17 juillet, le jour même de l’accident, puis enlevées le 18 juillet.

Les affirmations russes

Le lieutenant général Andreï Kartopolov a invité le gouvernement ukrainien à s’expliquer sur les mouvements de ses systèmes Bouk et sur l’intense activité, juste avant la destruction du 17 juillet, des radars Koupol-M19S18 de Kiev, qui coordonnent les trajectoires des missiles Bouk.

Le gouvernement ukrainien a répliqué par la voix d’Andreï Lysenko, porte-parole du Conseil de Sécurité de l’Ukraine. Celui ci, faisant usage des termes de prédilection de Kiev pour qualifier les rebelles, affirmait qu’il avait « la preuve que le missile ayant frappé l’avion a été lancé par des terroristes, qui ont reçu de la Fédération de Russie des armes et des spécialistes ».

Lysenko a ajouté : « pour rejeter leur responsabilité dans cette tragédie, [les autorités russes] produisent une masse de dessins et de photographies. Nous étudierons toute photo et tout autre plan fournis par la partie russe. » Mais les autorités ukrainiennes ont été incapables de répondre aux preuves russes autrement que par de vagues démentis.

Le 29 juillet, alors que la rhétorique du gouvernement américain et des médias occidentaux contre la Russie allait grandissante, les membres de l’association des Anciens Professionnels du Renseignement pour le Bon Sens ont demandé instamment au président Obama de rendre publiques les preuves tangibles qu’il avait à sa disposition relatives à la destruction de l’avion, y compris les images satellite.

“En tant que professionnels du renseignement nous sommes gênés par l’utilisation d’information incomplète des services de renseignement », ont-ils écrit. « En tant qu’américains, nous espérons que vous trouverez un moyen de publier sans plus tarder les preuves les plus concluantes en votre possession. En accusant la Russie d’être directement ou indirectement responsable, le secrétaire d’état John Kerry a été particulièrement catégorique. Les preuves ne le sont pas autant. Ses déclarations semblent prématurées et porter les marques de la propagande.”

Cependant, le gouvernement Obama n’a rendu publique aucune information en provenance des services de renseignement qui aurait appuyé ses anciennes suppositions. Au début du mois d’août, il m’a été dit que certains analystes du renseignement  avaient commencé à s’écarter du scénario d’origine accusant les rebelles et les russes pour se concentrer plus sur la possibilité que des éléments extrémistes du gouvernement ukrainien soient responsables.

Une source qui a été mise au courant par des analystes du renseignement m’a dit qu’ils n’avaient pu trouver aucun indice que le gouvernement russe aurait donné aux rebelles un système de missiles Bouk. Par conséquent, ces analystes concluaient que les rebelles et la Russie n’étaient probablement pas en faute, et qu’il apparaissait que c’étaient les forces du gouvernement ukrainien qui étaient à blâmer, quoi qu’il se soit agi plutôt d’une unité hors du contrôle direct des hauts responsables ukrainiens.

La source disait explicitement que les preuves du renseignement américain n’impliquaient pas le président ukrainien Petro Porochenko ni le Premier ministre Arsenii Yatseniouk mais suggéraient plutôt un élément extrémiste des forces armées financées par l’un des oligarques ukrainiens. [voir « Flight 17 Shoot-down Scenario Shifts » et « Was Putin Targeted for Mid-air Assassination? » sur Consortiumnews.com]

Mais alors les discussions sur les informations que pouvait avoir le renseignement américain sur la destruction de l’avion se sont essoufflées. Lorsque j’ai récemment recontacté la source qui avait été informée par ces analystes, elle a dit que leurs opinions n’avaient pas changé, sauf qu’ils croyaient [maintenant] que le missile pouvait avoir été moins sophistiqué qu’un Bouk, peut-être un SA-6.

Ce qui était moins clair était de savoir si ces analystes représentaient un consensus dans la communauté du renseignement américain, où s’ils n’exprimaient qu’une des positions dans un débat en cours. La source disait aussi que le président Obama se retenait sur la voie de la publicité des informations du renseignement américain parce qu’il n’avait pas l’impression d’être inattaquable.

Un vide dangereux

Mais ce vide a laissé le débat vulnérable aux allégations de parties intéressées et d’experts autoproclamés, y compris certains qui tirent leurs conclusions des réseaux sociaux et d’internet, ceux que l’on appelle les “enquêteurs sur sources publiques”. Le gouvernement Obama ne s’est pas non plus rétracté en ce qui concerne les anciennes déclarations du secrétaire d’état Kerry mettant en cause les rebelles et la Russie.

A peine quelques jours après l’accident, Kerry s’est rendu dans toutes les émissions du dimanche montrant du doigt la Russie et les rebelles et citant des preuves fournies par le gouvernement ukrainien par le biais des médias sociaux. Dans l’émission “Rencontre avec la presse” de NBC, David Gregory a demandé « Etes-vous essentiellement en train de dire que la Russie a fourni l’arme ? »

Kerry : « Il y a un article aujourd’hui qui le confirme, mais on ne s’est pas encore déterminé au sein de l’administration. Mais c’est assez clair lorsque – il y a une accumulation de présomptions. Je suis un ancien procureur. J’ai rendu des jugements dans des affaires sur des présomptions ; c’est très fort ici. [voir « Kerry’s Latest Reckless Rush to Judgment » sur Consortiumnews.com]

Mais certains analystes offrirent bientôt des estimations contraires. Après que Kerry eut enchaîné les émissions télévisées, le Los Angeles Times a rendu compte d’une réunion d’information du renseignement américain tenue pour plusieurs organes d’information américains. L’article disait : « les agences de renseignement américaines ont été jusqu’à présent incapables de déterminer la nationalité ou l’identité de l’équipe qui a lancé le missile. Les officiels américains ont dit qu’il se pouvait que le SA-11 (un missile anti-aérien Bouk) ait été lancé par un transfuge de l’armée ukrainienne ayant été formé à l’utilisation de systèmes semblables. [voir « The Mystery of a Ukrainian ‘Defector.’ » sur Consortiumnews.com]

En octobre, le Spiegel a rapporté que le service de renseignement allemand, le BND, avait conclu que la Russie n’était pas à l’origine de la batterie de missiles – qu’elle avait été prise dans une base militaire ukrainienne – mais qu’il continuait à rendre les rebelles responsables de son utilisation. Le BND concluait aussi que les photos concernant la tragédie du MH-17 fournies par le gouvernement ukrainien « avaient été trafiquées », selon le Spiegel.

Et le BND contestait l’affirmation du gouvernement russe selon laquelle un chasseur ukrainien aurait été en vol à proximité du MH-17 juste avant qu’il ne s’écrase, déclarait le magazine dans son compte rendu de la séance d’information du BND tenue devant un comité parlementaire le 8 octobre, où avaient été présentées des images satellite et des photographies. Mais aucune des preuves du BND n’ont été rendues publiques, et il m’a été dit par la suite par un responsable européen que les preuves n’étaient pas aussi définitives que la présentation du magazine l’indiquait. [voir « Germans Clear Russia in MH-17 Case » sur Consortiumnews.com]

Donc, il semble qu’il y ait eu des désaccords significatifs dans le cercle des agences de renseignement occidentales sur la question de savoir qui précisément était à blâmer. Mais le refus du gouvernement Obama et de ses alliés de l’OTAN d’étaler leurs preuves sur la table a ouvert la porte aux théories du complot, et a transformé cette tragédie en une affaire dormante, laissant aux coupables – quels qu’ils puissent être – plus de temps pour brouiller leur piste et disparaître.

Source : Consortium News, le 19/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-danger-dune-affaire-mh-17-en-sommeil-par-robert-parry/


Egypte : condamnation à mort de 183 hommes accusés d’avoir tué des policiers

Thursday 12 March 2015 at 05:48

Tiens, nos clients acheteurs d’avions ont un peu tendance à l’assassinant de masse – mais chhuuuuuuuuuuuuuuuuut, ils ne sont pas des opposants à Poutine…

Rappel 08/2013, Le Monde :

Le général de police Amr : ”Nous sommes 90 millions d’Egyptiens et il n’y a que 3 millions de Frères musulmans. Il nous faut six mois pour les liquider ou les emprisonner tous. Ce n’est pas un problème, nous l’avons déjà fait dans les années 1990. [...] Nous sommes le seul pays qui a gagné une guerre contre le terrorisme. Nous savons comment nous y prendre. [...] Il y a 200 000 chambres d’hôtel vides dans le pays [...] Après, les touristes reviendront, les investissements étrangers aussi. Et l’Egypte sera en paix pour les siècles à venir.” [...] “Je voulais dire qu’il faut tuer ou arrêter leurs leaders, 30 hauts responsables et 500 subalternes. Alors les autres retourneront chez eux. De toute façon, ils manifestent aujourd’hui parce qu’ils sont payés.”

Les 14 août 2013, des centaines de militants pro-Morsi ont été tués au Caire. En représailles, 188 personnes d’entre-eux s’étaient attaqué à un commissariat, tuant au moins 13 policiers. Ce qui vaut aujourd’hui à 183 des assaillants d’être condamnés à mort. [OB soit quand même 14 assassins par policier...]

Un tribunal égyptien a confirmé lundi la condamnation à mort de 183 hommes accusés d’avoir tué 13 policiers en août 2013, quelques heures après que les forces de l’ordre eurent tué au Caire plus de 700 manifestants partisans du président islamiste destitué Mohamed Morsi.

Le même tribunal avait condamné à la peine capitale le 2 décembre 2014, en première instance, 188 hommes accusés d’avoir participé à un raid contre un commissariat de police de Kerdassa, dans la banlieue du Caire, le 14 août 2013. Les peines de cinq d’entre eux ont été commuées. Ce procès, comme d’autres procès de masse ayant condamné à mort des centaines de partisans de Mohamed Morsi depuis sa destitution, a été dénoncé par l’ONU et les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.

Les Nations unies ont qualifié ces procès de masse, expédiés parfois en quelques minutes, de «sans précédent dans l’Histoire récente » du monde. Lors de condamnations à la peine capitale, le tribunal doit recueillir l’avis, non contraignant, du grand mufti d’Egypte, avant de confirmer ou infirmer son verdict, ce qu’il a fait lundi. Sur les 188 condamnés initialement, dont 143 seulement sont détenus, deux ont été acquittés, l’un a vu sa peine commuée à dix ans de prison, et le tribunal a abandonné les accusations contre deux autres, décédés.

Les condamnations à mort confirmées lundi peuvent faire l’objet d’un appel.

La confirmation du jugement intervient quelques jours après des attaques meurtrières menées dans le Sinaï par Ansar Beït al-Maqdess, un groupe jihadiste lié à Daech. Ce groupe s’en prend systématiquement au nouveau pouvoir égyptien depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi, assurant frapper les forces armées en représailles à la sanglante répression menée contre les pro-Morsi.

M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, avait été destitué et arrêté le 3 juillet 2013 par l’armée, sur l’ordre de son chef d’alors, le général Abdel Fattah al-Sissi. Policiers et soldats ont, dans les mois qui ont suivi, tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, dont plus de 700 en quelques heures le 14 août 2013, en dispersant deux rassemblements en plein centre du Caire.

Quelques heures plus tard, une foule en colère avait attaqué le commissariat de Kerdassa et tué 13 policiers. M. Sissi a depuis été élu président en mai 2014, après avoir éliminé toute opposition de la scène politique, islamiste puis laïque et libérale. Plus de 15.000 personnes ont été emprisonnées depuis juillet 2013, essentiellement des membres de la confrérie islamiste de M. Morsi, les Frères musulmans.

Source : Le Parisien, le 2 février 2015

Source: http://www.les-crises.fr/egypte-condamnation-a-mort-de-183-hommes-accuses-davoir-tue-des-policiers/


[Venezuela 1/2] Le mainstream n’aime pas Maduro…

Thursday 12 March 2015 at 03:54

Au Venezuela, la stratégie de la tension du président Maduro

Les funérailles de Kluiver Roa, à San Cristobal le 25 février, un jeune homme tué la veille lors d'une manifestation antigouvernementale.
Les funérailles de Kluiver Roa, à San Cristobal le 25 février, un jeune homme tué la veille lors d’une manifestation antigouvernementale.

L’arrestation musclée du maire de Caracas, Antonio Ledezma, le 19 février, est la pointe visible d’une escalade répressive au Venezuela. Il a rejoint dans la sinistre prison militaire de Ramo Verde une autre figure de l’opposition, Leopoldo Lopez, incarcéré depuis un an. Outre les élus déjà emprisonnés, la moitié des maires de l’opposition font l’objet de procès. Après la destitution sommaire de Maria Corina Machado, en mars 2014, d’autres députés sont dans le collimateur du capitaine Diosdado Cabello, président de l’Assemblée nationale. Selon l’organisation non gouvernementale Forum pénal vénézuélien, on enregistre trois détentions d’opposants par jour, en moyenne, depuis le début de l’année.

Depuis la disparition du lieutenant-colonel Hugo Chavez (1999-2013), l’ancien président, le poids des officiers de la réserve ou d’active impliqués dans les putschs chavistes de 1992 n’a cessé d’augmenter dans le gouvernement et dans les entreprises publiques, au détriment des civils, comme Rafael Ramirez, ex-patron de l’industrie pétrolière. Les militaires ne sont plus présents dans les rues uniquement les jours d’élections, mais en permanence. Par exemple, pour éviter les expressions de mécontentement dans les queues devant les supermarchés aux étals dégarnis.

« L’ennemi de l’intérieur »

En janvier, les forces armées ont été autorisées, par décret, à tirer sur des manifestants dans la rue. En 2014, la vague de protestations avait provoqué 43 morts. Le renseignement militaire a été reformé pour en faire un corps de « commissaires politiques » censé veiller sur l’allégeance au chavisme à tous les niveaux, mais aussi une arme contre les opposants civils, selon l’ONG Contrôle citoyen. Le Venezuela a remis en vigueur la vieille « doctrine de sécurité nationale » des dictatures militaires et de la guerre froide, tournée contre « l’ennemi de l’intérieur ».

La crainte d’une explosion sociale tétanise le gouvernement. Ainsi, l’augmentation du prix de l’essence (quasi gratuite), plusieurs fois annoncée, est sans cesse reportée, par peur des réactions. L’immobilisme en matière économique, alors qu’il y a le feu à la maison, contraste avec la fébrilité de la propagande, dénonçant des putschs et des attentats à répétition, comme si elle désignait des boucs émissaires. Pourtant, aucune diversion n’est de nature à distraire les Vénézuéliens de leurs soucis quotidiens : pénuries de denrées de première nécessité et de médicaments, envolée des prix (68,5 % d’inflation), insécurité mortifère.

Transition pacifique

Le raidissement de la machine répressive a une visée préventive, à double détente : contre l’éventuelle contestation de la rue et contre la victoire annoncée de l’opposition aux élections législatives prévues à la fin 2015. Selon l’institut Datanalisis, le plus cité par le gouvernement lui-même, les chavistes sont tombés à 17,3 % des intentions de vote, contre 45,9 % pour les opposants.

Le dirigeant d’Action démocratique (AD) ­ – le parti social-démocrate –, Henry Ramos Allup, a rappelé l’évidence : « Les coups d’Etat sont faits par ceux qui disposent des armes, des balles, des bataillons, c’est-à-dire les forces armées, entièrement contrôlées par l’actuel gouvernement ; nous, les civils, nous ne faisons pas de coups d’Etat. »

« l’Etat de droit n’existe plus au Venezuela depuis un bon bout de temps, car ce gouvernement viole systématiquement la Constitution et la séparation des pouvoirs », a ajouté l’opposant social-démocrate. D’où la légitimité d’envisager une « transition », pour restaurer les institutions et remettre sur les rails une économie ruinée par la gabegie et la corruption.

La possibilité d’une transition se présente justement avec les législatives. Une nouvelle majorité d’opposition devrait composer et négocier avec les autres pouvoirs, étroitement contrôlés par les chavistes. Une telle cohabitation déboucherait sur une présidentielle anticipée en 2016, après une démission du président Nicolas Maduro ou le référendum révocatoire prévu à mi-mandat par la Constitution. Cette transition pacifique présuppose le rétablissement d’un dialogue entre le gouvernement Maduro et les opposants, avec la médiation des diplomaties du Vatican et d’Amérique du Sud. Les pourparlers lancés en avril 2014 n’avaient pas fait long feu faute de résultats.

Un putsch pour en finir ?

Toutefois, la stratégie de la tension permanente choisie par Nicolas Maduro et son âme damnée Diosdado Cabello ne préjuge pas d’une issue optimiste de la crise vénézuélienne. Aux législatives de 2010, l’opposition s’était retrouvée minoritaire à l’Assemblée, malgré un nombre de voix supérieur. Le « pouvoir électoral » (érigé en quatrième pouvoir de la République), entièrement soumis au chavisme, pourrait procéder à un nouveau redécoupage des circonscriptions ou à une modification des règles du jeu. Une suspension du scrutin n’est pas à exclure. Jesus Torrealba, porte-parole de la Table d’unité démocratique (MUD), la coalition électorale de l’opposition, estime que « le secteur le plus irresponsable et criminel du pouvoir mise sur un putsch, pour en finir avec ses adversaires ».

L’attitude des principales chancelleries latino-américaines est un second motif d’inquiétude. « Le silence et l’impuissance des autres Sud-Américains deviennent pathétiques », déplore le Brésilien Alfredo Valladao, professeur à Sciences Po Paris. A croire que les uns et les autres attendent que le Venezuela soit ajouté au nouvel agenda bilatéral des Etats-Unis et de Cuba. Après tout, deux jours avant l’arrestation du maire de Caracas, le président Maduro avait cru bon de se déplacer à La Havane, pour un tête-à-tête avec son principal allié.

Source : Paulo A. Paranagua, pour Le Monde, le 26 février 2015.


Venezuela : A Caracas, l’opposition bâillonnée par Nicolas Maduro

Le président Nicolás Maduro multiplie les tentatives d’intimidation envers ses opposants politiques.

Un opposant politique de plus au président Nicolás Maduro vient d’être incarcéré. Le maire de Caracas, Antonio Ledezma, a été placé en détention provisoire vendredi, au lendemain d’une arrestation musclée dans ses bureaux par plusieurs dizaines d’hommes armés et cagoulés. Vétéran de l’opposition vénézuélienne, l’homme de 59 ans va rejoindre d’autres célèbres ­opposants, comme ­Leopoldo López, derrière les barreaux ­depuis un an et toujours en attente de jugement. “Antonio Ledezma devra répondre de tous les délits commis contre la paix, la sécurité et la Constitution”, a déclaré jeudi soir le président Nicolás Maduro à la télévision. Le ministère public l’accuse d’avoir commis des délits de “conspiration”.

Selon le chef de l’État vénézuélien, la publication le 11 février d’un “plan national pour la transition”, signé entre autres par Ledezma, allait marquer le point de départ d’une tentative de coup d’État organisé depuis les États-Unis. Ce que Washington a démenti. Nicolás Maduro accuse le maire de Caracas d’utiliser son mandat pour provoquer des violences au Venezuela.

Un opposant surnommé “le vampire”

Ce texte présente en fait une série de propositions politiques et économiques, comme la lutte contre l’insécurité, la restitution de la décentralisation, l’amélioration des réseaux de distribution alimentaire ou l’élimination du contrôle des prix. Mais il évoque aussi l’organisation d’élections présidentielles “libres et transparentes”. “Pourquoi organiser un tel scrutin si le président Maduro doit remplir ses fonctions jusqu’en 2019? Sera-t-il arrêté, assassiné ou expulsé du pays?”, demande le journaliste Luigino Bracci. Antonio Ledezma est surnommé “le vampire” par ses détracteurs. Le maire de Caracas est soupçonné d’avoir ordonné aux forces de l’ordre de tirer sur des milliers de Vénézuéliens qui manifestaient contre la vie chère lors du soulèvement populaire du Caracazo de février 1989, entraînant la mort de plusieurs centaines de personnes.

L’arrestation du maire de Caracas a suscité la préoccupation dans plusieurs capitales latino-américaines. Le secrétaire général de l’Organisation des États américains a souligné “la nécessité d’éclaircir les dénonciations sur les tentatives de rupture de l’ordre démocratique”. Une commission de l’Union des nations sud-américaines va, de son côté, tenir une réunion extraordinaire au Venezuela.

Source : Angèle Savino, pour Le Journal du Dimanche, le 22 février 2015


Venezuela : Maduro redoute l’invasion impériale et reprime

Nicolas Maduro annonçant le 19 février 2015 à Caracas l'arrestation de Antonio Ledezma
Nicolas Maduro annonçant le 19 février 2015 à Caracas l’arrestation de Antonio Ledezma

Le maire de Caracas a été arrêté jeudi pour «conspiration».

«Ça y est, la dictature montre son vrai visage», assure avec aplomb une militante venue vendredi apporter son soutien dans la rue à Antonio Ledezma, arrêté la veille par le gouvernement révolutionnaire vénézuélien pour «conspiration». Le président, Nicolás Maduro, accuse le maire de Caracas de vouloir activer un coup d’Etat en prônant le départ immédiat du gouvernement. Les autorités lui reprochent d’avoir signé un texte intitulé «Accord national pour la transition», publié le 11 février, soit un an exactement après le début des troubles qui avaient fait 43 morts. «Il est évident, écrit ce texte, que le régime ne résoudra pas la crise et que le gouvernement de Maduro est déjà entré dans une phase terminale». Ses trois signataires, Antonio Ledezma, l’ex-députée María Corina Machado et le leader de droite Leopoldo López, sont partisans d’une ligne dure visant à «chauffer la rue». Lopez est, d’ailleurs, incarcéré depuis un an, en attente d’un procès pour «incitation à la violence». Les leaders de l’opposition modérée se sont bien gardés, de leur côté, d’apposer leur nom en bas du fameux document.

Quatre militaires de haut rang ont été arrêtés dans les jours qui ont suivi la publication du manifeste, alors qu’ils projetaient, selon le gouvernement, de«bombarder le palais présidentiel». «Ce n’est qu’à travers la justice que nous pourrons faire échouer ces tentatives de coups d’Etat et offrir une paix permanente», a déclaré Nicolás Maduro après l’arrestation de Ledezma, en appelant ses militants à «se préparer à affronter n’importe quel scénario au Venezuela, produit de l’agression impériale contre notre pays.».

Les Etats-Unis, qui réclament depuis quelques mois la libération des «prisonniers politiques» au Venezuela, ont décrété des sanctions contre 53 hauts fonctionnaires de ce pays. Cette «décision unilatérale a depuis été critiquée par presque toutes les institutions latino-américaines, qui dénoncent une «ingérence de Washington au Venezuela.

Antonio Ledezma, déjà mis en cause en novembre dans une autre affaire de soi-disant coup d’Etat mené, cette fois, par des paramilitaires colombiens, est désormais retenu par les services de renseignements. «Le gouvernement ne sait pas comment faire face à la crise, il ne croit qu’en la violence»,estime Jesús Torrealba, le chef de la coalition d’opposition. «Que le gouvernement tombe le masque et déclare l’état d’exception», a surenchéri le président du parti Copei, Roberto Enríquez. Mais la rhétorique de l’opposition, extrêmement divisée, mobilise peu. Quelques dizaines seulement de personnes se sont déplacées vendredi en solidarité avec le maire de Caracas, à peine plus que le nombre de caméras nationales et internationales.

Source : Simon Pellet-Recht, pour Libération, le 20 février 2015.


Venezuela : quand Nicolas Maduro accuse tout le monde d’intentions putchistes et de tentatives d’assassinats


Leopoldo Lopez, Daniel Ceballos, Antonio Ledezma, Maria Corina Machado, Julio Borges

Il a été péniblement élu après le décès d’Hugo Chavez, dont il se revendique l’héritier. Mais loin de l’image de «l’homme providentiel» prônée par son mentor, Nicolas Maduro se débat avec une cote de popularité sinistrée et un pays lessivé économiquement, deux ans après son élection.

L’effondrement économique du Venezuela, qui dispose pourtant des plus grandes réserves pétrolières mondiales, est surement dû, pour partie, au fait que le prix du pétrole a nettement baissé. Mais les détracteurs du président Maduro ne peuvent s’empêcher de dire que c’est organisé, que l’appareil de production du pays a été cassé volontairement. La population n’ayant d’autres choix que de se tourner vers l’Etat. Un Etat, tout puissant et seul apte à la satisfaire.

Le Venezuela ressemble aux pays de l’Est des années 80, où stationner dans les files d’attente était quasiment devenu une profession. Il est désormais formellement interdit (et dangereux) de photographier ou filmer ces files d’attente. L’inflation avoisine les 70% en 2014.

Les pénuries frappent tous les produits de première nécessité. Ainsi, la dernière pénurie en date affecte les préservatifs, ce qui peut faire sourire, mais quand on sait que le Venezuela occupe la troisième place sur le podium sud-américain des taux de contamination par le virus du sida et se trouve très confronté aux grossesses d’adolescentes, le sourire s’efface. «Sans préservatifs, on ne peut rien faire», déplore Jhonatan Rodriguez, directeur général d’une ONG luttant contre le sida, dans Bloomberg Business. D’où ces vingt petits pourcents d’opinions favorables au président dans une population excédée.

Des opposants en ligne de mire

Une situation, qui donne de nombreux arguments à l’opposition vénézuélienne, qu’elle soit modérée ou de droite radicale. Et Maduro, les détracteurs il n’aime pas ça. Leopoldo Lopez, fondateur du parti Voluntad Popular, en a fait l’amère expérience. Mis «provisoirement» en prison, il y croupit depuis un an.

Suite à des manifestations estudiantines ayant très mal tourné (on déplore de 43 morts), Daniel Ceballos, le maire de San Cristobal, la ville où elles se sont déroulées en février et mai 2014, a rejoint derrière les barreaux Leopoldo Lopez un mois plus tard.

Dans les mêmes manifestations de San Cristobal se trouvait aussi Maria Corina Machado. Elle est accusée et inculpée de conspiration en vue d’assassiner le chef de l‘Etat. Elle a beau dénoncer une mascarade visant à la réduire au silence et à détourner l’attention des Vénézuéliens des difficultés économiques, elle n’encourt pas moins de 16 ans de prison selon le parquet. «Il est très difficile d’imaginer que les charges contre Maria Corina Machado pour sa supposée participation à un plan pour assassiner le président ne soient autre chose qu’une mascarade», estime José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques à Human Rights Watch (HRW).

Le maire de Caracas n’y échappe pas

Autre opposant notoire, le maire de la capitale Caracas, Antonio Ledezma. Il s’était déjà battu contre l’accession au pouvoir d’Hugo Chavez et continue contre Nicolas Maduro. Ce dernier n’a donc de cesse que d’en venir à bout et de le faire taire. Dans un premier temps, quand Antonio Ledezma a été élu à tête de la mairie de Caracas, Maduro a créé une nouvelle fonction : «chef du gouvernement de Caracas», parallèle à celle de maire. Le bugdet alloué à la ville s’était alors retrouvé dans les prérogatives de gestion du détenteur de ce nouveau poste. L’édile s’est donc vu à la tête d’une coquille vide, mais surtout dans l’incapacité financière de payer les 15.000 employés municipaux. Nicolas Maduro espérait ainsi monter les gens contre ce sempiternel vainqueur d’élections. Peine perdue, Ledezma a surmonté l’épreuve.

Plus récemment, il vient de publier une lettre qu’il a cosignée avec Leopoldo Lopez (du fond de sa prison) et Maria Corina Machado toujours sous la menace d’une lourde condamnation. Cette lettre ouverte mentionnait la nécessité d’un plan national de transition démocratique à la tête du pays.

Las, Antonio Ledezma a été arrêté le 19 février dans ses bureaux. Deux procureurs lui ont signifié le lendemain qu’il était poursuivi pour «son implication présumée dans des faits complotistes pour organiser et exécuter des actions violentes contre le gouvernement». Le président Maduro est intervenu le soir même à la télévision et a déclaré que M.Ledezma «doit être inculpé par la justice vénézuélienne pour qu’il réponde de tous les délits commis contre la paix dans le pays, la sécurité, la Constitution», se référant à une tentative présumée de coup d’Etat qu’il avait dénoncée le 13 février 2015. Bien que placé en détention provisoire, Antonio Ledezma a décidé de faire appel.

La répression tempère les réactions

Dans ce contexte d’arrestations tous azimuts, les réactions sont plus que mesurées. Néanmoins, Jesus Torrealba, le secrétaire général de la coalition d’opposition La Table de l’unité démocratique (MUD) déclare que «ces derniers jours où l’on parle tant de coups d’Etat, nous assistons à un coup de la part de l’Etat». Quant au leader de l’opposition, Henrique Capriles, deux fois candidat à l’élection présidentielle, il se demande si «Maduro croit qu’en nous mettant tous en prison il va récupérer 50 points de popularité ou gagner les élections ?». Des manifestations de quelques centaines d’étudiants ont lieu, protestant contre les arrestations, les pénuries et demandant plus de libertés.


vidéo AFP mise en ligne le 12 février 2015

Mais la série continue, et cette fois c’est l’élu d’opposition Julio Borges qui est accusé par des députés de la majorité socialiste à l’Assemblée nationale du Venezuela d’avoir pris part à un complot contre le président Nicolas Maduro. «Nous considérons qu’il y a suffisamment d’éléments pour lever l’immunité(parlementaire du député) et que ce monsieur aille occuper une cellule», a déclaré le député du Parti socialiste unifié du Venezuela  (PSUV, majoritaire) Dario Vivas. M.Borges, membre du parti Primero Justicia, comme l’ancien candidat à la présidence Henrique Capriles, a été accusé au début du mois de février par le président de l’Assemblée et numéro deux du pouvoir «chaviste», Diosdado Cabello, d’avoir pris part à un complot présumé contre M.Maduro.

Depuis son élection en 2013, Nicolas Maduro dénonce et «déjoue» une quantité invraisemblable de complots à son encontre, quant il ne s’agit pas de tentatives d’assassinats, avec ou sans la complicité supposée des Etats-Unis. Au point que le 26 février John Kerry a dénoncé «le comportement monstrueux» du régime vénézuélien, la «répression du peuple, les arrestations et les fausses accusations contre nous qui émanent du Venezuela». La multiplication des arrestations depuis un an inquiète au plus haut point aux plans tant national, qu’international et la question du respect de la démocratie commence à devenir cruciale.

Source : Frédérique Harrus, pour Géopolitis (France TV Info), le 27 février 2015.


Venezuela : le roi est nu

D’autocratique le régime de la révolution bolivarienne au Venezuela est en train de sombrer dans la dictature. Le 19 février le gouvernement a fait arrêter le maire de Caracas, Antonio Ledezma. Il a ensuite levé l’immunité parlementaire d’un dirigeant de l’opposition, Julio Borges, pour le chasser de l’Assemblée nationale. Leopoldo Lopez, un autre opposant au régime de Nicolás Maduro qui a succédé en 2013 à Hugo Chávez, est en prison depuis un an. Près de la moitié des maires sont menacés de poursuites en justice avec comme accusation le plus souvent retenue : complot pour renverser le gouvernement avec parfois conspiration avec les Etats-Unis.

« Mais, affirme “The Economist”, c’est le président Maduro qui est en train de faire un coup d’Etat contre les derniers vestiges de la démocratie. » « Un auto-coup d’Etat ». Chávez, qui a dirigé le Venezuela de 1999 jusqu’à sa mort en mars 2013, a toujours été réélu grâce à une politique sociale largement financée par les revenus du pétrole. Ce qui lui a permis aussi d’étouffer peu à peu la vie politique. Aujourd’hui, Maduro n’a ni son charisme ni les recettes nécessaires en raison de l’effondrement des cours du pétrole. Sa cote de popularité est au plus bas. S’il y avait des élections parlementaires libres cette année, l’opposition l’emporterait et pourrait ainsi envisager un référendum en 2016 pour le destituer.

En tout cas, en termes de répression, Nicolás Maduro dépasse son maître Chávez qui avait laissé des rivaux le contester dans des élections plus ou moins libres. « The Economist » estime ainsi que l’opposition a besoin d’être aidée. Pendant trop longtemps l’Amérique latine n’a rien fait pour empêcher que les règles démocratiques ne soient piétinées au Venezuela.

Source : Jacques Hubert-Rodier, pour Les Echos

Source: http://www.les-crises.fr/venezuela-12-le-mainstream-naime-pas-maduro/


[Venezuela 2/2] Les médias alternatifs contredisent le mainstream (comme d’habitude…)

Thursday 12 March 2015 at 02:23

Comme pour le mainstream, les informations ici sont à prendre avec prudence et recul…

Personnellement, n’ayant pas creusé le sujet, je ne commenterai pas. L’intérêt est de souligner l’écart de vision…

Obama rate son coup d’État au Venezuela

Une nouvelle fois, l’administration Obama a tenté de changer par la force un régime politique qui lui résiste. Le 12 février, un avion d’Academi (ex-Blackwater) maquillé en aéronef de l’armée vénézuélienne devait bombarder le palais présidentiel et tuer le président Nicolas Maduro. Les comploteurs avaient prévu de placer au pouvoir l’ex-députée María Corina Machado et de la faire immédiatement acclamer par d’anciens présidents latino-américains.

JPEG - 23.4 koLe président Obama avec son conseiller pour l’Amérique latine, Ricardo Zuñiga, et la conseillère nationale de sécurité, Susan Rice.

Le président Obama avait prévenu. Dans sa nouvelle doctrine de Défense (National Security Strategy), il écrivait : « Nous nous tenons aux côtés des citoyens dont le plein exercice de la démocratie est en danger, tel que les Vénézuéliens ». Or, le Venezuela étant, depuis l’adoption de la constitution de 1999, l’un des États les plus démocratiques au monde, cette phrase laissait présager du pire pour l’empêcher de poursuivre dans sa voie d’indépendance et de redistribution des richesses.

C’était le 6 février 2015. Washington terminait de mettre au point le renversement des institutions démocratiques du Venezuela. Le coup d’État avait été planifié pour le 12 février.

L’« Opération Jéricho » était supervisée par le Conseil national de sécurité (NSC), sous l’autorité de Ricardo Zuñiga. Ce « diplomate » est le petit fils du président homonyme du Parti national du Honduras qui organisa les putschs de 1963 et de 1972 en faveur du général López Arellano. Il dirigea la station de la CIA à La Havane (2009-11) où il recruta des agents et les finança pour former l’opposition à Fidel Castro tout en négociant la reprise des relations diplomatiques avec Cuba (finalement conclue en 2014).

Comme toujours dans ce type d’opération, Washington veille à ne pas paraître impliqué dans les événements qu’il dirige. La CIA agit au travers d’organisations prétendument non-gouvernementales pour organiser les putschistes : la National Endowment for Democracy et ses deux pseudopodes de droite (International Republican Institute) et de gauche (National Democratic Institute), Freddom House, et l’International Center for Non-Profit Law. En outre, les États-Unis sollicitent toujours leurs alliés pour sous-traiter certaines parties du coup, en l’occurrence au moins l’Allemagne (chargée de la protection des ressortissants de l’Otan durant le coup), le Canada (chargé de contrôler l’aéroport international civil de Caracas), Israël (chargé des assassinats de personnalités chavistes) et le Royaume-uni (chargé de la propagande des putschistes). Enfin, ils mobilisent leurs réseaux politiques qui se tiennent prêts à reconnaître les putschistes : à Washington le sénateur Marco Rubio, au Chili l’ancien président Sebastián Piñera, en Colombie les anciens présidents Álvaro Uribe Vélez et Andrés Pastrana, au Mexique les anciens présidents Felipe Calderón et Vicente Fox, en Espagne l’ancien président du gouvernement José María Aznar.

Pour justifier du putsch, la Maison-Blanche avait encouragé de grandes sociétés vénézuéliennes à entreposer plutôt qu’à distribuer des marchandises de première nécessité. L’idée était de provoquer des files d’attente devant des commerces, puis d’infiltrer des agents dans la foule pour provoquer des émeutes. En réalité, s’il y a bien eu des problèmes d’approvisionnement en janvier-février et des queues devant des magasins, jamais les Vénézuéliens n’attaquèrent de commerces.

Pour renforcer son action économique, le président Obama avait signé, le 18 décembre 2014, une loi imposant de nouvelles sanctions contre le Venezuela et plusieurs de ses dirigeants. Officiellement, il s’agissait de sanctionner les personnalités ayant réprimé les protestations estudiantines. En réalité, depuis le début de l’année, Washington payait un salaire —quatre fois supérieur au revenu moyen— à des gangs pour qu’ils attaquent les forces de l’ordre. Les pseudos-étudiants avaient ainsi tué 43 personnes en quelques mois et semaient la terreur dans les rues de la capitale.

JPEG - 9.6 ko
Ancien numéro 2 de l’Isaf en Afghanistan, le général Thomas W. Geary est aujourd’hui chargé du Renseignement au SouthCom.

L’action militaire était supervisée par le général Thomas W. Geary, depuis le SouthCom à Miami, et Rebecca Chavez, depuis le Pentagone, et sous-traitée à l’armée privée Academi (ex-Blackwater) ; une société désormais administrée par l’amiral Bobby R. Inman (ancien patron de la NSA) et John Ashcroft (l’ancien Attorney General de l’administration Bush). Un Super Tucano, immatriculé N314TG, acheté par la firme de Virginie en 2008 pour assassiner Raul Reyes, le n°2 des Farc de Colombie, devait être maquillé en avion de l’armée vénézuélienne. Il devait bombarder le palais présidentiel de Miraflores et d’autres cibles parmi une douzaine pré-déterminée, comprenant le ministère de la Défense, la direction du Renseignement et la chaîne de télévision de l’ALBA, TeleSur. L’avion étant stationné en Colombie, le QG opérationnel de « Jéricho » avait été installé à l’ambassade des États-Unis à Bogota avec la participation de l’ambassadeur Kevin Whitaker et de son adjoint Benjamin Ziff.

JPEG - 31.5 ko

Quelques officiers supérieurs, en active ou à la retraite, avaient enregistré à l’avance un message à la Nation dans lequel ils annonçaient avoir pris le pouvoir afin de rétablir l’ordre. Il était prévu qu’ils souscrivent au plan de transition, publié le 12 février au matin par El Nacional et rédigé par le département d’État US. Un nouveau gouvernement aurait été formé, conduit pas l’ancienne députée María Corina Machado.

JPEG - 23.3 ko
Le coup d’État devait placer au pouvoir María Corina Machado. Le 26 janvier, elle recevait à Caracas ses principaux complices étrangers.

María Corina Machado fut la président de Súmate, l’association qui organisa et perdit le référendum révocatoire contre Hugo Chávez Frias, en 2004, déjà avec l’argent de la National Endowment for Democracy (NED) et les services du publicitaire français Jacques Séguéla. Malgré sa défaite, elle fut reçue avec les honneurs par le président George W. Bush, dans le Bureau ovale, le 31 mai 2005. Élue représentante de l’État de Miranda en 2011, elle était soudain apparue, le 21 mars 2014 comme chef de la délégation du Panama à l’Organisation des États américains (OEA). Elle avait immédiatement été démise de ses fonctions de député pour violation des articles 149 et 191 de la Constitution.

Pour faciliter la coordination du coup, María Corina Machado organisa à Caracas, le 26 janvier, un colloque, « Pouvoir citoyen et Démocratie aujourd’hui », auquel participèrent la plupart des personnalités vénézuéliennes et étrangères impliquées.

JPEG - 21.2 ko

Pas de chance, le Renseignement militaire vénézuélien surveillait des personnalités soupçonnées d’avoir fomenté un précédent complot visant à assassiner le président Maduro. En mai dernier, le procureur de Caracas avait accusé María Corina Machado, le gouverneur Henrique Salas Römer, l’ancien diplomate Diego Arria, l’avocat Gustavo Tarre Birceño, le banquier Eligio Cedeño et l’homme d’affaire Pedro M. Burelli, mais ils récusèrent les e-mails, prétendant qu’ils avaient été falsifiés par le Renseignement militaire. Bien sûr, ils étaient tous de mèche.

En pistant ces conspirateurs, le Renseignement militaire découvrit l’« Opération Jéricho ». Dans la nuit du 11 février, les principaux leaders du complot et un agent du Mossad étaient arrêtés et la sécurité aérienne renforcée. D’autres étaient récupérés le 12. Le 20, des aveux obtenus permirent d’arrêter un complice, le maire de Caracas, Antonio Ledezma.

Le président Nicolas Maduro intervenait immédiatement à la télévision pour dénoncer les conspirateurs (( « Denuncia de Nicolás Maduro sobre nueva intentona golpista en Venezuela », Red Voltaire, 12 de febrero de 2015. )) . Tandis qu’à Washington, la porte-parole du département d’État faisait rire les journalistes qui se souvenaient du coup organisé par Obama au Honduras en 2009 —pour l’Amérique latine—, ou plus récemment de la tentative de coup en Macédoine, en janvier 2015 —pour le reste du monde—, en déclarant : « Ces accusations, comme toutes les précédentes, sont ridicules. C’est une question de politique de longue date, les États-Unis ne soutiennent pas les transitions politiques par des moyens non constitutionnels. Les transitions politiques doivent être démocratiques, constitutionnelles, pacifiques et légales. Nous avons vu à plusieurs reprises que le gouvernement vénézuélien tente de détourner l’attention de ses propres actions en accusant les États-Unis ou d’autres membres de la communauté internationale pour les événements à l’intérieur du Venezuela. Ces efforts reflètent un manque de sérieux de la part du gouvernement du Venezuela pour faire face à la grave situation à laquelle il est confronté. »

Pour les Vénézuéliens, ce coup d’État manqué pose une grave question : comment faire vivre la démocratie, si les principaux leaders de l’opposition se retrouvent en prison pour les crimes qu’ils s’apprêtaient à commettre contre la démocratie ?

Pour ceux qui pensent, à tort, que les États-Unis ont changé, qu’ils ne sont plus une puissance impérialiste et qu’ils défendent désormais la démocratie dans le monde, l’« Opération Jéricho » est un sujet de réflexion inépuisable.

Les États-Unis contre le Venezuela

Source : RV, le 23 février 2015.


Venezuela : démantèlement d’une tentative de coup d’Etat

Le blog de Jean Ortiz. Des jeunes officiers des Forces armées nationales bolivariennes ont permis qu’avorte, en la dénonçant, une tentative de putsch impliquant de hauts gradés de l’aviation militaire, et des civils liés surtout à l’organisation d’extrême droite « Primero justicia ».

Le Venezuela est confronté depuis le coup d’Etat d’avril 2002 à ce que l’on pourrait appeler, pour reprendre la célèbre formule : un « coup d’Etat permanent » ; une « guerre de basse intensité », implacable, menée sous la supervision et la planification nord-américaine, par une opposition haineuse, revancharde, putschiste.

Il s’agit, pour cette coalition qui va de l’ultra-droite aux ex-sociaux-démocrates, de parvenir à battre le chavisme par la conjugaison déstabilisatrice de tous les moyens possibles :

1/ guerre économique

Accaparement et stockage illégal à des fins spéculatives d’aliments, de médicaments, de produits sanitaires… Spéculation tous azimuts, hausse des prix, contrebande. Tout cela afin de fatiguer la population par des pénuries organisées, de provoquer la colère, d’inciter aux pillages.

Un embargo financier international se met également peu à peu en place…

2/ guerre idéologique de tous les instants

Désinformation, mensonges, manipulations, faux sondages, afin de créer un climat défaitiste à l’intérieur et de brouiller l’image internationale du pays, de l’isoler, en créant un effet-repoussoir (les « experts » en intox ont attribué au Venezuela le plus important « risque pays » !! Il faut oser !)

3/ stratégie de la violence

Sabotages, conspirations, infiltrations massives de groupes paramilitaires par la frontière colombienne (ils sont aujourd’hui disséminés partout dans le pays), assassinat de dirigeants chavistes, ingérences des diplomates nord-américains en poste à Caracas, de la CIA, des « fondations » made in USA ou Aznariennes, pour tenter de diviser le chavisme et l’armée. Et, au final, réussir la deuxième phase de l’opération « Salida (« sortie » du président légitime Nicolas Maduro)» par des « guarimbas » sanglantes, un soulèvement cette fois-ci réussi… Les Etats-Unis y « mettent le paquet » et sont décidés à aller jusqu’au bout afin d’abattre cette révolution populaire qui se prononce pour une « voie socialiste » et qui dispose de deux siècles de réserves pétrolières… au service du progrès social.

Le plan putschiste « Jericho », révélé le 12 février 2015, prévoyait notamment le bombardement de centres stratégiques de la capitale par un avion étranger « Tucano », repeint aux couleurs du Venezuela. Le plan impliquait des conspirateurs qui avaient tenté déjà l’opération en mars 2014 ; trois généraux furent arrêtés à l’époque. Les conjurés ont été arrêtés et emprisonnés le 11 et le 12 février . Les officiers impliqués étaient en contact avec l’ambassade nord-américaine qui leur avait octroyé un visa de sortie, au cas où, et une quantité importante de dollars. Le général de brigade de l’aviation, Oswaldo Hernández Sánchez, et le député Julio Borges, du parti « Primero justicia » apparaissent comme les principaux instigateurs, soutenus par un réseau de militaires qui avaient été mis à l’écart, et des civils de l’opposition, dont le maire (Antonio Ledezma) de la capitale métropolitaine. Sont impliqués également le lieutenant Henry Javier Salazar Moncada, le capitaine Héctor José Noguera Figueroa (en fuite), et le lieutenant écarté Peter Alexander Moreno Guevara, ainsi que le lieutenant Ricardo José Antich Zapata.

Le « golpe » devait avoir lieu, précisément ce 12 février, après publication d’un manifeste appelant à la constitution d’un gouvernement provisoire.

Dans les dernières semaines de 2014, le gouvernement nord-américain avait fait adopter une provocatrice loi d’ingérence, dite « loi de sanctions » contre un groupe de dirigeants et d’officiers chavistes, leur refusant entre autres l’obtention d’un visa s’ils souhaitaient se rendre aux Etats-Unis. Il s’agit, pour les instigateurs, les marionnettes et leurs marionnettistes, de saper le moral des Forces armées et de la population, d’attiser la déstabilisation d’un pays cauchemar de l’ordre (le chaos) néolibéral. Avec tous les fers au feu. Au prix du sang.

Rappelons-nous le Chili d’Allende et de Neruda. Ne laissons pas faire !

Source : Jean Ortiz, pour l’Humanité, le 14 février 2015.


Ce que révèle et ce qu’occulte le programme de la droite vénézuélienne en cas de succès d’un coup d’Etat

La droite radicale vénézuélienne, d’inspiration ultralibérale et raciste, continue à préférer la voie violente à la voie électorale. Ici, le triumvirat des multimillonaires Leopoldo Lopez, Maria Corina Machado et Antonio Ledezma, proches de l’ex-président Uribe, soutenus par la droite internationale, la plupart des médias et les Etats-Unis.

Caracas, 21 février 2015. Après seize ans de révolution, l’extrême droite vénézuélienne rêve encore et toujours de répéter le coup d’Etat qui coûta la vie à Salvador Allende et à des milliers de chiliens. Le gouvernement bolivarien a déjoué le 12 février une nouvelle tentative au cours de laquelle des officiers de l’Armée de l’Air allaient bombarder (notamment) le siège de la télévision latino-américaine Telesur, l’Assemblée Nationale et le palais présidentiel. Ces militaires ont été arrêtés ainsi qu’un des organisateurs politiques – qui est aussi un des maires de Caracas : Antonio Ledezma, déjà connu pour ses répressions d’étudiants et de journalistes sous les régimes « démocratiques » d’avant la révolution mais aussi pour son soutien aux militaires d’extrême-droite auteurs du coup d’Etat manqué de 2002 contre Chavez (1). Depuis, Ledezma utilisait son poste de maire pour organiser des violences comme celles de 2014 qui ont causé la mort de 43 citoyens vénézuéliens (ce plan baptisé « La Sortie » visait à créer le chaos social pour renverser le président élu, Nicolas Maduro).

Le 12 février dernier, le coup d’état devait mener à la constitution d’un « gouvernement de transition ». Le document intitulé « Appel aux Vénézuéliens, pour un accord national de transition », devait être diffusé immédiatement par le quotidien El Nacional (propriétaire Miguel Henrique Otero), mais aussi les sites internet d’extrême-droite, Vente Venezuela (coalition d’opposition/MUD), Voluntad Popular (fondée par Leopoldo Lopez Mendoza), d’Antonio Ledezma (maire de Caracas/MUD), Congreso Ciudadano (dirigeante : Maria Corina Machado).

Maria Corina Machado, Antonio Ledezma et Leopoldo Lopez ont apposé leurs signatures au bas de ce manifeste de caractère néolibéral, qui devait servir de base à une supposée transition sans la moindre base constitutionnelle, exactement comme lors du coup d’Etat contre le président Chavez en avril 2002. Nous avons sélectionné les passages-clés de ce texte, afin d’en éclairer -et le cas échéant- en approfondir le sens.

1ère citation : « Préparer et organiser dans la transparence, des élections présidentielles libres ».

Commentaire : Pourquoi des élections présidentielles auraient-elles lieu, sachant que nous avons un président légitime en exercice, dont le mandat légal expire en 2019 ? Quel sera le sort réservé à Nicolas Maduro ? Sera-t-il arrêté, contraint à démissionner ? Sera-t-il dans l’obligation de prendre le chemin de l’exil, sera-t-il assassiné ?

2. « Rétablir dans leur autonomie, les divers organes de la puissance publique, en désigner leurs représentants par des moyens constitutionnels, restaurer le pluralisme politique et la souveraineté nationale de l’Etat vénézuélien ».

Commentaire : en usant de moyens identiques à ceux du 12 avril 2002, lorsque les députés de l’Assemblée Nationale, les juges de la Cour suprême de Justice, le procureur général de la République, le Médiateur (une des instances du Pouvoir Citoyen, en charge de la promotion et de la défense des Droits de l’homme) ont été arbitrairement destitués et remplacés au pied levé ?

3. « Mise en application d’un calendrier destiné à redonner confiance au pays sur le plan économique » ; « Réinsertion du Venezuela au sein des circuits financiers internationaux. Obtenir en retour, le soutien financier nécessaire, visant à surmonter les difficultés rencontrées à court terme ».

Commentaire : retour aux négociations avec le FMI (Fonds monétaire international), la Banque mondiale et d’autres instances internationales qui conditionnent l’obtention de prêts à l’application de politiques néolibérales. Avec leur cortège de privatisations, de licenciements massifs de fonctionnaires, de réduction, voire de suppression des programmes d’aides aux personnes (pensions, etc.). Ceci afin de « garantir » aux secteurs dont il est question, la bonne obtention des aides financières prévues.

4. « Désigner de nouvelles autorités à la tête des instances économiques de l’Etat, sur la base de normes et de critères de compétence et de mérite ».

Commentaire : cette démarche suppose que les contraintes d’ordre technique l’emportent sur la dimension sociale des politiques à mettre en œuvre. C’est le retour programmé de la technocratie.

5. « Parvenir à des accords d’indemnisation pour les dommages résultant des expropriations arbitraires ».

Commentaire : toutes les terres, entreprises et industries ayant fait l’objet d’une mesure d’expropriation, ou ayant été occupées légalement par le gouvernement bolivarien seront restituées à leurs anciens propriétaires. Cela implique la fin des sociétés d’économie mixte (production de biens socialement utiles ?), des communes et entités assimilées.

6. « On procédera à un audit de toutes les entreprises (hors secteur pétrolier), dont l’Etat s’est indûment emparé, signe de la rapacité du régime. Décider des formes de propriété et de gestion qui devront leur être appliquées, pour assurer leur relance productive ».

Commentaire : privatisation des entreprises publiques. Licenciement des travailleurs. Baisse des salaires et élimination systématique des avantages sociaux, pour répondre aux critères d’« efficacité ».

7. « Se débarrasser de la chape de plomb des multiples contrôles, qui étouffe l’économie. Réinstauration des bases juridiques et économiques qui attireront les investissements productifs. Et qui assureront à l’avenir, une croissance stable ».

Commentaire : fin de la réglementation relative aux prix des produits de base ; aux transports publics ; aux cliniques et assimilées. Suppression des mécanismes de contrôle tels que la Loi sur les prix équitables ; du contrôle des changes permettant l’acquisition des produits alimentaires et des médicaments de base, pour être revendus à des prix abordables. La priorité est donnée aux investisseurs, au détriment des intérêts du peuple vénézuélien.

8. « Libération des prisonniers politiques. Le retour immédiat des exilés sera facilité. »

Commentaire : la libération (et leur pardon) accordée aux personnes coupables de graves délits – c’est le cas du banquier Eligio Cedeno, de Leopoldo Lopez, Manuel Rosales, et de nombreux autres – suppose que l’on s’ingère dans les affaires relevant strictement du pouvoir judiciaire. En effet ce n’est pas pour leurs opinions que ces personnes ont été arrêtées mais pour des faits relevant du code pénal : corruption, organisation de violences, par exemple.

7. « Solliciter des autorités judiciaires, l’ouverture de procès visant à réprimer les délits graves commis sous la responsabilité de l’ancien gouvernement. »

Commentaire : A l’heure actuelle, le système judiciaire en place est parfaitement rôdé. Le fait que les fonctionnaires accusés d’excès de pouvoir soient jugés et sanctionnés en administre la preuve. Ainsi lors des violences de 2014 l’usage excessif de la force dans certains cas a aussitôt entraîné l’arrestation des policiers ou gardes nationaux concernés. Ceux qui ont trempé dans les assassinats de Juan Montoya (« Juancho »), de Bassil Da Costa et de Geraldine Moreno, sont en passe d’être jugés. De plus, le gouvernement Bolivarien a récemment obtenu que les fonctionnaires de Pdvsa impliqués dans des affaires de corruption soient mis en détention. Enfin le document dont il est question ici, menace les personnels du gouvernement Bolivarien d’être persécutés, comme ils l’ont été en 2002. (Coup d’Etat contre Hugo Chavez, le président sortant).

8. « Combattre l’insécurité touchant la population, devient une priorité d’Etat. Démantèlement des réseaux criminels qui ont proliféré grâce à la complicité du régime actuel, qui leur a assuré l’impunité. Traiter globalement ces questions sous l’angle de la prévention, des actions policières à mener, des problèmes rencontrés au sein de l’administration judiciaire. L’objectif : mettre un terme à l’impunité, et renforcer l’efficacité du système pénitentiaire ».

Commentaire : suspension des garanties constitutionnelles, et violation des droits humains ? Ratissages des quartiers populaires suivis d’arrestations massives comme c’était le cas sous la IVème République ? Comme par sous les régimes d’avant la révolution, assassinats camouflés des dirigeants politiques sous prétexte de combattre la délinquance ?

9. « Rétablir la capacité opérationnelle du secteur pétrolier, et élévation significative de la production pétrolière »

Commentaire : Cela suppose le non respect des quotas établis par l’OPEP. Le Venezuela se verrait contraint de quitter cette instance. De rompre avec elle. Cela causerait immanquablement une baisse des prix du pétrole similaire à celle que l’on a connu sous l’ère pré-Chavez : 9 $ le baril. Réduction des recettes, ce qui obligera l’Etat à adopter des mesures néolibérales. (Un terme est mis aux investissements sociaux).

10. « Révision des cadres juridiques existants, et des accords en vigueur, qui lui sont néfastes ».

Commentaire : Il sera mis fin aux partenariats liant le pays et les nations qui lui sont associées. Seront notamment visés des organismes tels que : Petrocaribe, UNASUR et CELAC. Les chances de parvenir à l’intégration et à l’union de l’Amérique latine, en seront amenuisées. Les accords assurant la présence de médecins cubains au Venezuela ne seront pas reconduits. Fin également des accords passés avec des pays tels que la Chine et la Russie. Avec toutes les conséquences que cela entraînera sur le plan économique.

11. « Désigner à la tête de Pdvsa, un nouvel organe de direction, dont l’honnêteté et les capacités seront reconnues. Le bon fonctionnement de cette instance sera ainsi garanti, et mis au service du pays ».

Commentaire : retour des coteries du pétrole à la tête de Pdvsa. Avec en perspective, sa privatisation partielle, voire totale.

JPEG - 87.6 ko

« Nous sommes plus de 800″. Parmi les révélations sur le coup d’Etat déjoué le 12 février, on a appris que des militaires comptaient bombarder Telesur, chaîne de télévision publique et latino-américaine basée à Caracas. Journalistes et employés (photo) ont reçu des messages de solidarité des mouvements sociaux de tout le continent

12. « Recouvrer l’exercice effectif de la liberté d’expression. Retour pour le peuple, du droit à l’information sur la gestion de l’Etat ».

Commentaire : les medias d’Etat subordonneront leur nouvelle ligne éditoriale, aux directives imposées par la droite. Le peuple vénézuélien n’aura plus droit au chapitre. Les nouvelles, et la relation des activités liées aux organisations du Pouvoir populaire, aux conseils communaux, et d’une manière générale les opinions favorables au chavisme, sont appelées à disparaître des pages du Correo del Orinoco (Courrier de l’Orénoque), de Ciudad CCS, des radios d’Etat ou des télévisions publiques.

13. « S’assurer de la loyauté des Forces Armées Nationales, et de leur appui à la Constitution. Elles se débarrasseront de toutes formes d’ingérence venant de l’extérieur de leurs rangs, et se préserveront de toute activité politique partisane. »

Commentaire : Pourquoi se réfère-t-on ici, aux Forces Armées Nationales, et non pas aux Forces Armées Nationales bolivariennes ? Pourquoi en a-t-on délibérément soustrait le terme « bolivariennes » ? Qui va juger de la loyauté de la FANB envers la Constitution ? Puisqu’il est précisé que ces dernières devront s’abstenir de toute activité politique partisane, est-il envisagé de retirer le droit de vote aux militaires ?

14. « Amorcer un processus de dépolarisation politique, menant à la réconciliation nationale. »

Commentaire : Quel sens accorder à l’expression « dépolarisation politique » ? Interdira- t-on de se référer au chavisme et à la révolution, au motif que ce genre de discussion porte ombrage à la dépolarisation escomptée, et à la réconciliation nationale ? Imposera-t-on comme par le passé, la censure aux forces de gauche ?

15. « Restaurer à très court terme, un approvisionnement suffisant en matière d’alimentation, mais aussi en ce qui concerne les produits de consommation courante destinés aux foyers. Pallier le problème des pièces détachées, mais aussi des fournitures qui font défaut, et qui nuisent au bon fonctionnement des chaînes de distribution ».

Commentaire : A première vue, cela semble très simple : il suffira de demander aux entreprises concernées, d’abandonner leur pratique de rétention actuelle, et de cesser les actions qui consistent à faire partir frauduleusement vers la Colombie, les marchandises destinées au marché intérieur vénézuélien. Nous ne serions pas surpris si ce genre de rétablissement accompagnait des mesures telles que la libération des prix des principaux produits de consommation courante, et l’annulation de la Loi sur les Prix équitables. Ce qui n’apparaît pas dans le document.

16. Toute référence à Simon Bolivar est supprimée : on parle des « Forces armées Nationales » (en lieu et place de « Forces armées Nationales Bolivariennes ».) On recourt par ailleurs, à « Venezuela », au détriment de « République Bolivarienne du Venezuela ». Or, c’est exactement ce qui est arrivé le 12 avril 2002, lorsque sur les instances de l’éphémère dictateur Pedro Carmona, patron du « MEDEF » vénézuélien, on retira le portrait de Bolivar du Palais présidentiel de Miraflores.

17. Le document fait très peu état des investissements sociaux réalisés, prête bien peu d’attention aux pauvres et aux précaires, y compris les enfants, les adolescents. Pas plus qu’aux personnes âgées, aux handicapé(e)s, et à ceux dont l’état de santé, requiert un traitement particulier. A rebours, les priorités affichées sont clairement définies : « attirer les investissements productifs », « réinsertion du Venezuela au sein des circuits financiers internationaux ». « Redonner confiance au pays ».

Aucune mention n’est faite de l’enseignement public gratuit. Et ce, quels que soient les niveaux existants : primaire, secondaire, universitaire. Aucune garantie n’est donnée aux établissements universitaires publics, créés sous la révolution (Unefa, UBV, Unearte, unités sport-études) quant à leur avenir. Il en est de même en ce qui concerne les universités ayant bénéficié d’importants réaménagements (Simon Bolivar, Romulo Gallegos, etc.).

Pour les pensions versées aux retraités, aux personnes âgées, à celles qui sont atteintes d’un handicap, le flou subsiste. Les projets et Missions sociales tels que les « Madres del Barrio » (« Les Mères des quartiers »), ne sont pas mieux lotis : aucune précision quant au sort qui leur est réservé. Aucune mention relative à la défense du salaire minimum, et à son indexation sur le coût de la vie (inflation). Au Venezuela, à 28 reprises durant ces 15 dernières années, le salaire minimum a été revu à la hausse. Par ailleurs, on ignore ce qu’il adviendra des nombreux acquis obtenus par le monde du travail, notamment à travers la mise en application de la nouvelle Loi du Travail (2). La sécurité de l’emploi n’est pas garantie.

Par conséquent, il semble bien que la reconduction du décret sur la sécurité de l’emploi soit remise en cause. Renouvelé tous les ans par le président Chavez et son successeur Nicolas Maduro, ce décret protège tant les travailleurs des entreprises privées, que publiques. Les employés et les travailleurs du secteur public, voient également la stabilité de leur emploi remise en question.

Un flou artistique enveloppe aussi l’engagement de mener à son terme, la construction de 100 000 logements (Gran Mision Vivienda Venezuela). Ce projet ayant bénéficié d’un fort volontarisme d’Hugo Chavez et de son successeur, le président Nicolas Maduro.

18. A aucun moment dans ce document, il n’est fait mention du Pouvoir Populaire. Les diverses instances de cogestion en activité à ce jour (les Conseils communaux ; Communes, Comités techniques (de l’eau…) ; les Entreprises de Production sociale (EPS), etc.) sont logées à la même enseigne. De fait, toutes ces formes de propriété mixte instaurées par le gouvernement bolivarien sont sur la sellette. On ne sait pas si elles seront maintenues ou non. Le silence est également fait sur l’avenir que l’on réserve au projet Canaima Educativa (Canamaitas), dont la mise en œuvre a permis aux jeunes vénézuéliens, d’accéder à des millions de logiciels (et ordinateurs portables) mis gratuitement à leur disposition.

19. Dans le document en question, nulle part il n’est fait allusion à la défense et à la promotion des droits des femmes, à l’appui dont devraient continuer à bénéficier les mouvements sociaux, les collectifs de paysans, LGBT (mouvement lesbien, gay, bisexuel et transsexuel), les groupes écologistes, les défenseurs de la cause animale. Qu’en sera-t-il du maintien de la souveraineté acquise en matière de technologie, en ce qui concerne les logiciels libres ? Qu’en sera-t-il enfin, de ces innombrables mouvements qui auront fait l’objet d’un soutien de la part de la Révolution bolivarienne ?

20. Enfin, à lire ce document, personne ne sait ce qu’il adviendra des mandats de ceux/celles qui assument à ce jour une charge élective issues de scrutins populaires, qu’ils soient issus de la démocratie directe (assemblées) ou d’élections à bulletins secrets.

Source : Luigino Bracci, oour Aporrea, traduit par Jean-Marc Del Percio, pour Venezuela Infos, le 18 février 2015.


Venezuela : soutien massif au président Nicolas Maduro

Caracas – Le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) s’est joint ce vendredi à la solidarité populaire avec le président Nicolas Maduro, qui, la veille, a dénoncé un plan de coup d’Etat perpétré contre lui.

L’organisation politique, avec le Grand Pôle Patriotique qui regroupe d’autres mouvements sociaux a soutenu la gestion du président et annoncé dans un communiqué que des mesures pour défendre la Révolution Bolivarienne sont en préparation, rapporte PL.

Pour sa part, le Haut Commandement Militaire du Venezuela s’est déclaré loyal au président constitutionnel Nicolas Maduro et à la Révolution Bolivarienne, selon Telesur.

“Les Forces Armées Nationales réaffirment leur soutien et leur loyauté au président Nicolas Maduro et leur engagement dans la construction du socialisme et la volonté du peuple et avec les postulats du Plan de la Patrie dans la construction du socialisme” a déclaré le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez.

“Face à cette situation, les Forces Armées continues à être unies et condamnent tout acte de barbarie, un pays ne se construit pas avec le violence”, a-t-il confirmé.

Il a signalé que les plans violents, dans le cadre de ce qu’on appelle “l’Opération Jericho”, “ont été neutralisés grâce à la loyauté et à l’intégrité des fonctionnaires du pays.”

Padrino Lopez a affirmé que ceux qui sont impliqués dans les plans de coup d’Etat sont un minuscule groupe et ne représentent pas les Forces Armées Nationales Bolivariennes (FANB).

“Nous nous joignons à la ferme condamnation que sentent les Forces Armées pour la conduite d’un minuscule groupe de militaires qui, poussés par les plus mesquines intentions de secteurs apatrides ont souillé le respect et l’image des institutions pour porter atteinte à la démocratie”.

Le gouverneur de l’état vénézuélien d’Aragua, Tareck El Aissami, a aussi manifesté, au nom de ses homologues bolivariens, son soutien à Maduro qui a condamné la conspiration patronnée depuis les Etats-Unis.

El Aissami a affirmé que Maduro n’est pas seul et peut compter sur le soutien des 20 gouverneurs des 20 états représentants de la Révolution Bolivarienne, pour mener à bien le mandat donné la veille par Maduro leur demandant de sortir dans la rue avec le peuple s’il lui arrivait quelque chose.

De la même façon, le président de l’Assemblée Nationale, Diosdado Cabello, a assuré que toute attaque de ce genre, dans laquelle serait impliquée la droite locale, serait une attaque contre le peuple.

Dans son émission de télévision Con el Mazo Dando, avec le maire de Caracas, Jorge Rodríguez, le leader parlementaire a montré des preuves convaincantes du coup d’Etat qui impliquent Washington et des députés de l’opposition comme Julio Borges et Antonio Ledezma.

Solidarité mondiale avec le Venezuela.

Pendant ce temps, l’UNASUR, le Parlatino et plusieurs leaders de la région se sont prononcés en soutien à la démocratie au Venezuela et au président national Nicolas Maduro face à la tentative de coup d’Etat démantelé dans le pays.

Le secrétaire général de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR), Ernesto Samper, a exprimé ce vendredi le soutien de cet organisme au Gouvernement du président vénézuélien.

Sur son compte Twitter, il a écrit que “des possibilités de coup d’Etat militaire au Venezuela révèlent une escalade préoccupante de la violence contre sa démocratie”.

Il a aussi affirmé que “l’UNASUR réaffirme sa volonté de trouver des chemins démocratiques et pacifiques et réitère son soutien Président Nicolas Maduro”.

Pour sa part, le président de Bolivie, Evo Morales, a exprimé ce vendredi sa solidarité avec la Révolution Bolivarienne et avec Nicolas Maduro, après avoir appris la tentative de coup d’Etat dans son pays, coup d’Etat “qui prétend ne pas respecter la démocratie des peuples”.

Depuis le Palais du Gouvernement, Morales a précisé qu’il y a 2 jours, il a eu une conversation téléphonique avec Maduro qui l’a informé sur des “sujets délicats” et des secteurs qui ne respectent pas la démocratie au pays, la volonté de son peuple, avec une tentative de coup d’Etat.

Le président du Parlatino, Angel Rodríguez, a déclaré à Telesur que cette semaine, ils dénonceront devant le Ministère Public vénézuélien le plan de coup d’Etat pour qu’une enquête soit faite sur les dirigeants de l’opposition Julio Borges et Antonio Ledezma.

Rodríguez a dit qu’avec l’ UNASUR, l’OEA et la CELAC uniront leurs efforts pour faire respecter les institutions.

Il a souligné que bien que le plan putschiste ait échoué à cause de l’intervention des autorités vénézuéliennes, on doit faire une enquête dessus et que “si nous le voyons comme une action isolée, cela n’a pas de sens, c’est la situation délicate qui se révèle”.

Une action dirigée depuis les Etats-Unis.

président vénézuélien, Nicolas Maduro, a annoncé jeudi que son gouvernement a démantelé ce qu’il a qualifié “d’attentat putschiste dirigé depuis les Etats-Unis contre la Constitution et le peuple”.

Le chef de l’Etat, qui a appelé les Vénézuéliens a être en alerte et à préserver la paix face à ces menaces, a révélé lors d’une rencontre avec la jeunesse vénézuélienne que la manoeuvre a été démantelée grâce à un officier loyal qui a dénoncé l’orchestration de l’émeute par des militaires traîtres.

Maduro a insisté pour qualifier cette action “d’attentat putschiste parce qu’elle n’a pas amené de coup d’Etat” en utilisant l’aviation militaire.

Il a remercié les militaires de la patrie et les organes de renseignement et de contre-espionnage parce que “grâce à eux, nous avons pu donner une suite et démanteler complètement cette manoeuvre”.

Deux officiers et deux civils enregistraient la vidéo et un officier nous envoyait l’information sur tout cela, a-t-il révélé, selon PL.

Le président a déploré que parmi les conjurés, tous en prison en ce moment, se trouvait un militaire du nom d’Hernandez à qui il avait pardonné pour une tentative similaire l’année dernière à cause de la bienveillance de la Révolution Bolivarienne “qui nous fait souvent agir avec magnanimité parce que nous sommes chavistes”.

Cet individu a reçu l’ordre, l’argent et le plan des opérations d’importants secteurs politiques, c’était un groupe financé depuis Miami qui enregistrerait une vidéo sur un officier emprisonné et le 13 février, un avion Tucano attaquerait le Palais de Miraflores où le Président participait à une réunion.

Selon Maduro, l’ordre aurait été donné quand les conjurés auraient annoncé un programme de gouvernement de transition conçu par eux sous le nom d’”Appel aux Vénézuéliens à un plan d’action pour la transition” et ensuite, se seraient succédées des actions violentes parmi lesquelles des assassinats ce jeudi à Caracas.

Ils prétendaient prendre un endroit où j’ai été élevé dans l’église de San Pedro, très lié à moi, s’enchaîner aux médias, annoncer un show international et ensuite, au milieu de ce scandale, l’attaque aérienne pour chercher ce qu’ils appellent “la crise parfaite”, a-t-il expliqué.

Source : Granma, traduit par Françoise Lopez, pour http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2015/02/venezuela-soutien-massif-au-president-nicolas-maduro.html>Cuba Si France Provence, le 14 février 2015.


Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État

Alors qu’en 1973 il restait des médias occidentaux pour s’émouvoir du coup d’État perpétré au Chili, ceux d’aujourd’hui scandent à l’unisson : “Président du Venezuela, laisse-toi te renverser ! C’est pour ton bien ! Renonce à défendre le choix des électeurs ! Renonce à la loi, à la Constitution. Si tu arrêtes un putschiste, nous dénoncerons la répression au Venezuela !”. Le bulldozer des news, déjà bien rodé pour créer le personnage Chavez, a été réactivé pour fabriquer le tyran Maduro qui agite au loin un poing brutal pour mieux écraser des foules fanatisées alors que la voix feutrée de l’opposition de droite ou du porte-parole de la Maison Blanche, de face, en plan proche, s’étonne de tant de violence.

Même lors du coup d’État manqué contre Chavez en 2002, jamais on n’avait observé une telle intensité dans le bombardement médiatique pour nous faire accepter la nécessité d’une intervention extérieure, ou d’un coup d’État, sans attendre les élections.

C’est sans doute l’erreur historique, et suicidaire, de la gauche européenne : ne pas avoir démocratisé la propriété des médias, avoir laissé le service public mimétiser “l’information” des grands groupes privés (1). Qu’arriverait-il au journaliste d’un grand média qui parlerait des 40.000 conseils communaux et de conseils du pouvoir citoyen qui apportent la matière grise de nombre de décisions gouvernementales au Venezuela ?

Et le Maduro réel ? Celui que n’isolent pas les téléobjectifs de l’AFP et de Reuters ?

Le jeudi 26 février, lors de la création du nouveau Conseil des personnes handicapées et des personnes âgées (2), il a approuvé les crédits pour octroyer 300 mille pensions de plus, ce qui élève les bénéficiaires de ce droit à trois millions de citoyen(ne)s. Il a confirmé l’octroi de 10.000 allocations de santé pour mieux protéger les personnes âgées. Il a félicité les employés de la nouvelle mission sociale “Foyers de la patrie” qui a visité en une fin de semaine 200 communautés populaires, soit 25 mille familles : “Cette méthodologie nous permet d’arriver directement jusqu’aux familles en évitant les mafias des intermédiaires”.

Avant d’entamer à travers le territoire un nouveau cycle de “gouvernement de rue” (3) Maduro a rappelé l’idée centrale de sa politique : malgré la guerre économique (4) et la chute des prix du pétrole, pas d’austérité mais l’approfondissement d’un État social et participatif. “Comme le dit le maire Rodriguez, on nous agresse parce que nous sommes un gouvernement des pauvres. Il n’y a que dans le socialisme que les ressources sont administrées en fonction de celui ou celle qui en a besoin”. Pendant cette assemblée un gros dossier arrive aux mains de Maduro. Anibal, affecté d’une incapacité de l’ouïe, un des porte-paroles du nouveau conseil national, prend la parole en langage de signes : “Nous sommes 120 porte-paroles venus des 24 états du pays, nous avons travaillé ensemble sur ces propositions”. “C’est pour cela que j’ai créé les conseils de gouvernement populaire, pour que le peuple prenne le pouvoir, pour qu’il assume le pouvoir politique, pour qu’il se convertisse en peuple président” lui répond Maduro. (5)

Le samedi 28 février lors d’une mobilisation populaire contre l’ingérence des États-Unis (photo), le président a poursuivi : “The Wall Street Journal a écrit récemment que l’heure est venue de m’appeler tyran, je réponds : je serais un tyran parce que je ne me laisse pas renverser ? Et si je me laisse renverser, je serais un démocrate ? Le peuple devrait permettre que s’installe un « gouvernement de transition », éliminant la Constitution ? Je ne le permettrai pas et s’il le fallait je me battrai dans la rue avec le peuple et nos forces armées. Nous voulons construire la paix, la stabilité la coexistence, la vie en commun. Que ferait le président Obama si un coup d’État était organisé contre son gouvernement ? Celui qui persiste dans ses activités terroristes, putschistes, celui qui agit hors de la Constitution, sera arrêté pour être jugé même si The Wall Street Journal ou le New York Times m’appellent le tyran, ce n‘est pas la tyrannie, non, c’est tout simplement la loi.”

Durant cette marche qui a parcouru les rues de Caracas, Maduro a signé un décret indemnisant 74 familles de victimes du “Caracazo” (6) : en 1989, après deux jours d’émeutes populaires qui suivirent l’application des mesures néo-libérales exigées par le FMI, le président social-démocrate Carlos Andrés Pérez avait suspendu les garanties constitutionnelles et avait envoyé l’armée “rétablir l’ordre”. En 72 heures, 2000 à 3000 personnes furent assassinées. Maduro a rappelé que cette même austérité de choc fait partie du programme que la droite vénézuélienne avait prévu d’appliquer en cas de succès du coup d’État le 12 février 2015 (7). Jusqu’à l’élection de Hugo Chavez, aucun gouvernement n’avait accepté de reconnaître les fosses communes, les disparitions, et les tortures. Les 74 indemnisations décrétées par Maduro s’ajoutent aux 596 accordées à d’autres familles par le gouvernement bolivarien.

Par ailleurs, le président a annoncé quatre mesures en réponse aux sanctions imposées par les États-Unis en violation du Droit international et dénoncées par l’ensemble des pays latino-américains (8), ainsi qu’aux 168 déclarations officielles émises par l’administration Obama contre le gouvernement bolivarien de 2014 à 2015 :

– L’entrée du territoire vénézuélien est interdite aux fonctionnaires étasuniens complices d’actes terroristes, de violations de droits de l’homme, de crimes de guerre. Parmi ceux-ci l’ex-président George W. Bush, l’ex-vice-président Dick Cheney ; l’ex-directeur de la CIA George Tenet, notamment liés au massacre de centaines de milliers d’irakiens sur la base du mensonge des “armes de destruction massive” et à la création de centres de torture – prisons secrètes en Europe, Abu Ghraib, Guantanamo, etc… « Interdit aussi d’accorder des visas aux citoyens américains qui ont violé les droits humains et ont bombardé des populations civiles « . La décision concerne aussi les congressistes d’extrême droite Bob Menendez, Marco Rubio, Ileana Ross-Lehtinen et Mario Diaz-Balart, proches du réseau terroriste du cubain Posada Carriles qui vit actuellement aux USA sous la protection des autorités.

– Adéquation du nombre de fonctionnaires de l’Ambassade des États-Unis à Caracas. Le gouvernement étasunien y maintient plus de 100 employés alors que seulement 17 fonctionnaires vénézuéliens sont autorisés à travailler à l’ambassade vénézuélienne à Washington. La chancelière Delcy Rodriguez a rappelé que cette faculté de demander l’équilibre du nombre échoit à tout gouvernement en vertu de la Convention de Vienne.

– Réciprocité en matière de visas : “Les citoyens vénézuéliens qui voyagent aux États-Unis doivent payer pour obtenir un visa. A présent, pour rétablir l’égalité de traitement, les étasuniens qui nous visitent, devront obtenir un visa et payer ce que paye un Vénézuélien qui voyage aux États-Unis”.

– “Finies, les réunions des fonctionnaires étasuniens pour conspirer sur notre territoire” : Les responsables de l’ambassade étasunienne à Caracas ont été informés que dorénavant « toute réunion réalisée par eux au Venezuela devra être notifiée et approuvée par le gouvernement du Venezuela » , conformément aux articles 41 et 41.2 de la Convention de Vienne. Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé certains étasuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Dans l’État du Táchira nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations”.

En conclusion de son discours, Maduro a réaffirmé son respect pour le peuple étasunien ainsi que pour la communauté afro-américaine, hispanique et caraïbe souvent victimes des violations de droits de l’homme de la part de leur propre gouvernement, rappelant que ces mesures ne sont pas prises contre eux, mais contre l’élite qui persiste à s’ériger en policier mondial et à refuser de respecter le principe de souveraineté.

Source : Thierry Deronne, pour Venezuela Infos, le 1er mars 2015.


« COURRIER INTERNATIONAL », LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE »

Lorsque la Guerre Froide cèdera la place à l’équilibre multipolaire, les historiens souriront en étudiant la propagande médiatique déployée autour de la démocratie participative la plus avancée de l’Amérique Latine. D’un Paulo Paranagua (Le Monde) écrivant que Chavez avait nui à l’unité latino-américaine au moment précis où l’ensemble des gouvernements, organismes multilatéraux et mouvements sociaux du continent saluaient l’œuvre du principal artisan de l’unité2 , à un François-Xavier Freland expliquant pourquoi des millions de vénézuéliens saluaient la dépouille mortelle du « dictateur » Chavez : « oh vous savez il y a beaucoup de curieux »3 . Sans oublier ce Libération de 2006 où Jean-Hébert Armengaud, actuel rédacteur en chef de Courrier International, coupa et remonta un discours du président bolivarien pour prouver qu’il était antisémite4 .

Cette campagne lancée par le « Guysen Israël News » et relayée par la section argentine du Centre Wiesenthal, fut démontée le 11 janvier 2006 par le site ACRIMED qui révéla le trucage5 . Le président de la Confédération des Associations Juives du Venezuela Fred Pressner expliqua que Chavez n’avait rien d’antisémite, critiquant le Centre Wiesenthal pour sa précipitation et son refus de s’informer auprès de la communauté locale : “Vous avez interféré avec notre statut politique, notre sécurité et notre bien-être en tant que communauté. Vous avez agi unilatéralement, sans nous consulter, sur des thèmes que vous ne connaissez pas et ne comprenez pas6 . Tant l’AJCommittee (Global Jewish Advocacy) que le Congrès Juif Américain appuyèrent le point de vue de la communauté juive du Venezuela pour qui les propos du président bolivarien avaient été totalement manipulés. 119-300x2251Ses autorités se réunirent ensuite avec Chavez pour souligner publiquement d’excellentes relations jamais démenties depuis, comme en témoigne la réunion du président Maduro avec les représentants du Congrès Juif Mondialen novembre 2014 (photo) à New York7 .

Jean-Hébert Armengaud a caché ces faits aux lecteurs et a refusé d’admettre sa faute professionnelle. Il est devenu en 2012 rédacteur en chef de Courrier International, un produit du groupe Le Monde qui recycle des articles puisés dans l’apparente diversité qu’assure l’hégémonie des grands groupes médiatiques internationaux…

couv891
En 2007 cet hebdomadaire publie un article intitulé « Poutine et Chavez, de drôles de démocrates ». Quelques jours avant la tenue d’un référendum sur la constitution au Venezuela, Philippe Thureau-Dangin parle de «coups d’Etat en forme de plébiscites » et parie sur une victoire de Chavez pour l’analyser par avance : « on ne fait plus de coups d’Etat baïonnette au canon ; on se contente de les faire avaliser, tout à fait légalement, par des peuples subjugués ». Hélas pour Courrier International Chavez perd le référendum et félicite aussitôt l’opposition !8 .

Le Venezuela bolivarien a organisé un nombre record de scrutins (19 en 15 ans), reconnus comme légitimes et transparents par les observateurs de l’Union Européenne, de l’Organisation des Etats Américains ou de l’Association des Juristes Latino-américains. “Excès de démocratie” pour l’ex-président du Brésil Lula. Meilleur système électoral du monde selon Jimmy Carter qui a observé 98 élections dans le monde9 . En mai 2011 le rapport de la canadienne Fondation pour l’Avancée de la Démocratie (FDA), qui prend régulièrement le pouls des systèmes politiques, place le système électoral du Venezuela à la première place mondiale pour le respect des normes fondamentales de démocratie et d’équité sociale10 . L’ONG chilienne LatinoBarometro (( http://www.latinobarometro.org/lat.jsp )) soutenue entre autres par le BID (Banque Inter-Américaine de Développement), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l’OEA (Organisation des États Américains), l’états-unien Office of Research et les agences de coopération des gouvernements suédois, norvégiens et canadiens, a établi dans son rapport 2013 que le Venezuela bat tous les records de confiance citoyenne dans la démocratie pour toute l’Amérique Latine (87 %) suivi de l’Équateur (62 %) et du Mexique (21 %). Pour Latinobarometro, “le Venezuela est le pays où on observe la plus grande différence entre ce que pensent ses citoyens de leur démocratie et l’image qui circule dans la communauté internationale”.

Le 10 février 2015, dès qu’éclate le scandale de la fraude fiscale organisée par HSBC pour ses clients, Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC »11 , laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer. L’objectif de Sabine Grandadam est transparent : surfer sur le scandale HSBC pour créer l’image d’une révolution corrompue. De fait, grâce à la convergence croissante des médias commerciaux et des médias sociaux, le buzz s’opère :twitterOr, la seule référence à l’Etat sur la liste vénézuélienne de Falciani concerne laBanque du Trésor qui en 2005 avait ouvert trois comptes à HSBC et une quinzaine d’autres dans des banques étrangères. Il ne s’agit ni de comptes individuels, ni de comptes secrets ni d’une fraude avec comptes codés et société-écrans offshore. Les noms qui apparaissent sont ceux des fonctionnaires qui ont effectué les signatures administratives et l’information n’évoque pas d’irrégularités.

Ce ne fut pas la seule fois que l’Etat Vénézuélien déposa une partie de ses fonds dans des banques suisses pour défendre ses intérêts. En février 2008, en pleine bataille légale contre la plus grande compagnie pétrolière états-unienne, ce fut pour protéger une partie de ses revenus pétroliers d’un possible embargo de la part d’Exxon Mobil que le gouvernement bolivarien les transféra dans des banques suisses (en 2014 le tribunal trancha en faveur du Venezuela.) Trois ans plus tard, en 2011, le président Chavez annonça le rapatriement des réserves d’or du pays, qui se montaient à 11 milliards de dollars et se trouvaient dans des banques d’Angleterre, du Canada, de France et des Etats-Unis. Il décida aussi de transférer les fonds des réserves et du Trésor vénézuélien à des pays membres des BRICS comme la Chine, la Russie et le Brésil, face à de possibles « sanctions » de la part des Etats-Unis.

Ces faits ultérieurs éclairent la relation de l’Etat vénézuélien avec la banque privée internationale mais n’ont aucun intérêt pour Sabine Grandadam puisque son objectif est simplement d’associer « révolution bolivarienne » à « corruption ». C’est aussi pourquoi elle reste muette sur les 99% de la liste « Venezuela » de Falciani12 : 178 noms et 115 adresses de clients vénézuéliens possédant des comptes individuels à HSBC. On n’y trouve pas de dirigeants politiques de la révolution, ni le président Maduro ou sa famille, mais pas mal de membres du secteur privé, notamment des médias ou de PDVSA (compagnie pétrolière) avant sa récupération par le gouvernement. C’est plutôt une surprise quand on sait que la vulgate médiatique au Venezuela comme sur le plan international est de dénoncer « la corruption des chavistes ».

Bien sûr, un journaliste doué d’un minimum de conformisme n’a qu’à se baisser pour traduire les titres dont les grands groupes médiatiques usent pour faire campagne contre le socialisme bolivarien. Chacun est libre d’ajouter sa pierre aux milliers d’attaques subies par le Venezuela depuis qu’une démocratie de gauche y restitue les droits sociaux et politiques a une majorité d’exclus, et consciemment ou non, de renforcer l’environnement médiatique nécessaire aux coups d’Etat comme celui que le Venezuela vient de déjouer. Il est libre d’occulter à ses lecteurs l’ingérence états-unienne dénoncée par l’ensemble des gouvernements latino-américains13 , et de se refuser à effectuer le moindre reportage sur seize ans d’avancées sociales. Bref, libre d’ignorer la Charte du « Monde » : « 1/ Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ; (..) 9/ Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste14 . »

Source : Thierry Deronne, pour Venezuela Infos, le 18 février 2015.

  1.  « Notre ami Danilo Anderson assassiné à Caracas », « La CIA derrière l’assassinat de Danilo Anderson ? », par Marcelo Larrea, Réseau Voltaire, 19 novembre et 1er décembre 2004. “FBI and CIA identified as helping Plan Venezuelan Prosecutor’s Murder”, by Alessandro Parma, Voltaire Network, 11 November 2005.
  2. « L’Amérique Latine et les Caraïbes saluent le principal artisan de l’unité continentale » par Maurice Lemoine,https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/12/lamerique-latine-et-les-caraibes-saluent-le-principal-acteur-de-lunite-continentale-par-maurice-lemoine/
  3. Ibidem
  4. http://www.liberation.fr/monde/2006/01/09/le-credo-antisemite-de-hugo-chavez_25785
  5. http://www.acrimed.org/article2241.html
  6. « Venezuela’s Jews Defend Leftist President in Flap Over Remarks« ,http://forward.com/articles/1874/venezuelaes-jews-defend-leftist-president-in-fla/
  7. http://www.rnv.gob.ve/index.php/president-maduro-met-with-world-jewish-congress
  8. Lire l’article de Maxime Vivas : http://www.legrandsoir.info/courrier-international-degaine-plus-vite-que-son-ombre-et-nous-donne-le-ton.html
  9. http://venezuelanalysis.com/print/7272
  10. http://democracychange.com/
  11. http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/10/swissleaks-la-revolution-bolivarienne-confiait-son-argent-a-hsbc
  12. Lisible ici : http://offshoreleaks.icij.org/
  13. Lire « L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC) »,https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/05/lamerique-latine-serre-les-rangs-autour-du-venezuela-les-etats-unis-isoles-avec-declaration-integrale-du-sommet-de-la-celac/
  14. « Charte de déontologie des journalistes du Monde »,http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/11/03/la-charte-d-ethique-et-de-deontologie-du-groupe-le-monde_1434737_3236.html#zWswVzEmDBPYubsI.99

Source: http://www.les-crises.fr/venezuela-22-les-medias-alternatifs-contredisent-le-mainstream-comme-dhabitude/


[Propagande] Le Ministre des affaires étrangères israelien veut décapiter certains de ses concitoyens arabes – et nos médias n’en parlent pas !

Wednesday 11 March 2015 at 05:07

La propagande hurlante, on voit ce que ça donne sur la Russie, mais il ne faut pas oublier qu’elle existe aussi en version silencieuse, consistant à passer sous silence (ou alors en 10 lignes page 18) des informations importantes.

Exemple : lundi, en meeting électoral dans la ville de Herzliya, au nord de Tel Aviv, pour les proches élections législatives, le ministre des affaires étrangères israélien (d’extrême droite) Avigdor Liberman (ou Lieberman) a tranquillement déclaré que tous les Arabes israéliens qui ne sont pas fidèles à Israël devraient «être décapités à la hache».

«Ceux qui sont de notre côté méritent beaucoup, mais ceux qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache», a-t-il affirmé face à son auditoire, rapporte le site d’informationNewsweek. Le ministre a même estimé qu’il n’y a «aucune raison qu’Umm al-Fahm» (la troisième ville arabe du pays) «fasse partie d’Israël». Pour lui, la communauté arabe n’a aucunement sa place sur le territoire. «J’ai tendance à vouloir faire don au chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas des Arabes qui brandissent le drapeau noir le jour de la nakba. Ce serait avec plaisir.»

Le jour de la «nakba» (désastre, en arabe) fait référence à l’exode de milliers de Palestiniens après l’indépendance d’Israël et leur retour en terres palestiniennes. L’événement est commémoré par des rassemblements à travers la Cisjordanie, la bande de Gaza mais aussi dans certaines villes israéliennes.

Pour Ron Gilran, vice-président du Conseil de risque géopolitique, le Levantine Group, basé à Tel Aviv, ces déclarations sont un moyen pour Lieberman et son parti nationaliste de droite, l’Israël Beiteinou, de récolter des voix avant les élections. «L’électeur instruit sait que c’est une tentative de gagner le soutien du peuple», explique-t-il à Newsweek.

Ce n’est pas la première fois que Lieberman fait parler de lui avec des propos discriminants. En novembre dernier, il faisait part de sa volonté d’offrir de l’argent aux citoyens arabes israéliens – qui représentent 20% de la population israélienne – afin qu’ils acceptent de s’installer en terres palestiniennes si un Etat est créé. Le ministre soutient une position radicale à l’encontre de tous ceux qui trahiraient son Etat. Il estime même qu’une condamnation à mort est nécessaire pour tous ceux qui dénonceraient les politiques israéliennes à l’encontre des Palestiniens.

Les élections législatives israéliennes sont prévues le 17 mars. Le Premier ministre actuel Benyamin Nétanyahou est grandement concurrencé par le parti d’opposition, l’Union sioniste, dirigé par Isaac Herzog et Tzipi Livni.

Avouez que ce n’est pas rien, surtout comparé à l’hystérie russophobe. Imaginez ce que diraient nos canards/radios si le ministre russe avait déclaré ceci pour les Tchétchènes musulmans par exemple. On serait presque en guerre…

Mais là, magie, RIEN ! (ou presque)

L’extrait précédent est tiré d’un article de Libération, du 10 mars, qui a repris l’info d’un article de la veille du quotidien israélien Haaretz :

Du coup :

L’Autorité palestinienne va demander à la Cour pénale internationale de La Haye d’émettre un mandat d’arrêt contre le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, suite à ses appels à “décapiter les Arabes qui ne sont pas fidèles à Israël”, selon la télévision palestinienne.

“Je riposterai à la requête des Palestiniens de lancer un mandat d’arrêt contre moi à la CPI lorsque je serai le prochain ministre de la Défense”, a posté Lieberman sur sa page facebook en réponse à l’annonce de l’Autorité palestinienne.

Les médias israéliens ont évidemment largement repris ces informations :

 

Les grands médias américains aussi :

Les médias russes aussi :

MAIS alors, allez savoir pourquoi, dans nos médias, c’est le silence le plus absolu :

Ca n’intéresse pas le Monde, pas de souci (pour information, j’ai testé à chaque fois les 2 orthographes)

Le Figaro ?

Non plus… Le Parisien ?

Non plus… La Croix ?

Non plus… L’Humanité ?

Non plus… Les gratuits ?

Le nouvel Obs ?

Non plus… Bon, il faut dire que l’AFP mettait le projecteur ailleurs aujourd’hui :

Aaaaah, les cadets de Lviv – tout une histoire probablement…

Les autres grandes agences ?

 

Non plus…

Bon, pour être juste, Libération en a donc parlé – et si vous avez aimé l’article, Libération vous dit d’ailleurs que vous aimerez aussi ces informations précieuses…

L’Express et le Point en ont parlé en ligne :

Europe 1 en a fait un bel article :

Mais bon, ça fait quand même bien peu…

Et ça en dit long sur l’objectivité de l’information…

Le pire étant, à mon sens, qu’il est impossible de saisir qui que ce soit pour se plaindre de ce genre de propagande, hurlante ou silencieuse…

P.S. Ah flute, oui, c’est vrai.

Comme “Le dernier numéro de Charlie Hebdo n’est disponible dans aucun point de vente en Israël. ” (Source ), Liberman a demandé à ses ouailles de le distribuer gratuitement :

Bref, il est Charlie ce brave homme !

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-le-ministre-des-affaires-etrangeres-israelien-veut-decapiter-ses-citoyens-et-nos-medias-nen-parlent-pas/


Interview avec Y. Varoufakis : “Nous n’envisagerons jamais une sortie de l’euro”

Wednesday 11 March 2015 at 04:33

Bon, j’attends quand même la fin des courses pour me prononcer, mais enfin, pour un gars qu’on nous a vendu “spécialiste de la théorie des jeux”, c’est pas malin du tout de dire ça en termes de capacité de négociation…

Si tu n’envisages absolument pas une sortie de l’euro, tu es tout nu ; fais alors ton plan d’austérité bruxelloise et nous fatigue plus, amigo…

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a accepté de répondre aux questions de Paris Match après une polémique à propos d’un référendum sur une éventuelle sortie de l’euro.

Paris Match. Vous avez évoqué dans la presse un référendum grec sur l’Euro. Voulez-vous que les Grecs décident eux-mêmes de sortir de la zone euro? 
Yanis Varoufakis. C’est le résultat d’un travail abominable du journaliste du «Corriere della Serra». Il a assisté à une conférence que je donnais à Venise dans laquelle j’ai longuement expliqué que notre gouvernement n’envisagerait jamais de «Grexit», que nous n’en discuterons jamais. Pour nous, il est même toxique d’y penser. J’ai ensuite donné une interview à ce journaliste, qui m’a demandé à plusieurs reprises ce que notre gouvernement ferait si, à l’issue des négociations, tous nos partenaires européens rejetaient nos propositions. J’ai répondu que cela ne se produirait pas, que nous discutons avec l’Eurogroupe dans un esprit très collégial. Il a insisté. J’ai fini par dire que dans l’hypothèse improbable où il y aurait une impasse, comme nous ne sommes pas collés à nos sièges, nous pourrions démissionner, organiser une élection, un référendum sur les réformes. On en est restés là. Le titre de l’interview est devenu : “Varoufakis demande un référendum sur l’euro”. Soit l’inverse de mon propos! J’ai fait une longue déclaration pour démentir.

“LE ‘REMÈDE’ NE RÉSOUT RIEN. LA CRISE N’EN FINIT PAS”

Financièrement, où en est votre pays?
La Grèce a perdu l’accès aux marchés en 2010. Malheureusement, l’Europe et le gouvernement grec d’alors ont décidé de répondre à cette faillite en accordant à la Grèce le prêt le plus important jamais octroyé! L’arithmétique prouve que cela ne peut pas fonctionner. Je le répète depuis cinq ans. Ce «remède» ne résout rien. Voilà où nous en sommes. Voilà pourquoi la crise n’en finit pas, malgré les efforts énormes consentis par les Grecs. Ils ont subi des restrictions, des coupes dans leurs retraites, dans leurs salaires, dans les dépenses publiques… En même temps, leurs impôts ont augmenté, ceux des faibles, pas ceux des riches.

Vos pairs de l’Eurogroupe ne vous ont accordé qu’un répit de quelques semaines…
Nous voulons que tout le monde comprenne que le statu quo ne peut pas se poursuivre, ce qui occasionne parfois des tensions. Les techniciens de l’Eurogroupe à Bruxelles ont ce que j’appelle une «inertie institutionnelle» naturelle. Aucune institution n’aime changer. En défendant notre cas avec force, nous avons réussi à les faire bouger. Ce succès est bien sûr temporaire. Il faut encore définir le nouveau processus. C’est une longue route. Tout ne peut pas se résoudre en un jour.

Source : Anne-Sophie Lechevallier, pour Paris Match, le 9 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/interview-avec-y-varoufakis-nous-nenvisagerons-jamais-une-sortie-de-leuro/


Actu’Ukraine 11/03

Wednesday 11 March 2015 at 04:00

Ce travail a été réalisé par quelques bénévoles – un peu plus d’aide serait donc bienvenue… Merci de nous contacter

Actu’Ukraine semaine du 2 au 8 mars 2015

Une semaine assez tendue qui au final se finit plutôt bien !

Lundi 2 mars 2015

• Les USA n’ont vraiment pas envie de la paix en Ukraine ! Les USA ont annoncé vouloir envoyer plusieurs centaines de soldats en Ukraine, via la Pologne, pour entrainer les forces armées ukrainiennes entre mars et octobre 2015 au International Peacekeeping and Security Center (IPSC), un vaste camp militaire situé près de Lvov dans l’ouest de l’Ukraine (zerohedge, sputniknews, sputniknews, defensenews, tassipsc.asv.gov.ua), ceci malgré les avertissements des russes (zerohedge), la réticence de l’OTAN (tass) et le contenu des accords de Minsk 2 (le point 10, rappellons-le, interdit la présence de forces armées étrangères ou de mercenaires en Ukraine). Bref, les USA cherchent à déclencher une crise avec la Russie, ce n’est pas nouveau, mais cela devient de plus en plus dangeureux avec cette fois des “bottes américaines au sol” en Ukraine en nombre et sur une longue durée. On est très loin d’un exercice militaire d’une dizaine de jours comme Rapid Trident (eur.army.mil). De plus, il y a un flou inquiétant sur cette opération si l’on considère les répercussions géopolitiques potentielles. Certaines sources parlent de soldats de la garde nationale, d’autres de l’armée américaine, devant entrainer la garde nationale et/ou l’armée ukrainienne. Il est question de 300 militaires US ou de 1500 (chaque groupe de 300 assurant une partie de la période d’entrainement prévue sur 6 mois en tout : de mars à octobre 2015). Avec le but initial officiel, prévu en début d’année, d’entrainer 4 compagnies  de la Garde Nationale ukrainienne pour “aider l’Ukraine à renforcer ses capacités d’opération de police, de défense intérieure et de maintien de l’ordre…” (defensenews). Parallèlement, Mikheil Saakashvili, conseiller géorgien spécial du président ukrainien, déclare que “la décision américaine de fournir des armes défensives à l’Ukraine est assurée à 99%”  (unian). Le 1% restant est sans doute limité au président Obama qui a peut-être là l’occasion de mériter plusieurs années après son controversé nobel de la Paix (d’ailleurs au passage, le président du comité Nobel pour ce prix a été démis de ses fonctions, une première depuis la création des prix Nobel… voir RT). Il existe aux USA un consensus à peu près uniforme sur la fourniture d’armes à l’Ukraine. L’administration Obama est pour, les corps législatifs républicains et démocrates sont globalement pour (washingtontimes, uatoday.tv), les médias sont pour, le commandement américain de l’OTAN est pour, l’état-major US est pour (defenseone, dedefensa).

et ils ont l’air super enchantés d’être pour…

Quant aux autres sources d’armes, Emirats Arabes Unis (exposition militaire IDEX-2015, voir actu Ukraine précédente ) ou Finlande (systèmes de visée), le gouvernement ukrainien ne souhaite pas communiquer sur les accords négociés (russia-insider, novorossia.today). Pour couronner le tout, Porochenko, tout en commençant à démobiliser les soldats des premières vagues de mobilisation (mais juste s’il y a des remplaçants… avec 80% de désobéissance civile, cela ne va pas être simple…) (fortruss, russia-insider), propose d’augmenter l’effectif de l’armée d’environ 50 000 hommes (40000 mobilisés et 10 500 engagés) pour atteindre 250 000 soldats (novorossia.today, rada.gov.ua, sputniknews.com, unian).

Plus de soldats + plus d’entrainement + plus d’armes = Guerre.

 Relooking Europe : The Role of Land Forces (Center for Strategic & International Studies – 2 mars 2015)  (à partir de 14mn00 pour les infos sur les mouvements de troupes US en Europe de l’Est, dont l’Ukraine : youtube). Le général en question indique clairement (à partir de 15mn) que sa brigade (donc des parachutistes) va être en partie déployée cette semaine en Ukraine pour entrainer des forces ukrainiennes pour le combat en cours…

 

Assistant Secretary of State Victoria Nuland testified at a House Foreign Affairs Committee hearing on Ukraine’s conflict with Russia,  focusing on U.S. policy toward both nations. Assistant Secretary of  State Victoria Nuland talked about the situation in Ukraine, the effects  of economic sanctions against Russia, the potential for U.S. military  aid to Ukraine, and the ceasefire agreed upon in Minsk, Belarus (4 mars) (c-span.org).

Projet déposé à la Rada le 2 mars 2015 (traduction de l’Ukrainien rada.gov.ua) et voté le 5 mars (fortruss)

Projet
Soumis par le Président de l’Ukraine
Loi de l’Ukraine
Sur les effectifs des Forces armées de l’Ukraine
 Conformément à l’article 85, partie 1, paragraphe 22, de la Constitution de  l’Ukraine, la Rada Suprême d’Ukraine décrète:
 1. Fixer les effectifs des Forces armées de l’Ukraine à un nombre n’excédant pas 250 000 personnes, dont 204 000 militaires.
2. Pendant les périodes spéciales, les effectifs des Forces armées de l’Ukraine seront accrus du nombre des appelés en application des décrets du Président  de l’Ukraine sur la mobilisation, entérinés par les lois de l’Ukraine.
3. La présente loi prend effet à partir du jour suivant le jour de sa publication.
 Le Président de la Rada Suprême de l’Ukraine
 

• Même en Ukraine, on ne peut pas faire n’importe quoi ! : Nous avions parlé brièvement de cette proposition de loi la semaine dernière (les-crises.fr, dimanche 1er mars). Le 2 mars, le décret a été retiré par le député qui avait déposé le projet de loi, Mateïtchenko. Ce dernier a reconnu que l’une des dispositions du document pouvait être interprétée de façon ambiguë. ll a déclaré qu’il ne s’agissait pas de punir pénalement la critique du pouvoir, mais de punir la “profanation des symboles de l’Etat” (lenta.ru). Ce projet de loi sur la défense et la préservation de l’autorité de l’Etat a été enregistré à la Rada le 24 février (rada.gov.ua). La disposition du document qui posait problème concernait «les actions délibérées visant à saper l’autorité de l’Etat et des organes de l’Etat” qui a été considérée par beaucoup comme une menace pour la liberté de parole, puisqu’elle pouvait être interprétée également comme une interdiction de critiquer les autorités, les fonctionnaires et les partis politiques (telekritika.ua). ll était prévu une peine de rééducation par le travail d’une durée maximale de deux ans ou de privation de liberté de 6 mois à 3 ans.

Projet de loi déposé le 24 février 2015 (projet retiré le 2 mars 2015) (traduction de l’Ukrainien rada.gov.ua)

LOI d’UKRAINE
Modifiant le Code Pénal ukrainien 
(sur la défense et la préservation de l’autorité de l’Etat)
La Rada Suprême d’Ukraine décide:
І. Modifier la Section ХV “Délits contre l’autorité des organes publics, des collectivités locales et des associations de citoyens” du Code Pénal de l’Ukraine (Bulletin de la  Rada Suprême d’Ukraine (VVR), 2001, № 25-26, p.131), en ajoutant l’article 339-1 de la teneur suivante:
«Article 339-1. Actions délibérées visant à saper l’autorité de l’Etat et de ses organes.
Les actes  illégaux socialement dangereux qui portent atteinte à l’autorité de  l’Ukraine en tant qu’Etat souverain, la profanation, l’outrage, l’avilissement publics ou d’autres actions visant à saper l’autorité des organes  de l’État, des collectivités locales et des associations de citoyens d’Ukraine et /ou le rapport cynique et méprisant et le rejet vis-à-vis tant de certains éléments structurels du système d’administration publique  (ses organes compétents) que de l’Etat dans son ensemble, ce qui est susceptible d’entraîner à terme une violation des normes sociales établies et des règles  d’organisation du système social et politique et du mode de vie,
sont passibles d’une peine de  rééducation par le travail d’une durée jusqu’à deux ans ou  d’arrestation jusqu’à six mois ou de privation de liberté pouvant aller jusqu’à  trois ans. “
II. Dispositions finales
1. La présente loi prend effet à compter de la date de publication.
 

• Les “pauvres” Oligarques. Suite à la chute de la Hryvnia, la devise ukrainienne, les oligarques du pays perdent des places dans le classement Forbes (forbes). Porochenko n’est plus dans la liste annuelle des millliardaires. Rinat Akhmetov est toujours cité comme le plus riche mais il a perdu 113 places dans la liste mondiale, suivent ensuite Pintchouk et Kolomoïski (vz). En tout, selon Forbes, il reste 5 milliardaires en Ukraine, les autres sont sous le RMI (Revenu de Milliardaire d’Insertion).

• Reportage photo sur l’aéroport de Donetsk. Cela donne une idée de l’intensité des combats qui s’y sont déroulés pendant des mois au vue des destructions. Attention certaines images sont très dures (dnr-news)


 

• Debaltsevo : la vie dans la ville après les combats (youtube, youtube, youtube)

• Le bataillon Aidar rentre dans le rang. Le bataillon de volontaires Aidar, le seul à dépendre du ministère de la défense (les autres dépendent du ministère de l’Intérieur), a été officiellement dissous et intégré dans les forces armées en tant que 24eme bataillon d’assaut  (sputniknews, vz). Le porte parole du quartier général de Kiev, Vladislav Seleznev, a justifié cette décision par “la nécessité urgente de placer les bataillons de volontaires sous juridiction et d’éviter les activités illégales de ces bataillons”. Les bataillons de volontaires sont réguliérement accusés d’activités mafieuses, de racket de protection ou de passage, de contrebandes ou encore d’exactions contre la population civile, Pravyi Sektor et la mafia se partageraient par exemple Odessa en zones d’influence (dnr-news, vz). D’ailleurs, un bureau de Pravyi Sektor  va exploser à Odessa, 3 jours plus tard (unian). Pas content, le commandant du bataillon Aidar, Sergei Melnychuk, menace le lendemain de flinguer les députés en plein parlement (fortruss).

• Liberation du député ukrainien arrêté lors de marche à la mémoire de Boris Nemtsov à Moscou. Alexei Gontcharenko a été libéré lundi et conduit à l’ambassade d’Ukraine à Moscou (rt). Deux jours plus tard, les ultra nationalistes ukrainiens le traitent de traître pour avoir été libéré si vite ! (l faudra que quelqu’un leur explique le subtil principe de l’immunité diplomatique) et ressortent ses photos du temps du précédent gouvernement pour le prouver (dnr-news). Pour continuer dans la veine ukrainienne, Anna Douritskaia, l’amie et compagne de Boris Nemtsov, pourtant témoin oculaire de l’assassinat, a été autorisée à rentrer chez elle… à Kiev ! (les esprits conspirationnistes remarqueront qu’alors que Nemtsov s’est pris 4 balles dans le dos, la demoiselle n’a pas eu une égratignure…) (nytimes, sputniknews, vz). Plus tard, son avocat en Russie, Vadim Prokhorov, a indiqué que cette décision avait été prise en raison “l’attention excessive des journalistes” (vz). Vendredi 6 mars, soit 4 jours plus tard, le parquet ukrainien prend la jeune femme sous sa protection après qu’elle ait déclaré avoir reçu des menaces. Selon certains experts, la motivation du Parquet est lié à l’engagement qu’avait pris le témoin de retourner à Moscou si nécessaire pour les besoins de l’enquête (vz). Enfin, pour finir, les principaux suspects de l’assassinat sont pour l’instant 4 tchétchènes du bataillon de volontaires pro Kiev Dzhokhar Dudayev (fortruss, izvestia). La suite au prochain épisode…

 

Mardi 3 mars 2015

Un plan Marshall pour sauver l’Ukraine

Une nouvelle initiative conjointe des oligarques ukrainiens et européens ainsi que d’anciens responsables politiques européens a été lancée pour créer une “Agence de  modernisation de l’Ukraine” (vz, handelsblatt, spiegel, l’express, le point). Celle-ci visera à formuler d’ici 200 jours des propositions pour normer économiquement et institutionnellement l’Ukraine afin de permettre son intégration dans le système économique et financier occidental.

Outre les Ukrainiens Akhmetov (1ère fortune d’Ukraine), Pinchuk (4ème),  et Firtash (35ème, juste derrière le président Porochenko) qui devraient financer un apport initial de l’Agence sur leurs propres deniers et souhaiteraient voir affluer des financements de l’UE et de l’Allemagne notamment (zeit), ce nouveau club des fortunés accueillera principalement des personnalités allemandes et britanniques, la France elle aura l’honneur d’y être représentée par Bernard-Henri Levy,  Bernard Kouchner et Laurence Parisot.

Une véritable équipe de choc, dont les émoluments ne sont pas encore fixés, était en effet nécessaire pour tenter de relever une Ukraine aujourd’hui fracturée, dévastée, ruinée. La tâche promet d’être immense: Firtash annonce: “L’Ukraine a besoin dans l’absolu de 300 milliards d’euros” (soit pas loin de 20 fois le package du FMI devant être débloqué ces jours-ci).

L’Agence devra veiller essentiellement à lutter contre la corruption endémique en Ukraine afin de permettre aux institutions politico-financières d’”investir”: l’Union Européenne et le Fonds Monétaire International en tête. Comment compte-t-elle réaliser ce tour de force en s’appuyant sur les mêmes oilgarques dont les fortunes sont fortement liées à cette corruption? Mystère…

Nous ne présenterons pas aux lecteurs madame Parisot ni messieurs Lévy et Kouchner, nos inénarrables compatriotes zélés, véritables et remarquables incarnations de notre modernité, artisans infatigables de l’extension des espaces marchands et conseillers largement rétribués des princes d’aujourd’hui. Nous proposons en revanche un petit tour de table rapide des autres convives:

- Rinat Akhmetov : puissant oligarque de la région de Donetsk sous Ianoukovitch, aujourd’hui puissant oligarque sous Porochenko, lui même oligarque.

- Viktor Pinchuk : autre oligarque anciennement pro Ianoukovitch, il déclarait pour la présidentielle 2004: “Au premier et au second tour, j’ai voté Yanoukovitch… je ne peux pas être une prostituée politique et cette fois encore je voterai pour Yanoukovitch” (tribuna.com.ua), désormais assez proche des réseaux atlantiques: telegraph.co.uk)

Leonid Kravtchouk : oligarque de la région de Rivne en lien avec l’ancien parti communiste soviétique et ancien président d’Ukraine  (90-94), artisan de la dissolution de l’Union Soviétique.

Dmitri Firtash : oligarque central et incontournable des milieux gaziers et plus largement d’affaires,  (independent.co.uk), déjà menacé de poursuites par les USA pour “constitution de groupe criminel” (sputniknews), il risque également l’extradition entre autres pour ses liens avec Lord Risby et  Whittingdale (telegraph.co.uk)

- Peter Mandelson (wikipedia) : condamné 2 fois pour problèmes liés a l’argent (telegraph.co.uk)

- John Whittingdale (wikipedia) : chef de la commission chargé des écoutes téléphoniques fut accusé de liens avec Murdoch (telegraph.co.uk)

- Lord Risby :  ancien vice president Merryl Lynch (wikipedia)

- Ken Macdonald (wikipedia) : promoteur de la surveillance sur internet,

- Günter Verheugen (wikipedia) :  ancien commissaire à l’élargissement de l’UE au coeur des relations euro-atlantiques et sulfureux lobbyiste (rue89.nouvelobs.com, voxeurop.eu)

- Karl-Georg Wellmann (wikipedia) :  avocat et député allemand (CDU), notamment membre de l’OSCE et de la Transatlantic Academy Leadership. Le 28 Août 2013 Wellmann a exigé à la télévision ARD une frappe militaire contre la Syrie en raison de l’attaque chimique à la Ghouta

- Peer Steinbrück (wikipedia) :   ancien ministre des finances (SPD) sous Angela Merkel, président du groupe d’amitié Allemagne USA au Bundestag (youtube)

- Rupert Scholz (wikipedia) : ancien ministre de la défense (CDU) et ancien secrétaire général de  l’OTAN, a notamment réclamé des armes nucléaires pour l’Allemagne en  2006 (tagesspiegel.de)

- Stefan Füle (wikipedia) :  diplomate Tchèque et ancien commissaire à l’élargissement de l’UE.

- Michael Spindelegger (wikipedia) :  ancien ministre des affaires européennes et ancien ministre des  finances autrichien, membre éminent du parti conservateur ÖVP.

- Wlodzimierz Cimoszewicz (wikipedia) : politique Polonais, ancien député, ancien ministre de la justice et ancien président du conseil des ministres, artisan du Traité  Constitutionnel de l’UE.

- Frederick W. de Klerk (wikipedia) :  ancien président sud africain, artisan de la fin de l’apartheid.

On ne doute pas qu’avec de tels anciens et nouveaux amis, l’Ukraine se relèvera vite et pansera ses blessures dans la douceur protectrice du giron euro-atlantique, sous la houlette du FMI et de l’UE, grands sauveteurs des peuples ruinés par réformes ultra-libérales interposées… Comme peut en témoigner le peuple grec reconnaissant…

• Rapide tour d’horizon de l’économie et de la finance ukrainiennes. Profitons de l’annonce de la création de cette agence salvatrice en pour faire le point sur l’économie et la finance du pays après 1 an de guerre “anti-terroriste” dans l’Est et les premières applications des “réformes” du FMI. Le PIB est en chute de 5,5 % en 2015 après une chute de 15,2% au dernier trimestre 2014 (sputniknews). Le salaire minimal est gelé malgré la chute de la devise et dépasse à peine 38 euros par mois et inférieur au minimum vital en Ukraine (400 grivnas de moins que le minimum vital effectif calculé en janvier 2015 à 1611 grivnas). Le salaire minimum en Ukraine est ainsi inférieur de 7 fois à ce qu’il est en Estonie, Slovaquie, Hongrie, République Tchèque ; de 15 à 40 fois à ce qu’il est en Autriche, au Luxembourg, en Allemagne, en France et il est trois fois inférieur au niveau de pauvreté établi par l’ONU, soit 5 dollars US par jour (Fédération des Syndicats d’Ukraine). L’inflation officielle qui était de 28,5% en janvier en année glissante (de janvier 2014 à janvier 2015) est passée à 34,5% en février (de février 2014 à février 2015) (unian). La production de fer et d’acier en janvier-février 2015 a chuté de 29% en Ukraine par rapport à la même période en 2014 (fortruss). Le pays ne peut plus importer de charbon, dont elle manque après la perte des mines du Donbass, parce que la chute de la devise rend le prix d’achat, indexé sur l’ USD, (2400-2600 hryvnia la tonne) quasi deux fois supérieur au prix de vente dans le pays (1500 hryvnia la tonne) (fortruss)… Et la production interne est quasi à l’arrêt parce les mineurs ne sont pas payés (fortruss)… Ce qui n’empêche pas le parlement de rajouter une couche d’austérité “à la grecque” pour obtenir le prêt de 17,5 milliards USD du FMI dont la décision est attendue pour le 11 mars (rt). Ce plan qui vise les plus pauvres et épargne les plus riches est dénoncé par le député ultra nationaliste Liashko (o-liashko.livejournal.com, blogs.korrespondent.net, liashko.ua).

Côté financier, la Banque Centrale d’Ukraine va augmenter mercredi son taux directeur de 19,5 à 30% pour revenir au niveau de l’année 2000 avec d’autres mesures de contrôle des changes afin de stabiliser la devise (rt, la tribune). Ses réserves en USD  sont très basses, autour de 5 milliards USD en février 2015, au plus bas depuis 11 ans (sputniknews).  l’action de la banque centrale est très contestée parce qu’elle privilégie les oligarques et leurs banques, laissant les autres organes financiers faire faillitte, 44 banques sur les 200 que compte le pays ont déjà fait faillite  (alors que des banques appartenant à des oligarques obtiennent des aides) pour une perte cumulée de 200 milliards USD et ruinant au passage les déposants et petits épargnants concernés (sputniknews, unian). Enfin, autre signe négatif de la situation du pays, l’Ukraine à prépayer du gaz russe conformément au contrat en place… mais uniquement pour 5 jours ! Histoire de tenir jusqu’à la décision du FMI (rt).

• Vidéoconférence entre Obama et les principaux leaders européens : Cameron, Merkel, Hollande, Renzi et Tusk. Pas de transcript de cette réunion, mais un communiqué officiel de la Maison Blanche (iipdigital.usembassy.gov).

Communiqué de la Maison Blanche (iipdigital.usembassy.gov)

THE WHITE HOUSE
 Office of the Press Secretary
 Washington, D.C.
 March 3, 2015
Readout of President Obama’s Video Conference with British  Prime Minister David Cameron, French President Francois Hollande, German  Chancellor Angela Merkel, Italian Prime Minister Matteo Renzi, and  European Council President Donald Tusk
President Obama today spoke about Ukraine with his counterparts from  France, Germany, Italy, and the United Kingdom as well as European  Council President Tusk. They reaffirmed their support for a peaceful  resolution of the conflict in eastern Ukraine as expressed in the  Implementation Plan agreed to on February 12 and the Minsk agreements  signed in September 2014. They condemned the attack on Debaltseve by  Russia and the separatists it backs that immediately followed and  violated the February 12 Minsk Implementation Plan. The leaders called  on all parties to cease all military action, cooperate with the OSCE so  that its monitors can verify a full pull back of heavy weapons, and  complete the exchange of all prisoners. They emphasized their support  for the OSCE and the need for its monitors to have full and unfettered  access to the entire area of conflict, and they discussed ways to  strengthen OSCE monitoring activities. The leaders expressed their hope  for the successful and complete implementation of the Minsk agreements  and agreed that the easing of current sanctions would be linked to the  full implementation of these agreements. They also affirmed their  determination to act quickly and in unison to impose significant  additional costs, if serious violations of the Minsk agreements occur or  if Russian-backed separatists seek to gain new territory. The leaders  welcomed the Ukrainian parliament’s passage of an ambitious package of  reforms and reiterated their commitment to work alongside international  partners to provide Ukraine with the financial assistance it needs to  stabilize its economy. They also discussed the continuing violence in  Libya and the terrorist threat from ISIL and agreed on the need to  consult further on ways to address this threat and support a political  resolution of the conflict in Libya.

Mercredi 4 mars 2015

• La trève n’est pas totale… Mais qui s’en soucie encore ? Les quelques journées sans morts n’étaient qu’un artefact. Des soldats ukrainiens sont morts dimanche (unian), les bombardements sur les villes de Novorussie et les accrochages continuent (novorossia.today, voicesevas.ru), L’Ukraine envoie des chars sur la ligne de front pour remplacer ceux qui ont été perdus (rt)… L’OSCE confirme que les novorusses ont bien retirés les armes lourdes conformément aux accords de Minsk 2 (rt) mais ne peut affirmer la même chose des Ukrainiens parce que ceux-ci refusent que les observateurs de l’OSCE suivent les convois d’armement lourd jusqu’à leur destination finale (ria novosti, colonel cassad)…  N’oublions pas la phrase emblématique de BHL dans son discours du palais Ferstel à Vienne, sur le “plan Marshall pour l’Ukraine :“Il faut d’abord gagner cette guerre que le peuple ukrainien n’a pas voulue mais qu’il livre avec bravoure” (huffington post). Donc la paix, les accords entre états, les engagements de la France, le droit international on s’en bat l’oeil…

Heureusement le FMI veille… Christine Lagarde a déclaré que l’accord du FMI pour le prêt de 17,5 milliards USD à l’Ukraine était lié au respect des accords de Minsk 2 (ria novosti via fortruss). Cela ne va pas faire l’affaire de tous ceux en Ukraine et ailleurs qui prépare la prochaine offensive contre la Novorussie… Si bien sûr le FMI est capable de tenir tête aux USA… et à BHL !

• Retour sur le mois de février. Dans sa recherche de légitimité historique et de révision de l’histoire, Le parlement ukrainien a émis la liste 2015 des anniversaires mémorables à célébrer et à enseigner nationalement (zakon4.rada.gov.ua).  Comparons là avec la liste de 2014 émise par le précédent parlement (search.ligazakon.ua). Une première constatation est qu’elles sont complétement différentes, non pour des raisons politiques, mais parce les anniversaires correspondent à des nombres d’années en dizaines ou demi-dizaine. Donc ce changement n’est pas une simple volonté d’effacer les traces de l’ancien gourvernement. En revanche, le choix des anniversaires est, pour certains, très politique.

 La première partie, I. les événements en Ukraine“, contient le millénaire de la création de Kiev (le capitale de la Russie médiévale…pardon de l’Ukraine médiévale !), les 70 ans de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe (ils pouvaient difficilement le passer sous silence) et le centenaire de la bataille du Mont Makivka. Cette bataille renvoit au mythe des Cyborgs de l’aéroport de Donetsk. Le mont Makivka (oblast de Lvov) est la première vraie bataille de  la  légion ukrainienne menée contre les russes en 1915 (donc déjà du  côté  des germanisants). Victoire remportée contre des forces russes  supérieures en nombre et qui je cite   “The legion’s victory against the overwhelming forces of the Russian   army raised the morale of the Ukrainian populace and established the   reputation of the Ukrainian Legion as an elite fighting force” (ukrweekly.com, nytimes).

 La seconde partie, “II. Des personnalités éminentes” a des relents de négationnisme. La parutation de la liste 2015 date du 11 février, date qui n’est sans doute pas  choisie au hasard pour cette résolution du parlement. En effet le 11  février fait partie des dates mémorables à fêter… C’est l’anniversaire de la naissance de Petro Diachenko, je cite “Février   11 à 120 ans depuis la naissance de Petro Dyachenko  (1895-1965),  chef  militaire, le colonel, commandant du régiment “Black  Cosaques”  Armée  UNR“.  Petro Diachenko (qui au vue de sa date de décès a tranquillement fini sa vie  aux amériques sans être inquiété) (en.inforapid.org, ukrweekly.com) travaillait pour les renseignements allemands  pendant la Seconde Guerre mondiale et a commandé le 31e bataillon SiPo  organisé en Volhynie par l’OUN-M. Ce bataillon a été impliqué dans les  massacres des résidents et des prisonniers juifs, polonais, ukrainiens   en Volhynie et en Pologne. Diachenko a dirigé une partie de cette unité durant la répression de l’insurrection de Varsovie. Un commandant de  compagnie de ce 31e Bataillon, Michael Karkoc, a été récemment “localisé” aux  États-Unis (Lauderdale, Minnesota) et les procureurs allemands  enquêtent sur son implication dans les massacres (bigstory.ap.org, ukrweekly.com page 4 ).  Plusieurs articles du blog sont consacrées à cette partie de l’histoire de l’Ukraine (les-crises.fr, les-crises.fr). Plusieurs autres figures de l’UNR sont également distinguées : Dmitri Abrynby  (1885-1918),  Nikolaï Plav’yuk (1925-2012),  Vladimir de Sales (1885-1940), Alexandre Hrekiva  (1875-1959).

La troisième partie, “III. Les événements de l’histoire du monde“,  n’était pas présente dans la liste 2014. On y trouve une autre victoire remportée contre les russes et qui est encore plus intéressante que celle du Mont Makivka au vue des bruits actuels de  bottes américano anglo polonaises. C’est la bataille de Varsovie en 1920, nommée aussi  “le Miracle de la Vistule” (wikipedia, wikipedia) notifiée ainsi dans la liste : “Août   25 à 95 ans depuis la fin de la bataille de Varsovie (1920), où  des   troupes polonaises et ukrainiennes ont défait l’Armée Rouge” (en fait 6 armées polonaises et une armée ukrainienne) …

Petit extrait évocateur de wikipedia :  “Le commandement polonais est conseillé par 400 officiers de la  Mission  militaire française et également par une Mission britannique de  moindre  importance. Ces officiers, répartis dans les instances du  commandement  polonais ont joué un rôle important dans la formation des  cadres  polonais, l’amélioration de l’organisation et de la logistique.  De plus,  dès le début de l’avance soviétique, Pilsudski a réclamé des  renforts  en matériel de guerre qui ont été acheminés d’urgence.” 

Résolution de la Rada du 11 février 2015 : Liste des dates anniversaires et commémoratives pour 2015 (traduction de l’Ukrainien (zakon4.rada.gov.ua)

Avenant à la résolution de la Rada Suprême d’Ukraine
du 11 Février 2015 № 184-VIII
Dates anniversaires et commémorative pour l’année 2015
Cette année seront célébrées au niveau de l’État, les dates anniversaires  et commémoratives suivantes:
I. Evénements marquants en Ukraine:
Millénaire de la fondation de la ville de Borispol de la région de Kiev (1015);
600 ans de la première mention écrite de la ville d’Odessa (1415);
600 ans de l’octroi du droit de Magdebourg à ka ville de Rogatine de la région d’Ivano-Frankivsk (1415); 
475 ans de la première mention écrite de la ville de Ternopil (1540);
400  ans de la fondation de la Fraternité de l’Epiphanie de Kiev et de l’école  associée (15/10/1615), qui deviendra plus tard Collège (1632) et Académie de  Kiev-Mohyla (1701);
390  ans de la conclusion de la première alliance   militaro-politique dans l’histoire entre la Zaporijskaya Sitch et le Khanat de Crimée,  les accords de Bazavluk (01/03/1625)
350  ans de la proclamation hetman d’Ukraine de l’un  des plus grands combattants pour l’indépendance et l’intégrité territoriale ukrainiennes, Petro Dorochenko (28/08/1665)
175 ans de la publication du premier recueil de poésie de Tarass Chevtchenko, “Kobzar” (1840);
150 ans de la fondation de la Société d’agriculture de Poltava (1865);
150 ans de la fondation de l’Université nationale d’Odessa du nom de I Mechnikov (13/05/1865)
150  ans de la fondation de la Fraternité orthodoxe Saints-Cyrille-et-Méthode d’Ostrog   et de la bibliothèque de la fraternité (07,1865);
125 ans de la fondation du Parti Radical russo-ukrainien, le premier parti politique ukrainien (10/04/1890)
Centenaire de la bataille du mont Makivka entre les unités de la Légion ukrainienne et l’armée russe (29.04-04.05.1915);
90 ans de la fondation de l’Association des Jeunes Ukrainiens (SUM) (16/06/1925)
85 ans du début des soulèvements et manifestations anti-soviétiques de masse dans la RSS d’Ukraine (15/02/1930)
75 ans de la fondation de l’Institut pédagogique de Rivne (actuellement Université humanitaire de Rivne) (1940);
75 ans de la fondation de l’Ecole Stanislavski   (actuellement Université nationale des Précarpahtes du nom de V.   Stefanik) (01/03/1940)
70e anniversaire de la victoire sur le nazisme dans la Seconde Guerre mondiale (08-09.05.1945);
25  ans de la restauration du parlementarisme ukrainien, des premières élections relativement démocratiques au Soviet suprême de la  RSS d’Ukraine (03/04/1990)
25 ans de la Déclaration de souveraineté de l’Ukraine (16/07/1990)
25 ans du début de la Révolution des étudiants sur le granite (02/10/1990).
II. Personnalités éminentes:
960 ans de la naissance de Nestor (1055-1113), historien et écrivain;
420  ans de la naissance de Bohdan Khmelnitski (1595-1657)  hetman d’Ukraine, fondateur de l’Etat ukrainien, chef militaire;
250 ans de la naissance de Basile Poletyka (1765-1845), historien et homme public;
3  janvier: 120 ans de la naissance de Boris Liatoshynsky   (1895-1968), compositeur, chef d’orchestre, professeur, musicien et   personnage public;
8 janvier: 80 ans de la naissance de Vasyl Symonenko (1935-1963), poète, écrivain, journaliste;
15 janvier: 200 ans de la naissance de Basile Podolynsky (1815-1876), militant social et politique, journaliste;
20 janvier: 150 ans de la naissance de Mikhail Tugan-Baranovski   (1865-1919), économiste, homme politique, membre de la Rada Centrale;
7 janvier: 100 ans de la naissance de Jacob Gnizdovskiy (1915-1985), peintre, céramiste et critique d’art;
28 janvier: 90 ans de la naissance de Leonid Molodozhanyn (dit Leo Mol) (1915-2009), sculpteur, peintre;
2 février: 170 ans de la naissance de Jean Pul’uj (1845-1918),  physicien,  ingénieur-électricien, inventeur, homme public;
11 février: 120 ans de la naissance de Pierre Dyachenko  (1895-1965), militaire, colonel, commandant du régiment “Zaporozhtsy noirs” de l’armée  de la République Populaire d’Ukraine;
20 février: 130 ans de la naissance de Dmitri Abrynby  (1885-1918), militaire, commandant du bataillon Gajdamatcka de l’armée  de la République Populaire d’Ukraine;
20 février : 110 ans de la naissance d’Ulas Samchuk (1905-1987), écrivain, dramaturge;
21 février: 100 ans de la naissance d’Evgeny Lifshitz (1915-1985), physicien-théoricien;
25 février: 110 ans de la naissance de Paul Virsky (1905-1975), maître de ballet et chorégraphe;
13 mars: 130 ans de la naissance d’Olgerda Bochkovsky (1885-1939), politologue et ethnologue, homme politique;
19 mars – 120 ans de la naissance de Maxime Rila (1895-1964), poète, traducteur, critique littéraire et personnage public;
21  mars: 145 ans de la naissance d’Alexandre Lototsky  (1870-1939), homme public, scientifique, professeur,  journaliste;
4 avril:100 ans de la naissance de Nicolas Lemyk (1915-1941), homme politique;
7 mai: 160 ans de la naissance de Nicolas Kashchenko (1855-1935), biologiste, embryologiste, sélectionneur;
15 mai: 170 ans de la naissance d’Ilya Mechnikov (1845-1916), immunologiste et microbiologiste;
16 mai:120 ans de la naissance de Todos Osmachka (1895-1962), écrivain, traducteur;
27 mai: centenaire de la naissance d’Alexandre Hitalova (1915-1994), homme public, agriculteur;
5 juin: 90 ans de la naissance de Nikolaï Plav’yuk (1925-2012), homme public, dernier président de la République Populaire d’Ukraine en exil;
12 juillet: centenaire de la naissance de Piotr Tronko (1915-2011), historien, organisateur du musée de l’architecture traditionnelle et de la vie quotidienne, homme public;
15 juillet: millénaire de la mort du Grand-prince de Kiev, Vladimir Svyatoslavovich (962-1015), qui a baptisé la Rus’;
16 juillet: 130 ans de la naissance de Vladimir Salsky (1885-1940), personnage militaire, général -cornet de l’armée de la République Populaire d’Ukraine;
28 août: 250 ans de la naissance de Tadeusz Chatsky (1765-1813), éducateur polonais, spécialiste de l’histoire de l’Ukraine, fondateur du Lycée de Kremenets;
29 août: 140 ans de la naissance de Longinus Tsehelskyi (1875-1950), homme politique, diplomate, avocat, journaliste, éditeur;
7 septembre: 140 ans de la naissance d’Alexandre Murashek (1875-1919), peintre, éducateur, homme public;
10 septembre: 130 ans de la naissance d’Alexandre Palladin (1885-1972), biochimiste, homme politique, enseignant;
12 septembre: 140 ans de la naissance d’Alexandre Kosice (1875-1944), chef de choeur, compositeur et ethnographe;
22 septembre: 180 ans de la naissance d’Alexandre Potebni (1835-1891), linguiste, critique littéraire, folkloriste, philosophe, professeur;
29 septembre: 170 ans de la naissance de Ivan Karpenko-Kary (Tobilevych de son vrai nom) (1845-1907), écrivain, dramaturge, acteur, réalisateu);
26 octobre: 130 ans de la naissance d’Andrew Nikovsky (1885-1942), homme politique, membre de la Rada Centrale, critique littéraire, linguiste, journaliste;
28 octobre; 120 ans de la naissance de Mike Johansen (1895-1937), écrivain, traducteur, journaliste, critique;
6 novembre: 160 ans de la naissance de Dmitri Yavornytsky (1855-1940), historien, archéologue, ethnologue, écrivain;
26 novembre: 110 ans de la naissance de Nil Hasevych (1905-1952), artiste, homme politique et clandestin;
3 décembre: 140 ans de la naissance d’Alexandre Hrekiv (1875-1959), personnage militaire, général-cornet de l’armée de la République Populaire d’Ukraine, commandant de l’armée de Galice ukrainienne;
25 décembre: 120 ans de la naissance de Grigori Veriovka (1895-1964), compositeur, chef de chœur et enseignant.
 
III, Evénements de l’histoire mondiale :
 
15 juin:  800 ans de l’adoption de la Grande Charte des libertés (Magna Carta) (1215), le premier acte juridique qui a jeté les fondements de la notion des droits de l’homme;
1 août: 40 ans de la signature des Accords d’Helsinki, Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (1975), Journée nationale de l’OSCE;
5 août: 95 ans de la fin de la bataille de Varsovie (1920), où les troupes polonaises et ukrainiennes ont vaincu l’Armée Rouge;
2 septembre:70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945).

• Deuxième couche en mars de légitimité historique et de révision de l’histoire. Sans en changer le nom, l’Ukraine déplace la Journée des défenseurs de la Patrie (qui fête et honore tous ceux qui ont défendu la Russie) du 23 février (le jour de la fête en Russie) au 14 octobre (timer-odessa.net via fortruss) qui est considéré comme le jour de la création de l’UPA (Armée Insurrectionnelle Ukrainienne, wikipedia, wikipedia qui prit le parti des nazis durant la seconde guerre mondiale et massacra des dizaines de milliers de civils… Et histoire de faire bonne mesure, le parlement ukrainien rend, pour la première fois, hommage à la mémoire de Shoukhevitch, le commandant en chef de l’UPA, le jour anniversaire de sa mort, les armes à la main, le 5 mars (wikipedia, vz).

• Petit moment de détente : Kerry bashing sur RT (rt, youtube)

• Dril baby drill ! Les novorusses ont découvert une dizaine de véhicules de prospection sysmique et de fracking dans le village de Shishkovo (Oblast de Lougansk) (Video youtube, Transcript et traduction fortruss). Le  matériel a été amené en juin 2014 à la suite de l’offensive ukrainienne. Selon des documents trouvés sur place, d’autres sites de prospection existent : Shevchenko,  Raigorodka and Gerasimovka.

• Accident dans une mine de charbon, près de Donetsk, côté novorusse. L’accident, une explosion du à une accumulation de gaz,  s’est produit à  1300 mètres de profondeur et a bloqué 73 mineurs au fond. On dénombre plus de 30 morts (sputniknews, novorossia.today).

Jeudi 5 mars 2015

•  Au final, les USA vont envoyer 300 hommes de leurs troupes d’élite, des parachutistes de la 173rd Airborne Brigade, en Ukrainepour former des troupes de la garde nationale et non l’armée ! (russia-insider, eur.army.mil)…  Il  faut bien saisir toutes les implications de cette décision. Outre que la Russie ne va  pas “apprécier” la taquinerie US (latimes), cela en dit long sur l’état des forces armées et de la politique intérieure ukrainienne…

Les  USA envoient en effet des troupes d’élite de leur armée régulière pour former (et sans doute équiper) des bataillons constitués de volontaires politisés et financés par des oligarques locaux. En somme, les USA vont  entrainer des armées privées sans s’occuper de l’armée régulière  ukrainienne !

A ce stade, nous pouvons faire plusieurs constatations et hypothèses :

-  cela arrive deux jours après l’initiative de ces mêmes oligarques de former une agence de  modernisation de l’Ukraine, ce qui ressemble fort à une action concertée  visant à ajouter à une force economico-financière des volets politiques et militaires. D’ailleurs Kolomoïski créé un nouveau parti (d’opposition) nommé “Renaissance’ (ria novosti)

-  l’armée régulière ukrainienne, après trois défaites écrasantes, n’a plus aucune crédibilité auprès des USA qui ne perdront pas de temps à essayer  de l’améliorer

-  le ministère ukrainien de l’intérieur (dont dépend la garde nationale) a  pris l’ascendant sur le ministère de la défense (dont dépent l’armée  régulière).

-  le but est visiblement de transformer les bataillons de la garde nationale, déjà motivées pour aller casser du russe ancien ou nouveau,  en troupes d’élite entrainées et équipées à l’américaine ceci, soit pour  créer à terme une force capable de mener à bien une offensive contre la  Novorussie, soit pour offrir aux oligarques une garde prétorienne  capable de réaliser un coup d’état afin de remplacer des néo nazis  politiquement incorrects par une oligarchie financièrement correcte.  L’avenir le dira…

• L’état major ukrainien est en mode paranoia… Il ya deux jours, un  haut officier était visiblement paniqué par l’idée que des partisans  s’infiltrent en Ukraine et débutent un soulèvement à Odessa  (youtube). Dans le même genre, aujourd’hui, les troupes ukrainiennes  minent deux ponts reliant le pays à la Crimée, sans doute pour éviter une intervention russe depuis la presqu’ile (fortruss, colonel cassad).

• Côté OTAN on est en plein délire… On savait déjà que des milliers de soldats russes des troupes régulières étaient en Ukraine (pas besoin de preuves, c’est l’OTAN qui le dit !) (russia-insider). Maintenant ces soldats russes “meurent en grand nombre” sous les balles ukrainiennes (en pleine trève et toujours sans preuves…) (le figaro). Cela fait bien rire les Russes (sputniknews). En fait, c’est peut-être cela le but réel de l’OTAN : Détendre les relations internationales en faisant les clowns… En tous les cas, les Allemands n’ont pas l’air de saisir l’humour otanien et s’inquiètent de la dérive de l’OTAN spiegel  via russia-insider, sputniknews).

• Petit tour par la Pologne… De tous temps, la Pologne a été coincée entre deux grandes puissances, l’allemagne d’un côté et la Russie de l’autre et a souvent été la proie de l’une ou de l’autre, voire des deux à la fois. D’où sans doute son alignement quasi pavlovien sur les USA dans sa recherche d’un allié garantissant sa sécurité. Cela se traduit dans les faits par l’inquiètude de dépendre de l’Allemagne et de la Russie pour son alimentation en gaz (sputniknews) qui est vécue comme un double moyen de pression contre elle. De plus, la Pologne est prête à donner une “aide fraternelle” à l’Ukraine en termes militaires sputniknews). En revanche, la Pologne s’inquiète de la dégradation de l’économie de l’Ukraine et craint “l’afflux de centaines de milliers de réfugiés”, propos tenus par le vice premier Ministre Piechocinski (reuters, vz) et désavoués peu après par le gouvernement polonais (vz). Une autre analyse de l’attitude polonaise vis à vis de la crise ukrainienne est donnée par le site Regum.ru. Selon cette analyse Varsovie se prépare à la désintégration de l’Ukraine et, malgré des déclarations tonitruantes de certains dirigeants polonais, la Pologne ne mène pas une politique distincte de celle de l’UE en Ukraine. Le but des “instructeurs” polonais ou britanniques en Ukraine serait surtout d’étudier les nouvelles techniques de l’armée russe (regnum.ru).

• Les USA prolongent les sanctions prises contre la Russie (colonel cassad, state.gov)ce qui ne les empêchent pas d’augmenter leurs échanges de 7% en 2014 avec cette même Russie (sputniknews). En bonne logique capitaliste, si les sanctions permettent de faire de meilleures affaires, pourquoi les arrêter ? En fait ce sont des sanctions contre l’UE pour leur prendre des parts de marché… Ben voilà, c’était tout simple… Du coup, les européens sont moins chauds pour se sanctionner eux-mêmes (sputniknews).

• Répétition grandeur nature d’un affrontement OTAN Russie en Mer Noire. La présence de navires de guerre de puissances non riveraines en Mer Noire est réglementée par la Convention de Montreux signée en 1936 (wikipedia, diplomatie.gouv.fr, texte de la convention). Par cet accord, pas plus d’un tonnage de 15 000 tonnes de navires de guerre de puissances non riveraines, avec un maximum de 9 navires,  peuvent être présentes en même temps en Mer Noire et encore faut-il gentiment prévenir à l’avance… Actuellement sont présents en Mer Noire le croiseur américain Viskburg (wikipedia)  9800 tonnes tout mouillé, la frégate turque Turgutreis (wikipedia), 3000 tonnes mais ça compte pas car riverain, la frégate roumaine Regina Maria (wikipedia), 5300 tonnes mais riverain également, et le navire de ravitaillellement allemand Spessart (wikipedia, wikipedia), 14 169 tonnes mais ça compte pas non plus car non armé. Va se joindre à ce petit monde deux frégates otaniennes (qui comptent elles) (sputniknews), la canadienne NCSM Fredericton (wikipedia), 5032 tonnes, et l’italienne F-574 Aliseo (wikipedia), 3100 tonnes. Si vous avez suivi, ça dépasse un peu… mais passons ! Tout ce petit monde va faire mumuse du côté de la Crimée,  histoire de faire un exercice dont le scénario comporte “une crise entre deux pays extérieurs à l’OTAN” . Les Russes eux y voient une mission d’étude des défenses de la Crimée  (fortruss)… et, puisqu’ils ont des navires de l’OTAN sous la main, ils en profitent pour entrainer leur aviation à les couler sputniknews, the aviationist) !

• Petite information connexe amusante. Lors d’un exercice conjoint USA-France au large de la Floride, un sous-marin d’attaque français a virtuellement coulé un porte-avions géant US et la majeure partie de son escorte… Cela ne cadre tellement pas avec la toute puissance américaine (et cela pourrait donner des mauvaises idées à certains) que le compte-rendu de l’exercice a été effacé du site du ministère de la défense français defense.gouv.fr) … mais pas assez vite (the aviationist, rt et le cache google du site du ministère de la défense) !

Texte du cache google (cache google du site du ministère de la défense)

Mise à jour : 04/03/2015 10:33  - Auteur :  LV Quentin Savary
C’est après deux semaines de patrouille en Atlantique Nord que le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Saphir est arrivé dans les eaux de la Floride pour participer à un exercice majeur de dix jours avec la marine américaine. L’objectif de cet exercice était d’entraîner un groupe aéronaval américain (CSG 12 pour Carrier Strike Group 12) composé du porte-avions Theodore Roosevelt, de plusieurs frégates de type Ticonderoga ou Arleigh Burke et d’un sous-marin de type Los Angeles, avant leur déploiement opérationnel.
Le scénario de l’exercice prévoyait une agression des intérêts économiques et territoriaux américains par des états fictifs. En réaction, une force navale, dirigée par le Theodore Roosevelt était mise sur pied pour parer à toute éventualité.
Durant la première phase de l’exercice, le Saphir était intégré à la force navale amie en soutien direct avec pour mission de faire de la lutte anti sous-marine en coopération SOUMAIR, avec des avions de patrouille maritime de type P3-C Orion P8 Poséidon. Il devait donc reporter tous les contacts obtenus sur les sous-marins ennemis et les partager avec les autres moyens anti-sous-marins du théâtre (avions de patrouille maritime, hélicoptères et frégates ASM).
Dans une seconde phase, le Saphir, était intégré aux forces ennemies et avait pour mission de localiser le porte-avions Theodore Roosevelt ainsi que les autres bâtiments de la force navale amie et de se tenir prêt à l’attaque. La situation politique se dégradant de jour en jour, le Saphir s’est glissé discrètement au cœur de l’écran formé par les frégates américaines protégeant le porte-avions, tout en évitant la contre-détection des moyens aériens omniprésents.  Au matin du dernier jour, l’ordre de feu était enfin donné, permettant au Saphir de couler fictivement le Theodore Roosevelt et la majeure partie de son escorte.
Une fois l’exercice terminé, le Saphir a gagné Norfolk, plus grosse base navale du monde, pour une escale destinée à entretenir les liens avec l’US Navy. Nombreux furent les échanges avec les équipages des Los Angeles, notamment avec les marins du SSN Newport News désigné bâtiment hôte durant l’escale.
L’amiral commandant les forces sous-marines et la force océanique stratégique (ALFOST) a rejoint le Saphir en escale pour rencontrer, en compagnie du commandant du Saphir,  le Rear Admiral Butler, commandant du Carrier Strike Group 4 (CSG4) et le Vice Admiral Tyson, adjoint au commandant du USFFC (US Fleet Force Commander). Cette entrevue a permis d’effectuer un premier débriefing de l’exercice et de réaffirmer le besoin d’interopérabilité entre nos deux marines. 
Ce point est en effet essentiel pour une intégration efficace sur les théâtres d’opérations, notamment dans le golfe Arabo Persique. Cet exercice a de nouveau illustré la plus-value du concept d’emploi en multi-luttes / multi-senseurs des SNA français.  
En attendant le prochain exercice et comme disent les forces sous-marines américaines : « happy hunting » !

• Déclaration de l’oligarque Kolomoïski devant la commission spéciale de contrôle de la Rada sur les nationalisations. Sa déclaration concernent les “suicides” dans des circonstances suspectes de Mikhaïl Tchetchetov et de Valentina Semeniouk-Sansonenko, qui avaient tous les deux dirigé le Fonds des biens d’état (de 2003 à 2005 pour le premier, de 2006 à 2008 pour la seconde): “Au minimum, ils ont été conduits au suicide. Ils en savaient trop long sur le processus de privatisation en Ukraine”. Dans cette phrase le mot important est “au minimum” (unian, newsler.info, nowyny.eu). Selon  les premières indications, Tchetchetov se serait jeté par la fenêtre de son appartement au 17eme étage vendredi dernier. Semeniouk avait été retrouvée morte dans sa maison en août dernier et se serait tuée d’un coup de fusil. Voici une sélection de liens sur Tchetchetov (sputniknews, espreso.tv, lessentiel.lu, hromadske.tv, french.irib.ir, francetvinfo.fr, ipress.ua,obozrevatel.com) et Semeniouk (radiosvoboda.org,blogs.pravda.com.ua, theformat.com.ua, ukrrudprom.ua, укроп.org).

• Malgré les provocations et la prolongation des sanctions, la Russie reste imperturbable. Rencontre du Premier Ministre italien Matteo Renzi avec Poutine ce jeudi à Moscou. Poutine réaffirme l’importance des accords de Minsk et la recherche d’une solution diplomatique à la crise ukrainienne (rt, eng.kremlin.ru) Renzi a rencontré Porochenko la veille (sputniknews) dans un contexte de détérioration des relations entre l’UE et l’Ukraine (fortruss). L’article cité ci-après rappelle que l’Italie est très réservée sur les sanctions et estime que le Premier Ministre italien pourrait jouer un rôle d’intermédiaire (vz).

Texte de l’allocution de Poutine,  Moscou 5 mars 2015 (eng.kremlin.ru)

PRESIDENT OF RUSSIA VLADIMIR PUTIN:
Ladies and gentlemen, 
Russian-Italian  relations rest on the rich traditions of long-term friendship and  mutual respect. Italy is one of Russia’s most important partners in  European affairs and in resolving pressing international issues.
Today’s  talks with Prime Minister Renzi took place in an atmosphere of goodwill  and constructive dialogue, typical for Russian-Italian relations. Our  conversation was very useful and timely, given the current situation in  Europe and the world at large.
We  discussed the state of our bilateral relations and of relations between  Russia and the European Union. We spoke for their further development,  which would meet the interests of Russia and the EU member states.
We,  of course, exchanged views on the Ukrainian crisis. Mr Prime Minister  expressed his position regarding this matter and made some valuable  proposals regarding what could be done to achieve a settlement. The  situation there, as we all know, remains complicated. At least combat  action has been stopped, people are not dying and towns are not being  destroyed.
We  agreed that the conflicting parties should strictly abide by the  agreements achieved in Minsk on February 12. I am certain that this  opens up opportunities for an overall peaceful settlement and, of  course, for establishing direct dialogue between Kiev, Donetsk and  Lugansk.
Currently,  the role of all responsible members of the international community is  growing, especially of those who have a noticeable influence on the  Ukrainian authorities. Here we also rely on our Italian partners, both  as a nation and as a key member of the European Union
We  had a detailed discussion of the terrorist threat coming from the  Middle East and North Africa, particularly the sharp deterioration of  the situation in direct proximity to Italy – in Libya. Russia stands for  a peaceful settlement of the Libyan crisis and supports the mediatory  efforts of the UN in this direction.
As  I have said, in the course of our talks we considered key issues of  bilateral relations. We discussed an entire range of measures to step up  our cooperation so we could not only maintain, but also enhance the  positive trends and positive potential we have accumulated over the  years, over many decades. Russia advocates the further operation of  international cooperation mechanisms.
We,  naturally, had an exchange of opinions on pressing issues of bilateral  trade and economic relations. Incidentally, only recently, on March 2, a  round table discussion involving CEOs of major Russian and Italian  companies took place in Milan. Our Minister of Economic Development, Mr  Ulyukayev, headed the Russian delegation.
Despite  the 10 percent reduction in our trade turnover last year, caused by  obvious reasons, Italy remains Russia’s leading foreign trade partner.  Italian capital investment in Russia exceeds $1.1 billion, while Russian  capital investment in Italy is over $2.3 billion. To further increase  these figures, the Russian Direct Investment Fund together with their  Italian partners is creating a joint fund worth $1 billion.
One  of the most advanced spheres of our cooperation is the power industry.  The Italian company Enel has made significant investments into Russian  electrical energy facilities. Russia’s Rosneft and LUKOIL, in their  turn, own assets in Italian oil refineries. It is important that we thus  complement the traditional ‘seller-buyer’ relationship, as Italy is a  major consumer of Russian natural gas.
We  are also making progress in terms of mutual investment in such high  technology industries as the aircraft industry, space exploration and  nuclear technology. The Russian company Sukhoi and their Italian  partners joined efforts to promote the Superjet-100 in the global  market. About 150 craft have already been ordered.
Another  promising project is the production at a facility outside Moscow of  Agusta helicopters. Most of the orders come from Russia.
We  gave a lot of attention to plans to build a joint thermonuclear  experimental reactor, to develop civil rocket technology and satellite  systems.
I am certain that contacts during the EXPO 2015 Milano would also help enhance business cooperation between Russia and Italy.
Our  multi-faceted humanitarian contacts are also developing. They are based  on mutual interest in culture and history and a large-scale tourist  exchange. More than 900 thousand Russian citizens visited Italy last  year. Incidentally, Russian tourists spend about $1 billion in Italy.
Both  countries have successfully held reciprocal Years of Tourism. The  itinerary included a tour of Italy by the Academic Maly Theatre,  concerts by the Russian National Orchestra and many other events.
Overall,  Mr Prime Minister and I have agreed that our countries have great  opportunities for further expansion of mutually beneficial cooperation.
Once again, I would like to thank our Italian colleagues for this substantive and fruitful exchange.
Thank you very much, Mr Prime Minister.

video des 2 allocutions (youtube )

Vendredi 6 mars 2015

• Explosion d’une voiture à Kharkov (rt)… deux en fait (dnr-news) !. La situation dans cette ville pro-russe sous contôle ukrainien est toujours aussi tendue. Hier, le parquet d’Ukraine a réouvert une information judiciaire contre le maire de la ville , Gennady Kernes, pour une affaire vieille d’un an comprenant  emprisonnement illégal, kidnapping, torture et menaces de mort (colonel cassad). Et Lyashko, décidemment très présent ces jours-ci, agite le spectre d’un référendum de soutien à la Russie ou la Novorussie dans cette ville ukrainienne stratégique et pro-russe (novorossia.today).

• Soulagement ! Les bruits de bottes américano anglo polonaises semblent s’éloigner de l’Ukraine. Vitaly Churkin, le réprésentant permanent russe auprès de l’ONU  a prévenu des “dangeureuses conséquences de tels agissements” en rappellant que 127 conseillers militaires étaient présents en Géorgie, sous la présidence de Saakashvili, lors de la tentative de conquête de l’Ossétie du Sud par la Géorgie (tass, ria novosti). Rappelons qu’en 2008, la Géorgie a attaqué l’Ossétie du Sud. L’armée russe est intervenue et l’armée géorgienne, modernisée à l’américaine, s’est totalement écroulée en 2 jours… Donc, traduction en language non diplomatique : conseillers militaires américains en Ukraine =  Intervention russe. 

Du coup, bizarrement, le déploiement américain est pour l’instant suspendu, les USA voulant maintenant voir les accords de Minsk 2 respectés  (reuters.com via russia-insider). Généreux, les Polonais proposent leur aide fraternelle à l’Ukraine pour entrainer les Ukrainiens en Pologne (rt) et les Anglais envoient de l’aide non létale et restent flous sur leurs 75 conseillers (et ne parlons pas des australiens qui étaient prêts, l’année dernière, à envoyer 1000 hommes “sécuriser la zone du crash du vol MH17″) (the moscow times via russia-insider, unianria novosti)… Tout ceci ressemble fort à un rétropédalage en règle en essayant tant soit peu de sauver la face… Peut-être aussi que les USA se disent que si la guerre devenait réelle, des avions russes pourraient fort bien couler leurs navires bardés d’électronique et des sous-marins envoyer par le fond leurs précieux porte-avions (voir jeudi 5 mars)… Du coup ça calme !

• La Russie invite les nations de l’OTAN à une conférence sur la sécurité à Moscou,  histoire de parler d’autre chose que l’Ukraine et de trouver peut-être  un ennemi sur lequel tout le monde pourrait taper sans se fâcher avec  l’un ou l’autre (sputniknews)…

Samedi 7 mars 2015

Deux suspects du meurtre de Nemtsov sont arrêtés par le FSB (sputniknews, rt, tempsreel.nouvelobs.com). Bientôt suivis de deux autres (vz, rtbf.be, 7sur7.be) Sans surprise les suspects sont des tchétchènes (russia-insider, news.yahoo.com). Et encore d’un autre ! En tout 5 suspects sont arrêtés et l’un d’eux passe aux aveux (rt, sputniknews, zerohedge, unian). Un sixième suspect se serait fait sauter à la grenade à Grozny (lenta.ru). Le FSB rechercherait encore 4 personnes qui auraient fourni les armes.

• L’UE et l’OSCE demandent un doublement des effectifs des observateurs en Ukraine et un accès “total” à la zone de conflit. Fait notable, le doublement des effectifs est une demande conjointe de la Russie et de l’Allemagne sputniknews, novorossia.today).

La chargée des affaires étrangères de l’UE, Federica Mogherini, déclare que L’UE ne sera par “poussée” à la confrontation avec la Russie : “The European Union today is extremely realistic about developments in Russia. But we will never be trapped or forced or  pushed or pulled into a confrontative attitude… We still believe that around our continent – not only in but  around – cooperation is far better than confrontation. We still  argue for that”  Cette déclaration intervient à la suite d’une réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l’UE à Riga (Lettonie) (rt, rt, ec.europa.eu).

• La reconstruction de Debaltsevo avance très rapidement. Alors que l’OSCE déclare que l’armée ukrainienne a endommagé ou détruit tous les bâtiments et infrastructures de la ville (fortruss.), les novorusses sont parvenus à réparer le noeud ferroviaire stratégique en 12 jours (novorossia.today, podrobnosti.ua) et s’occupent à présent de remettre en état l’hôpital de la ville (youtube).

• Ligne de front en Ukraine, côté novorusse, dans un des points chauds, le village de Shirokino, près de Marioupol (youtube)

Dimanche 8 mars 2015

• Tentative d’assassinat d’un commandant emblématique de la milice novorusse : Alexei Mozgovoi. La tentative a échouée (youtube, youtube). Depuis le début de l’année, deux personnalités importantes de Novorusie ont été assassinées sur le territoire de la république de Lougansk : le commandant Alexander Bednov dit “Batman” le 1er janvier (wikipedia, novoross.info, rusvesna.su/) et  Evgeny Ishchenko, le maire de Pervomaysk, le 22 janvier (voicesevas.ru, fortruss).

Intervention de Alexei Mozgovoi après la tentative : “Je vous pardonne…” (youtube)

 

Alexander Bednov dit “Batman” assassiné le 1er janvier

Batman.jpg

Evgeny Ishchenko, le maire de Pervomaysk, assassiné le 22 janvier

 Evgeny Ishchenko.jpg

Le documentaire “Du pain pour Pervomaysk” (youtube)

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-11-03/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 11 March 2015 at 03:00

Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: Quantitative easing: “On fait du QE quand on n’a pas de QI !”-02/03

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): “Ce n’est pas parce qu’il y a de l’argent que les marchés montent” – 09/03

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Grèce: sortir de l’euro serait-elle la meilleure solution ? – 09/03

Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “Les banques centrales inventent 200 milliards de dollars par mois”

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): Quels sont les facteurs qui déterminent l’évolution des marchés ? – 04/03

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): La BCE va-t-elle réussir à relancer la croissance dans la zone euro ? – 04/03

Philippe Béchade: 9 mars 2009 – 9 mars 2015: focus sur 6 ans de marché haussier – 09/03

Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : L’Italie bientôt hors de l’UE ? – 18/11

Jacques Sapir: Les réactions des banques centrales émergentes face aux politiques monétaires menées en Europe et au Japon – 10/03


Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-11-03-2015/


[Propagande] Nous sommes aujourd’hui directement menacés par la Russie, par Brice Couturier

Wednesday 11 March 2015 at 00:01

Vous pouvez écouter l’émission ICI.

L’Union européenne est née du désir de paix de deux nations qui, en se faisant trois fois la guerre en 75 ans, avaient fini par mettre l’Europe à feu et à sang. L’Allemagne et la France, en se liant de manière organique et indissoluble, ont entraîné, de proche en proche, la quasi-totalité des Etats européens dans une structure politico-économique originale, l’Union européenne. Celle-ci, tout en étant bien davantage qu’une simple structure classique de coopération régionale inter-étatique, ne possède pas non plus les outils d’une fédération. En particulier, elle n’a ni diplomatie, ni armée communes.

Une telle lacune se comprenait assez bien : l’Union s’élargit en pacifiant son voisinage. Le principe est simple : pour devenir membre du club et profiter des avantages économiques et commerciaux que confère l’appartenance, il faut avoir réglé une bonne fois tous les litiges qui vous opposaient à vos voisins. Plus l’Europe s’étend, plus la paix progresse. C’est à ce titre que l’Europe a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2012. D’ailleurs, depuis la chute de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide, l’Union, qui a intégré la plupart des anciennes démocraties populaires, n’a plus d’ennemis.

Elle se veut en paix avec le monde [Irak, Libye, Syrie, Mali...] et, pour le démontrer, la plupart des Etats la composant ont réduit leurs forces armées à l’insignifiance. Comme l’écrivait récemment Olivier de France, directeur de recherches à l’IRIS dans Les Echos, « nous sommes en passe d’atteindre, en Europe, un point d’inflexion à partir duquel (nos équipements militaires), comme autant de « capacités Potemkine » ne remplissent aucun objectif militaire autre qu’ornemental. » A cela, une raison, citée par le même chercheur : alors que les budgets de la Défense ne cessent de baisser, le coût des équipements ne cesse de croître.

Comme le rappellent cruellement les théoriciens de l’école réaliste, pour éviter les guerres, il ne suffit pas de se proclamer pacifique. Il faut aussi ne pas avoir d’ennemis, intéressés à entrer en conflit avec vous. [OB : Remarque intelligente, dommage qu'il n'en tire pas de conclusions évidentes...]

Or, nous vivons un moment historique que le président du Council on Foreign Relations, [OB : ÉNORME, un des principaux think tanks du lobby américain !!!] Richard Haas, qualifiait dans un récent article de Foreign Affairs, de « détricotage » de l’ordre international de l’après-guerre froide. Les États-Unis ont cessé d’assumer un rôle reconnu de garants de l’ordre international, reconnu de facto par toutes les puissances intéressées à la préservation des équilibres et des régulations existants. Et les acteurs désireux de remettre en cause à leur profit ces équilibres, en refusant ces régulations, qu’ils soient étatiques, comme la Russie, ou non-étatiques, comme les milices djihadistes [Russie = djihadistes, CQFD. Par chance, nous, on en fait jamais rien par intérêt... Ils abusent enfin, de protester quand on les entube...] , sont à l’offensive.

Face à la situation de plus en plus dangereuse qui en résulte, les Européens se cachent la tête sous le sable. [La guerre, la guerre !]

La France était bien seule au Mali. Toute l’Europe pourtant, a un intérêt vital à ce qu’un Malistan islamiste ne se constitue pas, du Mali à la Lybie, en passant par le Niger. La France envoie aussi un porte-avions à proximité de l’Irak. Mais quelles sont les autres forces européennes réellement impliquées dans une région dont les États-Unis semblent aussi pressés de se retirer qu’ils l’étaient d’y intervenir massivement, il y a douze ans…

Nous sommes aujourd’hui directement menacés : à l’est, par la Russie qui tend à recréer une sorte d’Union soviétique, hostile à notre système de valeurs comme à nos intérêts. Au Sud, par l’Etat islamique, qui a débordé de la Syrie et de l’Irak jusqu’en Libye et dont les dirigeants menacent de nous infiltrer de djihadistes en les mêlant aux centaines de milliers de personnes, qui attendent un embarquement vers l’Italie.

Disposons-nous des instruments d’une défense efficace ? Sachant que les budgets de la défense, État par État, en Europe, sont faibles, pouvons-nous imaginer la mise en commun de nos moyens ? Quelle serait la place de la France dans une défense européenne véritablement commune  alors que, comme le démontre le livre de Yvan Stefanovitch,nous entretenons à grands frais une armée calibrée pour mener, en Europe centrale, des combats du temps de la guerre froide. Nous maintenons, dans des casernes de sous-préfecture des véhicules blindés obsolètes et qui rouillent, des personnels surnuméraires, quand nous manquons cruellement de forces à déployer dans des conflits lointains. [OB : Euh, qu'est ce qu'on à aller foutre dans des conflits lointains justement ? Parce qu'on voit le résultat de 70 ans de ces visions colonialistes, et c'est pas glorieux...]

Nous n’avons pas ou peu de ces équipements nécessaires aux guerres du XXI° siècle, tels que les avions AWACS ou les drones. Comment expliquer, pour prendre cet exemple dans l’actualité récente, que des drones puissent surveiller nos centrales nucléaires et autres installations sensibles sans que leurs pilotes puissent être détectés et identifiés ?

Source : Brice Couturier, pour France Culture, le 25 février 2015.

ou :

Source: http://www.les-crises.fr/leurope-menacee-nest-pas-sortie-de-lhistoire-par-brice-couturier/